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ELECTROMYOGRAPHIE (EMG)

Objectifs
• Expliquer le principe de l’EMG
• Enumérer les différentes techniques de l’EMG
• Définir l’unité fonctionnelle du muscle
• Réaliser l’étude de conduction nerveuse motrice
• Réaliser l’étude de conduction nerveuse sensitive
• Définir la latence distale motrice
• Calculer la vitesse de conduction nerveuse motrice et sensitive (VCM, VCS)
• Enumérer les facteurs modifiants la VCN
• Analyser les principaux paramètres de la conduction nerveuse (latence distale, vitesse,
amplitude)
• Enumérer des exemples de pathologies pouvant modifier les paramètres de conduction
nerveuse

1- Définition
L’EMG regroupe l’ensemble des techniques permettant l’étude de l’activité électriquedes nerfs
périphériques et des muscles. Donc c’est un examen qui explore le fonctionnellement du
système nerveux périphérique.

2- Les principaux techniques


L’EMG regroupe deux volets:
2-1- L’étude de l’activité électrique musculaire ou EMG proprement dit, et ceci peut se
faire par deux techniques:

2-1-1- L’EMG élémentaire ou de détection: consiste à enregistrer l’activité électrique


d’une seule fibre musculaire à l’aide d’une électrode aiguille placée dans le
muscle.

2-1-2- L’EMG globale ou de surface: c’est l’enregistrement de l’activité globale de


tout le muscle par des électrodes de surface placées sur la peau en regard du
muscle à étudier.

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2-2- Etude de la conduction nerveuse ou neurographie
2-2-1- Conduction nerveuse motrice
Consiste à stimuler électriquement par une stimulation périodique un nerf, successivement sur
un point distal et sur un point proximal et recueillir deux potentiels moteurs (distal et proximal)
par des électrodes placées sur un muscle innervé par ce nerf. Cette technique est applicable pour
les principaux nerfs des membres supérieurs et inférieurs (médian, ulnaire, sciatique poplité
interne et le sciatique poplité externe). Elle permet d’étudier essentiellement la vitesse de
conduction nerveuse motrice (VCNM), les latences distale (LD)et proximale (LP) motrices
et les amplitudes des potentiels moteurs.

- La latence distale (LD) est le temps mis par l’influx pour arriver jusqu’au muscle. C’est
le temps de conduction nerveuse plus le temps de franchissement de la jonction
neuromusculaire.
- La VCNM est le rapport de la distance (D) entre le point de stimulation distale et le
point de stimulation proximale (en mm) sur la différence entre LP et LD (ms)

VCNM (m/s) = D (mm)/ LP –LD (ms)

2-2-2- Conduction nerveuse sensitive


Consiste à stimuler par une stimulation électrique continueun territoire sensitif d’un nerf et
recueillir, par des électrodes de surface placées sur le trajet de ce nerf, un potentiel sensitif. Il
existe deux méthodes:
 Méthode orthodromique: (direction physiologique) : stimulation distale et
recueil proximal
 Méthode antidromique: stimulation proximale et recueil distal

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Cette technique permet l’étude de la vitesse de conduction nerveuse sensitive (VCS), la latence
et l’amplitude du potentiel sensitif.
La VCS est le rapport de la distance D (en mm) entre le point de stimulation et le point de
recueil sur la latence distale (LD) en ms.
VCS (m/s) = D (mm)/LD (ms)
3- Rappel physiologique
3-1- Conduction nerveuse:
La cellule nerveuse (neurone) est polarisée présentant une différence de potentiel (ddp) de
repos de -70 mV.

Figure 1: potentiel de repos d’une fibre nerveuse


Elle caractérisée par :
3-1-1- L’excitabilité:
La modification du potentiel de repos suite à une stimulation électrique. Si cette stimulation est
suffisante, elle provoque l’apparition d’un potentiel d’action (PA) au niveau de la fibre
nerveuse.

Figure 2 : genèse d’un potentiel d’action (PA) au niveau de la fibre nerveuse

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3-1-2- La conductibilité :
Le neurone est capable de conduire le potentiel d’action généré le long de son axone. Cette
conduction se fait de deux façons :
• Une conduction de proche en proche qui se fait dans les fibres non myélinées. C’est
conduction lente (< 3 m/s).
• Une conduction saltatoire qui se fait dans les fibres myélinisées. C’est conduction rapide
(10 à 100 m/s).
La vitesse de conduction nerveuse est proportionnelle au diamètre de la fibre nerveuse à la
température et surtout à la myélinisation de la fibre.

Figure 3: conduction nerveuse dans fibres myélinisées et non myélinisées


3-2- Contraction musculaire
3-2-1- Phénomènes électriques
- Activation (reflexe ou volontaire) du motoneurone alpha innervant la fibre musculaire.
- - transmission synaptique au niveau la plaque motrice (synapse neuromusculaire). Cette
synapse est cholinergique.
- Genèse d’un potentiel d’action au niveau de la fibre musculaire

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3-2-2- Phenomènes biochimiques
- Sortie du calcium des citernes
- Formation des ponts entre l’actine et la myosine par l’hydrolyse de l’ATP et glissement
des myofilaments entre eux.

3-2-3- Phénomènes mécaniques


- Raccourcissement des sarcomères
- Développement d’une tension mécanique (force)

3-3- Unité motrice


C’est le motoneurone alpha et l’ensemble des fibres musculaires qu’il innerve.

Figure 4 : Unité motrice


C’est l’unité fonctionnelle de base dont l’activité est enregistrée par l’EMG. L’activité
électrique musculaire recueillie par l’EMG est formé d’un ensemble de potentiels d’unité
motrice (PUM).
3-4- Rapport d’innervation
C’est le nombre des fibres musculaires innervées par un seul motoneurone. Il est de 15 à 1500.
Il est d’autant plus faible que le muscle est impliqué dans des mouvements fins rapide et précis
(exemple muscle de l’oculomotricité).
3-5- Le recrutement
Pour augmenter la tension (force) développée par le muscle, il deux phénomènes qui se passent
simultanément:
- Le recrutement spatial: augmentation du nombre d’unité motrice activée
- Le recrutement temporel : augmentation de la fréquence de décharge de potentiels de
chaque unité motrice déjà activée.

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Ainsi l'évolution du tracé EMG en fonction de l'effort de contraction se fait comme suit:

- en l'absence de contraction musculaire (repos): absence d'activité électrique; tracé


isoélectrique

- effort de contraction faible: tracé simple: 4 à 5 unités motrices activées à une


fréquence de 5 à 8 PUM/s

- effort de contraction moyen: tracé intermédiaire: 10 à 20 unités motrices activées à


une fréquence de 20 à 30 PUM/s chacune

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- effort de contraction maximal: tracé interférentiel: toutes les unités motrices sont
activées simultanément avec une fréquence de 40 à 50 PUM/s; il devient malaisé de
distinguer le PUM d'une seule unité motrice

4- Manipulation:
L’enregistrement est réalisé grâce à au programme EMGNEURON-SPECTRUM.NET

4-1- Etude de la conduction nerveuse motrice du nerf cubital (ulnaire) droit.


- Presser le bouton examen nouveau
- Entrer les données concernant le sujet (nom, prénom, âge, poids, taille…)
- Presser le bouton VCM

- Placer l’électrode recueil sur l’éminence hypothénar droit


- Placer l’électrode terre entre le point de recueil et le point de stimulation

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- Stimuler le nerf ulnaire par des impulsions électriques brèves (chercher dans
stimulation périodique dans la barre d’outils) au niveau du poignet (Canal de Guyon,
point B). On note soigneusement sur la peau, à l’aide d’un crayon dermographique
l’emplacement de la stimulation
- stimuler ensuite le nerf ulnaire dans la gouttière olécrânienne (point A) et on note
de même le point de stimulation.
- Mesurer la distance entre les deux points
- Enter cette distance dans le tableau

Point A

Point B

Tableau I: la lance distale et vitesse de conduction nerveuse motrice normales des


principaux nerfs

Nerfs Latence distale (ms) VCNM (m/s)


Médian (avant-bras) <4 > 40
Cubital (avant-bras) <4 > 40
SPE <6 > 40
SPI <6 > 40

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4-2- Etude de la conduction nerveuse sensitive
- Enregistrer l’examen initial
- Utiliser des électrodes de stimulations de type bague
- Placer l’électrode de stimulation en regard de première phalange de l’auriculaire
alors que l’électrode de recueil est placée en regard du canal de Guyon
- P1 de l’auriculaire alors que l’électrode de recueil est placée en regard du canal de
Guyon.

Recueil

Stimulation

- Mesurer distance entre les points de recueil et les points de stimulation


- Calculer la vitesse de conduction sensitive
- Analyser l’amplitude du potentiel sensitif

Nerfs VCNS (m/s) Amplitude Segment Commentaire


(µV)
Médian > 40 > 15 Paume- orthodromique
>8 poignet
Doigt-poignet
Cubital > 40 > 10 Paume- orthodromique
poignet
Radial > 40 > 15 antidromique

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Musculo-cutané > 40 >5 Cheville antidromique
Saphène externe > 40 > 10 Antidromique
>5 orthodromique
5- Interprétation et analyse des résultats
5-1- Allongement de la latence distale
- Démyélinisation distale
- Compression nerveuse
- Bloc de conduction
Exemple : Allongement asymétrique de LD des nerfs médians: syndrome du canal
carpien

5-2- Réduction de la vitesse de conduction


- Démyélinisation distale
- Compression nerveuse
 Exemple: Bloc de conduction chez un patient souffrant d’une compression du
nerf cubital au coude : VCM au coude 23 m/s

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5-3- Réduction de l’amplitude
Atteinte axonale
 Perte des fibres nerveuses
 Réduction des UM
 Diminution de la réponse motrice
 Bloc de conduction distal
 Bloc de transmission musculaire sévère
Exemple : Diminution de l’amplitude des potentiels moteurs: patient atteint d’une
polyneuropathie axonale sévère

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5-4- Anomalies à l’EMG de détection à l’effort
- Atteinte neurogène

Recrutement pauvre simple accéléré chez un patient souffrant de sclérose latérale


amyotrophique (SLA) : Raréfaction des PUM et accroissement de la fréquence
des UM restantes

Recrutement intermédiaire à pauvre accéléré dans le jambier antérieur chez un


patient atteint d’une hernie distale L5-S1: Perte modéré d’UM fonctionnell
- Atteinte myogène

Recrutement excessif chez un patient atteint d’une polymyosite

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