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Bulletin de psychologie

Le test de dessin de l’arbre, principales méthodes


Renée Stora

Citer ce document / Cite this document :

Stora Renée. Le test de dessin de l’arbre, principales méthodes. In: Bulletin de psychologie, tome 17 n°225, 1963. Psychologie
projective - théories et techniques. pp. 253-265;

https://www.persee.fr/doc/bupsy_0007-4403_1963_num_17_225_9145

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Le test de dessin de l’arbre,

principales méthodes

par Renée STORA (Paris)

lité.
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con¬
avec
ver¬
soi-
vue
pas
que
ob¬
re¬
di-
de
au
48
lela
:
254 BULLETIN DE PSYCHOLOGIE

mension ou toutes à deux), d’une intelligen¬ tre en évidence le côté positif de la person¬
ce de niveau moyen inférieur (A2 : branches à nalité de même que ses déficiences.
deux dimensions vraiment dessinées), d’une
intelligence moyenne. (A3 : long trait devant 4, La
5) constitue
techniqueund’application
ensemble complexe
de Buck et(1,struc¬
1, 2,
ou derrière l’arbre pour indiquer le sol, même turé : la demande d’effectuer chaque dessin
si la base du tronc lui-même n’est pas réel¬ est faite successivement en présentant à cha¬
lement fermée) ou d’une intelligence moyenne que fois une feuille blanche portant en son
supérieure (SI : écorce sur le tronc indiquée haut le mot « maison, arbre ou personne, im¬
de façon nette ou encore : herbe à la base primé. On dit : « Prenez un crayon et faites
de l’arbre). Enfin pour S2, indice d’intelligen¬ un dessin d’arbre aussi bien que vous le pou¬
ce supérieure, nous ne relevons aucun tracé vez. Vous pouvez dessiner n’importe quel ar¬
l’observation
en ce qui concerne
méthodique
le dessin
étayée
de par
l’arbre.
le calcul
Ainsi bre, comme vous voulez, effacer autant que
statistique permet de constater une hiérarchi¬ vous vous
mais le désirez
devez etdessiner
prendreuntout
arbrevotre
aussitemps,
bien
sation. Il en est de même lorsqu’il s’agit d’ob¬ que vous le pouvez. Prévenez-moi quand vous
server les proportions (de DI à Àl) et la pers¬ aurez fini ». Il est souhaitable de rassurer au
pective. besoin le sujet en lui précisant qu’il ne s’agit
Enfin, les résultats obtenus sont traités par pas d’une épreuve de dessin artistique et qu’il
un calcul analogue à celui du F+% pour le s’agit d’un dessin à main levée. On lui refuse
Rorschach (% de A + S x 100 et divisé par l’emploi de la règle. Le psychologue note com¬
D+A+S). Deux pourcentages sont recherchés, me nous l’avons dit le temps pour chaque des¬
l’un de niveau inférieur, l’autre de niveau sin ainsi que ses observations à propos des
bon et supérieur, leur confrontation permet de commentaires et des réactions du sujet. Tous
ces dessins sont effectués au crayon numéro 2;
constater la pesée
intellectuels sur le éventuelle
rendement.desIl facteurs
est à noter
non mais
on présente
différemment
au sujettaillés
des crayons
et on lui
de ce demande
calibre
d’ailleurs que ces facteurs affectifs intervien¬
nent toujours dans le dessin et que le résul¬ de choisir celui qu’il préfère.
tat obtenu, même par une méthode aussi at¬ Une fois les dessins achevés, on passe au
tentivement mise au point et précisée encore questionnaire P.D.I. (post drawing interroga¬
ultérieurement par les élèves de Buck, doit tion folder). Ce dernier comporte trois séries
toujours être confronté avec les résultats four¬ de questions :
nis par un test d’intelligence ou de niveau
mental. 1) telles que: «quelle sorte d’arbre est-ce?
Quel âge a-t-il ? Quand vous regardez cet
Voyons maintenant l’analyse qualitative, arbre
ou au-dessous
avez-vousdel’impression
vous ou à votre
qu’il est
niveau»?
au-dessus
elle comporte :
L’observation des détails en tenant compte 2) telles que : « A qui cet arbre ressemble-
cette fois de leur nombre, de la pression, du t-il, à un homme ou à une femme ? Qu’est-ce
souci de la forme dont ils sont l’objet et de qui, dans votre dessin, vous donne cette im¬
leurs rapports mutuels. On considère ensuite pression » ?
les proportions
deur de l’arbre relatives,
par rapport
c’est-à-dire
au cadrela de
gran¬
la 3) Questions visant à préciser les pressions
subies, telles que : « Cet arbre est-il vivant ?
tuellesentière,
page du tronc,
de même
des que
branches,
les proportions
des racines,
mu¬ en cas de réponse positive : y a-t-il une partie
leur fluctuation en largeur, les variations de de l’arbre morte, laquelle ? Qu’est-ce qui vous
symétrie, etc... sans oublier les rapports avec donne besoin
a-t-il cette »impression
? ? De quoi cet arbre
la ligne de sol considérée comme représen¬
tant la réalité. On observe la perspective non Une fois Je? 23 questions posées, on deman¬
seulement dans la page elle-même, mais aussi de au sujet de tracer sur chacun des dessins
par rapport à l’observateur, ainsi que la pré¬ un soleil et une ligne du sol (ceci au cas où il
sentation et la qualité des lignes. De même ne l’aurait pas fait de lui-même; on note que
le niveau
tive sont recherchés.
psycho-sexuel Le etdessin
la maturité
est ainsiaffec¬
tra¬ ces deux tracés ont été effectués sur ordre).
La troisième phase de l’examen consiste à
duit en significations psychologiques basées
sur l’observation psycho-clinique, observations faire exécuter le dessin H.T.P. chromatique à
précises et fines dont Jolies a tenté de valider l’aide de 8 crayons après s’être assuré que le
certaines par la statistique dans un travail sujet sait distinguer les couleurs. La gomme
est interdite ici et le sujet en est averti. Le
intéressant
but fixé. et utile, mais qui n’ateint pas le mot « autre arbre » est prohibé afin que le
sujet
tionnaire
ait toute
P.D.I. liberté
vient de
ensuite
se répéter.
mais sous
Le ques¬
une
L’examinateur note encore le temps total,
le temps de démarrage et le temps pris par forme abrégée : seules sont retenues 7 ques¬
chaque dessin, ceci permettant des comparai¬ tions en ce qui concerne le dessin de l’arbre :
sons fécondes. Enfin, l’épreuve se clôt par un quelle sorte d’arbre est-ce ? Quel âge a cet
questionnaire et aboutit à un portrait psy¬ arbre ? Est-il vivant ? ( en cas contraire : quel¬
chologique du sujet, portrait qui tend à met¬ le partie est morte, qui est-ce qui a causé
R. STORA : LE DESSIN DE U ARBRE 255

cette mort? revivra-t-il?). A qui cet arbre M. D. a montré des variations dans sa fa¬
ressemble-t-il, à un homme ou à une femme ? çon de dessiner la structure des branches de
Qu’est-ce qui vous donne cette impression? son arbre : il se sert tout d’abord de deux di¬
Quel temps fait-il sur l’image? Montrez-moi mensions, puis implique les deux dimensions
d’où le vent souffle. On y ajoute, comme pré¬ et ainsi de suite. Ceci indique qu’il a éprouvé
cédemment, toutes les questions subsidiaires des difficultés pour établir des méthodes adé¬
opportunes et on demande finalement de ra¬ quates visant
essentiels et ses
à satisfaire
tendances.
sûrement ses besoins
jouter le soleil et le sol si le sujet s’en est
abstenu. Proportion : La hauteur de l’arbre suggère
Les deux séries sont attentivement confron¬ une forte impression de contrainte imputable
tées, la deuxième venant après le choc, ou à l’entourage, par contre, il y a peu d’indica¬
en tout cas, l’impression désagréable causée tion de la présence d’un désir d’agresser acti¬
par le questionnaire et incitant encore à la vement la ou les personnes, et la ou les situa¬
décharge grâce aux couleurs. Le « temps psy¬ tions ressenties comme contraignantes ; au
chologique » écoulé est ainsi enregistré. Il est lieu de cela, on a l’impression nette que le
de plus possible de voir si le sujet est devenu désir d’agression engendré par la frustration
plus capable d’objectivité ou, au contraire, est très
bilité de intériorisée
dépression). (il y a une forte possi¬
d’évaluer la persistance des traits pathologi¬
ques. La structure des branches semble en défi¬
Il nous a semblé qu’un exemple d’interpré¬ nitive trop grande pour le tronc. Ceci indique
tation (1, 3) permettrait de saisir plus aisé¬ que M. D. (grande
tisfaction fait tropstructure
d’efforts des
pour
branches).
obtenir sa¬
Le
ment l’apport
thode. Nous avons
et l’originalité
choisi un travail
de chaque
de Buck,
mé¬ fond d’énergie dont sa personnalité dispose
traitant de conflits entre époux. Le cas de M. permettre
(le tronc) de
risque
concilier
d’êtreet inadéquat
de maîtriser.
pour lui
D. nous retiendra.
seulement du dessinNous
de l’arbre
tiendrons
et compte
de l’inter¬
ici
prétation qui en est faite par Buck, tout en page
Perspective
de format: L’arbre
habituelestcomme
présenté
si l’œil
sur de
la
notant que celle-ci s’insère dans une anamnèse l’observateur était au niveau de la branche
approfondie et un examen psychologique com¬ supérieure, bref, il est dessiné comme vu par¬
plet. tiellement à vol d’oiseau. (M. D. a tendance
Voyons d’abord les résultats statistiques (p. à regarder
de la vie). avec dédain les éléments courants,
423) : Les deux résultats (score Flaw et Good)
sont au moins supérieurs en ce qui concerne Le plus frappant peut-être dans cet arbre
l’arbre. On en déduit soit que la prise de cons¬ est l’impression très vive de contrainte et de
cience de M. D. est relativement pauvre, soit
que la conception de ses besoins essentiels et àcomplexité
donner (cet
pasarbre
toujours
est vraiment
adéquatedans
qu’ilunarrive
cer¬
tain sens une excellente esquisse, un portrait
sa capacité
atypique
tiels
tails sont
non (p.
présents.
essentiels
de
426-29).
les Il
satisfaire
: Tous
y a, de
lesparaissent
plus,
détails
deux
essen¬
très
dé¬ abstrait de M. D.).
En dépit d’un effort visible pour habiller la
structure des branches, M. D. donne l’impres¬
1) une ligne d’horizon et une aire ombrée sion d’exposer plutôt que de cacher (c’est com¬
(signifiant de forts sentiments d’insécurité) me si l’arbre était dans un sens une person¬
nalité qui a été sectionnée de façon à ce que
et 2)solune
du
basses jusqu’au-dessus
surpartie
la gauche
fortement
: desceci
ombrée
branches
signifie
quiles
:s’étend
crise
plus sa structure
ment perçue).atypique puisse être plus facile¬
d’anxiété au niveau conscient comprenant des Temps : le laps de temps de 18 minutes ne
expériences affectives de la petite enfance et détails. pas excessif vu l’énorme quantité de
semble
de àla 16jeunesse.
hauteur
bi ans
symbolise
lorsLaducicatrice
graphiquement
décès desurson
le père.
tronc
le choc
à mi-
su¬
Qualité du trait : M. D. a un contrôle mo¬
Les racines sont dessinées de telle façon teur excellent. Ses traits étaient au début
courts et esquissés, ils ont été ensuite solidifiés
qu’elles
le sol comme
n’ont des
pasracines
l’air le
de font
s’incorporer
normalement,dans par le renforcement. Il y a une quantité pa¬
au lieu de cela, elles ont une apparence de thologique d’ombre dans ce dessin (la grande
anxiété exprimée ainsi est peut-être un des
talon
la réalité
qui excluant
implique tout
une façon
échangerigide
libredeet saisir
sou¬ bilités
facteursdequi
dépression).
vise à contrôler les fortes possi¬
ture La
ple. desligne
branches
périphérique
est accentuée
qui entoure
entièrement
la struc¬
Critiques : La plus grande partie de sa cri¬
(il existe un effort conscient pour maintenir tique s’est limitée à des commentaires verbaux
un contrôle rigide à propos de la recherche caustiques concernant la technique, les instru¬
de satisfactions dans l’entourage) ; ceci est ments fournis, etc. Sa critique active s’est
encore plus renforcé et appuyé à gauche (M. bornée à effacer les lignes directrices très fai¬
D. effrayé par les expériences émotionnelles bles dessinées tout d’abord (M. D. n’a pas jugé
spontanées érige des défenses importantes). possible de changer un plan d’action une fois
256 BULLETIN DE PSYCHOLOGIE

qu’il y était embarqué pour l’arbre cela signi¬ sant et mourant peu à peu est un indice net
fie seulement une ligne ou deux). de trouble. En effet, quoique le concept d’un
Attitude : il a considéré tout le processus arbre mort ou mourant ne soit pas en soi pa¬
avec un dédain par trop tranquille. thognomonique, l’auteur signale qu’il n’a ja¬
Tendances : une fois de plus l’examinateur mais un
siné eu arbre
un sujet
mort bien
ou équilibré
mourant. qui ait des¬
a eu l’impression que M. D. peut être juste¬ Nous avons choisi cet exemple parce qu’il
ment appelé « un volcan humain latent », est longuement analysé si l’on compare avec
Commentaires : les autrqs travaux en notre possession, notam¬
ment avec les exemples présentés lors de l’ex¬
Phase de dessin : Après avoir dessiné des posé de la méthode, l’interprétation donnée
lignes de tronc très courtes à droite et à gau¬ ici n’est évidemment pas exhaustive et d’au¬
che (les deux premiers indices « items » pour tres interprétations psychologiques semblent
l'arbre), il commenta: «le papier n’est pas possibles pour certains tracés.
assez long pour mon arbre » (ce qui explique
de façon dramatique son manque de souples¬ Voyons maintenant l’apport de Koch.
se). Après avoir renforcé le feuillage plusieurs Il publia en 1949 quelques considérations sur
fois, il renacla et remarqua : « On dirait qu’il le dessin de l’arbre (3), considérations expo¬
sées antérieurement lors d’un congrès auquel
a lala rougeole
de section transversale
». (En vérité,
d’un
celarein
a plutôt
malade).
l’air
nous
térêt avions
pour leassisté
dessin etdequi,
l’arbre,
suscitant
est ànotre
l’origine
in¬
Après le dessin : il remarqua que son arbre de notre premier travail paru en 1948 (6).
a l’air d’un érable tendre plutôt que quoique Suit ensuite un livre en allemand (3, 1), le
ce soit d’autre. On n’a pas besoin d’être un premier, à notre connaissance publié sur cet¬
psychanalyste pour interpréter cette remar¬ te question en Europe, et dont la traduction
que. Il fit aussi le commentaire que son arbre en français date de 1958 (3, 2).
n’avait pas l’air vivant mais qu’il devinait qu’il La technique d’interprétation de Koch se
l’était etcomme
mortes qu’il avait
toutprobablement
autre arbre des(il est
branches
cons¬ fonde sur ses connaissances de graphologie
et sur son expérience de psychologue clini¬
cient de façon aiguë de ses propres inadapta¬ cien doué d’une intuition remarquable. Après
tions et aimerait penser que les autres person¬ de nombreuses observations, il a compris la
nes aussi en ont également). nécessité de tenir compte de l’évolution du
Quand on lui demande ce qui avait pu faire dessin en fonction de l’âge et présente dans
mourir les branches, il répondit : « elles meu¬ son livre le plus important collationnement de
rent par sélection ou par manque de lumière ». àtracés
sa recherche
publié jusqu’alors;
sur les dessins en d’enfants
effet, s’ajoute
(2.641
(Il reconnaît son inaptitude à partager des
expériences avec d’autres et voudrait que les dessins effectués par 255 élèves de 6 et 7 ans,
lontairement
examinateurs certains
croient modes
qu’il a deabandonné
satisfaction).
vo¬ dont 96 filles et 128 garçons, et par 592 gar¬
çons et 601 filles d’école primaire et secon¬
Il dit : « L’arbre est solitaire, il ne serait pas daire, les âges s’échelonnant de 6 à 16 ans),
si plein et si rond s’il était ombragé par d’au¬ l’observation de dessins provenant d’autres
tres ». (Il a toujours été un «loup solitaire» groupes : débiles profonds, ouvriers et ouvriè¬
et se sent gêné par autrui). res spécialisés, Noirs rhodésiens.
Il commenta : « Il est très hors de propor¬ 58 tracés ont été recensés par lui; il a ainsi
tion parce que le papier n’était pas assez obtenu des pourcentages à la suite de quoi il
grand. Je pense que j’ai commencé au bon a isolé 27 d’entre eux dénommés « formes pre¬
endroit
est extraordinairement
mais le papier l’aconstant
fait trop àlarge
attribuer
». (Il mières » et a, de plus, indiqué chemin faisant
ses défaites à tout sauf à lui-même). EL com¬ quelques
çons et filles.
différences
Tout cepsychologiques
travail est basé
entre
surgar¬
les
menta : « L’arbre a besoin de quelque chose variations de pourcentages.
de grand pour l’équilibrer au premier plan, un Concurremment à ces tracés isolés, il a éta¬
cheval ». (Il est probable que le cheval repré¬ bliHauteur
différents
du tronc
rapports :
sente le père qui pourrait, s’il le désirait, lais¬
ser l’arbre ou le salir). En réponse aux ques¬ (en %)
tions, il dit que l’arbre n’avait l’air ni d’un Hauteur de la couronne.
homme ni d’une femme, qu’il était utilitaire
et — pour lui — toute chose pour justifier Largeur de la couronne
son existence doit être utile. Cela implique que, (en %)
pour lui, le sexe est une affaire relativement Hauteur de la couronne.
sans importance ! Dans ces résultats il tient compte des
Associations : Il dit : « C’est un arbre pure¬ auuoinoodes- iraap
droite, branches
0 aqoneS
et des feuilles
auuomoo tombant
- raiap
ment imaginaire, je ne pourrais pas dire qu’il
me rappelle quoi que ce soit ni qui que ce soit » au-dessous de l’horizontale tracée, ainsi que
(il ne peut pas admettre qu’un dessin d’arbre des directions obliques observables, il observe
puisse modifier sa pensée). encore les rapports de hauteur du tronc et de
Concept : Sa conception d’un arbre régres¬ la couronne et cherche comment ses valeurs
R. STORA : LE DESSIN DE L’ARBRE 257

en pourcentage semblent évoluer en fonction liberté : « Dessine un arbre ». « Dessine un


de l’âge. arbre mais pas un sapin ».
Cette analyse quantitative sert en quelque « Voulez-
Il admet
vousd’autres
dessinervariantes
encore un: telles
arbre que
frui¬:
sorte de toile de fond à l’analyse qualitative.
Il insiste beaucoup sur l'impression globale tier, mais qui soit tout à fait différent de celui
que donne le dessin et modère la spontanéité que vous avez dessiné ? » ou encore, si le pre¬
de l’observateur en conseillant une prudence mier dessin présente une couronne de feuil¬
consciencieuse. C’est seulement après cette lage sans ramure : « Voulez-vous dessiner un
observation globale que le psychologue détaille arbre fruitier avec une couronne de brancha¬
méthodiquement les différentes parties de ges ». Chez les petits enfants qui n’ont pas la
l’arbre : racines, base du tronc, diverses for¬ notion d’arbre fruitier, il suffit de l’instruc¬
mes de troncs, contours, surface, expression tion « pommier » ou simplement : « arbre».
du trait, excroissances du tronc y compris ses On a avantage à joindre à la consigne ceci
tailles, épaississements et resserrements, enfin par exemple : « Dessine une maison avec un
les branches et la couronne, par exemple : ar¬ arbre » ou quelque chose de semblable (p. 177-
bre en boule, forme ferméee. 178). Il signale encore quelques variantes»
Les significations psychologiques attribuables non publiées à notre connaissance et non insé¬
à un même tracé l’ont fort préoccupé et tien¬ rées dans sa bibliographie : technique de l’ins¬
nent une place importante dans son livre : il titut de Hengelo en Hollande : Dessinez
expose toutes celles que son expérience lui a nu arbre normal, un arbre imaginaire
permis de considérer comme valables et atta¬ et enfin un arbre tel qu’on le rêve; technique
che une grande importance au symbolisme «de Dessinez
Widrig qui
un arbre
rappelle
devenu
celle fou
de »Schliebe
et enfin:
sans paraître effectuer le contrôle systémati¬ celle de Urbink de Arnhem : « Dessinez cm ar¬
que préconisé par Buck. Voici un exemple : bre qui parle », c’est-à-dire que le sujet doit
Fruits tombants ou tombés (p. 3, 2) : « Dans raconter et écrire l’histoire de la vie de l’arbre
quelques cas l’indice a été observé chez des qu’il a dessiné.
individus qui devraient mourir peu après...
néanmoins
La technique
être : préférée
« Dessinez
par unKoch
arbresemble
frui¬
Perte (Moyennement doué)
Ce qui est perdu Se détache facilement tier». Il insiste avec raison sur la nécessité
des sentiments et de tenir compte du changement introduit par
des pensées. l’expérimentateur dans l’ordre d’exécution des
dessins ; en effet la connaissance de la consi¬
Se
Ce détache
qui est facilement
sacrifié gne donnée est absolument nécessaire. La con¬
S’extériorise Manque deàfermeté
Tendance donner signe n’est d’ailleurs donnée qu’après une pri¬
Sensibilité Attention faible se de contact et l’exécution d’une tâche plus
facile.
Délicatesse Superficialité
Renonce à quelque Oubli Le matériel consiste en papier machine
chose blanc, format 21x27, un crayon demi-dur ou
Abandonne quelque Dans certains cas : mou, un sous-main pas trop mou, une gom¬
chose dépersonnalisation. me. Suit l’observation du sujet au travail;
« Laisse tomber »quel- on tient compte de la durée et de ce qui a
que chose. été effacé. Un exemple (p. 384) nous a paru
démonstratif. Il s’agit d’un manœuvre de 18
L’étudiant risque, semble-t-il de se sentir ans venu consulter l’orienteur. Le dessin d’ar¬
parfois perdu et hésitant devant un tel nom¬ bre « révèle les indices suivants » :
bre de significations, lorsqu’il s’agit de choisir
entre elles celle qui est attribuable au dessin 1. Longeur exagérée du tronc par rapport
qu’il s’efforce de traduire. à la couronne. Le rapport est de 33/10.
La technique d’application de Koch est sou¬ 2. La base du tronc est située au bord de
ple et variable : la feuille.
Sa technique appliquée aux groupes sur les¬ 3. Tronc soudé.
quels ont été dénombrés les tracés est la sui¬ 4. Tronc en cône.
vante : « Dessine un arbre fruitier, tu peux 5. Couronne constituée uniquement de bran¬
utiliser toute la feuille. » Puis, pour le deuxiè¬ ches à trait unique.
me arbre : « Dessine un arbre autre que le 6. Contre-traits bien visibles sur les ramures
premier; en tout cas une couronne de bran¬
ches si tu as dessiné la première fois une cou¬ des branches du côté gauche.
ronne en boule sans branches » (p. 76, éd. 7. Corrections. La partie supérieure du tronc
française). a été élargieaient
antérieurs aprèsétécoup,
effacés.
sans que les contours
La technique primitive de Koch, telle que
nous l’avons entendue lors d’un congrès et 8. Une partie des branches tombe nette¬
que nous avons conservée et intégrée dans no¬ tronc-couronne.
ment en-dessous de la ligne de séparation
tre méthode, laissait au sujet une plus grande
258 BULLETIN DE PSYCHOLOGIE

9. La couronne est dessinée sur le bord su¬ Le style branche à trait unique à l’état pur
périeur de la feuille. indique bien, il est vrai, un retard, mais nous
10. La relation entre la moitié gauche et la ne devons pas le considérer d’emblée comme
moitié droite de la couronne est de 10/12. Elle grave, à l’instar, par exemple, du caractère
se situe donc dans les limites de la normale. extrême des rapports de grandeur. Même des
élèves du secondaire atteignent parfois, pour
11. Sur la moitié droite de la couronne, il y les branches à trait unique, un pourcentage
a plusieurs rameaux, détachés de la branche, de 13 %, bien que ce pourcentage soit plus
qui flottent
cune lien avec
pourl’ensemble.
ainsi dire en l’air sans au¬ faible à un âge antérieur déjà. Il exprime,
12. Abstraction faite des contre-traits, les sans douteetpossible,
normales ainsi revêt
les régressions
indubitalement
pubertaires
un ca¬
branches sont disposées selon la direction de ractère régressif.
la La
véritablement
bés croissance.
souvent
détermination
onduleux.
Il n’y des
angulaires,
a pas
indices
mais
de traits
des
est traits
tout
droits
àbom¬
fait
ou Les contre-traits sur les branches, qui se
voient ici dans la moitié gauche de la cou¬
ronne, ont un double sens, puisqu’un contre-
simple et sans ambiguité possible. Mais leur trait représente aussi un décalage spatial, tel
interprétation nous prépare pas mal de dif¬
ficultés. qu’il n’apparàît explicitement qu’à l’âge du
jeu et ne peut être trouvé ensuite que de
L’analyse de l’impression que, naturellement, façon isolée, alors que des contre-traits isolés
l’original fait naître bien mieux que la repro¬ apparaissent avec une fréquence de 1 à 5 %
duction, donnerait sans autre les indications même chez les élèves du secondaire, de façon
suivantes : primitif, manque d’harmonie par extraordinairement fréquente chez les jeunes
suite
le bas d’un
et dudéfaut
contraste
d’équilibre
entre leentre
caractère
le haut
assez
et manœuvres. Le double sens du décalage spa¬
tial de la première enfance, avec le schéma¬
différencié du haut et la lourde masse du bas, tisme et l’état primitif qu’il implique, est par¬
qui en même temps, fait l’impression de quel¬ tiellement en rapport avec un double mode
que chose de vide. de travailler irréfléchi, qui se déroule sans
Cette impression est corroborée par l’exa¬ contrôle, de telle nature que soudainement
men inférieur
bord des détails. de la
La feuille
positionestduà considérer
dessin au tâche
quelqueet chose
de l’intention
surgit qui consciente.
va à l’opposé
Le dessi¬
de la
comme un indice primitif qui, jusqu’à l’âge nateur du contre-trait s’oppose en quelque
de 10 ans, doit être tenu pour normal et, sorte à la norme établie, il nage à contre-
après cet âge, comme la manifestation d’un courant et fait consciemment le contraire
léger retard. de ce qu’il faut et du conventionnel. En quel¬
Le rapport tronc-couronne 33/10 se situe que manière, il y a là un élément conflictuel,
dans Aussi
ans. l’aire le
de dessinateur
dispersion deest-il
l’enfant
ou bien
de 5 fixé
à 7 par suite
nuité de laundirection
manque normale
d’adaptation.
subit un
La rever¬
conti¬
au niveau de l’âge du jeu, ou bien retardé, sement. A travers ce changement latent de
ou bien encore dans un état de régression direction qui. chose significative, se déroule
qui le ramène à un stade antérieur. Ce rap¬ dans la moitié gauche et non dans la moitié
droite dirigée vers l’extérieur, se manifeste
port
cient qui
du échappa
dessinateur,
totalement
doit êtreauconsidéré
contrôle cons¬
com¬ l'inconstance, le changement, l’insécurité.
me très important et indique un stade primi¬ N’est sûr que celui dont les sentiments et la
tif. Le tronc soudé est également un indice conduite ne sont pas exposés aux humeurs
qui, après la onzième année, disparaît prati¬ subites et aux inconséquences ou aux varia¬
veau
quement.un Dans
retard.le Le
cas tronc
présent,manifestement
il évoque à nou¬de tions de
bilité de sentiment.
faire confiance
Cependant
s’étendicinon
l’impossi¬
seule¬
forme conique, avec une base large et la poin¬ ment au domaine du travail, mais aussi au
te vers le sommet, ne se rencontre absolu¬ plan moral. Le garçon vole tout ce qui lui
ment plus chez les normaux après la onzième tombe sous les doigts et dont lui-même peut
ou la douxième année; cependant chez les dé¬ tirer parti : stylo, cigarettes, argent. Naturel¬
billes de 17 ans, il se trouve encore avec un lement le contre-trait peut ère considéré com¬
pourcentage de 5 %, indication qui, vraisem¬ me trait égocentrique. Il devient ainsi geste
blablement, suggère que tout n’est pas parfait de puiser, de ramasser, de s’approprier.
en ce qui concerne l’intelligence du dessina¬ La retouche du tronc indique manifeste¬
teur. En fait, le sujet examiné est médiocre¬ ment qu’avec le tronc conique se terminant
ment doué et ne parvient, sur aucun point, en pointe, le vide qui en résulte a été ressenti
au niveau moyen. La multiplicité des indices et que le sujet a maladroitement été tenté
de retard, tels qu’ils apparaissent ici, n’est d’y porter remède. Cet étrange goulot de bou¬
pas symptomatique uniquement du manque teille a été postérieurement corrigé, replâtré,
de maturité affective; elle est le signe éga¬ masqué et amélioré et ce qui en résulte est un
lement d’une inhibition du développement in¬ véritable rapiéçage et, en outre, quelque chose
tellectuel. Il va sans dire que cette interpré¬
tation a, pour le moment, une vraisemblance concerne
de véritablement
la manièreinauthentique.
de travailler etEnle cecarac¬
qui
provisoire et doit être encore confirmée. tère du travail, la tendance à rapiécer a été
R. STORA : LE DESSIN DE L’ARBRE 259

clairement signalée par l’employeur. Le jeune affaibli, on peut le supposer seulement. Cela
homme raccomode continuellement son travail doit être établi par des faits réels.
selon le schéma : « Patron, le travail est ache¬ Le dessin exprime clairement le stade pri¬
vé; dois-je commencer immédiatement à le mitif où se trouve le sujet. Naturellement, le
rapiécer? » Il commence tout d’abord à faire dessinateur n’est pas absolument infantile ou
par inattention des fautes, puis il voit les totalement arrêté dans son développement.
fautes et veut les corriger avec des moyens Dans le jeune homme de dix-huit ans, il y a
insuffisants. Seulement c’est là un de ces in¬ un petit garçon qui l’emporte certainement.
corrigibles, qui n’apprennent rien de leurs Cela pourrait également se rencontrer dans
erreurs, tellement les dispositions utilisables une névrose. Ici nous sommes en présence
pour une attitude positive sont fonction du plutôt de l’instabilité, dont l’arrière-plan est
contrôle, vraisemblablement nerveux, de soi. caractérisé par la symbolique de l’âge ludique,
Le caractère relâché, presque ludique et sans auquel le sujet emprunte son modèle de
sérieux de l’attention, se voit dans les rameaux conduite. Le garçon est peu sûr. Il montre
désarticulés de droite dont certains ne sont peu de constance. Son comportement est pri-
pas même attachés à une branche et témoi¬ mesautier, fantaisiste, « léger » et primitif.
gnent de ce fait d’un comportement désor¬ Sa grosse tête d’enfant révèle une grande
ganisé. influençabilité qui fait qu’il se laisse conduire
Prise globalement, la couronne est tout à et qui l’expose à la capitulation morale. Il en a
fait différenciée, surtout si on la compare à vite fini avec son travail; il comprend rapi¬
la forme massive, bien que vide, du tronc. La dement sans retenir beaucoup de choses : un
couronne maigre, mais finement ramifiée, ravaudeur, qui n’exécute à fond aucun tra¬
donnant davantage l’impression de buisson, vail; en définitive, ami de ses aises, comme
puis de branchage, reste cependant, avec ses le sont presque tous ceux qui souffrent de tels
fines ramifications, l’expression d’une certai¬ retards frustes; avec cela, il se laisse aller,
ne réagibilité et sensivité. Les parties extérieu¬ cédant facilement à toute influence. Le trait
res sont les points de contact avec la réalité; asocial (le vol) n’est pas, dans ce cas, fonda¬
ici elles sont relativement riches en taht mentalement lié à l’infantilisme, mais il trou¬
qu’organes d’impression et d’expression, mais ve des prédispositions favorables chez des êtres
vides de substance et exangues. En ce qui bles.
qui, comme notre sujet, sont moralement fai¬
concerne la compréhension, l’excitabilité et
l’influençabilité, la réagibilité est assez gran¬
de — elle correspond, jusqu’à un certain degré, blème
Cet exemple
du retard.metLesbien
effetsend’un
évidence
retardlesur
pro¬
le
à ce qu’on appelle la constitution émotive, qui caractère ou encore sur le comportement dans
se caractérise par l’hyper-excitabilité du sys¬ le travail peuvent être, sans doute, repérés
tème sympathique déclenchant les influx avec dans les grandes lignes, mais ils sont si com¬
une excitabilité exagérée. Les lignes au mou¬ plexes que, parfois on renonce à en tracer
vement assez mou trahissent facilité et mobi¬ un tableaui différencié. Dans un examen
lité, une souplesse surprenante, presque ser¬ d’orientation professionnelle, il suffit précisé¬
pentine, même quelque chose d’un geste élé¬ ment de trouver un point d’appui à la force
psychique, laquelle détermine s’il est possible
gant, mais il y a aussi du louvoiement. Le ou non de confier au sujet des responsabili¬
changement de direction du tracé donne, il tés. Plus petites sont les exigences du côté
est vrai à cette souplesse un visage ambigu du travail, moins lourd est le fardeau. Dans
dans le sens de la labilité et de l’irritabilité, certaines circonstances, des êtres humains af¬
de l’inauthencité, de l’embarras, de l’inadapta¬ fectés de retards très prononcés sont capables
tion. Le désir d’adaptation devient ici une atti¬ d'accomplir
cellaires, maisà lails perfection
ne réussissent
des travaux
pas là oùpar¬la
tude compensatrice, greffée sur un état pri¬
mitif, qu’aucun moyen extérieur ne permet tâche exige l’autonomie du jugement et où
d’écarter réellement. L’inconséquence et l’op¬ le simple automatisme ne suffit plus pour
position structurelle entre le primitif et le dif¬ yobtenir
a entreune
le qualité
retard etréelle.
le caractère
Habituellement,
du travail il
férencié fait osciller le garçon d’un extrême une corrélation extrêmement grande. Font ex¬
à l’autre. Son inauthenticité est son manque ception ceux qui, malgré leur fond primitif,
de vérité intérieure. Le soupçon que ce soit là
un terrain favorable au manque d’honnêteté
semble être assez fondé, ce qui veut dire possèdent
cité
qui
vaillent
être, savent
d’expression
là où
alors
àilvendre
un
avec
faut
degré
etla
savoir
leur
lecouche
assez
don
marchandise.
« se
de
développé
extérieure
présentation,
donner »laIls
de
decapa¬
tra¬
leur
fa¬
et
que les conditions prédisposant au man¬
que d’honnêteté sont données, mais sans qu’on
puisse aucunement en déduire le fait du man¬ çon adroite et souvent rapide; ils ne connais¬
que total d’honnêteté. Inauthenticité et retard sent pas l’échec tant qu’ils peuvent présenter
quelque chose de façon plus ou moins claire,
ne portent pas nécessairement atteinte — de l’orner et l’arranger, mais en revanche, ils
façon négative — à la sphère morale. On ne échouent quand ils sont mis devant des obli¬
peut pas affirmer que le sentiment moral soit gations qui exigent plus de profondeur.
260 BULLETIN DE PSYCHOLOGIE

Nous avons choisi cet exemple à cause de la position Gauche tendance Centre et à Ronds
son exposé clair et systématique. Ce choix dans Feuillage. Ces constellations enfantines
n’implique nullement notre accord avec toutes de tracés ont, comme les précédentes, été re¬
les assertions. Sans entrer dans le détail, nous censées sur un groupe de dessins effectués
pouvons constater que certaines causes du par des garçons et des filles de 7 et de 13
comportement et le côté positif de celui-ci ans. Elles n’ont pas été traitées statistique¬
n’ont pas été mis en évidence ce qui, d’après ment et reposent sur la confrontation des
nous, était possible étant donné le dessin. chiffres bruts, plus précis en ce cas que les
Notre apport personnel, si l’on confronte pourcentages.
notre méthode avec celle de Buck et de Koch, c) enfin des constellations générales de tra¬
consiste : cés sont présentées. Elles reposent sur les
1. dans la mise au point d’une échelle de critères précédents (b), mais ont été testées
maturité affective : 90 tracés ont été recen¬ par le Chi 2 et sont dénommées « générales »
sés sur 4.832 dessins (2 par sujet) effectués parce que le groupe qui a affectué les dessins
par des garçons et filles normaux âgés de 4 observés
deux sexes.
se compose en majorité d’adultes des
à 15 ans. Ces tracés ont été réduits en pour¬
centages et le test de signification du Chi 2 Ces diverses constellations de tracés sont
a été appliqué. Ceci a permis de déterminer non seulement énumérées mais aussi commen¬
les tracés caractéristiques et d’aboutir à un tées de façon à déterminer le rapport qui re¬
profil Cette
sexe. de tracés
échelle
pour
a été
chaque
confrontée
âge et avec
chaque
les lie chaque tracé à la rubrique psychologique
dans laquelle il se range. Par exemple, Feuil¬
travaux de divers psychologues. Au contrôle lage Largeur 1 case. Feuillage Descendant et
statistique s’ajoute ainsi le contrôle psycho¬ Appuyé en Tronc se situent en Intelligence In¬
génétique et, en sus, le contrôle défectologique férieure pour la fillette de 7 ans. Le tracé
ainsi que celui fondé sur la psychologie dif¬
férentielle. Feuillage Largeur 1 évolue en fonction inverse
de l’âge (58 % à 4 ans, 27 % à 5 ans). De
2. dans la présentation de signifiàations ce fait, il semble en rapport direct avec la
psychologiques. Celles-ci se basent sur l’étude signification
est ici un indice
psychologique
de retarddeintellectuel.
la rubriquePar
et
de dessins provenant de divers groupes tels
que : enfants normaux, sourds-muets, débiles contre, le rapport de Feuillage Descendant
mentaux, retardés morphologiques et adultes avec cette rubrique est un rapport psycho¬
normaux
Les données divers,
obtenues
soit un
onttotal
été traitées
de 3.561 àsujets.
l’aide logique et indique le découragement consécu¬
tif à l’échec; rapport psychologique aussi en¬
du Chi 2 et le travail total (échelle incluse) tre Tronc
en Appuyétraduit
en Tronc
en effet
et la lerubrique
désir de: Appuyé
fournir
repose sur un minimum de 20.000 Chi 2.
Deux sortes de significations psychologiques un effort dans un domaine plus à portée
sont présentées : de celui de la vie quotidienne où la possibilité
d’agir et de faire impression s’avère plus fa¬
cile.
issues
a) 126de significations
la réflexion psychologiques
sur les constellations
de base
psychologiques enfantines de tracés confron¬ Ces constellations de tracés constituent pour
tées notamment avec l’évolution des tracés le praticien un instrument de travail. Il est
en fonction de l’âge et avec les constellations en effet aisé après avoir relevé une constella¬
générales de tracés. tion dans le dessin étudié, de se reporter au
b) 61 significations générales de tracés ba¬ commentaire pour comprendre le rôle et l’im¬
sées sur des dessins et dossiers provenant en portance de chaque tracé à l’intérieur de cet¬
majorité d’adultes (608 dossiers). te constellation dans laquelle il s’intégre.
Certes Buck et Koch ont été amenés à dé¬
sées
3. ainsi
en que de constellations de tracés divi¬ gager au cours de leurs observations à propos
de cas individuels des constellations de tracés
a) 126 constellations psychologiques enfan¬ (les exemples présentés ici en fond foi), mais
tines de tracés : aucun n’a insisté sur les constellations de tra¬
90 rubriques psychologiques ayant été re¬ cés au point d’en faire un des fondements de
tenues, on a recherché quels tracés étaient sa méthode, ce qui est notre cas. Il est en
en rapport avec une rubrique déterminée, la effet essentiel, au cours de l’interprétation,
peur par exemple. Le traitement statistique de constituer des constellations de tracés, qu’il
par le Chi
nombre de 2tracés
a permis
sous de
unesérier certain s’agisse de constellations basées sur la statis¬
mêmeunrubrique
tiqueobservé
cas ou de : constellations
sont ainsi réunis
propres
tous les
à chaque
tracés
et d’obtenirdecestracés.
enfantines constellations psychologiques
dont les significations psychologiques s’étayent
b) D’autre part, observant le dessin lui- ou se renforcent dans une direction donnée,
même, nous avons recherché quels tracés leur sont opposés tous les tracés dont la signi¬
étaient liés avec une fréquence suffisante au ceux-ci
fication freinent
psychologique
ou contrecarrent
permet de savoir
les tracés
que
tracé pris comme chef de groupe, par exem¬
ple : la position Haut dans la page est liée à précédents. Sont, par ce moyen, mises en évi-
R. STORA : LE DESSIN DE L’ARBRE 261

dence les forces et les contre-forces, les équi¬ L’anamnèse recueillie indique un dévelop¬
librations, impulsions et freinages, les inhi¬ pement àpsychormoteujr
marché 14 mois et étaitnormal.
très nerveuse
Clairette
dansa
bions, les répressions et les formations de com¬
promis qui en résultent. De plus, ces constel¬ sa petite enfance. On note des convulsions à
lations de tracés sont toujours considérées en 2 ans et à 2 ans et demi à la suite d’une
fonction du dessin total dont elles font partie, hyperthernie. Un strabisme convergent de
de même qu’en fonction de la série de dessins l’œil gauche est appafu quelques jours avant
exigés par la consigne. On tient compte en¬ la première crise convulsive.
core des trois éléments quantitatif, qualitatif Clairette est fille unique. Gauchère jusqu’à
et topique (force du trait ou des tracés réunis l’apprentissage de l’écriture, elle écrit ensuite
en constellation, forme, situation dans la page de la main droite mais continue par ailleurs
et dans le dessin lui-même : racines, tronc, à se servir de sa main gauche.
feuillage, centre-arbre).
Mise au jardin d’enfants à 3 ans, elle s’est
4. Enfin, autre apport personnel : notre bien adaptée et s’est montrée débrouillarde.
technique d’application précise et structurée Entrée en octobre en 11e au lycée, elle apprit
qui permet de saisir la personnalité dans son rapidement à lire mais a fait montre d’une
dynamisme propre et de la situer par rapport indiscipline et d’une indépendance fort accen¬
à son vécu personnel et à son entourage : tuées, « elle ne fait que ce qui lui plaît » note
a) On donne une feuille de papier blanc for¬ l’institutrice. Elle est, de plus, fort peu soi¬
mat 21x27, un crayon moyen bien taillé 2b gneuse dans la tenue de ses cahiers.
(gomme, règle et compas étant interdits) et Très gaie et joueuse à la maison, elle a ten¬
on demande : « Dessinez un arbre, n’importe dance depuis quelques mois à jouer beaucoup
lequel, comme vous voulez, mais pas un sa¬ à la poupée et à être très maternelle et beau¬
pin ». coup plus sage. Elle lit beaucoup.
b) Le premier dessin effectué, on enlève la Elle se montre facilement jalouse des autres
feuille, on donne une semblable et dit : « Des¬ enfants qui viennent jouer longtemps chez
sinez un autre arbre, n’importe lequel, com¬ elle,desurtout
ou familiers.
quand il ne s’agit pas d’amis
mec) vous
On enlève
voulez, lemais
deuxième
pas undessin,
sapin donne
». une
autre feuille, toujours blanche et de même Clairette craint son père, mais non sa mère.
format, et demande : « Dessinez un arbre Le père, 32 ans, imprimeur, paraît froid et
de rêve, un arbre d’imagination, un arbre qui fermé et se montre strict et rigide au point
n’est voulez
vous pas dans». la réalité, dessinez le comme de vue éducatif. La mère, 29 ans, sans profes¬
sion, est fantaisiste et cède à Clairette qui
d) On enlève le troisième dessin, donne une l’ennuiera pendant une heure en lui récla¬
mant quelque chose et finira par l’obtenir. La
quatrième feuille semblable et demande : mère se montre d’humeur variable, tantôt câ¬
« Dessinez un arbre, n’importe lequel comme line et tendre, tantôt rabrouant l’enfant sans
vous voulez mais en fermant les yeux ». Il raison apparente.
faut veiller à ce que les yeux soient bien fer¬
més etenne l’air.
ment pas accepter qu’on regarde simple¬ Les tests appliqués ont donné les résultats
suivants :
Le « film » de la vie intérieure du sujet se Terman A.R. = 5,8 A.M. = 7,10 Age de base
déroule pour ainsi dire de consigne en consi¬ étant 7 Q.I. = 138.
gne sans qu’une ingérence extérieure vienne Les réussites s’échelonnent de 7 à 10 et con¬
en influencer le cours et « l’enregistrement » sistent pour 8 ans à compter à rebours. Com¬
demeure. Le sujet est saisi par rapport à son préhension.
sont réussis. Définition
Trouver des
parrimes.
l’usage.Enumérer
Pour 9 ans
les
entourage (étranger : premier arbre, proche :
deuxième arbre). Le poids de certaines expé¬ (mois, Clairette s’est montrée durant toute
riences passées non liquidées s’observe grâce l’épreuve réfléchie, calme et intéressée.
à l’interprétation du quatrième arbre (techni¬ Le Rorschach a été appliqué permet d’ob¬
que Spielrein (5) intégrée dans la nôtre) et tenir le dépouillement suivant : G D Dd; N =
la façon dont celles-ci sont actuellement vé¬ 14/4; 1 K : 4,5 somme de C (3 C pur); F %
cues par la confrontation du quatrième des¬ Klopfer : 71. F% Loosli : 100. 21 % H. 28 %
sin avec les deux premiers. Le troisième arbre A. 21 % Alimentation glace.
(technique Montessori non publiée par lui
Banalités 2. Refus : à pi. V.
et intégrée
sur les tendances
dans la
insastisfaites
nôtre) donneet sur
un ceaperçu
vers
Ces tests permettent de conclure que Clai¬
quoi tend le sujet (confrontation du troisième rette, enfant intelligente, douée de vue d’en¬
avec les deux premiers). semble et de perception précise, a besoin d’un
Un exemple paraît utile, nous avons choisi certain temps d’adaptation pour procéder à
Clairette, fillette de 5,8 ans qui effectua des un examen préalable du milieu avant de pou¬
dessins fort simples (nous remercions Nicole voir y agir à l’aise et même parfois avec une
Daynac qui nous a communiqué dessins et ob¬
servation). rapidité expéditive (succession de N par pl.
de 1 à pl. 4) mais adéquate.
262 BULLETIN DE PSYCHOLOGIE

Elle redoute son père (pl. 4, 5, 6), se pose jeux et la réalité objective qui l’entoure et
des questions et reçoit l’éducation d’une en¬ s’impose; la proportion du feuillage par rap¬
fant bien élevée, quelque peu gourmande et port au tronc évolue en fonction de l’âge, de
coquette (contenu 8 «les petits cochons qui même que sa hauteur; elle est l’indice d’une
touchent quelque chose, de la glace, alimen¬ capacité de retrait et de réflexion et, étant
tation, pull-over). Elle croit aimer la variété anormalement élevée pour cet âge, peut si¬
mais est quelque peu perturbée par celle-ci gnifier encore une tendance au rêve (deuxiè¬
On
(préfère
note pl.
un couleur
besoin mais
de tendresse.
peu d’interprétation). me arbre). Le DdG indique les efforts de l’en¬
fant pour passer du particulier au général et
Le C.A.T. contient des réflexions caracté¬ parvenir à sérier progressivement la réalité
ristiques soulignées par l’examinatrice : pl. 1 grâce à une façon propre de raisonner qui
«Hs ont faim, leur maman donne à manger s’essaye au contact de l’expérience. Clairette
et s’ils sont pas sages, leur maman reste à s’avère, d’après ces résultats, plus intelligente
côté d’eux parce que s’ils font des bêtises, si que la moyenne des enfants de sonâge, ré¬
fléchie et curieuse de comprendre.
elle ne
tres ». les surveillait pas, ils en feraient d’au¬
Clairette a dessiné des arbres contenant des
Pl. 2: « Ils se disputent, ils tirent tous les tracés communs : avec ceux faisant partie de
deux pour voir lequel qui sera le plus fort et certaines constellations générales de tracés;
ü y a aussi le petit bébé qui tire avec pon ainsi le premier arbre, situé en position
papa ». Bas (Fig.
tracés suivants
1). Sont
: Contraste
liés à ladeposition
hauteurBas(entre
les

,
Pl. 4 : « Il préférerait être le petit puisqu’il la hauteur totale des dessins 1-2 et 3-4), posi¬
est plus petit ». tion droite tendance centre dans la page.
Pl. 5 : « Y a la maman âne mais... et le\ Elle réagit contre la tristesse (Po B) et l’im¬
papa ârie qui est parti et les deux petits
pression defantaisiste
montrant dépendanceet désireuse
(Hauteurd’individua¬
1) en se
ânes,
tit lit ilset s’ennuient,
ils sont tous
ils seuls
se cachent
». dans le pe¬
lisme (Po D tend C).
Pl. 6 : «la maman ü manque ». On remarque un tracé, tronc 2 traits, bran¬
IX. Le petit singe, il s’ennuie dans son lit ches 1 trait qui figure à la rubrique 27 « tris¬
parce que son papa et sa maman sont partis ». tesse »; il s’agit d’une constellation de tracés
La graphologie montre que Clairette est une psychologique enfantine. Cette tristesse est
enfant émotive, intelligente, inquiète, dési¬ imputable
noncer auxau désirs
fait que
infantiles.
la réalitéLa
impose
fillette
de re¬
reuse de plaire, autoritaire, tenace et un peu
contradictrice. En somme Clairette paraît ê’tre court alors, pour se consoler, à ses jeux ou
à des rêveries (Branches 1 trait).
une fillette intelligente, éveillée et indépen¬
dante.
Enfin, toujours en premier arbre, on trouve
Les dessins (Fig. 2) exécutés permettent-ils dansnombreux
de le groupe tracés
du tracé
communs
tordu rapide
avec la
en tronc,
cons¬
de conclure et dans quel sens ? Tenant compte
de l’âge et du sexe du sujet, situons d’abord tellation de tracés enfantine. Ce sont : Tronc
les dessins par rapport à l’évolution des tra¬ étréci base, Feuillage vers gauche, tronc plus
cés en fonction de l’âge, tracés effectués par grand que feuillage, Feuillage tous sens, Feuil¬
des filles de 4 à 15 ans. On relève que : le lage hauteur 2, Feuillage montant, Feuillage
tronc tracé de deux traits et le feuillage d’un vers droite. Une impression d’insécurité (Tetr.
seul trait (premier arbre) est caractéristique B) incite Clairette à désirer rester près de sa
pour 6 ans, le feuillage coupant le tronc (qua¬ mère (F V G). Elle réagit par l’activité adroite
trième arbre) pour 7 et 8 ans. Ce feuillage est (T plus grand que F. Tordu R T), la recherche
aussi plus grand que le tronc, alors qu’il at¬ (F. tous sens) et en aspirant à affronter au¬
teint la hauteur 3/4 tronc pour le deuxième trui (F non, F V D).
et le troisième dessin et tronc plus grand que L’observation détaillée du premier arbre in¬
feuillage dans le premier dessin. Le Ddg dique encore qu’actuellement, Clairette sem¬
(deuxième arbre), tracé qui consiste en petits ble déçue par son père qu’elle admire et pré¬
ronds isolés réunis par un cerclage général fère (position D tendance C. Position tend.
auquel ils ne sont pas autrement reliés existe bas, tronc descendant à droite, Feuillage vers
et apparaît entre 7 et 10 ans (ce dernier tracé droite) et dont elle n’a pu obtenir un appui
a été recherché statistiquement chez les gar¬ suffisant (étréci base) ainsi que la virilité
çons seuls); enfin le trait tordu (premier et désirée et la tendresse rêvée (Forme du Feuil¬
deuxième arbre) a pour signification clinique lage tourmentée analogue position D tend C
une certaine débrouillardise sous-tendue par Angle des branches plus appuyé que Tronc).
un fond d’inquiétude. Elle désire lui ressembler (position D tendan¬
Etant données ces caractéristiques une avan¬ ce C) et se valoriser par l’opposition (Bran¬
ce se constate au point de vue éveil intel¬ ches Le
sé). en angle
tout appuyé)
est associé
et laà prévision
l’insécurité
(Redres¬
et à
lectuel : le tronc 2 traits et branches 1 trait
indique la possibilité pour le jeune enfant de l’anxiété (base étrécie, trait tordu rapide. Po¬
faire le départ entre ses rêves, ses désirs, ses sition tendance B).
R. STORA : LE DESSIN DE L’ARBRE 263

Le deuxième arbre contient : plus bas à gauche-, si l’on y associe la position


1) une constellation de tracés psychologique bas du dessin dans la page on peut en con¬
enfantine R. 54 « opposition passive » dans clure que Clairette, tout en s’efforçant d’ac¬
laquelle se range Feuillage vers "branche. cepter son sexe, c’est sentie triste d’être une
2) Une constellation de tracé enfantine régie petite fille (tronc descendant) et en a rendu
par Feuillage vers branche où sont rassemblés responsable sa mère (FcT côté gauche, struc¬
les tracés suivants, communs avec le deuxième ture du trait en tronc gauche). Elle se sent dé¬
arbre dessiné par Clairette. Tronc plus grand pendante de celle-ci (Hauteur totale 1), et a
que Feuillage. Trait tordu rapide en tronc, réagi en voulant la dominer par ses caprices
Feuillage vers droite, Ronds dans Feuillage. Po D tend C) et par son intelligence (Feuil¬
Là encore même fonds d’inquiétude (Tordu lage dirigé vers la gauche et montant étroit
R T) avec réaction par le mouvement et l’ac¬ vers G. A 2 id. vers G, A 3 F monte vers G).
tivité que Clairette désire maîtriser (T. plus Elle tente ici de compenser son sentiment d’in¬
grand que F. Tordu R T, F H2) et diriger vers suffisance (Hl, F coupant T) par la supério¬
rité intellectuelle (Feuillage plus haut que le
autrui
ble un oucontact
vers son
tendre.
père afin d’établir si possi¬ tronc A 4, Festons rapides et personnels A 4,
Le second arbre examiné en détail est situé A 2) et par l’adresse à éluder (Festons rapides
aussi en position Bas (Po B) Centre orienté et Feuillage fermé ouvert juste à la liaison
vers branches, Feuillage dirigé vers la gauche, du tronc à droite). Le Tronc pénétrant dans
étroit, terminé en son haut gauche par un V le Feuillage indique, outre le désir de garder,
renversé et arrondi, ce feuillage étant, aussi que cette enfant se pose des problèmes à pro¬
fermé en lassos et festons personnels parfois pos d’actes désapprouvés par le milieu, ou, tan¬
à tendance un peu anguleuse et de tracé DdG). tôt se les pose et tantôt refuse de s’y attarder
Clairette désire parfois être comme son père (Tronc entrant dans le Feuillage et coupé par
et dominer sa mère (qu’elle préfère à ce mo- Feuillage à gauche). Elle éprouve un besoin de
ment-là), par l’intelligence, l’adresse à éluder valorisation narcissique : conserver pour, sen¬
ou la bouderie. Elle ressent ce faisant, une tant ce qu’elle possède, pouvoir ensuite pré¬
certaine anxiété (Tronc étréci à sa base, trait voir, donner prudemment et agir de façon
tordu rapide). D’autant plus qu’à d’autres mo¬ plus affirmée (F ouvert près du tronc à droite
ments, elle aimerait être comme sa mère (PoB dont le trait est plus appuyé que le trait gau¬
tend G et tend D dans même dessin ) subjec¬ che. Feuillage à droite redressé).
tive (DdG) féminine et tendre (feston lasso
ronds). Le Troisième arbre, à côté d’une constella¬
tion Psychologique de tracés analogue au pre¬
Etudions le quatrième dessin avant le troi¬ mier : R 27 « Tristesse » Tronc 2 traits bran¬
sième car il permet de déceler un problème che 1 trait, contient aussi en R 39 « préoccu¬
affectif passé important, vécu encore actuel¬ pations sexuelles » : Sols divers, Feuillage ou¬
lement, mais d’une façon particulière étant vert et Trait tordu rapide en tronc. Les pro¬
donné l’âge de l’enfant et la situation actuelle. blèmes personnels
désire s’ouvrir aux présents
incitants
(Tordu Rextérieurs
T). Elle
Le quatrième arbre contient Feuillage cou¬
pant le tronc qu’on retrouve en différentes ru¬ (FO) et obtenir une certaine stabilité qu’elle
briques psychologiques ( Constellations psycho¬ cherche maladroitement (Sols divers).
logiques Enfantines) : R : père qui se juge Nous retrouvons Sols divers en d’autres Ru¬
normal, moyen R 67. Répétition, apprentissa¬ briques Psychologiques R 46 : Intérêts ludiques,
ge R 70. Dynamisme à éclipse. La Constella¬ R 67 : Répétition, Apprentissage et R 76 : In¬
tion de tracés générale est identique sur le telligence supérieure.
premier arbre : groupe Position Bas, Position Le troisième arbre a en commun avec Cons¬
Droite tend, Centre, Contraste de Hauteur. tellations Générales de tracés dans le groupe
On remarque en Constellations de tracés Ronds dans Feuillage: Branches 1 trait, Feuil¬
Enfantines : lage Tourmenté analogue et Sol tombant. Il y
1) Groupe Feuillage coupant le trons. Feuil¬ a seulement tendance au Feuillage tourmenté
lage ouvert et fermé, tronc dans feuillage. analogue, mais ce tracé est net sur l’Arbre 1 :
Derrière sa gentilllesse, Clairette sait conser¬ signe d’expression de désirs infantiles et d’un
ver l’acquis et désire juger autrui (FOF). besoin d’amour déçu et préoccupant associé
2) Groupe Feuillage plus grand que Tronc. à une tendance à se faire des reproches en
Feuillage ouvert et fermé, Tronc dans feuil¬ croyant qu’un tel état de chose existe par sa
lage. Une telle évaluation (FOF) mène à l’ as¬
similation réfléchie (TdF F + gd que T). propre
de Acéréfaute
en Tronc
(ici : Sol
dansacéré
la Constellation
vers Bas au Gé¬
lieu
Observons plus avant le quatrième arbre : nérale de Tracés).
Il se caractérise par un Feuillage coupant le
tronc. Un tel tracé indique la réaction de la Une Constellation générale de tracés Enfan¬
fillette qui nie le désir ressenti très fortement tine se remarque encore : Ronds noircis.
autrefois d’être un garçon, le renverse en son Le groupe Ronds noircis contient : Hauteur
contraire, et se montre d’autant plus fémi¬ 1, Branches d’un trait, Sol tombant, cicatrice,
nine et charmante. Ce tracé coupe seulement Massue. Là encore se constate la déception
le tronc gauche avec un feuillage descendant causée par cette impression de désaccord en-
264 BULLETIN DE PSYCHOLOGIE

tre les désirs auxquels la fillette tient (Bran¬ En somme, Clairette, aux prises avec les
ches 1 trait) et la réalité qui s’impose (T 2 difficultés affectives normales à son âge, trou¬
tr.) frustrante (S. tombant) et qui consiste ve sa solution en vivant son rêve dans le jeu
à se sentir dépendante de l’entourage (H 1) la
et en
vie.se préparant ainsi à son rôle futur dans
atteinte par un échec éprouvé comme durable
et répété (CiC). Elle doute d’autant plus de Pour conclure, l’apport de notre méthode
sa valeur qu’elle a l’impression d’être insuffi¬ consiste en premier lieu dans les techniques
samment aimée, donc de ne pas recevoir une d’application et d’interprétation, techniques
composition narcissique suffisante (Ronds qui permettent d’avoir une vue dynamique de
noircis). Elle réagit par le contact spontané la
avecpersonnalité.
les enfantsLedesujet
son se
âge,trouve
s’il s’agit
confronté
d’un
et immédiat de l’enfant qui s’accroche (Fas-
sue) et par le jeu (B 1 tr.). enfant, et saisi par rapport à son évolution
Le troisième arbre indique la solution qu’elle dans le temps : pesée des expériences passées,
envisage plus ou moins consciemment. Se re¬ état actuel, niveau d’aspiration, visée, projet.
marquent : une tristesse à propos de l’insuf¬ Ses rapports avec l’entourage, tels qu’ils sont
de
fisance
certains
ressentie
de ses etefforts
de lavoués
prise àde
l’échec
conscience
(avec ressentis par lui, et sa manière propre de réa¬
gir sont traduits dans le dessin, et même
rond appuyé noirci int. + position bas cica¬ la discrimination entre cet « éprouvé » et la
trice). Elle tente de compenser en ayant quel¬ réalité s’avère possible grâce à l’anamnèse et
que chose de plus en elle, un enfant qui rem¬ à l’enquête clinique.
placerait le pénis (lapin à l'intérieur du tronc De plus, l’échelle de maturité affective —
position
dominer Dsa tendance
mère en C). étantEllecomme
pourrait
elle ainsi
une la première à notre connaissance — , les cons¬
tellations de tracés et les significations psy¬
mère active vis-à-vis de poupées à haute coif¬ chologiques attribuables à ces tracés fondés
fe ou de petits animaux jouets (F vers G plus sur les résultats statistiques et d’autres con¬
appuyé , F. infantile F 3/4 Hauteur de Tronc. trôles indiqués supra, donnent au test le des¬
Trait du tronc à gauche plus appuyé qu’à sin de l’arbre une base objjective qui facilite
droite en 4 et en 2). I l’interprétation en la guidant. Nous nous som¬
La suppression du Trait séparant le Tronc mes efforcés ainsi, tout en tenant compte des
de Feuillage s’effectue, d’après le seuil de si¬ travaux antérieurs dont les deux principaux
gnification des différences chez la fille, vers sont exposés ici, d’établir une méthode aussi
7 ans, elle est déjà réalisée ici : d’où la possi¬ objective que possible, solidement étayée, clai¬
bilité d’une éducation à principes d’un sur- re, transmissible, proche du réel et assez sou¬
moi parental
comme sien. fort que la fillette accepte déjà ple pour en exprimer les méandres. Nous espé¬
rons y être parvenu.

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R. STORA : LE DESSIN DE L'ARBRE 265

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