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DM : Les objets techniques sont-ils toujours utiles ?

Les objets techniques sont-ils toujours utiles ? L’Homo Habilis, littéralement « l’homme
habile », est considéré comme le premier être humain à avoir fabriqué des outils en pierre. Il serait
légitime de le considérer comme l’inventeur de l’objet technique, dans sa définition la plus simple.
Définissons un objet en tant que c’est le contraire d’un être vivant. Ainsi un objet technique est un
objet qui est fabriqué par l’homme à partir d’éléments naturels. On peut qualifier cela de création
humaine par excellence, qui fusionne l’intellect de l’être humain à la matérialité à l’aide de ce que l’on
nomme la technique - du grec technè qui signifie « fabrication matérielle » -, que l’on peut définir
comme l’ensemble des procédés fondés sur une méthode ou une science et employés à la production
d’objets. Ainsi l’essence même des objets techniques réside dans la transformation de la matière
naturelle afin de répondre à un besoin spécifique ; reprenons l’exemple des plus anciens outils
retrouvés à ce jour, qui servaient à dépecer la viande et à se nourrir. Les premiers objets techniques
ont ainsi été créés en vue de leur seul but utilitaire ( du latin utilis, « qui sert, avantageux » ), ces
objets techniques primordiaux étaient des prolongements incarnant une ingéniosité humaine
orientée uniquement vers la survie. Cependant conjointement à l’évolution de l’homme, la technique
a évolué et il existe désormais une multitude d’objets techniques aux usages tous différents. L’objectif
visé initialement à leur création a changé, en effet une fois que tous les besoins naturels des êtres
humains sont assouvis cela laisse la place à la création d’objets dits inutiles, c’est-à-dire qui n’ont pas
un rôle efficace ou ne sont pas nécessaires. Cela peut prendre la forme d’objets comblant des besoins
non naturels, des désirs superflus assouvis par la créativité humaine. De même l’utile ( à ne pas
confondre avec l’utilité, au sens de l’usage ) évolue pour passer de quelque chose de purement
pragmatique à une dimension plus abstraite, qui peut découler d’aspirations culturelles ou
individuelles. Un objet technique n’est pas « toujours » utile, il peut remplir d’autres critères jugés
inutiles selon une doctrine strictement utilitariste. Dans l’exemple des productions artistiques comme
la peinture, la question de l’utilité laisse place à la question de l’esthétique (« telle œuvre est belle »),
de l’agréable (« la vue de telle peinture m’apaise »), voire du plaisir (« je prends plaisir à pratiquer
mon art »), etc. De cette mutation de l’utilisation de la technique découle une tension entre l'objet
technique en tant qu'outil fonctionnel et sa dimension abstraite ou esthétique, qui parfois n’est plus
seulement secondaire mais est la qualité principale recherchée. En outre ces dimensions changeantes
que sont l’utile et l’inutile ( que l’on pourrait englober dans la notion d’efficience, définie comme la
capacité d’un objet d'obtenir de bonnes performances dans le domaine qui lui est attribué ) varient
en fonction de la personne et/ou de la situation. Il est ainsi possible qu’un objet dit inutile soit pourvu
de capacités pratiques et essentielles selon un certain point de vue « artistique » (subjectif), ou
encore que le niveau d’efficience attribué à un objet passe d’utile à inutile entre deux individus. La
multitude et la variété des contextes d’utilisations d’un objet technique sont tout autant de variables
qui semblent rendre impossible la dissociation de l’aspect fonctionnel et esthétique d’un objet. La
question n’est plus de savoir si un objet est utile ou non, mais de comment définir cette notion
d’utilité qui semble s’estomper.
Cela nous conduit à nous poser la question suivante : Dans quelle mesure la tension qui émane de
l’indissociabilité de l’aspect fonctionnel et esthétique d’un objet technique altère notre perception de
son utilité ?
Tout d’abord, nous répondrons à cette problématique en analysant l’évolution de la fonction des
objets techniques. Dans un deuxième mouvement, nous étudierons la tension qui émane de
l’atténuation de la frontière entre le fonctionnel et l’esthétique, pour enfin en dernier mouvement
considérer une possible redéfinition de l’objet technique et de son utilité.

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