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Autres ouvrages :
Examen clinique des membres et du rachis, par S. Hoppenfeld. 2011, 320 pages.
Rachis et sports, par J. Rodineau. 2011, 284 pages.
Médecine ostéopathique et traitement des algies du rachis dorsal, par F. Richard. 2011, 432 pages.
Sous la direction de Michel Bléry
Traumatologie du rachis
J.-C. Dosch
Radiologue, CHRU de Strasbourg ;
Ancien chef de service du service de radiologie,
du centre de traumatologie et d'orthopédie
de Strasbourg ;
Ancien professeur conventionné
auprès de l'Université
Louis Pasteur de Strasbourg.
Tous droits de traduction, d'adaptation et de reproduction par tous procédés, réservés pour tous pays.
Toute reproduction ou représentation intégrale ou partielle, par quelque procédé que ce soit, des pages publiées dans
le présent ouvrage, faite sans l'autorisation de l'éditeur est illicite et constitue une contrefaçon. Seules sont autorisées,
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et, d'autre part, les courtes citations justifiées par le caractère scientifique ou d'information de l'œuvre dans laquelle elles
sont incorporées (art. L. 122–4, L. 122–5 et L. 335–2 du Code de la propriété intellectuelle).
Abu Eid M., praticien hospitalier contractuel, ser- Durckel J., praticien hospitalier, service de radiolo-
vice de radiologie 2, hôpital de Hautepierre, gie 2, hôpital de Hautepierre, hôpitaux universi-
hôpitaux universitaires de Strasbourg. taires de Strasbourg.
Bierry G., maitre de conférences des universités- Gangi A., professeur des universités-praticien hospi-
praticien hospitalier, service de radiologie 2, talier, service d'imagerie interventionnelle, nou-
hôpital de Hautepierre, hôpitaux universitaires vel hôpital civil, hôpitaux universitaires de
de Strasbourg. Strasbourg.
Bogorin A., praticien hospitalier, service de radiolo- Garnon J., praticien hospitalier, service d'imagerie
gie 2, hôpital de Hautepierre, hôpitaux universi- interventionnelle, nouvel hôpital civil, hôpitaux
taires de Strasbourg. universitaires de Strasbourg.
Buy X., praticien hospitalier, service d'imagerie Javier R.-M., praticien hospitalier, service de rhuma-
interventionnelle, nouvel hôpital civil, hôpitaux tologie, hôpital de Hautepierre, hôpitaux uni-
universitaires de Strasbourg. versistaires de Strasbourg.
Charles Y.-P., maitre de conférences des universités- Koob M., praticien hospitalier, service de radiologie
praticien hospitalier, service de chirurgie du 2, hôpital de Hautepierre, hôpitaux universi-
rachis, pavillon chirurgical B, hôpitaux universi- taires de Strasbourg.
taires de Strasbourg. Moser T., département de radiologie, hôpital
Dietemann J.-L., professeur des universités-praticien Notre-Dame – centre hospitalier de l'université
hospitalier, chef du service de radiologie 2, de Montréal (Québec), Canada.
hôpital de Hautepierre, hôpitaux universitaires Sanda R., praticien hospitalier, service de radiologie
de Strasbourg. 2, hôpital de Hautepierre, hôpitaux universi-
Dosch J.-C., praticien hospitalier, service de radio- taires de Strasbourg.
logie 2, hôpital de Hautepierre, hôpitaux uni- Steib J.-P., professeur des universités-praticien hos-
versitaires de Strasbourg. pitalier, service de chirurgie du rachis, pavillon
Draghici S., médecin attaché, service de radiologie chirurgical B, hôpitaux universitaires de
2, hôpital de Hautepierre, hôpitaux universi- Strasbourg.
taires de Strasbourg
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Préface
L'ouvrage de Jean-Claude Dosch est le fruit d'une a permis de combler l'un des points faibles majeurs
passion pour l'imagerie ostéo-articulaire et d'une de la scanographie, les lésions des parties molles
expérience de plus de 30 ans en traumatologie rachi- (ligaments, disques, muscles, vaisseaux) et de la
dienne. L'école radiologique strasbourgeoise, sous la moelle épinière. Jean-Claude Dosch a accompagné
direction d'Auguste Wackenheim assisté d'Élisabeth et progressivement intégré tout au long de sa car-
Babin, a transmis à de nombreux élèves cet intérêt rière les évolutions technologiques et a ainsi pu affi-
pour la pathologie du rachis. Cette formation ini- ner l'analyse sémiologique et les mécanismes des
tiale, associée à une intégration réussie à merveille de lésions osseuses et des parties molles, et nous livre
Jean-Claude Dosch en tant que chef de service de dans cet ouvrage unique un condensé de connais-
radiologie au sein d'une structure à l'époque unique sances unique et indispensable autant aux radio
en France, le centre de traumatologie et d'ortho logues en formation ou en exercice qu'aux différents
pédie d'Illkirch dirigé par Ivan Kempf, a permis, spécialistes qui assurent la prise en charge thérapeu-
grâce à la collaboration avec une équipe chirurgicale tique initiale et le suivi de ces patients. L'ouvrage
particulièrement dynamique et innovatrice menée comprend 4 parties : la première est consacrée à des
par Arsène Grosse, une réflexion permanente sur notions générales de radio-anatomie, de bioméca-
l'interaction entre les mécanismes, l'imagerie et la nique et de techniques et de stratégies d'imagerie, la
prise en charge thérapeutique des traumatisés du seconde décrit les lésions traumatiques des différents
rachis ; ces interactions se sont poursuivies avec Jean- segments du rachis, la troisième partie traite des par-
Paul Steib. Un premier travail uniquement consacré ticularités liées à l'âge et au terrain et la quatrième
à la radiologie conventionnelle a été publié en 1985. partie envisage la thérapeutique. La passion pour la
L'arrivée de la scanographie a simplifié le diagnostic « belle image », élément indispensable au diagnostic,
des lésions traumatiques, grâce à la précision de notamment en imagerie ostéo-articulaire, se traduit
l'analyse des anomalies ; le développement de la sca- par une iconographie et des illustrations de très
nographie volumique avec une analyse multiplanaire grande qualité mises en valeur par la qualité édito-
et 3D offre actuellement une précision inégalée et riale d'Elsevier-Masson.
identifie la quasi-totalité des lésions osseuses, ce qui
permet des prises de décisions thérapeutiques rapides Professeur Jean-Louis Dietemann
et adaptées. L'utilisation plus récente de l'IRM Strasbourg, août 2012
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Abréviations
et au terrain IV
Chapitre 8
Traumatisme de l'enfant 151
Bases thérapeutiques
Épidémiologie . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 151 Chapitre 11
Étiologie des traumatismes (151). Radiologie interventionnelle
Mécanismes, lésions et stabilité (151).
en pathologie rachidienne traumatique 205
Bilan d'imagerie. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 152
Radiographies conventionnelles (152). Traitement des fractures rachidiennes
Scanner (152). IRM (152). ostéoporotiques par vertébroplastie percutanée . . . . . . . 205
Aspects normaux du rachis en croissance. . . . . . . . . . . . 153 Indications (205). Technique de vertébroplastie
Anatomie développementale (153). Variantes de la percutanée (208). Résultats de la
normale–images pièges spécifiques à l'enfant (155). vertébroplastie – complications (213).
Biomécanique–anatomie fonctionnelle (156) Traitement des fractures traumatiques
Traumatismes du rachis cervical. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 157 du sujet jeune par cyphoplastie percutanée. . . . . . . . . . . 213
Épidémiologie (157). Étiologie (157). Indications (213). Technique de cyphoplastie
Particularités (158) Indication de l'imagerie (158). à ballonnets (214). Résultats de la
Protocole d'imagerie (158). Traumatismes du cyphoplastie – complications (216).
rachis cervical haut (159). Traumatismes du Traitement des fractures rachidiennes complexes
rachis cervical moyen et inférieur (164). par techniques combinées radio-chirugicales . . . . . . . . . 217
Traumatismes du rachis thoracolombaire. . . . . . . . . . . . . 165 Indications (217). Technique (217). Résultats (221).
Épidémiologie (165). Imagerie (166). Résultats (166). Conclusion . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 221
Lésions sacrococcygiennes . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 170
Chapitre 12
Chapitre 9 Traitement des fractures
Diagnostic et prise en charge d'une du rachis thoracolombaire 223
fracture–tassement ostéoporotique 173 Paramètres de prise de décision. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 223
Type de fractures (223). Déplacement (225).
Généralités sur l'ostéoporose. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 173 Troubles neurologiques (226).
Épidémiologie (173). Physiopathologie
de l'ostéoporose (173). Principales Principes thérapeutiques. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 227
causes d'ostéoporose (174). Risque Généralités (227). Particularités des colonnes
fracturaire : intérêt du FRAX® (175). thoracique, thoracolombaire et lombaire (227).
Les particularités anatomiques propres à chaque répondent aux condyles occipitaux. Elles sont
vertèbre expliquent en partie la diversité des lésions orientées de l'arrière vers l'avant et du dehors vers
traumatiques, leur polymorphisme, leur tropisme le dedans. Leurs faces supérieure et inférieure, équi-
pour certaines localisations et souvent le caractère pées de surfaces articulaires ou cavités glénoïdes,
stéréotypé des déplacements intervertébraux. Dans convergent vers la ligne médiane. La surface articu-
ce bref rappel anatomique nous traiterons les diffé- laire supérieure est concave. La surface articulaire
rentes composantes vertébrales comme des maillons inférieure est plane voire légèrement convexe. Les
forts ou faibles d'une chaîne biomécanique assurant faces latérales donnent attaches aux racines du pro-
au rachis, simultanément et en toutes circonstances, cessus transversaire et délimitent avec eux le fora-
stabilité, mobilité et protection des éléments nobles. men de l'artère vertébrale. Les faces médiales
présentent dans leur partie antérieure un tubercule
plus ou moins proéminent pour l'insertion du liga-
Charnière cervico-occipitale ment transverse. L'arc postérieur est grêle et
dépourvu de processus épineux. Sa face supérieure
Rappel anatomique est excavée en forme de gouttière par l'artère verté-
brale en arrière de la masse latérale. Cette gouttière
Atlas
fragilise l'arc postérieur. Elle est parfois surmontée
La première vertèbre cervicale (C1) est dépourvue d'un ponticulus. On parle alors de foramen arcuale.
de corps vertébral (fig. 1.1). Les masses latérales L'arc antérieur est trapu. Sa face antérieure comporte
3 3 b c
5
6
4
4
a 2 d e
Fig. 1.1 Vues anatomique et en imagerie 3D de l'atlas.
a. Vue supérieure d'une pièce anatomique : 1. arc antérieur ; 2. arc postérieur ; 3. masses latérales ; 4. foramen transversaires ;
5. tubercule d'insertion du ligament transverse ; 6. gouttière de l'artère vertébrale.
b, c, d, e. Imagerie en volume rendering 3D sur le vivant. Vues supérieure (b), inférieure (c), antérieure (d) et postérieure (e).
Traumatologie du rachis
© 2012 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés
4 Notions de bases fondamentales
un tubercule très saillant qui sert d'insertion aux liga- ajoute deux piliers supplémentaires à l'axis pour un
ments occipito-atloïdien et atloïdo-axoïdien anté- total de cinq : le corps vertébral surmonté de la
rieurs. Sa face postérieure présente une surface dent, les deux masses latérales et les deux processus
articulaire pour l'apophyse odontoïde. Sur le plan articulaires (fig. 1.4).
biomécanique, l'atlas se comporte comme un sys-
tème à deux piliers retenus par des arches. Le dia-
gramme de la répartition des forces explique la
tendance naturelle à l'expulsion des masses latérales
le long des interlignes articulaires (fig. 1.2).
L'articulation C0–C1 assure 25° de flexion–exten-
sion, 5° de flexion latérale unilatérale, 5° de rota-
tion axiale unilatérale.
Axis
La deuxième vertèbre cervicale (C2) est la plus
complexe de toutes les vertèbres (fig. 1.3). Elle
enrichit le rachis cervical en rotation tout en assu-
rant la transition d'un système à deux piliers, les
deux masses latérales de l'atlas, vers un système à Fig. 1.2 Diagramme des forces sur l'atlas.
trois piliers comprenant le corps vertébral et les L'atlas supporte le poids de la tête : forces directes (flèches
deux processus articulaires selon la conception de jaunes continues) et forces de réaction (flèches jaunes disconti-
nues) ; résultante directe (flèches rouges continues) et contre-
Louis. Cette problématique trouve sa solution dans réaction (flèches rouges discontinues). Ce diagramme explique
l'intégration du corps de C1 comme axe de rota- la tendance naturelle à l'expulsion des masses latérales le long
tion sur le corps de C2. Par cet artifice, la nature des interlignes articulaires.
4 4
2
3
a b
4 4
5
7 6 7
c d
Fig. 1.3 Vues anatomique et en imagerie 3D de l'axis.
a. Vue antérieure oblique d'une pièce anatomique.
b, c, d. Imagerie en volume rendering 3D sur le vivant. Vues antérieure (b), de profil (c), supérieure (d).
1. dent de l'axis ou apophyse odontoïde ; 2. corps ; 3. rostre ; 4. masses latérales ; 5. foramen transversaire ; 6. lame et processus
articulaire ; 7. processus épineux.
Chapitre 1. Radio-anatomie normale 5
a b c
1 1
2 3
1 2
4 5 2 3
d e f
Fig. 1.4 Système transitionnel en vue axiale.
a, d. L'atlas est un système mécanique à deux piliers : les masses latérales (1, 2) réunies par les arcs antérieur et postérieur.
b, e. L'axis est un système mécanique à cinq piliers : le corps vertébral surmonté de l'apophyse odontoïde (1), les deux masses laté-
rales (2, 3) qui répondent à celles de l'atlas, les deux processus articulaires (4, 5) qui s'articulent avec les apophyses articulaires supé-
rieures de la vertèbre sous-jacentes. Les pédicules vrais siègent entrent le corps et les masses latérales, les isthmes ou « faux pédicules »
entre le corps et les processus articulaires.
c, f. La vertèbre cervicale classique est un système à trois piliers : le corps vertébral (1) et les deux processus articulaires (2, 3) reliés
entre eux par les pédicules et les lames.
• La dent de l'axis est dans le prolongement ou en sous forme d'un anneau ovalaire oblique en
légère lordose par rapport au corps de C2. On lui haut et vers l'avant. Le foramen transversaire de
reconnaît une base, un col, un corps et un som- l'axis livre passage au segment V3 de l'artère
met. La base sert d'insertion au corps de C2. Elle vertébrale.
se situe légèrement au-dessus du vestige du • L'arc neural est constitué de deux volumineuses
disque C1–C2. Le col répond à la partie rétrécie lames rattachées au corps vertébral par les isthmes.
sur la ligne joignant les masses latérales. Le corps Elles présentent sur leur face inférieure des sur-
présente une facette articulaire antérieure pour faces articulaires faisant face aux processus articu-
l'atlas et une facette postérieure pour le ligament laires de la vertèbre C3. Elles se rejoignent sur la
transverse. Le sommet reçoit le ligament de ligne pour former un volumineux processus épi-
l'apex de la dent, ou ligament occipito-odontoï- neux bituberculé pour les attaches ligamentaires
dien médian, et plus latéralement les ligaments et musculaires.
alaires. Ils sont renforcés en arrière par le liga- L'articulation C1–C2 assure 40° de rotation axiale
ment cruciforme, le ligament axoïodo-occipital unilatérale, 15° de flexion–extension, et 5° de
et la membrana tectoria. flexion latérale unilatérale. La stabilité de la char-
• Le corps de l'axis présente sur sa face antérieure nière cervico-occipitale est assurée par le ligament
une crête médiane pour le ligament atloïdo- longitudinal antérieur, le ligament atlanto-occipi-
axoïdien. Sa face inférieure reçoit le disque C2– tal, le ligament de l'apex de la dent, les ligaments
C3. Elle se prolonge en avant par un rostre ou alaires, le ligament transverse, le ligament cruci-
un bec sur lequel s'insère le ligament longitudi- forme, la membrana tectoria (fig. 1.5). Le liga-
nal antérieur. Les masses latérales sont réunies ment transverse évite la bascule postérieure de la
au corps vertébral par des pédicules courts et dent en flexion et le déplacement antérieur de
trapus reconnaissables sur l'incidence de profil l'atlas en rotation.
6 Notions de bases fondamentales
2 34 5 6
a b c
Fig. 1.5 Appareil ligamentaire de la charnière cervico-occipitale.
Aspects scanographiques en coupes axiale (a), coronale (b), sagittale (c) : 1. ligament transverse et tubercules d'insertion (têtes des
flèches noires) ; 2. ligaments alaires (flèches blanches ouvertes) ; 3. ligament longitudinal antérieur ; 4. ligament atlanto-occipital ;
5. ligament de l'apex de la dent ; 6. membrana tectoria.
Radio-anatomie Repères
L'analyse radiographie de la charnière cervico-occi- Les repères utiles dans le plan sagittal sont (fig. 1.8) :
pitale nécessite plus qu'ailleurs une bonne connais- • pour le crâne, le rebord postérieur du palais
sance des rapports qu'entretiennent les vertèbres osseux, le basion et l'opisthion ;
entre elles et la base du crâne. Ceci est particulière- • pour l'atlas, la face postérieure de l'arc antérieur
ment vrai en traumatologie. En la circonstance, on et la face antérieure de l'arc postérieur ;
peut avancer plusieurs raisons. Les radiographies de • pour l'axis, la pointe de l'apophyse odontoïde, les
face (fig. 1.6) et de profil (fig. 1.7) n'offrent qu'une rebords antérieur et postérieur du plateau verté-
vue partielle des structures vertébrales. Les solu- bral inférieur, le rebord antérieur du processus
tions de continuité ne sont visibles que si elles épineux.
siègent dans le plan du rayon directeur incident. Les Les repères utiles dans le plan frontal sont (fig. 1.9) :
déplacements intervertébraux ne sont pas toujours • sur la ligne médiane, l'apophyse crista galli, la pro-
évidents à reconnaître. Pour faciliter cette analyse, tubérance occipitale externe, l'espace entre les inci-
nous avons besoin de repères fiables, constants et sives du maxillaire supérieur, la pointe de l'apophyse
facilement identifiables. odontoïde, le processus épineux de C2 ;
1 1
2 4 2
3 5 5 4
6 6 3
3 3
9
a 7 8 7 b
Fig. 1.6 Charnière cervico-occipitale de face.
a. Radiographie de face bouche ouverte.
b. Incidence de face sous-mentonnière.
1. incisives para-médianes ; 2. masses latérales de l'atlas ; 3. processus transversaires de l'atlas ; 4. dent de l'axis ou apophyse
odontoïde ; 5. masses latérales de l'axis ; 6. corps de l'axis ; 7. canal de l'artère vertébrale ; 8. processus épineux ; 9. protubérance
occipitale externe.
Chapitre 1. Radio-anatomie normale 7
1
13
2 3
5
4
6
8
9
7 10
12
11
a b c
Fig. 1.7 Charnière cervico-occipitale de profil.
a, b. Radiographie normale (a) avec schéma (b).
c. Fracture de la base de l'apophyse odontoïde : remarquez l'interruption (tête de flèche) et le déplacement de la corticale supérieure
(flèche blanche) de l'anneau de Harris. Fracture associée de l'arc postérieur de C1.
1. mastoïdes ; 2. arc antérieur de l'atlas ; 3. masses latérales de l'atlas ; 4. arc postérieur de l'atlas ; 5. dent de l'axis ou apophyse
odontoïde ; 6. corps de l'axis ; 7. rostre de l'axis ; 8. isthmes ; 9. lames et processus articulaires ; 10. processus épineux ; 11. anneau
de Harris, projection des pédicules vrais de C2 ; 12. interligne odonto-atloïdien antérieur ; 13. condyles occipitaux.
2
3
O O 6 6
* 2
4 6
1O 5 7 7
*8 * 9
7* 4
• latéralement, les vestibules, les pointes des mas- l'opisthion n'est pas identifiable, on utilisera la
toïdes et les faces latérales des masses latérales. ligne de Mac Gregor qui unit le bord postérieur
du palais osseux au point déclive de l'occiput.
Rapports
Le dépassement maximum autorisé est alors de
En traumatologie, les rapports les plus couramment 5 mm ;
utilisés pour rechercher un déplacement vertébral • la ligne de Thiebaut-Wackenheim-Vrousos ou
anormal [1] sont : ligne du clivus. Le prolongement de cette ligne
• la ligne de Chamberlain qui unit le bord posté- est normalement tangent à la face postérieure de
rieur du palais osseux à l'opisthion. La pointe de la dent. L'entrecroisement de cette ligne avec la
l'apophyse odontoïde se projette sur cette ligne précédente situe l'apophyse odontoïde dans le
ou ne doit pas la dépasser de plus de 3 mm. Si quadrant antéro-inférieur (fig. 1.10) ;
8 Notions de bases fondamentales
a b
Fig. 1.10 Rapports antéropostérieurs de charnière cervico-occipitale.
a. Rapports normaux : ligne de Chamberlain (en rouge), ligne du clivus (en jaune).
b. Luxation craniovertébrale antérieure. Situation anormale de l'apophyse odontoïde.
1
2
a b
Fig. 1.11 Rapports de la charnière cervico-occipitale de face.
Coupe coronale scanographique (a) avec schéma (b) passant par le plan bivestibulaire : 1. ligne bivestibulaire de Wackenheim ; 2. ligne
bidigastrique de Metzger et Fischgold ; 3. ligne bimastoïdienne. La perpendiculaire abaissée sur l'apex de la dent est commune et sert
d'axe de symétrie.
B O
A
C
a b
BAI
BDI
c d
Fig. 1.12 Rapports C0–C1, C0–C2 et C1–C3.
a. Rapport de Powers : R = BC/AO égal à 1.
b. Lignes en X de Lee respectivement tangentes au bord postérieur de la dent et au bord antérieur du processus épineux de l'atlas.
c. Règle de Harris : distances BDI et BAI inférieures à 12 mm.
d. Ligne de Swischuk tangente à la face antérieure de l'arc postérieur de C2.
de C3 (fig. 1.12d). Chez l'enfant, elle est aussi • la ligne claire des parties molles prévertébrales
tangente à la face antérieure de l'arc postérieur de est harmonieusement convexe vers l'arrière
C2. Cette ligne est utile pour différencier une (fig. 1.13a). L'épaisseur des parties molles ne
pseudo-luxation C2–C3 d'une luxation patholo- doit pas dépasser 5 mm. Elle est minimale en
gique voire d'une fracture des pédicules de C2 ; regard du rostre de C2. Tout épaississement
• les rapports C2–C3 évaluent la translation et/ou doit être considéré jusqu'à preuve du contraire
l'angulation des murs postérieurs correspondants. comme un hématome post-fracturaire ou une
Ces valeurs sont normalement inférieures à 3 mm entorse ligamentaire (fig. 1.13b) ;
et 11°. Les valeurs supérieures témoignent d'une • le diamètre canalaire antéropostérieur au niveau de
instabilité discoligamentaire ; l'atlas répond à la règle des trois tiers : un tiers pour
a b *
Fig. 1.13 Ligne des parties molles prévertébrales.
a. Aspect normal.
b. Aspects pathologiques : épaississement (✽) ; inversion de courbure (flèche noire).
10 Notions de bases fondamentales
la dent, un tiers pour la moelle, un tiers pour les confondue avec une fracture (fig. 1.15). L'absence
espaces sous-arachnoïdiens. Cette règle identifie de déplacement du processus épineux voire un
rapidement les sténoses constitutionnelles et le risque déplacement paradoxal antérieur permet de redres-
de compression de la jonction bulbomédullaire. ser le diagnostic. Le spina bifida par absence de
fusion de l'arc postérieur sur la ligne médiane ne
pose pas de problème diagnostique, les fractures
Variantes et images pièges étant classiquement de topographie latérale. Les
malformations de l'axis concernent essentiellement
Les variantes du normal simulant des fractures sont
l'apanage de l'enfant. Parmi les plus fréquentes,
citons la pseudo-fracture de Jefferson, la pseudo-
luxation C2–C3 (fig. 1.14), la synchondrose sous-
dentale. Nous les reverrons au chapitre 8. Les
images pièges sont plus rares chez l'adulte. Elles
peuvent être d'origine technique, malformative ou
positionnelle.
Pseudo-fractures
Les malformations de la charnière cervico-occipitale
de l'adulte simulant des fractures peuvent siéger à
tous les niveaux [7]. L'impression basilaire par hypo-
plasie du clivus et position trop haute du rachis cer-
vical peut être confondue avec les luxations
craniovertébrales. L'atlas est concerné à plus d'un
titre. Le split atlas combine un rachischisis antérieur
et postérieur pouvant simuler une fracture de
Jefferson à deux fragments. Le diagnostic différen-
tiel repose sur l'aspect lisse et condensé des solutions
de continuité et une hypertrophie de son arc anté-
Fig. 1.15 Spina bifida de C1.
rieur (plump atlas). L'agénésie partielle de l'arc pos- Large solution de continuité à bords nets de l'arc postérieur de
térieur, qu'elle soit uni- ou bilatérale, peut être l'atlas.
a b
Fig. 1.14 Pseudo-luxation C2–C3 chez une enfant de 12 ans.
a. Rachis immature avec aspect cunéiforme du corps vertébral de C3, listels vertébraux en voie d'ossification.
b. La ligne de Swischuk reste tangente à la ligne spinolamaire de C2.
Chapitre 1. Radio-anatomie normale 11
a b
Fig. 1.16 Os odontoïdeum : radiographies de face (a) et de profil (b).
Hypertrophie et aspect arrondi de l'arc antérieur de l'atlas. Aspect en dôme du bord supérieur du corps de l'axis (flèches). La dent est
remplacée par un ossicule (✽).
a b c
d e f
Fig. 1.17 Os odontoïdeum : odontoïde mobile.
a, b, c. Les clichés dynamiques démontrent une instabilité en flexion (a) et en extension (c). L'ossicule odontoïdien est bien visible en IRM (✽).
d, e, f. L'IRM (d, e) et le scanner (f) montrent un ligament transverse (flèches) court et tendu entre l'ossicule et le corps de l'axis. Notez
l'aspect en pleine lune de l'arc antérieur de l'atlas.
12 Notions de bases fondamentales
a b c
Fig. 1.18 Fracture fraîche de l'odontoïde : fracture horizontale de la base.
a. Instabilité en flexion.
b. Réduction partielle du déplacement en position indifférente.
c. Lésion stable en extension.
Notez l'aspect normal en demi-lune de l'arc antérieur de l'atlas.
Anomalies positionnelles
Les mouvements de rotation entre C1 et C2
entraînent une décoaptation physiologique des
masses latérales qui engendre à son tour des
modifications stéréotypées des espaces articu-
Fig. 1.19 Effet Mach.
laires. Du côté opposé à la rotation, on constate Pseudo-fracture d'une apophyse articulaire inférieure de C2.
simultanément un pincement de l'espace odonto- Projection du bord inférieur de la lame controlatérale (flèche
atloïdien et un élargissement de l'interligne blanche).
Chapitre 1. Radio-anatomie normale 13
Fig. 1.20 Décoaptation physiologique des masses latérales de C1 par rapport à C2.
Exploration scanographique en rotation droite (d, g, i), en position indifférente (e, h, k) et en rotation gauche (f, i, l). Vues supérieures en
imagerie surfacique 3D (d, e, f), en coupes axiales dans le plan de l'atlas (g, h, i) et la partie supérieure du corps de l'axis (j, k, l).
Représentation schématique de la variation des espaces articulaires de face (a, b, c).
gnées sur celles de C2 ou apparaissent en léger combiné en flexion et en rotation. Les modifica-
retrait quand l'amplitude de rotation est proche tions des interlignes sont sensiblement identiques
de la maximale. Ces anomalies positionnelles sont mais en rapport avec un mouvement de transla-
à connaître pour ne pas parler à tort de luxation tion latérale de l'atlas. La déviation du processus
rotatoire. Les modifications en inclinaison latérale épineux de l'axis est par contre nettement plus
sont plus subtiles car il s'agit d'un mouvement marquée.
14 Notions de bases fondamentales
Rachis cervical moyen et inférieur ont une insertion postérolatérale et font avec le
corps vertébral un angle ouvert vers le dehors d'en-
Vertèbre cervicale viron 45°. Ils circonscrivent les limites, supérieure et
inférieure du foramen intervertébral. Les processus
Le corps vertébral est quadrangulaire de face, et à articulaires présentent à leurs extrémités des surfaces
peu de chose près carré de profil (fig. 1.21). Sa face articulaires. La facette supérieure regarde en arrière
supérieure est surmontée latéralement et en arrière et en haut, la facette inférieure en bas et en avant. Le
par les processus semi-lunaires ou apophyses unci- segment de droite qui relie la pointe des apophyses
formes qui servent de barrière protectrice aux articulaires définit l'axe du massif articulaire. Son
racines nerveuses et à l'artère vertébrale. Sa face obliquité par rapport au plateau vertébral inférieur
inférieure présente deux petites dépressions pour varie selon le niveau : proche de 70° pour le seg-
accueillir les processus semi-lunaires de la vertèbre ment moyen et inférieur, légèrement plus élevé en
sous-jacente. Les faces latérales donnent attache au C3 et en C4. L'empilement des massifs participe à la
canal transversaire de l'artère vertébrale. Son bras lordose cervicale. En arrière du massif, on retrouve
antérieur – un reliquat costal – s'insère directement les lames et le processus épineux. Les lames sont
sur le corps vertébral ; son bras postérieur – un reli- obliques dans tous les plans : de haut en bas, d'ar-
quat du processus transversaire – s'insère sur la jonc- rière en avant et du dedans vers le dehors. Le pro-
tion pédiculo-articulaire. La face antérieure est cessus épineux est impair et médian. Son bord
légèrement concave. Elle reçoit le ligament longitu- postérieur présente deux tubercules.
dinal antérieur. La face postérieure rectiligne reçoit Les vertèbres cervicales sont unies entre elles par le
le ligament longitudinal postérieur. Les pédicules segment mobile rachidien (SMR), à savoir d'avant
1 4
3
2 2
5
6
a b
7
2
1 5 6
c d
7 7
2 1 2 4
6
e f
Fig. 1.21 Vertèbre cervicale : corrélation anatomoradiologique.
Vues axiale (a, b), sagittale (c, d) et frontale (e, f) : 1. corps vertébral ; 2. processus articulaires ; 3. Pédicules ; 4. processus transver-
saires ; 5. Lames ; 6. processus épineux ; 7. processus semi-lunaires.
Chapitre 1. Radio-anatomie normale 15
3
1
4
2 5
6
7
a b
en arrière : le ligament longitudinal antérieur, le Cette disposition renforce la stabilité osseuse et induit
disque, le ligament longitudinal postérieur, les cap- un couplage automatique entre rotation axiale et
sules articulaires, le ligament jaune et les ligaments inclinaison latérale (fig. 1.23). Les processus semi-
interépineux (fig. 1.22). Les facteurs de la stabilité lunaires limitent la translation latérale. L'obliquité du
ligamentaire sont le disque intervertébral qui repré- massif articulaire fait obstacle au spondylolisthésis.
sente environ 2/5e de la hauteur des vertèbres adja- L'amplitude de mobilité intervertébrale a une valeur
centes et le ligament commun postérieur constitué moyenne de 10° en flexion–extension, 5° en rotation–
par une épaisse bande fibreuse recouvrant toute la inclinaison, 3 mm en translation antéropostérieure.
face postérieure du corps vertébral.
En vue axiale, la vertèbre cervicale se présente comme Rapport et repères
un trépied à large base postérieure dessiné par le corps
vertébral en avant et les processus articulaires en Un bilan radiographique optimum comprend
arrière. Le segment mobile rachidien qui lui fait suite quatre incidences : une face légèrement ascendante,
comprend une rotule principale centrée sur le nucléus un profil strict et deux incidences obliques (voir
pulposus pour la flexion–extension et deux verrous fig. 1.23). Ce bilan s'adresse principalement aux
antirotatoires latéraux composés respectivement par victimes d'un traumatisme mineur, alertes, ambula-
deux interlignes, l'un uncovertébral à direction sagit- toires, répondant aux critères de prescription cli-
tale, l'autre zygapophysaire à orientation frontale. nique. Les clichés sont réalisés si possible en
16 Notions de bases fondamentales
position debout ou assise et de préférence sous à l'espace de sécurité pour le cordon médullaire. En
contrôle radioscopique pour satisfaire les critères de avant, on reconnaît aisément la ligne des parties
réussite : molles prévertébrales dont l'épaisseur ne doit pas
• enfilement du disque et alignement des processus excéder 7 mm chez l'enfant et 21 mm chez l'adulte
épineux sur la ligne médiane pour la face ; [12, 13]. En arrière, on retrouve les processus épi-
• enfilement du disque et parfaite superposition des neux dont la morphologie varie selon le niveau.
processus articulaires droit et gauche pour le profil ; Certaines particularités méritent un rappel. Les ver-
• projection du pédicule controlatéral dans le tiers tèbres C3, C4 et C5 sont sensiblement identiques et
antérieur du corps vertébral pour les incidences forment selon l'expression de Wackenheim un tri-
obliques. plet. Le corps vertébral de C6 est souvent débordé
La lecture des radiographies comporte toujours en avant par le tubercule de Chassaignac. Celui-ci
deux temps : un temps transversal vertèbre par ver- correspond à une hypertrophie du bras antérieur du
tèbre et un temps vertical pour vérifier leur aligne- processus transversaire et sert de repère chirurgical.
ment en lignes parallèles. Les variations les plus importantes concernent C7 ; le
corps vertébral est souvent libre de toute projection,
Incidence de profil le foramen intervertébral devient spontanément
On définit respectivement (fig. 1.24) : la ligne L1 des visible en raison de la sagittalisation des pédicules,
murs antérieurs, la ligne L2 des murs postérieurs, la l'apophyse articulaire inférieure vient au contact de
ligne L3 rejoignant les pointes des apophyses articu- la ligne spinolamaire, le processus épineux s'allonge
laires supérieures, la ligne L4 des bords postérieurs jusqu'à devenir proéminent sous la peau.
des processus articulaires, la ligne L5 des jonctions
Incidence de face
spinolamaires. Les lignes L2 et L3 sont souvent
regroupées en une seule ligne. Le rapport des dis- En périphérie, on note les lignes L1 et L5 des faces
tances L2L4/L1L2 définit l'indice de Torg et Pavlov latérales des processus articulaires (fig. 1.25). Ces
(IT = 0,95 ± 0,1) [11]. Le secteur L3–L4 correspond lignes sont en réalité constituées par une alternance
1 2 3 4 5
1 2 3 4 5
de creux et de ventres correspondant respective- tangente à la face postérieure des anneaux pédicu-
ment aux isthmes et à la projection des surfaces arti- laires ; la ligne L3 des murs postérieurs ; la ligne L4
culaires. Sur la ligne médiane L3 se répartissent les des faces antérieures des massifs ou des lames homo-
jonctions spinolamaires à ne pas confondre avec le latérales ; la ligne L5 des bords postérieurs des pro-
bord libre des tubercules du processus épineux. À cessus articulaires.
mi-distance, on retrouve de chaque côté les lignes On étudiera avec attention la jonction uncoverté-
L2 et L4 rejoignant les crêtes des processus semi- brale. En incidence oblique, cet interligne est
lunaires. Ces cinq lignes forment quatre secteurs occulté par le processus semi-lunaire et rend donc
égaux ayant pour taille celle du processus articulaire. pathologique tout espace clair entre l'uncus et le
Dans le plan horizontal, on reconnaît l'espace discal corps vertébral sus-jacent. Nous reviendrons au cha-
et dans ses prolongements les interlignes uncoverté- pitre 5 sur ce diastasis uncovertébral comme signe
braux, jadis considérés par Luschka comme des arti- pathognomonique d'instabilité vertébrale : instabi-
culations à part entière. lité de type rotatoire si le diastasis est unilatéral ; ins-
tabilité globale avec risque de complication
Incidence oblique
neurologique secondaire si le diastasis est bilatéral.
On définit cinq lignes équidistantes (fig. 1.26) à Retenons pour l'instant que cette « articulation »
savoir : la ligne L1 des murs antérieurs ; la ligne L2 reflète le segment vertébral moyen.
18 Notions de bases fondamentales
1 2 3 4 5
Fig. 1.26 Rachis cervical : radiographie oblique avec schéma.
1. ligne du mur antérieur ; 2. ligne des pédicules controlatéraux ; 3. ligne des murs postérieurs ; 4. ligne des faces antérieures des pro-
cessus articulaires ; 5. ligne des faces postérieures des processus articulaires.
Pièges et variantes
Les radiographies du rachis cervical traumatique
prescrit dans le cadre de traumatisme mineur sont
souvent l'occasion de découverte fortuite pouvant
simuler des fractures ou des entorses. Il en va de
même si, pour des raisons antalgiques ou de posi-
tionnement, les critères techniques d'incidence ne
peuvent être pleinement satisfaits. Ceci dit, les
pièges les plus courants sont utiles à connaître pour
ne pas imposer à tort des explorations complémen-
taires inutiles et coûteuses.
Pseudo-fractures
Il s'agit en général d'artéfacts simulant des solutions
de continuité. Ces artéfacts n'ont par définition pas Fig. 1.27 Défilé laryngotrachéal.
de réalité matérielle. Sur une radiographie de face, la clarté aérique du défilé (flèche)
peut simuler une fracture d'un plateau vertébral.
Défilé laryngotrachéal. Dans certaines situations
de phonation et/ou d'apnée, le rapprochement composants vertébraux : principalement, sur l'in-
des cordes vocales renforce la clarté du défilé cidence de face, la base des apophyses unciformes
laryngé et peut simuler une fracture sagittale d'un et, sur l'incidence de profil, les processus articu-
corps vertébral en général C4 ou C5 (fig. 1.27). laires. Le phénomène peut aussi être induit par des
Effet Mach. L'entrecroisement de lignes opaques composants hypertransparents, en l'occurrence
crée par illusion optique une fine bande claire ceux du matériel de contention laissé en place lors
simulant une fracture. Il peut concerner tous les de la réalisation des clichés radiographiques.
40 Notions de bases fondamentales
a b c
processus transverses et le processus épineux ». Chaque Denis [11] remet en cause la théorie de Holdsworth.
élément lésé est affecté d'un coefficient (fig. 2.13). Il En l'occurrence, il constate que les seules lésions du
est coté 1 pour l'ensemble des solutions de continuité complexe ligamentaire postérieur ne sont pas suffi-
complète d'une des trois colonnes, 0,5 pour les frac- santes pour créer une instabilité dans le système à
tures des ponts et les solutions de continuité incom- deux colonnes. Il imagine donc une colonne inter-
plètes d'une colonne, 0,25 pour l'ensemble des médiaire, interposé entre le corps vertébral et l'arc
apophyses transverses ou des épineuses. Si la somme neural. Cette « troisième » colonne est formée par la
atteint ou dépasse 2, on peut considérer la fracture du face postérieure du corps vertébral, le ligament longi-
rachis comme instable. Chaque colonne étant consti- tudinal postérieur, la partie postérieure du disque.
tuée d'une alternance de segments osseux fixes et de Elle correspond en fait, et sans le désigner, au mur
segments ligamentaires mobiles, on peut distinguer postérieur de Decoulx et Rieunau. La colonne anté-
l'instabilité osseuse (caractère temporaire) et l'instabi- rieure ne comprend plus que le ligament longitudinal
lité ligamentaire (caractère définitif). antérieur, les parties antérieures du disque et du corps
L'instabilité potentielle a été introduite pour attirer vertébral. La colonne postérieure reste inchangée.
l'attention sur le risque de déplacement secondaire Fort de ce concept, il reconsidère l'atteinte des trois
en cas de rachis neurologique à radiographies nor- colonnes en fonction des mécanismes, accorde un
males. On pensait alors que les lésions médullaires rôle crucial à la colonne intermédiaire, propose une
ne pouvaient être en rapport qu'avec une luxation. nouvelle classification des fractures du rachis et
hiérarchise l'instabilité en degrés : premier degré
L'instabilité thérapeutique est induite par l'action du
purement mécanique, second degré d'origine neuro-
chirurgien sur les voies d'abord, lors des manœuvres
logique, troisième degré mixte, mécanique et neuro-
de réduction ou de décompression.
logique (fig. 2.14).
1 pt
0,5 pt
0,25 pt
1 pt
0,5 pt
0,25 pt
Références
[1] Meyreuis P, Cazenave A, Zimmermann R. Biomécanique
de l'os. Application au traitement des fractures. Encycl
Méd Chir (Elsevier, Paris). 14-031-A-30. 2004.
[2] Oner FC, et al. Changes in the disc space after fractures
of the thoracolumbar spine. J Bone Joint Surg Br 1998 ;
80(5) : 833–9.
[3] Rudig L, et al. Magnetic resonance tomography examina-
A M P tion of thoracolumbar spinal fractures after fixateur interne
stabilization. Unfallchirurg 1997 ; 100(7) : 524–30.
[4] Noyes FR, DeLucas JL, Torvik PJ. Biomechanics of
Fig. 2.14 Les trois colonnes de Denis.
anterior cruciate ligament failure : an analysis of strain-
Denis interpose une troisième colonne entre la colonne anté-
rate sensitivity and mechanisms of failure in primates.
rieure (A) et la colonne postérieure (P). L'instabilité repose sur
l'atteinte de cette colonne intermédiaire ou moyenne (M). J Bone Joint Surg Am 1974 ; 56(2) : 236–53.
[5] Aufdermaur M. Spinal injuries in juveniles Necropsy fin-
Vaccaro [12] et le Spine Trauma Study Group (STSG) dings in twelve cases. J Bone Joint Surg Br 1974 ; 56B(3) :
513–9.
proposent une approche ayant pour objectif la prise en [6] Nicoll EA. Fractures of the dorso-lumbar spine. J Bone
charge clinique. Leur nouvelle classification TLICS Joint Surg Am 1949 ; 31B(3) : 376–94.
(toracolombar injury classification and severity score) [7] White A, Panjabi M. Clinical biomechanics of the spine.
prend en compte le mécanisme, le complexe ligamen- Philadelphia : Lippincott ; 1978.
taire postérieur et le statut neurologique. Il affecte 4 [8] Decoulx P, Rieunau G. Fractures of the dorsolumbar
spine without neurological disorders. Rev Chir Orthop
points au maximum à la morphologie des lésions (com- Reparatrice Appar Mot 1958 ; 44(3–4) : 254–322.
pression 1, rotation/cisaillement 3, traction 4), 3 points [9] Holdsworth F. Fractures, dislocations, and fracture-
au maximum à l'état du CLP (intact 0, suspect ou indé- dislocations of the spine. J Bone Joint Surg Am 1970 ;
terminé 2, rompu 3), 3 points au maximum à l'état neu- 52(8) : 1534–51.
rologique (intact 0, trouble radiculaire et/ou atteinte [10] Louis R. Unstable fractures of the spine. III. Instability.
A. Theories concerning instability. Rev Chir Orthop
sensitivomotrice complète de la moelle 2, atteinte sensi- Reparatrice Appar Mot 1977 ; 63(5) : 423–5.
tivomotrice incomplète de la moelle ou syndrome de la [11] Denis F. The three column spine and its significance in
queue-de-cheval 3). Le score de sévérité évolue entre 1 the classification of acute thoracolumbar spinal injuries.
et 10 points. Le traitement est conservateur pour un Spine (Phila Pa 1976) 1983 ; 8(8) : 817–31.
score inférieur à 3, chirurgical si le score est supérieur ou [12] Vaccaro AR, et al. A new classification of thoracolumbar
injuries : the importance of injury morphology, the inte-
égal à 5. Le mur postérieur disparaît en tant que concept. grity of the posterior ligamentous complex, and neuro-
Son atteinte est directement intégrée dans l'analyse logic status. Spine (Phila Pa 1976) 2005 ; 30(20) :
morphologique des lésions. 2325–33.
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Chapitre 3
Outils et stratégie d'exploration
J.-C. Dosch
L'exploration en urgence des lésions traumatiques peut récuser le bilan radiographique s'il estime que
du rachis repose sur la radiographie standard (RS), le résultat escompté sera médiocre ou incomplet,
le scanner volumique ou tomodensitométrie comme chez les patients corpulents, chez les sujets
(TDM) et l'imagerie par résonance magnétique alités de plus de 65 ans, en cas de pathologie rachi-
(IRM). Le coût socio-économique de ces lésions dienne dégénérative notoire.
justifie un plateau d'imagerie de qualité dédié aux En pratique, les radiographies standard s'adressent
services d'accueil de l'urgence (SAU). Le choix principalement aux patients alertes et ambulatoires.
entre ces techniques n'est pas uniquement fonction Le bilan sera fait si possible debout sur une table
de leurs propres performances. Il peut aussi être télécommandée et sous amplificateur de brillance.
discuté en termes de coût–efficacité, organisation Deux incidences orthogonales de face et de profil
des urgences, sévérité du traumatisme, âge et état suffisent par région.
clinique du patient, complexité de la région anato- • Pour les radiographies de la charnière cervico-
mique à étudier. L'expérience du radiologue est occipitale, on respectera les critères du centrage
dans ce domaine irremplaçable. intracrânien, à savoir : la superposition des struc-
tures paires et symétriques pour l'incidence de
Outils diagnostiques profil (fig. 3.1a), l'alignement des structures de la
ligne médiane pour l'incidence de face bouche
Radiographies conventionnelles ouverte (fig. 3.1b).
• Pour les radiographies du rachis cervico-thoraco-
Pour notre part, et en accord avec la méta-analyse lombaire, on exigera l'enfilement des plateaux
de Holmes, elles restent indiquées dans la prise en vertébraux, la superposition des processus articu-
charge des traumatismes mineurs [1]. Les radiogra- laires pour l'incidence de profil et l'alignement
phies permettent un tri rapide et peu onéreux pour des processus épineux sur la ligne médiane pour
cette multitude de patients générant de nombreuses l'incidence de face. Le centrage sera effectué pré-
demandes d'imagerie souvent inutiles ou qui ne férentiellement sur la région suspecte.
répondent qu'à la tentative de se protéger sur un • Les incidences obliques s'avèrent utiles au rachis
plan juridique. Nous n'ignorons certes pas son cervical en présence d'une névralgie cervicobra-
manque de sensibilité qui, pour certains, justifie chiale. Dans ce cas, on étudiera avec soin l'inter-
le recours systématique au scanner. Toutefois ligne uncovertébral. Un diastasis unilatéral est un
cette attitude nous paraît excessive pour une patho- signe pathognomonique en faveur d'une instabi-
logie dont la fréquence reste inférieure à 2 %. Ceci lité rotatoire justifiant une exploration scanogra-
dit, le radiologue demeure maître de sa décision et phique [2, 3].
Traumatologie du rachis
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46 Notions de bases fondamentales
a b
Fig. 3.1 Radiographie de la charnière cervico-occipitale.
a. De profil. Critères de réussite : exiger la superposition des structures crâniennes paires et symétriques, toits des orbites, apophyses
clinoïdes, conduits auditifs externes, branches montantes du maxillaire supérieur (flèches).
b. De face. Critères de réussite : alignement des structures crâniennes de la ligne médiane, apophyse crista galli (en vert), protubérance
occipitale (en rouge) espace interdental (en jaune).
a b d
Fig. 3.2 Dislocation rotatoire positionnelle.
a. Radiographie de profil en décubitus.
b, c. Radiographie de profil et schéma correspondant en position debout
d. Coupe scanographique axiale passant par le disque C3–C4.
La luxation unilatérale C3–C4 n'est visible qu'en position debout. Le processus articulaire gauche de C3 (en jaune) est en avant du
processus droit (en vert). Les processus articulaires de C4 (en blanc) sont bien superposés. La vertèbre C2 suit le mouvement de
la vertèbre C3 (décalage des masses latérales pointées par les lignes fléchées discontinues). Au scanner, la luxation unilatérale
gauche est de nouveau réduite. La disparition de la corticale antérieure de l'apophyse articulaire inférieure gauche de C3 signe une
fracture associée.
a b
Fig. 3.3 Burst fracture instable de L1.
La radiographie de profil faite en position debout (a) montre un tassement et une rétropulsion du mur postérieur nettement plus
importants qu'au scanner fait avant réduction (b). Ce cas illustre parfaitement l'influence du positionnement du patient sur les lésions
traumatiques instables.
48 Notions de bases fondamentales
a b
Fig. 3.4 Entorse grave C5–C6.
a. La radiographie de profil en position indifférente montre un écart interépineux (✽).
b. Le cliché en flexion révèle une luxation pointe–pointe.
Fig. 3.6 Incidence du positionnement au scanner sur les lésions instables en flexion.
Patiente comateuse victime d'un accident de la circulation admise intubée au bloc opératoire. La radiographie de profil du rachis
cervical faite en urgence ne montre qu'un discret élargissement entre C4 et C5 (a). Le positionnement de la patiente dans la têtière du
scanner (b) dévoile la luxation (c, d).
Fig. 3.7 Incidence du positionnement au scanner sur les lésions instables en extension.
Patiente tétraplégique victime d'un traumatisme facial en hyperextension suite à une chute en vélo. La radiographie du rachis cervical
faite en urgence ne montre qu'un discret bâillement discal antérieur C6–C7 (a). Le scanner fait sous anesthésie générale, la tête à plat,
reproduit le déplacement initial et l'effet coupe-cigares sur le cordon médullaire (b, c).
• reconstruction en filtre spatial pour les structures • analyse systématique du rachis dans les trois plans.
osseuses, en filtre de densité pour les parties Pour la charnière cervico-occipitale, on prendra
molles ; comme référence des critères intracrâniens, comme
50 Notions de bases fondamentales
la ligne bivestibulaire de Wackenheim, la ligne rejoi- • dans certaines situations, on peut être amené à
gnant la tête des marteaux, la ligne de Fischgold préciser le siège des traits de fracture sur l'arc neu-
(fig. 3.8). Ceci s'avère indispensable en cas de frac- ral au moyen de coupes obliques (fig. 3.11) ;
tures déplacées, de torticolis ou d'asymétrie consti- • l'injection de produit de contraste (angioscanner)
tutionnelle (fig. 3.9). Pour les autres vertèbres, on est indispensable pour la mise en évidence des
utilisera comme référence le plan bipédiculaire et le lésions vasculaires : dissection et/ou thrombose
plan du mur postérieur (fig. 3.10) ; traumatique.
a b
c d
e f
g
Fig. 3.9 Bilan de torticolis.
Les radiographies standard de face et de profil (a, b) sont ininterprétables. Les reformations scanographiques en imagerie 3D montrent
une décoaptation articulaire de type physiologique (c, d). Les reformations multiplanaires 2D faites après repositionnement du crâne
(e, f, g) permettent une excellente analyse des structures ligamentaires : ligament alaire, ligament transverse, ligament longitudinal anté-
rieur et postérieur, ligament suspenseur de la dent. Leur normalité plaide pour une position antalgique. Pas d'arguments en faveur d'une
luxation rotatoire.
52 Notions de bases fondamentales
Règle NEXUS
Autres techniques Une imagerie du rachis cervical n'est requise
que si au moins un des signes cliniques suivants
Le myéloscanner pour l'évaluation des compres- est présent :
sions médullaires et l'échographie pour celle du
• douleur spontanée ou provoquée sur la ligne
complexe ligamentaire postérieur [12] ont été des épineuses ;
proposés comme alternative à l'IRM en cas de • trouble neurologique ;
contre-indication. L'artériographie numérisée et
• trouble de la vigilance ;
l'écho-doppler sont rarement pratiqués chez le
• signe d'intoxication ;
traumatisé du rachis. En revanche, l'angio-IRM et
• présence d'un élément traumatique « pertur-
surtout l'angio-CT peuvent être réalisées dans le
bateur »*.
même temps que l'exploration osseuse et ner-
veuse, au prix de quelques minutes supplémen- * Éléments perturbateurs : fracture des os longs, traumatisme
viscéral, délabrement, crush syndrome, brûlure, inaptitude du
taires d'acquisition ou de post-traitement, et malade à préciser un autre traumatisme.
d'une injection de produit de contraste.
54 Notions de bases fondamentales
Non
Oui
Oui
*Mécanisme lésionnel dangereux
Pas de radio graphies Chute de plus de 1 mètre / 5 marches
Traumatisme axial de la tête / plongeon
AVP à haute vélocité / tonneaux / éjection
Piéton / cycliste / renversés par une voiture
En milieu hospitalier, le bénéfice est substantiel. moyen 43 ans et sex-ratio de 1,6 homme pour
L'économie moyenne en temps et en film est respec- 1 femme [15]. Les mécanismes les plus souvent
tivement de 50 % et 25 %. La règle NEXUS n'est invoqués sont les accidents de la voie publique, les
malheureusement pas applicable au rachis thoraco- chutes de lieu élevé, les accidents sportifs. Les
lombaire [19, 20] : une des raisons principales est lésions surviennent généralement sur un rachis sain
l'enfouissement des corps vertébraux et le rôle pro- ou indemne de toute affection fragilisante. La fré-
tecteur des masses musculaires paravertébrales qui quence des lésions est nettement plus élevée que
expliquent une moindre sensibilité à la douleur des précédemment. Elle est proportionnelle à la sévérité
processus épineux. Nous proposons donc comme du traumatisme et évolue entre 3 et 25 % pour les
bilan des traumatismes rachidiens mineurs : traumatismes les plus violents. La sensibilité de la
• des radiographies (face et profil) systématiques radiographie chute à 52 % à l'étage cervical [1]. Le
pour le rachis thoracolombaire ; risque d'erreur augmente : sont principalement
• des radiographies (face, profil, face bouche concernées, les atteintes des charnières – cervico-
ouverte et éventuellement obliques droit et occipitale et cervicothoracique – et les lésions mul-
gauche) du rachis cervical uniquement si les règles tiples [21]. Les radiographies standard ne sont donc
de prédiction cliniques sont positives. plus adaptées à cette situation et leur suppression au
profit du scanner est pleinement justifiée. La proba-
bilité d'une lésion cervicale instable en présence
Traumatisme majeur sans troubles d'un scanner normal est inférieure à 1 %, bien que
neurologiques les IRM réalisées à titre systématique aient révélé
dans ce cas entre 5,2 et 44,2 % de lésions occultes
Les traumatismes à moyenne et haute énergie [22–25]. En pratique, une IRM de contrôle peut
touchent essentiellement les adultes jeunes : âge être envisagée chez le patient confus. Chez le patient
Chapitre 3. Outils et stratégie d'exploration 55
alerte non neurologique, on se contentera d'une patient est trop chronophage et ne peut que
radiographie debout du rachis cervical de profil sans conduire, compte tenu des lésions vitales, à une
collier à la recherche d'une subluxation [4]. perte de chance. On se contentera donc de suivre les
conseils des guides des bonnes pratiques réalisant
uniquement une radiographie du rachis cervical de
Traumatisme rachidien profil pour éliminer une luxation, une radiographie
avec troubles neurologiques du thorax, dans l'espoir d'y découvrir notamment
un fuseau paravertébral, et une radiographie du bas-
Les traumatismes médullaires sont des urgences thé-
sin englobant éventuellement le rachis lombaire.
rapeutiques. Le but de l'imagerie est triple : préciser
un niveau lésionnel (cervical, thoracique, lombaire), Si le patient est stable, les radiographies du rachis
dégager une indication chirurgicale (décompression, sont inutiles. Celui-ci sera analysé sur l'exploration
réduction, fixation), dépister une cause favorisante scanographique corps entier justifiée par ailleurs. La
(myélopathie cervicarthrosique, étroitesse canalaire résolution des images est suffisante et ne justifie pas
constitutionnelle, etc..). La place de la radiographie une acquisition spécifique supplémentaire sur le
conventionnelle est restreinte. Une radiographie de rachis [26]. Le rachis du polytraumatisé suit en
profil au lit du patient à la recherche d'une luxation principe la règle du tout ou rien. Si le scanner du
cervicale peut s'avérer bénéfique et suffisante pour rachis est strictement normal, le risque de lésion ins-
une réduction en urgence. Encore faut-il que les cir- table est quasi nul et il n'y a pas lieu de compléter le
constances cliniques soient favorables (patient peu bilan. Pour autant, il ne faut jamais sous-estimer les
corpulent, cou long, épaules tombantes). La prise en lésions mineures. Une fracture–avulsion d'un listel
charge des traumatismes rachidiens avec troubles marginal peut être le témoin d'une entorse grave ou
neurologiques revient de droit à l'IRM. En pratique d'une luxation spontanément réduite (fig. 3.13).
et pour ne pas retarder une décompression médul- Une fracture d'un processus épineux doit évoquer
laire en urgence (acte chirurgical reconnu à ce jour une atteinte du complexe ligamentaire postérieur.
comme seul facteur évolutif favorable s'il est réalisé Une fracture d'un processus transversaire accom-
avant la 6e heure), le scanner sera réalisé en première pagne une fois sur deux une lésion viscérale.
intention : il est d'accès facile, sa durée d'exploration
est courte, il identifie facilement le niveau lésionnel.
L'IRM ne modifiant pas le pronostic ne sera réalisé Traumatismes de l'enfant
qu'en seconde intention, si le temps le permet ou si le et de l'adolescent
scanner est normal. Le bilan des lésions plexuelles
sera programmé en fonction des données de l'élec- La colonne vertébrale de l'enfant est, contrairement
tromyogramme en général vers le 3e mois. au névraxe précocement proche de celui l'adulte,
constamment en croissance. Dès la petite enfance,
Polytraumatisé elle a une élongabilité physiologique environ dix
fois supérieure à celle du cordon médullaire, avec
Le polytraumatisé est par définition un blessé présen- pour conséquence immédiate une forte proportion
tant plusieurs lésions dont une au moins met en jeu le de traumatisme médullaire sans lésion osseuse évi-
pronostic vital à court ou moyen terme. L'atteinte dente. Comparée à celle de l'adulte, sa fréquence
rachidienne doit être évoquée de principe mais si les varie du simple au triple [27–31].
atteintes viscérales sont prioritaires. Dans un premier Le bilan et la nature des lésions rachidiennes varient
temps, on se contentera de : mettre la moelle épinière selon le stade de maturation vertébrale. On dis-
en sécurité, respecter l'alignement tête–cou–tronc, tingue schématiquement trois groupes d'âge :
mettre en place un collier et éviter toute mobilisation • le groupe I, entre 0 et 2 ans, concerne les trauma-
intempestive. L'exploration du rachis sera mise en tismes obstétricaux et le syndrome des enfants
route dès que possible et portera systématiquement battus. On y observe les lésions des physes et des
sur toute la colonne vertébrale. En pratique, c'est le synchondroses ;
tableau clinique qui dicte la conduite à tenir. • le groupe II, entre 3 et 8 ans, concentre les lésions
Si le patient est instable, cet objectif est irréaliste en de la charnière cervico-occipitale (fracture de la
urgence. Faire des radiographies du rachis au lit du dent de l'atlas, fracture de Jefferson, fracture des
56 Notions de bases fondamentales
pédicules de l'axis, luxations rotatoires) et les ciles à immobiliser, clichés de qualité souvent
lésions du rachis cervical moyen ; médiocre et dont la répétition majore inutilement
• le groupe III, entre 6 et 19 ans, regroupe les lésions l'irradiation, extrême rareté des fractures de Jefferson
du rachis cervical inférieur et thoracolombaire. et de l'apophyse odontoïde dans cette tranche d'âge.
Les règles de prescription clinique du National Le scanner n'est pas indiqué avant 5 ans si les radio-
Emergency X-Radiography Utilization Study graphies initiales sont normales, en particulier pour le
(NEXUS) ou de la Canadian-Cervical Spine Rule rachis cervical [34]. L'IRM est naturellement incon-
(C-CSR) peuvent être appliquées sans crainte dès tournable dans les traumatismes médullaires à radio-
5–6 ans [18]. Le bilan radiographique comprend, graphie normale (Sciwora – spinal cord injury without
quels que soient l'âge et la topographie, deux inci- obvious radiological abnormality) ou scanner normal
dences orthogonales de face et de profil. L'incidence (Sciworet – spinal cord injury without objective evi-
de face « bouche ouverte » de la charnière cervico- dence of trauma). Elle complète le scanner en cas de
occipitale n'est pas recommandée avant 5 ans doute sur l'intégrité des structures discoligamentaires
[32, 33]. Les raisons sont multiples : enfants diffi- ou si on suspecte une atteinte des synchondroses.
Chapitre 3. Outils et stratégie d'exploration 57
[29] Pang D, Pollack IF. Spinal cord injury without radio [32] Buhs C, et al. The pediatric trauma C-spine : is the « odon-
graphic abnormality in children - the Sciwora syndrome. toid » view necessary ? J Pediatr Surg 2000 ; 35(6) : 994–7.
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[31] Turgut M, et al. Spinal injuries in the pediatric age [35] Irwin ZN, et al. Variations in injury patterns, treat-
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bral column injuries. Eur Spine J 1996 ; 5(3) : adult versus geriatric patients. Spine 2004 ; 29(7) :
148–52. 796–802.
II
Traumatismes
du rachis sain
Plan de la partie
Traumatisme de la charnière cervico-occipitale 63
Traumatisme du rachis cervical moyen et inférieur 83
Traumatisme du rachis thoracolombaire-sacré 103
IRM des traumatismes du rachis et de la moelle épinière 127
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Chapitre 4
Traumatisme de la charnière
cervico-occipitale
J.-C. Dosch
Traumatologie du rachis
© 2012 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés
64 Traumatismes du rachis sain
a b c
a b c
Fig. 4.2 Fracture type II du condyle occipital.
Les reformations multiplanaires montrent l'extension antérieure du trait de fracture autour du foramen magnum.
a b
c d
Fig. 4.4 Fracture de Jefferson à quatre fragments.
Solutions de continuité paires et symétriques affectant les arcs antérieur (b, c) et postérieur (d). Importante luxation divergente des
masses latérales traduisant une rupture du ligament transverse (a).
66 Traumatismes du rachis sain
mesurés sur une radiographie de face bouche scanner précise la topographie et l'orientation des
ouverte est supérieure ou égale à 7 mm – signe de solutions de continuité. La fracture peut être unifo-
Spence (fig. 4.6). Quoi qu'il en soit, une explora- cale séparant la masse en deux fragments de taille
tion en coupe s'impose pour le bilan des lésions variable ou comminutive et affecter l'insertion du
osseuse (CT) et/ou ligamentaire (IRM). Le traite- ligament transverse. Le traitement est presque tou-
ment dépend classiquement de l'état du ligament jours orthopédique.
transverse : orthopédique si le ligament est intact
(lésion stable), chirurgical s'il est rompu ou avulsé
(lésion instable). Des observations récentes ont Fracture de Ramon-Soler
toutefois démontré chez ces dernières qu'une
La fracture à trait horizontal de l'arc antérieur de
consolidation sans arthrodèse était possible sans ins-
l'atlas (fig. 4.7) a été décrite par Ramon-Soler [13].
tabilité résiduelle ou préjudice fonctionnel, ce qui
Il s'agit d'une lésion soit par avulsion dans un mou-
laisse entrevoir un rôle de stabilisateur secondaire
vement d'hyperextension, soit par cisaillement lors
aux articulations atloïdo-axoïdiennes.
d'une impaction de la dent contre la face posté-
rieure de l'arc antérieur. Le trait de fracture siège
Fracture isolée d'une masse latérale
volontiers entre le ligament occipito-atloïdien et le
Cette lésion est considérée comme rare, voire ligament atloïdo-axoïdien, ou en regard de l'inser-
exceptionnelle [11]. Pourtant Gehweiler [8] et tion du tendon du muscle long du cou. Il est facile-
bien plus tard Dickman [12] ont constaté qu'elle ment identifiable sur une radiographie de profil
était presque aussi fréquente que la fracture de strict. La lésion peut être unique ou accompagner
Jefferson. Ce paradoxe est certainement entretenu selon le cas une fracture de l'apophyse odontoïde
par l'absence de publications voire le manque d'in- (fig. 4.8), une fracture en tear drop de l'axis, une
térêt pour une lésion sans gravité et de bon pronos- luxation craniovertébrale, voire une fracture–
tic. Le mécanisme est celui d'une compression séparation d'un processus articulaire du rachis cer-
axiale asymétrique ou d'inclinaison latérale. Le vical sous-jacent (fig. 4.9).
Chapitre 4. Traumatisme de la charnière cervico-occipitale 67
10e jour. Pour certains, la solution repose sur les cli- fracture aux surfaces articulaires des masses latérales.
chés dynamiques en flexion–extension en milieu Les modifications concernent surtout les types II où
radio-chirugical (voir fig. 4.14), pour d'autres sur il introduit des sous-groupes reprenant peu ou prou
l'exploration IRM systématique des ligaments ver- les données de Roy-Camille. Le sous-type A est une
tébraux communs antérieur et postérieur. fracture transversale sans comminution avec un
déplacement initial inférieur à 1 mm. Au vue des
Classification de Grauer données cliniques, cette lésion est considérée comme
Grauer, considérant l'imprécision entre fracture de la stable. Le sous-type B est une fracture de type OBAR
base et fracture irradiant dans le corps de C2 d'une à instabilité postérieure (fig. 4.16). Le sous-type C
part, l'absence de prise en compte des facteurs d'ins- est une fracture de type OBAV, voire une fracture
tabilité d'autre part, propose de modifier la classifica- avec une comminution antéro-inférieur pouvant
tion d'Anderson [18]. La différence entre type II et s'étendre dans le corps vertébral de l'axis mais res-
type III réside dans l'extension ou non du trait de pectant les masses latérales.
72 Traumatismes du rachis sain
assume la transition d'un système de deux à trois rupture par traction du disque et des ligaments lon-
colonnes. Dans ce système transitionnel, les pédi- gitudinaux en C2–C3. À l'inverse, une position
cules anatomiques ne répondent plus, comme pour latérale ne peut procurer la mort que par asphyxie.
les autres vertèbres, à la jonction corps vertébral– Dans les accidents de la circulation, circonstance
arc neural, mais à l'insertion des masses latérales. retrouvée dans plus de deux tiers de cas, on invoque
Pour l'axis, cette jonction correspond à l'isthme une hyperextension suivie d'un mécanisme en com-
séparant deux surfaces articulaires, les masses laté- pression axiale : exemple classique du passager
rales en avant, les processus articulaires en arrière. avant dont la face vient s'écraser contre le
Le terme de fracture des pédicules est donc pare-brise.
impropre et devrait être remplacé par fracture des
Classification d'Effendi
isthmes ou spondylolyse traumatique de l'axis. Le
mécanisme de cette fracture dépend de l'aspect Effendi classe ces fractures selon l'état du disque et
radiologique. Dans la majorité des cas, on incri- des articulations intervertébrales C2–C3, en trois
mine un traumatisme en hyperextension. Dans les types (fig. 4.17) [19].
condamnations à mort par pendaison, la position Le type I est une lésion purement osseuse sans
du nœud est déterminante. Une position sous- atteinte discale ou interarticulaire. Cette lésion est
mentonnière provoque une fracture bilatérale des stable et ne présente donc aucun risque de déplace-
isthmes. Le décès survient secondairement après ment secondaire (fig. 4.18).
Le type II est une fracture bipédiculaire associée à évaluée selon les critères de White et Panjabi en
une atteinte discale responsable d'un déplacement termes de translation et d'angulation. L'atteinte
du corps vertébral en flexion, en extension ou en des ligaments est attestée en présence d'un bâille-
translation (fig. 4.19). ment discal antérieur pour le LLA ou postérieur
Le type III est une fracture bipédiculaire avec pour le LLP. Il propose une classification en quatre
atteinte discale et interapophysaire postérieure stades avec des mécanismes différents pour chacun
(fig. 4.20). Le corps vertébral présente tou- d'entre eux.
jours un déplacement en flexion. La luxation Le type I fait suite à un traumatisme unique en
postérieure peut être complète ou incomplète. hyperextension et compression axiale. Il comprend
Pour Effendi, le mouvement d'hyperflexion toutes les fractures peu ou non déplacées (fig. 4.18).
responsable de la luxation ne peut précéder L'angulation est normale et la translation antérieure
l'hyperextension. ne dépasse jamais 3 mm. La lésion est stable. Les
clichés dynamiques réalisés en l'absence de troubles
Classification de Levine neurologiques ne révèlent pas de déplacement
Levine [20], instruit de la classification d'Effendi anormal.
et enrichi de son expérience personnelle, introduit Le type II fait suite à un traumatisme en balancier
dans le bilan l'état des ligaments longitudinaux avec hyperextension en compression axiale initiant
antérieur (LLA) et postérieur (LLP) dans leur la fracture suivie d'une flexion–compression engen-
fonction de frein au déplacement à la manière des drant le déplacement (fig. 4.19). Les lésions discoli-
ligaments croisés du genou. L'atteinte discale est gamentaires s'étendent de l'arrière vers l'avant. Les
Fig. 4.18 Fracture des pédicules de C2 : fracture de type I sans lésion discale.
a, b, c. Siège classique des traits de fracture en regard de l'apophyse articulaire supérieure de C3.
d. Intégrité des parties molles prévertébrales.
e. Les reformations para-axiales faites dans le plan de l'arc neural montrent une topographie symétrique des solutions de continuité.
Chapitre 4. Traumatisme de la charnière cervico-occipitale 75
Fig. 4.19 Fracture des pédicules de C2 : fracture de type II avec atteinte discale.
La radiographie initiale (a) montre un bâillement discal postérieur et la présence de clarté aérique dans les parties molles prévertébrales
en rapport avec une rupture des voies aériennes supérieures. Apparition d'un déplacement secondaire à la 3e semaine malgré la mise
en route d'un traitement orthopédique (b).
Diagnostic radiologique
Le diagnostic est généralement facile à établir
sur une radiographie de profil. Les solutions de
continuité siègent généralement en regard de la
pointe de l'apophyse articulaire supérieure de
C3. Une topographie plus antérieure dans le
corps vertébral interrompt la partie postérieure
Fig. 4.20 Fracture des pédicules de C2 : fracture de type III
de l'anneau de Harris (fig. 4.21). Le scanner
avec luxation interapophysaire C2–C3.
Notez le volumineux hématome des parties molles préverté- localise parfaitement le siège des fractures sur
brales et la fracture concomitante de l'arc postérieur de l'atlas. l'arc neural, leur caractère symétrique ou asymé-
trique. Les lésions associées sont fréquentes.
Elles concernent l'atlas pour les lésions de type I,
valeurs moyennes de translation et d'angulation
le rachis cervical sous-jacent pour les types II et
sont respectivement de 5 mm et 11°. Le LLP est
III. Une dislocation rotatoire C1–C2 complique
rompu ou distendu. Le LLA, le complexe ligamen-
volontiers les fractures asymétriques (fig. 4.22).
taire postérieur et les capsules articulaires restent
L'IRM remplace utilement les radiographies en
intactes.
flexion–extension pour le bilan des lésions disco-
Le type IIa est une variante du groupe II avec un ligamentaires (fig. 4.23).
second temps non pas en flexion–compression mais
en hyperflexion–traction. Il se caractérise par une Fracture du corps
angulation antérieure supérieure à 20° et une absence Les fractures du corps de l'axis représentent environ
de translation. Les lésions discoligamentaires sont 10 % des fractures de la jonction craniocervicale
plus sévères et contre-indiquent la traction. [21]. Le trait de fracture siège soit dans le plan fron-
Le type III est à nouveau un traumatisme unique. Il tal soit dans le plan sagittal (fig. 4.24). Il conditionne
associe lésion discoligamentaire et luxation inter l'aspect radiologique [22, 23]. L'épidémiologie de
76 Traumatismes du rachis sain
Fig. 4.21 Fracture des pédicules de C2 : fracture de type I associée à une fracture de Jefferson.
Trait de fracture pédiculaire de topographie très antérieure dans le corps vertébral (b). Sur la radiographie de profil (a), il détache la partie
postérieure de l'anneau de Harris (tête de flèche). L'hématome des parties molles prévertébrales (✽) est en rapport avec la fracture de
Jefferson : deux traits sur l'arc antérieur (c) et un trait sur l'arc postérieur (flèche) immédiatement en arrière de la masse latérale (a).
a b c
Fig. 5.1 Tassement cunéiforme de C6.
a. La radiographie de profil (a) montre une perte de hauteur du mur antérieur.
b, c. Intégrité du mur postérieur (b) et des ligaments jaunes (c).
a b
Fig. 5.2 Burst fracture de C7.
Éclatement antéropostérieur du plateau supérieur de C7 (a) et compression médullaire par un fragment osseux intracanalaire (b).
c'est-à-dire les processus articulaires, sont tou- • le stade 2 avec fracture sagittale complète sans
jours intacts ; déplacement postérieur ;
• une atteinte discoligamentaire. En cas de tétra • le stade 3 reprenant le stade 2 avec un déplace-
plégie, elle concerne tout le segment mobile ment postérieur modéré et une cyphose inférieure
rachidien. À ce stade, l'IRM n'est pas indispen- à 20° ;
sable. Au contraire, elle peut s'avérer délétère • le stade 4, le plus abouti, avec déplacement
pour la moelle si sa mise en œuvre retarde la postérieur important et cyphose supérieure à
décompression médullaire et la fixation chirurgi- 20° englobant toutes les lésions que nous avons
cale. En l'absence de troubles neurologiques ou décrites précédemment. À ce stade, on retrouve
en cas de troubles mineurs, elle permet un bilan souvent sur le corps vertébral, en plus du frag-
exhaustif des lésions comprenant selon le cas une ment triangulaire et de la fracture sagittale, un
déchirure discale ou des ruptures du ligament lon- discret tassement cunéiforme antérieur.
gitudinal postérieur, des ligaments jaunes et/ou La tear drop fracture est comme nous venons de le
interépineux, des capsules articulaires (fig. 5.4) ; voir une lésion particulièrement grave. Le scanner
• une atteinte médullaire dont la nature – contu- suffit généralement au diagnostic. L'IRM est sur-
sion, hématome ou section – va conditionner le tout indiquée dans les formes sans troubles neuro
pronostic. logiques. Le diagnostic différentiel comprend la
Fuentes distingue quatre stades selon l'importance burst fracture et la fracture–avulsion par hyper
des lésions associées au fragment triangulaire [13] à extension. La première est une fracture comminu-
savoir : tive caractérisée par un tassement global affectant
• le stade 1 avec une fracture sagittale incomplète systématiquement la hauteur du mur postérieur. La
ou occulte ; seconde est décrite ci-dessous.
2 3
a c
Fig. 5.3 Tear drop fracture de C5 (stade 3).
a. La radiographie de profil (a) montre le fragment triangulaire dans l'alignement du mur vertébral sous-jacent, et le recul en bloc du mur
postérieur dans le canal rachidien.
b, c. Les coupes scanographiques axiales passant par le plateau supérieur (b) et le fragment triangulaire (c) révèlent un trait de fracture
sagittal. Aspect typique de la fracture en T avec trois fragments (c). Notez également les fractures de l'arc postérieur suite à l'éclate-
ment transversal de la vertèbre.
Chapitre 5. Traumatisme du rachis cervical moyen et inférieur 87
a b c d
Fig. 5.4 Tear drop fracture de C5 avec contusion médullaire.
a. Image en goutte bien visible sur la radiographie de profil.
b, c, d. Les coupes IRM sagittales en pondération T1 (b) et T2 (c, d) démontrent en regard du corps vertébral une contusion médullaire,
une rupture du ligament jaune (*) et une déchirure discale. Notez l'incongruence interapophysaire liée au recul du corps vertébral
(flèches blanches).
a b
Fig. 5.5 Lésions par traction–flexion.
a. Dans les entorses, bénignes ou graves, le pivot ou axe de rotation coïncide avec le centre de mobilité vertébrale.
b. Dans les luxations de type accroché (vertèbre bleue) ou pointe–pointe (vertèbre rouge), le pivot apparaît déporté vers l'avant.
88 Traumatismes du rachis sain
a b
Fig. 5.6 Entorse grave C5–C6 en flexion.
a. La radiographie de profil pratiquée en urgence montre un discret bâillement interépineux en C5–C6.
b. Le cliché en flexion réalisé au 8e jour confirme le diagnostic d'entorse grave : subluxation articulaire supérieure à 50 %, angulation
intervertébrale de plus de 11° avec discret glissement antérieur.
Chapitre 5. Traumatisme du rachis cervical moyen et inférieur 89
a b c
Fig. 5.7 Luxation C4–C5, sur rachis arthrosique.
Accident de rugby chez un jeune sportif de 17 ans.
a. La coupe scanographique sagittale médiane révèle des avulsions du listel vertébral postéro-inférieur de C4 et antérosupérieur de C5.
b, c. L'IRM démontre l'atteinte du segment mobile rachidien : déchirure discale, rupture des ligaments jaunes et suffusion hématique
dans l'espace interépineux.
(fig. 5.8). Les mécanismes les plus souvent en cause vent des lésions osseuses associées : fracture–avulsion
sont les AVP et les chutes. Le diagnostic ne pose pas du listel antérosupérieur de la vertèbre sous-jacente,
de problème. La perte complète des rapports articu- fractures des pointes des apophyses articulaires, lami-
laires peut être de type accroché (over the top) ou per- nectomie traumatique avec effet salvateur sur le cor-
ché (on the top), ce dernier ayant un moindre taux de don médullaire. L'IRM n'est pas indispensable voire
complications neurologiques et s'apparentant davan- contre-indiquée si sa mise en œuvre retarde la
tage aux entorses graves. Les luxations bilatérales décompression médullaire et la fixation chirurgicale.
sont comme les tear drop fractures des urgences Le pronostic des atteintes médullaires dépend du
chirurgicales. Le scanner fait en urgence montre sou- type de lésions (œdème, hémorragie, section).
90 Traumatismes du rachis sain
a b c
d e f i
Fig. 5.8 Luxation C4–C5.
Le bilan scanographique en coupes sagittales (a, b, c) et en reformation 3D transparente (d, e, f) montre une luxation accrochée du
côté droit et pointe–pointe du côté gauche. Les coupes axiales en fenêtre partie molle révèlent une disparition du V ligamentaire (h) par
comparaison à l'étage sus-jacent (g). Notez également sur la coupe axiale en fenêtre osseux passant par le disque, l'aspect typique
en deux demi-lunes inversées (half moon back to back facet) de la luxation accrochée à droite et les pertes de rapport entre le mur
postérieur et les processus semi-lunaires de la vertèbre sous-jacente (i).
a b c
d e f
Fig. 5.9 Entorse antérieure sur canal congénital étroit.
Contusion médullaire sur canal cervical étroit de type 1 par hypoplasie et transversalisation des lames (a, b, c) et de type 2 par raccour-
cissement et transversalisation des pédicules (d, e, f). Les IRM ne révèlent aucune atteinte discoligamentaire. Les modifications des
parties molles prévertébrales (d, e, f) témoignent d'un mécanisme en hyperextension.
trait de refend sagittal sur le corps vertébral. Le conducteur à l'arrêt heurté de plein fouet à l'arrière
complexe ligamentaire postérieur reste générale- par un autre véhicule. La Québec Task Force décrit
ment intact. Les clichés dynamiques montrent dans quatre stades cliniques :
ce cas une tendance au déplacement postérieur sur • stade 1 : cervicalgie isolée ;
le cliché en extension, tandis que les rapports restent • stade 2 : cervicalgie avec limitation des mouvements ;
normaux sur le cliché en flexion (fig. 5.12). La • stade 3 : cervicalgie avec troubles neurologiques ;
lésion est moyennement instable et dans la majorité • stade 4 : cervicalgie avec lésion radiologique à
des cas ne nécessite pas, contrairement aux tear drop type de fracture ou de luxation.
fractures et aux entorses graves en flexion, de fixa- Dans chaque stade, on peut retrouver des signes
tion chirurgicale. extrarachidiens à type de vertige, scotome, acou-
phène, nausée, céphalée, perte de mémoire, dyspha-
Whiplash injury
gie, etc. Les études expérimentales en cinématique
Le whiplash injury, ou coup du lapin, ne fait que montrent que le rachis cervical subit successivement
traduire un traumatisme par accélération du type une hyperextension du rachis cervical inférieur, une
92 Traumatismes du rachis sain
a b c d
Fig. 5.10 Entorse antérieure grave C4–C5 sur rachis arthrosique.
Les coupes sagittales comparatives du scanner (a, c) et de l'IRM en pondération STIR (b, d) montrent parfaitement la rupture discale
et l'atteinte interapophysaire postérieure. L'IRM confirme la rupture du ligament longitudinal antérieur.
a b c
d e f
Fig. 5.11 Tear drop fracture en extension de C3 sur hyperostose vertébrale.
Avulsion d'un fragment corporéal triangulaire associée à un épaississement des parties molles prévertébrales. L'avulsion est difficile-
ment identifiable sur la radiographie de profil (a) et sur l'IRM (d, e). Elle est évidente sur le scanner (b, c, f). Absence de refend sagittal
sur le corps vertébral (c, f). L'IRM révèle en outre un hypersignal du corps vertébral de C6 (e) en rapport avec une contusion osseuse.
Chapitre 5. Traumatisme du rachis cervical moyen et inférieur 93
a b c
Fig. 5.12 Tear drop fracture en extension de C3.
Discrète avulsion triangulaire du listel antéro-inférieur de C3. La lésion est stable en flexion (a) et en position indifférente (b). Minime
déplacement postérieur sur le cliché en extension (c).
hyperflexion de la charnière cervico-occipitale et, en l'alignement des anneaux pédiculaires sur l'inci-
fin de course, une hyperextension globale [18]. Si dence oblique controlatérale (fig. 5.14). Ce syn-
l'on excepte le stade 4, l'imagerie n'est malheureuse drome est en fait la traduction radiologique d'un
ment d'aucune utilité en dépit des recherches cli- spondylolisthésis rotatoire traumatique, quels que
niques qui visent à démontrer une atteinte soient les lésions ou les mécanismes incriminés :
ligamentaire, une atteinte des capsules postérieures l'instabilité pouvant être aiguë ou chronique d'ori-
ou une modification du centre instantané de rota- gine discoligamentaire, osseuse ou mixte.
tion [19, 20]. La consultation est souvent motivée par des névral-
gies cervicobrachiales d'apparition retardée. Dans
ce contexte, on ne peut qu'insister sur l'intérêt des
Lésions en rotation incidences obliques à la recherche d'un diastasis
uncovertébral unilatéral. Le diagnostic étiologique
Les traumatismes qui n'affectent qu'un seul des repose sur l'exploration scanographique et plus spé-
piliers de l'arc postérieur libèrent l'effet antirota- cifiquement sur les reformations de profil
toire du verrou cervical et créent par déviation des (fig. 5.15). L'IRM est recommandée pour appré-
contraintes mécaniques (fig. 5.13), un déplacement cier l'état du segment mobile rachidien en particu-
stéréotypé que nous avons publié et intitulé « le syn- lier en cas de lésions étagées (fig. 5.16). En effet,
drome de l'antélisthésis cervical latéralisé » [6]. Sa dans ces lésions à faible déplacement, une hernie
description repose sur les modifications propres à discale peut être tout à fait asymptomatique et ne
chacune des quatre incidences du rachis cervical et comprimer la moelle que secondairement lors des
comporte respectivement : une déviation du proces- manœuvres de réduction. Les lésions en rotation
sus épineux du côté de la lésion sur le cliché de face, que nous allons décrire sont particulièrement fré-
un antélisthésis modéré ou inférieur au quart de la quentes puisqu'elles totalisent presque à elles seules
largeur du plateau vertébral sur le cliché de profil, la moitié des lésions du rachis cervical moyen et
un bâillement uncovertébral pathognomonique sur inférieur avec un sexe ratio de deux à trois hommes
l'incidence oblique homolatérale, un décalage dans pour une femme.
94 Traumatismes du rachis sain
a b c
a b
c d
Fig. 5.14 Syndrome radiologique du spondylolisthésis cervical rotatoire.
Exemple d'un déplacement rotatoire dans le sens horaire (e). Le syndrome radiologique complet comprend un signe positif par inci-
dence, à savoir : un bâillement uncovertébral sur l'incidence oblique homolatérale (a), un décalage dans l'alignement des anneaux
pédiculaires sur l'incidence oblique controlatérale (b), une déviation du processus épineux du côté de la lésion sur le cliché de face (c),
un antélisthésis modéré sur le cliché de profil (d).
Chapitre 5. Traumatisme du rachis cervical moyen et inférieur 95
a c e
b d f
Fig. 5.15 Étiologie du spondylolisthésis cervical rotatoire.
a, b. Luxation unilatérale.
c, d. Fracture du massif articulaire.
e, f. Fracture–séparation du massif articulaire ou FSMA.
a b c
d e
Fig. 5.16 Lésions étagées.
a, b, c. Fractures étagées des processus articulaires gauches de C5 (a), C6 (b) et C7 (c).
d. Discret spondylolisthésis rotatoire en C6–C7.
e. Hernie discale sous-ligamentaire rétrocorporéale C6–C7.
96 Traumatismes du rachis sain
Luxation unilatérale et peuvent être de type accroché (on the top) ou per-
ché (over the top) (fig. 5.17). Ces luxations peuvent
Les luxations unilatérales représentent 4 % des provoquer un écrêtement de la pointe d'une apo-
lésions cervicales et 18 % des lésions en rotation. physe articulaire. Les luxations over the top se carac-
Elles succèdent à un mécanisme appuyé de type térisent par une sténose foraminale, une radiculalgie
flexion–rotation progressive, à la manière d'une clé présente dans 70 % des cas, un antélisthésis toujours
de bras. Comme les luxations bilatérales, elles prédo- supérieur à 4 mm, une possible avulsion du listel ver-
minent au rachis cervical inférieur (90 % en C6–C7) tébral antérosupérieur de la vertèbre sous-jacente.
a b c d
e f
Fig. 5.17 Luxation unilatérale droite C5–C6.
Les radiographies standard et les vues équivalentes en imagerie 3D de face (a, b) et de profil (c, d) montrent parfaitement la déviation
des apophyses épineuses et le désalignement des processus articulaires (flèches blanches). Les coupes scanographiques axiale (e) et
parasagittale droite (f) démontrent la luxation unilatérale de type accroché ou over the top.
Fracture du processus articulaire culalgie est présente dans 70 % des cas. Le listhésis
est rarement supérieur à 3 mm. Le scanner révèle
Les fractures du processus articulaire représentent plusieurs possibilités quant au siège et à l'orienta-
20 % des lésions cervicales et 52 % des lésions en tion de la solution de continuité.
rotation. Le mécanisme est une flexion–rotation
controlatérale à haute vélocité. En effet, 73 % de ces
Fracture apophysaire
fractures surviennent dans un contexte d'accident
de la voie publique avec choc frontal. Elles sont fré- Elles sont fréquentes au rachis cervical inférieur.
quemment associées à un traumatisme crânien, une La fracture de l'apophyse articulaire supérieure
fracture de la charnière cervico-occipitale. Une radi- mérite une mention spéciale. Elle peut dans son
Chapitre 5. Traumatisme du rachis cervical moyen et inférieur 97
a b c d
Fig. 5.19 Fracture d'une apophyse articulaire inférieure de C4.
a, b. La radiographie de profil (a) montre une esquille osseuse en projection de la lame (flèche) en rapport avec une fracture (b).
c, d. L'imagerie 3D précise la taille du fragment et la subluxation.
La taille du fragment osseux dépend de la topographie postérieur concerne la lame homolatérale (fig. 5.15e).
latérale, centrale ou médiale de la solution de conti- Isolé au sein de la vertèbre, le massif bascule vers
nuité (fig. 5.20). Le déplacement rotatoire est d'au- l'avant d'où cet aspect carré caractéristique de face
tant plus marqué que la fracture est médiale. décrit par Judet et Roy-Camille (fig. 5.21) [23]. Cette
lésion prédomine nettement en C5. La lésion discale
concerne huit fois sur dix le disque sous-jacent.
Fracture–séparation du massif Fuentes propose une classification anatomopatholo-
articulaire ou FSMA gique de cette fracture en quatre types :
• le type 1 est une lésion avec intégrité discale par
Ces fractures représentent 10 % des lésions cervicales prépondérance de la compression axiale sur un
et 30 % des lésions en rotation. Le mécanisme en cause rachis en position neutre ;
diffère des lésions précédentes. Il associe en intensité • le type 2 comporte une lésion discale et une rupture
variable la rotation, l'extension et la compression axiale du ligament longitudinal antérieur, sans déplacement
[22]. La FSMA est en réalité une fracture bifocale libé- initial, par prépondérance de l'hyperextension ;
rant en bloc le processus articulaire de ses attaches • le type 3 est un type 2 avec un spondylolisthésis
osseuses. Le trait antérieur passe par le pédicule, le trait de plus de 3 mm ;
a b
Fig. 5.20 Fractures sagittales du massif articulaire : deux patients différents.
a. Coupe scanographique axiale avec trait de fracture très médial.
b. Coupe axiale IRM en pondération STIR avec trait de fracture passant par le tiers moyen.
Chapitre 5. Traumatisme du rachis cervical moyen et inférieur 99
• le type 4 se caractérise par une double atteinte dis- tèbre sus-jacente. Le massif luxé peut dans ce cas
cale avec possibilité de luxation. reprendre une orientation verticale (fig. 5.22).
Cette classification rejoint peu ou prou celle que nous
avons proposée en fonction de l'aspect radiologique :
• le stade 1 est une lésion osseuse pure sans traduc-
tion radiologique. Le massif reste en place. Il Lésions osseuses mineures
s'agit le plus souvent d'une découverte fortuite au
scanner. La lésion est stable ; Elles concernent les fractures isolées des processus
• le stade 2 est une FSMA avec rupture des capsules épineux (fig. 5.23). L'exemple le plus classique est
articulaires autorisant uniquement la bascule du la clay shoveler's fracture ou fracture de fatigue du
massif. La radiographie de face montre le massif processus épineux de C7 [24]. Le trait de fracture
carré de face ; est à direction verticale, de topographie relative-
• le stade 3 est une FSMA avec atteinte discoliga- ment distale. Elles ne doivent pas être confondues
mentaire reproduisant le déplacement rotatoire avec les fractures spinolamaires où la solution de
stéréotypé décrit précédemment ; continuité de type horizontal doit faire craindre une
• le stade 4 correspond au stade ultime avec énu- lésion du processus articulaire ou du complexe liga-
cléation du massif articulaire en arrière de la ver- mentaire postérieur [25].
a b
Fig. 5.21 FSMA stade 4 de Fuentes.
Aspect caractéristique de massif carré de face (a) traduisant une bascule antérieure en bloc du massif. Celle-ci est bien mise en évi-
dence sur l'incidence oblique (b). Bâillement uncovertébral étagé traduisant une double atteinte discale.
a b
Fig. 5.22 FSMA stade 4 selon classification personnelle.
Luxation en bloc du processus articulaire (*) en dehors (a : flèches) et en arrière (b : flèches). Notez le trait de fracture pédiculaire sur
l'incidence oblique.
100 Traumatismes du rachis sain
a b c
Fig. 5.23 Fractures des processus épineux de C6 et de C7.
Les fractures sont de topographie distale (a). Elles épargnent les ligaments jaunes sur la coupe sagittale (b) et sur les coupes axiales
passant par C6–C7 (c) et C7–T1 (d).
[20] Anderson SE, et al. Are there cervical spine findings at [23] Judet J, et al. Fractures of the cervical spine : fracture-
MR imaging that are specific to acute symptomatic separation of the articular column. Rev Chir Orthop
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Reparatrice Appar Mot 1986 ; 72(6) : 435–40.
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Chapitre 6
Traumatisme du rachis
thoracolombaire-sacré
J.-C. Dosch
Description radiologique
Les lésions que nous décrivons sont présentées en
fonction de leur mécanisme et par ordre de gravité
croissante.
A M P
Lésions en compression
Les traumatismes en compression ne visent que les Fig. 6.1 Tassement cunéiforme.
Schéma de la répartition des forces. Les forces de compression
corps vertébraux soit la colonne antérieure de Louis
axiale (flèches descendantes) s'appliquent uniquement sur la
ou les colonnes antérieure et moyenne de Denis. Le colonne antérieure de Denis (A). Colonne moyenne (M). Colonne
disque plus résistant à la compression que le corps postérieure (P).
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104 Traumatismes du rachis sain
constamment intact. La cyphose osseuse déterminée à Le tassement cunéiforme antérieur est une lésion
partir de l'angle formé par les plateaux vertébraux ne bénigne, au pronostic favorable sous traitement
peut dépasser 15 à 20°, des valeurs supérieures n'étant fonctionnel.
plus compatibles avec une intégrité ligamentaire pos-
térieure. La radiographie de face reste normale sauf si
Fracture–séparation en diabolo
le tassement s'accompagne d'une composante latérale
en inflexion. On vérifiera de principe l'absence d'écart Les forces de compression axiale sont concentrées
interépineux en faveur d'une lésion par traction. Le sur le nucléus pulposus (fig. 6.4). Elles vont, à la
scanner confirmera l'intégrité du mur postérieur, de manière d'un coup de hache, fendre le corps verté-
l'arc postérieur, des ligaments jaunes sus- et sous- bral de haut en bas. L'orientation du trait de frac-
jacents (fig. 6.2 et 6.3). L'IRM n'est pas indiquée ture suit le mouvement du coup de hache. Elle est
pour le diagnostic positif. Elle confirme l'intégrité du sagittale si le coup est porté dans le plan médiolaté-
segment mobile rachidien. ral. Elle est coronale si le mouvement est porté de
Chapitre 6. Traumatisme du rachis thoracolombaire-sacré 105
Fig. 6.7 Fracture en diabolo : scanner en coupe axiale (a) et parasagittale (b).
Dysfonctionnement articulaire postérieur attesté par un diastasis interapophysaire (flèche noire).
Le scanner montre mieux que les radiographies l'at- morragie intradiscale, de hernie intra-osseuse, de
teinte du mur postérieur, la présence d'un fragment fissuration annulaire [6,7]. Le pronostic de ces
osseux dans le canal rachidien, le pourcentage de lésions discales reste à définir. Pour certains auteurs,
sténose canalaire (fig. 6.10). L'arc postérieur reste le pincement discal constaté sur les radiographies de
intact. Toutefois, et pour une augmentation fla- contrôle en cours ou en fin de traitement serait plus
grante de la distance interpédiculaire, il peut mettre lié à l'affaissement du plateau vertébral qu'à une
en évidence une fracture verticale plus ou moins dégénérescence précoce post-traumatique. En ce
déplacée sur la lame ou à la jonction spinolamaire. sens, leur présence ne constituerait donc pas un
L'IRM démontre que le tassement vertébral est argument pour une arthrodèse vertébrale immé-
souvent accompagné d'un hématome épidural anté- diate [8]. Une brèche durale est possible en pré-
rieur. Sur les vertèbres contiguës ou à distance, elle sence d'une bascule du coin postérosupérieur du
peut mettre en évidence des lésions occultes sous mur postérieur, d'une sténose canalaire supérieure à
forme de fractures trabéculaires (bone bruise edema). 50 %, ou si les écarts interpédiculaire et interlamaire
Elle confirme l'intégrité de la composante ligamen- sont respectivement supérieurs à 28 et 2 mm [9].
taire du segment mobile rachidien. Dans de rares Le traitement des burst fractures dépend de la cli-
cas, elle signale des anomalies discales à type d'hé- nique. Les troubles neurologiques sont des urgences
Chapitre 6. Traumatisme du rachis thoracolombaire-sacré 109
chirurgicales. Ils sont en rapport avec la sténose de l'intégrité des ligaments longitudinaux). Les
canalaire. À l'étage thoracique, leur sévérité est fragments osseux restés solidaires du disque vont
directement proportionnelle au degré de sténose. réintégrer leur position d'origine et diminuer la sté-
En l'absence de trouble neurologique, la réduction nose canalaire de plus d'un tiers. Des remodelages,
des déformations peut être obtenue par ligamento- avec restitution ad integrum des mensurations cana-
taxis sur cadre de Böhler (manœuvres de traction laires, sont possibles sous l'effet des battements du
dans l'axe ou en légère lordose autorisées en raison liquide cérébrospinal (fig. 6.11).
110 Traumatismes du rachis sain
Lésions par traction en flexion une luxation, avec pour signes cliniques d'appel des
lomboradiculalgies. Dans les rares observations que
Les lésions osseuses et/ou ligamentaires affectent nous avons pu colliger, le spondylolisthésis surve-
en premier lieu la colonne postérieure de Denis et nait dans un intervalle de 1 à 12 mois. À ce stade, on
gagnent progressivement de l'arrière vers l'avant la met souvent en évidence un syndesmophyte ou une
colonne moyenne puis antérieure. Ces lésions sont rétraction du ligament longitudinal antérieur entra-
par nature instables. Dans un contexte d'accident de vant toute possibilité de réduction manuelle
la voie publique, elles sont souvent associées à des (fig. 6.12). Le traitement de l'entorse grave lom-
lésions viscérales soit par décélération, soit par com- baire ne peut être que chirurgical. À notre connais-
pression appuyée. sance, il n'existe pas de cas publié au rachis
thoracique.
Entorse grave lombaire
Elle est nettement plus rare que l'entorse grave cer- Luxation intervertébrale
vicale. Elle a pour support anatomopathologique Le diagnostic repose sur la perte complète des rap-
une déchirure partielle par élongation du complexe ports articulaires postérieurs. Les lésions du corps
ligamentaire postérieur. Les radiographies initiales vertébral sont variables. Il est normal ou présente une
sont presque toujours normales. Certains signes lésion par avulsion du listel ou du plateau vertébral de
méritent cependant une attention particulière. De la vertèbre sous-jacente si la distraction est pure
profil, il faut l'évoquer en présence d'une fracture (fig. 6.13). Il présente un tassement cunéiforme en
oblique d'un processus épineux, d'une avulsion du cas de compression associée. Ces lésions se com-
listel vertébral antérosupérieur, d'un tassement portent comme des pièges si la luxation est spontané-
cunéiforme supérieure à 30°. De face, il faut y pen- ment ou partiellement réduite. C'est dire l'importance
ser systématiquement devant une augmentation de du scanner et surtout de l'IRM dans le bilan de ces
la distance interépineuse lombaire de plus de 7 mm lésions (fig. 6.14). Les arguments en faveur d'une
par rapport aux étages adjacents [10]. L'évolution lésion du complexe ligamentaire postérieur sont : de
naturelle de l'entorse grave conduit, par distension profil, un tassement cunéiforme de plus de 50 % avec
ligamentaire progressive, à une subluxation voire mur postérieur intact, un agrandissement de l'aire de
Chapitre 6. Traumatisme du rachis thoracolombaire-sacré 111
A M P
d
projection du foramen intervertébral, un diastasis vertébrale est, contrairement à l'entorse grave, une
interapophysaire ; de face, un écart interépineux lésion immédiatement instable. Son traitement est
excédant 7 mm par rapport aux étages adjacents, et chirurgical.
à l'étage thoracique une augmentation de l'espace
intercostal. En IRM, on retiendra en plus un œdème
Fracture de Chance
interépineux en pondération STIR, une rupture
capsulaire, ligamentaire (ligaments jaune, inter- et C'est une lésion purement osseuse. La vertèbre est cou-
surépineux) ou du fascia thoracolombaire. On pée en deux horizontalement, à la manière d'un coup
notera toutefois que la sensibilité et la spécificité de de faux. La solution de continuité débute sur le bord
ces signes IRM varient selon les structures anato- libre du processus épineux, s'étend progressivement
miques [11]. C'est pourquoi il convient de rester d'arrière en avant à travers les lames, les isthmes et les
prudent si l'IRM est normale, alors que les circons- pédicules avant d'atteindre le corps vertébral (fig. 6.15).
tances de l'accident et l'examen clinique plaident Il s'agit d'une lésion instable car la vertèbre peut s'ou-
pour un mécanisme en traction. La luxation inter- vrir comme un livre autour du mur antérieur.
Chapitre 6. Traumatisme du rachis thoracolombaire-sacré 113
a b
Fig. 6.17 Fracture de Chance de L1.
a. Augmentation caractéristique de la hauteur du mur postérieur (flèches).
b. Schéma correspondant montrant l'ouverture de la vertèbre autour d'un pivot centré sur la colonne antérieure de Denis.
Chapitre 6. Traumatisme du rachis thoracolombaire-sacré 115
si le point d'appui siège sur ou en arrière de la lésions des parties molles. Elle sous-estime les
colonne moyenne (fig. 6.21). Cette fracture commi- lésions osseuses de l'arc postérieur. Les anomalies
nutive a pour particularité de ne pas être accompa- pédiculaires sont plus discrètes. En pondération T2
gnée d'une fracture verticale sur la lame. ou STIR, elles varient entre un hypersignal homo-
Les pseudo-fractures de Chance sont des lésions gène de type œdémateux et une combinaison de
hautement instables. L'IRM ne modifie que rare- deux zones d'hypersignal entourant un hyposignal
ment les indications chirurgicales. Elle magnifie les de nature hématique ou image du sandwich [16].
Chapitre 6. Traumatisme du rachis thoracolombaire-sacré 117
Fig. 6.21 Seat-belt fracture : représentation schématique des différentes variétés de lésions du corps vertébral selon la position
du point d'appui.
a. Tassement cunéiforme si le point d'appui est en avant ou sur la colonne antérieure de Denis.
b. Cyphose de plus de 30° si le point d'appui siège entre les colonnes antérieure et moyenne.
c. Fracture comminutive de type burst si le point d'appui siège en arrière de la colonne moyenne.
Luxation inversée
Elle est l'apanage des fractures sur rachis enraidi soit
Fig. 6.22 Tear drop fracture par extension de L3.
par une hyperostose vertébrale engainante, soit par Le fragment triangulaire antéro-inférieur reste dans le prolonge-
une spondylarthropathie. Dans le premier cas, la ment du mur antérieur de la vertèbre sous-jacente.
lésion traumatique sera osseuse c'est-à-dire trans
corporéale, dans le second elle sera plutôt transdiscale. Lésions par cisaillement
Le diagnostic en urgence n'est pas toujours facile à
établir vu le handicap de ces patients et la difficulté à Il s'agit de lésions à très haute énergie, mettant sou-
obtenir des bilans radiographiques satisfaisants. Le vent en jeu le pronostic vital par les lésions associées
diagnostic est souvent retardé et posé au stade de au crâne, au thorax et/ou à l'abdomen. À l'étage
pseudarthrose. À ce stade, le risque de complications thoracique, elles sont souvent associées à une fracture
neurologiques est élevé. Le scanner et surtout l'IRM du sternum. Elles affectent systématiquement les
aggravent la confusion, car les images simulent tantôt trois colonnes de Denis avec un grand pourcentage
une infection tantôt une tumeur. Nous reviendrons de lésions neurologiques (fig. 6.23). Elles obéissent à
largement sur ces lésions au chapitre 10. un mécanisme de rotation combiné à un mécanisme
118 Traumatismes du rachis sain
Sténose canalaire
En pratique, on se contente de mesurer le diamètre
canalaire sagittal médian. Une réduction peut être
secondaire à un spondylolisthésis (mécanisme du
coupe-cigares) ou à la présence d'un fragment
osseux intraforaminal. Un recul du mur postérieur
avec sténose canalaire supérieure à 50 % est en règle
Fig. 6.29 Cyphoses vertébrales.
Cyphose osseuse (en rouge). Cyphose locorégionale ou angle associé à une bascule du coin postérosupérieur fai-
de Cobb (en jaune). sant craindre une rupture du ligament longitudinal
postérieur et une brèche durale. Ceci compromet
Tassement vertébral les possibilités de réduction par ligamentotaxis et
Le pourcentage de tassement du mur antérieur peut les chances de résorption par remodelage.
être apprécié de deux manières. Si le mur postérieur est
intact, il correspond au rapport de la hauteur du mur
antérieur sur celle du mur postérieur. Si le mur posté- De l'intérêt des classifications
rieur est lésé, il faut l'apprécier par rapport aux murs
antérieurs des vertèbres normales adjacentes selon la
Les classifications ont pour but d'aider le clinicien à
formule : R = [(H1 + H3)/2 − H2]/[(H1 + H3)/2]
poser les données du problème, oser un pronostic,
où H1, H2 et H3 représentent respectivement les hau-
proposer une assistance pour le meilleur choix thé-
teurs des mur antérieurs de la vertèbre sus-jacente, de la
rapeutique. Elles servent également de langage pour
vertèbre concernée par le traumatisme et de la vertèbre
évaluer les effets thérapeutiques, les suivis épidémio-
sous-jacente. On peut également utiliser la formule sim-
logiques, les mesures de prévention comme l'usage
plifiée où R = 1 − H2/[(H1 + H3)/2] (fig. 6.30).
de l'appui-tête dans les whiplash injuries ou les
modifications des ceintures de sécurité en réponse à
la profusion des seat-belt fractures. L'historique de
v1
ces classifications montre qu'elles n'ont cessé d'évo-
luer par regroupement pour ne retenir finalement
plus que trois mécanismes primaires.
v2
Leur acceptation est d'autant plus grande qu'elles
sont simples d'utilisation, facilement compréhen-
sibles, reproductibles.
v3
Classification historique
de Böhler [23]
Fig. 6.30 Tassement et sténose vertébrale. Böhler identifiait, sur des critères purement radio-
Pourcentage de tassement R = [(H1 + H3)/2 − H2]/[(H1 + H3)/2] graphiques sous forme de schémas particulièrement
= 1 − H2/[(H1 + H3)/2], H étant les hauteurs respectives des
murs antérieurs (en rouge).
illustratifs, cinq familles de fractures selon le type de
Pourcentage de sténose : même formule où D pour diamètre mécanisme : en flexion, extension, rotation, cisaille-
sagittal (en jaune) remplace la hauteur H. ment et compression axiale.
Chapitre 6. Traumatisme du rachis thoracolombaire-sacré 123
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Chapitre 7
IRM des traumatismes du rachis
et de la moelle épinière
J.-L. Dietemann, R. Sanda, M. Koob, A. Bogorin, S. Draghici, M. Abu Eid, J.-C. Dosch
Traumatologie du rachis
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128 Traumatismes du rachis sain
qu'ils apparaissent en décubitus, mais est habituelle- épinière (fig. 7.2). Le déplacement des fractures
ment peu performante pour visualiser directement peut être d'appréciation difficile au niveau de
les traits de fracture. La grande sensibilité de l'IRM l'odontoïde (fig. 7.3). En l'absence de déplacement
à l'œdème au niveau de l'os spongieux et des parties et de signes indirects, le diagnostic de fracture
molles paravertébrales (en signal hypo-intense en devient quasiment impossible (fig. 7.4). Les frac-
T1 et hyperintense en T2, notamment en T2 en tures de l'arc postérieur sont d'identification parti-
écho de gradient et en T2 STIR) apporte des argu- culièrement délicate avec possibilité de méconnaître
ments indirects en faveur d'une fracture ; les solu- certaines fractures instables, notamment en C1 et en
tions de continuité apparaissent par conséquent C2 [2]. La fracture de Chance se localise au niveau
hyperintenses en T2 (fig. 7.1). Les fractures commi- de la jonction thoracolombaire et se traduit par l'as-
nutives (ou fracture–éclatement, ou burst fracture) sociation d'anomalies osseuses (œdème sous-
s'accompagnent souvent, notamment au niveau de chondral corporéal antérosupérieur, œdème
la jonction thoracolombaire, d'un recul intracana- musculaire parasagittal étendu jusqu'au niveau
laire du mur vertébral postérieur, avec persistance sous-cutané, rupture du complexe ligamentaire pos-
d'une compression du fourreau dural et de la moelle térieur). La fracture horizontale du corps vertébral
se traduit par le signe du « sandwich » : hypo-inten- rachis. Le mécanisme du traumatisme tel qu'il est
sité en T2 de l'hématome fracturaire, entouré par déduit des modifications osseuses et des déplace-
une hyperintensité sus-jacente liée à l'œdème péri- ments oriente vers les lésions ligamentaires poten-
fracturaire ; cette fracture s'étend vers l'arc posté- tielles. Certains signes indirects (hématome
rieur [3]. L'analyse systématique du signal de l'os prévertébral, modifications de la morphologie et du
spongieux en T2 STIR démontre la grande fré- signal du disque intervertébral, élargissement de
quence des fractures « occultes » qui sont souvent l'interligne et épanchement liquidien zygapophy-
multifocales et parfois à distance de la lésion princi- saire, signal hyperintense en T2 STIR au niveau des
pale. Ces lésions correspondent à des microfractures parties molles postérieures) orientent vers une lésion
au niveau de l'os spongieux et se traduisent en T1 ligamentaire. La visualisation directe de la rupture
par un signal hypo-intense et en T2 STIR par un ligamentaire repose sur l'interruption de son signal
signal hyperintense au niveau de l'os spongieux hypo-intense (fig. 7.8). Il existe probablement des
d'un ou de plusieurs corps vertébraux, alors que la discontinuités physiologiques de signal au niveau
vertèbre ne présente aucune déformation et aucune des ligaments vertébraux (notamment longitudinal
fracture corticale identifiable en scanographie ; les antérieur) qui ne doivent pas être confondues avec
modifications du signal traduisent un œdème au des ruptures traumatiques, d'où l'importance des
niveau de l'os spongieux (fig. 7.5). L'IRM du rachis signes indirects.
dans sa totalité permet l'identification de lésions Les ruptures du ligament longitudinal antérieur
multifocales parfois ignorées par la scanographie, (LLA), qui est un élément important de la colonne
notamment en cas de lésion de l'os trabéculaire [4, antérieure constituée en outre par la moitié anté-
5]. Le signal hyperintense en T2 d'une fracture ne rieure du corps vertébral et du disque intervertébral,
doit pas être confondu avec celui d'une solution de sont principalement induites par les traumatismes en
continuité constitutionnelle (ex. : déhiscence congé- hyperextension. L'hématome prévertébral qui se tra-
nitale de l'arc antérieur de l'atlas) ou celui de veines duit par un élargissement des parties molles et qui
(ex. : veines du corps vertébral) (fig. 7.6 et 7.7). apparaît hyperintense en T2, iso- ou hyperintense en
T1 doit faire rechercher une discontinuité du LLA.
La possibilité de l'association à une rupture du disque
Lésions discoligamentaires intervertébral se traduit par une augmentation de la
hauteur de l'espace intersomatique associée à un
L'analyse des lésions discoligamentaires est fonda- signal hyperintense en T2. Une fracture corporéale
mentale et contribue à l'évaluation de la stabilité du en tear drop est classique. Des fractures associées au
Chapitre 7. IRM des traumatismes du rachis et de la moelle épinière 131
Fig. 7.6 Fracture bipédiculaire en C2 (hangman's fracture) associée à une déhiscence congénitale au niveau de l'arc antérieur
de l'atlas.
L'IRM en coupes axiales en T2 MEDIC® (a, b) démontre le signal hyperintense de la fracture bipédiculaire bilatérale (flèches en a) et de
la solution de continuité constitutionnelle de l'arc antérieur de l'atlas (flèche en b).
132 Traumatismes du rachis sain
Fig. 7.8 Rupture du ligament longitudinal antérieur dans le cadre d'un traumatisme en hyperextension avec contusion
médullaire.
L'IRM en coupe sagittale en T1 (a) note une interruption du signal hypo-intense du ligament longitudinal antérieur en C6–C7 (flèche).
L'IRM en coupes sagittales en T2 (b, c) note un signal hyperintense dans la zone de rupture ligamentaire (flèche). À noter un signal
hyperintense intramédullaire à hauteur de C6, en rapport avec une contusion (c : flèche). Un signal hyperintense prévertébral est noté
en T2 en C7 et Th1.
Chapitre 7. IRM des traumatismes du rachis et de la moelle épinière 133
Fig. 7.9 Luxation C4–C5 avec contusion médullaire et rupture ligamentaire postérieure.
La scanographie en coupes sagittales (a, b) visualise une luxation C4–C5, confirmée par l'IRM en coupes sagittales en T1 (c, d) et en
T2 (e, f). En T2 (e, f), l'IRM note une interruption ligamentaire postérieure – ligament jaune, ligament interépineux, ligament supra-épineux
(✽) – et un signal hyperintense intramédullaire en C4–C5 en rapport avec une contusion médullaire.
Fig. 7.12 Rupture du disque C6–C7 en rapport avec un traumatisme en hyperextension associée à une contusion médullaire.
L'IRM en coupe sagittale en T2 (a) note un signal hyperintense au sein du disque C6–C7, témoignant de sa rupture (flèche), alors que
le T1 sagittal (b) ne montre pas d'anomalie significative.
136 Traumatismes du rachis sain
Fig. 7.15 Hématome extradural « spontané » chez une patiente sous traitement anticoagulant et ayant fait une chute de sa hauteur.
L'IRM en coupes sagittales en T1 (a) et en T2 (b) note une compression du cône terminal par une lésion expansive épidurale postérieure
de signal hétérogène avec des zones hypo- et légèrement hyperintenses en T1, hyperintenses en T2 avec des foyers hypo-intenses et
un niveau liquide–liquide. L'IRM en coupes axiales en T2 en écho de gradient de type MEDIC® note un signal hétérogène avec cepen-
dant présence de plages hypo-intenses (c, d).
Lésions épidurales
Hématome épidural
Les hématomes épiduraux sont fréquents, associés à
des lésions osseuses et ligamentaires, mais ne déter-
minent que rarement une compression pathogène
de la moelle épinière. La faible adhérence de la
dure-mère du fourreau dural à la paroi ostéoliga-
mentaire du canal rachidien explique l'extension en
hauteur parfois marquée de l'hématome épidural
[25]. L'hématome à la phase hyperaiguë est iso-
intense en T1 par rapport au signal de la moelle épi-
nière, hyperintense en T2 en écho de spin avec un
signal proche de celui du LCS avec présence de
zones hypo-intenses en T2 en écho de gradient
(voir fig. 7.15). Au stade subaigu, l'hématome est
hyperintense en T1 et présente un signal mixte en
T2 en écho de spin avec des foyers hypo- et hyperin- Fig. 7.18 Fracture sur rachis rigide associée à un hématome
extradural postérieur.
tenses et un signal principalement hypo-intense en
L'IRM en coupe sagittale en T2 note un bâillement discal antérieur
T2 en écho de gradient (voir fig. 7.3). Un héma- (flèche). Une compression médullaire par un hématome épidural pos-
tome épidural peut compliquer une fracture sur térieur hypo-intense (✽) est identifiée et comprime la moelle épinière.
140 Traumatismes du rachis sain
Fig. 7.19 Contusion médullaire sur canal cervical étroit par un traumatisme en hyperextension, associée à une dissection de
l'artère vertébrale gauche.
a. L'IRM en coupe sagittale en T2 révèle une sténose canalaire modérée, un signal hyperintense au niveau de la moelle épinière en C5
et C6, en rapport avec une contusion. Notez l'important hématome prévertébral (✽).
b. La coupe scanographique après injection de contraste note l'absence de rehaussement de l'artère vertébrale gauche.
c. L'IRM en coupe axiale en T2 visualise un signal hyperintense de l'artère vertébrale gauche (flèche).
d. L'angio-IRM après injection de gadolinium confirme l'absence de visualisation de l'artère vertébrale gauche au niveau des segments
V2 et V3.
Chapitre 7. IRM des traumatismes du rachis et de la moelle épinière 141
Les traumatismes graves du rachis cervical sont fré- Les fractures sur vertèbres pathologiques (ostéo-
quemment associés à des lésions de l'artère verté- porose, myélome, métastases, tumeurs primitives)
brale. Les thromboses de l'artère vertébrale sont sont fréquentes, notamment chez les patients âgés.
notées dans 15 à 30 % des traumatismes graves du Elles surviennent après des traumatismes mineurs
rachis cervical ; elles résultent probablement d'une et posent souvent le problème de l'étiologie de la
dissection ; elles ne sont que rarement symptoma- fragilité vertébrale (processus bénin ou malin) qui
tiques. L'absence de flux au niveau d'une artère ver- conditionne le bilan étiologique et l'indication
tébrale doit faire réaliser une angio-IRM et/ou un thérapeutique. L'IRM occupe une place essen-
angioscanner ; le recours à l'angiographie par cathé- tielle pour différencier un tassement vertébral
térisme est exceptionnel (voir fig. 7.19) [29–33]. bénin (ostéoporose) d'un tassement malin (pro-
Les fractures sur rachis rigide (spondylarthrite anky- cessus tumoral en général secondaire, rarement
losante, maladie de Forestier) se traduisent par une primitif). Les tassements ostéoporotiques se tra-
fracture horizontale qui touche le corps vertébral et duisent cliniquement par des lombalgies, rarement
l'arc postérieur ; la solution de continuité peut inté- associées à des signes neurologiques, alors qu'en
resser le disque et les structures ligamentaires ossi- cas de tassement « malin » les lombalgies s'aggravent
fiées. La fracture est instable et peut se compliquer rapidement de complications neurologiques (radi-
de compression médullaire, parfois aggravée par un culalgie, syndrome de la queue-de-cheval ou
hématome épidural associé. L'instabilité chronique atteinte médullaire). La mise en évidence d'un tas-
induit une pseudarthrose inter- ou intrasomatique sement cunéiforme antérieur par la radiographie
avec lyse vertébrale, collections liquidiennes interso- standard ne permet souvent pas de différencier un
matiques, voire interépineuses et épidurales posté- tassement bénin d'un tassement malin ; la scano-
rieures. L'identification de la fracture peut être graphie oriente vers une lésion maligne en cas de
délicate en scanographie, notamment en cas de lyse vertébrale, notamment de la corticale du corps
rachis ostéoporotique et apparaît souvent plus facile vertébral et en cas d'extension du processus ostéo-
en IRM grâce à l'identification d'un signal horizon- lytique vers l'arc postérieur et d'extension tumo-
tal, hyperintense en T2 au travers du corps verté- rale vers les régions paravertébrales. L'IRM
bral, ou du disque, et de l'arc postérieur, ou des apporte souvent des informations pertinentes
ligaments postérieurs (fig. 7.18 et 7.20) [34–36]. pour le diagnostic différentiel entre tassement
bénin et malin. La mise en évidence d'un signal bénins et malins ; en effet, la diffusion de l'eau éva-
hyperintense en T1 et en T2 de type graisseux luée par l'ADC (apparent diffusion coefficient) est
signe sans ambiguïté un tassement ancien bénin. diminuée en cas de processus tumoral du fait de
En cas de tassement récent de moins de 2 mois, le l'hypercellularité et est augmentée en cas de frac-
signal hypo-intense en T1, hyperintense en T2, ture du fait de l'augmentation de l'eau libre liée à
notamment en T2 STIR, et la prise de contraste l'œdème [40]. La TEP au 18-FDG est efficace en
après injection de gadolinium peuvent évoquer un cas de doute diagnostique en IRM entre tumeur et
processus tumoral. La convexité du mur posté- ostéoporose [41]. Les diagnostics différentiels les
rieur avec compression du fourreau dural, l'at- plus délicats sont liés à l'existence d'un cancer
teinte pédiculaire et surtout des autres éléments de chez un patient ostéoporotique, une biopsie peut
l'arc postérieur, la présence d'une masse épidurale être indiquée en cas de doute.
et/ou paraspinale et la mise en évidence d'autres
localisations secondaires orientent vers un tasse-
ment malin. La compression du fourreau dural par Séquelles et complications tardives
le recul du coin postérosupérieur (plus rarement
postéro-inférieur) de la vertèbre pathologique, L'évaluation des séquelles neurologiques et l'appari-
l'identification d'un signal hypo-intense en bande tion de complications évolutives tardives reposent
sous le plateau vertébral, la persistance de zones de sur l'IRM ; des artéfacts induits par le matériel d'os-
signal normal au niveau de l'os spongieux du corps téosynthèse réduisent cependant les performances
vertébral, notamment au niveau des coins posté- de l'analyse du canal rachidien. La section complète
rieurs, et surtout l'identification d'un signal liqui- de la moelle épinière se traduit par une discontinuité
dien en T2 sous le plateau vertébral plaident en complète du cordon médullaire (fig. 7.22). À la
faveur d'un tassement ostéoporotique (fig. 7.21) phase séquellaire de la contusion médullaire, l'IRM
[37–39]. L'imagerie de diffusion a été proposée identifie, d'une part, une atrophie, des irrégularités
pour faciliter la différenciation des tassements et un déplacement de la moelle et, d'autre part, des
Fig. 7.21 Tassements vertébraux lombaires d'origine disco-ostéophytique révélés par des lombalgies après un traumatisme
rachidien mineur.
L'IRM, en coupes sagittales en T1 (a), T2 (b) et en scanographie (c), identifie des tassements ostéoporotiques anciens en L4, L2 et L1.
Ces derniers présentent un signal de nature graisseuse en T2 et surtout en T1. En L3 le corps vertébral apparaît hypo-intense en T1 ;
un signal de type liquidien est noté en T2 au sein du corps vertébral (flèche). Ce signal se localise au sein de traits de fracture clairement
démontrés en scanographie.
Chapitre 7. IRM des traumatismes du rachis et de la moelle épinière 143
anomalies de signal avec un signal hypo-intense en matiques atteint 4 % [44]. L'analyse du foyer de
SE T1 et hyperintense en SE T2, partiellement de contusion et la mise en évidence d'une cavité syringo-
nature liquidienne, et avec des foyers hypo-intenses myélique par l'IRM sont souvent gênées par les arté-
en T2 en écho de gradient en cas de séquelles facts induits par le matériel d'ostéosynthèse.
hémorragiques. Une sidérose médullaire sus- et/ou L'utilisation des séquences les moins sensibles à ce
sous-jacente est possible (voir fig. 7.17). type d'artéfacts est préconisée (séquences en T2 en
Le blocage de la circulation périmédullaire du LCS écho de spin rapide, T2 SPACE® ou CUBE®, T2
par une arachnoïdite, des kystes leptoméningés péri- STIR) ; les séquences en écho de gradient et les coupes
médullaires ou encore une compression d'origine avec FAT SAT sont à éviter.
osseuse induite autour du foyer de contusion et l'exis- Les séquelles ligamentaires au niveau de la charnière
tence d'une cavitation intramédullaire séquellaire, cervicocrânienne dans le cadre des whiplash injuries
parfois communicante avec l'espace sous-arachnoïdien, ont été l'objet de nombreuses publications et contro-
peuvent favoriser le développement d'une cavité syrin- verses ces dernières années. L'identification d'ano-
gomyélique sus- et/ou sous-jacente. Une aggravation malies de signal (signal hyperintense en T2 et en
tardive du tableau clinique, comme l'apparition de densité de proton) au sein des ligaments alaires et/ou
signes médullaires cervicaux chez un patient paraplé- transverses au décours d'un tel traumatisme traduirait
gique du fait d'une contusion de la moelle thoracique des lésions post-traumatiques [45–48]. Cependant,
ou du cône terminal, doit faire rechercher une syrin- plusieurs études démontrent que de telles anomalies
gomyélie post-traumatique ascendante développée à de signal s'observent chez des patients asymptoma-
distance du foyer de contusion initial (fig. 7.23) tiques ou qui présentent des cervicalgies chroniques
[42,43]. La fréquence des syringomyélies post-trau- sans antécédents traumatiques [49,50].
plus constant ; à la phase aiguë, l'IRM peut recon- direct au décours du bilan radiologique convention-
naître un œdème radiculaire [59,60]. nel et scanographique (luxations cervicales, fractures
comminutives associées à une luxation) ; en effet,
Indications de l'IRM une décompensation précoce améliore le pronostic
fonctionnel [1, 61–63]. L'IRM est surtout très utile
L'IRM est indispensable dans la plupart des lésions en cas de discordances entre la clinique et les don-
traumatiques rachidiennes associées à des signes nées radiologiques et scanographiques, notamment
neurologiques. Certaines situations d'urgence en cas de normalité de ces explorations (Sciwora).
conduisent cependant à un traitement chirurgical L'IRM identifie les lésions médullaires et des plexus
146 Traumatismes du rachis sain
cervicobrachial et lombo-sacré, apprécie leur gravité [14] Wang M, Dai Y, Han Y, Haacke EM, Dai J, Shi D.
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III
Particularités
liées à l'âge
et au terrain
Plan de la partie
Traumatisme de l’enfant 151
Diagnostic et prise en charge d’une fracture–tassement ostéoporotique 173
Fractures du rachis enraidi 187
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Chapitre 8
Traumatisme de l'enfant
M. Koob, J.-C. Dosch
Les traumatismes du rachis de l'enfant sont rares et ne source d'images pièges et rendent très souvent le
représentent que 1 à 10 % [1, 2] de tous les trauma- diagnostic de ces lésions traumatiques rachidiennes
tismes spinaux adultes et enfants confondus et seule- difficile en imagerie.
ment 2 à 3 % des fractures pédiatriques [3]. Le taux de
mortalité de ces lésions est cependant beaucoup plus
élevé que chez l'adulte surtout en raison de la plus Épidémiologie
grande fréquence de lésions cérébrales associées [2].
Les étiologies, la localisation, le type et le pronostic
Étiologie des traumatismes
des lésions sont différents de ceux l'adulte, et Les accidents de voiture représentent la cause la plus
dépendent de l'âge de l'enfant. En raison de facteurs fréquente de traumatismes, quels que soient le segment
anatomiques et biomécaniques, les enfants pré- rachidien concerné ou l'âge de l'enfant (36–54 %) [2].
sentent davantage de lésions ligamentaires que de Avant 8 ans, les autres causes sont dominées par les
lésions osseuses par rapport à l'adulte et le rachis chutes et les traumatismes minimes, avec plus rarement
cervical est le plus fréquemment touché. Pour les des traumatismes obstétricaux et des sévices. Après 8
mêmes raisons, les traumatismes de la moelle sans ans, le sport est le plus grand pourvoyeur de trauma-
lésion osseuse (Sciwora), les arrachements apophy- tismes, et les garçons sont les plus touchés.
saires, les fractures au travers des synchondroses, et
Des pathologies congénitales entraînant une insta-
la subluxation rotatoire C1–C2 sont des pathologies
bilité constitutionnelle comme le syndrome de
quasi exclusivement pédiatriques.
Down, la mucopolysaccharidose, le syndrome de
Le risque immédiat de ces traumatismes est bien évi- Marfan et l'achondroplasie favorisent la survenue
demment la lésion neurologique, immédiate ou d'une lésion principalement au niveau du rachis cer-
secondaire, qui survient dans 25 à 50 % des cas [4], vical après un traumatisme minime.
et qui est grave dans 1 % des cas [2]. À long terme,
il existe un risque de déformation rachidienne
secondaire en cas d'atteinte du listel, surtout pen- Mécanismes, lésions et stabilité
dant la période pubertaire.
Les mécanismes lésionnels sont identiques à ceux de
L'imagerie repose sur les radiographies convention- l'adulte. Ce sont des mouvements exagérés dans
nelles statiques et dynamiques, le scanner et l'IRM. l'axe du rachis (compression et distraction) ou dans
L'objectif principal est de reconnaître les lésions le plan transversal (translation et rotation). La com-
instables, à complication neurologique immédiate pression et la distraction peuvent se faire de manière
ou secondaire, en connaissant la possibilité de centrée ou excentrée, cette dernière se manifestant
lésions rachidiennes multiples. par une flexion d'un côté du pivot et une extension
Une bonne connaissance des aspects radiologiques de l'autre. Ces mécanismes peuvent être isolés, avec
propres à l'enfant est impérative. Les aspects évolu- des mécanismes élémentaires comme la compres-
tifs du rachis en croissance, les variantes de la nor- sion, la distraction, l'hyperflexion, l'hyperextension,
male et le manque de compliance de l'enfant sont la et la rotation mais sont plus fréquemment associés.
Traumatologie du rachis
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152 Particularités liées à l'âge et au terrain
Ces mécanismes lésionnels et l'énergie qui leur est Inversement devant un polytraumatisé comateux, il
associée sont étroitement liés aux circonstances du ne faudra pas sous-estimer la présence de lésions
traumatisme. Les lésions en compression surviennent rachidiennes, qui peuvent en raison de leur instabi-
principalement après une chute d'une hauteur et les lité entraîner des lésions neurologiques secondaires.
accidents de sport, surtout de natation. Les lésions les
plus sévères, comme les burst fractures, les compres-
sions latérales, la rotation, la flexion et la distraction, Radiographies conventionnelles
nécessitent des traumatismes de haute énergie comme Elles sont souvent réalisées en première intention
les accidents de la voie publique [5]. chez un patient conscient non polytraumatisé et per-
Le pronostic et le traitement des lésions traumatiques mettent le dépistage rapide de signes directs et indi-
dépendent de leur stabilité ou potentiel de déplace- rects de traumatisme. Il faut obtenir des radiographies
ment. Au niveau du rachis cervical supérieur, la stabi- de l'ensemble du rachis afin de dépister les lésions
lité est assurée par les structures ligamentaires. La multifocales, contiguës et non contiguës, rencon-
laxité physiologique de l'enfant explique la fréquence trées dans 35 % des cas, surtout après 8 ans [9]. Les
des lésions ligamentaires cervicales supérieures avant radiographies dynamiques permettent de rechercher,
8 ans et en particulier du Sciwora (spinal cord injury après des radiographies initialement normales, une
without obvious radiological abnormality) et de la instabilité souvent masquée par la contracture mus-
subluxation rotatoire C1–C2. Au niveau du rachis culaire initiale. Elles se font le plus souvent à distance
cervical inférieur et du rachis thoracolombaire, la du traumatisme, de manière active par un enfant
théorie des trois colonnes de Louis s'applique comme sous la surveillance étroite d'un médecin.
chez l'adulte et permet de déterminer la stabilité des
lésions par l'analyse de la colonne moyenne. Les
lésions élémentaires sont comme chez l'adulte de Scanner
type luxation, fracture et fracture–luxation, avec C'est l'examen de référence, mais qui peut être jusqu'à
avant 8 ans surtout des lésions ligamentaires et après 200 fois plus irradiant que les radiographies. Grâce à
8 ans surtout des fractures comme chez l'adulte [4]. l'acquisition volumique spiralée, il permet de réaliser
On pourra aussi observer spécifiquement chez l'en- des reconstructions multiplanaires en 2D et en 3D
fant des traumatismes au niveau de structures transi- d'excellente qualité. Le scanner est réalisé pour préci-
toires comme les apophyses non fusionnées (listels, ser une lésion retrouvée sur radiographies, en cas de
noyaux d'ossification secondaires) et les synchon- radiographies douteuses ou de mécanisme de haute
droses, qui sont des zones de faiblesse. énergie. De plus en plus, le rachis fait partie du bilan
d'imagerie initial du polytraumatisé au scanner (body
scan), surtout si le patient est comateux, avec explora-
Bilan d'imagerie tion successive du crâne et du rachis cervical et, recons-
tructions du rachis thoracolombo-sacré à partir du
La réalisation du bilan d'imagerie ne se conçoit scanner thoraco-abdominopelvien. Si le scanner per-
qu'après un contrôle des fonctions vitales et une met de détecter la totalité des fractures osseuses et des
immobilisation rachidienne afin d'éviter des lésions déplacements associés, les lésions cartilagineuses et
neurologiques secondaires (25 % des lésions médul- ligamentaires sont par contre difficiles à évaluer [10].
laires surviennent durant la prise en charge) [6, 7].
Le type d'examens et l'ordre dans lequel ils doivent IRM
être réalisés dépendront de l'état de conscience, de la
présence ou non de signes neurologiques, de la pré- L'IRM est réalisée en cas de signes neurologiques
sence d'autres lésions, de l'âge et de la capacité de sans anomalie osseuse sur les radiographies ou le
verbalisation de l'enfant, et du degré de suspicion scanner, et parfois avant ou après réduction d'une
lésionnelle sur la clinique et les radiographies ini- luxation vertébrale. Elle permet de mettre en évi-
tiales. Les lésions associées extrarachidiennes sont dence des lésions intracanalaires rachidiennes
fréquentes, rencontrées dans 42 % des cas, et le pro- intra- et périmédullaires expliquant les signes neu-
nostic vital peut être engagé par des lésions céré- rologiques, une hernie discale ou un hématome
brales, observées dans 37 % des cas [8], et viscérales. périmédullaire secondaire au traumatisme ou à la
Chapitre 8. Traumatisme de l'enfant 153
réduction de la luxation, et des anomalies discoliga- interprétation de l'imagerie, afin d'éviter d'étiqueter
mentaires en faveur d'une instabilité. Contrairement comme pathologiques des aspects maturationnels.
au scanner, elle visualise bien les cartilages et leurs Ceci permet également de comprendre la bioméca-
éventuelles lésions. nique particulière de l'enfant qui favorise la surve-
nue de certains types de lésions.
Aspects normaux du rachis Le rachis passe par une étape de chondrification à la
en croissance 5e semaine de vie intra-utérine avec un rachis entière-
ment cartilagineux, puis d'ossification avec apparition
Anatomie développementale de points d'ossification primaire et secondaire au sein
des différentes vertèbres du 4e mois de vie intra-utérine
L'enfant est un être en croissance, et son anatomie jusqu'à l'adolescence (fig. 8.1a à c). L'ossification
évolue parallèlement à son âge. La connaissance de complète du rachis se termine au milieu de la 3e décade
cet aspect évolutif est indispensable à une bonne avec soudure des listels marginaux (fig. 8.1d et e).
a b
Fig. 8.2 Croissance et maturation de la dent de l'axis.
Représentations schématiques de face (a) et de profil (b). Dans la maquette cartilagineuse apparaissent progressivement un noyau
d'ossification primaire pour le corps et un noyau d'ossification secondaire pour la pointe. En vert, les ligaments alaires. En violet, le
ligament transverse. La synchondrose sous-dentale correspond à l'espace clair entre la dent et le corps de l'axis. Pseudo-fracture de
Jefferson par hypertransparence de la partie latérale des masses latérale de l'axis (a).
Chapitre 8. Traumatisme de l'enfant 155
faudra les différencier des tassements (voir fig. 1.14). fibres périphériques de l'annulus fibrosus (fibres de
La persistance de synchondroses non fusionnées est Sharpey) sur le listel.
possible, surtout au niveau de la synchondrose pos- La colonne est élastique. Chez l'enfant, la colonne
térieure (spina bifida occulta), et n'a pas de carac- peut s'étirer de 2 fois sa taille sans se rompre, sur-
tère pathologique (voir fig. 1.15). tout grâce au disque, alors que la moelle ne peut
tolérer qu'un étirement de 25 %. Cette élasticité la
rend vulnérable aux lésions neurologiques après un
Rachis thoracique et lombaire
traumatisme, et explique le Sciwora.
On peut observer des fentes vertébrales congéni- Le disque est plus résistant que le corps vertébral en
tales de topographie neurocentrale, rétrosomatique, raison de son contenu plus important en eau et
isthmique, rétro-isthmique, épineuse, plus fréquem- absorbe ainsi mieux les chocs. Suite à une compres-
ment en thoracique et en lombaire. Les noyaux sion vertébrale, le plateau vertébral cède en premier
d'ossification secondaires et les listels peuvent ne pas et donne une hernie de Schmorl plutôt qu'une her-
fusionner et ainsi mimer des fractures. Il faut aussi nie dans le canal comme l'adulte [19]. À un degré
savoir que ce sont des zones de faiblesse facilement de plus, la force de compression est transmise dans
arrachées lors de traumatismes. l'annulus, provoquant une fracture comminutive et
le disque élastique transmet en vague les forces de
compression aux autres vertèbres. C'est ainsi que les
Biomécanique–anatomie lésions multiples sont plus fréquentes chez l'enfant
fonctionnelle que l'adulte.
Le rachis cervical est hypermobile, ce qui explique la
Chez l'enfant, la résistance mécanique du rachis et fréquence des lésions cervicales. Ceci est lié à plu-
donc le type de lésions observé après un trauma- sieurs éléments. Les ligaments et capsules lâches et
tisme sont âge-dépendants. Le rachis de l'enfant est élastiques peuvent s'étirer sans se rompre, les
constitué davantage de cartilage et d'eau comparati- muscles sont peu développés, les facettes articu-
vement à l'adulte [17] surtout avant 8 ans, ce qui laires horizontales et étroites favorisent la transla-
explique certaines particularités biomécaniques. tion en flexion–extension, les processus uncinés
Les zones cartilagineuses sont des zones de faiblesse, peu développés autorisent encore la rotation et la
où des fractures ou des décollements pourront sur- flexion latérale, les vertèbres triangulaires favo-
venir. Les fractures peuvent passer au travers des risent le déplacement en flexion. Avant 8 ans, il
synchondroses et des plateaux cartilagineux [18, existe une hypermobilité encore plus marquée du
19]. Comme dans les fractures épiphysométaphy- rachis cervical haut en raison du pivot de flexion
saires, les structures ligamentaires sont plus résis- situé en C2–C3, segment le plus mobile à cet âge,
tantes que leurs attaches osseuses et les listels, alors qu'il se situe en C5–C6 après 8 ans. Cette
davantage solidaires du disque et des ligaments que hypermobilité est favorisée en partie par la tête
du corps vertébral, seront facilement arrachés lors proportionnellement volumineuse par rapport au
des traumatismes (fig. 8.4). Il n'y a ainsi pas de her- reste du rachis. À partir de 11 ans, la biomécanique
nie discale chez l'enfant, mais plutôt un arrache- et les lésions post-traumatiques du rachis sont
ment du listel postérieur favorisé par l'insertion des identiques à celles l'adulte.
Chapitre 8. Traumatisme de l'enfant 157
Traumatismes du rachis niveau. Elles sont associées dans 40 % des cas à une
cervical haut fracture de l'axis. Leur diagnostic est difficile et il ne
faudra pas les confondre avec des synchondroses et
Luxation C0–C1 des variantes d'ossification.
Il s'agit d'une lésion rare, avec une prévalence de Auyong distingue trois types de lésions selon le
0,8 % [33] qui est 2,5 fois plus fréquente chez l'en- siège des traits de fracture [35] : un arc (type I),
fant que chez l'adulte [2]. Elle survient surtout chez deux arcs (type II) et fracture des masses latérales
l'enfant en bas âge après un accident de la voie (type III) (fig. 8.5). Ces lésions sont stables tant que
publique, en tant que piéton ou passager avec le ligament transverse reste intact (pas de lésion ou
déploiement d'un airbag, ou lors de l'accouchement d'avulsion de ses insertions osseuses). Dans certains
avec utilisation des forceps ou naissance par le siège. cas, le trait de fracture peut intéresser ou disjoindre
les synchondroses.
Cette lésion est souvent fatale par section de la jonc-
tion bulbomédullaire, ou laisse de lourdes séquelles. Sur les radiographies de face bouche ouverte, la frac-
Elle s'associe, souvent dans le cadre d'un polytrau- ture n'est visible que si elle est déplacée, et se mani-
matisme, à des lésions cérébrales, médullaires feste par une divergence des masses latérales de C1 et
hautes, des derniers nerfs crâniens et des premiers C2 supérieure à 6–8 mm soit l'équivalent de la lar-
nerfs rachidiens [34]. L'hémorragie méningée et les geur d'une masse. Ceci signe la rupture du ligament
lésions du tronc cérébral sont fréquemment obser- transverse et une instabilité en flexion avec un risque
vées, ces dernières lésions étant à l'origine d'une de compression médullaire. Les traits de fracture des
instabilité cardiorespiratoire. La distraction C0–C1 arcs antérieur ou postérieur sont parfois visibles sur le
est secondaire à une interruption des ligaments cliché de profil. Le scanner est impératif afin d'analy-
alaires et apicaux et de la membrane tectoriale. Elle ser le nombre de traits et de rechercher une avulsion
peut être de type vertical, antérieur ou postérieur. du ligament transverse. Il permet également de
rechercher d'autres lésions cervicales et d'explorer les
Les radiographies de profil montrent un épaississe-
lésions cérébrales parfois associées. L'IRM permet de
ment des parties molles antérieures, un défaut d'ali-
suspecter une fracture non déplacée devant un signal
gnement de C0–C1 avec une dislocation antérieure ou
liquidien dans la synchondrose, et de mettre en évi-
postérieure avec un déplacement vers le bas de l'apo-
dence une rupture du ligament transverse.
physe odontoïde, une ligne de Wackenheim anormale
et un espace condyle occipital–masse latérale de C1 Luxation antérieure C1–C2
augmenté (> 5 mm). L'espace basion–dent (normale-
ment inférieur à 12 mm) n'est pas fiable chez l'enfant, La luxation odonto-atloïdienne traduit une lésion
car il varie selon la rotation de la tête et le degré d'ossifi- du ligament transverse, et parfois aussi des ligaments
cation de la dent. Cette dislocation s'associe dans 25 % alaires et de la membrane tectoriale. Elle peut se
des cas à des lésions postérieures de C1–C2 [34]. Le
scanner montre précisément la luxation et d'éven-
tuelles fractures associées. L'IRM visualise les anoma-
lies ligamentaires et éventuellement vasculaires. Le
traitement consiste en une arthrodèse de C0 à C2.
Fractures de l'atlas
Ces fractures, aussi appelées fracture de Jefferson, sont
rares chez l'enfant. Elles sont secondaires à une
compression axiale, surtout après une chute de
hauteur sur le vertex, ou après un plongeon chez
l'adolescent. Les forces sont transmises par les
condyles occipitaux vers les masses latérales de C1.
Fig. 8.5 Fracture de l'atlas.
Elles se manifestent par des douleurs ou un torticolis
La solution de continuité passe dans la partie antérieure de la
à distance du traumatisme. Il y a peu de lésions neuro- masse latérale gauche. Elle respecte la synchondrose adjacente.
logiques associées, le canal rachidien étant large à ce Pour mémoire, spina bifida occulta de l'arc postérieur.
160 Particularités liées à l'âge et au terrain
manifester par des douleurs ou un torticolis. La synoviale inflammée et des ligaments dans l'articula-
luxation isolée survient généralement dans un tion créant une obstruction mécanique pérennisée
contexte de traumatisme violent en hyperflexion. La par la contracture musculaire. Le délai diagnostique
luxation peut être associée à une fracture. La plupart est la principale cause de chronicité et de récidive,
du temps, elle survient sur une laxité chronique à rendant inévitable un traitement chirurgical.
l'occasion d'un traumatisme mineur comme dans La classification de Fielding et Hawkins (fig. 8.6)
l'arthrite chronique juvénile, le syndrome de Down distingue quatre types de subluxations rotatoires de
(10 à 20 % d'instabilité C1–C2), la maladie de gravité croissante en fonction de la position du pivot
Morquio, le syndrome de Klippel-Feil, un os de rotation et du degré de luxation antérieure ou
odontoïdeum ou une hypoplasie de l'odontoïde. postérieure de l'atlas [38] :
Quoi qu'il en soit, il existe une instabilité en flexion • dans le type 1, le pivot se situe sur l'apophyse
avec un risque de lésion neurologique. odontoïde, le ligament transverse est intact, il n'y
Le diagnostic peut être est posé sur une radiogra- a pas de déplacement antérieur de C1 sur C2 ;
phie de profil : espace atlanto-axoïdien supérieur à • dans le type 2, le pivot est sur l'une des masses
5 mm, rétrécissement du canal rachidien, épaississe- latérales, le ligament transverse est interrompu et
ment des parties molles prévertébrales, ligne de il existe un déplacement antérieur de C1 sur C2
Swischuk coupant l'arc postérieur de C2. La luxa- avec un espace atloïdo-axoïdien entre 3 à 5 mm ;
tion étant réductible en extension et en position • dans le type 3, la rotation est associée à une
neutre, elle peut ne pas être vue initialement et translation antérieure, les ligaments transverses
n'être diagnostiquée qu'à distance sur les clichés et alaires sont lésés, il existe une translation
dynamiques en flexion. antérieure de C1–C2, l'espace atloïdo-axoïdien
mesure plus de 5 mm ;
• dans le type 4, il existe un déplacement postérieur
Luxation rotatoire C1–C2 de C1, possible uniquement si la dent est hypo-
La subluxation rotatoire de C1–C2 est une lésion plasique, absente ou fracturée.
typique de l'enfant, habituellement observée de Cette classification, obtenue à partir d'études radio-
5 à 13 ans [36]. Elle survient après un mouvement graphiques chez l'adulte, n'est pas complètement
rapide ou forcé de rotation de la tête, lors d'une gifle, adaptée à l'enfant, une distance C1–C2 étant nor-
d'un sport tel que le judo, ou après un accident parfois male jusqu'à 5 mm. Elle a toutefois l'avantage de
dans un contexte de traumatisme mineur. Chez l'en- guider le traitement. Dans les types 2 à 4, le diagnos-
fant, les articulations C1–C2 horizontales et étroites, la tic est facile car il y a une dislocation et le traitement
laxité ligamentaire et la faiblesse musculaire favorisent est chirurgical. Le type 1, le plus fréquent et le plus
une surrotation [37]. Parmi les autres facteurs favori- stable, est aussi le plus difficile à diagnostiquer car
sants, on peut retrouver certaines pathologies (Down, l'articulation reste bloquée dans une amplitude de
Morquio, Marfan), une infection respiratoire haute, rotation physiologique. Il est nécessaire de réaliser
une arthrite chronique juvénile, une chirurgie de la tête une imagerie dynamique pour prouver le blocage de
et du cou, mais parfois aucune cause n'est mise en évi- l'articulation C1–C2 [39, 40]. L'imagerie permet
dence. Cliniquement, l'enfant se présente avec un tor- également d'éliminer une fracture de C1 ou C2, qui
ticolis douloureux irréductible, avec rotation de la tête peut aussi se manifester par un torticolis douloureux
d'un côté et inclinaison et flexion controlatérale rappe- irréductible à distance d'un traumatisme négligé ou
lant l'attitude du rouge-gorge. On peut alors palper non suspecté initialement.
l'apophyse épineuse de C2 du même côté que le men- Les radiographies sont difficiles à réaliser en raison
ton, à l'inverse d'une rotation physiologique de la tête. de l'attitude vicieuse (fig. 8.7a et b) et la superposi-
Il n'y a généralement pas de signes neurologiques. tion des structures anatomiques crâniennes gêne
La subluxation va de la limitation articulaire à la fixa- leur interprétation. L'aspect radiologique est aspéci-
tion complète irréductible. La subluxation cède sou- fique, souvent identique à une rotation normale de
vent après immobilisation cervicale par minerve dans la tête ou à une autre cause de torticolis. Sur les cli-
80 % des cas. Les facteurs de fixation ont été attribués chés bouche ouverte, on retrouve une asymétrie des
à : un œdème de la capsule ; une invagination de la masses latérales par rapport à l'odontoïde, celle qui
Chapitre 8. Traumatisme de l'enfant 161
a b
c d
est tournée vers l'avant apparaissant plus large. Le repos, puis en rotation maximale controlatérale. En
basi-occiput et l'apophyse épineuse de C2 sont de cas de fixation (fig. 8.8), il n'y a pas de modification
part et d'autre de la ligne médiane matérialisée par de l'angle C1–C2, alors que dans les autres cas de
l'apophyse odontoïde, à la différence d'une rotation figure, l'angle s'inverse [41]. Il peut exister une
physiologique de la tête. Sur le profil, il y a un contre-rotation de C0–C1 tentant de compenser
débord antérieur unilatéral d'une masse latérale de une subluxation rotatoire C1–C2 chronique [33].
C1, et les arcs postérieurs ne sont pas superposés. L'IRM peut montrer des lésions des ligaments alaires
Le scanner est la méthode de référence pour mettre et transverses. En pratique, une minerve est mise en
en évidence la rotation fixée de C1 sur C2 avec des place pendant 1 semaine après le diagnostic de torti-
reconstructions en 2D et en 3D. Il doit être fait colis ; un torticolis qui persiste au-delà est dit fixé.
immédiatement après un traumatisme, afin d'élimi- Il est important de faire le diagnostic le plus pré-
ner une fracture, et après 2 semaines de traitement cocement possible afin d'éviter la chronicisation.
symptomatique (minerve) en cas de persistance Le traitement est orthopédique si le diagnostic se
d'un torticolis. La superposition des coupes axiales fait pendant le premier mois. La fusion chirurgi-
montre la rotation de C1 sur C2. Dans les types 2 à cale devient nécessaire si la déformation persiste.
4, la TDM statique est diagnostique en montrant un
décalage antérieur ou postérieur de C1 sur C2.
Fracture de l'apophyse odontoïde
Le type 1 en statique est indifférenciable d'un tor-
ticolis d'une autre nature ou d'une rotation volon- Bien que rare, il s'agit de la fracture cervicale
taire de la tête (fig. 8.7c à e). Son diagnostic pédiatrique la plus courante. Elle survient par un
nécessite un scanner dynamique en position de traumatisme en flexion, en général après une chute
162 Particularités liées à l'âge et au terrain
déplacée vers l'avant ou basculée en arrière, avec un ne consolide pas, elle peut être à l'origine d'un os
risque de compression médullaire. En l'absence de odontoïdeum (voir fig. 1.16 et 1.17) [42, 43].
déplacement, la radiographie peut être normale. En
cas de fracture non déplacée et de diagnostic douteux, Fracture des pédicules de l'axis
le scanner peut montrer l'élargissement de la synchon-
Encore appelée fracture des isthmes de C2 ou frac-
drose, et l'IRM permet un diagnostic définitif en
ture du pendu, elle est secondaire à une hyperexten-
visualisant un signal de type liquidien à ce niveau. Le
sion avec compression axiale postérieure et distraction
traitement est orthopédique le plus souvent, avec
antérieure. Elle est rare chez l'enfant, plus fréquente
immobilisation en hyperextension par une minerve.
avant 3 ans et survient en cas de choc frontal lors
Les clichés dynamiques à distance vérifient la bonne
d'un accident de la voie publique. On peut aussi l'ob-
consolidation de la fracture par sa stabilité. Si la lésion
server dans le syndrome de Silvermann [44].
Des fractures verticales bilatérales sont visibles au
niveau des isthmes sur le cliché de profil, avec un
déplacement antérieur le plus souvent minime de C2
sur C3. La ligne de Swischuk passe en avant de l'arc
postérieur de C2. Les lésions neurologiques sont
rares car le canal rachidien, déjà large à ce niveau,
s'élargit davantage suite à la fracture. Cette fracture
ne doit pas être confondue avec les synchondroses
neurocentrales de C2 (bien que des fractures soient
possibles à ce niveau), la pseudo-luxation C2–C3 et
la spondylolyse congénitale de C2.
La fracture peut éventuellement être associée à : une
fracture du coin ou du listel inférieur de C2 ou de
C3 ; une rupture du ligament vertébral commun
antérieur ; une brèche horizontale dans le disque C2–
C3, voire une luxation interapophysaire postérieure.
Comme chez l'adulte, on utilise la classification d'Ef-
Fig. 8.9 Épiphysiolyse aiguë de la dent. fendi en trois types. Le traitement est orthopédique
La radiographie initiale de profil montre un déplacement anté- dans les types I et II, et chirurgical dans les types III.
rieur majeur. Le trait de fracture passe par la synchondrose
sous-dentale.
Imagerie
Le bilan radiographique doit être entrepris en toutes
circonstances dans la mesure où les règles de prédic-
tion clinique ne sont pas applicables l'étage thoraco-
lombaire. Les radiographies de face et de profil
suffisent généralement au diagnostic. Le scanner est
réalisé pour préciser une lésion détectée en radio-
graphie. Il permet de préciser l'état de la colonne
moyenne de Denis, le degré de rétrécissement du
canal rachidien, l'état de l'arc postérieur.
L'IRM est essentiellement indiquée en cas de signes
neurologiques sans lésion osseuse. Dans certains
cas, il est utile de préciser l'état du disque (incarcé-
ration somatique ou hernie discale) et du complexe
ligamentaire postérieur. Le but étant alors de dépis-
ter les lésions potentiellement instables ou exposées Fig. 8.12 Vertèbre vagabonde.
à des cals vicieux. Luxation antérieure d'un noyau d'ossification primaire (en rouge).
Chapitre 8. Traumatisme de l'enfant 167
• le type 1 combine une lésion physaire du plateau en cyphose. L'IRM permet de distinguer les lésions
supérieur et une lésion du complexe ligamentaire discales des lésions des listels [57]. Les fractures de
postérieur avec la vertèbre sus-jacente, plus ou Chance type 1 et type 3 sont instables et nécessitent
moins associées à une fracture d'une apophyse une stabilisation chirurgicale. Le type 2 est accessible
articulaire supérieure ; à un traitement orthopédique. Signalons enfin l'im-
• le type 2 correspond, comme chez l'adulte, à portance de dépister les lésions associées surtout vis-
une lésion osseuse pure à travers le processus cérales et intestinales–abdominales qui sont présentes
épineux, les lames, les pédicules, le corps verté- dans 50 % des cas et qui peuvent engager le pronos-
bral (fig. 8.15) ; tic vital.
• le type 3 combine une lésion physaire du plateau
inférieur et une lésion du complexe ligamentaire Traumatisme en hyperextension
postérieur avec la vertèbre sus-jacente, plus ou La fracture de Chance inversée est exceptionnelle
moins associées à une fracture d'une apophyse chez l'enfant. La solution de continuité passe volon-
articulaire inférieure. tiers par les zones de moindre résistance à la traction :
Le corps vertébral peut être le siège d'un discret tas- cartilage de croissance et synchondrose neurocen-
sement cunéiforme responsable d'une déformation trale (fig. 8.16).
Chapitre 8. Traumatisme de l'enfant 169
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Chapitre 9
Diagnostic et prise en charge d'une
fracture–tassement ostéoporotique
T. Moser, R.-M. Javier
Généralités sur l'ostéoporose avait fait l'objet d'un diagnostic clinique de fracture
[2]. Dans deux tiers des cas, le diagnostic de dou-
Selon la conférence de consensus de l'OMS de leur rachidienne arthrosique ou discale avait été
1993, l'ostéoporose est une maladie diffuse du évoqué, entraînant des thérapeutiques inadaptées
squelette caractérisée par une masse osseuse basse et [3].
une altération de la micro-architecture du tissu Dans l'étude européenne EPOS concernant 14 011
osseux ayant pour conséquence une fragilité osseuse sujets de plus de 50 ans, l'incidence morphomé-
accrue à l'origine d'une élévation du risque de frac- trique des fractures vertébrales a été estimée à
ture [1]. 10,7 pour 1000 personnes/année chez les femmes
L'ostéoporose (OP) est un problème de santé et 5,7 pour 1000 personnes/année pour les
publique (pris en compte dans la loi du 9 août 2004 hommes, avec une augmentation marquée de cette
relative à la politique de santé publique) qui a béné- incidence avec l'âge chez la femme comme chez
ficié depuis une dizaine d'années de nombreux pro- l'homme [4]. Les données françaises de l'étude
grès tant dans la prévention, le diagnostic que le EPIDOS confirment cette augmentation des frac-
traitement avec le développement de nombreuses tures vertébrales avec l'âge chez les femmes avec
molécules pharmaceutiques. une prévalence de fracture vertébrale de 19 % chez
les femmes de 75 à 79 ans, de 21,9 % chez les
femmes de 80 à 84 ans et de 41,4 % chez les femmes
Épidémiologie de plus de 85 ans [5].
Autres facteurs
OSTÉOPÉNIE de risque
trabéculaire. Chez la femme, il s'y associe une perte Parmi les causes médicamenteuses, il convient d'insis-
osseuse post-ménopausique causée par la carence ter sur la corticothérapie, première cause d'ostéopo-
œstrogénique qui entraîne une augmentation du rose secondaire, mais également sur l'augmentation
nombre et de l'activité des ostéoclastes et donc un
excès de résorption osseuse. Ainsi entre 20 et 80 ans, Encadré 9.1
la femme perd environ 40 % de sa masse osseuse Causes les plus fréquentes
avec d'importantes déconnexions trabéculaires alors d'ostéoporoses secondaires
que l'homme n'en perd que 25 % sans altération
significative de la connectivité trabéculaire. Après Pathologies
70 ans, l'hyperparathyroïdie secondaire à la carence • Hypogonadisme primaire ou secondaire
(aménorrhée).
calcique et en vitamine D accélère encore la perte
osseuse. • Maladies endocriniennes (hyperparathyroïdie,
hypercorticisme, thyrotoxicose…).
• Entérocolopathies inflammatoires.
Principales causes d'ostéoporose • Rhumatismes inflammatoires chroniques
(polyarthrite rhumatoïde, spondylarthropa-
Même si l'ostéoporose liée à l'âge en particulier thies).
post-ménopausique prédomine, les causes secon- • Malabsorption (maladie cœliaque ++).
daires de perte osseuse doivent absolument être • Mastocytose.
recherchées. En effet, environ 50 % des femmes • Transplantation d'organes.
avec une faible densité minérale osseuse ont des
Traitements médicamenteux
antécédents médicaux ou des prises médicamen-
• Corticothérapie par voie générale.
teuses susceptibles de causer des pertes osseuses et
• Aluminium.
dans certaines séries, 20 à 64 % des femmes ostéo-
• Analogues du GnRH.
porotiques auraient des anomalies biologiques
• Anti-épileptiques.
favorisant une ostéoporose secondaire. Il est donc
• Chimiothérapie.
indispensable de chercher de principe une cause
d'ostéoporose secondaire (encadré 9.1) devant • Contraception par progestatifs à action anti-
gonadotrope (ex. : acétate de médroxyproges-
toute ostéoporose densitométrique ou fracturaire.
térone).
Les examens biologiques et radiologiques associés à • Héparinothérapie au long cours.
un interrogatoire détaillé sont également indispen- • Immunosuppresseurs (anticalcineurines :
sables pour éliminer une ostéopathie fragilisante ciclosporine A, tacrolimus).
non ostéoporotique, maligne (myélome, métastases • Hormones thyroïdiennes à dose suppressive.
osseuses) ou bénigne (hyperparathyroïdie primitive, • Inhibiteurs de l'aromatase.
ostéomalacie, ostéodystrophie rénale).
Chapitre 9. Diagnostic et prise en charge d'une fracture–tassement ostéoporotique 175
importante du risque fracturaire survenant sous souvent un enchaînement des fractures ou « cas-
traitement anti-hormonal au cours des cancers hor- cade fracturaire » [6]. L'indication d'un traite-
mono-dépendants : traitements par anti-aromatases ment anti-ostéoporotique est également facile
au cours du cancer du sein et traitements par priva- chez des femmes ménopausées ayant un T-score
tion en androgènes au cours des cancers de la très diminué inférieur à − 3 ;
prostate. • en l'absence de fracture vertébrale, chez une
patiente ostéopénique ou proche du seuil diagnos-
tique de l'OP, d'autres facteurs de risque cliniques
Risque fracturaire : de fracture doivent être combinés à la mesure den-
sitométrique pour calculer chez chaque femme le
intérêt du FRAX®
risque absolu de fracture à 10 ans.
L'instauration d'un traitement anti-ostéoporotique L'OMS a ainsi conçu l'outil FRAX® (fracture risk
chez une femme ménopausée va dépendre de nom- assessment tool) développé à partir de cohortes de
breux facteurs (encadré 9.2) : population étudiées en Amérique du Nord, Asie,
• en présence d'une fracture vertébrale ostéoporo- Australie et Europe, en donnant des pondérations aux
tique, l'indication est évidente. En effet même différents facteurs de risque pertinents. Cet outil per-
après ajustement pour l'âge et la densité osseuse, met de calculer le risque absolu à 10 ans de survenue
le fait d'avoir une fracture vertébrale prévalente d'une fracture de l'extrémité supérieure du fémur et
augmente le risque de fracture vertébrale inci- d'une autre fracture ostéoporotique majeure (verté-
dente mais également le risque de fracture péri- brale, avant-bras, humérus), mais doit encore être
phérique y compris du col fémoral. De plus, le testé et validé pour chaque pays afin de déterminer un
risque de nouvelle fracture vertébrale est immé- seuil rentable d'intervention thérapeutique [7].
diat, puisqu'une patiente sur cinq fera une nou-
velle fracture vertébrale dans l'année suivante avec
Diagnostic clinique de fracture
vertébrale ostéoporotique
Encadré 9.2 Le diagnostic d'ostéoporose fracturaire vertébrale
Facteurs de risque indépendants peut être évoqué dans trois circonstances :
de la densité minérale osseuse • des rachialgies aiguës ou chroniques ;
pour estimer le risque de fracture • une perte de taille de plus de 3 cm par rapport à
selon les recommandations de une taille préalablement mesurée ;
l'Afssaps • une hypercyphose rachidienne dorsale.
• Âge +++. Les fractures vertébrales cliniques peuvent se mani-
• Antécédent personnel de fracture. fester selon deux principaux profils douloureux :
• Antécédent de fracture de l'extrémité du • un épisode douloureux initial très intense associé
fémur chez parents du premier degré. le plus souvent à une fracture vertébrale complète
• Diminution de l'acuité visuelle. nécessitant souvent une hospitalisation et s'amé-
• Insuffisance de masse corporelle (< 19 kg/m2). liorant en 4 à 8 semaines. Au cours d'études pros-
• Corticothérapie ancienne ou actuelle (> 3 mois). pectives, une fracture vertébrale clinique entraîne
• Troubles neuromusculaires ou orthopédiques. 18 jours de douleur rachidienne sévère, 32 jours
• Consommation de tabac. de handicap important, avec retour à un état
• Mauvais état de santé (plus de trois maladies
d'équilibre après 5 à 7 mois [8] ;
chroniques). • un épisode douloureux d'intensité plus faible
• Hyperthyroïdie. associé à une fracture vertébrale incomplète, mais
• Polyarthrite rhumatoïde.
susceptible de se répéter à plusieurs reprises dans
les 6 à 18 mois suivants avec constitution d'une
• Cancer du sein.
fracture vertébrale complète en plusieurs étapes.
• Augmentation du remodelage osseux (éléva-
tion des marqueurs de résorption). C'est dans ce second cas que les diagnostics
seraient le plus fréquemment erronés.
176 Particularités liées à l'âge et au terrain
Fracture-tassement vertébral
Efficace
Efficace Insuffisant
Reverticalisation précoce
+ traitement de l’ostéoporose
Hospitalisation
Bisphosphonates IV et/ou
Reverticalisation ± corset
vertébroplastie
+ traitement de l’ostéoporose
+ traitement de
l’ostéoporose
Encadré 9.4
sensibilisation a été menée récemment par la Société fracture quand il existe une perte de hauteur (anté-
française de rhumatologie auprès des radiologistes, rieure, moyenne ou/et postérieure) du corps verté-
afin que la description adéquate de ces fractures per- bral d'au moins 20 % et une réduction de sa surface
mette une prise en charge adaptée [12]. d'au moins 10 %. Un degré 0,5 est attribué aux cas
Une fracture ostéoporotique se traduit par une perte limites. Un degré 1 est une perte de hauteur légère
de hauteur du corps vertébral avec déformation d'un comprise entre 20 et 25 % (ou 10–20 % de sa sur-
ou deux plateaux vertébraux. La déformation peut face). Un degré 2 est une perte de hauteur modérée
être cunéiforme, uni- ou biconcave, voire en galette. comprise entre 25 et 40 % (ou 20–40 % de sa sur-
Le caractère récent ou ancien d'une fracture peut être face). Un degré 3 est une perte de hauteur sévère
déterminé par comparaison aux examens antérieurs supérieure à 40 % (ou plus de 40 % de sa surface). On
incluant les radiographies et scanners du thorax et de peut ainsi calculer un indice de fracture rachidienne
l'abdomen (fig. 9.3). Le caractère récent est également en faisant la somme des degrés des différentes
évoqué en présence d'une ligne de condensation sous fractures.
le plateau fracturé, témoignant initialement de l'im-
paction trabéculaire et secondairement du cal osseux Diagnostic différentiel des fractures
(fig. 9.4). Ce cal osseux est souvent proéminent chez
les patients traités par corticoïdes.
malignes
L'importance des fractures ostéoporotiques peut être La possibilité d'une fracture maligne en rapport
quantifiée au moyen de différents scores. La méthode avec l'envahissement tumoral de la vertèbre est sur-
semi-quantitative de Genant [13] prend en compte le tout considérée en cas d'antécédents néoplasiques,
type de la déformation et la perte de hauteur des ver- mais doit rester à l'esprit du radiologiste. Différents
tèbres T4 à L4 (fig. 9.5). Elle sépare les fractures signes présents sur les radiographies, et au besoin
cunéiformes des fractures biconcaves. On parle de l'IRM et le scanner, permettent de s'orienter.
a b
Fig. 9.3 Cascade fracturaire chez une patiente de 81 ans.
Les radiographies de profil de la colonne thoracique obtenues à quelques mois d'intervalle montrent la présence de multiples fractures
ostéoporotiques (flèches blanches) et l'apparition de nouvelles fractures (flèches noires).
Chapitre 9. Diagnostic et prise en charge d'une fracture–tassement ostéoporotique 179
a b
Fig. 9.4 Évolution radiographique d'une fracture ostéoporotique de L2 chez une patiente de 68 ans.
Il existe initialement (a) une image de condensation linéaire du foyer de fracture qui va disparaître en quelques mois (b).
a d
b c
Fig. 9.6 Fracture ostéoporotique de T12 chez une patiente de 63 ans.
a. Les radiographies initiales montrent une fracture récente de T12 (flèche) ainsi qu'une fracture ancienne de T8.
b. Le scanner réalisé 15 jours plus tard montre bien l'impaction trabéculaire du foyer de fracture, le fragment cunéiforme postérosupé-
rieur du mur postérieur et le léger épaississement périvertébral.
c. La scintigraphie osseuse réalisée 1 mois plus tard montre une hypercaptation de T12.
d. La radiographie effectuée à 2 mois montre la condensation osseuse correspondant au cal.
Chapitre 9. Diagnostic et prise en charge d'une fracture–tassement ostéoporotique 181
Certaines fractures ostéoporotiques comportent au sion médullaire après traitement. Dans ce cas, le
sein du foyer de fracture une image gazeuse appelée piège principal est de méconnaître ou d'identifier à
vide intrasomatique qui traduit la non-consolida- tort un remplacement médullaire diffus qui se tra-
tion du foyer de fracture, souvent associée à la per- duit par un signal diffusément hypo-intense par rap-
sistance des douleurs. La présence de ce signe exclut port aux disques intervertébraux en pondération T1.
généralement une fracture maligne, bien qu'il ait été L'injection de produit de contraste est rarement néces-
exceptionnellement rapporté chez des patients saire au diagnostic différentiel. Tant l'œdème que le
atteints de myélome multiple [14, 15]. remplacement médullaire prennent le contraste. La
prise de contraste associée à l'œdème est homogène et
IRM laisse persister le dessin trabéculaire. Elle entraîne une
L'IRM est la meilleure modalité d'imagerie pour étu- restauration du signal vertébral normal si on utilise une
dier les variations de signal de la moelle osseuse et séquence pondérée T1 sans saturation du signal de la
s'avère extrêmement utile pour différencier une frac- graisse. La prise de contraste du remplacement médul-
ture ostéoporotique d'une fracture maligne. laire est hétérogène avec effacement du dessin trabécu-
L'interprétation repose principalement sur une laire et plus intense, n'aboutissant pas à une restauration
séquence pondérée T1 qui montre bien le contenu du signal vertébral normal avec la séquence pondérée
graisseux normal de la moelle osseuse et une séquence T1 sans saturation du signal de la graisse [16].
de type STIR sensible à l'œdème médullaire. Dans le cas particulier des fractures comportant un
L'œdème médullaire est plus difficile à détecter sur les vide intrasomatique, on observe une cavité dont le
séquences pondérées T2 sans suppression du signal, signal est fortement hypo-intense T1 et STIR si le
elles ne doivent donc pas être employées isolément. contenu est gazeux, ou hypo-intense T1 et hyperin-
En cas de fracture ostéoporotique récente, le tense STIR si le contenu est liquidien. On peut
contenu graisseux est infiltré par l'œdème qui prédo- observer le remplacement progressif du gaz par le
mine autour du trait de fracture, le plus souvent sous liquide en position de décubitus (fig. 9.7).
le plateau vertébral supérieur. Les portions verté- Dans les situations difficiles, on peut s'aider d'autres
brales situées à distance du trait de fracture séquences d'IRM dont l'intérêt n'est pas véritable-
conservent un signal graisseux normal. L'arc neural ment prouvé à l'heure actuelle.
conserve habituellement un signal normal, même si La séquence en opposition de phase repose sur la
les fractures des pédicules sont loin d'être exception- différence de vitesse de précession des protons de
nelles. L'œdème médullaire se traduit par un signal l'eau et de la graisse qui se trouvent alternativement
modérément hypo-intense T1 et nettement hyperin- en phase et en opposition de phase. Sur une IRM
tense STIR laissant persister le dessin trabéculaire à la 1,5 Tesla, on peut obtenir une séquence en phase
manière d'un voile nuageux. Dans les fractures plus pour un TE de 4,6 ms et une séquence en opposi-
anciennes, l'œdème disparaît progressivement et la tion de phase pour un TE de 2,3 ms. Dans la moelle
vertèbre retrouve un signal graisseux normal. Dans osseuse normale, la coexistence de graisse et d'eau
certains cas, le processus de réparation se traduit par entraîne normalement une chute de l'intensité du
une accumulation plus importante de moelle grais- signal sur la séquence en opposition de phase. Cette
seuse sous le plateau vertébral fracturé. chute de signal disparaît si le contenu médullaire est
En cas de fracture maligne, le remplacement du remplacé par de la tumeur, mais peu modifiée par
contenu graisseux normal par la tumeur apparaît l'œdème, permettant ainsi la distinction entre frac-
nettement hypo-intense T1 et variable en STIR, ture ostéoporotique et fracture maligne. Si les
effaçant le dessin trabéculaire. Les anomalies de images sont équivoques, on peut calculer le pour-
signal s'étendent volontiers à distance de la fracture. centage de chute du signal (intensité en phase −
On peut souvent objectiver une atteinte tumorale intensité en opposition de phase/intensité en phase)
des vertèbres adjacentes. qui est considéré anormal au-dessous de 80 % [17].
Ces modifications de signal sont plus évidentes chez La séquence de diffusion est fondée sur l'utilisation
le sujet âgé dont la moelle osseuse est majoritaire- d'un gradient bipolaire entraînant un déphasage puis
ment graisseuse, mais d'appréciation parfois subtile un rephasage des protons immobiles. Les protons
chez les patients jeunes ou présentant une reconver- soumis aux mouvements de diffusion dans l'espace
182 Particularités liées à l'âge et au terrain
b
Fig. 9.7 Fracture ostéoporotique de T10 avec phénomène de vide intrasomatique chez une patiente de 82 ans.
a. Les radiographies montrent la densité gazeuse au sein du corps vertébral fracturé.
b. L'IRM montre le remplissage progressif par du liquide. Le niveau gazeux résiduel ne doit pas être confondu avec le ciment qui a été
utilisé pour traiter la fracture de T12 (vertébroplastie).
Source : clichés dus à l'obligeance du Dr Suzanne Fontaine.
extracellulaire normal ne sont pas rephasés et ne patients dont le traitement inclut souvent de fortes
contribuent pas au signal. La diffusion des molécules doses de corticoïdes.
d'eau est restreinte dans les milieux richement cellu-
laires et dans les milieux extracellulaires visqueux. Les
Scanner [19]
fractures malignes comportent habituellement une
hypercellularité responsable d'une restriction de la En cas de doute sur les radiographies, le scanner est
diffusion, alors que la diffusion est peu modifiée dans beaucoup plus précis pour démontrer les caractéris-
les fractures ostéoporotiques. Cette restriction de la tiques de la fracture et rechercher une ostéolyse
diffusion est mieux appréciée par le calcul du coeffi- tumorale sous-jacente.
cient de diffusion apparent (ADC) qui est abaissé en Les fractures ostéoporotiques comportent plusieurs
cas de fracture maligne. Les valeurs peuvent égale- fragments qu'on peut, à la manière d'un puzzle,
ment être abaissées en cas de spondylodiscite [18]. rapprocher pour reconstituer le corps vertébral (voir
En dépit de ses nombreux avantages, l'IRM reste fig. 9.6b). Ceci n'est pas possible pour les fractures
limitée pour détecter l'infiltration tumorale micro malignes dont certaines pièces sont manquantes du
scopique. Ceci s'observe particulièrement au cours fait de l'ostéolyse tumorale. En outre, l'ostéolyse
des hémopathies telles le myélome multiple et les tumorale est souvent plus étendue que le foyer de
lymphomes, où il peut exister une discordance entre fracture. Dans de rares cas, les fractures ostéoporo-
un aspect de fracture ostéoporotique à l'IRM et la tiques prennent un aspect inquiétant, probablement
présence de cellules tumorales à la biopsie, reflétant par le biais d'une ostéolyse post-traumatique et de
le caractère multifactoriel des fractures chez ces phénomènes d'ostéonécrose [20].
Chapitre 9. Diagnostic et prise en charge d'une fracture–tassement ostéoporotique 183
Le scanner permet également d'apprécier la pré- tures pathologiques, telles une atteinte pagétique
sence de tissu tumoral dont la densité est supérieure ou angiomateuse.
à celle de la moelle osseuse normale ou œdéma-
teuse. Cette composante tissulaire devient évidente
quand elle envahit le canal rachidien ou l'espace Scintigraphie osseuse
périvertébral et apparaît volontiers nodulaire et asy- La distinction scintigraphique entre fracture ostéo-
métrique (fig. 9.8), alors que l'épaississement péri- porotique et fracture maligne s'appuie surtout sur la
vertébral associé aux fractures ostéoporotiques est distribution des lésions car l'hypercaptation du
typiquement régulier et peu épais (moins de 1 cm). radiotraceur s'observe dans les deux situations.
Hormis les causes tumorales, le scanner permet L'absence d'hypercaptation d'une vertèbre fractu-
également de reconnaître d'autres causes de frac- rée est en faveur du caractère ancien de la fracture.
c
Fig. 9.8 Fracture pathologique de T12 révélatrice d'un myélome chez une patiente de 82 ans.
a. Les radiographies montrent une fracture–tassement asymétrique avec une zone d'ostéolyse trabéculaire à la partie postérolatérale
gauche du corps vertébral T12 (flèche).
b, c. Le scanner permet de confirmer l'ostéolyse tumorale (b) et de guider la biopsie (c).
184 Particularités liées à l'âge et au terrain
L'hypercaptation est volontiers multifocale, impli- les produits. Il n'existe aucune étude antifracturaire
quant le crâne, les côtes, le bassin, l'extrémité proxi- comparant les bisphosphonates entre eux ou aux
male des os longs en cas de pathologie tumorale. autres traitements. La faible biodisponibilité des
Elle peut toutefois être absente en cas de myélome bisphosphonates oraux explique les conditions pré-
ou de métastases agressives qui inhibent les ostéo- cises de prise. La survenue d'ostéonécroses de
blastes. La scintigraphie permet de cibler les autres mâchoire en particulier sous bisphosphonates injec-
modalités d'imagerie ou une éventuelle biopsie vers tables au long cours dans des pathologies malignes
les sites d'intérêt. (jusqu'à 10 % des patients) a conduit à des recom-
mandations par l'Afssaps pour l'ostéoporose post-
Biopsie vertébrale guidée par l'imagerie ménopausique (même si le risque y est estimé à
1/100 000 patient-années).
En cas de doute persistant malgré le recours aux diffé-
rentes modalités d'imagerie, il est licite de recourir à la
Raloxifène
biopsie osseuse. En pratique, il s'agit le plus souvent
de patients avec une néoplasie connue chez qui la Modulateur sélectif des récepteurs œstrogéniques
confirmation d'une fracture maligne modifie la prise (effet œstrogénique sur l'os sans effet œstrogénique
en charge thérapeutique. Cette biopsie s'effectue sous sur le sein et l'endomètre), il permet un gain de DMO
guidage fluoroscopique ou scanner et peut constituer modéré et une réduction de 30 à 50 % du risque de
le premier temps d'une vertébroplastie (voir fig. 9.8). fracture vertébrale. Il n'a pas démontré d'efficacité
pour la prévention des fractures extravertébrales. Il est
utilisable en cas d'antécédent de cancer du sein, n'a
Traitement de l'ostéoporose pas d'effet sur les bouffées de chaleur ou les aggrave,
fracturaire vertébrale augmente le risque veineux thrombo-embolique dans
la même proportion que les œstrogènes.
La stratégie thérapeutique dans l'ostéoporose
Parathormone injectable
dépend de l'analyse complète des facteurs de risque
de fracture et de la DMO avec estimation du risque Administrée de façon intermittente en injection
individuel de fracture dans les 10 ans. Elle associera sous-cutanée quotidienne, l'hormone parathyroï-
des mesures pharmacologiques et non pharmacolo- dienne a un effet stimulant sur la formation osseuse.
giques, comme une modification du mode de vie L'efficacité est très marquée pour la réduction du
(arrêt des toxiques osseux type tabac et alcool, exer- risque de fractures vertébrales (diminution de 65 %)
cice en charge…), une normalisation des apports et de 53 % pour les fractures non vertébrales. Son
calciques et du taux de vitamine D. indication est limitée aux ostéoporoses sévères avec
au moins deux fractures vertébrales et pour une
durée courte (limitée à 18 mois).
Médicamenteux
Ranélate de strontium
La panoplie thérapeutique de l'ostéoporose s'est
beaucoup élargie avec la mise à disposition récente In vitro, le ranélate de strontium stimule la forma-
de plusieurs familles thérapeutiques ayant fait la tion osseuse et diminue la résorption osseuse. En
preuve de leur efficacité antifracturaire, toujours en prise orale à distance des repas, il réduit l'incidence
association avec un traitement par calcium et vita- des fracture vertébrales de 41 % et des fractures non
mine D. vertébrales de 16 % à 3 ans.
Bisphosphonates (alendronate,
risédronate, ibandronate, zolédronate) Indications de la radiologie
interventionnelle
Les bisphosphonates, traitement de référence de
l'ostéoporose, sont de puissants inhibiteurs de la La vertébroplastie est une procédure radiologique
résorption osseuse. Ils ont démontré qu'ils aug- visant à stabiliser les vertèbres fracturées par l'injec-
mentent la DMO de 5 à 7 % et réduisent l'incidence tion percutanée de ciment orthopédique afin d'obte-
des fractures vertébrales de 50 à 70 % à 3 ans selon nir un soulagement rapide des douleurs. Elle permet
Chapitre 9. Diagnostic et prise en charge d'une fracture–tassement ostéoporotique 185
notamment de traiter des patients chez qui les antal- dans plusieurs études ouvertes. Deux études ran-
giques apportent un soulagement incomplet ou domisées récentes contre placebo remettent en
entraînent des effets secondaires inacceptables, et question cette efficacité. Il existe de plus une
chez qui l'alitement prolongé est source de compli- controverse quant au rôle favorisant de la vertébro-
cations et facteur aggravant de la maladie ostéoporo- plastie sur la survenue de nouvelles fractures
tique. Elle est habituellement effectuée dans un délai ostéoporotiques.
de 3 à 6 semaines, après vérification de la concor-
dance entre le niveau clinique douloureux et la pré-
sence d'une fracture d'aspect récent à l'imagerie. Conclusion
Elle s'effectue sur un patient couché sur le ventre,
sous sédation consciente, au moyen d'un guidage La compréhension de la physiopathologie et des
fluoroscopique éventuellement couplé au scanner. répercussions cliniques, et la prise en charge théra-
Après mise en place d'un trocart de gros calibre (10 à peutique de la maladie ostéoporotique n'ont cessé
11 G) dans le corps vertébral, le ciment radio-opaque de progresser au cours des dernières années, si bien
est injecté en phase liquide. La polymérisation du que le radiologiste ne peut plus se contenter de la
ciment conduit à son durcissement en quelques simple mention d'un tassement vertébral dans son
minutes permettant la consolidation vertébrale. rapport. Au contraire, sa découverte doit initier un
La vertébroplastie est une procédure utilisée depuis bilan étiologique qui a été développé dans ce cha-
environ 20 ans et son efficacité a été démontrée pitre et est résumé ainsi dans la figure 9.9.
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Chapitre 10
Fractures du rachis enraidi
J. Durckel, J.-C. Dosch
En accidentologie (de la circulation, du travail, du mais surtout le rachis avec atteinte de la jonction
sport), les lésions traumatiques sont généralement discovertébrale, des ligaments périvertébraux, des
secondaires à des mécanismes à haute énergie et sur- articulations zygapohysaires et costotransversaires.
viennent en très grande majorité sur des vertèbres L'insertion osseuse des fibres périphériques de l'an-
saines. Un deuxième grand chapitre de la traumato- nulus fibreux réalise une enthèse. Son atteinte
logie rachidienne concerne les fractures patholo- inflammatoire détermine initialement une lyse du
giques (lésions survenant sur une vertèbre coin vertébral (mise au carré ou squaring), puis des
fragilisée) : il s'agit avant tout des tassements de phénomènes ossifiants du tissu spongieux vertébral,
l'ostéoporose, puis des tassements tumoraux des fibres périphériques de l'annulus fibreux et des
(métastases, myélome), beaucoup plus rarement ligaments périvertébraux (syndesmophytes, puis
d'autres étiologies comme le granulome éosino- ossification intersomatique). Dans les formes évo-
phile, l'hyperparathyroïdie, la maladie de Paget. Ces luées de la SA, il peut exister une ossification du
complications fracturaires sont souvent secondaires ligament longitudinal antérieur et des fibres péri-
à des traumatismes mineurs et même parfois tout à phériques de l'annulus fibreux, une ankylose des
fait spontanées. Un troisième groupe de fractures articulations zygapophysaires, parfois une ossifica-
vertébrales est représenté par les lésions trauma- tion du ligament longitudinal postérieur, du liga-
tiques survenant sur un rachis enraidi. Il s'agit avant ment jaune, des ligaments inter- et supra-épineux.
tout de la spondylarthrite ankylosante dont les com-
plications fracturaires aux phases évoluées sont
connues depuis plusieurs décennies. Plus récem- Causes des fractures vertébrales
ment, de nombreuses études ont démontré que la de la spondylarthrite ankylosante
maladie de Forestier ou hyperostose squelettique
diffuse idiopathique (ou DISH – diffuse idiopathic Dans la SA, le rachis est fragile, d'une part en raison
skeletal hyperostosis) pouvait entraîner le même type de l'ostéoporose associée à l'affection, d'autre part
de complications. On peut enfin intégrer dans ce en raison des conditions biomécaniques liées à la
groupe les lésions traumatiques du rachis cervical du rigidité vertébrale. Le risque de fracture liée aux
sujet âgé dont la présentation clinique, les circons- altérations que nous allons décrire est 6 à 7 fois
tances étiologiques, les complications, les problèmes supérieur à celui d'une population témoin.
diagnostics et thérapeutiques sont très proches.
Ostéoporose
Dès les premières années d'évolution de la maladie, le
Complications fracturaires rachis est le siège d'une déminéralisation comme
de la spondylarthrite ankylosante l'ont démontré les études densitométriques et l'aug-
mentation de l'excrétion urinaire des marqueurs de la
La spondylarthrite ankylosante (SA) est une enthé- résorption osseuse chez ces patients. Cette ostéopo-
site ossifiante touchant les articulations sacro- rose est probablement liée aux phénomènes inflam-
iliaques, les articulations axiales et périphériques matoires locaux et systémiques. Elle explique la
Traumatologie du rachis
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188 Particularités liées à l’âge et au terrain
survenue de tassements pour des traumatismes relati- épargné, il subit une dégradation fonctionnelle,
vement mineurs au cours de phases peu évoluées de perd son élasticité. Une métaphyse chondroïde est
la SA (fig. 10.1). Dans les phases tardives de l'affec- responsable d'une fragilité accrue : le disque peut
tion, quand il existe une ankylose étendue, l'immobi- dès lors se révéler le maillon faible du rachis. Dans
lité et le manque d'exercice aggravent cette les SA très évoluées, tout le disque intervertébral
ostéoporose. L'atrophie des muscles paraspinaux, par peut s'ossifier ; du fait de l'ostéoporose marquée, le
le manque de soutien, contribue à la fragilité locale. corps vertébral peut se révéler plus fragile que le
disque. Ces considérations peuvent expliquer dans
Rigidité une certaine mesure que les fractures transverté-
brales surviennent préférentiellement à travers l'es-
Le deuxième grand facteur fragilisant est la rigidité
pace discal dans les phases relativement moins
rachidienne. Chez un sujet sain, la mobilité que per-
évoluées de la maladie et plutôt à travers le corps
met le jeu normal des disques et des articulations
vertébral dans les formes très avancées.
intervertébrales joue un rôle d'amortisseur des
chocs. Quand le rachis est ankylosé, cette faculté Concernant l'atteinte discale deux considérations
d'amortissement n'existe plus, la colonne vertébrale annexes méritent d'être signalées. On observe assez
se comporte comme un bloc osseux rigide d'un seul souvent, chez les patients très jeunes et à des phases
tenant. Du fait de la longueur du segment ankylosé, précoces de l'affection, l'apparition de pincements
les bras de levier d'une éventuelle contrainte appli- discaux marqués et étagés qui ne peuvent s'expli-
quée sont élevés et le rachis peut se briser comme un quer par de simples discopathies dégénératives ; il
os long. Les ligaments périvertébraux ossifiés se s'agit là d'un autre témoin de l'atteinte discale au
fracturent selon le même mécanisme ; ils ne jouent cours de la SA. Le second point concerne les éven-
plus leur rôle de stabilisateur avec comme consé- tuelles calcifications discales. Leur présence peut se
quence le fréquent déplacement de ces fractures. révéler intéressante en IRM : quand elles sont très
fines, elles peuvent être responsables d'un hyper
signal discal sur les séquences pondérées en T1 ; ce
Atteinte discale
signe oriente vers un bloc vertébral et peut se révéler
Un troisième facteur, plus accessoire, intervient utile si le diagnostic d'affection ankylosante n'est
dans les mécanismes de ces fractures : l'atteinte dis- pas connu au moment de la réalisation de
cale. Dans la SA, le disque intervertébral n'est pas l'examen.
T7
T7
T9
T9
a b d
Fig. 10.1 Tassements vertébraux sur spondylarthrite ankylosante débutante.
a. Tassements d'allure ostéoporotique de T7 et de T9.
b, c, d. L'exploration IRM en pondération T1 (b) et le scanner (c, d) montrent que le tassement de T9 est récent (œdème médullaire et
interruption corticale) contrairement à celui de T7 qui est ancien (reconversion graisseuse de la moelle osseuse, corticales intactes).
Notez les remaniements des articulations costovertébrales T7 en rapport avec la SA (c).
Chapitre 10. Fractures du rachis enraidi 189
Formes aiguës des fractures Ces fractures traversent d'avant en arrière l'en-
transversales de la spondylarthrite semble des structures rachidiennes. Classiquement,
ankylosante on considérait qu'en avant le trait de fracture était
plus souvent transdiscal (fig. 10.4) que transcorpo-
Ce sont des fractures graves pouvant entraîner des
réal (fig. 10.5) ; en fait, l'analyse de grandes séries
complications neurologiques sévères. Elles consti-
montre une proportion sensiblement équivalente
tuent souvent un tournant évolutif de la maladie.
des deux localisations [2]. Les structures ligamen-
Elles surviennent sur un rachis ankylosé donc à une
taires sont généralement rompues (ligaments longi-
phase tardive de l'affection, généralement après une
tudinal antérieur, longitudinal postérieur,
vingtaine d'années d'évolution. L'âge moyen de
interépineux). En arrière, les lésions fracturaires
survenue sur de grandes séries est de 59 ans [2].
intéressent l'arc postérieur et passent par les lames,
La localisation cervicale est de loin la plus fréquente, les régions isthmiques, les massifs articulaires.
environ 80 % des cas : elle intéresse surtout le rachis
Un certain nombre de ces fractures surviennent à
cervical inférieur et la jonction cervicodorsale ; le
l'occasion de traumatismes violents : accident de la
mécanisme en est très habituellement un trauma-
voie publique, chute dans un escalier. Ces patients
tisme en hyperextension (voir fig. 3.15). Moins fré-
sont admis d'emblée en milieu chirurgical. Le bilan
quentes sont les localisations dorsale inférieure (T9
diagnostic à la recherche de lésions fracturaires et le
à T12 : 12 % des cas) et lombaire inférieure (8 %).
traitement sont rapidement mis en route. Mais la
Quand le segment ankylosé est relativement long, la
grande majorité des fractures transvertébrales sur-
fracture survient généralement à travers le segment
viennent à l'occasion de traumatismes mineurs :
fusionné ; la jonction cervicothoracique apparaît
chute de sa hauteur, d'une chaise, d'un lit ; faux
particulièrement vulnérable. Au contraire, quand
mouvement. Plusieurs facteurs contribuent à
le rachis n'est que partiellement fusionné, la fracture
mésestimer la gravité des lésions : le caractère
se voit plutôt à la jonction entre le segment mobile
minime du traumatisme peut faussement rassurer (le
et le segment ankylosé (fig. 10.3). Le long bras
malade et le médecin) et ne pas faire évoquer d'em-
de levier constitué par l'ankylose concentre les
blée une fracture ; la douleur fracturaire n'est pas
contraintes à son extrémité expliquant la localisation
toujours identifiée par le malade par rapport à une
fracturaire : c'est le cas en particulier pour les lésions
douleur rachidienne préexistante ; quelques patients
de l'apophyse odontoïde.
n'ont même aucun souvenir de traumatisme et
d'autres enfin n'ont conscience d'aucun symptôme importe d'éviter les actes inutiles, d'aller d'emblée à
de fracture jusqu'à l'apparition aiguë de troubles l'examen performant à la suite d'un raisonnement
neurologiques. individuel pour chaque patient.
La gravité de ces fractures tient à deux facteurs : Se pose ainsi le problème des radiographies stan-
d'une part, leur caractère très instable avec fréquem- dard. Elles visualisent bien certaines fractures, en
ment des complications neurologiques, d'emblée ou particulier cervicales ; un signe précieux à ce niveau
secondairement ; d'autre part, l'âge et l'état général est la fracture d'une apophyse épineuse, souvent
souvent précaire de ces patients avec en particulier bien visible : elle coexiste pratiquement toujours
une insuffisance respiratoire. Westerwald [3] dans sa avec une fracture transvertébrale qui doit être
revue de la littérature de 2008 concernant 345 cas recherchée au même niveau ou aux niveaux immé-
de fractures transversales au cours de la SA retrouve diatement sus- ou sous-jacents. Mais beaucoup de
un taux de mortalité de 18 % dans les 3 mois suivant lésions fracturaires échappent aux radiographies
l'épisode traumatique. Les causes habituelles de conventionnelles, en particulier au niveau de la
décès sont liées à une insuffisance respiratoire secon- jonction cervicodorsale. Par ailleurs la cyphose, l'os-
daire à une pneumopathie d'inhalation, une infec- téoporose, les ossifications ligamentaires limitent
tion postopératoire, une thrombose veineuse beaucoup l'interprétation.
profonde avec embolie pulmonaire. Une cause de L'examen scanographique visualise au mieux ces
mortalité plus rare est représentée par l'atteinte aor- fractures transvertébrales. Il faut examiner le rachis
tique. L'aortite est une complication connue de la en entier depuis la charnière cervico-occipitale
SA avec prolifération intimale et fibrose adventi- jusqu'en L2 au moins. Le scanner avec les reforma-
tielle. Du fait des phénomènes inflammatoires, tions multiplanaires est un peu supérieur à l'IRM
l'aorte peut devenir très adhérente au ligament lon- pour la détection des fractures des différents élé-
gitudinal antérieur et subir de ce fait des forces de ments de l'arc postérieur et des luxations zygapo-
cisaillement lors de la dislocation vertébrale. physaires. Au niveau de la colonne antérieure, les
Les complications neurologiques sont fréquentes du fractures du ligament longitudinal antérieur sont
fait du caractère souvent déplacé de ces fractures [2, bien visualisées sur les coupes sagittales ou les refor-
4, 5]. Elles peuvent survenir dans un délai variable mations 3D en vue antérieure avec rendu de surface.
par rapport au traumatisme : Un trait entièrement transdiscal réalise générale-
• de nombreux patients présentent un déficit dès ment un élargissement discal prédominant souvent
l'admission ; en avant avec fréquemment translation antéroposté-
• chez un certain nombre d'autres sujets on observe rieure plus ou moins marquée. Le trait fracturaire
un intervalle libre, puis l'apparition de signes neu- peut traverser partiellement le disque et partielle-
rologiques dans les heures qui suivent du fait du ment le plateau vertébral avec arrachement d'un
développement d'un hématome épidural ; fragment osseux plus ou moins volumineux du pla-
• de nombreux autres présentent un déficit secon- teau. Enfin la fracture peut être purement transcor-
daire dans les jours ou semaines qui suivent en poréale, horizontale ou oblique, située très près
raison du déplacement secondaire de ces fractures d'un plateau vertébral ou en plein corps. En arrière,
très instables [5, 6] (immobilisation insuffisante, la lésion intéresse les différentes structures de l'arc
transfert sans toutes les précautions requises, postérieur soit au même niveau que la fracture anté-
application d'un collier rigide sur un rachis précé- rieure, soit au niveau immédiatement sus- ou sous-
demment cyphotique). jacent. Le fenêtrage parties molles peut révéler une
Tout patient souffrant d'ankylose vertébrale sur SA collection dense intracanalaire postérieure, fusi-
qui se plaint d'un nouveau symptôme cervical ou forme aux extrémités supérieures et inférieures, effi-
dorsal, avec ou sans traumatisme, avec ou sans défi- lées sur les reconstructions sagittales, en faveur d'un
cit neurologique, doit être traité comme s'il était hématome épidural.
porteur d'une fracture instable du rachis jusqu'à Réaliser une IRM de qualité chez ces patients est
preuve du contraire : les transferts et manipulations une véritable gageure. Ils sont souvent en mauvais
doivent être réduits au minimum et, quand réfléchis, état général, ont des problèmes respiratoires, sup-
être effectués avec les plus extrêmes précautions. Il portent difficilement le décubitus dorsal. Idéalement,
Chapitre 10. Fractures du rachis enraidi 193
on utilise l'antenne de surface cervicale. Mais sou- à la radiographie (fractures occultes, éventualité fré-
vent la cyphose dorsale est telle que ce n'est pas pos- quente dans la SA évoluée) [6, 7], mais l'intérêt
sible et il faut recourir à l'antenne corps. D'extrêmes majeur de l'IRM est bien sûr l'étude des éventuelles
précautions sont nécessaires lors de l'installation du répercussions sur la moelle épinière dont les lésions
patient. Il faut veiller à ce que ne soit exercée aucune élémentaires suivantes peuvent être visualisées :
pression cervicale en extension : le rachis cervical œdème médullaire, contusion hémorragique, com-
doit rester en flexion, si nécessaire à l'aide d'oreil- pression par les éléments osseux, hématome épidu-
lers. La surveillance du patient tout au long de l'exa- ral, section complète.
men est cruciale. En raison de l'état très précaire des L'hématome épidural est une complication assez fré-
patients, l'examen doit souvent être interrompu ; par quente des fractures transvertébrales vraisemblable-
ailleurs, la qualité d'image décroissant fréquemment ment du fait de lésions de traction sur les plexus
avec chaque séquence successive, il est judicieux de veineux épiduraux [5]. Il réalise une masse extradu-
commencer par les coupes les plus informatives : rale, le plus souvent de localisation postérieure ou
sagittale T2, sagittale STIR. postérolatérale avec sur les coupes sagittales un aspect
L'épaississement œdémateux ou hémorragique des fusiforme aux extrémités supérieures et inférieures
parties molles prévertébrales est un signe quasi effilées, en pointe. Le signal de ces hématomes est
constant : souvent évident avec présence d'une col- variable. Au stade aigu, on observe généralement un
lection liquidienne ou hétérogène, parfois discret hyposignal en pondération T1 et un hyposignal
sous forme des fines stries œdémateuses. homogène ou hétérogène (zones focales en hypersi-
La fracture transdiscale se traduit par une image gnal) en pondération T2. Après 24 heures d'évolu-
linéaire hyposignal en pondération T1, hypersignal tion, les hématomes sont typiquement en hypersignal
plus ou moins marqué en pondération T2 ; plus la sur les deux types de séquences. Sur le plan clinique,
solution de continuité est large, plus la lésion appa- il existe classiquement un intervalle libre entre l'épi-
raît de type liquidien [7]. Les fractures transcorpo- sode traumatique et l'apparition de la symptomatolo-
réales fines réalisent généralement un trait hyposignal gie neurologique ; le début est généralement brutal
en pondération T1, hypersignal en pondération T2. avec douleurs parfois de trajet radiculaire (indiquant
En cas de solution de continuité plus large (2 à alors le site du début de saignement). Puis s'installe
4 mm), on observe le plus souvent un signal de type un déficit moteur et sensitif : paraparésie ou tétrapa-
liquidien. Dans les formes purement transdiscales, résie pouvant évoluer vers la paralysie complète. Le
on n'observe généralement pas d'œdème médul- traitement consiste en une décompression urgente
laire périfracturaire ; dans les lésions transcorpo- par laminectomie des niveaux touchés. Le pronostic
réales, ce dernier est souvent marqué, mais parfois de ces hématomes épiduraux est fonction de la sévé-
discret, détectable seulement sur les séquences rité des symptômes, de la rapidité de leur progres-
STIR. En tout cas, l'absence d'œdème ne permet sion, de l'extension de la lésion et de l'intervalle de
pas a priori d'affirmer l'absence de fractures. temps entre début clinique et geste décompressif.
En arrière, le trait de fracture réalise le plus souvent
une image linéaire hyposignal T1 et hypersignal T2 à Lésions discovertébrales érosives
travers l'arc postérieur. Au sein des parties molles, on et destructrices
observe très fréquemment des signes d'œdème ou En 1937, Andersson décrit pour la première fois des
d'hématome dans la région interépineuse au niveau lésions discovertébrales érosives et destructrices au
du foyer de fracture. Il peut exister des signes œdé- cours de la SA. Leur signification n'est pas univoque.
mateux et hémorragiques au sein des muscles paraspi- Dans les phases relativement peu évoluées de la SA,
naux adjacents, parfois étendus sur plusieurs niveaux ; avant le stade de fusion, on peut observer des lésions
leur intensité est variable : tantôt marquée, tantôt discovertébrales avec hernies intraspongieuses en
discrète, détectable seulement sur les séquences STIR miroir, signes inflammatoires du tissu spongieux
ou après injection et suppression de graisse [7, 8]. sous-jacent, tassement de la partie antérieure du pla-
L'IRM est utile pour le diagnostic de fractures pas- teau vertébral : il s'agit de discopathies de type 1 ou
sées inaperçues à la radiographie standard et celui de 2 de Cawley, non infectieuses, comportant à la fois
fractures à double localisation dont l'une a échappé une composante mécanique et inflammatoire. Ces
194 Particularités liées à l’âge et au terrain
lésions n'ont pas de caractère péjoratif concernant La localisation la plus fréquente est dorsale infé-
l'évolution de l'affection et ne justifient pas de trai- rieure entre T9 et T12 chez un patient au rachis
tement spécifique autre que celui de la SA. totalement enraidi avec cyphose majeure. Plus rare-
Tout autres sont les lésions discovertébrales ment, il s'agit de lésions de la jonction cervicodor-
survenant au stade d'ankylose évoluée du rachis.
sale. Comme dans les formes aiguës, il faut connaître
Pendant longtemps, elles ont été considérées comme la possibilité de lésions multiples.
des spondylodiscites, avant tout infectieuses, puis La présentation clinique la plus classique et évoca-
ultérieurement inflammatoires. C'est seulement dans trice est la réapparition de douleurs mécaniques
les années 1960 que l'on a démontré l'existence de chez un patient n'ayant plus depuis longtemps de
lésions de pseudarthrose de l'arc postérieur au même douleurs inflammatoires de sa SA. Typiquement, il
niveau que la discopathie prouvant ainsi le lien direct s'agit de douleurs vives, ponctuelles, de type méca-
de ces lésions avec des épisodes fracturaires [1]. Il nique, aggravées par la mise en charge et les mou-
s'agit de discopathies de type 3 de Cawley. vements. Des épisodes aigus très intenses à
Ces pseudarthroses vertébrales peuvent s'expliquer l'occasion de « faux mouvements » doivent attirer
par un double mécanisme : dans certains cas, il s'agit l'attention.
de fractures d'emblée transvertébrales qui ne vont C'est habituellement devant des images radiogra-
pas consolider ; dans d'autres cas, il s'agit initiale- phiques de discopathie érosive que le diagnostic de
ment d'une fracture de l'arc postérieur qui ne par- pseudarthrose est évoqué. L'aspect le plus caracté-
vient pas à consolider et aboutit à une pseudarthrose ristique est un élargissement discal associé à des
[9, 10]. Cette dernière induit une instabilité entraî- signes de destruction plus ou moins géodique et de
nant secondairement des lésions discovertébrales. condensation des plateaux vertébraux adjacents
Ces fractures surviennent généralement à la suite de (fig. 10.6). Il peut s'y associer un spondylolisthésis
traumatismes mineurs, facilement oubliés par le de grade 1 ou 2. Plus rarement, le disque est de
patient. En l'absence de troubles cliniques significatifs, hauteur normale ou apparaît pincé. Si l'on dispose
elles risquent de passer inaperçues d'autant plus de radiographies antérieures, on note généralement
qu'elles sont partielles et échappent généralement à la la stabilité sans aucune tendance à la réparation sur
radiographie standard. L'ostéoporose, les troubles de les clichés successifs.
la statique, les ossifications paravertébrales limitent Le diagnostic est fait sur la présence concomitante
l'interprétation des clichés conventionnels et justifient d'une pseudarthrose de l'arc postérieur, lésion géné-
un usage large du scanner et de l'IRM chez ces patients. ralement mieux appréciée à l'examen scanographique.
En IRM, la pseudarthrose antérieure se traduit par où l'on retrouve les excroissances osseuses horizon-
une bande hyposignal T1 et T2 (en rapport avec la tales). Ces caractères sémiologiques permettent de
fibrose et la sclérose osseuse), avec parfois collection les différencier des ossifications de la SA, mais le dia-
liquidienne en son sein. Après injection, on note gnostic différentiel repose avant tout sur l'absence
une prise de contraste des berges de la pseudarth- de sacro-iliite, d'arthrite ou d'ankylose zygapophy-
rose et des enveloppes durales et épidurales en saires, d'arthrite axiale ou périphérique.
regard : ces aspects ne doivent pas être confondus L'extension de cette hyperostose est variable. On
avec une spondylodiscite infectieuse avec épidurite. exige l'ankylose d'au moins quatre corps vertébraux
En arrière, le trajet fracturaire à travers l'arc posté- contigus pour parler d'hyperostose de Forestier.
rieur se traduit par une bande hyposignal T1, hypo- L'atteinte cervicale est fréquente, le plus souvent
ou hypersignal T2. Après injection, on note une entre C4 et C7 ; assez souvent les patients se
prise de contraste le long du trajet des lésions liga- plaignent de dysphagie.
mentaires de la colonne postérieure ainsi que des
L'ossification du ligament longitudinal postérieur
parties molles adjacentes.
est moins fréquente, difficile à identifier sur les
La persistance de la mobilité au niveau pseudarth- radiographies conventionnelles. Elle peut réduire le
rosé peut déterminer des lésions destructrices diamètre du canal cervical et être responsable d'une
majeures des plateaux vertébraux, pouvant simuler myélopathie cervicale. Au niveau dorsal et lombaire,
une spondylodiscite infectieuse (voir fig. 10.2). Ces on peut observer une ossification du ligament jaune
pseudarthroses vertébrales concernent beaucoup et des ligaments péri-articulaires.
plus rarement des fractures transcorporéales.
Dans les maladies de Forestier peu étendues les frac-
Celles-ci peuvent déterminer un aspect particulier
tures sont rares. Le caractère localisé des fusions et
d'ostéolyse spongieuse localisée du corps vertébral,
l'absence d'ankylose zygapophysaire autorisent une
lésion beaucoup plus fréquemment observée dans
certaine mobilité et un certain amortissement des
les fractures sur hyperostose idiopathique.
forces appliquées en cas de traumatisme. En cas de
fusion étendue, la longueur du segment ankylosé
donne un long bras de levier à la force traumatique
Complications fracturaires avec risque élevé de fracture transvertébrale. La gra-
de l'hyperostose vertébrale vité de ces lésions fracturaires semble davantage liée
de Forestier à la longueur du segment ankylosé qu'à la sévérité
du traumatisme [11, 12].
L'hyperostose squelettique diffuse idiopathique L'âge moyen de survenue de ces fractures transver-
(DISH pour les auteurs anglo-saxons) est une tébrales est de 68 ans (sensiblement plus élevé que
enthésopathie ossifiante non inflammatoire tou- dans la SA) [2]. La localisation cervicale est la plus
chant l'adule après 50 ans, surtout de sexe masculin, fréquente (60 % des cas). Puis viennent les localisa-
souvent associée à l'obésité et un diabète de type 2. tions thoraciques (35 %) et lombaires (5 %). La frac-
Elle est caractérisée par des coulées osseuses périver- ture est transcorporéale dans deux tiers des cas
tébrales et par des ossifications des enthèses périphé- (fig. 10.7), transdiscale dans un tiers des cas
riques. L'atteinte rachidienne prédomine au niveau (fig. 10.8). L'ossification exubérante du ligament
dorsal inférieur. On observe d'épaisses excroissances longitudinal antérieur en regard de l'espace discal
osseuses s'implantant sur les corps vertébraux à dis- explique probablement que le corps vertébral repré-
tance des plateaux : elles s'associent à une calcifica- sente le plus souvent la zone de moindre résistance.
tion–ossification du ligament longitudinal antérieur La fracture peut survenir soit au sein du segment
et forment des ponts intervertébraux restant à dis- ankylosé, soit à la jonction entre le segment fusionné
tance des disques (aspect d'encorbellement). Elles et le segment gardant une certaine mobilité.
siègent surtout sur le bord antérolatéral droit du Ce sont des fractures graves : la mortalité générale
rachis thoracique. De profil, le bord antérieur de la est d'environ 20 % dans les 3 mois suivant l'épisode
vertèbre paraît souvent nettement visible, elle est traumatique [2]. Il s'agit en effet de patients âgés
séparée de la coulée osseuse par une fine ligne radio- avec association fréquente d'obésité et de diabète,
transparente (sauf aux coins supérieurs et inférieurs expliquant le mauvais pronostic.
196 Particularités liées à l’âge et au terrain
Les complications neurologiques sont très fré- fracture par distraction du corps vertébral avec aug-
quentes [2, 11] du fait de la longueur du bras de mentation de hauteur de son segment antérieur, dis-
levier réalisé par l'ankylose (fig. 10.9 et 10.10). Ces continuité de sa corticale antérieure, fracture du
fractures transvertébrales sont très instables avec ligament longitudinal antérieur, course antéropos-
extrême vulnérabilité de la moelle [12]. térieure du trait de fracture à travers le corps verté-
Le mécanisme traumatique étant habituellement en bral, lésion de l'arc postérieur et en particulier du
hyperextension, on observe assez fréquemment une complexe ligamentaire postérieur.
Chapitre 10. Fractures du rachis enraidi 197
Fig. 10.10 Hématome épidural postérieur : même patient qu'à la figure 10.9.
Les coupes sagittales en pondération T2 confirment les signes de compression médullaire.
Un aspect particulier mérite d'être connu avec à la met postérieur, bien limitée, sans prise de contraste
radiographie standard et au scanner présence d'une en son sein. On peut observer des signes inflamma-
zone d'ostéolyse du spongieux dans la région anté- toires du tissu spongieux environnant avec hyper
rieure du corps vertébral [13]. À l'IRM, cette lésion signal T2 et prise de contraste après injection. Cet
correspond à une zone de signal liquidien, aspect, associé aux signes de lésion des parties molles
grossièrement triangulaire à base antérieure et som- postérieures, est tout à fait évocateur de fractures
198 Particularités liées à l’âge et au terrain
une fracture de l'arc postérieur de l'atlas, une fracture longitudinal postérieur) créent une réduction plus ou
des pédicules, de la dent et du corps de C2 (fig. 10.12). moins marquée du calibre du canal cervical. Dès lors,
sur ce canal déjà limite, un traumatisme en hyperex-
tension peut provoquer une lésion médullaire du fait
Lésion traumatique du rachis de la réduction supplémentaire de calibre du canal
cervical inférieur cervical créée par l'invagination du ligament jaune.
Ainsi, chez le sujet âgé, un traumatisme mineur peut
Elles sont fréquentes et présentent des similitudes
causer de sévères lésions neurologiques et le poten-
frappantes avec les fractures transversales sur rachis
tiel de récupération est limité. Ces lésions médullaires
ankylosé : en particulier, la discrétion de signes radio-
peuvent passer inaperçues au premier examen. Tout
logiques, la possibilité de lésions graves pour des
patient âgé se présentant pour une chute ou une his-
traumatismes en apparence mineurs, le pronostic
toire traumatique même mineure doit être suspect de
vital parfois mis en jeu, la fréquence des complica-
lésion crânienne ou cervicale et examiné et réexa-
tions neurologiques. Ces dernières sont liées à des
miné pour éliminer une lésion médullaire cervicale.
lésions de contusion médullaire avec en particulier
fréquemment un syndrome central cervical aigu. Ces Sur le plan étiopathogénique, il s'agit donc le plus sou-
atteintes s'expliquent par le mécanisme particulier, vent d'un mécanisme en hyperextension. Dans la très
en hyperextension, de ces traumatismes et par les grande majorité des cas, il s'agit de traumatismes relati-
conditions biomécaniques altérées du rachis cervical vement mineurs : chute de sa hauteur avec traumatisme
chez le sujet âgé. La lésion médullaire est due au craniofacial (choc de la face ou du front contre le sol,
cisaillement du cordon médullaire par le ligament une table, un mur, chute dans les escaliers). Les trau-
jaune protubérant. En hyperextension, le ligament matismes en hyperflexion, type entorse grave posté-
jaune se plisse et réalise une protrusion antérieure ; il rieure ou luxation bilatérale, sont plus rares à cet âge et
y a alors, chez le sujet sain, juste assez de place pour généralement secondaires à un accident de la circula-
la moelle et les racines. Les modifications dégénéra- tion (fig. 10.13). Ils ne doivent pas être pris à tort pour
tives (à l'origine, par exemple, d'un discret rétrolis- un banal spondylolisthésis dégénératif (fig. 10.14).
thésis, d'ostéophytes à direction postérieure, de Cliniquement, le fait marquant de ce groupe de patients
protrusions discales, d'une ossification du ligament est la fréquence des complications neurologiques
pour des traumatismes en apparence mineurs et la qu'aux membres inférieurs ; de troubles vésicaux et de
forme clinique particulière de l'atteinte médullaire [14, troubles sensitifs de degré variable [15–17]. On peut
16, 17]. Il s'agit le plus souvent : d'un déficit incomplet en fait observer tout le spectre des lésions médullaires
et en particulier d'un syndrome centromédullaire cervi- cervicales depuis un syndrome centromédullaire transi-
cal aigu, caractérisé par un déficit moteur proportion- toire lié à une commotion cervicale jusqu'à une
nellement plus important aux membres supérieurs nécrose.
Chapitre 10. Fractures du rachis enraidi 201
En imagerie, le second grand fait marquant de ce sous forme d'un œdème localisé au niveau du coin
groupe de patients est la discrétion des signes radio- vertébral. Mais il faut surtout s'attacher à l'étude du
logiques. Une radiographie cervicale de profil d'ex- complexe disco-vertébro-ligamentaire : déchirure
cellente qualité est bien sûr indispensable, mais bien localisée du ligament longitudinal antérieur, rupture
souvent elle ne révèle que de banales lésions dégéné- des fibres antérieures de l'annulus fibreux réalisant
ratives et l'évaluation d'éventuelles lésions trauma- une image hyposignal du un tiers antérieur du
tiques surajoutées est difficile. Il faut s'astreindre à disque, élargissement discal avec hypersignal du
rechercher des signes précieux que constituent un disque en pondération T2 (fig. 10.15). Enfin l'IRM,
épaississement de parties molles antérieures, un petit avec en particulier les coupes sagittales T1 et T2,
arrachement du bord inférieur d'un plateau vertébral, constitue l'examen clé pour l'évaluation des lésions
un élargissement discal, en particulier antérieur, mais médullaires. On peut observer des signes d'œdème
souvent discret (du fait du pincement discal dégéné- intramédullaire souvent étendus sur plusieurs
ratif préexistant). Quand il n'y a pas de lésion osseuse, niveaux, des signes de contusion hémorragique, un
le seul indice en faveur d'un traumatisme en hyperex- hématome épidural. Les coupes axiales T2 sont
tension et témoignant de la violence de celui-ci est la utiles pour la confirmation des lésions médullaires,
présence de meurtrissures du front ou de la face. en particulier un œdème discret.
L'examen scanographique précise au mieux les Les buts du traitement sont différents, chez les
lésions osseuses. Il faut évaluer l'ensemble du rachis sujets jeunes et chez les sujets âgés. Chez ces der-
cervical dans des plans variés. On recherche un niers, le premier objectif est de maintenir la mobilité
hématome des parties molles antérieures, un élargis- du patient de façon à protéger au maximum la fonc-
sement discal, une interruption de l'ossification des tion respiratoire et préserver aussi la santé mentale.
fibres antérieures de l'annulus fibreux, un petit arra- Cet objectif peut être atteint le plus souvent par un
chement d'un coin vertébral antérieur. collier rigide. Traction et repos au lit sont contre-
En IRM, on peut observer des signes d'œdème et indiqués. En cas de lésions multiples ou très ins-
d'hémorragie au sein des parties molles préverté- tables, la chirurgie ou la veste Halo sont des
brales, une fracture occulte du plateau vertébral alternatives efficaces.
Au cours de ces quinze dernières années, la prise en dienne, nous détaillerons les aspects techniques de
charge des traumatismes du rachis s'est vue la vertébroplastie et de ses variantes avant de présen-
grandement modifiée par les développements de la ter ses résultats.
radiologie interventionnelle et notamment par
l'introduction de la vertébroplastie percutanée. La Traitement des fractures
vertébroplastie consiste à injecter un ciment dans
un corps vertébral via un trocart osseux afin d'en
rachidiennes ostéoporotiques
assurer sa consolidation. Si cette technique a été par vertébroplastie percutanée
initialement décrite par Deramond et Galibert
pour traiter un angiome vertébral agressif [1], les Indications
indications de la vertébroplastie se sont rapide-
Les indications de la vertébroplastie en pathologie
ment étendues aux traitements des fractures verté-
traumatique sont dominées par les fractures par com-
brales ostéoporotiques et des métastases vertébrales
pression vertébrale survenant chez le sujet âgé, ostéo-
hyperalgiques qui constituent aujourd'hui les deux
porotique [3, 4]. Celles-ci causent douleurs,
indications principales de cette technique [2].
limitation fonctionnelle, bascule en cyphose. Leur
En pathologie traumatique rachidienne, la princi- traitement conventionnel associe repos, antalgiques
pale indication de la consolidation vertébrale par et biphosphonates. En cas d'échec du traitement
injection de ciment (vertébroplastie) est représentée conservateur, la vertébroplastie est envisagée pour
par les fractures du sujet âgé ostéoporotique. Grâce maîtriser les douleurs, assurer la consolidation verté-
aux améliorations techniques, notamment par le brale et permettre la remise en charge rapide. Le délai
développement de systèmes d'expansion intraverté- idéal pour réaliser ce type de procédure reste source
brale, la vertébroplastie a vu ses indications s'étendre de débat car malgré les progrès de l'imagerie, il est
à certaines fractures rachidiennes traumatiques du difficile de prédire l'évolution spontanée d'une frac-
sujet jeune ; cette méthode permet alors d'éviter la ture vertébrale : guérison rapide ou au contraire col-
mise en place de corsets souvent peu efficaces et mal lapsus, voire pseudarthrose à l'origine de douleurs
tolérés. Enfin, l'injection percutanée de ciment chroniques. La plupart des équipes considèrent
osseux peut dans certains cas de traumatismes rachi- qu'un délai de 4 semaines est un délai raisonnable
diens complexes être combinée à une arthrodèse avant de proposer une vertébroplastie pour fracture
postérieure ; dans ce cas, la vertébroplastie assure la ostéoporotique, mais cette limite théorique doit être
consolidation du segment rachidien antérieur et adaptée au cas par cas, en prenant en compte les
remplace efficacement une approche chirurgicale comorbidités mais aussi le niveau fracturé. En effet,
antérieure plus invasive. les fractures thoraciques nécessitent un traitement
Dans ce chapitre, nous préciserons les indications de plus rapide car elles s'accompagnent de restrictions
la vertébroplastie en pathologie traumatique rachi- du volume pulmonaire par bascule en cyphose. Par
Traumatologie du rachis
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206 Bases thérapeutiques
ailleurs, la remise en charge rapide du sujet âgé ostéo- vertébroplastie. Dans le cas de tassements vertébraux
porotique est un élément majeur pour réduire les subaigus ou chroniques, l'absence d'œdème intra
complications de décubitus telles que les spongieux signe la consolidation ; si des douleurs per-
thrombophlébites, les pneumonies et les escarres [5]. sistent, elles sont alors le plus souvent en rapport avec
Cliniquement, les patients présentent une douleur la déformation rachidienne et relèvent d'un traite-
rachidienne mécanique exacerbée lors de la mise en ment fonctionnel [6]. En cas de contre-indication à
charge et lors de la percussion du processus épineux l'IRM, l'association scintigraphie et scanner constitue
de la vertèbre lésée. De nombreux patients souffrant une excellente alternative pour ne pas méconnaître
d'ostéoporose présentent de multiples tassements ver- des fractures aiguës. La clé du succès de la vertébro-
tébraux adjacents. Dans ce cas, il est très difficile de plastie repose sur une évaluation clinique solide, com-
déterminer cliniquement quel(s) niveau(x) est(sont) binée à une imagerie précise et récente. En effet, les
responsable(s) de la symptomatologie douloureuse deux principaux écueils sont de méconnaître une ver-
aiguë. Si la radiographie standard et le scanner tèbre préfracturaire, mais aussi de surtraiter une ver-
donnent d'importantes informations morpholo- tèbre spontanément en voie de consolidation.
giques, l'IRM incluant des séquences T1 et T2 STIR Les ostéonécroses vertébrales (syndrome de Kümmel-
dans le plan sagittal est l'examen décisif pour planifier Verneuil) constituent une entité à part car elles évo-
une vertébroplastie. Cet examen démontre parfaite- luent vers une pseudarthrose avec collapsus vertébral
ment l'œdème intraspongieux dans le corps vertébral lent. L'IRM montre typiquement une bande de
récemment fracturé. L'IRM peut parfois montrer nécrose en hypersignal T2 très intense le long du pla-
d'autres vertèbres pathologiques présentant un état teau vertébral supérieur mais la nécrose peut s'étendre
préfracturaire (œdème sans déformation vertébrale), à la totalité du corps vertébral (fig. 11.2) ; du gaz
et relevant aussi d'une prise en charge par vertébro- intravertébral peut être visible en scanner ou sur les
plastie (fig. 11.1). Les résultats de l'imagerie doivent clichés standard. Dans ce cas, la vertébroplastie reste
être systématiquement confrontés aux données de indiquée même si le traumatisme initial remonte à
l'examen clinique pour confirmer la pertinence de la plusieurs mois, car la vertèbre n'est pas consolidée
a b
Fig. 11.1 Fractures vertébrales ostéoporotiques.
L'IRM rachidienne incluant des séquences T1 (a) et T2 STIR (b) montre un œdème intraspongieux sous les plateaux supérieurs de L1
et L3 témoignant du caractère récent de ces fractures.
Chapitre 11. Radiologie interventionnelle en pathologie rachidienne traumatique 207
[7]. La cimentoplastie des ostéonécroses requiert postérieur, susceptible d'être déstabilisé vers le canal
souvent des volumes de ciment très supérieurs à ceux lors de l'injection de ciment.
utilisés pour les fractures ostéoporotiques simples car Si la vertébroplastie constitue un traitement majeur
la cavité nécrotique doit être totalement remplie pour des fractures vertébrales traumatiques ostéoporo-
assurer la stabilité vertébrale. L'état du mur vertébral tiques, elle doit s'intégrer dans une prise en charge
postérieur doit être précisément analysé sur les coupes globale de la maladie ostéoporotique incluant suivi
axiales de scanner ou d'IRM, car les ostéonécroses rhumatologique et éventuel traitement oral préven-
peuvent induire une séparation d'un fragment libre tif (biphosphonates, hormonothérapie).
208 Bases thérapeutiques
a b c
d f
Fig. 11.3 Vertébroplastie lombaire.
L'approche unilatérale transpédiculaire oblique est privilégiée.
a. L'extrémité du trocart osseux est positionnée dans le tiers antérieur du corps vertébral, sur la ligne médiane. Sous guidage fluoro
scopique, le trocart est avancé selon un trajet oblique dans le pédicule.
b, c. Le bord interne de l'anneau pédiculaire ne doit pas être franchi sur une vue de face (b) tant que le mur postérieur vertébral n'a pas
été atteint sur un contrôle de profil (c).
d, e. Le trocart est ensuite avancé dans le tiers antérieur du corps vertébral, sur la ligne médiane.
Chapitre 11. Radiologie interventionnelle en pathologie rachidienne traumatique 209
a c d
b e
Fig. 11.4 Vertébroplastie thoracique.
a. L'approche unilatérale intercostopédiculaire est privilégiée. Distance du mur antérieur par rapport au plan cutané (1). Distance du
point d'introduction cutané par rapport à la ligne médiane des processus épineux (2).
b, c. Schéma (b) et vue fluoroscopique correspondante (c) avec 35° de rotation latérale par rapport à l'axe antéropostérieur. La ponc
tion (flèche noire) est effectuée entre le pédicule (1) et la tête de côte (2) qui protège la plèvre (3).
d. Notez la position du trocart proche du plateau vertébral supérieur pour éviter le foramen.
e. Le trocart peut ensuite être avancé dans le tiers antérieur du corps vertébral.
210 Bases thérapeutiques
avec une rotation du tube de 35° latéralement à par- colonnes antérieure et moyenne du corps vertébral
tir d'une vue antéroposterieure stricte, le trocart est suffisant. Un remplissage excessif du corps verté-
osseux est inséré entre deux structures ovalaires bral peut être responsable de douleurs et la rigidité
représentant respectivement la projection de la tête qu'il entraîne peut augmenter les contraintes méca-
de côte en dehors et la projection du pédicule en niques sur les segments adjacents [11, 12]. De plus,
dedans. Ceci permet de rester à distance de la plèvre le remplissage du tiers postérieur du corps vertébral
et du canal rachidien. Il est impératif que l'axe de est associé à une augmentation du taux de complica-
ponction soit situé à proximité du plateau vertébral tions, essentiellement par fuite de ciment intracana-
supérieur pour rester à distance du foramen et donc laire. Dans le cadre de fractures traumatiques sur
éviter le paquet vasculonerveux intercostal. Une fois terrain ostéoporotique, le volume de ciment injecté
en butée sur le coin postérolatéral du corps verté- ne devrait pas excéder 30 % du volume du corps ver-
bral, le trocart osseux est avancé dans le tiers anté- tébral, excepté dans le cas d'ostéonécrose où la cavité
rieur du corps vertébral sur la ligne médiane. nécrotique doit impérativement être comblée en
totalité. Un maximum de six niveaux peut être traité
Abord du sacrum en une seule session, compte tenu de la toxicité du
monomère et de possibles déplacements de moelle
Pour le traitement radio-guidé des fractures des aile-
osseuse induits par l'injection de ciment (fig. 11.6).
rons sacrés, l'approche est effectuée par voie posté-
rieure directe avec un axe de ponction proche du Les tests in vitro et l'expérience clinique en verté-
plan sagittal, entre les foramens sacrés en dedans et broplastie depuis plus de 20 ans ont confirmé l'effi-
l'articulation sacro-iliaque en dehors (fig. 11.5). cacité du PMMA pour consolider les fractures
Certains auteurs préconisent une angulation caudo- vertébrales. Cependant, ce ciment synthétique pré-
crâniale supplémentaire de 20°, parallèle au grand sente plusieurs inconvénients : c'est un polymère
axe du sacrum, pour limiter les risques de fausse non biocompatible et le monomère utilisé pour sa
route vers la cavité pelvienne. Compte tenu de la préparation est toxique ; sa polymérisation s'accom-
difficulté de bien analyser la position des foramens pagne d'une forte réaction exothermique ; enfin, sa
sacrés en fluoroscopie, le guidage combiné scanner– rigidité est élevée et un remplissage excessif pourrait
fluoroscopie offre un maximum de précision et de augmenter les contraintes sur les corps vertébraux
sécurité tout en limitant le taux d'irradiation adjacents, voire selon certains auteurs augmenter le
lorsqu'une cimentoplastie est envisagée [10]. risque de nouvelles fractures chez les sujets ostéopo-
rotiques. Si ce dernier point a fait l'objet de nom-
L'abord des premier et deuxième corps vertébraux
breuses controverses, plusieurs études ont démontré
sacrés est plus rarement utile en pathologie ostéopo-
l'absence de surincidence de fracture vertébrale
rotique ou traumatique percutanée. S'il est néces-
après vertébroplastie, la survenue de nouvelles frac-
saire, la ponction est alors effectuée par voie
tures faisant partie intégrante de l'histoire naturelle
postérolatérale transiliaque.
de l'ostéoporose [13].
Plus récemment, des ciments osseux à base de
Injection de ciment
phosphate de calcium ont été développés. Ils
Le ciment le plus communément employé est le poly- offrent l'avantage d'une parfaite biocompatibilité.
méthylméthacrylate (PMMA). Cette colle acrylique Ils se transforment progressivement en hydroxyapa-
de faible viscosité présente un temps de durcissement tite sans réaction exothermique notable. De plus,
de 6 à 10 minutes. Une fois le trocart osseux posi- leurs caractéristiques biomécaniques se rapprochent
tionné dans la vertèbre fracturée, le ciment est pré- de l'os spongieux normal et leur caractère poreux
paré en mélangeant le monomère liquide et la permet d'envisager une ostéo-intégration secon-
poudre. Les ciments utilisés pour la vertébroplastie daire [14, 15]. Ces caractéristiques apparaissent
contiennent un radio-opacifiant (zirconium, tungs- particulièrement intéressantes, surtout chez le sujet
tène, tantale ou baryum) qui permet leur utilisation jeune où le ciment osseux est implanté pour une
sous guidage fluoroscopique. Le volume de ciment très longue durée. Malheureusement, les ciments
injecté est adapté au type de fractures mais aussi au phosphocalciques présentent une viscosité élevée
volume du corps vertébral traité. Pour obtenir une qui rend leur injection à travers un trocart particu-
consolidation mécanique optimale, le remplissage des lièrement difficile. La résistance à l'injection peut
Chapitre 11. Radiologie interventionnelle en pathologie rachidienne traumatique 211
a b
c d
e f
Fig. 11.5 Sacroplastie.
a, b. Séquence IRM T2 STIR (a) et scanner correspondant (b) montrant une fracture en H du sacrum par insuffisance osseuse.
c, d. Le guidage combiné fluoroscopique et scanographique sécurise la procédure du fait de la mauvaise visualisation des trous sacrés
en fluoroscopie.
e, f. Contrôle scopique et scanographique après injection de ciment.
cependant être réduite en créant au préalable une opacifiant doit être manuellement ajouté, sauf dans
cavité grâce aux systèmes d'expansion intraverté- le JECTOS + ® (Kasios, Launaguet, France) et le
brale (ballonnets de cyphoplastie ou pince de dis- Kyphos-R® (Medtronic-Kyphon, Sunnyvale, États-
traction intravertébrale). La radio-opacité des Unis) dont la composition intègre directement un
ciments phosphocalciques est faible et un radio- radio-opacifiant.
212 Bases thérapeutiques
a b c
L'injection de ciment est réalisée sous contrôle fluo- moins d'une heure, ce qui permet une mise en charge
roscopique de profil strict. Pour réduire le risque de extrêmement précoce des patients. Les ciments phos-
fuite de ciment, mieux contrôler la vitesse d'injection phocalciques peuvent nécessiter jusqu'à 3 jours pour
et limiter l'irradiation aux mains de l'opérateur, des atteindre leur dureté définitive ; dans l'intervalle, les
sets d'injection utilisant des systèmes à pas de vis patients doivent rester alités ou porter un corset.
sont disponibles. La distribution des premières
gouttes de ciment doit être particulièrement pru-
dente pour éviter les risques d'intravasation voire
d'embolie de ciment. Cette répartition se fait soit de
manière irrégulière entre les septa vertébraux réali-
sant un aspect de « trabéculogramme », soit de
manière compacte et homogène lorsque le ciment
diffuse dans une cavité (fig. 11.7), que cette dernière
soit produite par une ostéonécrose ou artificielle-
ment par un matériel d'expansion intravertébral. La
répartition de type trabéculaire est associée à un plus
fort risque de fuite de ciment par intravasation ; dans
ce cas, il est préférable de ralentir l'injection voire
d'arrêter l'injection pendant 30 à 60 secondes pour
laisser le ciment évoluer vers une phase plus pâteuse
et diminuer le risque de fuites. En fin d'injection, le
mandrin du trocart osseux est réinséré sous contrôle
fluoroscopique et le trocart est prudemment retiré
pour éviter une fuite rétrograde de ciment sur le tra- Fig. 11.7 Répartition du ciment.
jet de ponction. Sur le niveau vertébral supérieur, la répartition du ciment pré
Une nuit d'hospitalisation est généralement suffi- sente des bords irréguliers en rapport avec un trabéculo
gramme. Sur le niveau vertébral inférieur, la répartition du ciment
sante après vertébroplastie lorsque le PMMA est uti- s'effectue de manière compacte et homogène dans une cavité
lisé. En effet, le PMMA atteint sa dureté définitive en d'ostéonécrose.
Chapitre 11. Radiologie interventionnelle en pathologie rachidienne traumatique 213
a b c
Fig. 11.8 Classification de Magerl des fractures traumatiques par compression.
a. Type A1, fracture–tassement.
b. Type A2, fracture–séparation.
c. Type A3, fracture comminutive ou burst.
tion est cependant très inconstante et reste étroite- les ballonnets d'expansion à distance du canal rachi-
ment liée au type de fractures, à la densité osseuse et dien. Après méchage, les ballonnets à haute pression
au délai post-traumatique. Chez le patient jeune, la sont insérés dans le corps vertébral à proximité du
cyphoplastie à ballonnets doit idéalement être effec- foyer de fracture. Leur gonflage est ensuite effectué
tué dans les 7 jours suivant le traumatisme car au- par paliers successifs jusqu'à un maximum de 27 bars.
delà, l'engrènement de la fracture rend sa réduction La pression est maintenue jusqu'à ce que la fracture
très difficile. soit réduite. Les ballonnets sont ensuite retirés et la
cavité intravertébrale est comblée par du ciment
osseux, selon une technique d'injection superposable
Technique de cyphoplastie à la vertébroplastie conventionnelle. L'injection de
à ballonnets ciment requiert les mêmes précautions que pour une
vertébroplastie conventionnelle : en effet, la réparti-
La cyphoplastie est une variante de la vertébroplas- tion du ciment s'effectue initialement dans la cavité
tie, introduite au début des années 2000. Cette créée par les ballonnets mais si l'injection est poursui-
technique a pour but de restaurer la hauteur d'un vie, une intravasation de ciment avec risque de fuite
corps vertébral fracturé à l'aide de ballonnets à veineuse reste néanmoins possible.
haute pression, avant d'en assurer la stabilisation par Pour les fractures traumatiques du sujet jeune sur-
injection de ciment (fig. 11.9). La procédure est venant sur les niveaux thoraciques supérieurs à T5,
réalisée sous guidage fluoroscopique. Une sédation l'utilisation de la cyphoplastie à ballonnets est ren-
profonde voire une anesthésie générale est requise due très difficile, compte tenu de la petite taille des
car l'expansion intravertébrale est douloureuse. corps vertébraux et de l'étroitesse du trajet de
L'approche est généralement bilatérale avec des voies ponction. Dans ce cas, l'injection de ciment peut
d'abord superposables à celles décrites précédem- être facilitée par l'utilisation d'une pince de distrac-
ment pour la vertébroplastie lombaire et thoracique. tion intravertébrale (Cemento-EC®, OptiMed,
Deux introducteurs de 8 gauges permettant le pas- Ettlingen, Allemagne). Cette pince peut être intro-
sage des ballonnets sont positionnés sur des broches duite de manière coaxiale à travers un trocart de
de Kirschner. Leur extrémité doit dépasser de vertébroplastie de 10 gauges, et permet de créer
quelques millimètres le mur vertébral postérieur sur une petite cavité intravertébrale (fig. 11.10). Ce
une vue fluoroscopique de profil, afin de maintenir système a pour but de faciliter l'injection de ciment
Chapitre 11. Radiologie interventionnelle en pathologie rachidienne traumatique 215
a j
b c d
e f g
h i
Fig. 11.9 Cyphoplastie à ballonnets.
a. Fracture traumatique de L1 chez un patient de 25 ans. b. Deux introducteurs sont positionnés par voie transpédiculaire, leur extré
mité dépassant légèrement le mur vertébral postérieur. c, d, e. Après méchage du corps vertébral (c), les ballons sont positionnés en
regard de la fracture (d, e). f, g, h. Contrôle après expansion des ballons. i, j. Après retrait des ballons, le ciment phosphocalcique
biocompatible est injecté dans la cavité créée par les ballons.
216 Bases thérapeutiques
b c d
Fig. 11.10 Pince de distraction intravertébrale.
a. Fracture traumatique de T4 chez un patient de 27 ans.
b. Du fait du niveau traité et du délai post-traumatique supérieur à 10 jours, une cavité intravertébrale est créée à l'aide d'une pince de
distraction introduite de manière coaxiale à travers le trocart de vertébroplastie.
c, d. Cette cavité permet ensuite l'injection de ciment phosphocalcique biocompatible.
dans un corps vertébral relativement dense, mais souvent partiellement lors du retrait des ballons
n'a pas pour fonction de restaurer une quelconque du fait de la tension des muscles et des ligaments
hauteur vertébrale. paravertébraux. Grâce à la cavité créée par les bal-
lons, l'emploi de ciments phosphocalciques bio-
Résultats de la cyphoplastie compatibles devient possible et ce malgré leur
viscosité élevée. Les patients ainsi traités peuvent
– complications être remis en charge précocement sans avoir
Dans le cadre des fractures traumatiques du sujet recours à un corset plâtré inconfortable et souvent
jeune, la cyphoplastie à ballonnets prend tout son peu efficace [24].
intérêt. En effet, la densité osseuse très élevée du En pathologie ostéoporotique, l'intérêt de la
sujet jeune rend l'injection de ciment par verté- cyphoplastie à ballonnets par rapport à la vertébro-
broplastie conventionnelle difficile voire impos- plastie conventionnelle reste par contre très
sible si une cavité intra-osseuse n'a pas été réalisée débattu. Ceci est notamment dû au surcoût très
au préalable. Pour obtenir une expansion optimale significatif qu'elle engendre, à l'allongement du
des ballons de cyphoplastie, le traitement doit être temps de procédure et à l'augmentation du niveau
entrepris dans la semaine qui suit le traumatisme de sédation. Le gain relatif de hauteur sur la
[23]. Il est à noter que la vertèbre se recollabe colonne antérieure reste très modéré, comparé à la
Chapitre 11. Radiologie interventionnelle en pathologie rachidienne traumatique 217
vertébroplastie conventionnelle [25, 26], et il n'a technique n'est pas disponible au bloc opératoire
pas été prouvé que ce bénéfice minime sur la sta- pour traitement postérieur et antérieur en un temps,
tique rachidienne apporte un bénéfice réel sur la soit lorsqu'un collapsus vertébral survient de
qualité de vie [27, 28]. Si de nombreuses études manière différée après instrumentation postérieure.
rapportent un intérêt de la cyphoplastie à ballon- Dans ce cas, la vertébroplastie stabilise le corps ver-
nets pour diminuer les fuites de ciment, les diffé- tébral et réduit les contraintes sur les tiges d'arthro-
rences deviennent négligeables dans les centres dèse postérieure, évitant la reprise chirurgicale
présentant une grande expertise des deux tech- complète.
niques. La majorité des fuites sont des fuites dis-
cales ou des fuites veineuses minimes qui restent
asymptomatiques. Le taux de complications en Technique
rapport avec les deux méthodes varie de 1 à 6 %
Dans le cadre des fractures A3 complexes, le traite-
mais les comparaisons sont rendues délicates du
ment est idéalement réalisé en un seul temps au bloc
fait des variations techniques selon les institutions
opératoire (fig. 11.11). Après instrumentation pos-
(choix des trocarts et du ciment, qualité de la fluo-
térieure, éventuelle laminectomie et réduction
roscopie, voie d'abord et surtout modalité d'injec-
chirurgicale de la fracture, la cimentoplastie est réa-
tion du ciment).
lisée par approche transpédiculaire aux étages lom-
En termes d'efficacité antalgique, la cyphoplastie à baires, ou par voie intercostopédiculaire aux étages
ballonnets rapporte des résultats similaires à ceux de thoraciques. Des ballons de cyphoplastie peuvent
la vertébroplastie conventionnelle avec un taux de parfois être utilisés pour optimiser la réduction de la
succès entre 70 et 90 %. fracture [30]. Leur positionnement et leur gonflage
doivent être particulièrement prudents pour ne pas
expulser un fragment vertébral instable vers le canal
Traitement des fractures rachidien.
rachidiennes complexes par Dans une optique toujours plus mini-invasive, des
techniques combinées systèmes d'arthrodèse postérieure par incision cuta-
radio-chirugicales née miniaturisée ont été développés (Sextant®,
Medtronic, Sunnyvale, États-Unis). Leur utilisation
Indications peut être couplée à une vertébroplastie ou une
cyphoplastie à ballonnets pour certaines fractures
Dans certains cas, la vertébroplastie peut être com- traumatiques par compression du sujet jeune
binée à une chirurgie rachidienne postérieure afin (fig. 11.12). Cependant, ce système fondé sur des
de remplacer une approche chirurgicale antérieure tiges postérieures précourbées ne permet pas
complexe. d'arthrodéser plus de trois niveaux vertébraux.
Cette combinaison thérapeutique peut être envisa- Dans le cas des fractures vertébrales survenant sur
gée en un temps pour certaines fractures vertébrales un niveau adjacent à une arthrodèse, la cimentoplas-
A3 complexes de type burst selon la classification de tie percutanée évite une reprise chirurgicale avec
Magerl [29]. L'approche chirurgicale est alors effec- extension de l'arthrodèse (fig. 11.13) [31].
tuée uniquement par voie postérieure. Selon la qua- Dans le cadre des fractures survenant au sein d'un
lité de la réduction de la fracture par instrumentation segment rachidien préalablement ostéosynthésé, la
postérieure, l'emploi de ballonnets d'expansion vertébroplastie permet de consolider le corps verté-
intravertébrale est ou non nécessaire. La cimenta- bral lésé et de limiter les contraintes sur les tiges
tion du corps vertébral est ensuite effectuée par voie postérieures (fig. 11.14). Lorsque le niveau à traiter
postérieure transpédiculaire. La vertébroplastie est déjà vissé, l'injection de ciment permet de stabi-
assure une consolidation efficace de la colonne anté- liser les vis. L'approche percutanée est rendue plus
rieure et permet dans certains cas de limiter l'exten- délicate par le vissage préalable qui occupe la
sion en hauteur des arthrodèses postérieures. majeure partie du pédicule. Dans ce cas, la ponction
La vertébroplastie peut aussi être envisagée comme vertébrale sera effectuée sur le bord externe de la vis
deuxième temps thérapeutique, soit parce que la en veillant à ne pas faire d'effraction foraminale.
218 Bases thérapeutiques
a b
c d
e f
Fig. 11.11 Combinaison arthrodèse chirurgicale et cyphoplastie à ballonnets (en collaboration avec J.-P. Steib).
a, b. Burst fracture de L1 avec recul du mur postérieur chez une patiente de 31 ans. Absence de retentissement neurologique. Après
mise en place des tiges d'arthrodèse postérieure, la cyphoplastie à ballonnets est réalisée afin d'éviter une approche chirurgicale
antérieure. c, d. Restauration complète de la hauteur vertébrale après expansion des ballons. Notez la réintégration du fragment ver
tébral postérieur suite à la réduction de la cyphose. Le gonflage des ballons doit être particulièrement prudent pour éviter toute rétro
pulsion de fragment libre vers le canal. e, f. Contrôle scanographique après injection de ciment phospohcalcique. Excellent résultat
fonctionnel.
Chapitre 11. Radiologie interventionnelle en pathologie rachidienne traumatique 219
a b
c d
Fig. 11.12 Fracture–tassement de L2 chez un patient de 45 ans traité par Sextant® puis vertébroplastie (en collaboration avec
J.-P. Charles).
Après mise en place d'une arthrodèse postérieure par Sextant® (a), la consolidation du corps vertébral est effectuée par vertébroplastie
percutanée lors d'un deuxième temps thérapeutique (b, c, d). Ceci évite une approche chirurgicale complémentaire antérieure.
220 Bases thérapeutiques
a b
c d
Fig. 11.13 Fracture–ostéonécrose du plateau supérieur de L5 sous une ancienne arthrodèse lombaire, traitée par vertébroplastie.
a, b. Scanner montrant la fracture L5. Notez le gaz intravertébral en rapport avec l'ostéonécrose (b).
c, d. Contrôle radiographique après vertébroplastie percutanée.
a b c
Fig. 11.14 Fractures thoraciques T8–T9 au sein d'une ancienne arthrodèse thoracolombaire chez une patiente de 77 ans.
Déplacement des vis sous le plateau supérieur en T8 et collapsus vertébral en T9. Pour éviter une reprise chirurgicale complexe sur
terrain ostéoporotique tout en stabilisant le matériel d'arthrodèse en place, une vertébroplastie percutanée est effectuée. a, b. Contrôle
du positionnement des trocarts dans le tiers antérieur des corps vertébraux, sur la ligne médiane. Notez la position haute du trocart T8
au contact des vis. c. Contrôle fluoroscopique après vertébroplastie.
Chapitre 11. Radiologie interventionnelle en pathologie rachidienne traumatique 221
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Chapitre 12
Traitement des fractures du rachis
thoracolombaire
J.-P. Steib, Y.-P. Charles
Le traitement des fractures du rachis thoracolom sur les données chiffrées post-traumatiques, mais elle
baire a beaucoup évolué et bénéficié des progrès en doit également tenir compte de l'instabilité et du
matière de chirurgie instrumentale avec une meil déplacement secondaire potentiel.
leure compréhension de l'anatomophysiologie du
rachis et des lésions traumatiques. Si la chirurgie a
changé, il en est de même pour les patients qui Type de fractures
demandent un traitement rapide et sans contraintes
(refus du repos et du corset). La cohabitation rachis Les fractures de type A sont dues à une compression
et orthopédie générale a beaucoup apporté à la axiale avec ou sans flexion du corps vertébral. La
chirurgie rachidienne qui applique aujourd'hui les fracture A1 (compression) n'atteint que les deux
grands principes de la chirurgie des membres. La tiers antérieurs du corps vertébral (colonne anté
présence de la moelle épinière et des racines ner rieure de Denis). Elle ne se complique pas de
veuses représente cependant une source de compli troubles neurologiques mais est à l'origine d'un
cations éventuelles et souligne l'importance du déplacement en cyphose. Les fractures A2 donnent
déplacement et de l'instabilité de la fracture, intro des traits verticaux où le disque s'introduit, ce qui
duisant la notion d'urgence. les expose à la pseudarthrose. Les fractures A3 (burst
fracture) atteignent les colonnes antérieure et
moyenne de Denis, ce qui en plus du problème en
Paramètres de prise de décision cyphose pose celui du corps vertébral explosé avec
un fragment susceptible de réduire le canal et de
comprimer les structures nerveuses (fig. 12.1).
La fracture va atteindre la vertèbre partiellement ou
dans son intégrité et entraîner un déplacement immé Les fractures de type B sont dues à une distraction
diat ou secondaire. Les classifications de Denis ou de vers l'avant (flexion) ou vers l'arrière (extension).
Magerl décrivent l'atteinte vertébrale à travers un Lorsqu'elles sont à prédominance ligamentaire, elles
mécanisme biomécanique de la fracture [1–3]. Elles guériront rarement et auront pour conséquence une
décrivent les traits de fracture osseux ainsi que les instabilité douloureuse et menaçante pour les struc
lésions discoligamentaires. Le déplacement a une tures nerveuses. Si une notion osseuse s'y ajoute, la
conséquence orthopédique, en modifiant la statique déformation secondaire pourra se développer en
rachidienne, et parfois neurologique. L'in stabilité l'absence de stabilisation appropriée (fig. 12.2).
entraîne un mouvement anormal ou un mouvement Les fractures de type C sont dues à un mécanisme de
normal à amplitude exagérée d'un segment rachidien. rotation des trois colonnes. Ce sont les seules frac
Une déformation immédiate, paraissant bénigne au tures touchant les trois colonnes du rachis (disloca
début, peut donc s'aggraver secondairement. L'ap tion). Elles sont donc particulièrement instables. En
préciation de l'étendue et de l'importance des lésions effet, la rotation du rachis ne peut s'exprimer que si
osseuses et ligamentaires ne doit pas se faire seulement l'ensemble du rachis est atteint (fig. 12.3).
Traumatologie du rachis
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224 Bases thérapeutiques
Fig. 12.4 Sagittal index de Farcy mesuré entre le plateau inférieur de la vertèbre fracturé et le plateau inférieur de la vertèbre
sus-jacente.
226 Bases thérapeutiques
On peut alors établir un score où l'atteinte trauma décompression sous forme de laminectomie est
tique d'une colonne est cotée 1, celle d'un élément généralement associé à l'ostéosynthèse. Dans les
de liaison 1/2 et celle d'un appendice 1/4. fractures de type C, le mécanisme est plutôt un
L'instabilité osseuse est jugée sur la somme des coef cisaillement ou un étirement de la moelle (fig. 12.5).
ficients d'instabilité. Celle-ci est réelle à partir de 2. Même si leur pronostic est réservé, la réduction pré
coce et la fixation du foyer de fracture associées à la
Troubles neurologiques décompression médullaire sont primordiales. Dans
les fractures de type A3 (burst fracture), les frag
Ils sont à considérer comme une complication des ments osseux provenant du corps vertébral sont
fractures et sont à redouter à chaque instant. Leur projetés dans le canal (fig. 12.6). Ces fragments sont
présence nécessite un traitement en urgence : toutes souvent réduits automatiquement vers l'avant par la
les études retiennent que le seul facteur déterminant remise en lordose du rachis, effectuant un phéno
dans une éventuelle récupération neurologique est mène de ligamentotaxis. Le traitement doit s'assu
la rapidité de décompression de la moelle [6]. Le rer de la liberté du canal après réduction. La
plus souvent, la compression est due à la cyphose complication neurologique peut être immédiate ou
dont le sommet comprime le fourreau dural. La secondaire en cas d'instabilité. C'est pourquoi les
réduction–fixation de la fracture suffit souvent à critères d'instabilité d'une fracture doivent être éva
décomprimer la moelle. Cependant, un geste de lués au premier diagnostic.
Ces considérations biomécaniques ont des implica ment réservé aux fractures stables a minima, sans
tions directes pour la prise en charge thérapeutique risque de déplacement secondaire, telles que le
des fractures thoraciques et lombaires. Afin de ne type A1 ne touchant que la partie antérieure du
pas s'exposer au risque de cal vicieux, même dans plateau vertébral. Le traitement orthopédique [7]
une fracture–tassement bénigne, il est important par corset est aujourd'hui réservé au patient jeune
d'obtenir une réduction optimale (sagittal index avec fracture–tassement de forme mineure (A1 ou
physiologique). Une cyphose résiduelle trop impor A3.1). Il doit alors être suffisamment grand, tel
tante ou une perte de lordose vont provoquer une que le corset de Böhler, pour pouvoir conserver la
dégénérescence discale précoce et une discopathie réduction de la fracture en position de lordose
douloureuse. La réduction peut être obtenue ortho jusqu'à sa consolidation (3 mois). Le traitement
pédiquement ou chirurgicalement en fonction du s'accompagne d'un entretien statique des muscles
degré de tassement et de la localisation anatomique. spinaux. Ce traitement est donc contraignant et
En lombaire, une arthrodèse doit, si elle est néces n'est pas toujours appliqué complètement.
saire, être sélective afin d'enraidir le rachis au mini À l'ablation du plâtre, on déplore souvent une
mum. Elle est volontiers intersomatique. Une perte de réduction qui se fait soit dans les disques
ablation de matériel doit être envisagée après conso sus- et sous-jacents, soit dans le corps vertébral.
lidation pour remobiliser les segments non arthro Les lombostats sont insuffisants pour le maintien
désés. Au niveau de la charnière thoracolombaire de fractures lombaires au-delà de L3 et au niveau
(zone exposée), il convient de favoriser la stabilité de la charnière thoracolombaire. Le traitement
par une greffe postérieure et parfois antérieure. orthopédique par corset est de moins en moins
L'arthrodèse peut s'étendre vers le haut mais doit indiqué aujourd'hui. Ceci est lié à l'apparition des
épargner la région lombaire. En thoracique, la techniques de vertébroplastie et de kyphoplastie,
mobilité physiologique de la colonne étant relative qui ont trouvé leur place dans le traitement de
ment faible, on peut se permettre de réaliser des ins fractures–tassements ostéoporotiques, mais aussi
trumentations et des arthrodèses plus longues afin dans la prise en charge de fractures traumatiques
de stabiliser la colonne et de diminuer le risque de du patient plus jeune. Ces techniques de cimen
cyphose jonctionnelle au-dessus d'un montage. Les toplastie ont l'avantage, par rapport au corset,
montages courts ont peu d'intérêt et souvent l'in d'obtenir une situation stable immédiatement,
convénient de ne pas maintenir l'équilibre sagittal. permettant de lever le patient rapidement sans
contention externe. Par ailleurs, la cimentoplastie
apporte une indolence immédiate en immobili
Traitement fonctionnel sant le foyer de fracture. L'utilisation de ciments
phosphocalciques peut être discutée comme
Le traitement fonctionnel par simple surveillance alternative au corset chez le patient jeune
radio-clinique et renfort musculaire est générale (fig. 12.7).
Fig. 12.8 Ostéosynthèse L3–L5 transcutanée et greffe antérieure L3–L4 sélective (flèche).
230 Bases thérapeutiques
Fig. 12.9 Ostéosynthèse–arthrodèse T10–L2 classique, réalisée à ciel ouvert avec greffe postérieure et complément de greffe
antérieure T12–L1 (comblement du vide osseux).
La voie d'abord postérieure traditionnelle est obtenue par assistée par une vidéoscopie (fig. 12.10). En thoracique,
une incision médiane au-dessus des épineuses. La mus la thoracotomie est réalisée à droite, compte tenu de la
culature paravertébrale est disséquée jusqu'aux apo localisation gauche de l'aorte et du cœur. À la charnière
physes transverses. Cet abord classique est largement thoracolombaire, la thoracophrénolombotomie se situe
répandu et représente l'abord standard de la colonne au niveau de l'insertion diaphragmatique et peut être
vertébrale [10]. Par rapport à l'ostéosynthèse minimale réalisée à droite comme à gauche. En lombaire, la lom
invasive, il a l'avantage de pouvoir positionner et mani botomie gauche est favorisée afin de ne pas devoir dis
puler le matériel d'ostéosynthèse à ciel ouvert. Les séquer la veine cave du côté droit. Au niveau de la
manœuvres de réduction directes sont donc possibles. vertèbre fracturée, le séquestre osseux ainsi que le maté
Par ailleurs, l'adjonction d'une greffe osseuse, prise aux riel discal incarcéré sont retirés. Une greffe osseuse est
dépens de la crête iliaque ou par substituts osseux et ensuite introduite dans cet espace afin de fusionner la
protéines ostéo-inductrices (BMP), peut être effectuée. vertèbre fracturée à la vertèbre adjacente. Des greffons
La greffe est classiquement réalisée au niveau des articu de crête iliaque ou des substituts osseux sont utilisés.
laires et entre les apophyses transverses du rachis lom Un vide antérieur important après corporectomie peut
baire. Après résection des épineuses, la greffe peut nécessiter la mise en place d'une cage, permettant ainsi
également être apposée au niveau des lames, surtout en de recréer une colonne antérieure continue, résistante
thoracique et à la charnière thoracolombaire (fig. 12.9). aux forces de compression axiales. Ces procédés sont
La voie d'abord antérieure permet de réaliser une greffe généralement combinés avec une instrumentation pos
entre les corps vertébraux. Elle est effectuée par un térieure ou avec une plaque vissée dans la colonne anté
mini-abord de 5 à 7 cm, centré sur la région opérée et rieure (fig. 12.11) [11, 12].
Chapitre 12. Traitement des fractures du rachis thoracolombaire 231
Fig. 12.10 Mini-abord antérieur vidéo-assisté, centré sur l'espace intersomatique greffé.
Fig. 12.11 Réduction de la fracture par ostéosynthèse–arthrodèse postérieure et reconstruction de la colonne antérieure par mise
en place d'une cage après exérèse du séquestre osseux et de l'incarcération discale.
232 Bases thérapeutiques
Fig. 12.12 Manœuvres de cintrage in situ permettant de réduire la fracture par mise en lordose du rachis et phénomène de
ligamentotaxis.
Source : Steib JP, Charles YP, Aoui M. In situ contouring technique in the treatment of thoracolumbar fractures. Eur Spine J 2010
March ; 19 (Suppl 1) : 66-8.
Chapitre 12. Traitement des fractures du rachis thoracolombaire 233
Conclusion Références
[1] Denis F. The three column spine and its significance in
Les fractures du rachis intéressent les deux extrêmes the classification of acute thoracolumbar spinal injuries.
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de la vie adulte. Chez le patient jeune, le trauma [2] Magerl F, et al. A comprehensive classification of thoracic
tisme violent peut détruire une vie ; chez le patient and lumbar injuries. Eur Spine J 1994 ; 3 (4) : 184–201.
âgé, une simple chute peut entraîner des complica [3] Lenarz CJ, et al. Comparative reliability of 3 thoraco
tions secondaires et nuire gravement à la qualité de lumbar fracture classification systems. J Spinal Disord
vie. Le traitement des fractures du rachis est en Tech 2009 ; 22 (6) : 422–7.
[4] Enad JG, Slakey JB, McNulty PS. Measurement of
pleine évolution. Après l'arrivée des ostéosynthèses thoracolumbar kyphosis after burst fracture : evaluation
solides et les corrections efficaces des déformations of intraobserver, interobserver, and variability of 4 mea
traumatiques, sont arrivés les traitements transcu surement methods. Am J Orthop (Belle Mead NJ)
tanés (cimentoplasties, ostéosynthèses). En tout 2008 ; 37(4) : E60–3.
état de cause, il faut considérer aujourd'hui qu'une [5] Farcy JP, Weidenbaum M, Glassman SD. Sagittal index
in management of thoracolumbar burst fractures. Spine
fracture du rachis est une fracture comme les autres (Phila Pa 1976) 1990 ; 15 (9) : 958–65.
et qu'un traitement efficace doit être discuté pour [6] Cengiz SL, et al. Timing of thoracolomber spine stabili
toute fracture du rachis quels que soient le méca zation in trauma patients ; impact on neurological out
nisme ou l'âge du patient. C'est ce qu'avait rêvé come and clinical course. A real prospective (rct)
Raymond Roy-Camille et c'est ce que nous randomized controlled study. Arch Orthop Trauma Surg
2008 ; 128 (9) : 959–66.
faisons.
Chapitre 12. Traitement des fractures du rachis thoracolombaire 235
[7] Harris MB, et al. Nonsurgical treatment of thoracolum [11] Wood KB, Bohn D, Mehbod A. Anterior versus posterior
bar spinal fractures. Instr Course Lect 2009 ; 58 : treatment of stable thoracolumbar burst fractures wit
629–37. hout neurologic deficit : a prospective, randomized
[8] Ringel F, et al. Minimally invasive transmuscular pedicle study. J Spinal Disord Tech 2005 ; 18 (Suppl.) : S15–23.
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cussion ONS366–7. [13] Steib JP, et al. Thoracolumbar fractures surgically trea
[9] Marco RA, Kushwaha VP. Thoracolumbar burst frac ted by «in situ contouring. Eur Spine J 2006 ; 15 (12) :
tures treated with posterior decompression and pedicle 1823–32.
screw instrumentation supplemented with balloon- [14] Steib JP, Charles YP, Aoui M. In situ contouring tech
assisted vertebroplasty and calcium phosphate recons nique in the treatment of thoracolumbar fractures. Eur
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[10] Roy-Camille R, Saillant G, Mazel C. Internal fixation of [15] Steib JP, et al. Double approach in thoraco-lumbar
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Orthop Relat Res 1986 ; 203 : 7–17.
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Index
A D
Angle de Cobb, 121 Décollement épiphysaire, 164
Antélisthésis, 93 Diastasis
Apophyse odontoïde, 4 –– interapophysaire, 112, 118
Arachnoïdite, 143 –– uncovertébral, 93
Arthrodèse, 233 DISH, 195
–– ostéosynthèse, 227 Disque, 34, 134, 156, 188
Atlas, 3
Axis, 4 E
Écart
B –– interépineux, 88
Bâillement uncovertébral, 93 –– interpédiculaire, 108
Basion, 8 Effet Mach, 12, 18
–– Basion dental interval, 8 Entorse
–– Basion posterior axial line interval, 8 –– antérieure, 90
Brèche durale, 108 –– bénigne, 87
Burst fracture, 84, 107, 113, 123, 164 –– grave, 88
–– – cervicale, 46
C –– – lombaire, 110
Cal vicieux, 228, 233 Épiphysiolyse, 162
Ciment, 210
Classification F
–– d'Anderson et d'Alonzo, 69 Foramen
–– d'Anderson et Montesano, 63, 64 –– arcuale, 3
–– d'Effendi, 73 –– intervertébral, 28
–– de Böhler, 122 –– magnum, 63
–– de Denis, 123 –– sacré antérieur, 29
–– de Dickman, 79, 80 Fracture
–– de Fielding et Hawkins, 160 –– comminutive, 84, 107
–– de Grauer, 71 –– de Chance, 112, 113, 167, 168
–– de Holdsworth, 123 –– de Jefferson, 10, 64, 159
–– de Levine, 74 –– de l'apophyse odontoïde, 161
–– de Magerl, 123 –– de l'atlas, 64
–– de Traynelis, 78 –– de l'axis, 69
–– TLISS, 125 –– de Ramon-Soler, 66
Clay shoveler's fracture, 99 –– des condyles occipitaux, 63
Complexe ligamentaire postérieur, 35, 41, –– du pendu, 72, 163
110, 125 –– du processus
Compression médullaire, 138 –– – articulaire, 96
Contusion osseuse, 36 –– – odontoïde, 69
Coup du lapin, 91 –– en chapeau de gendarme, 81
Courbure rachidienne, 35 –– en diabolo, 123, 167
Cyphoplastie, 213 –– maligne, 178
Cyphose –– occulte, 130, 193
–– cervicale, 155 –– ostéoporotique, 173, 178, 182, 205
–– locorégionale, 121 –– séparation, 37
–– osseuse, 104, 121 –– – du massif articulaire, 98
–– segmentaire, 225 –– – en diabolo, 104
238 Index
–– spinolamaire, 99 –– de Chamberlain, 7, 78
–– transcorporéale, 193 –– de force, 33
–– transdiscale, 193 –– de Mac Gregor, 7
–– transvertébrale, 189, 192, 195 –– de Swischuk, 8, 155
–– de Thiebaut-Wackenheim-Vrousos, 7
H –– des murs
Harris, méthode de, 8, 78 –– – antérieurs, 16, 28
Hématome –– – postérieurs, 16, 28
–– épidural, 108, 138, 139, 192, 193 –– en X de Lee, 8
–– extradural, 140 –– intervestibulaire de Wackenheim, 8
–– prévertébral, 130, 155 –– spinolamaire, 8
–– sous-dural aigu, 138 Listel, 167
Hernie discale, 134, 138, 156 Lordose
Horizontal facet fracture, 97 –– cervicale, 14, 35
–– lombaire, 35
I Luxation, 38
Imagerie de diffusion, 127, 142 –– atloïdo-axoïdienne, 81
Indice de Torg, 16 –– bilatérale, 88
Instabilité, 69, 93 –– C0–C1, 159
–– définitive, 42 –– condylo-atloïdienne, 78
–– globale, 17 –– intervertébrale, 112, 167
–– ligamentaire, 42 –– inversée, 117
–– osseuse, 42 –– odonto-atloïdienne, 79, 159
–– potentielle, 42 –– rotatoire C1–C2, 160
–– proprement dite, 41 –– unilatérale, 96
–– rotatoire, 17
–– temporaire, 42 M
–– thérapeutique, 42 Masse
–– vertébrale, 40 –– latérale, 66
IRM, 53 Membrana tectoria, 5
Méningocèle, 144
K Mobilité, 87, 198, 233
Kyste leptoméningé, 143 Mur
–– antérieur, 103
L Mur postérieur, 41
Ligament
–– alaire, 5 O
–– atlanto-occipital, 5 Opisthion, 7, 8
–– atloïdo-axoïdien, 5 Os odontoïdeum, 11
–– axoïodo-occipital, 5 Ossicule terminal, 154
–– cruciforme, 5 Ostéolyse post-traumatique, 182, 198
–– de l'apex de la dent, 5 Ostéonécrose vertébrale, 206
–– interépineux, 15 Ostéoporose, 173, 174, 175, 187
–– jaune, 15, 34 Ostéosynthèse, 232
–– longitudinal –– percutanée, 229
–– – antérieur, 5, 34
–– – postérieur, 34, 132 P
–– occipito-odontoïdien médian, 5 Partie molle prévertébrale, 9
–– supra-épineux, 34 Pilier, 33
–– transverse, 3, 5, 79 Plexus
Ligamentotaxis, 109, 122 –– cervicobrachial, 144
Ligne –– lombo-sacré, 144
–– arcuale, 29, 120 Point d'ossification, 153
–– bidigastrique de Metzger et Fischgold, 8 Processus
–– bimastoïdienne, 8 –– articulaire, 5, 14, 25
Index 239