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Terminographie,
terminologie et terminotique
Terminology is the study and the field of
activity concerned with the collection,
description, Processing and presentation of
terms (Sager 1990: 2).
Objectifs
Qu’est-ce que la
terminographie ?
1La terminographie regroupe un ensemble d’activités dont
l’objectif principal est de décrire des termes dans les dictionnaires
spécialisés ou les banques de terminologie. Le dictionnaire
spécialisé, de format papier ou électronique, réunit les mots
d’un domaine de spécialité (par exemple, la linguistique, le droit,
l’acériculture, la sécurité informatique). Parfois, il porte sur
quelques domaines connexes (comme la médecine et la biologie
ou les télécommunications et l’électronique). La banque de
terminologie, de format électronique, regroupe des termes
appartenant à une multitude de domaines, chaque terme étant
associé à un domaine particulier. Les deux répertoires peuvent
proposer des descriptions dans une seule langue, mais le plus
souvent, ils sont bilingues ou multilingues et visent alors à établir
des équivalences. Les produits terminographiques s’adressent aux
traducteurs, aux rédacteurs spécialisés ou, encore, aux
spécialistes eux-mêmes, aux étudiants en voie de le devenir ou
aux enseignants.
Autres chantiers terminographiques
Outre la confection de dictionnaires spécialisés et l’enrichissement de banques de
terminologie, la terminographie comprend les activités de gestion de listes de termes
« maison », à savoir des listes confectionnées pour satisfaire les exigences de
rédacteurs, de traducteurs ou de spécialistes d’un organisme public ou privé.
Les efforts d’enrichissement de logiciels de traitements automatiques, comme les
logiciels de traduction automatique et les bases de données lexicales qui
accompagnent les mémoires de traduction, font également partie des activités
terminographiques.
2Les termes sont des unités lexicales dont le sens est envisagé
par rapport à un domaine de spécialité, c’est-à-dire un domaine
de la connaissance humaine, souvent associé à une activité socio-
professionnelle. Par exemple, VACCINATION, SYSTÈME NERVEUX
CENTRAL, DURE-MÈRE sont des termes de médecine ; ESSIEU, ARBRE À
CAME, PNEU RADIAL sont des termes de mécanique automobile ;
et LOGICIEL, SYSTÈME D’EXPLOITATION et SOURIS sont des termes
d’informatique. La terminographie effectue un tri parmi les unités
lexicales qui se succèdent dans un texte spécialisé pour se
concentrer sur les termes. Par exemple, dans le texte ci-dessous
portant sur le moteur, seules les unités soulignées seraient
retenues dans un dictionnaire de mécanique.
Dans ces moteurs. la chemise est appuyée par le serrage de
la culasse sur le carter. La chemise doit, en plus, être centrée dans
le logement prévu à cet effet à la partie inférieure du carter, et la face
d’appui doit être parfaitement étanche à l’eau.
MOTEUR CULASSE
CHEMISE LOGEMENT
SERRAGE CARTER
25On aura compris que les relations entre concepts sont dégagées
en fonction de paramètres extralinguistiques, à savoir les
connaissances sur lesquelles s’entendent ou tentent de s’entendre
les spécialistes à un moment donné. Ainsi, une représentation
conceptuelle peut être modifiée pour s’aligner sur un consensus
(par exemple, la baleine qui est considérée comme un mammifère
et non comme un poisson) ou pour accueillir un concept inédit.
De plus, un même concept peut donner lieu à plusieurs
découpages en fonction du point de vue selon lequel on
l’envisage. Par exemple, le concept « homme » sera représenté
différemment en zoologie et en anatomie. La première discipline
s’intéressera à une représentation en genres et en espèces, alors
que la seconde optera pour une représentation en tout et parties.
Or, le droit qu’a l’accusé d’être informé de la preuve qui pèse contre
lui [...]
Dans tout pays démocratique, le droit de vote fait partie des droits
politiques [...]
En dehors du droit criminel et du droit pénal fédéral et provincial, des
enquêtes qui sont tenues en matière d’immigration [...]
La présente espèce ne relève pas du droit pénal [...]
31La figure 1.6 montre que même la terminologie n’arrive pas à
enrayer la synonymie et la polysémie. Terminologie a trois sens
différents : il y a donc polysémie. Quant au sens « unité lexicale
dont le sens est envisagé par rapport à un domaine de
spécialité », il est exprimé par six formes différentes : il y a donc
synonymie.
FIGURE 1.6. Polysémie et synonymie en terminologie
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L’optique lexico-sémantique
33Outre les reproches passés en revue dans la section qui
précède, on peut se demander si l’optique conceptuelle permet de
tenir compte de tous les sens liés à un domaine de spécialité.
Pour l’illustrer, examinons les courts passages suivants tirés d’un
texte d’informatique.
Pour formater la disquette, l'insérer dans le lecteur approprié.
Le système d’exploitation permet de :
– faire fonctionner le matériel qui compose votre système
microinformatique : imprimante, unités de disques, clavier, modem ou
tout autre périphérique ;
– configurer votre matériel :
– [...]
– Ce programme réside en mémoire au moment du chargement
d’autres logiciels d’application.
Ces applications tournent sur PC.
34Les places respectives de disquette, de lecteur, de
périphérique et de matériel dans une structure conceptuelle ne
sont pas remises en cause, puisqu’ils correspondent à des
concepts tels que les définit l’optique conceptuelle, c’est-à-dire
au résultat d’une généralisation appliquée à des ensembles
d’objets de l’informatique. De plus, ils sont liés par relations de
type genre-espèce ou partie-tout.
35Toutefois, il en va autrement pour formater,
configurer ou résider. Leur rapport avec le domaine de
l’informatique, pourtant incontestable, ne se laisse pas
appréhender de la même manière. Il faudra nous éloigner de
l’optique conceptuelle décrite dans la section précédente si nous
voulons en tenir compte.
36Les modèles auxquels nous aurons recours maintenant sont
empruntés à la sémantique lexicale et nous les regrouperons
désormais sous optique lexico-sémantique.
37Dans cette optique, le terme est d’abord défini comme un
type d’unité lexicale.
1 La notion d’unité lexicale (appelée tantôt unité lexicale, tantôt mot,
lexème ou lexie par les lexi (...)
Antivirus
ver
VIRUS [informatique] un ~ se propage
un ~ infecte
un ~ contamine
Programmer
programmation
PROGRAMME programmeur
exécuter un ~
interrompre un ~
72PROMOTION
3. promotionnel,
2. un
1. la promotion -elle 4. promouvoir
promoteur
1. la promo 3. promoteur,- 4. promotionner
une promotrice
trice
HOME PAGE
PAGE D’ACCUEIL n. f.
Termes non retenus :
PAGE DE BIENVENUE
PAGE D’ENTRÉE
Première partie d’un document Web qui est affichée à l’écran quand un
client Web est connecté à un serveur Web.
A register whose contents can be used to modify an Registre dont le contenu peut servir à modifier une
operand address during the execution of computer adresse d’opérande au cours de l'exécution
instructions; it can also be used as counter. d’instructions-machine; il peut aussi servir de compteur.
An instruction modifier applied to the address part of Modificateur appliqué à la partie adresse d’une
an instruction. instruction.
MOP*a*NOM
EN
FLOOR MOP*b
A household implement consisting of a mass of absorbant material fastened to a long handleand used
DEF*
typically for washing floors. *a
Article ménager composé d’un long manche au bout duquel est attaché un tampon de cordages ou de
DEF*
lanières et utilisé pour laver les planchers.*e
OBS Le mot « moppe » est un barbarisme qui provient du mot anglais « mot »
* prononcé et écrit à la française. *e
SOURCES CODÉES
a*WEBIN*1993***1468 ; b*CATIR* 1983***179 ; C DADIF*1967***624;
d*COLAN*1971***110 ; e*3XXX*1997 ; f* ACTER*1968*1*9*4
Les sept travaux du
terminographe
78La terminographie se décline en sept tâches que nous allons
maintenant aborder. Une recherche terminographique portant sur
l’ensemble des termes d’un domaine, appelée
traditionnellement recherche thématique, comprend la totalité
des tâches énumérées ci-dessous. D’autres projets, comme
l’alimentation d’une liste de termes existante, peuvent se limiter à
quelques tâches uniquement
Recherche ponctuelle
On oppose souvent à la recherche thématique la recherche ponctuelle. Alors
que la première porte sur l’ensemble des termes d’un domaine, la seconde
se concentre sur un terme ou une poignée de termes qui ne sont pas
forcément reliés entre eux.
Elle est généralement entreprise à la suite d’une demande précise du type :
Quel est l’équivalent de X ? Le terme X est-il correct ou doit-on employer le
terme Y ? Comment appelle-t-on « X » ?
1. La mise en forme d’un corpus, qui consiste à rechercher et à
organiser des textes spécialisés qui serviront de base à toute
la recherche.
2. Le repérage des termes, qui se fait, le plus souvent, à partir
des textes spécialisés recueillis par le terminographe. Les
termes retenus dépendent des objectifs du travail qui sont
définis au début d’un projet.
3. La collecte de données sur ces termes qui consiste à réunir
des renseignements utiles pour les décrire. Il s’agit dans un
premier temps de recueillir des contextes dans lesquels les
termes apparaissent et, ensuite, de recourir à d’autres sources
d’information, comme les dictionnaires existants ou les
spécialistes.
4. L’analyse et la synthèse des données recueillies au cours de
l’étape précédente. C’est ici que le terminographe fait
intervenir ses connaissances de la langue et celles qui a
acquises sur le domaine de spécialité qu’il est en train de
décrire. Il prend de nombreuses décisions sur les termes : il
fait des distinctions sémantiques, des regroupements
analogiques et dégage la structure terminologique.
5. L'encodage des données (dans le dictionnaire spécialisé ou la
banque de terminologie). Le terminographe inscrit, dans un
article prévu à cette fin, les renseignements qui résultent de
l’analyse qu’il a faite des termes : une définition, un contexte,
des équivalents en terminographie bilingue ou multilingue.
6. L'organisation des données terminologiques. Le
terminographe ordonne selon différents paramètres (en ordre
alphabétique ou en ordre thématique) les termes qu’il a
retenus. Il peut créer un appareil de renvois pour rendre
compte des liens existant entre les termes et prévoir un
système d’indexation.
7. La gestion des données terminologiques qui comprend l’ajout,
la suppression, la correction des données en fonction de
l’évolution des usages.
La terminotique
80Comme nous l’avons vu à la section précédente, l’identification
des termes repose sur des textes spécialisés. Comme la quasi-
totalité des textes sont en format électronique, le terminographe
a recours à de nombreux traitements informatiques qui viennent
alléger et systématiser son travail. L’informatique fait partie des
préoccupations des terminographes depuis fort longtemps, mais
son intégration à toutes les étapes de la recherche est beaucoup
plus récente.
Informatique et terminologie : depuis longtemps
L’informatique est présente en terminographie depuis le milieu des années
1960. Toutefois, pendant plusieurs décennies, elle a servi uniquement à
diffuser les données terminologiques. Les terminographes travaillant pour
des organismes comme la Commission de la Communauté économique
européenne, le Secrétariat d’État (aujourd’hui appelé Bureau de la traduction)
du Canada et l’Office de la langue française au Québec se sont rapidement
rendu compte qu’il était impossible de diffuser et de gérer des centaines de
milliers de termes et l’information les accompagnant sur un support papier.
Les banques de terminologie sont nées de ce constat.
Toutefois, même s’ils stockaient le fruit de leurs recherches sur support
informatique, les terminographes ont continué pendant longtemps à
recueillir des données sans aucune forme d’automatisation. Jusqu’au milieu
des années 1980, la collecte et l’analyse des données se faisaient
manuellement.
81Reproduisons les tâches énumérées à la section précédente et
voyons de quelle manière l’informatique est mise à contribution.
Seule l’étape d’analyse et de synthèse des données n’a pas été
retenue, puisqu’elle est entièrement réalisée par le
terminographe. L’intégration des différents outils informatiques
est illustrée à la figure 1.14.
1. Mise en forme d’un corpus : le terminographe réunit des
textes en format électronique. Il les déniche tels quels ou les
convertit dans un format exploitable par des logiciels.
Conclusion
89En résumé, rappelons que le terminographe produit des
descriptions sur des termes qu’il publiera dans un dictionnaire
spécialisé ou une banque de terminologie. L’essentiel de son
travail consiste à réunir des textes spécialisés, à sélectionner des
termes, à recueillir des renseignements sur ces termes et à les
analyser en vue de les décrire.
90La démarche adoptée par le terminographe peut être
conceptuelle ou lexico-sémantique. Toutefois, cette dernière
semble plus compatible avec les premières étapes de la collecte
des données et l’observation des termes en corpus spécialisé.
91Aujourd’hui, le terminographe a recours à des techniques
informatiques qui interviennent à différentes étapes de la
recherche terminographique. Elles sont normalement conçues
pour alléger ou pour systématiser son travail.
92Avant d’aborder les techniques informatiques comme telles, il
convient d’examiner certaines notions centrales dans l’analyse
terminographique, ce que nous ferons aux chapitres 2 et 3. Le
chapitre 2 se penche sur la définition du terme et sur les
difficultés soulevées par son repérage. Le chapitre 3 aborde la
question des relations entre termes.
Suggestions de lectures
93Le lecteur intéressé par les principes pratiques de la
terminographie peut consulter Dubuc (2002) et Pavel et Nolet
(2001). Cabré (1999) et Sager (1990) abordent la terminologie
sous différents angles : ses pratiques, ses principes
fondamentaux et des techniques informatiques en cours à
l’époque où ils ont été écrits. On trouvera dans Bergenholtz et
Tarp (1995) de nombreux renseignements utiles sur la confection
et l’utilisation de dictionnaires spécialisés.
94Les principes théoriques de la terminologie « classique » sont
abordés dans Felber (1984), Picht et Draskau (1985) et Rondeau
(1984). Les modèles classiques sont remis en cause par Bourigault
et Slodzian (1999), Cabré (1998/1999), Condamines (1995),
Gaudin (1993) et Temmerman (2000). Cabré (2003) fait une
synthèse remarquable des origines et de l’évolution des modèles
théoriques de la terminologie. Budin (2001) est une réaction aux
critiques formulées à l’endroit de la théorie générale de la
terminologie.
95Auger et al. (1991) traitent de l’apport de l’informatique en
terminographie. Même s’il s’agit d’un texte peu récent, il fait un
parallèle intéressant entre les méthodes traditionnelles et les
méthodes informatiques. Un travail plus récent montre de quelle
manière les techniques de recherche dans les corpus peuvent être
utilisées en terminographie (L’Homme 2001).
NOTES
1 La notion d’unité lexicale (appelée tantôt unité lexicale, tantôt mot,
lexème ou lexie par les lexicologues) fait généralement l’objet de
chapitres entiers dans les manuels de lexicologie et de sémantique
lexicale. Nous reportons le lecteur à Cruse (1986) et à Polguère (2003)
pour un ensemble de critères utilisés pour distinguer l’unité lexicale
des autres unités linguistiques.