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Emmanuel Cartier
Université Paris 13 Nord
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All content following this page was uploaded by Emmanuel Cartier on 14 March 2019.
Introduction
Les noms propres, dans les langues, représentent la catégorie lexicale la plus
ouverte : Ehrmann et al. (2016) comptabilisent environ 330 000 noms propres et
près de 300 000 variantes dans la ressource multilingue JRC-Names construite à
partir de dépêches de presse dans 21 langues de l’union européenne depuis 2004,
soit quasiment l’équivalent du total des formes d’une langue non casuelle comme le
français ou l’italien. GeoNames1, la plus grande base de données de noms
géographiques, en contient plus de 3 millions, et près de 5,5 millions de variantes.
Ces noms propres, inscrits dans une langue spécifique, peuvent sans difficulté être
intégrés à d’autres langues, moyennant d’éventuelles adaptations phonologiques et
orthographiques. Ces noms couvrent des champs sémantiques diversifiés : individus
(humains et non humains), organisations, entités géographiques, entités
manufacturées, événements. Ils sont soumis, une fois entrés en langue, aux
différents mécanismes productifs disponibles : morphologie productive d’une part,
permettant de générer des dérivés verbaux (chiraquer, chiraquiser), nominaux
(chiraquiste, chiraquien), adjectivaux (chiraquiste, chiraquien), adverbiaux
(chiraquement) ; polysémie régulière, d’autre part, un nom d’organisation pouvant
être utilisé par exemple pour évoquer l’un des composants associés à son
sémantisme (Apple > la direction d’Apple, le pdg d’Apple, le bâtiment du siège
social d’Apple, etc.).
Dans cet article, nous étudierons, à partir de deux groupes de noms propres,
personnalités politiques et les cinq principaux réseaux sociaux, comment se
comportent ces lexies vis-à-vis de l’innovation lexicale, en nous appuyant
principalement sur les données recueillies dans la plateforme de veille néologique
Néoveille et sur différents outils qui y sont disponibles (Cartier 2016, 2017, 2018).
Le propos sera organisé en trois sections : la première évoquera un certain nombre
d’hypothèses théoriques sur la place de l’innovation lexicale dans l’économie
générale des langues ; la seconde détaillera la méthodologie suivie dans cette étude ;
enfin, la dernière partie décrira les innovations lexicales basées sur les noms propres
choisis.
1. Éléments théoriques
1
http://www.geonames.org
Pré-print of : CARTIER (Emmanuel), « Noms propres et innovations lexicales. Étude linguistique et statistique à
partir de Néoveille », Cahiers de lexicologie, n° 113, 2018 – 2, Néologie et noms propres, p. 203-224 DOI :
10.15122/isbn.978-2-406-08791-5.p.0203
essentiellement dynamiques. On trouve une telle conception chez Humboldt avec la
notion d’energeia, puis, de manière plus élaborée, dans Weinreich et al. (1968) et
Coseriu (1958, 1964, 2007 [1980]) : les systèmes linguistiques sont en constante
évolution, tout simplement parce que l’activité de parler et les discours qui réalisent
cette activité assurent une double fonction : la préservation du système, en
reproduisant la norme linguistique mémorisée, mais également une fonction
intrinsèquement créatrice, puisque chaque discours est par définition un événement
dans lequel des énoncés nouveaux sont produits, et le système comprend en lui-
même un potentiel de réalisations, par toutes les règles qu’il prévoit. Cela conduit à
inverser les oppositions saussuriennes langue (système) / discours (acte) et
synchronie / diachronie : les systèmes linguistiques sont constamment renouvelés
par les discours, sont dynamiquement construits par les paroles et leur diffusion. La
synchronie, comme état, n’est qu’une abstraction pratique, qui oublie le potentiel
créatif des langues. C’est en diachronie, par les événements linguistiques, que les
langues restent vivantes en se réalisant, et se modifient continuellement par les
expressions créatrices des locuteurs.
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communication dans lesquelles se produisent les IL doivent être caractérisées
sociologiquement et pragmatiquement ; une perspective linguistique, car les IL
doivent être mises en regard du système linguistique mémorisé pour décrire les
mécanismes de leur création et leurs propriétés phonologiques, morphologiques,
syntaxiques et sémantiques. Les deux premières perspectives permettent de
caractériser finement les innovations lexicales (et les lexies en général) en coupe
synchronique, mais on peut et doit également exploiter une perspective
diachronique, afin de décrire l’évolution de ces innovations : émergence, diffusion
et lexicalisation.
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les éléments connotatifs (automobile/bagnole) et toutes les valeurs holistiques2
associées à une unité lexicale (automobile/voiture).
Les noms propres offrent une double porte d’entrée pour l’étude des
néologismes. Comme tous les autres mots des langues, ils ont été d’abord des
néologismes, et l’étude de la création onomastique est l’un des champs que la
linguistique a investis depuis longtemps (pour une synthèse, voir Leroy 2004). Une
fois créés comme noms propres, ils peuvent faire l’objet de créations néologiques,
soit en tant que tels par antonomase (poubelle, kleenex, harpagon, etc.), soit en
2
Par holistique, nous voulons dire que le sens ne se réduit pas à la dénotation (qui peu ou prou
cherche à expliciter des conditions nécessaires et suffisantes ou encore des conditions
proototypiques) et à la connotation (qui attache à la lexie une valeur axiologique négative ou
positive) mais intègre toute une série d'autres valeurs liées aux restrictions d'emplois,
m :associations d'idées et minimalement les évocations liées à la forme phonologique (ici par
exemple automobile conserve un sens compositionnel auto-mobile, contrairement à voiture).
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devenant la base d’autres unités lexicales, par le biais des procédés de création
néologique (dérivation : anti-macron, macroniste, macroniser, fillonite
composition : macron-bus, trumponomics, trumpcoin, troncation : insta, sarko,
emprunt : instagirl, instafood). C’est ce second aspect qui nous intéressera ici, car,
de ce point de vue, les noms propres constituent un bon moyen d’étudier les
différents aspects de l’innovation lexicale.
2. Méthodologie
Dans cette section, nous présentons la méthodologie que nous avons suivie
pour valider puis décrire les néologismes forgés à partir de noms propres, après
avoir présenté les corpus de textes utilisés. Nous renvoyons à Cartier (2016, 2017,
2018) pour une présentation de la plateforme Néoveille.
2.1. Corpus
Le corpus d’étude Néoveille est constitué d’une base d’articles issus de 257
sites de presse en ligne, automatiquement récupérés depuis mars 2016 deux fois par
jour à partir des fils RSS publiés par les éditeurs. Au total, au 1er juillet 2018, cela
représente plus de 1,5 million d’articles, soit près de 400 millions de mots. À chaque
source d’information sont associées des méta-informations, soit définies
manuellement par les linguistes lors de la définition de la source d’information :
nom du journal, public visé (presse généraliste, de vulgarisation, spécialisée,
féminine, des jeunes), type de texte (actuellement, exclusivement des articles de
presse), domaine (général, économie, industrie, etc.3), aire géographique (pays et
régional/national), soit récupérées automatiquement pour chaque item d’information
dans le fil RSS ou dans la page web contenant l’article : auteur(s), date de
publication, mots-clés, thématique(s).
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Nature 6 067
Santé 5 793
Sciences 5 540
Pour l’étude des néologismes basés sur des noms propres, nous avons
également utilisé différentes sources disponibles sur Internet, notamment via le
moteur de recherche Google, et les données disponibles sur les réseaux sociaux
Twitter, Instagram et Facebook. Ces sources additionnelles ont permis d’obtenir un
certain nombre d’innovations et d’attestations dans des documents moins normés.
Pour les personnalités politiques, nous sommes parti d’une liste des vingt
personnalités politiques les plus citées dans la presse française en 2016 et 2017 5.
Nous avons ensuite recherché dans le corpus Néoveille toutes les formes attestées
construites à partir de la base, pour ne conserver que les 12 bases les plus
productives, indiquées dans le tableau 2.
Prénom nom Base Nombre total Nb total de
d’occurrences formations
(Néoveille) lexicales
Angela Merkel merk 10 493 17
Barack Obama obam 17 116 19
Donald Trump trump 60 023 53
Emmanuel Macron macron 94 843 68
François Fillon fillon 30 844 29
François Hollande holland 53 384 32
Hilary Clinton clinton 10 441 16
Jean-Luc Mélenchon mélenchon 23 314 19
Manuel Valls valls 27 490 15
Marine le Pen Lepen/le Pen 29 581 21
Nicolas Sarkozy sarko 29 755 51
Vladimir Poutine poutin 7776 19
Tableau 2. Liste des 12 personnalités politiques prises en compte dans cette étude
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réduction du nom propre pour tenir compte des contraintes phonologiques pouvant
s’appliquer aux innovations) tandis que le nombre total de formations lexicales
correspond aux différentes innovations rencontrées (dans Néoveille et dans d’autres
corpus).
Point de vue diachronique : enfin, afin de suivre le cycle de vie des IL, il nous
faudra décrire l’évolution fréquentielle et l’évolution ou non des caractéristiques
socio-pragmatiques et linguistiques des occurrences. La plateforme Néoveille nous
permettra d’étudier cet aspect depuis mars 2016 jusqu’à aujourd’hui.
Parmi les quatre cent formations néologiques attestées dans le corpus Néoveille
et dans Google sur des sites français, on constate la prédominance des procédés par
dérivation et par fractocomposition6, pour l’ensemble des personnalités politiques.
Rappelons que ces procédés font partie de la morphologie productive (Dal et Namer
2015 ; Bauer 2009). Ils permettent de construire autour du terme un réseau
sémantique.
6
La dérivation concerne les affixes. Dans notre présentation, nous évoquons également certains fractolexèmes
permettant de former des fractocomposés. Dans le modèle de Sablayrolles et Pruvost (2016) et Sablayrolles
(2017), ils sont l’une des matrices de composition, avec la composition savante (à base de formants savants)
et la composition hybride (combinant formant savant et lexie contemporaine). Pour une justification de cette
différence, voir Cartier et al. (2018, notes 16 et 19). Nous désignerons collectivement ces éléments (affixes
et fractolexèmes) sous le terme de « formant ».
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Les dérivés servent tout d’abord pour désigner les participants à l’action
politique : les militants (macroniste), les sympathisants (macronien), avec
d’éventuelles connotations (macronieux, macronolâtre). Le nom d’agent en -eur est
a priori bloqué puisqu’il doit s’appliquer à une activité (verbe ou nom dérivé :
*macroneur, *sarkoz(y)eur) : cependant, il existe un compte Twitter satirique dont
le titre utilise ce nom d’agent (Macroneur7). Et sans être attestées dans notre corpus,
les formations Vallseur et Trumpeur sont disponibles, avec la collision avec valser
e t tromper. D’autres formations plus spécifiques sont également attestées :
macronista(s) et trumpista(s), le premier étant influencé par la diffusion du premier,
désignant les sympathisantes d’origine mexicaine, puis les sympathisantes en
général. Le suffixe -ette permet également, par analogie avec suffragette(s), de
désigner les militantes (avec ou sans majuscule initiale) : trumpette(s),
macronnette(s), sarkozette(s)8.
Les mêmes formants (-iste, -ien, -âtre), auxquels il faut ajouter -esque,
permettent de créer l’adjectif, soit relationnel (administration/thèse/éléphant
trumpiste), soit qualificatif / prédicatif (film trumpiste, trolls trumpistes). Les bases
nominales sur lesquelles portent ces adjectifs dénotent des rôles ou fonctions
(ministre, maire, sympathisant, etc.), des organisations (administration, équipe,
etc.), des actions et processus (décision, mesure, loi, etc.), les idées et sentiments
(ambition, objectif, etc.), ainsi que les noms d’évaluation (erreur, échec, réussite,
etc.), traçant le périmètre élargi du champ sémantique de l’action politique. La paire
de fractolexèmes -phobe et -phile est également attestée pour toutes les
personnalités.
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On compte également un certain nombre d’autres formations nominales par
fractocomposition: -gate (pour toutes les personnalités, avec élision de la voyelle ou
de la syllabe finale : sarkogate, poutingate, lepengate, etc.), -xit (attesté pour
l’ensemble des personnalités, mais présent dans la presse française seulement pour
Macron : macronxit, Trump, avec création d’un site Internet : trumpxit, et Sarkozy :
sarkoxit), -economics (macronomics, compocation sous influence de trumponomics),
et -mania (macro(n)mania, lepenmania, sarkomania, etc.)
Pour Trump, la flexion aboutit à un jeu de mots par collision avec tromper (14
occurrences dans Néoveille) : « Comment avons-nous pu nous "trumper" à ce point
sur l’efficace montée du populisme aux États-Unis ? » (Huffington Post,
19/11/2016). Angela Merkel a eu droit à son verbe en allemand dès 2010 (merkeln,
néologisme de l’année 201010) dans un sens également péjoratif : « Merkeler, c’est
ne pas décider, ne pas agir, tergiverser… » (Le Figaro, 31/08/2015). Sarkoz(y)er
n’est par contre pas attesté. D’autres personnalités ont pu également être raillées par
cette formation (cahuzaquer, filloner, etc.11).
Du point de vue des préfixations, la majorité des noms de personnalités ont des
formations en ex-, anti-, non-, post-, ultra-, dé-, anté-, néo-, le plus souvent
construites à partir d’un dérivé suffixal (sauf anti-, post-, ultra-). Ces préfixes sont
parmi les plus productifs en français (Cartier et al. 2018).
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Concernant les procédés de néologie sémantique, rappelons que les langues
disposent – en miroir de la morphologie productive – de règles de formation
productives, via la métaphore et la métonymie, qui ont été mises au jour dans le
cadre des études sur la polysémie régulière (Apresjan 1974) et que nous pouvons
nommer sémantique productive. Appliqué aux noms propres de personnes, ce
procédé se matérialise par différents types d’antonomase, par sélection d’une
caractéristique liée à un trait de la personne elle-même (Tartuffe, Apollon, Don Juan)
ou à l’une de ses actions/réalisations (Poubelle, Browning, Watt, Béchamel). Avant
le passage au nom commun (désignant, dans le premier cas, un humain doté de
caractéristiques typiques, et une autre entité dans le second), quelques formations
discursives (réalisations antonomasiques, Leroy 2004) permettent d’extraire les
caractéristiques typiques du nom propre : un vrai Macron, un macron de la finance,
la Benalla de l’Assemblée générale, un Mélenchon en herbe, vous n’êtes qu’un petit
Mélenchon, une nouvelle/vraie Le Pen, etc. Notons également l’apparition en anglais
d e twrump, pour désigner un individu utilisateur compulsif du réseau social. On
trouvera, notamment dans (Leroy 2004), une étude de ces contextes préparatoires à
la formation (éventuelle) d’antonomases lexicalisées.
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instagirl,
instafood,
instapoète,
instastory,
instaphoto,
instaclip,
instapreneur,
instadog,
instabrand,
instagrami,
instabookeuse
Troncation tweet Insta Snap?
gram
Les lieux d’émergence sont tout à fait différents pour nos deux groupes de
noms propres. Tandis que les IL issues de noms de personnalités politiques
apparaissent directement dans la presse généraliste et la presse politique, avec une
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diffusion dans un grand nombre de journaux, les IL des réseaux sociaux sont
marquées par une émergence et une diffusion essentiellement dans certains types de
presse (presse féminine, presse people et journaux à base anglo-saxonne), la
diffusion dans la presse généraliste restant marginale et généralement accompagnée
de gloses métalinguistiques.
Concernant nos deux groupes de noms propres, cette émergence est bien
évidemment liée à l’apparition des référents, à savoir l’exposition médiatique liée à
une prise de fonction nationale et/ou internationale, des événements spécifiques12,
pour les hommes politiques, et à l’augmentation des utilisateurs de l’innovation
technologique, pour les réseaux sociaux. L’évolution fréquentielle des mentions des
réseaux sociaux dans les actualités françaises (via Google Trends13), montrent ainsi
les moments saillants : apparition (2004 pour Facebook, 2005 pour Youtube, 2006
pour Twitter, 2010 pour Instagram et Snapchat), globalisation de l’utilisation de
Facebook et Youtube en 2010, montée progressive des autres plateformes après
2011, baisse de Facebook et Youtube à partir de 2015 et montée concomitante des
autres plateformes. On constate depuis 2016-2017 un resserrement de la popularité
entre les différentes plateformes. En spécifiant les thématiques14 d’actualités
couvertes à la catégorie Internet et télécoms, on constate la prédominance de
Twitter. Si nous restreignons à la catégorie « Individus et Société », la distribution
est bien moins claire.
12
On constate par exemple en juillet 2018 un pic de fréquence concernant les formations lexicales basées sur
Macron, lié au scandale Benalla. Ce pic efface, temporairement, le pic d’occurrences lié à la campagne
présidentielle et à l’élection de mai 2017. Cela indique également la nécessité de prendre avec précaution les
courbes fréquentielles brutes.
13
https://trends.google.fr
14
Ces thématiques proviennent de la combinaison des catégories assignées par les éditeurs, et d’algorithmes de
clustering lancés par Google.
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La diffusion des IL peut être caractérisée par un faisceau d’indices :
augmentation (plus ou moins) brutale de la fréquence, diffusion au-delà des
contextes socio-pragmatiques initiaux, intégration à la morphologie flexionnelle et
productive, fixation d’un usage prototypique, enfin stabilisation de la place de
l’innovation dans le champ sémantique.
15
Parmi elles, citons la moyenne mobile (Moving Average) consistant à lisser les fréquences brutes en
calculant une moyenne tenant compte des fréquences constatées avant et après la période temporelle
considérée. Deux mesures dérivées sont particulièrement utiles dans le cadre d’un suivi fréquentiel : la
moyenne mobile cumulative (Cumulative Moving Average, consistant à cumuler les fréquences passées pour
calculer la moyenne) et la moyenne mobile exponentielle (Exponential Moving Average, consistant à prendre
compte les fréquences en appliquant une règle exponentielle aux fréquences connexes).
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et les gloses sont également fréquentes en phase d’émergence. Avec une diffusion
accrue, ces marques tendent à disparaître.
Conclusion et perspectives
Dans cet article, nous avons présenté, en nous appuyant sur un corpus de
noms propres appartenant à deux champs (personnalités politiques, réseaux
sociaux), les formations néologiques qui sont construites sur leur base. Il apparaît
clairement que les noms propres, selon la catégorie sémantique à laquelle ils
appartiennent (personnes ou objets manufacturés, dans notre cas), sont
potentiellement les cibles de l’ensemble des mécanismes de formation néologique :
dérivation, composition, troncation, etc. Les noms propres que nous avons étudiés,
déjà populaires, montrent notamment une grande productivité dérivationnelle, qui
permet d’organiser le réseau lexical autour du nom propre. Par contre, aucune des
personnalités politiques choisies n’a encore généré d’antonomase lexicalisée, même
si des emplois antonomasiques sont identifiables.
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Enfin, nous avons donné quelques indications sur l’évolution diachronique et
les paramètres pour identifier à la fois l’émergence et la diffusion des lexies
nouvelles.
Les données qui ont servi à cette étude sont disponibles sur la plateforme
Néoveille à l’adresse suivante : www.neoveille.org.
Emmanuel CARTIER
Université Paris 13 Sorbonne Paris Cité,
Labex EFL, LIPN UMR 7030 CNRS,
emmanuel.cartier@univ-paris13.fr
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