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Plongeons dans l’univers théâtral de Marivaux avec Les Fausses Confidences, une pièce où les

amours embrouillées se mêlent à une satire sociale subtile. Malgré son apparence légère, ce théâtre
du XVIIIe siècle révèle des couches morales qui invitent à examiner de près les ressorts comiques et
les questionnements éthiques qui guident l’intrigue.

À travers les dialogues et les stratagèmes de « Les Fausses Confidences », une question émerge :
quelle est la vraie leçon morale de cette pièce ? Derrière les jeux amoureux et les scènes comiques,
peut-on dénicher un message de vie, une critique la société ou simplement une comédie destinée à
divertir ? C’est cette recherche de sens et d’intention morale que nous entreprenons, explorant les
détours de la pièce pour dévoiler son message caché et son impact dans la société du XVIIIe siècle.

Nous verrons tout d’abord que la pièce comporte certes tous les ressorts de la comédie
traditionnelle mais que sa morale sert aussi à observer qu’en réalité la véritable morale de la pièce
est sur l’actualité de son contexte historique.

Les Fausses Confidences se dévoilent dès les premiers instants de la pièce. Les Fausses Confidences
propose au lecteur/spectateur tous les ingrédients de la comédie classique. Marivaux est bien
l’héritier de Molière car l’intrigue se base sur l’opposition traditionnelle du cœur et de la raison ;
l’amour se heurte à l’argent. C’est ainsi que la pièce orchestre habilement les affrontements entre les
passions amoureuses des protagonistes et les réalités pragmatiques de la société du XVIIIe siècle.
Dorante, avide d’amour, se trouve inextricablement lié aux jeux financiers, créant un terrain fertile
pour l’exploration des conflits moraux. La dynamique entre le cœur et la raison, subtilement tissée
par Marivaux, transcende le simple divertissement pour devenir le fil conducteur d’une réflexion
profonde sur les normes sociales et les dilemmes éthiques de l’époque. Ainsi, la comédie classique
devient le vecteur d’une analyse fine et nuancée des relations humaines et des enjeux moraux qui
traversent la société du XVIIIe siècle.

Par ailleurs, les personnages de la pièce se présentent selon la dualité traditionnelle


maîtres/valets, même si ce schéma est malicieusement détourné pour complexifier l’intrigue. De
plus, certains personnages frisent lao caricature et, à ce titre, peuvent correspondre au ridicule
nécessaire pour devenir cibles de la critique morale, selon les termes de la citation. On peut à ce titre
citer Arlequin, le valet d’Araminte, dont la personnification excessive du serviteur maladroit contribue
à épaissir les fils de la satire sociale. Sa maladresse et ses comportements stéréotypés deviennent des
éléments de ridicule, délibérément exploités par Marivaux pour mettre en lumière les travers moraux
de la société de l’époque. Ainsi, ces personnages, loin d’être simplement des archétypes comiques,
acquièrent une dimension critique qui enrichit la portée morale de la pièce.

Enfin, tous les éléments comiques du théâtre s’expriment pleinement dans la pièce. Les
stratagèmes et les artifices utilisés pour les mettre en œuvre sont caractéristiques du comique de
situation. De plus, une utilisation astucieuse du quiproquo se dévoile. Les manœuvres et subterfuges
déployés par les personnages reflètent l’esprit du comique de situation, créant des situations
imprévisibles et humoristiques. Ces éléments, présents tout au long de la pièce, ne se limitent pas à
provoquer le rire ; ils contribuent de manière subtile à enrichir la portée comique et morale de
l’œuvre.
Aucun des personnages de la pièce n’est en effet exempt de contradictions, à commencer par le
duo qui nous fait découvrir l’intrigue : Dubois et Dorante. Le premier, Dubois, se présente comme un
ancien valet de Dorante, désormais au service d’Araminte. Son comportement oscille entre loyauté
envers son ancien maître et une volonté manifeste de favoriser l’amour naissant entre Dorante et
Araminte. Quant au deuxième, Dorante, son attitude suscite également des interrogations. Ses
actions semblent guidées par une dualité interne entre ses désirs amoureux et les jeux sociaux
complexes auxquels il participe. Ces ambivalences caractérisent les interactions entre les
personnages, jetant une lumière intrigante sur la complexité des relations humaines et ajoutant une
profondeur psychologique à la trame de la pièce.

De plus, que dire des personnages secondaires, pions dans l’échiquier, maltraités voire sacrifiés au
nom du bonheur des autres ? Dans « Les Fausses Confidences », ces figures secondaires se retrouvent
souvent en position de victimes, utilisées comme instruments pour atteindre les objectifs des
protagonistes principaux. Leur existence semble être conditionnée par les desseins matrimoniaux des
maîtres, les reléguant au statut de pions sacrifiables dans le jeu complexe des relations. Ce traitement
sacrificiel soulève des questions morales quant à la manipulation des destinées individuelles au nom
du bonheur collectif. Ainsi, ces personnages, bien qu’en arrière-plan, deviennent les témoins
silencieux des enjeux émotionnels et moraux qui traversent la pièce, mettant en lumière les nuances
complexes des relations humaines.

Pour finir, on pourra remarquer que l’intrigue amoureuse n’occulte pas les aspects prosaïques
d’une société régie par les jeux d’intérêts et le rapport à l’argent. Ainsi, certains personnages dans
« Les Fausses Confidences » frôlent la caricature et incarnent des stéréotypes sociaux. Ils deviennent
les représentants typiques des valeurs et des comportements de la société de l’époque. Par exemple,
le Comte Dorimont, avec son désir de mariage basé sur des considérations financières, incarne le
stéréotype du prétendant fortuné. De même, la mère d’Araminte, Madame Argante, peut être vue
comme une figure stéréotypée de la matriarche soucieuse des alliances avantageuses. Ces
personnages, bien que parfois exagérés, servent à mettre en lumière les réalités concrètes de la vie
sociale, contribuant ainsi à la satire de la pièce sur les conventions et les priorités matérielles de la
société de l’époque.

Jean-Louis Thamin, dans sa mise en scène de 2005, dit de la pièce qu’elle est « cruelle » et fustige
des personnages « horribles ». Peut-on considérer que sa portée est immorale ?

En réalité, le propos de la pièce est moins de présenter des personnages monolithiques pour en
grossir « le » défaut et en guérir le public, comme on le trouve souvent dans les comédies classiques.
Marivaux opte plutôt pour des personnages plus proches de la réalité, ancrés dans la société du
XVIIIe siècle. Ainsi, Dorante et Araminte, loin d’être des figures idéalisées, montrent des côtés
complexes. Leurs émotions et leurs dilemmes révèlent une humanité réaliste, éloignée des clichés
habituels du théâtre. En choisissant des personnages plus authentiques, la pièce offre une critique
sociale plus nuancée, invitant le public à réfléchir sur la complexité des relations humaines, sans
tomber dans les schémas simplistes des comédies traditionnelles.
En réalité, le propos de la pièce est moins de présenter des personnages monolithiques pour en
grossir « le » défaut et en guérir le public, comme on le trouve souvent dans les comédies classiques.
Mais la pièce cherche à présenter une image de la société du XVIIIe siècle pour critiquer certains
aspects. Ainsi, les personnages de la pièce sont ancrés dans la réalité de l’époque. Ils ne sont pas des
figures idéalisées, mais plutôt des reflets authentiques des complexités sociales de leur temps. En se
concentrant sur cette représentation réaliste, la pièce offre une critique sociale nuancée et
pertinente, invitant le public à réfléchir aux réalités de la société de l’époque sans recourir à la
caricature ou à la simplification excessive.*

Par ailleurs, les personnages de la pièce se présentent selon la dualité traditionnelle


maîtres/valets, même si ce schéma est malicieusement détourné pour complexifier l’intrigue. De
plus, certains personnages frisent la caricature et à ce titre peuvent correspondre au ridicule
nécessaire pour devenir cibles de la critique morale, selon les termes de la citation. On peut à ce titre
citer Arlequin, le valet d’Araminte, dont les facéties et les réactions burlesques ajoutent une
dimension comique à la pièce. Sa nature extravagante et ses interventions farfelues contribuent à la
satire des conventions sociales de l’époque, soulignant ainsi l’ingéniosité de Marivaux dans la
création de personnages comiques tout en subvertissant les attentes du genre.

Enfin, tous les procédés du comique théâtral figurent dans la pièce. Les stratagèmes, les objets
utilisés pour les conduire sont la marque du comique de l’ironie. Les nombreux quiproquos, les
déguisements et les jeux de mots astucieux contribuent à l’intrigue humoristique de la pièce. De plus,
l’on trouve également l’utilisation habile de la gestuelle comique, notamment à travers les mimiques
et les réactions exagérées des personnages. Ces divers éléments comiques sont savamment tissés
dans la trame de la pièce, renforçant ainsi l’aspect divertissant tout en servant les intentions
satiriques liées à l’ironie des conventions sociales de son époque.

En explorant les Fausses Confidences de Marivaux, il apparaît clairement que la pièce va au-delà
des conventions de la comédie classique, offrant une critique sociale subtile et nuancée de la société
du XVIIIe siècle.

Ainsi, bien que la pièce présente les éléments traditionnels de la comédie, sa véritable moralité est
ancrée dans la réalité de son contexte historique. Les personnages, les intrigues amoureuses et les
stratagèmes comiques ne servent pas seulement à divertir, mais également à mettre en lumière les
travers de la société de l’époque.

Cette exploration approfondie des Fausses Confidences nous encourage à réfléchir sur la
pertinence de ces critiques sociales dans notre propre contexte contemporain. Les thèmes universels
de l’amour, de l’argent et des relations humaines restent des sujets intemporels, nous invitant à
examiner de manière critique notre propre société à la lumière des réflexions subtiles de Marivaux

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