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Etudes préliminaires - IDERIC

Différenciation des ethnies quant au comportement économique :


l'exemple du Sénégal
Monsieur Jean-Marc Gastellu

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Gastellu Jean-Marc. Différenciation des ethnies quant au comportement économique : l'exemple du Sénégal. In: Relations
économiques et relations interethniques. Nice : Institut d'études et de recherches interethniques et interculturelles, 1970. pp.
57-71. (Etudes préliminaires - IDERIC, 2);

https://www.persee.fr/doc/epide_0768-5289_1970_sem_2_1_942

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- 57 -

DIFFERENCIATION DES ETHNIES QUANT AU COMPOR

L'EXEMPLE DU SENEGAL

par

Jean-Marc GASTELLU
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- 59 -

En guise d'introduction, je formulerai troi


préliminaires i

1 - Je tiens tout d'abord à souligner que l


ici est l'objet de recherches en cours,
été entreprises au Sénégal que depuis J

En un laps de temps aussi court, il n'a


que d'accumuler des données j seuls des

partiels sont disponibles, il s'agira d


d'un compte rendu d'activités que d'un
thèse»

2 - Ensuite, je voudrais dire que le travai

être question est l'oeuvre d'une équipe


plinaire, composée de trois économistes,
logue et un psychosociologue. Etant le
tant de l'équipe à cette Session de Nic
gagerai que moi, par mon propos, ne pou
des détails précis sur le travail de me

3 - Enfin, je me propose de rattacher notte

de travail au Sénégal au thème suivant


Session ï "Etudes illustrant le rôle jou

statuts et les fonctions économiques da


renciation des ethnies".
:

Ceci dit, je me contenterai d'exposer succes

- le thème de recherche

- l'organisation de la recherche
- quelques résultats partiels.
- 60 -

1 ~ LE THEME DE LA RECHERCHE

Il peut être intéressant pour nous de voir comment le


thème de la recherche s'intégre dans les préoccupations actuelles
de la section d'Economie de 1 '0,Ro S.T.OoMo , et comment son objet
s'est lui-même déplaça au cours de l'enquête0

1 - L'intégration du thème de recherche dans les courant


économiques de 1 ' 0«R. SoT. 0«M»

La section d'Economie de 1 ' C*Ro SoT.OoM. oeuvre actue

lement dans deux directions principales :


- la première a pour thème : "L'analyse des structur
de croissance dans le cadre d'ensembles socio-économiques de type
régional"#
Les chercheurs qui lui sont attachés s'intéressent soit
aux problèmes soulevés par la planification régionale, soit à
l'analyse du rôle des configurations urbaines.

- la deuxième direction de recherches a pour thème


"Structures sociales et dynamisées économiques différentiels".

L'expérience de nombreux pays en voie de développement


prouve qu'il ne suffit pas d'injecter des investissements dans une
région sous-développée pour atteindre les objectifs du Plan : les
comportements économiques sont une variable dont il faut tenir
compte pour la réussite finale.

C'est pour cette raison que se dessine actuellement tout


un. courant de "sociologie économique" (ou d' "économie sociologi¬
que", selon les doctrines en présence) qui se propose, non plus
d'analyser les systèmes économiques dits "traditionnels", ou de
"transition", à partir du seul exemple des sociétés industrialisée
mais bien de saisir de l'intérieur le fonctionnement économique de
ces sociétés en se fondant sur les distinctions économiques perçue
- 61 -

C'est dans cet ordre de préoccupation


. ce second thème.

Or, il semblerait que, très souvent,


tés de transition, la réussite économique dépen
ethnique et soit liée à l'existence de certains
au Nigeria, Bamilék a au Cameroun, Wolof, "pionn
chide", au Sénégal»

Dans un premier temps, la section éco


1 'O.Ro S.ToOoMo s'est donc proposée d,analyser l
facteur ethnique sur la réussite économique î t
ont été lancées sur le terrain % l'une à Madag
en Polynésie et la troisième au Sénégal. C'est
dernière que l'objet de la recherche a dû être
d'enquête»

2 - La mobilité de l'objet de la rech

Le thème de départ de l'équipe du Sén


"Facteurs socio-culturels et comportements écon
arachidière sénégalaise"»

Le Mouridisme est une confrérie musul


où prévaut une répartition très nette des tâche
part les marabouts (les "orantes") , assurant le
par leur prière, et, d'autre part, les disciple
(les "laborantes") , travaillant sous l'égide du
ci sont parfois groupés en communautés, et reme
chef spirituel le produit de leur travail» Du m
que portait à croire la littérature existante s

L'équipe se proposait d'étudier cette


treprise était passionnante pour trois raisons
elle allait à contre-courant des hypothèses cla
l'Islam et le Développement ; ensuite, elle con
dre Max Weber et ses hypothèses sur la prédilec
aurait pu être manifestée par la richesse maté
bouts 5 enfin, elle permettait de se demander s
- 62 -

surplus économique, confisqué par les marabouts, mais susceptible,


éventuellement, d'être détourné vers un investissement productif.

Toujours selon la littérature existante, ces phénomènes


pouvaient effectivement être observés, à l'état pur, chez les mouri-
des d'ethnie Wolof, Pour vérifier si tel était bien le cas, on se pro¬

posait d'examiner une ethnie voisine, en partie mouridisée, comme


contre-point à l'étude des Wolof mourides.

Pour des raisons historiques et écologiques, les Sérer


furent choisis. C'est en opposant soit Wolof mourides à Sérer mouri¬
des, soit Wolof mourides à Sérer catholiques ou animistes, qu'on se

proposait de déterminer la part du facteur ethnique et du facteur

religieux dans l'explication de la réussite économique. On n'excluait


pas pour autant d'autres types concevables d'explication î l'existen¬
ce par exemple d'un processus de formation de classes sociales, ou

plus exactement, d'une stratification sociale au sein de chaque ethnie.


11 était prévu, en fonction de l'arrivée d'autres chercheurs, d'éten¬
dre l'étude à d'autres confréries musulmanes (Tidjanes, par exemple),

et à d'autres zones géographiques (terres neuves, milieu urbain).

Une fois les équipes de recherche à l'oeuvre, on s'est

peu à peu aperçu que la littérature sur le Mouridisme était trompeuse,


et qu'en fait les Mourides n'étaient rien moins que dynamiques.

Aussi, au cours d'une seconde étape, qui a débuté en Jan¬


vier 1968, renversera-t-on la démarche : au lieu de présupposer l'exis¬

tence d'un dynamisme économique au niveau soit d'une ethnie, soit d'une
confrérie religieuse, on recherchera s'il se rencontre au niveau des
individus.

On va voir maintenant comment a été organisée cette recher¬


che,

* -k
- 63 -

11 " L'ORGANISATION DE LA RECHERCHE

Voici quelles ont été les méthodes et les


ployées :

A - La méthode de la recherche

Dès le départ, un double choix a dû être ef


ne le niveau d'extension de la recherche et sa démar

1) Le niveau d'extension de l'enquête :

En ce qui concerne le niveau d'extension de


deux tendances s'opposaient parmi les chercheurs :
- les uns préconisaient une enquête extensive
naires' socio-économiques "légers" étendus à
la zone mouride,

- d'autres préféraient un travail en "profond


monographies villageoises.

C'est cette seconde tendance qui l'a


emporté.

C'est dans ces conditions qu'a été choisie


du bassin arachidien sénégalais, zone dans laquelle
historiques et écologiques étaient les mêmes pour le
où, du moins, les différences de milieu, quand elles
étaient dues, précisément, à l'action des ethnies, c
montré M. le Professeur Pélissier. Cette zone, c'est
tale du vieux royaume de Baol, où quelques villages
aussi bien en pays Wolof (Missira, Darou-Rahmane , K
pays Sérer (les villages de Ngohé-Mbayar) .

2) La démarche de la recherche :

- soit poser "a priori" un certain nombre de définit


conscrire des concepts, ceci afin de départager, e
coordonner, les points de vue des différentes disc
- 64. -

soit mener une recherche empirique, inspirée du pragmatisme an


saxon, en enregistrant le plus grand nombre possible de phénom

("phase de recherche en aveugle", première phase de la recherch


interdisciplinaire selon M. le Professeur Bastide) et n! élabore

les concepts qu'à"a posteriori".

C'est cette seconde tendance qui a dominé.

B - Les techniques de la recherche

Les techniques employées sont les plus classiques en l


matière :

a) techniques d'observation des comportements économiq

budgets familiaux, emplois du temps, levés de cham

pesées de récoltes, pesées de repas, comptages et r

sements des personnes, inventaires des biens et du

tel, exploitation des archives statistiques et hist

ques, -

b) techniques de recherche des explications socio-cult

les : histoires de vie, analyses de' parenté, tests

chologiques.

Certaines données, recueillies à l'aide de ces techniq

ont été dépouillées, en sorte que des résultats partiels sont dé

disponibles.

111 " LES RESULTATS DES RECHERCHES

Ces résultats partiels concernent aussi bien les diffé

ces de comportements économiques que lès relations interethnique

1 - Les différences dans les comportements économique

D'un point de vue purement ethnique, on peut opposer


- 65 -

D'un point de vue géographique, M» le Profes

Pélissier (Conférence WASA, Abidjan, Avril 1968) a pu


les Wolof, comme "société organisatrice" aux Sérer com
"société paysanne"#

D'un point de vue économique, et dans l'état

de nos recherches, nous aurions, pour notre part, tend


opposer les Wolof comme "société ostentatoire pour la

rité" aux Sérer comme "société économe pour l'égalité"#


on peut proposer, à titre d'hypothèse, que la culture

chide permettrait aux Wolof d'acquérir un gain monétai


le seul but de satisfaire aux besoins de consommations

(principalement : le riz) quitte à s'endetter lourdem


vance si la récolte est mauvaise | au contraire, la cu

mil permettrait avant tout aux Sérer de pourvoir à l'au


mation, le gain obtenu de la culture de l'arachide perm
satisfaire des besoins moins immédiats (habillement)»

Une différence dans la conception du "temps


séparerait donc Wolof et Sérer : les premiers vivraient

avance", anticipant sur les résultats de la traite fut


que les Sérer vivraient sur les résultats acquis de la
passée*

C'est l'analyse des différents types de comp


qui nous a mené à de telles conclusions.

A - Les comportements de production :

L'opposition entre Wolof et Sérer se manifes

bien dans les modes culturaux que les relations de tra

a) les modes culturaux

Nos observations corroborent celles de M»


- 66 -

cultivées, rotation mil-arachide sans jachère), tandis que les Sérer


pratiquent des techniques culturales qui économisent et même recons¬
tituent .
les sols (équilibre des cultures, rotation triennale avec
jachère, association "acacia-
albida-chep tel-champ", cultures inter¬
calaires)»

b) Les relations de travail

L'opposition se manifeste principalement dans l'emploi


des salariés agricoles« En effet, si cet emploi est courant dans
les villages Wolof étudiés, il était inexistant dans les villages
Sérer observés î les habitants semblaient manifester une nette

préférence pour les travaux agricoles collectifs.

Cependant, les points de concordance entre les deux


communautés sont nombreux, notamment l'existence de prestations
de travail au marabout (champ du mercredi), et l'organisation
de travaux agricoles collectifs» Du point de vue du teraps consa¬
cré, il semblerait même que les prestations de travail fournies
pour les travaux agricoles collectifs soient supérieures à celles
fournies sur les champs des marabouts.

B - Les comportements de consommation :

L'opposition transparaît dans les comportements d'en¬


caisse, les réseaux de commercialisation et les consommations
alimentaires#

a) Les comportements d'encaisse

Les Wolof observés marqueraient une préférence abso¬


lue pour le présent, s'endettant avec usure en vue d'une consom¬
mation immédiate.

Au contraire, il existerait, chez les Sérer observés,


des "encaisses de réserve" (monnaie, bijoux, vaches), dont une
partie peut permettre de parer aux aléas d'une mauvaise récolte,
soit directement (monnaie), soit par une mise en gage (bijoux),
tandis que l'autre partie (vaches) manifeste la position sociale
- 67 -

soit par son existence même, soit parce qu'elle per


à une nouvelle position, par la vente (pèlerinage

b) Les réseaux de commercialisation

Chez les Wolof observés, les boutique


tantes ; le commerçant pratique le crécit, avec de
longs, de l'époque des cultures à celle de la trai
Janvier), avec usure assez élevée» Il a été calcul
mise en gage des semoirs, il pouvait être prélevé
d'intérêt par an»

Au contraire, chez les Sérer, on est en


petites boutiques, où le commerçant n'accorde créd
"gens de confiance" (revenu mensuel), avec peu ou p

Mais la différence fondamentale est d'ord


gique : les Wolof observés se laissent interroger
leurs problèmes d'endettement, tandis que les Sérer
de façon visible»

c) Les consommations alimentaires

Alors que les Wolof sont de très fort


de riz, qu'ils achètent chez le commerçant, lès Sé
principalement du mil qu'ils produisent eux-mêmes»
qu'au Sénégal le riz passe pour un indice de "wolof
donc de modernisation. Par ailleurs, les prix moye
chés de la région sont de 43 F pour un kilo de riz
pour un kilo de mil.

C - Les comportements de distribution

En ce qui concerne les comportements de


le point commun aux deux ethnies réside dans les p
marabouts, qu'il s'agisse de prestations monétaires
tions de travail»

Par contre, les deux ethnies s'opposent


don : tandis que chez lez Wolof on n'observe aucune
de dons, on a affaire, chez les Sérer, à un système
- 68 -

élaboré® D'après les études effectuées, on a pu monter que le


système de dons s'était modifié, chez les Sérer observés, avec
la pénétration de l'économie monétaire î en effet, il y a eu
régression d'un certain type de dons, qui servaient à la redis¬
tribution des richesses au niveau du village, et expansion d'un
autre type de dons, qui servaient à la redistribution des riches¬
ses au sein même de l'unité d'habitation»

Il est important
A A de noter, cependant, qu'au niveau du
village, ce sont les NEMO, les "castes", qui restent les princi¬
paux bénéficiaires du système de circulation des dons» Mais,
toutes ces différences de comportement n'empêchent pas l'existence
de relations entre ces deux ethnies 5

2 - Les relations interethniques

Les relations interethniques relèvent tout autant des


rapports entre Sérer et Wolof, que des rapports entre chacune de
ces ethnies et d'autres ethnies voisines»

À - Les relations entre Sérer et Wolof %

Deux sortes de relations sont particulièrement important


celles qui résultent de la domination d'une ethnie sur l'autre,
et celles qui découlent de la présence de minorités ethniques de
chaque groupe au sein de 1* autre»

a) Le problème de la vrolof isation

Dominante par le nombre, par la religion et par la


langue, l'ethnie Wolof passe aussi pour l'ethnie "pionnière" du
Sénégal : il en résulte un mythe de la "wolof isation" des autres
ethnies sénégalaises, car "wolof isation" serait synonyme de moder
nisationc

Or, dans les villages Sérer étudiés, rien ne transparaît


des influences ïïolof, aussi bien dans la langue que dans les habi¬
tudes alimentaires,, Il est possible que ces influences V7olof se
fassent davantage sentir dans les zones de terres neuves, où les
Sérer sont coupas du milieu familial traditionnelo
- 69 -

b) L'existence de minorités ethniques au sein


groupe

Quoique parlant eux-mêmes wolof, les Sérer


pays Wolof sont regroupés en communaut as homogènes, sép
munautés locales proprement dites (exemple ; Darou, Sin
Sérer peut être retrouvée par l'histoire du village et l
habitants»

Par contre, A les


A Wolof vivant en pays Sérer so
sés, perçus comme des NENO, des "castes" pauvres et faib
va une partie de la circulation des dons®

B - Les relations avec d'autres ethnies

Les relations entre Wolof et Peul ont toujour

tiles ; en effet, les Wolof, cultivateurs extensifs de l


ont progressivement exclu les Peul de leurs terrains de
il en est résulté de nombreux conflits, qui alimentent l
dence du Tribunal de Diourbel.

Par contre, les Sérer manifestent une grande


à l'égard de leurs "cousins" Toucouleur, admis favorablem
le pays# C'est ainsi qu'à Ngohé-Mbayar, l'innovateur qui
la culture extensive de l'arachide était un Toucouleur®

Les conclusions à tirer de ces observations s

sortes» Tout d'abord, comment poser le problème du lien


interprétations qui découlent de l'étude de la micro-zon

explications générales ? En effet, il semblerait que l'o


recherche (explications socio-culturelles) se dilue au f

mesure qu'on essaie de le cerner : au niveau le plus pro


deviennent primordiaux des problèmes très concrets comme

l'eau et des puits, etc... Il est à remarquer, à cet éga


chaque problème partiel étudié (dons, travaux agricoles
met en cause l'ensemble du système social, et que les ex
suggérées par chacun de ces problèmes se recoupent l'une
- 70 -

s'articulent les deux niveaux»

D'autre part, une fois analysées les différences entre les


comportements économiques ? on: est conduit à se demander, en réponse
à la question posée au départ, quelle est la part du facteur ethni¬
que et quelle est celle de la religion dans l'explication des phé¬
nomènes ®

Il est impossible, dans l'état actuel des recherches, de


répondre de façon générale à cette question# Le seul travail mené
en commun par les deux équipes qui ont participa à la recherche, et
dont les résultats ont pu ttre dépouillés à ce jour, concerne l'en¬
quête sur les "travaux agricoles collectifs"®

Le Droblàis était de trouver une explication aux diffé¬


rences de coût observé dans chaque village à l'occasion des repas
offerts en remerciement de ces travaux.-

En p «ys S.vrer, lornquf en face de l'échelle des coûts


moyen des repas classés par ordre d'importance, on place une
colonne s "variable religieuse", une colonne t "caste", et une
colonne ; "acquisition d'un revenu secondaire" (commerce, fabrica¬
tion de remèdes, marabouts, o 0 ») , on s'aperçoit que la variable
religieuse n* est aucunement explicative i cela ne doit pas surpren¬
dre s puisqu'il y a, en pays Serrer, mélange intime des trois reli¬
gions (animisme, isL?.ra? catholicisme) au sein de chaque unité
d'habitation, dans un parfait esprit de tolérance 3 encore que ce
soit la religion cé::c.:, animiste et traditionnelle, qui soit la
religion première de tout Sérer, les grandes religions modernes
venant se superpower â cette religion traditionnelle, sans synchré-
tisme aucun# L'analyse de la variable religieuse nous renvoie donc
au facteur ethnique.-,

Les variables s "caste" et "acquisition d'un revenu secon¬


daire" semblent expliquer les différences de coût des repas» Ceci
rejoint ce qui a étc dit plus haut de la circulation des dons en pays
Sérer, à savoir que 1«55 "castes" en étaient les principaux bénéfi¬
ciaire O
- 71 -

Par contre, en pays wolof, les études menées montr

les différences dans les coûts des repas ne sont liées ni à l

ni à la religion (monopole de la religion mouride). L'explica

ble se situer à un autre niveau; en effet, il a été observé q

Wolof étudiés se livraient à un calcul économique destiné à

ressortir les avantages respectifs de l'emploi de salariés ag

et des travaux agricoles collectifs. D'un point de vue économ

est assurément moins coûteux d'offrir un repas à l'occasion d

vail agricole collectif que d'utiliser un ou plusieurs salari

le repas doit être payé immédiatement, au moment des cultures

récoltes, alors que les salariés agricoles ne se font payer q

moment de la traite (c'est-à-dire avec quatre mois de retard

préférence est donc donnée à l'emploi des salariés agricoles,

que cette situation, quoique plus onéreuse, permet de reporter

pense dans le futur, ce qui rejoint bien ce que nous disions

de la conception du "temps économique" chez les Wolof .

Cet exemple montre que le facteur ethnique en tant

est trop global pour être explicatif par lui-même, et qu'il f


cher des facteurs seconds contenus à l'intérieur de ce facteu

que, tels que la "conception de la caste chez les Sérer" et l

tion du temps économique chez les Wolof',' qui pourraient être


culturels distinctifs de ces deux ethnies.

N.B. Je tiens à remercier Ph, Couty, Chef d'opération de cett

recherche, pour la collaboration qu'il m'a apportée au c

d'échanges de vues que nous avons eus ensemble.

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