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FAIRHURST (Ch.).
- Le bilan
énergétique en
- mécanique des roches t7 lll
Dr
I
ol
llr
Avec la participation des Gornités français de:
I
J'
- Mécanique des Siols.
- Mécanique des Floches.
- Giéologie de l'lngénieur,
NOl-45FTTC
REVUE FRANçAISE DE GÉOTECHNTQUE
Juillet 1977
- N' I
éditée par la Sarl LE BATIMENT, 6, rue Paul-Valêry, 75116 PARIS
Dlrecteur de la publication :
3
•
rives
idriss 11 er
par
.G. L'Hériteau
Président-Dirècteur Général
MécasoI, Paris
M. Moudden.
Directeur de l'Equipement
Direction de l'Hydraulique - Rabat
G. Post
Directeur'
Coyne & Hellier, Paris
ETUDE DE LA STABILITE DES .RIVES STABILITV DESIGN Of 'THE RESERVOIR
DE LA CUVETTE DU BARRAGE IDRISS-Ier BANK Of IDRISS 1rst DAM· IN MORO'CCO
. AU MAROC.
Idriss. 1st dam was constructed by the Di-
.- Le barrage Idriss-Ier a été réalisé par la- Direction rection of Hydraulic (Ministry' of' Public Works
de l'Hydraulique du ministère des Travaux Publics and Transports) of Morocco. It is a buttress dam
et des Communications du Royaume du Maroc. of 72 m height on the Inaouene wadi. It forms
C'est un barrage à con.treforts de 72 m de; hauteur, an important reservoir allowing the irrigation of
" créant sur l'oued Inaouène un important réservoir more than 100 000 hectares.
pouvant garantir l'irrigation de plus de 100 000 ha. The reservoir, filled in 1973', is under operation
Cet ouvrage, mis en eau en 1973, est exploité
for the first stage at a low level (highèst water'
dans' u.rie première phase. à une cote basse (plus at elevation 206) and for the second stage -after
hautes eaux à 206) et le sera, dans une seconde
diversion of Upper Sebou courSè- will he at the
phase, après dérivation des eaux du Haut Sebou, ·final level (highest water at elevation 220.30).
à la cote finale (plus hautes eaux 'à 220,30). 1
6
MOUDDEN et G. POST
1. OBJET DE L'ETUDE
Il s'agissait de détecter les zones de glissement pré- .intéressant la stabilité de la voie ferrée' lors du'
existantes ou potentielles, dont la mise en mOuvement remplissage de première phase de la retenue (zones
pourrait avoir des conséquences sur : . 6 et 7), cette dernière n'étant déplacée, que lors.
- la sécurité du barrage (effet d'une vague consécu- de l'exploitation de '2 e phase (fig. 1).
tive à un glissement) et la capacité de la retenue La méthodologie employée a donc comporté deux
(conséquence ·économique. d'une réduction de la phases successives :"
capacité utile) ; 1) une étude géologique générale sur photos aériennes
A la sécurité' des douars à proximité du plan d'eau (au 1/15000) avec levé au .1/20000, complétée par
(doùars à déplacer) ; une étude statistique_ des pentes et des hauteurs des
les terres cultivées ou cultivables (à exproprier) ; versants et repérage . des glissements préèxistants et
les voies de communications ferrées et routières des zones les plus menaçantes;
(à déplacer ou conforter).· 2) une étude géologique détaillée (1/2000) des - zones
Cette étude a comporté (fig. 1) les plus critiques avec exécution de forages, tran-
chées et puits et essais géotechniques (in situ et en
- l'inventaire des zones glissées ou susceptibles de laborat"oire). e
glisser;
l'étude plus approfondIe de' certaines zones criti- . Les études géologiques ont été effectuées
ql.:les, s,?it proches du barrage (zones 1 et 2), soit concours du Professeur R. Barbier.
-
IDRISS 1er St<;Jbilité des rives de la cuvette
INVENTAIRE DES ZONES CRITIQUES
LEGENôE
r;:::z:] Cqmplexe marneux
c::::J Calcaire
Voie ferrée déviation
Voie ferrée actuelle
~ Barrage
Zone n° 7-------'
ouE
Zone C
Fig. 1.
7
Seront .étudiées successivement les deux grandes La résistance résiduelle de ces
formations rencontrées : le complexe marneux d'une semble comprise éntre 15 et 20°.
par't et les circulaires d'autre part;· sans insister sur
les formations récentes plu.s ou moins grossières parfois
cimentées, recouvrant ces formations sur 0.50 à 10 3.2. Les calcaires constituant les, écailles
ou 15 ffi.
Dans l'écaIlle d'Arabat, sur laquelle se situe le bar-
, rage, on note de bas en haut, surmontant le complexe
3.1. Le' com.plexe marneux et les marnes marneux:
miocènes - des calcaires' à silex ;
Le « complexe » défüiit un ensemble de matériaux - des calcaires marneux dits « calcaires du site » ;
plastiques ayant subi les chevauchements et les glis- - une série gréseuse.
sements de masses plus rigides. Géologiquement par-
lant, ce terme ne possède aucun s~ns car il réunit dans Ces faciès changent peu et se retrouvent dans les
un même ensemble des formations de nature et d'âges autres écailles de la cuvette ;.' toutefois,:' ils deviennent
très différents. Cependant, ces matériaux sont si sou- plus marneux par variation latérale de faciès.
vent mêlés et malaxés qu'ils constituent' une entité aux Les « Calcaires du site » sont les seuls à avoir été·
caractéristiques mécaniques extrêmement constantes étudiés in situ par le laboratoire (LPEE) de Casablanca
dans leur médiocrité. 'car ils constituent la fondation du barrage, études qui
Ce sont des marnes gypsifères versicolores, bariolées consistent en :
ou noires, du trias ou crétacé, présentant des indices de des essais de chargement au vérin sur disque
plasticité toujours supérieurs à' 30 0/0, des poids volu- rigide;
miques de l'ordre de 16 à 17.5 kN/m3, une cohésion - des essais de cisaillement in situ / dans la masse
moyenne en essai non consolidé non drainé de et sur joints stratigraphiques;
100 kN/m2 • .
- des essais de cisaillement directs sur carot'tes pré-
Les essais triaxiaux consolidés drainés effectués 'sur coupées ou le long. de joints.
échantillons intacts .par le Laboratoire Public d'Essais
et d'Etudes de Casablanca ont donné les valeurs Les caractéristiques de rupture seraient (pour les
moyennes suivantes : contraintes normales égales ou inférieures. à 20 bars) :
C' == 60 kN/m2 • pour le calcaire homogène fracturé en larges
q)' == 17° mailles :
.. pour des couches profondes (pressions de terrain supé- C == 500 à 1 .000 kN/m2 <Il == 36° à 43°
rieures 1 à la pre~sion de gonflement voisine 'de ' • .pour .un calcaire assez sain avec un plan de rupture
200 kN/m2). . passant selon un joint stratigraphique sans remplis-
Les essais effectués sur les marnes .miocènes. ont sage argileux : .
révélé également des indices de plasticité compris entre C == 50 à 350 kN/m2 cI> == 32° à 36°
30· et 50 0/0 • Ce sont des matériaux surconsolidés, fis-:- • pour un calcaire décomprimé et localement broyé
surés (poids volumique 17,5 à 19 kN/m 3) dont l'angle avec remplissage argileux ou joint marneux
, de cisaillement effectif varie· entre 23 .et 25° (pour C == 0 à 50 kN/m2 cI>.== 20° à 24°
des déformations de 6 à 8 .%). .
r
4. REPARTITION ET STABILITE DES TERRAINS DE LA CUVETTE
8
1DR 1551 er StEJbilité des rives de la cuvette
TA BLEAU 1 _ REPARTITION DES PENTES EN FONCTION
DE LA NATURE DU MATERIAU
(longueur développée à la cote 220,30 PH.E)
.'
! •.
1 52 %
Longueur totale des rives en km. 7~km·129km·119km. 116km. 1134km
22 % 14 % 12 % 100 %
Longueur des zones dans 0 1 0 1 4km . 119km. 1,23·km.
les calcaires 1 o% 0% 3 % 14 % 17 %
Longueur des zones dans 65 km. 26km'116 km. 1 4 km. 1 111 km.
les fT.arnes 1 ·48% 1
20 % 12 % .;
3%. 83 %
~%
Longueur des zones 0 1 0 1 0,5km'l O,5km.
calcaires éboulées 1 1
o % 0% 0,4 %
1t
IDRI5S 1er .~evelop pee
20-
developpee de la
cuvette
Stabilité des rives
de 19 cuvette
40- tde·la cuvette
1
1
T
1 T D
1 D Mornes T
Marnes
1 .T
30 ..
~ Calcaire marneux
151 Calcaire marneux
et calcaire 1
et calcaire
1 T
1
1 ,-
1
loI 201
1
1
1 T
1
1 T
ï T
51 101
1
1
1 ~.~~~~
ï
1
T ~""~
><'> ~
ï Pentes
(degrés)
. Fig. 2. Fig. 4. 1
1 . , ' , ,".
Hou te u r des
versants
Jo I~
'-0-1--I--I~-0--I--2w-
--;-
50
120 j 1
1201
1001
sol
6a1
40 401
Fig. 3. Fig.. 5.
20 201
o --'---I---I---I---I---I~ 1
10 20 30 40' Pente(degrés)
Hauteur (m) IDRISS 1er Stabilité des riveS de la cuvette
ETUDE DES GLISSEMENTS ACTUELS
'f =150
Courbe limite c = 30 kN lm 2
théorique pour [ ($'=20 kN/m 3
o ------
_ _ ;;:..- 0
100-
0- 0 ~-
[J
.;..---- -- __ -- 8::: \4-
o
CJ----
----0-------
0__ --
x (m)
/:...----
1
200 300. 400
Fig. 6. o IUO
peu volumineuses, représentent environ' 8.5 '0/0 de la Le volume total des glissements observés est de quel-
longueur développée des versants marneux et près de ques millions de m 3, 5 millions de m 3 constittJant très
50 % de la longueur développée des rives marneuses certainement un maximum.
pentées à plus de 15°.
Les pentes des quelques glissements suffisamment
Les écroulements dans les calcaires sont très peu importants pour être repérés sans erreur grossière sur
nombreux (moins de 2.5 % de la longueur développée' le plan topographique, ont été reportées sur le graphique
des versants calcaires) et de très faible volume unitaire. 6. On constate que les glissements apparaissent. pour
des pentes supérieures à. 15° environ.
4.2. Stabilité des marnes Pour un matériau de caractéristiques mécaniques
.4.21. Etat actuel données, il existe un profil de talus, tel qu'en tous
Comme on l'a vu dans le paragraphe précédent, les points de ce talus l'équilibre limite soit atteint. En tra-
pentes des versants marneux sont douces, presque toutes çant ce profil pour différents couples cohésion-angle de
inférieures à 20°. Cependant, sur les 134 km. de frottement (pour un poids volumique de 20 kN/m 3),
longueur développée de la retenue, une cinquantaine on a recherché celui qui s'ajustait le mieux à l'ensemble
de glissements sont visibles (répartis dans douze des des points portés sur le graphique. Le profil retenu est
vingt zones recensées), certains anciens et stabilisés, indiqué sur ce graphique; il correspond à. <P == 15° et
d'autres réceJ;lts et actifs. C == 30 kN 1m 2 • Les caractéristiqu~s mécaniques ainsi
déterminées .ne sont pas les caractéristiques réelles
Il faut distinguer : des marnes, mais des - caractéristiques apparentes
'-_ des glissements superficièls, du type « slab-slide » . moyennes, tenant compte implicitement de l'influence
d'après la classification de Skempton, dont la pro- cOrylplexe de l'écoulement de l'eau dans le talus, de
fondeur atteint quelques mètres, une dizaine au - la fissuration éventuelle des marnes, etc.
maximum. C'est la grande majorité des glissements
observés. Les pressions d'écoulement de l'eau dans 4.22. Evolution éventuelle
a
les couches superficielles la suite dé fortes pluies
Par suite de .la mise en eau et des variations de
jouent sans doute un' rôle prépondérant dans leuJ;
mise en mouvement (800 mm de pluie en six mois) ; niveau du plan d'eau, la stabilité des versants peut
- des glissements rotationnels profonds. Ils sont en être affectée :
nombre limité. Seuls quelques gfissements (8) se - par une modification des caractéristiques méca-
rattàchent de façon nette à ce type. niques des marnes;
Les volumes des glis~ements observés sont difficiles - par unè modification des efforts sollicitant ces
à évaluer, d'une part à cause de l'échelle réduite du versants.
plan topographique disponible, d'autre part à cause de D.'après les prélèvements effectués à l'amont de la
la difficulté d'estimer la profondeur de ces glissements. retenue aux environs de Matmata par le laboratoire de
On peut cependant avancer les· poihts suivants, les Casqblanca, les marnes du trias et du miocène. sont
volümes cités ne constituant qu'un ordre de grandeur pratiquement .saturées à très faible' profondeur, une
- il' n'existe que trois glissements mettant en jeu des diminution des caractéristiques. mécaniques qu'entraî-
volumes relativement importants (de plusieurs cen- nerait une augm.entation de la teneur en eau ne semble
taines de milliers de m 3), le maximum qui corres- donc pas à craindre.
pond au « glissement des oliviers » (zone n° 1); En ce qui concerne les effets de la retenue, il faut
qui sera examiné plus tard en détail, devant se considérer d'une part l'effet de .déjaugeage de la partie
situer entre 500 000 et 1 000 000 . m~ ; inférieure du talus jusqu'à un niveau critique du plan
- trois autres glissements ont un volume atteignant d'eau en fonction de la hauteur du versant, d'autre part
100 000 m 3 ; et surtout l'eff.et de la vidange rapide du réservoir
- la majorité des glis'sements met en jeu des (vitesse moyenne == 1.5. 10-5 mis), les pressions inters-
volumes plus faibles, de l'ordre de 10000 m 3 et tielles ne pouvant se dissiper dans ces marnes imperméa-
. moins. bles, même lorsqu,'elles sont fissurées (I( ~ 10-7 mis) .
10
4.221. Glïssenlents superficiels
IDRISS 1er Stabilite des rives de la cuvette
L'équilibre du talus indéfini à. une profondeur z
peut être apprécié pour un écoulement parallèle au
talus par l'équation'
2 e'
~
C' 1. Y
= - 2- . SIn 2 e- V . cos
m'
Yi . tg ':I! .. {
~'.
poids volumique submergé;
~_.
poids volumique saturé;
l =IOm
e angle du talus sur l,'horizontale;
C' et <1>' : càractéristiques effectives des marnes. 0' = 1.5 0
o
c
Le graphique 7 montre qu'avec les c-aractéristiques
(en pointe) mesurées· en profondeur (z > la m) la sta-
bilité est assurée pour des pentes atteignant 25° à
28°. Par contre, les caractéristiques statistiques tirées 1
1
11
- dans la zone n° 1 le massif calcaire apparemment des. marnes du complexe n'est pas
mince est actuellement stable bien qu'il empêche priori (voir plus loin paragraphe 6.1) ;
les marnes du complexe situées derrière lui de - dans la retenue, aucun plan de cisaillement éventuel
se répandre dans la vallée de l'oued Inaouène; tapissé de matériaux marneux, incliné vers la.
- ailleurs notamment en rive droite juste à l'amont vallée et recoupant en écharpe les massifs stables
du barrage, le massif calcaire donne tous les signes de la rive droite n'a été noté, mais l'existence de
extérieurs de stabilité. Les bancs y plongent en tels plans ne peut pas non plus être entièrement
effet vers la montagne, avec cependant en un point masquée par les basses et moyennes terrasses. De
très localisé une faible composante vers la vallée; tels cisaillements ont été notés à 600 m à l'aval du
les accidents qui découpent le massif sont proches site dans . les calcaires de la rive droite.
de la verticale. .
4.4. Couverture de pente • matériaux
Après remplissage de la retenue à la cote Inaximale d'altéra~ion
(220), on peut envisager que :
Au cours de la mise en eau, le. déjaugeage du pied
- les masses des zones nO 2 et 4 pourront s'affais~er des talus contribue à diminuer leur stabilite. Si ceux-ci
davantage dans la retenue, entraînant peut-être se trouvent actuellement en. équilibre limite, la mise
quelques écroulements de rochers situés de part et en eau peut conduire à des déplacements de ces pentes,
d'autre, sans aucun caractère de gravité pour la sans conduire nécessairement à des glissements. En
zone 4 (quelques milliers de m 3), mais qui pour- effet, une faible rotation de la masse en mouvement
raient avoir plus cl' ampleur pour la zone 4 (quelques permet de rétablir l'équilibre. Une mise en' eau pro-
centaines de milliers de In3 , voir plus loin gressive se traduit alors par des mouvements assez
paragraphe 6.2) ; faibles (1) de ces matériaux sans glissements d'ensemble
- des cisaillements pourront se produire dans les importants. En fait, la plupart des glissements observés
joints marneux éventuels entre les bancs calcaires depuis la mise en eau (trois remplissages et vidanges
d,es zones nO 9 et Il, menaçant ainsi les douars successifs) affectent ces terrains argileux quaternaires
proches du vers.ant; dans trois .des vingt zones étudiées. Des crevasses
importantes sont apparues,. mais jusqu'alors sans
- ,l'hypothèse d'un cisaillement .dans la masse de déplacement de masse et les volumes concernés sont
l'éperon calcaire de la zone nO 1, sous la poussée restés faibles.'
Dix-neuf zones de ,glissements' et d'éboulements ont qui aurait ·pu. intéresser un volume très important (fig.
été inventoriées (voir fig. 1 et tableau 2 ci-après) 8 et 9) de l'ordre du million de rri3 • En fait, un levé
suivant le type de glissement. superficiel ou profond, géologique au 1/20000, trois sondages et des tranchées
la nature du matériau, la pente moyenne du talus, la ont permis d'éliminer ce risque.
hauteur totale et la hauteur au-dessus des plus hautes
. eaux, la longueur de vers~nt concernée, la distance au Interposé entre le complexe marneux situé dans le
bé;lrrage, le volum/e' de matériaux impliqué. versant gauche de la vallée et le lit de l'oued Inaouène,
A .la suite de ce classement, trois zones seulement ont cet éperon se comporte comme un mur de soutènement
fait l'objet d'études vraiment détaillées; les zones 1 et auto-stable dans les conditions hydrogéologiques
2, ,les plus importantes en volume, situées près du' actuelles.
barrage et les zones 6 et 7 concernant la voie ferrée Les travaux de reconnaissance ont permis de préciser
Fès-Oujda. sa géométrie (fig. 10). Montant presque partout au-
dessus des plus hautes eaux de retenue de deuxiè"me
5.1. Zone située dans le compl~xe marneux phase à (220.30), cet éperon est en réalité' un véritable
barrage naturel haut de 60 à 70 m et· large d'au
C'est la zone 1 dite « glisseme~t des oliviers », située moins 250 m à la cote de l'oued dans le profil 1 et
en rive gauche à environ 0.5 km du barrage; elle de 150 m dans le profil II pl,us amont. L'empattement
s'étend sur environ 500 m et est caractérisée par trois de ce barrage naturel est donc suffisant pour garantir
cuillères de. glissements successives; la première allant sa stabilité après remplissage de la· retenue.
des cotes (170) à (220) avec un front à la base de
200 m, est la plus importante; la seconde est situé~ De plus, les bancs plongent vers l'intérieur de la
au~dessus de (220) et la troisième, beaucoup plus pincée, rive de 15 à 20° sur l'horizontale et aucun niveau
remonte à l'heure actuelle jusqu'à la cote (300) environ. véritablement argileux n"a été repéré en sondage. On
Ces glissements évoluent régulièrement' et continuel-. ajoutera que d'après les carottes, le rocher est peu,
lement. Cette évolution est facilitée par la présence fissuré mais que les fissures sont tapissées de gypse et
permanente d'eau qui ressort en un petit filet à la oxydées presque jusqu'au niveau de l'oued. Ces indices
cote (225) environ, sur le bord amatit du glissement. indéniables de circulation d'eau sont confirmés par
les pertes totales d'eau de perforation dès l'entrée des
La zone 1 est butée en pieq par un éperon c~lcaire forages dans les calcaires. On pouvait donc penser
et on .pouvait craindre que cet éperon soit trop minc.e qu'en cas de vidange rapide, le calcaire se comporterait
pour s'opposer à un glissem~nt profond (30 à 40 m) comme un massif auto-drainant et auto-stable.
. L'exploitation de la retenue au niveau 203 n'a pas
C) Voir «The dynamics of a landslide produced by provoqué de mouvement d'ensemble, des crevasses
fillin~ a reservoir». nouvelles sont apparues récemment vers la cote 225,
H. Breth, ge Congrès des Grands Barrages, Istambul. mais elles sont en rapport avec les sources qui sortent
. , Q. 32 R3 - Vol. l, pp 37 (1967). en ces points et non avec le marnage de la retenue.
12
IDRISS 1er Stabilité des rives de la cuvette
TABLEAU N°2 _ INVENTAIRE DES ZONES DE GLISSEMENTS ET
D'EBOULEMENTS SUR LES RIVES DE LA CUVETTE
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2
R.D
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3 :..:..:...:..:.
12 R.D
4 24 1,8 0,24 90 50 100.000
RG
8_10 4,5 070 100 50
5 100.000
10_15 R G' 100 80 50
6 7 ëJ 10 13.0 l,50 40 20 10.000
R.G
8 23 8,0 30 0
RG
9 2fà40 3,0 1,80 40 0
R.G
lO 17 6,4 0,15 30 -10 1.000
RD
Il 22 8,2 1.00 65 30
~
RD . 0.50 10.000
50 10
12 Il à 18 9,4 0,25 100 86 10.000
RD
13 14,0 0,05 10 1.060
RD
14 16 àl9 13,0 0,20 50 30
RD
15 16,0
RD
16 15. 18,0 O,LO 40 20
RD
20,0
17
RD
21,0
18 27 2,00 70 80 200.000
RD
........
19 .........
18à24 20R~G 1,40 65 60
2
 C'kN 1m .IDRISS 1er Stabilité des rives de la cuvette
er
IDRISS 1 Stabilité des rives de la cuvette. 2001 GLIS SEM EN T DES 0 LI. VIE RS ( Z 0 n el)
. GLISSEMENT DES OLIVIERS (Zone 1)
• VIDANGE BRUSQUE
VIDANGE RAPIDE 1
1601
1
• Caractéristiques mesurées
'2~I
sur les marnes de la cuvette
("complexe")
1
sol
1 •
401
1
Fig. 8. Fig. 9~
1DRISS 1er GLISSEMENT DES OLlVI ERS
Sondage SI
:jj:j:</(:::.
sr 220
~J~Dt~::~~::::-a
225
sr 204
PROFILI 220
1téré
175 Alluvions
.":::/
Calcaire argileux
250 décomposé
//>:.. ::::::.. : S2 1
sr 220
Cont :~tC li,!!>~!~/
225,
200
Calcaire Fig. 10.
175 Alluvions
1
Contact C2
5.2. Zone située dans les calcaires téristiques définitives des différents ouvrages confor-
tatifs des quatre zones ayant été étudiées par le
C'est la zone 2 en rive droite, située à environ 1
Laboratoire Public d'Etudes et d'Essais de Casablanca.
1.2 km en amont du barrage. ,Il ne sera ici question que de la~one 6-D.
Il s'agissait d'un éboulement dans les calcaires repo- Dans cette zone, la marne altérée sur 5 à 10 m
sant sur des marnes grises pentées vers la vallée, d'épaisseur montre de nombreux glissements, en coulées
démarrant à la cote 295 environ (75 m au-dessus de de pente apparemment de faiblé' épaisseur. Elle' sur-
la retenue). monte les· marnes oxydées beiges compactes puis à
Une carte géologique détaillée (au 1/2000) a été 10 ou 15 m de profondeur les marnes gris-bleu ,compac-
dessinée. tes, toutes ces marnes sont fissurées et plastiques
Son examen montre bien l'importance des marnes (indice de plasticité de 30 à· 50 0/0, plus faible en
grises de base dans le déclenchement du mouvement : profondeur). Les marnes glissées superficielles semblent
!a falaise supérieure de calcaire détachée par une recouvrir les alluvions d'oued à la cote (182-183) en
faille en arrière de la masse déplacée a glissé sur les pied de talus, 'recouvertes elles-mêmes par les limons.
marnes, en se disloquant plus ou moins. Ces calcaires La cote de la voie ferrée est voisine de (218-219) et
ont dû jouer un rôle pour amener et amasser de l'eau la haut~ur du talus est de l'ordre de 25 m (fig. 12).
au toit. des marnes saines, des. crevasses ayant été En ce' qui concerne la' piézométrie, la nappe voisine
détectées en arrière de la surface faillée limitant la de la cote (186.bO) en pied de talus remonte de façon
masse déplacée. plus ou moitis irrégulière sous la pente à 5 ou 10 m
On 'ne voit pas les bourrelets caractéristiques du au-dessous du terrain naturel, approximativement
bas d'un glisse,ment qui affecterait la totalité de la suivant le toit des marnes beiges compactes.
masse marneuse avec sortie du cercle de glissement, Les caractéristiques mécaniques des marnes altérées
soit au pied du versant, soit même au-delà. et saines ont été déterminées sur des prélèvements
On pe~t donc penser que le mouvement s'est produit intacts, soit à l'appareil de cisaillement direct, soit à
au toit des marnes saines, compactes et donc imper- l'appareil triaxial. Les déformations maximales obtenu~s
méables, les marnes altérées sus-jacentes étant, elles- au laboratoire' n'ont pas excédé 6 à 8 % et il est
mêmes très probablement plus perméables; et ceci plus probable que les caractéristiques préconisées et qui
par une ,sorte de translation que de. rotation. correspondent à ces déformations (C' == 10 kN/m2,
<Il == 25°) ne représentent pas ,les valeurs résiduelles
On a donc, en définitive, un mouvement qui ne _(sans doute voisines, compte _tenu des indices de
correspond ni à un écroulement rocheux, toujours plasticité élevés, 30 à-50 0/0, de Cr == 0, <P r == 20°), qui
rapide et brutal, ce que l'on pouvait craindre" ni au ne pouvaiel\t être mesurées que par des essais à très
glissement argileux type. fortes défo'rmations (cisaillements alternés ou cisaille-
On peut penser cependant qu'il doit avoir la parti- ments par torsion). La prise en compte de ces valeurs
cularité d'être un mouvement relativement lent et il résiduelles serait toutefois par trop pessimiste dans ce
n'y a aucùne -crainte ;à avoir en ce qui concerne le cas, les valeurs recommandées par le projeteur corres-
barrage, le volume global des masses susceptibles de pondant sensiblement aux valeurs minimales assurant la
se mettre en mouvement, évalué d'après le levé au stabilité des pentes dans les conditions présentes avant
1/2000, n'excédant pas 500 000 m 3 • Là encore, on, doit mise -en eau (talus moyen' de 2 horizontal pour
seulement aboutir à un adoucissement du talus qui sera 1 vertical).
en même temps et dans une certaine mesure, buté Il s'agissait d'étudier un confortement permettant
finalement au pied par les zones ébouleuses à blocs' 'de stabiliser ce talus de marnes qui sera soumis a\lX
calcaires. effets du marnage du réservoir (203 retenue normale-
En fait, depuis trois ans d'exploitation, divers mou- 206 plus hautes eaux exceptionnelles, vidange totale
vements se sont produits, mais seule la- partie inférieure jusqu'à 180). La solution retenue, la seule à l'échelle
aval présente une crevasse récente, le teste' n'a pas du problème a consisté à disposer une risberme drai-
encore été remis en mouvement. Par contre, à l'amont nante en enrochement compacté au pied du talus, sur
et à l'aval; des crevasses en chevron se forment qui environ 570 m de longueur.
affectent surtout les crêtes plus ou moins couvertes La stabilité est assurée avec un coefficient de sécurité
d'éboulis situées entre les, petits' ravins; mais les normal (1.20 à 1.25) pour les hypothèses de' vidange
'volumes unitaires intéressés restent très faibles et ne rapide _(vitesse supérieure à 2 m/jour), les plus vrai-
'peuvent provoquer de vagues dangereuses. , s"emblables, . c'est-à-dire depuis la cote (203) jusqu'au
pied du talus (fig. 11).
5.3.. Stabilisation de la voie ferrée Fès-Oujda En effet, il a été considéré qu'il serait excessif de
La voie ferrée ne sera déviée .que lors de la 2e phase se protéger, avec le même degré de sécurité, contre une
de l'exploitation du barrage (sur 15 km environ). vidange depuis le niveau des plus hautes eaux (206.75)
Ce projet' de déviation a été étudié par l'Office correspondant à la crue du projet de période de retour
National des Chemins de Fer avec le concours du. supérieure à mille ans.
Laboratoire Public d'Ètudes et d'Essais de Casablanca. En fait, pour les plus fortes crues observées au cours
Lors de la première phase de mise en eau, la voie ferrée des douze dernières années, le niveau n'aurait dépassé
située 10 à 15 m au-dessus de la retenue est· très la cote (203) qùe pendant moins d'un jour et sans
exposée en quatre points. Ces zones ont été reconnues excéder la cote (203.60) et le niveau de crue centen-
à l'aide de puits (de 15 m de profondeur) permettant nale n'aurait dépassé la retenue normale que pendant
de prélever des échantillons intacts dans les marnes moins de quatre jo.urs et sans excéder (204.50).
miocènes plus ou' moins altérées et fissurées, de ,son- Dans ces conditions, il a paru normal d'accepter un
dages pénétronlétriques et piézométriques, de forages à coefficient de s~curité limite (1.05) pour le cas de fa
la tarière en 'pied de talus dans les alluvions. vidange maximale depuis la cote des plus hautes
Un schéma des recharges de confortement (zone 6-D) eaux (206), le temps de submersion au-dessus de (203)
fut étudié et proposé par Coyne et Bellier, les carac- étant trop court pour que la ligne de saturation à (206)
14
IDRISS 1er Stabilité des rives de la cuvette
STABILISATION DE LA VOIE FERREE FEZ_OUJDA ID RISS 1er Stabilité des rives de la cuvette
Zone 6_0 VOIE FERREE FEZ OUJDA
~
203 à 192 1 1,33 1 1,20 1 0',86
Risbérme : C'
M~rnes: ç: ~
= ° 2 0
0
= 35
0
.
205
/perré
7 206
7 203
Hy"pothèses
[
Vidange . B :- 1.,0 °
10 k N / m = 25 0
200
195
RISBERME 2 RISBERME 4 190
Fig. 11.
filtre tout venant et 'protégé par un perré contre le
batillage. Par mesure de précaution, le projeteur a
s'établisse dans le terrain. Bien entendu, la sécurité prévu en outre deux lignes de drains de sable sous
ne serait plus assurée en cas de forte secousse sis- le pied de la recharge pour· décomprimer les sous-
mique survenant .juste après une. vidange, même par- pressions éventuelles qui pourraient subsister après
tielle: Les recharges de confortement proposées résul- vidange de la retenue dans des lentilles' ou couches
tent donc du ·choix raisonnable entre ~n projet très d'alluvions' plus ou moins perméables. Sans apparaître
conservatif basé sur les caractéristiques de cisaillement indispensables compte tenu de ce que l'on sait de la
résiduelles (cohésion nulle notamment), sur les condi- géologie de la fondation, ces puits apportent une
tions aux limites les plus défavorables et· sur les hypo- certàine sécurité supplémentaire au 'prix' d'une dépense
thèses de pressions interstitielles les plus p,essimistes, relativement faible.
projet qui serait par suite très coûteux, et 'un projet
d'un prix acceptable ne faisant subsister que des 5.4. Glissements menaçant 'les villages
risques relativement faibles mais pouvant nécessiter' ou fermes
des consignes d'exploitation particulières et un entretien
plus continu dans les zones incriminées. Ce choix Enfin, une attention particulière a été portée à l'étude
apparaît tout iJ. fait justifié sous réserve,:... d'une part, des 'glissements pouvant menacer des douars, villages
d'observer régulièrement le comportement···· de la voie ou fermes.
ere
1calcairesl Terrasses 1Marnes 1 phase (206) 2 phase (220) 2 e phase (220)
3
8
9
11
13
15 1 r "::::j li :::::1< ....::: ::::::::1
,16.
17
18 1 1' • • • • • 1.· •. ·.· . •. • 1···························: :.•••.•••......................
20
15
6. CONCLUSION
De cette étude, nous retiendrons que la méthodologie - aucun glissement dans les marnes et aucun écrou-
appliquée à l'évaluation de la stabilité des rives de la lement dans les calcaires ne semblent susceptibles
cuvette du barrage Idriss 1er a permis de fixer la de se produire à proximité du barrage, qui pour-
limite supérieure du volume des glissements à. craindr~. raient menacer celui-ci soit dans sa stabilité. par
la vague produite, soit dans son exploitation- par
. En dépit de la longueur des rives concernées (plus l'obturation d'ouvrages de prise;
de 130 km), ce travail a pu être fait assez simplement.
Il a consisté en un inventaire détaillé des caractéris- - la stabilité de la voie ferrée paraît assurée au
tiques .géométriques et géologiques des versants, ·en cours du remplissage de première phase a (206)
limitant les reconnaissances et essais géotechniques aux par la mise en œuvre des remblais de confortement
zones les plus critiques intéressant les volumes .unitaires réalisés par l'ONCF et qui répondent à un souci
les plus grands. d'éco,nomie qui, en contre partie, implique une
observation régulière de leur comportement;
On a ainsi pu conclure que : - un certain nombre de vill~ges menacés par des
des -glissement's existent sur les rives de la retenue, .glissements potentiels çloivent être évacués.
mais leur volume .global (quelques millions de Après trois années d'exploitation,' les observations
m 3) est très faible par rapport au volume de la lTIOntrent que :
. retenue (1 280 millions de m 3 sous la retenue - les confortenients de la voie ferrée se sont bien.
normale de deuxième phase) ; . comportés;
- dans les calcaires marneux, des écroulements se - des glissements se sont effectivement produits dans
sont produits en des points très particuliers mais il six des zones inventoriées, mais ces mouvements
est peu probable qu'il s'en produise aill~urs; s'il rentrent tout à fait dans le cadre de ce qui était
s'en produisait, ils seraient très localisés et de prévu et restent m~rne plutôt inférieurs à çe qui
faible importance; était estimé devoir se produire lors de cette 'première
dans les marnes,' les glissements relativement impor- phase d'exploitation;
tants (supérieurs à 100- 000 m 3) sont localisés, mais - de nouveaux glissements se produiront lors de la
des pentes supérieures à celles pour lesquelles les phase finale de remplissage 'qui atteindra des zones
marnes sont stables actuellement (c'est-à-dire 15° instables que la retenue n'a pas encore touchées,
ou 20° suivant les conditions locales) pourront mais les observations actuelles permettent de penser
donner lieu à de petits glissements; que le volume des masses concernées l'estera
inférieur:âux volumes globaux estimés .
.'
16
Ile bila,n énergétique
en méc~nique des roches
par
Ch. F'airhurst
Professeur & Président de Section
Department of Civil & Mineral Engineering
University of Minnesota
Minneapolis, Minnesota
U.S.A.
· \
L'article étend à la mécanique des roches une The article extends the general energy balance
conception générale basée sur le bilan énergétique , concept to rock mechanics. This approach is used
des phénomènes. Cette approche est appliquée to throw new light on:
aux problèmes suivants qu'elle éclaire d'un jour - hydraulic fracturing and rock blasting;
nouveau :
- stability of rock in compression;
- fracturation hydraulique et abattage à l'explosif;
- tunnel stability;
- stabilité de la roche en compression;
- stability of block-jointed rock;
- stabilité des tunnels;
- mine pillar design.
- stabilité d'un massif formé d'un assemblage de
blocs·; The new' possibilities of computer interactive
graphies are discussed.
- dimensionnement des piliers de mine.
Les nouvelles possibilités du traitement conver-
sationnel sur écran cathodique sont largement
exploitées ..
18
, .
le .bilan énergétique en mecanlque
des .roches.
par Ch. FAIRHURST
, « ... Une troisième impression est" l'absence comparable d'une base théorique dans la plupart des
réalisations de l'ingénie,ur et ceci jusqu'il y a une centaine d'années. Cela ne veut pas dire pour autant
que le climat intellectuel créé par Newton, Hooke, Boyle et d'autres durant la révolution scient(fique
ne préparait pas les fondations du bouleversement industriel qui s'en suivit lnais il ne semble pas que
J.
les ingénieurs eux-mêmes. en aient été conscients. Pendant plus d'un siècle, ils se passèrent' de toute
théorie et lorsque la science commença à tOl:lche r la technique ces ingênieLf,rs - ou plutôt leurs
successeurs - prirent lentement conscience que les temps avaient changé et que les progrès futurs
allaient devoir se faire avec la physique et la chi m,ie. Peut-on en tirer une leçon valable pour nous
aujourd'hui? »
Extrait de « Cao \Ve Learn from History }}.
Introduction de « Engineering Heritage }}.
Institut des Ingénieurs mécaniciens
(Londres) 1963, p. 180.
INTRODUCTION
Le seul fait de' constater dans la nature la complexité du XIXe siècle, nous commencons à ressentir la néces-
des structures géologiques nous fait comprendre pour- sité de meilleurs fondements théoriques de la mécanique
quoi le développement de bases théoriqu~s rationnelles, des roch~s appliquée.
applicables au dimensionnement des ouvrages au
rocher, a été lent à côté des' progrès réalisés dans le En" établissant ces fondements, nous devons être
dimensionnement qes structures utilisant uniquement 'conscients que nous tràvaillons avec un tout autre
des matériaux fabriqués par 'l'homme. Les premières matériau que celui des ingénieurs~mécaniciens. Le ma-
tentatives d'utilisation pour les r~ches des concepts et tériau géologique - la roche - possède des caracté-
des procédés mis au point pour l~s, matériaux fabriqués ristiques -variables, jusqu'à' un certain. degré imprévi-
par l'homme n'eurent en général qu'un succès limité, .sibles, que nouS négligeons à rios risques et périls. Des
à cause de la simplificatîon exagérée' des données_ principes généraux fondamentaux doivent être énoncés
géologiques et à cause d'hypothèses acceptées sans, afin de servir de guide lors du dimensionnement des
étude critique. Le dimensionnement des ouvrages au ouvrages, pourvu qu'ils soient l;ltilisés avec intelligence
rocher reste un « art plutôt qu'une science » et les en fonction des données naturelles et par des hommes
seules règles existantes sont empiriques. d'expér~ence. Labasse [20] disait déjà cela au sujet du
dimensionnement du soutènement des tunnels dans la
Il 'va sans dire que cette situation doit changer. Les roche ,(voir page 32).
travaux au rocher deviennent de jour en jour plus
ambitieux et l'extrapolation à partir d'expériences an-' La mise en œuvre de ces démarches, basées sur une
térieures ne ce'sse de s'amplifier. Les ouvrages souter- théorie saine, a été le but principal de la recherche en
rains sont édifiés dans des sites moins favorables. De mécanique des roches effectuée à l'Université du
l1..ouvelles applications telles que l'exploitation de l'éner- 'Minnesota durant les vingt dernières années. La pré-
gie géothermique, le rejet de déchets nucléaires, le sente communication décrit quelques-uns de ces déve-
stockage de l'énergie hydro-électrique, l'utilisation de loppements et donne des exemples de recherche pro-
l'espace souterrain pour une multitude d'usages, néces- venant de l'Université ou d'ailleurs, qui concernent des
s~tent toutes une compréhension plus fin'e du compor- problèmes de grande importance pratique. Dans chaque
tement des massifs rocheux. Comme ce fut le cas pour cas particulier, les. détails des calculs pourront être
nos prédécesseurs, les ingénieurs-mécaniciens de la fin trouvés dans les ouvrages cités en référence.
RESISTANCE ET STABILITE
L'objectif final du projeteur est d'obtenir la 'certi- te limite ou résistance fait que les forces appliquées
tude que la structure ne se rompra pas ,en service. Dans sont redistribuées -dans la structure et il est fort
la plupart des cas, « rupture » est synonyme de limite possible qu'au total cétte dernière puisse toujours
élastique ou de « contrainte limite ». Mais dans cer- jouer le rôle pour lequel elle a été conçue, c'est-à-dire
taines situations, le dépassement local de cette contrain- , qu'il n'y a .pas réellement « rupture ».
19
Très souvent, les ouvrages au rocher font partie de d"analyser les problèmes concernant la roche en termes'
cette seconde catégorie...La résistance de la roche est de « stabilité » structurelle plutôt que de considérer
généralement inconnue et peut varier de façon specta- sa résistance; en d'autres mots, il est préférable de
culaire d'un point à un autre. Au surplus, les charges se poser la question suivante : « Qu'arriverait-il si
appliquées sont pareillement inconnues. Considér.ant la résistance (inconnue) était dépassée? ».
'ces caractéristiques, il est en général plus réaliste
La difficulté inhérente à l'essai de traction directe rocheuse par rapport au modèle analysé qui ne contient
a conduit· au développement d'un certain nombre qu'une seule fissure. Ces résultats démontrent claire-
d'essais. indirects, dans lesquels la traction est induite ment les insuffisances du critère de la contrainte de
dans une partie seulement de l'échantillon, par appli- traction maximale dalls le cas des essais de traction
cation' d'un chargement local en compression. La indirecte sur échantillons de roche.
théorie de l'élasticité est ensuite utilisée afin' d'inter-
préter les résultats, en reliant la charge de rupture à
la contrainte maxhnale de traction obtenue dans
l'échantillon. L'hypothèse' usuelle est- que la. rupture
se produit à partir de la contrainte maximale de Structure réelle sous , Structure équivalente
traction. Il est bien connu que la « résistance à la la charge.maximale du rrioaèle
traction » déterminée de cette façon varie largement t Fmax Essai de poutre· t Fmax .
d'un type d'essai à l'autre pour la même roche.
Hardy .[4] a utilisé les notions de bilan, énergétique L: . ,,,' 1 C-----:.l_lc-_
de Griffith pour interpréter les résultats de trois types .t mi~ _~fissurat:on t t t
d'essais de traction indirecte, sur deux types de gra-
nite : a) l'essai de poptre (avec ou sans entaille),
'Essai de poutre
b) l'essai dit « Brésilien », e) l'essai d'anneau. La avec entaille
variation théorique de l'énergie du système. de char- l Fmax t Fmax
gement ,(poutre ou disque) a été calculée en fonction
de la longueur de la fissure en utilisant la méthode des
éléments finis. La figure 1 décrit les différents essais
~
t micro '-.. fissuration
1
t
_L c
:-------'n---Tf----
'0 0J
rouge (cristaux plus gros).
Le modèle théorique nécessite la connaissance des
valeurs spécifiques de deux paramètres, « Y' » le
travail de fracturation et « e » la 'longueur initiale de
la fissure. Les valeurs de « y » et « e » ont été m-Îcro _ fi ssuro tio n
V 1 -
~
dans les tableaux 1 et 2 (les valeurs obtenues pour y
et e sont mentionnées en haut de la troisième colonne).
Ces valeurs furent ensuite utilisées pour calcul~r la
force maximale de rupture (F p) dans les autres essais.
Bien que l'accord ne soit pas parfait, les résultats sont mie r 0 _ fi S's urat ion
bien meilleurs que ceux qu'on obtient en utilisant la
théorie de l'élasticité et ils sont remarquablement bons Fig. 1. - Structures équivalentes utilisées dans le modèle
lorsque l'on considère la complexité de la structure de fracturation de la roche.
20
TABLEAU 1. - Résumé des résultats - Granit gris.
Fe Fp
1 Description de Force maximale Force maximale Différence Résistance à la
l'essai * expérimentale théorique Fe - Fp traction
y=0,384 lb.in./in 2 --FI-)- apparente
(lbs) c = 0,25 in. (%) (p. s. i.)
Brésili(~n
4 inches 13 170 13 "170 - 2 100
Anneau 4 in.
0,4 in. 7 900 7 900 - 7 950
Anneau 4 in.
1 in. 3 030 ? 410 - ) 1,4 4 100
Poutre 2 in. ,
entaille 0,25 in 585 455 28,6 (8 800)
Poutre 2 in. ,
entaille 0,5 in 358 355 0,8 (7 600)
Fe Fp
Description de Force maximale Force maximale Différence Résistance à la
l'essai* expérimentale théorique Fe -" Fp traction
y =0,384 lb.in./in 2 --Fp- apparente
(lbs) c = 0,25 in. CO (p.. s. i.)
Poutre 2 in. ,
entaille' 0,25 in 466 455 2,4 (7 000)
Poutre 2 in. ,
entaille 0,50 in 356 355 3,0 (7 500)
Poutre 3 in. ,
entaille 0,50 in 750 864 14,7 (7 060)
Longueur norma li sé e de
21 10 fissure (c/a)
La conclusion majeure est que la pression nécessaire
à la, propagation de la fracture au fur et. à mesure que
cèlle-ci s'allonge devient rapidement beaucoup plus
grande dans le cas où le fluide (gaz ou liquide). reste
dans le forage que dans le, cas où le fluide peut
pénétr~r dans la fissure.
Ce résultat a des implications importantes dans' le cas " (0) Espace,ment
v'
trop grand
Formation de cratères individuels
de l'abattage à l'explosif. Bligh [6] a analysé la mise
en pression dynarriiqùe de' la roche. Il affirme que la
mont~e très rapide de la' pression de l'explosif fait que
la contrainte tangentielle à la paroi du forage est instan-
tanément une compression. On comprend pourquoi
cette com\binaison produit une pulvérisation intense' à
proximité de la paroi du forage, les fissures radiales ne
se développant qu'à une certaine distance (petite) de la
paroi. Les gaz 'à haute pression sont confinés dans le
fQrage par cet anneau de roche pulvérisée et ne parti- (b) Espacement proche -de l'optimun
cipent donc 'pas activement à la propagation des fis-' Relai entre fra c t u'res
sures. Cela suggère que les explosifs industriels tradi-
tionnels provoquent l'extension des .fractures suivant la Fig. 3. - Formation d'un cratère et variation du rapport
courbe Ph de la figure 2, c'est-à-dire avec une press~on couverture/espacement.
nécessaire pour étendre les fissures qui augmente
constamment. De cette façon une grande quantité d'éner-
gie de pression est accumulée dans le forage lors de
l'extension de la fracturation. Les' formules empiriques utilisées pour le tir dans les
mines à ciel ouvert suggèrent que le quotient optimal
Ce mécanisme pourrait expliquer en partie le violent espacement (S) sur couverture (B) devrait être de l'ordre
dégagement d'énergie associé à l'abattage à l'explosif; de 1.5 à 2.0. Les études théoriques indiquent l'appa-
lorsque les fissures atteignent la surface libre, l'énergie rition d'une interconnection pour ces valeurs, d'autant
contenue dans le forage est libérée qe façon soudaine meilleure qu'il existera des contraintes de coni.pressi~n
dans un massif rocheux qUI est déjà désorganisé. Bligh parallèles à la, surface libre; la connecti9n 'entre les
a fait des essais de tirs à pression (gazeuse) contrôlée trous de forages sera d'autant plus directe (en ligne
afin de minimiser cette action d'étanchement par la droite) que les gaz pénètreront mieux dans la fissure. C~s
roche pulvérisée et il affirme obtenir les meilleurs résul- résultats préliminaires ,suggèrent encore qu'une, méthode
tats avec des pressions faibles. Le fait d'utiliser de d'analyse énergétique ':pourrait aboutir à une meilleure
petites charges explosives dans des forages de grand c0l!1préhension des facteurs gouvernant le tir et sug-
diamètre afin d'obtenir un pré-découpage efficace est gèrent également des moyens d'op~imisation qui n'étaient
peut-être un indice supplémlentaire du fait qu'une pas apparents à partir des formules empiriques. Il est
pression moindre, appliquée plus lentement, peut amé- aussi encourageant de constater que les règles de la
liorer la propagation dynamique des fissures. Les pro- pratique courante confirment la validité probable du
messes de cette technique pour améliorer l'abattage à modèle de «propagation de la fracturation» dans la
l'explosif (moins violent, moins de vibrations, moins de formation des cratères.
poussière) engagent _à entreprendre des études appro-
fondies sur ce sujet. Il est important de noter que l'approche commune,
utilisant la mécanique de la fracturation d/éveloppée
Cornet [7] a examiné la 'question de la propagation originellement par Irwin [8] et dans laquelle les coeffi-
des fissures dues aux explosifs à ~'proximité d'une surface cients d'intensité de contrainte sont calculés pour
libre et a déterminé, au moyen de la méthode du bilan diverses configurations de fissuration plane, ne convient
énergétique, quel était ,le chemi1?- le plus probable suivi pas aux problèmes tels que celui qui vient d'être décrit
par les fissures engendrées par la mise en pression et pour lesquels la fissure change d'orientation lors, de
simultanée de deux forages. sa propagation. Pour de tels problèmes, il est préférable
La figure 3 est une coupe à travers deux forages de calculer directement les variations d'énergie en fonc-
cylindriques. Il est évidemment souhaitable que les tion d'un incrément de la longeur de la fissure dans
fractures se rejoignent afin d'obtenir uri tir efficace. différentes directions.
22
Charge des couches supérieures
1 1 ~
.~ F E~e~g.i e .
~ MAX d e fic 1tOI r e.
(1)
QJ
~
0'1
'-
.~ o
w L:.
U
Convergence du pilier
Courbe compleTe Pilier' dons une zone Pilier dons' une zone
Effort _ convergence de faible roideur de forte roideur
d'un pilier de' min e la) INSTABLE lb) STABL E (c)
intact, la relation entre la force du vérin (F) et la conver- « 0 » de la convergence - au delà du point C corres-
gence (0) ressemble à la ligne en trait continu de la pondant à Fmax - résulterait en une force FR exercée
figure 4 A. Finalement, le. vérin pourra être enlevé et la par le toit, alors que le pilier ne pourrait supporter
convergence finale du toit sera de.oo • Le travail effectué qu'une valeur inférieure FJ • Cette situation est sans
par le vérin peut être représenté par la surface triangu- aucun doute instable et le pilier s'effondrera rapidement
laire (OF o ( 0 ) , Si le toit se fissure à un certain stade de dès que Fmax sera atteint. La différence entre l'énergie
la convergence, le vérin devra supporter la charge gravi- générée par la mine (surface au-dessous de AE) et
tationnelle (poids mort) de sorte que la courbe l'énergie absorbée par le pilier (surface au-dessous de
force/convergen~e suivra la courbe en pointillé indiquée la courbe AJB) différence représentée par une aire telle
figure 4 A. La pente négative « - K» de la courbe que AHJ lorsque la convergence atteint D, est l'excès
dépendra des propriétés mécaniques du toit et du mur, d'énergie disponible pour accélérer l'effondrement
de la largeur des chambres, de l'épaisseur des piliers (devenu explosif) du pilier. Il est probable que la
adjacents et des stots, de la position du vérin dans la tangente à la courbe AJB dépendra de la vitesse de
chambre, etc... Nous dirons que K est la « rigidité déformation, mais son comportement général est
locale de la mine ». essentiellement inchangé.
Si nous remplaçons maintenant le vérin par un pilier,
sa déformation - qui correspond à une contraction du Dans le second cas, représenté figure 5 C, la situation
vérin - dépendra de la force exercée par le toit et le est inverse. Le toit est incapable de fournir la force
mur. Un diagramme de la force en fonction de la défor- nécessaire pour déformer le pilier au-delà d\! chargement
mation (convergence) est représenté figure 5 A. Lorsque maximal (F max) de sorte que la situation est stable; une
le pilier est chargé, il se déforme en suivant la ligne OA rupture contenue se produira, sans effondrement total.
jusqu'à ce qu'il atteigne sa portance maximale (F max)' En pratique, la rigidité locale varie tout au long de la vie
du pilier de sorte que le pilier peut avoir successivement
A ce moment là, une fracturation interne du pilier se les deux comportements, stable et instable, pour diffé-
produit, avec peut-être un certain écaillage des faces, de rentes valeurs de la convergence. Par exemple, une
telle sorte que le pilier continue à se déformer sous instabilité soudaine peut se produire après un tir.
charge réduite en suivant la courbe' AB. Le compor-
tement, du pilier au-delà du point A dépendra de la Dans la discussion précédente, on a supposé que le
force exercée par le toit, selon qu'elle sera suffisante ou pilier se comporterait de façon identique à ce qui est
non pour continuer la déformation. Ceci est illustré par représenté figure 5 A, correspondant au cas d'un pilier
les figures 5 A et 5 B dans lesquelles deux rigidités étroit, non, soumis à une contrainte de confinement,
locales de la' mine AE et AG, ont été considérées et ont c'est-à-dire libre de se déformer latéralement. Pour les
été superposées à la courbe chargement/déformation du parties du gisement éloignées des chambres, la compres-
pilier. Dans la figure 5 B, une augmentation supposée sion verticale est associée à une résistance à l'expansion
23
latérale et, par conséquent, la résistance au pic de ces . par chaque fiche vers la terre est analogue à la force
parties est augmentée. exercée par la gravité sur l'élément correspondant du
gisement. Le voltage existant entre le nœud et la terre
Pour les sections qui sont totalement empêchée~ de se lorsque la fiche est enlevée représente le déplacement
déplacer latéralement, la char"ge maximale peut devenir (1a convergence) qui apparaît lorsque cet élément est
très importante. La simulation de ter..;s conditions en excavé.
laboratoire produit des courbes charge/déformation
comme. celles de la figure 6. Notez que la rigidité élas- Le produit : (-}). (courant avant enlèvement de la
tique n'est pratiquement pas influencée par le confi-
nement mais la charge maximale est augmentée de façon fiche) . (voltage après) représente l'énergie dissipée par
considérable. le toit et le mur, au cours de l'excavation de cet élément
du gisement.
Dans le modèle utilisé pour étudier "le -problème des Ce procédé par modèle analogique a été utilisé avec
coups de toits dans les mines de charbon le gisement est succès en Afrique du "Sud [9] pour l'étude des diverses
subdivisé en un nombre d'éléments carrés d'égales possibilités d'exploitation d'un gisement, en essayant de
.dimensions; l'une des caractéristiques charge/ défor- minimiser les libérations locales de hauts niveaux éner-
mation (1, 2, 3, 4 dans la figure 6) est affectée à chacun gétiques, pouvant résulter en des coups de terrain dans
des éléments; cette caractéristique est choisie en les filons quartzitiques orifères.
fonction de la proximité de la taille. Un élément peut
.toutefois changer de caractéristique, pour tenir compte L'utilisation de résistances constantes, correspondant
des variations de confinement accompagnant l'approche à l'hypothèse d'un gisement élastique, conduit ~ des
de la taille. Le gisement est donc remplacé par un certain concentrations de contrainte toujours maximales au
nombre de supports individuels; chacun d'entre-eux se bord des excavations. Bien que cette hypothèse soit rai-
déformant suivant l'une des quatre caractéristiques sous sonnable dans le cas du quartzite d'Afrique du sud, elle
l'action de la gravité (notez que ce système peut éga- n'est pas réaliste lorsque le gisement se comporte non
lement être utilisé pour des gisements verticaux - ou linéairement, car alors les contraintes maximales (et les
presque verticaux - en remplaçant la gravité par les libérations d'énergie) sont distribuées d'une tout autre
contraintes horizontales in situ). Cette charge sera distri- façon.
buée de manière élastique dans le toit et le mur d'après Le comportement non linéaire doit être introduit afin
le comportement charge/déformation de chacun des d'obtenir un accord convenable entre les prédictions
supports individuels (éléments du gisement). faites d'après le modèle et l'expérience pratique des
o
~
c
o
'-
c
o :aXonfinement (Pl
U crOI ssant
'~
Oéforr.-lotion
Un modèle analogique formé de résistances électriques coups de toits. Afin d'obtenir un" tel accord, les reSlS-
a été construit à l'Université du Minnesota (semblable à tances fixes sont remplacées par des sources à voltages
celui décrit par Cook [9]), pour représenter la masse 'variables couplées à chaque nœud. Ce voltage variable
rocheuse élastique de part et d'autre du gisement. est contrôlé par une mini-calculatrice électronique de
Lorsque ce dernier peut être supposé linéaire jusqu'à la sorte que la relation courant/voltage (c'est-à-dire
rupture, des fiches, ayant une résistance électrique pro- (orce/convergence). corresponde complètement au
portionnelle à la rigidité locale de la mine, sÇ)nt insérées comportement force/convergence de chacun des élé-
entre les noeuds du réseau et une plaque (d'aluminium) ments du gisement. Quand un modèle analogique est
mise à la terre. Ces fiches simulent ainsi les éléments couplé de cette façon à un mini-ordinateur on a affaire
individuels constituant le gisement. Le courant qui passe à un système dit « hybride ».
24
Fig. 8. - Résultats graphiques obtenus par « Ramtek »
Le projet des tunnels offre un autre exemple d'utili- Il est vrai qu'un tunnel elliptique ayant son grand
sation de l'analyse énergétique. Il est parfois suggéré axe parallèle à la compression maximale comme indiqué
que. la forme optimale d'une excavation dans un champ figure 10 (a) aura une distribution uniforme des
de contraintes non hydrostatique (P > Q) est une ellipse contraintes cre à la paroi. Il n'est pas vrai cependant,
. "egal 'a Q'
teIle que l e rapport basolt P comme c'est parfois avancé, que cette forme est la plus
stable. En effet, bien que la ~ontrainte tangentielle soit
25
p
p
111111
----
---
---
----
4SJo-
48--
----
lllllllllll 400-
,..
=Q
-e- c::I--
--e- .-.-
--e- ~
Q--e» ~Q Q--:
---
t
---0-
......
~
--
--0-
----
---------
~
~o
----
~
111 11111111
p
111111
p
(a) (b)
Fig. 10. - Orientations optimales d'un tunnel pour deux critères différents de conception.
constante sur, les parois, le taux de décroissance de la sant la méthode des "?éléments finis, Daemen a inclu
contrainte tangentielle à l'intérieur du rocher massif est l'effet de la dilatance du rocher en fonction de l'augmen-
bien plus faible le long de l'axe horizontal (grand rayon tation des contraintes. L'extension de la zone plastique
de courbure) que le long de l'axe vertical (petit rayon autour d'un tunnel en fer à cheval et autour d'un tunnel
de courbure). C'est-à-dire que l'énergie de déformation .cylindrique à proximité du front est indiquée figure Il.
emmagasinée est plus grande dans la direction hori-
zontale que dans la direction verticale. Donc, si le On voit dans les deux cas que la zone d'instabilité est
rocher est isotrope mais de résistance assez faible pour minimale dans la zone du plus petit rayon de courbure
commencer à se rompre sous les concentrations de (c'est-à-dire à la jonction front-piédroit)· et maximale
contraintes, l'extension de la rupture sera maximale dans la zone du plus grand rayon de courbure (le front
dans la direction horizontale et minimale dans la lui-même).
direction verticale. Daemen a égalen1ent examiné l'effet stabilisateur de
Pour présenter une stabilité maximale, le plus 'petit différents revêtements. Il observe que les cintres métal-
rayùn de courbure. doit correspondre en fait à la liques, bien qu'ayant une raideur intrinsèque très forte,
contrainte maximale et le plus grand rayon de courbure ont souvent une raideur effective très faible à cause de
à la contrainte minimale; la forme la plus stable est l'influence prédominante du blocage (en bois) interposé
alors l'ellipse indiquée figure 10 (b). c'est-à-dire ayant entre le cintre et le rocher. Au contraire, le contact
subi une rotation de 90° par rapport à l'orientation intime avec le rocher obtenu par le béton projeté est
habituellement admise. tel que la raideur d'une mince cquche (8 à 10 cm) de
béton projeté peut être plus grande que celle d'un
Cet exemple est une illustration éloquente de la diffé- cintre métallique avec blocage en bois.
rence entre un dimensionnement basé sur un calcul de
contrainte et un dimensionnem"ent basé sur un calcul L'effet de la raideur sur la stabilisation d'un tunnel
énergétique. Des exemples de rupture de tunnels ellip- est indiqué figure 12 (b). Fairhurst et Singh [11] ont
tiques conçus en fonction des contraintes confirment également considéré la stabilité d'un toit de mine stra-
que le tunnel se rompt de façon à se rapprocher de la tifié, renforcé par des boulons scellés d'une façon
forme stable, c'est-à-dire que la rupture au piédroit similaire à celle utilisée pour un revêtement de tunnel,
s'étend beaucoup plus que la rupture au toit. en fonction des forces de cisaillement actives (c'est-à-
dire dues au poids propre du rocher et aux contraintes
En recommandant un critère de stabilité plutôt qu'un
latérales dans le toit) et des forces de cisaillement
critère de contrainte dans les problèmes de résistance
des roches, il faut préciser toutefois que l'analyse des résistantes développées par des boulons scellés.
contraintes ne doit pas être exclue. Il faut considérer la La force active est réduite par la déformation tandis
possibilité de rupture à proximité immédiate des exca- que la force résistante augmente avec cette défor-
vations où a lieu une concentration de contraintes, mation. Une certaine déformation est nécessaire pour
l'analyse de la rupture étant poursuivie en utilisant une mobiliser la résistance du revêtement du tunnel (ou du
modélisation appropriée de la roche jusqu'à ce que le boulon scellé) mais une t.rop grande déformation se.
système se stabilise. Un exemple de cette approche est se traduira par une rupture ou au mieux par un char-
l'analyse par Daemen [10] de la « zone plastique » gement du revêtement par le poids propre de la masse
autour d'un tunnel non revêtu. Dans son analyse, utili- de rocher rompu.
26
(a) "Rupture" progressive pendant les 4 dernières étapes
d'un calcul de déchargement en 20 étapes.
Résistance à la compression uniaxiale cr 250 psi;
champ de contrainte hydrostatique de c l 000 psi.
Fig. 11. - Extension de la zone
fracturée autour:
a) d'un tunnel en fer à cheval;
b) d'un tunnel cylindrique dans
un champ de contrainte hydro-
statique.
~ ~:, k'fX~
..~~ ,--/
1
i
ma déré es Contraintes intermédiaires
E B = 1,400,000 'e=2
.t::.
0 60
c (b) Résumé schématique des zones de rupture au voisinage
Cl>
0
du front d'un tunnel pour un rapport croissant entre
:>
0-
le champ de contrainte et la résistance de la roche.
Cl>
a.
Es = 40,000 ts = 12
20
(1)
u
o Force nécessaire ,/ /" - Il Pression après
l..L
ruptu re Il
à la stabilisation 1 '"
du rocher 1
/'
OL...-L_l.--L_.L-.-L_~-l-_~---L---:-,":::------
o .2 .4 .6 .8 1.0 /'
U { inc h es }
'..''"'' Roi deu r
décroissante du
Fig. 12 a. - Caractéristiques de soutène- soutènement
ment d'un cintre métallique bloqué au Le soutènement peut se
terrain, en fonction des paramètres de ~ romere ( s'u résister à la
blocage. Il pression après rupture ")
Diamètre du tunnel = 16,7 pieds. Espace-
ment du blocage = 41,9 pouces. Cintre de
6" x 4", 16 lbs/pied, espacement 2'. ~ Déformation
E B = module élastique du bloc en psi Déformation avant mise
- t B = épaisseur du blocage en pouces. en place du soutènement
27
STABILITE D'UN MASSIF fORME D'UN ASSEMBLAGE DE BLOCS
Jusqu'ici, nous avons supposé que la masse rocheuse 1) Les lignes représentant la masse rocheuse, y compris
se cOlnportait COlnme un milieu continu. Il est bien les talus et les excavations, sont dessinées sur l'écran
connu que les discontinuités jouent un rôle primor- cathodique à l'aide d'un curseur.
dial dans le comportement d'un massif mais l'analyse 2) L'ordinateur enregistre le système de lignes et iden-
d'un milieu continu fournit des indications qui restent tifîe chaque bloc individuel.
valables (par exemple effet d'un faible rayon de cour-
3) Les blocs se déplacent suivant les lois physiques
bure, effet de la dilatation, effet de l'espacement des
introduites dans le programme ,(loi reliant la force au
forages sur l'interaction entre fractures). On peut
déplacement; loi du mouvement). Des angles de frot-
également estimer à 'quels déformations et mouvements tement, des pressions d'eau, des renforcements divers
conduit l'application sur la discontinuité du champ
peuvent être introduits.
de contrainte calculé en milieu. continu, ou estimer
quel renforcement (ancrage)' est nécessaire pour empê- Le programme a été décrit en détail par Cundall
cher un glissement sur la discontinuité. Cependant 'une [14] ; le cycle de calcul est dans son principe donné
telle analyse, devient rapidenlent trop complexe pour ci-dessous ;
être applicable si le nombre de joints dépasse un ou Le programme calcule l'équilibre des forces et des
deux. moments pour chaque bloc à chaque itération. Si un
déséquilibre apparaît le bloc se déplace dans la direc-
Lorsque les discontinuités sont trop nombreuses
tion de la force appliquée jusqu'à ce que l'équilibre
pour ce type d'approche (Jaeger et Cook [12], p. 99),
soit rétabli, ou poursuit son mouvement si une condition
mais pas assez nombreuses pour que le massif puisse
de rupture a été atteinte.
être considéré comme un milieu granulaire, il est
important de tenir compte des discontinuités indivi- Le prograinme est conçu pour une utilisation pra-
duelles et de leurs propriétés. tique. Les essais peuvent être faits sur l'écran exac-
tement comme dans la réalité. Des blocs peuvent être
L'établissement par Cundall [13] d'un modèle mathé- enlevés, des chargements ajoutés, des' blocs fixés puis
matique de blocs 'et son utilisation, sur un ordinateur relâchés et les forces mesurées.
à sortie graphique (CIAG) est un progrès considérable.
Bien qu'utilisé à l'heure actuelle principalement pour ~'angle de frottelnent d'un joint peut être modifié
des analyses bidimensionnelles, il n'y a pas d'obstacle facIlement et des pressions d'eau peuvent ,être intro~
majeur à son utilisation pour des problèmes tridimen·· duites. Un problèn1e complet peut être enregistré sur
sionnels. (L'Université du Minnesota est actuellement bande magnétique et utilisé plusieurs fois en faisant
en train de modifier son ordinateur CIAG pour per- varier à chaque fois certains paramètres mais en
mettre le traitement de quelques problèmes tridi- conservant stricten1ent la même géométrie initiale, ce
mensionnels) . qui n'est pas possible dans des modèles physiques.
La méthode suppose que tous les déplacements ont Le plus grand attrait de ce système est peut-être la
lieu le long de joints ou discontinuités; cette hypo- compréhension immédiate du problème par l'utilisateur
thèse est réaliste pour un grand nombre de problèmes, et la stimulation intellectuelle procurée par la sortie
particulièrement lorsque les joints sont altérés ou graphique. Il n'est pas nécessaire de comprendre le
lorsque les contraintes normales sont faibles par rap- programme ou même d'essayer de lire les sorties d'ordi-
port à la résistance à la compression de la matrice nateur. L'utilisateur peut simplement vérifier le système
rocheuse. Les différences importantes avec les autres en résolvant des problèmes qui lui sont familiers avant
méthodes (équilibre limite et éléments finis) sont que le de COlnmencer l'étude d'un problème nouveau. De cette
plan de rupture (ou les plans) n'est pas imposé mais se façon, l'utilisateur se convainc lui-même de la validité
développe naturellement pendant le processus de calcul, du programme.
~t que les blocs peuvent subir de grands déplacements Comme pour le programme mis au point pour les
et de grandes rotations, se séparant même complètement mines, le système CIAG est un excellent véhicule de
les uns des autres si nécessaire. Le développement de communication entre l'analyste théoricien et l'ingénieur
l'instabilité apparaît graphiquement, de façon vivante, de chantier praticien ou le géologue, qui peuvent sou-
sur un écran cathodique. Trois étapes constituent vent déterminer rapidement quel mode de rupture a
l'analyse : réellement eu lieu dans des ca's spécifiques. Ceci facilite
28
le calcul des angles de, "frottement (et d'autres para- de frottement; il convient de noter que l'utilisation
mètres) les plus plausibles dans chaque cas. des méthodes de calcul par cercle de glissement aurait
La figure 13 montre comment le mode de rupture été tout à fait inappropriée ici, mais qu'avant la mise
d'un talus (compliqué peut-être artificiellement pour au point du programme de blocs aucune autre méthode
illustrer la puissance du programme) ·change avec l'angle n'existait.
$ =40°
Stable
Massif formé d'un assemblage de' blocs
Fig. 13. - Effet de l'angle de frottement des joints sur la stabilité d'un talus formé d'un
assemblage de blocs.
La longue serIe d'exemples dans lesquels l'analyse au voisinàge immédiat des excavations souterraines ou
de la stabilité procure une meilleure compréhension dans les essais de résistance) alors que l'analyse des
physique de la situation ne doit pas cacher le fait qu'une contraintes est applicable à la détermination des défor-
analyse classique de contraintes apporte et continuera mations, à une certaine distance de l'·excavation comme,
d'apporter des solutions intéressantes à bien des pro- par exemple, dans l'étude de la subsidence due aux
blèmes de mécanique des roches. D'une façon générale, mines ou aux redistributions de contraintes dans le
les analyses de stabilité sont plus adaptées lorsqu'une massif rocheux. Des études sur l'utilisation simultanée
certaine instabilité ou rupture est probable (par exemple des deux méthodes sont actuellement en cours.
29
Fig. 13 (suite)
figure 15 où est indiquée également la règle européenne ANGLE OF DRAW 171 000
souvent utilisée : Volume du pilier
(en yards cubés)
Rayon R du pilier == ,0.7 X profondeur H de
l'exploitation.
Fig. 14. - Variation des règles empiriques de dimension·
nement des piliers de sécurité.
30
Fig. 13 (fin)
24 00 r-----------,-----~--____,
2 400
On peut voir' que la théorie confirme la règle empi-
rique pour~ des profondeurs faibles mais en diffère consi-
_ Royon du pilier dérablement pour les grandes profondeurs" Il est intéres-
- - -~Tonndge
sant de noter que la règle empirique d'Afrique du
2000 I----t----yl<-----l
1
2 000
Sud, R == 0.1 H, montre que des piliers plus petits que
1
1
1
R == 0.7 H sont adéquats pour des ,mines profondes.
, 1
L'utilisation de règles empiriques pour dimensionner
1
1600 1----~----+---__r__~-__,_/___I1600 g les piliers de sécurité des mines profondes peut conduire
.. 1 ~ à des conclusions fausses concernant la quantité de
o
"re,' V. / oC
u minerai exploitable. Dans des cas extrêmes, par exemple
~/ "
-
en
u
~/
1200 1 - - - - - - + - - - - - - : - 7 L - - - - - - ' - - J - - - - r - ' -"
- - - j 12 00
/
Q)
"0
sous des zones où de nombreuses constructions doivent
Q)
00..
Cf)
Q)
être protégées (et par conséquent où de nombreux
c piliers de sécurité sont à prévoir) ces règles empiriques
/. ,-
--' 1 c
0::: ~o. 1
2 peuvent conduire à de graves erreurs quant à la
S'OO 1 - - - - - - + - - - - 7 ' - - - - ; " " 1 ~~</ 800 0
o
rentabilité économique de l'exploitation.
i?;i\ / // : ~r'v>, o
// // i ,/ Des progrès ont été faits récemment dans les mé-
thodes d'analyse des contraintes par le recours à la
400 1--_-;L-h~=-Sm==::::=2·=I-;.:::::::::/~~/........//~'~':-'-~'-'--~ -400
« Technique de déplacement des discontinuités » (Dis-
:3"E'-:'~~:: -- - f
o 800 1600 2400 3200 Fig. 15". - Dimensionnement recommandé des piliers de
sécurité à partir de l'analyse des contraintes (d'après
H ( pieds)
Salamon).
31
application du « principe de l'élément de paroi» (Face mouvements de discontinuités situées dans un milieu
Element Principle) et de la « méthode de l'équation élastique. Ces méthodes sont également beaucoup mieux
intégrale aux limites » (Boundary Integral Equation faites pour la programmation à l'ordinateur que
Method) [19]. Ces méthodes sont particulièrement bien l'application globale de la méthode des éléments finis
adaptées aux problèmes traitant d'effets à distance de à tou t le massif rocheux.
SIGNIFICAT!ON DE L'ANALYSE
Il convient de noter que dans cet article on a surtout ce fait. La dispersion est inévitable et doit être prise en
utilisé les résultats de l'analyse pour éclairer qualita- compte. Mais ceci ne veut nullement dire que l'analyse
tivement le comportement du massif rocheux et de la théorique n'est pas importante. Il est très utile par
construction. Cette analyse est 'utile faute de valeurs exempie de connaître le poids des variables en cause
numériques spécifiques pour les roches de chaque cas - il arrive que certaines variables peuvent changer
particulier. considérablement en ayant peu ou pas d'effet sur la
stabilité générale de la structure ou sur la conception
Labasse [20] pose bien les problèmes généraux de
définitive. D'autres variables peuvent être plus critiques.
mécanique des roches, commentant le problème du
Hoek et Londe [21] notent que l'analyse de la sensi-
sot1tènement des tunnels : .bilité d'un projet aux paramètres en cause a beaucoup
« Avant d'attaquer ce problème, il faut le poser de plus de signification que le calcul de coefficients de
la façon dont il se pose dans la pratique. D'abord, il est sécurité « spécifiques ».
nécessaire de 'ne pas avoir plus d'une ou deux dimen- La mise en place de soutènements dans la nouvelle
sions d'arc ou de voussoir si on veut éviter une lnéthode autrichienne est un bon exemple de conception
confusion à la mise en place. Une telle standardisation intelligente en mécanique des roches. Des analyses
rend inutiles les calculs précis du soutènement pour théoriques montrent que si les parois du tunnel pou-
chaque section du tunnel. De plus, on peut toujours vaient se déformer sans se rompre elles tendraient à
faire varier l'espacement des éléments de soutènement devenir autostables et se stabiliseraient. Un soutènelnent
comme on le désire. Enfin, la nécessité de mettre en artificiel est habituellement nécessaire pour maintenir
place le' soutènement immédiatement après l'excavation l'intégrité de la paroi rocheuse mais le type et la
laisse un temps insuffisant pour. le calcul et la fabrica- quantité de soutènement ne peut pas être calculé pour
tion du soutènement idéal pour une section particulière chaque section dans un terrain variable.
du tunnel. Il serait nécessaire, si l'on voulait arriver à un
dimensionnement exact, d'étudier chaque section sépa- Pour cette raison, les déformations radiales sont mesu-
rées après. le traitement initial (ancr?ge, cintres légers.
rément puisque' chaque section diffère de la précédente
en acier, béton projeté ou une quelconque combinaison
par la nature des terrains rencontrés, leur pendage et
de ces méthodes) des parois que l'on vient d'excaver.
leur disposition. Il Ja1)drait faire des prélèvements
Si les déformations tendent à s'accélérer, la situation
dans chaque couche 'pour déterminer ses propriétés et
est instable et un soutènement supplémentaire est mis
l'influence de ces propriétés sur celles de la couche
en place jusqu'à ce que la déformation se stabilise à
voisine. Tout ceci conduirait à une série d'essais et
une valeur finale acceptable. Le soutènement d'un tun-
d'équations dont la .solution, en admettant qu'il soit
nel est conçu en se servant de sa souplesse d'emploi de
possible de trouver une solution, ferait perdre un
façon à faire face à un besoin variable imposé par îa
temps précieux pendant lequel le tunnel s'effondrerait
géologie. C'est le contraire d'une conception où tous
certainement. »
les soutènements sont « conçus » et fabriqués avant
Il n'est jamais possible de concevoir un ouvrage sur que le rocher soit excavé et installés uniformément
la base de valeurs numériques précises de's propriétés avec peu de mesures vérifiant le bièn-fondé du système
,mécaniques des roches. Le projeteur doit reconnaître mis en place.
CONCLUSION
Il est clair que l'analyse théorique a un rôle utile à Une meilleure connaissance des propriétés mécani-
jouer dans la mise en œuvre pratique de la mécanique ques des massifs 'rocheux est nécessaire pour amélioxer
des roches. L'utilisation la plus féconde d'une telle les projets 'en mécanique des roches. Un moyen éco-
analyse .est dans le développement d'une compréhension nomique d'obtenir des données est de comparer les
meilleure de la base mécanique et physique des comportements des ouvrages avec les prédictions des
problèmes ainsi que des conséquences éventuelles de modèles théoriques utilisés pour le projet. L'utilisation
variations par rapport à une condition initiale supposée. de graphes « interactifs » (méthode conversationnelle
Une analyse de stabilité est nécessaire lorsque la masse sur écran cathodique) peut être un moyen très efficace
rocheuse peut supporter des contraintes importantes, de stimuler un échange créatif entre le calculateur, le
par exemple au voisinage immédiat des parois d'excà- projeteur et l'homme de chantier, et par conséquent
vation. L'analyse des contraintes est plus appropriée faciliter le nécessaire dialogue entre la théorie et la
pour les cas où les changem~nts de contraintes sont pratique et, finalement, conduire à une meilleure
relativement faibles ou lorsque la charge appliquée est mécanique des roches.
telle. que l'instabilité est inévitable dès que la résis- En résumé, les chercheurs en mécanique des roches
tance est dépassée (par exemple, fondations de barrage. utilisent la mécanique classique théorique mais la nature
ou stàbilité des talus sous l'effet de leur poids propre). des matériaux géologiques nous impose une philosophie
Eclairé par ces analyses, le projeteur sera mieux quelque peu différente dans l'application pratique de
équipé pour répondre à des conditions variables. Les la mécanique - approche dans laquelle les variations
bons projets en mécanique des roches sont ceux qui par rapport aux conditions supposées d'analyse jouent
permettent de faire face rapidement à de telles un grand rôle dans la conception et dans laquelle un
variations. dialogue entre le chercheur et l'utilisateur est essentiel.
32
REMERCIEMENTS
Les propos de cet article proviennent de nombreuses Je remercie également les différentes sources d'aide
sources et résultent d'influences multiples au cours de financière dispensée ces dernières années : The Petro-
longues années. leum Research Fund, American Petroleum Institute, Ad-
Je suis reconnaissant à tous et particulièrement aux vanced Research Project Agency National Science Foun-
étudiants diplômés qui ont, par un travail laborieux, dation, RANN Excavation Technology Program, Depart-
établi les résultats concrets d'où se dégageront des lois ment of Transportation, US Bureau of Mines, Cold
générales. Spring Granite Company et d'autres.
ANNEXE
Bien qu'habituellement citée en relation avec les la première condition; on peut, par conséquent,
aspects micro-structuraux. de la rupture des matériaux concentrer son attention sur la seconde condition.
fragiles, les principes de base de la Théorie de Griffith Comme on l'a dit plus haut, la condition d'énergie
sont applicables aussi à la rupture à grande échelle et est simplement une application du théorème de l'énergie
il est instructif de les rappeler. Griffith indique que la potentielle minimale. (<< L'état d'équilibre stable d'un
rupture d'un solide chargé implique. deux conditions système est celui pour lequel l'énergie potentielle du
nécessaires : système est minimale »).
1) Condition de contrainte Griffith ,a appliqué ce thêorème de façon spécifique
,En un point quelconque du solide, la contrainte à la rupture en ajoutant l'énoncé suivant : « La
locale doit être suffisamment grande pour vaincre position d'équilibre (si l'équilibre est possible), doit
la force de cohésion de la roche (c'est-à-dire les être une position dans laquelle la rupture du solide a
forces d'attraction entre les particules). eu lieu, si le systèl11e peut' :pas$er d'une condition
'2) Une condition d'énergie
intacte à une condition de rupture par un processus'
comportant une diminution continuelle de l'énergie
Une énergie suffisante doit être libérée pour ali- potentielle » [1].
menter continuellement l'énergie de surface des. deux
surfaces nouvelles formées par la fissure qui se Il a appliqué le théorème au cas d'une plaque
propage. ' d'épaisseur unitaire, de module d'élasticité E, tendue
de façon uniaxiale (fig. .A. 1) en calculant la variation
Griffith suggère que c'est aux extrémités des micro- d'énergie potentielle du système due à l'introduction
fissures préexistantes dans le solide que la condition d'une fine fissure de longueur 2 c. Il a démontré
de contrainte peut être satisfaite. Dans une roche, que la variation d'énergie potentielle est égale à dP, où
il y a toujours suffisamment d'hétérogénéité, de fis-
1t c 2 a 2
sures, et de frontières entre grains pour provoquer la dP == 4 cy- - E - A (1)
concentration de contraintes nécessaire pour satisfaire
il
o
a.
crm crm
t t~
(
J~2Co-' t
O"m
, 2b
"m
l
Voleur croissante de la traction constante appliquée
(a)
Fig. A 1. (b)
33
où
4 c est l'augmentation de surface due aux faces supé-
rieure et inférieure de la fissure 'de longueur 2 c.
y est l'énergie de surface spécifique de la s·urface de
la fissure.
4 cr est l'augmentation d'énergie de surface due à ~
l'introduction de la fissure. c
2 2 o
re c cr est 1a varIatIon
.. (d·· . ) d'"energle
. d ue "-
- --E-- ImlnutIon c
o
à la variation (a) de l'énergie potentielle des forces L) 3 4
appliquées et (b) à l'énergie de déformation de la
plaque chargée.
L'équation A (1) est donnée sous forme graphique
figure A 1 (b). o .E E
Pour un niveau de contrainte donné cr == cr a' l'intro- Déformation
duction d'une fissure très légèrement plus longue que
2 c == 2 ca' produira, d'après Griffith, la rupture puis- Fig. A 2. - Courbe du critère de Griffith pour une rupture
que l'énergie potentielle du système va décroître conti- en traction.
nuellement pour C > ca. En dérivant l'équation A (1) continuellement juste satisfait et la fissure se propage
par rapport à la longueur de la fissure C et égalant la de façon quasi-statique sans accélération, c'est-à-dire
dérivée à zéro on trouve la relation entre la contrainte en fournissant exactement l'énergie de surface néces-
critique (cr) et la longueur de fissure (c) saire pour s'étendre comme représenté par exemple par
la surface hachurée 0, 1, 2, 3, de la figure A 2 dans
cr = 1 Ey A 2 (a) laquelle la fissure s'étend d'une longueur Cl à une
~ rec longueur C3 .
. Ev
cr2C== _1 == constante A 2 (b) Il faut noter que la surface a 3 c3 représente l'énergie
re élastique de déformation de la plaque à un niveau de
Il faut noter que la longueur de la fissure apparaît contrainte 3 et pour une longueur de fissure c 3.
dans l'équation A (2) parce que la libération d'énergie Si cependant la contrainte appliquée cr diminue sui-
s'accumule .dans le volume de la plaque (d'épaisseur vant un autre chemin que le chemin de rupture, la
unité) alors que la demande d'énergie est proportion- condition d'équilibre d'énergie de l'équation A 2 ne sera
nelle à la surface de la fissure. pas satisfaite.
Berry [22] a établi les courbes contraintes uniaxia- Considérons par exemple la figure A 3. La contrainte
les/déformations pour le ~ystème_ de plaque de Griffith. appliquée est augmenté~ jusqu'à une valeur crI et l'exten-
Il a défini un module' effectif E' pour la plaque fissurée, sion de la fissure commence. Mais mainte'nant la·
à laquelle il att.ribue une surface A, de la façon contrainte diminue en suivant le chemin l-S déterminé
suivante : par la raideur du ressort.
• Energie de déformation de la plaque chargée non
\\\~\\1~~':::~:t
A cr 2
fissurée : 2 E ù\\\
c
(Sneddon [23]). -
0
• Energie de déformation de la plaque fissurée
A cr 2
2E'
A cr 2
=2E: +~
c2 cr 2
2 c
-
~
c
0
c::::::::::::J U
E
d'où E' == - - - - -
2
A (3)
2 re c
1+~
34
APPLICATION DES ANALYSES DE GRIFFITH ET DE COOK A LA FRACTURATION DES ROCHES
Les analyses de Griffith et de Cook offrent certai- Cependant, la rupture finale a lieu habituellement
nement un schéma trop simplifié et idéalisé de la en cisaillement. Ces critiques peuvent être généralisées
rupture des roches. en appelant « 0 » le « travail de rupture », c'est-à-dire
. Il est bien connu par exemple que l'énergie néces- la demande d'énergie « totale» pour un accroissement
saire pour séparer les faces des fissures dans une unitaire de longueur de la fissure en extension; et de
roche est beaucoup plus importante que l'énergie de façon similaire en appelant Ys la demande d'énergie
surface. Une énergie considérable est dissipée dans la « totale » pour la propagation du cisaillement.
micro-fracturation, la rotation des grains, etc., à proxi- La conclusion générale qui reste qualitativement
mité de la direction principale de fracture : l'énergie valable est que la stabilité d'une fracture peut être
.également ne croît pas de façon uniforme avec la examl.Ïnée en comparant l'énergie fournie par l'extension
longueur de la fissure à cause de l'hétérogénéité de la de la fracture à l'énergie dissipée pendant cette même
roche. extension. Ce principe général peut être appliqué de
En compression, l'extension initiale de la fracture façon pratique en mécanique des roches, comme un
tend à avoir lieu parallèlement à la direction de la l'a montré dans le corps de l'article.
plus grande contrainte principale et non dans la
directio~ du cisaillement.
RUPTURE EN COMPRESSION
Cook [24] a étendu l'analyse de Griffith à la propa- la fissure inclinée d'un angle lX sur la direction de
gation d'une fissure inclinée sur la direction d'une compression.
compression uniaxiale et montre que le critère. de Ys est l'énergie de surface nécessaire à la propagation
rupture fragile en cisaillement est le suivant de la fissure.
[.t est le coefficient de frottement le long de la
. 'V1 E Y
" - fi an = s A (5) fissure .
TtC
Il est intéressant de noter que l'équation A (5) est
où essentiellement le critère de Mohr-Coulomb. Cook a
égalen1ent étendu son analyse à la rupture en compres-
an' 't sont les contraintes normales et de cisaillement sur sion triaxiale.
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Terrains autour des Travers - Bancs Horizontaux, Rock Mechanics, Lisbon, 1966, pp. 687-692.
36
capacité portante d'une semelle
filante .sur sol purement ·cohérent
d'épaisseur limitée et· de cohésion
variable avec la profondeur
par
Massaad Matar .
et
Jean Salençon
Laboratoire de Mécanique· des Solides
Ecole Polytechnique
~ .
38
capacité portante d'une semelle filante
sur. sol purement cohérent d'épaisseur limitée
et de cohésion variable avec la profondeur
par Massaad. MATAR et Jean SALENÇON
NOTATIONS
1. INTRODUCTION
39
2. fONDATION SUR UNE COUCHE DE SOL <Il == a HOMOGENE D'EPAISSEUR LIMITEE
L'étude théorique de la capacité portante d'une et le champ de contraintes a été complété dans les
fondation chargée axialement sur une· couche de sol zones rigides par Salençon [20] ~ Cette solution,
homogène d'épaisseur limitée reposant sur une assise « complète » au sens de Bishop [2], fournit donc la
rigide, fait l'objet d'une bibliographie import~nte. valeur exacte de la capacité portante théorique d'une
,Comme pour tous les problèmes de capacité portante, semelle filante sur couche de sol <Il == 0, d'épaisseur
les méthodes de calcul employées relèvent du calcul limitée reposant avec adhérence totale sur une assise
à la rupture. Dans le cas du sol purement cohérent indéformable; le contact entre la semelle et le sol
(<Il == 0) qui nous intéresse ici, l'interprétation des de fondation y est supposé se faire avec frottement
résultats obtenus ne présente pas de difficulté : le sol maxImal, c'est-à-dire qu'un glissement mobilise toute
est en effet alors représenté par un matériau de la résistance à la cission du sol.
Tresca pour lequel on sait que le principe du travail B désignant la largeur de la fondation et h l'épais-
plastique maximal est acceptable; le calcul à la rupture seur de la couche (fig. 1), cette solution ne prend
s'identifie à la théorie classique des charges limites
(voir par exemple [24]). effet que pour_ B/h ~ V2. Pour B/h ~ V2, la solution
complète du problème est constituée par la solution
Une solution statique, c'est-à-dire la mise en évidence de Prandtl (1923), que l'on peut prolonger dans les
dans tout le système (sol de fondation et interfaces zones non déformées jusqu'à l'interface (1), par la
de contact) d'un champ de contraintes statiquement luéthode de Shield [28] (voir fig. 6) : ainsi pour
admissible et respectant le critère de plasticité (l),
·conduit à une minoration de la capacité portante; B/h ~ V2 l'assise rigide n'a pas d'influence. Avec
les notations usuelles q désignant la surcharge uniforme
Une solution cinématique, c'est-à-dire la mise en de surface, C la cohésion du sol et Pult == F/B la
évidence d'un champ de vitesses cinématiquement et capacité portante, celle-ci a alors la forme classique :
plastiquement admissible dans tout le système, conduit
Pult == q + ('TC + 2) C.
à une évaluation par excès de la' capacité portante.
Mandel et Salençon [15] ont examiné le cas ex-'
D'autre part, s'agissant d'une fondation superficielle trême où le contact entre la couche de sol et l'assise
sur un sol d'angle de frottement interne nul, on démon- rigide se ferait sans frottement, mettant en particulier
tre sans difficulté que le poids spécifique y du sol en évidence une diminution de la capacité portante
n'intervient pas dans l'expression de la capacité por- par rapport au cas du sol homogène, sur une certaine
tante tandis que la surchage q y apparaît sous forme plage de valeurs de B/h.
purement additive (2).
Button [3] a étudié le problème pour la semelle La capacité portante;~ se met alors sous la forme
filante, au moyen de lignes de rupture circulaires; le
résultat obtenu s'interprète donc comme une Inajoration (2.1) 1 Pult = q + CN'c ({-) 1
de la capacité portante.
Meyerhof et Chaplin [14] on~, pour le même pro- L'abaque des valeurs de N'c obtenues par la solution
blème, construit une solution par la théorie des équi- exacte dans le cas où le contact entre sol et assise
libres limites plans; le champ de vitesses corres- rigide est à adhérence totale, et par les solutions de
pondant a été présenté par Johnson et Kudo [11],
Î Bjh
30
///)/////J//J//J///J//7/J///I////J///7/1/////J///////J///I/I///////I/I/////I/////I///J/!J/);
ti i i i i i i i i f~md}{m:ii] 1i i (i i t i i i
i ~Y
10 !h C
1
~/I//////7/////////7//7///7//7/t~/2///////////7///7/I7///I7/I7///J
Fig. 2. - Valeurs de N'c dans le PULt =q +c N~ (*1
cas de l'interface «rugueux» et de
l'interface «lisse ».
O~ "'_"+'..---- -+-I---'---~I-._ 1 1 •
.0 5 10 15 20 25 N'
TT .. 2 o C
40
Mandel et Salencon dans le cas où ce contact se 1
ferait sans frotte~ent, est donné à la figure 2; dans (2.2) N'c (B/h) == n +1+ 2 B/h == 4.1 + 0.5 B/h.
ce dernier cas la partie pointil1€e de la courbe indique Signalons enfin que pour la fondation axisymétrique
que la valeur obtenue pour N' c n'est alors en toute sur une couche de sol <Il == 0 d'~paisseur limitée
rigueur qu'une majoration du facteur de cohésion (on reposant sur tine assise rigide, le calcul de la capacité
se reportera à [ 15] pour une discussion détaillée). portante a été ~ffectué par Salençon, Croc, Michel
Il semble que dans la majorité des cas pratiques, et Pecker [21] en adoptant l'hypothèse de Haar-
il y ait lieu de considérer que le contact entre sol de Karman sur la forme du champ de contraintes; on
fondation et" assise rigide s'effectue avec frottement a ainsi obtenu la valeur de N ' r (B/h) pour la fondation
maximal; c'est donc la seule hypothèse que nous « rugueuse » avec interface « rugueux » mettant en
retiendrons pour la suite. Signalons qu'alors on peut (1), évidence que la majoration de la capacité portante
dans les utilisations courantes, adopter dès que due à la présence de l'assise rigide par rapport au cas
B/ h ~ 2 la représentation asymptotique de N'c (B / h) : du sol illimité (Eason et Shield [6]) est moindre pour
la fondation circulaire que pour la semelle filante.
30
25
cas rU9ueu7-v-cas lisse
maJorations,
(321
Fig. 3. - Fondation sur sol <Il = 0 de
cohésion croissant linéairement avec la 2
/
profondeur.
15 1/
Fig. 4. - Valeurs de Fe dans le cas de
la semelle «rugueuse» et de la semelle
« lisse».
o 50
(1) Cette formule donne une évaluation de N'c (B/h)
dans le sens de la sécurité.
41
solution, incomplète au sens de Bishop, a été complé- La figure 6 représente, à titre d'exemple, le réseau
tée statiquelnent' _dans les zones non déformées par d'écoulement de cette solution avec le prolongement
Davis et Booker [5], et fournit donc la valeur de Shield (1).
exacte de la capacité portante. Celle-ci se met sous
-la forme
(3.65
+
1
et correspond à une pression moyenne sur la fondation
La répartition des contraintes, normales, sous la égale à gO B.
fondation est alors triangulaire de même pente que
le profil de cohésion (fig. 5).
!
Région 1 crzz == gOx crxx == gO X azx == - gO z
Région 2 cr" == gO ( 2 x + ~) cr xx == - gO ( 2 Z + ~) cr zx == 0
Région 5 cr zz == 2 gO x axx == 0 cr zx == 0
3.4. Comparaison entre solution globale
et solution par superposition pour Région 6 azz == 0 axx == + 2 gO z a zx == 0
Co *a Région 7 a zz == 0 axx == 0 a zx == 0
Le milieu homogène de cohésion constante égale
à Co constitue évidemment un cas particulier du ayZ == 0 partout ayy == cr xx
paragraphe 3.2. Pour celui-ci, la valeur bien
connue de la capacité portante :
(3.8) Pult == q + Co (n + 2)
est fournie par la solution de Prandtl complétée
du point de vue des contraintes dans les zones
non déformées, suivant les champs proposés par (1) Les résultats classiq ues concernant la théorie des
Shield [28], Bishop [~] ou Sayir et Ziegler [26] équilibres limites plans seront rappelés au paragraphe 5 au
par exemple. moment de leur utilisation effective.
42
z
Fig. 7. - Semelle filante sur sol de cohésion
C (z) = -
> 1).
gOz; champ de contraintes (tractions ct
1
A A
x
6' l' l '" /
1®.0/, lG) ®
4' 2'
1--
'. ----
t_____ 1
--.. ...-
1 + ~
7' 5' 3'
j®t
1
1cv @
g= g~ + gg
obtenu en additionnant en chaque point les contraintes
produites par les champs gc et gg, qui est évidemment
statiquement admissible, et aussi plastiquement admis- 1
43
Une liaison entre ces deux types de problèmes de la cohésion varie de facon continue mais brutale,
non homogénéité, d'une nature différente de celle qui passant de la valeur C à tine valeur Cl plus élevée.
est l'objet de la - présente étude, a été faite par Cette étude a été menée par la théorie des équilibres
Ostrowska [18] qui a envisagé le cas d'un sol dont limites plans.
\
Ih c(z) = _gOz
1
1 4>=0
t
W///////I///I/I//I/h
On obtient immédiatement une solution statique pour Fig. 10. -..:... Semelle filante sur sol <Il = 0 illi~ité de cohésion
nulle en surface et croissant linéairement avec la profon-
le problème en considérant, dans la couche de sol deur: solution cinématique.
d'épaisseur h, la partie corresporidante du champ de
contraintes, explicité à la figure 7 du cas du sol illimité.
En effet, le seul point à vérifier pour s'assurer du
caractère plastiquement admissible de ce champ dans
le cas présent, se situe au niveau de l'interface : on 4.3. Cohésion non nulle en surface : CO =F 0
voit que quel que soit h, la cdntrainte normale cr zz sur
l'interface est compressive; il n'y a donc pas décol- Considérant maintenant le cas où la cohésion en
lement et l'interface étant à frottement maximal, la surface 'Co est non nulle. l'application de la méthode
cission. éventuelle (en région 1 si h < B/4) est admis- de superposition est immédiate en reprenant le rai-
sible. L'addition d'une surcharge compressive q, conduit sonnement du paragraphe 3.4, et les résultats du
à ajouter une pression isotrope q à l'état de contrainte paragraphe 2 et du paragraphe 4.2.
en tout point et ne modifie pas le raisonnement.
On voit ainsi que la superposition
Il s'ensuit que l'on a ainsi une minoration de la
capacité portante de la semelle filante dans ce cas : • du champ de contrainte de la solution exacte du
1 . paragraphe 2 pour le cas C (z) == Co, épaisseur == h
Pult == q + 4 gO B • et de celui de la solution exacte du paragraphe 4.2
pour le cas C (z) == - gO z, épaisseur == h
D'autre part, on sait que dans le cas du sol illimité,
le mécanisme d'écoulement associé à la solution statique
de la figure 7, et formant une solution complète, est (1) Rappelons que nous avons fait l'hypothèse du «frot-
le mécanisme évanescent, limite quand 0 ~ 0 de celui tement maximal » à l'interface. La conclusion serait à
représenté à la figure 10, où il y a glissement le long modifier pour h < Bj4 s'il n'en était pas ainsi.
44
(~) + -+
fournit un champ de contrainte statiquement et plas-
tiquement admissible pour le cas, (4.3) (Pult)superp. = q + Co N' c go B 1
, C (z) == co - gO z, épaisseur == h.
'1,-'
Ainsi on a la minoration de la capacité portante
C'est cette dernière formule que nous conserverons
obtenue par la méthode de superposition :
en posant N'c (B/h) == 7t + 2 pour B/h ~ Y'2.
• pour B/h ~Y2 : On voit que comme au paragraphe 3.4, le fait que
" 1 la formule (4.3) fournisse une évaluation de la capa-
(4.2) (pult)superp. == q + (7t + 2) Co + 4 gO B
cité portante dans le sens de la sécurité traduit
l'effet majorateur, pour la couche d'épaisseur limitée
• pour B/h ~Y2 : comme pour le sol illimité, du couplage entre cohésion
en surface et gradient de cohésion.
5.1. Introduction 2 f3
On se propose maintenant, comme dans le cas du sol
illimité, de procéder au calcul direct global de la
capacité portante de la semelle filante sur couche de
sol <Il == 0 d'épaisseur limitée dont la cohésion croît Fig. 11. - Matériau de
Tresca en déformation plane:
linéairement avec la profondeur. caractéristiques des contrain-
La solution exacte de ce problème étant connue tes et des vitesses.
pour CO == 0 (voir paragraphe 4.2), il n'y a évidemment
plus à considérer que le cas C°::j::. 0 (cohésion en
surface non nulle).
L'étude du problème va s'appuyer sur la théorie des
équilibres limites plans pour le matériau de Tresca non
homogène, dont nous allons rappeler brièvement les
principaux 'résultats.
Va et Vs étant les composantes de la vitesse le long
5.2. Equilibres limites plans pour le materiau des lignes (a) et (~) elles s'écrivent :
de Tresca non homogène (5.4) dV a - Vs de == 0 ligne (a),
(5.5) dv s + va de == 0 ligne (~),
Les équations régïssant les problèmes de';,déformation De plus, on doit satisfaire la condition de « dissi-
plane pour le matériau de Tresca non homogène onf été pation positive »(1) :
obtenus par Kuznetzov [12]. On' pourra également se oV a oe oV s oe
reporter à Favretti [7], [8] et [9], Olszak, Rychlewski (5.6) - - - v s - - + -.-
oSs a~s OSa
+ V a OSa ~ 0
et Urbanowski [17], Salençon [23].
On utilise les notations clàssiques :
al et 0'2 sont les contraintes principales dans le plan
( 0 et oSs0)
OSa d'"eSlgnant 1es d''''''
.erlvees se1on 1es vecteurs
de la déformation, ici le pian Oxz ; elles sont ordonnées unitaires tangeants aux lignes (a) et (~).
selon al ~ 0'2' tractions positives; Il résulte de ces propriétés que la construction de
On introduit : la solution d'un problème de déformation plane se
ramène à celle du réseau de lignes caractéristiques (a)
) P == - (cr 1 + 0'2)/2 et (~) correspondant, à partir des conditions aux
(5.1)) ~ -')-
( 6 == (Ox, 0"1) limites.
On sait que dans la zone plastique le problème, pour Celui-ci permet ensuite la détermination des contrain-
les contraintes, est hyperbolique quasi-linéaire. tes (d'où, par intégration, des efforts) et des vitesses.
Les lignes caractéristiques sont les lignes de cission
maximale, lignes (a) et (~) inclinées à +
7t / 4 sur la 5.3. Construction de la solution
direction principale al (fig. 11).
Les relations le long des caractéristiques, dans le 5.31. Sol illimité : détail de la solution
cas d'une cohésion C (z) == CO - gO z, s'écrivent
(5.2) d'p + 2 C de + gO dx == 0 ligne (a), La construction du réseau de lignes caractéristiques
(5.3) dp - 2 C de - gO dx == 0 ligne (~). pour la couche de sol <Il == 0 d'épaisseur limitée et
de cohésion linéairement variable s'effectue à partir
Pour les vitesses, le problème dans les zones plas- de la solution du cas du sol illimité et de la même
tiques est hyperbolique linéaire; les lignes caractéris- façon qu'on a construit la solution pour la couche de
tiques sont les lignes (a) et (~) caractéristiques pour sol <Il == 0, homogène, d'épaisseur limitée à partir du
les contraintes; les relations le long des lignes carac- cas du sol homogène illimité (paragraphe 2).
téristiques sont les équations de Geiringer, identiques
à celles obtenues pour le matériau homogène, qui
traduisent la coïncidence des directions principales de (l) A proprement parler la condition À ~ 0 dans la règle
la contrainte et de la vitesse de déformation et l'inva- d'écoulement écrite sous forme usuelle qui s'identifie, pour
riance du volume. le matériau de Tresca, à la posivité de la dissipation.
45
La figure 12 représente le réseau de caractéristiques 5.32. Couche de sol d'épaisseur h ~ ho
construit par Berthet, Hayot et Salençon dans le cas
du sol illimité [1]. On voit alors que si l'on a affaire à une couche de.
sol d'épaisseur limitée h ~ ho, la construction du réseau
de caractéristiques de la fig. 12 peut être reproduite
sans changement (fig. 14).
z
Fig. 12. - Fondation sur sol <I> = 0, Co *- 0, go *- 0, illimité: Fig. 14. - Fondation sur couche de sol <I> = 0, Co *- 0,
réseau de caractéristiques. go r= 0, d'épaisseur h ~ ho'
Ce réseau se compose :
1) d'un champ de Rankine en milieu non homogène,
OAB. Les caractéristiques (ex) et (~) sont des droites. L'écoulement plastique du sol sous la fondation se
'1t
On a e == T ' p == q + CO - gO Z ;
fait suivant le champ de vitesses construit par Berthet,
Hayot et Salençon dans ce réseau de lignes : on a
2) d'un éventail de Prandtl, en milieu non homogène, donc encore affaire à u;ne solution incomplète (de
centré en 0 et d'ouverture 3 '1t/4 : OBC. OB est la type cinématique). p'autre part le prolopgement du
caractéristique (~) rectiligne le long de laquelle champ de' contraintes donné par Davis et Booker peut
l'éventail se raccorde au champ de Rankine; OC est être conservé, en conséquence de l'hypothèse de
la caractéristique (~), curviligne, issue de 0 et tan- frottement maximal à l'interface entre couche de sol
gente à 0'0, base de la semelle, en conséquence de et assise rigide.
l'hypothèse de frottement maximal sous la fondation; Dans le triangle STT' le prolongement du champ de
3) la construction du réseau, est ensuite poursuivie par contraintes par le champ en équilibre et à la limite
1
les caractéristiques (ex) s'appuyant sur OC et les d'écoulement défini par les conditions aux limites ~ur
caractéristiques (~) tangentes à 00'. Le réseau est ST et ST' est admissible : la cission sur TT' y est
symétrique par rapport à l'axe de la fondation et évidemment inférieure ou égale à la cission maximale
est limité par les caractéristiques SCBA (ex) et ST (~) et les contraintes sont compressives. La solution est
(et symétriques) qui s€ coupent sur l'axe de symétrie donc complète.
en un point où e == 0 : en effet par raison de En conclusion: à gO B/Co donné, si h ~ ho il n'y a
symétrie, l'axe de la fondation est nécessairement pas d'influence de l'assise rigide et a capacité portante
direction principale pour les contraintes; cette condi- exacte de la semelle filante est :
tion fixe la longueur OA, et les autres 'dimensions
du réseau, inconnues a priori.
(5.7) Pult == q + Co Fe (go
f
~
B)
En particulier ce réseau s'enfonce dans le sol jusqu'à I
la profondeur ho' La variation de holB en fonction du
facteur sans dimension gO B/Co a été donnée dans
5.33. Couche de sol d'épaisseur h ~ ho
[1] : hol B est une fonction décroissante de go BI CO
(fig. 13) depuis : holB == V2/2 pour gO B/Co == 0 jus- Si l'épaisseur de la couche est inférieure à ho, le
qu'à holB ~ 0 pour gO B/co /' 00 (voir paragraphe réseau de caractéristiques de la figure 12 n'est plus
4.2). utilisable : la présence de l'assise rigide se fait alors
sentir.
ho La construction de la solution s'effectue dans ce cas~
1,5 B comme cela est représenté à la figure 15. Le réseau
étant évidemment symétrique par rapport à l'axe de la
fondation nous n'en décrirons que la moitié :
Fig. 13. - Fondation sur sol <l> = 0,
Co r= 0, go r= 0, illimité: variation de
la hauteur de, la zone perturbée.
OL- ~-------'-----------"I___::_----~__=__----_t>
0,1 10 10 2 103
46
1) OAB est un champ de Rankine en milieu non homo- immobile, il y a discontinuité de vitesse suivant les
gène : e == TC/2, P == q + co - go z ; caractéristiques ST, SR et IBA et glissement le long
2) aBC un éventail de Prandtl en milieu non homogène, de TO et RI, et il y a déformation dans STOABIRS
centré en a et d'ouverture 3 TC/4 ; (et symétriques).
3) la longueur de OA, qui fixe les dimensions des La solution est donc complète et fournit la valeur
réseaux OAB et aBC est déterminée par la condi- exacte de la capacité portante.
tion de tangence de la caractéristique (a) CBA avec Remarque : incidemment, on notera que la mise
l'interface sol-assise rigide; OA == a est une fonction en évidence de la solution complète· ci-dessus pour
de h, de gO et de Co, nécessairement de la forme : h < ho, démontre que la. solution complète présentée
a == h cp (gO h/CO) au paragraphe 5.31 pour le sol illimité est certainement
celle qui correspond au minimum de l'épaisseur per-
mais comme on le verra dans la description de la turbée (rappelons en effet que les théorèmes d'unicité
procédure pratique de construction de la solution, la concernant les solutions complètes d'écoulement plas-
détermination de cette fonctionne se révèle pas tique libre ne sont que partiels).
utile;
4) la construction du réseau au-delà de ces champs 5.34. Construction pratique
(identiques aux champs homologues dans le cas
du sol illimité) se poursuit, à partir de OC et CI La construction du réseau est effectuée numerlque-
en s'appuyant sur les conditions aux limites: ment en intégrant pas à pas les équations (5.2) et (5.3)
a) à l'interface sous la fondation, le frottement est le long des lignes caractéristiques.
maximal, les caractéristiques (~) y sont tangentes; Afin' de limiter le nombre de calculs on procède à
b) à l'interface entre le sol et l'assise rigide, le une analyse préalable du problème : la surcharge q
frottement est maximal et les caractéristiques (a) n'intervenant que de façon additive, les calculs seront
y sont tangentes; effectués pour q == 0; l'analyse dimensionnelle montre
que la solution ne. dépend que de deux paramètres
On a affaire à des problèmes de Goursat et de sans dimensions, par exemple B/h et gO B/Co ou
Riemann dont la résolution pas à pas en suivant B/ h et gO h / Co, tandis que la capacité portante Pult
les caractéristiques est classique. sera à rapporter à une contrainte de référence, soit Co
Le réseau est limité par les caractéristiques SR (a) par exemple.
et ST (~) qui se coupent sur l'axe de la fondation Comme on le verra dans la suite, le premier choix
au point S où e == o. Il est ensuite complété par de paramètres se révèle bon pour la présentation et
symétrie. la discussion des résultats obtenus; ce sont d'ailleurs
Du point de vue des contraintes, le champ peut être ces paramètres qui interviennent dans les deux pro-
complété sans difficulté dans la couche de sol à droite blèlnes de base étudiés plus haut : couche de' sol
de IBA, dans STT' et SRR' par des champs en équi- homogène d'épaisseur limitée d'une part, sol illimité de
libre et à la limite d'écoulement (fig. 16) : cohésion variable d'autre part.
Par contre, le deuxième groupe de paramètres cor-
respond à la façon effective dont est mise en œuvre
la procédure de calcul numérique.
On travaille, en effet à gO h/Co fixé; dans la repré-
sentation graphique cela signifie que le profil de cohé-
sion est fixé ainsi que l'épaisseur de la couche. On. fait
Fig. 16. - Fondation sur couche de sol <1> = 0, Co ~ 0, varier B/ h, c'est-à-dire que, graphiquement, on fait
gO ~ 0, d'épaisseur h ~ ho: prolongement du champ de varier la largeur de la fondation.
contraintes. Partant de B/h == 0, on fait croître B/h. On est
d'abord dans le cas où l'assise rigide n'a pas d'in-
fluence, jusqu'à ce que B atteigne la valeur critique
1) à droite de IBA, le champ défini par les conditions pour laquelle h est l'épaisseur de la zone perturbée
sur Ox et IBA, qui fournit des contraintes compres- correspondant à go B/ Co (fig. 13).
sives sur l'interface, et une cission évidemment Pour l'étude au-delà de cette valeur critique de B,.
inférieure à la cission maximale ; on construit le' réseau de la figure 15 : on part des
2) dans STT' : le champ défini par les conditions sur données sur OB (p et e connus du champ de Rankine)
ST et ST' comme pour le sol illimité; en progressant le long des çaractéristiques (a) que l'on
3) dans SRR' : le champ défini par les conditions sur construit une à une autour de 0, jusqu'à la caracté-
SR et SR' qui fournit également des contraintes ristique (a) tangente à l'interface fixé à la profondeur
compressives à l'interface et une cission inférieure h. On poursuit ensuite la construction de façon systé-
à la cission maximale. matique en progressant encore le long des lignes (a),
à partir de leur point de tangence sur l'interface sol-
La solution est donc statique. assise rigide. On obtient ainsi le réseau indéfini vers la
Du point de vue cinématique, le champ de vitesses gauche (fig. 17), avec sur chaque caractéristique (a)
peut être construit par les équations de Geiringer (5.4) construite, un point où e == O. Ce point représente le
et (5.5) en respectant (5.6); il correspond à un mode point S (fig. 15) pour la fondation dont l'axe passerait
de déformation dqns lequel STT' est rigide et s'enfonce par lui. On explore ainsi, à gO h/Co, fixé, toutes les
verticalement comme la fondation, SRR' est rigide valeurs de B/ h supérieures à la valeur critique.
47
La construction du réseau fournit en même temps la contrainte principale a2 , depuis 0 jusqu'à S situé
les valeurs de P et e aux nœuds et donc le champ de sur l'axe de fondation, en suivant la ligne (S) lieu
contraintes. des points S situés sur chaque ligne (ex) (fig. 17), d'où
avec les conventions de signes :
Pour le calcul de PuIt' il suffit d'intégrer les contrain-
tes connues sur STO et d'en prendre la composante
verticale qui représente, au signe près, Puit X B/2. En
fait, dans la pratique il est plus commode d'intégrer
(5.8)
S
Pult = ~ f o
CJ z dx
selon (S).
où (PuIt- q)supero. est donnée par (4.3) que nous Pour gO B/Co == 0 on a évidemment:
rappelons :
Fe ( ~ , g~oB) = Fc ( ~ , 0) == N' c (~ ),
(4.3) (PuIt- q)superp. == Co N e 1 (B)
h + 41 g~ B d'où:
Nous étudierons les variations de {-te en fonction de
B/h et go B/Co. (6.7) 1 !te (*, 0) = 1 'ïI B/h 1
48
SEMELLE RUGUEUSE - INTERFACE RUGUEUX
.~ __+-__ 1
1
1
~
eh
r
3Q ~_____~_ fl c =
-- î 1+
O ------ --------------
+
i
cp= 0 T
_____{10 __~____.
Pu Lt =q+1l;c (co
l l lh) CO[N'C(JL)+ 9°8'J
4Co
1 h
+
i
1
. L-----'--,,--'----_L__--'-
N'C 20 15 10 TT+2
siB/H / 00
Il résulte alors Çle l'encadrement (6.4) que où les valeurs des coefficients N'e et Ile sont lues
directement ou interpolées.
49
cohésion moyenne, qui pourrait être la moyenne de (7.2) sont plus VOISIns; la concordance se révèle
la cohésion dans la couche (c'est-à-dire la cohésion à même excellente lorsque le point représentatif du
la demi-profondeur). La formule correspondante pour cas étudié dans le plan « gO B/ Co, B/ h » est
Pult serait alors : : éloigné de la courbe séparatrice donnant (B/h)o'
(7.2) Pult = q + N'c (~) CO(l + f~-I (~ )) On disposerait donc dans ce cas d'une méthode de
calcul approchée simplifiée, mais ses conditions d'uti-
lisation en limitent beaucoup l'intérêt. Elle nécessite
Les calculs effectués dans plusieurs cas, tels que les
deux exemples typiques' présentés au paragraphe 8, en effet de disposer de la courbe donnant (B/h)o en
montrent que : fonction de gO B/Co (la courbe donnant N' c (B/h) pou-
vant être remplacée par l'utilisation de la formule
• Dans le cas où B/h < (B/h)o, la formule (7.2) approchée (2.2) qui va dans le sens de la sécurité);
conduit à une surestimation de la capacité portante de plus, pour B/h < (B/h)o on doit 'se reporter au
d'autant plus importante que gO B/Co est grand; calcul global.
ceci se comprend si l'on remarque que, dans ce
cas, la zone plastiqpe qui contribue au calcul de la Compte-tenu de sa facilité d'emploi, il paraît donc
capacité portante (zone déformée) n'intéresse pas préférable d'avoir recours, dans tous les cas, à l'aba-
toute la couche. 1 que de la figure 18, qui a de plus l'avantage de donner
de façon sûre la capacité portante globale.
• Dans le cas où B/h > (B/h)o, les résultats obtenus
par le calcul global et par la formule approchée
8. EXEMPLES DE CALCUL
Par la formule (7.2) on obtiendrait : On voit que cette fois la concordance entre les résul-
tats fournis par les deux calculs est excellente, mais
Pult == 6.25 X 103 X (1 + 50/4) Pa on remarque également que l'utilisation de la formu.1e
d'où: exacte ne présente pas plus de difficultés, voire même
Puit == 8.44 X 104 Pa (== 8.61 t/m2). moins, que l'utilisation de la formule approchée (7.2).
Une telle surestimation est évidemment inacceptable!
50
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52
l'i'ncertitude sur les, résultats
,d'un probleme de mécanique des sols
ou des roches
traité par la méthode des éléments
finis
par
Bernard Cambou
Ingénieur E.C.L.
Maître assistant à l'Ecole Centrale
\de ,Lyon
J,
Dans cette étude, on dénombre les incertitudes ln this study are list'ed the uncertainties that
qui peuvent affecter les résultats d'un problème can affect the results of a problem of soil mecha-
de mécanique des sols ou des roches. Dans 'le nies or of rocks. In the case of a calculation
cas d'un calcul mené par la méthode des éléments carried out by the method of finite elements, in
finis, en élasticité linéaire, une méthode est pré- linear elasticity, a methodis presented which
sentée qui permet d'estimer en première appro- makes it possible to estimate the uncertainty as
ximation l'incertitude sur les résultats de l'analyse. to the results of 'the analysis in a first approxi-
Deux exemples simples illustrent les possibilités mation. Two simple examples illustrate the possi-
du programme de calcul réalisé. bilities of the programme of calculation carried out.
54
l'incertitude sur les résultats d'un problème
de mécanique des sols ou des roches
traité par la méthode des éléments finis
par Bernard CAMBOU
1. INTRODUCTION
Ces dernières années, une nouvelle méthode de paramètres et données que l'on introduit dans le calcul
calcul appelée méthode des éléments finis a été déve- sont souvent mal connus et les résultats de l'analyse
loppée et s'est révélée très efficace pour traiter les sont alors affectés d'une certaine incertitude. Il nous
problèmes de champs (champs de contraintes, de a paru intéressant de développer une méthode qui
déformations, de température ...). Cependant, dans le permette d'apprécier en première approximation çette
domaine de la mécanique des sols ou des roches, les incertitude pour un calcul en élasticité linéaire.
2. L'INCERTITUDE SUR LES RESULTATS D'UN PROBLEME DE MECANIQUE DES SOLS OU DES ROCHES
Le sol ou les roches sont des milieux hétérogènes, (xv Yv Z1) et (x 2, Y2, Z2) sont les coordonnées de deux
anisotropes et discontinus qui sont habituellement points quelconques du volume Vj, où les valeurs '. des
définis par un certain nombre p de caractéristiques caractéristiques du milieu sont P jl et P j2, (X3, Y3, Z3)
que nous nommerons .Pj (x, y, z) (densité, module de sont les coordonnées d'un point quelconque du volume
Young, cohésion, angle de frottement ...) (j variant de V k où les valeurs des caractéristiques sont P e3.
1 à p). Ces caractéristiques, du fait de l'hétérogénéité Si les volumes considérés Vi sont suffisamment
peuvent présenter en chaque point des valeurs légè- grands et homogènes, on peut admettre (Resendiz,
rement différentes. Ces diverses valeurs ne peuvent Herrera [8J) qu'il n'existe pas de corrélations entre
être définies qu'en faisant une mesure en chaque point, les propriétés des divers points du milieu. On pourra
ce qui évidemment est impossible. En tout point les donc écrire : .
Pj (x, y, z) vont donc prendre des valeurs qu'il nous
c:st impossible de connaître avec certitude. A un point COV [P il, P j2] == 0
donné de l'espace (x, y, z) correspondra donc une Donc, d'après les équations (1) :
valeur simplement probable de Pj (c'est-à-dire un point VAR [< Pj > i] == 0
de la courbe de fréquence de Pj). Pj obéit donc à la COV [< Pj > i, < P e > k] == 0
définition d'un processus stochastique. On considèrera
Ainsi, les variables < P j > i sont des variables parfai-
donc les caractéristiques du sol P j comme des pro-
cessuS' stochastiques spaciaux (voir Cornell [5]). tement déterminées. '
Dans le domaine de la mécanique des sols ou des Le fait d'utiliser les variables < P j > i à la place
roches, on peut considérer qlJe les incertitudes qui des P j n'introduit aucune incertitude supplémentaire
influent sur les résultats d'un'e étude sont de trois sur les résultats de l'analyse.
typ~s. 2) Les valeurs moyennes spatiales des caractéris-
tiques du milieu s'obtiennent à partir d'essais dont
2.1. L'incertitude sur la connaissance les résultats dépendent de divers facteurs aléatoires
(opérateurs, appareils, conditions atmosphériques ...).
des caractéristiques du matériau Soient Qj (x, y, z) les propriétés observées et Pj (x, y, z)
On peut définir trois causes à cette incertitude les propriétés réelles.
1) Les caractéristiques. du milieu (P j (x, y, z)) Qj (x, y, z) == Pj (x, y, z) + Ej
sont des processus stochastiques dans l'espace, mais, Ej est un terme aléatoire d'erreur ayant une valeur
pour limiter le nombre de paramètres dans les 'calculs, moyenne hulle si le résultat de l'essai n'est pas entaché
on est amené à considérer des valeurs moyennes d'une erreur systématique.
spatiales (notées < Pj > i) sur des domaines i. Les fonctions Ej sont indépendantes entre elles et
indépendantes des Pj.
< Pi >i = fff Vi Pi (x, y, z) On pourra donc décrire en supposant que
ffLi dx dy dz E [Ej] == 0
COV [< Pi > i, < Pe > k] = Vi1Vk fff fff Vi Vk COV [P il , Pe3 ] dXI dYI dZI dX3 dY3 dZ3
55
E [Oj] == E [Pj] en effet, on 'a
VAR [Oj] == VAR [Pj] + VAR [Cj]
COV [Oil,Oe2] == E [Oil Qe2] - E [Oil] E [Oe2]
== E [Pil Pe2 ] - E [Pil] E [P e2 ] == COV [Pjv Pe2 ]
E [< Pj > i*] == E [~ ~i] == E [Pj] == < Pj > i
~=1
=1
(Pii-mi)
n-l
Oil et Oe2, on aura : E [Sj2] == -n- VAR [Pj]
, 0 ) _ COV [Oil, Oe2]
p (O11' e2 - VAR [< Pj > i*] == VAR [Pj] E [Sj2]
VVAR [Oil] VAR [Oe2] n n~l
56
3. APPLICATION DE L'ANALYSE D'INCERTITUDE DU PREMIER ORDRE
A LA RESOLUTION DE PROBLEMES DE MECANIQUE DES SOLS OU DES ROCHES
PAR LA METHODE DES ELEMENTS FINIS EN ELASTICITE LINEAIRE
On considère que le milieu étudié est continu, On pourra donc raisonnablement considérer que,
.isotrope et suit une loi de comportement élastique dans la majorité des cas, les résultats de l'analyse sont
linéaire. distribués normalement.
La méthode des éléments finis est habituellement Les paramètres calculés par les équations (3) sont
utilisée en mécanique des sols ou des roches pour alors suffisants pour définir les distributions des Y k.
déterminer le champ des contraintes et des défor~
mations dans un milieu soumis à certaines solli-
citations. On aboutit alors à la résolution d'un système 3.1. Linéarité du système d'équations (3)
d'équations tel que :
Si gk (mi) et une fonction linéaire des mi, les formules
(2) {Y} == {g (ml' ml' , m n)} (3) sont parfaitement vérifiées, quelles que soient les
== [K-I (ml mz, , m n)] {P (nt l , nl z,· , m n)} valeurs de COY [mi, mj]. Par contre, si les fonctions
avec gk (mi) ne sont pas linéaires, les formules (3) ne sont
qu'approchées; elles ne sont alors valables que pour
{Y} vecteur déplacement de nœud du système,
des valeurs de COY [mi, mj] d'autant plus petites
[K] matrice de rigidité du système, que les fonctions de gk (mi) sont « loin d'être linéaires».
{ P } système des forces' appliquées aux nœuds,
On a donc intérêt à choisir les paramètres mi de
m v ml' ... , m n : valeurs moyennes spatiales des ca-
ractéristiques du milieu et des para- telle sorte que les fonctions gk (mi) se rapprochent le
mètres qui définissent certaines plus de la linéarité. En particulier, on aura intérêt à
sollicitations ou conditions aux éviter, dans la mesure du possible, les fonctions à forte
limites. courbure (hyperbolique par exemple).
En élasticité linéaire, les fonctions Y k == gk (mi) ne
On cherche à évaluer l'incertitude qui affecte les dépendent que des modules de Young, des coefficients
solutions de ce système. de Poisson (Vi) et des sollicitations imposées. Afin de
On applique au système (2) les résultats de l'analyse tenir compte des sollicitations extérieures, on intro-
d'incertitude du premier ordre (Corl?ell [2]) duira, chaque fois que cela sera possible, des para-
(3)
VAR [Yk] = 1 (:~i 1
~ ~ (:~i E) E) COV [mi, mi]
-8-'
ml
l '
ôgk E represente 1a d"· , premlere
erlvee ., de gk par rap-
port à mi évaluée pour la valeur moyenne
du module de Young et les contraintes en chaque
point du milieu ne dépendent pas du module de Young.
On introduira donc dans les calculs les paramètres Mi,
inverses des modules de Young dans chaque domaine;
de mi. le degré de linéarité de gk (Mi) est alors directement
On notera" que ces formules permettent seulement lié au degré d'homogénéité du milieu. Dans la majorité
de déterminer la valeur moyenne, la variance et la des cas, les fonctions gk (Vi) étant quelconques, les
covariance des divers résultats de l'analyse. paramètres COY [Vi, Vj] que l'on introduira dans les
équations (3) devront être relativement petits.
Ces paramètres ne sont suffisants pour définir une
distribution de probabilité que lorsque cette distri-
bution a une forme particulière connue (distribution 3.2. Incertitude sur les résultats de l'analyse
normale par exemple). Dans le cas général, la forme due à celle sur les caractéristiques du sol
de la distribution de Y k dépend de celle des distri-
butions des paramètres mi. Celles-ci peuvent avoir des Dans chaque domaine i, si on considère que les
formes particulières asymétriques et il semble alors contraintes appliquées restent dans le domaine élas-
difficile de connaître la forme des distributions" des tique, les propriétés du sol sont. définies par le module
résultats de l'analyse. Cependant, d'après le théorème de Young et le coefficient de Poisson.
central limite, on sait que si Y k dépend linéairement Nous avons vu (paragraphe 2) que les valeurs
d'un grand nombre de paramètres indépendants, sa moyennes spatiales de ces caractéristiques « M > i,
distribution est en première approximation normale. < V > i) sont estimées par des variables aléatoires
Comell [2] a montré que la somme de n paramètres « M > i*, < V > i*) dont on connaît la distribution
ayant des distributions de forme rectangulaire (donc (moyenne et variance). ~
bien différente de la distribution normale) peut être
assimilée avec une bonne précision à une distribution L'incertitude sur la connaissance de < M > i* et
normale pour n ~ 4. < v > i* entraîne une incertitude sur les résultats de
l'analyse qu'on estime en utilisant les équations (3).
57
3.21. Calcul du déplacement en chaque nœud {P ox} et {P oy} sont des vecteurs constants parfai-
On est amené essentiellement à résoudre le système tement déterminés et ax et ay des variables connues
(2) avec une certaine incertitude.
[I(] {Y} == {P}
et a"d"eterminer
. 1es d"·" ô {Y} E
erivees ~ 1 . qUI apparaIs- . On aura donc :
ax { Pax} == [K x] {Y x}
ay {Poy} == [l,y] {Y y}
{crx } == [0] [B] {Y x }
{cry} == [0] [B] {Y y}
sent dans les équations (3).
On notera Xi les paramètres < M > i* et < v > i* Les vecteurs {Y x }, {Y y }, {crx } , {cry} sont linéaires
qui interv~iennent dans le système (2). En dérivant par par rapport à ax ou av, il sera donc facile de calculer
rapport à Xi le système (2) on obtient : les dérivées par rapport à ax et ay et donc l'incertitude
sur les résultats de l'analyse en utilisant les équations
Ô [K] {Y} + [K] ô {Y} = â {P} (3).
Ô Xi Ô Xi Ô Xi
[K] ô {Y} = S {P} _ ô [Kl {Y} 3.32. Les conditions aux limites
ô Xi Ô Xi Ô Xi
Les conditions aux limites peuvent être de trois
Les forces et déplacements fictifs {P f} et {Y f} sont types :
définis par :
a) Les conditions géométriques qui sont habituellement
{PI} = â {P} _ â~[K] {Y} bien connues; on considère dans cette étude qu'il
ô Xi 0 Xi
n'y a pas d'incertitude sur ce type de conditions.
{Y} _ â {Y} b) Les conditions imposées pour les déplacements de
f - ô Xi
certains nœuds; généralement ces déplacements
et l'équation précédente s'é~rit alors imposés sont des déplacements nuls (points fixes
(4) [I(] {Yf} == {Pf} dans le milieu) et on considère qu'il n'y a pas
qui est un système identique à (2). d'incertitude sur ces déplacements imposés.
Ainsi donc, on résoud le système (2) par la Inéthode Ceci se traduit~d~ns le programme, en écrivant
des éléments finis classique, ce qui permet d'obtenir \- Au = Au 10" Pl = a Au 10"
. ô [Kl ô {P} .
{Y} ; on calcule ensuIte -~-- ct -'::::l--' ce qUI
Xi Xi
(5) ) a Azz = 8 Azz' 10 11 ~ = a Azz 10 11 a
permet de déterminer { P f } •
U U
\ a Xi ' a Xi a Xi a Xi
On résoud enfin le système (4) par la méthode avec
classique des éléments finis, ce qui permet de calculer a déplacement imposé au nœud l,
Aij élément de la matrice de rigidité [k].
les valeurs de 8 ': : l{ Y} .
U Xi On résoud le système (2) en introduisant les
égalité (5), ce qui conduit à Yz == a.
3.22. Calcul des contraintes dans chaque élélnent De plus :
Pour un élément donné, on a l'égalité (Zienkiewicz â {P} = â [k] {Y} + [K] â {Y}
[9]) a Xi a Xi a Xi
{cr} == [0] [B] {Y}
donc en particulier :
avec
{cr} ': tenseur des contraintes, ô Azz 10 11 a ~ 8 Azz 1011 Yz + Azz 10 11 a Y,
[0] : matrice d'élasticité.
a Xi a Xi a Xi
+ termes négligeables
{Y} : déplacement des nœuds de l'élément consi- puisque Yz == a on a donc :
déré,
8Yz
[B] matrice qui prend en compte la localisation Azz 1011 --
a
Xi
== 0
de l'élénlent considéré.
On dérive la relation précédente par rapport à Xi : 8Yz
8 {cr} = a [0] [B] {Y} + [0] [B] 8 {Y}
donc:
a Xi ==
-- 0
58
Les déplacements et les contraintes dépendent
alors linéairement des facteurs bi' de sorte que COV [dk, mi] == 0
â {Y ii } {Yii} â {crij} {cru} On aura donc :
â bi b â b -b- - E [Yk] == E [gk(m 1'm 2' ..... ,mn )] E [dl
i i i
VAR [Y k] == (E [gk])2 VAR [dl
On calcule donc facilement l'incertitude sur les + VAR [gk] (E [d])2 + VAR [gk] VAR [~]
résultats de l'analyse en utilisant les équations (3).
Si on admet que le modèle mathématique ne contient
pas d'erreur systématique, on a :
3.4. Incertitude sur les résultats de l'analyse E [dl '== 1 donc
due à celle sur la méthode de calcul E [Y k] == E [gk (ml' m 2, ..... , m n )]
On considère que l'incertitude sur la méthode de VAR [Yk] == (E [gk])2V.AR [dl
calcul peut être prise en compte par un terme + VAR [gk] (VAR [d] + 1)
multiplicatif d. La variance de Y k ainsi déterminée caractérise donc
Ainsi, le système (2) peut s'écrire : l'incertitude globale sur les résultats de l'analyse. On
y k == [gk (m v m 2 , • • • • • • • , n'ln)] dk prend pour variance de gk la somme des variances dues
Si on admet que : aux incertitudes sur les caractéristiques du milieu et
aux incertitudes sur les sollicitations imposées. au
E [dl] == E [d 2 ] == ..... == E [dm] == E [dl milieu.
VAR [dl] == VAR [d 2 ] - • • • • •
== VAR [dm] == VAR [L\]
Le programme réalisé pour cette étude, écrit en a) pour chaque nœud les déplacements horizontaux et
FORTRAN IV, s'organise suivant l'organigramme verticaux ainsi que les écarts types et les coeffi-
donné ci-après. cients de variation de ces déplacements;
b) pour chaque élément, les contraintes horizontales,
Entrées verticales, les contraintes principales, l'orientation
On introduit les mêmes entrées que pour un pro- des cORtraintes principales, la contrainte de cisail-
gramme classique d'éléments finis (Zienkiewicz [9]) lement maximum ainsi que leurs écarts types et
et, de plus, les variances de tous les para.p;tètres ainsi leurs coefficients de variatiQR:.
que la covariance entre l'inverse du module de Young On imprime une table correspondant à l'incertitude
et le coefficient de Poisson. qui affecte chacun des domaines indépendants et
Sorties chacun des cas de charges ainsi qu'une table où l'on
considère l'incertitude globale due à toutes les incer-
Les sorties se présentent sous forme de tables dans titudes sur tous les paramètres.
lesquelles on peut lire :
5. EXEMPLES D'APPLICATIONS
5.1. Premier exemple miné et k j étant connu avec une certaine incertitude
caractérisée par VAR [kil ; les valeurs de E [kil et
Cet ex~mple a été traité afin d'évaluer l'influence VAR [k j] sont les mêmes pour les deux systèmes de
de divers paramètres sur l'incertitude qui affecte les forces. Le premier système de force est c9mposé de
résultats d'un problème très simple. (Pour simplifier
FI' F3, le deuxième système de force d~ F2 (fig. 1).
les notations, on notera désormais P ij les variables
aléatoires < Pr> i* définies au paragraphe 2). En On considère qu'il n'y a pas d'incertitude sur la
particulier, on a recherché l'influence de E [Mi], méthode de calcul.
(moyennes des inverses des modules de Young), de Par hypothèse, on a pris tous les coefficients de
E [Vi] (moyennes des coefficients de Poisson), de la variation des Mi et Vi égaux à une même valeur a.· II
valeur moyenne des charges appliquées (caractérisée existe de plus une certaine corrélation entre les Mi
par un facteur multiplicatif k) ainsi que des varian- et Vi caractérisée par un coefficient de corrélation p.
ces VAR [Mi], VAR [Vi], VAR [kil et covariance
COV [Mi, Vi] . On démontre facilement (Cambou [3]) que le coef-
ficient de variation des déplacements des nœuds et
L'exemple traité concerne un solide de longueur des contraintes est égal respectivement à :
infinie, de section carrée soumis à une charge verticale
~
répartie uniformément, reposant sur un substratulTI indé- VAR [Y k] == a fk (E [v])
formable. Le solide est divisé en quatre domaines E [Yk]
(6) A
indépendants (fig. 1 b). Les valeurs de E [Vi], E [Mi], . V R [crk] == a h" (E [v])
VAR [Vi] , VAR [Mi] et COV [Mi, Vi] sont les mêmes E [crk]
dans chacun des domaines.
Les coefficients de variation des déplacements et
Les deux systèn1es de forces appEquées Gont de la des contraintes sont donc des f911ctions proportion-
forme {Pj} == k i {Po}, {Po} é~ant parfaiten1ent déter- nelles au coefficient de variatiùri~:::a de-' M, V et k et
59
ORGANIGRAMME
CI: N+M
w
calcul et ilnpression des défàrmations, des contraintes, de leurs écarts
types et roefficients de variation dus aux incertitudes sur tous les
p:rrarrètres introduits dans le calcul
60
L.... . - 1
_ _1
3 F, = F2 . =F
, F,
i F2 t
3
=1000 kN Domaine
1 2
4 r--------=lIfC------.l6
7 ~-,-,.
a) Maillage ut il isé
..-,....~-_.........t 9
8
L x
,2,5 40
30
E
u
C
.~ .:::t:.
Voleurs maximales ;:'"
20 Valeurs maximales
(éléments 6et 7)
ë ~
éléments 2 et 3 ~i
o Q)
8 {j, ~ "'0
'- ~
~ ;i5 1,0 'cu
> >
cu 10
~~ Va Lé:Urs ~ '+-
Q)
o 0
'+-
Q)
Valeurs minimales
(éléme nts 2 et 3)
<3 ~ minimales(éléments5etS) UU
lJ. . ------e~---.....,jO
I~ 0,5 .........ll.---'----I_"----&.--L.----JI-..L-,.._Ia..-..;..,:;Oit;;'::t~'.;',........ L 0 ,- ~
.r: 0 0,1 0,2 0,3 C),4 0,5 E [lJ] o Q,3 0,4 O,S-"E [v]
Fig. 2. - Contraintes principales majeures (premier exem- Fig. 4. - Contraintes principales mineures (premier exem-
ple d'application). ple d'application.
8
Valeurs, maximales
+J
C
Cl)
( n oe u d 5 1 et 3 )
E
Q) X
.- 6
cu ~
Cf)
c
'u
Voleurs maximales Q)
E
Cl) .~
(él é men t s 6.7. 1.' ) Q)
~
"'0 ;:,.- 1,5 °
a. ~-
4
ë ~
'0)
o Cl)
"'0 .~
Cf)
u "'0 Q) 0)
"'0 "'0
'- ~ ~
~
cu cu eu cu
> > 1,0 > > 2
]~ aLe~ ...: ....:
Q)
0
0)
0 Valeurs minimales
uu u
Il
U
Fig. 3. - Contraintes de cisaillement (premier exemple Fig. 5. - Déplacements horizontaux (premier exemple
d'application). d'application).
indépendantes de la valeur moyenne du module de 2 à 6. On peut voir que les fonctions f (E [v]) et
Young et des forces extérieures. Ces conclusions ont h (E [v]) dépendent de E [v] d'une façon très sensible
été vérifiées numériquement en utilisant le programme en particulier les fonctions l~ et f x (fig. 4 et 5);
décrit précédemment. ceci met en évidence que les coefficients de variation
des résultats d'une analyse par la méthode des éléments:
Les diverses fonctions fk et hk définies par (6) ont finis peuvent prendre des valeurs beaucoup plus
été calculées pour différentes valeurs de E [v] élevées que celles des coefficients de variation des
(0.1; 0.3 et 0.49) et sont représentées sur les figures paramètres introduits dans le calcul.
61
Coefficient de variation
)- 1,5
~ _._ 0 des quatre paramètres:'10 o /0
~
c
Q)
E
o 1,2 - fi) des forces extérieures: 10°/0
Cl.> ":'-- X de M=10o/o .
.M0. ~,1,O Valeurs max.imolss
(noeuds 1 3.Lc,6 )
>- 6 °
de V : 10 10
~
::>
~ ~ o 0
,l
0 0 du poids volumique: 1 0010
Cf) Cl.>
Valeurs mlnlmaLes(noeud2)
E 110 ,-
-3 u Q)
~ ~0/5
U
cu
~ ~
Q.
'1)
o 0 -0 0,8
ullu if)
Q)
~ 0'----l....--.1_.L-...L-.--L---..l1-----.....:...--a.-~-- -0
o 0,1 0,2 0,3 q,4 0..5 E[U] r
o
'~0,6 -
Fig. 6. - Déplacements verticaux (premier
exemple d'application). co
>
Q)
-0 0,4
i-J
C
Q)
~
lisées pour la construction du métro
de Mexico. Nous avons utilisé les
données du projet réalisé pour la
construction de cet ouvrage (Alberro
[1], Espinosa et Auvinet [ 6 J). Les
excavations s~étendaient sur plusieurs ~ 0,8 --
kilomètres. Dans ce cas, il est utile E Q)
1. 2 3 4 5 6 7 8
62
60kN --..
Sur les parois de l'excavation on considère en
chaque point une contrainte horizontale dirigée vers
l'intérieur, égale à la contrainte totale horizontale qui
s'exerçait en ce point avant la réalisation de l'exca-
vation. On a donc :
180 k N
~ O'HT == ka O'VE + 0'A
avec
O'VE contrainte verticale effective au point Pavant
l'excavation.
O'HT contrainte horizontale totale au point P après
excavation.
Fig. 9. - Section de l'excavation du métro de Mexico O'A pression de l'eau au point P.
(second exemple d'application). ka coefficient des terres au repos.
ka est un paramètre très difficile à déterminer, en
Limite supé!ieure de l'intervalle de particulier, il dépend de tout mouvement horizontal
confiance ( P~ob. 98';') pendant l'excavation. On peut considérer que la
valeur moyenne de ka est égale -à 0.5 et son coefficient
de variation égal à 20 %.
Pendant l'excavation, les parois de l'excavation étaient
soutenues par deux séries de butons, qui exerçaient
une force de 6. 104 N par m dans la série la plus
va leur rnoyenne haute, et une force de 18. 104 N par m dans la série
basse.
On considère que seules les forces horizontales
0,1 m
L lm
N;ve-au co.rrespondant .
avant l'excavation
appliquées aux parois de l'excavation sont connues
avec une certaine incertitude, caractérisée par VAR· [ka] .
Les autres forces appliquées sont considérées comme
Fig. 10. -- Déplacement vertical du fo~d de l'excavation parfaitement définies. On ne tient pas compte dans
(second exemple d'application). cette étude de l'incertitude sur la méthode de calcul
utilisée.
valeur moyenne
Les figures 10 et Il montrent la valeur moyenne
L i mit e su p é rie LI r e deI' i n ter va" e 'd e et la limite supérieure de l'int~i:Valle ,- de., confiance,
correspondant à une probabilité de 98 0/0, des dépla-'
confiance ( Prob. 98;/·)
cements verticaux au fond de l'excavation et dans
son voisinage. On considère que les distributions des
résultats de l'analyse sont normales, ainsi donc :
Y max == E [Y] + 2 VAR [Y]
5cm~
c
.~
co Niveau correspondant avant t/excavation
>
co Y max: limite supérieure de l'intervalle de confiance
u 2m
x
<ll
....
1 L - -_ _--a- ,----J correspondant à une probabilité de 98 0/0.
4 8 12 16 20m Les figures 12 et 13 montrent les courbes d'égales
valeurs de l'écart type des déplacements verticaux et
horizontaux.
Fig. 11. - Déplacement vertical au
voisinage de l'excavation (second exem-
ple d'application). Coefficient Localisation
Ecart type de variation de ce maximum
maximum correspondant (fig. 13)
poids volumique saturé 17.5 kN / m 3 .
. coefficient de corrélation entre M et Déplacements verticaux .... , 6.2 cm 29 0/0 A
v == 0.6
Déplacements horizontaux .. 1.2 cm 50 0/0 B
coefficient de corrélation entre M et
v == 0.6
Contrainte principale
coefficient de variation 30 0/0 majeure ................... 19.3 kN/m2 23 0/0 C
coefficient de variation 25 0/0
coefficient de corrélation entre M et Contrainte principale
mineure .................. 6.5 kN/m2 45 0/0 D
v == 0.6
Les forces extérieures appliquées à Contrainte
l'excavation ont été calculées de la de cisaill emen t ............. 10.4 kN/m2 23 0/0 D
façon suivante.
il'
La contrainte verticale, dirigée vers le haut qui On peut souligner que, en général, les coefficients
s'applique au fond de l'excavation est égale, en module, de variation des déplacements horizontaux et des
à la contrainte verticale totale qui existait à cette contraintes principales mineures sont plus élevés que
profondeur avant l'excavation (on considère que l'eau les coefficients de variation des déplacements verticaux,
est pompée- hors de l'excavation). des contraintes principales majeures et des contraintes
de cisaillement.
63
b.x = l,a cm
b.x= O,75cm
t.::.x= 0,50 cm
Fig. 12. - Courbes d'égales valeurs de l'écart type des Fig. 13. - Courbes d'égales valeurs de l'écart type des
déplacements verticaux (ây); (second exemple d'appli- déplacements horizontaux (âx); (second exemple d'appli-
cation). cation).
6. CONCLUSIONS
La méthode de calcul développée ici permet une on dispose de résultats expérimentaux, cette méthode
première évaluation de l'incertitude sur les résultats permet de juger si les différences entre les résultats
d'une analyse par la méthode des éléments finis à du calcul et les résultats expérimentaux peuvent
partir de l'estimation des incertitudes qui affectent être expliquées par les erreurs faites sur les données
les divers paramètres introduits dans lè calcul. introduites dans le calcul ou si la méthode de
Cette méthode paraît particulièrement intéressante calcul n'est pas appropriée dans le cas considéré.
dans les. trois cas suivants : 3) Lorsqu'on réalise l'étude d'un ouvrage de dimensions
1) Pour tout problèple qui peut être résolu par la importantes (canal, autoroute, métro) par la méthode
méthode des' éléments finis en élasticité linéaire, des éléments finis en élasticité linéaire, il sera
cette méthode' permet d'évaluer la sensibilité des intéressant de faire une étude statistique des
résultats de l'analyse par rapport aux divers para- propriétés du sol tout au long de l'ouvrage. La
mètres introduits dans le calcul. En particulier, méthode de calcul décrite ici peut fournir un ordre
les exemples numériques montrent que cette sensi- de grandeur des déplacements et des contraintes
bilité dépend de la valeur moyenne du coefficient maxima de l'intervalle de confiance correspondant
de Poisson, de la localisation du point considéré, à une probabilité donnée.
et que les coefficients de variation des résultats Remerciements :
de l'analyse peuvent prendre des valeurs beaucoup
plus élevées que ceux des paramètres introduits . Cette étude a été réalisée pour la majeure partie' à
dans le calcul. l' « Instituto de Ingeni~ria » de l'Université de Mexico
(Mexique) . Je tiens en particulier à remercier ·le
2) Dans le cas d'une étude par la méthode des professeur Auvinet pour son aide précieuse tout au
éléments finis en élasticité linéaire pour laquelle long' de cette étude.
BIBLIOGRAPHIE
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excavaciones deI metro de Mexico ». Ingenieria, bability to soil and structural engineering ». Hong-
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engineers ». Mc Graw-Hill book Co, New York deI metro ». Instituto de Ingeniera, Mexico.
(1970).
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[5] CORNELL (C.A.). - « First-order uncertainty method in Engineering Science », Mc. Graw-Hill
analysis of soils deformations and stability ». publishing compagny (1971).
64
comportement à ·terme des terrains
boulonnés par s:cellements
répartis à la résine
par
J.-F. Raffoux
Docteur-Ingénieur
CERCHAR
Groupe Terrains
Verneuil-en-Halatte
Laboratoire de Mécanique des Terrains
Nancy
COMPORTEMENT A TERME DES TERRAINS MIDDLE TERM BEHAVIOUR OF STRATA
BOULONNES PAR SCELLEMENTS REINFORCED BV FULL COLUMN RESIN BOlTS
REPARTIS A LA RESINE
Strata reinforcement by full column bolting is
L'utilisation de scellements répartis par reslnes still a new technic. It was first developped in
synthétiques pour le boulonnage des terrains est mine workings caracterised by a rather short
une technique récente. Son développement a eu life span. Its extention to tunelling and civil
lieu tout d'abord dans les travaux souterrains engeneering can only be undertaken after long
miniers dont la durée de vie est en général assez term efficiency has been studied.
courte. Son utilisation dans les travaux souter- Measurements and observations in some mine
rains de génie civil à longue durée de vie pose workings which have been open for several
le problème de l'efficacité à terme de ce type years (3 to 6) show that after that time the strata
de renforcement. reinforced with resin bolts remain stable, and
Des observations et mesures faites dans ~des bolts are still efficient.
galeries de mines restées ouvertes depuis plu-
sieurs années (3 à 6 ans) montrent que sur cette
durée les terrains boulonnés houillers restent
stables et que les scellements y conservent
toute leur efficacité.
66
comportement à terme des terrains boulonnés
par scellements répartis à la résine
par J.-F. RAFFOUX
L'utilisation de scellements répartis par résines d'aucune information expérimentale sur le 'comporte-
polyesters pour le boulonnage des terrains est une ment à terme dans le terrain de ces scellements.
technique récente puisque son application industrielle
date d'une dizaine d'années. Or, dans les Charbonnages de France, plusieurs ex-
ploitations ont avec l'aide du CERCHAR mis au
Son développement a essentiellement eu lieu dans point ces techniques de scellements répartis depuis plus
les travaux souterrains miniers qui en ont consommé de dix ans. En particulier, les Houillères du bassin de
la presque totalité jusqu'à ces tous derniers temps. Les Lorraine font une utilisation extensive du « boulonnage
travaux publics souterrains commencent à utiliser cette à la résine »; près de 6 km de voies et de galeries
technique mais l'emploi de ces scellements dans des sont creusées chaque année en utilisant cette technique
ouvrages permanents pose le problème de leur longévité, éventuelle complétée par un soutènement porteur addi-
problème qui ne se posait pas dans ~es voies de mines tionnel indépendant et certaines restent ouvertes et
qui ont généralement des durées de vie assez courtes accessibles pendant plusieurs années. Dans six de ces
(de l'ordre d'un an). voies et galeries creusées depuis longtemps divers
Les chimistes estiment que la résine polyester poly- essais et mesures ont permis de vérifier l'efficacité à
Inérisée est un produit stable, mais on ne dispose encore terme du boulonnage par scellements polyesters.
_Coupe_
Boulons résine 2,20 m Boulons résine 2,20 m Boulons résine 2,20 m
1
4,70 m 5,00 m
_ Plan_
Densité de boulonnage du toit Densité de boulonnage du toit Densité de boulonnage du toit
d = 1,,34 b/m 2 d = 0,66 b/m 2 d = 1,41 b/ m2
,//~~~",,=",~~~
/ /
de bois
d'acier
iJ 28 mm
Poids de mise
en tension
Fig. 2. - Station de contrôle de l'expansion du toit.
68·
dispositifs de mesures équipant ces stations de contrôle
Ouvrages et Expansion Expansion Expansion depuis
sont simples (fig. 2 b), peu coûteux mais, réalisés avec nombre de sta au creusement au passage taille fin de l'exploitation
des matériaux altérables (bois, fil d'acier), ils ne sont _tions de meSiJ
pas prévus pour avoir une longue durée de vie. Cepen- _res en étiJt (j) ® (j) Cff) (]) ®
dant, un certain nombre de stations en état ont été Folschviller 2 3 mois - - 1 50 mois
Maurice 18 1 3 Il 2 sem. - - 2 66 Il 2 sem
retrouvées dans cinq des six ouvrages étudiés. Trois 3 stations 2 2 Il 6 60 Il
- - Il
seulement dans les plus anciennes des voies (six ans)
mais 14 et 17 dans les plus récentes (trois ans). Sur Folschviller 1 3 mois 2 sem - - 0, 32 mois
Maurice 22 1 3 Il 2 Il - - 0 32 Il 2 sem
les dispositifs en bon état, qui sont presque toujours 6 stations 6 2 Il 0 32 Il
- - Il
des dispositifs d'expansion de nouvelles mesures ont 4- 2 Il - - 0 30 Il.,
été entreprises; confrontées aux mesures prises plu- 6 1 Il - - 6 30 Il
6 1 Il - - 2 28 Il 2 sem
sieurs années auparavant, elles permettent de comparer
l'expansion qui s'est produite au moment· du' creuse- Folschviller TB 5 1 Il - - 5 33 mois 2 sem
ment à. celle qui s'est produite par la suite (Tableau 1). vers Naurice 2~ -·0 1 Il - - 0 41 Il
3 stations 0 1 Il - - 1 30 Il
Avant l'analyse de ce tableau, il faut déjà noter que,
Marienau 3 3 mois - - 0
la faible amplitude des déformations observées dans G2 8 8 2 Il 2 sem. 14 35 mois
- -
plusieurs stations .de mesure (quelques millimètres) est Il stations 20 2 Il - - 0
de l'ordre de grandeur de la précision de la mesure. 11 2 Il - - 37 37 Il
15
6
2 Il
1 Il 2 Il
- - 32
40
32 Il
1 sem
L'examen d'enselnble de ces résultats de mesures - - 33 Il
24- 1 Il - - 2 33 Il 1 Il
des déformations montre donc : 15 1 Il - - 43 33 Il
L'essai de traction ne simule absolument pas le mêmes caractéristiques et modes opératoires. Douze
comportement du boulon dans le terrain mais c'est résultats d'essais de traction récents ont donc été utilisés
un moyen commode de tester l'efficacité d'un scel- pour la comparaison.
lement ou d'un ancrage. La figure 3 a présente le Les courbes des essais de traction représentent le
schéma d'installation d'un tel essai. déplacement relatif de l'extrêmité du boulon par rapport
Onze essais de traction ont pu être effectués en au vérin (c'est-à-dire l'allongement de la tige, son glis-
1975 sur des boulons qui avaient été posés lors du sement, et éventuellement l'enfoncement du vérin dans
creusem'ent des ouvrages étudiés ; deux ont été réalisés le terrain) en fonction de l'effort qui lui est appliqué;
sur des boulons posés dans le charbon des parements et ces courbes .(fig. 3 b) présentent habituellement une
les neuf autres sur des boulons de toit ou de parements phase linéaire ou pseudo linéaire qui est parfois pré-
de travers banc ou carrures. cédée d'une phase de mise en serrarge du vérin par
écrasement superficiel des terrains. Vers 15 t, on cons-
Ne disposant pas de résultats d'essais de traction tate souvent un changern.ent de pente de la courbe
réalisés dans ces mêmes ouvrages lors de la pose des effort-déplacement et l'essai se termine par la rupture
boulons au creusement, il a fallu comparer leur résul- de la tige à moins qu'il n'ait été interrompu avant par
tats à ceux d'essais de traction sur des boulons récem- crainte de dépasser la limite d'utilisation du vérin
ment posés dans des terrains semblables et avec les (20 t).
69
Rupture
15
10
1ère Phase linéaire
01'0- -
A _ Tige du boulon essayé
8 _ Tube rtliionge fileté d = déplacement relatif tige terrain
C _ Lecture de l'allongement Cd) + allongement tige
D _ Corps du vérin creux
E _ Piston
F _ Huile
6 _ Flexible de raccordement à la pompe
H _ Pompe et manomètre de lecture de
la pression appliquée CP) ou de l'effort CF)
Fig. 3 a_ Vérin annulaire de traction sur boulon Fig. 3 b_Courbe d'essai de traction type
T
Charbon
ou 15
schistes charbonneux
10
a 20. 40 60 80 d a 20 40 60 80 d
~~
1 Folschviller Maurice 22 @ ® © Folschviller Montage
Mariemw' 62 A Maurice
Marienau 62 B
T T
Schistes. gréseux
15 et 15
. grès
5 5
20 4-0 60 80 d a 20 40 60 80 d
@ Cf) ® ® Simon Toit veine K
~;
Folschviller Toit Maurice. 18
Folschviller Toit Maurice 22
Folschviller Toit Maurice 22
Folschviller parement Maurice 22
70
BOULONS ANCIENS BOULONS FRAICHEHENT POSES
Age Pente Charge limite Terrain Age Pente Charge limite
du de la phase atteinte du de la phase atteinte
boulon linéaire boulon linéaire
3 ans 1,5 t/cm 13 t Vérin s'enfonce Charbon 0::!. 1 heure 4-,5 t/cm 18 t Arrêt essai
4 ans 3 t'/cm 18 t Rupture tige et 6 t/cm 18 t Il /1
5 ans 5 t/cm 18 t Arrêt essai schistes charbonneux 15 t/cm 18 t /1 1/
3 ans 10 t/cm 10 t Arrêt essai schistes gréseux 8 jours 7 t/cm 17 t Arrêt essai
6 t/cm 21 t Arrêt essai et 8 t/cm 17 t Arrêt essai
7 t/cm 17 t Arrêt essai grès 12,5 t/cm 17 t Arrêt essai
4,5 t/cm 12 t Boulon glisse
5 t/cm 17 t Arrêt essai
9 t/cm 17 t Arrêt essai
1 2,5 t/cm 14 t Vérin s'enfonce
4 t/cm 15 t Boulon glisse
12 t/cm 16 t Vérin s'enfonce
1
Pente morennj Pente moyenne
= 7,05 t/cm = 7,50 t/t'~
Ecart type Ecart type
= 4,97.t/cm =3,76t/cm
TABLEAU 2
Résultats des essais de traction sur des boulons scellés à la résine.
Ces ouvrages restés ouverts depuis leur creusement nécessaire un rabassenage de 1 m et quelques étais
ont fait depuis lors l'objet d'une surveillance continue médians ont été posés de place en place.
accompagnée parfois de travaux d'entretien. De plus,
une inspection plus systématique et complète de leur Marienau Voie de base G z A
état a été entreprise lors des dernières mesurés effectuées Cette voie creusée en 1970 a subi un passage de
(essais au vérin, mesures d'expansion). On a pu ainsi taille en 1971. A ce moment, èlfe 'a été renforcée 'par
restituer l'histoire de la voie et caractériser son état des cadres de bois complets avec un étai médian. L'état
actuel : du toit est excellenL Malgré la présence d'eau le souf-
flage n 'était pas général dans cette voie où le
Folschwiller voie de base de Maurice 18.1 à 870 rabassenage n'a pas été systématique.
L'état général de la voie est très bon malgré un
Montage de déblocage G 2 B
fluage des parements notable. De plus, un rabassenage
de 1 m a été effectué de façon à garder une hauteur C'est la seule des voies étudiés qui ait dû recevoir
utile suffisante à la voie. Un soutènement médian un renforcement systématique plus de deux ans après
systématique (bille refendue sur étai de bois médian) son creusement. Le soutènement est constitué d'étais
a. été installé après creusement. médians sur bille refendue tous les mètres. Malgré des
expansions non négligeables en certains points, le toit
Carrures reste bon mais le mur souffle beaucoup.
Creusées en grandes dimensions (6 m de large et 7 m De l'ensemble de ces observations sur l'état des
de hauteur) et équipées de boulons longs (3 m) en chantiers après plusieurs années, il ressort que dans
couronne, elles ont été renforcées par pose de boulons tous les cas et moyennant par endroits quelques travaux
supplémentaires et confection d'un pilier bétonné à d'entretien ou de légers renforcements, le boulonnage
l'intersection de deux galeries, avant le passage de à la résine a permis de conserver les ouvrages ouverts
tailles susjacentes. Leur aspect est resté très bon mal- et en état d'assurer leurs fonctions. La longue expé-
gré les sollicitations dues à ces passages d'exploitations rience que peuvent avoir les mineurs des soutènements
voisines. classiques par cintres nlétalliques incite à penser que
dans les mêmes conditions, les cintres n'auraient pas
Voie de base Ma"urice 22 permis de conserver ces ouvrages dans un état compa-
rable et en particulier qu'une voie comm.e G 2 B se
Cette voie ouverte depuis quatre ans est dans un serait certainement refermée sous l'effet du délitage
excellent état. Le soufflage du mur a cependant rendu progressif des terrains.
CONCLUSIONS
L'ensemble de ces résultats de mesures et obser- - que des terrains « boulonnés à la reSlne » où les
vations permet dans le cadre de la méthode mise en déformations sont faibles dès le creusement conser-
œuvre de conclure à l'efficacité à terme du boulonnage vent par la suite un excellent comportement;
à la résine. Dans des ouvrages miniers creusés depuis - que des terrains boulonnés à la résine et qui ont
trois à six ans, on a pu en effet montrer : subi un important remaniem.ent dû au passage d'une
71
L
suivant:
e jeudi 14 octobre 1976, le Camité de Géologie de l'1rigénieur consacrait sa réunion au thème
Cinq exposés se sont succédés, dont les trois' premiers sont reproduits ci-après. Les deux suivants,
à savoir:
- Contrôle des mouvements lents des gros ouvrages et de leurs fondations, par G. DOUILLET.
- Méthodes d'auscultations des mouvements du sol et du sous-sol,·.:et leur interprétation, par
C. LOUIS et J. VIDAL,
seront inclus dans la revue n° 2.
74
méthode de détection
mesure et alerte des mouvements du sol
~ et du sous-sol
AVANT-PRO,POS
Jean GOGUEL
Vice-Président du BRGM.
,
..
75
APPAREilS DE CONCEPTION RECENTE NEW INSTRUMENTS IN CURRENT
UTiliSES A·CTUEllEMENT AU CONTROLE USE FOR MONITORING GROUND MOVEMENTS
DES MOUVEMENTS DE TERRAINS TElEMETERING EQUIPMENT
TELEMESURE ASSOCIEE
Ground movements can be the warning signs
Les contrôles de mouvements de terrains doivent, of potentially highly dangerous events. They must
en fonction des grands dangers· qu'ils peuvent be continuously followed by measurements wich
présenter, être suivis et contrôlés autant que can be more quickly interpreted if they are precise.
possible par des mesures dont le délai de réponse The engineer must strike a compromise between
sera d'autant plus court qu'elles seront précises. Il precision and cast.
y a donc compromis entre coût et grande précision. A review of the apparatus now available to mo-
Il a paru intéressant de faire connaÎtr'e aux ex- nitor disturbances caused by incteasingly large
perts les possibilités offertes par des appareils underground openings excavated more and more
existants mis au point pour, précisément, contrôler rapidily, seems opportune at this time.
les perturbations apportées aux terrains par des The main types are described and their utility
excavations qui sont de plus en plus fréquemment (sometimes after mod:ffication) is assessed. This
volumineuses et rapides. will incidentally enable the engineer ta make a
Cet exposé a pour but d'en présenter les prin- rapid choice of the most suitable type, as. is
cipaux, de juger éventuellement de leurs capacités usually necessary in view of the urgency with
à être utilisés tels quels, ou après adaptation, aux which he is often called in ta report.
contrôles de. phénomènes naturels; autre avantage Telemetering automatic data recording and .alarms
précieux de cette présentation: permettre un choix can beneficially be associated with the measuring
rapide d'une instrumentation adéquate, étant donné instruments, but such systems are generaly costly.
l'urgence qui caractérise généralement l'interven-
tion de l'expert et, in fine, le court délai pour
déposer ses conclusions.
Enregistrement, télémesure et alarme peuvent
compléter très efficacement les dispositifs précé-
dents, mais ils se révèlent généralement coûteux.
76
A. Appareils de conception récente utilisés
actuellement au contrôle des m,ouvements
.,
de terrains. T'élé;mesure assoclee
par J. BERNÈDE
1. INTRODUCTION
C'est dans le cadre ZERMOS (*) et sous le thème : La solution optimale serait donc de pouvoir disposer
« Méthodes de détection, mesure et alerte des mou- de méthodes à la fois précises, susceptibles d'instal-
vements du sol et du sous-sol» que se place l'exposé lations simples et rapides, présentant des qualités de
qui suit. Il va traiter plus spécialement des appareils rusticité et de pérennité, et qui seraient de surcroît
utilisés à l'heure actuelle pour les contrôles des mouve- économiques C'~).
ments de terrains à l'occasion des chantiers.
Les appareils que nous allons présenter ont tous été
La nécessité de tels contrôles s'impose davantage au étudiés en cherchant à leur conférer les qualités
fur et à mesure que croissent les dimensions des ou- précédemment citées.
vrages ainsi que les vitesses de travail et, partant,
l'importance des perturbations qu'ils entraînent. Ainsi pourrait-on, à partir de ceux-ci, envisagër de
recourir plus souvent .-à Ta mesure plutôt qu'à la pose
Le but de cet exposé est donc de présenter ces appa- de simples repères ou de témoins, lesquels sont impré-
reils et de voir dans quelle mesure ils sont susceptibles cis et répondent en tout ou rien. La mesure précise
d'être utilisés, tels quels ou après adaptation, aux permet en effet de gagner beaucoup de temps en
contrôles qui font aujourd'hui l'objet de nos préoc- réduisant la durée de réponse proportionnellement à
cupations et que nous appeller~ns, pour simplifier, cette précision.
« contrôles ZERMOS ».
Ayant eu l'occasion d'assister, il y a quelques mois, Bien sûr, l'enregistrement est encore préférable, mais
à un exposé sur les accidents naturels· de terrains, les le critère de l'économie doit être revu en fonction' de
moyens de les détecter et d'en contrôler les effets, nous l'importance du danger; et on retrouve encore, exagérés,
avions cru percevoir une certaine désaffection pour les les mêmes problèmes d'investissements coûteux en pas-
sant aux dispositifs de télémesure et d'alarme, indis-
mesures précises.
pensables toutefois dans le cadre de la Protection
Certes, l'expert chargé de l'étude du phénomène natu- Civile, face à des dangers importants.
rel est presque toujours obligé de prendre celui-ci de
vitesse et procéder à un choix rapide des moyens de Nous allons donc décrire des appareils utilisés actuel-
contrôle qui, de plus, sont généralement à repenser dans lement pour le contrôle des perturbations dans les
chaque cas. Il doit en outre respecter les critères • terrains en place et terminerons par quelques brèves
économiques contraignants imposés, dans la plupart indications sur des dispositifs précisément conçus pour
des cas, par les collectivités locales qui constituent .la être directement utilisés à des contrôles du type
majorité des demandeurs. ZERMQS.
Nous nous en tiendrons à l'examen de ceux qui sont a) Rusticité : elle est rendue absolument nécessaire par
plutôt destinés au contrôle des perturbations engendrées , les conditions à la fois difficiles et extrêmelnent pol-
par des terrassements importants et plus particuliè- luantes, sinon agressives, qui résultent le plus
rement au contrôle des perturbations consécutives au souvent de l'activité, simultanée à la pose des appa-
creusement des excavations souterraines. reils, des Entreprises sur le chantier.
b) Pérennité : elle va de pair avec. la qualité précé-
2.1 Qualités requises pour les appareils dente, compte tenu du caractère plus ou moins
agressif des sols et des eaux souterraines. En géné-
Certains seront mieux adaptés au contrôle en phase ral, on l'améliore déjà beaucoup en assurant au
de creusement, d'autres à celui du tunnel en service, dispositif une protection mécanique parfaite et,
mais on a recherché à ce que chacun présente au maxi- autant que possible, une bonne étanchéité.
loi mum' chacune des qualités suivantes : rusticité, simpli-
cité de conception, grande précision, installation aisée et c) Simplicité de conception : la mesure directe a été
rapide, coût modéré enfin. recherchée, ou du moins l'emploi d'un capteur de
(*) Zones Exposées aux Risques naturels liés aux MOuve- C:) «Field measurements in tunnels», P. Londe, Zürich
ments du Sol et du sous-sol. (1977).
77
type simple et dont les données soient aisément des exemples caractéristiques d'utilisation, et des ensei-
traductibles, ce qui permet à un personnel local, gnements qu'on a pu retirer de tels exemples. On
non spécialisé, de procéder aux lectures. s'efforcera de' conserver l'optique d'une conversion de
d) Grande précision : la simplicité n'exclut pas la pré- ces outils auxcon'trôles du type ZERMOS, en formulant
cision. Presque toujours elle résulte de l'emploi de un avis sur les possibilités d'adaptation de chacun
dispositifs sans frottement et exempts d'inertie. d'eux.
e) Rapidité et aisance de pose : ces qualités sont indis-
pensables pour réduire au maximum la gêne suscep- 2.21. Distomatic
tible d'être apportée à la bonne marche des travaux Il s'agit d'un extensomètre dont la base peut dépasser
de chantier. On y arrive par une préparation très 50 m.
poussée en atelier. Il est constitué d'un dynamomètre de grande préci-
f) Coût modéré : cette modération découle de l'effort sion « 0.05 N) qui tend sous 150 N un fil en invar
apporté à la simplification du matériel; elle résulte géodésique stabilisé mécaniquement. Les fixations. aux
surtout de la rapidité de mise en place par suite plots, qui sont scellés très soigneusement dans les parois,
d'une réduction importante des prestations de sont étudiées en vue de mesures fidèles, précises et
personnel. à la fois simples et rapides. La précision, variable avec
la longueur de la base et les conditions de mesure,
2.2. Présentation des appareils les plus est comprise entre 20 et 100 microns.
couramment e'mployés Le chalnp d'application est vaste mais sa destination
première consiste à suivre la convergence des cavités
Il s~agit uniquement de dispositifs qui ont déjà fait souterraines. Etant amovible, cet appareil est particu-
leurs preuves. lièrement adapté au contrôle des tunnels en service.
Bien évidemment, tous ont pour point commun de Nous tenons à signaler que les figures relatives à cet
mesurer des déformations avec, éventuellement,. une appareil sont cOlnmuniquées ici avec l'aimable autori-
traduction en efforts à l'aide de jauges comme ce sation de la SNCF.
[·era le cas, par exemple, pour le boulon d'ancrage Les figures 1, 2 et 3 présentent l'appareil en cours
extensométrique. de mesures dans un tunnel de chemin de fer en service.
On notera que les mesures de pression hydraulique La figure 4 montre la différence entre le rapprochement
y ont une place car, dans nombre de cas, le' régime des des piédroits dans une section de référence, a priori
eaux souterraines constitue un important facteur saine, et celui qui fut suivi dans une section à
d'instabilité, sinon la cause m;ajeur~ des désordres. contrôler.
Les appareils actuellement di~ponibles sont nom- La figure 5 prouve l'intérêt de mesures fines qui ont
breux mais notre présentation se réduira aux princi- permis, dans ce même; tunnel, de préciser en quelques
paux types, à ceux qui sont les plus courants. Ils sont semaines une dérive dont l'estimation par des moyens
regroupés dans le tableau ci-après qui donne des idées courants plus rustiques et manquant de précision, avait '
générales sur leur vocation, leurs performances et nécessité de très nombreuses ànnées. '
signale quelques particularités concernant la mise en
place. 2.22. Distofor
Nous nous limiterons donc, dans la suite de, cet Un tube continu est enfilé dans un forage droit, suf-
exposé, à compléter pour chacun les indications conte- fisamm~nt léger pour qu'on puisse atteindre des lon-
nues dans le tableau par quelques détails descriptifs, gueurs de. 20 m, et même 40 f i en forage descendant.
78
1------
.. ----. ~
- convergence relative - maxi. actuel - 20 à 100 ~t - rose simple et rapide - lecteur mobile
24 m (selon base) plots scellés par à dynamomètre de
- contrôle des tunnels en service (possible 50 m) haute précision
DISTüMATIC paires (opposés)
+ fil invar géodésique
- convergence absolue - ancrages - forage percussion suffit - convient si accès
répartis - rose rapide impossible
- contrôle des cavités : - long. max. 20 ~ - isolement et protection
DISTOFOR - encombrement final nul parfaits
actu. 20 m
• en creusement - centralisation facile
(possible
• en service 40 à 50 m) des lectures
".
BOULO,N - décompression d'une paroi - long. maxi. - 5 % (sur - aisées - jauges collées
EXTENSOMETRIQUE actuelle les efforts) 40 < 0 < 60 mm dans l'âme creuse
5'm
ro.../
- tassements des terrains - peut atteindre - forages vertical équipé - nombre d'anneaux
SONDE SONORE 1mm
100m d'anneaux couplés non limité
~ ~ !'J ~
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CD
1/)
~
0,5
1
-.:....
-.-.,
CD ......
: ~,5 \.
1/) 2,5 '.~. Fig. 4.
3
Q)
~
~ O.---------J
Fig. 5.
~
~
~
Q)
0,5 __
----- 0 __
~
, Temps (mois)
1. Contrôle à court terme au Distoma- Q. 1,0 _---:
tic (± 0,01 mm).
2. Dérive obtenue par topométrie à très
1/)
Q)
~ 1,5 __
° 2
80
puis au cours de l'éloignement du front. Elle se pour-
suivent encore, et se poursuivront aussi longtemps
qu'on le désirera, fournissant alors de's indications sur
l'adaptation du masssif autour de l'excavation C''").
Précisons que les forages à' équiper peuvent être exé-
cutés en percussion ce qui est très favorable à
l'économie. .
Signalons pour terminer cette présentation, que de
nombreux appareils équipent actuellement des talus
rocheux ou des terrains autour de tunnels, dont un
tunnel lyonnais avec un forage de 20 m, et, à titre
documentaire, qu'il est question de suivre les défor-
mations au cœur de barrages. en béton présentant des
cas caractérisés de gonflement.
Fig. 7.
1. Bague de couplage du cap-
teur inductif.
2. Ressorts d'ancrage.
3. Corps de la tige.
4. Raccord étanche.
S. Tête à encastrer.
6. Connection étanche ou sor-
tie par presse-étoupe.
7. Fil de dégoupillage.
81
Fig. 10.
1. Tunnel routier.
2. Revêtement.
3. Terrain (marnes).
4. Forage équipé au Distofor.
3,5 m
t Ll AD AO=5,Om
9 T /e_e_e_e_e_e_e_e _ _ e_e-e_e\e_e_e_e-e-e-e-e_-
8 _1 80= 4,8 m 0=5,8mm
E 7 lie C 0 = 2,8 m
S 6 l Fig. 12.
~cv 5 lile '
E 4_[
~ 3 le Ll BD
~ ~ Ir·-·-·-·-·-···-·-·-·~·:~···-·····-·-·-·-·-·-·-·-·
o H:-e-e-e-e_e-e -e - - e _ _ e _ e _ e _ e e _ e _ e _ e _ e _ e _ e _ e _ e _ e _ e
~I---I--- - - - - - - ---1---1----..
1 2 3 4 5 6 7
Fig. 11. Temps (mois)
ïf ,,0_0-0-0--=-0
..1.80
----0
2.24. Téléniveau
Il s'agit de simples vases communiquants munis
oP L1 CD
chacun d'un flotteur dans lequel on incorpore un
o ;f~·-~-Â;-. ·1.~1-. __ I~
~ Distances ( m) capteur précis (définition de l'ordre de 0.1 mm). Le
l - Progression .du front -- temps de réponse est l<?giquement fonction de la dis'-
~':~:-~::-::-::-:-:--::--=-:~(
: 1 1
82
,~~
~ ,~~~
./ ~>\b
Zon e de ........' { Zone de
pou dingues .d J 1:/ marnes
" 0
1-1-1- 1- 1- 1-1-1-1 "1'1" 0
0
{" ~ 00
01-1-1-1-1-1-1-1-1-1-1-1
. ~ 13m
9 ,....- - - - - - - - - - - - - - 1 _ 1
f
~~-....:-
""" ~P
'~~~~~~ - Fig. 15.
Fig. 14. 1. Distance du capteur à la paroi (m).
1. Boulon extensométriqu~ A ) Long. 5 m (8 capteurs 2. Effort localisé (104 N).
2. Boulon extensométrique B ~ espacés de 0,2 à 0,5 m)
3. Boulons d'ancrage courants.
4. Revêtement béton projeté.
83
Fig. 18. - Piézofor. Introduction de la paroi souple et étanche.
dont un élément assure le couplage électrique. Le se font, particularité précieuse, sans perturbation locale
tassement est observé avec une précision qui, en du régime des eaux souterraines.
.fonction des qualités du câble sustentateur, est de Le Détectofor prétend seulement mettre en évi-
l'ordre du millimètre. dence un accroissement anormal de la pression hydrau-
La photo 17 montre la sonde suspendue au câble lique dans une zone délimitée d'un massif rocheux.
gradué au-dessus de l'orifice du forage à ausculter. L'appareillage comprend principalement une gaine
Les difficultés d'utilisation du dispositif aux contrô- étanche et gonflée à l'eau juste suffisamment pour
les ZERMOS sont évidentes si 'on a affaire à des qu'elle applique partout à la paroi. La pression y
mouvements plus complexes que de simples tassements est contrôlée par un manomètre en tête de forage.
et qui déforment le sondage, alors inutilisable. Simultanément, un' capteur sensible à une variation
de pression de 1 KPa (10 gj cm2 environ) peut trans-
mettre ses indications par télémesure. Ainsi se trouve
2.26. Déteètofor assurée, depuis déjà plusieurs années, la surveillance
C'est une simplification d'un dispositif plus élaboré, d'une rive rocheuse à proximité d'un barrage.
le Piézofor, capable de mesures piézométriques succes- La photo 18 illustre l'introduction de la membrane
sives en tous points d'un même sondage. Ces mesures étanche dont on équipe préalablement le forage.
Tout est permis en ce qui concerne l'association de tation des repères est aléatoire et il en résultera une
systèmes· de télémesure ou d'alarme à un dispositif obligation à les multiplier; c'est alors que le prix
quel qu'ils soit et nous avons signalé le fait ·au sujet de revient de la partie amont de l'ensemble peut être
du téléniveau complété par une alarme. sensible. Dans cet ordre d'idée, des dispositifs simp~es
Tous ces systèmes sont en général vulnérables mais ont été élaborés dont nous nous bornerons à donner
surtout fort coûteux. Aussi ne sauraient-ils être adoptés seulement une liste réduite :
que pour la surveillance de mouvements importants - tube clinométrique : contrôle unidirectionnel avec
par les dangers qu'ils présentent. Leur description mesure angulaire :
sortirait du cadre de cette étude, seule la partie a) unique sur console,
« mesure » devant faire l'objet des réflexions du géo- b) en chapelet dans un forage (Clinofor) ;
technicien. Certes, l'économie pouvant résulter d'une
conception astucieuse de cette partie « mesure » peut - clinomètre sur console bidirectionnel;
être considérée comme négligeable par rapport au coût détecteur basculant à mercure (syst.ème tout ou
des installations annexes de télémesure ou d'alarme. rien) ;
Toutefois, il faut différencier la détection du co·ntrôle. . détecteur de proximité (pas d'intertie, extrême
Dans le premier cas, en effet, le choix dans l'implan- fiabilité et très grande finesse).
84
4. CONCLUSION
Cette confrontation entre experts-utilisateurs et extrêmement utile qu'ils connaissent parfaitement les
concepteurs-fabricants devrait s'avérer très efficace. toutes dernières possibilités des appareils. Le choix
Ayant mis au début de cet exposé l'accent sur la pourra alors se faire au mieux et très vite, compte tenu
rapidité d'intervention qu'on exige des premiers, il est à la fois des conditions locales. et du coût.
t
1
~J
85
~"
RESUME SUMMARY
La protection "des zones exposées à des risques The protection of zones exposed to rock falls
d'éboulements rocheux nécessite la mise en risks requires the carrying out of further means"
œuvre de moyens complémenta"ires adaptés à adapted to each parü~ular case.
chaque cas particulier.
The paper describes the principal protection
L'article présente les principales mesures de and monitoring measurements· carried out for the
protection et de surveillance mises en œuvre pour safety of a village located in the «Alps of Savoie»,
la protection d'un villag.e des Alpes de Savoie due to rock falls of a thousand cubic metres
à la suite d'un éboulement rocheux d'un millier coming from an unstable cliff.
de mètres cubes provenant d'une falaise instable.
t
(~
86
B. Protection des zones exposées .à des
'If éboulements rocheux
Contribution des méthodes de surveillance
par L. ROCHET
1. INTRODUCTION
La protection des zones exposées à des risques Dans ces conditions, la protection doit être recherchée
d'éboulement rocheux est un problème à la fois fré- dans deux directions :
quent et difficile. Les éboulements peuvent être la - la mise en place de dispositifs de protection ou de
conséquence plus ou moins proch~ ou éloignée, de renforcement préventifs;
modifications apportées à l'équilibre naturel des - la recherche et l'exploitation de critères objectifs
masses rocheuses et ce doit être un souci permanent des susceptibles de constituer des signes avertisseurs
ingénieurs que d'éviter de perturber dangereusement suffisamment sensibles permettant de mettre en
les équilibres naturels. Mais parallèlement, l'observation évidence toute aggravation dangereuse de l'insta-
montre que ces phénomènes sont inscrits dans la nature bilité~
des choses et font partie des mécanismes naturels
d'évolution des reliefs. Leur manifestation présente un Quels que soient les moyens mis en œuvre, l'appré-
caractère inéluctable sans qu'il soit généralement pos- ciation des risques dans chaque cas particulier conserve
sible d'en prévoir l'échéance. S'agissant de phénomènes un caractère de subjectivité que l'on ne peut totalement
à cinématique rapide les manifestations apparaissent éliminer. De même, la protection ne peut être absolue
souvent brutales et laissent un délai trop court' pour et, les moyens mis en,~,œuvre résultent toujours d'un
permettre à ce stade la mise en œuvre de mesures de compromis entre ce qui serait souhaitable, et ce qui
protection. est possible. Il importe au spécialiste d'apprécier où se
situe la limite au-dessous de laquelle la protection
devient insuffisante.
87
bâtiments sont particulièrement exposés (mairie, école,
église). Les observations effectuées sur le sîte ont permis
de dégager un certain nombre d'éléments importants :
- la présence du chemin forestier qui recoupe à plu-
sieurs reprises la trajectoire de l'éboulement à joué
un rôle essentiel dans la limitation de la propa-
gation des matériaux éboulés (fig 3). Bien que la
largeur de la piste ait été modeste (généralement
inférieure à 3 m), les lacets successifs ont contribué
au stockage d'une partie des matériaux éboulés et
à l'arrêt de plus gros blocs dont certains atteignaient
un volume d'une dizaine de m 3 ;
- la couverture forestière du versant n'assure aucune
protection efficace contre les éboulements en masse.
L'observation montre que les arbres les plus impor-
tants dont le diamètre atteignait 0.50 à 0.60 mont
été sectionnés à des hauteurs variables et parfois à
leur base;
- les zones de stockage doivent présenter un volume
ou un nombre suffisants. Leur comblement par les
matériaux éboulés leur faisant perdre leur efficacité,
des travaux d'entretien sont nécessaires pour
maintenir la capacité de stockage;
- l'observation de l'état de la falaise dans la zone
de l'éboulement a montré l'existence de fissures
importantes délimitant un compartiment rocheux
dont le volume estimé était de plusieurs milliers
de mètres cubes, et dont la stabilité paraissait
douteuse.
.)
Les observations qui ont été effectuées après l'ébou- chemin forestier. Les conditions topographiques ne
lement soulignent l'importance du risque auquel se trou- permettaient pas d'établir une fosse de réceptiori
ve exposé le village. Le village de Saint-Jean se trouve de capacité suffisante à la partie supérieure de la
placé dans la trajectoire directe des éboulements pro- pente. La solution adoptée a consisté à améliorer
venant de cette partie de la falaise (fig. 2) et certains la capacité du stockage du chemin forestier, dont
88
1
89
7 ® .,i\l~QV !tu\,~rieu,. dc.lQ f'.'II1"'
® "il/~Q\I i"ft:~icrvr" c:lc \Q ~ïu",ry
6 .~
2.
o
1 1 1 1 1 1 1
A t"\ J A 5 0 Â S o, N D
1975 1976
90
Les observations ne peuvent être interprétées isolement de la protection. Les possibilités d'instrumentation sont
mais en fonction de la connaissance que l'on a du généralement limitées par des considérations économi-
comportement antérieur. Cette .connaissance s'améliore ques. Divers dispositifs de mesure ont été mis au point
au fur et à mesure que s'accumulent les observations. pour permettre néanmoins un développement des
L'interprétation s'appuie essentiellement sur l'analyse mesures in situ. On peut citer un système de mires à
de la cinématique des phénomènes (~mplitude, vitesse, vernier (fig. 7 et 8) mis au point par les laboratoires
accélération...). des Ponts et Chaussées utilisé sur plusieurs sites. Ces
La multiplication des observations relatives au appareillages d'une mise en œuvre peu onéreuse per-
comportement des masses rocheuses instables est un mettent la· mesure à distance du mouvement des fissures
élément essentiel pour l'amélioration des connaissances ou du mouvement relatif de compartiments rocheux
et de l'efficacité dans le domaine de la prévention et (lecture jusqu'à 200 m, précision ± 1 mm).
3. CONCLUSIONS
91
SURVEILLANCE DES GLISSEMENTS DE TERRAIN LANDSLIDES SURVEY
Chaque fois qu'il y a risque de rupture d'un Everytime there is a risk of upsetting of the
ouvrage ou d'un site naturel, la nécessité de equilibrium of a civil engineering work or of a
pouvoir décider du moment du déclenchement des natural site, the necessity to decide the beginning
opérations de sécurité demande l'installation sur le of the security operations ask for the setting up
site de dispositifs de surveillance et d'al·erte. of devices to observe and to alert.
Dans ce cas, on s'attache particulièrement à la ln this case one sticks particularly to the
mesure des déplacements de la masse de terre mesure of the displacements, of the soil or rock
ou de roche qui créent le risque. mass which creates the risk.
On indique ici, à côté des procédés classique- One points' out here, nearby the classic proce-
ment utilisés par les Laboratoires des Ponts et dures used by the Laboratoires des Ponts et
Chaussées (topo~raphie, inclinomètres, tassomè- Chaussées (surveying, inclinometer, settlement
tresl~ des modes' d'exploitation et des types de devices) methods of working out (inclinometer)
mesure"" particuliers (inclinomètres, nivelles). and particular types of. mesure (Ievels).
On présente aussi des appareils récents (tasso- One presents also apparatuses (settlement de-
mètres, détecteurs de ruptures, distancemètres) vices, shear strip locator, distance meters) and
et des dispositifs d'alerte dont l'utilisation semble alarm devices whose use seems to have to spread
devoir se développer. out. .
92
c. Surveillance des· glissements de terrain
par B. PINCENT
Les méthodes classiques de calcul à la rupture fon- développement des théories de calcul de défor-
dées sur les résultats de reconnaissances en place et en mations;
laboratoire permettent à l'Ingénieur de déterminer avec - assurer la surveillance des sites critiques même si
une précision généralement suffisante l'état de stabilité l'on n'est pas en mesure de définir a priori la
d'un ouvrage en terre et de dimensionner le cas échéant conduite à tenir face au phénomène surveillé.
les systèmes correctifs nécessaires pour assurer ou Parmi les paramètres liés directement au compor-
. accroître cette stabilité. tement de l'ouvrage, déplacements, pressions intersti-
Il est par contre très démuni face au calcul ou à la tielles, contraintes par exemple, seuls les déplacements
précision de la chronologie et de la cinématique des sont directement mesurables.
mouvements. Chacun ressent bien la nécessité de pou- Les contraintes ou les pressions sont en effet des
voir déterminer, chaque fois qu'il y a risque de rupture grandeurs purement théoriques qui ne peuvent' être
d'un ouvrage ou d'un site naturel, une frontiè,re critique mesurées que par l'introduction d'un appareil qui peut
dans l'espace des paramètres définissant l'équilibre des perturber sensiblement la grandeur qu'il est sensé
masses potentiellement instables. Le franchissement de appréhender.
cette frontière serait considéré comme critère d'alerte
Enfin, ce sont les déplacements de la masse de terre
et déclencherait les opérations de sécurité prévues en ou de roche qui créent le risque.
conséquence.
_ Dans cet esprit, les méthodes de surveillance portent
La définition précise d'une telle frontière, seuil essentiellement sur la mesure des déplacements, en
d'alerte, est encore du domaine du futur. Cela n'em- surface et en profondeur.
pêche pas de tenter de l'approcher empiriquement en
développant des méthodes de surveillance dans le triple On indique ici les procédés classiquement utilisés
but de : par les laboratoires des Ponts et Chaussées, en déve-
- mettre au point des technologies fiables; loppant certains modes d'exploitation rationnels des
mesures, notamment pour l'inclinomètre.· On mentionne
- acquérir des observations expérimentales pour le aussi quelques types de mesures plus sophistiquées
dont l'utilisation semble devoir se développer à l'avenir.
Si l'allure du phénomène est semblable d'un site à Fig. 1. - Evolution du déplacement d'un point d'un site
l'autre, par contre l'amplitude des déplacements et la instable.
durée des différentes périodes peuvent varier dans
des proportions considérables ainsi que l'indique le
tableau 1 relatif à des ouvrages anciens qui présentent
des désordres plus de cinquante ans après leur mise en
œuvre.
93
La répétition de ces mesures au cours du temps 3.1. Dim,inution de l'erreur S
donne l'évolution des déplacements horizontaux dans
le sol (fig. 8). L'erreur S est la somme de l'erreur aléatoire sa et
de l'erreur systématique SI'
Cependant, si le principe est simple, l'exploitation des
mesures est parfois délicate. La valeur réelle de l'angle s'exprime par :
X réel == x mesuré - Sa - Ss
déformée
profondeur _~ 0 angleOl
if. o +m~
m A B
valeurs mesurées
-.M-~:-"'I-- e rreu r
Fig. 9. - Valeur vraie et
cas d'un décalage du
valeur mesurée pour les
angles rJ. et, pour la dé- zéro de t'appareil
formée, dans un tube ver- (erreur aléatoire nulle)
tical.
3
2
m:'
96
- l'erreur aléatoire égale en module à 2 cr, cr étant poids. Dans ce cas, l'évolution des courbes présente
l'écart type de la population' Ea + Es (2 cr ~ 0.016° un caractère « désordonné» qui permet de les dis-
pour un tube de 34 m de long). Ce dernier est un tinguer des pics qui représentent une rupture réelle.
excellent « indice de qualité» de la mesure et de
l'appareillage.
Il. Déplacements de la surface du sol
De ce calcul appliqué à différents relevés dans le
temps, on déduit : Les mouvements de la surface du sol sont les plus
le déplacement angulaire à un instant t par rapport aisément accessibles. L'expérience montre cependant
à un relevé origine et son erreur ; que la précision obtenue dans ces mesures est loin de
- le déplacement horizontal différence entre la défor- celle attendue par simple déduction des performances
mée à l'instant t de la déformée origine, et son de l'appareil de mesure (théodolite, chambres de photo-
grammétrie, capteurs de déplacement, etc.). La perte
erreur.
de précision se fait au niveau de chaque maillon de la
chaîne de mesure et particulièrement à l'amont de la
3.2. Intérêt de l'interprétation de la courbe mesure elle-même (conception, mise en place des
des angles a repères, des bases de référence ...) et non au niveau des
. La définition de la courbe a fonction de la profon- appareils .
deur est plus précise que celle de la déformée.
1. Mesures directes
Exploiter la courbe a (profondeur) plutôt que la
Les mesures manuelles directes de distance entre des
déformée présente un autre avantage : la détermination
repères rapprochés sont simples, économiques et pré-
précise des profondeurs de rupture.
cises : une règle graduée ou un pied à coulisse assurent
En effet, des ruptures idéales, telles que celles repré- une erreur relative de l'ordre de 10-3 • Les distances
sentées figure 11 donnent une courbe des angles a mesurées sont des distances relatives~ limitées à quel-
qui présente' des pics dont les sommets correspondent ques dizaines de centimètres et à des sites aisément
aux lignes de rupture tandis que la déformée indique accessibles.
moins clairement la position exacte de la ligne de
Pour la mesure précise du déplacement de deux
rupture.
points éloignés d'une centaine de mètres et lorsque la
Dans le cas de mesures réelles où les courbes sont configuration du terrain. s'y prête, on peut envisager
entachées de «bruit», la distinction est encore plus d'utiliser un fil ou ruban tendu suivant la figure 13.
évidente (fig. 12).
2. Mesure de distance par voie optique
La topométrie de site instable consiste à suivre le
1 déplacement dans le temps de points matérialisés
1 par des rep~res. Pour cela, on dispose de différentes
1
J méthodes :
1
S1 1
1
topographie traditionnelle à l'aide d'un théodolite;
,, erreur - photogrammétrie ;
,! mesure de distances avec un distancemètre électro-
1
1 optique.
La mesure des angles à l'aide d'un théodolite
(fig. 14) permet de déceler des mouvements de 0,16 mm
à 100 m (10- 4 grade).
Les expériences de topographie menées par les labo-
ratoires sur des ouvrages (remblais, déblais, pentes
o o naturelles instables) n'ont jamais permis d'obtenir une
Fig. 11. - Interprétation des mesures inclinométriques erreur inférieure à ± 5 mm sur des déplacements à une
avec introduction de l'erreur de mesure: la position de cinquantaine de mètres (déblai de Bosse Calin, remblai
la surface de rupture est plus explicite sur la courbe expérimental de Cubzac-les-Ponts). Elles étaient faites,
des a que sur la déformée. il faut le préciser, à partir de deux stations seulement,
sans dispositif de centrage forcé, chaque station visant
simultanément un point matérialisé par un clou sur un
3.3. Evolution d'es courbes .en a avec le temps piquet de bois. L'erreur est dans la majorité des cas
courants de l'ordre de ± 2 cm.
Les courbes de déplacement angulaire a - a o (où
a est l'angle mesuré à l'instant t et a o l'angle mesuré .Les causes d'erreur sont diverses et diffuses. Elles ne
mettent en cause ni le principe, ni les appareils utilisés,
à l'instant initial) représentées figure 12 sont tirées des
mais plutôt 1'« implantation» de la topographie en
mesures effectuées sur un inclinomètre placé en tête
site instable qui pose des problèmes spécifiques. On
d'un remblai de 40 m de haut, depuis longtemps le
peut citer comme cause d'erreurs pouvant limiter la
siège de mouvements plus ou moins importants. Elles
mettent en évidence une rupture à 23 m de profon- qualité des mesures: .
deur, dans une couche d'argile, et d'autres phénomènes - l'instabilité du terrain où sont placées les stations;
qui font apparaître des pics sur les courbes a - a o - l'influence des mouvements du sol superficiel (va-
et qui sont provoqués par : riation d'humidité, de température) sur unè borne
- une lecture erronée ou une mauvaise position de insuffisamment ancrée en profondeur (fig. 15);
la sonde dans le tube : ils sont décelables par la - le retrait du béton d'une borne utilisée trop tôt;
valeur anormale de l'erreur Ea + Es calculée en ce - le positionnement inexact du théodolite sur la
point; station : un dispositif de centrage forcé installé à
- la mise en place progressive du tube dans le forage demeure sur les piliers de base évite les erreurs de
ou par le flambement du tube sous son propre position à chaque remise en station;
97
INCLINOMETRE
DIAGRAMME GAMMA
~Ê
~-
NATURE
DU Radio activité croissante Courbe cr (degrés) Déformée relative (cm)
1--- ~ SOL 6 0.2 0.1 o 0.1 54321 0 123456
0
-------~
1
Remblai
. "
1 Graves
2
3
._1. 134
-------- 1 7 76
........... 281076
4
_ _ 8277
1 1
5
6 1
Remblai
8 Il!
9
calcaire
la
11
12
13
14
15
! 1 1
16
17
18
19
Argile
20 1
graveleuse I\~
I·~~~, :--f-.- ~
1
21
1 1
22
23
24
Argile
plus humide
RUPTURE !
- 1 - ' - - · 'i~ ).~~.
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25
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,/ 1"" 1
32
33
Y .~.
34
35
Calcaire
\\'/'"...
Fig. 12. - Dépouillement de mesures inclinomé-
~ispositit de
triques. On peut noter la position de la rupture
mise en évidence par les courbes Cf. == Cf. dans centrage forcé
une couche très argileuse (pic de r~~onne pour le th~odolite
ment y).
pilier_
tube
~)
photos et des axes optiques des chambres de prises Limite zone témoin Prise de vue
de vue à peu près parallèles (divergence ou conver-
gence < 10°) et impose donc l'utilisation de bases
fixes.
b) La restitution analytique.
On mesure les coordonnées planes sur les clichés
(ION 0 erreur 3 ~). La restitution de la PQsition
des points est réalisée par le calcul sur ordinateur
à partir du canevas de base pris sur les clichés. On
s'affranchit par cette méthode des sujétions de posi-
tionnement des chambres, ce qui autorise l'utilisation
de 'perspectives intéressantes qui, associées à la
pui~sance des programmes de calcul, donne de meil-
leurs résultats par cette méthode que par la pré-
cédente.
Triangulation locale
4. Expérimentations de méthodes topographiques et
photogrammétriques sur un talus instable. o Point d'appui photo
Une expérimentation de ces mêthodes a été réalisée o Repères témoin
par le laboratoire du CETE d'Aix-en-Provence, sur un
99
~.
100
Fig. 20. - Nivelle sur son support (doc. MRN, Québec). Fig. 21. - Nivelle et support dans leur boîtier de pro-
tection.
0 -
. ~.--
1-.- .- .- .- .- t--. grand remblai.
U04
l'
Convention signe !
+~- 1
i i
O.OS 1
0.08
NIVELLE N° 2
1-+
1
1
0.04
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X
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ni
.ê 0 - ..... - .- .-r-----
.----
,~
"0 1-- ................
.----~
0.04
!
'---' 1---.-
-.
UOS
J M M J 5 N J
Il est in1possible de th ~r la cinématique du mou- Les nivelles sont des appareils fiables, efficaces et
vement d'ensemble à partir de ces mesures. Elles peu coûteux.
indiquent localement l'existence d'un mouvement et Placées en crête d'un remblai de 40 m de haut (fig.
son évolution (vitesse, accélération). La surface de la 22) dont les mouvements sont suivis d'autre part par
zone en mouvement peut être décrite par le suivi d'un inclinométrie, elles ont indiqué la présence de mouve-
quadrillage' de ces nivelles, dont certaines sont placées ments ensuite confirmés et précisés par les mesures
en des points réputés fixes afin de servir de témoin inclinométriques dépouillées suivant la méthode décrite
vis-à-vis des conditions atmosphériques sur les ci-dessus.
appareils.
102
r
1
Fig. 25. - Dispositif d'alerte par niveau à bulles. Fig. 26. - Dispositif mis en place.
La .quantité mesurée par le capteur est le plus automatique à très faible seuil à côté d'un tube
souvent relevée à l'endroit même du point de mesure. inclinométrique) ;
, Si l'accès en est facile, les relevés pourront être nom- - l'utilisation de la transmission à longue distance
breux et peu coûteux. Dans le cas contraire, ou bien des mesures ou télémesure.
on accepte un espacement dans le temps avec le risque
de voir le mouvement s'accélérer et devenir dangereux 1. La télémesure
entre deux mesures, ou bien on fait un effort financier La télémesure par lignes téléphoniques est celle qui
) de façon à augmenter le nombre de relevés. permettrait le mieux d'automatiser la- lecture de
L'importance de ce dernier point pourrait s'atténuer capteurs pl~cés sur un site.
du fait du 'développement de deux techniques : Une étude de l'Ecole Polytechnique de Montréal sur
- l'utilisation de dispositifs d'alerte à faible seuil ce sujet indique qu'on peut envisager :
indiquant le moment où il faut faire une mesure - dans' le cas de un à deux capteurs, la transmis-
complète (par exemple l'utilisation d'une nivelle
103
sion à l'aide d'une onde dont la fréquence varie La télémesure permet donc de surveiller tous les
avec l'amplitude du signal mesuré (FM) et décodée sites où le téléphone peut accéder, de façon permanente
à l'aide d'un fréquencemètre; . et sans se déplacer.
- dans le cas de plus de deux capteurs, l'utilisation Des systèmes comparables ont été développés pour
d'un système de- type « acquisition de données » la surveillance du niveau de fleuves ou de la
transmettant les données sous forme numérique. pluviométrie mais peu, ou pas, pour la surveillance
L'élément de sortie peut varier de l'imprimante au de sites instables.
mini-ordinateur faisant tout le traitement des données.
CONCLUSION
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,"
104
REVUE FRANçAISE DE GÉOTECHNTQUE
Juillet 1977
- N' I
éditée par la Sarl LE BATIMENT, 6, rue Paul-Valêry, 75116 PARIS
Dlrecteur de la publication :
FAIRHURST (Ch.).
- Le bilan
énergétique en
- mécanique des roches t7 lll
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Avec la participation des Gornités français de:
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- Mécanique des Siols.
- Mécanique des Floches.
- Giéologie de l'lngénieur,
NOl-45FTTC