Académique Documents
Professionnel Documents
Culture Documents
23-460-D-15
Introduction Historique
Les progrès techniques et la vulgarisation des appareils Dès la deuxième moitié du siècle précédent, Izard en France, dans
photographiques numériques permettent d’exploiter de nouvelles son ouvrage de référence, insiste sur la grande valeur de l’examen
possibilités iconographiques pour l’orthodontie. Véritable base de facial et sur la rigueur à apporter à la réalisation de photographies :
données associant image et texte, la photographie numérique face et profil au repos sur fond noir orientés sur le plan de Francfort.
constitue un remarquable outil, tant pour le diagnostic que pour À l’âge d’or des mesures anthropométriques, Korkhaus et De
l’évaluation des traitements [2, 7, 13]. Nevrezé proposent même des « photostats » pour immobiliser et
À l’heure où transparence et information sont de plus en plus orienter parfaitement le visage afin de permettre reproductibilité et
demandées, un bilan photographique représente un puissant vecteur mesure de divers indices. Ces systèmes très contraignants nous
de communication entre le patient et son praticien. Et si nécessaire, paraissent aujourd’hui d’une lointaine époque, mais il faut en retenir
il constitue une pièce médicolégale d’une valeur indiscutable pour toute l’attention portée à l’examen clinique de l’entité céphalique,
l’élaboration d’un rapport d’expertise. elle-même partie intégrante de l’examen pédiatrique. Rappelons
Enfin, dans le cadre des traitements pluridisciplinaires, ce bilan peut pour mémoire les écoles, en France, de Sigaud et Robin avec les
constituer l’argument commun pour permettre de regrouper des types musculaire, respiratoire, digestif, et cérébral, De Nevrezé avec
compétences aussi diverses que celles d’un chirurgien dentiste, d’un les types carbocalcique, phosphocalcique et fluocalcique ; en
orthophoniste, d’un pédiatre, d’un chirurgien maxillofacial, d’un Angleterre, Sheldon avec les types endomorphe, mésomorphe et
otorhinolaryngologiste (ORL), pour ne citer que les spécialités les ectomorphe ; en Italie, Mujz avec ses mesures angulaires et aux
plus couramment concernées. États-Unis, Tweed avec le triangle de repositionnement de l’incisive
inférieure, puis Ricketts avec le dolichofacial, le mésofacial et le
brachyfacial.
Toute référence à cet article doit porter la mention : Roisin LC, Couly G, Chikhani L et Andreani JF. Bilan photographique en orthodontie. Encycl Méd Chir (Editions Scientifiques et Médicales Elsevier SAS, Paris, tous droits réservés),
Odontologie/Orthopédie dentofaciale, 23-460-D-15, 2003, 6 p.
Choix de l’équipement photographique d’éviter les difficultés d’une mise au point précise et la nécessité
d’un éclairage puissant. L’ensemble est en général cohérent et
en orthodontie permet d’obtenir des portraits honorables en utilisant la position
téléobjectif puis la position macro pour les vues intraorales. Sur un
ÉQUIPEMENT PROFESSIONNEL IDÉAL
écran d’ordinateur, l’image est suffisante pour travailler. Pour
¶ Éclairage l’impression papier, il en est de même avec une simple imprimante
de bureau, à condition que chaque image ne dépasse pas 2 à 3 cm
Pour le portrait, un flash compact de studio de faible puissance, 500
de côté. C’est une des raisons techniques pour lesquelles nous
à 1000 joules maximum, avec une petite boîte à lumière de 60 cm de
proposons un bilan en 12 vues sur une page A4. Il est en effet
diamètre située à 1,50 m d’un fond gris neutre, pour un éclairage
beaucoup plus utile pour notre métier d’avoir 12 petites vues plutôt
homogène et sans ombre en travaillant avec des diaphragmes entre
qu’une ou deux grandes vues, qui, pour avoir une bonne qualité,
16 et 32. Pour les vues intraorales, un flash annulaire en sachant que
imposeraient un équipement photographique professionnel
les automatismes evaluative trough-the-lens (TTL) ne sont pas encore
pratiquement dix fois plus coûteux.
adaptés pour les boîtiers numériques.
2
Odontologie/Orthopédie dentofaciale Bilan photographique en orthodontie 23-460-D-15
double contour. Le patient est debout (l’enfant éventuellement sur automatisée par autofocus) peut être faite tout simplement sur la
un marchepied) pour pouvoir facilement pivoter suivant les région centrale du cadrage final. Ceci correspond en général à la
indications du praticien. Il est expliqué plus loin l’avantage pour le région malaire. Il est en pratique totalement inutile d’aller
praticien à être lui aussi debout, afin de pouvoir effectuer mémoriser une mise au point plus savante sur les paupières ou les
rapidement et confortablement cadrage et mise au point, sans avoir yeux, au risque de perdre en précision au niveau du cadrage final.
le dos voûté. Pour résumer, avec les automatismes modernes, et sans formation
Le praticien doit commencer par le profil droit au repos, afin de photographe, il suffit à tout praticien de bien cadrer pour avoir
d’optimiser un plein cadrage et une mise au point facile et rapide. une image globalement nette.
La première étape commence par cadrer l’image pour placer le plan Après le profil, il est demandé au patient de pivoter d’un quart de
horizontal orbitoméatal au milieu du viseur de l’appareil. Une fois
tour, pour obtenir le trois-quarts sourire droit. En général, le cadrage
définie l’horizontale du milieu de l’image, le praticien doit avancer
et la mise au point n’ont pratiquement pas besoin d’être modifiés.
ou reculer légèrement pour ajuster le cadrage en largeur afin
Le patient pivote à nouveau d’un quart de tour pour être de face au
d’inclure l’ensemble céphalique. Un effet sensiblement équivalent
repos puis en sourire forcé. Heureusement encore pour le praticien
peut être réalisé en zoomant plus ou moins, si l’appareil en a les
néophyte en photographie, il n’est pratiquement pas besoin de
possibilités. La troisième étape doit permettre d’obtenir la mise au
changer les réglages de cadrage ni de mise au point. Enfin, le patient
point finale. Elle est parfois manuelle mais le plus souvent, elle est
pivote à nouveau d’un quart de tour pour pouvoir réaliser de la
automatisée par différents systèmes d’autofocus. Mais pour
même façon, sans autre modification des réglages, le sourire trois-
bénéficier pleinement des automatismes de mise au point, il faut
bien choisir la zone de mesure de l’autofocus. Le centre du viseur quarts gauche puis le profil gauche au repos.
correspond en général à la région malaire. Par chance, pour Ainsi sont réalisées très simplement six photographies « plein cadre
l’orthodontiste qui n’est pas photographe de formation, à partir du céphalique », avec le même rapport d’agrandissement et la même
diaphragme 16 ou 22, la mise au point finale (manuelle ou orientation.
3
23-460-D-15 Bilan photographique en orthodontie Odontologie/Orthopédie dentofaciale
4
Odontologie/Orthopédie dentofaciale Bilan photographique en orthodontie 23-460-D-15
les détails les plus visibles. Si la possibilité existe, il faut réduire Exploitation de la base de données
d’un diaphragme la puissance du flash et garder ce réglage pour les
vues latérales gauche et droite. Enfin, pour les vues occlusales dans La dernière étape de la chaîne numérique doit permettre d’archiver
le miroir, il faut se contenter des automatismes du boîtier ou si l’ensemble des photographies de tous les patients. Les logiciels
possible augmenter d’un diaphragme la puissance du flash. Des professionnels d’archivage ou leur version réduite grand public
fonctionnent toujours de la même façon. Chaque fichier image se
photographes professionnels ont eu besoin de faire de nombreux
décompose en une image pleine définition, les champs IPTC,
essais avant de s’adapter à la spécificité technique de l’art dentaire...
quelques champs complémentaires personnalisables, une image de
Il faut savoir par exemple que la surface blanche lisse et brillante
prévisualisation, une vignette de classement. Il est pratique et facile
d’une incisive, ou que l’image faiblement éclairée dans le miroir
de renommer les fichiers de chaque patient sous la forme NNNN
d’une vue palatine cumulent toutes les difficultés pour le nnn où N représente le numéro de dossier du patient et n le numéro
fonctionnement des autofocus… d’image. Avec cette configuration, on peut ainsi regrouper jusqu’à
10 000 patients ayant chacun jusqu’à 1 000 images. En effet, dès les
premières centaines de photos, il est indispensable de standardiser
Transfert des images sur la station les noms de fichiers. Jusqu’à quelques milliers, un logiciel
d’archivage peut effectuer une recherche assez rapidement sur une
de travail requête par nom de fichier. À partir de 20 000 photos, il devient
nécessaire d’utiliser un serveur d’indexation. Il s’agit d’un moteur
À l’opposé de la photographie industrielle de studio en moyen et de recherche qui indexe non seulement le nom de fichier mais aussi
grand format pour des objets fixes, où l’image numérique est tous les champs IPTC et métafichiers associés en vue d’accélérer les
obtenue sur la station de travail après acquisition en plusieurs recherches et ce avec différentes possibilités de requêtes plus ou
passes correspondant à chaque couleur primaire ; les boîtiers petits moins évoluées. Ces moteurs sont adaptés pour gérer plusieurs
formats 24/36 adaptés aux sujets mobiles utilisent toujours la millions de photographies. Même si un simple praticien ne peut
technologie oneshot où les trois couleurs primaires sont prises en rivaliser en mesure avec un grand groupe de presse, sa démarche
même temps. C’est au sein du boîtier que l’image « native » est d’enregistrement des champs et de leur exploitation peut être, bien
obtenue par des algorithmes de définition des couleurs qui sont qu’à petite échelle, tout à fait similaire. On comprend ainsi qu’il est
propres au boîtier. La qualité de l’image finale dépend donc à la fois aisé, après avoir documenté une première fois les photographies
des qualités du capteur, mais aussi de la précision d’interprétation initiales d’un patient, de compléter son dossier avec les
de ces algorithmes ou « bruit de fond ». Ce fichier natif doit être photographies des moulages, des radiographies, ou de tout autre
décodé par le logiciel correspondant au boîtier dans un format examen. Ceci constitue progressivement une véritable base de
standard JPEG ou TIFF afin de pouvoir être reconnu et exploité par données en vue de l’évaluation objective de son propre travail, ou
n’importe quel ordinateur. C’est au cours de cette première phase de futurs travaux de recherche.
de transfert des images que peuvent être renseignés les premiers
champs IPTC [1] , souvent à l’aide de procédures par lots ou Conclusion
« scripts » d’exécution. Ces champs IPTC sont le résultat d’un
Depuis longtemps en France, en Europe, aux États-Unis, les grands
consensus industriel qui, depuis les années 1970, a permis noms de l’orthodontie ont toujours placé le bilan photographique
d’encapsuler des métafichiers (informations sous forme de texte) au comme une pièce maîtresse du dossier orthodontique. En 50 ans, les
sein de l’image. La norme DICOM de nos scanners médicaux utilise écoles et les techniques ont bien évidemment considérablement évolué,
un système similaire pour enregistrer les paramètres techniques : mais il reste toujours autant d’actualité d’accorder la primauté à
type de machine, rayonnement, plan de coupe… ainsi que l’état civil l’examen clinique et donc à son vecteur de communication obligé que
du patient, son âge … Nous avons donc la chance en médecine constitue la photographie. La technologie numérique actuelle permet de
réaliser simplement et rapidement une iconographie complète et de
d’avoir à notre disposition, pour les photographies, quelle que soit
grande qualité. Cependant, toute avancée technologique a un coût
la marque de nos appareils, une norme internationale largement d’investissement et de mise en œuvre. Alors que moulages et mesures
diffusée qui a déjà fait ses preuves dans l’industrie, la presse et les cephalométriques sont inscrites à la nomenclature des actes, on est en
agences photos. Il suffit de faire l’effort de s’en servir… droit de demander à la Sécurité sociale, dans son projet de réforme de la
Une vingtaine de champs sont à notre disposition pour définir l’état nomenclature, de reconnaître le bien-fondé de l’examen photographique.
Il paraît opportun d’en accorder le principe d’une rémunération et
civil du patient, la date et le lieu de l’examen, le prescripteur, le type
d’évaluer les possibilités de prise en charge par l’organe social. Ceci
de document : photographie faciale, intraorale, mais aussi contribuerait à lever les obstacles à la diffusion d’un examen fort utile,
radiographies, moulages… et si le document est pris à titre initial, qui pour l’instant ne constitue pour le praticien qu’un surcoût de
en cours ou en fin de traitement… Enfin la norme prévoit aussi une charges financières et de travail, avec pour seule gratification la
liste de mots clés ainsi que deux champs de texte libre, où peuvent reconnaissance de sa conscience professionnelle.
être indiqués diagnostic, traitement ou tout élément important du
dossier médical. Les « scripts » sont des routines d’exécution JPEG = Anonymous. Joint Photographic Expert Group. http://www.JPEG.org
proposées par tous les logiciels d’imagerie pour coller directement TIFF = Anonymous. Tagged Image File Format. http://www.libtiff.org
et en une seule fois toutes ces informations dans tout le lot de DICOM = Clunie D. Digital Imaging and Communications in Medecine.
photographies du patient. http://www.dclunie.com/dicom-status/status.html
Références ➤
5
23-460-D-15 Bilan photographique en orthodontie Odontologie/Orthopédie dentofaciale
Références
[1] Anonymous. International Press Telecommunications [6] Hutchinson I, Ireland AJ, Stephens CD. Digital cameras and [11] Sandler J, Murray A. Digital photography in orthodontics.
Council. http://www.IPTC.org orthodontics: an overview. Dent Update 1999 ; 26 : J Orthod 2001 ; 28 : 197-201
144-149
[2] Coimbra O, Lomheim C. Digital imaging and orthodon- [7] Mandall NA. Are photographic records reliable for orth- [12] Sandler J, Murray A. Clinical photographs - the gold stan-
tics. Am J Orthod Dentofacial Orthop 1999 ; 115 : 103-105 odontic screening? J Orthod 2002 ; 29 : 125-127 dard. J Orthod 2002 ; 29 : 158-161
[8] Meredith G. Facial photography for the orthodontic office.
[3] Fiorelli G, Pupilli E, Patane B. Digital photography in the
Am J Orthod Dentofacial Orthop 1997 ; 111 : 463-470 [13] Sandler PJ, Murray AM, Bearn D. Digital records in orth-
orthodontic practice. J Clin Orthod 1998 ; 32 : 651-656
[9] Prischmann A, Duinkerke AS. Photography in orthodon- odontics. Dent Update 2002 ; 29 : 18-24
[4] Halazonetis DJ. Making slides for orthodontic presenta- tics. Ned Tijdschr Tandheelkd 2000 ; 107 : 138-140
tions. Am J Orthod Dentofacial Orthop 1998 ; 113 : 586-589 [10] Quintero JC, Trosien A, Hatcher D, Kapila S. Craniofacial [14] Scholz RP. Considerations in selecting a digital camera for
imaging in orthodontics: historical perspective, current orthodontic records. Am J Orthod Dentofacial Orthop 1998 ;
[5] Hickham JH. An instant photo record system. J Clin Orthod status, and future developments. Angle Orthod 1999 ; 69 : 114 : 603-605
1994 ; 28 : 280-283 491-506