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Florence BELLIÈRE

ARTS2
Année 2022-23

Organologie

« Il n’y a pas d’objet dans ce monde qui n’ait une voix ; Il faut prêter une grande attention aux
sons, apprendre à les écouter, se laisser capturer par eux, tomber en extase. »
Marius SCHNEIDER

« N'oublions jamais qu'un musicien préfèrera voir avec ses oreilles...


...plutôt que d'entendre avec ses yeux... ! »

Dernières corrections: mars 2023


I. INTRODUCTION

Organologie : Terme qui apparaît pour la première fois en 1805. Il est formé de deux mots
latins, eux-mêmes provenant du grec : organum qui veut dire « instrument » et logie qui veut
dire « étude ». L’organologie fait partie du domaine de la musicologie.

Organologie* : Étude des instruments de musique d'après les sources manuscrites ou


iconographiques, et leur morphologie. (Elle s'occupe de la classification, de la restauration, et
de l'histoire des instruments de musique.)

* Définition du Larousse.

A. Rappel ou notions d’acoustique


-De quoi est composé un instrument ?

-Une partie vibrante : le vibreur.


-Une partie excitante : le générateur qui doit transformer l’énergie.
-Un élément résonateur quand le vibreur produit des ondes trop faibles.

Ex : le violon :
Le vibreur = les cordes.
Le générateur = l’archet.
L’élément résonateur = le corps de l’instrument.

-Nous sommes, bien entendu, limités physiologiquement


-Intensité : le seuil de douleur pour un humain se situe entre 120 et 130 décibels (le renard a
une ouïe quatre fois plus puissante que la nôtre.)
-Hauteur : de 20 à 20.000 Hz. (certains animaux peuvent entendre jusqu’à 350.000 Hz.).

! Il est possible d’avoir un ou plusieurs vibreurs (corps rigide ou élastique) de formes


différentes : tiges, tuyaux, plaquettes (verre, pierre, métal, bois, ...) !
Les générateurs peuvent être eux aussi très divers : baguettes, marteaux, bec de plume
(clavecins), lèvres, doigts...

En examinant ces paramètres, des musicologues ont déterminé quatre catégories principales
d’instruments en se basant sur la classification d’Erich von Hornbostel et Curt Sachs, de 1914 :

1. Les idiophones (gr. idios : soi-même ; phone, la voix)


= instruments à corps solides vibrants.
ex : triangle, cymbale, etc.

2 ; Les membranophones
= instruments munis de corps souples rendus élastiques par une traction exercée sur
toute la surface de la membrane.
ex : timbales, caisse claire, etc.

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3. Les aérophones
= instruments qui ont pour vibreur une masse gazeuse délimitée par les parois de
l'instrument et devenue élastique par compression.
ex: hautbois, trompette, etc.

4. Les cordophones
=instruments munis d'un ou plusieurs corps souples, rendus élastiques par une traction
longitudinale (et non pas sur toute la surface comme pour une membrane)
ex: le violon

! Notons que les membranophones et les cordophones doivent être amplifiés (par une caisse
de résonnance) pour être audibles !

Suite des harmoniques (rappel : en français : un harmonique)

La division de la corde :
Prenons la corde la plus grave de l’alto (ou du violoncelle) :la corde de do.
Quand l’altiste pose son doigts (de la main gauche) sur la touche et divise cette
corde exactement en deux : s’il la fait vibrer (en la pinçant ou en la frottant avec
son archet), la note entendue sera le do à l’octave supérieure du do initial de la
corde.
S’il divise cette corde de do au premier tiers de cette corde (le rapport 3/2 ou
2/3, ce qui revient au même), la note entendue sera le sol (au-dessus du do initial).
S’il divise cette corde en quatre (rapport 4/3 ou 3/4), et qu’il prend le premier
quart de cette corde, la note entendu sera le fa, la quarte par rapport au do initial.
S’il applique le même principe au 5e de la corde, nous entendrons la tierce (par
rapport au do initial), ce qui donnera donc un mi, la tierce majeure = rapport 4/5
ou 5/4.
La corde divisée en six produira un mib (la tierce mineure montante par rapport
au do initial). Rapport de 5/6 ou 6/5, ou le la (la tierce descendante par rapport au
do).
Divisée en 7, la corde vibrant produira un ré (un ton), rapport de 6/7 ou 7/6, ce
qui donne la seconde ou la 7e .

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La division en 8 donnant le rapport 7/8 ou 8/7, ce qui donne le demi-ton : le si
bécarre.

Si nous prenons les sept résultats de cette division de cette corde d’alto, nous
obtenons une succession d’intervalles qui peut donner toute la gamme de do
majeur (ou do mineur si nous retenons le mib).

B. Définition de l'instrument de musique


1. Définition ancienne:
-Instrument de musique: tout objet produisant un son.

2. Définition moderne:
-Instrument de musique: source sonore intentionnellement agencée, construite et utilisée pour
la production musicale, objectivement susceptible du fait de ses propriétés acoustiques, de
participer à un effet musicalement artistique car ses propriétés acoustiques correspondent aux
normes culturelles d'un peuple donné à une période historique déterminée.

Pionniers scientifiques modernes:


-les Belges: François Auguste Gevaert (XIXe)
Victor Charles Mahillon: 1888, Catalogue descriptif du Musée Instrumental
de Bruxelles.

-les Allemands: Erich von Hornbostel et Curt Sachs, en 1914, classification encore aujourd'hui
reconnue (idiophones, membranophones, aérophones et cordophones.)

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II. LA PRÉHISTOIRE

A. Rappel chronologique:
-8.000.000 ans: premiers hominidés;

-2.500.000 ans: paléolithique inférieur:


-commencent à
fabriquer des abris;
-2.000.000 ans : le larynx descend dans
la gorge et permet l’émission de sons
par la vibration de cordes vocales.
-790.000 : prémices de la
domestication du feu. Premières
sociabilisations autour du feu qui
procure chaleur, protection et lumière.
-400.000 ans : le cerveau des premiers
humains s’est développé grâce à une
meilleure alimentation ; le fait de cuire
les aliments a fait que le cycle digestif
s’est fait plus rapidement et
l’assimilation des aliments s’est faite
plus efficacement. La proto-musique est vraisemblablement apparue à ce moment. Sons imitant
la nature, grondements scandés, apparition d’une pulsation individuelle puis commune.
-200.000 ans: Hypothèse. les sons articulés apparaissent (les syllabes comme « ba, be, bi,
bo... »). On peut penser que comme l'expression musicale est liée au langage, une certaine
expression musicale voit le jour (sans instruments). La voix, claquement de mains, de pieds,
possible.

-100.000 ans: Paléolithique moyen:


-homo sapiens et homme de Neandertal
-vraisemblablement premiers instruments

-40.000 ans: paléolithique supérieur:


-sépultures, graffitis;
-premières flûtes, premiers rhombes.

-il y a 20.000 ans : premiers instruments à cordes : les premiers arcs musicaux.

! -12.000 av. J. C. : premiers villages avec organisation sociale!


Nous ne possédons pas beaucoup de vestiges de ces différentes périodes donc, les
ethnomusicologues effectuent des comparaisons avec les instruments des sociétés
traditionnelles actuelles.
On sait que les sociétés anciennes utilisaient les os et la pierre (relativement rarement),
vestiges dont certains sont encore présents mais aussi des matières végétales (le plus souvent)

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aujourd'hui disparues. On fabriquait une flûte avec un os dans le désert de sable ou de glace,
avec une canne dans les régions où la végétation était abondante. Dans ce dernier cas,
l’instrument en matière végétal ne survit pas au temps…

B. Premiers objets sonores


1. Les percussions de +ou-60.000 ans av. J. C. (les idiophones, mais aussi, plus tard, les
membranophones)
-on frappe avec la main, le pied, le corps (=générateur);
-sur des minéraux, des végétaux,
matière animale (ex: peau tendue sur les
genoux = vibreur);
-on frappe avec un bâton, une
baguette, une pierre, etc. (=générateur qui
prolonge la main ou le pied);
-entrechocs (des claves);
-secouements (des hochets);
-frictions et raclements (ex. actuel:
guiro, voir illustration ici à droite).
Au-dessus : os taillé en racleur datant de la Préhistoire.
En-dessous : guiro moderne

https://www.youtube.com/watch?v=5oGE-59ZVJg
Démonstration du guiro

2. Les vents (les aérophones)


a. à partir de +ou-60.000 ans av. J. C.:

-premiers sifflets (ne pas oublier que le sifflet se différencie de la flûte par les trous de doigts)
taillés dans des phalanges de chevaux ou d'antilopes, de bouquetins, bref, de la plupart des
cervidés, voir illustration ci-dessous.

-premières trompes: -avec des coquillages (des conques);


-avec des écorces.

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Illustration de droite : joueur de conque

Vidéo : la conque
https://www.youtube.com/watch?v=CofUIR8mlkc

b. Il y a 40.000 ans :
-premiers rhombes = instruments à air ambiant (rappel: le rhombe est un instrument qui est
composé d'une forme en bois, en os, etc. grossièrement taillée en vrille, reliée à un filin et que
l'on fait tourner au-dessus de sa tête.

Vidéo : https://www.youtube.com/watch?v=Npr1OXP10Os
Le rhombe

-premières flûtes: os d'oiseaux (aigles,


etc.)
-flûtes avec biseau
(vraisemblablement les premières de
toutes, la flûte à biseau étant la
continuation logique du sifflet), flûtes
obliques, flûtes à encoches, etc. voir
illustration à droite.

Flûtes avant 35.000 ans (retrouvées en Allemagne)

3. Les cordes (les cordophones)


Il y a 20.000 ans:
-premiers arcs musicaux : l'arc musical est l'ancêtre de tous les instruments à cordes!
Arc monocorde puis arcs avec plusieurs cordes (le pluriarc) qui donnera encore plus tard la
première harpe: la harpe arquée).

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Les deux illustrations ci-dessous nous montrent comment il est quelque fois difficile de
se baser sur l’iconographie de l’époque pour prouver l’existence des instruments à la
Préhistoire. Le premier dessin, retrouvé en France dans la Grotte des Trois Frères « le sorcier
dansant » avec un arc musical est la référence prise en général par les musicologues comme
étant la première illustration de cet instrument. Cependant, si on oriente ce dessin à l’horizontal,
sa signification peut changer radicalement et du sorcier dansant avec un arc musical, on passe
au chasseur à l’affût avec un arc de chasse !

Sorcier dansant avec un arc musical Chasseur à l’affût avec un arc de chasse

Cependant, nous pouvons tout de même situer l’apparition des premiers instruments à cordes
(comme l’arc musical) entre -20.000 et -15.000 ans avant J. C.

Il faudra attendre -3.500 ans pour voir les premières lyres, harpes (arquées), premiers luths,
premières cithares. (en Mésopotamie et en Égypte).

https://www.youtube.com/watch?v=Y8GYf14n4rY
Petit résumé des débuts de la musique

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III. L'ANTIQUITÉ OU L'AVÈNEMENT DES INSTRUMENTS A
CORDES DANS LES SOCIÉTÉS CITADINES

-Quelles sont les différentes familles d'instruments à cordes ?


Bien sûr, nous connaissons bien les deux familles des cordes pincées et des cordes frottées.
-Classification reconnue (Sachs, voir introduction);
Il existe les instruments à cordes des types suivants:

-arc musical: une seule corde tendue sur un support;


-lyre : cordes pincées, sans manche avec chevalet;
-harpe : cordes pincées, sans manche et sans chevalet;
-luth: cordes pincées, avec manche, sans chevalet;
-cithares: cordes pincées, sans manche, montées sur table.

Pour alléger un peu le cours, nous ne


verrons pas tous les instruments de la
Mésopotamie mais seulement quelques-uns
comme des exemples de la lyre à tête de
taureau. Il existe à cette époque différentes
tailles de lyres mésopotamiennes munies
d’une tête d’animal différente (comme le
mouton ou la chèvre).

Lyre mésopotamienne v. 2500 av. J. C. Lyre à tête de taureau en or (IIIe


millénaire av. J. C.)

https://www.youtube.com/watch?v=JU4QRxsZhjg
Lyre mésopotamienne, reconstitution

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Musique : C’est en Mésopotamie qu’apparaît une écriture musicale pour la
première fois : vers 3000 av. J. Ch., commencement d’écriture faisant allusion à
la musique.
Rappel : apparition de l’écriture (caractères ou lettres) : vers 3500 av. J. Ch., en
Mésopotamie également.

A. L’Égypte
Pour un petit peu se situer (c’est clair, ne pas apprendre par cœur pour l’examen!)
-Ancien Empire: vers 2.850-2.160 av. J. C.
-Moyen Empire: vers 2.040-1650 av. J. C.
-Nouvel Empire: vers 1.550-1070 av. J. C.
Nous ne verrons également que quelques instruments pour l’Égypte.

1. La harpe arquée (premières harpes,


cf. Mésopotamie: ± 4.000 av. J. C.)
-d’abord de ± 1m.50 ;
-puis des décorations vont s’ajouter ;
-au Nouvel Empire, elle peut être énorme:
de plus de 2m. , jusqu’à 30 cordes!

2. La harpe angulaire
-vraisemblablement venue de Mésopotamie,
qui remplacera la harpe arquée.

1. Harpe arquée 2. Harpe angulaire

3. La nouvelle harpe arquée au Nouvel Empire


-A cette époque, il existait des harpes qui
pouvaient avoir deux mètres de haut. Elles ont à
peu près la même forme que la harpe arquée de
l’Ancien Empire mais elles seront beaucoup plus
imposantes. Elles étaient richement décorées et
étaient jouées lors des banquets, soit avec les
doigts, soit avec un plectre.

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4. La harpe d’épaule
-Pas avant le Nouvel Empire-Le MIM (Musée des Instruments de
Musique de Bruxelles) possède une harpe d’épaule datant de 1500
av. J. C.

Harpe d’épaule (MIM)

5. Les vents

-flûte longue en roseau (la flûte


nay ou ney chez les Perses, les
Turcs et les Arabes). Le mot
« ney » en persan veut dire
« roseau ».
Cette flûte possède entre 2 et 6
trous et elle se joue en tenant
l’instrument de façon oblique pour
diviser la colonne d’air à la tête de
l’instrument.

https://www.youtube.com/watch?v=wYQ_ol3L9Ag
Flûte nay

-trompette droite (voir illustration à droite) : la


trompette thébaine mesure 90 cm. de long; à ne pas
confondre avec la trompette d’Aïda fabriquée par Sax
pour cet opéra de Verdi qui comprend deux pistons
mais qui est droite également!).
Elle sera utilisée dans le domaine militaire et liturgique
de la société égyptienne.
Petit détail : selon les Grecs, le son de la trompette
égyptienne était comparable au « braiment de l'âne en
furie ! »

Trompette thébaine (qui vient de Thèbes, ville de l’Égypte antique)

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6. Les Percussions
-les crotales : cymbalettes antiques qui peuvent
se jouer l’une contre l’autre ou avec une batte ;
-le sistre: sorte de hochet utilisé pour les
cérémonies. A ne pas confondre avec le cistre
(instrument à cordes pincées).
Il existait bien entendu en Égypte ancienne,
d’autres instruments de la famille des
percussions comme différentes sortes de
tambours.

Crotales Sistre

Musique: pour l'Égypte également, nous n’avons pas énormément de traces écrites
concernant la musique mais nous savons que les Égyptiens reconnaissaient dans leur système
musical, l'octave et la quinte. On sait aussi que dès l'Ancien Empire, la musique ne se pratique
plus que pour le culte ou la magie; elle devient un art que l'on pratique toujours au temple mais
également à la cour et parmi la population.

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IV. GRÈCE ET ROME: L'IMPORTANCE CROISSANTE DES VENTS
DANS UN ÉTAT GUERRIER

A. Classification des vents:

1. Les instruments à biseau


a. Le biseau n'est pas présent dans la flûte mais la division de l'air contre
l'ouverture (ou l'embouchure de la flûte) produit une vibration équivalente à celle du
biseau :
i. flûte traversière
ii. flûte oblique (flûte nay)
iii. flûte à encoche
b. Le biseau est taillé dans la flûte :
i. flûtes à bec (flageolets, galoubets, etc.)
ii. tuyaux d'orgue

Flûte des Andes, Quena ou kena Différentes formes d'encoches

2. Les instruments à anche

a. À anche simple:
i. à anches libres: accordéon, harmonium
ii. à anches battantes, sur tuyaux dont la perce est de forme :
-perce cylindrique: la clarinette
-perce conique: le saxophone

b. À anche double: à noter que les anches doubles sont forcément battantes et
adaptées sur des tuyaux dont la perce est de forme :
i. conique: le hautbois
ii. coni-cylindrique: le basson

c. À anches lippales (= embouchure sur tuyaux) sur des tuyaux dont la perce est
de forme :
i. conique: le cor
ii. cylindrique: la trompette

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B. La Grèce antique

Ne pas oublier qu'au IVe et IIIe millénaire, l'Europe en est encore à l'Âge de la pierre et du
bronze alors que la Mésopotamie et l'Egypte sont des sociétés plus avancées.
1. Chronologie :
Époque archaïque: v. -700 à -500 av. J. C.
Époque classique: v. -500 à -300 av. J. C.
Époque hellénistique: v. -300 jusqu’au début de l'ère chrétienne.

2. Les instruments
A. La lyre (instrument plutôt didactique)
-carapace de tortue recouverte de peau et cornes d'antilope
formant les montants de l'instrument;
-cordes en boyaux; au début, 5 cordes, 11, puis 13 pour
les 13 consonnes de l’alphabet;
-se joue avec les doigts ou avec un plectre;
!on n'utilise jamais le plectre pour accompagner le chant !
-instrument également utilisé pour les fêtes et banquets.

B. La cithare (kithara), réservée aux professionnels


-mentionnée pour la première fois au VIIe siècle av. J. C.
-plus massive que la lyre, caisse plus importante;
-elle est souvent sculptée;
-son accord est un accord diatonique en mode dorien (mi)
puis lydien (fa);
-jouée avec les doigts ou avec un plectre.

C. Le barbitos (ou barbiton)


-proche de la lyre mais plus long et la caisse est plus petite;
-comme la lyre, utilisé dans les banquets mais avait
une connotation un peu légère;
-le barbiton était considéré comme instrument de
pur amusement.

Vidéo : barbiton
https://www.youtube.com/watch?v=Mm9GnKjTKpc
Attention, concernant le barbiton antique, dans l’Antiquité, la polyphonie n’était pas pratiquée
comme dans cet extrait.

D. L'aulos (gr. = tuyau)


-L’aulos vient d'Égypte et de Crète;
-il est en trois parties: une partie supérieure qui peut être
une anche double ou simple (alors taillée dans l'instrument =
idioglote), la partie médiane en ivoire ou en os et le tube en roseau.
-Il existe 4 tailles d'aulos qui correspondent aux voix
humaines;

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-le musicien utilisait une phorbeïa (qui fait
penser à une muselière) qui maintenait
l'instrument à la bouche et permettait
vraisemblablement une pression constante dans
les joues;
-les aulètes (joueurs d’aulos) connaissaient les fourches (doigtés), la fermeture partielle
des trous et pouvaient octavier par simple pression de la colonne d'air;
-tous les quatre ans (lors des jeux olympiques), se déroulait un concours réservé aux
meilleurs aulètes.

Ci-dessous, nous pouvons voir sur un sarcophage romain, le concours musical entre
Apollon et Marsyas. Apollon gagna le concours en jouant de sa lyre.
Précisons que, selon la mythologie grecque, l’aulos fut inventé par la déesse Athéna qui
jeta l’instrument car elle ne supportait pas la déformation de ses joues alors qu’elle jouait.
Marsyas le ramassa et défia Apollon dans un concours.

Le satyre Marsyas jouant de l’aulos Sarcophage romain, v. 290-300 ap. J.C.

Video : l’aulos, reconstitution


https://www.youtube.com/watch?v=FzkPOn8S_B4
Ici, attention, c’est le tuyau le plus long, le plus grave qui tient lieu de « bourdon » alors que
normalement, c’est le tuyau le plus court, le plus aigu qui a le rôle de tenir une note en continu.

E. La salpinx
-Il s’agit de la trompette grecque;
-elle est très légèrement conique;
-elle est mentionnée déjà dans l'Iliade et elle est comparée au
cri terrible d'Achille;
-les cavaliers athéniens faisaient leurs exercices au son des
salpinx;
-comme l'aulos, le jeu de la salpinx est également une
discipline olympique.

F. L'hydraulos
-L’orgue hydraulique a été inventé par Ctésibios d'Alexandrie, au IIIe siècle av. J. C.;
-il ne sera pas très utilisé chez les Grecs mais les Romains l'apprécient;

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-il fonctionne sur le principe des vases communicants pour maintenir une pression d'air
constante dans le buffet de l'orgue (le réservoir d'air).

Hydraulos fonctionnement reconstitution

https://www.youtube.com/watch?v=V7qVk5eZTEE
Hydraulos, reconstitution

Audition :
CD Musique d’abord, Musique de la Grèce antique
Hymne au soleil
https://www.youtube.com/watch?v=QFzc8hMyJ8c&list=RDYUPGpX_X2tA&index=2
Instruments entendus :
-Crotales (cymbalette ici jouée avec une batte)
-Hydraulos
-Lyres, etc.
-mode rythmique : dactyle (longue / deux brèves)

C. La Rome antique
1. Petits repères chronologiques

-Rome est fondée, selon la légende, en 753 av. J. C. par Romulus, frère de Remus;
-IIIe et IIe siècles conquêtes méditerranéennes;
-en 27 av. J. C., fin de la République;
-l'Empire durera jusqu'en 476 ap. J. C., date à laquelle Odoacre, un Wisigoth, prend le
pouvoir et dépose le dernier empereur romain, le petit Romulus Augustule, alors âgé de 12 ans!
Cette date étant la fin de l'Empire romain d'Occident et le début du Moyen Âge; fin du Moyen
Âge: 1453, prise de Constantinople (appelée Byzance avant Constantin) par les Turcs, qui est
dans ce cas, la fin de l'Empire romain d'Orient. Constantinople ne deviendra officiellement
Istanbul qu’en 1930 !

Nous avons vu que les instruments à cordes tenaient une place importante dans les sociétés
mésopotamiennes, égyptiennes et mêmes grecques. À Rome, étant donné le contexte belliqueux
dans lequel se trouvent les Romains et à fortiori leurs voisins, les instruments à vent et plus
exactement les cuivres vont tenir une place prépondérante dans la société romaine.

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2. Les instruments
a. La tuba
-elle est plus courte que la salpinx
grec;
-elle a une perce cylindrique, ce qui
l’apparente directement à la
trompette ;
-un exemple conservé mesure
1, 17 m.;
-elle est utilisée dans l'infanterie
comme instrument d’appel, pour
communiquer les ordres.

Tubas romaines

b. Le cornu
-sorte de trompette recourbée ; la perce est
cylindrique;
-une barre transversale permet de tenir
l'instrument sur l'épaule;
-utilisé également dans l'infanterie.

Le cornu romain

Vidéo :
https://www.youtube.com/watch?v=TZppWeq8bUQ
Reconstitution d’un cornu

c. Le lituus
-perce cylindrique avec un pavillon recourbé;
-utilisé dans la cavalerie.
-le lituus est un instrument d’origine étrusque ;
les Étrusques s’en servaient pour organiser les
attaques navales ;
-les Romains en jouaient pour communiquer des
ordres dans la cavalerie.

Lituus romain

Vidéo :https://www.youtube.com/watch?v=TC6Lc78Pu_s
Lituus romain : reconstitution

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V. LE MOYEN ÂGE

A. Un peu d’histoire

L a musique instrumentale du
Moyen Âge est mal connue. Les
premières notations datent des IXe et Xe
siècles mais elles se sont appliquées
qu’à la musique vocale. En effet, les
premières notations apparaissent pour
la musique religieuse qui était
essentiellement vocale. Pourquoi
vocale ? Car les premiers chrétiens ont
rejeté l’usage des instruments. Ils
étaient utilisés pour les rites de la
religion romaine, donc païenne. Une
autre hypothèse serait le rejet des
instruments car les Romains les
utilisaient à des fins militaires.
Mais nous possédons un document d’une richesse extraordinaire qui date du XIIIe siècle : les
Cantigas de Santa Maria d’Alphonse le Sage, roi de Castille (1221-1284).

C e recueil de chants comprend 420 cantigas sur le thème de la Vierge Marie. Il a été
élaboré entre 1250 et 1280 par des savants, des poètes, des musiciens, des scribes, des
enlumineurs, etc. Les enluminures qui ornent le manuscrit représentent 40 instrumentistes du
Moyen Âge; ils sont pour la plupart représentés par deux et les instruments sont représentés
dans leur jeu.

D éjà, à cette époque, les instruments sont classés en deux catégories :


1. les bas instruments : ceux qui sont joués à l’intérieur, qui ont un son peu intense comme le
luth (et en général les instruments à cordes pincées).
2. les hauts instruments : ceux qui sont joués à l’extérieur, qui ont un son puissant comme la
buisine (trompette).

B. Les bas instruments


1. Le luth
Le luth vient du mot arabe : « ûd » qui signifie « bois ».
Les origines de cet instrument remontent au deuxième millénaire
avant notre ère. Le luth est vraisemblablement parvenu en Europe
au IXe siècle, après la conquête de l’Espagne par les Arabes.
(= une hypothèse, il en existe d’autres !).

Cantigas de Santa Maria: luth

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C’est un instrument à cordes pincées, doubles, qu’on appelle chœurs. Au début, 4 à 5 chœurs
en boyau. Puis, le nombre de chœurs va augmenter. Il est muni de frettes qui sont un repaire
visuel et surtout physique pour le musicien.

A la Renaissance, le jeu du luth va se développer et le


répertoire va devenir très important. Le luth le plus usité à cette
époque est celui à 6 chœurs (comme l’illustration à gauche) mais il y
aura des luths jusqu’à 12 chœurs !

Andrea SOLARI, La joueuse de luth, v.1510, Italie

2. La vièle à archet
C’est une ancêtre de la viole de gambe (voir infra) et c’est
un des premiers instruments à archet joué en Europe.
L’archet apparaît vraisemblablement chez nous vers le XIe
siècle par le Moyen Orient lors des croisades. Il
aurait été inventé à l’extrême est de la Russie ou en Extrême-
Orient (Chine ?).

Extrait des Cantigas de Santa Maria : Vièle à archet et citole

Vidéo : reconstitution de la vièle à archet


https://www.youtube.com/watch?v=hSdzCZWl3t4

3. Les flûtes à bec


-peu de traces dans l’Antiquité ;
-appelée aussi « flûte douce » étant donné sa faible intensité (par
rapport à la flûte traversière);
-durant la période baroque, la flûte à bec sera « chassée » petit à
petit par le son plus puissant de la flûte traversière (dite flûte
allemande);
-à la Renaissance, la famille des flûtes douces ira de la flûte
sopranino jusqu’à la flûte contrebasse qui mesure 2,50 (il y en a
une au Musée Vleeshuis à Anvers) ; voir l’illustration à droite.

Video : Flûte à bec contrebasse


https://www.youtube.com/watch?v=TocMtNJg9HM

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Flûte à bec alto en sol (ou fa): reconstitution

A gauche : extrait des Cantigas de Santa


Maria : galoubets:(flûtes à trois trous et tambours)

4. Le psaltérion
-Le psaltérion est un
instrument à cordes pincées
qui se jouait sur les genoux
ou sur une table (ill. 1.);
-ne pas le confondre avec
le tympanon qui a à peu près
la même forme mais qui se
joue avec des petits
marteaux manuels. (ill.2)

1. Cantigas: psaltérions
Vidéo : psaltérion, reconstitution 2. Tympanon: enluminure de la fin du XVe siècle
https://youtu.be/fFfdf3-O4CI Vidéo : tympanon, reconstitution
https://www.youtube.com/watch?v=BLTNFDr9-sk

À la fin du XIXe siècle, apparaît un instrument qui est


considéré comme étant le prolongement du
tympanon : le cymbalum. Ce dernier possède un
ambitus plus étendu et permet des prestations en
concert.
Aujourd’hui, il n’est pas rare d’entendre des
prestations virtuoses dans des lieux publics comme
dans les gares de Bruxelles.

Musicien (Angel) jouant du cymbalum dans les couloirs de la


Gare Centrale de Bruxelles

20
C. Les hauts instruments
1. Les buisines
-trompettes (voir chapitre VI).

2. Le cornet à bouquin
-même s’il est en bois, le cornet à bouquin est un instrument de la famille des cuivres; en
effet, il est muni d’une embouchure (anches lippales) comme une trompette ; cette embouchure
est plus petite et est tournée en corne de bovidé;
-il est en érable et il est recouvert de cuir ou de parchemin, ce qui rend l’instrument étanche ;
-il ne prendra sa forme définitive qu’à la Renaissance.

Embouchures de cornet à bouquin

Cantigas: cornets à bouquin Cornet à bouquin (Renaissance)

Vidéo : le cornet à bouquin


https://www.youtube.com/watch?v=3YByJJw3yNI
Ensemble avec clavecin, viole de gambe et Jean Tubéry au cornet à bouquin

3. La flûte traversière
-même si elle est présente dans les Cantigas de Santa Maria, elle
est peu répandue au Moyen Âge. Elle est surtout jouée en
Allemagne et en Bohème. On l’appelle aussi « flûte allemande ».
L’illustration à droite présente deux joueurs de flûtes traversières
qui tiennent leur instrument « du mauvais côté ». Rappelons que la
latéralisation des instruments sera systématique à partir du début du
XVIIe siècle lors de l’apparition de l’orchestre accompagnant l’opéra.

Cantigas de Santa Maria : flûtes traversières

4. Les cromornes (fin du Moyen Âge, surtout à la Renaissance)


-instruments à anche double, ancêtres du hautbois;
-surtout joués à la Renaissance;
-munis d’une capsule qui protège l’anche double en roseau et qui
ne permet pas un contact direct avec les lèvres du
musicien.

Vittore CARPACCIO, Joueur de cromorne (détail), 1510


Cromornes (Renaissance),
reconstitution

21
Vidéo : ensemble de cromornes
https://www.youtube.com/watch?v=6Pthv29TgRE

5. La chalemie
-Elle connaît son essor surtout à la Renaissance ;
-« chalemie » vient du mot « calamus », en latin, qui signifie « roseau »;
-c’est un des ancêtres du hautbois;
-elle est munie d’une anche double;
-elle est munie de trous de doigts (à la Renaissance, une clé
dans le grave apparaît, mais il faudra attendre le XIXe siècle pour avoir
le clétage complet).

Cantigas de Santa Maria: chalemies Chalemies

6. La cornemuse
-aérophone dont les premières traces remontent à l’Antiquité;
-elle est munie d’un porte-vent pour remplir le sac d’air;
-le sac est fait de la peau d’un animal, souvent une chèvre ;
-un chalumeau percé de trous de doigts permet de jouer la mélodie. Attention, le chalumeau
peut être muni d’une anche double, contrairement à l’ancêtre de la clarinette (le chalumeau) qui
est muni d’une anche simple. Le chalumeau de la cornemuse peut être muni également d’une
anche simple.
-le ou les bourdons, s’il y en a, sont normalement munis d’une anche simple.

Cantigas: cornemuses
Ici, les cornemuses ne sont pas munies de
bourdons.
Le tuyau dans la bouche du musicien est le
porte-vent.
Le tuyau qui forme un angle et qui se
trouve dans les mains du musicien s’appelle « le
chalumeau. » Il sert à jouer la mélodie.

Vidéo : cornemuse médiévale (ici avec un bourdon)


https://www.youtube.com/watch?v=NW3ul1dLzuc

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VI. LA TROMPETTE À TRAVERS LES ÂGES

A. Petite explication concernant les aérophones (les vents)


-Dans la famille des cuivres, en schématisant quelque peu, il existe deux types d’instruments
bien distincts : les instruments de type trompette et les instruments de type cor. En clair, la perce
(le diamètre interne du tuyau) d’un cuivre peut-être soit cylindrique, soit conique, soit les deux
(ce qui est souvent le cas.)
1. Une perce cylindrique : est une perce qui suit le même diamètre à partir de la branche de
l’embouchure jusqu’à la branche du pavillon. Notons que pour pratiquement tous les
instruments à vent, l’extrémité du tuyau qui expulse l’air se termine par un évasement de ce
tuyau qu’on appelle « pavillon ».
Cette perce produit un son clair, typique de la trompette.
2. Une perce conique : est donc un tuyau qui commence avec un petit diamètre et qui
continue en s’évasant doucement et régulièrement jusqu’au pavillon. Cette perce produit un son
plus sourd, typique du cor.

Tous les cuivres ont en général des parties cylindriques et des parties coniques ; ce qui
compte, c’est la proportion de l’une et de l’autre. La trompette a en théorie les deux tiers de la
longueur de sa perce qui sont cylindriques ; le dernier tiers étant la branche du pavillon.
Le cor, quant à lui, a les deux tiers de sa perce qui sont coniques. La perce des coulisses est
par définition (et pour tous les cuivres) cylindrique. Ceci, c’est la théorie car la trompette
actuelle est très légèrement conique dans les parties normalement cylindriques (jusqu’à 80%)
et n’est vraiment cylindrique que dans le mécanisme des pistons et dans la coulisse d’accord.
-Concluons par le fait que la trompette est un instrument cylindro-conique et que le cor est coni-
cylindrique !

Deux exemples de trompettes de l'Antiquité:

Trompettes trouvées dans la tombe de Toutânkhamon (XIVe s. av. J. C.)

Trompette assyrienne

23
B. La trompette sarrasine
À la chute de l’Empire romain d’Occident qui se situe en 476
ap. J. C., un phénomène curieux se passe : la trompette et son
usage disparaissent complètement. Les Chrétiens n’utilisent alors
que des instruments militaires qui sont les cornes de buffle et
d’auroch et un peu plus tard, des défenses d’éléphants (des
oliphants.)
Oliphant (s’écrit également « olifant »

Il a fallu attendre les croisades et les contacts avec


l’Orient (les Sarrasins, les Turcs) pour retrouver l’usage de
la trompette ; aux cornes d’animaux des croisés (les
Occidentaux), s’opposent des instruments assez puissants
comme les anafir (trompettes) et les buqat (trompettes ou
cors).

Trompettes sarrasines

En Occident, les Européens vont adopter et un peu copier la trompette sarrasine mais
également se « souvenir » de la trompette de l’Antiquité (beaucoup de polémiques ont cours
actuellement ; traces iconographiques douteuses, mauvaises traductions de termes, etc.) Bref,
la buisine sera en usage au Moyen Âge. À noter que le mot posaune (= trombone en all.) dérive
du mot buisine en passant par le mot pusune et que le mot buisine lui-même vient du mot latin
buccina. Trêve d’étymologie, la buisine est une longue trompette en métal, droite et cylindrique.

C . La trompette au Moyen Âge


Notons tout d’abord qu’à cette époque, la trompette
est encore droite et très longue, donc très encombrante !
En guerre comme en paix, il y avait toujours un risque
d’endommager l’instrument de façon irréversible.

Reconstitution : buisines
https://www.youtube.com/watch?v=4Pgam4v9Dsk

Cantigas: buisines
1. Le trompettiste de cour
À cette époque, le statut social du trompettiste n’est pas différent des autres musiciens. Ils
sont considérés comme étant « non honorables » sauf quand ils font partie d’une maison
princière ou attachés à une ville.
Cependant, les trompettes (on peut encore dire à peine trompettistes, à l’époque) ont été les
premiers à occuper des emplois fixes dans la noblesse car ils occupaient un rôle prépondérant
dans la guerre, plus que courante à l’époque. Ils portaient un uniforme coûteux et disposaient

24
d’une monture. Mais attention, « le trompette = le trompettiste »était toujours considéré comme
un simple serviteur. « Le trompette » de cour devait jouer à la table du prince et lors des
présentations publiques.
Quand on était en temps de paix (ce qui était rare), les trompettes devaient jouer lors des
tournois, des couronnements, des mariages, des baptêmes, etc.)

2. Le répertoire
On sait qu’au bas Moyen Âge (seconde partie du Moyen Âge, du Xe au XVe siècle), les
trompettistes jouaient dans le registre grave de la trompette (les quatre premiers partiels ou
harmoniques). Ce fait est confirmé par l’iconographie de l’époque qui montre les lèvres des
trompettistes qui sont peu tendues et leurs joues gonflées). L’embouchure n’est pas encore
séparée de l’instrument et est encore un simple évasement du tuyau.
Le trompettiste jouait donc dans le registre grave et on sait par les témoignages de l’époque
que le volume sonore de ces trompettes était considérable. La trompette jouait donc toujours
les parties graves et notons que le trombone sera issu de la trompette au XVe siècle. Ces parties
graves étaient souvent des sortes de bourdons.

D. La trompette à la Renaissance
1. La trompette repliée en « S » (de forme allongée)
Grâce à un progrès dans la facture des tuyaux de métal (on peut courber les tuyaux à partir
de la Renaissance), la trompette, vers 1400, va prendre un nouvel essor. La trompette, qui faisait
alors 2 mètres de longueur, va pouvoir être ramenée à un tiers de sa longueur réelle ; les
trompettes seront alors pliées soit en forme de « S », soit enroulées sur elle-même. Dès 1500,
cette forme va remplacer les autres formes de la trompette. Cette forme de « S » est toujours la
forme de la trompette moderne.

Trompette en « S »,
Renaissance, Extrait
de Musica getutscht de
Sebastian Virdung

Deux trompettes de Jacob Steiger,


Bâle, 1578

25
2. La trompette à coulisse (it.: tromba da tirarsi)
Apparaît alors un autre instrument : la trompette à
coulisse. La coulisse n’était pas double (à deux
branches) comme celle du trombone mais était en fait
un prolongement de la branche de l’embouchure. La
coulisse (le tube relié à l’embouchure) était fixe et
c’était donc l’instrument que l’on faisait glisser loin ou
près de soi. On peut le voir très bien à Anvers avec les
Anges musiciens de Memling.

Hans MEMLING, (Dix) Anges musiciens, un des deux volets (cinq anges) de l’orgue de Najera, peint vers
1490: trompette à coulisse (2e ange en partant de la gauche)

Vidéo : Tromba da tirarsi, reconstitution


https://www.youtube.com/watch?v=nR54obIpf3Q

Dès ce moment, on va remarquer une dissociation nette entre les usages des deux types de
trompettes : la trompette repliée fut utilisée à la cour et à la guerre et la trompette à coulisse fut
utilisée pour sonner le guet, les heures (qui se sonnaient à deux voix), prévenir les incendies et
les attaques, etc.
Le trombone (la saqueboute) apparaîtra vers 1450 car il sera possible alors de faire des
coulisses à deux branches, comme les trombones actuels et donc de ne faire glisser que la
coulisse et non pas tout l’instrument qui est quand même plus lourd que la trompette.

3. Les trompettes des villes


C’est à cette époque également que les musiciens des villes vont se sédentariser. Grâce à
cela, ils pourront devenir « honorables » et participer aux sacrements.
Alors que les trompettistes de cour ne jouaient en général que de la trompette, les musiciens
des villes devaient être capables de jouer de plusieurs instruments (en général six, comme la
chalemie, etc.) dont parfois la trompette. La formation de ces musiciens variait de deux à cinq
ans selon les régions. Durant ces années, l’apprenti apprenait l’usage de divers instruments
comme le cornet à bouquin et le trombone, la flûte et la bombarde (une chalemie grave) et
également la trompette. Après ces années d’étude, il passait un examen de fin d’apprentissage
et devenait libre de s’engager comme compagnon. Après son compagnonnage dont la durée
pouvait aussi varier (de 4 à 5 ans), il devenait maître et pouvait alors enseigner à son tour.
Les musiciens des villes devaient jouer lors des séances du conseil et du tribunal, ainsi qu’à
l’église.

4. Les trompettes de cour


Dans le courant des XVe et XVIe siècles, les princes engagent de plus en plus de joueurs de
trompette pour faire état de leur prestige et de leur puissance.
Dans la seconde moitié du XVe siècle, les trompettistes commencent à jouer de plus en plus
à l’aigu. À la fin du XVIe siècle, est déjà constitué l’ensemble de trompettes à cinq voix qui
caractérise l’époque baroque. La voix la plus aiguë s’appelait clarino. Déjà à cette époque,
étaient prévus des temps de pause pour le joueur de clarino tandis que les autres continuaient à
jouer dans un registre plus grave ; en effet, jouer dans le registre aigu demande beaucoup
d’effort. Notons que clarin ou clarino sont des termes spécifiquement allemands malgré leur
consonance italienne. J'insiste sur le fait que le clarino n'est donc pas un instrument !
Au XVIe siècle, la distinction entre le trompette et le trompettiste est très marquée. Celui qui
joue à l’armée de simples sonneries est dit « trompette » et le trompettiste joue des mélodies

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plus ou moins élaborées ; il joue soit dans le registre plus aigu (trompette oblongue), soit dans
le registre médium (avec une trompette à coulisse.)

Concluons par le fait que la Renaissance voit apparaître deux nouveaux instruments : la
trompette recourbée qui facilitera l’usage et le transport de l’instrument et la trompette à
coulisse, qui permettra de jouer chromatiquement. Les trompettistes des villes sont en général
les enseignants de la pratique de l’instrument. C’est à cette époque également qu’apparaît le jeu
du clarino, c'est-à-dire, du registre aigu de la trompette et qui nécessite une technique
particulièrement virtuose. Attention, le clarino n'est pas un instrument mais bien un registre !

E. La trompette baroque
Avec deux grandes guerres à son actif (la Guerre de Trente Ans et la Guerre de Sept Ans),
la période baroque allait encore voir le rôle de la trompette militaire prépondérant ! Les
trompettes du prince étaient presque tout aussi importantes que le prince lui-même !
1. La trompette de concert
Au XVIIe siècle, se passe un évènement très important dans l’histoire de la trompette : son
utilisation pour les concerts. La technique de l’instrument va se voir changer radicalement dans
le sens où les trompettistes devront apprendre à jouer doucement et juste ! Ils devront être
capables de tempérer (jouer juste) les sons partiels, ce qu’ils ne faisaient pas forcément étant
donné qu’ils jouaient entre eux ou avec quelques autres instruments mais pas avec un orchestre
complet.
En clair, le jeu orchestral de l’instrument le fera évoluer vers un autre type d’expression que
celui de « faire du bruit. » À partir de ce moment, on pourra remarquer sur les documents
iconographiques que les trompettistes gonflent de moins en moins les joues.
Dès le XVIIe siècle, ces deux conseils sont d’ailleurs spécifiés dans les méthodes de l’époque
et stipulent que pour les « clarinistes », il est très « extraordinairement difficile d’obtenir une
embouchure (dans le sens de la bouche, des lèvres) correcte ». Le seul secret, comme
maintenant, était de travailler et de pratiquer l’instrument assidûment en vue d’imiter, comme
le voulaient les prémices du baroque pour tous les instruments, la voix humaine.
J’en profite pour préciser que la technique de la trompette avec des trous (en général deux)
au niveau de la branche de l’embouchure date seulement du XXe siècle. Beaucoup de
trompettistes baroques jouent actuellement sur de tels instruments en disant (honnêtes ou non)
jouer là un jeu très baroque ! On n’a encore jamais retrouvé de trompettes baroques percées de
trous ! Je pense que les trompettistes actuels devraient avoir conscience que le jeu de la
trompette naturelle aux XVIIe et XVIIIe siècles s'avérait très délicat et particulièrement virtuose
et que très peu de trompettistes à l'époque étaient capables de
très bien jouer... comme maintenant!
2. Gottfried Reiche (1667-1734)
Pendant les premières années que J. S. Bach passe à
Leipzig, le trompettiste attitré est Gottfried Reiche qui a le
statut de Stadtpfeifer est et a été sujet a des polémiques
musicologiques car l’instrument que tient le musicien
ressemble plus à un cor de postillon qu’à une trompette !
Dans Le Cor, édité chez Payot, Kurt Janetzky et
Bernhard Brüchle donnent une explication plus que
satisfaisante à ce sujet. Puisqu’il n’était que Stadtpfeifer
(litt. : « souffleur de ville »,) et non pas Hoftrompeter
(trompettiste de cour), il n’avait tout simplement pas le droit
de se faire « portraiturer » avec une trompette oblongue.

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3. La cour de France
Il y a douze trompettes militaires à la cour de Louis
XIV. Les trompettistes jouaient soit par trois, soit par six.
Il y a également les 24 trompettes de la garde du corps.
Tous ces trompettistes reçoivent des ordres directement
du roi et non pas d’un officier supérieur. A leur entrée en
fonction, on leur donnait le titre de chevalier. La reine
n’a qu’une trompette à son service et encore, pas
toujours !
Trompette sous Louis XIV, gravure du XVIIe siècle

4. Le répertoire
Pour simplifier quelque peu, la moitié des œuvres de J. S. Bach avec trompette demande
l’usage d’une trompette en ut et pour l’autre moitié, une trompette en ré. En général, les trois
trompettes sont accompagnées de timbales. Il y a également des cantates avec trompette en solo.
Les instruments utilisés sont des trompettes plus longues que les trompettes modernes. Dans la
vitrine de Nuremberg du MIM, les trompettes baroques exposées sont en ré ou en ut et sont
donc une octave plus basse que l’instrument d’orchestre actuel qui est en ut. La raison en est
tout simplement qu’en ce qui concerne les vents, plus l’instrument est long, plus on peut faire
de notes, plus l’étendue de l’instrument sera grande (ce qui n’est pas du tout le cas pour les
cordes : on ne fait pas plus de notes avec une contrebasse qu’avec un violon !) En effet, le cor
mesurant pas moins de quatre mètres, un corniste professionnel peut jouer cinq octaves alors
que la trompette d’orchestre qui mesure à peu près 1,30 m. ne peut être jouée que sur deux
octaves et demie, voire plus avec beaucoup d’habilité et d’énergie (et de rougeur de la figure !).
C’est la raison pour laquelle la trompette baroque est plus longue. Même sans pistons, sa
longueur permet de jouer des notes proches (une gamme), dans le registre aigu (le clarino.)
L’embouchure était également différente dans le cas du jeu à l’aigu ; elle était plus plate que
les embouchures actuelles, ce qui permettait un jeu plus aisé dans le registre du clarino mais
moins puissant de façon générale. Cela convenait parfaitement à l’esthétique musicale de
l’époque qui ne demandait pas aux instruments de sonner comme dans un orchestre wagnérien !

https://www.youtube.com/watch?v=b24w_ykmwD4&t=204s
Introduction à la trompette baroque avec Alison Balsom (EN)

F. Le déclin de la trompette
1. La fin de l’Ancien Régime

On peut dire que l’art du clarino trouve son apogée à la fin de l’époque baroque et au début
de la période classique soit dans les années 1750. Après la Révolution de 89, l’idéal bourgeois
ne voyait pas d’un très bon œil l’usage de la trompette, emblème de la noblesse et de ses
armées !
À partir de la période classique, la trompette aura plus un rôle d’instrument du tutti à
l’orchestre. Même si Haydn a écrit un superbe concerto pour trompette (voir infra.), cela reste
une exception. Mozart a composé un concerto pour trompette quand il avait douze ans mais il
est malheureusement perdu. On sait que Mozart avait une phobie du son de la trompette et que
son père, Léopold, a tenté de la lui faire passer en invitant un de ses amis trompettiste pour
jouer dans les oreilles du pauvre petit Wolfgang qui avait neuf ans et qui en a fait une syncope !
Au XIXe siècle, le rôle de la trompette d’orchestre deviendra plus soliste ; il y a de
magnifiques solos pour trompette dans la musique romantique (cf. Wagner, Verdi et d’autres).

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2. Les différentes inventions avant le piston
Paradoxalement ou logiquement (tout dépend de la façon d’aborder la question), c’est durant
cette période de déclin que la trompette va subir le plus de transformations pour en arriver enfin
au piston encore utilisé aujourd’hui.
a. La trompette à boucher ou trompette demi-lune (env. 1775 – env. 1840)
En fait, c’est d’abord sur le cor que cette technique s’est développée. Un corniste de Dresde
s’est aperçu qu’en bouchant le pavillon de son instrument avec la main droite, il pouvait faire
baisser la note d’un demi-ton, voire d’un ton. Voyant que la technique portait ses fruits sur le
cor, on l’essaya sur la trompette : on recourba son pavillon (trompette demi-lune) pour pouvoir
l’atteindre avec la main. Le seul problème c’est que le timbre de la trompette au départ clair
devient carrément sourd, proche de celui du cor. Sur le cor, cette technique se prête mieux étant
donné que la couleur du son du cor (au fond des bois...) est déjà assourdie, moins claire, moins
brillante que celle de la trompette (voir l'introduction).

Charles
Kretchman, 1815,
stopf trompete, MIM

b. La trompette à clefs (même époque)


C’est encore sur le cor et dans les années 1760 qu’on expérimente le système des clefs sur
un cuivre. En clair, on perce l’instrument de trous sur la branche du pavillon et le musicien peut
boucher ces trous avec un système de clefs et de plateaux. Les premières trompettes munies de
ce système ne seront pas très appréciées et ce, toujours pour la même raison : on ne reconnaît
plus le timbre clair caractéristique de cet instrument quand les trous de l’instrument sont
débouchés.

C’est donc Anton Weidinger (1767-1852) qui invente la trompette à clefs et qui sera virtuose
sur cet instrument ; à cette époque, des grands compositeurs écrivent pour la trompette (à clefs).
Weidinger est un ami de Joseph Haydn, c’est pour lui que le fameux compositeur écrira son
concerto non moins fameux, un des rares pour l’époque avec le concerto de Nepomuk Hummel
(1778-1837) qui connaissait également Weidinger. À l’invention du piston, l’usage de la
trompette à clefs disparaîtra petit à petit.

Trompette à clefs, Anton Müller, d’après Anton Weidinger (début du XIXe siècle) (Bad Sackingen, Trumpet
Museum)

https://www.youtube.com/watch?v=WpWf42Ck3qE
La trompette à clés : Entretien avec Markus Würsch

29
3. Le piston
L’invention du piston en 1813-14 a pour but essentiel de rendre chromatique le registre grave
de la trompette. Nous avons vu plus haut que la trompette baroque, de par sa longueur, pouvait
produire une gamme diatonique voire chromatique dans le registre du clarino (le registre aigu
de la trompette). En clair, durant la période baroque, les compositeurs plaçaient toujours la
mélodie à la trompette au registre aigu de l’instrument pour pouvoir jouer des harmoniques
rapprochés. Le piston allait éliminer les inconvénients de la trompette à boucher et de la
trompette à clefs. Le timbre clair de la trompette
n’allait plus être altéré.
On attribue l’invention du piston au corniste
Heinrich Stölzel et dans le même temps
à Friedrich Blühmel. Au départ, les pistons
sont dans une boîte carrée (et non cylindrique
comme plus tard).
Pistons à boîte carrée de Heinrich Stölzel

Le piston a d’abord été essayé sur un cor et c’est en 1820 qu’une trompette sera munie de
pistons. Beaucoup de systèmes ont vu le jour pour tenter d’améliorer le piston de départ.
Retenons seulement le piston de François Périnet qui est le piston actuel, breveté en 1839. Ceci
dit, la trompette à pistons ne sera pas immédiatement acceptée dans le milieu musical. Certains
prétendaient que le piston « dévirilisait » la trompette ! Encore en 1840, des compositeurs
composaient les parties de trompettes pour des trompettes naturelles et les trompettistes eux-
mêmes jouaient encore sur ces instruments pour l’exécution de telles partitions.
Notons également que le système des pistons a d’abord été en vogue sur le cornet à pistons,
qui, à l’orchestre, a été utilisé par paires à côté de la trompette naturelle. La trompette à pistons
a ensuite évolué vers un tube plus court, comme le cornet à pistons en sib.

Différentes
longueurs
des coulisses
correspondant
aux trois
pistons

Trajet de l’air dans un piston


abaissé et remonté
Les coulisses en communication avec chaque piston sont d'une longueur différente
correspondant à 1 ton pour le premier piston, 1/2ton pour le deuxième piston et 1 ton et 1/2
pour le troisième piston. En les combinant, on obtient sept doigtés différents tout à fait comme
les sept positions de la coulisse du trombone.

G. La trompette moderne
Nous avons vu que dans la seconde moitié du XVIIIe siècle, l’usage de la trompette est en
déclin. Le XIXe siècle va connaître l’invention du piston mais cela ne suffira pas à redonner
une place de soliste à l’instrument. Pratiquement aucun concerto pour trompette n'a été composé
à cette époque alors que le répertoire pour le cornet était en pleine expansion, mais s’adressait
également à un autre public. Le jeu de la trompette du XIXe siècle est essentiellement orchestral.
Il existe de magnifiques solos dans les opéras de Verdi, de Wagner, les symphonies de

30
Bruckner, plus tard de Mahler. Au XXe siècle, il y a un regain d’intérêt pour le jeu
« trompettistique », n’oublions pas les concertos comme ceux de Tomasi ou de Jolivet.

Trompette ut, trompette sib


(plus longue que la trompette en ut)
et trompette piccolo (sib aigu), la
plus petite des trois.

Un dernier mot sur les différents types de trompettes. La trompette sans pistons est appelée
« trompette naturelle » ou « trompette baroque ». Dans la seconde partie du XXe siècle, un
grand trompettiste de cette époque, Maurice André a joué sur une petite trompette (trompette
piccolo en sib aigu) pour pouvoir aborder le répertoire baroque sans devoir jouer sur instruments
d'époque. La performance sur trompette piccolo est toujours remarquable mais elle n'est en
aucun cas « historique ». En effet, le concept de la petite trompette en sib aigu date seulement
du XIXe siècle et en aucun cas de la période baroque.
La trompette en ut à pistons est la trompette moderne de l’orchestre symphonique belge et
français. La trompette est un instrument transpositeur : par exemple, même si l’instrument
sonne en sib, on va parler de la gamme de do majeur alors que les sons réels entendus seront
sib-do-ré-mib-fa-sol-la-sib. La trompette sib est la trompette des débutants ; elle est plus facile
au premier abord (car plus longue et donc le son fondamental est plus grave) et dans
l’enseignement musical, l’élève jouera sur une trompette sib à l’académie jusqu’à son entrée au
conservatoire où il passera à la trompette en ut. De plus, d’une façon générale, la trompette sib
est considérée comme la trompette de jazz, des harmonies, des fanfares (attention, dans les
brass band, on utilisera des cornets à pistons et non pas des trompettes). Il existe un autre
système de pistons notamment en Allemagne qui est celui des cylindres rotatifs avec palettes
(c’est ce qu’on trouve sur le cor d’harmonie ou d’orchestre.) En Allemagne, notre trompette
(même la trompette en ut) à pistons est considérée comme une trompette de jazz. La trompette
en usage dans les orchestres symphoniques allemands est la trompette à palettes dite dans le
jargon orchestral « trompette
choucroute ».
Pour terminer avec le jazz, il existe
également une trompette en usage dans
ce domaine: la trompette de poche.
Malgré sa petite taille, elle a le même
ambitus et donc la même longueur que
la trompette sib. Elle est enroulée sur
elle-même, ce qui permet de raccourcir
l’instrument tout en lui gardant la
longueur de sa perce équivalente à la
trompette sib.

31
VII. LES DÉBUTS DE L'ORCHESTRE

A. Étymologie
Le mot « orchestre » provient du mot grec orkestra qui désignait, dans l'ancien théâtre grec,
un espace à l'avant-scène, l'hémicycle où se tenaient, entre autres, les danseurs. Un traité de
danse se dit « orchésographie* ».
Au XVIIe siècle, comme dans le grec ancien, on a utilisé le mot « orchestre » pour désigner
un endroit et non des personnes, l'endroit où se tenait l'orchestre.
C'est seulement dans les années 1670', en France et en Italie que le mot « orchestre »
désignera les instrumentistes. Auparavant, on parlait plutôt des violons, des concertants, de la
symphonie; du concerto, de la sinfonia, etc.

* Voir le traité de danse de Thoineau Arbeau, anagramme de Jean Tabourot (qui était chanoine),
publié en 1589 à Langres, commune de l’Est de la France.

B. Un peu d'histoire
Il ne faut jamais oublier que l'histoire des instruments suit presque toujours celle de la voix.
On sait que la polyphonie vocale apparaît vers le VIIIe, IXe et Xe siècles et qu'elle trouve son
apogée aux XVe et XVIe siècles (la Renaissance). À cette période, les instruments vont
essentiellement vouloir imiter les voix. C'est naturellement pour cette raison que les instruments
de la Renaissance se sont développés par famille entière, du sopranino à la contre-basse
(contrebasse).
Au XVIe siècle, exceptés dans la musique populaire, nous avons donc des ensembles
d'instruments:
-qui imitent les voix humaines;
-qui jouent lors des ballets et des danses;
-qui jouent les intermèdes florentins. Les intermèdes sont des petites pièces
chantées, costumées, quelques fois dansées que l’on jouait entre les actes de pièces de théâtre
parlées, « classiques » et qui racontait une petite histoire de 10 à 15 minutes. Entre chaque actes
de la pièce de théâtre, venait se glisser un intermède. Petit à petit, les intermèdes ont formé une
unité dramatique et une histoire était racontée en différents « épisodes » entre chaque acte de la
pièce de théâtre. Puis, on a tout simplement sorti la suite des intermèdes de la pièce de théâtre
pour en faire une œuvre indépendante, ce qui a donné les débuts de l’opéra.

Nous avons donc (presque) tous les ingrédients pour créer un nouveau genre: l'opéra.

C. L'opéra
1. En Italie
Il n'y a donc pas eu d'orchestre avant la
période baroque. À la Renaissance, nous avons
des ensembles instrumentaux, comportant des
familles entières d'instruments appelés
« consort » en Angleterre ou des instruments
provenant de familles différentes comme les
broken consort.

32
Pour rappel, on considère l'Orfeo de Monteverdi,
joué en 1607 à Mantoue, comme étant le premier
opéra digne de ce nom dans l'histoire de la musique.
Auparavant, Il y a, bien entendu eu les essais de
Caccini, Peri, etc.
Ce qui est très intéressant, c'est l'instrumentation
de ce premier opéra (Orfeo). Très tôt, Monteverdi va
constituer un orchestre avec une bonne trentaine
d'instruments. Nous trouvons dans cet orchestre:
-trois violes de gambe;
-4 violons, 4 altos, 2 violoncelles, 2 contrebasses;
-des piccoli violini alla francesce (on pense vraisemblablement que ce sont des pochettes, mais
cela pourrait être également des violons sopraninos);
-des chitarrone;
-des luths;
-deux harpes;
-une régale (orgue);
-deux cornets à bouquin;
-deux trompettes;
-quatre saqueboutes;
-deux flûtes à bec.

Maître à danser jouant de la pochette

Vidéo : La pochette, ici, encore jouée en Angleterre


https://www.youtube.com/watch?v=Q_-voNY5_gs

Notons:
-Le nombre plus important des violons (la famille) que des violes. Monteverdi tient déjà
compte de l'importance du violon dans l'orchestre. Durant le XVIIe siècle, le violon va chasser
la viole de l'orchestre, étant donné la sonorité moins intense de la viole de gambe.
-La présence des trombones (jusqu'alors utilisés dans le répertoire religieux), qui vont
disparaître peu après de la musique profane pour refaire leur apparition chez Mozart dans le
Don Giovanni (1787)
-Le chitarrone, le luth et la régale (petit orgue) vont également ne plus avoir leur rôle dans
l'orchestre moderne. Ce sont les instruments de la basse continue. Ce procédé s'étiolant au
XVIIIe siècle, les instruments le servant disparaîtront de même.

vidéo : https://www.youtube.com/watch?v=dBsXbn0clbU
L'Orfeo de Monteverdi par Jordi Savall

2. En France
C'est la Grande Bande des Violons du Roy qui va devenir la base de l'orchestre symphonique
actuel.
En 1529: On sait que François Ier avait 6 musiciens à son service (3 violons, 2 hautbois et
une saqueboute (= trombone)
En 1607: Il y a 12 violons sous Henri IV
En 1618, il y en aura 24

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En 1626: Louis XIII crée les Vingt-Quatre Violons du Roy qui se composent de:
-6 dessus (violons);
-4 haute contre (seconds);
-4 tailles (altos);
-4 quintes (ténors, qui n'existent plus dans l’orchestre symphonique actuel);
-6 basses de violons (qui n'existent plus dans l’orchestre symphonique actuel).
Notons que par après, ils seront 25 violons!
Notons également que sous Louis XIV, il y a trois institutions qui jouent de la musique: la
Musique de l'Écurie (pour tout ce qui se passe à l'extérieur), la Musique de la Chambre (pour le
service personnel du roi) et la Musique de la Chapelle (tout ce qui concerne la musique
religieuse.)

Cette bande de violons sous Louis XIII est mal considérée. Le


violon est mal vu en France. À la cour, il est de bon ton de se livrer
au jeu de la basse de viole. Le violon symbolise la musique
populaire (liée à la danse) et la roture. De plus, les Français savent
que le violon est apprécié en Italie. La rivalité entre la musique
italienne et française a quasiment toujours existé. Comment les
Français pourraient-ils estimer un instrument joué dans toutes les
cours d'Italie? Cf. le MIM, les vitrines françaises où Monsieur
Hubert Leblanc, encore en 1711 (ici, l’édition de 1740), se plaint
« des entreprises du violon et des prétentions du violoncelle »
contre la basse de viole (voir illustration à droite). Quand Louis
XIV ennoblit Lully en 1661, le musicien ne touchera plus un violon
en public jusqu'à la fin de ses jours!

Quand Giovanni Battista Lulli (encore écrit comme tel; il francisera son nom en Lully) arrive
à Paris, il vient de Florence, il est danseur, violoniste, nous dirions aujourd'hui, artiste complet.
Il a 14 ans et est plein d'enthousiasme. Il arrive donc en 1646. Lulli est plus âgé que Louis. Lulli
est né en 1632 et Louis en 1638 mais ils se rencontrent et se plaisent mutuellement. Arrivé à la
cour en tant que « converseur d'italien » pour la Grande Mademoiselle (sœur de Gaston
d’Orléans), il va aussi s'occuper de la Bande des Violons. Il quittera plus tard le service de
Mademoiselle et deviendra surintendant de la Musique du Roy en 1661, année où Mazarin
meurt et où Louis va assumer pleinement son pouvoir absolu. Quand il prend en main les
violons, l'ensemble est dans un état lamentable. Étant mal considérés, les violons n'ont aucune
discipline; ils arrivent saouls aux répétitions, ils ont un violon pour deux et, le pire pour Lully,
c'est qu'ils improvisent n'importe quoi, n'importe quand et surtout, n'importe comment! Il va
réclamer à Louis une autre bande en suggérant au roi qu'elle serait parfaite pour son service
personnel. Louis accepte et la Petite Bande des Vingt Violons fait son apparition. Il est clair
que certains musiciens faisaient partie des deux orchestres. Car « orchestres » ils sont. Les
hautbois rejoignent souvent les violons et les timbales vont faire leur entrée et être jouées pour
la première fois à l'intérieur. Après les réformes de Lully, la Grande Bande devint réputée pour
son ensemble dans les attaques et déjà, Lully fera respecter les coups d'archets.
Mais revenons à l'opéra. En France, on ne composera pas d'opéras mais d'abord des ballets
de cour (dans lesquels la cour et même le roi dansent), des comédies-ballets, et puis, enfin, des
tragédies lyriques, qui correspondent à l'opéra seria italien.
Les bandes des violons vont participer à tous ces spectacles. L'orchestre utilisé pour l'opéra
était composé du:

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a. Petit chœur comprenait : -un clavecin;
-un luth;
-des théorbes;
-des basses de violes;
-des violoncelles;

Le petit chœur accompagnait les récits, les airs et les chœurs chantés.

b. Grand chœur comprenait : -la Bande des Vingt-Quatre;


-des vents (hautbois, trompettes, bassons, pas encore de cors) et
des percussions (timbales);
Le grand chœur jouait les ouvertures, et accompagnait les ballets.

Illustration ci-dessus : Représentation d’Alceste de Lully à Versailles, 1674

L'Italie et la France vont contribuer à la diffusion de l'usage de l'orchestre en Europe et ce,


pour des raisons différentes. L'opéra naît en Italie et l'opéra, à cette époque, est italien. Les
opéras italiens vont être joués dans toute l'Europe (pendant deux siècles!) et vont contribuer à
une sorte de standardisation de l'effectif orchestral. Pour jouer ces opéras il faudra que les
théâtres d'opéra étranger possèdent un certain nombre d'instrumentistes et qu'ils respectent un
tant soit peu l'instrumentation des œuvres. Tous les orchestres ne deviendront pas semblables,
mais la base des cordes et des quelques bois indispensables sera de mise.

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En France, c'est le pouvoir absolu de Louis XIV qui va contribuer à l'usage des violons qui
deviendront la base incontournable de notre orchestre. Louis est un roi redoutable et redouté.
Le monde entier jusqu'en Chine connaît l'existence de Versailles, de son immense palais, de
son parc, de ses fontaines, de son grand canal et de ses réjouissances presque quotidiennes.
Toutes les cours dignes de ce nom veulent imiter Versailles. Elles auront elles aussi à leur
service, une bande de violons, comme Charles II, en Angleterre (1661). S'étant réfugié en
France suite aux troubles de la monarchie dans son pays (Cromwell) il admira la bande des
violons et, rentré au pays, il organisa sa musique en prenant modèle sur celle de Louis XIV.

Pierre PATEL, Versailles, 1668

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VIII. LES CORDES FROTTÉES

A. Le violon (aigu-grave: mi, la, ré, sol). On peut dire


actuellement que le violon (ainsi que la viole de gambe), apparaît
vers la fin du XVe siècle et ce, plus que vraisemblablement, en
Italie. L'illustration à droite nous montre une peinture qui
représente pour la première fois un violon.
Il s'agit de La Madonna degli aranci (La Madonne aux
oranges) de Gaudenzio Ferrari, 1529-30. L’ange au bas de la
peinture (voir détail ci-dessous) tient un instrument qui se
rapproche très fort de la forme d'un violon moderne.

Les ancêtres du violon sont, pour simplifier, le rebec et la lira da braccio.

Cantigas de Santa Maria : rebecs

Le rebec est un des ancêtres du violon par sa forme de poire (bombé) qui sera toujours
présente chez le violon ; mais le fond ainsi que la table d'harmonie du violon sont plus
légèrement bombés que la caisse du rebec.
Vidéo : Le rebec, reconstitution
https://www.youtube.com/watch?v=XWA6oTr0vnU

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Lira da braccio: Raphaël, Le Parnasse (détail) début du XVIe siècle

La lira da braccio est l'instrument qui se situe juste avant


l'apparition du violon. Elle a la forme du violon mais elle possède
cinq cordes et deux cordes bourdons. Elle a la particularité d'avoir
ses chevilles qui sont placées sur le dessus du cheviller alors que les
chevilles du violon sont plantées dans son cheviller sur le côté ; deux
à gauche et deux à droite. On peut voir sur l'illustration de droite
que les cordes bourdons de la lira sont en dehors du manche et
qu'elles ne pourront pas être raccourcies par la main gauche comme
les cinq cordes de jeu.
Lira da braccio de Francesco Linarol, Venise, 1563

Accord de la lira da braccio + tablature

https://www.youtube.com/watch?v=X3krWTDVtBU
Vidéo : lira da braccio

Nous savons que dès 1550, le violon a la forme qu'on lui connaît actuellement mais non pas
sa taille; il faudra attendre Stradivari pour que la longueur des violons soit standardisée.
Au XVIe siècle, l'usage du violon va être réservé pour l'extérieur étant donné qu'il a un son
puissant. Il sera donc considéré comme un « haut instrument. » Un haut instrument a donc un
son plus intense qu'un bas instrument.

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A cette époque et ce, jusqu'au XVIIIe
siècle, surtout en France, le violon sera
considéré comme un instrument populaire.
L'expression « aller au violon» qui veut dire
« aller en prison » vient du fait que les
violoneux passaient souvent la nuit en prison,
après s'être produit dans une fête (des noces,
des baptêmes, des fêtes de printemps, etc.), ne
fût-ce que pour passer la nuit sous abris.

À la Renaissance et encore durant le premier tiers du baroque, nous avons deux types
d'instruments:

a. Les hauts instruments qui sont joués à l'extérieur comme le violon, les chalemies
(ancêtres du hautbois, cf. infra), les saqueboutes (ancêtres du trombone, idem), les trompettes,
les traversos (ancêtres baroques de la flûte traversière), etc., qui ont un son puissant.

b. Les bas instruments qui sont joués plutôt à l'intérieur comme la viole de gambe, le
luth (en fait, tous les instruments à cordes pincées), la flûte à bec, etc. et qui ont plutôt un son
plus doux.

Le violon piccolo

1. La tenue du violon
D'une façon générale, la tenue des instruments s'est standardisée petit à petit en suivant
l’évolution de l’orchestre. Un soucis d’esthétisme intervient alors et veut que les musiciens
adoptent la même attitude pour le jeu de leur instrument Elle va se confirmer avec la création
des Conservatoires publics (et non pas les ospedale de Vivaldi à Venise qui sont réservés à des
jeunes filles sans famille) dont le premier est le Conservatoire de Paris (1795). Dans ces
conservatoires, l’apprentissage d’un instrument et sa tenue va avoir tendance à se standardiser ;
notons tout de même que chaque professeur gardera son autonomie pédagogique et que chacun
aura ses particularités.

Nous pouvons voir pour le rebec que sa tenue sera tantôt au bras et tantôt au genou. Quand on
regarde les peintures représentant des joueurs de violons au XVIIe siècle, on peut remarquer
également différentes positions (au bras, penché à la clavicule, il en existe d'autres.)

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Leopold Mozart jouant du violon (page de titre
de sa méthode de violon de 1756)

Le jeu du violon de l'époque permettait ces différentes positions. Il est basé sur un principe
acoustique très simple déjà mis en avant par Pythagore au VIe siècle av. J. C. La corde non
raccourcie par le doigt produit un son fondamental. La division de cette corde (que produit le
doigt de la main gauche sur la touche) va donner des notes bien précises. La corde divisée en
deux, donnera l'octave supérieure; en trois, la quinte; en quatre, la quarte; en cinq, la tierce
majeure; en six, la tierce mineure, et ainsi de suite. Pour pouvoir jouer de façon diatonique, la
touche du violon est organisée en positions qui se suivent. Il y en a une vingtaine sur le violon;
au-delà de la septième, le violoniste ne compte plus, il déplace la main et les doigts sur la touche
pour monter dans l'aigu. Nous pouvons le dire, en ce qui concerne les positions, que le jeu du
violon baroque est moins virtuose qu'aux XIXe et XXe siècles. Mais attention, on ne peut pas
dire que le violoniste du XVIe siècle était moins virtuose que celui du XXIe siècle. La virtuosité
fait partie d’un tout, n’est pas que technique et est surtout à comprendre comme une forme
d’expression d’une société qui évolue et non pas qui progresse en ce qui concerne les arts.
D'une façon générale (il existe bien sûr des exceptions) le jeu du violon baroque ne dépassait
pas la cinquième ou la sixième position.

Comment expliquer cette montée virtuose au XIXe siècle? Rappelons que la Révolution de
1789 a bouleversé la société de l'époque et que le statut de l'artiste a fondamentalement changé.
Dans l'Ancien Régime, l'artiste ou plutôt l'artisan servait en tant que domestique (soyons
clairs !) à la cour d'un empereur, d'un roi, d'un prince, etc. On se souvient du pauvre Mozart et
de ses problèmes avec son « patron », le prince archevêque de Salzbourg! Après la Révolution,
le musicien, livré à lui-même, ou plutôt au public, devra se « vendre » seul. A partir de ce
moment, le compositeur cherchera le statut de génie et le musicien, celui de virtuose (cf. les
carrières de Paganini au violon et de Liszt au piano.)

La virtuosité la plus spectaculaire au violon est l'usage du registre aigu. A partir du moment
ou l'instrumentiste utilise les positions supérieures, il n'est plus possible de jouer avec une
position baroque. Le violoniste doit avoir son instrument tenu ferme sous le menton pour que
sa main gauche puisse se déplacer plus librement sur la touche de l'instrument et non plus tenir
l'instrument. D'où, dès le début du XIXe siècle, l'usage de la mentonnière et de l'épaulière sera
de mise.

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2. Un peu de lutherie
Le mot lutherie provient du mot luth, lui-même venant d'un mot arabe « ud », voulant dire
« le bois ». Le luth est à cordes pincées (voir supra) et est un instrument d'origine arabe. Les
Arabes l'appelèrent « le bois » car, pour la première fois, un instrument à cordes pincées était
entièrement fabriqué en bois, et non plus avec une carapace d'animal comme la tortue.

Il existe trois types de lutherie en ce qui concerne


le violon:

a. La lutherie complète: le maître luthier réalise


l'instrument dans son entièreté. Il peut arriver qu'un
apprenti fasse le gros œuvre du début, comme la
découpe du bois; ce qui est important c'est que la
voûte de la table et du fond est faite dans la masse
du bois.

b. La semi-lutherie
Les apprentis font une bonne partie du travail et le luthier intervient pour la finition.

c. La lutherie d'usine
Le gros œuvre est fait avec des machines et la table ainsi que le fond sont faits « à chaud et à
eau » dans une presse pour obtenir la voûte.

Vidéo : Placement de l’âme


https://www.youtube.com/watch?v=my-MBZmakc4

Il faut 70 pièces pour fabriquer un violon (plus exactement, 69.)


On découpe un quartier dans la grume (comme un morceau de gâteau) et on le divise en
deux. Le fond du violon est en érable plane et la table d'harmonie est en épicéa. Les éclisses
(les côtés du violon), sont aussi des parties délicates à réaliser. Elles prennent forme sur une
enclume, donc, « à chaud ». Les experts ont déjà des renseignements précis sur les violons de
maîtres par leur chevilliers (pour les chevilles) et la forme des ouïes (attention, en « f » et non
en « S »!) Il existe des catalogues de chevilliers et d'ouïes classés par luthiers. Les formes
peuvent évoluer, s'affiner. Une ouïe de Stradivari ne sera pas la même en 1695 qu'en 1714!

Au XVIIIe siècle, un changement radical


va se manifester dans la lutherie du violon:
l'angle de la position de la touche va changer
et la longueur de cette touche va augmenter
considérablement pour permettre de jouer
avec des positions situées plus dans l'aigu.
Ce changement va être fondamental dans
l'évolution du jeu virtuose de l'instrument
qui va se développer au XIXe siècle.
Une récente découverte a permis d'expliquer
(mis à part le talent de certains luthiers de l'époque) pourquoi beaucoup de violons fabriqués
entre 1650 et 1750 sont si excellents. Ce qui est important, au niveau acoustique dans le bois
choisi pour l'instrument, ce sont les cernes; ils contiennent la sève. Plus ils sont serrés, plus le

41
son sera mieux conduit. En effet, c'est la sève qui est importante (rose dans l'épicéa, cette
couleur est due à l'oxydation, lors de la coupe de l'arbre). Pour que les cernes soient serrés, il
faut que l'arbre pousse lentement. On sait, grâce à l'étude climatique du passé qu'entre 1650 et
1750 il y a eu, a plusieurs reprises, des mini glaciations (des hivers très rudes qui se suivent
pendant 4 ou 5 ans depuis 1450). Le bois utilisé alors s'est révélé excellent conducteur du son
car plus dense.
Ne tombons pas dans l'excès. Ce n'est pas parce qu'un violon est du XVIIIe siècle qu'il sera
forcément meilleur qu'un violon du XXIe siècle! Il y avait d'excellents et de mauvais luthiers à
l'époque baroque. C'est également le cas au XXIe siècle. Le seul problème de l'excellent luthier
du XXIe siècle c'est qu'il n'est pas mort depuis 250 ans!

Antonio Stradivari (1644-1737)


-Luthier crémonais
-Au début, il va faire des violons « amatiens », comme son maître, le dernier des Amati, Nicolo
Amati.
-De 1690 à 1700, il va faire des « longuets ». Ses recherches en acoustique et ses expériences
sur la taille du violon (et de ses proportions) vont le mener à fabriquer des violons allongés,
plus étroits des épaules et du bassin et plus long de la caisse que les violons actuels, qui font
35,5 cm pour la longueur de la caisse.
-De 1700 à 1720, Stradivari va fabriquer à peu près 700 violons. Il en reste plus ou moins 250.
Ce sera sa meilleure période. Ses recherches aboutissent à l'instrument que l'on sait. Stradivari
va latiniser son nom pour faire « plus sérieux ». Ainsi, on peut lire sur une étiquette d'un 'strad':
« Antonius Stradivarius Cremonensis / Faciebat Anno 1732 », trad.: « Antonio Stradivari de
Cremone a fait (ou faisait) en l'an 1732. »
-Par après, l'artisan devenant vieux, il confiera plus de travail à ses apprentis.

Étiquette de Stradivari

3. Les cordes harmoniques


La source occidentale la plus ancienne concernant la corde harmonique date de la
première moitié du XVIe siècle ; il s’agit d’un traité de bergerie. Les cordes sont donc faites, en
général, de boyaux de moutons.

Notons que le passage entre les cordes de boyaux et les cordes de métal c’est fait d’abord
sur le violon. En Italie, le violon a eu tendance à garder plus longtemps les cordes en boyaux.
En France, les instruments plus graves comme le violoncelle attendront le XXe siècle et même
les années 60’ pour passer aux cordes de métal.
Le boyau étant un matériau organique et élastique, réagit à la température et à
l’hygrométrie (la transpiration du violoniste, notamment…) ; la corde en boyau, élastique donc,
ne nécessite pas de tendeur que la corde de métal requiert absolument.

42
a. Boyau: avant 1660
-C'est à Rome que l'on fabrique les meilleures cordes depuis le XVIe siècle.
-Les cordes graves sont faites de plusieurs boyaux tournés ensemble.
-Le boyaudier était celui qui traitait les boyaux pour en faire des cordes.

b. Métal: fin XVIIe et XVIIIe siècle


La corde harmonique de métal existe depuis longtemps mais n’est pas encore utilisée
avant le XVIIe siècle.
-en France, cordes de sol et de ré filées (ou filetées);
-en Italie: on garde le boyau;
-Allemagne et Angleterre: boyaux mais quelques fois la corde de sol était filée.
XIXe siècle
soit:
-3 cordes boyau et corde de sol filée;
-3 cordes graves filées, la chanterelle restera en boyau jusqu'à la guerre de 1914. Après
cette date, Carl Flesch cite les avantages de la corde de mi en métal mais elle ne va pas encore
se généraliser à cause de l’usure contre le métal, la mèche de l’archet s’use plus vite et les crins
cassent plus facilement1.

1. Voir à ce sujet la thèse très intéressante de Rémy PETIT au Conservatoire national supérieur de Paris, Le
violoncelle en France de la fin du XIXe siècle au milieu du XXe siècle : recherches autour du passage du montage
en cordes de boyau au montage en cordes en métal, 2015.
https://www.conservatoiredeparis.fr/sites/default/files/recup/TEP-Remy-Petit_2.pdf

Au XVIIe siècle, il y aura six membres de la famille du violon: le violon (en fait le violon
soprano), le violon alto, le violon ténor (qui n'est plus joué dans nos orchestres et qui n’était pas
appelé comme tel aux XVIe et XVIIe siècles), le violoncelle (qui est en fait le violon baryton),
le violon basse (qui n'est plus joué dans nos orchestres) et la contrebasse.

4. L'archet
Rappel: premières traces de cordes frottées, vraisemblablement en Chine vers
le IVe Ve siècles ap. J. C.
-Les premiers archets ont la forme d'un arc (d'où
son nom, archet = petit arc).
-La forme de l'archet a évolué d'une forme convexe
vers une forme concave.
-Dans la seconde moitié du XVIIIe siècle, le métier
d'archetier se détache de celui de luthier.
-Grands archetiers du XVIII et XIXe siècles:
e

Tourte, père et fils.


-Le bois utilisé pour les archets était et est le
pernambouc, qui est un bois semi-précieux du Brésil.
Aujourd’hui, on utilise également des matières
synthétiques.

Michaël Praetorius,
Syntagma Musicum, 1619
Planche des violons et pochettes

43
B. Le violon alto (aigu-grave: la, ré, sol, do)
Les dimensions de l'alto n'ont jamais été
standardisées comme les autres membres de la
famille du violon. La taille de l'alto a pu varier de 38
à 47 cm pour la longueur de la caisse. Aujourd'hui
un alto « grandes mains » est de 43 cm. Rares sont
les plus grands.

La caisse de l'alto étant plus longue, l'épaisseur des


éclisses devrait être proportionnellement plus
importante. Le problème serait dans ce cas de ne
plus pouvoir jouer l'alto a braccio. L'alto n'a donc
pas les mêmes proportions que le violon; c'est pour
cela qu'il a un son moins brillant, plus rond, etc.

C. Le violon dit « ténor » (aigu-grave: mi,


la, ré, sol, une octave plus bas que le violon). Au
XVIe siècle, les différentes tailles des violons ne
sont pas standardisées. On sait qu'il existe des violons plus petits que le violon (soprano) et des
violons plus grands que l'alto.
Ce qu'on appelle à notre époque le violon « ténor », est un violon que l'on peut confondre à
première vue avec un alto « très grande main ». À la période baroque, le violon dit « ténor » va
disparaître pour laisser la place aux instruments extrêmes de l'aigu et du grave: le violon soprano
, le violon alto, le violoncelle qui est bien un violon baryton et la contrebasse qui va remplacer
le violon basse.

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Vidéo : violon ténor par Marco Massera
https://www.youtube.com/watch?v=W2Da6VTxbOo

D. Le violoncelle (ou violon baryton) (aigu-grave: la, ré, sol, do, une octave plus bas
que l'alto)
La première représentation iconographique connue du violoncelle date de 1535. C’est une
fresque de Gaudenzio Ferrari ; un ange joue d’un instrument disons plus grand qu’un alto avec
des ouïes en f. Le terme « violoncelle » n’apparaîtra que plus tard. A cette époque, les mots
désignant l’instrument sont : basse de violon, bassus, französische Bass, bas Geig, viola da
basso, violone, voloncino…
C’est seulement en 1665 que le mot violoncelle sera utilisé dans la Sonate pour deux ou
trois, avec une partie facultative pour le violoncelle, d’un compositeur anonyme, éditée à
Venise par Guido D’arresti. En France, le terme ne sera utilisé qu’au début du XVIIIe siècle.

Dès le XVIIIe siècle, on distingue deux instruments de même forme mais de tailles
différentes :
Le violoncello da chiesa (d’église) : le plus large, joué lors des offices et des processions; il
était plus difficile à transporter. Le musicien le portait à l’aide d’une lanière et pouvait donc
jouer en marchant.

L’accord du violoncelle d’église était : sol, do, fa, sib. (aigu-grave)


Le violoncello da camera (de chambre) est plus étroit. Il est comparable au violoncelle actuel.
Il sera utilisé comme instrument solo.
Son accord était : la, ré, sol, do (idem) (comme le violoncelle moderne).
Peu de violoncelles d’église nous sont parvenus intacts. La plupart ont été modifiés pour en
faire des violoncelles de chambre.
À la moitié du XVIIIe siècle, le violoncelle de chambre est définitivement adopté ; certains
musicologues considèrent cette époque comme étant la naissance du violoncelle moderne.
À la fin du XVIIIe siècle et au début du XIXe siècle, comme le violon, le violoncelle va subir
quelques transformations : prolongement de la touche, changement d’angle du manche (donc
surélévation du chevalet) ; à cause de la plus grande tension dans la table, la barre des basses
est renforcée et le diamètre de l’âme augmente. Après toutes ces transformations, le violoncelle
moderne ne se tiendra plus entre les mollets, comme le violoncelle baroque, mais bien entre les
genoux avec une pique, dont le principe fut inventé au début du XIXe siècle. Une pique devient
nécessaire pour soutenir l’instrument car l’allongement de la touche permettra plus facilement
des positions dites « de pouce » ; la main gauche lâche le manche de l’instrument et se déplace
vers le chevalet (à l’aigu) et le pouce est utilisé comme les autres doigts pour certains doigtés.

45
E. Le violon basse ou la basse de
violon (l'accord pouvait varier)
À première vue, la basse de violon pouvait se
confondre avec le violoncelle d'église mais il
était tout de même beaucoup plus robuste et plus
large que n'importe quel violoncelle. Le violon
basse pouvait être accordé comme le
violoncelles (do-sol-ré-la).
Le violon basse possède de 4 à 5 cordes et
était surtout utilisé en France, notamment dans
les bandes de violons.

https://www.youtube.com/watch?v=Om0f17_Q8Ic&t=118s
Vidéo : le violon basse « à la Dragonetti »

F. La contrebasse (aigu-grave: sol, ré, la, mi)


Un peu d'étymologie:
violone: ce mot désignera longtemps la contrebasse de violon; il a également désigné la famille
des violes de gambe. Aujourd'hui, il désigne la contrebasse de viole.

La contrebasse actuelle est en fait une contrebasse de viole


« violonisée ». Ses ouïes sont en forme de "f" comme la famille
du violon mais elle est accordée en quartes comme la famille
des violes de gambe. Attention, encore au XVIIIe siècle, on
jouait la contrebasse de violon.
La taille de la contrebasse a beaucoup varié mais en général,
les contrebasses actuelles mesurent +ou- 1,80 m. Encore au
XIXe siècle, la contrebasse aura trois cordes. Aujourd'hui, la
contrebasse courante a quatre cordes tandis que la contrebasse
allemande possède cinq cordes. Les quatre cordes de la
contrebasse sont: sol, ré, la, mi. La cinquième étant le do dans
le grave pour pouvoir octavier dans le grave avec les
violoncelles.
Giacomo FRANCO (1550-1620), Joueuse de viole de gambe, Venise

La tenue de l'archet de la
contrebasse voit deux écoles
différentes:
-« à la française » : paume
de la main vers le bas
-« à l'allemande » : paume
de la main vers le haut (comme
pour le jeu de la viole de gambe.)
C'est assez paradoxal car le jeu de
la viole de gambe s'est développé
en France. En fait, certains
gambistes français voulaient
atteindre une telle virtuosité qu'ils
ont voulu imiter la virtuosité du
jeu du violoncelle; ils en sont

46
venus à tenir l'archet comme pour le jeu du violoncelle (paume vers le bas.) Dans les pays
germaniques, on a continué à tenir l'archet paume vers le haut; d'où la tenue « à l'allemande ».

Un tout grand virtuose de la contrebasse au XIXe siècle fut Domenico Dragonetti (1763-1846).

L'octobasse est une


énorme contrebasse
construite par François
Vuillaume en 1849. Berlioz
trouvait cet instrument
intéressant et l'avait inclus
dans son « orchestre
idéal ». Elle mesure 4 m. de
haut et possède 3 cordes
(do-sol-do). Elle n'est
qu'une tierce plus grave que
la contrebasse d'orchestre.
On pouvait raccourcir les
cordes avec un système de
leviers avec des « doigts
métalliques » commandé
par des manettes.

https://www.youtube.com/watch?v=Vc-RWrWxaCw
Vidéo : Octobasse du MIM de Phoenix (USA)

G. La viole de gambe, (it. viola da gamba)


La viole de gambe est apparue vraisemblablement en même temps que le violon (fin XVe
siècle;). Elle provient plutôt de la vièle à archet du Moyen Âge alors que le violon vient plutôt
du rebec.
En allant du plus petit au plus grand, les instruments de la famille de la viole de gambe sont:
-le pardessus de viole: correspond au violon; c'est en fait un dessus de viole avec une
septième corde «par-dessus» dans l'aigu; sol, ré, la mi, do, sol, ré (aigu-grave)
-le dessus de viole: accord: ré, la, mi, do, sol, ré (idem);
-le ténor de viole ou taille de viole (sol, ré, la, fa, do, sol) (idem), sa longueur peut varier;
-la basse de viole: sa caisse (75 cm.) est deux fois plus grande que celle du dessus de
viole. Accord: ré, la, mi, do, sol, ré.

Toutes les violes de gambe, comme leur nom l'indique, se joue a gamba (à la jambe). Elle ont
des éclisses (côtés de l’instrument) trop épaisses pour être jouées a braccio (au bras).La viole
de gambe est un bas instrument (alors que le violon est un haut instrument) ; elle sera jouée plus
volontiers dans les palais et les milieux bourgeois, à l’intérieur de bâtiments, alors que le violon
sera considéré comme un instrument très populaire (durant tout le XVIe siècle et encore en
France durant tout le XVIIe siècle). Le violon sera joué le plus souvent à l’extérieur lors de fêtes
populaires comme les mariages, les kermesses, les fêtes du calendrier, etc. En bref, le violon

47
sera joué par des
professionnels pauvres
tandis que la viole sera
jouée par des amateurs
riches. C'est pour cette
raison que les violes de
gambe sont toujours
décorées d'une tête
humaine, d'animal, que la
caisse elle-même sera
souvent peinte (cf. MIM:
la basse de viole « au plan
de Paris » et la basse de
viole de Tielke, luthier de
l'époque).

Dos de la basse de viole dite « Au plan de Paris » / Basse de viole, Johachim Tielke,
Parties datant du XVIe et XVIIe siècles (MIM) 1701, Hambourg (MIM)

Le jeu de la basse de viole va se développer durant le XVIIe siècle. Elle va être jouée avec
la famille au complet comme en Angleterre ou en solo comme en France. La basse de viole
française aura une septième corde dans le grave.

48
IX. DES CORDES PINCÉES

A. Le luth
Le luth trouve ses origines en Extrême-
Orient, au IIIe millénaire av. J. C.
Le luth nous est parvenu directement du
monde arabe lors de la conquête de l'Espagne
par les Arabes. Le luth apparaît donc en
Europe vers le IXe siècle ap. J. C. Les
Espagnols joueront peu de luth. En arabe
« ud » veut dire « bois. » Pour la première
fois, les Arabes ont fabriqué un instrument à
cordes pincées entièrement en bois, et non
plus avec une carapace de tortue ou d'un autre
animal. Le luth va se répandre dans toute
l'Europe et son jeu connaîtra une première
apogée au XIVe siècle. Le répertoire comprenait des pièces pour luth seul et de nombreuses
chansons accompagnées à l'instrument. (Angl.: John Dowland). Les cordes du luth sont
doubles. On les appelle des « chœurs ». D'abord à cinq chœurs, il y aura des luths jusqu'à 12
chœurs. La chanterelle est simple, elle joue la mélodie. En ce qui concerne le luth à cinq chœurs
et une chanterelle, l'accord ne cessa de varier mais les accords les plus souvent utilisés furent:

1. L'accord « vieux ton » au XVIe siècle sera (en partant du chœur le plus grave), sol,
do, fa, la, ré, sol.
2. L'accord « nouveau » sera au XVIIe siècle; la, ré, sol, si, mi, la.

B. Le chitarrone
Le chitarrone, en Italie (le théorbe, au nord
de l’Europe) sera plutôt une extension du luth.
On peut le considérer comme un instrument
typique de la période baroque. Grâce à son
extension dans le grave, il sera un instrument
apprécié pour le jeu de la basse continue. On a
rajouté des cordes graves et ajouté un second
cheviller au luth existant. Le luth théorbé sera
très proche de l'archiluth. Le théorbe et le
chitarrone sont deux mêmes types
d'instruments. Le chitarrone pourra avoir un
manche jusqu'à deux mètres de long!

Laurent de La Hyre, Allégorie de la Musique, 1649

Sur le premier cheviller, sont tendues les cordes du luth et sur le second, les cordes graves
qui sont en fait des cordes « bourdons ». On les accorde dans le mode (ou le ton) dans lequel
on va jouer (tonique, octave, quarte, quinte, etc.)

49
C. La guitare
Les origines de la guitare ou plutôt « des guitares » ne sont pas claires car il existe beaucoup
de types d’instruments qui correspondent à sa définition organologique : « instrument à cordes
pincées, à caisse de résonnance89ovale et rétrécie sur le milieu, à long manche et à fond plat.
Guitar, §2: Origins
al acquaintance with the instruments

Le monde organologique est d’accord pour faire remonter


centlv have scholars begun to explore
es of antiquity in a sutficiently sci-
hat there are many difficulties in cor-
nstruments. Further uncertainties arise
extent to which intercultural connec-
son histoire à l’Antiquité (voir illustration à gauche) ;
n the difïusion of instruments. This
of lutes in antiquity, which present
et une des pistes à suivre au point de vue étymologique
eir shapes and sizes.
he guitar in Europe, however. can quant au nom est vraisemblablement la kithara (voir page 11
the Rcnaissance with no greal diffi-
fiom this period were constructed de ce syllabus) jouée dans la Grèce antique à laquelle on a
nd flat backs, it would be inconect.
eir evolution. to conccntrate solelv
rument\. Morphologicallr thc main
ajouté un long manche.
of the Renaissance guitar is the char-
f its frontal aspect. a shape it shared
his account therefbre considers this
m antiquity.
were of the long-necked varietv, and
e body shape deviate from round or
well-known long-necked Iute depicted
of Alaca Hôyük does have incurved
erall shape is not that of thc guitar
ations extend almost the full iength 2. Central Asian guitar-shaped lute: detail of a frieze
full upper- and lower-bout curvature (l st century to) from Airtam, near Termez, Uzbekistan
nt. Guitar-shaped resonators ap1--ared ( Hermitage Museum, Leningrad)

long-necked lutes (it has been :uc-


ed gourd accounts fbr the tirrmr. but
ted in later long-necked lutes. Shtrn-

On peut déjà parler de la guitare médiévale dès le Xe


which the European guitar is ciasseri.
uries later than the long-necked n F-
ence of the guitar shape in e !hon,
siècle en Europe. On les appelle « guiternes ». Voir à droite
central Asia shortlv aftcr the besrn-
n cra rsee liL.:r .{i rhr. lirnc.enlr:.
l’illustration extraite des Cantigas de Santa Maria : deux
manv kinds: the gurtar shapc. l: toufld
tiom rhrr lst ro the -lth cenrun Tr:

minraturc.-s
joueurs de guiternes.
ein unlil lt\ tll(Jrin\( r. ., .,,rrJ
ntine irl tne lrh .!.niun
I .

he curtJr l'\rm \\J\ . nll.J.\ .tr'1"..::.r


ruphr. But rr r. n.,trh.r r-.;n ::. ii:'
;l rhe \lrddie .\iu.. e
s related to 'guitar' rrc!-ur A
medt-partir du XI siècle, on peut distinguer deux types de « guitarra » :
the l3th centun onuards. but manr
tn
refer to medreial in.trumenr. .uc'h
ch differed in several respects tiom
1. La guitarra morisca : qui possède un dos bombé et qui relève plutôt du luth. Elle a
un son relativement fort par rapport à :
tar (for a discussion of some of these
rrmw).
nd descriptions of their construction
dy and neck were carved from 2. La guitarra latina : qui est à fond plat et qui ressemble plus à la guitare moderne. Elle
one

a un son velouté.
d the table then fitted over the reso-
xception to this was the 'a7. which
high status in Arab music: by at least
had progressed to a more delicate
ed back fashioned out of a number
ps, shaped and bent to form some-
ere. Eventually the construction of
A partir de ces deux types de guitarra, nous aurons des instruments comme la quinterne
odworking techniques that produced
nfluenced makers in Europe, where allemande, ressemblant à un petit luth et qui sera utilisé jusqu’au XVIe siècle.
3. Woman playing a French four-course guitar: 16th-
century engraving
woodworking skills were still rela-
onographical evidence suggesrs that c/c'-f/f '-a/a-,|'/d'-S' . This interval panem, i.rr wirh
e range of the European lute dates
A lade Renaissance, enin Spain.
Espagne, la vihuela (ou viola da
all the courses tuned
at unison, was by
shared vihuela
the
of the 15th century (paired strings mano, which replaced the lute 'Vihuela'
ced in the l4th). A fifth course was was first qualified by de mano (finger-plucked) in the
and later in the l5th century a sixrh
the bass, resulting - to judge partly
mano),vihuela quiearlier
century;
15th
and
sera
arco. It
de
appelée
related nalnes were vihuela la
pefioLa
de
clear that the finger-plucked
seems
vihuela de mano. Voir
sical evidence - in the tuning G/g-
l’illustration à droite extraite du recueil de pièces pour cet
vihuela was an adaptation of the guitar-shaped bowed

instruement : El Maestro de Luis de Milan (Valence, 1535).


Son accord est celui du luth à six chœurs (sol ut fa la ré sol).
Comme on peut le constater, la forme de la vihuela est très
proche de la guitare moderne.

A partir du XVIIe siècle, la guitare dite « classique » va


s’imposer et sa forme ne changera plus fondamentalement.
Les décorations, quelques fois luxueuses vont s’intensifier
pour faire place par la suite à des décorations plus sobres.

Dans le courant de la seconde moitié du XVIIIe et du XIXe siècle, les six cordes doubles vont
devenir simples, les trois aiguës sont en boyau et les trois graves en soie (ou autre) filées en
métal.

50
X. LES CLAVIERS

A. Le clavier

Le clavier, tel qu'on le connaît aujourd'hui (avec touches blanches et touches noires), apparaît
à la cour de Bourgogne à la fin du XIVe siècle. Étant donné que l'orgue existe depuis le IIIe
siècle av. J. C. (cf. l'hydraulos), le clavier existe bien avant la Renaissance mais sous une forme
plus rudimentaire et sans touches noires (il s'agissait vraisemblablement de planchettes de bois
percées de trous, que l'on tirait pour laisser passer l'air dans les tuyaux).
On sait que l’évolution vers un clavier moderne se fait dans le courant du XIVe siècle. C’est
durant cette période que l’apparition des touches noires se produit.

Dans la première moitié du XVe siècle, un grand changement va se produire concernant


l’alignement des touches blanches et des touches noires sur un même plan. Nous pouvons voir
ci-dessous le clavier d’un orgue datant du début du XVe siècle qui est encore agencé avec les
touches blanches et les touches noires à des hauteurs différentes. Les touches du dessous sont
les touches blanches avec sur le même plan et au milieu du clavier les deux sib, l’un grave et
l’autre aigu (celui qui est enfoncé). Au-dessus, nous avons les touches noires (le réb, le mib, le
solb et le lab ; il manque le sib qui se trouve donc en-dessous). Et enfin, sur le troisième plan,
au-dessus, nous avons le si bécarre, isolé, étant donné son inutilité pour la musique de l’époque.

Un peu plus tard, le clavier sera modifié de telles sortes que les touches blanches et les
touches noires seront sur le même plan, comme un clavier moderne. On le voit très bien dans
l’illustration ci-dessous. Les deux systèmes sont représentés : celui du dessous, le plus ancien
avec les touches blanches et noires sur des plans différents et celui du dessus, le plus récent
avec les touches sur un même plan.
L’étape suivante consistera à inclure dans les touches blanches, les si bécarres et dans les
touches noires, les si bémols.
Dans le courant du XVe siècle, ce clavier complet se retrouvera sur tous les instruments à
clavier de l’époque.

51
B. Le clavecin

Le clavecin est un instrument à cordes pincées. C'est pour cette raison que le clavecin n'est
pas considéré comme l'ancêtre du piano, même si bien entendu, la forme du piano a été reprise
directement de celle du clavecin.
Sur le clavecin, chaque touche actionne un ou plusieurs sautereaux. Le sautereau est une
petite planchette de bois munie d'une languette, elle-même munie d'un plectre (le bec d'une
plume de corbeau; sur les clavecins modernes, on utilise des matières synthétiques comme la
delrin, qui est en fait le nom d’une marque de plastique.) La languette (et donc le plectre)
effectue un mouvement de recul pour permettre au sautereau de revenir à sa position initiale.

1. Les origines
-remontent à la fin du XIVe siècle
-on mentionne l'existence d'un clavicymbolum en Allemagne en 1404. On pense qu'il s'agissait
d'un psaltérion en forme d'aile muni d'un clavier;
-au XVe siècle, on commence a avoir des instruments à claviers à trois octaves;
-le traité le plus important de la Renaissance est celui d'Arnaut de Zwolle datant de 1440
environ.
-il y décrit le clavecin de son temps;
-on y trouve la répartition géométrique de l'échelle des cordes;
-on y trouve également deux variantes d'un mécanisme d'attaque mais aucune d'entre
elles ne décrit la forme traditionnelle du sautereau. En revanche, les deux descriptions décrivent
un élément essentiel: une languette montée sur un axe et munie d'un plectre.
-le seul instrument de cette époque qui reste est un clavecin vertical ou un clavicytherium
conservé au musée du Royal College of Music de Londres.
-le clavier a 40 touches (du fa1 au sol 4);
-il y deux touches supplémentaires qui peuvent être accordées sur des notes optionnelles.
-son aspect fait bien entendu penser au schéma d'Arnaut de Zwolle mais ici, nous avons
un système classique de sautereaux ce qui laisse supposer une date de construction: 1480. Il
semble qu'à cette période, il n'y avait pas d'étouffoirs et que les cordes vibraient librement,
comme sur le psaltérion.

52
Dans la première moitié du XVIe siècle, il semble que la plupart des clavecins ne comportent
qu'une corde par touche (comme les clavecins italiens); plus tard, il y aura différents jeux (on
ajoute un jeu de 8 pieds ou un jeu de 4 pieds, mais ce ne sera pas avant la fin du XVIe siècle);
-le piètement (les pieds pour tenir le clavecin debout) apparaît également au XVIe siècle.

Les premiers clavecins apparaissent au XVe siècle. Leur grande période sera le XVIIe siècle.
Ils seront joués:
-en solo;
-pour la basse continue.
Les cordes du clavecin sont en métal mais on connaît des essais sur cordes en boyau.
Notons également que les tout premiers clavecins ont été construits verticalement, comme
un clavicythérium.

Gauche : copie d’un clavicytérium (de Londres) par Émile Jobin;


Droite: clavecin construit par Kaufmann d’après Arnaut de Zwolle (le traité le plus
important de la Renaissance est celui d'Arnaut de Zwolle datant de 1440 environ; il y
décrit le clavecin de son temps).

2. Le clavecin en Italie
-c'est en Italie que le clavecin acquiert ses bases durant la première moitié du XVIe siècle;
-4 octaves dont la première est courte (pas de do dièse, ré dièse, fa dièse et sol dièse);
-signaient rarement leurs instruments;
-souvent des touches plus larges;
-Ils sont plus fins et souvent plus menus
que les clavecins flamands; n'ont pas
toujours de second clavier;
-souvent 2 rangées de cordes accordées à
l'unisson;
-souvent 2 rangées de sautereaux.

https://www.youtube.com/watch?v=Wq7X1-KbBmo
Vidéo: les sautereaux

53
Le MIM possède 16 épinettes et virginals
italiens.

Nous avons vu au MIM (ou nous verrons !),


le petit clavecin Boni de 1619; il a cette
particularité tout de même assez rare d'avoir des
quintes et des tierces doubles; les touches noires
pour les mib et les lab sont doubles (la touche
noire est divisée en deux dans le sens de la
largeur). On peut donc également jouer des ré#
et des sol#.

3. Le clavecin dans les Flandres (fin XVIe et XVIIe siècle)


C'est à Anvers que la facture du clavecin va être la plus réussie.
-La famille Ruckers (et plus tard, la famille par alliance: Couchet), va fabriquer les meilleurs
clavecins d'Europe.
-Le premier des Ruckers est Hans; il travaillera avec ses fils, Johannes et Andreas (il reste une
centaine de clavecins du facteur).
-Retenons son fils: Johannes. (Cf. le clavecin de 1619 qui possède trois claviers au MIM). Il
s'agit en fait d'un clavecin qui comprend un virginal « sous son aile ». Il est muni de deux jeux
de 8 pieds et d'un jeu de 4 pieds. Les pieds désignent la longueur des cordes. Un pied = ± 28
cm. Quatre tirettes apparaissent sur le côté droit de l'instrument. Il y a deux sautereaux pour
chaque touche et comme il y a deux claviers, il y a donc 4 jeux de sautereaux. Les tirettes
permettent de relier les sautereaux aux différents jeux de cordes.

La fille de Hans (Catherine) épousera un certain Couchet et continuera la tradition de la


facture des Ruckers. (cf. au MIM le clavecin vert clair qui est la couleur originelle du clavecin).

Notons que dans la seconde moitié du XVIIIe siècle, le clavecin, remplacé par le piano-forte,
tombera totalement en désuétude.

4. Wanda Landowska (1879-1959)


-Cette pianiste polonaise fera renaître le jeu du clavecin au XXe siècle.
-Née à Varsovie, elle arrive à Paris en 1900.
-En 1903, elle donne son premier concert avec un clavecin lors d'un récital de piano.
-1916: Inauguration d'un grand clavecin Pleyel de 16 pieds.
-1923: première œuvre du XXe siècle avec un clavecin jouée par Wanda.: El Retablo de Maese
Pedro de Manuel de Falla.
-1929: Création du Concert champêtre de Poulenc.

54
C. Le Virginal
-Cet instrument fait partie de la famille du clavecin. Il fonctionne comme le clavecin avec un
système de sautereaux.

-Le virginal aura son succès au nord de la Loire, dans les pays germaniques et surtout en
Angleterre. Pensons aux virginalistes du XVIe siècle.
-On peut dire que c'est une variété d'épinette qui a eu du succès plutôt dans le nord et surtout à
la Cour d'Angleterre (les virginalistes, Byrd, Gibbons, etc.)
-Forme: rectangulaire ou polygonale mais jamais en forme d'aile
ce qui fait que on peut appeler une épinette de forme polygonale, « un virginal » et qu'on peut
trouver des virginals de facture italienne.

Virginal rectangulaire intermédiaire entre deux autres types de virginals


-virginal rectangulaire de Joannes Grauwels, Anvers, ca 1580
-en Flandre, vers 1570, un nouveau modèle de virginal apparaît: il est rectangulaire et le clavier
est encastré dans l’ensemble de l’instrument.
-il est plus robuste que les instruments italiens et il n'est pas placé dans une caisse amovible.

https://www.youtube.com/watch?v=YOG_PPvTvW0
Vidéo: le virginal

-il va donner naissance au muselaar


dont le clavier est placé à droite et
dont les sautereaux font vibrer les
cordes au milieu de la longueur vibrante.

-on aura également le virginal de type spinet dont le clavier est placé à gauche;
-les cordes sont pincées près du chevalet, donnant un son plus métallique.

55
Virginal italien
Virginal polygonal (typique de l'Italie)
d'Antonius Patavinus, Venise, 1550
-possède une caisse comme les
clavecins italiens;
-clavier placé au centre et en saillie
(qui ressort de l’instrument).

-On peut trouver également un Virginal


flamand de forme polygonale
-à droite: virginal anversois de Joannes Karest
de 1548.
-On sait que Joannes Karest qui est originaire
de Cologne s'installe à Anvers avec sa famille
vers 1510;
-Dès 1523, il est admis en tant que
clavevordmaker, peintre et graveur à la gilde
de Saint-Luc;
-il se battra toute sa vie pour que les facteurs soient reconnus au même titre que les peintres
dans la gilde.

Mais attention, on pourra trouver des épinettes en Flandres et naturellement, des virginals
fabriqués en Italie. La grande différence, et on peut la déceler facilement est que le clavier, dans
le nord, est encastré dans l'instrument. En Italie, le clavier du virginal ou de l'épinette dépasse,
est en dehors de l'instrument.

Moeder en kind: exeption


-typiquement anversois chez les Ruckers;
-il n'en reste que trois: au Vleeshuis à Anvers, à La Haye et à Liepzig (Musée de l'Université);
-un petit virginal peut être sorti et on pose l'enfant sur la mère après avoir enlevé le butoir des
sautereaux chez la mère;
-en clair, les sautereaux de la mère vont pousser ceux de l'enfant en même temps et donc, deux
jeux de cordes vont pouvoir sonner en même temps.

https://www.youtube.com/watch?v=BV9Z-RmETvQ
Vidéo : le Moeder en kind

56
D. L'épinette

Instrument de la famille du clavecin de l'Italie et du sud de la France


-typiquement en forme d'aile;
-une épinette sera aussi souvent plus menue qu'un virginal (cf. le grand virginal anglais du
MIM) ;
-souvent le jeu de cordes est de 4 pieds (donc à l'octave par rapport à 8 pieds) on peut l'appeler
ottavino;
-c'est le même type d'instrument que le virginal sauf que (pour simplifier quelque peu) le
virginal est appelé « spinetta » en Italie;
-l'épinette sera également beaucoup utilisé en France.
Épinette de Girolamo Zenti, facteur à Rome qui a travaillé pour les neveux du pape Urbain VIII,
il a travaillé à Florence pour la famille Médicis, à Londres en tant que facteur de virginals, etc.

E. Le clavicorde
Le clavicorde apparaît au XVe siècle (en même temps que le clavecin), mais attention, il
fonctionne par un système de cordes frappées. Les cordes sont doubles pour tenter de renforcer
l'intensité du son de l'instrument qui est assez modeste. Une tangente métallique (semblable à
une sorte de tournevis) frappe une corde double Il existe deux types de clavicorde:
1. Le clavicorde lié: le plus ancien. Une corde double est utilisée pour deux touches
chromatiques. Par ce système, on économisait des cordes.
Ex.: le mib et le ré sont liés. Il sera donc impossible de jouer ces deux notes simultanément
(notons qu'à l'époque, on n'en avait pas tellement besoin!)

https://www.youtube.com/watch?v=0THsMXNmQMM
Vidéo : Le clavicorde

57
2. Le clavicorde libre (XVIIIe siècle)
Chaque touche possède sa corde double. Le clavicorde a eu
beaucoup de succès comme instrument didactique mais aussi
comme instruments de voyage. Quand Léopold Mozart parle
du « petit clavier » dans ces lettres, nous
savons qu'il s'agit du clavicorde. Il est possible de réaliser un
vibrato sur le clavicorde en insistant sur la touche avec le doigt.
Carl Philippe Emmanuel Bach appelle cette technique le
bebung.

Atelier de Jan Van Hemessen, Marie-Madeleine au clavicorde, Pays-Bas, 1534

F. Le piano
Le terme piano-forte est apparu en Italie, en même temps que l'instrument. En français,
comme beaucoup de mots, on l'a écourté.
Par convention, les musicologues parlent d'une date: 1840. Avant 1840, on parlera plus
volontiers de pianos-forte et après 1840, de pianos. Cette dernière date a vu arriver les pianos à
trois pédales.

1. Les débuts en Italie


En 1698, Bartolomeo Cristofori imagine son Arpicembalo che fa il piano e il forte.
Cristofori travaille chez les Médicis à Florence. Il est facteur de clavecins. Il va tout
simplement remplacer le mécanisme des sautereaux par des marteaux. Les premiers pianos-
forte ressemblent par leur aspect à des clavecins. Ils sont décorés d'une rosace et sont encore
très menus. Leur son n'est pas très puissant mais ils sont déjà munis du simple échappement,
forcément. L'échappement empêche le marteau, directement après la frappe, de rester en contact
avec la corde, ce qui, en l'étouffant, l'empêcherait de vibrer. Cristofori avait déjà imaginé le
principe du double échappement mais il ne sera pas encore très au point.

Cristofori va fabriquer 20 pianos-forte; il en reste trois: un à New York, un à Rome et le


troisième à Leipzig. Ils auront 4 octaves et demie; les cordes seront très fines; le son sera
modeste, les marteaux très petits.

58
Vidéo : piano de Cristofori
https://www.youtube.com/watch?v=S1qDC1cjm4E

Curieusement, Cristofori ne va pas s'acharner à faire progresser son invention et ce sera


Godfried Silbermann qui va copier les instruments de Cristofori et les améliorer. Silbermann
avait son atelier à Augsbourg, en Bavière.
En 1736, Silbermann va présenter un piano-forte à J. S. Bach. Bach va en apprécier le son
mais il va critiquer l'aigu et les difficultés du toucher.
En 1747, à la cour de Frédéric II, Bach essaye à nouveau un piano-forte et en apprécie
fortement le son et le toucher qui se sont en effet améliorés. Il aurait improvisé l'Offrande
musicale sur l'instrument. Si Bach n'a pas composé pour le piano-forte, il n'y a aucune raison
qu'on ne joue pas du Bach au piano ou même sur un piano-forte. Mais un pianiste qui joue du
Bach sur un tel instrument ne peut se targuer de jouer un concert historique!
Frederici qui été apprenti de l'atelier de Silbermann a fait le piano-forte dressé du MIM (1745)
qui se trouve dans la salle aux miroirs.
En 1732, est publié le premier recueil de pièces pour piano-forte. Il s'agit des 12 Sonates
pour le piano-forte éditées par Giovanni da Pistoï.

2. En Allemagne et en Autriche.
Nous l'avons vu, Silbermann a son atelier à
Augsbourg (Bavière). Il va former un excellent
facteur :

a. Andreas Stein (1728-1792).


Les pianos Stein auront 5 octaves et demie (cf. le
piano-forte de 1786 du MIM). Les cordes sont encore
très fines. Le clavier est « bicorde » sur tout
l'ambitus. Les marteaux sont très petits. Il n'y a pas
de pédales mais des genouillères qui soulèvent les
étouffoirs (on pourra en trouver jusque vers 1810.)
Piano à queue,
Johann Andreas Stein, Augsbourg, 1786 (MIM)

59
Les Mozart avaient de la famille à Augsbourg et quand ils venaient visiter leurs cousines, ils
rendaient également visite au célèbre facteur. La famille Mozart affectionnait particulièrement
les pianos de Stein mais ni Léopold ni Wolfgang n'avaient les moyens de s'en procurer un, dit-
on! Il s'avère que les pianos de Stein étaient très chers. Ils ont acheté un piano-forte chez le
concurrent de Stein, Anton Walter.

Stein avait la curieuse mais efficace habitude d'exposer ses tables d'harmonie dehors par tous
les temps. Quand la table se fendait, il la recollait très précisément et la plaçait dans l'instrument.
A cette époque, on pouvait avoir des différences de température et d'humidité énormes ce qui
mettait en péril les instruments. Une table qui se fend dans un piano peut « forcer » l'instrument.

b. Ignaz Bösendorfer
-Crée son atelier en 1828.
-Sera fournisseur de la cour de l'Empereur d'Autriche.
-Sera l'ami de Franz Liszt qui considérait les pianos
Bösendorfer comme étant les seuls capables de résister à
son jeu (qui pouvait, selon les témoignages de l'époque,
être incroyablement puissant). Illustration de droite :
Piano à queue, Ignaz Bösendorfer, Vienne, v. 1845,
(MIM).
-Ignaz Bösendorfer va créer le piano impérial. Le
Bösendorfer dit « impérial », demeure aujourd'hui un
modèle emblématique de la marque, puisqu'il comporte
97 touches au lieu des 88 présentes sur les pianos de
concert usuels. Ce clavier plus large comportant huit octaves complètes, est le seul à pouvoir
permettre d’interpréter fidèlement certaines œuvres de Bartok, Debussy, Ravel et surtout
Busoni. Ferrucio Busoni, qui a transcrit des œuvres de Bach, Beethoven, Brahms, etc. a voulu
transcrire la Passacaille pour orgue de Bach. L'ambitus de l'œuvre descend jusqu'au do grave
(pédale du grand 16 pieds, à l'orgue.) Ce piano a donc 9 touches en plus dans le registre grave.
Au début, il y aura un petit couvercle cachant les touches supplémentaires pour ne pas changer
l'aspect visuel du piano.

-Stein, Walter et d'autres vont être les


représentants de la « mécanique
viennoise »,c'est-à-dire, un toucher léger et
les marteaux qui reviennent rapidement.
Précisons que la mécanique viennoise,
c'est aussi le marteau qui est placé dans
l'autre sens (sur la touche).

3. En Angleterre
En Angleterre, nous avons le facteur Zumper qui va former le facteur John Broadwood
(1732-1812).
Broadwood va placer des cordes d'un diamètre plus important. Forcément, le son en sera
plus imposant. (Attention, les cordes plus épaisses vont donner forcément un son plus grave
mais le fait que leur diamètre soit plus important permet de les tendre d'avantage, ce qui donne
un son plus intense).
Il n'y a pas encore de genouillère ou de pédales. Les étouffoirs se soulèvent à l'aide de tirettes,
sur le côté du clavier.

60
-Beethoven recevra en cadeau de la firme Broadwood, un piano de 1810.
-La mécanique anglaise sera considérée comme étant robuste. Les pianos anglais étaient réputés
pour leur sonorité relativement imposante. Ces deux caractéristiques seront fondamentales au
XIXe siècle. En effet, nombre d'amateurs vont s'acharner sur des pianos et certains,
véritablement les démolir par leur jeu quelque peu indélicat. Les pianos robustes vont trouver
un succès croissant. De plus, la sonorité imposante va également trouver son succès. De plus
en plus, les artistes du XIXe, libérés de leurs mécènes de l'Ancien Régime (après la Révolution
1789), vont devoir assurer des concerts avec un maximum de public pour que ce soit rentable.
Plus le piano était sonore, plus la salle pouvait être remplie.

Piano à queue, John Broadwood & Sons, Londres, 1810 (MIM)

4. En France

a. Sébastien Erard (1752-1831)


-1789: quitte la France pour l'Angleterre. Il verra les pianos de Broadwood.
-1796: revient à Paris; il va imiter les pianos de Broadwood.
-1805: le piano-forte a quatre pédales:
1ère pédale: una corda: le clavier et les marteaux se déplacent pour ne plus
frapper qu'une corde;
2e pédale: pédale forte: les étouffoirs se soulèvent;
3e pédale: un basson étouffe légèrement les cordes pour donner un effet de jeu
de luth;
4e pédale: autre jeu de basson.

61
-1822: Erard va inventer un double échappement performant. Le brevet sera déposé à Paris. Ce
système permet au marteau de
revenir plus rapidement que l'attraction
terrestre à son emplacement de départ,
ce qui permet, bien entendu, de rejouer
une note également beaucoup plus
rapidement.
Les pianos de Erard vont posséder
le toucher de la mécanique viennoise
et la sonorité puissante d'un Broadwood.

Piano à queue, Érard Frères, Paris, 1820 (MIM)


b. Ignace Pleyel (1757-1831)
-Né en Autriche, il s'installe à Paris en 1795;
-1807: fonde sa fabrique de pianos;
-reprend les principes anglais;
-gardera le simple échappement. Chopin va apprécier les pianos Pleyel car le simple
échappement permet, selon le pianiste, un meilleur contact avec la corde.

5. Les différentes formes de pianos


a. Le piano table ou carré
Vers 1720, des facteurs placent la mécanique du piano dans une caisse rectangulaire, comme
un clavicorde. Le piano carré sera très répandu à la fin du XVIIIe siècle jusque vers 1840 et sa
production sera 10 plus importante que celle des piano à queue. Destiné surtout aux amateurs
et à la bourgeoisie, il sera aussi apprécié par la noblesse et les compositeurs.

b. Les pianos verticaux


Les premiers pianos verticaux remontent au XVIIIe siècle et au XIXe siècle, beaucoup de
modèles voient le jour comme le piano pyramidal, le piano girafe, le piano lyre, etc. Le but est
de gagner de la place tout en gardant les caractéristiques sonores des pianos à queue.

62
Piano pyramidal, Christian Ernst Piano girafe, Joannes Piano lyre, anonyme,
Frederici, Saxe, 1745, MIM van Raay et fils, Berlin, déb. XIXe s. (MIM)
Amsterdam, v. 1835 (MIM)

À partir de 1850, les modèles vont se standardiser il restera seulement les pianos à queue et
les pianos droits.
Durant le XIXe siècle, les pianos vont tendre vers une sonorité plus importante. Les
renforcements métallique vont permettre une plus grande tension des cordes et donc forcément
un son plus intense. Les cordes vont être filées pour augmenter leur épaisseur et donc résister à
une plus grande tension. On peut dire que le piano à queue moderne date de 1885.
Aujourd'hui:
-Il a +- 3 mètres de long. (Cela dépend des modèles)
-Il possède un cadre métallique qui supporte jusqu'à 20.000 kilos de tension des cordes!
À partir de la coupe de l'arbre, il faut trois ans pour avoir l'instrument dans son salon! On
utilise l'érable et l'épicéa du Canada, l'acajou, le bulinga, etc. Les bois sèchent pendant deux
ans. Le taux d'humidité est réduit à 25 % puis une étuve de deux semaines à 70° réduit encore
le taux à 7 ou 8 % d'humidité ; taux idéal pour la résonance et pour que la colle et les vernis
adhèrent facilement.

63
XI. QUELQUES INSTRUMENTS DE LA FAMILLE DES VENTS

A. L'orchestre
L'orchestre apparaît au commencement de la période baroque grâce à la naissance de
l'opéra. A cette époque, l'orchestre et forcément les instruments, sont au service de la voix, du
texte. Dans le courant du XVIIIe siècle, la musique instrumentale commence à prendre de
l'importance. Dans presque toute l'histoire de la musique, les instruments veulent toujours imiter
les voix. Aussi, après l'opéra, c'est le concerto qui mettra les instruments en valeur. Et pour
accroître encore l'importance instrumentale, la symphonie naîtra de cette fameuse école de
Mannheim. De nouveaux instruments font leur apparition au pupitre comme la clarinette ou le
trombone, qui prendra sa place définitive dans l'orchestre dans le Don Giovanni de Mozart de
1787. Cependant, l'orchestre classique ne connaît pas encore l'ampleur de l'orchestre
romantique. Il comprend seulement une cinquantaine de musiciens alors que l'orchestre
romantique peut monter facilement au-delà des cent musiciens.
À la période classique, l'orchestre d'harmonie va également connaître un vif succès. En
effet, dans beaucoup de cours d'Europe, les ensembles d'instruments à vent occupent une place
importante dans l'activité musicale. C'est surtout à Vienne que ce phénomène va se développer.
En effet, nombre d'œuvres de Mozart pour instruments à vents vont être créées par la Kaiserlich
Königlich Harmonie de l'empereur. Cet orchestre est en fait un octuor d'instruments à vent
comprenant des hautbois, des clarinettes, des cors et des bassons.

B. Le cor
1. Bref historique
Le cor est un instrument de la famille des aérophones. À l'orchestre, il se trouve dans
l'harmonie (les vents) et fait partie de la famille des cuivres.
L'histoire du cor est parallèle à celle de la trompette. Elle remonte à la préhistoire où les
premières trompes apparaissent.
La grande différence entre le cor et la trompette c'est la forme de la perce. La perce est le
diamètre intérieur du tuyau à partir de l'embouchure jusqu'à la branche du pavillon. Au cor, qui
est nettement plus long que la trompette, la perce est conique. Le tuyau s'évase régulièrement
jusqu'au pavillon. La trompette a une perce cylindrique. Le timbre du cor est sourd, moins
brillant que celui de la trompette.

64
L'histoire du cor commence véritablement au XVIIe siècle. Les français s'intéressent de très
près à la trompe de chasse. Dans la seconde moitié du XVIIe siècle, le cor commence à prendre
de l'importance à l'orchestre et dès le XVIIIe siècle, il trouve sa place définitive dans l'orchestre
classique.

2. Le cor d'invention
Vers 1750, la trompe de chasse (simple
tuyau conique enroulé sur lui-même)
cède la place au cor d'invention.
Un système de coulisse (tuyau que
l'on peut rallonger au milieu de
l'instrument) permet de faire baisser
l'instrument demi-ton par demi-ton
et donc de pouvoir jouer dans
quasiment toutes les tonalités.

3. Le cor à tons de rechange


Un peu plus tard, un autre système
voit le jour: les tons de rechange.
Le cor est muni au niveau de la
branche de l'embouchure, d'un tuyau
amovible (en forme de cercle) que
l'on peut changer (par un plus court
ou un plus long) et qui permet de
jouer dans toutes les tonalités.
Un cor d'orchestre pouvait être muni
de 16 tons de rechange de différentes
longueurs; le corniste choisissait le ton
de rechange correspondant à la tonalité
dans laquelle il devait jouer.

4. Les sons bouchés


Dans la seconde moitié du XVIIIe siècle,
se développe une technique qui va influencer
la technique du jeu du cor jusqu'à
nos jours. Un corniste de Dresde (Anton
Joseph Hampel) s’est aperçu qu’en bouchant
le pavillon de son instrument avec la main
droite, il pouvait altérer la note.
Cette pratique consiste à boucher entièrement
ou partiellement avec la main droite
le pavillon de l'instrument. En bouchant la
colonne d'air, le son peut varier d'un
demi-ton, voire d'un ton. Cette pratique a Etienne-Charles Pointurier, Tenue du cor, Paris, 1830
permis de jouer chromatiquement dans le registre grave.

https://www.youtube.com/watch?v=Y0vxDHx36tQ
Vidéo : présentation du cor

65
5. Le piston (rappel)
L’invention du piston en 1813 a pour but essentiel de rendre chromatique le registre grave
du cor. Le cor naturel, de par sa longueur, peut produire
une gamme diatonique voire chromatique dans le registre
medium et aigu. Dans ces registres, il est possible de jouer
des harmoniques rapprochés. Pour le registre grave, le
piston allait permettre de jouer des notes chromatiques.
On attribue l’invention du piston
au corniste Heinrich Stölzel et
dans le même temps à Friedrich
Blühmel. Au départ, les pistons
sont dans une boîte carrée.
Il a d’abord été essayé sur un cor
et c’est en 1820 qu’une trompette
sera munie de pistons. Beaucoup
de systèmes ont vu le jour pour
tenter d’améliorer le piston de départ.
Rappelons que sur le cor moderne,
c'est un système de pistons rotatifs avec des palettes qui permet de jouer chromatiquement.

6. Le cor chez Mozart


Mozart a été certainement le compositeur classique le plus prolifique pour le cor. En 10 ans,
il compose pas moins de 7 concertos pour cor et orchestre. Trois nous sont parvenus complets,
les autres étant inachevés ou perdus.
C'est à un corniste peu renommé que nous devons la publication des concertos pour cor de
Mozart. Henri Kling, né à Paris en 1842, est corniste à Genève. Son fils sera directeur des
Editions Breitkopf et Härtel à Londres. Alors qu'il publie les concertos pour cor de Mozart, il
demande à son père de les réviser. Ayant fait des corrections souvent non appropriées, c'est
cependant grâce à lui que les partitions seront sauvées de l'oubli.
Mozart a deux grands amis cornistes: Joseph Leutgeb et Punto (de son vrai nom, Johann
Wenzel Stich). Mozart se moquait volontiers du premier car trouvant que le jeu du cor n'était
pas assez rentable, il s'était lancé dans le commerce du fromage à Salzbourg. Leutgeb fut un
corniste virtuose et fut invité dans toutes les cours d'Europe. Punto était un serf du comte de
Thun, en Bohême. Fort apprécié pour son talent, il décide néanmoins de prendre la fuite vers
l'Allemagne. Pour ne pas être recherché, il traduit son nom en italien: « Signor Giovanni Puno ».
Dans une lettre à son père de 1776, Wolfgang écrit à son père: « Punto joue magnifiquement
du cor. »
Dans les partitions autographes de Mozart, on peut trouver des remarques du compositeur,
raillant le corniste en plein jeu: à l'entrée du cor: « pour toi, âne bâté », par après: « animé...plus
vite...ça va...bravo...encore un effort...respire un peu! »

https://www.youtube.com/watch?v=ZsUz6-nz3KA
MOZART, Concerto n°1 KV412, sur cor naturel par Ravier Bonet

C. Rappel des différentes flûtes:


1. Les flûtes verticales
-flûte à encoche (encoche en forme de V ou de U)
-flûte oblique: la colonne d'air vient se diviser en deux sur l'ouverture du tuyau de la flûte. Pour
se faire, la flûte doit se tenir de façon oblique. (cf. flûte égyptienne)
-flûte à conduit ou à bloc qui dévie l'air dans un biseau :

66
La flûte à bec
Même si elle existe déjà au Moyen Age, c’est surtout à la Renaissance que le jeu de cet
instrument se développe. Elle sera décrite dans les traités de l’époque tels que le traité de
Sébastien Virdung, celui de Sylvestro Ganassi qui décrit son usage et les doigtés utilisés qui
permettent une étendue de deux octaves à cet instrument. Aujourd’hui encore, on parle pour la
flûte à bec, du « modèle Ganassi ».
Dans son traité (datant du début du XVIIe
siècle), Michael Praetorius donne une
terminologie européenne à l’instrument :
blockflöt pour les Allemands, flauto pour l’Italie,
recordor pour les Anglais. L’illustration à droite
montre la famille de la flûte à bec extraite du
traité de Praetorius. Soulignons que les flûtes à
bec sonnent une octave en dessous des notes
écrites. On a donc construit des instruments plus
grands comme la flûte à bec contrebasse (en ut)
qui mesure 2,50 qu’on peut voir au musée
Vleeshuis à Anvers.
La terminologie de toutes ces flûtes est
complexe : on parle de soprano, alto, ténor,
basset, grande-basse et contre-basse (sic). Le
problème, c’est que pratiquement pour chaque
tessiture, il existe plusieurs tons : en sol ou fa et
en do ou ré.
Au XVIIe siècle, on appelle la flûte alto la
common flute (flûte ordinaire), qui sera
l’instrument de la famille le plus utilisé. Les
sopraninos, sopranos, ténors et basses et
contrebasses seront moins utilisées. A la fin du XVIIe siècle, son usage se perd un peu en France
au profit de la flûte traversière mais elle reste encore dans les pays germaniques (voir les œuvres
de Bach et de Telemann) jusqu’à la mort de Bach (1750).

https://www.youtube.com/watch?v=5VcoV37kRFc
Flûte à bec contrebasse

2. Flûtes transversales
-embouchure latérale: flûte traversière
-flûtes nasales: on peut en trouver aussi en Europe, au Sud de l'Allemagne mais elles se trouvent
surtout en Océanie, Afrique, Amérique du Sud.

https://www.youtube.com/watch?v=OoalqkOum04
Flûte nasale

-Globulaires: l'ocarina.
https://www.youtube.com/watch?v=TaFRm8yXCuk
Ocarina basse

a. La flûte traversière (en ut)


Elle existe déjà au Moyen Age mais les premières descriptions datent du XVIe siècle.
Elle est considérée comme la flûte allemande. (Voir le chapitre V)

67
Lully l'introduit dans l'opéra et au XVIIe siècle, on trouve un répertoire soliste. Petit à
petit, elle va « chasser » la flûte à bec (la flûte douce) de l'orchestre. La flûte à bec (bas
instrument) a un son trop peu puissant pour rivaliser avec la flûte traversière.
Au XIXe siècle elle sera de perce cylindrique et non plus conique.
Ce qui sera fondamentale pour la flûte moderne et d'une façon générale pour les bois,
c'est le système des clefs inventé par Théobald Boehm (1832). Ce système sera appliqué à tous
les bois.

b. Le piccolo (en ut)


Le piccolo apparaît à la fin du XVIIIe siècle. Il est issu du fifre militaire
Utilisé dans la Symphonie Pastorale de Beethoven, la Symphonie fantastique de
Berlioz. Le piccolo produit de telles fréquences qu'au milieu de tout un orchestre qui
joue, il passe par-dessus et on peut l'entendre très clairement.

1. Flûte basse en sol; 2. Flûte d'orchestre; 3. piccolo; 4. Flûte basse en ut;


5. Flûte Boehm avec plateaux perforés; 6. Flûte Boehm; 7. Modèle conique de 1867; 8. Modèle à 12 clés; 9.
Modèle plus récent.

https://www.youtube.com/watch?v=xg9u1NkYVPM
Flûte traversière basse en ut, Fauré

D. Le Hautbois (en ut)


Les premiers instruments munis d'une anche double: vraisemblablement vers 3000 av. J.C.
en Mésopotamie et Égypte.
Les ancêtres du hautbois sont l'aulos grec, la tibia romaine et la chalemie.
La chalemie est l'ancêtre direct du hautbois. Le mot « chalemie » provient du mot latin
« calamus » qui veut dire roseau. La chalemie est encore munie d'une pirouette. La pirouette
est une sorte de « butoir » contre lequel les lèvres viennent se placer.

68
Le mot « haut-bois » apparaît vers le XVe siècle; il désigne un haut instrument qui est en
bois. C'est vers 1660, en France que le hautbois prend sa place dans la Musique de la Grande
Ecurie du Roy. Le son de cet instrument est plus doux et il est possible de l'associer aux violons.
AU XIXe siècle, François Triebert adapta le système Boehm au hautbois.
Le hautbois a une perce conique.

https://www.youtube.com/watch?v=i6fNJDpKUfw
Les dangers de l’anche double !

E. Le Hautbois d’amour (en la)


Construit comme le hautbois avec un petit bocal supplémentaire et surtout, un pavillon bulbé
ou piriforme.
D’abord utilisé en 1722 dans l’opéra de Telemann Der Sieg der Schönheit, puis par Bach
qui avait deux hautbois d’amour à sa disposition à Cöthen. (cf. la Messe en si mineur)

https://www.youtube.com/watch?v=sQgNgs5EzaQ
Présentation du hautbois d’amour, Bach, Messe en si mineur

F. Le cor anglais (= hautbois alto en fa) (en angl.: englisch horn)


-Étant donné que l'instrument était anglé, avait une forme d'angle, de « cor anglé », on est
passé à « cor anglais ».
-Fut inventé en Allemagne vers 1720
-Bach et ses contemporains l'appellent le oboe da caccia
-On le trouve dans l'opéra à partir du XVIIIe siècle.
-Le cor anglais actuel fait ± 1 mètre. Le pavillon comporte un bulbe. Le bocal est anglé.
1.

Hautbois; 2. Hautbois d'amour; 3. cor anglais

https://www.youtube.com/watch?v=cPvpyI-bmEM
Oboe da caccia

69
G. Le basson
-Plusieurs instruments graves à anches doubles sont des ancêtres du basson comme le
cervelas, le courtaud.
-Dès 1546, on parle de fagotto en Italie, deux morceaux de bois attachés ensemble.
-En 1574, on parle du curtall en Angleterre et à partir de 1750, le basson portera le nom de
bassoon.
-En France, on utilise pour la première fois le mot « basson » en 1602. Le mot provient du
« basson de haut-bois ou basse de haut-bois ». Il ne possède pas encore de clétage (un système
de clefs) et les trous sont percés en biais.
-Il y a deux types de bassons :
-en une seule pièce
-en deux morceaux reliés

-Le XVIIIe siècle sera l’âge d’or du basson ; Vivaldi a écrit 40 concertos pour cet instrument.
-Au XIXe siècle, deux types de basson basés sur le clétage vont se différencier :
-le basson allemand (fagot), système de Heckel, Moosmann, etc. (le clétage comprend
plus de clés que pour le système français) ; il est en général en érable et la perce est plus large ;
le bonnet (= le pavillon) est légèrement bulbé.
-le basson français : système
Buffet-Crampon (+Selmer) ; il est en général en bois de palissandre.
-Après la guerre 40 : le basson allemand s’impose partout même en France
-Actuellement, les deux systèmes cœxistent. Au Conservatoire national de Paris, les
deux cours sont proposés.

1. Basson français de Mahillon (avec bonnet très


légèrement bulbé);
2. Basson Buffet-Crampon;
3. Basson allemand, Heckel;
4. Basson allemand, Heckel.

https://www.youtube.com/watch?v=IIKc_1iCxMQ
Comparaison basson allemand et basson français

H. La clarinette (quintoie, on peut obtenir la 12e qui équivaut à une quinte au-dessus de
l’octave.) Couvre un ambitus de trois octaves et demi.
-L’ancêtre de la clarinette est l’aulos à anche simple.
-Les débuts de la clarinette sont un peu confus mais on attribue l'invention de la clarinette
(début du XVIIIe siècle) à Johann Christoph Denner qui était facteur à Nuremberg.
-L'ancêtre de la clarinette est le chalumeau (même racine que chalemie; vient de « calamus »
= roseau en latin). Les premiers chalumeaux étaient idioglotes (l'anche est taillée dans
l'instrument). Denner va remplacer le conduit avec l’anche simple idioglote par un bec dont
l’anche tient par une ligature.

70
-Il est plutôt question ici de registres. Le chalumeau privilégiait le registre grave de
l'instrument tandis que les premières clarinettes privilégiaient le registre du clarino.
-Il existait des clarinettes pratiquement dans tous les tons. Actuellement, les instruments les
plus utilisés sont les clarinettes soprano (sib, la), la clarinette basse (sib). Il existe également
la clarinette contrebasse (mib et sib). Au XIXe siècle, la clarinette en ut était très répandue.

La clarinette chez Mozart


Mozart termine son concerto pour clarinette KV 622 en
1791. C'est une de ses dernières œuvres et son dernier
concerto. On sait aujourd'hui que ce concerto a été
composé non pas pour une grande clarinette (en la ou sib,
en usage dans nos orchestre, qui peut descendre jusqu'au
mi) mais pour une clarinette de basset (Bass-Klarinet) qui
est une clarinette également en la mais qui peut
descendre jusqu'au do grave. Cependant, on sait qu’en
fait, Mozart avait fait une ébauche du concerto sur un cor
de basset en sol. Quand le concerto est joué sur une
clarinette d'orchestre, le clarinettiste est obligé d'octavier,
donc de jouer à l'aigu certains passages. Mozart utilisera
la clarinette de basset également dans la Clémence de
Titus et dans Così fan tutte. C'est seulement au début de
notre siècle, que fut retrouvé un exemplaire de cet
instrument jusqu'alors hypothétique. Il a été retrouvé à
Vienne en 2001 et vient concrétiser toutes les théories au
sujet de cet instrument. On en connaissait l'existence grâce aux écrits de Stadler et à une gravure
représentant l'instrument sur l'annonce du concert dans lequel Stadler allait jouer le fameux
concerto de Mozart.

https://www.youtube.com/watch?v=1DBwc6Blovg&t=167s
Mozart, Concerto pour clarinette à la
clarinette de basset (en la)

I. Le cor de basset
Pratiquement toutes les œuvres
pour clarinette et pour cor de basset ont
un lien avec le clarinettiste Anton
Stadler (1753-1812). Le cor de basset
(en fa) est une clarinette alto en fa.
Stadler est Viennois et joue dès son
adolescence à la cour. Il sera déclaré
dès 1781 « indispensable" par
l'empereur Joseph II. Faisant partie de
l'Harmonie impériale, le célèbre
clarinettiste va créer de nombreuses
œuvres de Mozart comme la Gran
Partita KV 361 (1784).
1. Cor de basset fin XVIIIe siècle (modèle
le plus récent); 2. Cor de basset 2de moitié du
XVIIIe s. (modèle le plus ancien); 3. Clarinette
en la (XVIIIe siècle); Clarinette en sib (début
XVIIIe s.)

71
Le cor de basset, grâce aux œuvres de Mozart deviendra à Vienne l'instrument
emblématique franc-maçon. Dans certains passages importants de ses derniers opéras, le timbre
grave et mélancolique du cor de basset vient en renforcer l'atmosphère dramatique. La
participation du facteur Theodor Lotz va encore renforcer le duo Mozart-Stadler. En sa qualité
de facteur, il va améliorer la forme du cor de basset (à l'origine en forme de faux) en lui faisant
prendre une forme à angle droit.

https://www.youtube.com/watch?v=DiB7eOOOhm0
Trio de cors de basset de la Flûte enchantée (Mozart)

J. Adolphe Sax
Adolphe Sax est né en 1814 à Dinant, en Belgique. Il invente le saxophone et le présente à
l'Exposition de l'Industrie derrière des tentures, de peur qu'on ne copie son nouvel instrument
(l’invention date de 1841 et le brevet date de 1846).
Peu de temps après, il part à Paris car un général français lui demande de venir améliorer ses
musiques militaires par de nouveaux instruments. Sax accepte et il deviendra également dans
le même temps, chef de la banda de l'Opéra de Paris. Au XIXe siècle, les opéras ont souvent un
orchestre secondaire composé de cuivres qui participent à l'action comme dans Aïda de Verdi.
Sur la demande de Verdi, Sax a fabriqué 24 trompettes droites à deux pistons pour la banda de
l'Aïda de Verdi.

https://www.youtube.com/watch?v=q24T_xWKXaw
Trompettes d’Aïda, copies

La banda peut également produire des


effets d'écho ou de lointain comme
dans Don Carlos de Verdi dont la banda
est composée des nouveaux saxhorns.
Sax a également inventé les saxotrombas,
le trombone à sept pavillons, etc.

S'inspirant de la Renaissance, il a
souvent créé toute une famille
de ses nouveaux instruments
(saxhorns, nouveaux saxhorns,
saxophones, etc.)

Trombone à 7 pavillons d'Adolphe Sax

72
Le saxophone n'a pas sa place à l'orchestre. Même si des compositeurs comme Berlioz disait
aimer le son du saxophone, rares sont les œuvres qui l'y invitent. Au XIXe siècle, commence
tout doucement à se former la rupture entre la musique contemporaine et le public. Les
symphonies de Beethoven ne seront pas jouées à Paris de son vivant! On commence à aller
rechercher la musique du passé. Le saxophone a été inventé trop tard!
Les différents saxophones (famille des bois) sont:
-Le saxophone sopranino: mib;
-Le saxophone soprano: sib;
-Le saxophone alto: mib;
-Le saxophone ténor: sib (qui existe aussi en ut et qui est donc un peu plus petit);
-Le saxophone baryton: mib;
-Le saxophone basse: sib, commence a avoir son succès dans le jazz;
-Le saxophone contrebasse : mib -il n'en existe que quatre au monde dont un à Dinant
et un au Musée des Instruments de Leipzig; (cf. Google : Daniel Kientzy).

https://www.youtube.com/watch?v=9BiW2mVKk0w
Saxophone sous-contrebasse

73
XII. LES INSTRUMENTS À PERCUSSION

Le mot « percussion » est un terme générique (non scientifique) pour désigner, dans
l’orchestre, les instruments sur lesquels on frappe, qu’on entrechoque, etc.

Selon la classification Hornbostel-Sachs, les instruments à percussion sont divisés en deux


familles bien distinctes : les idiophones et les membranophones.

A. Les idiophones
-Le terme « idiophone » vient du grec ancien : idios, qui veut dire soi-même et phone, qui
signifie « voix ». Les idiophones sont donc les instruments à percussions qui sonnent « eux-
mêmes » ; le son est produit par le corps même de l’instrument.
-Rappel : parmi les idiophones, il existe différents systèmes pour produire le son :
-le secouement (les hochets et les grelots);
-l’entrechoc (les cymbales);
-le grattement ou le frottement (le guiro, l’harmonica de verre) ;
-le pincement (la guimbarde);
-le frappement (cloches, xylophones).

1. Les cymbales
-3e millénaire av. J. C.
-Origine asiatique (N-O de l’Inde) ; passent par l’Asie mineure, se répandent en Égypte, en
Grèce puis à Rome. En Mésopotamie, ce seront plutôt des cymbalettes : les crotales, plus
creuses, en forme de bol ; les crotales seront présentes également en Égypte et en Grèce (plus
plates).
-Dès les IIIe et IVe siècles, l’église condamne l’usage des cymbales (comme beaucoup
d’instruments, symboles des rites païens romains). Les cymbales seront rapportées d’Orient par
les Croisés, vers le XIIe siècle.
-Au XVIIIe siècle, les cymbales font partie des musiques militaires, avant de faire leur entrée à
l’opéra : Iphigénie en Tauride de Gluck et l’Enlèvement au sérail de Mozart. Puis, elles auront
leur place dans l’orchestre symphonique avec Haydn.
-La cymbale d’orchestre
-relativement grandes : les cymbales de concert peuvent avoir un diamètre de 50cm.
(55 cm. pour les cymbales de jazz).
-à l’orchestre, on utilise les cymbales par entrechocs mais le percussionniste peut
également utiliser la cymbale suspendue, qui s’utilise alors avec divers éléments (des
maillets, des baguettes, des balais, etc.)

https://www.youtube.com/watch?v=1CBjxGdgC1w
Hitchcock, L’Homme qui en savait trop

2. Le gong (dans l'orchestre = tam-tam)


-Vient de la Grèce, à Sparte, on mentionne un instrument plus plat et plus fin qui servait
notamment à imiter le tonnerre.
-L’expédition d’Alexandre le Grand aurait propagé le gong en Asie. On sait qu’il est présent en
Chine dès le VIe siècle (dans sa forme actuelle).

74
-Le gong ne sera utilisé en Occident (après la civilisation antique) qu’à la fin du XVIIIe siècle
et n’entreront dans l’orchestre qu’au XXe siècle.
-Dans l’orchestre symphonique, on parlera plus volontiers de « tam-tam » à ne pas confondre
avec la sorte de tambour ! En théorie, le tam-tam est plat tandis que le gong (symbole féminin
en Orient) a un renflement en son milieu, qui symbolise le ventre de la femme enceinte. Le
diamètre peut varier de 10 cm. à 2m. (bel exemple dans Turandot de Puccini).
-La facture de l’instrument est le résultat du martelage de fils de métal très fins disposés en
spirale.

3. Les cloches
-Apparaissent au 1er millénaire av. J. C. en Chine.
-En Europe : au début du Moyen Âge. Dès le VIe siècle dans les monastères, mais ce sont des
cloches de petits formats.
-Le carillon apparaît au XVe siècle à Anvers. Au XVe siècle, les fondeurs de cloches deviennent
également des fabricants de canons.
-Il y a +- 250 carillons dans le monde dont 70 en Belgique.
- Au XIXe siècle, les cloches tubulaires apparaissent (il y en a 18)
Ex : -dans Parsifal de Wagner
-dans la Symphonie fantastique de Berlioz

4. Le triangle
-Connu en Europe depuis le Moyen Age.
-L'origine du triangle serait le sistre oriental (sorte de hochet ; à ne pas confondre avec le cistre,
instrument à cordes pincées). Introduit à l'orchestre sous l'influence de la musique des
janissaires.

5. Les xylophones
Dans la musique occidentale, on appelle les xylophones et les métallophones, des « claviers".
C'est une erreur. Ces instruments ne sont pas des claviers. Le clavier est un mécanisme qui est
un intermédiaire entre le musicien et l'instrument.

a. Le xylophone (simple)
Comme son nom l'indique (gr. : xylos : le bois et phonê: la voix)
-C’est un instrument muni de lamelles de bois sur lesquelles le musicien frappe avec différentes
baguettes.
ex. : La Danse macabre de Camille Saint-Saëns (1874)
https://www.youtube.com/watch?v=qNMzBnuBC6Y

-Origine des xylophones : le sud asiatique


-Au XIVe siècle : arrivent en Afrique noire par le Mozambique
-Il existe différents types de xylophones en Afrique :
-le xylophone sur fosse ;
-le xylophone sur jambes ;
-le xylophone sur bûches ;
-le xylophone sur cadre.

75
b. Le marimba
Est également un type de xylophone. Plus imposant que le xylophone, il est muni de
résonateurs comme le balafon mais ces résonateurs sont ici des tuyaux, placés sous chacune des
lamelles de bois. Comme le xylophone, le marimba trouve son origine en Afrique ; c'est au
XVIe siècle qu'il arrive aux Amériques par les esclaves. Le marimba est l'instrument national
du Guatemala et est fort répandu au Mexique.

6. Les métallophones
a. Le glockenspiel :
Peut être comparé au xylophone si ce n'est que les lamelles de bois sont remplacées
par des lamelles de métal. Son ambitus est de deux octaves et demie. Il est possible de
produire des sons qui sont très proches de ceux des cloches (avec des baguettes dures).
À l'orchestre, les notes produites sonnent une octave plus haute que les notes écrites.

76
b. Le célesta

-Métallophone à clavier, en forme


de petit piano droit. Les cordes sont
remplacées par des lames
métalliques qui surmontent des
tubes de résonnance en bois. En
appuyant sur les touches du
clavier, des marteaux viennent
frapper les lames de différentes
longueurs (4 à 5 octaves).
-Inventé en 1866-68 par le facteur
d'harmonium français Mustel.
-Casse-Noisette de Tchaïkovsky

https://www.youtube.com/watch?v=L7tipC745_s
Présentation du Célesta

c. Le vibraphone
-Basé sur le principe du xylophone, le vibraphone est inventé vers 1920. Il est muni d'un petit
moteur électrique qui fait tourner un axe sur lequel sont placés des ailettes situées sous les lames
métalliques. Ces ailettes ouvrent et ferment alternativement la perce des tubes placés sous les
lames, ce qui provoque un vibrato plus ou moins rapide, étant donné qu'il est possible de
contrôler la vitesse de rotation des ailettes au moyen d'une pédale.
-Concerto pour vibraphone, marimba et orchestre de Milhaud.

B. Les membranophones
-Le terme « membranophone » désigne les instruments à percussion munis d’une ou
plusieurs membranes. Un autre terme générique existe pour désigner les instruments à
membranes : les « tambours »
-Il existe trois formes fondamentales de tambours :
a. tubulaire (la plus répandue, ex. : la grosse caisse) ;
b. hémisphérique (ex. : la timbale);
c. circulaire (ex. : le tambourin).

Il est difficile de dater avec précision l’apparition de l’usage de la membrane. Son existence est
attestée en Mésopotamie (IIIe millénaire) et en Égypte (IIe millénaire). Il s’agit d’un tambour
muni d’une seule membrane.

1. Les tambours américains


a. Les congas (toujours joués par paires)
Originaires d’Amérique latine et des Antilles.
Le conga (ou tumba) est fait d’un long fût de bois conique qui reste ouvert à la base. L’ouverture
supérieure est recouverte d’une peau de buffle. On le joue avec les doigts ou la paume.
b. les bongos (toujours joués par paires)
Le bongo est nettement plus petit ; le fût est beaucoup moins long. Il se joue aussi avec les
doigts ou la paume mais en musique contemporaine, on peut le jouer avec des baguettes de
caisse claire.

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2. Les tambours européens
L’histoire du tambour européen est liée aux usages militaires. Dès le IXe siècle, le « tabor » est
joué lors des batailles. Lors des croisades (au XIVe siècle), l’Occident découvre les nacaires
(les timbales) arabes que les occidentaux vont utiliser dans tous les corps de cavalerie. Plus
tard, les tambours auront leur place dans l’infanterie « pour faire marcher la troupe » Il aura
jusque sous le règne de Louis XVI, une caisse assez haute par rapport à son faible diamètre.
C'est sous la Révolution 89 qu’il prendra ses dimensions modernes.
Première apparition du tambour à l’orchestre :
-dans l’opéra de Marin Marais : Alcyone (1706)

a. La caisse claire
Possède un fût en métal ou en bois (35 cm. de diamètre). Elle est munie en général de plusieurs
timbres en boyaux, en soie filée, en nylon ou métallique (plus pour le jazz). Les baguettes sont
plus légères que pour les tambours militaires.

b. La grosse caisse
Cet instrument est de grande dimension et est appelée « bedon » dès le Moyen Age. Elle sera
Introduite à l’orchestre au XVIII siècle.
Ex.: dans la Symphonie militaire de Joseph Haydn
et dans l’Enlèvement au sérail de Mozart pour évoquer les turqueries.
En jazz, elle sera utilisée avec une pédale.
c. Les tom-toms
Grands tambours de dimensions variables surtout utilisés en jazz. Ils Ont été inventés pour
imiter le son des tambours africains. Ils sont dépourvus de timbre et ont donc une sonorité moins
brillante que la plupart des autres tambours. Par contre, ils peuvent être accordés à des hauteurs
très différentes.
Les tom-toms sont entrés dans l’orchestre
dans l’Histoire du soldat de Stravinski

d. Le tambour de basque
C’est le vrai tambourin européen ; c’est donc un tambour sur cadre. Une membrane est tendue
sur une couronne de bois ou de métal. Entré dans l’orchestre au XIXe siècle, dans l’opéra.
Ex : Carmen de Bizet

e. La timbale d’orchestre
-Introduite en Europe au XIVe siècle sous le nom de nacaires ou naquaires, issue de la naqqâra
arabe et rapportée d’Orient par les croisés. Les nacaires étaient de petites dimensions et se
jouaient toujours par paire.
-Jouée dans la cavalerie (le tambour dans l’infanterie).
-Elles seront systématiquement associées aux trompettes et seront comme ces dernières,
symboles du pouvoir et de la noblesse.
-La légende veut que se soit Lully qui l’ait introduite à l’orchestre avec les trompettes.
-Les timbales actuelles (4 à l’orchestre) sont munies d’un système « en araignée » (inventé en
1855) qui permet de les accorder au moyen d’une pédale et plus en serrant ou desserrant des
vis à poignée tout autour de la membrane.
-L’étendue d’une timbale est approximativement une octave.

78
79
XIII. Le XXe SIECLE : LES INSTRUMENTS INOUIS

Les premiers instruments qui fonctionnent à l'électricité


Il existe plusieurs catégories d’instruments qui utilisent l’électricité pour fonctionner :

-a. Les instruments électromécaniques (ou électroacoustiques) : on capte les sons avec un
microphone et on l’amplifie par l’électricité qui va développer le mouvement des ondes sonores.
Ce procédé est un procédé dit analogique. Ce n’est pas le principe électrique qui génère le son.
L’énergie électrique va amplifier, voire transformer le son émis par l’instrument acoustique.
(Guitare électrique, l’orgue Hammond).

-b. Les instruments électro-analogiques : des générateurs électriques de sons produisent des
fréquences que l’on peut assembler dans le but d’imiter des sons existants (le synthétiseur). Il
n’y a donc pas de vibreur physique mais des générateurs électroniques oscillants, des
oscillateurs, qui produise un signal électrique périodique.

-c. Les instruments numériques (par ordinateur)


Les scientifiques ont décidé d’un langage standard pour communiquer les informations
sonores : le Musical Instrument Digital Interface = MIDI
Le premier ordinateur avec interface midi : 1985, sur un ordinateur Atari
Avant d’en arriver à l’ordinateur, beaucoup d’étapes ont dû être franchies !

A. Le premier clavecin électrique

En 1759, en France, un jésuite,


Jean-Baptiste de la Borde construit
un clavecin électrique, dont le
clavier fonctionne par un système
basé sur l’électricité statique, qui
vient frapper des petites cloches avec
des petits battants métalliques.

B. Le télégraphe musical
En 1874, Elisha Gray (1835-1901)
crée l’oscillateur électrique qu’il
va appliquer sur son télégraphe
musical. Les sons sont produits
par le musicien grâce à un mini
clavier. Pour la première fois, les fréquences passent par un haut-parleur. L’étape suivante allait
être le téléphone. Pour la petite histoire, Graham Bell déposa son brevet du téléphone deux
heures avant Elisha Gray.

C. Premiers sons préenregistrés pour un spectacle


A Dessau, en 1927, Oskar Schlemmer utilise des sons enregistrés pour un spectacle avec
le Bauhaus.

80
Plusieurs compositeurs contemporains vont utiliser ce procédé dans les œuvres comme
Paul Hindemith, Darius Milhaud, John Cage, Edgar Varèse. La bande magnétique facilitera
vivement l’utilisation des sons préenregistrés.

D. Le thérémine (angl. : theremin)


1920 : première version de son
Aetherphon par Lev Sergueïevitch
Termen.
-1929 : Lev Termen qui est un
physicien russe exilé aux USA vend
son Thereminvox à une société
américaine.
Cet instrument fonctionne sur le
principe de la soustraction de deux
hautes fréquences (trop élevées pour
être audibles), produites par 2
oscillateurs.

https://www.youtube.com/watch?v=-QgTF8p-284
Présentation du thérémine

E. Les ondes Martenot


Maurice Martenot est ingénieur et il met au point en 1926, le prolongement du système
du thérémine muni d’un clavier, ce qui permet de jouer des fréquences plus précises.
Des compositeurs comme Arthur Honegger, Darius Milhaud, André Jolivet, Berio,
Boulez, etc. ont composés pour cet instrument. Edgar Varèse : Ecuatorial

https://www.youtube.com/watch?v=v0aflcF0-ys
Ondes Martenot

F. Le trautonium
Inventé en Allemagne entre 1928-1930 par le docteur Frédérich Trautwein, le
trautonium est un instrument monophonique qui utilise le principe de la synthèse soustractive.
Le compositeur Oscar SALA, entre 1949 et 1952, construit un mixturtrautonium qui
sera lui, polyphonique.
Oscar SALA + Bernard HERRMANN= Les Oiseaux d’Hitchcock

https://www.youtube.com/watch?v=UxINIwHxR8s&t=119s
The Birds, Trautonium

81
Le phonographe
En 1877, Thomas Edison (1847-1931) invente le phonographe. Les enregistrements se
sont d’abord faits sur des rouleaux d’étain. Par après, on utilisera de la cire, ce qui rendait la
qualité d’enregistrement meilleure.
Le graphophone était un autre appareil
pour l’enregistrement de textes qui devaient
être dactylographiés.
On effaçait l’enregistrement pour
le suivant en rabotant la cire.

Le gramophone
Le gramophone est inventé plus
tard par Émile Berliner en 1889.
En 1887, il invente le disque,
ce qui permet une gravure latérale.
Le diamètre de ces anciens disques
se rapproche du diamètre de nos
CDs (12,5 de diamètre). Ils étaient
en ébonite (du caoutchouc vulcanisé). En 1910, est inventé le phono valise.

82
XIV. LES INCONTOURNABLES DU MIM

A. La pochette (rappel) (1er du MIM)


-La pochette est l'instrument que les maîtres à danser
utilisent volontiers. Il s'agit d'un violon de poche.
Elle peut avoir une forme allongée, la forme d'une
viole et sonne à l'octave du violon.
-La pochette apparaît vers la fin du XVIe siècle.
Elle aura énormément de succès en France, étant
donné l'importance de la danse. Sous Louis XIV,
pour être un bon courtisan, il fallait danser 6
heures par jour! On recense en 1702 à Paris, encore
250 écoles de danses; à cette date, Louis XIV
a déjà épousé Madame de Maintenon et il meurt en 1715.

B. La trompette marine (1er étage)


La trompette marine est un instrument de la famille des cordes frottées. Elle peut atteindre
2,10 m. de haut. Elle est monocorde.
Elle se joue avec l'archet sur la touche et les doigts de la main gauche prennent seulement
les harmoniques.
Ce son si particulier qui ressemble en effet à la trompette bouchée provient du chevalet qui
est muni d'un pied mobile, qui, quand la corde vibre, vient vibrer lui-même contre une petite
plaque d'ivoire ou de métal collée contre la table d'harmonie.
La trompette marine faisait partie de la Musique de l'Écurie du roi de France mais elle était
également jouée dans les couvents pour sonner les heures. On l'appelait alors la trompette des
nonnes!

https://www.youtube.com/watch?v=SdFyU3evb-E&t=145s

83
C. L'harmonica de verre (1er étage du MIM))
L'harmonica de verre est un instrument conçu par Benjamin Franklin (XVIIIe siècle). Il
fonctionne sur le principe de « faire chanter un verre ». Une pédale (un peu comme une
ancienne machine à coudre) fait tourner un axe sur lequel sont enfilés des bols de verre de tailles
croissantes. Ils sont organisés comme un clavier, certains bols ont le bord doré qui montrent les
touches noires d'un clavier. Le musicien doit poser les doigts sur le bords des bols qui tournent
pour « faire chanter » les bols. Mozart, Beethoven, Reicha, etc. ont composé pour cet
instrument.

https://www.youtube.com/watch?v=QkTUL7DjTow
Mozart, Adagio pour Harmonica de verre

84
XV. BIBLIOGRAPHIE ET EXTRAITS MUSICAUX

S. SADIE (éd.), The New Grove Dictionary of Musical Instruments, Macmillan, 1980, 3 vol.
F.-R. TRANCHEFORT, Les instruments de musique dans le monde, Seuil, 1980, 2 vol.
!Attention, quelques fautes mais tout de même un bon manuel!
A. BUCHNER, Encyclopédie des instruments de musique, Gründ,1980.

V.-C. MAHILLON, Catalogue du musée instrumental de Bruxelles, 6 vol., 1893


!quelque peu dépassé mais encore une solide référence!

DIDEROT et D'ALEMBERT, L'Encyclopédie: Lutherie, 1751-1772.


http://enccre.academie-sciences.fr/encyclopedie/

E. TARR, La Trompette, Payot, 1977.

David. D. BOYEN, The History of Violin Playing from its Origins to 1761, Oxford
University Press, 1965.

CD-Rom, E. JAEGER, F. LAURENT, J-M MOLKHOU, Le Violon, des hommes, des


œuvres, Accord Parfait / Editions Montparnasse, PC-MAC, 1997,

P. JAMES, Early Keyboard Instruments, The Tabard Press Limited, 1970.

F. HUBBARD, Three Centuries of Harpsichord Making, Harvard University Press, 1992.

A. BAINES, Woodwind Instruments and their History, 1962.


A. BAINES, Brass Instruments, 1976.

F. FLEURON, Le Hautbois dans la musique française (1650-1800), Picard, 1984.


Etc…
Sites:
Méfiez-vous de wikipédia: certains articles sont excellents comme celui sur le clavecin,
d'autres ne sont pas fiables comme celui sur la trompette.
Quelques sites intéressants:
-Le site du Musée des Instruments de Bruxelles (MIM)
-Google, Musicologie. org
-Les signets de la BnF (Bibliothèque nationale de France)
-National Music Museum: http://orgs.usd.edu/nmm/bowstg.html
etc.
Youtube (idem)
-Les violons Stradivarius: http://www.youtube.com/watch?v=lZqoRADiwpk
-La reconstitution des 24 violons du roi: (1-6)
http://www.youtube.com/watch?v=5I5hzvhnK00&feature=related
AUDITIONS:
Guide des instruments anciens, Ricercart, 2009: (instruments à pouvoir reconnaître à
l'examen)

85
XVI. CONSEILS POUR L'EXAMEN
-L'examen est écrit.
-Vous aurez : -deux questions parmi les 35 questions qui suivent (une demi-page);
-deux illustrations vues au cours à identifier et à commenter ;
-une petite audition. Pouvoir reconnaître un instrument à l'audition parmi
ceux écoutés (ou vus) au cours. Le but n'est pas d'absolument reconnaître l'extrait vu au cours
mais bien de reconnaître l'instrument. Il est possible qu'un autre extrait (avec le même
instrument) soit proposé à l'examen.
Sons des instruments à connaître : Violons, Violes de gambe, trompette marine, théorbe,
flûtes à bec, flûtes traversières, clarinettes, hautbois, trompettes, cors, cornet à bouquin,
clavecin, clavicorde.
1. Quelles sont les quatre familles d'instruments déterminées par les musicologues?
Expliquez, donnez des exemples pour chaque famille. (+perces)
2. Quels sont les premiers objets sonores? Expliquer.
3. Quels sont les instruments que nous avons vus pour l'Égypte ? Expliquer.
4. Comment sont classés les instruments à vent selon les musicologues? +perces (Expliquer)
5. Quels sont les instruments vus pour la Grèce ancienne? Expliquer.
6. Quels sont les instruments vus pour la Mésopotamie et pour Rome ? Expliquer.
7. Citez trois bas instruments du Moyen Age. Expliquer.
8. Citez trois hauts instruments du Moyen Age. Expliquer.
9. Quelles sont les différentes perces de la famille des cuivres? Expliquer.
10. Qu'est-ce que la trompette sarrasine? Expliquer.
11. Qu'avons-nous vu au cours au sujet de la trompette du Moyen Age?
12. Qu'avons-nous vu au cours au sujet de la trompette de la Renaissance?
13. Qu'avons-nous vu au cours au sujet de la trompette baroque?
14. Quels sont les différents systèmes qui ont été inventés pour la trompette avant la
création du piston? Expliquer.
15. Expliquez les débuts de l'orchestre en Italie.
16. Expliquez les débuts de l'orchestre en France.
17. Quand est apparu le violon? Expliquer.
18. Qu'avons-nous vu au cours au sujet de la lutherie?
19. Comparez la viole de gambe et le violon. Expliquer.
20. Que savez-vous des tout premiers claviers (Antiquité et Moyen Age) ? Expliquer
21. Comparez le virginal et le clavicorde. Expliquer.
22. Que savez-vous des tout premiers pianos-forte?
23. Qu'avons-nous vu au cours au sujet du piano en France?
24. Qu'avons-nous vu au cours au sujet du cor?
25. Quels sont les différents types de flûtes?
26. Comparez le cor anglais et le cor de basset.
27. Qu'avons-nous vu au cours en ce qui concerne le basson?
28. Qu'avons-nous vu au cours en ce qui concerne la clarinette?
29. Qu'avons-nous vu au cours au sujet de Sax et du saxophone?
30. Qu’est-ce qu’un idiophone ? Donnez deux exemples, expliquer.
31. Qu'avons-nous vu au cours en ce qui concerne les métallophones?
32. Citez trois membranophones. Expliquer.
33. Quels sont les différents types d'instruments qui fonctionnent grâce à l'électricité?
34. Qu’est-ce que le thérémine, les ondes Martenot et le Trautonium ?
35. Comparez la pochette et la trompette marine.

86
XVII. TABLE DES MATIÈRES

I. INTRODUCTION..………………………………………………………………….p. 2
A. Rappel ou notions d'acoustique…….......….…………………………………..p. 2
1. Les idiophones……………………………………..……………………..p. 2
2. Les membranophones………………….…..……………………………..p. 2
3. Les aérophones………………………….………………………………..p. 2
4. Les cordophones…………..………..……….……………………………p. 2
B. Définition de l'instrument de musique………….…………………………….p. 3
1. Définition ancienne……...………………….…………………………….p. 3
2. Définition moderne………...……………….…………………………….p. 3
II. LA PRÉHISTOIRE……………………………………………………………..…p. 4
A. Rappel chronologique…………………………………………………………p. 4
B. Premiers objets sonores..…….………………………………………………..p. 4
1. Les percussions ………………………….………………………………p. 4
2. Les vents……………………………..…….…………………………….p. 5
a. Il y a 100.000 ans…………………………....…………………….p. 5
b. Il y a 40.000 ans………………..…………..……………………...p. 5
3. Les cordes………………………………......…………………………….p. 6
III. L'ANTIQUITÉ OU L'AVÈNEMENT DES INSTRUMENTS
À CORDES DANS LES SOCIÉTÉS CITADINES……………………....p. 7
A. L'Égypte……………………………………………………………………………….p. 7
1. La harpe arquée…………………………...………………………………p. 8
2. La harpe angulaire………….……….…………………………………….p. 8
3. La harpe arquée du Nouvel Empire……....……………………………….p. 8
4. La harpe d'épaule………………………...………………………………..p. 8
5. Les vents………………………….....…………………………………….p. 9
6. Les percussions……………………………………………………………p. 9
IV. GRÈCE ET ROME: L'IMPORTANCE CROISSANTE DES VENTS
DANS UN ÉTAT GUERRIER.......…………………………………………p. 10
A. Classification des vents………………………………...……………..…..….p. 10
1. Les instruments à biseau………………………………....................……p. 10
2. Les instruments à anche………………………………………......…….p. 10
B. La Grèce………………………………………………..……………………..p.11
1. Chronologie…………………………….....……………..…………….p. 11
2. Les instruments..........................................................................................p. 11
A. La lyre….......……………………………………………….…p. 11
B. La cithare……………………………………..…………….…p. 11
C. Le barbitos….…………………………………………………p. 11
D. L'aulos……...…………………………………………………p. 11
E. La salpinx……………...……...………………….…………...p. 12
F. L'hydraulos….......…………………………………………….p. 12
C. Rome…………………………………………………………..………………..p. 13
1. Petits repères chronologiques…………………....………………………p. 13
2. Les instruments....................................…………..………………………p. 13
a. La tuba…………………………….......…………………………p. 13
b. Le cornu……………………………….…………………………p. 13

87
c. Le lituus………………………………..……..………………….p. 14
V. LE MOYEN AGE....................................................................................................p. 15
A. Un peu d’histoire...........................................................................................p. 15
B. Les bas instruments.....................................................................................p. 15
1. Le luth......................................................................................................p. 15
2. La vièle à archet.......................................................................................p. 16
3. Les flûtes à bec.........................................................................................p. 16
4. Le psaltérion.............................................................................................p. 16
C. Les hauts instruments..................................................................................p. 17
1. Les buisines..............................................................................................p. 17
2. Les cornets à bouquins.............................................................................p. 17
3. La flûte traversière...................................................................................p. 17
4. Les cromornes..........................................................................................p. 18
5. La chalemie..............................................................................................p. 18
6. La cornemuse...........................................................................................p. 18
VI. LA TROMPETTE À TRAVERS LES ÂGES......…………………………p. 20
A. Petite explication sur les aérophones (les vents)………………….…………p. 20
1. Une perce cylindrique...............................................................................p.20
2. Une perce conique...................................................................................p. 20
B. La trompette sarrasine……………………………..…………………………p. 21
C. La trompette au Moyen Age……………………….…………………………p. 21
1. Le trompettiste de cour…………..…………..…………………………p. 21
2. Le répertoire……………………..……....……………………………..p. 22
D. La trompette à la Renaissance………………...…….………………………..p. 22
1. La trompette repliée en « S »…….…….………………………………..p. 22
2. La trompette à coulisse……….………………………………………..p. 23
3. Les trompettes des villes………...……………………………………..p. 23
4. Les trompettes de cour………......……………………………………..p. 23
E. La trompette baroque……………………………………………………….p. 24
1. La trompette de concert………..………………………………………p. 24
2. Gottfried Reiche (1667-1734).....….………..…………………………p. 24
3. La cour de France……….….........…………………………………….p. 25
4. Le répertoire………………..........…………………………………….p. 25
F. Le déclin de la trompette…………………………………………………….p. 25
1. La fin de l'Ancien Régime………………...…………………………..p. 25
2. Les différentes inventions avant le piston………........……………….p. 26
a. La trompette à boucher……………….………………………….p. 26
b. La trompette à clefs…………………..………………………….p. 26
3. Le piston……………….........………..……………………………….p. 27
G. La trompette moderne………………………………………………………..p. 28
VII. LES DÉBUTS DE L'ORCHESTRE………………………………………..p. 30
A. Étymologie……..………………………..…………………………………….p. 30
B. Un peu d'histoire..…………………………………………………………….p. 30
C. L'opéra…………...…………………………………………………………....p. 30
1. En Italie………………………………………………………………...p. 30
2. En France………………………………………………………………p. 31
VIII. LES CORDES FROTTÉES………………......……………………………..p. 33
A. Le violon……………………………………..………………………………..p. 33
1. La tenue du violon……….…….....……………………………………p. 36
2. Un peu de lutherie……....…….....…………………………………….p. 38

88
a. La lutherie complète……………………………………………..p. 38
b. La semi-lutherie………………………………………………….p. 38
c. La lutherie d'usine……………..…………………………………p. 38
3. Les cordes………………….............…………………………………….p. 40
4. L'archet......................................................................................................p. 40
B. Le violon alto……………….…………………………………………………..p. 41
C. Le violon ténor…….....…......………………………………………………….p. 41
D. Le violoncelle..........……………………………………………………………p. 41
E. Le violon basse....................................................................................................p. 41
F. La contrebasse....................................................................................................p. 41
G. La viole de gambe……………………...………………………………………p. 43
IX. DES CORDES PINCÉES……………………………………………….....…p. 44
A. Le luth…………………………………………………………………………..p. 44
B. Le chitarrone…………………………………………………………………...p. 44
C. La guitare……………………………………………………………………….p.45
X. LES CLAVIERS…………………………………………………………………p. 46
A. Le clavier……………………………..…………..…………………………….p. 46
B Le clavecin
1. Les origines...............................................................................................p. 46
2. Le clavecin en Italie…………..…………………………………………p. 47
3. Le clavecin dans les Flandres….........……...……………………………p. 47
4. Wanda Landowska (1879-1959)…..............…………………………….p. 47
C. Le virginal………...……...…………………………………………………….p. 47
D. L'épinette………...………….....……………………………………………….p. 49
E. Le clavicorde……...……………………………………………………………p. 49
F. Le piano………...……………..………………………………………………..p. 50
1. Les débuts en Italie………………………………………………………p. 51
2. En Allemagne et Autriche…….....………………………………………p. 52
a. Andreas Stein (1728-1792).....………………………………….p. 52
b. Ignaz Bösendorfer………………………………………………p. 53
3. En Angleterre……………………………………………………………p. 53
4. En France….......……………………………………….................……..p. 54
a. Sébastien Erard (1752-1831)…...................…………........…….p. 54
b. Ignace Pleyel (1757-1831)…..................……………………….p. 54
5. Les différentes formes de pianos..............................................................p. 56
a. Le piano table ou carré.................................................................p. 56
b. Les pianos verticaux.....................................................................p. 56
XI. QUELQUES INSTRUMENTS DE LA FAMILLE DES VENTS....... p. 57
A. L’orchestre.......................................................................................................p. 57
B. Le cor................................................................................................................p. 57
1. Bref historique...........................................................................................p. 57
2. Le cor d'invention......................................................................................p. 58
3. Le cor à tons de rechange..........................................................................p. 60
4. Les sons bouchés.......................................................................................p. 60
5. Le piston (rappel).......................................................................................p. 60
6. Le cor chez Mozart....................................................................................p. 61
C. Rappel des différentes flûtes………..…………………………………….p. 61
1. Les flûtes verticales……………………………………………...………p. 61
2. Les flûtes transversales………………………………………….……….p. 62
a. La flûte traversière.........................................................................p. 62

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b. Le piccolo......................................................................................p. 62
D. Le Hautbois………….………………………………......………...……….p. 63
E. Le hautbois d’amour....................................................................................p. 63
F. Le cor anglais……….………….…………………………………………..p. 63
G. Le basson.......................................................................................................p. 64
H. La clarinette……...….………….………………………………………….p. 65
La clarinette chez Mozart...............................................................................p. 65
I. Le cor de basset.............................................................................................p. 66
J. Adolphe Sax……………………………………………….………...…….p. 66
XII. LES INSTRUMENTS A PERCUSSIONS………………..……............................p. 69
A. Les idiophones...............................................................................................p. 69
1. Les cymbales..............................................................................................p. 69
2. Le gong.......................................................................................................p.69
3. Les cloches.................................................................................................p. 70
4. Le triangle..................................................................................................p. 70
5. Les xylophones..........................................................................................p. 70
a. Le xylophone (simple)........................................................................p. 70
b. Le marimba………..…………………………………………………p.70
6. Les métallophones.....................................................................................p. 71
a. Le glockenspiel...................................................................................p. 71
b. Le célesta............................................................................................p. 71
c. Le vibraphone.....................................................................................p. 71
B. Les membranophones...................................................................................p. 72
1. Les tambours américains............................................................................p. 72
a. Les congas..........................................................................................p. 72
b. Les bongos.........................................................................................p. 72
2. Les tambours européens.............................................................................p. 72
a. La caisse claire...................................................................................p. 72
b. La grosse caisse.................................................................................p. 72
c. Les tom-toms.....................................................................................p. 73
d. Le tambour de basque........................................................................p. 73
e. La timbale d'orchestre........................................................................p. 73
e
XIII. Le XX SIECLE : LES INSTRUMENTS INOUIS.................................p. 74
A. Le premier clavecin électrique........................................................................p. 74
B. Le télégraphe musical......................................................................................p. 74
C. Premiers sons enregistrés pour un spectacle.................................................p. 74
D. Le thérémine.....................................................................................................p. 75
E. Les ondes Martenot..........................................................................................p. 75
F. Le trautonium...................................................................................................p. 75
XIV. LES INCONTOURNABLES DU MIM……………..………………....….p. 77
A. La pochette…………..…..…………………....………………………………p. 77
B. La trompette marine....………………....………………….…………………p. 77
C. L'harmonica de verre..………..…….....…………………....………………..p. 78
XV. BIBLIOGRAPHIE ET EXTRAITS MUSICAUX............………………p. 79
XVI. CONSEILS POUR L'EXAMEN………………….……...….…..............…p. 85
XVII. TABLE DES MATIÈRES………...………………………………...………p. 86

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