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Pacte avec le Diable

Le pacte avec le Diable est un thème récurrent des réflexions


humaines et de la littérature, en particulier romantique, fantastique
et gothique, illustré par la légende de Faust et la figure de
Méphistophélès, mais élémentaire à de nombreuses traditions
chrétiennes.

Selon la croyance traditionnelle sur la sorcellerie, le pacte est noué


entre une personne et Satan (ou un moindre démon). La personne
offre son âme en échange de faveurs diaboliques. Ces faveurs
varient selon les contes, mais tendent à inclure la jeunesse, la
connaissance, la richesse, la renommée, ou le pouvoir.

Par l'entremise d'une magie quelconque (accord avec le Diable,


découverte d'un talisman, etc.), un individu peut obtenir facilement
le bonheur — ou du moins ce qui peut le représenter à ses yeux —
contre une aliénation désastreuse dont il ne perçoit pas a priori
l'importance : la propriété de son âme. Certaines variantes comme Faust et Méphistophélès, gravure
celle de Faust voient plutôt le pacte comme un contrat de vente à d'Adolf Gnauth d'après un dessin de
terme limité par le décès, tandis que d'autres imaginent plutôt une Julius Nisle, vers 1840.
exécution immédiate, la personne étant privée de son âme de son
vivant.

Historique
La légende de saint Basile, racontée par Hincmar de Reims au ixe mais remontant en réalité au ve, raconte
l'histoire de saint Basile qui sauve une femme ensorcelée par un magicien qui aurait vendu son âme au
Diable et aurait confirmé cette vente par un pacte.

Le Miracle de Théophile, raconté par Rutebeuf et inspiré des Miracles de Notre Dame de Gauthier de
Coincy, met en scène Théophile d'Adana (vie siècle) qui passe un pacte avec le Diable pour récupérer son
évêché.

Saint Augustin suppose que la magie implique un pacte avec le démon :


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« Tout usage superstitieux suppose le commerce avec les démons . Toutes ces superstitions
n'ont d'efficacité qu'autant que l'homme y met sa confiance, et que par ce langage muet il
s'associe avec les démons. Et pourtant que renferment-elles, sinon des curiosités qui
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empoisonnent, des inquiétudes qui tourmentent, et une servitude qui conduit à la mort ? »

Au début du xve siècle, apparaît la croyance, chez Alexandre V, puis de certains inquisiteurs, mais aussi de
certains juges laïcs, en l'existence d'une véritable secte de sorciers, mais surtout de sorcières ayant conclu un
pacte avec le diable et participant à un complot contre la chrétienté. À partir de 1435-1440, le nombre des
procès se multiplie et la 'sorcellerie populaire' passe au premier plan. C'est alors que se fixe l'image
stéréotypée de la sorcière de l'époque moderne, qui superpose à la
tradition des sortilèges, empoisonnements et incantations le pacte
explicite avec le Diable, le voyage nocturne au sabbat et l'hommage
rendu au Diable durant cette cérémonie. Les personnes accusées
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d'un tel pacte sont alors brulées vives

Jean Wier, en 1564, dans son de Praestigiis daemonum et


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incantationibus ac veneficiis , examine la notion de pacte avec le
diable pour la rejeter comme imaginaire, bien qu'il admette la magie
diabolique (magia infamis en latin).

Dans un écrit anonyme, Historia von Johann Fausten (Histoire de


Johann Faust), publié en 1587 par l'éditeur Johann Spies (en),
Faust arrivé au terme de son existence, contracte un pacte avec le
Diable, qui prend le nom de Méphistophélès, en échange d'une
seconde vie.
Le pape Sylvestre II et le Diable
Le jésuite Delrio, au livre II de ses Disquisitiones magicae
représentés dans une enluminure
(Enquêtes sur la magie), en 1599-1600, soutient que toutes les
ornant un manuscrit de la chronique
opérations magiques relèvent d'un pacte avec le Diable qui imprime
historique Chronicon pontificum et
sa marque sur le corps du sorcier ou de la sorcière.
imperatorum de Martin d'Opava, vers
1460.
Une des premières apparitions du thème (et peut-être la première)
est picturale : dans leur chapelle de Molsheim, les Jésuites font
représenter des peintures se référant à des miracles réputés survenus
en 1613 par l'intermédiaire d'Ignace de Loyola, dont le procès de béatification était en cours. Ces peintures
représentent une cigogne rapportant dans son bec, à la suite de l'intercession d'Ignace de Loyola, un pacte
avec le Diable qu'un étudiant avait malencontreusement signé auparavant de son sang. Malheureusement,
ces peintures, et le traitement favorable qu'elles laissaient supposer en faveur de l'étudiant qui avait signé le
pacte, incitèrent des élèves du collège de Jésuites de Molsheim à "avouer" eux aussi des pactes avec le
diable ; ils furent l'objet de procès de sorcellerie et furent brûlés. Les procès de sorcellerie à Molsheim,
parmi les plus intenses d'Alsace, se caractérisent par le nombre important d'enfants parmi les victimes.

Dans l'affaire Urbain Grandier, sur les religieuses du couvent des


Ursulines de Loudun, en 1632, le prêtre fut accusé de pacte avec le
diable, avec les signes sur son corps (cicatrice sur le pouce de sa main
droite, points indolores). Il fut brûlé vif en 1634.

Voici un exemple de pacte avec le diable écrit vers 1700 par un


caporal norvégien, Jeremias Jeremiasson : « Je t'adore, mon seigneur et
dieu Satan, et je veux t'être dévoué et fidèle, et je te donne mon âme et
mon corps si tu veux me donner trois cents thalers, et la huitième
année, lorsqu'elle sera accomplie, tu pourras m'emmener. je désire
donc que tu m'écrives et répondes d'ici demain et je me remettrai en
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ton pouvoir » .

Le seul grimoire détaillant le pacte avec le diable est, semble-t-il,

« Le véritable Dragon rouge, où il est traité de l'art de


commander les esprits infernaux, aériens et terrestres, faire Pacte avec le diable supposé,
apparaître les morts, lire dans les astres, découvrir les trésors, signé par Urbain Grandier.
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sources minières, etc. . »
D'après Éliphas Lévi, ce grimoire serait détenteur des clefs de la magie noire.

Sens métaphorique
« Vendre son âme au diable » : passer outre une grande valeur morale en échange d'une contrepartie
7
financière ou matérielle importante .

Notes et références
(en) Cet article est partiellement ou en totalité issu de l’article de Wikipédia en anglais
intitulé « Deal with the Devil (https://en.wikipedia.org/wiki/Deal_with_the_Devil?oldid=851
333284) » (voir la liste des auteurs (https://en.wikipedia.org/wiki/Deal_with_the_Devil?action=history)).
1. Societas et pactum cum daemonibus in superstitioso rum usu
2. Saint Augustin, De la doctrine chrétienne (427), II, chap. 24.
3. Thérèse Charmasson, apud Dictionnaire historique de la magie et des sciences occultes, Le
Livre de poche, coll. « La pochothèque », 2006, p. 248
4. II, chap. 18
5. Claude Lecouteux, Le livre des grimoires, Imago, 2008, p. 279.
6. 1750 ?, éd. Bussière, 1999, 105 p.
7. « Vendre son âme au diable » (http://www.linternaute.fr/expression/langue-francaise/19337/v
endre-son-ame-au-diable/), Linternaute.fr (consulté le 24 juillet 2018).

Voir aussi
Sur les autres projets Wikimedia :
Pacte avec le Diable (https://commons.wi
kimedia.org/wiki/Category:Deal_with_the
_Devil?uselang=fr), sur Wikimedia
Commons

Bibliographie
Jules Bois, Le satanisme et la magie, L. Chailley, 1895
Réédition Jean de Bonnot 1996
Jean-Pierre Bayard, Les pactes sataniques, Dervy, Paris, 1994 (ISBN 2850766186)
Robert Muchembled, Une histoire du diable, XIIe-XXe siècle, Seuil, Paris, 2000
(ISBN 2020311798)
Louis Schlaefli, La sorcellerie à Molsheim (1589-1697), annuaire hors série de la Société
d'histoire et d'archéologie de Molsheim et des environs, 1993.
Sur l'affaire de sorcellerie au collège de Jésuites de Molsheim.

Articles connexes
Diable
Sorcellerie
Fantastique
Roman gothique
Faust

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