Introduction générale Du Cours de Sociologie de Lã©ducation 2022-2023

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Philippe VIENNE, Sociologie de l’éducation

(Département des sciences sociales, Université libre de Bruxelles, 2022-2023)


Introduction générale

Prolégomènes pour une sociologie de l’éducation

« Pour le sociologue, l’éducation est un peu comme la


démonstration la plus concrète de la légitimité de la
perspective sociologique ».
Fernand DUMONT (1962)

Avant de consacrer quelques pages à une introduction au cours, je vais rappeler


brièvement d’où est né ce cours de « sociologie de l’éducation ». J’ai effectué ma
thèse de doctorat avec Anne Van Haecht en 2004 (précédente titulaire du cours)
et repris ce cours en 2012, ainsi que le centre de recherches animé par Anne
Van Haecht, le Centre de sociologie de l’éducation.

Ma propre spécialisation en sociologie de l’éducation s’est faite sur base d’une


enquête ethnographique (un travail de terrain) de deux ans dans
l’enseignement professionnel de relégation. Durant ces deux ans j’ai effectué
une observation participante (dans des rôles d’éducateur et d’enseignant) de ces
mondes scolaires, dans deux établissements de mauvaise réputation, l’un d’entre
eux étant bien connu comme établissement de dernière chance pour des élèves
multi-renvoyés, en retard scolaire, et parfois avec des trajectoires délinquantes
très lourdes (voir Vienne 2008).

Ma thèse de doctorat en sociologie a porté sur une approche critique de ce que


le sens commun appelle de façon discutable les « violences scolaires » ou «
violences à l’école », ancrée sur mon expérience de terrain dans les écoles
difficiles et sur des grilles théoriques de sociologie de l’éducation et de
sociologie générale, avec un intérêt particulier pour les travaux de Bourdieu et
ceux de Goffman. Je suis donc devenu un spécialiste des questions de
relégation scolaire et des interactions typiques (tensions et conflits) qui ont
lieu dans les établissements de relégation.

Depuis que j’ai été amené à enseigner la sociologie, qu’il s’agisse de la sociologie
générale autrefois à l’Université de Mons ou de la sociologie de l’éducation à
l’Université libre de Bruxelles, j’ai toujours essayé de résister à un piège
épistémologique bien expliqué par Pierre Bourdieu (2001), celui de la
dispersion de la sociologie et de son morcellement en autant de petites
spécialisations fermées les unes par rapport aux autres.

La sociologie spécialisée, celle de l’éducation en l’occurrence, doit, elle aussi,


rester le plus possible en contact avec les autres domaines de spécialisation
sociologique, et pour cela être le plus possible ancrée dans une bonne
sociologie générale, et si possible ouverte le plus possible aussi aux autres
disciplines qui s’intéressent aux questions éducatives, en premier lieu desquelles
l’anthropologie, sa sœur jumelle. Etant diplômé en anthropologie avant de m’être
spécialisé pour le doctorat en sociologie (de l’éducation), je pense pouvoir
joindre les deux

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Philippe VIENNE, Sociologie de l’éducation
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disciplines sans créer la fermeture disciplinaire que critiquait à juste titre


Bourdieu.

Passons maintenant à ce qu’il faut entendre par une sociologie de l’éducation.


Tout d’abord une sociologie de l’éducation n’est pas la seule sociologie de l’école,
même si l’école a beaucoup d’importance, de plus en plus d’importance en fait (et
de plus en plus tôt dans la vie de l’enfant), comme le soutenait Bourdieu, dans nos
systèmes sociaux de la modernité avancée. Mais l’école n’assure en réalité qu’un
pan, un volet limité de l’éducation ou plutôt de ce que l’on appelle plus
usuellement dans ma spécialisation la « socialisation » des êtres humains.

Attention, comme on le verra plus loin, même si de nombreux auteurs utilisent


aujourd’hui indistinctement éducation et socialisation comme s’il s’agissait de la
même chose, nous allons voir tout de suite que ces deux notions ne sont pas
nées et n’ont pas été utilisées de façon indistincte. Il y a là-dessus une terrible
confusion, même dans des ouvrages ou articles de référence, qu’il est
intéressant de régler dans cette introduction.

L’éducation, c’est évidemment aussi l’éducation familiale, c’est l’éducation


assurée par les médias, qui prend probablement une part de plus en plus
importante aujourd’hui (réseaux sociaux, etc.) – et peut-être un peu inquiétante
aussi pour quelqu’un de ma génération. Si l’on passe ensuite à la notion de
socialisation, que nous définirons plus loin, il faut examiner plusieurs questions
fondamentales :

- Qui socialise ? Les adultes ? Les enfants entre eux ?


- Qui fait l’objet de la socialisation (qui est socialisé) ? Avec la même
question sur les enfants et les adultes…
- A quelles périodes de la vie est associée la socialisation ?
- Comment fonctionne-t-elle ? A quel modus operandi et conditions sociales
ou psychologiques est-elle associée ? Et que produit-elle ?

Le plan du cours
Au fil de ce cours, nous allons examiner les apports de différents théoriciens
internationaux, et pas uniquement sociologues, mais aussi anthropologues,
philosophes ou psychologues, à une sociologie de l’éducation axée
notamment, mais pas uniquement, sur la question de la socialisation. Dans
l’introduction, nous reviendrons d’abord sur Jean Piaget, psychologue de
l’enfance.

Nous commencerons le cours par un chapitre sur Emile Durkheim, fondateur


de la sociologie française, mais aussi théoricien intéressant sur les questions
éducatives par ses nombreux cours sur le sujet faits à la fin XIX e siècle, début XXe
siècle, à l’Université de Bordeaux puis à la Sorbonne. D’une certaine manière,
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Durkheim est vraiment le « grand-père » de la sociologie de l’éducation française.


Dans son ouvrage Education et sociologie (paru de façon posthume en 1922),
Durkheim nous permettra d’examiner – et de critiquer – sa définition de
l’éducation.

Nous changerons ensuite de pays pour examiner un ouvrage capital de


l’anthropologue britannique (d’origine polonaise) Bronislaw Malinowski, Sex and
Repression in Savage Society (1ère édition, 1927)1. Contrairement à ce que laisse penser
le titre limité de l’ouvrage (« savage » society), Malinowski propose une analyse
fascinante du mode d’éducation dans la société qu’on appelait encore, dans les
termes de l’époque, « primitive » (la société de tradition), et par comparaison, de
l’éducation dans la société occidentale, celle que j’ai qualifiée plus haut de
« modernité avancée » et qui était parfois appelée autrefois la « société
industrielle ».

Malinowski nous aidera à comprendre comment ces sociétés contrastées forgent la


transmission culturelle entre générations, et en particulier comment naissent
les tabous (ce que Durkheim appelle de façon plus rigoureuse dans les Formes
élémentaires de la vie religieuse des « systèmes d’interdits »)2 par lesquels l’individu
s’interdit certaines choses, consciemment ou inconsciemment, selon les
mécanismes que la psychanalyse a pu décrire après Freud (le Surmoi, la naissance
des complexes, etc.).

Dans le cours sur Pierre Bourdieu, nous commencerons par l’autoanalyse de


ce dernier, avec l’Esquisse pour une autoanalyse, ouvrage (posthume, paru en 2004)
dans lequel il examinait de façon réflexive sa position sociale de transfuge de
classe (et sa position dans le champ scientifique), en consacrant d’excellentes
pages à son rapport complexe au système scolaire. De cet ouvrage qui permet
des clés compréhensives cruciales pour entrer dans la partie de son travail
consacrée aux questions éducatives, nous passerons à ses deux ouvrages en
commun avec Jean- Claude Passeron, Les Héritiers (1964) et La reproduction
(1970).

Bourdieu et Passeron nous fournissent une analyse à la fois critique, prospective et


très féconde sur le plan de la théorisation, des systèmes d’enseignement. Nous
nous attacherons en particulier aux notions de violence symbolique, d’habitus,
et au triptyque théorique action pédagogique/ autorité pédagogique/ travail
pédagogique. Nous terminerons la partie sur Bourdieu en examinant comment
à l’époque de fabrication puis de parution de La misère du monde, l’ouvrage
collectif de 1993, Bourdieu a actualisé sa présentation du système
d’enseignement en évoquant les exclus de l’intérieur.

1
Traduit aux éditions Payot en 1932 sous le titre La sexualité et se répression dans les sociétés
primitives.
2
DURKHEIM É., Les formes élémentaires de la vie religieuse, Paris, PUF, coll. « Quadriges », 4ème
édition, 1960 [1912].

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Nous quitterons alors à nouveau la sociologie française pour passer à la sociologie


américaine, avec les apports des théoriciens liés à l’Université de Chicago.
Une partie facultative, qui ne sera pas présentée au cours (et donc pas matière
d’examen) mais qui est disponible pour les étudiants en ligne sur l’Université
virtuelle, est consacrée au sociologue de Chicago William I. Thomas, et à la notion
de définition de la situation.

L’autre volet consacré à Chicago portera sur la notion de carrière développée par
le sociologue Everett C. Hughes, le disciple de Park, et appliquée sous forme de
carrières scolaires par Howard S. Becker pour étudier le travail des
institutrices américaines, leur mobilité professionnelle, et leurs rapports avec
leur public d’élèves, leurs collègues et leurs directions. La description des trois
types de problèmes vécus par les institutrices américaines est toujours utile
pour comprendre le fonctionnement actuel de l’enseignement (idem pour les
concepts de reality shock, de phase de test, d’adaptation, etc.).

La dernière partie du cours est consacrée au sociologue austro-américain Peter


Berger (décédé en 2017), et à ses apports à la sociologie de l’éducation à travers sa
formalisation en sociologie générale de la construction de l’identité, vaste
synthèse qui s’enrichit de toute une série de travaux théoriques faisant le lien entre
société, individu et processus éducatifs, notamment à partir du grand
philosophe/psychologue de l’université de Chicago, George Herbert Mead.

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Le fantôme de la socialisation
Revenons à présent à la question que je soulevais plus haut, celle d’une regrettable
confusion autour des notions d’éducation et de socialisation qui apparaît dans
la littérature, quand on les désignant vaguement comme des synonymes. L’erreur
commune consiste à faire de Durkheim, par exemple, un théoricien de la
« socialisation ». En réalité, Durkheim n’a sans doute pas utilisé plus de deux ou
trois fois le mot « socialisation » dans ses trois cours de sociologie portant sur
l’éducation, et que nous évoquerons plus loin.

Durkheim utilisait au contraire systématiquement le mot « éducation ». Durkheim


est en ce sens un théoricien de l’éducation, et non de la « socialisation ». La
popularisation progressive de cette dernière notion (dans un va-et-vient
conceptuel intéressant entre deux champs différents, ceux de la sociologie et de
la psychologie) a contribué à « avaler » rétrospectivement toute la sociologie de
l’éducation de Durkheim en faisant croire que ce dernier nous parle de
« socialisation », ce qui n’est absolument pas le cas.

Pour débrouiller cette confusion, il faut se faire un peu le Sherlock Holmes de


l’histoire de la sociologie (ou de la psychologie) de l’éducation, et remonter dans le
temps pour examiner comment est apparu le terme de socialisation, et
comment il a été adapté peu à peu aux questions éducatives pour en devenir,
surtout après la seconde guerre mondiale, un concept-clé, aussi populaire (mais
aussi de plus en plus vague) que celui d’habitus que nous rencontrerons
(notamment) chez Bourdieu. Cela nécessite de mener l’enquête (toujours à la
Sherlock) dans plusieurs langues, dans les différents champs nationaux des
sciences humaines (France, Allemagne, pays anglophones…).

Dans le monde anglophone : socialization

Le terme de socialisation est utilisé en langue anglaise sous sa forme commune


socialization. On le trouve présent très tôt dans la sociologie américaine (fin
XIXe, début XXe), notamment dans des titres d’ouvrages3. Le terme apparaît
également dans plusieurs articles de sociologie sur les premières décennies
d’émergence de la sociologie américaine. Mais ce terme, tel qu’il est utilisé, s’avère
très différent de son usage conventionnel contemporain comme outil intellectuel
de la sociologie de l’éducation.

La « socialisation » désigne vaguement, au début du XX e siècle, dans la littérature


américaine, ce que je vais résumer ici et définir à ma façon comme le
processus qui attache/rattache l’individu au groupe social, à la collectivité, à
la société,

3
Comme ceux du pionnier de la sociologie quantitative Franklin Giddings (qui enseignait à l’université
Columbia au début du XXe siècle).

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selon les variantes utilisées. Le terme connaît d’ailleurs un autre sens, plus
économique4, un sens qui ne nous retiendra pas ici.

Ce sens originel du mot socialisation comme lien avec le groupe social, un sens
plutôt large, plutôt vague aussi, permet d’opposer une sorte de binôme
conceptuel où l’individualisation, d’un côté, le processus qui tend à
individualiser les êtres humains, s’oppose à la socialisation de l’autre, comme
processus qui les rapproche de leurs semblables, que ce soit sous forme
d’ « association », d’êtres humains en situation de « réciprocité », ou
d’appartenance au « groupe » social selon les formules utilisées à l’époque5.

En Allemagne : Vergesellschaftung

Mais le théoricien auquel on doit rattacher


l’apparition du terme de socialisation dans la
littérature américaine, c’est bien le sociologue
allemand… Georg Simmel, dont les travaux
sociologiques ont très vite été diffusés et
popularisés dans la sociologie américaine par les
pionniers de celle-ci.

Simmel utilisait le terme allemand de


Vergesellschaftung, qui a été traduit en anglais
par le terme « socialization », dans un article
de Simmel publié en 1895 dans une revue
américaine (et paru en Allemagne en 1894).
Simmel (1895) nous dit de façon très générale
que la sociologie (ma traduction) :

« … devrait traiter de ce qui est spécifiquement


social, à savoir le processus et les formes de
socialisation ».

Simmel précise que la socialisation est une


« relation réciproque » entre les individus, en
tant que forme sociale fondamentale. La
socialisation, ce qui fait cette relation, Georg Simmel (1858 – 1918)
coopération, union ou encore association
entre individus, sous toutes ses formes, concerne l’étude des « formes sociales par
lesquelles les êtres humains s’unissent ». La « socialisation » (Vergesellschaftung) devrait être
selon Simmel l’objet fondamental d’investigation en sociologie.

4
Le terme de « socialisation » sera utilisé en économie comme un synonyme de collectivisation des
moyens de production.
5
Ces réflexions ne sont évidemment pas éloignées des questions théoriques essentielles chez
Durkheim, avec la réflexion sur l’individualisme et par opposition de ce que Durkheim appelait
parfois… le socialisme (au sens d’appartenance à la société).

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Le terme est également repris et traduit en 1896 de la même manière dans un autre
article de Simmel publié dans l’American Journal of Sociology6. Ainsi, un élément de la
théorie sociologique de Simmel, Vergesellschaftung, indiquant l’importance de ce que
Simmel appelait les forces sociales unissant les individus, est introduit
systématiquement sous sa forme anglaise dans la sociologie américaine sous la
dénomination « socialization », et sera ensuite extrêmement popularisé – mais aussi
progressivement changé de contenu – par sa diffusion générale massive en
psychologie et en sociologie.

L’« enfance » de la « socialization » dans la littérature américaine

La « socialization » américaine continue son petit bonhomme de chemin, en


apparaissant dans la littérature sous forme de nom commun (socialization), de
verbe (to socialize), ou d’adjectif (socialized), et en se rapportant toujours de façon
assez générale, selon ma petite définition de synthèse, au processus qui
attache/rattache l’individu au groupe social (ou à la société, etc.).

Prenons quelques exemples. Dans un article de 1914 proposant un plan de


travail pour l’étude sociale des écoles primaires, John M. Gillette, auteur de
nombreux articles dans l’American Journal of Sociology sur les questions éducatives,
nous parle notamment de la « nécessité et de la valeur de socialiser l’enfant en
faisant usage de son environnement social » (voir Gillette 1914).

Une conception à la fois plus curieuse et plus originale de la variante


américaine de la socialisation se retrouve aussi chez un des pionniers de la
sociologie américaine, Edward A. Ross (1919), qui écrit que :

« Par “socialisation” nous entendons ici le développement du sentiment du nous


[the we feeling] chez des camarades [associates] et l’accroissement de leur
capacité et volonté d’agir en commun ».

Cette définition est intéressante parce que la formule est originale. Elle pourrait
même être une inspiration pour nous à d’autres moments dans le cours, quand
nous examinerons les conditions selon lesquelles la socialisation opère entre celui
qui socialise et celui qui est socialisé. Car on pourrait ainsi poser l’idée inverse :
pour que la socialisation se mette en place efficacement, il faut qu’il y ait aussi
entre celui qui socialise et celui qui est socialisé ce sentiment du nous, donc un
lien un peu spécial sur lequel il faut réfléchir. Nous en reparlerons plus loin dans le
cours.

Ross présente la socialisation en nous disant que certaines personnes, en se


rapprochant, développent un sentiment d’identité commune, ce « sentiment du
nous » (the we feeling), qu’il présente aussi comme une « sympathie mutuelle » entre
camarades, forgée par l’expérience commune. Il donne d’ailleurs quelques
6
L’article de Simmel a été traduit de l’allemand par Albion W. Small, le fondateur de la sociologie à
l’Université de Chicago, fin XIXe.

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exemples très intéressants : les convertis religieux partagent une expérience que
d’autres trouveront incompréhensible parce qu’ils ne l’ont pas vécue, les vétérans
de guerre sont unis par ce même genre d’expérience (difficile) éprouvée en
commun.

Pour le dire simplement, le « profane » ne peut comprendre ce qui rapproche


étroitement les camarades forgés par une expérience commune parfois hors du
commun. On pense évidemment ici au lien à établir avec les rites d’initiation
en anthropologie, notamment décrits par Durkheim (1912). Le rite, notamment
par son caractère douloureux, qui occasionne une souffrance physique
(mutilation, tatouage, etc.), parce que l’on souffre « ensemble » et de la même
manière, crée un sentiment d’identité collective. Les individus sont forgés
ensemble par les rites d’initiation.

Ross ajoute à propos des individus socialisés ensemble que ce sont ceux qui
sont amenés « à se sentir identiques et à agir de la même manière dans la même situation ».
Arrêtons-nous un moment sur cette image. Le « sentiment du nous » évoqué par
Ross crée donc une identité collective commune et surtout une définition de la
situation commune entre ces individus (voir le cours facultatif sur W.I. Thomas).
Ross nous dit encore que la sympathie naît entre ceux qui « se sentent similaires en
quelque chose d’essentiel, qui ont quelque expérience, émotion ou possession
précieuse en commun ». Celà pourrait donner à réfléchir sur ce que l’école comme
institution pourrait apporter de « précieux » pour créer ce « sentiment du nous ».

Ross dira enfin que la socialisation peut être considérée « comme une expansion du soi
[self] de l’individu qui va en direction d’autres personnes et de leurs intérêts ». Il décrit ainsi le
passage de l’individu au collectif, qui implique comme on le voit une véritable
transformation de la conscience, de l’identité, du self, que nous examinerons dans
le chapitre du cours consacré à Peter Berger.

La socialisation dans le champ français des sciences humaines

Du côté français, le terme « socialisation » est employé à la fois dans son acception
plus strictement économique, que nous avons évoqué plus haut (ex : « socialiser »
les industries, etc.), et progressivement, surtout dans le champ disciplinaire de
la psychologie et en particulier dans sa spécialisation sur les questions
éducatives, dans le même sens général que nous avons examiné plus haut, à
savoir un processus qui attache/rattache l’individu à la société. On le
retrouve ainsi dans la revue L’année psychologique puis dans la revue plus spécialisée
Enfance.

Après la seconde guerre mondiale, le terme connaît une diffusion de plus en


plus importante (en nombre de références), et de plus en plus strictement associée
aux questions éducatives, parce que le processus qui le réalise est évidemment
de nature éducative. J’insiste déjà ici sur cette distinction qui va nous aider
: la
« socialisation » (incorporation au « collectif »), c’est le produit, l’objectif
recherché, et l’éducation, c’est le processus concret qui le permet.
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Un psychologue éminent comme Henri Wallon, du Collège de France, utilise


le terme « socialisation » en 1959 pour évoquer le développement de l’enfant
par l’action éducative. Dans son article sur « Les étapes de la sociabilité chez
l’enfant », Wallon (1959) entame une discussion critique avec les travaux de
Jean Piaget (voir plus loin), en soulignant que si Piaget considère que l’enfant se «
socialise » à partir de l’âge de six ou sept ans, lui-même considère que cette «
socialisation de l’enfant » se produit au contraire plus tôt. Mais il reconnaît
qu’une socialisation
« extrêmement nette » opère ensuite au sein des bandes d’enfants, basée sur la
coopération entre eux, mais aussi sur leurs rivalités et exclusions.

A lire Wallon, on se rend compte à nouveau que le terme « socialisation » est


encore et toujours entendu comme un processus qui attache/rattache l’individu
à une collectivité quelconque, et non comme le processus éducatif en général. La
« socialisation » à proprement parler ne commence dans ce modèle, à suivre
Wallon, que quand l’enfant entre réellement dans un groupe, que ce soit dans la
bande de petits camarades du voisinage ou à l’école maternelle. L’enfant
« socialisé » entre ainsi dans des « étapes de sociabilité » successives, nous dit
Wallon7.

La confusion finale

Les sociologues américains, de leur côté, associent de plus en plus strictement la


« socialization » à un processus éducatif, que celui-ci touche l’enfant,
l’adolescent… ou encore l’adulte, à travers la notion d’adult socialization popularisée
par exemple par des travaux de Howard S. Becker et Anselm Strauss (1956).
La
« socialisation » comme terme et concept y est tellement considérée comme
évidente pour les sociologues américains qu’elle n’est (quasiment) plus définie,
même quand elle donne le titre à un article, ou associée rapidement à la
« formation de la personnalité durant l’enfance » (Becker 1968), mais son contenu
concret est alors associé au « développement » de l’individu ou aux « changements
d’identité » chez ce dernier. Le processus évoqué plus haut a ainsi fait disparaître
l’objectif (l’incorporation au collectif).

La confusion totale s’opère enfin quand ce terme largement popularisé, mais de


plus en plus vague, est défini en faisant appel notamment aux théories
durkheimiennes sur l’éducation. Un terme « inventé » en quelque sorte par
l’Allemand Georg Simmel, sociologue avec lequel Durkheim avait des désaccords
théoriques profonds, reçoit ainsi au terme de cette diffusion et popularisation
un contenu associé à la conception durkheimienne de l’éducation, ce qui
constitue un mélange très curieux, et représente en tout cas une confusion
déplorable dans les sciences sociales.

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Ainsi, le psychologue fait un lien intéressant entre socialisation et sociabilité, un terme qui du côté des
sociologues a été conceptualisé par Simmel et qui s’est largement diffusé… mais surtout du côté de la

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sociologie américaine.

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Un bon exemple de ce mélange se retrouve dans le texte malgré tout très stimulant
que livre le sociologue québécois Fernand Dumont sous le titre « Scolarisation et
socialisation » (1962). En disant que Durkheim voyait l’éducation comme le
meilleur exemple de la contrainte exercée par la société sur l’individu [voir le
cours sur Durkheim], il ajoute sur cette « pression » exercée par le milieu social sur
l’enfant pour le « façonner à son image » que :

« Du même coup, le sociologue est tenté d’identifier éducation et socialisation et, à


la limite, d’annexer plus ou moins nettement toute la socialisation à la sociologie ».

En faisant cette remarque, Dumont n’a pas pris le temps de définir la


socialisation elle-même. Il a simplement rappelé la conception durkheimienne de
l’éducation. Mais la socialisation toute entière, notamment, comme il le sous-
entend, liée à présent via le processus à d’autres disciplines (comme la
psychologie), risque ainsi de se retrouver happée comme il le dit non seulement
par la sociologie… mais surtout par l’éducation considérée uniquement au sens
de Durkheim.

La socialisation vue par Jean Piaget


Un des textes les plus remarquables – et pourtant
rarement utilisé par les sciences sociales il me
semble – sur la socialisation de l’enfant, a été
produit en 1963 par le psychologue de l’éducation
Jean Piaget pour un ouvrage collectif dirigé par
Georges Gurvitch (le monumental Traité de
sociologie en deux volumes). Piaget y fait une
contribution très stimulante sur ce qu’il appelle
la psycho-sociologie de l’enfant. Il trace ainsi un
pont entre la psychologie et la sociologie pour
explorer cette dimension – et cet âge – de la
socialisation, cruciaux chez de nombreux
théoriciens de la sociologie de l’éducation.

Piaget, qui présente la socialisation de façon


générale comme le « processus formateur central des
sociétés humaines », explore deux domaines
spécifiques des « problèmes sociologiques que soulève
l’enfance », les relations des enfants avec les
adultes et les relations des enfants entre eux.
Le deuxième domaine ne sera pas examiné ici
faute de place, mais je tiens à souligner qu’il
explore un secteur regrettablement négligé par la
sociologie.
© Fondation Piaget
Du premier domaine (enfants/adultes), Piaget

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Philippe VIENNE, Sociologie de l’éducation
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précise que l’enfant est entouré dès la naissance d’une « atmosphère sociale », due aux
échanges actifs avec son entourage. L’individu « ne naît pas social mais le devient
progressivement » par la socialisation. Arrêtons-nous sur ce point essentiel. Piaget
nous redonne une petite définition de la socialisation sans le formuler
explicitement : être socialisé, c’est devenir social progressivement, par un
processus de transmission éducative qui prend du temps. Piaget rejoint ici les
définitions classiques de la socialisation que nous avons examinées, celles de
l’incorporation à une collectivité. Et c’est de l’extérieur de sa personne que
l’enfant se voit transmettre les caractères sociaux, « par une action directe des
générations antérieures sur les suivantes selon un mécanisme que l’on peut appeler au sens large le
processus éducatif ».

On comprend donc ici clairement la distinction heuristique à opérer entre


l’objectif – socialiser – et le processus qui le permet – l’éducation. Piaget évoque
très rapidement ensuite l’action éducative dans deux types de sociétés, les sociétés
« primitives », selon ses propres termes, où l’enfant est peu contraint mais où
l’adolescent reçoit en revanche par les rites d’initiation une éducation qui
l’amène à un conformisme « singulièrement rigide » à l’égard des règles du groupe, et
les sociétés contemporaines comme la sienne (cf. modernité avancée) où :

« … au contraire, c’est l’enfant qui connaît le maximum de contrainte spirituelle


(discipline familiale et scolaire), tandis que l’adolescent tend à se libérer ».

Photographie de Bruno Réquillart (1972) ©


RMN

Dans ce dernier type de société, l’enfant est extrêmement soumis à la


génération précédente au début de sa vie, ce qui provoque ensuite à
l’adolescence des

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conflits entre générations, ces conflits pouvant être à la base de progrès


sociaux selon Piaget. Nous voyons que le mode éducatif est l’inverse de celui
de la société de tradition : d’abord vient la contrainte forte, et ensuite
l’adolescent
« rue dans les brancards », comme on dit, pour s’en libérer. Nous reverrons cela de
façon frappante dans le chapitre du cours sur Malinowski. On le reverra plus
loin, Piaget ne considère pas ces « conflits » adolescents/adultes comme
anormaux, ils sont au contraire salutaires pour le changement social. Il y a donc
un aspect culturel en jeu (le changement social) qui dépasse de loin la simple
vision psychologique d’une « crise » d’adolescence (voir plus loin), qui n’a rien
non plus d’un universel puisqu’elle est produite par une culture donnée.

La sociologie de l’enfance, nous dit Piaget, étudie les étapes de la socialisation. La


socialisation prend de multiples formes, dont l’action des générations
antérieures sur les suivantes n’est qu’un aspect, car l’enfant « est également socialisé et
“éduqué” par le commerce de ses contemporains ». C’est le rôle de la socialisation entre
pairs que Piaget évoque ici, et dont il dit à juste titre qu’on n’en pas toujours
perçu l’importance. L’enfant peut même aussi être socialisé par ses interactions
avec des enfants plus jeunes, nous dit aussi Piaget, quand il s’occupe des plus
petits que lui.

Piaget décrit ensuite les relations entre enfants et adultes comme décomposées en
trois catégories : des relations intellectuelles (transmission de représentations
collectives, comme le langage) ; des relations affectives, et des relations morales.
La première catégorie représente le volet cognitif des échanges entre enfants et
adultes. Passons plus rapidement sur cet aspect des relations, en relevant toutefois
que Piaget critique la dimension extrêmement coercitive des transmissions
intellectuelles, notamment par l’école.

L’aspect affectif de la relation entre adultes et enfants amène Piaget à résumer les
théories psychanalytiques freudiennes sur le Surmoi (notion que nous
retrouverons dans le chapitre du cours sur Malinowski). La prime éducation de
l’enfant par l’adulte amène à la formation – dans un cadre culturel bien précis,
dont Piaget précise avec raison qu’il n’est pas universel, contrairement à ce
que pensent certains psychanalystes – à la formation de ce Surmoi chez
l’enfant, au sens d’une « subordination affective » de l’enfant envers l’adulte.
À l’adolescence, la « crise de l’adolescence », selon Piaget, et le conflit des
générations évoqué plus haut vont ébranler le Surmoi de façon momentanée…
ou durable.

La formation du Surmoi, c’est la façon dont l’enfant :

« … en vient à s’incorporer la volonté et la personnalité des parents par un système


d’identifications inconscientes et à se soumettre ainsi à une discipline (allant
parfois jusqu’à des autopunitions, etc.), en la croyant d’origine endogène, tandis
qu’elle est issue de la situation familiale extérieure. Ce processus constitue alors un
puissant facteur de conformisme et de consolidation sociale ».

1
Philippe VIENNE, Sociologie de l’éducation
(Département des sciences sociales, Université libre de Bruxelles, 2022-2023)
Introduction générale

Ce passage est très important et doit être examiné en


quatre points. Le premier point, c’est ce que j’appelerais
ironiquement « la voix de son maître »8. L’enfant
devient « comme » ses parents. Le deuxième point est
celui de la discipline intérieure – ou autodiscipline –
par laquelle l’enfant se régit sans que les parents doivent
réaffirmer la règle (elle est incorporée à présent). Le
troisième point qui revient dans tout le paragraphe est
celui du caractère inconscient du processus : l’enfant
croit qu’il s’autodiscipline, ayant oublié l’incorporation
qui a introduit cette discipline en lui. C’est une réflexion
très proche de ce que Bourdieu appellera la violence
symbolique (voir le chapitre du cours sur Bourdieu).
Enfin le quatrième point, la « consolidation sociale » correspond à ce que
Bourdieu, toujours, appellera la « reproduction » de la société.

Comme Piaget le précise plus loin dans un autre passage excellent, l’enfant baigne
durant l’enfance dans une atmosphère spécifique qui l’amène à attribuer à ses
parents tout un ensemble de qualités morales et intellectuelles comme
l’omniscience, la toute-puissance, l’autorité régulatrice du bien et du juste
(nous retrouverons certaines de ces notions dans le chapitre du cours sur
Berger). L’adolescent déchante ensuite en découvrant les imperfections de ses
parents.

La crise de l’adolescence, nous a dit Piaget, vient en effet bousculer cette sorte
de loi intérieure inconsciente par laquelle l’enfant se régit et parfois même se
punit en miroir de ce que les adultes ont fait de lui. L’adolescence, précise Piaget,
c’est le moment où :

« … l’individu cesse de se considérer comme un enfant, c’est-à-dire comme un


inférieur par rapport à l’adulte, et commence à se sentir l’égal de ce dernier, c’est-
à-dire un membre parmi les autres de la Société, dans laquelle il projette alors de
jouer un rôle et de faire une carrière ».

Piaget précise que l’adolescence ne coïncide pas forcément avec la puberté,


distinguant ainsi avec raison l’évolution purement physiologique de l’évolution
sociale de l’individu, très variable d’une société à l’autre. En bousculant le Surmoi,
l’adolescent :

« … joue ainsi dans nos sociétés un rôle fondamental dans la libération des
générations montantes par rapport aux anciennes et conduit l’individu à faire
fructifier ce qu’il a acquis de neuf au cours de son développement d’enfant tout en
l’affranchissant en partie des obstacles issus de la contrainte adulte ».

8
Comme l’image sur les anciens disques de cette marque – La voix de son maître – où un chien écoute
religieusement la voix enregistrée de son maître sur un gramophone.

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Philippe VIENNE, Sociologie de l’éducation
(Département des sciences sociales, Université libre de Bruxelles, 2022-2023)
Introduction générale

Dans le troisième volet des relations, Piaget examine les « relations morales »
entre enfants et parents, difficiles à séparer de l’aspect intellectuel ou affectif, selon
lui (tout est noué ensemble). Pourquoi les enfants obéissent-ils à leurs parents, se
demande Piaget ? Pour répondre à cette fameuse vieille question, qui reste sans
doute d’actualité, il faut selon lui deux conditions, celle d’une consigne
donnée par l’adulte et celle du respect accordé par l’enfant à celui qui donne la
consigne. L’enfant n’accepte en effet pas de n’importe qui ces « consignes ».

Pour que la consigne soit acceptée, il faut qu’il y ait un lien affectif entre celui qui
la donne et celui qui la reçoit. Le respect est basé sur un élément d’affection mais
aussi sur un élément de crainte, ce dernier venant de la supériorité de la
personne que l’on respecte. Les deux éléments sont nécessaires pour que le
respect fonctionne. L’enfant accepte d’obéir dans la mesure où il respecte ses
parents. C’est en quelque sorte le statut ou la fonction de parent que l’enfant
est ainsi amené à apprendre à respecter, au-delà de la personne spécifique qu’est le
parent.

Le reste de la discussion de Piaget consiste en une réflexion sur les étapes de la


réaction de l’enfant à l’autorité (notamment adulte), qui ne nous retiendra pas
ici. De façon originale, Piaget évoque dans la deuxième partie de son article les
relations des enfants entre eux, nettement moins explorées par la littérature.

Piaget y critique notamment l’idée courante – nous la retrouverons dans le


cours sur Durkheim – que l’enfant serait une sorte de table rase « sur laquelle
l’entourage social viendrait peu à peu déposer ses apports ». L’enfant en réalité n’est en
effet pas aussi passif que ce modèle le fait croire. Mais faute de place, nous
fermerons ici l’étude de la socialisation enfantine effectuée par Piaget.

Dans le texte de Piaget, nous avons vu que partant de la vieille notion de


socialisation comme une incorporation à la collectivité, nous avons aussi
découvert une acception qui en fait plus spécifiquement une formation, une
transmission éducative qui commence dès la naissance. La signification
contemporaine de la notion de socialisation apparaît ainsi progressivement. La
confusion entre les deux oblige à découper heuristiquement comme je l’ai fait plus
haut l’objectif – incorporer à la collectivité – et le processus – l’éducation. Le
processus éducatif permet ainsi à la « socialisation » (à la collectivité) de se
réaliser.

Aussi, pour conclure, étant donné le développement spécifique de la


« socialisation » comme notion se rapportant fondamentalement à un processus
d’éducation, de transmission culturelle, il faudrait traduire le vieux Vergesellschaftung
de Simmel non par « socialisation » mais éventuellement par « association », ce qui
éclaircirait les choses. Claude Javeau (1989) avait proposé pour sa part dans les
années 1980 de traduire Vergesellschaftung par « sociation » et non
par
« socialisation », pour clarifier les choses, et je me rends à cette proposition très
judicieuse.

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Philippe VIENNE, Sociologie de l’éducation
(Département des sciences sociales, Université libre de Bruxelles, 2022-2023)
Introduction générale

BIBLIOGRAPHIE

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initialement paru dans l’American Journal of Sociology, vol 62, November 1956, p. 253-263].
BECKER H.S., « Le soi et la socialisation des adultes », in BECKER H.S., Le travail
sociologique. Méthode et substance, Academic Press Fribourg/Editions Saint-Paul,
Fribourg, Suisse, 2006, pp. 379-397 [traduit de l’ouvrage collectif The Study of Personality :
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4ème édition, 1960 [1912].
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SIMMEL G., « The Problem of Sociology », The Annals of the American Academy of Political
and Social Science, Vol. 6 (Nov., 1895), pp. 52-63.
VIENNE Ph., Comprendre les violences à l’école, Bruxelles, de Boeck, coll. « Pratiques
pédagogiques », deuxième édition revue et actualisée, 2008.
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numéro consacré à la « Psychologie et Éducation de l’Enfance », pp. 309-323.

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