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MISE AU POINT
Résumé
Les avancées récentes dans la compréhension du mécanisme d’action des glucocorticoïdes ont conduit à un regain
d’intérêt pour l’usage de ces médicaments dans le choc septique. Plusieurs travaux, tant expérimentaux que cliniques,
ont étudié les effets vasculaires des corticoïdes et leur impact sur la réponse vasomotrice aux catécholamines dans ce
contexte physio-pathologique.
Actualités et points forts. – 1) Sur les modèles expérimentaux, le prétraitement par les glucocorticoïdes améliore la
réponse vasculaire contractile à la noradrénaline ; 2) Chez le volontaire sain, l’administration d’hydrocortisone
immédiatement avant ou concomitamment à l’injection d’endotoxine prévient les altérations hémodynamiques induites
par l’endotoxine ; 3) Chez le patient en choc septique, l’administration de faibles doses d’hydrocortisone améliore la
pression artérielle moyenne par une augmentation des résistances vasculaires systémiques, ne modifie pas l’hémo-
dynamique pulmonaire, restaure la réponse pressive à la noradrénaline et à la phényléphrine et réduit la durée du choc.
Perspectives. – Les effets vasculaires bénéfiques des corticoïdes et leur impact sur la réponse vasomotrice aux
catécholamines pourraient influencer favorablement la mortalité du choc septique. © 2002 Éditions scientifiques et
médicales Elsevier SAS
choc septique / corticoïdes / essais thérapeutiques / études animales / études de pharmacologie clinique
Perspectives. – The beneficial cardiovascular effects of corticosteroids and their impact on the vascular response to
catecholamines may impact favorably on patients’survival in septic shock. © 2002 Éditions scientifiques et médicales
Elsevier SAS
animal studies / clinical pharmacology studies / controlled clinical trials / corticosteroids / septic shock
Après la découverte de la cortisone par Reichstein et dans la régulation de la réponse vasculaire à la noradré-
Kendall en 1937, la corticothérapie est devenue le naline et à l’angiotensine II, mais pas dans la régulation
traitement de référence de la plupart des maladies de la réponse vasculaire à la vasopressine. Ces effets du
inflammatoires. Ainsi, l’utilisation de corticoïdes pour cortisol sont probablement plus liés à l’activité gluco-
traiter les infections sévères était une pratique courante corticoïde qu’à l’activité minéralocorticoïde puisque la
jusqu’au milieu des années soixante-dix. En 1974, une balance sodée n’est pas modifiée par le RU 486 et que
revue systématique de la littérature concluait que cette l’administration d’un glucocorticoïde restaure la pres-
pratique ne reposait sur aucune évaluation rigoureuse sion artérielle et les résistances vasculaires à leur niveau
d’efficacité et de tolérance dans cette indication [1]. de base [8]. Des études réalisées chez le volontaire sain
Plusieurs essais thérapeutiques contrôlés, randomisés, confirment que les effets vasculaires du cortisol, admi-
ont alors été conduits pour évaluer l’efficacité et la nistré par voie orale, ne sont pas dépendants de l’activité
tolérance des corticoïdes administrés à fortes doses pen- minéralocorticoïde [9]. D’autres travaux montrent éga-
dant de courtes périodes. Ces études n’ont pas permis lement que l’hypertension induite par la prise de corti-
de montrer de réel bénéfice d’une telle stratégie et leurs coïdes ne résulte pas d’une activation du système
résultats ont abouti à l’abandon de la corticothérapie sympathique [10]. Une étude in vitro, réalisée sur des
dans le traitement des sepsis sévères [2]. Depuis quel- cellules de muscle lisse vasculaire d’aorte de rat, suggère
ques années, les résultats de nouvelles études contrôlées l’implication du système des phospho-inositides [11].
contre placebo, randomisées, ayant évalué l’efficacité et En effet, la stimulation des cellules musculaires lisses
la tolérance des corticoïdes administrés à faibles doses vasculaires par des concentrations physiologiques de
pendant de plus longues périodes (opothérapie substi- cortisol (0,02 à 5,0 µg/mL) entraîne une augmentation
tutive) ont conduit à un regain d’intérêt pour la corti- dose-dépendante d’inositol-1,4,5-trisphosphate
cothérapie chez les patients en choc septique dépendants (jusqu’à + 500 %) et une translocation de l’activité de
des catécholamines [3-6]. L’objectif de cet article est de la protéine kinase C calcium et lipide indépendante du
présenter une synthèse des connaissances sur l’impact cytosol vers le compartiment membranaire. Dans cette
des corticoïdes sur la réponse vasomotrice aux catécho- expérience, la stimulation des cellules musculaires lisses
lamines dans le choc septique. vasculaires par de l’adrénaline (10–9 à 10–5 mol/L)
n’entraîne aucune modification des concentrations
EFFETS VASCULAIRES DES CORTICOÏDES d’inositol-1,4,5-trisphosphate. Par contre, l’incubation
EN DEHORS DU SEPSIS SÉVÈRE des cellules musculaires lisses vasculaires avec du corti-
sol (0,2 µg/mL) puis de l’adrénaline (10–7 mol/L)
Les effets des corticoïdes sur la pression artérielle sont entraîne une augmentation des concentrations
connus depuis longtemps. En effet, l’hypertension arté- d’inositol-1,4,5-trisphosphate plus importante qu’avec
rielle est une complication classique de l’excès de corti- le cortisol seul (+700 % versus +500 %). Cette action
coïdes et l’hypotension artérielle est un signe du cortisol sur les concentrations d’inositol-1,4,5-
traditionnel de l’insuffisance surrénale. Chez le chat et trisphosphate peut influencer la concentration de cal-
le chien, l’administration de cortisol ou d’aldostérone cium libre intracellulaire et donc la contraction des
augmente la réponse vasoconstrictrice à l’adrénaline cellules musculaires lisses vasculaires.
[7]. Chez le rat Wistar, le blocage des effets du cortisol
endogène par l’administration de RU 486, un antago- EFFETS CARDIOVASCULAIRES DES CORTICOÏDES
niste du récepteur aux glucocorticoïdes, s’accompagne DANS LE SEPSIS SÉVÈRE
d’une baisse de 20 mmHg de la pression artérielle
moyenne. L’hypotension résulte uniquement d’une Modèles animaux de choc septique
baisse des résistances vasculaires périphériques puisque
le débit cardiaque n’est pas modifié [8]. Ce résultat L’injection répétée de doses sublétales de LPS induit,
démontre l’implication du cortisol endogène dans le chez le rat anesthésié, un phénomène de tolérance
maintien du tonus vasculaire et de la pression artérielle cardiovasculaire au cours duquel l’injection d’une dose
dans des conditions normales. Le même travail démon- létale de LPS n’entraîne ni le décès de l’animal ni de
tre également que le cortisol endogène est impliqué modification hémodynamique. Ce phénomène de tolé
Effets vasculaires des corticoïdes 113
rance est dépendant du cortisol endogène [12]. Dans ce une heure après une injection locale d’endotoxine [16].
modèle, l’administration intraveineuse de LPS d’E. coli L’administration de LPS induit une importante altéra-
entraîne in vivo une baisse prolongée de la pression tion de la réponse contractile veineuse à la noradréna-
artérielle moyenne et in vitro une diminution de la line. L’administration préalable d’hydrocortisone réduit
réponse contractile des anneaux aortiques à la noradré- l’effet du LPS. Ainsi, l’Emax (effet vasoconstricteur maxi-
naline. Ces effets s’accompagnent d’une augmentation mal, exprimé en pourcentage des valeurs contrôles)
de l’activité tissulaire de la NO-synthétase inductible. une heure après injection de LPS était en moyenne égal
L’hyporéactivité des anneaux aortiques à la noradréna- à 52 % chez les sujets non traités par hydrocortisone et
line est en partie annulée par l’administration préalable, à 70 % chez les sujets traités. L’administration de
in vivo, d’un inhibiteur de la NO-synthétase. Par L-NMMA (inhibiteur de la NO-synthétase) ou d’aspi-
ailleurs, si les animaux sont traités par des injections rine (inhibiteur de la cyclo-oxygénase de type 2) ne
intrapéritonéales de faibles doses de LPS pendant les modifie pas l’effet du LPS. Ceci suggère que l’amélio-
quatre jours qui précédent l’administration intravei- ration, par l’hydrocortisone, de la réactivité vasculaire à
neuse de LPS, celle-ci n’entraîne plus d’hypotension la noradrénaline n’est pas liée à l’inhibition de la
artérielle et d’hyporéactivité des anneaux aortiques à la NO-synthétase ou de la cyclo-oxygénase de type 2. Les
noradrénaline. Chez les animaux ainsi rendus tolérants mécanismes possibles de l’effet de l’hydrocortisone sont
à l’endotoxine, l’activité tissulaire de la NO-synthétase le blocage d’une stimulation directe de la guanylate
inductible est réduite de 63 % par rapport aux valeurs cyclase ou d’une production locale de facteur agrégant
observées chez les animaux non tolérants. Parallèle- plaquettaire, de leukotriènes, de cytokines ou d’autres
ment, les taux plasmatiques de corticostérone sont aug- médiateurs de l’inflammation.
mentés d’un facteur neuf (par rapport aux valeurs Dans une autre étude, l’hydrocortisone a été admi-
basales) dès la deuxième heure suivant l’injection de nistrée en perfusion pendant six heures à 23 volontaires
LPS et demeurent en plateau pendant six à 24 heures. sains simultanément à ou immédiatement avant ou 6,
L’administration de RU 486 aux animaux tolérants a 12 ou 144 heures avant une injection intraveineuse de
pour effet de rétablir l’hypotension et l’hyporéactivité LPS [17]. Lorsque l’hydrocortisone est administrée
vasculaire ainsi que la production de NO-synthétase simultanément à ou immédiatement avant l’injection
inductible induites par l’endotoxine. En revanche, chez de LPS, elle prévient les modifications hémodynami-
les animaux non tolérants, le RU 486 n’induit aucun ques (baisse de la pression artérielle et accélération de la
effet vasculaire et ne modifie pas la production de fréquence cardiaque) et l’élévation des taux plasmati-
NO-synthétase inductible induite par l’endotoxine. ques d’adrénaline. Parallèlement, on observe une inhi-
Une autre étude sur le même modèle de choc endo- bition de la production de TNF-alpha. Lorsque
toxinique chez le rat anesthésié a montré que l’adminis- l’hydrocortisone est administrée six heures avant l’injec-
tration de dexaméthasone prévient l’hyporéactivité tion de LPS, elle n’a plus d’effet préventif. Lorsque
vasculaire à la noradrénaline [13]. Cet effet bénéfique l’hydrocortisone est administrée 12 ou 144 heures avant
de l’administration de corticoïdes semble dépendre de l’injection de LPS, on observe une augmentation de la
la libération extracellulaire de lipocortine-1 [14]. En réponse inflammatoire par rapport aux volontaires non
effet, la prévention, par l’administration de dexamétha- traités par l’hydrocortisone.
sone, de l’hypotension et de l’hyporéactivité vasculaire à
la noradrénaline induites par l’injection de LPS est Patients en choc septique
totalement inhibée par l’administration d’anticorps
anti-lipocortine-1. L’administration de cet anticorps Effets de l’hydrocortisone sur la réponse pressive
reverse également l’inhibition de la production de à un agent vasoconstricteur
NO-synthétase inductible induite par la dexamétha- Une étude sur neuf patients en choc septique a évalué la
sone, mais pas celle de la cyclo-oxygénase de type 2. relation entre l’existence d’une insuffisance surrénale
Enfin, les effets vasculaires des glucocorticoïdes sur les relative et la réponse pressive à la noradrénaline [18].
modèles expérimentaux de choc septique semblent éga- Chez les patients en choc septique, l’insuffisance surré-
lement liés à la diminution de la biodisponibilité de la nale relative était définie par une augmentation du
bioptérine [15]. cortisol inférieure à 9 µg/dL après un bolus de 250 µg
de SynacthèneTM [19]. Cinq patients présentaient une
insuffisance surrénale relative et quatre patients une
Injection d’endotoxine chez le volontaire sain fonction surrénale normale. Chez les patients ayant une
insuffisance surrénale relative, la réponse pressive à la
Les effets de l’administration par voie orale d’hydrocor- noradrénaline est globalement diminuée par rapport
tisone (100 mg) sur la réponse veineuse à la noradréna- aux patients ayant une fonction surrénale normale
line ont été étudiés chez cinq volontaires sains avant et (p = 0,038). Par exemple, la différence de pression arté
114 D. Annane et al.
rielle moyenne entre les deux groupes de patients est de huit heures pendant cinq jours chez 41 patients en choc
7 mmHg pour une dose de 0,05 µg/kg/min de nora- septique dépendants des catécholamines [3]. Dans cette
drénaline et de 20 mmHg pour une dose de 1,5 µg/kg/ étude, la pression artérielle moyenne augmente dans le
min de noradrénaline. Par ailleurs, l’augmentation groupe traité par hydrocortisone (augmentation maxi-
maximale de la pression artérielle moyenne induite par male de 10 %) alors qu’elle diminue dans le groupe
la noradrénaline est positivement corrélée à l’augmen- placebo (diminution maximale de 7 %). Parallèlement,
tation maximale de la cortisolémie induite par le Synac- les résistances vasculaires systémiques augmentent dans
thèneTM (r = 0,783, p = 0,013). Une heure après une le groupe traité par hydrocortisone et diminuent dans le
injection intraveineuse de 50 mg d’hydrocortisone, la
groupe placebo. Cette augmentation de la postcharge
réponse vasculaire à la noradrénaline est nettement
ventriculaire gauche sous hydrocortisone n’est pas
améliorée pour l’ensemble des patients (p = 0,032). Par
exemple, l’amélioration (versus avant hydrocortisone) accompagnée de modification du débit cardiaque.
est en moyenne de 10 mmHg pour une dose de Une seconde étude contrôlée contre placebo, rando-
0,075 µg/kg/min de noradrénaline et de 30 mmHg misée, en double-aveugle, a évalué les effets hémodyna-
pour une dose de 1,5 µg/kg/min de noradrénaline. miques d’une perfusion continue d’hydrocortisone à la
Enfin, après hydrocortisone, la réponse vasculaire à la dose de 0,18 mg/kg/h pendant six jours chez 40 patients
noradrénaline des patients ayant une insuffisance surré- en choc septique hyperdynamique traités par catécho-
nale relative est restaurée à un niveau équivalent à celui lamines [4]. Dans cette étude, la pression artérielle
des patients n’ayant pas d’insuffisance surrénale. moyenne est significativement plus élevée dans le groupe
Les effets d’un bolus de 50 mg d’hydrocortisone sur la traité par hydrocortisone dès le premier jour (en
relation dose de phényléphrine - effet sur la pression moyenne + 7 mmHg) et la différence persiste au cin-
artérielle moyenne ont été évalués chez 12 patients en quième jour (en moyenne + 8 mmHg). Parallèlement,
choc septique et 12 volontaires sains [20]. À l’état basal, les résistances vasculaires indexées sont plus élevées dès
l’administration d’hydrocortisone augmente significa- le premier jour (en moyenne + 260 dyne.s/cm5.m2) et
tivement la pression artérielle moyenne et diminue la la différence persiste au cinquième jour (en
fréquence cardiaque de façon similaire chez les volon- moyenne +369 dyne.s/cm5.m2). Contrairement à
taires sains et les patients. La phényléphrine augmente l’étude précédente [3], l’augmentation de la postcharge
de façon dose-dépendante la pression artérielle ventriculaire gauche s’accompagne d’une baisse du débit
moyenne. Cet effet est plus marqué chez les volontaires
cardiaque dans le groupe traité par hydrocortisone dès
sains que chez les patients, et, dans chaque groupe, plus
le troisième jour (–25 % versus + 6 % sous placebo).
marqué après hydrocortisone qu’avant. De plus, la dif-
férence entre les groupes augmente de façon dose- Par ailleurs, l’administration d’hydrocortisone
dépendante. L’administration d’hydrocortisone n’entraîne aucune modification significative des pres-
augmente davantage l’effet maximal de la phényléphrine sions auriculaire droite, artérielles pulmonaires, et capil-
(Emax) chez les patients que chez les volontaires sains laire pulmonaire, et des résistances vasculaires
(+ 97 % versus + 26 %, p = 0,028), ne modifie pas pulmonaires.
l’ED50 (dose de phényléphrine permettant d’obtenir Une troisième étude contrôlée contre placebo, rando-
50 % de Emax) et tend à normaliser la pente de la misée, en double-aveugle et en chassé-croisé a évalué les
relation dose – effet chez les patients. En fait, la relation effets hémodynamiques de l’administration en perfu-
obtenue après hydrocortisone chez le malade est assez sion continue de 300 mg par jour d’hydrocortisone
similaire à la relation obtenue avant hydrocortisone chez 40 patients en choc septique dépendants des caté-
chez le volontaire sain. Ces effets ne sont pas liés à une cholamines [5]. Dans cette étude, comme dans les deux
modification de la sensibilité du baroréflexe, ni à l’acti- précédentes, la pression artérielle moyenne et les résis-
vation des systèmes sympathique ou rénine - angioten- tances vasculaires systémiques sont significativement
sine, ni à l’inhibition de la NO-synthétase. augmentées dans le groupe traité par hydrocortisone
Effets de l’hydrocortisone sur les paramètres (en moyenne +9 mmHg et + 270 dyne.s/cm5.m2, res-
hémodynamiques systémiques et pulmonaires pectivement). Dans cette étude également, l’améliora-
Chez les patients en choc septique non traités par un tion de la postcharge ventriculaire gauche s’accompagne
vasoconstricteur, l’administration d’un bolus intravei- d’une réduction du débit cardiaque (–11 % ver-
neux de 50 mg d’hydrocortisone entraîne une faible sus + 9 % sous placebo). Ces effets hémodynamiques
élévation de la pression artérielle moyenne [18, 20]. sont parallèles à une diminution des taux plasmatiques
Une première étude contrôlée contre placebo, rando- de nitrates/nitrites suggérant une diminution de la pro-
misée, en double-aveugle, a évalué les effets hémodyna- duction de NO comme mécanisme possible de l’effet de
miques de 100 mg d’hydrocortisone toutes les l’hydrocortisone.
Effets vasculaires des corticoïdes 115
Tableau I. Études contrôlées contre placebo, randomisées, sur groupes parallèles ayant évalué les effets cardiovasculaires de l’hydrocortisone
en administration prolongée chez des patients en choc septique dépendants des catécholamines.
Étude Plan expérimental, nombre de Traitements Critères de jugement Résultats
centres et nombre de patients
Bollaert 19983 Randomisée Hydrocortisone 300 mg/j Durée du choc Réduction de la durée du
(100 mg i.v. bolus toutes les choc : médiane : 4 j sous
Double aveugle 8 h ) pendant 5 jours Mortalité hydrocortisone versus 13 j
sous placebo
Groupes parallèles placebo Complications Augmentation du taux de
survie à J28 : 68 % sous
2 centres hydrocortisone versus 27 %
sous placebo (NS)
41 patients Pas de complication
Briegel 19994 Randomisée Hydrocortisone 100 mg en Durée du choc Réduction de la durée du
30 min puis 0,18 mg/kg/h choc : médiane : 2 j sous
Double aveugle pendant 6 jours Mortalité hydrocortisone versus 7 j
sous placebo
Groupes parallèles placebo Défaillances d’organe Pas de différence sur la survie
à J28
1 centre Complications Réduction des défaillances
d’organe
40 patients Pas de complication
Chawla 19996 Randomisée Hydrocortisone 300 mg/j Durée du choc Réduction de la durée du
(100 mg i.v. bolus toutes les choc : médiane : 3 j sous
Double aveugle 8 h) pendant 5 jours Mortalité hydrocortisone versus 5 j
sous placebo
Groupes parallèles placebo Complications Augmentation du taux de
guérison à J3 : 70 % sous
1 centre hydrocortisone versus 33 %
sous placebo
44 patients Pas de complication
Effets de la corticothérapie sur la durée du choc groupe hydrocortisone versus 13 jours dans le groupe
Plusieurs études contrôlées contre placebo et randomi- placebo (p = 0,005).
sées ont évalué les effets de l’administration de corticoï- Dans la seconde étude [4], le taux de disparition du
des à fortes doses pendant une durée brève sur la durée choc au septième jour est de 85 % dans le groupe
du choc. Dans l’une d’entre elles, la guérison du choc a hydrocortisone contre seulement 60 % dans le groupe
été obtenue chez 58 % des patients sous corticoïdes placebo (p = 0,035). La médiane du délai d’arrêt du
contre seulement 38 % des patients sous placebo [21]. traitement par la noradrénaline est de deux jours dans le
Cependant, à l’arrêt du traitement, la différence entre groupe hydrocortisone et de sept jours dans le groupe
les deux groupes s’est estompée. placebo (p = 0,005).
Plusieurs études contrôlées contre placebo, randomi- La troisième étude [5] dont le schéma de type chassé-
sées, en double-aveugle ont évalué le bénéfice potentiel
croisé ne permet pas d’estimer les durées de choc sous
d’un traitement prolongé (trois jours ou plus) par de
hydrocortisone et placebo, indique néanmoins, qu’au
faibles doses (environ 300 mg par jour) d’hydrocorti-
sone sur la durée du choc chez des patients en choc troisième jour, avant changement du traitement, la
septique dépendants des catécholamines [3-6] (tableau dose cumulée de noradrénaline est significativement
I). réduite dans le groupe hydrocortisone par rapport au
Dans la première étude [3], les doses de catécholami- groupe placebo (–76 % versus –21 %, p = 0,0001).
nes sont significativement réduites dans le groupe traité Enfin la quatrième étude [6], confirme les résultats
par hydrocortisone par rapport aux patients sous pla- des précédentes. La proportion de patients guéris de
cebo dès les 24 premières heures (–40 % versus + 43 %, leur choc au troisième jour est de 70 % dans le groupe
p = 0,002). La proportion de patients dont le choc a hydrocortisone contre 33 % dans le groupe placebo
totalement régressé au septième jour est de 68 % dans (p = 0,001). La durée médiane de traitement par les
le groupe hydrocortisone contre 21 % dans le groupe catécholamines est de trois jours dans le groupe hydro-
placebo (p = 0,007). Enfin, la médiane du délai d’arrêt cortisone contre cinq jours dans le groupe placebo
du traitement vasopresseur est de quatre jours dans le (p = 0,005).
116 D. Annane et al.