Vous êtes sur la page 1sur 10

EXPOSE DE FRANÇAIS

THEME
MADAME BOVARY DE GUSTAVE FLAUBERT

PLAN
Introduction
I. Biographie et bibliographie
1. Biographie
2. Bibliographie
II. Résumé du roman
III. Etude des personnages
IV. Etude thématique
V. « Madame Bovary », une œuvre romanesque mais aussi
réaliste
1. Le pastiche du romantisme
2. Les caractéristiques réalistes
3. Les désenchantements d’une génération
Conclusion

GROUPE 2

Nom des exposants

Saoudiatou Diallo Kane Astar Ndiaye


Hélène Baudin Thérèse Sira Bindia
Maguette Sawané Aïda Seck

Classe : 1erL2
Professeur : Madame DIAGNE

ANNEE SCOLAIRE
1 2022 / 2023
Introduction
Madame Bovary. Mœurs de province, couramment abrégé en Madame Bovary, est
un roman de Gustave Flaubert paru en 1857 chez Michel Lévy frères, après une pré-parution
en 1856 dans la Revue de Paris. Il s'agit d'une œuvre majeure de la littérature française.
L'histoire est celle de l'épouse d'un médecin de province, Emma Bovary, qui lie des relations
adultères et vit au-dessus de ses moyens, essayant ainsi d'éviter l’ennui, la banalité et la
médiocrité de la vie provinciale.
À sa parution, le roman fut attaqué par le procureur de Paris du Second Empire pour immoralité
et obscénité. Le procès de Flaubert, commencé en janvier 1857, fit connaître l’histoire en
France. Après l'acquittement de l'auteur le 7 février 1857, le roman fut édité en deux volumes
le 15 avril 1857 chez Michel Lévy frères. La première édition de 6750 exemplaires fut un
succès instantané : elle fut vendue en deux mois. Il est considéré comme l'un des premiers
exemples d'un roman réaliste.

I. Biographie et bibliographie
1. Biographie
Gustave Flaubert est né 12 décembre 1821. Il est le deuxième enfant d’Achilla Cléophas
Flaubert, chirurgien-chef à Rouen, et de Anne Justine, née Fleuriot. Durant son enfance, il
sera délaissé par rapport à son frère aîné brillant élève admiré par la famille qui succèdera
d'ailleurs à son père comme chirurgien chef, Gustave Flaubert passe une enfance assez triste,
marquée par l'environnement sombre de l'appartement de fonction de son père à l'hôpital de
Rouen, mais adoucie par sa complicité avec sa sœur cadette, Caroline née trois ans après lui.
Adolescent aux exaltations romantiques et attiré par l'écriture, il effectue une scolarité sans
enthousiasme au Collège Royal puis au lycée de Rouen, à partir de l'année 1832 : il en est
renvoyé en décembre 1839 pour indiscipline et passe seul le baccalauréat en 1840. Le premier
événement notable dans sa biographie est la rencontre à Trouville-sur-Mer, durant l'été 1836 de
Élisa Schlésinger qui marquera toute sa vie : il transposera d'ailleurs cette rencontre
dans L'Éducation sentimentale.
Dispensé de service militaire, Flaubert entreprend sans conviction, en 1841, des études de Droit
à Paris : il mène une vie agitée rencontrant des personnalités des mondes littéraire et artistique
comme Victor Hugo ou Maxime Du Camp qui deviendra son grand ami. Il abandonne le droit
en janvier 1844 à cause de ses premières crises d'épilepsie : il revient à Rouen avant de s'installer
en juin 1844 à Croisset au bord de la Seine, en Haute-Normandie. Il s'essaie alors à l'écriture et
rédige quelques nouvelles et une première version de L'Éducation sentimentale. En 1846

2
meurent successivement son père puis sa sœur (deux mois après son accouchement — Gustave
prendra en charge sa nièce Caroline). C'est également le début d'une liaison houleuse de dix ans
avec la poétesse Louise Colet avec laquelle il entretiendra une correspondance importante.
Gustave Flaubert assiste à Paris à la Révolution de 1848. Poursuivant ses tentatives littéraires,
il reprend entre mai 1848 et septembre 1849 la première version commencée en 1847 de La
Tentation de saint Antoine inspirée par un tableau qu'il a vu à Gênes en 1843, avant
d'entreprendre entre 1849 et 1852 un long voyage en Orient avec Maxime du Camp qui le
conduit en Égypte et à Jérusalem en passant au retour par Constantinople et l'Italie. Il nourrira
ses écrits ultérieurs de ses observations, de ses expériences et de ses impressions.
C'est le 19 septembre 1851 que Flaubert, poussé par ses amis Louis Bouilhet et Maxime Du
Camp, commence la rédaction de Madame Bovary, à partir d'un fait divers. Il achèvera son long
roman réaliste et psychologique en mai 1856 au bout d'un travail de 56 mois. En même temps,
il fréquente les salons parisiens les plus influents du Second Empire, comme celui de Madame
de Loynes dont il fut très amoureux ; il y rencontre entre autres George Sand. À la fin de l'année
1856 le roman, Madame Bovary paraît en revue puis, en avril 1857, le roman sort en librairie
et fait l’objet d’un procès retentissant pour atteinte aux bonnes mœurs : Flaubert est acquitté.
Flaubert se partage depuis 1855 entre Croisset et Paris où il fréquente les milieux littéraires et
côtoie Sainte-Beuve, Baudelaire, Théophile Gautier, les frères Goncourt…
Le 1er septembre 1857, Flaubert entame la rédaction de Salammbô, roman historique qui
évoque Carthage en révolte au troisième siècle avant JC, et pour cela, il voyage en avril-juin
1858 en Tunisie afin de se documenter. Le roman paraît après une longue maturation en 1862.
Deux ans plus tard, le 1er septembre 1864, Flaubert entreprend la version définitive
de L'Éducation sentimentale, roman de formation marqué par l'échec et l'ironie avec des
éléments autobiographiques comme la première passion amoureuse ou les débordements des
révolutionnaires de 1848. Le roman est publié en novembre 1869 : mal accueilli par la critique
il ne s'en vend que quelques centaines d'exemplaires.
Flaubert continue sa vie mondaine : il rencontre l'empereur, reçoit la Légion d'honneur en 1866
et se lie davantage avec George Sand. Durant l'hiver 1870-1871, les Prussiens occupant une
partie de la France, Flaubert se réfugie chez sa nièce à Rouen avec sa mère ; cette dernière meurt
le 6 avril 1872. À cette époque, il a des difficultés financières : il vend ses fermes et quitte par
économie son appartement parisien alors que sa santé, touchée par des maladies nerveuses,
devient délicate. Il achève et publie toutefois le 1er avril 1874 la troisième version de La
Tentation de saint Antoine, juste après l'échec de sa pièce de théâtre Le Candidat. Sa production
littéraire continue avec les Trois contes qui comporte trois nouvelles : Un cœur simple, La

3
légende de Saint Julien l'Hospitalier, et Hérodias. La publication du volume en avril 1877 est
bien accueillie par la critique.
De 1877 à 1880, il poursuit la rédaction de Bouvard et Pécuchet, qu'il avait entamée en 1872-
1874 : l'œuvre satirique pour laquelle il réunissait une documentation immense restera
inachevée, elle sera publiée ainsi en 1881 un an après sa mort.
Ses dernières années sont sombres : ses amis disparaissent et il est assailli par les difficultés
financières et par des problèmes de santé. Il meurt subitement le 8 mai 1880, à Canteleu,
foudroyé par une hémorragie cérébrale. Son enterrement au cimetière monumental de Rouen se
déroule le 11 mai 1880, en présence de nombreux écrivains importants qui le reconnaissent
comme leur maître, qu'il s'agisse d'Émile Zola, d'Alphonse Daudet, d'Edmond de Goncourt, de
Théodore de Banville ou de Guy de Maupassant, dont il avait encouragé la carrière depuis 1873.
2. Bibliographie
Les œuvres de Gustave Flaubert sont :
Dictionnaire des idées reçues (1913)
Par les champs et les grèves (1910)
Œuvres de jeunesse inédites (1910)
À bord de la Cange (1904)
Bouvard et Pécuchet (1881), inachevé
Le Château des cœurs (1880)
Trois contes : Un cœur simple, La Légende de Saint Julien l’Hospitalier, Hérodias (1877)
La Tentation de saint Antoine (1874)
Le Candidat (1874)
Lettres à la municipalité de Rouen (1872)
L'Éducation sentimentale (1869)
Salammbô (1862)
Madame Bovary (1857)
Lettres inédites à Raoul Duval (1950)
Lettres inédites à Tourgueniev (1947)
Mémoires d’un fou (1838)

II. Résumé du roman


Madame Bovary, de Gustave Flaubert, commence lorsque Charles Bovary est encore un
adolescent, incapable de s'adapter à sa nouvelle école et ridiculisé par ses nouveaux camarades
de classe. Il restera médiocre et terne. Après de laborieuses études de médecine, il devient un

4
médecin de campagne de second ordre. Sa mère le marie avec une veuve bien plus âgée que lui
qui mourra peu de temps après, presque ruinée par son notaire qui a disparu avec sa fortune.
Charles tombe bientôt amoureux d'Emma Rouault, la fille d'un patient, élevée au couvent, et lui
demande de l’épouser. Ils s’installent à Tostes, un village normand où Charles exerce la
médecine. Mais le mariage ne répond pas aux attentes romantiques d'Emma. La réalité ne
correspond pas à ce qu’elle a lu dans les livres : jeune fille, elle a rêvé de l'amour et au mariage
comme d’une solution à tous ses problèmes. Tandis de Charles, un peu frustre, mal dégrossis,
est au comble du bonheur avec cette épouse qu’il trouve parfaite.
À la suite d’un bal extravagant à la Vaubyessard, chez le Marquis d'Andervilliers, Emma se
réfugie dans le souvenir de cette soirée et commence à rêver d'une vie sans cesse plus
sophistiquée. Elle rêve de Paris, lit Balzac et Eugène Süe, s'ennuie et déprime quand elle
compare ses fantasmes à la réalité de monotonie de la vie du village, et finalement son apathie
la rend malade. Lorsqu’Emma tombe enceinte, Charles décide de déménager dans une autre
ville dans l'espoir d’améliorer sa santé.
À Yonville-L ’Abbaye, les époux Bovary rencontrent Homais, le pharmacien de la ville, un
moulin à paroles pompeux qui s’écoute parler et Léon Dupuis, un clerc de notaire, qui, comme
elle, s'ennuie à la vie rurale et aime s’évader à travers des romans romantiques. Ils se trouvent
des goûts communs.
Emma donne naissance à sa fille Berthe. Déçue, elle aurait aimé avoir un fils, elle continue
d'être déprimée. Emma et Léon entretiennent une relation platonique et romantique. Cependant,
quand elle se rend compte que Léon l'aime, elle culpabilise et se donne le rôle d'une épouse
dévouée. Léon se fatigue d'attendre et, croyant qu'il ne pourra jamais posséder Emma, part
étudier le droit à Paris. Emma n’en est que plus triste.
Bientôt, à une foire agricole, elle se laisse séduire par un riche voisin nommé Rodolphe
Boulanger, attiré par sa beauté : c’est une liaison passionnée. Emma est souvent indiscrète, si
bien que tous les habitants jasent à son sujet. Charles, cependant, ne soupçonne rien. Son
adoration pour sa femme et sa stupidité se combinent pour le rendre sourd à tous les ragots. Sa
réputation professionnelle subit un coup dur quand, poussé par Homais et par Emma, il tente
une opération chirurgicale pour traiter un homme pied-bot d’Hippolyte, le garçon d’écurie de
l’auberge, et finissent par devoir faire appel à un autre médecin pour amputer la jambe.
Dégoûté de l'incompétence de son mari, Emma se jette avec encore plus de passion dans sa
liaison avec Rodolphe qui ne la traite pas très gentiment. Elle emprunte de l'argent pour lui
acheter des cadeaux et suggère qu'ils s'enfuient ensemble et avec Berthe en Italie. Il acquiesce
mollement. Mais, assez rapidement, Rodolphe, blasé et mondain, s'ennuie des affections

5
exigeantes d'Emma. Refusant de s'enfuir avec elle, il la quitte. Désespérée, Emma tombe malade
et envisage même de se suicider.
Au moment où Emma reprend pied, Charles est en difficulté financière : il a dû emprunter de
l'argent pour payer les dettes de sa femme mais aussi son traitement. Pourtant, il décide de
l’emmener à l'opéra dans la ville voisine de Rouen. Là, ils retrouvent Léon. Cette rencontre
ravive la vieille flamme romantique entre Emma et Léon, et ils s’engagent cette fois dans une
histoire d'amour Emma s’enivre de ses voyages hebdomadaires à Rouen. Elle accumule les
dettes à l'usurier l'heureux, qui prête de plus en plus d'argent à des taux d'intérêt exagérées. Elle
est de moins en moins discrète avec Léon. Si bien qu’à plusieurs reprises ses connaissances
sont à deux doigts de découvrir son infidélité.
Au fil du temps, Emma s'ennuie avec Léon et réciproquement. Ne sachant pas comment le
quitter, elle se fait de plus en plus exigeante, alors que sa dette enfle de jour en jour. Finalement,
l'heureux fait saisir la saisie les biens d'Emma pour compenser la dette qu'elle a accumulée.
Terrifié que Charles découvre la situation, elle tente désespérément de réunir l'argent dont elle
a besoin, fait appel à Léon et à tous les hommes d'affaires de la ville. Finalement, elle tente
même de se prostituer en proposant de revenir auprès de Rodolphe s'il lui donne l'argent dont
elle a besoin. Il refuse, et, poussée à bout, elle se suicide en avalant de l’arsenic. Elle meurt dans
d'horribles souffrances devant Charles affolé qui ne sait que faire.
Pendant un certain temps, Charles idéalise la mémoire de son épouse, avant de découvrir les
lettres de Rodolphe et Léon. Confronté à la vérité, harcelé par les créanciers, ruiné et désemparé,
il meurt de chagrin, seul dans son jardin.

III. Etude des personnages


- Emma Bovary : personnage principal du roman et femme de Charles Bovary. Flaubert
s'est probablement inspiré du suicide à Ry de Delphine Delamare, fille d'un riche
propriétaire terrien. Son mariage avec Eugène Delamare, ancien élève du père de
Gustave Flaubert et officier de santé à la vie sans relief, fut une source de grande
frustration jusqu'à son suicide par absorption d'arsenic en 1848.
- Charles Bovary : mari d'Emma et officier de santé.
- Charles-René Bovary : père de Charles.
- Berthe : fille d'Emma et de Charles.
- Mme Bovary mère : mère de Charles et fille d'un marchand.
- Théodore Rouault : père d'Emma. C'est à la suite de la fracture d'une de ses jambes que
Charles Bovary fera la connaissance de sa fille.

6
- Léon Dupuis : Emma tombe amoureuse de lui une première fois, mais résiste à
l'attirance qu'elle ressent pour lui. Plus tard, il deviendra le second amant d'Emma. Clerc
du notaire Guillaumin, pensionnaire du Lion d'Or et locataire d'Homais.
- Rodolphe Boulanger : premier amant d'Emma, propriétaire du domaine et du château
de la Huchette, tempérament brutal et intelligence perspicace.
- Mme Lefrançois : veuve, propriétaire du Lion d'Or, auberge d’Yonville.
- Homais : pharmacien d’Yonville (apothicaire). Sa femme et lui ont 4 enfants :
Napoléon, Franklin, Irma et Athalie.
- Héloïse Dubuc : première femme de Charles, veuve de 45 ans « laide, sèche comme un
cotret et bourgeonnée comme un printemps ». Charles se rend compte à sa mort qu'elle
n'avait pas de fortune.
- Maitre Guillaumin : notaire de Yonville.
- Justin : commis d'Homais. Il est secrètement amoureux d'Emma.
- Hivert : conducteur de la diligence L'Hirondelle.
- Binet : percepteur à Yonville et capitaine des pompiers.
- Dr Canivet : grand médecin de renom de Neufchâtel.
- Dr Larivière : médecin réputé auquel monsieur Homais fait appel en urgence après
l'empoisonnement d'Emma.
- L'abbé Bournisien : prêtre de Yonville.
- Madame Rolet : nourrice de la petite Berthe. Son mari est menuisier.
- M. L’heureux : boutiquier à Yonville, marchand d'étoffes, il effectue régulièrement le
trajet Yonville-Rouen. Principal facteur de l'endettement d'Emma, il usera d'elle en lui
vendant toutes sortes de choses futiles (rideaux en soie, tapis d'Orient...). Elle lui devra
1 000 francs au début du roman, puis 8 000 à la fin.
- M. Lieuvain : conseiller à la préfecture de la Seine-Inférieure. Prononce un discours lors
des Comices agricoles.
- M. Derozerays : président du jury aux Comices agricoles.
- Hippolyte Tautain : garçon d'écurie du Lion d'Or, au pied bot, dont l'opération par
Charles Bovary sera un échec.
- Artémise : employée à l'auberge du Lion d'Or.
- Félicité : bonne d'Emma, amoureuse de Théodore.
- Nastasie : première bonne d'Emma, congédiée par cette dernière au début du roman.
- Lestiboudois : c'est le bedeau de l'église. Il est aussi fossoyeur, homme à tout faire.
- Théodore : domestique de maître Guillaumin, le notaire.

7
- Tuvache : maire d'Yonville. Il a également un fils qui lui ressemble beaucoup.

IV. Etude thématique


- La révolte d'Emma, qui se manifeste par son désir d’évasion de ce monde étriqué qui
l’entoure.
Lors de son mariage avec Charles, on note l’opposition irréductible entre son désir d’une
cérémonie nocturne aux flambeaux et le matérialisme de son père qui pense seulement à la
nourriture et aux plaisirs. On appelle « bovarysme » ce désir forcené d’une autre existence plus
exaltante. Emma cherche à s’échapper sans cesse de ce monde ennuyeux qui l’étouffe.
- Les émois de la passion : la conversation entre Emma et Léon, l’amour platonique pour
Léon, le passage où Rodolphe séduit Emma aux Comices, la balade à cheval…
- Le goût de la rêverie : les lectures d’Emma au couvent, le rêve de lune de miel, le
coucher de soleil à Tostes, Emma qui lit des vers de Lamartine à Charles, le bal à la
Vaubyessard…
- Une fatalité romantique : un échec qui met définitivement un terme à toute tentative
d’évasion, avec le suicide d’Emma.
- « Madame Bovary, c’est moi ! »
Cette exclamation de Flaubert « Madame Bovary, c’est moi ! » montre les traits romantiques
communs de l’auteur et de son personnage :
- Flaubert a éprouvé un goût démesuré pour la lecture, notamment pour René de
Chateaubriand.
- Le goût de la rêverie, ce qu’il appelait son « infini besoin de sensations intenses. »
- Les émois de la passion : Flaubert a éprouvé lui-même, pour Élisa Schlésinger
notamment, cette passion romantique qu’il entend condamner.
- La révolte : Flaubert partage le dégoût d’Emma, même s’il s’en défend : « Croyez-vous
donc que cette ignoble réalité, dont la reproduction vous dégoûte, ne me fasse tout autant
qu’à vous sauter le cœur ? Si vous me connaissiez davantage, vous sauriez que j’ai la
vie ordinaire en exécration. Je m’en suis toujours personnellement écarté autant que j’ai
pu », écrit-il dans sa correspondance.
- À la différence d’Emma toutefois, il ne fuira pas dans un rêve éveillé mais cherchera à
sublimer la réalité par le travail artistique.

V. « Madame Bovary », une œuvre romanesque mais aussi réaliste


1. Le pastiche du romantisme

8
Madame Bovary se présente comme une critique du romantisme. Celle-ci s’exprime
notamment :
- Dans les discours amoureux de Rodolphe qui sont une réutilisation des poncifs
romantiques. Or, Rodolphe cherche à manipuler Emma ;
- Dans les conversations de Léon et Emma qui sont teintées par leurs lectures, dans
lesquelles ils multiplient les lieux communs du romantisme (allusions à Lamartine) ;
- Par les personnages masculins de Madame Bovary qui ne sont pas des héros courageux,
exaltés, lyriques mais petits et médiocres, des anti-héros du quotidien ;
- Dans l'inadéquation cruelle des idéaux romantiques avec la société bourgeoise.
2. Les caractéristiques réalistes
Ces éléments ne peuvent pas à eux seuls permettre de dire qu’il s’agit d’un roman romantique,
Flaubert s’appuie sur la réalité.
- Il s’est appuyé sur des faits réels pour écrire son récit.
En 1851, l’attention de Flaubert est attirée par un fait divers : en 1848, Eugène
Delamare, un médecin habitant le village de Ry en Haute-Normandie, se remarie avec
une femme assez belle d’environ 17 ans. Celle-ci contracte des dettes, a une fille, une
aventure amoureuse et meurt empoisonnée.
- Il enquête sur place afin de mieux comprendre les personnages de son roman et pour
coller à la réalité, il collecte et lit de nombreux documents tels que des traités de
médecine.
- Il évoque les mutations économiques : cette société vit une mutation économique avec
le développement de l’industrie, du progrès technique, des voies de communication (la
visite sur le chantier de la filature de lin, les Comices…).
- Il brosse un tableau sociologique de la province. Flaubert inscrit ses personnages dans
une réalité sociale, ils possèdent tous une identité bien définie. Il présente toutes les
strates de la société : les aristocrates (la Vaubyessard), les notables terriens (Rodolphe
de la Huchette), les notables de la culture (la science avec Homais, Bovary, le droit avec
maître Guillaumin…), la notabilité des affaires (Lheureux), politique (M. Tuvache, le
marquis d’Andervilliers…), la petite bourgeoisie villageoise (Madame Lefrançois), le
petit peuple villageois (la nourrice, Hippolyte, Félicité…), les paysans (la clientèle de
Charles, le père Rouault, les paysans pauvres…), et même l’aveugle-vagabond.
- Il met en scène la bêtise : il a dépeint deux personnages, Homais et Bournisien, qu’il
caricature, montrant leurs préoccupations toutes matérielles.

9
- Chaque personnage possède le langage de sa classe sociale, en accord avec sa
psychologie.
3. Les désenchantements d’une génération
Flaubert se montre différent de Victor Hugo ou George Sand, chez qui le réalisme social a un
fort caractère militant et politique qui met en avant un optimisme révolutionnaire et une foi en
l’homme : en effet, il partage les désenchantements d’une génération imprégnée d’idéaux
romantiques brisés par l’échec de la révolution de 1848.

Conclusion
D'un point de vue littéraire, Gustave Flaubert est un auteur profondément pessimiste qui se situe
à la charnière du romantisme et du réalisme. A la recherche de la vérité sous les apparences, il
décrit, tel un médecin, la réalité avec la plus grande objectivité et une précision scrupuleuse,
presque scientifique. Obsédé par le style, il rature et réécrit sans cesse ses textes. Le roman,
Madame Bovary, constitue en lui-même un véritable chef d'œuvre qui permet de connaître
réellement celui qui considérait que l'écrivain doit rester absent de son œuvre. Guy de
Maupassant, Zola et Daudet le considèrent comme leur maître, laissant présager de la place de
plus en plus importante qu'il va prendre après sa mort dans la littérature française en tant que
chef de file de l'école réaliste.

10

Vous aimerez peut-être aussi