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1. INTRODUCTION
Certains sols constitués de grains fins (sables, silts) dont la granulométrie s'inscrit dans un certain
fuseau critique sont susceptibles, lorsqu'ils baignent dans la nappe phréatique et se trouvent
dans un état initial insuffisamment serré, de donner lieu à des phénomènes de liquéfaction.
On désigne ainsi un processus dans lequel, sous l'effet de plusieurs cycles de déformations
de cisaillement alternées de grande amplitude, la pression de l'eau incluse dans les interstices
des grains s'élève de cycle en cycle jusqu'à égaler la pression d'étreinte : le milieu, perdant alors
tout ou partie de sa résistance au cisaillement, se comporte à la manière d'un fluide et devient
inapte à supporter les charges verticales apportées par les ouvrages ou les formations
sus-jacentes. Les ouvrages sont exposés à subir des subsidences parfois considérables
et à se déverser.
Dans le cas où les couches liquéfiables sont quelque peu inclinées, des glissements de terrain
affectant des volumes considérables peuvent se produire au-dessus de la couche liquéfiée.
Les séismes de VALDEZ (ALASKA, 1964, M=9.6), de NIIGATA (JAPON, 1964, M=7.5),
et celui de KOBE (JAPON, 1995) fournissent de très nombreux exemples de destructions
de bâtiments consécutives à des phénomènes de liquéfaction. Lors du séisme du MONTENEGRO,
1977 plusieurs kilomètres de rivage ont disparu sous la mer dans les Bouches de Kotor.
La liquéfaction est également responsable d'un glissement de terrain ayant affecté 1,6 km 2
et 30 millions de mètres cubes de sol lors du séisme du CHILI, 1960.
2. DÉFINITION
La liquéfaction est un phénomène dans lequel la résistance au cisaillement d'un sol est réduite
par les secousses d'un séisme ou de tout autre chargement rapide. La liquéfaction se produit
dans les sols pulvérulents saturés, c.-à-d., les sols lesquels l'espace entre les différentes particules
est complètement rempli avec de l'eau. Cette eau exerce une pression interstitielle
sur les particules de sol en engendrant une diminution des contraintes effectives régnant
dans le sol et donc une diminution de sa résistance au cisaillement qui, à l'état ultime,
peut devenir nulle. Avant un séisme, la pression de l'eau est relativement basse. Cependant,
les secousses d'un séisme peuvent causer une augmentation considérable de la pression
interstitielle de l'eau jusqu'au point où les particules de sol peuvent aisément se déplacer
l'une par rapport à l'autre.
Chapitre 1 LA LIQUÉFACTION DES SOLS
▪ LE PROCESSUS DE LIQUÉFACTION
Figure 1. Grains de sol dans un dépôt de sol. Figure 2. Grains de sol dans un dépôt de sol.
La taille de la colonne représente le niveau La longueur des flèches représente
de la pression interstitielle dans le sol l’amplitude des forces de contact
entre les différents grains de sol.
La liquéfaction se produit quand la structure d'un sol lâche (essentiellement les sables) et saturé
se rompt à cause de la sollicitation rapidement appliquée.
Dans un cas extrême, la pression interstitielle peut devenir si forte que plusieurs particules
de sol peuvent perdre le contact entres elles. Dans ce cas, le sol perdra sa résistance portante,
et se comportera plus comme un liquide qu'un solide, d’où par conséquent, la dénomination
"liquéfaction".
Avant le séisme, le sol possède une certaine rigidité. En cas de liquéfaction, il va y avoir
une surpression interstitielle, une diminution de la contrainte effective et donc, une chute
du module de cisaillement G. De ce fait, en fin de séisme, le sol devient plus meuble et par voie
de conséquence, sa réponse sismique sera altérée. Il y aura un changement dans l’amplitude
et dans le contenu fréquentiel du mouvement (fig. 5).
On en déduit que lorsque la couche liquéfiée est profonde ou fine, il y a une faible possibilité
d’apparition d’ébullition de sable. Par contre, si la couche liquéfiée est épaisse,
alors dans ce cas il y a une forte possibilité de voir les cratères de sable se former à la surface.
Durant le séisme de BOUMERDES (2003), des ébullitions de sable et des fissures de sol ont été
observées sur différents sites.
Figure 9. NIIGATA - JAPON (1964) Figure 10. LOMA PRIETA - USA (1989)
3.3. Tassements
Il est l’un des aspects les plus souvent rencontrés. En présence d’une stratification horizontale,
on observe un tassement uniforme. Par contre, si la stratification est non uniforme, c’est plutôt
des tassements différentiels qui pourraient avoir lieu. A noter que les ébullitions de sables
se suivent par des tassements différentiels
Figure 12. CHI CHI - TAÏWAN (1999) Figure 13. KOCAELI - TURQUIE (1999)
3.4. Glissements
Si la couche liquéfiée est sous-jacente et que la pente du terrain est inférieure à 6%, cela peut
donner naissance à des glissements latéraux. Mais si c’est une Importante zone qui se liquéfie
et que la pente du terrain est supérieure à 6%, alors des glissements de terrain peuvent avoir
lieu.
Les glissements latéraux de sols légèrement inclinés entraînant des déplacements horizontaux
pouvant atteindre plusieurs mètres est un phénomène courant. Des preuves de liquéfaction
ont été observées dans les abords de l’OUED ISSER (BOUMERDES, 2003).
Ce phénomène se traduit par un déplacement horizontal des terrains avec apparition de larges
fractures émissives et parallèles au cours d’eau. Ces fractures affectent une zone large
de plusieurs dizaines de mètres et le déplacement total atteint plus de 03 mètres.
Aussi, il a était observé que la liquéfaction a causé le mouvement latéral des fondations du pont
de SHOWA à NIIGATA en provoquant les effondrements des tabliers et le déplacement latéral
et longitudinal des fondations de pont d’ISSER à BOUMERDES, 2003.
Figure 21. Déplacement latéral et longitudinal du PONT D’ISSER - BOUMERDES - ALGERIE (2003)