Vous êtes sur la page 1sur 6

CAF-2011-A-022

l>197/11/CC

26/10/2011

COUR CONSTITUTIONNELLE REPUBLIQUE CENTRAFRICAINE

*-*-*-*-*-*-*-* Unité – Dignité – Travail

*-*-*-*-*

DECISION N° 197/11/CC DU 26 OCTOBRE 2011

Elections législatives partielles du 04 Septembre 2011, dans la 1 circonscription électorale du 5


ère ème

Arrondissement de la ville de Bangui.

AU NOM DU PEUPLE CENTRAFRICAIN

LA COUR CONSTITUTIONNELLE

Vu la Constitution du 27 décembre 2004 ;

Vu la Loi constitutionnelle n° 10.005 du 11 mai 2010 ;

Vu la Loi organique n°05.014 du 29 décembre 2005, portant

Organisation et fonctionnement de la Cour Constitutionnelle ;

Vu la Loi n° 09.016 du 02 Octobre 2009, portant Code Electoral de la République Centrafricaine


;

Vu le Décret n° 11.173 du 9 Août 2011, portant convocation du

corps électoral aux législatives partielles du 04 Septembre 2011 ;

Vu l’arrêté n° 028 du 14 Juillet 2011 portant création et mettant en

place le Comité Transitoire des Elections (CTE) ;

Vu la décision n°001/11/MATD/CTE/PR du 07 Septembre 2011

portant publication des résultats des élections législatives partielles du 04 Septembre 2011;

Vu les requêtes du 17 septembre 2011, de Dame Anne Marie

GOUMBA, candidate Indépendante au scrutin législatif partiel du 04 Septembre 2011, dans la 1 ère

circonscription électorale de la ville de Bangui et les pièces y annexées ;

LE RAPPORTEUR AYANT ETE ENTENDU

Considérant que par requêtes du 17 septembre 2011, enregistrées au greffe de Cour Constitutionnelle
respectivement sous les n° 353 à 9h 44mn et 354 à 9h 46mn, dame Anne Marie GOUMBA, a saisi la Haute
Juridiction aux fins de disqualification des sieurs Serge Hyppolite MAYER, élu député KNK et ZANGA
KOLINGBA Serge, candidat de RDC dans la même 1 circonscription du 5 arrondissement de Bangui.
ere e

Considérant qu à l’appui de sa requête tendant à la disqualification du candidat Serge Hyppolite


MAYER, elle soutient que le 7 Février, à l’issue du 1 tour des élections présidentielles et législatives, elle
er

avait adressé une requête à redressement des résultats des élections législatives du 23 Janvier 2011 dans la
1 circonscription du 5 Arrondissement de Bangui.
ère e

Considérant qu’elle y exprimait son indignation devant les violations massives du Code Électoral avant,
pendant et après le scrutin, constitues au principal par une fraude préméditée bien préparée et mise en
œuvre.

Considérant qu’elle s’était appuyée sur des preuves en ce qui concerne exclusivement les candidats Serge
Hyppolite MAYER et NZANGA KOLINGBA.

Considérant que, comme les mêmes causes produisent les mêmes effets et que nous sommes face à un
cas avéré de récidive, voilà que le 2 tour du scrutin du 27 Mars 2011 dans sa circonscription a été pire, vu
e

les preuves d’une fraude de grande envergure, émaillée de menaces, de coups et blessures.

Considérant que, la Cour a rendu une décision d’annulation des résultats des élections du 1 tour, allant
er

ainsi dans le sens de ce qu’elle souhaitait.

Considérant que cependant, sa requête du 2 tour adressée à la Haute Juridiction n’a pu être prise en
e

compte du fait de cette annulation.

Considérant qu’elle souhaite que le contenu de ladite requête soit pris en compte pour l’examen de la
présente saisine de la Cour dans le souci de recherche de la vérité et de la Justice.

Considérant qu’elle sollicite l’indulgence de la Cour, à titre exceptionnel, pour la relecture de ses
requêtes des 1 et 2 tours jointes à la présente requête et mener toutes investigations, avant dire droit, afin de
er

constater le caractère planifié de l’entreprise de fraude massive organisée avec obstination par son
adversaire Serge Hyppolite MAYER.

Considérant qu’elle souhaite, de la Haute Juridiction, une décision juste, équitable allant dans le sens
d’une disqualification pure et simple du sieur Serge Hyppolite MAYER pour fraude électorale et diverses
atteintes au Code électoral, voire Code pénal.

Considérant que la requête tendant à la disqualification du candidat NZANGA KOLINGBA Serge,


dame Anne Marie GOUMBA reprend les arguments développés contre le sieur MAYER et conclut que la
Cour :

- Constate le caractère planifié et répété de l’entreprise de fraude massive organisée avec


obstination par son adversaire NZANGA KOLINGBA Serge.

- Et prononce la disqualification pure et simple de ce candidat pour fraude électorale manifeste


et diverses atteintes au Code électoral, voire Code pénal.

Considérant que l’intéressé a joint à sa requête un mémoire ampliatif non signé et non daté et un
autre document intitulé « observations ou lettre plaidoyer et d’autres documents ».

Considérant que, conformément aux dispositions de l’article 65 de la loi organique 05.014 du 29


décembre 2005, relative à la Cour Constitutionnelle, ces requêtes ont été notifiées le 27 septembre 2011
respectivement aux sieurs Serge Hyppolite MAYER, NZANGA KOLINGBA Serge et au Ministre de
l’Administration du Territoire et de la Décentralisation.
Considérant que dans son mémoire en défense, enregistré au greffe de la Cour Constitutionnelle le 28
septembre 2011, sous le n°420 à 11h 10mn, sieur MAYER Serge Hyppolite, sous la plume de son conseil
Maître SANGONE FEINDIRO, répond en ce terme :

Exclusivement sur l’irrecevabilité de la requête

Considérant que l’article 8 du Code de Procédure civile dispose : la requête contient à peine
d’irrecevabilité :

1) L’indication de la juridiction devant laquelle la demande est portée

2) L’objet de la demande avec les moyens

3) L’indication des pièces sur lesquelles la demande est fondée

4) Pour les personnes physiques les noms, prénoms, professions domicile, nationalité, date et
lieu de naissance du requérant ou de chacun des requérants.

5) Si le requérant réside à l’étranger, les noms, prénoms et l’adresse de la personne chez qui il
élit domicile en République Centrafricaine

Considérant qu’elle est datée et signé du requérant ou son mandataire ; « qu’elle vaut conclusion ».

Considérant qu’il relève que la requête de la dame Anne Marie GOUMBA ne comporte pas l’année de sa
naissance, sa nationalité, sa profession.

Que l’omission de ces trios (3) mentions ne saurait permettre à la Cour de recevoir sa demande.

Considérant qu’au sujet de ces requêtes, le Ministre chargé de l’Administration du Territoire et de la


Décentralisation présente les observations ci-après :

Que l’objet de la requête de dame Anne Marie GOUMBA n’est pas l’annulation ou le redressement des
résultats du vote, mais la disqualification de ses concurrents ; que la sanction de disqualification sollicitée
n’est nullement prévue par le code électoral ; qu’elle ne rentre même pas dans les cas d’inéligibilité prévus
par l’article 47 alinéa 3 et l’article 200 du Code Électoral.

Considérant, d’autre part, que ladite requête ne remplit pas les conditions de l’article 98 de la loi précitée
relative au contentieux de déclaration de candidatures ; que le Code électoral distingue bien les organes de
gestion des contentieux électoraux ; qu’ainsi, le contentieux des candidatures est du ressort du Tribunal
Administratif et celui des opérations électorales relève uniquement de la compétence de la Cour
Constitutionnelle.

Considérant qu’il conclut donc, en demandant à la Haute Juridiction, de déclarer irrecevable la demande
de dame Anne Marie GOUMBA.

Considérant que dans son mémoire en défense daté du 6 octobre 2011, enregistré au greffe de la Cour le
même jour sous le n°440 à 13h 00mn, Maître GBIEGBA Bruno Hyacinthe, au nom de son client ZANGA
KOLINGBA Serge :

IN ILIMINE LITIS

reconnait que dame Anne Marie GOUMBA a effectivement déposé une requête en disqualification de
son client en date du 17 septembre 2011
- Qu’elle n’a pas jugé utile d’accompagner sa requête d’un mémoire ampliatif, tel que prévu par
la loi électorale en son article 103 qui dispose : « dans tous les cas, la requête doit, à peine
d’irrecevabilité, parvenir à la cour Constitutionnelle dans le mois qui suit la proclamation
des résultats et être accompagnée d’un mémoire ampliatif.

Il en est donné récépissé »

- qu’elle s’est perdue dans des documents qu’elle a intitulés « observation » et « exposes des faits » qui
sont inappropriés pour la cause.

- que cette requête ne réunit pas les conditions de forme expressément prescrites par le code Électoral et
la loi 05.014 du 29 décembre 2005 portant organisation et fonctionnement de la Cour Constitutionnelle.

- que dame Anne Marie GOUMBA n’ayant pas signé le mémoire ampliatif, lui confère le caractère d’un
tract et que dans l’affaire MDI-PS contre AZOUKATEME, la Haute Juridiction a déclaré irrecevable la
requête du MDI-PS pour cause de Non signature

Considérant que la jurisprudence de la Haute Juridiction étant constante, le concluant Serge ZANGA
KOLINGBA sollicite le rejet pur et simple de la demande de la requérante exclusivement pour cause
d’inobservation des conditions de forme.

Très Subsidiairement

Considérant qu’il ajoute que la requérante a présenté un chapelet de griefs qui ne reflètent pas la réalité
telle que vécue par les électeurs le jour du scrutin.

- que tous les procès-verbaux contiennent la mention « RAS » car ses multiples représentants dans les
bureaux de vote n’ont rien constaté d’anormal pendant le déroulement du scrutin.

- qu’en ce qui concerne les cas de fraudes dans les bureaux de vote, ses représentants ne l’ont pas signalé
ni consigné dans les procès-verbaux le jour du scrutin, ce qui dénote de la légèreté de sa demande.

- que dame Anne Marie GOUMBA prouve, par cette contestation sans fondement, qu’elle est
manifestement de mauvaise foi.

- que la concluante s’empresse de préciser que le Député du 3 arrondissement qui est du même parti
e

politique que lui, l’aide à déployer leurs représentants dans les bureaux de vote pour déceler les fraudeurs.

- que l’on ne sait dans quel intérêt, il a débité ce tissu de contre-vérité pour tenter de tromper la religion
de la Haute Juridiction.

- que le concluant sollicite l’autorisation de présenter des observations orales le jour de l’audience.

- qu’il sollicite de la Cour de déclarer la requête de dame Anne Marie GOUMBA irrecevable pour cause
de non respect de condition de forme.

Au principal

IN LIMINE LITIS

Déclarer la requête de dame Anne Marie GOUMBA irrecevable pour cause de non signature du mémoire
ampliatif conformément l’article 103 du Code électoral.

II- De la jonction des Procédures


Considérant que les deux requêtes dirigées contre deux candidats de la même circonscription électorale,
remettant en cause le scrutin qui s’y est déroulé et visant le même objectif, la Cour ordonne la jonction de
ces deux procédures pour y être statué par une seule et même décision et cela, dans l’optique d’une bonne
administration de la justice.

1-EN LA FORME EXCLUSIVEMENT

A) Sur la compétence de la Cour

Considérant qu’aux termes de l’article 73 de la constitution du 27 décembre 2004, la Haute Juridiction a,


entre et autres compétences, celle de « trancher tout contentieux électoral »

Considérant en outre que, l’article 100 dispose : « la Cour Constitutionnelle est seule compétente pour
statuer sur le contentieux des opérations électorales »

Considérant que les requêtes de dame Anne Marie GOUMBA visent en réalité les opérations électorale
dans la 1 circonscription du 5 arrondissement de Bangui,
ere e

Que la Cour se déclare compétente.

B) Sur la recevabilité

Considérant que selon l’article 206 du Code électorale, « tout électeur peut, dans un délai de dix (10) jours
après la proclamation des résultats, contester l’élection d’un député de la circonscription ou il est
électeur ».

Considérant qu’avant d’être candidate dans la 1 circonscription du 5 arrondissement de Bangui, dame


ere e

Anne Marie GOUMBA, est avant tout électrice dans ladite circonscription.

Qu’elle a déposé sa requête avant le 17 septembre à minuit, alors que les résultats ont été publiés le 7
septembre.

Considérant que cette première condition de délai a été remplie.

Considérant qu’aux termes de l’article 207 du code électoral: « les requêtes doivent, à peine
d’irrecevabilité, comporter les noms, prénoms, l’adresse du requérant ainsi qu’un bref exposé des faits et
d’un mémoire ampliatif développant les points de droit sur lesquels il se fonde ».

Considérant que dame GOUMBA a joint a sa requête un document intitulé mémoire ampliatif non daté
et non signé et un acte qualifié de : « observations ou lettre plaidoyer ».

Que dame Anne Marie GOUMBA n’a pas satisfait à l’autre condition cumulative exigée par l’article 207
du Code électoral, en plus de celle, de la qualité d’électrice.

DECIDE

Art. 1 : La Cour est compétente.

Art. 2 : la Cour ordonne la jonction des procédures.

Art 3 : La requête de Dame Anne Marie GOUMBA est irrecevable pour défaut de mémoire ampliatif.
Art. 4: La présente décision sera notifiée à Dame Anne Marie GOUMBA, au sieur MAYER Serge
Hyppolite, au sieur NZANGA KOLINGBA Serge, au Comité Transitoire des Elections (CTE) et au Ministre
de l’Administration du Territoire et de la Décentralisation et publiée au journal officiel de la République
Centrafricaine .

Ainsi délibéré et décidé par la Cour Constitutionnelle en sa séance du 26 Octobre 2011, où siégeaient :

- MALONGA Marcel, Président ;

- Albert KOUDA, Membre ;

- Jean KOSSANGUE, Membre ;

- Rachel DEA NAMBONA, Membre ;

- Bernard VOYEMAKOA, Membre ;

- Arlette SOMBO DIBELE, Membre ;

- Augustin KONGATOUA KOSSONZO, Membre ;

- Brigitte IZAMO BALIPOU GUINO, Membre ;

Assistés de Maitre Florentin DARRE, Greffier en Chef

Le Greffier en Chef Le Président

Florentin DARRE MALONGA Marcel

Vous aimerez peut-être aussi