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20230619-2 : (publié le 01.08.

2023)
Le paradoxe de la Spiritualité
Ce texte fait suite à un commentaire de mon Frère Léon sur le texte "Vampire énergétique ? Vous avez dit Vampire
?" où je "dénonçais" une certaine Gaïa Charline qui écrivait sur son page : "Femme solaire nomade, je suis tombée
dans la marmite de l’entrepreneuriat spirituel et virtuel en 2017. J’ai réuni mes deux plus grandes passions, les
médecines alternatives et le marketing vibratoire, afin de transmettre la magie entrepreneuriale aux femmes
médecine de partout dans le monde". J'ai mis le verbe "dénoncer", à escient, car c'était faire connaître, à mon sens,
un abus potentiel (oui, oui, je sais, mon côté "sauveur").
Le commentaire de Léon était le suivant : "En fait, la spiritualité, en général, a été détournée. De déception en
déception dans ce "monde" tridimensionnel la spiritualité est devenue, pour certains, une "carotte" plus alléchante
que toutes les autres. Toutefois, la spiritualité (ce terme n'est pas correct mais je n'en ai pas un autre) ne sert pas à
protéger, à obtenir ceci ou cela. Et pourtant le marketing dans ce domaine est de plus en plus présent dans notre
société en perte de repères. La recherche d'un autre repère dans la "spiritualité" est encore la recherche de quelque
chose, d'un autre tuteur, d'un conseiller (coach aujourd'hui), d'un Guide spirituel. Pendant des années j'ai été attiré
par ce que j'ai appelé les "sirènes". Autour de moi, de nombreuses personnes, recherchent un moyen pour développer
l'intuition, se connecter à leur âme. L'intention derrière cette recherche révèle généralement que la personne espère
ainsi ne pas se tromper, ne pas perdre du temps, réussir enfin à obtenir ceci ou cela. Derrière ces belles intentions il y
a une crainte, une peur. La spiritualité ne sert pas à obtenir, par exemple, la Paix, l'Illumination, l'Éveil, etc. J'entends
votre question : Mais alors que faire ??? Répondre à cette question n'est pas possible car il n'y a pas de réponses.
Paradoxe, paradoxe, paradoxe ".
Si vous me lisez régulièrement, vous constatez qu'il y a des mots qui sont devenus des textes : "Les carottes de
l'illumination", "Le chant de Six Reines" (jeu de mots assumé) et "Le doux leurre de l'éveil" (jeu de mots également
assumé) ainsi que "Le dévoiement de la spiritualité". Alors pourquoi Léon parle-t-il de paradoxe ? J'avais déjà abordé
le paradoxe dans le texte "Le paradoxe du liseron" qui parlait du mensonge.
Je vous emmène vers un petit tour au pays de l'étymologie. "Paradoxe" vient du grec "Paradoxos" signifiant "opposé
au sens commun". Il est composé de "para", qui signifie "à côté" (vous rappelez-vous le terme "péché" vu sous
l'aspect "être à côté, séparé de"), et de "doxa", qui signifie "opinion", "croyance, dogme" et "ce à quoi on s’attend".
En d'autres termes, "Paradoxe" signifie donc, initialement, "ce qui est contraire à l’opinion commune". Intéressant !
Très intéressant ! Le paradoxe désigne donc ce qui surprend, ce qui est inattendu (voir le texte "L'inattendu"). Je
pourrais même écrire que c'est un synonyme d’absurdité, bizarrerie, contradiction, d'illogique.
Le but de ce texte n'est pas de faire l'histoire ou le relevé des paradoxes. Bon, allez, il y a bien le paradoxe de
l'origine de l'œuf et de la poule. Et un autre, sur lequel je vous laisse méditer, qui est le paradoxe du menteur :
"J’affirme que je mens". En d'autres termes, soit je mens, et alors mon affirmation est vraie, soit je dis vrai, et alors je
mens (vous avez 2 heures, un bon sujet de baccalauréat).
Entrons dans le vif du sujet, si je peux m'exprimer ainsi.
Dans la quête de sens (voir le texte "Enquête de sens") et de vérité (sa vérité), l'HU-manité s'est souvent tournée vers
la spiritualité. Mais que veut dire "réellement" ce mot ? Dans le texte "L'addiction s.v.p.", j'avais déjà introduit le mot
étant à l'origine de "spiritualité" et de "spirituel", c'est "spiritus" qui signifie l'Esprit. Dans ce texte, je citais Carl
Gustav Jung qui a écrit "Spiritus contra Spiritum". La traduction est "L'Esprit contre l'esprit" (notez, au passage, le
changement d'une lettre passant de la majuscule à la minuscule). La formule latine de CGJ, si chère aux alchimistes,
fait aussi référence à l'addiction et est utilisée chez les Alcooliques Anonymes (l'essence du texte "L'addiction s.v.p.").
Allez, je vous emmène vers un petit voyage. Dès l'Antiquité, il y a, dans "Spiritus contra Spiritum", d'un côté "Esprit"
(avec une lettre majuscule) couvrant tout ce qui est immatériel, incorporel voire non charnel, et de l'autre côté
"esprit" (avec une lettre minuscule), tout ce qui est en opposition (Tiens tiens !) de ce que l'on pourrait qualifier de
matériel, biologique, naturel. En d'autres termes, on "oppose" un attribut du Divin ou de l'Homme rattaché au Divin,
habité ou animé par Lui, et une essence humaine dans sa matérialité (la substance) et dans sa corporalité (la forme).
Ce serait un peu comme mettre en opposition "l'Air" et "la Respiration". L'Air serait l'Esprit, le spirituel. La respiration
serait l'esprit, l'inspiration, l'expiration. L'Air serait l'élément immatériel et la Respiration le mécanisme matériel
pour inspirer l'Air. Ne dit-on pas quand quelqu'un est mort, qu'il a rendu "son dernier souffle", que le "souffle de Vie"
l'a quitté.
Et c'est là tout le paradoxe de la spiritualité. Il réside dans la tension inhérente entre la recherche de l'essence
spirituelle comme s'il y avait un élément, un ingrédient à utiliser; et la manifestation matérielle de notre existence.
Alors que beaucoup de personnes aspirent à transcender les limites de notre condition humaine pour atteindre des
royaumes célestes, des mondes dit "subtils", nous sommes indéniablement, dans notre incarnation, ancrés,
enracinés dans un monde terrestre fait de contraintes physiques, psychologiques et de besoins matériels. Mais alors
comment concilier l'immatériel et le matériel ? Comment concilier l'Esprit et l'esprit ? Comment naviguer entre la
quête de l'Éternel et les contingences de notre Temporalité ?
Je cite Albert Camus qui a écrit : "L'homme est la seule créature qui refuse d'être ce qu'elle est". Cette citation
souligne la tendance à chercher la transcendance tout en niant notre propre nature terrestre.
Je cite aussi celle de Pierre-Teilhard de Chardin, cher à mon Cœur : "Nous ne sommes pas des êtres humains vivant
une expérience spirituelle, nous sommes des êtres spirituels vivant une expérience humaine". Et beaucoup ont
"tendance" à s'efforcer de fuir cette expérience plutôt que de l'embrasser pleinement. De toutes façons, à un
moment ou à un autre, que ce soit dans cette incarnation ou dans une autre, la fuite s'arrêtera et l'embrassement
aura lieu.
Et puis, il y aussi Jean-Paul Sartre, philosophe existentialiste s'il en est, qui a fait déclarer, par un des protagonistes,
dans sa pièce "Huis Clos" : "Tous ces regards qui me mangent. […] Pas besoin de gril, l'Enfer, c'est les autres". Dans
cette affirmation "L'Enfer, c'est les autres", volontairement provocatrice, il nous invite à considérer que notre ®éveil
spirituel peut être entravé par nos interactions avec les autres individus, le monde matériel. Cependant, il est à
reconnaître que nos actions, nos interactions, nos connexions, nos interconnexions peuvent aussi être un catalyseur
pour notre propre développement spirituel. Ces échanges nous aident, nous offrent la possibilité de dépasser nos
propres limites.
Et je termine les citations par celle de Rumi, poète mystique, qui a exprimé ce paradoxe de la spiritualité avec une
certaine grâce : "Tu es une goutte d'eau de la mer. Plus tu te déploies, plus tu réalises ta propre petitesse". Cette
métaphore poétique met en lumière notre aspiration à nous élever vers des "vérités" supérieures tout en
reconnaissant notre "insignifiance" face à l'immensité de l'UN-ivers. En d'autres termes, la spiritualité nous invite à
embrasser notre humilité tout en nourrissant notre désir de transcendance.
Finalement, le paradoxe de la spiritualité nous rappelle que notre quête n'est pas linéaire. Elle est plutôt comme une
danse parfois lente, parfois rapide, parfois douce, parfois enivrante entre l'Être et le Devenir, entre l'Éternité et
l'Éphémère. Ce paradoxe est un appel à l'Équilibre entre la Contemplation et l'Action, entre l'Intériorité et
l'Extériorité, entre notre Divinité et notre HU-manité. En embrassant ce paradoxe, en le reconnaissant, en prenant
Conscience, nous pouvons trouver une véritable liberté spirituelle, libérés de nos liens avec les dogmes et des
dualités qui entravent notre chemin de Vie.
Alors, dans notre cheminement spirituel, ne nous perdons pas dans la quête de réponses "définitives" ("Tout est
écrit, Rien n'est figé" avais-je écrit dans mon calendrier spirituel et philosophique). Acceptons le paradoxe comme
une invitation à embrasser pleinement notre HU-manité tout en explorant les horizons infinis de notre Être intérieur,
cette Terre Divine en nous, notre propre Divinité. C'est, peut-être, là que résident nos "vérités" les plus profondes.
Pour paraphraser la citation de Rumi, j'écris : "Dans ta petitesse, réside ta grandeur. Plus tu te fonds dans l'UN-ité
de l'Existence, plus tu deviens le reflet de l'Infini".
(Auteur : Michaël "Shichea" RENARD (20230619-2))
(Art Numérique : Bing Creator suivant mes directives)
(Musique lors de l'écriture : Cope - 2023 - Icarus Falling)

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