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Jean-Marie Klinkenberg

Université de Liège

Normes linguistiques, normes sociales,


endogenèse. Introduction, dans Normes
endogènes et plurilinguisme. Aires francophones,
aires créolophones (Claudine Bavoux, Lambert-
Félix Prudent, Sylvie Wharton), Lyon, ENS
Editions, 2008, pp. 17-32. ISBN 978-2-84788-
125-7

Normes linguistiques, normes sociales, endogenèse

Pour situer correctement les enjeux qui se logent dans la notion de


norme endogène, il est nécessaire de prendre de l’altitude ; autrement dit
de la replacer dans le cadre plus général des normes linguistiques, et
dans celui, plus général encore, des normes sociales. Bien évidemment, il
ne saurait être question de fournir ici une analyse encyclopédique de tous
les problèmes se posant dans chacun de ces cadres1 : l’objectif est de
mettre en place un outillage conceptuel permettant de traiter la notion de
norme endogène. Tout ceci dicte naturellement le plan de l’exposé : on
envisagera d’abord la notion de norme en linguistique générale ; on
rapportera ensuite ces normes linguistiques aux normes telles que les
définissent les sciences sociales — second volet de l’exposé —, ce qui
nous permettra en troisième lieu de mettre en perspective le processus
d’émergence des normes endogènes (processus que nous nommerons
« endogenèse »2).

1. Les normes linguistiques

Le terme de « norme » renvoie aux problématiques les plus


brûlantes des sciences du langage. C’est en effet qu’en lui « se retrouvent
les refus ou les repentirs et les hésitations des linguistes dans la délicate
entreprise de définition de la ‘langue’ » (Helgorsky, 1982 : 1). Pour
déblayer le terrain, on peut partir de la distinction classique entre normes
objectives et normes évaluatives.

1
Pour ce qui est de la norme linguistique, on se contentera de renvoyer à l’ouvrage
historique dirigé par Bédard et Maurais en 1983.
2
En préférant ce terme à « endogénéisation » (des normes), plus exact mais plus lourd.

1
Les premières, qui peuvent aussi être dites normes statistiques,
sont les constantes observées dans un phénomène ; autrement dit les
règles déduites à posteriori de ladite observation, ou encore ce qui est
normal. Il faut prendre garde à ce dernier mot : ici utilisé dans un sens
neutre, il peut s’alourdir de connotations normatives, et l’on verra
d’ailleurs que certaines branches de la linguistique ne se sont pas mises à
l’abri de cette contamination. Par ailleurs, notons le pluriel ici utilisé :
« normes ». Avec la notion de norme objective, on ne vise en effet pas
des moyennes non accompagnées d’indices de dispersion, mais bien la
corrélation entre certaines normes statistiques et des variables telles
qu’une constante thématique, ou un groupe de locuteurs définis. De sorte
qu’il n’y a pas une, mais des normes objectives. Ceci doit être rappelé
dans le cadre de recherches sur les normes endogènes, où l’on constate
une tendance lourde à utiliser le singulier, alors même que le concept
renvoie à la pluralité des normes (l’endogène présuppose l’exogène), un
singulier qui risque bien d’être idéologique.

La norme évaluative peut aussi être dite subjective, ou prescriptive.


C’est celle qui répond à la question de savoir si un énoncé donné peut être
considéré comme légitime par une collectivité quelconque. L’adjectif qui
lui correspond est donc, cette fois, normatif (cfr Helgorsky, 1982 : 1). Si
subjectivité il y a, le sujet de cette subjectivité est, comme dans le
premier cas, un collectif.

À cette opposition d’objets correspond une opposition de disciplines.


L’étude des normes objectives relève donc en principe de la linguistique
descriptive (de préférence aidée d’outils statistiques) et semble engager
une perspective étique, puisqu’elle envisage son objet comme autonome.
Notons toutefois que l’usage du pluriel pointe le caractère
sociologiquement réparti de ces normes. De sorte que leur étude n’est pas
totalement étrangère à la sociolinguistique ; mais c’est bien sûr d’une
sociolinguistique des pratiques qu’il s’agit. L’étude des normes
évaluatives, faisant intervenir le jugement de la collectivité, relève plus
évidemment encore de la sociolinguistique (ou de l’anthropolinguistique),
une sociolinguistique des attitudes et des représentations autant que des
pratiques, et elle engage une perspective émique.

En principe, la distinction entre normes objectives et normes


évaluatives est claire, aussi claire que l’opposition entre Racine et
Corneille dans la doxa scolaire : la norme objective peint la langue telle
qu’elle est, la norme évaluative peint la langue telle qu’elle devrait être.

En fait, cette opposition n’est claire ni en fait ni en droit, comme


l’indiquent les deux réflexions qui suivent.

Tout d’abord, on peut constater que les deux conceptions de la


norme sont juxtaposées, voire mélangées dans la définition canonique de

2
la norme endogène, due à Gabriel Manessy : « [La norme endogène] :
usage courant admis par l’ensemble des locuteurs comme ordinaire
neutre» (1992). Retraduisons : « usage courant admis comme courant » ;
dans cette reformulation, le premier membre renvoie à la norme
objective, et le second à l’évaluative3. Plus tard, Manessy justifie d’ailleurs
explicitement cette double référence du mot endogène, « en ce qu’il décrit
à la fois un état de fait et la représentation de ceux qui y participent »
(1997 : 225).

Par ailleurs, on peut se demander si la description des langues


fournies par les linguistes ne sont pas généralement biaisées par leur
propre position sociolinguistique, et en définitive par leurs propres normes
évaluatives (je reviendrai sur ce point en 3.1.3). De sorte qu’il peut y
avoir une sorte de tourniquet entre norme objective et norme évaluative.
Car si d’une part la formulation des normes objectives peut porter la trace
de l’existence de normes évaluatives, de l’autre ces dernières prennent
leur source dans certaines normes objectives.

Dans l’histoire de la linguistique, la norme objective est un concept


qui nait pour jouer le rôle d’intermédiaire entre le système, stabilisé (la
langue saussurienne), et ses actualisations foisonnantes (la parole). La
nécessité de ce troisième terme est d’abord soulignée par la
glossématique danoise. On se rappelera que Hjelmslev distingue « une
forme pure, le schéma, défini indépendamment de sa réalisation sociale et
de sa manifestation matérielle ; b) une forme matérielle, la norme, définie
par une réalisation sociale donnée mais indépendamment encore du détail
de la manifestation ; c) un ensemble d’habitudes adoptées par une société
donnée, et définies par les manifestations observées, l’usage »
(Helgorsky, 1982 : 2). Mais c’est Eugenio Coseriu qui a le mieux théorisé
la norme objective. Voilà comment Françoise Helgorsky (1982 : 3-4), à
qui je vais longuement laisser la parole, décrit sa position : « Il fonde sa
conception tripartite du langage sur une critique approfondie de la
dichotomie saussurienne langue/parole et de son contenu (…). La lecture
qu'il fait du Cours de Linguistique Générale est une véritable analyse du
texte, des définitions et des distributions des termes langue et parole. Il
les soumet à l'épreuve d'une logique rigoureuse, il y repère les
contradictions en puissance dont certaines se développeront dans la
linguistique post-saussurienne. Dans les définitions de langue et de
parole, il reconnaît trois plans que Saussure ne sépare pas nettement :
- physiologique / psychique
- individuel/ social
- concret / abstrait,

3
Comme d’ailleurs d’autres facteurs pointés ailleurs par Manessy, comme la valorisation
consciente d’une pratique. Or il peut parfaitement y avoir norme endogène objective
sans que cette pratique s’accompagne d’une valorisation explicite. On reviendra plus loin
à l’idée d’explicitation (2.7. et 3.2.).

3
et montre que la première partie de ces oppositions est régulièrement
rapportée à la parole alors que la seconde l'est à la langue. Du point de
vue qui nous intéresse, les définitions de Saussure imp1iquent
l'assimilation de « concret» à « individuel » d'une part, de « social » à «
systématique » d'autre part. Or, si l'on considère les réalisations
linguistiques, on voit qu'une partie des caractères collectifs qu'on peut y
discerner ne sont pas identifiables avec le système. Ce sont cependant
des éléments ni uniques, ni accidentels, ni contingents mais répétitifs et
qui font partie des habitudes d'une collectivité linguistique donnée. A ces
éléments « normaux» mais non fonctionnels, c'est-à-dire n'appartenant
pas au système, Coseriu donne le nom de norme. Il distingue ainsi selon
le degré d'abstraction auquel s'arrête l'analyse trois plans d'observation :
celui des caractéristiques variées et variables des objets, celui des
caractéristiques normales, communes et plus ou moins constantes,
indépendantes de leur fonction, celui des caractéristiques fonctionnelles.
La norme représente donc, dans cette perspective théorique, un premier
degré d'abstraction entre la réalité foisonnante de la parole (habla) et la
rigueur fonctionnelle de la langue (sistema) ».

D’autres structuralistes encore s’accordent sur la pertinence qu’il y a


à combler le vide qui subsisterait dans la description des faits de langue si
l’on s’en tenait à la dichotomie langue/parole, et donc à distinguer trois
instances hiérarchisées. Comment est obtenu cet intermédiaire ? Par deux
types de procédures qu’il importe de ne pas confondre : l’abstraction et la
généralisation. Pour Hjelmslev, le schéma « a (…) l'avantage sur la norme
de ne pas présupposer l'usage, mais au contraire d'être présupposé par
lui. L'analyse linguistique de la langue en tant que schéma a donc une
valeur explicative que ne peut avoir une description de la langue en tant
que norme. En outre, la norme détermine l'usage ; il y aura donc autant
de normes linguistiques que de substances dans lesquelles elles se
réalisent. Tandis que le schéma, n'instituant que des valeurs
différentielles, est indépendant de toute considération de substance.
L'usage viendrait-il à se modifier du tout au tout (soit à l'intérieur d'une
même substance, dans la diachronie, soit dans le passage d'une
substance à une autre), que le schéma resterait identique, ‘pourvu que la
distinction et les identités préconisées par [lui] soient sauvegardées’
(Essais linguistiques, p. 82) ». (Badir, 2000 : 66). Le produit de
l’abstraction est donc indépendant du produit de l’observation des
variations contextualisées, qui peut déboucher sur une généralisation,
c’est-à-dire sur une norme objective.

Bien sûr, dans les faits, ces deux procédures convergent


fréquemment. Et d’un côté comme de l’autre, on compte avec une
acceptabilité sociale. La différence est le statut de cette acceptabilité :
simple postulat dans l’analyse immanente de Hjelmslev, elle est au cœur
de l’analyse des normes évaluatives.

4
Ce qui nous amène tout naturellement à la question des normes
sociales. Dans ce qui suit, nous mettrons expressément la langue de côté,
ou plutôt nous ne la traiterons que comme un cas parmi d’autre d’objet
social.

2. Les normes sociales

Si le concept de norme a mis du temps pour se créer un champ au


sein de la linguistique, il n’en va pas de même en sociologie. On peut
même dire que ce concept y est central. En une première approximation,
la norme s’y définit comme « une règle ou un critère régissant notre
conduite en société » (Chazel, 1998 : 581).

Je vais tenter de préciser cette définition en la déployant sous la


forme de sept propositions. Beaucoup de ces propositions énonceront
apparemment des choses qui vont sans dire. Mais on s’étonne de ne pas
les voir souvent explicitées.

2.1. Les normes sont partagées

Il n’y a pas de norme sans un minimum de partage social. Certes, la


sociologie américaine, et spécialement Robert Merton, a accepté trop
facilement le postulat unanimiste de grands idéaux culturels communs à
toutes les couches sociales. Ce fut d’ailleurs aussi le péché de la
linguistique, tant européenne (Mannessy n’y échappe pas lorsqu’il énonce
« admis par l’ensemble des locuteurs comme ordinaire neutre »)
qu’américaine : songeons à la définition de la linguistique avancée par
Chomsky, mille fois répétée et restant cependant incroyable : « La théorie
linguistique a affaire fondamentalement à un locuteur-auditeur idéal,
inséré dans une communauté linguistique complètement homogène,
connaissant sa langue parfaitement et à l'abri des effets
grammaticalement non pertinents ».

Ce postulat unanimiste fait l’impasse sur la variabilité sociale de


l’accès aux produits normés, pas plus que la variation dans les possibilités
de produire de la déviance. Or qu’il y ait une stratification sociale des
normes est trop évident. Bien plus : comme on va le voir (2.6. et 3.1.),
c’est la variabilité de l’accès aux produits normés qui produit les
conditions dans lesquelles l’endogenèse peut se produire.

Mais refuser l’unanimisme ne doit pas nous pousser à jeter le bébé


avec l’eau du bain, et éliminer de la définition de la norme son caractère
nécessairement partagé. La définition de la communauté linguistique
fournie par Labov est bien connue. Ce qu’elle présuppose — le partage,

5
précisément — s’est vu radicalisé par la sociologie des champs de
Bourdieu : on y montre que c’est par le contrôle social — voire par la
violence symbolique — que le « partage » est obtenu. « Pour qu'un mode
d'expression parmi d'autres (...) s'impose comme seul légitime, il faut que
le marché linguistique soit unifié et que les différents dialectes (de classe,
de région ou d'ethnie) soient pratiquement mesurés à la langue ou à
l'usage légitime » (Bourdieu, 1982 : 28).

L’endogenèse des normes ne se produit en tout cas que dans une


situation de partage, dont les modalités varient en fonction de ce que l’on
nommera plus loin contextualisation (2.3.).

2.2. Les normes sont intériorisées

La conformité aux normes est régulée par un contrôle social. Ce


contrôle social peut être externe — et on parlera en ce cas de sanction
(v. 2.5.) —, mais il peut aussi être interne. On parlera alors de régulation.
C’est que la contrainte sociale peut être intériorisée par les individus, et
dès lors s’exprimer sous une forme déontique.

Cette intériorisation permet à la sanction de prendre un tour positif


dans la mesure où c’est l’individu qui assume la norme à laquelle il obéit.
Elle a aussi pour fonction de rendre moins perceptible les mécanismes
d’imposition du partage social.

Cette intériorisation, qui est à l’origine de l’habitus bourdieusien, est


évidemment une tendance : elle peut être plus ou moins forte, de la
même façon que la norme peut être plus ou moins explicite (cfr 2.7.).

On peut sans doute décrire l’endogenèse comme un cas particulier


d’intériorisation, non plus individuelle, mais groupale.

2.3. Les normes sont contextualisées

Ce troisième point permet de nuancer une seconde fois le premier,


qui portait sur le partage des normes.

Le contrôle social — qu’il soit négatif avec la sanction ou positif avec


la régulation — est exercé par des individus, des instances ou des groupes
donnés, s’exerce sur des individus, des instances ou des groupes donnés,
et est pertinent dans des circonstances données, à propos d’un objet
donné.

Tous les aspects de la dynamique sociale sont donc convoqués dans


cette contextualisation. Et en particulier, il y a une variabilité de l’accès à

6
la norme, déjà indiquée en 2.1. et que nous pouvons commenter plus en
détail ici. Il arrive en effet tantôt qu’une norme s’impose à un groupe et
que les membres de ce groupe disposent des moyens techniques leur
permettant d’adopter les comportements légitimes ou de mener les
actions (voir 2.4.) légitimes, tantôt que les membres de ce groupe ne
disposent pas des moyens techniques adéquats. Dans le premier cas, on
peut parler de congruence, et dans le second de distorsion. Un cas
particulier de telle distorsion a bien été étudié par les sociolinguistes :
celui qui génère l’insécurité linguistique.

2.4. Les normes déterminent l’action

Les normes tendent à susciter chez les membres des groupes


adhérant à la norme des comportements, des conduites et des postures.
Toutes choses que nous résumons par le mot action.

Soulignons le verbe « tendent » : la norme peut ne pas déterminer


une action réelle, objective, mais simplement l’image, le désir, le besoin
ou l’approbation de cette action. Elle peut donc tantôt être le moteur
d’une action réelle, tantôt un stimulant purement symbolique.

Par ailleurs, tant le choix de l’action particulière que celui de son


mode d’effectuation — effectif ou symbolique — sont des processus guidés
par une régulation sociale. Convergence, divergence. Ce sont en effet ces
actions qui seront jugées tantôt appropriées, tantôt inappropriées. Ce qui
nous amène au point suivant.

2.5. Les normes définissent des critères et des sanctions

Les normes se déclinent en critères — eux-mêmes contextualisés —,


qui permettent d’apprécier l’action déterminée par elles.

De première part, elles définissent des actions inappropriées,


illégitimes, voire interdites et d’autre part des actions appropriées,
légitimes, voire désirables. Il y a donc ainsi des normes de proscription et
des normes de prescription, se formulant sous la forme d’injonctions
tantôt négatives, tantôt positives. La formule puriste « Ne dites pas…,
dites… » résume admirablement cette dichotomie.

De seconde part, la formulation de critères permettant de proscrire


et de prescrire ne peut aller sans la définition de sanctions. Nulla lex sine
pœna, dirais-je en inversant l’adage juridique. Le reste des critères
entraine ainsi des sanctions positives (approbation), leur non-respect
débouchant des sanctions négatives (réprobation).

7
On peut redire ici ce qui a été dit à propos de l’action : il n’est pas
nécessaire que la sanction soit effectivement appliquée : il faut et il suffit
qu’existe la possibiltié de corréler une action et une sanction.

2.6. Les normes impliquent des valeurs

La plupart des mécanismes qui viennent d’être décrits —


l’intériorisation, l’autorité sociale que représente le partage, le tropisme
vers l’action, mais aussi, et singulièrement, la légitimation et la
sanction — ne sont possibles que parce que les normes sont l’expression
de principes déterminant ce qui est désirable et ce qui ne l’est pas. Ce
sont ces principes que l’on appelera valeurs.

On voit immédiatement qu’il y a une relation hiérarchique entre


normes et valeurs : les normes sont des règles pour la conduite de
l’action, tandis que les valeurs, situées au niveau supérieur, servent à
identifier les conduites souhaitables dans un contexte donné. Normes et
valeurs sont donc entre elles comme moyens et objectifs.

La distinction entre normes et valeurs a une importance capitale. Elle


laisse en effet prévoir la possibilité que puissent exister des distorsions
entre normes et valeurs. Or ce sont ces distorsions qui, entre autres
facteurs, expliquent le dynamisme du système, et donc sa variabilité.
Elles permettent en effet l’apparition de la déviance, concept théorisé par
Robert Merton (1956).

La source de la déviance est la présence d’une distorsion entre les


objectifs proposés aux acteurs sociaux et les modes d’actons qui sont
réellement à leur disposition. Dans un tel cas de figure, deux solutions
sont possibles. Ou le groupe met l’accent sur les valeurs, au détriment
des normes qui devraient les incarner, ou il privilégie les normes, au
détriment des valeurs qu’elles sont censées servir4. Dans le premier cas,
on observe que le groupe n’assure pas à tous ses membres les moyens
techniques de se plier efficacement aux valeurs dominantes. Et ceci
détermine généralement un mouvement d’innovation, surtout
remarquable dans les couches les plus fragiles ou les plus émergentes du
groupe. Innovation qui vise à assurer à cette fraction du groupe un accès
plus réaliste aux valeurs. On comprend que dans un tel cadre naissent de
nouvelles normes. Et une modalité de cette novation pourra être
l’endogenèse. Dans la seconde hypothèse — la prévalence des normes
formelles sur les valeurs —, on a le ritualisme. Selon Merton, ce type de
conformisme se rencontre particulièrement dans les sociétés
traditionnelles, rétives au changement. Sur le plan linguistique, elle se

4
Merton envisage aussi les deux autres configurations que sont l’évasion, où tant les
valeurs que les normes sont abandonnées, et la révolte, où un nouveau système de
normes et de valeurs est proposé.

8
traduit toutefois par le purisme et l’hypercorrectisme, qui sont de tous
temps.

2.7. Les (normes et les) valeurs doivent pouvoir s’énoncer

Les normes et les valeurs étant partagées, elles sont inséparables


d’un discours. Elles se fondent donc toujours sur un récit primitif, ou un
mythe fondateur, et nécessitent la mise au point d’une argumentation,
celle-ci fût-elle implicite. Il y a donc une rhétorique des normes. Les
discours épilinguistiques, brodant sur des stéréotypes, constituent de
bons exemples de tel discours, comme aussi la mise au point de nouveaux
concepts, tel celui de norme endogène. Autant que de l’avènement de
normes endogènes, nous aurons donc à nous préoccuper du surgissement
de la notion de norme endogène.

C’est au fond là un cas particulier du phénomène de l’explicitation


des normes, déjà rencontré lorsqu’il a été question de l’intériorisation de
celles-ci (2.2.). Ces deux facteurs — intériorisation et explicitation — sont
intéressants à conjoindre. Non qu’il y ait une corrélation rigoureuse entre
intériorisation et implicitation d’une part, extériorisation et explicitation
d’autre part : une norme peut parfaitement être à la fois implicite et
extériorisée, ou explicite et intériorisée. Mais on peut poser qu’une norme
est d’autant plus prégnante — et a une plus grande force d’émergence,
dans le cas d’une norme nouvelle — qu’elle est à la fois intériorisée et
explicite.

3. Les normes et l’endogenèse

Comme on vient de le voir, les normes sont des systèmes ou


fonctionnent plusieurs paramètres ou facteurs. Par conséquent, ni
l’endogenèse ni l’exogenèse ne peuvent être traitées comme des
phénomènes globaux : ce sont des forces qui sont susceptibles de
n’affecter qu’un seul ou plusieurs de ces facteurs. Par ailleurs, endogenèse
et exogenèse ne sont pas des valeurs discrètes, mais bien des fonctions
continues : elles représentent des tendances. Tout indique donc à
suffisance la complexité du phénomène.

Il ne peut être question ici d’envisager l’impact de l’endogenèse sur


tous les facteurs repérés. Je me bornerai à examiner cet impact sur deux
facteurs essentiels : les valeurs et la contextualisation. Ces deux facteurs
sont au reste étroitement liés : par exemple, l’émergence d’un nouveau
groupe social — fait de contextualisation — ne peut manquer d’avoir un
impact sur les systèmes de valeur. En les examinant nous ne manquerons
pas d’apercevoir également le rôle que jouent les discours de justification
et d’explicitation qui viennent d’être évoqués (les nouvelles valeurs d’un

9
nouveau groupe s’expriment dans un discours nouveau).

3.1. Premier facteur : la mutation des valeurs

La première mutation à signaler est celle qu’a suscité le tournant


économique consécutif au grand choc pétrolier de 1973. On a alors vu
apparaître un nouveau paradigme culturel que j’ai décrit par ailleurs
(Klinkenberg, 1985) et que, à la suite de Christopher Lasch (1979), j’ai
appelé la culture du narcissisme. Modelée par la fragilisation économique
de maintes couches de la société dans un contexte de dualisation, autant
que par la nouvelle donne médiatique, cette culture se caractérise tant
par l’individualisme que par le communautarisme. Sur le plan politique,
elle valorise les appartenances régionales. Toutes tendances qui, pour un
bien comme pour un mal, renforcent les traits identitaires et font
contrepoids au mouvement d’intégration qui domine au niveau mondial.

Sur un plan plus strictement linguistique, on notera la perte de la


vigueur de l’idéologie de l’unification et de la centralisation linguistiques,
idéologie que nous avons qualifié ailleurs d’essentialiste (Klinkenberg,
2001)5. Par exemple, une étude du rôle de légitimation joué par les outils
lexicographiques courants (dictionnaires, bases de données) indiquent que
les variétés définies par un paramètre géographique sont dorénavant
moins stigmatisées (cfr Klinkenberg, 2002). Cette légitimation de la
variation diatopique ne pouvait manquer d’engendrer un discours
nouveau, justifiant les forces centrifuges à l’œuvre, discours dans lequel la
notion de norme endogène joue un rôle important.

Ce facteur idéologique ne peut bien s’évaluer que dans le cadre du


calcul de l'impact que la montée de la francophonie a sur la conscience du
Francophone, troisième lieu de changement des valeurs. Prendre la
francophonie au sérieux, c'est en effet admettre que le français est pluriel,
tant par ses formes que par sa capacité à énoncer des réalités nouvelles.
Mais la montée en force de la francophonie a deux effets contradictoires.
D'un côté, génèrant le relativisme qu’on vient d’évoquer, elle suscite un
mouvement d’appropriation de la langue dont le concept d’endogenèse est
la meilleure expression (« Quels sont les enjeux liés à la redéfinition de la
norme ou des normes ? Pour tous les pays, il n’y a pas seulement le
confort psychologique qu’y gagneraient les usagers dont l’insécurité serait
réduite, dès lors qu ’on situerait explicitement leur norme dans leur
communauté. Il n’y a pas seulement le respect et la valorisation de leur
identité. Il y a surtout qu’en légitimant explicitement les variétés de
français qui ont, d’ores et déjà dans le fonctionnement social, acquis le
statut de standards dans les différentes communautés francophones, on
contribuerait à faire en sorte que le français soit désormais perçu comme
5
Ceci ne signifie évidemment pas que le processus même de la centralisation ait perdu
de sa force ou que ladite idéologie soit en pleine déroute.

10
faisant vraiment partie du patrimoine des francophones, de tous les
francophones», Marie-Louise Moreau, apud Dumont, 2001 : 45). Mais de
l'autre, ce relativisme survient à un moment de fragilité, où le locuteur ne
peut plus tabler sur la sécurité qu'offre le modèle fantasmatique d'une
langue unifiée et stable...

On peut encore invoquer le développement de la discipline


linguistique elle-même, remarquable dans les années 60-70 et à laquelle
nous reviendrons en 3.1.3. Or ce développement a non seulement pu
compter avec un recrutement humain caractérisé par les forces
centrifuges qui viennent d’être décrites, mais aussi avec l’autonomisation
de la discipline, notamment par rapport à la philologie et à la didactique.
Cette autonomie a sans nul doute constitué un puissant incitant à
l’élaboration d’une définition de la fonction sociale du linguiste. Les
rapprochements de la linguistique avec l’informatique et avec les sciences
cognitives constituent à n’en pas douter des éléments importants de
cette définition, mais l’endogenèse paraît une des formes que peut
prendre ce mouvement d’autojustification et d’explicitation des positions.

Il faut en cinquième lieu tenir compte des mutations subies par les
valeurs locales. Il est de fait que l’établissement ou la mise en évidence
de normes endogènes ne correspond pas aux mêmes enjeux partout :
qu’il s’agisse de l’Afrique subsaharienne, du Maghreb, du Québec, de la
Wallonie ou de La Réunion, le concept correspond chaque fois à des
réalités académiques, politiques ou éducationnelles dont on ne peut
rendre compte en une seule formule. Le fait est que l’éclatement même
de ces problématiques constitue une justification globale de l’existence du
concept de norme endogène, et un garant de son efficacité.

Si l’on jette à présent un regard synoptique sur ces mutations de


valeurs, on doit constater qu’une distorsion s’est installée entre les
nouveaux ensembles de valeur et les normes disponibles et accessibles.
Cette distorsion est propre à créer un début d’anomie, au sens de Robert
Merton. Et une telle situation est propice à un mouvement d’innovation
qui ne peut qu’entrainer une redistribution des normes. L’endogenèse
parait bien participer à ce mouvement de redistribution.

3.1.3. Second facteur : la mutation des contextes

Tant les normes objectives que les normes évaluatives sont des
constructs, des abstractions obtenues « par la critique et la sélection d’un
certain nombre d’usages, socialement définis, c’est-à-dire appartenant
aux classes dominantes » (Helgorsky, 1982 : 9). C’est dire qu’une refonte
de la morphologie sociale ne peut pas rester sans impact sur la définition
de l’un et l’autre de ces groupes de normes.

11
On peut donc formuler l’hypothèse que l’avènement de la notion de
norme endogène — et l’élaboration même de telles normes — sont des
phénomènes qui correspondent à l’avènement de groupes sociaux
nouveaux, élaborant les valeurs nouvelles qui correspondent à leurs
intérêts. Or il faut ici souligner que la petite bourgeoisie, qui a émergé
dans l’après-guerre à la faveur de la tertiairisation de l’économie, est
aujourd’hui plus fragile que jamais, menacée de déclassement par le
mouvement de dualisation de la société occidentale. On sait que ce
groupe est particulièrement sensible à l’insécurité linguistique (voir les
travaux de Labov), et qu’il est le siège du discours de la crise de la langue
(cfr Gueunier, 1985). Données qu’il s’agit de gérer. Un de ces modes de
gestion, le plus connu parce que mis en évidence par les travaux de
Labov, est l’hypercorrectisme, attitude qui est le pendant sur le plan
linguistique de l’attitude générale de ritualisation (cfr 2.6.). Il serait
intéressant de se demander si l’élaboration de normes endogènes ne
pourrait pas représenter, pour le même groupe social, la mise en œuvre
de la seconde option décrite par Merton : l’innovation.

Il ne faut pas exclure de ce tableau le facteur qu’est l’habitus des


linguistes eux-mêmes, dont nous avons déjà traité au paragraphe
précédent. Ces linguistes, qui n’ont jamais été neutres, ont été en partie
responsables de maintes résurgence de la normativité dans des travaux
en principe descriptifs : Authier et Meunier (1972) soulignent ainsi que
« la relative homogénéité sociale des descripteurs et lecteurs de
grammaires est sans doute un des facteurs implicites qui permettent de
fonder en général (par neutralisation du paramètre social) un accord sur
les données linguistiques décrites ». Or ces linguistes sont aujourd’hui le
plus souvent issus de la petite bourgeoisie, du moins en Europe. Comme
le monde des linguistes francisants a connu une remarquable
diversification géographique, on peut comprendre que pour eux, qui ont
naguère bien servi la cause de l’homogénéisation de la norme et du
modèle essentialiste de la langue, la polynomisation des langues — et
donc l’endogenèse des normes — soit devenu un véritable enjeu. Un tel
enjeu n’est assurément pas que symbolique, dans un marché
professionnel qui a pendant trente années été soumis aux mêmes dures
lois de mondialisation que l’économie (lois que dénonce paradoxalement
en tant que citoyen un de ceux qui, en tant que linguiste, a le plus fait en
faveur de cette mondialisation-là : Noam Chomsky) et où les chances de
promotion ont dès lors été en partie bloquées. A une époque où les
membres des équipes mises en place au cours des Golden sixties
approchent de la retraite, l’endogenèse permet à la relève et aux écoles
locales de reprendre la main et de se constituer une nouvelle légitimité,
celle-ci fût-elle frappée du stigmate de la périphéricité (cfr Klinkenberg,
2004)

Un facteur de contextualisation particulier est le milieu scolaire. Or


une mutation capitale l’a affecté : la prise en considération des culture

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locales (elle-même indissociable des mutations de valeurs étudiées) : les
temps ne sont plus au poncif de « nos ancêtres les Gaulois » . Ce qui
constitue un facteur d’endogenèse de la norme linguistique. Mouvement
centrifuge d’autant plus spectaculaire que les systèmes scolaires, tous
affectés par la légitimité du local, varient largement, comme aussi la place
des variétés de langue — que l’on pense aux créoles — dans ces
systèmes.

Enfin, on n’a pas cessé, au long de l’exposé, de rencontrer le


phénomène de l’implicitation et de l’explicitation des normes. On peut en
effet envisager un continuum allant de l’implicitation maximale à
l’explicitation maximale. Au long de cet axe, on aura donc la norme
endogène occulte, reconnue passivement mais ne faisant l’objet d’aucun
discours épilinguistique, la norme rendue visible par ce type de discours,
la norme endogène légitimée et faisant l’objet d’un investissement
symbolique, et enfin la norme endogène faisant l’objet d’un travail
volontariste de standardisation voire de promotion. Par exemple, Marie-
Louise Moreau, étudiant les pratiques sociolinguistique en Belgique
francophone (1997b), constate un divorce entre la norme objective
endogène et la norme évaluative, principalement exogène : intériorisée,
cette dernière est la seule qui fasse l’objet d’un travail d’explicitation. Et la
chercheuse de plaider pour une réconciliation du discours normatif avec
ces normes : autrement dit pour une explicitation.

Le surgissement même de la notion de norme endogène dans le


champ de la recherche est l’indice d’un déplacement généralisé sur cet
axe implicitation-explicitation. Le concept, en effet, est loin d’être aussi
nouveau qu’on ne le dit. Mais — outre que l’expression elle-même est
nouvelle, ce qui est significatif — il faut noter que tous ceux qui avaient
touché au concept par le passé avaient insisté sur le caractère implicite
des phénomènes dont il entendait rendre compte. Il en va ainsi de la
notion de régionalisme lexical, défini en 1957 par Charles Bruneau comme
« un mot qui est connu de tout le monde […], dans un espace donné, mot
que, dans cet espace, tout le monde croit être français, alors qu’en
réalité, il ne l’est pas » (apud Straka, 1983 : 36) : le « caractère
inconscient » du fait régional, également affirmé dans la préface du TLF
en 1971, est — en même temps que sont caractère asystématique, avec
lequel le trait « inconscient » entre d’ailleurs en contradiction — une des
lignes de force de la définition que Georges Straka fournit des variétés
régionales. En regard, on notera que toutes les définitions fournies par
Gabriel Manessy insistent sur « la représentation consciente,
éventuellement formalisée » et la « mise en relief » de la norme locale
(1997 : 223), et la conclusion, massive, est qu’ »il n’est de norme
endogène que consciente » (1997 : 225).

L’endogenèse observée de nos jours est donc un mouvement qui se


produit autant au niveau de l’explicitation qu’à celui des pratiques

13
linguistiques.

4. Conclusion : normes et description linguistique

Étant contextualisées, et étant partagées à l’intérieur de sociétés


clivées et où règne la violence symbolique, les normes, qu’elles soient
objectives ou évaluatives sont nécessairement plurielles. Il n’y a donc
guère de sens à utiliser le mot au singulier : on a toujours affaire à des
blocs de normes.

Il est banal d’affirmer cette pluralité. Il l’est moins de souligner que


cette pluralité pose un problème méthodologique au moment de décrire
ces normes plurielles en termes de normes objectives.

En général, la linguistique a pu apporter deux types de solutions à


ce problème de description : la juxtaposition ou atomisation, et
l’articulation ou intégration.

La juxtaposition consiste à décrire chaque norme de façon


autonome, comme un système indépendant. Ce qui a pu être fait pour
quelques normes techniques, ou pour les norme dialectales. L’avantage de
la solution est qu’on peut éliminer de la description les artefacts sociaux,
géographiques, stylistiques et contextuels, ou tout au moins les
neutraliser, et dès lors traiter authentiquement cette norme comme un
donné objectif. Les inconvénients sont cette neutralisation elle-même, et
l’évacuation de toute perspective comparatiste : le choc entre normes, ou
la dynamique des normes, sont voués à échapper totalement à la
description.

L’articulation consiste à ordonner toutes les normes dans un schéma


commun, où elles s’inscrivent dans un ordre d’abstraction et de
schématisation croissant. C’est là, on s’en souviendra, le modèle proposé
par Hjelmslev. Celui-ci envisage une arborescence dominée par une
norme générale, rendant compte des réalisations les plus abstraites du
schéma, et où se répartissent des normes particulières — topolectales,
sociolectales, technolectales — qui sont autant d’actualisations de la
norme générale. L’avantage est ici qu’on prend en compte tous les faits
de langue, y compris ceux qu’une linguistique soucieuse d’ordre avait
tendance à rejeter vers des domaines marginaux et au statut flou (comme
la « stylistique »). L’’inconvénient est que la parcellarisation des normes
fait que tout, en définitive, est norme. Et on est par conséquent
impuissant à percevoir les frontières entre faits erratiques et productions
normées.

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Cette tension entre deux solutions est souvent vécue comme un
malaise par ceux-là qui, après en avoir souligné l’existence, optent
résolument pour l’un d’entre elles. On peut opter pour la juxtaposition ou
pour l’intégration, en fonction des objectifs que l’on poursuit. Mais il est
bien sûr impossible de trancher en droit.

La notion de norme endogène peut apparaitre comme une


manœuvre quasiment désespérée pour concilier les deux conceptions. Ou
tout au moins mettre en scène leur tension. Le premier membre de la
définition de Manessy, qui se réfère à la norme objective, va dans le sens
de la juxtaposition, tandis que le second, qui prend en considération la
pluralité des normes, va dans le sens de l’intégration.

Il est en tout cas remarquable que d’autres concepts aient


simultanément vu le jour, qui vont précisément dans le même sens :
tenter de racheter et de dépasser l’opposition entre juxtaposition et
intégration. Je pense évidemment à celui de langue polynomique, à celui
de mésolecte ou à celui de langue collatérale6… Sans doute n’est-ce pas
un hasard.

Références

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Conseil de la langue française, Paris, Le Robert.

6
Le présent texte applique les rectifications de l'orthographes proposées par le Conseil
supérieur de la langue française (1990) et approuvées par toutes les instances
francophones compétentes, dont l'Académie française.

15
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16
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