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Introduction to Finite Element Methods

Technical Report · September 2021

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1 author:

A. Njifenjou
University of Yaounde I
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Introduction to Finite Element Methods

A. Njifenjou

Course delivered in 2020-2021 Academic Year at:

National Higher Polytechnic School of Douala


(Former Faculty of Industrial Engineering)
University of Douala,
Douala (Cameroon)

and

Faculty of Sciences
University of Douala
Douala, Cameroon

Objectives: These course notes are neither an exhaustive nor an advanced course on the
Finite Element Methods (FEM, for short). We propose according to the official Master 1
Program of Cameroon higher education an introduction to the FEM. The global purpose of
this course is to give to Master 1 students general strong skill tools for finite element analysis
of Partial Differential Equations (PDE, for short) arising in Engineering problems.
Considering very simple diffusion and diffusion-convection models in one and two
dimensional spaces, fundamental aspects of Finite Element formulations of second order
elliptic PDE are exposed as well as easy-to-implement ways of getting the so-called rigidity-
matrix and the right-hand side (involving boundary conditions) of the discrete version of these
PDE.

Douala, 1st may 2021.

1
Chapitre I Classification des problèmes aux limites et Rappels d’Analyse

I.1 Problèmes aux limites: définition et classification

Définition I.1.1 : Dans les sciences mathématiques on appelle problème aux limites un
problème consistant à trouver une fonction u (scalaire ou vectorielle) définie dans une partie
de l’espace ou tout l’espace (à une, deux ou trois dimensions), dépendant éventuellement du
temps (cas des problèmes aux limites évolutifs) et satisfaisant à une ou plusieurs équations
gouvernées par des opérateurs aux dérivées partielles, ainsi qu’à des conditions aux limites et
éventuellement des conditions initiales (si la dépendance en temps a lieu)

Dans la suite de cet exposé on va se concentrer sur les problèmes aux limites du second ordre
(noter que l’ordre d’un problème aux limites est égal à l’ordre maximal d’opérateurs aux
dérivées partielles en espace gouvernant ce problème). Comme on va le voir dans les
exemples suivants, l’ordre maximal de dérivation en temps (pour les problèmes aux limites
évolutifs) restera  à l’ordre maximal de dérivation en espace pour certaines classes de
problèmes aux limites. On distingue deux grandes classes de problèmes aux limites du 2nd
ordre :

 Les problèmes aux limites elliptiques du second ordre qui modélisent des phénomènes
physiques sans dépendance par rapport au temps. Il s’agit pour l’essentiel de problèmes de
diffusion en régime permanent. A titre d’exemple on a le problème aux limites elliptique
suivant (avec CL signifiant Conditions aux Limites, on y revient plus tard):

Etant donné un entier d avec 1  d  3 ,   IR d un ouvert borné de frontière  assez


régulière (  représentation mathématique d’une structure physique), g une fonction appelée
couramment ‘‘terme-source’’ et  une constante réelle strictement positive également
donnée, appelée coefficient de diffusion de la structure physique considérée (  est la
conductivité thermique dans le cas de transfert thermique, la perméabilité absolue divisée par
la viscosité dans le cas d’un écoulement monophasique en milieu poreux, …), on considère le
problème consistant à :

Trouver une fonction u définie dans  telle que

   u x   g x   0 dans 
 (1.1)
  CL sur 

Il convient de relever que les conditions aux limites CL sont de nature diverse. Dans la
littérature mathématique les conditions aux limites courantes sont les suivantes :

 Conditions aux limites de Dirichlet : elles consistent à voir la « trace »


de la fonction u sur le bord  du domaine   IR d comme une grandeur connue;

 Conditions de Neumann : elles consistent à donner le flux diffusif /


convectif le long de toute la frontière  du domaine ;

2
 Conditions aux limites mixtes : Elles consistent à imposer les C L de
Dirichlet sur une portion  Dir de la frontière  tandis qu’on fait régner les C L de
Neumann sur la portion complémentaire de cette frontière i.e.  \  Dir
.

 Conditions aux limites de Fourier-Robin : Elles sont adaptées pour la


diffusion dans les structures physiques comportant une mince couche superficielle appelée
épaisseur de la structure (penser au matériau bois avec son écorce qui en est l’épaisseur). Par
exemple dans un problème de diffusion thermique, les C L de Fourier-Robin consistent à
mettre en relation le flux et la température (deux grandeurs inconnues) sur la frontière
intérieure, avec la température (supposée connue) sur la frontière extérieure de la structure
considérée (faisant intervenir naturellement la conductivité thermique de l’épaisseur).

Une forme un peu plus générale de cette classe d’EDP est donnée par l’équation suivante
(équation de diffusion-convection):

 div Ax, u  grad u  div  Q x, u     x, u   0 dans  (1.2)

où u :   IR d  IR est la fonction inconnue, A.,. :   IR  Md IR une fonction


tensorielle donnée (appelée conductivité thermique dans le cas de la diffusion thermique) qui
s’identifie:
(i) soit à un scalaire (cas d’une diffusion isotrope; dans ce cas A.x,.s  est un réel  0 ,
p.p. en x   et quel que soit s  IR ), Noter que IR s’injecte canoniquement dans Md .IR 
qui désigne l’espace des matrices réelles carrées d’ordre d ;
(ii) soit à une matrice vivant dans Md .IR  (cas d’une diffusion anisotrope ; dans ce cas
on impose souvent à A.x,.s  une propriété d’ellipticité uniforme).
Q .,. :   IR  IR est une fonction donnée représentant le champ de vitesse de circulation
d’une matière entrainant dans son sillage le phénomène physique caractérisé par u (penser à
la distribution spatiale de la chaleur dans une structure poreuse anisotrope dans laquelle on
injecte de l’eau chaude en mouvement à la vitesse V telle que Q .x, u   u V x  , avec V
donnée par la loi de Darcy). L’expression  div Ax, u  grad u  s’appelle terme diffusif,
tandis que l’expression divu Qx   s’appelle terme convectif (ou encore terme advectif).
Enfin la fonction .,. est susceptible de modéliser dans  : soit l’apport de chaleur, soit la
dissipation de chaleur, soit les deux à la fois; cette fonction est une densité par unité de
longueur, de surface ou de volume de la structure  selon que d vaut 1, 2 ou 3.

Remarque I.1.3: Lorsque A.,. ne dépend pas effectivement de u et que .,. dépend
linéairement de u , l’EDP (1.2) est dite linéaire, et lorsque .,. seul dépend de u de façon
non linéaire on dit que cette équation est semi-linéaire. Dans tous les autres cas l’EDP (1.2)
est dite non linéaire. Dans la suite de cet exposé introductif on va se focaliser sur le cas où
(1.2) est une EDP linéaire à l’instar de (1.1), sans exclure la possibilité d’envisager des
modèles semi-linéaires ou non linéaires

3
 Les problèmes aux limites évolutifs qui modélisent des phénomènes physiques soumis à
une double dépendance espace- temps. On y distingue deux sous-classes majeures:

 La famille des problèmes paraboliques dont l’exemple emblématique est le


problème de diffusion thermique en régime transitoire. Dans le cas de la diffusion thermique
au sein d’un matériau isotrope homogène ce problème peut être formulé de la manière
suivante :

Trouver une fonction u définie dans   0, T  telle que :

 u
 t x, t    u x, t   g x, t   0 dans    0 , T 

 u ( x,0)  u init ( x) dans  (1.3)
 u ( x, t )  u bord ( x, t ) dans    0 , T 


où u init décrit l’état thermique initial, u bord donne l’état thermique de la frontière du matériau
à chaque instant et  un paramètre (strictement positif) indépendant du temps, mais
susceptible de varier spatialement. Il faut noter que u init et u bord sont des fonctions connues.
On rappelle que l’homogénéité du matériau se traduit par l’uniformité du coefficient de
conductivité thermique  . Le système (1.3) décrit aussi l’écoulement monophasique
compressible en milieu poreux homogène isotrope, avec  représentant la porosité et  la
perméabilité absolue du milieu divisée par la viscosité du fluide en écoulement dans  .

Une forme un peu plus générale de l’EDP parabolique (1.3) est

u
 x, t   div Ax, u  grad u   divu Qx    x, t , u   0 (1.4)
t
Noter qu’en dehors de la diffusion thermique et de l’écoulement monophasique en milieu
poreux cette équation est susceptible de modéliser le transport d’une substance polluante de
concentration u dans l’eau d’une nappe phréatique se déplaçant à la vitesse Qx  .

 La famille des problèmes hyperboliques dont on peut citer deux exemples


emblématiques. Le premier exemple emblématique est le système d’équations modélisant la
propagation des ondes. Noter qu’on distingue trois types d’ondes: les ondes acoustiques
(quand elles se propagent dans un fluide), les ondes élastiques (quand elles se propagent dans
un solide) et les ondes électromagnétiques. Dans le cas de la propagation des ondes
acoustiques à la vitesse C dans un fluide homogène ce problème peut être formulé de la
manière suivante :

Trouver une fonction u (pression d’un fluide) définie dans le domaine spatio-temporel
  IR et vérifiant les équations suivantes où IR désigne l’ensemble des nombres réels
strictement positifs :

4
  2u
 2  C
2
u  g  0 dans   IR 
 t
 u ( x , 0)  u P ( x) dans 

 u (1.5)
 x , 0  uV ( x) dans 
t
 u ( x , t )  u bord ( x, t ) dans   IR 


où u P et uV décrivent les conditions initiales tandis que u bord donne les conditions aux
limites. Il est à noter que ces conditions initiales et aux limites sont des fonctions connues
comme pour les modèles elliptiques et paraboliques ci-dessus.

L’autre exemple emblématique est le problème de Transport (dit aussi Problème de


Convection ou d’Advection) dont une forme scalaire ou vectorielle un peu plus générale est

Trouver une fonction u définie dans    0 , T  telle que :


 u
 t  divF x, t , u   g x, t , u   0 dans    0 , T 

 u ( x,0)  u init ( x) dans  (1.6)
 u ( x, t )  u bord ( x, t ) dans   0 , T 


où F x, t , u  est un champ de vitesse représentant le flux de matière dans les trois directions
spatiales, défini par ses trois composantes dans ces directions, g ( x, t , u) est un terme-source.
Noter qu’ici l’entité mathématique T peut être un nombre réel strictement positif ou   .

I.2 Rappels et compléments d’Analyse

Tout le long de cette section, d est un entier non négatif désignant la dimension spatiale, 
un ouvert non vide de l’espace IR d et  la frontière de  . Cette frontière est supposée
assez régulière (sauf mention expresse du contraire). Enfin toutes les fonctions considérées
sont à valeurs réelles.

I.2.1 Rappels sur les espaces fonctionnels utiles (pour cet exposé)

Quelques définitions et notations



 
Grosso modo une suite x n d’éléments d’un espace normé E , .  vérifie le critère de
Cauchy si xn  xm  0 quand n, m    . Une suite qui vérifie le critère de
Cauchy s’appelle une suite de Cauchy. On rappelle qu’un espace de Banach est un espace

5
vectoriel normé E , .  dans lequel toute suite de Cauchy converge au sens de la norme
. . Un tel espace est aussi dit normé complet.

On note L  l’espace des (représentants des classes de) fonctions v mesurables dans 
telles qu’il existe une constante Cv  0 pour laquelle on a

v x   Cv p. p. dans  . 

où la notation ‘‘ p.p. ’’ signifie ‘‘ presque partout ’’. L’application . L


de L  dans
IR définie par :

v L

 inf Cv  IR / vx   Cv p. p. dans    v  L 

est une norme sur L  faisant de celui-ci un espace de Banach.

Pour 1  P   , LP  est l’espace fonctionnel défini comme étant l’espace des
(représentants des classes de) fonctions v mesurables dans  telles qu’il existe une constante
Cv  0 pour laquelle on a
 
P

v( x) dx  Cv

Remarque I.2.1 Noter que dans les inégalités  et   la constante C v ne dépend pas à
proprement parler du choix du représentant dans une classe (de fonctions) donnée mais peut
varier d’une classe à une autre.

On fixe 1  P   et soit l’application . LP  


de LP   dans IR , notée aussi . LP
(par
souci de simplicité des notations) et définie par :
1
 P
 v  LP  .
P
v LP
   v( x) dx 
  
Cette application définit une norme (dite standard) sur LP   faisant de celui-ci un espace de
Banach. Toujours pour 1  P   , l’espace LP   est naturellement muni de la topologie
associée à la norme . LP
souvent appelée topologie forte par opposition à la topologie

suivante appelée topologie faible : soit v LP  et vn  nIN


une suite de fonctions de LP   .
On dit que v n converge vers v au sens (de la topologie) faible si

 v  v  dx  = dual topologique de LP  


P
n  0   L

6
1 1
où P  est l’exposant conjugué de P i.e.    1 si 1  P   et P     si P  1 .
P P
On rappelle que le dual topologique d’un espace normé E est l’espace E  constitué de
formes linéaires continues définies sur E . On le note aussi LE, IR  en lieu et place de E  .
Néanmoins la notation E  est la plus rencontrée dans la littérature. Noter que E  est un
espace normé par la fonction . E
définie par :

L E  sup
def vE
L, v E ,E
 sup
vE
L, v E ,E
 L  E .
v E 1 v E 1

où L, v E ,E
représente l’image de v par la forme linéaire L , avec , E ,E
étant les crochets
de dualité entre les espaces E et E  .

Dans la suite de l’exposé la terminologie LP   fort (respectivement LP   faible) sera


utilisée pour exprimer le fait qu’on est en présence de LP   muni de la topologie forte
(respectivement de la topologie faible).

Remarque I.2.2 Lorsque P  2 la norme standard . L2


de l’espace L2   est associée au
produit scalaire (dit standard) ) défini sur L2   par :

 u , v L  
2 =  u xv x  dx

 u , v  L2  .

Noter que l’espace L2   muni de ce produit scalaire est un espace de Hilbert. Il en découle

l’inégalité de Cauchy-Schawrz suivante :  u , v L   2  u L2  


v L2  
 u , v  L2  .
Une version plus générale de cette inégalité existe et est connue sous le nom de l’inégalité de
Hölder donnée par :

 
uvd x  u LP  
v P
 u  LP   v L
P

L  
1 1
où : 1  P , P    avec   1 ou bien P  1 et P   
P P
Remarque I.2.3 La notion de topologie faible sur l’espace L   renvoie à l’identification
du dual topologique de cet espace. Nous étendre sur ce sujet va nous éloigner sans doute de
notre objectif principal dans cet exposé. Pour le lecteur intéressé par cette question, nous
renvoyons par exemple à H. Brézis 1  . Toutefois il faut noter que l’espace L1   est un
sous-espace du dual topologique de L   , avec inclusion stricte. Une notion de topologie
faible   est définie sur L   de la manière suivante. Soit v L  et v 
n une suite
de fonctions de L  . On dit que v n converge vers v au sens de la topologie faible   si

  v  v  dx

n  0   L1  .

7
Définition I.2.4 On pose pour 1  P   :

LPloc   v :   IR mesurable /  B   , B borné, B
v dx    .
P

Remarque I.2.5 Il est à noter que : pour 1  P   , LP   LPloc   L1loc  .

On note IN l’ensemble des entiers naturels. On rappelle qu’un multi-entier (appelé encore
multi-indice)    i   d
i 1
est un élément de IN d et on appelle longueur de  l’entier naturel
 défini par :
def d
  
i 1
i .

Définition I.2.6 Soit v une fonction indéfiniment différentiable dans  . On pose :





  IN d
D v d
v , avec la convention : D v  v si   0 .
1
 x1 ...  x d
On note conventionnellement C 0  ou encore C  l’espace des fonctions réelles
continues dans  . De même on note Cb0  ou encore Cb  le sous-espace de C 0 
formé de fonctions v telles que
sup v    .
x 

On désigne par C k  , avec k  IN   IN   0 , le sous-espace de C 0  formé des


fonctions v continûment différentiables dans  jusqu'à l’ordre k .
On définit le support de v  C 0  , noté Suppv  ou tout simplement Supp v , par :
Suppv    x   ; v x   0 
où ...  représente l’adhérence de ...  (par rapport à la topologie usuelle de IR d ) .

On note CCk  , avec k  IN , le sous-espace de C k  formé de fonctions à support


compact inclus dans  . Autrement dit :
 v  C k  v  CCk    K   , avec K compact, tel que v  0 dans K C ,
où K C désigne le complémentaire de K dans  . En résumé :
CCk   C k  CC  .
En particulier on a
 v  C 0  v  CC0    K   , avec K compact, tel que v  0 dans K C .

Il est utile de noter que l’on a


CC0   Cb0   C 0  CC0   Cb0   L  , mais C 0   L 
et
en général. En effet, pour d  1 (dimension 1 en espace) et   IR , on voit que v ( x )  x est
dans C 0 IR  mais pas dans L   .

Définition I.2.7 On pose :


C     C k 
k  IN

8
et
D   C    CC0  . (2.1)
On définit ainsi l’espace des fonctions indéfiniment différentiables à support compact inclus
dans  . Cet espace est aussi noté CC  .

Proposition I.2.8 L’espace D   est dense dans LP   fort (i.e. LP   muni de la


topologie associée à la norme . LP
), pour tout 1 P    .

Preuve : voir TD ou 1 .

Définition I.2.9 On rappelle que  désigne l’adhérence de  (par rapport à la topologie


usuelle de IR d ) et on définit :
 
- L’espace C k  de la manière suivante :
v Ck     vC k  et   IN d , avec 0    k , D v se prolonge par continuité
dans  ;
 
- L’espace C   de la manière suivante : C   =    Ck  .
k  IN
 
 Bref aperçu de la théorie des distributions et des espaces de Sobolev

Définition I.2.10 On munit l’espace D   d’une ‘‘topologie faible’’ définie de la manière


 
suivante. Soit  n nIN une suite de fonctions de D   . Cette suite converge vers 0 si les
conditions suivantes sont honorées:

(i) K   , un compact (fixe), tel que  n  IN  


Supp n  K ,

(ii)   IN d sup D n  0 quand n    .


x K

Définition I.2.11 On définit l’espace des distributions sur  comme étant l’espace des
formes linéaires continues sur D   . Autrement dit c’est le dual topologique de D   , noté
usuellement D '   .

La continuité d’une forme linéaire définie sur D   est comprise au sens de la topologie
faible définie sur D   (voir Définition I.2.10).

A titre d’exemples on a :

1) Soit  C  . L’application linéaire T  de D   dans IR définie par :


  T      x x dx

9
 
est une distribution sur  . En effet, soit  n nIN une suite de fonctions de l’espace D   ,
convergeant vers 0 dans D   .au sens de la Définition I.2.10. Il s’agit de montrer que

  x  x  dx

n  0 quand n    . La condition (i) de la Définition I.2.10 assure
que

  x x dx

n    x x dx
K
n .
Par ailleurs on a
  x x dx
K
n  max n x 
K   x dx .
K

Comme max  n x   0 quand n    en vertu de la condition (ii) de la Définition


x K

I.2.10, la continuité de T est établie. Donc T est une distribution sur  .

2) Soit   L1loc  et on considère l’application linéaire T de D   dans IR définie


  T      x x dx

Vérifier à titre d’exercice que T définit une forme linéaire continue sur D   .

3) La mesure de Probabilité sur  est une distribution sur  . (le vérifier à titre
d’exercice).

4) Soit a   . L’application  a de D   dans IR définie par    a     a  est


linéaire continue (Exercice à faire). C’est la masse de Dirac concentrée au point a   .

Notation: Lorsque T est une distribution sur  , on note usuellement T ,  l’image de 


par l’application T de D   dans IR . De sorte qu’usuellement  a ,  désigne l’image de 
par l’application  a en lieu et place de  a   .

Définition I.2.12 On fixe 1  i  d et soit T D '   . On appelle dérivée-distribution


(ou encore dérivée au sens des distributions ou dérivée faible) de T suivant la i e direction,
T
l’application de D   dans IR , notée et définie par
 xi

T 
,   T,   D   .
 xi  xi

T
Proposition I.2.13 L’entité est un élément de D '   i.e. une distribution sur  .
 xi

Preuve : Exercice.
.

10
Définition I.2.14 On fixe un multi-indice   IN d et soit T D '   . On appelle dérivée-
distribution de T d’ordre  , l’application de D   dans IR , notée D  T et définie par

D T ,    1  T , D    D   . (2.2)

Proposition I.2.15 L’application D  T est un élément de D '   i.e. D  T une distribution


sur  .

Preuve : Exercice (trivial).

On munit l’espace D '   d’une topologie faible définie de la manière suivante. Soit Tn nIN

une suite d’éléments de l’espace D '   et T un élément de D '   . On dit que Tn converge
(faiblement) vers T dans l’espace D '   si

Tn ,   T, quand n      D   .

Proposition I.2.16 Soit   IN d ( i.e. un multi-entier). L’opérateur D  de l’espace D '  


dans lui-même est un opérateur linéaire. De plus cet opérateur est continu au sens de la
topologie faible définie sur D '   i.e. pour toute suite Tn d’éléments de D '   convergeant
vers T  D '   on a convergence de D  Tn vers D  T dans D '   .

Preuve : Exercice (trivial).

Définition I.2.17 (espaces de Sobolev) - Soit k  IN   IN   0  et 1  P    . On


def

appelle espace de Sobolev W 


k ,P
le sous-espace de L  défini par :
P

W k , P   v  LP  ; D v LP    IN d , avec 1    k .  (2.3)

Proposition I.2.18 L’application . k , P ,


de W k , P  dans IR (ensemble des nombres
réels positifs) définie par :
1
 P
=   D v
P
v k ,P , LP  
 (2.4)
 /   k 
est une norme sur l’espace W k , P  , faisant de celui-ci un espace de Banach.

Preuve : Voir TD.

La norme . k , P, 
se note aussi . k, P
si aucun risque de confusion. Dans le cas particulier
important où P  2 on désigne W k , 2  simplement par H k  et la norme définie dans la
Proposition I.2.18 se note simplement . k,
ou . k
. Cette norme est associée à un produit
scalaire défini par :

11
 u , v k ,   D u , D v L2  
. (2.5)
 / k

Noter que ce produit scalaire fait de H k  un espace de Hilbert. On a le résultat de densité
suivant :

Théorème I.2.19 (densité) On suppose que  est un ouvert borné régulier de IR d (non vide
 
bien entendu !). L’espace C   est dense dans H k  au sens de la norme . k,
.
Preuve : Voir TD .

En particulier si  est un ouvert (non vide borné régulier) de IR d alors l’espace C   est  
aussi bien dense dans H  que dans H  . Ces deux espaces de Sobolev jouent un rôle-
1 2

clé respectivement dans l’analyse éléments finis des problèmes aux limites du 2nd ordre (cas
des modèles de diffusion-convection en Thermique) et du 4e ordre (cas des modèles de
déformation des plaques minces en Mécanique des Solides).

 A toutes fins utiles on rappelle que si  est un ouvert non vide borné de IR d , avec
bord  assez régulier, alors l’espace L2   est un espace de Hilbert.

Le résultat suivant fournit un outil dont on peut se servir pour savoir qu’une fonction
v  LP  est en fait dans W 1, P  , avec 1  P   .

Proposition I.2.20 Soit v  LP  , avec 1  P   . Alors v  W 1, P  s’il existe une
constante C  0 telle que pour i  1, 2, ..., d on a :

 Cc   v  C  P
(2.6)
  xi L  

1 1
où 1  P     est tel que    1.
P P
Preuve : Voir TD ou H . Brézis 1  .

Théorème I.2.21 On suppose que  est un ouvert borné de IR d , avec bord  assez régu-
lier. Alors l’opérateur Tr de H 1  dans L2   définie par Tr v   v  est une application
linéaire continue, à image dense dans L2   (espace de Hilbert) .

Preuve : Voir TD ou H . Brézis 1  .

 On note conventionnellement H 2
  l’image de H 1  dans L2   par l’opérateur
1 1

Tr . On désigne le dual topologique de H 2   par H 2   . En identifiant L2   avec son
dual topologique on a les injections canoniques suivantes :

12
1 1

H 2    L2    H 2
  .

1
Remarque I.2.22 Noter que l’injection canonique de H 2
  dans L 2   est dense.

Dans la suite on note Adh  S  l’adhérence d’un sous-ensemble S d’un espace topologique
donné.

Définition I.2.22 bis On définit l’espace fonctionnel H 0k  par:

H 0k  = 
Adh CC  
(adhérence comprise au sens de la topologie (forte) associée à la norme . k,
).

On a les caractérisations suivantes de H 01  et H 02  .


Théorème I.2.23 On suppose que  est un ouvert borné de IR d , avec bord 
assez régulier. Alors on a :

1) H 01  = v  H  / Tr v  0 sur ,


1

 v 
H 02  =  v  H  / Tr v    0 sur  ,
2
2)
 n 
v
où est la dérivée normale extérieure de v définie sur  (supposée assez régulière) par :
n
u u
= n j  grad u . n (2.7)
n x j
où n est le vecteur unitaire de la normale à  , dirigée vers l’extérieur de  .

Preuve : voir TD ou P. G. Ciarlet 2.

On rappelle que le symbole u désigne le Laplacien de u qui est par définition la divergence
du gradient de u i.e. (avec convention sommative d’Einstein sur les indices répétés)
 2u
u 
def x x
i i

Remarque I.2.24 Noter que pour  borné, avec bord assez régulier, si u  H 2  alors
u 2
1
 L    H 2   . En revanche si on sait seulement que u  H 1  , avec  u  L2  ,

n
u
1

alors  H 2   . De façon plus générale, en posant :
n

  d

H div ,   w  L2  ; div w  L2  , avec div w 
d w

def i  1  xi
i
,

13
on définit la trace normale sur  du champ de vecteurs w H div,  par :
1

w  H div ,   w  n   H 2
 ,
où n est le vecteur unitaire de la normale à  , dirigée vers l’extérieur de  .

Proposition I.2.25 (inégalité de Poincaré – Friedrichs)


Soit  un ouvert de IR d , borné (dans une direction au moins). Alors on a
P 0 tel que  v  H 01  v L2  
 P grad v L2  
.
Preuve : Voir TD .

Remarque I.2.26 : Une conséquence importante de l’inégalité de Poincaré – Friedrichs est


que l’application définie sur H 01  à valeurs réelles par
v  grad v L2  

est une norme équivalente à celle induite par . 1,


. Dans le même ordre d’idées il est à
noter que la fonction réelle définie sur H 02  par
v  v L2  

est une norme équivalente à celle induite par . 2 ,


.

Théorème I.2.27 (Compacité de Rellich-Kondrachov)


Soit  un ouvert borné de IR d , de classe C 1 . Alors on a :

W 1, p   Lq 
1 1 1
1) si 1  p  d alors 1  q  p  avec 
  ,
p p d
2) si pd alors W 1, p   Lq  1 q    ,
3) si pd alors  
W 1, p   C 0  ,
avec injections canoniques compactes. En particulier W 1, p   Lp  avec injection
canonique compacte pour tout 1  p    .

Preuve : Voir TD ou H . Brézis 1 .

Terminologie Le nombre p  dans le théorème précédent s’appelle le conjugué de Sobolev de


p.

Théorème 1.2.28 (Lax - Milgram)


Soit H un espace de Hilbert et H  son dual topologique, B.,. une forme bilinéaire définie
sur H  H qu’on suppose :
(i) continue i.e.   0 tel que Bv, w   v w  v, w  H
et
   0 tel que Bv, v    v
2
(ii) coercive i.e.  vH .

14
Alors pour tout L H  le problème (dit variationnel) qui consiste à :

Trouver u  H tel que


B u, v   L,v  vH
admet une solution unique.

Preuve : Voir TD ou 1  .
Le résultat suivant joue un rôle fondamental dans l’estimation d’erreur pour l’approximation
éléments finis des solutions des problèmes aux limites elliptiques du 2nd ordre qui nous
intéresse dans cet exposé.

Théorème 1.2.29 (J. Céa) : Soit V un espace de Hilbert et V  son dual topologique. On
considère une forme bilinéaire b définie sur V  V qu’on suppose continue et coercive. Soit
~
 un élément donné de V  et V un sous-espace de V , avec dimension finie. Alors on a :
M  0 tel que  
~
V

 M inf   v V ; v parcourant V
~

~
où  et  sont respectivement solutions (uniques) des problèmes variationnels suivants :

Trouver   V tel que


B  , v   , v  v V
et
~ ~
Trouver   V tel que
 
~
B  , v  , v
~
 v V .

 Point fixe d’une application continue d’un espace normé dans lui même
La théorie des points fixes d’applications continues intervient en Analyse Non Linéaire en
général et en Analyse des problèmes aux limites elliptiques non linéaires en particulier. Le
point de départ de la théorie des points fixes d’applications continues remonte aux travaux de
Luitzen Egbertus Jan Brouwer publiés dans un fascicule du volume 71 (sorti le 25 juillet
1910) du journal Mathematische Annalen (voir J. Mawlin  9  ). Le théorème de point fixe de
Brouwer s’énonce comme ceci :

Théorème 1.2.33 (Brouwer) Soit d un entier non négatif, S  IR d et f : S  IR d une


application continue pour laquelle il existe C  S un convexe compact (non vide) tel que
f ( C )  C . Alors f possède au moins un point fixe.

De nombreux efforts de recherche ont permis de parvenir à une généralisation du théorème de


point fixe de Brouwer aux espaces de Banach et même aux espaces vectoriels topologiques de
dimension infinie. Cette généralisation du résultat de Brouwer a fourni des armes pour
attaquer de nombreux problèmes mathématiques rencontrés en sciences physiques et sciences
de l’ingénieur (en passant par les sciences économiques). Une version (pour les espaces de
Banach de dimension non finie) du théorème de point fixe due à Schauder joue un rôle de
premier plan pour établir l’existence d’une solution faible (au moins) pour certains problèmes
aux limites elliptiques semi-linéaires. Elle s’énonce comme de la manière suivante :

15
Théorème 1.2.30 (Théorème du point fixe de Schauder : 1ère Formulation)

Soit E , . E
 un espace de Banach réel et f : E  E une application continue pour laquelle
il existe C  E un convexe fermé non vide vérifiant :
(i) f C   C ,

(ii) f C  ) est un sous-ensemble compact de E (muni de la norme . E


).
Alors f admet un point fixe (au moins) dans C .

Voici une autre formulation du Théorème de point fixe de Schauder. Cette formulation
semble être la plus utilisée dans la littérature (mais tout dépend du contexte).

Théorème 1.2.31 (Théorème du point fixe de Schauder : 2e Formulation)


Soit C un sous-ensemble convexe compact (non vide) d’un espace de Banach réeel. Toute
application f : C  C continue possède au moins un point fixe.

Remarque 1.2.32 Soit E , . 


 un espace de Banach et f une application définie sur E à
valeurs dans un autre espace de Banach G , . , avec G  E . Il faut noter que les deux
E

G
formulations du théorème de point fixe de Schauder (Théorèmes I.2.30 et I.2.31) s’appliquent
parfaitement si les conditions suivantes sont honorées :
(i) L’ injection canonique de G dans E est compacte,
(ii) f est continue de E , . E dans lui-même,  
(iii)  r  0 , tel que f E   B .
G
0 , r  def x  G / x G
 r .
0 , r  0 , r 
. .
C B .
E E
En effet il suffit de prendre, dans le Théorème I.2.11 bis, , où B. désigne

E , . . Ce choix assure que C est un compact de


G G

l’adhérence de B . 0 , r  dans l’espace E

E , . . Mais aussi il est aisé de voir que C est un convexe et est donc un convexe compact
G

de E , .  . Comme f est continue de E , .  dans lui-même alors la 2 formulation de


E
e
E E
Schauder s’applique. La 1e formulation s’applique aussi. En effet C est un convexe fermé de
E , .  car c’est un convexe compact dans E , . . D’autre part f C  est un compact de
E , .  en tant qu’image d’un espace métrique compact par une application continue.
E E

Il est à noter que si E  L2  et G  H 1  on peut montrer que la boule fermée de H 1 
définie par B .
H 1  
0 , r    v  H  /
1
v H1  

 r est un sous-ensemble fermé de L2 

et est donc un convexe compact de L2  .

Une situation typique face à laquelle on fait appel au Théorème du point fixe de Schauder est
celle où on veut montrer que le problème semi-linéaire suivant admet au moins une solution:

 Trouver une fonction u telle que


- u "  f x , u  dans    0 ,1 


 u 0  u 1  0

16
où f :   IR  IR est une fonction de Carathéodory (i.e. x    f x,   IR est
mesurable quel que soit   IR et   IR  f x,   IR est continue pour presque tout
x  ) telle qu’il existe une fonction g  L2  , presque partout positive vérifiant
   IR f x ,    g x  p.p. dans  .

Pour la preuve des Théorèmes du point fixe que nous venons de rappeler nous faisons
référence à  7 .

I.2.2 Formules de transformation intégrale

 Théorème d’Ostrogradski - Stokes


Le résultat que nous rappelons maintenant est fondamental en théorie des Volumes Finis. Ce
résultat permet le passage d’une intégrale de volume à une intégrale de surface. Il s’énonce de
la manière suivante.

Théorème I.2.25 (Ostrogradski - Stokes) Soit w un champ de vecteurs définis dans un


ouvert borné  suffisamment régulier. Alors on a


div w dx = 
w. n ds
où n représente le vecteur unitaire de la normale à la frontière  du domaine  , orienté
vers l’extérieur de celui-ci.

 Formules de Green-Stokes

 Cas de la dimension un: formule d’intégration par parties

Soit u et v deux fonctions réelles définies sur un intervalle réel a, b , qu’on suppose
suffisamment régulières i.e continûment dérivables autant de fois qu’on le souhaite (par
exemple u , v dans C 1 a, b ). A partir de la relation de dérivation classique suivante : uv  '
= u ' v + u v ' , on déduit la formule de Green suivante :
 u, vC 1  a , b  u ' v dx = u(b)v(b)  u(a)v(a) 
b b
 a  u v ' dx
a
(2.8)

Cette formule est bien connue sous le nom de formule d’intégration par parties. Il résulte
trivialement de la formule d’intégration par parties précédente que

 (u, v)C 2  a , b   C 1  a , b    u ' ' v dx =  u ' v ' dx  u ' (b)v(b)  u ' (a) v (a)
b b
(2.9)
a a

On généralise (par un argument de densité) les formules (2.8) et (2.9) aux fonctions des
espaces de Sobolev de la manière suivante :
 (u, v) H 2   H 1  u ' v dx = u(b)v(b)  u(a)v(a) -
b b
 a  a
u v ' dx (2. 10)
et

17
 (u, v) H 2   H 1 () - u ' (a)v(a)  u ' (b)v(b)
b b
  v u ' ' dx =  u ' v ' dx (2.11)
a a

 Cas des dimensions spatiales 2 ou 3

Définition I.2.26: Soit  et C deux parties non vides de IR d (avec d  2 ),  et C


leurs frontières respectives. On dira que C est un creux de  si les conditions suivantes sont
honorées :
(i) C   ,
o o
(ii)   C   ,
(iii) Toute ligne (droite ou courbe) d’origine un point de C rencontre (au moins) un point de
o
.

On rappelle qu’une partie  de l’espace IR d (avec 2  d  3 ) est dite :


- compacte (par rapport à la topologie usuelle de IR d ) si et seulement si elle est bornée
et fermée;
- convexe si elle est stable par combinaison linéaire convexe;
- connexe si on peut toujours relier deux points quelconques de  par un chemin
continu construit entièrement dans  ;
- simplement connexe si  est un connexe sans creux au sens de la Définition I.2.26.
- connexe étoilé si  est connexe et s’il existe un point a dans  tel que pour tout point
x dans  , le segment a, x   s   a  1    x , avec  parcourant 0,1  est dans
def

 .

On suppose maintenant que u et v sont deux fonctions réelles assez régulières, définies dans
 une partie compacte connexe de l’espace à deux ou trois dimensions. On note  la frontière
de  et on suppose que cette frontière est assez régulière au sens où la normale est définie sur
 sauf pour une famille de points de  formant un ensemble négligeable (au sens de la
mesure de Lebesgue d  en dimension d  1 ).

On note ni x  la composante dans la i e direction du vecteur unitaire n x  normal à  au


point x   et dirigé vers l’extérieur de  . Alors on a la relation suivante :

u v
 u, v  H 1   v dx =  u v ni d -  u dx (2.12)
 x   x
i i
connue sous le nom de la formule de Green-Stokes (ou formule d’intégration par parties). Il
résulte immédiatement de la formule de Green-Stokes que (en adoptant ici et dans la suite la
convention sommative d’Einstein sur les indices répétés) :

u v u
 (u, v)  H 2   H 1    v u dx =  dx -  v d (2.13)
  x x
i i
 n

u
où n est un vecteur unitaire normal à  (dirigé vers l’extérieur de  ) et où désigne la
n
dérivée normale extérieure de u (rappelée plus haut: voir relation (2.7) ci-dessus).

18
Quelques exercices d’assimilation du contenu du chapitre I :

Exercice I.2.27 On suppose que  est un ouvert borné (non vide) de IR d . Montrer qu’alors
on a

1  p  q   Lq   Lp 

avec injection canonique continue i.e.

 M  IR tel que  v  Lq  v Lp  


M v Lq  
.

Exercice I.2.28 Soit les espaces fonctionnels Cb,0 IR d    


et CC IR d définis par
   v  C IR ; v ( x)  0, quand x   ,
Cb,0 IR d 0 d

C IR   v  C IR ; K compact  IR , v( x)  0 dans K 


C
d 0 d d C

1) Montrer que C IR  n’est pas un sous-espace de l’espace L IR  .


0 d  d

2) On munit l’espace Cb,0 IR  de la norme . L


. Montrer que celle-ci fait de
 
Cb,0 IR d un espace de Banach.

     
3) Soit v  Cb,0 IR d et vn une suite de CC IR d , n  IN  , définie par :

 
vn ( x)  v( x) n x  , où la fonction  n  CC IR d , avec 0  n x 1 , est définie par :
 1 pour x  n

 n x    1
0 pour x  n  d
 n

3.1) Montrer que vn  v uniformément dans IR d . Qu’en déduit-on ?
 
3.2) Vérifier que l’inclusion de CC IR d dans Cb,0 IR d   est stricte.
3.3) Déduire de ce qui précède que C IR  , C
d
. L
 n’est pas un espace de Banach.

Exercice I.2.28 bis Dans IR d on considère un ouvert borné non vide  et f C 0 IR 
telle que : f s   a  b s  s  IR . Montrer que la fonctionnelle  v   f  v est
une application continue de L  fort dans lui-même.
2

19
Exercice I.2.29 Dans IR 2 on considère l’ouvert  défini par
 
  x  IR 2 ; x1  a et x2  b , où a et b sont des constantes réelles non-
négatives.

1. Montrer qu’il existe une constante C non-négative telle que :

 
1

 v  H  v L2  C grad v L2 et  v  H  v L2  C  grad v 2


2
 
1 1 2
v
0
 L  
2
 
2. On s’intéresse à la résolution du problème aux limites défini par :

Trouver une fonction u telle que :


   u  f dans  (1)
(P)Dir 
u  0 sur  (2)

où f  L2  est une fonction donnée et  la frontière de  .


2.1 Montrer que u est unique solution d’un problème variationnel (PV) à expliciter.
2.2 Montrer que le problème variationnel (PV) est équivalent au problème elliptique
(P) en un sens à préciser.

3. On remplace la condition aux limites de Dirichlet homogène par la condition aux limites
de Neumann homogène dans le système (P)Dir. En d’autres termes on remplace (2) par :
u
 0, où n est le vecteur unitaire de la normale à  , dirigé vers l’extérieur de  . On
n
u
rappelle que :  grad u . n et on note (P)Neu le nouveau système obtenu.
 n def

3.1 Montrer que la fonction f doit nécessairement vérifier une condition d’orthogonalité (au
sens du produit scalaire standard de L2  ) pour que le système (P)Neu ait un sens. On note
 cette condition.
3.2 Expliquer en quelques mots pourquoi sous la condition  le système (P)Neu possède une
infinité de solutions.

3.3 Toujours sous l’hypothèse  On cherche parmi les solutions de (P)Neu celles vérifiant la
condition suivante :  u x dx  0 . Montrer qu’on a existence et unicité d’une telle solution

(au sens variationnel) dans l’espace de Sobolev H 1  .

Exercice I.2.30 Dans IR 2 on considère l’ouvert  défini par :


 
  x  IR 2 ; x1  a et x2  a , où a est une constante réelle non-négative .
1) Donner une représentation géométrique de  dans le plan IR 2 .
2) On s’intéresse à la résolution du problème aux limites défini par :

20
Trouver une fonction u telle que :
  u   x  u  f dans 

(P)  u
 0 sur 

 n
où f  L2  est une fonction donnée, 0  0   x  , avec 0 constante indépendante de
u
x ,  la frontière de  et la dérivée de u suivant la normale extérieure n . On
n
u
rappelle que  grad u . n .
n
2.1) Montrer que u est unique solution d’un problème variationnel (PV) à expliciter.

2.2) Montrer que le problème variationnel (PV) est équivalent au problème elliptique (P)
en un sens à préciser.

Exercice I.2.31 Reprendre l’exercice précédent en remplaçant les conditions aux limites de
Neumann par des conditions aux limites mixtes (Dirichlet / Neumann) . On notera Dir et
Neu respectivement le bord soumis aux conditions aux limites de Dirichlet et le bord soumis
aux conditions aux limites de Neumann. On supposera que d  mes Dir    
et d  mes Neu
sont strictement positives, où d  mes    désigne la mesure superficielle de Lebesgue en
2-D.

21
Chapitre II Analyse éléments finis des problèmes aux limites 1-D

II.1 Problème modèle. Formulation variationnelle

Ici on expose le procédé de mise en place de la formulation variationnelle des problèmes aux
limites elliptiques en considérant un modèle de diffusion-réaction (en régime permanant)
particulièrement simple par souci de clarté de l’exposé.

 Enoncé du Problème modèle

Considérons un modèle mathématique pour la diffusion-réaction monodimensionnelle


consistant en les équations suivantes, où u est une fonction inconnue définie dans a , b  :

d  d u 
  +  u = f dans a ,b  (1.1)
dx  dx 
 du 
u (a)  0 (i) et     (b)   (ii) (1.2)
 dx 

où les données sont a, b,  des constantes réelles données, avec a  b tandis que f (.) ,  (.)
et  . sont fonctions assez régulières, avec  (.) et  . vérifiant les conditions suivantes :

0      ( x)    p. p. 
0   x    max p. p.  (1.2 bis)
f  L  
2 

où  max ,   et   sont des constantes réelles données.

 Notions de formulation faible et de solution faible

Définition II.1.1
Le système d’équations (1.1)-(1.2) s’appelle formulation forte du problème de diffusion-
 
réaction. Toute fonction u de C 2  satisfaisant à ces équations s’appelle solution forte.
L’existence d’une solution forte est subordonnée à la mise en place d’hypothèses dites fortes
(en lieu et place de (1.2bis)) à savoir :

         
Déf
f .  C 0  ,  .  C 1  et  .  C0   vC 0  ; v x   0 (1.2 bis2)

On suppose que u est une solution forte du système (1.1)-(1.2). En multipliant (1.1) par une
 
fonction v supposée assez régulière (par exemple dans C 1  , comme on va le voir plus loin
ce choix n’est pas anodin ) et en intégrant le premier terme de gauche par parties, on obtient

du dv  du   du   b

b b
 a

dx dx
  a
 u v     (b) v(b)     (a) v(a) =

dx  dx    a
fv

22
Prenant en compte (1.2)-(ii), on déduit de l’égalité précédente que

du dv   du   b

b b
 a

dx dx
  a
 u v   v(b)     (a) v(a) =

dx    a
fv

De plus on impose à la fonction v de vérifier la condition (1.2)-(i) satisfaite par u . Ce qui fait
 
de v une fonction dite test i.e. une fonction de C 1  telle que v(a)  0 . Dès lors on obtient

b du dv b b
 a

dx dx
  a
 u v   f v   v(b)
a
 v fonction test (1.3)

Il est clair que cette relation est moins contraignante pour la fonction u en ce sens que l’ordre
de dérivation exigible à u devient un et non deux comme dans la formulation forte. On
remarque aussi que les intégrales de (1.3) sont bien définies pour tous u, v  H 1  . D’autre
   
part l’espace v  C 1  ; va   0 n’est pas un sous-espace fermé de H 1  au sens de la
norme . 1,

. Il est donc naturel d’introduire l’adhérence de v  C 1  ; va   0 au sens de   
cette norme, notée V et définie par


V  v  H 1 ; va   0 . 

Proposition II.1.2 V est un espace de Hilbert.

Preuve : Il suffit de montrer que V est un sous-espace fermé de l’espace de Hilbert H 1  .
1

=  w '  a w  est la norme standard de H 1  .


b b 2

2 2
Rappel : w 1,  a

Exercice II.1.3 Montrer que les applications suivantes


b du dv b b
v     uv et v   f v   v(b)
a dx dx a a

  
sont linéaires et continues de v  C 1  ; va   0 muni de la norme .  1,
dans IR .

   
La densité de v  C 1  ; va   0 dans V et la double propriété de linéarité et de continuité
de deux membres de l’équation (1.3) par rapport à v , assure que (1.3) reste valide pour tout v
dans V . On a finalement :

Proposition II.1.4 Toute solution classique du système (1.1) - (1.2) est une solution du
problème suivant qui consiste à :

23
 Trouver u  V tel que

(PV)  b (1.4)
  u ' v ' dx  b b

 a  
 u v dx  f v dx   v(b) v  V
a a

On donne maintenant la ‘‘réciproque’’ de la proposition précédente sous des hypothèses


(relativement) faibles sur les données que sont les fonctions f ,  et  . On rappelle que 
est une constante réelle donnée.

Proposition II.3.5 Sous les hypothèses (1.2bis) toute solution du système (PV) défini par
(1.4) vérifie (1.1) presque partout dans  ainsi que les conditions aux limites (1.2).

Définition II.1.6 Le système (PV) s’appelle Formulation Variationnelle (ou Formulation


Faible) du problème de diffusion-réaction (1.1)-(1.2).

Définition II.1.7 On appelle solution faible ou solution variationnelle toute fonction définie
dans  vérifiant (1.4).

Proposition II.1.8 Sous les hypothèses (1.2bis) formulées plus haut le système (PV) possède
une unique solution .

Preuve: C’est une application immédiate du Théorème de Lax - Milgram (voir Théorème
I.2.10). Il est utile de commencer par vérifier que l’application de V dans IR définie par
1

w    w ' 
b 2 2

 a 
est une norme sur l’espace V .

II.2 Analyse du système (1.1)-(1.2) par la méthode des éléments finis

Le point de départ pour la formulation éléments finis du système (1.1)-(1.2) est le problème
variationnel (1.4). La formulation éléments finis comporte trois étapes majeures :

II.2.1 Les Trois Etapes Fondamentales de la MEF

 Etape 1 : Triangulation du domaine   a, b

Il consiste à découper le domaine en un nombre fini de sous-domaines appelés mailles ou

N 1

éléments notés K 1  et définis par
i
2  i 0

i

K 1  xi , xi 1 pour  i  0,..., N  1 (2.1)
2

où les points a  x0  x1  ...  x N  b sont des points donnés dans   a, b appelés
nœuds. L’entier positif N est choisi aussi grand que le permet la capacité et la puissance de

24
l’ordinateur sur lequel on calcule une solution approchée du problème (1.4). On fera dans la
suite usage du paramètre strictement positif h défini par
 
h  max diamètre  K 1  (2.2)
0 i  N 1
 i 2 

 Etape 2 : Approximation de l’espace V

Soit K un élément quelconque de la triangulation (introduite plus haut) et r un entier


positif. On note P r K  l’espace des restrictions à K des polynômes réels de degré  r . De
manière systématique une analyse éléments finis du problème (1.1) - (1.2) commence par
l’approximation de l’espace V (dans lequel se trouve la solution variationnelle de (1.1) - (1.2))
par un espace de dimension finie Vh inclus dans V et défini par

 
 
 

Vh   v  C 0  ; v    P r 1  K 1 ,  0  i  N  1 et v(a)  0
i

 (2.3)
 2  2  
i

 K 
 
1
i
2

où v désigne la restriction à K 1 du polynôme v , et où r 1 est un entier positif donné.


i i
K 1 2 2
i
2

Remarque II.2.1 Il y a au moins deux raisons justifiant le fait qu’on approche localement la
solution exacte u par des polynômes :
 La première raison est que le calcul sur ordinateur est relativement
facile avec les polynômes.
 La seconde est que c’est un cas pour lequel on sait montrer la
convergence de la solution approchée vers la solution exacte lorsque
N tend vers l’infini.

Exercice II.1.2 Vérifier que l’espace Vh défini par (2.2) est effectivement un espace vectoriel
de dimension finie.

II.2.2 Formulation éléments finis du problème (1.4)

En substituant Vh à V dans le problème (1.4) on obtient un système qu’on appelle


formulation éléments finis du problème de diffusion-réaction et qu’on définit par :

25
 Trouver u h  Vh tel que

 (2.3)
 b du h dv b b

 a dx dx  
  uh v  f v   v(b)  v  Vh
a a

Soit k un entier  1 , on note Pk l’espace des polynômes en x à coefficients réels et de degré


 k . L’existence et l’unicité d’une solution de (2.3) peut être mise en évidence par
application du Théorème de Lax – Milgram (Théorème I.2.10).

Définition II.2.11 La solution du problème (4.3) est une solution éléments finis Pk si la
restriction de u h à chaque K 1 est un polynôme de degré  k , c’est-à-dire
i
2

uh  Pk ( K 1 ) , pour i  0,..., N  1 .
i
K 1 2
i
2

Remarque II.2.12 C’est en dimension  2 que l’on dispose d’une large variété d’éléments
finis comme on le verra au chapitre suivant.

Le fait que l’espace Vh soit de dimension finie, disons P , assure l’existence d’une base
formée d’une famille finie de fonctions notées  i i 1 . Dès lors il est loisible de poser :
P

P
u h ( x)  U ih i ( x) (2.4)
i 1

où les U ih sont des scalaires réels à déterminer (pour que u h soit parfaitement défini).

Le problème (2.3) est équivalent au problème suivant :

P
 
 Trouver U h P  IR P tel que
j j 1
b
  b  h   f i    i (b) pour i  1,..., P (2.5)
  a   i  j  a   i  j  U j
b
' ' a

 j 1

qui est en fait un problème d’algèbre linéaire. De façon plus précise on est ramené à résoudre
un système d’équations linéaires (avec autant d’inconnues que d’équations). Matriciellement
ce système s’écrit :

A hU h  b h (2.6)
soit encore (composante par composante) ,

A
j 1
h
ij U hj  bih , pour i  1,..., P (2.7)

où on a posé

26
 i  j 
b b
Aihj     i'  'j  
a a 
 pour i, j  1,..., P (2.8)
b   f i
h
b
   i (b) 
i
a 

 
Il est clair que la matrice A h  Aihj associée à la formulation éléments finis (2.5) est
symétrique. Par ailleurs on a le résultat suivant.

Proposition II.2.13 A h  Aihj   est une matrice définie positive.


Preuve de la proposition II.2.13 : A faire comme exercice (Indication : utiliser les
conditions (1.2bis) ) .

 Solution éléments finis P1

Nous allons calculer de façon explicite les coefficients Aihj dans le cas d’une solution
éléments finis P1, avec un maillage uniforme de pas h i.e.
xi 1  xi  h  0  i  N 1
1
L’uniformité du maillage signifie qu’entre N et h existe la relation suivante : h  .
N

Exercice II.2.14 Vérifier dans le cadre d’éléments finis P1 que l’espace Vh est de dimension
N (= nombre total d’éléments ) .

La formulation (2.5) s’écrit pour les éléments finis P1 de la manière suivante :

N
 
 Trouver U h N  IR N tel que
j j 1
b
   h   f i    i (b) pour i  1,..., N (2.9)
   a   i j   a   i  j  U j
b b
' ' a

 j 1
où  i i 1 définit une base (à préciser) de l’espace Vh .
N

La plupart d’algorithmes de résolution sur ordinateur du système (2.9) sont d’autant plus
performants que la matrice est creuse i.e. comporte un grand nombre de zéros. C’est le cas des
matrices tridiagonales (par points ou par blocs) de grande taille encore appelées matrices-
bandes.
On rappelle qu’une matrice carrée M  M i j 1i , j  N est dite tridiagonale si
M i j  0 si i j 2 pour i, j  1,..., N (2.10)
Il est à noter que dans une matrice tridiagonale par blocs notée M  M i j 1i , j  N les éléments
M ij sont des blocs matriciels et pas nécessairement des scalaires.

27
Proposition II.2.15 Il existe une base de l’espace Vh pour laquelle la matrice A h  Aijh est  
tridiagonale . De plus les fonctions  i  N
i 1
de cette base sont définies de la manière suivante :

 i  Vh et  i x j    i j 1  i, j  N (2.11)

Il est aisé de voir que ces fonctions encore appelées fonctions de forme (en anglais « shape
functions ») peuvent s’exprimer analytiquement par



x  xi 1
xi  xi 1

si x  xi 1 , xi 

 i ( x)   pour i  1,..., N  1

x  xi 1
xi  xi 1

si x  xi , xi 1  (2.12)


 0 ailleurs
et
 x  x N 1

 N ( x)   x N  x N 1
si x  x N 1 , x N   (2.13)

 0 ailleurs
De plus, dans cette base on a
U ih  u h ( xi ) pour i  1,..., N
c’est-à-dire les composantes de u h dans la base  i i 1 coïncident avec les valeurs de u h aux
N

nœuds. C’est pour cela que ces valeurs s’appellent encore valeurs nodales de la fonction
investiguée u h .

 x  ;  i ( x)  0) est la réunion des


déf
Il est facile de vérifier que le support de  i (
éléments admettant xi comme extrémité commune. De façon plus précise on a
 K K si 1  i  N  1
 i  12
supp  i  = 
1
i
2

 K 1 si i  N
i
 2

C’est ainsi qu’on déduit (sans calculer les intégrales de la première égalité du système (4.8))
que la matrice A h est tridiagonale (par points).

Graphes des fonctions  i


N
i 1

i pour 1  i  N  1 N

1 1

x0 xN 1 xN
x0 xi 1 xi xi 1 xN
28
Dans le cas des éléments finis P1 qui est particulièrement élémentaire mais fondamental la
construction d’une base de Vh formée de fonctions à supports « petits » est immédiate comme
on a pu le voir plus haut. La démarche la plus générale (en dimension un) pour construire une
telle base comporte les deux étapes suivantes :
Etape (i) : On exprime dans chaque élément K
i
1  
= xi , xi 1 la solution approchée u h de
2
la manière suivante

u h (x) = U ih Li ( x)  U ih1 Li 1 ( x) (2.14)

où les fonctions
x  xi 1 x  xi
Li ( x)  et Li 1 ( x)   xi  x  xi 1 (2.15)
xi  xi 1 xi 1  xi
sont les polynômes d’interpolation de Lagrange associés aux points xi , xi 1 et sont définies
seulement dans K 1 . Il est important d’insister sur le caractère local de la validité ces deux
i
2
polynômes. Comme par ailleurs elles constituent une base pour l’espace des polynômes en x
à coefficients réels et de degré  1, on les appelle fonctions de base locales.

Etape (ii) : Définir chaque fonction de base de l’espace Vh notée  i i  1,..., N dans
l’intervalle K 1 K 1 par recollement des fonctions de base locales Li et Li et par
i i
2 2

 
prolongement par zéro (pour assurer la continuité) dans  \  K 1  K 1  (avec la
 i 2 i
2

convention K 1  Ø ),
N
2
Les résultats de ces deux étapes sont les expressions (2.12)-(2.13).

En pratique la construction du système linéaire à résoudre passe par le calcul effectif sur
ordinateur des expressions intégrales suivantes :

  i'      i  
xi 1 x1i
Aih, i  
2 2
pour i  1,..., N  1

xi 1 xi 1

 (2.16)
    
xN xN 
ANh , N   ' 2
  i
2

x N 1
i
x Ni 1 

xi xi
Aih, i 1     i'1  i'     i 1  i pour i  2,..., N (2.17)
xi 1 xi 1

29
xi 1 x1i
Aih, i 1     i'1  i'     i 1  i pour i  1,..., N  1 (2.18)
xi xi

bi   f  i dx    i (b) (2.19)
x
i 1 , 
xi 1  

1 si i  N
avec :  i (b)  
 0 sin on

Les autres coefficients de Ah étant purement et simplement nuls à cause du caractère


tridiagonal de cette matrice, dû à la structure des supports des  i  N
i 1
.

On présente au paragraphe suivant la technique la plus répandue pour le calcul effectif sur
ordinateur des intégrales (2.16) - (2.19) . Il s’agit de la technique d’assemblage élément par
élément.

Exercice II.2.16 En utilisant le changement de variable suivant :


x  xm x  xi 1
 2 , où xm = i .
xi 1  xi 2
1°) Vérifier que l’élément réel K
i
1  
= xi , xi 1 est transformé en l’élément dit de référence
2

 1,  1 .
2°) Vérifier que ce changement de variable transforme les deux fonctions de base locales
Li et Li1 attachées à l’élément K 1 en polynômes d’interpolation définis sur l’élément de
i
2
référence de la manière suivante :
1 ( )  1    1    .
1 1
et 1 ( ) 
2 2

Exercice II.2.17 Montrer l’existence d’un lien entre la formulation éléments finis P1
précédente et une formulation différences finies (ou volumes finis) de ce modèle.(Indication :
appliquer une méthode de quadrature au calcul des intégrales élémentaires pour le passage du
modèle éléments finis P1 au modèle différences finies).

Une technique pratique pour la construction effective de A h et b h


On va décrire la technique d’assemblage élément par élément utilisée couramment dans la
pratique pour constituer le système à résoudre. En pratique le calcul de la matrice globale A h
et du second membre b h se fait en superposant les contributions des différents éléments du
 
maillage. Considérons l’élément K = xi , x j , avec j  i  1 , il est clair qu’il est concerné par
les fonctions de base  i et  j c’est-à-dire par les lignes et colonnes numéros i et j de la
matrice A h . La contribution de l’élément xi , x j   est donc une matrice élémentaire Ai , j 
carrée d’ordre deux intervenant dans les lignes et colonnes i et j de la matrice globale A h .
Cette matrice est donnée par

30
x j    
  'j  dx     i   i  j dx =
'

Ai , j      i'   i'


x j

xi
 j  x
 j 
i

xj  
  ' 2    2     i'  'j   i  j 
   dx
i i

  'j     j  
=
  j  i   j  i
' ' 2 2
xi
 

En ce qui concerne l’élément x0 , x1 il faut noter que A0,1   
22
est le seul coefficient de la
matrice élémentaire correspondante contribuant effectivement à la matrice du système global
(car la condition aux limites : u( x0  a)  0 annule la contribution de  0 ).
Utilisant le changement de variable
x  xm xi  x j
 2 , où xm = (2.20)
x j  xi 2
on voit que pour   0
1 1  1  1
Ai , j  

2 x j  xi  1i
 ( x)   dx
 1 1 
en particulier si  est constant ainsi que le pas du maillage noté h (= x j  xi ) il vient

 1 1
Ai , j  
h  1 1 

De même la contribution de l’élément suivant x j , xk est  


 1 1
A j ,k  
h  1 1 
On en déduit que la contribution de ces deux éléments adjacents est la superposition des
contributions de chacun d’eux et on a alors

 1  1 0  1 1 0 
 
A i , j , k 
  1  1  1  1   1 2  1

h h
 0  1  1  0  1 1 

En procédant ainsi de suite à ces superpositions on retrouve la matrice globale A h dont on sait
qu’elle est tridiagonale et dont les coefficients sont donnés par (2.16) - (2.18).

Pour construire le sous-vecteur b i , j  de b h associé à l’élément xi , x j on procède de la  


même manière c’est-à-dire

 i   fi 
b i , j  = 
xj
  i   j   dx
 j   f j 
xi

après avoir approximé f par son interpolé de Lagrange aux points xi i 1 en posant
N

31
N
f ( x)   f k  k ( x)
k 1
Utilisant à nouveau le changement de variable (2.20) on obtient

i , j  h  1  21 1 1    f i 


  
2   1 1 1
b  
21    f j 
D’où
1 1 
3 fi  6 f j 
b i , j   h
1 1 
 fi  f j 
6 3 

La contribution de deux éléments adjacents i, j  et  j, k  s’obtient par superposition de leurs


contributions respectives c’est-à-dire

1 1 
 3 fi  6 f j 
déf 1 2 1 
b i , j ,k   b i , j   b  j ,k   h  fi  f j  fk 
6 6 6 
1 f  1 f 
 6 j 3 k 

En procédant ainsi de suite on retrouve le vecteur second membre b h dont les composantes
sont données par (2.19).

Exercice 3.1.18 Proposer un algorithme pour la construction du système linéaire à résoudre


basé sur l’assemblage élément par élément.

Si on souhaite avoir une meilleure approximation de la solution exacte on peut utiliser des
polynômes de Lagrange de degré plus grand que 1, par exemple de degré 2. C’est l’objet du
paragraphe suivant.

 Solution éléments finis P2

La solution u h du problème (4.3) est une solution éléments finis P2 si (voir Définition 4.3.1)
dans le cas général) :

uh  P2, pour i  0,..., N  1 (4.5.2)


K 1
i
2

32
Ceci signifie que dans chaque élément K
i
1  
 xi , xi 1 la fonction u h peut s’exprimer par
2

u h ( x)  A x 2  B x  C

Cette expression a l’inconvénient de comporter des coefficients (à savoir A, B et C) qui n’ont


pas une signification physique claire. C’est pour cela qu’on préfère à cette expression là
la suivante :
u h ( x)  u h ( xi )i ( x)  u h ( x 1 ) 1 ( x)  u h ( xi 1 )i 1 ( x) ,
i i
2 2

xi  xi 1
où x 1  et où les i ,  1 , i 1 sont les polynômes d’interpolation de Lagrange
i 2 i
2 2

associés aux points x


i
 (avec   0,1,2 ) et définis dans K
i
1  
 xi , xi 1 par
2 2

(x  x 1 )( x  xi 1 )
i ( x  xi )( x  xi 1 )
i ( x)  2
(i)  ( x)  (ii)
( xi  x )( xi  xi 1 ) ( x 1  xi )( x 1  xi 1 )
1
i
1 2
i i i
2 2 2
(4.5.3)
( x  xi )( x  x 1 )
i

 ( x) 
i 1
2
(iii)
( xi 1  xi )( xi 1  x 1)
i
2

Par souci d’alléger les notations, on pose

u h ( x)  U ih i ( x)  U h 1  1 ( x)  U ih1i 1 ( x)  xi  x  xi 1 (4.5.4)


i i
2 2

Les fonctions i ,  1 , i 1 définissent les fonctions de base locales. On en déduit par
i
2

recollement les fonctions de base de l’espace Vh dont on rappelle la définition dans le cadre
des éléments finis P2 :

Vh  espace des fonctions v continues dans  telles que v est un polynôme de degré  2
dans chaque élément et v(a)  0 .

Il est donc clair que l’espace Vh est de dimension finie égale à 2N (par rapport au maillage
introduit en 2.2.2 (Etape 1) et les fonctions de base globales de cet espace correspondent à la
famille :

 
F =  1 , 1 , ...,  i ,  1 ,  i 1 ,...,  N 1 ,  1 ,  N  (4.5.5)
i N
 2 2 2 

33
Il faut noter que  1 est le prolongement par zéro dans  \ K 1 de  1 pour
i i i
2 2 2

i  0,..., N  1 , tandis que  i s’obtient par recollement sur K 1 K 1 des fonctions de


i i
2 2

base locales i et i et par prolongement par zéro dans  \ K 1 K 1 pour i  1,..., N ,
i i
2 2

avec la convention : K 1 Ø .
N
2

La solution approchée u h se décompose de la manière suivante dans cette base

N N 1
u h (x) = U
i 1
i
h
 i ( x)  U
i 0
h
i
1 
i
1 ( x) (4.5.6)
2 2

On pose :
t
 
U = U 1h , U 1h , U 3h , ..., U h 1 , U Nh 
h
(4.5.7)
N
 2 2 2 
après avoir numéroté les nœuds d’interpolation (qu’on ne doit pas confondre avec les nœuds
de la triangulation) de la gauche vers la droite.

Alors la formulation éléments finis P2 du problème aux limites (3.1)-(3.2) s’écrit :

  
 Trouver U hi ,U 1h ,U 3h , ..., U h 1 ,U Nh   IR 2 N tel que pour i  0, . . . 2 N  1
N
  2 2 2 

N  b  N 1  b 
     'i 1  'j     i 1  j  U hj       'i 1  ' 1     i 1  1  U h 1   f  i 1   i 1 (b)
b b b

 j 1  a 2
a
2  j 0 
a
2
j
2
a
2
j
2
j
2
a
2 2

(4.5.8)
h
La matrice associée à ce système est diagonale par blocs. De façon plus précise M a une
structure penta-diagonale (c’est-à-dire les coefficients de M h a priori non nuls sont situés sur
la diagonale principale et les quatre diagonales les plus proches de la principale).

Exercice 3.1.19 Vérifier le caractère inversible de cette matrice et proposer un algorithme


performant pour la résolution effective sur ordinateur du système (4.5.8).

Exercice 3.1.20 Dans le cas particulier où   1 et   0 , écrire de façon explicite les


h
coefficients de M ainsi que les composantes du second membre.

Commentaires sur le Chapitre II Un lecteur rencontrant ici pour la première fois la


formulation variationnelle des problèmes aux limites elliptiques pourrait se demander

34
comment s’opère l’identification du cadre fonctionnel dans lequel vit la solution faible. Pour
un problème aux limites elliptique d’ordre 2 k (où k est un entier non négatif) on prend pour
cadre fonctionnel un sous-espace de H k  dans lequel on a intégré les conditions aux
limites essentielles c’est-à-dire les conditions aux limites n’apparaissant pas dans la
formulation variationnelle. Une autre façon de dire la même chose consiste à dire que les
conditions aux limites essentielles sont celles qui portent sur les dérivées spatiales d’ordre
 k . Une condition aux limites non essentielle est dite naturelle. Cette dernière s’invite de
façon naturelle dans la formulation variationnelle.

35
CHAPITRE III Formulation éléments finis en 2D et Mise en œuvre pratique

III.1 Problème modèle et Formulation faible

Gardant à l’esprit les principes de base énoncés pour l’exemple monodimensionnel


introductif du chapitre précédent, la généralisation à deux dimensions de la discrétisation des
problèmes aux limites par les éléments finis constitue l’essentiel de ce chapitre.
Soit  un domaine ouvert, non vide, de l’espace à deux dimensions, qu’on suppose
connexe (i.e. deux points du domaine peuvent être reliés par un chemin restant dans le
domaine), avec une forme géométrique polygonale. L’extension à deux dimensions de
l’équation (2.1) s’écrit :

 divD grad u    u  f dans  (3.1)

à laquelle on adjoint la condition aux limites suivantes (dite condition de Dirichlet


homogène):

u  0 sur  = bord du domaine  (3.2)

On rappelle que dans l’équation de bilan (3.1) l’entité u est la fonction inconnue, f est une
fonction donnée (communément appelée terme-source ), D et  sont des coefficients positifs
donnés dépendant de x , avec

D  D( x)  D p.p. dans  (3.3)

où D et D sont des réels  0 donnés. Les inégalités (3.3) assurent le caractère elliptique
du problème aux limites à résoudre ainsi que le caractère borné du coefficient de diffusion D .
Comme le problème qui consiste à trouver u tel que les équations (3.1)-(3.2) soient vérifiées
est un problème aux limites elliptique du second, avec conditions aux limites de Dirichlet
homogène, on va chercher u dans le cadre fonctionnel H 01  défini par

H 01  = v  H 1  ; v  0 sur   (3.4)

où H 1  est un espace de Sobolev introduit au Chapitre II. On rappelle que l’espace
H 1  muni de la norme suivante

 
1


2
 
2
v 1,
grad u u2 (3.5)
 

est un espace de Hilbert. L’espace H 01  est un sous-espace fermé de H 1  et est donc un
espace de Hilbert aussi. On rappelle que si  est borné (dans au moins une direction) alors la
fonction
1

   grad v 
2 2
v  v H10     

36
définit une norme sur H 01  . Noter que cette norme est équivalente à celle induite dans
H 01  par la norme standard de H 1  à savoir . 1,
.

Remarque III.1.1 Toute fonction continue sur  , avec un profil polynômial sur chaque
sous-domaine d’une partition finie de  est une fonction de H 1 () . En d’autres termes, soit
PPP une partition finie du domaine  et v C  . On a:
0
 
Si v H 1 P   P P alors v  H 1  . Si de plus v  0 sur  alors v  H 01 

Pour obtenir la formulation faible du problème (3.1) et (3.2) on procède exactement comme
au chapitre précédent. De façon plus précise, on multiplie (3.1) par une fonction test
v  H 01  . Ce qui donne après application de la formule de Green (voir Chapitre I ) :

 
D grad u.grad v    uv

  
fv v V (3.6)
La formulation faible (ou formulation variationnelle) du problème aux limites (3.1)-(3.2) est
donnée par l’énoncé suivant :

 Trouver u  H 1   tel que


 0

 (3.7)
 D grad u  grad v dx   v  H  
   uv dx  
1
f v dx 0

Proposition III.1.2 Le problème variationnel (3.7) possède une solution unique.

Preuve : Appliquer le théorème de Lax – Milgram (voir Théorème I.2.10 ).

III.2 Approximation éléments finis du problème modèle

Dans toute la suite on pose : V  H 01  .

 Cadre général
Dans ce chapitre on note encore u h la solution approchée de u calculée par la méthode des
éléments finis. D’une manière générale cette fonction est solution du problème variationnel
discret ( encore appelé problème faible discret) suivant :

 Trouver u  V tel que


 h h

 (3.8)
 D grad u .grad v 
 h   u h v   f v  v  Vh
où Vh est un sous-espace de V , avec dimension finie (ce qui justifie le caractère discret du
problème).

Remarque III.2.1 : Il est prématuré, voire erroné, de considérer (3.8) comme une formulation
éléments finis aussi longtemps qu’on n’aura pas explicitement défini l’espace Vh dans lequel

37
on cherche u h . L’énoncé (3.8) est en fait une formulation variationnelle discrète (i.e.
formulation variationnelle dans un espace de Hilbert de dimension finie) du système (3.1) -
(3.2).

 Eléments finis triangulaires

 Généralités

En 2D la formulation en éléments finis triangulaires a pour point de départ une décomposition


du domaine polygonal  en une famille finie T de sous-domaines triangulaires appelés
éléments triangulaires (ou éléments plus brièvement) que l’on note ici génériquement E et qui
obéissent aux contraintes suivantes propres aux éléments finis (conventionnels serait-on tenté
de dire en pensant aux éléments finis en maillage non-conforme):

 E T E est un ouvert non vide et  E =  (3.9)


KT

Si E et L sont deux éléments de T alors on a :


 soit l ' ensemble vide

EL  Ø et E  L  soit un sommet de E et L (3.10)
 soit un côté de E et L

Définition III.2.2 Toute décomposition de  respectant les contraintes (3.9)-(3.10) s’appelle


une triangulation (ou un maillage) de  au sens des éléments finis.

Soit r un entier  1 donné. On note génériquement E les éléments de T. Utiliser les


éléments finis triangulaires Pr pour calculer u h c’est choisir Vh dans le problème
variationnel discret (3.8) de la manière suivante :

 
    E i j E

 
 E v E
( x ) a i j x1 x 2 où les a ij sont des réels donnés , 
Vh   v  C 0  i, jIN , i  j  r  (3.11)
 

 et x v( x)  0 

On montre que

Proposition III.2.3 L’espace Vh défini par (3.11) est de dimension finie.

Exercice III.2.4 Preuve de la proposition III.2.3

38
Soit  i i int1 une base de Vh , où N int représente un nombre entier positif qu’on va expliciter
N

dans les différents cas étudiés ci-après. Disons ici que N int dépend du type d’éléments finis
utilisés pour résoudre numériquement le problème posé. On considère la décomposition
suivante de u h dans cette base :

N int
u h ( x)  U
j 1
h
j  j ( x) (3.12)

où les U hj 1 j  N sont des scalaires réels à déterminer. Alors le problème variationnel discret
int

(3.8), dans lequel Vh est donné par (3.11), définit une formulation éléments finis Pr du
problème aux limites. Elle s’exprime algébriquement de la manière suivante:


 j j 1  
 Trouver U h Nint  IR Nint tel que

 (3.13)


 N int

  D grad i .grad j    i  j U hj dx   f  i dx
 j 1  
 1  i  N int

On en déduit la formulation matricielle suivante :

Ah U h  bh (3.14)
soit encore composante par composante

N int

A j 1
h
ij U hj  bih pour i  1, ..., N int (3.15)

où on a évidemment posé :

Aihj   D grad

i grad j    i  j dx  1  i, j  N int (3.16)

et
bih   
f i 1  i  N int (3.17)

Il résulte de (3.16) que le système à résoudre est à matrice symétrique. Grâce à l’hypothèse
(3.3) on montre le résultat suivant.

Proposition III.2.5 La matrice A h = Aihj 1i , j  N associée à la formulation éléments finis Pr


int

(3.13) est définie positive.

On va voir maintenant quelques exemples d’éléments finis triangulaires classiques en 2D.


Dans ces exemples on va définir de façon précise aussi bien la dimension qu’une base de

39
l’espace Vh pour laquelle la matrice A h = Aihj 1i , j  N est creuse (car une telle matrice présente
int

l’avantage de permettre de faire l’économie d’espace mémoire-machine).

 Eléments finis triangulaires P1 ou Triangles de Lagrange linéaires

Dans le cas particulier d’éléments finis triangulaires P1 on a

 x2 avec les aiEj réels donnés 



  E v E ( x1 , x2 )  a00  a10E x1  a01 
E E
Vh   v  C 0  

 v0 sur  

qui est un espace vectoriel de dimension N int = nombre de sommets intérieurs (i.e. appartenant
à  ) associés à la triangulation T (vérification à titre d’exercice). Il est à noter que la
dimension de Vh dépend de conditions aux limites imposées.

La construction d’une base de Vh formée de fonctions à supports petits (i.e. support défini
comme réunion d’un petit nombre d’éléments triangulaires) assure que la matrice
A h = Aihj 1i , j  N sera creuse.
int

Dans la suite de ce paragraphe on décrit entre autres choses la construction pratique d’une
base de Vh à supports petits. Plus précisément, on exhibe les aspects pratiques des éléments
finis P1.

o Expression de u h à l’échelle élémentaire. Notion d’élément fini de référence

Dans chaque élément triangulaire E de sommets S i , S j et S k , on exprime u h de la manière


suivante :

u h (x)  U ih LEi ( x)  U hj LEj ( x)  U kh LEk ( x) (3.18)

où U ih , U hj et U kh sont des scalaires inconnus déjà introduits dans (3.12). Il y a donc une
relation (qu’on va préciser plus bas) entre les fonctions LEi , LEj , LEk et les fonctions  i i int1 .
N

Les fonctions LEi , LEj et LEk , notées génériquement LEm , se caractérisent comme étant des
restrictions à E des polynômes réels Lm en x1 et x 2 , de degré  1, telles que :

 1 si m  n

LEm ( S n )    m, n  i, j, k  (3.19)
 0 sinon

40
Ces polynômes s’appellent fonctions de base locales ou fonctions d’interpolation locale. Les
sommets S i , S j et S k de l’élément E s’appellent nœuds d’interpolation. D’une part il est
intéressant de remarquer que

LEi ( x)  LEj ( x)  LEk ( x)  1  x  IR 2 (3.20)

D’autre part on a

U nh  u h (S n ) n  i, j, k (3.21)
Cette dernière égalité fait dire que les U ih , U hj et U kh sont les valeurs nodales de la fonction
u h . Il est fondamental de noter que si l’un des sommets de E appartient à  ( = bord du
domaine) sa contribution est nulle dans (3.18) c’est-à-dire la valeur nodale de u h
correspondante est 0. Ceci est dû à la prise en compte des conditions aux limites de Dirichlet
homogène : voir relation (3.2).

Exercice III.2.6 Déterminer les expressions analytiques des fonctions polynômes LEi , LEj et
LEk .

On pose : P1 ( E ) = l’espace des polynômes définis sur l’élément E , à coefficients réels et de


degré  1 en x1 et x2 , et on note N m la forme linéaire définie sur P1 ( E ) de la manière
suivante : N m (v)  v (S m ) , où S m est un sommet de E .

 
Définition III.2.7 On pose :  E  N i , N j , N k . Le triplet E, P1 ( E ),  E   s’appelle un
élément fini P1 .

 
Remarquons que L’ensemble  E  N i , N j , N k  une base de l’espace dual de P1 ( E ) , peut
   ensemble des degrés de liberté de l’espace P ( E) . De
s’identifier à v (S i ), v (S j ), v (S k ) 1

sorte qu’on peut définir un élément fini triangulaire P1 par le triplet E, P ( E ), DDL  , où
1 E

on a posé : DDL = v (S ), v (S ), v (S ) .
E i j k

 
On représente schématiquement l’élément fini E, P1 ( E ),  E comme indiqué sur la figure
suivante.

Si

Sj
Sk

41
Figure III.1 Elément fini P1 ou triangle de Lagrange linéaire. Le symbole  représente le
degré de liberté (ou valeur nodale) correspondant au nœud (qui est ici un sommet) où ce
symbole est localisé.
Signalons au passage la forme schématique de l’élément fini linéaire «non conforme» de
Crouzeix-Raviart (pour en savoir plus sur les éléments finis non conformes voir par exemple
M. Crouzeix et P.A. Raviart [3] ).


Dans toute la suite S m n désigne le milieu du côté S m , S n  dans la triangulation T.
Si

Si j
  Si k
Sj
 Sk
S jk
Figure III.2 Elément fini linéaire de Crouzeix-Raviart « non conforme » (voir [3] ).

o Construction des fonctions de base globales  s s int1


N

Il est à noter que les fonctions de base globales n’ont qu’un intérêt théorique. Dans la pratique
la construction de la matrice de rigidité et du second membre se fait élément par élément à
l’aide des fonctions de base locales dont la construction est exposée plus bas.
Soit s le numéro d’un sommet (quelconque) de la triangulation. Alors on a 1  s  S int . On
détermine la fonction de base  s associée à ce sommet de la manière suivante :

s E  LEs  E  Es et  s  0 ailleurs (3.22)

où on a posé: Es = ensemble des éléments (de la triangulation) dont l’un des sommets est
précisément le sommet numéro s .

o Notion d’élément fini de référence. Construction pratique des fonctions de


base locales
Dans la pratique on construit les fonctions de base locales LEi , LEj et LEk en faisant appel à la
 
notion d’élément fini de référence R, P1 ( R),  R , où R est le triangle dit de référence de
sommets (0,0), (1,0) et (1,1) dans le plan de référence 1 O  2 (voir figure ci-dessus).

42
2
Sk Sj

E S3
x2 TE

Si S1 R S2 1
O x1
O
Triangle réel E de sommets Triangle de référence R de sommets
S i , S j et S k . S1 , S 2 et S 3 dont les coordonnées
respectives sont (0,0), (1,0) et (0,1).

Figure III.3

Pour fixer les idées, on suppose que i  j  k . Soit TE la transformation affine qui envoie le
triangle de référence R sur le triangle réel E telle que

TE ( S 1 )  S i , TE ( S 2 )  S j , TE ( S 3 )  S k (3.23)

Il est évident que cette transformation est parfaitement définie par les trois égalités
précédentes. De plus elle est inversible puisque les trois sommets S1 , S 2 et S 3 sont non
 
alignés. Dès lors la matrice TE associée à TE est inversible et on notera M E son inverse.  
Une fonction u définie sur le triangle réel E se transporte sur le triangle de référence par la
relation
u  u  TE (3.24)

Réciproquement on fait le passage inverse par la relation

 
u  u  TE
1
(3.25)

Cette dernière relation nous permet de voir comment à partir des fonctions de base locales
construites sur le triangle de référence on peut déduire les fonctions de base locales définies
sur n’importe quel élément triangulaire de la structure  .

Les trois fonctions de base locales définies sur le triangle de référence s’obtiennent facilement
par application de (3.19) et on a:

L1R (1 ,  2 )  1  1   2 , LR2 (1 ,  2 )  1 , LR3 (1 ,  2 )   2


(3.26)

On déduit de (3.25) et (3.26) que

43
  (x , x ),
LEi ( x1 , x2 )  L1R TE
1
1 2 (3.27a)

L ( x , x )  L T  ( x , x ),
E R 1
j 1 2 2 E 1 2 (3.27b)

L ( x , x )  L T  ( x , x )
E R 1
k 1 2 3 E 1 2 (3.27c)

Il est aisé de voir que l’on a

LEi L1R L1R


= N   N  (3.28a)
x1 1  2
E 11 E 12

LEi L1R L1R


= N   N  (3.28b)
x 2 1  2
E 21 E 22

LEj LR2 LR2


=   N E 11    N E 12 (3.28c)
x1 1  2

LEj LR2 LR2


= N   N  (3.28d)
x 2 1  2
E 21 E 22

LEk LR3 LR3


= N   N  (3.28e)
x1 1  2
E 11 E 12

LEk LR3 LR3


= N   N  (3.28f)
x 2 1  2
E 21 E 22

 
où N E est la matrice transposée de la matrice M E   TE  .
1

avec
 x j  x1i x1k  x1i 
 
TE   1j  matrice Jacobienne de l’application TE .
 x2  x2 x2k  x2i 
i

Comme
det TE    x1j  x1i  x2k  x2i    x2j  x2i  x1k  x1i   2 Aire( E )
alors
Aire(E) =
1
2
1
det TE   x1j  x1i
2
  x k
2  
 x2i  x2j  x2i  x
k
1  x1i 

44
où E est le triangle dont les trois sommets S i , S j , S k ont pour coordonnées respectives
xi , x j , x k .

 x2k  x2i ( x2j  x2i ) 


N  E 
1

2 Aire( E )  ( x1k  x1i ) x1j  x1i 

 Calcul des contributions élémentaires au second membre :

bmh   f m   f m    f ( x) E
m ( x)dx   ( f FE )( )Ri J FE d 
 Supp ( i ) E tq hE E E tq hE R

Donc
bmh   2 Aire( E )  ( f FE )( )Ri d 
E tq hE R

(mR FE )( )  Ri ( ) ( f FE )( )  f ( ( ),  ( ))   ( ) 2   ( ) 2

 
 2 Aire( E )  ( f FE )( )1 d   b
R E
  
 
i
R
 
b   2 Aire( E )  ( f FE )( )2R d   b E
E
  j 
 R

 2 Aire( E ) ( f FE )( )3R d   b E
 R   
k 
 

Remarque III.2.8
1) Lorsqu’un sommet de l’élément E appartient au bord du domaine le vecteur second
membre élémentaire associé n’a que deux composantes .
2) Lorsque deux sommets de l’élément E appartiennent au bord du domaine, le vecteur
second membre élémentaire associé n’a qu’une composante.

Nous exposons maintenant d’autres exemples d’éléments finis triangulaires.

 Eléments finis triangulaires P2 ou Triangles de Lagrange quadratiques

Dans le cas d’éléments finis triangulaires P2 on prend pour espace Vh l’espace défini par

 E v E ( x)  a00  a10 x1  a01 x2  a11 x1 x2  a 20 x12  a02 x22 


Vh   v  C 0   
avec les ai j réels donnés, et v  0  
 (3.21)
 sur

qui est un espace vectoriel de dimension N int = nombre de sommets intérieurs plus nombre de
milieux des côtés intérieurs de la triangulation, compte tenu des conditions aux limites
imposées (à vérifier à titre d’exercice).

45
La construction d’une base de Vh formée de fonctions à supports « petits » peut être menée en
deux étapes :

Etape (i) : Définition des polynômes d’interpolation locales ou fonctions de base locales .

Dans chaque élément triangulaire E de sommets S i , S j et S k on prend comme nœuds


d’interpolation S i , S j , S k , S i j , S i k et S j k puis on exprime u h de la manière suivante :

u h (x)  U ih LEi ( x)  U hj LEj ( x)  U kh LEk ( x)  U ihj LEi j ( x)  U ihk LEi k ( x)  U hj k LEj k ( x) (3.22)

où U ih , U hj , U kh , U iEj , U iEk et U Ej k sont des scalaires inconnus (valeurs nodales de u h ) et où

LEi , LEj , LEk , LEi j , LEi k et LEj k sont des polynômes d’interpolation de Lagrange de degré  2
en x1 et x 2 associés respectivement aux nœuds S i , S j , S k , S i j , S i k et S j k i.e. :

1 si m  n

L (S n )  
E
m  m, n  i, j, k  (3.23)
 0
 sinon
et Lm s’annule en les milieux des côtés de l’élément E , quel que soit m  i, j, k .
E

 1 si (m, n)  ( p, s)

L (S p s )  
E
mn  m, n, s, p i, j, k (3.23bis)

 0 sinon
et LEm n s’annule en les sommets de l’élément E , quel que soit m, n  i, j, k . Il est à noter
d’une part que

LEi ( x)  LEj ( x)  LEk ( x)  LEi j ( x)  LEi k ( x)  LEj k ( x)  1  x  IR 2 (3.24)

D’autre part on a
 u h ( S n )  U nh

 n, m  i, j , k  (3.25)
u h ( S )  U h
 nm nm

Ces polynômes ont le statut de fonctions de base à l’échelle locale ou échelle élémentaire. On
retrouve ainsi la notion de fonctions de base locales déjà rencontrée au Chapitre II. Par
ailleurs si l’un des sommets ou l’un des côtés de l’élément triangulaire E appartiennent à  (
= bord du domaine spatial) leurs contributions respectives sont nulles dans (3.22) c’est-à-dire
les valeurs nodales de u h correspondantes valent 0 (ceci vient des conditions aux limites de
Dirichlet (3.2)).

46
Exercice III.2.9 Déterminer les expressions analytiques des fonctions d’interpolation de
Lagrange LEi , LEj , LEk , LEi j , LEi k et LEj k 

La figure suivante montre la représentation schématique de l’élément fini P2 ou triangle de


Lagrange quadratique noté symboliquement E, P2 ( E ), DDLE 
avec DDLE = 
v(S i 
), v(S j ), v(S k ), v(S i j ), v(S i k ), v(S j k ) .

Sj
S jk

Figure III.4 : Elément fini P2 ou Sk


Si j
Triangle de Lagrange quadratique.

Si k

Si
Etape ( ii) : Construction des fonctions de base globales à supports « petits »

Chaque fonction de base globale est associée de manière unique à un nœud et réciproquement.
Soit  s la fonction de base globale associée au nœud numéro s . On détermine la fonction  s
de la manière suivante :
 s E  LEs E  E s et  s  0 ailleurs
où on a posé: Es = ensemble des éléments (de la triangulation) admettant le nœud numéro s
comme l’un de ses sommets ou le milieu de l’un de ses côtés .

 Eléments finis triangulaires P3 ou triangles de Lagrange cubiques

Dans le cas d’éléments finis triangulaires P3 on prend comme cadre fonctionnel

 
Vh  v  C 
0
 
E v E ( x)  a00  a10 x1  a01 x2  a 20 x12  a11 x1 x2  a02 x22 
a30 x13  a 21 x12 x12  a12 x11 x22  a03 x23 avec les ai j donnés, et v  0 sur 


(3.26)


Soit S m , S n  un côté de l’élément triangulaire E de sommets S i , S j et S k . On note S mmn et
S ijk les points du domaine  définis par
2 1
S mmn  Sm  Sn (3.27)
3 3

47
1
3
Si j k 
Si  S j  S k  (3.28) 
Vh est un espace vectoriel de dimension N int = nombre de sommets intérieurs plus nombre de
points de  (et non de  ! ) de la forme (3.27) ou (3.28), en tenant compte des conditions
aux limites imposées (le lecteur pourra le vérifier à titre d’exercice).

La construction d’une base de Vh formée de fonctions à supports « petits » peut être menée en
deux étapes :

Etape (i): Définition des polynômes d’interpolation locales ou fonctions de base locales
.
Dans chaque élément triangulaire E de sommets S i , S j et S k on prend comme nœuds
d’interpolation les points S i , S j , S k , S iij , S ijj , S iik S ikk , S jjk , S kkj et S ijk puis on exprime u h de
la manière suivante :

u h ( x)  U ih LEi ( x)  U hj LEj ( x)  U kh LEk ( x)  U iijh LEiij ( x)  U iikh LEiik ( x)  U hjjk LEjjk ( x) 


(3.29)
U hjji LEjji ( x)  U kki
h
LEkki ( x)  U hjjk LEjjk ( x)  U ijkh Lhijk ( x)

où LEi , LEj , LEk , LEiij , LEijj , LEiik LEikk , LEjjk , LEkkj et LEijk sont des polynômes d’interpolation de
Lagrange de degré  3 en x1 et x 2 associés respectivement aux nœuds
S i , S j , S k , S iij , S ijj , S iik S ikk , S jjk , S kkj et S ijk . On rappelle qu’un tel polynôme vaut 1 au nœud
qui lui est associé et 0 pour les autres nœuds de l’élément E . Il est à noter que la somme des
fonctions d’interpolation vaut 1 en point de IR 2 i.e.

LEi ( x)  LEj ( x)  LEk ( x)  LEiij ( x)  LEijj ( x)  LEiik ( x)  LEikk ( x)  LEjjk ( x)  LEkkj ( x)  LEijk ( x)  1

Les composantes de la fonction u h dans la décomposition (3.29) sont ses valeurs nodales.
Les polynômes d’interpolation de Lagrange LEi , LEj , LEk , LEiij , LEijj , LEiik LEikk , LEjjk , LEkkj et LEijk
jouent le rôle de fonctions de base locales. Par ailleurs si l’un des nœuds appartiennent à  (
= bord du domaine) sa contribution est nulle dans (3.29) c’est-à-dire la valeur nodale de u h
correspondante vaut 0 (ceci vient des conditions aux limites de Dirichlet (3.2)).

Exercice III.2.10 Déterminer les expressions analytiques des fonctions d’interpolation de


Lagrange LEi , LEj , LEk , LEiij , LEijj , LEiik LEikk , LEjjk , LEkkj et LEijk .

La figure suivante montre la représentation schématique de l’élément fini P3 ou triangle de


Lagrange cubique noté symboliquement E, P3 ( E ), DDLE avec  
DDLE = v(S i ), v(S j ), v(S k ), v(S iij ), v(S iik ), v(S jjk ), v(S iij ), v(S iik ), v(S jjk ), v(S ijk ).

Sj
S j jk

48
Sk k j


S j ji
Sk 
S i j k
S k ki
 Si i j
S

ii j

Figure III.5 : Elément fini P3 ou Triangle de Lagrange cubique.

Etape ( ii) : Construction des fonctions de base globales à supports petits

Chaque fonction de base globale est associée de manière unique à un nœud. Soit  s la
fonction de base globale associée au nœud numéro s . On détermine chaque fonction  s de la
manière suivante :
 s E  LEs E  E s et  s  0 ailleurs

où on a posé: Es = ensemble des éléments (de la triangulation) dont l’adhérence contient le


nœud numéro s . 

 Triangles de Hermite cubiques

Dans le cas d’éléments finis triangulaires de Hermite cubiques on prend le même cadre
fonctionnel que pour les triangles de Lagrange cubiques i.e.

 
Vh  v  C 0    E v E ( x)  a00  a10 x1  a01 x2  a 20 x12  a11 x1 x2  a02 x22 
a30 x13  a 21 x12 x12  a12 x11 x22  a03 x23 avec les ai j donnés, et v  0 sur 


La différence réside dans le choix de l’ensemble des degrés de liberté qui définissent dans
chaque élément la fonction u h .
On considère un élément triangulaire de Hermite cubique de sommets S i , S j et S k . Les
degrés de liberté associés à ce triangle sont les dix quantités suivantes:

v v v v v v
v( S i ) , v( S j ) , v( S k ) , (S i ) , (S j ) , (S k ) , (S i ) , (S j ) , ( S k ) et
x1 x1 x1 x 2 x 2 x 2
v( S i j k ) .

On rappelle que
v v
(a) = Dv (a).e1 , (a) = Dv (a).e2 où e s est la sième direction du plan . Il
x1 x 2
en découle la remarque suivante.

49
Remarque III.2.11 (fondamentale) : En chaque sommet du triangle de Hermite la donnée de
v v
 
S m et Sm  
pour m  i, j, k  équivaut à la donnée de
x1 x2
Dv (S ).S
m n   
 S m , Dv (S i ). S p  S m pour m  i, j, k  et n, p  i, j, k  m .

Schématiquement le triangle de Hermite peut être représenté de la manière suivante :

Si

S i j k
Sj Sk

Figure III.5 Triangle de Hermite cubique (10 degrés de liberté)


Le symbole  représente la valeur nodale de u h au sommet portant ce symbole
Le symbole représente la différentielle de u h au nœud qui porte ce symbole

Remarque III.2.12 Il existe un élément fini triangulaire à 27 degrés de liberté appelé triangle
d’Argyris (Ingénieur grec très célèbre). Ces degrés de liberté sont : Les dérivées partielles
d’ordre inférieur ou égal à 2 de v aux sommets de l’élément (avec la convention que la
dérivée partielle d’ordre zéro est l’identité), la dérivée normale extérieure de v aux milieux de
trois côtés de l’élément.

 Autres types d’éléments finis

En dehors d’éléments finis triangulaires il existe des éléments finis rectangulaires qui sont
également d’un usage courant. Avant de présenter quelques uns de ces éléments
introduisons l’espace Qr (E ) défini de la manière suivante :

Qr (E ) = espace formé des polynômes en x1 et x2 de degré  r par rapport à chacune des


variables et à coefficients réels.

o Les rectangles bilinéaires


Pour des tels éléments les nœuds sont les sommets des rectangles de la triangulation et
l’élément fini correspondant est le triplet 
E, Q1 ( E ), DDLE , où DDLE = 
v(S 1
E E
2
E
3
E
4 
), v(S ), v(S ), v(S ) , avec S , m  1,2,3,4 les quatre sommets de l’élément E .
E
m

S 4E S 3E

S1E S 2E

50
Figure III.6 Rectangle bilinéaire (quatre degrés de liberté)

o Les rectangles biquadratiques


Pour des tels éléments les nœuds sont les sommets, les milieux des côtés ainsi que le centre
des rectangles de la triangulation. Par ailleurs l’élément fini correspondant est le triplet
 
E, Q2 ( E ), DDLE , où on a posé :
DDLE = v(S ), v(S 2E ), v(S 3E ), v(S 4E ), v(S12e ), v(S14E ), v(S 23
1
E E E
), v(S 34 ), v(S1234) , avec
S mE , m  1,2,3,4 les quatre sommets de l’élément E , S mn
E
m, n  1,2,3,4, avec m  n ,
E
les milieux des côtés de E , et S1234 le centre de E .
E
S 34
Figure III.7 S 4E S 3E

Rectangle biquadratique
E E
( neuf degrés de liberté) S14E 
S1234 S 23

S1E S 2E
S12E

Commentaires sur le Chapitre III

 Eléments finis isoparamétriques:


Dans cette partie de l’exposé sur la Méthode desEléments Finis (MEF), il est supposé dès
l’introduction que le domaine bidimensionnel considéré a une forme géométrique polygonale.
Cette hypothèse, non indispensable pour la mise en œuvre de la MEF, sert tout juste à
simplifier l’exposé. Nous savons très bien qu’en Génie civil par exemple on a affaire souvent
à des matériaux (structures coques par exemple) n’ayant nullement une forme strictement
polygonale (en 2D) ou polyedrique (en 3D). Le traitement éléments finis de ce genre
situation nécessite l’introduction d’éléments finis isoparamétriques pour prendre en compte
les rondeurs du matériau. En 2D les éléments finis isoparamétriques vont consister en des
triangles ou quadrangles avec au moins un côté courbe. Dans une telle situation la définition
des fonctions de forme rattachée aux éléments isoparamétriques est algébriquement
compliquée (mais pas impossible). La première étape est la définition d’une application
permettant de passer de l’élément réel à l’élément de référence. Il existe une littérature
foisonnante traitant de ce sujet. Le lecteur intéressé pourra consulter par exemple 5 6 7 .

 Convergence de la solution éléments finis P1 vers la solution variationnelle:


Soit T une triangulation définie sur   IR 2 et T le nom générique des éléments de T . A

51
 
chaque élément fini T , P1 T , T on associe les paramètres suivants  3  :
(i) hT  max x  y (c’est le diamètre de T i.e. le plus grand coté si T est un triangle)
x, y T

(ii) T  sup diamètres des cercles inscrits dans T  .

On dit que les triangulations T T T forment une famille régulière s’il existe des constantes
indépendantes de la triangulation, notées   et   , non-négatives telles que
 T  hT   T .
hT
Noter qu’on peut toujours prendre    1 car 1  . On suppose que :
T

(iii) La solution variationnelle u est dans H 2  (qui est un sous-espace de H 1  )

et que

(iv) Vh  H 1  (c’est le cas pour les problèmes elliptiques du second ordre).

Alors il existe une constante C  0 (indépendante de la triangulation T ) telle que

1
 2
 C h   D u 2  .
2
u  uh
1,  L  
   2 
La clé de voûte pour la démonstration de l’estimation d’erreur précédente est le Théorème
 
II.2.11 dû à J. Céa. On peut généraliser ce résultat aux éléments finis T , Pk T , T , avec
k IN  . A ce propos voir par exemple  2 ou 3 .

52
Références bibliographiques :

[1] H. Brézis, Analyse fonctionnelle – Théorie et Applications, Collection Mathématiques


appliquées pour la Maitrise, Masson Editeur, 1983.

[2] S. C. Brenner and L. Ridgway Scott, The mathematical theory of finite element method,
Springer-Verlag, 1994.

[3] P.G. Ciarlet, Linear and Nonlinear Functional Analysis with Applications, SIAM, 2013.

[4] M. Crouzeix et P. A. Raviart, Conforming and nonconforming finite element


methods for solving the stationary Stokes equations. R.A.I.R.O. 3, pp 33-75, 1973.

[5] G. Dhatt, G. Touzot, Une présentation de la méthode des éléments finis, Collection
Université de Compiègne, Maloine Editeur (1984)

[6] G. Dhatt, G. Touzot et E. Lefrancois, Méthodes des éléments finis. Hermès Sciences
Publications, 2014.

[7] A. Granas and J. Dugundji, Fixed point theory, Springer monographs in Mathematics,
Springer-Verlag, New York 2003.

[9] J. Mawlin, Le théorème du point fixe de Brouwer : un siècle de métamorphoses,


Sciences et Techniques en Perspectives, January 2007.

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