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Mars 2023
par
La Coordinatrice du Secteur Vert et son équipe ainsi que tous les chefs de projets du
Secteur Vert
Tarcisius AIYA, Modeste ALASSANI, Dr. Fortuné AZIHOU, Birgitta BAHNER, Bernd
BAUMANN, Andreas BECKERMANN, Günter DRESRÜSSE, Sylvestre
FANDOHAN, Michael LOSSNER, Jana NIEMANN, Charles KASSAVI, Dr. Christoph
KOHLMEYER, Dr. Hans-Joachim A. PREUSS, Dr. Reinhard SCHRAGE, Prof. Brice
SINSIN, Rudi SPIESS, Charlemagne WADIA, Ilona WEGENER, Christel WELLER-
MOLONGUA
Vous avez sous les yeux le résultat d’un travail de plusieurs mois au cours desquels de
nombreux entretiens et des visites à travers tout le Bénin ont été menés.
Des recherches ont été effectuées dans les archives au Benin et en Allemagne afin d’y
retrouver des documents et des photos que l’on croyait perdus depuis longtemps. Pour
révéler en image les réalisations de la coopération bénino-allemande, des drones ont
même été utilisés.
L'horizon temporel remonte aux années soixante du siècle dernier, lorsque le Bénin
actuel s'appelait encore Dahomey et que la coopération internationale n'en était qu'à ses
débuts, y compris en Allemagne. Le président du Dahomey de l'époque, Hubert Maga, a
signé le premier accord de coopération avec la République Fédérale d'Allemagne le 19
juin 1961 à Porto-Novo. Cet accord a servi de base à de nombreux autres accords entre
le Bénin et l'Allemagne depuis.
Cette étude couvre donc soixante ans de coopération bénino-allemande. Bien entendu,
il n'est pas possible de rendre compte de l'intégralité de ces soixante années de
coopération en quelques pages. C’est pourquoi ce document reste une rétrospective
concentrée sur les projets les plus remarquables et les résultats exceptionnels.
L’année 1960 a été un point de départ pour le Dahomey qui, après 80 ans de colonisation,
a pu réfléchir à un nouveau système de développement pour sa société. Grâce à
l'indépendance, le Dahomey était désormais libre de coopérer avec le(s) pays qu’il
souhaitait. Cela n'était pas possible auparavant1.
La République du Dahomey s'étendait alors sur 112.000 km² - un territoire national très
rural. Il n'y avait à l'époque que quelques villes à forte densité de population, surtout au
sud, sur la côte atlantique. Au début des années soixante, Cotonou comptait environ 70
000 habitants. Mais comme partout en Afrique subsaharienne, la population augmentait
à grande vitesse. En 1967, Cotonou comptait déjà 120 000 habitants2.
Ainsi, en 1961, le Dahomey comptait environ 2,1 millions d'habitants. En 1910, ce chiffre
était de 878.000 et quarante ans plus tard, en 1950, il avait presque doublé pour atteindre
1.528.000 habitants. Trente ans plus tard, en 1979, le nombre était de 3 331 0003.
Les périodes de doublement de la population ont été de plus en plus courtes. Aujourd'hui,
la République du Bénin compte plus de 13 millions d'habitants, dont la plupart vivent dans
la région agricole côtière et dans la région du sud du pays, qui s'étend sur environ 200
km à l'intérieur des terres.
Les premières années de l'indépendance du Dahomey ont été une période politiquement
agitée. C'était une période de découverte de soi et d'épreuve de force entre différents
courants politiques. Dans les années soixante, les gouvernements et les présidents du
Dahomey ont changé à plusieurs reprises - en 1963, 1965 et 1969, à la suite de coups
d'État militaires. Le conflit Est-Ouest s'est propagé jusqu'en Afrique et a entraîné les
sociétés postcoloniales du continent dans le tourbillon de la concurrence entre les
systèmes - la République du Dahomey n'y a pas échappé. Des gouvernements pro-
occidentaux et socialistes s'y sont succédés à plusieurs reprises jusqu'à ce que, après
un nouveau coup d'État perpétré en octobre 1972 par le général Mathieu Kérékou, ce
Au début des années soixante, l'un des principaux objectifs du gouvernement dahoméen
concernant une coopération avec la République Fédérale d'Allemagne (RFA) était de
promouvoir l'industrialisation du pays par le biais d'investissements. C'est dans cette
intention que les accords entre le Dahomey et la RFA ont été signés. Fin 1966, les
promesses de projets de développement au Dahomey s'élevaient à près de 30 millions
de dollars et concernaient principalement des projets de construction de routes, des
mesures d'amélioration des structures agricoles et la mise en place de grandes
plantations de palmiers à huile. La Kreditanstalt für Wiederaufbau (KfW) a également mis
à disposition un crédit de 12 millions de DM (Deutsche Mark) pour la construction d'une
huilerie à Cotonou4.
Les années précédentes, de faibles montants avaient déjà été alloués à des mesures
humanitaires. Mais il s'agissait maintenant de donner un signal en matière de politique
étrangère, ce que le Bundestag a voulu faire en accordant un montant de 50 millions de
DM. Parallèlement, l'octroi de ce montant devait également permettre au gouvernement
fédéral de fixer des principes et des objectifs contraignants pour ces mesures. Le
montant avait été inscrit au budget du ministère des Affaires étrangères et c'est donc à
ce dernier que revenait la responsabilité de fixer de tels objectifs ainsi que de coordonner
et de mettre en œuvre des mesures de soutien concrètes. Le Bundestag allemand avait
donc pris l'initiative de l'aide publique allemande au développement, que le
gouvernement fédéral a lancée en adoptant la loi budgétaire le 24 juillet 1956 7.
Jusqu'alors, le terme "aide au développement" et l'expression "pays en développement"
n'étaient pas du tout répandus. Les parlementaires du Bundestag parlaient plutôt de
"développement économique des peuples étrangers". Au niveau international, le terme
"underdeveloped countries" était à l'époque très courant. Mais ce terme n'était
évidemment pas approprié, car ces pays étaient tout au plus sous-développés sur le plan
économique, mais en aucun cas sur le plan culturel. Par la suite, les politiques ont de
plus en plus adopté le terme de "pays en développement", forgé par le ministère des
Affaires étrangères8.
Selon les estimations, on pouvait s'attendre à ce que la RFA verse à elle seule un
montant annuel d'environ 2,5 milliards de DM pour les prestations aux pays en
développement. En 1960, le ministre fédéral de l'Économie de l'époque, Erhard, souligna
au sein du comité de cabinet qu'il ne serait plus possible à l'avenir de répondre aux
demandes d'aide aux pays en développement sans prendre des mesures particulières
et que le monde libre devait se préparer à une sorte de "sacrifice d'urgence" 9. Les
premiers fonds pour "l'aide au développement" naissante de la RFA devaient d'abord
être mis à disposition par la création d'un "fonds de développement" uniquement à partir
du produit des intérêts du patrimoine de l'European Recovery Program10.
C'est ainsi qu'en 1959, la loi sur le plan économique ERP a mis pour la première fois
officiellement à disposition des fonds pour l'aide au développement11.
6 Voir à ce sujet les procès-verbaux des débats sur l'Europe au Bundestag allemand en 1954 et 1955.
7 Les débuts de la politique de développement de l'État allemand, Horst Dumke ; p. 8.
8 Les débuts de la politique de développement de l'État allemand, Horst Dumke ; p. 9 + p. 22.
9 24ème réunion du comité le 17 mai 1960 ; point 4 de l'ordre du jour.
10 Le fonds spécial ERP désigne un fonds spécial géré par l'État fédéral dans le cadre du Programme
européen de relance. Il a été initialement mis à disposition en 1948 sur la base du plan Marshall afin
d'encourager la reconstruction de l'économie allemande.
11 Procès-verbaux du cabinet, (1959) ; p. 129-131.
La tâche qui se présentait alors était entièrement nouvelle. En l'absence d'un ministère
spécifique à l'époque, toutes les décisions relatives à l'ampleur, aux types et aux priorités
de l'aide au développement, à l'utilisation des instruments de financement disponibles,
aux projets individuels importants et aux grands projets de planification ont été confiées
à un comité interministériel pour la politique de développement (comité directeur),
composé de représentants du ministère des Affaires étrangères, des ministères fédéraux
de l'Économie, des Finances, de la Propriété économique de l'État fédéral, du Travail et
des Affaires sociales et de l'Agriculture, de l'Alimentation et des Forêts, ainsi que de la
Banque fédérale allemande et de la KfW13.
Au cours d'une période de mise en place de plus de cinq ans, le ministère des Affaires
étrangères a toutefois défini les principes et les objectifs nécessaires en matière de
politique de développement et a mis en œuvre les premières mesures de soutien dans
différents pays en développement. Le ministère fédéral de la Coopération économique
(BMZ), créé le 14 novembre 1961 et dirigé dans un premier temps par Walter Scheel, a
pu profiter de ces expériences pour mettre en place et développer la politique de
développement allemande des décennies suivantes14.
Il n'y a pas que les hautes autorités qui ont dû être mises en place en fonction des
nouvelles tâches. Il fallait également des organisations professionnelles pour mettre en
œuvre les mesures dans les différents pays. Pour ce faire, il fut décidé d’avoir recours à
des organisations extérieures aptes à répondre aux exigences croissantes auxquelles
elles étaient soumises.
Le 24 juin 1963, le DED fut créé, à la suite du "Peace Corps" américain. Lors de la
cérémonie, le président fédéral en exercice Heinrich Lübke, le chancelier fédéral Konrad
Adenauer et Walter Scheel, en tant que ministre responsable de la coopération
économique, ont accueilli le président américain John F. Kennedy, à l'initiative duquel le
Corps de la Paix américain avait été fondé deux ans plus tôt. Un an plus tard, en 1964,
les 110 premiers "coopérants" partaient déjà pour la Tanzanie, la Libye, l'Afghanistan et
l'Inde. Deux ans plus tard, un millier de coopérants étaient déjà en mission dans 20
pays16. Le chiffre de 10 000 missions a ensuite été atteint en 1994. En 2011, le DED a
intégré la GIZ nouvellement créée - avec InWent et la GTZ.
L'approbation des mesures de soutien n'impliquait pas seulement des décisions sur les
formes d'aide telles que l'assistance technique ou l'aide en capital, mais aussi l'examen
de la question de savoir si et comment les fonds de soutien de plus en plus importants
devaient être répartis au niveau régional et sectoriel ou si, le cas échéant, des priorités
devaient être fixées en matière de politique de développement. Ces priorités étaient elles-
mêmes déterminées par la mission et la forme de financement, et l'image suivante se
dessinait pour les grandes régions : pour l'Afrique, continent qui disposait à l'époque
d'une main-d'œuvre peu qualifiée, la priorité était donnée à l'aide à la formation et à
l'éducation19. Toutefois, ces priorités n'étaient pas figées, mais fluctuantes et
changeaient d'année en année. A partir de 1958, les fonds ont été répartis annuellement
en fonction de critères sectoriels et régionaux, sur la base d'une liste établie en fonction
de la politique de développement20.
Les conditions d'un échange élargi de biens et de services furent ainsi créées, ce qui
était dans l'intérêt des deux parties. Cette coopération au développement a également
renforcé la position internationale de la RFA. L'un des objectifs de la politique de
développement allemande au Dahomey consistait à encourager les investissements
privés. Cet objectif coïncidait avec la reconnaissance du fait que la position de l'économie
allemande sur les marchés mondiaux ne pouvait être assurée à long terme que par un
renforcement des placements de capitaux à l'étranger. Il y avait là de nombreux points
Dans les années soixante, les objectifs du plan pour le Dahomey étaient les suivants : le
remplacement de l'économie d'autosubsistance par une économie de transport basée
sur la division du travail, l'augmentation du niveau de production, l'amélioration des
conditions de vie en milieu rural et la mise en place d'une industrie de transformation des
produits locaux, ainsi que l'équilibre du budget de l'État24.
Le secteur agricole joue un rôle décisif dans l'approvisionnement alimentaire des pays
en développement. La question qui se pose donc pour ces pays est de savoir si la
politique doit orienter le secteur agricole en premier lieu vers l'exportation ou vers
l'autosuffisance. Les pays qui dépendent des importations de denrées alimentaires sont
en concurrence avec d'autres pays sur le marché mondial pour l'achat de denrées
alimentaires. Les problèmes qui en résultent sont devenus particulièrement évidents au
Bénin entre 1972 et 1974, lorsque la production mondiale de denrées alimentaires a
fortement diminué. La production mondiale de riz a par exemple chuté de 14 millions de
tonnes, la production de blé s'est effondrée de 6 millions de tonnes (10 % des
exportations mondiales). La production de maïs a chuté de 1 million de tonnes. Les
catastrophes naturelles ont ensuite renforcé cette tendance par la suite.
Ce conflit entre l'orientation de l'agriculture vers l'exportation et la nécessité de
l'autosuffisance est souvent difficile à résoudre dans la réalité. Au Dahomey, les pouvoirs
publics intervenaient de multiples façons dans l'activité économique, par exemple en
fixant des contingents d'importation, des salaires minimums, des marges bénéficiaires et
des prix. L'agriculture était également la base de l'économie au Dahomey. La majeure
partie de la population travaillait dans l’agriculture et les produits agricoles constituaient
la majorité des biens exportés.
Dans les années soixante, l'un des principaux objectifs du gouvernement dahoméen était
d'industrialiser le pays. Il existait à l'époque de petites usines de transformation des
produits agricoles, comme des moulins à huile, deux savonneries, une brasserie.
Le coton, les produits du palmier à huile et les arachides étaient principalement destinés
à l'exportation. Le palmier à huile jouait un rôle prédominant dans l'économie du
Dahomey. D'une part, il assurait l'approvisionnement en huile de la population, d'autre
23 Origine de la coopération entre l'Allemagne et le Bénin, 1960 – 1975, Narcisse Dovenon ; p. 7.
24 Origine de la coopération entre l'Allemagne et le Bénin, 1960 – 1975, Narcisse Dovenon ; p. 21.
25 Origine de la coopération entre l'Allemagne et le Bénin, 1960 – 1975, Narcisse Dovenon ;p. 24
1.4. Sylviculture
1.5. Pêche
La pêche était très importante pour l'approvisionnement alimentaire de la population en
raison de l'alimentation peu diversifiée. La pêche était généralement pratiquée comme
activité secondaire dans les rivières, les lagunes et sur la côte. La pêche en haute mer
était limitée en raison d'un équipement insuffisant. Dans les années 60, entre 150 000 et
200 000 personnes vivaient de la pêche. La majeure partie du poisson était destinée à
la consommation intérieure, seuls quelques excédents étaient exportés vers les pays
voisins28. La coopération allemande au développement a contribué à la promotion de la
pêche lagunaire et maritime au Bénin par le biais du CARDER Atlantique.
Parmi les accords entre la RFA et le Dahomey, on peut citer l'accord économique,
l'accord de coopération technique et le protocole sur les accords maritimes du 19 juin
1961, ainsi qu'un accord d'aide en capital de 12 millions de DM pour un moulin à palmiste
en construction du 15 juillet 1963.
26 Origine de la coopération entre l'Allemagne et le Bénin, 1960 – 1975, Narcisse Dovenon ; p. 25 et suivantes.
27 Origine de la coopération entre l'Allemagne et le Bénin, 1960 – 1975, Narcisse Dovenon ; p. 27.
28 Origine de la coopération entre l'Allemagne et le Bénin, 1960 – 1975, Narcisse Dovenon ; p. 27.
Les premières coopérations entre la RFA et le Dahomey ont été des aides financières
pour la construction d'une imprimerie d'État d'une valeur de 194.000 DM, d'une
installation de radiologie de 100.000 DM ainsi que d'une station de traitement de l'eau
potable d'une valeur de 90.000 DM. Pour la construction d'une usine d'huile de palme à
Cotonou, le Dahomey a reçu un crédit de la RFA d'un montant d'environ 12 millions de
marks. La France, ancienne puissance coloniale, a été le premier pays à fournir une aide
au développement au Dahomey, en mettant en œuvre un programme d'assistance
technique en plus de l'aide en capital. La plus grande partie des moyens mis à disposition
par la France pour le développement du Dahomey a été utilisée pour la construction du
port en eau profonde de Cotonou30.
29 Origine de la coopération entre l'Allemagne et le Bénin, 1960 – 1975, Narcisse Dovenon ; p. 34 et suivantes.
30 Origine de la coopération entre l'Allemagne et le Bénin, 1960 – 1975, Narcisse Dovenon ; p. 35 et suivantes.
TORI-CADA
L'actuel Tori-Cada est l'un des six arrondissements de la commune de Tori-Bossito,
au sud du Bénin, à seulement 50 kilomètres de la plus grande ville du Bénin, Cotonou.
Elle compte environ 20 000 habitants répartis dans quinze villages, qui font tous partie
de l'arrondissement de Tori-Cada.
Comme il y a cinquante ans, les habitants de la région de Tori vivent principalement
de la production agricole, de la pisciculture. On trouve dans la commune de Tori-
Bossito de nombreux élevages de volailles, des piscicultures, de vastes plantations
d'ananas et des champs de maïs.
En raison de sa proximité avec Cotonou et de son beau paysage fertile, avec ses lacs,
ses rivières et ses petites forêts, un écotourisme se développe à Tori depuis quelques
années, attirant des visiteurs de la ville pour des séjours de week-end. Des touristes
internationaux visitent également la nature encore intacte de la région de Tori.
La commune de Tori-Bossito, dont fait partie Tori-Cada, s'étend sur 328 km² et compte
plus de 60 000 habitants.
Des experts et des volontaires du DED, qui venait d'être créé, se sont rendus à Agou,
Nuatja, Kambolé (Togo), Tori Cada (Dahomey) et à Peki (Ghana). Il ne fait aucun doute
qu'il fallait beaucoup d'enthousiasme et d'idéalisme pour faire partie des premiers
Allemands à s'engager sur un chemin commun avec des personnes d'une culture
étrangère. Mais, par la force des choses, ils ont aussi été accompagnés de « vieux
présupposés européens qui les ont amenés à mal comprendre les pratiques et les
attitudes locales »32. La coopération au développement n'en était qu'à ses débuts et,
avec elle, la préparation des volontaires à leur mission.
31 Dramatizing Development : The Celebration and Reality of West German Village Projects in West Africa, 1962-1977,
John W. Weigel (2016) ; B.A., M.A., p. VI.
32 Dramatizing Development : The Celebration and Reality of West German Village Projects in West Africa, 1962-1977,
Au début, il y avait encore des incertitudes quant à l'emplacement du projet. En effet, les
Suisses, également présents au Dahomey, étaient déjà actifs dans le nord. Il a donc été
envisagé d'implanter le projet allemand à proximité de Djougou. Mais le ministère de
l'agriculture du Dahomey estimait que le sud avait été négligé jusqu'à présent. Et c'est
ainsi que le chef de projet Zimmer a choisi la région de Tori et les villages de Tori-Cada,
Akpé et Zounhoué34.
Le projet "villages modèles" de Tori Cada a pu s'appuyer sur l'expérience acquise dans
le cadre du projet lancé un peu plus tôt au Togo. Cela a été un avantage pour le premier
responsable du projet à Tori-Cada, Balduin Zimmer.
Zimmer estimait qu'il était trop tôt pour mécaniser l'agriculture et préférait la création de
coopératives d'achat et de vente à celle de coopératives de producteurs. Il a encouragé
la production de denrées alimentaires et a relégué la production de coton au second plan.
Au lieu de cela, l'accent devait être mis sur la production de maïs. Des discussions ont
également eu lieu avec les agriculteurs de Tori-Cada. Zimmer estimait en effet que la
culture en ligne était plus efficace, mais les paysans ne voulaient pas l'adopter.
Au moins deux douzaines de coopératives villageoises ont été créées dans les trois
"villages modèles" et se sont regroupées au sein de l'union coopérative UCRT (Union
des Coopératives de la Région de Tori), également créée.
Bien sûr, l'objectif était que l'UCRT fasse un bénéfice. Mais c'est là que se situait le
problème. Les différentes directions de projet à Tori-Cada ont toutes travaillé à la
réalisation de cet objectif. Une équipe d'évaluation externe a finalement conclu qu'il y
aurait certes des bénéfices, "mais pas assez pour rester viable sans soutien extérieur"35.
33 Dramatizing Development : The Celebration and Reality of West German Village Projects in West Africa, 1962-1977,
John W. Weigel (2016) ; B.A., M.A., p. 19.
34
Dramatizing Development : The Celebration and Reality of West German Village Projects in West Africa, 1962-1977,
John W. Weigel (2016) ; B.A., M.A., p. 170.
35 Dramatizing Development : The Celebration and Reality of West German Village Projects in West Africa, 1962-1977,
Zimmer a pris tout son temps pour connaître les villages et leurs habitants. Lui et deux
conseillers du ministère de l'agriculture dahoméen ont mis plus de deux mois pour visiter
chaque famille. Il en ressort que le nombre d'habitants à l'époque était respectivement
de 2 880, 1 637 et 23938.
La taille moyenne des exploitations était comprise entre 2,3 et 4,4 hectares. Dans les
deux premiers villages, il y avait deux travailleurs masculins par ménage, mais dans le
village d'Akpé, il n'y en avait que 1,3 de sorte que les familles y étaient nettement plus
pauvres, tant en terres qu'en travailleurs masculins.
Les familles ne vivaient pas dans des foyers centraux isolés, mais répartis sur quatre à
vingt des cabanes qui n'étaient accessibles que par une seule entrée. Les soi-disant
"concessions" comprenaient en moyenne environ quatre-vingts membres, voire cent
pour les plus grandes. Le chef de chaque grande famille jouissait d'une autorité presque
illimitée et était généralement l'homme le plus âgé et le plus grand propriétaire terrien.
Or, ces enquêtes élaborées à grands frais ont aidé à se faire une idée détaillée de
l'agriculture locale, qui occupait plus de quatre-vingt-dix pour cent de la population de
Tori Cada39.
Les pratiques agricoles étaient les mêmes dans les villages de Zounhoué et d'Akpé. Les
villageois y plantaient du maïs avec du manioc ou des palmiers à huile et, à Zounhoué,
du café et des palmiers à huile. Les terres non cultivées restaient en jachère pendant
quinze à vingt ans, tandis que la récolte sur les terres cultivées avait lieu deux fois par
an. Les femmes vendaient les produits, après les avoir achetées aux hommes, et s'en
nourrissaient, elles et leurs enfants.
37 Dramatizing Development : The Celebration and Reality of West German Village Projects in West Africa, 1962-1977,
John W. Weigel (2016) ; B.A., M.A., p. 164.
38 Dramatizing Development : The Celebration and Reality of West German Village Projects in West Africa, 1962-1977,
Mais, malgré leur proximité avec Cotonou, les paysans n'ont pas prospéré. Lorsqu'ils
vendaient aux commerçants locaux juste après la récolte, ils devaient le faire à des prix
bas. Les commerçants pouvaient toutefois se retenir de vendre jusqu'à la veille de la
récolte suivante, lorsque les prix étaient à leur plus haut niveau.
Bien que les villages soient situés dans le sud pluvieux du Dahomey, il y avait un
problème d'eau à Tori Cada. Il n'y avait pas de puits. Les villageois devaient aller
chercher de l'eau, impropre à la consommation selon les normes européennes, à une
distance de quatre à dix kilomètres.
En raison de la mauvaise qualité de l'eau et d'une alimentation déséquilibrée, la
population souffrait de maladies de peau, d'anémie, de rachitisme et était sujette à la
malaria.
Enfin, les parasites ont consommé jusqu'à un quart du maïs pendant les trois mois de
stockage, une incitation supplémentaire à vendre juste après la récolte.
Zimmer a élaboré son concept pour Tori-Cada de manière presque autonome. Il a rejeté
les idées qui prévoyaient la création de coopératives de producteurs avec des tracteurs.
Il estimait que la mécanisation n'était pas encore praticable, car les rendements étaient
trop faibles et les coûts trop élevés. Les coûts des machines dépasseraient les
rendements d'environ 50 DM par hectare. Comme les fabricants de tracteurs du
Dahomey ne disposaient pas de services après-vente, il était difficile de se procurer des
pièces de rechange. Dans d'autres coopératives, les tracteurs restaient immobilisés
pendant des semaines, voire des mois, en raison de pannes ; et lorsqu'un tracteur était
utilisé pour le défrichage des terres, il devait être remplacé au bout de quatre ans
seulement. Zimmer savait aussi que les paysans du Dahomey n'aimaient pas les
coopératives de producteurs. Leur plus grande unité communautaire naturelle était la
famille élargie, et il était difficile de regrouper plusieurs familles en une "coopérative de
communauté économique"41.
40 Dramatizing Development : The Celebration and Reality of West German Village Projects in West Africa, 1962-1977,
John W. Weigel (2016) ; B.A., M.A., p. 168.
41 Dramatizing Development : The Celebration and Reality of West German Village Projects in West Africa, 1962-1977,
Les quatre premiers volontaires du DED sont arrivés au Dahomey en octobre 1965. Ils
avaient auparavant atterri avec le premier chargé de mission du DED pour le Togo et le
Dahomey à bord d'un avion charter du DED à l'aéroport de Lomé, au Togo. Le chef de
projet Balduin Zimmer du projet "Tori-Cada" y a lui-même accueilli ses nouveaux
collaborateurs et s'est rendu en même temps avec eux à Cotonou43.
Jusqu'à ce que les premiers bâtiments de Tori-Cada soient prêts à être occupés au
printemps 1966, les quatre coopérants vivaient dans la maison du chargé de mission du
DED dans le quartier de la Haie-Vive à Cotonou. À cette époque, le siège du DED au
Dahomey était la chambre du chargé de mission, la caisse se trouvait sous le lit, trois
classeurs dans l'armoire. C'est ainsi que le DED a démarré au Dahomey44.
Le plan du chef de projet Zimmer prévoyait une rotation des cultures sur quatre ans,
commençant par avec des légumineuses, puis en alternant maïs, arachides, coton et
manioc. Des citernes et des puits ont été construits pour la production d'eau, afin que les
villageois n'aient pas à parcourir plusieurs kilomètres par jour, plusieurs fois par jour.
Cela devait leur laisser plus de temps pour d'autres tâches et améliorer leur santé
générale grâce à une meilleure eau.
42 Balduin Zimmer, Plan für deutsches Projekt, non daté, mais avec une lettre de la GAWI du 27 août 1964 ; de:
Dramatizing Development : The Celebration and Reality of West German Village Projects in West Africa, 1962-1977,
John W. Weigel (2016) ; B.A., M.A., p. 178.
43 Origine de la coopération entre l'Allemagne et le Bénin, 1960 – 1975, Narcisse Dovenon ; p. 49.
44 Origine de la coopération entre l'Allemagne et le Bénin, 1960 – 1975, Narcisse Dovenon ; p. 49.
Zimmer et ses experts en coopératives ont créé deux niveaux d'organisation : les
différents coopératives et la coopérative centrale, l’UCRT. Chaque coopérative avait un
conseil d'administration de trois membres, composé du président, du vice-président et
du secrétaire. Le président siégeait au conseil exécutif de l'UCRT, où il y avait trois
membres du conseil d'administration. Les premiers statuts officiels ont été enregistrés
auprès du gouvernement du Dahomey le 10 août 196645.
En 1966, les installations de séchage et les silos livrés par l'Allemagne ont permis de
stocker plus de 200 tonnes de maïs. Celles-ci ont pu être vendues plus tard au double
de leur prix. Selon le chef de projet Tori-Cada, Balduin Zimmer, c'est au Dahomey que
45 Dramatizing Development : The Celebration and Reality of West German Village Projects in West Africa, 1962-1977,
John W. Weigel (2016) ; B.A., M.A., p. 175.
46 Les pré-coopératives devaient attendre un an avant de pouvoir s'enregistrer en tant que coopératives.
47 Dramatizing Development : The Celebration and Reality of West German Village Projects in West Africa, 1962-1977,
Dans les autres villages, comme Zounhoué, il y avait également des maisons pour six
personnes, un hangar avec des silos à maïs, un puits et une citerne. D'autres villages
avec des puits, des citernes et/ou des entrepôts étaient Zoungoudo, Gbegoudo, Kanta,
Doinoko, Tanto, Azohé-Aliho et Azohé-Cada. Bien entendu, le nombre de bâtiments
nécessaires a augmenté avec le nombre de coopératives. Cela a conduit le chef de projet
Zimmer à dépenser trop en août 1968 et à demander une augmentation des fonds de 60
000 DM50.
Les dépenses totales pour les livraisons de matériel depuis 1960 jusqu'à 1968 inclus se
sont élevées à environ 1,8 million de marks. Comme la République fédérale participait à
hauteur de 34% aux dépenses de la Communauté économique européenne (CEE), les
dépenses totales de la République fédérale d'Allemagne de 1961 à 1968 se sont élevées
à environ 32 millions de marks. Durant cette période, 75 Dahoméens ont également été
formés en Allemagne dans différents métiers ; la durée de la formation était d'au moins
deux ans51.
Les paysans du Dahomey avaient l'habitude de ne pas semer les graines de maïs en
ligne, mais de les disperser. Cela a donné lieu à une discussion entre les experts et les
paysans allemands sur la variante de plantation la plus efficace. Le chef de projet Zimmer
était favorable à la plantation en ligne qui, selon lui, permettrait d'obtenir une récolte
d'environ 1874 kilos par hectare, contre 1152 kilos par hectare pour la plantation
dispersée. Mais il n'a pas tenu compte de la différence de charge de travail, qui était
nettement plus élevée dans le cas d'une plantation en ligne. On a rapidement reproché
aux agriculteurs qui voulaient s'en tenir à leur méthode de semis traditionnelle d'être "trop
paresseux". David Ogoundélé, un formateur du service agricole du Dahomey, a affirmé
que les paysans étaient en général convaincus de la rentabilité de la plantation en ligne.
Ceux qui ne l'étaient pas ne voulaient simplement pas "secouer leur paresse", mais ceux-
là aussi se laisseraient convaincre52.
Il aurait été possible de constater que le nombre d'heures de travail par kilogramme de
maïs était plus élevé avec la plantation en ligne qu'avec l'épandage. De plus, la plantation
en ligne sacrifiait les avantages de la culture intercalaire. En effet, les agriculteurs
plantaient le maïs avec du manioc ou des palmiers à huile. Mais l'importance de cette
pratique n'a pas été comprise par les experts. Ainsi, la culture intercalaire permettait de
combiner des cultures aux besoins nutritionnels différents, de lutter contre les ravageurs
ou les maladies et nécessitait moins de travail pendant la croissance de la plante. En
revanche, la culture en ligne impliquait des monocultures, ce qui rendait les tiges plus
vulnérables aux attaques de parasites. L'expérience du Kenya a montré que les souris
commençaient à se nourrir d'un bout à l'autre des plantations en ligne, ce qui entraînait
la perte de récoltes entières.
La possibilité que les paysans, avec leur connaissance des conditions locales et leur
expérience de plusieurs dizaines d'années, aient peut-être raison, est souvent passée
inaperçue dans la discussion. Il a parfois fallu apprendre à travailler "d'égal à égal" dans
le travail de conseil et à se défaire du "regard colonial"53.
Alors que les villages modèles au Togo ne se sont pas développés comme prévu, un
séminaire d'évaluation du DED à Cotonou en 1966 a révélé que le projet de "village
modèle" au Dahomey avait bien un caractère exemplaire. L'ambassadeur allemand de
l'époque, von Kameke, à Cotonou, a fait l'éloge du responsable pays du DED, Martin
Dietz, pour sa "manière habile et compréhensive de s'occuper de ses protégés (les
volontaires)", qui les a aidés à prendre une "initiative étonnante". En 1969, Dietz devint
chef de projet et succéda à Balduin Zimmer, qui reçut une distinction du gouvernement
dahoméen pour son travail à Tori et poursuivit son travail au Dahomey en tant que
conseiller du gouvernement à partir de novembre 1968.
52 Dramatizing Development : The Celebration and Reality of West German Village Projects in West Africa, 1962-1977,
John W. Weigel (2016) ; B.A., M.A., p. 179.
53 Dramatizing Development : The Celebration and Reality of West German Village Projects in West Africa, 1962-1977,
En fin de compte, l'UCRT a échoué notamment parce que ses membres ne respectaient
plus leur obligation de vendre la totalité de leur production de maïs à leur coopérative
locale. Au lieu de cela, ils ont vendu une grande partie de leur maïs sur les marchés
locaux ou à des intermédiaires. Ironiquement, certains négociants locaux ont alors tenté
de vendre à l'UCRT, ce que celle-ci a bien sûr refusé57.
Narcisse Dovenon parle du fait que "la naïveté avec laquelle on s'est engagé dans le
concept de village modèle du projet était également remarquable. Finalement, on s'est
rendu compte qu'on ne possédait pas le "modèle" ou du moins que les Africains ne le
percevaient pas comme un modèle"58.
Le projet Tori-Cada a été le tout premier projet germano-béninois ; le début d'une longue
expérience dans le domaine de la coopération au développement entre les deux pays.
Les expériences faites à Tori - positives et négatives - ont enrichi la coopération bilatérale
des décennies suivantes dans le domaine de l'agriculture et du développement rural.
Tori-Cada sera donc toujours considéré comme le point de départ de la coopération
54 Dramatizing Development : The Celebration and Reality of West German Village Projects in West Africa, 1962-1977,
John W. Weigel (2016) ; B.A., M.A., p. 183
55 DAHO-Express, Remise officielle des installations de l’Union des coopératives de Tori-Cada à l’Etat dahoméen, (29
mars 1973) ; p. 1.
56 DAHO-Express, Remise officielle des installations de l’Union des coopératives de Tori-Cada à l’Etat dahoméen, (29
mars 1973) ; p. 4.
57 Dramatizing Development : The Celebration and Reality of West German Village Projects in West Africa, 1962-1977,
Victor Laly (78 ans), cultivateur demeurant dans le village Soklogbo, arrondissement Tori-
Cada : « Nous étions en 1965, il y avait la mission allemande qui était venue à Tori,
aujourd’hui arrondissement de Tori-Cada pour mettre sur pied l’UCRT. Chaque village
avait une coopérative et l’ensemble desdites coopératives étaient dirigées par les
allemands. Leur objectif premier était de mettre les producteurs ensemble afin de les
aider à vendre beaucoup plus facilement leurs produits avec pour objectif final de
développer l’agriculture sous toutes ses formes. À cet effet, après les récoltes, les
allemands achetaient chez nous les maïs encore frais. Ensuite, ils les séchaient avec
des machines de pointe, puis, les transportaient vers Cotonou à l’aide des grosses
remorques. À cette époque, le Premier Directeur ayant conduit la mission et coordonné
les activités s’appelait Balduin Zimmer. Dans cet élan de solidarité, les allemands nous
ont construit des pistes rurales, ils avaient même construit un hôpital où la population
venait se soigner gratuitement. C’était vraiment quelque chose de magnifique que tout le
monde a apprécié jusqu’à ce qu’ils décident de partir pour laisser place aux béninois pour
continuer la gestion. Mais ils revenaient en tant que partenaires pour nous appuyer. »
Appelé à faire valoir ses droits à la retraite depuis quelques années, l’homme a été
rappelé par l’actuel Ministre béninois de l’Agriculture en qualité de Conseiller au regard
de ses riches expériences et connaissances. Au cœur des nombreux projets de la
Coopération technique allemande au Bénin pour avoir été soit concepteur ou
Coordonnateur, Monsieur Fandohan nous fait dans cet entretien à bâtons rompus, un
survol historique de la coopération allemande dans le secteur vert, de ses débuts à nos
jours.
M. Fandohan : Je vais prendre deux exemples qui remonte aux années 1980 avec en
particulier deux projets qui ont laissé beaucoup de traces et qui sont surtout caractérisés
par leur durée. C’est l’engagement de la coopération technique allemande dans
l’économie du bois ; l’ONAB (Office National du Bois) est née dans la même période et
a vécu jusqu’en 2022 avant que l’Etat ne décide de la transformer en société (SONAB).
Avec une interruption dans les années 2001/2002, la production de teck a été
encouragée. Durant cette période, l'État et la GTZ ont discuté de la privatisation de la
branche industrielle de la filière bois, qui se trouvait à Saclo, un arrondissement de
Bohicon. A Saclo, les grumes étaient transformées et préparées pour l'exportation. Une
partie du bois était également destinée au marché béninois. L'État n'était pas pressé,
mais la GTZ voulait accélérer la mise en œuvre de la privatisation.
Si vous allez dans la forêt classée de la Lama, il y a plus de deux mille hectares qui sont
conservés. Aujourd’hui c’est le témoin de la forêt naturelle originelle. C’est grâce aux
allemands que cette ressource est conservée.
Nous avions réalisé des plantations de teck dans les années 1940 – 1949 ; mais
personne ne savait qu’on pouvait faire des meubles avec des tecks. On savait seulement
exploiter les poteaux mais scier et transformer en bois d’œuvre - c’est cette mission
forestière allemande qui est venue apprendre aux Béninois le savoir-faire. Et d’ailleurs il
y avait une menuiserie installée dans l’enceinte de l’ONAB à Cotonou pour former des
menuisiers pour la transformation des bois de teck. Ils ont été des centaines à être formés
sur place. La branche industrielle de l’unité de Saclo abritait la chaîne de transformation
de quelques produits ; des pièces exportées ensuite sur le marché au niveau
international.
Le deuxième exemple qui a carrément franchi les frontières et qui s’est propagé dans
toute l’Afrique de l’Ouest et du centre, c’est la promotion de l’élevage d’aulacodes
communément appelés « Agouti ». Un animal qui ressemble à un rat et qui a été
apprivoisé pour la première fois au Bénin. C’était un projet qui a commencé en 1983 au
Bénin et a abouti à un projet régional en 2003 – ce qui fait 20 ans.
C’est ce qui a été fait avec le PCGRN (Projet de Conservation et Gestion des Ressources
Naturelles). Ce projet a commencé en 2004. A la fin de la première phase en 2007, on a
reformulé le PCGRN. Nous avions 6 composantes car le programme est né de la fusion
de plusieurs projets qui intervenaient dans la gestion des aires protégées.
Dès la deuxième phase en 2007, les 6 composantes en sont devenues une seule et une
seconde a été ajoutée : la promotion des chaînes de valeur. Ce que le Ministère de
l’agriculture fait aujourd’hui, la mise en place des compétences en matière de promotion
d’une filière et de ses chaînes de valeur, c’est la coopération allemande qui a développé
des formations pour le public et le privé à partir de 2007. Ça a contribué à élaborer le
premier document de promotion de la filière Anacarde et celui de la filière riz en juin 2008.
C’était à travers un projet appelé PGRN (Projet de Gestion des Ressources Naturelles).
C’est à la suite de cette intervention, qui s’est achevé en 1998, que la Banque Mondiale
s’est retirée en laissant la coopération allemande et l’AFD. Les Français ont accepté de
continuer à appuyer le volet sécurisation foncière rurale à travers l’élaboration des plans
fonciers ruraux et la coopération technique allemande coordonne l’ensemble des
interventions qui incluaient la gestion des terroirs. C’est une approche de développement
rural intégrée au niveau villageois. On réfléchit dans une démarche très holistique avec
les différentes parties et usagers, comme pêcheurs, éleveurs, producteurs, pour décider
de la façon d’affecter l’espace aux différentes utilisations pour assurer la durabilité.
Quand nous avons quitté le projet de gestion des ressources naturelles, nous sommes
allés à la gestion des terroirs et des ressources naturelles.
Par rapport à votre question, l’appui aux parcs nationaux et aux aires protégées a
commencé en 1992 jusqu’en 1998. Il a existé un second projet appelé Parc Pendjari. En
1996, a été créé le Centre National de gestion des réserves de faune (CENAGREF) puis
le programme s’est prolongé avec le projet Pendjari. Il est devenu un volet de ProAgri et
continue aujourd’hui de façon autonome et au niveau régional.
Quelle est votre conclusion et bien sûr votre souhait pour l’avenir de l’agriculture
au Bénin avec un œil sur la coopération allemande ?
Lorsque nous avons reçu la lettre du ministère des Affaires étrangères dans laquelle le
gouvernement demandait à la coopération allemande de quitter le secteur agricole pour
la formation professionnelle et l’appui au secteur privé, j'étais triste. La coopération
allemande au développement et son personnel ont soutenu et influencé politiquement et
stratégiquement la majeure partie de ce qui se passe dans le secteur agricole.
Si vous comptez aujourd'hui le nombre de projets par rapport aux autres, la coopération
technique allemande est la plus importante. Sans les projets du « Secteur Vert» les gens
seront en quelque sorte orphelins. Je le regrette. Car l'intervention qui sera axée sur la
formation professionnelle et agricole n'existera plus en ce qui concerne la vulgarisation
agricole.
M. Fandohan : Je ne veux pas formuler un souhait qui sera vain, je suis déjà heureux
que l’arrêt du pôle prioritaire agriculture ne signe pas l’arrêt de la coopération allemande
dans le secteur agricole, parce que ça va se retrouver par rapport à l’accompagnement
en matière de formation professionnelle et d’appui au secteur privé. Mais tout ce qui
concerne l’accompagnement matériel, le conseil agricole, la structuration des acteurs, il
y aura un gros manque et je le regrette.
Quand vous regardez le tissu industriel béninois sur le plan entrepreneurial, quel est le
volet qui est le plus porteur pour donner des cours théoriques aux gens et leur permettre
d’aller se former par la pratique ? C’est bien l’agriculture, c’est l’agro-industrie qui est en
train de se développer. D’ailleurs le gouvernement lui-même s’est embarqué pour
construire plus d’une trentaine de lycées agricoles.
Donc l’appui aux volets formation professionnelle et secteur privé ne va pas se détacher
du secteur agricole. On peut donc dire que sur le plan politique et stratégique
d’intervention, la coopération allemande sort du secteur agricole, mais elle y retourne à
travers la formation professionnelle et l’appui au secteur privé. On reste dans le même
secteur mais l’approche change.
En 1945, les SIP ne répondant plus réellement aux aspirations françaises furent
transformées en Sociétés africaines de prévoyance (SAP). Au Dahomey, les cercles de
développement agricole furent créés par l’arrêté général n°149 du 24 juin 1913 qui
organisait la colonie dahoméenne en 13 cercles, ayant chacun un chef-lieu. Dès lors, il
fallait délocaliser la gestion du secteur agricole au niveau de chacun des 13 cercles
créés. Les SAP furent transformées en Sociétés mutuelles de production rurale, (SMPR)
en 1953. Avec l’essor du modèle économique libéral, il était question de réunir plusieurs
conditions pour la croissance économique dans les colonies. La gestion de la production
agricole à elle seule ne suffisait plus. Il fallait favoriser le développement rural pour lancer
l’industrialisation du pays. Les SMPR furent transformées en Sociétés mutuelles de
développement rural (SMDR). Ces dernières avaient pour ambition de devenir des
organisations régionales de développement économique à l’instar des coopératives.
Elles intervenaient également dans la commercialisation. Cependant le choix des
spéculations était fixé par le colonisateur français. La cartographie agricole de cercles
étant connue d’avance, l’adhésion des paysans était forcée.
Les CARDER (Centre d’Action Régionale pour le Développement Rural ainsi dénommés
entre 1969 et 2004) en tant que structures opérationnelles périphériques présentes sur
le terrain ont eu une réelle importance dans l’environnement institutionnel du
développement agricole au Bénin. Depuis le premier CARDER de 1969 à 2017 en
passant par 1990 et 2013, ils ont subi plusieurs mutations. Au moment de sa création à
Lokossa le 1er janvier 1969, le premier CARDER était sous la tutelle du Ministère du
60Le développement rural à l’échelle locale au Bénin ou l’histoire des réformes du CARDER de 1969 à 2017, Ingrid
Sonya Mawussi ADJOVI, Université de Parakou (2017).
Les CeRPA, à leur tour, n’ont pas fonctionné comme l’espéraient les initiateurs. En 2013,
il fut décidé de les transformer à nouveau en CARDER. Non plus en Centre d’Action
Régional pour le Développement Rural, mais en Centre Agricoles Régionaux de
Développement Rural (CARDER). Cette nouvelle structure diffère des précédentes
puisque ce CARDER « nouvelle génération » est plus assimilable aux CeRPA qu’aux
CARDER de 1969-2004. Ces offices à caractère agricoles sont dotés de la personnalité
morale, d’une autonomie financière et d’une structure organisationnelle totalement
différente de celle des anciens CARDER.
L'expérience acquise à Tori-Cada devait être intégrée dans un nouveau projet pour
lequel l'unité agricole du BMZ avait élaboré une proposition : en plus de Tori-Cada, trois
nouvelles coopératives centrales devaient être créées dans le département Atlantique du
Dahomey. Elles devaient être implantées à Abomey-Calavi, Ouidah et Ouagbo. En
association avec Tori-Cada, elles fonctionneraient sous l'égide d'une organisation
principale. Son nom : Centre d'Action Régionale de Développement Rural, le CARDER.
Comme son prédécesseur, le projet CARDER Atlantique devait mettre en place une
structure coopérative pour le stockage et la vente de produits agricoles ainsi que pour
l'achat de biens agricoles. Il devait également mettre en place un système de
commercialisation, notamment pour le maïs, avec des silos et des séchoirs. À cela
Etude sur l´historique de la Coopération Allemande dans le secteur agricole au Bénin
39
s'ajouterait une intensification de la vulgarisation agricole et l'aménagement de plus de
300 kilomètres de routes non goudronnées. Des logements, des bureaux, des bâtiments
agricoles et des silos seraient construits sur les sites du projet.
Les dépenses prévues pour les cinq premières années du projet s'élevaient à 12 millions
de DM, dont cinq millions devaient être apportés par le gouvernement du Dahomey. Le
gouvernement n'étant pas en mesure de fournir ce montant, la RFA (République
Fédérale d’Allemagne) a créé un fonds spécial de deux millions de DM pour le Dahomey.
Le 14 décembre 1972, le Comité a approuvé cette proposition61.
Jusqu'à la fin des années 80 et au début des années 90, la coopération allemande devait
apporter une contribution importante au développement rural et à la promotion de
l'agriculture à travers le CARDER Atlantique.
La coopération allemande s'est engagée pendant plus de dix ans dans le CARDER
Atlantique. Les CARDER, les Centres d'Action Régionale pour le Développement Rural,
disposaient d'une structure dans chacun des six départements du Bénin de l'époque.
Au fil des années, l'approche est devenue de plus en plus globale et les exigences envers
les CARDER de plus en plus élevées. La capacité de pilotage des services
gouvernementaux et des consultants externes s'est vite épuisée. L'instrument CARDER
devenait trop petit pour les travaux qui lui étaient confiés et ne pouvait plus répondre aux
attentes d'un développement rural intégré.
61 Protokoll des Interministeriellen Ausschusses für Technische Hilfe (14. Dezember 1972) ; BArchiv B 213/4068 ; du
: Dramatizing Development : The Celebration and Reality of West German Village Projects in West Africa, 1962-1977,
John W. Weigel (2016) ; B.A., M.A., S. 199.
Source : Le développement rural à l’échelle locale au Bénin ou l’histoire des réformes du CARDER de 1969 à
2017, Ingrid Sonya Mawussi ADJOVI, Université de Parakou (2017).
62Plan d’Opération du projet bénino-allemand de Développement rural, CARDER Atlantique, Deuxième phase 1983
– 1985, Cotonou, (1983) ; 19ff.
Pour atteindre ces objectifs, une gamme de mesure a été élaborée et, par la suite,
précisée pour les différents programmes d’action du projet.
Pour cela, un budget « construction » a été prévu pour fournir des bâtiments
administratifs pour la Direction, un centre de formation, des espaces de stockage ainsi
que l’équipement des bureaux, les véhicules et d’autres matériels techniques.
Cette étape technique prévoyait de multiples actions à titre d’essais concrets sur le terrain
(par exemple : opération arachides, riz, café, tabac, vallée de l’Ouémé, etc.) permettant
de définir progressivement le programme de vulgarisation du CARDER et faisant ainsi la
preuve de son efficacité.
Dans ce même contexte, un budget était prévu pour l’étude approfondie des aspects de
la pêche artisanale, de la mise en valeur de la vallée de l’Ouémé, de la culture attelée,
L’apport financier de la République Populaire du Bénin porte sur des subventions directes
et indirectes accordés par le Budget National dans le cadre du fonctionnement de la
partie Béninoise du projet CARDER Atlantique.
Parmi les services proposés par les CARDER, trois ont été privilégiés par les agriculteurs
: la commercialisation de leurs produits agricoles, l'accès au crédit et l'approvisionnement
en intrants64.
La ferme expérimentale dans laquelle des essais de cultures sur des parcelles ont été
effectuées par des stagiaires lors de sessions de formation ou de recyclage. Une autre
ferme a été dédiée à la production de semences pour les cultures essentielles de la
Province (maïs, arachides, manioc, haricots, etc.) destinées à la vulgarisation auprès des
coopératives, groupements et des producteurs individuels. Des outils agricoles ont été
fabriqués dans un atelier sur le site du CARDER. Dans une pépinière, des plantules des
différentes essences arboricoles ont été produites afin de satisfaire la demande des
producteurs de la Province (par exemple : la production de plantules de bois-d’œuvre et
de chauffage pour l’opération de reboisement, production de plantules de variétés
d’agrumes et autres arbres fruitiers.)
L’importance des activités à mener étant en totale discordance avec les moyens alloués
et/ou générés, la situation financière des CARDER s’est progressivement dégradée, de
même que leurs performances techniques. On a assisté à un lent déclin des CARDER
dans tout le pays65.
Après la faillite de l’Etat durant les années 1980, il fallait revoir la mission des CARDER
pour éviter les travers observés les années précédentes : le détournement de fonds,
mauvaise utilisation du personnel, la faillite des usines placées sous l’administration des
CARDER, le manque d’approvisionnement des producteurs, etc. La mise en œuvre du
PAS (Programme d’Ajustement Structurel) et l’impératif du redressement des finances
publiques ont poussé les gouvernants à réformer le CARDER par le décret 91-310 du 31
décembre 1991 portant approbation des statuts des Centres d’Action Régionaux pour le
Développement Rural.
65 Le développement rural à l’échelle locale au Bénin ou l’histoire des réformes du CARDER de 1969 à 2017, Ingrid
Sonya Mawussi Adjovi, Université de Parakou (2017) ; p. 151f.
66 Le développement rural à l’échelle locale au Bénin ou l’histoire des réformes du CARDER de 1969 à 2017, Ingrid
On assista également, dans les années 60, à une extension de la culture du coton dans
le Nord-Est du Bénin, massivement soutenue par des acheteurs étrangers au travers
notamment de prix garantis. Les terres arables pour la production vivrière sont devenues
plus rares encore et les produits alimentaires, plus chers. La chasse d’animaux sauvages
comme l’aulacode s’est développée, décimant les populations de cet animal. Les
restrictions alors décrétées pour limiter la chasse et protéger ainsi les espèces n’ont pas
permis d’améliorer la situation.
Dans la première moitié des années 1980, environ une famille de petits paysans sur trois
dans le Sud du Bénin n’était plus à même d’assurer sa subsistance. Pour approvisionner
les villes, il fallut importer des céréales et de la viande. La production de denrées stagnait
par suite de faibles précipitations durant cette période, mais également en raison de
techniques culturales peu productives. La faible diversification des cultures constituait un
risque supplémentaire pour la survie des agriculteurs. L’extension des cultures n’était
pas possible en raison de la rareté des terres ou ne l’était, dans certaines régions, qu’au
détriment de la conservation des espèces. De la même façon, il était impossible de
développer l’élevage extensif ou de l’intensifier en raison de la vulnérabilité des animaux
face aux maladies.
Durant les années 1970, la décimation des populations d’aulacodes sauvages et les prix
élevés dans plusieurs pays d’Afrique occidentale ont favorisé l’émergence de premières
tentatives pour domestiquer cet animal. Il est encore chassé aujourd’hui, car sa viande
est très appréciée. La demande de viande d’aulacode était très forte, et le marché n’est
toujours pas saturé. Résultat : le prix de la viande d’aulacode était supérieur à celui de
Les premières initiatives pour domestiquer l’aulacode sont nées parmi les petits
agriculteurs, et ont été soutenues par les gouvernements des États d’Afrique de l’Ouest.
Ceux-ci entendaient ainsi atténuer la pénurie croissante de terres arables, car l’élevage
d’aulacodes est relativement indépendant des surfaces disponibles. Ces premières
tentatives furent des échecs, et le ministère béninois de l’Agriculture, qui s’appelait à
l’époque ministère des Fermes d’État, de l’Élevage et de la Pêche, rencontrait aussi des
difficultés au niveau de la sélection. L’homme savait encore peu de choses sur la
biologie, la reproduction, l’alimentation et la santé de ces animaux et les ressources
financières dont disposaient la recherche et les stations expérimentales étaient
insuffisantes pour parfaire les connaissances dans ces domaines. La production
d’aulacodes était un objectif explicite du plan quinquennal béninois de l’époque, où il était
expressément prévu de soutenir l’initiative privée des petits exploitants agricoles et la
commercialisation sur le marché libre.
Si l’aulacodiculture est devenue une réalité et un exploit au Bénin, il a fallu non seulement
la volonté manifeste de divers hommes et en particulier, celle de monsieur Boukary
Alidou, Ministre des Fermes d’Etat, de l’Elevage et de la Pêche de l’époque, ainsi que le
soutien financier durant une vingtaine d’années de la République Fédérale d’Allemagne
dans le cadre des accords de coopération bilatérale bénino-allemande. Il faut aussi
mentionner la collaboration et l’exploitation judicieuse des talents couplés aux
connaissances endogènes en matière de production animale de tous les
‘’aulacodiculteurs’’ pilotes et spontanés béninois devenus par la force des choses des
chercheurs. Poursuivant dans cette lancée, le ministère en charge de l’agriculture et de
l’élevage, décida dans les années 1980 de solliciter l’appui de la coopération allemande
et a initié le PPEAu, toujours avec l’appui technique et financier de la Coopération
Allemande à travers la GTZ.
Dans les années 1980, la plupart des projets concernant des animaux visaient à
améliorer les soins vétérinaires ou avaient pour but d’augmenter la productivité, par
exemple les performances laitières. Les projets se rapprochant le plus de celui-ci sont
ceux dédiés à la gestion contrôlée d’animaux sauvages dans des ranchs de gibier, à la
différence que dans ces structures, les animaux ne sont pas domestiqués, et donc la
reproduction n’y est pas gérée par l’homme.
Les premiers essais de culture d'aulacodes ont été initiés par le premier conseiller
gouvernemental de la GTZ au ministère béninois de l'Agriculture, Dr. Richard Baptist au
départ dans son propre garage. Les résultats ont été si encourageants que l'élevage de
l'aulacode a été poursuivi et perfectionné dans un centre spécifique à Godomey. Ce
projet a démarré en 1983 avec deux ans de recherches préliminaires, et s’est achevé en
2000. Il s’intitulait au départ « Promotion de l’élevage d’agoutis », mais depuis le début
des années 1990, on préfère parler d’élevage d’aulacodes.
La première phase du projet (1983-1988) était consacrée avant tout à des études
scientifiques sur l’accouplement et l’hérédité, la santé, l’alimentation, les conditions du
milieu ainsi que le comportement de groupe des aulacodes. Dans une seconde phase
(1989-1996), une centaine d’agriculteurs ont testé les résultats de la recherche dans les
conditions de production de leurs petites exploitations. Durant cette phase, on a aussi
développé des modules de formation basés sur la transmission des savoir-faire des petits
éleveurs vers d’autres agriculteurs. Une phase de diffusion a ensuite permis d’introduire
l’aulacodiculture au Bénin comme nouveau secteur d’activité dans l’agriculture.
L’élevage de l’aulacode s’est développé au Bénin dans le cadre de la mise en œuvre des
politiques de développement des productions animales, de diversification des filières
67 Le titre de sa thèse de doctorat, d'où proviennent également les informations pour ce texte, était : "
Untersuchungen zur Eignung von Thryonomys Swinderianus (Grasnager) als landwirtschaftliches Nutztier,
Institut für Tierproduktion in den Tropen und Subtropen der Universität Hohenheim, Rainhard Schrage
(1990).
- 1ère phase (1983 – 1988) ou phase pilote en station, un milieu contrôlé pour
l’élaboration des références techniques et économiques de l’aulacodiculture
adaptée au contexte agro économique.
- 2ème phase ou phase de pré-diffusion (1989 – 1996) pour la valorisation et le
transfert de la technologie mise au point, en milieu réel, rural, périurbain et urbain.
- 3ème phase ou phase de vulgarisation (1996 – 2003) pour l’extension dans toutes
les zones propices à ce mini élevage non conventionnel, dès lors que les
faisabilités techniques et économiques de la spéculation ont été prouvées au
cours des deux phases précédentes.
Cette première phase a démarré en 1983 et s’est prolongée jusqu’en 1988. Pendant
cette phase, il a été créé une station d’élevage, le Centre bénino-allemande
d’aulacodiculture (CBA) situé à Godomey-Cotonou, pour conduire les travaux en
auladiculture par une équipe pluridisciplinaire de chercheurs, avec une approche plus
rigoureuse et méthodique de recherche développement, à partir d’un cheptel de base
d’aulacodes sauvages capturés. La station d'élevage de Godomey servait de noyau. De
là, les animaux étaient vendus pour être élevés. Le gouvernement béninois a mis un
terrain à disposition, ainsi que les contreparties et le personnel du projet.
68Appui provisoire à partir de 1983 (démarrage provisoire) et appui officielle de la GTZ dans le cadre du « Projet
benino-allemande d'aulacodiculture » (PBAA) devenu plus tard le Projet de « Promotion de l'élevage d'aulacodes au
Bénin (PPEAu) » et du « Projet benino-allemande d'aulacodiculture » (PBAA) ; Mise en œuvre du Projet Régional de
Promotion de l'Élevage de l'Aulacode en Afrique du Sud du Sahara (PPAS) et sa fin en décembre 2003.
Elle s’est déroulée de 1989 à 1996. Pendant cette phase, il a été prouvé la faisabilité
technique et financière de l’élevage d’aulacodes en milieu réel. Pour ce faire, des
éleveurs pilotes ont été ciblés dans un rayon de 30km autour de la station, sont formés,
et sur la base de leur capacité à construire une aulacodiculture acceptable, sont installés
et suivis. Il y a eu aussi l’intensification des techniques de production d’aulacodes puis
l’exécution du programme de sélection des géniteurs. A la fin de cette phase on comptait
déjà près de 300 éleveurs d’aulacodes avec plus de 7 000 aulacodes au Bénin. La
production annuelle de viande d’aulacodes au Bénin était évaluée à 500 tonnes soit
environ 200 000 têtes et ne représentait que 65% de la demande estimée des
populations béninoises69.
Elle a démarré en 1996 et s’est achevée en 2003. Cette phase s’est consacrée :
• Au développement des modes d’élevage rentables pour le matériel animal-
amélioré ;
• À la création d’une race d’aulacodes génétiquement adapté à la vie en captivité ;
• À la promotion de l’élevage d’aulacodes en milieu rural, contribuer aussi à la
diversification du mini élevage et au relèvement du niveau de vie des populations
paysannes, périurbaines et urbaines.
La station à travers le PPEAu a contribué à la diffusion par des interventions directes
mais aussi et surtout par appui aux structures spécialisées du développement rural. Les
acteurs de cette diffusion sont : les éleveurs, les associations d’éleveurs, les organismes
d’appui, les écoles et institutions de formation agricole.
69 Abrege d’auladociculture, Reinhard Schrage, Lassissi Tobé Yéwadan, GTZ (1995) ; avant-propos.
La forte rentabilité de l’activité, la dynamique qu’elle avait prise et l’intérêt vif des pays
voisins du Bénin ont conduit la Coopération allemande à mettre en œuvre le Projet
Régional de Promotion de l’Elevage de l’Aulacode en Afrique au Sud du Sahara (PPAS)
qui s’est chargé de l’appui à l’organisation de la filière et le transfert des acquis dans les
pays intéressés de la zone au Sud du Sahara. Avec l'apparition de l'épidémie d'Ebola en
Afrique de l'Ouest, la demande pour les aulacodes a également connu une chute
significative.
En dehors du Bénin, le projet PPAS a impacté alors les pays de la sous-région comme le
Burkina Faso, le Togo, le Nigéria, le Cameroun, la Côte d’Ivoire, la République du Congo,
la République Démocratique du Congo, le Ghana et la Guinée Equatoriale. L'élevage
systématique des aulacodes et ses résultats au Bénin, unique dans la région, a même
été présenté sur un stand spécifique avec des aulacodes vivants à l'EXPO 2000 de
Hanovre par le gouvernement béninois.
Source : Exploiter pour conserver Comment les animaux d’élevage et plantes cultivées délaissés constituent un
potentiel économique pour le développement rural, GTZ (2003) ; p. 6.
L’élevage d’aulacodes constitue au Bénin un secteur d’activité à part entière, avec des
chefs d’exploitation bien formés et expérimentés qui assurent également la formation des
novices. En 2003 il existait environ 3 200 Béninois(es) qui élèvent des aulacodes. La
grande majorité de ces éleveurs (80 %) sont des (petits) exploitant(e)s agricoles, 20 %
sont des fonctionnaires ou des travailleurs indépendants dans les villes. 80 % des
éleveurs ont moins de 100 aulacodes, 19 % en ont entre 100 et 500, et 1 % gèrent de
grosses exploitations comptant plus de 500 agoutis. On a estimé à près de 72 000 le
nombre total d’aulacodes élevés au Bénin en 2003. Les petites exploitations agricoles
réalisent plus de la moitié de leur revenu annuel grâce à l’aulacodiculture.
Toutes n’ont pas réussi ou ne parviennent pas à réaliser des profits, car cet élevage
demande des connaissances approfondies sur les conditions de production et d’élevage
des aulacodes. Mais les perspectives de revenus importantes expliquent pourquoi le taux
d’abandon est très faible parmi les novices, de 10 % à peine.
L’élevage d’agoutis permet aux agriculteurs de réaliser des revenus de façon régulière
sur toute l’année. Les agoutis d’élevage constituent une épargne qui peut être
rapidement convertie en argent liquide en cas de besoin. L’élevage peut en outre être
élargi dans les périodes où les agriculteurs ont besoin de plus d’argent. Cet élevage peut
également s’adapter aux prix de vente obtenus sur les marchés, et être intensifié durant
la saison des pluies quand il y a peu de gibier en vente sur les marchés.
En fin de projet en 2000, 18 % des jeunes agoutis étaient vendus directement à des
femmes. Par la suite, les programmes de crédit ont continué, mais les structures de
sélection et de commercialisation n’étaient plus incitées à faire des efforts en faveur des
femmes, si bien qu’en 2003, 12 % seulement des jeunes animaux ont été vendus à des
femmes. En ce qui concerne les prix, voici ce qui se dit au Bénin : « Un aulacode abattu
assure la nourriture d’une journée. Un aulacode vendu permet de se nourrir durant toute
une semaine ». Pour les petits exploitants, l’élevage d’aulacodes est intéressant pour la
vente plutôt que pour leur propre subsistance. La plupart des éleveurs vendent leurs
animaux directement sur les marchés des grandes villes. Pour des agoutis de boucherie
de 2,5 à 3,5 kg, ils ont pu obtenir en 2003 environ 3 euros le kg. Les aulacodes
reproducteurs étaient plus rentables encore, et pouvaient se vendre en 2003 au Bénin
pour 15 euros environ.
La pression exercée par la chasse sur les populations d’agoutis sauvages ne peut se
relâcher que si la demande de viande d’aulacode peut être satisfaite par des animaux
d’élevage. Au Ghana, pays voisin, il a été observé une régression des feux de brousse
allumés par les chasseurs d’aulacodes, ce qui est interprété comme le signe que la
chasse aux agoutis sauvages est en recul. Cela n’a pu être observé de façon certaine au
Bénin, mais dans les villages, les aulacodiculteurs signalisent les endroits où ils coupent
du fourrage, veillant ainsi à ce que des feux n’y soient pas allumés. Le fumier des
aulacodes est utilisé dans les exploitations agricoles, remplaçant ou complétant ainsi
d’autres engrais.
Les groupes ethniques étaient régulièrement chassés des forêts à protéger, mais cela
ne durait pas longtemps. Les hommes considéraient la forêt comme leur habitat et s'y
infiltraient toujours à nouveau, jusqu'à ce qu'ils soient découverts et chassés une
nouvelle fois.
Au début du projet, la forêt de Lama près de Bohicon était dégradée à près de 75%.
Grâce à une coopération financière et technique sur le long terme, la forêt a pu être
sauvée. Le groupe ethnique des Holis, qui vit dans cette zone forestière, a été intégré au
projet, ce qui a permis de convaincre cette communauté de protéger leur lieu d’habitation
et de considérer la forêt comme une ressource naturelle.
Une vision économique intégrée a été développée, centrée sur la production de bois.
Plus de 8000 hectares de teck ont été plantés, abattus et vendus comme bois d'œuvre.
La production économique de teck pouvait générer des ressources précieuses et
nécessaires tout en contribuant à la valorisation des terres dégradées. Une scierie a été
construite à Saclo, près de Bohicon, ce qui a permis de traiter le teck en grande quantité
et de le valoriser de manière quasi industrielle. Aujourd'hui encore, la forêt de Lama près
de Bohicon est visitée par des étudiants de l'UAC à des fins de recherche et des ouvriers
forestiers y sont formés et perfectionnés.
Pour ce faire, une scierie industrielle a été construite et exploitée par la GTZ à Saclo,
près de Bohicon, afin de transformer le bois issu des reboisements. Un atelier et un
parking pour y stationner les véhicules du projet forestier ont également été construits
sur le même site.
Au début du projet, il n'y avait aucune infrastructure dans la forêt de Lama. Il a donc fallu
reconstruire entièrement les chemins et les centres forestiers pour pouvoir y effectuer les
travaux et la récolte du bois.
À Tchetou, près de Bassila, il y avait une scierie d'État et une production de charbon de
bois. Le projet GTZ y a mis en place des reboisements expérimentaux avec
de « l’essence locale ». Pour s'en occuper, deux grands conteneurs ont d'abord été
installés. Plus tard, ils ont été remplacés par une maison construite en briques d'argile
produites sur place.
Le projet forestier a débuté par la construction d'une scierie à Saclo. L'expert de la GTZ
Rudolf Spieß a coordonné la construction avec la main-d'œuvre béninoise. C'est ainsi
qu'ont été construits en peu de temps le hall de la scierie, les fondations pour les lourdes
machines de la scierie, un parc de triage des grumes, le parking des véhicules avec des
machines de construction routière, des véhicules de transport et des chargeurs pour la
scierie ainsi qu'un atelier composé d’un hall avec des générateurs diesel pour
l'alimentation en électricité et un bâtiment administratif.
La scierie et la salle d'affûtage, pour l'entretien des scies fortement sollicitées, ont été
mises en service après six mois de construction. Cette période a également été mise à
profit pour couper correctement le bois de sciage destiné à la couverture de tous les
bâtiments en construction de l'usine.
La nouvelle scierie a été mise en service vers la fin de l'année 1982. Les conducteurs de
machines béninois qui y travaillaient ont été formés sur place par Rudolf Spieß,
collaborateur de la GTZ. La production a augmenté rapidement de même que le nombre
d'employés : dès la première année, environ 180 personnes travaillaient dans la scierie,
70 Les experts de la GTZ étaient le chef de projet Eckart von und zu Aufsess, le garde forestier Sarazin, Max Schweigl
et Rudolf Spieß, le responsable de la scierie et de la commercialisation du bois, M. Rudolf Spieß, ainsi que le chef
d'atelier Wilfried Ohlemacher.
La même année, l'Office national du bois (ONAB) a été créé et la construction d'un
bâtiment administratif a commencé à Cotonou. Au départ, ce bâtiment devait avoir un
seul étage, mais plus tard, en 1987, un deuxième étage a été ajouté. Une menuiserie
située sur le site a été intégrée au projet.
Afin d'écouler la production, qui avait entre-temps augmenté, quatre points de vente de
bois ont été mis en service à Cotonou en 1983 pour la commercialisation. Les bois
équarris 8x8 cm, les planches, le bois de chauffage et le charbon de bois ont rapidement
connu un grand succès. Cela fut très appréciés par les clients. Avant même l'arrivée des
camions qui se rendaient à Cotonou avec le bois de Bohicon, de nombreux acheteurs
attendaient déjà les marchandises en bois. Certains jours, on pouvait dénombrer plus de
50 clients. Peu après le déchargement des camionnettes, la marchandise était donc déjà
vendue.
Plus tard la capacité de la scierie s’est avérée insuffisante. D'une part, les besoins en
bois de sciage étaient plus élevés que prévu. D'autre part, pour créer des conditions de
croissance optimales, il fallait intensifier les reboisements et donc récolter et transformer
davantage de bois. C'est ainsi que l'extension de la capacité de sciage existante a été
planifiée et réalisée, intensifiant ainsi les reboisements.
Afin de reboiser la forêt de lamas qui avait souffert des coupes illégales des années
précédentes, une pépinière a été mise en place par la direction allemande du projet pour
produire des plants. Cela devait permettre de réaliser les futurs reboisements prévus. Le
parking de machines et de véhicules du projet a également été élargi : des machines et
des véhicules lourds ont été ajoutés, avec lesquels le défrichage et l'exploitation de
nouvelles surfaces ainsi que la construction de chemins supplémentaires (sur plus de 80
kilomètres au total), ont été effectués.
Environ 10 000 hectares de teck ont ainsi été replantés dans la forêt de Lama. Pour ce
faire, les Holis vivant dans la forêt de Lama ont dû être déplacés, car ils vivaient sur les
surfaces à planter dans la forêt.
L'atelier de menuiserie mis en place à Cotonou a également été agrandi à cette époque
et équipé de nouvelles machines. Une installation d'aspiration avec silo à sciure a été
ajoutée. Des formations sur l'utilisation du teck dans la production de meubles et d'autres
applications pour la formation continue des menuisiers locaux y ont ensuite été
organisées, sous la direction d'experts allemands en menuiserie.
Cette fois, les Holis vivant dans la forêt de lamas ne devaient plus être chassés. De
nouvelles terres (surfaces de remplacement), des maisons et des écoles en dehors des
zones de reboisement leurs furent proposées. Les Holis ont accepté de déménager des
surfaces à reboiser vers les 300 maisons. Dans les communes riveraines, douze
bâtiments scolaires ont également été construits, les toitures des marchés rénovées et
les bâtiments administratifs remis en état. Ces mesures ont fini par convaincre les Holis
de ne plus occuper les zones de reboisement et d'habiter en dehors de la forêt de Lama.
L'ouverture de 28 autres points de vente répartis dans toutes les villes du Bénin, ainsi
que d'un point de vente à Lomé (au Togo) et d'un autre à Niamey (au Niger), a permis
de limiter au maximum la récolte illégale de bois et le marché noir en provenance du
Nigeria - au profit du teck issu de la forêt de lamas et produit de manière durable.
De 1981 à 1987, des moyens financiers à hauteur de 340 millions de marks ont été
investis par la KfW. À partir de 1988, des investissements ont été réalisés dans le projet
à partir des bénéfices provenant de la vente de bois. Les projets ont été poursuivis même
au-delà de l’année 1993. Suite au retrait de l'État béninois et à la libéralisation des
structures de transformation du bois au Bénin, la scierie de Saclo a été privatisée. La
privatisation de cette industrie dans les années qui suivirent eut des importantes
répercussions sur le secteur de la production de bois au Bénin, qui fut dès lors soumis à
d'autres lois, et obligea également l'ONAB à réformer en profondeur ses missions.
L'Office National du Bois (ONAB) a été créé en 1983, par décret n°83-425 du
2 décembre 1983 suite à la dissolution de la Société Nationale pour le
Développement Forestier (SNAFOR). Il a son siège social à Cotonou dans
l'enceinte de l'actuelle Direction Générale des Forêts et des Ressources
Naturelles (DGFRN) à Cotonou (Akpakpa). Par décret N° 2000-488 du 9 octobre
2000, il y a eu modification des statuts de l'ONAB et autorisation de la filialisation
de sa branche industrielle. Le 28 décembre 2009, la branche industrielle a été
privatisée. La mission de l'ONAB est : « assurer la gestion durable des plantations
domaniales sous tutelle de l'office, la promotion du reboisement et de l'économie
forestière ».
71 Parmi eux, le chef de projet Eckrt von und zu Aufsess, les gardes forestiers Wulpern, von Bothmer, Schmitt et Lutz,
le directeur de la scierie Rudolf Spieß, le chef d'atelier Ohlemacher, M. Happe, responsable de la commercialisation
du bois et de la menuiserie de Cotonou, ainsi que la sociologue Mme Zink (selon le souvenir de R. Spieß).
La Coopération allemande, depuis son introduction sur le territoire béninois dans les
années 1960, a laissé des traces dans plusieurs domaines de la vie socioprofessionnelle
des populations. Dans le cadre de son assistance aux artisans béninois, les allemands
ont organisé une session de recyclage au profit d'une trentaine de menuisiers à Abomey.
Portant sur l’utilisation des nouveaux outils de travail, l’un des bénéficiaires de cette
formation raconte les circonstances dans lesquelles cette formation s'est déroulée et les
profits tirés.
En effet, il est nécessaire de rappeler que l'initiative de cette formation initiée courant
1996 au profit des menuisiers découlait de la coopération entre le Bénin et l'Allemagne à
travers la GTZ. Une coopération qui avait conduit à la mise en place de ONAB. Pour la
mise en exécution des projets qui se « cachaient » derrière l'ONAB, les allemands ont
contribué à la campagne de reboisement au Bénin. C'est la genèse de plusieurs hectares
de bois de diverses espèces dont le teck et autres, plantés dans plusieurs régions du
centre du Bénin, notamment à Abomey.
Au cours de cette formation, les trente menuisiers bénéficiaires ont été suivis par deux
formateurs allemands commis par la GTZ, assistés des deux formateurs locaux qui
faisaient partie des enseignants formateurs au Lycée technique Coulibaly de Cotonou et
d’un responsable de l'ONAB qui faisait office de superviseur. Cette formation était
composée de 5 modules et s’étalaient sur 7 jours. Elle traitait notamment les techniques
d'utilisation des machines, l'assemblage de bois pour une finition professionnelle, la
technique de la « queue d'Aaron », « la rainure languette », et « le mal-femelle ».
Voici un aperçu sur les projets financés, cofinancés ou appuyés techniquement par la
coopération allemande dans le secteur forestier au Bénin :
Citation :
Source : Table ronde des partenaires au développement économique et social de la République populaire
du Bénin, Rapport de présentation, Cotonou, (1983).
Si les 2 premières phases du PPEA (1983 à 1991) ont été marquées par la construction
d’une série d’ouvrages hydrauliques à but pastoral74, l’amélioration de la nutrition et de
la santé animale, l’amélioration des revenus des éleveurs et l’extension des activités du
projet à d’autres communes comme Djougou et Copargo, à partir de 1987, en plus de
Kérou, Kouandé et Péhunco, la 3ème phase connaît une progressive adaptation de la
stratégie du projet au contexte local. En effet, avec cette phase le projet commence à
mettre un accent sur la production fourragère, l’amélioration de la fertilité des sols et une
meilleure gestion des pâturages en lien avec ressources naturelles disponibles.
La revue de la démarche du projet s’est poursuivie à la 4 ème phase. Des réajustements
fondés sur les résultats d’une étude conduite au cours de la 3 ème phase, ont été opérés
pour une approche plus intégrée des systèmes d’exploitation agropastoraux aux
ressources disponibles, et notamment, la planification villageoise de l'utilisation durable
des terres dans les zones de production intensive. Au-delà donc de l’amélioration de
l’élevage, le projet se focalise sur le développement des villages, avec à la clé,
l’implication et la formation des représentants des groupes cibles75 dans l’approche de
vulgarisation et l’alphabétisation pour assurer une meilleure appropriation par ces
derniers des acquis et innovations diverses développées par le projet.
Ainsi, jusqu’à sa dernière phase, qui va de mars 1997 à août 2000, le PPEA aura réussi,
grâce à sa stratégie adaptative, dynamique et ciblée sur les préoccupations des groupes
cibles et de leurs organisations, à :
73 Réduction des taux de mortalité, meilleurs résultats de vêlage, augmentation des gains de poids,
limitation de l'instinct de troupeau, exploitation de potentiels de pâturage supplémentaires.
74 Plus d’une dizaine de barrage et autres ouvrages ont été construits.
75 Il s’agit des comités villageois de développement (CVD).
Initier la planification participative de l'utilisation des terres dans ses Zones d'Actions
Pilotes (ZAP) pour ainsi consacrer la mise en place d’un véritable projet de
développement rural (PPR) et les actions de gestion durable des terres ou la GDT,
impliquant dans leur mise en œuvre, les CVD formés et opérationnels qui assureront la
durabilité des mesures, même au terme du projet.
Au total, l’ensemble des réalisations physiques et immatériels comprenant les
innovations à la fin du PPEA se présente comme suit :
• 25 bassins de rétention des eaux pluviales avec des pré-barrages, des abreuvoirs et
des équipements supplémentaires. A ce niveau 11 des bassins de rétention on fait
l'objet de mesures de protection contre l'érosion sur 620 m de digues de protection et
180 m de mesures d'endiguement ;
• 2 captages de sources et 18 puits avec une réalisation technique satisfaisante pour
l’alimentation en eau potable des communautés dans la zone d’intervention ;
• 27 puits sont construits avec l’aide, en partie, du « Fonds de développement
villageois » (FDV).
• 8 000 éleveurs sont formés et ont permis de toucher un plus grand nombre d’éleveurs
sur les maladies animales courantes, leur traitement et les précautions à prendre.
Au niveau organisationnel
Tous les CVD soutenus dans les 11 zones pilotes (ZAP) étaient pleinement opérationnels
et en mesure de poursuivre et de développer les activités en toute autonomie
Directrice de département GIZ (depuis 2015) ; domaine des projets sectoriels et globaux
(GloBe) ; Département du développement rural et de l'économie agricole
GIZ / Bonn – Allemagne.
CWM : Le temps passé au Bénin a été très marquant pour moi, car l'approche du projet
était innovante à différents niveaux. Le PGTRN a travaillé dans six zones
agroécologiques. Cela a permis à l'équipe du projet, composée de quatre experts
techniques béninois, de deux experts financiers, de l'équipe d'appui béninoise et de moi-
même, d'expérimenter des solutions de gestion durable des Ressources Naturelles
adaptées aux différentes zones agroécologiques, mais aussi aux conditions socio-
culturelles, et de les mettre en œuvre à plus grande échelle.
C'est ainsi que j'ai découvert le Bénin, du sud de la région Atlantique jusqu'à Boukoumbé
et Sinendé au nord, en passant par Ouessé et Ouaké.
Les innovations de l'époque sont aujourd'hui très actuelles et ont été discutées lors des
importantes conférences internationales sur le climat en Égypte (COP27) et à Montréal
(COP15) en tant que partie importante des approches de solution dans la lutte contre le
changement climatique et l'érosion de la biodiversité mondiale.
En bref, les solutions proposées à l'époque font toujours partie des solutions actuelles
pour surmonter la crise mondiale de la faim et de l'alimentation.
- Participation intensive des femmes en milieu rural, même si cela a été difficile dans le
thème et s'est heurté, au début, à la résistance des femmes elles-mêmes, car « les
arbres et la terre sont traditionnellement réservés aux hommes ». Des portes ouvertes à
la participation des femmes sur les thèmes de l'eau et du bois de feu ont été utilisées
pour susciter une participation plus active et large des femmes aux décisions. Les
femmes ont également été de plus en plus intégrées dans les organisations locales en
tant que représentantes et ont donc fait partie des "équipes dirigeantes".
- L'apprentissage par le suivi a été un principe important qui a été appliqué à tous les
niveaux, du village au niveau national, en passant par les communes et les zones
d'intervention. Les solutions innovantes ont été suivies de près et les changements
mesurés, les mesures efficaces et réussies ont été analysées, les autres ont été
abandonnées, l'apprentissage mutuel et le développement commun de l'approche ont
été établis comme principe de base.
CWM : Je pourrais répondre à cette question par une longue liste de mesures et
d'activités qui concernent la production agricole, la recherche agricole, la transformation,
l'élevage, y compris l'amélioration des pâturages, la sécurité alimentaire, en passant par
les thèmes de la forêt et de l'eau, jusqu'au conseil politique. Je n'aurais certainement pas
réussi à être exhaustif. C'est pourquoi j'aimerais plutôt me référer à des thèmes
méthodologiques et à des processus de changement qui s'étendent comme une
parenthèse sur tous les projets :
Vient ensuite le développement des compétences à tous les niveaux, des agriculteurs
aux représentants du gouvernement en passant par les petits entrepreneurs et les
acteurs communaux.
L'orientation vers les résultats ainsi que l'apprentissage et l'adaptation continus grâce à
l'observation des résultats en font également partie.
Et enfin, l'orientation continue sur le genre, depuis les projets séparés de promotion des
femmes dans les années 80 jusqu'aux approches de transformation du genre aujourd'hui,
CWM : L'approche à trois niveaux est caractéristique du travail de la GIZ. Elle commence
par l'orientation de la mise en œuvre au niveau des groupes cibles avec une adaptation
continue des approches. Je me souviens par exemple encore du projet CARDER
Atlantique, des grands projets dans le domaine forestier - Lamawald et ONAB, des
projets dans la région prioritaire de l'Atacora - PPEA, PAVICO et Parc national de la
Pendjari, et bien sûr du PGTRN.
Depuis 2015, les pays de l’initiative « Un monde sans faim » (SEWOH) travaillent dans
un large éventail de domaines allant de la réhabilitation des sols, la sécurité alimentaire,
les innovations agricoles, le financement agricole, les organisations paysannes, l'emploi
des jeunes jusqu'aux questions de droit foncier, de manière très proche des groupes
cibles, orientée vers les résultats et décentralisée.
Le deuxième niveau se caractérise par une collaboration avec un large éventail d'acteurs
au niveau des communes et des districts. La collaboration avec des structures
décentralisées nouvellement établies, surtout avec les communes, et la mise en œuvre
par le biais d'ONG et d'entreprises de conseil locales ont été pour moi une expérience
très intéressante. Le PGTRN a collaboré de manière intensive avec six ONG et Bureaux
d'Études et a soutenu leur développement organisationnel. Les six organisations existent
encore aujourd'hui, c'est-à-dire 20 ans plus tard, elles travaillent dans le contexte du
développement rural.
Ce que j'ai également pu observer de manière explicite, c'est que les services
décentralisés des communes se sont encore renforcés et que celles-ci se sont ainsi
rapprochées des citoyens. On voit ici l'interface avec l'axe de la décentralisation. Dans le
domaine du droit foncier en particulier, il est très important de faire enregistrer les
changements en temps réel, que ce soit par héritage ou par vente. Cela ne peut se faire
que par la proximité des services communaux.
CWM : La situation évolue à une vitesse fulgurante dans le monde entier. Les méthodes
et les modes de production agricole qui ont bien fonctionné au cours des années et des
décennies passées sont de plus en plus ébranlés.
La pression sur les ressources naturelles et les moyens de subsistance n'a cessé de
croître. Au Bénin, cela est particulièrement visible à travers le recul des forêts et des
arbres, qui étaient encore répandus et beaucoup plus visibles au début des années 2000
qu'aujourd'hui. La formule de l'augmentation de la production par l'extension des surfaces
n'est plus réaliste depuis longtemps.
Ce qui est fatal, c'est que les crises se superposent et se renforcent mutuellement. Pour
le Bénin, je vois surtout:
Cette situation globale implique que les solutions et les approches qui ont été testées
dans le passé et qui ont donné de bons résultats ne fonctionnent plus aujourd'hui dans
de nombreuses régions. Se concentrer sur l'augmentation de la production,
l'accroissement des revenus des familles de petits paysans et la transformation des
produits ne suffit pas.
Des approches globales et systémiques sont nécessaires pour que la transformation des
systèmes agricoles et alimentaires soit durable sur le plan économique, social et
écologique - c'est-à-dire dans les limites de la planète. C'est une tâche immense.
Une bonne gouvernance aux niveaux local, décentralisé et national ainsi qu'une
adaptation continue sont également importantes. La bonne nouvelle, c'est que la
coopération bénino-allemande s'est constamment renouvelée au fil des décennies et
qu'elle a travaillé sur de nombreux éléments qui font aujourd'hui encore partie de la
solution.
CWM : J'ai déjà évoqué les crises qui se superposent et la rapidité des changements. Il
est également clair que la complexité des défis n'a cessé de croître, la mondialisation y
ayant largement contribué.
Mais permettez-moi également d'évoquer les aspects positifs. L'appropriation par les
acteurs dans les pays et le dialogue d'égal à égal sont pour moi des facteurs importants.
L'engagement dans le contexte des accords internationaux, tels que les Objectifs de
développement durable (ODD), les accords sur le climat ou encore les voies nationales
dans le cadre du Sommet des systèmes alimentaires des Nations unies (UNFSS)
constituent un cadre commun qui offre une bonne base pour la coopération d'égal à égal
et la coordination des différents donateurs dans les pays. Une base qui, à mon avis,
pourrait être utilisée bien davantage.
Je suis également très heureuse de constater que, ces dernières années, la population
jeune des campagnes est davantage impliquée. Ils représentent l'avenir et sans la
création de possibilités d'emploi attrayantes pour ce groupe dans l'agriculture ou dans
d'autres secteurs, la production de denrées alimentaires du champ à l'assiette ne pourra
pas être garantie.
Et bien sûr, il est important de mentionner ici la numérisation. Lorsque j'étais au Bénin, il
n'y avait pas encore de téléphones portables dans les villages, mais aujourd'hui, ils sont
très répandus et on ne peut plus s'en passer. Cela donne de toutes autres possibilités
Mais il faut aussi être prudent, car cela peut aussi désavantager des groupes qui n'ont
pas de téléphone portable ou pas suffisamment accès à Internet, par exemple les
femmes. Conformément à la devise « Leave no one behind », il convient donc d'évaluer
soigneusement comment et dans quel contexte la numérisation apporte des avantages
et des gains d'efficacité.
Cela est devenu évident, par exemple, lorsque l'initiative spéciale SEWOH est devenue
opérationnelle en 2016 et que les projets phares ont été établis au Bénin. Les projets de
la première génération Centres d'innovation verte, Réhabilitation des sols, Amélioration
de la sécurité alimentaire et de la résilience, ont d'abord agi de manière relativement
autonome et peu intégrée dans les projets bilatéraux. Cette situation ne s'est améliorée
que progressivement, notamment grâce à la mise en place d'une coordination des
clusters, le « secteur vert », qui travaille également en étroite collaboration avec les
partenaires gouvernementaux béninois.
Cela montre que la coopération et les liens étroits sont essentiels et nécessitent des
efforts continus.
Y a-t-il eu des expériences et des approches qui n'ont pas répondu aux
attentes ? En d'autres termes, où la coopération au développement a-t-elle
elle-même commis des erreurs et qu'a-t-elle amélioré par la suite ?
CWM : Oui, bien sûr, il y a eu des erreurs et des approches qui n'ont pas répondu aux
attentes. Dans la coopération au développement, il s'agit à mon avis d'innovations.
Parfois, celles-ci sont transférées d'autres régions où elles ont bien fonctionné, parfois
elles sont élaborées spécifiquement pour une situation donnée.
Je constate également que les mesures mises en œuvre rapidement, sans une
participation intensive de la population et des acteurs locaux, ne sont souvent pas
durables. Les exemples sont nombreux au Bénin : petits marchés couverts dans des
endroits non choisis par la population, mesures d'infrastructure pour la protection contre
l'érosion dont la responsabilité de l'entretien continu n'a pas été clarifiée, mesures pour
les femmes dont les hommes n'ont pas été informés, projets de reboisement dont la
protection des plants contre les feux de brousse ou l'utilisation ultérieure du bois n'ont
pas été définies, etc.
Les enseignements tirés sont que la participation de tous les acteurs impliqués et les
approches systémiques sont très importantes. Le facteur temps est également
déterminant. Les changements de comportement prennent du temps et ne peuvent pas
être imposés. J'ai déjà abordé le thème de l'appropriation, mais je voudrais le souligner
à nouveau ici.
CWM : Je suis tout à fait d'accord sur ce point. Comme je l'ai dit, je pense que dans un
monde globalisé, la transformation est une responsabilité partagée. L'appropriation par
les pays et les acteurs du Sud est pour moi très importante et constitue un élément
fondamental de la durabilité. Nous nous retrouvons parfois dans des situations difficiles
et des dilemmes. Je peux l'illustrer brièvement par l'exemple du PGTRN.
Au fur et à mesure de la mise en œuvre et de l'observation des effets, les choses ont
changé. Les agriculteurs et agricultrices ont pu évaluer eux-mêmes, dans le cadre de
l'auto-évaluation, les changements que la planification de l'utilisation des terres et la mise
en œuvre des mesures leur ont apportés. L'attribution de titres fonciers a certainement
aussi été un facteur important.
Une visite dans la région de l'Atacora avec mon collègue béninois Sylvestra Fandohan
et des représentants sélectionnés de l'ONG en 2017, soit 13 ans plus tard, a montré que
la population continue à appliquer les mesures. Le témoignage du chef de terre d'une
communauté villageoise de l'époque était le suivant : « Nous allons bien parce que nous
continuons les mesures. Malgré des précipitations variables, nous avons de bonnes
Des mesures d'impact récentes montrent qu'en appliquant les méthodes de gestion
durable des sols, les rendements du maïs ont augmenté de 62 %, ceux du manioc de 38
%, ceux de l'igname de 46 % et ceux du coton de 85 %. Cela contribue clairement à la
réduction de la pauvreté (ODD 1) et de la faim (ODD 2), ainsi qu'à la lutte contre les effets
du changement climatique (ODD 13), pour n'en citer que quelques-uns.
CWM : L'appropriation par les pays ou les régions concernés est à mon avis garantie par
le fait qu'ils participent aux processus internationaux et émettent également leurs
engagements nationaux dans ce contexte. Le Bénin a formulé les contributions
nationales aux ODD, aux conférences sur le climat dans le cadre des négociations de la
Climate Change Conference (COP), au FNUAP et à la conférence sur la biodiversité, et
a établi des planifications nationales. La direction et l'orientation de base commune sont
ainsi définies, à mon avis, également pour la coopération au développement.
Je considère que notre rôle est de soutenir les gouvernements, si nécessaire, dans
l'élaboration des conditions-cadres et dans la mise en œuvre des mesures qui favorisent
la réalisation des objectifs. La mise en place des bonnes incitations, le développement
des capacités à tous les niveaux, l'observation continue des effets, les boucles
d'apprentissage et, le cas échéant, les ajustements sont importants pour trouver et établir
des solutions dans l'esprit du développement durable. Dans ce contexte, la médiation et
l'action entre les niveaux - du niveau des groupes cibles au gouvernement en passant
par les acteurs décentralisés - constituent un champ d'action important pour la
coopération technique.
Votre mot de la fin et votre souhait pour l'avenir du secteur agricole dans
lequel la coopération bénino - allemande a travaillé depuis près de 60 ans.
Les femmes en milieu rural sont au centre de mes préoccupations, car elles jouent un
rôle extrêmement important dans la production, la transformation et la décision « qui
mange quoi et quand » et assument souvent la responsabilité principale de l'alimentation
et du développement des enfants.
Les expériences faites au Bénin - mais aussi dans le monde entier - m'ont montré que
les femmes jouent un rôle central dans de nombreuses activités dans les zones rurales.
Je souhaite que les femmes ne se contentent pas de participer aux activités, mais
qu'elles prennent de plus en plus une part active aux décisions, qu'elles aient accès aux
ressources, qu'elles soient dûment représentées lors des décisions et qu'elles occupent
également des postes décisionnels.
Il s'agit ici d'une bonne cohabitation équilibrée, c'est la seule façon de réussir la
transformation ici aussi.
Pour assurer avec efficacité ses interventions sur le terrain et garantir une meilleure
implication et participation active des populations, le PAVICO a fondé ses actions sur les
prestataires de services et notamment les services publics qui assureront la
pérennisation de ses acquis. A ce titre, ils sont chargés d’assister les organisations
villageoises (CV et OP) dans la mise en œuvre et le suivi des activités d’appui aux
initiatives locales, de veiller, avec elles, à l’intégration des initiatives de développement
prioritaires des villages dans les Plans de Développement Communaux (PDC). Cette
approche va de la connaissance du milieu à la mise en œuvre des activités planifiées en
passant par : le diagnostic participatif, la mise en place des CVD, l’élaboration des plans
de développement villageois, l’adoption de la planification, l’appui technique et le
Etude sur l´historique de la Coopération Allemande dans le secteur agricole au Bénin
77
renforcement des capacités organisationnelles et de négociation des organisations
locales, jusqu’à l’élaboration des conventions locales de gestion (prévention et gestion
des conflits) des ressources naturelles.
Dans cette optique, des structures de concertation sont mises en place du niveau village,
arrondissement au niveau communal. Les structures d’appui-conseil apportent un appui
à l'administration locale pour la prise en compte des priorités de la base dans le plan
communal.
Dans son processus de promotion des structures d’appui-conseil, le PAVICO a travaillé à
améliorer leurs capacités techniques et organisationnelles et élargir leurs gammes de
services de façon qu’ils aient les compétences techniques, organisationnelles et
capacités institutionnelles nécessaires afin qu’ils apportent les expertises qu’il faut aux
CVD et les communautés dans la mise en œuvre de leurs activités ainsi que le suivi-
évaluation de leur mise en œuvre.
Ainsi, pour la promotion des filières agricoles, autres que le coton, le PAVICO s’est investi
dans une dynamique d’amélioration des systèmes de productions agricoles et d’élevage
par le développement des filières comme le soja, la pomme de terre, le riz, la tomate,
l’aviculture, l’élevage de petits ruminants et la promotion de champs fourragers pour aider
à réduire la période de transhumance surtout avec la réalisation des retenues d’eau du
PPEA et leur valorisation au profit des communautés villageoises et notamment des
femmes dans le cadre de la prise en compte du genre. Il est prévu dans les différentes
organisations et instances de décisions des femmes ainsi toutes les couches sociales
défavorisées (jeune, peulh). Les PS doivent y veiller et eux-mêmes doivent pouvoir
intégrer l’approche GeD dans le recrutement de leur personnel.
Pour plus d’efficacité et d’efficience, le projet s’est donné pour mission de collaborer avec
d’autres projets et organisations intervenant dans la zone pour plus de synergie d’action.
Il s’agit, par exemple, du Programme de développement de la culture des racines et
tubercules (PDRT), du ProPOIL (Projet de Promotion des organisations et initiatives
locales) pour les formations sur le genre et développement et l’élaboration des micro-
projets et recherche de financement (2002), du Projet Pendjari (CAV) dans la zone de
Seri jouxtant le parc national de la Pendjari, du Programme de Gestion des Terroirs et
Ressources Naturelles PGTRN pour les formations sur la gestion des conflits, le Projet
écodéveloppement et gestion de l’espace des zones d’influence des parcs nationaux
(PEGEI) pour la promotion de l’artisanat ; et des organisions comme le CENAGREF,
l’Organisation Néerlandaise de Développement (SNV) et l’ Agence pour le Financement
des Initiatives de Base (AGeFIB).
Le mode opératoire était essentiellement basé sur la réalisation d’un diagnostic concerté
(le MARP76 en occurrence) systématique dans les villages d’intervention, l’identification
et la planification, dans le temps et l’espace des réalisations, des mesures
d’aménagement des terroirs et des ressources naturelles pour l’émergence et la
consolidation des capacités locales en matière d’aménagement, de planification,
d’exploitation durable des ressources naturelles et de gestion des revenus issus de leurs
exploitations.
Il est mis en œuvre par la Direction des Forêts et Ressources Naturelles (DFRN) sur
financement de la Coopération allemande. La DFRN s’est appuyée sur les prestataires
de services (PS) constitués d’ONG, de bureaux d’étude et de consultants individuels
dans l’exécution des activités sur le terrain. Les services publics comme les
cantonnements forestiers et les secteurs communaux de développement agricole ou
SCDA sont également mis à contribution sur le terrain, notamment pour la mise en
application des paquets technologiques en matière de gestion durable des terres (GDT),
l‘agroforesterie, le reboisement et toutes les mesures de restauration des sols et du
couvert végétal avec des essences aussi variées que le Cajanus cajan, Glyricidia sepium
et autres Acacias et légumineuses qui fertilisent les terres dégradées.
La stratégie d’intervention du PGTRN s’est fondamentalement reposé sur les PS, une
communication et un suivi rapproché actions et des organisations locales impliquées
dans sa mise en œuvre. Ainsi sur l’ensemble de ses six sites le dispositif des PS promus
se compose comme suit :
Grâce à cette approche plutôt systémique et des PS soutenus par les services publics
sur place (SCDA et Eaux et forêts), puis le renforcement des capacités techniques
préalables de cet ensemble, le PGTRN a pu assurer la formation et le renforcement
continu des capacités des bénéficiaires que sont les structures locales ou comités locaux
pour l’atteinte de l’objectif essentiel du projet qui veut amener les comités locaux des
villages ou même inter villages à travailler à la gestion durable de leurs ressources
naturelles (terres, eaux, arbres, faunes et autres) en vue de leur préservation et
exploitation plus rationnelle.
- L’élaboration de 112 Plans de Gestion Terroir dans les 179 villages d’intervention
répartis sur l’ensemble du territoire national (sud, centre, nord, est et ouest),
prenant ainsi en compte des réalités socioéconomiques et culturelles différentes,
- Le reboisement et l’enrichissement de plus de 2600 ha avec des essences
forestières, la restauration de plus de 800 ha de terre grâce à l’agroforesterie
l’utilisation de la fumure organique issue des déchets végétaux, des fosses
fumières et déjections d’animaux d’élevage,
- La réalisation de plus de 3800 foyers améliorés pour réduire la consommation de
bois de feu en appui à l’utilisation durable des ressources naturelles,
- La promotion des techniques améliorée d’apiculture pour accompagner les actions
de lutte contre les feux de brousse et préserver les ressources biologiques.
77Ce long processus qui aboutira à la promulgation de loi 2007-03 du 16 octobre 2007, portant régime foncier rural en
République du Bénin.
Dans le souci de rendre plus visible ses actions, la coopération allemande a décidé en
2002 de concentrer ses actions dans trois (3) pôles d'intervention prioritaires et d’être
présente dans une zone géographique bien déterminée. Ces pôles prioritaires sont :
La troisième phase du ProCGRN n'a pas eu lieu. À la place, la fin de la phase II a été
prolongée jusqu'en février 2011 et le ProCGRN s'est ensuite transformé en « Programme
de Promotion de l'Agriculture » (ProAgri1), qui a débuté en mars 2011 et dont la première
phase s'est terminée en juin 2014. Le ProCGRN est donc le précurseur de l'actuel
ProAgri (Programme Promotion de l'Agriculture) et se situait dans les départements du
nord de l'Atacora et de la Donga. Aujourd'hui, la quatrième phase de ProAgri est déjà en
78Ressources non utilisées, ressources perdues ; Tourisme cynégétique et élevage d’animaux sauvages au service
de la conservation de la nature et du développement ; Des idées venues du Bénin, GTZ (2008) ; p. 15.
Le ProCGRN n’est pas allé à son terme comme prévu. En effet, l’objectif global du
programme fut atteint avec beaucoup de succès avant l’échéance du projet. Les
indicateurs relatifs aux revenus des ménages, à la réduction de la consommation de bois,
aux revenus des riverains du Parc de la Pendjari et à la stabilisation des ressources
naturelles ont été atteints, et même dépassés. L'indicateur relatif à la valorisation des
chaînes de valeur a été atteint pour le riz et l`anacarde »79.
L'objectif global du programme était : « d'amener les acteurs ruraux à tirer davantage de
bénéfices de l'exploitation durable des ressources naturelles ». Il est mesuré grâce à un
certain nombre d'indicateurs résumés comme suit :
80Contribution du ProCGRN au renforcement des capacités des acteurs des filières agricoles dans la
commune de Bassila, Mémoire de fin de formation, Ifèdé Yves Modeste Alassani (2012) ; p. 5.
Etude sur l´historique de la Coopération Allemande dans le secteur agricole au Bénin
85
12.3. Projet « Parc Pendjari » - protection des ressources naturelles dans
le nord du Bénin
C'est ainsi qu'il a été possible de préserver davantage, depuis l’an 2000 (projet Pendjari
précédant le ProCGRN) le parc de la Pendjari jusqu'à aujourd'hui et de l'utiliser à des fins
touristiques au fil des années. Le projet « Pendjari » intégrait le ProCGRN, qui a démarré
en 2004. C’est suite à l’intervention du ProCGRN en 2014, qu’en 2017, le gouvernement
béninois a signé un contrat avec « African Parks » afin de confier à l'ONG sud-africaine,
la gestion du parc de la Pendjari et en 2020 du parc W.
La viande issue de la chasse sportive a été redistribuée dans ces villages pour
l’autoconsommation ou la vente. Des nouveaux accords entre la population riveraine et
les administrations territoriales ont permis la création d´une zone de tolérance dans la
zone cynégétique où l’agriculture fut légalement autorisée mais soumise à certaines
conditions (pas de constructions durables, routes, etc.).
Depuis l’an 2000, la mise en place d’un fonds fiduciaire a été appuyé par le ProCGRN,
en élaborant les documents cadre et en organisant la coordination des partenaires
notamment IUCN, la KfW, BM, AfD et le ministère en charge des finances et celui en
charge de l’environnement. Depuis 2013 la Fondation existe légalement et assure
aujourd'hui une forte contribution régulière à la gestion du complexe W-Arly-Pendjari.
Dans le parc et ses environs, 130 postes à temps plein ont été créés. Le personnel du
parc (60 postes permanents) est recruté à 90% dans les villages riverains.
Le nombre de chasses safari est resté constant avec 65 personnes. Les recettes issues
du tourisme cynégétique se sont élevées autour de 103 000 €. Les traditions culturelles
ont été prises en compte dans l’exploitation de la zone de de chasse. Des contrats avec
des chasseurs (touristes) donnaient également l’accès à certains lieux de culte.
L‘occupation illégale d´une partie de la zone de chasse a été éliminée en créant une zone
d´exploitation agricole soumise à des conditions contractuelles.
La viande issue de la chasse sportive était transportée et distribuée dans les villages par
des associations villageoises pour y être vendue.
Des conventions locales règlent l’exploitation durable des principales ressources
naturelles notamment la pharmacopée, la pêche aux huîtres, la récolte des chaumes,
etc. Des restrictions spatiales et temporelles limitent ces interventions.
Les mesures pour l’amélioration de l’agriculture ont touché plus de 60% de la population
agricole dont les femmes constituent environ la moitié.
Les moyens financiers, disposés par les associations villageoises sont réinvestis dans la
surveillance de la réserve (environ 5 000 €) et de plus en plus pour l’équipement des
écoles, des dispensaires, etc. comme contribution de la population à ces réalisations.
Des représentants des associations villageoises sont impliqués dans toutes les activités
du parc (surveillance, vente de billets, camp de chasse) où ils exercent un contrôle.
Sur la base d’un plan d’affaires, 52 % des couts liés aux charges courantes sont couverts
par des recettes. Ce taux pourrait atteindre 60 %. La somme manquante doit être assurée
par des contributions de l’Etat et de la communauté internationale et des fonds de
fondations. Le nombre de visites du parc est passé de 3 800 à 4 800 entrées. Les prix
d’entrée ont été prudemment augmentés ; ce qui fait passer les recettes d’environ 21 000
€ à 33 000 €.
Source : Affiche MDG, Pendjari, GTZ.
En 2004, les AVIGREF réunissaient 900 membres dans 22 villages des zones
cynégétiques. En 2007, le nombre des adhérents dépassait 1800 membres. L’Union des
AVIGREF défend les intérêts des villages dans les différents organes de la réserve de
biosphère de la Pendjari.81
« Le parc n´était pas à nous. Nous vîmes les touristes passer, les chasseurs venir et
repartir, mais ni de viande ni d´argent arriva chez nous. Si nous nous approchions, nous
étions menacés et chassés. Aujourd´hui, tout est fondamentalement différent. » Albert
Yomboleny, Président d´association villageoise.
81 Ressources non utilisées, ressources perdues ; Tourisme cynégétique et élevage d’animaux sauvages
au service de la conservation de la nature et du développement ; Des idées venues du Bénin, GTZ (2008) ;
p. 31.
Zone d’intervention :
ProAgri1 a couvert 41 communes dans 3 régions (Borgou/Alibori, Zou/Collines et
Atacora/Donga).
Zone d’intervention
Le ProAgri2 a couvert 2 régions du territoire national, Borgou-Collines et Atacora-
Donga et, 2 antennes, soit 8 communes prioritaires par antenne et au total 16
communes.
Zone d’intervention :
Le ProAgri3 est intervenu dans 2 régions du Bénin : Borgou-Collines et Atacora-
Donga ; l’antenne Atacora-Donga avec 9 communes prioritaires et l’antennes Borgou-
Collines avec 8 communes.
Zone d’intervention :
Le ProAgri4 a couvert 2 régions du Bénin à savoir : Borgou-Collines et Atacora-Donga
avec 18 communes prioritaires.
D’un point de vue générale, ProAgri4 a accentué son action sur la promotion des chaines
de valeur sélectionnées.
Le projet développe ses activités dans les trois filières riz, soja et karité à travers quatre
champs d’action (output) qui concourent ensemble à l’objectif principal.
Le coaching des Agribusiness Cluster (ABC) est un réseau d’acteurs organisé dans un
espace géographique donné et régi par un modèle d’affaires autour d’une ou plusieurs
chaînes de valeur ajoutée d'une même filière.
La mise en place de l’approche ABC est motivée par la recherche de solutions aux
nombreux problèmes rencontrés par les agriculteurs qui sont :
L’ABC vise l’accès aux marchés durables dans un partenariat gagnant-gagnant entre les
acteurs. Il est un instrument recommandé dans la Stratégie Nationale de Conseil Agricole 2.
Les bénéfices de l’AgriBusiness Clusters : Grâce aux interventions du projet, des gains
directs et indirects ont été obtenus par les membres des clusters.
3) La mise en place des Conventions Locales pour la protection des parcs à Karité.
Pour atteindre son objectif et l'ancrage des approches éprouvées, le projet poursuit un
mode d'intervention qui est marqué par les éléments suivants :
Les filières concernées par les différents appuis sont : le riz, le soja, la karité et
l’anacarde.
• Elaboration des plans de développement des filières riz, anacarde et maraîchage avec
les autres acteurs sous l’égide du CeRPA-AD ;
• Instauration de cadres de concertation des projets/programmes intervenant dans le
secteur agricole dans l’Atacora-Donga/Table Ronde des PTFs de l’Atacora-Donga :
création d’un GIE des promoteurs de mini-rizeries ;
• Création d’un site école de transformation du riz afin d’accompagner les
transformatrices dans la production de riz de qualité répondant aux critères et aux
normes ; Montée en échelle du FoReVa et son extension dans le Borgou-Alibori et
Zou-Collines dès janvier 2012 ; formations sur « l’économie agricole » ou « farm
economics », « CapacityWorks » et « ValueLinks »;
• Elaboration d’un modèle financier et sa mise en œuvre avec la BOA dans le cadre de
iCA ;
• Signature d’un accord de garantie avec BOA ;
• Signature d’un accord avec le Fonds GARI (Lomé) pour le soutien des investissements
de 3 promoteurs à la transformation qui bénéficient de crédit ;
• Création de liens d’affaires entre acteurs intervenant dans différents maillons des
filières promues (riz, karité et anacarde) ;
• Mise en place de la Facilité d’Accès aux Intrants Vivriers dans l’Atacora Donga (FAIV-
AD) à travers les producteurs (URPR), les services d’encadrement (CeRPA/CeCPA),
les IMF ;
• Construction de : 4 magasins de stockage, 4 aires de séchage, 22 puits/forages
maraîchers dans les grands sites de productions maraîchers et dans des jardins
scolaires pour des mesures sociales, mise en marché du riz local (blanc et étuvé)
semi-industriel pour le marché local et régional ;
• Construction de : 2 complexes de transformation, 2 Centres d’Information sur la
Qualité et le Prix des produits végétaux (CIQuaPri) dans le cadre du renforcement de
l’appui à la transformation et la commercialisation des produits vivriers des 168,5 ha
de bas-fonds aménagés ;
Etude sur l´historique de la Coopération Allemande dans le secteur agricole au Bénin
93
• Elaboration d’un Poster sur les bonnes pratiques de production du beurre amélioré ;
• Elaboration de 2 Boîtes à images et 2 Posters sur les bonnes pratiques de ramassage,
de traitement des noix et de conditionnement des amandes, etc. ; 3 Boîtes à images
et Posters élaborés sur les bonnes pratiques de récolte et post-récolte des noix, la
gestion et l’entretien des plantations, la détermination de la qualité des noix de cajou
(KOR) et la création de nouveaux vergers d’anacardiers ;
• Le Projet de Promotion de l’Agriculture ProAgri Production de plusieurs supports de
formation : Boîtes à images sur les bonnes pratiques de fertilisation des sols pour la
production biologique; Boîtes à images sur les bonnes pratiques de production de
poisson ; Boîtes à images sur les bonnes pratiques de maraîchage pour une bonne
nutrition dans le ménage; Boîtes à images sur les itinéraires techniques de production
du coton biologique de meilleure qualité; Boites à images sur les itinéraires techniques
de production sésame biologique de bonne qualité, etc. ; 25 coopératives féminines
formées et activées dans la transformation des produits vivriers autour de la RBP; 135
femmes de 13 groupements sont actives dans la transformation des produits forestiers
non ligneux; 1209 autres femmes pour la transformation du riz, soja et sésame;
Promotion de l’agriculture biologique à travers COMPACI BIO avec des formations
techniques sur les bonnes pratiques : coton bio, sésame bio, soja bio, et autres sur la
transformation des PFNL (karité neem, balanites, etc.).
« ProAgri4 nous a équipées en matériel de travail comme les marmites, les bassines,
les passoirs, les paniers qui nous ont permis d’augmenter la quantité et la qualité de notre
transformation. Nous avons été aussi formées sur la gestion et sur les normes pour
améliorer la qualité de notre produit. Aujourd’hui grâce au projet nous avons un complexe
de transformation en cours de construction avec toutes les installations pour nous faciliter
davantage le travail et améliorer sa qualité.
Nous avons apprécié ce projet de la Giz pour tout ce qui a été fait pour nous. Nous avons
connu des progrès et des succès avec le ProAgri4. Tout notre fromage est acheté et les
gens viennent de Natitingou et d’ailleurs pour acheter même le son.
Avec ce projet, il y a la stabilité dans nos petites familles. »
« Nous avons beaucoup appris de ce projet parce que nos conditions de travail et de vie
se sont nettement améliorées. En effet, nous avons bénéficié des renforcements de
capacité en gestion financière, en maîtrise des techniques et hygiène de transformation.
Par ailleurs, nous avons reçu des équipements de travail comme : des marmites, des
tonneaux, des passoirs, des bassines qui nous ont permis d’augmenter la quantité de
notre transformation de soja. Nous avons également bénéficié d’une maison de
transformation qui comporte des salles de transformation, de stockage, de foyers de
travail plus sécurisant, des toilettes, etc. Merci au ProAgri pour cette infrastructure. »
« Nous avons eu beaucoup d’appuis avec ProAgri 4. Nous avons été mis en réseau pour
former des clusters par filière et par intérêts. Le projet a renforcé nos capacités en
contractualisation entre les acteurs des différents maillons de la chaîne de production
(producteurs, transformateurs, commerçants et autres). Un master coach qui est
permanent avec nous, nous donne des formations et nous oriente en cas de difficulté. A
travers cet accompagnement nous avons obtenu des financements pour l’aménagement
de bas-fonds, la formation sur les itinéraires techniques de production, le marketing, la
mise sur le marché de nos produits... Nous avons également bénéficié de matériels pour
produire et transformer dans de très bonnes conditions. Aujourd’hui grâce à ces appuis
techniques et financiers, notre production s’est accrue et sa qualité améliorée. Nos
produits sont très recherchés. »
« Le projet a beaucoup aidé les producteurs, à obtenir des magasins de stockage à leur
profit, d’acquérir du matériel pour leur permettre également de transformer les produits
agricoles, la structuration de ces producteurs dans un creuset qu’est la plateforme qui
leur permet de vraiment échanger entre eux, de voir les problèmes qui se posent à eux
et de s’organiser afin de pouvoir les régler avec l’appui du projet et des autres partenaires
qui utilisent l’existence de la plateforme pour accompagner les producteurs de la
commune de Kouandé.
La plateforme fonctionne très bien, c’est un acquis important du projet qui continuera à
fonctionner et de poursuivre ses activités pour permettre aux producteurs de se mobiliser
davantage et de mobiliser plus de financements.
La structuration des producteurs se renforce et ils s’organisent mieux grâce aux
formations et à l’acquisition des matériels. Ceci profite aussi à la commune pour une
meilleure collecte de ressources pour la promotion de l’économie locale, de plus-value
pour la réalisation de projets structurants pour le développement de la commune. »
« ProAgri a réussi à mettre en place un cadre multi acteurs. C’est un espace d’échanges
entre les producteurs, les transformateurs et la commercialisation (riz, anacarde, soja,
maraîchers, etc.). Mes impressions sont très bonnes. Le ProAgri4 est en train de nous
passer la main et avant nous avons bénéficié de beaucoup d’acquis en termes de
formation et de renforcement de capacité des acteurs, la mise en place d’une
méthodologie d’identification ABC, la mise à disposition d’outils pour travailler
efficacement. Par ailleurs, l’administration a bénéficié d’appuis en matériel (tableau
d’animation, matériel bureautique, mallette zopp) pour animer les ateliers. Pour les
producteurs, le ProAgri a construit une grande infrastructure de transformation de soja
en fromage de bonne qualité. Sincèrement le ProAgri a beaucoup travaillé. »
« Avec ProAgri et ses actions, nous avons constaté la naissance d’un climat de confiance
au sein des acteurs de la filière, grâce à la création de la plateforme multi filières. A
chaque rencontre nous sommes appuyés avec des formations et des conseils pour nous
aider. On se fait mutuellement confiance entre commerçants et producteurs. Avant c’était
difficile entre nous. Quand on a des problèmes d’argent, les commerçants n’hésitent plus
à nous avancer de l’argent parce qu’ils savent que nous avons un produit dont ils ont
besoin et ça marche avec le fonctionnement de la plateforme. Vraiment mes impressions
sont bonnes du fait des formations. Tout a changé au niveau des acteurs : producteurs,
transformateurs ou commerçants. Les conseils et les formations ont engendré des
progrès dans les relations chez tous les acteurs. Tout ça nous a permis d’améliorer notre
façon de faire. »
« ProAgri a fait chez nous la promotion de l’Agri business cluster, et la facilitation d’accès
au marché. Ainsi, 4 agro-business cluster ont été accompagnés dans les filières riz, soja,
karité avec à la clé, la construction des relations d’affaire. Nous avons aussi été appuyés
pour assister les organisations professionnelles agricoles des filières riz, soja, karité à
travers des renforcements de capacités et l’immatriculation. Nous avons reçu l’appui du
projet dans la mise en place d’une plateforme de dialogue multi acteurs, multi filières.
Toutes ces actions ont permis de régler déjà des problèmes au niveau de la commune.
Il faut noter que ProAgri nous a, par ailleurs, accompagnés dans l’élaboration et la
signature de conventions locales de protection des parcs à karité de 107ha. J’ai une très
bonne impression du projet, seulement, il est entrain de finir dans quelques mois. »
« Nous avons beaucoup bénéficié de ProAgri notamment dans les formations et les
accompagnements financiers pour l’organisation de nos rencontres, la facilitation des
échanges entre acteurs de la même filière, la collaboration entre différents acteurs de la
plateforme. Ces appuis nous ont permis de mieux comprendre le fonctionnement de la
plateforme. J’ai de bonnes impressions du projet. Il était plus focalisé sur la filière
anacarde. Nous remercions le projet pour tous ses bienfaits à notre égard et
souhaiterions qu’il continue de nous appuyer. »
L’approche Smart Valleys pour la culture du riz vise l’intensification de la culture du riz et
la facilitation de la résilience de la production du riz aux effets du changement climatique
afin d’augmenter la productivité de cette culture.
« Nous avons été formés par le projet sur les techniques de semi en ligne droite et sur la
façon de mettre de l’engrais. Avant, nous faisions le semis en désordre et l’eau ne
nourrissait pas les cultures. Avec ProAgri, nous avons appris comment faire les diguettes
pour que l’eau reste plus longtemps dans les casiers. Tout ça, nous l’ignorions avant.
C’est grâce au projet que nous avons pu nous améliorer. Aujourd’hui, nos rendements
ont augmenté et nos semences sont de meilleure qualité. Nous sommes contents de
« Avec le projet nous avons bénéficié de beaucoup choses à travers les formations et les
renforcements de capacités tel que l’entretien des sols pour qu’ils soient fertiles en toute
saison, la GDT, le semi en ligne, l’application des engrais, l’aménagement du bas-fond,
du maintien et la canalisation de l’eau pour la production du riz. Ces appuis ont entraîné
un accroissement de la production de riz chez nous. Nous avons acquis beaucoup de
choses et même nos conditions de vie se sont améliorées grâce à l’appui de ce projet
Nous sommes très contents de ce projet, nous avons vraiment apprécié ses actions et
nous-mêmes, nous avons pu réaliser des constructions de petits bâtiments ; certains ont
pu payer des panneaux solaires pour éclairer leur maison. »
Basé à Natitingou dans l’Atacora, non loin des parcs nationaux, le programme couvre la
période de 12/2015-06/2023 avec un volume financier composé comme suit pour
l’ensemble du Complexe82 : 17 000 000 Euro du BMZ de 12/2015 à 6/2023 et 15 000 000
Euro de l’UE de 7/2018 à 5/2023. Le RBT-WAP est sous la tutelle du Ministère du Cadre
de Vie et du Développement Durable (MCVDD) Bénin à travers le Centre National de
Gestion des Réserves de Faune (CENAGREF) et les directions des parcs nationaux de
la Pendjari et du W-Bénin. Ils sont directement financés pour les activités de lutte anti-
braconnage, l’inventaire de la faune, la réalisation d’infrastructures à l’intérieur des aires
82Pour les autres pays, le RBT-WAP dispose d’une antenne à Niamey au Niger et une autre à Ouagadougou au
Burkina Faso.
Sur le terrain, à la périphérie des aires protégées et dans les communes riveraines, les
partenaires qui assurent l’exécution des activités sont des ONGs locales et
internationales. Selon les aires protégées, les ONG qui interviennent sont :
• Au niveau parc national du W : African Parks Network (APN) à travers sa direction
• Au niveau de la Pendjari : APN à travers sa direction
Objectif global :
Son objectif global est formulé comme suit : Promouvoir un développement économique
endogène, durable et inclusif, répondant aux défis du changement climatique.
Objectif spécifique :
Il est intitulé : Renforcer la conservation et la gestion durable des parcs nationaux et des
écosystèmes fragiles de la région W-Arly-Pendjari.
Produits :
Le RBT-WAP vise la réalisation de 6 produits assortis chacun d’indicateurs qui
permettent de suivre la mise en œuvre des actions sur le terrain et de savoir si les
résultats prévus sont réalisés et dans quelles proportions.
Les interventions du programme ont permis, entre autres résultats, ceux qui suivent :
- Les parcs nationaux du W-Bénin et de la Pendjari sont reconnus par l’UNESCO
comme réserve de la biosphère transfrontalière (MAB UNESCO en 2018)
- Les parcs nationaux du W-Bénin et de la Pendjari sont devenus des sites du
Patrimoine de l’UNESCO en 2017
- Les parcs nationaux du W-Bénin et de la Pendjari reçoivent des financements
durables de la FSOA
- La gestion des aires protégées correspond aux normes internationales
- 100 % des infractions constatées par les directions des parcs sont réglées suivant les
textes juridiques en vigueur
- 256 Km de piste carrossable dans les aires protégées
Noms : Kouaba Gaston Yoro, 47 ans et son épouse Koutchey Bissè, 22 ans,
Fonctions : ménagère transformatrice, tous bénéficiaires de l’ONG pépinière d’Afrique
partenaire de RBT-WAP,
Localité : Tagayè (Natitingou)
M. Kouaba : « C’est grâce au projet que j’ai appris l’Apiculture et la pisciculture. Ce qui
me permet de m’occuper et de gagner des revenus pour subvenir aux besoins de ma
famille. J’ai aussi appris l’agroforesterie et le reboisement des berges de la Pendjari pour
la sauvegarde de la source du fleuve Pendjari à Tagayè, Je produis des légumes toute
l’année.
Avec le projet je sais faire les ruches kényanes pour l’apiculture. Les abords de la
Pendjari sont utilisés pour poser des ruches et empêcher les feux de brousse. C’est
formidable. Notre vie a changé grâce aux interventions du projet ici à Tagayè. »
Mme Koutchey (épouse) : « Avec ce projet et l’ONG nous avons appris à faire beaucoup
de choses. Maintenant je suis transformatrice du karité en CVA beurre de karité et en
savon. J’ai bénéficié d’un forage du projet qui me permet de produire des plants, de faire
du maraichage de contre saison et le village n’a plus de problème d’eau comme par le
passé. »
« Nous avons une très bonne impression du projet et de l’ONG qui travaille avec nous ici
sur place pour le reboisement et la protection des abords du fleuve Pendjari et la
protection de sa source. »
« Grâce à l’appui du projet RBT WAP, je produis du mung bean dont j’ai reçu les
semences. Je suis formée sur les itinéraires techniques de production du mung bean que
je maitrise et je suis devenue leader. Ça m’a permis d’accroître mes rendements et je
me défends bien. J’ai été formée aussi sur la démonstration culinaire et j’aide les femmes
autour de moi et dans les ménages. Je voyage pour faire des formations dans ce
domaine et je suis autonome aujourd’hui. J’ai pu, grâce à l’appui du projet, aider mon
mari en finançant ses études au lycée technique. J’ai pu prendre en charge la
scolarisation de nos 2 enfants au cours primaire : je leur donne le petit déjeuner.
Aujourd’hui, je marche la tête haute car j’ai des revenus grâce à la commercialisation de
ma production de mung bean qui me permet de financer d’autres activités rémunératrices
et de faire même de la tontine (épargne). J’arrive à habiller mes enfants et même à me
divertir.
J’ai une bonne appréciation du RBT-WAP, il m’a permis d’être autonome dans ma vie.
Je remercie le projet et les animateurs de l’ONG. »
« J’ai acquis, grâce au projet, des formations qui m’ont permis d’avoir des compétences
en production d’alevin, de provende, de produire des ruches kényanes pour l’apiculture,
la récupération des terres par la régénération naturelle assistée.
Le projet a permis aux communautés riveraines des parcs W, Arly et Pendjari de
bénéficier des appuis pour la pisciculture et l’apiculture comme des chaines de valeurs
ajoutées et la récupération des terres. Dans le cadre de ce projet, les communes
riveraines de la Pendjari ont récupéré au moins 2 700 ha de terre en 2022 par le
reboisement et la régénération naturelle assistée. J’ai une très bonne impression du
projet qui a été positif et aider les populations riveraines à mener des activités apicoles,
piscicoles et la régénération des sols. »
« J’ai appris, du projet, à produire des plants et à faire du reboisement, puis assister les
communautés dans toutes leurs activités.
Grâce à ces nouvelles compétences j’ai pu me faire remarquer et je travaille avec EVD
pour transmettre ces savoir-faire aux communautés dans les villages périphériques des
parcs nationaux. J’ai une très bonne impression du projet. Les activités que nous menons
nous permettent d’avoir des revenus pour résoudre nos problèmes personnels et
familiaux : scolarisation des enfants, réinvestissement dans d’autres activités
génératrices de revenus. »
Elle repose sur l’utilisation de l’application iNaturalist qui est une application accessible
via le web et sur des applications mobiles (Play store). Elle permet, grâce à ses
fonctionnalités, non seulement, la découverte et la connaissance, par soi-même, de la
nature (plantes, animaux terrestres comme aquatiques), mais aussi de partager des
données et les connaissances sur la biodiversité avec ses proches. Les écoliers et élèves
riverains sont en premier lieu familiarisés à l’utilisation du smartphone, puis former de
façon pratique dans la nature sur les prises de photos et l’enregistrement des cris
d’animaux. Les images et cris des animaux sont envoyés via iNaturalist (à partir des
smartphones ou des tablettes) à des scientifiques (experts de la biodiversité) pour
identification. Ceux-ci renvoient aux écoliers et élèves riverains, les données et
informations sur la plante ou l’animal (insecte, oiseau, etc.) ainsi que son rôle et son
importance dans la nature et notre environnement. Ainsi, des projets scolaires sont initiés
(clubs environnementaux, pépinière etc.) pour contribuer à la sauvegarde de
l’environnement à travers l’éveil de leur conscience sur l’importance de la biodiversité et
la nécessité de sa sauvegarde et changer leurs comportements vis-à-vis de la nature et
adopter des comportements écocitoyens.
L’utilisateur créé un compte utilisateur commun aux différentes écoles pour centraliser
les observations et données sur les espèces (photo des observations, nom de l’espèce,
période et lieu, etc.), les actualiser au besoin, puis les utiliser pour animer des
discussions virtuelles et contribuer à la recherche scientifique sur la biodiversité.
« Notre organisation a reçu des appuis en matériels pour mieux gérer nos activités et, en
WAP Training est une application mise au point par le RBT-WAP pour suivre le
déroulement des activités menées sur le terrain par ses partenaires à travers des preuves
visuelles, en générant une base de données automatique sans avoir recours à un
opérateur de saisie. Ainsi, le suivi en temps réel et la gestion des données sont assurées.
L’application WAP Training comporte deux modules, (a) Module 1, est à installer sur les
smartphones Android et permet aux utilisateurs, selon leur profil, de créer un compte
(formateur, conseiller ou superviseur) ; (b) Module 2, est un module web de gestion de
base de données dont l’objectif est de gérer et d’exploiter les données des formations
envoyées via l’application mobile WAP training. Dès que l’utilisateur s’identifie sur
l’application, il peut renseigner les données des formations ou autres activités réalisées
sur le terrain et les envoyer via son téléphone. Les données envoyées sont enregistrées
sur le site web et la base peut être extraite en Excel ou PDF. Ce qui (1) facilite la collecte
et la remontée des données sur les activités menées en temps réel, (2) permet de
contrôler le déroulement des activités à travers des preuves visuelles (images des
bénéficiaires, des installations, etc.) prises en temps réel et (3) permet de suivre de façon
continue les données issues des différentes activités de terrains et de générer une base
de données dynamique.
Il facilite ainsi le suivi en temps réel des activités de terrain et la rédaction des rapports
et minimise les prises de risques (contamination insécurité, etc.)
« Ce projet a tout autant été bénéfique pour les ONG bénéficiaires que pour toutes les
populations en périphérie des parcs W et de la Pendjari. Il a permis aux populations de
dégager de nouvelles sources de revenus et parallèlement de diminuer la pression
qu’elles exercent au niveau des zones tampons des différents parcs afin d’améliorer la
conservation de la faune et de la flore. D’un autre côté, l’application WAP Training qui
permet le suivi-évaluation rapproché en temps réel et à distance des interventions
(formation, reboisement, éducation environnementale, démonstration, etc.) nous a aidé
à suivre les indicateurs du projet de façon efficace et efficiente depuis nos bureaux. Ce
qui est une avancée remarquable en zone d’insécurité. Il est aussi un support de
formation sur toutes les thématiques développées par le projet en lien avec la
conservation, et la promotion des CVA, entre autres. Il est un outil d’aide au rapportage.
Il a permis de savoir que nous avons reboisé une superficie de 16 000 ha autour du W-
Bénin. Mes impressions sont très bonnes par rapport au projet car depuis son
Environ un tiers de ces fonds sont destinés à l’initiative spéciale « UN SEUL MONDE
SANS FAIM » lancée en 2014 par le BMZ. Dans le cadre de cette initiative nous
collaborons avec des partenaires de la société civile, du secteur privé, des milieux
scientifique et politique, ainsi qu’avec des églises et des organisations d’exécution de la
coopération allemande (GIZ, KfW) dans plus de 300 projets.
Les objectifs de l’initiative spéciale « UN SEUL MONDE SANS FAIM » d’ici 2024 :
• Une meilleure alimentation pour plus de 7,5 millions de personnes, en particulier
les femmes et les enfants ;
• Des revenus plus élevés pour 3,2 millions de ménages de petit(e)s paysan(ne)s ;
• Une assistance à 2 millions de personnes faisant face aux conséquences du
changement climatique ;
• Un accès au financement agricole pour 1,9 million d’exploitations agricoles ;
• Une restauration de la fertilité de 1,7 million d’hectares de terres dégradées ;
• Une sécurisation des droits fonciers pour au moins 140 000 familles de petit(e)s
exploitant(e)s agricoles ;
• Un soutien à plus de 330 000 personnes dans le domaine de l’emploi.
Les projets de l’initiative SEWOH interviennent sur les causes structurelles de la faim et
de la pauvreté. Ils encouragent un développement rural qui aide à préserver les bases
d’existence naturelles des populations et augmente leur résilience aux conséquences du
changement climatique et des crises.
Au Bénin, la principale activité économique du pays est l’agriculture. Elle emploie 70%
de la population active et principalement dans de petites exploitations agricoles. Mais
sous l’effet de pratiques agricoles inadaptées, de la déforestation, l’érosion du vent et de
l’eau, les sols se dégradent continuellement. La situation s’aggrave avec le changement
climatique. Les sols s’acidifient et se lessivent.
Au Bénin, les filières prioritaires à promouvoir par le projet ProSOL sont :le maïs, le
manioc, l’igname et le coton .
Les sols érodés sont identifiés dans toutes les communes. Ils sont plus prononcés sur
des terrains en pente surtout dans les bassins versants des communes. L’érosion se
manifeste par la présence de ravins qui proviennent des ruissellements. Ceux-ci drainent
la terre et ses nutriments, de l’amont des exploitations agricoles, vers l’aval. Ils
occasionnent une répartition inégale des nutriments dans l’espace agricole.
Les causes de l’érosion les plus évoquées sont la topographie c’est-à-dire les terres en
pente (66 %), les feux de brousse (24 %) et les pluies abondantes (21 %).
Il s’agit des sols que le passage de l’eau a écrémé et nettoyé de tous leurs éléments
nutritifs. Ils sont rencontrés en amont des parcelles agricoles qui sont en pente et dans
les exploitations agricoles surexploitées, c’est-à-dire cultivées successivement sans
amendement ou rotation, ni jachère naturelle ou améliorée. C’est également l’état des
parcelles qui ont été abondamment soumises à la fertilisation minérale. Ce sont des sols
pauvres à faible capacité de rétention d’eau.
On constate que les causes les plus évoquées sont la topographie c’est-à-dire les terres
en pente (52 %), les pluies abondantes (15 %) et l’absence de fumure organique (16 %).
Il s’agit des sols qui sont devenus compacts suite à un mauvais labour, notamment avec
les tracteurs, aux piétinements réguliers causés par des animaux surtout le gros bétail
(31 %), aux pluies abondantes qui détruisent la texture initiale des sols.
Les autres causes de ce phénomène évoquées par les producteurs sont les feux de
brousse qui dénudent le sol (14 %), la topographie (19 %) et l’absence de rotation (11 %).
Les sols non fertiles sont ceux dont les éléments nutritifs sont à un niveau si bas que les
rendements des cultures qui y sont installées sont faibles ou insignifiants.
Selon les déclarations des producteur·rice·s, les causes de cette baisse de fertilité sont
essentiellement : les feux de brousse (13 %), l’absence de la rotation (25 %), l’absence
de la fumure organique (35 %) et de la jachère (25 %).
On estime que la dégradation des sols touche déjà plus des 2/3 des surfaces cultivées.
Une étude menée par le laboratoire des sols de l’INRAB en 2016 dans les 3
départements du Zou, Borgou et de l’Alibori indique que 90 % des terres ont un niveau
de fertilité faible à très faible.
Les producteur·rice·s déploient des efforts pour lutter contre ces différents facteurs et
améliorer leur rendement notamment en ayant recours à une agriculture intensive qui
nécessite de plus en plus l’utilisation d’intrants chimiques. Cette pratique culturale a des
incidences néfastes sur la qualité physique et chimique du sol ainsi que sur la diversité
et l'efficacité des microorganismes du sol dans leur rôle de décomposition de la matière
organique morte et l’apport à la croissance des plantes.
Les initiatives de la Gestion Durable des Terres sont peu nombreuses sur le terrain. Les
agriculteur·rice·s disposent de peu d’informations sur les mesures adaptées dans la
protection des sols et n’ont pas accès aux semences des plantes améliorantes et aux
technologies annexes.
Pour ne pas perdre les bénéfices économiques issus de la mise en œuvre des mesures
GDT, les agriculteurs doivent non seulement apprendre à les calculer mais également à
les réinvestir dans leurs exploitations.
1. Six catégories des mesures GDT/ACC ont été promues et approuvées par la FAO -
Food and Agriculture Organization - et WOCAT - World Overview of Conservation
Approaches and Technologies.
Les résultats ont montré que les agriculteur·rice·s GDT/ACC ont un résultat net
d’exploitation supérieur à celui de leurs homologues témoins pour les cultures du maïs
(252 300 FCFA contre 41 232 FCFA) et du coton (443 081 FCFA contre 115 765 FCFA).
L’application des mesures GDT/ACC contribuent donc à l’amélioration des revenus des
agriculteurs bénéficiaires du projet ProSOL.
Etude sur l´historique de la Coopération Allemande dans le secteur agricole au Bénin
114
16.8. L’approche « AGRICULTEURS RELAIS »
Lors d’une concertation villageoise, le·la relais et ses apprenants sont désignés. Ces
derniers sont formés par les agriculteurs relais. L’application des pratiques sera ensuite
suivie et les progrès seront évalués et restitués.
Une étude menée en 2021 révèle que le niveau de la situation socio-économique des
femmes dans les ménages varie favorablement en fonction du nombre d’années
d’application des mesures de GDT/ACC. Par exemple :
83Sous « dette sociale » le projet comprend un mécanisme de responsabilisation individuelle et collective qui est conçu
comme base de transfert durable des connaissances et compétences entre agriculteur·rice·s bénéficiaires et non-
bénéficiaires d’un projet. En acceptant d’être formé·e et de recevoir les différents appuis du projet, le·la bénéficiaire
de l’intervention du projet contracte par la même occasion une dette sociale vis-à-vis de sa communauté et vis-à-vis
du projet.
Aucune compensation financière ou matérielle n’est demandée pour rembourser cette dette. La seule requête est son
acceptation et engagement à partager les connaissances et compétences acquises avec d’autres agricultrices et
agriculteurs du village.
3. Les ménages qui pratiquent les mesures GDT/ACC (indice de résilience = 0,28) sont
plus résilients aux effets du changement climatique que les ménages témoins
(ménages qui n’appliquent pas les mesures GDT/ACC) (indice de résilience = 0,26).
5. 205 000 ha de terres sont protégés et/ou réhabilités. Ce qui a permis de d’augmenter
de 45 % le rendement des cultures sur ces terres protégées.
7. 163 689 dont 36 % de femmes : nombre d’agriculteurs qui ont été formés et encadrés
aux mesures GDT/ACC.
L’utilisation du fertilisant biologique Biochar et Preta Terra dans l’agriculture s’est avérée
un élément enrichissant pour les producteur·rice·s qui l’ont adopté. En vue de solutions
alternatives à la dégradation prononcée des sols et la cherté des intrants agricoles
chimiques pour améliorer la fertilité des sols pour une augmentation des rendements
agricoles le ProSOL a introduit dans les zones d’intervention le fertilisant Biochar et Terra
Preta.
Le Biochar est un charbon biologique obtenu par pyrolyse de biomasse végétale sèche
(chauffage à environ 500°C en l’absence d’oxygène), généralement des résidus
agricoles. Il se présente sous forme de petits fragments noirs, légers et poreux. Le
processus de pyrolyse produit un gaz combustible et du Biochar. Les produits de la
pyrolyse sont récupérés et pilés ou broyés jusqu’à obtenir une fine poudre noire. La Terra
Preta est l’activation du Biochar par le compost dans le cadre du projet. C’est donc un
mélange d’une proportion du Biochar et de compost.
Cette technique valorise les déchets agricoles en l’occurrence les résidus de récolte et
d’élevage en fertilisant organique afin de disposer de fertilisants et d’amendements
organiques accessibles et durables.
« Je remercie beaucoup ProSOL qui m'a fait découvrir le Biochar et Terra Preta. Avant,
les rafles de maïs étaient considérées comme des déchets inutiles que nous jetions.
Nous étions nombreux à suivre la formation. Après la formation, certains de mes
collègues ont refusé d'adopter la technique, mais moi je l'ai aussitôt adoptée compte tenu
des avantages dont on nous a parlé. Et j'ai vu juste. Aujourd'hui, mes champs qui
donnaient difficilement une tonne et demie de maïs à l'hectare après quantité d'engrais
chimiques, m'en donnent plus de trois aujourd'hui. Mieux, je suis devenu producteur de
Biochar et Terra Preta que je vends aux agriculteurs et maraichers de la région. Sans
mentir, je profite énormément de l'adoption du Biochar et Terra Preta. »
« Depuis que nous avons découvert le Biochar et Terra Preta, les membres de notre
groupement s'en sortent mieux que par le passé. En effet, nous produisons et vendons
le Biochar et le Terra Preta à nos collègues d'autres groupements maraîchers et,
l'utilisons nous-mêmes dans notre propre groupement. L'intérêt de cette technique est
que, quand c'est appliqué sur les légumes, elle permet d'avoir une très bonne production
ce qui accroît nos rendements. Conséquence, nous, femmes membres du groupement,
sommes financièrement autonomes et pouvons aider nos maris dans les dépenses du
foyer. »
« Avant si tu n'avais pas les moyens, tu ne pouvais te procurer les engrais pour accroître
le rendement de tes cultures maraîchères. Mais depuis que nous avons connu ce
fertilisant biologique, c'est la révolution chez nous. Nous produisons le Biochar et Terra
Preta pour la vente et, nous l'utilisons aussi pour nos cultures maraîchères. Le grand
avantage de la découverte de cette technique est la totale indépendance qu'elle nous
donne en matière d'approvisionnement en engrais, qui plus est, biologique et sans
conséquence sur notre santé et bon pour nos bourses avec un bon rendement assuré. »
Ces mesures améliorent la fertilité des sols dégradés et accroîssent le rendement des
cultures des petites exploitations agricoles. Elles sont encore plus efficaces en
combinaison.
Voici un exemple : le Biochar et Terra Preta peuvent être combinés avec la bonne gestion
des résidus de cultures et le paillis de Mucuna ainsi que le semis direct sans labour en
vue de l’amélioration de la structure et la texture du sol pour un bon développement des
cultures.
« Les techniciens de ProSol nous ont rassemblés dans le village et nous ont formés sur
les nouvelles mesures pouvant nous aider à viabiliser nos terres déjà fatiguées. J'ai suivi
la formation et aujourd'hui la mise en pratique des mesures apprises m'ont permis de
redonner vie à mes terres autrefois arides. Le respect des mesures GDT en l'occurrence,
la technique des demies lunes autour des plants d'anacardiers, d'orangers, de
manguiers, etc, l'utilisation du mucuna, du Biochar et Terra Preta pour l'engraissement
de mes champs ont produit des résultats spectaculaires au point où mon exploitation est
devenue une référence pour la GIZ et le Ministère en charge de l'Agriculture.
Je conseille vivement l'utilisation des mesures GDT à tous les agriculteurs qui veulent
avoir de bons rendements sans l'utilisation d'engrais chimiques. »
« Mon champ d'orangers était déjà dégradé et ne donnait plus rien même avec des
quantités d'engrais. Quand j'ai découvert les mesures de ProSol et les ai mises en
pratique, le résultat a été spectaculaire après quelques expériences. En effet, la première
année que j'ai mis en terre les grains de mucuna reçus du technicien, la terre était si
pauvre que ça n'avait rien donné. Sans me décourager j'ai poursuivi l'année suivante
« Nous avons suivi la formation de ProSol puis nous sommes rentrés avec des grains de
mucuna. De retour à ma ferme, je l'ai semé dans mon champ. L'année d'après, j'ai semé
du maïs sans faire du labour. Ce fut une grande surprise pour moi de voir quelques mois
après, un champ impressionnant de maïs. Il suscite l'admiration de tous, y compris celle
des cadres du ministère de l'agriculture qui sont passés voir l'extraordinaire rendement.
Outre le mucuna, j'utilise aussi le Biochar et Terra Preta de même que le bois d'angole.
Avant les mesures GDT de ProSol, mes champs d'anacarde et d'oranges étaient mal
entretenus et sans rendement conséquent. Mais avec la formation reçue, j'ai entretenu
mes anacardiers et mes orangers en élaguant les branches inutiles et en faisant le
système de demi-lune qui permet de retenir l'eau pour nourrir les racines. Aujourd'hui,
j'ai un très bon rendement à chaque saison dans mes champs d'anacardes et d'oranges.
ProSol m'a permis de profiter des fruits de mon champ plus que par le passé. Je m'en
réjouis et les remercie énormément. »
L’objectif est de disposer des techniciens sortant des Lycées Techniques Agricoles (LTA)
avec des compétences en GDT/ACC par la sensibilisation des cadres de l’ETFPA sur
les concepts GDT/ACC et la formation des apprenant(e)s sur les aspects théoriques et
pratiques de la GDT/ACC.
L’intégration de la GDT/ACC dans l’ETFPA s’est faite à travers l’infusion des plans de
cours (Agriculture Générale, Agriculture Spéciale, Agroforesterie, Ecologie forestière,
Travaux Pratiques Agricoles) par les concepts GDT/ACC.
Comme impact positif, tous les 11 Lycées Techniques Agricoles (LTA) du Bénin
enseignent des cours sur la GDT/ACC et font la pratique dans leurs exploitations
agricoles. Les apprenant(e)s en fin de formation élaborent des micro-projets sur la
GDT/ACC et chaque LTA dispose d’un comité pour assurer le suivi de la qualité des
cours et pratiques sur la GDT/ACC.
Le projet a mis en place une coopération avec les universités du Bénin pour promouvoir
la GDT/ACC à travers des bourses d’études et l’appui technique à des étudiants pour
leurs mémoires de recherches. Ces universités sont accompagnées dans l’organisation
de la Journée Mondiale des Sols célébrée chaque 5 décembre.
Sous financement du projet ProSol, des études ont été conjointement menées avec
l’Université de Parakou et l’INRAB à travers le Centre de Recherche Agricole Nord-Est
(recherche sur les accessions variétales des semences des plantes améliorantes).
« L’intégration des mesures GDT/ACC, ont apporté beaucoup de changements dans nos
pratiques ici au lycée agricole de Kpataba. D’abord sur nous, enseignants. Nous avons
bénéficié de renforcement de nos capacités pour pouvoir dérouler les nouveaux curricula
de formation. Dans la pratique, nous avons constaté les effets des mesures GDT sur le
terrain. Pour faciliter l’assimilation, nous avons installé des champs d’expérimentation
pratique. Ceci a beaucoup aidé les élèves qui apprécient ces nouvelles techniques
culturales et de conservation/protection du sol. Des élèves en fin de formation ont
bénéficié d’appuis de ProSol pour leur installation. »
Le Bénin figure parmi les pays qui affichent les plus faibles niveaux de développement
humain au monde, en référence à l’Indice de développement humain (Idh). Cette
situation globale qui laisse présager des conditions de vie relativement délicates pour les
populations béninoises, plus précisément du point de vue de la pauvreté extrême, est
déterminée par plusieurs facteurs.
Il a pour objectif l’amélioration des revenus des petits exploitants agricoles, l’emploi et
l’approvisionnement régional en produits alimentaires à travers la mise en œuvre
d’innovations dans les secteurs agricole et agro-alimentaire. Le projet intervient dans
trois chaînes de valeurs (le riz, le soja et la volaille) dans des communes sélectionnées
du Bénin. Les groupes cibles sont les petites entreprises agricoles ainsi que les Micros,
Petites et Moyennes Entreprises (MPME) dans les zones d’intervention du processus de
production.
Afin de mieux atteindre les groupes cibles, de diffuser le plus largement possible les
innovations et d’assurer la durabilité, une stratégie a été élaborée pour impliquer les
Organisations Paysannes.
Les interventions du projet à travers les différents modules et thèmes transversaux sont
structurées en trois composantes : Appui aux petites exploitations agricoles (PEA), appui
aux PME et appui aux organisations paysannes. Alors que les trois modules du projet
global sont à comprendre de façon verticale, c'est-à-dire qu'ils vont du développement
de l'innovation à sa diffusion et à sa mise en œuvre dans le secteur agroalimentaire, les
composantes du projet opérationnalisent ce processus d'innovation dans les différents
maillons des chaines de valeurs qui sont, notamment, la production agricole (à travers
les PEA), la transformation et la commercialisation. Aussi, les organisations paysannes
jouent un rôle aux différents niveaux de processus d’innovation.
Grâce à ces mesures, les innovations ont pu être fortement ancrées au sein des
structures partenaires, formant ainsi la base pour la troisième phase qui consiste à
dérouler et diffuser les innovations auprès des groupes cibles. Cela a permis de déployer
les innovations sur le terrain à grande échelle. Pour finir, la dernière étape de l’approche
consiste en l’adoption et l’utilisation des innovations par les groupes cibles. Ainsi,
Etude sur l´historique de la Coopération Allemande dans le secteur agricole au Bénin
124
l’objectif est d’atteindre 100 000 petites exploitations pour les innovations agricoles et 5
480 PME pour les innovations entrepreneuriales, avec un taux d’adoption des
innovations visé de 80 %. Notamment au niveau des PME, le projet a déjà largement
dépassé les attentes en termes de création de l’emploi et d’augmentation de chiffre
d’affaires.
Depuis 2015, le ProCIVA a accompagné plus de 3 000 PME par la mise en oeuvre du
SME Loop1 (Business Training and Coaching Loop), ainsi que 681 exploitations
agricoles et 175 PME de transformation et distribution par le biais de l’appui financier au
profit de SENS Bénin2 (Solidarités Entreprises Nord-Sud).
La création de nouveaux emplois dans ces entreprises en amont et en aval des chaînes
de valeur a été soutenue par le SME Loop ainsi que la promotion de l’entrepreneuriat
solidaire. En améliorant la gestion des entreprises grâce au SME Loop, de nombreuses
PME ont étendu leurs activités commerciales, créant un besoin de travailleurs
supplémentaires. Depuis le début du projet, 2 940 emplois permanents à temps plein ont
ainsi été créés. Parmi ceux-ci, environ 83 % (2 433) sont des emplois détenus par des
femmes, et plus de 90 % (2 679) sont détenus par des jeunes.
Les expériences du projet avec les organisations paysannes et leur rôle dans le
développement et la diffusion des innovations sont très encourageantes et sont
capitalisées (notamment à travers le présent document) et partagées au sein des
Etude sur l´historique de la Coopération Allemande dans le secteur agricole au Bénin
125
réseaux existants. Trois OP-CIV, qui se distinguent comme des modèles d’excellence
(voir ci-dessous dans le chapitre Acquis phares) par rapport à d’autres organisations à
travers le pays, ont été renforcées dans leur organisation et leur rôle. Le processus de
développement des associations est documenté et capitalisé au niveau des structures
étatiques pour faciliter la reproduction. Il peut être appliqué à d’autres organisations et
est activement promu afin de le rendre accessible à d’autres projets
En outre, le ProCIVA poursuit une approche fortement axée sur la durabilité économique.
Les subventions sont largement supprimées et lorsque les phases initiales sont
subventionnées à plus petite échelle, le développement de modèles d’affaires est ancré
et accompagné dès le départ. Les expériences d’apprentissage et les approches
réussies sont donc particulièrement pertinentes, non seulement pour le projet mondial
des Centres d’Innovations Vertes, mais aussi pour le nouveau thème crucial « Formation
professionnelle, développement du secteur privé et systèmes financiers », et devraient
être prises en compte avant tout en ce qui concerne la promotion du secteur privé vers
une autonomisation durable.
Parmi les acquis phares pour le compte du Projet Centre d’Innovations vertes dans le
secteur agricole et agroalimentaire (ProCIVA), nous retenons entre autres :
Sur une période de six mois, un coach visite les entrepreneurs deux fois par mois. Il
échange avec eux sur les progrès réalisés, les difficultés qu’ils rencontrent et ensemble
ils trouvent les approches de solutions. Au regard des observations sur le terrain, ce type
d’accompagnement accroit les revenus des entrepreneurs et concourt fortement à la
création d’emplois. Le Business Training and Coaching favorise la crédibilité des
entreprises auprès des institutions financières. Plus de 300 entrepreneurs bénéficient
déjà de l’approche qui vise à atteindre 1500 entrepreneurs à travers tout le Bénin.
Etude sur l´historique de la Coopération Allemande dans le secteur agricole au Bénin
126
Cent jeunes femmes et hommes ont suivi en février 2023 une formation en
entrepreneuriat agricole au CPFPA de l’ONG Education Service International (ESI) à
Dobgo. C’est une formation qui s’inscrit dans le cadre du projet d’appui au renforcement
de capacités des exploitations agricoles à travers la formation des jeunes en
mécanisation agricole et aux changements climatiques financé par la GIZ/ProCIVA.
Des liens seront créés entre les bénéficiaires de la formation et des services financiers
décentralisés afin de permettre aux meilleurs projets d’être financés et soutenus. Le
Directeur de l’ONG ESI a souligné dans son discours d’ouverture la nécessité de cultiver
l’excellence en entreprise pour inciter les indécis à prendre leur destin en main. Car, dira-
t-il, c’est en réussissant qu’on arrive à impacter les autres. Le Bénin étant un pays à forte
potentialité agricole, il est impérieux de disposer des compétences pour améliorer la
production agricole. La formation pratique a une durée de dix jours, mais les coachings
individuels vont se poursuivre pour finaliser les business-plans et l’installation des
entreprises.
En 2015, l’approche SME Loop a été appliquée au Bénin dans le cadre de l’initiative
spéciale « Un monde sans faim » (SEWOH) et de son programme « Centres
d’innovations vertes pour le secteur agricole et agroalimentaire ». Le SME Loop y est
déjà appliqué à plus grande échelle et entend toucher 3 100 PME de 62 communes d’ici
le début de 2024. À l’heure actuelle, 2 947 propriétaires d’entreprises (dont 57 % de
femmes et 36 % de jeunes) ont terminé leur accompagnement au Bénin et bénéficié des
services de 60 coaches qualifiés. Quatre études d’impact réalisées entre 2017 et 2020
sur la base de 2 000 entreprises ayant bouclé leur accompagnement ont montré : 1 627
emplois permanents (> 225 jours) ont été créés par 775 entreprises, dont 48 % pour les
femmes et 82 % pour les jeunes. Un chiffre d’affaires moyen ayant augmenté de 112 %
pendant le « SME-Loop » a été attesté (de 1 830 € à 3 888 € en moyenne). 97 % des
400 PME évaluées en 2020 ont augmenté au moins 3 des indicateurs économiques
(chiffre d’affaires, nombre de clients, investissement, relations d’affaires formalisées et
réduction du coût de production).
« Sésame met en œuvre le SME Loop pour le compte du Centre d'Innovation Verte
(ProCIVA) au Bénin à travers la formation et le coaching entrepreneurial et managérial
des entreprises. Ceci permet d'assurer la pérennité des entreprises, d'accroître le revenu
des promoteurs d’entreprises, de créer des emplois stables et durables et de renforcer
les emplois qui existaient déjà. »
« Nous avons été sélectionnés au cours de l’année 2016 par le projet CIVA de la GIZ
pour bénéficier de ses accompagnements. Grâce à ses accompagnements, nous avons
su comment mieux gérer notre entreprise. Nous avons aussi bénéficié des outils qui nous
ont permis de mieux organiser notre comptabilité. Je peux dire que grâce au SME
Business Training and Coaching Loop, j’ai une meilleure traçabilité de mes opérations,
une bonne tenue de compte, donc de notre comptabilité et de nos cahiers de gestion ce
qui nous permet d’engranger assez de bénéfices et par conséquent, notre chiffre
d’affaires ne fait qu’augmenter. Nous sommes aujourd’hui capables d’auto financer
certains investissements que nous faisons déjà sur notre site. »
Le Crédit Achat Intrants Groupés (CAIG) est un modèle de financement mis en place par
l’Union Nationale des Producteurs de Soja du Bénin (UNPS) en partenariat avec
l'institution de microfinance FECECAM dont le but est de financer à crédit la totalité des
intrants nécessaires à la culture du soja. Il se différencie des crédits ordinaires dans le
sens où les producteurs ne prennent pas leur crédit en cash, mais en nature (le service
de labour, la semence certifiée, l’inoculum, l’herbicide, et les engrais). Ces intrants
forment un « kit intrants » mis à la disposition des producteurs en fonction de la superficie
de leur exploitation. La démarche du CAIG vise à renforcer la confiance entre les
différents acteurs de la chaîne de valeur en atténuant les risques pour chacun. Plus
précisément, les institutions de microfinance sont encouragées à s’engager dans un
modèle novateur de financement agricole, en partenariat avec la faitière des producteurs
de soja. Celle-ci encadre les producteurs à la base, les forme aux bonnes pratiques de
production, et suit les différents stades de la culture jusqu'à la récolte, assurant un
rendement élevé et le remboursement du crédit. Les fournisseurs d'intrants sont quant à
eux payés au comptant directement par l'institution de microfinance grâce à l’UNPS qui
a développé un partenariat avec chaque fournisseur, ce qui permet un acheminement
rapide et à bonne date de toute la quantité nécessaire d'intrants de qualité dans les zones
de production. Ainsi par le développement de services d’appui, la mise en œuvre du
CAIG repose sur la facilitation des relations et l'atténuation des risques entre les acteurs
impliqués, ce qui contribue fortement à son succès. Comme effet secondaire, ce dispositif
Etude sur l´historique de la Coopération Allemande dans le secteur agricole au Bénin
129
permet d’augmenter la visibilité et la crédibilité de l’UNPS auprès les producteurs de soja
et agit ainsi sur la fidélisation des membres.
« Le CAIG est différent des financements agricoles traditionnels que nous connaissons.
Avant, les producteurs de la filière soja n’arrivaient pas à avoir accès facilement aux
intrants de bonne qualité quand bien même ils avaient les fonds nécessaires pour l’achat.
Aujourd’hui grâce au CAIG, le producteur a accès à bonne date aux intrants de bonne
qualité. Toutes les difficultés liées à l’accessibilité des intrants ont été levées par le CAIG
et grâce au ProCIVA qui a appuyé la faîtière UNCPS dans la mise en place de ce
mécanisme d’accompagnement des producteurs de soja. Outre le CAIG, le producteur
bénéficie aussi de l’appui-conseil des techniciens agricoles sur le terrain pour une bonne
campagne. »
« Producteurs que nous sommes avons l’assurance dès que nous prenons le kit CAIG
que la campagne est garantie. En effet, de par le passé plusieurs solutions avaient été
expérimentées pour aider le producteur à avoir les intrants de bonne qualité et des
ressources financières pour démarrer sa campagne. Mais toutes ont échoué. C’est
ProCIVA qui nous a trouvé la formule magique avec le CAIG qui garantit désormais un
bon démarrage de campagne. Avec le CAIG, le rendement de la production du soja est
passé de 600 ; 800 Kg/ha à 1,5 ; 2,5 tonnes voire 3 à 4 tonnes pour certains producteurs.
Nous pouvons dire aujourd’hui que grâce à ProCIVA, le CAIG a amélioré
considérablement le rendement du soja et par ricochet la vie des producteurs. Pour moi,
le CAIG est venu me sortir de cette souffrance cyclique de recherche d’intrants de bonne
qualité. Sans peine, j’ai accès aux intrants de bonne qualité ce qui me garantit une très
bonne campagne agricole. »
« Le Crédit Achat Intrant Groupé (CAIG) chez nous, producteurs de soja de la commune
de Tchaourou, est vraiment la bienvenue. Nous avions des difficultés pour se procurer
les intrants. Nous ignorions l’existence de l’inoculum du soja. C’est grâce au CAIG que
les producteurs ont fait la connaissance du bio fertilisant dénommé inoculum. Aujourd’hui
tous ceux qui l’ont expérimenté ont constaté une amélioration considérable dans leur
rendement et ne veulent plus s’en séparer. De même, le CAIG nous permet d’avoir plus
de connaissance sur les différents engrais pour la culture du soja. Sans vous mentir, le
CAIG est un outil qui nous a sortis nous, producteurs des difficultés que nous rencontrons
Il s'agit d'une innovation technique consistant à introduire des bactéries symbiotiques (en
quantité et à proximité) dans les champs au profit de la plante et permettant ainsi d'obtenir
le potentiel optimal du soja. L’objectif principal de cette innovation est d’aider à améliorer
et à maintenir la fertilité des sols et donc l’accroissement de la productivité. Elle se traduit
par une nutrition azotée continue des plants de soja par le biais de la fixation biologique
de l'azote assurée par les bactéries Bradyrhizodium japonicum, qui améliore les taux de
nodulation et contribue à accroître leur productivité. Pour obtenir un rendement et une
teneur en protéines élevés, l'inoculation du soja par la bactérie permet à la culture de
couvrir 75% de ses besoins en azote grâce à la symbiose, soit environ 300 kg/ha d'azote.
Cette technologie fait partie du conseil technique spécialisé donc intégré au SNCA. Une
innovation qui nécessite moins de fonds pour le démarrage et facilement réplicable.
« Sans vous mentir, le producteur du soja est fier de sa production et des revenus qu’il
en tire, et pour cause. Nos recherches de partenariats nous ont permis de rencontrer le
projet allemand ProCIVA grâce à qui nous avons pu découvrir le bio fertilisant dénommé
inoculum du soja. Depuis que nos producteurs ont commencé l’utilisation de ce produit
nos rendements ont grimpé, passant de 600 – 800 kg/ha à 1,5 tonnes voire même au-
delà de 2 et 3 tonnes à l’hectare. Ce qui rend le producteur du soja fier de son activité
agricole. Nous ne pouvons que remercier notre partenaire ProCIVA pour la qualité de
notre partenariat qui a permis aujourd’hui à la faîtière que je préside d’améliorer sa
gouvernance interne et de rendre des services de qualité à ses membres. »
Ils sont venus du département du Mono, Couffo et du Zou et font partis des trois filières
phares pour suivre la formation des formateurs en mécanisation agricole au CPFPA de
Dogbo.
La formation était assurée par des Conseillers Pédagogiques, des Proviseurs de lycées
et des Professeurs d'université et accompagné par le Conseiller technique en
mécanisation agricole de la GIZ/ProCIVA, Julus VODOUNNOU et de l'Expert National
du CIMMYT, Guy Omer HOUNTONDJI.
Trois classes étaient ouvertes pour former : les mécaniciens des machines agricoles, les
fabricants de matériels et d'outils et les conducteurs d'engins agricoles. Aux termes de la
formation, les bénéficiaires seront à même de transmettre les savoirs aux apprenants. Il
faut noter que les manuels de formation validés précédemment par des sommités de
l'enseignement technique au Bénin et en Ethiopie ont pris en compte l'approche par
compétence et l'andragogie pour faciliter l'apprentissage.
[AVEC PHOTOS « Formation agricole »]
Cent jeunes femmes et hommes ont suivi en février 2023 une formation en
entrepreneuriat agricole au CPFPA de l’ONG Education Service International (ESI) à
Dobgo. Cette formation s’inscrit dans le cadre du projet d’appui au renforcement de
capacités des exploitations agricoles à travers la formation des jeunes en mécanisation
agricole et aux changements climatiques financée par la GIZ/ProCIVA.
Des liens seront créés entre les bénéficiaires de la formation et des services financiers
décentralisés afin de permettre aux meilleurs projets d’être financés et soutenus. Le
Directeur de l’ONG ESI a souligné dans son discours d’ouverture la nécessité de cultiver
l’excellence en entreprise pour inciter les indécis à prendre leur destin en main. Car, dira-
t-il, c’est en réussissant qu’on arrive à impacter les autres. Le Bénin étant un pays à forte
potentialité agricole, il est impérieux de disposer des compétences pour améliorer la
production agricole. La formation pratique a une durée de dix jours, mais les coachings
individuels vont se poursuivre pour finaliser les business-plans et l’installation des
entreprises.
En 2015, l’approche SME Loop a été appliquée au Bénin dans le cadre de l’initiative
spéciale « Un monde sans faim » (SEWOH) et de son programme « Centres
d’innovations vertes pour le secteur agricole et agroalimentaire ». Le SME Loop y est
déjà appliqué à plus grande échelle et entend toucher 3 100 PME de 62 communes d’ici
le début de 2024. À l’heure actuelle, 2 947 propriétaires d’entreprises (dont 57 % sont
des femmes et 36 % des jeunes) ont terminé leur accompagnement au Bénin et bénéficié
des services de 60 coaches qualifiés. Entre 2017 et 2020, quatre études d’impact ont été
réalisées sur un échantillon de 2 000 entreprises dont l’accompagnement était arrivé à
terme. Les chiffres sont révélateurs :
➢ 1 627 emplois permanents (>225 jours) ont été créées par 775 entreprises dont
48 % occupés par des femmes et 82 % par des jeunes ;
➢ Le chiffre d’affaires moyen a augmenté de 112 % pendant le « SME-Loop » (de 1
830€ à 3 888€ en moyenne) ;
➢ 97 % des 400 PME évaluées en 2020 ont augmenté au moins 3 des indicateurs
économiques (chiffre d’affaires, nombre de clients, investissement, relations
d’affaires formalisées et réduction du coût de production)
[Source : Graphiques, Factsheet SME Loop – ProCIVA)
« Les jeunes du Centre sont formés soit à l’examen du Certificat de Qualification aux
Métiers (CQM) soit à l’examen du Certificat de Qualification Professionnelle (CQP). Les
machines que nous fabriquons ici servent à égrener les produits agricoles et à presser
pour la fabrication de l’huile. Grâce au partenariat avec la GIZ/ProCIVA, notre centre de
formation a été bien équipé en machines de dernière génération. Après leur formation,
ceux qui ont la chance, sont recrutés à la SoNaMA et d’autres iront ouvrir leur propre
entreprise ». Mathieu Sagbo, Formateur en soudure au CPFPA ESI-pro dogbo et
technicien en construction métallique.
« Cette formation est une aubaine, non seulement pour moi, mais également pour la
population d’Azové et surtout pour les jeunes artisans désireux d’en savoir plus sur la
fabrication et l’utilisation de ces machines. Nous produisons beaucoup de riz au Bénin,
donc cette formation nous permettra de soulager les nombreuses difficultés liées à la
batteuse vanneuse ». Gbéchi Marisu Hossou, Directeur du CEFACOM à Azové,
technicien en construction métallique.
Le projet constitue une intervention transversale qui s’appuie sur les résultats des autres
projets de la Coopération Bénino-Allemande dans le secteur agricole, notamment
Promotion de l’Agriculture (ProAgri), Centres d’Innovations Vertes (ProCIVA) et
Réhabilitation des sols (ProSol), Politique Foncière Responsable (ProPFR) etc. Alors que
ces derniers ont permis d’assurer l’organisation des exploitants agricoles en coopératives
ou clusters, ont formé les PME en matière de gestion entrepreneuriale et les ont
renforcés sur les itinéraires techniques, ProFinA apporte son savoir-faire et met en place
des mécanismes facilitant l’accès au crédit. Les filières concernées par les différents
appuis du ProFinA sont : le Riz, le Karité, l’Anacarde, le Soja, la Volaille et le Maraîchage.
Les interventions du ProFinA sont classées dans trois domaines ou « champs d’action »,
à savoir :
1. Celui des activités menées et des produits élaborés ainsi que de leur qualité. C’est
le niveau des « outputs ».
2. Puis, les effets induits par l’utilisation de ces activités et produits, c’est le
« outcome ».
M3 : 15 services financiers adaptés dont 4 avec support numérique, ont été insérés dans
le portefeuille des institutions financières soutenues, où ils sont ainsi disponibles pour les
exploitations agricoles et les entreprises agro-industrielles en milieu rural.
- Crédit groupé par les coopératives pour les producteurs de riz, anacarde, soja,
karité ;
- Crédit équipement agricole : batteuse-vanneuse soja, batteuse riz ;
- Crédit transformation agricole : étuveuse de riz, fromage de soja, transformation du
beurre de karité ;
- Crédit PME : aviculture locale, poulet chair et pondeuse, semencier riz, semencier
soja, pépiniériste anacarde, prestataires d’entretien verger anacarde ;
Au début du projet un certain nombre d’études a permis de mettre en lumière les valeurs
à promouvoir, les conditions du marché pour supporter un crédit et les caractéristiques
du crédit pour être utile au demandeur. Les informations issues de ces études ont servi
à établir des « business cases » qui ont été présentés aux représentants des SFD afin
de vaincre leur scepticisme et les motiver à tester des produits de crédits conçus sur la
base des résultats de ces études. Pendant la phase de test, appelée « pilotage », des
adaptations ont encore été apportées aux produits de crédit.
ProFina n’est pas le seul projet dans le secteur du financement agricole au Bénin, mais
il est celui qui a opté pour une approche “entrepreneuriale”. Ceci veut dire qu’il s’insère
dans l’environnement économique tel qu’il est : il ne fournit ni subvention ni garantie aux
prêts, mais accepte les conditions du marché, notamment les taux d’intérêts tels qu’ils
Etude sur l´historique de la Coopération Allemande dans le secteur agricole au Bénin
138
sont pratiqués par les institutions financières. Cette approche exclue le financement de
chaines de valeur à faible rentabilité qui ne supporterait pas un crédit aux conditions du
marché. En raison des taux d’intérêts élevés limitant le nombre d’exploitations agricoles
éligibles aux crédits, le projet a travaillé sur les facteurs des coûts des crédits, notamment
en favorisant la digitalisation des partenaires SFD et en réduisant le taux des crédits en
souffrance. Ces solutions furent favorisées en lieu et place de subventions qui auraient
disparu à la fin du projet. Eviter une distorsion des prix du marché (ici : les prix du capital)
est aussi un gage de la pérennité des résultats du projet.
On pouvait craindre que cette approche limite la portée du projet dans un secteur où les
subventions sont à l’ordre du jour, mais il n’en était pas ainsi, comme le montre le nombre
de crédits facilités.
Tout se joue alors sur la qualité de la gouvernance des faîtières et sur le pouvoir réel de
ses dirigeants sur les niveaux inférieurs (unions communales, coopératives villageoises).
L’amélioration de la gouvernance des faîtières n’est pas dans le mandat de ProFinA,
cependant il lui arrive de dénoncer le mauvais comportement de certains dirigeants de
coopératives ou d’Unions communales.
Dans la filière soja, les techniciens et techniciennes sont mis à disposition et gérés par
un prestataire privé. Cette option présente d’importants avantages mais soulève des
questions quant à sa pérennité (cf. « leçons apprises » ci-dessous). Les faitières ainsi
appuyées avaient auparavant été structurées par le projet bilatéral ProAgri. Au vu des
problèmes de gouvernance au niveau de certaines de ces faîtières, ProAgri a développé
une approche de cluster : il s’agit d’un groupe d'acteurs d'un secteur qui s'associe à un
agrégateur au centre. L'agrégateur garantit le marché de vente pour les producteurs. Par
conséquent, le risque de mévente est réduit, la capacité de remboursement assurée.
Afin de promouvoir les compétences du groupe cible en matière d'épargne, les membres
de toutes les coopératives agricoles soutenues ont été formés à la constitution de
Groupes d'Epargne et de Crédit Solidaires (GSEC). Si au sein d’une coopérative, il se
trouve au moins 15 membres pour constituer un GSEC, ils reçoivent, sur demande, le
matériel nécessaire au fonctionnement du GSEC : boîte métallique, encreur, cahiers,
registres, sac, bol, calculatrice, stylos, cadenas, timbres, livret d'épargne.
Ce même prestataire met à disposition deux coaches pour l’accompagnement des PME.
Les besoins en crédit et les conditions économiques des PME sont différents de ceux
des petites exploitations agricoles : les montants des crédits sont plus élevés, ils ont pour
objet l’investissement et les PME négocient individuellement avec les institutions
financières. La professionnalisation de cette cible passe souvent par une participation au
programme de formation et de coaching (le SME business training and coaching loop),
du Centre d’Innovations Vertes ProCIVA, un autre projet de la coopération allemande
dans le secteur agricole. Les meilleurs sortants de ce cycle peuvent se perfectionner en
matière de planification des investissements à travers la participation à une formation
FANEPIA, offert par ProFinA. En une semaine ils apprennent à analyser leur entreprise,
développer des options de croissance et évaluer les investissements nécessaires et leurs
effets. Ainsi, ils sont mieux armés pour défendre leur projet devant un potentiel prêteur
de capital.
Les crédits permettent aux exploitations agricoles d’acheter des intrants et services et
d’augmenter la superficie emblavée là où les terres sont encore disponibles. Aux PME le
crédit permet de s’approvisionner en matières premières quand les prix sont bas et
d’acheter de l’équipement, ce qui augmente leur chiffre d’affaires et leur revenu. Le projet
ne mesure pas l’ampleur de ces effets mais ils sont confirmés par tous les interlocuteurs.
Du reste, une étude conduite en 2018 sur les clients de la FECECAM a confirmé ces
impacts.
Concernant spécifiquement les femmes, une enquête conduite par la ProFinA en 2020 a
révélé qu’il « existe des preuves évidentes que les crédits agricoles impactent
progressivement le pouvoir économique de certaines femmes des filières riz et soja. Il
est remarqué un changement notable dans la vie de certaines bénéficiaires. Ce
changement (…) s’observe à travers la satisfaction des besoins spécifiques des
membres de leurs familles comme : l’alimentation, la scolarisation et la santé des enfants.
L’étude « Analyse des effets de la mise en œuvre du ProFinA sur les acteurs filières, les
OPA et les SFD », réalisée en 2022, note entre autres bénéfices pour les SFD (i)
l’extension des zones d’intervention des SFD ; (ii) l’élargissement des filières financées ;
(iii) l’augmentation des volumes de portefeuille de crédits agricoles ; (iv) l’amélioration
des taux de remboursement (de l’ordre de 100%) et des intérêts perçus.
« Nous rencontrions beaucoup de difficultés d’accès aux crédits avant, mais depuis notre
partenariat avec le projet, nous avons le financement pour nos activités agricoles (labour,
semis, intrants, entretien et récoltes.)
« L’arrivée du projet ProFINA à Parakou nous a beaucoup facilité la vie. En effet, les
bénéfices et avantages tirés du projet sont nombreux dans notre secteur. Nous pouvons,
entre autres, citer la facilitation et la mise en relation avec les coopératives, les
agriculteurs, les clients. Ceci a induit l’accroissement accéléré de notre volume de
crédits. Avec l’appui de ProFINA, nous avons considérablement réduit les délais de mise
en place des crédits, facilitée grâce aux outils de gestion mis en place dans ce partenariat
avec ProFINA. Aujourd’hui, il y a une meilleure visibilité de l’UNACREP, une meilleure
sécurisation et de gestion des crédits mis en place. La FAC apparaît comme une garantie
qui renforce la confiance des parties. Nous avons une très bonne impression du projet,
qui pour nous reste un partenaire fiable dont l’approche est en adéquation avec la nôtre
et, elle rassure les producteurs et autres transformateurs et commerçants. »
Un autre acquis phare du projet, ce sont les groupes solidaires d’épargne et de crédit
(GSEC). Les GSEC continuent à susciter beaucoup d’intérêt, même en dehors des
coopératives appuyées par le projet. Raison pour laquelle ils comptent parmi les acquis
phares du ProFinA. Peu coûteux et faciles à mettre en place, ils apportent des solutions
à certains problèmes quotidiens vécus par leurs membres, par exemple, un besoin urgent
de liquidité. L’innovation qui les distingue à d’autres initiatives est que tous ses membres
sont issus de la même coopérative et de la même activité. Il y a donc dès le départ un
lien qui les unis et une meilleure connaissance des autres membres. Toutefois,
l’adhésion à un GSEC est totalement volontaire, aucune pression n’est exercée aux
membres d’une coopérative pour créer un GSEC ou y adhérer. De plus, le GSEC et les
fonds mobilisés sont gérés par les membres eux-mêmes, ce qui le distingue d’une
tontine. Troisièmement, les fonds collectés ne sont pas thésaurisés mais restitués aux
membres à la fin d’un cycle. Plusieurs GSEC sont déjà à 2 ou 3 cycles de mise en œuvre
ce qui montre la maîtrise et l’adoption de l’approche. Le flux financier généré par cycle
pour certain GSEC est tellement important que leurs membres envisagent de ne plus
avoir recours aux crédits formels.
La durabilité des GSEC se fonde sur le principe de l’autogestion par les personnes qui
se connaissent, vivant dans le même milieu et pratiquant la même activité et qui se
Etude sur l´historique de la Coopération Allemande dans le secteur agricole au Bénin
143
réunissent volontairement pour un but commun. Le projet les forme sur les règles et
principes selon lesquels fonctionnent un GSEC, mais ne fixe pas les aspects pratiques
du fonctionnement, p. ex. la durée d’un cycle ou le montant d’une part. Après le premier
cycle qui dure entre 6 et 9 mois et le démarrage du deuxième, le suivi par l’organe
initiateur (les faîtières dans le cadre du ProFinA) peut être très léger. Il y a des GSEC
mis en place en 2019 qui fonctionnent toujours et sans suivi par le projet.
Le potentiel de reproduire le modèle tient à l’existence de personnes formées à
l’approche ; celles-ci accompagnent les GSEC pendant les premiers 8 à 10 mois avec
intensité décroissante.
« Pour financer nos activités agricoles avant, nous allions près des banques de proximité
telles que PADME, Bethesda, Alidé etc. Mais depuis que nous avons mis en place de
notre groupement GSEC grâce aux techniciens de ProFinA, nous nous sommes libérées
des contraintes de ces banques. Au sein de notre groupement, les membres, en
l'occurrence, nous les femmes, nous avons des appuis financiers pour l'achat des intrants
agricoles (semences et engrais) pour nos champs. Nous faisons des cotisations de
même que les prêts aux membres. Ici, les intérêts et pénalités, contrairement aux
banques de proximités, sont reversés dans la caisse et sont redistribués en fin d'exercice
à tous les membres. Nous avons beaucoup de bénéfices avec le GSEC, ce qui nous
permet d'être vraiment autonomes pour accompagner nos maris dans les dépenses
domestiques. »
La principale innovation réside dans la méthode avec laquelle les contenus de formation
ont été élaborés. La méthode, décrite plus en détail sous le point 2, s’appuie sur les
analyses des chaines de valeur et des modèles d’affaires ; les résultats de ses analyses
constituent le fonds même des « produits de connaissances » qui sont utilisés dans le
renforcement des capacités des agents des SFD. Au centre de ces produits, le module
de formation « Finance agricole » développé conjointement par le Consortium Alafia et
le ProFinA. Ce module rayonne même au-delà des partenaires financiers du ProFinA car
il est utilisé dans la formation diplômante qu’offre le Consortium. Le module est composé
de 8 thèmes et son utilisation varie selon la catégorie des apprenants. Ce module a aussi
été utilisé dans un programme de formation des chargés de prêts au niveau de l’UEMOA.
D’autres modules, plus spécifiques, complètent l’arsenal des supports utilisés dans la
formation des agents des SFD.
L’objectif de cet acquis phare est le renforcement des compétences des acteurs des
Services Financiers Décentralisés (SFD) en matière de crédit agricole et de développer
des approches spécifiques / innovantes en matière de financement agricole.
L’activité est reproductible (et reproduite) chez certains SFD à travers leurs dispositifs
internes de réplication des formations reçues. C’est notamment le cas de grands réseaux
comme FECECAM, PADME, RENACA et UNACREP. En sa qualité de dépositaire de
l’ensemble des modules élaborés pour les SFD, le Consortium Alafia est capable de
reproduire le renforcement des capacités d’autres SFD et le fait déjà dans le cadre des
programmes de formation qu’il offre.
« Ce qui nous a véritablement marqué dans notre partenariat avec ProFinA est surtout
la démarche. Cette démarche a consisté à élaborer un document de stratégie du
financement agricole par le groupe Alidé. Ceci nous a permis de professionnaliser nos
outils en termes d’échéancier, en termes de délai à donner aux clients et en termes de
ressources à mobiliser pour faire face aux exigences qu’impose le secteur agricole. Avec
ProFinA, nous nous sommes aguerris pour aborder, sans peur, le financement du
secteur agricole, considéré à tort ou à raison, de secteur à risques. Les outils mis en
place permettaient de satisfaire les clients à temps suivant les spécificités de ce secteur.
Nous avons même développé de nouveaux produits comme le crédit intrants, le crédit
d’équipement, le crédit de fonds de roulement…qui répondaient aux besoins des acteurs
agricoles. Nous avons aussi ciblé certaines filières comme le soja, le riz, l’anacarde, la
volaille. Les crédits placés sont recouvrés à 100 % depuis lors. Tout ceci grâce à ProFinA
qui nous a aussi ouvert sur la digitalisation de la finance agricole à travers la plateforme
BIDO. »
« Notre défi avant la rencontre avec ProFinA était celui de maîtriser le financement
agricole. ProFinA était donc venu à point nommé pour nous permettre d’avoir beaucoup
d’appui. Tout a commencé par une étude de marché dans les six départements couverts
par ProFinA à savoir le Zou, les Collines, le Borgou, l’Alibori, l’Atacora et la Donga, pour
évaluer les besoins en financement agricole. A la suite de cette étude, beaucoup d’outils
ont été mis à la disposition de PebCo Bethesda pour le financement des filières (Soja,
Riz, Karité, Maraichage…). Tous les agents de la chaîne de crédit et de financement
agricole y compris le personnel de la direction d’exploitation, ont été formés pour apporter
un service de qualité aux clients du secteur agricole. Avec ProFinA, nous avons bénéficié
de beaucoup d’appuis qui nous ont permis de nous professionnaliser avec à la clef, la
mise à disposition d’outils modernes de financement agricole. Avant ProFinA, PeBCo
était entre 5 à 10 % de financement agricole avec un encours de crédit qui tourne autour
de 10 milliards FCFA. Aujourd’hui, nous sommes à 49,6 % de poids de crédits et un
encours de plus de 24 milliards FCFA. Voilà l’envergure du financement agricole grâce
à ProFinA. »
Le deuxième groupe cible du ProFinA du côté demande sont les PME de l’agribusiness,
les entreprises individuelles ainsi que les groupements (surtout féminins) engagés dans
la transformation des matières premières. ProFinA les accompagne à travers un
renforcement de leurs capacités et un appui pour accéder au crédit.
Pour ceux parmi les plus avancées de ces PME qui expriment le besoin et remplissent
certaines conditions, ProFinA offre un renforcement des capacités en matière de
planification de l’investissement dans le cadre d’un atelier de formation suivie d’un
accompagnement par un business coach. L’atelier se déroule selon le module «
Formation en Analyse Economique et en Planification des Investissement Agricoles »
(FANEPIA), élaboré par les ProFinA Bénin et Mali, avec des formateurs spécialisés dont
une partie a collaboré à l’élaboration du module. Jusqu’à ce jour, 545 personnes ont
participé à cette formation, plusieurs dizaines d’entre eux ont bénéficié d’un coaching
post formation.
La grande majorité des douze millions d’habitants du Bénin vit en milieu rural. Dans les
deux grands départements du Nord (21% de la population du Bénin), le Bourgou et
l’Alibori, les ménages comptent en moyenne 9,1 individus. Pour 70%, ces ménages sont
des ménages agricoles, travaillant la terre. Mais moins de 4% des droits fonciers des
terres agricoles légitimes sont protégés par des actes fonciers légalisés (GIZ, 2015).
Selon les statistiques nationale (RNA, 2019), 7,1% des ménages agricoles sont dirigés
par des femmes ; or (avec 28 certificats fonciers féminins dans le Borgou) le taux de
sécurisation foncière des femmes était inférieur à 0,5 % en 2015.
La durée d’exécution du ProPFR était comprise entre décembre 2015 et juillet 2023. De
façon pratique, le ProPFR a impacté plus de 400 villages des deux départements de la
partie septentrionale du Bénin (Borgou et de l’Alibori). Le projet a contribué à la
sécurisation foncière de plus 44 000 ménages (33 000 ménages en droits de propriété
et 11 000 ménages en droits d’usage). Près de 15% de ces ménages sécurisés grâce
au projet (principalement via des droits d’usage) sont des ménages agricoles dirigés par
des femmes (soit plus de 6 300 femmes).
L’inégalité́ homme-femme dans l’accès à la terre est fortement basée sur la « tradition »,
mais également sur une discrimination d’ordre économique : les femmes possèdent des
moyens financiers plus faibles. Elles n’ont généralement droit qu’aux terres appauvries
par plusieurs années d’exploitation. Elles sont parfois victimes de spoliation. Il n’est pas
rare de constater que les terres qu’elles réhabilitent leurs soient arrachées après leur
mise en valeur.
Aujourd’hui encore, l’accès des femmes et des filles rurales aux moyens de production,
aux services publics, tels que l’éducation et la santé, aux infrastructures comme l’eau et
les services d’assainissement et à l’information reste inferieur à celui des hommes. La
grande majorité́ des données disponibles en termes de genre et de développement
indique que l’extrême pauvreté́ , l’exclusion et les effets des changements climatiques
touchent de manière disproportionnée les femmes rurales et qu’elles sont bien plus
vulnérables que les hommes. La pandémie de la Covid-19 a aussi aggravé la
vulnérabilité́ des femmes (en particulier des zones rurales) dont les moyens financiers
ont, proportionnellement aux hommes, encore chutés.
Atteindre les femmes dans le cadre des activités et améliorer leur situation juridique en
matière de régime foncier comme base d'une plus grande autonomisation est une partie
essentielle du projet.
Par conséquent, le projet ProPFR se voit attribuer le marqueur de genre GG1, selon
lequel l'égalité des sexes à un statut « significatif » dans le projet et est expliqué comme
« un objectif important et souhaité, mais n’est pas la principale raison de la mise en
œuvre » du projet.
Concrètement, le ProPFR déploie une stratégie genre basée sur les droits d’usages
secondaires et s'attaque aux discriminants de la théorie du changement en favorisant la
propriété pour les femmes.
Ainsi, le projet vient accompagner la réduction des difficultés d'accès des femmes à la
terre rurale sécurisée : aujourd’hui, grâce aux différents mécanismes mis en œuvre par
le projet dans l’application du nouveau Code Foncier Domanial, plusieurs ouvertures et
facilités ont été données à la femme exploitante de la terre. Ceci a permis de faire passer
le taux des femmes ayant acquis une sécurisation foncière de 0,99 % (base de 2015) à
14,5 % (résultats finaux de 2023).
La GTA est une approche qui va au-delà des approches classiques sensibles au genre.
Elle vise à créer un environnement propice au changement qui n'inclut pas seulement
les femmes en tant que groupe cible (portée), mais qui contribue également au
changement des habitudes socio-culturelles et à la modernisation des cadres
institutionnels et administratifs.
Les acquis du ProPFR sont considérés comme pérennes, car déjà institutionnalisés
grâce aux efforts des partenaires de mis en œuvre :
L’ASG a pour objectifs de mettre en place une approche de sécurisation des droits
fonciers des populations (propriété et usage) de façon systématique et groupée ; de
renforcer les capacités des communes/mairies dans la gestion foncière locale et enfin,
elle vise à contribuer à la prévention et à la gestion des conflits fonciers sur les terres
agricoles/rurales. Elle s’inscrit dans le cadre de la contribution à la mise en œuvre de la
politique foncière du Bénin et du Code Foncier et Domanial (CFD), assure une
sécurisation foncière à grande échelle (30 % des parcelles agricoles d’un village sont
sécurisées par le mécanisme ASG), contribue à la réduction des conflits fonciers en
milieu rural, facilite de la gestion et l’enregistrement des opérations de délivrance des
ADC et des CT par un système digitalisé (progiciel PEGes) développé spécialement par
le ProPFR et améliore l’accès aux crédits par des garanties foncières : les ADC.
« Je peux dire que notre participation à ce projet nous a été bénéfique. En effet, notre
ONG a été recrutée lors des phases 2 et 3 du projet au cours desquelles nous avons
opéré respectivement à Kalalé puis, à Kandi et Ségbana. Grâce à notre implication, le
personnel a bénéficié des renforcements de capacité sur l’utilisation de divers types de
GPS et sur beaucoup d’autres thématiques liées au foncier. Par ailleurs, beaucoup de
jeunes sans emplois de la région ont pu être recrutés pour accompagner le processus
de l’ASG durant ces périodes. En dehors de ces acquis, je peux dire qu’avec le ProPFR,
notre ONG a acquis de l’expertise dans la sécurisation foncière et, a pu aussi s’ouvrir à
d’autres partenaires internationales. Aujourd’hui des organisations professionnelles et
les mairies de la région sollicitent notre expertise en matière de sécurisation foncière. »
« Parmi les bénéfices inhérents à ce projet, nous pouvons retenir entre autres : le
processus de sédentarisation suivant un modèle qui ne bouscule pas les habitudes des
communautés ; la création et l’installation de l’association pastorale des agros éleveurs
avec à la clé la mise en place des organes de l’organisation ; les échanges avec le Haut-
commissaire à la sédentarisation ; l’appropriation du savoir-faire en la matière par les
acteurs y compris nous-mêmes qui les accompagnons ; les paquets technologiques et
pratiques mises en application : les mesures GDT, la production intensive de fourrage ;
une meilleure connaissance de la politique foncière et agro pastorale de l’Etat. Je retiens
enfin que le ProPFR a fait un travail remarquable qui apaise les différentes parties
prenantes et permet l’éclosion d’initiatives agro pastorale qui favorise le vivre-ensemble
dans l’utilisation des installations à mettre en place : couloirs de passage pour le passage
des troupeaux et leur accès facile aux aires de pâturage, les points d’eau et autres
nécessaires pour la vie communautaire. J’ai de très bonnes impressions sur le projet
comme vous l’entendez à travers mon discours. »
« La Chambre a croisé le chemin du ProPFR sur une thématique qui mobilise les acteurs
du secteur agricole. Il s’agit de la gestion du foncier au Bénin en l’occurrence l’élaboration
de la « Charte Nationale des Droits et Devoirs des utilisateurs de la terre et du foncier ».
Je trouve ce processus très exaltant et très intéressant. J’ai beaucoup apprécié la
collaboration, la flexibilité et le professionnalisme des responsables de ProPFR. C’est
pour nous une très bonne expérience. »
« Pour l’universitaire que je suis, le premier bénéfice tiré de ce partenariat est d’abord la
contribution à développer de nouvelles connaissances dans le domaine du foncier et,
l’utilisation desdites connaissances dans les recherches sur le foncier, les questions de
la sécurisation foncière, de l’intégration du genre dans le foncier, de la prise en compte
des mobilités et des migrations dans le foncier, tout ceci en lien avec les activités
agricoles… Nous avons pu mener des recherches scientifiques sur ces questions, former
Etude sur l´historique de la Coopération Allemande dans le secteur agricole au Bénin
155
des étudiants en master et même en thèse qui ont travaillé sur le foncier. Nous avons
également accompagné différents processus de mobilisation des acteurs sur le foncier.
Par ailleurs, l’implication du Laboratoire Société et Environnement de l’Université de
Parakou par le ProPFR, dans le processus d’élaboration de la Charte sur le foncier rural
a été déterminant pour l‘aboutissement de ce chantier. Pour le processus de validation,
nous avons pu conduire la mobilisation de tous les acteurs concernés : les acteurs de la
société civile, de la recherche, les élus locaux, les ONGs… Nous pensons que le
processus a été très bien conduit, dans une démarche très inclusive, très participative. »
Le Bénin est l’un des pays de l’Afrique dont la majeure partie de la population rurale fait
face aux problèmes de sécurité alimentaire.
Le manque de diversité alimentaire est observé chez les ménages en dépit de la
disponibilité des denrées alimentaires et de l’accès aux produits agricoles. Il n’est pas
rare de constater que la consommation des ménages se réduit à quelques groupes
d’aliments.
Dans l’Atacora, département du Bénin, il a été constaté que 3/4 des enfants de moins de
2 ans n’ont pas accès à une alimentation optimale (selon les standards internationaux).
Selon une enquête nationale menée par l’AGVSA (Analyse globale de la vulnérabilité et
de la sécurité alimentaire) en 2017, 9,6 % des ménages sont en situation de grande
vulnérabilité alimentaire sur le plan national. La région du nord-ouest du pays est la plus
touchée avec 24 % des ménages concernés dans l’Atacora.
Cela engendre des déficits en vitamines et minéraux et à un impact néfaste sur la santé
des femmes en âge de procréer, chez les mères mais aussi chez les enfants en bas
Malgré les actions déjà mise en place au Bénin à travers divers programme de lutte
contre la faim, la question de l’alimentation des femmes et des nourrissons semble
toujours être une problématique non résolue. Les ménages ruraux sont deux fois plus
touchés que les ménages des centres urbains.
Son périmètre s’étendra sur sept communes parmi les neuf communes de l’Atacora. Le
projet aura pour objectif l’amélioration de la situation nutritionnelle de 30 000 femmes en
âge de procréer (15-49 ans), comprenant également les femmes enceintes et les mères
allaitantes, ainsi que de 10 000 enfants en bas âge (6-23 mois) vulnérables à la
malnutrition. Ainsi, pour atteindre cet objectif, les indicateurs suivants ont été définis :
Indicateur 1 :
La diversité des aliments des 30 000 femmes en âge de procréer (15 à 49 ans) et
vulnérables à l’insécurité alimentaire dans les départements de l’Atacora soutenues par
le projet s’est améliorée selon IDDS (Individual Dietary Diversity Score).
Indicateur 2 :
Indicateur 3 :
D’une manière plus générale, le ProSAR s’appuie sur une approche systémique en
promouvant les collaborations et synergies multisectorielles du niveau micro au niveau
macro. Avec le Ministère de l’Agriculture et de la Pêche (MAEP) comme ministère de
tutelle et le Secrétariat Permanent du Conseil National de l’Alimentation et de la Nutrition
(SP-CAN) comme partenaire opérationnel, le ProSAR travaille aussi étroitement avec le
Ministère de la Santé (MS), le Ministère des Affaires Sociales et de la Microfinance
(MASMF) et les autorités préfectorales de l’Atacora, ainsi que tous les Services
Déconcentrés de l’Etat (SDE) et les Mairies des 7 communes d’interventions.
Depuis des années, la situation alimentaire au Bénin est précaire et les ménages ruraux
dans le nord du pays sont particulièrement touchés par la sous-alimentation et la
malnutrition. Souvent, ce sont les femmes qui doivent assurer l’approvisionnement des
ménages et subvenir aux besoins de la famille. Cependant, elles n’ont qu’un accès limité
aux ressources de production, telles que les terres arables, les animaux, le crédit ou les
services (conseils agricoles et participation aux coopératives). Par ailleurs, elles n’ont
que peu d’influence sur l’utilisation des revenus du ménage. Le Projet de Sécurité
Alimentaire et Renforcement de la Résilience (ProSAR) s’est alors donné pour mission
d’améliorer la situation alimentaire et nutritionnelle des personnes faisant face à
l’insécurité alimentaire, en particulier des femmes en âge de procréer (FAP) et des jeunes
enfants dans les communes Natitingou, Toucountouna, Tanguiéta, Kérou, Kouandé,
Boucoumbé et Péhounco du département de l’Atacora. Pour mener à bien cette mission,
une nouvelle approche en cascade a été introduite en 2019 pour une meilleure interaction
avec le groupe cible, les FAP. Cette approche permet d’assurer le transfert de
connaissances aux femmes en âge de procréer (FAP).
Le renforcement des SDE (Services Déconcentrés de l’État) passe à travers des conseils
d’experts prodigués aux SDE des différents secteurs, la prise en charge du personnel
des SDE (Centres de Promotion Sociale (CPS) ; Services du Développement Local et
de la Planification (SDLP), points focaux nutrition des Mairies et la préfecture) à la
Formation Internationale en Nutrition et Sciences Alimentaires (FINSA), l’appui en
matériel aux CPS et à certains Centre de Santé, Centre Nutritionnel Ambulatoire (CNA)
et Centre Nutritionnel Thérapeutique (CNT) pour les démonstrations culinaires et les
dépistages. De plus, le renforcement des capacités des organes de coordination au
niveau local et régional ainsi que la mise en place du Score d’Intégration de la Sécurité
Alimentaire et Nutritionnelle (SISAN) dans le Plan Annuel d’Investissement (PAI) et le
Plan de Développement Communal (PDC) visent à promouvoir l’appropriation de la
thématique au niveau de tous les acteurs du développement local et l’intégration de la
Sécurité Alimentaire et Nutritionnelle (SAN), de manière transversale, dans les activités
des communes de l’Atacora.
« Avec ProSAR, j’ai été formée à la sensibilisation des femmes. Grâce au projet, les
femmes qui jadis, préféraient accoucher à la maison ont commencé par le faire à l’hôpital
limitant ainsi les risques de mortalités chez la mère et l’enfant. Elles ont également
commencé par fréquenter de plus en plus les CP et grâce aux conseils qu’elles
recevaient, la malnutrition a baissé. Les nourrices et les femmes enceintes ont
commencé à comprendre l’importance du premier lait et de l’allaitement maternel. Je
remercie infiniment le ProSAR pour le travail effectué. Il faudrait poursuivre le travail
commencé pour que celles qui n’ont pas eu l’occasion de suivre les formations puissent
aussi apprendre et appliquer les acquis. »
« Avec le projet, on a appris beaucoup de choses dont les 3 groupes d’aliments (aliments
de force, de croissance et de protection) ; suite aux sessions de formations organisées
par le projet, l’allaitement maternel a été adopté avec l’utilisation du premier lait, la
malnutrition qui existait à Toucountouna est maintenant de l’histoire ancienne et,
l’hygiène alimentaire et du cadre de vie se sont beaucoup améliorés dans la commune.
On a appris aux femmes à cuisiner grâce à des sessions de démonstrations culinaires
« En tant que point focal du projet pour la coordination des activités du projet dans la
commune, je fais le lien avec les autres secteurs présents dans la commune de Pehunco
pour une meilleure prise en compte de la nutrition et de la sécurité alimentaire au niveau
des secteurs comme la santé, l’administration, l’agriculture, etc. Avec l’intervention du
projet et l’approche cascade développée, beaucoup de choses ont changé dans la
communauté de Péhunco dont, entre autres : la formation de l’ACD qui à son tour, forme
les relais communautaires dans les villages qui transmettent à leur tour les compétences
aux volontaires qui font du porte-à-porte et, sensibilisent les femmes dans les villages ;
les femmes discutent davantage avec les volontaires de leurs problèmes et reçoivent des
conseils et assistances si ce n’est des séances de démonstration culinaires qui montrent
aux cibles comment prendre en compte les 3 catégories ou groupes d’aliments (force,
protection et croissance) dans la préparation des plats comprenant les produits de leurs
jardins de case. »
Le SISAN est un outil mis en œuvre par l’Association des Communes de l’Atacora et de
la Donga (ACAD) et initialement co-financé par le projet AMSANA (Appui Multisectorielle
à la Sécurité Alimentaire et Nutritionnelle dans l’Atacora) de Enabel, et le projet ProSAR
de GIZ depuis 2017. Le projet AMSANA étant venu à terme depuis 2020, le projet
ProSAR a poursuivi l’appui du SISAN, porté par ACAD, avec la Coordination Régionale
Atacora-Donga du Secrétariat Permanent de Conseil d’Alimentation et de la Nutrition
(SP/CAN). Cet outil a pour objectif de mesurer le degré de prise en compte de la SAN
dans les documents de planifications communales que sont le Plan de Développement
Communal (PDC) et le Plan Annuel d’Investissement (PAI) des communes des
départements de l’Atacora et de la Donga. De plus, le SISAN est un outil d’aide à la
décision et permet de capitaliser le processus de prise en compte de la SAN dans les
documents de planification, de visualiser les résultats de l’intégration de la SAN dans le
processus de planification (Diagnostic et Budgétisation) et de suivre la mise en œuvre
des actions SAN planifiées dans les PDC et PAI. Le SISAN est opérationnel et sera utilisé
dans l’évaluation des PDC3 et l’élaboration des PDC4 par les équipes préfectorales de
l’Atacora et de la Donga. L’affinement de cet outil pour son internalisation et vulgarisation
au niveau de tous les acteurs (départementaux, nationaux) de la SAN, est en cours de
réalisation sous l’accompagnement technique et financier du projet.
« L’ACAD voulait travailler dans les questions de sécurité alimentaire avec les
partenaires techniques et financiers dans les 2 départements. Avec ProSAR, nous avons
été accompagnés. Nous avons signé une convention et instauré un cadre de concertation
entre les acteurs. Nos actions avec le ProSAR ont impacté toutes les communes de
l’ACAD et permis de travailler sur les PAI, les PDC de toutes les communes pour
apprécier le niveau de prise en compte des thèmes sur la nutrition et la sécurité
alimentaire dans les documents de planification communaux. Aujourd’hui, grâce au
ProSAR, un cadre de concertation des acteurs intervenant dans les 2 départements a
été mis en place. Ceci a engendré la synergie dans les actions, il y a plus de visibilité de
l’ACAD et de ses actions, des renforcements de capacité au profit de tous les acteurs et,
l’élaboration du SISAN avec l’appui des autres intervenants dans les 2 départements.
Nos impressions sont bonnes et nous sommes très satisfaits. La prise en compte des
questions de nutrition et de sécurité alimentaire dans les documents de planification dans
toutes les communes (même celles qui n’étaient pas dans le ProSAR) est aujourd’hui un
acquis. Les communes financent facilement aujourd’hui ces thématiques sans appui
extérieur. »
Les plantes pluriannuelles telles que le baobab, le moringa, le papayer, le néré sont par
ailleurs très résistantes aux conditions environnementales difficiles. Un effet secondaire
du projet est ainsi le renforcement de la résilience face aux défis du changement
climatique. C’est dans cette optique et en souhaitant inclure également les pères aux
seins des ménages dans les activités liées à la SAN, que le ProSAR a entrepris une
activité de promotion des Plantes Alimentaires Pluriannuelles et à haute valeur
Alimentaires (PAPA). L’objectif de cette initiative, est de permettre aux ménages ruraux
des communes appuyées par le ProSAR, dans le département de l’Atacora, de disposer
tout au long de l’année, d’une source d’aliments riches en nutriments à proximité de leur
maison (Annexe 3 : Factsheet sur les PAPA).
5000
4000 3400
2800 2800 2600
3000
« Nous retenons de notre partenariat avec ProSAR plusieurs acquis dont entre autres :
une série de renforcements de capacité en matière de sécurité alimentaire et
nutritionnelle ; le développement de la petite enfance… Ce qui nous a conféré beaucoup
de compétences. Nous avons également organisé des sessions de formation et de
démonstrations culinaires ou prise en charge des enfants malnutris aigus, sévères. Le
ProSAR nous a permis de renforcer les capacités de la communauté sur l’approche
cascade qui a touché les ACD, les relais communautaires, les volontaires et les femmes
en âge de procréer, les femmes enceintes et les mères d’enfant. Toute chose qui permet
de prévenir la malnutrition. Ici chez nous, il y a eu également les jardins de case avec la
dotation de petits équipements et de semences aux femmes pour installer leur jardin. En
termes de semences, on a la tomate, la vernonia, le crincrin, le gombo, le piment,
l’aubergine etc. puis des plantes alimentaires pluriannuelles (PAPA) qui permettent de
faire de la récupération des malnutris et de faire de la démonstration culinaire. Nous
avons aussi bénéficié de matériel roulant pour les animations dans les villages et de
pouvoir mener des « opérations villes propres ».
Bonne pratique/témoignage
La commune de Toucountouna se trouve au sud-ouest du département de l’Atacora. Elle comptait
une population totale d’environ 47 934 habitants dont 24 506 femmes en 2020 (RGPH-4).
Accompagnés par BUPDOS ONG, 8 766 FAP ont participé à des sensibilisations à domicile et
1 335 personnes ont installé un jardin de case. Le ProSAR, ayant mis à la disposition de toutes les
FAP du projet un kg de lentilles vertes (mung beans), a permis d’avoir un effet positif sur la situation
nutritionnelle des FAP et les semences sont gérées de manière durable, comme le montrent leurs
témoignages.
Une femme dans le village Tectibayaou constate : « Les lentilles vertes ont l’avantage qu’elles
poussent aussi sur la terre pauvre et les racines restaurent le sol. Lors de la récolte, j’ai réservé
deux kilos pour pouvoir les ressemer et j’en ai partagé avec les voisines. Au fur et à mesure qu’on
récolte, on mange les lentilles vertes et on donne une partie à la cantine scolaire ».
Bonne pratique/témoignage
La commune de Péhunco se trouve à l’est du département de l’Atacora et compte environ 95 000
habitants, dont 47 000 femmes, parmi lesquelles 11 252 en âge de procréer (2020). En
collaboration avec le Centre de Promotion Sociale (CPS) et les animateurs de nos organisations
partenaires BUPDOS ONG et Croix Rouge Bénin, les Agent Communautaire de Développement
(ACD) du projet y organise 28 démonstrations culinaires par mois. Pour ce faire, ils travaillent avec
deux groupements de femmes qui produisent le beurre de karité, des noix de cajou, de l’huile de
neem et de baobab et de la farine enrichie. Ces groupements font circuler les informations sur les
démonstrations culinaires, ce qui motive d’autres femmes, parmi lesquelles des jeunes filles mères,
à y participer.
Chaque mois, un autre met est cuisiné - en septembre c’est le ragout d’igname, un plat bien connu
par les femmes. Toutefois, lors de la démonstration culinaire, elles apprennent comment l’améliorer
pour le rendre plus nutritif en ajoutant des PAPA (Plantes Alimentaires Pluriannuelles et à haute
valeur nutritive) et autres condiments comme les petits poissons.
Grâce aux activités du ProSAR, les agents de l’Etat formés, tels que le personnel des
services déconcentrés de santé, des affaires sociales, du secteur agricole, ont amélioré
leurs connaissances en matière de nutrition et sont désormais en mesure de les
transmettre de manière plus efficace au groupe cible. Dans certaines structures, des
activités telles que des démonstrations culinaires sont déjà organisées par le personnel.
Le renforcement des capacités des SDE doit encore être poursuivi, afin que ces
structures intègrent la nutrition au cœur de leurs activités après la fin du projet. Dans ce
contexte, il est important de travailler avec ces structures sur la manière dont les
connaissances peuvent être sauvegardées et transmises au groupe cible. Le projet a
donc créé, entre autres, un cours d'apprentissage en ligne sur la réalisation de
démonstrations culinaires sur la plateforme atingi, dont l’accès est gratuit
(https://www.atingi.org/).
Aussi, le projet, dans son processus de capitalisation a mis en place une plateforme web
ProSAR Data de suivi et de gestion des données de suivi de terrain rapportées
trimestriellement et les données des différentes enquêtes du projet. Cette application
Web présente, entre autres, les fonctionnalités suivantes : la gestion des données de
formations, de sensibilisation et de dépistage, la gestion des personnes impactées, la
fonction de gestion et de suivi des indicateurs ainsi que les fonctions d’autres requêtes
et de visualisation des données.
Au niveau national, le projet appuie le CAN et le SP/CAN dans son rôle de coordination.
Certains objectifs ont déjà été atteints. En particulier trois recommandations de la
conférence de Possotomé sont déjà mises en œuvre (indicateur 3) : la réalisation d'une
cartographie de toutes les interventions en matière de sécurité alimentaire (2018),
l'élaboration d'une politique nationale de sécurité alimentaire (2019) et l'identification des
éléments à coordonner pour la mise en œuvre du Cadre Commun de Résultats (2020).
Par ailleurs, la coordination des actions SAN avec les Ministères sectoriels au niveau
national et la coordination des différentes plateformes de concertation (société civile,
recherche, Partenaires Techniques et Financiers (PTF)) restent des défis à relever. En
termes de capacités financières et organisationnelles, les structures gouvernementales
doivent encore être renforcées. Les capacités organisationnelles et stratégiques du SP-
CAN, pour assurer le portage de la gouvernance nutritionnelle au niveau national et dans
les structures décentralisées, sont dépendantes des PTF (notamment Banque
Mondiale).
Les acteurs de la filière soja ne sont pas suffisamment organisés pour saisir toutes les
opportunités liées à la demande croissante aussi bien sur les marchés locaux que
régionaux. De même, le manque de cohésion des politiques dans la filière volailles au
Bénin ne permet pas l’exploitation du potentiel de la filière pour une augmentation
substantielle de la production et l’écoulement des produits de volailles aussi bien sur les
marchés locaux que régionaux. Enfin, l’accès limité des acteurs aux informations de
marché ne permet pas à la filière d’exprimer tout son potentiel.
Le Projet ProACPA a vu donc le jour au Bénin pour régler tous ces problèmes qui altèrent
les secteurs Soja et Volailles.
Le projet d’Appui-Conseil aux Politiques Agricoles (ProACPA) est l’un des projets
globaux de l’initiative « Un seul monde sans faim » (SEWOH) à travers laquelle le
Ministère Fédéral Allemand de la Coopération Economique et du Développement
(BMZ) veut contribuer de manière significative à la réduction de la pauvreté et de la
faim.
Le ProACPA a mené quatorze (14) études sur les filières volailles et soja pour asseoir
les bases factuelles pour la prise de décision. Les recommandations de ces études ont
servi d’éléments d’ancrage pour formuler des mesures sensibles en cours de mise en
œuvre pour améliorer le cadre général et le développement au sein de ses filières cibles.
Des groupes d’appui conseil aux ATDA intitulés Groupe Consultatif Soja (GCS) et
Groupe Consultatif Volailles (GCV) ont été créés par notes de service signées de la
Secrétaire Générale du Ministère de l’Agriculture de l’Elevage et de la Pêche
(SGM/MAEP). Ces groupes sont des cadres de discussions innovants qui regroupent les
acteurs étatiques, les représentant(e)s des faitières des différents maillons et la société
civile.
Les recommandations des études sur les Systèmes d’Informations des Marchés (SIM)
ont permis d’adopter et de développer les SIM soja et volailles autour du SIM-Harmonisé
qui est porté par la FUPRO sous le contrôle de la Direction des Services Informatiques
du MAEP. La finalisation de ce processus permettra de fournir à presque 1 000 acteurs
des différents maillons des chaînes de valeur volailles et soja les informations actualisées
sur les marchés.
En termes de renforcement de capacités, les acteurs clés des deux filières ont été formés
sur le suivi et l’évaluation de politiques et stratégies, sur les normes ANM relatifs à la
production d’œufs de table et sur l’agriculture contractuelle. Par ailleurs, les agents du
Ministère de l’Economie et des Finances (MEF) et du MAEP ont vu leurs capacités
Afin de susciter la création de liens d’affaires et la mise en réseau des acteurs, des
voyages d’échanges au niveau local et régional ont été planifiés et sont en cours de
mises en œuvre.
Le projet utilise une approche de faire-faire à travers des consultants indépendants ou
cabinets/bureaux de consultation.
Deux groupes de réflexion et de conseils ont été créés pour représenter chacune des
deux filières: soja et volaille. Ils comprennent un(e) représentant(e) du MAEP, du
Ministère du Commerce et de l’Industrie (MCI) des organisations paysannes, des
commerçants/distributeurs, des consommateurs et producteurs et sont composés d’au
moins 30 % de femmes. Ces groupes intitulés Groupe Consultatif Soja (GCS) et Groupe
consultatif Volailles (GCV) sont proposés comme des instruments innovants et
permanents de gouvernance de chacune des filières cibles pour être utilisés de façon
périodique (trimestrielle) et durable respectivement par les ATDA 4 et 7 dans la prise de
décision pour améliorer le cadre général au sein respectivement des filières soja et
volailles. Cette idée de mise en place et d’appui/accompagnement à la fonctionnalité de
ces Groupes Consultatifs a été saluée par le Directeur de Cabinet du MAEP lors de son
allocution d’ouverture officielle de l’atelier organisé pour le bilan de la collecte des
données nécessaires pour l’évaluation du PNDF Soja 2019-2021. Cette initiative est déjà
utilisée par l’ATDA 4 pour améliorer le pilotage du MCI.
« Nous avons eu la chance de travailler avec le ProACPA dans le cadre des activités de
promotion des filières agricoles et notamment la filière Soja. ProACPA a répondu
favorablement à notre souhait de fusionner les faîtières de producteurs et
transformateurs de soja dans notre région. Dès décembre 2020, le travail a commencé
sur le terrain avec la création du groupe consultatif sur le soja ou Groupes Consultatifs
pour les filières soja. Les différents appuis techniques et financiers de ProACPA ont
permis la mise en place d’une coopérative de niveau national et communal grâce à la
revue des différentes formes d’organisations pour aboutir à un schéma de structuration
concertée avec tous les acteurs. Ainsi une faitière au niveau de la production est
Etude sur l´historique de la Coopération Allemande dans le secteur agricole au Bénin
173
constituée et une seconde faitière au niveau transformation qui attend d’être mise en
place. Le ProACPA a mis les bouchés doubles pour nous accompagner au niveau des
normes sur le soja. Le projet a également supporté l’évaluation de la filière soja au
lancement du Programme National de Développement de la Filière Soja (PNDF) pour ce
qui est de la première génération. C’est la première filière pour laquelle nous avons eu
cette évaluation sur nos 3 filières locomotives que sont l’anacarde, le soja et le manioc. »
Au Bénin, les filières agricoles qui jouent un rôle essentiel dans l’atteinte de la sécurité
alimentaire et nutritionnelle des populations béninoises ont été retenues dans les sept
(07) Pôles de Développement Agricole (PDA) en lien avec les filières phares et moteurs
de chacun de ces pôles. L’élaboration de la stratégie de promotion des Chaînes de
Valeur Agricoles qui a suivi a été consolidée sous forme de Programme National de
Développement (PNDF) des filières ciblées. Le soja dont le lead de la mise en œuvre
des actions contenues dans son PNDF a été confié à l’Agence Territoriale de
Développement Agricole (ATDA) 4, a connu une évolution spectaculaire au cours de la
dernière décennie.
Indicateur champ d’action 1.1 : trois propositions de solution sur l’assurance qualité dans
le secteur des semences ou sur la disponibilité de semences certifiées ont été formulées.
Indicateur champ d’action 2.1 : deux approches de conseil locales déjà existantes dans
le secteur du soja sont étendues à des aspects relatifs à la qualité tels que les bonnes
pratiques d’hygiène dans la phase post-récolte ou lors de la transformation et du
conditionnement.
Etude sur l´historique de la Coopération Allemande dans le secteur agricole au Bénin
174
Indicateur champ d’action 3.1 : une proposition de solution est élaborée afin d’établir un
système de certification de la qualité.
Les bénéficiaires finaux de cet acquis sont les faitières des semenciers, des producteurs
et des transformateurs. Les guides élaborés sur les normes sont des outils de supports
pour la diffusion des bonnes pratiques. Ces normes ont été élaborées de façon inclusive
avec les acteurs en charge de l’observance et de leur mise en œuvre. Le respect de ces
normes a une influence sur la qualité des produits de soja, sur la compétitivité sur les
marchés et sur l’amélioration des sources de revenus des acteurs des différents maillons
de la chaîne de valeur soja. Avec ces normes, l’amélioration de la qualité a une incidence
sur les utilisateurs finaux notamment les consommateurs urbains qui ont un pouvoir
d’achat élevé.
« Nous avons beaucoup gagné dans ce partenariat avec ProQual. Même si le projet
arrive à son terme aujourd’hui nous pouvons capitaliser les acquis et continuer sur cette
lancée. En effet, à l’Agence de Normalisation et de Métrologie, grâce au ProQual, nous
avons pu réaliser dans un premier temps notre plan stratégique de communication. De
ce plan, nous avons, toujours grâce à l’appui de la GIZ à travers ProQual, realisé
beaucoup d’actions de communication et de sensibilisation sur l’agence et ses activités.
Des supports de communication (plaquettes, enseignes, émissions radio/télévisées en
français et en langues locales) ont été réalisés pour mieux faire connaître la normalisation
et la métrologie. Par ailleurs le personnel a bénéficié de renforcement de ses capacités
en termes d’édition et d’interprétation des normes. Aujourd’hui, les acteurs de la filière
Soja sont suffisamment outillés sur les normes de qualité grâce aux nombreuses séances
de sensibilisations organisées avec l’appui de ProQual. Notre agence a beaucoup gagné
en visibilité aujourd’hui plus que par le passé. »
« Notre collaboration avec ProQUAL s’est essentiellement focalisée sur la filière soja et
surtout sur les normes afin que le soja béninois soit compétitif sur le marché national et
Etude sur l´historique de la Coopération Allemande dans le secteur agricole au Bénin
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international et sur la transmission de ces normes au producteur béninois. Avec
ProQUAL nous avons pu former des techniciens sur ces normes afin qu’ils puissent, à
leur tour, outiller les producteurs. Pour ce faire, nous avons adopté une démarche en
cascade : l’innovation portée par le projet qui la fait descendre au niveau des techniciens
formateurs en fonction des compétences ; ceux-ci à leur tour, descendent vers les
producteurs. Vu la complexité de l’innovation, elle a été ouverte à des producteurs pilotes
qui peuvent à leur tour continuer des actions de formation et de coaching de leurs pairs
afin que les normes soient vulgarisées au sein de tous les producteurs. »
Bibliographie indicative
AKPADO, L., Etude sur les formations forestières naturelles et sur les plantations
forestières au Bénin. Programme de partenariat CE-FAO (1998-2002), 2000
DITTRICH, M., EISSING, S., Ressources non utilisées, ressources perdues: tourisme
cynégétique et élevage d’animaux sauvages au service de la conservation de la nature
et du développement – des idées venues du Bénin. In: La durabilité et ses différents
visages. Deutsche Gesellschaft für Technische Zusammenarbeit (GTZ) GmbH,
Eschborn, 2008
FLOQUET, Anne, VON DER LÜHE, Niko, PREUSS, Hans-Joachim A., Paysans,
vulgaristeurs et chercheurs au sud du Bénin : le trio déconnecté, N°54, Studien zur
ländlichen Entwicklung – Rural Development in Africa, Asia and Latin America,
Münster, 1996
GAYNOR, Deux Années dans l'Atacora du Nord Est : Quelques Réflexions, 1997
GTZ, Intégration agriculture élevage dans les petites exploitations agricoles, 1994
GTZ, Exploiter pour conserver Comment les animaux d’élevage et plantes cultivées
délaissés constituent un potentiel économique pour le développement rural, 2003
KANLI & all, Rapport de l'Enquête sur l'Evaluation des Impacts du FDV, 1999
KEES, Marlis & autres, Rapport sur le contrôle de l'Etat d'Avancement du Projet, 1991
OEBEL, Horst, Rapport de l'Atelier sur la Gestion de l'Espace Agro Pastoral, 1996
PELCA POTAL MEN, Formation des fils du milieu sur technique fabrication fromage,
2001
PELCA POTAL MEN, Rapport annuel d'activités zone Séri sur GDRN, 2003
PPEA, Rapport sur la mesure de l'impact du Projet au niveau des groupes cibles, 1999
ROCH, L. Mongbo, Aménagement Agro Pastoraux et Gestion des Conflits dans les
ZAP de Péhunco, 1996
TREKPO, P., Aménagement des Forêts Privées dans la Région de Bassila au Nord-
Bénin. Projet Restauration des Ressources Forestières de Bassila, 2003
WEIGEL, John W., B.A., M.A., Dramatizing Development: The Celebration and Reality
of West German Village Projects in West Africa, 1962-1977, 2016
Sites consultés
https://www.giz.de/entwicklungsdienst/de/html/59684.html
https://www.giz.de/html/suchergebnisse.html?query=projet+AU+BENIN&doc-
types=&hits=10
https://agritrop.cirad.fr/324506/
https://www.giz.de/en/worldwide/29998.html
www.cairn.info/revue-francaise-de-science-politique-2010-3-page-467.html
https://www.globenin.com/annuaire/ded-deutscher-entwicklungsdienst-service-
allemand-de-developpement-benin-1065
https://www.memoireonline.com/01/13/6702/m_Contribution-du-proCGRN-Programme-
de-Conservation-et-de-Gestion-des-Ressources-Naturelles-au-renfo0.html#toc1
https://afci.de/fr/projects/programme-protection-and-management-natural-resources-
procgrn
https://www.giz.de/entwicklungsdienst/de/html/59684.html
Documents
1. Termes de référence Etude sur l´historique de la Coopération Allemande dans le
secteur agricole au Bénin
Rédaction
BASSIROU Bio Yacoubou, Né en 1959 à Banikoara dans l’Alibori, il est titulaire d‘une
maîtrise de socio anthropologie de l’Université nationale du Bénin (UNB) et d’un master
en mobilisation des ressources et développement local. Il a travaillé dans le domaine
du développement dans des projets intervenant dans des secteurs comme la santé,
l’éducation, l’agriculture, la décentralisation et la gouvernance locale, l’aménagement et
la gestion des aires protégées. En tant que consultant ou conseiller, il a exercé dans
plusieurs organisations nationales et internationales comme le PNUD, la Banque
mondiale, le FENU, L’UE, la FAO, l’UNESCO et pendant presque deux décennies pour
la Coopération allemande (DED, GTZ aujourd’hui GIZ) où il a pris sa retraite mi 2021. Il
assiste plusieurs organisations et s’investit dans la conservation de la biodiversité et
l’utilisation durable des ressources naturelles.
Contact : bioyacouboubassirou@gmail.com ; +229 97050510
GOERIG, Julien, Chargé d'affaires en Banque et Assurance pendant 10 ans puis dans
la gestion collective des droits d'auteurs de musique.
Contact : juliengoerig@hotmail.com ; +33 6 66 26 84 84
Africonsult SARL
Siège : C/647 Cadjehoun Azalokogon Institut Jean Paul II – Cotonou - Bénin
Cotonou N RCCM RB\COT\21 B 29941
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