IDENTITÉ DE GENRE, COMPRENDRE LES QUESTIONNE-

MENTS ET ACCUEILLIR
Novembre 2023

Mouvement d’éducation, nous sommes à l’écoute de la société et de la jeunesse.

Nous ne pouvons pas ignorer les questions de genre, très visibilisées, qui viennent
bousculer la notion déjà complexe d’identité. Nous te proposons quelques clefs de
compréhension sur le genre et les notions qui l’entourent puis des pistes de réponse
à apporter aux jeunes et aux familles.

Cependant, cette fiche n’apporte pas de réponses définitives ni de “procédures” précises

à suivre rigoureusement. Chaque jeune est unique et son genre n’est qu’un aspect de
son identité. À toi de l'accompagner du mieux que tu peux, guidé par notre conviction
collective que l’accueil de tous et toutes est une joie pour notre mouvement.

« L’éducation doit permettre à chacun, fille et garçon, de dévelop-

per toutes ses potentialités, d’accéder à toutes les responsabilités
sans être enfermé dans des rôles sociaux ou des modèles tradition-
nellement féminins ou masculins. »
« Chaque jeune construit sa personnalité dans le monde d’au-
jourd’hui. »
Projet éducatif des Scouts et Guides de France

Mouvement de jeunesse et d’éducation populaire catholique ouvert à tous, sans distinction de nationalité, de culture, d’origine sociale ou de croyance. #1
Association de loi 1901 reconnue d’utilité publique, habilitée à recevoir dons et legs.
POURQUOI CETTE FICHE ?
Les notions de rôles sociaux et modèles traditionnels suscités font référence au genre.
C'est-à-dire aux fonctions sociales assimilées et assignées culturellement à des rôles
masculins et féminins. Ces rôles sociaux évoluent suivant le temps, l'environnement, les
différences culturelles, etc.

Tous les jeunes peuvent se questionner sur leur genre à un moment ou à un autre, tous
les groupes peuvent donc être concernés, même si le sujet n’a pas émergé dans ton
groupe aujourd’hui. En tant qu’éducatrices et éducateurs, nous devons créer un envi-
ronnement bienveillant où les jeunes sont capables de partager leurs questionnements.
Des jeunes, à tout âge dans notre mouvement, s’interrogent sur leur identité de genre.
Mouvement d’éducation, il nous a paru important de donner quelques repères et des
pistes de réflexion pour accueillir ces questionnements.

IDENTITÉ DE GENRE ET MESSAGE DE L’ÉGLISE

Mouvement d’Église, nous nous référons à une vision chrétienne de l’humanité, c’est-à-
dire au regard que le Christ a porté sur tout homme, toute femme, un regard d’amour,
d’écoute et de compréhension : tout être humain est aimé de Dieu. Nous sommes ap-
pelés à aimer chacun et chacune comme notre prochain, à le regarder avec un regard
d’amour, comme celui du Christ.
"Homme et femme, il les créa". Créé à son image et à sa ressemblance, Dieu aime chaque
homme et chaque femme avec ses limites et ses blessures. Il nous a créés libres et res-
ponsables. La différence sexuelle est la première altérité de l’humanité qui fonde toutes
les autres, elle appartient à la nature humaine.

L’Église rappelle combien toute discrimination va fondamentalement à l’encontre

de son message d’amour. Les actes et propos transphobes sont punis par la loi.

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PARLER DU GENRE - QUELQUES DÉFINITIONS
La première étape pour aborder le sujet est d’en comprendre les contours. Cette fiche
ne peut suffire à appréhender totalement ce qu’est la transidentité, et les mots permet-
tant de définir son identité de genre sont nombreux et en constante évolution, ce docu-
ment ne peut se prétendre exhaustif.

Identité de genre : aspect social de notre identité. C’est le sens intime et

puissant de notre “soi”, qu’il soit masculin, féminin, un mélange des deux,
aucun des deux ou toute autre variation. Il s’agit finalement de la manière
dont la personne se définit.

Sexe : est employé pour désigner le sexe biologique (basée sur son anato-
mie génitale) d’une personne. Cette mention du sexe est souvent simplifiée
comme étant l’identité de genre de la personne.

Cisgenre : personne dont l’identité de genre concorde avec le sexe biolo-

gique. À l’inverse, pour une personne transgenre, l’identité de genre ne cor-
respond pas au sexe biologique. Ce n’est pas une maladie.

Dysphorie de genre : sentiment d’anxiété, de souffrance, ou encore de dé-

tresse éprouvée par des personnes auxquelles on assigne une identité de
genre qui ne correspond pas à celle à laquelle elles se rapportent.

Expression de genre : manière dont une personne exprime ouvertement

son genre. Cela peut inclure ses comportements et son apparence, comme
ses choix vestimentaires, sa coiffure, le port de maquillage, son langage cor-
porel et sa voix. De plus, l’expression de genre inclut couramment le choix
d’un nom et d’un pronom pour se définir.

Pour définir l’identité de genre d’une personne, quel que soit son âge, il suffit de lui
demander comment elle s’identifie : son sentiment intime, et les mots qu’elle utilise
pour se décrire. Le langage qu’une personne utilise pour nommer son identité peut évo-
luer dans le temps, notamment à travers la découverte de soi et l’accès à un vocabulaire
plus diversifié.

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ACCUEILLIR LES QUESTIONNEMENTS DES JEUNES
En tant qu’éducatrices et éducateurs, nous devons créer un environnement bienveillant
où les jeunes sont à l’aise pour partager leurs questionnements, et exprimer leur identité
sans peur. C’est notamment en faisant attention à notre propre comportement que nous
leur montrerons qu’ils et elles peuvent se définir, s’habiller, agir comme ils et elles le
souhaitent, qu’ils et elles sont et seront toujours les bienvenus au sein des Scouts et
Guides de France. Les questionnements sur l’identité de genre peuvent arriver à tous
les âges, même chez les plus petits, et sont tous importants à accueillir. Soyons vigilants
à ne pas susciter des questionnements, mais à partir de ceux des jeunes.

Si un jeune te questionne, tu peux l’accompagner dans sa réflexion, à son rythme, en

veillant à ne pas lui imposer tes représentations et appréhensions. Un premier pas est
souvent de l’aider à trouver les termes justes pour décrire ce qu’elle ou il ressent, et à
formuler ses questions. Cette fiche et les ressources en fin de document peuvent t’y
aider. Les questions des jeunes doivent toujours être prises au sérieux, quel que soit
leur âge.

Par exemple, si la question du prénom à utiliser est une question qui vient du jeune,
tu peux lui demander simplement quels prénom et pronom il ou elle préfère utiliser,
avec l’accord des parents (voir plus bas). Aidons-les à expliquer ces changements aux
autres jeunes, tout en les protégeant des questions indiscrètes, actes et propos blessants
qui pourraient émerger. Si une personne transgenre vit déjà selon son identité de genre
en arrivant dans le groupe, il n’y a pas lieu d’évoquer sa situation avec les autres
membres du groupe, sauf s’il ou elle le souhaite. La confidentialité sur la vie privée des
membres du groupe vaut pour tous et toutes.
Les questionnements peuvent aussi venir d’autres membres de l’unité, des parents, ou
d’autres adultes : il nous faut alors veiller à l’écoute de chacun et de chacune, en ayant
soin de ne pas lever l’anonymat du jeune concerné.

C’est aussi notre responsabilité de connaître nos limites : ton responsable de groupe et
l’équipe territoriale sont là pour t’accompagner, et t’aider à orienter les jeunes vers des
professionnels et des associations. C’est normal que tu ne puisses pas apporter toutes
les réponses à certaines questions portées par les jeunes : nous ne pouvons répondre à
tout, même si nous avons l’exigence de garantir notre scoutisme comme un lieu
d’écoute et de sécurité pour les jeunes qui nous sont confiés.

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LA RELATION AVEC LES PARENTS
Les parents sont les premiers éducateurs du jeune et les détenteurs de l’autorité pa-
rentale, il faut communiquer avec eux. Cependant, les jeunes doivent toujours rester
maîtres de quand, comment, et à qui ils souhaitent révéler leurs questionnements, no-
tamment sur leur identité de genre.

« Outer » une personne (parler de l’identité de genre de quelqu’un à des personnes

sans l’accord de l’intéressé) est à proscrire absolument.

Fait preuve de patience, certains parents pourront ressentir des difficultés à aborder ces
questions à propos de leur enfant (par peur, par manque de connaissance, par préjugé,
etc.). En cas de conflit entre le jeune et ses parents, créons d’abord les conditions du
dialogue afin de garder la confiance de toutes les parties. Les chefs et cheftaines sont
les premiers interlocuteurs des parents et du jeune, mais le soutien de ton responsable
de groupe et d’équipiers territoriaux peut être précieux.

Ces discussions doivent permettre d’aborder les questions du jeune, pour trouver des
réponses communes (questions sur sa place dans le groupe, sur son prénom et pronom,
la mise en équipe, le couchage et les éventuels besoins d’accompagnements). Gardons
aussi à l’esprit que, malheureusement, des jeunes sont parfois maltraités au sein de leur
famille en raison de leur identité de genre ou de leur sexualité. Si tu as un doute, appelle
le 119 pour être écouté et accompagné par un professionnel.

Dans le cas où les parents sont au courant des questionnements de leur enfant, les
décisions doivent être prises avec les parents et en accord avec eux. Ces décisions
peuvent nécessiter une rencontre avec eux afin d’accueillir le jeune au mieux.

Donc dans le cas où le jeune ne souhaite pas parler de la situation à ses parents, tu
risques de te retrouver en porte-à-faux. Il est utile de s'assurer que le jeune concerné
comprenne bien que plus sa situation est connue des autres jeunes, plus il y a de proba-
bilité que celle-ci s'ébruite et soit partagée à ses parents de manière indirecte et incon-
trôlée. Cela ne veut pas dire que le jeune ne doit absolument pas en parler, et il peut
être utile d’explorer les raisons pour lesquelles il ou elle ne souhaite pas parler de ce
sujet avec ses parents, pour l’accompagner dans ses questionnements.

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LES ESPACES DE NON-MIXITE, COMMENT FAIRE ?
Cette question est souvent la première qui nous vient à l’esprit, nous adultes, quand un
ou une jeune nous interroge sur son identité de genre. Soyons d’abord vigilants à ne pas
imposer nos représentations et questionnements au jeune : il ou elle a son propre
rythme, et bien souvent, ne se posera pas la question de changer de tente par exemple.

Cependant, il existe des situations où la question est importante pour le jeune, qui désire
changer d’espace non-mixte (de tente, de douche, etc). La discussion sur les adapta-
tions possibles peut alors s’ouvrir, mais elle doit nécessairement inclure les parents
et les responsables de groupe, ainsi que les autres jeunes concernés (il faut donc que
le jeune en ait parlé à ses parents préalablement). Sans l’accord de ces responsables de
groupes et des parents, et sans garantir une approche sécurisante pour l’ensemble des
jeunes, les adaptations ne seront pas possibles. Comme d’habitude, ce qui compte c’est
le bien être de chaque jeune durant ces moments d’intimité.
Sans cette discussion et accord collectif et consensuel, ces changements dans l’organi-
sation de l’unité seront en effet un sujet de discussion entre les jeunes, qui peuvent en
parler avec leurs parents, et probablement indirectement aux parents du jeune con-
cerné. Tu risquerais donc d’outer le jeune concerné (voir plus haut).

Avec ces discussions et consensus, il est possible de permettre à un jeune transgenre

d’utiliser les espaces non-mixtes (tente et sanitaires) correspondant à son genre : en
l’absence de directive spécifique aux accueils collectifs de mineurs, les Scouts et Guides
de France se réfèrent pour l’instant aux directives éducation nationale.

N’hésite pas à demander conseil à ton responsable de groupe et aux équipiers territo-
riaux. Il faudra ensuite évidemment en parler avec les jeunes du groupe concerné par ces
décisions (notamment membres de l’équipe). Résistons à la tentation de la rapidité :
bien accueillir et écouter toutes les parties prenantes prend du temps. Le jeune con-
cerné doit aussi l’entendre.

Il est important de partir des questionnements du jeune et de ses potentielles at-

tentes, sans plaquer nos propres représentations. Il n’y a pas de solution unique,
chaque situation méritant son temps de réflexion et ses solutions et réponses aux jeunes,

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en fonction du contexte, et de ta capacité à lui répondre et à organiser la vie du groupe.
L’avis des autres jeunes du groupe compte, et soyons attentifs à ce que les repères des
jeunes restent stables, et qu’ils vivent de manière positive de potentiels changements.
Si vous avez un doute en maitrise, avec votre responsable de groupe, c’est que vous
avez sans doute encore besoin de temps ou de soutien pour trouver les réponses.
Une réponse peut aussi être de ne pas en avoir : c’est alors peut-être le moment de
passer le relais, en fonction de la souffrance que le jeune peut exprimer.

EN GUISE DE CONCLUSION…

Nous espérons que ces quelques pages t’aideront à mieux accompagner et accueillir les
jeunes qui te sont confiés au quotidien. Nous savons que c’est un sujet complexe, et que
cette fiche ne peut répondre à toutes tes questions. Nous l’avons voulue synthétique, et
elle est ainsi par essence non exhaustive sur la question.

L’accueil de tous et toutes est notre exigence collective, et une joie dans le scoutisme !
Accueillir, c’est une chance de grandir ensemble et de devenir meilleur en fraternité.
Adulte ou jeune, notre rôle est de faire en sorte que chacun et chacune puisse rejoindre
notre beau mouvement en bienveillance, dans un cadre sécurisant. Cela passe par
l’écoute des besoins de chacun et chacune, par le dialogue, et par notre conviction forte
que tous ceux et celles qui veulent partager ce trésor qu’est le scoutisme ont une place
dans nos unités et nos équipes adultes.

Quels que soient la situation et les questionnements des jeunes, demande du soutien à
ton équipe de groupe et à ton équipe territoriale : c’est un indispensable pour que les
échanges soient apaisés et sereins avec toutes les parties.
Tu peux aussi contacter l’équipe nationale diversité et inclusion (diversite@sgdf.fr), qui
est là pour te soutenir dans l’adaptation de chaque jeune pour l’accueillir au mieux. En
cas de difficultés et de souffrances du jeune concerné, tu peux aussi solliciter le réseau
santé (reseausante@sgdf.fr).
Tu trouveras des ressources en bas de ce document et dans le catalogue des outils Di-
versité et Inclusion.

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SOURCES ET RESSOURCES COMPLÉMENTAIRES

Ressources pour continuer de comprendre :

David et Jonathan, association de personnes LGBT catholiques
Podcast L’heure du monde de juin 2021, « Le coming out Trans et les familles »
Fiches de l’enseignement catholique, des fiches pour mieux accompagner
Association Transparents qui informe et soutien : S'informer - TRANSPARENTS
Association Contact et son numéro vert pour personnes LGBT+ et leur entourage
« Transitions » d’Elodie Durand : témoignage d’une personne mère d’un enfant
trans.
« Genre queer » de Maia Kobabe : une autobiographie non-binaire
Ligne Azur, dispositif de soutien et d’information pour toute personne qui se pose
des questions sur son orientation sexuelle et/ou son identité de genre, et/ou vic-
time d’homophobie.

Sources du document
Sexe, genre et santé, rapport de la Haute Autorité de Santé
Fiche pratique sur le respect des droits des personnes trans, Délégation intermi-
nistérielle à la lutte contre le racisme, l’antisémitisme et la haine anti-LGBT
Pour une meilleure prise en compte des questions relatives à l'identité de genre
en milieu scolaire – Lignes directrices à l’attention des personnes de l’éducation
nationale
Outils d’intégration du genre et de la diversité, Association Mondiale des Guides
et Eclaireuses
Glossaire de SOS homophobie

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