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CAF-2011-A-006

l>121/11/CC

14/04/2011

COUR CONSTITUTIONNELE REPUBLIQUE CENTRAFRICAINE

*-*-*-*-*-* Unité-Dignité-Travail

*-*-*-*-*-*

DECISION N°121 /11/CC DU 14 Avril 2011

Elections législatives du 23 Janvier 2011, Circonscription de BOSSANGOA III.

AU NOM DU PEUPLE CENTRAFRICAIN.

LA COUR CONSTITUTIONNELLE.

Vu La Constitution du 27 décembre 2004 ;

Vu La Loi constitutionnelle n° 10.005 du 11 Mai 2010 ;

Vu La Loi organique n° 05.014 du 29 décembre 2005, portant organisation et fonctionnement


de la Cour Constitutionnelle ;

Vu La Loi n° 09.016 du 02 Octobre 2009, portant Code Electoral de

la République Centrafricaine;

Vu Le décret n° 10.224 du 30 Juillet 2010, portant Convocation du corps électoral pour les
élections générales du 23 Janvier 2011 ;

Vu La décision n° 082/RCA.CEI.PDT.011 du 06 Février 2011, portant annonce des résultats du


1 tour des élections législatives du 23 Janvier 2011 en République Centrafricaine.
er

Vu La requête du 14 Février 2011, de sieur Jean-Benoît GONDA, candidat aux élections


législatives du 23 Janvier 2011, dans la circonscription de BOSSANGOA III.

LE RAPPORTEUR AYANT ETE ENTENDU

Considérant que par la requête du 14 Février 2011, enregistrée au greffe de Cour


Constitutionnelle le 16 Février 2011, sous le n°196 à 14 h 35 mn, sieur Jean-Benoît
GONDA par les plumes des Maitres Aristide NDJAPOU et Guy Ruffin PABINGUI, tous
deux avocats au barreau de Centrafrique , a saisi la Haute Juridiction, aux fins
d’annulation des élections législatives dans la circonscription de BOSSANGOA III.

Considérant qu’au soutien de sa demande, le requérant invoque les violations relatives


au déroulement du scrutin du 23 Janvier 2011 suivants :

- Intrusion et interférence des autorités locales dans le choix des électeurs ;

- Non respect des dispositions relatives à la confidentialité du vote ;


- Disparition de certains bureaux de vote et création de nouveaux bureaux à l’insu
des candidats en violation de l’arrêté ministériel ;

- Absence ou insuffisance de matériels électoraux dans les bureaux de vote.

Considérant que, s’agissant de l’intrusion et de l’interférence des autorités locales dans


le choix des électeurs, sieur Jean-Benoît GONDA dénonce l’installation des chefs de
villages soit dans certains bureaux de vote, soit aux abords des isoloirs, dans le but
d’influencer et d’obliger les électeurs à voter pour le candidat du parti KNK.

Considérant que le requérant relève que la délocalisation des bureaux de vote avait
pour objectif inavoué mais clair de peser sur le choix des électeurs, avec la complicité
du superviseur de la CEI locale de Benzambé, sieur Clément NGANATOUA.

Considérant que pour le non respect des dispositions relatives à la confidentialité du


vote, le demandeur soutient que dans les circonstances précitées, l’on ne peut pas
garantir le libre choix des électeurs, d’autant plus que certains isoloirs étaient placés au
centre d’un attroupement, de surcroit, au motif d’aider les personnes âgées, les vigiles
ou supplétifs des Maires et chefs de villages appliquaient mécaniquement les cachets
sans, s’en référer à l’électeur.

Considérant que concernant la disparition de certains bureaux de vote et la création


d’autres, le candidat GONDA explique que l’arrêté ministériel avait initialement prévu
deux bureaux de vote. Il s’agit des bureaux de vote de la Mairie et de l’école
Boansouma, mais à sa grande surprise, deux (2) autres bureaux ont été crées, portant
les noms de Mairie 2 et école Boansouma 2.

Considérant que ce comportement a créé un tel dysfonctionnement que, plus tard, le


superviseur de passage a demandé au président du bureau de vote, de faire voter par
dérogation les électeurs des bureaux initiaux dans ledit bureau.

Considérant qu’il allègue que, le même cas s’est produit pour le bureau de vote de
Bongueré.

Considérant qu’en ce qui concerne l’absence ou l’insuffisance du matériel électoral


dans les bureaux de vote, le demandeur affirme que le matériel électoral, s’il n’est pas
totalement absent, était livré en nombre insuffisant et ceci délibérément.

Considérant que Sieur Jean-Benoît GONDA affirme que face à toutes ces
insuffisances, il a demandé à ses représentants de quitter les lieux, de ne pas signer
les procès verbaux.

Considérant qu’il conclut que toutes les irrégularités susmentionnées démontrent à


suffisance, que les élections ne se sont pas déroulées de manière régulière et
transparente, qu’il ya eu des fraudes massives et flagrantes et qu’elles doivent être
annulées dans la circonscription de BOSSANGOA III.

Considérant que le requérant a joint à sa demande les pièces suivantes :


- Une photocopie d’une feuille volante n°1 non datée sur laquelle il est écrit « SVP
superviseur il nous manque la liste du village », signé par le Président de Bongueré
Boniface BILI YANGU.

- Une photocopie identique n° 2 datée du 29 Janvier 2011 avec les mentions


suivantes « Monsieur le Proviseur, nous constatons l’inexistence des procès verbaux
relatifs à la législation, insuffisance de feuilles des résultats législatives,

signé par le Président du bureau de vote de KAKOUDA – DIMON Bertrand


Changement.

Que les deux photocopies sont frappées du cachet de Maitre Aristide NDJAPOU.

Considérant que le requérant n’a pas joint de mémoire ampliatif à son recours.

Considérant qu’en application de l’article 65 de la loi organique de la Cour


Constitutionnelle, notification a été faite à la Commission Electorale Indépendante
(CEI), le 29 Mars 2011, mais celle-ci n’a pas fait d’observations.

A- EN LA FORME

1)- sur la compétence de la Cour.

Considérant que conformément aux termes de l’article 73 de la loi fondamentale du 27


Décembre 2004 :

« Il est institué une Cour Constitutionnelle chargée de :

- Veiller à la régularité des consultations électorales, examiner et en proclamer


les résultats ;

- Trancher tout contentieux électoral… ».

Considérant en outre, que l’article 100 du Code électoral dispose : « La Cour


Constitutionnelle est seule compétente pour statuer sur le contentieux des
opérations électorales …».

Considérant que le candidat Jean-Benoît ayant déposé sa requête, le 14 Février 2011,


satisfait aux conditions légales susmentionnées ; que par conséquent, le rapporteur
propose à la Cour de retenir sa compétence.

2)- Sur la recevabilité du recours

Considérant que conformément aux termes de l’article 171 alinéa 1er de la loi n°09-016
du 02 Octobre 2009 portant code Electoral de la République Centrafricaine : « les
Contestations sont déposées dans un délai de dix (10) jours après la publication
des résultats provisoires par la CEI, au greffe de la Cour Constitutionnelle, contre
récépissé… ».

Considérant que le candidat Jean-Benoît GONDA ayant déposé sa requête le 14


Février 2011, satisfait aux dispositions légales susmentionnées.
Qu’il échet de déclarer sa demande recevable.

B- AU FOND

Sur l’unique moyen tiré de l’annulation des opérations électorales du scrutin

Considérant qu’aux termes des articles 86 de la Loi organique de la Cour


Constitutionnelle et 177 du Code électoral : « l’annulation de l’élection est
prononcée si des irrégularités avérées sont susceptibles d’inverser les résultats,
eu égard à leur ampleur et aux faibles écarts de voix qui sépare les candidats ou
si les circonstances du déroulement des opérations électorales ont pour effet
d’empêcher l’exercice de tout contrôle sur la sincérité des résultats ».

Considérant en outre que, l’article 111 du code électoral dispose :

« la violence, la fraude, la corruption entâchent d’irrégularités l’élection et


entrainent son annulation, s’il est reconnu par le juge qu’elles ont faussé d’une
manière déterminante le résultat du scrutin… ».

Considérant qu’en l’espèce, le requérant invoque plusieurs griefs dont il ne fournit


aucune preuve pouvant étayer ses affirmations.

Considérant en plus que, les deux pièces jointes à sa requête n’ont aucune valeur
probante et n’affectent en rien la validité du Scrutin.

Considérant qu’au vu des dispositions légales précitées et suite aux investigations


menées par la Cour, tant bien sur les procès verbaux que sur les feuilles de résultats,
qui ne font quasiment pas mention des nombreuses irrégularités citées par le
requérant, le Rapporteur suggère à la Haute Juridiction de déclarer la requête de Sieur
Jean-Benoît GONDA non fondée et de confirmer sieur Jean-Roger OUEFIO élu député
de BOSSANGOA III au premier tour du scrutin des législatives du 23 Janvier 2011.

Qu’il échet de rejeter la demande de sieur Jean-Benoît GONDA, parce que non fondée.

DECIDE

Article 1 : la Cour est compétente ;


er

Article 2 : La requête du sieur Jean-Benoît GONDA est recevable.

Article 3 : la requête de sieur Jean-Benoît GONDA est rejetée comme non fondée

Article 4 : La présente décision sera notifiée au sieur Jean-Benoît GONDA, à la


commission Electorale Indépendante (CEI) et au Ministère d’Etat Chargé de
l’Administration du Territoire et de la Décentralisation (MEATD) et publiée au journal
officiel.

Ainsi délibéré et décidé par la Cour Constitutionnelle en sa séance du 14 Avril 2011, où


siégeaient :

- Damienne NANARE SESSOU, Vice-président ;


- Jean KOSSANGUE, Membre ;

- Rachel DEA NAMBONA, Membre ;

- Bernard VOYEMAKOA, Membre ;

- Arlette SOMBO DIBELE, Membre ;

- Augustin KONGATOUA KOSSONZO, Membre ;

- Brigitte IZAMO BALIPOU GUINO, Membre ;

Assistés de Maitre Gilbert KOSSI, Greffier

Le greffier Le vice- Président

Gilbert KOSSI Damienne NANARE SESSOU

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