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26-10-2005
n° 269949
Sommaire :
Si, après déduction de suffrages irréguliers, les griefs relatifs à la moralité de l'élection sont écartés, le scrutin est
maintenu en dépit d'un faible écart de voix subsistant entre les candidats.
Texte intégral :
Vu la requête, enregistrée le 15 juillet 2004 au secrétariat du contentieux du Conseil d'Etat, présentée par M.
Vladimir Bourgade, demeurant Saint-Jacques, à Sainte-Marie (97230) ; M. Bourgade demande au Conseil d'Etat
1°) d'annuler le jugement du 3 juin 2004 par lequel le tribunal administratif de Fort-de-France a rejeté sa protestation
tendant à l'annulation des opérations électorales qui se sont déroulées les 21 et 28 mars 2004 en vue de la désignation
du conseiller général du premier canton de Sainte-Marie ;
2°) d'annuler les opérations électorales qui se sont déroulées les 21 et 28 mars 2004 en vue de la désignation du
conseiller général du premier canton de Sainte-Marie ;
3°) de prendre toutes mesures d'instruction utiles de nature à l'éclairer sur la sincérité des opérations électorales qui se
sont déroulées les 21 et 28 mars 2004 en vue de la désignation du conseiller général du premier canton de Sainte-
Marie ;
Vu le code électoral ;
Sans qu'il soit besoin de statuer sur la fin de non-recevoir opposée par M. Lordinot ;
Sur les griefs tirés de l'irrégularité des émargements et des procurations :
Considérant, en premier lieu, qu'en vertu du troisième alinéa de l'article L. 62-1 du code électoral : « Le vote de
chaque électeur est constaté par sa signature apposée à l'encre en face de son nom sur la liste d'émargement » ; que
l'article L. 64 du même code précise, à son alinéa 2, que « Lorsqu'un électeur se trouve dans l'impossibilité de signer,
l'émargement prévu par le troisième alinéa de l'article L. 62-1 est apposé par un électeur de son choix qui fait suivre sa
signature de la mention suivante : l'électeur ne peut signer lui-même » ; qu'il résulte de ces dispositions, destinées à
assurer la sincérité des opérations électorales, que seule la signature personnelle, à l'encre, d'un électeur est de nature à
apporter la preuve de sa participation au scrutin, sauf cas d'impossibilité dûment reportée sur la liste d'émargement ;
qu'ainsi, la constatation d'un vote par l'apposition, sur la liste d'émargement, soit d'une croix, soit d'une signature qui
présente des différences manifestes entre les deux tours de scrutin ou s'avère identique à l'émargement figurant en
regard du nom d'un autre électeur pour le même tour de scrutin, sans qu'il soit fait mention d'un vote par procuration,
ne peut être regardée comme garantissant l'authenticité de ce vote ; qu'il résulte de l'examen des listes d'émargement
des bureaux n¦ 11 à 17 que, pour 19 électeurs, la signature apposée lors du second tour de l'élection est
significativement différente de celle apposée lors du premier tour et que pour un autre électeur, la signature est
identique à l'émargement figurant en regard du nom d'un électeur différent pour le même tour de scrutin, sans qu'il
soit fait mention d'un vote par procuration; qu'il résulte également de l'examen de ces listes que 12 autres électeurs ont
émargé d'une croix ; qu'ainsi, ce sont 32 signatures figurant sur la liste d'émargement du second tour de scrutin qui ne
peuvent être regardées comme attestant le vote des électeurs dont il s'agit dans les conditions fixées par l'article L. 62-1
du code électoral ;
Considérant, en deuxième lieu, que selon l'article R. 75 du code électoral : « Chaque procuration est établie sur un
imprimé comportant deux volets et un talon. Les deux volets sont signés par le mandant. / L'autorité devant laquelle
est dressée la procuration, après avoir porté mention de celle-ci sur un registre spécial ouvert par ses soins, indique sur
les volets et le talon, ses nom et qualité et les revêt de son visa et de son cachet. / Elle remet ensuite le talon au
mandant et adresse, sans enveloppe et en recommandé, le premier volet au maire de la commune sur la liste électorale
de laquelle le mandant est inscrit. Elle adresse, sans enveloppe, le second volet au mandataire [...] » ; que le requérant
soulève l'irrégularité, au regard des ces dispositions, de 24 procurations ; qu'il résulte de l'instruction et n'est d'ailleurs
pas contesté que 6 de ces procurations doivent être regardées comme irrégulières dès lors qu'elles étaient dépourvues,
soit de la signature du mandant, soit de l'identification de l'autorité les ayant établies, en méconnaissance des deux
premiers alinéas de l'article R. 75 du code électoral ; qu'en revanche, la circonstance que d'autres procurations, soit
n'auraient pas fait l'objet d'un envoi par pli recommandé au maire de la commune, soit auraient été expédiées par le
mandant lui-même, en méconnaissance du troisième alinéa de l'article R. 75, n'est pas de nature à entraîner
l'annulation d'un nombre de suffrages correspondant, dès lors qu'il ne résulte pas de l'instruction qu'elle a eu pour effet
d'en modifier le sens ou qu'elle a constitué une manoeuvre destinée à fausser les résultats du scrutin ; que la
circonstance que deux électeurs ont établi successivement deux procurations au bénéfice de chacun de leurs
mandataires respectifs est, par elle-même, sans incidence sur le nombre de suffrages à décompter ;
Considérant qu'il résulte de tout ce qui précède que ce sont au total 38 suffrages - et non 17 comme l'avait retenu le
tribunal administratif de Fort-de-France dans le jugement attaqué - qui doivent être regardés comme irrégulièrement
émis et donc déduits du nombre de voix obtenues par le candidat figurant en tête au second tour de scrutin ; que,
toutefois, ce nombre est inférieur à l'écart de 46 voix qui séparait le candidat élu, M. Lordinot, de son adversaire, M.
Renard ;
Considérant qu'il résulte de tout ce qui précède et sans qu'il soit besoin de procéder aux mesures d'instruction
demandées au Conseil d'Etat par le requérant, que celui-ci n'est pas fondé à se plaindre de ce que, par le jugement
attaqué, le tribunal administratif de Fort-de-France a rejeté sa protestation dirigée contre les opérations électorales qui
se sont déroulées les 21 et 28 mars 2004 en vue de la désignation du conseiller général du premier canton de Sainte-
Marie;
Décide :
Art. 2 : La présente décision sera notifiée à M. Vladimir Bourgade, à M. Fred Michel Lordinot, à M. Guy Renard, à M.
Gérard Florent, à M. Dorothé Bonnialy, au ministre de l'Outre-mer, à la commune de Sainte-Marie et à la
Commission nationale des comptes de campagne et des financements politiques.
Mots clés :
ELECTION * Opération de vote * Régularité des opérations de vote * Ecart de voix