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Etude sur l´historique

de la Coopération Allemande technique


dans le secteur agricole au Bénin

Rédigé pour le compte de

Mars 2023

par

Cotonou N RCCM RB\COT\21 B 29941


IFU 3202112931936
Tel : + 229 52 54 84 38 / 64 91 50 38
Mail : info@africonsult.de
Web: www.africonsult.de
Siège : C/647 Cadjehoun Azalokogon Institut Jean Paul II,
Tripostal 08 BP 369 Cotonou, Bénin
ABREVIATIONS

ABSSA Agence Béninoise de la Sécurité Sanitaire des Aliments


ACAD Association des Communes de l’Atacora et de la Donga
ACD Agents Communaux de Développement
ACMA Approche Communale du Marché Agricole
ADC Attestation de Détention Coutumière
ADeCoB Association pour le Développement des Communes du Borgou
AFD Agence Française de Développement
AFVA Association des Femmes Vaillantes et Actives
AGVSA Analyse Globale de la Vulnérabilité et de la Sécurité Alimentaire
AJAM Association des Jeunes Agriculteurs Modernes
AMSANA Appui Multisectorielle à la Sécurité Alimentaire et Nutritionnelle dans
l’Atacora
ANDF Agence Nationale du Domaine et du Foncier
ANJE Alimentation du nourrisson et jeune enfant
ANM Agence Nationale de Normalisation, de Métrologie et du Contrôle
Qualité
ARISA-B Appui au renforcement des institutions dans le secteur agricole au
Bénin
ASG Approche Systématique Groupée
ATDA Agence Territoriale du Développement Agricole
AVIGREF Association Villageoise de Gestion des Réserves de Faune
BML Bundeslandwirtschaftsministerium / Ministère fédéral allemand de
l'Agriculture
BMZ Ministère fédéral allemand de la Coopération Economique et du
Développement
BPA Bonnes Pratiques Agricoles
CAD Coopération allemande au développement
CAIG Crédit Achat Intrants groupé
CARDER Centre Agricoles Régionaux de Développement Rural
CBA Centre bénino-allemande d’aulacodiculture
CCC-SAN Cadre de Concertation Communal
CCCSAN Cadre de Concertation Communal de la Sécurité Alimentaire et de la
Nutrition
CCI Bénin Chambre de Commerce et d’Industrie du Bénin
CCR-B Conseil de Concertation des Riziculteurs du Bénin
CCSAN Cadres de concertation en sécurités alimentaire et nutritionnel
CDN Contribution Déterminée au niveau National
CD-SAN Cadre de Concertation Départemental de la Sécurité Alimentaire et
Nutritionnelle
CDSAN Cadre Départemental de Sécurité Alimentaire et de la Nutrition
CEE Communauté économique européenne
CENAGREF Centre National de Gestion des Réserves deFfaune
CEP Certificat d’Etudes Primaire
CeRPA Centres Régionaux de Promotion Agricole
CFA Franc de la Communauté financière africaine
CFD Code Foncier et Domanial
CNA Centres Nutritionnels Ambulatoires

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CNT Centres Nutritionnels Thérapeutiques
COP Climate Change Conference
CPC Cellules de Participation Citoyenne
CPFPA Centre Privé de Formation Professionnelle et d'Apprentissage
CPS Centres de Promotion Sociale
CQM Certificat de Qualification aux Métiers
CQP Certificat de Qualification Professionnelle
CR-CAN Coordination régionale du Conseil d’Alimentation et de la Nutrition
CSC Centres de Santé Communaux
CT Contrat Types
CVA Chaînes de valeur ajouté / Chaines de valeur agricole
CVD Comités Villageois de Développement
CVSAN Comité Villageois de la Sécurité Alimentaire et de la Nutrition
DDAEP Direction Départementale de l’Agriculture, de l’Elevage et de la
Pêche
DED Deutscher Entwicklungsdienst
DGFRN Direction Générale des Forêts et des Ressources Naturelles
DM Deutsche Mark
DPAF/MAEP Direction de la Planification, de l’Administration et des Finances du
Ministère de Ministère de l’Agriculture, de l’Elevage et de la Pêche
DSE Deutsche Stiftung für Entwicklung (frz. Institut allemand pour l'aide
au développement)
DSI Direction des Services Informatiques
EFTPA Enseignement Technique et Formation Professionnelle Agricole
ERP European Recovery Program
ESI Education Services International
FABI Fonds für Agrarpolitische Beratung und Innovation
FAC Facilitation d’accès au crédit
FADeC Fonds d'Appui au Développement des Communes
FANEPIA Formation en Analyse Economique et Planification des
Investissements Agricoles
FAO Organisation des Nations Unies pour l'alimentation et l'agriculture
FAP Femmes en âge de Procréer
FBS Farmer Business School
FDV Fonds de Développement Villageois
FECECAM Faitière des Caisses d’Epargne et de Crédit Agricole Mutuel
FEM Fonds pour l’Environnement Mondial
FFAC Fonds de Facilitation d'Accès au Crédit
FINSA Formation Internationale en Nutrition et Sciences Alimentaires
FNDA Fonds National de Développement Agricole
FNPS Bénin Fédération Nationale des Producteurs de Semence du Bénin
FNUAP Fonds des Nations Unies pour la Population
FSOA Fondations des Savanes Ouest Africaines
FUPRO-Bénin Fédération des Unions des Producteurs du Bénin
GAWI Garantie- und Abwicklungsgesellschaft
GCS Groupe Consultatif Soja
GCV Groupe Consultatif Volailles
GDT/ACC Gestion Durable des Terres/ Adaptation au Changement Climatique
GDT Gestion Durable des Terres

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GIC-WAP Gestion Intégrée du Complexe Transfrontalier W-Arly-Pendjari
GIZ Gesellschaft für Internationale Zusammenarbeit GmbH
GSEC Groupements de solidarité, d'épargne et de crédit
GTA Gender Transformative Approche
GTZ Gesellschaft für Technische Zusammenarbeit
IAB Interprofession de l’Aviculture du Benin
IDDS Individual Dietary Diversity Score
IdH Indice de développement Humain
INRAB Institut National des Recherches Agricoles du Bénin
InWEnt Internationale Weiterbildung und Entwicklung gGmbH
KfW Kreditanstalt für Wiederaufbau
LEA Laboratoire d’Ecologie Appliquée
LTA Lycées Techniques Agricoles
MAEP Ministère de l’Agriculture, de l’Elevage et de la Pêche
MASMF Ministère des Affaires Sociales et de la Microfinance
MCI Ministère du Commerce et de l’Industrie
MCVDD Ministère du Cadre de Vie et du Développement Durable
MDG Millennium Development Goals
MDGL Ministère de la Décentralisation et de la Gouvernance Locale
MESTFP Ministère des Enseignements Secondaire, Technique et de la
Formation Professionnelle
MPME Micros, Petites et Moyennes Entreprises
MS Ministère de la Santé
NDT Neutralité de Dégradation des Terres
ODD Objectifs de Développement Durable
ONAB Office national du bois
ONG Organisations non-gouvernementale
OPA Organisations Professionnelles Agricoles
OP-CIV Organisations Paysannes
PACC Adaptation de l'agriculture au changement climatique
PADDSA Programme d’Appui au Développement Durable du Secteur Agricole
PADéFiP Projet d’Appui au Développement des Filières Protéiques
PAGEFCOM Projet d'appui à la gestion des forêts communales
PAI Plan Annuel d’Investissement
PAPA Plantes Alimentaires Pluriannuelle
PAVICO Projet Autopromotion Villageoise dans les Communes
Décentralisées de l’Atacora
PDA Pôles de Développement Agricole
PDC Plan de Développement Communal
PEA Petites exploitations agricoles
PeBCO Promotion de l'épargne-Credit à Base communication
PFR Plan Foncier Rural
PGTRN Projet de Gestion des Terroirs et des Ressources Naturelles
PME Petite et Moyenne Entreprise
PNDF Programme National de Développement de Filière
PNDMA Programme Nationale de la Mécanisation Agricole
PNIASAN Plan National d'Investissements Agricoles, de Sécurité Alimentaire
et Nutritionnelle
PNUD Programme des Nations Unies pour le Développement

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PPAS Projet Régional de Promotion de l’Elevage de l’Aulacode en Afrique
au Sud du Sahara
PPEA Projet de Promotion de l’Elevage dans l’Atacora
PPEAu Projet Promotion de l’Elevage d’Aulacodes
ProACPA Projet d’Appui Conseil aux Politiques Agricoles
ProAgri Programme Promotion de l'Agriculture
ProCGRN Programme de Conservation et de Gestion des Ressources
Naturelles
ProCIVA Projet des Centres d’Innovations Vertes pour le secteur
Agro-alimentaire
ProFinA Projet de Promotion pour le Financement agricole
ProPFR Projet de Promotion d'une Politique Foncière Responsable
ProPOIL Projet de Promotion des organisations et initiatives locales
ProQUAL Projet de Renforcement de l’Infrastructure Qualité
ProSAR Programme de Sécurité Alimentaire et Renforcement de la
Résilience
ProSOL Programme de Protection et Réhabilitation des sols pour améliorer
la sécurité alimentaire
PTF Partenaires Techniques et Financiers
RBT-WAP Réserve de Biosphère Transfrontalière W-Arly-Pendjari
RC Relais Communautaires
RFA République fédérale d'Allemagne
SAN Sécurité Alimentaire et Nutritionnelle
SAP Sociétés africaines de prévoyance
SDE Services Déconcentrés de l’Etat
SDLP Services du Développement Local et de la Planification
SEWoH Sonderinitiative „EINE WELT ohne Hunger“ / "UN SEUL
MONDE sans FAIM"
SFD Services Financiers Décentralisés
SGM/MAEP Secrétaire Générale du Ministère de l’Agriculture de l’Elevage et de
la Pêche
SIM Systèmes d’Informations des Marchés
SIP Sociétés Indigènes de Prévoyance, de secours et de prêts mutuels
agricoles
SISAN Score Intégré de la Sécurité Alimentaire et de la Nutrition
SMDR Sociétés mutuelles de développement rural
SME Small and Medium-sized Enterprises
SMPR Sociétés Mutuelles de Production Rurale
SNAFOR Société Nationale pour le Développement Forestier
SONAB Société Nationale du Bois
SoNaMa Société Nationale de la Mécanisation Agricole
SP-CAN Secrétariat Permanent du Conseil National de l’Alimentation et de
la Nutrition
SRI Système de Riziculture Intensif
Svgf Sections Villageoises de la Gestion Foncière
SWOT Strengths, Weaknesses, Opportunities and Threats
TIC Technologies de l'information et de la communication
Treuarbeit Deutsche Revisions- und Treuhand AG
UAC Université d'Abomey-Calavi

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UCRT Union des Coopératives de la Région de Tori
UE Union Européenne
UNACREP Union Nationale des Caisses Rurales d’Epargne et de Prêt
UNAP-B Union Nationale des Aviculteurs Professionnels du Bénin
UNCPS Union Nationale des Coopératives de Producteurs de Soja
UNFSS Sommet des systèmes alimentaires des Nations unies
UNPS Union Nationale des Producteurs du Soja
UPC Bio Union des Producteurs de Cultures biologiques
VGGT Voluntary Guidelines on the Responsible Governance of Tenure
WASH Water, Sanitation and Hygiene
WOCAT World Overview of Conservation Approaches and Technologies

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5
REMERCIEMENTS

La Coordinatrice du Secteur Vert et son équipe ainsi que tous les chefs de projets du
Secteur Vert

Tarcisius AIYA, Modeste ALASSANI, Dr. Fortuné AZIHOU, Birgitta BAHNER, Bernd
BAUMANN, Andreas BECKERMANN, Günter DRESRÜSSE, Sylvestre
FANDOHAN, Michael LOSSNER, Jana NIEMANN, Charles KASSAVI, Dr. Christoph
KOHLMEYER, Dr. Hans-Joachim A. PREUSS, Dr. Reinhard SCHRAGE, Prof. Brice
SINSIN, Rudi SPIESS, Charlemagne WADIA, Ilona WEGENER, Christel WELLER-
MOLONGUA

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6
CONTENU

Table des matières


Introduction ................................................................................................................... 12
1. Le début de la coopération bénino-allemande ....................................................... 13
1.1. Premiers principes de la politique de développement .................................. 17
1.2. Début de la formation approfondie ............................................................... 18
1.3. Le secteur agricole ....................................................................................... 19
1.4. Sylviculture ................................................................................................... 20
1.5. Pêche ........................................................................................................... 20
1.6. Les premiers Accords de coopération entre la RFAet le Dahomey .............. 20
1.7. Premières coopérations ............................................................................... 21
2. Le projet de village de TORI-CADA - 1965 à 1973 ................................................ 22
2.1. Point de départ de la coopération dans un petit village au sud : Tori-Cada 23
2.2. Les trois villages modèles : Tori-Cada, Zounhoué, Akpé ............................. 25
2.3. Création des coopératives à Tori-Cada ........................................................ 28
2.4. Une méthode de plantation devient un conflit interculturel entre le groupe cible
et les experts allemands ............................................................................................ 30
2.5. Témoignages de Tori-Cada .......................................................................... 32
3. Interview avec le Conseiller Technique du MAEP, M. Sylvestre Fandohan ........... 34
4. De Tori-Cada au CARDER Atlantique : Extension régionale de la coopération
allemande ..................................................................................................................... 38
4.1. Histoire du Développement rural au Dahomey ............................................. 38
4.2. L’intervention de la Coopération allemande au niveau du CARDER Atlantique
39
4.2.1. Les objectifs généraux et sectoriels .......................................................... 41
4.2.2. Programme de soutien général aux structures du CARDER Atlantique ... 42
4.2.3. Le programme technique .......................................................................... 42
4.2.4. Le financement du Premier Plan d’Opération ........................................... 43
4.3. Les différents volets du CARDER Atlantique dans les années 80 ............... 44
4.4. La suite du parcours des CARDER de 1990 à 2013 .................................... 46
4.5. Autres acquis phares de la Coopération bénino-allemande au niveau du
CARDER Atlantique .................................................................................................. 47
5. Projet Promotion de l’Élevage d’Aulacodes (PPEAu) – 1983 – 2003 ..................... 48
5.1. La situation initiale ........................................................................................ 48
5.2. L’aulacode, une option d’avenir .................................................................... 48
5.3. Évolution de l’élevage des aulacodes .......................................................... 50
5.3.1. Phase pilote en station .............................................................................. 51

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7
5.3.2. Phase de pré-vulgarisation ....................................................................... 52
5.3.3. Vulgarisation en milieu paysan au Bénin et dans la .................................. 52
5.3.4. Ouverture vers l’extérieur .......................................................................... 52
5.3.5. Diffusion des connaissances au plan international à partir de 2001 ......... 53
5.3.6. La situation en 2003 .................................................................................. 54
5.3.7. Impacts écologiques ................................................................................. 55
6. Protection des Forêts Classées : Le projet bénino-allemand de reboisement ....... 55
6.1. Lancement du projet bénino-allemand de reboisement................................ 56
6.1.1. Première phase de développement : 1981/82 .......................................... 57
6.1.2. Début de la production : 1983/84 .............................................................. 57
6.1.3. Premier élargissement : Phase de développement II – 1985 - 1987......... 58
6.2. Les projets forestiers de la Coopération allemande depuis 1981 - un aperçu
63
7. Le Projet de Promotion de l’Elevage dans l’Atacora – 1983 - 2000 ....................... 65
8. Interview : Christel Weller-Molongua Responsable du programme « Projet de
Gestion des Terroirs et des Ressources Naturelles » (PGTRN) de 1998 à 2004 ......... 68
9. Le Projet Autopromotion Villageoise dans les Communes Décentralisées de
l’Atacora (PAVICO) ....................................................................................................... 77
10. Le Projet de Gestion des Ressources Naturelles (PGRN) .................................. 79
11. Le Programme de Gestion des Terroirs et Ressources Naturelles (PGTRN) ..... 81
12. Le Programme de Conservation et de Gestion des Ressources Naturelles
(ProCGRN) 2004 - 2011 ............................................................................................... 83
12.1. Les composantes du ProCGRN au cours de la première phase (janvier 2004
– juin 2007)................................................................................................................ 84
12.2. Les Composantes du ProCGRN au cours de la deuxième phase (juillet 2007
– février 2011) ........................................................................................................... 85
12.3. Projet « Parc Pendjari » - protection des ressources naturelles dans le nord du
Bénin 86
12.3.1. Parc Pendjari – une réserve de biosphère ............................................. 86
12.3.2. Parc national Pendjari - protégé conjointement au bénéfice de l´homme et
de la nature ............................................................................................................ 87
12.3.3. L’implication de la population villageoise au « Pendjari » ...................... 88
13. Projet de Promotion de l’Agriculture (ProAgri) .................................................... 90
13.1. Objectifs des quatre phases de ProAgri ....................................................... 90
13.2. Quelques résultats / impacts de ProAgri ...................................................... 93
13.3. Quelques acquis phares de ProAgri ............................................................. 94
13.4. Témoignages sur les acquis phares de ProAgri ........................................... 94
13.4.1. Acquis phare « ABC » ........................................................................... 94

Etude sur l´historique de la Coopération Allemande dans le secteur agricole au Bénin


8
13.4.2. Acquis phare « Plateforme » ................................................................. 96
13.4.3. Acquis phare « Smart Valleys » ............................................................. 98
14. Le Programme Réserve de Biosphère Transfrontalière W-Arly-Pendjari
composante Bénin (RBT-WAP) .................................................................................. 100
14.1. Structures de mise en œuvre au Benin ...................................................... 100
14.2. Partenaires de mise en œuvre au Bénin .................................................... 101
14.3. Objectifs et Produits du RBT-WAP ............................................................. 101
14.4. Principaux résultats du RBT-WAP au Bénin au niveau des aires protégées
102
14.5. Résultats au niveau des périphéries dans les communes riveraines ......... 102
14.6. Quelques impacts phares du RBT-WAP .................................................... 103
14.7. Facteur clé de succès du RBT-WAP .......................................................... 103
14.8. Témoignages sur les Acquis phares du RBT-WAP .................................... 103
14.8.1. Acquis phare « Reboisement / CVA » ................................................. 103
14.8.2. Acquis phare « Education environnementale » ................................... 106
14.8.3. Acquis phare « WAP Training » ........................................................... 107
15. « UN SEUL MONDE SANS FAIM » / SEWOH ................................................. 108
16. Protection et réhabilitation des sols pour améliorer la sécurité alimentaire (ProSOL)
111
16.1. Objectifs fixes de ProSOL .......................................................................... 111
16.2. Sols érodés ................................................................................................ 111
16.3. Sols lessivés .............................................................................................. 111
16.4. Sols entassés ............................................................................................. 112
16.5. Sols non fertiles .......................................................................................... 112
16.6. Les principaux succès du ProSOL ............................................................. 114
16.7. L’impact des mesures sur les revenus des agriculteurs ............................. 114
16.8. L’approche « AGRICULTEURS RELAIS » ................................................. 115
16.9. Accent sur les femmes agricultrices ........................................................... 115
16.10. Soutien de l'agriculture biologique .............................................................. 116
16.11. Chiffres clés de succès .............................................................................. 116
16.12. Les six acquis phares du ProSol ................................................................ 117
16.13. Témoignages de bénéficiaires du ProSOL ................................................. 118
16.13.1. Acquis phare « Le Biochar et Terra Preta » ......................................... 118
16.13.2. Acquis phare « Combinaison de mesures GDT/ACC » ....................... 120
16.13.3. Acquis phares « Intégration de la GDT/ACC dans l’Enseignement
Technique et Formation Professionnelle Agricole (ETFPA) » .............................. 121
17. Centre d’Innovations vertes dans le secteur agricole et agroalimentaire (ProCIVA)
123
Etude sur l´historique de la Coopération Allemande dans le secteur agricole au Bénin
9
17.1. Description sommaire ProCIVA .................................................................. 123
17.2. Processus d’implémentation du projet........................................................ 124
17.3. Quelques résultats de ProCIVA ................................................................. 125
17.4. Quelques acquis phares de ProCIVA ......................................................... 126
17.5. Quelques témoignages des bénéficiaires de ProCIVA ............................... 126
17.5.1. Acquis phare « SME Coaching and Business Loop ».......................... 126
17.5.2. Acquis phare « Crédit Achat Intrant Groupé et Inoculum de soja (CAIG) »
129
17.5.3. Acquis phare « BPA associées à l’inoculum de soja » ........................ 131
17.6. Pool de compétences en mécanisation agricole : Formation des formateurs du
Mono, Couffo et du Zou ........................................................................................... 132
17.7. La Formation en Entrepreneuriat agricole par l’approche SME Business
Training and Coaching Loop (SME Loop) ............................................................... 132
17.8. Protection de l’environnement et la préparation économique : la
commercialisation des foyers améliorés NANSU au Bénin ..................................... 133
17.9. Coopération ProCIVA – SoNaMA – ESI ..................................................... 134
17.9.1. Témoignages de la Coopération ProCIVA – SoNaMa - ESI ................ 134
18. Promotion du Financement Agricole au Bénin (ProFinA).................................. 135
18.1. Description sommaire du ProFinA .............................................................. 135
18.2. Mise en œuvre des activités du ProFinA .................................................... 137
18.3. Processus d’implémentation du projet........................................................ 138
18.4. Côté « offre » : les systèmes de financement décentralisés (SFD) et les
banques .................................................................................................................. 138
18.5. Côté « demande » : les agriculteurs, agricultrices, leurs organisations et les
PME 139
18.6. Quelques résultats / impacts de ProFinA ................................................... 141
18.6.1. Quelques Acquis phares ...................................................................... 142
18.6.2. Quelques témoignages des bénéficiaires de ProFinA ......................... 142
18.6.3. Le module de formation en analyse économique et planification des
investissements.................................................................................................... 147
19. Projet Promotion d’une Politique Foncière Responsable (ProPFR) .................. 148
18.1 Historique, contexte et justification .................................................................. 148
18.2 Organisation du projet ..................................................................................... 148
18.3 Méthodologie et résultats ................................................................................ 149
18.4. Facteur clé de succès : l’approche genre ....................................................... 150
18.4.1 Problématique foncière liée au genre ........................................................ 150
18.4.2. La Gender Transformative Approche (GTA) ............................................ 151
18.5. Impacts et durabilité ....................................................................................... 151

Etude sur l´historique de la Coopération Allemande dans le secteur agricole au Bénin


10
18.6. Quelques témoignages des bénéficiaires de ProPFR .................................... 153
18.6.1 Acquis phare « Approche Systématique Groupée » ................................. 153
18.6.2 Acquis phare « Gestion du pastoralisme » ................................................ 154
18.6.3 Acquis phare « Charte Nationale de la gouvernance foncière » ............... 155
20. Projet de Sécurité Alimentaire et Renforcement de la Résilience (ProSAR) ..... 156
20.1. Quelques témoignages des bénéficiaires de ProSAR ................................ 158
20.1.1. Acquis phare « Approche par cascade » ............................................. 158
20.1.2. Acquis phare « L’Outil SISAN (Score Intégré de la Sécurité Alimentaire et
de la Nutrition) » ................................................................................................... 162
20.1.3. Acquis phare « La promotion des jardins de case et des Plantes
Alimentaires Pluriannuelle (PAPA) à haute valeur nutritive »............................... 164
20.2. Impact général de ProSAR ......................................................................... 167
21. Projet d’Appui Conseil aux Politiques Agricoles (ProACPA) ............................. 169
21.1. Processus d’implémentation du projet........................................................ 170
21.2. Quelques résultats / impacts de ProACPA ................................................. 171
21.2.1. Appui du Groupe Consultatif Soja (GCS) et du Groupe Consultatif Volailles
(GCV) à l’amélioration du cadre général au sein de ces deux filières .................. 171
22. Projet de Renforcement de l’Infrastructure Qualité (ProQual)........................... 174
22.1. Témoignages sur l’Acquis phare de ProQUAL « Normes béninoises sur le soja
grain et ses produits dérivés »................................................................................. 175
ANNEXES .................................................................................................................. 178
Documents ................................................................................................................. 183
Rédaction ................................................................................................................... 184

Etude sur l´historique de la Coopération Allemande dans le secteur agricole au Bénin


11
Introduction

Vous avez sous les yeux le résultat d’un travail de plusieurs mois au cours desquels de
nombreux entretiens et des visites à travers tout le Bénin ont été menés.

Des recherches ont été effectuées dans les archives au Benin et en Allemagne afin d’y
retrouver des documents et des photos que l’on croyait perdus depuis longtemps. Pour
révéler en image les réalisations de la coopération bénino-allemande, des drones ont
même été utilisés.

L'horizon temporel remonte aux années soixante du siècle dernier, lorsque le Bénin
actuel s'appelait encore Dahomey et que la coopération internationale n'en était qu'à ses
débuts, y compris en Allemagne. Le président du Dahomey de l'époque, Hubert Maga, a
signé le premier accord de coopération avec la République Fédérale d'Allemagne le 19
juin 1961 à Porto-Novo. Cet accord a servi de base à de nombreux autres accords entre
le Bénin et l'Allemagne depuis.

Cette étude couvre donc soixante ans de coopération bénino-allemande. Bien entendu,
il n'est pas possible de rendre compte de l'intégralité de ces soixante années de
coopération en quelques pages. C’est pourquoi ce document reste une rétrospective
concentrée sur les projets les plus remarquables et les résultats exceptionnels.

Il en ressort, finalement, une image qui reflète l’intensité et le caractère exceptionnel de


la coopération germano-béninoise qui a permis d’améliorer de manière significative et
sur plusieurs générations, la vie de milliers de personnes au Bénin.

Etude sur l´historique de la Coopération Allemande dans le secteur agricole au Bénin


12
1. Le début de la coopération bénino-allemande

C'était une époque mouvementée au Dahomey, lorsque la Coopération allemande a fait


ses premiers pas dans le domaine de la promotion agricole et du développement rural
dans la jeune république au début des années soixante.

La République du Dahomey, nom officiel de l'actuel Bénin, venait d'être créée le 11


décembre 1958. Jusqu'à son autonomie en 1960, elle faisait encore partie de l'Union
française en tant que colonie du Dahomey. Elle a obtenu son indépendance totale le 1er
août 1960.

L'État nouvellement créé se considérait historiquement comme la suite du royaume du


Dahomey, né au 17e siècle, dont le territoire coïncidait en grande partie avec la
République du Dahomey. Seule la partie nord du pays, qui n'appartenait pas
historiquement au royaume, s'y ajoutait.

L’année 1960 a été un point de départ pour le Dahomey qui, après 80 ans de colonisation,
a pu réfléchir à un nouveau système de développement pour sa société. Grâce à
l'indépendance, le Dahomey était désormais libre de coopérer avec le(s) pays qu’il
souhaitait. Cela n'était pas possible auparavant1.

La République du Dahomey s'étendait alors sur 112.000 km² - un territoire national très
rural. Il n'y avait à l'époque que quelques villes à forte densité de population, surtout au
sud, sur la côte atlantique. Au début des années soixante, Cotonou comptait environ 70
000 habitants. Mais comme partout en Afrique subsaharienne, la population augmentait
à grande vitesse. En 1967, Cotonou comptait déjà 120 000 habitants2.

Ainsi, en 1961, le Dahomey comptait environ 2,1 millions d'habitants. En 1910, ce chiffre
était de 878.000 et quarante ans plus tard, en 1950, il avait presque doublé pour atteindre
1.528.000 habitants. Trente ans plus tard, en 1979, le nombre était de 3 331 0003.
Les périodes de doublement de la population ont été de plus en plus courtes. Aujourd'hui,
la République du Bénin compte plus de 13 millions d'habitants, dont la plupart vivent dans
la région agricole côtière et dans la région du sud du pays, qui s'étend sur environ 200
km à l'intérieur des terres.

Les premières années de l'indépendance du Dahomey ont été une période politiquement
agitée. C'était une période de découverte de soi et d'épreuve de force entre différents
courants politiques. Dans les années soixante, les gouvernements et les présidents du
Dahomey ont changé à plusieurs reprises - en 1963, 1965 et 1969, à la suite de coups
d'État militaires. Le conflit Est-Ouest s'est propagé jusqu'en Afrique et a entraîné les
sociétés postcoloniales du continent dans le tourbillon de la concurrence entre les
systèmes - la République du Dahomey n'y a pas échappé. Des gouvernements pro-
occidentaux et socialistes s'y sont succédés à plusieurs reprises jusqu'à ce que, après
un nouveau coup d'État perpétré en octobre 1972 par le général Mathieu Kérékou, ce

1 Origine de la coopération entre l'Allemagne et le Bénin, 1960 – 1975, Narcisse Dovenon ; p. 6.


2 Origine de la coopération entre l'Allemagne et le Bénin, 1960 – 1975, Narcisse Dovenon ; p. 9.
3 BOMBE DEMOGRAPHIQUE : la menace cachée pour le développement du Bénin ; CIPB.

Etude sur l´historique de la Coopération Allemande dans le secteur agricole au Bénin


13
dernier rebaptise trois ans plus tard, en 1975, l'ancien Dahomey en République populaire
du Bénin - un nom qu'elle conservera jusqu'en 1990, tout comme son président Kérékou.

Au début des années soixante, l'un des principaux objectifs du gouvernement dahoméen
concernant une coopération avec la République Fédérale d'Allemagne (RFA) était de
promouvoir l'industrialisation du pays par le biais d'investissements. C'est dans cette
intention que les accords entre le Dahomey et la RFA ont été signés. Fin 1966, les
promesses de projets de développement au Dahomey s'élevaient à près de 30 millions
de dollars et concernaient principalement des projets de construction de routes, des
mesures d'amélioration des structures agricoles et la mise en place de grandes
plantations de palmiers à huile. La Kreditanstalt für Wiederaufbau (KfW) a également mis
à disposition un crédit de 12 millions de DM (Deutsche Mark) pour la construction d'une
huilerie à Cotonou4.

Après le putsch du président Kérékou le 26 octobre 1972, la coopération entre le


Dahomey et la RFA s'est partiellement interrompue ou a été fortement réduite. Ainsi, les
années 1974 et 1975 sont considérées comme des années de grande instabilité et
d'interruption de la coopération5. La coopération bénino-allemande a retrouvé une
nouvelle dynamique à partir du début des années 90, dans le sillage de la
démocratisation politique au Bénin.

Le contexte politique parfois turbulent, avant et après l'indépendance du futur Bénin en


1960, n'a pas empêché différents acteurs internationaux d'entamer une coopération au
développement - ou les a même motivés à le faire. C'est ainsi que la RFA de l'époque a
commencé, fin des années cinquante / début des années soixante, à associer sa
politique étrangère au financement et à la mise en œuvre d'actions de développement.
La "coopération allemande au développement" (CAD), comme elle fut appelée plus tard,
était alors encore en cours d'élaboration et n'en était pour ainsi dire qu'à ses débuts.
Dans les années qui ont suivi la Seconde Guerre mondiale, la jeune RFA avait encore
beaucoup à faire avec elle-même et avec la construction de sa propre économie.

Au début, l'engagement public de la RFA en Afrique dans les années cinquante se


caractérisait surtout dans le domaine du financement à long terme des exportations et
consistait en des crédits, des garanties et des cautionnements d'exportation. En raison
de leurs risques économiques et politiques particuliers, les exportations vers les pays dits
en voie de développement étaient garanties entre autres par la KfW, à hauteur de deux
tiers du montant total via des garanties de risque.

Mais le conflit Est-Ouest et l'aide économique accrue de l'Union soviétique qui en a


résulté, ainsi que le développement de l'indépendance des colonies, qui gagnait en
dynamisme, et le fait que les pays non-alignés s'unissaient peu à peu pour former une
troisième force, ont graduellement placé la politique de développement dans le champ
de vision du gouvernement fédéral à partir du milieu des années cinquante.

Les députés du Bundestag de l'époque étaient également de plus en plus nombreux à


s'intéresser à la situation et aux problèmes des pays devenus indépendants en Asie, en

4 Origine de la coopération entre l'Allemagne et le Bénin, 1960 – 1975, Narcisse Dovenon ; p. 8.


5 Origine de la coopération entre l'Allemagne et le Bénin, 1960 – 1975, Narcisse Dovenon ; p. 9.

Etude sur l´historique de la Coopération Allemande dans le secteur agricole au Bénin


14
Afrique et en Amérique latine. En 1954 et 1955, ils avaient déjà discuté de la nécessité
d'un soutien financier et économique à ces pays dans le cadre des débats du Conseil de
l'Europe6.

Les années précédentes, de faibles montants avaient déjà été alloués à des mesures
humanitaires. Mais il s'agissait maintenant de donner un signal en matière de politique
étrangère, ce que le Bundestag a voulu faire en accordant un montant de 50 millions de
DM. Parallèlement, l'octroi de ce montant devait également permettre au gouvernement
fédéral de fixer des principes et des objectifs contraignants pour ces mesures. Le
montant avait été inscrit au budget du ministère des Affaires étrangères et c'est donc à
ce dernier que revenait la responsabilité de fixer de tels objectifs ainsi que de coordonner
et de mettre en œuvre des mesures de soutien concrètes. Le Bundestag allemand avait
donc pris l'initiative de l'aide publique allemande au développement, que le
gouvernement fédéral a lancée en adoptant la loi budgétaire le 24 juillet 1956 7.
Jusqu'alors, le terme "aide au développement" et l'expression "pays en développement"
n'étaient pas du tout répandus. Les parlementaires du Bundestag parlaient plutôt de
"développement économique des peuples étrangers". Au niveau international, le terme
"underdeveloped countries" était à l'époque très courant. Mais ce terme n'était
évidemment pas approprié, car ces pays étaient tout au plus sous-développés sur le plan
économique, mais en aucun cas sur le plan culturel. Par la suite, les politiques ont de
plus en plus adopté le terme de "pays en développement", forgé par le ministère des
Affaires étrangères8.

Au début des années 1960, le Fonds monétaire international, la Banque mondiale et la


Société financière internationale, ainsi que les États-Unis, ont exercé une pression
croissante sur le gouvernement fédéral pour qu'il s'implique davantage dans le
développement mondial.

Selon les estimations, on pouvait s'attendre à ce que la RFA verse à elle seule un
montant annuel d'environ 2,5 milliards de DM pour les prestations aux pays en
développement. En 1960, le ministre fédéral de l'Économie de l'époque, Erhard, souligna
au sein du comité de cabinet qu'il ne serait plus possible à l'avenir de répondre aux
demandes d'aide aux pays en développement sans prendre des mesures particulières
et que le monde libre devait se préparer à une sorte de "sacrifice d'urgence" 9. Les
premiers fonds pour "l'aide au développement" naissante de la RFA devaient d'abord
être mis à disposition par la création d'un "fonds de développement" uniquement à partir
du produit des intérêts du patrimoine de l'European Recovery Program10.

C'est ainsi qu'en 1959, la loi sur le plan économique ERP a mis pour la première fois
officiellement à disposition des fonds pour l'aide au développement11.

6 Voir à ce sujet les procès-verbaux des débats sur l'Europe au Bundestag allemand en 1954 et 1955.
7 Les débuts de la politique de développement de l'État allemand, Horst Dumke ; p. 8.
8 Les débuts de la politique de développement de l'État allemand, Horst Dumke ; p. 9 + p. 22.
9 24ème réunion du comité le 17 mai 1960 ; point 4 de l'ordre du jour.
10 Le fonds spécial ERP désigne un fonds spécial géré par l'État fédéral dans le cadre du Programme

européen de relance. Il a été initialement mis à disposition en 1948 sur la base du plan Marshall afin
d'encourager la reconstruction de l'économie allemande.
11 Procès-verbaux du cabinet, (1959) ; p. 129-131.

Etude sur l´historique de la Coopération Allemande dans le secteur agricole au Bénin


15
Le ministère fédéral de l'Économie et le ministère des Affaires étrangères ont élaboré
ensemble, la même année, un projet pour le comité du cabinet, qui l'a également
examiné. Ce document ne reconnaissait pas seulement l'obligation morale de la
République fédérale de fournir une aide au développement. Les deux ministères
recommandaient également de s'engager davantage, notamment dans l'intérêt de la
sécurité politique et du progrès économique, afin de lutter contre les tensions sociales
dans les pays en développement. Le volume et la nature de l'aide devaient être
suffisamment convaincants pour que les pays en développement n'aient pas besoin de
l'aide des pays socialistes. De ce point de vue, l'aide au développement était également
considérée comme une forme de défense12.

La tâche qui se présentait alors était entièrement nouvelle. En l'absence d'un ministère
spécifique à l'époque, toutes les décisions relatives à l'ampleur, aux types et aux priorités
de l'aide au développement, à l'utilisation des instruments de financement disponibles,
aux projets individuels importants et aux grands projets de planification ont été confiées
à un comité interministériel pour la politique de développement (comité directeur),
composé de représentants du ministère des Affaires étrangères, des ministères fédéraux
de l'Économie, des Finances, de la Propriété économique de l'État fédéral, du Travail et
des Affaires sociales et de l'Agriculture, de l'Alimentation et des Forêts, ainsi que de la
Banque fédérale allemande et de la KfW13.

Au cours d'une période de mise en place de plus de cinq ans, le ministère des Affaires
étrangères a toutefois défini les principes et les objectifs nécessaires en matière de
politique de développement et a mis en œuvre les premières mesures de soutien dans
différents pays en développement. Le ministère fédéral de la Coopération économique
(BMZ), créé le 14 novembre 1961 et dirigé dans un premier temps par Walter Scheel, a
pu profiter de ces expériences pour mettre en place et développer la politique de
développement allemande des décennies suivantes14.

Il n'y a pas que les hautes autorités qui ont dû être mises en place en fonction des
nouvelles tâches. Il fallait également des organisations professionnelles pour mettre en
œuvre les mesures dans les différents pays. Pour ce faire, il fut décidé d’avoir recours à
des organisations extérieures aptes à répondre aux exigences croissantes auxquelles
elles étaient soumises.

En effet, la Gesellschaft für Internationale Zusammenarbeit (GIZ) n'existait pas encore à


l'époque. Elle ne vit le jour que cinquante ans plus tard, en 2011, à la suite d'une fusion
entre la Gesellschaft für Technische Zusammenarbeit (GTZ), fondée en 1975,
l'Internationale Weiterbildung und Entwicklungs GmbH (InWEnt) et le Service allemand
de développement (Deutscher Entwicklungsdienst / DED), qui avait vu le jouren 1963.

Il fallait maintenant embaucher et envoyer du personnel compétent pour les différents


projets et livrer des équipements et autres matériaux. Avec la société "Treuarbeit"
(Deutsche Revisions- und Treuhand AG), fondée en 1923 et anciennement propriété du
Reich, il a été possible de trouver une société expérimentée dans ces deux tâches. Alors
que le ministère des Affaires étrangères déléguait le déroulement global des projets

12 28e réunion du comité, 20 septembre 1960 POJ 5.


13 28e réunion du comité, 20 septembre 1960 POJ 5.
14 Les débuts de la politique de développement de l'État allemand, Horst Dumke ; p. 8.

Etude sur l´historique de la Coopération Allemande dans le secteur agricole au Bénin


16
respectifs à la "Treuarbeit", sa filiale, la "Garantie- und Abwicklungsgesellschaft" (GAWI),
a été chargée en 1957 de résoudre les questions techniques qui y étaient liées. La GAWI
se chargeait de l'achat et de l'expédition des matériaux et des installations ainsi que de
la conclusion et de la surveillance des contrats d'entreprise et de service. La GAWI était
donc la société à laquelle incombait, en fin de compte, la mise en œuvre des mesures
de promotion15. La GAWI a donné naissance en 1975 à la GTZ, qui opère au Bénin
depuis 1978.

Le 24 juin 1963, le DED fut créé, à la suite du "Peace Corps" américain. Lors de la
cérémonie, le président fédéral en exercice Heinrich Lübke, le chancelier fédéral Konrad
Adenauer et Walter Scheel, en tant que ministre responsable de la coopération
économique, ont accueilli le président américain John F. Kennedy, à l'initiative duquel le
Corps de la Paix américain avait été fondé deux ans plus tôt. Un an plus tard, en 1964,
les 110 premiers "coopérants" partaient déjà pour la Tanzanie, la Libye, l'Afghanistan et
l'Inde. Deux ans plus tard, un millier de coopérants étaient déjà en mission dans 20
pays16. Le chiffre de 10 000 missions a ensuite été atteint en 1994. En 2011, le DED a
intégré la GIZ nouvellement créée - avec InWent et la GTZ.

1.1. Premiers principes de la politique de développement


Les premiers principes de la politique de développement élaborés par le ministère des
Affaires étrangères et portés à la connaissance des parlementaires dès 1956 avaient
pour objectif "d'améliorer le développement du niveau de vie de ces pays par la promotion
du potentiel disponible sur place et l'éducation à la planification et à l'action économiques
judicieuses, le gouvernement fédéral souhaitant réaliser cet objectif dans un esprit de
véritable partenariat et avec la participation permanente des gouvernements des pays
concernés"17.

Seules des mesures de soutien raisonnables en termes de politique de développement


ont un impact sur la politique étrangère

Les principes de la politique de développement stipulent que l'objectif de la politique de


développement est déterminant pour l'approbation d'un projet d'aide, et non un objectif
de politique étrangère réel ou supposé. Les projets inefficaces en termes de politique de
développement peuvent causer des dommages considérables en matière de politique
étrangère et remettre en question les mesures d'aide concernées. L'évaluation d'un
projet sous cet angle constituait donc le seul critère d'aide aux pays en développement.
En effet, seuls les projets d'aide raisonnables ont un impact sur la politique étrangère,
tandis que les projets prestigieux, réalisés le cas échéant pour des considérations de
politique étrangère, peuvent nuire à la fois à la politique étrangère et à la politique de
développement18.

15 Les débuts de la politique de développement de l'État allemand, Horst Dumke ; p. 41.


16 https://www.giz.de/entwicklungsdienst/de/html/59684.html.
17 Les débuts de la politique de développement de l'État allemand, Horst Dumke ; p. 9.
18 Les débuts de la politique de développement de l'État allemand, Horst Dumke ; p. 25.

Etude sur l´historique de la Coopération Allemande dans le secteur agricole au Bénin


17
1.2. Début de la formation approfondie

L'approbation des mesures de soutien n'impliquait pas seulement des décisions sur les
formes d'aide telles que l'assistance technique ou l'aide en capital, mais aussi l'examen
de la question de savoir si et comment les fonds de soutien de plus en plus importants
devaient être répartis au niveau régional et sectoriel ou si, le cas échéant, des priorités
devaient être fixées en matière de politique de développement. Ces priorités étaient elles-
mêmes déterminées par la mission et la forme de financement, et l'image suivante se
dessinait pour les grandes régions : pour l'Afrique, continent qui disposait à l'époque
d'une main-d'œuvre peu qualifiée, la priorité était donnée à l'aide à la formation et à
l'éducation19. Toutefois, ces priorités n'étaient pas figées, mais fluctuantes et
changeaient d'année en année. A partir de 1958, les fonds ont été répartis annuellement
en fonction de critères sectoriels et régionaux, sur la base d'une liste établie en fonction
de la politique de développement20.

Dans le décret du ministère des Affaires étrangères sur la promotion de la coopération


avec les pays en voie de développement, transmis le 9 octobre 1956 à toutes les
représentations diplomatiques et consulaires de carrière à l'étranger, on pouvait lire, en
référence aux 50 millions de DM alloués dans le budget 1956 pour des mesures de
promotion : "Les prestations allemandes ne sont en principe données que sur demande
des gouvernements souhaitant la coopération allemande". Il appartenait donc à chaque
gouvernement d'un pays de déposer une demande de mesures d'encouragement.
Toutes les demandes émanant de gouvernements avec lesquels la République fédérale
entretenait des relations diplomatiques étaient acceptées, leur refus ou leur modification
ne pouvant intervenir que sur la base d'une justification objective en matière de politique
de développement21.

Aujourd'hui encore, le gouvernement allemand considère que la politique de


développement est un élément fondamental de la politique globale en vue d'atteindre
l'objectif d'une paix mondiale. C'est pourquoi l'approche de la politique de développement
par projet a été transformée en une politique de développement planifiée à long terme
pour assurer l'avenir. Les objectifs de cette coopération allemande au développement
sont en premier lieu la lutte contre la pauvreté, la garantie de la paix dans les régions en
crise et l'organisation de la mondialisation par le biais des priorités que sont l'éducation
et la formation, l'environnement et la protection des ressources22.

Les conditions d'un échange élargi de biens et de services furent ainsi créées, ce qui
était dans l'intérêt des deux parties. Cette coopération au développement a également
renforcé la position internationale de la RFA. L'un des objectifs de la politique de
développement allemande au Dahomey consistait à encourager les investissements
privés. Cet objectif coïncidait avec la reconnaissance du fait que la position de l'économie
allemande sur les marchés mondiaux ne pouvait être assurée à long terme que par un
renforcement des placements de capitaux à l'étranger. Il y avait là de nombreux points

19 Les débuts de la politique de développement de l'État allemand, Horst Dumke ; p. 26.


20 Mémorandum du ministère des Affaires étrangères du 1.10.1958.
21 Les débuts de la politique de développement de l'État allemand, Horst Dumke ; p. 27.
22 Origine de la coopération entre l'Allemagne et le Bénin, 1960 – 1975, Narcisse Dovenon ; p. 7.

Etude sur l´historique de la Coopération Allemande dans le secteur agricole au Bénin


18
de convergence avec les intérêts du gouvernement du Dahomey, qui était intéressé par
le développement économique du pays23.

Dans les années soixante, les objectifs du plan pour le Dahomey étaient les suivants : le
remplacement de l'économie d'autosubsistance par une économie de transport basée
sur la division du travail, l'augmentation du niveau de production, l'amélioration des
conditions de vie en milieu rural et la mise en place d'une industrie de transformation des
produits locaux, ainsi que l'équilibre du budget de l'État24.

1.3. Le secteur agricole

Le secteur agricole joue un rôle décisif dans l'approvisionnement alimentaire des pays
en développement. La question qui se pose donc pour ces pays est de savoir si la
politique doit orienter le secteur agricole en premier lieu vers l'exportation ou vers
l'autosuffisance. Les pays qui dépendent des importations de denrées alimentaires sont
en concurrence avec d'autres pays sur le marché mondial pour l'achat de denrées
alimentaires. Les problèmes qui en résultent sont devenus particulièrement évidents au
Bénin entre 1972 et 1974, lorsque la production mondiale de denrées alimentaires a
fortement diminué. La production mondiale de riz a par exemple chuté de 14 millions de
tonnes, la production de blé s'est effondrée de 6 millions de tonnes (10 % des
exportations mondiales). La production de maïs a chuté de 1 million de tonnes. Les
catastrophes naturelles ont ensuite renforcé cette tendance par la suite.
Ce conflit entre l'orientation de l'agriculture vers l'exportation et la nécessité de
l'autosuffisance est souvent difficile à résoudre dans la réalité. Au Dahomey, les pouvoirs
publics intervenaient de multiples façons dans l'activité économique, par exemple en
fixant des contingents d'importation, des salaires minimums, des marges bénéficiaires et
des prix. L'agriculture était également la base de l'économie au Dahomey. La majeure
partie de la population travaillait dans l’agriculture et les produits agricoles constituaient
la majorité des biens exportés.

Dans les années soixante, l'un des principaux objectifs du gouvernement dahoméen était
d'industrialiser le pays. Il existait à l'époque de petites usines de transformation des
produits agricoles, comme des moulins à huile, deux savonneries, une brasserie.

En raison de la forme allongée du pays, le Dahomey possède deux zones agro-


climatiques. Dans la partie sud, deux saisons des pluies permettent également deux
récoltes par an. Dans cette zone fertile, qui représente environ 20 % de la superficie du
pays, on trouvait des palmiers à huile. C'est également là que se trouvaient les
principales zones de production de maïs, d'igname, de manioc, d'arachides et de
légumes. La production de ces produits représentait 90 % de la valeur de la production
agricole au Dahomey25.

Le coton, les produits du palmier à huile et les arachides étaient principalement destinés
à l'exportation. Le palmier à huile jouait un rôle prédominant dans l'économie du
Dahomey. D'une part, il assurait l'approvisionnement en huile de la population, d'autre
23 Origine de la coopération entre l'Allemagne et le Bénin, 1960 – 1975, Narcisse Dovenon ; p. 7.
24 Origine de la coopération entre l'Allemagne et le Bénin, 1960 – 1975, Narcisse Dovenon ; p. 21.
25 Origine de la coopération entre l'Allemagne et le Bénin, 1960 – 1975, Narcisse Dovenon ;p. 24

Etude sur l´historique de la Coopération Allemande dans le secteur agricole au Bénin


19
part, ses produits de transformation représentaient 67 pour cent de la valeur totale de
tous les produits d'exportation en 1967. La deuxième branche la plus importante était la
culture du coton, qui avait été négligée au Dahomey jusqu'en 1950, mais qui fut à
nouveau encouragée dans les années qui suivirent. En 1967, 12 300 tonnes de coton
brut ont été produites, dont 2 950 tonnes ont été exportées26.
Les graines de karité, les noix de cajou, le café et le tabac étaient de moindre importance.
Afin de promouvoir la production de produits agricoles générateurs de revenus, le
gouvernement avait mis en place des centres de développement rural, les "Centres
d'Action Régionale pour le Développement Rural" (CARDER). La coopération allemande
au développement a accompagné et soutenu les actions du CARDER Atlantique pendant
une longue période dans les années 70 et 80.

1.4. Sylviculture

Le Dahomey a été particulièrement touché par la forte diminution générale de la surface


forestière dans la zone forestière équatoriale. Seuls 5% des coupes de bois étaient du
bois d'œuvre, le reste servant principalement de combustible. Le bois d'œuvre abattu
était exporté27.
En raison des mauvaises conditions naturelles et de la forte densité de population dans
le sud pluvieux, la sylviculture était peu développée et même pour l'utilisation comme
bois de chauffage, il fallait encore importer du bois. Le gouvernement du Dahomey a
tenté de remédier à cette situation par des programmes de reboisement. La coopération
allemande au développement allait bientôt jouer un rôle important dans ce domaine.

1.5. Pêche
La pêche était très importante pour l'approvisionnement alimentaire de la population en
raison de l'alimentation peu diversifiée. La pêche était généralement pratiquée comme
activité secondaire dans les rivières, les lagunes et sur la côte. La pêche en haute mer
était limitée en raison d'un équipement insuffisant. Dans les années 60, entre 150 000 et
200 000 personnes vivaient de la pêche. La majeure partie du poisson était destinée à
la consommation intérieure, seuls quelques excédents étaient exportés vers les pays
voisins28. La coopération allemande au développement a contribué à la promotion de la
pêche lagunaire et maritime au Bénin par le biais du CARDER Atlantique.

1.6. Les premiers Accords de coopération entre la RFAet le Dahomey

Parmi les accords entre la RFA et le Dahomey, on peut citer l'accord économique,
l'accord de coopération technique et le protocole sur les accords maritimes du 19 juin
1961, ainsi qu'un accord d'aide en capital de 12 millions de DM pour un moulin à palmiste
en construction du 15 juillet 1963.

26 Origine de la coopération entre l'Allemagne et le Bénin, 1960 – 1975, Narcisse Dovenon ; p. 25 et suivantes.
27 Origine de la coopération entre l'Allemagne et le Bénin, 1960 – 1975, Narcisse Dovenon ; p. 27.
28 Origine de la coopération entre l'Allemagne et le Bénin, 1960 – 1975, Narcisse Dovenon ; p. 27.

Etude sur l´historique de la Coopération Allemande dans le secteur agricole au Bénin


20
Les accords et protocoles ont été négociés du 15 au 19 juin à Porto-Novo entre une
délégation gouvernementale allemande et dahoméenne, conduite par l'envoyé du
ministère des Affaires étrangères, Oskar Schlitter, du côté allemand, et par le ministre
des Finances et du Budget, Alexandre Adandé, du côté dahoméen. Le 19 juin, à Porto-
Novo, le président de la République du Dahomey, Hubert Maga, et le chef de la
délégation allemande ont signé solennellement les trois accords, dont l'accord de
coopération technique précité, en présence de l'ensemble du cabinet du gouvernement
dahoméen.

Dans l'accord de coopération économique et technique, les deux gouvernements ont pu


s'entendre sur la réalisation commune de certains projets de développement au
Dahomey. Cet accord n'était pas limité dans le temps et est donc toujours en vigueur
aujourd'hui.
Au cours de la négociation, la délégation allemande avait expliqué à la délégation
dahoméenne les principes de l'aide allemande au développement, notamment dans le
secteur des capitaux. Le gouvernement dahoméen avait ensuite informé la délégation
allemande des projets d'investissement qu'il souhaitait réaliser avec le soutien de l'aide
financière allemande. Des accords définitifs à ce sujet devaient être conclus
ultérieurement avec des représentants de la République du Dahomey29.

1.7. Premières coopérations

Les premières coopérations entre la RFA et le Dahomey ont été des aides financières
pour la construction d'une imprimerie d'État d'une valeur de 194.000 DM, d'une
installation de radiologie de 100.000 DM ainsi que d'une station de traitement de l'eau
potable d'une valeur de 90.000 DM. Pour la construction d'une usine d'huile de palme à
Cotonou, le Dahomey a reçu un crédit de la RFA d'un montant d'environ 12 millions de
marks. La France, ancienne puissance coloniale, a été le premier pays à fournir une aide
au développement au Dahomey, en mettant en œuvre un programme d'assistance
technique en plus de l'aide en capital. La plus grande partie des moyens mis à disposition
par la France pour le développement du Dahomey a été utilisée pour la construction du
port en eau profonde de Cotonou30.

29 Origine de la coopération entre l'Allemagne et le Bénin, 1960 – 1975, Narcisse Dovenon ; p. 34 et suivantes.
30 Origine de la coopération entre l'Allemagne et le Bénin, 1960 – 1975, Narcisse Dovenon ; p. 35 et suivantes.

Etude sur l´historique de la Coopération Allemande dans le secteur agricole au Bénin


21
INFOS STATISTIQUES
Le Dahomey de 1965 comptait environ 2,3 millions d'habitants.
Environ 750 Allemands vivaient déjà au Dahomey à cette époque.
La densité de population était de 20 habitants au km², ce qui correspond à la
moyenne de l'Afrique de l'Ouest.
Seuls 11 pour cent de la population vivaient dans les villes.
La capitale Porto-Novo comptait à l'époque 76 000 habitants ;
Cotonou 120 000.
Tiré de : Origine de la coopération entre l'Allemagne et le Bénin, 1960 – 1975, Narcisse Dovenon ; p. 9.

2. Le projet de village de TORI-CADA - 1965 à 1973

Point de départ de la Coopération allemande dans le domaine de l'agriculture et du


développement rural au Dahomey (futur République du Bénin).

"Sans autonomie alimentaire, pas d'indépendance économique, et sans indépendance


économique, toute l'indépendance ne sera qu'un vain mot".
Général Christophe Soglo, Président de la République du Dahomey
(du 28 octobre 1963 au 25 janvier 1964, puis du 22 décembre 1965 au 19 décembre
1967)

TORI-CADA
L'actuel Tori-Cada est l'un des six arrondissements de la commune de Tori-Bossito,
au sud du Bénin, à seulement 50 kilomètres de la plus grande ville du Bénin, Cotonou.
Elle compte environ 20 000 habitants répartis dans quinze villages, qui font tous partie
de l'arrondissement de Tori-Cada.
Comme il y a cinquante ans, les habitants de la région de Tori vivent principalement
de la production agricole, de la pisciculture. On trouve dans la commune de Tori-
Bossito de nombreux élevages de volailles, des piscicultures, de vastes plantations
d'ananas et des champs de maïs.
En raison de sa proximité avec Cotonou et de son beau paysage fertile, avec ses lacs,
ses rivières et ses petites forêts, un écotourisme se développe à Tori depuis quelques
années, attirant des visiteurs de la ville pour des séjours de week-end. Des touristes
internationaux visitent également la nature encore intacte de la région de Tori.
La commune de Tori-Bossito, dont fait partie Tori-Cada, s'étend sur 328 km² et compte
plus de 60 000 habitants.

Etude sur l´historique de la Coopération Allemande dans le secteur agricole au Bénin


22
2.1. Point de départ de la coopération dans un petit village au sud :
Tori-Cada
La petite localité idyllique de Tori-Cada est le point de départ de la coopération germano-
béninoise dans le domaine de l'agriculture et du développement rural. C'est ici que tout
a commencé, au début des années soixante du siècle dernier, précisément en 1965. Les
deux parties, tant dahoméenne qu'allemande, n'avaient guère d'expérience dans le
domaine de la coopération au développement. C'était comme un saut dans l’inconnu. En
effet, il n'y a pas eu de préparation interculturelle intensive au travail de projet, telle qu'on
la connaît aujourd'hui. Tant pour la partie allemande que pour la partie dahoméenne, tout
était en terrain inconnu, une situation à laquelle personne ne pouvait vraiment se
préparer. La connaissance mutuelle a eu lieu pendant la phase de projet en cours. Les
conflits et les problèmes étaient donc programmés et inévitables, mais n'avaient pas de
caractère déterminant pour le résultat.

En Afrique de l'Ouest, la République fédérale d'Allemagne a lancé des projets parallèles


dans trois pays voisins, le Ghana, le Togo et le Dahomey, au début des années 60, dans
le but de transformer des villages sélectionnés en "villages modèles" par une approche
de développement à grande échelle. Il s'agissait d'aider les villageois à améliorer leur
niveau de vie en créant des coopératives qui devaient permettre d'augmenter la
production pour les marchés agricoles et piscicoles31.

Des experts et des volontaires du DED, qui venait d'être créé, se sont rendus à Agou,
Nuatja, Kambolé (Togo), Tori Cada (Dahomey) et à Peki (Ghana). Il ne fait aucun doute
qu'il fallait beaucoup d'enthousiasme et d'idéalisme pour faire partie des premiers
Allemands à s'engager sur un chemin commun avec des personnes d'une culture
étrangère. Mais, par la force des choses, ils ont aussi été accompagnés de « vieux
présupposés européens qui les ont amenés à mal comprendre les pratiques et les
attitudes locales »32. La coopération au développement n'en était qu'à ses débuts et,
avec elle, la préparation des volontaires à leur mission.

En juin 1962, le gouvernement du Dahomey a demandé à des experts agricoles


allemands de l'aider à mettre en place une coopérative dans chacun des six
départements du pays. Cela a donné l'impulsion pour planifier le projet de village de Tori
Cada, qui a été coordonné par le BML (ministère fédéral de l'Agriculture) pendant les
phases de planification et de mise en œuvre de 1962 à 1963 et de 1965 à 1970, car le
BMZ (Ministère fédéral allemand de la Coopération économique et du Développement)
n'a obtenu le droit de réaliser des projets d'assistance technique qu'en 1964.

Celui-ci recommandait déjà en 1961 que les Allemands envoient le personnel et


l'équipement nécessaires, tandis que le gouvernement du pays d'accueil devait fournir le
terrain, construire des bâtiments et mettre à disposition des moyens de transport. En
outre, des logements et du personnel local devaient être mis à disposition et la franchise

31 Dramatizing Development : The Celebration and Reality of West German Village Projects in West Africa, 1962-1977,
John W. Weigel (2016) ; B.A., M.A., p. VI.
32 Dramatizing Development : The Celebration and Reality of West German Village Projects in West Africa, 1962-1977,

John W. Weigel (2016) ; B.A., M.A., p. 7.

Etude sur l´historique de la Coopération Allemande dans le secteur agricole au Bénin


23
douanière devait être garantie pour toutes les marchandises et tous les équipements
importés33.

Au début, il y avait encore des incertitudes quant à l'emplacement du projet. En effet, les
Suisses, également présents au Dahomey, étaient déjà actifs dans le nord. Il a donc été
envisagé d'implanter le projet allemand à proximité de Djougou. Mais le ministère de
l'agriculture du Dahomey estimait que le sud avait été négligé jusqu'à présent. Et c'est
ainsi que le chef de projet Zimmer a choisi la région de Tori et les villages de Tori-Cada,
Akpé et Zounhoué34.

Le projet "villages modèles" de Tori Cada a pu s'appuyer sur l'expérience acquise dans
le cadre du projet lancé un peu plus tôt au Togo. Cela a été un avantage pour le premier
responsable du projet à Tori-Cada, Balduin Zimmer.

Zimmer estimait qu'il était trop tôt pour mécaniser l'agriculture et préférait la création de
coopératives d'achat et de vente à celle de coopératives de producteurs. Il a encouragé
la production de denrées alimentaires et a relégué la production de coton au second plan.
Au lieu de cela, l'accent devait être mis sur la production de maïs. Des discussions ont
également eu lieu avec les agriculteurs de Tori-Cada. Zimmer estimait en effet que la
culture en ligne était plus efficace, mais les paysans ne voulaient pas l'adopter.

Au moins deux douzaines de coopératives villageoises ont été créées dans les trois
"villages modèles" et se sont regroupées au sein de l'union coopérative UCRT (Union
des Coopératives de la Région de Tori), également créée.

Bien sûr, l'objectif était que l'UCRT fasse un bénéfice. Mais c'est là que se situait le
problème. Les différentes directions de projet à Tori-Cada ont toutes travaillé à la
réalisation de cet objectif. Une équipe d'évaluation externe a finalement conclu qu'il y
aurait certes des bénéfices, "mais pas assez pour rester viable sans soutien extérieur"35.

Balduin Zimmer a soigneusement étudié et documenté la propriété foncière, les


méthodes de culture et la structure familiale de ses trois villages cibles. Ils devaient
devenir les cellules germinales d'un réseau plus large de coopératives, d'une
organisation centrale. Il ne s'agissait pas pour lui de coopérations de production, mais
plutôt de coopérations de commercialisation et de conseils aux agriculteurs sur leurs
propres parcelles36 . Les agriculteurs devaient être encouragés à cultiver davantage de
maïs. Zimmer mettait à disposition de meilleures semences, des engrais et des
pesticides et proposait de nouvelles techniques de culture.

33 Dramatizing Development : The Celebration and Reality of West German Village Projects in West Africa, 1962-1977,
John W. Weigel (2016) ; B.A., M.A., p. 19.
34
Dramatizing Development : The Celebration and Reality of West German Village Projects in West Africa, 1962-1977,
John W. Weigel (2016) ; B.A., M.A., p. 170.
35 Dramatizing Development : The Celebration and Reality of West German Village Projects in West Africa, 1962-1977,

John W. Weigel (2016) ; B.A., M.A., p. 35.


36 Dramatizing Development : The Celebration and Reality of West German Village Projects in West Africa, 1962-1977,

John W. Weigel (2016) ; B.A., M.A., p. 164.

Etude sur l´historique de la Coopération Allemande dans le secteur agricole au Bénin


24
Dès le début, Balduin Zimmer a planifié l'envoi des premiers volontaires du DED pour
qu'ils s'occupent du marketing, mais aussi de l'embellissement des villages, de
l'économie domestique, de la nutrition et des conseils en matière de santé.
Les membres du DED sont devenus un pilier important du travail : un chef d'unité du
BMZ a fait remarquer en 1968 : "Ils portent le projet."37

2.2. Les trois villages modèles : Tori-Cada, Zounhoué, Akpé


Les villages modèles originaux de Tori-Cada, Zounhoue et Akpé étaient tous situés dans
le même département de l'Atlantique et la même sous-préfecture d'Allada, à une
cinquantaine de kilomètres seulement de la ville côtière de Cotonou.

Zimmer a pris tout son temps pour connaître les villages et leurs habitants. Lui et deux
conseillers du ministère de l'agriculture dahoméen ont mis plus de deux mois pour visiter
chaque famille. Il en ressort que le nombre d'habitants à l'époque était respectivement
de 2 880, 1 637 et 23938.

La taille moyenne des exploitations était comprise entre 2,3 et 4,4 hectares. Dans les
deux premiers villages, il y avait deux travailleurs masculins par ménage, mais dans le
village d'Akpé, il n'y en avait que 1,3 de sorte que les familles y étaient nettement plus
pauvres, tant en terres qu'en travailleurs masculins.

Les familles ne vivaient pas dans des foyers centraux isolés, mais répartis sur quatre à
vingt des cabanes qui n'étaient accessibles que par une seule entrée. Les soi-disant
"concessions" comprenaient en moyenne environ quatre-vingts membres, voire cent
pour les plus grandes. Le chef de chaque grande famille jouissait d'une autorité presque
illimitée et était généralement l'homme le plus âgé et le plus grand propriétaire terrien.
Or, ces enquêtes élaborées à grands frais ont aidé à se faire une idée détaillée de
l'agriculture locale, qui occupait plus de quatre-vingt-dix pour cent de la population de
Tori Cada39.

La principale culture à Tori-Cada était le maïs. Les villageois le plantaient pendant la


saison des pluies en mars et avril et le récoltaient en août, puis le replantaient et le
récoltaient une deuxième fois en décembre. Les autres cultures étaient le manioc, les
haricots, les arachides, les palmiers à huile, le café et les bananes. Les villageois
élevaient des poules, des chèvres et des cochons.

Les pratiques agricoles étaient les mêmes dans les villages de Zounhoué et d'Akpé. Les
villageois y plantaient du maïs avec du manioc ou des palmiers à huile et, à Zounhoué,
du café et des palmiers à huile. Les terres non cultivées restaient en jachère pendant
quinze à vingt ans, tandis que la récolte sur les terres cultivées avait lieu deux fois par
an. Les femmes vendaient les produits, après les avoir achetées aux hommes, et s'en
nourrissaient, elles et leurs enfants.

37 Dramatizing Development : The Celebration and Reality of West German Village Projects in West Africa, 1962-1977,
John W. Weigel (2016) ; B.A., M.A., p. 164.
38 Dramatizing Development : The Celebration and Reality of West German Village Projects in West Africa, 1962-1977,

John W. Weigel (2016) ; B.A., M.A., p. 167.


39 Voir le rapport mensuel de Balduin Zimmer, août/septembre 1964, BArchiv B 213/4067.

Etude sur l´historique de la Coopération Allemande dans le secteur agricole au Bénin


25
En moyenne, une famille d'agriculteurs locaux cultivait environ deux hectares de
parcelles dispersées, parfois distantes de deux ou trois kilomètres, parfois de six ou sept
kilomètres. Cela prenait globalement beaucoup de temps. Les villageois devaient ainsi
consacrer beaucoup de temps et d'efforts pour ramener les récoltes chez eux sur leur
tête. Selon un calcul établi par Zimmer à titre d'exemple, une famille devrait consacrer
dix jours à la récolte probable de mille kilogrammes d'épis de maïs d'un champ de maïs
d'un hectare situé à six kilomètres - en supposant quatre tournées quotidiennes40.

Mais, malgré leur proximité avec Cotonou, les paysans n'ont pas prospéré. Lorsqu'ils
vendaient aux commerçants locaux juste après la récolte, ils devaient le faire à des prix
bas. Les commerçants pouvaient toutefois se retenir de vendre jusqu'à la veille de la
récolte suivante, lorsque les prix étaient à leur plus haut niveau.

Bien que les villages soient situés dans le sud pluvieux du Dahomey, il y avait un
problème d'eau à Tori Cada. Il n'y avait pas de puits. Les villageois devaient aller
chercher de l'eau, impropre à la consommation selon les normes européennes, à une
distance de quatre à dix kilomètres.
En raison de la mauvaise qualité de l'eau et d'une alimentation déséquilibrée, la
population souffrait de maladies de peau, d'anémie, de rachitisme et était sujette à la
malaria.
Enfin, les parasites ont consommé jusqu'à un quart du maïs pendant les trois mois de
stockage, une incitation supplémentaire à vendre juste après la récolte.

Zimmer a élaboré son concept pour Tori-Cada de manière presque autonome. Il a rejeté
les idées qui prévoyaient la création de coopératives de producteurs avec des tracteurs.
Il estimait que la mécanisation n'était pas encore praticable, car les rendements étaient
trop faibles et les coûts trop élevés. Les coûts des machines dépasseraient les
rendements d'environ 50 DM par hectare. Comme les fabricants de tracteurs du
Dahomey ne disposaient pas de services après-vente, il était difficile de se procurer des
pièces de rechange. Dans d'autres coopératives, les tracteurs restaient immobilisés
pendant des semaines, voire des mois, en raison de pannes ; et lorsqu'un tracteur était
utilisé pour le défrichage des terres, il devait être remplacé au bout de quatre ans
seulement. Zimmer savait aussi que les paysans du Dahomey n'aimaient pas les
coopératives de producteurs. Leur plus grande unité communautaire naturelle était la
famille élargie, et il était difficile de regrouper plusieurs familles en une "coopérative de
communauté économique"41.

Au lieu de cela, les coopératives de commercialisation devraient aider les agriculteurs à


assurer un revenu fiable à leurs exploitations familiales et à devenir plus
économiquement indépendants. Les coopératives devaient aider à compenser les
fluctuations de prix au cours de l'année et à devenir moins dépendantes des
commerçants locaux. L'idée : la construction et l'utilisation de silos pour stocker les
céréales pendant trois ou quatre mois après la récolte.

40 Dramatizing Development : The Celebration and Reality of West German Village Projects in West Africa, 1962-1977,
John W. Weigel (2016) ; B.A., M.A., p. 168.
41 Dramatizing Development : The Celebration and Reality of West German Village Projects in West Africa, 1962-1977,

John W. Weigel (2016) ; B.A., M.A., p. 171.

Etude sur l´historique de la Coopération Allemande dans le secteur agricole au Bénin


26
Les avances sur la récolte suivante encourageaient les agriculteurs à utiliser davantage
de terres en jachère et, le cas échéant, à les défricher. Les bénéfices étaient versés aux
membres des coopératives sous forme de marchandises ou pour l'achat de semences,
d'engrais et de pesticides, après la vente de la récolte et la déduction des avances. Outre
l'achat de machines à usage collectif, la coopérative devait également mettre en place
une forme de caisse d'épargne et de prêt. Ces prestations devaient être financées par
les fonds du projet - comme capital de départ42.

Le conseil et le développement agricoles devaient être complétés par l'intervention de


volontaires du Service Allemand de Développement DED qui conseilleraient la
population sur les thèmes de l'économie domestique, de la nutrition, de l'hygiène et de la
santé. Le DED s'est déclaré prêt à envoyer un menuisier, un forgeron, un mécanicien,
entre deux et quatre agriculteurs, une infirmière et une enseignante en économie
domestique.

Les quatre premiers volontaires du DED sont arrivés au Dahomey en octobre 1965. Ils
avaient auparavant atterri avec le premier chargé de mission du DED pour le Togo et le
Dahomey à bord d'un avion charter du DED à l'aéroport de Lomé, au Togo. Le chef de
projet Balduin Zimmer du projet "Tori-Cada" y a lui-même accueilli ses nouveaux
collaborateurs et s'est rendu en même temps avec eux à Cotonou43.

Jusqu'à ce que les premiers bâtiments de Tori-Cada soient prêts à être occupés au
printemps 1966, les quatre coopérants vivaient dans la maison du chargé de mission du
DED dans le quartier de la Haie-Vive à Cotonou. À cette époque, le siège du DED au
Dahomey était la chambre du chargé de mission, la caisse se trouvait sous le lit, trois
classeurs dans l'armoire. C'est ainsi que le DED a démarré au Dahomey44.

Au printemps 1966, Tori-Cada est devenu le lieu de résidence et de travail des


volontaires du DED et un lieu de coopération avec les autochtones. Plus tard, d'autres
antennes sont venues s'y ajouter. Au cours des années suivantes, à partir de 1967, 12 à
15 coopérants étaient toujours présents à Tori-Cada. Ils vivaient entre autres dans une
base que les autochtones appelaient "Yowo-hoko". Auparavant, ils venaient tous les
jours de Cotonou à Tori-Cada et repartaient le soir.

Le plan du chef de projet Zimmer prévoyait une rotation des cultures sur quatre ans,
commençant par avec des légumineuses, puis en alternant maïs, arachides, coton et
manioc. Des citernes et des puits ont été construits pour la production d'eau, afin que les
villageois n'aient pas à parcourir plusieurs kilomètres par jour, plusieurs fois par jour.
Cela devait leur laisser plus de temps pour d'autres tâches et améliorer leur santé
générale grâce à une meilleure eau.

42 Balduin Zimmer, Plan für deutsches Projekt, non daté, mais avec une lettre de la GAWI du 27 août 1964 ; de:
Dramatizing Development : The Celebration and Reality of West German Village Projects in West Africa, 1962-1977,
John W. Weigel (2016) ; B.A., M.A., p. 178.
43 Origine de la coopération entre l'Allemagne et le Bénin, 1960 – 1975, Narcisse Dovenon ; p. 49.
44 Origine de la coopération entre l'Allemagne et le Bénin, 1960 – 1975, Narcisse Dovenon ; p. 49.

Etude sur l´historique de la Coopération Allemande dans le secteur agricole au Bénin


27
2.3. Création des coopératives à Tori-Cada

Dans un premier temps, il s’agissait de créer de petites coopératives comprenant environ


quarante à cinquante fermes appartenant à quatre ou cinq grandes familles. Dans une
deuxième phase, trois coopératives devaient se réunir en un groupe pour partager une
menuiserie et une forge communes. Les groupes entretiendraient ensemble des séchoirs
afin que le maïs récolté ne doive pas sécher dans les champs, où il était vulnérable aux
parasites. Les coopératives fourniraient des silos métalliques pour protéger les céréales
des parasites, mais diversifieraient également leurs produits en stockant et en
transformant le café et les arachides.

Au cours de la dernière phase, quatre groupes se transformeraient en une fédération


dotée d'une organisation et d'un organisme centraux et d'un siège social. Il prévoyait
donc la création de douze coopératives au total. Chaque coopérative emploierait deux
personnes pour l'achat et la vente, deux ouvriers et un employé de bureau. Après trois
années supplémentaires, l'organisation pourrait alors mettre en place un fonds d'épargne
et de prêt. Les agriculteurs devaient avoir la possibilité d'apporter des parts dans les
coopératives en mettant à disposition leur main-d'œuvre.

Zimmer et ses experts en coopératives ont créé deux niveaux d'organisation : les
différents coopératives et la coopérative centrale, l’UCRT. Chaque coopérative avait un
conseil d'administration de trois membres, composé du président, du vice-président et
du secrétaire. Le président siégeait au conseil exécutif de l'UCRT, où il y avait trois
membres du conseil d'administration. Les premiers statuts officiels ont été enregistrés
auprès du gouvernement du Dahomey le 10 août 196645.

Une évaluation réalisée en 1972 a permis de documenter six coopératives enregistrées


avec 421 membres et 24 pré-coopératives46 avec 1508 membres. En 1972, Tori-Cada
comptait 31 coopératives avec un nombre inconnu de membres. Les coopératives étaient
réparties dans bien plus de trois villages. Ainsi, en 1968, le gouvernement du Dahomey
a répertorié cinq communes avec des coopératives : Tori Cada, Dohinouko, Azouhoué
Aliho, Azouhoué Cada et Soyo-Drabo. Le gouvernement a proposé d'ajouter 12 autres
villages (Adjadji Cossoé, Adjadji Batta, Adjadji Zoungomé, Azouhoué Houngbo,
Hèkandji, Tori Bossito, Gbovié, Honvié, Tori Gbégoudo, Agouako, Avamè et Tokoli).47

Les coopératives avaient essentiellement deux tâches principales : la première, et sans


doute la plus importante, consistait à acquérir les récoltes des membres contre le
paiement d'une avance, à les stocker pour les vendre et à trouver ensuite des acheteurs
appropriés.

En 1966, les installations de séchage et les silos livrés par l'Allemagne ont permis de
stocker plus de 200 tonnes de maïs. Celles-ci ont pu être vendues plus tard au double
de leur prix. Selon le chef de projet Tori-Cada, Balduin Zimmer, c'est au Dahomey que

45 Dramatizing Development : The Celebration and Reality of West German Village Projects in West Africa, 1962-1977,
John W. Weigel (2016) ; B.A., M.A., p. 175.
46 Les pré-coopératives devaient attendre un an avant de pouvoir s'enregistrer en tant que coopératives.
47 Dramatizing Development : The Celebration and Reality of West German Village Projects in West Africa, 1962-1977,

John W. Weigel (2016) ; B.A., M.A., p. 178.

Etude sur l´historique de la Coopération Allemande dans le secteur agricole au Bénin


28
le problème du séchage et du stockage du maïs a été abordé pour la première fois par
la coopération allemande dans le cadre du projet Tori-Cada48. Plus tard, les méthodes
de stockage ont également été améliorées et développées dans les projets suivants de
la coopération allemande, par exemple CARDER Atlantique.

La deuxième branche d'activité était la vente de marchandises à la population rurale dans


de petits magasins coopératifs. En février 1967, il y avait un chiffre d'affaires mensuel de
plus de trois cent mille CFA avec un assortiment de cinquante articles. Les acheteurs
économisaient cinq à trente pour cent du prix de détail, car la coopérative pouvait acheter
directement auprès des importateurs et des grossistes. Le répertoire de marchandises
comprenait du lait en poudre et des matériaux de construction tels que le ciment et la tôle
ondulée à prix coûtant, car ils étaient considérés comme importants pour le
développement du village. Parmi les autres articles, on trouvait du pétrole, des lampes,
du sel, du concentré de tomates, du savon et de la lessive, ainsi que la mouture du maïs.
Plus tard, on trouvait même des couteaux de brousse, des montres et des tissus49.

Parallèlement à la promotion de la création de coopératives, le développement


architectural du projet Tori-Cada a également progressé. En 1968, il y avait sur le site du
projet un immeuble de bureaux, une maison pour six personnes, un double hall avec un
atelier de mécanique et de menuiserie, un entrepôt de pièces détachées, un bureau
agricole, des entrepôts ainsi que l'entrepôt de la coopérative et un espace de vente. A
cela s'ajoutent des étables pour les porcs et les bovins, un petit entrepôt (en
construction), deux garages, une citerne, un poste de secours avec deux pièces
d'habitation, une salle de réunion qui servait également de salle d'attente pour le poste
de secours, un puits avec une motopompe et un raccordement d'eau au quartier général,
un puits avec une pompe manuelle ainsi qu'une place de lavage et une douche pour les
villageois.

Dans les autres villages, comme Zounhoué, il y avait également des maisons pour six
personnes, un hangar avec des silos à maïs, un puits et une citerne. D'autres villages
avec des puits, des citernes et/ou des entrepôts étaient Zoungoudo, Gbegoudo, Kanta,
Doinoko, Tanto, Azohé-Aliho et Azohé-Cada. Bien entendu, le nombre de bâtiments
nécessaires a augmenté avec le nombre de coopératives. Cela a conduit le chef de projet
Zimmer à dépenser trop en août 1968 et à demander une augmentation des fonds de 60
000 DM50.

Les dépenses totales pour les livraisons de matériel depuis 1960 jusqu'à 1968 inclus se
sont élevées à environ 1,8 million de marks. Comme la République fédérale participait à
hauteur de 34% aux dépenses de la Communauté économique européenne (CEE), les
dépenses totales de la République fédérale d'Allemagne de 1961 à 1968 se sont élevées
à environ 32 millions de marks. Durant cette période, 75 Dahoméens ont également été
formés en Allemagne dans différents métiers ; la durée de la formation était d'au moins
deux ans51.

48 Dahomey, Balduin Zimmer (1969) ; p. 54.


49 Dramatizing Development : The Celebration and Reality of West German Village Projects in West Africa, 1962-1977,
John W. Weigel (2016) ; B.A., M.A., p. 179.
50 Dramatizing Development : The Celebration and Reality of West German Village Projects in West Africa, 1962-1977,

John W. Weigel (2016) ; B.A., M.A., p. 181.


51 Dahomey, Balduin Zimmer (1969) ; p. 75 et suivantes.

Etude sur l´historique de la Coopération Allemande dans le secteur agricole au Bénin


29
2.4. Une méthode de plantation devient un conflit interculturel entre le
groupe cible et les experts allemands

Les paysans du Dahomey avaient l'habitude de ne pas semer les graines de maïs en
ligne, mais de les disperser. Cela a donné lieu à une discussion entre les experts et les
paysans allemands sur la variante de plantation la plus efficace. Le chef de projet Zimmer
était favorable à la plantation en ligne qui, selon lui, permettrait d'obtenir une récolte
d'environ 1874 kilos par hectare, contre 1152 kilos par hectare pour la plantation
dispersée. Mais il n'a pas tenu compte de la différence de charge de travail, qui était
nettement plus élevée dans le cas d'une plantation en ligne. On a rapidement reproché
aux agriculteurs qui voulaient s'en tenir à leur méthode de semis traditionnelle d'être "trop
paresseux". David Ogoundélé, un formateur du service agricole du Dahomey, a affirmé
que les paysans étaient en général convaincus de la rentabilité de la plantation en ligne.
Ceux qui ne l'étaient pas ne voulaient simplement pas "secouer leur paresse", mais ceux-
là aussi se laisseraient convaincre52.

Il aurait été possible de constater que le nombre d'heures de travail par kilogramme de
maïs était plus élevé avec la plantation en ligne qu'avec l'épandage. De plus, la plantation
en ligne sacrifiait les avantages de la culture intercalaire. En effet, les agriculteurs
plantaient le maïs avec du manioc ou des palmiers à huile. Mais l'importance de cette
pratique n'a pas été comprise par les experts. Ainsi, la culture intercalaire permettait de
combiner des cultures aux besoins nutritionnels différents, de lutter contre les ravageurs
ou les maladies et nécessitait moins de travail pendant la croissance de la plante. En
revanche, la culture en ligne impliquait des monocultures, ce qui rendait les tiges plus
vulnérables aux attaques de parasites. L'expérience du Kenya a montré que les souris
commençaient à se nourrir d'un bout à l'autre des plantations en ligne, ce qui entraînait
la perte de récoltes entières.

La possibilité que les paysans, avec leur connaissance des conditions locales et leur
expérience de plusieurs dizaines d'années, aient peut-être raison, est souvent passée
inaperçue dans la discussion. Il a parfois fallu apprendre à travailler "d'égal à égal" dans
le travail de conseil et à se défaire du "regard colonial"53.

Alors que les villages modèles au Togo ne se sont pas développés comme prévu, un
séminaire d'évaluation du DED à Cotonou en 1966 a révélé que le projet de "village
modèle" au Dahomey avait bien un caractère exemplaire. L'ambassadeur allemand de
l'époque, von Kameke, à Cotonou, a fait l'éloge du responsable pays du DED, Martin
Dietz, pour sa "manière habile et compréhensive de s'occuper de ses protégés (les
volontaires)", qui les a aidés à prendre une "initiative étonnante". En 1969, Dietz devint
chef de projet et succéda à Balduin Zimmer, qui reçut une distinction du gouvernement
dahoméen pour son travail à Tori et poursuivit son travail au Dahomey en tant que
conseiller du gouvernement à partir de novembre 1968.

52 Dramatizing Development : The Celebration and Reality of West German Village Projects in West Africa, 1962-1977,
John W. Weigel (2016) ; B.A., M.A., p. 179.
53 Dramatizing Development : The Celebration and Reality of West German Village Projects in West Africa, 1962-1977,

John W. Weigel (2016) ; B.A., M.A., p. 189.

Etude sur l´historique de la Coopération Allemande dans le secteur agricole au Bénin


30
Et effectivement, en 1968, les experts et les volontaires travaillent déjà à Tori Cada "avec
beaucoup de succès". Selon Zimmer, les récoltes ont augmenté et les revenus des
membres de la coopérative ont progressé. Les conditions de vie et de santé de la
population se seraient également améliorées. Ce qui a finalement été le point faible du
projet, fut la rentabilité de l'opération54.

Avant le lancement du projet, le ministère fédéral de l'Agriculture, alors responsable du


projet, prévoyait une durée supplémentaire de trois ans. Mais le projet Tori-Cada devait
prendre du temps, de 1965 jusqu'à sa livraison officielle en 1973. Au final, les avis étaient
partagés sur la rentabilité atteinte par l'UCRT.

Lors de la remise du projet le 28 mars 1973, le ministre du Dahomey pour le


développement rural et la coopération, le capitaine Mama Djougou, a souligné que les
membres de la coopérative devaient encore atteindre l'objectif de contribuer à
l'amélioration du niveau de vie de la population. Les perspectives à cet égard semblaient
fondamentalement positives : Le meilleur exercice de l'UCRT a été l'année 1971-72, au
cours de laquelle 8 261 000 CFA ont été réalisés. L'UCRT comptait 1500 membres lors
de la remise du projet55.

L'ambassadeur de la République fédérale d'Allemagne de l'époque, son excellence M.


Karl Wand, a souligné les réalisations humanitaires à Tori-Cada, telles que les conseils
en matière d'hygiène prodigués à 7500 personnes et les 16 000 traitements effectués
dans le dispensaire du projet. 42 kilomètres de piste ont été dégagés et rendus
praticables pendant la durée du projet, en partie par un travail entièrement manuel 56.

En fin de compte, l'UCRT a échoué notamment parce que ses membres ne respectaient
plus leur obligation de vendre la totalité de leur production de maïs à leur coopérative
locale. Au lieu de cela, ils ont vendu une grande partie de leur maïs sur les marchés
locaux ou à des intermédiaires. Ironiquement, certains négociants locaux ont alors tenté
de vendre à l'UCRT, ce que celle-ci a bien sûr refusé57.

Narcisse Dovenon parle du fait que "la naïveté avec laquelle on s'est engagé dans le
concept de village modèle du projet était également remarquable. Finalement, on s'est
rendu compte qu'on ne possédait pas le "modèle" ou du moins que les Africains ne le
percevaient pas comme un modèle"58.

Le projet Tori-Cada a été le tout premier projet germano-béninois ; le début d'une longue
expérience dans le domaine de la coopération au développement entre les deux pays.
Les expériences faites à Tori - positives et négatives - ont enrichi la coopération bilatérale
des décennies suivantes dans le domaine de l'agriculture et du développement rural.
Tori-Cada sera donc toujours considéré comme le point de départ de la coopération

54 Dramatizing Development : The Celebration and Reality of West German Village Projects in West Africa, 1962-1977,
John W. Weigel (2016) ; B.A., M.A., p. 183
55 DAHO-Express, Remise officielle des installations de l’Union des coopératives de Tori-Cada à l’Etat dahoméen, (29

mars 1973) ; p. 1.
56 DAHO-Express, Remise officielle des installations de l’Union des coopératives de Tori-Cada à l’Etat dahoméen, (29

mars 1973) ; p. 4.
57 Dramatizing Development : The Celebration and Reality of West German Village Projects in West Africa, 1962-1977,

John W. Weigel (2016) ; B.A., M.A., p. 199.


58 Origine de la coopération entre l'Allemagne et le Bénin, 1960 – 1975, Narcisse Dovenon ; p. 51.

Etude sur l´historique de la Coopération Allemande dans le secteur agricole au Bénin


31
allemande au développement, qui a contribué, tant du côté allemand que béninois, à
ajuster les futurs projets communs de coopération au développement. L'expérience
acquise dans ce petit arrondissement du sud du Bénin continue d'influencer la
planification et la mise en œuvre de la coopération au développement dans le domaine
de l'agriculture et du développement rural.

En s'appuyant sur l'expérience de Tori-Cada, un nouveau point de départ a été créé,


pensait-on, dans le projet de suivi de la coopération technique à vocation régionale. Dans
le CARDER Atlantique, la coopération allemande n'est plus seulement intervenue au
niveau des villages, mais aussi dans l'un des six départements (provinces) du Dahomey.
Ainsi, la coopération allemande n'a pas seulement élargi sa zone d'intervention en termes
de superficie et donc de quantité du groupe cible, elle a également diversifié et élargi ses
approches. À l'origine, l'engagement dans ce projet, né dans les années 70, devait être
porté en grande partie par le DED. Mais il est finalement devenu un projet géré par la
GTZ, avec toutefois une plus grande participation de coopérants59.

2.5. Témoignages de Tori-Cada

Victor Laly (78 ans), cultivateur demeurant dans le village Soklogbo, arrondissement Tori-
Cada : « Nous étions en 1965, il y avait la mission allemande qui était venue à Tori,
aujourd’hui arrondissement de Tori-Cada pour mettre sur pied l’UCRT. Chaque village
avait une coopérative et l’ensemble desdites coopératives étaient dirigées par les
allemands. Leur objectif premier était de mettre les producteurs ensemble afin de les
aider à vendre beaucoup plus facilement leurs produits avec pour objectif final de
développer l’agriculture sous toutes ses formes. À cet effet, après les récoltes, les
allemands achetaient chez nous les maïs encore frais. Ensuite, ils les séchaient avec
des machines de pointe, puis, les transportaient vers Cotonou à l’aide des grosses
remorques. À cette époque, le Premier Directeur ayant conduit la mission et coordonné
les activités s’appelait Balduin Zimmer. Dans cet élan de solidarité, les allemands nous
ont construit des pistes rurales, ils avaient même construit un hôpital où la population
venait se soigner gratuitement. C’était vraiment quelque chose de magnifique que tout le
monde a apprécié jusqu’à ce qu’ils décident de partir pour laisser place aux béninois pour
continuer la gestion. Mais ils revenaient en tant que partenaires pour nous appuyer. »

Jean Laly : Cultivateur demeurant dans le village Soklogbo, arrondissement Tori-Cada :


« Moi j’étais apprenti sur le chantier et le seul détenteur du Certificat d’Etudes Primaire
(CEP). Et vu ma manière de travailler, ils ont décidé d’envoyer quelqu’un en Allemagne
pour apprendre comment faire le séchage et le stockage de maïs. Puisque le maïs était
acheté frais. Or, c’était un allemand qui avait à charge cette tâche. D’où la nécessité
d’envoyer un fils de Tori en Allemagne pour se faire former au métier de séchage. À ce
moment, tout le monde voulait y aller et quand les allemands ont jugé que j’étais la
personne la mieux placée pour y aller, la jalousie s’est installée. Malgré les multiples
tractations pour m’empêcher de voyager, j’ai pu effectuer le voyage. Normalement, je
devrais faire 16 mois. Quatre mois pour apprendre l’allemand et 12 mois pour apprendre
la notion de l’électricité. Après les 16 mois passés en Allemagne, les patrons ont dit que

59Origine de la coopération entre l'Allemagne et le Bénin, 1960 – 1975, Narcisse Dovenon ; p. 51 et


suivantes.
Etude sur l´historique de la Coopération Allemande dans le secteur agricole au Bénin
32
je devais encore faire trois mois de plus pour être au top dans la formation. C’est ainsi
que j’ai passé 19 mois en Allemagne. Et quand je suis revenu, j’ai été nommé adjoint de
celui qui s’occupait du séchage des maïs. Je dois rappeler que ce sont les allemands qui
nous ont appris à fabriquer les fenêtres en bois. D’autres ont appris à faire la menuiserie.
Par contre d’autres se sont initiés à l’élevage des animaux. Je me rappelle que l’un de
nos frères, Germain Segla avait aussi voyagé en Allemagne pour apprendre le métier de
vétérinaire. A son retour, il était pratiquement le seul qui s’occupait des animaux. À vrai
dire, les allemands, nous avaient beaucoup aidé et jusqu’à aujourd’hui, on continue de
mettre en pratique certaines des notions que nous avions acquises chez eux. Quand leur
premier contrat avait expiré, ils ont dû le renouveler et quand le deuxième est arrivé à
terme, ils sont partis en laissant la place aux structures béninoises avec qui on avait
travaillé. »

Logbo Mathias : Brigadier-Chef de la Police Nationale à la retraite, demeurant dans le


village Zoungoudo, arrondissement de Tori-Cada : « Les allemands étaient arrivés vers
les années 1965-1966 et ils se sont installés à Yovohokon où ils ont organisé les
paysans, surtout les cultivateurs de maïs qu’ils finançaient. À la récolte, ils achètent tout
auprès des cultivateurs. Ensuite, les produits achetés sont séchés et transportés vers
Cotonou. Probablement pour les vendre ou les transporter vers l’Europe. Ils avaient
même des moulins à maïs pour moudre le maïs sur place qu’ils transforment en farine
de maïs qu’ils échangeaient contre du maïs. C’est dans ce cadre qu’ils ont même
construit un petit dispensaire pour soigner gratuitement les malades. Rappelons que de
la prise en charge, en passant par les médicaments, tout était fourni gratuitement. En
dehors de ça, les allemands initiaient les populations à d’autres activités comme
l’élevage, l’artisanat, la maçonnerie, etc. De même, ils traçaient les pistes rurales afin de
faciliter la libre circulation des personnes et des biens. Après plusieurs années, je crois
que leur premier contrat a expiré, puis ils l’ont renouvelé. Et par la suite, ils ont petit à
petit cédé les lieux aux structures étatiques qui ont pris la relève. Ils aidaient même les
producteurs à transformer le soja en huile de soja. De tout ce qui précède, il convient de
retenir que la mission allemande durant son passage à Tori-Cada a non seulement
révolutionné les choses mais aussi, amélioré considérablement les conditions de vie et
de travail des populations ».

Etude sur l´historique de la Coopération Allemande dans le secteur agricole au Bénin


33
3. Interview avec le Conseiller Technique du MAEP, M. Sylvestre
Fandohan

Actuellement Conseiller Technique au Cabinet du Ministre de l’Agriculture, de l’Elevage


et de la Pêche, Monsieur Sylvestre Fandohan est un vétéran du Secteur de l’agriculture
dans lequel il a fait un parcours professionnel exceptionnel.

Appelé à faire valoir ses droits à la retraite depuis quelques années, l’homme a été
rappelé par l’actuel Ministre béninois de l’Agriculture en qualité de Conseiller au regard
de ses riches expériences et connaissances. Au cœur des nombreux projets de la
Coopération technique allemande au Bénin pour avoir été soit concepteur ou
Coordonnateur, Monsieur Fandohan nous fait dans cet entretien à bâtons rompus, un
survol historique de la coopération allemande dans le secteur vert, de ses débuts à nos
jours.

Les activités de la coopération allemande au développement dans le secteur


agricole remontent aux années 1960. Pouvez-vous nous donner un bref aperçu des
principales réalisations et des résultats de la coopération technique allemande au
développement dans ce secteur ?

M. Fandohan : Je vais prendre deux exemples qui remonte aux années 1980 avec en
particulier deux projets qui ont laissé beaucoup de traces et qui sont surtout caractérisés
par leur durée. C’est l’engagement de la coopération technique allemande dans
l’économie du bois ; l’ONAB (Office National du Bois) est née dans la même période et
a vécu jusqu’en 2022 avant que l’Etat ne décide de la transformer en société (SONAB).

Avec une interruption dans les années 2001/2002, la production de teck a été
encouragée. Durant cette période, l'État et la GTZ ont discuté de la privatisation de la
branche industrielle de la filière bois, qui se trouvait à Saclo, un arrondissement de
Bohicon. A Saclo, les grumes étaient transformées et préparées pour l'exportation. Une
partie du bois était également destinée au marché béninois. L'État n'était pas pressé,
mais la GTZ voulait accélérer la mise en œuvre de la privatisation.

Si vous allez dans la forêt classée de la Lama, il y a plus de deux mille hectares qui sont
conservés. Aujourd’hui c’est le témoin de la forêt naturelle originelle. C’est grâce aux
allemands que cette ressource est conservée.

Nous avions réalisé des plantations de teck dans les années 1940 – 1949 ; mais
personne ne savait qu’on pouvait faire des meubles avec des tecks. On savait seulement
exploiter les poteaux mais scier et transformer en bois d’œuvre - c’est cette mission
forestière allemande qui est venue apprendre aux Béninois le savoir-faire. Et d’ailleurs il
y avait une menuiserie installée dans l’enceinte de l’ONAB à Cotonou pour former des
menuisiers pour la transformation des bois de teck. Ils ont été des centaines à être formés
sur place. La branche industrielle de l’unité de Saclo abritait la chaîne de transformation
de quelques produits ; des pièces exportées ensuite sur le marché au niveau
international.

Etude sur l´historique de la Coopération Allemande dans le secteur agricole au Bénin


34
Un jour, la coopération a décidé d’organiser un survol par avion de la zone de la forêt.
C’est là qu’on a découvert que les Hôli (peuples de la région) étaient à l’intérieur de la
forêt. Ils y vivaient et cultivaient du maïs. Il y a eu des concertations entre tous les
acteurs : les populations autochtones, la sous-préfecture et le Président Mathieu
Kerekou. La coopération allemande a exigé des actions pour conserver ce noyau central
sinon la coopération prendrait fin. Et le président, étant lui-même un amoureux de la
nature, a accompagné. Pendant longtemps il y a eu un contingent militaro-forestier pour
sécuriser le domaine contre les fraudes du bois.

Pendant ce temps il a été développé l’approche participative. C’est avec la participation


active des populations que les différents plans d’aménagement ont été élaboré à partir
de 1996. Je n’ai connu aucune coopération – ni Belge, ni Française, ni Suisse - qui ait
duré aussi longtemps.

Le deuxième exemple qui a carrément franchi les frontières et qui s’est propagé dans
toute l’Afrique de l’Ouest et du centre, c’est la promotion de l’élevage d’aulacodes
communément appelés « Agouti ». Un animal qui ressemble à un rat et qui a été
apprivoisé pour la première fois au Bénin. C’était un projet qui a commencé en 1983 au
Bénin et a abouti à un projet régional en 2003 – ce qui fait 20 ans.

Aujourd’hui, si vous allez au Gabon il y a le conseil agricole qui assure la promotion de


l’aulacodiculture. J’ai également des collègues qui ont été responsables de ce projet,
dont le Professeur Guy Apollinaire Mensah. Il était le premier à commencer la promotion
de l’aulacodiculture et avec le temps, cela s’est propagé sur le plan international. Si vous
effectuez des recherches sur Internet, vous constaterez que l’aulacodiculture ne
concerne pas uniquement le Bénin. Mais pour les animaux d’élevage de bases, tous les
pays s’approvisionnent jusqu’à ce jour au Bénin. Il y a des paysans, des promoteurs
privés qui sont devenus des spécialistes en matière d’aulacodiculture ; et les gens
viennent acheter les mâles et les femelles chez eux. Grâce à l’accompagnement de la
coopération allemande, cet animal sauvage a été domestiqué au Bénin.

Je cite ces deux exemples qui caractérisent l’inscription des interventions de la


coopération technique allemande dans la durée. J’ai travaillé avec le PNUD pendant 10
ans, mais quand vous évaluez un projet et qu’on dit c’est très bien, on le remplace par
un autre projet. La coopération allemande ne fonctionne pas comme ça : c’est des
phases. Au cours de la deuxième phase, en plus de consolider l’existant, on peut ajouter
une nouvelle composante.

C’est ce qui a été fait avec le PCGRN (Projet de Conservation et Gestion des Ressources
Naturelles). Ce projet a commencé en 2004. A la fin de la première phase en 2007, on a
reformulé le PCGRN. Nous avions 6 composantes car le programme est né de la fusion
de plusieurs projets qui intervenaient dans la gestion des aires protégées.

Dès la deuxième phase en 2007, les 6 composantes en sont devenues une seule et une
seconde a été ajoutée : la promotion des chaînes de valeur. Ce que le Ministère de
l’agriculture fait aujourd’hui, la mise en place des compétences en matière de promotion
d’une filière et de ses chaînes de valeur, c’est la coopération allemande qui a développé
des formations pour le public et le privé à partir de 2007. Ça a contribué à élaborer le
premier document de promotion de la filière Anacarde et celui de la filière riz en juin 2008.

Etude sur l´historique de la Coopération Allemande dans le secteur agricole au Bénin


35
Et tous les documents de politique et des stratégies s’approprient ces acquis et les
enrichissent depuis 2007 jusqu’à aujourd’hui. Donc les traces sont là et on ne peut que
s’en réjouir.

Dans ce contexte, peut-on également citer la protection du Parc Pendjari et du Parc


W?

M. Fandohan : Bonne question, parce qu’en 1992 la coopération technique allemande,


l’agence française de développement (AFD), la Banque Mondiale et le PNUD, se sont
mis ensemble pour accompagner le volet conservation de la diversité biologique au
niveau des parcs nationaux : la Pendjari et le Parc W.

C’était à travers un projet appelé PGRN (Projet de Gestion des Ressources Naturelles).
C’est à la suite de cette intervention, qui s’est achevé en 1998, que la Banque Mondiale
s’est retirée en laissant la coopération allemande et l’AFD. Les Français ont accepté de
continuer à appuyer le volet sécurisation foncière rurale à travers l’élaboration des plans
fonciers ruraux et la coopération technique allemande coordonne l’ensemble des
interventions qui incluaient la gestion des terroirs. C’est une approche de développement
rural intégrée au niveau villageois. On réfléchit dans une démarche très holistique avec
les différentes parties et usagers, comme pêcheurs, éleveurs, producteurs, pour décider
de la façon d’affecter l’espace aux différentes utilisations pour assurer la durabilité.
Quand nous avons quitté le projet de gestion des ressources naturelles, nous sommes
allés à la gestion des terroirs et des ressources naturelles.

Par rapport à votre question, l’appui aux parcs nationaux et aux aires protégées a
commencé en 1992 jusqu’en 1998. Il a existé un second projet appelé Parc Pendjari. En
1996, a été créé le Centre National de gestion des réserves de faune (CENAGREF) puis
le programme s’est prolongé avec le projet Pendjari. Il est devenu un volet de ProAgri et
continue aujourd’hui de façon autonome et au niveau régional.

Il y a un autre produit phare de la coopération allemande : Le parc W. Cet écosystème


est partagé entre trois pays, Niger, Burkina Faso et Bénin. Progressivement il y a eu des
échanges entre les administrations des trois pays.. Progressivement nous aurons aussi
les guichets au Burkina et au Niger pour le fond fiduciaire géré par la Fondation des
Savanes Ouest-Africaines (FSAO). Ceci n’existe nulle part en Afrique actuellement et
c’est un autre produit phare d’actualité.

Quelle est votre conclusion et bien sûr votre souhait pour l’avenir de l’agriculture
au Bénin avec un œil sur la coopération allemande ?

M. Fandohan : En tant que coordinateur national, j'ai participé à la mise en place de


nombreux projets, presque tous les projets, et j'ai contribué à leur réalisation.

Lorsque nous avons reçu la lettre du ministère des Affaires étrangères dans laquelle le
gouvernement demandait à la coopération allemande de quitter le secteur agricole pour
la formation professionnelle et l’appui au secteur privé, j'étais triste. La coopération
allemande au développement et son personnel ont soutenu et influencé politiquement et
stratégiquement la majeure partie de ce qui se passe dans le secteur agricole.

Etude sur l´historique de la Coopération Allemande dans le secteur agricole au Bénin


36
Nous sommes en tout trois conseillers politiques au ministère. Mes deux collègues et
moi, nous allons dans des groupes thématiques et nous apportons notre contribution. Si
vous regardez le plan stratégique pour le développement du secteur agricole, vous verrez
qu'il s'agit quasiment du contenu de nos projets.

Actuellement, nous réfléchissons par exemple à la manière dont le travail de protection


et restauration des sols pourrait être continué. Il en va de même pour la promotion des
chaînes de valeur agricole. Ce sont des débats que j'ai régulièrement, et je suis en train
d'amener les gens à réfléchir à ces considérations. Il faut ici une équipe qui réfléchisse à
de nouvelles dynamiques et qui s'efforcent sérieusement de reprendre l'héritage du
Secteur Vert et de le poursuivre ou de l'adapter aux nouvelles circonstances.

Si vous comptez aujourd'hui le nombre de projets par rapport aux autres, la coopération
technique allemande est la plus importante. Sans les projets du « Secteur Vert» les gens
seront en quelque sorte orphelins. Je le regrette. Car l'intervention qui sera axée sur la
formation professionnelle et agricole n'existera plus en ce qui concerne la vulgarisation
agricole.

Comment peut-on prendre ces mots en souhait ?

M. Fandohan : Je ne veux pas formuler un souhait qui sera vain, je suis déjà heureux
que l’arrêt du pôle prioritaire agriculture ne signe pas l’arrêt de la coopération allemande
dans le secteur agricole, parce que ça va se retrouver par rapport à l’accompagnement
en matière de formation professionnelle et d’appui au secteur privé. Mais tout ce qui
concerne l’accompagnement matériel, le conseil agricole, la structuration des acteurs, il
y aura un gros manque et je le regrette.

L’Etat a demandé à la coopération allemande de sortir de l’agriculture pour venir


l’accompagner dans la formation professionnelle et l’appui au secteur privé. Ce qui est
certain c’est que même en s’engageant dans ces deux domaines, la coopération
allemande ne s’éloignera pas de l’agriculture. Si vous prenez les trois piliers de
l’économie béninoise, vous allez voir le coton, le port et la production de l’anacardes -
deux produits du secteur agricole sur les trois piliers.

Quand vous regardez le tissu industriel béninois sur le plan entrepreneurial, quel est le
volet qui est le plus porteur pour donner des cours théoriques aux gens et leur permettre
d’aller se former par la pratique ? C’est bien l’agriculture, c’est l’agro-industrie qui est en
train de se développer. D’ailleurs le gouvernement lui-même s’est embarqué pour
construire plus d’une trentaine de lycées agricoles.

Donc l’appui aux volets formation professionnelle et secteur privé ne va pas se détacher
du secteur agricole. On peut donc dire que sur le plan politique et stratégique
d’intervention, la coopération allemande sort du secteur agricole, mais elle y retourne à
travers la formation professionnelle et l’appui au secteur privé. On reste dans le même
secteur mais l’approche change.

Etude sur l´historique de la Coopération Allemande dans le secteur agricole au Bénin


37
4. De Tori-Cada au CARDER Atlantique : Extension régionale de la
coopération allemande

4.1. Histoire du Développement rural au Dahomey60

L’agriculture au Dahomey a connu un essor spectaculaire avec le roi Guézo du Danxomɛ


(1818-1858). Sous le règne de ce monarque, le commerce de l'huile de palme a connu
une expansion remarquable suite à l’interdiction de la traite négrière en Europe. Ainsi, le
couvert végétatif s’enrichissait proportionnellement à l’accroissement de la population du
royaume.

Avec la colonisation, l’action de l’occident sur le secteur agricole a commencé à se faire


réellement sentir suite à l’annexion du Danxomɛ aux colonies françaises en 1894. Les
Sociétés Indigènes de Prévoyance, de secours et de prêts mutuels agricoles (SIP) furent
instaurées par le décret du 10 juin 1910 de la France. Ces sociétés constituaient le canal
par lequel les colonies prenaient des décisions et s’organisaient pour la production des
matières premières en fonction des besoins de la métropole.
Après une trentaine d’années, l’Europe et les autres pays du monde furent confrontés à
la deuxième guerre mondiale. Cette guerre a eu pour conséquence l’appauvrissement
de la France qui a dû par la suite se reconstruire et restaurer son économie.

En 1945, les SIP ne répondant plus réellement aux aspirations françaises furent
transformées en Sociétés africaines de prévoyance (SAP). Au Dahomey, les cercles de
développement agricole furent créés par l’arrêté général n°149 du 24 juin 1913 qui
organisait la colonie dahoméenne en 13 cercles, ayant chacun un chef-lieu. Dès lors, il
fallait délocaliser la gestion du secteur agricole au niveau de chacun des 13 cercles
créés. Les SAP furent transformées en Sociétés mutuelles de production rurale, (SMPR)
en 1953. Avec l’essor du modèle économique libéral, il était question de réunir plusieurs
conditions pour la croissance économique dans les colonies. La gestion de la production
agricole à elle seule ne suffisait plus. Il fallait favoriser le développement rural pour lancer
l’industrialisation du pays. Les SMPR furent transformées en Sociétés mutuelles de
développement rural (SMDR). Ces dernières avaient pour ambition de devenir des
organisations régionales de développement économique à l’instar des coopératives.
Elles intervenaient également dans la commercialisation. Cependant le choix des
spéculations était fixé par le colonisateur français. La cartographie agricole de cercles
étant connue d’avance, l’adhésion des paysans était forcée.

Les CARDER (Centre d’Action Régionale pour le Développement Rural ainsi dénommés
entre 1969 et 2004) en tant que structures opérationnelles périphériques présentes sur
le terrain ont eu une réelle importance dans l’environnement institutionnel du
développement agricole au Bénin. Depuis le premier CARDER de 1969 à 2017 en
passant par 1990 et 2013, ils ont subi plusieurs mutations. Au moment de sa création à
Lokossa le 1er janvier 1969, le premier CARDER était sous la tutelle du Ministère du

60Le développement rural à l’échelle locale au Bénin ou l’histoire des réformes du CARDER de 1969 à 2017, Ingrid
Sonya Mawussi ADJOVI, Université de Parakou (2017).

Etude sur l´historique de la Coopération Allemande dans le secteur agricole au Bénin


38
Développement Rural et de la Coopération. Avec un personnel de quatre-vingt
encadreurs qui couvraient tout le département du Mono.

Avec la réforme de l’administration territoriale de la République du Bénin, la


décentralisation a été opérée par la suite l’organisation des 1ères élections communales
en 2003. Il fallait aussi opérer des choix pour la survie des structures opérationnelles
déconcentrées du ministère de l’agriculture. C’est dans ces circonstances, que l’année
2004 a vu la disparition des CARDER, transformés en Centres Régionaux de Promotion
Agricole (CeRPA), structures s’apparentant à des offices à caractère social, culturel et
scientifique.

Les CeRPA, à leur tour, n’ont pas fonctionné comme l’espéraient les initiateurs. En 2013,
il fut décidé de les transformer à nouveau en CARDER. Non plus en Centre d’Action
Régional pour le Développement Rural, mais en Centre Agricoles Régionaux de
Développement Rural (CARDER). Cette nouvelle structure diffère des précédentes
puisque ce CARDER « nouvelle génération » est plus assimilable aux CeRPA qu’aux
CARDER de 1969-2004. Ces offices à caractère agricoles sont dotés de la personnalité
morale, d’une autonomie financière et d’une structure organisationnelle totalement
différente de celle des anciens CARDER.

Depuis 2016, l’avènement du régime dit du « Nouveau départ » ou de la « rupture » au


Bénin, a produit de nombreuses réformes dans le secteur agricole. Ainsi, pour mettre en
œuvre les orientations stratégiques du Programme d’Actions Gouvernemental (PAG) sur
le quinquennat 2016-2021, le Conseil des ministres a créé en 2016 sept pôles de
développement agricole, sept agences territoriales de développement agricole et douze
Directions Départementales de l’Agriculture, de l’Elevage et de la Pêche. La création de
cette nouvelle structure déconcentrée et sous l’autorité du ministère en charge de
l’agriculture a été accompagnée par la suppression des CARDER. Elles furent
remplacées par les Agences territoriales de développement agricole (ATDA).
Sept agences ont été créées pour gérer les sept pôles de développement agricoles que
sont la vallée du Niger ; l’Alibori Sud et le Borgou Nord 2KP ; l’Atacora Ouest ; le Borgou
Sud, la Donga et les Collines ; le Zou et le Couffo ; le Plateau et enfin l’Ouémé,
l’Atlantique et le Mono.

4.2. L’intervention de la Coopération allemande au niveau du CARDER


Atlantique

L'expérience acquise à Tori-Cada devait être intégrée dans un nouveau projet pour
lequel l'unité agricole du BMZ avait élaboré une proposition : en plus de Tori-Cada, trois
nouvelles coopératives centrales devaient être créées dans le département Atlantique du
Dahomey. Elles devaient être implantées à Abomey-Calavi, Ouidah et Ouagbo. En
association avec Tori-Cada, elles fonctionneraient sous l'égide d'une organisation
principale. Son nom : Centre d'Action Régionale de Développement Rural, le CARDER.

Comme son prédécesseur, le projet CARDER Atlantique devait mettre en place une
structure coopérative pour le stockage et la vente de produits agricoles ainsi que pour
l'achat de biens agricoles. Il devait également mettre en place un système de
commercialisation, notamment pour le maïs, avec des silos et des séchoirs. À cela
Etude sur l´historique de la Coopération Allemande dans le secteur agricole au Bénin
39
s'ajouterait une intensification de la vulgarisation agricole et l'aménagement de plus de
300 kilomètres de routes non goudronnées. Des logements, des bureaux, des bâtiments
agricoles et des silos seraient construits sur les sites du projet.

Les dépenses prévues pour les cinq premières années du projet s'élevaient à 12 millions
de DM, dont cinq millions devaient être apportés par le gouvernement du Dahomey. Le
gouvernement n'étant pas en mesure de fournir ce montant, la RFA (République
Fédérale d’Allemagne) a créé un fonds spécial de deux millions de DM pour le Dahomey.
Le 14 décembre 1972, le Comité a approuvé cette proposition61.

Jusqu'à la fin des années 80 et au début des années 90, la coopération allemande devait
apporter une contribution importante au développement rural et à la promotion de
l'agriculture à travers le CARDER Atlantique.

La coopération allemande s'est engagée pendant plus de dix ans dans le CARDER
Atlantique. Les CARDER, les Centres d'Action Régionale pour le Développement Rural,
disposaient d'une structure dans chacun des six départements du Bénin de l'époque.

Cet engagement s'inscrivait dans un programme de développement régional rural


incluant la pêche lagunaire dans le département de l'Atlantique-Littoral, dont Cotonou fait
partie.

Des donateurs internationaux, comme l'Agence française de Développement (AFD) ou


la Banque mondiale, ont coopéré avec les CARDER des autres départements afin de ne
pas concentrer l'appui financier et technique sur une seule région. La forme de cette
coopération pouvait à chaque fois être très différente. Alors que la coopération allemande
visait le développement régional rural dans une approche plus globale, d'autres
donateurs soutenaient davantage l'augmentation de la productivité de la production de
coton, comme la Banque mondiale dans le Borgou.

L'approche du développement régional rural a été très importante et centrale pour la


coopération allemande au développement pendant près de deux décennies. C'est avant
tout la satisfaction des besoins fondamentaux qui était ici au centre de la coopération au
développement, et qui devait être atteinte par le biais d'une approche globale et
participative ("comprehensive approach"), portant sur les thèmes de la sécurité
alimentaire, de la santé, de l'approvisionnement en eau.

Au fil des années, l'approche est devenue de plus en plus globale et les exigences envers
les CARDER de plus en plus élevées. La capacité de pilotage des services
gouvernementaux et des consultants externes s'est vite épuisée. L'instrument CARDER
devenait trop petit pour les travaux qui lui étaient confiés et ne pouvait plus répondre aux
attentes d'un développement rural intégré.

A la fin des années quatre-vingt, la coopération allemande au sein du CARDER


Atlantique a été réévaluée et l’Allemagne a finalement amorcé une mise en retrait de son
engagement après de longue années de coopération en faveur du développement rural.

61 Protokoll des Interministeriellen Ausschusses für Technische Hilfe (14. Dezember 1972) ; BArchiv B 213/4068 ; du
: Dramatizing Development : The Celebration and Reality of West German Village Projects in West Africa, 1962-1977,
John W. Weigel (2016) ; B.A., M.A., S. 199.

Etude sur l´historique de la Coopération Allemande dans le secteur agricole au Bénin


40
C'était la période des années 90, la fin des programmes de développement régional rural
commençait. Les grands donateurs mettaient progressivement fin à leurs programmes
de développement et privilégiaient une répartition sectorielle : l'espace rural n'était plus
considéré dans sa globalité. De plus, la libéralisation du secteur agricole était de plus en
plus importante et liée aux convictions qu’un marché libéralisé orienterait davantage les
programmes de développement mondiaux que des programmes étatiques
subventionnés. Le caractère interventionniste des CARDER ne correspondait donc plus
à la nouvelle stratégie libérale de nombreux bailleurs de fonds.

La période révolutionnaire en Afrique commence durant les années 1970. Au Bénin,


le Gouvernement Militaire Révolutionnaire prend le pouvoir en 1972. Le 19
novembre 1975, le nouveau gouvernement militaire abandonne le nom de Dahomey
pour la « République Populaire du Bénin ». L’Etat révolutionnaire veut relancer
l’agriculture et l’industrie et compte surtout sur les Centres d’Action Régionale pour
le Développement Rural (CARDER) qui ont été créés dans toutes les provinces par
l’ordonnance n°75-84 du 29 décembre 1975. Les CARDER ont vu leurs attributions
évoluer. Ces structures ont désormais pour mission de s’intéresser aux cultures
vivrières, à l’élevage, au maintien de la fertilité des sols et à la structuration du
monde rural. Le renforcement de la mission du CARDER a eu pour conséquence
l’accroissement des besoins en renforcement des capacités humaines, financières
et matérielles. En 1978, la GTZ a entamé au Bénin sa coopération dans le domaine
du développement rural avec le CARDER Atlantique.

Les Centres d’Action Régionale pour le Développement Rural (CARDER) furent


créés en 1969 et fonctionnèrent jusqu’en 2004. Pendant cette période, la structure
organisationnelle du CARDER a été modifiée en fonction de l’environnement
institutionnel et des résultats attendus et obtenus de ces dernières. Après de
nombreuses crises politiques, économiques et institutionnelles, le Bénin a remanié
son approche du développement rural en remplaçant les CARDER par les Centres
Régionaux de Promotion Agricole (CeRPA). Bien que dotés d’un organigramme plus
allégé que celui des CARDER, les CeRPA, à leur tour, n’ont pas fonctionné comme
l’espérait l’Etat. En 2013, il fut décidé de les transformer à nouveau en CARDER.
Non plus en Centre d’Action Régional pour le Développement Rural (CARDER),
mais en Centre Agricoles Régionaux de Développement Rural (CARDER). Avec une
structure organisationnelle aussi allégée, le CARDER « nouvelle génération », a
pourtant été supprimé en 2017 au profit des Agences territoriales de développement
agricole (ATDA).

Source : Le développement rural à l’échelle locale au Bénin ou l’histoire des réformes du CARDER de 1969 à
2017, Ingrid Sonya Mawussi ADJOVI, Université de Parakou (2017).

4.2.1. Les objectifs généraux et sectoriels62

L’objectif global du projet CARDER Atlantique était l‘augmentation du revenu et donc du


niveau de vie. Les groupes cibles visés par les actions du projet étaient, en particulier,

62Plan d’Opération du projet bénino-allemand de Développement rural, CARDER Atlantique, Deuxième phase 1983
– 1985, Cotonou, (1983) ; 19ff.

Etude sur l´historique de la Coopération Allemande dans le secteur agricole au Bénin


41
les petits exploitants traditionnels ou modernes, les paysans dépourvus de terre, les
jeunes ruraux et les femmes.

Les objectifs sectoriels sont :

o L’augmentation de la production agricole,


o L’augmentation du niveau technique des exploitations,
o La promotion de l’organisation coopérative de l’agriculture,
o L’encouragement de l’auto-assistance des populations concernées,
o L’augmentation de l’efficacité de l’encadrement rural,
o L’amélioration des infrastructures existantes,
o L’équipement du CARDER,
o La commercialisation des produits agricoles,
o Les transformations des produits agricoles.

Pour atteindre ces objectifs, une gamme de mesure a été élaborée et, par la suite,
précisée pour les différents programmes d’action du projet.

4.2.2. Programme de soutien général aux structures du CARDER


Atlantique

Le programme de soutien général visait les constructions et l’équipement de l’organisme


d’encadrement afin qu’il puisse remplir sa mission de vulgarisation et que le projet puisse
atteindre ses objectifs.

Pour cela, un budget « construction » a été prévu pour fournir des bâtiments
administratifs pour la Direction, un centre de formation, des espaces de stockage ainsi
que l’équipement des bureaux, les véhicules et d’autres matériels techniques.

Tout cela devait permettre au CARDER de mener à bien le programme technique.

4.2.3. Le programme technique

Le programme technique se composait d’un volet visant directement la production chez


le paysan et de volets formation, alphabétisation et vulgarisation, promotion de l’action
coopérative, commercialisation et stockage. La promotion de l’artisanat et de la
transformation, également prévue, était plutôt dirigée vers l’amélioration de
l’environnement économique et / ou social du producteur.

Cette étape technique prévoyait de multiples actions à titre d’essais concrets sur le terrain
(par exemple : opération arachides, riz, café, tabac, vallée de l’Ouémé, etc.) permettant
de définir progressivement le programme de vulgarisation du CARDER et faisant ainsi la
preuve de son efficacité.

Dans ce même contexte, un budget était prévu pour l’étude approfondie des aspects de
la pêche artisanale, de la mise en valeur de la vallée de l’Ouémé, de la culture attelée,

Etude sur l´historique de la Coopération Allemande dans le secteur agricole au Bénin


42
de l’écologie et pour l’élaboration de cartes d’aptitudes culturales ajoutant ainsi des
actions supplémentaires au programme en cours.

4.2.4. Le financement du Premier Plan d’Opération

Le financement du Premier Plan d’Opération était assuré conjointement par la


République Fédérale d’Allemagne et la République Populaire du Bénin et définis lors des
négociations intergouvernementales annuelles qui se sont déroulées alternativement en
RFA et au Bénin.

L’apport financier de la République Fédérale d’Allemagne pour la première phase du


Projet (1978 – 1982) s’élève à 16,6 millions de D-Mark (environ deux milliards de FCFA
en ce moment) qui ont été presque entièrement débloqués à la fin de l’année 1982.

Pour la poursuite du projet, le Gouvernement Allemand a inscrit, lors des dernières


négociations en juin 1982, la somme de 11,4 millions de DM (environ 1,6 milliards de
FCFA en ce moment) pour le projet CARDER Atlantique du 1983 – 1984.

L’apport financier de la République Populaire du Bénin porte sur des subventions directes
et indirectes accordés par le Budget National dans le cadre du fonctionnement de la
partie Béninoise du projet CARDER Atlantique.

Les subventions directes constituent la contrepartie Béninoise dont le montant débloqué


s’élève à la somme de 228 millions FCFA durant le Premier Plan d’Opération. Les
subventions indirectes sont les salaires et charges salariales des agents permanents de
l’État employés au CARDER Atlantique. Elle se chiffrent pour les quatre années du
Premier Plan d’Opération, à la somme de 835 millions FCFA.
Au total, cet apport financier s’élève à la somme de plus d’un milliard de FCFA, soit
environ 8,8 millions de DM. La contribution béninoise réellement débloquée s’est élevée
à 40 % de celle apportée par la partie Allemande.

Le CARDER Atlantique avait pour but de :

• Développer la production agricole, la production forestière, la production animale


et les infrastructures annexes ;
• D’organiser les forces productives à la campagne en vue de la création de
coopératives de type socialiste ;
• D’assurer ou de faire assurer la commercialisation primaire des produits pour le
compte des producteurs en attendant leur regroupement en organisations
adéquates ;
• De participer au développement du crédit agricole ;
• D’effectuer toutes les opérations financières, mobilières, immobilières, socio-
éducatives pouvant se rapporter directement ou indirectement à son objet.

La vocation du CARDER était d’assurer :


• La vulgarisation technique auprès des agriculteurs, pêcheurs, éleveurs,
exploitants forestiers en vue de généraliser les méthodes modernes de
production ;
Etude sur l´historique de la Coopération Allemande dans le secteur agricole au Bénin
43
• L’action d’animation de manière à susciter la formation de groupements de
producteurs notamment dans le domaine de la commercialisation ;
• L’approvisionnement des agriculteurs, éleveurs, pêcheurs, exploitants forestiers
en moyens de production et, si possible, en produits de première nécessité ;
• L’organisation rationnelle de la commercialisation de toutes les productions en vue
de réduire les frais ;
• L’organisation du crédit agricole.

D’autre part, le CARDER peut créer ou exploiter directement ou indirectement des


installations de transformation de produits agricoles, animaux, forestiers et
commercialiser les produits de ces établissements63.

Parmi les services proposés par les CARDER, trois ont été privilégiés par les agriculteurs
: la commercialisation de leurs produits agricoles, l'accès au crédit et l'approvisionnement
en intrants64.

4.3. Les différents volets du CARDER Atlantique dans les années 80

La Division Action Coopérative (DAC)


Elle assure l’organisation des forces productrices de la Province et elle apporte toute
l’assistance aux structures pré-coopératives et coopératives, dans le domaine de
l’éducation coopérative de l’alphabétisation et de la gestion. Elle assure aussi l’animation
des groupements de femmes et la mise en place d’une économie familiale rationnelle.

La Division Commercialisation, Transformation et Conditionnement (DCTC)


Elle établit en début de campagne, des prévisions de la commercialisation par produit,
se charge de l’étude permanente des marchés des produits agricoles, assure la
transformation des produits agricoles, se charge de l’organisation pratique des activités
de commercialisation, contrôle la qualité des produits.

La Division Formation et Vulgarisation (DFV)


Elle s’occupe des problèmes pédagogiques en matière de vulgarisation et assure la
formation et recyclage permanent du personnel d’encadrement de tout le personnel du
CARDER.

La Division Génie Rural (DGR)


Elle élabore et exécute des projets de pistes, de ponts de construction de bâtiments
ruraux ou administratifs, d’aménagements hydro-agricoles et de mise en valeur des
ressources hydrauliques (aménagement des cours d’eau, forage de puits, etc.). Elle
conçoit et exécute les programmes d’expérimentation destinés à résoudre certains
problèmes relatifs à son domaine d’intervention (infrastructure de stockage, de séchage,
etc.).

La Division Production Animale (DPA)


63 Plan d’Opération du projet bénino-allemand de Développement rural, CARDER Atlantique, Deuxième phase 1983
– 1985, Cotonou, (1983) ; 24f.
64 Paysans, vulgarisateurs et chercheurs aus sud du Bénin : Le trio déconnecté, Anne Floquet, Niko von der Lühe,

Hans-Joachim A. Preuss, Studien zur ländlichen Entwicklung, N°54 (1996) ; p.82.

Etude sur l´historique de la Coopération Allemande dans le secteur agricole au Bénin


44
Elle assure l’encadrement de tous les éleveurs et se préoccupe de la santé de tous les
animaux sur toute l’étendue de la Province, comme l’approvisionnement des éleveurs en
médicaments, campagne de vaccination et déparasitage. La DPA apporte son concours
technique aux pêcheurs et les aide à résoudre tous les problèmes liés à leur activité,
effectue les recherches et propose les introductions nécessaires en vue d’une
amélioration des races animales locales et étudie les moyens pour rentabiliser les
activités halieutiques au niveau de la Province.

La Division Recherche Accompagnement Planification Etudes et Statistiques (DRAPES)


Elle se charge de la planification de la Campagne agricole, recense les besoins en
facteurs de production et supervise les opérations de production semencière et conduit,
entre autres, les enquêtes agricoles, économiques et sociales.

En complément de ces différentes divisions le CARDER Atlantique compte un certain


nombre d’unités techniques dont le rôle est de soutenir les actions des divisions
classiques. Parmi celles-ci on avait :

Le Centre de Formation, qui a servi comme cadre de l’organisation de formations


théorique et pratique, des formations continues et recyclages des agents du CARDER,
des paysans, pêcheurs, etc.

Le Centre Horticole, centre maraicher dédié aux producteurs. Il a assuré la production et


la vente de plans et de semences des différentes sortes de légumes, l’importation de
semences et d’outils, l’encadrement des producteurs, l’entretien des parcelles de
démonstration pour les différents légumes.

La ferme expérimentale dans laquelle des essais de cultures sur des parcelles ont été
effectuées par des stagiaires lors de sessions de formation ou de recyclage. Une autre
ferme a été dédiée à la production de semences pour les cultures essentielles de la
Province (maïs, arachides, manioc, haricots, etc.) destinées à la vulgarisation auprès des
coopératives, groupements et des producteurs individuels. Des outils agricoles ont été
fabriqués dans un atelier sur le site du CARDER. Dans une pépinière, des plantules des
différentes essences arboricoles ont été produites afin de satisfaire la demande des
producteurs de la Province (par exemple : la production de plantules de bois-d’œuvre et
de chauffage pour l’opération de reboisement, production de plantules de variétés
d’agrumes et autres arbres fruitiers.)

Une Pharmacie Vétérinaire a été chargée de mettre à la disposition des éleveurs de la


Province les médicaments dont ils ont besoin pour améliorer l’état sanitaire de leurs
animaux. Elle acquiert, revend des médicaments vétérinaires, met à la disposition des
éleveurs des médicaments avec leur mode d’emploi.

Une unité audio-visuelle a développé des supports pédagogiques pour la formation et le


recyclage ainsi que des moyens visuels et sonores à titre de support au programme de
vulgarisation.

L’unité Pistes a eu pour but l’aménagement des pistes rurales de la Province de


l’Atlantique. Le Fonds de Développement Villageois (FDV) est une caisse d’assistance
matérielle et financière aux structures coopératives et pré-coopératives, collectivités

Etude sur l´historique de la Coopération Allemande dans le secteur agricole au Bénin


45
locales de l’Atlantique. Il a encouragé l’auto-assistance, a octroyé des crédits de
campagne soudure et a promu des réalisations à caractère économique et social au
niveau des villages.

Dans les années quatre-vingt, deuxième phase de la coopération avec le CARDER


Atlantique, environ 500 personnes y travaillaient. Parmi elles, 150 étaient des assistants
de développement qui travaillaient dans les différents secteurs de la province. La
Province Atlantique était alors composée de 14 districts. Le siège du CARDER comptait,
outre le directeur, sept chefs de division et 13 directeurs techniques. Plus de 260
employés avaient une formation professionnelle dans le domaine du développement
rural. Le CARDER Atlantique avait des bureaux décentralisés à Abomey-Calavi, Allada,
Kpomassé, Ouidah, Toffo, Tori-Bossito, Sô-Ava et Zé.

L’organigramme des CARDER s’enrichit de nouvelles subdivisions et de plusieurs


niveaux ou paliers hiérarchiques. Sous le Directeur Général, sont placés des directeurs
techniques. Sous l’autorité de chacun de ces derniers figurent des services et des
divisions. Le directeur de la production coordonne le travail des Responsables du
Développement Rural.

Le CARDER s’enrichit de divisions alimentation et nutrition appliquée, conditionnement


produits agricoles, forêts et chasse, élevage et industries animales, génie rural, d’un
service des usines et d’un garage central. Au niveau local, l’option est faite pour la
vulgarisation agricole. Malgré la création de services de suivi et d’évaluation, cette
nouvelle structure organisationnelle du CARDER multiplie les niveaux de responsabilités,
alourdit la chaine hiérarchique, enlise l’administration et augmente démesurément les
charges de fonctionnement.

L’importance des activités à mener étant en totale discordance avec les moyens alloués
et/ou générés, la situation financière des CARDER s’est progressivement dégradée, de
même que leurs performances techniques. On a assisté à un lent déclin des CARDER
dans tout le pays65.

4.4. La suite du parcours des CARDER de 1990 à 201366

Après la faillite de l’Etat durant les années 1980, il fallait revoir la mission des CARDER
pour éviter les travers observés les années précédentes : le détournement de fonds,
mauvaise utilisation du personnel, la faillite des usines placées sous l’administration des
CARDER, le manque d’approvisionnement des producteurs, etc. La mise en œuvre du
PAS (Programme d’Ajustement Structurel) et l’impératif du redressement des finances
publiques ont poussé les gouvernants à réformer le CARDER par le décret 91-310 du 31
décembre 1991 portant approbation des statuts des Centres d’Action Régionaux pour le
Développement Rural.

65 Le développement rural à l’échelle locale au Bénin ou l’histoire des réformes du CARDER de 1969 à 2017, Ingrid
Sonya Mawussi Adjovi, Université de Parakou (2017) ; p. 151f.
66 Le développement rural à l’échelle locale au Bénin ou l’histoire des réformes du CARDER de 1969 à 2017, Ingrid

Sonya Mawussi Adjovi, Université de Parakou (2017) ; p. 151.

Etude sur l´historique de la Coopération Allemande dans le secteur agricole au Bénin


46
Le CARDER d’avant la période démocratique s’étant montrée incapable d’assumer sa
mission, ses attributions ont été partagées entre la Société nationale de promotion
agricole ou SONAPRA (pour ce qui concerne le volet commercial et industriel), les ONG
(la formation, l’alphabétisation et la sensibilisation), aux mairies en devenir (le génie
rural), les organisations professionnelles agricoles et les opérateurs privés
(l’approvisionnement en intrants). Une nouvelle structure organisationnelle très allégée
est mise sur pieds dans les CARDER en 1992. Six directions techniques sont placées
sous l’autorité hiérarchique du directeur général du CARDER. Ces directions se chargent
respectivement de la programmation et du suivi-évaluation, de la vulgarisation et de
l’appui aux organisations paysannes, du contrôle vétérinaire et phytosanitaire, de
l’aménagements et équipement rural, des forêts et de la protection des ressources
naturelles, et enfin de l’administration et des finances.

Les CARDER se sont spécialisés dans l’appui-conseil. Durant cette période de


décentralisation le flou est consommé autour des prérogatives de l’Etat, de la société
civile, des maires et chefs villages. Le secteur agricole et les structures opérationnelles
de l’Etat et donc les CARDER n’ont pas été épargnées par ce climat d’imprécision. À la
fin du PRSA en 1998, les CARDER se sont retrouvés incapables d’assurer leur mission.

En effet, avec la dévaluation du franc CFA et la crise économique, les ressources


allouées par l’Etat aux CARDER étaient insuffisantes pour financer le fonctionnement et
les activités de ces structures. En définitive, il apparait que la réforme de 1991 n’a donc
pas permis de régler les problèmes du secteur. Les activités industrielles et
commerciales des CARDER qui leur permettaient de mobiliser des ressources
financières pour s’autofinancer ont disparu et l’Etat se retrouva seul à financer ces
structures. Les CARDER ont dû cesser toute activité durant la période faute de
financement.

4.5. Autres acquis phares de la Coopération bénino-allemande au


niveau du CARDER Atlantique

1. Approvisionnement en eau en milieu rural. Construction de puits, puits de mine, pas


de pompes ni de moteurs. Avec participation personnelle et responsabilité de
l'entretien. Il y a aujourd'hui encore de nombreux puits qui fonctionnent.
2. Construction de pistes rurales. Pas seulement des pistes simples, poussées, mais
avec des drainages, plus durables. Désenclavement des infrastructures. Réduction
considérable des coûts de transport.
3. Réduction des pertes post-récolte. Pas de silos géants (risque de champignons, etc.)
mais d'autres formes plus petites, comme des cages à mailles pour le maïs - adaptées
à l'environnement.

Etude sur l´historique de la Coopération Allemande dans le secteur agricole au Bénin


47
5. Projet Promotion de l’Élevage d’Aulacodes (PPEAu) – 1983 – 2003

Le projet « Promotion de l’Élevage d’Aulacode » au Bénin était un projet bien particulier


et assez inhabituel. Ce projet dédié à la domestication d’un animal sauvage était sans
précédent dans la coopération allemande au développement.

5.1. La situation initiale

Au début des années 1980, dans le du Sud du Bénin, l’approvisionnement en protéines


n’était plus assuré. La chasse constitue le moyen traditionnel d’obtenir des apports de
protéines. Dans les zones forestières proches des côtes et des savanes d’Afrique
occidentale et centrale, l’élevage ne joue qu’un rôle secondaire dans l’alimentation. Le
climat très humide favorise la propagation de la mouche tsé-tsé, vectrice de maladies
épidémiques telles que la maladie du sommeil. De ce fait, l’élevage bovin n’est possible
que dans une mesure limitée, et l’élevage d’ovins et de caprins est difficile. Le fort
accroissement de la population dans la seconde moitié du 20 ème siècle s’est traduit,
notamment dans le Sud très peuplé du pays, par une extension des surfaces cultivées
nécessaires à la production alimentaire, entraînant du même coup une érosion des aires
de pâturage et des habitats de la faune sauvage.

On assista également, dans les années 60, à une extension de la culture du coton dans
le Nord-Est du Bénin, massivement soutenue par des acheteurs étrangers au travers
notamment de prix garantis. Les terres arables pour la production vivrière sont devenues
plus rares encore et les produits alimentaires, plus chers. La chasse d’animaux sauvages
comme l’aulacode s’est développée, décimant les populations de cet animal. Les
restrictions alors décrétées pour limiter la chasse et protéger ainsi les espèces n’ont pas
permis d’améliorer la situation.

Dans la première moitié des années 1980, environ une famille de petits paysans sur trois
dans le Sud du Bénin n’était plus à même d’assurer sa subsistance. Pour approvisionner
les villes, il fallut importer des céréales et de la viande. La production de denrées stagnait
par suite de faibles précipitations durant cette période, mais également en raison de
techniques culturales peu productives. La faible diversification des cultures constituait un
risque supplémentaire pour la survie des agriculteurs. L’extension des cultures n’était
pas possible en raison de la rareté des terres ou ne l’était, dans certaines régions, qu’au
détriment de la conservation des espèces. De la même façon, il était impossible de
développer l’élevage extensif ou de l’intensifier en raison de la vulnérabilité des animaux
face aux maladies.

5.2. L’aulacode, une option d’avenir

Durant les années 1970, la décimation des populations d’aulacodes sauvages et les prix
élevés dans plusieurs pays d’Afrique occidentale ont favorisé l’émergence de premières
tentatives pour domestiquer cet animal. Il est encore chassé aujourd’hui, car sa viande
est très appréciée. La demande de viande d’aulacode était très forte, et le marché n’est
toujours pas saturé. Résultat : le prix de la viande d’aulacode était supérieur à celui de

Etude sur l´historique de la Coopération Allemande dans le secteur agricole au Bénin


48
tous les autres animaux d’élevage, y compris celui de la viande d’importation. Le prix au
kilo était trois fois plus élevé que celui de la viande de bœuf. La consommation de viande
d’agouti ne fait l’objet d’aucun tabou culturel, tandis que toute autre espèce comestible
fait fonction d’animal totem dans au moins un clan ou une famille, ce qui limite sa
consommation.

Les premières initiatives pour domestiquer l’aulacode sont nées parmi les petits
agriculteurs, et ont été soutenues par les gouvernements des États d’Afrique de l’Ouest.
Ceux-ci entendaient ainsi atténuer la pénurie croissante de terres arables, car l’élevage
d’aulacodes est relativement indépendant des surfaces disponibles. Ces premières
tentatives furent des échecs, et le ministère béninois de l’Agriculture, qui s’appelait à
l’époque ministère des Fermes d’État, de l’Élevage et de la Pêche, rencontrait aussi des
difficultés au niveau de la sélection. L’homme savait encore peu de choses sur la
biologie, la reproduction, l’alimentation et la santé de ces animaux et les ressources
financières dont disposaient la recherche et les stations expérimentales étaient
insuffisantes pour parfaire les connaissances dans ces domaines. La production
d’aulacodes était un objectif explicite du plan quinquennal béninois de l’époque, où il était
expressément prévu de soutenir l’initiative privée des petits exploitants agricoles et la
commercialisation sur le marché libre.

Si l’aulacodiculture est devenue une réalité et un exploit au Bénin, il a fallu non seulement
la volonté manifeste de divers hommes et en particulier, celle de monsieur Boukary
Alidou, Ministre des Fermes d’Etat, de l’Elevage et de la Pêche de l’époque, ainsi que le
soutien financier durant une vingtaine d’années de la République Fédérale d’Allemagne
dans le cadre des accords de coopération bilatérale bénino-allemande. Il faut aussi
mentionner la collaboration et l’exploitation judicieuse des talents couplés aux
connaissances endogènes en matière de production animale de tous les
‘’aulacodiculteurs’’ pilotes et spontanés béninois devenus par la force des choses des
chercheurs. Poursuivant dans cette lancée, le ministère en charge de l’agriculture et de
l’élevage, décida dans les années 1980 de solliciter l’appui de la coopération allemande
et a initié le PPEAu, toujours avec l’appui technique et financier de la Coopération
Allemande à travers la GTZ.

Dans les années 1980, la plupart des projets concernant des animaux visaient à
améliorer les soins vétérinaires ou avaient pour but d’augmenter la productivité, par
exemple les performances laitières. Les projets se rapprochant le plus de celui-ci sont
ceux dédiés à la gestion contrôlée d’animaux sauvages dans des ranchs de gibier, à la
différence que dans ces structures, les animaux ne sont pas domestiqués, et donc la
reproduction n’y est pas gérée par l’homme.

Dans le PPEAu, il a été appris à gérer la reproduction de l’aulacode (Tryonomys


swinderianus). Cet animal était et reste l’un des animaux sauvages les plus prisés en
Afrique occidentale, où sa viande est très appréciée et vendue à des prix élevés sur les
marchés. L’aulacode, rongeur sauvage appelé communément « agouti » est du coup
devenu l’espèce animale la plus chassée au Bénin. Il devint ainsi la cause de
nombreuses battues nocturnes, des feux de brousse nuisibles à l’environnement, le tout
contribuant à terme à l’extinction de l’espèce. Le nom « agouti » a été donné aux
aulacodes par les anciens esclaves, les rapatriés d'Amérique du Sud, car l'animal

Etude sur l´historique de la Coopération Allemande dans le secteur agricole au Bénin


49
rappelait l'agouti qui y vivait. On l'appelait aussi volontiers « rat de brousse », ce qui ne
leur rend pas justice. Le nom approprié est Aulacode (anglais : Grasscutter).

De fait, l’aulacode se trouve ainsi dangereusement menacé de disparition, d'où l’idée de


son élevage en vue de sa conservation. L’élevage de l’aulacode est rendu possible par
une partie de la population possédant quelques lopins de terre. Ce projet de promotion
de l’élevage d’aulacodes devait permettre de développer une nouvelle source de revenus
pour les petits agriculteurs, et contribuer ainsi à réduire la pauvreté dans le Sud du Bénin.

Les premiers essais de culture d'aulacodes ont été initiés par le premier conseiller
gouvernemental de la GTZ au ministère béninois de l'Agriculture, Dr. Richard Baptist au
départ dans son propre garage. Les résultats ont été si encourageants que l'élevage de
l'aulacode a été poursuivi et perfectionné dans un centre spécifique à Godomey. Ce
projet a démarré en 1983 avec deux ans de recherches préliminaires, et s’est achevé en
2000. Il s’intitulait au départ « Promotion de l’élevage d’agoutis », mais depuis le début
des années 1990, on préfère parler d’élevage d’aulacodes.

Le projet Aulacodes était à l'origine formellement rattaché à Rolf Mack, le deuxième


conseiller de la GTZ au ministère de l'Agriculture, car il n'y avait pas d'expatrié pour ce
projet au début. Plus tard, le Dr Rainhard Schrage est venu à Cotonou en tant que chef
d'équipe de la GTZ pour le projet Aulacodes. Auparavant, en 1990, il avait rédigé sa
thèse de doctorat sur la possibilité d'utiliser les aulacodes comme animaux de rente et
avait effectué des recherches au Bénin.67 Son homologue béninois était Charles Kassavi,
qui travaille encore aujourd'hui à la GIZ. Une contribution importante à l'élevage
d'aulacodes a également été apportée par le partenaire béninois G.A. Mensah, qui s'est
rendu en Allemagne et y a écrit son essai sur l'élevage d'aulacodes.

La première phase du projet (1983-1988) était consacrée avant tout à des études
scientifiques sur l’accouplement et l’hérédité, la santé, l’alimentation, les conditions du
milieu ainsi que le comportement de groupe des aulacodes. Dans une seconde phase
(1989-1996), une centaine d’agriculteurs ont testé les résultats de la recherche dans les
conditions de production de leurs petites exploitations. Durant cette phase, on a aussi
développé des modules de formation basés sur la transmission des savoir-faire des petits
éleveurs vers d’autres agriculteurs. Une phase de diffusion a ensuite permis d’introduire
l’aulacodiculture au Bénin comme nouveau secteur d’activité dans l’agriculture.

5.3. Évolution de l’élevage des aulacodes

L’élevage de l’aulacode s’est développé au Bénin dans le cadre de la mise en œuvre des
politiques de développement des productions animales, de diversification des filières

67 Le titre de sa thèse de doctorat, d'où proviennent également les informations pour ce texte, était : "
Untersuchungen zur Eignung von Thryonomys Swinderianus (Grasnager) als landwirtschaftliches Nutztier,
Institut für Tierproduktion in den Tropen und Subtropen der Universität Hohenheim, Rainhard Schrage
(1990).

Etude sur l´historique de la Coopération Allemande dans le secteur agricole au Bénin


50
agricoles, ainsi que dans celui de la gestion des ressources naturelles. Comme
mentionné précédemment, l’initiative a évolué en trois (3) phases68:

- 1ère phase (1983 – 1988) ou phase pilote en station, un milieu contrôlé pour
l’élaboration des références techniques et économiques de l’aulacodiculture
adaptée au contexte agro économique.
- 2ème phase ou phase de pré-diffusion (1989 – 1996) pour la valorisation et le
transfert de la technologie mise au point, en milieu réel, rural, périurbain et urbain.
- 3ème phase ou phase de vulgarisation (1996 – 2003) pour l’extension dans toutes
les zones propices à ce mini élevage non conventionnel, dès lors que les
faisabilités techniques et économiques de la spéculation ont été prouvées au
cours des deux phases précédentes.

5.3.1. Phase pilote en station

Cette première phase a démarré en 1983 et s’est prolongée jusqu’en 1988. Pendant
cette phase, il a été créé une station d’élevage, le Centre bénino-allemande
d’aulacodiculture (CBA) situé à Godomey-Cotonou, pour conduire les travaux en
auladiculture par une équipe pluridisciplinaire de chercheurs, avec une approche plus
rigoureuse et méthodique de recherche développement, à partir d’un cheptel de base
d’aulacodes sauvages capturés. La station d'élevage de Godomey servait de noyau. De
là, les animaux étaient vendus pour être élevés. Le gouvernement béninois a mis un
terrain à disposition, ainsi que les contreparties et le personnel du projet.

Trois grandes étapes caractérisent cette période :


• Constitution d’un cheptel de base d’aulacodes sauvages en âge de reproduction
afin de démarrer les travaux de sélection ;
• Elaboration des techniques les plus simples de l’aulacodiculture ;
• Institution d’une méthodologie pour l’évaluation et la documentation des
performances des aulacodes.
Au terme de cette période, la documentation de l’animal était possible et les informations
relatives aux paquets technologiques à cette étape sont disponibles et accessibles sur le
comportement de l’animal, l’alimentation, la reproduction, l’habitat, les géniteurs
performants, la santé des animaux, etc.
Déjà en 1988, la station entretenait en moyenne 1 000 aulacodes comme cheptel de
production dont environ 500 aulacodes reproducteurs comme cheptel de base du
programme d’amélioration génétique.

68Appui provisoire à partir de 1983 (démarrage provisoire) et appui officielle de la GTZ dans le cadre du « Projet
benino-allemande d'aulacodiculture » (PBAA) devenu plus tard le Projet de « Promotion de l'élevage d'aulacodes au
Bénin (PPEAu) » et du « Projet benino-allemande d'aulacodiculture » (PBAA) ; Mise en œuvre du Projet Régional de
Promotion de l'Élevage de l'Aulacode en Afrique du Sud du Sahara (PPAS) et sa fin en décembre 2003.

Etude sur l´historique de la Coopération Allemande dans le secteur agricole au Bénin


51
5.3.2. Phase de pré-vulgarisation

Elle s’est déroulée de 1989 à 1996. Pendant cette phase, il a été prouvé la faisabilité
technique et financière de l’élevage d’aulacodes en milieu réel. Pour ce faire, des
éleveurs pilotes ont été ciblés dans un rayon de 30km autour de la station, sont formés,
et sur la base de leur capacité à construire une aulacodiculture acceptable, sont installés
et suivis. Il y a eu aussi l’intensification des techniques de production d’aulacodes puis
l’exécution du programme de sélection des géniteurs. A la fin de cette phase on comptait
déjà près de 300 éleveurs d’aulacodes avec plus de 7 000 aulacodes au Bénin. La
production annuelle de viande d’aulacodes au Bénin était évaluée à 500 tonnes soit
environ 200 000 têtes et ne représentait que 65% de la demande estimée des
populations béninoises69.

5.3.3. Vulgarisation en milieu paysan au Bénin et dans la


sous-région d’Afrique au Sud du Sahara

Elle a démarré en 1996 et s’est achevée en 2003. Cette phase s’est consacrée :
• Au développement des modes d’élevage rentables pour le matériel animal-
amélioré ;
• À la création d’une race d’aulacodes génétiquement adapté à la vie en captivité ;
• À la promotion de l’élevage d’aulacodes en milieu rural, contribuer aussi à la
diversification du mini élevage et au relèvement du niveau de vie des populations
paysannes, périurbaines et urbaines.
La station à travers le PPEAu a contribué à la diffusion par des interventions directes
mais aussi et surtout par appui aux structures spécialisées du développement rural. Les
acteurs de cette diffusion sont : les éleveurs, les associations d’éleveurs, les organismes
d’appui, les écoles et institutions de formation agricole.

5.3.4. Ouverture vers l’extérieur

Au Bénin comme dans plusieurs pays d’Afrique occidentale et centrale, la viande de


l'aulacode, rongeur sauvage, est très appréciée. À travers le PPEAu le Bénin s’illustre
dans cet élevage et sert de point de diffusion en Afrique subsaharienne.

En 1996, nonobstant l’importance des sollicitations intérieures, le PPEAu a dû modifier


sa stratégie d’intervention en consacrant 10% de son potentiel d’action à la diffusion de
l’élevage des aulacodes dans les pays africains au Sud du Sahara. Suivant cette
stratégie, le Sud-Bénin devrait bénéficier de 70% des prestations du projet et le Centre
et le Nord du Bénin de 20%.

69 Abrege d’auladociculture, Reinhard Schrage, Lassissi Tobé Yéwadan, GTZ (1995) ; avant-propos.

Etude sur l´historique de la Coopération Allemande dans le secteur agricole au Bénin


52
Avec le développement de l’aulacodiculture, la Coopération bénino-allemande a créé une
innovation hautement rentable qui fait l’objet d’un grand intérêt des populations et de plus
en plus d’organisations nationales et internationales. Cette innovation possède un grand
potentiel d’impact de développement comme activité économique et nouvelle filière dans
une dizaine de pays de la sous-région. Elle est appropriée comme activité
complémentaire dans une petite exploitation disposant de peu de terres, comme activité
économique dans des ménages périurbains et urbains et comme investissement agro-
industriel. Avec un support initial, elle peut ouvrir la voie pour des familles pauvres pour
l’amélioration des conditions de vie.

La forte rentabilité de l’activité, la dynamique qu’elle avait prise et l’intérêt vif des pays
voisins du Bénin ont conduit la Coopération allemande à mettre en œuvre le Projet
Régional de Promotion de l’Elevage de l’Aulacode en Afrique au Sud du Sahara (PPAS)
qui s’est chargé de l’appui à l’organisation de la filière et le transfert des acquis dans les
pays intéressés de la zone au Sud du Sahara. Avec l'apparition de l'épidémie d'Ebola en
Afrique de l'Ouest, la demande pour les aulacodes a également connu une chute
significative.

5.3.5. Diffusion des connaissances au plan international à partir de 2001


Depuis 2001, la coopération allemande a soutenu des activités visant à diffuser aussi les
connaissances sur l’élevage des aulacodes dans d’autres pays d’Afrique du Sud-Ouest.
Cela n’est pas dans l’intérêt des gros producteurs béninois d’aulacodes qui désirent
exporter la viande vers les pays voisins. Mais du point de vue de la coopération
allemande, il est important que de nouvelles technologies et méthodes de production
mises au point dans un pays soient mises à la disposition des populations d’autres pays.
Le transfert de savoir-faire au-delà des frontières est une tâche centrale de la coopération
allemande. Alors qu’auparavant, l’accent était mis sur les transferts de connaissances de
l’Allemagne vers le « pays en développement » soutenu, les échanges entre les
différents pays sont aussi devenus une approche de promotion centrale.

En dehors du Bénin, le projet PPAS a impacté alors les pays de la sous-région comme le
Burkina Faso, le Togo, le Nigéria, le Cameroun, la Côte d’Ivoire, la République du Congo,
la République Démocratique du Congo, le Ghana et la Guinée Equatoriale. L'élevage
systématique des aulacodes et ses résultats au Bénin, unique dans la région, a même
été présenté sur un stand spécifique avec des aulacodes vivants à l'EXPO 2000 de
Hanovre par le gouvernement béninois.

Etude sur l´historique de la Coopération Allemande dans le secteur agricole au Bénin


53
L’aulacode, plus communément connu sous le nom d’agouti (Tryonomys
swinderianus) est, après le porc-épic, le deuxième plus gros rongeur d’Afrique. À
maturité, il atteint une taille comprise entre 40 et 60 cm et un poids variant entre 3 et
4,5 kg. Très répandu dans les savanes d’Afrique tropicale, on le trouve également
aux abords de zones humides, à proximité des marécages, dans les plantations de
canne à sucre ou encore dans les champs des paysans, d’où sa réputation de
prédateur. Parmi les ennemis naturels de l’aulacode figurent le serpent python,
d’autres carnivores ainsi que l’homme qui le chasse pour consommer sa chair très
appréciée. Cet animal nocturne vit en groupe de trois à douze individus – un mâle et
deux à trois femelles ainsi que leurs portées. Pendant la journée, ils se réfugient
volontiers dans les hautes herbes ou dans les trous creusés par d’autres animaux.

Source : Exploiter pour conserver Comment les animaux d’élevage et plantes cultivées délaissés constituent un
potentiel économique pour le développement rural, GTZ (2003) ; p. 6.

5.3.6. La situation en 2003


Au début des années 2000, les aulacodes sont domestiqués et peuvent faire l’objet d’une
sélection. Alors qu’auparavant, cette espèce ne pouvait survivre qu’à l’état sauvage dans
la nature, certains aulacodes ont pu être améliorés grâce à la sélection, de telle sorte
qu’ils peuvent aujourd’hui survivre et se reproduire en captivité. Les aulacodes d’élevage
sont en bonne santé et se sont accoutumés à recevoir leur nourriture de l’homme. Les
éleveurs savent comment construire les cages et ce qu’ils doivent donner aux animaux
pour les nourrir et connaissent aussi les conditions dont les aulacodes ont besoin pour
se reproduire.

L’élevage d’aulacodes constitue au Bénin un secteur d’activité à part entière, avec des
chefs d’exploitation bien formés et expérimentés qui assurent également la formation des
novices. En 2003 il existait environ 3 200 Béninois(es) qui élèvent des aulacodes. La
grande majorité de ces éleveurs (80 %) sont des (petits) exploitant(e)s agricoles, 20 %
sont des fonctionnaires ou des travailleurs indépendants dans les villes. 80 % des
éleveurs ont moins de 100 aulacodes, 19 % en ont entre 100 et 500, et 1 % gèrent de
grosses exploitations comptant plus de 500 agoutis. On a estimé à près de 72 000 le
nombre total d’aulacodes élevés au Bénin en 2003. Les petites exploitations agricoles
réalisent plus de la moitié de leur revenu annuel grâce à l’aulacodiculture.

Toutes n’ont pas réussi ou ne parviennent pas à réaliser des profits, car cet élevage
demande des connaissances approfondies sur les conditions de production et d’élevage
des aulacodes. Mais les perspectives de revenus importantes expliquent pourquoi le taux
d’abandon est très faible parmi les novices, de 10 % à peine.

L’élevage d’agoutis permet aux agriculteurs de réaliser des revenus de façon régulière
sur toute l’année. Les agoutis d’élevage constituent une épargne qui peut être
rapidement convertie en argent liquide en cas de besoin. L’élevage peut en outre être
élargi dans les périodes où les agriculteurs ont besoin de plus d’argent. Cet élevage peut
également s’adapter aux prix de vente obtenus sur les marchés, et être intensifié durant
la saison des pluies quand il y a peu de gibier en vente sur les marchés.

Etude sur l´historique de la Coopération Allemande dans le secteur agricole au Bénin


54
Contrairement à l’élevage en liberté de menu bétail qui est traditionnellement l’affaire des
femmes, l’élevage en captivité est une nouvelle façon de travailler qui n’est pas le
domaine réservé de l’un ou l’autre sexe. Les travaux sont partagés entre les hommes et
les femmes dans certaines régions, exécutés essentiellement par les femmes dans
d’autres, et dans les exploitations élevant un grand nombre d’aulacodes, de la main-
d’œuvre est spécialement recrutée.

En fin de projet en 2000, 18 % des jeunes agoutis étaient vendus directement à des
femmes. Par la suite, les programmes de crédit ont continué, mais les structures de
sélection et de commercialisation n’étaient plus incitées à faire des efforts en faveur des
femmes, si bien qu’en 2003, 12 % seulement des jeunes animaux ont été vendus à des
femmes. En ce qui concerne les prix, voici ce qui se dit au Bénin : « Un aulacode abattu
assure la nourriture d’une journée. Un aulacode vendu permet de se nourrir durant toute
une semaine ». Pour les petits exploitants, l’élevage d’aulacodes est intéressant pour la
vente plutôt que pour leur propre subsistance. La plupart des éleveurs vendent leurs
animaux directement sur les marchés des grandes villes. Pour des agoutis de boucherie
de 2,5 à 3,5 kg, ils ont pu obtenir en 2003 environ 3 euros le kg. Les aulacodes
reproducteurs étaient plus rentables encore, et pouvaient se vendre en 2003 au Bénin
pour 15 euros environ.

5.3.7. Impacts écologiques

La pression exercée par la chasse sur les populations d’agoutis sauvages ne peut se
relâcher que si la demande de viande d’aulacode peut être satisfaite par des animaux
d’élevage. Au Ghana, pays voisin, il a été observé une régression des feux de brousse
allumés par les chasseurs d’aulacodes, ce qui est interprété comme le signe que la
chasse aux agoutis sauvages est en recul. Cela n’a pu être observé de façon certaine au
Bénin, mais dans les villages, les aulacodiculteurs signalisent les endroits où ils coupent
du fourrage, veillant ainsi à ce que des feux n’y soient pas allumés. Le fumier des
aulacodes est utilisé dans les exploitations agricoles, remplaçant ou complétant ainsi
d’autres engrais.

6. Protection des Forêts Classées : Le projet bénino-allemand de


reboisement
La coopération bénino-allemande dans le domaine de la protection des forêts classées
a été marquée par une politique différente de ce qui était fait précédemment : l’intégration
du facteur humain dans la Philosophie du projet. Ce fut une nouveauté.
En effet, auparavant, on ne pouvait concevoir une protection efficace de la forêt qu’en y
délogeant les populations.

Les groupes ethniques étaient régulièrement chassés des forêts à protéger, mais cela
ne durait pas longtemps. Les hommes considéraient la forêt comme leur habitat et s'y
infiltraient toujours à nouveau, jusqu'à ce qu'ils soient découverts et chassés une
nouvelle fois.

Etude sur l´historique de la Coopération Allemande dans le secteur agricole au Bénin


55
L'approche de la coopération germano-béninoise a changé cette façon de faire et a
développé un concept de projet qui place l'homme et la forêt dans une relation plus

Le Professeur Brice Sinsin, recteur de l'Université d'Abomey-Calavi (UAC) de


2012 à 2017, dirige aujourd'hui le Laboratoire d'Ecologie Appliquée de l'UAC.
Avant d'être professeur à l'UAC, il a travaillé pour le programme de reboisement
financé par l'aide allemande au développement et réalisé par la GTZ. Lorsqu’on
lui demanda la caractéristique essentielle de l’engagement allemand, la réponse
lui vint spontanément : « La constance et l'objectif de ne pas seulement lancer des
projets, mais aussi de les accompagner à long terme ». Le professeur Sinsin n'est
certainement pas le seul à partager ce point de vue. En effet, il ne suffit pas de
créer un projet de toutes pièces en s’agitant pour rien, de le financer pendant un
certain temps avec de l'argent dans une mentalité « tous risques », puis, une fois
que les résultats souhaités sont là, d'annoncer le succès du projet et de passer à
autre chose. Depuis le début, la coopération allemande au développement se
caractérise par la continuité et la construction sur ce qui a déjà été fait.
harmonieuse, de sorte que les deux puissent vivre ensemble. L'engagement a
commencé en 1984 et a duré plus de 15 ans, jusqu'en 2000.

Au début du projet, la forêt de Lama près de Bohicon était dégradée à près de 75%.
Grâce à une coopération financière et technique sur le long terme, la forêt a pu être
sauvée. Le groupe ethnique des Holis, qui vit dans cette zone forestière, a été intégré au
projet, ce qui a permis de convaincre cette communauté de protéger leur lieu d’habitation
et de considérer la forêt comme une ressource naturelle.

Une vision économique intégrée a été développée, centrée sur la production de bois.
Plus de 8000 hectares de teck ont été plantés, abattus et vendus comme bois d'œuvre.
La production économique de teck pouvait générer des ressources précieuses et
nécessaires tout en contribuant à la valorisation des terres dégradées. Une scierie a été
construite à Saclo, près de Bohicon, ce qui a permis de traiter le teck en grande quantité
et de le valoriser de manière quasi industrielle. Aujourd'hui encore, la forêt de Lama près
de Bohicon est visitée par des étudiants de l'UAC à des fins de recherche et des ouvriers
forestiers y sont formés et perfectionnés.

6.1. Lancement du projet bénino-allemand de reboisement

L'objectif du projet forestier germano-béninois était de gérer les 7.500 hectares de


plantations de teck Agrime, Toffo et Djigbe, répartis en trois zones forestières distinctes.
Ces hectares avaient été plantés par la France dans les années 1950, mais n’ont pas
été entretenus par la suite et laissés à l’abandon. L'objectif de la gestion était également
de réduire ou d'empêcher l'exploitation illégale du bois des forêts indigènes.

Pour ce faire, une scierie industrielle a été construite et exploitée par la GTZ à Saclo,
près de Bohicon, afin de transformer le bois issu des reboisements. Un atelier et un
parking pour y stationner les véhicules du projet forestier ont également été construits
sur le même site.

Etude sur l´historique de la Coopération Allemande dans le secteur agricole au Bénin


56
Afin de réduire la contrebande de bois en provenance des marchés illégaux du Nigeria
vers le Bénin, le projet visait à mettre en place une structure de commercialisation du
bois récolté dans les forêts et préparé dans la scierie pour approvisionner la population
béninoise. Le siège administratif était basé dans un premier temps dans des locaux loués
à Cotonou. Plus tard, un bâtiment administratif fut érigé. Les premiers experts envoyés
par la GTZ ont été assistés par des partenaires béninois70.

6.1.1. Première phase de développement : 1981/82


La première phase du projet forestier a été marquée par la mise en place d’infrastructures
nécessaires au bon fonctionnement du projet. Au début, l'administration centrale se
trouvait encore dans des locaux loués à Cotonou. C'est à partir de là que l'ensemble du
grand projet a été planifié et dirigé au cours des premières années.

Au début du projet, il n'y avait aucune infrastructure dans la forêt de Lama. Il a donc fallu
reconstruire entièrement les chemins et les centres forestiers pour pouvoir y effectuer les
travaux et la récolte du bois.

À Tchetou, près de Bassila, il y avait une scierie d'État et une production de charbon de
bois. Le projet GTZ y a mis en place des reboisements expérimentaux avec
de « l’essence locale ». Pour s'en occuper, deux grands conteneurs ont d'abord été
installés. Plus tard, ils ont été remplacés par une maison construite en briques d'argile
produites sur place.

Le projet forestier a débuté par la construction d'une scierie à Saclo. L'expert de la GTZ
Rudolf Spieß a coordonné la construction avec la main-d'œuvre béninoise. C'est ainsi
qu'ont été construits en peu de temps le hall de la scierie, les fondations pour les lourdes
machines de la scierie, un parc de triage des grumes, le parking des véhicules avec des
machines de construction routière, des véhicules de transport et des chargeurs pour la
scierie ainsi qu'un atelier composé d’un hall avec des générateurs diesel pour
l'alimentation en électricité et un bâtiment administratif.

La scierie et la salle d'affûtage, pour l'entretien des scies fortement sollicitées, ont été
mises en service après six mois de construction. Cette période a également été mise à
profit pour couper correctement le bois de sciage destiné à la couverture de tous les
bâtiments en construction de l'usine.

6.1.2. Début de la production : 1983/84

La nouvelle scierie a été mise en service vers la fin de l'année 1982. Les conducteurs de
machines béninois qui y travaillaient ont été formés sur place par Rudolf Spieß,
collaborateur de la GTZ. La production a augmenté rapidement de même que le nombre
d'employés : dès la première année, environ 180 personnes travaillaient dans la scierie,

70 Les experts de la GTZ étaient le chef de projet Eckart von und zu Aufsess, le garde forestier Sarazin, Max Schweigl
et Rudolf Spieß, le responsable de la scierie et de la commercialisation du bois, M. Rudolf Spieß, ainsi que le chef
d'atelier Wilfried Ohlemacher.

Etude sur l´historique de la Coopération Allemande dans le secteur agricole au Bénin


57
y compris pour l'importation de grumes. En 1983, on arrivait déjà à une coupe de bois
rond d'environ 6000 mètres cubes.

La même année, l'Office national du bois (ONAB) a été créé et la construction d'un
bâtiment administratif a commencé à Cotonou. Au départ, ce bâtiment devait avoir un
seul étage, mais plus tard, en 1987, un deuxième étage a été ajouté. Une menuiserie
située sur le site a été intégrée au projet.

Afin d'écouler la production, qui avait entre-temps augmenté, quatre points de vente de
bois ont été mis en service à Cotonou en 1983 pour la commercialisation. Les bois
équarris 8x8 cm, les planches, le bois de chauffage et le charbon de bois ont rapidement
connu un grand succès. Cela fut très appréciés par les clients. Avant même l'arrivée des
camions qui se rendaient à Cotonou avec le bois de Bohicon, de nombreux acheteurs
attendaient déjà les marchandises en bois. Certains jours, on pouvait dénombrer plus de
50 clients. Peu après le déchargement des camionnettes, la marchandise était donc déjà
vendue.

Plus tard la capacité de la scierie s’est avérée insuffisante. D'une part, les besoins en
bois de sciage étaient plus élevés que prévu. D'autre part, pour créer des conditions de
croissance optimales, il fallait intensifier les reboisements et donc récolter et transformer
davantage de bois. C'est ainsi que l'extension de la capacité de sciage existante a été
planifiée et réalisée, intensifiant ainsi les reboisements.

6.1.3. Premier élargissement : Phase de développement II – 1985 - 1987

Afin de reboiser la forêt de lamas qui avait souffert des coupes illégales des années
précédentes, une pépinière a été mise en place par la direction allemande du projet pour
produire des plants. Cela devait permettre de réaliser les futurs reboisements prévus. Le
parking de machines et de véhicules du projet a également été élargi : des machines et
des véhicules lourds ont été ajoutés, avec lesquels le défrichage et l'exploitation de
nouvelles surfaces ainsi que la construction de chemins supplémentaires (sur plus de 80
kilomètres au total), ont été effectués.

Environ 10 000 hectares de teck ont ainsi été replantés dans la forêt de Lama. Pour ce
faire, les Holis vivant dans la forêt de Lama ont dû être déplacés, car ils vivaient sur les
surfaces à planter dans la forêt.

Les risques permanents d'incendie, principalement en période de sécheresse,


représentaient un grand danger pour le reboisement et pour le vieux bois de la forêt de
Lama. Trois tours de surveillance des incendies, occupées en permanence, ont été
installées dans la forêt à des intervalles éloignés les unes et des autres, afin de pouvoir
constater et signaler rapidement tout début d'incendie de forêt.

Etude sur l´historique de la Coopération Allemande dans le secteur agricole au Bénin


58
6.1.3.1. Extension de la scierie

La demande de teck provenant de la forêt de Lama a continué à dépasser la capacité de


la scierie de Saclo. Elle a donc été agrandie une nouvelle fois et a pu produire 60 000
mètres cubes de grumes. Cela a été possible grâce à la construction d'un nouveau et
plus grand parc de triage des grumes, l’acquisition de machines supplémentaires pour
l'extension de la ligne de sciage existante, la construction d'un nouveau hall avec une
installation de sciage de bois faible et l'extension de la salle d'affûtage pour affûter les
scies.

Un séchoir et un bâtiment abritant une installation de production de parquet ont été


ajoutés. Le parquet s'est tout de suite bien vendu auprès des clients, tout comme les
grumes. Les travaux ont été coordonnés par Rudolf Spieß, collaborateur de la GTZ, qui
a également pu fabriquer lui-même tous les composants en bois nécessaires dans la
scierie.

6.1.3.2. Menuiserie à Cotonou

L'atelier de menuiserie mis en place à Cotonou a également été agrandi à cette époque
et équipé de nouvelles machines. Une installation d'aspiration avec silo à sciure a été
ajoutée. Des formations sur l'utilisation du teck dans la production de meubles et d'autres
applications pour la formation continue des menuisiers locaux y ont ensuite été
organisées, sous la direction d'experts allemands en menuiserie.

6.1.3.3. 300 maisons pour les Holis

Cette fois, les Holis vivant dans la forêt de lamas ne devaient plus être chassés. De
nouvelles terres (surfaces de remplacement), des maisons et des écoles en dehors des
zones de reboisement leurs furent proposées. Les Holis ont accepté de déménager des
surfaces à reboiser vers les 300 maisons. Dans les communes riveraines, douze
bâtiments scolaires ont également été construits, les toitures des marchés rénovées et
les bâtiments administratifs remis en état. Ces mesures ont fini par convaincre les Holis
de ne plus occuper les zones de reboisement et d'habiter en dehors de la forêt de Lama.

6.1.3.4. La Commercialisation du bois

L'ouverture de 28 autres points de vente répartis dans toutes les villes du Bénin, ainsi
que d'un point de vente à Lomé (au Togo) et d'un autre à Niamey (au Niger), a permis
de limiter au maximum la récolte illégale de bois et le marché noir en provenance du
Nigeria - au profit du teck issu de la forêt de lamas et produit de manière durable.

6.1.3.5. L'équipe du projet de reboisement

Le projet de reboisement n'a pas seulement profité à la forêt de lamas, il a également


permis d'employer plusieurs milliers de travailleurs locaux au total. Ainsi, 250 personnes
travaillaient dans la scierie et les points de vente, environ 2 200 ouvriers s'occupaient du
reboisement et jusqu'à 2 500 ouvriers lors des plantations. L'équipe de construction du

Etude sur l´historique de la Coopération Allemande dans le secteur agricole au Bénin


59
projet comptait 28 personnes et environ 25 personnes travaillaient dans l'administration
du projet à Cotonou. Le nombre d'experts allemands était d'environ dix personnes 71.
Durant cette phase également, chaque expert était accompagné de partenaires béninois.
À partir de 1986, six volontaires issus du programme de volontariat franco-allemand, trois
jeunes Allemands et trois jeunes Français, sont venus travailler pendant quelques temps.

De 1981 à 1987, des moyens financiers à hauteur de 340 millions de marks ont été
investis par la KfW. À partir de 1988, des investissements ont été réalisés dans le projet
à partir des bénéfices provenant de la vente de bois. Les projets ont été poursuivis même
au-delà de l’année 1993. Suite au retrait de l'État béninois et à la libéralisation des
structures de transformation du bois au Bénin, la scierie de Saclo a été privatisée. La
privatisation de cette industrie dans les années qui suivirent eut des importantes
répercussions sur le secteur de la production de bois au Bénin, qui fut dès lors soumis à
d'autres lois, et obligea également l'ONAB à réformer en profondeur ses missions.

L'Office National du Bois (ONAB) a été créé en 1983, par décret n°83-425 du
2 décembre 1983 suite à la dissolution de la Société Nationale pour le
Développement Forestier (SNAFOR). Il a son siège social à Cotonou dans
l'enceinte de l'actuelle Direction Générale des Forêts et des Ressources
Naturelles (DGFRN) à Cotonou (Akpakpa). Par décret N° 2000-488 du 9 octobre
2000, il y a eu modification des statuts de l'ONAB et autorisation de la filialisation
de sa branche industrielle. Le 28 décembre 2009, la branche industrielle a été
privatisée. La mission de l'ONAB est : « assurer la gestion durable des plantations
domaniales sous tutelle de l'office, la promotion du reboisement et de l'économie
forestière ».

L'ONAB est chargé de l'élaboration des plans d'aménagement forestier; la


maîtrise d'œuvre de ces plans d'aménagements incluant la gestion de l'exécution
des travaux par la sous-traitance et la gestion des mécanismes
d'approvisionnement en bois du secteur privé de la filière; suivi des plans
d'aménagements; la protection des plantations qui lui sont confiées contre les
incendies de forêt et l'exploitation frauduleuse; l'appui conseil aux communautés
riveraines; la commercialisation des produits exploités ou transformés;
l'importation ou l'exportation du bois et des produits dérivés; la réalisation sur la
base de contrats ou conventions à passer avec des tiers de toutes opérations
d'études, d'enquêtes et de travaux relevant de ses attributions; la réalisation, le
cas échéant, et sur la base de contrats ou de conventions à passer avec
l'administration forestière, toutes opérations de développement de la production
forestière (reboisement enrichissement, aménagement etc.).
Source : LinkedIn, Sonab SA.

71 Parmi eux, le chef de projet Eckrt von und zu Aufsess, les gardes forestiers Wulpern, von Bothmer, Schmitt et Lutz,
le directeur de la scierie Rudolf Spieß, le chef d'atelier Ohlemacher, M. Happe, responsable de la commercialisation
du bois et de la menuiserie de Cotonou, ainsi que la sociologue Mme Zink (selon le souvenir de R. Spieß).

Etude sur l´historique de la Coopération Allemande dans le secteur agricole au Bénin


60
Lorsque l'expert de la GTZ Rudolf Spieß est retourné au Bénin pour une visite
au début des années 2000, il s'est également rendu à la scierie de Saclo. À
l'époque, il avait rencontré tous les cadres locaux. L'entreprise fonctionnait
encore, mais l'approvisionnement en pièces de rechange posait problème.
Rudolf Spieß a également parlé avec le Délégué, le "porte-parole du village"
des Holis déplacés, qui habitait également dans une maison construite lors de
la première phase du projet. Selon ses propres dires, il y était très satisfait et
se sentait très à l'aise dans sa maison et son nouvel environnement. À Tchetou,
près de Bassila, les conteneurs de bureaux et le bâtiment administratif qui
faisaient partie des surfaces d'essai n'étaient déjà plus utilisés à l'époque.
Certains des points de vente installés à l'époque au Bénin étaient encore en
activité. Les bâtiments scolaires construits dans le cadre du projet dans le
périmètre de la forêt de lamas étaient toujours en service et sont toujours
utilisés aujourd'hui. Par la suite, la scierie de Saclo a été vendue à un exploitant
indien, qui a remplacé le personnel local par du personnel indien. La scierie n'a
plus été utilisée que pour préparer le bois brut et l'envoyer directement en Inde
pour y être transformé. Il semble également que les coupes de bois illégales
aient repris dans la forêt de Lama. Les points de vente mis en place par le projet
ont peu à peu disparu, mais l'atelier de menuiserie de Cotonou est toujours en
activité aujourd'hui.

Les ressources forestières occupent 65 % du territoire du Bénin (environ 73.450


km²). Elles subissent depuis plusieurs décennies une forte dégradation sous
l'effet conjugué de la pression démographique et de la baisse de la pluviométrie.
Cela se traduit par l'extension anarchique des espaces agricoles et pastoraux,
des pratiques non favorables à la gestion durable des ressources naturelles
(agriculture itinérante, coupes abusives etc.) et l'appauvrissement des sols.
Environ 70.000 ha de forêts par an ont été détruits entre 1990 et 2000 pour des
fins agricoles, cynégétiques, pastorales et pour la récolte de bois. La forte densité
démographique au sud du pays a eu pour conséquence une utilisation intensive
des terres et les forêts sont devenues très rares. Les seules reliques qui
subsistent encore sont le noyau central des forêts classées (exemples Lama et
Pobè). Dans la zone du centre (les Collines, le nord du Zou et le sud de l'Atacora),
les massifs forestiers qui existaient autrefois ont fait place à une savane-forêt
sèche. Seules quelques formations forestières moins soumises à la pression
anthropique subsistent encore dans la zone Nord où des aménagements sont en
cours. Pour remédier à cette situation et préserver le patrimoine forestier contre
les abus d'utilisation, l'Administration béninoise avait procédé au classement de
58 massifs forestiers couvrant ensemble 27.000 km2 (soit 19 % du territoire
national), adopté la Loi portant Code forestier et entrepris plusieurs opérations
de développement ayant pour finalité la protection et la gestion concertée des
forêts classées. Il a également promulgué la loi portant sur l’organisation des
Communes en République du Bénin et les élections municipales qui ont eu lieu
en 2002 et qui constituent désormais un cadre propice à une intervention de
gestion des forêts sous l'égide des Communes.
Source : République du Bénin, Projet d'appui à la gestion des forêts communales (PAGEFCOM),
Rapport d'évaluation, Département agriculture et développement rural (2005) ; p. vi.

Etude sur l´historique de la Coopération Allemande dans le secteur agricole au Bénin


61
6.1.3.6. Témoignage sur les Sessions de recyclage offerte aux
menuisiers béninois par la CA à Abomey : Didier Ayisso, un
bénéficiaire témoigne

La Coopération allemande, depuis son introduction sur le territoire béninois dans les
années 1960, a laissé des traces dans plusieurs domaines de la vie socioprofessionnelle
des populations. Dans le cadre de son assistance aux artisans béninois, les allemands
ont organisé une session de recyclage au profit d'une trentaine de menuisiers à Abomey.
Portant sur l’utilisation des nouveaux outils de travail, l’un des bénéficiaires de cette
formation raconte les circonstances dans lesquelles cette formation s'est déroulée et les
profits tirés.

Il s'agit de monsieur Didier Bienvenue Ayisso, menuisier ébéniste exerçant au quartier


Cadjèhoun dans la ville de Cotonou (carré 1668, Maison Dah Ayisso). « Cette formation
que nous avons suivie était la meilleure des choses qui pouvaient nous arriver. Beaucoup
d'entre nous avaient des difficultés à se familiariser avec les nouveaux outils modernes
de travail qui s'offraient à nous. Il y avait des machines pour nos différents travaux, mais
il fallait quelqu'un pour nous montrer comment optimiser leur utilisation afin d’en tirer un
bon rendement et surtout pour éviter des accidents de travail dus aux mauvaises
pratiques », a déclaré Didier Bienvenue Ayisso.

En effet, il est nécessaire de rappeler que l'initiative de cette formation initiée courant
1996 au profit des menuisiers découlait de la coopération entre le Bénin et l'Allemagne à
travers la GTZ. Une coopération qui avait conduit à la mise en place de ONAB. Pour la
mise en exécution des projets qui se « cachaient » derrière l'ONAB, les allemands ont
contribué à la campagne de reboisement au Bénin. C'est la genèse de plusieurs hectares
de bois de diverses espèces dont le teck et autres, plantés dans plusieurs régions du
centre du Bénin, notamment à Abomey.

Le bois étant la principale matière première pour le fonctionnement des ateliers de


menuiserie, il fallait les exploiter à bon escient en amenant les exploitants, que sont en
l'occurrence les menuisiers, à les utiliser dans les règles de l'art. C'est donc de cette idée
qu'est partie la mise en place d'une session « d’actualisation des compétences » des
menuisiers, pour, non seulement les amener à renouveler leur connaissance dans le
domaine mais aussi, mieux satisfaire leur clientèle afin d'en tirer le plus de profit.

Au cours de cette formation, les trente menuisiers bénéficiaires ont été suivis par deux
formateurs allemands commis par la GTZ, assistés des deux formateurs locaux qui
faisaient partie des enseignants formateurs au Lycée technique Coulibaly de Cotonou et
d’un responsable de l'ONAB qui faisait office de superviseur. Cette formation était
composée de 5 modules et s’étalaient sur 7 jours. Elle traitait notamment les techniques
d'utilisation des machines, l'assemblage de bois pour une finition professionnelle, la
technique de la « queue d'Aaron », « la rainure languette », et « le mal-femelle ».

Témoignant de la révolution que la mise en pratique de ces notions reçues a apporté


dans l'exercice de leur métier, Didier Bienvenue Ayisso rapporte qu'il s'agissait « d'une
formation merveilleuse. Nous avons appris par exemple qu'il faut toujours affuter l'outil
de travail tel que le rabot avant de l'utiliser. Cela nous facilite la tâche et accélère
également le travail. Ils nous ont enseignés des détails importants qui nous sont utiles
Etude sur l´historique de la Coopération Allemande dans le secteur agricole au Bénin
62
encore aujourd’hui. Cette formation nous a permis aussi de savoir désormais que le bois
a un sens qui permet de le fendre ou de le scier sans difficultés lorsque c'est disposé sur
la machine. Tout ça, ce sont des choses que nous avons toujours ignorées. Je faisais
partie des plus jeunes qui avaient suivi la formation car je sortais fraichement de
l'apprentissage. J'ai acquis plus de connaissance en matière de l'utilisation des machines
et les différentes formes d'assemblage du bois », déclare-t-il.

Il faut signaler qu'après cette formation, la Coopération allemande a contribué à la mise


en place d'une scierie coopérative équipée d'équipements modernes à Zogbo (à
Cotonou) et gracieusement offerte aux menuisiers de la ville de Cotonou et environs.
Cette scierie autogérée par l'Association des menuisiers à travers un comité existe
encore à ce jour et reste toujours fonctionnelle.

6.2. Les projets forestiers de la Coopération allemande depuis 1981 -


un aperçu
Depuis que la GTZ a été installée au Bénin en 1978, le secteur forestier était un axe
d’intérêt des interventions réalisées. L’approche projet a été utilisée pour déployer les
moyens techniques et financiers sur des sites spécifiques.

La coopération allemande a financé pendant ce temps 16 projets dans le domaine de la


gestion durable des forêts depuis 1981 (voir le tableau). Les sites d’intérêt comprennent
les parcs nationaux, les forêts classées, les forêts privées et les forêts communautaires.
Les périodes d’exécution des projets varient entre 5 ans et 15 ans.

Voici un aperçu sur les projets financés, cofinancés ou appuyés techniquement par la
coopération allemande dans le secteur forestier au Bénin :

Intitulé Période Site Impacts phares


Projet Promotion de l'Economie 1981 – Forêts Classées 7201,6 ha de
Forestière et du Bois (PPEFB) 1990 Toui, Lama. plantation.
Projet Reboisement de la forêt de 1985 – Forêt Classée de la 8826,3 ha de
Lama 1999 Lama, Périmètres de plantations
reboisement dominées par le
d’Agrimey et de teck.
Djigbé.
Projet de Restauration des 1988 – Bassila. 60000 ha de
Ressources Forestières (PRRF) 2003 forêts classées
et privées
aménagées ;
gestion
participative des
forêts classées.
Projet Inventaire Forestier et 1991 – Forêt Classée de Inventaire
Aménagement des Teckeraies en 1992 Lama, Périmètres de forestier et plan
République du Bénin reboisement de gestion de
d’Agrimey et de 12879,2 ha de
Djigbé. plantations de
teck.

Etude sur l´historique de la Coopération Allemande dans le secteur agricole au Bénin


63
Intitulé Période Site Impacts phares
Projet de Gestion des Ressources 1992 - Forêts Classées Enrichissement
Naturelles (PGRN) 1998 Dogo-Kétou, Ouémé des forêts ;
Supérieur, Activités pilotes
Tchaourou et Toui- de cogestion
Kilibo, Parc National des ressources
de la Pendjari et du avec les
W-Bénin. populations
riveraines.
Formation des
populations
riveraines à
l’approche
participative ;
Naissance des
AVIGREF/
Projet de Gestion de Terroirs et des 1992 – Communes de
Ressources Naturelles (PGTRN) 1998 Ouèssè et de
Ouaké.
Projet de Gestion de Terroirs et des 1999 –
Ressources Naturelles (PGTRN) 2003
Programme de Conservation et de 2004 – Atacora, Donga, Promotion des
Gestion des Ressources Naturelles 2014 Lama, Parc National chaînes de
(ProCGRN) de la Pendjari. valeurs
ajoutées ;
Renforcement
de la cogestion
et des
AVIGREF.
Programme de Conservation et de 2004 – Parc national de la Infrastructures
Gestion des Parcs Nationaux 2014 Pendjari, Parc administratives
(PCGPN) ; financé par plusieurs national W. et de
bailleurs : FEM (Fonds pour surveillance.
l’Environnemental Mondial) à
travers la Banque Mondiale pour
l’appui institutionnel au
CENAGREF, GTZ/KfW pour la
gestion du complexe du Parc
Pendjari, l’UE pour la gestion du
Parc « W », la coopération
néerlandaise pour des mesures de
développement dans les zones
riveraines Séri, et l'AFD pour le
développement de l’écotourisme
dans le Parc Pendjari
Programme National de Gestion de 2006 –
l’Environnement (PNGE) 2011
Programme National de Gestion 2010 –
Durable des Ressources Naturelles 2025
(PNGDRN)
Projet d’Appui à la Gestion des 2011 – Parc national de la Mise en place
Aires Protégées (PAGAP) ; 2017 Pendjari, Parc de la Fondation
national W. des Savanes

Etude sur l´historique de la Coopération Allemande dans le secteur agricole au Bénin


64
Intitulé Période Site Impacts phares
financement par la banque Ouest Africaines
mondiale et basé au CENAGREF (FSOA).
Projet de Réserve de Biosphère 2013 – Mono, Couffo, Togo. Création des
Transfrontalière du Delta du Mono 2019 trois réserves
(PRBTDM) de biosphère.
Réserve de Biosphère 2015 – Complexe
Transfrontalière W-Arly-Pendjari 2023 transfrontalier W-
(RBT-WAP) Arly-Pendjari.
Gestion Intégrée du Complexe 2018 – Complexe
transfrontalier W-Arly-Pendjari 2023 transfrontalier W-
(GIC-WAP) ; un cofinancement de Arly-Pendjari.
l'UE de juillet 2018 à juin 2023 qui
vient en appui au RBT-WAP

Projet mondial sur la restauration 2020 - Allemagne, Bénin,


des paysages forestiers et la bonne 2026 Cameroun, Côte
gouvernance dans le secteur d'Ivoire, Éthiopie,
forestier (Forests4Future) Laos, Madagascar,
Togo, Vietnam.
Elaboré par : Dr. Ir. Akomian Fortuné AZIHOU, Laboratoire d’Ecologie Appliquée (LEA) d’UAC

Citation :

« En effet, le Bénin souhaiterait que les bailleurs de fonds ne considèrent pas


les projets du seul point de vue de leur viabilité financière mais qu’ils resituent
chaque projet dans l’ensemble d’un programme dont la cohérence est
constituée par une stratégie globale. »

Source : Table ronde des partenaires au développement économique et social de la République populaire
du Bénin, Rapport de présentation, Cotonou, (1983).

7. Le Projet de Promotion de l’Elevage dans l’Atacora – 1983 - 200072


Le Projet de Promotion de L’Elevage dans l’Atacora (PPEA) a démarré ses activités sur
le terrain à partir de juin 1983 pour prendre fin en août 2000. Il est intervenu après la
conclusion de l’accord-cadre de coopération économique et technique entre l’Etat
béninois et gouvernement fédéral allemand en 1978. L’objectif de départ du PPEA était
d'améliorer les performances du secteur de l'élevage, en particulier de l'élevage bovin
dans le département de l’Atacora et spécifiquement dans les anciennes sous-préfectures
de Kouandé, Kérou et Péhunco pour sa première phase qui allait de 1983 à 1987. Cet
objectif de départ visait à apporter des solutions à trois (3) problèmes essentiels identifiés
à l’époque. Il s’agissait de :

72 Repris du rapport final du PPEA/GTZ.


Etude sur l´historique de la Coopération Allemande dans le secteur agricole au Bénin
65
1) L’insuffisante de l’alimentation des animaux d’élevage (bovin en occurrence) et
l’accès aux points d’eau d’abreuvement
2) L’accès limité à des soins vétérinaires de qualité
3) La méconnaissance par les éleveurs des questions essentielles relatives à l'élevage
des animaux

Pour assurer l’efficacité des mesures à mettre en œuvre, le gouvernement fédéral


allemand, s’est positionné à 2 niveaux : au niveau gouvernemental, en mettant en place
un conseiller technique au ministère de la production animale de l’époque et un autre
niveau départemental dans le cadre du projet.
Ainsi les actions de développement à la base mises en œuvre ont permis de contribuer
à l’amélioration des conditions d’existence des populations ciblées par le projet avec la
réalisation de près d’une dizaine d’ouvrages (barrage, surcreusement, gué, captage de
source) à but pastoral pour le développement de l’élevage, des dispositifs antiérosifs et
des mesures de restauration de sols par la vulgarisation de légumineuses comme le pois
d’Angole (Cajanus cajan) et la production de plantes fourragères comme le leucena
(Leucaena leucocephala), le panicum (Panicum maximum), etc.
L’ensemble de ces réalisations ont, non seulement, favorisé un meilleur accès du bétail
à des points d’eau d’abreuvement, mais aussi d’introduire des approches innovantes
comme la production de plantes fourragères et des mesures de restauration des sols
pour de meilleurs rendements et donc l’amélioration des revenus des agriculteurs et des
éleveurs73.

Si les 2 premières phases du PPEA (1983 à 1991) ont été marquées par la construction
d’une série d’ouvrages hydrauliques à but pastoral74, l’amélioration de la nutrition et de
la santé animale, l’amélioration des revenus des éleveurs et l’extension des activités du
projet à d’autres communes comme Djougou et Copargo, à partir de 1987, en plus de
Kérou, Kouandé et Péhunco, la 3ème phase connaît une progressive adaptation de la
stratégie du projet au contexte local. En effet, avec cette phase le projet commence à
mettre un accent sur la production fourragère, l’amélioration de la fertilité des sols et une
meilleure gestion des pâturages en lien avec ressources naturelles disponibles.
La revue de la démarche du projet s’est poursuivie à la 4 ème phase. Des réajustements
fondés sur les résultats d’une étude conduite au cours de la 3 ème phase, ont été opérés
pour une approche plus intégrée des systèmes d’exploitation agropastoraux aux
ressources disponibles, et notamment, la planification villageoise de l'utilisation durable
des terres dans les zones de production intensive. Au-delà donc de l’amélioration de
l’élevage, le projet se focalise sur le développement des villages, avec à la clé,
l’implication et la formation des représentants des groupes cibles75 dans l’approche de
vulgarisation et l’alphabétisation pour assurer une meilleure appropriation par ces
derniers des acquis et innovations diverses développées par le projet.

Ainsi, jusqu’à sa dernière phase, qui va de mars 1997 à août 2000, le PPEA aura réussi,
grâce à sa stratégie adaptative, dynamique et ciblée sur les préoccupations des groupes
cibles et de leurs organisations, à :

73 Réduction des taux de mortalité, meilleurs résultats de vêlage, augmentation des gains de poids,
limitation de l'instinct de troupeau, exploitation de potentiels de pâturage supplémentaires.
74 Plus d’une dizaine de barrage et autres ouvrages ont été construits.
75 Il s’agit des comités villageois de développement (CVD).

Etude sur l´historique de la Coopération Allemande dans le secteur agricole au Bénin


66
Garantir la durabilité des activités du projet, par l’harmonisation de son approche de
vulgarisation avec celles de la structure régalienne de l’Etat en la matière au niveau
départemental (le Centre d’Action Régionale pour le Développement Rural ou CARDER).
Cette démarche a permis le transfert (en douce) des compétences et capacités
techniques du projet au CARDER, aux prestataires de services du secteur privé (ONGs)
et aux organisations communautaires et fils du terroir. Ce qui a rendu possible la
poursuite, après le projet, du fonctionnement et la pérennisation des CVD ainsi que des
postes vétérinaires, du laboratoire vétérinaire, la réalisation des campagnes de
vaccination et de déparasitage, la lutte contre la mouche tsé-tsé, l’équipement, la
formation et le perfectionnement du service vétérinaire existant dans la zone du projet.

Assurer la réalisation d’au moins une vingtaine d’ouvrages hydrauliques à but


agropastoral avec la contribution financière et matérielle des villages, l’aménagement de
bassins versant, de puits et captage de sources, etc. et leur utilisation jusqu’à nos jours
pour des activités aussi diverses que la réalisation de pépinières, le maraîchage, la
transformation, etc. pour l’amélioration des conditions d’existence des populations en
général et un meilleur accès des animaux aux points d’eau.

Promouvoir des activités génératrices de revenus à travers le renforcement des


capacités techniques et organisationnelles des groupes d’entraide, notamment féminins
pour la mise en œuvre d’activités innovantes et amélioratrices de revenus comme :
l’élevage de petits ruminants associant la culture fourragère, l’apiculture, principalement
pour les groupes d'entraide féminins, la pisciculture avec l’empoissonnement des
barrages et la formation à la pèche, l’amélioration de la production et la transformation
traditionnelles du lait de vache en fromage, l'appui aux groupements de femmes dans la
production du beurre de karité et la diffusion de foyers économes en bois de chauffe pour
réduire la pression sur les ressources naturelles.

Initier la planification participative de l'utilisation des terres dans ses Zones d'Actions
Pilotes (ZAP) pour ainsi consacrer la mise en place d’un véritable projet de
développement rural (PPR) et les actions de gestion durable des terres ou la GDT,
impliquant dans leur mise en œuvre, les CVD formés et opérationnels qui assureront la
durabilité des mesures, même au terme du projet.
Au total, l’ensemble des réalisations physiques et immatériels comprenant les
innovations à la fin du PPEA se présente comme suit :

Au niveau des ouvrages hydrauliques à but pastoral ou non :

• 25 bassins de rétention des eaux pluviales avec des pré-barrages, des abreuvoirs et
des équipements supplémentaires. A ce niveau 11 des bassins de rétention on fait
l'objet de mesures de protection contre l'érosion sur 620 m de digues de protection et
180 m de mesures d'endiguement ;
• 2 captages de sources et 18 puits avec une réalisation technique satisfaisante pour
l’alimentation en eau potable des communautés dans la zone d’intervention ;
• 27 puits sont construits avec l’aide, en partie, du « Fonds de développement
villageois » (FDV).

Etude sur l´historique de la Coopération Allemande dans le secteur agricole au Bénin


67
Au niveau de l’alphabétisation

• 81 centres d'alphabétisation villageois avec plus de 3 100 personnes alphabétisées


et 2 200 personnes dans 47 clubs de lecture.

Au niveau de la santé animale

• 8 000 éleveurs sont formés et ont permis de toucher un plus grand nombre d’éleveurs
sur les maladies animales courantes, leur traitement et les précautions à prendre.

Au niveau de la gestion durable des ressources naturelles

• 900 apiculteurs formés s’investissent le domaine ;


• 500 familles utilisent les foyers en argile recommandés.

Au niveau organisationnel

• 27 groupements de femmes avec plus de 400 membres constitués et fonctionnels ;


• 150 groupes d'entraide initiés sont actifs.

Tous les CVD soutenus dans les 11 zones pilotes (ZAP) étaient pleinement opérationnels
et en mesure de poursuivre et de développer les activités en toute autonomie

Ainsi, tous les investissements et réalisations du PPEA, en termes d’ouvrages


hydroagricoles et de paquets technologiques et innovations testées et introduites à
savoir : la planification participative locale basée sur des CVD, la promotion de l’élevage,
la GDT, la promotion féminine avec le développement des activités génératrices de
revenus et des groupes d’entraide, le pastoralisme visant une réduction de la
transhumance avec la gestion des pâturages avec l’alphabétisation, la production
fourragère et l’aménagement des bassins versants, entre autres, vont servir de socle à
de futurs projets de la Coopération allemande (PGRN, PGTRN) ou même à d’autres
partenaires techniques et financiers qui opéreront plus tard sur le terrain pour le
développement économique et social des communautés bénéficiaires.

8. Interview : Christel Weller-Molongua Responsable du programme


« Projet de Gestion des Terroirs et des Ressources Naturelles »
(PGTRN) de 1998 à 2004

Directrice de département GIZ (depuis 2015) ; domaine des projets sectoriels et globaux
(GloBe) ; Département du développement rural et de l'économie agricole
GIZ / Bonn – Allemagne.

De 1989 à 2008, Christel Weller-Molongua a travaillé pour la GIZ au Niger, au Mali, au


Bénin et au Honduras en tant que consultante, chef de projet et enfin en tant que,
directrice nationale.

Etude sur l´historique de la Coopération Allemande dans le secteur agricole au Bénin


68
Au Bénin, elle a été responsable du programme « Projet de Gestion des Terroirs et des
Ressources Naturelles » (PGTRN) de 1998 à 2004. Depuis 2015, avec la mise en œuvre
de l'initiative spéciale « Un monde sans faim », elle a pu à nouveau suivre de très près
les évolutions du développement rural au Bénin.

Quels sont vos souvenirs de votre séjour au Bénin ?

CWM : Le temps passé au Bénin a été très marquant pour moi, car l'approche du projet
était innovante à différents niveaux. Le PGTRN a travaillé dans six zones
agroécologiques. Cela a permis à l'équipe du projet, composée de quatre experts
techniques béninois, de deux experts financiers, de l'équipe d'appui béninoise et de moi-
même, d'expérimenter des solutions de gestion durable des Ressources Naturelles
adaptées aux différentes zones agroécologiques, mais aussi aux conditions socio-
culturelles, et de les mettre en œuvre à plus grande échelle.

C'est ainsi que j'ai découvert le Bénin, du sud de la région Atlantique jusqu'à Boukoumbé
et Sinendé au nord, en passant par Ouessé et Ouaké.

Les innovations de l'époque sont aujourd'hui très actuelles et ont été discutées lors des
importantes conférences internationales sur le climat en Égypte (COP27) et à Montréal
(COP15) en tant que partie importante des approches de solution dans la lutte contre le
changement climatique et l'érosion de la biodiversité mondiale.

En bref, les solutions proposées à l'époque font toujours partie des solutions actuelles
pour surmonter la crise mondiale de la faim et de l'alimentation.

Quelques-unes des innovations mises en œuvre par le PGTRN sous la direction de


Christel Weller-Molongua :

- Planification de l'utilisation des terres et approches de conservation des ressources


basées sur l'espace, par exemple la réhabilitation des sols et mesures de conservation
de l'eau par la lutte contre l'érosion, agroforesterie ;

- Organisation de la population rurale et élaboration participative d'accords ?


Ces derniers ont été élaborés dans le cadre de plateformes de dialogue auxquelles ont
participé tous les acteurs concernés, par exemple les éleveurs transhumants. Il en a
résulté une grande appropriation par tous les acteurs impliqués et une durabilité même
après la fin du projet. Les accords d'exploitation locaux ont notamment porté sur des
thèmes pour lesquels une participation transversale était importante, par exemple les
feux de brousse dévastateurs ;

- Développement des capacités à tous les niveaux.


Les groupements et les comités ont ainsi pu se professionnaliser, de la planification à la
comptabilité et au développement organisationnel interne ;

- Titres de propriété et législation sur le droit foncier, y compris l'adoption du premier


Code Rural au Bénin.

Etude sur l´historique de la Coopération Allemande dans le secteur agricole au Bénin


69
La formule est simple, car la sécurité juridique a renforcé l'engagement dans l'exploitation
durable. Ce volet a été cofinancé par l'Agence Française de Développement (AFD) ;

- Participation intensive des femmes en milieu rural, même si cela a été difficile dans le
thème et s'est heurté, au début, à la résistance des femmes elles-mêmes, car « les
arbres et la terre sont traditionnellement réservés aux hommes ». Des portes ouvertes à
la participation des femmes sur les thèmes de l'eau et du bois de feu ont été utilisées
pour susciter une participation plus active et large des femmes aux décisions. Les
femmes ont également été de plus en plus intégrées dans les organisations locales en
tant que représentantes et ont donc fait partie des "équipes dirigeantes".

- L'apprentissage par le suivi a été un principe important qui a été appliqué à tous les
niveaux, du village au niveau national, en passant par les communes et les zones
d'intervention. Les solutions innovantes ont été suivies de près et les changements
mesurés, les mesures efficaces et réussies ont été analysées, les autres ont été
abandonnées, l'apprentissage mutuel et le développement commun de l'approche ont
été établis comme principe de base.

- Intervention en collaboration avec des prestataires de services locaux, c'est-à-dire des


ONG locales et des sociétés de conseil qui restent sur place, afin de garantir la durabilité
et la continuité à ce niveau également.

Le "secteur vert" cessera ses activités au Bénin en 2023, après plus de


quatre décennies. Même s'il est difficile de résumer plusieurs décennies en
quelques mots, quels sont, selon vous, les principaux résultats et
développements qui ont marqué la coopération entre le Bénin et l'Allemagne
dans le domaine de l'agriculture et du développement rural ?

CWM : Je pourrais répondre à cette question par une longue liste de mesures et
d'activités qui concernent la production agricole, la recherche agricole, la transformation,
l'élevage, y compris l'amélioration des pâturages, la sécurité alimentaire, en passant par
les thèmes de la forêt et de l'eau, jusqu'au conseil politique. Je n'aurais certainement pas
réussi à être exhaustif. C'est pourquoi j'aimerais plutôt me référer à des thèmes
méthodologiques et à des processus de changement qui s'étendent comme une
parenthèse sur tous les projets :

Tout d'abord, l'approche multi-niveaux et la collaboration avec un large éventail d'acteurs,


c'est-à-dire du niveau des groupes cibles à la politique agricole et à la législation.

Vient ensuite le développement des compétences à tous les niveaux, des agriculteurs
aux représentants du gouvernement en passant par les petits entrepreneurs et les
acteurs communaux.

L'orientation vers les résultats ainsi que l'apprentissage et l'adaptation continus grâce à
l'observation des résultats en font également partie.

Et enfin, l'orientation continue sur le genre, depuis les projets séparés de promotion des
femmes dans les années 80 jusqu'aux approches de transformation du genre aujourd'hui,

Etude sur l´historique de la Coopération Allemande dans le secteur agricole au Bénin


70
avec un renforcement explicite du rôle, des droits et de l'accès aux ressources pour les
femmes.

Vous avez mentionné l'approche à plusieurs niveaux. Pourriez-vous


l'expliquer un peu ?

CWM : L'approche à trois niveaux est caractéristique du travail de la GIZ. Elle commence
par l'orientation de la mise en œuvre au niveau des groupes cibles avec une adaptation
continue des approches. Je me souviens par exemple encore du projet CARDER
Atlantique, des grands projets dans le domaine forestier - Lamawald et ONAB, des
projets dans la région prioritaire de l'Atacora - PPEA, PAVICO et Parc national de la
Pendjari, et bien sûr du PGTRN.

Depuis 2015, les pays de l’initiative « Un monde sans faim » (SEWOH) travaillent dans
un large éventail de domaines allant de la réhabilitation des sols, la sécurité alimentaire,
les innovations agricoles, le financement agricole, les organisations paysannes, l'emploi
des jeunes jusqu'aux questions de droit foncier, de manière très proche des groupes
cibles, orientée vers les résultats et décentralisée.

Le deuxième niveau se caractérise par une collaboration avec un large éventail d'acteurs
au niveau des communes et des districts. La collaboration avec des structures
décentralisées nouvellement établies, surtout avec les communes, et la mise en œuvre
par le biais d'ONG et d'entreprises de conseil locales ont été pour moi une expérience
très intéressante. Le PGTRN a collaboré de manière intensive avec six ONG et Bureaux
d'Études et a soutenu leur développement organisationnel. Les six organisations existent
encore aujourd'hui, c'est-à-dire 20 ans plus tard, elles travaillent dans le contexte du
développement rural.

Un beau résultat de la durabilité structurelle. La collaboration avec les organisations


paysannes et les groupements de femmes a également été très importante pour la
durabilité. J'ai par exemple été très heureuse de faire un voyage à Boukoumbé en 2017,
c'est-à-dire 13 ans après la fin du projet, et de voir dans les villages que les groupements
sont toujours actifs et que les mesures se poursuivent même sans le soutien d'un projet.
Les mesures de lutte contre l'érosion sur les versants, l'agroforesterie, les troupeaux
améliorés pour les femmes, etc. étaient clairement perceptibles dans le paysage et dans
les villages.

Ce que j'ai également pu observer de manière explicite, c'est que les services
décentralisés des communes se sont encore renforcés et que celles-ci se sont ainsi
rapprochées des citoyens. On voit ici l'interface avec l'axe de la décentralisation. Dans le
domaine du droit foncier en particulier, il est très important de faire enregistrer les
changements en temps réel, que ce soit par héritage ou par vente. Cela ne peut se faire
que par la proximité des services communaux.

La recherche agricole a également joué un rôle important dans la mise en œuvre du


PGTRN et son importance ne cesse de croître en raison des effets du changement
climatique et des changements rapides auxquels les agriculteurs sont confrontés et pour
lesquels des solutions doivent être trouvées afin de renforcer leur résilience.

Etude sur l´historique de la Coopération Allemande dans le secteur agricole au Bénin


71
Le secteur privé est également un acteur de plus en plus important, par exemple dans la
transformation des produits agricoles pour le marché national mais aussi international.
Les projets relatifs aux chaînes de valeur de la noix de cajou et du karité en sont
d'excellents exemples.

Je citerai enfin le troisième niveau pour en souligner l'importance. Le niveau politique,


jusqu'aux processus législatifs, est indispensable à la durabilité et au changement
d'échelle. Un exemple que je voudrais citer ici est le Plan Foncier Rural (PFR). Sa
première version a été élaborée avec l'appui du PGTRN, rendu possible par un
cofinancement de l'AFD française, et a été adoptée en 2004. De 1998 à 2004, les
premiers titres fonciers ont été attribués. Il y a eu une adaptation continue au fil des
années. En 2017, la dernière version du PFR a été publiée. Nous savons tous que l'accès
à la terre est l'un des facteurs les plus importants pour gérer les ressources de manière
durable. Dans le même temps, le secteur foncier est extrêmement dynamique et se
caractérise au Bénin par une superposition de droits traditionnels et modernes ainsi que
par différents systèmes d'exploitation allant de l'élevage transhumant à l'agriculture
intensive. L'accès des femmes est particulièrement difficile. Bien que les femmes
assument une part très importante de la production agricole et de l'alimentation de la
famille, le droit d'être propriétaire terrien reste difficile à obtenir. Un suivi étroit des effets
et une adaptation continue représentent donc une tâche immense qui prendra encore
des années.

Quelles sont vos principales conclusions et vos souhaits pour l'avenir de


l'agriculture au Bénin ?

CWM : La situation évolue à une vitesse fulgurante dans le monde entier. Les méthodes
et les modes de production agricole qui ont bien fonctionné au cours des années et des
décennies passées sont de plus en plus ébranlés.

La pression sur les ressources naturelles et les moyens de subsistance n'a cessé de
croître. Au Bénin, cela est particulièrement visible à travers le recul des forêts et des
arbres, qui étaient encore répandus et beaucoup plus visibles au début des années 2000
qu'aujourd'hui. La formule de l'augmentation de la production par l'extension des surfaces
n'est plus réaliste depuis longtemps.

L'intensification de l'agriculture s'est insidieusement accompagnée d'une forte


dégradation des sols. Le fait est que les rendements en baisse ne peuvent plus être
compensés par une utilisation accrue d'engrais. Les problèmes d'érosion, la baisse de la
fertilité des sols, les rendements de plus en plus faibles, les conflits de surface et
d'utilisation, etc. se transforment de plus en plus en une spirale descendante. De plus,
nous vivons aujourd'hui une période de crises multiples.

Ce qui est fatal, c'est que les crises se superposent et se renforcent mutuellement. Pour
le Bénin, je vois surtout:

• Les effets de la COVID-19 sur l'économie et le renchérissement des intrants


agricoles dus à la crise ukrainienne ;
• L'impact du changement climatique, qui entraîne une forte insécurité alimentaire,
a un impact important sur les revenus des populations rurales et augmente

Etude sur l´historique de la Coopération Allemande dans le secteur agricole au Bénin


72
constamment la pression sur les ressources naturelles ;
• Les conflits et la situation sécuritaire dans certaines parties du pays, qui font que
l'activité économique normale et la sécurité alimentaire de la population rurale sont
de plus en plus menacées.

Cette situation globale implique que les solutions et les approches qui ont été testées
dans le passé et qui ont donné de bons résultats ne fonctionnent plus aujourd'hui dans
de nombreuses régions. Se concentrer sur l'augmentation de la production,
l'accroissement des revenus des familles de petits paysans et la transformation des
produits ne suffit pas.

Des approches globales et systémiques sont nécessaires pour que la transformation des
systèmes agricoles et alimentaires soit durable sur le plan économique, social et
écologique - c'est-à-dire dans les limites de la planète. C'est une tâche immense.

Une bonne gouvernance aux niveaux local, décentralisé et national ainsi qu'une
adaptation continue sont également importantes. La bonne nouvelle, c'est que la
coopération bénino-allemande s'est constamment renouvelée au fil des décennies et
qu'elle a travaillé sur de nombreux éléments qui font aujourd'hui encore partie de la
solution.

Si vous jetez un regard rétrospectif sur les changements intervenus dans la


coopération au développement, et pas nécessairement seulement dans la
coopération germano-béninoise, jusqu'à aujourd'hui, qu'est-ce qui a le plus
changé - selon vous - au cours des dernières années ?

CWM : J'ai déjà évoqué les crises qui se superposent et la rapidité des changements. Il
est également clair que la complexité des défis n'a cessé de croître, la mondialisation y
ayant largement contribué.

Mais permettez-moi également d'évoquer les aspects positifs. L'appropriation par les
acteurs dans les pays et le dialogue d'égal à égal sont pour moi des facteurs importants.
L'engagement dans le contexte des accords internationaux, tels que les Objectifs de
développement durable (ODD), les accords sur le climat ou encore les voies nationales
dans le cadre du Sommet des systèmes alimentaires des Nations unies (UNFSS)
constituent un cadre commun qui offre une bonne base pour la coopération d'égal à égal
et la coordination des différents donateurs dans les pays. Une base qui, à mon avis,
pourrait être utilisée bien davantage.

Je suis également très heureuse de constater que, ces dernières années, la population
jeune des campagnes est davantage impliquée. Ils représentent l'avenir et sans la
création de possibilités d'emploi attrayantes pour ce groupe dans l'agriculture ou dans
d'autres secteurs, la production de denrées alimentaires du champ à l'assiette ne pourra
pas être garantie.

Et bien sûr, il est important de mentionner ici la numérisation. Lorsque j'étais au Bénin, il
n'y avait pas encore de téléphones portables dans les villages, mais aujourd'hui, ils sont
très répandus et on ne peut plus s'en passer. Cela donne de toutes autres possibilités

Etude sur l´historique de la Coopération Allemande dans le secteur agricole au Bénin


73
de transparence, d'innovation et d'organisation de l'apprentissage et de la diffusion de
l'information.

Mais il faut aussi être prudent, car cela peut aussi désavantager des groupes qui n'ont
pas de téléphone portable ou pas suffisamment accès à Internet, par exemple les
femmes. Conformément à la devise « Leave no one behind », il convient donc d'évaluer
soigneusement comment et dans quel contexte la numérisation apporte des avantages
et des gains d'efficacité.

Y a-t-il eu une phase de « projectitis » (multitude de projets travaillant de


façon autonome) dans la coopération au développement au Bénin, au cours
de laquelle de nombreux projets ont vu le jour, qui ont ensuite travaillé de
manière plus ou moins indépendante ? Si oui, comment cette phase a-t-elle
été surmontée ? Et y a-t-il une cohérence, un arc que la coopération
allemande a tracé dans le domaine de l'agriculture/du développement rural
au Bénin, des débuts à aujourd'hui ?

CWM : D'aussi loin que je me souvienne, il y a toujours eu beaucoup de projets de


développement rural au Bénin. Par le passé, on a observé que ces projets travaillaient
en grande partie de manière autonome et isolée, pour ainsi dire dans leurs propres silos.
Durant cette période, un projet était alors souvent désigné comme le « projet allemand ».
Dans ce cas, le terme « projectititis » est tout à fait approprié.

Un processus d'apprentissage a eu lieu à cet égard dans le monde entier et au Bénin


également. La programmation, qui a commencé vers 2008 dans la coopération
allemande, a déjà conduit à des améliorations, à des accords et à des actions
réciproques ainsi qu'à un apprentissage commun dans le secteur agricole. Néanmoins,
cela demande un effort continu.

Cela est devenu évident, par exemple, lorsque l'initiative spéciale SEWOH est devenue
opérationnelle en 2016 et que les projets phares ont été établis au Bénin. Les projets de
la première génération Centres d'innovation verte, Réhabilitation des sols, Amélioration
de la sécurité alimentaire et de la résilience, ont d'abord agi de manière relativement
autonome et peu intégrée dans les projets bilatéraux. Cette situation ne s'est améliorée
que progressivement, notamment grâce à la mise en place d'une coordination des
clusters, le « secteur vert », qui travaille également en étroite collaboration avec les
partenaires gouvernementaux béninois.

Cela montre que la coopération et les liens étroits sont essentiels et nécessitent des
efforts continus.

Y a-t-il eu des expériences et des approches qui n'ont pas répondu aux
attentes ? En d'autres termes, où la coopération au développement a-t-elle
elle-même commis des erreurs et qu'a-t-elle amélioré par la suite ?

CWM : Oui, bien sûr, il y a eu des erreurs et des approches qui n'ont pas répondu aux
attentes. Dans la coopération au développement, il s'agit à mon avis d'innovations.
Parfois, celles-ci sont transférées d'autres régions où elles ont bien fonctionné, parfois
elles sont élaborées spécifiquement pour une situation donnée.

Etude sur l´historique de la Coopération Allemande dans le secteur agricole au Bénin


74
La recherche sur l'impact part du principe que 80% des innovations ne fonctionnent pas.
Mon expérience m'a montré que le transfert de l'innovation d'une région à l'autre n'est
généralement pas possible à l'échelle 1:1 et qu'une adaptation aux conditions
agroécologiques et socioculturelles locales est toujours nécessaire.

Je constate également que les mesures mises en œuvre rapidement, sans une
participation intensive de la population et des acteurs locaux, ne sont souvent pas
durables. Les exemples sont nombreux au Bénin : petits marchés couverts dans des
endroits non choisis par la population, mesures d'infrastructure pour la protection contre
l'érosion dont la responsabilité de l'entretien continu n'a pas été clarifiée, mesures pour
les femmes dont les hommes n'ont pas été informés, projets de reboisement dont la
protection des plants contre les feux de brousse ou l'utilisation ultérieure du bois n'ont
pas été définies, etc.

Les enseignements tirés sont que la participation de tous les acteurs impliqués et les
approches systémiques sont très importantes. Le facteur temps est également
déterminant. Les changements de comportement prennent du temps et ne peuvent pas
être imposés. J'ai déjà abordé le thème de l'appropriation, mais je voudrais le souligner
à nouveau ici.

Dans l'idéal, les acteurs de la coopération au développement ne devraient-


ils pas être sollicités et entraînés par les partenaires locaux, au lieu que les
acteurs de la coopération au développement, dans leur prétention à une
transformation, tentent d'inciter les partenaires à changer ?

CWM : Je suis tout à fait d'accord sur ce point. Comme je l'ai dit, je pense que dans un
monde globalisé, la transformation est une responsabilité partagée. L'appropriation par
les pays et les acteurs du Sud est pour moi très importante et constitue un élément
fondamental de la durabilité. Nous nous retrouvons parfois dans des situations difficiles
et des dilemmes. Je peux l'illustrer brièvement par l'exemple du PGTRN.

Au début du projet, ni les agriculteurs ni le gouvernement béninois ne plaçaient la gestion


durable des ressources naturelles au premier plan. Ils avaient de toutes autres attentes
et voulaient avoir accès à l'eau, aux intrants, à l'infrastructure et aux centres de santé,
etc. Autrement dit, il s'agissait plutôt de hard facts et d'infrastructures et non d'un
processus impliquant une forte participation personnelle en temps et aussi en ressources
propres.

Au fur et à mesure de la mise en œuvre et de l'observation des effets, les choses ont
changé. Les agriculteurs et agricultrices ont pu évaluer eux-mêmes, dans le cadre de
l'auto-évaluation, les changements que la planification de l'utilisation des terres et la mise
en œuvre des mesures leur ont apportés. L'attribution de titres fonciers a certainement
aussi été un facteur important.

Une visite dans la région de l'Atacora avec mon collègue béninois Sylvestra Fandohan
et des représentants sélectionnés de l'ONG en 2017, soit 13 ans plus tard, a montré que
la population continue à appliquer les mesures. Le témoignage du chef de terre d'une
communauté villageoise de l'époque était le suivant : « Nous allons bien parce que nous
continuons les mesures. Malgré des précipitations variables, nous avons de bonnes

Etude sur l´historique de la Coopération Allemande dans le secteur agricole au Bénin


75
récoltes parce que les mesures de lutte contre l'érosion retiennent l'eau et que nos sols
sont bons. Nous pouvons vendre les excédents. Mes fils sont restés ici. J'ai pu leur
acheter une moto et mes filles sont allées à l'école. L'aînée vient de terminer un
apprentissage de couturière et aura ses propres revenus ».

Pour revenir à la question : Le projet a accompagné à l'époque un processus de


changement qui, au début, a été vu d'un œil critique par différentes parties prenantes,
mais qui était néanmoins absolument judicieux dans une perspective de durabilité.

En 2017, le gouvernement béninois a d'ailleurs intégré dans la politique agricole du pays


les méthodes de gestion durable des sols et d'agroforesterie expérimentées et
documentées par le PGTRN. Donc là aussi - certes avec un peu de retard – en résulte
un bon ancrage durable et donc une opportunité de passage à l'échelle.

Des mesures d'impact récentes montrent qu'en appliquant les méthodes de gestion
durable des sols, les rendements du maïs ont augmenté de 62 %, ceux du manioc de 38
%, ceux de l'igname de 46 % et ceux du coton de 85 %. Cela contribue clairement à la
réduction de la pauvreté (ODD 1) et de la faim (ODD 2), ainsi qu'à la lutte contre les effets
du changement climatique (ODD 13), pour n'en citer que quelques-uns.

Selon vous, dans quelle direction la coopération au développement elle-


même devrait-elle changer et évoluer pour répondre à l'exigence d'une
efficacité et d'une durabilité maximales ? En bref, à quoi ressemblera selon
vous la coopération au développement de demain ?

CWM : L'appropriation par les pays ou les régions concernés est à mon avis garantie par
le fait qu'ils participent aux processus internationaux et émettent également leurs
engagements nationaux dans ce contexte. Le Bénin a formulé les contributions
nationales aux ODD, aux conférences sur le climat dans le cadre des négociations de la
Climate Change Conference (COP), au FNUAP et à la conférence sur la biodiversité, et
a établi des planifications nationales. La direction et l'orientation de base commune sont
ainsi définies, à mon avis, également pour la coopération au développement.

Je considère que notre rôle est de soutenir les gouvernements, si nécessaire, dans
l'élaboration des conditions-cadres et dans la mise en œuvre des mesures qui favorisent
la réalisation des objectifs. La mise en place des bonnes incitations, le développement
des capacités à tous les niveaux, l'observation continue des effets, les boucles
d'apprentissage et, le cas échéant, les ajustements sont importants pour trouver et établir
des solutions dans l'esprit du développement durable. Dans ce contexte, la médiation et
l'action entre les niveaux - du niveau des groupes cibles au gouvernement en passant
par les acteurs décentralisés - constituent un champ d'action important pour la
coopération technique.

Votre mot de la fin et votre souhait pour l'avenir du secteur agricole dans
lequel la coopération bénino - allemande a travaillé depuis près de 60 ans.

CWM : Je souhaite vivement qu'au Bénin, la transformation des systèmes


agroalimentaires réussisse et que tous les acteurs - jeunes et vieux, femmes et hommes,
organisations paysannes et services publics, société civile et économie privée dans les

Etude sur l´historique de la Coopération Allemande dans le secteur agricole au Bénin


76
zones rurales - contribuent ensemble à l'amélioration des conditions de vie dans les
zones rurales. Tout cela, bien sûr, en préservant les ressources naturelles et en
respectant les limites de la planète.

Les femmes en milieu rural sont au centre de mes préoccupations, car elles jouent un
rôle extrêmement important dans la production, la transformation et la décision « qui
mange quoi et quand » et assument souvent la responsabilité principale de l'alimentation
et du développement des enfants.

Les expériences faites au Bénin - mais aussi dans le monde entier - m'ont montré que
les femmes jouent un rôle central dans de nombreuses activités dans les zones rurales.

Je souhaite que les femmes ne se contentent pas de participer aux activités, mais
qu'elles prennent de plus en plus une part active aux décisions, qu'elles aient accès aux
ressources, qu'elles soient dûment représentées lors des décisions et qu'elles occupent
également des postes décisionnels.

Il s'agit ici d'une bonne cohabitation équilibrée, c'est la seule façon de réussir la
transformation ici aussi.

9. Le Projet Autopromotion Villageoise dans les Communes


Décentralisées de l’Atacora (PAVICO)

Le PAVICO a été initié dans la dynamique du Projet de Promotion de l’Elevage dans


l’Atacora (PPEA) auquel il fait suite de janvier 2001 à décembre 2003. Cofinancé par la
GTZ, le DED, l’Etat béninois et les populations, il a œuvré à la consolidation et la
valorisation des acquis et expériences du PPEA et du Fonds de Développement
Villageois (FDV) en matière de développement à la base par la promotion d’activités
d’autopromotion des organisations paysannes, des Comités Villageois de
Développement (CVD), des prestataires de services (ONGs locales notamment, bureaux
d’étude, services publics, etc.) et les futures structures décentralisées que sont les
actuelles communes de Kouandé, Péhunco, Kérou, Natitingou et Toucountouna dans le
département de l’Atacora et celles de Djougou et Copargo dans la Donga. Il avait pour
objectif global d’améliorer, de manière durable, les conditions de vie des populations de
l’Atacora. Il s’agissait spécifiquement d’amener les populations elles-mêmes à gérer
leurs ressources de manière équitable, efficace et durable.

Pour assurer avec efficacité ses interventions sur le terrain et garantir une meilleure
implication et participation active des populations, le PAVICO a fondé ses actions sur les
prestataires de services et notamment les services publics qui assureront la
pérennisation de ses acquis. A ce titre, ils sont chargés d’assister les organisations
villageoises (CV et OP) dans la mise en œuvre et le suivi des activités d’appui aux
initiatives locales, de veiller, avec elles, à l’intégration des initiatives de développement
prioritaires des villages dans les Plans de Développement Communaux (PDC). Cette
approche va de la connaissance du milieu à la mise en œuvre des activités planifiées en
passant par : le diagnostic participatif, la mise en place des CVD, l’élaboration des plans
de développement villageois, l’adoption de la planification, l’appui technique et le
Etude sur l´historique de la Coopération Allemande dans le secteur agricole au Bénin
77
renforcement des capacités organisationnelles et de négociation des organisations
locales, jusqu’à l’élaboration des conventions locales de gestion (prévention et gestion
des conflits) des ressources naturelles.

Dans cette optique, des structures de concertation sont mises en place du niveau village,
arrondissement au niveau communal. Les structures d’appui-conseil apportent un appui
à l'administration locale pour la prise en compte des priorités de la base dans le plan
communal.
Dans son processus de promotion des structures d’appui-conseil, le PAVICO a travaillé à
améliorer leurs capacités techniques et organisationnelles et élargir leurs gammes de
services de façon qu’ils aient les compétences techniques, organisationnelles et
capacités institutionnelles nécessaires afin qu’ils apportent les expertises qu’il faut aux
CVD et les communautés dans la mise en œuvre de leurs activités ainsi que le suivi-
évaluation de leur mise en œuvre.

Ainsi, pour la promotion des filières agricoles, autres que le coton, le PAVICO s’est investi
dans une dynamique d’amélioration des systèmes de productions agricoles et d’élevage
par le développement des filières comme le soja, la pomme de terre, le riz, la tomate,
l’aviculture, l’élevage de petits ruminants et la promotion de champs fourragers pour aider
à réduire la période de transhumance surtout avec la réalisation des retenues d’eau du
PPEA et leur valorisation au profit des communautés villageoises et notamment des
femmes dans le cadre de la prise en compte du genre. Il est prévu dans les différentes
organisations et instances de décisions des femmes ainsi toutes les couches sociales
défavorisées (jeune, peulh). Les PS doivent y veiller et eux-mêmes doivent pouvoir
intégrer l’approche GeD dans le recrutement de leur personnel.

Pour plus d’efficacité et d’efficience, le projet s’est donné pour mission de collaborer avec
d’autres projets et organisations intervenant dans la zone pour plus de synergie d’action.
Il s’agit, par exemple, du Programme de développement de la culture des racines et
tubercules (PDRT), du ProPOIL (Projet de Promotion des organisations et initiatives
locales) pour les formations sur le genre et développement et l’élaboration des micro-
projets et recherche de financement (2002), du Projet Pendjari (CAV) dans la zone de
Seri jouxtant le parc national de la Pendjari, du Programme de Gestion des Terroirs et
Ressources Naturelles PGTRN pour les formations sur la gestion des conflits, le Projet
écodéveloppement et gestion de l’espace des zones d’influence des parcs nationaux
(PEGEI) pour la promotion de l’artisanat ; et des organisions comme le CENAGREF,
l’Organisation Néerlandaise de Développement (SNV) et l’ Agence pour le Financement
des Initiatives de Base (AGeFIB).

Dans le cadre de la préservation des ressources naturelles et la restauration des sols, il


met en œuvre l’approche gestion du terroir et des ressources naturelles à travers la
réalisation de dispositifs de lutte antiérosive, de lutte contre les feux de brousse,
l’aménagement des zones de pâturage, la réduction de la pression sur les aires
protégées. C’est dans cette optique qu’il appui les actions de prévention et de gestion
des conflits, non seulement entre les comités de développement, mais aussi et surtout
pour les conflits liés à l’accès aux ressources. Des cadres de concertation et de dialogues
sont institués avec comme outil déterminant, les codes de gestion des ressources
naturelles qui définissent les règles de leur utilisation durable et les sanctions qui
découlent en cas de mauvaises utilisation.

Etude sur l´historique de la Coopération Allemande dans le secteur agricole au Bénin


78
Dans sa logique d’autopromotion rural, le PAVICO a soutenu des initiatives de promotion
de l’artisanat et la réalisation de projets d’infrastructures structurantes capables de
contribuer au développement des activités agricoles par la construction de pistes rurales
facilitant l’évacuation et l’approvisionnement en produits agricoles, des produits de
premières nécessités mais aussi d’accès à des terres plus fertiles. Ainsi il y a eu des
pistes de déserte rurale, des magasins de stockage, de ponceaux, des gués, des
modules de classe, des maisons des jeunes, des boucheries, des puits à grand diamètre,
entre autres.

Au total, la stratégie du PAVICO dans la promotion du développement à la base est de


donner aux communautés villageoises via leur CVD les compétences nécessaires pour
prendre en charge leur propre développement sur la base de leurs réalités
socioéconomiques et culturelles. C’est dans ce sens qu’il importe de comprendre la
planification villageoise qui débouche sur le plan de développement local intégré au PDC.
Cette approche lui a permis, non seulement de valoriser les acquis du PPEA, mais jeter
les bases des futures interventions de la Coopération allemande dans l’Atacora et ailleurs
au Bénin pour le bien des communautés.

10. Le Projet de Gestion des Ressources Naturelles (PGRN)


Le Projet de Gestion des ressources Naturelles (PGRN) est initié dans les années 1990-
1992. Il est mis en œuvre de 1993 à fin 1998. Son objectif était d’inverser le processus
de dégradation des ressources naturelles avec la participation active et effective des
populations à la base. Pour ce faire, sa mission était, entre autres, le renforcement
institutionnel de l’administration forestière qui en assurait la gestion, la révision, la
promulgation, mais aussi l'élaboration de la nouvelle politique forestière qui instituait la
gestion participative. Et dans cette optique, le projet a travaillé à : (1) renforcer les
capacités de planification et de suivi-évaluation des acteurs dans ses sites pilotes, (2)
l'identification et la mise en œuvre d'actions pilotes concertée avec les populations et
leurs organisations.

Les actions retenues doivent être capables de promouvoir et contribuer à l'exploitation


durable des ressources naturelles dans le but d’éviter la dégradation des ressources
naturelles renouvelables sur les sites, à titre pilote, et dans l’ensemble du pays par la
suite, suivant la nouvelle politique forestière de l’Etat béninois. Cette politique vise à
réduire le rôle des agents publics dans la gestion des ressources naturelles en
application de la Loi 93 09 du 02 juillet 1993 portant régime des forêts en République du
Bénin. Cette loi consacre la gestion participative des ressources naturelles et les actions
pilotes (cogestion, opérations foncières, PFR, etc.) pour lequel le PGRN est mis en
œuvre.

Etude sur l´historique de la Coopération Allemande dans le secteur agricole au Bénin


79
Dans la pratique, le déroulé de ses interventions dans les sites passe par ses différents
volets que sont :

- Le volet Aménagement Forestier (VAF) qui opère à Toui-Tchaourou-Kilibo et de


l’Ouémé-Supérieur pour les aménagements forestiers participatifs,
- Le volet Appui Institutionnel (VAI), pour le renforcement des capacités techniques,
organisationnelles et matérielles de l’administration forestière et ses
démembrements,
- Le volet Aménagement des Bassins Versants (VABV) sur les sites de Ouessè,
Aplahoué, Ouaké et Boukombé pour l’aménagement des bassins versants
(reboisement des versants des collines, montagnes et autres vallées, réalisation
de dispositifs antiérosifs, voire les opérations foncières et plans fonciers ruraux),
- Le Volet Gestion de la Faune et Ecodéveloppement Rural (VGFER) sur les sites
de Batia pour le Parc National de la Pendjari et Alfakoara pour le W pour la
cogestion des aires protégées avec la mise en place des Associations Villageoises
de Gestion des Réserves de faune (AVIGREF). Celles-ci participent à
l’aménagement, la surveillance, la planification des activités et le partage des
bénéfices issues de la gestion de la faune et de son habitat,
- La recherche développement (RD) impliquée dans l’harmonisation des thèmes de
recherche, le choix des villages en concertation avec les équipes de terrain pour
les différentes options à prendre. Elle a également travaillé à la mise au point
d’autres approches de sécurisation foncière en milieu rural pour que les questions
foncières locales ne constituent pas un frein aux efforts d'aménagement
participatif dans le processus de gestion durable des ressources naturelles.

Le mode opératoire était essentiellement basé sur la réalisation d’un diagnostic concerté
(le MARP76 en occurrence) systématique dans les villages d’intervention, l’identification
et la planification, dans le temps et l’espace des réalisations, des mesures
d’aménagement des terroirs et des ressources naturelles pour l’émergence et la
consolidation des capacités locales en matière d’aménagement, de planification,
d’exploitation durable des ressources naturelles et de gestion des revenus issus de leurs
exploitations.

Les communautés étaient encouragées, formées et encadrées dans la mise en œuvre :

(1) des systèmes de production durables des ressources naturelles à travers


l’agroforesterie, la réalisation de dispositifs antiérosifs pour lutter contre les
ravinements dans les bassins versant des collines et montagnes, la production
de légumineuses pour la restauration des sols, la réalisation de pépinières pour
la production de diverses espèces de plantes fruitières et ou forestières, le
maraîchage, la gestion des feux de brousse ;
(2)
(2) d’activités alternatives génératrices de revenus, en lien avec la préservation
des ressources naturelles comme l’apiculture, l’élevage avec le système de
pacage, la pisciculture et bien d’autres activités.

76 Méthode Accélérée de Recherche Participative en milieu rural.


Etude sur l´historique de la Coopération Allemande dans le secteur agricole au Bénin
80
Le PGRN s’inscrivait déjà dans une perspective de longue durée en s’attelant à jeter les
bases des actions aujourd’hui en cours dans différents projets de la Coopération
allemande, surtout lorsqu’on s’intéresse au PFR, au pastoralisme (modèle NEXUS) et à
bien d’autres projets qui lui ont succédé et au nombre desquels on peut citer le
Programme de Gestion des Terroirs et Ressources Naturelles (PGTRN), le Programme
de Conservation et de Gestion des Ressources Naturelles (ProCGRN), etc.

11. Le Programme de Gestion des Terroirs et Ressources


Naturelles (PGTRN)

Le Programme de Gestion des Terroirs et Ressources Naturelles a fait suite au Projet de


Gestion des Ressources Naturelles (PGRN) clôturé fin 1998. Le PGTRN a démarré
effectivement début 2000, après une phase transitoire de 1998 à 1999, avant sa clôture
en 2004. Il a poursuivi et consolider les acquis du PGRN, de façon générale. Son objectif
était d’amener les populations des sites d’intervention des communes d’Allada et de
Kpomassè dans l’Atlantique, d’Aplahoué dans le Couffo, de Ouessè dans les Collines,
de Sinendé dans le Borgou, de Ouaké et Djougou dans la Donga et de Boukoumbé dans
l’Atacora à s’organiser de façon autonome et gérer les ressources naturelles de manière
durable et adaptée à travers leurs structures organisées et en appliquant la
réglementation nationale et dans les respect des codes locaux qu’elles se seront
données.

Il est mis en œuvre par la Direction des Forêts et Ressources Naturelles (DFRN) sur
financement de la Coopération allemande. La DFRN s’est appuyée sur les prestataires
de services (PS) constitués d’ONG, de bureaux d’étude et de consultants individuels
dans l’exécution des activités sur le terrain. Les services publics comme les
cantonnements forestiers et les secteurs communaux de développement agricole ou
SCDA sont également mis à contribution sur le terrain, notamment pour la mise en
application des paquets technologiques en matière de gestion durable des terres (GDT),
l‘agroforesterie, le reboisement et toutes les mesures de restauration des sols et du
couvert végétal avec des essences aussi variées que le Cajanus cajan, Glyricidia sepium
et autres Acacias et légumineuses qui fertilisent les terres dégradées.

Là également, les techniques de production de la fumure organique (fosses fumières,


recyclage des résidus de récoltes et des ménages, déjections animales, …) sont
valorisées et mises à contribution. Sur les versants des collines et des cours d’eau, des
actions de reboisement spécifiques pour l’enrichissement des galléries forestières et la
réalisation de dispositifs antiérosifs et de labour suivant les courbes de niveau pour
arrêter l’érosion et le comblement des cours d’eau sont réalisés.

La stratégie d’intervention du PGTRN s’est fondamentalement reposé sur les PS, une
communication et un suivi rapproché actions et des organisations locales impliquées
dans sa mise en œuvre. Ainsi sur l’ensemble de ses six sites le dispositif des PS promus
se compose comme suit :

Etude sur l´historique de la Coopération Allemande dans le secteur agricole au Bénin


81
- Dans le département de l’Atlantique, l’Institut Africain d'Application des Méthodes
de Développement ou IAMD a été positionné pour la mise en œuvre des
différentes activités ;
- À Aplahoué, dans le Couffo, il y avait l’ONG Groupe de Recherche et d’Appui aux
Initiatives de Base pour un Développement Durable (GRAIB) pour les différentes
opérations ;
- Dans la commune de Ouessè, le Groupe d’Expertise Régional d’Appui Méthodes
et Conseils d’Afrique (GERAM Conseils) a été positionné ;
- L’ONG Alpha Omega Environnement a travaillé dans le site regroupant les
communes de Ouaké et de Djougou rural ;
- Dans celle de Sinende, l’ONG Action pour la Promotion des Initiatives
Communautaires (APIC) a mis en œuvre les différentes opérations du projet.

Grâce à cette approche plutôt systémique et des PS soutenus par les services publics
sur place (SCDA et Eaux et forêts), puis le renforcement des capacités techniques
préalables de cet ensemble, le PGTRN a pu assurer la formation et le renforcement
continu des capacités des bénéficiaires que sont les structures locales ou comités locaux
pour l’atteinte de l’objectif essentiel du projet qui veut amener les comités locaux des
villages ou même inter villages à travailler à la gestion durable de leurs ressources
naturelles (terres, eaux, arbres, faunes et autres) en vue de leur préservation et
exploitation plus rationnelle.

Ce processus ainsi mis en œuvre a permis aux différents PS d’amener progressivement


les communautés et leurs organisations à se donner des règles et principes dans
l’utilisation, l’exploitation et la valorisation des ressources de leur terroir. Des codes
locaux (CL) sont ainsi élaborés de façon participative avec l’appui des techniciens et
dans le respect de la réglementation nationale et des textes de loi77.

Au total, la mise en œuvre du PGTRN aura permis :

- L’élaboration de 112 Plans de Gestion Terroir dans les 179 villages d’intervention
répartis sur l’ensemble du territoire national (sud, centre, nord, est et ouest),
prenant ainsi en compte des réalités socioéconomiques et culturelles différentes,
- Le reboisement et l’enrichissement de plus de 2600 ha avec des essences
forestières, la restauration de plus de 800 ha de terre grâce à l’agroforesterie
l’utilisation de la fumure organique issue des déchets végétaux, des fosses
fumières et déjections d’animaux d’élevage,
- La réalisation de plus de 3800 foyers améliorés pour réduire la consommation de
bois de feu en appui à l’utilisation durable des ressources naturelles,
- La promotion des techniques améliorée d’apiculture pour accompagner les actions
de lutte contre les feux de brousse et préserver les ressources biologiques.

77Ce long processus qui aboutira à la promulgation de loi 2007-03 du 16 octobre 2007, portant régime foncier rural en
République du Bénin.

Etude sur l´historique de la Coopération Allemande dans le secteur agricole au Bénin


82
En dernier ressort, la réalisation des PFR qui soutient et renforce la gestion durable des
ressources naturelles, en tant qu’outil de sécurisation foncière aura servi de socle à la
réduction et la prévention des conflits fonciers sur les sites d’intervention du projet.

Mieux, il aura donné l’occasion au projet de doter les communes d’intervention de


Système de Gestion Foncière Rurale et assurer la formation et le renforcement des
capacités des Comités Villageois de Gestion Foncière Rurale (CVGFR) et des
Commissions Communales de Gestion Foncière Rurale (CCGFR). Toute chose destinée
à faciliter l’identification et l’enregistrement des droits d’origine coutumière par la
responsabilisation des communes dans la gestion foncière en prévision de la mise en
œuvre des dispositions de la nouvelle politique foncière de l’Etat béninois.

12. Le Programme de Conservation et de Gestion des


Ressources Naturelles (ProCGRN) 2004 - 2011

Dans le souci de rendre plus visible ses actions, la coopération allemande a décidé en
2002 de concentrer ses actions dans trois (3) pôles d'intervention prioritaires et d’être
présente dans une zone géographique bien déterminée. Ces pôles prioritaires sont :

• La décentralisation et le développement local,


• L'environnement / La Protection et la Gestion des Ressources Naturelles,
• L'approvisionnement en Eau Potable et l’Assainissement.

Le ProCGRN résulte de l'opérationnalisation du pôle d'intervention prioritaire


« Environnement /protection et gestion durable des ressources naturelles en milieu rural
» convenu entre le Bénin et l'Allemagne lors des négociations inter-gouvernementales
de novembre 2002.

En premier lieu, ce programme fournit une assistance-conseil au ministère de


l’Agriculture et de l’Environnement dans ses diverses tâches, notamment l’implication de
la population dans la gestion de la protection de l’environnement et le développement et
la diffusion de méthodes durables de production agricole. La gestion de la réserve de
biosphère de la Pendjari fait aussi partie du programme. L’Allemagne a soutenu ce
programme durant la première phase de mise en œuvre (2004 à 2007) grâce au
déblocage d’une enveloppe financière de 19.5 Million d’euros et dans une deuxième
phase (2007 à 2010) avec une enveloppe de même taille78.

La troisième phase du ProCGRN n'a pas eu lieu. À la place, la fin de la phase II a été
prolongée jusqu'en février 2011 et le ProCGRN s'est ensuite transformé en « Programme
de Promotion de l'Agriculture » (ProAgri1), qui a débuté en mars 2011 et dont la première
phase s'est terminée en juin 2014. Le ProCGRN est donc le précurseur de l'actuel
ProAgri (Programme Promotion de l'Agriculture) et se situait dans les départements du
nord de l'Atacora et de la Donga. Aujourd'hui, la quatrième phase de ProAgri est déjà en

78Ressources non utilisées, ressources perdues ; Tourisme cynégétique et élevage d’animaux sauvages au service
de la conservation de la nature et du développement ; Des idées venues du Bénin, GTZ (2008) ; p. 15.

Etude sur l´historique de la Coopération Allemande dans le secteur agricole au Bénin


83
cours, Il s’agit d’un programme d’envergure nationale contrairement au ProCGRN qui
couvrait uniquement les départements de l'Atacora et de la Donga.

Le ProCGRN n’est pas allé à son terme comme prévu. En effet, l’objectif global du
programme fut atteint avec beaucoup de succès avant l’échéance du projet. Les
indicateurs relatifs aux revenus des ménages, à la réduction de la consommation de bois,
aux revenus des riverains du Parc de la Pendjari et à la stabilisation des ressources
naturelles ont été atteints, et même dépassés. L'indicateur relatif à la valorisation des
chaînes de valeur a été atteint pour le riz et l`anacarde »79.

L'objectif global du programme était : « d'amener les acteurs ruraux à tirer davantage de
bénéfices de l'exploitation durable des ressources naturelles ». Il est mesuré grâce à un
certain nombre d'indicateurs résumés comme suit :

• Accroissement de 25% des revenus tirés de l'agriculture et de l'exploitation forestière


à petites échelles de 25 000 des 130 000 ménages vivant dans l'Atacora-Donga,
• Economie en temps de ramassage de bois et la réduction de la consommation de la
biomasse-énergie,
• Accroissement de la valorisation de certains produits agricoles pour la production,
transformation et commercialisation,
• Augmentation des dépenses en biens de consommation de la population riveraine de
la Biosphère de la Pendjari,
• Stabilisation des ressources naturelles dans la région de mise en œuvre du
programme.

12.1. Les composantes du ProCGRN au cours de la première phase


(janvier 2004 – juin 2007)

Composantes Intitulés Objectifs spécifiques


Composante Conseil en matière de Les instruments de mise en œuvre de
N°1 politique sectorielle la politique sectorielle sont
harmonisés entre les différents
ministères techniques et sont mis en
application.
Composante Gestion de la biosphère La population et la direction du parc
N°2 de la Pendjari exploitent durablement la réserve de
la biosphère de la Pendjari.
Des institutions publiques, des
Composante Exploitation participative groupements d’exploitation locaux et
N°3 des plantations des entreprises privées traduisent
domaniales dans les faits la séparation des
prérogatives de l’Etat et des fonctions
économiques de l’exploitation

79 ProCGRN. (2011), Rapport de fin de phase II ; p. 9.


Etude sur l´historique de la Coopération Allemande dans le secteur agricole au Bénin
84
forestière dans la zone des
plantations de la Lama (à titre pilote)

Composante Analyse, planification et Les collectivités locales et les


N°4 règlementation de utilisateurs veillent à la sauvegarde du
l’exploitation patrimoine des ressources naturelles
communautaire des à long terme.
ressources naturelles
Composante Mise en œuvre de Les producteurs et productrices
N°5 pratiques améliorées recourent à des méthodes
d’exploitation durable des d’exploitation améliorées pour mettre
ressources naturelles durablement en valeur leur potentiel
de ressources naturelles.
Sources : Rapport d’Evaluation du ProCGRN (2008).

Dans la deuxième phase du ProCGRN, le nombre de composantes a été réduit à trois.


Le ProCGRN a ainsi été réorganisé, pour prendre en compte les principes de la
Déclaration de Paris et les orientations et indicateurs de la Stratégie de Réduction de la
Pauvreté (2ème génération) relatifs à l’environnement, la gestion des ressources
naturelles et l’agriculture80.

12.2. Les Composantes du ProCGRN au cours de la deuxième phase


(juillet 2007 – février 2011)

Composantes Intitulés Objectifs spécifiques


Composante Gestion de Les ressources naturelles sont
N°1 l’environnement et des exploitées durablement.
ressources naturelles
Composante Politique et promotion La productivité agricole et la
N°2 des filières agricoles valorisation des produits agricoles se
sont améliorées.
Composante Harmonisation des La mise en œuvre des politiques
N°3 instruments et de mise en sectorielles dans les domaines de
œuvre des politiques l’agriculture et de l’environnement est
sectorielles mieux coordonnée entre les différents
ministères et les partenaires au
développement
Source : Rapport d’Evaluation du ProCGRN (2008).

80Contribution du ProCGRN au renforcement des capacités des acteurs des filières agricoles dans la
commune de Bassila, Mémoire de fin de formation, Ifèdé Yves Modeste Alassani (2012) ; p. 5.
Etude sur l´historique de la Coopération Allemande dans le secteur agricole au Bénin
85
12.3. Projet « Parc Pendjari » - protection des ressources naturelles dans
le nord du Bénin

La coopération germano-béninoise s'est fortement engagée dans le cadre du ProCGRN


pour la préservation du parc naturel de la Pendjari au nord du Bénin, Dans les communes
Materi et Tanguiéta. Grâce à un budget stable des Allemands, mais aussi de l'Union
européenne et du GEF, une administration du parc fonctionnelle a été mise en place,
desinfrastructures et des aménagements ont été réalisés avec l'aide de la KfW et de
l’AfD. La population voisine du parc a été impliquée avec succès dans la protection des
ressources naturelles.

C'est ainsi qu'il a été possible de préserver davantage, depuis l’an 2000 (projet Pendjari
précédant le ProCGRN) le parc de la Pendjari jusqu'à aujourd'hui et de l'utiliser à des fins
touristiques au fil des années. Le projet « Pendjari » intégrait le ProCGRN, qui a démarré
en 2004. C’est suite à l’intervention du ProCGRN en 2014, qu’en 2017, le gouvernement
béninois a signé un contrat avec « African Parks » afin de confier à l'ONG sud-africaine,
la gestion du parc de la Pendjari et en 2020 du parc W.

La protection du parc national « Pendjari » et l'implication des habitants vivant à proximité


du parc ont longtemps été au centre des activités du ProCGRN et ont constitué une
composante à part entière du projet.

12.3.1. Parc Pendjari – une réserve de biosphère


Le parc national de la Pendjari, situé au nord du pays, acquiert en 1954 le statut de
réserve de faune. Il est reconnu depuis 1986 comme une réserve de biosphère (MAB-
UNESCO) et fait partie d’un complexe protégé plus étendu qui comprend actuellement
plus que 30.000 km2 répartis entre le Bénin, le Burkina Faso et le Niger.

LorsLe classement de la zone a été mis en œuvre sans la participation de la population


locale et le déplacement des résidents en résultant a été mis en œuvre sans les mesures
d’´accompagnement ou de développement. Ceci a entraîné une surexploitation des
ressources naturelles dans la périphérie due à la densité de population accrue et un
sentiment d´opposition au sein de la population. C’est ainsi que dans la zone
cynégétique, une agriculture et une extension des habitations anarchiques se sont
développées, mettant en cause la conservation de l´environnement et entrainant des
conflits quotidiens entre les gestionnaires de la réserve et la population.

Maintenir l’état de la réserve d’une manière durable, installer un management efficient


du parc, tout en impliquant et en faisant participer activement la population locale : tels
furent les objectifs du projet « Parc national de la Pendjari ».

Dans cet esprit, le projet a encouragé le développement de la zone périphérique habitée


par la population et a coopéré avec le partenaire pour la mise en place d´une structure
de gestion efficiente ainsi que dans le management quotidien des parcs et des zones de
chasse.

Etude sur l´historique de la Coopération Allemande dans le secteur agricole au Bénin


86
Un système de suivi écologique a été mis en place pour permettre une connaissance
approfondie de l´état de la nature et surveiller son évolution. L´accent était mis en
permanence sur l´implication active de la population locale, par exemple dans le
management des zones classées, où elle participe à la prise des décisions. Elle a profité
également de la promotion du tourisme et de l´artisanat qu’ont créés de nouvelles
sources de revenus.

L’indépendance administrative et financière du parc a eu quelques retombées positives.


En effet, il avait été convenu une ristourne de 30 % de recettes de la chasse sportive aux
villages riverains qui pouvait les utiliser pour certaines mesures de développement
autodéterminées.

La viande issue de la chasse sportive a été redistribuée dans ces villages pour
l’autoconsommation ou la vente. Des nouveaux accords entre la population riveraine et
les administrations territoriales ont permis la création d´une zone de tolérance dans la
zone cynégétique où l’agriculture fut légalement autorisée mais soumise à certaines
conditions (pas de constructions durables, routes, etc.).

Outre la coopération allemande, la France, les Pays-Bas, l’Union Européenne et le FEM


(Fonds pour l’Environnement Mondial) ont soutenu et appuyé à leur tour l’agence national
en charge de la protection des parcs, et contribué au succès du projet « Pendjari ».

Depuis l’an 2000, la mise en place d’un fonds fiduciaire a été appuyé par le ProCGRN,
en élaborant les documents cadre et en organisant la coordination des partenaires
notamment IUCN, la KfW, BM, AfD et le ministère en charge des finances et celui en
charge de l’environnement. Depuis 2013 la Fondation existe légalement et assure
aujourd'hui une forte contribution régulière à la gestion du complexe W-Arly-Pendjari.

12.3.2. Parc national Pendjari - protégé conjointement au bénéfice de


l´homme et de la nature

Les principales réalisations du projet « Pendjari » :

Dans le parc et ses environs, 130 postes à temps plein ont été créés. Le personnel du
parc (60 postes permanents) est recruté à 90% dans les villages riverains.
Le nombre de chasses safari est resté constant avec 65 personnes. Les recettes issues
du tourisme cynégétique se sont élevées autour de 103 000 €. Les traditions culturelles
ont été prises en compte dans l’exploitation de la zone de de chasse. Des contrats avec
des chasseurs (touristes) donnaient également l’accès à certains lieux de culte.
L‘occupation illégale d´une partie de la zone de chasse a été éliminée en créant une zone
d´exploitation agricole soumise à des conditions contractuelles.
La viande issue de la chasse sportive était transportée et distribuée dans les villages par
des associations villageoises pour y être vendue.
Des conventions locales règlent l’exploitation durable des principales ressources
naturelles notamment la pharmacopée, la pêche aux huîtres, la récolte des chaumes,
etc. Des restrictions spatiales et temporelles limitent ces interventions.

Etude sur l´historique de la Coopération Allemande dans le secteur agricole au Bénin


87
L’office chargé de la gestion des réserves (CENAGREF) a joui d’une grande autonomie
financière. 70 % des recettes sont reversées dans le parc pour y couvrir les coûts
opérationnels.

Les mesures pour l’amélioration de l’agriculture ont touché plus de 60% de la population
agricole dont les femmes constituent environ la moitié.

22 associations villageoises avec 900 membres représentent les partenaires privilégiés


de l’administration du parc et des communes nouvellement crées.

Les ristournes de la chasse sportive sont régulièrement versées aux associations


villageoises (en 2004 environ 34 000 €).

Les moyens financiers, disposés par les associations villageoises sont réinvestis dans la
surveillance de la réserve (environ 5 000 €) et de plus en plus pour l’équipement des
écoles, des dispensaires, etc. comme contribution de la population à ces réalisations.

Le cheptel sauvage est stable et en augmentation pour certaines espèces. Le


braconnage a considérablement diminué ce qui est indiqué par une diminution de la
distance de fuite des animaux sauvages.
L’administration du parc dispose d’un plan d’aménagement et de gestion avec un zonage
comprenant des zones centrales et des zones tampons dont des zones cynégétiques.
Ce document de planification a été intégré dans les plans d’aménagement communaux.

Des représentants des associations villageoises sont impliqués dans toutes les activités
du parc (surveillance, vente de billets, camp de chasse) où ils exercent un contrôle.

Sur la base d’un plan d’affaires, 52 % des couts liés aux charges courantes sont couverts
par des recettes. Ce taux pourrait atteindre 60 %. La somme manquante doit être assurée
par des contributions de l’Etat et de la communauté internationale et des fonds de
fondations. Le nombre de visites du parc est passé de 3 800 à 4 800 entrées. Les prix
d’entrée ont été prudemment augmentés ; ce qui fait passer les recettes d’environ 21 000
€ à 33 000 €.
Source : Affiche MDG, Pendjari, GTZ.

12.3.3. L’implication de la population villageoise au « Pendjari »

L’AVIGREF (Association Villageoise de Gestion des Réserves de Faune) est la structure


qui, au niveau des villages, s’investit pour la concrétisation des objectifs de la réserve de
biosphère , et au travers laquelle s’effectue la redistribution aux villageois(es) d’une partie
des recettes générées dans le parc par la chasse sportive.

Grâce aux AVIGREF, les bénéfices issus de la chasse sportive réglementée


profitentaient à un nombre de plus en plus important de villageois contrairement au
braconnage qui ne profitait qu’aux seuls braconniers. AVIGREF est une belle illustration
et un exemple à suivre de la participation des villages riverains à la gestion des réserves
de biosphère préconisée par la stratégie de Séville.

Etude sur l´historique de la Coopération Allemande dans le secteur agricole au Bénin


88
Les AVIGREF furent créés dès le milieu des années 1990 dans le cadre de la
décentralisation du ministère de l’Agriculture et leur existence était nécessaire à la
reconnaissance du parc national comme réserve de biosphère. Toute personne
résidente dans un des villages riverains est en droit d’adhérer à une AVIGREF.

En 2004, les AVIGREF réunissaient 900 membres dans 22 villages des zones
cynégétiques. En 2007, le nombre des adhérents dépassait 1800 membres. L’Union des
AVIGREF défend les intérêts des villages dans les différents organes de la réserve de
biosphère de la Pendjari.81

Les fonctions des AVIGREF

• Sensibiliser les populations villageoises à la conservation de la faune et de


son habitat.
• Informer les populations villageoises sur la réglementation béninoise en
matière de conservation et de chasse.
• Fournir des prestations d’appui à l’administration de la réserve de biosphère,
par exemple à l’occasion de safaris
• Veiller au respect des règles en vigueur en matière de chasse et
d’exploitation.
• Assurer l’utilisation et la distribution des revenus émanant de la chasse
contrôlée dans l’intérêt général des villages.
• Participer à des activités visant à améliorer la situation économique de la
zone de développement et de la zone tampon de la réserve ou organiser ces
activités dans les villages.
Source : Affiche MDG, Pendjari, GTZ.

« Le parc n´était pas à nous. Nous vîmes les touristes passer, les chasseurs venir et
repartir, mais ni de viande ni d´argent arriva chez nous. Si nous nous approchions, nous
étions menacés et chassés. Aujourd´hui, tout est fondamentalement différent. » Albert
Yomboleny, Président d´association villageoise.

Malheureusement, la situation sécuritaire dans les zones frontalières avec le Burkina


Faso, le Niger et le Nigeria s'est fortement détériorée ces dernières années, ce qui a
également entraîné un effondrement du tourisme dans le Parc Pendjari et le Parc W.

81 Ressources non utilisées, ressources perdues ; Tourisme cynégétique et élevage d’animaux sauvages
au service de la conservation de la nature et du développement ; Des idées venues du Bénin, GTZ (2008) ;
p. 31.

Etude sur l´historique de la Coopération Allemande dans le secteur agricole au Bénin


89
13. Projet de Promotion de l’Agriculture (ProAgri)

Au Bénin, l’un des pays sous-développés d’Afrique de l’Ouest, le secteur économique le


plus important est l’agriculture dont vivent environ deux tiers de la population et qui fournit
80% de l’ensemble des biens exportés. Malgré la croissance de 4% enregistrée par le
secteur agricole en 2011, la création de valeurs ajoutées y est peu élevée : le secteur
industriel de transformation y est quasi inexistant. À ce constat, s’ajoutent des problèmes
d’infrastructure, des structures administratives peu efficientes et un secteur privé faible.
Concernant les petits paysans, la non-sécurisation des propriétés foncières, la difficulté
d’accès aux engrais et semences et aux crédits bancaires viennent compliquer la
situation et freinent le développement économique du pays.

Le Projet de Promotion de l’Agriculture ProAgri, prolongement du ProCGRN, s'inscrit


dans la mise en œuvre du Plan Stratégique de Relance du Secteur Agricole (PSRSA). Il
apporte des appuis à 4 filières agricoles : le riz, l’anacarde, le soja et le karité ; le
renforcement des Chaînes de Valeur Ajoutée (CVA) correspondantes à l’échelle
nationale et régionale et, l’appui technique aux organisations de la société civile (U-
AVIGREF, ADEPTE) pour le renforcement de la gestion participative et durable des
ressources naturelles notamment la Réserve de Biosphère de la Pendjari régie par un
modèle de co-gestion actuellement fragilisé.

Le principal objectif de ce projet est le renforcement de la productivité et de la


compétitivité de l’agriculture béninoise ainsi que la réduction de la pauvreté. Un accent
particulier est mis sur la promotion des chaînes de valeurs de produits agricoles,
notamment de la noix d’anacarde, du karité, du coton, du riz et des légumineuses.
Le Projet de Promotion de l’Agriculture (ProAgri) a connu successivement quatre (4)
phases à savoir : ProAgri1 : 2011 – 2014 ; ProAgri2 : 2014 – 2017 ; ProAgri3 : 2017 –
2020 ; ProAgri2 : 2020 – 2023

13.1. Objectifs des quatre phases de ProAgri


ProAgri1 : 2011 – 2014
Le renforcement de la productivité et de la compétitivité de l’agriculture béninoise ainsi
que la réduction de la pauvreté. Un accent particulier est mis sur la promotion des
chaînes de valeurs de produits agricoles, notamment de la noix d’anacarde, du karité,
du coton, du riz et des légumineuses.

Zone d’intervention :
ProAgri1 a couvert 41 communes dans 3 régions (Borgou/Alibori, Zou/Collines et
Atacora/Donga).

ProAgri 2 : 2014 – 2017


Cette deuxième phase de ProAgri a deux volets dont les objectifs sont les suivants :
Volet 1 : L’augmentation de façon permanente et simultanée avec les normes
sociales et environnementales de la valeur ajoutée des 4 filières orientées vers la
réduction de la pauvreté (noix de cajou, riz, karité, soja) ;

Etude sur l´historique de la Coopération Allemande dans le secteur agricole au Bénin


90
Volet 2 : La compatibilité du système de gestion durable de la réserve de la biosphère
de la Pendjari (RBP) avec les exigences techniques et financières de la Fondations
des Savanes Ouest Africaines (FSOA) est mise en œuvre avec succès.

Zone d’intervention
Le ProAgri2 a couvert 2 régions du territoire national, Borgou-Collines et Atacora-
Donga et, 2 antennes, soit 8 communes prioritaires par antenne et au total 16
communes.

ProAgri3: 2017 – 2020


Améliorer la performance des chaînes de valeur agricole sélectionnées dans les 4
filières prioritaires du Projet.

Zone d’intervention :
Le ProAgri3 est intervenu dans 2 régions du Bénin : Borgou-Collines et Atacora-
Donga ; l’antenne Atacora-Donga avec 9 communes prioritaires et l’antennes Borgou-
Collines avec 8 communes.

ProAgri4 : 2020 - 2023.


L’objectif de cette phase est d’accompagner les acteurs du développement agricole
(acteurs étatiques, acteurs de la société civile et acteurs du secteur privé) à
s’approprier les différents outils élaborés au cours des autres phases et pour devenir
une utilisation pérenne pour la promotion des filières agricoles ; il s’agit notamment
des « ValueLinks », Farmers Business School (FBS), « Vente groupée », Agriculture
Contractuelle qui sont approuvés et validés par le Ministère de l’Agriculture, de
l’Elevage et de la Pêche (MAEP) et figurant dans le document stratégique du Conseil
Agricole qui est la Stratégie Nationale du Conseil Agricole, (SNCA).

Zone d’intervention :
Le ProAgri4 a couvert 2 régions du Bénin à savoir : Borgou-Collines et Atacora-Donga
avec 18 communes prioritaires.

D’un point de vue générale, ProAgri4 a accentué son action sur la promotion des chaines
de valeur sélectionnées.
Le projet développe ses activités dans les trois filières riz, soja et karité à travers quatre
champs d’action (output) qui concourent ensemble à l’objectif principal.

➢ L’output 1 concerne le champ du conseil politique et donne un conseil aux


directions centrales du MAEP pour la mise en œuvre des politiques agricoles.
➢ L’output 2 se charge de la capitalisation pour la consolidation des outils promus et
qui sont à transférer et de la digitalisation.
➢ L’output 3 se consacre aux actions sur le terrain pour la mise à échelle des
approches éprouvées pour la promotion de filières.
➢ L’output 4 fait une ouverture vers le domaine de la formation professionnelle à
travers l’institutionnalisation de quelques profils de métiers liés au développement
des Chaines de Valeur Ajoutée (CVA) et une contribution à la mise en œuvre d’un
plan de formation professionnelle duale pour les métiers sélectionnés.

Etude sur l´historique de la Coopération Allemande dans le secteur agricole au Bénin


91
La zone d’intervention du ProAgri4 prend en compte 18 communes reparties entre les
Pôles de Développement Agricole (PDA) 2, 3 et 41. Les partenaires du projet sur le
terrain sont les Agences Territoriales de Développement Agricole (ATDA) dans les trois
PDA.

Les quatre activités phares du projet sont :

1. Le coaching des Agribusiness Cluster (ABC)

Le coaching des Agribusiness Cluster (ABC) est un réseau d’acteurs organisé dans un
espace géographique donné et régi par un modèle d’affaires autour d’une ou plusieurs
chaînes de valeur ajoutée d'une même filière.
La mise en place de l’approche ABC est motivée par la recherche de solutions aux
nombreux problèmes rencontrés par les agriculteurs qui sont :

• Très faible niveau de formation (analphabète) des agriculteurs ;


• Très faible niveau d’organisation ;
• Production extensive pour la subsistance ;
• Productivité basse ;
• Capacité de commercialisation basse ;
• Transformation artisanale ;
• Pas de lien direct des acteurs des CVA avec les marchés ;
• Prix volatiles et imposés ;
• Marchés opaques, marchés de fortune / marchés ravageurs ;
• Exportation de la Valeur Ajoutée.

L’ABC vise l’accès aux marchés durables dans un partenariat gagnant-gagnant entre les
acteurs. Il est un instrument recommandé dans la Stratégie Nationale de Conseil Agricole 2.
Les bénéfices de l’AgriBusiness Clusters : Grâce aux interventions du projet, des gains
directs et indirects ont été obtenus par les membres des clusters.

1) L’aménagement des bas-fonds selon la méthode Smart Valleys


La méthode Smart Valleys, élaboré par Africa Rice et adaptée par le PROAGRI4
aux conditions socio-économiques du Bénin, permet une augmentation des
rendements sur les parcelles traitées de 100% (de 2 tonnes (sans aménagement)
à 4 tonnes par hectare). Sur 83 sites le projet a contribué d'aménager 330 ha pour
2 630 personnes, dont 85% de femmes.

2) La modération des plateformes communales de dialogue public-privé.

3) La mise en place des Conventions Locales pour la protection des parcs à Karité.

Pour atteindre son objectif et l'ancrage des approches éprouvées, le projet poursuit un
mode d'intervention qui est marqué par les éléments suivants :

• Affiner des approches de haut impact, avec une documentation technique et


budgétaire détaillée, comme base pour une mise à échelle autonome ;

Etude sur l´historique de la Coopération Allemande dans le secteur agricole au Bénin


92
• Impliquer les acteurs divers à plusieurs niveaux avec une logique de la subsidiarité
dans une réalisation de plus en plus autonome des méthodes et outils proposés ;
les acteurs au niveau méso et micro sont les plus impliqués et engagés dans les
processus du projet ;
• Appuyer les acteurs et partenaires avec un renforcement de leurs capacités
techniques, managériales et organisationnelles pour faciliter la mise à échelle
autonome des activités ;
• Appuyer les acteurs dans leur recherche de financement autonome et durable des
activités ciblées ;
• Au total, 18 Communes dans les départements des Collines, Borgou, Atacora et
Donga ont bénéficié de ce projet.

Les filières concernées par les différents appuis sont : le riz, le soja, la karité et
l’anacarde.

13.2. Quelques résultats / impacts de ProAgri

• Elaboration des plans de développement des filières riz, anacarde et maraîchage avec
les autres acteurs sous l’égide du CeRPA-AD ;
• Instauration de cadres de concertation des projets/programmes intervenant dans le
secteur agricole dans l’Atacora-Donga/Table Ronde des PTFs de l’Atacora-Donga :
création d’un GIE des promoteurs de mini-rizeries ;
• Création d’un site école de transformation du riz afin d’accompagner les
transformatrices dans la production de riz de qualité répondant aux critères et aux
normes ; Montée en échelle du FoReVa et son extension dans le Borgou-Alibori et
Zou-Collines dès janvier 2012 ; formations sur « l’économie agricole » ou « farm
economics », « CapacityWorks » et « ValueLinks »;
• Elaboration d’un modèle financier et sa mise en œuvre avec la BOA dans le cadre de
iCA ;
• Signature d’un accord de garantie avec BOA ;
• Signature d’un accord avec le Fonds GARI (Lomé) pour le soutien des investissements
de 3 promoteurs à la transformation qui bénéficient de crédit ;
• Création de liens d’affaires entre acteurs intervenant dans différents maillons des
filières promues (riz, karité et anacarde) ;
• Mise en place de la Facilité d’Accès aux Intrants Vivriers dans l’Atacora Donga (FAIV-
AD) à travers les producteurs (URPR), les services d’encadrement (CeRPA/CeCPA),
les IMF ;
• Construction de : 4 magasins de stockage, 4 aires de séchage, 22 puits/forages
maraîchers dans les grands sites de productions maraîchers et dans des jardins
scolaires pour des mesures sociales, mise en marché du riz local (blanc et étuvé)
semi-industriel pour le marché local et régional ;
• Construction de : 2 complexes de transformation, 2 Centres d’Information sur la
Qualité et le Prix des produits végétaux (CIQuaPri) dans le cadre du renforcement de
l’appui à la transformation et la commercialisation des produits vivriers des 168,5 ha
de bas-fonds aménagés ;
Etude sur l´historique de la Coopération Allemande dans le secteur agricole au Bénin
93
• Elaboration d’un Poster sur les bonnes pratiques de production du beurre amélioré ;
• Elaboration de 2 Boîtes à images et 2 Posters sur les bonnes pratiques de ramassage,
de traitement des noix et de conditionnement des amandes, etc. ; 3 Boîtes à images
et Posters élaborés sur les bonnes pratiques de récolte et post-récolte des noix, la
gestion et l’entretien des plantations, la détermination de la qualité des noix de cajou
(KOR) et la création de nouveaux vergers d’anacardiers ;
• Le Projet de Promotion de l’Agriculture ProAgri Production de plusieurs supports de
formation : Boîtes à images sur les bonnes pratiques de fertilisation des sols pour la
production biologique; Boîtes à images sur les bonnes pratiques de production de
poisson ; Boîtes à images sur les bonnes pratiques de maraîchage pour une bonne
nutrition dans le ménage; Boîtes à images sur les itinéraires techniques de production
du coton biologique de meilleure qualité; Boites à images sur les itinéraires techniques
de production sésame biologique de bonne qualité, etc. ; 25 coopératives féminines
formées et activées dans la transformation des produits vivriers autour de la RBP; 135
femmes de 13 groupements sont actives dans la transformation des produits forestiers
non ligneux; 1209 autres femmes pour la transformation du riz, soja et sésame;
Promotion de l’agriculture biologique à travers COMPACI BIO avec des formations
techniques sur les bonnes pratiques : coton bio, sésame bio, soja bio, et autres sur la
transformation des PFNL (karité neem, balanites, etc.).

13.3. Quelques acquis phares de ProAgri


Les acquis phares du projet ProAgri sont nombreux mais les plus emblématiques sont :

• L’amélioration du taux d’accès durable des femmes à la terre ;


• Une meilleure valorisation des Produits Forestiers Non Ligneux :
• 135 femmes de 13 groupements sont actives dans la transformation des fruits de
la balanite en huile et 1209 autres femmes pour la transformation du riz, soja et
sésame ;
• Plus de 50 % sur les 552 femmes, appliquent effectivement les acquis des
formations reçues ;
• Les approches AgriBusiness-Cluster (ABC) dans les CVA ;
• Les approches Smart Valleys ;
• Une plateforme de dialogue.

13.4. Témoignages sur les acquis phares de ProAgri

13.4.1. Acquis phare « ABC »


Coaching et organisation des Agribusiness Cluster a pour objectif, d’une part, de faciliter
l'accès aux marchés durables dans un partenariat gagnant-gagnant pour les acteurs
d'une CVA dans un espace donné, sous un climat de confiance et, d’autre part d’accroître
les capacités de gestion du business par les acteurs et leur auto-organisation.

Etude sur l´historique de la Coopération Allemande dans le secteur agricole au Bénin


94
Acquis phare : ABC SOJA
Nom : AKOBASSA Michéline, 35 ans
Fonction : Transformatrice de soja en fromage
Localité : Chabi-couma

« ProAgri4 nous a équipées en matériel de travail comme les marmites, les bassines,
les passoirs, les paniers qui nous ont permis d’augmenter la quantité et la qualité de notre
transformation. Nous avons été aussi formées sur la gestion et sur les normes pour
améliorer la qualité de notre produit. Aujourd’hui grâce au projet nous avons un complexe
de transformation en cours de construction avec toutes les installations pour nous faciliter
davantage le travail et améliorer sa qualité.
Nous avons apprécié ce projet de la Giz pour tout ce qui a été fait pour nous. Nous avons
connu des progrès et des succès avec le ProAgri4. Tout notre fromage est acheté et les
gens viennent de Natitingou et d’ailleurs pour acheter même le son.
Avec ce projet, il y a la stabilité dans nos petites familles. »

Acquis phare : ABC SOJA


Nom : ASSANWI Rosine, 28 ans
Fonction : Transformatrice de soja de la CVTS LANHESSINE 2
Localité : Chabi-couma

« Nous avons beaucoup appris de ce projet parce que nos conditions de travail et de vie
se sont nettement améliorées. En effet, nous avons bénéficié des renforcements de
capacité en gestion financière, en maîtrise des techniques et hygiène de transformation.
Par ailleurs, nous avons reçu des équipements de travail comme : des marmites, des
tonneaux, des passoirs, des bassines qui nous ont permis d’augmenter la quantité de
notre transformation de soja. Nous avons également bénéficié d’une maison de
transformation qui comporte des salles de transformation, de stockage, de foyers de
travail plus sécurisant, des toilettes, etc. Merci au ProAgri pour cette infrastructure. »

Acquis phare : ABC Riz


Nom : OMATA Jonathan
Fonction : Producteur et président de l’Union communale des coopératives des
producteurs de riz de Boukoumbé
Localité : Boukoumbé

« Nous avons eu beaucoup d’appuis avec ProAgri 4. Nous avons été mis en réseau pour
former des clusters par filière et par intérêts. Le projet a renforcé nos capacités en
contractualisation entre les acteurs des différents maillons de la chaîne de production
(producteurs, transformateurs, commerçants et autres). Un master coach qui est
permanent avec nous, nous donne des formations et nous oriente en cas de difficulté. A
travers cet accompagnement nous avons obtenu des financements pour l’aménagement
de bas-fonds, la formation sur les itinéraires techniques de production, le marketing, la
mise sur le marché de nos produits... Nous avons également bénéficié de matériels pour
produire et transformer dans de très bonnes conditions. Aujourd’hui grâce à ces appuis
techniques et financiers, notre production s’est accrue et sa qualité améliorée. Nos
produits sont très recherchés. »

Etude sur l´historique de la Coopération Allemande dans le secteur agricole au Bénin


95
Acquis phare : ABC Riz
Nom : Arouna Nafissatou
Fonction : Transformatrice de riz Présidente de l’union communale des étuveuses
de riz
Localité : Boukoumbé

« Le ProAgri4 et la cellule communale de l’ATDA Boukoumbé ont mis ensemble les


producteurs, les commerçants, les transformatrices et autres pour travailler. Ainsi, après
nous avoir formé sur le markéting, la gestion financière, la négociation et la
contractualisation pour garantir la disponibilité de la matière première pour la
transformation, ils nous ont appuyés en matériels de travail (tricycles, bâches, kits de
transformation, couseuses…). Nous sommes contentes du travail du projet qui nous a
beaucoup aidés. Son appui nous a permis de nous organiser comme les producteurs et
notre riz est vendu dans les marchés, les boutiques ici à Boukoumbé et ailleurs. Nos
produits sont bien emballés, nous participons aux foires au niveau départemental,
national et même régional. »

13.4.2. Acquis phare « Plateforme »

Plateformes communales de dialogue public-privé.


Amélioration des conditions cadres de la promotion des chaines de valeurs à travers les
plateformes communales de dialogue public privé. Elle vise à mettre sur l’agenda des
autorités locales les contraintes institutionnelles liées aux chaines de valeurs
stratégiques de la commune et, d’assurer le lobbying et le plaidoyer pour la résolution
des contraintes.

Acquis phare : Plateforme


Nom : Hassane Léilatou, épouse Afotossou
Fonction : Secrétaire exécutif (SE) mairie Kouandé
Localité : Kouandé

« Le projet a beaucoup aidé les producteurs, à obtenir des magasins de stockage à leur
profit, d’acquérir du matériel pour leur permettre également de transformer les produits
agricoles, la structuration de ces producteurs dans un creuset qu’est la plateforme qui
leur permet de vraiment échanger entre eux, de voir les problèmes qui se posent à eux
et de s’organiser afin de pouvoir les régler avec l’appui du projet et des autres partenaires
qui utilisent l’existence de la plateforme pour accompagner les producteurs de la
commune de Kouandé.
La plateforme fonctionne très bien, c’est un acquis important du projet qui continuera à
fonctionner et de poursuivre ses activités pour permettre aux producteurs de se mobiliser
davantage et de mobiliser plus de financements.
La structuration des producteurs se renforce et ils s’organisent mieux grâce aux
formations et à l’acquisition des matériels. Ceci profite aussi à la commune pour une
meilleure collecte de ressources pour la promotion de l’économie locale, de plus-value
pour la réalisation de projets structurants pour le développement de la commune. »

Etude sur l´historique de la Coopération Allemande dans le secteur agricole au Bénin


96
Acquis phare : Plateforme
Nom : Lafia Aboudou Soulemane
Fonction : Technicien spécialisé en diversification agricole, ATDA2, Kouandé
Localité : Kouandé

« ProAgri a réussi à mettre en place un cadre multi acteurs. C’est un espace d’échanges
entre les producteurs, les transformateurs et la commercialisation (riz, anacarde, soja,
maraîchers, etc.). Mes impressions sont très bonnes. Le ProAgri4 est en train de nous
passer la main et avant nous avons bénéficié de beaucoup d’acquis en termes de
formation et de renforcement de capacité des acteurs, la mise en place d’une
méthodologie d’identification ABC, la mise à disposition d’outils pour travailler
efficacement. Par ailleurs, l’administration a bénéficié d’appuis en matériel (tableau
d’animation, matériel bureautique, mallette zopp) pour animer les ateliers. Pour les
producteurs, le ProAgri a construit une grande infrastructure de transformation de soja
en fromage de bonne qualité. Sincèrement le ProAgri a beaucoup travaillé. »

Acquis phare : Plateforme


Nom : Saka Mora Bio, 56 ans
Fonction : Commerçant et Secrétaire de la Plateforme de dialogue multi-filières de N’Dali
Localité : N’Dali

« Ma rencontre avec ProAgri grâce aux producteurs/transformatrices de soja, a permis


la mise en place de l’agro business cluster soja pour faciliter la production et la fourniture
des graines aux transformatrices, la participation à plusieurs sessions de formation qui
ont renforcé mes connaissances et savoir-faire et m’ont permis de tisser des relations
d’affaires avec d’autres acteurs à travers la plateforme mise en place par la mairie qui
facilite les mises en relation avec d’autres acteurs des autres maillons et partenaires à
savoir : les fournisseurs d’intrants et d’équipements divers, les producteurs, les
commerçants-tes transformateurs, etc. »

Acquis phare : Plate-forme


Nom : Adje François
Fonction : Producteur et président de la plateforme multi-filières à Tchaorou
Localité : Tchaorou

« Avec ProAgri et ses actions, nous avons constaté la naissance d’un climat de confiance
au sein des acteurs de la filière, grâce à la création de la plateforme multi filières. A
chaque rencontre nous sommes appuyés avec des formations et des conseils pour nous
aider. On se fait mutuellement confiance entre commerçants et producteurs. Avant c’était
difficile entre nous. Quand on a des problèmes d’argent, les commerçants n’hésitent plus
à nous avancer de l’argent parce qu’ils savent que nous avons un produit dont ils ont
besoin et ça marche avec le fonctionnement de la plateforme. Vraiment mes impressions
sont bonnes du fait des formations. Tout a changé au niveau des acteurs : producteurs,
transformateurs ou commerçants. Les conseils et les formations ont engendré des
progrès dans les relations chez tous les acteurs. Tout ça nous a permis d’améliorer notre
façon de faire. »

Etude sur l´historique de la Coopération Allemande dans le secteur agricole au Bénin


97
Acquis phare : Plate-forme
Nom : Djaboutou Foumilayo Rissicath, 36 ans
Fonction : Chef cellule communale ATDA pole 4 Tchaorou
Localité : Tchaorou

« ProAgri a fait chez nous la promotion de l’Agri business cluster, et la facilitation d’accès
au marché. Ainsi, 4 agro-business cluster ont été accompagnés dans les filières riz, soja,
karité avec à la clé, la construction des relations d’affaire. Nous avons aussi été appuyés
pour assister les organisations professionnelles agricoles des filières riz, soja, karité à
travers des renforcements de capacités et l’immatriculation. Nous avons reçu l’appui du
projet dans la mise en place d’une plateforme de dialogue multi acteurs, multi filières.
Toutes ces actions ont permis de régler déjà des problèmes au niveau de la commune.
Il faut noter que ProAgri nous a, par ailleurs, accompagnés dans l’élaboration et la
signature de conventions locales de protection des parcs à karité de 107ha. J’ai une très
bonne impression du projet, seulement, il est entrain de finir dans quelques mois. »

Acquis phare : Plate-forme


Nom : Mamadou Sanni, 36 ans
Fonction : Producteur et secrétaire générale de la plateforme
Localité : Goro / Commune de Tchaourou

« Nous avons beaucoup bénéficié de ProAgri notamment dans les formations et les
accompagnements financiers pour l’organisation de nos rencontres, la facilitation des
échanges entre acteurs de la même filière, la collaboration entre différents acteurs de la
plateforme. Ces appuis nous ont permis de mieux comprendre le fonctionnement de la
plateforme. J’ai de bonnes impressions du projet. Il était plus focalisé sur la filière
anacarde. Nous remercions le projet pour tous ses bienfaits à notre égard et
souhaiterions qu’il continue de nous appuyer. »

13.4.3. Acquis phare « Smart Valleys »

L’approche Smart Valleys pour la culture du riz vise l’intensification de la culture du riz et
la facilitation de la résilience de la production du riz aux effets du changement climatique
afin d’augmenter la productivité de cette culture.

Acquis phare : Smart Valleys


Nom : Kouagou Monique, 25 ans
Fonction : Productrice de riz et présidente de la coopérative des productrices de riz à
Koupagou
Localité : Boukoumbé.

« Nous avons été formés par le projet sur les techniques de semi en ligne droite et sur la
façon de mettre de l’engrais. Avant, nous faisions le semis en désordre et l’eau ne
nourrissait pas les cultures. Avec ProAgri, nous avons appris comment faire les diguettes
pour que l’eau reste plus longtemps dans les casiers. Tout ça, nous l’ignorions avant.
C’est grâce au projet que nous avons pu nous améliorer. Aujourd’hui, nos rendements
ont augmenté et nos semences sont de meilleure qualité. Nous sommes contents de

Etude sur l´historique de la Coopération Allemande dans le secteur agricole au Bénin


98
l’appui du projet qui nous a permis de régler la scolarisation de nos enfants, de construire
de petites maisons et de s’entraider en famille grâce à la vente de notre riz qui est de
qualité meilleure. »

Acquis phare : Smart Valleys


Nom : Tchitekoua Coukoula, 32 ans
Fonction : Producteur et secrétaire de la coopérative de production de riz à Koupagou
Localité : Boukoumbé

« Avec le projet nous avons bénéficié de beaucoup choses à travers les formations et les
renforcements de capacités tel que l’entretien des sols pour qu’ils soient fertiles en toute
saison, la GDT, le semi en ligne, l’application des engrais, l’aménagement du bas-fond,
du maintien et la canalisation de l’eau pour la production du riz. Ces appuis ont entraîné
un accroissement de la production de riz chez nous. Nous avons acquis beaucoup de
choses et même nos conditions de vie se sont améliorées grâce à l’appui de ce projet
Nous sommes très contents de ce projet, nous avons vraiment apprécié ses actions et
nous-mêmes, nous avons pu réaliser des constructions de petits bâtiments ; certains ont
pu payer des panneaux solaires pour éclairer leur maison. »

Acquis phare : Smart Valleys


Nom : Coopérative des productrices de riz Tamouuanta de Koupagou
Localité : Boukoumbé.

« Le ProAgri nous a aménagé le bas-fond, il nous a appuyé en engrais et appris à faire


le semi en ligne puis comment appliquer les engrais et comment drainer l’eau pour
maintenir les sols humides dans les casiers même s’il n’y a pas de pluie. On a reçu du
projet des semences de pois d’angole et du mucuna pour aider à fertiliser nos sols qui
étaient devenus pauvres. Aujourd’hui nous savons comment maintenir nos sols fertiles
grâce aux formations sur la gestion durable des terres et l’utilisation des semences de
bonne qualité. Nous sommes contentes du projet qui nous a aidées à mieux faire et à
obtenir plus de rendements et plus d’argent pour gérer nos besoins. »

Etude sur l´historique de la Coopération Allemande dans le secteur agricole au Bénin


99
14. Le Programme Réserve de Biosphère Transfrontalière W-
Arly-Pendjari composante Bénin (RBT-WAP)

Le Programme Réserve de Biosphère Transfrontalière de la région W-Arly-Pendjari


(RBT-WAP) fait suite au module 2 « Appui à la Réserve de Biosphère de la Pendjari
(RBP) » du ProAgri II. Ce module a démarré en juillet 2014 avec pour objectif : « Un
système de gestion durable de la réserve de biosphère de la Pendjari (RBP) compatible
avec les exigences techniques et financières de la Fondations des Savanes Ouest
Africaines (FSOA) est mise en œuvre avec succès ». C’est dans son prolongement que
s’inscrit le RBT-WAP.

Le RBT-WAP est un programme régional de conservation des aires protégées du


Complexe W-Arly-Pendjari (WAP) que se partagent le Bénin, le Burkina Faso et le Niger.
Son objectif est de « promouvoir un développement économique endogène, durable et
inclusif, répondant aux défis du changement climatique ».

Au cours de sa mise en œuvre, il a reçu des co-financements. Celui de l’Union


Européenne (UE) à partir de mi 2018 pour la « Gestion Intégrée du Complexe
Transfrontalier W-Arly-Pendjari » ou GIC-WAP et un second financement additionnel
pour le projet CDN-WAP Reboisement Bénin. Ce dernier est un projet accordé à la GIZ
par le ministère de la Coopération Allemande (BMZ) en milieu d’année 2020 dans le
cadre de l’initiative du gouvernement fédéral Allemand pour la technologie et le climat
(DKTI). Son objectif est de contribuer à l’atténuation des gaz à effet de serre dans le
cadre de la mise en œuvre de la Contribution Déterminée Nationale (CDN) du Bénin. Il
est basé essentiellement sur une approche à plusieurs niveaux comportant des mesures
de reboisement dans le nord du Bénin. Il est mis en œuvre en coopération avec la
population locale et fait partie intégrante du RBT-WAP et du GIC-WAP. Ils prennent tous
en compte la partie béninoise du Complexe WAP à savoir les Réserves de biosphère
transfrontalières de la Pendjari et le W-Bénin, y compris leur zone riveraine avec ses 9
communes que sont : Banikoara, Kandi, Karimama et Kérou dans le W-Bénin et Matéri,
Tanguiéta, Toucountouna, Kouandé dont aussi Kérou à la périphérie de la Pendjari. Le
présent résumé ne portera que sur les interventions du RBT-WAP au niveau de la
composante béninoise du Complexe.

14.1. Structures de mise en œuvre au Benin

Basé à Natitingou dans l’Atacora, non loin des parcs nationaux, le programme couvre la
période de 12/2015-06/2023 avec un volume financier composé comme suit pour
l’ensemble du Complexe82 : 17 000 000 Euro du BMZ de 12/2015 à 6/2023 et 15 000 000
Euro de l’UE de 7/2018 à 5/2023. Le RBT-WAP est sous la tutelle du Ministère du Cadre
de Vie et du Développement Durable (MCVDD) Bénin à travers le Centre National de
Gestion des Réserves de Faune (CENAGREF) et les directions des parcs nationaux de
la Pendjari et du W-Bénin. Ils sont directement financés pour les activités de lutte anti-
braconnage, l’inventaire de la faune, la réalisation d’infrastructures à l’intérieur des aires

82Pour les autres pays, le RBT-WAP dispose d’une antenne à Niamey au Niger et une autre à Ouagadougou au
Burkina Faso.

Etude sur l´historique de la Coopération Allemande dans le secteur agricole au Bénin


100
protégées. En périphérie, il finance les activités socioéconomiques durables et capables
de contribuer à lutter contre les effets des changements climatiques.

Comme tous les projets /programmes de la coopération allemande au Bénin, le RBT-


WAP collabore activement avec les autres projets dans la région, notamment les projets
ProSAR, ProAgri, Fi (KFW) et PACC. Ce travail collectif permet de développer beaucoup
de synergie pour davantage d’efficacité et d’efficience.

14.2. Partenaires de mise en œuvre au Bénin

Sur le terrain, à la périphérie des aires protégées et dans les communes riveraines, les
partenaires qui assurent l’exécution des activités sont des ONGs locales et
internationales. Selon les aires protégées, les ONG qui interviennent sont :
• Au niveau parc national du W : African Parks Network (APN) à travers sa direction
• Au niveau de la Pendjari : APN à travers sa direction

Dans la périphérie des Réserves, les ONGs locales sont :


• Autour de la Pendjari: PAAS TI GNAMB, SOS Savane, Pépinière d’Afrique, Potal Men,
Déra, etc.
• Au niveau de la périphérie du W-Bénin : Espace vert et développement (EVD), Potal
Men, etc.

Des prestataires privés, consultants, bureaux d’études interviennent également dans la


mise en œuvre des actions.

14.3. Objectifs et Produits du RBT-WAP

Le programme a un objectif global, un objectif spécifique et des produits.

Objectif global :
Son objectif global est formulé comme suit : Promouvoir un développement économique
endogène, durable et inclusif, répondant aux défis du changement climatique.

Objectif spécifique :
Il est intitulé : Renforcer la conservation et la gestion durable des parcs nationaux et des
écosystèmes fragiles de la région W-Arly-Pendjari.

Produits :
Le RBT-WAP vise la réalisation de 6 produits assortis chacun d’indicateurs qui
permettent de suivre la mise en œuvre des actions sur le terrain et de savoir si les
résultats prévus sont réalisés et dans quelles proportions.

• La reconnaissance de la région WAP par l’UNESCO est avancé


• La gestion du complexe WAP est participative (structures transfrontalières,
communes, populations organisées)

Etude sur l´historique de la Coopération Allemande dans le secteur agricole au Bénin


101
• Les préalables administratifs pour un financement durable des parcs nationaux du
WAP sont améliorés
• La gestion des aires protégées de la région WAP correspond aux normes
internationales
• La population riveraine résidente du complexe W-Arly-Pendjari contribue à la
préservation des ressources naturelles
• Le reboisement et la restauration durable des terres pour atténuer l’effet du
changement climatique

14.4. Principaux résultats du RBT-WAP au Bénin au niveau des aires


protégées

Les interventions du programme ont permis, entre autres résultats, ceux qui suivent :
- Les parcs nationaux du W-Bénin et de la Pendjari sont reconnus par l’UNESCO
comme réserve de la biosphère transfrontalière (MAB UNESCO en 2018)
- Les parcs nationaux du W-Bénin et de la Pendjari sont devenus des sites du
Patrimoine de l’UNESCO en 2017
- Les parcs nationaux du W-Bénin et de la Pendjari reçoivent des financements
durables de la FSOA
- La gestion des aires protégées correspond aux normes internationales
- 100 % des infractions constatées par les directions des parcs sont réglées suivant les
textes juridiques en vigueur
- 256 Km de piste carrossable dans les aires protégées

14.5. Résultats au niveau des périphéries dans les communes riveraines

- 65 287 écoliers/élèves formés sur l’Education Environnementale (EE) dont 49 % de


filles
- 2 conventions de partenariat entre les directions des parcs nationaux du Bénin et les
AVIGREF
- 1 759 ha de terres dégradées récupérées dans les périphéries grâce à la régénération
naturelle assistée, la culture de légumineuses alimentaires, etc.
- 79 865 ha de terres reboisées ou restaurées avec des méthodes durables
- 1 376 297 tonnes de carbone stockés
- 17 000 000 € de revenus supplémentaires obtenus par les communautés riveraines
grâce à la promotion des chaines de valeurs ajoutées (CVA) comme le miel, le mung
bean, le sésame, les feuilles fraiches de baobab et la poudre de feuille, la production
de plants, etc. au Bénin
- Un total de 214 197 acteurs intervient dans les CVA promues au Bénin
- Introduction du mung bean et des potagers de baobab

Etude sur l´historique de la Coopération Allemande dans le secteur agricole au Bénin


102
14.6. Quelques impacts phares du RBT-WAP

- Les parcs nationaux du W-Bénin et de la Pendjari sont reconnus par l’UNESCO


comme réserve de la biosphère transfrontalière (MAB UNESCO en 2018)
- Les parcs nationaux du W-Bénin et de la Pendjari sont devenus des sites du
Patrimoine de l’UNESCO en 2017
- Les parcs nationaux du W-Bénin et de la Pendjari reçoivent des financements
durables de la FSOA
- 1 759 ha de terres dégradées récupérées dans les périphéries grâce à la régénération
naturelle assistée, la culture de légumineuses alimentaires, etc.
- 79 865 ha de terres reboisées ou restaurées avec des méthodes durables
- 1 376 297 tonnes de carbone stockés
- 17 000 000 € de revenus supplémentaires obtenus par les communautés riveraines
grâce à la promotion des chaines de valeurs ajoutées (CVA) comme le miel, le mung
bean, le sésame, les feuilles fraiches de baobab et la poudre de feuille, la production
de plants, etc. au Bénin
- Un total de 214 197 acteurs intervient dans les CVA promues au Bénin
- Introduction du mung bean et des potagers de baobab
- Plusieurs ONGs locales promues

14.7. Facteur clé de succès du RBT-WAP

Malgré les conditions particulièrement complexes du fait de l’insécurité dans la zone


d’intervention dans son ensemble (Burkina Faso et Niger depuis des années et depuis 3
ans au Bénin) et la COVID-19 depuis 2020, le programme a réussi à adapter son
approche d’intervention aux réalités du terrain. Cette adaptabilité a été un des principaux
facteurs de succès auquel il faut ajouter le dynamisme de l’équipe et sa proactivité. Mais
aussi la pertinence de son approche d’intervention.

14.8. Témoignages sur les Acquis phares du RBT-WAP


14.8.1. Acquis phare « Reboisement / CVA »

Cet acquis phare du RBT-WAP est spécifique à l’initiative du gouvernement fédéral


Allemand pour la technologie et le climat, en abrégé DKTI. L’approche vise à reboiser et
restaurer durablement les terres dégradées des communes riveraines des aires
protégées de la Pendjari et du W-Bénin à travers des mesures de reboisement. L’objectif
est de limiter la déforestation et d’augmenter le potentiel de séquestration du carbone au
Bénin, mais aussi créer des emplois verts et des revenus supplémentaires pour les
riverains par la promotion des chaînes de valeur ajoutées (CVA) issues de la
transformation des sous-produits non ligneux (feuilles, graines, fruits, noix, etc.) des
plantes locales. Les mesures de reboisement reposent sur des espèces utiles aux
communautés riveraines (baobab, néré, karité, tamarin, anacarde, acacias etc.) qui
offrent des possibilités de valorisation et de transformation. Des activités de production

Etude sur l´historique de la Coopération Allemande dans le secteur agricole au Bénin


103
de plants à grande échelle et de reboisement (agroforesterie, Aménagement des collines,
forêts et cours d’eau, reboisement pur, sylvo-pastoralisme et la régénération naturelle
assistée ou RNA) sont mises en œuvre par des ONGs locales et les communautés
riveraines. Ce qui aura permis de reboiser, entre 2020 et 2022, plus de 42 000 hectares
de terres reboisées/restaurées par des méthodes durables et participatives et de
permettre aux communautés de gagner des revenus supplémentaires grâce à l’utilisation
durable des ressources naturelles.

Noms : Kouaba Gaston Yoro, 47 ans et son épouse Koutchey Bissè, 22 ans,
Fonctions : ménagère transformatrice, tous bénéficiaires de l’ONG pépinière d’Afrique
partenaire de RBT-WAP,
Localité : Tagayè (Natitingou)

M. Kouaba : « C’est grâce au projet que j’ai appris l’Apiculture et la pisciculture. Ce qui
me permet de m’occuper et de gagner des revenus pour subvenir aux besoins de ma
famille. J’ai aussi appris l’agroforesterie et le reboisement des berges de la Pendjari pour
la sauvegarde de la source du fleuve Pendjari à Tagayè, Je produis des légumes toute
l’année.
Avec le projet je sais faire les ruches kényanes pour l’apiculture. Les abords de la
Pendjari sont utilisés pour poser des ruches et empêcher les feux de brousse. C’est
formidable. Notre vie a changé grâce aux interventions du projet ici à Tagayè. »
Mme Koutchey (épouse) : « Avec ce projet et l’ONG nous avons appris à faire beaucoup
de choses. Maintenant je suis transformatrice du karité en CVA beurre de karité et en
savon. J’ai bénéficié d’un forage du projet qui me permet de produire des plants, de faire
du maraichage de contre saison et le village n’a plus de problème d’eau comme par le
passé. »
« Nous avons une très bonne impression du projet et de l’ONG qui travaille avec nous ici
sur place pour le reboisement et la protection des abords du fleuve Pendjari et la
protection de sa source. »

Nom : Kassa Graçiace, 22 ans


Fonction : Productrice agricole
Localité : Dassari

« Grâce à l’appui du projet RBT WAP, je produis du mung bean dont j’ai reçu les
semences. Je suis formée sur les itinéraires techniques de production du mung bean que
je maitrise et je suis devenue leader. Ça m’a permis d’accroître mes rendements et je
me défends bien. J’ai été formée aussi sur la démonstration culinaire et j’aide les femmes
autour de moi et dans les ménages. Je voyage pour faire des formations dans ce
domaine et je suis autonome aujourd’hui. J’ai pu, grâce à l’appui du projet, aider mon
mari en finançant ses études au lycée technique. J’ai pu prendre en charge la
scolarisation de nos 2 enfants au cours primaire : je leur donne le petit déjeuner.
Aujourd’hui, je marche la tête haute car j’ai des revenus grâce à la commercialisation de
ma production de mung bean qui me permet de financer d’autres activités rémunératrices
et de faire même de la tontine (épargne). J’arrive à habiller mes enfants et même à me
divertir.
J’ai une bonne appréciation du RBT-WAP, il m’a permis d’être autonome dans ma vie.
Je remercie le projet et les animateurs de l’ONG. »

Etude sur l´historique de la Coopération Allemande dans le secteur agricole au Bénin


104
Nom : Kassa Damien,
Fonction : Chargé du reboisement/RNA à SOS Savane
Localité : Tanguieta

« J’ai acquis, grâce au projet, des formations qui m’ont permis d’avoir des compétences
en production d’alevin, de provende, de produire des ruches kényanes pour l’apiculture,
la récupération des terres par la régénération naturelle assistée.
Le projet a permis aux communautés riveraines des parcs W, Arly et Pendjari de
bénéficier des appuis pour la pisciculture et l’apiculture comme des chaines de valeurs
ajoutées et la récupération des terres. Dans le cadre de ce projet, les communes
riveraines de la Pendjari ont récupéré au moins 2 700 ha de terre en 2022 par le
reboisement et la régénération naturelle assistée. J’ai une très bonne impression du
projet qui a été positif et aider les populations riveraines à mener des activités apicoles,
piscicoles et la régénération des sols. »

Nom : Moussa Orou Touré Rachidatou


Fonction : Agent de l’ONG Espace Vert et Développement
Localité : Kerou

« J’ai appris, du projet, à produire des plants et à faire du reboisement, puis assister les
communautés dans toutes leurs activités.
Grâce à ces nouvelles compétences j’ai pu me faire remarquer et je travaille avec EVD
pour transmettre ces savoir-faire aux communautés dans les villages périphériques des
parcs nationaux. J’ai une très bonne impression du projet. Les activités que nous menons
nous permettent d’avoir des revenus pour résoudre nos problèmes personnels et
familiaux : scolarisation des enfants, réinvestissement dans d’autres activités
génératrices de revenus. »

Nom : Nouanti Hamidou


Fonction : Directeur Exécutif de PASTIGNAMB-ONG
Localité : Wantéhou

« J’ai bénéficié des appuis, d’une part, à l’installation et la production de plantes


d’essence diverse en pépinière et leur mise en place au niveau des producteurs de notre
zone d’intervention, et d’autre part, en matériel de production des arbres et de
transformations des produits CVA, et autres. Conséquences : de 100 000 plants produits
avant 2019, nous sommes à plus de 8 000 000. Ces dernières années, nous avons
produit et installé plus 15 000 ha de plants dans les communes de Matéri, Tanguiéta,
Kouandé et Touocuntouna. Nous avons d’autres activités comme le développement des
CVA de sésame, le mung bean, les feuilles de baobab et l’apiculture que nous avons pu
réaliser grâce à l’appui du projet. Nos impressions sont très bonnes et qualitatives. »

Etude sur l´historique de la Coopération Allemande dans le secteur agricole au Bénin


105
14.8.2. Acquis phare « Education environnementale »

Elle repose sur l’utilisation de l’application iNaturalist qui est une application accessible
via le web et sur des applications mobiles (Play store). Elle permet, grâce à ses
fonctionnalités, non seulement, la découverte et la connaissance, par soi-même, de la
nature (plantes, animaux terrestres comme aquatiques), mais aussi de partager des
données et les connaissances sur la biodiversité avec ses proches. Les écoliers et élèves
riverains sont en premier lieu familiarisés à l’utilisation du smartphone, puis former de
façon pratique dans la nature sur les prises de photos et l’enregistrement des cris
d’animaux. Les images et cris des animaux sont envoyés via iNaturalist (à partir des
smartphones ou des tablettes) à des scientifiques (experts de la biodiversité) pour
identification. Ceux-ci renvoient aux écoliers et élèves riverains, les données et
informations sur la plante ou l’animal (insecte, oiseau, etc.) ainsi que son rôle et son
importance dans la nature et notre environnement. Ainsi, des projets scolaires sont initiés
(clubs environnementaux, pépinière etc.) pour contribuer à la sauvegarde de
l’environnement à travers l’éveil de leur conscience sur l’importance de la biodiversité et
la nécessité de sa sauvegarde et changer leurs comportements vis-à-vis de la nature et
adopter des comportements écocitoyens.

L’utilisateur créé un compte utilisateur commun aux différentes écoles pour centraliser
les observations et données sur les espèces (photo des observations, nom de l’espèce,
période et lieu, etc.), les actualiser au besoin, puis les utiliser pour animer des
discussions virtuelles et contribuer à la recherche scientifique sur la biodiversité.

Nom : Gaou Agossou Melchior 28 ans


Fonction : Responsable de l’éducation environnementale à SOS Savanes
Localité : Tanguiéta

« Nous avons reçu beaucoup d’appuis en termes : d’installation de pépinières scolaires


à travers la plupart des écoles des communes de Tanguiéta, Matéri et Toucountouna,
d’apprentissage de la production de plants et le maraîchage pour aider à alimenter les
cantines scolaires pour la sécurisation alimentaire et, de l’utilisation de Inaturalist ou
plateforme via les smatphones pour découvrir et connaître les plantes et animaux autour
de leur environnement. Les spécialistes reçoivent les images de plantes ou d’animaux
envoyées par les jeunes et ils les aident à les identifier et les reconnaitre. Le projet a
aussi fait don de milliers de cahiers RBT-WAP illustrés avec des images d’espèces
animales ou végétales lors des séances d’éducation environnementale et qui
encourageaient et donnaient de la joie aux enfants. Ce projet est très positif. Il a nous
permis d’éveiller plus de 9 000 élèves/écoliers et de travailler avec eux autours du parc
Pendjari. »

Nom: Gbiribou Roméo, 24 ans


Fonction : Chargé de l’éducation environnementale des élèves et superviseur de terrain
pour les activités de EVD ONG pour le compte du projet RBT WAP.
Localité : Kerou

« Notre organisation a reçu des appuis en matériels pour mieux gérer nos activités et, en

Etude sur l´historique de la Coopération Allemande dans le secteur agricole au Bénin


106
renforcement de capacités dans l’utilisation des différents appareils de tracking, de
photographie ; l’utilisation de iNaturalist pour l’éducation environnementale. Ceci a
permis d’apprendre aux enfants dans les écoles l’importance de la sauvegarde de la
nature et leur faire découvrir d’autres espèces de plantes qu’ils ne connaissaient pas. Ce
projet m’a laissé de très bonnes impressions car, grâce aux différents renforcements en
matériels et en capacités, l’ONG a pu facilement atteindre ses objectifs et même faire
plus (beaucoup plus de superficie reboisée). Un sincère merci au RBT-WAP. »

14.8.3. Acquis phare « WAP Training »

WAP Training est une application mise au point par le RBT-WAP pour suivre le
déroulement des activités menées sur le terrain par ses partenaires à travers des preuves
visuelles, en générant une base de données automatique sans avoir recours à un
opérateur de saisie. Ainsi, le suivi en temps réel et la gestion des données sont assurées.
L’application WAP Training comporte deux modules, (a) Module 1, est à installer sur les
smartphones Android et permet aux utilisateurs, selon leur profil, de créer un compte
(formateur, conseiller ou superviseur) ; (b) Module 2, est un module web de gestion de
base de données dont l’objectif est de gérer et d’exploiter les données des formations
envoyées via l’application mobile WAP training. Dès que l’utilisateur s’identifie sur
l’application, il peut renseigner les données des formations ou autres activités réalisées
sur le terrain et les envoyer via son téléphone. Les données envoyées sont enregistrées
sur le site web et la base peut être extraite en Excel ou PDF. Ce qui (1) facilite la collecte
et la remontée des données sur les activités menées en temps réel, (2) permet de
contrôler le déroulement des activités à travers des preuves visuelles (images des
bénéficiaires, des installations, etc.) prises en temps réel et (3) permet de suivre de façon
continue les données issues des différentes activités de terrains et de générer une base
de données dynamique.
Il facilite ainsi le suivi en temps réel des activités de terrain et la rédaction des rapports
et minimise les prises de risques (contamination insécurité, etc.)

Nom : Tossou Antoni Lionel


Fonction : Chargé de programme au niveau de l’ONG EVD de Kerou
Localité : Kerou

« Ce projet a tout autant été bénéfique pour les ONG bénéficiaires que pour toutes les
populations en périphérie des parcs W et de la Pendjari. Il a permis aux populations de
dégager de nouvelles sources de revenus et parallèlement de diminuer la pression
qu’elles exercent au niveau des zones tampons des différents parcs afin d’améliorer la
conservation de la faune et de la flore. D’un autre côté, l’application WAP Training qui
permet le suivi-évaluation rapproché en temps réel et à distance des interventions
(formation, reboisement, éducation environnementale, démonstration, etc.) nous a aidé
à suivre les indicateurs du projet de façon efficace et efficiente depuis nos bureaux. Ce
qui est une avancée remarquable en zone d’insécurité. Il est aussi un support de
formation sur toutes les thématiques développées par le projet en lien avec la
conservation, et la promotion des CVA, entre autres. Il est un outil d’aide au rapportage.
Il a permis de savoir que nous avons reboisé une superficie de 16 000 ha autour du W-
Bénin. Mes impressions sont très bonnes par rapport au projet car depuis son

Etude sur l´historique de la Coopération Allemande dans le secteur agricole au Bénin


107
intervention, beaucoup de choses ont changé partant de certaines pratiques agricoles à
la sauvegarde de l’environnement (les feux de brousses ont diminué, les populations ont
de nouvelles sources de revenus…). On note une restauration des sols, une réduction
de la pression sur les ressources naturelles. »

Nom : Ofio Parfait


Fonction : Responsable suivi-évaluation niveau de l’ONG Pépinière d’Afrique (PA)
Localité : Natitingou

« Le projet m’a initié à l’utilisation des outils de suivi-évaluation, notamment l’application


WAP Training. Elle permet de suivre en temps réel, le déroulement des activités sans
aller sur le terrain. Les données sont très fiables. Il comporte également les outils
didactiques nécessaires à son utilisation et pour l’apprentissage.
Le projet est très profitable aux communautés parce qu’il propose une large gamme
d’activités allant du reboisement, la restauration des sols, l’agroforesterie aux CVA
portant sur des produits finis du mung bean, du sésame, du soja, la pisciculture, le
baobab, etc. A travers toutes ces activités il permet d’améliorer le revenu des
communautés. Le mung bean permet, par exemple, de traverser la période de soudure
sans problème. Je remercie le projet car il a apporté des bénéfices aux communautés et
aux partenaires que nous sommes. Nous comptons élargir nos interventions à d’autres
communes afin qu’elles tirent également bénéfices des acquis du RBT-WAP. »

15. « UN SEUL MONDE SANS FAIM » / SEWOH


Le ministère fédéral allemand de la Coopération économique et du Développement
(BMZ) investit chaque année environ deux milliards d’euros dans la sécurité alimentaire
mondiale et le développement rural.

Environ un tiers de ces fonds sont destinés à l’initiative spéciale « UN SEUL MONDE
SANS FAIM » lancée en 2014 par le BMZ. Dans le cadre de cette initiative nous
collaborons avec des partenaires de la société civile, du secteur privé, des milieux
scientifique et politique, ainsi qu’avec des églises et des organisations d’exécution de la
coopération allemande (GIZ, KfW) dans plus de 300 projets.

Les objectifs de l’initiative spéciale « UN SEUL MONDE SANS FAIM » d’ici 2024 :
• Une meilleure alimentation pour plus de 7,5 millions de personnes, en particulier
les femmes et les enfants ;
• Des revenus plus élevés pour 3,2 millions de ménages de petit(e)s paysan(ne)s ;
• Une assistance à 2 millions de personnes faisant face aux conséquences du
changement climatique ;
• Un accès au financement agricole pour 1,9 million d’exploitations agricoles ;
• Une restauration de la fertilité de 1,7 million d’hectares de terres dégradées ;
• Une sécurisation des droits fonciers pour au moins 140 000 familles de petit(e)s
exploitant(e)s agricoles ;
• Un soutien à plus de 330 000 personnes dans le domaine de l’emploi.

Etude sur l´historique de la Coopération Allemande dans le secteur agricole au Bénin


108
Comment le travail est réalisé

Les projets de l’initiative SEWOH interviennent sur les causes structurelles de la faim et
de la pauvreté. Ils encouragent un développement rural qui aide à préserver les bases
d’existence naturelles des populations et augmente leur résilience aux conséquences du
changement climatique et des crises.

Développer les connaissances, mettre des innovations en pratique et renforcer la


responsabilité individuelle sont des objectifs centraux de l’initiative spéciale. En
s’appuyant sur une agriculture durable, les projets aident les populations à sortir de la
sous-alimentation et de la malnutrition et font augmenter la prospérité en milieu rural,
surtout en Afrique et au bénéfice des petit(e)s exploitant(e)s agricoles.

L’amélioration de la création de valeur au niveau local, le développement de chaînes


d’approvisionnement équitables et une formation de qualité favorisent l’augmentation de
revenus et la création d’emplois. Le BMZ a créé des « Centres d’innovations vertes pour
le secteur agricole et agroalimentaire » dans seize pays d’intervention de la coopération
allemande au développement. Ces centres de développement et de formation, au sein
desquels coopèrent de nombreux partenaires locaux, allemands et internationaux,
appuient la mise en place et la diffusion d’innovations et font progresser le
développement rural durable. D’autres projets de l’initiative spéciale ont pour but
d’améliorer les conditions d’ensemble, p. ex. par la promotion de la recherche agricole
publique internationale, la sécurisation des droits fonciers et le renforcement de chaînes
d’approvisionnement importantes. La protection des ressources naturelles en vue de
préserver la productivité et la santé des sols joue un rôle important dans les projets de
conservation des semences, de gestion durable des forêts et de création de centres de
connaissances pour l’agriculture biologique.

Succès de 2014 à 2019 du SEWOH à travers le monde :

• Plus de trois millions de personnes, en particulier des femmes et des enfants,


bénéficient d’une meilleure alimentation ;
• Plus de 990 000 hectares de terres et de forêts dégradées ont été réhabilités et
font l’objet d’une exploitation durable ;
• Plus de 700 000 exploitations agricoles ont eu accès à un financement agricole ;
• Plus d’un million de ménages de petit(e)s exploitant(e)s agricoles ont pu
augmenter leurs revenus ;
• Plus de 700 000 personnes en milieu rural ont pu améliorer leurs qualifications ;
• Les droits fonciers de plus de 80 000 familles de petit(e)s exploitant(e)s agricoles
sont garantis.

Etude sur l´historique de la Coopération Allemande dans le secteur agricole au Bénin


109
SAVIEZ-VOUS QUE… ?

• Jusqu’à 810 millions de personnes, soit dix pour cent de la population


mondiale, souffrent de la faim.
• Deux milliards de personnes souffrent de la faim « cachée », c’est-à-dire de
carences en micronutriments.
• Actuellement, la faim dans le monde augmente à nouveau, surtout sous
l’effet des conflits, du changement climatique et des crises – la dernière en
date étant la pandémie de COVID-19.
• La pandémie de Corona a contribué à la plus forte augmentation de la faim
dans le monde depuis des décennies ? Par rapport à l’année précédente,
environ 120 millions de personnes supplémentaires souffriront de la faim en
2020.
• Près d’une personne sur quatre est sous-alimentée en Afrique
subsaharienne.
• Les deux tiers des personnes souffrant de la faim vivent en milieu rural.
• La production agricole devra fortement augmenter d’ici 2050 pour suivre la
croissance démographique mondiale.
• Chaque année, plus de 10 millions d’hectares de terres agricoles constituant
la base de l’alimentation et de l’existence de millions de personnes, sont
perdus.

Sans un renversement de la tendance actuelle, il ne sera pas possible d’atteindre


d’ici 2030 l’objectif de développement durable (ODD) n°2 qui est d’éliminer la faim
et toute forme de malnutrition. Source : Factsheet SEWOH, BMZ, 2021

Les projets ProSOL, ProCIVA, ProFINA, ProPFR, ProSAR, et ProACPA, présentés en


détail ci-dessous, sont tous des projets SEWOH et sont partie intégrale du "Secteur Vert"
de la GIZ au Bénin. Leurs activités sont depuis lors pilotées et harmonisées via une
cellule de coordination afin d'atteindre un maximum de synergies.

Etude sur l´historique de la Coopération Allemande dans le secteur agricole au Bénin


110
16. Protection et réhabilitation des sols pour améliorer la
sécurité alimentaire (ProSOL)

Au Bénin, la principale activité économique du pays est l’agriculture. Elle emploie 70%
de la population active et principalement dans de petites exploitations agricoles. Mais
sous l’effet de pratiques agricoles inadaptées, de la déforestation, l’érosion du vent et de
l’eau, les sols se dégradent continuellement. La situation s’aggrave avec le changement
climatique. Les sols s’acidifient et se lessivent.

16.1. Objectifs fixes de ProSOL

Ce projet a 3 objectifs principaux :


• Améliorer la protection et la réhabilitation des sols dégradés ;
• Garantir durablement une bonne production agricole des communes cibles du
projet ;
• Diffuser les techniques de Gestion Durable de Terres (GDT) et de l’Adaptation au
Changement Climatique (ACC) auprès des producteur·rice·s dans 18 communes
cibles du projet.

Au Bénin, les filières prioritaires à promouvoir par le projet ProSOL sont :le maïs, le
manioc, l’igname et le coton .

16.2. Sols érodés

Les sols érodés sont identifiés dans toutes les communes. Ils sont plus prononcés sur
des terrains en pente surtout dans les bassins versants des communes. L’érosion se
manifeste par la présence de ravins qui proviennent des ruissellements. Ceux-ci drainent
la terre et ses nutriments, de l’amont des exploitations agricoles, vers l’aval. Ils
occasionnent une répartition inégale des nutriments dans l’espace agricole.
Les causes de l’érosion les plus évoquées sont la topographie c’est-à-dire les terres en
pente (66 %), les feux de brousse (24 %) et les pluies abondantes (21 %).

16.3. Sols lessivés

Il s’agit des sols que le passage de l’eau a écrémé et nettoyé de tous leurs éléments
nutritifs. Ils sont rencontrés en amont des parcelles agricoles qui sont en pente et dans
les exploitations agricoles surexploitées, c’est-à-dire cultivées successivement sans
amendement ou rotation, ni jachère naturelle ou améliorée. C’est également l’état des
parcelles qui ont été abondamment soumises à la fertilisation minérale. Ce sont des sols
pauvres à faible capacité de rétention d’eau.
On constate que les causes les plus évoquées sont la topographie c’est-à-dire les terres
en pente (52 %), les pluies abondantes (15 %) et l’absence de fumure organique (16 %).

Etude sur l´historique de la Coopération Allemande dans le secteur agricole au Bénin


111
16.4. Sols entassés

Il s’agit des sols qui sont devenus compacts suite à un mauvais labour, notamment avec
les tracteurs, aux piétinements réguliers causés par des animaux surtout le gros bétail
(31 %), aux pluies abondantes qui détruisent la texture initiale des sols.
Les autres causes de ce phénomène évoquées par les producteurs sont les feux de
brousse qui dénudent le sol (14 %), la topographie (19 %) et l’absence de rotation (11 %).

16.5. Sols non fertiles

Les sols non fertiles sont ceux dont les éléments nutritifs sont à un niveau si bas que les
rendements des cultures qui y sont installées sont faibles ou insignifiants.
Selon les déclarations des producteur·rice·s, les causes de cette baisse de fertilité sont
essentiellement : les feux de brousse (13 %), l’absence de la rotation (25 %), l’absence
de la fumure organique (35 %) et de la jachère (25 %).

On estime que la dégradation des sols touche déjà plus des 2/3 des surfaces cultivées.
Une étude menée par le laboratoire des sols de l’INRAB en 2016 dans les 3
départements du Zou, Borgou et de l’Alibori indique que 90 % des terres ont un niveau
de fertilité faible à très faible.

La dégradation croissante des sols conduit à un déclin de la productivité des cultures,


met en danger la sécurité alimentaire et accroit la pauvreté.
C’est donc une préoccupation majeure pour les agriculteur·rice·s béninoi·e·s, qui
subissent une baisse de rendement de leur exploitation chaque année, de même que
pour les chercheurs dont la vocation est d’œuvrer à la conservation et à la restauration
de la fertilité des sols.

Les producteur·rice·s déploient des efforts pour lutter contre ces différents facteurs et
améliorer leur rendement notamment en ayant recours à une agriculture intensive qui
nécessite de plus en plus l’utilisation d’intrants chimiques. Cette pratique culturale a des
incidences néfastes sur la qualité physique et chimique du sol ainsi que sur la diversité
et l'efficacité des microorganismes du sol dans leur rôle de décomposition de la matière
organique morte et l’apport à la croissance des plantes.

Les initiatives de la Gestion Durable des Terres sont peu nombreuses sur le terrain. Les
agriculteur·rice·s disposent de peu d’informations sur les mesures adaptées dans la
protection des sols et n’ont pas accès aux semences des plantes améliorantes et aux
technologies annexes.

Le projet ProSOL « Protection et réhabilitation des sols pour améliorer la sécurité


alimentaire», démarré en Mars 2015 au Bénin (jusqu’en Juin 2024), fait la promotion des
mesures de Gestion Durable des Terres et d’Adaptation au Changement Climatique
(GDT/ACC).
Il a pour objectif de mettre en œuvre des approches durables, et à larges impacts, de
promotion de la protection des sols et de la restauration des sols dégradés. Il est l’un des
projets de l’Initiative Spéciale intitulée « UN SEUL MONDE sans FAIM » du Ministère
Fédéral de la Coopération Allemande au Développement (BMZ), mis en œuvre par la
Etude sur l´historique de la Coopération Allemande dans le secteur agricole au Bénin
112
coopération allemande au développement (GIZ) et placé sous la tutelle du Ministère de
l’Agriculture, de l’Elevage et de la Pêche (MAEP).

Au Bénin, le projet intervient dans 629 villages de 18 communes des départements du


Borgou, de l’Alibori, du Zou et des Collines. Il promeut des mesures de GDT à l’échelle
des petites exploitations agricoles pour améliorer la protection et la réhabilitation des sols
dégradés et permettre d’améliorer la production agricole et donc les revenus.
La GDT a été définie lors du Sommet Planète Terre des Nations Unis en 1992 comme :
« L’utilisation des ressources en terres, notamment des sols de l'eau, des animaux et
des plantes pour produire des biens et satisfaire les besoins humains sans cesse
croissant, tout en préservant leur potentiel de production à long terme et leur fonction
dans l'environnement. »

Pour ne pas perdre les bénéfices économiques issus de la mise en œuvre des mesures
GDT, les agriculteurs doivent non seulement apprendre à les calculer mais également à
les réinvestir dans leurs exploitations.

Etude sur l´historique de la Coopération Allemande dans le secteur agricole au Bénin


113
16.6. Les principaux succès du ProSOL

1. Six catégories des mesures GDT/ACC ont été promues et approuvées par la FAO -
Food and Agriculture Organization - et WOCAT - World Overview of Conservation
Approaches and Technologies.

16.7. L’impact des mesures sur les revenus des agriculteurs

Les résultats ont montré que les agriculteur·rice·s GDT/ACC ont un résultat net
d’exploitation supérieur à celui de leurs homologues témoins pour les cultures du maïs
(252 300 FCFA contre 41 232 FCFA) et du coton (443 081 FCFA contre 115 765 FCFA).
L’application des mesures GDT/ACC contribuent donc à l’amélioration des revenus des
agriculteurs bénéficiaires du projet ProSOL.
Etude sur l´historique de la Coopération Allemande dans le secteur agricole au Bénin
114
16.8. L’approche « AGRICULTEURS RELAIS »

L’approche « agriculteur relais » permet le partage des connaissances GDT/ACC


d’agriculteurs à agriculteurs. Cette approche place l’individu au centre de la production
et de la diffusion des méthodes GDT/ACC. L’activité d’un agriculteur relais n’est pas
rémunérée car elle est basée sur le concept de la « dette sociale »83.

Lors d’une concertation villageoise, le·la relais et ses apprenants sont désignés. Ces
derniers sont formés par les agriculteurs relais. L’application des pratiques sera ensuite
suivie et les progrès seront évalués et restitués.

16.9. Accent sur les femmes agricultrices


Depuis l’année 2020, le projet ProSOL évalue l’amélioration des conditions socio-
économiques des femmes formées en GDT/ACC.

Une étude menée en 2021 révèle que le niveau de la situation socio-économique des
femmes dans les ménages varie favorablement en fonction du nombre d’années
d’application des mesures de GDT/ACC. Par exemple :

1. 65 % des agricultrices qui appliquent les mesures GDT/ACC participent à la prise


de décision au sein du ménage pour les cultures à produire, la réserve des
produits pour la consommation et la dépense de l’argent issue de la vente des
produits agricoles.

83Sous « dette sociale » le projet comprend un mécanisme de responsabilisation individuelle et collective qui est conçu
comme base de transfert durable des connaissances et compétences entre agriculteur·rice·s bénéficiaires et non-
bénéficiaires d’un projet. En acceptant d’être formé·e et de recevoir les différents appuis du projet, le·la bénéficiaire
de l’intervention du projet contracte par la même occasion une dette sociale vis-à-vis de sa communauté et vis-à-vis
du projet.
Aucune compensation financière ou matérielle n’est demandée pour rembourser cette dette. La seule requête est son
acceptation et engagement à partager les connaissances et compétences acquises avec d’autres agricultrices et
agriculteurs du village.

Etude sur l´historique de la Coopération Allemande dans le secteur agricole au Bénin


115
2. 64 % des agricultrices qui appliquent les mesures GDT/ACC dans les exploitations
agricoles ont amélioré leur situation économique en diminuant la charge de travail
et la pénibilité.
3. 49 % des femmes qui appliquent les mesures GTD/ACC confirment une
amélioration de leur situation socio-économique de 2 points au moins sur une
échelle de 0 à 5.

16.10. Soutien de l'agriculture biologique

Au terme de la campagne agricole 2020-2021, 1 150 agriculteurs dont 48 % de femmes


ont produit 531 tonnes de coton biologique sur une superficie de 1 000 ha emblavées
sous mesures GDT/ACC. Une enquête réalisée en 2020 à Banikoara a montré que le
rendement du coton biologique est 25 % plus élevé après trois ans d’application de
mesures GDT/ACC que pour le coton biologique sans mise en œuvre de mesures
GDT/ACC.

En plus de l’augmentation du rendement, l’intégration de la GDT/ACC dans les systèmes


de production biologique a induit comme effets :
• La réduction du risque de contamination des parcelles biologiques par le
ruissellement grâce aux diguettes et aux billons en labour perpendiculaire ;
• La réduction des apports d’engrais biologiques achetés ;
• La meilleure gestion des ravageurs grâce au pois d’Angole et au Gliricidia. Ils sont
des plantes pièges et servent de « bande de sécurité » et de brise-vent pour les
parcelles biologiques.

16.11. Chiffres clés de succès


1. 64,2 % des ménages qui font les pratiques GDT/ACC sont en sécurité alimentaire ;
situation alimentaire nettement meilleure que celle obtenue dans l’AGVSA de 2014
(Analyse Globale de la Vulnérabilité et de la Sécurité Alimentaire) qui étaient de 46 %
dans la zone d’intervention du ProSOL.

2. La prévalence d’insécurité alimentaire modérée évaluée à 4 % contre 9,75 %


obtenue dans l’AGVSA de 2014. 95 % des ménages GDT/ACC ont une
consommation alimentaire et une diversité alimentaire acceptable.

3. Les ménages qui pratiquent les mesures GDT/ACC (indice de résilience = 0,28) sont
plus résilients aux effets du changement climatique que les ménages témoins
(ménages qui n’appliquent pas les mesures GDT/ACC) (indice de résilience = 0,26).

4. 43,5 km de couloirs de transhumance ont été aménagés pour le passage des


animaux dans les communes de Ségbana (Alibori) et de Kalalé (Borgou).

5. 205 000 ha de terres sont protégés et/ou réhabilités. Ce qui a permis de d’augmenter
de 45 % le rendement des cultures sur ces terres protégées.

Etude sur l´historique de la Coopération Allemande dans le secteur agricole au Bénin


116
6. 971 : nombre de technicien·ne·s et conseillers agricoles formé·e·s en GDT/ACC pour
accompagner les différentes structures dans la promotion de la GDT/ACC.

7. 163 689 dont 36 % de femmes : nombre d’agriculteurs qui ont été formés et encadrés
aux mesures GDT/ACC.

16.12. Les six acquis phares du ProSol

1. Utilisation de fertilisant organique Biochar et Terra Preta dans la production


agricole pour améliorer la fertilité et ainsi augmenter les rendements agricoles.

2. Combinaison de mesures GDT/ACC par l’appropriation de la compréhension de


l’écosystème sol par les agriculteur·rice·s, l’encadrement rapproché des agriculteurs
par les conseillers agricoles en GDT/ACC et la facilitation d’accès des
agriculteur·rice·s aux semences de plantes améliorantes et plants forestiers.

3. Approche Agriculteur Relais pour le partage de connaissances et pratiques des


mesures GDT/ACC entre agriculteurs.
Le projet se focalise sur le renforcement des capacités des agriculteur·rice·s de produits
biologiques de deux ONG :
• L’Association des Femmes Vaillantes et Actives (AFVA) ;
• L’Union des Producteurs de Cultures Biologiques du Bénin (UPC Bio Bénin).

Ce renforcement de capacité a permis aux agriculteurs et agricultrices de connaître et


d’appliquer les mesures simples d’amélioration de la fertilité et de protection de leurs
sols tels que l’utilisation des plantes améliorantes (mucuna, pois d’Angole), la gestion
des résidus de récoltes, l’utilisation des déjections animales et le labour
perpendiculaire à la pente.

4. Outils de sensibilisation de masse : Sol Mobil et partenariats radios.


Pour sensibiliser dans les villages et généraliser la mise en œuvre des mesures GDT
/ ACC, le ProSOL Bénin réalise et diffuse depuis 2016 à travers huit radios
partenaires des émissions radio sur la GDT/ACC. De plus, une sensibilisation de
grande masse à travers l’approche Sol Mobil est initiée dans les villages depuis 2017.
Le Sol Mobil est un véhicule équipé de kits de projection de film sur l’agriculture et la
GDT/ACC.

5. Intégration de la GDT/ACC dans l’enseignement Technique et la Formation


Professionnelle Agricole pour former les apprenant·e·s sur les aspects théoriques et
pratiques de la GDT/ACC.

6. Intégration de la GDT/ACC dans les politiques nationales et locales.


Les communes sont un acteur indispensable pour la réalisation des actions de
GDT/ACC et pour l’atteinte de la Neutralité de Dégradation des Terres (NDT) au
Bénin. Elles font partie des acteurs pouvant assurer la pérennisation des actions du
projet.

Etude sur l´historique de la Coopération Allemande dans le secteur agricole au Bénin


117
Le ProSOL accompagne dès lors les communes de sa zone d’intervention pour la
prise en compte des thématiques GDT/ACC dans leur gouvernance.

En 2019, trois ateliers d’information et de sensibilisation ont été organisés au profit


des élus et agents techniques des communes dans les départements du Zou, du
Borgou et de l’Alibori. Les élus et agents des communes ont été sensibilisés sur
l’éligibilité des actions GDT/ACC au fond FADeC Agriculture et l’urgence de prioriser
la mise en œuvre des actions GDT/ACC en faveur des administrés qui sont
majoritairement agriculteur·rice·s. Au total, 57 personnes de 24 communes ont été
sensibilisées dont 8 communes hors de la zone d’intervention de ProSOL. Chaque
commune a pris des engagements en faveur de la mise en œuvre des actions
GDT/ACC.

16.13. Témoignages de bénéficiaires du ProSOL

16.13.1. Acquis phare « Le Biochar et Terra Preta »

L’utilisation du fertilisant biologique Biochar et Preta Terra dans l’agriculture s’est avérée
un élément enrichissant pour les producteur·rice·s qui l’ont adopté. En vue de solutions
alternatives à la dégradation prononcée des sols et la cherté des intrants agricoles
chimiques pour améliorer la fertilité des sols pour une augmentation des rendements
agricoles le ProSOL a introduit dans les zones d’intervention le fertilisant Biochar et Terra
Preta.

Le Biochar est un charbon biologique obtenu par pyrolyse de biomasse végétale sèche
(chauffage à environ 500°C en l’absence d’oxygène), généralement des résidus
agricoles. Il se présente sous forme de petits fragments noirs, légers et poreux. Le
processus de pyrolyse produit un gaz combustible et du Biochar. Les produits de la
pyrolyse sont récupérés et pilés ou broyés jusqu’à obtenir une fine poudre noire. La Terra
Preta est l’activation du Biochar par le compost dans le cadre du projet. C’est donc un
mélange d’une proportion du Biochar et de compost.

Cette technique valorise les déchets agricoles en l’occurrence les résidus de récolte et
d’élevage en fertilisant organique afin de disposer de fertilisants et d’amendements
organiques accessibles et durables.

Il s’agit là d’une solution alternative à la cherté de l’engrais minéral de synthèse mais


également une manière de diminuer la dépendance des producteurs, surtout des
femmes, vis-à-vis de l’engrais minéral de synthèse. C’est là une meilleure forme de
valorisation des résidus de récolte à décomposition lente et une innovation à la fois
d’adaptation au changement climatique et d’atténuation du réchauffement climatique.

Etude sur l´historique de la Coopération Allemande dans le secteur agricole au Bénin


118
Nom : Kakabiti Aliou
Profession : Agriculteur-Producteur de Biochar et Terra Preta
Localité : Agoua, commune de Bantè

« Je remercie beaucoup ProSOL qui m'a fait découvrir le Biochar et Terra Preta. Avant,
les rafles de maïs étaient considérées comme des déchets inutiles que nous jetions.
Nous étions nombreux à suivre la formation. Après la formation, certains de mes
collègues ont refusé d'adopter la technique, mais moi je l'ai aussitôt adoptée compte tenu
des avantages dont on nous a parlé. Et j'ai vu juste. Aujourd'hui, mes champs qui
donnaient difficilement une tonne et demie de maïs à l'hectare après quantité d'engrais
chimiques, m'en donnent plus de trois aujourd'hui. Mieux, je suis devenu producteur de
Biochar et Terra Preta que je vends aux agriculteurs et maraichers de la région. Sans
mentir, je profite énormément de l'adoption du Biochar et Terra Preta. »

Nom : Loko Rosaline Kakpo Clémence représentée par sa mère


Profession : Présidente du Groupement maraîcher de Agbon
Localité : Agbon, commune de Bantè

« Depuis que nous avons découvert le Biochar et Terra Preta, les membres de notre
groupement s'en sortent mieux que par le passé. En effet, nous produisons et vendons
le Biochar et le Terra Preta à nos collègues d'autres groupements maraîchers et,
l'utilisons nous-mêmes dans notre propre groupement. L'intérêt de cette technique est
que, quand c'est appliqué sur les légumes, elle permet d'avoir une très bonne production
ce qui accroît nos rendements. Conséquence, nous, femmes membres du groupement,
sommes financièrement autonomes et pouvons aider nos maris dans les dépenses du
foyer. »

Nom : Evègni Mivèssé,


Profession : Agricultrice /Productrice de Biochar et Terra Preta Présidente du
Groupement maraîcher de Sokpa
Localité : Sokpa, commune de Savalou

« Avant si tu n'avais pas les moyens, tu ne pouvais te procurer les engrais pour accroître
le rendement de tes cultures maraîchères. Mais depuis que nous avons connu ce
fertilisant biologique, c'est la révolution chez nous. Nous produisons le Biochar et Terra
Preta pour la vente et, nous l'utilisons aussi pour nos cultures maraîchères. Le grand
avantage de la découverte de cette technique est la totale indépendance qu'elle nous
donne en matière d'approvisionnement en engrais, qui plus est, biologique et sans
conséquence sur notre santé et bon pour nos bourses avec un bon rendement assuré. »

Etude sur l´historique de la Coopération Allemande dans le secteur agricole au Bénin


119
16.13.2. Acquis phare « Combinaison de mesures GDT/ACC »

La Gestion Durable des Terres et l’Adaptation au Changement Climatique comprennent


plusieurs mesures introduites dans l’agriculture béninoise pour protéger et réhabiliter les
sols pour une agriculture durable (voir chapitre 15.6).

Ces mesures améliorent la fertilité des sols dégradés et accroîssent le rendement des
cultures des petites exploitations agricoles. Elles sont encore plus efficaces en
combinaison.

Voici un exemple : le Biochar et Terra Preta peuvent être combinés avec la bonne gestion
des résidus de cultures et le paillis de Mucuna ainsi que le semis direct sans labour en
vue de l’amélioration de la structure et la texture du sol pour un bon développement des
cultures.

Cette combinaison permet :

- L’accroissement de la rétention de l’eau et la disponibilité de la matière organique


dans le sol pour les cultures, même pendant les poches de
sècheresse (adaptation au changement climatique) ;
- Augmentation de la biodiversité des microorganismes du sol ;
- Plus d’économie pour l’agriculteur·rice car la pluspart des mesures sont peu
coûteuses.

Nom : Worou Mohamed


Profession : Entrepreneur agricole/ Mesures GDT
Localité : Agoua, commune de Bantè

« Les techniciens de ProSol nous ont rassemblés dans le village et nous ont formés sur
les nouvelles mesures pouvant nous aider à viabiliser nos terres déjà fatiguées. J'ai suivi
la formation et aujourd'hui la mise en pratique des mesures apprises m'ont permis de
redonner vie à mes terres autrefois arides. Le respect des mesures GDT en l'occurrence,
la technique des demies lunes autour des plants d'anacardiers, d'orangers, de
manguiers, etc, l'utilisation du mucuna, du Biochar et Terra Preta pour l'engraissement
de mes champs ont produit des résultats spectaculaires au point où mon exploitation est
devenue une référence pour la GIZ et le Ministère en charge de l'Agriculture.
Je conseille vivement l'utilisation des mesures GDT à tous les agriculteurs qui veulent
avoir de bons rendements sans l'utilisation d'engrais chimiques. »

Nom : Houndalo Denis


Profession : Agriculteur/Mesures GDT
Localité : Adigbé, commune de Covè

« Mon champ d'orangers était déjà dégradé et ne donnait plus rien même avec des
quantités d'engrais. Quand j'ai découvert les mesures de ProSol et les ai mises en
pratique, le résultat a été spectaculaire après quelques expériences. En effet, la première
année que j'ai mis en terre les grains de mucuna reçus du technicien, la terre était si
pauvre que ça n'avait rien donné. Sans me décourager j'ai poursuivi l'année suivante

Etude sur l´historique de la Coopération Allemande dans le secteur agricole au Bénin


120
avec le mucuna et les demi-lunes autour des orangers. La saison qui a suivi, le miracle
se produisit. Mes chétifs orangers d'il y a quelques mois étaient devenus, tout à coup,
touffus d'oranges et de feuilles vertes. Mon champ avait repris vie. Moi qui n'arrivais plus
à avoir une camionnette d'oranges la saison, je me retrouve, en pratiquant les mesures
GDT, avec plus de trois camionnettes voire cinq aujourd'hui. Je ne peux plus arrêter ces
pratiques de ProSol, elles ont transformé ma vie d'agriculteur. »

Nom : Gbonongba Paulin


Profession : Entrepreneur agricole/ Mesures GDT
Localité : Kassèhlo/Sètô, commune de Djidja

« Nous avons suivi la formation de ProSol puis nous sommes rentrés avec des grains de
mucuna. De retour à ma ferme, je l'ai semé dans mon champ. L'année d'après, j'ai semé
du maïs sans faire du labour. Ce fut une grande surprise pour moi de voir quelques mois
après, un champ impressionnant de maïs. Il suscite l'admiration de tous, y compris celle
des cadres du ministère de l'agriculture qui sont passés voir l'extraordinaire rendement.
Outre le mucuna, j'utilise aussi le Biochar et Terra Preta de même que le bois d'angole.
Avant les mesures GDT de ProSol, mes champs d'anacarde et d'oranges étaient mal
entretenus et sans rendement conséquent. Mais avec la formation reçue, j'ai entretenu
mes anacardiers et mes orangers en élaguant les branches inutiles et en faisant le
système de demi-lune qui permet de retenir l'eau pour nourrir les racines. Aujourd'hui,
j'ai un très bon rendement à chaque saison dans mes champs d'anacardes et d'oranges.
ProSol m'a permis de profiter des fruits de mon champ plus que par le passé. Je m'en
réjouis et les remercie énormément. »

16.13.3. Acquis phares « Intégration de la GDT/ACC dans


l’Enseignement Technique et Formation Professionnelle Agricole
(ETFPA) »

L’objectif est de disposer des techniciens sortant des Lycées Techniques Agricoles (LTA)
avec des compétences en GDT/ACC par la sensibilisation des cadres de l’ETFPA sur
les concepts GDT/ACC et la formation des apprenant(e)s sur les aspects théoriques et
pratiques de la GDT/ACC.

L’intégration de la GDT/ACC dans l’ETFPA s’est faite à travers l’infusion des plans de
cours (Agriculture Générale, Agriculture Spéciale, Agroforesterie, Ecologie forestière,
Travaux Pratiques Agricoles) par les concepts GDT/ACC.

Comme impact positif, tous les 11 Lycées Techniques Agricoles (LTA) du Bénin
enseignent des cours sur la GDT/ACC et font la pratique dans leurs exploitations
agricoles. Les apprenant(e)s en fin de formation élaborent des micro-projets sur la
GDT/ACC et chaque LTA dispose d’un comité pour assurer le suivi de la qualité des
cours et pratiques sur la GDT/ACC.

Dans le cadre de la formation professionnelle et de la recherche scientifique, le projet


accompagne le Ministère des Enseignements Secondaires Techniques et de la

Etude sur l´historique de la Coopération Allemande dans le secteur agricole au Bénin


121
Formation Professionnelle (MESTFP) à travers les Lycées Techniques Agricoles (LTA)
à l’infusion de la GDT/ACC dans les curricula de formation.

Le projet a mis en place une coopération avec les universités du Bénin pour promouvoir
la GDT/ACC à travers des bourses d’études et l’appui technique à des étudiants pour
leurs mémoires de recherches. Ces universités sont accompagnées dans l’organisation
de la Journée Mondiale des Sols célébrée chaque 5 décembre.

Sous financement du projet ProSol, des études ont été conjointement menées avec
l’Université de Parakou et l’INRAB à travers le Centre de Recherche Agricole Nord-Est
(recherche sur les accessions variétales des semences des plantes améliorantes).

Les résultats de ces recherches contribuent au renforcement de la mise en œuvre des


mesures GDT/ACC sur le terrain.

Nom : Bio Yara Jean-Pierre


Fonction : Directeur de l’Enseignement technique et de la Formation Professionnelle
Localité : Cotonou

« Les mesures GDT dans l’enseignement technique et de la formation professionnelle


est d’un intérêt certain pour nous. Avec l’appui de ProSol, nous avons intégré les
mesures GDT dans les curricula de formation au niveau des lycées techniques agricoles.
Il faut avouer que ça été une franche réussite. Les enseignants ont vite compris qu’il y a
un vide qui vient d’être comblé et se sont aussitôt engagés dans le processus. Des
dispositions ont été prises pour la pratique des mesures GDT dans tous les lycées
agricoles du Bénin du Sud au Nord. L’autre grande réussite, au-delà de ces petits
dispositifs installés dans les lycées, c’est surtout le fait d’avoir impacté les enseignants
desdits lycées. Les évaluations montrent que la prise en compte des mesures GDT dans
nos lycées techniques agricoles est vraiment une très bonne chose. »

Nom : Florent Dossou


Fonction : Chef Secteur Production végétale LTA/ Kpataba
Localité : Kpataba /Savalou

« L’intégration des mesures GDT/ACC, ont apporté beaucoup de changements dans nos
pratiques ici au lycée agricole de Kpataba. D’abord sur nous, enseignants. Nous avons
bénéficié de renforcement de nos capacités pour pouvoir dérouler les nouveaux curricula
de formation. Dans la pratique, nous avons constaté les effets des mesures GDT sur le
terrain. Pour faciliter l’assimilation, nous avons installé des champs d’expérimentation
pratique. Ceci a beaucoup aidé les élèves qui apprécient ces nouvelles techniques
culturales et de conservation/protection du sol. Des élèves en fin de formation ont
bénéficié d’appuis de ProSol pour leur installation. »

Etude sur l´historique de la Coopération Allemande dans le secteur agricole au Bénin


122
17. Centre d’Innovations vertes dans le secteur agricole et
agroalimentaire (ProCIVA)

Commettants : Ministère fédéral allemand de la Coopération Economique et du


Développement (BMZ)

Zone d’interventions : 62 communes dans 9 départements (Alibori, Borgou, Collines,


Zou, Plateau, Couffo, Ouémé, Atlantique et Littoral)

Organismes de tutelle : Ministère de l’Agriculture, de l’Elevage et de la Pêche (MAEP)


Durée d’exécution : 2014 – 2024

Budget : 21 Mrds FCFA dont 95 % BMZ et 5 % Coopération suisse

17.1. Description sommaire ProCIVA

Le Bénin figure parmi les pays qui affichent les plus faibles niveaux de développement
humain au monde, en référence à l’Indice de développement humain (Idh). Cette
situation globale qui laisse présager des conditions de vie relativement délicates pour les
populations béninoises, plus précisément du point de vue de la pauvreté extrême, est
déterminée par plusieurs facteurs.

Les personnes touchées sont majoritairement des petits agriculteurs ou petites


agricultrices. Leurs maigres récoltes ne suffisent pas à nourrir leurs familles ou à leur
garantir un régime alimentaire équilibré. Une grande partie des denrées alimentaires
produites se gâtent avant d’atteindre les consommateurs et consommatrices, à cause de
problèmes de stockage, de transformation et de commercialisation. La population du
Bénin connaît en outre une croissance rapide et seule une augmentation considérable
de la production alimentaire permettrait de nourrir tous les habitants. C’est donc pour
palier à ces problèmes que le projet « Centres d’Innovations Vertes pour le secteur Agro-
alimentaire » (ProCIVA) fut mis en place par la GIZ.

Il a pour objectif l’amélioration des revenus des petits exploitants agricoles, l’emploi et
l’approvisionnement régional en produits alimentaires à travers la mise en œuvre
d’innovations dans les secteurs agricole et agro-alimentaire. Le projet intervient dans
trois chaînes de valeurs (le riz, le soja et la volaille) dans des communes sélectionnées
du Bénin. Les groupes cibles sont les petites entreprises agricoles ainsi que les Micros,
Petites et Moyennes Entreprises (MPME) dans les zones d’intervention du processus de
production.

Afin de mieux atteindre les groupes cibles, de diffuser le plus largement possible les
innovations et d’assurer la durabilité, une stratégie a été élaborée pour impliquer les
Organisations Paysannes.

Etude sur l´historique de la Coopération Allemande dans le secteur agricole au Bénin


123
17.2. Processus d’implémentation du projet

La mise en œuvre du projet intervient à travers trois modules de base :

▪ Le module « pôle d'innovation » vise à développer et ancrer des innovations de


façon participative et durable. Il soutient des écosystèmes d’innovation et le cycle
d'innovation. Les organisations paysannes et le secteur sont compris comme
acteurs clés dans ce système.
▪ Le module « Écoles techniques vertes » vise la diffusion de l'innovation par le
développement durable des capacités et fait référence à toutes les activités et tous
les produits qui contribuent au développement des capacités et au transfert des
connaissances des acteurs concernés et leur permettent d’appliquer des
innovations.
▪ Le module « Agribusiness » (production primaire et commerce agricole moderne)
vise la consolidation des innovations dans le domaine de l'amélioration de l'accès
au marché (accès aux ressources / services opérationnels), de meilleures
relations commerciales (partenariats d'innovation) et de meilleures conditions-
cadres (représentation des intérêts par l'utilisation durable et couvre toutes les
activités et les produits de la production, en amont et en aval). Il existe également
un module d’extension qu’est l’agriculture biologique et des thèmes transversaux
que sont la mécanisation et les TIC appliquées à l’agriculture.

Les interventions du projet à travers les différents modules et thèmes transversaux sont
structurées en trois composantes : Appui aux petites exploitations agricoles (PEA), appui
aux PME et appui aux organisations paysannes. Alors que les trois modules du projet
global sont à comprendre de façon verticale, c'est-à-dire qu'ils vont du développement
de l'innovation à sa diffusion et à sa mise en œuvre dans le secteur agroalimentaire, les
composantes du projet opérationnalisent ce processus d'innovation dans les différents
maillons des chaines de valeurs qui sont, notamment, la production agricole (à travers
les PEA), la transformation et la commercialisation. Aussi, les organisations paysannes
jouent un rôle aux différents niveaux de processus d’innovation.

Le processus d’implémentation se divise en quatre étapes principales. La première étape


était dédiée à l’identification d’innovations permettant d’atteindre les objectifs fixés par le
projet, et avec un fort potentiel de transfert et d’essaimage de la part des acteurs locaux
impliqués. A l’issue de l’identification, la seconde phase consistait à renforcer les
capacités des partenaires et de leurs collaborateurs afin d’ancrer leurs actions sur le long
terme et pour les préparer à diffuser lesdites innovations. Les Organisations Paysannes
(OP-CIV) ont, par exemple, bénéficié de renforcements organisationnels en vue de leur
transition vers des structures autonomes au service de leurs membres. Les responsables
et experts de ces structures ont également participé à des mesures de développement
des compétences.

Grâce à ces mesures, les innovations ont pu être fortement ancrées au sein des
structures partenaires, formant ainsi la base pour la troisième phase qui consiste à
dérouler et diffuser les innovations auprès des groupes cibles. Cela a permis de déployer
les innovations sur le terrain à grande échelle. Pour finir, la dernière étape de l’approche
consiste en l’adoption et l’utilisation des innovations par les groupes cibles. Ainsi,
Etude sur l´historique de la Coopération Allemande dans le secteur agricole au Bénin
124
l’objectif est d’atteindre 100 000 petites exploitations pour les innovations agricoles et 5
480 PME pour les innovations entrepreneuriales, avec un taux d’adoption des
innovations visé de 80 %. Notamment au niveau des PME, le projet a déjà largement
dépassé les attentes en termes de création de l’emploi et d’augmentation de chiffre
d’affaires.

17.3. Quelques résultats de ProCIVA

Concernant la productivité, mesurée en tonnes par hectare, elle a augmenté de 52 % par


rapport à la valeur de base (2014) pour la CVA soja et de 50 % pour la CVA riz.
Concernant la volaille, la productivité est mesurée par le taux de survie des poussins et
a été augmentée de 288 % depuis 2014. L’augmentation de la productivité du soja
s’explique par l’amélioration de la disponibilité et de l’accessibilité de l’inoculum
biofertilisant (Rhizobium japonicum), qui a déjà prouvé son efficacité en tant que
biofertilisant pour le soja. Des effets très positifs ont également été obtenus par la
formation des exploitations par le Farmer Business School (FBS) en combinaison avec
une formation sur les innovations techniques telles que :

• le Système de Riziculture Intensif (SRI) ;


• les bonnes pratiques de culture du riz et du soja ;
• l’application d’engrais à base d’urée avec enrobage de neem ;
• l’application d’inocules pour les semences de soja.

Cela comprenait une augmentation de la productivité et de la production ainsi qu’une


amélioration de la qualité des produits, qui a été obtenue grâce au niveau de
connaissance élargi des entreprises.

Le déroulement des formations sur l’application des innovations mentionnées a entraîné


une augmentation de 54 % des revenus du soja par rapport à la base de référence, tandis
que pour le riz, l’augmentation est de 27 %. Dans le cas de la volaille, des augmentations
de revenu de 49 % ont, jusqu’à présent, été réalisées en moyenne pour les exploitants

Depuis 2015, le ProCIVA a accompagné plus de 3 000 PME par la mise en oeuvre du
SME Loop1 (Business Training and Coaching Loop), ainsi que 681 exploitations
agricoles et 175 PME de transformation et distribution par le biais de l’appui financier au
profit de SENS Bénin2 (Solidarités Entreprises Nord-Sud).

La création de nouveaux emplois dans ces entreprises en amont et en aval des chaînes
de valeur a été soutenue par le SME Loop ainsi que la promotion de l’entrepreneuriat
solidaire. En améliorant la gestion des entreprises grâce au SME Loop, de nombreuses
PME ont étendu leurs activités commerciales, créant un besoin de travailleurs
supplémentaires. Depuis le début du projet, 2 940 emplois permanents à temps plein ont
ainsi été créés. Parmi ceux-ci, environ 83 % (2 433) sont des emplois détenus par des
femmes, et plus de 90 % (2 679) sont détenus par des jeunes.

Les expériences du projet avec les organisations paysannes et leur rôle dans le
développement et la diffusion des innovations sont très encourageantes et sont
capitalisées (notamment à travers le présent document) et partagées au sein des
Etude sur l´historique de la Coopération Allemande dans le secteur agricole au Bénin
125
réseaux existants. Trois OP-CIV, qui se distinguent comme des modèles d’excellence
(voir ci-dessous dans le chapitre Acquis phares) par rapport à d’autres organisations à
travers le pays, ont été renforcées dans leur organisation et leur rôle. Le processus de
développement des associations est documenté et capitalisé au niveau des structures
étatiques pour faciliter la reproduction. Il peut être appliqué à d’autres organisations et
est activement promu afin de le rendre accessible à d’autres projets

En outre, le ProCIVA poursuit une approche fortement axée sur la durabilité économique.
Les subventions sont largement supprimées et lorsque les phases initiales sont
subventionnées à plus petite échelle, le développement de modèles d’affaires est ancré
et accompagné dès le départ. Les expériences d’apprentissage et les approches
réussies sont donc particulièrement pertinentes, non seulement pour le projet mondial
des Centres d’Innovations Vertes, mais aussi pour le nouveau thème crucial « Formation
professionnelle, développement du secteur privé et systèmes financiers », et devraient
être prises en compte avant tout en ce qui concerne la promotion du secteur privé vers
une autonomisation durable.

17.4. Quelques acquis phares de ProCIVA

Parmi les acquis phares pour le compte du Projet Centre d’Innovations vertes dans le
secteur agricole et agroalimentaire (ProCIVA), nous retenons entre autres :

• Opération post-récolte du riz à Covè ;


• PME accompagnée sur le SME Loop à Bohicon ;
• Formation de femmes sur FBS (Farmer Business School ; ou Ecole
d’Entrepreneuriat Agricole) à Sinendé ;
• BPA (Bonne Pratiques Agricoles) associées à l’inoculum de soja ;
• SME (Small and Medium-sized Enterprises) Coaching and Business Loop ;
• CAIG (Crédit Achat Intrants groupé) ;
• Renforcement des OP-CIV en Allemagne.

17.5. Quelques témoignages des bénéficiaires de ProCIVA


17.5.1. Acquis phare « SME Coaching and Business Loop »
Le SME Loop est une approche d’accompagnement novatrice visant le renforcement des
PME. La démarche est basée sur la sélection, une analyse des besoins des entreprises,
la formation, le coaching et la facilitation de leur accès aux financements. Une trentaine
de coachs sont déployés sur toute l’étendue du territoire béninois par le projet CIVA.

Sur une période de six mois, un coach visite les entrepreneurs deux fois par mois. Il
échange avec eux sur les progrès réalisés, les difficultés qu’ils rencontrent et ensemble
ils trouvent les approches de solutions. Au regard des observations sur le terrain, ce type
d’accompagnement accroit les revenus des entrepreneurs et concourt fortement à la
création d’emplois. Le Business Training and Coaching favorise la crédibilité des
entreprises auprès des institutions financières. Plus de 300 entrepreneurs bénéficient
déjà de l’approche qui vise à atteindre 1500 entrepreneurs à travers tout le Bénin.
Etude sur l´historique de la Coopération Allemande dans le secteur agricole au Bénin
126
Cent jeunes femmes et hommes ont suivi en février 2023 une formation en
entrepreneuriat agricole au CPFPA de l’ONG Education Service International (ESI) à
Dobgo. C’est une formation qui s’inscrit dans le cadre du projet d’appui au renforcement
de capacités des exploitations agricoles à travers la formation des jeunes en
mécanisation agricole et aux changements climatiques financé par la GIZ/ProCIVA.

Les participants sont originaires des départements du Mono, du Couffo et du Zou.


Sélectionnés par suite d’un appel à candidature, les cent bénéficiaires de la formation
auront des outils nécessaires pour créer et bien gérer leurs entreprises agricoles à la fin
du séminaire. Plus concrètement, les bénéficiaires acquièrent des compétences pour
être des hommes et des femmes financièrement autonomes d’ici quelques années. Des
séances de coaching personnalisé sont prévues pour booster la carrière entrepreneuriale
des participants.

Des liens seront créés entre les bénéficiaires de la formation et des services financiers
décentralisés afin de permettre aux meilleurs projets d’être financés et soutenus. Le
Directeur de l’ONG ESI a souligné dans son discours d’ouverture la nécessité de cultiver
l’excellence en entreprise pour inciter les indécis à prendre leur destin en main. Car, dira-
t-il, c’est en réussissant qu’on arrive à impacter les autres. Le Bénin étant un pays à forte
potentialité agricole, il est impérieux de disposer des compétences pour améliorer la
production agricole. La formation pratique a une durée de dix jours, mais les coachings
individuels vont se poursuivre pour finaliser les business-plans et l’installation des
entreprises.

En 2015, l’approche SME Loop a été appliquée au Bénin dans le cadre de l’initiative
spéciale « Un monde sans faim » (SEWOH) et de son programme « Centres
d’innovations vertes pour le secteur agricole et agroalimentaire ». Le SME Loop y est
déjà appliqué à plus grande échelle et entend toucher 3 100 PME de 62 communes d’ici
le début de 2024. À l’heure actuelle, 2 947 propriétaires d’entreprises (dont 57 % de
femmes et 36 % de jeunes) ont terminé leur accompagnement au Bénin et bénéficié des
services de 60 coaches qualifiés. Quatre études d’impact réalisées entre 2017 et 2020
sur la base de 2 000 entreprises ayant bouclé leur accompagnement ont montré : 1 627
emplois permanents (> 225 jours) ont été créés par 775 entreprises, dont 48 % pour les
femmes et 82 % pour les jeunes. Un chiffre d’affaires moyen ayant augmenté de 112 %
pendant le « SME-Loop » a été attesté (de 1 830 € à 3 888 € en moyenne). 97 % des
400 PME évaluées en 2020 ont augmenté au moins 3 des indicateurs économiques
(chiffre d’affaires, nombre de clients, investissement, relations d’affaires formalisées et
réduction du coût de production).

Etude sur l´historique de la Coopération Allemande dans le secteur agricole au Bénin


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Nom : Moufoutaou Zomahoun
Fonction : Responsable formation cabinet CESAM
Localité : Cotonou

« Sésame met en œuvre le SME Loop pour le compte du Centre d'Innovation Verte
(ProCIVA) au Bénin à travers la formation et le coaching entrepreneurial et managérial
des entreprises. Ceci permet d'assurer la pérennité des entreprises, d'accroître le revenu
des promoteurs d’entreprises, de créer des emplois stables et durables et de renforcer
les emplois qui existaient déjà. »

Nom : Modeste Dayato


Fonction : Entrepreneur Agri Défi Production

« Nous avons été sélectionnés au cours de l’année 2016 par le projet CIVA de la GIZ
pour bénéficier de ses accompagnements. Grâce à ses accompagnements, nous avons
su comment mieux gérer notre entreprise. Nous avons aussi bénéficié des outils qui nous
ont permis de mieux organiser notre comptabilité. Je peux dire que grâce au SME
Business Training and Coaching Loop, j’ai une meilleure traçabilité de mes opérations,
une bonne tenue de compte, donc de notre comptabilité et de nos cahiers de gestion ce
qui nous permet d’engranger assez de bénéfices et par conséquent, notre chiffre
d’affaires ne fait qu’augmenter. Nous sommes aujourd’hui capables d’auto financer
certains investissements que nous faisons déjà sur notre site. »

Nom : Euphrasie Dassoundo Assogba


Fonction : Responsable Agro Express
Localité : Kpomassè

« Agro Express est une entreprise de transformation agro-alimentaire de tomates en


purée de tomate et en poudre de tomate. La vision était de contribuer à la réduction des
pertes post récolte dans la commune de Kpomassè qui est le grenier de la tomate au
Bénin. Nous sommes fiers aujourd’hui d’avoir créé 150 emplois et de pouvoir transformer
1 tonne de tomates par jour. Je suis une femme battante et fière d’être un exemple dans
ce milieu où la femme a difficilement son mot à dire. C’est un défi et ce n’est pas facile.
Il y a beaucoup d’embûches qui se dressent sur votre chemin, il faut être vraiment un dur
à cuir pour réussir dans ce domaine. J‘en profite pour remercier mon mari pour son
soutien et son accompagnement. Je voudrais exhorter les autres femmes à se battre
pour révéler leurs potentialités dans tous les domaines. Elles peuvent très bien être des
entrepreneures de succès. Le prix Game Changer que j’ai remporté est personnellement
une satisfaction morale pour moi. Ce prix me motive à aller plus de l’avant et impacter
plus de monde, notamment les femmes à la base. Car pour moi, le développement à la
base est gage du développement économique de tout le pays. »

Etude sur l´historique de la Coopération Allemande dans le secteur agricole au Bénin


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Nom : Kamarou Bello
Fonction : Chef du Département partenariat institutionnel et économique/CCI Bénin
Localité : Cotonou

« Dans ses actions de relations avec les partenaires, la Chambre de Commerce et


d’Industrie du Bénin (CCI Bénin), a pris contact avec ProCIVA dont l’une des zones
d’intervention est Parakou. Ensemble avec le partenaire ProCIVA, nous avons mené des
activités de renforcement des capacités, d’information, d’accompagnement d’accès aux
marchés des opérateurs économiques. A la suite de l’expérience de Parakou, la
Chambre de Commerce a sollicité et obtenu de son partenaire le déploiement des appuis
à toute l’étendue du territoire national. Une feuille de route à partir de laquelle un paquet
d’activités est déployé sur l’ensemble du territoire national en lien avec le programme
CCI Qualité. Ces activités ont mis l’accent sur la formation des opérateurs économiques
sur les bonnes pratiques de fabrication et d’hygiène. La première étape de cette
collaboration avec ProCIVA a consisté à mettre en place des modules de formation
harmonisés. Nous avons aussi eu de notre partenaire un accompagnement en coaching
de proximité des opérateurs économiques engagés dans le programme CCI Qualité à
avoir l’autorisation de mise sur le marché de leurs produits. En définitif, nous avons eu
beaucoup d’activités à succès avec ProCIVA et au regard de la bonne collaboration et
de notre maîtrise de l’écosystème des entreprises béninoises, la CCI Bénin a été
identifiée pour conduire le prochain projet sur la promotion des petites et moyennes
entreprises (ProPME). »

17.5.2. Acquis phare « Crédit Achat Intrant Groupé et Inoculum de soja


(CAIG) »

Le Crédit Achat Intrants Groupés (CAIG) est un modèle de financement mis en place par
l’Union Nationale des Producteurs de Soja du Bénin (UNPS) en partenariat avec
l'institution de microfinance FECECAM dont le but est de financer à crédit la totalité des
intrants nécessaires à la culture du soja. Il se différencie des crédits ordinaires dans le
sens où les producteurs ne prennent pas leur crédit en cash, mais en nature (le service
de labour, la semence certifiée, l’inoculum, l’herbicide, et les engrais). Ces intrants
forment un « kit intrants » mis à la disposition des producteurs en fonction de la superficie
de leur exploitation. La démarche du CAIG vise à renforcer la confiance entre les
différents acteurs de la chaîne de valeur en atténuant les risques pour chacun. Plus
précisément, les institutions de microfinance sont encouragées à s’engager dans un
modèle novateur de financement agricole, en partenariat avec la faitière des producteurs
de soja. Celle-ci encadre les producteurs à la base, les forme aux bonnes pratiques de
production, et suit les différents stades de la culture jusqu'à la récolte, assurant un
rendement élevé et le remboursement du crédit. Les fournisseurs d'intrants sont quant à
eux payés au comptant directement par l'institution de microfinance grâce à l’UNPS qui
a développé un partenariat avec chaque fournisseur, ce qui permet un acheminement
rapide et à bonne date de toute la quantité nécessaire d'intrants de qualité dans les zones
de production. Ainsi par le développement de services d’appui, la mise en œuvre du
CAIG repose sur la facilitation des relations et l'atténuation des risques entre les acteurs
impliqués, ce qui contribue fortement à son succès. Comme effet secondaire, ce dispositif
Etude sur l´historique de la Coopération Allemande dans le secteur agricole au Bénin
129
permet d’augmenter la visibilité et la crédibilité de l’UNPS auprès les producteurs de soja
et agit ainsi sur la fidélisation des membres.

Nom : Salimatou Bouégui Sika


Fonction : Superviseur Crédit Achat Intrants Groupés (CAIG) - UNCPS
Localité : Parakou

« Le CAIG est différent des financements agricoles traditionnels que nous connaissons.
Avant, les producteurs de la filière soja n’arrivaient pas à avoir accès facilement aux
intrants de bonne qualité quand bien même ils avaient les fonds nécessaires pour l’achat.
Aujourd’hui grâce au CAIG, le producteur a accès à bonne date aux intrants de bonne
qualité. Toutes les difficultés liées à l’accessibilité des intrants ont été levées par le CAIG
et grâce au ProCIVA qui a appuyé la faîtière UNCPS dans la mise en place de ce
mécanisme d’accompagnement des producteurs de soja. Outre le CAIG, le producteur
bénéficie aussi de l’appui-conseil des techniciens agricoles sur le terrain pour une bonne
campagne. »

Nom : Marcel Kinnou


Fonction : Président UCCPS-Nikki
Localité : Nikki

« Producteurs que nous sommes avons l’assurance dès que nous prenons le kit CAIG
que la campagne est garantie. En effet, de par le passé plusieurs solutions avaient été
expérimentées pour aider le producteur à avoir les intrants de bonne qualité et des
ressources financières pour démarrer sa campagne. Mais toutes ont échoué. C’est
ProCIVA qui nous a trouvé la formule magique avec le CAIG qui garantit désormais un
bon démarrage de campagne. Avec le CAIG, le rendement de la production du soja est
passé de 600 ; 800 Kg/ha à 1,5 ; 2,5 tonnes voire 3 à 4 tonnes pour certains producteurs.
Nous pouvons dire aujourd’hui que grâce à ProCIVA, le CAIG a amélioré
considérablement le rendement du soja et par ricochet la vie des producteurs. Pour moi,
le CAIG est venu me sortir de cette souffrance cyclique de recherche d’intrants de bonne
qualité. Sans peine, j’ai accès aux intrants de bonne qualité ce qui me garantit une très
bonne campagne agricole. »

Nom : Sakari Bah Sounon


Fonction : Président / UCCPS Tchaourou
Localité : Tchaourou

« Le Crédit Achat Intrant Groupé (CAIG) chez nous, producteurs de soja de la commune
de Tchaourou, est vraiment la bienvenue. Nous avions des difficultés pour se procurer
les intrants. Nous ignorions l’existence de l’inoculum du soja. C’est grâce au CAIG que
les producteurs ont fait la connaissance du bio fertilisant dénommé inoculum. Aujourd’hui
tous ceux qui l’ont expérimenté ont constaté une amélioration considérable dans leur
rendement et ne veulent plus s’en séparer. De même, le CAIG nous permet d’avoir plus
de connaissance sur les différents engrais pour la culture du soja. Sans vous mentir, le
CAIG est un outil qui nous a sortis nous, producteurs des difficultés que nous rencontrons

Etude sur l´historique de la Coopération Allemande dans le secteur agricole au Bénin


130
en début de chaque campagne agricole. Tout ceci est conjugué au passé avec un
accroissement considérable de nos rendements. »

17.5.3. Acquis phare « BPA associées à l’inoculum de soja »

Il s'agit d'une innovation technique consistant à introduire des bactéries symbiotiques (en
quantité et à proximité) dans les champs au profit de la plante et permettant ainsi d'obtenir
le potentiel optimal du soja. L’objectif principal de cette innovation est d’aider à améliorer
et à maintenir la fertilité des sols et donc l’accroissement de la productivité. Elle se traduit
par une nutrition azotée continue des plants de soja par le biais de la fixation biologique
de l'azote assurée par les bactéries Bradyrhizodium japonicum, qui améliore les taux de
nodulation et contribue à accroître leur productivité. Pour obtenir un rendement et une
teneur en protéines élevés, l'inoculation du soja par la bactérie permet à la culture de
couvrir 75% de ses besoins en azote grâce à la symbiose, soit environ 300 kg/ha d'azote.
Cette technologie fait partie du conseil technique spécialisé donc intégré au SNCA. Une
innovation qui nécessite moins de fonds pour le démarrage et facilement réplicable.

Nom : Privat K. Ahimihoué


Fonction : Chargé de Programme / UNCPS
Localité : Parakou

« Avec le partenaire, nous avons développé une innovation dénommée Bonnes


Pratiques Agricoles qui prend en compte tout le processus, tout ce qui est itinéraire
technico-économique de production du soja afin de donner la possibilité aux producteurs
d’être compétitifs sur le marché. Au nombre de ces bonnes pratiques agricoles, nous
mettons plus l’accent sur l’inoculum qui est un bio fertilisant, une innovation développée
grâce à l’appui de ProCIVA pour améliorer qualitativement et quantitativement la
production du soja. Ces bonnes pratiques agricoles ont été développées après des
études menées avec l’accompagnement de ProCIVA. Aujourd’hui, les producteurs qui
respectent ces bonnes pratiques agricoles témoignent des retombées économiques
qu’ils en tirent. »

Nom : Steev K. Adjaman


Fonction : Président /UNCPS
Localité : Savalou

« Sans vous mentir, le producteur du soja est fier de sa production et des revenus qu’il
en tire, et pour cause. Nos recherches de partenariats nous ont permis de rencontrer le
projet allemand ProCIVA grâce à qui nous avons pu découvrir le bio fertilisant dénommé
inoculum du soja. Depuis que nos producteurs ont commencé l’utilisation de ce produit
nos rendements ont grimpé, passant de 600 – 800 kg/ha à 1,5 tonnes voire même au-
delà de 2 et 3 tonnes à l’hectare. Ce qui rend le producteur du soja fier de son activité
agricole. Nous ne pouvons que remercier notre partenaire ProCIVA pour la qualité de
notre partenariat qui a permis aujourd’hui à la faîtière que je préside d’améliorer sa
gouvernance interne et de rendre des services de qualité à ses membres. »

Etude sur l´historique de la Coopération Allemande dans le secteur agricole au Bénin


131
Nom : Laure DEGNON
Fonction : Formatrice Bonnes Pratiques Agricoles (BPA)
Localité : Zogbodomey

« ProCIVA a apporté beaucoup de choses dans ma vie professionnelle et ma vie active.


A travers ce projet j’ai travaillé avec plusieurs centaines de producteurs ce qui m’a donné
assez de visibilité dans la région. C’est grâce à ProCIVA que j’ai connu l’inoculum de
soja sur lequel j’encadre aujourd’hui des producteurs qui sont très satisfaits des
bénéfices de ce bio fertilisant sur leurs productions de soja. Du fait des effets bénéfiques
de l’inoculum sur les productions de soja dans la zone, beaucoup d’autres producteurs
ont abandonné aujourd’hui leurs anciennes cultures au profit de la filière soja. »

17.6. Pool de compétences en mécanisation agricole : Formation des


formateurs du Mono, Couffo et du Zou

17 tractoristes, 13 mécaniciens d’engins agricoles et 14 constructeurs d’équipements


agricoles, au total 44 apprenants, ont été formés dans le Centre Privé de Formation
Professionnelle et d'Apprentissage (CPFPA) à Dogbo avec l’objectif de constituer plus
tard le pool de compétences qui se chargera non seulement de former les apprenants du
CFP à Dogbo, mais aussi d’offrir des prestations dans les fermes agricoles au Bénin.

Ils sont venus du département du Mono, Couffo et du Zou et font partis des trois filières
phares pour suivre la formation des formateurs en mécanisation agricole au CPFPA de
Dogbo.

La formation était assurée par des Conseillers Pédagogiques, des Proviseurs de lycées
et des Professeurs d'université et accompagné par le Conseiller technique en
mécanisation agricole de la GIZ/ProCIVA, Julus VODOUNNOU et de l'Expert National
du CIMMYT, Guy Omer HOUNTONDJI.

Trois classes étaient ouvertes pour former : les mécaniciens des machines agricoles, les
fabricants de matériels et d'outils et les conducteurs d'engins agricoles. Aux termes de la
formation, les bénéficiaires seront à même de transmettre les savoirs aux apprenants. Il
faut noter que les manuels de formation validés précédemment par des sommités de
l'enseignement technique au Bénin et en Ethiopie ont pris en compte l'approche par
compétence et l'andragogie pour faciliter l'apprentissage.
[AVEC PHOTOS « Formation agricole »]

17.7. La Formation en Entrepreneuriat agricole par l’approche SME


Business Training and Coaching Loop (SME Loop)

Cent jeunes femmes et hommes ont suivi en février 2023 une formation en
entrepreneuriat agricole au CPFPA de l’ONG Education Service International (ESI) à
Dobgo. Cette formation s’inscrit dans le cadre du projet d’appui au renforcement de
capacités des exploitations agricoles à travers la formation des jeunes en mécanisation
agricole et aux changements climatiques financée par la GIZ/ProCIVA.

Etude sur l´historique de la Coopération Allemande dans le secteur agricole au Bénin


132
Les participants sont originaires des départements du Mono, du Couffo et du Zou.
Sélectionnés suite à un appel à candidature, les cent bénéficiaires de la formation auront
des outils nécessaires pour créer et gérer efficacement leurs entreprises agricoles à la
fin du séminaire. Plus concrètement, les bénéficiaires acquièrent des compétences pour
être des hommes et des femmes financièrement autonomes d’ici quelques années. Des
séances de coaching personnalisé sont prévues pour booster la carrière entrepreneuriale
des participants.

Des liens seront créés entre les bénéficiaires de la formation et des services financiers
décentralisés afin de permettre aux meilleurs projets d’être financés et soutenus. Le
Directeur de l’ONG ESI a souligné dans son discours d’ouverture la nécessité de cultiver
l’excellence en entreprise pour inciter les indécis à prendre leur destin en main. Car, dira-
t-il, c’est en réussissant qu’on arrive à impacter les autres. Le Bénin étant un pays à forte
potentialité agricole, il est impérieux de disposer des compétences pour améliorer la
production agricole. La formation pratique a une durée de dix jours, mais les coachings
individuels vont se poursuivre pour finaliser les business-plans et l’installation des
entreprises.

En 2015, l’approche SME Loop a été appliquée au Bénin dans le cadre de l’initiative
spéciale « Un monde sans faim » (SEWOH) et de son programme « Centres
d’innovations vertes pour le secteur agricole et agroalimentaire ». Le SME Loop y est
déjà appliqué à plus grande échelle et entend toucher 3 100 PME de 62 communes d’ici
le début de 2024. À l’heure actuelle, 2 947 propriétaires d’entreprises (dont 57 % sont
des femmes et 36 % des jeunes) ont terminé leur accompagnement au Bénin et bénéficié
des services de 60 coaches qualifiés. Entre 2017 et 2020, quatre études d’impact ont été
réalisées sur un échantillon de 2 000 entreprises dont l’accompagnement était arrivé à
terme. Les chiffres sont révélateurs :

➢ 1 627 emplois permanents (>225 jours) ont été créées par 775 entreprises dont
48 % occupés par des femmes et 82 % par des jeunes ;
➢ Le chiffre d’affaires moyen a augmenté de 112 % pendant le « SME-Loop » (de 1
830€ à 3 888€ en moyenne) ;
➢ 97 % des 400 PME évaluées en 2020 ont augmenté au moins 3 des indicateurs
économiques (chiffre d’affaires, nombre de clients, investissement, relations
d’affaires formalisées et réduction du coût de production)
[Source : Graphiques, Factsheet SME Loop – ProCIVA)

17.8. Protection de l’environnement et la préparation économique : la


commercialisation des foyers améliorés NANSU au Bénin
Il s’agit des foyers améliorés Nansu, très économiques, rapides, propres, protecteurs de
la santé humaine et respectueux de l’environnement. Dans son élan de contribuer à la
concrétisation des Objectifs de Développement Durable et en lien avec le Programme
d’Actions du Gouvernement, l’ONG ESI, a produit et mis sur le marché des foyers
améliorés Nansu (l’époux de la reine en langue locale Fongbé). Ce foyer, fabriqué par
des experts, est très économique.

Etude sur l´historique de la Coopération Allemande dans le secteur agricole au Bénin


133
Selon Irma CLEDJO, Consultante en fabrication de foyers améliorés, ce joyau de l’habitat
protège la santé humaine et l’écosystème. Le foyer ne dégage pas de fumée, les cendres
ne sont pas éparpillées lors de la cuisson, avec peu de charbon, une quantité raisonnable
d’aliments peut être cuite. Les forêts sont ainsi protégées car il n’est plus nécessaire de
les détruire pour obtenir du bois de chauffage.
[AVEC PHOTOS « NANSU »]

17.9. Coopération ProCIVA – SoNaMA – ESI

Le ProCIVA est, depuis 2022, en partenariat avec la Société Nationale de la


Mécanisation Agricole (SoNaMA). Elle est chargée de la mise en œuvre du Programme
Nationale de la Mécanisation Agricole (PNDMA). Conjointement avec ProCIVA, elle
amène des actions de mécanisation, de formation des tractoristes au Bénin.
La population concernée par les formations est constituée d’artisans locaux, dont la
fabrication des équipements agricoles est déjà leur secteur d’activité. Dans le but de
renforcer leurs connaissances et leurs capacités, ces artisans sont formés
ponctuellement afin de monter en compétences sur des volets spécifiques. Ainsi, des
artisans des grandes zones de productions de riz au Bénin ont été sélectionnés pour être
formés sur la fabrication et la maintenance de la batteuse vanneuse assis pour le
traitement post récolte du riz.

17.9.1. Témoignages de la Coopération ProCIVA – SoNaMa - ESI

« Ce que nous faisons, c’est l’appui à la conception et à la réalisation des équipements


de transformation agro-alimentaires. En termes d’équipements, ProCIVA met les outils
nécessaires pour la formation mise en œuvre par la SoNaMA. Puisque le CPFPA ESI à
Dogbo répond aux normes et dispose de toutes les conditions requises pour servir de
lieu de formation, le Centre a été choisi pour abriter la formation. L’objectif est l’appui aux
unités artisanales et agroindustrielles à travers des solutions technologiques et
économiques adaptées et innovantes et enfin identifie les besoins en formation des
artisans ». Comlan Ephrem Tossavi, Responsable des Opérations Post récoltes à la
SoNaMA (une division placée sous la direction de l’ingénierie et du renforcement de
capacités en agriculture et hydro agriculture).

« Je suis là pour apprendre la fabrication de la machine batteuse vanneuse. Ladite


machine permet de décortiquer le riz. Ceci vient en réponse aux difficultés de nos parents
qui continuent d’utiliser les bois pour battre le riz avant d’aller au vannage. Je pense que
cette formation va, non seulement me permettre d’accroitre mes connaissances mais
aussi, de les mettre au service de la population d’Agbangnizoun. Je voudrais profiter
remercier ProCIVA et la SoNaMA pour m’avoir permis de prendre part à cette formation
». Julien Ladji, Président du Collectif des Artisans de la commune d’Agbangnizoun,
technicien en construction métallique

« Cette formation sur la fabrication de la batteuse vanneuse va durer deux semaines et


me permet d’avoir de nouvelles notions sur la fabrication et l’utilisation de la machine.
Après les avoir fabriquées, nous les testons sur place comme si nous étions au champ.

Etude sur l´historique de la Coopération Allemande dans le secteur agricole au Bénin


134
À la fin, je compte mettre ces expériences au service de la population de N’dali. Je ne
manquerai pas de remercier les initiateurs de cette formation que sont ProCIVA et la
SoNaMA ». Gado Abou Issiakou, Directeur Dodo Soudure et technicien en construction
métallique à N’dali.

« Les jeunes du Centre sont formés soit à l’examen du Certificat de Qualification aux
Métiers (CQM) soit à l’examen du Certificat de Qualification Professionnelle (CQP). Les
machines que nous fabriquons ici servent à égrener les produits agricoles et à presser
pour la fabrication de l’huile. Grâce au partenariat avec la GIZ/ProCIVA, notre centre de
formation a été bien équipé en machines de dernière génération. Après leur formation,
ceux qui ont la chance, sont recrutés à la SoNaMA et d’autres iront ouvrir leur propre
entreprise ». Mathieu Sagbo, Formateur en soudure au CPFPA ESI-pro dogbo et
technicien en construction métallique.

« Cette formation est une aubaine, non seulement pour moi, mais également pour la
population d’Azové et surtout pour les jeunes artisans désireux d’en savoir plus sur la
fabrication et l’utilisation de ces machines. Nous produisons beaucoup de riz au Bénin,
donc cette formation nous permettra de soulager les nombreuses difficultés liées à la
batteuse vanneuse ». Gbéchi Marisu Hossou, Directeur du CEFACOM à Azové,
technicien en construction métallique.

18. Promotion du Financement Agricole au Bénin (ProFinA)

Commettants : Ministère fédéral allemand de la Coopération Economique


et du Développement (BMZ)
Zone d’intervention : Territoire national : Départements Borgou, Alibori, Atacora,
Donga, Zou, Collines, Mono, Couffo, Ouémé, Plateau et
Atlantique, 69 communes.
Organisme de tutelle : Ministère de l’Agriculture, de l’Elevage et de la Pêche
(MAEP)
Durée d’exécution : Janvier 2016 à 2023
Budget : 7 millions d’Euro

18.1. Description sommaire du ProFinA

En dépit du fort potentiel de l’agriculture béninoise, les petits producteurs, leurs


organisations professionnelles (OPA) ainsi que les petites et moyennes entreprises
(PME) agricoles manquent de moyens pour appliquer des innovations et la mécanisation
et augmenter ainsi la profitabilité de leurs exploitations, services et entreprises. La
principale raison de cette situation est le manque d’accès des populations rurales à une
large gamme de produits et services financiers qui permettent d’épargner, d’emprunter
ou encore d’effectuer des paiements afin d’augmenter la productivité. La raison est
simple : « Les Services Financiers Décentralisés (SFD) et banques commerciales

Etude sur l´historique de la Coopération Allemande dans le secteur agricole au Bénin


135
considèrent les acteurs agricoles comme une clientèle trop risquée et ne disposent pas
de produits financiers adaptés aux besoins de ce groupe cible ».

Ainsi, afin améliorer l’accès des exploitations agricoles et entreprises agro-alimentaires


en milieu rural aux services financiers adaptés à leurs modèles, le Projet Promotion du
Financement Agricole (ProFinA) fut initié.

Le projet constitue une intervention transversale qui s’appuie sur les résultats des autres
projets de la Coopération Bénino-Allemande dans le secteur agricole, notamment
Promotion de l’Agriculture (ProAgri), Centres d’Innovations Vertes (ProCIVA) et
Réhabilitation des sols (ProSol), Politique Foncière Responsable (ProPFR) etc. Alors que
ces derniers ont permis d’assurer l’organisation des exploitants agricoles en coopératives
ou clusters, ont formé les PME en matière de gestion entrepreneuriale et les ont
renforcés sur les itinéraires techniques, ProFinA apporte son savoir-faire et met en place
des mécanismes facilitant l’accès au crédit. Les filières concernées par les différents
appuis du ProFinA sont : le Riz, le Karité, l’Anacarde, le Soja, la Volaille et le Maraîchage.

Les interventions du ProFinA sont classées dans trois domaines ou « champs d’action »,
à savoir :

➢ L’élaboration de « produits de connaissance ». Il s’agit là de modules de formation


et d’autres outils pédagogiques qui seront utilisés dans les deux autres champs
d’action pour renforcer les capacités des acteurs. L’ «ancrage » de ces produits
auprès des institutions et organismes du pays est déjà un élément crucial de la
présente stratégie de pérennisation.

➢ La « Demande » : Il s’agit de renforcer l’appui-conseil entrepreneurial et la mise


en relation entre exploitations agricoles/PME et institutions financières offrant
toute la gamme de produits financiers disponibles (épargne, crédit etc.). Les
exploitations agricoles et les PME seront soutenues dans la préparation des plans
d’affaires et dans la constitution des dossiers de demande de produits financiers.
➢ « Offre »: Le ProFinA conseille les institutions financières (SFD sous forme
coopérative ou associative ou banque commerciale) pour améliorer leurs offres
de produits et services financiers au secteur agricole. L’appui comprend des
analyses des chaînes de valeurs, le renforcement des capacités, l’adaptation des
produits financiers ainsi qu’une mise en relation et distribution orientée envers des
clients potentiels.

Le ProFinA a comme stratégies d’intervention, l’élaboration de produits de connaissance


pour le renforcement des capacités des demandeurs et des offreurs de crédits sur la
finance agricole; le renforcement de l'appui-conseil entrepreneurial et la mise en relation
entre exploitations agricoles / PME et institutions financières offrant toute la gamme de
produits financiers disponibles (épargne, crédit...etc.) ; l’appui-conseil aux institutions
financières (SDF) sous forme coopérative ou associative ou banques commerciales)
pour améliorer leurs offres de produits et services financiers au secteur agricole.

Etude sur l´historique de la Coopération Allemande dans le secteur agricole au Bénin


136
Les indicateurs du projet mesurent ses résultats à deux niveaux :

1. Celui des activités menées et des produits élaborés ainsi que de leur qualité. C’est
le niveau des « outputs ».
2. Puis, les effets induits par l’utilisation de ces activités et produits, c’est le
« outcome ».

M1 : 20 000 exploitant(e)s agricoles et 600 chef(fe)s d’entreprises agricoles en milieu


rural (dont pour chaque groupe 36 % de femmes et 20 % de jeunes) utilisent 24 00
services financiers adaptés (avec focus sur les crédits) ou nouvellement développés des
institutions financières soutenues par le projet.

M2 : 14 000 exploitant(e)s agricoles et 400 chef(fe)s d’entreprises agricoles en milieu


rural (dont pour chaque groupe 36 % de femmes et 20 % de jeunes) ont utilisé au moins
un service financier après avoir participé à une mesure de développement des
compétences.

M3 : 15 services financiers adaptés dont 4 avec support numérique, ont été insérés dans
le portefeuille des institutions financières soutenues, où ils sont ainsi disponibles pour les
exploitations agricoles et les entreprises agro-industrielles en milieu rural.

M4 : 8 associations professionnelles institutions (semi-) étatiques de promotion agricole


et/ou établissements de formation ont adopté un ou plusieurs produits de connaissance
développés par le projet pour développer des compétences ou des capacités du côté de
la demande ou de l’offre.

18.2. Mise en œuvre des activités du ProFinA


Afin d’atteindre son objectif, le ProFinA fournit un appui-conseil technique et
entrepreneurial pour la professionnalisation du financement des chaînes de valeur
agricoles aussi bien au niveau de la demande (exploitants agricoles, OPA, PME
agricoles) que de l’offre des produits/services financiers (SFD). Le projet intervient
prioritairement dans les communes où sont présents les autres projets de la GIZ: ProAgri,
ProCIVA, ProSol et ProPFR et dans les zones d’interventions du Fonds National de
Développement Agricole (FNDA). Les filières d’intervention sont les filières prioritaires du
gouvernement du Bénin : riz, karité, anacarde, soja, volailles et maraîchage. Les études
commanditées par le ProFinA ont mené à l’identification de différents modèles d’affaires
et à des produits financiers agricoles adaptés selon une logique entrepreneuriale et
commerciale, par exemple :

- Crédit groupé par les coopératives pour les producteurs de riz, anacarde, soja,
karité ;
- Crédit équipement agricole : batteuse-vanneuse soja, batteuse riz ;
- Crédit transformation agricole : étuveuse de riz, fromage de soja, transformation du
beurre de karité ;
- Crédit PME : aviculture locale, poulet chair et pondeuse, semencier riz, semencier
soja, pépiniériste anacarde, prestataires d’entretien verger anacarde ;

Etude sur l´historique de la Coopération Allemande dans le secteur agricole au Bénin


137
- Crédit aux clusters.
- Ces crédits sont accordés sans ligne de crédit et sans fonds de garantie du projet
ProFinA.

18.3. Processus d’implémentation du projet

Au centre de la stratégie d’intervention du projet se trouve la « professionnalisation ».


Les acteurs du crédit, c’est à dire les demandeurs d’un côté et les offreurs de l’autre,
seront mieux formés pour optimiser la gestion du crédit agricole. Pour les institutions
financières, cela signifie une meilleure connaissance du secteur agricole, de ses
potentialités et risques, et l’élargissement de leur portefeuille par des produits financiers
qui répondent aux besoins de ce secteur. Pour les demandeurs de crédit cela signifie
d’acquérir des connaissances de base sur la gestion financière de leurs exploitations et
entreprises et des connaissances qui leur permettent de bien gérer un crédit.

18.4. Côté « offre » : les systèmes de financement décentralisés (SFD)


et les banques

Au début du projet un certain nombre d’études a permis de mettre en lumière les valeurs
à promouvoir, les conditions du marché pour supporter un crédit et les caractéristiques
du crédit pour être utile au demandeur. Les informations issues de ces études ont servi
à établir des « business cases » qui ont été présentés aux représentants des SFD afin
de vaincre leur scepticisme et les motiver à tester des produits de crédits conçus sur la
base des résultats de ces études. Pendant la phase de test, appelée « pilotage », des
adaptations ont encore été apportées aux produits de crédit.

Parallèlement à cet appui pour développer de nouveaux produits de crédit ou adapter


des produits existants, le projet a également accompagné les agents des SFD dans le
renforcement des connaissances sur le crédit agricole. Ainsi, les participants ont assisté
à une série d’ateliers pour être formés sur le crédit agricole et sur les spécificités des
filières concernées. A ce jour, plus de 400 agents des SFD ont pris part à une ou plusieurs
formations organisées par le projet.

Le renforcement de la compétence en matière de crédit agricole ne se limite pas à la


formation des agents. Le projet a également incité des changements organisationnels
chez certains partenaires (cf. point suivant). Il va sans dire que le projet n’intervient que
sur la demande du partenaire et que, s’il finance l’intervention d’un consultant auprès
d’un SFD, il ne subventionne pas la mise en œuvre de ses recommandations. Au fil des
années, le nombre de partenaires du côté des institutions financières (« côté offre ») a
atteint 10, dont une banque : Alidé, RENACA, UNACREP, PADME, PEBCO, SIAN’SON,
Agrifinance, CESCA, FECECAM et Coris Banque Internationale.

ProFina n’est pas le seul projet dans le secteur du financement agricole au Bénin, mais
il est celui qui a opté pour une approche “entrepreneuriale”. Ceci veut dire qu’il s’insère
dans l’environnement économique tel qu’il est : il ne fournit ni subvention ni garantie aux
prêts, mais accepte les conditions du marché, notamment les taux d’intérêts tels qu’ils
Etude sur l´historique de la Coopération Allemande dans le secteur agricole au Bénin
138
sont pratiqués par les institutions financières. Cette approche exclue le financement de
chaines de valeur à faible rentabilité qui ne supporterait pas un crédit aux conditions du
marché. En raison des taux d’intérêts élevés limitant le nombre d’exploitations agricoles
éligibles aux crédits, le projet a travaillé sur les facteurs des coûts des crédits, notamment
en favorisant la digitalisation des partenaires SFD et en réduisant le taux des crédits en
souffrance. Ces solutions furent favorisées en lieu et place de subventions qui auraient
disparu à la fin du projet. Eviter une distorsion des prix du marché (ici : les prix du capital)
est aussi un gage de la pérennité des résultats du projet.

On pouvait craindre que cette approche limite la portée du projet dans un secteur où les
subventions sont à l’ordre du jour, mais il n’en était pas ainsi, comme le montre le nombre
de crédits facilités.

18.5. Côté « demande » : les agriculteurs, agricultrices, leurs


organisations et les PME
Du côté des demandeurs, la « professionnalisation » est l’affaire des organisations
paysannes au niveau régional ou national, donc des faîtières. Toutefois, une meilleure
connaissance du crédit ne suffit pas à rendre éligible un(e) agriculteur(trice), surtout s’il
ou elle n’a pas les garanties requises et si le montant concerné est faible. Pour les crédits
de campagne ou de fonds de roulement, la coopérative villageoise sert d’intermédiaire
entre l’individu et le SFD ; dans la pratique, le crédit est souvent donné à des groupes à
l’interne des coopératives qui se constituent selon des affinités et exercent un contrôle
social plus fort sur leurs membres que la coopérative en tant que tel. Les faîtières
apportent une caution « morale » pour le remboursement du crédit.
Celle-ci consiste à
1. veiller à ce que les coopératives sélectionnent rigoureusement les bénéficiaires
de crédit, en excluant les membres qui n’exercent pas vraiment l’activité, qui ne
participent pas à la vente groupée et dont on doute de leur volonté ou capacité de
rembourser ;
2. exercer une pression sur les coopératives qui sont tombées en impayé. Cette
approche présente des limites lorsque ce sont les dirigeants des coopératives eux
-mêmes qui ne remboursent pas et lorsque ces derniers profitent de l’indulgence,
voire de la complicité des dirigeants de la faitière.

Tout se joue alors sur la qualité de la gouvernance des faîtières et sur le pouvoir réel de
ses dirigeants sur les niveaux inférieurs (unions communales, coopératives villageoises).
L’amélioration de la gouvernance des faîtières n’est pas dans le mandat de ProFinA,
cependant il lui arrive de dénoncer le mauvais comportement de certains dirigeants de
coopératives ou d’Unions communales.

Le projet travaille avec trois Unions Régionales de Producteurs d’Anacarde, la Fédération


Nationale des Productrices d’Amende et de beurre de Karité, les Unions Régionales des
Producteurs de Riz du Borgou/Alibori et des Collines, l’Union Nationale des Aviculteurs
Professionnels et la Fédération Nationale des Organisations de maraîchers).

De manière pratique, les techniciens et techniciennes de ces faîtières participent (avec


les comités de crédit là où ils existent) à l’identification des bénéficiaires de crédit et de
Etude sur l´historique de la Coopération Allemande dans le secteur agricole au Bénin
139
leurs besoins, montent le dossier de crédit, les suivent après le dépôt auprès d’un SFD,
suivent l’utilisation du crédit, sensibilisent les bénéficiaires pour la vente groupée, veillent
à ce qu’ils apportent la quantité de produits convenue au magasin, appuient la recherche
d’un acheteur et suivent le remboursement des crédits. Les techniciens et techniciennes
sont accompagnés(ées) par le ProFina dans le cadre de subventions locales pendant un
à trois ans. L’accompagnement est dégressif pour aboutir idéalement à une prise en
charge complète par la faîtière.

Dans la filière soja, les techniciens et techniciennes sont mis à disposition et gérés par
un prestataire privé. Cette option présente d’importants avantages mais soulève des
questions quant à sa pérennité (cf. « leçons apprises » ci-dessous). Les faitières ainsi
appuyées avaient auparavant été structurées par le projet bilatéral ProAgri. Au vu des
problèmes de gouvernance au niveau de certaines de ces faîtières, ProAgri a développé
une approche de cluster : il s’agit d’un groupe d'acteurs d'un secteur qui s'associe à un
agrégateur au centre. L'agrégateur garantit le marché de vente pour les producteurs. Par
conséquent, le risque de mévente est réduit, la capacité de remboursement assurée.

Le ProFinA a accompagné l'approche des clusters après une analyse de ce modèle.


Etant donné la nouveauté de ce concept, ProFinA a déterminé la rentabilité de ce modèle
et a encouragé les institutions financières partenaires à le soutenir. Là où il existe des
clusters, c’est leurs coaches qui assurent la facilitation de l’accès au crédit, selon la
méthode et les outils développés par ProFinA. Les coaches (coach interne, coach
externe) accompagnent les acteurs lors de la constitution du cluster et durant tout le
processus de sa mise en marche.

Afin de promouvoir les compétences du groupe cible en matière d'épargne, les membres
de toutes les coopératives agricoles soutenues ont été formés à la constitution de
Groupes d'Epargne et de Crédit Solidaires (GSEC). Si au sein d’une coopérative, il se
trouve au moins 15 membres pour constituer un GSEC, ils reçoivent, sur demande, le
matériel nécessaire au fonctionnement du GSEC : boîte métallique, encreur, cahiers,
registres, sac, bol, calculatrice, stylos, cadenas, timbres, livret d'épargne.

Ce même prestataire met à disposition deux coaches pour l’accompagnement des PME.
Les besoins en crédit et les conditions économiques des PME sont différents de ceux
des petites exploitations agricoles : les montants des crédits sont plus élevés, ils ont pour
objet l’investissement et les PME négocient individuellement avec les institutions
financières. La professionnalisation de cette cible passe souvent par une participation au
programme de formation et de coaching (le SME business training and coaching loop),
du Centre d’Innovations Vertes ProCIVA, un autre projet de la coopération allemande
dans le secteur agricole. Les meilleurs sortants de ce cycle peuvent se perfectionner en
matière de planification des investissements à travers la participation à une formation
FANEPIA, offert par ProFinA. En une semaine ils apprennent à analyser leur entreprise,
développer des options de croissance et évaluer les investissements nécessaires et leurs
effets. Ainsi, ils sont mieux armés pour défendre leur projet devant un potentiel prêteur
de capital.

Etude sur l´historique de la Coopération Allemande dans le secteur agricole au Bénin


140
18.6. Quelques résultats / impacts de ProFinA

Le ProFinA a développé avec les organisations professionnelles agricoles (OPA) et leurs


faîtières une approche de facilitation d’accès au crédit de campagne pour leurs membres.
A travers cette approche, 21 618 producteurs, productrices et PME ont eu accès pour la
première fois à un crédit pour leurs activités productives. La cible de l’indicateur M1 (20
600 exploitations et PME) est donc largement atteinte. Ces 21 618 bénéficiaires de crédit
ne représentent que 3 % des exploitations agricoles du Bénin, mais 24 % de celles qui
sont organisées dans une OPA2. C’est aussi autant de nouveaux clients qui sont pour la
première fois, rentrés en relation avec un SFD. Le montant de crédit facilité à travers
cette approche entre 2017 et 2021 est de l’ordre de 2,8 milliards FCFA. C’est la preuve
que le besoin pour ce type de crédit existe. Toutefois, les besoins exprimés notamment
par les PME pour les crédits d’investissements ont encore du mal à être satisfaits surtout
en raison de la difficulté pour ces dernières à mobiliser les garanties nécessaires au
crédit.

Les crédits permettent aux exploitations agricoles d’acheter des intrants et services et
d’augmenter la superficie emblavée là où les terres sont encore disponibles. Aux PME le
crédit permet de s’approvisionner en matières premières quand les prix sont bas et
d’acheter de l’équipement, ce qui augmente leur chiffre d’affaires et leur revenu. Le projet
ne mesure pas l’ampleur de ces effets mais ils sont confirmés par tous les interlocuteurs.
Du reste, une étude conduite en 2018 sur les clients de la FECECAM a confirmé ces
impacts.

Concernant spécifiquement les femmes, une enquête conduite par la ProFinA en 2020 a
révélé qu’il « existe des preuves évidentes que les crédits agricoles impactent
progressivement le pouvoir économique de certaines femmes des filières riz et soja. Il
est remarqué un changement notable dans la vie de certaines bénéficiaires. Ce
changement (…) s’observe à travers la satisfaction des besoins spécifiques des
membres de leurs familles comme : l’alimentation, la scolarisation et la santé des enfants.

Du coté des institutions financières partenaires du projet, l’encours de crédit de 2,8


milliards FCFA, facilité par ProFinA, aura généré des recettes supplémentaires sous
forme d’intérêt de plus de 500 millions FCFA. Ce montant dépasse largement les salaires
des techniciens et techniciennes agricoles rémunérés par les subventions du projet.

L’étude « Analyse des effets de la mise en œuvre du ProFinA sur les acteurs filières, les
OPA et les SFD », réalisée en 2022, note entre autres bénéfices pour les SFD (i)
l’extension des zones d’intervention des SFD ; (ii) l’élargissement des filières financées ;
(iii) l’augmentation des volumes de portefeuille de crédits agricoles ; (iv) l’amélioration
des taux de remboursement (de l’ordre de 100%) et des intérêts perçus.

Etude sur l´historique de la Coopération Allemande dans le secteur agricole au Bénin


141
18.6.1. Quelques Acquis phares

Les quatre acquis phares du ProFinA sont :


1) Le mécanisme de facilitation d’accès au crédit
2) Les groupes solidaires d’épargne et de crédit GSEC
3) Le renforcement des capacités des SFD en matière de crédit agricole
4) Le module de formation en analyse économique et planification des
investissements
Parmi les outils, produits, approches et méthodes développées par le projet, ces
quatre acquis ont été choisis en raison de leur impact, du degré d’appropriation
par les utilisateurs ou de leur potentiel de reproductibilité.

18.6.2. Quelques témoignages des bénéficiaires de ProFinA

18.6.2.1. Acquis phare « Mécanisme de facilitation d’accès au


crédit » (FAC)

Un des acquis phares du ProFinA est le mécanisme de facilitation d’accès au crédit de


campagne par les faîtières agricoles. Il s’agit d’un mécanisme permettant l’octroi de
crédits de groupe en caution solidaire, les achats groupés d’intrants de qualité,
l’organisation de la vente groupée et cela par la présence d’un technicien ou une
technicienne agricole pour le suivi-appui-conseil et la facilitation de l’intermédiation entre
les demandeurs de crédit et les SFD. Ce mécanisme a été expérimenté depuis 2017 et
son succès est mesurable par le volume de crédits facilités à chaque campagne, le taux
de remboursement proche de 100% et le potentiel existant encore à satisfaire. Son
caractère innovant réside dans le rôle qu’assument les faîtières et les ABC dans
l’intermédiation entre les SFD, offreurs de crédit, et les producteurs et productrices,
organisés en coopératives, demandeurs de crédit.

Le mécanisme est facilement reproductible au sein d’une faîtière, par le recrutement et


la formation de techniciens et techniciennes supplémentaires. L’adoption par une autre
faîtière, non partenaire du ProFinA, est possible si celle-ci recrute les techniciens et
techniciennes formés par ProFinA et collabore avec les SFD partenaires du ProFinA car
ceux-ci connaissent l’approche. En outre, le ProFinA lancera en 2024 une formation
certifiante « facilitation de l’accès au crédit FAC » pour des conseillers et conseillères
agricoles qui ont déjà une expérience dans le secteur. Les faîtières ou autres
organisations paysannes désireuses de se lancer dans l’intermédiation du crédit pourront
alors puiser dans ce vivier de personnes formées.

Nom : Wata Alidou Issiaka, 42 ans,


Fonction : Economiste, Coordonnateur URPR-BA
Localité : N’dali

« Nous rencontrions beaucoup de difficultés d’accès aux crédits avant, mais depuis notre
partenariat avec le projet, nous avons le financement pour nos activités agricoles (labour,
semis, intrants, entretien et récoltes.)

Etude sur l´historique de la Coopération Allemande dans le secteur agricole au Bénin


142
Mieux, nous avons bénéficié des renforcements de capacités techniques pour l’équipe
technique et la coordination de l‘Union en matière de finance, gestion et
contractualisation, mise en œuvre des mesures GDT, l’accès aux intrants, etc.
Le projet nous a aussi formés dans la mobilisation de l’épargne, sa gestion à travers le
GCEC et mis à notre disposition des techniciens pour nous appuyer dans la
rentabilisation de nos activités, le suivi des crédits. Tous les outils pour une meilleure
gestion de nos ressources ont été mis en place pour nous faciliter la bonne gouvernance
dans notre organisation. »

Nom : Tonahin Théodore, 32 ans,


Fonction : Économiste / financier, Chef Agence UNACREP
Localité : Parakou à Okédama

« L’arrivée du projet ProFINA à Parakou nous a beaucoup facilité la vie. En effet, les
bénéfices et avantages tirés du projet sont nombreux dans notre secteur. Nous pouvons,
entre autres, citer la facilitation et la mise en relation avec les coopératives, les
agriculteurs, les clients. Ceci a induit l’accroissement accéléré de notre volume de
crédits. Avec l’appui de ProFINA, nous avons considérablement réduit les délais de mise
en place des crédits, facilitée grâce aux outils de gestion mis en place dans ce partenariat
avec ProFINA. Aujourd’hui, il y a une meilleure visibilité de l’UNACREP, une meilleure
sécurisation et de gestion des crédits mis en place. La FAC apparaît comme une garantie
qui renforce la confiance des parties. Nous avons une très bonne impression du projet,
qui pour nous reste un partenaire fiable dont l’approche est en adéquation avec la nôtre
et, elle rassure les producteurs et autres transformateurs et commerçants. »

18.6.2.2. Acquis phare « Les Groupes Solidaires d’Epargne et de


Crédit »

Un autre acquis phare du projet, ce sont les groupes solidaires d’épargne et de crédit
(GSEC). Les GSEC continuent à susciter beaucoup d’intérêt, même en dehors des
coopératives appuyées par le projet. Raison pour laquelle ils comptent parmi les acquis
phares du ProFinA. Peu coûteux et faciles à mettre en place, ils apportent des solutions
à certains problèmes quotidiens vécus par leurs membres, par exemple, un besoin urgent
de liquidité. L’innovation qui les distingue à d’autres initiatives est que tous ses membres
sont issus de la même coopérative et de la même activité. Il y a donc dès le départ un
lien qui les unis et une meilleure connaissance des autres membres. Toutefois,
l’adhésion à un GSEC est totalement volontaire, aucune pression n’est exercée aux
membres d’une coopérative pour créer un GSEC ou y adhérer. De plus, le GSEC et les
fonds mobilisés sont gérés par les membres eux-mêmes, ce qui le distingue d’une
tontine. Troisièmement, les fonds collectés ne sont pas thésaurisés mais restitués aux
membres à la fin d’un cycle. Plusieurs GSEC sont déjà à 2 ou 3 cycles de mise en œuvre
ce qui montre la maîtrise et l’adoption de l’approche. Le flux financier généré par cycle
pour certain GSEC est tellement important que leurs membres envisagent de ne plus
avoir recours aux crédits formels.

La durabilité des GSEC se fonde sur le principe de l’autogestion par les personnes qui
se connaissent, vivant dans le même milieu et pratiquant la même activité et qui se
Etude sur l´historique de la Coopération Allemande dans le secteur agricole au Bénin
143
réunissent volontairement pour un but commun. Le projet les forme sur les règles et
principes selon lesquels fonctionnent un GSEC, mais ne fixe pas les aspects pratiques
du fonctionnement, p. ex. la durée d’un cycle ou le montant d’une part. Après le premier
cycle qui dure entre 6 et 9 mois et le démarrage du deuxième, le suivi par l’organe
initiateur (les faîtières dans le cadre du ProFinA) peut être très léger. Il y a des GSEC
mis en place en 2019 qui fonctionnent toujours et sans suivi par le projet.
Le potentiel de reproduire le modèle tient à l’existence de personnes formées à
l’approche ; celles-ci accompagnent les GSEC pendant les premiers 8 à 10 mois avec
intensité décroissante.

Nom : Nonvidé Kayodé


Profession : Agricultrice/GSEC Gbèniyon
Localité : Massè commune d’Adja-Ouèrè

« Notre groupement est dans la production d'anacarde. L'arrivée du GSEC avec


l'application DreamSave a révolutionné nos pratiques et donner confiance à tous les
membres. Par le passé, il y avait la méfiance et suspicion au sein du groupement. Mais
depuis que nous avons commencé à utiliser DreamSave, la confiance s'est installée. Les
mises et les intérêts des membres sont bien gérés. Chaque membre voit comment
l'argent du groupe est géré. Depuis son portable, le membre reçoit un SMS dès qu'il y a
un mouvement sur la plateforme DreamSave du GSEC. Les crédits sont octroyés sans
problèmes aux membres demandeurs en temps réel. Avec le GSEC et DreamSave notre
vie a changé et nos foyers se portent mieux. Finis les crédits à taux élevés des banques
de proximité qui nous faisaient courir dès l'approche des échéances. Ici dans le GSEC,
les crédits se font avec un taux d'intérêt très bas qui est retourné dans la caisse pour être
redistribué en fin d'exercice. »

Nom : Sinaissiré Idrissou Aïssatou


Profession : Entrepreneure agricole/ Pdte/GSEC
Localité : Bouanri commune de Bembèrèkè

« Pour financer nos activités agricoles avant, nous allions près des banques de proximité
telles que PADME, Bethesda, Alidé etc. Mais depuis que nous avons mis en place de
notre groupement GSEC grâce aux techniciens de ProFinA, nous nous sommes libérées
des contraintes de ces banques. Au sein de notre groupement, les membres, en
l'occurrence, nous les femmes, nous avons des appuis financiers pour l'achat des intrants
agricoles (semences et engrais) pour nos champs. Nous faisons des cotisations de
même que les prêts aux membres. Ici, les intérêts et pénalités, contrairement aux
banques de proximités, sont reversés dans la caisse et sont redistribués en fin d'exercice
à tous les membres. Nous avons beaucoup de bénéfices avec le GSEC, ce qui nous
permet d'être vraiment autonomes pour accompagner nos maris dans les dépenses
domestiques. »

Etude sur l´historique de la Coopération Allemande dans le secteur agricole au Bénin


144
Nom : Seko Maïmounatou Mohamed
Profession : Agricultrice /TG/GSEC
Localité : Banigouré commune de Gogounou

« Nous étions totalement ignorantes des techniques de gestions financières avant


l'arrivée du ProFinA. Quand nous produisons et vendons, nous ne savons pas comment
épargner pour faire des économies et satisfaire convenablement nos besoins. Avec la
formation de ProFinA à travers notre GSEC, nous pouvons faire la part des choses entre
ce qui doit être pour les besoins domestiques et ce qui doit être épargné. Nous savons
désormais ce que nous gagnons et éventuellement ce que nous perdons à la fin de la
vente de nos productions. Avant nous faisions des prêts partout mais nous n’avions pas
satisfaction. Depuis que nous nous sommes lancées dans le GSEC, nous épargnons et
faisons des crédits aux membres du groupement pour les accompagner dans leurs
activités agricoles et de commercialisation des produits transformés. Aujourd’hui, nous
les femmes du groupement n’attendent plus nos maris pour les dépenses du foyer. Qu'ils
soient présents ou en voyage, la vie continue à la maison. »

18.6.2.3. Acquis phare « Le renforcement des capacités des SFD en


matière de crédit agricole »
Le renforcement des capacités des SFD en matière de crédit agricole et l’existence d’une
offre de crédits adaptés pour un certain nombre de chaînes de valeur sont les deux
résultats les plus importants que le ProFinA a atteints dans son volet qui s’adresse au
côté « offre ». Les deux résultats sont étroitement liés et convergent vers le même impact,
l’accroissement du portefeuille agricole des SFD partenaires. Nous choisissons le
premier comme acquis phare car il s’appuie sur de nombreux « produits » développés
par le projet.

La principale innovation réside dans la méthode avec laquelle les contenus de formation
ont été élaborés. La méthode, décrite plus en détail sous le point 2, s’appuie sur les
analyses des chaines de valeur et des modèles d’affaires ; les résultats de ses analyses
constituent le fonds même des « produits de connaissances » qui sont utilisés dans le
renforcement des capacités des agents des SFD. Au centre de ces produits, le module
de formation « Finance agricole » développé conjointement par le Consortium Alafia et
le ProFinA. Ce module rayonne même au-delà des partenaires financiers du ProFinA car
il est utilisé dans la formation diplômante qu’offre le Consortium. Le module est composé
de 8 thèmes et son utilisation varie selon la catégorie des apprenants. Ce module a aussi
été utilisé dans un programme de formation des chargés de prêts au niveau de l’UEMOA.
D’autres modules, plus spécifiques, complètent l’arsenal des supports utilisés dans la
formation des agents des SFD.

L’objectif de cet acquis phare est le renforcement des compétences des acteurs des
Services Financiers Décentralisés (SFD) en matière de crédit agricole et de développer
des approches spécifiques / innovantes en matière de financement agricole.

Une troisième catégorie de documents a été élaborée à la demande de certains


partenaires : des documents de politique de crédit agricole et des manuels de crédit.

Etude sur l´historique de la Coopération Allemande dans le secteur agricole au Bénin


145
La durabilité du renforcement des capacités est assurée par le fait que les SFD se sont
approprié les documents et les utilisent. Tandis que les documents et outils développés
« sur mesure » (tels que les documents de politique de crédit agricole, les manuels de
procédures, les fiches technico-économiques) sont la propriété de ces SFD qui les
utilisent et mettent à jour en cas de besoin, le module « Finance Agricole » appartient à
l’APSFD qui en assume l’exploitation et la mise à jour.

L’activité est reproductible (et reproduite) chez certains SFD à travers leurs dispositifs
internes de réplication des formations reçues. C’est notamment le cas de grands réseaux
comme FECECAM, PADME, RENACA et UNACREP. En sa qualité de dépositaire de
l’ensemble des modules élaborés pour les SFD, le Consortium Alafia est capable de
reproduire le renforcement des capacités d’autres SFD et le fait déjà dans le cadre des
programmes de formation qu’il offre.

Nom : Glodji Edmond


Fonction : C/s Formation/APSFD
Localité : Cotonou

« La collaboration avec ProFinA a commencé par l’élaboration d’un module de formation


sur la finance agricole et rurale. Un autre module plus développé au profit des agents de
crédit et des chefs d’agence ainsi que les élus membres du comité de crédit a reçu l’appui
de ProFinA. Ces différents modules nous été très utiles puisque les formations
constituent la principale source de revenus pour l’Association en dehors bien sûr des
cotisations des membres. L’arrivée de ProFinA nous a permis d’étoffer notre offre de
formation en direction de nos clients SFD, en y intégrant le volet agricole dans les
modules. Nous pouvons témoigner aujourd’hui que ProFinA nous a été très utile tout au
long notre partenariat. »

Nom : Tchékounou Jacques


Fonction : Resp. Marketing & Exploitation/Alidé
Localité : Cotonou

« Ce qui nous a véritablement marqué dans notre partenariat avec ProFinA est surtout
la démarche. Cette démarche a consisté à élaborer un document de stratégie du
financement agricole par le groupe Alidé. Ceci nous a permis de professionnaliser nos
outils en termes d’échéancier, en termes de délai à donner aux clients et en termes de
ressources à mobiliser pour faire face aux exigences qu’impose le secteur agricole. Avec
ProFinA, nous nous sommes aguerris pour aborder, sans peur, le financement du
secteur agricole, considéré à tort ou à raison, de secteur à risques. Les outils mis en
place permettaient de satisfaire les clients à temps suivant les spécificités de ce secteur.
Nous avons même développé de nouveaux produits comme le crédit intrants, le crédit
d’équipement, le crédit de fonds de roulement…qui répondaient aux besoins des acteurs
agricoles. Nous avons aussi ciblé certaines filières comme le soja, le riz, l’anacarde, la
volaille. Les crédits placés sont recouvrés à 100 % depuis lors. Tout ceci grâce à ProFinA
qui nous a aussi ouvert sur la digitalisation de la finance agricole à travers la plateforme
BIDO. »

Etude sur l´historique de la Coopération Allemande dans le secteur agricole au Bénin


146
Nom : Houssou Cyril
Fonction : Resp. Centre de financement des entreprises de PeBCO/Bethesda
Localité : Cotonou

« Notre défi avant la rencontre avec ProFinA était celui de maîtriser le financement
agricole. ProFinA était donc venu à point nommé pour nous permettre d’avoir beaucoup
d’appui. Tout a commencé par une étude de marché dans les six départements couverts
par ProFinA à savoir le Zou, les Collines, le Borgou, l’Alibori, l’Atacora et la Donga, pour
évaluer les besoins en financement agricole. A la suite de cette étude, beaucoup d’outils
ont été mis à la disposition de PebCo Bethesda pour le financement des filières (Soja,
Riz, Karité, Maraichage…). Tous les agents de la chaîne de crédit et de financement
agricole y compris le personnel de la direction d’exploitation, ont été formés pour apporter
un service de qualité aux clients du secteur agricole. Avec ProFinA, nous avons bénéficié
de beaucoup d’appuis qui nous ont permis de nous professionnaliser avec à la clef, la
mise à disposition d’outils modernes de financement agricole. Avant ProFinA, PeBCo
était entre 5 à 10 % de financement agricole avec un encours de crédit qui tourne autour
de 10 milliards FCFA. Aujourd’hui, nous sommes à 49,6 % de poids de crédits et un
encours de plus de 24 milliards FCFA. Voilà l’envergure du financement agricole grâce
à ProFinA. »

18.6.3. Le module de formation en analyse économique et planification


des investissements

Le deuxième groupe cible du ProFinA du côté demande sont les PME de l’agribusiness,
les entreprises individuelles ainsi que les groupements (surtout féminins) engagés dans
la transformation des matières premières. ProFinA les accompagne à travers un
renforcement de leurs capacités et un appui pour accéder au crédit.
Pour ceux parmi les plus avancées de ces PME qui expriment le besoin et remplissent
certaines conditions, ProFinA offre un renforcement des capacités en matière de
planification de l’investissement dans le cadre d’un atelier de formation suivie d’un
accompagnement par un business coach. L’atelier se déroule selon le module «
Formation en Analyse Economique et en Planification des Investissement Agricoles »
(FANEPIA), élaboré par les ProFinA Bénin et Mali, avec des formateurs spécialisés dont
une partie a collaboré à l’élaboration du module. Jusqu’à ce jour, 545 personnes ont
participé à cette formation, plusieurs dizaines d’entre eux ont bénéficié d’un coaching
post formation.

Etude sur l´historique de la Coopération Allemande dans le secteur agricole au Bénin


147
19. Projet Promotion d’une Politique Foncière Responsable
(ProPFR)

18.1 Historique, contexte et justification

La grande majorité des douze millions d’habitants du Bénin vit en milieu rural. Dans les
deux grands départements du Nord (21% de la population du Bénin), le Bourgou et
l’Alibori, les ménages comptent en moyenne 9,1 individus. Pour 70%, ces ménages sont
des ménages agricoles, travaillant la terre. Mais moins de 4% des droits fonciers des
terres agricoles légitimes sont protégés par des actes fonciers légalisés (GIZ, 2015).
Selon les statistiques nationale (RNA, 2019), 7,1% des ménages agricoles sont dirigés
par des femmes ; or (avec 28 certificats fonciers féminins dans le Borgou) le taux de
sécurisation foncière des femmes était inférieur à 0,5 % en 2015.

Les usages coutumiers traditionnels permettent de moins en moins de résoudre les


conflits fonciers dans un contexte où la croissance démographique, les migrations sud-
sud, l’appauvrissement des sols, la valeur croissante des terres agricoles, le changement
climatique, etc. impriment chaque jour une pression accrue sur les terres. Par
conséquent s’installe progressivement une insécurité foncière. Elle est au détriment des
plus faibles et des groupes marginalisés (femmes, jeunes, migrants et éleveurs).
Par son initiative spéciale « UN SEUL MONDE sans faim » (SEWoH), le Ministère fédéral
allemand de la Coopération économique et du Développement (BMZ) entend apporter
une contribution significative à la réduction de la pauvreté et de la faim au Bénin. L’accès
à la terre, la reconnaissance des droits d’usage et la sécurisation foncière en milieu rural
constituent une base indispensable à l’équité, à la transparence des transactions, à la
protection des plus faibles, à l’accès aux crédits et aux investissements durables dans la
production agricole.

18.2 Organisation du projet

L’organisme principal de tutelle politique du ProPFR est le Ministère de l’Agriculture, de


l’Élevage et de la Pêche (MAEP) du Bénin. Le Ministère de l’Economie et des Finances
du Bénin, en sa qualité de tutelle de l’Agence Nationale du Domaine et du Foncier
(ANDF), est également un partenaire important pour la mise en œuvre du projet. Le
ProPFR travaille en étroite collaboration avec les autres projets de la Coopération
bénino-allemande dans le secteur agricole. Le ProPFR est accompagné, dans sa mise
en œuvre, par un projet de recherche (Banque Mondiale) devant suivre l’évolution des
impacts des Plans Fonciers Ruraux. Dans le même sens, le ProPFR travaille étroitement
avec des acteurs non-gouvernementaux (ex. l’ADECOB - intercommunalité du Borgou),
des ONG, des Universités (ex. Université de Parakou), des syndicats d’agriculteurs (ex.
SYNPA), des groupements et coopératives de femmes (ex. Social Watch), des
associations d’éleveurs, etc. pour le renforcement des capacités et le dialogue social.

Le ProPFR vise trois résultats :

1) Améliorer le contexte institutionnel et les procédures de protection des droits


d’utilisation ou de propriété des terres de la population rurale. Il s’agit d’améliorer

Etude sur l´historique de la Coopération Allemande dans le secteur agricole au Bénin


148
les conditions institutionnelles de base et les procédures de garantie des droits
d’usage des terres ou de propriété foncière de la population rurale dans le
département du Borgou.

2) Faire participer la société civile à la formulation et à la mise en œuvre d’une


politique foncière responsable. Ceci requiert la participation active des
organisations et représentants de la société civile qui devient une nécessité pour
le développement durable et un accès équitable à la terre.

3) Sensibiliser des investisseurs agricoles privés à la mise en œuvre d’une politique


foncière responsable dans le cadre des initiatives de transparence nationale. Il
s’agit notamment d’amener les investisseurs agricoles privés à utiliser des
prestations de conseil fondées sur les principes des directives internationales
(Directives volontaires pour une gouvernance responsable des régimes fonciers
applicables aux terres, aux pêches et aux forêts dans le contexte de la sécurité
alimentaire nationale –-VGGT de la FAO-) et du Code Foncier et Domanial du
Bénin (CFD).

18.3 Méthodologie et résultats

Conformément aux dispositions du nouveau code foncier, le ProPFR a aidé les


propriétaires terriens notamment les femmes, à obtenir leur Attestation de Détention
Coutumière (ADC). Pour y parvenir, le ProPFR, en collaboration avec l’Association pour
le Développement des Communes du Borgou (ADECOB), a dû déployer les différentes
structures pour intervenir dans le processus de la délivrance de ce précieux document
qui sécurise le foncier en milieu rural. Au nombre de ces structures, figurent les Sections
Villageoises de la Gestion Foncière (SVGF) qui ont été dotées de moyens nécessaires
pour mener à bien leur mission.

Onze (11) communes bénéficiaires du ProPFR ont connu la mise en place de


mécanismes de gestion des conflits, entre autres, grâce à la systématisation des
Tribunaux de Conciliation (TC). En 7 années, le projet et ses partenaires ont pu
enregistrer 3 540 conflits fonciers et contribuer à la résolution de 3 234 de ces mêmes
conflits. Soit un taux de résolution supérieur à 90%.

La durée d’exécution du ProPFR était comprise entre décembre 2015 et juillet 2023. De
façon pratique, le ProPFR a impacté plus de 400 villages des deux départements de la
partie septentrionale du Bénin (Borgou et de l’Alibori). Le projet a contribué à la
sécurisation foncière de plus 44 000 ménages (33 000 ménages en droits de propriété
et 11 000 ménages en droits d’usage). Près de 15% de ces ménages sécurisés grâce
au projet (principalement via des droits d’usage) sont des ménages agricoles dirigés par
des femmes (soit plus de 6 300 femmes).

Etude sur l´historique de la Coopération Allemande dans le secteur agricole au Bénin


149
18.4. Facteur clé de succès : l’approche genre

18.4.1 Problématique foncière liée au genre

L’inégalité́ homme-femme dans l’accès à la terre est fortement basée sur la « tradition »,
mais également sur une discrimination d’ordre économique : les femmes possèdent des
moyens financiers plus faibles. Elles n’ont généralement droit qu’aux terres appauvries
par plusieurs années d’exploitation. Elles sont parfois victimes de spoliation. Il n’est pas
rare de constater que les terres qu’elles réhabilitent leurs soient arrachées après leur
mise en valeur.

En fait, des barrières structurelles et des standards sociaux discriminatoires continuent


de restreindre le pouvoir de décision des femmes. De ce fait, le travail féminin est souvent
invisible et non rémunéré́ .

Aujourd’hui encore, l’accès des femmes et des filles rurales aux moyens de production,
aux services publics, tels que l’éducation et la santé, aux infrastructures comme l’eau et
les services d’assainissement et à l’information reste inferieur à celui des hommes. La
grande majorité́ des données disponibles en termes de genre et de développement
indique que l’extrême pauvreté́ , l’exclusion et les effets des changements climatiques
touchent de manière disproportionnée les femmes rurales et qu’elles sont bien plus
vulnérables que les hommes. La pandémie de la Covid-19 a aussi aggravé la
vulnérabilité́ des femmes (en particulier des zones rurales) dont les moyens financiers
ont, proportionnellement aux hommes, encore chutés.

Atteindre les femmes dans le cadre des activités et améliorer leur situation juridique en
matière de régime foncier comme base d'une plus grande autonomisation est une partie
essentielle du projet.

Par conséquent, le projet ProPFR se voit attribuer le marqueur de genre GG1, selon
lequel l'égalité des sexes à un statut « significatif » dans le projet et est expliqué comme
« un objectif important et souhaité, mais n’est pas la principale raison de la mise en
œuvre » du projet.

Concrètement, le ProPFR déploie une stratégie genre basée sur les droits d’usages
secondaires et s'attaque aux discriminants de la théorie du changement en favorisant la
propriété pour les femmes.

Ainsi, le projet vient accompagner la réduction des difficultés d'accès des femmes à la
terre rurale sécurisée : aujourd’hui, grâce aux différents mécanismes mis en œuvre par
le projet dans l’application du nouveau Code Foncier Domanial, plusieurs ouvertures et
facilités ont été données à la femme exploitante de la terre. Ceci a permis de faire passer
le taux des femmes ayant acquis une sécurisation foncière de 0,99 % (base de 2015) à
14,5 % (résultats finaux de 2023).

Le ProPFR avec ses partenaires notamment ADECOB, a subventionné 400 femmes


dans l’obtention gratuite de leur Attestation de Détention Coutumière qui est une
Discrimination positive dans ses communes d’intervention.

Etude sur l´historique de la Coopération Allemande dans le secteur agricole au Bénin


150
Le ProPFR travaille avec des OSC et quelques groupements de femmes qui sont des
partenaires de référence dans la promotion du genre, du leadership et de
l’autonomisation de la femme et de la réduction des inégalités liées au genre.

18.4.2. La Gender Transformative Approche (GTA)

La GTA est une approche qui va au-delà des approches classiques sensibles au genre.
Elle vise à créer un environnement propice au changement qui n'inclut pas seulement
les femmes en tant que groupe cible (portée), mais qui contribue également au
changement des habitudes socio-culturelles et à la modernisation des cadres
institutionnels et administratifs.

Suivant les théories du changement, la GTA permet de questionner certaines pratiques ou


habitudes rigides et de mettre en lumière les déséquilibres de pouvoir dans la société et
dans la sphère privée. Ainsi, les GTA s'inscrivent dans un continuum d'intégration des
questions de genre dans tous les aspects de la vie privée et politique (au sens du « vivre
ensemble »).

Ces approches visent l’autonomisation des femmes par un processus d’acquisition « de


pouvoirs » tant au niveau individuel que collectif en offrant la capacité d’agir de façon
autonome et la capacité à s’organiser de façon collective aux femmes afin de faire porter
leur voix.

18.5. Impacts et durabilité

Les acquis du ProPFR sont considérés comme pérennes, car déjà institutionnalisés
grâce aux efforts des partenaires de mis en œuvre :

1. Plateforme de dialogue nationale : Forum national du Foncier (années 2019, 2020,


2021 et 2022) ;
2. L’Approche Systématique groupée ASG (internalisée par 11 mairies ainsi que par
les associations de maires : ADECOB et APIDA) ;
3. 27 PFR (validés par l’IGN et l’ANDF) ;
4. Cartographie participative (190 limites de villages validées par le MDGL) ;
5. Une « Charte Nationale des droits et devoirs des utilisateurs de la terre » portée
par le MAEP et la Chambre Nationale d’Agriculture pour une validation en conseil
des Ministres ;
6. L’Académie du Foncier (site internet : wwww.academiedufoncier.bj) ;
7. Chaine YouTube du ProPFR ;
8. Contenus digitalisés et diffusés (7 articles du CFD et 10 Brochures ODD) ;
9. SIFA: Site Internet de diffusion du Système d’Information Foncière et Agricole.
10. Huit (8) Guides / Manuels (dont 1 préfacé et signé par le Ministre du MDGL) :
- Guide du Maire « maitriser le foncier pour développer son terroir » ;

Etude sur l´historique de la Coopération Allemande dans le secteur agricole au Bénin


151
- Guide pratique du contrôle de la légalité des actes fonciers ;
- Guide méthodologique de réalisation de la cartographie participative ;
- Manuel de règlement alternatif des conflits fonciers ruraux ;
- Guide « Opérationnalisation et fonctionnement d’une CPC en matière de
gouvernance foncière » ;
- Guide « Opérationnalisation d’un Tribunal de Conciliation pour le règlement
des conflits fonciers ruraux » ;
- Guide d’archivage des documents fonciers dans les communes ;
- Guide de mise en place et de sécurisation foncière des parcs à Karité.

La stratégie de capitalisation nécessite de nombreuses activités. Certaines activités sont


déjà identifiées/formulées par un plan opérationnel qui suit une stratégie de mise en
œuvre (mise à jour en 2019) qui intègre déjà de nombreux aspects liés à la durabilité et
à la capitalisation. Par ailleurs, l’exercice de mise à jour du cadre logique du projet donne
des pistes complémentaires pour la formulation d’activités. Sept (7) activités sont
identifiées. Certaines sont déjà en cours, voire très avancées :

1) Extension géographique nationale de l’ASG (par le truchement de la puissante


ANCB – Association des Communes du Benin-) à des départements au-delà du
Borgou et de l’Alibori ; pour un plus grand volume de résultats en sécurisation
foncière et plus de données pour le cadastre de l’ANDF.
2) Focus sur la sécurisation des droits fonciers des producteurs GDT dans l’Alibori
sur 50 à 100 villages.
3) Appui à l’amélioration du cadre institutionnel visant l’accès à la terre sécurisée aux
éleveurs à travers le programme gouvernemental de sédentarisation de l’élevage
intensif.
4) Conventions locales : arrêtés communaux de reconnaissance, arrêtés
préfectoraux d’approbation sur les couloirs de passage.
5) Institutionnalisation du mécanisme de suivi des investissements agricoles
responsables (RSE) pour le champ 3 par l’Université de Parakou.
6) Introduction définitive et systématique du numérique dans les mécanismes et
circuits de traitement de l’information foncière et d’homologation des procès-
verbaux communaux (progiciel PeGES créé par le ProPFR).
7) Prise en main définitive du site Internet SIFA (observatoire du foncier agricole et
pastoral) par l’Université de Parakou.

La stratégie de capitalisation permet également, in fine, de formuler des acquis phares.


Ces acquis phares ne sont ni des « résultats », ni des « livrables » ou des « outputs ».
Ils vont au-delà, les acquis intègrent, positivement, des notions (acquises) de : Durabilité
/ pérennité (des résultats et des mécanismes leur ayant donné naissance), Mise à
l’échelle (si possible en dehors de la zone d’intervention du projet), Appropriation /
ancrage institutionnel (évidences de changements d’organisation et/ ou fonctionnement
des institutions partenaires). Ces trois notions sont fondamentales.

Etude sur l´historique de la Coopération Allemande dans le secteur agricole au Bénin


152
Le résultat de cette approche stratégique donne, à ce jour la formulation de 4 « acquis
phares » :
▪ Acquis 1 : Approche Systématique Groupée
▪ Acquis 2 : Gestion du pastoralisme en modèle NEXUS
▪ Acquis 3 : Modèle d’opérationnalisation des Tribunaux de Conciliation
▪ Acquis 4 : Charte Nationale sur la gouvernance foncière

18.6. Quelques témoignages des bénéficiaires de ProPFR

18.6.1 Acquis phare « Approche Systématique Groupée »

L’Approche Systématique Groupée (ASG) est un mécanisme de sécurisation foncière


rurale à grande échelle. Elle associe systématiquement la formalisation des droits
d‘usage (Contrat Types / CT) à la délivrance des droits de propriété (Attestation de
Détention Coutumière / ADC) et accroit la sécurisation des groupes vulnérables.

L’ASG a pour objectifs de mettre en place une approche de sécurisation des droits
fonciers des populations (propriété et usage) de façon systématique et groupée ; de
renforcer les capacités des communes/mairies dans la gestion foncière locale et enfin,
elle vise à contribuer à la prévention et à la gestion des conflits fonciers sur les terres
agricoles/rurales. Elle s’inscrit dans le cadre de la contribution à la mise en œuvre de la
politique foncière du Bénin et du Code Foncier et Domanial (CFD), assure une
sécurisation foncière à grande échelle (30 % des parcelles agricoles d’un village sont
sécurisées par le mécanisme ASG), contribue à la réduction des conflits fonciers en
milieu rural, facilite de la gestion et l’enregistrement des opérations de délivrance des
ADC et des CT par un système digitalisé (progiciel PEGes) développé spécialement par
le ProPFR et améliore l’accès aux crédits par des garanties foncières : les ADC.

Nom : Sinaïssiré Chérifatou


Fonction : Chargé de Programme / Ong Afrique Tendem
Localité : Parakou

« Je peux dire que notre participation à ce projet nous a été bénéfique. En effet, notre
ONG a été recrutée lors des phases 2 et 3 du projet au cours desquelles nous avons
opéré respectivement à Kalalé puis, à Kandi et Ségbana. Grâce à notre implication, le
personnel a bénéficié des renforcements de capacité sur l’utilisation de divers types de
GPS et sur beaucoup d’autres thématiques liées au foncier. Par ailleurs, beaucoup de
jeunes sans emplois de la région ont pu être recrutés pour accompagner le processus
de l’ASG durant ces périodes. En dehors de ces acquis, je peux dire qu’avec le ProPFR,
notre ONG a acquis de l’expertise dans la sécurisation foncière et, a pu aussi s’ouvrir à
d’autres partenaires internationales. Aujourd’hui des organisations professionnelles et
les mairies de la région sollicitent notre expertise en matière de sécurisation foncière. »

Etude sur l´historique de la Coopération Allemande dans le secteur agricole au Bénin


153
Nom : Goudi Aliou
Fonction : Directeur Affaires Domaniales et Environnementales/ Bembèrèkè
Localité : Bembèrèkè

« Nous avons, dans la commune de Bembèrèkè, bénéficié de beaucoup d’appuis en


termes de renforcement des capacités, en matière de la gestion et de la sécurisation
foncière et aussi en matériels aussi bien pour la mairie que pour les villages ciblés dans
le cadre de la mise en œuvre de l’ASG. Par ailleurs, le tribunal de conciliation, véritable
structure de gestion foncière a été dynamisée. Nous pouvons dire que la commune de
Bembèrèkè a pu, grâce à l’appui du projet, démarrer la sécurisation foncière avec l’ASG.
Les autres atouts majeurs sont d’une part, la mobilisation de ressources financière que
génère cette activité pour la commune et d’autre part la facilité qu’elle donne aux
populations bénéficiaires des ADC d’avoir des prêts auprès des banques. »

18.6.2 Acquis phare « Gestion du pastoralisme »

Le Modèle NEXUS de gestion du pastoralisme vise, entre autres, à promouvoir une


gestion intégrée du pastoralisme au Bénin, prévenir et gérer les conflits entre agriculteurs
et éleveurs, maintenir la paix sociale et la concorde civile, sécuriser le foncier (pour
investissements).

Nom : Sacca Léonce, 51 ans


Fonction : Socio-anthropologie et sociologue des ressources naturelles, directeur
exécutif du Groupe d’Etude et de Recherche sur l’Environnement et le Développement
(GERED)
Localité : Parakou

« Parmi les bénéfices inhérents à ce projet, nous pouvons retenir entre autres : le
processus de sédentarisation suivant un modèle qui ne bouscule pas les habitudes des
communautés ; la création et l’installation de l’association pastorale des agros éleveurs
avec à la clé la mise en place des organes de l’organisation ; les échanges avec le Haut-
commissaire à la sédentarisation ; l’appropriation du savoir-faire en la matière par les
acteurs y compris nous-mêmes qui les accompagnons ; les paquets technologiques et
pratiques mises en application : les mesures GDT, la production intensive de fourrage ;
une meilleure connaissance de la politique foncière et agro pastorale de l’Etat. Je retiens
enfin que le ProPFR a fait un travail remarquable qui apaise les différentes parties
prenantes et permet l’éclosion d’initiatives agro pastorale qui favorise le vivre-ensemble
dans l’utilisation des installations à mettre en place : couloirs de passage pour le passage
des troupeaux et leur accès facile aux aires de pâturage, les points d’eau et autres
nécessaires pour la vie communautaire. J’ai de très bonnes impressions sur le projet
comme vous l’entendez à travers mon discours. »

Etude sur l´historique de la Coopération Allemande dans le secteur agricole au Bénin


154
Nom : Mama Zakari Ismaïl
Fonction : géographe, agro sociologue, Consultant, expert en gestion et prévention des
conflits en lien avec la mobilité pastorale
Localité : Parakou

« Ce projet a apporté un plus déjà au niveau des communautés pastorales. Il a donné


un contour réel au concept de gestion pastorale : il a couvert 5 communes du Borgou et
a fait le point des infrastructures pastorales : aires de pâturage, couloirs de passage, etc.
Le projet a travaillé à mettre en place un modèle dans la démarche d’accompagnement
du gouvernement béninois à la sédentarisation des troupeaux avec la mise sur pied d’un
Haut-commissariat à la sédentarisation. C’est ainsi qu’il a mis en place le modèle nexus
pastoralisme en pleine expérimentation dans la commune de Tchaourou qui ne bouscule
pas les habitudes des éleveurs. Je suis très satisfait de l’expérience dont la capitalisation
induira des avancées notables dans la promotion de la sédentarisation dans la sous-
région Il répond aux besoins essentiels des communautés. Les populations comprennent
le rôle de la sécurisation foncière et les enjeux derrière la propriété foncière. Le ProPFR
laisse des traces indélébiles qui ne seront pas affectées par la fin annoncée du projet ou
de la GIZ. C’est déjà un point très positif. »

18.6.3 Acquis phare « Charte Nationale de la gouvernance foncière »

C’est un document de politique qui comporte 6 sous chartes et 24 Principes.


Elle est une innovation de la GIZ avec les partenaires de « traduction » des Directives
Volontaires de la FAO (VGGT) en réalités béninoises. Actuellement en étude pour
validation en conseil des ministres.

Nom : Chabi China Lionel Arnaud


Fonction : Secrétaire Général/Chambre Nationale d’Agriculture du Bénin
Localité : Cotonou

« La Chambre a croisé le chemin du ProPFR sur une thématique qui mobilise les acteurs
du secteur agricole. Il s’agit de la gestion du foncier au Bénin en l’occurrence l’élaboration
de la « Charte Nationale des Droits et Devoirs des utilisateurs de la terre et du foncier ».
Je trouve ce processus très exaltant et très intéressant. J’ai beaucoup apprécié la
collaboration, la flexibilité et le professionnalisme des responsables de ProPFR. C’est
pour nous une très bonne expérience. »

Nom : Prof. Baco Mohamed Nasser


Fonction : Directeur/Laboratoire Société et Environnement – Vice-Recteur UP
Localité : Parakou

« Pour l’universitaire que je suis, le premier bénéfice tiré de ce partenariat est d’abord la
contribution à développer de nouvelles connaissances dans le domaine du foncier et,
l’utilisation desdites connaissances dans les recherches sur le foncier, les questions de
la sécurisation foncière, de l’intégration du genre dans le foncier, de la prise en compte
des mobilités et des migrations dans le foncier, tout ceci en lien avec les activités
agricoles… Nous avons pu mener des recherches scientifiques sur ces questions, former
Etude sur l´historique de la Coopération Allemande dans le secteur agricole au Bénin
155
des étudiants en master et même en thèse qui ont travaillé sur le foncier. Nous avons
également accompagné différents processus de mobilisation des acteurs sur le foncier.
Par ailleurs, l’implication du Laboratoire Société et Environnement de l’Université de
Parakou par le ProPFR, dans le processus d’élaboration de la Charte sur le foncier rural
a été déterminant pour l‘aboutissement de ce chantier. Pour le processus de validation,
nous avons pu conduire la mobilisation de tous les acteurs concernés : les acteurs de la
société civile, de la recherche, les élus locaux, les ONGs… Nous pensons que le
processus a été très bien conduit, dans une démarche très inclusive, très participative. »

20. Projet de Sécurité Alimentaire et Renforcement de la


Résilience (ProSAR)

Commettant : Ministère fédéral allemand de la Coopération économique


et du Développement (BMZ)
Zone d’intervention : Atacora
Organisme de tutelle : Ministère de l’Agriculture, de l’Elevage et de la Pêche (MAEP)
Groupes cibles : 30 000 Femmes à l’âge de procréer (FAP), 10 000 enfants de
six à 23 mois
Durée d’exécution : 1.9.2015 – 31.12.2023

Le Bénin est l’un des pays de l’Afrique dont la majeure partie de la population rurale fait
face aux problèmes de sécurité alimentaire.
Le manque de diversité alimentaire est observé chez les ménages en dépit de la
disponibilité des denrées alimentaires et de l’accès aux produits agricoles. Il n’est pas
rare de constater que la consommation des ménages se réduit à quelques groupes
d’aliments.

Dans l’Atacora, département du Bénin, il a été constaté que 3/4 des enfants de moins de
2 ans n’ont pas accès à une alimentation optimale (selon les standards internationaux).
Selon une enquête nationale menée par l’AGVSA (Analyse globale de la vulnérabilité et
de la sécurité alimentaire) en 2017, 9,6 % des ménages sont en situation de grande
vulnérabilité alimentaire sur le plan national. La région du nord-ouest du pays est la plus
touchée avec 24 % des ménages concernés dans l’Atacora.

Notons qu’une mauvaise alimentation est un frein à la croissance et au développement


chez les enfants et les femmes. Les causes de la malnutrition et de la sous-alimentation,
sont le manque de connaissances et d’accès à une alimentation variée, mais aussi et
surtout l'insuffisance de la diversité alimentaire chez les mères et les enfants, le mauvais
comportement hygiénique et la faible connaissance sur les pratiques culinaires,
appropriées.

Cela engendre des déficits en vitamines et minéraux et à un impact néfaste sur la santé
des femmes en âge de procréer, chez les mères mais aussi chez les enfants en bas

Etude sur l´historique de la Coopération Allemande dans le secteur agricole au Bénin


156
âges. Les besoins en micronutriments sont particulièrement élevés, au cours des
premières années de développement et les carences affaiblissent le système
immunitaire, ce qui entraîne une plus grande vulnérabilité aux maladies infectieuses. En
plus de l'amélioration de la sécurité alimentaire, une bonne hygiène et une alimentation
diversifiée sont essentielles dans la lutte contre la malnutrition.

Malgré les actions déjà mise en place au Bénin à travers divers programme de lutte
contre la faim, la question de l’alimentation des femmes et des nourrissons semble
toujours être une problématique non résolue. Les ménages ruraux sont deux fois plus
touchés que les ménages des centres urbains.

Les femmes sont souvent responsables de l'entretien du ménage et de la famille, mais


elles n'ont cependant qu'un accès limité aux ressources de production, telles que les
terres agricoles fertiles, le bétail, les crédits et les services (p. ex. conseils agricoles,
adhésion à des coopératives). Ce sont majoritairement les hommes qui décident de
l'utilisation des revenus du ménage. Outre la disponibilité et l'accès aux ressources
alimentaires, la composition de la nourriture reste insuffisante.

Ainsi, en vue d’améliorer la situation nutritionnelle des personnes vulnérables à la


malnutrition, en particulier les femmes en âge de procréer (15-49 ans) et les jeunes
enfants (6-23 mois), le projet ProSAR a vu le jour le 1er septembre 2015.

Son périmètre s’étendra sur sept communes parmi les neuf communes de l’Atacora. Le
projet aura pour objectif l’amélioration de la situation nutritionnelle de 30 000 femmes en
âge de procréer (15-49 ans), comprenant également les femmes enceintes et les mères
allaitantes, ainsi que de 10 000 enfants en bas âge (6-23 mois) vulnérables à la
malnutrition. Ainsi, pour atteindre cet objectif, les indicateurs suivants ont été définis :

Indicateur 1 :

La diversité des aliments des 30 000 femmes en âge de procréer (15 à 49 ans) et
vulnérables à l’insécurité alimentaire dans les départements de l’Atacora soutenues par
le projet s’est améliorée selon IDDS (Individual Dietary Diversity Score).

Indicateur 2 :

La proportion de 10 000 jeunes enfants (6 à 23 mois) dans le département de l’Atacora


recevant une fréquence et une diversité de repas adéquates selon le régime alimentaire
minimum acceptable (MAD) a augmenté respectivement de 10 % et 15 %

Indicateur 3 :

Le Conseil National de l’alimentation et de la Nutrition est renforcé par le soutien du


projet, dans sa fonction de coordination multisectorielle des actions de la nutrition par les
points suivants :

• 2 des 4 recommandations du protocole de la conférence de Possotomé (août


2017) sur la sécurité alimentaire ont été mises en œuvre.
• L’organe de coordination pour la sécurité alimentaire d’Atacora est fonctionnel et
a une vision de sécurité alimentaire validée par tous les membres.

Etude sur l´historique de la Coopération Allemande dans le secteur agricole au Bénin


157
• Dans 5 communes d’intervention sur sept, au moins trois mesures de sécurité
alimentaire sont prévues et budgétisées dans le plan d’investissement annuel
(PAI).
Par ailleurs, il est attendu que d'autres membres du ménage bénéficient des
changements de comportement souhaités en matière d'alimentation des femmes et des
jeunes enfants, d'autant plus que les belles-mères et les maris sont également impliqués
dans les activités de sensibilisation. En considérant une moyenne de 7,5 personnes par
foyer, cela représenterait 110 000 personnes supplémentaires soit 20 % de la population
totale de la zone étudiée.

D’une manière plus générale, le ProSAR s’appuie sur une approche systémique en
promouvant les collaborations et synergies multisectorielles du niveau micro au niveau
macro. Avec le Ministère de l’Agriculture et de la Pêche (MAEP) comme ministère de
tutelle et le Secrétariat Permanent du Conseil National de l’Alimentation et de la Nutrition
(SP-CAN) comme partenaire opérationnel, le ProSAR travaille aussi étroitement avec le
Ministère de la Santé (MS), le Ministère des Affaires Sociales et de la Microfinance
(MASMF) et les autorités préfectorales de l’Atacora, ainsi que tous les Services
Déconcentrés de l’Etat (SDE) et les Mairies des 7 communes d’interventions.

20.1. Quelques témoignages des bénéficiaires de ProSAR

20.1.1. Acquis phare « Approche par cascade »

Depuis des années, la situation alimentaire au Bénin est précaire et les ménages ruraux
dans le nord du pays sont particulièrement touchés par la sous-alimentation et la
malnutrition. Souvent, ce sont les femmes qui doivent assurer l’approvisionnement des
ménages et subvenir aux besoins de la famille. Cependant, elles n’ont qu’un accès limité
aux ressources de production, telles que les terres arables, les animaux, le crédit ou les
services (conseils agricoles et participation aux coopératives). Par ailleurs, elles n’ont
que peu d’influence sur l’utilisation des revenus du ménage. Le Projet de Sécurité
Alimentaire et Renforcement de la Résilience (ProSAR) s’est alors donné pour mission
d’améliorer la situation alimentaire et nutritionnelle des personnes faisant face à
l’insécurité alimentaire, en particulier des femmes en âge de procréer (FAP) et des jeunes
enfants dans les communes Natitingou, Toucountouna, Tanguiéta, Kérou, Kouandé,
Boucoumbé et Péhounco du département de l’Atacora. Pour mener à bien cette mission,
une nouvelle approche en cascade a été introduite en 2019 pour une meilleure interaction
avec le groupe cible, les FAP. Cette approche permet d’assurer le transfert de
connaissances aux femmes en âge de procréer (FAP).

L’approche Cascade consiste en un système qui se déroule en plusieurs étapes.


Premièrement, les animateurs des ONG partenaires (Croix Rouge Bénin et BUPDOS
ONG) sont formés sur la SAN (sécurité alimentaire et de la Nutrition) sous la supervision
des Agents Communaux de Développement (ACD) de ProSAR GIZ. Deuxièmement, ces
animateurs assurent la formation des relais communautaires (mise en place par le projet)
dans les villages d’intervention. Les relais communautaires bien outillés, se chargent de
former les volontaires dans leurs villages respectifs. Les volontaires, enfin, sont
responsables des interventions au niveau des ménages et travaillent avec les Femmes
Etude sur l´historique de la Coopération Allemande dans le secteur agricole au Bénin
158
en âge de procréer (FAP) sur les différentes thématiques relatives à la SAN comme :
ANJE (alimentation du nourrisson et jeune enfant), alimentation de la femme, l’hygiène
etc.

Figure 1 : Approche en cascade

Dans ce dispositif de l’approche cascade, chaque animateur a sous sa responsabilité, en


moyenne dix-sept (17) villages à encadrer. Chacun des villages, dispose de deux (2)
Relais communautaires qui encadrent à leur tour cinq (5) volontaires chacun. Au niveau
des ménages, un volontaire a la charge d’accompagner 10 à 14 FAP.
Cette approche est considérée comme un acquis phare, car il s’agit d’une méthode de
travail propre à ProSAR et qui a été proposée par l’unité de coordination à la suite de la
mission de modification de l’offre de ProSAR au BMZ en 2018. Parmi tous les projets du
programme mondial SEWOH, seul le Bénin a adopté cette approche. Grâce à cette
approche :
- Les ressources humaines à tous les niveaux de la cascade sont renforcées ce qui
permet d’atteindre un groupe cible de plus de 30 000 FAP et leurs enfants. Le
projet dispose à son actif de 546 Relais Communautaires avec plus de 2 700
Volontaires et plus de 32 000 FAP réparties dans 272 Villages des sept (7)
communes d’interventions dont le niveau de connaissances en bonne pratique
alimentaires et de la Nutrition a été renforcé.
- Le niveau d’apprentissage est adapté aux différents acteurs (relais, volontaires,
FAP) ce qui permet une meilleure compréhension et des connaissances acquises
sur la Sécurité Alimentaire et de la Nutrition (SAN). Le ProSAR forme les Agents
Communaux de Développement (ACD) et les animateurs des ONG prestataires
Bupdos et Croix Rouge Bénin sur la nutrition, l’hygiène et l’alimentation. Un guide
de formation est développé et disponible à cet effet pour les animateurs. Chaque
relai communautaire et volontaire dispose d’un coffret de matériel didactique qui
contient les différents outils de communication comme des photos ainsi qu’une
fiche technique. Les sensibilisations durent entre 15 et 20 minutes. Outre les

Etude sur l´historique de la Coopération Allemande dans le secteur agricole au Bénin


159
visites à domicile, des démonstrations culinaires ont lieu dans tous les villages
chaque mois. Entre 30 et 35 femmes participent aux démonstrations culinaires.
- Le savoir sur la SAN est ancré dans la communauté, ce qui garantit la durabilité
du projet. Selon l’enquête « Output Assessment 2022 », le pourcentage de FAP
ayant un niveau élevé de connaissances s’est accru dans les 7 communes
passant de 46 % en 2020 à 68 % en 2022.
- L’approche en cascade facilite, à travers son réseau, le suivi et l’évaluation au
niveau communautaire. Cette approche a été une réussite irréfutable pour
ProSAR pendant la période de crise sanitaire. En effet, bien que les activités
étaient au ralenti ou quasiment arrêtées, cela n’a pas été le cas pour ProSAR
grâce à l’approche cascade qui ne demandait aux volontaires que de rencontrer
individuellement leurs FAP, cibles du projet. L’approche a permis de continuer les
sensibilisations des FAP durant la pandémie COVID-19 en respectant les mesures
de distanciation et d’hygiène.
Le principal défi de cette approche en cascade consiste à maintenir sur du long terme le
rôle des intermédiaires (relais communautaires et volontaires) jusqu’à la fin du projet
voire même au-delà. Bien que cela soit une activité bénévole, une motivation pour les
encourager dans leur activité quotidienne de bénévolat est nécessaire. Aussi, faut-il
ajouter que chaque trimestre, ProSAR à travers ses ONG prestataires verse un montant
forfaitaire de 22 500 FCFA à chaque relai communautaire et un montant de 8 500 FCFA
à chaque volontaire. Pour assurer la durabilité et la pérennisation de cette approche et
des actions SAN au sein de la communauté, ProSAR avec le concours de ses ONG
prestataires, ont mis en place un Comité Villageois de la Sécurité Alimentaire et de la
Nutrition (CVSAN) dans chacun des 272 Villages.
Ce sont les communautés elles-mêmes qui ont fait le choix des représentants de ces
comités SAN et du type d'activités à mener ainsi que leur périodicité. Dans la plupart des
villages concernés, le choix s’est porté sur le chef de village comme président du CVSAN
puis les membres composés par les relais communautaires, les volontaires et les FAP.
On dénombre en moyenne 10 personnes membres par CVSAN. Les activités des
CVSAN sont supervisées et encadrées par les membres des CCCSAN (Cadre de
Concertation Communal de la Sécurité Alimentaire et de la Nutrition) présidé par le Maire
de la Commune et dont les membres inclus tous les acteurs communaux de la Sécurité
Alimentaire et de la Nutrition, y compris les organisations de la société civile et les
partenaires techniques et financiers.
La planification et la capitalisation des bonnes pratiques en matière de Sécurité
Alimentaire et de la Nutrition au niveau des CCCSAN est assurée par le CDSAN (Cadre
Départemental de Sécurité Alimentaire et de la Nutrition) présidé par le Préfet du
département, appuyé par la coordination régionale du Conseil d’Alimentation et de la
Nutrition (CR-CAN) de l’Atacora. Ainsi, la chaine de responsabilité du niveau macro au
niveau micro est créée : SP-CAN -> CD-SAN -> CCC-SAN -> CV-SAN. L’approche en
cascade, a permis de dépasser le groupe cible visé. Grâce à cette approche, plus de 32
000 FAPs ont été formées et suivies.
De manière concrète, les activités réalisées sont : des sensibilisations mensuelles des
FAP aux bonnes pratiques alimentaires, nutritionnelles et hygiéniques lors des Visites à
Domicile (VAD) par des volontaires, des démonstrations culinaires mensuelles incluant
la fabrication de farines enrichies organisées par petits groupes et le dépistage trimestriel
des enfants dans les Centres de Santé Communaux (CSC) pour assurer leur suivi
Etude sur l´historique de la Coopération Allemande dans le secteur agricole au Bénin
160
nutritionnel et la référence aux Centres Nutritionnels Ambulatoires (CNA) ou Centres
Nutritionnels Thérapeutiques (CNT), suivant le degré de malnutrition.
En matière d’accès aux aliments, la promotion des jardins de case, des plantes à haute
valeur nutritive et des produits agricoles riches en éléments nutritifs ont apporté de la
diversité et les conseils en transformation des produits ont amélioré la quantité et la
qualité de l’alimentation au niveau des ménages.

Le renforcement des SDE (Services Déconcentrés de l’État) passe à travers des conseils
d’experts prodigués aux SDE des différents secteurs, la prise en charge du personnel
des SDE (Centres de Promotion Sociale (CPS) ; Services du Développement Local et
de la Planification (SDLP), points focaux nutrition des Mairies et la préfecture) à la
Formation Internationale en Nutrition et Sciences Alimentaires (FINSA), l’appui en
matériel aux CPS et à certains Centre de Santé, Centre Nutritionnel Ambulatoire (CNA)
et Centre Nutritionnel Thérapeutique (CNT) pour les démonstrations culinaires et les
dépistages. De plus, le renforcement des capacités des organes de coordination au
niveau local et régional ainsi que la mise en place du Score d’Intégration de la Sécurité
Alimentaire et Nutritionnelle (SISAN) dans le Plan Annuel d’Investissement (PAI) et le
Plan de Développement Communal (PDC) visent à promouvoir l’appropriation de la
thématique au niveau de tous les acteurs du développement local et l’intégration de la
Sécurité Alimentaire et Nutritionnelle (SAN), de manière transversale, dans les activités
des communes de l’Atacora.

Nom : Yoro Sahi Edith


Fonction : Volontaire communautaire de ProSAR
Localité : Toucountouna

« Avec ProSAR, j’ai été formée à la sensibilisation des femmes. Grâce au projet, les
femmes qui jadis, préféraient accoucher à la maison ont commencé par le faire à l’hôpital
limitant ainsi les risques de mortalités chez la mère et l’enfant. Elles ont également
commencé par fréquenter de plus en plus les CP et grâce aux conseils qu’elles
recevaient, la malnutrition a baissé. Les nourrices et les femmes enceintes ont
commencé à comprendre l’importance du premier lait et de l’allaitement maternel. Je
remercie infiniment le ProSAR pour le travail effectué. Il faudrait poursuivre le travail
commencé pour que celles qui n’ont pas eu l’occasion de suivre les formations puissent
aussi apprendre et appliquer les acquis. »

Nom : Kassa Gilbert


Fonction : Relais communautaire de ProSAR
Localité : Toucountouna

« Avec le projet, on a appris beaucoup de choses dont les 3 groupes d’aliments (aliments
de force, de croissance et de protection) ; suite aux sessions de formations organisées
par le projet, l’allaitement maternel a été adopté avec l’utilisation du premier lait, la
malnutrition qui existait à Toucountouna est maintenant de l’histoire ancienne et,
l’hygiène alimentaire et du cadre de vie se sont beaucoup améliorés dans la commune.
On a appris aux femmes à cuisiner grâce à des sessions de démonstrations culinaires

Etude sur l´historique de la Coopération Allemande dans le secteur agricole au Bénin


161
avec les légumes locaux, les céréales et la propreté du cadre de vie. Les avantages du
projet à Toucountouna sont nombreux. Les accouchements à domicile ont cessé. »

Nom : Bio Yaro Yessoufa


Fonction : Agent Communal de Développement (ACD), agro nutritionniste
Localité : Péhunco

« En tant que point focal du projet pour la coordination des activités du projet dans la
commune, je fais le lien avec les autres secteurs présents dans la commune de Pehunco
pour une meilleure prise en compte de la nutrition et de la sécurité alimentaire au niveau
des secteurs comme la santé, l’administration, l’agriculture, etc. Avec l’intervention du
projet et l’approche cascade développée, beaucoup de choses ont changé dans la
communauté de Péhunco dont, entre autres : la formation de l’ACD qui à son tour, forme
les relais communautaires dans les villages qui transmettent à leur tour les compétences
aux volontaires qui font du porte-à-porte et, sensibilisent les femmes dans les villages ;
les femmes discutent davantage avec les volontaires de leurs problèmes et reçoivent des
conseils et assistances si ce n’est des séances de démonstration culinaires qui montrent
aux cibles comment prendre en compte les 3 catégories ou groupes d’aliments (force,
protection et croissance) dans la préparation des plats comprenant les produits de leurs
jardins de case. »

20.1.2. Acquis phare « L’Outil SISAN (Score Intégré de la Sécurité


Alimentaire et de la Nutrition) »

Le SISAN est un outil mis en œuvre par l’Association des Communes de l’Atacora et de
la Donga (ACAD) et initialement co-financé par le projet AMSANA (Appui Multisectorielle
à la Sécurité Alimentaire et Nutritionnelle dans l’Atacora) de Enabel, et le projet ProSAR
de GIZ depuis 2017. Le projet AMSANA étant venu à terme depuis 2020, le projet
ProSAR a poursuivi l’appui du SISAN, porté par ACAD, avec la Coordination Régionale
Atacora-Donga du Secrétariat Permanent de Conseil d’Alimentation et de la Nutrition
(SP/CAN). Cet outil a pour objectif de mesurer le degré de prise en compte de la SAN
dans les documents de planifications communales que sont le Plan de Développement
Communal (PDC) et le Plan Annuel d’Investissement (PAI) des communes des
départements de l’Atacora et de la Donga. De plus, le SISAN est un outil d’aide à la
décision et permet de capitaliser le processus de prise en compte de la SAN dans les
documents de planification, de visualiser les résultats de l’intégration de la SAN dans le
processus de planification (Diagnostic et Budgétisation) et de suivre la mise en œuvre
des actions SAN planifiées dans les PDC et PAI. Le SISAN est opérationnel et sera utilisé
dans l’évaluation des PDC3 et l’élaboration des PDC4 par les équipes préfectorales de
l’Atacora et de la Donga. L’affinement de cet outil pour son internalisation et vulgarisation
au niveau de tous les acteurs (départementaux, nationaux) de la SAN, est en cours de
réalisation sous l’accompagnement technique et financier du projet.

Le SISAN s’utilise au cours de l’élaboration des PDC (lors du diagnostic et de la


budgétisation) avec, dans un premier temps, l’usage d’outils bureautiques simples
(supports d’animation et Excel) pour caractériser le degré d’intégration de la SAN au

Etude sur l´historique de la Coopération Allemande dans le secteur agricole au Bénin


162
même titre que les autres thématiques par une approche participative, inclusive et
scientifique (recherche documentaire, analyse SWOT (Strengths, Weaknesses,
Opportunities and Threats), composantes, domaines de questionnement). Après les
différentes étapes de validation de l’outil SISAN sous cette forme et en prélude à sa
présentation au niveau national, il a été digitalisé afin de faciliter son exploitation. Cette
digitalisation prend en compte :

- La conception d’un programme informatique intégré à l’un au moins des différents


outils de planification, de budgétisation, d’évaluation et de suivi des documents
stratégiques, de politiques au niveau communal
- L’intégration des spécificités de la thématiques SAN dans la planification, la
budgétisation, le suivi, l’évaluation des documents de planification ;

- L’adaptation, dès le début, à une utilisation sur l’ensemble du territoire national ;


- L’élaboration d’un guide d’utilisateur du logiciel (version word, pdf et papier).
A titre d’exemple, au terme de l’analyse du diagnostic du PDC3 avec cet outil, il en ressort
que la SAN a été prise en compte à environ 75 % dans les PDC3 à l’exception de celle
de Kouandé qui présente un taux de 48 %. Le taux le plus élevé est enregistré à Bassila
et Matéri (84 %). On remarque que la prise en compte de la SAN est plus élevée dans la
programmation pour 10 des 13 communes de l’Atacora-Donga. Par ailleurs, suivant les
piliers, l’utilisation est la mieux prise en compte (79 %), viennent ensuite la disponibilité
(78 %), l’accessibilité (71 %) et la stabilité (69 %) avec toutefois quelques spécificités
d’une commune à l’autre.

Nom : Adedi Abdoul Aziz


Fonction : Directeur exécutif de l’Association des Communes de l’Atacora et de la Donga
Localité : Natitingou

« L’ACAD voulait travailler dans les questions de sécurité alimentaire avec les
partenaires techniques et financiers dans les 2 départements. Avec ProSAR, nous avons
été accompagnés. Nous avons signé une convention et instauré un cadre de concertation
entre les acteurs. Nos actions avec le ProSAR ont impacté toutes les communes de
l’ACAD et permis de travailler sur les PAI, les PDC de toutes les communes pour
apprécier le niveau de prise en compte des thèmes sur la nutrition et la sécurité
alimentaire dans les documents de planification communaux. Aujourd’hui, grâce au
ProSAR, un cadre de concertation des acteurs intervenant dans les 2 départements a
été mis en place. Ceci a engendré la synergie dans les actions, il y a plus de visibilité de
l’ACAD et de ses actions, des renforcements de capacité au profit de tous les acteurs et,
l’élaboration du SISAN avec l’appui des autres intervenants dans les 2 départements.
Nos impressions sont bonnes et nous sommes très satisfaits. La prise en compte des
questions de nutrition et de sécurité alimentaire dans les documents de planification dans
toutes les communes (même celles qui n’étaient pas dans le ProSAR) est aujourd’hui un
acquis. Les communes financent facilement aujourd’hui ces thématiques sans appui
extérieur. »

Etude sur l´historique de la Coopération Allemande dans le secteur agricole au Bénin


163
Nom : Tassou Isdine,
Fonction : Chef Service Planification et Aménagement du Territoire (CSPAT), Préfecture
Natitingou, Point focal ProSAR
Localité : Natitingou

« Le Score d’intégration de la sécurité alimentaire nutritionnel (SISAN) est un outil


important que nous avons acquis grâce à ProSAR qui reste pour la Préfecture de
Natitingou, un partenaire privilégié.
Nous avons, outre cet outil, bénéficié de plusieurs appuis aussi bien techniques que
financiers dans le cadre de l’élaboration des documents de planification : Plan de
développement des communes ou PDC ; de la tenue des cadres de concertation en
sécurités alimentaire et nutritionnel (CCSAN) dans sept (7) communes sur neuf (9) du
département de l’Atacora avec l’appui technique et financier du ProSAR. Ces cadres de
concertations regroupent tous les acteurs déconcentrés et des ONGs locales. Nous
gardons une très bonne impression du ProSAR. Grâce aux outils mis à la disposition des
acteurs du développement, les indicateurs nutritionnels du département sont bien suivis.
Nos indicateurs alors au rouge au niveau de la malnutrition ont progressé et s’améliorent.
La préfecture et les différents acteurs prennent déjà en charge financièrement et
techniquement les questions liées à la nutrition dans les PDC et leurs activités. Ce qui
est une avancée importante. Nous nous positionnons déjà sur la capitalisation des acquis
pour assurer la relève à l’échéance du projet. »

20.1.3. Acquis phare « La promotion des jardins de case et des Plantes


Alimentaires Pluriannuelle (PAPA) à haute valeur nutritive »

Le Projet de Sécurité Alimentaire et Renforcement de la Résilience (ProSAR) s’est donné


pour mission d’améliorer la situation alimentaire et nutritionnelle des personnes faisant
face à l’insécurité alimentaire, en particulier des femmes en âge de procréer et des
jeunes enfants dans les communes de Natitingou, Toucountouna, Tanguiéta, Kérou,
Kouandé, Bokoumbé et Péhunco du département de l’Atacora. Pour mener à bien cette
mission, l’une des stratégies adoptées, est le renforcement des capacités des ménages
à diversifier leur alimentation en utilisant les plantes à haute valeur nutritive. Ce faisant,
la disponibilité, l’accessibilité économique, la stabilité et la consommation d’aliments
variés seront améliorées. Cette stratégie vise aussi à promouvoir une alimentation saine,
nutritive et durable pour tous.

Les plantes pluriannuelles telles que le baobab, le moringa, le papayer, le néré sont par
ailleurs très résistantes aux conditions environnementales difficiles. Un effet secondaire
du projet est ainsi le renforcement de la résilience face aux défis du changement
climatique. C’est dans cette optique et en souhaitant inclure également les pères aux
seins des ménages dans les activités liées à la SAN, que le ProSAR a entrepris une
activité de promotion des Plantes Alimentaires Pluriannuelles et à haute valeur
Alimentaires (PAPA). L’objectif de cette initiative, est de permettre aux ménages ruraux
des communes appuyées par le ProSAR, dans le département de l’Atacora, de disposer
tout au long de l’année, d’une source d’aliments riches en nutriments à proximité de leur
maison (Annexe 3 : Factsheet sur les PAPA).

Etude sur l´historique de la Coopération Allemande dans le secteur agricole au Bénin


164
Les jardins de case, sont des initiatives promues par le ProSAR, pour domestiquer les
PAPA. Les particularités des jardins de cases de ProSAR, sont :
1) Les jardins sont situés à moins de 200 mètres de la maison,
2) Ils occupent une superficie de l’ordre de 4 mètres carrés,
3) On y trouve au moins deux des plantes de baobab, de moringa, de papayer, et/ou
d’autres espèces fruitières.
Les produits de ces jardins de cases sont principalement destinés à la consommation du
ménage. Il s’agit de jardins écoles grâce auxquels les ménages apprennent de nouvelles
recettes riches en nutriments à base de PAPA. Un recueil de recettes et un manuel de
démonstrations culinaires sont élaborés et disponibles à cet effet. Ainsi, au moyen de
l’enquête à mi-parcours du projet visant à documenter et analyser les progrès
supplémentaires dans l'amélioration de la situation alimentaire et nutritionnelle des
groupes cibles, il est à retenir que les ménages des FAP ayant un jardin de case
consomment plus d'un groupe d’aliments et la consommation des feuilles vertes a
augmentée de 75 % pour les femmes interviewées. Par ailleurs, l’enquête a aussi
confirmé que l’accès aux jardins augmente le régime et la diversité alimentaire des
enfants, d’une part, et la diversité alimentaire des femmes en âge de procréer soutenues
par le projet, de l’autre.
En plus des PAPA, le ProSAR a fait aussi la promotion des lentilles vertes (mung beans)
et des patates douces à chaire orangée. Le ProSAR, ayant mis à disposition des FAP
du projet un (1) kg de lentilles vertes (mung beans), a permis d’avoir un effet positif sur
la situation de la Nutrition des FAP et les semences sont gérées automatiquement
chaque année par les bénéficiaires, de manière durable. Au total, entre 2019 et 2021, le
ProSAR a offert plus de 11 600 pieds de Baobab (1 400 pieds), de moringa (4 800 pieds),
de papayer Solo (4 200 pieds), de glycérie (600 pieds) et de néré (600 pieds) aux FAP
du projet (Figure 2 ci-contre). Au total, dans les 272 villages d’interventions du projet,
ProSAR dénombre en 2022, plus de 13 516 jardins de cases actifs, ce qui fait un
pourcentage de plus de 42 % des 32 000 FAP, qui ont un jardin de case.

Figure 2 : PAPA distribué par le ProSAR

PAPA distribués par le ProSAR


6000 5600

5000

4000 3400
2800 2800 2600
3000

2000 1400 1400


600 600 800 600 600
1000
0 0 0 0 0
0
Moringa Papayer solo Glyceria Baobab Nere Total

2019 2020 2021

Etude sur l´historique de la Coopération Allemande dans le secteur agricole au Bénin


165
Le défi à relever pour cet acquis phare concerne la disponibilité des aliments et l’entretien
des jardins sur l’ensemble de l’année. Bien que cette pratique de mise en place et du
maintien des jardins de case est ancrée dans les habitudes des FAP, elles éprouvent
des difficultés pour leur entretien pendant la saison sèche. Une stratégie du projet pour
les inciter à l’entretien et l’installation des jardins de case a été d’organiser, en 2021, un
concours de jardins de case avec l’implication des chefs de villages et des mairies. Au
terme de ce concours, les dix (10) meilleurs villages de chacune des sept (7) communes
d’interventions du projet furent primées avec du matériel (marmites, bassines, louches,
plateaux, bâches de séchages, nattes et semences) pour la cuisson des aliments du
jardin de case et pour les démonstrations culinaires à base de produits locaux. La mise
en place des CVSAN présidés par les chefs de villages et composés des relais
communautaires et des volontaires du projet est aussi une des stratégies mise en place
par le projet pour assurer la promotion des jardins de case et des plantes à hautes valeurs
nutritives dans les communautés. Au titre de l’année 2022, plus de 2 720 plants de
corossoliers et citronniers ont été offerts aux CVSAN pour la promotion des arbres
fruitiers au sein de la communauté.

Nom : Aloi Arsène


Fonction : Chef du centre de promotion sociale de Kouandé,
Localité : Kouandé

« Nous retenons de notre partenariat avec ProSAR plusieurs acquis dont entre autres :
une série de renforcements de capacité en matière de sécurité alimentaire et
nutritionnelle ; le développement de la petite enfance… Ce qui nous a conféré beaucoup
de compétences. Nous avons également organisé des sessions de formation et de
démonstrations culinaires ou prise en charge des enfants malnutris aigus, sévères. Le
ProSAR nous a permis de renforcer les capacités de la communauté sur l’approche
cascade qui a touché les ACD, les relais communautaires, les volontaires et les femmes
en âge de procréer, les femmes enceintes et les mères d’enfant. Toute chose qui permet
de prévenir la malnutrition. Ici chez nous, il y a eu également les jardins de case avec la
dotation de petits équipements et de semences aux femmes pour installer leur jardin. En
termes de semences, on a la tomate, la vernonia, le crincrin, le gombo, le piment,
l’aubergine etc. puis des plantes alimentaires pluriannuelles (PAPA) qui permettent de
faire de la récupération des malnutris et de faire de la démonstration culinaire. Nous
avons aussi bénéficié de matériel roulant pour les animations dans les villages et de
pouvoir mener des « opérations villes propres ».

Nom : Mama Gogue Ossilatou


Fonction : Relais communautaire,
Localité : Péhounco

« En tant que relais communautaire, j’ai tiré beaucoup de bénéfices et d’avantages du


projet. C’est énorme ce que j’ai gagné ainsi que ma communauté. Aujourd’hui, beaucoup
de choses ont changé chez nous sur le plan de la sécurité alimentaire et nutritionnelle.
Au niveau de l’alimentation, les femmes ont compris qu’il faut produire soi-même et
Etude sur l´historique de la Coopération Allemande dans le secteur agricole au Bénin
166
consommer local. A cet effet, des sessions de démonstration culinaire organisées à
l’intention des femmes, ont permis de faire de l’autoconsommation en utilisant ce qu’elles
produisent elles-mêmes, les produits de leur jardin de case comprenant les feuilles
fraiches de baobab qu’elles ont appris à planter grâce au projet ainsi que les autres
légumes locaux de leur jardin potager. Dans nos villages aujourd’hui, le premier lait n’est
plus jeté, ce qu’on refusait aux enfants leur est donné (œuf, viande, etc). Notre
communauté connaît désormais les 3 catégories d’aliments (force, protection et
croissance) qu'il est important d’avoir dans ses repas. Personnellement, j’ai appris
beaucoup sur l’hygiène et j’arrive à bien entretenir ma maison et mes enfants se portent
mieux que par le passé. »

20.2. Impact général de ProSAR


Un suivi continu des interventions du projet et des évaluations intermédiaires régulières
ont permis de documenter plusieurs changements positifs apportés par le projet. De
façon générale le projet apporte une contribution positive aux bénéficiaires en termes de
nutrition, d’hygiène et de santé en augmentant la résilience des ménages en période de
crise.

Du point de vue de l’amélioration du statut nutritionnel des bénéficiaires, les indicateurs


pour le groupe cible, ont été significativement meilleurs que les valeurs du groupe de
femmes qui n’a pas été pris en compte par le projet pendant la dernière évaluation à mi-
parcours en 2021. La sécurité alimentaire pour les ménages a connu également une
amélioration par rapport à la situation observée lors des deux précédentes enquêtes. Il
a été relevé une amélioration significative de l’accès à la nourriture, dans l’ensemble des
zones couvertes par le projet.

Bonne pratique/témoignage
La commune de Toucountouna se trouve au sud-ouest du département de l’Atacora. Elle comptait
une population totale d’environ 47 934 habitants dont 24 506 femmes en 2020 (RGPH-4).
Accompagnés par BUPDOS ONG, 8 766 FAP ont participé à des sensibilisations à domicile et
1 335 personnes ont installé un jardin de case. Le ProSAR, ayant mis à la disposition de toutes les
FAP du projet un kg de lentilles vertes (mung beans), a permis d’avoir un effet positif sur la situation
nutritionnelle des FAP et les semences sont gérées de manière durable, comme le montrent leurs
témoignages.
Une femme dans le village Tectibayaou constate : « Les lentilles vertes ont l’avantage qu’elles
poussent aussi sur la terre pauvre et les racines restaurent le sol. Lors de la récolte, j’ai réservé
deux kilos pour pouvoir les ressemer et j’en ai partagé avec les voisines. Au fur et à mesure qu’on
récolte, on mange les lentilles vertes et on donne une partie à la cantine scolaire ».

Grâce à la promotion de la culture de plantes riches en nutriments, de jardins de case et


de démonstrations culinaires, les aliments, tels que les légumes à feuilles et les patates
douces riches en vitamine A, font de plus en plus partie de l'alimentation du groupe cible.
Un nombre croissant de femmes sont en mesure de préparer des repas sains, diversifiés
et riches en nutriments.

L'approche en cascade et les démonstrations culinaires, en particulier, ont été


reconnues comme des moyens efficaces de transmettre des connaissances sur les
thèmes de l'alimentation, de la santé et de l'hygiène. Les bénéficiaires ont amélioré
Etude sur l´historique de la Coopération Allemande dans le secteur agricole au Bénin
167
leurs connaissances sur ces sujets ce qui se reflète notamment dans l'augmentation de
la diversité alimentaire chez le groupe cible (indicateurs 1 et 2).

Bonne pratique/témoignage
La commune de Péhunco se trouve à l’est du département de l’Atacora et compte environ 95 000
habitants, dont 47 000 femmes, parmi lesquelles 11 252 en âge de procréer (2020). En
collaboration avec le Centre de Promotion Sociale (CPS) et les animateurs de nos organisations
partenaires BUPDOS ONG et Croix Rouge Bénin, les Agent Communautaire de Développement
(ACD) du projet y organise 28 démonstrations culinaires par mois. Pour ce faire, ils travaillent avec
deux groupements de femmes qui produisent le beurre de karité, des noix de cajou, de l’huile de
neem et de baobab et de la farine enrichie. Ces groupements font circuler les informations sur les
démonstrations culinaires, ce qui motive d’autres femmes, parmi lesquelles des jeunes filles mères,
à y participer.
Chaque mois, un autre met est cuisiné - en septembre c’est le ragout d’igname, un plat bien connu
par les femmes. Toutefois, lors de la démonstration culinaire, elles apprennent comment l’améliorer
pour le rendre plus nutritif en ajoutant des PAPA (Plantes Alimentaires Pluriannuelles et à haute
valeur nutritive) et autres condiments comme les petits poissons.

Grâce aux activités du ProSAR, les agents de l’Etat formés, tels que le personnel des
services déconcentrés de santé, des affaires sociales, du secteur agricole, ont amélioré
leurs connaissances en matière de nutrition et sont désormais en mesure de les
transmettre de manière plus efficace au groupe cible. Dans certaines structures, des
activités telles que des démonstrations culinaires sont déjà organisées par le personnel.
Le renforcement des capacités des SDE doit encore être poursuivi, afin que ces
structures intègrent la nutrition au cœur de leurs activités après la fin du projet. Dans ce
contexte, il est important de travailler avec ces structures sur la manière dont les
connaissances peuvent être sauvegardées et transmises au groupe cible. Le projet a
donc créé, entre autres, un cours d'apprentissage en ligne sur la réalisation de
démonstrations culinaires sur la plateforme atingi, dont l’accès est gratuit
(https://www.atingi.org/).

Aussi, le projet, dans son processus de capitalisation a mis en place une plateforme web
ProSAR Data de suivi et de gestion des données de suivi de terrain rapportées
trimestriellement et les données des différentes enquêtes du projet. Cette application
Web présente, entre autres, les fonctionnalités suivantes : la gestion des données de
formations, de sensibilisation et de dépistage, la gestion des personnes impactées, la
fonction de gestion et de suivi des indicateurs ainsi que les fonctions d’autres requêtes
et de visualisation des données.

Au niveau communal et départemental, le projet a soutenu les plateformes de la sécurité


alimentaire et nutritionnelle dont le Cadre de Concertation Départemental de la Sécurité
Alimentaire et Nutritionnelle (CD-SAN) ainsi que les Cadres de Concertation
Communales SAN (CCC-SAN) misent en place dans les communes d’interventions du
projet. Malgré l’insuffisance de ressources au niveau des communes, le projet a réussi à
renforcer leurs membres et à organiser des réunions régulières et périodiques. Le Cadre
Départemental de coordination de la Sécurité Alimentaire et de la Nutrition de l'Atacora
(CDSAN-Atacora) a continué à fonctionner et une vision sur son rôle et sa fonction a été
élaborée avec les membres au cours de la période de référence, couvrant également
une vision sur la sécurité alimentaire.

Etude sur l´historique de la Coopération Allemande dans le secteur agricole au Bénin


168
Dans l’Atacora, le Score d’Intégration de la SAN (SISAN) permet la validation des
aspects SAN par la Préfecture avec une appréciation des activités planifiées selon les
quatre (4) piliers de la SAN (Disponibilité, Accessibilité, Utilisation et la Stabilité). ProSAR
s'engage avec ses partenaires pour que l'outil soit validé au niveau national avec une
maquette digitalisée. Grâce à cet encadrement, des mesures de sécurité alimentaire sont
intégrées dans tous les plans de développement communaux (PDC) des sept (7)
communes partenaires ainsi que dans leurs plans d'investissement annuels (PAI) 2021.

Au niveau national, le projet appuie le CAN et le SP/CAN dans son rôle de coordination.
Certains objectifs ont déjà été atteints. En particulier trois recommandations de la
conférence de Possotomé sont déjà mises en œuvre (indicateur 3) : la réalisation d'une
cartographie de toutes les interventions en matière de sécurité alimentaire (2018),
l'élaboration d'une politique nationale de sécurité alimentaire (2019) et l'identification des
éléments à coordonner pour la mise en œuvre du Cadre Commun de Résultats (2020).

Par ailleurs, la coordination des actions SAN avec les Ministères sectoriels au niveau
national et la coordination des différentes plateformes de concertation (société civile,
recherche, Partenaires Techniques et Financiers (PTF)) restent des défis à relever. En
termes de capacités financières et organisationnelles, les structures gouvernementales
doivent encore être renforcées. Les capacités organisationnelles et stratégiques du SP-
CAN, pour assurer le portage de la gouvernance nutritionnelle au niveau national et dans
les structures décentralisées, sont dépendantes des PTF (notamment Banque
Mondiale).

21. Projet d’Appui Conseil aux Politiques Agricoles (ProACPA)

Les acteurs de la filière soja ne sont pas suffisamment organisés pour saisir toutes les
opportunités liées à la demande croissante aussi bien sur les marchés locaux que
régionaux. De même, le manque de cohésion des politiques dans la filière volailles au
Bénin ne permet pas l’exploitation du potentiel de la filière pour une augmentation
substantielle de la production et l’écoulement des produits de volailles aussi bien sur les
marchés locaux que régionaux. Enfin, l’accès limité des acteurs aux informations de
marché ne permet pas à la filière d’exprimer tout son potentiel.

Le Projet ProACPA a vu donc le jour au Bénin pour régler tous ces problèmes qui altèrent
les secteurs Soja et Volailles.

Le projet d’Appui-Conseil aux Politiques Agricoles (ProACPA) est l’un des projets
globaux de l’initiative « Un seul monde sans faim » (SEWOH) à travers laquelle le
Ministère Fédéral Allemand de la Coopération Economique et du Développement
(BMZ) veut contribuer de manière significative à la réduction de la pauvreté et de la
faim.

Mis en œuvre sous la tutelle du Ministère de l’Agriculture de l’Elevage et de la Pêche


(MAEP), le ProACPA vise l’objectif global d’appuyer la formulation et la mise en œuvre
de stratégies cohérentes dans les filières Soja et Volailles.

Etude sur l´historique de la Coopération Allemande dans le secteur agricole au Bénin


169
Le Projet a une envergure nationale et se décline en trois objectifs spécifiques ci-après:

• Améliorer les conditions préalables à la formulation et à la mise en œuvre de


politiques cohérentes dans les filières soja et volailles ;
• Améliorer l’accès des acteurs des chaînes de valeur au sein des filières soja et
volailles aux informations de marché à jour ;
• Créer de nouvelles relations d’affaires, partenariats et réseaux entre les acteurs des
filières soja et volailles.

Le Projet d’Appui-Conseil aux Politiques Agricoles (ProACPA) (Coopération Technique)


a pour objectif d’appuyer la formulation et la mise en œuvre de stratégies cohérentes
dans les filières Soja et Volailles et s’inscrit dans la logique de synergie de la
Coopération allemande.

21.1. Processus d’implémentation du projet

En prélude au démarrage effectif des activités, un atelier de lancement et de planification


s’est tenu du 17 au 20 Décembre 2019 en présence de tous les partenaires étatiques et
non étatiques du projet. Il était question pour ces derniers de s’approprier des documents
du projet, de ses principaux champs d’action et d’identifier les besoins des acteurs clés
de la filière soja en lien avec la thématique du projet. Le projet accompagne ses divers
partenaires et groupes cibles à travers un appui-conseil coordonné et holistique.

Le ProACPA a mené quatorze (14) études sur les filières volailles et soja pour asseoir
les bases factuelles pour la prise de décision. Les recommandations de ces études ont
servi d’éléments d’ancrage pour formuler des mesures sensibles en cours de mise en
œuvre pour améliorer le cadre général et le développement au sein de ses filières cibles.

Des groupes d’appui conseil aux ATDA intitulés Groupe Consultatif Soja (GCS) et
Groupe Consultatif Volailles (GCV) ont été créés par notes de service signées de la
Secrétaire Générale du Ministère de l’Agriculture de l’Elevage et de la Pêche
(SGM/MAEP). Ces groupes sont des cadres de discussions innovants qui regroupent les
acteurs étatiques, les représentant(e)s des faitières des différents maillons et la société
civile.

Les recommandations des études sur les Systèmes d’Informations des Marchés (SIM)
ont permis d’adopter et de développer les SIM soja et volailles autour du SIM-Harmonisé
qui est porté par la FUPRO sous le contrôle de la Direction des Services Informatiques
du MAEP. La finalisation de ce processus permettra de fournir à presque 1 000 acteurs
des différents maillons des chaînes de valeur volailles et soja les informations actualisées
sur les marchés.

En termes de renforcement de capacités, les acteurs clés des deux filières ont été formés
sur le suivi et l’évaluation de politiques et stratégies, sur les normes ANM relatifs à la
production d’œufs de table et sur l’agriculture contractuelle. Par ailleurs, les agents du
Ministère de l’Economie et des Finances (MEF) et du MAEP ont vu leurs capacités

Etude sur l´historique de la Coopération Allemande dans le secteur agricole au Bénin


170
renforcées sur le processus de conception, de mise à niveau et d’opérationnalisation
d’une Matrice de Comptabilité Sociale.

Afin de susciter la création de liens d’affaires et la mise en réseau des acteurs, des
voyages d’échanges au niveau local et régional ont été planifiés et sont en cours de
mises en œuvre.
Le projet utilise une approche de faire-faire à travers des consultants indépendants ou
cabinets/bureaux de consultation.

21.2. Quelques résultats / impacts de ProACPA

21.2.1. Appui du Groupe Consultatif Soja (GCS) et du Groupe


Consultatif Volailles (GCV) à l’amélioration du cadre général au
sein de ces deux filières

Deux groupes de réflexion et de conseils ont été créés pour représenter chacune des
deux filières: soja et volaille. Ils comprennent un(e) représentant(e) du MAEP, du
Ministère du Commerce et de l’Industrie (MCI) des organisations paysannes, des
commerçants/distributeurs, des consommateurs et producteurs et sont composés d’au
moins 30 % de femmes. Ces groupes intitulés Groupe Consultatif Soja (GCS) et Groupe
consultatif Volailles (GCV) sont proposés comme des instruments innovants et
permanents de gouvernance de chacune des filières cibles pour être utilisés de façon
périodique (trimestrielle) et durable respectivement par les ATDA 4 et 7 dans la prise de
décision pour améliorer le cadre général au sein respectivement des filières soja et
volailles. Cette idée de mise en place et d’appui/accompagnement à la fonctionnalité de
ces Groupes Consultatifs a été saluée par le Directeur de Cabinet du MAEP lors de son
allocution d’ouverture officielle de l’atelier organisé pour le bilan de la collecte des
données nécessaires pour l’évaluation du PNDF Soja 2019-2021. Cette initiative est déjà
utilisée par l’ATDA 4 pour améliorer le pilotage du MCI.

Le ProACPA a été confronté au taux minimum de représentativité des femmes devant


siéger au sein de chacun de ces groupes qui est désormais d’au moins 30 %. Des
mesures d’accompagnement et stratégies spécifiques ont été utilisées pour contourner
chacun de ces défis. C’est ainsi que les notes de services qui ont consacré l’identification
et la mise en place de chacun de ces groupes ont été relues pour exiger un quota
« genre » à chaque structure membre afin de prendre en compte suffisamment la
participation des femmes aux sessions de ces groupes.

21.2.1.1. Témoignages sur l’Acquis phare « Les Groupes


Consultatifs pour les filières soja et volailles »

L’acquis phare qui se démarque du ProACPA est celui :


• Groupe Consultatif pour les filières soja et volaille

Les tableaux suivants présentent les aspects : durabilité environnementale, économique


et sociale, institutionnelle, innovation et reproductibilité des différents acquis retenus.
Etude sur l´historique de la Coopération Allemande dans le secteur agricole au Bénin
171
Facteurs de Les bénéficiaires finaux de cet acquis sont les ATDA 4 et 7 qui
durabilité sont des structures pérennes du MAEP. Ils ont déjà intégré une
partie du financement de ces groupes consultatifs dans leur
PTAB respectif exercice 2022. Aussi, ces agences ont pris
l’engagement d’intégrer entièrement le financement du bon
fonctionnement de ces groupes respectifs dans leur PTAB
2023 et suivants
Dimension Les GCS et GCV étant des instruments d’appui-conseil et de
environnementale réflexion aux ATDA, ils jouent un rôle important dans la
validation des différentes études réalisées en vue de la mise
en œuvre, l’évaluation et l’élaboration des PNDF. De ce fait,
leur attention est portée sur la conservation des sols et sur les
bonnes pratiques de production.
Dimension La composition des GCV et GCS a tenu compte de la présence
économique et et la participation d’au moins 30 % de femmes.
sociale Les mesures prises lors des sessions GCS et GCV visent pour
la plupart à améliorer la structuration, la productivité et faciliter
la création de liens d’affaires entre les acteurs au sein des deux
filières.
Dimension Les ATDA 4 et 7 sont respectivement porteuses des GCS et
institutionnelle GCV. Deux notes de service signées respectivement du DG
ATDA 4 et de la SGM ont permis la formalisation de ces deux
organes.
Caractère innovant Les GCS et GCV sont des innovations car elles constituent des
pools d’expertises et de conseils pour la prise de décision. Leur
fonctionnement repose sur une approche holistique
d’intégration de l’ensemble des parties prenantes dans le
processus de développement de chacune des filières cibles.
Par ailleurs, ils appuient les ATDA dans la
gouvernance/coordination des filières cibles et impliquent le
secteur privé et la société civile dans la gestion stratégique des
filières.
Reproductibilité La fiche technique descriptive de la mise en œuvre de l’acquis
existe. Cet acquis est reproductible si sa création est suscitée
par les acteurs et si le processus est inclusif. La tenue des
sessions ordinaires se font de façon trimestrielle, le coût
moyen de fonctionnement de chaque session est évalué à 3
millions de FCFA. Les ATDA sont sensibilisées pour prendre
en charge ce coût de façon progressive dans leur PTAB
respectif avec l’accompagnement dégressif (100 % en 2021
par le ProACPA, 50 % en 2022 et 0 % en 2023 pour le
financement du fonctionnement du GCS et pour le GCV nous
avons 100 % en 2021, 75 % en 2022 et 0 % en 2023) des PTF
et autres projets/programmes intervenant dans chacune de
ces filières cibles. Avec l’utilisation très concluante de ces
outils que sont les Groupes Consultatifs, l’ATDA 4 a déjà mis
en place un Groupe Consultatif pour la filière anacarde qui
fonctionne pour le moment uniquement avec le financement
des PTF.

Etude sur l´historique de la Coopération Allemande dans le secteur agricole au Bénin


172
Les GCS-V visent à accompagner le processus de prise de décisions stratégiques et
politiques pour le développement de chacune des filières soja et volailles.

Nom : Mama Djougou Kadidjatou


Fonction : Assistante Chef Programme Soja ATDA-4,
Localité : Parakou

« Outre l’évaluation du Document de politique de la filière Soja, 1 ère Génération (PNDF-


Soja 1) et l’élaboration de la 2ème Génération du PNDF que ProACPA nous a permis de
faire, il y a aussi la mise en place du Groupe Consultatif Soja, qui est un cadre multi-
acteurs de réflexions, de conseils et d’actions qui joue un grand rôle dans la mise en
œuvre de la politique nationale de développement de la filière (PNDF) à travers les
différentes sessions que nous organisons. Grâce au projet, il y a eu l’appui et la
structuration de la filière Soja jusqu’à la mise en place de l’interprofession. On peut dire
sans se tromper que le ProACPA est un projet très important pour la filière Soja en ce
sens qu’il a beaucoup contribué à son organisation, sa structuration et son
développement. »

Nom : Sagbo Agossou Prospère


Fonction : Directeur Général ATDA 7
Localité : Abomey-Calavi

« La mise en place et l’animation du Groupe de Concertation de la Filière Volaille est


l’une des actions phares du projet avec nous. Ce cadre permet de rassembler tous les
acteurs intervenants directement et indirectement dans la filière pour débattre des
difficultés et rechercher ensemble les axes d‘actions possibles pour y répondre. A travers
ce groupe, le ProACPA a appuyé l’ATDA 7 à se doter d’équipements nécessaires pour
la production de semences animales que sont les poussins d’un jour. C’est une liste non
exhaustive de résultats atteints grâce à ce cadre de concertation, de conseils et d’aide à
la décision que constitue le Groupe Consultatif de la Filière Volaille au niveau du Pôle
7. »

Nom : Dr. Issaka Kassimou,


Fonction : DG ATDA pôle 4 (Borgou-Sud, Donga et Collines)
Localité : Parakou

« Nous avons eu la chance de travailler avec le ProACPA dans le cadre des activités de
promotion des filières agricoles et notamment la filière Soja. ProACPA a répondu
favorablement à notre souhait de fusionner les faîtières de producteurs et
transformateurs de soja dans notre région. Dès décembre 2020, le travail a commencé
sur le terrain avec la création du groupe consultatif sur le soja ou Groupes Consultatifs
pour les filières soja. Les différents appuis techniques et financiers de ProACPA ont
permis la mise en place d’une coopérative de niveau national et communal grâce à la
revue des différentes formes d’organisations pour aboutir à un schéma de structuration
concertée avec tous les acteurs. Ainsi une faitière au niveau de la production est
Etude sur l´historique de la Coopération Allemande dans le secteur agricole au Bénin
173
constituée et une seconde faitière au niveau transformation qui attend d’être mise en
place. Le ProACPA a mis les bouchés doubles pour nous accompagner au niveau des
normes sur le soja. Le projet a également supporté l’évaluation de la filière soja au
lancement du Programme National de Développement de la Filière Soja (PNDF) pour ce
qui est de la première génération. C’est la première filière pour laquelle nous avons eu
cette évaluation sur nos 3 filières locomotives que sont l’anacarde, le soja et le manioc. »

22. Projet de Renforcement de l’Infrastructure Qualité


(ProQual)

Au Bénin, les filières agricoles qui jouent un rôle essentiel dans l’atteinte de la sécurité
alimentaire et nutritionnelle des populations béninoises ont été retenues dans les sept
(07) Pôles de Développement Agricole (PDA) en lien avec les filières phares et moteurs
de chacun de ces pôles. L’élaboration de la stratégie de promotion des Chaînes de
Valeur Agricoles qui a suivi a été consolidée sous forme de Programme National de
Développement (PNDF) des filières ciblées. Le soja dont le lead de la mise en œuvre
des actions contenues dans son PNDF a été confié à l’Agence Territoriale de
Développement Agricole (ATDA) 4, a connu une évolution spectaculaire au cours de la
dernière décennie.

Le Projet de Renforcement de l’Infrastructure Qualité pour la filière du Soja (ProQUAL)


fait partie du projet suprarégional du fonds « commerce au service du développement »,
du Ministère Fédéral Allemand de la Coopération Economique et du Développement
(BMZ). Au Bénin, il est complémentaire au Projet « Centres d’Innovations Vertes pour le
secteur Agroalimentaire » (ProCIVA). Le projet a un lien étroit et direct avec celui de
l’Institut National Allemand de Métrologie (PTB) en vue de la réalisation de l’objectif
commun. Il a pour objectif l’amélioration des conditions de l’augmentation de la qualité le
long de la filière du soja.

Le ProQUAL se décline en trois champs d’intervention que sont :

1. L’amélioration des conditions d’accès à des semences de soja certifiées ;


2. L’amélioration des connaissances des producteurs et des transformateurs de soja
sur la qualité de leurs produits ;
3. L’élaboration par l’ensemble des acteurs de la filière du soja, de propositions de
solution sur la gestion de la qualité.
Les indicateurs de chacun des champs d’action sont définis comme suit :

Indicateur champ d’action 1.1 : trois propositions de solution sur l’assurance qualité dans
le secteur des semences ou sur la disponibilité de semences certifiées ont été formulées.

Indicateur champ d’action 2.1 : deux approches de conseil locales déjà existantes dans
le secteur du soja sont étendues à des aspects relatifs à la qualité tels que les bonnes
pratiques d’hygiène dans la phase post-récolte ou lors de la transformation et du
conditionnement.
Etude sur l´historique de la Coopération Allemande dans le secteur agricole au Bénin
174
Indicateur champ d’action 3.1 : une proposition de solution est élaborée afin d’établir un
système de certification de la qualité.

Indicateur champ d’action 3.2 : trois recommandations pour un processus de


normalisation sont formulées par des acteur/trices du secteur privé.

L’organisme principal de tutelle politique du ProQUAL est le Ministère de l’Agriculture,


de l’Élevage et de la Pêche (MAEP) du Bénin. Le second partenaire est le Ministère de
l’Industrie et du Commerce (MIC). La zone d’intervention du projet couvre toutes les
régions de production du soja sur l’étendue du territoire national, soit au total 60
communes. Le Projet a une durée de 2 ans et 11 mois (Août 2019 à juin 2022). Ses
groupes cibles sont constitués par les acteurs intervenant dans les différents maillons
de la chaîne de valeur ajoutée du soja. Ce sont essentiellement les producteurs/trices
de semences de soja, les producteur/trices de soja, les transformateurs/trices de
produits à base de soja et les organisations représentant leurs intérêts.

Le PROQUAL a renforcé les capacités de 1 045 bénéficiaires répartis comme suit :


1. 106 producteur-trices de UPC Bio,
2. 117 semenciers-ières de soja,
3. 514 transformateur-trices de soja et
4. 308 producteur-trices de soja grains.

L’évaluation du niveau d’amélioration des connaissances et pratiques des groupes cibles


a permis de relever que 95 % des producteurs de semences certifiées de soja, 90 % des
producteurs de soja biologique, 96 % des transformatrice-teurs appuyés et 100 % des
producteurs de soja grains formés ont amélioré leurs connaissances et améliorent déjà
leurs pratiques de production et/ou de transformation du soja.

22.1. Témoignages sur l’Acquis phare de ProQUAL « Normes


béninoises sur le soja grain et ses produits dérivés »

Les bénéficiaires finaux de cet acquis sont les faitières des semenciers, des producteurs
et des transformateurs. Les guides élaborés sur les normes sont des outils de supports
pour la diffusion des bonnes pratiques. Ces normes ont été élaborées de façon inclusive
avec les acteurs en charge de l’observance et de leur mise en œuvre. Le respect de ces
normes a une influence sur la qualité des produits de soja, sur la compétitivité sur les
marchés et sur l’amélioration des sources de revenus des acteurs des différents maillons
de la chaîne de valeur soja. Avec ces normes, l’amélioration de la qualité a une incidence
sur les utilisateurs finaux notamment les consommateurs urbains qui ont un pouvoir
d’achat élevé.

L’harmonisation et l’homologation des critères de qualité dans la production du soja grain


et de ses dérivés (semences de soja, soja grain, lait de soja et fromage de soja) ont
permis : de corriger la variabilité de la qualité du soja grain et de ses produits dérivés
habituellement rencontrée sur le marché béninois ; de renforcer l’accès aux marchés du
soja grain et de ses produits dérivés ; de contribuer à garantir l’innocuité/salubrité du soja
grain et de ses produits dérivés.
Etude sur l´historique de la Coopération Allemande dans le secteur agricole au Bénin
175
Au Bénin, il n’existait, jusque-là, pas de normes validées par les acteurs sur la production
de semences, de soja grains, ni de fromage et de lait de soja. Cet acquis devient, de ce
fait une innovation majeure. Le respect de ces normes dans la production et la
transformation concoure à la protection de l’environnement car respectant les bonnes
pratiques de production et/ou de transformation.

Nom : Adélakoun Abdel Madjid


Fonction : Directeur/ Communication de l’ANM
Localité : Cotonou

« Nous avons beaucoup gagné dans ce partenariat avec ProQual. Même si le projet
arrive à son terme aujourd’hui nous pouvons capitaliser les acquis et continuer sur cette
lancée. En effet, à l’Agence de Normalisation et de Métrologie, grâce au ProQual, nous
avons pu réaliser dans un premier temps notre plan stratégique de communication. De
ce plan, nous avons, toujours grâce à l’appui de la GIZ à travers ProQual, realisé
beaucoup d’actions de communication et de sensibilisation sur l’agence et ses activités.
Des supports de communication (plaquettes, enseignes, émissions radio/télévisées en
français et en langues locales) ont été réalisés pour mieux faire connaître la normalisation
et la métrologie. Par ailleurs le personnel a bénéficié de renforcement de ses capacités
en termes d’édition et d’interprétation des normes. Aujourd’hui, les acteurs de la filière
Soja sont suffisamment outillés sur les normes de qualité grâce aux nombreuses séances
de sensibilisations organisées avec l’appui de ProQual. Notre agence a beaucoup gagné
en visibilité aujourd’hui plus que par le passé. »

Nom : Elie Donan Kossou


Fonction : Chargé Suivi Evaluation / ABSSA
Localité : Cotonou

« Avec le partenariat ABSSA-ProQUAL, nous avons développé quatre normes sur la


filière Soja. Il s’agit des normes sur la semence du soja, sur le soja grain, le lait de soja
et le fromage de soja. L’élaboration de ces normes constitue pour l’ABSSA, des outils de
travail très importants car ils participent à la réalisation du contrôle de qualité sur la chaîne
alimentaire, notamment en ce qui concerne le soja et ses produits dérivés. Ces normes
sont pour nous, aujourd’hui, des référentiels en matière de sécurité sanitaire alimentaire.
Outre ces outils, le partenariat avec ProQUAL nous a aussi permis de réaliser des spots
de sensibilisation sur le soja et ses produits dérivés qui ont été diffusés sur les canaux
digitaux pour atteindre une bonne frange de la population. Ceci a permis aussi bien aux
producteurs qu’aux consommateurs d’être sensibilisés sur les mesures d’hygiène et de
salubrité à respecter pour avoir une meilleure qualité des produits dérivés du soja. »

Nom : Privat K. Ahimihoué


Fonction : Chargé de Programme / UNCPS
Localité : Parakou

« Notre collaboration avec ProQUAL s’est essentiellement focalisée sur la filière soja et
surtout sur les normes afin que le soja béninois soit compétitif sur le marché national et
Etude sur l´historique de la Coopération Allemande dans le secteur agricole au Bénin
176
international et sur la transmission de ces normes au producteur béninois. Avec
ProQUAL nous avons pu former des techniciens sur ces normes afin qu’ils puissent, à
leur tour, outiller les producteurs. Pour ce faire, nous avons adopté une démarche en
cascade : l’innovation portée par le projet qui la fait descendre au niveau des techniciens
formateurs en fonction des compétences ; ceux-ci à leur tour, descendent vers les
producteurs. Vu la complexité de l’innovation, elle a été ouverte à des producteurs pilotes
qui peuvent à leur tour continuer des actions de formation et de coaching de leurs pairs
afin que les normes soient vulgarisées au sein de tous les producteurs. »

Etude sur l´historique de la Coopération Allemande dans le secteur agricole au Bénin


177
ANNEXES

Bibliographie indicative

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Vert ainsi que tous les Factsheets portant sur les acquis phares des projets de la
coopération allemande au Bénin

Sites consultés

https://www.giz.de/entwicklungsdienst/de/html/59684.html

https://www.giz.de/html/suchergebnisse.html?query=projet+AU+BENIN&doc-
types=&hits=10

https://agritrop.cirad.fr/324506/

https://www.giz.de/en/worldwide/29998.html

www.cairn.info/revue-francaise-de-science-politique-2010-3-page-467.html

https://www.globenin.com/annuaire/ded-deutscher-entwicklungsdienst-service-
allemand-de-developpement-benin-1065

https://www.memoireonline.com/01/13/6702/m_Contribution-du-proCGRN-Programme-
de-Conservation-et-de-Gestion-des-Ressources-Naturelles-au-renfo0.html#toc1
https://afci.de/fr/projects/programme-protection-and-management-natural-resources-
procgrn

https://www.giz.de/entwicklungsdienst/de/html/59684.html

Documents
1. Termes de référence Etude sur l´historique de la Coopération Allemande dans le
secteur agricole au Bénin

2. Abkommen zwischen der Regierung der Bundesrepublik Deutschland und der


Regierung der Republik Dahomey über wirtschaftliche und technische
Zusammenarbeit zwischen der Regierung der Bundesrepublik Deutschland und
der Regierung der Republik Dahomey v. 19.6.1961; PAAA BILAT BEN002

3. Echange de lettres entre la RFA et la République du Dahomey concernant le


projet Tori Cada en 1965 ; PAAA Bl LAT BEN006

4. Echange de lettres entre la RFA et la République du Dahomey concernant le


projet Tori Cada en 1973 ; PAAA Bl LAT BEN018

5. DAHO-Express, Remise officielle des installations de l’Union des coopératives


de Tori-Cada à l’Etat dahoméen, 29 mars 1973

Etude sur l´historique de la Coopération Allemande dans le secteur agricole au Bénin


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Photos

GIZ, Porträt- und Drohnenfotografie: Maurice C. DAHOUE (D-MACARTS), Jil Schütze


(Interview Mme Weller-Molongua), Romain Codjo, Privatfotos von Birgitta Bahner,
Bernd Baumann, Ilona Wegener, Wilhelm Sloot, Christoph Schaefer-Kehnert, Frank
Lüdemann, Herbert Kappeler, Helmut Ludwig

Rédaction

AKONDE Y. Josué, Direction d’Africonsult, Consultant, Contrôleur Financier,


Coordonnateur du « Projet de Renforcement de capacité de la chambre de métiers du
Bénin »
Contact : info@africonsult.de / josueakonde@yahoo.fr ; +229 52248438

BASSIROU Bio Yacoubou, Né en 1959 à Banikoara dans l’Alibori, il est titulaire d‘une
maîtrise de socio anthropologie de l’Université nationale du Bénin (UNB) et d’un master
en mobilisation des ressources et développement local. Il a travaillé dans le domaine
du développement dans des projets intervenant dans des secteurs comme la santé,
l’éducation, l’agriculture, la décentralisation et la gouvernance locale, l’aménagement et
la gestion des aires protégées. En tant que consultant ou conseiller, il a exercé dans
plusieurs organisations nationales et internationales comme le PNUD, la Banque
mondiale, le FENU, L’UE, la FAO, l’UNESCO et pendant presque deux décennies pour
la Coopération allemande (DED, GTZ aujourd’hui GIZ) où il a pris sa retraite mi 2021. Il
assiste plusieurs organisations et s’investit dans la conservation de la biodiversité et
l’utilisation durable des ressources naturelles.
Contact : bioyacouboubassirou@gmail.com ; +229 97050510

CODJO, Romain, Journaliste-Communicateur avec expérience avérée dans la


production graphique et infographique, Consultant / Formateur et titulaire d’un Master
professionnel en développement local et décentralisation avec une expérience
professionnelle de plus de 20 ans dans la communication locale et l’ingénierie
territoriale. Il a également une excellente
connaissance du secteur de la gouvernance locale et de la décentralisation au
Bénin pour avoir été auprès de l’ANCB, l’un des Consultants agréés depuis la création
de cette institution. Il a par ailleurs, une expérience avérée dans la production
graphique et infographique de supports/documents de capitalisation, Il a contribué à
ce document en qualité de consultant associé chargé de la collecte des
témoignages près des
bénéficiaires des différents projets du Secteur Vert au Bénin.
Contact : noudeviwa@gmail.com ; +229 97269458

GOERIG, Julien, Chargé d'affaires en Banque et Assurance pendant 10 ans puis dans
la gestion collective des droits d'auteurs de musique.
Contact : juliengoerig@hotmail.com ; +33 6 66 26 84 84

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HOUENOU, Olivier, Journaliste-Communicateur, Formateur et Consultant en
Communication et plan médias, Promoteur et Directeur de publication du quotidien Le
Leader du Jour paraissant à Cotonou au Bénin.
Contact : leleaderdujour@yahoo.com / +229 97236414,

VAN BRIEL, Klaus, Direction d’Africonsult, Consultant en communication, conseil en


organisation et gestien de projet ; expérience professionnelle dans le secteur des
médias en Europe et en Afrique et expérience de la coopération au développement en
Afrique de l'Ouest depuis plus de 25 ans (entre autres DED, GIZ, UWZ).
Contact : info@africonsult.de / klaus.van.briel@gmx.de / + 229 64915038 / + 49
1718375646

Ce document a été rédigé dans son intégralité sous la direction et la responsabilité de

Africonsult SARL
Siège : C/647 Cadjehoun Azalokogon Institut Jean Paul II – Cotonou - Bénin
Cotonou N RCCM RB\COT\21 B 29941
IFU 3202112931936
Tel : + 229 52 54 84 38 / 64 91 50 38
Mail : info@africonsult.de
Web: www.africonsult.de
Tripostal 08 BP 369 Cotonou / Benin

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