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Biologie médicale

[90­10­0370]

11­Désoxycortisol

Jérôme Guéchot : Biologiste des Hôpitaux


hôpital Saint­Antoine, 186, rue du Faubourg­Saint­Antoine, 75012 Paris France

Résumé
Le 11­désoxycortisol (composé S) est un stéroïde intermédiaire dans la biosynthèse des glucocorticoïdes.
Précurseur du cortisol, il provient de la 17­hydroxyprogestérone par action de la 11­bêta­hydroxylase.
L'intérêt de son dosage réside dans le diagnostic et le suivi du traitement d'un déficit enzymatique
surrénalien en 11­bêta­hydroxylase à l'origine de l'hyperplasie congénitale des surrénales de l'enfant et
d'hyperandrogénies de la femme adulte.

La sécrétion, soumise au contrôle hypothalamo­hypophysaire via l'hormone corticotrope (ACTH), subit des
variations de sécrétion nycthémérales : maximale le matin (vers 8 heures) et minimale la nuit (entre 0
heure et 4 heures).

Le dosage du 11­désoxycortisol peut être réalisé dans le sérum ou le plasma en utilisant des méthodes
immunologiques par compétition (RIA). Il est réalisé dans le cadre du diagnostic des hyperplasies
congénitales des surrénales et des hyperandrogénies chez la femme.

La métopyrone inhibe la 11­bêta­hydroxylase et la conversion du 11­désoxycortisol en cortisol. Le test à la


métopyrone est un indicateur des réserves en ACTH.

© 2006 Elsevier SAS. Tous droits réservés.

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INTÉRÊT PHYSIOPATHOLOGIQUE

Le 11­désoxycortisol (composé S) est un stéroïde intermédiaire dans la biosynthèse des glucocorticoïdes.


Précurseur du cortisol, il provient de la 17­hydroxyprogestérone par action de la 11­bêta­hydroxylase.

Comme celle du cortisol, la sécrétion du 11­désoxycortisol est soumise à des variations nycthémérales
(maximale le matin vers 8 heures et minimale la nuit entre 0 h et 4 h).

L'hyperplasie congénitale des surrénales par déficit en 11­hydroxylase [2] affecte la voie de synthèse du
cortisol et de l'aldostérone secondairement (fig 1). La diminution de la sécrétion du cortisol, soumise à un
contrôle hypothalamo­hypophysaire induit par rétrocontrôle négatif une stimulation de la sécrétion d'ACTH
antéhypophysaire qui agit sur la surrénale en activant la synthèse des stéroïdes en amont du déficit
enzymatique sur la voie des glucocorticoïdes et sur la voie des minéralocorticoïdes. L'accumulation des
précurseurs qui s'ensuit provoque une augmentation de la production des androgènes par excès de
substrat. Lorsque le déficit atteint la voie des minéralocorticoïdes, l'hyperproduction de la 11­
désoxycorticostérone. Le dosage du 11­désoxycortisol permet le diagnostic de ce déficit enzymatique
responsable d'un syndrome de virilisation, accompagné ou non d'un syndrome de perte de sel nécessitant
un diagnostic néonatal précoce, de retards de croissance ou de virilisation chez l'enfant, d'hirsutismes et de
stérilités chez la femme.
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ÉTAPE PRÉANALYTIQUE

Milieu biologique et modalités de recueil

Sérum, plasma
Le dosage peut être réalisé sur sérum ou plasma, après une étape de purification associant une extraction
par un solvant (éther éthylique) et une séparation chromatographique.

Le sérum ou le plasma peut être conservé plusieurs jours à 4 °C, au moins 1 an à ­ 20 °C.

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TECHNIQUES DE DOSAGE ET PERFORMANCES DES TECHNIQUES


UTILISÉES EN PRATIQUE COURANTE

Dosage du 11­désoxycortisol plasmatique ou sérique

Le 11­désoxycortisol est dosé [1] en utilisant des méthodes radio­immunologiques par compétition. Les
anticorps utilisés sont obtenus par immunisation de l'animal au moyen de 11­désoxycortisol conjugué à
une protéine. Chaque immunsérum est caractérisé par son affinité vis­à­vis du 11­désoxycortisol et par le
taux de réaction croisée vis­à­vis des stéroïdes qui peuvent interférer dans le dosage. Les traceurs utilisés
sont des dérivés marqués du 11­désoxycortisol, au moyen d'un radioélément (tritium le plus souvent).

Performances des techniques


Les méthodes de dosage du 11­désoxycortisol fournissent des résultats acceptables en termes de
reproductibilité, mais il existe des écarts importants entre les méthodes utilisées.

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INTERPRÉTATION DES RÉSULTATS

Variations physiologiques, valeurs usuelles

Concentration plasmatique
Pour une interprétation pertinente des résultats, il est indispensable de bien connaître les conditions dans
lesquelles le prélèvement a été réalisé. L'heure de prélèvement doit être parfaitement connue, en raison
des variations nycthémérales de la sécrétion. Les traitements glucocorticoïdes doivent être impérativement
pris en considération en raison de leur action négative sur l'axe corticotrope.

Chaque laboratoire doit établir ses propres valeurs de référence. À titre indicatif, à 8 heures, elles peuvent
être inférieures à 25 nmol/L (8 ng/mL).

Test au Synacthène®
Il s'agit de la bêta­1­24­corticotrophine qui correspond aux 24 premiers acides aminés de l'ACTH et qui en
possède l'activité. Son administration provoque une stimulation surrénalienne avec augmentation de la
sécrétion du cortisol et de ses précurseurs.
®
Le test au Synacthène immédiat consiste à recueillir à 8 heures du matin un échantillon de sang, puis à
®
injecter 0,25 mg de Synacthène en intramusculaire ou intraveineux (0,25 mg/m2 chez l'enfant sans
dépasser 0,25 mg). Des prélèvements sanguins sont ensuite effectués, 30 et 60 minutes après l'injection.
Chez le sujet normal, la concentration du 11­désoxycortisol à 8 heures est normale et augmente de 1,5 à
2 fois au cours de l'épreuve. Dans les formes à révélation tardives des déficits en 11­hydroxylase, la
concentration de base du 11­désoxycortisol peut être normale ou augmentée mais la réponse à la
stimulation est toujours explosive.

Test à la métopyrone
La métopyrone inhibe la 11­bêta­hydroxylase et la conversion du 11­désoxycortisol en cortisol.
L'administration de métopyrone permet d'apprécier la réponse hypothalamo­hypophysaire à une
stimulation endogène. L'épreuve doit être réalisée en milieu hospitalier. Elle consiste à doser l'ACTH, le
cortisol et le 11­désoxycortisol le premier jour à 8 heures, à administrer 3 g de métopyrone, soit 12
comprimés à raison de 2 comprimés toutes les 4 heures le deuxième jour, à doser à nouveau l'ACTH, le
cortisol et le 11­désoxycortisol le troisième jour à 8 heures. L'absence de réponse permet de mettre en
évidence une atteinte hypothalamo­hypophysaire. Chez l'individu en bonne santé la concentration
circulante du 11­désoxycortisol est au moins multipliée par 10. Une réponse plus faible indique une
insuffisance surrénalienne.

Valeurs observées dans les pathologies les plus fréquemment rencontrées


L'intérêt du dosage du 11­désoxycortisol réside dans le diagnostic du déficit en 11­bêta­hydroxylase,
responsable de 3 à 5 % des cas d'hyperplasie surrénale congénitale.

Chez le nouveau­né, une élévation de la concentration circulante du 11­désoxycortisol (jusqu'à plus de


100 fois la valeur de référence) est caractéristique d'un déficit en 11­bêta­hydroxylase.

Dans les déficits de révélation tardive, à l'origine d'une hyperandrogénie chez la femme, la concentration
de base du 11­désoxycortisol peut être normale ou augmentée, mais la réponse à la stimulation par le
®
Synacthène est toujours explosive.

Références
[1] Fiet J, Galons H, Villette JM, Boudou P, Guéchot J, Gueux B , et al. Problèmes particuliers posés par
l'immunodosage des stéroïdes. Immunoanal Biol Spec 1994 ; 9 : 285­292
[2] Vexiau P Déficits enzymatiques corticosurrénaliens. (Éditions Scientifiques et Médicales Elsevier SAS,
Paris) (Ed.) Endocrinologie ­ Nutrition : 1992; 10­015­B­201­6.

© 2006 Elsevier SAS. Tous droits réservés.

Fig. 1 :
Fig. 1 :

Synthèse des stéroïdes surrénaliens au cours de l'hyperplasie congénitale des surrénales par déficit en 11­hydroxylase.

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