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MOI, PRÉSIDENT ...

PRÉSIDENTIELLE

2016

Texte intégral du débat du 2ème tour


suivi des entretiens télévisés des cinq 1ers
candidats du 1er tour

-- 1 -- Mars 2016
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MOI, PRÉSIDENT ...

PRÉSIDENTIELLE

2016

Texte intégral du débat du 2ème tour


suivi des entretiens télévisés des cinq 1ers
candidats du 1er tour

-- 3 -- Mars 2016
© Haute Autorité de l’Audiovisuel et de la Communication
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Cotonou - Bénin
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Les Cocotiers
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Cotonou – Bénin
Tél.: +229 67 67 04 65
E-mail: info@fes-benin.org
Internet: www.fes-benin.org

ISBN : 978 – 99919 – 2 – 199 – 0


Dépôt légal n°8626 du 14/04/2016
Bibliothèque Nationale, 2ème trimestre

Impression
Imprimerie ProTIC

« Tout usage à but commercial des publications, brochures ou autres imprimés de


la Friedrich-Ebert-Stiftung est formellement interdit à moins d’une autorisation
écrite délivrée préalablement par la Friedrich-Ebert-Stiftung ».

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SOMMAIRE

Avant-Propos du Président de la HAAC …................................07

Le Face à Face du 2ème Tour………………………........................……13

Les entretiens des cinq premiers candidats du 1er Tour ......97


1. Lionel Alain Louis ZINSOU-DERLIN………………………............97
2. Patrice Athanase Guillaume TALON…………………................133
3. Sébastien Germain AJAVON ..........................................................167
4. Abdoulaye BIO TCHANE ................................................................201
5. Pascal Irénée KOUPAKI ..................................................................237

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PREFACE
La HAAC a accumulé des expériences multiples, en matière de
régulation des médias, notamment dans les périodes cruciales
que sont les élections, plus riches les unes que les autres.
Elle a constaté que d’une élection à une autre, si les obligations
constitutionnelles et légales sont tirées des mêmes textes, leur
application concrète dépend fondamentalement de l’aptitude du
régulateur à les adapter judicieusement en tenant compte des
circonstances politiques, historiques et même sociologiques.
Ainsi, dans la recherche de l’adéquation nécessaire et indispensable
entre les textes et la réalité concrète, la HAAC a dû faire preuve de
beaucoup de dextérité pour identi ier avec exactitude les solutions
propres à chaque situation.
Les innovations connues d’une élection à une autre en sont
l’illustration parfaite : de l’implication des radios communautaires
dans les débats locaux à la mise en place d’un système performant
de proximité de suivi des productions de presse, c’est une approche
nouvelle dans le processus de régulation engagé par la HAAC.
L’élection présidentielle de mars 2016 a offert l’occasion à la HAAC
d’atteindre un palier supérieur : l’organisation, pour la première
fois au Bénin sur les antennes de l’organe public de radiodiffusion
et de télévision, d’un face-à-face entre les deux candidats retenus
pour le second tour de l’élection présidentielle.
Mais avant d’en arriver à ce point, il a fallu procéder, deux
semaines durant, à l’enregistrement d’émissions radiodiffusées
au pro it des candidats pour exposer au peuple leurs projets de
société à travers l’émission « Moi Président ». Cet exploit inédit,
nous le devons à la fois à la volonté unanime des Conseillers de la
HAAC de poursuivre dans la recherche de l’innovation, à l’Of ice de
Radiodiffusion et Télévision du Bénin (ORTB) résolument décidé
à nous accompagner par la mobilisation adéquate des ressources
techniques, matérielles et humaines indispensables pour une

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telle entreprise et à la disponibilité de plusieurs structures et
personnes ressources elles aussi soucieuses d’apporter leur
précieuse contribution à l’aboutissement de l’idée.
Tout cela a permis à la HAAC d’offrir au public ce document intitulé
« Moi Président ».
Il s’agit de la transcription idèle des débats des cinq (05) premiers
candidats du premier tour diffusés par l’ORTB ainsi que du face-à-
face inal de l’élection présidentielle de mars 2016.
La HAAC a constaté l’énorme engouement tant des hommes
politiques eux-mêmes que de leurs militants et sympathisants
ainsi que de toutes les franges de la population béninoise pour cet
exercice inédit.
Aussi nous a-t-il paru utile et nécessaire de mettre à la disposition
des uns et des autres un document sur version papier, une autre
dimension des modes de communication de ces documents
historiques.
Il ne s’agit surtout pas pour la HAAC de garnir ni d’enrichir encore
moins de compléter ses archives.
Il s’agit surtout de permettre aux hommes politiques de tous
bords d’avoir sous les yeux un document facile à consulter à tout
moment, car facile à déplacer ou à transporter.
De même, les chercheurs (philosophes, anthropologues,
sociologues, historiens et autres hommes de lettres) pourront
aisément avoir accès à cet ouvrage unique et pourront approfondir
leurs connaissances de l’histoire politique de notre pays ou même
nourrir leurs créations d’œuvre de l’esprit en s’en inspirant
utilement.
Pour les étudiants, c’est plutôt du pain béni car leur horizon
pourra s’élargir en vue d’une meilleure appréhension de leur
propre cursus.
Cette publication est donc, à tous égards, une contribution
-- 8 --
inestimable à l’enrichissement médiatique de notre pays.
Je voudrais espérer que chaque personne, qui en disposera sous la
main, se l’appropriera personnellement au-delà de ses convictions
politiques, et qu’il en tirera le plus grand pro it.
Je voudrais également souhaiter que, tous, nous ayons pour
seul souci le mieux-être de notre patrie commune, le BENIN, et
l’approfondissement de l’idéal démocratique à travers l’éclosion
véritable de la liberté d’expression.
Je voudrais en in émettre le vœu que la HAAC puisse continuer de
béné icier du soutien constant de chacun et de tous pour mieux
accomplir ses missions constitutionnelles pour que vive le BENIN.
A toutes et à tous, je souhaite une excellente lecture.

Adam BONI TESSI


Président de la Haute Autorité de l’Audiovisuel et de la
Communication du Bénin.

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Le Face à Face du 2ème Tour

&

Lionel Alain Louis Patrice Athanase Guillaume


ZINSOU-DERLIN TALON
Né le 23 Octobre 1954 Né le 1er Mai 1958

Journalistes ayant conduit l’entretien:


Georges AMLON
Benjamin AGON
ORTB

Jeudi 17 mars 2016


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M. Georges AMLON. Mes- plateau pour participer à
dames, mesdemoiselles et ce débat désormais histo-
messieurs, bonsoir! rique. A ma droite, le can-
Bienvenus à cette émission didat Patrice Talon. A ma
à laquelle nous convie la gauche, le candidat Lionel
Haute Autorité de l’Audio- Zinsou.
visuel et de la Communica- Monsieur Zinsou, monsieur
tion, en collaboration avec Talon, bonsoir!
l’Ofϔice de radiodiffusion
et télévision du Bénin. Une M. Patrice TALON. Bonsoir!
émission qui est une pre-
mière, «Moi Président», le M. Lionel ZINSOU. Bonsoir!
face-à-face est réellement
inédit dans l’histoire de M. Georges AMLON. Nous
la construction démocra- voilà partis pour 120
tique de notre pays, que minutes. Et je ne serai pas
deux (02) candidats, deux seul à vous accompagner
(02) compétiteurs qui dans ce débat. J’aurai à mes
ont concouru dans cette côtés mon confrère Benja-
compétition particulière min Agon qui sera avec moi
qu’est l’élection présiden- pour modérer ce débat et
tielle, se retrouvent sur un faire en sorte qu’il soit le
plateau de télévision pour plus équitable possible.
échanger leurs idées, pour Monsieur Benjamin Agon,
confronter leurs points bonsoir!
de vue, pour, au besoin,
porter la contradiction à M. Benjamin AGON.
leur vis-à-vis et réellement, Bonsoir, Georges Amlon!
il est dit dans l’histoire de Bonsoir, Patrice Talon!
notre pays. Il s’agit d’une Bonsoir, Lionel Zinsou!
authentique première et Nous allons démarrer en
il convient de le souligner. faisant quelques précisions
Ils seront deux (02) sur ce rapidement. Nous démar-

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rons avec vous. C’est vous parlons plus. Notre idéal
qui allez prendre la parole de démocratie depuis la
tout à l’heure, monsieur Conférence Nationale s’est
Patrice Talon, puisque le révélé complètement der-
tirage au sort l’a conϔirmé rière nous, c’est-à-dire que
comme cela. Et nous allons ce que nous avons espéré
conclure cet entretien avec depuis la Conférence Na-
Lionel Zinsou. tionale, nous l’avons oublié
Pour démarrer, je voudrais, collectivement apparem-
quand même, préciser ment. Il est malheureux de
que depuis le début de la constater aujourd’hui que le
campagne électorale, dès pouvoir exécutif est devenu
le premier tour, chacun de quelque chose de totalement
vous est arrivé sur la scène pervers. Je pèse mes mots.
politique béninoise avec Malheureusement, notre
des slogans. «Le nouveau Constitution qui a laissé
départ» pour vous, mon- beaucoup de détails sans
sieur Talon, et «le Bénin préciser dans sa lettre ce que
gagnant» pour vous, mon- l’esprit de la Constitution
sieur Zinsou. prévoit, malheureusement,
Puisque nous commençons je disais, cette Constitution
avec monsieur Talon, pour- a donc laissé des failles
quoi «le nouveau départ» ? qui ont permis au pouvoir
exécutif de s’exprimer dans
M. Patrice TALON. Il les plus larges extrémités; ce
convient de préciser, avant qui aujourd’hui compromet
tout, que ce n’est pas un totalement le pouvoir équi-
slogan. C’est l’expression libré que nous avons espéré
d’un idéal. Notre pays va depuis la Conférence natio-
très mal sur tous les plans. nale des forces vives. Cela est
Au plan politique, cela est de nature à compromettre
visible. Au plan social, pareil. le développement. Et d’ail-
Au plan économique, n’en leurs, notre développement

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s’est trouvé complètement «le Bénin gagnant»?
compromis. C’est bien pour
cela que nous avons estimé M. Lionel ZINSOU. D’abord,
que, sur le plan politique, il faut mettre le Bénin au
les réformes s’imposent. cœur de tout. Donc, il fallait
Pas pour remettre en cause que le Bénin soit présent
l’esprit de la Constitution, dans ce slogan. Mais aussi,
mais pour remettre en il faut dire que le Bénin sait
place la lettre de manière gagner. Il a les hommes pour
à ce qu’elle soit conforme à gagner. Il a les Institutions
son esprit pour rétablir un pour gagner. Il a ses tradi-
pouvoir normal, un pouvoir tions pour gagner. Et il a sa
équilibré et sans compter jeunesse pour gagner; une
sur la mesure, le bon sens jeunesse que moi, je trouve
des gouvernants. extraordinaire, vraiment
Au plan social et au plan créative, vraiment coura-
économique, le pays va très geuse, une jeunesse qui a des
mal. L’Etat aujourd’hui, se droits pour gagner. Il faut
retrouve à se mêler de tout, que ces droits s’approfon-
à reprendre les activités éco- dissent pour gagner. Gagner,
nomiques; ce que nous avons cela veut dire quoi? Cela veut
déploré jadis. Et il convient dire gagner sur des léaux
véritablement de ramener comme le chômage que
la balle à terre, de repartir à nous partageons, malheu-
nouveau avec des réformes reusement, avec beaucoup
aussi bien politiques, admi- de pays avancés et en déve-
nistratives que l’installation loppement. Mais nous avons
d’une nouvelle dynamique des solutions pour cela, des
économique. solutions rapides. Et avec çà,
on fait gagner la jeunesse.
M. Benjamin AGON. Lionel Et puis, il y a, dans un pays
Zinsou, avec vous, c’est «le qui travaille beaucoup et qui
Bénin gagnant». Pourquoi a des fruits de son travail et

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qui donc, n’est pas un pays à On chercherait en vain
terre, un pays décadent, un que la presse soit muselée,
pays qui dégage une bonne contrainte. Non ! Elle est
croissance. Mais nous avons libre. Monsieur Patrice
des problèmes d’inégalité. Talon est un propriétaire
Nous avons des compatriotes de presse et de journaux,
dans la misère, en fait. Et de télévision. Et ceci est
nous devons tous collective- toléré très certainement
ment parvenir à leur donner malgré son rôle politique.
de nouvelles chances pour Nous sommes dans des Ins-
que tout le monde gagne de titutions démocratiques qui
la croissance du Bénin. Une fonctionnent. Et le travail de
petite différence parce qu’il tous les Béninois, de toutes
y a quand même des diffé- les compétences des Bé-
rences, c’est que je ne crois ninois ne doit pas être nié au
pas du tout qu’une de nos nouveau départ comme si on
Institutions démocratiques était tombé à terre. Je crois,
soient en cause. Le travail du monsieur Talon, que c’est
renouveau démocratique a un peu ce que vous venez de
été remarquable. D’ailleurs, dire. Ce n’est pas vrai. Les
le premier tour de l’élection, Béninois travaillent avec un
la campagne électorale courage fou. On a doublé les
semblent magni iques au productions agricoles dans
regard du fonctionnement ce pays en dix (10) ans. On
des Institutions et de la paix a doublé avec très peu d’eau
qui a régné alors qu’on nous et très peu d’électricité. Les
prévoyait des tensions. gens savent gagner dans
Aujourd’hui, nous sommes notre pays. Notre économie
là dans un vrai débat parce n’est pas à terre. J’ai lu dans
que toute l’opinion publique, le projet de société dont
nous sommes une terre de vous avez parlé tout de suite,
liberté. On chercherait en monsieur Patrice Talon,
vain un prisonnier politique. que l’investissement avait

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régressé. Mais il a, en fait, M. Georges AMLON. Alors,
augmenté en pourcentage messieurs, vous êtes tous
et il a augmenté en volume deux porteurs d’avenir. Et
de façon très importante. Le l’avenir, c’est nos enfants,
Bénin investit sur lui-même. nos petits-enfants. Dites-
Les Béninois investissent. Et moi, si un enfant d’une
les étrangers viennent aussi dizaine d’années vous po-
investir, donc, les aider à sait la question à l’un ou à
savoir gagner. Oui, c’est vrai l’autre, «que ferez-vous de
qu’il faut faire un certain nous»? Qu’est-ce que vous
nombre de changements. Il lui répondriez, monsieur
faut continuer des réalisa- Lionel Zinsou?
tions et des réformes. Je suis
bien d’accord avec Patrice M. Lionel ZINSOU. Je lui di-
Talon. Il y a des réformes à rai qu’on va lui construire un
faire. Je ne suis pas du tout pays où il va faire bon vivre.
satisfait du point où nous Tout le monde sait ce que
sommes. Mais il faut le faire ça veut dire. Tout le monde
en rendant cet hommage aux sait que cela veut dire que
Institutions, aux hommes, ce serait mieux que nous
aux femmes et aux jeunes envisagions des microcré-
dans le pays. Leur travail de dits à toutes les familles qui
tous les jours met notre pays ne donnent pas à cet enfant
chaque année un petit peu de dix ans deux repas com-
plus haut. plets par jour. Un pays dans
Maintenant, on devrait être lequel son éducation, non
un modèle pour l’Afrique. seulement sera améliorée
C’est très important pour comme elle l’a été consi-
notre ierté qui est un élé- dérablement. Aucun pays
ment très fondamental pour pratiquement n’a construit
notre pays. Le Bénin sait autant d’écoles en un si peu
gagner. de temps. Quand on regarde
les vingt dernières années

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et spécialement les dix que je propose, c’est l’égalité.
dernières années, son école Où que vous soyez né, quelle
est proche. Mais un pays où que soit votre famille, quel
l’éducation qu’il reçoit et que soit son niveau d’éduca-
encore beaucoup d’années tion, que les chances de nos
d’éducation devant lui. Il enfants par l’école, par la
rentrera dans l’une de nos santé soient des chances, les
sept universités, cet enfant mêmes pour tous sur tout
de dix ans. Sept universités! le territoire; ce qui n’est pas
Il n’y avait aucune en 1969. le cas. Quelle que soit votre
Eh bien, cet enfant-là, quand famille, que l’Etat soit, c’est
il grandira, on aurait la une providence pour les
qualité de son éducation, la familles, un soutien pour les
qualité des soins. Nos indica- familles.
teurs de santé se sont beau- Voilà ce que je dirais à cet en-
coup améliorés. C’est pour fant. On va te donner l’égalité
cela que les enfants sont si des chances pour ton emploi
nombreux. Mais il faut qu’on et pour ton éducation.
fasse encore de grands pro-
grès dans la santé que nous M. Georges AMLON. Mon-
devons garantir. Il faut que sieur Patrice Talon, si on
cela ça reste un pays dont on vous posait la même ques-
soit ier. C’est très important tion?
pour l’identité de chacun de
nos enfants. La question que M. Patrice TALON. Je suis
vous me posez, moi, c’est malheureux de constater
mes enfants et mes petits que pour un aspirant à
enfants qui me la posent. cette fonction, diriger le
Qu’est-ce que tu veux faire, Bénin pendant cinq (05)
en réalité, pour ce pays? Ce ans, monsieur Zinsou voit
pays est en effet... Pour moi, que le Bénin va très bien,
l’élément fondamental qui que la production augmente
vraiment partout dans ce parfaitement conformément

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à nos aspirations, que les parce qu’aucun Béninois ne
Institutions fonctionnent croit aux Institutions. Cela
très bien et que le Bénin est est resté traîné dans tous
un pays déjà prospère, ga- les cœurs, dans tous les
gnant. On voit bien que, cher esprits. Or, les Béninois sont
ami, vous ne connaissez pas des gens calmes, paci iques.
le Bénin. Puisque rares sont Ils sont restés calmes et
les Béninois qui vous diront tranquilles dans leurs mai-
que le pays va bien. Au plan sons mais dans le stress. Et
économique, le chômage a moi, je n’étais pas vraiment
atteint des sommets inquié- malheureux. J’ai passé des
tants. Dans l’administration, messages. J’ai dit : «Restez
il faut être un soumis et un tranquilles. Rien ne se passe-
griot pour être promu. Les ra. La Cour va con irmer les
valeurs ne sont plus promues résultats». On n’est pas dans
dans notre administration. cet état pour rien. C’est bien
Le clientélisme est devenu le parce qu’il y a eu des situa-
seul mode de gouvernance. tions qui ont généré ce dé i.
Il n’y a plus un seul fonction- Malheureusement, il est vi-
naire qui mérite, qui pense sible que le modèle politique
que l’administration fonc- dans lequel nous sommes ne
tionne bien. Nous avons des plaît plus à personne, que le
Institutions, les décisions pouvoir exécutif est devenu
de la Cour Constitutionnelle quelque chose de totalement
qui ont tellement inquiété décadent. La justice est de-
les Béninois. Et à l’occasion venue le souffre-douleur du
du premier tour de l’élection pouvoir exécutif. Combien
présidentielle, vous avez vu de fois, on entend le Chef de
combien les Béninois étaient l’Etat, on entend même le
inquiets que la Cour ne re- premier ministre violer une
mette en cause la tendance décision de la justice. Oh là
annoncée par la CENA. Il là! C’est dommage que les
y a une crise de con iance réalités politiques puissent

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amener un Etat à remettre jourd’hui, et si vous voulez,
en cause les décisions de jus- nous allons en parler. Les
tice. Cela est tellement grave. rendements ont baissé aussi
Vous ne vous imaginez pas bien pour la production du
candidat aux élections pré- maïs, la production du riz
sidentielles en France dire que pour la production du
que les réalités politiques coton principalement. Il n’y
peuvent remettre en cause a pas une seule culture dans
une décision politique. On laquelle les rendements
a l’impression que vous ont augmenté. Quand on
êtes à terre, excusez-moi le mesure les performances
terme, je le dis amicalement, d’une société, on ne mesure
vous avez le syndrome de pas seulement au volume. Je
gouverneur, d’une contrée crois que le rendement n’a
de sauvages. Pour régner, pas augmenté comme vous
on considère que tout va le dites. J’ai tous les chiffres.
très bien, que la vie est belle Au niveau de la formation,
parce qu’il y a le soleil. Le c’est une catastrophe. L’Etat
Bénin va mal. Et nous, les est défaillant partout. Il n’y
Béninois nous souffrons, on a pas de formation. Les in-
ne va pas bien. C’est bien trants sont fournis à contre
pour cela qu’il urge non seu- saison. Bref !
lement de réformer notre vie Je vais inir. Quand un enfant,
politique, de reformer l’ad- mon ils, mon petit- ils, le
ministration et de relancer vôtre me pose la question de
notre modèle économique. savoir quel pays nous comp-
Parce que vous avez dit que tons construire pour lui de-
la production agricole croît, main parce qu’aujourd’hui il
a doublé en 10 ans. Je suis du est désespéré. Ce qu’il faut
secteur. Les rendements ont noter, l’enfant qui pose cette
baissé dans tous les secteurs question, cela veut dire que
de l’agriculture. Je prends dans son esprit d’enfant, il
n’importe quelle culture au- voit malheureusement que

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le pays va mal et qu’il n’y être artisan, on peut être
a pas d’espoir. Parce que agriculteur et vivre bien.
même enfant, nous obser- C’est cela la réponse qu’on
vons. La réponse que je lui va lui donner en lui disant
donnerai est celle-ci: «Mon tout simplement que nous
ils, mon petit, nous allons nous attelons à construire
construire un pays dans une nation à laquelle les
lequel il y aura, c’est vrai, valeurs seront promues. Et
l’égalité des chances et que les valeurs permettent de
même si vous n’êtes pas ils nourrir chacun des Béninois.
d’un ministre, ils de député,
vous irez à l’école. Vous au- M. Lionel ZINSOU. Je suis
rez une formation de qualité ravi de voir que, quand vous
pour que demain, vous ayez parlez à un enfant de dix
un emploi qui vous permette ans, vous disiez que vous
de vivre décemment. Il ne trouvez l’égalité des chances,
serait nécessaire d’être mi- vous allez y parvenir. Je suis
nistre, député ou douanier content que nous ayons le
pour vivre. Pas besoin même même message. Mais nous
d’être riche parce qu’on ne partons pas du tout de la
peut vivre de son métier». même base. Vous êtes très
Quand on a appris un métier compétent en coton. C’est
convenable qui nous plaît, vrai que vous avez géré la
quand on a une vocation, on ilière coton à un moment
peut s’épanouir. Plus aucun donné. Vous avez divisé la
enfant ne croit qu’on peut production par deux. Et tous
s’épanouir en apprenant vos cotonculteurs retiennent
un métier. C’est ce qui est un certain nombre de chiffres
devenu notre société. Je ne beaucoup plus élevés. Le
suis pas si ier de le dire. coton, c’est 10% de l’agricul-
Demain, on peut être méde- ture. Vous savez, au fond, ne
cin, on peut être ingénieur, faites pas grief, ne faites pas
on peut être pilote, on peut insulte à nos compatriotes.

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L’ananas s’est développé. que vous avez un sentiment
L’anacarde s’est développé. de culpabilité sur certains
Le manioc s’est développé. détails. Je n’en sais rien. Mais
Le maïs s’est développé. Le quand on parle à un enfant
soja s’est énormément dé- de 10 ans, on lui dit la vérité.
veloppé. Ne nous parlez pas Le Bénin est un Bénin qui
que du coton où la respon- sait gagner. C’est un Bénin
sabilité est, quand même, un où le travail des vraies gens,
peu partagée entre l’Etat et et là vraiment et notamment
vous-même. Et je crois que dans l’agriculture, avec
les cotonculteurs s’en sou- beaucoup de courage a été
viennent. Quand il s’agit de un travail qui est un succès
l’agriculture, des sujets qui pour notre économie. Il faut
font le travail quotidien et respecter les gens.
le succès des Béninois. Il ne La Cour Constitutionnelle!
faut pas nier les succès des Je sais que vous aimez faire
Béninois. Je comprends très peur, Patrice Talon. Et je
bien que vous fassiez des at- crois que vous y arrivez très
taques contre le régime. C’est bien. Vous faites très peur, y
normal. Vous l’avez, certes, compris dans votre coalition
créé à bien des égards, ce de rupture, il y a un de vos
régime. Vous avez certaine- plus grands partisans dans
ment nommé des ministres cette coalition qui m’a dit
un jour dans votre vie. Vous qu’il faut que j’appartienne
êtes venu me proposer un à cette coalition car, j’ai tel-
poste de ministre. C’était lement peur si Patrice Talon
en 2006. Et vous étiez un gagnait, qu’il vaut mieux que
messager. C’est très bien. On j’ai l’air de l’avoir soutenu.
dit que vous avez beaucoup Cela me donnera quelques
composé de Gouvernements mois de répit. Vous aimez
et beaucoup faire élire des faire peur. Regardez sur la
députés. Ce régime, vous le Cour Constitutionnelle. Moi,
connaissez bien. Peut-être j’ai rendu hommage à nos

-- 21 --
Institutions. Vous venez de con iance. Et quelle qu’a
me le reprocher. La Cour été la décision de la Cour
Constitutionnelle, je la res- Constitutionnelle, elle aurait
pecte. Je constate qu’elle n’a été respectée comme toutes
d’aucune manière altéré les les précédentes. Ne faites
résultats. Elle a perfectionné pas peur sur la Cour Consti-
et il y avait sûrement un tutionnelle. Ne faites pas
certain nombre de double- peur sur la CENA parce que
comptes et autres qui, dans les gens n’ont pas peur. Si on
les analyses provisoires, crée de peurs arti icielles,
devraient être corrigées. alors vous me dites oppor-
Elle les a corrigées. Je ne tunément que je ne connais
vois absolument personne décidément pas le pays. Bon!
qui soit descendu dans la J’ai la chance d’avoir un tout
rue en disant : «J’ai peur des petit peu plus d’âge que vous.
résultats». Vous n’avez pas Par conséquent, je le connais
calmé de tension parce qu’il depuis très longtemps. J’ai
n’y en avait pas. Les Béninois la chance d’appartenir à
ont attendu cela dans un très une famille, ma famille qui
grand calme. Mais regardez le connaît bien, ce pays. J’ai
autour de nous en Afrique, la chance d’avoir un père
des élections où il n’y a pas comme vous. J’ai la chance
de blessé, pas de risque, rien d’avoir un grand-père qui
et pas de combat où on res- était un homme qui a beau-
pecte tout jusqu’à l’attente coup agit pour l’indépen-
sereine des résultats qui, dance de notre pays. Vous
d’aucune manière, n’ont été dites que j’ai un syndrome
altérés. Quel est ce procès du gouverneur. Vous l’avez
d’intention? Vous calmez fait dire. Vous avez créé une
les peurs sur la Cour Consti- petite cellule de gens très
tutionnelle? Les Béninois bien payés à 500 mètres
sont extrêmement iers de d’ici qui devraient inventer
leurs Institutions et ils ont sur moi un mensonge par

-- 22 --
jour. Vous avez essayé de tous les Béninois de dire
m’installer dans l’idée que que je dois ne pas aimer
j’étais envoyé par un autre ma mère et de suggérer
pays. Et vous avez pris que j’ai un syndrome de
l’exemple de la France au gouverneur, c’est juste une
hasard s’en doute. Moi, je ne fabrication. C’est une bonne
vous reproche pas ni que vos idée que vous avez trouvée
ancêtres soient français, ni au mois de juillet et que vous
que certains de vos enfants avez répétée dans les rues
soient français. Moi, je n’en tous les jours à Cotonou,
parle pas parce que ce n’est au plateau d’Abomey. Mais
pas pertinent comme idée. Je c’est faux. Vous voyez, c’est
m’appelle Zinsou. Au fond, il faux. Je suis Mahi. Je suis
n’y a pas beaucoup de fran- fon. Vous connaissez mes
çais qui s’appellent Zinsou. origines. Vous savez que je
Alors que Talon, c’est bien suis de la diaspora. Et par
naturel, c’est bien normal. conséquent, le syndrome du
Vous connaissez l’histoire gouverneur ne m’étouffe ab-
de votre famille. Elle est solument pas. Je considère
dans les livres sur l’histoire que la colonisation a été une
de Ouidah. Votre famille est entreprise ubuesque. Voilà
arrivée pour le commerce. Il ce que je considère. Et je
y avait l’esclavage qui était suis très ier que ma famille
classique au XIXème siècle. faite de ministres du Gou-
Votre famille a eu cette vernement de Béhanzin et
chance de tenir la position faite ensuite d’instituteurs,
héréditaire de sentinelle du d’enseignants. C’est une des
Fort français. Nous avons écoles pour mon grand-père,
une histoire chacun. Moi, ma écrivait de façon manuscrite
maman, elle est française. Et les premiers journaux, un
ce n’est pas pour cela que j’ai des tous premiers journaux
un syndrome de gouverneur. que mon grand-père a écrit:
Si vous me demandez devant «Le décadaire de Béhan-

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zin». Je vous assure que ni M. Patrice TALON. Je suis
mon grand-père, ni mon désolé...
père que tous les Béninois
connaissent, le Professeur M. Lionel ZINSOU. Ah non
René Zinsou, ni mon oncle le ! C’est votre syndrome de
Président Zinsou n’aurait en- gouverneur que vous avez
ceinté quelqu’un qui aurait répété pendant des mois. Le
un syndrome de gouverneur. mensonge en sa répétition
Mon père est médecin. Il ne crée pas la vérité, Patrice.
m’aurait guéri de ce syn- Vous pouvez répéter le même
drome tout de suite, je vous mensonge et je sais qu’on
assure. Tout de suite. Donc, en évoquera quelques-uns.
ne méprisez et ne créez pas Le mensonge tous les jours
la peur. Je sais que vous ai- de porte en porte. Tous les
mez la peur. Je sais que vous jours. L’intoxication qui est
aimez la créer. Et je sais que une «béninoiserie» connue.
vous la créez très bien. Nous La répétition du mensonge
nous connaissons à peine n’est pas une vérité. Et donc,
et nous avons des relations on balaie ces histoires de
tout à fait cordiales. Je n’ai syndrome de gouverneur.
pas peur. Mais cela m’amuse D’ailleurs, le suffrage uni-
que dans votre coalition, les versel a balayé ce genre de
gens sont là par la peur. Ne mensonge répété de porte
jouez pas sur la peur. Notre en porte. En revanche, cela
pays a besoin de paix. ne me vexe pas.

M. Patrice TALON. Monsieur M. Georges AMLON. Mon-


Zinsou, je trouve que vous sieur Patrice Talon, est-ce
êtes vexé. que vous voulez répliquer?

M. Lionel ZINSOU. Pas du M. Patrice TALON. Oui ! Je


tout! vous ai entendu dire et j’ai
été un peu amusé que les

-- 24 --
Béninois étaient bien tran- de la Cour ne soient pas dans
quilles, apaisés à la veille du le même sens que celles de
prononcé de la proclamation la CENA. Je n’ai jamais dit
de la décision de la Cour à que la Cour allait le faire.
propos de l’élection prési- Moi, j’ai dit à tout le monde:
dentielle du premier tour. «Ayez con iance. Cela ne
Cela prouve une fois encore, changera pas». Et d’ailleurs,
monsieur Zinsou, que vous il faut reconnaître à la Cour
ne connaissez pas le pays. ce mérite. Ils ont travaillé de
Vous n’êtes pas au courant manière acharnée et ce qui
de la réalité. Vous êtes isolé est sorti est parfaitement
du peuple. conforme aux chiffres que
nous avions chacun en tant
M. Lionel ZINSOU. Pas du que candidats.
tout !
M. Lionel ZINSOU. C’est
M. Patrice TALON. Vous me beaucoup mieux. Ceci apaise
permettez car, je ne vous ai le peuple béninois.
pas interrompu. Vous per-
mettez? M. Patrice TALON. Pourquoi
vous m’interrompez chaque
(Rire) fois, monsieur Zinsou?

M. Lionel ZINSOU. Je ne M. Lionel ZINSOU. Non ! Pas


vous laisse pas dire cela. à chaque fois... Cela apaise
Je vous interromps sur ce les Béninois.
point.
M. Patrice TALON. Mais
M. Patrice TALON. Non ! permettez que je inisse ce
C’est parce que vous n’êtes que je dis.
pas à l’écoute des Béninois.
Tout le monde a eu peur que M. Lionel ZINSOU. Quand
les décisions devant sortir on invente des tensions, on

-- 25 --
ne joue pas pour la paix dans la production nationale.
ce pays. Vous ne savez pas que de
mon temps ou au temps où
M. Patrice TALON. Je peux la production cotonnière
continuer? faisait son boom avec
l’introduction des privés,
M. Lionel ZINSOU. Absolu- notamment le groupe Talon,
ment! nous avons atteint 425 à 500
mille tonnes de production
M. Georges AMLON. Cette cotonnière. Vous ne savez
intervention est bien chro- pas cela.
nométrée.
M. Lionel ZINSOU. Je le sais
M. Patrice TALON. Oui ! Mais parfaitement mais c’est faux.
je voudrais que monsieur
Zinsou ne m’interrompe pas, M. Patrice TALON. Qu’est-ce
chaque fois, parce que c’est qui est faux ?
une technique pour couper
M. Lionel ZINSOU. Vous avez
l’élan.
géré ensemble les usines
d’égrenage dans un mono-
M. Lionel ZINSOU. C’était pole privé et la production
pour rendre hommage. C’est est tombée à des niveaux
un compliment. incroyables. Vous avez divisé
par deux.
M. Patrice TALON. Vous
avez dit quelque chose qui M. Patrice TALON. Donc,
prouve, encore une fois, que vous ne savez pas.
vous ne connaissez pas du
tout le Bénin. Vous avez dit M. Lionel ZINSOU. Je le sais
que monsieur Talon, que très bien.
j’ai géré la ilière coton avec
l’Etat béninois, que de mon M. Patrice TALON. Est-ce
que vous permettez que je
temps, j’ai divisé par deux
continue ?
-- 26 --
M. Lionel ZINSOU. Oui ! M. Lionel ZINSOU. L’ananas!
Continuez sans problème.
M. Patrice TALON. L’ananas
M. Patrice TALON. J’ai dit ! Est-ce que vous savez que
qu’il est amusant d’entendre parce que nous sommes
d’un aspirant à cette fonc- partis du point zéro et que
tion, ne pas savoir qu’il n’y a nous sommes au point un
pas si longtemps que cela, la ou deux, mais que notre po-
production cotonnière a at- tentiel est de 10 ou 20, c’est
teint des sommets de plus de une imperformance ? Or,
400.000 ou 425.000 tonnes. pour vous, quand on parle
Tous les Béninois le savent. de zéro à deux, c’est parfait,
Et aujourd’hui, on dit que le monde est très bien. C’est
c’est au temps de monsieur pour cela que je vous parlais
Talon que la production a été tout à l’heure du syndrome...
divisée par deux. Bref! Je ne
veux pas discuter de ce dont M. Lionel ZINSOU. Cela veut
mon interlocuteur ne sait dire que vous savez doubler.
rien. On passe ce sujet. Simplement parce que je
vous avais dit que ça avait
M. Lionel ZINSOU. Faites- baissé.
moi la grâce de penser que
j’ai beaucoup observé notre M. Patrice TALON. Je viens.
pays. Laissez-moi inir. Ayez la
gentillesse de me laisser
M. Patrice TALON. Je vais parler.
parler du maïs. Monsieur
Zinsou, je vous ai laissé M. Lionel ZINSOU. Non,
parler tranquillement. Vous mais ! Les indices avaient
avez évoqué le soja, le maïs, doublé ! Le potentiel ...
le cajou. Et vous avez dit
M. Patrice TALON. Ayez la
que...
gentillesse de me laisser
parler.
-- 27 --
M. Lionel ZINSOU. Le po- milliards de francs CFA. Les
tentiel! Je vous assure que je revenus de cajou sont plus
crois au potentiel... importants que les revenus
du coton en Côte d’Ivoire.
M. Georges AMLON. Le Bénin a un potentiel
Monsieur Lionel Zinsou, plus élevé que celui de la
nous vous serions recon- Côte d’Ivoire. Mais le Bénin
naissants de ne pas inter- aujourd’hui, est à moins de
rompre monsieur Talon. 100.000 tonnes. Vous nous
direz que la production
M. Lionel ZINSOU. Je vous est passée de 30 à quelque
en donne acte. Il a une mi- 100.000 tonnes...
nute d’avance.
M. Lionel ZINSOU. Oui, je
M. Patrice TALON. Le cajou! vous le dis.
Le Bénin, il y a dix (10) ans,
était devant la Côte d’Ivoire M. Patrice TALON. Et donc,
en production de cajou. c’est parfait. Laissez-moi
Nous produisions à l’époque inir !
25.000 tonnes de noix de
cajou. Bon ! Un peu plus, M. Lionel ZINSOU. Je vous
parce que s’il y a quinze (15) le dis. C’est cela que je vais
ans. Il y a dix (10) ans dans vous dire dans mon dévelop-
les années 2005-2006, nous pement.
étions à peu près à 30.000 M. Patrice TALON. Lais-
tonnes de noix de cajou. La sez-moi inir. Mais lais-
Côte d’Ivoire était à moins sez-moi inir, monsieur
de 30.000 tonnes, autour de Zinsou.
20.000 tonnes de produc-
tion. Aujourd’hui, la Côte M. Lionel ZINSOU. Je vous le
d’Ivoire produit 600.000 dis.
tonnes de noix de cajou avec
des recettes de plus de 300 M. Georges AMLON. Je

-- 28 --
pense qu’on aura l’occa- petites choses alors que le
sion d’aller encore plus en monde entier progresse et
profondeur sur ce sujet-là. nous, en proportion relative,
nous appauvrissons.
M. Patrice TALON. Parce C’est pour cela que je suis
que quand on m’interrompt, malheureux d’entendre
le temps décompte pour moi, qu’au Bénin, nous produi-
mais je ne développe pas ce sons désormais du cajou et
que j’ai envie de dire. Alors, que le Bénin va très bien,
on me dira que la production alors qu’en Côte d’Ivoire,
de cajou est passée quand qui a moins de potentiel que
même de 30 à 40.000 tonnes nous, produit pour 300 mil-
à 90.000 tonnes. C’est ex- liards de francs CFA de noix
traordinaire. Le Bénin va très de cajou.
bien. Mais pendant ce temps, L’ananas, si vous connaissez
les zones dans lesquelles on ce secteur, vous verrez que
peut produire du cajou à fort l’ananas ne va pas bien. Je
potentiel sont loin de ce que sais de quoi je parle puisque
nous aurons pu atteindre en je suis.
dix (10) ans ou en quinze
(15) ans. La nature humaine M. Lionel ZINSOU. Je ne
ne se contente pas de faire connais pas ce secteur !
de petits pas quand elle peut
faire de grands pas. Parce M. Patrice TALON. Vous ne
que la pauvreté s’accentue, connaissez pas le secteur
même si nous passons d’une agricole. Gardez-vous d’en
tonne à deux tonnes. La po- parler.
pulation du Bénin n’est plus
la même, nos besoins ne sont M. Lionel ZINSOU. Ah ! Bien
plus les mêmes, le potentiel sûr! J’ai passé beaucoup plus
du monde n’est plus du tout de temps que vous dans de
le même. Donc, on ne peut vraies industries agroali-
pas se contenter de faire de mentaires. Je les ai présidées.

-- 29 --
M. Patrice TALON. Où ? vous dites, monsieur Zinsou,
qu’il n’y a pas lieu de repartir
M. Lionel ZINSOU. Partout au Bénin et que tout va très
dans le monde, j’ai dirigé des bien, qu’il suf it de continuer.
sociétés agroalimentaires. Je suis malheureux. Pour-
Moi-même, j’ai présidé quoi ?
des sites agroalimentaires. J’ai du temps en retard,
J’étais en Afrique aussi bien laissez-moi continuer. Je
qu’aux Etats-Unis, mais aussi suis malheureux pourquoi
en Europe. Donc, quand vous ? J’observe dans mon pays,
dites que je ne connais pas le depuis quelque temps, qu’on
secteur, je voulais juste vous prend aussi des décrets avec
faire dire que quand on passe vous, le Chef de l’Etat et vous
de 30.000 à 100.000 tonnes, même, qui donnent l’impres-
c’est un progrès. Maintenant, sion que nous sommes dans
si on parle du potentiel et on une République bananière.
va en parler, il y a un énorme Nous entendons des rappels
potentiel et je suis tout à fait de primes, je ne sais quoi
d’accord avec vous. d’autre, sur des années en
La Côte d’Ivoire, c’est un arrière sans fondement.
pays qui est 5 fois plus riche Parce que le régime est à
que le nôtre, beaucoup plus la in, il faut récompenser
peuplé et beaucoup plus ses soldats. Ou bien il veut
grand. Et je vous accorde amener des soldats sur le
qu’il a un potentiel très terrain pour le perpétuer.
important. Je vous ai juste Nous voyons une pagaille
dit qu’on n’est pas dans une gigantesque qui s’installe
situation de nouveau départ. dans le pays.
Le Bénin a assez gagné. Il a Je suis rentré de tournée
su gagner, notamment dans hier. Je passais devant la Pré-
ce domaine. sidence et j’ai vu une queue
énorme. Je dis : «Qu’est-ce
M. Patrice TALON. Quand qui se passe?» On m’a dit que

-- 30 --
cela fait quelques jours que M. Lionel ZINSOU. Et les
cela dure. Et les gens vont à gens, ils ont progressé. Il
la présidence. Et quand on est très important de leur
leur demande: «Vous allez donner acte du fait qu’ils ont
y faire quoi?», «On prend progressé. Je vous laisse la
de l’argent». C’est ce qu’ils responsabilité d’avoir traité
disent. Je ne suis pas témoin. le Bénin de République ba-
C’est ce qu’ils disent. Et puis nanière.
cela continue. Et cela conti-
nue. Et puis, vous êtes ier M. Georges AMLON. Avec
d’être un premier ministre votre permission, mes-
d’un pays du genre qui est sieurs, nous venons de pas-
devenu la risée du monde. ser à peu près 15 minutes
Le Bénin est devenu la risée sur ce sujet-là. Nous allons
du monde. Plus personne n’a essayer d’étriller les dif-
de ierté à dire qu’il est Bé- férents termes qui étaient
ninois. Et vous trouvez que le prévus dans leur ensemble.
pays va très bien et qu’il n’y a
pas lieu de repartir, qu’il n’y M. Benjamin AGON. Avant
a pas lieu de prendre un nou- d’aborder cela, d’ailleurs,
veau départ, qu’il n’y a pas vous avez tous deux parlé
lieu de restaurer la dignité d’égalité des chances pour
du Bénin, qu’il n’y a pas lieu les Béninois. Et c’est cela
de restaurer notre qualité. qui intéresse vraiment les
Cela est malheureux. Béninois aujourd’hui. Com-
ment comptez-vous assu-
M. Lionel ZINSOU. Vous ve- rer l’égalité des chances à
nez juste de répéter, les gens tous les Béninois, Monsieur
et les Institutions. Lionel Zinsou?

M. Benjamin AGON. Mon- M. Lionel ZINSOU. C’est un


sieur Zinsou, nous allons, si problème vraiment fonda-
vous le permettez! mental qui a des aspects

-- 31 --
de mérite. Longtemps, naissez dans une région très
le Bénin a fourni à toute pauvre, dans une famille très
l’Afrique dans le cadre, tant pauvre, dans notre pays où
nous avions, en matière beaucoup de familles ont
d’éducation un niveau de amélioré leurs conditions,
respect du mérite, qu’il nous certaines non seulement ne
faut désormais retrouver. l’ont pas améliorées mais
Et c’est très important. Le pourraient à la génération
mérite qui est récompensé. suivante, à cause de sous-nu-
Des familles qui savent que trition, à cause de carence
quand les enfants travaillent biologique, de n’avoir pas les
et réussissent à des examens chances des autres. Et cela
et à des concours, cela leur pose un problème d’égalité
permet d’avoir toute leur sur notre territoire entre les
chance. Evidemment, la cari- familles. C’est pour cela que
cature de dire qu’il faut être dans notre projet de société,
enfant de ministre, enfant de où on dit quelque chose qui,
douanier, c’est-à-dire qu’il pour moi, est fondamentale,
y aurait quelques milliers il y a et toutes les études
de personnes dans ce pays le montrent, les études
et c’est tout sur près de 11 académiques, les études
millions qui auraient des scienti iques béninoises et
chances, c’est une carica- internationales, 100.000 fa-
ture. Vous savez, quand on milles, c’est-à-dire 5% de nos
veut faire peur, on fait peur. familles. C’est quand même
La vérité, c’est que le mérite, important. 100.000 familles
c’est la règle générale. Mais sont dans une situation où il
il y a des exceptions qui ne n’y a pas de chance d’égalité,
sont pas possibles. même pour la génération
La deuxième chose en ma- suivante. Pourquoi ? La
tière d’égalité des chances, sous-nutrition, l’extrême
c’est simplement en matière pauvreté. Et ce nombre ne se
sociale, le fait que, si vous réduit pas. Et il faut faire des

-- 32 --
politiques spéci iques pour sauver ces familles. Ça, c’est
ces familles. Il y a eu des la vraie égalité des chances.
expériences en Afrique de Voilà ce que j’entends par
l’Est, au Kenya, par exemple, égalité des chances.
très convaincantes. Avec
la Banque Mondiale, nous M. Benjamin AGON. Com-
travaillons sur un projet de ment comptez-vous assu-
réduction de la très grande rer l’égalité des chances,
pauvreté. C’est un projet monsieur Talon ?
très intéressant qui sera
sans doute inancé en appui M. Patrice TALON. J’entends
du budget national par les mon interlocuteur parler de
bailleurs de fonds. Parce que grandes théories. Et je veux
ce sera l’une des premières lui faire comprendre qu’il
fois où on s’attaquera à cette s’agit de venir au secours
extrême pauvreté. 100.000 d’un pays qui va mal. Et il est
familles où avec 100.000 criard, visible qu’au Bénin,
francs par an, c’est-à-dire l’égalité des chances ne veut
moins que ce qui est donné rien dire. Aujourd’hui, au
non pas à la Présidence de contraire, cela fait neuf (09)
la République. Nous, on ne mois que vous êtes premier
donne pas d’argent, mais ministre. Vous aurez dû l’im-
moins que ce qui est donné primer. Vous aurez dû faire
dans cette campagne, et tous en sorte de dénoncer ce qui,
les Béninois le savent, par aujourd’hui au quotidien,
vos équipes pour acheter révèle l’égalité des chances.
des voix, beaucoup moins Vous êtes au courant que
avec 100.000 francs, non les concours frauduleux
pas pour deux jours. Mais sont légion dans le pays.
avec 100.000 francs pour Vous êtes au courant que
l’année. On est capable, sur pour les fonctionnaires de
le plan nutritionnel avec un l’administration publique, il
peu d’accompagnement, de suf it qu’on vous détecte un

-- 33 --
courant politique différent M. Lionel ZINSOU. Rendez
de celui du pouvoir exécutif, hommage aux qualités des
que vous payez le malheur de gens.
soutenir quelqu’un d’autre
qui est différent du premier M. Patrice TALON. Mainte-
ministre pour qu’on vous nant, je vous en prie de ne
saute le lendemain. Combien pas m’interrompre.
de fonctionnaires ont perdu
leur poste ces jours-ci? M. Georges AMLON. Après
l’intervention de monsieur
M. Lionel ZINSOU. Cela ne Lionel Zinsou, c’est mon-
se passe ainsi dans la fonc-
sieur Patrice Talon qui
tion publique. Vous n’allez
avait la parole.
pas créer la peur sur l’admi-
nistration publique.
M. Lionel ZINSOU. Je vous
M. Patrice TALON. Mais prie d’accepter mes excuses
c’est ce qui se passe ! pour vous avoir interrompu.

M. Lionel ZINSOU. Non ! M. Patrice TALON. Je note


Non ! que, pour vous, l’égalité des
chances, c’est à venir. C’est
M. Patrice TALON. Mais dans dix (10) ans, c’est dans
c’est ce qui se passe ! vingt (20) ans.

M. Lionel ZINSOU. Vous M. Lionel ZINSOU. Ah non !


parlez des exceptions. C’est C’est le mois prochain.
grave.
M. Patrice TALON. Oh la la!
M. Patrice TALON. Oh la la
! Alors qu’est-ce qui ne va
pas être une exception pour M. Benjamin AGON. Mon-
vous ? Tout ce qui ne va pas sieur Zinsou, s’il vous plaît,
est une exception. Tout va nous allons faire un débat
bien ? Ok ! qui pourrait beaucoup plus

-- 34 --
intéresser les Béninois. On de la République dire dans
va le laisser. On va s’écou- son village: «Chers parents,
ter un peu. Et puis après, si vos enfants ne réussissent
vous aurez votre temps de pas aux concours, c’est bien
réagir. parce que vous êtes de l’op-
position». Voilà un Etat qui
M. Patrice TALON. L’égalité discrimine ses enfants parce
des chances, c’est à venir. que leurs parents ne sont
C’est le cours qu’on donne pas du même bord que le
aux étudiants, de la théorie Président de la République.
et que quand on est aux C’est extrêmement grave.
affaires, on se garde de les Vous ne savez pas parce que
mettre en pratique. quand vous n’étiez pas là,
Je vais noter que, pour moi, vous n’écoutez même pas la
l’égalité des chances, c’est télévision béninoise. Sinon
du concret. C’est à partir vous aurez entendu cela
du jour où on le dit, le jour et cela vous aurait choqué.
où on croit en cela, tout ce Mais tout le monde le sait.
qu’on fait doit être dans ce C’est devenu tellement
sens-là, dans un sens de courant que tout le monde
construire. Et ce n’est pas aujourd’hui au Bénin fait la
normal, c’est malheureux politique. Pour trouver un
qu’aujourd’hui les parents minimum de bien être, il faut
sont discriminés en fonc- faire la politique. C’est ce
tion de leur allégeance, de que notre pays est devenu et
leur soumission au pouvoir c’est malheureux.
exécutif. C’est malheureux.
Il est évident parce que cela M. Lionel ZINSOU. C’est
concerne également les faux !
enfants. Moi, j’ai entendu,
je n’étais pas encore là, M. Patrice TALON. C’est
pendant les élections légis- faux parce que vous ne
latives passées, un ministre connaissez, vous ne savez

-- 35 --
pas. Je veux dire, monsieur Tout à l’heure, j’ai entendu
le premier ministre. monsieur Zinsou parler de
mérite. Que le Bénin fonc-
M. Lionel ZINSOU. Mais, tionne au mérite à la com-
Patrice, vous étiez en exil. pétence et que les parents
Peut-être que vous étiez cou- qui ont une fonction, qui ont
pé des réalités. Moi, je n’étais un poste parce qu’ils ont eu
pas en exil. le mérite, restent en poste
tant qu’ils sont vaillants,
M. Benjamin AGON. Si tant qu’ils font le boulot
vous permettez, jusque-là convenablement. Et que cela
vous n’avez pas encore, ne soit pas l’allégeance qui
tous deux, répondu à la détermine la promotion.
question. Comment comp- Ce faisant, il sera évident
tez-vous réellement assu- que, pour nos enfants, la
rer, je l’ai dit dès le départ, conséquence serait que les
l’égalité des chances à tous services de l’Etat seront équi-
les Béninois ? tablement répartis au pro it
de tout le monde. Que ce
M. Patrice TALON. Vous soit pour l’école ou la santé,
savez, le meilleur moyen, le nous allons commencer par
seul moyen de parer à ces donner les mêmes chances
dérives qui tentent tous les à tout le monde pour ce qui
politiciens, qui tentent tous est de ce dont l’Etat dispose.
les gouvernants, ce n’est pas Si nous parvenons à le faire,
seulement au Bénin, c’est de et en le faisant comment ?
mettre en place un dispositif En mettant en place dans
politique et administratif l’administration des règles,
qui limite les risques de de nouvelles dispositions
discrimination du genre. Il légales, pour dépolitiser l’ad-
faut commencer d’abord par ministration. Si on dépolitise
donner l’égalité des chances et que le mouvement du
aux parents. C’est important. personnel n’est plus fonction

-- 36 --
de l’allégeance au pouvoir, quand on voit ce qui se passe
nous aurons réussi à ne pas au niveau de la santé, quand
discriminer négativement on voit comment nos régions
l’administration. Plus, l’Etat sont dépourvues du mini-
va investir dans les temps mum de soins et que l’Etat
à venir parce que je vais gaspille des milliards pour
me répéter, il faut d’abord les fantaisies du pouvoir
bien répartir ce dont nous exécutif, pour les fantaisies
disposons d’abord pour des gouvernants, quand on
établir l’égalité des chances. voit comment l’école dans
Et dans un deuxième temps, nos villages manque de
il faut investir pour suppléer tout. Les enfants travaillent
aux insuf isances. L’école, la sous le soleil, parfois sous
santé et les infrastructures les manguiers, assis parfois
doivent être développées de à même le sol. C’est cela la
sorte à ce que les enfants des discrimination. Il faut que
villes et des villages aient les ressources de l’Etat, les
les mêmes chances. Et cela ressources du pays entier
est une politique globale servent à établir et à rétablir
de développement équili- ces équilibres de sorte qu’on
bré du pays. Puisque tout soit au village ou qu’on soit
cela est facile, vous savez, en ville, le Béninois puisse se
parce qu’aujourd’hui, moi, sentir dans un pays d’équi-
j’entends, quand on parle libre et d’équité.
de l’énergie, excusez-moi de
venir sur cela rapidement, M. Benjamin AGON. Mon-
j’entends dire que l’égalité sieur Zinsou, vous avez
des chances passe par don- envie de réagir ?
ner de la lumière, les lampes
torches à tous les enfants M. Lionel ZINSOU. Oui, j’ai
des villages. C’est très bien. deux ou trois minutes de
C’est une belle image mais retard maintenant. Et puis,
c’est réducteur. Parce que je ne l’ai pas interrompu du

-- 37 --
tout. J’espère que le ministre travers une expérience qui
qui a eu ces propos: «Vous était quand même très inté-
manquez de services publics ressante, cela aide beaucoup
parce que vous êtes dans les enfants, notamment sur
l’opposition», j’espère qu’il les questions d’éducation et
ne vous a pas rejoint dans de culture. Vous savez la fon-
la cohorte qui compose la dation que j’ai créée, cela fait
coalition de rupture, parce déjà une quinzaine d’années
qu’il ne me semble pas que au moment où nous ne pen-
vous soyez en rupture avec sions guère que nous serions
tout dans ce régime. sur ce plateau ce soir.
Vous voyez, je pense que Moi, je vois les enseignants.
les années d’exil vous ont Je vois les enfants. Je vois que
éloigné parce que je n’ai pas 500 enfants et adolescents
été en exil, ou bien je n’ai par la fondation. Je vois tout
jamais été accusé d’avoir de suite ce que cela veut dire
empoisonné le Président de l’égalité des chances. Vous
la République. Ceci est une pensez que pour vous, je fais
affaire pendante. Donc, je ne des choses théoriques. Mais
veux pas la commenter. Mais en in, je fais mes travaux pra-
je n’ai pas été en exil. Je n’ai tiques. Au fait, vous n’aimez
pas été coupé de mon pays. pas tellement intervenir sur
Je regardais les télévisions le sujet d’égalité des chances.
béninoises quand je le vou- En créant des écoles, des
lais. Et je ne pense pas, en in, dispensaires, vous trouvez
nous nous connaissons un que tout est rien. Mais moi,
peu, nous nous sommes vus il se trouve que j’ai essayé
quatre (04) fois. Mais pas au d’y consacrer la moitié de
point, que vous sachiez à ce mes revenus. Et j’y suis ar-
que je regarde à la télévision. rivé. Pourquoi ? Parce que,
Par ailleurs, vous avez peut- comme cela, j’ai fait mon
être noté qu’au fond, abor- devoir pour mon pays. Et ce
der les problèmes sociaux à que je voulais, c’est qu’on

-- 38 --
travaille sérieusement les Avec 100.000 francs, on fait
mesures. Il y a des mesures son devoir de solidarité. En
concrètes pour qu’on arrive 2016, je ne vous parle pas
à réduire les problèmes de théorie. Et ce pays, je le
d’inégalité. Et ce que je vois, connais d’un bout à l’autre
ce que vous répondez, vous depuis l’enfance. Cela fait
voulez rétablir l’égalité des longtemps. Simplement,
chances en faisant tellement ce que je vois, c’est que les
de développement qu’un choses s’améliorent dans ce
jour, dans les écoles, on ne pays. Et je ne tolère pas, en
s’assiéra pas sur des briques, fait, qu’on traite mon pays de
un jour, on ne s’assiéra pas République bananière. Et la
sous les manguiers. Moi, je ne ierté des Béninois partout
vous réponds pas un jour. Je dans le monde, d’être Bé-
vais vous dire. Aujourd’hui, ninois est très grande.
nous n’avons pas assez de En revanche, il faut passer à
solidarité entre nous pour l’acte en 2016. Et on a parlé
les plus pauvres. L’égalité de l’emploi des jeunes. C’est
des chances, c’est déjà de pareil. Il ne faut pas dire
supprimer le scandale de la aux gens : «Patientez-vous.
pauvreté. Oui, comme je le Je vais faire une grande
disais, il faut s’en occuper. politique de développement.
Il ne faut pas s’en occuper Dans, dix (10) ans, vous
en pensant: «Patientez-vous aurez un emploi». Il faut
pendant dix (10) ans, quand dire : «En 2016, il faut que
j’aurai créé un monde formi- vous soyez des dizaines de
dable en matière d’affaires milliers à trouver un emploi
de façon globale, et que j’au- si vous avez une formation.
rai changé l’administration». Et donc, ce n’est pas théorie.
Non ! Je dis qu’en 2016, il faut C’est pratique. C’est inancé
qu’on commence à aider et à et c’est demain matin.
sortir de la misère, avec une Vous vous êtes moqué du
injection directe de revenus. programme qui consiste à

-- 39 --
donner à toutes les familles tionnelles. Et donc, on peut
de la lumière. Vous savez, Pa- le dérouler pour l’ensemble
trice, je ne suis pas sûr que de la population. Et on ne
vous connaissiez la situation dépensera pas des dizaines
des gens qui vivent, pour de milliards. Puisque c’est
70% de nos compatriotes, y entièrement re inancé parce
compris même au cœur de que ce plan enthousiasme un
Cotonou, sans lumière. Et peu la planète. Tout un pays
donc, on va le faire. C’est très sorti de l’obscurité. Vous,
important, la lumière. Vous cela ne vous paraît pas im-
savez, on vit mieux. Mais portant. Moi, cela me paraît
il y a une petite chose que important, ne serait-ce qu’à
vous ignorez. Je ne sais pas cause des économies pour
si vous connaissez le prix du la famille. C’est du revenu. Et
pétrole lampant. Vous voyez quand vous demandez aux
une famille, en moyenne familles, elles vous disent
d’un an, elle dépense 8.000 : «On va inscrire un de nos
francs par mois pour acheter garçons de plus au collège
des piles, des torches et pour grâce à cette économie,
acheter du pétrole lampant. qui est considérable». Et
Si elle économise cela parce c’est pour cela qu’on le fait.
qu’elle a de l’énergie gratuite Ce n’est pas pour avoir de
et propre, cela lui donne au l’onction. Vous vous moquez
moins la lumière et la pos- de distribuer des torches. Il
sibilité en plus de recharger s’agit que toutes les familles
le téléphone portable, on aient la lumière. Vous savez,
apporte quelque chose qui pour l’égalité des chances
contribue à l’égalité des dans l’éducation, c’est de
chances aussi. C’est dire que pouvoir faire ses devoirs
les familles pauvres, pour après 19 heures, c’est très
elles, 8.000 francs, c’est important. Pour les femmes
essentiel. Et là, on a terminé qui peuvent se réunir, pour
pour les questions opéra- les femmes qui cuisinent

-- 40 --
pour toute la famille, c’est Et nous allons aborder la
très important d’avoir de question de la santé. Nous
l’énergie. Pour la sécurité, avons commencé à en par-
contre la petite délinquance, ler déjà un tout petit peu.
c’est très important d’avoir Mais vous avez sans doute
de l’énergie. Et puis, c’est envie de répondre.
très important puisque cela
fait des économies dans le M. Patrice TALON. J’ai vu
budget familial. Vous savez, que monsieur Zinsou mé-
quand vous êtes d’une fa- lange tout. Tout à l’heure,
mille pauvre, 20.000 francs il est devenu un homme
par mois, c’est considérable. politique maladroit même.
Cela fera 100.000 francs Excusez-moi le terme. Vous
par an. Je ne vais pas vous avez parlé de la Banque Mon-
l’apprendre puisque vous diale ou un programme de la
connaissez très bien ce pays. Banque Mondiale par lequel
100.000 francs par an, c’est 100.000 francs CFA peuvent
quand même important. être apportés à une famille
A ce prix, à la production, pour les plus pauvres. Puis
puisque vous connaissez après, vous parlez de soli-
bien l’agriculture. C’est huit darité en évoquant la même
(08) sacs de maïs de 100 chose. Est-ce que quand la
kilos, cela fait une économie Banque Mondiale inance
avec ces petites lampes un programme par lequel
qui vous font sourire. Mais on apporte une assistance
l’égalité des chances, cela inancière aux familles les
commence maintenant. Et plus pauvres, c’est cela votre
cela commence là en 2016, solidarité ? La solidarité, cela
en avril. ne vient pas parce que quand
on prend des crédits, qu’on
M. Georges AMLON. les gaspille et qu’après, la
Quelques minutes pour nation rembourse cela, ce
répondre, monsieur Talon. n’est pas la solidarité. C’est

-- 41 --
du gaspillage. Je veux bien communautés rurales ne se
qu’il y ait des programmes limite pas simplement à leur
par lesquels, on apporte l’as- fournir, sur des dons fran-
sistance aux plus pauvres. çais, quelques lampes.
Mais il faut que cela soit
pertinent. Il a évoqué cette M. Lionel ZINSOU. Ce ne
affaire de lampes torches sont pas des dons français.
dans les villages. Je peux
vous dire que cela ne semble M. Patrice TALON. Et d’ail-
pas se limiter là. Parce que si leurs, je veux savoir par
on se satisfait. quel mécanisme les inances
publiques ont eu à inancer
M. Lionel ZINSOU. Ce n’est ces lampes et s’il n’y a pas eu
pas des lampes torches, c’est massivement des détourne-
des lampes solaires. ments ou de la gabegie. Bref,
ce n’est pas le sujet. Ce que je
M. Patrice TALON. C’est ce voulais dire.
que j’appelle des lampes
torches. C’est des lampes M. Lionel ZINSOU. Les tests
torches solaires. C’est juste opérationnels, c’est un très
pour rire. petit budget. Cela va être
très important quand toutes
M. Lionel ZINSOU. Excu- les familles l’auront. Mais là
sez-moi! Tout le monde fait c’est un très petit budget.
la différence.
M. Patrice TALON. Il est
M. Patrice TALON. Je me réducteur, pour nous, de
corrige ! limiter l’action de Gouver-
nement au pro it des masses
M. Lionel ZINSOU. Merci ! rurales tout simplement à
la fourniture de l’énergie
M. Patrice TALON. Je vou- domestique. C’est pour cela
drais que l’assistance aux que je parlais de l’école.

-- 42 --
M. Lionel ZINSOU. Personne débat soit convivial.
n’a parlé de limiter cela. Per-
sonne. Personne n’a limité M. Georges AMLON. Nous
cela aux lampes solaires. allons parler santé. Nous
Personne. allons parler de cette
question qui préoccupe
M. Georges AMLON. Mon- également les Béninois.
sieur Zinsou ! Benjamin Agon!

M. Lionel ZINSOU. Attendez! M. Benjamin AGON. La


Vous ne pouvez pas dire des question que je vais vous
contrevérités trop souvent. poser de manière aussi
Personne ne va limiter l’éga- banale, aussi simple, c’est
lité des chances aux lampes bien de savoir est-ce que
solaires. Personne. vous, candidats à une élec-
tion présidentielle, vous
M. Patrice TALON. Mais savez vraiment comment
j’attends que vous inissiez les Béninois se soignent?
pour réagir moi, quand vous Monsieur Zinsou!
parlez des choses qui ne
sont pas évidentes ou vraies. M. Lionel ZINSOU. D’abord,
Et moi, vous m’interrompez comme les autres Béninois. Je
chaque fois. Ce que je voulais suis soigné. Je sais ce qu’il en
dire, si cela vous met si mal à est de la médecine publique,
l’aise, je passe. de la médecine privée. Je
sais ce qu’il en est, pour moi,
M. Lionel ZINSOU. Cela ne pour mon épouse qui a une
me met pas mal à l’aise. Je santé fragile et qui a besoin
suis très à l’aise, monsieur de recourir à un système de
Talon. santé, pour mes enfants, les
petits-enfants qui habitent
M. Patrice TALON. Je passe ici. Et puis, vous savez,
parce que je veux que le comme je ne l’ai jamais dit,

-- 43 --
pour le cinquantenaire du soigné au Bénin ? J’en envie
Centre national hospitalier de répondre que je sais ce
et universitaire, qu’est-ce que c’est que d’être soigné
que nous avons fait dans la au Bénin. Et Dieu sait qu’on
plus grande discrétion? Avec en dit beaucoup de mal. Et il
la fondation Zinsou, nous n’y a aucun compliment sur
avons réhabilité, parce qu’il le personnel soignant quand
y avait des besoins, le ser- je lis ou j’écoute Patrice
vice de pédiatrie, le service Talon. Moi, j’ai appris à les
de traumatologie, le service respecter in iniment. Au
d’urologie du CNHU. Parce CNHU, dans les dispensaires,
qu’il y avait, pour la condi- dans les hôpitaux de zone,
tion des patients et la condi- dans les cliniques privées, on
tion des soignants, un réel soigne avec un dévouement
problème de dégradation, extraordinaire, souvent dans
trop peu d’investissements. des conditions très dif iciles,
Et là, quand nous avons les patients. Près de 90
passé ensemble les visites milliards pour le budget du
médicales, je suis allé voir Ministère de la santé, tout
s’il restait quelque chose sur le programme d’assis-
de la réhabilitation des tance. Il est évident qu’il faut
services. Et des médecins et faire plus et qu’il faut gérer
soignants m’ont montré que avec plus de rigueur parce
d’autres services avaient été que nous manquons d’équi-
réhabilités dans le même pements, nous manquons
esprit. Et j’ai vu qu’on n’avait de tout, mais nous avons des
pas perdu notre temps. Il soignants exceptionnels. Et
allait falloir probablement quand nous avons travaillé
y revenir assez vite. Mais avec les soignants pour
on n’avait pas perdu notre améliorer les conditions des
temps. patients et des soignants. En
Alors, me demander si je fait, ce sont des personnes
sais ce que c’est que d’être complètement désintéres-

-- 44 --
sées... Personne et vraiment capable d’approvisionner les
rien n’est négocié entre- autres pays d’Afrique parce
temps, sans savoir qu’un qu’il est de qualité. J’en sais
jour je serai un jour sur ce quelque chose. Mon père a
plateau. On l’a fait parce fait ce métier avec un dé-
que c’était notre devoir de vouement extraordinaire. Et
citoyen simplement. Et ce aujourd’hui, je suis très ier
qu’on a découvert, c’est d’être arrêté dans la rue par
combien les soignants sont ses anciens élèves, ses an-
dévoués et combien amélio- ciens étudiants. Ma mère est
rer leurs conditions à eux in irmière. Je sais très bien
aussi, c’est très important. quelles sont ses conditions.
Tout à l’heure, on parlait Voilà ce que moi, je crois
aussi, fantaisie complète, savoir de ce qui se fait dans
il faut être ministre pour notre pays en matière de
avoir ses enfants réussir à santé. Et je sais très bien qu’à
des concours. On a l’une des partir de toutes ces forces-là,
meilleures formations mé- et si les gens sont dans de
dicales, l’une des meilleures vrais efforts de solidarité
formations paramédicales. et dans le budget national,
On va me dire non tous on a de l’espace, dans l’aide
les Béninois, ceux qui sont publique internationale, on
enfants de douaniers ne a de l’espace, je sais qu’on
peuvent rester là. On a une peut rééquiper nos hôpitaux.
des meilleures formations Je sais qu’on peut les numé-
médicales. Les médecins bé- riser, c’est-à-dire qu’il peut y
ninois, dans le monde entier, avoir des ordinateurs. Mais
ils font trime et au Bénin le plan «Lumière pour tous»
aussi. Même chose pour les qui est caricaturé comme
paramédicaux. La faculté étant des lampes torches, ce
de médecine mérite d’être qui coûte cher de donner des
respectée, avec un corps lampes solaires aux enfants.
enseignant qui lui aussi est Le volet le plus cher, c’est

-- 45 --
l’équipement en électricité de l’électricité. Je sais ce que
qui est quand même la cela veut dire.
base de tous les centres de
santé et de tous les centres M. Benjamin AGON. Même
d’enseignement. Est-ce que question! Savez-vous vrai-
vous commencez sérieuse- ment comment les Béninois
ment ? Avant de dire qu’on se soignent ?
va mettre un ordinateur
ou des échographes pour M. Patrice TALON. Avant
suivre votre grossesse, il faut de répondre à la question,
qu’il y ait l’électricité. Et de je voudrais faire remarquer
l’électricité, tout le temps que monsieur Zinsou recon-
dans l’ensemble des soins. naît que, même dans nos
C’est le volet le plus cher de régions, l’énergie ne doit pas
ce programme caricaturé servir seulement exclusive-
comme étant un programme ment à fournir de la lumière
fait de lampions. Ce ne sont domestique, des lampes
pas des lampions. Je vous as- solaires. Parce que même
sure que les accouchements dans nos régions, nous avons
ont lieu les sages-femmes des besoins d’énergie pour
avec des lampes torches l’échographe. Nous avons
dans la bouche. Vous savez, besoin d’énergie pour la vie,
mon père a mis au monde, en général et que l’énergie
probablement comme obsté- est un besoin indispensable
tricien-gynécologue, des di- pour nos régions également.
zaines de milliers d’enfants. Si on veut que nos régions se
Je l’ai accompagné dans son développent et qu’il n’y ait
métier. Je l’ai vu faire. Je vais l’exode massif récurrent tout
voir nos sages-femmes. Je le temps. C’est pour cela que
vais voir nos matrones. Je je disais que le programme
sais très bien ce que cela d’énergie laissé dans les
veut dire, et de le faire avec villes, les villages, dans nos
une lampe torche plutôt que zones rurales ne pouvait pas

-- 46 --
se limiter à la fourniture de de Béninois et trois caté-
lampes solaires que je qua- gories d’accès aux soins de
li ie de torches et que c’était santé. Les fonctionnaires,
réducteur. Je suis heureux les salariés de l’Etat sont
d’entendre monsieur Zinsou soignés, qu’ils soient en ville
dire que nous avons besoin ou dans les villages, avec des
d’énergie dans nos villages prises en charge de l’Etat
et aussi pour beaucoup et ils ont accès à des soins
d’autres choses, pour les gratuits. Une autre chose est
coiffeurs, excusez-moi, pour la qualité des soins, mais au
les tailleurs, pour les cou- moins ils ont accès aux soins.
turiers, pour la métallurgie, Les salariés du secteur privé,
pour les artisans, pour les pour une bonne part, ils ont
médecins, pour nos centres également accès aux soins
de santé. On en a besoin. par l’assurance ou par l’assis-
C’est pour cela que nous tance de l’entreprise privée.
revenons sur le problème Ce n’est pas tout le monde.
de l’énergie. Le problème de Nous avons la grande masse,
l’énergie est un problème parce que la grande masse
capital et global aussi bien du Bénin, c’est quoi? Ce sont
pour les villes que pour les les agriculteurs, ce sont les
villages. Et dans nos villages, artisans mais qui n’ont pas
il s’agira également d’avoir accès aux soins parce qu’ils
de l’énergie pour toutes les n’ont pas les moyens, parce
activités de la vie. qu’il n’y a aucun système qui
Au plan de la santé, quand leur permet d’avoir accès
j’ai écouté monsieur Zinsou, aux soins.
j’ai l’impression que nous A cela, s’ajoute la qualité
faisons deux débats. Pour des soins. Dans nos villages,
répondre à votre question, c’est un dénuement total. Le
comment les Béninois sont plateau technique est absent
soignés ? totalement. Dans les grands
Nous avons trois catégories centres de santé ou en ville,

-- 47 --
le plateau technique est prestations qu’attentent les
obsolète, sinon vieillissant usagers, et quand ceux-ci
et n’est plus opérationnel. doivent venir sans payer.
Le privé existe mais il faut Vous allez à l’hôpital. On dit
être nanti. Il faut s’appeler que c’est gratuit, mais il n’y
Talon ou Zinsou pour avoir a pas de soins. C’est la réalité
accès aux soins privés. Le d’aujourd’hui. Nous avons
Bénin ne peut pas évoluer parlé malheureusement d’un
comme cela et on va se sa- programme de protection
tisfaire du fait que le Bénin sanitaire, d’assurance mala-
a toujours formé beaucoup die pour les conducteurs de
de médecins. Il y a des mé- taxi-motos «Zémidjan» ; je
decins béninois au Bénin, ne sais plus comment on l’a
en France un peu partout et appelé au Bénin.
que le Bénin est un pays où
la santé est une merveille. M. Georges AMLON. Vous
Non ! Nos compatriotes voulez parler du RAMU ?
ne sont pas pris en charge
quand ils sont malades. C’est M. Patrice TALON. Du
un drame. Nous avons en- RAMU ! Voilà! Mais qui est
tendu parler du programme quelque chose de totalement
de ce Gouvernement qui inopérant, bâclé, populiste.
était une bonne chose au J’ai proposé dans mon pro-
départ mais qui est devenu gramme que nous mettrons
quelque chose de politique, en place au Bénin, par ré-
populiste. La gratuité de la gion, un dispositif qui pren-
césarienne qui est quelque dra en charge les Béninois,
chose de bien penser au surtout les plus démunis,
départ, mais quand on le notamment les artisans, les
prône, quand on le déclare, producteurs agricoles, les
il faut que l’Etat apporte aux plus faibles pour leur appor-
centres de santé les moyens ter de l’assistance au plan de
d’apporter les services, les la santé.

-- 48 --
Au plan des cotisations de re- san, coiffeur ou tailleur, on a
traite, parce que nous avons besoin de formation au quo-
nos paysans, nos artisans qui tidien, tout le temps parce
peuvent travailler durement que le monde évolue. C’est
pendant de longues années pareil pour les agriculteurs.
et quand ils ont pris de l’âge, Ils ont besoin d’une couver-
quand ils sont fatigués, ils ture sanitaire, d’avoir accès
manquent du pain quotidien. aux soins de santé selon les
Donc, il est possible d’ins- moyens. Donc, on met en
taurer quelque chose qui place un dispositif qui leur
peut, à terme, fonctionner permet d’avoir accès aux
pour tout le monde. Et il faut soins de santé. Je le répète,
démarrer une structure qui vous le permettez !
va apporter un dispositif de Une troisième chose, c’est
cotisation assistée au départ le crédit parce que les acti-
pour avoir une retraite, puis vités de l’artisanat souffrent
apporter la formation. de moyens. Nous avons
Et le quatrième volet de vu au Bénin le système de
l’Agence dont j’ai parlé dans microcrédit qui est devenu
mon programme, qui va être quelque chose de politique
une Agence régionale de et populiste. Il faut mettre
protection sanitaire et de en place quelque chose qui
sécurité sociale va apporter soit réellement opérationnel
également du crédit, micro pour aborder les besoins
et moyen, aussi bien aux réels dont ont besoin nos
paysans qu’aux artisans. Si populations les plus faibles
nous globalisons ces divers pour faire face aux besoins
besoins qui sont des besoins de inancement qui sont les
de vie pour nos populations leurs.
les plus démunies, c’est-à- La quatrième chose que j’ai
dire de la formation pour citée, excusez-moi, la cotisa-
leurs activités, qu’on soit tion retraite. Ces choses-là,
menuisier, électricien, arti- si nous avons le courage et

-- 49 --
nous mettons les moyens soit quelque chose de réel.
de l’Etat au service de nos Il faut que chaque Béninois
populations, pour mettre dispose d’une identité réelle
par région au plus près des qui puisse être identi iée.
citoyens, un programme Cela facilite la mise en œuvre
regroupant ces trois volets, du programme que je viens
nous allons apporter à nos d’évoquer.
populations, ce qui permet Voilà donc ce que j’ai mis
de créer le développement dans mon programme qui
au niveau des régions. Et devra rapidement à court
cela va être facile. Ce qui terme, mettre en place un
rend inopérationnel ce qui dispositif sur lequel nous
est en cours actuellement, allons informer nos popu-
c’est qu’on ne parvient pas à lations sur le potentiel de
identi ier de manière iable notre pays à apporter de
les usagers. l’assistance réelle aux popu-
Nous avons la LEPI qui, lations les plus démunies.
aujourd’hui, identi ie les
électeurs, il sera facile de M. Benjamin AGON. Mon-
l’étendre à ce dispositif sieur Zinsou, vous avez
de sorte que chaque Bé- encore quelques minutes
ninois, qu’il soit artisan ou de retard, vous pouvez vous
agriculteur, soit identi ié rattraper en réagissant.
biométriquement, gratuite-
ment puisque si nous avons M. Lionel ZINSOU. Oui,
recensé aujourd’hui plus Patrice Talon, combien c’est
de quatre ou cinq millions bienveillant ce qu’il a de
de Béninois, beaucoup plus penser que je l’interrom-
que cela d’ailleurs, il nous pais souvent. Je ne vous ai
sera facile de recenser tout pas interrompu parce que
le monde et d’apporter un j’ai trouvé que ce que vous
peu d’assistance inancière avez dit était bien dit. C’est
pour que l’identi ication bien fait. C’est le rappel de

-- 50 --
votre programme sur les ment une bonne Assemblée
mesures de santé que vous Nationale et également un
avez ouvert plus large, c’est bon travail de préparation
d’excellentes remarques. Je législative. Et cela a été voté
suis content de savoir que, évidemment par l’immense
statistiquement, nous deux, majorité de nos députés.
on a quand même quelques Donc, il fallait commencer.
chances d’avoir à conduire le Et le prochain Président, il
pays demain. Et on pense la a une base. On l’améliorera.
même chose. On le développera pour pou-
voir accueillir, comme vous
M. Patrice TALON. Merci! l’avez dit, tous nos compa-
triotes, notamment les plus
M. Lionel ZINSOU. Parce que défavorisés qui en ont le plus
je considère que vous venez besoin. C’est vrai qu’on a une
de rendre un hommage santé à plusieurs vitesses et
magni ique a ce qui est en il fallait faire le RAMU. Main-
cours et je vous en remercie. tenant, il faut l’étendre.
Il fallait voir évidemment le Quand vous avez parlé et je
mot populiste. Vous avez dit rends hommage au COS-LE-
qu’il faut un système d’assu- PI qui, de temps en temps,
rance maladie universelle et est critiqué, le fait que notre
il faut commencer. Vous avez carte électorale va très bien
dit qu’on avait commencé servir, elle est, comme vous
avec le RAMU. Oui, on a l’avez dit, biométrique avec
commencé avec le RAMU. beaucoup d’informations de
Il fallait commencer et on a carte d’identité. C’est pour
donc commencé. La légis- cela, je vous en prie, cessez
lature vient d’approuver ce de les acheter. Les gens en
texte par un gros travail de ont vraiment besoin. Cessez
commission. Bien que nous de les acheter. Cessez. Et
sommes une République c’est sur internet. Je ne fais
bananière, nous avons égale- aucun procès d’intention.

-- 51 --
Il y a des photos partout. on créerait un fonds de
Des gens font la queue pour micro inance, il gérerait un
vendre. Je vous en prie. Et petit milliard. Il en a géré en
je dis à mes compatriotes, 2015, 86 milliards pour nos
cette carte d’électeur est une concitoyens. C’est une bonne
carte d’identité et elle peut base de départ. Le prochain
être demain une carte de Président, il aura un ichier
santé, puisqu’elle contient de 1.300.000 familles sur
toute les informations né- 2.000.000, au Bénin qui ont
cessaires à l’identité. C’est béné icié de ce microcrédit.
un gros travail. Beaucoup On peut faire mieux que
de gens y ont contribué, ils 1.300.000. Je pense que c’est
ont été beaucoup critiqués. l’un des pays au monde où la
En attendant, les électeurs pénétration du microcrédit
ont quand même une carte est la plus profonde. Vous
qui est, en effet, certes, tout venez donc de rendre un
ce que vous décrivez, c’est à hommage que je salue et
dire cette carte biométrique. c’est pour cela qu’il faut
Merci de cet hommage au qu’on dise que c’est très
COS-LEPI et à l’Assemblée important aussi bien pour
Nationale. le consensus que la paix,
Vous avez dit «populiste». il faut qu’on se dise l’un à
Alors mettons-nous d’ac- l’autre que ce que vous avez
cord. Enlevons le mot écrit dans votre programme,
populiste. Vous avez dit que on le fera, parce que je suis
le microcrédit et le crédit d’accord avec vous. C’est
moyen sont très importants. bien lancé. On n’a pas besoin
Seulement pour que les d’un nouveau départ. Pas
gens puissent se soigner, du tout. On a cette carte
se former et vous avez tout biométrique. On a ces insti-
à fait raison. Comme nous, tutions de micro inance qui
que de quolibets! Tout le sont partout. Vous les voyez
monde pensait que quand facilement, même si vous re-

-- 52 --
venez depuis peu de temps. être sincère que sur Internet
Mais vous voyez forcément et que je n’avais pas entendu
ces institutions de micro i- en direct sur RFI dans un dé-
nance près des gens. Il faut bat, il y a quelques semaines
les mettre encore plus près sur la radio française. Mais je
des gens. Il faut les mettre comprends que vous aimez
au marché pour les femmes les radios françaises. Vous
parce qu’elles en ont besoin, aviez dit sur cette radio que
pour l’artisanat. Vous avez la politique énergétique du
dit cela très bien. C’est un Gouvernement était assez
bel hommage que vous avez remarquable faite par des
rendu. Vous avez la plate- hommes de compétences.
forme. J’ai la plateforme. On Vous avez rendu un bel
va pouvoir aller plus loin. Et hommage à Spéro Mensah,
c’est très important puisque le ministre de l’énergie.
votre image du nouveau Cela m’a touché au cœur. Et
départ me fait penser à une je vous en remercie encore
chose. Vous savez, ce qui est parce que dès que je suis
très beau en athlétisme, c’est arrivé, j’ai considéré qu’un
le départ lancé. Vous et moi, des tests électriques était
on est comme des coureurs capable de faire en matière
de 4 x 100 mètres. Si en cou- d’énergie, pas seulement
rant, ce pays est capable de l’énergie solaire distribuée
passer le témoin et on conti- dans les familles mais de
nue, départ lancé, de donner réalisations de capacité pour
cent mètres dans le dévelop- qu’il y ait de l’électricité et
pement, vous et moi, nous pas de délestage. J’ai trouvé
aurons des succès beaucoup que vous étiez dans un mo-
plus vite. C’est pour cela ment d’objectivité et vous
que le Bénin sera gagnant. avez rendu un hommage à
Je vous remercie de cet cette politique énergétique
hommage. Vous avez rendu du Gouvernement qui est, en
un plus bel hommage, pour effet, à la base de beaucoup

-- 53 --
de choses, notamment les les commerçants souffrent.
progrès en matière de sécu- On aurait beaucoup plus
rité sociale, de santé. Je vous d’emplois dans le commerce,
remercie de cet hommage. les artisans souffrent, on au-
Je pense que là-dessus, on rait beaucoup plus d’emplois
a un espace de consensus. dans l’artisanat, si on avait
Vous ne partez pas pour un une distribution de l’énergie
nouveau départ. Vous pou- sur tout le territoire. Donc,
vez continuer. Vous pourrez qu’est-ce qu’on est en train
continuer. Et c’est gagnant de faire et qui va porter ses
pour le pays. fruits? Installer des capa-
cités, c’est-à-dire qu’on a
M. Georges AMLON. Si nous signé quelque chose qui est
parlions justement de cette le triplement, et les premiers
question de l’énergie. Nous effets s’en ressentiront en
l’avons trouvé dans les 2016, le triplement de l’offre
programmes des deux can- de l’électricité. On l’a fait de
didats avec des approches façon très professionnelle
différentes, certes. Alors, on et très rapide par des ap-
sait qu’elle est capitale et pels d’offres absolument
nous avons commencé par conformes mais rapides
en parler. Qu’est-ce qu’elle parce qu’on a pris les meil-
peut apporter d’autre? Et leurs professionnels en
qu’est-ce que vous promet- matière de conseils et que
tez à nos concitoyens de je considérais comme des
faire pour que l’énergie potentiels qui vont nous per-
soit leur et qu’elle déve- mettre d’attirer des investis-
loppe réellement leur pays, sements privés. Et je suis sûr
Monsieur Lionel Zinsou? que Patrice Talon, comme
opérateur économique, sera
M. Lionel ZINSOU. Alors, le intéressé à participer à des
délestage l’on en souffre et investissements dans le
Patrice Talon l’a très bien dit, domaine de l’énergie parce

-- 54 --
que nous auront créé un ce que j’ai écrit, que nous
environnement légal qui est allons arriver à l’électri ica-
bon. On va pouvoir tripler tion rurale, c’est-à-dire des
les capacités. gens qui attendent parce
Par ailleurs, on a af irmé que qu’ils sont loin des centres
les énergies renouvelables villes, l’énergie électrique
étaient fondamentales pour pour dans vingt ans. On
des raisons d’environne- va pouvoir le faire avec les
ment. Il ne faut pas oublier énergies renouvelables, avec
que, dans notre pays, nous cette ressource formidable
avons aussi des problèmes que nous avons du solaire,
d’environnement, des pro- on doit pouvoir faire beau-
blèmes de changements coup. Et avec la biomasse,
climatiques et les problèmes et là, je parle avec plaisir à
de pollution. Et donc, les Patrice dans le domaine du
énergies renouvelables coton parce qu’il connaît
sont fondamentales. Elles cela parfaitement et dans
nous permettent de faire beaucoup d’autres domaines
avec le soleil beaucoup de avec la biomasse, avec la
choses, beaucoup plus que valorisation de beaucoup
simplement les familles, de sous-produits du coton,
ce qui est quand même on peut créer beaucoup de
beaucoup, beaucoup plus richesses. Et notamment,
que les centres de santé et on peut travailler à produire
les centres d’éducation, on de l’énergie. D’ailleurs les
peut avec les techniques usines d’égrenage, je le dis
solaires, aujourd’hui à des avec modestie et humilité,
coûts compétitifs, équiper peuvent très largement, pas
des commerces, des bou- toutes, productrices de leur
tiques d’artisans. Le coiffeur, énergie. Donc, au Bénin, on
le menuisier, tout le monde sait faire en biomasse. Oui,
a besoin de cette énergie vous allez dire que j’ai une
répartie. Moi, je crois, c’est idée derrière la tête, mais

-- 55 --
j’étais en train de vous rendre en maîtrise des technologies
hommage, en fait, en vous pour demain, non seulement
traitant d’expert en coton. être capables d’arrêter le
C’est très important de voir délestage qui est insuppor-
que la biomasse et solaire, table, d’arrêter cette limite
c’est de l’énergie propre. à l’emploi qui est insuppor-
C’est de l’énergie, comme la table, de ne pas avoir l’élec-
biomasse, qui nous permet tricité, cette limite la vie
d’utiliser les sous-produits des familles, mais en même
agricoles et de les payer temps de créer des emplois
aux paysans, alors qu’au- grâce à cela et de la tech-
jourd’hui, ils sont gaspillés, nologie. Nous avons parmi
ils sont perdus. Je voulais les meilleurs technologues
juste dire qu’il y a des solu- du monde et c’est pour cela
tions d’électri ication rurale que je me refuserai toujours
qui donnent beaucoup plus à dire que le Bénin est une
d’espoir dans seulement cinq petite terre de misère. Je me
ans. En travaillant beaucoup refuserai toujours à dire, que
pendant ces quelques mois le Bénin ne sait pas gagner.
en tant que premier ministre Nous avons de technologues
avec les industriels de extraordinaires au Bénin.
l’énergie, nous nous sommes Ils continuent leur carrière
aperçus que, parce que le partout dans le monde ou
programme d’électri ication ils la continuent au Bénin et
solaire que nous avons est notamment, on peut le faire
unique au monde, c’est au en matière énergétique.
Bénin de préférence que les
grands producteurs qui sont M. Georges AMLON. Mon-
souvent indiens ou chinois, sieur Patrice Talon !
de matériels d’énergie so-
laire sont prêts à ouvrir des M. Patrice TALON. J’ai écou-
usines. C’est très important té monsieur Zinsou sur la
parce qu’il faut qu’on soit question avec un goût d’inté-

-- 56 --
rêt et j’ai, excusez-moi, eu un rale. C’est dans nos contrées
petit sourire quand j’ai noté que nous allons installer nos
que mon cher ami, monsieur usines de transformation
Zinsou, ne connaît malheu- des produits agricoles parce
reusement pas le Bénin. J’en que dans les autres secteurs,
suis un peu triste. Pourquoi ? ce n’est pas pour demain
Parce que je vous aime bien. notre industrialisation. Ce
qui veut dire clairement que
M. Lionel ZINSOU. La répé- le besoin d’énergie dans les
tition d’un mensonge n’est contrées, dans nos villages
pas une vérité. est un besoin capital, c’est
un besoin de production.
M. Patrice TALON. Vous C’est ce que je voulais dire
avez dit quelque chose tout à en parlant d’énergie re-
l’heure qui est une énormité. nouvelable. Vous savez très
Vous avez dit que les usines bien qu’aujourd’hui, il n’est
de coton sont auto-suf i- pas possible de produire de
santes pour produire de l’énergie pour une usine avec
l’énergie pour elles-mêmes. de l’énergie solaire. Le coût
C’est grave parce que ce n’est est prohibitif. Alors, quand
pas vrai. Cela n’existe nulle vous parlez de l’énergie re-
part au monde d’ailleurs. Ce nouvelable, la biomasse, c’est
n’est pas ce type d’entreprise très bien. Mais le développe-
qui produit de l’énergie pour ment du Bénin aujourd’hui
elle-même. Et dans nos ne peut pas attendre que
villages, d’ailleurs, dans nos l’énergie renouvelable soit
régions, nous avons besoin à notre portée pour fournir
de beaucoup d’énergie pour de l’énergie à nos industries.
les usines. Le pays est un C’est bien pour cela qu’il faut
pays agricole et pour que avoir une politique de l’éner-
l’industrialisation du Bénin, gie ambitieuse, à la fois pour
celle qu’on attend, sera ou les villes et pour les régions
est une industrialisation ru- parce que nous n’allons

-- 57 --
jamais nous développer si beaucoup d’approximation
nous n’avons pas l’énergie. et beaucoup de corruption.
Vous avez entrepris depuis Sinon, il était essentiel ef-
quelques jours avec beau- fectivement que nous ayons
coup de précipitation, je eu un parc de production
crois que vous n’avez pas le d’énergie suf isant pour, à
choix, à signer des contrats la fois les villes, et les trans-
avec des entreprises et pour porter également dans les
ce que je sais, des contrats régions. Mais, il est possible
que vous avez signés, très également, parce que nous
peu ont été faits à la suite n’avons pas de cours d’eau à
d’un appel d’offres. Très peu. fort débit parce que le pays
Sinon pas du tout. Aucun. Je n’est pas fortement acciden-
voudrais bien que vous me té pour avoir de l’énergie
donniez un exemple sur un hydro; ce qui est l’énergie la
appel d’offres que vous avez moins coûteuse. Malheureu-
lancé et qui a un permis de sement, notre pays ne peut
signer les contrats que vous pas l’avoir. Nous pouvons
avez signés. Pour moi, il n’y faire des barrages, faire
en a eu aucun. Vous avez des retenues d’eau, ouvrir
signé les contrats parce qu’il et faire tomber l’eau pour
devient urgent qu’il y ait de faire tourner les turbines.
la production d’énergie à Mais c’est valable pour
mettre dans les circuits de quelques mois, le temps
distribution. Pour la qualité qu’il y ait la crue et qu’il y ait
que je connais du ministre de l’eau. Mais ce que nous
de l’énergie que vous avez, pouvons faire, parce que
l’approche n’est pas mal, nous allons avoir suf isam-
mais la méthode n’est pas ment de l’énergie à fuel qui,
bonne parce que la méthode aujourd’hui avec le coût du
est conforme à ce qui se fuel, permet de produire de
fait aujourd’hui où c’est l’énergie à bon marché, donc
beaucoup de pagaille, c’est compatible avec le coût de

-- 58 --
distribution. Nous pouvons, l’ambition que notre pays
aussi bien dans les grandes peut se développer dans les
villes que dans les régions, cinq, dix prochaines années
installer nos unités de cen- et devenir un pays industriel
trales de production de sorte avec des unités de transfor-
que la distribution dans mation agricole. Mais je n’ai
tout le pays ne soit pas trop pas l’impression que ce soit
coûteuse. Parce que si on cette dynamique qui ait fon-
installe toute la production dé le programme que vous
d’énergie à Cotonou, il va avez. Il est vrai que c’est fait
falloir la transporter après dans un secret. Personne
dans les zones cotonnières. ne connait les détails, excu-
S’il nous faut du courant à sez-moi le terme, de ce vous
Kérou pour l’usine, s’il nous faites dans ce domaine. Et je
faut du courant à Savalou mentirais si je dis quels sont
pour les usines de noix de les détails et que ma critique
cajou, parce que nous allons est bien fondée. Mais c’est
en avoir beaucoup bientôt l’impression que j’ai. Tou-
pour développer la noix jours est-il que si nous arri-
de cajou. Pour ces unités, vons aux affaires, ce qui ne
il nous faut de l’énergie. Il manquera pas, nous allons
nous faut la transporter de examiner avec beaucoup de
Cotonou jusque dans les responsabilité et de sérénité
régions. Cela peut renchérir ce qui a été fait. Ce qu’il sera
le coût de production et nécessaire de corriger, nous
rendre même prohibitif, en allons le corriger. Et nous
in de compte, le coût de allons mettre en œuvre cette
distribution. C’est pour cela politique de production
qu’il faut avoir une politique de centres d’énergie dans
intelligente de production, le sens que je vais vous
de répartition et de distri- indiquer. Assez rapidement,
bution de l’énergie au Bénin. nous allons satisfaire nos
Parce que nous devons avoir besoins dans le pays. C’est

-- 59 --
vital pour nous. L’énergie vez, Monsieur Lionel Zinsou
est, pour le pays, comme le dit beaucoup de contre-véri-
sang dans nos veines. Pour tés. Et cela me gène. Je com-
vivre, on a besoin de sang. mence par là. Par quoi? Parce
Aujourd’hui, pour vivre dans que tel qu’il a parlé, il a parlé
le pays, sans énergie, ce n’est de l’énergie, d’usine coton-
pas possible. On ne peut pas nière, il a dit, excusez-moi
se développer. On ne peut le terme, des énormités, je
même pas vivre. l’ai relevé. Après il a parlé
d’appels d’offres qui ont été
M. Benjamin AGON. Si on lancés. J’aimerais qu’il me
vous comprend bien, ce qui dise quel appel d’offre a été
sera fait dans le domaine de lancé? A quel moment? Sur
l’énergie, se fera aussi avec quel programme? Et qui a
les entreprises privées. abouti à telle signature, avec
Quelles sont réellement vos quel opérateur? J’aimerais
intentions par rapport au qu’il me le dise parce que
partenariat public/privé? nous sommes devant les
Qu’est-ce que vous comptez concitoyens, devant les Bé-
changer dans ce domaine ninois, nous avons les came-
pour réellement booster ras qui sont sur nous, nous
les entreprises privées à sommes corps et âmes dans
se mettre sur la ligne de les élections présidentielles,
départ? deuxième tour. Il est im-
portant que le Bénin sache
M. Georges AMLON. Nous comment vous gouvernez.
allons commencer si vous Vous êtes Premier ministre
le voulez bien, monsieur depuis neuf (9) mois et vous
Lionel Zinsou, avec Mon- êtes comptable de quelque
sieur Patrice Talon qui a eu chose qui dépasse l’enten-
du retard. dement. Alors, j’aimerais
bien que sur ce plateau,
M. Patrice TALON. Vous sa- vous nous donniez, vous

-- 60 --
êtes Premier ministre, deux renouvelable, bon marché,
exemples d’appels d’offres pour toutes les formes d’ac-
que vous avez lancés dans ce tivités économiques, cela va
domaine et comment cela a être fort. Savez-vous l’indus-
abouti ? Alors, le partenariat trie dans le pays, ce n’est pas
public-privé… comme si on était au départ,
représente pas loin du quart
M. Georges AMLON. Si vous (1/4) du PIB, de la richesse
permettez, monsieur Lio- nationale chaque année ; elle
nel Zinsou peut répondre est essentiellement faite en
tout suite à ces quelques dehors de grandes unités de
questions. matériaux de construction
de qu’il faut… En in, elle
M. Lionel ZINSOU. Au fond est essentiellement faite de
dans les espaces d’accord sur transformation de matières
l’énergie puisque vous avez premières. Souvent les ate-
rendu hommage récemment liers qui sont d’une dimen-
à cette politique et vous avez sion telle que là, l’énergie
dit que c’était heureux que solaire, cela peut encore,
les compétences aient été c’est un peu comme l’artisa-
mises en place. Vous avez nat, c’est un peu plus grand
rendu un bel hommage à que l’artisanat et cela peut
cette politique et Zinsou être utilisé. Oui, vous avez
tente de temps en temps fondamentalement raison,
d’avoir comme cela des c’est si vrai que nous avons
zones dans lesquelles on sait un programme sur lequel il
qu’en partant de rien mais y a eu un appel d’offres et
on peut travailler dans la là on est sur des éléments
continuité des compétences. de inancement, sur des
Je vous remercie à nouveau micros centrales de façon à
pour cet hommage. avoir, vous avez raison, on a
S’agissant du fait qu’on ne anticipé de plusieurs mois
puisse pas avoir de l’énergie de l’énergie, proche de nos

-- 61 --
centres urbains mais de que, je dis que la production
nos centres urbains les plus d’énergie au ioul était une
petits de façon que, alors solution. Pour nous, même
qu’aujourd’hui l’on manque le baril de pétrole à 100 dol-
d’énergie, là on serait ca- lars, c’est par la production
pable au niveau de la plupart par le fuel que nous pouvons
des arrondissements d’avoir résoudre le problème, parce
des capacités bien adaptées que la production du fuel
à une industrie encore lourd qui permet de pro-
faite d’entreprises petites duire de l’énergie bon mar-
et moyennes. Et pour les ché, reste la seule alternative
grandes, l’entreprise évi- pour nous. Ce n’est pas lié à
demment, il faut le réseau. la baisse du coût du pétrole.
Vous avez dit le fuel en disant
qu’il n’était pas cher. Oui, M. Lionel ZINSOU. Il y a
parce que vous avez en tête deux objections. D’abord,
que le baril de pétrole n’est vous dites que ça reste 60
pas cher aujourd’hui. En fait, ou 90. Mais en in, on était à
il valait 3 fois plus cher qu’il deux ans, près au dessus de
y a un an et demi et peut 100. Donc, faites attention !
valoir 3 fois plus cher dans Ce n’est pas pareil, 60 et 100.
un an et demi. Par ailleurs, Ce n’est pas pareil en termes
nous avons privilégié le gaz de coût d’exploitation. Et
où un autre appel d’offre est donc, si vous voulez, il faut
en cours… faire des choix qui soient
stables dans la durée et le
M. Patrice TALON. Pour fuel est dans notre offre une
votre information, même le partie mais il doit rester une
baril de pétrole à 60 ou 90 partie de l’unité.
dollars, le fuel reste encore
compétitif pour la produc- M. Patrice TALON.
tion. Qu’est-ce qu’on a d’autres
Donc, ce n’est pas à cause de comme offres?
la baisse du coût de pétrole

-- 62 --
M. Lionel ZINSOU. Vous avez Donc, à Maria Gléta, au fond
probablement des préoccu- ce sont des solutions de gaz
pations d’environnement, qui vont être préférées au
vous avez probablement fuel lourd, ce qui intègre une
suivi la COP 21. préoccupation d’environne-
ment que vous devez avoir à
M. Patrice TALON. Bien sûr ! cœur. J’espère, puisque c’est
vraiment fondamental.
M. Lionel ZINSOU. Par
conséquent, vous êtes sensé M. Patrice TALON. D’ac-
du fait qu’on ne peut pas cord !
développer aujourd’hui
quand on a des alternatives, M. Lionel ZINSOU. Vous
développer des énergies voyez, on a des espaces de
sales et c’est vrai que Maria consensus. C’est très impor-
Gléta, il y a tout un travail tant. Le fuel lourd, c’est un
pour rendre fonctionnel, je élément aujourd’hui qui est
dis publiquement cela a été dominant dans notre pro-
un échec, vous en parlez duction d’électricité et nous
avec le ministre de l’Energie avons pris des engagements
de l’époque puisqu’il est que la République du Bénin
membre de votre coalition tiendra de réduire l’éner-
et le Premier ministre de gie sale et de développer
l’époque puisque c’est lui qui l’énergie propre. C’est très
a signé le contrat pour Maria important pour nos enfants.
Gléta mais c’est une usine
à gaz. En in, vous parlerez M. Patrice TALON. Est-ce
si vous le voulez, et là, vous que vous savez le problème
n’êtes pas en rupture. Vous que vous avez avec le gaz de
assumez le passé, vous ne Maria Gléta ? Vous le savez ?
connaissez pas mais il se Le gaz doit provenir d’où ?
trouve que tous les Béninois Vous le savez ?
peuvent…

-- 63 --
M. Lionel ZINSOU. Dans un M. Lionel ZINSOU. Cela
monde idéal avec le terminal a été signé publiquement
gazier et avec ce qui nous par monsieur Iréné Pascal
arrive du Nigéria sans des Koupaki. Vous pouvez lui
conditions de pression suf i- demander.
sante nous devrions pouvoir
rester ce qu’on est en train M. Patrice TALON. Je ne suis
de faire, modi ier Maria pas témoin de cela.
Gléta pour avoir cet appro-
visionnement nigérian. Pour M. Lionel ZINSOU. C’est un
l’instant, on n’a le système contrat de gré à gré. Et cela
de gaz coûteux et donc ce a été géré publiquement par
n’est pas une solution idéale. Monsieur Sacca La ia.
Maria-Gléta a été un échec, je
suis désolé. M. Patrice TALON. Je n’ai
pas souvenir que monsieur
M. Patrice TALON. Tout à Koupaki était ministre de
fait. C’est parce que ce régime l’Energie.
dont vous revendiquez la
continuité agit tout le temps M. Lionel ZINSOU. Il a signé
sans compétence. Le crime le contrat.
de ce projet, c’est parce que
ceux qui l’ont signé n’avaient M. Patrice TALON. Vous en
aucune compétence. tant que Premier Ministre,
est-ce que vous avez toutes
M. Lionel ZINSOU. L’homme les compétences pour appré-
qui l’a signé… Et vous êtes cier tous les contrats tech-
d’accord que cela a été signé niques que vous apportent
publiquement. les divers ministres. Ce sont
les ministres en chargent du
M. Patrice TALON. Qui l’a secteur d’abord qui ont la
signé ? compétence.

-- 64 --
M. Lionel ZINSOU. Vous es- M. Georges AMLON. Nous
sayez de défendre Koupaki. allons permettre que
Je n’ai incriminé personne. monsieur Patrice Talon
Je dis, demandez- lui. rattrape son retard en dé-
veloppant la question.
M. Patrice TALON. Je ne
veux défendre personne M. Patrice TALON. J’ai en-
Vous avez des propos qui tendu monsieur le Premier
ne sont pas pertinents, ou ministre parler de Maria
quoi ? Gléta, parler de gaz. Mais
Parce que s’il y a manque de je doute que vous sachiez
compétence, il faut voir quels que c’est les contraintes qui
sont les collaborateurs, les sont liés au gaz à l’approvi-
ministres qui ont signé ce sionnent de gaz pour cette
dossier, est-ce qu’ils avaient usine, parce qu’il faut que
la compétence ? Est-ce que le gaz provienne du Nigéria
ceux qui l’ont signé n’étaient par le pipe. Le problème que
pas simplement des gens nous avons c’est que le Ni-
promus pour leur apparte- géria est dé icitaire. Dans la
nance religieux. Je voudrais production, le transport du
vous posez une question ? gaz, le Nigéria est dé icitaire.
Vous permettez ? Il brule le gaz parce que le
gaz sort avec l’exploitation
M. Lionel ZINSOU. Je dis du pétrole mais vous le
que nous avons à apprendre transformez, le conduisez et
de cet échec... Dès que nous le stockez puis le renvoyez
allons faire une belle cen- par pipe, ce n’est pas pour
trale sur la biomasse… Avec demain. Alors, nous allons
le coton, il y a une centrale à bâtir notre programme
Kandi… d’énergie de Maria-Gléta
en investissant encore des
M. Patrice TALON. Je suis en dizaines de milliards pour
retard. transformer Maria-Gléta

-- 65 --
pour le rendre plus opé- infrastructures africaines
rationnel sur du gaz qui d’intégration partant du
proviendrait du Nigéria avec Nigéria desservant le Bénin,
un aspect aléatoire. Je vous le Togo et le Ghana, mais qui
mets aux dé is de nous dire n’est pas tout à fait achevé, je
que nous allons avoir du gaz vous l’accorde, qui est l’une
en approvisionnement régu- des plus grandes infrastruc-
lier du Nigéria à partir d’une tures d’intégration.
telle date. Vous ne pouvez
pas me le dire. Vous voyez, M. Patrice TALON. Oui, mais
c’est une politique approxi- le problème c’est un projet
mative, une politique qui sous régional, c’est vrai.
manque de pertinence. J’ai Mais attention, nous voyons
entendu dire toujours, que aujourd’hui quelles sont
si le Nigéria ne nous donnait les dif icultés du Nigéria à
pas du gaz par le pipe, nous assurer sa propre autono-
allons faire transporter du mie en cette matière. Nous
gaz de l’Algérie ou d’ailleurs. le voyions. Est-ce que vous
Le gaz se transforme, il faut savez dans combien d’an-
d’abord liqué ier le gaz pour nées le Nigéria sera capable
le transporter dans des tan- de nous fourni absolue de
kers spéci iques. Dès que le l’ancien Président…
gaz liqué ié arrive au Bénin,
il ne peut pas être utilisé li- M. Lionel ZINSOU. Le Ni-
quide par Maria Gléta. Il faut géria règle en toute vitesse
le transformer à nouveau ce problème énergétique.
en état gazeux. Et c’est une C’était une priorité absolue
industrie très lourde pour de l’ancien Président.
transformer un gaz liquide à
nouveau en gaz… M. Patrice TALON. D’ac-
cord ! Dites-nous alors dans
M. Lionel ZINSOU. Parce que combien d’années ?
c’est une des plus grandes

-- 66 --
M. Lionel ZINSOU. Ce gazo- Maria Gléta mais vous
duc est opérationnel déjà et n’avez pas répondu à la
dessert le Bénin et le Togo question posée à Benjamin
et est à la disposition des Agon, sur la question du
industries qui ont besoin partenariat public-privé
de gaz comme matière pre- pour arriver à développer...
mière. La question est d’être
capable d’avoir les volumes M. Patrice TALON. C’est sur
et vous avez raison ceci va cette question que j’avais
demander une montée en noté qu’il y a beaucoup de
puissance du Nigeria et entre mensonges de la part de
temps, on était obligé d’uti- ceux qui nous gouvernent
liser cette centrale mais on parce qu’on annonce des ap-
va être trop technique mais pels d’offres qui n’ont jamais
c’est lourd quand même, une eu lieu et quand les profanes
catégorie va être très chère. l’entendent, on pense que le
pays est gouverné avec équi-
M. Patrice TALON. Mais té, avec transparence mais il
c’est ce que je dis. n’y a aucune transparence
nulle part. J’ai dit tout à
M. Lionel ZINSOU. C’est l’heure au Premier ministre
pour cela que je vous dis que que je le mets au dé i de me
c’est un échec. Et encore une citer des appels d’offres qui
fois, je ne suis pas le plus ont abouti à des contrats.
compétent, vous avez dans Il n’a pas pu le faire, vous
votre équipe les gens qui ont avez constaté avec moi, il
fait cela. n’a pas pu. Ceci dit, le par-
tenariat public-privé est le
(Rire) seul moyen pour notre Etat,
notre pays de se développer
M. Georges AMLON. Nous dans les temps à venir pour
allons, si vous le voulez l’investissement. Est-ce que
bien, constater l’échec de nos Etats, les Etats en géné-

-- 67 --
ral n’ont pas la con iance des d’un pays aussi bien en ma-
inanciers, des structures tière privée qu’en matière
inancières, pourquoi ? publique. Donc, quand l’Etat
Parce que nous sommes met son potentiel en entier
des mauvais managers. Les au service du pays par des
Etats sont par nature, sont contrats avec des structures
de faux managers. Alors, le des privées, il est possible
rôle de l’Etat, ce n’est dans la que les deux lèvent les inan-
production, non ! Parce que cements les plus importants
l’Etat n’est jamais un bon pour faire face aux besoins
manager. Ce n’est pas son d’investissement aussi bien
rôle, non ! Nous avons fait ce pour le secteur privé que
choix depuis 1990. Alors le pour le secteur public. L’in-
privé par contre, qui a sou- frastructure routière relève
vent et d’ailleurs mieux que du public. Nous savons très
l’Etat le bon management, bien que même les grands
a parfois les compétences, pays n’ont plus les moyens
parce que l’entreprise privée, eux tout seuls pour inancer
on ne met pas n’importe qui les infrastructures routières.
à la tête d’un poste sensible C’est pour cela que, quand
parce que c’est des parents, on parle de partenariat
parce que c’est quelqu’un public-privé, il est plus facile
qui vous est soumis ce qui à une entreprise de BTP ou
est malheureusement le cas d’infrastructures routières
de l’Etat. Donc, l’entreprise avec un contrat, pas un
privée est managée avec contrat avec l’Etat sur vingt
plus de compétence et de (20) ans sur trente (30) ans
pertinence. Malheureuse- sur quarante (40) ans mais
ment, l’entreprise privée n’a pour lever les fonds qu’il faut
pas le poids, n’a pas tout ce pour aller investir. Voyez
qu’il faut pour mobiliser les l’exemple en Côte-d’Ivoire,
inancements nécessaires ces quatre dernières années.
pour faire face aux besoins Voyez, ce que l’Etat n’a pas

-- 68 --
pu faire pendant les dix compliqué. Aujourd’hui, au
(10) dernières années, le Bénin, l’Etat est partout,
partenariat public- privé a l’Etat veut tout faire tout seul
du permettre de lever les par ses propres moyens en
fonds nécessaires pour aller inançant des programmes
réaliser les infrastructures à investissements lourds
routières nécessaires. Evi- sur la trésorerie courante de
demment cela a un coût tel l’Etat. Nous voyons combien
que le péage et consort. de fois l’Etat prélève les
Au niveau de la santé, dans ressources courantes pour
tous les domaines de la vie, inancer des routes. C’était
le potentiel de l’Etat s’ex- une bêtise de gestion. Et cela
prime et devient un levier continue sous la direction de
pour lever des inancements ce Monsieur Lionel Zinsou
quand il est au service du qui est un inancier, qui est
privé qui l’expertise qui a un professeur d’économie
le management. Il faut la et qui sait très bien que ce
puissance publique plus l’ex- genre de choses conduit
pertise, le management et forcément l’Etat en faillite.
l’ef icacité du management Voilà ce à quoi nous sommes
pour permettre de réaliser confrontés. J’espère que
les programmes les plus am- demain, même s’il n’est pas
bitieux de développement. président, ce que je doute
C’est cela l’esprit de partena- fort, parce que je vais gagner
riat public-privé. C’est pour les élections.
cela que nous avons dit dans
le programme que le poten- (Rires).
tiel la puissance publique
sera un levier au service du M. Lionel ZINSOU. Vous
secteur privé pour réaliser êtes sûr que je ne serai pas
les investissements néces- président?
saires dans tous les secteurs
de notre vie. Et ce n’est pas M. Patrice TALON. Oui, bien

-- 69 --
sur ! Je vais gagner les élec- M. Patrice TALON. Je parle
tions. des contrats de production
? Vous avez dit qu’aucun
(Rires) n’a été signé sur la base de
contrat.
M. Lionel ZINSOU. Vous êtes
sûr que je ne le serai pas… M. Lionel ZINSOU. Oui, les
centrales, les micros-cen-
M. Patrice TALON. Dans un trales qui vont être de la
conseil à différents Etats production, Ecoutez ! Il y a
ou aux étudiants, vous leur un appel d’offre…
direz que vous avez vécu
quelque chose dont vous M. Patrice TALON. Aucun
aviez été complice et qu’il contrat n’est signé, je parle
est déconseillé fortement des contrats signés.
déconseillé de faire.
M. Lionel ZINSOU. Oui, mais
M. Benjamin AGON. C’est il y a des contrats signés, on
toujours a propos de parte- en est à la phase de inance-
nariat public-privé? ment.

M. Lionel ZINSOU. Oui, je M. Patrice TALON. Tous les


vais répondre, c’est sûr. Face contrats qui ont été signés,
aux appels d’offres, vous l’ont été sous mandat…
avez remarqué qu’il n’avait
pas répondu… Ecoutez, il y M. Georges AMLON. Avec
a eu un appel d’offre sur la votre permission monsieur
rénovation de Maria Gléta Patrice Talon, vous allez
qui est en cours. Donc, voilà permettre à monsieur Lio-
pour les détails. Il y a eu un nel Zinsou d’évoluer.
appel d’offre sur les micros
centrales, je vous l’avais dit M. Lionel ZINSOU. On va,
très bien, qu’il fallait qu’il quand même, revenir un
soit…
-- 70 --
tout petit peu à la réalité. Ne vous passez pas pour être
C’est vrai qu’il y a eu pour le champion de la concur-
des raisons d’urgence, que rence de marché public.
tout le monde comprend Peut-être vous pensez que
en matière de délestage vous que, vous avez cette
sans des critères, tout était image. Vous vous passé pour
dé ini mais il y a eu aussi avoir, dans votre vie, vécue
des contrats de gré à gré essentiellement des mar-
notamment le contrat de ré- chés publics dans un régime
novation qui étaient quand come vous le décrivez...
même urgente puisque nous
avons des centrales élec- M. Patrice TALON. Donnez
triques comme vous le savez, un exemple !
notamment à Akpakpa, à
Gbégamey, à Natitingou et à M. Lionel ZINSOU. Ecoutez !
Parakou, il y a des problèmes Les contrats par lesquels
de maintenance majeurs avez fourni des intrants, des
et qui font que cela réduit pesticides…
énormément la capacité.
M. Patrice TALON. Je ne le
M. Patrice TALON. Vous ne connaissais pas. Vous vous
fonctionnez qu’au gré à gré. appuyez sur la rumeur pu-
C’est toujours le mot de ges- blique ?
tion de ce Gouvernement…
M. Lionel ZINSOU. Ah ! Oui,
M. Georges AMLON. Mon- la SONAPRA…
sieur TALON, permettez,
pendant qu’il est en train M. Patrice TALON. Je n’ai
de répondre... jamais vendu des intrants à
l’Etat.
M. Lionel ZINSOU. Merci.
C’est très bien que monsieur M. Lionel ZINSOU. Ah, c’est
Patrice Talon m’interrompt. une bonne nouvelle. Vous

-- 71 --
considérez qu’une Société savez nous pouvons répéter
d’Etat, la SONAPRA n’est pas la même chose tout le temps.
l’Etat. Je vous ai dit, le fait que vous
pensez que répéter un men-
M. Patrice TALON. D’ail- songe lui donne...
leurs, donnez-moi le contrat
d’engrais… Vous ne connais- M. Patrice TALON. Ce n’est
sez pas le Bénin. Vous ne pas de mensonge. C’est vous
connaissez pas le fonction- qui dites des contre-vérités
nement du Bénin, c’est pour tout le temps.
cela.
M. Lionel ZINSOU. Vous
M. Lionel ZINSOU. Patrice ! pourrez indé iniment répé-
Oh ! Non, non, non… ter que je ne connais pas le
Bénin.
M. Patrice TALON. Je vends
de l’engrais aux paysans. Et M. Patrice TALON. Vous
c’est eux qui payent. vous ne connaissez pas…

M. Lionel ZINSOU. C’est eux M. Lionel ZINSOU. Tous les


qui paient. C’est toujours Béninois …
l’utilisateur inal qui paie. En
l’occurrence, vous le faites M. Georges AMLON. Per-
par décret pris en conseil mettez que je vous rappelle
des ministres… vous avez qu’il reste dans cet entre-
tien à peu près 15 minutes
M. Patrice TALON. C’est eux pour chacun d’entre vous
qui paient. Je n’ai jamais vu et allons devoir avancer.
le contrat d’engrais. Ce que Des questions, il reste...
vous dites date de 20 ans et
n’engage que vous…. M. Lionel ZINSOU. Aucun
Béninois ne croit qu’en ma-
M. Lionel ZINSOU. Vous tière de marché publics, vous

-- 72 --
êtes absolument le modèle. sera prêt d’ici quelque mois.
Mais en revanche, je vais Je crois qu’il aurait dû être
dire des choses importantes. prêt depuis plus longtemps
C’est vrai les partenariats franchement, parce que
public-privé sont fonda- lorsque je me suis un peu
mentaux, nous avons une occupé de la table ronde
loi qui était à l’étude. Vous sur l’investissement, c’était
savez qu’elle était beaucoup clairement une demande
modi iée alors qu’elle avait générale et je pense que
été, je crois, sérieusement nous aurons un bon investis-
préparée notamment avec sement. Vous avez bien fait
toute l’expertise nécessaire, de donner l’exemple de la
il faut probablement main- Côte d’Ivoire. Vous savez, on
tenant changer puisqu’il aurait pu prendre l’exemple
y a des amendements à du Sénégal, nous avons un
supprimer, changer certains certain nombre de pays qui
éléments de teneur et le ont de deux (2), trois (3),
prochain président aura une quatre (4), cinq (5) ans à
loi qui permet de donner de dix (10) ans même pour la
la sécurité et de garantir aux Côte d’Ivoire, d’avance sur
partenaires privés que l’Etat nous et c’est très impor-
à ces côtés, ne sera pas dans tant que nous soyons à ce
une position dominante, niveau et là-dessus, je suis
ne pourra pas lui créer de absolument d’accord. Vous
l’insécurité iscale, quand savez, on fait beaucoup d’in-
il investit pour des routes, vestissement au Bénin. Vous
des insécurités sur le péage avez dit qu’on fait de moins
quand il investit pour faire en moins d’investissement
des usines électriques, in- au Bénin mais on en fait
sécurités sur le tarif ; donc quand même plus du quart
des éléments de sécurité, de la richesse nationale. Cela
de protection de l’investis- fait peut-être un taux très
sement. Cet outil législatif élevé et ce taux très élevé,

-- 73 --
il est plus élevé que notre et la trésorerie courante de
épargne. Alors, vous avez dit, l’Etat. Il est rationnel de s’en-
le Gouvernement s’endette detter… Quand vous vous
pour le projet et paye sur la endetter trente sur (30) ans,
gestion courante. Le Bénin alors…
est un pays à niveau au dé-
veloppement interne qu’il y (Interférences entre les can-
a les béné ices de l’aide sous didats)
forme de prêts qui a des taux
particulièrement bas sur M. Georges AMLON. Si vous
des durées particulièrement le permettez, messieurs,
longues et est avec un différé nous allons quitter sur le
de paiement. Donc, ce n’est terrain qui me semble bien
pas de la gestion courante. épineux pour aller vers
C’est tout à fait logique, vous celui de l’emploi, parce que
avez dit que je suis inancier, nous avons vu dans vos pro-
vous avez raison. Vous avez grammes à chacun que vous
suggéré que je connaissais avez le souci de l’éducation.
quelque chose en entreprise.
J’ai probablement dirigé M. Patrice TALON. Si vous
des entreprises qui avaient le permettez, sur ce point,
dix fois le nombre de vos je vais rattraper mon retard
salariés. Donc, oui, je suis un avant d’aborder votre ques-
inancier, je l’assume. tion. Si vous le permettez !
Excusez- moi !
M. Patrice TALON. Vous
n’avez pas dirigé. Vous avez M. Georges AMLON. Nous
dirigé des entreprises qui allons vous permettre de
ont dix fois le nombre… prendre ces trois minutes
et quelque de retard.
M. Lionel ZINSOU. Je l’as-
sume et je vous dis que ce M. Patrice TALON. Je vous ai
n’est pas la gestion courante entendu tout à l’heure parler

-- 74 --
de cette loi sur le partenariat dans un secteur sensible où
public-privé qui est en cours il y a une «situation» poli-
qui est à l’Assemblée et que tique, l’Etat va s’opposer à
vous dites avec beaucoup de l’exécution d’une décision de
ierté que le prochain Gou- justice. C’est grave!
vernement l’aura comme
un acquis. Je voudrais poser M. Georges AMLON. Nous
une question si vous le avons dit tout à l’heure que
permettez. A quoi sert-il nous allons parler…
d’avoir une loi quand l’Etat
ne respecte rien du tout, ni M. Patrice TALON. Dans
les lois ni les décisions de le domaine de partenariat
justice. Vous le revendiquez public-privé, il est important
si bien dans la continuité que tant que les partenaires
que vous êtes artisan vous viennent investir dans un
êtes acteur actif pas passif pays, qu’il y ait la sécurité
d’un comportement d’un judicaire et que l’Etat res-
Etat voyou. Alors, je mesure pecte les lois. Il ne suf it
mes mots, ce n’est pas une pas de voter des lois. Cela
insulte c’est une expression ne servira absolument à
qui est courante dans les rien si l’Etat lui-même viole
pays où l’Etat ne respecte les lois, si l’Etat lui même
pas sa signature ni les lois. proclame ouvertement
Monsieur le journaliste, per- qu’une décision de Justice
mettez-moi de dire, les mots ne l’engage pas. Quand l’Etat
que j’utilise ce sont des mots dit que j’ai fait un recours,
que je mesure très bien. Un c’est un droit. Mais que l’Etat
Etat voyou, c’est un Etat qui dise au plus haut sommet
ne respecte pas les lois ni de l’Etat qu’une décision de
les décisions de justice. Et justice ne l’engage pas et que
j’ai entendu monsieur Lionel cela provienne même d’un
Zinsou dire ouvertement Premier ministre français,
dans la Donga en février que, excusez-moi le terme, d’ori-

-- 75 --
gine ou alors binational qui nous devons forcément
vient de France, qui vient évoquer et qui est celui des
d’un pays où la loi, la justice réformes institutionnelles.
est le socle, la sécurité de Vous en parlez beaucoup
tout le monde, pour l’inves- dans votre projet de socié-
tissement. Je vais vous poser té. Développez! Merci!
une question. Si vous étiez
candidat en France est-ce M. Lionel ZINSOU. J’ai été
que vous auriez osé dire interpelé !
que, quand une décision de
justice est prise sur le ter- M. Georges AMLON. Oui !
rain d’un événement, d’un Nous vous donnerons la
secteur dans lequel l’Etat parole.
estime que c’est un secteur
sensible, que l’Etat peut M. Lionel ZINSOU. Juste-
s’opposer à son exécution. ment pour cette interpella-
Est-ce que vous auriez pu tion, elle est profondément
dire cela en France en tant fausse, elle est profondé-
que candidat que l’Etat peut ment une insulte au Bénin.
s’opposer à une décision de
Justice. C’est pour cela que je M. Georges AMLON. Il se
disais tout à l’heure, je suis trouve que monsieur Lionel
désolé de répéter monsieur Zinsou que vous aurez tout
Zinsou ? Vous ne seriez pas le loisir de répondre tout
le «syndrome» de l’aspirant à l’heure mais je souhaite-
gouverneur dans un pays de rais que sur cette question
sauvage où tout est permis. précise monsieur Patrice
Talon développe et qu’en-
M. Georges AMLON. Mon- suite nous puissions voir ce
sieur Patrice Talon, désolé qui est faisable et que vous
de vous interrompre sur promettez, vous, aussi dans
la question mais vous avez ce secteur-là.
touché là à un sujet que

-- 76 --
M. Benjamin AGON. Nous beaucoup d’efforts et résiste.
n’allons pas occulter tout Au Bénin, c’est encore le sec-
de même la question de teur qui résiste le plus et cela
l’emploi qui avait été évo- est de leur mérite. Mais ce
quée tout à l’heure. que je disais tantôt, si vous
permettez, pour parler de la
M. Georges AMLON. Nous nécessité de réformer notre
y reviendrons, sans aucun modèle politique pour que le
doute puisque nous par- pouvoir exécutif soit ne plus
lons de l’éducation. un machin surpuissant qui
dé ie tout, parce que, quand
M. Lionel ZINSOU. J’ai été un Etat, un Chef d’Etat,
traité de voyou, c’est cela? quand un Premier ministre
dit ouvertement dans la cité
M. Patrice TALON. Non, ou hors de la cité, qu’une
non ! Je n’ai pas dit cela, je décision de justice ne les en-
n’ai pas dit cela. Je ne vous ai gage pas, c’est grave. Et c’est
pas traité de voyou monsieur pour cela que j’ai dis que le
Zinsou, je n’aurais jamais fait pouvoir exécutif est devenu
cela. J’ai parlé d’Etat voyou. quelque chose de dangereux
pour le développement des
M. Georges AMLON. Patrice Béninois. Il faut que le pou-
Talon est encore en retard voir exécutif n’ait plus l’im-
et je lui ai demande de dé- pression qu’il maitrise tous
velopper ce qu’il a envie de les autres pouvoirs et quand
nous dire concernant son un pouvoir lui échappe, il
programme de réformes, peut le priver de vivre. On
justement pour que la a vu cela avec la HAAC dans
justice revienne dans l’état ce pays où l’exécutif a privé
que vous souhaitez. la HAAC de moyens parce
que la HAAC n’a pas fermé
M. Patrice TALON Heureu- un organe de presse à la de-
sement que notre justice fait mande de l’exécutif. Cet état

-- 77 --
de chose aujourd’hui, a ini demande l’Etat, il peut être
de discréditer totalement muté du jour au lendemain.
à notre modèle. C’est pour Il n’y a que les juges du siège
cela que j’ai dit qu’il faut un qui ont une certaine inamo-
mandat unique, parce que vibilité. Et encore! Mais si
dans la durée, nos Chefs demain, la Cour suprême,
d’Etat deviennent des dieux n’est plus le lieu où siège le
sur terre. Ils le disent même Chef de l’Etat avec son arse-
allègrement. C’est cela sur nal pour pouvoir imposer sa
toutes les institutions et cela volonté à tout le monde et
init par leur donner une que le Conseil supérieur de la
volonté de surpuissance. magistrature qui administre
Quand le pouvoir exécutif l’administration judiciaire,
sait très bien que la justice qui gère l’administration ju-
ne dépend pas de lui, du tout, diciaire, si cette Institution,
quand il sait que la HAAC le Conseil Supérieur de la
n’est pas sous lui, quand il Magistrature, est indépen-
sait que la Cour suprême dante du pouvoir de l’Etat
est vraiment indépendante, central, les magistrats vont
quand il sait que la Cour se sentir plus à l’aise pour
constitutionnelle est vérita- exercer leur métier avec
blement indépendante, il n’a tranquillité, sans avoir tou-
pas ce ré lexe de vouloir tout jours la peur du gendarme
dominer et de s’installer derrière qui les affecte à
dans ce ré lexe. Je ne sais pas tout moment. Un parquet
si je me fais comprendre. Et a besoin de cette liberté.
c’est bien pour cela que ces Même les juges du siège ont
réformes sont impératives. besoin de cette liberté. Nous
La justice a besoin d’avoir, avons besoin que le pouvoir
parce que tout lui résiste, central sache que la justice
parce que les magistrats également peut sévir en ce
sont punis. Quand un magis- qui le concerne. Et c’est en
trat n’exécute pas ce que lui cela que nous aurons gagné

-- 78 --
dans le bon fonctionnement donc que cette petitesse sur
d’un Etat pour attirer les ce que je ferais si j’étais en
investisseurs. France. Le premier ministre
français vous dit qu’il est
M. Benjamin AGON. Mon- premier ministre du Bénin
sieur Zinsou, vous allez ré- et par le suffrage universel
agir par rapport à l’inter- que j’espère, vous respectez,
pellation de tout à l’heure. a décidé que nous faisions
Et puis, nous allons évoluer partie de sept hommes,
pour parler ϔinalement depuis le renouveau démo-
de la question de l’emploi. cratique, que les Béninois
Réagissez, s’il vous plaît ! ont mis au second tour. Et
puisque c’est une grande res-
M. Lionel ZINSOU. Absolu- ponsabilité, cela vous oblige
ment ! Qu’est-ce vous feriez à essayer de faire comme si
si vous étiez candidat à une vous étiez le Président de
élection présidentielle en tous les Béninois. Et le fait
France ? Je vous en prie, la de dire premier ministre
France n’est impliquée en français est une petitesse.
rien ni dans ma candidature Vous l’avez aussi répété, si,
ni dans ma position de pre- vous avez dit, « un premier
mier ministre. Le fait que ministre français comment,
vous ayez dit le contraire ne il peut dire cela ». C’est
change pas que cela soit un une petitesse. Le suffrage
mensonge. Qu’on arrête. Il se universel en a décidé. Vous
trouve que les Béninois ont pouvez continuer à dire cela.
décidé que nous étions, des Il a décidé que j’étais comme
48 candidats à l’origine, les vous, un candidat béninois.
deux qui avaient la lourde Donc, la question de premier
responsabilité d’être au se- ministre français, vous la
cond tour. C’est eux qui ont retirez.
décidé que j’étais le premier
de ces deux-là. Il se trouve M. Patrice TALON. De natio-

-- 79 --
nalité française. dit et je maintiens, comme
si j’allais faire l’éloge du
M. Lionel ZINSOU. Non ! non-respect. J’ai dit et je
Je ne vous demande pas la maintiens, «qu’il y a des
nationalité de vos femmes sujets qui sont des sujets
et de vos enfants. Je ne vous de puissance publique, qui
demande pas qui sont vos sont des sujets complexes
ancêtres. Je suis indifférent sur lesquels l’Etat peut faire
au fait que vous soyez d’une aussi valoir ses droits.
lignée française.
M. Patrice TALON. C’est
M. Patrice TALON. Ne faites bien. Vous le niez. C’est très
pas une colère pour cela. bien

M. Lionel ZINSOU. C’est moi M. Lionel ZINSOU. Et que


qui m’appelle Zinsou et c’est l’Etat peut faire appel, peut
qui vous appelez Talon. Je utiliser les recours, etc.
ne suis pas de famille de né- Est-ce que vous avez vu que
griers. Je ne vous incrimine nous n’ayons pas exécuté en
pas là-dessus. Vous avez février ou dans les semaines
dit que le premier ministre récentes une décision de jus-
français et non le premier tice? Et je voudrais vous dire,
ministre du Bénin. Je vous sur ces questions de justice
dis de nationalité béninoise. et vous avez répondu vous-
A mon avis, il me semble que même, «la justice béninoise
nos deux candidatures ont résiste comme vous dites».
été validées. Je trouve que C’est-à-dire que vous venez
le suffrage universel a réglé de lui rendre hommage, c’est
cela. un hommage important. La
Deuxième chose! Je n’ai pas justice béninoise est tout à
dit dans la Donga que l’Etat fait capable de condamner
ne devait pas respecter les l’Etat. Et vous savez qu’elle
décisions de justice. J’ai le fait souvent quand il faut

-- 80 --
condamner l’Etat. Donc, la tant de dépenser beaucoup
justice assure la sécurité plus que les treize milliards
judiciaire et vous avez à nou- que nous dépensons pour le
veau prononcé une insulte budget de la justice, de façon
sur le pays. Comme tout à à donner à cette Institution
l’heure, vous disiez que le les vrais moyens, parce que
Bénin est une République vous le savez, vous êtes im-
bananière. pliqués dans dix procédures
judiciaires. Et il est important
M. Patrice TALON. C’est que la justice ait les moyens.
vous qui la prenez pour une Car, quand les justiciables
république bananière. comme vous, sont beaucoup
plus puissants que la justice,
M. Lionel ZINSOU. Et vous c’est un problème. Donc, la
avez dit maintenant que c’est justice a besoin d’être équi-
un Etat voyou. Je le regrette. pée. Je le reconnais. Je pense
que vous avez un con lit
M. Patrice TALON. Je fais d’intérêts à parler de la jus-
une différence entre l’Etat et tice. Je reconnais que c’est
la République. important aussi que le Bénin
ait de temps en temps des
M. Lionel ZINSOU. Nous hommes nouveaux et des
sommes un Etat très sûr. Et hommes qui ne soient pas
ceci est admiré dans toute impliqués dans des con lits
l’Afrique. Le fonctionnement d’intérêts avec les politiques
démocratique et qui est sûr publiques. Vous êtes dans
la bonne réputation de ce des procédures judiciaires.
pays en matière de fonction- Et moi, je vous dis, en repre-
nement démocratique. Je ne nant vos mots, la justice, elle
vous dis pas qu’il ne faut pas est capable de résister parce
faire des progrès en matière que nous avons des magis-
de justice. Au contraire, je trats. A votre interpellation,
pense que c’est très impor- dans l’Etat voyou, il n’y a

-- 81 --
pas un prisonnier politique, M. Patrice TALON. Vous
où les droits de l’homme, la permettez?
liberté de la presse, la liberté
de manifester, tout cela est M. Georges AMLON. Avec
garanti. Quand vous dites votre permission nous
que la justice résiste, la jus- allons évoluer dans ce
tice est capable de s’opposer débat parce qu’il y a des
à l’Etat, ce n’est pas un Etat questions que nous n’avons
voyou. pas traitées. Celle de l’édu-
cation, par exemple
M. Patrice TALON. Je parle
de votre passage au Bénin. M. Patrice TALON. Il y a un
aspect grave dans ce que
M. Lionel ZINSOU. Nous monsieur Zinsou a dit. On ne
sommes une démocratie et peut pas être sur un plateau
nous avons eu une Confé- à la veille du deuxième tour
rence des Forces Vives qui entre deux candidats qui
a été de nature à améliorer sont appelés à gérer le pays
sensiblement un grand et se taire là-dessus. Vous
nombre de procédures serez responsable si vous
démocratiques qui font de m’empêchez de le dire.
nous, en matière électorale
et dans d’autres matières, un M. Benjamin AGON. Al-
modèle pour l’Afrique. Et il lez-y !
faut que nous le restions.
Cela étant, on ne fait pas de la M. Patrice TALON. Merci !
bonne justice en dépensant Monsieur Zinsou vient de
treize milliards. Il est évident dire qu’il n’a jamais dit que
que nous devons rééquiper l’Etat pouvait s’opposer
complètement notre justice à des décisions de justice
et recruter des magistrats de dans un secteur sensible.
façon nécessaire. Il vient de nier cela. Il l’a
dit publiquement devant le

-- 82 --
peuple béninois. Il vient de l’Etat peut s’opposer à l’exé-
le nier. J’aimerais que l’ORTB cution de décisions de justice
demain, montre qui de nous politiquement sensibles».
deux est en train de mentir. ORTB! C’est très grave.

M. Georges AMLON. Mon- M. Georges AMLON. Mon-


sieur Patrice Talon! sieur Patrice Talon, je crois
que les Béninois écoutent
M. Patrice TALON. Je viens. la radio, qu’ils regardent
Vous me laisser parler. Per- la télévision et qu’ils sau-
mettez-moi, Je vais inir. ront rendre justice à l’un à
l’autre. Ce qui serait inté-
M. Georges AMLON. Mon- ressant, ce serait que nous
sieur Patrice Talon, nous évoluons vers d’autres
allons vous donner acte de sujets qui préoccupent
cet élément-là. également les Béninois,
celui de l’éducation, par
M. Patrice TALON. Je vais exemple, qui est un point
vous le lire pour vous rafraî- extrêmement sensible.
chir la mémoire, pour vous Qu’est-ce que le candidat
recharger dans vos archives. Patrice Talon mettrait
Je vais le lire, si vous me le dans le contenu de l’école,
permettez. Le 11 février, surtout dans un pays où on
monsieur Zinsou déclarait sait qu’il y a un gros pro-
ceci :»le Président de la Ré- blème d’adéquation entre
publique est garant des Ins- la formation et l’emploi?
titutions de la République, y
compris la justice». Je crois M. Patrice TALON. Nous
que quand il parle de garant, sommes à 51-54. Vous abor-
il confond être garant de dez un autre sujet. J’aimerais
l’exécution de la protection que le compteur s’équilibre
avec s’opposer parce qu’il a avant.
dit par la suite: «le Chef de

-- 83 --
M. Georges AMLON. Oui, M. Patrice TALON. Parce
bien sûr ! Alors, vous me que vous l’avez dit sur
permettez que je vous France Inter, vous l’avez dit
donne la parole. sur RFI. S’il vous plaît ! Vous
n’avez pas dit cela ? Alors, je
M. Patrice TALON. Non, passe. Je vous donne acte de
vous m’avez donné la parole cela. On y va.
parce que j’ai démarré en
premier. Le compteur doit M. Georges AMLON. S’il
s’équilibrer sur le nouveau vous plaît, messieurs, nous
sujet. allons évoluer dans ce
débat. Nous allons parler
M. Georges AMLON. Je vous de cette question sensible,
ai prévenu tout à l’heure celle de l’éducation, celle
que nous alternerions pour de la formation, celle de
ce qui concerne le passage
l’emploi.
d’un sujet à un autre.
M. Patrice TALON. En ma-
M. Patrice TALON. D’ac-
tière d’éducation, cher ami,
cord ! Il a dit quelque chose
nous avons été jadis appelés
d’assez grave me concer-
nant. Il a dit que j’avais des quartier latin de l’Afrique.
con lits d’intérêts avec la Mais, il est malheureux de
justice, avec l’Etat et que, constater que la qualité de
par conséquent, il trouvait l’enseignement se dégrade,
que je ne serais pas quali ié l’administration même de
pour être candidat. Ah non, l’éducation en est la prin-
Monsieur, qu’est-ce que vous cipale cause. Ce diagnostic
voulez insinuer? parce que le temps s’en va
et tout le monde sait que
M. Lionel ZINSOU. J’ai dit cela ne va pas du tout aussi
au contraire que nous avons au niveau de l’enseignement
tous les deux des intimités maternel et primaire, au
entières. niveau de l’enseignement

-- 84 --
secondaire, au niveau de que l’enseignement supé-
l’enseignement supérieur. rieur, composé des membres
Sur les trois ordres d’en- élus par leurs pairs. Donc,
seignement, ce n’est pas le ce sont d’éminentes person-
paradis. Et pourtant, nous nalités dont on va dé inir
n’avons que cela. le pro il et ceux qui seront,
Ce que je propose, pour dans cette catégorie, éli-
aller directement aux pro- gibles seront élus par leurs
positions, c’est que le mal pairs pour siéger au conseil
essentiel qu’il convient d’ex- de l’éducation nationale. Et
tirper, c’est la politisation à puis, le Ministère de l’édu-
outrance de l’administration cation nationale, si c’est un
de l’éducation nationale sur Ministère unique, il siègera.
tous les plans, au niveau des Si c’est trois Ministères diffé-
trois ordres. Si on veut le rents, chacun des Ministères
régler, il faut redonner vie ayant en charge l’éducation
au conseil national de l’édu- siègeront également dans
cation qui existe aujourd’hui le conseil national. Si le
mais, qui n’a pas les pré- conseil national devrait
rogatives qu’il faut et qui avoir désormais toutes les
n’est pas composé comme il prérogatives, notamment
faut. Si le conseil national de en matière de suivi de la
l’éducation, qui va coiffer les politique de l’éducation,
trois ordres d’enseignement, parce que la politique de
aussi bien l’enseignement l’éducation relève de la puis-
primaire, le secondaire que sance publique, ce conseil
l’universitaire et supérieur, peut préparer les éléments
ce conseil national est com- de ré lexion, les éléments de
posé d’éminentes personna- décision, d’appréciation à
lités de l’éducation nationale soumettre au Gouvernement
aussi bien provenant de l’en- pour arrêter une politique
seignement de base, que de nationale de l’éducation.
l’enseignement secondaire Cela se fera tous les ans.

-- 85 --
Alors, une fois une politique sante et que les mutations
arrêtée, il faut bien un suivi, sont proposées, sont suggé-
la mise en œuvre. Le conseil rées, sont recommandées
ferait la mise en œuvre et par le conseil national et que
le suivi de la politique na- le ministre n’a pas de possi-
tionale de l’éducation, quel bilité, sauf à le prouver, pour
que soit l’ordre et veillera à s’opposer aux propositions
ce que dans chaque ordre, il du conseil national, nous au-
y ait la qualité aussi bien du rions réglé une bonne partie
contenu de l’enseignement de ce qui mine l’éducation: la
que de la compétence des politisation à outrance.
enseignants. Et ce conseil Et évidemment, le conseil
ferait quelque chose de fon- national de l’éducation va
damental. C’est lui qui aurait avoir en charge l’orientation
les prérogatives des propo- budgétaire parce qu’au-
sitions de mutation du per- jourd’hui, il y a un gaspillage
sonnel. Puisqu’aujourd’hui, des maigres ressources
le principal mal, c’est qu’au qui sont mises à la dispo-
niveau de l’enseignement, sition de notre éducation.
quel que soit l’ordre surtout Il faudrait que ce conseil,
le primaire, le secondaire, composé des éminentes
surtout à ces deux niveaux, personnalités, des têtes
la chose est grave. On affecte, pensantes, des sommités de
on mute les gens selon leur l’éducation nationale, décide
appartenance politique. de l’orientation budgétaire
Ce n’est pas du tout lié à la qui va s’imposer au ministre
compétence, ni aux droits en charge. De sorte que le
qui sont dus à chacun. Si le conseil soit le bras actif,
conseil national de l’éduca- compétent des ministres en
tion enlève au ministre de charge de l’éducation na-
l’éducation nationale ou aux tionale. Et puis, nous allons
divers ministres en charge mettre en place en dehors
cette prérogative trop puis- de cela, au niveau de l’en-

-- 86 --
seignement primaire et de également peut investir et
l’enseignement secondaire, opérer dans le secteur de la
une direction de la qualité formation des enseignants.
de la formation. Parce qu’au- Je n’ai pas ini. Je suis trop
jourd’hui, la formation de long?
nos enseignants aussi bien à
la base qu’au secondaire est M. Benjamin AGON. Oui,
en souffrance. Il est vrai que il nous reste maintenant
nos enseignants ne sortent quelques minutes.
plus des écoles normales Monsieur Zinsou, éduca-
parce que l’Etat n’a plus les tion, formation, emploi!
moyens de former tous les
enseignants, ce n’est pas M. Lionel ZINSOU. Sur la jus-
seulement le Bénin, c’est tice cette fois, qu’il soit bien
partout dans le monde. Plus clair dans l’esprit de tous
aucun pays ne forme en- les Béninois qu’il n’a jamais
tièrement ses enseignants. été question de s’opposer de
Une bonne partie est formée façon médiane à l’exécution
sur le tas grâce à la forma- des décisions de justice.
tion continue. Ce que nous Il faut épuiser les recours
faisons au Bénin comme quand c’est dans l’intérêt du
formation continue, manque public, épuiser les recours et
de responsabilité. Et il fau- cela, le Président de la Répu-
drait qu’il y ait une direction blique peut s’exprimer sur
compétente qui prenne en ce sujet en tant que garant
charge la formation continue de la Constitution.
des enseignants qui gère et
contrôle les écoles normales M. Georges AMLON. Nous
parce qu’il faut quand même l’avons entendu.
des écoles normales aussi
bien écoles normales pu- M. Lionel ZINSOU. Vous
bliques qu’écoles normales avez entendu la réponse.
privées parce que le privé Vous avez entendu l’inter-

-- 87 --
pellation qui y était relative. règlement par les nouvelles
Et je le souligne, je ne technologies, à condition
pense pas, compte tenu de que nos écoles soient haute-
l’ensemble des procédures ment équipées, à condition
judiciaires de croit commun que nous ayons les moyens
contre vous, je ne pense pas de les informatiser; ce qui
que vous puissiez en parlez commence par les électri ier.
sereinement. Maintenant, Je reviens au thème qu’on
sur l’éducation... avait tout à l’heure dévelop-
pé. Parce que la formation
M. Patrice TALON. De quoi continue des maîtres et
vous parlez, Monsieur Zin- l’acquisition de connais-
sou? sance par nos enfants, il faut
qu’on fasse un saut demain,
(Remous) cela c’est très important, un
saut technologique et qu’on
M. Georges AMLON. Mon- utilise l’informatisation. Les
sieur Talon, les Béninois écoles primaires doivent être
vous entendent et ils ren- des lieux où on commence à
dront justice à l’un ou à se former à l’informatique.
l’autre. Cela suppose de les équiper.
Et cela suppose d’avoir les
M. Lionel ZINSOU. S’agis- moyens en électricité. Et cela
sant de l’éducation, on suppose que les formateurs
peut encore faire un procès aient réussi, eux aussi, à se
politique mais, il faut partir former des instruments et
quand même de l’avenir des connaissances. Et cela,
de nos enseignants, de nos si vous voulez, c’est quelque
enfants, de nos adolescents, chose que nous devons
de nos étudiants. Nous avons faire sur cinq ans. Mais,
un problème de formation nous sommes vraiment à
qu’on peut maintenant un moment où nous devons
beaucoup faciliter dans son moderniser notre éduca-

-- 88 --
tion. Les enseignants sont condition enseignante, que
encore là, de bonne qualité. nous avons aidé de résoudre
Et là encore, ils sont prêts à en salaire cette année et en
cette modernisation. Mais, statut. Cela a été négocié.
je pense que c’est beaucoup Cela a donné lieu à des
plus important que de faire grèves. Il y a eu des Proto-
le procès du passé. Je pense coles d’accord après la grève
qu’il faut maintenant faire mais, améliorer la condition
un saut technique, qualitatif enseignante sur les cinq ans
pour notre éducation. Et il y a qui viennent. C’est pour cela
de nombreuses expériences que nous avons des propo-
au Bénin, de nombreuses sitions sur le logement dans
expériences où les enfants les zones où il est dif icile de
améliorent énormément recruter des instituteurs, des
leur connaissance et leur ré- propositions d’équipement
sultat avec, par exemple, un des instituteurs en moyens
cartable numérique. Ce sont de formation continue et
de toutes petites tablettes, c’est la même chose dans
de tous petits ordinateurs les collèges. Nous avons
qui leur permettent, pour aussi notamment dans les
un prix faible, d’accéder à collèges techniques où nous
l’équivalent de connaissance avons besoin de beaucoup
de grandes bibliothèques d’équipements. Et donc, je
alors qu’aujourd’hui, dans pense que c’est fondamental
nos familles, ce n’est pas pour la société du Bénin de
possible. Nous consacrons demain. La condition ensei-
près de 220 milliards à l’édu- gnante et la condition des
cation. Je suis d’accord avec élèves et des étudiants et
Patrice Talon, c’est encore notamment tous les moyens
trop faible. Nous devons de la modernité qui vont
continuer à monter pour nous permettre d’abaisser
les trois ordres parce que les coûts de formation et
nous avons un problème de d’augmenter énormément le

-- 89 --
nombre des enfants de plus une question importante
en plus nombreux que nous parce que ce qui constitue
traitons. le danger essentiel pour
nous tous, c’est la sécurité
M. Georges AMLON. Nous aussi bien pour les citoyens
sommes en train d’aller que pour le commerce, que
vers la ϔin de ce débat. Et pour nos biens. Pour moi,
mon ami Benjamin Agon il faut réformer un peu nos
a une dernière question à forces de sécurité et les
laquelle vous répondrez orienter principalement
l’un et l’autre. Sauf que vers le champ de la sécu-
monsieur Lionel Zinsou rité publique. Nous avons
aura l’occasion de conclure aujourd’hui la police et la
après cette question-là. gendarmerie qui s’occupent
de la sécurité des citoyens.
M. Benjamin AGON. La Et nous avons une armée
question est assez simple pléthorique qui ne s’occupe
parce que l’actualité nous pas du tout de ce secteur-là
oblige, d’ailleurs, à parler et vient par moment en ren-
de cela. Vous avez entendu fort. Alors, je propose qu’il
aujourd’hui, qu’il y a eu y ait une réorientation des
une tentative de braquage missions de l’armée pour
déjouée par nos forces de qu’elle vienne en renfort aux
l’ordre. Qu’est-ce que vous services de la police et de la
comptez faire dans le do- gendarmerie pour la sécu-
maine de la sécurité, ne se- rité des citoyens sur tout le
rait-ce que pour permettre territoire. Ce serait quelque
aux Béninois d’aller et de chose de béné ique pour
revenir dans de meilleures nous, parce que ce n’est pas
conditions, Monsieur Ta- demain que nous attendons
lon? d’avoir une guerre, un con lit
armé, ce sera une perte. Que
M. Patrice TALON. Oui, c’est les militaires soient formés

-- 90 --
et entrainés pour apporter au service du Gouverne-
un plus avec leur grand ment, au service du prince,
nombre en renfort à la sécu- nous aurons tort parce que
rité publique. l’insécurité gronde, grandit.
Le service de rensei- Ce qui a failli se passer hier
gnements! Vous savez, nous interpelle et demande
aujourd’hui au Bénin, le ser- que notre pays, au lieu de
vice de renseignements est faire balader des chars dans
devenu la chose politique de la ville contre les citoyens,
tous les temps. Pire que ce utilise les moyens de l’Etat
que nous avions vu jusqu’au- pour sécuriser, pour appor-
jourd’hui. Il faudrait que les ter la quiétude à nos popula-
services de renseignements tions.
soient utilisés au service Je vais inir sur ce point en
de la nation, plutôt qu’au disant que la politique de la
service exclusif du pouvoir sécurité est fondamentale
exécutif. Aujourd’hui, il y a pour nous pour les années
un agent de renseignement à venir. Et si on n’y prend
derrière chaque citoyen. garde et si on continue avec
On sait là où vous allez. On ce qui se passe, si on est ier
sait qui vous fréquentez en de ce qui se passe et si on
matière politique. Le service ne trouve pas que c’est né-
de renseignement équipé, cessaire de réformer ce qui
formé peut se mettre au se passe, nous aurons tort.
service de la Nation pour Merci !
prévenir, pour enquêter,
pour prévenir le crime, pour M. Lionel ZINSOU. Je crois
prévenir le terrorisme. Si que franchement, ce que
nous ne faisons rien à cela vient de dire Patrice Talon
et que nous maintenons nos sur la sécurité avec tout le
services publics de sécurité, respect que j’ai pour vous,
de renseignement, l’armée est une erreur grave. Vous
au service de l’Etat central, avez dit quelque chose qui

-- 91 --
me sidère. Au lieu de rendre M. Benjamin AGON.
hommage aux forces de Malheureusement, il est
sécurité qui permettent de l’heure. Mesdames et mes-
déjouer des braquages, qui sieurs, c’est la ϔin de cette
permettent de déjouer des émission.
menaces, qui permettent de
protéger nos concitoyens, M. Georges AMLON. Nous
vous avez parlé, au sens regretterons que vous
général, des forces de n’ayez pas pu aller plus
sécurité, de l’armée en disant loin. Mais regardez le dé-
qu’elle était pléthorique. Je compte. Vous excédez celui
m’y oppose complètement. de Monsieur Patrice Talon.
Mais complètement! Dans ces conditions-là,
L’armée, ne lui faites pas ce nous serons obligés, si vous
procès permanent du passé, devez conclure absolument,
si vous voulez. Ce procès, de demander à monsieur
au fond, c’est une armée Patrice Talon d’équilibrer.
politique, c’est un procès Alors, si vous êtes d’accord,
politique en regardant nous y allons.
derrière nous. Moi, j’essaie
d’être un homme nouveau M. Patrice TALON. Quel
au service des espoirs pour était le temps imparti?
ce pays. Je n’essaie pas d’être
dans la rupture avec des M. Georges AMLON. Nous
fantômes, avec la rupture sommes à 74.
de la paix. Le pays, ce n’est
pas cela. La sécurité, c’est M. Patrice TALON. Moi, ce
important. Non, mais l’armée n’est pas la peine de répli-
n’est pas pléthorique. Elle a quer. Merci !
des missions de maintien de
la paix. M. Georges AMLON. Alors,
si nous partons du principe
(Remue ménage) que nous en restons là,

-- 92 --
Monsieur Lionel Zinsou,
cela signiϔie tout simple-
ment nous avons retenu
de votre conclusion que
vous êtes pour constater
les progrès qui ont été faits
dans ce pays au moment
où monsieur Talon précise
qu’il reste beaucoup de
choses à faire.

M. Lionel ZINSOU. Surtout


un Bénin qui sait gagner.
Je ne peux ne pas avoir le
droit de conclure alors que
nous avons introduit. Patrice
Talon a conclu et vous ne me
laissez pas conclure.

M. Georges AMLON. Je
crois que nous allons nous
en arrêter là. Je crois que
les Béninois, les citoyens
qui nous ont regardé, ont
tiré les conclusions qui
s’imposent à partir de ce
débat-là.
Merci à tous de nous avoir
reçus chez vous !
Merci d’être restés en com-
pagnie de «Moi Président»,
le face-à-face!

-- 93 --
-- 94 --
Les entretiens des cinq premiers
candidats du 1er Tour

-- 95 --
-- 96 --
Lionel Alain Louis
ZINSOU-DERLIN
Né le 23 Octobre 1954

Journalistes ayant conduit l’entretien :


Christian GNACADJA
Hortense SAÏZONOU
ORTB
-- 97 --
M. Christian GNACADJA. PAI-Partenaire avec plus de
Mesdames et Messieurs, 11 milliards d’euros d’ac-
bonsoir. tifs. C’était en 2008. Puis en
Il se donne pour Juin 2015 le Président Tho-
ambition de construire mas Boni Yayi, vous nomme
un Bénin gagnant, un premier ministre. Vous dé-
Bénin semblable à un cidez donc de vous lancer
édiϔice bâti sur deux dans la course pour le fau-
piliers, développement teuil présidentiel, vous de-
économique et cohésion venez le candidat désigné
sociale. Mais avant tout des FCBE. Que de passions
Lionel Zinsou puisse que et de polémiques. Vous êtes
c’est de lui, qu’il s’agit est ici membre du conseil d’ad-
pour défendre la pertinence ministration de plusieurs
et la faisabilité de son groupes, vous dirigez la
programme d’action au fondation Africa-France,
palais de la Marina. Si vous et êtes administrateur du
électeurs béninois vous comité opérationnel du
lui faisiez conϔiance bien « Journal libération ». Au
sûr. D’entré que retenir ? Bénin vous avez créé la
Que retenir du parcours fondation « ZINSOU ». Une
de cet homme qui aspire à fondation qui met en va-
la magistrature suprême leur le patrimoine artis-
de la République du Bénin, tique-Africa. C’est l’une de
Hortense Saïzonou? vos ϔilles qui la dirige. N’ou-
blions pas le programme
Mme Hortense SAÏZONOU. « Lumière pour Tous », 4
Lionel Zinsou Derlin, vous millions de lampes solaires
êtes un banquier d’affaires sont à distribuer, candidat
franco-béninois. Vous avez à la présidentiel de 2016,
été président du fond de vous êtes marié et père de
capital investissement 3 ϔilles, vous avez 62 ans.

-- 98 --
M. Christian GNACADJA. M. Lionel ZINSOU. D’abord
Monsieur Lionel Zinsou, ce qui ressort très clairement
bonsoir! c’est que toutes les familles
de notre pays, souhaitent
M. Lionel ZINSOU. Bonsoir, pour leurs enfants une
monsieur Gnacadja! éducation et un emploi. C’est
fondamental. L’emploi des
M. Christian GNACADJA. jeunes c’est la préoccupation
Je vous vois sourire. non seulement des jeunes,
Cette présentation vous mais de toutes les familles.
convient-elle ? Cela ressort absolument de
toutes les rencontres avec
M. Lionel ZINSOU. Elle me tous les groupes organisés,
convient très bien. Je ne mais surtout, toutes les
sais pas pourquoi tout le populations dès qu’on va
monde veut me voir vieillir vers elles c’est essentiel.
légèrement. Je crois que j’ai L’autre chose, qui est très
61 ans. frappant, c’est, vous nous
dites peut être qu’il y a de la
M. Christian GNACADJA. croissance dans notre pays.
Ok ! Alors dans votre C’est vrai ! Il y a beaucoup
projet de société, vous de croissances dans notre
afϔirmez déjà dans en pays, nous faisons parti des
introduction avoir pris pays Africains qui ont une
le soin de consulter les croissance régulièrement
femmes, les jeunes, les élevée. 2011, 2012, 2013,
acteurs politiques de 2014, 2015. Cela commence
toutes sensibilités, et de à faire cinq (5) années à plus
tous âges. Alors dites nous de 5% de croissance, et on
qu’est-ce qui ressort de ces ouvre 2016 à peu près dans
consultations ? les mêmes conditions. Or il
y a beaucoup de gens dans

-- 99 --
notre pays qui disent « je ne la même façon et pas mieux
vis pas mieux ». Peut être je avec une impression d’être
vis moins bien. Peut-être je encore dans l’obscurité,
ne vis pas mieux qu’il y a de dans la misère, loin de l’eau,
cela 10 ans ou 20 ans. Et cela, loin de l’électricité, loin du
c’est très important pour centre de santé, bon ! il sont
moi. C’est que si nous ne plus près de l’école, peut
faisons pas une croissance être encore un peu loin de
différente, égalitaire à l’école, si nos concitoyens
la base qui part de nos ont encore ces sentiments,
populations, qui part de nos c’est une menace pour notre
paysans de nos artisans, société, une menace pour la
des femmes, des jeunes cohésion sociale, avec des
mais vraiment à la base, risques de délinquance, avec
la croissance économique des risques de malaise, avec
ne résout pas tout. Elle ne des risques qui sont si vous
tire pas de la misère ou du regardez autour de vous
chômage, une grande partie en Afrique, assez fréquents
de notre population. Et cela et dont nous sommes pour
pour moi c’est quelque chose l’instant comme pays assez
que j’ai vu partout d’un bout paisiblement protégés.
à l’autre du pays. Et c’est Mais cela ne peut pas durer
vraiment très, très important toujours, des risques de
parce que même si nous radicalisation voilà, donc
faisons que la croissance moi c’est ce qui m’a frappé
économique de notre pays, dans tous les contacts avec
donc la richesse, augmente les populations. Comment
comme elle a augmenté dans faire que notre société soit
les 10 dernières années elle une société égalitaire où on
a presque doublé. Si 30 ou ne laisse personne derrière
40%, presque la moitié de nous et où il n’y a pas 50%
nos concitoyens vivent de des gens qui vont mieux

-- 100 --
parce que la croissance cela
fabrique des riches même M. Christian GNACADJA.
des nouveaux riches 50% Et pour ne pas en arriver
de gens qui construisent là vous avez déϔini cinq (5)
50% de gens qui achètent cibles, Hortense Saïzonou.
des voitures qui font des
embouteillages cela on le Mme Hortense SAÏZONOU.
voit tous les jours. Et puis Oui, il a déϔini cinq (5)
50% ou 40% qui n’ont pas cibles. Il y a d’abord comme
changé de vie voire qui ont vous l’aviez dit la promotion
plus de problèmes, parce que des jeunes, il y a ensuite
notamment leurs enfants ne les populations les plus
venant pas sur le marché modestes, il y a le monde
du travail, ne trouvant pas rural, le secteur privé et
l’emploi que leur mérite puis en ϔin la diaspora.
leur permettait de trouver Et bien moi, je m’en vais
pendant des années, ils ont vous demander monsieur
plutôt plus de charges même Lionel Zinsou, vous placez
les familles très pauvres les jeunes au premier rang
qui ont fait beaucoup de de vos cinq (5) cibles. Les
sacri ices pour l’éducation. cinq (5) cibles de votre
Si on n’est pas capable d’aller programme qu’est-ce que
directement à des solutions vous leur réservez dans
pour l’emploi, directement l’avenir ?
des solutions pour que
l’agriculteur qui vit au seuil, M. Lionel ZINSOU. Il faut
au seuil de la survie vive bien voir que ce qui se passe
mieux un peu mieux chaque avec nos jeunes se passe
année, si on ne trouve pas dans toute l’Afrique. C’est
ces solutions on va menacer un sujet sur lequel depuis
la paix, le consensus dans la 15 ans, j’insiste, depuis 15
société béninoise. ans, je ré léchis. Parce que

-- 101 --
vous savez, on m’a collé mais ils sont 2 fois mieux
une petite étiquette d’afro formés ils sont beaucoup
optimiste, mais je crois que plus nombreux à avoir été
l’Afrique est en train de alphabétisés et avoir conduit
trouver ses solutions. Mais des études. Cela, c’est une
il y a un problème sur lequel réalité indépassable. Qu’est-
tout le monde lutte et qui ce qu’on fait dans ce cas
est l’emploi des jeunes. Vous là ? Par tous les moyens du
savez pour une raison assez développement de la bonne
simple dans ma génération gouvernance par l’ef icacité
quand je suis né en 1954, de la méthode on augmente
il y avait moins de deux de la croissance plus il n’y
(2) millions d’habitants aura pas de croissance
au Bénin. Ma génération, dans ce pays, c’est-à-dire si
elle va partir sa tâche on passe de 5 à comme la
accomplie dans quelques côte d’ivoire 8 ou 9 comme
années à la retraite. Elle l’Ethiopie ou le Rwanda 10%
va être remplacée par une par an ce qui est un exploit,
génération qui est née dans oui, un exploit un peu à la
un pays où si vous avez vous chinoise. Il y a peu de pays
20 ans aujourd’hui il y avait qui ont fait cela. Mais si on
huit millions d’habitants 4 fait cela et on peut le faire
fois plus. Aujourd’hui nous dans ce pays parce qu’il y
avons 11 millions d’habitude a beaucoup de potentiel
et donc, il y a ce remplacement et qu’il y a une bonne
extraordinaire par des jeunes marge de manœuvre pour
beaucoup plus nombreux gouverner avec méthode
d’une génération qui va leur pour le développement. Si
laisser sa place qui était on fait cela, on aura résolu
4 fois moins nombreuse. qu’une partie du problème
Et non seulement ils sont parce que les entreprises,
quatre fois plus nombreux oui ! Pourront un peu plus

-- 102 --
recruter puisqu’elles auront sont très rarement bien
plus de chiffres d’affaires, inancées. Nous avons très
mais cela ne suf ira pas parce rarement du crédit agricole
que par chance cela ne sera pour qu’ils aillent jusqu’à
qu’une solution partielle. nos paysans. Nous n’avons
pratiquement aucune
M. Christian GNACADJA. formule de inancement pour
Cela ne serait qu’une so- inancer les PME, les petites
lution partielle. Alors, que entreprises, les artisans très,
faire pour aller au-delà ? très peu, ce sont des gens qui
se plaignent de n’avoir aucun
M. Lionel ZINSOU. Il faut des accès aux inancements.
mesures qui permettent de
créer des activités nouvelles. M. Christian GNACADJA.
On ne peut pas compter Mais là monsieur Zinsou,
simplement sur les activités vous retournez au diagnos-
qui existent en disant avec tic, nous sommes à l’ère des
plus de chiffres d’affaires. solutions.

Mme Hortense SAÏZONOU. M. Lionel ZINSOU. C’est


Quelles seront les ces absolument fondamental.
activités nouvelles ? Nous installerons d’ailleurs
pour les prêts une banque
M. Lionel ZINSOU. Et donc agricole dont les guichets
les activités nouvelles dans seront dans la commune
les entreprises ou bien près des gens.
dans les collectivités locales
dans les communes, il faut M. Christian GNACADJA.
que nous soyons prêts à Ce sont vos propositions
les créer et à les inancer. pour le monde rural nous y
Vous savez nos économies, arriverons. Pour les jeunes
nos économies en Afrique d’abord ?

-- 103 --
M. Lionel ZINSOU. Nous M. Lionel ZINSOU. De
ferons la même chose pour mon point de vue elle doit
les artisans de façon a consister à faire rentrer dans
rendre possible dans ces l’entreprise et pour cela il
secteurs-là de créer des faut exonérer l’entreprise de
emplois pour les jeunes. toutes les charges de l’impôt
Mais moi, ma conviction est sur les salaires, pour les
un peu différente de celle jeunes en premier emploi
des autres candidats. Je qu’elle recrute cela c’est une
pense que oui, la croissance aide à l’entreprise privée
va faire des emplois, je pense ou publique. Mais surtout
que oui de rapprocher le privée
inancement à la base cela
va créer des emplois ruraux
M. Christian GNACADJA. Et
et urbain. Mais cela ne suf it
justement parlant d’aide
pas parce que vous allez
à l’entreprise, monsieur
devoir dire à nos jeunes
Zinsou, on lit dans votre
dans trois ans, dans quatre
projet de société qu’il
ans, la croissance sera plus
forte vous aurez un emploi. faut transformer le statut
Mais, qu’est-ce qu’on fait actuel du FNPEJ. Qu’est-ce
le mois prochain ? Qu’est- que vous sous-entendez ?
ce qu’on fait ? Parce que les
jeunes ils sont là ils sont M. Lionel ZINSOU. Je sous-
quali iés et formés parfois entends que pour ceux qui
ils sont depuis 2, 3, 5 ans veulent créer leur entreprise
au chômage. Moi je pense il faut qu’on ait plus de
qu’il faut faire une mesure moyens à travers ce fonds.
de solidarité nationale Ce fonds étant un des grands
maintenant en 2016. acquis du Gouvernement du
Dr Boni Yayi. Il faut qu’il y ait
M. Christian GNACADJA. plus de moyens et il faut qu’il
Elle consiste à quoi ? puisse non seulement faire

-- 104 --
des crédits, mais aussi qu’ils entreprise a un centre de
puissent prendre des risques formation gratuit. Moi, je
et donner du capital, capital suis prêt comme employeur.
cela serait mineur si on fait
des pro its seulement avec M. Christian GNACADJA. A
des dividendes. Les jeunes Cotonou, monsieur Zinsou ?
n’ont pas accès au capital.
Comment voulez-vous M. Lionel ZINSOU. A
commencer une entreprise Cotonou.
avec 1 million, 5 millions
ce n’est pas possible il faut M. Christian GNACADJA.
que le FNPEJ ne fasse pas Elle s’appelle ?
que du crédit mais prenne le
risque à côté du jeune. Mais M. Lionel ZINSOU. « La
revenons peut-être à votre Compagnie de Services aux
question. Cette mesure que Entreprises du Bénin ».
moi je veux voir en 2016 c’est Je vous la conseille. Elle
faciliter pour les entreprises fait de la maintenance, de
en les exonérant d’un certain la manutention, mais, je
nombre de charges. Et en ne suis pas sur qu’il faille
rémunérant les entreprises faire de la publicité. Elle
pour la formation qu’elles fait du nettoyage et elle
donneront à ces jeunes à côté a un centre de formation
de leur emploi, rémunéré gratuit qui forme pour elle-
par un concours du budget même et pour que des gens
national, rémunéré leur deviennent employeur.
entrée dans l’entreprise. Demain, nous pouvons
C’est possible moi j’ai créé prendre plus de salariés, on
une petite entreprise, vous exonère de charges sociales,
avez dit que j’ai créé une on exonère de l’impôt sur les
fondation, je me suis crée salaires pour ces nouveaux
une entreprise. Et cette emplois et il y a une partie,

-- 105 --
le tiers-temps, qui est un risque en capital. Sept (7)
de la formation et l’état ou huit (8) ans plus tard cela a
rémunère cette formation créé des entreprises qui sont
et là également pour les viables qui sont pérennes
collectivités locales. qui ont augmenté les
emplois. Elles sont surtout
Mme Hortense SAÏZONOU. dans la transformation de
Vous parlez de création nos produits agricoles elles
d’incubateurs pour accom- sont surtout dans les travaux
pagner les entrepreneurs publics locaux, les pistes
qu’est-ce à dire ? rurales ce genre de choses et
dans quelques domaines de
M. Lionel ZINSOU. services. Bon moi je l’ai fait
Absolument. Alors là c’est avec quelques amis. On a créé
une autre expérience que je cela on est allé demander
ne vais pas citer (rire) qui est de l’aide à la coopération
qu’avec quelques amis nous Suisse à la Picardie qui nous
avons créé sans en parler l’avait accordé volontiers on
de la personne à Dassa- y a mis quelques ressources.
Zounmè et à partir de 2013 On en a parlé à personne
dans le Borgou à Parakou. franchement c’est fait
Un modèle d’incubateur maintenant avec…
dans lequel vous recevez des
conseils dans lequel on vous M. Christian GNACADJA.
prête des locaux, dans lequel Mais vous l’inscrivez
on vous aide non seulement maintenant dans le projet.
comptabilité mais aussi en
marketing de vos produits, M. Lionel ZINSOU. Oui,
en conditionnement de vos parce que je pense que
produits et avec un petit cette expérience elle existe
fonds d’investissement on déjà en matière de gestion,
vient avec vous pour prendre centre de gestion agréé,

-- 106 --
mais l’incubateur c’est un toute une série de travaux de
peu plus cela donne un peu numérisation à leur niveau.
plus de l’accompagnement Ils ont besoin de jeunes très
et moi je peux dire que cela quali iés mais, même méca-
marche. Mais encore une fois nisme mais là on prend en
madame Gnacadja, cela si on charge tout le salaire parce
multiplie ses expériences que les communes n’ont
d’incubateurs, il y une ex- pas les ressources alors que
périence très intéressante les entreprises ont les res-
au Campus d’Abomey-Calavi sources. Et cela en 2016 on
créé par les autorités recto- appelle cela des « emplois
rales d’un incubateur pour aidés », si vous voulez, mais
les petites entreprises inno- si les gens sont dans cette
vantes des start-up comme structure pendant deux (2)
on les appelle pour les étu- ou trois (3) ans ils peuvent
diants. C’est excellent cela. s’attendre que la croissance
Mais cela produit des effets nous rattrape.
à trois (3) quatre (4) ans.
Moi je veux qu’en 2016, les Mme Hortense SAÏZONOU.
gens sachent que pour plu- Mais est-ce qu’il faut
sieurs dizaines de milliers beaucoup d’argent pour
d’entre eux ils peuvent aller créer ces incubateurs ?
vers une entreprise accom-
pagnée et aidée par l’Etat. M. Lionel ZINSOU. Oui !
C’est un effort de solidari- Une des différences entre
té nationale, c’est un effort mon programme et d’autres
budgétaire et qui peuvent programmes. C’est que
aller vers leur maire, les j’essaie de chiffrer toutes
collectivités locales qui ont les mesures importantes, et
beaucoup de besoins pour le je dis oui c’est un effort de
cadastre pour renforcer des solidarité nationale et je le
structures de santé, pour chiffre. C’est que ce que j’ai

-- 107 --
estimé pour l’instant 0,5%,
un vingtième… M. Lionel ZINSOU. Oui, c’est
cela.
Mme Hortense SAÏZONOU.
Du budget national ? M. Christian GNACADJA.
On retourne à l’Etat provi-
M. Lionel ZINSOU. Non, du dence ?
produit intérieur brut, c’est-
à-dire toute la richesse na- M. Lionel ZINSOU. Ah ! Oui
tionale, c’est-à-dire que c’est absolument. Alors, c’est
plus près de 2% du budget très bon, votre formule. Je
national. Est-ce qu’on ne pense que si un pays n’est
peut pas faire ça pour les pas capable de faire pour
jeunes 2% du budget. 05, un cette majorité de jeune un
vingtième de notre richesse. effort de solidarité que vous
Vous parlez aussi de l’accom- appelez de la providence,
pagnement des jeunes mais très bien appelons cela,
de la providence à l’aide si
M. Christian GNACADJA. un état n’est pas capable
Non mais nous attendions de faire cela je pense qu’il
de vous voir à l’œuvre, a failli. C’est la même chose
nous attendions de voir pour les plus pauvres d’entre
comment cela va se passer. nous. Oui, il y a peu un besoin
d’état providence. Est-ce que
M. Lionel ZINSOU. Mais il l’État a les moyens de faire
faut accélérer cela. cela. Moi, je pense que dès
le collectif budgétaire que
M. Christian GNACADJA. nous mettrions en place si
Et puis vous parlez aussi nous sommes élus, je parle
d’un accompagnement des en disant nous comme le
jeunes pendant 3 ans par Président Kérékou. Je parle
un appui budgétaire. d’une équipe et je parle

-- 108 --
d’une alliance parce que très important, il faut avoir
nous aurons quand même, les moyens parlementaires
si on nous fait con iance, de faire cela dès le collectif
nous aurons quand même budgétaire.
les moyens législatifs de Deuxièmement, je crois
faire passer le collectif beaucoup que notre écono-
budgétaire sur lequel nous mie n’est pas inancée, je
sommes d’accord puisque vous l’ai déjà dit, pour l’agri-
nous croyons aux partis culture et l’artisanat. Nous
politiques nous avons avons un instrument que
avec nous la majorité des nous allons créer qui s’ap-
particules est donc une pelle « fonds souverains »
majorité parlementaire qui le Nigéria a créé cela, le Ga-
est relativement forte. Si on bon a créé cela, tous les pays
peut faire cela d’Asie ont fait leur croissance
à l’aide d’un fond souverain.
M. Christian GNACADJA. Un fonds d’Etat qui est desti-
Vous êtes dans les prévi- né à préparer les générations
sions en tout cas. futures, à investir de façon à
voir le rendement, le produit
M. Lionel ZINSOU. Ecoutez, de l’investissement pour les
moi je vous parle au moment générations futures mais de
ou vous m’enregistrez, façon à doter la génération
j’espère qu’au moment d’aujourd’hui des moyens de
ou cette émission passera l’action. Ce fonds souverain
l’alliance sera encore plus nous allons le constituer
importante pour l’instant avec les provisions, les excé-
elle grandit tous les jours. dents que détient l’État à tra-
Mais vous avez raison il est vers le système de sécurité
possible qu’elle maigrisse. sociale, il détient aujourd’hui
Nous verrons bien pour 600 milliards de franc CFA
l’instant elle grossit c’est d’excédent disponible. Nous

-- 109 --
devons le rendre très actif M. Lionel ZINSOU. Moi je
et non pas le laisser en dé- suis également en désaccord
pôt à terme et en obligation avec le discours habituel
d’Etat. Nous devons en faire sur les jeunes et leur accès
un fonds géré par les pro- à l’emploi. Il y a un discours
fessionnels, il ne s’agit pas que je ne peux pas supporter
un instant que ce soit l’État qui est : « si vous n’avez pas
qui dise sur mes critères à d’emploi c’est parce que
moi politique je vais vous vous avez fait les mauvaises
inancer vous. Il faut que ce études ». Vous êtes
soit les professionnels qui coupables de ne pas avoir
véri ient que les projets sont d’emploi. Soyons sérieux. La
viables, qu’ils accompagnent raison pour laquelle il n’y a
les entrepreneurs parce que pas d’emploi c’est que quand
ce sont des investisseurs vous installer une génération
professionnels. Vous savez quatre fois plus nombreuse,
si on utilise 400 milliards deux fois mieux formée vous
de ses provisions pour cela, avez un vrai problème. Vous
c’est quelque chose qui n’est devez développer pour elle
jamais apparu dans notre énormément d’activités
économie ce fonds souve- nouvelles. Ce n’est pas
rains est une arme absolu- parce qu’ils ont fait de la
ment fondamentale pour ac- sociologie, moi j’ai fait de
compagner les jeunes. Il faut la sociologie. Ce n’est pas
le remplacer. parce qu’ils ont fait des
lettres moi j’ai commencé
M. Christian GNACADJA. mes études par une licence
Nous sommes déjà à une de lettre classique. Est-ce
vingtaine de minutes nous que cela m’a empêché d’être
allons clôturer ce volet de la chef d’entreprise, cadre
question avec certainement d’entreprise ?
l’employabilité des jeunes.

-- 110 --
M. Christian GNACADJA. aux jeunes ici.
Vous ne l’aviez pas fait en
2016. C’est une question de M. Lionel ZINSOU. Oui mais
période ? cela n’a aucune importance
parce que vous pouvez être
M. Lionel ZINSOU. Ah ! Non, diplômés de géographie
non ce n’est pas une question ou de lettre, on va vous
de période. Je vous assure former en quelques jours
apprendre c’est apprendre à et quelques semaines cela
apprendre c’est apprendre à dépend du langage que vous
penser on le fait dans toutes voulez apprendre.
les disciplines. En revanche
il y a un moment vous entrez M. Christian GNACADJA.
dans l’entreprise et vous Plus brièvement, à présent,
devez parler son langage et comment renforcer l’em-
à ce moment-là vous devez ployabilité des jeunes ?
apprendre des langages
professionnels c’est mieux si M. Lionel ZINSOU. Voila
vous savez aussi vous servir le programme que je viens
des outils numériques, c’est d’exposé, ce programme
mieux si vous avez même solidarité national avec
codé à la limite. Vous-même, les jeunes, dont je viens
c’est mieux si vous savez les d’expliquer le inancement,
concepts de la gestion de il doit avoir un volet
base, mais moi, je me fais de formation que vous
fort pour l’avoir fait dans le soyez dans l’entreprise,
passé. Mais je suis capable de l’entreprise sera rémunérée
vous en former une semaine pour la partie le tiers-temps
sur la comptabilité. de formation. Que vous
soyez dans une commune,
Mme Hortense SAÏZONOU. on demandera à la commune
Mais on ne l’apprend pas même si elle vous utilise

-- 111 --
vous qui êtes un technicien vivantes dans l’extrême
pour accélérer les travaux pauvreté. En quoi consistent
de forage, on lui demandera ces mesures et puis quelles
que ce soient les deux tiers sont les critères qui fondent
de votre temps de façon que les choix de ces familles ?
pendant un tiers puissiez
accéder à des formations M. Lionel ZINSOU. Alors, là
notamment sur Internet ou encore sur l’appréciation des
que vous soyez dans le pays, critères, je crois qu’on doit
accéder à une formation cela reposer sur l’administration
peut très bien par Internet de proximité c’est pour cela
de manière que vous soyez que les communes et la
plus quali ié encore avec décentralisation cela ont tant
une expérience de travail, d’importance dans la société,
une expérience de formation aujourd’hui, mais demain
et au bout de trois ans beaucoup plus. Si on veut
vous puissiez être dans la faire une nouvelle société
meilleure condition. au Bénin, on n’a besoin de la
proximité. Donc, il faut qu’au
M. Christian GNACADJA. niveau des chefs de villages,
Merci, monsieur Lionel des chefs d’arrondissements,
Zinsou. A présent, nous des maires eux-mêmes on
abordons le volet des soit capable de dire voilà
populations que vous les familles qui sont plus
appelez les plus modestes, pauvres que les autres,
Hortense Saïzonou. les plus pauvres des plus
pauvres. Pourquoi ? Pourquoi
Mme Hortense SAÏZONOU. moi cela m’obsède ? Parce
Oui! Votre projet de société qu’il y a et je m’appui sur
prévoit des mesures les travaux qui ont été faits
spéciales pour 100.000 par des équipes béninoises
familles béninoises des équipes de la banque

-- 112 --
mondiale sont en cours, qui avancez un chiffre, 100.000
pour l’instant chiffre cela à francs CFA par an pour les
un petit peu moins de 4%. mères les plus défavorisés.
Moi, je crois que c’est 5%
de notre population d’où M. Lionel ZINSOU. Si vous
les 100.000 familles sur voulez. Moi, je pense qu’il
2.000.000. Il y a des gens y a un besoin de transferts
dans notre société qui ne monétaires de transfert en
sont pas seulement pauvre franc CFA direct à ces familles
mais dont on est sûr que parce que la situation,
leurs enfants seront pauvres. elle est trop grave pour
Pourquoi ? Parce que les que ce soient simplement
carences en matière de des programmes très
revenus, même en matière compliqués dans lesquels
d’alimentation sont telles on leur donne de nouveaux
qu’ils vont avoir un handicap soins, de nouveaux services,
et quand vous n’avez pas non ! Il faut aussi une aide
d’égalité des chances pour en francs CFA qui leur soit
vos enfants, vous ne pouvez remise.
pas avoir d’espoir si pauvre
que vous soyez, que vos M. Christian GNACADJA.
enfants vivront mieux, là C’est efϔicace cette façon de
vous êtes dans une espèce faire ?
de sentiment de misère dont
on ne se relève pas. Ça aussi, M. Lionel ZINSOU. Je veux
vous allez l’appeler, l’Etat dire qu’il y a des travaux
providence. Moi, j’appelle banque mondiale, qui seront
cela tout simplement l’État bientôt sur Internet, sur notre
au fond solidaire. pays. Il y a des expériences
d’Afrique de l’Est qui sont
M. Christian GNACADJA. extrêmement probants,
Dans cette solidarité vous c’est ce qui coûte le moins

-- 113 --
cher en l’administration dans la première semaine
du programme et ce qui que vous pouvez développer
va le plus directement des carences qui vous
aux familles. Mais il y a poursuivrons toute votre
mesures complémentaires vie. Et donc cela aussi, après
de cela. Vous savez, après la césarienne gratuite il y
la césarienne gratuite, moi a l’aide nutritionnelle à la
je crois que les politiques femme enceinte et au tout
du Président qu’il faut petit enfant, au nourrisson,
absolument qu’on médite il y a un cap à passer.
bien parce qu’on doit faire Après c’est moins dif icile,
la même chose c’est l’école mais la première semaine
gratuite. Cela a atteint les plus les dernières semaines
pauvres. C’est la césarienne de grossesse c’est très
gratuite, cela a atteint les important.
femmes les plus pauvres,
c’est le micro inance qui M. Christian GNACADJA.
faut qu’on élargisse pour Un mot sur la source de ce
les plus pauvre. Mais, je transfert monétaire à faire.
crois qu’on a un problème L’argent proviendra d’où ?
plus particulier, on travaille
là-dessus avec l’Unicef M. Lionel ZINSOU. Alors en
dans les communes de occurrence, le programme
Malanville et de Karimama. banque mondiale qui est en
C’est un programme qui cour d’étude et de précision
est extrêmement fécond et prévoit que la banque
qui est un programme de mondiale concourra de façon
nutrition de la mère quand très importante à le inancer.
elle est dans une famille La préoccupation si vous
pauvre dans le temps de la voulez, que je vous exposais
grossesse et de nutrition de d’entrée de jeu, la croissance
la première enfance. C’est ne fait pas le développement.

-- 114 --
On peut avoir un pays qui aux pays en guère, dans les
double sa richesse c’est camps de réfugiés et donc ils
ce qui nous est arrivée en savent aller partout très vite,
10ans et les gens se sentent très ef icacement. Nous nous
aussi pauvre et d’ailleurs ils ne savons pas faire cela de la
ont raison parce qu’ils sont même façon. C’est pour cela
aussi pauvre qu’avant. Cela que je propose que ce soit
c’est intenable cela donne fait au niveau des communes
des révolutions, cela donne qui seront beaucoup plus
du terrorisme, cela donne proches pour organiser les
de la radicalisation, cela cantines scolaires. C’est la
donne de la désespérance. même chose que la gratuité,
Et les bailleurs de fonds sont c’est la même chose que la
conscients de cela. gratuité de l’école.

Mme Hortense SAÏZONOU. M. Christian GNACADJA.


Dans le même ordre Est-ce que vous savez
d’idées vous parlez de qu’il y a eu récemment un
la généralisation des scandale dans ce domaine.
cantines.
M. Lionel ZINSOU.
M. Lionel ZINSOU. Nous Absolument ! Je sais
avons deux expériences, parfaitement qu’il y a eu
les cantines de l’État les un scandale ne pensez pas
cantines du programme que j’ignore le scandale.
alimentaire mondial des Une partie de la ré lexion
Nations unies, cela marche sur comment on améliore
mieux beaucoup mieux, avec la gouvernance, c’est…
le programme des Nations oui ! parce que quand vous
unies pourquoi ? Parce que devez… vous avez remarqué
ce sont aux spécialistes que c’est un scandale très au
d’apporter la nourriture nord de notre pays quand

-- 115 --
vous devrez aller porter M. Christian GNACADJA.
des vivres pour nourrir Monsieur Lionel Zinsou,
dans chaque école chaque il ne nous reste qu’une
écolier, cela coûte 100 Fr par vingtaine de minutes.
écolier par jour quand vous
faites ça et que vous avez Mme Hortense SAÏZONOU.
des problèmes de logistique, Avant de quitter ce volet,
il faut faire des achats sur nous allons parler des
place, recevoir une partie en lampes solaires que vous
retard qui vient de Cotonou, êtes en train de distribuer.
vous êtes devant une
mauvaise organisation et à M. Christian GNACADJA.
ce moment-là cela devient Mais avant de l’aborder,
opaque et tout est possible, monsieur Lionel Zinsou,
il y des gens qui peuvent est-ce que sur ce point,
s’amuser à faire de petit vous n’êtes pas en violation
commerce avec cela. du code électoral, quand
on vous voit procéder à la
M. Christian GNACADJA. distribution de ces lampes
On pourra rendre cela plus dans cette période ?
transparent ?
M. Lionel ZINSOU. Vous ne
M. Lionel ZINSOU. Il faut le m’avez vu d’aucune manière
faire au niveau de proximité, faire cela. Ces images que
il faut le faire au niveau de la vous avez, je suis allé voir une
commune, il faut que si les distribution à Avlékété qui
habitants s’aperçoivent que était la première distribution
les vivres n’arrivent pas, que du test opérationnel. Je
l’huile amélioré de vitamines n’étais pas candidat. Comme
n’est pas là, sachant que cela, c’est plus simple.
les parents contribuent
énormément M. Christian GNACADJA.

-- 116 --
Vous étiez déjà pressenti. Et toutes les familles 100% et
la loi le dit que c’est 6 mois là encore pour atteindre les
avant le scrutin. plus pauvres aussi reçoivent
à travers leurs enfants dans
M. Lionel ZINSOU. Ah ! Non, les l’école parce que c’est
il y a un de mes excellents le moyen d’atteindre déjà
concurrents et d’ailleurs 80%. Les chefs de village
ami de longue date qui a s’occuperont des familles
dit que c’était des gadgets. qui n’ont pas d’enfants
Donc, vous pensez que c’est scolarisés, reçoivent des
comme de distribuer des lampes qui leur permettent
porte-clés? Attendez! Cela de sortir de l’obscurité. Il y a
n’a rien à voir. D’abord, ce 70% de nos compatriotes qui
n’est pas le candidat Lionel sont dans l’obscurité. Mais
Zinsou en aucune manière. ce n’est pas cela peu être
C’est l’État. Et en plus, cela le plus important. Le plus
va être la ierté de l’Etat important c’est que quand
béninois. vous avez quatre enfants
scolarisés qui reviennent
M. Christian GNACADJA. On avec quatre lampes, et dans
a du mal à dissocier le pre- votre maison il y a quatre
mier ministre du candidat. lampes. Vous n’utilisez plus
le pétrole lampant vous
M. Lionel ZINSOU. Ah ! Mais n’achetez plus de piles pour
ça c’est une autre polémique. vos torches.
Mais sur cette question c’est
la République du Bénin. Et Mme Hortense SAÏZONOU.
je vous assure cela fera la C’est une économie.
ierté du prochain président.
Ce que nous faisons, c’est de M. Lionel ZINSOU. Mais
faire deux choses simples. c’est une économie qui n’in-
C’est de faire en sorte que téresse aucun présiden-

-- 117 --
tiable. Ils pensent que c’est M. Lionel ZINSOU. Le RAMU,
des gadgets parce que c’est c’est une autre institution
comme donner des porte- que nous lègue le Président
clés. D’ailleurs, il y a un autre Boni Yayi qui est rare en
présidentiable que j’aime Afrique et fondamental.
encore plus, qui lui-même Nous avons nos frères du
donne des lampes, ah ! C’est Mali qui ont fait des choses
une bonne idée là ça de- très intéressantes là-dessus,
vient peu être légèrement nous avons nos frères du
électorale. Mais par famille Rwanda qui ont fait des
on a calculé sur le test opé- choses très intéressantes,
rationnel dans les 12 ap- là-dessus, mais en dehors
partements que c’est 8.000 des pays les plus développés
francs par mois d’économie, d’Afrique du Nord et d’Afrique
8.000 francs par mois. Si du Sud il n’y a pas de moyens
vous connaissez le niveau d’assistance médicale de
de revenus monétaires des couverture médicale qui soit
familles une famille pour ef icace pour à terme toute
8.000 francs par mois, cela la population. Et donc, c’est
change sa vie et que vous de- pour l’instant en cours cela
mandez aux gens qu’est-ce vient d’être voter cela été
qu’ils vont faire, améliorer voté il y a moins d’un mois
l’alimentation, maître un des et ça a été lentement mis
grands au collège participer en place d’un point de vue
à la tontine, 8.000 francs, législatifs maintenant c’est
cela change la vie. Cela fait opérationnel. Ça voudra dire
100.000 francs par an et une couverture médicale
cela... pour tous d’abord dans le
secteur formel, et si on utilise
Mme Hortense SAÏZONOU. bien une autre avancée ou
Le RAMU, qu’est ce que vous le Bénin est premier de
pensez en faire ? tous les pays de ce qu’on

-- 118 --
appelle l’OHADA c’est-à-dire monde rural. Commençons
des pays qui ont le même par le foncier.
système juridique, c’est-à-
dire le système juridique de M. Lionel ZINSOU. Je crois
l’entreprenant pour l’instant que ce qu’il faut voir dans
il y 700 personnes dans ce le raisonnement sur cette
régime en test le problème nouvelle société que nous
du prochain président est voulons, il faut cesser de
d’en faire 700 000. C’est- dire que nos paysans sont
à-dire vous avez un statut, des analphabètes qu’il faut
vous êtes dans le secteur encadrer et assister, qu’ils
informel, mais qui vous sont au seuil de la survie.
permet de faciliter beaucoup Qu’est-ce qu’ils ont fait en
vous formalités d’accéder 10ans ? Ils ont doublé le
aux crédits et d’accéder à produit le produit agricole.
l’assurance du risque. Au Comme on ne nous donne
marché Dantokpa vous toujours que des chiffres
pouvez vous assurer contre sur le coton qui est stable,
l’incendie, contre l’explosion, on s’aperçoit ne pas que
cela c’est important et à l’ananas, le soja qui étaient
l’assurance maladie à travers très peu de chose, sont
le RAMU. Donc… maintenant beaucoup
de chose le karité, que le
M. Christian GNACADJA. maïs, ont énormément
Merci bien. Le monde rural progressé, que le manioc ont
à présent est le troisième énormément progressé, que
pilier, la troisième cible l’élevage ont énormément
de votre programme progressé. Donc, nous
d’action. Alors là vous sommes dans une agriculture
parlez exactement de huit dynamique et toutes les
mesures, huit mesures mesures se déduisent de là.
que vous prévoyez pour le Je ne suis pas sûre de vous

-- 119 --
les égrainer toutes les huit. carte dite de fertilité parce
Toutes se déduisent de là. Et que c’est comme cela que
si vous voulez qu’on parle cela s’appelle dans le monde
du foncier. Nous avons une entier. Nous n’avons pas
chance considérable. Vous aujourd’hui d’analyse au
savez que notre territoire niveau de l’arrondissement
c’est 11 millions d’hectares et du village, des conditions
c’est 110.000 km², 11 de fertilité et donc des
millions d’hectares. Vous engrais parfaitement
enlevez les villes vous adaptés pour ça. Les
enlevez les bassins des Marocains ont une spécialité
leuves vous avez 8 millions là-dedans extraordinaire. Ils
ont bien voulu déjà envoyer
de surfaces à exploiter, on
deux missions. Nous allons
l’appelle cela la surface
faire une carte nationale de
agricole utile. On en utilise
la fertilité. Vous ne changez
4. Nous avons 4 millions de
rien, pas un seul paysan
terres arables disponibles
ne change. Vous ne mettez
dans notre pays, nous pas un franc de plus dans
sommes un de ceux qui en l’agriculture, mais vous
ont le plus. C’est plus à partir savez en fonction de la
du centre de pays vers le nord différence des sols, dans
avec des problèmes d’eau les collines nous avons des
qu’il faut résoudre, donc des sols ferrugineux et sec, c’est
problèmes d’investissement, de plus en plus aride en
des problèmes hydrauliques montant vers le Nord, dans
ruraux. la vallée de l’Ouémé on est
saturé d’eau. Ce n’est pas du
M. Christian GNACADJA. tous les mêmes sols
Vous prévoyez une carte
dite de fertilité. M. Christian GNACADJA.
Alors, il faudrait adapter
M. Lionel ZINSOU. Une les intrants au sol.

-- 120 --
M. Lionel ZINSOU. Les bradez votre production,
intrants adaptez et non pas c’est très clair et concret, le
le même intrant coton qui sac de maïs de 100 kg que
sert à peu près à toutes les vous vendez 12.000 francs,
cultures on ne change rien et qui est vendu sur le marché
on augmente la production en moyenne à 25.000
de 30%. francs, vous êtes obligés de
brader 6.000 francs. Vous ne
M. Christian GNACADJA. pourrez pas faire trouver les
L’autre gros problème des semences pour la prochaine
producteurs notamment récolte. L’ananas dont vous
producteurs familiaux, allez tirer 100 de produits
c’est l’accès au crédit. de chiffre d’affaires de prix
de vente, si vous le vendez
M. Lionel ZINSOU. Mais en leurs vous allez en tirer
là vous me faites revenir 20 et donc vous êtes chaque
sur une mesure phare c’est fois retombé et cela vous
bien. Le crédit agricole arrive chaque fois vous
au niveau de la commune avait un accident de la vie.
avec des correspondants Chaque fois que vous devez
dans l’arrondissement de régler des obsèques mêmes
façon à sortir nos paysans à la limite, à chaque rentrée
de l’endettement dans les scolaire vous devez avoir un
mains des usuriers. Si vous guichet de micro crédit rural
voulez, il y a une recette où on vous fait une avance
sûre pour retomber tout le sur récolte quand la récolte
temps dans la pauvreté c’est est la vous n’avez pas bradé
de s’endetter auprès des votre produit vous pouvez
usuriers. Et à un moment rembourser votre avance.
vous êtes obligé pour les D’où la création de la banque
rembourser de brader votre agricole. Nous sommes un
production. Quand vous des seuls pays à ne pas avoir

-- 121 --
de banque agricole. Quand M. Lionel ZINSOU. Oui,
je suis arrivé à la primature c’est formidable. Merci!
j’ai trouvé un projet sur une Donc, juste pour vous dire
étagère qui était bloqué que je vois cela depuis des
depuis 2009 entièrement années. Cherchez dans un
inancé par la BOAD. arrondissement une caisse
de Crédit Agricole c’est
M. Christian GNACADJA. l’exception. Nous devons
Elle n’est pas efϔicace la avoir une couverture de
caisse agricole aujourd’hui tout le territoire en Crédit
la CLCAM ? Agricole et normalement
ce peut être mutualiste ou
M. Lionel ZINSOU. Non ! privée. L’État-providence
Aujourd’hui, vous avez, que vous le dite, l’Etat qui
regardé la couverture veut une nouvelle société,
moi, vous allez me dire une société à la base une
comment se fait-il que vous société où le développement
connaissiez le Bénin. Je vais se fait à partir de nos
partout, partout et depuis populations il veut que la
très longtemps j’ai fait une couverture soit totale même
petite expérience de micro chose pour les artisans qui
crédit dans les collines pour sont partout.
les femmes exclues même du
micro crédit j’ai fait cela il y a 8 M. Christian GNACADJA. On
ans avec l’organisation CARE est aussi surpris de vous
qui est une organisation entendre promettre une
américaine. augmentation du fonds de
développement agricole un
M. Christian GNACADJA. Il fond qui peine à décoller
s’agit du programme nous actuellement.
en avons connaissance
monsieur Zinsou. M. Lionel ZINSOU. Il peine à

-- 122 --
décoller il n’a que 3 milliards gens qui pensent que je ne
de ressources, ces ressources la méprise pas, il faut la
sont bloquées. Il a y un chiffre mépriser il faut en dire les
que personne ne connaît réalités, les réalités étaient
c’est le chiffre d’affaire des réalités d’exploitation
de notre agriculture, c’est et de ne jamais rien investir
quand même 2.000 milliards dans la production. C’est
si vous voulez donner par pour cela que nous n’avons
ans si vous voulez donner à pas beaucoup d’industries
nos agriculteurs des avances et c’est pour cela que notre
sur la récolte des moyens de culture se débrouille toute
inancer un petit outillage, seule.
d’acheter ½ hectare de
plus, d’acheter un attelage Mme Hortense SAÏZONOU.
de bœuf, est-ce que c’est Monsieur Zinsou, vous allez
avec 3 milliards sur 2.000 à présent montrer votre
que vous allez y arriver ? logo aux populations.
Non donc nous avons
besoin de proportionner. M. Lionel ZINSOU. Alors,
Notre économie elle doit je suis le petit personnage
être inancée, vous savez en rouge qui a à ses côtés et
l’économie coloniale ne vraiment, vraiment avec lui
inançait pas nos paysans, le cauris des forces cauris,
elle n’avait pas pour but de le soleil de la Renaissance
développer la société. du Bénin sur la carte, et
l’arc-en-ciel qui couvre tout
M. Christian GNACADJA. Il cela. C’est un symbole de
faut rompre avec. l’Alliance Républicaine. Et je
suis en rouge et alors comme
M. Lionel ZINSOU. Il faut la c’est une photographie on
mépriser cette économie, n’a même pas l’impression
je dis ça parce qu’il y a des que je suis «yovo».

-- 123 --
M. Christian GNACADJA. tions très professionnelles
Vous êtes «yovo», monsieur 600 mégawatts d’énergie
Zinsou. nouvelle très largement en
renouvelable et en gaz et
M. Lionel ZINSOU. Ah! contenu de tous les échecs
Mais c’est ce que je lis dans précédents et je me suis déjà
la presse. Je lis dans la expliquer sur le fait qu’il faut
presse que je suis «yovo». reconnaitre ses échecs. Nous
Je lis dans la presque je suis avons des échecs en mainte-
arrivé au Bénin le 18 juin et nance de nos centrales, nous
alors, je cherche un «yovo» avons des échecs avec Ma-
là. Je cherche un «yovo». ria-Gléta qui ne donne pas
J’en trouve un rouge mais le rendement escompté ; là
je trouve qu’il n’est pas si nous avons 600 mégawatts
«yovo» que ça en fait. prêts. Les premiers seront
installés et disponibles
M. Christian GNACADJA. dans quelques semaines les
Alors, nous allons aborder, autres au il de deux ou trois
dans un instant, le secteur ans mais ça veut dire que ça
privé, Monsieur Zinsou. permet de tripler la capacité,
Mais on ne le fera pas sans l’offre d’énergie.
vous permettre de dire un
mot sur l’énergie et l’eau M. Christian GNACADJA. En
potable pour clôturer le combien de temps ?
volet du monde rural.
M. Lionel ZINSOU. Mais je
M. Lionel ZINSOU. Alors ! veux surtout vous dire qu’il
Sur l’énergie, c’est peut- y a le réseau et surtout cet
être une des choses dont ce offre nouvel. Il faut faire
gouvernement doit être le plus que ça c’est pour cela
plus ier, il a vraiment mis que le Projet Lumière pour
en place avec des conven- tous, les gadgets électoraux,

-- 124 --
des lampes électorales point un système de garantie
dont vous me parlez pour qui permet des investisseurs
l’instant elles n’ont atteint privés de faire eux-mêmes
que 200.000 familles. Donc, en plus de l’État, puisse
je ne veux pas avoir de que l’Etat ne suf irait pas
gros impacts électoraux. et puis il y a beaucoup plus
Cela veut dire quoi, c’est important parce que c’est ça
de l’électricité hors réseau, qui va être l’électri ication
solaire propre gratuite il rurale c’est tout ce qu’on
faut qu’on développe cela, fait hors réseau en utilisant
une chose que vous ne savez les énergies renouvelables.
pas encore c’est que dans le Si on fait lumière pour tous
programme Lumière pour c’est pour ça que tous les
Tous ce qui coûte le plus bailleurs de fonds.
cher ce n’est pas du tout
de donner les lampes. Cela (Rires)
coûte 12 milliards. C’est Lumière pour tous, c’est
d’équiper toutes nos écoles, comme si vous l’adoptez. On
tous nos centres de santé de oublie Lumière pour tous.
Kit solaire beaucoup plus Ce que vous ne devez pas
lourd qui là permettent de oublier c’est que si on veut de
mettre aussi des ordinateurs, la lumière, de la connectivité
aussi des machines, aussi si on veut que nos artisans
des échographes des mais aussi nos centres de
appareils de radiologie dans soins. Vous savez comment
les centres de santé qui sont on fait un accouchement
souvent privés d’électricité, dans un centre de soins
donc il y a deux volets. Il y sans électricité ? Il faut
a le volet destiné à réduire faire cela, la torche dans la
puis éliminer le délestage. bouche de la sage femme
La chose la plus importante ce n’est pas possible, cela
qu’on ait fait, c’est mettre au c’est hors réseau, c’est de

-- 125 --
l’énergie propre, l’énergie de la plus dif icile que j’ai eu à
solaire hors réseau. C’est un prendre en tant que premier
instrument d’électri ication ministre c’est de renvoyer
rurale qu’on n’a jamais des crédits qui nous étaient
utilisé et si on applique accordés pour l’équipement
le programme prévu on radiologique de tous les
sera le premier en Afrique centres de santé parce que
et souvent le Bénin aime notre administration n’avait
bien être le premier pas pas su dépenser en cinq ans
seulement en matière plus de 1,7% du programme.
constitutionnelle. J’ai renvoyé ces crédits à la
banque de développement
M. Christian GNACADJA. qui va nous les renvoyer
Entrons dans le secteur heureusement à hauteur
privé à présent, Hortense de 70% du programme et
Saïzonou. on va le mettre en œuvre.
Donc, on a les moyens parce
qu’on a beaucoup d’aide
Mme Hortense SAÏZONOU.
public étant une démocratie
Mais il n’a pas développé ce
et étant parmi les pays les
qu’il veut faire au niveau
mieux gouvernés d’Afrique
des centres de santé.
nous avons, nous recevons
d’aide il faut la mettre en
M. Lionel ZINSOU. Mais œuvre pour les centres de
écoutez, au niveau des santé en plus des efforts
centres de santé il y a toute du budget national. Mais
une politique d’équipement. l’électricité c’est quand
même assez important dans
Mme Hortense SAÏZONOU. le programme.
Avec des tableaux.
M. Christian GNACADJA.
M. Lionel ZINSOU. Ce que Dans 6 minutes exactement,
je dis c’est que la décision nous allons boucler cet
-- 126 --
entretien, Monsieur Zinsou. pas l’inverse. C’est à dire
Un mot sur vos ambitions que les retards de paiement
pour le secteur privé. non justi ié par la trésorerie
parce que nous n’avons pas
M. Lionel ZINSOU. Nous de problèmes de trésorerie
avons un patronat. Il est très signi icative dans notre pays
bien présidé. Nous avons parce que nous avons des
une chambre de commerce, inances publiques saines,
elle est très bien présidée. les entreprises ne sont pas
Il faudra s’assoir tout de au service, elles n’attendent
suite. Tout de suite avec les pas l’administration, c’est
secteurs privés. Mais il faut l’administration qui est au
lui donner des garanties déjà service des entreprises.
précises l’administration est Parce que ce sont les
au service... entreprises qui créent les
emplois, la richesse qui
M. Christian GNACADJA. paient les impôts et qui
S’asseoir encore ? Il y a eu inissent par permettre à
pourtant des assises. l’administration, de vivre.
Deuxièmement, on va
M. Lionel ZINSOU. Cela lui leur donner la stabilité
fera le plus grand bien vous iscale comme un élément
connaissez le président du fondamental. Il n’y aura plus
patronat, il sera ravi qu’on de rétroactivité iscale où on
s’assaille, vous connaissez vous prévient en décembre
le président de la chambre que vous êtes astreint à un
de commerce. On ne va impôt de janvier précédent
pas s’assoir longtemps c’est fondamental. Il n’y aura
parce qu’on va donner plus ce que moi, j’ai vécu
tout de suite les garanties. comme premier ministre,
L’administration est au où je signe en octobre une
service des entreprises et décision de Marcel de Souza,

-- 127 --
ministre du développement, mais ce n’était pas votre
en mai, décision unanime question. Votre question
de vous accorder le béné ice c’était : est-ce qu’on peut ne
du code des investissements pas attendre indé iniment
pour votre entreprise et c’est l’administration alors que
en octobre que le procès les entreprises ont à toute
m’arrive à moi pour que je vitesse. La réponse est très
le noti ie à l’entreprise après simple, il faut adopter ce
que ce soit passé au conseil principe que si dans une
des ministres. procédure l’administration
à 15 jours ou un mois pour
M. Christian GNACADJA. vous répondre. Si elle ne
vous a pas répondu au bout
Mais il y a un problème.
de 15 jours au bout d’un
mois c’est qu’elle vous a
M. Lionel ZINSOU. Ah ! Mais
donné l’autorisation. C’est-
il y a un problème et il y a
à-dire qu’on renverse parce
une solution très simple. Il
que sinon l’administration
y a beaucoup de problèmes peut prendre 2 ans. Les
politiques et qui ont des entreprises ont besoin qu’on
solutions simples. Prenez fasse en un mois.
par exemple au hasard les
examens et concours si on Mme Hortense SAÏZONOU.
veut qu’il soit parfaitement Donnez-nous un mot sur
transparent, on anonyme la monnaie unique. Quelle
les copies et avec tous les est la notion de la monnaie
moyens informatiques unique ?
d’aujourd’hui on est sûr que
tous les gens qui sont reçus M. Lionel ZINSOU. Alors,
au concours ils ont composé écoutez. Vous avez des
parce qu’on compare les candidats qui ont vécu toute
deux ichiers c’est très leur vie professionnelle à
simple à faire. Très simple gérer le franc CFA. Vous

-- 128 --
les connaissez. Ils sont des M. Lionel ZINSOU. Ce n’est
agents de la Banque Centrale pas du tout ma conclusion.
des Etats de l’Afrique de Nous avons besoin d’un
l’Ouest. Je ne suis qu’un grand marché unique de
modeste professeur la CEDAO parce que nous
d’économie. avons besoin d’être 300
millions et pas 10 millions
Mme Hortense SAÏZONOU. de consommateurs, nous
Vous y êtes favorable? Vous aurons donc besoin d’une
êtes un banquier. monnaie unique. La question
de cette monnaie unique
M. Christian GNACADJA. suppose comme toutes les
Nous sommes à 3 minutes monnaies uniques comme
de la ϔin, je vous en prie. cela avait été le cas avec
l’euro comme c’est de cette
M. Lionel ZINSOU. Je suis un
manière déjà le cas dans la
économiste académique que
zone ronde l’Afrique du Sud
maintenant a versé dans un
où on à un bon exemple. Il
pays. C’est très simple. On
faut des convergences de
a une excellente monnaie
qui s’appelle le franc CFA. politique économique. Si un
Je n’ai jamais vu une seule pays qui a 15% d’in lation qui
population dire : «Je n’ai pas est notre plus grand voisin
con iance en en ce billet-là». et puis nous qui avons 0%
d’in lation et qu’on n’arrive
Mme Hortense SAÏZONOU. pas à converger quelle sera
Donc, vous n’êtes pas la valeur de la monnaie ? Elle
favorable. se dévaluera comme le Naira,
elle se renforcera comme le
M. Christian GNACADJA. franc CFA historiquement
Ah ! Mais vous allez très, parce que là le francs CFA a
très vite en conclusion. baissé à cause de la baise de
l’euro, il faut converger. Pour

-- 129 --
l’instant on converge très ont un conservatoire de
bien dans l’UEMOA c’est pour musique est-ce qu’ils ont
cela qu’on a le francs CFA un centre chorégraphique
instrument d’intégration. national pour défendre les
danses traditionnelles et la
M. Christian GNACADJA. danse contemporaine non
Est-ce qu’on peut ϔinir il faut ses infrastructures et
cet entretien par un sujet
puis…
moins économique, la
culture, le tourisme?
M. Christian GNACADJA.
Les Béninois peuvent
M. Lionel ZINSOU. Alors donc vous attendre sur ce
vous savez que j’ai consacré terrain s’ils vous faisaient
un tout petit peu de temps, conϔiance.
et quelques moyens comme
personne privée. C’est très M. Lionel ZINSOU. Écoute!
simple, c’est des emplois J’espère qu’ils n’attendent
parce que les artistes il y en que moi là-dessus.
a beaucoup, c’est de la ierté
parce que nos artistes qui M. Christian GNACADJA.
s’agissent de musique nous Voilà! Et pour ϔinir, est-
somme plus grand éditeur ce que vous pouvez leur
de label depuis les années 60 rappeler votre logo et votre
position sur le bulletin
si vous prenez tous les pays
unique ?
d’Afrique. Les gens ne savent
pas cela du tout. Nous avons
M. Lionel ZINSOU. Alors
des artistes en spectacles je suis en troisième rangé.
vivants exceptionnels, il Vous voyez le logo qui
faut les accompagner. Est s’af iche. Je n’ai pas besoin
ce qu’ils ont un théâtre de commenter. Je suis très
international est ce qu’ils bien entouré entre Monsieur
-- 130 --
Fassassi et mon ami le
Général Gbian.

M. Christian GNACADJA.
Merci à vous, Monsieur
Lionel Zinsou pour avoir
consacré 52 minutes, 52
minutes de votre temps à
partager avec les Béninois
et nous ici d’ailleurs
l’essentiel de votre
projet de société. Merci,
chers téléspectateurs
et auditeurs de la radio
nationale!

-- 131 --
-- 132 --
Patrice Athanase Guillaume TALON
Né le 1er Mai 1958

Journalistes ayant conduit l’entretien :


René TALON
Ogoutchina KOUNDE
ORTB

-- 133 --
M. Ogoutchina KOUNDE. vous êtes opérateur
Bonsoir ! Le 6 avril prochain, économique, marié et
pour la 6ème fois de l’ère du père de famille. Fils de
renouveau démocratique, cheminot, vous rêviez de
un nouveau Président va devenir pilote de ligne, ce
entrer dans ses fonctions. qui vous a conduit après
En attendant cette date, la votre BAC et un DEUG en
campagne s’ouvre avec la maths - Physique à Dugny
présentation des projets en France. Mais par un
de société des aspirants concours de circonstance,
au fauteuil et pour cet vous vous retrouvez depuis
entretien, nous recevons 1985 dans le monde des
Patrice Talon, au cours de affaires. Mais depuis
cette émission eh bien, nous votre fauteuil d’opérateur
allons décrypter son projet économique, vous avez
de société. Il partagera avec toujours gardé un œil sur
nous ses rêves. Il nous dira la vie politique Béninoise.
les réformes qu’il compte Ce qui vous a révélé dans
effectuer s’il était élu. ce registre, c’est bien sûr
Patrice Talon, bonsoir! votre soutien en 2006
et en 2011 au Président
M. Patrice TALON. Bonsoir ! Boni Yayi dont vous étiez
proche ; puis en 2012 vous
M. Ogoutchina KOUNDE. êtes tombé en disgrâce.
J’anime cet entretien avec Trois (03) ans d’exil en
René Talon, c’est lui qui va France et depuis votre exil
se charger de présenter parisien, vous avez lancé,
pour nous le candidat. vous avez dit votre volonté
de briguer la magistrature
M. René TALON. Koundé suprême de votre pays
Ogoutchina, bonsoir. et depuis ce temps,
Monsieur Patrice Talon, vous prônez la rupture.

-- 134 --
Koundé Ogoutchina, voilà d’émotion parce que c’est
brièvement présenté le un moment important dans
candidat que nous avons la vie de notre génération et
en face ce soir. prendre une telle décision,
je mesure la gravité et le
M. Ogoutchina KOUNDE. sérieux. Vous comprenez
Merci, René Talon! pourquoi je peux être très
Patrice Talon, est-ce que ému.
cette présentation de vous,
vous convient-elle ? M. Ogoutchina KOUNDE.
Au cours de cet entretien,
M. Patrice TALON. Tout à nous allons aborder trois
fait! (03) grands volets :
 nous parlerons de la
M. Ogoutchina KOUNDE. politique ;
Est-ce qu’il y a des choses  nous parlerons de
que vous souhaitez ajouter? l’économie ;
 et nous verrons tout
M. Patrice TALON. Tout à ce qui est lié au social.
fait! C’est assez exhaustif. Commençons par le
C’est bien Patrice Talon. volet politique de cette
Merci ! émission, les réformes
institutionnelles. Quand
M. Ogoutchina KOUNDE. on parcourt votre
Alors, maintenant que programme, on se rend
s’ouvre la campagne pour compte que pour la Cour
la présidentielle de cette Constitutionnelle; pour
année, comment vous- la Cour Suprême et pour
sentez-vous ? la HAAC, vous envisagez
des réformes. Est-ce que
M. Patrice TALON. Je me vous pouvez présenter
sens bien, mais rempli aux téléspectateurs et

-- 135 --
aux auditeurs ce que vous C’est malheureux que depuis
comptez faire dans ces quelque temps, les Béninois
secteurs-là ? ont un peu du mal à avouer
leur nationalité.
M. Patrice TALON. Merci !
M. Ogoutchina KOUNDE. La
M. Ogoutchina KOUNDE. situation que vous décrivez
On va commencer par la date de quand ?
Cour Constitutionnelle si
vous le voulez. M. Patrice TALON. La
situation s’est dégradée au
M. Patrice TALON. Avant il du temps.
les détails, il convient
de dire que notre pays a M. Ogoutchina KOUNDE. Ce
besoin avant toute chose mal-être dont vous parlez.
de réforme politique et
administrative qui s’impose M. Patrice TALON. Cela s’est
aujourd’hui. Vous savez, le dégradé au il du temps.
pays va très mal et tout le Nous avons espéré au
monde le sait. Mais ce qui lendemain de la conférence
va mal et qui est la cause nationale aborder une
principale de notre mal- période de grâce, de
être, c’est la gouvernance. La renouveau démocratique, de
mauvaise gouvernance est développement. Les régimes
la cause principale du chaos successifs ont contribué
que nous observons au à leur manière à apporter
Bénin. Le Bénin est devenu une solution à ce problème
malheureusement une de pauvreté et le dernier
terre de grande pauvreté, régime en passe de inir a
de misère, de chômage, soulevé un vent d’espoir en
d’insécurité et même de 2006, nous y avons tous cru
honte. et puis au il du temps, la

-- 136 --
situation s’est dégradée au plutôt rares et je fais partie
point qu’aujourd’hui on a de cette catégorie, je rends
l’impression qu’au Bénin le grâce. Je suis conscient
mot espoir ne veut plus rien que pour mon pays qui m’a
dire. tant donné, pour la grâce
qui est la mienne, je peux
M. René TALON. Monsieur présentement retourner
Patrice Talon, quand vous l’ascenseur à mon pays.
réagissez comme cela,
est-ce que ce n’est pas M. Ogoutchina KOUNDE.
une critique facile d’un Vous avez décrit tout à
opposant puisque vous l’heure, si on s’en tient à
sembliez dire que rien ne vos propos une situation
va ? de chaos, on peut vous
rétorquer que vous y avez
M. Patrice TALON. L’heure participé puisque vous êtes
n’est pas à cette critique. l’un des soutiens du régime
L’heure est aux diagnostics ϔinissant.
et aux solutions. Je ne
suis pas dans la peau d’un M. Patrice TALON. Je suis
opposant parce que le Béninois, j’ai cru au régime
régime est ini. Pour nous, il inissant, j’ai contribué à son
convient de relever le dé i du avènement, je l’avoue, mais
développement. Je suis dans nul n’est Dieu. Avoir la foi
la peau d’un candidat qui a à en quelque chose est plutôt
cœur d’œuvrer pour un bien- noble.
être plus général parce qu’au
Bénin, ceux qui sont capables M. René TALON. Patrice
d’assurer aujourd’hui le Talon, vous aviez eu la foi en
pain quotidien ne sont pas 2006 mais cette même foi
nombreux. Ceux qui ont un vous a poussé à soutenir en
minimum de confort sont 2011 le Président sortant

-- 137 --
pour le renouvellement de cause, c’est assez fort ce
son mandat. que je dis, c’est la mauvaise
gouvernance. La mauvaise
M. Patrice TALON. J’ai gouvernance a trouvé siège
longuement répondu à cette en ce que le pouvoir exécutif
question. Je ne sais s’il est est devenu quelque chose
opportun de revenir là- de trop puissant, trop fort,
dessus puisqu’aujourd’hui, destructeur. Je vais inir.
ce qui importe c’est Le pouvoir du Président
d’apporter des solutions. de la République qui est le
personnage principal de
M. René TALON. Quelles notre modèle politique est
sont alors les solutions devenu quelque chose qui
au plan politique qui sont ne fait que la promotion, le
contenues dans votre rayonnement de celui qui
projet de société ? jouit de ce privilège. Comme
l’homme n’est pas Dieu, un
M. Patrice TALON. Je disais pouvoir trop fort sans limite
tantôt que ce qui importe est forcément destructeur
avant tout, c’est la réforme pour celui qui l’incarne lui-
politique et administrative même et pour le peuple.
du modèle dans lequel C’est pour cela que je dis
nous sommes. La mauvaise qu’après avoir observé à la
gouvernance est l’unique loupe, ce que nous vivons,
mal dont nous souffrons il est impératif de redonner
parce que les Béninois la noblesse nécessaire,
pris individuellement sont indispensable au pouvoir
remplis de talents, sont exécutif en replaçant les
dynamiques et pourtant le balises.
Bénin est demeuré une terre
de pauvreté et de honte M. Ogoutchina KOUNDE.
même. Je répète, l’unique Quand vous diagnostiquez

-- 138 --
la situation, dans votre que cela ne peut pas rester
document d’ailleurs vous ainsi, sinon, ce pouvoir tel
avez dit que le Président qu’il est, s’il est transmis tel
de la République est quel aux générations à venir,
surpuissant, c’est un mot aux hommes politiques à
que je cite de votre projet venir, ils vont l’exercer tel
de société ; est-ce que quel.
cela tient à l’homme ou
est-ce que cela tient à la M. Ogoutchina KOUNDE.
constitution qui lui confère Pour ne pas le faire, par où
des pouvoirs? commencer ? Quelles sont
les réformes ?
M. Patrice TALON. L’homme
a eu le mérite de révéler les M. Patrice TALON. Dans le
failles de notre modèle et il a concret, il urge de donner
montré qu’on peut exercer le aux Institutions de contre-
pouvoir exécutif sans limite pouvoir leurs rôles, leurs
en soumettant tout le monde, places, leurs missions en les
toutes les Institutions de libérant de l’in luence du
contre-pouvoir, le peuple, pouvoir exécutif notamment
les citoyens, tous ceux qui du pouvoir du Chef de
ont un talent, tous ceux l’Etat. On ne peut pas être
qui ont quelque chose, une Institutions de contre-
une grâce, tout ce qui peut pouvoir et être nommé par
contrer ou contrarier le le Chef de l’Etat, l’exécutif
pouvoir exécutif et cela est et dans le fonctionnement
devenu pour nous Béninois au quotidien être contraint
le modèle politique qui est de respecter, d’avoir
le nôtre. Il convient dans le l’oreille attentive pour le
calme, la paix et la concorde, Chef de l’Etat. Ce n’est pas
de faire le diagnostic, de possible. On ne peut pas
l’avouer, de se convaincre être ef icace. C’est pour cela

-- 139 --
que les membres de la Cour la Cour Constitutionnelle
Constitutionnelle doivent sont désignés par le
être nommés sans in luence Président de la République
de l’exécutif. et le Bureau de l’Assemblée
Nationale. La catégorie de
M. Ogoutchina KOUNDE. membre pouvant provenir
Nommé par qui ? des techniciens parce qu’il
faut noter que la Cour
M. Patrice TALON. Il y a apprécie la conformité des
plusieurs modèles pour actes par rapport à notre
mettre en place une Cour Constitution. Donc, c’est
indépendante. Notre Cour d’abord un rôle technique
actuellement est composée puis un rôle sociopolitique
d’éminentes personnalités. parce que la gouvernance,
Il convient de préserver l’existence, notre vie
la qualité des membres n’est pas fonction que de
de la Cour. J’ai donné une l’appréciation technique
esquisse dans mon projet de de nos textes. Il faut tenir
société en indiquant que le compte de l’environnement,
collège des magistrats, des du contexte, du social et
praticiens du droit peuvent de tout ce qui concourt
désigner, élire en leur sein à la vie en général. C’est
des représentants au sein de pour cela qu’il n’est pas
la Cour. convenable que la Cour soit
composée exclusivement
M. René TALON. C’est tou- de techniciens. Mais elle
jours le cas aujourd’hui. doit comporter une bonne
Quelle est la nouveauté partie de techniciens pour
dans ce que vous proposez ? apprécier la conformité
des actes, des décisions
M. Patrice TALON. Ce n’est par rapport au contenu
pas le cas. Les membres de juridique des textes qui

-- 140 --
régissent notre vie. C’est les décisions à prendre par
pour cela que j’ai indiqué une Cour qui a besoin de
qu’il est nécessaire que réguler la vie dans notre
les magistrats, les juristes pays au plan des Institutions
soient membres de la Cour parce que la Cour a
en position prépondérante également ce rôle : réguler. Il
et que ceux-ci soient élus par serait important également
leurs pairs ; les magistrats que le collège des anciens
élisent en leur sein quelques Présidents de l’Assemblée
représentants, deux (02) ou Nationale puisse désigner
trois (03). Les professeurs également un représentant
de droit de rang magistral, parce que l’Assemblée
les avocats devraient Nationale est le temple
également élire en leur d’exécution politique des
sein des personnalités pour lois qui régissent notre vie
siéger au sein de la Cour. et carrément de l’animation
Il est à suggérer, c’est de la vie politique. Donc, que
une nouveauté, que dans ceux qui ont eu la chance
le collège des anciens d’assumer une fonction
Présidents, qu’il y ait une aussi importante puissent
représentation, qu’en leur siéger au sein de la Cour
sein, ceux qui sont vivants, serait quelque chose qui
puissent désigner un serait béné ique.
représentant par exemple au Voilà pour moi les grands
sein de la Cour. Celui qui a été corps devant désigner en
Président de la République leur sein leurs représentants
pendant cinq (05) ans ou plus au sein de la Cour pour que
et qui n’est plus en fonction notre Cour soit une Cour
le recul nécessaire pour indépendante et ef icace.
apporter son expérience, sa
connaissance de la vie en M. Ogoutchina KOUNDE.
communauté pour éclairer Patrice Talon, pourquoi

-- 141 --
vous n’avez pas fait le nous ayons dix (10), quinze
choix d’ouvrir cela à tous (15) anciens Présidents
les anciens Présidents vivants. On ne peut pas avoir
par exemple et à tous les une Cour de cinquante (50)
Présidents de l’Assemblée, personnes. Elle ne sera pas
vous avez souhaité que ef icace. C’est pour cela
ce soit quelqu’un qui les qu’il est important que ces
représente ? corps soient représentés
mais ils élisent une (01) ou
M. Patrice TALON. C’est deux (02) personnes pour
ouvert à tous les Présidents. siéger à la Cour a in que ces
Institutions rassemblent
M. Ogoutchina KOUNDE. les compétences qu’il faut
Si on rentre dans votre tout en gardant la taille
schéma, est-ce que tous qui lui permettrait d’être
les anciens Présidents performante.
pourraient être membres de
la Cour Constitutionnelle? M. René TALON. Patrice Ta-
lon, quand on vous suit et
M. Patrice TALON. Si vous quand on parcourt un peu
permettez, j’ai dit que ceux-ci votre projet de société, on
vont désigner. On ne peut pas se rend compte que tout est
souhaiter qu’une Cour soit fait pour alléger le pouvoir
pléthorique. Si nous avons du Président de la Répu-
dix (10), vingt (20), trente blique et quelque part le
(30) ou quarante (40), nous pouvoir de l’exécutif. Mais,
statuons pour maintenant et nous savons que depuis la
pour l’avenir. Il se pourrait conférence nationale, le Bé-
que dans les années à venir, nin a opté pour un régime
nous ayons vingt (20), trente présidentiel. Est-ce qu’en
(30) anciens Présidents de procédant de la sorte, vous
l’Assemblée vivants. Que ne déstructurez pas le type

-- 142 --
de régime pour lequel nous arrive bien souvent et que
avons opté ? parfois même cela se révèle
à l’opinion, on apprend
M. Patrice TALON. Nous des détails d’injonction
avons opté pour un régime de l’exécutif dans la vie de
présidentiel à raison. la HAAC. On ne peut pas
Mais si vous lisez notre vouloir quelque chose et son
Constitution, il est établi contraire. Ce qui est notre
clairement que c’est un réalité aujourd’hui, c’est
pouvoir présidentiel normal, que notre Constitution dans
mesuré et c’est bien pour son esprit est claire. Mais la
cela que notre Constitution lettre n’est pas exactement
a établi des contre-pouvoirs conforme à l’esprit de notre
comme la HAAC qui vous Constitution. C’est bien
régit. Est-ce que la HAAC pour cela qu’il convient de
qui est appelée un pouvoir rétablir, de faire les réformes
parce qu’on dit que la presse pour que la lettre de notre
et les medias constituent un Constitution soit conforme
pouvoir distinct du pouvoir à son esprit. Nous aurons
exécutif. La justice est un beaucoup à gagner parce
pouvoir distinct du pouvoir qu’on ne peut pas compter
exécutif. Est-ce qu’il est seulement sur la bonne
normal qu’après l’avoir volonté, la bonne foi, la
af irmé, mais que dans la mesure personnelle des
pratique la justice soit dans Présidents de la République
la botte, soumise au pouvoir pour que notre Constitution
exécutif ? Si on af irme que soit respectée et que
c’est un pouvoir distinct, l’exécutif re lète ce que nous
est-ce qu’il est normal souhaitons.
que la HAAC reçoive des
instructions de l’exécutif ? M. Ogoutchina KOUNDE.
Vous êtes conscient que cela Patrice Talon, vous évoquez

-- 143 --
tantôt la HAAC, qu’est-ce nique. Les professionnels
que vous comptez faire ? des médias ont la connais-
Quelles sont les réformes sance, ont le recul, ont l’ex-
au niveau de la HAAC ? périence pour gérer, admi-
Vous voulez donner plus nistrer ce qui régit la vie des
d’autonomie à la HAAC médias. Et c’est bien pour
quand on vous suit. Qu’est- cela que nous avons proposé
ce qu’il faut faire ? que les professionnels des
médias soient représentés
M. Patrice TALON. Il ne faut majoritairement au sein de
plus que le Président de la la HAAC et que le Président
République désigne le Pré- de la HAAC soit élu en leur
sident de la HAAC. Il ne faut sein. Que le Président de la
même plus que l’Assemblée HAAC soit un professionnel
désigne majoritairement des médias.
les membres de la HAAC.
L’Assemblée peut désigner M. Ogoutchina KOUNDE.
une (01) ou deux (02) per- Majoritairement, dans
sonnes. Pour le Président votre document quand on
de la République, il ne faut le lit, vous avez parlé de :
pas parce que c’est ce pou-  six (06) professionnels
voir qui a besoin d’un pou- des médias ;
voir distinct ayant pour  deux (02) de
rôle d’être une mesure, un l’Assemblée Nationale,
contrepoids. Le Président notamment le Bureau ;
de la HAAC doit être élu par  et d’un (01) qui
ses pairs au sein de la HAAC. provient du Président
D’ailleurs, je suggère que les de la République pour
membres de la HAAC soient faire les neuf (09).
majoritairement des profes- Est-ce que pour la Cour
sionnels parce qu’il s’agit de Suprême, l’autre Institution
quelque chose de très tech- de la République où le

-- 144 --
Président est nommé par publique que nous appelons
le Chef de l’Etat, est-ce premier magistrat, ne joue
que vous faites les mêmes plus ce rôle. Tellement le
suggestions ? Président de la République
se sent premier magistrat
M. Patrice TALON. Oui ! qu’il ne comprend pas et
Vous abordez la réforme n’accepte pas que la justice
de la justice. Tout le monde soit indépendante de lui. Il
est conscient au Bénin que convient donc que le Conseil
ce pouvoir n’a pas malheu- supérieur de la magistra-
reusement toute la liberté ture soit réformé de sorte
de s’exprimer et d’exercer que l’exécutif n’y joue plus
les prérogatives qui sont les un rôle prépondérant, que le
siennes. Pour faire court, il Chef de l’Etat n’y siège plus
serait nécessaire pour nous du tout et que le Conseil su-
que la justice retrouve sa no- périeur de la magistrature
blesse. C’est bon pour nous, administre véritablement
c’est bon pour l’investisseur, toute l’administration judi-
c’est bon pour le Bénin en- ciaire avec compétence et in-
tier, pour notre développe- dépendance. C’est pour cela
ment, pour notre économie, que j’ai proposé que le Pré-
que nous ayons une justice sident du Conseil suprême
crédible, bien formée mais de la magistrature soit le
avant tout une justice indé- Président de la Cour Su-
pendante. C’est bien pour prême qui est l’Institutions
cela que le Conseil supérieur judiciaire suprême.
de la magistrature qui est Demain avec nos réformes, la
la structure qui administre Cour Suprême sera appelée
notre administration judi- la Cour de cassation parce
ciaire, que ce Conseil soit que nous aurons la Cour des
véritablement indépendant comptes qui sera extraite
; que le Président de la Ré- de la Cour Suprême. Donc

-- 145 --
demain, ce sera la cour de unique pour le Président et
cassation. Son Président va on ne comprend pas com-
présider le Conseil suprême ment quelqu’un qui gagne
de la magistrature. Ce le pouvoir, qui a envie de
Président au sein de la Cour l’exercer propose que le
de cassation va être élu par prochain Président n’ait
ses pairs au sein de la Cour qu’un seul mandat ? Expli-
d’autant que les membres de quez-nous tout cela.
la Cour sont des magistrats
de haut rang et d’une probité M. Patrice TALON. A quoi
avérée. Il faut regarder notre nous sommes confrontés ?
Constitution dans les dix Nous voulons des Présidents,
(10), vingt (20) et trente des gouvernants rompus à
(30) ans à venir. Aujourd’hui, la tâche, désireux et ayant
on peut se poser la question, donc la foi de travailler, de
est-ce que les membres de la gouverner pour le bien-être
Cour Suprême dont certains de tous et non pour leur bien-
ont peut-être atterri là-bas être à eux. Nous avons établi
par reconnaissance, par un mandat de cinq (05) ans.
clientélisme, est-ce que si Les Présidents en exercice
c’est ceux-là qui doivent élire inissant leur mandat ont la
le Président de la Cour, est-ce possibilité d’être candidats
que ce sera une élection qui à nouveau. Qu’est-ce qui
va satisfaire notre ambition. permet au peuple de choisir
à nouveau un Président qui
M. Ogoutchina KOUNDE. vient de inir un mandat ?
Patrice Talon, malheureu- C’est parce que nous pensons
sement le temps tourne vite qu’en cinq (05) ans, on peut
et on a beaucoup d’autres faire de bon boulot, on peut
aspects à aborder. Vous travailler, on peut révéler à
avez parlé dans votre pro- ses concitoyens qu’on est
jet de société de mandat bon.

-- 146 --
M. Ogoutchina KOUNDE. ce n’est pas aisé et ce n’est
Vous pensez qu’on peut pas toujours facile pour ses
réformer un pays en partisans. C’est pour cela
profondeur en cinq (05) que si vous observez très
ans? bien, il y a un clientélisme
absolu qui se développe au
M. Patrice TALON. Si vous cours du premier mandat.
permettez, notre modèle Quand on veut nommer
politique pense qu’au bout un ministre, un directeur,
de cinq (05) ans on peut un responsable ; quand
apprécier les prestations on veut faire la promotion
du Président sortant a in d’un homme politique, les
de lui donner une nouvelle Présidents se préoccupent
chance de continuer ou pour de faire la promotion de
changer de chauffeur, comme personnalités qui leur seront
pour le dire vulgairement. favorables à l’occasion
C’est pour dire que nous des élections à venir et
pensons que cinq (05) notamment à l’occasion de
ans c’est suf isant pour l’élection présidentielle qui
apprécier les performances leur permettra d’avoir un
d’un Président. Mais le mal deuxième mandat. Ce facteur
essentiel aujourd’hui, et ce devient le facteur exclusif de
n’est pas seulement au Bénin, gouvernance. Or ce pourquoi
c’est le cas dans beaucoup on élit un Président, ce n’est
de pays notamment pas pour qu’il soit réélu mais
dans les petits pays, les c’est pour travailler tout
Présidents en exercice ont simplement.
davantage la préoccupation
du renouvellement de leur M. René TALON. Alors, si
mandat que celle de la bonne le Président est élu pour
gouvernance. Parce que bien travailler et donc il sera jugé
gouverner, ce n’est pas facile, à l’aune de ses performances,

-- 147 --
de ses résultats. Mais que quand tous les commerçants
vaut un homme qui n’a pas le craignent sont à sa solde,
de compte à rendre, qui n’a quand les partis politiques
pas à retourner devant ses sont affaiblis, sont à sa solde,
électeurs pour être jugé sa réélection est facile.
sur ses performances ? Et
donc certaines personnes M. Ogoutchina KOUNDE.
se disent qu’un mandat La question que René Talon
unique ne fait pas posait tantôt, est-ce que le
obligation au Président Président parce que c’est
d’être performant. un mandat unique ne se
dira qu’il n’a plus rien à
M. Patrice TALON. Tout à perdre, donc il gouverne
l’heure, vous m’avez dit que comme il veut ?
j’ai soutenu le Président en
exercice une deuxième fois M. Patrice TALON. Non !
en 2011 alors que le premier Ne soyez pas sourd à ce que
mandat n’était pas terrible. je dis. Ce qui permet à un
N’est-ce pas ? Pourtant c’est Président d’être réélu avec
à l’occasion de ce deuxième assurance, ce qui assure la
mandat qu’il a gagné au réélection des Présidents,
premier tour. Vous savez ce n’est pas son mandat, ce
très bien que dans les petits n’est pas ses performances,
pays comme les nôtres, ce ce n’est pas ses résultats.
qui permet à un Président C’est la manière dont il tient
en exercice d’être réélu, les grands électeurs. C’est
c’est sa capacité à soumettre la manière dont il tient tout
tout le monde. Quand tous le monde. C’est la manière
les députés sont à sa solde, dont personne n’est capable
quand tous les maires sont de lui tenir tête, d’être
à sa solde, quand tous les compétiteur contre lui.
élus locaux sont à sa solde, Quand vous n’avez pas de

-- 148 --
compétiteur, vous avez beau M. Ogoutchina KOUNDE.
être mauvais, vous serez Il reste la question de la
réélu. Alors, il faut en termes durée du mandat.
de choix de société, il faut
éliminer ce qui est mauvais M. René TALON. Koundé
et ce qui est pire. On ne peut Ogoutchina, avec ta
pas avoir le meilleur. Mais à permission.
défaut d’avoir le meilleur, il
faut choisir le moindre mal. M. Patrice TALON. C’est une
Un modèle politique qui question importante.
permet à un Président de
soumettre tout le monde et M. Ogoutchina KOUNDE. Le
d’être réélu quelle que soit mandat dure combien de
sa qualité est un modèle temps ?
mauvais. Or, un Président
en exercice qui n’est pas M. Patrice TALON. Parce
sujet à un renouvellement, qu’on peut estimer que
qui n’est pas tenté par un cinq (05) ans est trop court
renouvellement, qui n’a pas pour mettre en œuvre un
le démon du renouvellement programme. Bien que dans
de son mandat, sera un bon notre Constitution actuelle,
Président. En tout cas, il sera c’est cinq (05) ans qui est
un moins mauvais Président. la durée du mandat pour
faire ses preuves. Alors,
M. René TALON. A priori ! faisons cette concession.
On peut porter le mandat
M. Patrice TALON. A priori ! à six (06) ou sept (07) ans.
Ce qui compte, c’est ce dont Pour moi, les cinq (05) ans
nous avons l’impression que suf isent parce que plus on
c’est bon. C’est ce que nous dure au pouvoir plus on
avons l’impression que c’est est mauvais. En général,
un moindre mal. quand un mandat est court,

-- 149 --
on est dans la dynamique, de la possibilité d’un
on est dans la volonté, on mandat unique et d’autres
est dans l’action. Plus il est réformes. En Afrique où
long, plus on est perverti, c’était déjà difϔicile de
plus on est corrompu, plus faire respecter les deux
on s’installe dans l’aisance, (02) mandats, en quoi est-
dans le goût du pouvoir. On ce que vous pensez que la
peut donc aller à six (06) classe politique dont vous
ou sept (07) ans. Ce qui est n’êtes pas nécessairement
mauvais, c’est la notion de membre puisse vous
renouvellement qu’il faut accompagner dans cette
extirper du pouvoir pour volonté d’asseoir un
que le Président se consacre mandat unique ?
au travail en oubliant qu’il
lui est important d’avoir M. Patrice TALON. C’est en
les députés, les maires, cela que le Bénin a un génie.
les commerçants, les Le Bénin, pour moi est un
entrepreneurs, d’avoir pays béni. Nous avons réussi
tout le monde à ses pieds la conférence nationale.
pour avoir facilement un Juste après nous, la plupart
deuxième mandat. Il faut lui des pays qui l’on tenté ont
enlever cela. échoué. Ce n’est pas parce
que nous sommes dans un
M. René TALON. D’accord environnement où nos Chefs
! Le Bénin ne vit pas en d’Etat sont pour la plupart
vase clos et nous tous on a des jouisseurs de pouvoir, je
suivi l’ancien Président du mesure le terme que j’utilise,
Nigéria Good Luck Jonathan dans un environnement où la
a parlé d’un mandat unique, plupart des Présidents de la
le Président sénégalais, République se préoccupent
Macky Sall, avant d’arriver de leur maintien au pouvoir.
au pouvoir, a parlé aussi C’est parce que nous sommes

-- 150 --
dans cet environnement que allons l’instaurer et nous
nous allons, nous, renoncer allons faire la somme de tout
à ce que nous sommes ce qui est facteur de bonne
capables de faire. Le Bénin gouvernance a in que les
est capable de renaître. Le Présidents de la République
Bénin est capable d’instaurer du Bénin ait à leur
quelque chose qui va disposition les contraintes
résoudre nos problèmes de leur permettant d’être de
mauvaise gouvernance et de bons Présidents.
sous-développement. Nous
n’allons pas regarder ce qui M. Ogoutchina KOUNDE.
se passe ailleurs. Patrice Talon, pour sortir
Le mandat unique n’est pas du volet politique de cet
insolite. Cela existe dans entretien, parlons de la
d’autres pays. C’est vrai que réforme du système parti-
ce n’est pas la panacée. Il san. Les partis politiques
ne suf it pas d’instaurer le sont nombreux dans notre
mandat unique pour que le pays et vous préconisez que
Bénin explose et que tout 0,5% du budget soit alloué
aille bien. Non ! Mais c’est à ces partis comme ϔinan-
un facteur favorable à la cement public de ces partis
bonne gouvernance. Tout ce politiques. Pourquoi une
qui est favorable à la bonne telle proposition ?
gouvernance, nous allons
l’instaurer parce que vous M. Patrice TALON. Ce n’est
ne pouvez pas me dire que pas 0,5% du budget. Non !
la notion de renouvellement C’est 0,5% de nos ressources
du mandat apporte propres.
quelque chose que le non
renouvellement n’apporte M. Ogoutchina KOUNDE.
pas. Si c’est un facteur de Quelle est la nuance ? C’est-
bonne gouvernance, nous à-dire ?

-- 151 --
M. Patrice TALON. Je vais d’appuyer les partis
vous expliquer. Ce qui se politiques de la majorité, de
passe aujourd’hui et que leur mouvance comme on le
vous observez tous, c’est dit au Bénin. Et donc, le Bénin
que la compétition politique étant un petit pays pauvre,
n’est plus une réalité. La les autres partis politiques
plupart des partis politiques qui malheureusement ne
ont perdu leur dynamisme, parviennent pas à collecter
leur éclat. Je crois qu’on ne les cotisations de leurs
l’a pas vraiment connue mais membres n’ont aucun moyen
l’émulation politique était en d’assurer la compétition
cours dans notre pays. face aux partis proches du
Président en exercice. C’est
M. Ogoutchina KOUNDE. déséquilibré et dans ces
Mais les hommes politiques conditions, il n’y aura pas
disent que c’est du fait des renouvellement, il n’y aura
hommes d’affaires comme pas émulation. C’est ainsi
vous. que pour corriger cela, des
opérateurs économiques et
M. Patrice TALON. Oui ! moi, en tout cas, en ce qui me
Je vais inir. Pendant ces concerne, j’ai souvent, je le
dix (10) dernières années, dis et je n’ai pas à le cacher, j’ai
nous avons pu observer souvent contribué à appuyer
qu’à défaut de moyens, les les partis politiques toutes
partis politiques n’arrivent tendances confondues. J’ai
pas à exercer leur rôle qui un plaisir et je dois l’avouer
est de compétir entre eux à apporter mon appui aux
pour aller chercher des partis de l’opposition quand
mandats locaux ou mandat bien même je serais proche
national. Les Présidents de d’un Président en exercice.
la République en fonction
ont les moyens inanciers M. René TALON. En faisant

-- 152 --
cela, on vous dit que c’est cela tombe bien. S’il est
pour peut-être préserver avéré qu’un Président qui
des intérêts si vous êtes n’a pas de critique, qui n’a
dans tous les camps ? pas en face de lui des partis
politiques forts, capables de
M. Patrice TALON. Quels lui apporter la contradiction,
intérêts j’aurais ? il peut faire beaucoup
d’erreurs. Donc, ce qui
M. René TALON. Mais vous nous permet de voir qu’un
êtes opérateur économique. Président, il a beau être un
ami peut dériver, devrait
M. Patrice TALON. Je vous nous amener à apporter des
donne un exemple. En 2006, solutions si nous sommes de
j’ai été un soutien visible bons citoyens.
du Président Boni Yayi. Il
venait de faire en 2007, M. Ogoutchina KOUNDE.
juste après un mandat, nous Patrice Talon, on était
sommes allés aux élections parti sur l’explication par
législatives ; pour ceux qui rapport au 0,5%. Vous avez
sont observateurs de la vie dit que c’est des ressources
politique, j’ai soutenu les propres, malheureusement
listes de l’opposition, les vous n’êtes pas allé dedans
listes de l’opposition au et le temps tourne. Il nous
Président en exercice que je reste à aborder le volet
venais de soutenir et dont économie et le volet social.
j’étais proche parce que... Allez rapidement, s’il vous
plaît.
M. René TALON. A l’époque
vous avez commencé à M. Patrice TALON. Je vais
avoir des démêlés avec lui. l’aborder. Je disais donc qu’il
est important que pour la vie,
M. Patrice TALON. Alors, la survie, le fonctionnement

-- 153 --
des partis politiques, il est là-dessus, on peut prélever
impératif qu’ils aient les quelque chose pour inancer
ressources nécessaires. les partis politiques mais
Indépendamment de la pas tous ; parce que ce ne
volonté du Président en serait pas responsable.
exercice, et indépendamment Les partis politiques qui
de la générosité parfois ont une certaine taille, une
coupable des opérateurs certaine représentativité.
économiques qui offrent J’ai suggéré que nous
leur soutien, alors, les deux prélevions au minimum
solutions c’est la cotisation 0,5% de nos ressources
des membres et voilà qu’ils propres. Aujourd’hui, les
n’ont pas les moyens. Nous ressources propres du
ne cotisons pas assez pour Bénin sont de l’ordre de six-
les partis politiques. Or, la cent-cinquante-milliards
vie des partis politiques est (650.000.000.000). 0,5%
indispensable pour notre environ permet de libérer
survie, pour la démocratie et peut-être trois milliards
pour la liberté. (3.000.000.000) à quatre
Nos ressources propres, milliards (4.000.000.000)
c’est-à-dire nos impôts, les pour inancer, pour apporter
taxes que nous payons qui une allocation aux partis
sont des ressources propres politiques représentatifs.
parce que le budget est Ce faisant, ceux-ci auront
composé des ressources la capacité de jouer leur
propres et des inancements rôle, d’être des partis
des dons et autres revenus d’opposition, d’être des
que l’Etat peut mobiliser. Ce partisans du Président mais
qui est de nos ressources des partisans critiques,
propres qui relèvent de dignes. Ceux-ci vont
nos impôts, les taxes que échapper au inancement
nous payons à notre Etat ; des opérateurs économiques

-- 154 --
qui parfois font des M. Ogoutchina KOUNDE.
inancements pervers, ce Quand vous dites sinistré,
sont des inancements qui est-ce que vous n’exagérez
sont liés, je suis bien placé pas un peu ? Les Béninois
pour le dire. Ce dont on a vivent quand même bon an
conscience même quand on mal an.
a été parfois coupable, il faut
avoir l’humilité, l’honnêteté M. Patrice TALON. Je suis
de dire c’est mauvais, il faut heureux de vous entendre
le corriger. Quoique je ne me dire. Cela veut dire que vous
suis jamais senti coupable vous vivez bien. Ce n’est
d’un inancement pervers à pas le cas de la majorité des
un parti politique. Béninois.
M. Ogoutchina KOUNDE.
M. Ogoutchina KOUNDE.
Patrice Talon, parlons à
C’est votre cas à vous ?
présent d’économie. Vous
basez votre programme sur
M. Patrice TALON. Je l’ai
l’agriculture, sur le port,
le tourisme, l’artisanat, dit tout à l’heure. Nous ne
comment tout cela va être sommes pas nombreux, ceux
articulé pour que si vous qui ont le pain quotidien
étiez élu que les Béninois ou ceux qui ont le confort,
sentent le bien-être ? ceux qui sont capables de
mettre une belle cravate,
M. Patrice TALON. Le de belles chemises et des
Bénin est sinistré dans tous lunettes de la classe de
les secteurs de notre vie celles que vous avez ne sont
économique aussi bien dans pas nombreux. Il faut en être
le secteur de l’artisanat, de conscient. Si nous restons
l’agriculture, du commerce, sourds et aveugles à ce qui
de l’industrie que dans tous nous entoure, à la pauvreté
les domaines. qui nous entoure, nous ne

-- 155 --
serons même plus en mesure petit pays en construction
de jouir de nos grâces, de ce dans tous les domaines, dans
dont nous avons la chance de le secteur de la santé, dans
béné icier et que la grande le secteur de l’éducation
partie n’a pas. nationale, dans le secteur du
commerce, dans le secteur
M. Ogoutchina KOUNDE. agricole, nous sommes un
Dans le secteur agricole, pays en construction. Tout
par exemple, un secteur ce qui est en construction
que vous avez pratiqué, a besoin de compétence
que vous connaissez et de valeur. Le seul atout,
notamment par rapport au paramètre susceptible de
coton et aux autres ϔilières, nous apporter de l’évolution,
qu’est-ce qu’il y a comme du développement au Bénin,
réforme à faire ? c’est la compétence. Dans
tous les domaines, il faut
M. Patrice TALON. Il n’y a la compétence. Le secteur
pas à réformer le secteur agricole, il faut que le
agricole. Gouvernement, l’Etat et les
responsables du secteur qui
M. René TALON. Quelles ont à charge de développer
sont alors vos propositions ? le secteur sachent de quoi
il s’agit. Nous devons
M. Patrice TALON. Il y a à impérativement au Bénin
amener de la compétence, faire la promotion réelle de
de la connaissance dans le l’agriculture intensive dans
secteur agricole. Permettez- tous les domaines ; que ce
moi de vous dire une phrase soit le coton, le maïs qui
qui concerne tous les relève de notre alimentation
secteurs de l’activité dans au quotidien, le palmier à
notre vie. Le Bénin est un huile, l’anacardier, le riz, nous
pays en construction, un travaillons sans compétence.

-- 156 --
Nous ne mettons pas à la M. Patrice TALON. Voilà !
disposition des producteurs Au Bénin, nous avons tout
les techniques nouvelles. politisé à outrance. Le facteur
compétence n’est pas le
M. Ogoutchina KOUNDE. facteur de choix, de décision,
Quand vous dites que de gouvernance. Il n’y a pas
nous travaillons sans un seul domaine aujourd’hui
compétence alors que dans au Bénin où le critère de
nos universités, sortent des choix, de nomination est la
ingénieurs, il y en a qui nous compétence.
viennent de l’extérieur,
est-ce que ce n’est pas une M. Ogoutchina KOUNDE.
insulte à l’endroit de ces Ceux que vous avez aidé à
personnes ? placer comme ministres
en son temps étaient
M. Patrice TALON. J’ai dit compétents au moins ?
que les Béninois sont des
gens brillants, talentueux, M. Patrice TALON. Vous
remplis de dynamisme. Mais n’allez pas me ramener
ce ne sont pas les ingénieurs constamment dans ce que
sortis de nos écoles qui ont nous avions fait ensemble,
la décision de ce qu’ils vont ce en quoi nous avions cru,
faire dans le secteur agricole ce en quoi nous n’avons
malheureusement. Ce ne pas pu in luencer les
sont pas des gens brillants performances du régime.
qui décident. Nous voulons construire
notre pays, nous voulons
M. René TALON. Donc, corriger ce qui ne va pas. Il
vous voulez dire que c’est faut en avoir conscience et
au niveau des instances quand on a conscience de
de décision que cette cela et qu’on a des solutions,
compétence manque ? il faut s’appesantir sur

-- 157 --
les solutions. Alors, il faut de l’agriculture intensive
relancer, il faut investir sans savoir ce qu’il faut
massivement dans le secteur comme variétés, comme
de l’agriculture qui est le intrants, comme techniques
premier secteur de création culturales. Les producteurs
de richesse, d’emplois sont livrés à eux-mêmes
dans notre pays. Les sous- et puis il n’y a pas d’appui
secteurs du secteur agricole réel aux producteurs. C’est
que ce soit la pêche, l’élevage du clientélisme, c’est du
ou le travail de la terre sont populisme.
pourvoyeurs de richesse et
d’emplois. M. René TALON. Toujours
J’ai donné dans mon dans le volet économique
programme les secteurs de votre projet de société,
dans lesquels l’Etat doit on a constaté que par
investir en mettant l’accent endroit sinon souvent vous
sur la recherche. J’ai dit parlez de déϔiscalisation,
que nous allons créer six de déϔiscaliser certaines
(06) départements, six entreprises. Mais lorsqu’on
(06) régions ou six (06) sait que le Bénin a une
pôles de développement de économie essentiellement
sorte que dans chaque pôle ϔiscale, de quoi est-ce que le
nous fassions la promotion l’Etat vivra ? De quoi est-ce
des cultures qui sont que l’Etat va disposer pour
adaptées aux conditions faire face à ses obligations
climatiques, au sol de lorsque vous, à chaque
chaque pôle et également instant vous parlez de
investir massivement dans déϔiscalisation ?
la recherche. Aujourd’hui,
la recherche agronomique M. Patrice TALON. Il faut
est devenue un machin au avoir une politique iscale
Bénin. On ne peut pas faire intelligente. Les secteurs

-- 158 --
dans lesquels l’Etat ne perçoit commerciaux et industriels
presque pas de revenus, de constituent seulement
taxes, d’impôts et parce qu’il une partie de ce que nous
y a une politique iscale non avons Quand on te dit qu’on
incitative et tout le monde est dé iscalise, cela ne veut pas
dans l’informel en plus cela dire qu’on renonce à tout sur
inhibe l’énergie, est-ce que tout. Quand vous dé iscalisez
nous gagnerons à dire que un secteur dans lequel l’Etat
dans ce domaine en disant ne prélève presque rien
aux populations rassurez- aujourd’hui, quand vous
vous, pendant cette période dé iscalisez ce secteur, vous
il n’y aura pas d’impôts ne perdez rien d’autant que
à payer ; rentrez dans le l’Etat ne percevait rien.
formel. Nous gagnerons à ce
que le secteur retrouve de M. Ogoutchina KOUNDE.
la vitalité, du dynamisme, A quoi bon de déϔiscaliser
le secteur crée des emplois, alors ?
de la richesse, consomme.
Dans un pays, quand il y a de M. Patrice TALON. Parce que
l’emploi, du pouvoir d’achat, cela attire l’investissement.
nous consommons et en Cela attire l’entreprenariat.
consommant nous payons Cela attire les innovations
des impôts. N’oublions les gens viennent investir
pas que les impôts et les et s’emploient à rentrer
taxes que nous collectons dans le formel du secteur.
représentent plus de la Donc, vous ne perdez rien
moitié des ressources dé iscalisant mais vous
propres de l’Etat. L’impôt créez des conditions de
direct à travers ce que nous dynamisme, de l’émulation,
payons comme impôts sur de créer de l’investissement.
salaire, impôts sur revenu, Ce faisant, vous créez des
impôts sur les béné ices conditions pour créer de

-- 159 --
l’emploi, de la richesse et M. René TALON. Surtout
quand il y a la richesse, il y que dans votre projet de
a la consommation et vous société on n’y retrouve pas
prélevez les impôts sur la vraiment trace comme
consommation puisqu’on d’autres secteurs où vous
paye les taxes, la TVA sur avez dit clairement ce que
le pain, le riz et tout ce que vous voulez faire.
nous consommons. Donc,
un peu d’intelligence parce M. Patrice TALON. L’énergie
que la nature humaine est électrique pour notre pays,
complexe et parfois il faut pour un pays moderne de
savoir donner quelque chose nos jours est un peu comme
pour créer de l’envie, de le sang qui coule dans nos
la volonté, de l’énergie, de veines. Sans énergie, il n’y
l’émulation et après prélever a pas de vie et c’est pour
ce qui est nécessaire que cela que c’est une question
l’Etat prélève parce qu’entre- prépondérante, primordiale.
temps on a créé un corps de
développement. M. René TALON. Mais vous
n’en avez pas parlé.
M. Ogoutchina KOUNDE.
Monsieur Patrice Talon, M. Patrice TALON. Il faut
pour que l’économie avant toute chose investir,
marche, il faut de l’énergie. consacrer toutes nos res-
Qu’est-ce que vous proposez sources pour régler le pro-
pour que l’énergie, je veux blème de l’énergie. Nous en
parler de l’électricité par avons besoin dans nos villes
exemple de notre pays, et dans nos campagnes. Dans
on soit beaucoup plus nos campagnes, on n’a pas
indépendant si on peut besoin que des lampadaires.
ainsi dire ? J’entends dire qu’il faut don-
ner des lampes torches, de

-- 160 --
lampadaires à tout le monde qu’est-ce que vous propo-
dans les villages et consorts. sez ?
Et vous oubliez que dans
les villages il y a du déve- M. Patrice TALON. Je viens
loppement agréé, il y a des de dire que c’est très simple.
usines dans les villages, Il n’y a pas de mystère à faire,
dans nos campagnes, dans il faut arrêter de gaspiller
nos contrées. Il y a des mou- parce que nos Etats gaspillent
lins, il y a la menuiserie, il y beaucoup dans le confort,
a l’artisanat, il y a des sou- la promenade et dans le
deurs. Il y a tellement d’ac- populisme. On a besoin
tivités. Il y a des coiffeurs, d’argent et de moyen avec
des coiffeuses qui ont besoin un investissement pertinent.
Les choix que nous avons eu
également d’énergie. Nous
à opérer comme Maria-Gléta
ne pouvons pas réduire nos
sont liés exclusivement à
villages seulement à l’éner-
l’incompétence parce que le
gie, à la lumière, à l’énergie
Bénin à quand même investi
du ménage domestique et
beaucoup d’argent. Il faut
oublier que notre pays a be-
investir non seulement les
soin de l’énergie dans tous moyens nécessaires mais il
les départements et même faut que ce soit en compagnie
dans les villages pour que le de compétence.
développement ne soit pas
seulement une affaire de M. Ogoutchina KOUNDE.
ville parce que nous devons Où trouve-t-on les moyens
développer notre Bénin sur- pour investir ?
tout dans les régions pour
faire face au problème de dé- M. Patrice TALON. Nous
veloppement global. avons investi quarante mil-
liards (40.000.000.000),
M. René TALON. Pour cela, cinquante milliards

-- 161 --
(50.000.000.000) ; là nous Vous entendez que nous
avons bien trouvé n’est-ce annonçons un budget de
pas ? A côté le Togo, on a fait mille cinq cent milliards
autant sinon moins et cela mais le budget n’a jamais
fonctionne. Je viens de vous été exécuté à plus de mille
dire que nous mobilisons milliards parce que nous
tous les ans en ressources mobilisons en ressources
propres plus de six-cent mil- propres moins de sept-cent-
liards (600.000.000.000). milliards (700.000.000.000)
Nous sommes capables et nous allons aux inan-
de passer à huit-cent mil- cements, aux crédits hors
liards (800.000.000.000), de nos ressources propres
neuf cent milliards moins de trois-cent-mil-
(900.000.000.000) rapi- liards (300.000.000.000) à
dement l’année prochaine peu près ou maximum. Cela
parce qu’il y a beaucoup de veut dire que nous sommes
perdition, il y a beaucoup de imperformant. Un pays
fantaisie dans la gestion de jeune, dynamique qui part
l’administration des régies de zéro, qui ne dispose de
et nous pouvons mobiliser six-cent (600.000.000.000)
beaucoup plus qu’on le fait milliards à sept-cent mil-
aujourd’hui deux-cent mil- liards (700.000.000.000)
liards (200.000.000.000) de ressources propres peut
à quatre-cent milliards aller chercher quatre-cent
(400.000.000.000) pour milliards (400.000.000.000)
que notre budget de fonc- ou cinq-cents milliards
tionnement soit réellement (500.000.000.000) de i-
au-delà des mille milliards nancement. Si nous avons
(1.000.000.000.000) jusqu’à un Etat crédible, un Etat de
mille cinq-cents milliards personnes compétentes,
(1.500.000.000.000). Nous qui savent où il faut trou-
l’avons, nous l’avançons. ver l’argent, quels sont les

-- 162 --
moyens, quels sont les dis- M. Patrice TALON. Qu’est-ce
cours, quelles sont les tech- qui a fait que la Côte-d’Ivoire,
niques, quels sont les pro- tout récemment est allée
jets qu’il faut présenter et mobiliser des milliers de
la manière dont il faut les milliards sur le marché in-
présenter pour mobiliser les ternational ? C’est lié à la cré-
ressources nécessaires. C’est dibilité, à la compétence des
pour dire qu’avec une gou- gens qui gouvernent. Quand
vernance de gens compé- vous savez de quoi il s’agit
tents, qui savent de quoi ils et que vous savez le faire ;
parlent, un pays dans lequel que l’Etat est crédible, que
la crédibilité de l’Etat est res- l’Etat respecte sa signature,
taurée, nous pouvons mo- ses engagements, c’est un
biliser les investissements capital énorme de con iance.
nécessaires qu’il faut pour Moi je suis un ils de pauvre.
compléter nos ressources Je suis parti de zéro, de rien
propres qui devraient aussi... du tout. Je suis arrivé à un
stade où j’ai compris que le
M. René TALON. Concrète- plus grand capital, c’est la
ment, comment vous comp- con iance que peuvent-vous
tez le faire parce qu’on a vu faire vos bailleurs, vos inan-
des pays qui vont faire des ciers. Je veux vous rassurer
levées de fonds et autres. d’une chose, pour six-cent-
Alors, pour vous, pour ϔi- milliards (600.000.000.000)
nancer toutes les idées que nous mobilisons avec
énoncées dans votre projet beaucoup d’incompétence,
de société, comment est-ce avec beaucoup d’à peu près,
que vous comptez concrè- on travaille de manière
tement le faire parce que la approximative, nous pou-
crédibilité seule sufϔit-t-elle vons passer rapidement à
à mobiliser les ressources ? plus de neuf-cent-milliards
(900.000.000.000) de res-

-- 163 --
sources propres avec un l’élection présidentielle
peu plus de sérieux dans parce que j’ai conscience et
la collecte des revenus qui bonne connaissance du mal
sont dus à l’Etat. Nos régies qui nous ronge et je sais que
doivent mieux fonctionner. nous sommes capables de
A cela, nous pouvons mobi- relever le dé i. Je sais que je
liser facilement auprès des suis capable d’apporter des
Institutions internationales,
solutions parce que j’ai bonne
parce qu’il faut avoir aussi
connaissance de ce qui ne va
le talent de savoir mobiliser
pas et de ce qu’il faut. J’ai
des ressources. Vous savez
que ce talent, je l’ai. la conviction qu’ensemble
nous allons résoudre le
M. Ogoutchina KOUNDE. problème de mal-être, nous
Patrice Talon, on arrive allons instaurer un pays
malheureusement à la ϔin où la richesse, l’emploi, la
déjà de cet entretien. On sécurité, le développement
n’a pas pu parler du volet dans les régions sera une
social, de l’éducation, de la réalité parce qu’on ne peut
santé. Est-ce que dans votre pas seul être heureux et
mot de la ϔin, vous pouvez quand le ciel vous accorde
résumer ce que vous la grâce de vous assurer le
comptez faire ? Il ne nous minimum, vous pouvez en
reste plus qu’une minute.
retour apporter ce que vous
avez appris, ce que vous
M. Patrice TALON. C’est
avez comme talent, comme
vrai que le temps passe
trop vite. Il nous faudra chance à votre pays et vous
peut-être une heure ou rentrez dans l’histoire.
deux. Je reviendrai et j’aurai Je voudrais avoir avec vous,
l’occasion d’en parler. Vous avec mes concitoyens,
savez, je suis candidat à l’occasion, la chance de

-- 164 --
relever le dé i de la lutte
contre la pauvreté.
Merci !

M. Ogoutchina KOUNDE.
Patrice Talon, merci
beaucoup ! C’était «MOI
PRESIDENT» avec Patrice
Talon, candidat à l’élection
présidentielle de cette
année chez nous au Bénin.
Je le recevais avec René
Talon.
Merci de nous avoir suivis
et à très bientôt.

M. Patrice TALON. Merci !

-- 165 --
-- 166 --
Sébastien Germain AJAVON
Né le 19 Janvier 1965

Journalistes ayant conduit l’entretien :


Ricardo KPEKOU
Habib SOUMANOU
ORTB

-- 167 --
M. Ricardo KPEKOU. Merci d’être là!
Mesdames, Mesdemoiselles,
Messieurs, Bonjour! Il y a M. Sébastien Germain
quelques années, l’homme AJAVON. Bonjour!
avait déclaré ne pas faire
de la politique. Mais chemin M. Ricardo KPEKOU. Pour
faisant, sa volonté de servir m’accompagner dans
son peuple inspirée par la cette émission, dans cet
parabole chrétienne et le entretien, je suis avec mon
miracle opéré aux Noces collègue Habib Soumanou.
de Canaan dans les Saintes Bonjour Habib!
Ecritures l’ont amené à
faire sienne cette célèbre M. Habib SOUMANOU.
phrase du Roi Béhanzin, Bonjour Ricardo!
citation: «A mon destin, je
ne tournerai pas le dos. Je M. Ricardo KPEKOU.
ferai face et je marcherai». Voilà! Vous pouvez nous
Il a, de ce fait, décidé d’être parler, bien évidemment de
le candidat de la réussite Sébastien Germain Ajavon.
avec l’assurance d’être
prêt pour la mission. Dès M. Habib SOUMANOU. Né le
lors, il se distingue par le 19 janvier 1965 à Cotonou,
nombre de soutiens qu’il Sébastien Germain Ajavon
reçoit auprès de la classe est un homme d’affaires
politique et du secteur béninois. Président Direc-
privé dans lequel il opère. teur Général de plusieurs
Le candidat que nous entreprises commerciales
recevons ce jour, vous vous à vocation agroalimen-
en doutez certainement, taire, il intervient aus-
est bien Sébastien Germain si parallèlement en tant
Ajavon. que promoteur dans le
Monsieur Ajavon, bonjour! domaine des sports et le

-- 168 --
secteur des médias. Ses indiscrétion. L’homme d’af-
collaborateurs parlent de faires déclare son intention
sa grande maîtrise des ϔi- de succéder au Président
lières d’importation. Mais Boni Yayi lors d’un meeting
l’autre aspect de la person- le 03 janvier 2016 à Coto-
nalité de Sébastien Ajavon nou. Et le 12 janvier, il for-
serait également son inté- malise son vœu en allant
grité. Fort de ces deux qua- déposer ofϔiciellement son
lités, il est élu, en 2006, Pré- dossier de candidature à
sident du Conseil National la CENA. «Réussissons tous
du Patronat (CNP-Bénin) ensemble», c’est le projet
qu’il continue de diriger de société qu’il nous pro-
pour le compte d’un second pose, qu’il nous demande
mandat. Amoureux du cuir d’accepter pour transfor-
rond, il assure, en 2009, la mer le Bénin sur la base
gestion du Comité Exécutif d’un contrat de cinq ans.
de la Ligue de Football Pro-
fessionnel du Bénin (LFPB). M. Ricardo KPEKOU. Et
De 2009 à 2014, il préside justement, nous avons 52
le Conseil d’Administration minutes pour parcourir ce
de la Caisse Nationale de projet de société dont vous
Sécurité Sociale (CNSS). Par venez, à l’instant, de parler.
ailleurs, à travers la fon- Monsieur Sébastien
dation qui porte son nom, Germain Ajavon, vous avez
Ajavon Sébastien Germain suivi cette présentation
s’est bâti une réputation de faite par mon collègue de
mécène à travers le ϔinan- votre personne. Est-ce que
cement et la réalisation vous êtes satisfait?
des œuvres sociales. Bien
qu’avec un certain doute, M. Sébastien Germain
l’évocation de sa candida- AJAVON. Exact. Ça va. Ça
ture ne souffrait d’aucune peut aller.

-- 169 --
M. Ricardo KPEKOU. laisser son égo et accepter de
D’accord! Je l’ai rappelé servir son pays. Vous savez,
dans mon introduction, au quand tout le peuple vous
cours de cette émission, demande, regardez du Nord
nous allons parcourir au Sud tous ceux qui ont
de long en large votre voulu que Sébastien Ajavon
projet de société. Il y a puisse se présenter comme
juste quelque temps, vous candidat à la présidentielle
avez déclaré ne pas être de 20016 au Bénin, il était
candidat ou du moins, ne très dif icile pour moi de dire
pas faire de la politique au non à ces demandes. Et puis,
Bénin. Mais subitement, c’est le destin. L’homme veut
vous avez changé de peut-être quelque chose
version. Vous avez décidé mais le destin peut décider
d’être candidat. Qu’est-ce autrement.
qui explique ce fait?
M. Ricardo KPEKOU.
M. Sébastien Germain Vous avez donc choisi de
AJAVON. Merci beaucoup! répondre favorablement
Je voudrais remercier les aux appels du peuple
journalistes de l’ORTB et, béninois.
en même temps, remercier
les téléspectateurs qui nous M. Sébastien Germain
écoutent en ce moment et AJAVON. Tout à fait!
qui nous suivent devant Af irmatif!
leurs écrans.
Je voudrais tout simplement M. Habib SOUMANOU. Vous
dire que je disais toujours avez cédé à la pression
que je ne voulais pas faire populaire.
de la politique parce que je
n’en voulais pas. Mais à un M. Sébastien Germain
moment donné, il faut savoir AJAVON. Non! Ce n’est pas

-- 170 --
une pression. Peut-être que M. Sébastien Germain
le peuple voyait ce que moi, je AJAVON. Je vous remercie.
ne voyais à mon petit niveau. C’est tout simple. Vous
Quand on vous appelle pour savez que depuis 09 ans, je
servir, vous ne pouvez pas suis Président du patronat.
tourner dos à la souffrance Et à ce titre, je proposais
du peuple. Je pense que au Gouvernement, chaque
c’est pour cela que j’ai dû année, des mesures qui
accepter cette proposition. n’ont jamais été suivies.
Et je me battrai pour que le Mais comme ce n’est pas
Bénin puisse se relever. moi qui ai été élu, nous, on
est là juste pour proposer
M. Ricardo KPEKOU. Nous les mesures. Et c’est libre
allons aborder le fond de au Gouvernement de les
votre projet de société. Nous prendre en compte. En fait,
avons donc 52 minutes. de quoi souffrons-nous
Vous avez parlé, dans une au Bénin? On souffre d’un
première partie de ce problème de gouvernance.
projet de société consacrée La corruption, ce n’est
à la gouvernance et à la pas dire lutte contre la
géostratégie. J’ai bien envie corruption tout le temps.
de savoir quelles sont les C’est juste d’apporter des
dispositions ou les mesures solutions. Nous sommes
que vous allez pouvoir dans la «dénorme». Il faut
prendre réellement si juste qu’on revienne dans
le peuple béninois vous la norme. Moi, je ne parle
faisait conϔiance au soir pas de réformes. Il s’agit des
de l’élection présidentielle normes qu’il faut respecter.
pour pouvoir enrayer ou Et j’ai toujours proposé au
diminuer la corruption au Gouvernement des mesures
Bénin. qui n’ont pas été prises en
compte. Et voilà là où nous en

-- 171 --
sommes aujourd’hui. Moi, je arriver aux normes. Et ça,
vous dirai simplement qu’à nous savons le faire. Nous
mon arrivée, je m’évertuerai, sommes des privés. Nous
dans les tout premiers savons le faire.
mois, avant les 100 jours,
à tout faire pour redonner M. Habib SOUMANOU. Par-
con iance aux créateurs de mi les normes, vous pré-
richesses et d’emplois. C’est conisez quoi? La revalori-
la priorité des priorités. sation du salaire? Est-ce
Et nous avons déjà fait des que vous êtes de ceux qui
propositions, en tant que pensent que le fonction-
Président du patronat, au naire béninois, le travail-
Gouvernement qui n’ont pas leur béninois est corrup-
été prises en compte. Vous tible parce qu’il gagne mal
verrez que, dans les 100 sa vie?
jours, les gens vont parler du
Bénin autrement parce que M. Sébastien Germain
c’est des actes qu’il faut poser. AJAVON. Vous savez, je peux
Ce n’est pas des paroles. vous dire quelque chose.
Aller à la réduction de la Je me suis battu, en tant
corruption, c’est tout simple. que Président du patronat,
C’est déjà commencer par pour que le SMIG revienne
dématérialiser. Nous avons à 40.000 francs CFA. Quand
proposé cela plusieurs fois, vous recrutez quelqu’un à
mais cela n’a jamais été pris 40.000 francs CFA, vous avez
en compte. Pour quelles recruté un voleur.
raisons? On ne saurait le
dire. Mais, en tout état de M. Ricardo KPEKOU. Ah
cause, pendant les 100 jours, bon!
vous allez voir que ce n’est
pas des réformes. Il s’agit M. Sébastien Germain
de «renormer». On doit AJAVON. Oui! Vous avez

-- 172 --
recruté un voleur parce qu’à tionnements. Vous ne pou-
40.000 francs CFA, vous ne vez pas demander aux gens
pouvez rien faire. d’aller faire un travail sans
leur donner les moyens. Et
M. Ricardo KPEKOU. ça, c’est de l’hypocrisie. Nous
Pourquoi vous dites qu’on devons forcément regarder
a recruté un voleur? Il va cela et le corriger. Vous payez
détourner les fonds publics. 40.000 francs aujourd’hui
C’est cela? à quelqu’un, même si c’est
un manœuvre, vous êtes sûr
M. Sébastien Germain AJA- que quand vous lui tournez
VON. Puisque déjà, il fau- un peu le dos, il fera autre
drait qu’il puisse arriver au chose derrière vous.
boulot. Donc, il faudrait qu’il
puisse prendre son transport M. Habib SOUMANOU.
pour arriver. Il faudrait qu’il Alors, le SMIG va passer à
puisse repartir chez lui. Vous combien quand vous serez
avez déjà pris la moitié. Et Président?
il faudrait qu’il puisse se lo-
ger. Il faudrait qu’il puisse se M. Sébastien Germain
nourrir. Soyons conséquents AJAVON. Ce n’est pas
envers nous-mêmes. Si vous forcément qu’il faut toucher
voulez que les gens rendent, au SMIG. Ce n’est pas parce
que les gens donnent une que le SMIG est à ce niveau.
bonne rentabilité au niveau Mais le SMIG, c’est une
où ils se trouvent dans leur référence.
service, il faut les payer. Il
faut payer. Et nous allons M. Ricardo KPEKOU. Vous
essayer de regarder tout allez augmenter alors les
cet état de choses pour que salaires?
nous puissions corriger l’in-
justice, corriger les dysfonc- M. Sébastien Germain

-- 173 --
AJAVON. Les salaires, des grands. Cela ne se passe
nécessairement, on est pas au niveau des petits. De
obligé de les augmenter. Si on toute façon, nous n’avons
n’augmente pas les salaires, même pas le choix. Nous
on ne peut pas demander à sommes obligés de recruter.
un employé de rendre tout Nous sommes obligés
ce qu’il peut pour un pays et d’augmenter les salaires.
lui payer 40.000 francs. Il ne Sinon, nous n’aurons pas les
fera rien avec 40.000 francs. résultats. Dans le privé, il faut
motiver le personnel. Si vous
M. Habib SOUMANOU. ne motivez pas le personnel,
Alors, quand vous allez vous n’aurez pas le résultat
augmenter les salaires, que vous escomptez.
cela pourrait encourager
l’inϔlation. Comment vous M. Habib SOUMANOU.
allez maîtriser l’inϔlation. L’augmentation des sa-
laires ne sufϔit pas pour lut-
M. Sébastien Germain ter contre la corruption. Il
AJAVON. Je vais vous dire faut également prévoir des
ce qui se passe aujourd’hui. mesures répressives.
C’est la mauvaise gestion
des ressources de l’Etat. Les M. Sébastien Germain
petits fonctionnaires que AJAVON. C’est ce que je disais
nous avons ne béné icient tantôt. Je dis que nous allons
pas réellement de la grande passer à la dématérialisation.
masse. Quand on vous dit que Vous savez, je ne suis pas
nous avons dépassé déjà la venu pour voler. Loin s’en
masse salariale. Cela se passe faut. Je n’en ai pas besoin.
au niveau des Directeurs
de cabinet. Cela se passe au M. Ricardo KPEKOU. Vous
niveau des ministres. Cela avez une grosse fortune.
se passe au niveau des gros,

-- 174 --
M. Sébastien Germain salariale est au-dessus du
AJAVON. J’ai besoin de pourcentage prévu. C’est de
servir mon pays. Et puisque cela qu’il s’agit. Il faudrait
la tête ne vole pas, le corps nécessairement que nous
ne volera pas. Et pour que revenions aux normes.
ce corps ne vole pas, il faut Et pour cela, on n’a pas
pouvoir le rétribuer. Si vous besoin d’une loi. On a juste
le soumettez à la mendicité, besoin d’être logique, d’être
c’est foutu. Vous n’aurez pas gestionnaire.
le résultat.
M. Habib SOUMANOU. Vous
M. Ricardo KPEKOU. allez réduire le train de vie
Sébastien Germain Ajavon, de l’Etat.
dans votre projet de société
que j’ai là sous les yeux, vous M. Sébastien Germain
avez promis mettre en place AJAVON. Obligatoirement!
un Gouvernement restreint Et vous pouvez compter
et un mode de gouvernance sur moi. Vous aurez le
qui assure la délégation Gouvernement le plus
de responsabilité et de la restreint que vous n’ayez
redevabilité. Cela veut dire jamais vu au Bénin.
quoi?
M. Habib SOUMANOU. Votre
M. Sébastien Germain domaine de compétence,
AJAVON. C’est exact. Vous ce sont les affaires. Vous
avez vu, depuis quelques y avez fait vos preuves.
années, nous avons eu un Et vous avez même conϔié
Gouvernement de 28 ou 27 que vous êtes en mesure de
membres. C’est exagéré pour porter le taux de croissance
notre pays. Je viens de vous à deux chiffres en peu de
dire que l’in lation dont on temps. Comment comptez-
parle, on dit que la masse vous y arriver quand on

-- 175 --
sait que les réalités et les M. Habib SOUMANOU.
procédures de gestion Ce qui est quand même
dans le privé ne sont bizarre, Sébastien Germain
nécessairement pas les Ajavon, c’est que tous les
mêmes que dans le public? candidats qui sont passés
ici ont pratiquement tous
M. Sébastien Germain parlé du Nigeria. Le Nigeria
AJAVON. Nous en venons apparaît donc aujourd’hui
là. Vous avez vu? Ils ont comme la poule aux œufs
dit qu’ils ont eu un taux de d’or.
croissance de 6%.
M. Sébastien Germain
M. Ricardo KPEKOU. AJAVON. Je vais vous dire
Sensiblement 6%! ceci. Moi, je suis le candidat
de la pratique. Je suis le
M. Sébastien Germain candidat qui ne verbiage pas,
AJAVON. Sensiblement 6% qui ne fait pas du verbiage.
avec la mauvaise gestion! Je suis le candidat qui a
Quand on va apporter déjà fait ses preuves. Je suis
une bonne dose de bonne le candidat qui travaille du
gestion, vous voyez que tout matin au soir avec le Nigeria.
de suite, nous allons passer Je sais de quoi je parle. Si les
à deux chiffres. De quoi il gens ont entendu, pendant
s’agit? Nous sommes dans les 10 années, comment je
un environnement où nous plaidais le Nigeria et tout
avons le Nigeria voisin qui ça... Et on prie pour dire le
est le pays le plus riche et le Nigeria... Entre le savoir-
plus peuplé de l’Afrique. A faire et le parler, il y a un
partir de ce moment, je ne grand fossé. Moi, ce dont je
peux avoir un riche voisin et vous parle aujourd’hui, c’est
moi, je serai pauvre. Ce n’est que vous devez comprendre
pas possible. que je sais comment aller

-- 176 --
tirer les ressources de ma M. Ricardo KPEKOU.
proximité avec le Nigeria. Je Sébastien Germain Ajavon,
l’ai fait tout le temps. je vous prends au mot. Vous
parlez de l’importation. On
M. Habib SOUMANOU. sait que vous le faites si bien
Dans quels domaines, puisque vous envoyez tout
le Nigeria peut être une le temps pratiquement,
chance de développement le Bénin étant un pays de
pour le Bénin? transit, vos produits au
Nigeria. Mais le Nigeria,
M. Sébastien Germain AJA- on se rappelle, a toujours
VON. Vous savez, nous avons souhaité que ce soit la
un pays à budget essentiel- production locale qui
lement iscal. Notre pays
puisse réellement venir au
est un pays de transit. Nous
Nigeria.
n’avons pas la population.
Nous n’avons pas le pouvoir
M. Sébastien Germain
d’achat. Celui qui a le pou-
AJAVON. Je vais en venir.
voir d’achat se trouve être
notre voisin. Premièrement!
Secundo, c’est que nous M. Ricardo KPEKOU. Voilà!
sommes obligés de continuer
dans l’importation. Nous M. Sébastien Germain
sommes obligés puisque AJAVON. Je vais en venir.
nous importons pour le Ni- Vous allez me laisser vous
geria, et cela crée des res- expliquer un peu.
sources à l’Etat. Aujourd’hui,
nous avons une iscalité de M. Ricardo KPEKOU.
porte qui est à près de 80- D’accord!
90% de notre budget natio-
nal. A partir de ce moment, M. Sébastien Germain
nous devons redynamiser ce AJAVON. Vous savez, nous
secteur-là. avons beaucoup de choses

-- 177 --
à prendre avec le Nigeria. Il ne faut pas tricher les gens.
Nous sommes un pays de Les gens qui, toujours dans
transit. Cela veut dire quoi? leurs théories, disent que
Cela veut dire que des le Bénin doit être un pays
produits peuvent passer agricole. Le Bénin n’a que
chez nous pour atteindre 112.600 kilomètres carrés.
le Nigeria. C’est de cela Le Bénin est un petit pays. Le
qu’il s’agit. Et nous devons Bénin ne peut pas être une
continuer de pro iter de cela. puissance agricole. Il faut
Nous avons les TIC, nous qu’on le dise aujourd’hui et
avons l’Internet, nous avons maintenant.
la ibre qui est arrivée au
Bénin. Mais regardez toutes M. Ricardo KPEKOU. En
les dif icultés que nous avons quoi le Bénin ne peut
avec l’Internet aujourd’hui. pas être une puissance
Aujourd’hui, l’Internet agricole? Expliquez-nous
est une nécessité. Ce n’est un peu.
pas un luxe. Et si en 2016,
nos dirigeants ne l’ont pas M. Sébastien Germain
compris et que nous sommes AJAVON. Il faut déjà qu’on
encore dans cet état, c’est règle le problème de
grave. Je peux vous dire qu’au l’autosuf isance alimentaire
niveau seulement des TIC, au Bénin et essayer de vendre
c’est 1 à 2% de croissance. le surplus, pour l’instant, au
Au niveau seulement des Nigeria voisin et, s’il le faut,
TIC, c’est des dizaines de un peu plus loin. Mais je vous
milliers d’emplois à créer. dis que le Nigeria voisin déjà
Donc, c’est le savoir-faire. constitue une aubaine pour
Tout est question de savoir- notre pays. Et nous devons
faire. Maintenant, on parle savoir l’exploiter.
du Nigeria. On parle de
l’agriculture. Il faut produire. M. Ricardo KPEKOU. Est-

-- 178 --
ce à dire que si le peuple pas possible. En fait, c’est un
vous faisait conϔiance et praticien qui parle. Ce n’est
qu’au soir de l’élection pas un théoricien. Vous avez
présidentielle, vous étiez affaire à un praticien. Je suis
au Palais de la Marina, aujourd’hui fermier jusqu’au
vous n’allez pas en faire Brésil. Donc, je sais de quoi
une priorité? Je veux parler je parle. Le Brésil, c’est un
de l’agriculture. continent. Ils ont tellement
d’espaces qu’ils sont
M. Sébastien Germain meilleurs dans beaucoup de
AJAVON. Mais, ce n’est pas choses. D’abord, pour faire la
du tout ce que je dis. culture, il faut avoir l’espace.
Je viens de vous dire que
M. Habib SOUMANOU. Ah! le Bénin est un petit pays.
Expliquez-nous! Mais pour l’autosuf isance
alimentaire, le Bénin est
M. Sébastien Germain assez grand. Nous pouvons
AJAVON. Vous savez, je suis faire un peu d’exportation.
un fermier. Contrairement à Vous avez vu le coton
ce que vous pouvez penser, depuis des années, c’est des
je suis un fermier. J’ai voulu subventions depuis le début
faire de la mécanisation et ces subventions, c’est
parce que j’ai plus de 2.000 des amis qui se partagent
hectares. Je ne peux pas aller cela. La population, est-ce
à la houe avec 2.000 hectares. qu’elle a vraiment gagné?
Je fais venir les engins Les paysans, est-ce qu’ils
agricoles, les tracteurs, ont vraiment gagné dans
les moissonneuses, les ce coton? Pourtant, nos
batteuses et tout. Tout est là. sols sont en train d’être
Mais le Gouvernement me dit appauvris. Nous utilisons
que je dois mettre le gasoil des insecticides. Nous
au prix de la pompe. Ce n’est utilisons des intrants qui

-- 179 --
appauvrissent nos sols. M. Ricardo KPEKOU.
Quand on appauvrit le sol, Justement, parlant de
cela doit nous rapporter l’énergie, qu’est-ce que vous
beaucoup de devises. allez faire dans ce secteur
C’est juste une question une fois à la Marina?
de commencer par savoir
comment le Bénin se M. Sébastien Germain
positionne pour que nous AJAVON. Ça va être la priorité
puissions atteindre la des priorités. Aujourd’hui, on
croissance à deux chiffres. ne peut jamais étudier sans
l’énergie. On ne peut faire
M. Ricardo KPEKOU. Donc, des industries sans l’énergie.
vous promettez, Sébastien L’énergie est au début et à
Germain Ajavon, sur ce la in de tout. C’est ce que
plateau aujourd’hui devant j’ai dit depuis 2007. J’ai
les téléspectateurs qui proposé aux gouvernants,
nous suivent, qu’une fois au j’ai dit : «Ecoutez! Arrêtons
pouvoir, vous allez amener l’hémorragie. Le Bénin
la croissance économique souffre. Nous devons
du pays à deux chiffres. produire. Laissez la
production de l’électricité
M. Sébastien Germain aux privés. Permettez
AJAVON. Cela me paraît aux privés de prendre
une réalité, une effectivité. une participation dans la
Pourquoi je vous dis cela? distribution. Et, pour ce qui
Rien n’est fait au Bénin. concerne le transport, l’Etat
Rien. Quand vous prenez garde encore le transport».
le domaine de l’énergie, Je suis allé plus loin pour
sans l’énergie, aucun dire que nous devons
développement. Je vous dis délocaliser. On ne doit plus
qu’on doit faire un avant de faire un transport qui coûte
faire deux. trop cher. On peut, commune

-- 180 --
par commune, leur donner que vous vendez, vous ne
des unités. Cela peut être des l’avez pas de disponible?
centrales solaires. L’éolien Cela veut dire quoi? Quand
n’est pas encore rentable. vous ne savez pas faire
Mais cela peut être aussi quelque chose, vous ne vous
des centrales à gaz. Nous mettez pas dedans. L’Etat ne
sommes obligés de passer peut pas être commerçant.
par là. Nous devons produire L’Etat ne peut jamais être
assez d’électricité pour que commerçant. Le résultat
tout le monde puisse avoir auquel nous sommes
accès à l’électricité de qualité parvenus aujourd’hui, c’est
et à moindre coût. la mauvaise gouvernance qui
Je vais vous dire ceci. apporte cela.
L’électricité est le moteur
de tout développement. M. Habib SOUMANOU.
J’avais proposé de construire Comment va se passer la
Maria-Gléta. Je vous dis que cohabitation entre l’Etat et le
le montant que je voulais privé dans le domaine de la
prendre pour construire gestion de l’énergie au Bénin
Maria-Gléta, avec plus de sous votre mandat, si vous
puissance, et en quatre étiez élu?
phases, c’est-à-dire 25 mégas
quatre fois, ce montant fait M. Sébastien Germain
la moitié de ce qui a été AJAVON. C’est ce que
dépensé aujourd’hui par j’étais en train d’expliquer.
l’Etat. C’est de la mauvaise Je dis qu’il faut laisser la
gouvernance. L’Etat n’est pas production de l’énergie aux
commerçant. Regardez la privés.
SBEE. La SBEE est une société
commerçante qui vend de M. Habib SOUMANOU.
l’électricité. Comment est- Totalement?
ce qu’on peut dire que ce

-- 181 --
M. Sébastien Germain M. Sébastien Germain
AJAVON. Entièrement! L’Etat AJAVON. Partout. Cela a été
n’est pas commerçant. La expérimenté dans plusieurs
preuve, depuis plus de 40 pays, partout. En fait, de
ou 50 ans, vous avez vu le quoi s’agit-il? L’Etat n’est
résultat. pas commerçant. L’Etat
peut toujours jouer son rôle
M. Ricardo KPEKOU. Mais régalien. Vous ne pouvez pas
est-ce que cela ne va pas être en train de jouer le rôle
coûter plus cher? régalien et en même temps
faire le commerce. Cela veut
M. Sébastien Germain dire que vous êtes juge et
AJAVON. Ce n’est même partie. Et c’est là où ça nous
pas possible. Plus, les gens amène.
consomment. Est-ce que
quand on a fait venir les M. Ricardo KPEKOU.
sociétés de GSM dans le Sébastien Germain Ajavon,
secteur de la téléphonie aujourd’hui, quand nous
mobile, ça coûte plus cher? regardons un peu ce qui
Bien au contraire. C’est la se passe sur le territoire
compétition. Et puis, il y a national, l’Exécutif a
l’Etat qui est là pour jouer quand même pris des
son rôle régalien. On ne se dispositions. Il y a l’énergie
lève pas. solaire actuellement
qui est en train d’être
M. Habib SOUMANOU. Est- réalisée. Il y a beaucoup
ce que ce que vous dites dans de centrales solaires qui
le domaine de l’énergie a ont été construites. Il y a
déjà été expérimenté avec des lampadaires solaires
succès dans un pays et vous implantés un peu partout
l’avez vu? dans le pays.

-- 182 --
M. Sébastien Germain niveau de la passation des
AJAVON. Je vous remercie marchés, il y a des dif icultés.
pour cette question. Vous Et nous allons les résoudre.
voyez, moi, je ne veux pas Moi, ce que je veux apporter,
rester dans du saupoudrage. c’est que tout le monde verra
Je veux rester dans un travail que ce qu’ils ont fait à 100
cohérent, méthodologique. francs, je l’ai fait à 50 francs
Je dis toujours qu’on doit faire et c’est de bonne qualité. Et
un avant de faire deux. Tout quand je ferai des économies
ce qui est fait là, allez voir ce de 50% sur le budget chaque
que cela devrait coûter. Allez année, cela veut dire que je
demander qu’est-ce que cela ferai deux fois ce qu’ils ont
devrait coûter. Qu’est-ce eu à faire, même trois fois.
que ça a coûté? Est-ce que
c’est la qualité? Est-ce que M. Habib SOUMANOU.
c’est de cela qu’on a besoin? Apparemment, vous serez
Tout est question de savoir très rigoureux.
gouverner. Je vous jure, le
Bénin a eu beaucoup de mal. M. Sébastien Germain
AJAVON. Mais je suis un
M. Habib SOUMANOU. homme de rigueur. Et rien de
Donc, vous allez réviser beau ne se fait sans rigueur.
les termes en termes de La rigueur ne veut pas dire
passation de marchés méchanceté. La rigueur
publics? se trouve dans la norme
toujours. Vous ne pouvez pas
M. Sébastien Germain vouloir de quelque chose et
AJAVON. C’est la norme. de son contraire. Rassurez-
Nous devons revenir à la vous. Je suis venu pour
norme. Tout ce qui est fait, servir. Je ne suis pas venu
vous avez vu? Plein de gré pour mettre la main dedans.
à gré. Cela veut dire qu’au

-- 183 --
M. Ricardo KPEKOU. au minimum 50 milliards
Vous êtes un opérateur supplémentaires, sans faire
économique privé. Vous de la persécution pour les
avez parlé à l’instant, dans chefs d’entreprises. Je viens
votre développement, de de dire, d’entrée de jeu, que
la collaboration qui doit ma première préoccupation,
exister entre l’Etat et le c’est de remettre en
privé. Vous, en tant que con iance les créateurs de
privé, quand vous serez élu richesses. Vous savez ce qui
Président de la République se passe? C’est tout simple.
du Bénin, quelle sera la Quand vous ne savez pas faire
cohabitation que vous allez quelque chose, demandez
pouvoir avoir notamment l’expertise. Vous allez
avec le privé pour ne pas voir un médecin qui vous
mettre réellement sur pied prescrit un médicament.
une concurrence déloyale Vous refusez de l’utiliser.
parce que d’aucuns la Vous allez mourir. Alors,
craignent déjà? n’allez pas voir le médecin.
De quoi il s’agit? Je ne suis
M. Sébastien Germain pas le seul chef d’entreprise
AJAVON. Merci pour cette ici au Bénin. Dès que j’arrive,
question. Je vais vous dire je prends secteur par secteur
ceci. C’est des hypocrites. et nous signons un accord.
Nous, on n’est pas hypocrites. Je ne veux pas savoir ce que
Je dis que je suis venu pour l’autre gagne. Je veux savoir
servir. Mon budget est ce que l’Etat gagne.
essentiellement iscal. Si je
n’ai pas des recettes, cela M. Ricardo KPEKOU.
veut dire que je vais avoir Vous parlez des secteurs.
un budget plus bas. Vous Parlons du secteur de la
ne verrez jamais cela. Je télécommunication, Habib
vous garantis que j’aurai Soumanou. Quelles sont

-- 184 --
les réformes que vous allez redresser la maison. Qu’est-
entreprendre, Monsieur ce que vous faites? Vous faites
Sébastien Germain Ajavon? l’état des lieux. Donc, je vais
faire l’état des lieux au niveau
M. Habib SOUMANOU. de la télécommunication
Vous avez commencé par pour savoir l’existant. Et de
le dire. L’Internet peut être cet existant, où est-ce qu’on
une source de création de doit projeter le pays? Je vous
richesses. Nous avons la jure, c’est des milliards de
ϔibre optique qui passe par francs qui peuvent rentrer
le Bénin. dans les caisses de l’Etat tout
en permettant au secteur
M. Ricardo KPEKOU. Nous privé qui a fait son exercice,
en avons deux maintenant. qui sait faire son métier, de
gagner de l’argent.
M. Habib SOUMANOU.
Mais apparemment, nous M. Ricardo KPEKOU.
n’en proϔitons pas assez, Sébastien Ajavon, est-ce
selon vos dires. Quelles que ce ne sont pas des
sont les réformes que vous paroles assez mielleuses,
proposez pour que le Bénin des promesses que vous
proϔite véritablement de ce faites aux téléspectateurs,
secteur? juste pour avoir leurs
suffrages?
M. Sébastien Germain
AJAVON. Vous savez? Je vais M. Sébastien Germain
peut-être vous surprendre. AJAVON. Est-ce que Ajavon
Je ne vais pas perdre mon Sébastien a jamais fait des
temps pour regarder en promesses mielleuses?
arrière. On vous con ie une
maison qui a des problèmes. M. Ricardo KPEKOU. C’est à
On vous dit que vous devez vous de nous le dire.

-- 185 --
M. Sébastien Germain l’identiϔier comme cela se
AJAVON. Vous êtes en face doit aux téléspectateurs.
de quelqu’un qui connaît Vous allez montrer cela à la
son métier. Vous savez? Je camera.
suis un agrégé en pratique,
en économie pratique. Tout M. Sébastien Germain
ce à quoi vous vous attendez AJAVON. On est tellement
là, depuis qu’on leur a laissé nombreux. Mais je voudrais
la possibilité de faire leurs juste dire que la deuxième
preuves, ils ont fait quoi? De ligne, à partir de la droite, je
quoi les gens ont peur? Je suis en troisième position.
vous dis qu’en cinq ans, vous La position est claire. Vous
verrez. Vous verrez au niveau avez vu. C’est la bougie et le
de l’emploi. Vous verrez poisson. C’est un symbole.
au niveau des ressources. Et c’est un symbole de
Vous verrez au niveau de la réussite. Je voudrais dire,
gouvernance. ne vous perdez pas. C’est la
deuxième ligne et c’est en
M. Ricardo KPEKOU. Vous troisième position en venant
avez donc décidé, Sébastien de la droite. Voilà mon logo.
Ajavon, de venir faire vos Et que Dieu nous prête vie,
preuves. Eventuellement, vous verrez que les tâches
si les Béninoises et les seront à la hauteur du logo.
Béninois vous faisaient
conϔiance, vous allez M. Ricardo KPEKOU.
justement prendre le Sébastien Ajavon, ce
bulletin unique et pouvoir qui frappe tout de suite
nous dire, en réalité, quel à l’œil, Habib, si vous
est votre logo et quelle permettez, c’est la bougie
est votre position sur ce et le poisson. Cela veut dire
bulletin unique. D’abord, quoi? Pourquoi une bougie
votre logo pour pouvoir et un poisson? Parce

-- 186 --
que vous êtes opérateur M. Ricardo KPEKOU.
économique? Expliquez- Sébastien Ajavon, vous
nous. parlez justement des
jeunes. Habib Soumanou!
M. Sébastien Germain
AJAVON. La bougie! On vient M. Habib SOUMANOU.
de parler longuement de Avant de parler de la
l’énergie. La bougie, elle ne jeunesse, je voudrais parler
s’éteindra pas, même quand du tourisme et de la culture
il y a la nuit. La bougie, c’est qui sont une véritable
la lumière. Je veux que tout source de revenus pour
le monde continue de prier certains pays africains tels
pour moi parce que je suis que le Sénégal ou le Maroc.
un humain. Je suis un être Mais au Bénin, ces secteurs
humain et j’ai besoin que les semblent marginalisés.
gens m’accompagnent par Le projet de la route des
la prière. Beaucoup d’autres
pêches est toujours en
choses sur la bougie. On
souffrance depuis des
passera toute une journée
années. Que prévoyez-vous
pour en parler. Mais le
pour relever ce secteur ou
poisson, c’est signe de vivre
ces deux secteurs?
en mangeant. Et je veux
apprendre aux gens à pêcher.
Quand on va pêcher, ce que M. Sébastien Germain
l’on peut pêcher rapidement, AJAVON. Merci beaucoup!
c’est le poisson. J’apprendrai Vous avez parlé de croissance
aux jeunes à pêcher. C’est à deux chiffres. Le secteur
de cela qu’il s’agit. On ne va du tourisme seul peut faire
plus continuer de former grimper notre croissance de
les jeunes à l’administration deux points.
tout en sachant que
l’administration ne recrute M. Ricardo KPEKOU.
plus. Comment?

-- 187 --
M. Sébastien Germain nement? J’ai dit: «Commen-
AJAVON. Il faut y aller avec çons par 5 kilomètres». Ça,
de la méthodologie. c’est une démarche d’un chef
La route des pêches, on en d’entreprise et non d’un ad-
parlait depuis des années. ministratif. L’administratif,
Tous ceux qui sont passés il ne fait que dépenser. Mais
là disent route des pêches, il ne sait pas qu’on doit ren-
route des pêches... Si on vous trer l’argent, qu’on doit avoir
disait ce qui a été dépensé la recette avant de dépenser.
dans ce projet, vous allez,
peut-être, tomber des nues. M. Habib SOUMANOU. Vous
Mais je vous dis ceci. allez gérer le Bénin comme
une entreprise?
M. Ricardo KPEKOU.
Combien a été dépensé? M. Sébastien Germain
AJAVON. Mais, le Bénin,
M. Sébastien Germain AJA- c’est une entreprise. Il faut
VON. Je ne sais pas. Mais juste comprendre que l’Etat
dès qu’on va arriver, on fera doit jouer son rôle régalien.
l’état des lieux. Je dis qu’il y L’Etat doit pouvoir gérer la
faut aller progressivement. sécurité, gérer l’armée, gérer
Tant que vous n’aurez pas l’éducation nationale, même
l’énergie, vous ne pourrez là encore, avec le privé, gérer
pas construire les ouvrages, la santé avec le privé. Nous
les hôtels, les aménage- sommes tenus d’aller vers la
ments. Il faut l’énergie. C’est modernisation et d’aller vers
pour cela que je vous dis que le tourisme. Le tourisme
la priorité des priorités res- rapporte. C’est la deuxième
tera l’énergie. Maintenant, devise au Sénégal. Même si
la route des pêches, c’est sur on est aveugle, on n’est pas
45 kilomètres. Qu’est-ce que sourd. Ou si on est sourd, on
j’avais proposé au Gouver- n’est pas aveugle. On voyage.

-- 188 --
M. Ricardo KPEKOU. Sur le sûr que vous ne vivrez pas
projet de la route de pêches, les mêmes difϔicultés.
par exemple, vous savez
qu’il y a des efforts qui ont M. Sébastien Germain
été faits récemment. Nous AJAVON. Cessez de dire
avons vu un opérateur cela. Un chef est un chef. Je
économique qui est venu dis que quand c’est bien, on
soutenir le Président de la dit que le chef a fait. Quand
République et promettre c’est mauvais, il faut que
que ce projet sera réalité le chef endosse. Fuir ses
sous peu. responsabilités comme cela,
franchement, vous ne pouvez
M. Sébastien Germain jamais développer un pays
AJAVON. On est à la in en disant que c’est toujours
les collaborateurs. Qui a mis
du mandat. Vous avez vu
les collaborateurs? Qui a
quelque chose là? On doit se
choisi ces collaborateurs?
dire la vérité. Moi, je ne joue
pas. Je sais faire quelque
M. Ricardo KPEKOU.
chose. Je veux juste montrer,
Revenons à votre projet
en cinq ans, ce qui se fera. Et
de société. Vous avez parlé
je vous ai dit que peut-être justement dans ce projet
que ce qu’on fera en cinq ans, de l’emploi des jeunes. Et
ils ne l’ont pas fait en 20 ans. c’est une priorité dès le 06
avril 2016 pour vous. Si,
M. Habib SOUMANOU. Oui, éventuellement, vous étiez
Ajavon, parfois, ce n’est élu, que proposez-vous
pas la volonté qui manque à la jeunesse? Combien
au Chef de l’Etat mais d’emplois allez-vous créer,
c’est l’accompagnement par exemple pour les jeunes
des cadres qui fait défaut. en un quinquennat?
Comment pouvez-vous être

-- 189 --
M. Sébastien Germain ceux qui savent créer l’em-
AJAVON. Je ne vais pas dire ploi?
que je vais créer 200.000
ou 300.000 emplois. Mais M. Sébastien Germain
ce que je voudrais faire, AJAVON. Il faut que l’Etat
c’est de montrer les limites devienne responsable et
de l’Etat. Je ne pourrai pas respecte ses engagements.
En fait, redonner con iance
créer beaucoup d’emplois au
aux chefs d’entreprises, c’est
niveau de l’administration
de leur dire : «Ecoutez! Dites-
tout en sachant qu’il y a des moi tout ce que je dois faire
pôles à couvrir au niveau pour vous sécuriser». C’est
de la santé, de l’éducation eux qui me créent l’emploi.
nationale. Il y a des secteurs C’est eux qui savent créer
dans lesquels nous sommes l’emploi.
obligés de recruter. Nous
sommes obligés, nous M. Ricardo KPEKOU.
n’avons même pas le Oui mais je ne peux vous
choix. Mais le seul secteur sécuriser sans perdre moi-
aujourd’hui qui peut créer même.
l’emploi, c’est le secteur
privé. Et je vous ai dit, à M. Sébastien Germain
AJAVON. D’abord, si je ne
l’entame de cette discussion,
sécurise pas ceux qui vont
que je mettrai en con iance
créer l’emploi, comment
ceux qui savent créer est-ce que je peux avoir des
l’emploi. Je vais vous dire ressources moi-même? C’est
quelque chose de simple. Ce de cela qu’il s’agit. Ce qui
n’est pas, en fait, de la magie. s’est passé pendant toutes
C’est juste le bon sens. ces années, c’est qu’on
n’a même pas respecté sa
M. Habib SOUMANOU. Com- signature. L’Etat n’a pas
ment on met en conϔiance respecté sa signature.

-- 190 --
M. Ricardo KPEKOU. Donc, bonne chose mais ce n’est
Sébastien Ajavon, vous pas bien fait. On ne dit pas
promettez créer beaucoup gratuité et on ne donne pas
d’emplois à la jeune les ressources pour que
génération. les enfants puissent aller à
l’école normalement.
M. Sébastien Germain
AJAVON. Pas des emplois M. Ricardo KPEKOU.
précaires mais des emplois Non! Mais les ressources
réels. sont envoyées, Monsieur
Sébastien Ajavon.
M. Habib SOUMANOU. Vous
M. Sébastien Germain
avez également prévu une
AJAVON. Non! Pas du tout!
part à la promotion de la
femme dans votre projet de
M. Ricardo KPEKOU. Vous
société.
avez quelle preuve de ce
que vous dites?
M. Sébastien Germain
AJAVON. Vous savez, la M. Sébastien Germain
femme pour moi, il faudrait AJAVON. Vous savez bien
qu’elle soit ille, puis femme. que quand on commence
Enfant, ille, femme. Déjà, ce la rentrée, vous devez
que le Gouvernement a fait envoyer de l’argent dans
en disant gratuité jusqu’en l’école puisque l’école ne
classe de terminale pour les prend plus des scolarités. Si
illes. vous envoyez au milieu de
l’année, comment est-ce que
M. Ricardo KPEKOU. Vous les enfants vont continuer?
allez continuer? Est-ce que c’est la gratuité
ça? On demande même des
M. Sébastien Germain cotisations parallèles aux
AJAVON. C’est une très enfants?

-- 191 --
M. Ricardo KPEKOU. Vous, avoir des charges énormes
vous ferez quoi? parce que vous dites, comme
si ce n’était pas possible,
M. Sébastien Germain d’améliorer cela. Il faut juste
AJAVON. Il faut juste bien bien gérer les ressources
gérer les choses. La priorité existantes.
de l’avenir de notre pays,
c’est l’humain. C’est les M. Habib SOUMANOU. Dans
hommes. Et la femme, si votre Gouvernement, il y
on veut qu’elle aille loin, aura combien de femmes?
il faudrait vraiment que
l’écolage soit gratuit. On dit M. Sébastien Germain
scolarité gratuite. C’est juste AJAVON. Moi, je ne suis
ce que l’on paye. Mais les pas la personne qui fait des
livres, les cahiers, tout ce qui incantations, qui fait des
s’en suit, ce n’est pas l’Etat promesses sans les tenir. Je
qui paye. veux des femmes de qualité.
Je vous jure. Je sais que les
M. Ricardo KPEKOU. Vous femmes, quand elles veulent
allez payer tout ça? faire le travail, elles le font
très bien. Si j’ai les femmes
M. Sébastien Germain de qualités, elles peuvent
AJAVON. Non! Nous allons être même plus nombreuses
regarder, dans la mesure que les hommes. Mais il
du possible, ce que nous faut les avoir. Le tout ne
pouvons faire pour alléger la suf it pas de dire que je
tâche. Quand on dit qu’il faut veux mettre moitié femme,
essayer de payer à sa juste moitié homme. Il faut qu’on
valeur le fonctionnaire, tous les trouve. Il faut qu’elles
ces intrants-là sont dedans. soient bonnes à leurs postes.
Vous payez mais vous lui Rassurez-vous. Il n’y aura
permettez aussi de ne pas même pas à marchander

-- 192 --
par rapport à cela. Je vais M. Habib SOUMANOU.
vous dire, mes plus proches Comme ce qui se fait déjà?
collaborateurs, que ce soit
en Europe ou ici, c’est les M. Sébastien Germain
femmes. Et cela donne plus AJAVON. Je ne sais pas si
de con iance. quelque chose se fait. Ils
ont annoncé des choses
M. Ricardo KPEKOU. qu’ils sont en train de faire.
Sébastien Ajavon, on sait Pourquoi ils ont attendu
que vous êtes également neuf (09) ans avant de
dans le domaine des sports. commencer par faire ce qui
La preuve, vous avez eu à est primordial?
offrir au Bénin un centre
de sport. Qu’est-ce que M. Ricardo KPEKOU. Non!
vous allez faire justement Natitingou a été posé il y a
pour les sports et les loisirs longtemps. Parakou...
quand vous serez Président
de la République. M. Sébastien Germain
AJAVON. Ils ont trop
M. Sébastien Germain attendu. C’est ce que je dis.
AJAVON. Ça, c’est mon dada Tant mieux. On verra ce
hein! Le sport, c’est d’abord qu’ils ont fait. On verra ce
la santé. Il faut inculquer qu’Ajavon fera. Moi, ce que
dans la tête des jeunes, des je vous dis, dans le sport,
enfants, qu’ils doivent faire nous allons revenir avec le
le sport tous les jours. Et football professionnel. Mais
dans ce cadre, je vous le dis, pour ce faire, il faut passer
si dans les cinq ans, je ne
par la formation des jeunes.
construis pas les aires de
Si on ne passe pas par la
jeu en gazon synthétique,
formation des jeunes, vous
des pistes d’athlétisme dans
toutes les communes du n’aurez aucun résultat. Et
Bénin... ça, je m’y emploierai. Vous

-- 193 --
allez demander où est-ce les stades auront un beau
que vous allez trouver des visage. Et nos hôpitaux,
moyens? Je viens de vous qu’avez-vous prévu?
dire que chaque année,
je vais augmenter mon M. Sébastien Germain
budget de 50 milliards sans AJAVON. Voilà! Ça, c’est
chercher à racketter les encore quelque chose qui
chefs d’entreprises et les me fait très mal. Vous savez,
créateurs d’emplois. aujourd’hui, vous ne pouvez
même pas faire un examen
M. Ricardo KPEKOU. Donc, d’IRM au Bénin. Il n’y en a pas.
une fois Sébastien Germain Vous êtes obligés d’aller au
Ajavon au pouvoir, toutes Togo. Le Togo est plus riche
les 77 communes du que nous? C’est encore là un
Bénin auront des pelouses problème de gouvernance.
synthétiques. Dès que j’arrive là, le plateau
du CNHU va changer. Nous
M. Sébastien Germain n’irons plus au Togo pour
AJAVON. Sur les cinq ans. Je faire l’IRM. Mais c’est la
ne dis pas que je les ferai en gestion qu’il faut mettre en
une année. Je suis quelqu’un place qui sera différente.
de très méthodique. Je mets
un avant de faire deux. Je M. Habib SOUMANOU. Vous
suis dans la norme. Mais revenez de Parakou. Qu’est-
ce que vous prévoyez pour
rassurez-vous. Avant la in
le CHD Borgou/Alibori?
de mon quinquennat, tout
Vous parlez du CNHU.
au moins, nous aurons des
gazons synthétiques dans
M. Sébastien Germain
toutes les communes du
AJAVON. On doit mettre
Bénin.
le minimum dans tous les
CHD, dans tous les hôpitaux
M. Habib SOUMANOU. Là,
des départements. C’est
-- 194 --
incroyable! On ne peut pas M. Habib SOUMANOU. Oui
comprendre qu’on soit en mais les gens meurent plus
2016 et qu’on dise qu’on n’a dans nos hôpitaux pour
pas d’IRM, qu’on dise qu’on faits de grève que pour
n’a pas de scanner... Ce n’est manque de matériels.
pas possible. Vous savez
ce qui est dépensé chaque M. Sébastien Germain
année pour envoyer les gens AJAVON. Je vais vous dire
à l’extérieur? quelque chose. Ça aussi,
c’est une question de savoir-
M. Ricardo KPEKOU. faire. Est-ce que vous avez
Quand vous parcourez le entendu chez les privés qu’il
pays, puisque vous revenez y a grève? C’est juste un
du septentrion, vous avez problème de savoir-faire, de
vu beaucoup d’hôpitaux de gouvernance.
zone qui ont été construits
sous le régime du Président M. Habib SOUMANOU. Mais
Boni Yayi un peu partout qu’est-ce que vous allez
dans nos communes. faire pour qu’il n’y ait plus
grève?
M. Sébastien Germain
AJAVON. Quels sont les
M. Sébastien Germain
instruments qui se trouvent
AJAVON. Quand je vais
dans ces hôpitaux?
arriver, vous allez voir s’il y
M. Ricardo KPEKOU. C’est
aura grève.
bien équipé.
M. Ricardo KPEKOU. Ah
M. Sébastien Germain
bon! Quelle est la politique
AJAVON. Est-ce que les
que vous allez mettre en
hôpitaux sont équipés? Je
place?
dis non. Ce n’est pas équipé
du tout.

-- 195 --
M. Sébastien Germain que cet épisode est fermé
AJAVON. Je vais anticiper. Il puisque le Gouvernement a
faut anticiper. Il faut discuter reconnu qu’il m’a persécuté.
avec le personnel. Moi, chez Et ils sont en train de payer.
moi, à chaque année, quand
on se voit à l’orée de l’année, M. Ricardo KPEKOU. Ah
ils disent: «On n’a rien à bon!
demander».
M. Sébastien Germain
M. Habib SOUMANOU. AJAVON. Ils sont en
C’est parce que vous êtes train de payer. Bien sûr!
fortunés. Apparemment, vous n’êtes
pas informés. Ils sont en train
M. Sébastien Germain de payer les 13 milliards. Ils
AJAVON. Ce n’est pas ont annulé les 35 milliards
une question de fortune. qu’ils ont mis sur le dos de
C’est ce qui se passe dans la société COMON. Ils sont en
l’entreprise, c’est sur cela train de payer. Mais depuis
qu’on joue pour rémunérer. décembre, puisque j’ai
demandé à être candidat et
M. Habib SOUMANOU. que le peuple a voulu que je
J’allais vous poser la sois candidat, ils ont arrêté
question. On dit que vous de payer. Ça encore, c’est
avez bâti votre fortune sur plus grave. Je vous dis, c’est
la fraude et la corruption de la mauvaise gouvernance.
douanières. Que répondez-
vous? M. Habib SOUMANOU.
Donc, vous n’êtes pas
M. Sébastien Germain coupable de ce dont on
AJAVON. Vous savez bien que vous accuse?
je suis resté au Bénin. J’ai été
persécuté partout. Je pense M. Sébastien Germain

-- 196 --
AJAVON. Je suis le premier M. Habib SOUMANOU.
contributeur du pays depuis Quand vous serez Pré-
2007. Et mon poursuivant sident, ferez-vous des
ne fait pas le cinquième de contrats aux privés?
ce que je paye. En quoi on
peut me traiter encore de M. Sébastien Germain
fraudeur? AJAVON. Forcément. Il faut
bien qu’il y ait des gens qui
M. Habib SOUMANOU. En fassent les marchés d’Etat,
tant que Président de la sinon, l’Etat ne pourra pas
République, s’il arrivait continuer.
que vous soyez élu, pensez-
vous pouvoir être vraiment M. Ricardo KPEKOU. Sé-
neutre et impartial en cas bastien Germain Ajavon,
de conϔlit entre l’une de vos nous sommes tenus par le
entreprises et un service de temps. Au plan politique,
l’Etat? peut-être l’avant-dernière
question, nous avons vu
M. Sébastien Germain derrière vous un certain
AJAVON. Vous savez ce qui nombre de politiques. Il
fait ma force? Je ne fais s’agit de Rachidi Gbada-
aucun contrat avec l’Etat. Je massi, de l’honorable Clau-
ne veux même pas entendre dine Prudencio et tout ça.
parler de cela. Je ne fais Ce sont des personnalités
pas de marché d’Etat. A la politiques. Qu’est-ce que
date d’aujourd’hui, je dé ie vous pensez aujourd’hui
quiconque. Ce n’est pas de la réforme du système
parce qu’on ne me l’a pas partisan parce que toutes
proposé mais je ne veux pas ces personnes sont venues
me souiller. Dieu m’a déjà vous soutenir, mais ce ne
donné assez. sont pas de grands partis
qui sont derrière vous?

-- 197 --
M. Sébastien Germain M. Ricardo KPEKOU.
AJAVON. Merci beaucoup! On vous aura compris,
Vous savez, tout ça, j’arrive au Sébastien Germain Ajavon,
moment où le Parlement est sur cette question. Vous
déjà mis en place. Quand on allez, en 30 secondes,
veut parler de réforme, c’est montrer à nouveau votre
le Parlement. Tout ce qu’on place sur le bulletin unique
avait dit tout à l’heure, c’était aux téléspectateurs avant
la norme. Mais quand on la conclusion de cette
parle de réforme, il faut aller émission.
à l’Assemblée. A partir de ce
moment, c’est de là que la M. Sébastien Germain
politique vient. S’ils veulent AJAVON. Chers
vraiment que la situation téléspectateurs, encore
des partis s’améliore, c’est une fois, j’ai accepté d’y
à eux. Moi, je préfère cela aller. Et sachez que les
parce que, regardez le cinq prochaines années
nombre de candidatures vous réservent de bonnes
que nous avons aujourd’hui. surprises, des surprises
Cela n’honore pas notre agréables. Vous allez
pays. Mais qu’est-ce que regarder la deuxième ligne, à
nous pouvons si la classe partir de la droite, je suis en
politique ne veut pas, elle- troisième position. Mettez
même, changer les choses. Je votre cachet sur la bougie
ne veux pas être hypocrite. et le poisson, ainsi que ma
C’est à la classe politique, photo et vous êtes en train
parce que c’est l’Assemblée de sauver le Bénin. Je vous
qui décide de ces choses-là. remercie.
Ce n’est pas moi. Moi, je ne
ferai qu’accompagner toute M. Ricardo KPEKOU. Merci,
initiative bonne. Monsieur Sébastien Ger-
main Ajavon! Je le rappelle,

-- 198 --
vous êtes donc candidat à
la présidentielle de 2016.
Les téléspectateurs et au-
diteurs de l’ORTB ont eu le
temps de suivre vos expli-
cations et de comprendre
réellement ce que vous
mettez dans votre projet de
société. «Réussissons tous
ensemble», c’est le nom de
ce projet de société.
Merci à vous, Habib
Soumanou! Vous m’avez
accompagné dans cette
émission.
Merci à l’ORTB et à la Haute
Autorité de l’Audiovisuel et
de la Communication qui
ont permis de réaliser cette
émission.
A très bientôt!

-- 199 --
-- 200 --
Abdoulaye BIO TCHANE
Né le 25 Octobre 1952

Journalistes ayant conduit l’entretien :


Christian GNACADJA
Hortense SAIZONOU
ORTB

-- 201 --
M. Christian GNACADJA. Abdoulaye Bio Tchané,
Madame et Monsieur, bonsoir!
bonsoir. Agir pour une
nouvelle gouvernance. M. Abdoulaye BIO TCHANE.
Ainsi s’intitule un des pro- Bonsoir! Bonsoir à vous!
grammes de reconstruc- Bonsoir à madame aussi!
tion de la société béninoise Et bonsoir, Béninoises
en lice pour la présiden- et Béninois, chers
tielle de 2016. Vous devine- compatriotes! Bonsoir et
rez aisément le porteur de très heureux d’être ici pour
ce projet lorsque j’aurais expliquer le contrat social
rappelé à votre souvenir que je propose au peuple
le slogan «TABATI TABA». béninois.
Bien sûr, après l’expérience
malheureuse de 2011, le M. Christian GNACADJA.
candidat de l’Alliance pour En attendant d’entrer
un Bénin Triomphant re- dans l’explication de ce
bondit. Il propose cette contrat social, je voudrais
fois-ci, je le cite, «un contrat que nous découvrions,
pour un Bénin uni et triom- avec Hortense Saizonou,
phant», un contrat résumé une photographie sonore
en 154 pages environs. Un de l’homme qui aspire à
document que nous dé- diriger le Bénin à partir du
cryptons aujourd’hui en 06 avril prochain.
compagnie d’Abdoulaye
Bio Tchané. Occasion pour Mme Hortense SAIZONOU.
les Béninois de découvrir Monsieur Abdoulaye Bio
ce qu’ils peuvent attendre Tchané, bonjour!
de cet ancien fonctionnaire
international, s’il accédait M. Abdoulaye BIO TCHANE.
au Palais de la Marina. Bonjour!

-- 202 --
Mme Hortense SAIZONOU. Monétaire International
Après avoir décroché (FMI). Vous êtes alors le
un baccalauréat, série Directeur Afrique de cette
C au Lycée Béhanzin de institution, poste que vous
Porto-Novo, vous obtenez gardez pendant six (06)
une maîtrise en sciences ans. En 2008, vous dirigez
économiques en 1972 la Banque Ouest-Africaine
à l’Université de Dijon. de Développement (BOAD)
Détenteur d’un diplôme comme Président de
d’études supérieures l’institution. Quel parcours!
bancaires en 1979, vous En 2011, vous démissionnez
avez un DESS en ϔinances de cette fonction pour
islamiques. De 1992 à vous lancer dans la course
1996, vous occupez, à à la présidence de la
Dakar au Sénégal, le poste République. Expérience
d’Assistant du Gouverneur infructueuse!
de la BCEAO, dirigée à Economiste, ϔinancier et
l’époque par le Gouverneur banquier, vous attachez du
Charles Konan Bani. De prix à la lutte contre la cor-
1994 à 1996, le poste de ruption, la bonne gouver-
Secrétaire du Conseil de nance et les secteurs pro-
Convergence de l’UEMOA pices à la croissance écono-
vous échoit. De 1996 à 1998, mique des pays africains, à
vous devenez Directeur des savoir éducation, santé et
études de la BCEAO. En mai infrastructures. Vous avez,
1998, le Général Mathieu d’ailleurs, écrit un livre in-
Kérékou vous appelle titulé «Lutter contre la cor-
dans son gouvernement ruption: un impératif pour
en qualité de ministre de le développement du Bénin
l’économie et des ϔinances dans l’économie interna-
du Bénin. L’on vous tionale».
retrouve en 2002 au Fonds Agé aujourd’hui de 64 ans

-- 203 --
déterminés, vous repartez fonds de garantie africain
à la conquête du Palais de qui s’appelle le Fonds de
la Marina. Vous êtes marié Garantie Africain et qui
et père de trois enfants. a pour objet de garantir
Abdoulaye Bio Tchané ou des prêts aux petites et
ABT, comme on aime vous moyennes entreprises dans
appeler, bonsoir! Merci toute l’Afrique, sur tout le
d’accepter de présenter continent.
au peuple Béninois votre Ensuite, j’ai créé, depuis 2011,
projet de société. un cabinet de consultance
qui me permet donc d’être
M. Christian GNACADJA. encore actif, de conseiller
Voilà donc, Abdoulaye Bio les gouvernements africains,
Tchané! Le contrat que de grandes entreprises
vous proposez au peuple africaines.
béninois s’ouvre par une Donc, je voulais dire cela
insistance sur l’unité natio- avant de répondre à la
nale et la cohésion sociale. question pertinente que
Pourquoi un tel préalable? vous me posez.
Vous savez, nous sommes
M. Abdoulaye BIO TCHANE. un pays à l’échelle africaine,
Merci beaucoup! Permettez- même à l’échelle mondiale,
moi d’être un peu plus relativement petit. En taille,
complet quand vous me je veux dire. Dix millions
présenter. A vous entendre, d’habitants, à l’échelle
je suis toujours et surtout des problèmes qui sont
dans le passé. Vous avez posés à nos compatriotes,
rappelé avec brio tout ce que ce n’est pas beaucoup.
j’ai fait par le passé. Mais je Par conséquent, dans ces
voudrais dire que j’ai encore conditions-là, nous devons
des activités actuelles. tout faire pour assurer
Je suis président d’un l’unité nationale dans notre

-- 204 --
pays, au lieu, comme je le d’une région appropriée ou
vois ici et là, de diviser nos tout simplement parce que
compatriotes soit sur des ses parents n’ont pas une
bases partisanes, soit sur position très élevée dans la
des bases religieuses, soit, société.
encore plus grave, sur des
bases ethniques. C’est pour M. Christian GNACADJA.
cela que, à l’image d’ailleurs Mais est-ce que ce principe
du Président Kérékou à que vous défendez n’est
qui je rends hommage ici, pas mis à mal lorsqu’on
vous avez rappelé que j’ai entend: «les ressortissants
été son ministre pendant de telle communauté ou
quatre (04) ans, je pense que de telle région soutiennent
c’est important d’inscrire tel candidat»? Je ne veux
tout ce que nous faisons à pas parler, par exemple,
l’intérieur du cadre de l’unité des ressortissants Yôm, la
nationale. Il faut que tous les communauté Yôm résidant
Béninois, quelles que soient à Cotonou qui dit : «Je
leur origine, leur ambition soutiens la candidature
partisane, leur confession du candidat de l’Alliance
religieuse se sentent ils à ABT»?
part entière de ce pays. Et
c’est pour cela que c’est très M. Abdoulaye BIO TCHANE.
important de penser à l’unité Je crois que ce qui met à mal
nationale. Il ne faut pas que l’unité nationale, c’est moins
quelqu’un, et je l’ai entendu çà que des actes d’autorité.
à Matéri, par exemple, il y a Je prends, par exemple,
quelques semaines, se sente les concours. Vous savez,
incapable d’avoir les mêmes partout où nous passons
droits qu’un autre citoyen dans notre pays, les gens
parce qu’il est plus pauvre, fustigent l’organisation des
parce qu’il ne vient pas concours, y compris les plus

-- 205 --
récents pour dire : «Nous connaissance, ils savent que
n’acceptons pas d’être Abdoulaye Bio Tchané est
écartés tout simplement capable de réaliser ce qu’il
parce que nous n’avons promet aux Béninois.
aucun parent bien placé.
Nous ne sommes pas de Mme Hortense SAIZONOU.
la bonne ethnie. Nous ne Eh bien, Monsieur Abdou-
sommes pas de la bonne laye Bio Tchané, vous avez
région de notre pays. Cela parlez de réformes. Qu’est-
étant, si, par l’exemple que ce que vous envisagez
vous citez, vous visez une faire?
partie de la population, j’ai
des gens qui sont d’un peu M. Abdoulaye BIO TCHANE.
partout qui me soutiennent. Je vais vous dire une chose.
J’ai eu des pasteurs du Nous avons besoin de
Mono-Couffo l’autre jour réformer entièrement ce
qui m’ont apporté leur pays. C’est pour vous dire
soutien entier et total. Ils que l’agenda de la continuité
ne sont pas de la Donga. J’ai est tout simplement
des compatriotes de Covê, intenable pour le pays. S’il
du Zou qui me soutiennent y a un Béninois qui veut
parce qu’ils me connaissent. mieux vivre demain, s’il y a
Ils ne sont pas de la Donga. un Béninois qui veut donner
du travail à ses enfants,
Et bien sûr, c’est normal que
s’il y a un Béninois qui est
ceux qui me connaissent le
entrepreneur et qui veut
plus et qui savent que je suis
des marchés publics ou
capable de diriger ce pays,
même privés demain, s’il y a
me soutiennent. Ils ne me
des femmes béninoises qui
soutiennent pas seulement veulent avoir une égalité de
parce que je suis de chez eux. chances pour elles-mêmes
Ils me soutiennent parce mais aussi pour leurs enfants,
que, par dé inition et par si vous avez des Béninois qui
-- 206 --
veulent avoir de l’électricité M. Abdoulaye BIO TCHANE.
dans leurs maisons, alors, Je reproche à ce système
l’agenda n’est sûrement pas d’être incapable de donner
celui de la continuité. Il faut justement les dividendes de
réformer ce pays de fond en la démocratie. Je lui reproche
comble en commençant par de créer tous les jours des
la gouvernance politique. chômeurs. Je lui reproche
Voyez ce qui se passe. Tous d’accroître la pauvreté dans
les Béninois à commencer notre pays tous les jours. De
par les plus grands partis 2006 à 2015, il y a au moins
disent qu’il faut réformer 500.000 chômeurs en plus.
notre système partisan. Je veux dire 500.000 pauvres
Et fondamentalement à qui viennent s’ajouter. Il y a
commencer par le constat
près d’un million de chô-
que le système partisan
meurs qui sont venus s’ajou-
que nous avons, le système
ter à ceux qui étaient là. Ce
démocratique que nous
système est tout simplement
avons et qui nous est envié
intenable parce que, je vous
par les autres pays africains,
par d’autres pays autour du le dis, aujourd’hui, pour ce
monde, malheureusement, qui concerne les jeunes, par
ce système ne donne exemple, la situation du chô-
pas les dividendes à nos mage ou du sous-emploi des
compatriotes, parce que jeunes est une situation qui
nos compatriotes les plus met en danger la sécurité de
nombreux, les jeunes, ils notre pays. C’est pour cela
veulent du travail. que c’est devenu un pro-
blème de sécurité nationale.
M. Christian GNACADJA. Alors, je vais revenir à ce que
Qu’est-ce que vous repro- je vais faire puisque votre
chez concrètement à ce sys- question, c’est exactement
tème? «Qu’est-ce que vous voulez
faire?»

-- 207 --
Mme Hortense SAIZONOU. L’emploi pour les jeunes.
Concrètement, qu’est-ce L’autonomisation des
que vous voulez faire? femmes comme deuxième
priorité. Troisième priorité,
M. Abdoulaye BIO TCHANE. l’agriculture. Et en in, qua-
Alors, ce que je veux faire, trième priorité, les services
c’est beaucoup de choses. de base, l’éducation, la san-
Mais commençons par la té, l’eau potable, l’électricité,
réforme de la gouvernance etc.
Vous voyez, on ne va pas
M. Christian GNACADJA. réformer pour réformer.
Au plan institutionnel, par On ne va pas réformer et
exemple! af icher que nous sommes
en train de faire une réforme
M. Abdoulaye BIO TCHANE. institutionnelle. On réforme
Au plan institutionnel, au parce qu’on veut un objectif.
plan économique et au Et cet objectif, c’est améliorer
plan social. Pour faire quoi? les conditions de vie de nos
Premièrement, pour donner populations, améliorer les
du travail à nos jeunes. J’ai conditions d’existence de
lancé il y a trois semaines un nos compatriotes.
plan national de l’emploi qui
va démarrer dès avril 2016. M. Christian GNACADJA.
Alors, lorsque vous parlez
M. Christian GNACADJA. d’amélioration des condi-
Nous y reviendrons. tions d’existence de nos
populations, c’est vérita-
M. Abdoulaye BIO TCHANE. blement vaste. Quelle est
Je vous annonce mes priori- la première démarche que
tés. Je vous donne les têtes vous allez mener?
de chapitres. On reviendra
aux détails tout à l’heure. M. Abdoulaye BIO TCHANE.

-- 208 --
La toute première démarche, le Bénin sera dans quelques
elle est institutionnelle. Et je années, dans quelques 10,
l’annonce ici de la manière la 15, 20 ans et prendre un
plus solennelle. Nous avons certain nombre de mesures
besoin d’agir et d’agir vite. pour ne pas trouver des
C’est pour cela que je dis solutions qui sont hors-sujet
et je le répète. Moi, je suis dès qu’elles ont été mises
prêt à agir dès le 06 avril en œuvre. Donc, première
2016. Je n’attendrai pas six chose, organisation des
mois après. Je n’attendrai assises nationales.
pas trois mois après. Je suis Deuxième chose, commencer
déjà prêt à agir. Nous allons, par prendre des mesures
dès le 06 avril 2016, lancer immédiates pour redonner
ce que j’appelle les assises la crédibilité à la signature
nationales. du Bénin.

M. Christian GNACADJA. Ah M. Christian GNACADJA.


bon! C’est-à-dire?

M. Abdoulaye BIO TCHANE. M. Abdoulaye BIO TCHANE.


Absolument! Pour répondre C’est-à-dire, par exemple,
à l’appel constant de nos j’ai annoncé il y a quelques
populations. Nous allons jours aussi que nous allons
écouter tout le monde sur ce commencer par rembourser
que nous allons faire pendant les spoliés de ICC Services.
les cinq ans qui viennent et
même au-delà. Parce que, Mme Hortense SAIZONOU.
ce qui nous manque aussi C’est possible?
dans ce pays, c’est de nous
projeter sur le long terme, M. Abdoulaye BIO TCHANE.
de nous projeter sur le C’est absolument possible
moyen terme, dire comment et c’est indispensable de le

-- 209 --
faire. Ce n’est pas un discours est indispensable de leur
politique et de propagande. rembourser la totalité, s’il est
avéré qu’ils ont été spoliés
Mme Hortense SAIZONOU. de la totalité, nous allons le
Vous aurez les ressources faire. Dans les années 90,
nécessaires? on a bien remboursé tous
les déposants des anciennes
M. Abdoulaye BIO TCHANE. banques.
Absolument! Nous avons les
ressources. M. Christian GNACADJA.
Ce n’est pas forcément le
Mme Hortense SAIZONOU. même contexte, Monsieur
C’est indemniser ou Bio Tchané.
rembourser?
M. Abdoulaye BIO TCHANE.
M. Abdoulaye BIO TCHANE. C’est absolument le même
J’ai dit rembourser. Mais contexte. Voyez-vous? Les
on peut rembourser la spoliés d’ICC-Services ont
totalité comme rembourser été victimes d’institutions
une fraction. Parce que qui auraient...
nous allons auditer les 150
milliards qui sont annoncés M. Christian GNACADJA.
par le gouvernement. Il y a un Illégales!
rapport du fonds monétaire
que j’ai, comme beaucoup M. Abdoulaye BIO TCHANE.
d’acteurs. Il y a des rapports Qui auraient, dès le départ,
internes à l’administration été jugées illégales par les
qui existent. Nous allons autorités et fermées par
écouter les spoliés. Et à partir les autorités. Parce que
de cela, nous dirons à quel c’est une activité qui est
niveau il faut rembourser totalement réglementée.
les gens. Parce que s’il Vous pouvez aller ouvrir

-- 210 --
une échoppe et vendre des revenir au scandale en
fruits et légumes, vendre des lui-même, mais véritable-
poissons avariés, vendre des ment, nous attarder sur la
poulets avariés et laisser pas solution que vous préconi-
mal de nos compatriotes. sez, une solution qui, mal-
Vous n’aurez pas besoin heureusement, ne revient
d’autorisation pour le faire. qu’en période électorale.
Mais si vous avez l’intention, Est-ce que vous n’en faites
dans votre rue, dans la rue pas une arme de conquête
où votre maison se trouve, du pouvoir?
de collecter tout simplement
l’épargne de vos voisins, M. Abdoulaye BIO TCHANE.
vous avez besoin d’une Non! Pas du tout! Je l’ai
autorisation de l’Etat. dit depuis 2010. Dès que
nous avons eu les rapports,
Mme Hortense SAIZONOU. notamment du Fonds
Parce que c’est de l’argent. Monétaire International, j’ai
dit que le Gouvernement, pas
M. Abdoulaye BIO TCHANE.
le mien, le Gouvernement qui
Parce que c’est de l’argent.
était là à l’époque et qui est
Pour cela, et les institutions
qui sont en activité, et le encore là doit rembourser les
Gouvernement sont respon- déposants d’ICC. Retournez
sables des dépôts de nos à vos notes. Vous le verrez.
épargnants. Dans le cas d’es- Et j’ai continuellement tenu
pèce, ce qui s’est passé, c’est ce discours. Et je rappelle
tout simplement que nous aujourd’hui en disant, moi, en
avons vu... 2016, si Dieu veut que je sois
le Président du Bénin, alors,
M. Christian GNACADJA. Si les déposants, les spoliés
vous permettez, Monsieur d’ICC seront remboursés.
le Président, on ne va pas Et je dis, Madame, nous en
-- 211 --
aurons les moyens parce que le savez peut-être pas, mais
les moyens sont là. c’est une obligation pour le
Gouvernement.
M. Christian GNACADJA.
Les deniers publics? M. Christian GNACADJA.
Monsieur le Président,
M. Abdoulaye BIO TCHANE. le dossier ICC-Service
Pourquoi pas? Parce que la semble nous retenir à tel
responsabilité... point que nous risquons
de nous éloigner des
M. Christian GNACADJA. réformes. Vous en étiez aux
Ce ne serait pas juste. Tous réformes institutionnelles.
les Béninois n’ont pas Et sans doute, vous
souscrit à cela, Monsieur le passerez au chapitre de la
Président. décentralisation parce que
le Bénin, en cette matière, a
M. Abdoulaye BIO TCHANE. encore des progrès à faire.
C’est absolument juste parce
qu’il va de la responsabilité M. Abdoulaye BIO TCHANE.
de l’Etat. C’est l’Etat qui est Absolument! Moi, je pense
responsable. De la même que la décentralisation est
manière que vous allez, une des réformes que nous
par exemple, déposer dans devons pousser plus loin.
une banque. Tout le monde Aujourd’hui, nous avons
ne dépose pas dans une certaines communes à statut
banque. Mais lorsqu’elle fait spécial comme Cotonou,
faillite du fait de l’absence Porto-Novo et Parakou. Mais
de contrôle, lorsqu’elle nous sommes très loin de
fait faillite pour d’autres réaliser le potentiel de la
raisons, eh bien, l’Etat a pour décentralisation. Et pour
obligation de rembourser cela, en ce qui me concerne,
tous les déposants. Vous ne nous allons prendre de

-- 212 --
nouvelles lois pour donner communes de prendre la
plus de pouvoir et encore plus responsabilité de construire
de moyens aux communes ces écoles, ces dispensaires
parce que si vous circulez, et, éventuellement, d’autres
comme moi, j’ai visité les 77 infrastructures sociales.
communes de notre pays,
et certaines à plusieurs Mme Hortense SAIZONOU.
reprises, vous verrez qu’il y Eh bien, Monsieur
a pas mal d’infrastructures Abdoulaye Bio Tchané, nous
qui sont laissées en allons parler, à présent,
déshérence, des écoles qui des emplois des jeunes.
sont inachevées, des centres Vous avez promis faire
de santé inachevés alors environ 500.000 emplois
même que nos populations sur le quinquennat. Est-ce
en demandent. Des écoles, que c’est bien réaliste ? Et
des centres de santé. Il y comment avez-vous évalué
a des endroits ici même à les besoins du Bénin?
Cotonou où les enfants n’ont
pas accès au dispensaire. M. Abdoulaye BIO TCHANE.
Dans les conditions où vous Je vais vous dire. Parce que
savez qu’il est plus facile justement, il faut partir
pour un maire, quel que soit des besoins pour voir
là où il est, de construire une qu’effectivement, on peut y
salle de classe ou un module arriver et on doit y arriver.
de classes que le Ministère Vous savez, aujourd’hui,
de l’éducation ici. Et donc, tous les ans, ils viennent
pour ce qui concerne sur le marché de l’emploi au
les infrastructures de ce moins 100.000 jeunes qui
genre, moi, je considère cherchent du travail. Ceux
qu’il appartiendra aux qui sortent des universités
structures décentralisées diplômés, ceux qui sortent un
et en particulier aux peu plus bas de nos lycées de

-- 213 --
l’enseignement secondaire fait un million de personnes
et qui ne peuvent pas aller qui demandent du travail. Et
plus loin, soit parce que tous les ans...
leurs parents n’en ont pas les
moyens, soit parce qu’ils sont Mme Hortense SAIZONOU.
fatigués et d’autres encore On a des expériences qui
qui sortent plus bas encore. n’ont pas abouti.
Vous savez le niveau moyen
d’un Béninois. Un garçon par M. Abdoulaye BIO TCHANE.
exemple, son niveau moyen Laissez-moi vous parler, s’il
d’éducation, c’est la 5ème. Cela vous plaît. Tous les ans, dans
veut dire que beaucoup vont les mêmes conditions, nous
sur le marché de l’emploi à sommes capables de donner
un niveau inférieur à la 5ème. du travail à 10.000 sur les
Des jeunes qui... 100.000. Aujourd’hui. Donc,
nous avons...
M. Christian GNACADJA.
Qu’est-ce qui peut être M. Christian GNACADJA.
prévu pour ceux-là? Par quel mécanisme vou-
lez-vous y arriver vérita-
M. Abdoulaye BIO TCHANE. blement? On a l’impres-
Des jeunes qui sortent à un sion d’entendre, permettez
niveau inférieur qui est le le terme, une incantation
CM2. Cela veut dire que sur lorsque...
les 100.000 emplois, vous
avez non seulement les M. Abdoulaye BIO TCHANE.
jeunes diplômés, mais aussi Non! Ce n’est pas une
ceux qui sont beaucoup plus
incantation.
bas. Sur un quinquennat, cela
fait combien de personnes
qui demandent du travail? Mme Hortense SAIZONOU.
500.000, n’est-ce pas? Sur 10 Ou bien, ce sont de petits
ans, cela fait combien? Cela emplois?

-- 214 --
M. Abdoulaye BIO TCHANE. M. Abdoulaye BIO TCHANE.
Ecoutez-moi et regardez très Aujourd’hui, par exemple,
bien ce que nous allons faire. le budget de l’agriculture
Je l’ai annoncé il y a trois tourne autour de 50 ou
semaines. Je n’ai pas entendu 60 milliards de francs CFA
de contradicteur sur cela. par an. Nous, nous allons
Nous allons commencer porter ces crédits-là à
par créer des emplois dans 130 milliards au moins.
les secteurs pilotes de D’accord? Et qu’est-ce que
notre pays: l’agriculture, nous allons faire de ces
les services. Aujourd’hui, 130 milliards? Nous allons
l’agriculture emploie équiper de manière massive
70% de nos compatriotes. et moderniser de manière
Malheureusement, elle massive les paysans. Nous
n’attire pas les jeunes. Elle allons construire les
n’attire pas les jeunes pour infrastructures qui sont
deux raisons. Premièrement, nécessaires, les pistes
c’est pénible. Deuxièmement, rurales. Il y en a beaucoup
les revenus y sont faibles. qui manquent. Vous allez
Nous allons trouver des tout près ici dans le Mono.
solutions partielles à cela Lorsqu’il pleut, les paysans
en modernisant, de manière n’ont pas accès à leurs terres,
substantielle l’agriculture. les paysans ne peuvent pas
sortir leurs productions.
M. Christian GNACADJA. Nous allons construire ces
Cela se fait aujourd’hui. pistes rurales. Nous allons
construire les points d’eau.
M. Abdoulaye BIO TCHANE. Aujourd’hui, nous sommes
Cela ne se fait pas encore au mois de février. Et si vous
allez dans le septentrion,
Mme Hortense SAIZONOU. vous verrez que les paysans
Cela se fait. sont assis. Ils ne font rien.

-- 215 --
Parce qu’il n’y a pas d’eau. voulez faire. Je vous dis que
même en réalisant ce plan
M. Christian GNACADJA. La stratégique dont vous parlez,
maîtrise de l’eau! nous allons le modi ier
parce que nous avons des
M. Abdoulaye BIO TCHANE. priorités différentes. Je
La maîtrise de l’eau! vous ai dit premièrement
que nous allons réduire
M. Christian GNACADJA. la pénibilité. Nous allons
Hortense Saizonou, en accroître non seulement les
écoutant Monsieur Abdou- rendements mais accroître
laye Bio Tchané faire ce dé- les revenus des paysans.
veloppement, on est tenté Comment? Aujourd’hui,
de lui poser juste deux pe- vous avez des paysans qui
tites questions. Où puiser produisent, je prends le
toutes ces ressources-là? Et maïs, une tonne à une tonne
puis, est-ce que ce que vous et demie à l’hectare. Nous
proposez tient compte de allons les aider à porter cette
l’état des lieux? Il y a déjà production à 4 ou 6 tonnes
au Bénin un plan straté- à l’hectare. C’est possible.
gique de relance du secteur Cela se passe dans les pays
agricole. Est-ce que ce que voisins. Voyez-vous, cela ne
vous proposez entre dans nous est pas interdit.
ce plan? Je parlais de la maîtrise de
l’eau tout à l’heure. A l’heure
M. Abdoulaye BIO TCHANE. où je vous parle, si vous
Il y a un plan stratégique traversez la frontière du
de relance de l’agriculture. Burkina Faso, vous verrez
Malheureusement, il n’est les paysans en train de faire
pas inancé. Si vous ne du maraîcher. Pourquoi les
donnez pas de l’argent à paysans béninois ne peuvent
l’agriculture, vous ne pouvez pas le faire?
pas réaliser ce que vous

-- 216 --
M. Christian GNACADJA. Ils voulez développer? Et allez-
n’en ont pas le mécanisme. vous prendre en compte les
petits paysans qui ne sont
M. Abdoulaye BIO TCHANE. pas instruits?
Non! Ce n’est pas une
question de mécanisme. M. Abdoulaye BIO TCHANE.
Ce n’est pas parce que les Bien sûr! D’abord, je parle
paysans du Burkina Faso de tous les paysans. Bien sûr,
sont plus intelligents ou les paysans qui sont là et qui
ce n’est pas parce que les ne sont pas tous instruits
paysans béninois sont moins comme vous dites.
doués. C’est tout simplement
parce qu’il n’y a pas les Mme Hortense SAIZONOU.
infrastructures pour ça. Il Surtout les jeunes.
n’y a pas les points d’eau. Il
n’y a pas les retenues d’eau. M. Abdoulaye BIO TCHANE.
Qu’est-ce qui nous empêche Et justement, notre action
de faire les retenues d’eau? vise à favoriser, encourager
Ce sont les investissements les plus jeunes à aller dans
qu’il faut. Et je vous dis l’agriculture. Moi, je ne suis
qu’avec les 130 milliards pas agriculteur. Mon père
que nous allons mettre ne l’était pas non plus. Mon
désormais dans l’agriculture, père était un enseignant.
nous allons progressivement Mais j’ai un de mes ils qui
ériger ces infrastructures-là. veut aller à l’agriculture. Il
veut aller à la terre parce
Mme Hortense SAIZONOU. qu’il y voit le potentiel qu’il
Monsieur Abdoulaye Bio y a dans ce secteur. Eh bien,
Tchané, puisque nous je veux que beaucoup de
sommes dans le domaine jeunes béninois se rendent
de l’agriculture, quelles comptent de cela, saisissent
sont les ϔilières que vous ces opportunités. Et, bien

-- 217 --
sûr, c’est en leur montrant M. Abdoulaye BIO
qu’on ne va pas continuer TCHANE. J’en viens à vos
à faire l’agriculture avec la ilières. Vous m’avez posé
houe et la daba. une question. Votre collègue
m’a interrompu. Si vous
M. Christian GNACADJA. laissez inir de développer
Mais le Bénin dispose déjà mes idées, vous aurez les
d’un programme de méca- réponses qu’il faut.
nisation agricole. Alors, la diversi ication est
aussi au cœur de ce projet
M. Abdoulaye BIO TCHANE. de réformes de l’agriculture.
On ne va pas continuer à Nous avons aujourd’hui
faire l’agriculture avec 800 essentiellement une ilière:
kilos de coton à l’hectare le coton. Demain, nous allons
parce que tout ce que vous diversi ier les ilières. Nous
me dites, si je veux résumer aurons le maïs. Nous aurons
cela, cela veut dire : «Restons le manioc. Nous aurons
au statu quo». l’ananas. Nous aurons les
palmistes que nous avons
M. Christian GNACADJA. abandonnés nous-mêmes,
Sûrement pas. Nous vou- alors même que nous avons
lons savoir ce que vous ap- vendu il y a des années des
portez de nouveau. plants à nos voisins.

M. Abdoulaye BIO TCHANE. Mme Hortense SAIZONOU.


C’est ce que je vous dis. Ce Et dans quelles régions
que j’apporte de nouveau... vous pensez les installer?

Mme Hortense SAIZONOU. M. Abdoulaye BIO TCHANE.


Vous ne nous donnez pas Pardon!
non plus les ϔilières que je
vous ai demandées. Mme Hortense SAIZONOU.

-- 218 --
Dans quelle région du huile va se faire demain
Bénin, par exemple, le maïs, essentiellement dans la
vous voulez... vallée de l’Ouémé qui a
ce potentiel. Nous allons
M. Abdoulaye BIO TCHANE. développer une ilière
Vous connaissez la fameuse sur l’hévéa qui a aussi un
vallée de l’Ouémé. Elle est potentiel dans notre pays.
incroyablement riche. Voyez-vous? Il y a d’énormes
possibilités à condition de
Mme Hortense SAIZONOU. s’engager dans les réformes.
Et tout çà, c’est dans la J’allais oublier tout ce qui
Vallée de l’Ouémé? concerne les maraîchers.
Nous sommes dans un pays
M. Abdoulaye BIO TCHANE. qui a une frontière avec le
Partout dans le Bénin... Mais plus grand pays africain,
vous me demandez où nous le Nigeria. En plus, c’est
pensons le faire? le plus gros marché. C’est
l’économie n°1 de l’Afrique
M. Christian GNACADJA. aujourd’hui. Pro itons-en,
Oui! Madame.

M. Abdoulaye BIO TCHANE. M. Christian GNACADJA. En


Je vous donne un exemple: la quoi faisant?
vallée de l’Ouémé. Partout
dans notre pays, il y a des M. Abdoulaye BIO TCHANE.
spécialités. Vous voyez bien En développant l’agricultu-
qu’aujourd’hui, le coton se re, en développant la trans-
cultive essentiellement dans formation et en faisant du
le septentrion. Eh bien, le Bénin une partie du grenier
maïs aussi a des régions de de l’Afrique de l’Ouest et no-
prédominance. L’ananas se tamment, du Nigeria. C’est
fait essentiellement dans cela l’ambition que nous de-
l’Atlantique. Le palmier à vons avoir.

-- 219 --
Mme Hortense SAIZONOU. Ensuite, les politiques. Il
Eh bien, Monsieur Bio faut qu’il y ait des politiques
Tchané, nous sommes dans qui convergent. Donc, nous
la rubrique «Economie». avons adopté ce qu’on
Vous êtes ϔinancier. Vous appelle un programme de
êtes un homme de la convergence de politique
banque. On a souvent macroéconomique qui est
entendu parler de monnaie en cours. Ensuite, nous
unique. Quelle est votre avons créé, un peu plus tard,
position là-dessus? Est-ce ce qu’on a appelé l’Agence
qu’il y a la volonté des Etats monétaire de l’Afrique de
d’aboutir à cette monnaie l’Ouest, l’AMAO qui est
unique? l’ancêtre, si vous voulez, de
la Banque centrale. C’est
M. Abdoulaye BIO TCHANE. l’antichambre de la Banque
Moi, je vais vous dire. Parce centrale unique. Quand vous
que je suis un des artisans parlez d’une monnaie, il faut
de la monnaie unique. J’ai une Banque centrale.
été Directeur des études
de la Banque Centrale. Et M. Christian GNACADJA.
j’avais en charge, dans mon Bien évidemment!
département, dans ma
direction, la responsabilité M. Abdoulaye BIO TCHANE.
de conduire les négociations Et c’est cette Banque
et la mise en place de la centrale de l’Afrique de
monnaie unique qui a l’Ouest qui va émettre cette
connu plusieurs étapes. monnaie. Mais avant, il y a
D’abord, une chambre de un gros chantier. Et ce gros
compensation, c’est-à-dire chantier, c’est celui de la
que nous avons des activités convergence des politiques
commerciales entre le Bénin de tous nos pays, des 15 pays
et le Nigeria. Il faut payer. de la CEDEAO aujourd’hui. Et

-- 220 --
l’AMAO, l’Agence Monétaire Mme Hortense SAIZONOU.
de l’Afrique de l’Ouest est Mais si vous êtes Président
chargée justement de suivre de la République...
l’état d’exécution de cette
convergence. M. Abdoulaye BIO TCHANE.
Vous avez posé la question Commençons par balayer
de savoir s’il y a une volonté notre porte avant de
politique d’y aller. Je vous critiquer les autres.
dirai que cette politique
n’est pas évidente parce que M. Christian GNACADJA.
très souvent, ce que vous Alors, vous, Président, est-
constatez, c’est que lorsque ce que vous allez engager
certains sont en train de le Bénin dans cette
converger, d’autres sont dynamique?
en train de diverger. Nous
avons besoin justement M. Abdoulaye BIO
que la volonté politique qui TCHANE. Eh bien, quand
doit être réelle et qui doit je serai Président, bien sûr
être derrière cette monnaie que nous allons travailler
commune, cette volonté avec nos voisins, travailler
politique se traduise par des avec nos frères et sœurs
politiques qui convergent. de la CEDEAO pour faire
converger nos politiques
Mme Hortense SAIZONOU. en commençant justement
Ce n’est pas le cas alors. par avoir dans notre
propre pays des politiques
M. Abdoulaye BIO TCHANE. macroéconomiques saines,
Je vais vous dire que même un budget qui se respecte.
le Bénin ne converge pas.
M. Christian GNACADJA.
M. Christian GNACADJA. Revenons à l’économie in-
Ah! Et pourquoi? terne, en l’occurrence le

-- 221 --
secteur privé. Dans votre Nous trouverons les res-
contrat pour un Bénin uni sources dans la modernisa-
et triomphant, vous sem- tion du secteur privé, dans la
blez dire que ce secteur est mise à niveau du secteur pri-
déterminant pour le décol- vé et dans l’encouragement
lage économique du pays. au secteur privé. Nous avons
Pourquoi? Et de quelle ma- aujourd’hui un environne-
nière? ment de l’entreprise privée
qui s’est fortement dégradé.
M. Abdoulaye BIO TCHANE.
Bien! Le secteur privé est M. Christian GNACADJA.
déterminant parce que Ah non! Ce n’est pas ce
dans notre pays, comme que disent les rapports de
dans beaucoup de pays Doing Business, Monsieur
modernes, c’est celui qui le Président.
crée les richesses, c’est
celui qui permet à l’Etat M. Abdoulaye BIO TCHANE.
d’avoir les ressources qui lui Relisez très bien le rapport.
permettent de déployer ses J’ai ici le dernier rapport
politiques. Il ne vous échappe du FMI sur le Bénin et qui
pas que toutes ces priorités parle aussi du rapport Doing
que j’ai indiquées, si elles Business. Comparez les
sont importantes, elles ont performances du Bénin en
besoin de ressources. Vous 2006 et les performances du
avez posé la question tout à Bénin en 2015.
l’heure: Où trouverons-nous
les ressources? M. Christian GNACADJA.
Mais, en 2006, le Bénin ne
M. Christian GNACADJA. faisait pas partie des Top
Bien évidemment! 10, dit-on, les 10 meilleurs
pays réformateurs.
M. Abdoulaye BIO TCHANE.

-- 222 --
M. Abdoulaye BIO TCHANE. Vous voulez dire qu’il n’y
Il ne l’est pas aujourd’hui non a véritablement pas eu
plus, s’il vous plaît. Regardez amélioration du climat des
les chiffres. Le Bénin n’est affaires au Bénin?
pas parmi le Top 10.
M. Abdoulaye BIO TCHANE.
M. Christian GNACADJA. Il y a une amélioration par
Mais vous l’avez entendu rapport aux performances
dire, à plusieurs reprises, de ce propre Gouvernement.
par le pouvoir. On ne vous a Ce Gouvernement a porté les
pas vu sortir pour contester, indicateurs...
Monsieur le Président.
M. Christian GNACADJA.
M. Abdoulaye BIO TCHANE. Si vous le permettez,
Je l’ai entendu dire à titre de Monsieur Abdoulaye Bio
propagande. Je ne suis pas là Tchané, nous n’allons
pour démentir la propagande pas transformer cette
du Gouvernement. Je suis tribune en un tribunal du
là pour présenter à nos Gouvernement.
compatriotes les politiques
et les réformes qui sont M. Abdoulaye BIO
indispensables pour que TCHANE. Mais c’est vous
ce pays progresse. Si je qui faites le procès du
devais passer mon temps à Gouvernement. Ce n’est pas
démentir les propagandes, moi. Vous me demandez
je n’aurais pas une journée pourquoi je ne critique pas
de travail. C’est tous les jours le Gouvernement.
qu’il y a cela. De l’électricité
à Doing Business, au dé icit, M. Christian GNACADJA. Il
à l’électricité. Tous les jours, y a des informations que
il y a ça. vous n’avez pas contestées
en son temps.
M. Christian GNACADJA.
-- 223 --
M. Abdoulaye BIO TCHANE. ou proches du pouvoir».
Je vous dis que je ne conteste Si vous voulez que ce pays
pas la propagande. prospère, vous devez le faire.
C’est dans l’intérêt même du
M. Christian GNACADJA. Gouvernement de créer un
D’accord! Le climat des af- environnement où tous les
faires aujourd’hui, com- entrepreneurs, quelle que
ment est-ce que vous l’en- soit leur obédience politique
trevoyez? se sentent concernés par
les affaires publiques. Qu’ils
Mme Hortense SAIZONOU. aient les mêmes chances.
Revenons au secteur privé.
M. Christian GNACADJA.
M. Abdoulaye BIO TCHANE. D’accord! Au-delà!
Il y a beaucoup de choses à
faire pour mettre le secteur M. Abdoulaye BIO TCHANE.
privé à un niveau adéquat. La gestion des inances
Je prends tout simplement, publiques! Il faut que le
par exemple, les marchés budget soit un instrument
publics. Vous parliez tout capital de gestion de nos
à l’heure de l’égalité, de affaires dans le pays. Ce n’est
l’unité nationale. Et je vous pas le cas aujourd’hui. Et la
ai dit qu’il faut que tous les conséquence, c’est que vous
Béninois se sentent vraiment avez beaucoup d’entreprises
concernés au même titre à qui l’Etat doit de l’argent
par les affaires publiques. et qui ne sont pas payés.
Les entrepreneurs vous Et ça, c’est mauvais pour
diront : «Nous n’avons pas ces entreprises. Mais c’est
un accès équitable aux encore plus mauvais pour
marchés publics selon que les banques. Parce que les
nous sommes perçus comme banques, de ce fait-là, avec
proches de l’opposition des créances impayées

-- 224 --
par ces entreprises-là qui effectivement sentir que le
réduisent leur capacité à droit est dit. C’est valable
prêter non seulement à pour les entrepreneurs
ces mêmes entreprises, locaux. Mais c’est encore
mais également à d’autres valable pour les entreprises
entreprises. Donc, il faut le étrangères.
faire.
M. Christian GNACADJA.
M. Christian GNACADJA. Alors, comment est-ce que
Il faut réduire la dette vous comptez y arriver?
intérieure.
M. Abdoulaye BIO TCHANE.
M. Abdoulaye BIO TCHANE. Nous allons attaquer
Non! Il faut réduire déjà frontalement ces réformes-
les arriérés intérieurs. Je là. Vous avez parlé du
ne parle pas de la dette. Je rapport Doing Business, par
parle des arriérés intérieurs. exemple. Il y a un certain
La dette, c’est autre chose. nombre d’indicateurs. Il faut
Je pense que, de façon les prendre un à un et voir
générale, même s’il y a eu comment on améliore les
des dérives plus récemment, performances de notre pays
la dette publique béninoise par rapport à ces indicateurs.
est à un niveau qui n’est pas La justice, il faut prendre
catastrophique. un certain nombre de
Il y a un autre secteur qui est mesures en relation avec les
important : c’est la justice. magistrats eux-mêmes et
Vous allez me dire que la
avec les avocats et avec tous
justice est indépendante du
les acteurs de ce secteur.
Gouvernement. Elle n’est
Les impayés vis-à-vis des
pas si indépendante. Et
entreprises, il faut que
n’importe quel opérateur
le budget devienne un
économique qui a affaire
à la justice doit pouvoir instrument important de

-- 225 --
gestion économique. Çà, où nous avons besoin d’agir
c’est de la responsabilité et d’agir très vite. Là aussi,
du Gouvernement et nous je dis que dès le 06 avril,
allons le faire. Abdoulaye Bio Tchané va
Il y a d’autres secteurs. agir et je m’y engage. En quoi
Les infrastructures, l’eau, faisant?
l’électricité, le téléphone, les
infrastructures d’Internet M. Christian GNACADJA. En
qui sont indispensables quoi faisant?
pour que d’autres secteurs
puissent naître dans notre M. Abdoulaye BIO TCHANE.
pays, qu’on puisse donner Premièrement, nous allons
du travail aux jeunes créer un cadre juridique,
Béninois dans le secteur des c’est-à-dire prendre une loi
TIC, par exemple. C’est très qui permette à n’importe
important et nous pouvons quel opérateur de taille, je
le faire. veux dire, de venir investir
dans notre pays dans le
M. Christian GNACADJA. secteur de l’énergie, dans
Monsieur Bio Tchané, nous le secteur de l’électricité,
avons moins d’un quart produire de l’électricité et le
d’heure. Il vaut mieux que vendre d’abord et avant tout
nous abordions à présent, aux structures étatiques et
si vous le permettez bien, ensuite, être en capacité
des secteurs clés comme d’exporter cette énergie.
l’énergie qui est un élément Première chose!
de base même pour le climat Développer, de manière très
des affaires et pour le bien- active, les autres énergies,
être des populations. notamment l’énergie solaire,
la biomasse où nous avons
M. Abdoulaye BIO TCHANE. un potentiel important.
Oui! Là, c’est aussi un secteur

-- 226 --
M. Christian GNACADJA. M. Christian GNACADJA.
Vous pensez que l’envi- Pendant que nous parlons
ronnement s’y prête au- d’énergie, il faut bien que
jourd’hui, Monsieur Abdou- l’on couple cela rapide-
laye Bio Tchané? ment avec l’eau potable,
Monsieur Bio Tchané.
M. Abdoulaye BIO TCHANE.
L’environnement ne s’y M. Abdoulaye BIO TCHANE.
prête pas. C’est pour cela Absolument ! C’est un de
que je vous dis que dès le 06 nos points faibles aussi.
avril, nous allons engager Moi, je viens de l’Atacora,
des réformes pour passer il y a quelques jours. Il n’y
une loi sur les partenariats a pas d’eau dans les villes
public/privé. Il ne vous et villages de l’Atacora en
échappe pas que jusqu’ici, saison sèche. Dans la Donga,
nous n’avons pas, malgré c’est pareil. Dans beaucoup
toutes les signatures que de villes et de villages, à
vous voyez à la télévision, partir de Bohicon jusqu’à
nous n’avons pas quelqu’un
Malanville, nous sommes en
qui est venu installer une
saison sèche et il n’y a pas
grande turbine ici pour
d’eau.
produire, je ne sais pas, 100
ou 200 méga d’électricité.
M. Christian GNACADJA.
Pourquoi? Parce que ce
sont des investissements C’est le constat. Votre
à très long terme. Il faut 20 solution?
ans, parfois même 30 ans
pour rendre pro itable un M. Abdoulaye BIO TCHANE.
tel projet. Mais au bout de Notre solution, c’est que dans
20 ans, vous ne pensez pas le quinquennat, nous allons
qu’un Gouvernement sera là mettre de l’eau partout.
pendant 20 ans? Sûrement Avant la in du quinquennat,
pas. dans tous les villages, il y

-- 227 --
aura de l’eau en toute saison. Ce ne sont pas seulement les
C’est cela mon engagement. ressources des Néerlandais.
C’est trois fois plus de
M. Christian GNACADJA. ressources béninoises
Mais par quel miracle, qui ont été spoliées et
Monsieur Bio Tchané? utilisées dans des mains
impersonnelles, alors même
M. Abdoulaye BIO que des Béninois n’ont pas
TCHANE. Par le miracle de accès à l’eau potable.
l’investissement. Regardez
ce qui se passe avec PPEA 2. M. Christian GNACADJA.
Oui! Vous, c’est le futur.
M. Christian GNACADJA.
Non! Nous n’allons pas M. Abdoulaye BIO TCHANE.
remuer ces dossiers. Alors, c’est pour vous dire
que toutes ces ressources-
M. Abdoulaye BIO là, nous allons les consacrer
TCHANE. Ne défendez pas effectivement à l’eau
le Gouvernement, s’il vous potable. Et nous allons
plaît. Ne défendez pas le investir davantage pour
Gouvernement. que dans chaque village,
évidemment, les gens aient
M. Christian GNACADJA. de l’eau en toute saison.
Nous n’allons pas défendre C’est l’engagement que
le Gouvernement mais nous nous prenons. Vous avez des
n’allons pas le mettre non villages pas loin d’ici, dans le
plus au banc de l’accusé. Mono et même dans l’Ouémé
où il n’y a pas d’eau potable.
M. Abdoulaye BIO TCHANE. A Togbin ici, il n’y a pas d’eau
Laissez-moi m’expliquer, s’il potable.
vous plaît. PPEA 2, ce sont
des ressources importantes. Mme Hortense SAIZONOU.

-- 228 --
Oui, Monsieur Abdou- d’éviter un certain nombre
laye Bio Tchané, le temps de maladies.
s’écoule. Nous allons abor-
der d’autres domaines, par Mme Hortense SAIZONOU.
exemple, le domaine de la Mais cela se fait un peu
santé où le tableau tech- déjà.
nique n’existe pas et est
pratiquement inexistant M. Abdoulaye BIO TCHANE.
alors que nous avons des Cela ne se fait pas de ma-
médecins et des spécia-
nière agressive. Nous allons
listes éminents. Qu’est-ce
le faire de manière agressive.
que vous pensez faire pour
qu’il n’y ait pas d’autres cas Il ne vous échappe pas qu’au-
de décès ou pour qu’on di- jourd’hui, dans des quar-
minue le nombre d’évacua- tiers, peut-être même dans
tions vers l’extérieur? le vôtre, des gens sortent des
déchets de chez eux et les
M. Abdoulaye BIO TCHANE. mettent dans la rue.
Bien sûr! Là, il y a effective-
ment un domaine impor- M. le Journaliste. C’est
tant où nous avons besoin comportemental d’abord.
de réformer aussi, réformer
les politiques. Nous, notre M. Abdoulaye BIO TCHANE.
conception avec les pro- Il ne vous échappe pas que
fessionnels du secteur qui
nous avons des caniveaux
m’entourent, c’est dé inir les
qui sont bouchés à Cotonou.
problèmes de la santé sous
tous ses angles. D’abord, de
la prévention jusqu’au soin M. Christian GNACADJA.
le plus raf iné. La prévention, Monsieur Bio Tchané, c’est
c’est prendre toutes les me- lié d’abord au comporte-
sures, y compris d’hygiène ment de l’individu en at-
et de santé publique pour tendant l’action du pouvoir
permettre à nos concitoyens public.

-- 229 --
M. Abdoulaye BIO TCHANE. véritables plateaux. Le CNHU
Le comportement de l’in- en sera un. Nous allons en
dividu est aussi dicté par le créer un deuxième. Nous
comportement public. Il y allons créer et équiper les
a 20 ou 30 ans ici dans ce hôpitaux départementaux
même pays, c’est pour cela qui existent aujourd’hui
qu’il ne faut pas me parler de et aussi donner à ces
comportement individuel, infrastructures le personnel
tous les derniers samedis adéquat. Nous avons une
du mois, nous consacrions la insuf isance criarde de
demi-journée à faire du ba- personnels de santé un peu
layage, du nettoyage de nos partout.
rues et de nos quartiers. Est-
ce que ça nous dépasse çà? Mme Hortense SAIZONOU.
Ne me parlez pas de compor- Mais c’est beaucoup de
tement individuel. Ne passez ressources pour tout ce que
pas votre temps à défendre vous dites. Et où allez-vous
le Gouvernement. Ici, nous les trouver?
avons besoin de faire des ré-
formes. Je vous le dis. M. Abdoulaye BIO
TCHANE. Nous allons le
M. Christian GNACADJA. Le faire progressivement. Et la
changement passe d’abord mobilisation des ressources,
par l’individu. moi, je l’ai fait ici de 1998 à
2002. Je peux vous dire que
M. Abdoulaye BIO TCHANE. nous avons ces ressources, à
Deuxièmement, nous allons condition de les consacrer à
investir massivement dans ce qu’il faut.
différents secteurs. Investir
dans ces secteurs, c’est Mme Hortense SAIZONOU.
dans les infrastructures Vous les trouverez dans un
hospitalières, il nous faut de laps de combien de temps?

-- 230 --
M. Abdoulaye BIO TCHANE. n’est pas une performance.
Je les trouverai à partir Alors, je dis oui, la culture
du premier jour, déjà en est importante. C’est non
consacrant les ressources seulement important pour
aux secteurs qu’il faut. Je nous en tant que Béninois,
vous ai dit tout à l’heure pour notre identité, pour que
que nous avons un budget partout en Afrique, on sache
et nous passons la moitié qui sont les Béninois. C’est
du temps à dépenser sur aussi important pour que
d’autres secteurs. des jeunes Béninois puissent
avoir du travail. Nous avons
M. Christian GNACADJA. dans tous ces secteurs du
Monsieur Bio Tchané, nous cinéma, de la musique,
avons moins de 10 minutes du théâtre, de la peinture,
pour aborder rapidement des jeunes gens qui sont
des domaines comme la extrêmement doués, partout
culture. Vous avez promis dans notre pays.
de porter la subvention
à cinq (05) milliards de M. Christian GNACADJA.
francs CFA. Réaliste? Vous parlez de la création
d’une école pour tout ça. Et
M. Abdoulaye BIO TCHANE. pourquoi ne pas renforcer
Vous ne parlez que de cinq les structures existantes
(05) milliards de francs déjà?
CFA dans un budget qui fait
au moins 1.000 milliards M. Abdoulaye BIO TCHANE.
de francs CFA. C’est pareil Vous avez une école pour ça?
pour l’agriculture. Quand Est-ce qu’il y a une école?
vous consacrez 55 ou 60
milliards de francs au M. Christian GNACADJA.
secteur qui emploie 70% Nous avons une université.
de nos compatriotes, ce Nous avons une faculté des

-- 231 --
lettres, arts. Il y a le volet M. Abdoulaye BIO TCHANE.
Arts qu’il faut prendre en De la performance de notre
considération. pays. Il ne vous échappe
pas que tous les deux ans,
M. Abdoulaye BIO TCHANE. nous sommes spectateurs
Cela ne nous empêche pas de la CAN lorsque tous les
d’avoir une école. Cela ne pays voisins y envoient des
nous empêche pas d’avoir équipes ? J’ai envie que notre
un grand théâtre. Ayons pays y soit tous les ans. Et
aussi l’ambition de porter nous allons introduire les
notre pays au niveau des réformes pour cela. Nous
autres pays africains les plus allons aider la fédération à
performants. C’est tout ce être une vraie fédération qui
que je demande. travaille sur le football pour
que le football progresse.
M. Christian GNACADJA. Le Moi, je suis d’une famille
sport rapidement!
de footballeur. Je ne joue
plus moi-même. J’ai eu un
Mme Hortense SAIZONOU.
frère qui était un grand
Qu’est-ce que vous envisa-
responsable du football
gez faire?
béninois. Et je connais ce
M. Abdoulaye BIO TCHANE. secteur. Je sais que nous
J’envisage de faire beaucoup avons des jeunes gens qui
de choses parce que là où le sont extrêmement doués
sport se trouve, je ne suis pas dans tous les quartiers,
content. Je ne suis pas ier de dans tous les villages de
là où se trouve le sport de notre pays. Donnons-leur les
notre pays. moyens.

M. Christian GNACADJA. Mme Hortense SAIZONOU.


Des sportifs ou des Monsieur Abdoulaye Bio,
instances dirigeantes? Tchané, supposons que

-- 232 --
vous soyez le locataire en termes de gouvernance,
prochain de la Marina. mettre en place rapidement
Qu’est-ce que vous allez les assises pour discuter
faire? Les 10 premières de l’avenir de notre pays et
décisions que vous allez créer les conditions pour
prendre? qu’il y ait justement un plan
stratégique, pas de l’agricul-
M. Christian GNACADJA. Et ture, mais un plan straté-
cela, vous n’avez que deux gique du Bénin. Vous voyez
minutes pour nous le dire, la différence?
vous, Président, vous à la
Marina. Mme Hortense SAIZONOU.
Oui!
M. Abdoulaye BIO TCHANE.
Je vais vous rappeler juste M. Abdoulaye BIO TCHANE.
quelques engagements qui Quand j’ai été Président de la
ne seront pas 10 parce que BOAD, j’ai fait le premier plan
les Béninois n’attendent pas stratégique de la BOAD pour
forcément 10 décisions. dire où voulons-nous mettre
La toute première décision cette BOAD et comment
que je prendrai, je vous allons-nous faire pour que le
l’ai dit, je l’ai dit plusieurs Bénin soit Ala ia demain. Il
fois, je vais décider du faut une vision pour cela.
remboursement des spoliés
d’ICC-Services parce que c’est M. Christian GNACADJA.
une grave injustice. C’est le Monsieur, il y a également
plus haut scandale inancier un plan...
de notre pays depuis des
années. Et c’est l’une des M. Abdoulaye BIO TCHANE.
défaillances majeures de Vous permettez que je
notre Gouvernement. inisse, s’il vous plaît? C’est
Deuxièmement, nous allons, cela la troisième mesure.

-- 233 --
Ensuite, nous allons ce pouvoir, je suis prêt
nous attaquer aux vrais à agir. Je suis prêt à agir
problèmes: l’emploi des pour l’emploi des jeunes,
jeunes. J’ai donné déjà une pour l’autonomisation des
indication de la direction femmes, pour la réforme
dans laquelle nous voulons et la modernisation de
aller. 500.000 emplois avec l’agriculture, pour que les
les ressources qu’il faut. 50 Béninois aient de l’eau
milliards alloués par l’Etat potable là où ils vivent, dans
pour cela. Des garanties de leurs villages, dans leurs
inancement pour le secteur quartiers de ville et pour
privé... qu’il y ait de l’électricité dans
tous ces endroits, à Togbin, à
M. Christian GNACADJA. Calavi, mais aussi à Matéri et
Monsieur Bio Tchané, à Malanville.
trente secondes pour ϔinir.
Le temps qui nous est im- M. Christian GNACADJA.
parti tire à sa ϔin. Vous le Agir pour une nouvelle gou-
constatez comme moi. Un vernance tout simplement,
mot pour ϔinir. Un seul mot! comme l’indique votre pro-
jet de société.
M. Abdoulaye BIO Merci, Monsieur Abdoulaye
TCHANE. Un seul mot! Bio Tchané!
Chers compatriotes, Chers Merci, Hortense Saizonou!
Béninois, Chers Béninoises, Chers amis téléspectateurs,
ce que je peux dire en nous voici au terme de ces
conclusion à ce débat très échanges. Pourquoi faire
passionné, je voudrais conϔiance au candidat Ab-
vous remercier et vous dire doulaye Bio Tchané? Nous
combien j’ai été heureux venons de parcourir son
ici. Je veux vous dire qu’au rêve et sa méthode de gou-
06 avril, si Dieu me donne vernance si vous lui accor-

-- 234 --
dez votre conϔiance. En tout
cas, il ne revient qu’à vous
d’en décider à l’intérieur
de l’isoloir. Ainsi le veut
le principe démocratique
qui fait de vous, électeurs,
maîtres et gouverneurs de
votre destinée.
Merci de votre aimable
attention!

-- 235 --
-- 236 --
Pascal Irénée KOUPAKI
Né le 1er Mai 1951

Journalistes ayant conduit l’entretien :


René TALON
Ogoutchina KOUNDE
ORTB

-- 237 --
M. René TALON. Bonsoir ! qui, d’entrée, esquisse
Après 25 ans de renouveau votre portrait.
démocratique, le Bénin
est toujours en quête du M. Ogoutchina KOUNDE.
renouveau économique. Makandjou Pascal Irénée
Le débat programmatique Koupaki a vu le jour le 1er
ouvert par la Haute mai 1951 à Cotonou. Après
Autorité de l’Audiovisuel une maîtrise en sciences
et de la Communication en économiques, et plani-
pour cette présidentielle ϔication, économétrie et
permet de donner la statistique à l’Université
parole ce soir à Pascal Nationale du Bénin, il ob-
Irénée Koupaki. L’homme tient en 1977 un diplôme
incarnait aux yeux de bon d’étude supérieure spécia-
nombre d’observateurs la lisée en analyse des projets
caution du Gouvernement. puis un autre diplôme en
Mais lui, il a préféré le « banque ϔinance monnaie
destin de mécanicien en et crédit au Centre de For-
chef du garage Bénin. En mation de la Banque Cen-
52 minutes, il va nous trale des Etats de l’Afrique
clariϔier ce concept et de l’Ouest (BCEAO). Il sera
exposer ses solutions. nommé plus tard dans
Pascal Irénée Koupaki, cette Banque, Economiste
bonsoir et bienvenu sur principal puis Assistant du
« Moi Président ». Gouverneur. Mais Makand-
jou Pascal Irénée Koupaki,
M. Pascal Irénée KOUPAKI. est aussi l’homme des cabi-
Bonsoir monsieur Talon ! nets, d’abord directeur ad-
joint de cabinet du premier
M. René TALON. Alors, ministre de la Côte-d’Ivoire
j’animerai cet entretien d’alors, Alassane Ouattara,
avec Ogoutchina Koundé, puis directeur du premier

-- 238 --
ministre Adrien Houng- pour la présidentielle et sa
bédji entre 1996 et 1998. vision est de bâtir ensemble
Mais après la démission du le Bénin nouveau, le Bénin
Président du Parti du Re- apprenant, entreprenant
nouveau Démocratique du et innovant.
Gouvernement de Kérékou,
Makandjou Pascal Koupa- M. René TALON. Alors,
ki, retourne à la BCEAO. Pascal Iréné Koupaki, vous
En Avril 2006 il est appelé venez de suivre Ogoutchina
par le Président Boni Yayi Koundé, est-ce que ce
pour occuper le poste de portrait vous convient ?
Ministre des ϔinances, puis
ministre d’Etat chargé de M. Pascal Irénée KOUPAKI.
la prospective, du dévelop- Je pense que c’est portrait
pement de l’évaluation des qui a été bien tracé, juste
Politiques publiques et de un recti icatif sur ma date
la coordination de l’action de naissance, ce n’est pas
Gouvernementale avant 1er mai 1951, mais bien 18
d’être nommé en Mai 2011, mai 1951. Je sais que sur
Premier Ministre chargé de certains documents qui
la coordination de l’action circulent sur l’Internet, ça
gouvernementale de l’éva- indiquait 1er mai, mais on
luation des politiques pu- l’a toujours corrigé mais ce
bliques, du programme de n’est pas toujours bien pris
la dénationalisation et du en compte. C’est bien le 18
dialogue social. Il occupe mai 1951.
cette fonction jusqu’en août
2013, date de son départ du M. René TALON. On retient
Gouvernement. Makandjou le 18 mai. D’accord !
Pascal Irénée Koupaki est Pascal Irénée Koupaki,
candidat du « Rassemble- vous avez passé 7 ans 4
ment Nouvelle Conscience » mois au Gouvernement

-- 239 --
du changement. Alors, chose. Et donc tirant leçon
comment est-ce que de tout ce que j’ai vécu
vous expliquez qu’après pendant ces 7 années
tout ce temps, vous ayez d’expériences gestion des
quitté et que vous prônez affaires publiques à ce
aujourd’hui, la Nouvelle niveau de responsabilité, j’ai
Conscience et on vous développé le concept, moi de
entend aussi parler de CFA la « Nouvelle Conscience »
et du BUT ? qui n’est que l’incarnation
des valeurs. Parce que j’ai
M. Pascal Irénée KOUPAKI. observé que le renouveau des
Oui, j’ai une expérience valeurs qui devait compléter
de 7 ans 4 mois auprès du le renouveau économique et
Président de la République, le renouveau démocratique
c’est vrai que le concept n’était pas au rendez-vous.
qui avait été développé Donc, ce maillon manquait.
à l’époque était celui du Et par conséquent, lorsque
changement. Mais vous avez j’ai trouvé qu’il était
dû vous rendre compte que indispensable d’élaborer
la politique du Docteur Boni le concept de la Nouvelle
Yayi était bien lancée en Conscience, j’ai aussitôt
2006. Mais chemin faisant, il créé l’école de nouvelle
y a eu quelques problèmes. conscience. Et dans cette
Je pense c’est dû au fait que école de la nouvelle
le concept du changement conscience, il y a des
n’a pas été bien élaboré à formations qui se donnent
travers peut-être la création pour pouvoir ancrer l’esprit
d’une école du changement de la Nouvelle Conscience
pour développer le concept dans le cœur des béninois.
et surtout le faire partager. Donc, j’ai tiré leçon de cette
Après nous avons eu la expérience pour m’engager
refondation, ce fut la même dans cette voie, ce qui m’a

-- 240 --
donné l’opportunité de nistre… etc. Mais tant que le
parcourir tout le territoire Chef de l’Etat est en même
national. Chef du Gouvernement, la
relation de con iance qu’il
M. René TALON. Pascal doit y avoir entre les Mi-
Irénée Koupaki, combien de nistres n’était pas forcément
temps avez-vous mis pour au rendez-vous. Par consé-
comprendre qu’il y avait un quent, chacun traitait direc-
chaînon manquant et qu’il tement avec le Chef de l’Etat.
faillait une école ? Et est-ce Et donc, dans les ministères
qu’il vous manquait cette où je suis passé, vous pou-
autorité ou ce pouvoir pour vez le véri ier, ce que je dis
rectiϔier pendant que vous comme incarnation des va-
étiez au Gouvernement ? leurs, je l’ai imprimé. Donc,
partout où je suis passé j’ai
M. Pascal Irénée KOUPAKI. imprimé cela.
Faisons attention hein, fai- Mais écoutez, une seule
sons attention, parce que le hirondelle ne fait pas le
Chef de l’Etat, il est président printemps.
de la République, il est le
Chef du Gouvernement. L’au- M. Ogoutchina KOUNDE.
torité administrative, c’est le Pourquoi il était si difϔicile
Chef de l’Etat. Evidemment, que votre exemple fasse
chaque ministre du Gouver- tache d’huile, fasse école au
nement nommé par lui se sein du Gouvernement?
trouve sur son front de lutte
avec son décret organisant le M. Pascal Irénée KOUPAKI.
ministère. Donc, j’étais dans Mais ça dépend de comment
mon rôle en tant que Ministre vous êtes élus. Tout le monde
du développement d’abord, se plaint de la mauvaise
Ministre d’Etat chargé de la gouvernance. Donc, si tout
coordination, Premier Mi- se monde se plaint de la

-- 241 --
mauvaise gouvernance, c’est Irénée Koupaki, comment
que tout le monde veut que est-ce que vous vous sentez
la gouvernance change. dans cette équipe car c’est
Mais, ça veut dire qu’il faut une question de conϔiance
gouverner autrement. Mais parce que vous sentez
pour gouverner autrement, réellement qu’il y a quelque
pour ce que j’ai observé, chose qui manquait mais
c’est qu’il faut avoir été que vous, vous essayez
élu autrement. La manière d’imprimer au niveau de
dont on élit, la corruption vos Ministères ?
électorale, vous impose
des contraintes multiples M. Pascal Irénée KOUPAKI.
inimaginables. Donc, moi Vous savez, Monsieur Talon,
j’étais dans mon rôle, les lorsque vous n’avez pas
autres étaient dans leur pratiqué le militantisme
rôle. Donc, je ne pouvais dans des formations
pas toujours dire, puisque politiques données, lorsque
je n’étais pas Chef de vous n’avez pas développé
Gouvernement, je ne pouvais dès l’adolescence des
pas imprimer ceci ou cela ! relations de con iance, vous
Le Chef de l’Etat me disait vous trouvez à un moment
à l’époque de donner des donné dans le cercle du
exemples de ce que nous pouvoir où il faut prendre
faisions comme modèle, je des décisions concernant la
partageais cela. Tous les nation ; vous pouvez jouer
collègues qui s’adressaient individuel. Mais moi j’ai
à moi je pense que vous n’en appris à jouer coopératif et
trouverez pas un aujourd’hui collectif. Donc, l’expérience
qui vous dirait que je n’ai pas acquise ailleurs, je l’ai mise
été quelqu’un de coopératif. au service du Président de
la République. Mais on vient
M. René TALON. Pascal d’horizons différents et le

-- 242 --
système partisan ne permet en termes d’analyse, en
pas de dégager cette relation termes d’approche, et c’est
de con iance entre les ce qui a donné la Nouvelle
hommes et les femmes pour Conscience.
être au service de la nation.
Donc, c’est des choses que M. René TALON. D’accord !
j’ai eu à découvrir. Mais Pascal Irénée Koupaki,
quand on découvre, on nous allons essayer de
en tire les leçons. Ça ne voir comment est-ce que
se passe pas comme cela vous déclinez la Nouvelle
ailleurs. Voyez-vous, c’est Conscience dans votre
en tirant les leçons de cela projet de société au plan
que je me suis engagé dans politique, économique et
une voie civique, c’est-à- socioculturel. Alors, nous
dire parler avec les béninois allons commencer par la
de la Nouvelle Conscience, politique et vous insister
de cette incarnation de pour parler de dialogue,
valeur. Et quand vous allez parce que vous, vous êtes
à l’intérieur du pays, les convaincu qu’il faut des
populations vous en parlent. réformes institutionnelles.
Ils savent qu’en ville on Mais ces réformes
est indiscipliné, on n’aime institutionnelles doivent
pas la justice, on préfère passer nécessairement
l’injustice… la corruption, ils par le consensus et un
vous en parlent. Et à Kalalé, dialogue, qu’est-ce que
un paysan m’a décrit le vous y mettez ?
phénomène de la corruption,
c’est inimaginable, ce que M. Pascal Irénée KOUPAKI.
ce paysan-là m’a dit. Donc, Bien ! Rappelez-vous en
c’est chemin faisant que mai/juin 2011, on avait
face à l’adversité, vous engagé la préparation d’un
développez des réactions forum sur la gouvernance. Le

-- 243 --
Professeur Albert Tévoèdjrè Bénin nouveau à construire,
avait le leadership de cela, le c’est le Bénin de l’unité et
Gouvernement avait marqué du travail. Ce que j’appelle
son accord mais pour une le BUT que vise la Nouvelle
raison ou pour une autre non Conscience. Mais au-delà de
élucidée jusqu’aujourd’hui, cela, j’ai vu le rôle que joue
ce forum à la dernière l’argent dans notre système
minute a été reporté. Je politique. Les maux auxquels
pense que ce fut une erreur. nous sommes confrontés,
Parce que les problèmes leur source principale c’est
de gouvernance existaient l’argent.
déjà. J’en ai parlé dans des C’est inimaginable, le rôle
cercles restreints avec le que joue l’argent. L’argent
Chef de l’Etat et d’autres est devenu réellement un
personnalités béninoises. maître dans notre système
Bon, donc on a manqué cette et particulièrement dans le
occasion et vous avez vu par processus électoral. Et c’est
la suite que les problèmes cela qui gouverne plus tard
de gouvernance se sont la qualité de la gouvernance.
posés de façon cruciale. On ne peut pas vouloir d’une
Alors, moi je suis là pour bonne gouvernance dans ce
tirer les leçons de tout ce pays et faire jouer à l’argent
que j’ai vécu. Et c’est pour le rôle que moi j’ai vu. Par
ça que j’ai dit qu’il nous faut conséquent, pour bâtir
bâtir un Bénin nouveau. Et ensemble ce Bénin nouveau,
ce Bénin est celui de l’unité il nous faut du courage, il
et du travail. Parce que j’ai nous faut la foi et il nous
vu des failles dans l’unité faut l’abnégation. C’est pour
nationale, j’ai vu de grandes cela que dans nos slogans
failles. J’ai vu des failles dans vous le verrez plus tard. Je
nos mécanismes d’emploi et dis le Bénin d’abord. Si le
de travail. Par conséquent, le Bénin n’existe pas mais nous

-- 244 --
on ne serait pas là. Or, nous Non pas du tout ! Il est élu
sommes là, donc il faut faire pour conduire la politique
grandir le Bénin. Quand avec de la Nation. Tout le monde
mes compagnons on a dé ini sait que la gouvernance pose
un peu cette vision, j’ai aussi problème au Bénin. Tout le
tiré leçon de ce que j’ai vécu. monde sait que le système
partisan est en faillite et
M. René TALON. Vous vous le constatez. Donc,
avez fait le diagnostic. on ne peut pas faire avec le
Maintenant, comment système partisan actuel, il
est-ce que, quelle est la faut le rebâtir puisqu’il est
thérapie que vous allez en faillite. Alors, pour rebâtir
appliquer parlant du point ce système partisan, ce n’est
de vue politique après ce pas l’esprit d’un seul homme
diagnostic-là, qu’est-ce que qui va gouverner cela. Il
vous voulez, quelle solution faut que tous les béninois
vous apportez ? se mettent ensemble et
on a l’expérience d’une
M. Pascal Irénée KOUPAKI. conférence nationale, la
C’est pour cela que je reviens Conférence nationale de
sur l’idée de dialogue. 1990, et on peut faire un
exercice de cette nature pour
M. René TALON. Cela discuter entre Béninois,
va se passer comment ? entre personnalités, entre
Parce qu’un Président qui les différentes classes
est élu et que c’est après socioprofessionnelles de
son élection qu’il faut un notre pays, discuter des
dialogue, est-ce que ça ne contours de ce nouveau
remet pas en cause ce sur système partisan. C’est
quoi il est élu ? crucial. Vous avez vu. Quel
est le parti qui a présenté
M. Pascal Irénée KOUPAKI. un candidat à l’élection

-- 245 --
présidentielle ? Vous n’en M. Pascal Irénée KOUPAKI
avez pas réellement à part Oui, mais ça veut dire quoi ?
FCBE. Et là c’est une coalition Cela veut dire que nous
de partis, une alliance de avons vécu une expérience.
trois partis encore que FCBE Les pères fondateurs de la
n’est pas un parti. FCBE c’est Constitution sont encore là
une coalition déjà de partis. pour la plupart, nous devons
Donc c’est fondamental de nous asseoir pour tirer leçon
tracer de nouvelles lignes de cela. Nous ne l’avons pas
pour le système partisan. fait. Nous avons raté une
Deuxièmement, nous occasion et même deux
parlons d’indépendance occasions, le moment est
des Institutions. Vous- venu en 2016, les problèmes
même vous avez vu, est-ce sont si profonds qu’un
qu’il y a réellement dans le individu seul ne peut pas
fond une indépendance des affronter cela. Ce n’est pas
Institutions ? Lorsqu’il y a une fuite de responsabilité.
des problèmes dans notre Moi je vois bien le danger
pays, c’est toujours l’Exécutif et j’attire l’attention de tout
qui est en tête, c’est comme le monde là-dessus. Donc le
si les Institutions étaient Président qui arrive, il faut
martyrisées. Il faut les qu’il fasse absolument ce
libérer, il faut leur donner dialogue national.
leur dépendance appropriée.
M. Ogoutchina KOUNDE.
M. Ogoutchina KOUNDE. On a fait certaines options
Est-ce que ça ne tient pas à la Conférence Nationale,
au régime que nous avons pour vous aujourd’hui, ce
choisi, c’est un régime n’est plus tenable. Il faut
présidentiel qui fait que revoir tout cela. C’est une
souvent l’Exécutif est en question là.
première position ?

-- 246 --
M. Pascal Irénée KOUPAKI. Mais qu’est-ce que vous
C’est vous qui donnez cette proposez ? Vous proposez
impression-là. Je n’ai pas dit, qu’on revienne à deux,
je n’ai pas encore dit qu’il trois, partis, qu’est-ce que
faut revoir certaines options vous proposez ?
fondamentales je ne dis pas
cela. M. Pascal Irénée KOUPAKI.
Ecoutez, ce sera péremptoire
M. Ogoutchina KOUNDE. de le dire ainsi. Quand on a un
Mais qu’est-ce que vous problème national, chacun a
proposez ? Vous proposez ses idées. L’expérience est
l’évaluation de ce qui est diversi iée, on s’assoie pour
fait jusque-là. en discuter. C’est pour cela
que je propose un dialogue
M. Pascal Irénée KOUPAKI. national pour obtenir un
Ce que je dis, c’est évident. consensus. Vous n’irez pas
Il faut évaluer d’abord pour dans un consensus avec des
trouver, il faut faire un bon idées arrêtées. Ce que je
diagnostic, donc évaluer mets sur la table, c’est qu’on
pour trouver le nouveau ne peut pas avoir 250 partis
chemin à engager. Mais moi, politiques. Vous savez douze
je sais qu’on ne peut pas faire courants philosophiques
avec deux-cent-cinquante en matière politique dans
(250) partis politiques parce le monde. Vous avez six à
que cela pose des problèmes gauche, six à droite. Et donc
de inancement des activités raisonnablement, déjà avoir
politiques au Bénin. douze partis politiques, c’est
la limite. Nous en avons 250
M. Ogoutchina KOUNDE. et je vois des implications de
Vous faites le constat que cela en termes de dé inition
nous avons beaucoup de de la vie politique de la
partis politiques au Bénin. Nation. Donc, il en faut bien

-- 247 --
moins. Deuxièmement, M. Pascal Irénée KOUPAKI.
le inancement des partis D’abord, on a des idées
politiques pose problème puisque je suis dans le
au Bénin. Regardez ce qui se cas, je suis candidat à
passe. Lorsque vous avez des l’élection présidentielle. Je
idées au Bénin et que vous ne béné icie pas du soutien
n’avez pas d’argent, quel est de l’Etat en quoi que ce
votre avenir ? Lorsque vous soit. Je ne béné icie pas du
êtes compétent au Bénin, soutien de grands hommes
vous avez de bons diplômes, d’affaires, mais parce que
vous êtes capable de faire vous les voyez tous. Mais
des choses extraordinaires je béné icie du soutien de
pour ce pays, vous n’avez bienfaiteurs individuels qui
pas d’argent; le pays perd. ont vu que, qui croient en
Et donc, on doit donner les moi, qui ont vu que le projet
chances à tout le monde que nous sommes en train
et par conséquent ce qui de porter est un projet qui
doit gouverner, ce n’est pas peut sortir notre pays de
l’argent, c’est le courage, la l’ornière. C’est un projet
foi et l’abnégation. Allons à qui peut nous amener à
ce dialogue-là, mettons ça réviser pas mal de choses
sur la table mais on ne peut concernant nos propres
pas faire avec le système comportements nos puisque
partisan actuel. comportements sont dictés
par nos motivations. Si nos
M. René TALON. Comment motivations sont inancières
est-ce que vous vous et bien entendu nos
concevez le ϔinancement comportements sont callés.
des partis politiques ou Vous savez combien ça
bien vous attendez que ce coûte, le poste d’un directeur
soit débattu et arrêté lors général au Bénin ? Je ne vais
de ce dialogue ? pas vous le dire, vous êtes des

-- 248 --
journalistes d’investigations, M. Ogoutchina KOUNDE.
vous chercherez et vous Les 2,5 milliards, c’est votre
trouverez. Je veux tout budget de campagne ?
simplement dire que l’argent
est le principal mal de notre M. Pascal Irénée KOUPAKI.
pays. C’est notre budget de
campagne et c’est ce que
M. René TALON. Mais vous nous avons envoyé à la Cour
pensez gouverner sans suprême comme prévision
argent ? Il faut quand de nos dépenses. Nous avons
même avoir de l’argent fait beaucoup de choses sur
pour se faire élire ? la base de volontariat parce
que les idées à développer
M. Pascal Irénée KOUPAKI. pour concevoir tout ce que
Mais je vous ai dit qu’il y a nous avons conçu, on n’a pas
des bienfaiteurs individuels besoin d’argent pour ça.
et j’ai dit ceci à mes
compagnons, lorsqu’on M. René TALON. Pascal
vous propose un budget de Irénée Koupaki, On a bien
campagne de 20 milliards de compris cet aspect. On vou-
francs CFA, mais vous dites drait savoir comment est-
aux gens que ce n’est pas ce que vous, une fois Pré-
possible de le faire. Mais de sident, vous pensez assai-
20 milliards, vous tombez nir les ϔinances publiques
à 10 milliards, parce que puisqu’on en parle ? Vous
vous avez un minimum de aviez été Ministre des ϔi-
rigueur dans le traitement nances, comment est-ce
des choses. De 10 milliards, que vous pensez faire ?
vous tomber à 7 milliards,
de 7 milliards vous tombez à M. Pascal Irénée
2,5 milliards. KOUKPAKI. D’abord, sur le
plan politique, je crois que

-- 249 --
le système partisan nous un début de sagesse du
a pris beaucoup de temps. pouvoir exécutif et d’autres
Je vous indique aussi que idées. Prenez par exemple
dans le rayon politique la l’armée, les forces de
gouvernance judiciaire est sécurité et de défense ont
fondamentale. besoin d’un renforcement
extraordinaire. Vous
M. René TALON. La justice… connaissez les périls qu’il y a
autour de nous.
M. Pascal Irénée KOUPAKI.
Oui, la justice ! Nos M. René TALON. Renfor-
propositions touchent aussi cement matériel, moral et
cet aspect-là pour renforcer humain.
l’indépendance de la justice.
M. Pascal Irénée KOUPAKI.
Oui, moral évident, matériel
M. René TALON. Quelles
évident infrastructurel
sont vos propositions, les
évident par conséquent,
idées fortes ?
même le mode de
recrutement doit être revu.
M. Pascal Irénée KOUPAKI. Parce que l’armée est à la
Les idées fortes c’est que disposition de la nation.
premièrement, le Conseil Ce qui importe ce n’est pas
Supérieur de la Magistrature l’origine des uns et des
doit être revu dans sa autres mais ce qui importe
structuration. La façon c’est le caractère citoyen de
de nommer le Président l’homme béninois qui doit
de la cour suprême doit gérer les forces de défense
être revue. Nous voulons et de sécurité. Il y a un
des Institutions fortes ensemble de dispositions
par conséquent, moins que nous envisageons,
d’ingérence dans les évidemment dans le cadre
nominations ce serait déjà d’une émission comme ceci,

-- 250 --
nous ne pouvons pas tout de l’éthique, il y a certain
aborder. nombre de tares que notre
administration continue
M. Ogoutchina KOUNDE. de véhiculer. Comment est-
Est-ce qu’en un mot vous ce que vous allez travailler
pouvez nous dire votre idée pour que l’administration
générale sur la plupart soit au service du
des Institutions de la développement?
République où aujourd’hui
c’est le Chef de l’Etat qui M. Pascal Irénée
nomme les présidents: la KOUKPAKI. J’ai des
Cour Suprême?… exemples. Je suis arrivé
en 2006 comme Ministre
M. Pascal Irénée KOUPAKI. du développement de
Tout cela sera revu de mon l’économie et des inances.
point de vue parce que tant Vous savez que la situation
on ne revoit pas cela, alors économique et inancière
l’allégeance devient un geste en 2006 n’était pas bonne.
normal. Or vous ne pouvez Je suis arrivé dans ce
pas être dans un système ministère, le premier jour,
d’allégeance et renforcer premier contact avec le
une Institution. Il y a des personnel, je leur ai dit que
propositions sur lesquelles je les maintiens à leur poste.
on reviendra avec les amis Ils ont été nommés par le
dans le cadre d’autres Ministre Sèhlin avant mon
émissions. arrivée. Quand j’ai vu les
pro ils, ils avaient le pro il
M. Ogoutchina KOUNDE. du métier et ils ont été
Au niveau de la réforme maintenus à leur poste. Mais
administrative, vous avez c’est avec ces collaborateurs
tout à l’heure évoqué la que nous avions redressé
qualité de la gouvernance, les inances publiques de

-- 251 --
notre pays en huit mois au C’est pour cela que le
lieu de deux ans. Le Chef de système partisan doit être
l’Etat m’a donné deux ans revu pour ne pas amener
pour redresser les inances nos gouvernants à être
publiques mais j’ai fait ça confrontés à ce que j’ai vu.
en huit mois. Cela veut dire
que la tête c’est important, M. Ogoutchina KOUNDE.
l’exemple, le modèle. Donc Pour qu’il y ait la
moi, je suis convaincu « méritocratie », comme
puisque j’ai fait beaucoup de vous le dites, il faut qu’il
ministères, que nous avons y ait la lutte contre la
des ressources humaines corruption dans nos
puissantes dans notre pays, il administrations.
faut les mettre là où il faut or
entre temps on a développé M. Pascal Irénée KOUPAKI.
la ‘’médiocratie’’ alors que Mais je vous ai dit que le
pour que l’administration mal profond ou les maux
soit une administration profonds de notre pays, c’est
de développement, il faut le rôle de l’argent. Et le rôle
développer la ‘’méritocratie’’. de l’argent commence en
Les ressources sont là, il politique. C’est ce je vis et
faut les affecter de façon c’est ce que j’ai vécu. Je veux
ef iciente, et c’est pour que cela s’arrête parce qu’il
ça qu’il y a un décret qui faut donner la chance aux
organise les fonctions. Il y a béninois qui ont l’esprit, qui
les fonctions politiques, il y ont des idées, qui ont des
a des fonctions techniques. projets, il faut leur donner
Et c’est pour cela qu’il y a le la chance de laisser exploser
décret. Et il faut l’appliquer. leurs talents. Or la Nouvelle
Et les règles d’application Conscience nous permet
ne sont pas sorcières, on les d’exploser ces talents.
connaît il faut les appliquer. Donc moi, je ne vois pas de

-- 252 --
dif icultés extraordinaires vous avez le globe terrestre
au Bénin. On a besoin et le soleil en jaune. A
d’exemples et il y en a dans l’intérieur, vous avez la carte
ce pays, il faut les sortir. de notre pays, couverte un
peu par deux plumes en
M. René TALON. Vous sautoir. Cela veut dire quoi ?
voulez vous offrir en Ça veut dire que tous les ils
exemple pour cela vous et illes du Bénin doivent
êtes candidat à l’élection protéger notre pays. Le
présidentielle de 2016, Bénin d’abord. Je veux dire ça
nous allons vous demander en Fongbé : L’oiseau grandit
de bien vouloir présenter dans son plumage ‘’Hèfoun
aux téléspectateurs min wèhè non sou dé’’. Donc,
béninois votre logo et votre si tous les béninois sont
positionnement sur le unis, si tous sont déterminés
bulletin unique. à travailler, alors le Bénin
grandira. La couleur jaune,
M. Pascal Irénée KOUPAKI. c’est une couleur de sagesse,
Je vous remercie beaucoup. une couleur de prospérité,
Mon logo est celui-ci: c’est une couleur d’abondance et
mon portrait. Vous me je l’ai tirée de notre hymne
reprochez de ne jamais national.
sourire, pour une fois je
souris. Et puis, ce symbole M. René TALON. Alors,
du Rassemblement Nouvelle comment est-ce qu’on peut
Conscience représente la vous repérer sur le bulletin
société traditionnelle qu’il unique?
faut respecter parce qu’il y
a un pouvoir traditionnel M. Pascal Irénée KOUPAKI.
au Bénin, je suis chef Je suis dans le premier tiers.
traditionnel moi-même. Au- Si vous prenez le bulletin
dessus du siège traditionnel, unique, il y a un premier tiers

-- 253 --
de candidats, un deuxième pas mal. J’ai été au contact
tiers et un troisième tiers des populations. J’ai entendu
de candidats. Je suis dans le ce que les populations
premier tiers en bas en jaune, ont dit. Je sais comment
c’est la couleur dominante on fonctionne depuis la
sur le bulletin et vous verrez capitale économique. Je sais
je suis le dernier sur cette comment l’administration
ligne là mais je serai premier. est gérée et je me dis ah
non ! La façon dont on gère le
M. René TALON. Nous al- développement économique
lons parler du volet écono- depuis Cotonou, c’est la
mique. Quand on parcourt meilleure façon d’aggraver
votre projet de société, ce la pauvreté parce que ceux
qui est intéressant, c’est que nous sommes censés
que vous parlez de la ré- sortir de la pauvreté n’ont
forme du processus de dé- pas d’administration de
centralisation. Vous dites proximité. La loi sur la
qu’il serait bien de parve- décentralisation et la
nir à un développement déconcentration n’est pas
équilibré du territoire en appliquée. Le transfert des
passant du territoire ré- ressources humaines n’a
ceptacle au territoire ac- pas lieu. Le transfert des
teur. Qu’est-ce que vous y ressources inancières est
mettez? limité. Je sais puisque j’ai vu
certains villages réaliser des
M. Pascal Irénée KOUPAKI. salles de classes à 4 millions
Territoire réceptacle et de francs CFA. Depuis
territoire acteur. J’ai circulé Cotonou, on réalise des salles
dans tout le pays. Je connais de classes à 11 millions de
les routes du Bénin. Je ne francs CFA. Donc, je vois la
connais pas encore les 5.290 déperdition des ressources
villages mais j’en connais lorsqu’on gère les problèmes

-- 254 --
à distance particulièrement depuis Cotonou, ce n’est pas
les problèmes de possible. Donc, j’ai imaginé
développement. Donc, il faut avec mes amis ce que nous
rapprocher l’administration appelons la vitalisation du
des administrés, il faut territoire communal.
des emplois de proximité,
et toutes nos régions au M. Ogoutchina KOUNDE.
Bénin sont des zones Elle consiste en quoi ?
économiques viables à
potentialités économiques M. Pascal Irénée KOUPAKI.
extraordinaires. Il faut Elle consiste à l’animation
que le développement de tout territoire communal,
à la base soit désormais c’est-à-dire tout ce que vous
une réalité appuyée par la trouvez à Cotonou vous
mise en œuvre de la loi sur devez pouvoir le trouver dans
la décentralisation et la n’importe quelle commune
déconcentration. Donc, le du Bénin à l’échelle de cette
développement du Bénin commune-là. Par exemple,
ne viendra pas de la ville vous avez des problèmes
vers les villages mais le économiques dans toutes les
développement du Bénin
communes du Bénin. Mais
partira des villages pour la
si vous avez des problèmes
ville. C’est un constat sur
économiques dans la
le terrain. A partir de là, je
commune de Bohicon, alors.
dis, nous n’avons pas besoin
Il faut voir avec le maire de
d’un territoire réceptacles
mais nous avons besoin Bohicon, les élus locaux à
d’un territoire acteur. Et je Bohicon les associations
vous garantis qu’il y a des de développement de la
projets de constructions commune de Bohicon parce
économiques dans nos qu’il y a des associations
villages, les gens nous en de développement par
parlent. Mais les réaliser arrondissement. Vous avez

-- 255 --
le comité des sages, le jouera en ce moment-là un
comité des jeunes etc. Mais grand rôle. Vous ne le verrez
vous les retrouvez autour plus dans les meetings, ce
du projet de développement n’est pas son travail, ce n’est
de cette commune. C’est pas le travail du préfet. Vous
dé ini, c’est approuvé par verrez le préfet en train de
l’administration locale gérer l’administration du
et c’est approuver par territoire départemental.
l’administration de l’Etat.
Alors sa mise en œuvre, M. Ogoutchina KOUNDE.
Il y a au niveau des
mais vous n’allez pas rester
préfectures, des délégués
à Cotonou et envoyer les
du contrôleur ϔinancier qui
ressources. Pour que ces sont là.
ressources fassent escale
avant d’arriver à Bohicon, M. Pascal Irénée KOUPAKI.
mais il y a des déperditions. Ce n’est pas un délégué qui
Je dis ceci. Dans chaque va faire le travail dont je
département du Bénin, nous parle. Vous savez, nous allons
devons avoir la direction transférer aux communes
départementale du Budget, sur quatre (4) ans, 25% du
la direction départementale budget de l’Etat. Cela fait
des marchés publics, la quatre cent (400) milliards
direction départementale de francs CFA.
contrôle inancier, la
direction départementale M. Ogoutchina KOUNDE.
On en est à combien
des corps de contrôle
actuellement ?
de l’Etat. Vous avez tout
cela dans le chef-lieu de M. Pascal Irénée KOUPAKI.
département. Les ressources On en est à quarante (40)
viendront directement sans maximum de transfert
transition au niveau du de ressources. Voyez la
département et le préfet multiplication.

-- 256 --
M. Ogoutchina KOUNDE. A M. Pascal Irénée KOUPAKI.
travers le FADEC ? Cela fera, mettons trois-cent
quatre vingt (380) milliards.
M. Pascal Irénée KOUPAKI.
Non, indépendamment du M. René TALON. Comment
FADEC ! Le FADEC, c’est tout mobiliser ces ressources
ce qui va dans les communes et puis passer de 4% à 20 ;
aujourd’hui c’est un peu 25% c’est un gap et c’est
moins de 4%, un peu moins sûr que vous délaissez
de quarante (40) milliards. d’autres secteurs. Comment
Je dis, en appliquant la mobiliser ces fonds ?
loi sur la décentralisation
et la déconcentration en M. Pascal Irénée KOUPAKI.
approchant l’administration Non, on ne délaisse pas
des administrés, créant d’autres secteurs. Vous
des porches d’unités savez, tout ce qui est géré
économiques locales et depuis Cotonou sera géré
injectant de ressources, depuis le département
non pas à partir de la ville et la commune. Donc, il
mais directement dans le s’agit de transférer les
département, vous créez ressources et de transférer
les conditions de prises en les compétences. Je vous dis
charge du développement à que si la volonté politique
la base par la communauté s’exerce sur ce chantier-là,
communale. vous transformerez le Bénin
en 5 ans.
M. René TALON. Et cela fait
à peu près trois-cent (300) M. René TALON. D’accord !
milliards par ans, si je ne On a besoin de l’argent
me trompe pas ? pour faire cela. Comment
vous mobiliserez ces
ressources ?

-- 257 --
M. Pascal Irénée KOUPAKI. la commune, alors l’Etat
L’argent qui est disponible transféra indépendamment
maintenant, c’est une des autres ressources un (1)
nouvelle affectation de milliard de francs Cfa par
ressources. Non ! Ce n’est pas commune. Il faut créer dans
un surplus. C’est une nouvelle des entreprises exactement
affectation des ressources. le MIEL, c’est le Milliard
D’abord cela. Mais quand je Economique Local en abrégé
dis 25% du budget national, le MIEL.
ce n’est pas 25% ixe en Je vous remercie d’avoir lu
milliards de francs CFA. le projet de société pour
C’est sur la base de ce qui m’interroger aussi inement.
existe actuellement comme Donc un milliard au titre du
budget, ce sera trois-cent- MIEL, Milliard Economique
quatre-vingt (380) milliards. Local à chaque commune.
Vous pouvez l’arrondir à, Il y a des talents dans nos
quatre (400) cent milliards. communes. Il y en a dans
Mais au fur et à mesure que nos villages. On ne peut pas
le budget va augmenter, les rester en ville à Cotonou et
25% en termes de milliards penser le développement du
augmenteront. Donc, ce n’est village de Tchoumi-Tchoumi
pas igé trois cent quatre- depuis Cotonou. C’est
vingt (380) milliards ou complètement faux. Nous
quatre cent (400) milliards. avons trompé les populations
Indépendamment de cela, j’ai et donc sur la base de ce que
dis tantôt qu’il y a des unités j’ai vécu et des échanges que
économiques villageoises j’ai eus avec les populations
qui existent dans les la première rupture ou
communes et qui ont besoin deuxième rupture en dehors
de inancement. Alors, je dis du système partisan viendra
pour faciliter le inancement de cela. Le développement
des projets au niveau de à la base reviendra à la

-- 258 --
base. Bien entendu, il y a M. Ogoutchina KOUNDE.
l’assistance conseil de l’Etat Est-ce que vous voulez dire
pour aider les communes qui qu’avec vous le marché de
n’ont pas les compétences Dantokpa sera transféré à
professionnelles requises la mairie de Cotonou?
dans l’élaboration de leur M. Pascal Irénée KOUPAKI.
plan de développement. L’Etat n’à rien avoir au
marché Dantokpa.
M. Ogoutchina KOUNDE.
Donc, vous préconisez un M. René TALON. Donc,
développement équilibré vous transférez le marché
du territoire, partant de la Dantokpa sort du giron
base. de l’Etat au proϔit de la
commune de Cotonou?
M. Pascal Irénée KOUPAKI.
On en arrivera là au M. Pascal Irénée KOUPAKI.
développement équilibré Dites cela sous toutes les
du territoire à partir de formes et je vous répète
la base. Maintenant il y a que l’Etat n’a rien à voir au
d’autres infrastructures marché Dantokpa.
qui ne relèvent pas d’une
commune. Les grandes M. Ogoutchina KOUNDE.
infrastructures du Bénin On va sortir du marché
continueront par être prises Dantokpa pour aller en
en charge par l’Etat. Qu’est milieu rural. Vous savez que
ce que l’Etat a à chercher l’agriculture occupe bon
dans le marché Dantokpa ? nombre de nos concitoyens,
Il y a autre chose à faire. quelles sont vos idées fortes
Donc les infrastructures sur ce secteur phare?
marchandes seront gérées
par les communes. M. Pascal Irénée KOUPAKI.
Nous avons longtemps

-- 259 --
pensé qu’en mettant en heureusement mais ce n’est
œuvre des projets agricoles pas moi qui pose des ques-
administrés par le ministère tions ! C’est vous qui posez
de l’agriculture, on allait des questions. Et donc pour
impulser le développement faire court puisque vous me
agricole du Bénin. C’est faux. pressez, les projets de dé-
Voyez-vous ce qui se passe. veloppement agricole se-
Regardez tous les projets ront pris en charge par des
gérés le Gouvernement, agences de développement.
regardez leur l’impact J’ai dit que nous avons huit
sur le terrain. L’impact (8) zones économiques au
c’est la dégradation de la Bénin. Cela ne me gêne pas
fertilité des sols, l’impact du tout d’avoir une agence
l’environnement c’est notre de développement de la val-
exposition aux changements lée du Mono, l’Ouémé, ça ne
climatiques. C’est donc par gêne pas du tout.
conséquent il faut revoir
tout cela. M. René TALON. Donc,
huit (8) agences de
M. Ogoutchina KOUNDE. développement ?
En quoi faisant ?
M. Pascal Irénée KOUPAKI.
M. Pascal Irénée KOUPAKI. J’ai dit qu’il y a huit zones.
Il faut revoir notre façon, Vous savez qu’il y a des
mais vous êtes un peu pressé. CARDER présentement. Nous
n’allons pas superposer des
M. Ogoutchina KOUNDE. structures mais nous allons
Le temps tourne malheu- rationnaliser les structures.
reusement… Quelle sera la relation entre
l’agence de développement
M. Pascal Irénée KOUK- que nous envisageons et
PAKI. Le temps tourne mal- les CARDER ? C’est quand

-- 260 --
on aura le pouvoir exécutif réponses à cela. On ne fera
qu’on évaluera le rôle des pas sans les associations
CARDER. Je sais que sur les professionnelles du
papiers les CARDER doivent monde agricole. J’ai vu des
jouer un rôle. Je suis passé compétences, j’ai vu des
dans les départements, je ne agronomes dans le monde
vois pas ce rôle-là. Cela veut rural. Et donc, il s’agit de
dire qu’il y a un problème et recadrer l’action de l’Etat
les agriculteurs en parlent. et de laisser encore une fois
Discutez avec les paysans s’exploser les talents de ces
et ils vous diront qu’il y en messieurs.
a même un qui m’a dit. Et
j’ai été sidéré. Il m’a dit ceci. M. Ogoutchina KOUNDE. A
« A quoi sert le ministère travers les agences?
de l’Agriculture »? Et je
lui réponds, si vous posez M. Pascal Irénée KOUPAKI.
cette question puisque le A travers les agences, à
« ministère de l’agriculture travers l’organisation des
existe partout, c’est que vous structures d’encadrement
lui reprochez un certain et l’organisation de
nombre de choses. Mais il m’a leurs associations
parlé, moi je sais que ce qu’il professionnelles
a dit est juste. Et je dis, mais
quelle conclusion vous tirez M. Ogoutchina KOUNDE.
vous de cela? Et il me dit : « le Quelquefois, les produc-
ministère de l’agriculture est teurs manquent de moyens
là pour nous tuer. Et si nous ϔinanciers pour d’entre-
on se fâche, est-ce que vous prendre.
allez manger en ville ». Cela
veut dire que le paysan sent M. Pascal Irénée KOUPAKI.
bien qu’il y a un problème Ecoutez, je dis que dans
et nous devons donner des les communes, il y a des

-- 261 --
ressources qui vont y aller. à trouver un mécanisme
Il y a le milliard économique de inancement bancaire
local. Et donc, certains ont approprié. Mais nous n’allons
même demandé je l’ai accepté pas répéter l’expérience de
l’idée d’un fond communal la CNCA Bénin.
de micro inance pour ne pas
dépendre de Cotonou. Donc, M. Ogoutchina KOUNDE.
ils ont des idées. Quand on Qu’en est-il de la
veut développer un pays il transformation sur place
faut écouter les acteurs de de ces produits ?
développement. Je les ai
écoutés et je peux même vous M. Pascal Irénée KOUPAKI.
dire que le projet de société Cela aussi c’est l’agro-
que nous avons élaboré industrie. Vous savez,
n’est pas un projet de Pascal nous avons construit…
Irénée Koupaki. C’est le le Gouvernement a
projet de société du peuple construit des unités de
que j’ai visité. Parce que j’ai transformation. Je suis passé
beaucoup tenu compte de dans certaines unités de
leurs idées là-dessus. Donc, transformation, non, ce n’est
le monde agricole se prendra pas cela. Ce n’est pas cela et
en charge avec l’appui de
certainement que cela n’a
l’Etat appui-conseil, appui
pas été bien pensé avec les
en inancement et l’idée
acteurs. Et donc, voilà des
de la Banque nationale de
projets qui sont là, il faut les
l’agriculture a été développée
évaluer, il faut les achever et
dans le monde paysan. Et
donc, on va réorienter. Je sais il faut les mettre en exercice.
qu’on est en train de mettre Et c’est possible de le faire.
en place un Fonds National Il faut concentrer les efforts
de Développement Agricole, sur le développement à la
mais je suis disposé dans base, il faut être certain que
l’esprit en revoir cela et le développement à la base

-- 262 --
c’est avec l’administration l’autorité. C’est primordial.
de proximité et on y arrivera. Dans ce que j’ai fait avec
eux, on a observé ce principe
M. René TALON. Il faut directeur fondamental.
faire le développement avec Deuxième chose, lorsqu’on
les acteurs de proximité. est en concertation, il nous
Mais les autres acteurs de faut absolument être des
développement aussi se hommes de vérité. On ne
sont les partenaires sociaux construit pas une nation sur
et à un moment donné de une fondation de mensonge.
votre parcours au niveau Moi, je dis la vérité aux
du Gouvernement, vous syndicats, les syndicats me
avez eu à gérer le dialogue disent la vérité aussi.
social. Mais on a constaté
que ce dialogue n’a pas si M. René TALON. Vous
bien marché au Bénin, ces pensez avoir réussi ?
dernières années. Alors
qu’est-ce que vous comptez M. Pascal Irénée KOUPAKI.
faire pour qu’il y ait cet Je ne me juge pas. Je ne me
apaisement social une fois juge pas, je ne juge pas mon
que vous serez Président ? action, mais il appartient
aux syndicats de juger.
M. Pascal Irénée KOUPAKI. Mais ce que je dis, c’est que
Oui, c’est vrai, la situation nous avons eu d’excellentes
sociale n’est pas bien relations du travail. Et cela,
apaisée. Je crois que dans c’est important. On n’a pas
les conditions d’un dialogue toujours trouvé des solutions
ef icace, on retrouve le idoines aux problèmes
respect mutuel. C’est évoqués. Mais il est
une règle de base. Je dois indispensable qu’on s’écoute
respecter les syndicats, les et c’est le minimum. On s’est
syndicats doivent respecter écouté, on s’est compris sur

-- 263 --
un certain nombre de choses M. René TALON. L’école
d’autres chantiers restent béninoise, qu’est-ce que
ouverts et je pense que le vous faites pour que l’école
Gouvernement actuel est en puisse vraiment coïncider
train de travailler puisqu’il et traduire votre idée de
un apaisement sur le plan nouvelle conscience et
social. Mais les mécanismes redonner conϔiance aux
de dialogue doivent aussi acteurs.
comprendre des aspects de
prévention. N’attendons pas M. Pascal Irénée KOUPAKI.
toujours… L’école béninoise n’est pas
la nôtre. L’école que je vois
M. René TALON. Une action n’est pas la notre. Il faut
majeure que vous allez revoir complètement le
déployer si vous étiez élu système éducatif au Bénin.
Président dans ce domaine. Ecoutez, pourquoi j’ai dit que
Quelle serait-elle ? le Bénin apprenant. Ce n’est
pas du hasard. Qui enseigne
M. Pascal Irénée KOUPAKI. les savoirs endogènes au
D’abord, le cadre de dialogue. Bénin ? Il y a des savoirs
Le cadre du dialogue et endogènes dans notre pays,
exposer aux partenaires c’est nôtre culture. Mais
sociaux, même en temps cela ne s’enseigne pas. Mais
de paix, les problèmes de le développement a pour
la Nation. Je vois bien une fondation l’éthique et la
rencontre trimestrielle, culture. Nous avons banalisé
c’était déjà prévu. Mais l’éthique, voilà, là où nous
pour des contingences en sommes. Nous avons
particulières, la régularité presque banalisé la culture
n’a pas été observée. Mais et voilà où nous en sommes,
je dis qu’il faut observer ces quelle est notre langue de
régularités. travail ?

-- 264 --
M. René TALON. Mais quelle dans les langues nationales.
sera la forme de l’école C’est fondamental. Il faut
sous Pascal Koupaki ? laisser tomber l’idée
d’alphabétisation, non. Il
M. Pascal Irénée KOUPAKI. faut apprendre le Fon, il
Mais le Bénin apprenant, faut apprendre à l’écrire, il
tout le monde à l’école, ce faut apprendre à le parler,
n’est pas seulement les il faut apprendre à le lire.
enfants à l’école. Vous aussi Moi je ne sais pas lire le
à l’école, moi aussi à l’école. Fon C’est maintenant que
j’ai commencé. Je ne sais
M. Ogoutchina KOUNDE. pas l’écrire, c’est pour cela
A l’école de la Nouvelle qu’en me fondant sur ce
Conscience ? que j’ai vu, je trouve que
les bases culturels de notre
M. Pascal Irénée KOUPAKI. développement doivent
(sourires) L’école du Bénin être renforcées; le système
nouveau. Pourquoi ? Un éducatif doit être recadré
peuple ne développe pas un pour en tenir compte.
autre peuple. Un peuple ne se Donc faisons attention.
développe pas avec la langue Le développement, la
d’un autre peuple. Observez conscience et la science, la
tous les pays développés, paix et la culture, c’est cinq
(5) piliers fondamentaux
M. René TALON. Donc, il du Bénin apprenant. Donc,
faut introduire les langues
il faut revoir le système
nationales à l’école ?
éducatif en conséquence.
M. Pascal Irénée
M. René TALON. Une ques-
KOUPAKI. Ce n’est pas une
tion toujours par rapport
introduction de langues
à l’école. Les écoles privées
nationales. C’est le savoir

-- 265 --
ont toujours souffert du être présent. Evidemment,
manque d’appui de l’Etat dans ce partenariat, mais il
alors que ces écoles contri- faut s’asseoir. Il ne s’agit pas
buent beaucoup pour ce de prendre en charge tout.
qu’on sait dans le système Je sais qu’il y a des manières
éducatif. Qu’est-ce que vous de faire. Cela existe dans
Pascal Irénée Koupaki, une d’autres pays de la sous
fois Président vous pour- région. Il faut s’en inspirer.
riez faire dans ce sens ?
M. René TALON. Pascal
M. Pascal Irénée KOUPAKI. Irénée Koupaki, vous avez
Vous avez raison. Il y a des à peu près une minute
écoles privées qui sont trente pour parler aux
performantes. J’ai eu des béninois, aux électeurs
entretiens avec eux au béninois et proϔiter, une
cours de ce pèlerinage sur fois encore, pour présenter
les routes nouvelles. Je sais, votre positionnement sur
que j’ai en tête qu’en 2010- le bulletin unique.
2011, il y avait eu un projet
de partenariat entre l’Etat M. Pascal Irénée KOUPAKI.
et les établissements privés. Je vous remercie. Si vous
L’importance de l’éducation regardez la démarche qui
nationale est telle que a été empruntée pour
l’Etat doit être présent élaborer le projet de société,
à la fois dans le secteur vous allez tout simplement
public et sous des formes constater que cela n’a pas été
à concevoir dans le secteur fait in vitro. C’est l’expérience
privé. Il s’agit de l’éducation du terrain et l’expérience
nationale. Que vous soyez administrative qui nous
d’une école privée ou d’une ont permis d’élaborer ce
projet. Tous les problèmes
école publique, la base
évoqués par les béninois
fondamentale, c’est la nation
sont dans ce document et
béninoise, et donc l’Etat va
les solutions pour y faire
-- 266 --
face sont également dans ce Pascal Irénée Koupaki et son
document. C’est comme si portrait ; vous avez aussi le
vous aviez un moteur, qui a logo du « Rassemblement
besoin d’être rechemisé ou Nouvelle Conscience » qui
des pièces qui ont besoin est la synthèse entre la
d’être changées et les cent tradition et le moderne.
(100) pièces nécessaires
pour changer ce qui ne va M. René TALON. Et votre
pas dans le moteur sont dans position ?
ce projet de société. Mais,
j’ai compris que je suis le M. Pascal Irénée KOUKPAKI.
mécano en chef de ce garage- Ma position sur le bulletin,
là et que je suis en mesure de je disais tantôt que je me
changer. Donc, l’orientation retrouve dans le premier
que nous avons prise est tiers du bulletin, à la dernière
une orientation de rupture ligne et ceci c’est bien Pascal
qui permettra demain Iréné KOUPAKI avec le logo
d’avoir zéro tolérance pour de la Nouvelle Conscience et
l’impunité, zéro tolérance tout est en jaune; un jaune
pour la corruption, zéro de bonheur, de sagesse, de
tolérance pour les concours prospérité, d’abondance et
mal organisés ; zéro surtout d’espérance.
tolérance sur les contre-
valeurs. Et donc, je dis qu’il M. René TALON. Merci
faut apprendre pour être à vous, Pascal Irénée
entreprenant et pour être Koupaki!
innovant. Donc, j’invite Chers téléspectateurs,
le peuple béninois à être vous avez suivi 52 minutes
attentif à ce qui va se passer durant en compagnie de
dans les prochains mois Pascal Irénée Koupaki, les
dans notre pays. idées fortes de ce candidat
Pour le logo, je redis encore, à la présidentielle de 2016.
que vous avez le sourire Merci et bonne soirée !
du candidat Makandjou

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Cette publication a été financée par la Friedrich-Ebert-Stiftung

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