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Face à une inflation dont la bouffée devait être transitoire avant de revenir
naturellement à son étiage des années précédentes, les banques centrales se sont
illusionnées, il est vrai dans un environnement compliqué à lire : guerre en
Ukraine, perturbation des lignes de production et de logistique post Covid, faible
chômage, flambée des prix de l’énergie…
C’est donc avec un retard certain qu’elles se sont mises à hausser fortement et
continuellement à ce jour leurs taux d’intérêt afin de lutter contre une inflation qui
menaçait de s’installer durablement dans le paysage économique. En mars 2022,
alors que l’inflation américaine en rythme annuel avait atteint 8,5 %, la Fed se
décide à hausser son taux directeur, alors de 0,1 %, pour le porter en juin 2023 à
5,1 %. Elle est suivie de la BCE qui, en juillet 2022, alors que l’inflation dans la
zone euro atteignait 8,9 % en rythme annuel, commence à augmenter son taux de
refinancement, alors de 0 %, pour le porter en juin 2023 à 4 %. Il en est de même
dans l’Ouest africain où la BCEAO n’a commencé à hausser ses taux directeurs
qu’en juin 2022, alors que l’inflation avait plus que doublé à 6,4 %. Il aura donc
fallu un bon semestre pour que les autorités monétaires réalisent leur erreur
d’appréciation initiale.
Source : FactSet.
Sans surprise, les évolutions des taux d’intérêt sur le marché obligataire sont
similaires. Ainsi, Forvia qui s’était endetté à 2,75 % à échéance 2027 en novembre
2021 a dû payer un an plus tard 7,25 % pour s’endetter à 3,5 ans.
Mises à part quelques exceptions sur lesquelles nous reviendrons plus loin,
les entreprises à ce jour ont bien résisté à la hausse des taux d’intérêt pour
plusieurs raisons :
■ Bien imprudents sont les directeurs financiers qui ont endetté leur entreprise
à taux variable sans se couvrir contre une hausse des taux, ou qui n’ont pas profité
des programmes de quantitative easing des banques centrales pour l’endetter à
long terme et à taux fixe. De fait, ils semblent avoir été très peu nombreux, tant il
paraissait évident qu’une probable remontée de l’inflation, compte tenu des
goulots d’étranglement causés par le Covid, entraînerait dans la foulée une
remontée des taux d’intérêt.
■ Seuls les emprunts nouveaux sont affectés, et une directrice financière qui
effectue correctement son travail prend soin d’avoir plusieurs emprunts, aux
remboursements étalés dans le temps, et non d’en avoir un seul venant à
échéance ; sauf bien sûr pour les PME où leur faible taille fait qu’il est rare d’avoir
plus d’un ou deux emprunts en cours. Autrement dit, l’impact de la hausse des
taux va se faire sentir progressivement, au fur et à mesure du renouvellement des
crédits venant à échéance.
■ Les entreprises ont supporté de 1991 à 2008, sans encombre majeur, des taux
d’intérêt plus élevés que ceux actuels (de l’ordre de 5 %) avec un taux d’inflation
plus bas (inférieur à 3 %).
■ Les marges actuarielles (spreads), qui s’ajoutent aux taux sans risque pour
former le coût de l’emprunt, ont temporairement et modérément grimpé en 2022
avant de retrouver quasiment en 2023 leur niveau initial (voir paragraphe 22.12),
n’ajoutant pas la hausse à la hausse.
Notre lecteur qui sait que taux et valeur varient en sens inverse1 pourrait
s’étonner de la conjonction de taux d’intérêt au plus haut niveau depuis une
quinzaine d’années et d’indices boursiers pour les actions aux plus hauts
historiques (en dividendes réinvestis).
L’explication réside dans le taux de rentabilité exigé par les actionnaires qui
est resté à peu près stable, malgré la hausse des taux d’intérêt, qui est l’une de ses
deux composantes, la seconde, la prime de risque, ayant baissé et ayant ainsi
compensé :
Décomposition du taux de rentabilité requis sur les actions entre le taux sans risque et la prime de risque
Source : Associés en Finance.
En fait, le taux de rentabilité exigé par les actionnaires, que l’on recalcule
comme la somme du taux de l’argent sans risque et d’une prime de risque2, ne
doit pas être confondu avec son mode de calcul ! Face à la baisse du taux sans
risque insufflée par la BCE à partir de 2009, les actionnaires, en ne baissant pas
significativement leurs taux de rentabilité requis, ont fait monter la prime de
risque, qui se dégonfle maintenant avec la remontée des taux, pour retrouver un
niveau plus normal, comme l’illustre le graphique du paragraphe 21.5. Ils ont en
effet considéré que l’intervention de la Banque centrale pour baisser les taux
d’intérêt à court terme, puis à long terme, afin d’éviter que la zone euro ne sombre
dans l’apathie, voire la déflation, était utile macro-économiquement, mais ne
modifiait pas significativement pour eux le prix du temps. Par un raisonnement de
vases communicants, ce qu’ils ne pouvaient plus obtenir sur le taux sans risque, ils
l’ont demandé sur la prime de risque.
Les émetteurs comme Michelin dans cette situation, et ils sont très nombreux,
auraient-ils intérêt à racheter leurs dettes avec une telle décote par rapport au pair
et à enregistrer une plus-value comptable, gonflant leurs capitaux propres
d’autant ? La finance n’étant pas la comptabilité, nous ne le pensons pas. La
contrepartie comptable de la plus-value de rachat à 63,5 d’une dette à rembourser
à 100 et figurant pour ce montant de 100 au bilan est des frais financiers futurs à
3,45 % de 63,5, soit 2,2 contre 0,625 % de 100, soit un surcroît de frais financiers
de 1,57/an pendant 17 ans.
En effet, acheter une dette à son prix n’a jamais enrichi quiconque. Michelin
devrait s’endetter à 3,45 % sur 17 ans pour racheter une dette rapportant un taux
actuariel de 3,45 % venant à échéance dans 17 ans, sauf à s’endetter plus court et à
réduire la durée moyenne de sa dette, ce qui n’est pas une décision sage. Une dette
qui vous coûte du 0,625 % par an pendant encore 17 ans quand l’inflation est de
5 % n’est pas une mauvaise dette ! Autant la garder jusqu’à son terme naturel,
d’autant que la trésorerie rapportant actuellement 3 %, même si l’émetteur n’a plus
besoin des fonds, il a ainsi une réserve de trésorerie lui rapportant en net du 3 % –
0,625 % = 2,4 %, ce qui est plutôt agréable, alors qu’habituellement il s’agit d’un
coût.
Ce qui nous fait penser que c’est probablement un bon moment pour investir
dans ce segment.
Orpéa, justement, est une autre victime de la hausse des taux d’intérêt. La
publication de l’ouvrage Les fossoyeurs en janvier 2022 a conduit à des
accusations de maltraitance, de détournement de fonds publics et d’abus de biens
sociaux pour lesquels les anciens dirigeants devront répondre en justice, et a causé
une crise opérationnelle. Sans cette publication, Orpéa n’aurait cependant pas
échappé à une crise financière grave en raison d’un endettement bancaire et
financier tout à fait excessif et masqué par des raisonnements biaisés tenus par la
plupart des investisseurs.
Les analystes actions n’auraient pas commis cette erreur s’ils avaient
détricoté les conséquences de la norme IFRS 16 pour se focaliser sur les « vrais »
flux de trésorerie d’exploitation, non gonflés de l’extourne des loyers. Sur les
12 mois précédant la publication des Fossoyeurs6, le flux de trésorerie
d’exploitation était de 294 M€ face à un endettement bancaire et financier net de
7 435 M€, soit 25 fois plus. Comment peut-on imaginer qu’un flux de trésorerie
d’exploitation de 294 M€, qui doit encore couvrir les investissements d’entretien
ou de modernisation7, puisse faire diminuer la dette nette ? Le niveau
d’endettement était clairement insoutenable, et Orpéa était dans une fuite en avant
avec des investissements importants de croissance interne et externe (2 950 M€
entre 2018 et 2020), avec seulement 650 M€ de flux d’exploitation sur la même
période, nécessitant un recours croissant à l’endettement. Ceci alors même que sa
rentabilité économique déclinait de 4 % à 2 %, bien loin d’un coût du capital à
6 %, et au niveau du coût de son endettement. L’inversion de l’effet de levier était
très proche.
Quant aux analystes dettes, qui ne sont pas tombés dans le piège d’IFRS 168,
l’application du raisonnement opco-propco9 à l’endettement net a conduit la
plupart d’entre eux à se focaliser sur la dette non sécurisée par des garanties
immobilières, soit 13 % de la dette totale, survolant les 87 % autres. Avec la
hausse des taux d’intérêt, ces actifs immobiliers financés à 81 % par de la dette
allaient perdre de la valeur, mettant en doute la solvabilité du groupe. Mais cela, la
plupart des analystes dettes suivant Orpéa ne l’ont pas vu.
Ceux qui ont bien raisonné ont évité pour eux-mêmes en tant qu’actionnaires
une perte de 99 % de leur investissement, et en tant que prêteurs non sécurisés une
perte de l’ordre de 70 à 80 %. Espérons pour les autres que la leçon portera !
Silicon Valley Bank (SVB) est une autre victime de la hausse des taux
d’intérêt, mais surtout de ses propres déficiences de gestion bancaire de base. Face
à des dépôts apportés essentiellement par des entreprises technologiques richement
dotées et par des fonds d’investissement en start-up, SVB avait investi dans des
obligations d’État (pour ne pas prendre le risque de solvabilité), à long terme (pour
gagner un taux d’intérêt plus élevé quand la courbe des taux était normale) et à
taux fixe (pour être sûre de son gain). Comme ces actifs étaient détenus dans une
perspective de long terme (held-to-maturity), ils étaient valorisés au bilan en prix
historique et non en valeur de marché (mark-to-market).
Mais compte tenu des difficultés de ses principaux clients que nous
mentionnions plus haut, ces derniers ont commencé à retirer une partie de leurs
fonds pour faire face à leurs difficultés propres causées par la hausse des taux
d’intérêt. Pour y faire face, SVB a dû céder des obligations à taux fixe, dont la
valeur avait baissé du fait de la hausse des taux d’intérêt. D’où des pertes
mangeant une partie de ses capitaux propres que SVB a essayé de combler par une
augmentation de capital. À son annonce, les investisseurs et les déposants n’ont
pas été longs à comprendre la situation (les moins-values latentes représentaient
93 % des capitaux propres), entraînant une ruée pour virer (depuis son
smartphone) les fonds vers des banques plus solides, au rythme de 500 000 $
par… seconde (42 Md$ en une journée). C’est ainsi qu’un quart de dépôts s’est
évaporé en une journée, déclenchant de nouvelles ventes d’obligations à perte,
détruisant encore plus de capitaux propres et condamnant SVB à la fermeture
immédiate, sans même attendre le traditionnel week-end pour ce faire. Et les
autorités monétaires américaines ont dû garantir tous les dépôts de SVB, même
au-dessus du maximum théorique de garantie (0,250 M$).
Quant à Crédit Suisse, c’est moins la hausse des taux qui l’a tué qu’une série
hallucinante et continue de problèmes opérationnels : Archegos, Greensill, les
tuna bonds du Mozambique, le financement d’un cartel de drogue bulgare, un
président qui démissionne pour avoir fait espionner un de ses collègues avec qui il
avait un différend privé, son successeur poussé au départ car ne respectant pas le
confinement, etc. Tout ceci démontrant une appétence forte pour le risque, des
niveaux de contrôle régulièrement défaillants malgré des promesses répétées
d’amélioration.
Les taux courts plus hauts que les taux longs témoignent d’une anticipation
de baisse des taux, un taux long étant une moyenne d’anticipations de taux courts
(voir le paragraphe 21.17). Historiquement, c’est aussi souvent le signe avant-
coureur d’une récession à venir, qui est déjà là en Allemagne après deux trimestres
de croissance (faiblement) négative. Cela dessine un cycle classique de récession
(avec toutefois un taux de chômage nettement plus faible), suivi d’une baisse des
taux, d’une reprise des cours boursiers que l’on voit depuis octobre 2022 (+ 34 %
depuis le plus bas de 2022 pour le CAC 40), anticipant d’un semestre une reprise
économique.
Cela dit, ce qui est dessiné là est un scénario rose où tout se passe bien, avec
une baisse assez rapide des taux. S’il en était différemment, leur niveau restant
plus élevé plus longtemps pourrait commencer à mordre plus significativement
des acteurs endettés, avec l’immobilier et les LBO en première ligne. En effet, les
années d’aisance ont souvent conduit à supprimer la contrainte de couvrir au
moins 50 % de la dette à taux variable. On estime ainsi que les trois quarts des
LBO n’auraient pas couvert leurs dettes à taux variable contre la hausse des taux
d’intérêt. Certains ont la mémoire courte et n’ont vu que le taux variable qui est
moins élevé que le taux fixe du moment, ce qui mine les digues.
Présentation de l’ouvrage
■ Cinq parties
Finance d’entreprise s’ouvre par un chapitre d’introduction où nous
rappelons que le financier d’entreprise fait le pont entre l’économie réelle et la
sphère financière, dans un monde où les préoccupations environnementales,
sociales et de gouvernance (ESG) deviennent la norme. Il est un homme ou une
femme de marketing et un négociateur. Il a des clients : les banquiers et les
investisseurs à qui il doit vendre des produits, des titres financiers qui représentent
des droits sur les flux de l’entreprise. Un bon directeur financier est dès lors celui
qui, à l’écoute de ses clients, sait leur vendre cher de bons produits. Sans cesse, il
raisonne en valeur plutôt qu’en coût ou en résultat.
Pierre Vernimmen, qui nous a formés et avec qui nous avons pratiqué la
finance d’entreprise, avait très tôt compris que l’on ne peut pas être un bon
financier si l’on n’est pas capable d’analyser d’abord la situation économique,
financière et stratégique de l’entreprise, puis de porter ensuite un diagnostic sur sa
valorisation, le tout en maîtrisant le cadre conceptuel de toute décision financière.
Pour vous aider à mieux utiliser votre Vernimmen, chaque chapitre se clôt sur
un résumé, des exercices (188 en tout) et des questions (817) corrigés. Nous avons
utilisé les rabats de couverture pour présenter un lexique international des
principaux termes de la finance, et le dos du marque-page pour une antisèche (le
Vernimmen résumé en une page !). Pour vous permettre d’aller plus loin, chaque
chapitre est doté d’une bibliographie avec des conseils d’orientation, vers des
articles de recherche fondamentale, des articles de presse ou des livres. Tant en
annexe que dans le corps du texte, de très nombreux graphiques et tableaux (plus
de 100) vous donnent des éléments de référence et de comparaison. Les index des
notions et des noms propres comprennent environ 2 000 entrées.
Nous vous souhaitons autant de plaisir à utiliser votre Vernimmen, pour faire
l’apprentissage de la finance d’entreprise ou perfectionner votre pratique, que nous
en avons eu à rédiger cette nouvelle édition, à développer son site Internet, sa
lettre mensuelle et ses autres supports numériques.
■ Merci
Merci à la chaire BNP Paribas à HEC Paris pour son appui dans la réalisation
de cet ouvrage.
1.1
Le financier d’entreprise, qu’il soit une femme ou un homme, est, dans son
rôle premier, responsable de l’approvisionnement de l’entreprise en capitaux !
1.2
Voici quelques faits récents, parmi d’autres, qui illustrent cette accélération
dans la prise de conscience écologique, sociale et durable dans le monde
financier :
2/ Danone (en 2020) et Kering ont conçu de nouveaux outils financiers (le
BPA carboné, voir le paragraphe 29.20, et le compte de résultat environnemental)
pour mesurer l’impact de leurs activités sur les émissions de carbone, ou sur
l’environnement ;
3/ Larry Fink, président de Blackrock, qui est le plus grand gestionnaire
d’actifs au monde avec 8 590 Md€ gérés pour le compte de ses clients, a écrit dans
sa lettre de 2018 aux dirigeants des plus grands groupes du monde dont
BlackRock est actionnaire :
Déjà en 2016, Larry Finck écrivait : « Sur le long terme, les enjeux
environnementaux, sociaux et de gouvernance (ESG* ESG) – allant du changement
climatique à la diversité en passant par l’efficacité du conseil – ont des impacts
financiers réels et quantifiables. »
1.3
On peut se demander pourquoi cette forte accélération a lieu en 2017-2018 et
non pas il y a 10 ans. Difficile à dire. Comme toute lame de fonds, celle-ci naît de
plusieurs facteurs, se développe lentement, progressivement puis, à partir d’un
moment, jaillit et bouscule tout sur son passage.
1.4
personnel, le respect du droit des employés, leur accès à l’assurance santé, l'accès
aux médicaments, la diversité des recrutements, l’égalité des chances, l’emploi des
personnes handicapées, la gestion de la chaîne de sous-traitance, et plus
généralement la qualité du dialogue social.
1.5
Certains investisseurs souhaitent aller plus loin et ont développé l’ISR* ISR
ainsi défini par l’AFG et le Forum pour l’investissement responsable : « L’ISR
(Investissement Socialement Responsable* Investissement socialement responsable (ISR)) est un
placement qui vise un impact social et environnemental en finançant les
entreprises et les entités publiques qui contribuent au développement durable quel
que soit leur secteur d’activité. En influençant la gouvernance et le comportement
des acteurs, l’ISR favorise une économie responsable. »
Dans le domaine des investissements non cotés, les fonds d’impact* Fonds d’impact
ont pour objectif de générer, en plus d’une rentabilité financière, un impact social
et environnemental positif. La rémunération de leurs gestionnaires est liée à
l’atteinte d’objectifs extra-financiers prédéterminés.
1.6
1.7
1.8
1.9
Les obligations vertes* Obligation verte (green bonds* Green bonds) sont, d’un point de vue
de leurs flux financiers, des obligations classiques. L’innovation n’est donc pas
financière ! Leur statut vert provient du fait que l’émetteur s’engage à utiliser les
fonds pour des investissements ou des dépenses positives pour l’environnement
(tels que définis par l’entreprise, généralement assistée d’un cabinet indépendant).
Les obligations sociales, quant à elles, financent des projets à connotation
sociétale.
Les entreprises disposent d’un autre outil financier pour mettre en avant leur
politique ESG : les prêts et obligations durables* Prêt à terme verts ou responsables ou les lignes de
crédit confirmées* Ligne de crédit confirmée (RCF* RCF5 durables). Contrairement aux obligations
vertes, ces financements n’impliquent pas une utilisation des fonds dans des
projets ESG (ce serait compliqué pour les lignes de crédit confirmées qui sont la
plupart du temps pour les grands groupes des lignes de back up non tirées).
Comme pour les obligations durables, l'aspect ESG vient du fait que leur coût (et
donc la rémunération des investisseurs et des banques) dépend de l’atteinte
d’objectifs ESG par l’entreprise. La pertinence de ces objectifs est initialement
validée par une agence tierce et sujet d’un contrôle durant la vie du crédit ou de
l’obligation. Depuis 2020, la variabilité de la marge de crédit due au respect ou
non des objectifs ESG commence à être significative, autour d'une pénalité
annuelle de 0,25 %.
1.10
Malgré cela, les produits de financement de type ESG sont aussi un outil
de mobilisation en interne des collaborateurs de l’entreprise : les objectifs
ESG deviennent plus concrets car leur non-respect s’accompagne d’une sanction
financière (faible) et d’un impact psychologique certainement non négligeable.
1.11
Cette évolution n’est bien sûr pas sans difficulté : comment apprécier, noter et
classer les entreprises selon des critères ESG ? Quels critères sont les plus
pertinents et pour qui (les technocrates parleront de taxonomie) ? Certainement
l’appréciation doit se faire par secteur : une entreprise dans l’agro-alimentaire
n’aura pas les mêmes enjeux ESG qu’une entreprise dans la production d’énergie.
Des agences se sont développées pour noter les entreprises sur leur politique ESG
(Vigeo Eiris, Cicero et Sustainalytics), les agences de notation* Agence de notation classiques
et les cabinets d’audit essaient également d’occuper ce terrain tout comme les
agences de certification (Bureau Veritas, SGS), alors que des normes (ISO) ont été
créées.
Mais les difficultés finissent par trouver des solutions. Ainsi, jusqu’en 2020,
l’un des problèmes soulevés par les obligations vertes ou sociales était que les
fonds levés devaient être fléchés vers des investissements ESG. Ils étaient donc
faciles à émettre pour des entreprises affichant de lourds investissements (énergie,
immobilier…), mais beaucoup plus complexes à mettre en œuvre pour les
industries de matière grise (quel investissement d’une agence de publicité pourrait
être qualifié de vert ou de social ?). Dans ce cadre, ces entreprises se trouvaient
donc largement privées de cet outil, même si, par ailleurs, elles pouvaient afficher
des comportements ESG en pointe. L’invention des obligations durables, et
l’exemple du chapitre 22 consacré aux obligations en est une, a permis de
surmonter cette difficulté.
Ceci souligne la distinction entre l’approche holistique des sujets ESG versus
l’approche par projets ciblés. La première est certainement plus ambitieuse mais
difficile à mesurer, homogénéiser et à appréhender pour les tiers à l’entreprise. On
peut craindre les surenchères de communication, de l’écoblanchissement* Écoblanchissement
(greenwashing) sans réelle action pour faire dans le politiquement correct. La
seconde approche est plus concrète pour les investisseurs, mais fait courir le risque
de financer des entreprises qui globalement n’ont pas des ambitions ESG fortes et
qui communiquent uniquement sur quelques projets.
3 ■ Une ardente contrainte
1.12
La bonne nouvelle est que la vision long terme ne semble pas exclusive d’une
performance financière. Du côté des entreprises, le BCG6 montre que, sur un
échantillon de 343 groupes dans 5 secteurs, les entreprises à fort score ESG ont
des marges plus élevées que les autres. Reste à vérifier le sens de la causalité.
L’attractivité pour les employés des entreprises plus éthiques est une des
explications. D’autres mettent en avant également une meilleure gestion des
risques par la prise en compte des sujets ESG et la création d’opportunités. Ainsi
ArcelorMittal a annoncé qu’une nouvelle technologie de traitement des gaz
générés par son usine de Gand allait lui permettre de transformer ces gaz en bio-
éthanol qu’il commercialiserait.
Section 4 ■ Les trois rôles du financier d’entreprise
1.13
1.14
(actions).
1.15
1.16
il ne travaille pas sur les marchés de capitaux mais sur les marchés des titres
■
financiers, que ceux-ci soient des actions, des obligations, ou des emprunts…
1.17
lorsque le prix de l’argent* Prix de l’argent (taux d’intérêt par exemple) s’élève, cela
■
Prix de l’argent et valeur des titres varient en sens contraire. Pour celui qui
cherche des ressources, le prix de l’argent est bien sûr un coût. On aboutit alors à
la proposition suivante, fondement de tout cet ouvrage : minimiser un coût de
financement revient à maximiser la valeur du titre correspondant à ce financement.
1.18
Deux raisons pratiques, l’une mineure, l’autre majeure, nous font préférer la
présentation du financier d’entreprise comme un vendeur de titres.
1.19
D’autre part, la raison principale de notre choix est qu’à trop vouloir
minimiser le coût, l’attitude classique peut conduire, si elle est appliquée
étroitement, à des décisions erronées. Le financier peut ainsi être amené à prendre
des décisions qui privilégient le court terme au détriment du long terme. Il est
alors atteint de « myopie ».
Au coût d’une source de financement doit être associé le risque pris par
l’investisseur.
1.20
Ainsi :
■ s’endetter à court terme, sous prétexte que les taux à court terme sont
inférieurs aux taux à long terme peut se révéler être une grave erreur ;
1.21
Mais que vend notre financier d’entreprise ? Ou, exprimé d’une manière
différente, comment est appréciée la valeur du titre financier ?
1.22
Derrière les titres émis par l’entreprise se cache donc l’évaluation de celle-ci
par les marchés. Telle entreprise est considérée comme mal gérée ; les
investisseurs s’en détournent, les taux montent et deviennent prohibitifs, les
difficultés sont proches si elles ne sont pas déjà arrivées et les valeurs baissent. Le
financier d’entreprise doit donc convaincre en permanence de la qualité de
l’entreprise puisqu’en définitive c’est elle qui se cache derrière les titres émis.
1.23
Les investisseurs financiers qui souscrivent les titres émis par l’entreprise ne le
font pas par philanthropie, mais parce qu’ils espèrent réaliser sur leur placement
un certain taux de rentabilité (intérêt, plus-value, dividende…). Autrement dit,
comme nous aurons l’occasion de le voir en détail, la contrepartie des fonds
confiés à l’entreprise (via la souscription de ses titres) est l’exigence d’un taux de
rentabilité minimum.
Notre financier d’entreprise devra ainsi s’assurer que, sur moyenne période,
l’entreprise réalise globalement des investissements dont la rentabilité est au
moins égale au taux de rentabilité espéré par ses pourvoyeurs de fonds. Si tel est le
cas, tout va bien ! Si durablement l’entreprise n’y arrive pas, elle détruira de la
valeur* Valeur, transformant 100 en 90, voire moins ; honte à elle ! Si, enfin, elle
réussit l’exploit de dégager une rentabilité supérieure à l’attente des investisseurs,
elle créera de la valeur, transformant 100 en 120, voire plus ; bravo ! Mais qu’elle
reste modeste et sache que son succès attirera la concurrence et que, les progrès
technologiques et l’évolution réglementaire aidant, il lui sera toujours plus difficile
de renouveler cette performance.
1.24
Les fluctuations des taux d’intérêt, des devises, du cours des matières
premières sont telles que les risques financiers sont devenus aussi grands que les
risques économiques. Considérons une entreprise suisse qui achète du cuivre sur le
marché mondial, le transforme et le revend en Suisse et à l’étranger.
L’entreprise doit donc gérer ses risques et en particulier ses risques de taux et
de change car ne rien faire peut avoir des conséquences dramatiques (comme nous
le verrons au chapitre 53).
1.25
1.27
1.28
1.29
Arrêtons-nous là dans cette introduction qui, nous l’espérons, fait saliver le
lecteur. Las ! Il nous faut le décevoir car il ne peut pas se contenter de ces notions
et aller directement à la quatrième partie de l’ouvrage. À notre lecteur financier
en herbe qui aimerait se précipiter sur les montages financiers de tout poil pour
faire fortune, nous conseillons de refermer cet ouvrage car nous lui proposons le
parcours suivant :
S’il est suffisamment tenace, il pourra alors entrevoir son rôle dans la
cinquième partie consacrée à quelques thèmes pratiques d’ingénierie et de
gestion financières.
Résumé
Malgré ces changements dans son environnement et dans certains de ses outils,
le financier d’entreprise continue d’avoir trois rôles principaux :
■ c’est aussi un stratège qui peut être conduit à questionner le périmètre des
activités de l’entreprise.
Questions
[Réponse]
[Réponse]
3/ Outre le mot « marché », quel est, selon vous, le maître mot en finance ?
[Réponse]
4/ Qu’est-ce que peut faire un actionnaire qui n’est pas du tout d’accord avec
la politique de responsabilité sociale d’une entreprise donnée ? Quelle
conséquence cela aura-t-il sur le coût du financement de cette entreprise s’il n’est
pas tout seul à agir de la sorte ?
[Réponse]
5/ Vous êtes emprunteur. On vous propose un prêt à 3,5 % sur 10 ans sans
garantie et un prêt à 3 % sur 10 ans avec garantie. Comment devez-vous raisonner
pour choisir l’un de ces deux prêts ?
[Réponse]
6/ Qu’est-ce que peut faire un étudiant à la recherche d’un emploi qui n’est pas
du tout d’accord avec la politique de responsabilité sociale d’une entreprise
donnée ? Quelle conséquence cela aura-t-il sur cette entreprise s’il n’est pas tout
seul à agir de la sorte ?
[Réponse]
7/ Rexel a émis un emprunt de 300 M€ en 2021 pour lui permettre d’allonger
la durée moyenne de son endettement en remboursant, avec le produit de cet
emprunt, des obligations venant à échéance en 2025. Sur les nouvelles obligations
venant à échéance en 2028, le taux d’intérêt est de 2,125 %, mais il pourrait passer
à 2,375 % à partir de 2024 si Rexel ne réussissait pas à baisser ses émissions de
gaz à effet de serre de 23 % par euro de chiffre d’affaires entre 2016 et 2023
(niveau 3), et de 25 % sur la même période que pour celles liées à la
consommation d’énergie dans ses opérations (niveaux 1 et 2). Rexel retrouverait
alors un taux de marché majoré de 0,15 %. Si Rexel bénéficie d’une baisse de
0,10 % du coût de son emprunt par rapport à un financement classique, qui
supporte cette réduction de taux d’intérêt ? Pourquoi ?
[Réponse]
– les actions ?
– les obligations ?
Pourquoi ?
[Réponse]
[Réponse]
10/ Si l’on vous dit « risque », à quel autre terme de la finance devez-vous
immédiatement penser ?
[Réponse]
11/ Quels sont les deux défauts les plus fréquemment observés chez les
mauvais financiers d’entreprise ?
[Réponse]
[Réponse]
13/ Quel peut être l’intérêt de s’endetter à très court terme pour financer des
investissements ? Quel est le risque pris alors ? Qu’en pensez-vous ?
[Réponse]
[Réponse]
Mécaniquement, oui, car les valeurs varient en sens inverse des taux d’intérêt.
Oui, la réponse serait alors non. L’élément important dans toute évaluation de
titre, ce sont les anticipations.
La valeur.
Si un actionnaire n’est pas d’accord avec la politique de responsabilité sociale
de l’entreprise, il peut voter contre certaines décisions des dirigeants. S’il est seul,
son droit de vote aura peu d’effet. S’ils sont nombreux à agir ainsi, les actionnaires
peuvent éventuellement obtenir un changement des dirigeants ou de la stratégie de
l’entreprise. L’actionnaire peut aussi utilement « voter avec ses pieds », c’est-à-
dire céder son action ! Si de nombreux actionnaires agissent de la sorte, le cours
de l’action va baisser… Cette décision aura plus d’impact si la rémunération des
dirigeants est liée en partie au cours de Bourse. L’effet corollaire sera une hausse
du coût de financement de l’entreprise.
Gagner 0,5 % par an vaut-il la peine d’accorder une garantie qui réduit la
marge de manœuvre de l’entreprise ?
Bénéficier la plupart du temps d’un taux d’intérêt le plus faible sur le marché
(voir le paragraphe 21.18). Un risque de liquidité car il faut rembourser très vite
l’emprunt, le plus souvent en contractant un nouvel emprunt jusqu’au jour où,
crise aidant, les prêteurs ne prêtent plus. Il vaut mieux pour l’entreprise s’endetter
à long terme !
Vérifier le fondement de cette surentabilité qui est le plus souvent due à une
prise de risque supplémentaire. Les crédits subprimes !
Bibliographie
Agrawal A., Gibbs E., Monier J.-H., « Building a better partnership between
finance and strategy », McKinsey Quarterly, octobre 2015.
Bechet A., Luthi Th., 50 ans d’histoire des directions financières, DFCG,
2014.
Giraud P.-N., Le commerce des promesses, petit traité sur la finance moderne,
Éditions du Seuil, 2001.
Edmans A., Grow the pie : how great companies deliver both purpose and
profit, Cambridge University Press, 2020.
Friede G., Busch T., Bassen A., « ESG and financial performance: aggregated
evidence from more than 2000 empirical studies », Journal of Sustainable Finance
& Investment hiver 2015, n° 5, pages 210 à 233.
Gollier Ch., Finance responsable pour une société meilleure, PUF, 2019.
McKinsey, « Five ways that ESG creates value », McKinsey Quarterly février
2020.
Pro Persona, « Y a-t-il une bonne finance ? », Les Cahiers, no 3, mars 2019.
Russel Investment, « Total societal impact: a new lens for strategy », octobre
2017.
www.novethic.fr
Partie 1
Le diagnostic financier
Ils sont fondamentaux pour notre lecteur qui n’aurait qu’une connaissance
sommaire du monde de l’entreprise et des techniques comptables de base. Dans ce
cas, nous ne saurions trop lui conseiller de lire et de relire ces chapitres avant
d’aller plus en avant.
Chapitre 2
Les flux de trésorerie
2.1
Le financier d’entreprise devra, quant à lui, reclasser les flux par nature, afin
d’aboutir à l’élaboration d’un document de trésorerie permettant :
soit de prévoir l’évolution future de celle-ci sur une période plus ou moins
■
2.3
Pour ce faire, nous allons montrer que les flux de trésorerie se rattachent aux
processus suivants :
□ le cycle d’exploitation ;
□ le cycle d’investissement ;
□ le processus d’endettement ;
2.4
Toutefois, la réalité est bien souvent plus compliquée. Il est rare que les
produits achetés le matin soient tous vendus le soir, surtout si l’entreprise a une
activité de transformation.
2.5
Toute activité a un cycle d’exploitation* Cycle d’exploitation propre plus ou moins long
qui, en termes de trésorerie, se traduit par des flux positifs ou négatifs à des
moments différents. Les dépenses et les recettes d’exploitation* Recettes d’exploitation
correspondant à des cycles différents sont regroupées par période : le mois,
l’année… Le solde de ces flux a été baptisé excédent de trésorerie
d’exploitation (ETE). Il traduit les flux de trésorerie dégagés par l’exploitation
pendant une période.
2.6
2.7
2.8
Quelle différence y a-t-il entre cette dépense dite d’« investissement » et les
dépenses d’exploitation* Dépenses d’exploitation ?
Dans une optique de trésorerie, l’investissement est une dépense devant dégager
ultérieurement un excédent de trésorerie d’exploitation supérieur ; de telle sorte
qu’au total, l’individu sera satisfait d’avoir renoncé à une consommation
immédiate.
2.9
On appelle flux de trésorerie disponible* Flux de trésorerie disponible, ou « free cash flow* Free cash-
flow », la différence, sur une période donnée, entre l’excédent de trésorerie
d’exploitation et les dépenses d’investissement.
2.11
Les ressources financières ont pour simple objectif de combler les déficits
résultant de ces décalages en apportant des ressources suffisantes à l’entreprise
pour équilibrer sa trésorerie.
Ces ressources financières ne sont pas accordées par des investisseurs sans
contrepartie. Elles impliquent ultérieurement des sorties venant en quelque sorte
« récompenser » les investisseurs. Cette « récompense » n’est possible que si les
cycles d’exploitation et d’investissement génèrent des flux de trésorerie positifs.
2.12
Ces déficits de trésorerie peuvent être financés par des capitaux qui courent le
risque de l’entreprise ; nous les appellerons capitaux propres* Capitaux propres. Ces
ressources sont la pierre angulaire de tout le système financier et leur importance
conduit à ce que les actionnaires qui les apportent aient, sous des modalités
diverses, le pouvoir de décision et de contrôle de l’entreprise. En termes de
trésorerie, le cycle des capitaux propres se traduit par le produit d’augmentations
de capital et le décaissement des dividendes décidés par les actionnaires.
2.13
Mais tout comme le particulier, l’entreprise peut, pour combler une impasse
de trésorerie, faire appel à des prêteurs et non à des actionnaires. Le banquier ne
prêtera qu’après avoir bien analysé la situation financière de l’entreprise, il tient à
être sûr d’être remboursé, il ne veut pas prendre le risque économique que court
l’entreprise. Ces impasses de trésorerie peuvent être à moyen terme, à long terme,
voire permanentes mais conceptuellement les prêteurs ne supportent pas le risque
économique : les capitaux correspondants constituent les ressources
d’emprunt* Ressources d’emprunt.
2.14
Le risque encouru par le prêteur est que cet engagement ne soit pas tenu.
Conceptuellement, l’endettement peut donc être considéré comme une avance sur
des flux de trésorerie futurs sécrétés par les investissements réalisés et qui est
garantie par les capitaux propres de l’entreprise.
2.15
Par ailleurs, il peut aussi arriver à un moment donné que l’entreprise ait un
excédent de capitaux par rapport à ses besoins. Les fonds sont alors placés et
génèrent des revenus : les produits financiers* Produit financier. Ces placements sont faits
la plupart du temps avec la double préoccupation de pouvoir les céder très
rapidement et sans risque de perte de valeur.
Si, de prime abord, on peut considérer les placements financiers comme des
investissements puisqu’ils dégagent un taux de rentabilité, nous conseillons plutôt
à notre lecteur de les appréhender comme l’opposé de l’endettement. Nous verrons
qu’un trésorier est souvent amené, en bonne gestion, à s’endetter pour replacer
sans pour autant spéculer. L’endettement et le placement ne doivent donc pas être
considérés indépendamment l’un de l’autre, mais comme intrinsèquement liés, et
nous suggérons au lecteur de raisonner en endettement net des placements
financiers et en charges financières nettes des produits financiers.
2.16
Si les flux de trésorerie disponible sont positifs, l’entreprise les utilise pour
rémunérer et/ou rembourser les investisseurs, voire se constituer une réserve de
liquidités.
[Réponse]
2/ Pourquoi dit-on que les flux de financement sont la contrepartie des flux
économiques ?
[Réponse]
[Réponse]
[Réponse]
[Réponse]
[Réponse]
7/ Parmi les différents flux suivants, quels sont ceux qui vont revenir à la fois
aux actionnaires et aux créanciers : les recettes d’exploitation, l’excédent de
trésorerie d’exploitation, le flux de trésorerie disponible ? Qui en bénéficiera en
priorité, les actionnaires ou les créanciers ? Pourquoi ?
[Réponse]
[Réponse]
9/ Dans une optique de trésorerie, les frais de lancement d’un nouveau parfum
doivent-ils être considérés comme des dépenses d’exploitation ou des dépenses
d’investissement ?
[Réponse]
[Réponse]
[Réponse]
12/ Les ressources d’emprunt sont-elles sans risque pour le prêteur ? Pouvez-
vous analyser quel est alors leur risque ? Pourquoi un contrat d’emprunt peut-il ne
pas être honoré ?
[Réponse]
Exercices
Qu’en déduisez-vous ?
[Réponse]
2/ La société Boilevé crée une filiale en Grèce qui commencera son activité
début janvier. Elle doit acheter à ce moment-là une machine de 30 M€ financée
partiellement par un crédit bancaire de 20 M€ remboursable à raison de 2 M€ tous
les 15 juillet et 15 janvier de chaque année pendant 5 ans. Les frais financiers,
payables semestriellement sont les suivants :
[Réponse]
C’est le solde du cycle d’exploitation. Non, car elle doit faire face à des
dépenses plus ou moins obligatoires concernant les cycles d’investissement et de
financement : impôts, intérêts, investissements de remplacement…
Non, c’est un flux de trésorerie, pas un profit comptable que nous voyons au
chapitre suivant.
Il mesure les flux générés par l’exploitation de l’entreprise, i.e. son métier, sa
« raison d’être » : s’il n’est pas positif sur le long terme, c’est un problème vital
pour l’entreprise qui peut l’amener à disparaître. Fort décalage dû au cycle
d’exploitation, stocks importants, pertes d’exploitation au démarrage, fortes
amplitudes du cycle d’exploitation.
Stolowy H., Ding Y., Langlois G., Comptabilité et analyse financière : Une
perspective globale, 4e édition, De Boeck Université, 2017.
3.1
3.2
Votre réponse sera-t-elle modifiée si l’on vous précise que l’achat se fait à
■
crédit ?
Les réponses sont claires : votre richesse n’est pas modifiée pourvu que vous
achetiez ce terrain à sa valeur, et ce, que vous vous endettiez ou non. L’expérience
acquise comme professeurs nous a montré comme il était fréquent pour le
débutant de confondre trésorerie et richesse.
3.3
3.4
a) Principes
3.5
Investir, c’est renoncer à une liquidité, mais ce n’est pas s’appauvrir : c’est
constituer un actif. Un investissement n’apparaîtra donc jamais directement dans
le compte de résultat.
Toutefois, la valeur des investissements peut être modifiée au cours du
temps :
3.6
Les dépréciations d’actifs immobilisés* Dépréciation d’actifs immobilisés ont pour objet de
constater la perte de valeur d’un actif non liée à son utilisation courante, c’est-à-
dire, a priori, non prévisible :
brevet…) ;
3.7
pour créer quelque chose de nouveau. Sans vouloir philosopher, la création passe
en quelque sorte par la destruction ;
3.8
3.9
Seules apparaissent dans le compte de résultat les charges liées aux emprunts, et
jamais le remboursement des emprunts. Ce dernier vient en diminution des dettes
qui figurent au bilan sans passer par le compte de résultat.
Nous nous permettons d’insister sur ce point car nous avons vu tant
d’erreurs… Notons en revanche que la rémunération des emprunts (intérêts,
commissions) est un accroissement de richesse pour le créancier et, en
contrepartie, une charge pour l’entreprise ; elle apparaît donc bien au compte de
résultat.
3.10
Les capitaux propres* Capitaux propres se traduisent en trésorerie par des apports de
fonds, faits par les actionnaires qui leur confèrent des droits de propriété sur
l’entreprise, suivis généralement de débours prenant la forme de dividendes. Le
compte de résultat mesure la création de richesse de l’entreprise et se termine
naturellement par le résultat net ; que celui-ci soit versé en dividendes ou mis en
réserves n’est qu’une décision de trésorerie prise par les actionnaires.
3.11
Nous avons considéré toutes les opérations de l’entreprise qui pouvaient être
classées dans l’un des cycles de l’entreprise : exploitation, investissement,
financement. Cependant, le lecteur peut imaginer la difficulté d’analyser les
conséquences financières de certains événements de nature non récurrente car
n’ayant pas vocation à se produire régulièrement : nationalisation sans indemnité,
cession d’un pan entier des activités de l’entreprise, catastrophe naturelle… L’idée
est alors venue de créer une nouvelle catégorie pour tous ces éléments non
récurrents.
3.12
3.13
7 ■ Le résultat net
3.14
3.15
soit les produits et les charges sont présentés par nature* Par nature et l’on
■
soit les produits et les charges sont présentés par fonction* Par fonction (ou par
■
3.16
Cette présentation repose sur une approche analytique qui classe les coûts
entre les grandes fonctions de l’entreprise : production, commercial,
administration, recherche et développement.
Ainsi, les frais de personnel sont éclatés dans chacune de ces quatre fonctions
selon que tel employé travaille à la production, à la vente, à la recherche ou à
l’administration. De même l’amortissement d’une immobilisation corporelle sera
comptabilisé en coûts de production s’il s’agit d’une machine de production, en
frais commerciaux s’il s’agit d’une voiture de vendeur, en frais de recherche s’il
s’agit d’un matériel de laboratoire ou en frais généraux s’il s’agit des ordinateurs
du service comptabilité.
Il s’agit d’une présentation très simple dans son principe, qui fait bien
apparaître du premier coup d’œil que le résultat d’exploitation est la différence
entre les ventes et les coûts de ces ventes quelle que soit leur nature (production,
commercial, recherche, administration).
3.17
En effet, l’entreprise peut « mettre de côté » (stocker) une partie des achats
qu’elle fait dans l’année. Ces achats stockés ne correspondent pas aujourd’hui à
une destruction de richesse. C’est la constitution d’un actif, sans doute temporaire,
mais bien réel à un moment donné. D’autre part, une partie des produits finis de
l’entreprise peut ne pas être vendue durant l’exercice, et pourtant les charges
relatives à ces produits apparaissent au compte de résultat.
3.18
Donc pour pouvoir comparer les ventes avec le coût des ventes, il convient
« d’ajuster », c’est-à-dire :
Considérons ainsi une entreprise qui vend des fûts de chêne. Cette année,
partie d’un stock initial de produits finis nul, elle a produit 900 fûts et en a vendu
800, le stock final est donc de 100 fûts. Chaque fût est vendu 500 €. Pour le
produire, il faut 250 € de chêne et 100 € de frais de personnel de production. Par
ailleurs, le commercial à mi-temps coûte 22 500 € par an, et l’administration
totalement sous-traitée 20 000 € par an. Quant à l’amortissement annuel de l’outil
de production, il est de 15 000 €. Le stock initial de matières premières était de
20 000 €, le stock final est de 25 000 €. Les achats de matières premières ont
totalisé 230 000 €.
3.19
Dans les comptes qui font apparaître les charges lorsqu’elles sont contractées et
non pas lorsqu’elles sont consommées, il est nécessaire de faire apparaître les
variations de stocks qui permettront de passer de la charge contractée à la charge
consommée.
Celui-ci est bien égal à la marge de 150 € par unité multipliée par 800 unités
vendues moins les coûts fixes de 22 500 (le commercial à mi-temps), de 20 000
(administration), et de 15 000 (dotation aux amortissements). L’analyste financier
externe devra aller dans l’annexe des états financiers pour découvrir que les frais
de personnel représentent 112 500 € et la dotation aux amortissements 15 000 € ;
ces chiffres étant répartis entre les trois grandes fonctions : coûts de production,
coûts commerciaux et coûts administratifs.
Les normes IFRS pourraient être amendées vers 2025 pour donner en annexe
le compte de résultat présenté par nature pour les entreprises qui le produisent par
fonction et faire disparaître la troisième présentation (par fonction avec la dotation
aux amortissements isolée).
Résumé
Les opérations qui n’ont pas pu être classées dans les rubriques précédentes
relèvent du résultat non récurrent.
Questions
[Réponse]
[Réponse]
[Réponse]
4/ Commentez les deux phrases suivantes : « cette année, nous allons devoir
nous endetter pour combler nos pertes » ; « le résultat que nous avons dégagé cette
année va nous permettre de racheter notre principal concurrent ».
[Réponse]
[Réponse]
7/ Peut-on dire que l’entreprise s’enrichit chaque année de son excédent brut
d’exploitation ?
[Réponse]
[Réponse]
[Réponse]
[Réponse]
[Réponse]
[Réponse]
[Réponse]
[Réponse]
[Réponse]
[Réponse]
Exercices
1/ Fever Tech
En fin d’exercice, le dirigeant de cette affaire vend les locaux qu’il avait
achetés 200 000 € il y a trois ans, et qu’il amortissait sur 40 ans, pour une valeur
de 230 000 €. La société occupe d’anciens locaux totalement amortis et rembourse
un emprunt de 12 000 € à 5 % d’intérêt. Quel est l’impact de ces opérations sur
l’EBE, le résultat d’exploitation et le résultat net ? Le taux d’impôt est de 35 %.
[Réponse]
[Réponse]
- pour chaque numéro, vous devez payer des pigistes pour mettre en forme les
contributions des personnes vous envoyant leurs récits de voyage et pour ajouter
des articles. Vous budgétez 2 000 € par mois (y compris charges sociales) ;
- vous devriez bénéficier d’une exemption d’impôt sur les sociétés durant vos
deux premiers exercices.
Quels seront votre tableau de trésorerie et votre compte de résultat pour les
deux premiers exercices ?
[Réponse]
Ni l’un, ni l’autre, elle a juste levé 500 M€ de fonds. Appauvrie de 250 M€.
Enrichie cette année-là de 25 M€ = 75 – [250 – 250 / (1 + 25 %)].
Non, car les produits et les charges ne correspondent pas nécessairement à des
recettes ou des dépenses immédiates de trésorerie.
Non, car des charges viennent le réduire (dotation aux amortissements, frais
financiers, impôts…).
C’est une charge et non une dépense, c’est un coût constaté mais qui n’est pas
dû en trésorerie.
Dans une optique de trésorerie, l’investissement foncier est une dépense qui ne
générera des recettes que le jour où on le vendra ; dans une optique patrimoniale,
c’est un bel actif. Pour l’investissement en R&D, les retours par l’amélioration du
processus d’exploitation doivent être plus rapides dans une optique de trésorerie ;
en revanche, dans une optique patrimoniale, la valeur liquidative est nulle.
Non, car vous ne faites qu’éteindre une dette et non détruire de la richesse.
Oui, car vous déboursez pour rembourser.
Non, par convention comptable, sauf cas de très forte inflation (voir le
paragraphe 7.37).
Une charge calculée est une charge qui ne correspond à aucune dépense en
trésorerie mais à une évaluation comptable et forfaitaire de l’appauvrissement, par
exemple une dotation aux amortissements. Une charge constatée d’avance est une
charge qui ne correspond pas aux consommations de l’exercice même si elle est
devenue exigible cet exercice (c’est par exemple 11/12e d’un loyer annuel payé
d’avance le 1er décembre). Voir le paragraphe 8.22.
Bibliographie
Le Fur Y., Quiry P., « Pourquoi les variations de stocks de produits finis
apparaissent-elles en produits dans le compte de résultat ? », La Lettre
Vernimmen.net janvier 2013, no 112, pages 8 à 10.
Stolowy H., Ding Y., Langlois G., Comptabilité et analyse financière : Une
perspective globale, 4e édition, De Boeck Supérieur, 2017.
Pour approfondir les comptes de résultat par nature dans un contexte anglo-saxon :
Baker C., Ding Y., Stolowy H., « Using “statement of intermediate balances”
as tool for international financial statement analysis in airline industry », Advances
in International Accounting, 2005, vol. 18, pages 169 à 198.
Autorité des marchés financiers, Étude portant sur les indicateurs publiés dans
les communiqués au titre de la période 2009 et leurs liens avec les comptes,
17 novembre 2010.
4.1
Nous avons jusqu’à présent essentiellement raisonné en termes de flux sur une
période donnée, que ce soient des flux de trésorerie ou des produits et charges.
Ainsi, à l’étude de la variation de l’endettement net sur une période doit ici
correspondre l’analyse de l’endettement net à un instant donné ; à l’étude du
résultat, c’est-à-dire de la création de richesse sur une période, doit ici
correspondre celle de l’accumulation de richesse à un instant donné. Le bilan
permet cette analyse.
4.2
l’activité jusqu’à cet instant. Ainsi à un instant donné, les capitaux propres
correspondent, en plus du capital initial, à la somme des augmentations de capital
(nettes des réductions de capital) consenties par les actionnaires et des résultats
nets annuels non distribués sous forme de dividendes. Un « stock » à un instant t
est aussi égal au même « stock » à l’instant t – 1, majoré de tous les flux
intervenus entre t – 1 et t.
Section 1 ■ Le bilan : définitions et concepts
Actif ce qui est financé, passif = comment cela a été financé
1 ■ L’actif et le passif
4.3
■des actifs immobilisés* Actif immobilisé, appelés « actifs non courants* Actif non courant »
dans le référentiel comptable IFRS : tout ce qui est nécessaire à l’exploitation et
qui n’est pas détruit par celle-ci à chaque cycle. Ce sont des biens qui gardent
donc une certaine valeur (la diminution de cette valeur est constatée par la
technique de l’amortissement et de la dépréciation). On distingue les
immobilisations corporelles (terrains, bâtiments, machines, etc.), les
immobilisations incorporelles (marques, brevets, fonds de commerce, logiciels,
etc.) et les immobilisations financières* Immobilisations financières. Lorsque l’entreprise détient
par exemple les actions d’une autre entreprise (à long terme), celles-ci sont
comptabilisées en immobilisations financières ;
des capitaux apportés par les actionnaires et qui, hors opérations portant sur
■
paragraphe 8.82.
Le bilan
4.5
4.6
Pour bien comprendre le bilan économique, il faut être dans le même esprit
que pour l’analyse faite au chapitre 3 précédent, mais en raisonnant, cette fois-ci,
en termes de « stocks » et non plus en termes de flux.
1 ■ Les immobilisations
4.7
Les immobilisations* Immobilisations (actifs non courants* Actif non courant pour les IFRS)
correspondent à l’ensemble des investissements réalisés par l’entreprise, suivant
notre définition à la fois financière et comptable. S’y rajoutent en normes IFRS les
droits à location (voir le paragraphe 8.69).
4.8
Les ressources sont constituées par les charges contractées non encore payées
(dettes fournisseurs, dettes fiscales et sociales) et par les recettes d’exploitation sur
des produits non encore livrés (avances sur commandes).
4.9
Le solde net des emplois et des ressources d’exploitation est appelé « besoin
en fonds de roulement* Besoin en fonds de roulement (BFR) », BFR* BFR.
« Besoin » car si les emplois sont supérieurs aux ressources (ce qui est
généralement le cas) le solde est positif et il doit être alors financé. Négatif, c’est
une ressource dégagée par l’exploitation. Dans ce cas, on maintient cependant le
terme, et on parlera alors de « besoin en fonds de roulement négatif ».
Le besoin en fonds de roulement d’exploitation* Besoin en fonds de roulement d’exploitation est ainsi
constitué par l’ensemble des comptes suivants :
(comptes de régularisation) ;
d’exploitation.
Comme nous le verrons au chapitre 5, le besoin en fonds de roulement
constitue un paramètre fondamental de toute analyse financière.
4.11
Enfin, certains actifs figurent parfois à l’actif du bilan pour des raisons
formelles alors qu’ils sont sans valeur4. On les appelle des non-valeurs* Non-valeur. Il
s’agit :
4 ■ L’actif économique
4.13
4.14
Les capitaux propres* Capitaux propres sont composés des capitaux apportés à la
création de la société par les actionnaires, lors d’augmentations de capital, ainsi
que des capitaux laissés par les actionnaires à disposition de la société sous forme
de bénéfices mis en réserve et donc non distribués en dividendes.
Capital social
+ Primes d’émission, de fusion, d’apport
+ Réserves légales, statutaires, contractuelles
+ Autres réserves
+ Report à nouveau* Report à nouveau
+ Résultat de l’exercice
= Capitaux propres
4.15
L’endettement net d’une entreprise peut donc être positif ou négatif : dans ce
dernier cas on dit alors que l’entreprise a une trésorerie nette.
4.16
Nous n’avons traité que des grands postes du bilan. Pour les autres, nous
nous permettons de renvoyer notre lecteur au chapitre 8 qui présente le traitement
des points complexes :
■ provisions ;
■ actions autodétenues ;
■ impôts différés ;
■ comptes de régularisation ;
■ engagements de location ;
4.17
4.18
Afin d’aider le lecteur novice, nous avons classé dans les tableaux des pages
suivantes les comptes du bilan entre les rubriques immobilisations, besoin en
fonds de roulement, capitaux propres et endettement net.
4.19
Présentant l’état des avoirs et des engagements à la date d’arrêté des comptes,
le bilan patrimonial peut être utilisé :
par le créancier, désireux de juger le risque que lui font courir les crédits
■
1 ■ La liquidité du bilan
4.20
Face à ces engagements (passifs), il y a des avoirs (actifs). Ces avoirs peuvent
également être classés par durée :
■ les actifs qui auront disparu du bilan l’an prochain : ce sont, sauf exception,
les éléments de l’actif circulant ;
■ les actifs qui seront toujours au bilan dans un an : ils constituent, sauf
exception, l’actif immobilisé.
Ainsi, dans une optique patrimoniale, on classera les passifs par date de
remboursement, les actifs financiers par date d’échéance, et les autres actifs de la
manière suivante :
Seront considérés comme liquides les actifs qui, dans le processus d’exploitation
normal, doivent être transformés en liquidités dans la même année.
En revanche, les actifs qui, quelle que soit leur nature (siège social, usine, etc.) ne
sont pas destinés à être vendus durant la vie normale de l’entreprise, seront
considérés comme immobilisés et non liquides.
La liquidité d’un bilan se définit donc par le fait que la rotation des actifs
(c’est-à-dire leur liquidation progressive dans l’exploitation) est plus rapide que la
« rotation » des dettes (c’est-à-dire leur exigibilité). Or, l’exigibilité du passif est
connue avec certitude, car elle est contractuelle. En revanche, la liquidité de l’actif
circulant est incertaine (risque de mévente ou de dépréciation du stock, etc.). À la
liquidité incertaine de l’actif correspond donc l’exigibilité certaine des
engagements.
Aussi le créancier à court terme de l’entreprise tiendra-t-il compte de la
différence de nature entre la liquidité de l’actif et l’exigibilité du passif, en
demandant à l’entreprise de maintenir un actif circulant supérieur au montant des
dettes à court terme de sorte à avoir une marge de sécurité. De là, la sacro-sainte
règle financière selon laquelle toute entreprise doit avoir des actifs à moins d’un
an d’un montant au moins égal à celui de ses engagements à moins d’un an7.
2 ■ La solvabilité
4.21
Une entreprise peut donc être considérée comme insolvable dès lors que ses
capitaux propres sont négatifs. Elle doit alors plus qu’elle ne possède. Les Suisses
parlent alors de « surendettement ». Mais sa liquidité à court terme peut être
suffisante pour lui permettre de poursuivre quelque temps son activité, voire se
rétablir.
C’est un concept patrimonial qui tend à cerner le montant des fonds investis
par les actionnaires en évaluant les différents actifs et passifs de l’entreprise.
L’actif net* Actif net n’est pas un concept financier mais comptable, voire fiscal.
Le montant comptable des capitaux propres est en effet égal à l’ensemble des
avoirs de l’entreprise diminué de l’ensemble de ses engagements réels ou
potentiels. Les praticiens parlent fréquemment de « l’actif net », ce qui crée une
confusion chez le non-initié en finance avec le total de l’actif, net du cumul des
amortissements et des dépréciations.
Les capitaux propres comptables* Capitaux propres comptables sont donc égaux à :
L’actif immobilisé
+ L’actif circulant et financier
− L’ensemble des dettes et provisions de toute nature
en excluant les actifs n’ayant pas de valeur (les non-valeurs). Il peut en être
■
4.23
Les termes en couleur, propres aux comptes consolidés, sont présentés et expliqués au chapitre 7.
Résumé
[Réponse]
[Réponse]
[Réponse]
[Réponse]
[Réponse]
[Réponse]
7/ Une entreprise en cessation de paiement est-elle obligatoirement
insolvable ?
[Réponse]
8/ Appréciez la liquidité des biens suivants : usine, titres non notés, actions
d’une société cotée en Bourse, siège social sis au centre d’une grande ville, navires
ou avions, traites commerciales, stocks de matières premières, stocks de produits
en cours.
[Réponse]
[Réponse]
10/ Dans quel cas utilise-t-on le bilan dans une optique patrimoniale ? Le bilan
dans une optique économique ?
[Réponse]
[Réponse]
[Réponse]
[Réponse]
15/ Pourquoi les effets escomptés non échus doivent-ils être intégrés dans le
bilan en lecture économique ?
[Réponse]
16/ Le bilan en lecture économique fait-il une différence entre les dettes
bancaires à plus d’un an et celles à moins d’un an ? Pourquoi ?
[Réponse]
[Réponse]
[Réponse]
[Réponse]
Exercices
[Réponse]
[Réponse]
À un flux.
À un « stock ».
Capitaux propres.
Dans une optique patrimoniale : pour recenser l’ensemble des actifs et des
engagements, pour mesurer la liquidité. Dans une optique économique : pour
comprendre les besoins de l’entreprise.
Les ressources comprennent les capitaux propres (qui ne sont pas exigibles) et
les engagements, c’est-à-dire des dettes qui doivent tôt ou tard être remboursées.
Non, ceci est un problème de liquidité qui n’est pas le point de vue de la
lecture économique du bilan, mais celui de la lecture patrimoniale (ou financière).
Car c’est une non-valeur totale tant qu’il n’est pas appelé.
Non, dans certaines industries les clients paient longtemps après la facturation
(négoce de droits audiovisuels).
5.1
Nous allons tout d’abord lire les produits et charges dans une optique de flux
de trésorerie. Ceci nous permettra ensuite de faire le lien entre la variation de
richesse et la variation de l’endettement net, rapprochant ainsi les deux optiques.
5.2
Nous verrons que, dans la pratique, les flux sont reconstitués à partir des
variations de comptes du bilan.
Cette section n’a donc qu’un but pédagogique et conceptuel. Mais elle est
essentielle pour comprendre les mécanismes de base.
5.3
Les recettes d’exploitation devraient être égales aux ventes de l’exercice mais
elles en diffèrent car les clients paient avec certains délais, ou par avance. Les
recettes d’exploitation ne sont donc égales aux ventes de l’exercice que si celles-ci
ont été payées comptant ; à défaut, elles viendront accroître l’encours clients.
5.4
5.5
* Earnings Before Interest Taxes Depreciation and Amortization (EBITDA)du fait qu’une partie des achats n’est pas
■
5.6
* Earnings Before Interest Taxes Depreciation and Amortization Les décalages ainsi enregistrés se
(EBITDA)
traduisent alors :
5.7
5.8
Notre lecteur avisé aura reconnu dans la colonne centrale du tableau ci-dessus
les éléments du besoin en fonds de roulement tel que nous l’avons défini au
paragraphe 4.8 ou plus précisément les éléments de la variation du besoin en
fonds de roulement* Besoin en fonds de roulement (BFR) entre deux bilans.
4 ■ L’investissement
5.9
5 ■ Le financement
5.10
sur la situation de trésorerie et sur le résultat mis en réserve, mais non sur le
résultat net ;
Enfin, l’impôt sur les sociétés* Impôt sur les sociétés est à la fois une charge qui apparaît
au compte de résultat et un flux de trésorerie. L’impôt peut ne pas être payé
immédiatement, faisant apparaître un décalage dans le temps entre trésorerie et
résultat (assimilé à une variation du besoin en fonds de roulement).
5.11
5.12
Ce même tableau nous permet de faire l’exercice inverse de celui auquel nous
nous sommes livrés ou plus exactement d’expliquer la variation de l’endettement
net à partir du résultat net. Pour ce faire, il suffit d’ajouter au résultat net
l’ensemble des mouvements de la colonne centrale :
Résultat net
+ Dotations aux amortissements1
− Variation du besoin en fonds de roulement d’exploitation
− Investissements nets des cessions d’actifs
+ Augmentations de capital
− Dividendes versés
= Désendettement net
Au total, le tableau de flux de trésorerie* Tableau de flux de trésorerie comporte trois blocs
correspondant aux trois fonctions :
et a l’architecture suivante :
5.14
5.15
Résultat net
+ Dotations aux amortissements2
+ Dépréciations d’actifs immobilisés3
+ Moins-values – plus-values sur cession d’actifs4
= Capacité d’autofinancement* Capacité d’autofinancement
5.16
On a donc :
Notre lecteur aura remarqué que le concept d’exploitation est compris ici au
sens large puisqu’il inclut les charges financières et l’impôt sur les sociétés.
Les flux de trésorerie provenant de l’exploitation sont donc un concept moins
« pur » que l’ETE que nous avons présenté au paragraphe 2.5. Cependant, notre
lecteur devra s’y faire car malheureusement les tableaux de flux publiés par la
quasi-totalité des groupes présentent ainsi les flux de trésorerie provenant de
l’exploitation.
5.17
immobilisations et non des plus et moins-values (qui ne sont pas des flux de
trésorerie) ;
Le flux de trésorerie disponible après frais financiers* Flux de trésorerie disponible après frais financiers6
est défini comme la différence entre les flux de trésorerie provenant de
l’exploitation et les flux d’investissement.
5.18
des dettes (court, moyen et long termes), des nouveaux emprunts, de la variation
des placements financiers et de la variation du disponible.
5.19
5.20
5.21
5.22
Construire un tableau de flux de trésorerie* Tableau de flux de trésorerie est l’une des façons les
plus intelligentes qui soit de lire le bilan d’une société.
5.23
Or un tableau de flux de trésorerie n’est que l’ensemble des flux qui, dans un
exercice donné, ont modifié le bilan de début d’exercice pour aboutir au bilan de
fin d’exercice. Pour établir le tableau de flux, il suffit donc de faire la différence
entre le bilan de début d’exercice et le bilan de fin d’exercice avec quelques
corrections afin d’éliminer les écritures comptables qui ne se sont pas traduites par
un flux de trésorerie.
Pour ne pas bouleverser cet équilibre initial, notre lecteur devra, lors de ses
corrections, suivre la règle suivante : s’il ajoute un élément à l’actif, il prendra
soin de l’ajouter aussi au passif ; s’il ajoute un élément au passif, il prendra soin
soit de l’ajouter aussi à l’actif, soit de le retrancher à un autre poste du passif.
Ainsi transformera-t-il un tableau équilibré (différence de deux bilans) en un autre
tableau équilibré (le tableau de flux) !
b) Établir le bilan économique
5.24
Les tableaux de flux, quel que soit leur modèle, doivent être établis grâce à la
reconstitution des flux à partir de la variation des postes du bilan en lecture
économique.
À une augmentation d’un poste d’actif ou une diminution d’un poste de passif
correspond un flux de trésorerie négatif.
À une diminution d’un poste d’actif ou une augmentation d’un poste de passif
correspond un flux de trésorerie positif.
Il convient d’éliminer les flux non monétaires qui n’ont de flux que le nom car
ils résultent d’écritures comptables conventionnelles sans aucun lien avec la
trésorerie. Parmi ces opérations, on peut ranger :
5.25
Les transferts d’un poste à un autre ont pour but de redresser des
■
Par exception à ce principe, un seul « flux » non monétaire est maintenu afin
de permettre l’équilibrage du tableau de flux avec la variation de l’endettement
net : il s’agit des « flux » liés à la conversion des comptes des sociétés étrangères.
Il convient de faire apparaître les flux et non leur solde. Une variation d’un
poste de bilan ne correspond pas toujours exactement à un flux, mais peut être la
différence de plusieurs flux de sens contraire.
Aussi est-il nécessaire de mettre en évidence les flux initiaux, et non leur
solde. On cherchera ainsi à inscrire au tableau :
des dettes ;
l’appel aux actionnaires, et non la variation des capitaux propres qui peut
■
5.28
L’étape ultime est la présentation des résultats dans les tableaux pro forma que
nous venons de voir.
5.29
Notre lecteur aura remarqué le soin que nous prenons à ne pas modifier
l’équilibre de la variation du bilan de début et du bilan de fin d’exercice. Ainsi, le
solde des colonnes « informations supplémentaires » est-il toujours nul.
5.30
5.31
L’analyse passe donc par la détermination des flux provenant des ressources
externes, les flux provenant des ressources internes s’obtenant alors par différence
avec la variation globale des capitaux propres.
5.32
5.33
Il convient de distinguer :
5.34
Ainsi, dans notre tableau, l’équilibre des flux négatifs et des flux positifs n’a
jamais été rompu puisque les informations supplémentaires ont été, soit ajoutées et
retranchées en flux négatifs, soit ajoutées et retranchées en flux positifs, soit
inscrites simultanément en flux positifs et en flux négatifs.
Résumé
[Réponse]
[Réponse]
[Réponse]
4/ Quelles sont les charges calculées qui doivent être réintégrées dans le calcul
de la capacité d’autofinancement ?
[Réponse]
[Réponse]
6/ Pourquoi la différence entre l’EBE et l’ETE correspond-elle à
l’accroissement du besoin en fonds de roulement ?
[Réponse]
7/ Quelle différence y a-t-il entre les ventes d’un exercice et les recettes
d’exploitation de ce même exercice ?
[Réponse]
[Réponse]
[Réponse]
[Réponse]
[Réponse]
[Réponse]
13/ Dans le tableau de flux, à quoi correspond une diminution d’un poste
d’actif ?
[Réponse]
14/ Dans le tableau de flux, à quoi correspond une augmentation d’un poste de
passif ?
[Réponse]
e) Les méthodes d’évaluation des stocks exercent une influence directe sur la
trésorerie ;
16/ Une entreprise réévalue l’ensemble de ses actifs corporels de 1 962 000 €.
Quel est l’impact de cette opération dans le tableau de flux ?
[Réponse]
[Réponse]
[Réponse]
[Réponse]
Exercices
[Réponse]
[Réponse]
[Réponse]
4/ Remy
1. Opérations de gestion.
[Réponse]
5/ Boilevé
Établissez le tableau des flux de trésorerie de la société Boilevé pour les deux
années. Si vous le souhaitez, faites le tableau de liaison trésorerie-résultat à chaque
niveau. Qu’en pensez-vous ?
[Réponse]
Oui, car des stocks valorisés à un montant plus élevé conduisent à un résultat
immédiat plus élevé, et plus faible l’année où les stocks seront vendus. Non, à
l’impôt sur les sociétés près.
a) Oui, non à l’impôt sur les sociétés près. b) Oui, oui. c) Non, oui. d) Non,
oui. e) Oui, oui. f) Non, oui. g) Oui, non. h) Non, oui. i) Non, oui. j) Oui, oui.
Non car la dotation aux amortissements traduit une usure des immobilisations
et donc un appauvrissement qui n’est pas pris en compte dans la capacité
d’autofinancement ; non car les clients ne paient pas comptant, car les fournisseurs
ne sont pas payés comptant.
Ce sont des fonds qui sont gelés puisque non encore versés. C’est un besoin
supplémentaire dans la mesure où l’excédent brut d’exploitation devrait alimenter
la trésorerie, sauf pour cette partie.
Car elle inclut tous les composants de l’endettement net alors qu’il est aisé de
modifier en fin d’année la variation du disponible ou des valeurs mobilières de
placement, même sous déduction de la variation des dettes bancaires et financières
à court terme, en s’endettant à long terme.
Le Fur Y., Quiry P., « Faut-il calculer la variation du BFR en brut ou en net
dans un tableau de flux ? », La Lettre Vernimmen.net novembre 2006, no 52,
pages 7 à 8.
Paper X., « Variation de périmètre et de taux de change : quel impact sur les
états de flux de trésorerie ? », La lettre de Xavier Paper avril 2015, no 81, pages 1
à 2.
Dans les trois chapitres qui suivent, le lecteur deviendra un peu plus savant
et découvrira la logique qui sous-tend les principes comptables, le mode
d’établissement des comptes consolidés et les spécificités de leur lecture, sans
oublier les points complexes des comptes que doit maîtriser tout bon financier.
Chapitre 6
L’information comptable et extra-financière
6.1
6.2
Si les impératifs de publication des comptes peuvent varier très fortement d’un
pays à l’autre, trois autorités influencent la législation en matière de comptabilité :
déductibles que les charges constatées dans les comptes sociaux* Comptes sociaux et taxe
les produits enregistrés comptablement. D’où l’utilisation dans les comptes
sociaux de méthodes comptables parfois déconnectées de la réalité économique
mais à finalités fiscales ;
les autorités boursières pour les sociétés faisant appel public à l’épargne,
■
l’AMF* Autorité des marchés financiers (AMF)* AMF en France, l’ESMA* ESMA au niveau européen, la
SEC* SEC aux États-Unis.
En France, l’Autorité des normes comptables* Autorité des normes comptables (ANC) (ANC)* ANC
est l’entité chargée d’établir les règlements comptables généraux et sectoriels de la
comptabilité privée, en particulier le Plan comptable général* Plan comptable général (PCG)
(PCG* PCG) qui s’impose à toutes les entreprises françaises, a minima pour leurs
comptes sociaux. Elle apporte ses commentaires sur les projets de normes
comptables internationales (IFRS* IFRS).
6.3
L’IASB* International Accounting Standards Board (IASB) est un organisme privé fondé en 1973, avec
pour principaux objectifs :
Les normes comptables élaborées par l’IASB jusqu’en 2002 s’appellent des
IAS, International Accounting Standards* International Accounting Standards (IAS). Les nouvelles
normes élaborées depuis 2002 s’appellent désormais IFRS* IFRS (de manière
générale on parle des normes IFRS qui englobent également les normes IAS* IAS
encore en vigueur).
6.4
une dimension internationale pour les groupes cotés qui établissent leurs
■
Une version simplifiée des IFRS, IFRS pour PME, a été publiée en 2009. Son
application est autorisée dans plus de 80 pays, mais elle reste peu adoptée en
pratique dans le monde. Elle n’est pas autorisée en France, car elle conduirait à
modifier la base imposable des PME, ce que le fisc français n’accepte pas.
En France, les comptes sociaux sont fortement déterminés par des considérations
juridiques et fiscales. Les comptes consolidés, en normes françaises ou IFRS,
s’extraient de ces influences et sont fortement influencés par une vision
économique.
6.5
Les impératifs de publication des comptes peuvent varier d’un pays à l’autre.
Cependant, on retrouve des constantes dans la présentation des états financiers.
L’information comptable se compose en effet au minimum des éléments suivants :
■ un tableau de variation des capitaux propres* Tableau de variation des capitaux propres. Ce
tableau permet de comprendre la variation des capitaux propres d’un exercice sur
l’autre ;
6.6
En France, le Plan comptable général* Plan comptable général (PCG) impose, en particulier
aux sociétés par actions* Société par actions (SA, SAS et SCA, ainsi qu’aux SARL), la
publication de 3 documents sous des formes bien définies : le compte de résultat,
le bilan et l’annexe. Les micro-entreprises sont exonérées de l’établissement de
l’annexe si elles ne dépassent pas 2 des 3 critères suivants : total du bilan de
0,350 M€, 10 salariés et 0,7 M€ de chiffre d’affaires et peuvent présenter une
version simplifiée du compte de résultat et du bilan. Celle-ci peut aussi être
adoptée par les petites entreprises si elles ne dépassent pas 2 des 3 critères
suivants : total du bilan de 6 M€, 50 salariés et 12 M€ de chiffre d’affaires. Les
moyennes entreprises peuvent opter pour une présentation simplifiée du seul
compte de résultat, si elles ne dépassent pas 2 des 3 critères suivants : total du
bilan de 20 M€, 250 salariés et 40 M€ de chiffre d’affaires.
Les commissaires aux comptes sont nommés pour 6 exercices avec pour
objectif principal de vérifier la régularité, la sincérité et l’image fidèle des comptes
qu’ils attestent dans un rapport soumis aux actionnaires ou associés qui
approuvent les comptes en assemblée générale. Les commissaires aux comptes
sont responsables civilement et pénalement, tant à l’égard de la société que des
tiers, des conséquences dommageables des fautes et négligences qu’ils
commettent. Toutefois, leurs obligations ne sont pas de résultat, mais de moyens.
Les sociétés cotées sont tenues de publier leurs comptes annuels, en France,
dans les 4 mois suivant la clôture de l’exercice et de les mettre à la disposition des
actionnaires. Leurs comptes semestriels doivent être publiés dans les 3 mois
suivant la fin du premier semestre. Bon nombre de groupes cotés publient des
informations financières trimestrielles (chiffre d’affaires ou comptes complets),
mais ce n’est plus une obligation depuis 2015.
Les sociétés par actions et les SARL cotées ou non cotées ont l’obligation de
déposer leurs comptes au greffe du tribunal de commerce dont elles dépendent
dans le mois suivant l’approbation des comptes par les actionnaires ou les associés
(qui doit intervenir dans les 6 mois de la clôture). Ces comptes sont mis à
disposition du public par les greffes des tribunaux de commerce5, sauf si
l’entreprise est une micro-entreprise comme définie au paragraphe 6.6 et
demande qu’ils ne soient pas publiés. Les petites entreprises et les moyennes
entreprises, telles que définies au même paragraphe, peuvent, elles, demander que
seuls le bilan et l’annexe soient publiés, le compte de résultat restant confidentiel.
Près de la moitié des entreprises opte pour cette confidentialité.
Section 2 ■ Les principes comptables
6.9
La régularité* Régularité est obtenue en suivant les règles et les principes détaillés
dans le paragraphe suivant.
L’image fidèle* Image fidèle et sincère constitue le principe à suivre lorsque la règle
n’existe pas, ou lorsque celle-ci est insuffisante pour traduire la réalité. On a
recours à ce principe lorsqu’il n’y a pas de règles fixées pour résoudre un
problème donné, ou lorsqu’il existe plusieurs méthodes pour résoudre un même
problème et qu’un choix est nécessaire. Enfin, elle peut intervenir dans les cas
exceptionnels où l’application de la règle existante serait trompeuse.
La notion d’image fidèle n’a donc pour objet que de servir de référence à
ceux qui établissent les comptes de la société.
Cette notion française d’image fidèle et sincère est issue de la comptabilité
anglo-saxonne : true and fair view où elle prévaut sur les autres principes
comptables* Principes comptables. Dans les comptes sociaux français, ceci est rarement le cas,
compte tenu de l’influence fiscale dans leur conception puisqu’ils servent à la
détermination des impôts à payer.
6.10
Les règles comptables peuvent varier d’un pays à l’autre ; cependant, certains
principes comptables sont internationaux et ont été repris par l’IASB.
Par rapport aux principes français, les principes des IFRS se traduisent par :
estime en effet que puisque les actionnaires apportent les capitaux à risque de
l’entreprise (les capitaux propres), la production d’états financiers qui satisfont
leurs besoins satisfait de ce fait ceux de la plupart des autres utilisateurs des
comptes. On passe ainsi d’une comptabilité imprégnée des considérations
juridiques et fiscales à une information financière répondant avant tout aux
besoins des actionnaires ;
Les principes français et internationaux (pour certains d’entre eux) sont les
suivants :
6.11
6.12
c) Le principe du nominalisme
6.13
Le principe du nominalisme* Nominalisme (principe de) veut que les biens acquis par
l’entreprise soient inscrits à son bilan pour leur coût d’acquisition appelé coût
historique* Coût historique et qu’ils soient maintenus à ce prix au cours du temps, sauf à
être amortis ou dépréciés. Le nominalisme est également appliqué pour la
comptabilisation des dettes.
Ce principe est appliqué assez strictement dans les comptes sociaux où les
réévaluations sont rares. En comptes consolidés en revanche, les actifs peuvent
être réestimés, principalement lors de la première consolidation d’une filiale (où
cela est obligatoire), pour aboutir à une valeur économique qui reflète la valeur de
marché des actifs.
d) Le principe de prudence
6.14
C’est un grand principe de la comptabilité qui veut que les charges soient
prises en compte dès que leur réalisation est probable, voire éventuelle, mais que
les produits ne soient comptabilisés que lorsqu’ils sont réalisés. Le principe de
prudence* Prudence (principe de) conduit à déprécier, mais à ne pas faire apparaître les plus-
values latentes. Il est destiné à protéger en particulier les prêteurs contre des
comptes établis avec trop d’optimisme.
6.15
6.16
Ce principe indique que face à une opération complexe, il ne faut pas s’arrêter
à la seule lecture superficielle ou juridique de cette transaction mais rechercher sa
réalité économique. Tel actif loué en crédit-bail* Crédit-bail (location financière* Location
financière) n’appartient pas juridiquement à l’entreprise mais elle en a l’usage
économique permanent : il est donc légitime de retraiter cette opération en
comptabilisant l’actif comme s’il appartenait à l’entreprise avec une dette
financière en contrepartie (voir le paragraphe 8.69). Il ne s’applique
malheureusement pas dans les comptes français, sociaux ou consolidés.
6.17
Ce principe a pour objet d’apporter aux utilisateurs des documents comptables
une information suffisante et significative pour interpréter ceux-ci. En France, le
Plan comptable général précise que les informations comptables doivent donner
« une description adéquate, loyale, précise et complète des opérations, événements
et situations ». Selon l’IASB, l’information doit être également comparable : toute
mention chiffrée au titre d’une période doit être accompagnée du montant
correspondant pour la période précédente.
La notion de true and fair view* True and fair view des comptes anglo-saxons
correspond au principe de bonne information* Bonne information (principe de).
6.18
i) Le principe de non-compensation
6.19
Il existe des exceptions qui doivent être explicitement prévues. Ainsi, dans le
Plan comptable français, les rabais, remises et ristournes obtenus viennent en
diminution des achats. En normes IFRS, la présentation de la dépréciation d’une
créance douteuse assurée peut être nette de l’indemnité d’assurance à recevoir.
6.21
Comme l’on ne peut gérer que ce que l’on mesure, les entreprises,
volontairement ou sous la contrainte de régulateurs, publient un volume
foisonnant d’informations extra-comptables, principalement dans les domaines de
l’environnement et du social.
1 ■ La taxonomie européenne
6.22
Elle se met en place progressivement depuis 2021 afin d’aider les investisseurs
à mieux allouer leurs fonds vers les entreprises les plus concernées par la
transition énergétique, pour atteindre les objectifs européens de réduction des
émissions de gaz à effet de serre de 55 % d’ici 2030, et la neutralité carbone en
2050.
Des 6 objectifs de la taxonomie européenne, deux sont actuellement traités,
atténuation et adaptation au changement climatique, pour lesquels 13 macro-
secteurs ont été identifiés qui sont responsables de 93 % des émissions de gaz à
effet de serre : bâtiment, transport, énergie, etc. Dans ces secteurs, 90 activités ont
été identifiées pour lesquelles il existe des solutions technologiques permettant de
réduire au plus vite ces émissions et de protéger l’économie contre les effets du
changement climatique. Les autres secteurs et activités non couverts par la
taxonomie sont de faibles émetteurs de gaz à effet de serre ou des activités pour
lesquelles il n’existe pas encore de solutions technologiques leur permettant
d’effectuer leur transition énergétique.
L’objectif, bien sûr, est que les activités éligibles deviennent le plus
rapidement possible des activités alignées sur les critères de performance
environnementale, ce qui pourra ainsi être mesuré année après année.
6.23
européenne sur l’adoption des normes IFRS, s’est vu confier par cette dernière la
mission de développer des normes d’informations extra-financières, les European
Sustainability Reporting Standards* European Sustainability Reporting Standards (ESRS), ESRS* ESRS.
L’adoption de la directive CSRD (Corporate Sustainability Reporting Directive)
en 2022 prévoit l’application graduelle de ces normes en Europe à partir des
exercices 2024 et 20258 pour les grandes entreprises et 2026 pour les PME cotées
ou non. 13 projets de normes ont été publiés, 2 sur les principes généraux, 5 sur
l’environnement (reprenant les 6 objectifs européens), 4 sur le social (les salariés
de l’entreprise ; ceux de sa chaîne de valeur ; les communautés affectées ; les
consommateurs et utilisateurs finaux) et 2 sur la gouvernance (gouvernance,
gestion des risques et contrôle interne ; conduite des affaires). Sur chacun de ces
points, l’entreprise devra exposer sa stratégie, sa mise en œuvre et mesurer sa
performance. Les normes environnementales respecteront le principe de la double
matérialité pour présenter les effets de l’entreprise sur l’environnement, mais aussi
l’inverse.
De son côté, l’IFRS Foundation* IFRS Foundation a annoncé fin 2021 lancer son
propre référentiel de normes de reporting extra-financier à travers une entité sœur
de l’IASB* IASB, l’ISSB (International Sustainability Standards Board), et a publié
fin 2022 ses premiers projets de normes IFRS S* IFRS S, S pour sustainability. Ses
normes ont vocation à être appliquées par les entreprises utilisant les normes
IFRS, à l’exception des groupes européens qui suivront les normes ESRS de
l’EFRAG, probablement plus exigeantes en termes d’informations divulguées que
celle de l’ISSB.
Enfin, la SEC* SEC est sur le point d’imposer aux entreprises cotées aux États-
Unis, la publication de leurs volumes d’émissions de gaz à effet de serre (niveau 1
et 2), les risques environnementaux auxquels elles sont confrontées, et les mesures
prises pour y faire face.
Résumé
Ainsi en France, toute entreprise doit respecter pour ses comptes sociaux le
Plan comptable général qui est établi par l’Autorité des normes comptables.
Ces comptes sont établis en appliquant un certain nombre de principes qui sont
de plus en plus harmonisés au niveau international :
■le principe de bonne information entend que l’on délivre aux utilisateurs des
documents comptables contenant une information suffisante et significative ;
[Réponse]
[Réponse]
[Réponse]
[Réponse]
[Réponse]
[Réponse]
[Réponse]
[Réponse]
10/ Pourquoi ne pas avoir obligé toutes les entreprises, cotées ou non, à
appliquer dès 2005 les normes IFRS ?
[Réponse]
[Réponse]
12/ Quelles sont les limites aux obligations de publications des comptes ?
[Réponse]
Pour ne pas compter deux fois le même bénéfice qui aurait été comptabilisé
sur deux exercices différents du fait de l’utilisation sur chaque exercice de
méthodes différentes.
Non, les normes IFRS doivent être appliquées dans leur ensemble et
exclusivement.
Sur les capitaux propres car on corrige ainsi les résultats des exercices passés
qui se retrouvent naturellement en capitaux propres. On évite de surcroît des
tentations à des entreprises qui voudraient changer de méthodes comptables pour
doper leurs résultats !
Car ce sont des normes complexes établies dès le départ dans la perspective
des besoins des actionnaires de sociétés cotées. Le coût du changement pour des
PME serait élevé et sans gain évident.
Elles ne sont pas harmonisées au niveau européen, ne portent pas sur les
comptes consolidés et sont inégalement respectées selon les endroits.
Bibliographie
Allard B., Greling (de) J., « Une remise en question de l’approche bilan »,
Analyse financière, 4e trimestre 2010, no 37, pages 4 à 6.
Armstrong C., Barth M., Jagolinzer A., Riedl E., « Market reaction to the
adoption of IFRS in Europe », The Accounting Review janvier 2010, vol. 85, no 1,
pages 31 à 62.
Ball R., « International Financial Reporting Standards (IFRS): pros and cons
for investors, accounting and business research », International Accounting Policy
Forum, 2006, pages 5 à 28.
Nau V., Lefebvre A., « Normes IFRS : 10 ans, l’âge de raison ? », Option
Finance 12 octobre 2015, no 1336, pages 10 à 14.
PwC, Les Mémentos experts, IFRS 2023, Éditions Francis Lefebvre, 2022.
Stolowy H., Lebas M., Ding Y., Financial accounting and reporting: a global
perspective, 6e édition, Cengage, 2020.
7.1
L’objet des comptes consolidés est de présenter la situation financière d’un groupe
de sociétés comme si celles-ci ne formaient qu’une seule entité économique.
Ce chapitre a pour but de « mettre à l’aise » le financier face à ces problèmes
de consolidation. Aussi, nous sommes-nous efforcés de définir par des exemples
les principaux termes relatifs à la consolidation afin de faciliter la lecture des
comptes consolidés* Comptes consolidés.
Section 1 ■ Les méthodes de consolidation
7.2
En France, la consolidation est obligatoire dès lors que deux des trois critères
suivants sont remplis en consolidation : total de l’actif supérieur à 24 M€, chiffre
d’affaires supérieur à 48 M€, effectif moyen supérieur à 250 personnes.
Les comptes consolidés doivent être certifiés par les commissaires aux
comptes et soumis, avec le rapport de gestion du groupe, à l’assemblée générale
des actionnaires qui doit les approuver.
7.3
Soit, par exemple, une société mère qui possède une participation dans une
société fille, participation inscrite pour 20 à son bilan. Quelle que soit la méthode
de consolidation* Méthode de consolidation, les 20 de participation financière vont être
remplacés par tout ou partie des actifs et passifs de la société à consolider.
7.4
En normes IFRS, les comptes d’une fille sont consolidés par intégration
globale* Intégration globale lorsque la maison mère contrôle sa fille et comme cette société
fille est contrôlée, on l’appelle une filiale* Filiale. Une société mère contrôle une
filiale si elle détient le pouvoir dans cette filiale et est capable d’agir sur ses
résultats dont elle bénéficie directement ou indirectement. Ceci est présumé
lorsque :
cette dernière ;
Une société fille détenue à moins de 50 % peut donc très bien être consolidée
par intégration globale puisque le critère pertinent n’est pas un seuil de droit de
vote mais l’exercice réel ou potentiel d’un pouvoir exclusif. À la limite, une
entreprise peut devoir consolider par intégration globale une autre société dans
laquelle elle ne détient aucune action mais qu’elle contrôle néanmoins.
7.5
Cependant, lorsque la filiale n’est pas contrôlée à 100 % par la société mère,
il convient de faire apparaître au bilan et au compte de résultat consolidés les
droits des autres actionnaires de la filiale, dits « minoritaires », sur les capitaux
propres et les résultats de cette filiale.
Si l’on suppose l’absence d’écart entre le montant comptable des titres de
participation dans le bilan de la société mère et le montant comptable des capitaux
propres de la filiale revenant à la société mère (dit « survaleur » ou goodwill, sur
lequel nous reviendrons), la consolidation par intégration globale s’effectue de la
façon suivante :
7.6
■ Au bilan :
Les capitaux propres (résultats inclus) de la filiale sont ensuite éclatés entre :
■ la part correspondant aux intérêts de la société mère qui est ajoutée à ses
capitaux propres pour former les « capitaux propres part du groupe* Capitaux propres part du
groupe » ;
une ligne individualisée des capitaux propres située en dessous des capitaux
propres part du groupe.
7.7
■ Au compte de résultat :
Tous les postes de charges et de produits de la filiale sont ajoutés, poste par
poste, aux postes du compte de résultat de la société mère. Le résultat net de la
filiale est éclaté entre :
■ la part qui correspond aux intérêts de la société mère, qui est alors ajoutée au
résultat net de la société mère pour former le « résultat net part du groupe* Résultat net part
du groupe » ;
et la part qui correspond aux intérêts des tiers, qui est isolée sur une ligne :
■
7.8
Les bilans sociaux (c'est-à-dire non consolidés) de départ sont les suivants :
7.9
7.10
réserves de la société mère, auxquelles est ensuite ajoutée la quote-part dans les
capitaux propres, résultat de la participation exclu, qui revient à la société
mère ;
7.11
7.13
1 ■ Le périmètre de consolidation
7.14
7.15
7.16
Consolider par équivalence une filiale qui devrait l’être par intégration
globale permet de ne pas faire apparaître ses dettes dans le bilan consolidé du
groupe.
7.18
Il est très rare qu’une société fasse l’acquisition d’une autre société en payant
cette dernière pour le montant exact de ses capitaux propres comptables.
7.19
les actifs au bilan de la société acquise ont une valeur supérieure aux
■
des actifs peuvent très bien ne pas apparaître au bilan surtout si l’entreprise
■
est très rentable : marques, brevets, parts de marché que la société a constitués au
cours du temps sans vouloir ou pouvoir les comptabiliser ;
par accroissement des revenus, que l’acquéreur est prêt à payer pour partie aux
vendeurs ;
7.20
La différence entre le prix payé par la société mère pour ses titres de la
société acquise et la quote-part de la société mère dans les capitaux propres
réévalués de la société acquise est appelée écart d’acquisition* Écart d’acquisition. Plus
familièrement, on parle de goodwill* Goodwill ou de survaleur* Survaleur. Il apparaît à
l’actif du bilan du nouveau groupe en immobilisations incorporelles. Pour les
participations nouvellement mises en équivalence, le goodwill est calculé extra-
comptablement puisque leurs actifs et passifs n’entrent pas dans le bilan consolidé.
Il est ensuite ajouté aux autres goodwills.
7.21
À titre d’illustration, voici comment Saint-Gobain a enregistré dans ses
comptes l’acquisition de GCP Applied Technologies réalisée en 2022. Avant cette
opération, les bilans des deux groupes pouvaient se résumer ainsi :
Saint-Gobain a acquis 100 % de GCP pour 2,4 Md€ en numéraire payés avec
ses disponibilités.
Voici la réévaluation des actifs et des passifs de GCP qui a été effectuée :
soit un total net d’ajustements de 0,6 + 0,0 + 0,0 – 0,3 – 0,0 = 0,3 Md€. Le
montant de l’écart d’acquisition est donc de : 1,8 – 0,3 = 1,5 Md€.
7.22
En normes françaises, qui ne peuvent s’appliquer qu’à des groupes non cotés
(voir le paragraphe 6.4), l’écart d’acquisition est traité comme en normes IFRS
s’il n’y a pas de limite prévisible à sa durée d’utilisation. S’il y a une durée
prévisible, il est amorti linéairement11 sur cette durée ou sur 10 ans s’il n’est pas
possible de déterminer avec fiabilité cette durée. Il n’est plus possible d’imputer le
goodwill sur les capitaux propres. La méthode de la mise en commun
d’intérêts* Mise en commun d’intérêts12 (pooling of interest* Pooling of interests en anglais), qui consiste à
ne pas réévaluer les actifs et les passifs de la filiale et à ne pas faire apparaître de
goodwill, n’est possible que lors de restructurations internes à un groupe portant
sur au moins 90 % du capital de la filiale. C’est donc un cas très rare.
7.24
La survaleur, ou écart d’acquisition, est un actif comme un autre qui peut subir
des pertes de valeur brutales constatées par la technique de la dépréciation* Dépréciation
des écarts d’acquisition. Ce sont alors des charges non récurrentes que notre lecteur doit traiter
Certes la dépréciation n’est pas un flux, mais il est d’abord faux de penser
que seules les décisions qui modifient les flux affectent la valeur. Plafonner les
droits de vote des actionnaires, donner 10 droits de vote par action à certaines
catégories d’actions ne modifie pas les flux, mais réduit, aussi sûr que 2 et 2 font
4, la valeur des actions qui n’en bénéficient pas.
Déprécier une survaleur constatée sur une acquisition payée, c’est reconnaître
que ce qui a été acheté a été payé trop cher et que la rentabilité attendue n’est pas
au rendez-vous. Le mal est-il moindre si l’acquisition a été payée en actions ?
Non, que l’action de l’acheteur ait été elle aussi surévaluée au même moment n’y
change rien. Si l’entreprise avait fait une augmentation de capital en numéraire
plutôt qu’une acquisition surpayée, elle aurait alors profité d’un cours élevé pour
le plus grand profit de ses actionnaires d’alors et aurait pu utiliser ces liquidités
pour faire des acquisitions à des prix beaucoup plus raisonnables une fois
l’euphorie passée.
7.25
Il nous paraît donc parfaitement justifié dans ce cas de présenter des résultats
ajustés.
Section 3 ■ Les aspects techniques de la consolidation
7.26
Les règles comptables qui s’appliquent aux comptes consolidés peuvent ne pas
être les mêmes que celles qui s’appliquent aux comptes sociaux. C’est
particulièrement le cas en France où les comptes sociaux sont établis selon les
normes françaises, les comptes consolidés des sociétés cotées selon les normes
IFRS, et les comptes consolidés des sociétés non cotées selon les normes IFRS ou
selon d’autres normes comptables françaises spécifiques aux comptes
consolidés14.
Ces incidences sont éliminées dans les comptes consolidés et ceci est d’autant
plus aisé que ceux-ci ne sont pas établis dans la perspective de déterminer un
résultat fiscal soumis à l’impôt. Les sociétés peuvent donc s’affranchir, à ce
niveau, des règles fiscales en vigueur.
Les comptes consolidés peuvent être établis à une date différente de celle des
comptes annuels de la société consolidante. Lorsque la date de clôture des comptes
d’une société consolidée est antérieure ou postérieure de plus de trois mois à celle
de la société consolidante, les comptes consolidés sont établis sur la base de
comptes intermédiaires de l’entité consolidée.
Ayant homogénéisé les données de base, il est alors possible de les agréger en
vue de produire des comptes consolidés sous réserve d’élimination des opérations
intragroupe.
7.27
Si, par exemple, la société mère a vendu à ses filiales des produits à un prix
supérieur à leur prix de revient, elle fait apparaître à son niveau un bénéfice qui
peut être purement fictif si les produits ne sont que stockés par les filiales et non
revendus à l’extérieur du groupe. Il faudra donc éliminer ce profit purement fictif,
qui donnerait une image fausse de la réalité du groupe15.
celles qui modifient le passif ou l’actif des entités consolidées ou qui ne sont
■
pas fondamentales, car elles ne modifient pas le résultat net consolidé. Elles sont
éliminées par simple compensation et leur redressement a pour principal intérêt de
reconstituer le niveau réel de l’endettement du groupe :
□ etc. ;
celles qui sont au contraire très importantes car elles modifient le résultat
■
consolidé. Leur redressement est donc capital. Tout le problème est d’éviter de
faire apparaître deux fois les mêmes bénéfices (cumulés sur un exercice ou sur
deux exercices).
7.28
Les profits internes* Profit interne figurent à la fois dans le stock initial et dans le
stock final. Le profit sur stock final est éliminé du stock figurant au bilan et des
variations de stocks (au compte de résultat). Il vient donc diminuer le résultat de
l’exercice qui a été gonflé de ce profit fictif. Le profit sur stock initial ayant été
réalisé au cours de l’exercice précédent est éliminé des réserves et vient gonfler le
résultat de l’exercice. Au total, la différence profit sur stock initial - profit sur
stock final est ajoutée au résultat de l’exercice.
7.29
7.30
Il faut alors les déduire des produits financiers et les ajouter, pour le même
montant bien sûr, aux réserves.
d) Élimination des dépréciations et reprises internes
7.31
Une société mère est amenée à passer des dépréciations internes lorsque les
sociétés filles présentent des capitaux propres insuffisants (par rapport à la valeur
à laquelle leurs actions sont enregistrées dans les comptes de la société mère),
conséquence, par exemple, de pertes. La consolidation ayant pour objet de
substituer aux titres de participation les capitaux propres des sociétés filles, ces
dépréciations deviennent sans objet et doivent donc être éliminées sous peine d’un
double emploi au niveau des résultats et des capitaux propres.
Les dépréciations passées au cours des exercices antérieurs sont annulées par
un transfert aux réserves. Celles de l’exercice considéré sont tout simplement
contre-passées.
7.32
Le profit interne* Profit interne sur cessions de stocks a été éliminé (voir le
paragraphe 7.28). Il se retrouvera en fait dans le résultat consolidé de l’année
suivante par voie de rectification du stock d’ouverture. Il est donc logique
d’appliquer le même traitement à l’impôt sur les sociétés qui est relatif à ce profit
interne. Il sera alors déduit de l’impôt total sur les sociétés, et transféré, par
l’intermédiaire d’un compte d’impôts différés actifs, sur l’exercice suivant.
a) Le problème
7.33
La conversion des comptes* Conversion des comptes des sociétés étrangères est un
problème compliqué en raison des variations de taux de change et des différences
de taux d’inflation d’un pays à l’autre, qui créent des distorsions dans les comptes
de sociétés.
Soit par exemple une société mère, située dans la zone euro, détenant une
filiale située dans un pays à « monnaie faible »16.
b) Les méthodes
7.34
7.36
La « méthode du cours historique* Cours historique* Conversion (méthode du cours historique) » consiste à
effectuer la conversion de la façon suivante :
pour les éléments monétaires (liquidités ou sommes à percevoir ou à payer
■
7.37
monnaie locale des sociétés étrangères sont réévalués au moyen d’indices pour
tenir compte de l’inflation du pays, puis sont convertis au taux de clôture : cette
méthode, admise en France, est prescrite par les normes IFRS mais exclue aux
États-Unis ;
France, est prescrite aux États-Unis, mais est exclue en normes IFRS.
Résumé
Quand la société mère exerce une influence notable (a priori plus de 20 % des
droits de vote) sur sa société fille, on l’appelle participation et on a recours à la
méthode de la mise en équivalence. Le montant comptable des titres de
participation est remplacé par la part des capitaux propres (résultat compris) que
détient la société mère. Cette méthode revient en réalité à réévaluer chaque année
ces titres. Au compte de résultat du groupe, la quote-part de celui-ci dans le
résultat de sa participation apparaît sous le libellé « résultat mis en équivalence ».
[Réponse]
[Réponse]
3/ Quelles sont les critiques que l’on peut adresser à la méthode d’intégration
proportionnelle ?
[Réponse]
[Réponse]
[Réponse]
[Réponse]
7/ Dans quelle situation doit-on, dans l’analyse des comptes consolidés, traiter
différemment la part du groupe de celle des minoritaires ?
[Réponse]
8/ L’ouverture du capital d’une filiale à des actionnaires extérieurs au groupe
lors d’une augmentation de capital a-t-elle une conséquence sur le résultat du
groupe ? Est-ce un paradoxe ? Expliquez la raison.
[Réponse]
[Réponse]
[Réponse]
11/ En quoi et pourquoi les méthodes d’évaluation retenues pour les comptes
consolidés s’éloignent-elles de celles utilisées pour les comptes sociaux ?
[Réponse]
[Réponse]
13/ Pourquoi certains groupes ont-ils ressenti le besoin de publier des résultats
ajustés à la suite d'une acquisition ?
[Réponse]
[Réponse]
Exercices
[Réponse]
[Réponse]
[Réponse]
Compte de résultat :
[Réponse]
Elle est théorique car elle laisse supposer que le groupe détient des actifs de
100 par exemple alors qu’il n’a qu’un droit de 33,3 % sur 300 d’actifs.
Dans l’évaluation des actions car les actionnaires de la maison mère n’ont pas
droit à la part du profit des filiales qui revient aux actionnaires minoritaires de
celles-ci.
Dans les comptes consolidés, l’approche est économique alors qu’elle est
juridique ou fiscale comme dans les comptes sociaux.
Non, car l’impôt est calculé en France sur les comptes sociaux et non sur les
comptes consolidés.
Non, car A n’a pas émis de capitaux propres pour acquérir B. Voir l’exemple
au paragraphe 7.21
L’accord de A est requis pour les décisions les plus importantes de l’entreprise.
Elles ne peuvent être prises que si A et B sont d’accord. Dès lors A et B sont en
contrôle conjoint sur X.
Bibliographie
Colinet F., Paoli S., Pratique des comptes consolidés, 6e édition, Dunod, 2016.
Colle J.-P., Leduc Ph., « Les nouvelles règles d’allocation des goodwill », La
Lettre Vernimmen.net juillet 2009, no 78, pages 1 à 4.
8.1
Ce chapitre n’est pas un chapitre comme les autres. Il n’est pas conçu pour être
lu d’un bout à l’autre, mais pour être consulté ponctuellement lorsque notre lecteur
aura une difficulté d’interprétation, d’analyse ou de traitement d’un poste
comptable.
Voici classés par ordre alphabétique les principaux problèmes que peut
rencontrer notre lecteur.
8.2
Les actions autodétenues* Actions autodétenues sont des actions de la société que celle-ci
détient après les avoir acquises. Les actions autocontrôlées* Actions autocontrôlées sont des
actions de la maison mère détenues par des filiales contrôlées par celle-ci. Nous
verrons au chapitre 39 quelles sont les raisons de cette situation.
2 ■ Le traitement comptable
8.3
Dans les normes IFRS, elles sont systématiquement déduites des capitaux
propres. Si elles sont ultérieurement cédées, leur prix de vente viendra gonfler
d’autant les capitaux propres sans que l’éventuelle plus ou moins-value
n’apparaisse au compte de résultat.
3 ■ Le traitement financier
8.4
Dans tous les cas de figure, nous conseillons de retrancher les actions
autodétenues et autocontrôlées de l’actif et des capitaux propres. Nous considérons
que d’un point de vue financier, le rachat d’actions équivaut à une réduction de
capital (voir le paragraphe 39.13), que celle-ci soit juridiquement réalisée ou pas.
De la même façon, si ces actions sont cédées à l’avenir par l’entreprise, nous
conseillons d’analyser alors cette cession comme une augmentation de capital.
8.5
Les actifs de trésorerie* Actif de trésorerie correspondent aux placements à court terme
des excédents de trésorerie de l’entreprise (voir les paragraphes 52.29 et
suivants).
8.6
En normes françaises et IFRS, les actifs de trésorerie sont évalués sur la base
de leur valeur de marché avec dégagement des plus et moins-values éventuelles
dans le compte de résultat en produits financiers.
En période de taux sans risque à court terme négatif comme dans la zone euro,
en Suisse ou au Japon entre 2015 et 2022, il convient d’être particulièrement
vigilant aux actifs de trésorerie générant une rentabilité nulle ou positive, qui ne
peuvent pas ne pas comporter des prises de risques.
8.8
En complément, la dépréciation* Dépréciation (ou perte de valeur* Perte de valeur) d’un actif
pourra également être constatée pour refléter, par exemple, l’obsolescence
technologique d’un bien, sa détérioration ou simplement la baisse de son prix de
vente estimé. Une perte de valeur peut également être constatée au niveau du
goodwill payé, si celui-ci s’est déprécié du fait d’une baisse de la valeur de la
filiale depuis son acquisition.
8.9
toute entreprise doit amortir les actifs concernés pour un montant annuel
■
à la nature et au rythme d’usure de ses actifs. Cependant dans les comptes sociaux,
les règles d’amortissement retenues sont souvent influencées par des
considérations fiscales.
8.10
Les systèmes susceptibles d’être utilisés par l’entreprise sont les suivants :
l’amortissement variable* Amortissement variable n’est pas lié à une suite mathématique
■
Voici l’exemple d’un bien d’une valeur de 1 000 amortissable sur 5 ans. Deux
techniques d’amortissement sont comparées dans le tableau suivant :
l’amortissement linéaire et l’amortissement dégressif (coefficient de 1,75).
1. Lorsque l’annuité d’amortissement devient inférieure au quotient de la valeur comptable nette par le
nombre d’années à courir, l’entreprise est tenue de passer au système linéaire.
8.11
8.12
la valeur d’usage* Valeur d’usage, issue de l’actualisation des flux futurs de trésorerie
■
générés ;
le prix de marché net qui pourrait être obtenu dans une transaction équilibrée
■
entre parties consentantes et bien informée, sous déduction des frais de cession.
8.13
8.14
Les capitaux propres* Capitaux propres comptables représentent les fonds apportés par
les actionnaires à la constitution de la société ou ultérieurement, ou laissés à sa
disposition en tant que bénéfices mis en réserve, c’est-à-dire non distribués sous
forme de dividendes ou de rachats d’actions. Certains utiliseront le terme fonds
propres* Fonds propres ou actif net* Actif net comme synonymes de capitaux propres.
8.15
□du capital social* Capital social et des primes (d’émission, de fusion, d’apport,
etc.) ;
dans les comptes consolidés elles ont été retraitées et n’apparaissent plus).
8.16
■ En normes IFRS :
8.17
Pour passer d’une vision comptable des capitaux propres à une vision
financière de ceux-ci :
il convient de retrancher le capital souscrit non appelé* Capital souscrit non appelé (ou
■
capital non libéré). En effet, en termes de solvabilité, ce capital, qui n’est pas
versé, est encore une non-valeur* Non-valeur pour l’entreprise ;
8.18
commercial ?
client ?
8.19
Les comptes courants d’associés* Comptes courants d’associés sont des fonds prêtés par les
associés (ou les actionnaires) de la société. En l’absence de clause particulière, ils
sont exigibles à tout moment.
8.20
8.21
8.22
Les comptes de régularisation* Compte de régularisation* Régularisation (compte de) enregistrent des
charges et des produits comptabilisés pendant un exercice mais qui concernent un
exercice ultérieur.
8.23
des charges constatées d’avance* Charges constatées d’avance : il s’agit de charges qui
■
comptabilisés avant que les prestations ou fournitures les justifiant n’aient été
effectuées ou livrées. Ainsi un magazine de grande qualité comme le mensuel
Philosophie Magazine comptabilise-t-il, au passif de son bilan au 31 décembre, les
abonnements annuels reçus le 1er juillet pour la moitié de leur montant.
Citons également les charges à payer et produits à recevoir qui procèdent de
la logique inverse des charges et produits constatés d’avance.
Les charges à répartir* Charges à répartir sur plusieurs exercices tant en normes
françaises qu’en normes IFRS doivent, selon le cas, être incorporées au coût
d’entrée de l’immobilisation ou comptabilisées en charges de l’exercice. En
normes françaises, seuls les frais d’émission d’emprunts peuvent encore apparaître
en charges à répartir à l’actif du bilan.
8.24
Les produits et les charges constatés d’avance sont des éléments du besoin en
fonds de roulement d’exploitation.
8.25
La CVAE* CVAE (cotisation sur la valeur ajoutée des entreprises* Cotisation sur la valeur ajoutée des
entreprises (CVAE)) est calculée au taux de 0,375 % de la valeur ajoutée dès lors que le
chiffre d’affaires est supérieur à 50 M€. En deçà de 0,5 M€, le taux est nul. Entre
0,5 M€ et 50 M€ de chiffre d’affaires, le taux est progressif entre 0,125 % et
0,375 %.
8.26
Appelons un chat un chat. L’impôt sur le résultat est un impôt sur le résultat
et un résultat ce n’est pas un solde (la valeur ajoutée) à mi-chemin du compte de
résultat. La CVAE doit être classée avec les impôts et taxes, parmi les charges
d’exploitation, et non avec l’impôt sur les résultats.
À défaut, cela ne signale pas une bonne qualité des comptes et nous
conseillons à notre lecteur de retraiter les comptes en conséquence.
■ Les écarts de conversion
8.28
Ils résultent des fluctuations des taux de change qui modifient la valeur en
monnaie nationale des dettes et créances libellées en devises.
8.29
Soit ainsi une créance de 100 livres sterling, initialement comptabilisée pour
130 €. À la date de clôture, la parité de change étant de 1,2 € pour 1 £, la créance
ne vaut plus que 120 € et c’est pour ce montant qu’elle est désormais inscrite au
bilan. Pour garder l’équilibre bilanciel, un écart de conversion actif* Écart de conversion actif de
10 € est inscrit au bilan. Par ailleurs, une provision pour risques de 10 € est
inscrite au passif du bilan avec une dotation pour risque en contrepartie au compte
de résultat (en moins du chiffre d’affaires).
8.30
Les écarts de conversion actifs sont à soustraire des provisions pour risques au
bilan et les écarts de conversion passifs sont à ajouter aux capitaux propres. Ainsi,
un actif qui n’en est pas un, l'écart de conversion, disparaît du bilan ; un gain latent
(l’écart de conversion passif) est ajouté aux capitaux propres, et dettes et créances
restent en valeur de marché sur la base du taux de change de la clôture et non de
l’inscription initiale.
■ Les engagements de retraites et les avantages au
personnel
8.31
les régimes à « cotisations définies »* Régime à cotisations définies par lesquels l’employeur
■
8.32
Le cas échéant, dans les pays où existent des fonds de pension autonomes qui
gèrent les engagements sociaux de l’entreprise, la valeur de marché des actifs du
fonds de pension vient s’imputer sur la valeur actuarielle de l’engagement. La
méthode utilisée pour évaluer la valeur actuarielle est dite « méthode des unités de
crédit projetées* Méthode des unités de crédit projetées » qui simule la projection des services rendus
par l’ensemble du personnel de l’entreprise à la date de l’évaluation, compte tenu
d’hypothèses actuarielles (démographiques, de rotation du personnel, etc.). Le
taux d’actualisation retenu est celui des obligations d’entreprises de première
catégorie, en pratique celles notées AA.
8.33
des normes comptables dont les recommandations sur ce thème sont très proches
des normes IFRS.
Lors de la première comptabilisation d’une provision pour retraite, si les
services passés sont retenus, les entreprises imputent la charge de retraite
correspondant aux exercices antérieurs en totalité sur les capitaux propres.
8.34
la valeur actuelle des droits acquis par les salariés au cours de l’année
■
8.35
Lorsque la provision pour retraite est égale au déficit des actifs de retraite par
rapport aux engagements, nous conseillons d’assimiler cette provision à une dette
financière. À défaut, il convient de la compléter pour qu’elle soit égale à cette
différence, ce qui diminue d’autant le montant des capitaux propres. C’est le passé
qui est ainsi pris en compte.
8.36
8.37
soit une incidence positive sur les comptes et ils ne sont alors pas
■
soit une incidence négative qui, si elle est probable, débouche sur la
■
constitution dans les comptes d’une provision, ou si elle est éventuelle, d’une
information en annexe aux comptes ; on parle alors d’engagements donnés.
engagements de rachat de participations qui ont peu de chance d’être exercés, des
garanties données sur des financements obtenus dans le cadre de titrisations, des
engagements fiscaux de conservation de titres, etc. ;
financières reçues ou données, des lignes de crédit accordées à des tiers ou reçues
mais non encore utilisées, etc. ;
Il convient de noter que la notion même de hors bilan n’existe pas en IFRS.
Ces normes préconisent de comptabiliser l’ensemble des éléments dans le bilan.
8.38
1. Et toujours en normes IFRS, sauf s’ils sont sans recours contre l’entreprise.
8.39
8.40
8.41
Dans les comptes consolidés, les créances sont réintégrées au poste clients et
en dettes bancaires si l’entreprise n’a pas transféré d’une part les droits
contractuels au paiement et d’autre part les risques et avantages associés aux
créances cédées. Un point clé (même s’il peut ne pas être suffisant) est de savoir si
l’acquéreur de la créance dispose de recours contre l’entreprise en cas de non-
paiement de la créance à son échéance.
C’est pour cela que les banques proposent aussi la technique de l’escompte
ou de l’affacturage sans recours, qui est une cession pure et simple de créances
commerciales sans possibilité de recours ultérieur de la banque contre son client si
l’effet est impayé. Cette technique permet généralement de sortir complètement
les créances cédées du bilan de l’entreprise.
8.42
D’un point de vue financier, que la cession de créances soit sans recours ou
non, il convient de réintégrer le montant des créances cédées aux créances clients
d’une part et aux dettes financières à court terme d’autre part. En effet, l’analyste
souhaitera reconstituer le besoin en fonds de roulement normal, sans quoi le
niveau du besoin en fonds de roulement et son évolution ne pourront être analysés
et comparés aux autres sociétés du secteur.
8.43
8.44
Certains actifs corporels peuvent être très importants ; ils ont pu se revaloriser
(un siège social, un magasin, une usine dans le cœur d’une ville, etc.) et ne plus
correspondre du tout à leur montant comptable.
Dans les comptes sociaux, les immobilisations corporelles sont évaluées sur
la base de leur prix d’acquisition minoré des dotations aux amortissements et des
pertes de valeur. Toute réévaluation dégageant des plus-values entraîne une
imposition, à moins que l’entreprise ait des reports fiscaux déficitaires suffisants
ou que la réévaluation s’inscrive dans le cadre d’une loi prévoyant expressément
la neutralité fiscale7. Dans les comptes consolidés (normes françaises), pour
lesquels cette préoccupation fiscale n’existe pas, seuls sont réévalués dans la
pratique les actifs des sociétés acquises lors de leur première consolidation (voir le
paragraphe 7.20).
Notons qu’en IFRS ainsi qu’en normes américaines, les frais financiers
intercalaires* Intérêts intercalaires sur les immobilisations produites doivent être intégrés à la
valeur de l’actif (à condition qu’ils soient clairement identifiés et que le temps de
production soit suffisamment long). La France a suivi en ce domaine en prévoyant
la possibilité d’inclure les frais d’emprunts liés au coût d’acquisition ou de
production d’immobilisations « lorsqu’il est probable qu’elles donneront lieu à des
avantages économiques futurs pour l’entreprise et que leur coût peut être évalué de
façon fiable ».
8.45
8.46
8.47
Les frais d’établissement* Frais d’établissement sont des dépenses engagées à l’occasion
d’opérations qui conditionnent la création ou le développement de l’entreprise
comme les frais de constitution, de prospection et de publicité lors du début de
l’activité, et les frais d’augmentation de capital, de fusion, de transformation, etc.
8.48
Le raisonnement financier est simple : ces frais sont des « non-valeurs* Non-valeur »
qui ne représentent rien, et doivent donc être déduits du montant des capitaux
propres de l’entreprise. Une société qui les active ne signale pas une grande
rigueur dans la tenue de ses comptes.
■ Les frais de recherche et de développement
8.50
8.51
produit ou le projet ;
l’existence d’un marché pour le produit ou le projet ou, s’il est à usage
■
8.52
8.53
Il s’agit des marques* Marques ou des fonds de commerce* Fonds de commerce acquis
directement, ou à travers une entreprise, auprès de tiers et valorisés lors de leur
première consolidation ou de celle de l’entreprise qui les détient.
8.54
Les marques ne sont pas comptablement valorisées si elles n’ont pas été
acquises. Il y a donc là déficience de la comptabilité, qui est particulièrement
importante dans le cas des industries de grande consommation (agroalimentaire,
textile, automobile, etc.) ou des industries de luxe, tout particulièrement dans une
optique de valorisation de la société. En effet, ces marques ont une valeur
considérable, et ne pas en tenir compte dans l’évaluation d’une société de ces
secteurs est tout simplement impensable. Comme nous l’avons vu au paragraphe
7.20, lors de l’acquisition d’une entreprise, l’affectation de l’écart de première
consolidation à des marques se traduit par le développement de ces actifs dans le
bilan des groupes. Ainsi Kering comptabilise des marques pour plus de 7 Md€ à
son bilan représentant 34 % de son actif économique. L’amortissement d’une
marque n’étant pas fiscalement déductible en France, une pratique assez
généralisée de non-amortissement de cet actif s’est développée ; au plus, l’actif
sera déprécié.
Les parts de marché* Part de marché ne peuvent pas, en normes IFRS ou françaises,
être comptabilisées au bilan. Il en est de même pour les dépenses de formation ou
de publicité qui sont donc des éléments du goodwill (voir le paragraphe 7.18),
non identifiés en tant que tels. En revanche, les listes de clients, les contrats de
franchise, les brevets* Brevet, les logiciels* Logiciels développés en interne peuvent être
activés en immobilisations incorporelles suite à un regroupement d’entreprises.
Les fonds commerciaux peuvent être comptabilisés au bilan en normes
françaises9, mais pas en normes IFRS.
8.55
Ces immobilisations ont le plus souvent une grande valeur dans une optique de
valorisation, bien qu’étant incorporelles. Que vaut une entreprise de haute couture,
de produits de consommation courante sans ses marques ?
Cela dit, la valeur des marques, des fonds de commerces, des parts de marché
inscrites au bilan sera sujette à caution si la rentabilité de l’entreprise est faible car
leur fondement économique est justement d’apporter un surcroît de rentabilité.
■ Conclusion
8.56
Pour un financier, les actifs incorporels, créés ou acquis, sont fondamentaux pour
la valorisation de l’entreprise. Cependant, nous pensons que la valorisation
comptable des actifs incorporels est un pur formalisme qui a peu à voir avec la
réalité financière. Certains sont comptabilisés parce qu’ils ont été acquis. D’autres
ne le sont pas car ils ont été créés. Où est la logique ?
■ Les impôts différés actifs ou passifs
8.57
La situation fiscale différée ou latente qui génère des impôts différés actifs ou
passifs provient de différences entre les valeurs fiscales et les montants
comptables des actifs et des passifs.
Dans les autres cas, une différence provisoire apparaît. Celle-ci peut résulter
du passage du résultat comptable au résultat fiscal : comptablement, la charge a
été constatée ; fiscalement, elle ne l’est pas encore (participation des salariés par
exemple) ou vice versa.
8.58
Au bilan, le montant pour lequel un actif ou un passif est inscrit peut être
différent de sa valeur fiscale. Selon les cas, ces différences peuvent être sources
d’imposition future et donc de passifs d’impôts différés tandis que d’autres
peuvent donner lieu à des déductions futures et donc à des actifs d’impôts différés.
qu’à des déductions fiscales inférieures à leur montant comptable. Le cas le plus
fréquent est la réévaluation d’actifs lors de la première consolidation d’une filiale,
actifs qui entrent alors au bilan consolidé pour un montant supérieur à la valeur
fiscale utilisée pour le calcul des amortissements fiscalement déductibles ou lors
du calcul des plus-values ou moins-values fiscales de cession ;
les produits dont l’imposition est différée, comme les produits financiers
■
courus qui ne seront imposables qu’une fois échus, les plus-values de cession ou
de fusion dont l’imposition est étalée ou les subventions d’investissement.
8.59
Dans les comptes sociaux, la méthode très généralement retenue en France est
celle de l’impôt exigible : autrement dit, il n’y a pas alors constatation d’impôt
différé actif ou passif.
Il n’est pas comptabilisé d’impôts différés passifs sur les écarts d’acquisition
dont la dépréciation éventuelle n’est pas fiscalement déductible. Il en est de même
des impôts dus par l’entreprise consolidante en raison de ses distributions
puisqu’ils viennent directement en diminution de ses capitaux propres.
8.60
8.61
Un groupe réalise une perte comptable et fiscale, avant impôt, de 100. D’un
point de vue fiscal, l’impôt dû est de zéro. D’un point de vue comptable, et dès
lors que l’entreprise pense avoir de bonnes chances, à l’avenir, de réaliser des
profits lui permettant d’utiliser ce report fiscal déficitaire, la perte de 100 sera
réduite d’un crédit d’impôt de 2510. La perte s’établira donc comptablement à 75.
Pour permettre l’équilibrage des documents comptables, un impôt différé actif sera
créé à l’actif du bilan pour 25.
Cet exemple montre bien que l’impôt différé actif a été créé par réduction du
montant de la perte comptable nette et donc en diminuant d’autant moins les
capitaux propres. D’un point de vue financier, il n’a de valeur que pour autant que
l’exploitation future soit capable de générer des profits suffisants. Mais il ne
constitue pas un actif au sens classique du terme que l’on pourrait céder contre des
liquidités12. Il n’est surtout pas un élément du BFR car il ne résulte pas d’un
décalage entre une facturation et un paiement. On le considérera comme un actif
immobilisé ; au pire, on l’imputera contre les capitaux propres si l’on a des vrais
doutes sur la capacité bénéficiaire future de l’entreprise.
8.62
Soit un groupe profitable de 100 par an avant impôt. Cette année, il doit passer
une provision de 100 pour un risque qui pourrait intervenir dans 3 ans. Le résultat
net fiscal est de 75 puisque la provision n’est pas fiscalement déductible et que
l’impôt payé est de 25. D’un point de vue comptable, la provision de 100 étant
une charge, le résultat net est de 0. L’impôt effectivement payé (25) figure au
compte de résultat, mais il est neutralisé par un produit d’impôt différé de 25 qui,
pour maintenir l’équilibre comptable, figure aussi à l’actif du bilan pour 25, en
impôt différé actif. Au total, l’impôt apparaît en net pour 0 au compte de résultat.
Dans 3 ans, toutes choses égales par ailleurs, le résultat net fiscal sera de 0
puisque la charge se matérialise et est fiscalement déductible. L’impôt
effectivement payé cette année est donc de 0. Comptablement, la reprise de
provisions neutralise la charge, le résultat avant impôt est donc de 100 – 100 + 100
= 100. L’impôt comptabilisé est de 25 et se décompose en 0 d’impôt payé et 25
constaté par prélèvement sur l’impôt différé actif inscrit au bilan 3 ans auparavant,
qui est ainsi soldé. D’où un résultat net de 75.
L’impôt différé actif constaté au bilan pendant 3 ans a pour contrepartie des
capitaux propres plus élevés de 25. Il correspond à un impôt déjà payé mais est
considéré comptablement comme une charge future. À la différence d’un stock de
matières premières qui a été payé et qui sera aussi une charge future, il n’a aucune
valeur vénale.
8.63
Soit un groupe qui acquiert une nouvelle filiale qui possède un terrain inscrit
au bilan à sa valeur d’acquisition initiale de 100. Ce terrain est réévalué dans les
comptes consolidés à 150.
8.64
Leur objet est de couvrir un risque financier lié à une variation des taux de
change, des taux d’intérêt, des prix des matières premières (voir le chapitre 53).
Celui-ci peut naître d’une opération commerciale (créance en devise par exemple)
ou financière (comme une dette à taux variable). Ils font appel à des produits
dérivés : options, futures, swaps, etc. (voir le chapitre 53).
8.65
Pour simplifier très largement, le principe de base est que les instruments
financiers de couverture doivent être comptabilisés au bilan à leur juste valeur
(donc généralement à leur valeur de marché) et leurs changements de valeur
doivent être comptabilisés au compte de résultat.
■la couverture de la valeur d’un actif ou d’un passif (« fair value hedge* Fair Value
hedge ») ;
■ la couverture d’un flux de trésorerie futur (« Cash flow hedge* Cash-flow hedge »).
8.66
Par principe, les créances et les dettes sont comptabilisées à leur coût
historique (coût amorti) alors que les instruments financiers sont comptabilisés à
leur juste valeur. L’application de ces principes pourrait aboutir à une absurdité.
Prenons l’exemple d’une entreprise qui couvre une dette à taux fixe par un swap.
Si l’entreprise clôture son exercice annuel avant l’échéance de la dette, le
changement de la valeur de la dette n’impacte pas le compte de résultat alors que
le changement de valeur du swap l’impacte ; et ce bien que les deux peuvent
parfaitement se compenser !
8.67
Prenons l’exemple d’un producteur de chocolat qui couvre l’achat futur de
cacao par un achat à terme. Il clôture son exercice annuel après la mise en place de
la couverture mais avant l’achat effectif du cacao. Si le cours du cacao a baissé
depuis la mise en place de la couverture, le principe de la juste valeur appliqué aux
instruments financiers voudrait que l’entreprise constate une perte au titre de la
variation de valeur du contrat à terme. Ceci n’est pas logique car cette perte
n’existe que parce que l’entreprise a voulu fixer de manière certaine à l’avance le
prix d’achat de son cacao afin d’éliminer son risque.
3 ■ Le traitement financier
8.68
Le financier devra avant tout essayer de vérifier que les instruments financiers
ne recoupent pas des opérations de spéculation (et ce indépendamment de l’option
de comptabilisation qui a été possible). Il devra également tenter de séparer les
opérations de couverture entre opérations commerciales et opérations financières.
8.69
D’un point de vue économique, les locations* Location peuvent être de deux
sortes :
financement* Location financement, de finance lease* Financial lease ou capital lease* Capital lease (normes
américaines). Le locataire peut devenir (ou être considéré en substance), dans
certains cas, propriétaire de l’actif ;
d’une part, il est utilisé par l’entreprise comme un moyen de financer des
■
du contrat :
8.70
8.71
Pour définir le montant inscrit en tant que droits d’usage au bilan, il convient
d’actualiser les loyers prévus sur la durée probable du contrat de location, a priori
9 ans pour un contrat 3-6-9. Le taux d’actualisation est soit le taux d’intérêt
implicite qui ressort du contrat de location (financière), soit le taux d’intérêt
marginal auquel l’entreprise pourrait s’endetter pour financer l’acquisition de
l’actif pris en location simple. L’actif est ensuite amorti linéairement sur la durée
de vie du contrat de location. En contrepartie de ce nouvel actif, l’entreprise inscrit
une nouvelle dette financière à son passif. Cette dette se réduit chaque année d’un
montant correspondant au loyer versé moins les frais financiers calculés au taux
d’intérêt. Les premières années, la dette de location est donc plus élevée que le
montant de l’actif de location.
On ne peut donc pas comparer les marges d’EBE ou d’exploitation entre les
groupes américains et ceux suivant les normes IFRS.
8.72
8.73
Les emprunts convertibles* Emprunts convertibles sont représentés par des obligations
que leurs possesseurs peuvent convertir en actions de la société émettrice (voir le
paragraphe 26.12). La conversion est donc à l’initiative de l’investisseur. Si elles
ne sont pas converties, elles sont remboursées à maturité en numéraire.
8.74
Les obligations convertibles* Obligation convertible sont inscrites en dettes dans les
comptes sociaux comme dans les comptes consolidés français.
8.75
8.76
Soit une obligation émise pour 100 ; elle verse des intérêts à 5 % et est
remboursée à 110 dans 3 ans. Le taux actuariel de cet emprunt est de 8,08 %14
même si l’intérêt versé chaque année n’est que de 5 %.
8.77
8.79
De la même façon, si la filiale est valorisée à cette occasion pour une valeur
inférieure à ses capitaux propres comptables, une perte non récurrente, appelée
perte de dilution* Perte de dilution, sera enregistrée.
8.80
Soit ainsi une maison mère qui a acheté 200 une participation de 50 % dans
une filiale disposant de 100 de capitaux propres. Une augmentation de capital de
80 intervient sur la base d’une valeur totale de la filiale de 400 ; la société mère ne
la suivant pas, sa part est diluée de 50 % à 41,7 %. La quote-part des capitaux
propres de la filiale qui revient à la maison mère passe ainsi de : 50 % × 100 = 50
à 41,7 % × (100 + 80) = 75, d’où un profit non récurrent de 75 – 50 = 25. Ce profit
de 25 correspond exactement à celui qui aurait été réalisé par un actionnaire qui
aurait cédé 50 % – 41,7 % = 8,3 % sur la base d’une valeur de 400, et avec un prix
de revient de 100 pour 100 %. En effet, 25 = 8,3 % × (400 – 100).
Au contraire des normes françaises, les normes IFRS prévoient que le profit
de dilution ne passe pas par le compte de résultat, mais est directement inscrit en
capitaux propres dès lors que la dilution n’entraîne pas de perte de contrôle.
8.81
8.82
Le terme de provision* Provision est un terme sous lequel sont rangés des éléments
tout à fait différents. On distingue deux types de provisions :
les provisions pour risques et les provisions pour charges* Provision pour risques et charges
■
fiscales, et ne sont pas liées à des pertes ou charges futures. Elles ne constituent
donc pas, à proprement parler, des provisions.
8.83
8.84
Les normes IFRS sont aussi sévères dans leur approche des conditions
permettant de passer une provision pour restructuration et sur la communication
qui doit être faite en annexe (nombre de sites fermés, date de fin prévue du
programme de restructuration, etc.).
3 ■ Le point de vue financier
8.85
Toute la question est de savoir s’il faut ranger ces dotations aux provisions en
résultat d’exploitation ou en résultat non récurrent. Certains groupes classent les
provisions pour restructuration de productivité en exploitation et celles pour
cessation d’activité avec les éléments non récurrents. Ceci pourrait être acceptable
si l’analyste externe avait les moyens de vérifier la ventilation entre les deux
catégories… D’autres n’ont pas cette subtilité et les classent intégralement en
éléments non récurrents.
Pour notre part, nous considérons qu’à une époque où les mutations
technologiques sont rapides et les plans d’optimisation des coûts ou de
« performances » se succèdent, les provisions pour restructuration ont le plus
souvent, pour les grands groupes, un caractère structurel qui doit les faire rattacher
au résultat d’exploitation. Il peut en être autrement dans les PME où le caractère
non récurrent est plus marqué.
8.86
La provision pour remise en état de site* Provision pour remise en état de sites ou pour
démantèlement est comptabilisée par les entreprises industrielles qui devront, à la
fin de l’utilisation d’un site, le remettre en état (mine, site pollué, etc.) ou le
démanteler (centrale nucléaire…).
8.87
8.88
D’un point de vue financier, ces engagements doivent être considérés comme
de l’endettement net et la charge annuelle de « désactualisation » comme des frais
financiers.
■ Les provisions réglementées
8.89
8.90
8.91
Les provisions pour investissement* Provision pour investissement sont assimilables dans
leur totalité à des réserves dans la mesure où il est improbable qu’elles soient
fiscalement reprises (l’entreprise réalisant, dans les 24 mois suivant leur
constitution, des investissements au moins égaux à leur montant). Les dotations
sont à prendre en compte, nettes des éventuelles reprises, dans le calcul de la
capacité d’autofinancement.
Les provisions pour hausse des prix* Provision pour hausse des prix sont assimilables pour
(1 – taux de l’impôt) × leur montant à des capitaux propres et pour le taux de
l’impôt × leur montant à des dettes fiscales, puisqu’elles seront fiscalement
reprises. Ces provisions ont fréquemment un aspect récurrent, les dotations étant
souvent supérieures aux reprises. Il y a là en quelque sorte un effet de roulement.
Cette répartition est approximative, mais elle est suffisante dans une première
approche. En effet, elle ne tient pas compte du moment où les provisions seront
reprises au compte de résultat. Une analyse plus fine, en vue d’évaluer la valeur
des capitaux propres par exemple, conduit à actualiser les impôts à payer, le solde
de la provision étant rattaché aux capitaux propres.
Les dotations aux provisions pour hausse de prix, nettes des reprises, sont
également retenues pour le calcul de la capacité d’autofinancement.
D’un point de vue financier, les provisions permettent à l’entreprise de lisser son
résultat net. Lors d’un mauvais exercice, l’entreprise ne dotera pas ou faiblement
ces provisions et procédera à des reprises importantes. À l’inverse, lors d’une
bonne année, l’entreprise utilisera au maximum les possibilités de dotation qui lui
sont offertes.
Toutes ces provisions réglementées doivent être isolées sur une ligne
particulière du compte de résultat. Elles ne constituent pas en effet une charge,
mais correspondent à une répartition du bénéfice dans le temps.
■ Les stocks
8.92
Les stocks* Stocks comprennent les biens qui interviennent dans le cycle
d’exploitation de l’entreprise pour être :
premières et marchandises) ;
8.93
Les coûts doivent être calculés sur la base d’un niveau normal d’activité, car
imputer aux stocks le coût de la sous-activité reviendrait à reporter des pertes sur
les exercices ultérieurs et à gonfler artificiellement le résultat de l’exercice en
cours. En réalité, ce calcul est rarement fait, et nous conseillons au lecteur d’être
attentif à ce phénomène, en particulier en période de mauvaise conjoncture.
Les normes françaises prévoient que les intérêts intercalaires16 peuvent être
inclus dans le coût des stocks si ceux-ci nécessitent un temps de production
important et les normes IFRS l’imposent17. Les normes américaines considèrent,
elles aussi, que les frais financiers peuvent être incorporés au coût des stocks dans
certains cas.
Dans tous les secteurs où les stocks représentent une part non négligeable de
l’actif, nous recommandons fortement au lecteur de comprendre l’incidence de la
valorisation des stocks sur les résultats de l’entreprise.
8.94
Il existe quatre méthodes principales de valorisation des stocks* Valorisation des stocks :
Les trois premières sont utilisées pour les éléments fongibles. La méthode du
coût moyen pondéré consiste à valoriser les sorties du stock au coût moyen
pondéré, rapport du total des coûts d’acquisition sur les quantités acquises. La
méthode FIFO (first in, first out) valorise les sorties de stock au coût de l’article le
plus ancien dans le stock. La méthode LIFO (last in, first out) valorise les sorties
de stock au coût de l’article le plus récent dans le stock. La méthode du coût
d’achat identifié est utilisée pour les « éléments identifiables ». Il existe également
une méthode économique : la méthode du coût de remplacement.
Seules les méthodes du coût moyen pondéré et FIFO sont admises par le fisc
français en comptabilité sociale pour les éléments interchangeables. Cependant,
dans les comptes consolidés en normes françaises, la méthode LIFO est également
utilisée. Les IFRS n’acceptent que le recours aux méthodes du coût moyen
pondéré et FIFO, alors qu’aux États-Unis la méthode LIFO est aussi acceptée.
En période de hausse des prix, la méthode FIFO, qui valorise les sorties au
prix des articles les plus anciens dans le stock, donc au prix de revient le plus
faible, dégage un bénéfice supérieur à la méthode LIFO qui les valorise au prix le
plus récent, donc le plus fort. Le bénéfice dégagé par la méthode du coût moyen
pondéré se trouvera entre ces deux bénéfices.
8.95
Rappelons l’enjeu financier : les stocks sont des actifs constitués par la
comptabilisation au bilan des charges qui sont sorties du compte de résultat et sont
donc différées dans le temps. À volume identique, plus l’évaluation comptable des
stocks est élevée et plus les résultats futurs seront faibles. Mais à volume et à prix
constants des stocks, les méthodes d’évaluation ne modifient pas le résultat de
l’exercice. Suivant que la méthode a plus ou moins valorisé les stocks, les
capitaux propres seront simplement plus ou moins élevés.
En période de croissance des stocks, plus haute est l’évaluation des stocks, plus les
résultats apparaîtront rapidement. En période de réduction des stocks, c’est
l’inverse. Les stocks surévalués qui se réduisent font apparaître une diminution du
résultat.
D’un point de vue financier, on peut dire que plus les stocks sont importants,
plus le résultat de l’exercice est vulnérable et incertain. Si, de surcroît, il n’existe
pas de marché pour évaluer les stocks, comme dans le secteur du bâtiment et des
travaux publics par exemple, nous conseillons d’adopter une approche de
trésorerie. Dans ce cadre, les flux dégagés par l’exploitation sont un indicateur
beaucoup plus fiable que le résultat, trop influencé par l’application des règles de
valorisation des stocks.
En fait, les stocks ne sont que des comptes de régularisation (charges différées),
derrière lesquels il y a toujours un petit côté spéculatif ou arbitraire, même si les
règles sont convenablement appliquées.
Ainsi, en période d’inflation, les stocks recèlent des plus-values latentes
d’autant plus importantes qu’ils ont un faible taux de rotation. En comptabilité, ces
profits n’apparaîtront que progressivement, au fur et à mesure de la vente des
stocks, alors qu’ils sont là. Inversement si les prix baissent, les stocks recèlent
alors des « manques à gagner », qui sont bien là, mais qui n’apparaîtront
comptablement que progressivement, à moins que l’entreprise ne déprécie ses
stocks, comme l’a fait ArcelorMittal en 2015, en 2019 et en 2020.
8.96
Les actions attribuées gratuitement aux salariés* Actions attribuées gratuitement aux salariés (ou
actions gratuites* Actions gratuites), ou actions de performance* Actions de performance lorsque leur
octroi définitif est soumis à la réalisation d’objectifs précis, sont des actions à
émettre ou qui doivent être acquises par l’entreprise pour être remises à des
salariés. En France, l’attribution n’est définitive qu’au bout d’un délai minimum
d’un an (délai d’acquisition) et une fois attribuées, les actions doivent être
conservées par leurs bénéficiaires suffisamment pour que le délai cumulé
acquisition et conservation soit de 2 ans minimum.
Dans les deux cas, il s’agit, comme nous le verrons au paragraphe 28.17,
d’un moyen d’aligner les intérêts des dirigeants avec ceux des actionnaires en
incitant les bénéficiaires à gérer au mieux l’entreprise, ce qui fera progresser sa
valeur et leur permettra donc d’enregistrer un gain.
Les normes françaises ignorent les stock-options tant qu’elles n’ont pas été
exercées par leurs titulaires. De même, aucune écriture n’est requise à l’octroi si
les actions à attribuer seront émises à cet effet le moment venu. En revanche, si les
actions ont été acquises ou doivent être acquises, une provision doit être passée si
le prix d’acquisition par les salariés est inférieur au prix d’acquisition des actions
par l’entreprise, pour un montant égal à la différence.
8.98
8.99
8.100
Il s’agit de pures écritures comptables propres aux normes françaises que l’on
ne retrouve pas dans les comptes IFRS et qui disparaîtront à partir de l’exercice
2025, voire avant si l’entreprise le souhaite.
8.101
Les entreprises enregistrent parfois en charges des éléments qui n’en sont pas,
soit qu’ils servent à la création d’une immobilisation de l’entreprise pour elle-
même, soit qu’ils aient été acquittés pour le compte de tiers. De même, les
entreprises ne sont pas toujours capables de préciser au moment de leur inscription
le caractère (courant, financier, exceptionnel) de certaines charges.
8.102
Lorsque les transferts de charges ne sont pas rattachés aux comptes concernés,
les soldes présentés ne sont pas homogènes. Ce point est fondamental. En effet, il
est très facile de modifier la physionomie d’un compte de résultat et le résultat net,
en procédant à des transferts de charges importants.
8.103
Il peut arriver que le cycle d’exploitation d’une entreprise s’étende sur plus
d’un exercice. Ainsi, un groupe réalisant un barrage pourra travailler plusieurs
années sur sa construction.
8.104
Ces travaux en cours* Travaux en cours de longue durée seront comptabilisés d’une
manière particulière. Il existe deux méthodes principales :
8.105
Bodie Z., Jin L., Merton R., « Do a firm’s equity returns reflect the risk of its
pension plan? », Journal of Financial Economics juillet 2006, vol. 81, no 1, pages
1 à 26.
Franzoni F., Marin J., « Pension plan funding and stock market efficiency »,
Journal of Finance avril 2006, vol. 62, no 2, pages 921 à 956.
Hull J., White A., « How to value employee stock options », Financial
Analysts Journal janvier-février 2004, vol. 60, no 1, pages 114 à 119.
Le Fur Y., Quiry P., « Y a-t-il quelque chose à tirer des other comprehensive
income ? », La Lettre Vernimmen.net juin 2012, no 108, pages 1 à 5.
Le Fur Y., Quiry P., « Financer ou non ses engagements de retraite », La Lettre
Vernimmen.net mars 2016, no 138, pages 1 à 5.
Li F., Wong F., « Employee stock options, equity valuation, and the valuation
of options grants using a warrant-pricing model », Journal of Accounting Research
mars 2005, vol. 43, no 1, pages 97 à 130.
PwC, Blandin A.-L., Lopater Cl., Mémento comptes consolidés 2023, Éditions
Francis Lefebvre, 2023.
PwC, Schérer O., Hœllinger A. et al., Mémento IFRS 2023, Éditions Francis
Lefebvre, 2022.
9.1
Avant de se lancer dans l’étude des comptes de l’entreprise, notre lecteur doit
prendre le temps :
aux comptes ou des auditeurs et des règles et principes comptables suivis par
l’entreprise pour établir ses comptes. En effet, ces documents expliquent comment
la réalité économique et financière de l’entreprise est retranscrite par un langage
codé (la comptabilité) dans des tableaux de chiffres (les comptes).
9.2
L’analyse financière* Analyse financière ayant pour objectif de retrouver, au-delà des
chiffres, la réalité économique de l’entreprise, il est indispensable de réfléchir à
cette réalité et sur la façon dont elle est plus ou moins fidèlement traduite par les
chiffres avant de se lancer dans l’étude des comptes. Sans cela, notre lecteur risque
de faire une analyse stérile, très descriptive et avec peu de valeur ajoutée. Il ne
verra les problèmes que lorsqu’ils seront enfin révélés par les chiffres, c’est-à-dire
lorsqu’ils seront matérialisés et qu’il sera trop tard pour vendre ses actions ou
réduire ses crédits à défaut de pouvoir les céder.
9.3
Ce préalable étant accompli, notre lecteur pourra se lancer dans le plan type
d’analyse financière que nous lui proposons et aborder les outils plus sophistiqués
(mais pas toujours plus efficaces) que sont le scoring et la notation financière
(rating).
Mais avant tout, une question s’impose : qu’est-ce que l’analyse financière ?
Section 1 ■ Qu’est-ce que l’analyse financière ?
9.4
Mais que notre lecteur ne se trompe pas, il n’y a pas deux types d’analyse
financière différents selon que celui qui la mène est actionnaire ou prêteur. Même
si la motivation finale est différente, les techniques utilisées sont les mêmes, pour
la simple et bonne raison qu’une entreprise qui crée de la valeur sera solvable et
qu’une entreprise qui détruit de la valeur aura tôt ou tard des problèmes de
solvabilité. Au demeurant, créanciers comme actionnaires se retrouvent autour du
tableau de flux de trésorerie qui mesure pour les premiers la capacité à rembourser
les dettes dues et, pour les seconds, les flux de trésorerie disponible, pilier de toute
valeur.
9.5
9.6
Il importe de noter que l’analyse financière menée d’un point de vue interne à
l’entreprise, et l’analyse menée par un observateur externe, si elles reposent sur
des informations différentes, relèvent d’une même logique : elles ont pour objet de
porter un jugement global sur la situation actuelle et future de l’entreprise. En
effet, l’analyse financière interne ou externe vise à porter un diagnostic global
sur les données abstraites que constituent les politiques suivies et leurs
résultats. L’analyse financière demeure donc fondamentalement une méthode
permettant de définir globalement l’entreprise à partir de quelques points clés.
Un analyste est efficace, non parce qu’il utilise des méthodes sophistiquées,
mais lorsqu’il décèle, au travers des informations dont il dispose, des
raisonnements comptables susceptibles de révéler des données inexactes ou de
masquer des problèmes graves : par exemple une capacité bénéficiaire
artificiellement maintenue par une réévaluation ou par des cessions d’actifs alors
que l’entreprise enregistre en permanence de graves problèmes de trésorerie. Dans
ce cas, l’analyste doit remettre en cause la capacité bénéficiaire et rechercher les
origines de la dégradation enregistrée au niveau de la rentabilité et dissimulée par
la comptabilité de l’entreprise.
On constate enfin fréquemment que l’analyste externe peut reconstituer la
logique économique globale de l’entreprise et positionner celle-ci par rapport à ses
principaux concurrents. En l’étudiant sur une moyenne période, il peut en effet
déceler les problèmes chroniques et les isoler des problèmes ponctuels. Ainsi, tout
« dérapage » peut avoir une cause précise et ponctuelle, mais si plusieurs
dérapages se succèdent à la suite de causes différentes, l’analyste externe pourra
mettre en évidence un problème fondamental susceptible d’affecter l’entreprise
dans son ensemble.
9.7
Il va de soi qu’il n’est pas possible d’appréhender une analyse financière sans
comprendre que l’arrêté des comptes est un compromis entre différentes
préoccupations. Considérons, par exemple, le cas d’une entreprise fortement
rentable du fait d’une très bonne activité, mais également d’un profit exceptionnel
qu’elle « n’a pu éviter ». On constate une légère dégradation des ratios
d’exploitation. À notre sens, il ne faut pas, en général, en tirer des conclusions
hâtives. L’entreprise a probablement essayé de redresser l’importance du profit
exceptionnel en étant particulièrement sévère au plan de la comptabilisation des
produits et des charges d’exploitation.
Section 2 ■ Le diagnostic économique de l’entreprise
9.8
9.9
Un marché* Marché n’est d’abord pas un secteur économique au sens de l’INSEE,
de la Banque de France ou des associations professionnelles. Ce sont deux notions
bien distinctes. Prenons l’exemple de la radio française. Sur quel marché RTL se
positionne-t-elle ? Sur celui des dépenses publicitaires visant les consommateurs
de moins de 60 ans plus que sur celui de la radio. Ses concurrents sont Europe 1,
Nostalgie, pas du tout Skyrock, certainement l’affichage, Google, ou TF1 et
France 2… qui tous vendent aux annonceurs la même cible du consommateur de
moins de 60 ans. Quant à Fun Radio, son marché est celui des dépenses
publicitaires pour jeunes adultes et ses principaux concurrents sont TikTok, C8,
Facebook, les salles de cinéma…
Un marché n’est donc pas un secteur économique, c’est plutôt un créneau, la base
d’un métier dans lequel l’entreprise exerce une certaine compétence industrielle,
commerciale ou de services ; c’est l’endroit où s’exerce la concurrence.
Une fois qu’un marché a été défini, il peut ensuite être segmenté selon des
variables géographiques (marché local, régional, national, européen, mondial) et
sociologiques (luxe, produit de gamme moyenne, d’entrée de gamme). C’est la
tendance naturelle de toute entreprise qui veut aussi, par la segmentation, se
protéger de la concurrence. Si elle réussit, elle aura créé son propre marché sur
lequel elle régnera à l’instar de Nestlé, avec ses machines à capsules Nespresso,
qui a créé un ensemble unique, qui n’est ni un produit ni un service, mais la
combinaison des deux. Mais que notre lecteur ne s’illusionne pas, tôt ou tard un
marché est remis en cause, comme celui de Facebook par TikTok par exemple.
b) La croissance du marché
9.10
C’est l’attitude de base d’un financier qui, une fois qu’il a étudié et défini le
marché, doit essayer d’en évaluer les opportunités de croissance, mais aussi les
risques. La forme de croissance la plus simple, celle qui vient spontanément à
l’esprit, est bien sûr la croissance interne en volume, c’est-à-dire vendre de plus en
plus de produits ou de services.
9.11
domicile) ;
la population) ;
c) Le risque du marché
9.12
Le risque d’un marché n’est pas le même selon que le produit est de premier
équipement ou de remplacement. Un produit de premier équipement apparaîtra
toujours plus nécessaire aux yeux du consommateur qui ne le possède pas encore ;
et au cas où il l’aurait oublié, la publicité se chargera de le lui rappeler ! À
l’inverse, si le consommateur possède déjà le produit, il sera toujours tenté de
différer son remplacement en attendant une meilleure conjoncture, préférant
utiliser ses quelques fonds à l’achat d’un nouveau produit. Le besoin prime !
Autrement dit, les produits de remplacement sont beaucoup plus sensibles à la
conjoncture économique générale que les produits de premier équipement. Ainsi,
les ventes de poids lourds étaient à leur plus haut en Europe de l’Ouest en 2007
avant de plonger en 2009 (– 50 %) dans une conjoncture économique très
mauvaise, puis de se reprendre légèrement en 2011-2014 et de manière plus
marquée depuis 2015, et de rechuter fortement (– 30 %) en 2020 puis de se
redresser en 2021-22.
d) La part de marché
9.13
La position que l’entreprise occupe sur son marché peut se traduire par un
chiffre : la part de marché* Part de marché qui correspond à la part d’activité du marché
(en volume ou en valeur) réalisée par l’entreprise.
volume d’achat avec l’entreprise. Celle-ci dispose ainsi d’une meilleure visibilité
sur son activité ;
d’une position de force vis-à-vis de ses clients et de ses fournisseurs. Il suffit
■
d’une position d’attractivité qui fait que tout petit producteur qui voudra se
■
vendre, que tout inventeur d’un nouveau produit ou d’une nouvelle technique ou
que tout jeune diplômé brillant vient d’abord voir l’entreprise avec une forte part
de marché parce qu’elle paraît incontournable !
Cependant, ce n’est pas parce que l’on peut toujours calculer statistiquement
une part de marché que celle-ci est automatiquement pertinente. Ainsi, dans le
secteur du bâtiment et des travaux publics, la part de marché n’a aucun sens (elle
n’est d’ailleurs jamais calculée !). Les clients ne renouvellent pas fréquemment
leur acte d’achat (une mairie, une piscine, une route ont une longue durée de vie)
et s’ils le font, c’est sur appel d’offres, ce qui démontre qu’il n’y a pas de lien
privilégié clients/fournisseurs. De la même façon, acquérir une part de marché en
cassant les prix sans être capable, une fois la part de marché obtenue, de pouvoir
les relever n’a pas beaucoup d’intérêt et démontre la seconde limite de la part de
marché : son acquisition doit être créatrice de valeur, sinon elle ne sert à rien !
9.14
9.15
En caricaturant, on peut dire qu’elle s’exerce soit par les prix, soit par le
produit :
principale, si ce n’est exclusive, est le prix. Il faut donc maîtriser les coûts pour
produire au prix le plus bas, il faut alléger les gammes pour jouer des effets
d’échelle, il faut automatiser… Dans ce cadre, le facteur clef de succès est la part
de marché puisque l’accroissement du volume de vente permet de réduire les prix
unitaires (voir la fameuse courbe d’expérience du BCG où, à chaque fois que le
volume cumulé de production double, le prix de revient unitaire baisse de 20 %).
C’est le règne des ingénieurs et des contrôleurs de gestion ! Pensons à l’essence,
au lait, aux panneaux solaires… Mais attention, de nouvelles avancées
technologiques comme l’impression 3D peuvent venir chambouler l’équilibre d’un
marché fondé sur la maximisation des volumes en permettant des productions de
petites séries à bas coût.
quand la concurrence s’exerce par le produit, le client achète non pour le prix
■
mais pour le service après-vente, la qualité, l’image… L’accent est alors mis sur
une stratégie de différenciation, sur les techniques de commercialisation, de
fidélisation. C’est le règne des hommes ou des femmes de marketing. C’est
Nespresso et la qualité de son produit/service, Gucci et son image, Peloton et ses
innovations…
En pratique, la vie n’est jamais aussi simple, la concurrence s’exerce
rarement uniquement par le prix ou uniquement par le produit, et souvent il s’agira
plutôt d’une dominante ou d’un mix des deux. Pensons au lait bio, à l’essence
premium qui protège le moteur…
2 ■ La production
9.16
Une chaîne de valeur* Chaîne de valeur (ou filière* Filière) est constituée de l’ensemble des
entreprises qui interviennent dans le processus de production* Production, de la matière
première au produit final. Selon les cas, une chaîne de valeur réunit la production,
ou l'extraction et la transformation des matières premières, la recherche, une
seconde transformation, des activités de négoce, une troisième ou quatrième
transformation, de nouveau du négoce et pour finir le distributeur final. De plus en
plus dans nos sociétés de services, la matière première est de la matière grise et les
transformations sont remplacées par une série de services à plus ou moins forte
valeur ajoutée, la distribution gardant toute sa place.
À travers l’étude d’une chaîne de valeur, l’analyste doit identifier les positions de
faiblesse, là où l’intervenant n’a pas ou peu de marge de manœuvre (capacité de
développement de nouvelles activités ou de cession d’actifs d’exploitation ayant
une valeur indépendamment de leur exploitation actuelle).
9.17
L’organisation de type projet existe, mais son impact économique est très
faible.
Mais que notre lecteur ne se laisse pas fasciner par ces processus industriels,
qu’il comprenne bien que chacun présente ses avantages et ses inconvénients et
qu’il réfléchisse bien à l’adéquation entre une stratégie commerciale et un mode
de production choisi. On ne fera jamais de la production de masse dans des
ateliers !
c) L’investissement* Investissement
9.18
L’entreprise n’a pas intérêt à investir trop tôt dans le processus de production.
En effet, lorsqu’un nouveau produit est lancé, il y a une première phase pendant
laquelle le produit doit démontrer qu’il correspond bien à un besoin du
consommateur. Puis le produit évoluera, incorporera de nouvelles innovations plus
mineures et ses ventes augmenteront.
Puis, lorsque les ventes décollent, l’objectif sera de baisser le prix de revient ;
l’attention et les efforts d’innovation vont alors progressivement se déplacer du
produit vers le système de production.
Innovations dans les produits et les systèmes de production
Source : Utterback J.C. et Abernathy W.J., « A dynamic model of process and product innovation ».
Investir trop tôt dans le processus de production c’est faire deux erreurs :
d’abord investir des fonds dans un outil de production qui est loin d’être stabilisé
et qui pourrait être abandonné ; puis se priver de fonds qui auraient permis de
mieux asseoir le produit par des innovations techniques ou des opérations de
marketing. Mieux vaut alors sous-traiter le processus de production et ne pas
cumuler le risque du produit avec celui du processus de production. En revanche,
lorsque le processus de production s’est stabilisé, l’entreprise a tout intérêt à
investir pour le maîtriser et pouvoir réaliser des gains de productivité lui
permettant d’abaisser le prix de revient.
9.19
Ces trois rôles sont fondamentaux et dès lors que le système de distribution
ne les accomplit pas ou qu’imparfaitement, le producteur est très handicapé et aura
beaucoup de mal à se développer, laissant la place libre au distributeur.
Le risque d’un réseau de distribution est qu’il n’assure pas sa fonction et qu’il soit
au contraire un écran qui bloque la circulation d’informations du producteur vers
le consommateur et vice versa.
Ceci aura d’autant plus de sens que la motivation d’achat du client n’est pas
le prix mais l’image, le service après-vente, la qualité du produit qu’il importera à
l’entreprise de contrôler étroitement plutôt que d’en laisser le soin à un tiers.
Ainsi, ce n’est pas par hasard qu’Apple a progressivement créé son propre réseau
de magasins et réduit les approvisionnements de ses distributeurs initiaux.
Être loin de son client final minimise les investissements, mais l’entreprise
connaît moins bien les souhaits de son client et est soumise à un phénomène
d’amplification des mouvements de la conjoncture. Si le consommateur final
ralentit ses achats, le distributeur final pourra mettre un certain temps avant d’en
prendre conscience et de réduire à son tour ses achats auprès du négociant en gros
qui, à son tour, sera victime d’une inertie avant de réduire à son tour ses achats au
producteur qui ne sera ainsi prévenu du ralentissement que plusieurs semaines ou
mois après son début. Et lorsque la conjoncture repartira, il n’est pas rare qu’il y
ait alors des ruptures de stocks chez les distributeurs alors qu’ils sont encore
pléthoriques chez le producteur !
Trop souvent, nous avons entendu dire que « de toute façon, ce sont les
hommes qui comptent ». C’est un alibi pour faire un peu n’importe quoi ! Certes,
cela est vrai dans certaines petites entreprises qui ne tiennent en définitive que
grâce à la qualité de leur dirigeant et qui n’ont pas de positions stratégiques, mais
quel aléa pour le prêteur ou l’actionnaire ! Dire que les hommes et les femmes
sont importants est peut-être vrai, mais ceci doit alors se traduire par l’acquisition
de positions stratégiques, la constitution de rentes économiques qui donnent une
valeur à l’entreprise indépendamment de son créateur ou de son dirigeant.
a) Les actionnaires
9.20
D’un point de vue strictement financier, les hommes et les femmes les plus
importants au sein d’une entreprise sont ses actionnaires* Actionnaire. Ce sont eux en
effet qui choisissent les dirigeants et déterminent la stratégie de l’entreprise. Il faut
comprendre qui ils sont et quels sont leurs objectifs, comme nous le verrons au
chapitre 43. On distingue deux types d’actionnaires : les actionnaires internes et
les actionnaires externes.
Les actionnaires internes cumulent leur rôle d’actionnaire avec une fonction
au sein de l’entreprise, le plus souvent de direction. Il y a alors une forte
identification à l’entreprise et parfois la poursuite d’objectifs de taille, de
puissance, de renommée, assez lointains des objectifs financiers. L’actionnaire
externe lui ne travaille pas au sein de l’entreprise et aura généralement à son
égard un comportement de pur financier.
La spécificité de l’actionnaire interne est qu’il prend un risque considérable à
titre personnel puisque son patrimoine et son revenu ont la même source,
l’entreprise. Dès lors, il doit faire plus attention qu’un dirigeant non actionnaire
qui n’a qu’une petite partie de son patrimoine immobilisée dans l’entreprise. Le
danger est cependant que par affection, par obstination il ne puisse pas prendre des
décisions qui s’imposent : fermeture d’une usine, cession d’une branche, arrêt
d’une diversification malheureuse… Il est probable que Caddie aurait mieux
traversé les années 2010 si la fille du fondateur ne s’était pas accrochée à son
poste de PDG jusqu’à 83 ans et avait préparé sa succession.
b) Les dirigeants
9.21
c) La culture d’entreprise
9.22
9.24
Si les principes comptables suivis sont conformes à la pratique telle que nous
l’avons décrite dans les chapitres 6 à 8, notre lecteur pourra valablement étudier
les comptes en ayant une assez grande sécurité quant à la pertinence de ceux-ci,
c’est-à-dire à leur capacité de traduire assez fidèlement la réalité économique de
l’entreprise.
9.25
Notre expérience nous montre que, souvent, le novice est déconcerté face à
une analyse financière car il ne sait par où commencer, ni où aboutir. Il risque
alors d’enchaîner des remarques essentiellement descriptives, sans les mettre en
relation et vérifier ainsi leur cohérence interne, sans établir de liens de causalité ;
ou de calculer des suites de ratios sans bien en comprendre la logique.
L’analyse financière est en fait une enquête qui doit suivre un cheminement
logique composé de parties non cloisonnées mais qui se renvoient au contraire les
unes aux autres. L’analyste est un commandant Servaz, une Mma Ramotswe ou
Miss Marple moderne, aux aguets, qui cherche un enchaînement logique mais
aussi les éléments perturbateurs qui sont peut-être annonciateurs de problèmes. La
question qu’il doit le plus souvent se poser est : est-ce logique, est-ce cohérent
avec ce que j’ai déjà établi, si oui pourquoi ? Et si non, pourquoi ?
Nous suggérons à notre lecteur de retenir la phase suivante qui définit le plan
type de toute analyse financière* Plan type d’analyse financière :
Arrêtons-nous quelques instants sur cette phrase : une entreprise ne peut être
viable et survivre à terme si elle n’arrive pas à trouver durablement des clients qui
acceptent d’acheter ses produits ou ses services à un prix donné qui doit lui
permettre de réaliser un résultat d’exploitation positif et suffisant. C’est la base de
tout. Dès lors, il convient d’étudier en premier lieu la formation du résultat de
l’entreprise. Mais la réalisation de marges nécessite des investissements préalables
qui prennent deux formes : l’acquisition de matériel, de bâtiments, de brevets, de
filiales… et la constitution du besoin en fonds de roulement. Bien évidemment ces
investissements devront être financés, que ce soit par capitaux propres ou par
endettement.
Dès lors que les trois éléments précédents (marges, investissements,
financement) ont été étudiés, il est possible de calculer la rentabilité de
l’entreprise, c’est-à-dire son efficacité, que celle-ci s’applique à l’actif
économique ou aux capitaux propres. Notre lecteur aura alors achevé son travail et
pourra répondre à ces questions simples qui ont motivé son analyse : l’entreprise
est-elle capable de faire face aux engagements qu’elle a pris à l’égard de ses
créanciers ? Est-elle capable de créer de la valeur pour ses actionnaires ?
9.26
■ la génération de richesse :
Soit en résumé :
Deux préalables :
Et une conclusion :
Nous illustrons cette méthodologie d’analyse dans les chapitres suivants avec
l’exemple du groupe ArcelorMittal qui a réalisé en 2022 un chiffre d’affaires de
79 844 M$ avec 154 000 personnes. Vous trouverez sur le site Internet
www.vernimmen.net, les derniers rapports annuels d’ArcelorMittal.
9.27
une évolution en tendance n’a de sens que si les éléments sont à peu près
■
comparables d’une année à l’autre. Cela ne sera pas le cas si l’entreprise change
partiellement ou totalement d’activité, de conditions d’exploitation (recours massif
à la sous-traitance…), de périmètre de consolidation…, sans parler des
modifications des règles comptables ;
attendre 1 à 4 mois pour obtenir les comptes de l’exercice passé qui peuvent déjà
ne plus avoir de rapport avec la situation présente de l’entreprise. Face à cette
réalité, l’analyste externe est défavorisé par rapport à l’analyste interne qui,
lorsque le système d’information est efficient, dispose de ces données beaucoup
plus rapidement.
2 ■ L’analyse comparative ou la comparaison d’entreprises
similaires
9.28
il peut y avoir des phénomènes de folie collective qui font que les valeurs
■
9.30
moins le 1/1 000 ; ou le chiffre d’affaires atteint au bout de 3 ans : au moins 1/3 de
l’investissement total ;
l’importance des travaux en cours par rapport aux capitaux propres d’une
■
entreprise de BTP ;
Il existe aussi, pour certains, des ratios d’orthodoxie* Orthodoxie financière définis
pour toutes les entreprises, quel que soit leur secteur, applicables en matière de
structure financière :
■ etc.
9.31
La note est attribuée à l’issue d’un processus assez lourd qui vise à évaluer le
risque stratégique de l’entreprise en analysant sa position concurrentielle au sein
de son secteur (part de marché, efficacité industrielle, taille, qualité du
management…) et en effectuant une analyse des comptes. C’est-à-dire en faisant
une analyse financière telle que nous l’avons présentée !
9.32
La méthode des scores* Méthode des scores, ou credit scoring* Credit scoring, est une technique
d’analyse destinée à diagnostiquer préventivement les difficultés des entreprises.
L’idée de base est de déterminer, à partir des comptes des sociétés, des ratios
qui soient des indicateurs avancés (2 à 3 ans à l’avance) des difficultés des
entreprises. Une fois ces ratios établis, il suffit de calculer leurs valeurs pour une
entreprise donnée et de les comparer à la valeur des ratios des entreprises ayant
connu des difficultés ou des défaillances. La comparaison ne s’effectue pas ratio
par ratio, mais globalement. En effet, les ratios sont agrégés dans une fonction,
appelée Z ou fonction score, qui permet de donner pour chaque entreprise une
note, le score* Scores (méthode des). La formule Z a en général la forme suivante :
9.33
Selon que le résultat de la fonction pour une entreprise est proche ou éloigné
de valeurs normatives déterminées sur un échantillon d’entreprises ayant connu
des difficultés, on estime que l’entreprise étudiée a une certaine probabilité de
connaître, d’ici 2 à 3 ans, des difficultés ou au contraire d’être saine. Développée
aux États-Unis à la fin des années 1960 par E. Altman, la famille des scores Z a
connu un vif succès, la dernière version Z” était la suivante :
9.34
9.35
Cela fait plusieurs dizaines d’années que l’on essaie d’automatiser l’analyse
financière d’une manière plus sophistiquée qu’une équation linéaire (méthode des
scores). Ce que l’on appelle maintenant l’intelligence artificielle (IA) appliquée à
l’analyse financière s’appelait il y a quelques années réseaux neuronaux* Réseaux de neurones
ou systèmes experts* Systèmes experts. Mais l’utilisation d’algorithmes pour la détection
des défaillances d’entreprises se heurte notamment à la barrière psychologique
d’une prise de décision potentiellement lourde de conséquences compte tenu des
montants en jeu sans pouvoir comprendre l’analyse menée par la machine…
[Réponse]
[Réponse]
[Réponse]
[Réponse]
[Réponse]
[Réponse]
[Réponse]
9/ Quelles sont les critiques que l’on peut adresser à la méthode des scores ?
[Réponse]
[Réponse]
[Réponse]
[Réponse]
[Réponse]
[Réponse]
[Réponse]
16/ Quel est in fine l’objectif de l’analyste financier ?
[Réponse]
Exercices
- élevage des poules pondeuses : une poule pondeuse pond pendant 18 mois
sans possibilité d’arrêt, puis elle est tuée et sa chair est vendue pour l’alimentation
pour chats et chiens ;
- aliment : produit par des groupes d’aliments du bétail qui élaborent un subtil
mélange de blé, de maïs et de protéines de soja ou de colza ;
[Réponse]
Principaux chiffres :
[Réponse]
[Réponse]
Oui car une entreprise qui crée de la valeur (point de vue de l’actionnaire) sera
solvable (point de vue du créancier).
Non, c’est une homogénéité d’acteurs qui achètent les produits ou les services
pour satisfaire le même besoin.
Aucun.
L’échantillon qui sert à construire la fonction score doit être large et la fonction
régulièrement actualisée.
C’est la raison d’être de l’entreprise, qui ne peut survivre si elle n’est pas
capable de vendre ses produits ou ses services à un prix supérieur au prix de
revient.
C’est pour cela qu’il faut s’intéresser de près aux principes comptables suivis
par l’entreprise.
a) Très bonne santé financière avec une rentabilité des capitaux propres de
20 % en 2008, 12 % de rentabilité économique et une forte croissance du chiffre
d’affaires.
Il s’agit des comptes de Enron, qui fit une faillite frauduleuse et retentissante
en novembre 2001.
Bibliographie
Lehmann-Ortega L., Leroy F., Garrette B., Dussauge P., Durand R., Stratégor,
8e édition, Dunod, 2019.
Jeny A., Onillon J., Les 12 travaux de l’analyste financier, Pearson, 2021.
Marsh P., The new industrial revolution, Yale University Press, 2012.
Servigny (de) A., Métayer B., Zelenko I., Le risque de crédit, 4e édition,
Dunod, 2010.
Agarwal V., Taffler R., « Comparing the performance of market based and
accounting-based bankruptcy prediction models », Journal of Banking and
Finance avril 2008, vol. 32, no 8, pages 1541 à 1551.
Altman E., Corporate financial distress and bankruptcy: Predict and avoid
bankruptcy, analyze and invest in distressed debt, 4e édition, Wiley, 2019.
Lelogais L., « Un score sur variables qualitatives pour la détection précoce des
défaillances d’entreprises », Bulletin de la Banque de France juin 2003, no 144,
pages 29 à 46.
https://www.standardandpoors.com/en_US/web/guest/ratings/ratings-
criteria
Podcast
10.1
L’analyse des marges* Marge d’une entreprise est la première étape de toute
analyse financière. C’est une étape essentielle car il est clair qu’une entreprise qui
n’arrive pas à vendre ses produits ou ses services à un prix supérieur à leurs coûts
de production est inévitablement condamnée à disparaître. Mais, comme nous le
verrons, la réalisation de marges positives n’est cependant pas une condition
suffisante pour créer de la valeur ou échapper à la faillite !
Le résultat net est un résidu issu de l’ensemble des charges et produits
figurant dans le compte de résultat. Notre lecteur ne sera donc pas surpris de
constater que l’analyse du résultat net est très marginale dans notre approche. En
effet, la performance d’une entreprise est avant tout issue de sa performance
opérationnelle, ce qui explique que le résultat d’exploitation soit au centre des
préoccupations des analystes financiers, le résultat financier ou le résultat non
récurrent étant sans grand intérêt, notamment dans une perspective prévisionnelle.
10.2
L’analyse des marges passe d’abord par une analyse des pratiques comptables
de l’entreprise pour élaborer son compte de résultat. Nous l’avons vue au chapitre
6 et nous n’y reviendrons pas sauf pour souligner qu’elle est très importante. En
effet, la tentation est forte pour certaines entreprises, connaissant l’accent mis par
les analystes sur le résultat d’exploitation, d’en améliorer le niveau en faisant riper
des dépenses d’exploitation dans le résultat financier ou dans le résultat
exceptionnel (ou une catégorie « non courant » en IFRS).
Puis l’analyse des marges nécessite une analyse en tendance qui consiste à
comprendre l’évolution du résultat d’exploitation à partir de celle des charges et
des produits dont il est le solde. Elle n’a d’intérêt que si elle permet de
comprendre le passé pour extrapoler l’avenir. Aussi est-elle historique et s’étend-
elle sur plusieurs exercices. Elle présuppose, bien entendu, que l’activité de la
société n’ait pas été substantiellement modifiée sur la période considérée.
Elle s’attache à calculer des taux de variation pour les principaux produits et les
principales charges et à étudier leurs évolutions respectives, bref à expliquer
l’évolution relative des différents niveaux de marge.
10.3
Le point de vue stratégique est beaucoup trop souvent négligé au profit d’une
étude qui fait la part trop belle aux chiffres et qui oublie de porter, au-delà de ces
chiffres, un jugement sur la position stratégique d’une entreprise.
■ une entreprise sans force stratégique aura tôt ou tard des résultats
d’exploitation médiocres voire négatifs ;
■ une entreprise disposant d’une force stratégique sera plus profitable que les
autres entreprises de son secteur d’activité.
10.4
Le compte de résultat qui présente les charges par nature (achats de matières
premières, frais de personnel…) permet une analyse plus poussée que celle
qu’autorise la présentation des charges par destination (coût des ventes, frais
commerciaux, frais de recherche et de développement…), voir le paragraphe
3.16. Certes, il est alors parfois possible à l’analyste d’aller rechercher dans les
annexes les informations lui permettant d’entrer dans le détail et de répondre aux
questions ci-dessous. Mais force est de constater qu’au mieux, le plus souvent, il
pourra reconstituer l’excédent brut d’exploitation grâce à la dotation aux
amortissements qui figure dans le tableau de flux.
1 ■ Le chiffre d’affaires
10.5
10.6
10.7
10.9
2 ■ La production
10.10
10.11
10.13
Production
− Consommation de matières
= Marge sur consommation de matières
4 ■ La marge commerciale
10.14
La marge commerciale* Marge commerciale est la différence entre le montant des ventes
de marchandises et leur coût d’achat. Elle est calculée ainsi :
Ventes de marchandises
− Achats de marchandises
+ Variation des stocks de marchandises
= Marge commerciale
Elle n’a de sens que pour les entreprises de négoce, de distribution… Pour
ces sociétés, la marge commerciale ou le taux de marque* Taux de marque (rapport de la
marge commerciale au chiffre d’affaires) est l’indicateur fondamental. Elle est
généralement plus stable que les éléments qui la composent (chiffre d’affaires et
coût d’achat des marchandises vendues), le distributeur ayant une capacité à
répercuter les hausses de prix sur le client final et la concurrence imposant une
baisse de prix lorsque le prix d’achat diminue.
5 ■ La valeur ajoutée
10.15
Elle traduit le supplément de valeur donné par l’entreprise, dans son activité,
aux biens et aux services en provenance des tiers. Elle est donc égale à la somme
de la marge commerciale et de la marge sur consommation de matières, diminuée
des consommations de biens et de services en provenance des tiers (les autres
charges externes en comptabilité française). Elle se calcule ainsi :
Marge commerciale
+ Marge sur consommation de matières
− Autres charges externes
= Valeur ajoutée* Valeur ajoutée
10.16
Les autres charges externes* Autres charges externes se composent de la sous-traitance* Sous-
2
traitance, des loyers* Loyers de location d’immeubles ou de matériels , des achats non
Selon leur importance, les frais de sous-traitance doivent être déduits des
autres charges externes et affectés en fonction de leur nature économique :
■ soit au niveau des achats (l’entreprise est un intermédiaire entre les sous-
traitants et le marché final, et définit une marge entre ces deux partenaires) ;
■soit au niveau des charges de personnel (si, par exemple, l’entreprise fournit
les machines et rachète l’ensemble de la production).
Les loyers de crédit-bail* Loyers de crédit-bail doivent également être soustraits des
autres charges externes et éclatés entre le coût du financement et l’amortissement
des biens ainsi financés. Le premier est agrégé aux charges financières, le second
aux dotations aux amortissements (voir le paragraphe 8.69). En pratique, les
opérations de crédit-bail sont déjà retraitées en comptes consolidés établis en
normes françaises et IFRS.
10.17
La valeur ajoutée est utile pour caricaturer un secteur et constitue une mesure
de l’intégration de l’entreprise dans son secteur. Au niveau de l’entreprise, la
notion de valeur ajoutée ne nous semble pas pertinente. Il n’est pas sain de
distinguer ce qu’une entreprise ajoute elle-même à un produit et ce qu’elle
acquiert à l’extérieur. Non, une entreprise se définit d’abord par rapport à ses
marchés : marché du travail, marché des matières premières, marché des capitaux,
marché des biens d’équipement, etc., où elle définit une stratégie spécifique
créatrice de valeur (c’est-à-dire de différenciation par rapport aux autres lui
permettant de constituer une rente). C’est cela qui est important, et non la
distinction « interne »/« externe ».
Par ailleurs, la notion de valeur ajoutée n’a de sens que lorsqu’il y a des
relations de marché entre l’entreprise et ses fournisseurs au sens large :
fournisseurs de matières premières, fournisseurs de travail… Dans
l’agroalimentaire, les industries de transformation ont très souvent des relations
privilégiées avec le monde agricole. Telle entreprise qui emploie 1 000 personnes
fait en définitive travailler 10 000 agriculteurs. Quelle est alors sa véritable valeur
ajoutée ? Lorsque l’entreprise est liée à ses fournisseurs par des contrats
privilégiés, la notion de valeur ajoutée perd son sens.
6 ■ La rémunération du personnel
10.18
Ce poste est très important, tant en raison d’un montant relatif souvent élevé,
que d’une très grande inertie des charges de personnel* Charges de personnel, théoriquement
frais variables par excellence, mais en fait de véritables frais fixes à court terme.
L’analyse s’intéresse à la fois à des effets volume et à des effets prix (mesurés
par le salaire moyen chargé : ) ainsi qu’à la productivité du personnel* Productivité du personnel.
Celle-ci se mesure par les ratios : , , ou .
■ en termes de croissance.
10.19
Valeur ajoutée
+ Subventions d’exploitation reçues
− Impôts, taxes et versements assimilés
− Rémunérations du personnel et charges sociales
Dépréciation (nette des reprises) sur actifs circulants et provisions pour
−
risques et pour charges d’exploitation
+ Autres produits d’exploitation
− Autres charges d’exploitation
= Excédent brut d’exploitation* EBE
10.20
Les dépréciations des actifs circulants* Dépréciation des actifs circulants comprennent les
dépréciations de comptes clients, des stocks, des en-cours de production et des
créances diverses. Les dotations aux provisions d’exploitation concernent
essentiellement les provisions pour pensions et retraites (lorsqu’elles ne sont pas
déjà comptabilisées dans les frais de personnel), préretraite, procès, grosses
réparations ou charges à répartir, congés payés, indemnités de licenciement ou
préavis, sous-activité future, déménagement… dans la mesure où elles présentent
un caractère courant. Cet ensemble constitue en réalité des pertes de marges pour
l’entreprise. Elles doivent donc être déduites pour obtenir l’EBE, et ce, à
l’encontre des principes comptables des comptes sociaux français.
10.21
e : estimation.
Source : BNP Paribas Exane.
10.22
Le résultat d’exploitation* Résultat d’exploitation est égal à l’EBE diminué des charges
calculées d’exploitation. Il se calcule ainsi :
Chiffre d’affaires
− Coûts des ventes
− Frais commerciaux
− Frais administratifs
− Frais de recherche-développement
± Autres produits et charges d’exploitation
= Résultat d’exploitation
10.23
e : estimation.
Source : BNP Paribas Exane.
Section 2 ■ La répartition du résultat d’exploitation
1 ■ Le résultat financier
10.24
Il peut paraître paradoxal de parler de résultat financier* Résultat financier pour une
entreprise industrielle ou commerciale dans la mesure où son activité n’a pas pour
objet, a priori, de dégager des produits financiers. La finance ne devant être qu’un
mode de financement, ce solde devrait être le plus souvent négatif. C’est le cas
général. Cela dit, certaines entreprises, et tout particulièrement les plus grandes,
ont une vocation financière et dégagent un résultat financier dans lequel la part des
produits financiers n’est pas négligeable. Cependant, nous retiendrons plutôt la
notion de charges financières nettes (des produits financiers) que celle de résultat
financier.
Le résultat financier est égal à la différence entre les produits financiers et les
charges financières ; il est le plus souvent négatif. On parle aussi de charges
financières nettes, différence entre les charges et les produits financiers.
10.25
■ des reprises sur provisions et transferts de charges* Différences de change : ce poste est
constitué des reprises sur provisions pour risques et charges financières, des
reprises sur dépréciations des éléments financiers et enfin des transferts de charges
financières ;
10.26
10.27
Telle entreprise qui a contracté des prêts à des taux élevés peut décider de les
rembourser par anticipation. Ceci aura pour conséquence de faire apparaître des
pénalités exceptionnellement lourdes lors de l’exercice concerné, mais permettra
ultérieurement un abaissement des frais financiers.
Telle entreprise pourra étaler ses profits, en normes françaises, par une
gestion judicieuse de ses placements. Elle ne pourra en effet faire apparaître
comptablement les plus-values que lorsqu’elle décidera de céder ses placements.
Notons que, dans le cas de placements dans le cadre de SICAV* SICAV ou de fonds
communs de placement* Fonds communs de placement (FCP) de trésorerie (voir le paragraphe
52.29), l’imposition des plus-values se fait à la clôture de chaque exercice.
Le résultat courant* Résultat courant ou résultat des activités ordinaires* Résultat des activités ordinaires
est la différence entre le résultat d’exploitation et les charges financières nettes des
produits financiers.
10.28
10.29
Les questions les plus fréquentes sont les suivantes : quels sont les éléments
d’actifs qui ont été cédés ? À quel prix ? Quelle est la plus-value correspondante ?
La fiscalité correspondante ?
Un impôt sur les sociétés* Impôt sur les sociétés très faible (moins de 20 %) doit être
expliqué. Il peut en effet résulter de l’utilisation de reports fiscaux déficitaires (qui
sont le témoin des difficultés passées) qui tôt ou tard seront épuisés ou d’une
planification fiscale agressive qui peut s’avérer risquée, surtout à notre époque où
ces comportements ne sont plus socialement acceptables.
10.31
Les intérêts minoritaires sont toujours un sujet intéressant : quelle est leur
origine ? Quelles sont les filiales concernées ? Les minoritaires financent-ils des
pertes ou ont-ils une quote-part significative du bénéfice ? La quote-part d’intérêts
minoritaires est souvent un moyen astucieux pour essayer de comprendre dans
quelle(s) filiale(s) se fait le bénéfice du groupe…
Section 3 ■ Le compte de résultat pro forma
10.33
Compte de résultat
Les postes en couleur sont des postes propres aux comptes consolidés et
traités au chapitre 7.
10.35
10.36
Les postes en couleur sont des postes propres aux comptes consolidés.
Section 4 ■ Le diagnostic financier* Diagnostic financier
1 ■ L’effet ciseau
10.37
10.38
■ par un blocage institutionnel des prix de vente sur lesquels il est donc
impossible de répercuter les hausses des facteurs de production (EDF et le prix de
l’électricité pour les ménages en 2022) ;
■ ou par une mauvaise gestion des coûts : l’évolution des charges est mal
maîtrisée et ne peut, en raison de la concurrence, être répercutée totalement sur les
prix de vente. L’entreprise ne croît plus, mais ses charges, elles, continuent de
croître.
L’analyse des comptes d’une société est aussi semée de pièges de nature
économique qu’il faut déceler pour éviter des erreurs d’interprétation. Les
principaux pièges sont les suivants.
10.39
Ce principe indique que le résultat d’une entreprise est beaucoup plus stable
qu’on pourrait le croire. Le résultat net est un solde, bien souvent faible, qui
résulte d’un équilibre global de charges et de produits, et qui ne se rompt pas
mécaniquement. Considérons ainsi une chaîne de supermarchés dont le bénéfice
net est à peu près égal aux produits financiers. Il est erroné de dire que si les taux
d’intérêt chutent, le résultat de l’entreprise disparaîtra. Non, tout le problème est
de savoir si l’entreprise pourra augmenter légèrement ses prix de vente pour
compenser la baisse des taux, sans réduire sa compétitivité. Elle le pourra
probablement si tous ses concurrents sont dans la même situation. Mais elle risque
de disparaître s’il existe des outils de distribution plus efficaces que les siens.
La situation est tout à fait similaire pour les firmes de champagne : une faible
récolte conduit à une augmentation du prix de la matière première, mais conduira
aussi à une augmentation du prix de vente des bouteilles. Tout le problème est de
savoir à quel moment cette hausse peut être appliquée, compte tenu de la
concurrence des vins effervescents, de l’apparition tôt ou tard d’un produit de
substitution, et de la capacité des consommateurs à se passer de tout champagne
s’il est trop cher !
10.40
Les mécanismes de « fait du prince* Fait du prince (mécanisme du) » sont imposés à la société
par une instance supérieure (généralement l’État). Ces mécanismes s’opposent
généralement à l’évolution « naturelle » de l’environnement de la société. Ainsi
une dévaluation agressive (différente de la simple constatation de la perte de
valeur de la monnaie), la création ou la hausse de certaines taxes ou le
plafonnement de prix de vente (comme pour l’électricité des TPE en 2023).
10.41
10.42
Les mécanismes d’anticipation sont d’autant plus rapides qu’il n’y a pas de
produits de substitution à court ou moyen terme et que le degré de concurrence
dans le secteur est faible. Ils conduisent à des profits ou des pertes sur stock que
seule l’évaluation au coût de remplacement permet de révéler.
10.43
Ils sont beaucoup plus fréquents que les précédents dont ils constituent
l’inverse. L’entreprise éprouve alors des difficultés à répercuter immédiatement
dans son prix de vente toute fluctuation du prix des facteurs de production. Ainsi,
dans un secteur aussi concurrentiel et à faibles barrières à l’entrée tel que le
transport par camion, une augmentation du prix du diesel, et donc des coûts des
entreprises de ce secteur, ne sera répercutée qu’avec retard sur le prix de vente des
livraisons des colis, sauf si au même moment on manque de camionneurs comme
en 2021-2023 !
L’inertie* Inertie (mécanisme d’) peut également être liée à des engagements contractuels
à moyen ou long terme avec les clients ou les fournisseurs.
10.44
C’est toute une mécanique de fuite en avant que favorise l’inflation, et celui
qui veut être prudent dans cette période de grande folie est laminé. S’il ne
surstocke pas, il ne peut pas réaliser de profit d’inflation et, dès lors, ne peut en
rétrocéder une partie aux consommateurs comme le font ses concurrents. Ainsi, en
période d’inflation :
■les dotations aux amortissements sont sûrement insuffisantes pour faire face
au remplacement d’un investissement dont le prix a crû ;
10.45
Dans un tel contexte, une partie des dépenses d’investissement est, de fait,
intégrée au compte de résultat qui se trouve donc considérablement « alourdi » par
les conséquences du programme entrepris.
10.46
Le chiffre d’affaires varie beaucoup plus en raison des variations des prix de
l’acier vendu, et dans une moindre mesure du périmètre. C’est le propre d’une
industrie lourde où les investissements nouveaux prennent des années avant
d’entrer en production et dans laquelle le moindre déséquilibre entre la demande et
l’offre se résout dans des variations de prix spectaculaires : – 13 % et – 5% en
2019 et 2020, et + 49 % et + 22 % en 2021 et 2022 quand la force de la reprise
post-Covid se heurte à des contraintes de capacités de production qui propulsent
les prix à des niveaux qui n’avaient plus été vus depuis 2011.
L’analyse des marges d’une entreprise est la première étape de toute analyse
financière ; elle est fondamentale car une entreprise qui ne réussit pas à vendre à
ses clients ses produits ou services à un prix supérieur au prix de revient est
condamnée à disparaître.
L’analyse des marges, de leurs niveaux par rapport à ceux des concurrents, est
le révélateur de la position stratégique plus ou moins forte de l’entreprise dans son
secteur.
Des évolutions divergentes des produits et des charges constituent des effets
ciseau qui s’expliquent par les imperfections du marché sur lequel évolue
l’entreprise : rentes économiques, monopoles, « faits du prince », mécanismes
d’anticipation, mécanismes d’inertie… Découvrir les causes des effets ciseau
permet de comprendre la mécanique économique et la position stratégique de
l’entreprise dans son secteur grâce auxquelles une entreprise réalise du profit, et
donc d’estimer ses perspectives d’évolutions futures.
Questions
[Réponse]
[Réponse]
[Réponse]
[Réponse]
[Réponse]
[Réponse]
[Réponse]
8/ Les charges d’intéressement et de participation doivent-elles être incluses
dans l’EBE ?
[Réponse]
[Réponse]
[Réponse]
– un abattoir ;
– un hypermarché ?
[Réponse]
[Réponse]
13/ L’entreprise Lecointre présente un EBE positif et en croissance, mais un
résultat d’exploitation négatif. Qu’en pensez-vous ?
[Réponse]
[Réponse]
[Réponse]
[Réponse]
[Réponse]
Exercices
1/ Étudiez les conséquences d’un taux d’inflation élevé sur les résultats. Vous
supposerez que les quantités vendues par l’entreprise ne progressent pas mais que
les prix de vente et les charges externes croissent au taux d’inflation. Vous
analyserez tout particulièrement les frais financiers et la dotation aux
amortissements et, par voie de conséquence, l’excédent brut d’exploitation, le
résultat d’exploitation, le résultat courant et le résultat net.
[Réponse]
[Réponse]
[Réponse]
■ les loyers annuels de crédit-bail (inclus dans les autres charges externes)
sont d’un montant de 10 M€. Pour l’année passée, ils peuvent être décomposés
en :
[Réponse]
Quand une ligne, le coût des ventes peut représenter jusqu’à 95 % des coûts,
l’analyse perd énormément en finesse.
Le Fur Y., Quiry P., « L’impôt sur les sociétés payé par les groupes du CAC 40
depuis 1999 », La Lettre Vernimmen.net février 2020, no 176, pages 6 à 7.
Rouen E., So E., Wang C.C.Y., « Core earnings : New data and evidence »,
Journal of Financial Economics décembre 2021, vol. 142, no 3, pages 1068 à
1091.
Podcasts
11.1
Dans le chapitre 10, nous avons comparé les taux de variation respectifs des
charges et des produits. Dans ce chapitre, nous comparerons toutes les charges,
tous les produits et tous les soldes intermédiaires par rapport à une base d’activité :
les ventes de biens et services dans la plupart des cas, la production pour les
entreprises ayant d’importantes variations de production stockée.
Le but de cette analyse est d’éviter les raisonnements qui extrapolent dans le
futur le taux de croissance du résultat enregistré dans le passé. Ce n’est pas parce
qu’en raison d’un certain nombre de causes le bénéfice a crû de 30 % par an
pendant deux ans qu’il continuera à l’avenir de croître à ce taux.
Le décalage entre l’évolution du bénéfice et celle du chiffre d’affaires peut
venir :
■ ou tout simplement d’un effet conjoncturel amplifié par la structure des coûts
de l’entreprise. C’est ce que nous allons étudier dans ce chapitre sous le nom
d’effet point mort* Effet point mort.
Section 1 ■ Le mécanisme simple de l’effet point mort
11.2
Pour simplifier, nous supposerons dans cette partie que le volume vendu est
égal au volume produit.
1 ■ Définition
11.3
Le point mort* Point mort est le niveau d’activité pour lequel l’ensemble des
produits couvre l’ensemble des charges. À ce niveau d’activité, le résultat est
donc nul.
En d’autres termes :
si l’entreprise n’a pas atteint son point mort (chiffre d’affaires insuffisant),
■
2 ■ Calcul
11.4
à long terme, tous les coûts sont variables, quelle que soit leur nature : il n’y a
■
à très court terme (moins d’un trimestre), quasiment tous les coûts sont fixes,
■
personnel…
Le niveau de point mort n’est pas un absolu : il dépend tout d’abord de la période
considérée. Il diminue avec l’allongement de la période d’analyse.
en fin d’exercice ;
11.5
Le point mort* Point mort est le montant de chiffre d’affaires pour lequel la marge
sur coûts variables* Marge sur coûts variables est égale au montant des coûts fixes* Coût fixe. La
marge sur coûts variables, comme son nom l’indique, est égale à la différence
entre le chiffre d’affaires et les coûts variables* Coût variable. Lorsqu’elle est calculée en
pourcentage du chiffre d’affaires, on parle de taux de marge sur coûts variables.
d’où Point mort x Taux de marge sur coûts variables = coûts fixes, et donc :
Dans cet exemple, l’entreprise se situe à 11,1 % au-dessus de son point mort.
11.6
En 2023, BNP Paribas Exane estimait qu’un groupe européen coté moyen
avec un chiffre d’affaires de 100 € avait 27,2 € de coûts fixes, 56,7 € de coûts
variables et donc un résultat d’exploitation de 16 €. Dans ces conditions, une
baisse du chiffre d’affaires de 1 % se traduirait par une baisse de 2,6 % du résultat
d’exploitation. Le levier opérationnel* Levier opérationnel (ou levier d’exploitation* Levier
d’exploitation), qui rapporte la variation du résultat opérationnel (ou d’exploitation
récurrent) en pourcentage à la variation du chiffre d’affaires en pourcentage, était
donc de 2,6 % / 1 % = 2,6.
Notons que le graphique précédent est assez simpliste : en effet, les coûts
fixes ne sont pas fixes quel que soit le niveau d’activité, ils le sont plutôt par
plages d’activité et croissent ou décroissent par paliers.
Certains appellent le point mort seuil de rentabilité* Seuil de rentabilité, ce qui est un
abus de langage. Comme nous aurons l’occasion de le voir au chapitre 28, une
entreprise est rentable, non quand elle commence à faire des profits (ce qu’indique
le point mort), mais quand sa rentabilité devient supérieure à la rentabilité exigée
par ses pourvoyeurs de fonds compte tenu de son risque. Parler à ce niveau de
seuil de rentabilité est donc erroné, il vaudrait mieux parler de seuil de
profitabilité.
11.7
Le point mort peut être calculé avant ou après rémunération des pourvoyeurs
de fonds. On obtient alors trois points morts1 :
le point mort d’exploitation* Point mort d’exploitation (ou point mort opérationnel),
■
le point mort financier* Point mort financier, tenant compte des frais financiers
■
le point mort total* Point mort total qui tient compte de la rémunération exigée par
■
Les charges financières constituent une charge fixe pour un niveau d’activité
(donc de besoin en capitaux) donné. Une entreprise dont la volatilité du résultat
d’exploitation est importante peut donc compenser partiellement cette instabilité
par la faiblesse de ses charges financières, c’est-à-dire par le choix d’une politique
de faible endettement. En tout état de cause, l’instabilité du résultat d’une
entreprise fortement endettée s’accroît en raison de l’élévation des coûts fixes que
constituent les charges financières.
11.8
Concrètement, on pourra dresser le tableau suivant pour calculer le point
mort que nous avons illustré avec le cas d’ArcelorMittal :
1. Pour ArcelorMittal, il a été retenu l’hypothèse d’un coût des capitaux propres de 15 % entre 2015 et
2017 puis de 12 %, et un taux d’imposition compris entre 25 % et 28 %.
11.9
La crise économique commencée fin 2008 et celle de 2020 ont montré que
ces chiffres étaient insuffisants dans certains secteurs compte tenu des chutes
d’activité enregistrées (entre – 10 % et – 30 %).
Section 2 ■ Une utilisation plus complexe permet de
prendre du recul
11.10
Le concept de point mort peut faire l’objet de trois types d’utilisation dans le
domaine de l’analyse financière :
11.11
Ce qui compte ici est moins le niveau absolu du point mort que la position de
l’entreprise par rapport à celui-ci.
L’instabilité du bénéfice est d’autant plus importante que l’entreprise est proche de
son point mort.
Lorsque l’entreprise est proche de son point mort, une faible variation du
chiffre d’affaires entraîne une forte variation du résultat net. Dès lors, un fort taux
de croissance du bénéfice net peut n’être que le révélateur de la proximité de
l’entreprise par rapport à son point mort.
Il est clair que le paramètre de sensibilité des bénéfices aux variations des
ventes est d’autant plus élevé que l’entreprise est proche de son point mort. Le
mécanisme joue à la fois à la hausse et à la baisse.
Méfions-nous donc d’un fort taux de croissance des résultats qui, par ailleurs, sont
faibles par rapport au chiffre d’affaires. Cela peut résulter de l’effet point mort.
11.12
11.13
ce chapitre.
11.14
Nous sommes frappés par le fait que certains analystes appellent sociétés de
croissance des entreprises dont le résultat est en très forte progression, moins du
fait d’une croissance structurelle qu’en raison d’une conjoncture exceptionnelle.
c) Analyse d’écarts
11.15
■au « dérapage » des coûts variables, dont la part dans le chiffre d’affaires
passe de 83,3 % à 86,7 %.
11.16
Bon nombre d’entreprises se sont trompées en élevant leur point mort par des
investissements lourds alors qu’elles se situaient dans un secteur cyclique. Elles
doivent, au contraire, avoir un point mort le plus bas possible, et surtout une
structure des coûts la plus flexible possible pour limiter les effets des variations
importantes de l’activité sur leur rentabilité.
b) En matière de restructuration
11.17
Lorsque l’entreprise tombe en dessous de son point mort, elle est en perte. Elle
ne peut retrouver des résultats positifs qu’en augmentant son chiffre d’affaires
et/ou en abaissant le point mort (réduction des coûts fixes, hausse de la marge sur
coûts variables).
11.18
Comme nous l’indiquons plus haut, il n’existe pas un point mort absolu mais
autant de points morts que d’horizons de calcul. Mais surtout, le point mort n’est
pas une notion statique, mais une notion dynamique. Si le chiffre d’affaires baisse
de 5 %, l’application mécanique des formules laisse présager un recul du résultat
qui pourrait être, selon les cas, de 20 %, 30 %, voire plus. En fait, la réalité montre
que le retrait du résultat est souvent plus marqué que les formules du point mort ne
le laissaient croire.
En période de crise conjoncturelle, la marge sur coût variable tend à décliner, alors
que les frais fixes sont souvent plus élevés que prévus.
On assiste alors à une hausse du point mort alors que le chiffre d’affaires
diminue. Toute analyse prévisionnelle sérieuse exige des simulations qui relèvent
d’une analyse systématique. Les exemples sont nombreux ces dernières années
(EDF, Vallourec…).
11.19
Bon nombre d’analyses financières des états passés ont pour but d’élaborer des
prévisions financières. Ces prévisions sont la résultante du passé et des décisions
prises. Voici quelques conseils.
Il ne suffit pas de prendre son tableur et de cliquer sur les principaux postes
du compte de résultat aboutissant à l’excédent brut d’exploitation (ou au résultat
d’exploitation si l’on inclut des prévisions d’amortissements) pour les faire croître
suivant une tendance, en soi raisonnable, mais qui, reproduite de façon
systématique, donne des hypothèses invraisemblables. Les arbres poussent mais
ne montent pas jusqu’au ciel !
Ceci est tout à fait conforme à la théorie financière qui indique que, dans
chaque secteur d’activité, il doit y avoir un taux de rentabilité lié au risque du
secteur et que, tôt ou tard, ce taux sera obtenu, même si les ajustements peuvent
être longs (5 ans, voire plus), en tout cas beaucoup plus longs que sur un marché
financier.
11.20
■ maturité de l’activité ;
Cette démarche nous paraît bonne puisqu’elle exige une réflexion sur les
fondements économiques de la marge. Son danger réside dans le fait que l’on
oublie la marge réelle pour s’attacher à une marge théorique, future,
idéalisée… qui ne s'observera quasiment jamais.
11.21
2021 est une année absolument exceptionnelle avec une flambée des prix de
vente de ses produits de 49 %, due à un vif redémarrage de la demande d’acier à
laquelle il ne peut pas être répondu instantanément. Dès lors, le positionnement
par rapport au point mort n’est plus, temporairement, un sujet avec une marge
sur coûts variables de 10 points de chiffre d’affaires plus élevée que le plus haut
des 10 dernières années (40 %) ; et des coûts fixes à quasiment la moitié de leur
niveau le plus élevé depuis 2011. En 2022, la marge sur coût variable revient à des
niveaux plus en ligne avec les marges historiques mais grâce aux charges fixes
réduites (inférieures de moitié à celles de 2011), ArcelorMittal reste largement
(17 %) au-dessus de son point mort total.
Résumé
On distingue :
■le point mort d’exploitation : fonction des frais fixes et des frais variables de
production. Il caractérise la stabilité de l’activité industrielle mais peut faire
oublier les coûts de financement qu’il laisse de côté ;
■le point mort total : il intègre à la fois les frais financiers nets et le niveau de
résultat net exigé par les actionnaires. Il tient ainsi compte des exigences de
rentabilité de l’ensemble des pourvoyeurs de fonds de l’entreprise.
Le calcul d’un point mort et son étude statique permettent d’évaluer la stabilité
des profits, la capacité bénéficiaire « normale » de l’entreprise et l’importance
réelle des écarts entre les résultats réalisés et les prévisions. Le bénéfice est
d’autant plus stable et son évolution d’autant plus significative que l’entreprise est
éloignée de son point mort.
L’analyse de l’évolution du point mort au cours du temps révèle la stratégie
industrielle de l’entreprise. La recherche d’économies d’échelle se traduira par une
hausse du point mort et donc par une plus grande sensibilité de l’entreprise aux
évolutions de la conjoncture économique. La recherche de flexibilité et de
souplesse industrielle se traduira par une baisse du point mort, mais peut-être aussi
par une moindre rentabilité potentielle.
Questions
[Réponse]
[Réponse]
[Réponse]
4/ Vous êtes nommé directeur financier d’un groupe cimentier non endetté.
Quelles sont vos préoccupations ?
[Réponse]
5/ Vous êtes nommé directeur financier d’un groupe cimentier endetté. Quelles
sont vos préoccupations ?
[Réponse]
6/ Les frais de personnel sont-ils des coûts variables ou des coûts fixes ?
[Réponse]
[Réponse]
8/ Au paragraphe 11.12, est-ce Renault ou Volkswagen qui est le plus proche
de son point mort ? Pourquoi ?
[Réponse]
[Réponse]
10/ Les bonus et les primes versés au personnel constituent-ils des coûts fixes
ou des coûts variables ? Pourquoi ?
[Réponse]
11/ Le dividende versé par une société est-il un coût fixe ou un coût variable ?
Pourquoi ?
[Réponse]
12/ Les dépenses publicitaires d’un nouveau produit sont-elles des coûts fixes
ou des coûts variables ? Même question pour un produit à maturité. Pourquoi ?
[Réponse]
13/ L’impôt sur les sociétés est-il un coût fixe ou un coût variable ? Pourquoi ?
[Réponse]
14/ En 2011, les coûts fixes d’ArcelorMittal étaient de 21,4 Md$ pour des
ventes de 94 Md$. Comparez-les à ceux de 2018-2022. Qu’est-ce que cela
illustre ? Quelle serait la situation du groupe aujourd’hui si les coûts fixes étaient
restés constants ?
[Réponse]
15/ Une entreprise peut-elle augmenter sa production de 3 % sans augmenter
ses coûts fixes ? Et de 30 % ? Qu’est-ce que cela illustre ?
[Réponse]
16/ Plus que le simple niveau de point mort d’une entreprise, quels sont les
deux autres éléments utiles à connaître pour apprécier son risque opérationnel ?
[Réponse]
Exercices
Calculez, dans chaque cas, le point mort d’activité, avant et après frais
financiers, ainsi que la position de l’entreprise par rapport à son point mort. Quelle
est l’entreprise la plus solide ? la plus fragile ?
[Réponse]
[Réponse]
Qu’en pensez-vous ?
[Réponse]
[Réponse]
[Réponse]
6/ Que pensez-vous de l’évolution des résultats de CGG, spécialiste de
l’évaluation géophysique des ressources pétrolières à développer ? Le prix du
pétrole a reculé de 60 % entre 2013 et 2016.
[Réponse]
[Réponse]
Par capitaux propres car les sociétés Internet ont beaucoup de coûts fixes et
peu de coûts variables.
Des coûts variables car ils dépendent normalement des résultats. Ils sont
sources de scandales quand ils deviennent des coûts fixes.
Ni l’un ni l’autre puisqu’il s’agit d’une répartition du profit et non d’un coût.
Des coûts fixes car il faut faire connaître le produit. Une fois que le produit est
bien installé sur son marché, elles tendent à devenir de purs coûts variables.
Un coût variable car il est un pourcentage du résultat avant impôt donc fluctue
avec l’activité.
Oui selon toute vraisemblance sauf si elle sature déjà 100 % de sa capacité de
production. Non selon toute vraisemblance. Elle devra investir pour augmenter ses
capacités de production et donc accroître ses coûts fixes. Les coûts fixes ne sont
fixes que pour des paliers d’activité.
Le point mort est à 27,2/(100 – 56,7) × 100 = 62,8. Le groupe européen moyen
coté est à 100/62,8 = 59 % au-dessus de son point mort. C’est une très belle
performance, mais n’oublions pas que les groupes cotés sont les plus gros et les
plus performants et qu’une moyenne cache de gros écarts entre la compagnie
aérienne sous son point mort et le distributeur alimentaire qui avec plus de 80 %
de coûts variables aurait beaucoup de mal à tomber dessous !
Comme nous l’avons vu dans notre plan type d’analyse financière, il n’existe
pas de création de richesse sans investissement* Investissement. En finance,
l’investissement prend la forme soit d’achats d’immobilisations, soit de
constitution du besoin en fonds de roulement* Besoin en fonds de roulement (BFR) (BFR).
Section 1 ■ Nature du besoin en fonds de roulement
12.1
Le ratio : traduit alors le fait que le cycle d’exploitation induit un solde net de
besoins :
des fonds sont « gelés » en créances sur la clientèle (ventes non encore
■
des dettes vis-à-vis des fournisseurs ne sont pas encore réglées par
■
l’entreprise.
12.2
Or, quelle que soit la date d’arrêté des comptes, le bilan laisse toujours
apparaître un besoin en fonds de roulement plus ou moins important (à l’exception
des sociétés, peu nombreuses, dont l’exploitation dégage en permanence des
ressources).
12.3
Notre expérience prouve que, pour une entreprise saisonnière, l’accent est
trop souvent mis sur la saisonnalité du besoin en fonds de roulement, en oubliant
qu’une partie souvent non négligeable de ce besoin est permanente.
Il nous est ainsi arrivé de constater que, dans des activités particulièrement
saisonnières comme le jouet, le besoin en fonds de roulement maximum n’était
que le double du besoin en fonds de roulement minimum ; c’est-à-dire que la
nature du besoin en fonds de roulement était permanente pour une moitié, et
saisonnière pour l’autre moitié. Ce n’était pas du tout ce que pensait le dirigeant !
et bilan économique
roulement permanent
12.4
N’oublions pas, en effet, que les 30 % environ d’entreprises qui clôturent leur
exercice à une date autre que le 31 décembre ont choisi cette date parce que le
besoin en fonds de roulement qui apparaîtra au bilan est alors au plus bas de
l’année. Ainsi le 30 septembre dans le vignoble bordelais, le 30 avril chez les
loueurs automobiles antillais, le 30 juin pour une coopérative céréalière…
12.5
Si le BFR qui apparaît au bilan à l’arrêté des comptes ne peut pas être utilisé
comme indicateur des besoins permanents de l’entreprise, il peut être en revanche
intéressant d’en analyser l’évolution puisque, étant établi à la même période
chaque année, l’élément saisonnier n’affecte pas a priori ses variations. Une
analyse évolutive de ce besoin, par exemple en pourcentage du chiffre d’affaires,
pourra ainsi permettre de conclure à une amélioration ou à une dégradation de la
situation de l’exploitation.
Le BFR qui apparaît au bilan ne retrouve un intérêt que dans une perspective
dynamique.
L’analyste peut donc être amené à raisonner selon deux cas de figure :
dans le second cas, il dispose seulement des bilans de fin d’exercice ; il est
■
12.6
jours de vente ;
fournisseurs ;
12.7
Le ratio de rotation* Ratio de rotation du crédit clients du crédit clients mesure le délai moyen de
paiement des clients de l’entreprise (durée moyenne du crédit accordé par
l’entreprise majorée des retards éventuels de paiements). Il se calcule en
rapportant l’encours clients au chiffre d’affaires journalier moyen :
1
L’encours clients au bilan étant exprimé TTC, il faut être cohérent et prendre
un chiffre d’affaires TTC. Nous rappelons que le chiffre d’affaires qui figure au
compte de résultat est hors taxe. Il convient donc de le multiplier par 1 plus le taux
de TVA qui s’applique aux produits vendus par l’entreprise, ou par un taux moyen
lorsqu’elle vend des biens auxquels s’appliquent des taux de TVA différents. En
France2, la TVA ordinaire est de 20 % ; les restaurants et le transport des
voyageurs sont taxés à 10 % ; l’eau, les livres, les produits alimentaires, les
abonnements au gaz et à l’électricité sont taxés à 5,5 % ; les médicaments
remboursables et la presse à 2,1 %. Il est de 0 % pour les biens et les services
exportés.
12.8
Le ratio de rotation* Ratio de rotation du crédit fournisseur du crédit fournisseurs* Crédit fournisseurs mesure
le délai moyen de paiement de l’entreprise (délais accordés par ses fournisseurs et
retards éventuels), en rapportant l’encours fournisseurs aux achats journaliers
moyens :
3
PME : 0 à 249 salariés ; ETI (entreprises de taille intermédiaire) : 250 à 4 999 salariés ; grandes
entreprises : plus de 4 999 salariés. Source : Banque de France.
Les achats sont évalués toutes taxes comprises afin d’assurer l’homogénéité
du ratio. Ils se calculent comme suit :
12.9
la rotation des stocks* Rotation des stocks de matières premières, qui traduit le
■
la rotation des stocks de produits finis, qui traduit le délai d’écoulement des
■
12.10
Rappelons que le calcul des ratios précédents exige le respect de deux règles
importantes :
■ou, si elle est saisonnière, que les données correspondent à un même moment
du cycle de l’entreprise. Dans ce cas, nous conseillons de calculer de préférence
des ratios de rotation en pourcentage (comptes clients/CA), qui n’impliquent pas
un lien direct avec les conditions réelles.
Si l’analyse doit être plus fine, il faudra alors se rapporter à l’activité réelle
ayant précédé l’arrêté des comptes : ainsi, le chiffre d’affaires journalier n’est plus
le chiffre d’affaires annuel divisé par 365, mais peut être le chiffre d’affaires du
dernier trimestre divisé par 90 ou des 2 derniers mois divisé par 60, etc.
12.11
■de connaître la structure des coûts de l’entreprise. Il est clair que le crédit
fournisseurs ne peut avoir la même importance pour une entreprise dont les achats
représentent 10 % du chiffre d’affaires, et pour une entreprise dont ils constituent
80 % des ventes. À chiffre d’affaires identique, le crédit fournisseurs est plus
important pour Auchan que pour ArcelorMittal.
Considérons le cas d’une entreprise caractérisée par les éléments
économiques suivants :
12.12
Précisons enfin les raisons qui nous conduisent à intégrer les décalages
relatifs à la TVA* TVA au calcul du besoin en fonds de roulement.
La TVA facturée sur une vente de biens est exigible dès la réalisation de
l’opération (livraison). Pour les prestations de services, l’exigibilité de la TVA naît
de l’encaissement du prix5. Elle doit être reversée à l’État à une date qui se situe
autour du 20 du mois suivant le mois au titre duquel elle est calculée (selon le type
et la localisation géographique de l’entreprise) ou sur une base trimestrielle
forfaitaire.
12.13
■soit à des prévisions client par client, si le chiffre d’affaires est réparti entre
des clients importants et peu nombreux, ou si l’activité se trouve caractérisée par
des commandes unitaires volumineuses (grands travaux, construction
aéronautique, etc.) ;
1 ■ La croissance de l’entreprise
12.14
12.15
12.16
12.17
■l’arrêt des achats a stabilisé le stock de matières ; le flux d’achats normal qui
réapparaît permet la reconstitution d’une ressource « fournisseurs » normale.
12.18
12.19
Les sociétés qui cherchent à s’intégrer dans leur filière en absorbant des
fournisseurs ou des distributeurs augmentent mécaniquement leur valeur ajoutée,
mais aussi leurs besoins en fonds de roulement. En effet, plus la valeur ajoutée est
forte (car elle résulte d’un long cycle de production), plus le besoin en fonds de
roulement sera élevé car la différence entre le prix de vente (et donc les créances
clients) et les achats (et donc les dettes fournisseurs) sera plus importante ; par
ailleurs, le processus de production sera plus long et donc les stocks plus élevés.
12.20
Les sociétés à besoin en fonds de roulement négatif* Besoin en fonds de roulement négatif sont
caractérisées par la perception du produit de leurs ventes avant d’avoir réglé la
totalité de leurs charges de production (notamment leurs fournisseurs de matières
premières ou marchandises). Il existe deux cas de figure :
■le crédit fournisseurs est très supérieur au rythme de rotation des stocks, alors
que, corrélativement, le paiement des clients est très rapide, parfois comptant :
grande distribution, sociétés de commerce en ligne, de restauration collective,
d’autoroutes ou sociétés avec des cycles de production très courts (boulangerie
industrielle, presse quotidienne…), sociétés dont les fournisseurs sont dans une
situation de faiblesse telle (forte concurrence comme dans l’imprimerie…) que les
délais qu’ils sont contraints d’accorder sont excessifs ;
■ les clients paient par anticipation ; tel est le cas des sociétés traitant des
marchés militaires, ou relevant des travaux publics, de l’aéronautique, des agences
de voyage, des ventes par abonnement, etc. Toutefois, de telles entreprises sont
parfois soumises à la nécessité de bloquer leurs excédents de trésorerie tant que le
service n’a pas été « consommé par le client ». Le besoin en fonds de roulement
négatif se présente, dans ce cas, comme un moyen de dégager, le cas échéant, des
produits financiers (sur des placements de la trésorerie résultante) et non pas
comme un moyen de financement librement utilisable par l’entreprise.
12.21
Pourquoi le crédit interentreprises, dont le besoin en fonds de roulement est
l’expression, existe-t-il ? Il y a d’abord des délais techniques incompressibles :
vérification de la conformité de livraison avec la commande, vérification de la
facture, mise en œuvre de son règlement.
Mais ceci n’explique qu’une petite partie des crédits interentreprises dont le
niveau est devenu très homogène depuis l’épisode covidien, juste en dessous du
maximum autorisé en Europe (60 jours).
Source : Intrum.
■ des facteurs techniques. Ainsi aux États-Unis, les fournisseurs ont l’habitude
d’offrir une réduction de 2 % à leurs clients qui paient sous 10 jours. La plupart le
font, ce qui explique la faiblesse des postes clients et fournisseurs dans ce pays.
Accessoirement, un client qui ne saisit pas cette opportunité signale que sa
situation financière est difficile.
12.22
A.-F. Delannay et M. Dietsch montrent que le crédit fournisseurs remplit une
fonction d’amortisseur financier au profit d’entreprises qui subissent un choc. Les
fournisseurs sont conduits ou contraints à soutenir des entreprises dont les
garanties sont insuffisantes ou devenues insuffisantes pour accéder aux marchés
du crédit. Toutefois ces fournisseurs, banquiers malgré eux, savent que pour des
raisons commerciales, ils ne seront pas complètement maîtres de l’évolution de
leurs concours et, dès lors, ils les limitent compte tenu des garanties que
représentent les actifs et les capitaux propres de leurs clients.
12.23
Au total, que notre lecteur n’oublie pas l’essentiel : le crédit interentreprises* Crédit
interentreprises est l’une des manifestations les plus visibles des rapports de force entre
12.24
12.25
12.26
L’état actuel de l’outil industriel* Outil industriel et commercial se mesure par le ratio :
■est dans une phase d’expansion de son outil industriel en accroissant les
capacités de production (investissements supérieurs aux dotations aux
amortissements) ;
est dans une phase de maintien de son outil, par le biais d’investissements de
■
12.28
Toute stratégie d’investissement doit, tôt ou tard, se traduire par une augmentation
des flux de trésorerie provenant de l’exploitation. Lorsqu’il n’en est pas ainsi,
c’est que les investissements réalisés ne sont pas suffisamment rentables.
L’entreprise fera face à des problèmes, si elle n’en a pas déjà, ce qui est le plus
probable.
12.29
Le risque d’une telle situation est, bien sûr, que l’entreprise vive sur un
acquis, accusant un retard technologique certain. Sa rentabilité, et donc les flux
générés par l’exploitation, seront alors pénalisés au moment même où elle en
aurait le plus besoin afin de financer les investissements nécessaires pour combler
ce retard.
12.30
12.31
■celui de l’intégration des actifs acquis et des personnels, toujours plus facile
sur le papier que dans la réalité et cause première de l’échec de nombreux
rapprochements (voir le paragraphe 47.5) ;
12.32
Arcelor ne communique pas son taux de TVA moyen ; nous avons retenu
forfaitairement un taux moyen de 20 % :
Dans la phase la plus aiguë de la crise des années 2019 et 2020, ArcelorMittal
avait été capable de réduire son BFR des deux tiers, le faisant passer de 12,7 Md€
en 2018 à 4,4 Md€ en 2020, libérant ainsi 8 Md€ de trésorerie, alors que les ventes
n’avaient baissé que de 30 %. Une partie de cette baisse était mécanique puisque
due à la baisse de ses ventes, mais une autre partie était due à ses propres efforts
comme en témoigne un BFR de seulement 30 jours en 2020. C’était au niveau des
stocks que l’effort a été le plus important.
Avec le retour à une meilleure santé en 2021, les ratios de BFR se dégradent
et reviennent à leurs niveaux de 2018, entraînant un débours de trésorerie de
9 Md€. En 2022, ArcelorMittal maintient son BFR stable en valeur absolue malgré
la hausse de son chiffre d’affaires améliorant ainsi marginalement ses ratios.
12.33
[Réponse]
[Réponse]
[Réponse]
[Réponse]
[Réponse]
[Réponse]
[Réponse]
[Réponse]
[Réponse]
[Réponse]
[Réponse]
[Réponse]
13/ Dans quel type de secteurs l’investissement est-il structurellement faible ?
Pourquoi ?
[Réponse]
[Réponse]
15/ Dans quel cas une entreprise pourrait-elle durablement avoir des
investissements proches chaque année des dotations aux amortissements ?
[Réponse]
Exercices
- frais généraux = 20 ;
[Réponse]
[Réponse]
[Réponse]
- les charges d’exploitation autres que les achats de marchandises et les frais
de personnel sont payées comptant ;
- les ventes et les achats sont assujettis à la TVA au taux normal de 20 %. Par
ailleurs, la TVA due au titre du mois n, égale au solde entre la TVA collectée sur
les ventes du mois n et la TVA récupérable sur les achats du mois n, est payable au
plus tard le 25 du mois (n+1).
[Réponse]
- absence de TVA.
Calculez le besoin en fonds de roulement normatif en pourcentage du chiffre
d’affaires.
[Réponse]
Oui, mais elle doit être renouvelée en permanence, ce qui rend illusoire sa
liquidité.
Tous les raisonnements sont à l’envers. Un amortissement n’a pas d’impact sur
l’excédent brut d’exploitation. Si le besoin en fonds de roulement s’est
considérablement accru, il ne devrait pas s’en vanter. Observez l’évolution de
l’endettement net. Changez de directeur financier ou offrez-lui un Vernimmen.
Non, les distributeurs garnissent leurs stocks, mais ne vendent pas forcément !
Attention aux retours !
BFR très élevé. Avances sur commandes, préfinancement des séries par les
pouvoirs publics, report sur les sous-traitants, etc.
Non, car le client commence par payer, puis est livré quelque temps après !
Air Liquide alterne depuis 1993 des phases d’investissements très nettement
supérieures à celles des années précédentes (souvent un doublement), comme en
1996-1999 ou en 2006-2008 et en 2012-2013, suivies de phases d’investissements
nettement plus modérées. Les phases de forts investissements suivent en général
des périodes où les flux de trésorerie générés par l’exploitation étaient devenus
stagnants (1993-1995, 2000-2005, 2009-2011 et 2013-2015). Les phases de gros
efforts d’investissements sont suivies de périodes de croissance accélérée des flux
de trésorerie d’exploitation (2000-2002, 2008-2009, 2016-2020) qui témoignent
de la bonne rentabilité de ces investissements. La forte hausse des flux de
trésorerie d’exploitation en 2017, malgré une baisse des investissements corporels,
est due à l’acquisition d’Airgas, qui a donné des capacités de production
supplémentaires à Air Liquide sans investissements corporels nouveaux.
Bibliographie
Dietsch M., Kremp E., « Le crédit interentreprises bénéficie plus aux grandes
entreprises qu’aux PME », Économie et Statistique juin 1998, no 314, pages 25 à
37.
Le Fur Y., Quiry P., « Dans le calcul de ratio BFR/CA, faut-il prendre le CA en
TTC ou en HT ? », La Lettre Vernimmen.net octobre 2015, no 135, pages 5 et 6.
Meunier F., « La dette fournisseurs n’est rien d’autre qu’une dette, à la fin ! »,
Option Finance 4 janvier 2016, no 1347, page 49.
Miam S., Smith C., « Accounts receivable management policy: theory and
evidence », Journal of Finance mars 1992, vol. 47, no 1, pages 169 à 200.
Ng C., Smith J., Smith R., « Evidence on the determinants of credit terms used
in interfirm trade », Journal of Finance juin 1999, vol. 54, no 3, pages 1109 à
1129.
Petersen M., Rajan R., « Trade credit: theories and evidence », Review of
Financial Studies automne 1997, vol. 10, no 3, pages 661 à 691.
Altares, Payment study 2022 : étude sur les comportements de paiement dans
le monde, 2022.
Steiners D., Huhn W., Legrand O., Vahlenkamp Th., Hansen M., Capex
excellence: optimizing fixed asset investments, Wiley, 2009.
Podcasts
Finance-moi si tu peux.
13.1
13.2
Cette analyse est menée en s’appuyant sur le tableau des flux de trésorerie qui
met en évidence deux soldes fondamentaux pour l’analyse dynamique des
financements :
13.3
13.4
Le flux de trésorerie disponible après frais financiers* Flux de trésorerie disponible après frais financiers
mesure, s’il est négatif, les ressources financières que l’entreprise devra trouver à
l’extérieur auprès de ses actionnaires ou de ses prêteurs pour faire face aux besoins
de trésorerie générés par l’exploitation et la politique d’investissement suivie. Si le
flux de trésorerie disponible après frais financiers est positif, l’entreprise pourra se
désendetter, verser un dividende sans devoir s’endetter à cet effet, voire se
constituer un trésor de guerre. Ce solde donne donc le « la » de la politique de
financement.
3 ■ Le financement de l’entreprise
13.5
L’analyste doit comprendre quel a été le mode de financement de
l’entreprise* Financement de l’entreprise sur la période : nouveaux capitaux propres, nouvelles
dettes ou autofinancement, c’est-à-dire en finançant l’essentiel de ses
investissements par les flux de trésorerie provenant de l’exploitation. Les cessions
d’actifs peuvent également apporter des ressources financières complémentaires.
l’entreprise a-t-elle fait appel à ses actionnaires sur la période et dans quel but ? Se
désendetter ou financer un programme d’investissements importants ? On trouvera
des situations où l’entreprise procède à des rachats d’actions, qui sont, comme les
dividendes, un moyen de rendre des liquidités à l’actionnaire (voir le chapitre 39).
L’entreprise veut-elle alors modifier sa structure financière ? N’arrive-t-elle plus à
trouver des opportunités d’investissements intéressantes ?
13.6
13.7
y a ainsi équilibre. Non ! Toute division qui a une rentabilité suffisante pour son
risque doit pouvoir trouver ses propres moyens de financement. Une division
« vache à lait » doit reverser la trésorerie dégagée à ses pourvoyeurs de fonds,
libre à eux de réinvestir les fonds reçus dans d’autres projets.
Étudier l’équilibre des flux de trésorerie dans le but de fixer des normes
conduit à considérer l’entreprise comme un monde clos. Ceci va totalement à
l’encontre du fondement de la finance. Par contre, il va de soi qu’il faut étudier le
cycle d’investissement que permet de satisfaire le cycle de financement. En
particulier le remboursement des dettes reste primordial ; nous l’annoncions déjà
dans le chapitre 2 !
Section 2 ■ L’analyse statique des financements
Après avoir étudié sur plusieurs exercices la mécanique des différents flux de
trésorerie de l’entreprise induits par ses niveaux de marges, de besoin en fonds de
roulement et d’investissements, voici le moment de s’interroger sur le niveau
absolu d’endettement à un moment donné et sur la capacité de l’entreprise à faire
face aux échéances prévues en évitant toute crise de liquidité.
13.8
13.9
Dans un raccourci nécessairement rapide, les analystes ont pris l’habitude
d’apprécier la capacité de remboursement* Capacité de remboursement (ratio de) de l’entreprise en
examinant le ratio endettement net* Endettement net / EBE/excédent brut d’exploitation (net
debt / EBITDA en anglais aussi appelé leverage* Leverage). C'est un ratio empirique
inspiré du monde anglo-saxon dans lequel l’EBE est très proche du flux de
trésorerie d’exploitation compte tenu de la faiblesse du besoin en fonds de
roulement (et donc de ses variations).
Par contre, une entreprise avec un ratio de 5, qui devrait arrêter tout
investissement pendant 5 ans pour consacrer ses flux à son désendettement, serait
en piteux état en fin de période.
Naturellement, ces niveaux de ratios doivent être pris pour ce qu’ils sont : des
indications, et non des références absolues, qui évoluent au cours du temps en
fonction de l’appétence au risque des prêteurs. De plus, le prêteur sera sensible à
la capacité de génération effective de trésorerie : ainsi si les tableaux de flux
passés montrent constamment des flux de trésorerie disponible après frais
financiers négatifs, les banques auront beaucoup de mal à prêter, et ce même si
l’EBE est confortable.
Ainsi lorsque les variations du BFR ne sont pas négligeables par rapport au
montant de l’EBE, le ratio dette nette/EBE perd de sa pertinence.
Les services publics, les opérateurs téléphoniques et les boissons sont les
secteurs les plus endettés parmi les grands groupes cotés européens en raison de
leur maturité et de la stabilité de leur flux de trésorerie. Les groupes de la défense,
de luxe… ont, en moyenne, un endettement négligeable.
Dette nette / EBE
e : estimation ; n.s. : non significatif car endettement bancaire et financier net négatif.
13.10
Une autre explication est l’appétence des prêteurs pour les secteurs riches en
actifs immobiliers dont la valeur est indépendante de l’exploitation (hôtels, salles
de cinéma) ou avec un marché secondaire actif (véhicules), ce qui diminue le
risque du prêteur si l’exploitation actuelle tourne mal. En effet, l’actif pourra être
saisi et redéployé dans une nouvelle activité sans perdre trop de sa valeur (voir le
chapitre 54).
13.11
Ce ratio est malgré tout encore calculé par certains et largement utilisé dans
les contrats de dette, en particulier pour les PME, preuve de l’inertie des concepts
en finance.
13.14
13.15
Une entreprise est en situation d’illiquidité* Illiquidité lorsqu’elle ne peut plus faire face
à ses échéances à payer avec ses ressources disponibles.
Pour faire face à ses échéances, soit une entreprise dispose de ressources
existantes (actifs liquides), soit elle doit obtenir de nouveaux crédits ou céder des
actifs ou réaliser une augmentation de capital. L’obtention de ces crédits, tout
comme l’augmentation de capital, dépendra de la situation de l’entreprise et de la
conjoncture, elle est donc par définition incertaine.
L’illiquidité naît du fait que la durée des actifs est supérieure à celle des
dettes. Supposez que vous vous endettiez à 6 mois pour financer une machine
d’une durée de vie de 3 ans. Il est évident que la durée de vie de la machine est
déconnectée des flux de remboursement et d’intérêts. Il y a donc là un risque
d’illiquidité* Risque d’illiquidité si l’investissement n’est pas très rentable et génère peu de
flux de liquidités. Au niveau de l’actif circulant, vous supportez le même risque si
vous financez par des dettes à 3 mois des stocks dont la rotation est plus longue.
L’entreprise illiquide ne dépose pas obligatoirement son bilan, mais elle est
obligée de trouver de nouvelles ressources « pour faire la soudure ». Elle perd
ainsi une partie de sa liberté, en étant contrainte d’affecter une partie des nouvelles
ressources au financement d’emplois passés. En période difficile, cela peut être
impossible et conduire l’entreprise au dépôt de bilan.
On dira qu’un bilan est liquide quand, pour chaque échéance, il y a plus
d’actifs devenant liquides (stocks vendus, créances clients payées…) que de
dettes devenant exigibles.
Si, pour une échéance donnée, il y a moins d’actifs cumulés que de dettes
cumulées, cela signifie que l’entreprise ne pourra pas faire face à ses engagements
sauf à se procurer de nouvelles ressources, si elle en a la possibilité. Ce n’est pas
le cas dans ce graphique, mais dans le suivant.
13.16
Le non-respect d’un covenant* Covenant (voir le paragraphe 41.10) sur une dette
de l’entreprise, en rendant immédiatement exigible celle-ci, quelle que soit sa
maturité résiduelle, accroît considérablement le risque d’illiquidité de l’entreprise.
La comptabilité le traduit immédiatement en déclassant les dettes à moyen ou long
terme en dettes à court terme. L’analyste ne doit donc pas oublier de prendre en
compte la proximité de l’entreprise de ses covenants pour apprécier ce risque.
13.17
Les règles de liquidité comparent la durée des actifs à celle des dettes. De ces
règles découlent les ratios de liquidité suivants parfois utilisés dans les covenants
des conventions de crédit (voir le paragraphe 41.10) afin de permettre aux
prêteurs de suivre leur risque de contrepartie.
On calculera ainsi :
13.18
■ le ratio de liquidité générale* Ratio de liquidité générale ou le current ratio* Current ratio anglo-
saxon :
Ce rapport permet de vérifier que les actifs à moins d’un an sont plus
importants que les dettes à moins d’un an et permettent donc de les rembourser ;
13.19
le ratio de liquidité réduite* Ratio de liquidité réduite, aussi appelé ratio de liquidité
■
relative* Ratio de liquidité relative ou ratio de trésorerie* Ratio de trésorerie, exprime la liquidité de
l’entreprise en excluant les stocks de l’analyse effectuée. Ce faisant, il considère
qu’une partie des stocks, correspondant à la valeur minimum du stock
indispensable à l’activité normale de l’entreprise, représente une véritable
immobilisation. Il traduit par ailleurs le fait que le volant de stocks conservé par
l’entreprise peut se révéler insuffisamment liquide en cas de besoin urgent de
réalisation (certaines marchandises n’ayant de valeur que si elles s’intègrent dans
le processus de production). C’est le quick ratio* Quick ratio des Anglo-Saxons (aussi
appelé acid test ratio* Acid test ratio).
13.20
13.21
Vu par le « haut de bilan », le fonds de roulement est aussi le solde entre les
ressources à plus d’un an dites « stables » ou capitaux permanents* Capitaux permanents et
les immobilisations (emplois stables à plus d’un an).
13.22
13.23
13.24
Les sociétés à besoin en fonds de roulement négatif* Besoin en fonds de roulement négatif posent
un problème fondamental à l’analyste financier : peuvent-elles réduire leurs
capitaux propres dans la mesure où leur situation de trésorerie demeure largement
positive ?
On voit que A qui finance l’essentiel de son actif économique (et notamment
son BFR) par de la dette est beaucoup plus vulnérable que B, dont le besoin en
fonds de roulement est fortement négatif et dont l’essentiel des immobilisations
est financé par des capitaux propres.
■ d’une part, une réduction brutale des conditions de règlement accordées par
les fournisseurs. En dehors du « fait du prince », un tel risque ne semble pas réel,
les sociétés à besoin en fonds de roulement négatif ayant généralement, par leur
dynamique de croissance, tendance à améliorer leur position face à leurs
fournisseurs.
■ d’autre part, une réduction de l’activité, qui peut entraîner des conséquences
graves au niveau de la structure financière. En effet, le besoin en fonds de
roulement négatif se contracte, pouvant entraîner des difficultés de trésorerie si
l’entreprise n’a pas de liquidités à mobiliser ou si elle ne réussit pas à accroître son
endettement. C'est l'exemple du groupe Casino depuis quelques années.
3 ■ L’entreprise prend-elle dans son endettement un risque de
change ?
13.25
S’endetter par exemple en francs suisses quand tous les actifs et tous les flux
sont dans la zone euro ou dollar, permet de bénéficier des taux d’intérêt suisses
traditionnellement plus faibles, mais fait courir un grand risque de change* Risque de
change. Sauf à ce qu’il soit couvert (voir le chapitre 53), il se matérialisera en cas
Il convient donc de vérifier que ce risque de change n’est pas pris ou que des
couvertures ont été mises en place (swap, option, etc.), comme nous le verrons au
chapitre 53.
Section 3 ■ Application à ArcelorMittal2
13.26
Ces 16,7 Md$ (24 + 2 – 9,3), minorés des dividendes versés (2,1 Md$), ont
permis de réduire d’autant la dette nette qui passe de 22,8 Md$, fin 2017, à 8,9
Md$ fin 2022, soit son plus bas niveau historique. Compte tenu du niveau encore
élevé d’EBE en 2022 (12,6 Md$), le ratio dette nette/EBE reste très faible.
Dans une approche dynamique, l’outil de travail essentiel est le tableau de flux
de trésorerie ; les flux provenant de l’exploitation en sont la pierre angulaire. Les
flux de trésorerie disponible après frais financiers montrent l’ampleur des besoins
ou des excès de financement de l’entreprise.
L’entreprise fait appel à des capitaux propres et aux capitaux d’emprunt pour
financer des investissements. Ces investissements doivent progressivement
générer des flux positifs permettant de rembourser les capitaux d’endettement et
de rémunérer les actionnaires.
[Réponse]
[Réponse]
[Réponse]
[Réponse]
[Réponse]
[Réponse]
7/ Faut-il, à votre avis, faire une distinction entre l’endettement à court terme
et l’endettement à moyen long terme dans les tableaux de flux financiers ?
Pourquoi ?
[Réponse]
8/ Les taux à court terme étant actuellement très bas, on vous propose de vous
prêter à 3 mois. Qu’en pensez-vous ?
[Réponse]
[Réponse]
10/ On vous dit que TotalEnergies est endetté pour partie en dollars. Qu’en
pensez-vous ?
[Réponse]
11/ On vous dit que la Société du Tunnel du Mont-Blanc est endettée en yens.
Qu’en pensez-vous ?
[Réponse]
Exercices
[Réponse]
nd : non disponible.
[Réponse]
[Réponse]
[Réponse]
[Réponse]
Lampion est pris dans un cercle vicieux : les flux de trésorerie provenant de
l’exploitation diminuent de période en période. Lampion fait donc appel
massivement à l’endettement en période 2 pour financer ses investissements. En
période 3, Lampion a de graves difficultés de trésorerie, les flux de trésorerie
provenant de l’exploitation étant négatifs. La société fait donc appel à ses
actionnaires et se restructure en cédant des immobilisations. Ses investissements
nets sont donc nuls. Lampion doit se désendetter.
Bureau B., Py L., « Après deux années de crise sanitaire, des entreprises
françaises toujours résilientes à fin 2021 », Bulletin de la Banque de France
novembre-décembre 2022, no 243/7, pages 1 à 15.
Le Fur Y., Quiry P., « Orpéa : ils avaient des yeux et ils ne voyaient pas
(2/2) », La Lettre Vernimmen.net mars 2023, no 206, pages 1 à 4.
Podcasts
14.1
Nous avons jusqu’à présent étudié la formation des marges de l’entreprise, tout
en sachant que celles-ci nécessitent la réalisation d’investissements prenant la
forme de variations du besoin en fonds de roulement ou d’acquisitions
d’immobilisations, et qui naturellement doivent être financées par capitaux
propres ou par endettement. Nous avons maintenant en main tous les éléments
pour porter un diagnostic sur l’efficacité de l’entreprise, c’est-à-dire sur sa
rentabilité* Rentabilité.
Une entreprise qui dégage une rentabilité au moins égale à celle demandée
par ses actionnaires et ses créanciers n’aura pas durablement de problèmes de
financement, elle remboursera ses dettes et créera de la valeur pour ses
actionnaires.
14.2
14.3
Le plus souvent, par convention, l’actif économique retenu dans le calcul est
l’actif économique qui apparaît dans le bilan de fin d’exercice. On pourrait penser
que l’actif économique de début de période est plus approprié pour ce calcul en
estimant que les investissements de l’exercice n’ont pas contribué à la création de
richesse de la période2. Ce n’est pas faux, mais ne correspond pas à la pratique
générale. Quelques-uns font une moyenne entre l’actif économique de début et de
fin d’exercice. Peu importe. La seule chose que nous recommandons au lecteur est
de ne pas changer de méthode en cours de route pour ne pas fausser les
comparaisons sur l’horizon d’analyse.
Le résultat d’exploitation à considérer est celui que nous avons vu au
paragraphe 10.22 : il inclut la participation des salariés, l’intéressement et
l’ensemble des autres produits et charges que l’analyste aura rattachés au cycle
d’exploitation.
Les calculs sont faits après impôt. On calcule une rentabilité économique
après impôt au taux d’impôt* Taux d’impôt normal (25,83 % en France en 2023, voire
25 % si l’impôt sur les sociétés est inférieur à 763 000 € ou 15 % s’il est inférieur
à 42 500 €) ; et non pas en retranchant l’impôt réel qui dépend de la structure
financière puisque les frais financiers sont déductibles de la base imposable et
réduisent l’impôt à payer. Pour les groupes ayant des activités dans plusieurs pays,
le taux moyen dans les géographies où le groupe est imposé doit être retenu. En
pratique, l’analyste pourra l’estimer en divisant au compte de résultat l’impôt sur
les sociétés par le résultat avant impôt.
14.4
montant des capitaux engagés (actif économique) pour un chiffre d’affaires donné.
Une rentabilité économique « normale » peut donc résulter de faibles marges mais
d’un fort taux de rotation (donc une faible intensité capitalistique) ; c’est
l’exemple de la grande distribution comme Walmart. Elle peut aussi résulter de
fortes marges mais d’un faible taux de rotation (donc d’une forte intensité
capitalistique) ; c’est l’exemple des producteurs de Cognac ou des opérateurs de
satellites comme Eutelsat :
14.5
rentabilité financière* Rentabilité financière ou return on equity* Return on equity (ROE), ROE* ROE en
anglais.* Taux de rentabilité
1 ■ Le principe
14.6
L’effet de levier* Effet de levier explique le taux de rentabilité des capitaux propres en
fonction du taux de rentabilité de l’actif économique et du coût de la dette.
Nous avons, dans notre démarche, considéré les capitaux engagés dans leur
ensemble, qu’ils prennent la forme de capitaux propres ou d’endettement.
Ces capitaux sont investis dans des actifs qui forment l’actif économique et qui
sont appelés à dégager un résultat, comme le montre le schéma ci-contre :
Répartition de la richesse sécrétée
L’ensemble des capitaux apportés par les prêteurs et les actionnaires finance
l’ensemble des emplois, c’est-à-dire l’actif économique ; ces emplois dégagent
un résultat d’exploitation qui se répartit ensuite entre les frais financiers
(rémunération des prêteurs) et le résultat net revenant aux actionnaires.
Mais attention, l’effet de levier peut jouer dans les deux sens : s’il peut accroître la
rentabilité des capitaux propres par rapport à la rentabilité économique, il peut
aussi, dans certains cas, la minorer. Le rêve devient alors cauchemar.
14.7
Soit ainsi une entreprise dont l’actif économique est de 100, qui rapporte du
10 % après impôt, et qui est entièrement financé par capitaux propres. La
rentabilité économique et la rentabilité des capitaux propres sont donc égales à
10 %.
Rapporté à des capitaux propres de 70, cela donne une rentabilité après impôt
de 12,6 % (8,8/70), alors que la rentabilité économique après impôt est de 10 %.
Dans ce cas, les 30 empruntés et investis dans l’actif économique permettent
de dégager un résultat d’exploitation après impôt de 3 qui, après le paiement des
charges financières (1,2), revient aux actionnaires. Le surplus ainsi réalisé (1,8 = 3
– 1,2) s’ajoute au résultat d’exploitation que dégagent les investissements financés
par les capitaux propres (70 × 10 % = 7) pour former le résultat net : 7 + 1,8 = 8,8.
La rentabilité des capitaux propres est de 8,8/70, soit 12,6 %.
14.8
Rapporté aux capitaux propres de 70, cela donne une rentabilité après impôt
des capitaux propres de 1,1 % (0,8/70).
Ici les 30 empruntés dégagent un résultat d’exploitation après impôt de 0,6
qui, après paiement des 1,2 de charges financières, produisent un déficit de 0,6 sur
les fonds empruntés. Celui-ci s’impute sur le résultat net, qui ne sera plus que de
70 × 2 % – 0,6 = 0,8.
2 ■ La formulation
14.9
14.10
Formulons maintenant notre constatation : le résultat net est égal à la
rentabilité économique multipliée par les capitaux propres plus un surplus (ou un
déficit) de résultat obtenu sur les fonds empruntés, égal au produit de la dette par
la différence entre le taux de rentabilité économique après impôt et le coût de la
dette après impôt.
Que le lecteur ne se laisse pas abuser par cette formule, elle repose sur une
tautologie comptable. L’effet de levier ne constitue qu’un simple facteur explicatif
de la rentabilité des capitaux propres, et rien de plus.
14.11
On a donc :
14.12
14.13
e : estimation.
Source : BNP Paribas Exane.
e : estimation.
Source : BNP Paribas Exane.
Les secteurs de l'automobile et des services publics ont des rentabilités 2022
de leurs capitaux propres identiques (13 %), mais des rentabilités économiques
différentes (13 % et 6 % respectivement). L’endettement explique cette
différence : négatif dans l’automobile, significatif pour les services publics à 3 fois
l’EBE (voir le paragraphe 13.9). La qualité de la rentabilité des capitaux propres
dans le secteur de l’automobile est donc meilleure que pour les services publics, ce
qui ne veut pas nécessairement dire qu’elle est plus stable puisque le secteur de
l’automobile est cyclique contrairement aux services publics.
a) Présentation
14.15
■ Au compte de résultat :
□ les charges financières nettes (CF), rappelons qu’elles sont nettes des
produits financiers ;
■ Au bilan :
Données de base
Calculs
Résultats
1. Taux moyen d’imposition de l’entreprise. Pour 2020, nous avons retenu le même taux qu'en 2019, le
taux moyen n'étant pas calculable, la société étant en perte.
14.16
De même que nous avons conseillé à notre lecteur de partir des bilans et du
compte de résultat qu’il a établis aux chapitres 4 et 10 pour aboutir à des tableaux
de flux équilibrés, nous conseillons encore à notre lecteur de partir de ces mêmes
états financiers pour remplir le tableau précédent.
Nous ne saurions trop insister sur les deux identités comptables fondamentales :
Actif économique = Capitaux propres + Endettement net.
Résultat d’exploitation après impôt = Résultat courant net + Charges financières
nettes après impôt.
Ainsi, aboutira-t-il à la même rentabilité des capitaux propres quelle que soit
la façon de la calculer. Notre lecteur aura remarqué que le recours au résultat
courant plutôt qu’au résultat net permet d’éliminer l’impact des éléments non
récurrents.
Partant de tableaux où les problèmes ont déjà été résolus au moment de leur
établissement (quid des provisions pour risques, des provisions pour charges, etc.),
seuls trois problèmes concrets se posent lorsque l’on calcule l’effet de levier en
comptes consolidés.
14.17
Le même raisonnement peut être tenu pour les pertes accumulées. Ainsi,
celles-ci ne correspondent pas à des sommes récupérées par les actionnaires bien
qu’elles diminuent les capitaux propres. Ainsi, il conviendrait théoriquement de
gonfler les capitaux propres des pertes passées cumulées. Ce redressement est
malheureusement souvent difficile à mener.
Pour un groupe financier qui pourra céder telle ou telle participation pour se
désendetter, on traitera cette quote-part comme un produit financier puisqu’elle
serait égale à un dividende si l’entreprise mise en équivalence distribuait 100 % de
son résultat. Dans ce cas, le montant de cette participation doit être retranché de
l’endettement pour ce calcul de rentabilité.
14.18
14.19
Les sociétés à l’actif économique négatif* Actif économique négatif sont caractérisées par un
besoin en fonds de roulement très fortement négatif couvrant l’ensemble des
immobilisations nettes. Relevant de secteurs particuliers (restauration collective,
régie publicitaire, etc.), elles dégagent généralement une rentabilité sur capitaux
propres très élevée.
14.20
Il faut donc se méfier des taux d’intérêt apparents lorsqu’ils sont visiblement
aberrants et de l’effet de levier ainsi calculé.
14.21
Il est ainsi facile, comme nous l’avons vu, d’améliorer le taux comptable de
rentabilité des capitaux propres en s’endettant et en jouant sur l’effet de levier.
Mais le risque de l’entreprise s’accroît… et de cela le taux comptable ne rend pas
compte.
La rentabilité économique ou la rentabilité des capitaux propres* Rentabilité des capitaux propres
sont des taux de rentabilité comptable* Taux de rentabilité comptable ex-post ; en aucune manière
ils ne peuvent correspondre aux exigences de rentabilité ex-ante des actionnaires
ou de l’ensemble des pourvoyeurs de fonds.
Nous verrons que si la rentabilité est très élevée, l’actionnaire exige beaucoup
moins, et a déjà ajusté la valorisation des capitaux propres dont la valeur
marchande est de ce fait très largement supérieure à la valeur comptable (voir le
paragraphe 28.2). Si la rentabilité est très faible, l’actionnaire exige beaucoup
plus et a déjà ajusté la valorisation des capitaux propres dont la valeur marchande
est alors bien inférieure à la valeur comptable.
14.22
Stratégie caricaturale des années 1960, ou actuellement de Lactalis dans les
produits laitiers, la stratégie de fuite en avant est particulièrement bien adaptée
dans un contexte de forte croissance. Cette stratégie a une double caractéristique :
forts investissements pour augmenter la taille de l’outil industriel et faibles marges
pour conquérir des parts de marché et faire tourner l’outil de production. Bien
évidemment, la rentabilité économique est faible (faibles marges et forts
investissements), mais le recours inévitable à l’endettement (la faiblesse des
marges entraîne des flux sécrétés par l’exploitation insuffisants pour couvrir les
investissements importants) permet de gonfler la rentabilité des capitaux propres
par le mécanisme de l’effet de levier. Ce d’autant plus que le coût réel de la dette
est faible ou négatif en raison de l’inflation. Cependant, la rentabilité des capitaux
propres est très instable, elle peut brutalement chuter lorsque le taux de croissance
de l’activité se ralentit. Ce fut typiquement la stratégie de Suntech, le leader
mondial chinois des panneaux solaires, qui lui a permis de s’imposer sur son
marché, de « descendre sa courbe d’expérience » diraient les consultants, mais qui
fut aussi la source de sa faillite en 2013.
14.23
14.24
L’effet de levier peut jouer dans les deux sens : s’il peut accroître la rentabilité
des capitaux propres par rapport à la rentabilité économique, il peut aussi la
minorer quand la rentabilité économique devient inférieure au coût de
l’endettement.
Dans la durée, seule une bonne rentabilité économique est le gage d’un niveau
de rentabilité des capitaux propres satisfaisant. Comme nous le verrons, l’effet de
levier ne crée pas de valeur. S’il peut augmenter la rentabilité des capitaux
propres, il augmente immanquablement leur risque.
Questions
[Réponse]
[Réponse]
[Réponse]
[Réponse]
[Réponse]
[Réponse]
[Réponse]
8/ Votre directeur financier vous propose de vous endetter pour augmenter la
rentabilité des capitaux propres. Qu’en pensez-vous ?
[Réponse]
[Réponse]
10/ Dans une période caractérisée par des taux d’intérêt bas et une bonne
conjoncture, comment la structure financière des entreprises devrait-elle évoluer ?
[Réponse]
11/ Que pensez-vous des secteurs caractérisés par de fortes marges et une
faible intensité capitalistique ?
[Réponse]
12/ Que pensez-vous des secteurs caractérisés par de faibles marges et une
forte intensité capitalistique ?
[Réponse]
[Réponse]
[Réponse]
Exercices
[Réponse]
[Réponse]
[Réponse]
[Réponse]
Par construction comptable, l’actif économique étant financé par les capitaux
investis, c’est-à-dire les capitaux propres et l’endettement net.
Effet de levier = ou
Car elle repose sur l’égalité total actif = total passif qui est toujours vraie !
Car les dépréciations, qui réduisent le montant comptable des capitaux propres
et de l’actif immobilisé (voir le paragraphe 7.24), augmentent artificiellement les
rentabilités comptables. Aussi, conseillons-nous à notre lecteur de raisonner en
brut et non en net (des dépréciations des survaleurs).
C’est le nirvana, le paradis sur terre en raison de leur très forte rentabilité ! Les
concurrents vont essayer d’entrer à tout prix dans ce secteur, ce qui fera baisser les
rentabilités à terme.
Ils sont mûrs pour une restructuration car cette situation n’est pas viable : très
faible rentabilité qui ne satisfait personne et conduit à des gaspillages au niveau
macroéconomique, et si les sociétés de ce secteur sont endettées, à des faillites.
Une entreprise en dette nette négative qui place ses excédents à un taux
d’intérêt inférieur à sa rentabilité économique (cf. l’exemple d’Hermès du
paragraphe 14.13). Une entreprise endettée à un taux d’intérêt supérieur à sa
(faible) rentabilité économique. La seconde qui est endettée et qui a une faible
rentabilité économique.
Une étude superficielle pourrait laisser croire que le groupe C est une véritable
star de par l’exceptionnelle rentabilité de ses capitaux propres (40 % !), que A
s’améliore alors que B est bien décevant en comparaison. En fait il n’en est rien !
C n’obtient son très haut niveau de rentabilité que grâce à un effet de levier massif
qui le fragilise alors que sa rentabilité économique est moyenne. B n’a aucune
dette et est le moins risqué de tous avec la meilleure rentabilité économique. A fait
totalement illusion car la progression de la rentabilité de ses capitaux propres est
entièrement due à un effet de levier croissant, alors même que sa rentabilité
économique ne cesse de se dégrader, il est donc le plus risqué des trois.
Avec :
d’où
Bibliographie
Andersson T., Haslam C., Lee E., « Financialized account: restructuring and
return on capital employed in the S & P 500 », Accounting Forum, vol. 30, pages
21 à 41, juin 2006.
Le Fur Y., Quiry P., « Les principaux taux d’impôt en France en 2023 », La
Lettre Vernimmen.net janvier 2023, no 204, pages 8 à 9.
Le Fur Y., Quiry P., « Les taux d’impôt sur les sociétés dans le monde en
2022 », La Lettre Vernimmen.net juin 2022, no 199, pages 4 à 5.
https://taxsummaries.pwc.com
Podcasts
Analyse de la rentabilité
L’effet de levier
Intérêts et limites de l'effet de levier
Section 1 ■ La solvabilité
Section 2 ■ La création de valeur
Section 3 ■ L’analyse financière en l’absence de documents comptables
Section 4 ■ Application à ArcelorMittal
Résumé
Questions
Exercices
Bibliographie
Podcast ■ Conclusion de l’analyse financière
Podcast ■ Conclusion du cas Gremlin
15.1
À l’issue de son travail d’analyse financière, notre lecteur doit être capable de
répondre aux deux questions principales qui ont pu justifier son enquête :
extrême d’une faillite, de rembourser les crédits qui lui ont été accordés ?
15.2
Une entreprise est solvable lorsqu’elle peut faire face à l’ensemble de ses
engagements en liquidant l’ensemble de ses actifs, c’est-à-dire en cas d’arrêt de
l’exploitation et de mise en vente de tous ses actifs.
15.3
Considérons ainsi une société dont les dettes sont égales aux capitaux
propres. La valeur de ses dettes et de ses capitaux propres correspond à leur
montant comptable car la rentabilité de l’actif économique est égale au coût du
capital qui est de 10 % (nous verrons ce raisonnement au paragraphe 28.2).
Une crise survient qui se traduit par une chute du taux de rentabilité
économique. On observe alors :
1. L’année 0, l’entreprise étant bénéficiaire, les frais financiers ne sont que de 2, compte tenu d’un impôt
sur les bénéfices de 35 % (calculs arrondis). Par ailleurs, pour simplification, le résultat net est supposé
entièrement distribué.
15.4
15.5
Pendant longtemps, « l’actif net* Actif net » c’est-à-dire la différence entre l’actif
et le passif exigible total, soit l’actif net des dettes, a été le pivot de l’analyse
financière. Il s’agit là, vu sous un angle différent, des capitaux propres, qui sont
comparés avec l’ensemble des engagements.
15.6
Que notre lecteur soit patient car il nous reste à lui expliquer comment se
mesure le taux de rentabilité exigé par les actionnaires et les créanciers, que l’on
appelle coût du capital ou coût moyen pondéré du capital. C’est l’objet de la
deuxième partie de cet ouvrage. Puis, au chapitre 28, il approfondira la notion de
création de valeur et, au chapitre 29, il verra comment la mesurer.
Section 3 ■ L’analyse financière en l’absence de
documents comptables
15.7
Dans nos pays, lorsque les documents comptables ne sont pas disponibles dans
un délai raisonnable, c’est que l’entreprise est en difficulté. Souvent le rôle de
l’analyste sera alors d’apprécier l’ampleur des pertes du dernier exercice pour
vérifier si l’entreprise peut être redressée ou si l’importance des déficits la
condamne sans appel.
Or, nos lecteurs en seront peut-être surpris, nous avons souvent utilisé dans la
pratique le tableau de flux dans « l’autre sens », c’est-à-dire pour apprécier le
résultat à partir du désendettement net !
15.8
Dans certains secteurs, l’indicateur trésorerie est sans aucun doute un meilleur
indicateur de rentabilité que le résultat.
15.9
Une entreprise est solvable lorsqu’elle peut faire face à l’ensemble de ses
engagements en liquidant l’ensemble de ses actifs, c’est-à-dire en cas d’arrêt de
l’activité et de mise en vente de tous ses biens. La solvabilité dépend de la valeur
liquidative des actifs et de l’importance des dettes. L’actif net (c’est-à-dire les
capitaux propres), différence entre le montant de l’actif et la totalité des dettes,
mesure la solvabilité d’une entreprise.
Une entreprise crée de la valeur lorsqu’elle dégage sur son actif économique
un taux de rentabilité économique supérieur au coût des ressources (dettes et
capitaux propres) qui ont servi à financer cet actif économique, et que l’on appelle
coût du capital ou coût moyen pondéré du capital.
Nous conseillons enfin à notre lecteur, qui doit porter rapidement un diagnostic
sur une entreprise en difficulté et dont les comptes ne sont pas encore disponibles,
de bâtir un tableau de flux à l’envers, partant du désendettement net et remontant
ainsi jusqu’au résultat net, afin de mesurer l’ampleur des pertes qui menacent la
survie de l’entreprise et sa solvabilité.
Questions
[Réponse]
[Réponse]
[Réponse]
[Réponse]
5/ Une entreprise s’endette au jour le jour pour acheter des obligations à taux
fixe. Court-elle un risque de liquidité ? de solvabilité ? Comment ce(s) risque(s) se
matérialise(nt)-t-il(s) ? Quelle est l’anticipation de taux de cette société ?
[Réponse]
[Réponse]
[Réponse]
[Réponse]
[Réponse]
[Réponse]
Exercices
[Réponse]
[Réponse]
3/ Procédez à l’analyse financière du groupe Rubis dont les comptes se
trouvent sur le site www.vernimmen.net, onglet « S'entraîner–étude de cas ».
[Réponse]
[Réponse]
[Réponse]
[Réponse]
Tôt ou tard sans doute à moins qu’elle ne réussisse à restructurer son bilan.
Oui ; sauf à avoir un cours sous-évalué et dans ce cas courir un risque d’OPA
(voir le chapitre 47).
En raison des intérêts minoritaires dont on ne sait pas à quels actifs précis ils
ont droit.
Les deux ! Il faut éviter la situation d’une maison mère endettée avec des
filiales qui ne le sont pas et qui ne peuvent pas verser des dividendes importants.
La maison mère ne peut faire face au service de la dette qu’en cédant des actifs
dans des conditions de valorisation qui peuvent être mauvaises (voir Vivendi
Universal en 2002 qui était illiquide, mais pas insolvable).
Cogélec est une PME française contrôlée par ses dirigeants, qui conçoit,
fabrique et distribue des interphones téléphoniques et des contrôles d’accès.
Pour financer son expansion internationale et la fin des frais de R&D sur la clé
Kibolt, Cogélec lève en 2018 lors de son introduction en Bourse 19 M€ de
capitaux propres supplémentaires, et cesse de verser des dividendes. Sa liquidité et
sa solvabilité deviennent excellentes. L’endettement brut en 2022 est de 24 M€
avec 23 M€ de liquidités ; les capitaux propres de 7 M€ couvrent les frais de R&D
immobilisés au bilan dont la valeur est incertaine tant que la clé Kibolt n’est pas
commercialisée à grande échelle.
En conclusion, Cogélec est une entreprise dont la solvabilité n’est pas sujette à
question depuis son augmentation de capital de 2018 et qui crée de la valeur sur
ses activités purement françaises, en attendant d’en créer, éventuellement, aussi
dans le nord de l’Europe.
O : déplorable, l’endettement net est trop élevé par rapport à l’EBE avec un
ratio intenable de 11,5. Avec un résultat d’exploitation de – 49 M€, la valeur de
l’actif économique est clairement douteuse et bien inférieure au montant des
dettes. Les capitaux propres ne valent plus rien (– 1 502 M€). C’est Orpéa en 2022
et en lourde restructuration financière en 2023 (voir le paragraphe 50.24).
Bureau B., Py L., « Après deux années de crise sanitaire, des entreprises
françaises toujours résilientes à fin 2021 », Bulletin de la Banque de France
décembre 2022, no 243/7, p. 1 à 15.
Le Fur Y., Quiry P., « Les entreprises allemandes sont-elles plus performantes
que les françaises ? », La Lettre Vernimmen.net septembre 2016, no 142, pages 4
à 7.
Le Fur Y., Quiry P., « L’analyse financière des sociétés américaines cotées »,
La Lettre Vernimmen.net septembre 2015, no 134, pages 3 à 6.
Le Fur Y., Quiry P., « L’analyse financière des groupes chinois cotés », La
Lettre Vernimmen.net juillet 2018, no 160, pages 1 à 5.
Le Fur Y., Quiry P., « L’analyse financière des groupes cotés en Afrique de
l’Ouest », La Lettre Vernimmen.net septembre 2019, no 17, pages 4 à 7.
Podcasts
16.1
16.2
Le rôle principal du système financier* Système financier est de mettre les agents
économiques excédentaires en ressources (par exemple les ménages) en relation
avec ceux qui sont déficitaires (par exemple des entreprises, des collectivités
locales ou des États), comme l’illustre le schéma suivant :
16.3
Dans le premier cas (finance directe), les agents économiques ayant des
excédents de capitaux financent directement les agents ayant des besoins de
financement.
16.4
Ainsi, lorsque vous déposez des fonds sur votre compte en banque, ceux-ci
serviront à octroyer des crédits à des entreprises. De même, lorsque vous
souscrivez à un emprunt d’une institution financière, les fonds collectés
permettront de financer des entreprises industrielles ou commerciales sous la
forme de prêts. Enfin, lorsque vous investissez dans le fonds euro d’un contrat
d’assurance-vie, sachez que la compagnie d’assurance placera les fonds ainsi
collectés sur le marché obligataire, sur le marché immobilier, etc.
Son bilan et son compte de résultat font donc écran entre les agents à
excédents de financement et ceux qui ont des besoins de financement :
16.5
Nous sommes aujourd’hui en Europe dans une économie caractérisée par une
désintermédiation* Désintermédiation croissante, ce qui se traduit par une part de plus en
plus importante :
des financements obtenus par les entreprises directement sur les marchés de
■
capitaux ;
des placements réalisés directement par les entreprises ou les particuliers sur
■
Le risque du prêteur est bien sûr celui que l’entreprise ne dégage pas
suffisamment de flux pour pouvoir payer les intérêts dus et assurer le
remboursement du capital.
Dans une économie sans marché secondaire, le risque financier des pourvoyeurs
de fonds porte essentiellement sur les flux.
Les crédits bancaires sont alors essentiellement destinés aux ménages (crédits
à la consommation, crédits immobiliers…) et aux entreprises, souvent petites et
moyennes, qui n’ont pas accès aux marchés financiers.
16.6
Les quelques graphiques qui suivent illustrent mieux que de longs discours
l’importance prise par les marchés financiers :
Source : World Federation of Exchanges, NYSE-Euronext, Borsa Italiana, London Stock Exchange,
Moscow Exchange.
Les volumes d’échanges sont, eux, très liés à la conjoncture boursière, même
si la tendance à la hausse est très nette.
Volume annuel d’échanges sur les bourses mondiales (en Md$)
16.7
16.8
Si l’accent est souvent mis sur le marché primaire, c’est parce que la vocation
première d’un marché financier est d’assurer l’équilibre entre les besoins et les
excédents de financement. Mais l’innovation financière a consisté à créer des
marchés secondaires où les titres financiers changent de main.
16.9
16.10
Par liquidité* Liquidité, nous entendons l’aptitude d’un bien quelconque à être
transformé rapidement et sans perte de valeur en espèces (cash* Cash). Autrement
dit, la possibilité pour un investisseur d’effectuer une transaction au prix affiché et
pour un volume important sans perturber le marché. C’est donc pouvoir acheter ou
vendre une quantité importante de titres sans influer sur son cours.
Une telle position est erronée et traduit une grande ignorance du rôle
économique des marchés secondaires. Il faut bien comprendre que l’investisseur
financier met continuellement en concurrence le marché primaire et le marché
secondaire : peu lui importe d’acheter un titre « neuf » ou « d’occasion » dans la
mesure où ces titres présentent les mêmes caractéristiques.
16.11
Par ailleurs, la qualité d’un marché primaire dépend beaucoup de celle de son
marché secondaire : si l’acheteur d'un titre sait qu’il pourra difficilement le
revendre, il l’achètera certainement moins cher.
Le marché secondaire détermine le prix d’émission des titres financiers que
l’entreprise émet sur le marché primaire, puisque les investisseurs arbitrent en
permanence entre les placements actuels et un nouveau placement proposé.
16.12
Sur les marchés dérivés* Marché dérivé sont négociés des produits financiers dérivés,
c’est-à-dire des produits dont la valeur dépend d’un autre actif : action, obligation,
mais aussi matière première agricole, minière ou énergétique, indice, etc. Comme
nous le verrons au chapitre 53, il existe deux grandes familles de produits
dérivés : les options (dont on fera connaissance dès le chapitre 25 et qui ont une
place importante dans la réflexion et la pratique financières), et les contrats à
terme.
Les marchés dérivés sont des marchés sur des marchés, des « contrats » sur des
« contrats ». Ils permettent de prendre des positions importantes à l’achat ou à la
vente avec une mise de fonds limitée.
Tous les produits négociés sur les marchés dérivés présentent l’avantage
commun d’être spécialisés dans la seule gestion d’un risque financier. En outre, la
liquidité très importante de ces produits permet de revenir aisément sur ce choix
avec une mise de fonds limitée.
Tant les options que les contrats à terme permettent de prendre des risques
importants avec une mise de fonds limitée en jouant sur l’effet de levier procuré
par ces produits (spéculation) ou, au contraire, de transférer le risque à un tiers
(couverture) et c’est l’usage qui en est normalement fait par les entreprises.
Section 3 ■ Les fonctions d’un système financier
16.13
■ Un système financier fournit une information sur les prix au plus bas
coût possible, ce qui aide la prise de décisions décentralisée. Les taux d’intérêt,
le prix des actifs sont des informations utilisées par les individus dans leur
décision d’épargner, d’investir, de consommer, de répartir des richesses entre
différents actifs. Par ailleurs, la recherche et l’analyse d’informations sur la
solvabilité d’un emprunteur sont souvent longues, coûteuses et inaccessibles pour
le quidam. Si un intermédiaire financier ou une agence de rating le fait pour le
compte de milliers d’investisseurs, les coûts sont fortement réduits.
■ Un système financier fournit les moyens d’atténuer les conflits entre les
parties à un contrat. Ces problèmes apparaissent parce qu’il n’est pas toujours
facile pour les parties à un contrat de s’observer et de se contrôler mutuellement,
d’autant que le niveau d’information des uns et des autres, ainsi que la nature du
lien contractuel, diffèrent suivant les situations. L’investisseur confie des fonds à
des gestionnaires en espérant que ceux-ci les gèrent au mieux de ses intérêts et non
des leurs. Si tel n’est pas le cas, la sanction sur un marché sera tôt ou tard le
remplacement de l’équipe défaillante par de nouveaux gestionnaires.
Section 4 ■ Le rôle des banques auprès des entreprises
16.14
■les banques d’affaires* Banque d’affaires qui apportaient des conseils (en fusions-
acquisitions, en gestion de fortune) et jouaient le rôle d’intermédiaire (pour le
placement d’obligations ou d’actions), mais sans « utiliser leur bilan ».
Ceci est particulièrement vrai pour certaines lignes de métier globales comme la
banque de financement et d’investissement ou la gestion et la conservation d’actifs
pour lesquelles la taille constitue un véritable avantage compétitif.
16.15
■ la banque de détail* Banque de détail (Retail banking* Retail banking en anglais) qui
s’adresse aux particuliers, aux professionnels, et aux petites et moyennes
entreprises. Elle a une fonction d’intermédiation entre les agents à excédent de
financement dont elle collecte les ressources et les agents à besoin de financement
à qui elle prête ces ressources. Elle a des millions de clients et de ce fait une
dimension de nature industrielle. Un portefeuille important de prêts permettra
d’éliminer une partie du risque par diversification (voir le paragraphe 20.6). La
banque de détail est une activité fortement concurrentielle où les marges après
prise en compte des frais généraux et du coût du risque sont peu élevées. En effet,
le prêt bancaire est un produit standardisé qui permet ainsi aux entrepreneurs de
faire jouer aisément la concurrence. Des services annexes ont été développés par
les banques de détail pour compléter leur offre aux entreprises et renforcer leur
valeur ajoutée. Ainsi, ces banques pourront assister les entreprises dans la gestion
de leurs flux (chèques, virements…) ou de leur trésorerie (voir le chapitre 52).
Enfin, on trouve également au sein de la banque de détail l’ensemble des activités
de services financiers spécialisés pour la clientèle des particuliers (crédit à la
consommation, assurance, etc.). Les services financiers spécialisés pour les
entreprises (affacturage, crédit-bail, etc.) sont souvent inclus dans cette division
car à l’origine très tournés vers les PME ;
16.16
□accès au marché actions (equity capital markets* Equity capital markets (ECM),
ECM* ECM) : la banque assiste l’entreprise pour son introduction en Bourse
(voir le chapitre 46), puis dans les opérations d’augmentation de capital qui
peuvent suivre (voir le chapitre 40). Elle peut également conseiller
l’entreprise dans l’émission de produits qui deviendront à terme des actions
(bons de souscription d’actions, obligations convertibles ; voir le chapitre
26) ou dans le reclassement d’actions d’une filiale ou participation cotée ;
16.17
■ la gestion d’actifs* Banque de gestion d’actifs2 qui a ses propres clients – les investisseurs
institutionnels, les particuliers fortunés – mais travaille aussi par le biais de
SICAV* SICAV ou de fonds communs de placement (FCP* FCP) pour les clients de la
banque de détail. Elle peut avoir besoin de produits de la banque d’investissement
(couverture, exécution des ordres…). Cette dernière activité est de plus en plus
assurée par des acteurs indépendants (totalement ou partiellement) des grandes
banques.
À côté des groupes bancaires globaux présents sur l’ensemble des métiers de
la banque, certains acteurs ont privilégié une spécialisation sur un nombre réduit
d’activités comme les fusions-acquisitions et la gestion d’actifs (Lazard,
Rothschild…), la banque de détail (c’est le cas notamment des néo-banques N26,
Revolut, Orange Bank…), ou des géographies plus ciblées (Crédit Mutuel,
Attijariwafa Bank…).
La crise de 2020 montre à nouveau (après 2008) le rôle central joué par les
banques dans l’économie. Elles sont un fournisseur de liquidités, mais elles sont
également un baromètre de l’aversion au risque des investisseurs. Le métier de
base des banques étant d’apprécier le risque et de le « repackager » en éliminant le
risque diversifiable.
16.18
Un marché efficient* Marché efficient est un marché dans lequel le prix des titres financiers
reflète à tout moment toute l’information pertinente disponible. On parle aussi de
marchés à l’équilibre* Marché à l’équilibre, de marchés en équilibre et de marchés parfaits
qui sont des termes synonymes.
Dans un tel marché, le prix intègre donc instantanément les conséquences des
événements passés et reflète toutes les anticipations sur les événements futurs. Il
est alors totalement impossible de prévoir les variations futures d’un titre financier
puisque tous les éléments connus ou anticipés sont déjà intégrés dans les prix
actuels. Seule une nouvelle information peut venir modifier la valeur du titre
financier. Comme l’apparition d’une nouvelle information est imprévisible, les
changements de prix d’une action sont donc aléatoires et l’on parle alors de
marche au hasard* Marche au hasard des taux de rentabilité quotidiens.
16.19
Sur les marchés efficients, il n’est pas possible de prévoir les rentabilités
futures : les prix observés reflètent toute l’information que l’on peut tirer de
l’étude des cours ou des volumes passés. Les marchés efficients dénient toute
portée pratique à l’analyse chartiste* Analyse chartiste (du paragraphe 20.18) ou aux
martingales* Martingale (au sens commun et non mathématique) du genre « si une
action monte trois fois de suite, l’acheter et la vendre après deux baisses
successives ». De la même façon, il n’est pas possible de prévoir les rentabilités
futures à partir de modèles liant les rentabilités à des paramètres comme les taux
d’intérêt, les taux de rendement, l’écart entre les taux court terme et les taux long
terme…
Les marchés sont dits « efficients » lorsque les prix observés reflètent
toute l’information publiquement disponible (rapport annuel, articles de presse,
prospectus d’émission, annonce d’un nouveau contrat, d’une baisse du
dividende…). Cette hypothèse peut être vérifiée empiriquement par l’étude de la
réaction des cours de Bourse à certains événements : annonce d’une fusion, d’un
dividende en forte baisse ou tout simplement de résultats supérieurs aux attentes…
Le prix d’une action doit réagir immédiatement et ponctuellement à l’annonce
d’une information significative pour l’entreprise ; aucun effet sur le prix ne doit
être visible avant l’annonce, ni le lendemain de celle-ci. Autrement dit, les prix
s’ajustent immédiatement à l’annonce de toute information nouvelle. En voici un
exemple de 2023 :
Un exemple d’efficience des marchés : l’annonce de l’OPA sur Rothschild & Co le 6 février 2023
Pour éviter que les investisseurs ayant un accès plus rapide à l’information
utilisent cet avantage au détriment des autres investisseurs, les autorités boursières
incitent les entreprises à communiquer avant l’ouverture ou après la clôture, ou
imposent une suspension de cours avant l’annonce, en cours de séance, d’une
information susceptible d’avoir un impact important sur le cours. La cotation ne
reprend que quelques heures plus tard, voire le lendemain. Ce délai, durant lequel
le cours est suspendu, permet à l’information de se diffuser auprès de l’ensemble
des investisseurs. Lorsque la cotation reprend, aucun investisseur ne peut donc être
spolié.
16.21
Le concept d’efficience des marchés est d’autant plus proche de la réalité que
l’accès à l’information est libre pour tous et peu onéreux, le coût des
transactions est faible, le marché est liquide et les investisseurs sont rationnels.
Prenons l’exemple d’un titre dont le prix est supposé devoir augmenter de
10 % le lendemain. Dans un marché efficient, son prix sera fixé aujourd’hui à un
niveau tenant compte de cette espérance de gain. Le prix attendu pour « demain »
est actualisé et la valeur d’aujourd’hui devient une estimation de la valeur du jour
suivant.
Section 6 ■ Un second cadre théorique en
construction : la finance comportementale
16.22
Tout un pan de recherche en finance* Finance comportementale depuis la fin des années
1960 a consisté à tester l’efficience des marchés, c’est même probablement
l’hypothèse la plus testée en finance. Depuis le début des années 1980, des
chercheurs (notamment R. Thaler et D. Kahneman) ont mis en évidence des
« anomalies » qui tendent à contredire l’efficience des marchés. Citons par
exemple :
■ Les actions à dual listing et fonds fermés. Les dual listing sont des actions
d’entreprises jumelles cotées sur deux marchés distincts. Leurs flux de dividendes
sont identiques et pourtant, le cours des deux titres peut diverger sur une longue
période. De même, les titres de fonds fermés (constitués uniquement de titres
cotés) peuvent coter sur une longue période avec une décote ou une prime par
rapport à la valeur d’actif net réévalué. Les justifications classiques pour la décote
de conglomérat (voir le paragraphe 44.3) ne permettent pas d’expliquer
l’ampleur de la décote constatée sur certains fonds et certainement pas la prime
existante sur d’autres ! Il est intéressant de constater que ces primes ou décotes par
rapport à la valeur intrinsèque peuvent perdurer sur une longue période ce qui
explique qu’un arbitrage (pourtant simple à concevoir) devient impossible pour
tout investisseur n’ayant pas un horizon de très long terme.
■Les anomalies calendaires. Les titres semblent moins bien performer le lundi
que les autres jours de la semaine et avoir une rentabilité supérieure en janvier par
rapport aux autres mois de l’année (ce phénomène étant en particulier vrai pour les
entreprises de petite taille). Il apparaît néanmoins que les anomalies sont trop peu
marquées pour permettre la réalisation systématique d’arbitrages profitables,
compte tenu des coûts de transaction. Pour chacune de ces observations, des
raisons conformes à la rationalité des investisseurs sont avancées3.
16.23
■les investisseurs n’effectuent pas les mêmes choix lorsqu’il s’agit de gains ou
de pertes. Ils préfèrent prendre des risques lorsque la probabilité de perte est forte
(avoir une probabilité de 50 % de perdre 100 plutôt que d’être sûr de perdre 50),
alors qu’ils préféreront assurer un gain plus faible si la probabilité est forte (être
sûr de gagner 50 plutôt que d’avoir une chance sur 2 de gagner 100) ;
16.24
Le tout n’est pas de faire voler en éclat la théorie des marchés en équilibre, il
convient alors de proposer un nouveau cadre pour la finance. Les modèles
aujourd’hui créés par les chercheurs en finance comportementale sont peu
utilisables en l’état. Ils se concentrent sur la première étape du raisonnement :
modéliser le comportement des investisseurs afin de déterminer l’utilité qu’ils
perçoivent et la manière dont ils appréhendent les produits financiers. Nous
restons donc encore sur notre faim en attendant les applications directes en finance
d’entreprise…
■ la couverture ;
■ la spéculation ;
■ l’arbitrage.
1 ■ La couverture
16.25
C’est un comportement simple, naturel et sain pour ceux qui ne sont pas des
financiers. La marge de l’industriel, fondée sur une compétence technique,
humaine, commerciale, entre des produits et des consommations est protégée. La
rentabilité économique d’un projet, d’une activité, est assurée indépendamment
des fluctuations des marchés de capitaux.
Ainsi l’industriel européen qui exporte aux États-Unis vendra à terme des
dollars contre euros, ce qui lui garantit un taux de change certain pour ses recettes
futures en dollars. Il est couvert. De même, un organisme de crédit à moyen terme
qui se refinance par des ressources de même durée est couvert.
Se couvrir, c’est vouloir ne pas prendre le risque considéré.
2 ■ La spéculation
16.26
■ c’est celui du trader* Trader sur le marché : terme qui désigne souvent le
spéculateur professionnel. Trading* Trading signifie négoce et les négociants (traders)
passent leur journée à acheter à bas prix une devise, une obligation, une action,
une option, etc., dont ils anticipent la hausse ; et à les vendre lorsqu’ils anticipent
leur baisse ;
De même si, dans un marché, les besoins de ressources à long terme ne sont
pas satisfaits alors qu’il y a un surplus d’épargne à court terme, il faudra bien qu’à
un moment donné quelqu’un prenne le risque de s’endetter à court terme pour
placer à long terme. Le spéculateur fait alors de la transformation* Transformation dont il
assume les risques.
3 ■ L’arbitrage
16.27
On réalisera ainsi une opération d’arbitrage* Arbitrage après avoir observé qu’à
Francfort l’action Solvay vaut moins cher qu’à Bruxelles. On achètera alors des
actions Solvay à Francfort en les revendant simultanément à Bruxelles à un prix
plus élevé. Achetant à Francfort, l’arbitragiste fait monter le cours à Francfort ;
vendant à Bruxelles, il fait baisser le cours à Bruxelles, jusqu’à obtenir une égalité
des cours entre ces deux places.
16.28
L’arbitrage permet donc d’assurer l’égalité des prix entre les différents marchés à
un même moment. Il assure la fluidité entre les marchés et contribue à leur
liquidité. C’est l’opération de base qui permet de garantir l’efficience des marchés.
Les opérations d’arbitrage sont d’autant plus rapides à intervenir, par des
algorithmes de nos jours, que le marché des titres est liquide. À défaut, des
déséquilibres peuvent persister un certain temps sur des titres très illiquides. La
liquidité des marchés et les progrès de la technologie rendent de plus en plus rares
et complexes les opportunités d’arbitrage. Aussi certains arbitragistes sont-ils
amenés à prendre une certaine dose de risques dans la pratique et donc une
composante de spéculation normalement étrangères à l’arbitrage stricto sensu. En
particulier l’exemple donné plus haut de l’action Solvay est pédagogique, mais ne
s’observe plus depuis longtemps.
Nous verrons tout au long de cet ouvrage qu’il ne peut y avoir de miracle en
finance à cause des opérations d’arbitrage qui égalisent entre elles les valeurs qui
ont le même niveau de risque.
16.29
De la même façon, le terme arbitrage est parfois utilisé dans le cas d’un
investisseur échangeant dans son portefeuille un titre pour un autre titre présentant
de fortes similitudes (arbitrer entre Orange et Deutsche Telekom…). Ces
imprécisions de langage ne sont pas de nature à remettre en cause la définition
plus stricte de l’arbitrage que nous retenons dans le reste de cet ouvrage.
■■■
16.30
Que le lecteur nous comprenne bien, ces trois types de comportements ne
correspondent pas à trois catégories rigides et hermétiques d’investisseurs. Un
spéculateur pourra se livrer à des opérations d’arbitrage ou couvrir partiellement
sa position ; un hedger pourra accepter de ne couvrir que partiellement sa position
et donc de spéculer sur la fraction non couverte, etc.
Un marché est fluide, liquide et affiche « de bons prix » lorsqu’il réunit des
hedgers, des spéculateurs et des arbitragistes.
Résumé
■ soit directement sur les marchés financiers : on parle dans ce cas de finance
directe et les banques jouent alors le simple rôle de courtier.
Il permet aussi de répartir dans le temps, l’espace ou les secteurs les ressources
disponibles. Il fournit des outils de gestion des risques, une information à bas coût
sur les prix, ce qui permet une prise de décision décentralisée, et il atténue les
conflits entre les parties à un contrat.
L’essor des marchés financiers est une réalité de long terme, elle va de pair
avec leur internationalisation. L’économie dans laquelle nous vivons n’est plus
une économie d’endettement (où le financement par crédits bancaires
prédominait), mais une économie de marchés financiers caractérisée par l’appel
direct des groupes à l’épargne par émission d’actions ou d’obligations.
Les banques se sont adaptées à ce nouveau système en développant, au-delà de
leur rôle historique de prêteur, des services de conseil facilitant l’accès direct des
entreprises aux marchés financiers, qu’ils soient des marchés actions ou
obligataires.
D’un point de vue conceptuel, les marchés financiers ne sont efficients que si
le prix des titres reflète à tout moment toute l’information pertinente disponible.
Un marché est d’autant plus efficient qu’il est liquide, que l’accès à l’information
est libre pour tous, que le coût des transactions est faible et que les individus sont
rationnels. C’est probablement sur ce dernier point que l’efficience est la plus
contestable car l’être humain ne se résume pas à une série d’équations. D’où
l’existence d’anomalies, de comportements mimétiques conduisant à l’apparition
de bulles spéculatives que la finance comportementale tente d’analyser et
d’expliquer.
Ces trois rôles sont indispensables pour offrir aux entreprises qui utilisent les
marchés financiers les produits de financement et de couverture dont elles ont
besoin à des prix normaux.
Questions
[Réponse]
[Réponse]
[Réponse]
[Réponse]
[Réponse]
[Réponse]
[Réponse]
[Réponse]
10/ Il a été dit à des investisseurs détenant des actions Deliveroo qui ont perdu
75 % de leur valeur 2 ans après son introduction en Bourse de mars 2021, que, tant
qu’ils n’ont pas vendu, ils n’ont pas perdu. Qu’en pensez-vous ?
[Réponse]
[Réponse]
12/ Quels sont les mécanismes régulateurs qui existent pour éviter les excès de
la spéculation :
[Réponse]
13/ À votre avis, les émissions de titres sur le marché primaire sont-elles plus
importantes ou moins importantes en volume que les échanges sur le marché
secondaire ?
[Réponse]
[Réponse]
15/ Des affirmations qui suivent, lesquelles vous semblent caractériser une
inefficience du marché ?
d) Des observateurs du marché ont constaté que les actions qui ont connu une
forte hausse dans le passé récent verront leur cours augmenter dans le futur.
f) Les actions d’une société venant de connaître des bénéfices en forte hausse
offrent des taux de rentabilité élevés dans les mois qui suivent.
g) En moyenne, les actions risquées offrent des taux de rentabilité plus élevés
que les actions peu risquées.
[Réponse]
[Réponse]
[Réponse]
[Réponse]
19/ Un spéculateur peut-il se trouver face à face dans une opération d’achat
avec un autre spéculateur ? Un hedger ? Un arbitragiste ?
[Réponse]
Frais de transaction très faibles, accès de tous les intervenants à tous les
marchés, liberté d’investissement.
Oui, sur l’évolution des taux. Sans risque de faillite de l’émetteur. Mais
certains États ont démontré que ceci était bien théorique : Argentine, Soudan,
Venezuela, Russie…
Faux, car un marché donne à tout moment le prix d’un actif et, si le cours a
baissé, le patrimoine de l’investisseur s’est bel et bien amoindri ; que l’on espère
qu’il rebondisse ensuite ne change rien à l’affaire !
Entre les mains uniquement des spéculateurs (il est déconnecté de la réalité
économique).
Elles sont bien inférieures ; ainsi en 2022 sur Euronext, les sociétés cotées ont-
elles émis pour 24 Md€ d’actions nouvelles alors que le volume d’échange sur les
actions a été de 2 357 Md€.
Oui, il suffit que leurs anticipations soient opposées. Oui s’ils couvrent chacun
un risque opposé. Non, car le déséquilibre qui motive l’arbitrage est dans un seul
sens.
Bibliographie
Chardoillet E., Salvat M., Tournyol du Clos H., Guez F., L’essentiel des
marchés financiers : Front office, post-marché et gestion des risques, 2e édition,
Eyrolles, 2016.
Giraud P.-N., Le commerce des promesses, petit traité sur la finance moderne,
Points, 2009.
Gurley J., Shaw E., Money in a theory of finance, The Brookings Institution,
1960.
Soros G., The new paradigm for financial markets : the credit crisis of 2008
and what it means, Public affairs, 2008.
Fama E., « Efficient capital markets : a review of theory and empirical work »,
Journal of Finance mai 1970, vol. 25, no 2, pages 383 à 417.
Baker M., Ruback R., Wurgler J., « Behavioral corporate finance : A survey »,
in Handbook in Corporate Finance, Empirical Corporate Finance, Elsevier/North
Holland, 2007.
Mandelbrot B., Une approche fractale des marchés, Odile Jacob, 2009.
Shiller R., Faut-il avoir peur des bulles financières ?, De Boeck, 2016.
Sibony O., Vous allez commettre une terrible erreur, Flammarion, 2019.
Singal V., Beyond the random walk : A guide to stock market anomalies and
low risk investing, Oxford University Press, 2006.
Personne ne contestera que l’achat d’un titre financier est un acte intéressé qui
s’analyse comme la renonciation à une jouissance immédiate au profit d’une
jouissance ultérieure que l’on espère supérieure.
Cette notion de rentabilité est simple et évidente : si un flux de 110 est promis
dans un an en contrepartie d’une renonciation à une consommation immédiate de
100, la rentabilité sur la période considérée est de (110 – 100)/100 = 10 %.
Les quelques chapitres qui suivent vont nous familiariser avec les outils
financiers de base : taux d’intérêt, valeur, capitalisation, actualisation ; tout
d’abord en l’absence de risque puis, dans le titre 2 suivant, en présence de cet
élément de base de la finance. Ces outils sont fondamentaux et nous ne cesserons
de les utiliser dans toute la suite de cet ouvrage.
Chapitre 17
Valeur et taux d’intérêt
Section 1 ■ La capitalisation
Section 2 ■ L’actualisation
Section 3 ■ Valeur actuelle et valeur actuelle nette d’un titre financier
Section 4 ■ De quoi ces valeurs dépendent-elles ?
Section 5 ■ Quelques exemples de simplification des calculs de valeur
actuelle
Résumé
Questions
Exercices
Bibliographie
Nous avons démontré qu’il doit exister, en temps normal, un taux de l’argent,
même en l’absence de risque. Dès lors, il s’agit seulement de décrire les
techniques découlant de cette constatation fondamentale. Le lecteur se rendra
compte que les techniques qui vont être proposées ne sont pas seulement des
outils, mais aussi des réflexes à acquérir.
Section 1 ■ La capitalisation* Capitalisation
17.1
Prenons l’exemple d’un entrepreneur qui a investi 100 000 € fin 2013 dans son
affaire et qui la revend 10 ans après pour 1 800 000 €. Entre-temps, il n’a touché
aucun revenu ni apporté aucun fonds nouveau à son entreprise. Le processus est
donc simple : il y a une mise initiale de 100 000 € qui, 10 ans après, est devenue
1 800 000 €, sans qu’aucun autre flux de trésorerie n’apparaisse.
Son gain a été de 1 700 000 € (1 800 000 € – 100 000 €) au bout de 10 ans
pour un capital initial de 100 000 €. Par définition, la rentabilité a été de
(1 700 000/100 000) soit 1 700 % pour une période de 10 ans.
Pour calculer le taux de rentabilité lorsque la période n’est pas annuelle, il ne faut
surtout pas rapporter les revenus perçus au capital initial et diviser par le nombre
d’années. Ceci est profondément erroné.
17.2
Le seul raisonnement juste est le suivant : il faut chercher le taux de
rentabilité d’un placement dont les revenus sont versés à la fin de chaque année et
qui, au bout de la même période, aurait transformé cette même somme initiale en
une même somme finale. Pour qu’il y ait équivalence, les flux de revenus versés
dans ce placement ne doivent pas être perçus, mais réinvestis. On dit qu’ils sont
capitalisés.
Essayons avec 10 %. On place donc, fin 2013, 100 000 € qui vont produire
10 % × 100 000 soit 10 000 € d’intérêts en 2014.
Ces 10 000 € vont alors être ajoutés au capital et vont devenir à leur tour
productifs d’intérêts (d’où le terme capitalisé qui veut dire ajouté au capital). Le
capital devient donc 110 000 € et sécrète 10 % × 110 000 € = 11 000 € d’intérêts
en 2015, soit 10 000 € du capital initial plus 1 000 € sur les intérêts de 2014 (10 %
× 10 000 €). Les intérêts étant réinvestis, le capital devient 110 000 + 11 000 soit
121 000 € qui produiront 12 100 € d’intérêts en 2016…
10 % n'est donc pas le taux de rentabilité qui transforme en 10 ans 100 000 €
en 1 800 000 €. Pour trouver ce taux, de toute évidence supérieur à 10 %,
généralisons maintenant.
17.3
Chaque année, dans le raisonnement que nous avons suivi, les intérêts sont
capitalisés et produisent à leur tour des intérêts les années suivantes. La technique
utilisée est celle des intérêts composés* Intérêts composés. Mathématiquement, on obtient
la formule très simple :
Vn = V0 × (1 + t)n
17.4
Nous aboutissons donc à une relation simple qui lie le capital initial au
capital final, et qui est bien sûr fonction du taux t et de la durée n.
33,5 % est le taux d’un placement qui transforme 100 000 € en 1 800 000 €
en 10 ans avec des revenus annuels supposés réinvestis systématiquement au
même taux.
17.5
17.6
Vouloir tripler son capital en 16 ans, doubler son capital sur 10 ans, ou
demander annuellement 7,177 centimes par euro investi sont trois propositions
équivalentes car elles ont le même taux de rentabilité.
1 ■ Définition
17.7
Actualiser, c’est déprécier le futur, c’est être plus exigeant vis-à-vis des
flux futurs que vis-à-vis des flux actuels parce que les flux futurs ne peuvent
pas être consommés, placés, ou investis immédiatement, contrairement à un
flux actuel. On appliquera au flux de demain un coefficient multiplicateur
inférieur à 1. Ce coefficient est appelé coefficient d’actualisation. Il permet de
ramener une valeur future à une valeur actuelle compte tenu de la dépréciation
propre au temps.
Supposons qu’un individu propose de vous verser 1 000 dans 5 ans. Puisque
vous ne recevrez cette somme que dans 5 ans, vous appliquerez à cette somme un
coefficient multiplicateur de 0,6 par exemple. La valeur actuelle, ou d’aujourd’hui,
de cette somme future est alors de 600. L’ayant ramenée à une valeur actuelle, on
peut la comparer à d’autres valeurs et dire, par exemple, qu’il est préférable de
recevoir aujourd’hui 650 plutôt que 1 000 dans 5 ans, la valeur actuelle de 1 000
dans 5 ans, 600, étant inférieure à 650.
Notre lecteur doit bien comprendre que tout investisseur actualise parce qu’il
a une exigence de taux de rentabilité. Si un titre vous verse dans un an 110 et
que vous souhaitez obtenir sur votre investissement un taux de rentabilité de 10 %,
le prix maximum auquel vous êtes prêt à acheter ce titre aujourd’hui (c’est-à-dire
sa valeur actuelle) est de 100. À ce prix, vous obtiendrez donc sur votre
investissement de 100 un taux de rentabilité de 10 % puisque vous toucherez 110
dans un an. Si vous aviez souhaité avoir un taux de rentabilité de 11 % sur ce
même investissement, il aurait fallu l’acheter 99,1. Le gain aurait alors été de 10,9,
soit 11 % de 99,1.
17.9
Pour actualiser, on utilise les mêmes formules mathématiques que pour
capitaliser, mais dans le sens inverse.
Pour passer maintenant de 1 800 000 € dans 10 ans à sa valeur actuelle, il faut
multiplier 1 800 000 € par 1/(1 + 0,335)10, soit 0,056.
Plus généralement, on a :
17.10
On appelle valeur actuelle* Valeur actuelle (VA) d’un titre financier la valeur
résultant de l’actualisation des flux de trésorerie qu’il génère.
En outre, tout titre financier a une valeur de marché* Valeur de marché, en particulier
sur le marché secondaire : c’est le prix* Prix auquel il peut être acheté ou vendu.
On appelle valeur actuelle nette* Valeur actuelle nette (VAN) (VAN* VAN) la différence
entre la valeur actuelle et la valeur de marché (V0).
Soit :
Si la valeur actuelle nette d’un titre financier est positive, ce titre vaut plus
par ses anticipations et notre lecteur, qui sent en lui poindre le financier, décidera
d’acheter ce titre, donc d’investir et de parier sur la hausse potentielle du titre.
Si, en revanche, la valeur de marché d’un titre financier est supérieure à sa
valeur actuelle, il convient alors de vendre ce titre sans délai, puisque sa valeur
actuelle nette est négative. La sanction de la finance est la diminution, tôt ou
tard, de la valeur de marché.
2 ■ … à sa valeur d’équilibre
17.11
Sur les marchés efficients à l’équilibre, les valeurs actuelles nettes sont nulles : la
valeur de marché, c’est-à-dire le prix, est égale à la valeur actuelle.
17.12
Nous avons raisonné, jusqu’à présent, sur les titres financiers, mais sans
aucune difficulté nous pouvons généraliser ce qui précède à tout type
d’investissement : construction d’une nouvelle usine, lancement d’un nouveau
produit, achat d’un concurrent… bref à tout actif qui, quelle que soit sa forme, va
générer une série de flux de trésorerie positifs et/ou négatifs.
Dans ce cadre, la valeur actuelle nette peut s’interpréter de trois façons
différentes :
17.13
Si la valeur actuelle nette dépend bien sûr du montant des différents flux de
trésorerie et de leur échéancier (ceci est une évidence), il est plus intéressant
d’étudier son comportement lorsque le taux d’actualisation varie.
Plus le taux d’actualisation est élevé, plus les flux futurs sont dépréciés et
plus leur valeur actuelle est faible. La valeur actuelle nette diminue lorsque le
taux d’actualisation augmente reflétant une exigence supérieure de rentabilité
(c’est-à-dire un prix plus élevé accordé au temps).
Par conséquent, la valeur actuelle de ce titre est d’environ 2,392. Compte tenu
d’une valeur de marché de 2, sa valeur actuelle nette est donc positive d’environ
0,39.
Le lecteur sans tableur sous la main aura intérêt à utiliser les formules
suivantes pour calculer des valeurs actuelles.
17.14
On a :
soit :
17.15
On a alors :
En faisant tendre n vers l’infini dans la formule du paragraphe 17.14, on
trouve :
VA = 100/10 % = 1 000 €.
17.16
On a alors :
soit :
Ainsi, un titre financier qui vient de verser un flux de 0,8, sachant que ce flux
devrait croître de 10 % par an pendant les quatre années suivantes, a une valeur
actuelle au taux de 20 % de :
La valeur actuelle est donc égale au flux futur divisé par l’écart entre le taux
d’actualisation et le taux de croissance perpétuel. C’est la formule de Gordon-
Shapiro* Gordon-Shapiro (formule de).
Que notre lecteur n’oublie pas que tout calcul financier précis exige de tenir
compte des flux au moment où ils sont effectivement touchés ou décaissés, et non
pas au moment où ils sont acquis ou dus.
Valeur actuelle et valeur actuelle nette varient en sens inverse des taux
d’actualisation. Plus le taux d’actualisation est élevé, plus les valeurs sont faibles
et vice versa.
Enfin, les calculs de valeur actuelle et de valeur actuelle nette peuvent être
grandement simplifiés dans bon nombre de cas :
avec t > g
Questions
1/ Pourquoi actualiser ?
[Réponse]
[Réponse]
[Réponse]
[Réponse]
[Réponse]
[Réponse]
[Réponse]
[Réponse]
[Réponse]
11/ Plus les taux de rentabilité sont élevés, plus les valeurs actuelles sont
fortes. Vrai ou faux ?
[Réponse]
12/ Quel est le mécanisme qui fait tendre la valeur de marché vers la valeur
actuelle ?
[Réponse]
13/ Une valeur actuelle nette peut-elle être négative ? Que cela signifie-t-il ?
[Réponse]
[Réponse]
15/ Le flux initial d’un investissement est-il plus souvent positif ou négatif ?
Même question pour le flux final.
[Réponse]
16/ Un marché est à l’équilibre lorsque les valeurs actuelles sont nulles et les
valeurs actuelles nettes sont positives. Vrai ou faux ?
[Réponse]
[Réponse]
18/ Le taux de croissance à l’infini d’un flux peut-il être supérieur au taux
d’actualisation ? Pourquoi ?
[Réponse]
[Réponse]
[Réponse]
21/ Quelle est, parmi les formules de la seconde partie du résumé, la mieux
adaptée pour valoriser un immeuble de rapport, l’action TF1 dont les flux
croissent peu, une obligation à taux fixe ? Pourquoi ?
[Réponse]
Exercices
[Réponse]
[Réponse]
[Réponse]
[Réponse]
5/ Vous souhaitez passer votre permis hélicoptère. Un club vous propose des
cours dans ce but pendant 2 ans avec l’alternative suivante : soit payer tout de
suite la totalité des heures de cours (10 000 €) minorée de 5 % ; soit payer en deux
annuités égales, la première annuité étant à payer immédiatement, la seconde dans
un an. Pour quel taux d’actualisation êtes-vous indifférent ?
[Réponse]
[Réponse]
7/ Combien faut-il placer aujourd’hui pour avoir 100 dans 8 ans si le taux
d’intérêt est de 5 % ? Quel est le coefficient de capitalisation ?
[Réponse]
[Réponse]
9/ Vérifiez que le taux d’intérêt qui fait doubler une somme au bout de n
années est d’environ 75 %/n.
[Réponse]
10/ Vérifiez que le taux d’intérêt qui fait tripler une somme au bout de n
années est d’environ 125 %/n.
[Réponse]
11/ Vous n’êtes prêt à renoncer à une consommation immédiate que si vous
obtenez sur votre investissement une rentabilité de 9 %. À quel prix maximum,
dans ces conditions, êtes-vous prêt à acheter aujourd’hui un titre qui vous versera
121 dans 2 ans ? Si les autres investisseurs demandent du 8 %, que se passera-t-
il ?
[Réponse]
12/ Si Judas, au lieu de jeter ses 30 pièces d’argent en 33 après J.-C., les avait
placées à 3 % l’an, à intérêts composés, quel serait le patrimoine de ses
descendants en 2023 ? Qu’en pensez-vous ? Et à 1 % ? Qu’est-ce que cela
illustre ?
[Réponse]
13/ Vous pouvez soit acheter un petit tableau de Soulages pour 100 000 € qui
en vaudra 125 000 € dans 4 ans, soit investir dans des obligations à 6 %. Que
préférez-vous ? Pourquoi ?
[Réponse]
14/ Compte tenu de leur risque, vous exigez un taux de rentabilité de 12 % sur
les actions Snap. Sachant qu’il n’est pas prévu de dividende d’ici 5 ans, à quel prix
minimum devez-vous les vendre dans 4 ans sachant qu’elles valent aujourd’hui 11
$?
[Réponse]
[Réponse]
[Réponse]
17/ Quelle est la valeur actuelle à 10 % de 100 € versés chaque année pendant
3 ans ? Même question s’il s’agit d’une rente perpétuelle.
[Réponse]
[Réponse]
20/ On vous propose d’acheter le droit de stationner sur une place de parking
pendant 75 ans pour 30 000 €. Par ailleurs, vous pouvez louer une place annuelle à
2 000 € l’an, revalorisés de 2 % tous les ans. Si votre coût d’opportunité est de
5 %, que choisissez-vous ? Les premiers flux sont dans un an.
[Réponse]
21/ Vous êtes (l’heureux) détenteur du film Astérix et Cléopâtre dont vous
vendez le droit de passage télévisuel pour un soir à TF1 tous les 2 ans pour 0,8
M€. Quelle est la valeur de votre actif, le film venant juste d’être diffusé, si vous
estimez que ceci peut encore durer 30 ans ou à l’infini ? Le taux d’actualisation est
de 6 %.
[Réponse]
22/ Vous avez trouvé l’appartement de vos rêves et vous avez le choix entre le
louer avec un bail à l’infini de 12 000 € par an ou l’acheter. À partir de quel prix
d’achat préférez-vous louer si l’argent vous coûte du 7 % et que le loyer devrait
croître de 3 % par an ? Le premier loyer est dans un an.
[Réponse]
23/ Votre prochain revenu annuel net d’impôt devrait être de 50 000 € et
devrait croître de 4 %/an d’ici votre retraite. Vous pensez que si vous interrompez
votre carrière professionnelle pendant 2 ans pour suivre un MBA, vous devriez
avoir, à l’issue de vos nouvelles études, un revenu annuel net d’impôt de 65 000 €
qui devrait croître de 5 % par an d’ici votre retraite. Quelle est votre valeur
actuelle si vous pensez travailler encore 40 ans et que le taux d’actualisation est de
3 % ? Si le coût total du MBA est de 50 000 € payables tout de suite, quelle est la
valeur actuelle nette de cet investissement ? Vaut-il la peine d’être réalisé d'un
point de vue financier ?
[Réponse]
24/ Vous placez chaque année 1 200 € en assurance-vie pour votre retraite.
Vous avez commencé à le faire à 25 ans. De quelle somme disposerez-vous à 65
ans si votre assureur place les fonds à 4 % ? Si vous souhaitez disposer de
200 000 €, quel devra être le taux du placement ? Votre montant d’épargne
annuelle si le taux du placement est de 4 % ?
[Réponse]
25/ À quel prix devez-vous vendre dans 10 ans l’action Mondass, qui verse un
dividende annuel constant de 1 € pour obtenir un taux actuariel de rentabilité de
6,67 % sachant que le cours actuel de l’action Mondas est de 15 € ? On peut
résoudre cet exercice en ne faisant qu’un seul calcul de tête.
[Réponse]
26/ Quelle est la valeur actuelle d’un investissement donnant 100 dans un an si
le taux d’actualisation est de – 0,4 % (niveau des taux d’intérêt sans risque à un an
mi-2022) ?
[Réponse]
Pour pouvoir comparer des flux ou des valeurs se produisant à des dates
différentes.
1/(1 + t)n.
Oui, car on actualise pour tenir compte d’un taux d’intérêt qui rémunère la
renonciation à une consommation immédiate. L’inflation et le risque ne font
qu’accroître potentiellement un taux d’actualisation déjà positif.
Le cours de Carmat doit croître plus que celui de TF1 afin de compenser
l’absence de dividendes. Les stock-options étant des options d’achat à prix
d’exercice fixe, elles ont d’autant plus de valeur que le cours de l’action progresse.
Donc il faut mieux avoir des stock-options sur Carmat.
Faux, plus elles sont faibles car le futur est plus déprécié.
L’arbitrage.
Non, sauf si on s’est trompé dans le calcul des flux en sous-estimant les flux
positifs.
Sur les marchés industriels car les arbitrages étant plus longs à réaliser que sur
les marchés financiers (construire une usine prend plus de temps que d’acheter une
action !), les déséquilibres y sont plus fréquents et durent plus longtemps.
La 2e du résumé car l’immeuble est une rente, la 4e car faible taux constant de
croissance, la 1re car le flux est fixe sur une période de temps limitée.
1 276 €, 1 611 €, 2 488 €. Car le capital (1 000 €) est toujours le même et que
les intérêts sont plus que doublés compte tenu du processus des intérêts composés.
67,7 € ; 1,48 €.
Totale indifférence car 100 € capitalisés à 7 % l’an valent dans 4 ans 131,08 €.
C’est une bonne approximation. Ainsi sur 5 ans une somme double à 14,87 %
et 75 %/5 = 15 %.
C’est une bonne approximation. Ainsi sur 5 ans une somme triple à 24,57 % et
125 %/5 = 25 %.
À 101,8. Les autres investisseurs seront prêts à payer 103,7 et vous ne pourrez
pas acheter ce titre.
100 000 € à 6 % valent dans 4 ans 126 248 €, c’est donc préférable à
125 000 € ; mais si vous appréciez Soulages, perdre 1 248 € pour bénéficier d’un
Soulages chez soi pendant 4 ans, c’est vraiment intéressant ; il n’y a pas que la
finance dans la vie !
50 × 1,124 = 78,7 $.
1 000 ; 1 429.
248,7 € ; 1 000 €.
172 €. À l’acheter car sa valeur actuelle est plus élevée que sa valeur de
marché. 7 €. Supérieure à 8 % car à 8 % il vaut 172 €, or je l’achète à 165 € donc
il me rapporte plus. 8 %.
300 000 €.
Pour vous familiariser avec les calculs de valeur actuelle, reportez-vous aux manuels d’utilisation des
calculatrices financières. Vous pouvez aussi consulter avec profit :
18.1
On appelle taux de rentabilité actuariel* Taux de rentabilité actuariel le taux d’actualisation qui
annule la valeur actuelle nette.
Le lecteur qui voudra adopter ces raisonnements pour l’analyse de
l’investissement industriel remplacera systématiquement taux de rentabilité
actuariel par TRI (taux de rentabilité interne), ces deux termes recouvrant le même
concept, l’un s’adressant aux titres financiers, l’autre aux investissements
industriels (voir le chapitre 30).
Section 1 ■ Le calcul du taux de rentabilité actuariel
18.2
Autrement dit, le taux de rentabilité actuariel d’un titre est le taux d’intérêt
pour lequel la valeur de marché de ce titre est égale à la valeur actuelle de ses flux
futurs.
Dans notre exemple, le taux de rentabilité actuariel est d’environ 28,6 % (voir
le graphique du paragraphe 17.13).
Section 2 ■ Le taux de rentabilité actuariel comme
critère de choix d’investissement* Critère de choix d’investissement
18.3
18.4
18.5
Notre première réflexion est que le titre B est le plus intéressant des deux
puisque c’est celui qui permet de créer la valeur la plus importante : 2,40 contre
1,17. Sa VAN est la plus élevée.
On pourrait cependant considérer que le titre A est plus intéressant car les
flux étant perçus plus rapidement qu’avec le titre B, ils sont disponibles très vite
pour être réinvestis de nouveau dans des projets de type A, très fortement
rentables. Ceci est cependant une hypothèse extrêmement forte. En effet, comme
nous l’avons vu, la concurrence des investisseurs entre eux et les mécanismes
d’arbitrage conduisent à faire tendre les valeurs actuelles nettes vers zéro et à faire
converger les taux de rentabilité exceptionnelle vers le taux d’actualisation requis.
Il est plus raisonnable et conforme à la réalité de postuler que les flux du titre A
seront plutôt réinvestis au taux de rentabilité requis, ici 5 %, qu’à un taux
exceptionnel, 27,8 %, que l’on aura selon toute vraisemblance beaucoup de mal à
retrouver.
18.6
18.7
18.8
Que se passe-t-il maintenant lorsque les intérêts ne sont plus payés une fois
l’an, mais en plusieurs fois dans l’année ?
Pour comparer ce qui est comparable, le financier doit donc tenir compte de
la date effective des flux de trésorerie. Il ne revient pas au même de recevoir 1 €
aujourd’hui et 1 € demain comme nous l’avons vu. Il est évident que l’intérêt du
financier est de retarder les dépenses et d’accélérer les recettes. Il est donc normal
que le taux tienne compte de l’échéancier des flux.
Dans notre exemple, le prêteur reçoit, le 1er juillet, 5 € qui, capitalisés sur six
mois, deviendront 5 + (10 % × 5) / 2 = 5,25 € le 1er janvier suivant, date à laquelle
il recevra alors le deuxième versement des intérêts, soit 5 €. Au total, sur un an, il
aura touché 10,25 € d’intérêts sur un placement de 100 €.
18.9
Si le taux apparent* Taux apparent (ou taux facial* Taux facial) (ta) implique le versement
d’intérêts n fois dans l’année, le taux actuariel équivalent (t) s’obtient en
capitalisant n fois ce taux apparent après l’avoir divisé par n :
(1 + t) = (1 + ta/n)n
Le taux d’intérêt actuariel est donc de 10,25 %, alors que le taux apparent
était de 10 %.
Il est en effet normal qu’un placement au taux de 10 % dont les intérêts sont
versés semestriellement permette d’obtenir en fin d’année une somme supérieure à
celle d’un placement dont les intérêts sont versés annuellement. En effet, dans le
premier cas, les intérêts sont intégrés au capital au bout de six mois, et produisent
donc eux-mêmes des intérêts pour les six mois restants.
1. Dans le cas où la capitalisation des flux de revenus est instantanée, la formule devient : t = ei – 1.
Nous avons cherché un taux équivalent sur une base annuelle car cela est
notre référence, mais on pourrait très bien théoriquement calculer des taux
actuariels sur une autre base que l’année1. Tant que le financier sera familier d’un
taux correspondant à des revenus versés une fois l’an, il gardera ce taux comme
taux de référence.
18.10
Dans notre exemple du prêt à 10 %, on dira que le taux de 5 % sur six mois est
proportionnel au taux de 10 % sur un an. Plus généralement, deux taux sont
proportionnels s’ils sont dans le même rapport que les périodes auxquelles ils
s’appliquent.
Les taux proportionnels n’ont pour but que de simplifier les calculs, mais ils
cachent le coût véritable d’un crédit qui n’est pas le taux proportionnel (10 %
l’an), mais le taux équivalent (10,25 % l’an).
Pour éviter toute erreur, il faut donc raisonner en taux actuariels équivalents.
Comme on le verra au chapitre 22, la pratique du marché obligataire peut
être trompeuse pour l’investisseur qui se base sur le taux facial : le papier est
vendu au-dessus ou en-dessous du pair, le nombre de jours pour le calcul des
intérêts peut être variable, des primes de remboursement peuvent exister… Enfin
et surtout, sur le marché secondaire, la valeur actuelle d’une obligation dépend des
fluctuations de taux d’intérêt. Raison de plus de raisonner en taux actuariel !
Par conséquent, dans la suite de cet ouvrage, chaque fois qu’il ne sera
pas précisé le contraire, un taux d’intérêt ou de rentabilité sera un taux
actuariel.
Section 5 ■ Un peu plus de mathématiques
financières : les modalités de remboursement des
emprunts
2
a) Remboursement in fine* Remboursement in fine
18.11
18.12
Taux de rentabilité actuariel et taux facial sont identiques dans tous les
exemples précédents car la base de calcul utilisée est annuelle et il n’y a pas de
différé dans le remboursement du capital ou dans le paiement des intérêts.
18.14
Dans cette hypothèse, le débiteur ne paie rien jusqu’à l’échéance de son
emprunt. Le montant qu’il devra payer à l’échéance n’est autre que la valeur
future de la somme empruntée, capitalisée au taux du prêt.
, soit V = 1464,1
C’est l’emprunt coupon zéro* Coupon zéro ou zero-coupon* Zero-coupon* Emprunts coupon zéro en
anglais, aussi appelé à coupon unique* Coupon unique car il n’y a qu’un seul flux de
revenus.
Résumé
Valeur d’un titre et taux d’actualisation étant liés par une relation
fondamentale, nous avons abouti à la notion de taux de rentabilité actuariel (qui
annule la VAN). Un investissement dans un titre financier n’est rentable que
lorsque son taux de rentabilité actuariel est supérieur ou égal au taux de rentabilité
exigé par l’investisseur. À l’équilibre, le taux de rentabilité actuariel est identique
au taux du marché, ce qui revient à dire que la valeur actuelle nette est nulle.
Le taux de rentabilité actuariel doit être manipulé avec précaution car il repose
sur l’hypothèse implicite de réinvestissement des flux intermédiaires au même
taux. Son utilisation doit se limiter à la décision d’investissement concernant un
actif et non au choix entre plusieurs actifs. La VAN doit dans ce cas être préférée.
Nous avons vu que deux taux se rapportant à des périodes différentes sont
équivalents si la valeur future d’une même somme à une même date est la même
avec chaque taux. Enfin deux taux sont proportionnels s’ils sont dans le même
rapport que les périodes auxquelles ils s’appliquent. Les taux proportionnels ne
sont qu’un moyen de calculer les intérêts effectivement versés. Ils n’ont pas
d’autre utilité.
Questions
[Réponse]
[Réponse]
[Réponse]
[Réponse]
[Réponse]
[Réponse]
7/ Pour un même emprunt, le montant total des intérêts est-il plus important si
l’emprunt est remboursé par annuité constante, par amortissement constant ou in
fine ?
[Réponse]
8/ Si vous pensez en tant qu’emprunteur que les taux d’intérêt vont monter,
avez-vous intérêt à choisir des emprunts remboursables in fine ou par annuités
constantes ?
[Réponse]
9/ Montrer que si le prix d’achat d’un titre est positif et que les flux ultérieurs
de trésorerie sont tous positifs, il ne peut y avoir au maximum qu’un seul taux de
rentabilité actuariel.
[Réponse]
10/ Vaut-il mieux gagner un petit pourcentage sur une très grosse masse ou un
gros pourcentage sur une petite masse ? Cela vous rappelle-t-il une règle de ce
chapitre ?
[Réponse]
11/ Un taux de rentabilité actuariel très élevé pendant une très courte durée est
préférable à un taux de rentabilité actuariel supérieur de 2 % au taux de rentabilité
exigé pendant 10 ans. Vrai ou faux ?
[Réponse]
[Réponse]
Exercices
1/ Quel est le taux d’intérêt d’un investissement qui transforme 120 en 172,8
sur 2 ans ? Quel est le taux actuariel équivalent ? Donnez le taux proportionnel sur
3 mois.
[Réponse]
[Réponse]
3/ Pendant combien d’années doit-on placer 100 pour obtenir une somme de
174,9 et une rentabilité actuarielle de 15 % ?
[Réponse]
[Réponse]
5/ Un premier titre peut être acheté pour 4 et rapportera 1 par an pendant 6 ans.
Quel est son taux de rentabilité actuariel ? Un second coûte 6 et rapporte 2 pendant
2 ans puis 1,5 pendant 3 ans. Quel est son taux de rentabilité actuariel ? Quel titre
préférez-vous ? Pourquoi ? Pour prendre une décision avez-vous besoin de
connaître le taux de rentabilité minimum exigé ?
[Réponse]
6/ Un trésorier doit placer 100 pendant 18 mois. Son premier banquier lui
propose de réinvestir les fonds à 0,8 % par trimestre et le second à 1,6 % par
semestre. Sans faire de calcul montrez que le trésorier a intérêt à retenir la
proposition de son premier banquier. Quels sont les 2 taux actuariels équivalents ?
[Réponse]
[Réponse]
[Réponse]
[Réponse]
[Réponse]
11/ Vous vendez votre appartement évalué à 300 000 € contre un acompte de
100 000 € suivi de 20 mensualités de 11 000 €. Quel est le taux d’intérêt mensuel
de cette opération ? Quel est son équivalent actuariel ?
[Réponse]
12/ Calculez le taux de rentabilité actuariel de ce titre qui peut être acquis
aujourd’hui pour 1 000 :
[Réponse]
[Réponse]
[Réponse]
Car il ne mesure pas la valeur créée qui est l'objectif premier de l'investisseur.
Oui, car si les flux sont repoussés dans le temps, le taux de rentabilité actuariel
baisse.
Ce sont des taux qui sont dans le même rapport de proportionnalité que les
périodes auxquelles ils se rapportent.
Ce sont des taux qui s’appliquent à des périodes différentes mais qui
transforment identiquement la même somme sur une même période.
In fine pour bénéficier le plus longtemps possible d’un taux bas sur un capital
non remboursé maximum.
Un petit pourcentage sur une très grosse somme. VAN préférable au taux de
rentabilité actuariel.
Faux, car un titre avec un taux de rentabilité actuariel correct sur une longue
durée crée plus de valeur qu’un titre avec un très fort taux de rentabilité actuariel
mais qui est peu significatif compte tenu de la faible durée de vie de ce titre.
Les termes à droite sont ceux d’un réinvestissement des flux intermédiaires au
taux du TRI. Ceci est nécessaire pour obtenir le TRI de 8 %. À défaut, si vous
réinvestissez les flux intermédiaires à 0 %, vous avez alors 124 de flux au bout de
3 ans, ce qui vous donne un TRI de 7,43 % et non 8 %.
Les taux étant proportionnels (0,8 % sur 3 mois et 1,6 % sur 6 mois), la
première proposition est plus intéressante car les intérêts sont capitalisés au bout
de 3 mois et non de 6 mois. 3,24 % et 3,23 %.
7,85 % (ne pas oublier les intérêts de l’année 10) ; 7,42 % ; valeur et taux
varient en sens inverse.
8,12 %.
0,925 % ; 11,7 %.
Il y en a 2 : – 15,1 % et 48,3 %.
14,67 % ; 12,63 %.
Bibliographie
Si vous souhaitez approfondir vos connaissances en mathématiques financières, vous pouvez consulter :
Le revers de la médaille.
19.1
Derrière le mot risque* Risque se cachent des types de risques différents. Citons :
Le risque de change* Risque de change. Une hausse de l’euro contre le dollar entraîne
■
une perte de valeur d’avoirs libellés en dollars. De même, une hausse de l’euro
contre le franc suisse entraîne une baisse en euros de la valeur des dettes libellées
en francs suisses.
Le risque de taux d’intérêt* Risque de taux d’intérêt. Les fluctuations des taux d’intérêt
■
financier dans son ensemble par faillites en cascades et effet domino lié à
l’interconnection des acteurs du marché.
Le risque politique* Risque politique. Il traduit le risque lié à une situation politique
■
Le risque d’inflation* Risque d’inflation. Il s’agit du risque d’être remboursé dans une
■
Les risques naturels* Risque naturel. Ce sont par exemple ceux d’une tempête, d’un
■
■ Etc.
19.2
La liste est sans fin. Nous voudrions seulement exprimer les deux idées
suivantes :
■la plupart des modèles que nous allons développer dans cet ouvrage tendent à
globaliser le risque et à apprécier son impact sur la valeur, plus qu’à l’analyser ;
■il existe toujours un risque : le taux de l’argent sans risque qui sera développé
plus loin est une vue de l’esprit. Dire qu’il n’y a pas de risque, c’est faire
preuve soit d’une confiance excessive en soi, soit d’une incapacité à penser
l’avenir… deux défauts très graves pour un financier.
Si nous analysons tous ces risques, le bon sens ou l’expérience des anciens
tendraient à les classer en deux catégories :
■les risques financiers* Risque financier (risques de liquidité, de change, de taux…) qui
ne portent souvent pas directement sur les flux et qui sont propres à la sphère
financière. Ces risques ne sont pas imputables à l’entreprise, mais à des
événements financiers externes (nous les verrons en détail au chapitre 53).
Nous proposons cependant au lecteur dans les pages qui suivent une autre
approche.
Section 2 ■ Risque et fluctuation de valeur d’un titre
financier
19.3
Tous ces risques peuvent peser sur les résultats et les flux de trésorerie futurs
des entreprises. Bien évidemment, si les flux d’une entreprise sont dégradés du fait
de la matérialisation d’un risque, les investisseurs chercheront à vendre leurs titres,
et la valeur baissera.
Mais le simple fait de savoir qu’une entreprise est soumise à des risques
importants conduira certains investisseurs à être peu disposés à acquérir ses titres.
Avant même la matérialisation du risque, la perception par les investisseurs que les
flux futurs d’une entreprise sont incertains (c’est-à-dire volatils) réduira la valeur.
Quelle que soit sa nature, tout risque se traduit en finance par une fluctuation de la
valeur du titre financier.
19.4
Considérons ainsi, à titre d’exemple, les flux suivants d’un titre coté :
On estime, par ailleurs, que ce titre devrait valoir 2 000 € dans cinq ans. Sur
la base d’un taux d’actualisation de 9 %, sa valeur en n s’élève à :
Alors que les flux n’ont pas été modifiés, la valeur a fondu de 15 %.
Une baisse des taux d’intérêt dans l’économie réduit le taux d’actualisation à
10 %. Les flux prévisionnels n’ayant pas été modifiés, la valeur du titre s’établit
à:
À la suite d’une forte concurrence sur les prix, les flux prévisionnels
précédents doivent être corrigés à la baisse de 10 %. Tous les flux diminuant du
même pourcentage et le taux d’actualisation restant constant, la valeur de
l’entreprise s’établit à :
19.5
Si on affine l’analyse, on peut constater que certains titres sont plus volatils
que d’autres, c’est-à-dire que leurs cours varient plus fortement : ils sont plus
risqués. Plus un titre financier est risqué, plus son cours est volatil, et
réciproquement. À l’inverse, moins un titre financier est risqué, moins son cours
est volatil, et réciproquement.
Concrètement, dans une économie de marché, le risque d’un titre se mesure par la
volatilité de sa valeur (ou de son taux de rentabilité). Plus cette volatilité est
élevée, plus le risque est élevé et inversement.
Source : FactSet.
19.6
Notre lecteur pourrait penser qu’à long terme toutes ces fluctuations
erratiques disparaissent pour laisser place à une tendance nette à une progression
du cours des actions supérieure à celle des obligations, elle-même supérieure à
celle des actifs monétaires. Bref à long terme, le risque disparaîtrait : depuis 1900,
le cours des principales actions mondiales (dividendes réinvestis) a été multiplié
par 385, soit une rentabilité après inflation de 5 % en moyenne géométrique,
contre 1,8 % pour les obligations.
Cela n’est pas faux, mais que notre lecteur, séduit par l’idée d’une disparition
du risque, n’oublie pas pour autant l’hypothèse de base : le long terme. Autrement
dit, il faut impérativement qu’il n’ait pas besoin dans cette longue période de
placement (au moins 20 ans…) de vendre ses actifs et qu’il ait des nerfs
suffisamment solides pour ne pas céder à la tentation de vendre quand il voit des
cours s’effondrer comme en 1929, 1974, 2001, 2008, 2011 ou en 2020.
Enfin le graphique ci-après ne doit pas nous faire oublier que certains
marchés financiers ont pu très vite totalement disparaître : le marché des actions
russes avec la révolution de 1917, celui des obligations en Allemagne avec
l’hyperinflation de 1921-1923, celui des actions japonaises et allemandes en 1945,
celui des actions chinoises en 1949. Sur un siècle, ces événements sont
exceptionnels, mais plus fréquents qu’une loi normale ne le laisse présager et
quand ils se produisent…
Sources : Avant 1854 : Arbulu P., « Le marché parisien des actions au xixe siècle », in Gallais-Hamonno
G., Le marché financier français au xixe siècle, volume 2, Publications de la Sorbonne, 2007. 1854-2007 : Le
Bris D. et Hautcœur P.-C., « A Challenge to the Triomphant Optimists, A Blue Chips Index for the Paris Stock
Exchange (1854-2007) », Financial History Review, 27 février 2010. Mis à jour par H. Le Bris.
Notre lecteur féru de statistiques retrouvera une forme proche d’une loi de
Gauss-Laplace, ou loi normale, correspondant à l’hypothèse de marche au
hasard* Marche au hasard des cours de Bourse propre à la théorie de l’efficience des
marchés* Efficience des marchés. Toutefois, la fréquence des variations extrêmes est plus
élevée que dans la loi de Gauss-Laplace.
Il nous faut maintenant formaliser les principales idées que nous venons de
voir.
Section 3 ■ Les outils de mesure de la rentabilité et du
risque
19.7
Par l’expression taux de rentabilité* Taux de rentabilité, nous nous référons aux flux
de revenus liés à un investissement donné : rémunération des fonds investis
(intérêts ou dividendes) et plus ou moins-value éventuelle sur la cession du titre.
19.8
19.9
Intuitivement, on conçoit que, plus le risque* Risque d’un titre financier est élevé,
plus son taux de rentabilité varie et plus il est incertain. Si le détenteur
d’obligations d’État est assuré de toujours percevoir ses coupons (à moins que
l’État ne fasse faillite !), il est loin d’en être de même pour l’actionnaire d’une
société de biotechnologie : il pourra tout perdre, gagner un taux décent ou faire
fortune !
carrés des écarts entre les rentabilités et l’espérance mathématique des rentabilités,
pondérée par la probabilité d’occurrence de chacune des rentabilités possibles :
Formule du risque
■soit par l’écart type* Écart-type des rentabilités qui est plus souvent utilisé pour
mesurer le risque d’un investissement2. L’écart type se définit comme la racine
carrée de la variance :
En résumé :
■ l’espérance mathématique E(r), ou r, mesure la rentabilité espérée ;
19.10
L’analyse des fluctuations de la valeur d’un titre montre que celles-ci peuvent
s’expliquer soit :
■ par des facteurs propres au titre qui n’affectent pas le marché dans son
ensemble : la signature d’une importante commande, la faillite d’un concurrent,
une nouvelle réglementation pesant sur les produits du groupe, un scandale sur des
tests produits falsifiés, la découverte d’une bactérie dans les produits…
19.11
19.12
19.13
Nous savons que le risque total d’un titre financier J se traduit par l’écart type
de sa rentabilité σ(rJ).
Le risque de marché d’un titre est donc égal à βJ × σ(rM), σ(rM) étant l’écart
type de la rentabilité du marché. Il est donc proportionnel au coefficient bêta,
c’est-à-dire à la volatilité du titre due au marché : plus celle-ci est élevée (β > 1),
plus le risque de marché du titre est fort car ce titre démultiplie les fluctuations du
marché ; et inversement pour un titre dont le bêta est inférieur à 1 : il atténue les
fluctuations du marché.
Source : Datastream.
19.14
Le risque spécifique du titre J est égal à l’écart type des différents résidus εJ
de la droite de régression, noté σ(εJ), c’est-à-dire les variations du titre qui ne sont
pas liées aux variations de marché.
1 ■ Le calcul du β
19.15
Bêta* Bêta* Coefficient bêta est la mesure de sensibilité d’un titre au risque du marché.
Mathématiquement pour un titre J, il s’obtient, comme nous venons de le voir, en
régressant la rentabilité de ce titre sur la rentabilité de l’ensemble du marché. On a
donc :
À titre d’exemple, les β des actions Stellantis et Sanofi ont été calculés. Ils
ressortent à 1,37 et 0,37 respectivement, confirmant la conclusion qui se dégageait
d’une observation rapide du graphique précédent.
19.16
À titre illustratif, le tableau ci-après présente les bêtas, mi-2023, des actions
des sociétés composant l’indice Eurostoxx 50 :
19.17
19.18
Plus la part des coûts fixes est importante dans le total des coûts, plus le point
mort est élevé et plus les flux de trésorerie de l’entreprise seront volatils. Les
entreprises à forts coûts fixes (comme les cimenteries) ont de forts β et celles à
faibles coûts fixes (comme la grande distribution) ont de faibles β.
c) La structure financière
19.19
Plus une société est endettée plus elle doit payer de frais financiers. Or, les
frais financiers sont des charges fixes. La dette élève donc le point mort et de ce
fait la volatilité des bénéfices nets d’un groupe (voir le paragraphe 11.7). Plus la
société est endettée, plus le β de ses actions est élevé (voir le graphique du
paragraphe 31.11). On retrouve ici l’effet de levier.
19.20
19.21
Plus le taux de croissance des résultats est élevé, plus le β sera élevé. En effet,
dans ce cas, l’essentiel de la valeur de l’entreprise s’explique par des flux éloignés
dans le temps, donc très sensibles à toute révision de la conjoncture.
Résumé
Le risque d’un titre financier peut avoir différentes origines : les risques
économiques (risques politiques, naturels, d’inflation…) qui menacent les flux liés
au titre et relèvent du monde économique ; et les risques financiers (risques de
liquidité, de change, de taux…) qui ne portent pas directement sur les flux et qui
sont propres à la sphère financière.
Mais, cette distinction est peu utile en finance. En effet, quelle que soit sa
nature, tout risque se traduit par une fluctuation de la valeur du titre.
Dans une économie de marché, le risque d’un titre se mesure par la volatilité
de sa valeur (ou de son taux de rentabilité). Plus cette volatilité est élevée, plus le
risque est élevé et inversement.
[Réponse]
[Réponse]
[Réponse]
[Réponse]
[Réponse]
[Réponse]
[Réponse]
9/ Compte tenu d’une évolution de la nature de son activité, la part des coûts
fixes d’un groupe dans le total des coûts s’élève relativement. Cela a-t-il une
influence sur le risque de son action ? Si oui, laquelle ?
[Réponse]
[Réponse]
[Réponse]
12/ Les sociétés technologiques ont peu de coûts fixes, peu de dettes et
pourtant leurs coefficients β sont élevés. Pourquoi ?
[Réponse]
[Réponse]
14/ Vous achetez pour 100 € un ticket de loterie qui vous permet de gagner
1 000 000 € avec une probabilité de 0,008 %. Quel est le coefficient β de cet
investissement ? Est-ce un investissement risqué ? Peut-on trouver plus risqué ?
Comment réduire totalement le risque ? Est-ce alors un bon investissement ?
[Réponse]
16/ Quelle loi statistique explique qu’à long terme le risque disparaisse ?
Qu’en pensez-vous ?
[Réponse]
17/ Vous recevez 100 000 € que vous décidez d’épargner pour vos vieux jours.
Vous avez 20 ans. Quel type d’investissement allez-vous privilégier ? Même
question si vous avez 55 ans, 80 ans.
[Réponse]
[Réponse]
19/ Insidieusement, il est dit que l’analyse financière est inutile. Pourquoi ?
Qu’en pensez-vous ?
[Réponse]
[Réponse]
21/ Que peut-on dire d’une action ayant un écart type de la rentabilité élevé et
un faible β ?
[Réponse]
Exercices
Source : Euronext.
[Réponse]
[Réponse]
Les actions chinoises présentent un risque fort mais c’est également l’actif qui
présente l'espérance de rentabilité la plus élevée, même s’il faut être patient !
Par construction, l’un affecte tous les titres, l’autre un titre donné.
Car une trésorerie doit, par définition, pouvoir être mobilisée à tout moment et
que le cours des actions étant volatil, si la trésorerie était investie en action on
pourrait ne pas la récupérer en totalité au moment où on en a besoin.
Oui très risqué car à 99,992 % vous perdez vos 100 €. 0, car le résultat de la
loterie est totalement aléatoire, sans lien avec l’économie et le marché. Oui si les
100 € sont financés par endettement. En achetant tous les billets de cette loterie,
vous êtes alors sûr de gagner 1 000 000 €, mais cela vous coûtera 100 €/0,008 % =
1 250 000 €, ce n’est donc pas un bon placement.
Car il est d’ordre 1 comme la rentabilité, contrairement à la variance qui est
d’ordre 2.
La loi faible des grands nombres. Le risque n’est jamais totalement éliminé et
il faut être capable de tenir sur une longue durée qui peut atteindre plusieurs
dizaines d'années.
Les actions ; les obligations ; les actifs monétaires, car avec l’âge votre
aversion au risque s’accroît puisque le moment où vous aller avoir besoin des
fonds se rapproche (retraite).
Plus risquées, car leurs perspectives sont très incertaines (succès ou échec des
recherches) alors que la visibilité des résultats des grands groupes de distribution
est très bonne. Risque spécifique à cause de la recherche.
La contribution marginale de toute analyse financière est nulle car son résultat
doit être immédiatement traduit dans les cours ; l’analyse financière tue l’analyse
financière. L’analyse financière est nécessaire à l’équilibre des marchés
(rationalité) mais ne peut être que « gratuite ».
Car s’ils ne l’étaient pas, quand le marché monterait, la plupart des titres qui le
composent baisseraient, ce qui est absurde.
Dimson E., Marsh P., Staunton M., The triumph of the optimists, 101 years of
global investment returns, Princeton University Press, 2002.
Dimson E., Marsh P., Staunton M., Credit Suisse Global investment returns
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Groenewold N., Fraser P., « Forecasting beta: how does the “five-year rule of
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Garnier O., Thesmar D., Épargner à long terme et maîtriser les risques
financiers, La Documentation française, 2009.
Chapitre 20
Risque et portefeuille
20.1
Cette comparaison est fondamentale car la finance est fondée sur le postulat
que tout investisseur est rationnel1, c’est-à-dire qu’il cherche à maximiser sa
rentabilité et à diminuer son risque. À rentabilité égale, l’investisseur choisira le
titre le moins risqué ; à risque équivalent, il choisira le titre le plus rentable.
Section 1 ■ Le risque d’un portefeuille
20.2
Considérons à titre d’exemple les actions Heineken (H) et Critéo (C) dont les
caractéristiques financières sont les suivantes :
Il est donc clair que ces deux placements ne peuvent pas être comparés
directement. En effet, choisir Heineken revient à jouer une relative sécurité tandis
que le choix de Critéo revient à jouer le risque pour une rentabilité supérieure.
20.3
On a ainsi :
avec XH + XC = 1
Ainsi, selon la proportion d’actions Critéo dans le portefeuille (XC), on aura :
20.4
20.5
Les pi,j sont les probabilités conjointes d’occurrence et ρH,C est le coefficient
de corrélation* Coefficient de corrélation des rentabilités des titres Heineken et Critéo. C’est un
nombre compris entre – 1 (évolution strictement opposée des rentabilités) et 1
(évolution strictement parallèle). La plupart du temps, les coefficients de
corrélation sont positifs car, par définition, la plupart des titres montent dans un
marché haussier et baissent dans un marché baissier.
D’où :
Et puisque :
on obtient :
soit :
20.6
En supposant que ρH,C soit égal à 0,5 et en reprenant les chiffres de l’exemple
précédent, on obtient en fonction de la part de titres Critéo dans le portefeuille :
Soit graphiquement :
Bien que les titres Heineken et Critéo aient des fluctuations positivement corrélées
entre elles, le choix d’un portefeuille composé d’actions Heineken et Critéo a
permis, pour un niveau de rentabilité donné, de réduire le risque.
La diversification permet :
■ soit de réduire le risque pour un niveau de rentabilité donné ;
20.7
dans le cas général, les titres Heineken et Critéo sont corrélés positivement,
■
20.8
20.9
Sans faire entrer d’élément subjectif, il est impossible de choisir entre des
portefeuilles de risques différents. Il n’y a donc pas de portefeuille optimal dans
l’absolu. C’est à l’investisseur de choisir en fonction de son appétence pour le
risque. Mais pour un même risque donné, il y a des portefeuilles meilleurs que
d’autres : ce sont les portefeuilles efficients.
20.10
20.11
Par définition, l’actif sans risque* Actif sans risque est caractérisé par une rentabilité
certaine : le taux de l’argent sans risque (rF). L’écart type de sa rentabilité est donc
égal à zéro. On l’illustre traditionnellement par les emprunts d’État, même si l’on
ne peut plus dire qu’ils soient sans risque de défaut compte tenu du niveau
d’endettement élevé de bon nombre de pays. Ce qui nous conduit dorénavant à
retenir comme actif sans risque dans la zone euro le bon du Trésor allemand à 1
mois3.
20.12
En combinant les relations (1) et (2), il est possible d’éliminer XH, ce qui
permet d’obtenir l’égalité suivante :
C’est-à-dire que :
σ(rH, F) = 0,50 × 10 % = 5 %
On a bien :
20.13
20.14
La frontière des portefeuilles efficients est la capital market line* Capital market line reliant
le portefeuille M, ou portefeuille de marché, à l’actif sans risque. Il n’existe pas de
meilleurs portefeuilles que ceux situés sur cette droite pour un risque donné.
La théorie enseigne que l’investisseur n’a pas intérêt à jouer tel ou tel titre pour
obtenir une forte rentabilité, mais le marché dans son ensemble ; puis il choisira le
niveau de son risque en s’endettant plus ou moins ou en plaçant au taux de l’argent
sans risque. C’est le théorème de la séparation* Théorème de la séparation.
Section 4 ■ La gestion d’actifs en pratique
20.15
Cependant, notre lecteur doit être conscient que les investisseurs peuvent
avoir des stratégies d’investissement qui ne correspondent pas toujours à cette
théorie. On peut distinguer les approches suivantes de la gestion d’actifs,
lesquelles parfois se mêlent.
20.16
Ces titres peuvent être des valeurs de croissance* Valeur de croissance (growth
stocks* Growth stocks en anglais), c’est-à-dire d’entreprises actives dans un marché en
croissance soutenue ; ou des value stocks* Value stocks, c’est-à-dire des valeurs présentes
dans des secteurs plus matures mais assurant une performance sur le long terme. À
l’extrême, on trouvera les valeurs de rendement* Valeur de rendement, dont l’essentiel de la
rentabilité provient du dividende et dont le cours est assez stable.
20.18
20.20
Les fonds de private equity* Fonds de Private Equity investissent principalement dans des
sociétés non cotées à différents stades de maturité, sous forme de LBO ou non
(voir le chapitre 49) et leurs activités de plus en plus larges en font des substituts
aux marchés boursiers (voir le paragraphe 43.36).
20.22
Dès lors, dans l’univers de tous les portefeuilles possibles, certains sont plus
intéressants que d’autres. Ils sont situés sur une portion de courbe appelée
frontière efficiente. Mais à ce stade du raisonnement, il n’est pas possible de
choisir objectivement parmi les portefeuilles de la frontière efficiente, un
portefeuille optimal. Le choix est individuel, chaque investisseur choisissant parmi
ces portefeuilles celui qui lui convient compte tenu de son appétence (ou de son
aversion !) personnelle au risque.
[Réponse]
2/ À quelle autre relation vous fait songer l’équation de la capital market line ?
[Réponse]
[Réponse]
4/ Entre deux titres A et B, l’un peu risqué, l’autre très risqué, quels titres
choisissez-vous si vous souhaitez prendre le minimum de risque ?
[Réponse]
[Réponse]
[Réponse]
7/ Quel est le seul actif qui permette de doser très précisément le niveau de
risque d’un portefeuille ?
[Réponse]
[Réponse]
[Réponse]
[Réponse]
[Réponse]
12/ Dans quel cas le risque d’un portefeuille peut-il être inférieur au risque
unitaire de chaque actif qui le compose sauf un ?
[Réponse]
[Réponse]
14/ Une diversification très poussée permet-elle d’éliminer le risque
spécifique ? Le risque de marché ?
[Réponse]
15/ Que vous inspire ce constat : sur 10 ans, seuls 10 % des gestionnaires
actifs font une performance supérieure aux gestionnaires passifs sur le créneau des
actions des grands groupes, alors qu'ils sont plus de 50 % à le faire sur celui des
actions des entreprises petites et moyennes ?
[Réponse]
Exercices
[Réponse]
[Réponse]
3/ Les actions des sociétés C et D sont assorties des rentabilités et des écarts
types suivants :
P1 : 100 % C ; P2 : 75 % C + 25 % D ; P3 : 50 % C + 50 % D ; P4 : 25 % C +
75 % D ; P5 : 100 % D
[Réponse]
Le secteur de l'énergie s'est révélé très peu corrélé aux autres secteurs sur la
période.
L’actif sans risque, car plus sa part est importante, plus le risque du
portefeuille est faible.
Il est par construction sur la capital market line car celle-ci est construite à
partir de 2 points : lui et l’actif sans risque. Il est sur la frontière efficiente de la
section 2 car étant très diversifié, le risque est réduit au minimum.
Parce qu’une SICAV généraliste est un modèle réduit de portefeuille de
marché, difficile à constituer au niveau d’un individu.
Oui par définition. Non c’est impossible, sauf à sortir du marché et à n’investir
que dans l’actif sans risque !
Le marché est beaucoup plus efficient sur les grandes entreprises qu'il ne l'est
sur les petites entreprises cotées sur lesquelles une analyse approfondie permet de
trouver des entreprises sous-évaluées.
Jacquillat B., Solnik B., Pérignon Ch., Les marchés financiers, 6e édition,
Dunod, 2014.
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www.sec.gov/divisions/investment/private-funds-statistics.shtml
Chapitre 21
Taux de rentabilité exigé et marchés à
l’équilibre
21.1
Nous allons déterminer, dans une situation de marché à l’équilibre* Marché à l’équilibre, la
prime de risque qu’il convient d’ajouter au taux de l’argent sans risque pour
déterminer le taux de rentabilité exigé par l’investisseur.
Comme nous venons de le voir, l’investisseur doit raisonner globalement :
investir dans le portefeuille de marché, puis doser le niveau de risque souhaité en
s’endettant ou en plaçant plus ou moins dans l’actif sans risque. Dès lors, pour
évaluer un investissement proposé, l’investisseur s’interrogera seulement sur la
rentabilité marginale et le risque marginal de cet investissement au sein du
portefeuille de marché.
21.2
21.3
Développé à la fin des années 1950 et au cours des années 1960 à partir des
travaux de Harry Markowitz, William Sharpe, John Lintner et Jack Treynor, le
MEDAF* MEDAF (modèle d’évaluation des actifs financiers* Modèle d’évaluation des actifs financiers (MEDAF))
ou CAPM* CAPM (Capital Asset Pricing Model* Capital Asset Pricing Model (CAPM)) est aujourd’hui
universellement appliqué.
21.4
Ceci signifie que la rentabilité exigée par un investisseur (k) est égale au taux
de l’argent sans risque rF2 majoré d’une prime de risque uniquement liée au risque
non diversifiable, c’est-à-dire au risque de marché.
21.5
Source : Associés en Finance (Europe), BNP Paribas Arbitrage & Damodaran (États-Unis).
Sur une longue durée (122 ans !), la prime de risque historique s’établit
ainsi :
21.6
de risque), traduit une évolution des taux d’intérêt. Une baisse des taux doit
entraîner le glissement de la droite vers le bas, donc une appréciation générale de
toutes les actions ;
Par ailleurs, la position des points par rapport à la droite constitue un critère
d’aide à la décision. Ainsi la lecture du graphique précédent permet d’observer
que l’action Engie présente un taux de rentabilité exigé trop élevé par rapport à
son risque. Des investisseurs vont s’en rendre compte, l’acheter, faisant ainsi
baisser son taux de rentabilité exigé et donc monter son cours. Un titre « au-
dessus » de la droite de marché est donc sous-évalué. À l’inverse un titre « en
dessous » de la droite de marché (comme l’action Hermès) apparaît comme
surévalué dans le modèle.
Mais que notre lecteur ne se précipite pas pour passer un ordre de Bourse.
Depuis que ce graphique a été établi, les cours ont amplement eu le temps de
s’ajuster !
Section 3 ■ Les limites du MEDAF* Modèle d’évaluation des actifs financiers (MEDAF)
Le MEDAF* MEDAF, reposant sur la théorie d’efficience des marchés, est, sans
conteste, le modèle le plus utilisé en finance moderne. Mais si nous voulions être
facétieux, nous dirions que chaque élément du MEDAF pose un problème
pratique !
21.7
21.8
La première difficulté que rencontrera le lecteur lors de la mise en pratique du
MEDAF est la détermination du taux sans risque* Taux sans risque* Taux d’intérêt sans risque, qui reste
une notion théorique.
Les praticiens utilisent souvent pour taux sans risque le taux des obligations
d’État à long terme, faisant ainsi un parallèle avec la durée moyenne des flux des
actifs à évaluer qui est nécessairement, elle aussi, sur le long terme. Mais un titre
de dette d’État à 10 ou 30 ans n’est pas un actif sans risque : sa valeur fluctue au
cours du temps en fonction de changements de taux d’intérêt qui sont inévitables
sur 10 ou 30 ans. Même l’investisseur qui a l’intention de garder son obligation
d’État jusqu’à son terme est concerné par ces fluctuations de taux d’intérêt,
puisqu'il est soumis au risque de réinvestissement des coupons. Par ailleurs des
variations non anticipées de l’inflation peuvent venir réduire ce qui paraissait être
un placement sans risque. Enfin il existe un risque de solvabilité de l’émetteur, que
la montée de l’endettement de la plupart des pays ne rend pas totalement théorique
comme on a pu le voir avec l’exemple sri lankais.
Il nous semble donc pertinent de retenir comme taux sans risque un taux
de l’argent à court terme, car sur le court terme les fluctuations de taux d’intérêt
et d’inflation sont beaucoup plus faibles, voire négligeables, et que le risque de
réinvestissement des coupons n’existe pas. Par exemple pour la zone euro, celui
des bons du Trésor allemand à un mois.
21.9
3 ■ L’instabilité du β
21.10
La principale critique que l’on peut adresser au bêta* Bêta est son instabilité dans
le temps7. Il synthétise en une seule donnée un grand nombre d’informations ; or,
cette force devient sa faiblesse.
21.11
Le MEDAF repose sur la théorie des marchés en équilibre. Or, comme nous le
verrons à la section 5, cette théorie peut être remise en cause : l’utilisation de
l’analyse technique* Analyse technique en salle de marché et le développement de la finance
comportementale illustrent les doutes des intervenants sur l’efficience des marchés
(voir le chapitre 16).
1 ■ Le modèle APT
21.12
D’une certaine façon, le modèle APT* Modèle APT (Arbitrage Pricing Theory* Arbitrage
Pricing Theory (APT)) est une généralisation du MEDAF. Le MEDAF suppose que le taux de
rentabilité d’un titre est fonction du risque de marché de ce titre et qu’il dépend
donc d’un seul facteur : l’évolution du marché en général. L’APT* APT, tel que le
propose S. Ross, fait l’hypothèse que la prime de risque est fonction de plusieurs
variables (et non plus d’une seule). Le titre est alors plus ou moins sensible à ces
variables macroéconomiques (V1, V2, …,Vn), et il subsiste un « bruit » propre à
l’entreprise.
Le modèle ne définit pas une liste précise des facteurs V. S. Ross retient sur la
base d’analyses quantitatives les critères suivants : l’inflation, la production
industrielle, la prime de risque, l’évolution de la courbe des taux.
C’est ainsi que E. Fama et K. French ont isolé trois facteurs explicatifs : la
rentabilité du marché (comme pour le MEDAF), le ratio capitalisation
boursière/capitaux propres comptables (le PBR du chapitre 24), et l’écart de
rentabilité entre les grosses capitalisations et les petites, témoin d’un effet
liquidité.
21.14
Au 31 mai 2023, les paramètres du plan de marché pour les valeurs euros
telles qu'estimées par Associés en Finance étaient les suivants :
21.15
La théorie des marchés en équilibre se fonde, comme son nom l’indique, sur le
concept d’équilibre des prix. Le postulat est qu’il existe un équilibre des prix issu
de la confrontation de l’offre et de la demande et que cet équilibre est à chaque
instant trouvé dans un marché (grâce au principe d’arbitrage). À partir de cet
équilibre, personne ne peut prévoir comment le prix des titres va évoluer : ils
suivent une marche aléatoire.
Mais certains chercheurs ont constaté que les cours de Bourse ne suivaient
pas une marche au hasard comme la théorie des marchés en équilibre le suppose.
En particulier, les événements extrêmes (très fortes hausses ou baisses des cours)
interviennent de manière beaucoup plus fréquente que la théorie classique ne le
laisse anticiper.
21.16
B. Mandelbrot a ainsi mis en avant que les fractales* Fractales (ou pour être plus
précis les multi-fractales) pouvaient être des formes représentatives de l’évolution
des cours. Cette hypothèse va à l’encontre de la théorie des marchés efficients, non
seulement car la loi statistique de modélisation des cours est différente, mais
surtout car l’hypothèse de B. Mandelbrot implique que les cours ont une mémoire,
c’est-à-dire qu’ils ne sont pas indépendants des cours passés.
Section 6 ■ La structure des taux* Structure des taux d’intérêt
21.17
21.18
D’une manière générale, la courbe des taux est fortement tributaire des
anticipations du marché concernant :
21.19
La pente ascendante de la courbe des taux en 2021 pour l’euro est due au
niveau extrêmement bas (en fait très négatif) atteint par les taux courts,
conséquence des interventions de la BCE afin de soutenir l’économie.
C’est ce que l’on pouvait observer au premier semestre 2023 (voir aussi en
page XIV), où la liquidité se réduisant, les taux à court terme sur l’euro, le dollar
et la livre étaient supérieurs à ceux à long terme dans l’anticipation d’une baisse
future des taux d’intérêt. En effet, les investisseurs anticipaient un recul de
l’inflation contre laquelle les banques centrales luttaient par des hausses des taux
d’intérêt à court terme, qui permettrait dans un second temps une décrue des taux
d’intérêt, une fois l’inflation revenue à un niveau plus normal.
La courbe des taux quasi plate reflète les anticipations d’inflation conjuguées
avec un ralentissement de l’économie ; les taux longs ont tendance à demeurer
stables, et la courbe est plate. La courbe ne peut théoriquement demeurer
durablement plate lorsque les taux sont bas. En effet, les investisseurs achètent des
obligations à taux fixe tant que l’espoir de réaliser un gain en capital, lié à la
baisse des taux longs, compense largement le coût du financement à court terme.
En revanche, lorsque cette espérance de plus-value disparaît – les taux longs ayant
apparemment atteint un plancher – les investisseurs exigeront un différentiel de
rentabilité (la prime) sur leur placement, entre taux longs et taux courts. Ceci se
traduit :
soit par leur stabilité si les taux courts s’abaissent du fait des politiques des
■
banques centrales ;
21.20
Les taux à court terme et les taux à long terme sont liés les uns aux autres par
un lien direct.
Ainsi, un investisseur qui souhaite placer des fonds à 2 ans, par exemple, a
deux possibilités :
■soit, il place ses fonds pendant 2 ans à un taux fixé dès aujourd’hui, qui est le
taux d’intérêt pour tout placement à 2 ans ;
21.21
L’investisseur ne connaît pas avec certitude le taux court terme qui lui sera
proposé dans 1 an. Il choisira donc entre les deux possibilités en fonction de ses
anticipations de taux. On parle alors de la théorie des anticipations.
S’il pense, par exemple, que les taux à court terme vont baisser très
fortement, il choisira la première solution pour bénéficier pendant 2 ans d’une
rémunération élevée.
Si, au contraire, il estime que les taux à court terme vont augmenter, il
choisira la seconde solution, afin de profiter d’une rémunération supérieure à
partir de la seconde année.
On a donc, à l’équilibre :
D’où :
Si aujourd’hui le taux à 1 an est de 3 % et celui à 2 ans est de 4 %, le marché
anticipe un taux à 1 an dans 1 an de 5 %. En effet, on a alors :
21.22
Une augmentation des taux à court terme est donc anticipée par le marché. Ce
taux implicite est appelé taux terme contre terme* Terme contre terme. Cette formule se
généralise lorsqu’il y a n périodes :
Le taux à long terme est une moyenne géométrique des taux à court terme
anticipés pour les périodes futures.
Dans cet univers, la forme de la courbe des taux donne des informations
précieuses. Ainsi si les taux longs sont supérieurs aux taux courts, cela signifie
nécessairement que les investisseurs anticipent une hausse des taux d’intérêt.
21.23
Au total, le taux à long terme est une moyenne géométrique des taux à court terme
anticipés pour les périodes futures, chacun étant majoré d’une prime de liquidité
probablement croissante avec l’échéance.
De ce fait il est difficile de lire avec certitude dans la courbe des taux les
anticipations futures. Même si les investisseurs anticipent des taux courts fixes, la
courbe des taux sera croissante du fait des primes de liquidité.
21.24
Maintenant que notre lecteur connaît la courbe des taux, il comprendra que
l’actualisation de tous les flux d’un titre à un taux unique, quelle que soit la
période où ils sont versés, est une simplification. Nous la maintiendrons dans les
décisions relatives à l’action et à l’investissement industriel car l’incertitude
affectant les flux de trésorerie est bien supérieure à la précision que l’on pourrait
obtenir si l’on actualisait chaque échéance avec un taux différent. Cette
simplification est en revanche excessive pour une obligation.
La rémunération exigée par un investisseur n’est pas liée au risque total, mais
uniquement au risque du marché. Corrélativement, dans un marché à l’équilibre, le
risque diversifiable n’est pas rémunéré.
k = rF + β × (kM – rF)
Enfin, après chaque crise financière grave, des théories qui cherchent à
rationaliser l’irrationnel connaissent un regain d’intérêt, telle que la théorie du
chaos ou l’analyse fractale.
Les taux de rentabilité des titres de créance ayant des échéances différentes
peuvent être portés sur un graphique que l’on nomme courbe des taux. La forme
de la courbe des taux dépend de l’anticipation d’évolution des taux courts et d’une
prime de liquidité qu’exigent les investisseurs pour investir sur le long terme. On
observe en général une corrélation positive entre le taux d’intérêt de tout actif
financier et sa durée, d’où une courbe des taux ascendante. Mais la courbe des
taux peut aussi s’inverser, notamment en période de récession.
Questions
[Réponse]
[Réponse]
[Réponse]
[Réponse]
5/ L’actionnaire exige un taux de rentabilité deux fois plus élevé sur une action
dont le β est deux fois plus élevé que celui d’une autre. Vrai ou faux ?
[Réponse]
[Réponse]
[Réponse]
8/ Quel est le point fort de l’APT par rapport au MEDAF ? Quel est son point
faible ?
[Réponse]
[Réponse]
[Réponse]
[Réponse]
[Réponse]
13/ Comment expliquer que les taux de rentabilité exigés par les actionnaires
peuvent être identiques pour deux groupes aux activités totalement différentes
(pétrole et services informatiques par exemple) dès lors que leur β est le même ?
[Réponse]
14/ Une expérience a été menée : un capital de 10 000 € a été confié à une
enfant, un astrologue et un financier, ceux-ci devaient placer ce capital pendant
huit jours. À votre avis, qui a gagné ? Qu’en concluez-vous ?
[Réponse]
15/ On pouvait observer mi-2023 que les actions des grands groupes
agroalimentaires (Danone, Nestlé, Unilever) étaient évaluées sur la base de 11 à 17
fois leurs EBE 2023 anticipés. Pour les entreprises moyennes du même secteur
(Savencia, Ebro, Bonduelle), le même ratio était de l’ordre de 3 à 9. Qu’en pensez-
vous ?
[Réponse]
16/ Quelle est la différence entre la courbe des taux coupon zéro et la courbe
des taux de rentabilité ?
[Réponse]
17/ Pourquoi une courbe des taux faisant apparaître des taux longs plus élevés
que les taux courts (courbe croissante) est-elle dite « normale » ?
[Réponse]
18/ Lorsque l’on dit que les obligations d’État sont sans risque, de quel risque
parle-t-on ?
[Réponse]
[Réponse]
20/ Comment, connaissant le taux à un an, connaître le taux à deux ans sur un
marché où il n’existe pas d’obligations à coupon zéro ? Puis le taux à trois ans ?
[Réponse]
[Réponse]
Exercices
1/ Quel est le taux de rentabilité à exiger sur l’action Orange dont le β est de
0,7 si l’action Bayer dont le β est de 1,1 rapporte du 8 % et qu’elle est
correctement évaluée, alors que le taux de l’actif sans risque est de 2,5 % ?
[Réponse]
[Réponse]
3/ Vous pensez que l’action Lapparent.com vaudra 40 € dans un an. Quel prix
êtes-vous prêt à la payer aujourd’hui si le taux de l’argent sans risque est de 5 %,
le taux de rentabilité du marché de 9 % et que son β est de 2,7 ?
[Réponse]
[Réponse]
5/ Vous observez les prix suivants pour différentes obligations (notez qu’elles
viennent toutes de verser leur coupon) de nominal 100 :
a) Calculez le taux de rentabilité de chacune de ces obligations.
[Réponse]
Au taux de l’argent sans risque plus une prime de risque fonction du risque de
marché de l’actif.
Non, car c’est oublier la constante (le taux de l’argent sans risque) dans la
formule du taux de rentabilité exigé.
Que le marché est peut-être à la veille d’une forte baisse car le risque n’est
plus assez rémunéré.
L’action Legrand est surévaluée car le taux de rentabilité exigé, compte tenu
de son risque, est trop faible. Il va donc s’élever, entraînant l’action à la baisse.
L'action Vivendi étant « sur la droite de marché » est correctement évaluée.
Augmenter, car les investisseurs ne veulent plus investir que dans des actions
très liquides qu’ils pourraient vendre à tout moment.
Un attrait pour les petites sociétés, en général en forte croissance, qui sont
alors à la mode.
Car ce type d’actions est très rare et très précieux puisqu’elles montent quand
le marché baisse ! Leur contribution marginale à la réduction du risque d’un
portefeuille est donc forte.
Parce que ce qui compte dans le MEDAF n’est pas le risque spécifique mais le
risque de marché de chaque titre.
C’est la matérialisation de la prime de liquidité qui, étant plus forte pour les
entreprises de petite taille, conduit à des taux de rentabilité exigée plus élevés et
donc une moindre valorisation en termes de multiple du résultat net (voir le
chapitre 33).
40 € / (5 % + 2,7 × (9 % – 5 %) + 1) = 34,54 €.
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Et enfin, pour lire sur la plage, l’histoire des idées développées dans ce titre et des hommes qui les ont
conceptualisées :
Chapitre 22 ■ L’obligation
Chapitre 23 ■ Les autres produits de dette
Chapitre 24 ■ L’action
Chapitre 25 ■ L’option
Chapitre 26 ■ Les titres hybrides
Chapitre 27 ■ Le placement des titres financiers
Du point de vue mathématique et plus théorique, un titre financier* Titre financier est
défini comme une chronique de flux futurs.
La mécanique financière que nous avons vue lors des chapitres précédents
s’applique à l’analyse et au choix des investissements d’une entreprise, le
financier traduisant alors des flux réels, liés à un outil industriel, en flux de
trésorerie. Le lecteur doit absolument comprendre que le « monde de la finance »
est celui de la gestion d’engagements et de droits exprimés en termes de flux
de trésorerie.
Sur un marché de titres financiers, il n’y a pas vente d’un flux réel mais
cession d’un droit : l’investisseur (souscripteur ou acheteur du titre) acquiert les
droits liés au titre acheté. L’entreprise (émettrice du titre) se trouve liée aux
engagements contractuels par le titre, quel que soit son possesseur.
La distinction entre bien réel et actif financier est donc subtile mais
fondamentale. Elle réside soit dans la nature du contrat, soit dans la motivation de
l’investisseur (exemple de l’appartement).
En conclusion, tout titre financier est une chronique de flux à percevoir selon
l’échéancier fixé. Mathématiquement, il se réduit donc à une projection de flux de
trésorerie futurs F1, F2, F3, F4…, Fn sur n périodes.
Chapitre 22
L’obligation
Fixer l’intérêt.
22.1
22.2
Enfin, dans un contexte de baisse des taux d’intérêt qui amoindrissait leurs
revenus (voir le graphique du paragraphe 22.23), les investisseurs avaient vu
d’un bon œil l’arrivée des entreprises sur le marché obligataire, car ces obligations
pouvaient leur offrir une meilleure rentabilité que celle des obligations d’État (au
prix d’un risque plus élevé).
Dans ce chapitre, de nombreux développements ou illustrations concerneront
les obligations. Ils sont généralisables sans difficulté à l’ensemble des titres de
dette. Dans nos développements, nous utiliserons l’exemple de l’emprunt
obligataire Nexans 2028 dont les caractéristiques principales sont résumées ci-
après.
Section 1 ■ Les notions de base
1 ■ Le capital emprunté
22.3
Les emprunts qui sont négociables sur un marché sont divisés en un certain
nombre de coupures4 conférant les mêmes droits de dette pour une même fraction
de l’emprunt : la valeur nominale* Valeur nominale ou valeur faciale* Valeur faciale ou pair* Pair
(100 000 € dans le cas de l’obligation Nexans).
C’est une valeur relativement formelle qui sert au calcul des intérêts versés.
Dans les cas simples (qui est le cas de l’obligation Nexans), elle est égale à ce que
l’emprunteur perçoit et à ce qu’il rembourse par obligation.
b) Prix d’émission
22.4
Le prix d’émission* Prix d’émission est le prix auquel un emprunt est émis, c’est-à-dire
le prix que les souscripteurs (investisseurs) paient pour obtenir une coupure.
L’obligation Nexans a été émise le 5 avril 2023 à un prix de 100 000 €, soit 100 %
du nominal.
22.5
Une clause de remboursement anticipé* Remboursement anticipé est une disposition par
laquelle l’emprunteur (ou le prêteur) se réserve le droit d’effectuer (de demander)
le remboursement de l’emprunt par anticipation. Si ce type de clause existe,
l’option offerte à l’emprunteur sera appelée call* Call (voir le paragraphe 41.16),
l’option réservée à l’investisseur, put* Put.
d) Durée de l’emprunt
22.6
La durée d’un emprunt* Durée de l’emprunt est la période qui sépare son émission de son
remboursement. Lorsque celui-ci s’effectue en plusieurs fois, on parle de durée de
vie moyenne* Vie moyenne qui correspond à la moyenne des durées de vie de chacune
des tranches de l’emprunt.
e) Garanties
22.7
2 ■ Les revenus
a) Date de jouissance
22.8
22.9
Outre les coupons, la rémunération des prêteurs peut aussi prendre la forme
d’une différence entre le prix d’émission et la valeur nominale de l’emprunt
(émission en dessous du pair). On parle alors de prime d’émission* Prime d’émission. Si le
prix d’émission est supérieur à la valeur nominale, la rémunération des prêteurs se
trouvera réduite, on parle alors d’une prime d'émission négative. Lorsque le
montant remboursé ne correspond pas au montant nominal, on parle alors de
prime de remboursement* Prime de remboursement.
c) Périodicité
22.10
Dans certains cas, les intérêts sont précomptés* Précomptés, c’est-à-dire versés par
l’emprunteur au prêteur au début de la période sur laquelle ils sont calculés. Plus
généralement, les intérêts sont postcomptés* Postcomptés, c’est-à-dire versés par
l’emprunteur à l’issue de la période sur laquelle ils sont calculés.
22.11
Nous avons vu la notion de taux de rentabilité actuariel* Taux de rentabilité actuariel (voir
chapitre 18) qui annule la valeur actuelle nette de l’obligation, c’est-à-dire la
différence entre le prix d’émission et la valeur actuelle des flux futurs liés à
l’obligation. Notons que, dans le cas des obligations, le taux de rendement
actuariel et le taux de rentabilité actuariel sont synonymes. Ce taux, calculé au jour
du règlement (versement des fonds par l’investisseur), permet de tenir compte de
l’ensemble des décalages dans le temps entre le droit au revenu et sa perception en
trésorerie.
22.12
Le spread* Spread ou marge actuarielle* Marge actuarielle est calculé comme l’écart entre le
taux de rentabilité actuariel d’un emprunt donné et le taux de rentabilité de
référence de maturité identique. Pour les obligations dans la zone euro, la
référence est plus généralement la courbe de taux swap* Courbe des taux swap5, parfois est
mentionné également le spread par rapport à l’obligation d’État française (OAT,
obligation assimilable du Trésor), ou l’obligation d’État allemande (le Bund* Bund ou
Bobl* Bund). Pour les crédits bancaires, ceux-ci étant généralement à taux variable,
c’est l’Euribor 3 mois dans la zone euro.
L’obligation Nexans a été émise avec une marge de 321 points de base
(3,21 %) par rapport au taux actuariel du Bund échéant en février 2028. C’est-à-
dire que Nexans a dû payer 3,21 % par an de plus que le taux sans risque pour
s’endetter. Ce n’est pas étonnant au vu de sa médiocre notation.
La situation des États européens durant la crise de l’euro en 2011 crée des
situations anormales où certains pays comme la France ou l’Allemagne
bénéficient de taux négatifs pour des maturités pouvant aller jusqu’à 10 ans. Les
rachats d’obligations de la part de la Banque centrale européenne de 2015 à 2021
institutionnalisent cette situation atypique.
Spreads en Europe selon les notations
Source : FactSet.
En période de crise, comme fin 2007-début 2008 ou en 2020, les spreads ont
une tendance très nette à augmenter dans l’absolu et relativement les uns par
rapport aux autres.On remarquera, tant en Europe qu'aux États-Unis, que la
remontée des taux et des spreads depuis 2022 est loin de les avoir amenés au
niveau des années de crise (2008, 2012, 2016, 2020). On remarquera qu'aux États-
Unis, l'éventail des notes et donc des spreads est plus large qu'en Europe.
Spreads aux États-Unis selon les notations
Source : FactSet.
2 ■ Le marché secondaire
22.13
22.14
Pour que cette comparaison soit correcte, il faut que les cours n’incluent pas
la fraction de l’intérêt annuel écoulé, appelé le coupon couru* Coupon couru. Sinon, une
obligation avec un intérêt de 5 % coterait ainsi environ 5 % de plus, dès lors qu’à
la veille du détachement de coupon, sa valeur serait grossie de presque tout
l’intérêt à recevoir. Pour éviter cet écueil, la cotation des obligations fait
abstraction de l’intérêt couru. D’où le nom de cotation au pied du coupon* Cotation au
pied de coupon. La cote des obligations indique ainsi, à côté du cours exprimé en
Notre lecteur aura compris que le prix d’une obligation ne traduit pas sa
cherté. Une obligation cotant 105 % peut être aussi bien moins chère que plus
chère qu’une obligation qui vaut 96 %. Seul le taux de rentabilité actuariel
permet de classer les différentes opportunités offertes à l’investisseur, en
fonction du degré de risque qu’il souhaite prendre et de sa durée
d’investissement. Cependant, il s’agit d’un classement instantané qui ne présage
en rien la performance effective qui sera réalisée.
4 ■ L’assimilation
22.15
Une fois qu’un emprunt est émis, le même émetteur pourra émettre
ultérieurement sans l’autorisation des premiers investisseurs, d’autres emprunts
(on parlera de tap* Tap) qui présenteront les mêmes caractéristiques que le premier
(même durée résiduelle, même coupon, même échéancier, même prix de
remboursement, mêmes garanties…) de sorte qu’ils pourront lui être assimilés. Au
lieu d’avoir plusieurs emprunts, il n’y en aura plus qu’un seul, pour un montant
global plus élevé. L’assimilation* Assimilation permet de simplifier la gestion et
d’améliorer la liquidité sur le marché secondaire.
22.16
Nous avons décrit jusqu’à présent les titres de dette à revenu fixe. Pour ces
titres, l’échéancier de flux est parfaitement connu à l’émission. Ils sont très
populaires dans un contexte de taux d’intérêt bas, ou qui remontent, et ont
représenté 88 % des émissions d’obligations par des sociétés non financières
européennes. Voyons maintenant des titres qui génèrent des flux qui ne sont pas
totalement déterminés à l’émission, mais qui suivent une règle prédéterminée
(12 % des émissions en 2022).
22.17
Le coupon d’une obligation à taux variable* Obligation à taux variable (les Anglo-Saxons
parleront de floating rate note* Floating rate notes (FRN), FRN* FRN ou plus familièrement
« floats ») n’est pas fixe, mais indexé sur un taux observable sur le marché
(généralement un taux court terme, l’Euribor 6 mois par exemple). À chaque
échéance de coupon, la valeur de celui-ci sera calculée en fonction de ce taux de
marché. On a donc :
Couponi = ti × nominal
22.18
Ceci permet d’annuler le risque de taux. En effet, l’émetteur de ce titre est sûr
qu’à tout instant, il est endetté au taux du marché, ni plus ni moins. De son côté,
l’investisseur est sûr d’être rémunéré à tout instant au taux de marché. Donc la
valeur d’une obligation à taux variable* Taux variable n’a pas de raison de s’écarter
significativement du nominal tant que la solvabilité de l’émetteur ne change pas
ou que les spreads pour un niveau de risque donné n’évoluent pas
significativement.
Ainsi, les obligations à taux variable sont des titres très peu volatils, même si leur
valeur n’est pas toujours parfaitement égale à 100 % du nominal.
22.19
Le taux variable, tel que nous l’avons décrit au paragraphe 22.17, est indexé
sur un taux d’intérêt de marché. De manière plus générale, le coupon d’une
obligation peut être indexé sur n’importe quel indice ou prix, à condition qu’il soit
clairement défini contractuellement. On parlera alors de titre indexé.
Ainsi, la plupart des États européens ont émis des obligations indexées sur
l’inflation* Obligation indexée sur l’inflation (OATi) (appelées OATi* OATi en France) dont le coupon et le
prix de remboursement sont réévalués pour tenir compte de la hausse de l’indice
des prix depuis le lancement de l’emprunt. L’investisseur est ainsi complètement
protégé contre l’inflation. L’État français émet également des obligations indexées
sur le taux d’inflation moyen de la zone euro (OAT €i). De la même façon, des
entreprises mexicaines ont proposé des obligations indexées sur le prix du pétrole,
des entreprises des obligations indexées sur leur propre cours de Bourse…
22.20
22.21
L’émetteur d’obligations vertes* Obligation verte (ou green bonds* Green bonds) s’engage à
utiliser les fonds pour des investissements ou des dépenses positives pour
l’environnement (tels que définis par l’entreprise, généralement assistée d’un
cabinet indépendant).
Comme pour les obligations vertes, la prime verte (le greenium) s’accroît, ce
qui rend ce mode de financement moins onéreux qu’une obligation classique, au
moins tant que l’entreprise est capable de respecter ses objectifs ESG. Le marché
des obligations liées au développement durable (environ 70 Md€ en 2022) devrait
continuer à se développer pour devenir la norme pour les entreprises.
Enfin, les obligations durables* Obligation durable (ou sustainability bonds* Sustainability bonds)
financent ou refinancent des projets à la fois environnementaux et sociaux (166
Md$ en 2022).
22.22
Trois risques menacent le détenteur d’un titre de dette qui se croyait pourtant à
l’abri en ayant choisi un tel titre :
■ le risque de solvabilité* Risque de solvabilité qui affecte les dettes à taux fixe comme
celles à taux variable. Nous le développerons à la section 6 suivante.
Ajoutons qu’il peut avoir un risque de liquidité sur son titre. Cependant ce
risque peut être éliminé si l’investisseur est prêt à conserver le titre jusqu’à son
échéance, ce qui est fréquemment le cas des investisseurs obligataires.
a) Définition
22.23
Une variation en hausse des taux entraîne donc une baisse de la valeur
actuelle d’une obligation à taux fixe et ce, indépendamment de la situation
économique de l’émetteur. De la même façon, une baisse des taux d’intérêt
entraîne une hausse de la valeur de l’obligation à taux fixe.
La valeur d’un titre de dette à taux fixe n’est pas fixe. Elle varie en fonction du
taux du marché. Si les taux d’intérêt montent, la valeur baisse. Si les taux d’intérêt
baissent, la valeur monte.
Source : FactSet.
22.24
22.25
22.26
Nous avons vu que le détenteur d’une obligation ne sait pas à quel taux ses
coupons seront réinvestis et ce, sur toute la durée de détention de son titre. Seule
l’obligation à coupon zéro lui permet d’être protégé contre ce risque puisqu’il n’y
a pas de coupon !
en cas de baisse des taux, la perte sur le réinvestissement des coupons sera
■
en cas de hausse des taux, le gain sur le réinvestissement des coupons sera
■
Au total, au terme de cet horizon, quelle que soit l’évolution des taux
d’intérêt, la valeur globale du portefeuille (obligations + coupons réinvestis) est la
même. L’investisseur aura alors dégagé sur son investissement un taux de
rentabilité égal au taux actuariel annoncé au moment de l’émission.
On dit alors que le portefeuille est immunisé à cet horizon. Il est en effet
protégé contre le risque de fluctuation des taux d’intérêt (risque en capital et risque
de réinvestissement des coupons). Cet horizon s’appelle la duration* Duration d’un
emprunt. Elle peut être calculée à tout moment, à l’émission et pendant toute la
durée de vie de l’emprunt.
Ainsi, un investisseur qui veut s’assurer d’un taux de rentabilité certain sur
une période de 3 ans choisira un portefeuille de titres de dette dont la duration est
de 3 ans.
La duration est une sorte de durée de vie moyenne actualisée de tous les
flux (intérêt et capital). En effet, au numérateur on trouve les flux actualisés et
pondérés par le nombre d’années tandis qu’au dénominateur figure la valeur
actuelle du titre de dette. Notons que la duration d’une obligation à coupon zéro
est égale à sa durée de vie.
22.27
Le risque de solvabilité* Risque de solvabilité peut être mesuré à partir d’une analyse
financière classique de la situation de l’emprunteur, ou de la mise en œuvre de
techniques de credit scoring* Credit scoring comme nous l’avons vu au chapitre 9. Il
existe des organismes spécialisés dans l’analyse du risque de défaut qui délivrent
une note (le rating* Rating) reflétant la qualité de la signature de l’emprunteur. Trois
agences de notation* Agence de notation dominent le marché : Moody’s, Standard & Poor’s
et Fitch, mais le développement d’un marché obligataire pour les entreprises
moyennes permet à de nouvelles agences d’émerger (Qivalio, Scope Ratings,
Inbonis ou Egan-Jones par exemple).
Les agences notent aussi bien les entreprises que les banques, les États ou les
collectivités locales. Elles peuvent attribuer une note pour un emprunt particulier
ou une note absolue pour un émetteur (note attribuée à une dette de premier rang).
Par ailleurs, les agences distinguent les perspectives court terme et long terme.
22.28
Les notations de référence sont assorties d’une perspective qui peut être
stable, positive ou négative et qui indique la tendance probable de ces notes dans
les 2 ou 3 ans à venir. En outre, les notes peuvent être complétées par un signe +
ou – ou un chiffre qui permet d’affiner le positionnement de l’entreprise au sein
d’une catégorie. On dira ainsi qu’il y a un notch* Notch entre AA– et A+.
La mise sous surveillance* Mise sous surveillance signale aux investisseurs qu’un
événement (acquisition, cession, accident…) est susceptible d’entraîner, après
analyse, une modification de la note : amélioration dans le cas de mise sous
surveillance avec implication positive, abaissement dans le cas d’une mise sous
surveillance avec implication négative, ou indéterminée lorsque l’agence n’est pas
en mesure de se prononcer immédiatement.
Lorsque plusieurs agences notent la même entreprise et qu’elles n’ont pas des
notes équivalentes (Ba+ et BBB– par exemple) on parlera de split rating* Split rating.
Source : Default, Transition, and Recovery: 2022 Annual Global Corporate Default And Rating
Transition Study, Standard & Poor’s, 2023.
22.29
■ de la taille de la société ;
22.30
■ prix d’émission assorti éventuellement d’une prime (ou d’une décote) par
rapport à la valeur nominale ;
■ les intérêts sont soit précomptés (versés au début de la période sur laquelle ils
sont calculés), soit postcomptés.
Les titres de dette à taux fixe sont exposés à un risque de taux : la valeur d’un
titre de dette à taux fixe monte quand les taux baissent et vice versa. Cette
fluctuation se mesure par :
Tous les titres de dette sont exposés à un risque de solvabilité apprécié par les
agences de notation (Standard & Poor’s, Moody’s…) via des notes (AAA, AA, A,
BBB…) qui dépendent de la qualité de crédit de l’émetteur. La conséquence en est
la marge ou spread, écart entre le taux de rentabilité actuariel de l’obligation et
celui d’un emprunt sans risque de durée identique. Le spread est naturellement
d’autant plus faible que la solvabilité de l’émetteur est perçue comme bonne.
Questions
1/ Qu’est-ce que la valeur faciale d’un titre à revenu fixe ? À quoi sert-elle ?
[Réponse]
[Réponse]
[Réponse]
4/ Un titre de dette est-il plus volatil le jour de son émission ou le jour de son
remboursement ?
[Réponse]
5/ La valeur d’un titre de dette à taux variable est-elle à tout moment égale à
100 % du nominal ? Pourquoi ?
[Réponse]
[Réponse]
7/ Vous êtes un investisseur qui anticipe une baisse des taux. Classez par ordre
décroissant de préférence les obligations suivantes :
[Réponse]
[Réponse]
9/ Vrai ou faux ?
a) Si les taux d’intérêt montent, le cours des obligations à taux fixe baisse.
c) Une obligation à fort coupon vaut moins cher qu’une obligation à faible
coupon.
d) Plus la duration d’une obligation est forte, plus son cours est élevé.
[Réponse]
10/ Le taux de rentabilité requis d’une dette augmente-t-il avec :
a) le taux d’inflation ;
c) l’échéance de l’emprunt ;
[Réponse]
11/ L’écart entre le prix d’une obligation d’État et celle d’une entreprise privée
correspond à la valeur d’une option. Quelles sont ses caractéristiques ?
[Réponse]
12/ Dans quelle condition un emprunt à taux variable peut-il coter largement
moins que 100 % ?
[Réponse]
Exercices
[Réponse]
TMO est le taux moyen des obligations sur le marché syldave. À la date du
lancement de l’emprunt, il était de 8,3 %.
b) Si vous pensez que les taux d’intérêt vont monter, quelle tranche choisirez-
vous ?
d) Quel est l’intérêt de cet emprunt pour les Eaux Minérales Syldaves ?
[Réponse]
3/ Le 21 février 2023, vous observez dans le quotidien Les Échos de
Moulinsart les cotations suivantes des emprunts d’État belges à coupon zéro (qui
ne versent qu’un seul coupon avec le principal à l’échéance d’un montant total de
100) :
[Réponse]
La duration est une sorte de durée de vie actualisée (intérêts financiers inclus).
Coupon zéro.
Taux qui égalise la valeur actuelle des flux (intérêts et remboursement) avec la
valeur de marché.
Le jour de son émission car le jour de son remboursement il vaut le prix de son
remboursement et la volatilité est devenue nulle.
c) d) e) f), a) et b) ex aequo.
Car le prix d’émission est inférieur au nominal sur lequel sont calculés les
intérêts.
Vrai : a). Faux : b) c) d).
Vrai : a) b) c) d) e).
C’est la valeur d’une option de vente de l’actif économique aux créanciers que
les actionnaires exercent si, à l’échéance, la valeur de l’actif économique est
inférieure au moment des dettes à rembourser (voir le paragraphe 36.3).
b) La tranche A.
b) V = 98,79.
Bibliographie
Chen L., Lesmond D., Wei J., « Corporate yield spreads and bond liquidity »,
Journal of Finance février 2007, vol. 62, no 1, pages 119 à 149.
Gebhardt W., Hvidkjaer S., Swaminathan B., « The cross-section of expected
corporate bond returns: Betas or characteristics? », Journal of Financial
Economics janvier 2005, vol. 75, no 1, pages 85 à 114.
Longstaff F., Mithal S., Neis E., « Corporate yield spreads: Default risk or
liquidity? New evidence from the credit default swap market », Journal of
Finance octobre 2005, vol. 60, no 5, pages 2213 à 2247.
www.fitchratings.com.
www.moodys.com.
www.spratings.com/en_US/understanding-ratings.
www.ethifinance.com.
www.standardandpoors.com.
Le Fur Y., Quiry P., « Qu’est-ce que les taux de swap et de mid-swap ? », La
Lettre Vernimmen.net octobre 2022, no 202, page 6.
www.banque-france.fr/page-sommaire/taux-et-cours.
www.cnofrance.org.
www.emmi-benchmarks.eu
Chapitre 23
Les autres produits de dette
Quel choix…
23.1
Le terme « obligation » est utilisé pour les produits de dette* Dette, généralement
cotés, à plus d’un an, mais les entreprises peuvent également émettre sur les
marchés financiers des instruments de dette à court terme. Les grandes entreprises,
et les ETI, peuvent ainsi se financer en émettant des titres cotés à moins d’un an,
appelés depuis 2016 Negociable European Commercial Papers* Negociable European commercial
papers, NEU CP* NEU CP, (anciennement billets de trésorerie* Billet de trésorerie et certificats de
dépôt* Certificat de dépôt). L’émission peut se faire en euros ou en devises. Deux marchés
de taille équivalente coexistent pour l’émission de titres à court terme :
sur le marché français, les NEU CP sont des titres de créance négociables
■
émis par les entreprises (et les établissements de crédit) sur le marché monétaire
pour une durée pouvant s’étendre de un jour à un an. Dans la pratique, la durée de
vie de la moitié des NEU CP est comprise entre un et trois mois ;
sur le marché offshore, à Londres, est émis le même type de produits, Euro
■
Le label STEP (Short Term European Paper* Short Term European Paper) permet
d’homogénéiser les documentations nationales pour l’émission de titres à court
terme.
Pour une émission de NEU CP, l’obtention d’un rating* Rating (voir
paragraphe 22.27) court terme par une agence de notation financière est
facultative, même si elle est implicitement recommandée puisque les entreprises
sont « tenues de faire connaître si elles ont demandé une notation d’une agence
spécialisée, et le cas échéant, la notation obtenue ». En outre, tout émetteur qui le
souhaite peut négocier avec sa banque un engagement de substitution spécifique
lui garantissant qu’un concours lui sera consenti au cas où la situation du marché
ne lui permettrait pas d’émettre de nouveaux billets à l’échéance du programme en
cours. L’utilité d’une telle ligne est de nouveau apparue évidente en mars 2020 à
l’éclatement de la crise du Covid-19 qui a eu pour conséquence de refermer
presque totalement ce marché quelques semaines (avant que la BCE ne redonne de
la liquidité en souscrivant directement des montants importants de NEU CP émis
par les entreprises). Ces lignes dites de « back-up* Back-up* Ligne de back-up » sont imposées
par les agences de rating pour obtenir une notation de qualité au programme
d’émission de billets de trésorerie. Ainsi, telle agence de rating souhaite avoir une
ligne de back-up de 70 % de l’encours de billets de trésorerie pour maintenir le
rating à court terme A1 + de l’entreprise.
Outre un coût plus faible qu’un découvert bancaire, le NEU CP* NEU CP donne à
l’entreprise une certaine autonomie à l’égard de ses banques. C’est un instrument
très flexible en matière de durée, moins en matière de montant.
En France, les émetteurs non financiers sont une grosse centaine de grandes
entreprises privées et publiques.
Encours de NEU CP émis par les entreprises (en Md€)
Source : BCE.
Les entreprises de tout pays peuvent émettre des commercial papers* Commercial paper
américains. Ils sont émis exclusivement en dollars et placés sous l’égide de la
réglementation 144 A qui définit les conditions d’émission de titres aux États-Unis
pour une entreprise étrangère (voir le paragraphe 27.8).
Enfin, depuis 2018, les entreprises françaises émettent également des titres à
moyen terme (généralement avec une maturité comprise entre 1 et 2 ans) : les
Negociable European Medium Term Notes* Negociable European Medium Term Notes (NEU MTN* NEU
), pour des encours qui restent faibles pour les entreprises (2,9 Md€ en mars
MTN
23.3
Ils sont de deux types. L’un est l’obligation que nous avons vue au chapitre
22, cotée en Bourse avec une liquidité plus ou moins forte, potentiellement
souscrite par des investisseurs du monde entier. L’autre prend la forme le plus
souvent d’obligations, cotées ou non en Bourse, souscrites à l’émission par un
nombre limité d’investisseurs institutionnels* Investisseur institutionnel (compagnies
d’assurances, fonds d’investissement ou de pension) d’un pays donné à travers un
placement privé* Placement privé (voir le paragraphe 27.48).
Les placements privés d’obligations sont attractifs pour un groupe qui veut
diversifier ses financements, avoir accès à des financements longs et ce, sans
nécessiter de rating. Mais la documentation peut parfois être contraignante (des
covenants sont fréquents), et les investisseurs beaucoup moins flexibles lors d’une
éventuelle renégociation des termes du placement privé que ne le sont les banques
proches de l’entreprise.
23.4
Quelle que soit la modalité retenue, il s’agit souvent pour l’entreprise d’une
ligne de sécurité qui lui permet de faire face à l’ensemble de ses besoins de
trésorerie existants et futurs.
Les crédits financiers sont fondés sur une logique de taux, c’est-à-dire une
logique de prix : que le moins cher gagne ! Ils ne sont généralement pas assortis de
services annexes et sont définis principalement par un échéancier de flux et une
marge par rapport au taux du marché.
23.5
Le crédit « spot* Crédit spot » est un crédit à court terme dont la mise en place est
facile, ce qui explique qu’il soit très courant. L’entreprise émet un billet financier à
l’ordre de sa banque, qui l’escompte sur la totalité de sa durée en avançant les
fonds correspondants ou procède à un tirage auprès de sa banque (sans émission
de billets) qui lui avance les fonds correspondants sur la durée prévue entre les
deux parties. Le taux du crédit est égal à un indice de marché (généralement
Euribor sur la période de tirage) auquel s’ajoute une marge négociée au coup par
coup, généralement comprise, en fonction de la qualité de la signature de
l’emprunteur (puisqu’il n’y a souvent pas d’autre garantie), entre 0,20 % et 2 %
l’an. Le crédit spot peut être fait en devises selon les besoins de l’entreprise.
On parle de crédit de campagne* Crédit de campagne quand ce crédit est monté pour
faire face à des décalages de trésorerie de nature saisonnière (industrie
agroalimentaire).
23.7
Le crédit relais* Crédit relais est un crédit mis en place dans l’attente d’une recette
future qui assurera son remboursement : augmentation de capital, emprunt
obligataire, cession d’une filiale… Les Anglo-Saxons l’appellent bridge loan* Bridge
. Nécessairement à court terme, souvent utilisé pour des montants importants, il
loan
connaît une évolution parallèle à celui des opérations financières et notamment les
opérations de fusions-acquisitions. Sa marge est fortement croissante avec la durée
(step-up* Step-up) afin d’inciter l’emprunteur à réaliser le refinancement ou la cession
d’actifs prévus.
23.8
Une syndication* Syndication est généralement mise en place pour des crédits
(généralement RCF ou term loan) d’un montant supérieur à 50 M€ qu’une banque
ne souhaite pas assumer seule (pour plus de détails, voir le paragraphe 27.50).
Une banque arrangeuse (Mandated Lead Arranger* MLA* Mandated Lead Arranger (MLA)) (ou
plusieurs) prend ferme (prise ferme ou underwriting) la totalité du crédit, et donc
de son risque, jusqu’à sa mise en place (un underwriting fee rémunérera alors son
risque spécifique de portage du crédit), puis procède ultérieurement à sa
distribution auprès de banques participantes. La banque arrangeuse (agent de la
documentation* Agent de la documentation) sera rémunérée spécifiquement pour ce service
(coordination ou arrangement fee* Arrangement fee). Les banques participant à l’opération
toucheront, au-delà de l’intérêt annuel, une commission à la mise en place du
crédit (participation fee* Participation fee ou flat fee).
Si le crédit est mis en place avec les banques habituelles de la société sans
que l’engagement ne soit réellement syndiqué ultérieurement, on parlera de club
deal* Club deal.
23.10
Comme sur le marché obligataire, des produits mettant en avant les
vertus en matière environnementale ou sociétale des entreprises voient le jour sur
le marché des dettes bancaires, on parle de prêt à impact. De nombreux grands
groupes (Danone, Bel, Icade, Philips…) ont ainsi mis en place des RCF green* RCF
green (green loans) dont la marge dépend (marginalement) d’une note, du respect
Notons enfin que les prêts peuvent s’étendre à des filiales qui peuvent alors
emprunter aux conditions prévues par le contrat signé avec la maison-mère.
23.11
■ le montant, la durée ainsi que l’objet du crédit (c’est-à-dire, à quoi vont servir
les fonds) ;
■le taux d’intérêt fixe ou plus généralement variable, la période d’intérêts, les
règles de décompte et perception des intérêts ainsi que les diverses commissions,
assurances et frais ;
■ les modalités de remboursement du crédit avec éventuellement une période
de différé d’amortissement et un profil d’amortissement ;
■ le pari passu* Pari passu. Cette clause oblige l’entreprise à faire bénéficier le
prêteur de toutes les garanties supplémentaires qu’elle sera amenée à donner lors
de crédits futurs de même rang ;
le cross default* Cross default. Cette clause prévoit que si l’entreprise fait défaut sur
■
Il existe une certaine cyclicité dans le marché de la dette. Ainsi, après une
période de forte liquidité (de 2004 à mi-2007) caractérisée par un assouplissement
généralisé des conditions d’emprunt des entreprises (aussi bien en termes de
documentation de prêt beaucoup plus favorables aux emprunteurs que de marges),
les banques ont, fin 2008, drastiquement resserré les conditions dans lesquelles
elles étaient disposées à consentir des prêts en raison de la détérioration globale
des portefeuilles de crédits, et d’une liquidité beaucoup plus rare et donc avec un
coût plus élevé. À partir de fin 2009-début 2010, un retour à une situation plus
normale est observé. Depuis 2013, les conditions se sont assouplies à nouveau et
sont devenues très lâches, avant de se durcir avec la remontée des taux d’intérêt à
partir de 2022 et la fin des incitations des banques centrales à l’expansion du
crédit.
Section 3 ■ Les financements assis sur des actifs de
l’entreprise
1 ■ L’affacturage
23.12
L’affacturage connaît depuis des années une très forte progression de ses
encours auprès de toutes catégories d’entreprises, progression qui marque à peine
une pause en 2009, et une autre en 2020. Il est devenu le premier moyen de
financement à court terme des entreprises, devant le découvert bancaire. Adossé à
un actif, il est moins consommateur des capitaux propres des banques qui poussent
son développement. La croissance des volumes est aujourd’hui largement le fait
des grandes entreprises.
Volume annuel des opérations d’affacturage en France (en Md€)
L’affacturage inversé* Affacturage inversé (ou reverse factoring* Reverse factoring) permet à un
client (généralement une grande entreprise) de proposer une solution de
financement de sa créance à son fournisseur. La logique est la même que le
factoring mais l’initiative vient du client. C’est souvent un moyen pour le client
d’imposer des délais de paiements longs (dans la limite de ce qui est légalement
possible).
L’affacturage fait partie des crédits d’exploitation* Crédit d’exploitation tout comme la
facilité de caisse, le découvert (voir le paragraphe 23.5), le crédit de campagne
(23.6), l’escompte (23.13) et le Dailly (23.14).
2 ■ L’escompte
23.13
L’escompte* Escompte est une opération de crédit par laquelle le banquier met à la
disposition de l’entreprise, contre remise d’un effet de commerce non échu, le
montant de l’effet diminué des intérêts et commissions.
La banque ayant escompté un effet en devient propriétaire et est normalement
remboursée par l’encaissement de cet effet auprès du débiteur de l’opération
commerciale, c’est-à-dire le client de son client. Si l’effet est impayé à l’échéance,
la banque demande à l’entreprise qui a escompté la créance de la rembourser ;
l’entreprise supporte donc le risque de défaillance de son client.
L’escompte a donc a priori pour objet de financer une entreprise à partir du crédit
commercial qu’elle accorde à d’autres entreprises mieux connues du système
bancaire. L’entreprise peut donc espérer y trouver un coût de financement plus
faible que sur un prêt classique.
Pour la banque, le risque est limité par la double garantie constituée par la
qualité du client de son client, et par la qualité de son propre client.
23.14
Dans la pratique, une certaine lourdeur de gestion, tant du côté banque que du
côté client, réserve de fait le Dailly à une clientèle spécifique. La banque pourra
renforcer la gestion de la ligne de mobilisation Dailly (obtention des copies de
factures à l’appui du bordereau de cessions, notification au débiteur cédé, suivi et
relance des encaissements sur les factures cédées…) au fur et à mesure de la
dégradation éventuelle de la situation financière du client.
3 ■ Le crédit-bail
23.15
Si les banques proposent rarement des prêts à long terme (plus de 5 ans) sur la
base des seules qualités intrinsèques d’une entreprise, il en va différemment des
crédits adossés, par l’intermédiaire d’une structure juridique adaptée, à une
garantie distincte du patrimoine de l’entreprise. Un tel actif limite
considérablement les risques d’insolvabilité et permet de fixer le prix du crédit
pour une longue durée. Le crédit-bail* Crédit-bail met en valeur la garantie apportée par
l’emprunteur et est structuré autour de cette garantie.
Le crédit-bail est un contrat de location d’un actif sur une durée déterminée,
passé entre une entreprise (industrielle ou commerciale) et une banque ou un
établissement spécialisé propriétaire de cet actif, et assorti d’une promesse de
vente (option d’achat) de cet actif à l’échéance du contrat. Une entreprise peut
ainsi utiliser une partie de ses immobilisations d’exploitation (terrains,
constructions et autres actifs immobilisés) dans un système de location lui
permettant, le cas échéant, d’acheter l’actif à échéance pour une valeur fixée
contractuellement. Cette technique est aussi utilisée dans des montages complexes
pour réduire le coût de financement grâce à des avantages fiscaux (financement de
navires).
■le crédit-bail immobilier* Crédit-bail immobilier concerne les opérations par lesquelles
une entreprise prend en location des biens immobiliers à usage professionnel
(bureaux, usines, hangars…) propriété d’une société de crédit-bail avec la
possibilité de devenir propriétaire de tout ou partie des biens loués, au plus tard à
l’expiration du bail. Liée à la durée d’amortissement de l’actif loué, la durée du
contrat de crédit-bail immobilier s’étale généralement entre 10 et 20 ans.
Le bailleur et le locataire sont liés par un contrat qui prévoit les conditions
dans lesquelles l’une des parties pourrait résilier son engagement.
Dans les comptes sociaux le crédit-bail est hors bilan puisque l’entreprise
n’est pas juridiquement propriétaire du bien. Dans les comptes consolidés et en
normes IFRS, la réalité économique prévaut sur l’analyse juridique : l’actif est
immobilisé et une dette correspondante figure en dettes financières (voir le
paragraphe 8.70 pour le traitement comptable et financier).
23.16
23.17
Le sale and leaseback* Sale and leaseback (cession-bail) est une procédure par laquelle une
société propriétaire d’une usine, d’un immeuble de bureaux, d’une machine, le
cède à une société de crédit-bail ou à un investisseur qui le remet immédiatement à
sa disposition par une opération de location pure ou de crédit-bail mobilier ou
immobilier selon la nature du bien cédé.
23.18
Le financement sur stocks* Financement sur stocks est un financement sur gage dans lequel
l’entreprise garde la propriété du stock sur lequel le prêteur n’a de droits qu’en cas
de défaillance de l’entreprise.
6 ■ La titrisation
23.19
Des créances clients, voire des stocks ou des immobilisations, sont groupés
(on joue donc la division des risques et la loi des grands nombres) dans une
société ad hoc qui en fait l’acquisition en se finançant par l’émission de titres
souscrits par des investisseurs. L’entité ainsi créée, qui peut être un fonds
commun de titrisation* Fonds commun de titrisation, perçoit les flux d’intérêts et de
remboursement sur les créances qu’elle a achetées à l’entreprise et les reverse aux
investisseurs via le paiement d’intérêts et le remboursement de leurs titres.
La titrisation d’actifs
C’est ainsi que Fraikin finance ses véhicules industriels et utilitaires, sachant
que les banques sont des plus grandes utilisatrices de la titrisation que ne le sont
les entreprises.
Pour obtenir une meilleure notation financière des titres émis, un volume
d’actifs plus important que nécessaire peut être acquis, une fraction de ceux-ci
servant alors de garantie (technique de l’enhancement* Enhancement en anglais).
Alternativement, une police d’assurance peut être souscrite auprès d’une
compagnie d’assurances. Une ligne de liquidité est également envisageable pour
garantir les paiements d’intérêts en cas d’interruption temporaire du service de la
dette.
Certains éléments d’actifs, une fois isolés, sont de meilleure qualité que le
bilan total, ce qui donne accès à des conditions de crédit plus favorables.
Cependant, le coût de ces montages demeure souvent plus élevé que la dette
classique, surtout pour un emprunteur de bonne qualité qui profite de bonnes
conditions bancaires. Les coûts fixes de ces montages font qu’ils sont difficiles à
mettre en place pour moins de 50 M€.
23.20
Les crédits par signature* Concours par signature (émission de garanties* Garantie, de lettres
de crédit stand-by* Lettre de crédit stand-by ou de crédits documentaires* Crédit documentaire* Crédoc)
doivent être distingués des crédits de trésorerie, car dans le premier cas, le
banquier ne fait pas d’avance de fonds sauf si son client est défaillant, ce qui
l’oblige alors à honorer son engagement. Il s’agit donc d’engagements hors bilan
pour les établissements financiers.
Pour l’entreprise, la garantie de son banquier soulage sa trésorerie lorsqu’il
lui permet de retarder le paiement de sommes exigibles, d’encaisser
immédiatement des acomptes ou d’éviter un paiement (caution* Caution de loyer, ou
garantie de restitution d’acompte par exemple).
23.21
Les garanties de soumission* Garantie de soumission (bid bonds) sont émises par la
banque d’une entreprise qui répond à un appel d’offres afin d’assurer qu’elle
honorera bien ses engagements commerciaux si elle est sélectionnée. Les
garanties de bonne exécution* Garantie de bonne exécution (performance bonds* Performance bonds) sont
émises par une banque pour garantir la bonne exécution de travaux que son client
s’est engagé à exécuter dans un délai donné. Enfin, les garanties de bonne
fin* Garantie de bonne fin (ou garanties pour défaut* Garantie pour défaut, warranty bonds* Warranty bond) sont
émises à partir de la mise en service d’une installation pour couvrir les éventuels
défauts constatés après la livraison. Elles sont utilisées dans le secteur de la
promotion immobilière ou encore dans les biens d’équipement (construction
d’usines, de centrales).
23.22
Le crédit documentaire* Crédit documentaire, ou crédoc* Crédoc pour les intimes, permet
d’assurer la bonne fin et le règlement d’un contrat commercial, le plus souvent
entre un exportateur et un importateur de nationalités différentes. Les banques des
deux partenaires commerciaux cautionnent leur client respectif, ce qui limite le
risque de livraison non payée ou de marchandise payée mais non livrée.
23.23
La lettre de crédit stand-by* Lettre de crédit stand-by (ou stand-by letter of credit* Stand-by letter
of credit (SBLC) – SBLC* SBLC) relève des mêmes règles de fonctionnement que le crédit
documentaire, définies par les « Règles et Usances » éditées par la CCI. Elle
permet de couvrir un flux courant d’opérations entre un client et son fournisseur
pour un encours aux limites prédéfinies dans la lettre d’ouverture de crédit.
23.24
Le crédit acheteur* Crédit acheteur ou crédit export* Crédit export est destiné à financer un
contrat d’exportation de biens d’équipement et/ou services signé entre un
exportateur et un acheteur importateur de biens et/ou services.
■ son bilan ne sera pas alourdi par la fraction du contrat payable à terme.
Le risque de crédit pris par la banque qui met en place un crédit acheteur
français est couvert partiellement par Bpifrance* Bpifrance dans certaines conditions de
durée, de taux… qui ont été acceptées par les États signataires des accords de
« consensus » (pays de l’OCDE). Ces accords précisent les règles de financement
des contrats d’exportation de biens d’équipement et/ou services bénéficiant d’un
soutien public afin de neutraliser le critère du financement dans l’évaluation des
offres commerciales. Outre la garantie d’une agence de crédit export, le soutien
public s’applique aux conditions du financement export, et notamment sur la durée
et le taux du crédit, ce qui le rend très attractif par rapport à des financements de
marché.
8 ■ Le financement de projets
a) Principe et techniques
23.25
Aussi appelé project finance* Project finance, il est mis en œuvre pour des projets
d’une envergure considérable dont le coût est souvent supérieur à 500 M€ :
extraction pétrolière ou minière, raffinerie de pétrole, achat de méthaniers,
construction de centrales électriques, d’ouvrages d’art, etc.
Il s’agit d’un financement centré sur un projet dont les flux de trésorerie
provenant de l’exploitation assureront le remboursement, et dont les actifs
pourront constituer les garanties.
Ce mode de financement fut appliqué au début des années 1930 par certaines
banques américaines pour prêter à des prospecteurs pétroliers qui n’offraient pas
de garanties suffisantes pour des crédits classiques. Les banques mirent alors au
point des contrats de prêts avec prise en garantie d’une fraction du pétrole contenu
dans le sol et avec des dispositions réservant une partie des ventes au
remboursement du prêt accordé.
23.26
Notons qu’outre les investisseurs et les banques, deux autres acteurs peuvent
être importants en project finance, à savoir :
23.27
■ pendant la construction ;
■ pendant l’exploitation.
Les risques pendant la constitution du dossier ne sont pas négligeables. En
effet, l’étude d’un projet de taille est une opération longue (souvent plusieurs
années) nécessitant une expertise importante, c’est donc une opération coûteuse.
Or, la mise en œuvre définitive du projet est très incertaine et dépend de
nombreuses études de faisabilité techniques et financières. Dans le cas de projets
alloués par un système d’appel d’offres, les investisseurs potentiels prennent, dès
la constitution du dossier, le risque de ne pas être retenus.
23.28
Mais c’est pendant la construction que les risques sont les plus grands,
puisqu’ils ne peuvent pas être couverts par les installations qui n’ont de valeur que
si elles sont achevées et produisent !
23.29
take or pay* Take or pay : ce type de contrat lie le propriétaire des installations
□
take and pay* Take and pay : cette clause est beaucoup moins contraignante que
□
■ le risque de change* Risque de change est en général éliminé en libellant les prêts
dans la même devise que les flux sécrétés par le projet ou en contractant un swap
(voir le paragraphe 53.18) ;
■le risque politique* Risque politique, contre lequel aucune parade efficace n’existe
mais qui peut être assuré en partie par Bpifrance ou des organismes similaires.
Section 4 ■ Les autres produits d’endettement
23.30
Les sociétés commerciales2 peuvent consentir des prêts d'une durée de moins
de trois ans, portant intérêts, à des TPE, PME ou ETI avec lesquelles elles ont des
liens commerciaux comme clients ou fournisseurs. Le prêt inter-entreprises* Prêt
inter-entreprise est une dérogation au monopole bancaire d'octroi de prêts, mais qui peine à
décoller.
Résumé
■ les obligations, les NEU CP qui sont des produits de marché en général
réservés aux grandes entreprises ;
Quelle que soit leur nature, bancaire ou de marché, les produits d’endettement
ont de plus en plus souvent une dimension ESG, soit par l’usage des fonds qui est
fait, soit par un taux d’intérêt dont le niveau dépend de la réalisation d’objectifs
environnementaux, sociaux ou de gouvernance.
Questions
[Réponse]
[Réponse]
[Réponse]
4/ Quel facteur essentiel limite l’accès des PME aux marchés obligataires ou
des billets de trésorerie ?
[Réponse]
[Réponse]
6/ Quel est l’intérêt des lignes de crédit confirmées non tirées pour un groupe ?
[Réponse]
[Réponse]
8/ Quelle est la différence entre l’escompte et l’affacturage ?
[Réponse]
9/ Quels sont les services qui peuvent être proposés dans une prestation
d’affacturage ?
[Réponse]
[Réponse]
11/ Dans une opération de titrisation, l’entreprise qui a cédé des actifs à une
entité ad hoc est-elle en risque si ces actifs sont insuffisants pour faire face à la
dette de l’entité ad hoc ?
[Réponse]
[Réponse]
[Réponse]
[Réponse]
[Réponse]
Oui, car elles accordent souvent des lignes de crédit de substitution.
Contrat d’assurance.
Normalement non, c’est le risque que l’entité ad hoc supporte et dont elle se
protège par une assurance, par un surdimensionnement des actifs transférés.
Car les NEU CP étant à court terme, ils sont le plus souvent remboursés par
une autre émission de NEU CP. Si pour une raison ou une autre, le marché se
bloque, la ligne de back-up permet d’assurer le remboursement, ce qui renforce la
liquidité de l’entreprise.
Taux d’intérêt plus élevé, faiblesse des montants unitaires plafonnés à 5 M€.
Bibliographie
Le Fur Y., Quiry P., « Qu’est-ce que les USPP ? », La Lettre Vernimmen.net
avril 2012, no 107, pages 10 et 11.
Santos I., « Is the secondary loan market valuable for borrowers? », The
Quarterly Review of Economics and Finance novembre 2009, vol. 49, no 4, pages
1410 à 1428.
Moteurs… action !
24.1
Si l’entreprise est constituée sous forme de société anonyme* Société anonyme (SA) ou
de société par actions simplifiée* Société par actions simplifiée (SAS), les capitaux propres sont
divisés en actions. Si la forme mise par l’entreprise est celle d’une société à
responsabilité limitée (SARL), on parle alors de parts sociales* Parts sociales qui, d’un
point de vue financier, sont assimilables à des actions.
L’action* Action est un titre financier dont le remboursement n’est pas prévu (la
« sortie » ne peut se faire que par cession ou liquidation) et dont les flux de
revenus sont incertains. En contrepartie, l’actionnaire participe au contrôle de
l’entreprise par le droit de vote attaché à l’action.
Ce chapitre a pour but de définir les paramètres clés utiles à l’étude d’une
action, et de présenter le fonctionnement institutionnel du marché action. Nous
renvoyons notre lecteur au chapitre 33, consacré à l’évaluation de l’entreprise,
pour l’étude de la valorisation de l’action, et au chapitre 36 pour présenter
l’action comme une option d’achat sur des actifs réels.
Section 1 ■ Les notions de base
24.2
Ces notions sont fondamentales pour analyser la valeur d’une action, qu’elle
soit cotée ou non. Cependant certaines opérations financières, passées ou futures,
peuvent affecter de façon artificielle la valeur d’une action sans modifier la valeur
totale des capitaux propres. Dans ce cas, il convient de procéder, au préalable, à
des ajustements techniques comme cela est expliqué en section 5 de ce chapitre.
Nous supposerons par la suite qu’ils ont été faits.
1 ■ Le droit de vote
24.3
En principe, à chaque action est attaché un droit de vote. Il s’agit pour nous
plus d’une contrepartie du risque pris par l’actionnaire que d’une caractéristique
de base du titre. En effet, certaines actions peuvent être privées de droit de vote
(action de préférence du paragraphe 26.29).
24.4
Il est égal au résultat net part du groupe divisé par le nombre total d’actions en
circulation. Le bénéfice par action* Bénéfice par action (BPA) (en anglais, EPS* EPS, Earnings Per
Share* Earnings Per Share (EPS)) traduit l’enrichissement théorique pendant l’année de
l’actionnaire, rapporté à une action, puisque le bénéfice net revient en totalité aux
actionnaires.
24.5
4 ■ Le rendement de l’action
24.6
Le rendement* Rendement d’une action (dividend yield* Dividend yield en anglais) est le
rapport du dernier dividende versé au cours de l’action :
Actuellement, les rendements des actions cotées sur les Bourses occidentales
sont de l’ordre de 3 %.
Au-delà de 100 %, une entreprise distribue plus que son bénéfice, elle puise
donc le solde dans ses réserves. Au contraire, un taux de distribution* Taux de distribution
proche de 0 % indique que l’entreprise réinvestit l’ensemble de ses bénéfices pour
assurer son autofinancement. En 2022, le taux moyen de distribution des sociétés
européennes cotées a été de l’ordre de 34 % (voir le paragraphe 39.2).
Plus le taux de distribution des bénéfices est élevé, plus la croissance future
des résultats sera faible. En effet, l’entreprise a alors moins de fonds pour investir.
Ainsi les sociétés en forte croissance distribuent peu, voire pas du tout (c’est le cas
de Critéo ou de Haffner), alors qu’une société qui arrive à maturité distribuera une
fraction de plus en plus importante de ses bénéfices. Elle passe ainsi du statut de
valeur de croissance à celui de valeur de rendement (comme Deutsche Telekom
qui distribue l’essentiel de son résultat net en dividendes)2.
24.8
Il s’agit ici du montant comptable des capitaux propres divisé par le nombre
d’actions. C’est l’estimation comptable de la valeur d’une action. A priori
directement comparables à la valeur financière, ils résultent d’une logique
profondément différente. Les capitaux propres par action* Capitaux propres par action sont en
effet le résultat des politiques menées jusqu’à la date de l’analyse et correspondent
au montant investi par les actionnaires (augmentation de capital et bénéfices nets
réinvestis) dans l’entreprise.
Suivant la nature des actifs de l’entreprise, les capitaux propres par action
peuvent être ou non réévalués. En général, ils ne le sont que pour les institutions
financières ou les sociétés holdings.
24.9
Le taux de rentabilité exigé par l’actionnaire est égal au taux de l’argent sans
risque majoré d’une prime de risque qui dépend du risque de marché (ou
systématique) de l’action. C’est l’enseignement du MEDAF (voir le chapitre
21) :
8 ■ Le taux de rentabilité obtenu par l’actionnaire* Taux de rentabilité obtenu par l’actionnaire
24.10
Sur une année, l’actionnaire obtient concrètement son taux de rentabilité grâce
au dividende (taux de rendement) et grâce à la progression de la valeur de l’action
(plus-value rapportée au cours initial) :
24.11
On dit qu’un titre coté est liquide s’il est possible d’acquérir ou de céder sur le
marché un nombre important d’actions sans influer sur le cours de Bourse. La
liquidité* Liquidité d’un titre sera utile pour déterminer la pertinence d’un cours de
Bourse. En effet, analyser le cours de Bourse d’une action qui ne donne lieu qu’à
un échange par semaine n’aura pas beaucoup de sens !
a) Le flottant
24.12
C’est la part des actions qui appartient à des investisseurs obéissant à une pure
logique financière : acheter quand le cours paraît bas, vendre quand il semble
élevé. N’appartiennent pas au flottant* Flottant les actions d’investisseurs qui les
gardent pour des raisons autres que financières : contrôle, attachement familial et
qui ont tendance ni à vendre, ni à acheter, mais à conserver.
b) Les volumes
24.13
10 ■ La capitalisation boursière
24.14
À ce prix, il est cependant rare de pouvoir acheter d’un seul coup la majorité
des actions de telle sorte à en détenir le contrôle et à choisir l’équipe de direction.
Il est le plus souvent nécessaire de payer une prime de contrôle (voir le
paragraphe 33.46).
Notre lecteur sera assez alerte pour ne pas tomber dans l’erreur consistant à
limiter le nombre d’actions aux actions constituant le flottant ! Il faut bien prendre
le nombre total d’actions, la capitalisation boursière représentant la valeur de
marché des capitaux propres et non celle du flottant.
À titre d’illustration, vous trouverez en annexe à cet ouvrage les vingt
premières capitalisations boursières des principales économies mondiales.
24.15
Pour apprécier le cours d’une action, les investisseurs doivent faire des
comparaisons avec des investissements qu’ils jugent comparables. Ils peuvent
ainsi arbitrer entre les différents titres en fonction de leur appréciation des qualités
des sociétés et de leur niveau de valorisation. Ainsi, ils calculeront des multiples
en rapportant la valeur à un solde financier.
a) Le principe
24.16
Notre lecteur voulant évaluer l’actif économique d’une entreprise trouvera une
ou plusieurs entreprises comparables pour lesquelles il constatera que le marché
valorise l’actif économique de ces entreprises sur la base, par exemple, de 8 fois
leur résultat d’exploitation.
24.17
24.18
À l’inverse, un investisseur ne sera pas prêt à payer une entreprise sur la base
d’un multiple du résultat d’exploitation fort dans la mesure où le résultat
d’exploitation devrait rester stable ou croître faiblement ; d’où des multiples
faibles pour des entreprises aux perspectives de croissance modestes.
Tout ce que nous venons de présenter aux deux paragraphes précédents
s’applique aussi à l’EBE et à son multiple. Il suffit de remplacer résultat
d’exploitation par EBE, et multiple du résultat d’exploitation par multiple de
l’EBE.
Cette relation peut être illustrée par le graphique suivant en mai 2023 :
24.19
Toutes choses égales par ailleurs, plus le risque économique est important, plus le
multiple du résultat d’exploitation ou d’EBE est faible ; plus le risque est faible,
plus le multiple du résultat d’exploitation ou d’EBE est fort.
24.20
Il existe une corrélation inverse entre les taux d’intérêt* Taux d’intérêt et le multiple
du résultat d’exploitation d’EBE.
Toutes choses égales par ailleurs, des taux d’intérêt élevés correspondent à de
faibles multiples du résultat d’exploitation ou d’EBE ; des taux d’intérêt bas à des
multiples du résultat d’exploitation ou d’EBE élevés.
Cette constatation est tout à fait normale : des taux d’intérêt élevés
augmentent le taux de rentabilité exigé par l’investisseur comme nous l’avons vu
lors de l’étude de la droite de marché (voir le paragraphe 21.6) et, par là,
diminuent la valeur de l’actif économique.
2 ■ Le PER
a) Le principe
24.21
mais aussi en raisonnant, non plus pour une action, mais globalement à :
L’utilisation intensive du PER pour évaluer les capitaux propres d’une société
a conduit au mythe du bénéfice par action comme critère financier pour juger la
politique financière de l’entreprise. Telle décision sera ou ne sera pas prise selon
qu’elle a une influence positive ou négative sur le bénéfice par action (voir la
troisième partie). De là son importance, mais nous en montrerons également les
limites (voir le paragraphe 29.16).
24.22
■ le PER est d’autant plus élevé que le taux de croissance des bénéfices par
action est élevé6, a contrario plus celui-ci est faible, plus le PER est faible ;
■ le PER est d’autant plus faible que le risque perçu est fort ; moins le risque
est fort, plus le PER est élevé ;
■ le PER varie en sens inverse des taux d’intérêt : toutes choses égales par
ailleurs, des taux d’intérêt hauts correspondent à des faibles PER, des taux
d’intérêt bas à des PER élevés.
Le PER ne peut être utilisé comme méthode de valorisation que si les sociétés
comparables affichent les mêmes taux de croissance de leur BPA et présentent les
mêmes risques aussi bien sur l’actif économique que sur la structure financière.
24.23
Il est parfois fait une confusion entre le taux de rentabilité exigé par
l’actionnaire et l’inverse du PER qui est alors utilisé comme une approximation du
taux de rentabilité exigé par l’actionnaire.
Ceci est erroné, sauf dans le cas très rare où la croissance des bénéfices est
nulle et où l’entreprise a un taux de distribution de ses bénéfices de 100 %. On
peut en effet démontrer que si :
alors :
Dans le cas le plus fréquent d’une société en croissance, l’inverse du PER est
inférieur au taux de rentabilité exigé. Utiliser l’inverse du PER comme une
approximation du taux de rentabilité exigé par l’actionnaire conduit à sous-évaluer
ce taux. C’est donc une erreur grave.
Considérons ainsi une société avec un BPA de 12. La valeur de son action est,
mettons, de 240. Son PER est alors de :
Enfin, pour une société en décroissance, l’inverse du PER est supérieur au taux de
rentabilité exigé par l’actionnaire. Utiliser l’inverse du PER comme une
approximation du taux de rentabilité exigé par l’actionnaire conduit à surévaluer
ce taux. C’est aussi une grave erreur.
■ si ce taux est très faible, c’est que l’actionnaire attend une forte croissance du
BPA afin d’obtenir un taux de rentabilité sur son investissement qui correspond au
taux de rentabilité qu’il exige ;
■ si ce taux est très fort, c’est que cette rentabilité immédiate est éphémère et
que l’actionnaire s’attend à une baisse du BPA pour ramener, sur la durée, la
rentabilité comptable à des niveaux plus en rapport avec son exigence de
rentabilité ;
24.24
Bien sûr, le multiple du chiffre d’affaires* Multiple du chiffre d’affaires est d’autant plus fort
que le sont les marges d’exploitation de l’activité considérée.
24.25
24.26
Autrement dit, ce ratio n’a de sens que pour des groupes arrivés à maturité,
dont les investissements sont stables, ce qui rend très significatifs les flux de
trésorerie disponible. L’inverse de ce ratio est appelé Free Cash Flow Yield* Free Cash
Flow Yield.
24.27
On appelle PBR* PBR (Price to Book Ratio* Price to book ratio (PBR)) le coefficient qui
mesure le rapport entre la valeur de marché et le montant comptable des capitaux
propres :
Le PBR peut se calculer soit au niveau d’une action, soit globalement, ce qui
conduit bien sûr au même résultat7.
Il y a pourtant un lien financier entre ces deux grandeurs qui est le suivant :
À titre d’illustration, voici les PBR constatés par secteur en Europe depuis
1990.
24.28
Notre lecteur est maintenant tout à fait équipé pour dresser le tableau de bord
suivant, qui n’a de sens que s’il a préalablement établi un diagnostic stratégique et
financier de l’entreprise étudiée, à l’instar de celui développé au chapitre 9.
En 2018, le paiement d’un dividende symbolique avait repris après avoir été
arrêté en 2016 compte tenu des flux de trésorerie négatifs dégagés. Le paiement de
dividende a été à nouveau interrompu en 2020, mais a repris en 2021 tout en
restant modeste (taux de distribution de 11 %).
1. Le cours de Bourse d'ArcelorMittal est coté en euros mais nous l'avons retranscrit en dollars pour être
homogène avec ses comptes tenus en dollars.
* À avril 2023.
n.s. : non significatif.
Section 4 ■ Le plan type de l’analyse de la valeur
d’une action
24.29
Afin de procéder à une analyse boursière, notre lecteur pourra suivre le plan
suivant conçu par Marc Vermeulen :
Comment conduire une analyse boursière
24.30
On ne pourra étudier une série de cours que s’ils sont homogènes, c’est-à-dire s’ils
ont été ajustés pour éliminer les variations uniquement dues à des raisons
techniques. Pour ce faire, les cours avant le détachement d’un droit et les critères
par action (BPA, DPA…) seront multipliés par un coefficient, appelé coefficient
d’ajustement.
24.31
Si par exemple, une entreprise décide de doubler son capital social par
incorporation de réserves, elle crée une action nouvelle pour une action ancienne.
Dès lors, chaque actionnaire se trouve détenteur de 2 fois plus d’actions sans
apporter de nouveaux capitaux propres et sans que la structure de l’entreprise ait
été modifiée. La valeur unitaire de l’action a donc simplement été divisée par 2.
Dans ce cas particulier, il suffit, pour comparer les cours antérieurs à ceux
postérieurs à cette opération financière, de diviser les premiers par 2 ; on dit alors
que le coefficient d’ajustement est de 1/2.
24.32
Pour réaliser cet ajustement, il suffit alors de multiplier par ce coefficient tous
les paramètres de l’action (cours, bénéfice par action, dividende par action,
capitaux propres par action) avant l’opération.
24.33
Le BPA 2023 est de 10 M€ (bénéfice net 2022) divisé par 1 000 000 (nombre
d’actions avant dilution), soit 10 €.
Avec cette somme, Loch Lomond pourra racheter 80 000 de ses propres
actions au cours de 300 €. Le BPA fully diluted sera de :
BPA 2023 = 10 000 000/(1 000 000 + 100 000 – 80 000) = 9,80 €
Seuls les instruments dilutifs dans la monnaie sont ainsi retraités dans
cette méthode. Ceux qui sont en dehors de la monnaie ne sont pas pris en
compte.
24.34
La seconde méthode, dite de « placement des fonds », suppose que tous les
investisseurs exercent leurs bons et que les fonds générés par cette opération sont
placés par l’entreprise. Reprenons l’exemple précédent en appliquant cette
méthode.
Dans cette méthode, on suppose que tous les bons sont exercés d’un coup et
que l’argent ainsi levé est placé à 2 % après impôt dans l’attente d’investissements
industriels. Le BPA fully diluted est alors le suivant :
On observe que ces deux méthodes donnent des résultats différents, ce qui est
logique puisque l’utilisation des fonds levés grâce à l’exercice des bons l’est aussi.
On peut remarquer que la méthode du rachat d’actions est plus proche des
marchés financiers car la donnée principale nécessaire pour l’utiliser est le cours
de Bourse de l’entreprise.
Résumé
L’analyse d’une action est centrée sur l’évolution de sa valeur ou de son cours
de Bourse si elle est cotée, des multiples et notamment de son multiple de résultat
d’exploitation ou son multiple d’EBE et de son PER, du dividende et de la
rentabilité servie comparée à la rentabilité exigée.
Ce n’est que lorsque l’entreprise distribue tous ses bénéfices et lorsque les
marchés financiers et industriels sont à l’équilibre, que l’inverse du PER
représente la rentabilité attendue par les actionnaires. Dans le cas général, le
critère de l’inverse du PER aboutit à sous-estimer la rentabilité exigée par les
actionnaires.
[Réponse]
[Réponse]
[Réponse]
[Réponse]
5/ Quelles sont les hypothèses nécessaires pour que l’inverse du PER donne
une estimation approximative du taux de rentabilité exigé ?
[Réponse]
[Réponse]
7/ Une action dont la rentabilité exigée est plus importante que la moyenne
pour un même risque est-elle sous-évaluée ou surévaluée ?
[Réponse]
8/ Qu’indique un taux de croissance du dividende par action plus important
que celui du montant total des dividendes distribués ? Même question quand la
relation est inversée.
[Réponse]
[Réponse]
[Réponse]
11/ Plus les taux d’intérêt sont élevés, plus le multiple du résultat
d’exploitation est élevé. Vrai ou faux ?
[Réponse]
12/ Vous constatez qu’une société cotée est valorisée sur la base d’un multiple
de résultat d’exploitation de 7 alors que la moyenne d’un échantillon de sociétés
cotées en Bourse dans le même secteur est de 10. Vous en déduisez (une seule
réponse possible) :
– que cette société est sans doute plus endettée que la moyenne des sociétés de
l’échantillon,
– que cette société a sans doute un taux de croissance attendu inférieur à celle
de l’échantillon,
– que cette société est forcément sous-évaluée.
[Réponse]
Exercices
- cours : 500 € ;
- BPA : 33,30 € ;
- taux de distribution : 25 % ;
Quelle devra être la valeur de l’action l’année 3 pour que vous réalisiez sur
votre investissement une rentabilité de 12 % ? Quel sera alors le PER ?
[Réponse]
e : estimation.
[Réponse]
[Réponse]
4/ Remplacez les points d'interrogation de ce tableau par des chiffres :
[Réponse]
Car une action après détachement d’un droit n’est plus la même qu’avant et ne
vaut plus la même chose, faussant ainsi les comparaisons dans le temps.
Sous-évaluée car tôt ou tard, les investisseurs se rendant compte de leur erreur,
abaissent leur taux exigé, ce qui fera monter la valeur de l’action.
Que le taux de rentabilité des capitaux propres est largement supérieur à celui
exigé par les actionnaires.
Le taux de croissance, les risques, les taux d’intérêt.
Glencore est une entreprise cyclique en haut de cycle en 2022. Le PER 2023e
faible (7,7) reflète la baisse anticipée des résultats en 2024. Le taux de rendement
est élevé (9,2 %) alors que Glencore ne distribue que 43 % de ses résultats car elle
est en milieu de cycle en 2023. Elle a une rentabilité des capitaux propres plus
élevée (20 %) que le taux exigé par ses actionnaires (13 %). En conséquence, le
cours de Bourse est plus élevé que le montant comptable des capitaux propres,
d’où un PBR supérieur à 1.
Sanofi est une entreprise qui arrive à maturité avec un résultat qui croît encore
de 14 %/an. Son risque est faible compte tenu de son secteur. La politique de
distribution est relativement généreuse car la société n’a pas besoin
d’investissements forts. La rentabilité des capitaux propres (12,3 %) est très
largement supérieure au taux exigé par les investisseurs (6 %), l’action est
valorisée pour 1,7 fois ses capitaux propres par action.
Tesla est une société en très forte croissance qui n’est devenue profitable qu’en
2021. Son PER 2023e (52) reflète une très forte croissance anticipée, même après
cette date. La création de valeur est très importante (cours 13 fois plus élevé que
les capitaux propres par action). Cette création de valeur commence à se réaliser
avec une rentabilité des capitaux propres (25 %) bien supérieure à celle demandée
par les actionnaires (19 %).
A est une action proche d’une rente, sans croissance. B est en forte croissance
et fortement rentable. C est trop peu rentable par rapport à l’exigence de ses
actionnaires et devrait distribuer beaucoup plus (voir le chapitre 38). D a une
rentabilité des capitaux propres exceptionnelle qui s’explique par un très fort effet
de levier.
Byun J., Rezoff M., « Long-run performance after stock splits 1927 to 1996 »,
Journal of Finance juin 2003, vol. 58, no 3, pages 1063 à 1086.
25.1
L’option* Option est un produit plus complexe que l’action ou l’obligation, et qui
relève, dans son emploi quotidien, de techniques de gestion de portefeuille plus
que de finance d’entreprise. Cependant, nous verrons que bon nombre de produits
financiers peuvent s’analyser comme une option (bons de souscription, stock-
options, voire l’action) ou comme la composition d’une option et d’un actif moins
risqué (obligations convertibles). Notre lecteur pourra s’amuser à découvrir les
options cachées dans tout produit financier.
L’option est un outil d’analyse puissant aux modalités d’application qui n’ont
d’autres limites que celles de l’imagination des financiers qui l’utilisent.
25.2
25.3
Il existe donc des options d’achat* Option d’achat (call* Call en anglais) et des options
de vente* Option de vente (put* Put). L’actif qui peut donc être acheté ou vendu est appelé
actif sous-jacent* Actif sous-jacent : cela peut être un actif financier (action, obligation,
bon du Trésor, contrat à terme, devise, indice boursier…) ou un actif physique
(matière première agricole, énergétique ou minérale…).
Le prix auquel peut être acheté ou vendu l’actif sous-jacent s’appelle prix
d’exercice* Prix d’exercice (strike* Strike en anglais). Le détenteur de l’option peut exercer
son option (c’est-à-dire acheter l’actif sous-jacent s’il détient une option d’achat
ou le vendre s’il détient une option de vente) soit à une date, appelée date
d’exercice* Date d’exercice, soit pendant une période, appelée période d’exercice.
25.4
L’option d’achat s’analyse juridiquement comme une promesse de vente* Promesse de vente
(un engagement de vendre), accordée par le vendeur de l’option d’achat à
l’acheteur de cette option.
Deux exemples :
Si Paul achète à Claire une option de vente à 6 mois d’un million de francs
■
suisses sur la base de 1 FS = 0,9 € et 6 mois, Paul pourra dans 6 mois (option
européenne) vendre à Claire un million de francs suisses au prix de 0,9 € par franc
suisse quel que soit le cours du franc suisse à ce moment-là. Paul n’est pas obligé
de vendre les francs suisses à Claire, mais si Paul le lui demande, Claire est
obligée de les lui acheter au prix convenu. Bien évidemment, Paul n’exercera son
option que si le cours du franc suisse est inférieur à 0,9 €.
25.5
L’option de vente s’analyse juridiquement comme une promesse d’achat* Promesse d’achat
(un engagement d’acheter), accordée par le vendeur de l’option de vente à
l’acheteur de cette option.
L’option est un contrat entre deux parties par lequel l’une accorde à l’autre le droit
(mais non l’obligation) de lui acheter (option d’achat) ou de lui vendre (option de
vente) un actif, moyennant le versement d’une prime. L’achat (ou la vente) de cet
actif se fera à un prix déterminé (prix d’exercice), durant une période (période
d’exercice pour les options « américaines »), ou à une date précise (date
d’exercice pour les options « européennes »).
Option d’achat
Option de vente
2 ■ Le fondement de l’option
25.7
En effet, si l’avenir était connu avec certitude, il n’y aurait donc aucun risque
et tous les actifs financiers rapporteraient le même taux, c’est-à-dire le taux de
l’argent sans risque. À quoi alors servirait une option, c’est-à-dire le droit
d’acheter (ou de vendre) si l’on savait déjà d’avance que l’on serait en mesure à
l’échéance d’acheter ou de ne pas acheter ? À quoi servirait une option d’achat sur
l’action Ubisoft avec un prix d’exercice de 25 € si l’on savait déjà que le cours
d’Ubisoft ne dépassera pas, d’ici l’échéance, 24 € et que l’option ne sera donc pas
exercée ? Et si l’on sait qu’à l’échéance le cours d’Ubisoft sera de 30 €, le prix de
cette option serait tel qu’elle rapporterait le taux de l’argent sans risque, comme
l’action Ubisoft au demeurant puisque l’avenir est connu avec certitude.
L’option n’existe pas lorsque l’avenir est connu avec certitude. En avenir
incertain, l’option a donc pour fonction de rémunérer le risque lié à l’incertitude
de l’avenir. Le fondement de l’option est donc la rémunération du risque.
L’option peut donc être qualifiée de pur produit financier, dans la mesure où
elle est uniquement rémunération du risque : il n’y a pas d’autre fondement à la
valeur d’une option.
Plus généralement, toute prime de risque est en quelque sorte une option.
Section 2 ■ Les mécanismes d’équilibre de la valeur
des options
25.8
Par conséquent, quel que soit le niveau du prix de l’actif sous-jacent : acheter
une option d’achat et vendre une option de vente sur le même sous-jacent, à la
même échéance et avec le même prix d’exercice, est équivalent à acheter le sous-
jacent à la date d’échéance (« à terme ») au prix d’exercice.
Acheter une option d’achat et vendre une option de vente, c’est acheter à terme le
sous-jacent.
En termes de valeur, sur des marchés en équilibre, on peut donc déduire qu’à
l’échéance de la période d’exercice :
Achat d’une option d’achat + Vente d’une option de vente = Achat à terme
On vérifie que le profit (ou la perte) de cette combinaison est bien égal à la
différence entre le prix du sous-jacent à l’échéance et le prix d’exercice.
25.9
Nous sommes donc ramenés au cas précédent, ce qui nous permet d’affirmer,
compte tenu de l’arbitrage en termes de valeur :
Acheter une option d’achat et vendre une option de vente sur le même sous-jacent,
au même prix d’exercice, à la même échéance, revient à acheter le sous-jacent en
empruntant la valeur actuelle du prix d’exercice, à la condition que les deux
options soient de type européen et en l’absence de paiement d’un dividende.
Cette égalité signifie que l’on peut « fabriquer » une option d’achat
synthétique à partir d’une option de vente et vice versa dès lors que l’on peut
acheter ou vendre le sous-jacent, placer ou s’endetter.
Nous avons choisi l’exemple d’une action en guise de sous-jacent, mais cette
équivalence est valable pour n’importe quel sous-jacent (devises, obligations,
matières premières…).
Section 3 ■ L’analyse de l’option
1 ■ La valeur intrinsèque
25.10
Considérons une option d’achat sur la livre sterling avec un prix d’exercice
de 1 € par livre et une échéance fin décembre. Supposons que nous soyons au
mois de juin et que la livre cote 1,1 €.
■dans la monnaie* Dans la monnaie lorsque le cours de l’actif sous-jacent est supérieur
au prix d’exercice (valeur intrinsèque positive).
Notre lecteur aura compris que l’on dit qu’une option de vente est :
2 ■ La valeur temps
25.11
On appelle valeur temps d’une option l’anticipation d’une valeur intrinsèque plus
forte qu’actuellement.
On a :
Soit graphiquement :
Dans notre exemple, la valeur à l’échéance de l’option d’achat sur la livre est
la suivante :
25.12
■ le cours du sous-jacent ;
■ le prix d’exercice ;
■ la volatilité du sous-jacent ;
1 ■ Le cours du sous-jacent
25.13
2 ■ Le prix d’exercice
25.14
Ces propriétés relèvent du bon sens : plus le prix d’exercice d’une option
d’achat est élevé, moins il y a de chance que le cours de l’actif sous-jacent le
dépasse. Il est donc normal que la valeur de cette option d’achat soit moindre car
l’espérance de gain devient plus faible. En revanche, le prix de l’option de vente
augmente, car il est toujours plus avantageux de pouvoir vendre un actif sous-
jacent à un prix plus élevé.
Pour une même valeur du sous-jacent, la valeur d’une option d’achat (call)
varie en sens inverse du prix d’exercice. La valeur de C2 est plus petite que celle
de C1 car son prix d’exercice est plus élevé (K2 > K1).
25.15
Ces propriétés sont simples à comprendre : plus l’actif sous-jacent est volatil,
plus importante est la probabilité qu’il enregistre de fortes hausses ou de fortes
baisses. Dans le premier cas, le profit sera donc plus important pour le détenteur
d’une option d’achat ; dans le second cas, il le sera aussi pour le détenteur d’une
option de vente. Puisque l’option n’est que pure rémunération du risque, plus
celui-ci est élevé, plus forte doit être la rémunération et donc la valeur de l’option.
25.16
La valeur d’une option d’achat croît avec la durée de vie* Durée de vie de
l’option. La valeur d’une option de vente croît également avec la durée de vie
de l’option.
Il est aisé de comprendre que plus la date d’échéance de l’option est éloignée,
plus les possibilités de fluctuation des cours de l’actif sous-jacent sont grandes. La
valeur de l’option est donc plus forte.
25.17
Toutes choses égales par ailleurs, la valeur d’une option d’achat croît
avec le taux d’intérêt sans risque. Inversement, la valeur d’une option de
vente décroît avec le taux d’intérêt sans risque.
Notons que le taux d’intérêt a une influence beaucoup plus faible sur la
valeur d’une option que les cinq autres déterminants.
6 ■ Le dividende ou le coupon
25.18
25.19
Soit ainsi une option d’achat avec un prix d’exercice de 105 € sur une action
donnée (cours actuel 100 €) et pour une période donnée.
Il est possible d’obtenir le même résultat final (0 ou 20) dans les mêmes
conditions par une autre combinaison de titres. Dans ce cas, les quatre options
d’achat et cette autre combinaison de titres doivent avoir la même valeur. Si nous
pouvons déterminer la valeur de cette autre combinaison de titres, nous aurons
alors réussi à valoriser l’option d’achat.
Pour ce faire, notre lecteur doit emprunter (à 5 % par exemple) une somme
dont la valeur (intérêt et capital) sera de 90 € à l’issue de la période et acheter
aujourd’hui l’action à 100 €.
À l’issue de la période :
Puisque les deux combinaisons, achat de quatre options d’achat d’un côté et
endettement et achat de l’action de l’autre, produisent quelle que soit l’évolution
du cours de l’action les mêmes flux, leurs valeurs doivent être identiques. Sinon,
des arbitrages interviendraient qui auraient tôt fait de rétablir l’équilibre. Quelle
est donc la valeur d’origine de cette combinaison ? On a :
= Valeur : 14,3 €
25.20
On appelle delta* Delta (δ) le nombre d’actions qu’il faut acheter pour
dupliquer une option. Dans notre exemple, quatre options d’achat permettent
d’obtenir un profit équivalent à l’achat d’une action. Le delta de l’option est donc
de 1/4, soit 0,25.
Plus généralement le delta se définit comme le rapport entre la variation
de la valeur de l’option, d’une part, et la variation du cours de l’actif sous-
jacent, d’autre part.
On a bien :
L’exemple précédent se trouve vite limité par le fait que l’actif sous-jacent ne
peut prendre que deux valeurs à l’issue d’une période. Mais rien ne nous empêche,
maintenant que nous avons compris le mécanisme, de le reproduire en reculant de
deux périodes (et non plus une) avant l’échéance de l’option. C’est ce qu’on
appelle la méthode binomiale car à chaque étape il n’y a que deux états possibles.
Mais en multipliant le nombre de périodes par subdivision de chaque période en
sous-périodes, nous pouvons obtenir des sous-périodes très petites et un nombre
de sous-périodes très grand, et donc un très grand ensemble de valeurs de l’action
à l’échéance de l’option. Ceci est plus réaliste que le schéma simplifié que nous
avons développé initialement.
2 ■ Le modèle de Black-Scholes
25.21
Dans un article désormais célèbre, Fisher Black et Myron Scholes ont exposé
en 1972 un modèle d’évaluation des options européennes qui est depuis très
largement utilisé. Son fondement est la construction d’un portefeuille composé de
l’actif sous-jacent et d’un certain nombre d’options de sorte que ce portefeuille
soit insensible aux fluctuations du cours de l’actif sous-jacent. Dès lors, il ne peut
que rapporter le taux de l’actif sans risque.
avec :
où :
N(d) représente une loi normale cumulée centrée réduite (moyenne = 0, écart
type = 1) ;
N(d1) est le delta de l’option tandis que représente la valeur actuelle du prix
d’exercice.
On a donc :
25.22
Ce modèle a été initialement conçu pour des options européennes sur actions.
Les hypothèses utilisées par les auteurs du modèle étaient les suivantes :
■la volatilité de l’actif sous-jacent est supposée constante sur cette durée ainsi
que le niveau de taux d’intérêt ;
25.24
Des six déterminants de la valeur de l’option, cinq sont des « données » (prix
de l’actif sous-jacent, prix d’exercice, date d’échéance, taux d’intérêt sans risque
et éventuellement le dividende) et un seul est inconnu : la volatilité.
Ce phénomène est tel que les traders sur les marchés d’options s’échangent
directement leurs seules anticipations de volatilité. La « vol » (volatilité) anticipée
est alors introduite dans les modèles pour calculer la valeur de la prime.
25.25
Les marchés d’options, qu’ils soient organisés (Bourse) ou non (de gré à gré),
ont connu un développement considérable depuis le milieu des années 1970.
En effet, si les rentabilités suivaient une loi normale, l’indice Dow Jones ne
devrait varier de plus de 7 % par jour qu’une fois tous les 300 000 ans. Au xxe
siècle, on a enregistré 53 variations quotidiennes supérieures à 7 %… et 12 fois
depuis le début de ce siècle !
Des travaux récents tendent à montrer que la distribution des taux de rentabilité a
plutôt cette configuration :
25.26
Le CBOE* CBOE (Bourse de Chicago) calcule depuis le début des années 1990,
le VIX* VIX, un indice de volatilité implicite de l’indice boursier Standard & Poor’s,
à partir des options cotées à la monnaie, avec une durée de vie de 30 jours. Les
options sur le S&P 500 sont suffisamment liquides pour que cet indice puisse être
considéré comme la volatilité implicite du marché.
25.28
La gestion d’un portefeuille d’options (qui peut aussi être composé d’actifs
sous-jacents ou de l’actif sans risque) nécessite de connaître quatre paramètres de
sensibilité qui permettent de mesurer précisément les risques assumés et d’établir
des stratégies de spéculation, de couverture et d’arbitrage. Les professionnels
appellent ces paramètres les « grecques* Grecques ».
25.29
Nous avons vu que le delta d’une option d’achat est égal au N(d1) de la
formule de Black-Scholes. Le delta d’une option de vente est égal à N(d1) – 1. Cet
indice relie directement valeur de l’option et valeur du sous-jacent. En effet, nous
avons vu que le delta est avant tout un équivalent sous-jacent : un delta de 0,25
nous indiquait qu’une action équivalait à quatre options. Mais les gestionnaires de
portefeuilles d’options utilisent surtout le delta comme un indicateur de
sensibilité : de combien d’euros varie la valeur de l’option lorsque l’actif sous-
jacent varie d’un euro ?
25.30
L’option est comme l’homme ou la femme : elle ne résiste pas au temps qui
passe… Même si la valeur de l’actif sous-jacent ne variait pas, le seul écoulement
du temps ferait apparaître des pertes pour le détenteur de l’option à cause de la
baisse de la valeur temps.
25.31
Toutes choses étant égales par ailleurs, l’impact d’une hausse de la volatilité
sur la valeur temps d’une option est d’autant plus important que l’option est
proche de la monnaie (valeur temps maximale).
Si chacun des outils présentés ici est fort utile en lui-même, leur combinaison
est tout à fait riche d’enseignements. Dans la pratique, il est impossible de créer
une position qui soit neutre sur tous les critères à la fois. On ne peut avoir de
rentabilité sans prendre aucun risque !
25.32
Nous aurons l’occasion de voir dans les chapitres suivants les multiples
applications de l’option en finance d’entreprise :
L’option est à la fois un outil d’analyse et un outil pratique dont les utilisations
en finance d’entreprise sont multiples comme notre lecteur ne tardera pas à le
constater ! C’est dire l’importance de ce chapitre.
L’option est un contrat entre deux parties par lequel l’une accorde à l’autre le
droit (mais non l’obligation) de lui acheter (option d’achat) ou de lui vendre
(option de vente) un actif, moyennant le versement d’une prime. L’achat (ou la
vente) de cet actif se fera à un prix déterminé (prix d’exercice), durant une période
(période d’exercice pour les options dites « américaines ») ou à une date précise
(date d’exercice pour les options dites « européennes »).
■ le prix d’exercice ;
Des modèles ont été développés pour valoriser les options dont les principaux
sont celui de Black-Scholes et les modèles binomiaux qui ont pu être adaptés au
cours du temps afin d’être moins restrictifs ou d’intégrer des particularités.
Questions
[Réponse]
2/ Quels sont les six paramètres qui déterminent la valeur d’une option ?
[Réponse]
[Réponse]
4/ Quel est l’impact sur la valeur d’une option d’achat d’une hausse de la
volatilité ? d’une baisse des taux d’intérêt ? du versement d’un dividende ? d’une
extension de la durée de vie de l’option ? d’une révision à la hausse du prix
d’exercice ? et sur une option de vente ?
[Réponse]
5/ Peut-on compenser la vente d’une option d’achat par l’achat d’une option de
vente sur le même sous-jacent et à la même échéance ?
[Réponse]
[Réponse]
7/ Démontrez qu’après coup, l’option a toujours été payée trop cher. Qu’y a-t-
il d’absurde dans cette affirmation ?
[Réponse]
8/ Quelle est, de ces quatre opérations, la plus risquée :
Pourquoi ?
[Réponse]
9/ La valeur temps est une anticipation de valeur intrinsèque encore plus forte
qu’actuellement. Mais cette dernière peut baisser. Pourquoi alors la valeur temps
ne serait-elle pas négative ?
[Réponse]
[Réponse]
[Réponse]
12/ Montrez comment l’achat d’une option et la vente d’une autre option
peuvent vous protéger contre le risque de baisse de l’actif sous-jacent sans rien
vous coûter si vous abandonnez le profit d’une hausse éventuelle de l’actif sous-
jacent au-delà d’un certain seuil.
[Réponse]
13/ En tant que détenteur de stock-options sur les actions de votre société,
voyez-vous d’un bon œil le versement d’importants dividendes par celle-ci ?
Pourquoi ?
[Réponse]
[Réponse]
15/ Pourquoi les modèles de valorisation des options ont-ils du mal à prendre
en compte la fréquence d'évènements extrêmes ?
[Réponse]
Exercices
[Réponse]
2/ Vous voulez valoriser une option d’achat sur l’action Parrot (qui ne verse
pas de dividendes) à échéance 6 mois avec un prix d’exercice de 5 €. Vous ne
savez pas quelle volatilité retenir. Heureusement des options à 4 mois sont cotées à
0,51 € pour un prix d’exercice de 6 €. Quelle est la volatilité implicite de ces
options ? Le taux d’intérêt est de 1 % et l’action Parrot cote 5 €.
[Réponse]
[Réponse]
C’est une promesse de vente ou d’achat.
Hausse, baisse, baisse, hausse, baisse. Hausse, hausse, hausse, hausse, hausse.
Non, cela n’a rien à voir, la position ainsi obtenue correspond à la vente, à
l’échéance de l’option, de l’actif sous-jacent.
La prime intègre une valeur temps qui devient nulle lorsque l’option est
exercée ou arrive à échéance. Donc payer la valeur temps alors qu'elle va
disparaître pourrait sembler absurde. C'est oublier que la valeur intrinsèque n'est
pas fixe !
Vente d’une option d’achat (perte illimitée car la valeur d’un actif n’est pas
limitée). La vente d’une option de vente est également très risquée (mais la perte
est limitée à la valeur du sous-jacent moins le prix d’exercice).
Vente d’une option d’achat à 120 par exemple et avec le prix de cette option,
achat d’une option de vente à par exemple 100. Je suis alors protégé d’une baisse
en deçà de 100 mais ne profite pas de la hausse au-delà de 120.
D’un mauvais œil, car cela réduit la valeur de l'actif sous-jacent et donc de vos
stock-options.
Car ils s'appuient sur des lois log-normales dont les queues de distribution sont
trop fines par rapport à la réalité.
Il s’agit d’une option d’achat à prix d’exercice nul avec vente d’une option
d’achat à prix d’exercice nul au profit du détenteur du siège en retard, et dont la
valeur dépend de l’affluence réelle au concert.
55 %, 0,69 €.
Black F., Scholes M., « The valuation of option contracts and a test of market
efficiency », Journal of Finance mai 1972, vol. 27, no 2, pages 399 à 417.
Black F., Scholes M., « The pricing of options and corporate liabilities »,
Journal of Political Economy mai-juin 1973, vol. 81, no 3, pages 637 à 654.
Cox J., Ross S., Rubinstein M., « Option pricing : a simplified approach »,
Journal of Financial Economics septembre 1979, vol. 7, no 3, pages 229 à 263.
Roll R., « An analytic valuation formula for unprotected American call options
on stocks with known dividends », Journal of Financial Economics novembre
1977, vol. 5, no 2, pages 251 à 258.
Hull J., Options, futures et autres actifs dérivés, 11e édition, Pearson, 2021.
Pichet E., Guide pratique des options et du Monep, 8e édition, Séfi, 2017.
Calvet L., Fisher A., Multifractal volatility, theory, forecasting, and pricing,
Academic Press, 2008.
Gerlach S., Ramaswamy S., Scatigna M., « 150 years of financial markets
volatility », BIS Quarterly Review septembre 2006, pages 77 à 91.
Hull J., White A., « How to value employee stock options? », Financial
Analyst Journal janvier-février 2004, vol. 60, no 1, pages 114 à 119.
Pour des réflexions critiques sur les modèles d’évaluation des options :
Un peu de magie, Garcimore au pays des titres financiers : « on voit un peu le truc… mais c’est quand
même pas mal ».
26.1
l’entreprise (taux d’intérêt plus faible mais avec des contreparties). C’est une
grande erreur de raisonner ainsi. Dans des marchés en équilibre, toutes les
sources de financement ont le même coût si on les ajuste en fonction du risque
pris par l’investisseur. Par conséquent, pour savoir si une source de financement
est bon marché, il ne faut pas seulement regarder son coût apparent, il faut aussi
tenir compte de l’évaluation globale du financement. Ce n’est que si des titres
ont été émis à un prix supérieur à leur valeur que l’on peut affirmer que le
coût de cette source de financement est alors plus faible ;
■enfin, il faut se rappeler que la finance d’entreprise n’échappe pas aux modes
et que les investisseurs ont un grand appétit pour la nouveauté, surtout si celle-ci
leur donne l’impression de faire de la haute finance !
Section 1 ■ Le bon de souscription
1 ■ Définition
26.2
Un bon de souscription* Bon de souscription (BSA* BSA) est un titre financier permettant
de souscrire pendant une période donnée, dans une proportion et à un prix fixés à
l’avance, à un autre titre financier (action, obligation, voire un autre bon…). Les
BSA ne sont autres que des options d’achat (voir le chapitre 25).
souscription d’actions* Obligation convertible en actions à bons de souscription d’actions (OCABSA) (OCABSA* OCABSA)
mais également d’obligations à bons de souscription d’obligations* Obligation à bons de souscription
d’obligations (OBSO) (OBSO* OBSO) ou d’actions à bons de souscription d’obligations* Actions à bons de
souscription d’obligations (ABSO) (ABSO* ABSO). Dès l’émission de ces valeurs composées, le tout se
scinde en parties : les actions ou les obligations redeviennent des titres classiques
et les bons acquièrent une vie propre. Ils sont cotés séparément après l’émission.
Les BSA peuvent également être émis et attribués gratuitement aux actionnaires.
Les BSA sont également utilisés comme alternative aux droits préférentiels
de souscription dans le cadre d’une augmentation de capital. Les BSA ont alors
des caractéristiques proches de DPS : ils sont attribués gratuitement et ont une
durée de vie courte (quelques jours) (voir le paragraphe 27.33).
26.3
Le développement de la liquidité sur les marchés d’actions et d’obligations a
incité les établissements financiers à émettre des bons d’acquisition permettant de
faire l’achat de titres financiers existants, indépendamment des opérations
financières de la société concernée. Sauf exception, ceux-ci ne visent que les
investisseurs entre eux et ne permettent donc pas le financement de l’entreprise.
Ces bons (également cotés) sont fréquemment appelés warrants* Warrant (prononcer à
la française « varan ») ou, plus précisément en anglais, covered warrants* Covered warrants
(warrants couverts) car, dès l’émission, l’établissement financier se couvre en
achetant des titres sur le marché. L’imagination étant sans limite, certains n’ont
pas hésité à lancer des warrants sur un panier de valeurs mobilières existantes :
ainsi, un warrant sur panier d’actions permet de faire l’acquisition durant une
période donnée d’un lot d’actions différentes dans une proportion et à un prix fixés
d’avance.
2 ■ Valeur
26.4
D’un point de vue conceptuel, un bon est assimilable à une option d’achat
(call) vendue par une société sur des actions à émettre ou existantes. Le prix
d’exercice de cette option est le prix auquel le détenteur du bon peut acheter le
titre financier correspondant et l’échéance de l’option est celle du bon.
La valeur d’un bon est donc la somme d’une valeur intrinsèque (différence
entre le prix actuel du titre financier pouvant être acquis et le prix d’exercice du
bon) et d’une valeur temps, comme nous l’avons vu aux paragraphes 25.10 et
25.11.
26.5
un bon peut avoir une durée de vie longue (2-5 ans, voire plus), ce qui accroît
■
valeur de l’action et réduit la valeur du bon. Plus généralement, toute opération qui
modifie la valeur du titre affecte la valeur du bon ;
si l’actif sous-jacent est une obligation, son prix mais surtout sa volatilité
■
évoluent dans le temps et nous avons vu (paragraphe 22.28) que plus une
obligation se rapproche de son échéance, plus sa valeur tend vers son prix de
remboursement. Sa volatilité se réduit progressivement, ce qui rend inapplicable le
modèle de Black-Scholes qui postule la constance de la volatilité dans le temps ;
26.6
Enfin, l’histoire boursière a montré que l’exercice des bons n’est jamais
acquis d’avance : après la forte baisse des marchés en 2022, les sociétés ayant
émis des BSA avant cette période ont vu la probabilité d’une augmentation de
capital se réduire telle une peau de chagrin.
26.8
26.9
26.10
de réaliser cette opération, elle décide de faire une distribution gratuite de bons
aux anciens actionnaires. En pratique, les anciens actionnaires s’attribuent à eux-
mêmes ces bons. Ils pourront ainsi être intéressés spécifiquement au redressement
de l’entreprise. C’est ainsi qu’a procédé Pierre et Vacances en 2022 ;
aux créanciers des bons. La valeur des bons est au départ quasiment nulle, mais
si l’entreprise se rétablit, la valeur de ces bons viendra compenser tout ou partie de
la valeur des créances abandonnées. Cette opération permet de réconcilier les
intérêts normalement divergents des créanciers et des actionnaires. Cette technique
remplace en finance moderne la clause de retour à meilleure fortune* Clause de retour à meilleure
fortune ;
■dans une offre publique d’échange entre les actions d’une société A et
d’une société B, on pourra inciter les actionnaires de A à venir à l’échange en leur
proposant non seulement des actions B, mais aussi des bons de souscriptions
d’actions B ;
dans une opération de LBO (voir le chapitre 49), les bons de souscription
■
pourront être utilisés pour offrir une rémunération complémentaire aux porteurs de
dette mezzanine, voire au management (on parle « d’equity kicker* Equity kicker ») ;
5 ■ Le BSAR ou le BSAAR
26.11
Le BSAR* BSAR est une variante du BSA. Il s’agit d’un bon de souscription avec
faculté de rachat du bon par l’émetteur. La société peut racheter pour une valeur
symbolique les bons de souscription si son cours de Bourse dépasse un certain
seuil. En pratique, cela signifie que la société peut « forcer » l’exercice des bons
après une certaine période si les conditions d’exercice sont réunies. En effet, le
porteur de BSAR préférera exercer son bon plutôt que de se le faire racheter à vil
prix.
Il s’agit là de l’équivalent d’une clause de « soft call* Soft call » pour les
obligations convertibles (voir le paragraphe 26.16).
Ce produit est généralement utilisé attaché à une obligation (on parle alors
d’OBSAR* OBSAR) pour refinancer la dette bancaire de société de taille moyenne.
Certains groupes (Havas, Bonduelle…) ont réalisé des émissions d’OBSAR
auprès de banques qui conservaient les obligations et cédaient les BSAR au
management répliquant ainsi partiellement les management packages* Management packages
des LBOs.
Lorsque la société a le choix soit d’émettre des titres nouveaux soit de livrer
des actions d’autocontrôle, on parle de bons de souscription et/ou d’acquisition
d’actions remboursables* Bon de souscription d’actions remboursables (BSAR) (BSAAR* BSAAR).
Section 2 ■ L’obligation convertible
1 ■ Définition
26.12
Source : Dealogic.
26.13
actions existantes. L’objectif dans les deux cas est de limiter l’émission d’actions
nouvelles et donc la dilution des actionnaires actuels.
Comme pour les autres titres de dette (voir le paragraphe 21.21), les
obligations convertibles peuvent être vertes si leur produit est affecté à des
investissements de la transition énergétique (Neoen, EDF), ou durables
(Schneider), si la rémunération versée aux investisseurs est accrue si certains
objectifs ESG ne sont pas atteints (consommation d’énergie, émissions de CO2,
accroître la diversité hommes/femmes, etc.).
2 ■ Valeur
26.19
26.20
26.21
26.22
Non ! Les miracles n’existent pas en finance ; au mieux peut-on trouver des
mirages ! En effet si l’entreprise s’endette à un taux inférieur au coût normal de sa
dette, c’est qu’en contrepartie, elle accepte d’émettre dans l’avenir des capitaux
propres à un prix inférieur à la valeur de l’action d’alors puisqu’il y a conversion.
Les actionnaires actuels seront donc dilués dans de mauvaises conditions de prix.
De plus, l’argument du coût réduit n’est vrai qu’en trésorerie, car les normes IFRS
imposent la comptabilisation du coût total théorique au compte de résultat et non
des seuls intérêts payés (voir le paragraphe 8.74).
26.23
De la même façon, l’investisseur achète une option d’achat sur l’action sous-
jacente dont il paie le prix via un taux de rendement sur l’obligation plus faible
que ne le justifie le risque de l’émetteur.
Le coût apparent de l’obligation convertible n’est bas que parce que son
véritable coût est en partie occulté. L’entreprise vend une option d’achat aux
investisseurs qui la paient en acceptant un taux de rentabilité sur l’obligation plus
bas que ne le justifie le risque de l’entreprise.
26.24
La théorie des marchés à l’équilibre* Théorie des marchés à l’équilibre ne nous aide pas
beaucoup à comprendre l’existence de l’obligation convertible qui n’est que
l’addition de deux produits déjà existants. La théorie de l’agence et la théorie du
signal sont beaucoup plus utiles pour comprendre l’utilité des obligations
convertibles.
26.25
Par ailleurs, une entreprise fortement endettée peut devoir renoncer à des
projets d’investissements très rentables faute de trouver des financements
bancaires qui ne pèsent pas trop dans un premier temps sur ses flux de trésorerie.
Compte tenu de son faible taux d’intérêt facial, l’obligation convertible est
attractive, d’autant qu’elle peut être placée dans le marché même en absence de
notation de l’entreprise.
26.26
26.28
* Obligation convertible synthétiqueAu milieu des années 2010, des émissions d’obligations
convertibles d’un type particulier sont apparues selon le principe suivant :
l’entreprise émet des obligations convertibles à des investisseurs, et achète en
parallèle à une ou plusieurs banques des options d’achat miroirs de celles intégrées
aux obligations convertibles. Les obligations convertibles et les options d’achat
ont la particularité de ne donner lieu qu’à des paiements en numéraire (la
contrevaleur en cash des actions étant livrée en cas d’exercice de l’option). Pour
l’entreprise, cette association d’une émission d’une obligation convertible et de
l’achat d’une option d’achat réplique exactement les flux d’une obligation
classique, dont elle constitue alors un équivalent.
Cette combinaison peut également être adaptée pour des entreprises qui n’ont plus
accès au marché obligataire.
LVMH, Total, Iberdrola, Michelin, Vinci, Carrefour, BNP Paribas ont émis
des obligations synthétiques.
Section 3 ■ Les actions de préférence
26.29
Les actions de préférence* Actions de préférence ont des caractéristiques très largement
laissées à la liberté de l’émetteur.
1 ■ Définition
26.30
■ce sont des actions mais elles peuvent être privées totalement2, partiellement
ou encore temporairement du droit de vote ; mais elles peuvent aussi en avoir
plusieurs dans les sociétés non cotées ;
■le contrat d’émission ou les statuts peuvent encore fixer des règles de rachat
des titres par la société ou de conversion des actions de préférence en actions
ordinaires ou en autres titres ;
■enfin, les actions de préférence peuvent donner des droits dans une filiale. Le
législateur a ainsi voulu donner un cadre juridique aux tracking stocks* Tracking stocks
(actions traçantes* Actions traçantes).
Le cadre juridique français et la souplesse qu’il offre à l’émetteur rapprochent
donc l’action de préférence (parfois appelée ADP* ADP) des preferred shares* Preferred
shares anglo-saxonnes.
2 ■ Valeur
26.31
■ de retrancher une décote de liquidité pour les sociétés cotées. En effet, les
actions de préférences étant moins liquides sur le marché que les actions
ordinaires, on observe généralement une décote entre le cours de l’action de
préférence et sa valeur théorique ;
a) Pour l’entreprise
26.32
26.33
26.34
On les appelle aussi parfois titres super-subordonnés* Titre super subordonné (TSS) (TSS* TSS),
ou tout simplement hybrides* Titre hybride. Ils présentent les caractéristiques suivantes :
pas rembourser les titres avant une date donnée. Cependant, généralement,
l’intérêt payé augmente dans le temps (step-up* Step-up), ce qui incite l’entreprise à
rembourser les obligations lorsque leur coût devient prohibitif. Mais rien ne l’y
oblige ;
■rang super-subordonné, ces titres sont donc les derniers (avant les capitaux
propres) à être remboursés en cas de liquidation ;
26.35
Les entreprises recourent aux hybrides soit pour diversifier leur base
d’investisseurs (Orange, Engie qui a émis un hybride vert), soit pour conforter leur
structure financière (Telefonica, Unibail-Rodamco, Abertis, EDF).
26.36
Le principe du prêt participatif* Prêt participatif est proche de celui des hybrides, c’est
un emprunt subordonné de dernier rang dont la rémunération est composée
d’une partie fixe et éventuellement d’une partie variable qui peut dépendre des
performances opérationnelles de l’emprunteur.
Le prêt participatif a été créé en 1978 par l’État français qui souhaitait
renforcer les capitaux propres des entreprises nationalisées sans céder de droits de
vote. Après être passé de mode dans les années 1990, il a retrouvé une seconde
jeunesse avec la crise de 2008 où il a servi de support aux prêts de l’État aux
entreprises en difficulté (constructeurs automobiles), puis aux interventions de
Bpifrance* Bpifrance en faveur des PME.
26.37
La valeur d’une ORA* ORA est la valeur actuelle des intérêts financiers et de
l’action lors du remboursement. En pure théorie, elle est égale à la valeur de
l’action augmentée de la valeur actuelle des intérêts et diminuée de la valeur
actuelle des dividendes qui seront versés jusqu’au remboursement en actions. Le
taux d’actualisation des intérêts est celui d’une dette risquée, celui des dividendes
est égal au coût des capitaux propres.
26.38
En normes françaises, les ORA figurent sur la ligne « Autres fonds propres »
du bilan et les intérêts qu’elles versent font partie des charges financières. En
normes IFRS, leur valeur à l’émission est ventilée entre la valeur actuelle des
intérêts qui figure en dettes et le solde en capitaux propres.
Les ORA sont fiscalement considérées comme des obligations jusqu’à leur
remboursement, puis ultérieurement comme des actions.
L’ORA n’est pas un produit très attractif sur les marchés financiers (il n’y a
pas de suspense contrairement à l’obligation convertible !), elle y est donc rare.
Elle est plutôt utilisée dans des montages très spécifiques pour des entreprises non
cotées, souvent avec une préoccupation fiscale ou juridique. En 2020,
ArcelorMittal a émis des ORA dont la parité de remboursement évolue en fonction
du cours, ce qui a permis de différer la dilution de la famille Mittal.
26.39
Une obligation échangeable* Obligation échangeable est une obligation émise par une
société et remboursable en actions d’une autre entreprise dans laquelle elle détient
une participation. À l’échéance de l’emprunt, soit le cours de l’action sous-jacente
a suffisamment monté pour que les investisseurs demandent le remboursement de
l’obligation échangeable* Échangeable en actions sous-jacentes : la dette disparaît alors
du bilan de la société ainsi que les actions sous-jacentes ; soit le cours n’a pas
suffisamment monté, l’emprunt est alors remboursé en liquidités, et la société
garde les actions sous-jacentes. En aucun cas il n’y apport de capitaux propres.
L’obligation échangeable s’assimile donc à un prêt sur gages avec une option
d’achat consentie à l’investisseur sur les titres détenus en portefeuille. Parfois, de
façon abusive, les obligations échangeables sont appelées obligations
remboursables en actions, faisant croire à l’investisseur naïf qu’il s’agit de
capitaux propres.
Les produits hybrides semblent souvent être des capitaux propres alors qu’ils
ne le sont pas le plus souvent : une obligation convertible non convertie restera de
la dette, une obligation à bon de souscription est une dette…
L’obligation convertible est émise avec un taux facial apparent moins élevé
que celui d’une dette classique. Cela ne constitue pas un avantage pour
l’entreprise, mais la simple contrepartie de l’option d’achat consentie
« gratuitement » à l’investisseur.
Les actions de préférence, les obligations hybrides, les prêts participatifs, les
obligations remboursables en actions sont d’autres catégories de titres hybrides.
Questions
[Réponse]
[Réponse]
[Réponse]
[Réponse]
5/ Quel(s) est(sont) le(les) produit(s) financier(s) le(s) plus idoine(s) pour les
entreprises suivantes ?
c) Une entreprise qui sort d’une période de difficultés mais dont l’avenir paraît
encore risqué aux yeux des investisseurs.
[Réponse]
a) de la dilution entraînée ;
b) du rendement obtenu ;
c) de la plus-value possible ;
[Réponse]
[Réponse]
8/ Montrez que, si les dirigeants pensent que l’action de leur entreprise est
sous-évaluée, il existe un meilleur produit à émettre que l’obligation convertible.
[Réponse]
9/ Montrez que, si les dirigeants pensent que l’action de leur entreprise est
surévaluée, il existe un meilleur produit à émettre que l’obligation convertible.
[Réponse]
[Réponse]
12/ Pourquoi l’ORA n’est-elle pas un produit très attractif pour des
investisseurs financiers ?
[Réponse]
[Réponse]
[Réponse]
15/ Pourquoi les actions de préférence sont-elles si peu fréquentes pour les
entreprises cotées ?
[Réponse]
Exercice
- taux d’intérêt : 5 % ;
a) Calculez le BPA de Castafiore Spa fully diluted. Le taux de l’impôt sur les
sociétés est de 33,3 %.
[Réponse]
À cause de leur faible liquidité car leur nombre est très inférieur à celui des
actions ordinaires.
Car leurs modalités possibles si diverses en font un très bel outil d’ingénierie
financière.
a) Économie de frais financiers (après impôt à 33,3 %) : 16,675 M€. BPA fully
diluted = 126,7 €.
Black F., Scholes M., « The pricing of options and corporate liabilities »,
Journal of Political Economy mai-juin 1973, vol. 81, no 3, pages 637 à 654.
Jensen M., Meckling W., « The theory of the firm : managerial behavior,
agency costs, and capital structure », Journal of Financial Economics octobre
1976, vol. 3, no 4, pages 305 à 360.
Myers S., Majluf N., « Corporate financing and investment decisions when
firms have information that investors do not have », Journal of Financial
Economics juin 1984, vol. 13, no 2, pages 187 à 221.
Bancel F., Mittoo U., « Why European firms issue convertible debt? »,
European Financial Management Journal juin 2004, vol. 10, no 2, pages 339 à
374.
Daves Ph., Ehrhardt M., « Convertible securities, employee stock options and
the cost of equity », The Financial Review mai 2007, vol. 42, no 2, pages 267 à
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Jen F., Choi D., Lee S.H., « Some new evidence on why companies use
convertible bonds », Journal of Applied Corporate Finance été 1997, vol. 10, no 1,
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Lewis C., Rogalski R., Seward J., « Understanding the design of convertible
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53.
Mayers D., « Why firms issue convertible bonds: the matching of financial and
real investment options », Journal of Financial Economics janvier 1998, vol. 47,
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Avner K., Karakas O., Pant S., « The market value of corporate votes: Theory
and evidence from option prices », Journal of Finance juin 2014, vol. 69, no 3,
pages 1235 à 1271.
Le Fur Y., Quiry P., « Les actions de préférence : une fausse révolution ? », La
Lettre Vernimmen.net décembre 2004, no 34, pages 2 à 5.
Après avoir étudié les caractéristiques des différents titres financiers, voyons
maintenant comment ces titres sont, en pratique, vendus aux investisseurs. La
finance bancaire avait le mérite de la simplicité : lorsque l’entreprise avait besoin
de fonds, elle s’adressait à sa banque. Avec le développement de la finance
directe, l’entreprise peut s’adresser, pour lever des fonds, à une multitude
d’investisseurs qui ne la connaissent pas nécessairement. L’entreprise doit donc
faire un effort de marketing financier !
Section 1 ■ Principes généraux du placement des titres
27.1
Placer des titres consiste avant tout pour l’entreprise à vendre un produit financier
à des investisseurs au meilleur prix possible.
Pour que le placement* Placement soit un succès, il doit néanmoins offrir aux
investisseurs un potentiel de plus-value ou de rendement sur les titres achetés, sans
quoi l’entreprise obérerait ses possibilités d’accéder au marché à l’avenir.
Le prix d’un titre est égal à sa valeur actuelle à condition que toute
l’information publique soit correctement intégrée par les investisseurs : c’est le
fondement même de l’efficience des marchés* Efficience des marchés. Ainsi, le manque ou
l’asymétrie d’information est l’élément principal qui peut empêcher de vendre au
juste prix un actif.
Par conséquent, les techniques de placement ont pour objectif de donner aux
investisseurs l’information nécessaire et suffisante afin qu’ils puissent réaliser leur
choix d’investissement. L’entreprise émettrice et la ou les banques en charge du
placement doivent, durant l’opération, diffuser de l’information aux investisseurs.
Suivant le type d’opération, celle-ci peut prendre la forme :
27.2
l’investisseur a besoin d’un niveau d’information plus important que pour une
obligation pour laquelle son risque est plus faible ;
27.3
pour un émetteur de diffuser des informations sur son activité récente, ses
perspectives, sa stratégie. La cohérence de ces informations est vérifiée par la
banque et les avocats en charge de l’opération au travers de la collecte et de
l’analyse d’une documentation complète sur l’entreprise ainsi que d’entretiens
préalables avec les dirigeants de l’entreprise (due diligence* Due diligence en anglais). Les
informations sont ensuite relayées oralement ou par des notes de recherche
rédigées notamment par les analystes financiers de la banque. Celle-ci organise
également des rencontres entre l’émetteur et les investisseurs sur une ou plusieurs
places financières (réunions plénières, roadshows* Roadshow ; ou entretiens individuels,
one on one* One to one) ;
amenée à donner à l’émetteur (ou au vendeur des titres) une garantie à un moment
plus ou moins avancé de l’opération sur le placement effectif des titres et sur le
prix qui sera obtenu. La banque prend alors un risque de marché. L’importance de
ce risque dépendra du type de garantie donnée et de la durée de l’engagement.
27.4
■ coordinateur global* Coordinateur global (global coordinator* Global coordinator (coordinateur global)) : il
coordonne l’ensemble d’une opération de placement (notamment lorsqu’il y a
plusieurs tranches destinées à différents types d’investisseurs), il est également
chef de file et en général teneur du livre* Teneur de livre (bookrunner* Bookrunner) qui
enregistre les ordres des investisseurs. On parle de mandated lead arranger* Mandated
Lead Arranger (MLA) (MLA* MLA) pour les crédits syndiqués ;
chef de file* Chef de file (lead manager* Lead manager) : celui-ci est responsable de la
■
important mais ne dispose en général pas du rôle de teneur de livre (il ne contacte
donc pas les investisseurs) ;
co-chef de file* Co-chef de file (co-lead manager* Co-lead manager) : il peut avoir la charge de
■
garantir le placement d’une part des titres, mais n’a pas de rôle de structuration de
l’opération ;
27.5
La garantie* Garantie de bonne fin est un engagement légèrement moins fort que la prise
ferme. En effet, la banque prend l’engagement d’acheter les titres mais peut y
renoncer en cas de force majeure comme un krach, une déclaration de guerre, etc.
Un échec du placement, non justifié par un cas de force majeure, n’est pas un
motif suffisant pour lui permettre de se rétracter.
Pour des opérations plus complexes, les banques souhaitent, avant de garantir
à l’entreprise la bonne fin de l’opération, avoir une indication sur les intentions
des investisseurs. La technique utilisée est alors dite « de construction » d’un livre
d’ordres (bookbuilding* Bookbuilding). Concomitamment à la diffusion de l’information
et au marketing auprès des investisseurs potentiels, un livre d’ordres* Livre d’ordres est
constitué. Il enregistre les intentions d’achat (volume de titres demandés et
éventuellement prix) des investisseurs potentiels et permet ainsi d’établir la
faisabilité et le prix de l’opération en fonction de la demande effective. Ce n’est
qu’à l’issue de cette phase que les banques prennent un engagement de bonne fin.
Ainsi, la technique du bookbuilding permet aux banques en charge de l’opération
de limiter très largement leur risque. En effet, elles ne signent leur engagement de
garantie* Garantie qu’une fois le livre d’ordres constitué, c’est-à-dire lorsqu’elles
savent que les investisseurs sont prêts à acheter les titres.
rare dans le cadre d’une offre documentée car la confiance des investisseurs peut
être atténuée dès lors qu’aucun engagement sur la réalisation effective de
l’opération n’est pris. Ce type d’engagement ne subsiste donc que dans des
opérations réalisées par des entreprises de petite taille ou dans des cas très
particuliers (entreprises en difficulté par exemple). Il est alors fréquent de faire
garantir tout ou partie de l’opération par l’actionnaire majoritaire ou des fonds
d’investissement avant de la lancer.
27.6
■si le cours baisse après l’opération, la banque achète des titres sur le marché,
jusqu’à hauteur de la greenshoe, ce qui soutient le cours et limite sa baisse. Elle
rembourse à l’actionnaire prêteur les titres empruntés avec ceux qu’elle a achetés
après le placement afin de soutenir les cours. L’option de surallocation n’est donc
pas exercée ;
■ si le cours monte, elle n’aura pas à intervenir sur le marché et n’aura donc
plus les titres qu’elle doit rembourser à l’actionnaire prêteur. Elle le remboursera
en exerçant l’option de surallocation, obtenant ainsi les titres nécessaires. Plus de
titres que prévu initialement auront alors été vendus (ou émis). Il en sera de même
si le cours baisse puis remonte, la banque pouvant ainsi acheter des titres pour
soutenir le cours, puis les revendre ; la banque exercera également son option de
surallocation auprès de l’émetteur.
Cette technique est utilisée aussi bien pour les placements secondaires
(cession d’actions existantes) que pour les émissions d’actions (augmentation de
capital).
27.7
27.9
L’introduction en Bourse d’une société est souvent suivie par une hausse du
cours de l’action par rapport à son prix d’introduction de l’ordre de 10 à 15 % en
moyenne selon les pays, et les périodes (et les méthodes de calcul !) si l’on en
croit les études statistiques. De la même façon, le placement sur le marché
d’actions déjà cotées se fait avec une décote pouvant aller de 2 % à 5 %4.
Cette section n’a pas pour objectif d’analyser les motivations ou les aspects
stratégiques d’une introduction en Bourse (ce que nous verrons au chapitre 46),
mais d’en décrire la technique.
1 ■ Structure de l’opération
27.10
En revanche, les techniques de placement varient selon que les titres sont
placés auprès des investisseurs institutionnels, des particuliers ou des salariés.
2 ■ Les méthodes
27.11
Depuis quelques années, les introductions en Bourse sur un marché réglementé
prennent quasiment toutes la même forme : celle d’un placement garanti* Placement
garanti (ou placement global* Placement global) auprès des investisseurs institutionnels et
d’une offre à prix ouvert* Offre à prix ouvert auprès des particuliers.
a) Le placement global
27.12
Le placement global est la technique utilisée pour placer des titres auprès des
investisseurs institutionnels. Il représente la tranche principale de la très large
majorité des introductions en Bourse. Ainsi, une (ou plusieurs) banque(s)
organise(nt) le marketing et la vente des titres auprès de ces investisseurs grâce à
la technique du bookbuilding. Le prix fixé à l’issue de la constitution du livre
d’ordres servira de référence pour la fixation du prix de l’offre à prix ouvert à
destination des particuliers.
27.13
L’opération commence par une première phase d’étude réalisée par la ou les
banques. Elle consiste à évaluer et préparer le cadre juridique ou réglementaire de
l’opération (choix de la place ou des places de cotation* Place de cotation, placement ou non
aux États-Unis…), à structurer l’opération, à superviser l’élaboration de la
documentation (due diligence* Due diligence, rédaction du prospectus incluant un
document de base et une note d’opération) et des contrats de garantie et de
placement, à préparer des notes d’analyse financière* Note d’analyse financière, à concevoir le
marketing* Marketing (nature et contenu des présentations du management, programme
des rencontres du management avec les investisseurs).
Les notes sont commentées par les analystes aux investisseurs à l’occasion de
réunions (appelées warm-up* Warm-up en anglais) qui permettent de « prendre la
température » du marché. On peut noter que les notes d’analystes ne peuvent pas
être publiées à une date trop proche du lancement (période de blackout* Blackout). Les
termes de la transaction et en particulier la fourchette de prix ou le prix maximum
sont fixés sur la base des conclusions issues de cet exercice de prémarketing.
La campagne de marketing proprement dite commence avec le lancement de
l’offre. Durant cette période, une information complète est diffusée à partir du
prospectus, visé par l’AMF en France, et éventuellement du prospectus
international. Ces prospectus comportent toutes les informations sur la société et
sur l’opération. En termes de prix, les investisseurs sont sollicités soit sur la base
d’une fourchette dont l’ampleur maximale est de plus ou moins 15 % autour d’un
prix pivot, soit sur la base d’une fourchette d’ampleur supérieure ou d’un prix
maximum. Mais dans ces deux derniers cas, une fourchette de prix d’ampleur
maximale de plus ou moins 15 % doit être annoncée au plus tard trois jours de
Bourse avant la clôture de l’offre. Les dirigeants de la société sont mobilisés
durant cette période par de nombreuses réunions avec des investisseurs (les
roadshows* Roadshow) ou par des entretiens en tête-à-tête (one on one* One on one) :
l’information porte principalement sur les résultats, les marchés, la stratégie et
répond aux attentes des investisseurs.
À l’issue de cette période, qui peut durer de 5 à 15 jours, le prix des actions
est fixé. Il tient compte à la fois des conditions de marché, de la demande globale
recueillie dans le livre d’ordres et de la sensibilité au prix éventuellement
exprimée par les investisseurs.
27.14
Ce n’est qu’à l’issue de cette phase que les banques contractent effectivement
un engagement de garantie* Garantie* Engagement de bonne fin (underwriting* Underwriting en anglais).
Les titres sont alors immédiatement alloués et le risque de la banque est limité5.
Après allocation, les investisseurs sont théoriquement engagés. Par conséquent, le
risque pris par les banques jusqu’au règlement-livraison des titres (c’est-à-dire 2
jours après la transaction) est un risque de contrepartie ou un risque commercial si
finalement l’investisseur ne souhaite plus recevoir les titres (il y a alors un
arrangement trouvé entre la banque et l’investisseur institutionnel). Par la suite,
lors de la stabilisation des cours pendant une durée d’un mois après l’opération, le
syndicat peut être amené à acheter des titres sur le marché.
En outre, cette garantie, donnée par la banque à l’entreprise, est également un
confort donné au marché. La banque détermine une valeur après analyse de
l’information interne. Aussi, cette méthode de placement résout-elle en partie le
problème d’asymétrie d’information. Le signal n’est plus négatif puisqu’une
banque, qui a eu accès à l’information interne, prend le risque d’acheter les titres
au prix fixé si, in fine, le marché ne le fait pas.
27.15
L’allocation* Allocation est réalisée selon certains critères établis par avance, elle
est discrétionnaire mais pas arbitraire. Ainsi, l’allocation peut avoir comme
objectif de favoriser les investisseurs américains, européens ou nationaux.
Généralement, l’objectif premier de l’allocation est de réaliser un placement
équilibré auprès d’investisseurs ayant des objectifs et des horizons de placement
différents afin d’encourager un développement du marché après la clôture de
l’opération. La connaissance des investisseurs par la banque guide ce choix. Une
bonne allocation permet d’éviter le phénomène de flow-back* Flow back, c’est-à-dire de
vente massive du titre immédiatement après l’opération.
Déroulement d’un bookbuilding
27.17
27.19
Dans le cas d’une offre à prix ouvert* Offre à prix ouvert (OPO), la fourchette de prix,
puis le prix définitif, sont fixés parallèlement au placement garanti effectué auprès
des institutionnels, parfois avec une légère décote sur le prix payé par les
investisseurs institutionnels.
Le prix peut être modifié, si les introducteurs s’en sont réservé la faculté,
mais il doit être soumis à une nouvelle période d’offre s’il est en dehors de la
fourchette de prix initiale. Les résultats de l’offre sont centralisés par Euronext.
Les demandes sont allouées en fonction des ordres passés si la demande est en
ligne avec l’offre et peuvent être réduites selon des critères prédéterminés.
27.20
L’offre à prix ferme* Offre à prix ferme (OPF) (OPF* OPF) consiste à mettre à la disposition
du public une quantité de titres à un prix fixé a priori qui est généralement
identique au prix du placement global auprès des investisseurs institutionnels et ne
dépend donc nullement de la demande des particuliers. Ce prix sera appliqué quel
que soit le nombre de titres demandés. S’il est très inférieur à ce que le marché
était prêt à payer, le cours montera fortement dans les jours suivant l’introduction :
les acheteurs du premier jour s’approprieront la plus-value.
■ La cotation directe
27.21
27.23
Une entreprise peut placer ses titres sur le marché américain soit sous forme d’un
placement privé d’American Depositary Receipts* American Depositary Receipt (ADR) (ADR) soit par
cotation directe* Cotation directe (full listing).
a) Le placement privé
27.24
La société peut opter pour un placement privé* Placement privé (régi par les règles
144A ou 4(2)) de ses titres. Ce placement n’est alors effectué qu’auprès
d’investisseurs institutionnels américains (US Qualified Institutional Buyers ou
QIB* QIB (Qualified Institutional Buyers)). Les investisseurs ayant souscrit ne peuvent revendre leurs
titres au public avant deux ans. Ils peuvent toutefois se les échanger entre QIB
grâce au système PORTAL. Cette solution est simplement un moyen d’accéder
aux investisseurs américains et évite à la société d’enregistrer ses titres auprès de
la SEC* SEC7, titres qui ne sont alors pas directement cotés aux États-Unis. La
société bénéficie de la dérogation 12g3-2 (b) et peut se contenter de traduire
l’information fournie à son marché domestique.
27.25
Les ADR* ADR sont des certificats négociables, émis par la banque dépositaire
américaine choisie, représentant les actions d’une société étrangère cotée sur un
marché non américain qu’elle a acquises. Ce sont donc des titres miroirs des
actions de la société. Les ADR sont négociés soit sur un marché organisé (Nasdaq
ou NYSE), soit sur un marché hors cote (Over The Counter – OTC).
Il existe trois niveaux d’ADR suivant que la société souhaite ou non être
cotée sur un marché organisé et lever des fonds aux États-Unis. Les obligations de
diffusion d’information seront plus ou moins lourdes selon le type d’ADR.
Près de 3 000 ADR sont ainsi cotés, provenant de plus de 90 pays dont ceux
de Sanofi, Telefónica, Korea Electric Power, Arcelor-Mittal, BP, Alibaba, JD.com,
Teva…
27.26
Il est également possible pour une société de coter des actions ordinaires à la
fois dans son pays d’origine et aux USA. L’entreprise a ainsi accès à des
investisseurs dont le statut ne permet pas d’acheter des actions en dehors des
États-Unis.
a) L’entreprise cotée
27.27
Lorsque l’on estime que les actionnaires existants vont souscrire très
majoritairement à l’augmentation de capital* Augmentation de capital envisagée et que l’entrée
de nouveaux investisseurs n’est pas particulièrement recherchée ou nécessaire, on
utilise la technique de l’augmentation de capital avec droits préférentiels de
souscription* Droit préférentiel de souscription (DPS) (DPS* DPS). Le prix d’émission des actions
nouvelles, qui est fixe, est annoncé à l’avance et le placement se déroule ensuite
sur plusieurs jours. Le prix est fixé avec une forte décote par rapport au cours de
Bourse afin d’éviter l’échec de l’augmentation de capital si une baisse des cours se
produisait pendant le déroulement de l’opération. Pour ne pas léser les anciens
actionnaires, l’émission est assortie d’un droit préférentiel de souscription qui est
négociable pendant la durée de l’opération.
En revanche, lorsqu’on estime que les actionnaires actuels vont peu souscrire
à l’augmentation de capital ou lorsque la société souhaite élargir son actionnariat à
cette occasion, on réalise une opération sans DPS. Le prix d’émission n’est alors
généralement fixé qu’à l’issue d’une période de marketing et de préplacement
avec une très légère décote par rapport au cours de Bourse atteint à l’issue de cette
période. Il n’y a pas de droit préférentiel de souscription, mais éventuellement une
période de priorité au profit des actionnaires actuels.
27.28
Notons que les actions ne peuvent pas être émises en dessous de leur valeur
nominale. Si le prix de l’action est inférieur au nominal, il sera nécessaire de
réduire le nominal par imputation des pertes (réduction de capital comptable)
avant de procéder à l’augmentation de capital. On parle de coup d’accordéon* Coup
d’accordéon.
2 ■ L’augmentation de capital à prix fixe avec droit préférentiel de
souscription (DPS* ) DPS
a) Le principe
27.29
b) La mécanique
27.30
Le droit de souscription est un droit attaché à chaque action ancienne qui permet à
son détenteur de souscrire à l’émission d’actions nouvelles.
■la possibilité de vendre ce droit (qui est coté pour les sociétés cotées) pendant
toute la durée de l’opération. C’est donc un droit cessible qui permet
implicitement d’ajuster le prix d’émission à la valeur marchande de l’action.
L’actionnaire peut, grâce à ses droits, souscrire à titre irréductible* Titre irréductible à
l’augmentation de capital à hauteur de sa participation actuelle. S’il veut souscrire
plus que sa part, il peut le faire à titre réductible* Titre réductible, mais il ne sera satisfait
pour cette part supplémentaire que si certains actionnaires n’exercent pas leurs
droits de souscription. À défaut, il doit acheter des droits de souscription
supplémentaires auprès d’actionnaires ne souhaitant pas les exercer.
27.31
Prenons l’exemple d’une société dont le capital est composé de 1 000 000
d’actions qui valent aujourd’hui 50 € par action. Cette société réalise une
augmentation de capital de 100 000 actions au prix de 40 € par action. Une action
nouvelle est donc émise pour 10 actions existantes. Chaque action existante va
détacher un droit de souscription. Pour souscrire une action nouvelle à 40 €, il
faudra produire 10 droits de souscription et verser 40 €.
Après opération, un actionnaire qui détenait une action et a cédé son droit
préférentiel de souscription doit être dans la même situation patrimoniale qu’un
investisseur qui achète 10 droits préférentiels de souscription et souscrit à une
action dans le cadre de l’augmentation de capital. Sinon des arbitrages
interviendraient qui établiraient l’égalité. Ainsi, le cours après opération doit être
égal à :
puisqu’il doit être indifférent pour tout investisseur d’acheter une action
ancienne après détachement du droit ou d’acheter le nombre de droits nécessaires
et de souscrire ainsi une action nouvelle.
L’actionnaire peut, s’il le souhaite, réaliser ce que l’on appelle une opération
blanche, c’est-à-dire céder une partie de ses DPS et, avec le cash obtenu et le solde
des DPS, souscrire à des actions nouvelles (voir l’exercice en fin de chapitre),
sans dépenser d’argent. Aussi, le détachement de droits de souscription
s’analyse-t-il comme une distribution d’actions gratuites.
27.32
Le droit de souscription impose une offre qui s’étale sur une période
relativement longue : 5 jours de Bourse au minimum, mais au total 14 jours
calendaires au minimum entre l’avis au BALO8 indiquant le prix et l’avis de
souscription. Cette période est nécessaire afin de permettre aux actionnaires
particuliers de prendre connaissance de l’opération et de faire connaître leur choix
à leur intermédiaire. Dès lors, il est indispensable que le prix d’émission soit
sensiblement inférieur au cours de Bourse, afin qu’une éventuelle baisse de ce
dernier durant l’opération ne la remette pas en cause. Dans ce cas, la valeur du
droit de souscription chute fortement, mais reste positive tant que la valeur de
l’action (droit détaché) est supérieure au prix d’émission.
Ce phénomène est à double tranchant car, une fois l’opération lancée et les
droits émis, rien ne pourra retarder l’augmentation de capital : peu importe que le
cours de Bourse chute durant l’opération du moment où il reste supérieur au prix
d’émission. D’où l’importance de la décote initiale.
De plus, l’opération est assez lourde à mener car les actionnaires qui ne
détiennent pas un nombre d’actions multiple de la parité de souscription doivent
acheter ou vendre des droits sur le marché afin de s’ajuster. Par ailleurs, elle peut
être rendue complexe par la forte présence d’investisseurs américains au capital
car ceux-ci ne peuvent parfois pas exercer leurs DPS9.
27.34
Il est possible d’inclure dans une opération à prix ouvert un délai de priorité
destiné aux actionnaires actuels. Dans la pratique, les émissions sans DPS
comportent souvent ce délai de priorité qui n’est pas négociable. Cette possibilité
rallonge le calendrier puisque le délai de priorité est généralement consenti aux
actionnaires pour une durée de 3 jours de Bourse (durée minimum légale pour
laisser le temps aux actionnaires individuels de souscrire).
27.35
27.36
27.37
27.38
27.39
La cession d’un bloc sur le marché (block trade* Block trade en anglais) est réalisée,
comme pour une augmentation de capital ou une introduction en Bourse, grâce à
la constitution d’un livre d’ordres. Toutefois, le block trade est une opération plus
simple que l’augmentation de capital ou l’introduction en Bourse : l’entreprise est
déjà connue des investisseurs puisque cotée, et les montants à placer sont plus
petits. Dès lors, la cession de blocs nécessite un effort de communication moindre.
La constitution du livre d’ordres est réalisée plus rapidement ; le management est
moins impliqué, voire pas du tout : en pratique, l’opération peut ne durer que
quelques heures, on parlera alors d’accelerated bookbuilding* Accelerated bookbuilding
(ABB* ABB).
27.40
Le bookbuilding* Bookbuilding peut être accompagné d’une offre publique de
vente* Offre publique de vente lorsque l’entreprise souhaite laisser la possibilité aux particuliers
d’acquérir des titres (cette possibilité n’est utilisée que pour les opérations les plus
importantes). Sauf dérogation d’Euronext Paris, l’offre publique de vente ne peut
être mise en œuvre que si elle porte sur 10 % au moins des actions, ou si elle
représente 20 fois au moins la moyenne quotidienne des échanges constatés sur le
marché au cours des 6 mois précédant l’offre.
Les offres de vente font écho aux techniques utilisées lors d’une introduction
de titres non encore admis aux négociations. Ainsi, le prix peut être ferme (à
rapprocher des offres à prix ferme) ou seulement déterminable selon des modalités
fixées lors de l’ouverture de l’offre (à rapprocher des offres à prix ouvert).
Cependant, dans ce cas, la fixation d’une fourchette de prix n’est pas requise (mais
les modalités de fixation du prix et le prix maximum doivent être explicités). Lors
du dépôt obligatoire du projet d’offre auprès d’Euronext, l’initiateur peut se
réserver la faculté de retirer l’offre si la quantité de titres cédés est insuffisante, ou
d’augmenter le nombre de titres cédés, dans la limite de 25 % des titres offerts, si
la demande est plus importante.
27.41
Le bought deal offre l’avantage pour l’actionnaire cédant d’être certain que
l’opération va effectivement aboutir et du montant qu’il va obtenir au moment de
prendre sa décision de vendre. Cependant, cette technique présente quelques
inconvénients :
■ le prix obtenu in fine fait apparaître une décote plus importante en moyenne
que dans un accelerated bookbuilding puisque la banque prend un risque plus
grand ;
Lorsque le marché des blocs est très compétitif pour les banques, les
vendeurs peuvent avoir à la fois le beurre et l’argent du beurre :
27.42
27.43
27.44
Le chef de file constitue alors un carnet d’ordres qui répertorie les montants
et les prix (taux ou spread) proposés par chaque investisseur intéressé par
l’émission. Le risque d’erreur d’appréciation est réduit dès lors que le prix
d’émission est établi par le marché. La période entre l’ouverture du livre d’ordres
et la fixation du prix se nomme le marché gris* Marché gris ; les titres s’y échangent
même s’ils n’existent pas encore techniquement : les opérations nouées sur le
marché gris sont débouclées à la date du règlement-livraison.
27.45
Les placements d’actions et d’obligations présentent donc des similitudes ;
cependant, le processus de placement obligataire est sensiblement plus court, en
particulier si l’entreprise est un émetteur investment grade fréquent et si elle vise
son marché local. Dans ce cas, le placement pourra être mené en quelques heures
seulement, sans marketing. Le calendrier sera plus long pour une première
émission ou si l’entreprise veut cibler une forte proportion d’investisseurs
internationaux.
27.46
Les particuliers sont en France souvent orientés par les réseaux bancaires vers
des Sicav obligataires. Le placement auprès du public nécessite la rédaction d’une
documentation en français13 qui doit être visée par l’AMF. Lorsque l’émission ne
vise pas les particuliers, la documentation est rédigée généralement en anglais et
est soumise au contrôle des autorités de marché (AMF en France, CSSF au
Luxembourg…).
2 ■ Placement sur le marché du high yield* High yield (ou high yield bonds)
27.47
Par définition, les obligations émises par des entreprises non investment
grade* Non investment grade sont des produits risqués nécessitant donc une préparation plus
longue et un marketing plus intensif qu’un placement obligataire standard d’autant
que le nombre de souscripteurs potentiels est plus réduit.
27.48
Notons que chacun des marchés locaux (USPP aux États-Unis, Schuldschein
en Allemagne, Euro PP* Euro PP pour les placements européens) a ses particularités.
Signe d’un marché qui se structure, des contrats d’émission type ont été créés en
2015 pour les Euro PP sous forme d’obligations non cotées ou sous forme de
prêts. Quant aux Euro PP sous forme d’obligations cotées sur Euronext Growth, à
Luxembourg ou sur les autres places d’Euronext, ils adoptent la documentation
prévue pour les émissions publiques (sauf si l’émetteur se contente du marché
libre).
Section 6 ■ Les obligations convertibles ou
échangeables
27.49
Les techniques utilisées pour le placement des obligations convertibles* Obligation convertible
ou échangeables* Obligation échangeable sont celles de l’accelerated bookbuilding ou du back-
stop.
27.50
Les crédits syndiqués* Crédit syndiqué ne sont pas en tant que tels des titres, mais
simplement un emprunt émis par une entreprise et souscrit par plusieurs banques.
Dans le premier cas, le prix d’émission est fixé avec une forte décote (de 20 à
50 %) par rapport au cours de Bourse. Aussi pour ne pas léser les anciens
actionnaires, le droit de souscription préférentiel leur confère une priorité de
souscription. De plus, ce droit est cessible. Ainsi, l’augmentation de capital se fait
à la valeur marchande de l’action même si le prix d’émission est inférieur au cours
de Bourse. Un droit préférentiel de souscription peut être assimilé à une option
d’achat.
Pour la société non cotée, l’augmentation de capital se fait avec ou sans droit
préférentiel de souscription à des investisseurs définis qui ont été trouvés à l’issue
d’un placement privé.
Les cessions d’un bloc de titres sont réalisées par les techniques du
bookbuilding (qui peut être rapide sous forme d’accelerated bookbuilding), de la
prise ferme ou du back-stop.
[Réponse]
[Réponse]
[Réponse]
[Réponse]
[Réponse]
[Réponse]
[Réponse]
8/ Pour qui travaille la banque qui place les titres : l’émetteur ou l’investisseur
qui les souscrit ?
[Réponse]
[Réponse]
[Réponse]
[Réponse]
[Réponse]
Exercice
[Réponse]
À une option d’achat (call) détenue par les banques et cédée par l’entreprise ou
l’actionnaire selon les cas.
Parce qu’une obligation émise par une entreprise non investment grade est
beaucoup plus risquée qu’une obligation classique. L’investisseur a donc besoin de
beaucoup plus d’informations pour prendre sa décision d’investissement.
La prise ferme car elle prend le risque que le marché baisse avant de pouvoir
replacer les titres.
Parce que les investisseurs prennent plus de risques en investissant dans une
action qu’en investissant dans une obligation. Ce risque, pour être pris, nécessite
une information plus complète.
Non parce qu’il a pu en contrepartie acquérir des titres avec une décote par
rapport au cours de Bourse.
L’émetteur, mais la banque doit s’assurer que les investisseurs sont satisfaits
de l’opération car sinon elle perd sa clientèle !
b) 56 – 7,71 € = 48,29 €.
c) Je cède 133 DPS pour 1 026 €, j’achète 27 actions nouvelles avec les 36
DPS qu’il me reste et 1 026 €. Je serai alors propriétaire de 169 + 27 = 196 actions
à 48,29 € (soit 9 464 €) contre 9 464 € pour 169 actions avant.
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Partie 3
La valeur
28.1
1 ■ L’investissement et la valeur
28.2
En effet, nous verrons que l’élément essentiel dans la théorie des marchés à
l’équilibre est la valeur. Cette théorie souligne le lien direct qui existe entre la
rentabilité des investissements de l’entreprise et la rentabilité exigée par les
investisseurs (à travers les titres financiers émis).
Que le lecteur ne soit pas surpris par ces formulations et garde tout son bon
sens. Si un investissement se fait à son prix, rien ne change pour l’investisseur ; si
celui-ci « achète » trop cher, il s’appauvrit ; s’il fait une bonne affaire, il s’enrichit.
Nous avons abordé dans les chapitres précédents les différents titres financiers
qui constituent le passif émis par l’entreprise et nous les avons étudiés dans
l’optique de l’investisseur qui les achète. Nous allons maintenant nous placer de
l’autre côté du miroir pour étudier ces mêmes titres du point de vue de l’entreprise
qui les émet.
Ainsi :
aux sommes investies par les investisseurs correspondent des ressources pour
■
l’entreprise ;
aux titres financiers détenus par les investisseurs (donc leurs actifs)
■
28.4
Comme nous le verrons, cette sanction ultime est souvent trop tardive. Mais
le système financier dispose d’une sanction beaucoup plus immédiate et beaucoup
plus efficace : la valorisation des titres déjà émis par l’entreprise.
28.5
Ce n’est que lorsque l’entreprise connaît des difficultés sérieuses que le rôle
des créanciers devient important. La société « appartient » alors à ses créanciers3
et l’ajustement se fait par la valeur de l’endettement net, qui est alors inférieure à
son montant nominal.
Nous ne saurions trop insister sur cet aspect et invitons notre lecteur à
s’arrêter un instant afin d’adopter définitivement cette approche avant de se
plonger dans les délices des théories financières.
Section 2 ■ La création de valeur et les marchés à
l’équilibre
28.7
28.8
La valeur d’un actif économique peut-elle augmenter du seul fait d’un choix
■
Pourtant, l’apport de la théorie des marchés à l’équilibre* Marché à l’équilibre est clair :
28.9
Notre lecteur n’aura pas besoin de spéculer pour gagner de l’argent. Il le fera
sans risque en vendant (à découvert) une action A et une action B et en achetant
une action G. Il touchera ainsi immédiatement VA + VB – VG > 0 ; alors que, quel
que soit l’état du monde, les flux futurs négatifs des actions A et B (vendues) et
positifs de l’action G (achetée) s’annuleront. Il aura ainsi réalisé un arbitrage.
Avec la même méthode, on démontrerait que l’on ne peut pas avoir dans un
marché à l’équilibre VA + VB < VG. On en déduit donc que VA + VB = VG.
Le lecteur aura compris qu’une entreprise diversifiée (G dans notre exemple)
ne vaut pas plus cher que la somme de ses deux divisions (A et B).
2 ■ Une illustration
28.10
Ou encore, le taux de rentabilité exigé est-il plus faible simplement parce que
deux investissements sont réalisés conjointement ?
La position des praticiens est souvent peu claire. En effet, ils répondent en
général par la négative, alors que leurs décisions laissent supposer implicitement
le contraire. Prenons ainsi l’exemple du quotidien La Provence acquis en 2022 par
CMA CGM. S’il y avait des synergies financières* Synergies financières, il faudrait en déduire
que le taux de rentabilité exigé de l’activité de La Provence est différent selon que
l’entreprise est indépendante ou qu’elle fait partie d’un groupe. La valeur de La
Provence serait donc plus importante au sein de CMA CGM que lorsque cette
entreprise était indépendante.
Si la rentabilité exigée sur La Provence est plus faible depuis que cette
société est intégrée à CMA CGM, le coût de son financement est alors plus faible.
Ceci peut constituer un avantage concurrentiel important, voire décisif et
irrémédiable.
28.11
Le lecteur avisé ne se laissera pas tenter par l’idée qu’à un plus faible niveau
de risque doit correspondre un plus faible taux de rentabilité exigé.
En effet, ceci est faux car le marché ne rémunère que le risque non
diversifiable* Risque non diversifiable (le risque de marché* Risque de marché). Nous avons vu que sur
un marché, le risque diversifiable ou spécifique que chaque investisseur peut
éliminer en diversifiant son portefeuille, n’est pas rémunéré. Seul est rémunéré le
risque non diversifiable lié aux fluctuations du marché. Que le lecteur nous
permette de le renvoyer au paragraphe 21.4 où ce point a été traité.
Dès lors que le risque diversifiable n’est pas rémunéré, la valeur d’une
entreprise est la même qu’elle reste indépendante ou qu’elle soit intégrée dans
un groupe. La Provence ne vaut pas plus chère maintenant qu’elle est une
division de CMA CGM qu’auparavant ; le taux de rentabilité exigé dans le secteur
de la presse quotidienne régionale est le même, toutes choses égales par ailleurs,
que La Provence soit indépendante ou qu’elle soit une division du groupe CMA
CGM.
Il ne peut y avoir création de valeur que si la somme des flux des deux
investissements est supérieure parce que ces deux investissements sont entrepris
conjointement. C’est le résultat d’un processus de synergies industrielles (2 + 2
= 5). En revanche, la synergie financière n’existe pas !
Les grands groupes qui, dans les années 1960, s’étaient livrés à une véritable
boulimie de diversifications financières, se sont rendu compte que ces opérations
étaient vaines, souvent sources de pertes, et que la diversification est un art
difficile qui n’a d’intérêt que si l’on possède déjà une compétence certaine dans le
nouveau métier. Il n’y a pas de combinaison d’investissements qui maximise leurs
valeurs, mis à part les cas de synergies industrielles. Il n’y a que des bons et des
mauvais investissements selon l’écart entre taux de rentabilité obtenus et taux de
rentabilité exigés.
L’exigence de rentabilité de tout investissement est indépendante du portefeuille
dans lequel il se situe.
En l’absence de synergies industrielles, une entreprise conserve la même valeur,
qu’elle soit indépendante ou division d’un grand groupe. Ici encore, l’investisseur
financier n’acceptera pas de payer plus cher, sous forme d’un taux de rentabilité
exigé plus faible, ce qu’il peut faire lui-même sans coût en diversifiant son
portefeuille.
3 ■ Une morale
28.12
La valeur des titres émis par l’entreprise ne résulte donc pas de constructions
financières ; elle traduit simplement la sanction, par le marché, de la rentabilité et
du risque de l’activité industrielle et commerciale de l’entreprise perçus par
l’investisseur.
La théorie des marchés à l’équilibre* Théorie des marchés à l’équilibre conduit à la règle simple
et évidente, mais très souvent oubliée dans la pratique, de l’additivité des valeurs.
Quelle que soit l’évolution des critères financiers, en particulier le bénéfice par
action, il ne peut y avoir création de valeur lorsqu’on se contente d’ajouter des
valeurs (diversification) ou de soustraire des valeurs (endettement) qui sont elles-
mêmes à l’équilibre.
Sur un plan méthodologique, il faut donc intégrer cette approche lors d’une
décision financière. Les stratégies financières qui ont pour but de maximiser une
valeur autre que financière (valeur de nuisance par exemple) existent. Elles sont
particulièrement risquées et ne peuvent en aucun cas s’inscrire dans le cadre
conceptuel de la finance d’entreprise.
À l’issue de cette section, doit-on devenir nihiliste parce que, selon la théorie
des marchés à l’équilibre, la politique de financement ou de diversification n’a
aucune influence sur la valeur ?
Loin d’être nihiliste, la théorie des marchés à l’équilibre est une sorte de morale
qui est très utile pour le praticien des affaires mais, comme toute morale, elle n’est
jamais acquise. Sorte de paradis pour un financier, celui-ci doit œuvrer pour
l’atteindre… tout en espérant ne jamais pouvoir achever ce temple de l’ennui…
28.13
La théorie des marchés à l’équilibre* Théorie des marchés à l’équilibre permet de raisonner
globalement. Toutefois elle élude complètement l’intérêt particulier des différentes
parties prenantes dans l’entreprise, même si globalement leur intérêt est commun à
moyen terme.
Parmi les parties prenantes, il ne faut pas oublier les dirigeants dont le
portefeuille personnel est généralement concentré sur leur entreprise et ne peut pas
être aussi bien diversifié que celui des investisseurs, comme le recommande la
finance de marché. D’où des intérêts divergents, souvent accrus par un niveau
d’information différent entre eux. Ce dernier point remet en cause l’une des bases
de la théorie des marchés à l’équilibre : une information partagée par tous (voir le
paragraphe 16.20).
28.14
Deux idées simples sont à la base de la théorie des signaux* Théorie du signal :
■la même information n’est pas partagée par tous : ainsi, les dirigeants d’une
société disposent toujours d’informations bien plus poussées que les investisseurs ;
■même si elle était partagée par tous, la même information ne serait pas perçue
de la même manière, ce que la vie courante confirme fréquemment.
Il n’est donc pas raisonnable de croire que l’information est à tout instant
équitablement partagée, c’est-à-dire symétrique, comme nous l’avons vu lors de la
présentation des marchés efficients. Bien au contraire, l’asymétrie de
l’information* Asymétrie d’information est une règle générale.
En somme, l’information parfaite et équitablement partagée est au plus un objectif,
très souvent un leurre.
Ceci n’est pas sans poser problème. L’asymétrie d’information peut en effet
conduire à ce que les investisseurs sous-évaluent une entreprise qui, de ce fait,
hésitera à faire une augmentation de capital car les dirigeants percevront son cours
comme trop faible. Dès lors, des opportunités d’investissements très rentables
seront peut-être perdues faute de financement ; ou les actionnaires actuels seront
dilués dans de mauvaises conditions financières si l’entreprise procède malgré tout
à l’augmentation de capital.
Par conséquent, le seul savoir-faire ne suffit pas s’il n’est pas accompagné d’un
faire savoir et d’un faire percevoir.
28.15
En effet, l’investisseur est loin d’être naïf et accueille tout signal avec le
degré de scepticisme qui convient.
élevé ;
■ un choix de sources de financement biaisé favorisant les ressources pour
lesquelles l’asymétrie d’information est réduite (l’endettement).
C’est Stephen Ross qui a initié en 1977 les principaux travaux dans ce
domaine.
3 ■ La théorie de l’agence
28.17
La théorie de l’agence* Théorie de l’agence (parfois appelée théorie des mandats* Théorie des
mandats) remet en cause la représentation de la firme comme un acteur unique. Elle
considère l’entreprise comme une fiction légale qui sert de point final à un
processus complexe dans lequel les conflits entre les objectifs des individus (dont
certains peuvent représenter d’autres organisations) sont résolus par la mise en
place d’un réseau de relations contractuelles.
Le comportement de la firme est dès lors comparable à celui d’un marché, en
ce sens qu’il est la résultante d’un processus complexe d’équilibrage, ou, comme
l’écrit A. Quintard : « La théorie de l’agence est bâtie sur une réflexion réaliste.
Les différents partenaires de la vie de l’entreprise (en l’occurrence, les dirigeants,
les actionnaires et les créanciers “financiers”), pris séparément, ont des objectifs et
des intérêts spécifiques qui ne sont pas nécessairement conciliables d’une manière
spontanée ; il y a en conséquence des occasions de conflits entre eux, d’autant plus
que le fonctionnement de l’entreprise moderne, fondé sur la séparation entre la
propriété et le pouvoir, requiert que la gestion soit confiée aux dirigeants par les
fournisseurs de fonds ».
28.18
Cette définition très générale permet d’inclure des domaines aussi variés que
la résolution des conflits entre :
■ créanciers/actionnaires.
Ainsi, les actionnaires mandatent les dirigeants pour gérer au mieux les fonds
qu’ils leur ont confiés. Or, la crainte des actionnaires est que ces gestionnaires
aient d’autres objectifs que la maximisation de la valeur des capitaux propres qui
leur ont été confiés : accroître la taille du groupe au détriment de sa rentabilité,
minimiser le risque de l’actif économique en refusant certains investissements
créateurs de valeur mais qui pourraient mettre en difficulté l’entreprise s’ils
échouaient, etc.
L’endettement* Endettement joue aussi un rôle puisqu’il agit comme une contrainte
sur les dirigeants, les poussant à maximiser les flux de trésorerie de l’entreprise
afin de lui permettre de faire face aux intérêts à payer et aux échéances de
remboursement, faute de quoi l’entreprise fait faillite et les dirigeants perdent leur
travail. Cette maximisation des flux de trésorerie est tout à fait dans l’intérêt des
actionnaires puisqu’elle conduit à des valeurs élevées des capitaux propres.
L’intérêt des dirigeants et celui des actionnaires sont ainsi convergents. D’une
certaine façon, l’endettement est la version moderne du fouet des mines et des
fermes de l’Antiquité !
28.19
Leur apport principal réside dans une tentative de mise en parallèle de la théorie
financière et de la théorie des organisations* Théorie des organisations.
4 ■ Le passager clandestin
28.20
Cette fois nous ne considérons plus les intérêts divergents entre différents
types de pourvoyeurs de fonds, mais les intérêts divergents au sein d’une même
classe.
On qualifie de passager clandestin* Passager clandestin l’investisseur dont l’intérêt est que
les autres investisseurs de la même catégorie réalisent une opération à laquelle il
ne participe pas, mais dont il profite pleinement.
Il faut donc, d’une part, que pour une même catégorie de titres, il existe
plusieurs investisseurs et le plus souvent un grand nombre (c’est vrai pour les
titres cotés et certains crédits syndiqués) et, d’autre part, qu’une opération précise
soit faite en impliquant en quelque sorte un sacrifice (au moins en termes
d’opportunités) de la part des investisseurs de cette catégorie de titres.
Il conviendra, lors d’une décision financière, d’examiner s’il y a des
passagers clandestins et quel est leur intérêt.
28.21
Le lecteur devra bien avoir à l’esprit, avant de faire toutes les simulations de
taux de rentabilité que nous proposerons, qu’un projet, un investissement, une
entreprise ne peuvent avoir une rentabilité extraordinaire que si celle-ci est fondée
sur un avantage stratégique. La théorie des marchés à l’équilibre nous dit que,
normalement, la valeur* Valeur actuelle d’un projet doit être nulle si tous les
mécanismes de la concurrence jouent. Si un financier veut donner des conseils en
matière de choix d’investissements, il doit sans doute « pousser le crayon » et
traduire en termes prévisionnels la véritable rentabilité de l’investissement. Mais il
doit également se faire stratège et appliquer tous les raisonnements économiques
qu’il a appris.
La valeur véritable d’un projet ne s’explique que par une rente économique,
c’est-à-dire une position qui permet d’obtenir un taux de rentabilité des
investissements supérieur au taux de rentabilité exigé compte tenu du risque.
La rente économique* Rente économique est l’essence de la stratégie de l’entreprise : créer
des imperfections dans les marchés de produits et/ou des facteurs de production et
constituer ainsi des barrières à l’entrée que tout dirigeant d’entreprise doit
s’efforcer d’exploiter et de défendre.
D’un point de vue de financier, avoir une stratégie c’est essayer de « gripper » les
mécanismes de marché pour se constituer une rente économique.
28.22
Mais que notre lecteur ne se leurre pas. Une rente économique est faite pour
s’éroder. Un taux de rentabilité plus fort que le taux de rentabilité exigé compte
tenu du risque va naturellement attirer des concurrents (Tesla) ou l’attention des
autorités de la concurrence (Google). Tôt ou tard, la déréglementation et les
progrès technologiques aidant, la rente économique disparaît. Bref, « il n’y a pas
de forteresse imprenable, il n’y a que des forteresses mal assiégées ! ».
28.23
Ceci est une évidence et tout financier fait ses meilleurs efforts pour réduire
l’impact fiscal, dans le respect de l’esprit de la réglementation fiscale et pas
uniquement sa lettre, tant la société n’accepte plus en ce domaine les
comportements perçus comme non responsables.
28.24
Ce chapitre est dense et nous en saurions trop conseiller à notre lecteur qui le
lit pour la première fois de le relire et de le méditer.
La création de valeur n’est pas synonyme, comme elle en est parfois accusée
à la va-vite, de licenciements, de fermetures d’usines, de compression à tout-va
des coûts, de négligence en matière de respect de l’environnement, du droit du
travail et de la dignité humaine. Bien au contraire ! Lorsque l’on regarde la liste
des groupes qui ont durablement créé de la valeur pour leurs actionnaires, souvent
sur de très longues périodes, on s’aperçoit immédiatement qu’il s’agit
d’entreprises qui n’ont eu de cesse d’innover, de croître, de créer des marchés, de
répondre à de nouveaux besoins, d’embaucher et de former, de fidéliser leur
personnel, de créer des liens forts avec leurs clients… Ainsi, Dassault Systèmes,
Apple, Tesla, SEB, BMW, Uniwax, Cogelec…
Une stratégie de compression des coûts ne peut être que temporaire. Elle ne
peut créer durablement de la valeur pour l’actionnaire si elle ne débouche pas
rapidement sur une stratégie de croissance rentable (comme Kraft Heinz le
démontre à son corps défendant).
Créer de la valeur, c’est d’abord éviter d’en détruire. Autrement dit, éviter de
faire de mauvais choix, de perdre une partie de ce qui vous a été confié par un
gaspillage d’une ressource rare, les capitaux propres, qui aurait pu être mieux
allouée pour le profit du plus grand nombre. Éviter de pénaliser l’épargne qui a
pris des risques, et les retraites lorsqu’elles sont par capitalisation.
Comme nous l’avons dit, et c’est l’un des principaux messages de ce
chapitre, le financier d’entreprise raisonne en valeur. Pas en coûts ou en profits.
Pas en bénéfice par action. En valeur.
28.25
Certes l’entreprise peut être volontaire dans ces domaines et devancer les
réglementations. Ainsi, L’Oréal garantit à tous ses salariés dans le monde le même
niveau de protection sociale qu’en France. Et cela fait une sacrée différence pour
les Indonésiens ou les Nigérians ! Mais encore faut-il avoir les moyens
économiques de ce type d’actions. Force est de constater que ce sont aujourd’hui
les entreprises qui créent de la valeur qui peuvent se le permettre.
On peut penser à terme que la relation pourrait s’inverser et qu’il ne sera plus
possible un jour de créer de la valeur sans être d’abord vertueux, tant la majorité
des consommateurs, des talents humains et des investisseurs ne voudront plus
avoir affaire avec des entreprises qui ne respectent pas l’environnement et qui
n’ont pas conscience de leurs responsabilités sociales. Ne nous cachons quand
même pas que nous aurons l’occasion de publier plusieurs nouvelles éditions du
Vernimmen avant que ceci ne devienne réalité.
Résumé
La théorie des marchés à l’équilibre nous enseigne qu’il est très difficile de
créer durablement de la valeur. En effet, les taux de rentabilité dégagés tendent sur
le long terme vers les taux de rentabilité exigés compte tenu des progrès
technologiques et de la déréglementation qui réduisent les barrières à l’entrée et
les rentes économiques que tout manager doit s’efforcer de bâtir et de défendre
même si, tôt ou tard, elles seront laminées. De la même façon, la diversification ou
l’endettement ne peuvent créer de valeur pour l’investisseur qui peut, sans coût à
son niveau individuel, diversifier son portefeuille ou s’endetter. Enfin, l’exigence
de rentabilité de tout investissement est indépendante du portefeuille dans lequel il
se situe : la création de valeur ne peut résulter que de synergies industrielles ; les
synergies financières n’existent pas.
Notre lecteur doit donc comprendre que la création de valeur n’est pas la
simple conséquence d’un calcul de rentabilité. Elle a un fondement économique :
une rente résultant d’une stratégie qui n’a de sens que pour « gripper » les
mécanismes de marché. Le cadre conceptuel de la théorie des marchés à
l’équilibre est donc insuffisant pour expliquer le financement d’entreprise.
La théorie du signal et celle de l’agence (ou des mandats) ont été développées
pour pallier les insuffisances de la théorie des marchés à l’équilibre.
La théorie du signal part du constat que l’information n’est pas partagée par
tous au même moment et que l’asymétrie d’information est la règle. Celle-ci peut
avoir des conséquences néfastes conduisant à des valorisations trop basses ou à
une politique d’investissement sous-optimale. Dès lors, certaines décisions
financières seront prises pour rompre cette asymétrie d’information et seront
qualifiées de signal. Mais pour être qualifiées comme telles, elles devront être
porteuses de conséquences financièrement négatives pour son initiateur au cas où
ce signal se révélerait faux.
[Réponse]
[Réponse]
[Réponse]
4/ Quand crée-t-on de la valeur :
[Réponse]
[Réponse]
[Réponse]
[Réponse]
[Réponse]
[Réponse]
10/ Montrez qu’une entreprise très rentable et qui dégage sur ses
investissements un taux de rentabilité supérieur au taux de rentabilité exigé peut
voir cependant son cours baisser.
[Réponse]
[Réponse]
[Réponse]
[Réponse]
[Réponse]
[Réponse]
[Réponse]
17/ De plus en plus les grands groupes demandent à leurs plus hauts dirigeants
de consacrer une part importante de leur patrimoine (souvent plus de 40 %) à
l’achat de leurs actions. Quelle théorie explique ce type de comportement ?
Pourquoi ?
[Réponse]
[Réponse]
Exercice
e) Qu’en concluez-vous ?
[Réponse]
Le fait qu’un conglomérat vaille moins que les parties qui le composent. En
démantelant les conglomérats cf. Lagardère, Siemens, General Electric.
C’est la force d’une bonne stratégie d’entreprise, mais il est évident que, si les
marchés industriels sont efficients, cela est impossible. Macro-économiquement
cela peut-être un simple transfert de valeur entre, par exemple, les clients et les
actionnaires.
Si un conglomérat lève des fonds de 100 pour les investir dans différents
actifs, et qu’une décote de 25 % s’applique, les 100 ne valent plus alors que 75 et
c’est à ce prix que de nouvelles actions seront émises et non à 100. D’où un coût
des capitaux propres plus élevé puisque la valeur est plus faible sans que les flux
ne soient moindres pour autant.
Non car une décision de politique financière n’est un signal que si elle est
porteuse de conséquences financières négatives pour son initiateur au cas où le
signal se révélerait faux.
Une rente économique est une position dans laquelle il est possible d’obtenir
un taux de rentabilité économique supérieur au taux de rentabilité exigé compte
tenu du risque grâce à un avantage stratégique particulier. Son fondement est un
déséquilibre (provisoire) du marché.
Ceci ne peut pas être qualifié de signal car l’entreprise n’a pas le choix si elle
veut échapper à la faillite que de faire une augmentation de capital. Une décision
ne peut être qualifiée de signal que si elle est prise librement avec une vraie
alternative.
La théorie de l’agence, afin que les critères financiers des dirigeants soient
réconciliés avec ceux des actionnaires qui les ont mandatés dans leur rôle de
manager.
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financière des dirigeants, options et autres instruments d’intéressement, 2e édition,
Economica, 2015.
De Jong M., Röder T., Stumpner P., Zaznov I., « Working hard for the money:
The crunch on global economic profit », McKinsey Quarterly, 21 avril 2023.
Goedhart M., Koller T., « The value of value creation », McKinsey Quarterly,
16 juin 2020.
Goedhart M., Koller T., Wessels D., « The real business of business »,
McKinsey Quarterly, mars 2015.
Hunt V., Simpson B., Yamada Y, « The case for stakeholder capitalism »,
McKinsey Quarterly, 12 novembre 2020.
29.1
29.2
29.3
sont apparus avec la prise de conscience que la rentabilité dégagée est, en tant que
telle, un critère insuffisant en matière de valeur puisqu’elle ne prend pas en
compte la notion de risque. La rentabilité dégagée reste à comparer au coût des
capitaux employés. Ainsi la rentabilité économique doit être mise en regard du
coût moyen pondéré du capital1 (ou coût du capital* Coût du capital, le WACC* WACC des
Anglo-Saxons) pour mesurer si de la valeur a été créée ou détruite.
29.4
création de valeur est indiscutablement la valeur actuelle nette* Valeur actuelle nette (VAN) (la
VAN* VAN du chapitre 17) puisque, par construction, elle mesure exactement la
valeur créée. Mais son calcul, qui s’étend nécessairement sur plusieurs périodes, la
rend souvent complexe pour l’analyste externe qui ne dispose pas de toutes les
informations nécessaires. D’où le recours à des indicateurs plus simples comme
ceux que nous venons de voir, mais aussi plus approximatifs et qui peuvent parfois
induire en erreur si l’on n’y prend garde.
29.5
Les indicateurs de nature boursière : la Market Value Added* Market value added (MVA)
■
(MVA* MVA pour les intimes) et le Total Shareholder Return* Total Shareholder Return (TSR)
(TSR* TSR) sont, eux, fortement influencés par la conjoncture boursière. La MVA
correspond à l’écart entre, d’une part, la somme de la valeur boursière des
capitaux propres et de l’endettement net, et d’autre part, le montant comptable de
l’actif économique ; elle s’exprime en euro. Le TSR s’exprime en pourcentage et
correspond conceptuellement à l’addition du taux de rendement de l’action
(dividende/valeur de l’action) et du taux de plus-value (plus-value sur la
période/valeur initiale de l’action). C’est le taux de rentabilité pour l’actionnaire
qui achète ses actions en début de période, touche des dividendes qu’il réinvestit
en actions de la même société et revend le tout en fin de période.
Dès lors, et c’est là leur principale faiblesse, ces deux indicateurs peuvent
faire apparaître une destruction de valeur (qui résulte de la baisse des anticipations
de profits futurs) alors même que l’entreprise a dégagé sur son actif économique
une rentabilité supérieure au coût du capital. C’est le cas de Bic dont le cours de
Bourse baisse depuis 2015 alors que la rentabilité de son actif économique a
toujours été supérieure à 12 % par an sur la période, pour un coût du capital de
l’ordre de 8 %. À l’inverse, en cas d’euphorie boursière, une société aux
performances économiques médiocres peut afficher des TSR et une MVA
flatteurs. Certes, sur longue période, les hauts et les bas sont lissés et une société
aux performances modestes aura un TSR et une MVA en rapport ; mais dans
l’intervalle il peut y avoir des écarts considérables.
Le TSR sert parfois d’indice pour des rémunérations variables. La MVA est
peu utilisée.
29.6
29.7
Le lecteur aura bien compris qu’à la notion de valeur telle que nous l’avons
définie correspondait parfaitement l’outil de la valeur actuelle nette* Valeur actuelle nette
(VAN). On verra que faire de la finance d’entreprise c’est être perpétuellement à la
Si la VAN* VAN est très utilisée à l’intérieur des entreprises pour faire des choix
d’investissement (voir le paragraphe 30.2), elle n’est en revanche quasiment pas
utilisée par l’entreprise dans sa communication extérieure sur sa création de
valeur.
Si elle devait le faire, elle serait conduite à donner publiquement des éléments
précis sur son plan d’affaires, sur ses flux de trésorerie futurs. Aucune entreprise
n’est prête à le faire pour ne pas donner des informations confidentielles à ses
concurrents, ni donner l’impression de prendre des engagements de performance
qu’elle pourrait ne pas tenir car dépendants d’une conjoncture économique et
financière qu’elle ne maîtrise pas.
29.8
Moins ambitieux que la valeur actuelle nette, le profit économique* Profit économique
ou l’Economic Value Added (EVA)* EVA mesure l’enrichissement de l’entreprise sur
un exercice et tient compte, non seulement du coût de la dette comme le fait le
résultat net, mais aussi du coût des capitaux propres.
L’innovation de l’approche du profit économique ou de l’EVA* Economic Value Added (EVA) (R)
consiste à dégager un niveau de résultat à partir duquel de la valeur est créée
puisque ce dernier est calculé après rémunération des créanciers et des
actionnaires sur les fonds qu’ils ont apportés à l’entreprise.
29.9
29.11
Enfin, une entreprise peut être tentée de maximiser son EVA une année au
détriment des EVA futures en sous-investissant ou en réduisant artificiellement
son BFR. De façon générale, il est très difficile de trouver un indicateur annuel qui
soit le garant de la création de la valeur d’une entreprise : seule la valeur actuelle
de l’ensemble des flux futurs peut rendre compte de la capacité de l’entreprise à
créer de la valeur dans la durée.
Section 4 ■ Les critères boursiers
29.12
Pour l’entreprise cotée, la création de valeur boursière* Création de valeur boursière (Market
Value Added* Market value added (MVA) ou MVA* MVA en anglais), correspond à :
29.13
29.14
Le Total Shareholder Return* Total Shareholder Return (TSR) (TSR* TSR) se calcule comme le
taux de rentabilité de l’actionnaire qui a acheté l’action en début de période, a
touché des dividendes, que l’on suppose, le plus souvent réinvestis dans l’achat de
nouvelles actions, et qui valorise, en fin de période, son portefeuille sur la base du
dernier cours de l’action.
Pour être significatif, ce calcul doit être effectué sur une assez longue période
(5 à 10 ans) afin de lisser l’impact de variations boursières erratiques (bulles et
krachs).
Les marchés n’étant pas toujours à l’équilibre, il n’y a pas de liens automatiques
entre création de valeur intrinsèque et création de valeur boursière, en particulier
en période de krach (ou de boom) quand une entreprise peut gagner plus (moins)
que son coût du capital et pourtant avoir une valeur boursière de son actif
économique qui s’effondre (explose).
Section 5 ■ Les critères comptables
29.15
Notre lecteur comprendra très vite qu’il n’est pas possible de s’arrêter à la
maximisation de ces critères pour maximiser la valeur, même s’ils sont
apparemment liés par un coefficient à la valeur ou au taux de rentabilité exigé. En
fait, il n’existe pas de rapport constant et automatique entre l’amélioration de ces
critères et la création de valeur.
29.16
Le bénéfice par action* Bénéfice par action (BPA) (BPA* BPA) reste le favori de beaucoup de
financiers d’entreprise, en particulier en matière de communication financière.
Malgré ses limites, il reste le plus utilisé aujourd’hui en raison du lien direct qui
l’unit à la valeur de l’action par le multiple du résultat net (PER* PER). L’utilisation
du bénéfice par action est fondée sur trois méprises :
■croire que le bénéfice par action prend en compte le coût des capitaux propres
et donc le risque ;
■ croire que les données comptables ont une influence mécanique sur la valeur
de l’entreprise. Ce n’est pas en changeant de méthode comptable (stocks,
amortissements, traitement du goodwill…) que l’on peut modifier la valeur de
l’entreprise et ce, même si l’on modifie le BPA ;
■ croire que toute décision financière qui tend à faire croître le bénéfice par
action fait croître la valeur. Ceci suppose que le PER reste constant avant et après
la décision financière, alors que, dans bien des cas, cette hypothèse est erronée. La
valeur n’est donc pas un multiple constant du bénéfice par action car la décision
prise peut affecter l’appréciation par les investisseurs du risque et du potentiel de
croissance de l’entreprise, et donc le niveau de PER de l’entreprise.
29.17
29.18
Nous ne saurions trop insister auprès de notre lecteur pour le mettre en garde
contre la fréquente assimilation de la croissance du bénéfice par action à la
création de valeur et, parallèlement, de la dilution du BPA avec la destruction de
valeur. Ceci est généralement faux car le BPA est un critère comptable et non un
critère de valeur.
Le problème n’est pas de savoir s’il y a dilution ou croissance (relution)
du BPA* Croissance (relution) du BPA de C, mais de savoir si D n’a pas été payée trop cher.
Dans ce cas particulier, non, compte tenu de l’absence de prime de contrôle par
rapport aux valeurs d’équilibre et du dégagement de synergies industrielles. Après
cette opération, l’action C pourra être payée sur la base d’un PER plus élevé car le
taux de croissance de ses résultats devrait être plus fort grâce à l’apport des
activités de D qui ont un taux de croissance plus élevé. Au total, le PER plus élevé
de C devrait compenser, et au-delà, l’effet dilution du BPA de C, entraînant une
progression de la valeur de l’action, ce qui est logique compte tenu de la création
de valeur réalisée grâce aux synergies industrielles.
29.19
Si ces trois conditions sont respectées, alors notre lecteur est en droit
d’assimiler croissance du BPA et création de valeur, dilution du BPA et destruction
de valeur.
29.20
Getlink publie depuis 2023 une marge d’EBE décarbonée (mais en retenant
un prix de la tonne de carbone à 197 €...).
Une fois ce calcul effectué, rien n’empêche de corriger les autres indicateurs
de création de valeur présentés dans ce chapitre de la même façon.
29.21
le taux de rentabilité des capitaux propres* Taux de rentabilité des capitaux propres : RCP ou
■
■ le taux de rentabilité économique* Taux de rentabilité économique Re ou ROCE* ROCE* Return on capital
employed, dont, tout comme le précédent, nous avons fait la connaissance au
paragraphe 14.3 ;
le Cash Flow Return on Investment* Cash-flow Return On Investment (CFROI) (CFROI* CFROI) qui,
■
29.22
soit une valeur de l’actif économique de 35/10 % = 350 (+ 150), pour une
rentabilité économique de 35/200 = 17,5 %.
Plus généralement, la valeur d’une entreprise s’accroît d’un montant supérieur aux
fonds engagés tant que la rentabilité de l’investissement est supérieure au taux de
rentabilité exigé.
Considérons à l’inverse la société Haddock qui dégage une rentabilité
économique de 5 % sur un actif économique de 100. Si l’exigence des
pourvoyeurs de fonds est toujours de 10 %, la valeur de l’actif économique de Y
est de 5/10 % = 50.
29.23
29.25
Les outils de mesure de la création de valeur peuvent être rangés dans quatre
compartiments :
■ les outils boursiers qui mesurent soit l’écart entre la valeur de l’actif
économique et son montant comptable (la MVA des Anglo-Saxons), soit le taux de
rentabilité de l’actionnaire compte tenu de la progression de la valeur de l’action et
des dividendes versés (Total Shareholder Return, TSR). Ils n’ont de sens que sur
une moyenne période pour leur permettre d’échapper aux fluctuations boursières
qui peuvent les déconnecter de la réalité économique ;
■ les outils comptables qui ont justement le grand défaut d’être comptables,
c’est-à-dire de n’intégrer ni le risque, ni la rémunération des capitaux propres :
bénéfice par action (BPA) relié à la valeur de l’action par le PER, capitaux propres
par action reliés à la valeur de l’action par le PBR, les taux de rentabilité
comptable (des capitaux propres, ROE, ou de l’actif économique, ROCE) à
comparer au coût des capitaux propres (ou au coût moyen pondéré du capital,
WACC).
[Réponse]
[Réponse]
[Réponse]
[Réponse]
5/ Une entreprise avec un résultat net positif peut-elle faire apparaître un profit
économique négatif ?
[Réponse]
[Réponse]
[Réponse]
8/ Que pensez-vous de cette citation de A. Mandron : « une série d’EVA
positives ne peut signaler que deux choses : ou bien une situation de monopole
plus ou moins temporaire (par exemple une haute technologie) ou bien une
mauvaise estimation du coût du capital » ?
[Réponse]
[Réponse]
[Réponse]
11/ Une entreprise peut-elle créer de la valeur et avoir un TSR négatif sur 1
an ? Sur 10 ans ?
[Réponse]
[Réponse]
13/ Si vous alliez sur une île déserte en compagnie d’un seul critère de mesure
de création de valeur, lequel prendriez-vous ? Pourquoi ?
[Réponse]
14/ Un BPA en baisse après une acquisition, une cession, etc. est-il synonyme
de destruction de valeur ?
[Réponse]
15/ Un BPA en hausse après une acquisition, une cession, etc. est-il synonyme
de création de valeur ?
[Réponse]
[Réponse]
17/ Quel est le défaut des classements d’entreprises fondés sur l’EVA ?
[Réponse]
[Réponse]
[Réponse]
[Réponse]
Exercices
[Réponse]
[Réponse]
Une imposture intellectuelle ! Le TSR n’a de sens que calculé sur au moins 5
ans pour éliminer les variations boursières brutales. Sur 1 an, il s’agit de la
rentabilité annuelle du titre.
Non, car étant en perte, elle ne couvre pas le coût de ses capitaux propres et
donc pas le coût de ses capitaux.
Oui, si le résultat net est insuffisant pour couvrir le coût des capitaux propres.
À la VAN.
Que le risque de l’actif économique, que la structure financière et que le taux
de croissance soient les mêmes avant et après cette opération.
Sur 1 an oui, sur 10 ans c’est plus rare car les fluctuations brutales des cours
sans lien avec les performances économiques de l’entreprise se compensent.
De se focaliser sur un indicateur annuel qui ne tient pas compte d’une politique
d’investissement qui peut mettre plus d’un an à porter ses fruits.
Non, la création de valeur passe souvent par le développement de nouveaux
produits et de nouveaux marchés, donc par la croissance des effectifs.
MVA 2022 = 23,9 – 53,2 = – 29,3 Md$. Non, car l'EVA est négative en 2022
et car les investisseurs ne pensent pas que ArcelorMittal puisse renouveler sa
rentabilité exceptionnelle de 2021 (voir le paragraphe 14.24).
Bibliographie
Autorité des marchés financiers, Étude portant sur les indicateurs publiés dans
les communiqués au titre de la période 2009 et leurs liens avec les comptes,
17 novembre 2010.
Kaiser K., Young S., The blue line imperative: What managing for value really
means, Wiley, 2013.
… approfondir le TSR…
Deelder B., Goedhart M., Agrawal A., « A better way to understand TSR »,
The McKinsey Quarterly été 2008, no 28, pages 26 à 30.
Le Fur Y., Quiry P., « Comment calculer le TSR quand l'entreprise a racheté
des actions ? », La Lettre Vernimmen.net juillet 2020, no 181, pages 6 à 7.
Le Fur Y., Quiry P., « L’innovation de Danone pour intégrer le coût de son
empreinte carbone dans ses comptes sera-t-elle durable ? », La Lettre
Vernimmen.net décembre 2020, no 184, pages 1 à 7.
Porter M., Kramer M., « Creating shared value », Harvard Business Review
janvier-février 2011, vol. 89, no 112, pages 62 à 77.
Chapitre 30
Le choix d’investissement
30.1
30.2
Chaque investissement est caractérisé par une valeur actuelle nette (VAN)
qui est égale au montant de la valeur créée par cet investissement. Rappelons
que la valeur actuelle nette d’un investissement est la valeur des flux de trésorerie
(positifs ou négatifs) liés à l’investissement, actualisés au taux de rentabilité exigé
par le marché compte tenu du risque de cet investissement.
D’un point de vue financier, un investissement dont la VAN est positive mérite
d’être réalisé, puisqu’il créera normalement de la valeur si la réalité est conforme
aux prévisions faites. À l’inverse, et toujours d’un point de vue financier, un
investissement dont la VAN est négative ne doit pas être réalisé puisqu’il va
détruire de la valeur.
Pourtant, parfois, des investissements à la VAN négative sont réalisés car ils
apparaissent comme stratégiques pour protéger une position, ouvrir de nouveaux
marchés à forts potentiels difficiles à quantifier aujourd’hui, etc. Cependant, ne
nous leurrons pas, si leur VAN est effectivement négative, il faudra que tôt ou tard
d’autres investissements ayant une VAN positive viennent compenser la
destruction de valeur qu’ils auront causée ; sinon l’entreprise court à sa perte.
Un investissement dont la VAN est nulle ne créera pas de valeur, il n’en détruira
pas non plus ; il pourra ou non être réalisé.
30.3
Le TRI est tout simplement, comme son nom l’indique, le taux de rentabilité
de l’investissement. Si le TRI est supérieur au taux de rentabilité à exiger de
l’investissement compte tenu de son risque, alors cet investissement vaut la peine,
d’un point de vue financier, d’être réalisé. Au contraire, si son TRI est inférieur au
taux de rentabilité à exiger compte tenu de son risque, alors cet investissement ne
mérite pas, d’un point de vue financier, d’être réalisé.
Rappelons que le critère de la valeur actuelle nette* Valeur actuelle nette (VAN) (VAN* VAN)
est le meilleur critère pour choisir ou refuser un investissement, qu’il soit
industriel ou financier, puisque la VAN mesure la création de valeur induite par
l’investissement (voir le paragraphe 29.7). La VAN et le TRI conduisent aux
mêmes décisions lorsqu’il s’agit de savoir si un investissement peut être, d’un
point de vue financier, entrepris ou non. Ce n’est que lorsqu’il faut choisir entre
deux investissements mutuellement exclusifs que le critère du TRI est moins bon
que celui de la VAN.
30.4
J. Graham et C. Harvey ont mené, à la fin des années 1990, une large enquête
auprès des dirigeants et directeurs financiers américains afin de déterminer quels
sont les outils qu’ils utilisaient et quels critères ils retenaient pour prendre une
décision financière. Il en ressort qu’en matière de choix d’investissement, la valeur
actuelle nette* Valeur actuelle nette (VAN) et le taux de rentabilité interne* Taux de rentabilité interne (TRI) sont, à
juste titre, les critères les plus regardés. Ainsi 75 % des directeurs financiers
retiennent systématiquement ces deux critères pour évaluer un investissement. Et
cette proportion s’accroît au cours du temps, montrant que la pédagogie en finance
n’est pas totalement inutile.
Il est intéressant de noter que les grands groupes utilisent plus souvent les
critères de la VAN et du TRI que les PME et que les dirigeants diplômés d’un
MBA les retiennent systématiquement, alors que les dirigeants les plus âgés ont
souvent recours au délai de récupération (que nous verrons au paragraphe 30.18).
Utilisation des critères de choix d'investissement
La situation est très différente dans les PME où, selon M. Danielson et
J. Scott, l’intuition arrive en tête (26 %), suivie du délai de récupération* Délai de récupération
(19 %), du taux de rentabilité économique* Taux de rentabilité économique (14 %) et enfin de la
VAN* VAN (12 %).
Section 2 ■ Les principaux raisonnements
30.5
il faut raisonner marginalement en tenant compte de tous les flux induits par
■
30.6
2 ■ Raisonner en différentiel
30.7
Il faut tenir compte des flux induits par l’investissement étudié, de tous les
flux induits par l’investissement et d’eux seuls. Ce qu’il importe en effet de
mesurer, ce sont toutes les conséquences de l’investissement sur la trésorerie de
l’entreprise. Certaines sont évidentes et sont facilement mesurées, d’autres le sont
moins.
Une société de parfum s’apprête à lancer une nouvelle ligne de produits qui
risque de réduire de moitié les ventes de ses parfums actuels. Faut-il tenir compte,
dans le calcul de la rentabilité de l’investissement, de cette baisse des ventes ?
Oui, car il y a transfert de clientèle créé par l’apparition de cette nouvelle ligne de
produits.
Raisonner en différentiel conduit à ne retenir que les flux de trésorerie futurs qui
seront induits par l’investissement, et eux seuls. Il s’agit de calculer la contribution
marginale de l’investissement aux flux de l’entreprise.
3 ■ Raisonner en opportunité
30.8
Pour un financier, la valeur d’un actif est une valeur marchande représentant le
prix auquel il pourrait l’acquérir (décision d’investissement) ou le prix qu’il
pourrait en tirer (décision de désinvestissement). Dans cette optique, la valeur
comptable, ou coût historique, ne présente aucun intérêt, si ce n’est en ce qui
concerne ses implications fiscales (impôt payé sur plus-values comptables, crédit
d’impôt obtenu sur moins-values comptables).
30.9
30.10
■les résultats dégagés par l’investissement entraînent une imposition qu’il faut
intégrer au calcul ;
6 ■ Rester cohérent !
30.11
Que notre lecteur n’oublie pas d’être cohérent, c’est le meilleur conseil que
nous puissions lui donner !
Raisonne-t-il avec des flux dans une devise donnée ? Le taux d’actualisation
doit correspondre au taux de rentabilité exigé dans cette devise.
7 ■ Et la transition énergétique ?
30.12
Cela étant dit, une entreprise n’est pas forcée de retenir parmi des
investissements mutuellement exclusifs celui ayant la meilleure VAN s’il
s’accompagne d’un bilan carbone peu brillant. L’entreprise peut même décider de
retenir un investissement à VAN négative pour aller dans le bon sens. Mais dans
un marché concurrentiel, une entreprise ne peut pas être seule à être vertueuse.
Certaines entreprises allouent un coût du capital plus faible aux projets plus
verts. Loin d’être une fiction, cela peut refléter le coût marginalement plus faible
des ressources.
Section 3 ■ Les flux de trésorerie à retenir
30.13
L’investissement pouvant avoir une durée de vie limitée, il est alors possible
de prévoir les flux sur l’ensemble de cette période. Mais généralement, la durée de
l’investissement n’est pas définie ; il y aura donc, à une date éloignée dans le
temps, une sortie, que l’investissement soit liquidé ou vendu. Le financier doit
alors prévoir l’ensemble des flux de trésorerie sur une période, l’horizon
explicite* Horizon explicite, et raisonner en valeur résiduelle* Valeur résiduelle de l’investissement
au-delà. La valeur résiduelle résume l’ensemble des flux qui s’étendent au-delà de
l’horizon explicite jusqu’à l’infini. Cette valeur résiduelle, bien que souvent
éloignée dans le temps et donc faible une fois actualisée, n’est cependant pas à
négliger.
30.14
30.15
1 ■ Le délai de récupération
30.18
Le délai de récupération* Délai de récupération (ou pay-back ratio* Pay-back) indique le temps
nécessaire à la récupération du montant de l’investissement. Lorsque les flux de
trésorerie annuels sont identiques, le délai de récupération est égal à :
Lorsque les flux annuels ne sont pas égaux, il convient de cumuler les flux de
trésorerie jusqu’à obtenir une somme nulle, comme dans l’exemple suivant :
Le cumul des flux pour la période 2 est de – 0,3 ; il est de 0,1 pour la période
3. Le délai de récupération est donc compris entre 2 et 3 ans. Par interpolation
linéaire, on trouve un délai de récupération égal à 2,75 ans.
30.19
3 ■ L’indice de profitabilité
30.20
L’indice de profitabilité* Indice de profitabilité (IP) est fondé sur la valeur actuelle nette,
mais il distingue les flux positifs et les flux négatifs (investissements) du projet.
Ainsi il est égal à :
Notre lecteur aura remarqué que tout comme le TRI, l’indice de profitabilité
ne permet pas de tenir compte de la taille du projet, et deux projets avec le même
IP pourront générer des VAN très différentes !
L’indice de profitabilité est généralement utilisé lorsque la société a des
ressources limitées à investir et qu’elle ne peut pas, ou ne veut pas, faire appel à
des ressources externes, même pour financer des projets rentables. Le bon critère
d’investissement consistera alors, dans l’enveloppe de la somme disponible pour
l’investissement, à retenir les investissements avec le plus fort indice de
profitabilité, dès lors qu’ils sont supérieurs à 1.
Résumé
■ d’abord et avant tout la valeur actuelle nette (VAN) qui est le meilleur critère
puisqu’elle mesure la création de valeur engendrée par l’investissement ;
Les flux à prendre en compte dans le calcul d’une VAN, d’un TRI ou du délai
de récupération correspondent aux flux de trésorerie disponibles :
Pour être sûr de ne pas faire d’erreur de raisonnement, notre lecteur devra
raisonner :
Que notre lecteur n’oublie pas de rester toujours cohérent, c’est le meilleur
conseil que nous puissions lui donner !
– marginalement ;
[Réponse]
[Réponse]
[Réponse]
[Réponse]
[Réponse]
7/ Quel est le rôle de la dotation aux amortissements dans le calcul des flux à
actualiser ?
[Réponse]
8/ Quel est le système d’amortissement optimal pour une firme non imposée ?
Même question lorsqu’elle est normalement imposée.
[Réponse]
e) l’amortissement de l’usine ;
h) la constitution du BFR ?
[Réponse]
10/ Dans quel cas peut-on négliger l’investissement en BFR ?
[Réponse]
11/ Donnez des exemples d’investissements pour lesquels il ne faut surtout pas
négliger la valeur résiduelle.
[Réponse]
[Réponse]
[Réponse]
14/ Une subvention d’investissement doit-elle être prise en compte dans les
flux d’investissement ou en diminution du taux d’actualisation ?
[Réponse]
[Réponse]
16/ N’est-il pas choquant pour une entreprise qui n’est pas soumise à l’achat
de crédits carbone de prendre néanmoins en compte leur coût fictif pour ses
calculs de choix d’investissement ?
[Réponse]
[Réponse]
[Réponse]
Exercices
[Réponse]
- achat d’une nouvelle machine pour 2 M€, d’une durée de vie de 5 ans, valeur
résiduelle nulle. L’amortissement est linéaire sur 5 ans. Des économies de charges
sont réalisées pour 0,8 M€ par an ;
Compte tenu du taux d’imposition sur les bénéfices et sur les plus/moins-
values de 25 %, quelle est pour l’entreprise la « valeur » de la nouvelle machine
dont l’achat est envisagé (le taux de rentabilité exigé pour les investissements de
cette nature est de 12 %) ?
[Réponse]
[Réponse]
[Réponse]
Électronique Industrielle peut fabriquer cette pièce dans ses ateliers à un coût
de 3 € l’unité si elle achète une nouvelle machine. Celle-ci coûte 78 000 €, pourra
servir 10 ans et aura alors une valeur résiduelle nulle. La société requiert en
général une rentabilité de 10 % après impôt de ses investissements industriels. Elle
les amortit linéairement et son taux d’imposition est de 25 %.
[Réponse]
[Réponse]
8/ Un investissement initial de 500 dans une machine amortie sur 5 ans génère
un excédent brut d’exploitation de 433 pendant 5 ans. Un BFR induit de 500 est à
prévoir. L’impôt est de 25 % et la valeur résiduelle est nulle.
Quel est son TRI, et son taux de rentabilité économique après impôt selon
que l’investissement est amorti linéairement sur 5 ans ou dégressivement sur cette
durée (40 %, 30 %, 20 %, 5 %, 5 %) ? Qu’en pensez-vous ?
[Réponse]
b) Faut-il prendre en compte le salaire d’un extra qui devra être embauché
pour remplacer une serveuse qui partira en congé de maternité pendant toute la
durée des travaux ? Pourquoi ?
[Réponse]
Voir ce chapitre.
Peu importe puisque l’entreprise ne paie pas d’impôt sur les sociétés.
L’amortissement le plus rapide afin de reporter dans le temps le paiement de
l’impôt et donc en réduire sa valeur actuelle.
Dans les flux d’investissement car ils viennent en diminution des flux à
investir et non en diminution du risque qui reste le même.
À 10 %, non car la VAN est négative ; à 15 %, oui car la VAN est alors
positive.
Oui car la VAN de l’investissement est de – 1 500 €.
b) Oui, car si le restaurant n’était pas transféré dans les locaux du confrère
pendant la durée des travaux, cet extra n’aurait pas eu à être embauché.
e) Oui, car c’est un produit entraîné par l’exploitation du restaurant dans les
locaux du confrère.
f) Oui. On ne prend en effet que les flux marginaux. Les achats d’aliments,
payés comptant, en sont clairement un.
g) Oui, car si Thierry ne transférait pas l’exploitation de son restaurant pendant
les travaux dans les locaux de son confrère, il n’y aurait pas cette dépense qui
constitue l’investissement.
k) Non, car c’est un autre investissement pour lequel la décision de faire a déjà
été prise.
Bibliographie
Brounen D., Jong (de) A., Koedijk K., « Corporate finance in Europe:
confronting theory with practice », Financial Management hiver 2004, vol. 33,
no 4, pages 71 à 101.
Graham J., Hanlon M., Shevlin T., Shroff N., « Tax rates and corporate
decision-making », Review of Financial Studies septembre 2017, vol. 30, no 9,
pages 3128 à 3175.
Graham J., Harvey C., « The theory and practice of corporate finance:
evidence from the field », Journal of Financial Economics mai-juin 2001, vol. 60,
nos 2-3, pages 187 à 243.
Krüger P., Landier A., Thesmar D., « The WACC fallacy: the real effects of
using a unique discount rate », Journal of Finance juin 2015, vol. 70, no 3, pages
1253 à 1285.
Mukherjee T., Baker H., D’Mello R., « Capital rationing decisions of “Fortune
500” firms – Part II », Financial Practice and Education automne-hiver 2000, vol.
9, no 1, pages 7 à 15.
31.1
La détermination du coût du capital* Coût du capital, aussi appelé coût moyen pondéré
du capital* Coût moyen pondéré du capital, ou WACC* WACC1 en anglais, n’est certainement pas
toujours simple mais elle est fondamentale en finance. Le coût du capital sert en
effet au choix d’investissement (c’est le taux auquel les flux sont actualisés dans le
calcul de la VAN ou celui auquel est comparé le TRI) et à la détermination de la
valeur de l’actif économique (voir le chapitre 33) et donc de l’action. C’est dire
son importance !
Avant de pénétrer plus avant dans ce chapitre, que notre lecteur fasse
attention à ne pas confondre le coût du capital, c’est-à-dire le coût moyen pondéré
des capitaux apportés à l’entreprise par ses actionnaires et ses prêteurs, et le coût
des capitaux propres qui n’en est qu’une résultante… et qu’il se méfie d’un usage
immodéré de son tableur sans réflexion préalable !
Section 1 ■ Le coût du capital et le risque de l’actif
économique
31.2
Le coût du capital est le taux de rentabilité minimum que doivent dégager les
investissements de l’entreprise afin que celle-ci puisse satisfaire à la fois
l’exigence de rentabilité des actionnaires (soit le coût des capitaux propres) et
l’exigence de rentabilité des créanciers (soit le coût de l’endettement net). Le coût
du capital est donc le coût de financement global de l’entreprise.
capitaux propres et les dettes de l’entreprise, une fraction de son actif économique
puisque celui-ci se répartit entre les capitaux propres et l’endettement net de
l’entreprise. L’investisseur court donc le risque de cet actif économique.
31.3
la structure des coûts, entre coûts fixes et coûts variables : plus les coûts fixes
■
sont élevés (le ciment ou la sidérurgie par exemple), plus l’entreprise est sensible à
la conjoncture et plus son coût du capital est élevé ;
le taux de croissance des résultats : plus le taux de croissance des résultats est
■
élevé, plus son coût du capital sera élevé. En effet, dans ce cas, l’essentiel de la
valeur de l’entreprise s’explique par des flux éloignés dans le temps, donc très
sensibles à toute variation du marché.
31.4
Mais que notre lecteur comprenne bien que le coût du capital n’est pas une
moyenne pondérée de deux coûts indépendants. Il préexiste à ces coûts. Le coût du
capital détermine le coût des capitaux propres et le coût de l’endettement en
fonction de leur pondération, et non l’inverse.
Ceci est fondamental. Nous verrons que ce n’est que dans un but pratique
que l’on reconstitue le coût du capital à partir des coûts respectifs de l’endettement
net et des capitaux propres.
Section 2 ■ Le calcul du coût du capital
31.5
Le coût du capital peut se calculer de trois façons différentes : soit par une
méthode directe* Méthode directe, soit par une méthode indirecte* Méthode indirecte, soit enfin grâce
à la valeur de l’actif économique.
31.6
31.7
Soit :
31.8
31.9
Notre lecteur aura noté que cette dernière formule diffère de celle du
paragraphe 31.7, non seulement du fait d’un βD supposé nul, mais également par
l’introduction du taux d’imposition sur les sociétés (IS). La relation qui existe
entre le β de l’actif économique et le β des capitaux propres ne fait pas l’unanimité
et dépend des hypothèses retenues pour l’évolution de la structure financière2.
31.10
Lié à la valeur des titres, le coût du capital représente le coût que l’entreprise
aurait à payer pour s’approvisionner en capitaux et reconstituer ainsi l’ensemble
de son passif, ceci quels que soient les coûts comptables de ses ressources
actuellement utilisées. Il représente, par là même, l’introduction de la logique du
marché financier au sein de l’entreprise.
Ainsi, une entreprise financée par 100 de capitaux propres coûtant 8 % et par
50 de dettes coûtant 3 % avant impôt à 25 % a un coût du capital de 6,1 %3.
31.11
■par un coût des capitaux propres plus élevé puisque le β des capitaux propres
augmente avec le poids de l’endettement net, comme l’illustre ce graphique pour
le secteur agroalimentaire ;
■et par un coût de l’endettement net plus élevé comme la consultation des
graphiques du paragraphe 22.12 le rappelle.
31.12
Il faut alors résoudre cette équation avec k comme inconnue. Cela dit, la
difficulté d’établir un consensus de marché des flux de trésorerie disponibles sur
longue période fait que ce calcul est rarement mené.
31.13
Le coût du capital est une notion financière qui exprime à un moment donné
le taux de rentabilité exigé par les investisseurs ; ce n’est donc pas une notion
comptable. Il ne faut donc pas le confondre avec la rentabilité de l’actif
économique qui mesure la rentabilité obtenue.
Nous n’apprendrons pas à notre lecteur qu’il y a souvent une différence entre
ce que l’on souhaite et ce que l’on obtient4 !
N’étant pas un concept comptable, le calcul du coût du capital repose
non sur des données comptables, mais sur des données de marché.
Le coût des capitaux propres* Coût des capitaux propres n’est ni l’inverse du PER, ni la
rentabilité des capitaux propres (RCP), ni le taux de rendement, mais le taux de
rentabilité exigé actuellement par l’actionnaire tel que mesuré par le MEDAF
(voir le paragraphe 21.5) :
31.14
31.15
Notons également que pour un projet, le niveau de risque peut évoluer avec le
temps. Généralement, on retiendra un coût du capital moyen sur la durée du projet,
mais il peut être plus fin de déterminer un coût du capital par période suivant la
maturité et donc le risque de l’investissement.
Si le risque du projet est différent du risque de l’actif économique de
l’entreprise parce qu’elle se diversifie géographiquement ou sectoriellement à
cette occasion, le coût du capital de l’entreprise ne pourra pas servir de taux de
rentabilité à exiger du projet. Il devra être adapté pour tenir compte du risque
différent du projet. Comme nous le verrons plus bas, le coût du capital à prendre
dans ce cas est celui d’une entreprise présente dans l’activité et la zone
géographique du projet.
31.16
Enfin, en aucun cas, le coût du capital d’un projet ne peut être le coût de la
source de financement qui le finance.
L’entreprise dispose d’un pool de ressources dont les coûts sont interdépendants et
avec lequel elle finance un pool d’emplois. Toute liaison directe entre le coût
d’une source de financement et la rentabilité à exiger d’un investissement ainsi
financé est à bannir.
31.17
Force est de constater aujourd’hui que cette économie est assez marginale
quand elle existe.
3 ■ En matière d’évaluation
31.18
En matière d’évaluation, l’utilisation de la méthode indirecte est moins aisée
puisque la détermination de la valeur des capitaux propres utilise le coût du capital
(voir le paragraphe 33.4) ; or le calcul de celui-ci requiert la valeur des capitaux
propres que l’on cherche justement à estimer ! Trois possibilités existent pour
résoudre ce problème :
■raisonner avec une structure financière cible que l’entreprise devrait atteindre
dans quelques années. Mais dans ce cas, il faut faire attention à bien prendre pour
coût des capitaux propres et pour coût de l’endettement net des coûts qui
correspondent à cette structure financière cible, et non pas les coûts actuels.
C’est malheureusement une erreur fréquemment faite ;
■poser l’équation de la valeur des capitaux propres avec VCP, une inconnue
dans l’équation de détermination de sa propre valeur. Un calcul en boucle est alors
nécessaire, que les tableurs rendent possible. Au bout de plusieurs itérations, il y a
convergence vers une valeur unique des capitaux propres ;
31.19
L’entreprise diversifiée a un coût du capital* Entreprise diversifiée (coût du capital) global qui peut être
calculé comme pour l’entreprise monoactivité. Ce coût du capital global ne doit
cependant pas être appliqué à toutes les divisions si celles-ci n’ont pas le même
niveau de risque que le groupe. Une réflexion par division doit alors être menée.
Chaque division a son propre coût du capital en fonction de son risque.
Ainsi le coût du capital de Bolloré n’a en soi que peu de sens, il n’est qu’une
moyenne a posteriori du coût du capital d’un groupe média (Vivendi), d’un
groupe de musique (Universal Music), d’un distributeur de fuel et d’un fabricant
de batteries électriques…
31.20
Ainsi, une entreprise britannique qui investit en Indonésie ne doit pas utiliser
un taux d’actualisation calculé en se fondant sur des données anglaises sous
prétexte que ses pourvoyeurs de fonds sont anglais.
En effet, les flux du projet sont affectés par le risque systématique* Risque systématique
indonésien (inflation, fiscalité, taux de change…), et non le risque systématique
anglais. Il faut donc prendre un taux sans risque indonésien, retenir le β de l’actif
économique auquel on applique une prime de risque indonésienne, tenir compte
du coût de la dette indonésienne et en aucun cas des paramètres anglais. Cette
approche permet d’éviter l’erreur fréquente d’actualiser des flux libellés dans une
devise donnée en utilisant un taux d’actualisation exprimé dans une autre devise.
31.21
+ Spread souverain
Lorsque le spread souverain est tel que l’État ne peut plus être considéré
comme un emprunteur sans risque (comme le Venezuela), nous conseillons de
retenir comme un pis-aller celui de l’emprunteur national le mieux noté.
Bien sûr, le coût du capital ainsi calculé doit s’appliquer à des flux qui ont été
convertis de la monnaie locale en euro. S’ils sont libellés en dollar, au lieu de
prendre une référence euro pour le taux des obligations et la prime de risque, on
prendra alors une référence américaine.
3,0 %
+ 5,3 – 3,0
+ 0,82 × 6 %
= 10,2 % pour des flux libellés en dollars.
31.22
Nous pensons que l’actionnaire a intégré dans son raisonnement le fait que,
lorsqu’il achète des actions de cette société, il achète à la fois un actif économique
avec un niveau de risque donné et un niveau de trésorerie avec un niveau de risque
quasi nul. Autrement dit, le risque de l’action est inférieur au risque de l’actif
économique compte tenu de la présence structurelle d’une trésorerie nette positive.
Ce n’est pas parce qu’une entreprise dispose d’une trésorerie structurelle que son
coût du capital diffère de celui de l’entreprise qui aurait le même actif
économique, mais qui n’aurait pas de liquidités. Le coût du capital est le même,
seul le coût des capitaux propres diffère.
Les praticiens retiennent souvent un coût du capital égal au coût des capitaux
propres pour les sociétés disposant de cash. C’est une erreur, sauf à supposer que
les actionnaires négligent la sécurité offerte par une trésorerie excédentaire ou que
celle-ci est transitoire.
31.23
Il est souvent considéré que, parce qu’elle est au bord de la faillite, son coût du
capital est très élevé. Rien de plus faux ! Le risque de faillite est un risque
spécifique* Risque spécifique, et non un risque systématique* Risque systématique, il n’a donc pas à
être pris en compte dans le coût du capital. S’il en était différemment, l’entreprise
en grandes difficultés ne pourrait réaliser aucun investissement, demandant un
taux de rentabilité systématiquement plus élevé que les autres entreprises du
secteur qui rafleraient alors toutes les opportunités disponibles. Celle-ci ne
pourrait donc jamais se redresser.
En revanche, son coût des capitaux propres peut être très élevé (des bêtas des
capitaux propres de 3 à 10 pouvant se rencontrer), car la valeur des capitaux
propres est devenue négligeable au regard de celle de l’endettement et donc leur
risque est considérable. Mais comme ils comptent peu dans la structure financière,
leur influence sur le coût du capital est faible.
C’est une banalité de dire que les marchés financiers ne sont pas toujours à
l’équilibre, même si les déséquilibres durent rarement longtemps. L’entreprise
peut être très sur-évaluée comme Esker, Nio ou Rivian mi-2021, ou très sous-
évaluée comme ArcelorMittal début 2020. Un calcul du coût du capital par la
méthode indirecte donne alors un chiffre artificiellement bas pour l’entreprise
fortement sur-évaluée à cause d’un coût des capitaux propres trop faible. On a
alors un coût du financement bien plus faible que le taux de rentabilité à exiger sur
l’actif économique. Et inversement pour l’entreprise fortement sous-évaluée. La
seule façon d’éviter ce biais est de calculer le coût du capital selon la méthode
directe du paragraphe 31.6 qui doit devenir votre méthode préférée comme elle
est la nôtre !
Section 4 ■ Les entrepreneurs* Entrepreneur peuvent-ils agir
sur le coût du capital ?
31.25
Au total, dans un monde à l’équilibre, dans lequel les investisseurs ont des
portefeuilles diversifiés, ce qui est gagné d’un côté est reperdu de l’autre.
31.26
Le coût du capital ou coût moyen pondéré des capitaux, est une notion
fondamentale en finance puisqu’il sert à la fois pour la sélection des
investissements et l’évaluation de l’entreprise.
Ce n’est que pour des raisons de commodités de calcul que le coût du capital
est souvent calculé comme la moyenne pondérée du coût des capitaux propres et
du coût de l’endettement net.
■ soit par une méthode indirecte où il est égal à la moyenne pondérée du coût
des capitaux propres et du coût de l’endettement net ;
Le coût du capital de l’entreprise est une notion globale. Il ne peut être utilisé
en matière de choix d’investissement que pour des projets présentant le même
risque que celui de l’actif économique de l’entreprise. À défaut, un coût du capital
spécifique au projet doit être calculé en évitant l’erreur de l’assimiler au coût de la
source de financement qui le finance.
Pour l’entreprise diversifiée, il existe autant de coûts du capital que de secteurs
dans lesquels elle est présente. De la même façon, chaque pays ou chaque zone
économique a son coût du capital qui dépend du risque politique et
macroéconomique.
Pour les pays émergents, la méthodologie doit être adaptée compte tenu de
l’absence de certaines données (taux d’intérêt sans risque) qui nécessitent de
recourir à des paramètres mondiaux (le β sectoriel).
1/ Dans quel cas le coût du capital est-il égal au coût des capitaux propres ? Le
coût du capital peut-il être égal au coût de l’endettement ?
[Réponse]
[Réponse]
[Réponse]
[Réponse]
[Réponse]
[Réponse]
7/ Une entreprise qui investit dans des projets à la rentabilité inférieure à son
coût du capital pourra-t-elle continuer à se procurer des ressources par
autofinancement ? Par endettement ? Par augmentation de capital ?
[Réponse]
8/ Une entreprise cotée lance une offre publique d’achat sur une autre
entreprise à un prix excessif. Selon la théorie du coût du capital, quelle doit être la
sanction ?
[Réponse]
[Réponse]
10/ Est-ce parce qu’une entreprise s’endette qu’elle a un faible coût du capital,
ou est-ce parce qu’elle a un faible coût du capital qu’elle s’endette ?
[Réponse]
11/ Est-ce parce qu’une entreprise se finance par capitaux propres qu’elle a un
fort coût du capital ou est-ce parce qu’elle a un fort coût du capital qu’elle se
finance par capitaux propres ?
[Réponse]
[Réponse]
13/ Les Éditions de Moulinsart (en Belgique) envisagent d’utiliser une partie
de leur trésorerie pour créer une affaire de conserves de crabe au Maroc. Quel coût
du capital est utilisé pour apprécier cet investissement : 2 % (taux d’intérêt des
placements de trésorerie), 4 % à savoir le double pour tenir compte du risque, 8 %
le coût actuel du capital des Éditions de Moulinsart, ou 13 % ? Pourquoi ?
[Réponse]
14/ Pourquoi, pour une entreprise très sur-évaluée, le calcul du coût du capital
comme moyenne des coûts des financements risque-t-il de donner un coût du
capital trop bas ? Comment y remédier ?
[Réponse]
[Réponse]
Exercices
1/ Quel est le coût des capitaux propres d’une entreprise dont l’action cote
30,2 et qui verse un dividende de 5 pendant 5 ans et de 6 au-delà ?
[Réponse]
2/ Quel est le coût avant impôt de la dette pour une société dont l’endettement
d’une valeur nominale de 1 000 cote 1 037,9 et a une durée de vie de 5 ans
(remboursement in fine) et un taux d’intérêt nominal de 11 % ?
[Réponse]
[Réponse]
[Réponse]
Coût : 100
Taux d’imposition : 25 %
Structure de financement :
[Réponse]
6/ Cas Cyclone :
b) Sachant que le taux exigé pour un placement sans risque est environ de
2,5 % et que le taux moyen de rentabilité exigé pour le portefeuille de marché est
de 8 %, calculez le coût du capital global de ce groupe.
[Réponse]
Lorsque l’endettement est nul. Oui dans les cas rarissimes où l’entreprise est
très endettée et qu’elle n’a quasi plus de capitaux propres.
Car le coût du capital est utilisé comme le taux de rentabilité minimum que
doivent dégager les projets d’investissement pour être approuvés.
Non, car seul le risque de marché est rémunéré et non le risque diversifiable
qui peut être éliminé par la diversification.
Si elle a un faible coût du capital, c’est que le risque de son actif économique
est faible, donc elle peut s’endetter beaucoup.
Si elle a un fort coût du capital, c’est que le risque de son actif économique est
fort, donc elle a du mal à s’endetter beaucoup, d’où des capitaux propres
importants.
13 % car le risque de marché du Maroc est plus élevé que celui de la Belgique.
18,00 %.
10,00 %.
17,7 %.
14,62 %.
Avant impôt : k = 8,8 % ; VAN = 195. Après impôt : k = 8,4 % ; VAN 132.
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Le Fur Y., Quiry P., « Le calcul du coût du capital dans un pays émergent : le
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Le Fur Y., Quiry P., « Comment le coût des capitaux propres se matérialise-t-il
pour une entreprise ? », La Lettre Vernimmen.net février 2021, no 186, pages 9 à
10.
www.damodaran.com.
Podcasts
32.1
32.2
2 ■ L’analyse de sensibilité
32.3
L’analyse économique doit être complétée par une analyse plus financière de
la sensibilité de la valeur de l’investissement aux paramètres techniques du
modèle : taux d’actualisation et valeur terminale du projet (croissance à l’infini,
voir le paragraphe 33.8).
32.4
Cet exercice n’aura pas tant pour but de calculer une valeur que de
déterminer quel est le risque d’échec (éventuellement de faillite) du projet ou
d’estimer quels investissements complémentaires seront éventuellement
nécessaires. Ce scénario servira également à déterminer le montant maximum de
dette que pourra supporter le projet.
Section 2 ■ Les mesures mathématiques du risque
32.5
Une approche plus détaillée s’appuie sur des outils mathématiques moins
rudimentaires. Elle consiste à isoler un certain nombre de variables clés du projet
telles que le chiffre d’affaires ou la marge… et à leur affecter une distribution de
probabilités. Pour chacun de ces facteurs, on effectue un grand nombre de tirages
aléatoires dans les distributions de probabilités choisies préalablement afin de
déterminer la probabilité d’occurrence de chacun des résultats.
Les variables clés sont de plusieurs types : des variables simples (les coûts
fixes par exemple), des variables composées (comme le chiffre d’affaires =
marché × part de marché) ou des variables résultant de relations économétriques
plus complexes.
2 ■ L’équivalent certain
32.6
L’équivalent certain* Équivalent certain d’un flux financier futur est le montant que l’on
serait prêt à accepter aujourd’hui en comparaison du flux futur attendu. Ainsi, tel
entrepreneur attend un flux de 1 000 dans 1 an dans le cadre d’un projet
d’investissement. Compte tenu de son risque, il serait prêt à l’échanger pour 600
certain dans 1 an.
32.7
Comme la VAN* VAN* Valeur actuelle nette (VAN), les analyses traditionnelles du risque
d’investissement sont fondées sur deux hypothèses fondamentales :
32.8
Cette flexibilité d’un investissement a donc bien une valeur, dont l’analyse
traditionnelle ne rend pas compte, et c’est tout simplement la valeur de l’option
qui lui est attachée. Bien entendu, cette option ne se matérialise pas par un titre
financier avec lequel notre lecteur s’est familiarisé. Elle n’a pas d’existence
juridique, mais porte sur des actifs : on parle d’option réelle* Option réelle.
Les options réelles sont propres aux investissements non financiers. Elles offrent
le droit, mais non l’obligation, de modifier un projet d’investissement, en intégrant
notamment l’information supplémentaire acquise sur ses perspectives de
rentabilité.
La flexibilité potentielle d’un investissement, et donc les options réelles qui
lui sont attachées, ne sont pas nécessairement faciles à déceler. L’entrepreneur
dispose souvent d’une marge de manœuvre qu’il ne soupçonne pas, ou qu’il ne
désire pas prendre en compte (en particulier lorsqu’il utilise un critère
d’investissement classique). On parle également d’options cachées d’un
investissement.
32.9
Le monde des options réelles est complexe, mais comme tout univers conceptuel,
il nous aide à réfléchir et à analyser un problème.
Notre lecteur ayant compris la valeur potentielle d’une option cachée sera
peut-être tenté de considérer tous les aléas d’un investissement comme autant de
gisements potentiels de valeur. Ce serait oublier les traits caractéristiques d’un
contrat optionnel. Certains éléments doivent être réunis pour qu’un projet
d’investissement comporte effectivement des options réelles :
d’une option est d’autant plus importante que la volatilité du sous-jacent est
grande. Ainsi, la valeur des options sera négligeable si l’écart type des flux
dégagés par un projet demeure faible. Les investisseurs acquièrent un surcroît
d’information au cours du temps qui doit être suffisamment précis pour être
exploitable ;
une fois que de nouvelles informations ont été obtenues, il est possible
■
32.10
32.11
32.12
Il existe une sorte de valeur temps qui rémunère l’attente pour concrétiser un
projet. On peut donc alors disposer de meilleures informations sur les recettes et
les dépenses liées au projet et donc mieux cerner la création de valeur.
Néanmoins, l’option de différer « la mise en chantier » n’existe que si
l’entrepreneur peut, dès le départ, se garantir la propriété du projet pour une durée
donnée. Dans le cas contraire, le projet risquerait d’être entrepris par des
concurrents. L’avantage de différer l’investissement serait alors contrebalancé par
le risque d’entrée de nouveaux intervenants sur le marché.
32.14
32.15
32.16
32.17
Prenons l’exemple d’une entreprise éditrice de logiciels. Une licence qui lui
permettrait de commercialiser (après développement) un logiciel destiné aux
maisons connectées lui est proposée à un prix de 5 M€ et sera vendue à un
concurrent si l’entreprise ne se décide pas à l’acheter immédiatement. Le logiciel
peut être développé de façon instantanée, à n’importe quelle date, avec un coût de
50 M€.
32.18
Notre expérience est que dans la majorité des cas, la quantification des
options réelles apporte souvent une information peu significative ou décevante au
regard des enjeux représentés par la valeur actuelle nette dans le scénario initial.
Face à une VAN négative, le recours aux options réelles oblige néanmoins à
s’interroger sur la flexibilité du projet envisagé.
32.19
6 ■ Conclusion
32.20
■ les modèles mathématiques qu’elle exploite ne sont pas maîtrisés par tous, ce
qui peut engendrer des enjeux de communication de leurs résultats ;
Les options réelles peuvent, mal utilisées, aboutir à des valeurs particulièrement
élevées qui ont déjà servi à justifier l’injustifiable : le cours des sociétés Internet
lors de la bulle spéculative de 2000 ou les prix d’introduction en Bourse de
biotechs sur les dernières années. Leur grand avantage est de forcer leurs
utilisateurs à raisonner en dehors du cadre habituel relativement statique et à avoir
ainsi de nouvelles idées.
Nous espérons que notre lecteur ne nous en voudra pas de lui dire que le
recours dans la pratique aux outils d’appréciation du risque est inversement
proportionnel à la place qu’ils occupent dans ce chapitre ! Quasi systématique
pour les scénarios, peu fréquent pour la méthode de Monte Carlo et très rare pour
les options réelles.
Section 4 ■ Et si le risque c’était vous ?
32.21
Les décisions d’investissements dans les entreprises sont rarement prises par
des machines, mais par des êtres humains, soumis naturellement à des biais
cognitifs, conduisant à des erreurs de raisonnements systématiques sans que nous
en ayons véritablement conscience. Leur existence a été mise en évidence par les
recherches des psychologues et économistes D. Kahneman et A. Tversky, posant
les fondations de la finance comportementale* Finance comportementale que R. Thaler a
fortement développée (voir le paragraphe 16.22).
32.22
Ils sont très nombreux, intervenant tant dans la phase d’analyse d’un projet que
dans celle de décision. Aussi ne citerons-nous que les principaux qui, comme vous
le constaterez, ne vont pas tous dans le même sens.
L’aversion au risque* Aversion au risque des managers qui a tendance à croître plus
l’on s’éloigne du sommet de l’entreprise. En effet, la réussite d’un projet affectera
beaucoup plus la carrière d’un collaborateur qui en a la charge, que celle d’un
cadre responsable directement et indirectement de 10 projets, sans parler de celle
du dirigeant ultime dont l’avenir personnel dépendra du succès ou de l’échec de
centaines de projets d’investissement. On retrouve ici la notion de diversification.
En conséquence de quoi, les managers de base tueront de nombreux projets,
souvent à la valeur actuelle nette positive, par peur que leur éventuel échec ne les
affecte fortement, alors qu’un succès sera considéré comme normal. Nous vous
conseillons de répondre à la question 12 de ce chapitre pour en avoir une
illustration, où vous verrez que la plupart des managers ont une sensibilité plus
aiguë à une perte donnée qu’à un gain du même montant.
Le biais de groupe qui fait souvent hésiter au sein d’un groupe ceux d’un
avis différent et les conduit le plus souvent à taire leurs objections, alors qu’elles
pourraient mettre en valeur des aspects négligés et qui pourraient s’avérer
cruciaux. Nous en avons une confirmation régulière quand nous sommes en salle
de classe, où le second étudiant interrogé à une même question répond le plus
souvent comme le premier étudiant, sans parler du troisième ou du quatrième.
Les biais d’intérêt qui vous font défendre le projet d’investissement de votre
division, parce que c’est ... celui de votre division, vous faisant oublier de prendre
en compte l’intérêt du groupe, surtout quand il diffère ; ou le banquier d’affaires
qui ne mettra pas en avant les éléments négatifs d’une opération de rapprochement
qui pourraient dissuader son client de la conclure alors que sa rémunération
dépend de celle-ci. Pour reprendre D. Ariely : « Nous trichons dans toute la
mesure qui nous permet de conserver à nos propres yeux l’image d’une personne
raisonnablement honnête. »...
32.23
■ Décentrer pour voir les faits sous un autre angle, et limiter les biais. Le
décideur final entretiendra ainsi dans l’organisation, en les promouvant, des
personnalités non conventionnelles qui n’hésitent pas à dire systématiquement ce
qu’elles pensent, entretiendra des réseaux informels, fera appel à des experts, à des
consultants, voire sollicitera une autre équipe dans l’entreprise pour déconstruire
le projet d’investissement ou sollicitera l’avis des collaborateurs en s’appuyant sur
la sagesse des foules. Et pour ne pas perdre de vue les faits à force de multiplier
les points de vue contradictoires, le décideur final standardise les formats de
présentation, définit à l’avance les critères de décisions, fait des stress tests sur les
hypothèses (voir le paragraphe 32.3), et surtout cultive l’humilité qui est la
première qualité d’un bon financier.
La simulation est une décomposition des flux futurs selon différents scénarios.
La méthode de Monte Carlo permet d’approfondir les perspectives de flux en
affectant une distribution de probabilité à chacun d’entre eux. Enfin, la méthode
de l’équivalent certain s’appuie sur une actualisation au taux sans risque de flux
certains jugés équivalents aux flux que l’investissement devrait générer.
Ces différentes méthodes trouvent leur limite lorsque les gestionnaires d’un
projet ont les moyens d’utiliser de nouvelles informations pour modifier le projet
en cours d’exécution, c’est-à-dire lorsque le projet est doté d’une certaine
flexibilité.
L’étude des investissements selon leur valeur actuelle nette peut être
généralisée grâce au concept d’option réelle. On parle alors de valeur actuelle
nette augmentée (ou VANA). Cette dernière est la somme de la valeur actuelle
nette du projet et des options réelles qui lui sont attachées. L’incertitude inhérente
au caractère flexible d’un projet d’investissement est donc créatrice de valeur,
mais l’écoulement du temps réduit cette incertitude pour laisser la place à la valeur
intrinsèque issue de l’actualisation des flux ajustés de l’information nouvellement
acquise.
Les options réelles sont d’un apport intellectuel indubitable ; elles permettent
de sortir du cadre de la simple valeur actuelle nette, de penser autrement et donc
d’avoir de nouvelles idées. Cependant l’application concrète du concept est
souvent délicate et peut mener à des hérésies.
Mais le risque ne réside-t-il pas d’abord dans les biais cognitifs qui nous font
faire des erreurs de raisonnement systématique sans que nous en ayons
conscience : biais de confirmation consistant à ne voir dans l’environnement que
les éléments qui renforcent votre conviction, l’aversion au risque qui croît plus
l’on s’éloigne du sommet de l’entreprise, biais d’optimisme et d’excès de
confiance en soi, biais de groupe qui conduisent les objections à rester tues, et le
biais d’intérêt, pour ne citer que les principaux.
[Réponse]
2/ Sous une forme simplifiée, la méthode de Monte Carlo peut-elle être mise
en œuvre sans ordinateur ?
[Réponse]
[Réponse]
[Réponse]
[Réponse]
[Réponse]
[Réponse]
8/ Donnez un exemple de projet dans lequel on trouve une option d’expansion.
[Réponse]
9/ En pratique, quelle est la plus grande difficulté occasionnée par les options
réelles ?
[Réponse]
10/ En quoi l’apport des options réelles est-il intéressant pour les dirigeants
opérationnels ?
[Réponse]
11/ Que pensez-vous de l’achat par EDF de terrains jouxtant les centrales
nucléaires de British Energy quelques mois avant la mise en vente de cette société
par l’État britannique ? Ces terrains étaient nécessaires à la modernisation du parc
anglais de centrales nucléaires.
[Réponse]
12/ Un investissement de 100 M€ vous laisse espérer soit une valeur actuelle
des flux futurs de 400 M€, soit de 0 M€. Quelle serait la probabilité maximum de
survenance du second cas qui vous laisserait réaliser l’investissement ?
[Réponse]
[Réponse]
Exercices
[Réponse]
[Réponse]
Non, elle permet simplement une analyse plus fine de la réalité en tenant
compte de la flexibilité possible dans le futur.
Non. Non. Non. Non, car aucune de ces méthodes ne valorise la flexibilité de
l'entrepreneur, seules les options réelles y parviennent.
C’est une option réelle gagnante à tous les coups ! Même si EDF ne peut pas
acheter British Energy, il sera en bonne position de négociation avec l’acquéreur
pour obtenir des contreparties. Et cela renchérit le coût d’acquisition pour ses
concurrents, l’avantageant donc dans la compétition.
TRI = 14,87 %. Environ 2 M€. L’offre des fondateurs peut s’apparenter à une
option de vente sur le projet avec un prix d’exercice de 1 M€. Tout le problème
réside dans la valorisation de cette option (cela nécessite d’apprécier la volatilité
de la valeur du projet). Les fondateurs la valorisent 0,5 M€. L’option qu’ils vous
« offrent » réduit effectivement votre risque puisque votre perte est maintenant
limitée à 1,5 M€ contre 2,5 M€ précédemment.
McCarthy E., « Monte Carlo simulation: Still stuck in low gear », Journal of
Financial Planning janvier 2000, vol. 13, no 1, pages 54 à 60.
Mun J., Modeling risk applying Monte Carlo simulation, strategic real option,
stochastic forecasting, and portfolio optimization, 3e édition, ROV Press, 2015.
Levyne O., Sahut J.-M., Options réelles : intégrer risque et flexibilité dans les
choix d’investissement, Dunod, 2009.
Mun J., Real options analysis: Tools and techniques for valuing strategic
investments and decisions with integrated risk management and advanced
quantitative decision analysis, 3e édition, CreateSpace, 2016.
Myers S., Turnbull S., « Capital budgeting and the capital asset pricing model:
good news and bad news », Journal of Finance mai 1997, vol. 32, no 2, pages 321
à 333.
Smit H., Trigeorgis L., Strategic investment: real options and games,
Princeton University Press, 2012.
Health C., Health O., Comment faire les bons choix. Déjouer les pièges de la
raison pour prendre de meilleures décisions, Flammarion, 2017.
Lovallo D., Sibony O., « The case for behavioral strategy », McKinsey
Quaterly, 2010, vol. 2, pages 30 à 43.
Lovallo D., Koller T., Uhlaner R., Kahneman D., « Your company is too risk-
averse », Harvard Business Review mars-avril 2020.
Sibony O., Vous allez commettre une terrible erreur !, Flammarion, 2019.
Thaler R., Misbehaving. Les découvertes de l’économie comportementale, Le
Seuil, 2018.
Chapitre 33
La pratique de l’évaluation de l’entreprise
33.1
Tel Monsieur Jourdain, sans le savoir, notre lecteur a déjà acquis l’ensemble
des outils financiers qui lui seront nécessaires pour mener à bien une valorisation.
Il a appris les bases de la méthode d’actualisation des flux de trésorerie aux
chapitres 17 et 21 et a découvert la méthode des multiples au chapitre 24. Dans
ce chapitre, nous mettrons en forme ces connaissances et aborderons des
problèmes concrets auxquels il sera probablement confronté. Toutefois, il nous
faut souligner que l’évaluation* Évaluation est un « sport complet » et qu’un bon
évaluateur devra maîtriser, au-delà des outils financiers que nous présentons, une
culture comptable, juridique et fiscale. Il devra également comprendre
suffisamment l’activité de la société à évaluer pour être en mesure de porter un
jugement sur les projections financières. La compréhension de ce chapitre ne sera
donc qu’une première étape dans un savoir-faire qui ne peut s’acquérir qu’à force
de pratique.
Section 1 ■ Aperçu des différentes méthodes
33.2
33.3
Nous verrons que la méthode patrimoniale* Méthode patrimoniale qui consiste à évaluer
l’entreprise comme une somme d’actifs sous déduction de l’endettement net est,
moins une méthode en tant que telle, qu’une synthèse des méthodes précédentes
auxquelles elle fait largement appel pour évaluer chacun des actifs.
33.4
33.5
Les flux de trésorerie disponible* Flux de trésorerie disponible mesurent les flux dégagés par
l’actif économique. Ils se calculent de la façon suivante :
Une entreprise s’achète pour son avenir, et non pour son passé, aussi glorieux
soit-il. La prise en compte de ces flux se fait donc sur la base de projections
établies par l’évaluateur ou contenues dans le plan d’affaires de l’entreprise. Ces
flux étant différents selon les hypothèses de croissance retenues, il est prudent de
construire plusieurs scénarios qui, sans surprise, seront différents selon l’acheteur
et le vendeur ! L’objet de la négociation sur le prix de vente est, à l’évidence, de
rapprocher ces deux points de vue ; notre expérience est que la méthode « DCF »
peut être un bon outil de dialogue en aidant le vendeur à se faire à l’idée de vendre
et l’acheteur à mieux comprendre l’entreprise en vente.
Notre lecteur a-t-il déjà rencontré un plan d’affaires pessimiste ? Quoi qu’il
en soit, la prévision doit être cohérente : l’évolution de la concurrence pèse sur les
marges et la croissance de la rentabilité ne peut être assurée durablement sans
investir ou sans embaucher… L’évaluateur entre donc dans l’intimité stratégique
de l’entreprise en essayant de quantifier les grandes évolutions à venir.
33.6
La durée doit donc correspondre au temps durant lequel l’entreprise vivra sur
sa lancée actuelle. Trop courte (2 à 3 ans), cette durée accorde une importance
considérable à la valeur terminale et ne fait que repousser le problème posé. C’est
malheureusement le cas le plus fréquent. Trop longue (au-delà de 10 ans dans la
plupart des secteurs), elle se ramène à une simple extrapolation théorique sans
grand intérêt. Confrontés à un plan d’affaires court (2 à 3 ans), certains
l’extrapoleront sur quelques années supplémentaires, prolongeant les tendances
qui se dessinaient.
e : estimation.
e : estimation.
33.7
Il est très difficile d’estimer la valeur terminale* Valeur terminale car elle est définie à la
date où les prévisions de développement ne sont plus pertinentes. Aussi l’analyste
considère-t-il souvent que l’entreprise entre en phase de maturité au terme de
l’horizon explicite.
La valeur terminale la plus couramment utilisée est fondée sur un taux (g) de
croissance à l’infini d’un flux normatif (formule de Gordon-Shapiro* Formule de Gordon-Shapiro,
voir le paragraphe 17.17) :
33.8
Dans le cas d’ArcelorMittal, le flux normatif doit être calculé en 2028 car on
souhaite obtenir la valeur actuelle à fin d’année 2027, de la période 2028 à l’infini.
À titre d’exemple, l’évaluateur pourrait retenir les hypothèses suivantes :
En retenant un taux de croissance à l’infini de 2,5 %, on calcule une valeur
finale de 45 000 M$ qui, actualisée sur 5 années5, ressort à 27 941 M$. La valeur
de l’actif économique d’ArcelorMittal s’établit donc à 9 279 + 27 941 soit 37 221
M$. Notons que la valeur finale de 45 000 M$ à fin 2027 correspond à un multiple
de 12,4 fois le résultat d’exploitation 2027. Ceci signifie que choisir, dans cet
exemple, un multiple de 12,4 ou retenir une croissance à l’infini du flux normatif
de 2,5 % par an sont deux hypothèses équivalentes compte tenu du taux de
rentabilité exigé (10 %).
33.9
33.10
33.11
Comme nous l’avons vu, le taux d’actualisation est le coût moyen pondéré
du capital* Coût moyen pondéré du capital (CMPC ou WACC* WACC en anglais), ou coût du
capital* Coût du capital, qui correspond au taux de rentabilité minimal exigé par les
pourvoyeurs de fonds (actionnaires, créanciers) pour financer l’actif économique
de l’entreprise. Nous renvoyons notre lecteur au chapitre 31 consacré à ce sujet.
33.12
a) Les provisions
33.13
Le traitement des provisions pour risques et des provisions pour charges* Provision
pour risques et charges doit être cohérent avec celui des flux : si le plan d’affaires utilisé
n’intègre pas les dépenses futures qui ont déjà été provisionnées (restructuration,
fermeture d’un site…), le stock de provisions pour risques et pour charges
correspondant doit être déduit de la valeur de l’actif économique pour leur valeur
actuelle après impôt (si la constatation de la provision n’était pas déductible).
33.14
Pour les titres cotés, la valeur boursière est prise en compte. Pour les
participations non cotées de faible importance, le montant comptable est souvent
retenu par souci de raccourci. Cependant, dans le cas où la société détient des
participations importantes (ce sera notamment le cas pour certaines sociétés mises
en équivalence), une analyse de valorisation spécifique devra être menée sur la
filiale. Celle-ci pourra être simple, comme l’application d’un PER du secteur à la
quote-part de résultat net, ou plus poussée avec une vraie analyse multicritères si
l’information est disponible.
33.15
La valeur des éventuels reports fiscaux déficitaires* Report fiscal déficitaire utilisables
pourra être estimée séparément en actualisant les économies d’impôts au coût du
capital jusqu’à son utilisation intégrale. Alternativement, leur utilisation pourra
être simulée dans le calcul des flux de trésorerie disponible en ne retenant le taux
d’impôt normal que pour la période suivant l’épuisement des reports fiscaux.
33.16
Une approche simple par multiples pourra aussi être retenue. En simplifiant à
l’extrême, le PER implicite du groupe pourra être appliqué au résultat net revenant
aux minoritaires pour avoir une première idée de la valeur des intérêts
minoritaires. Alternativement, le PBR implicite du groupe pourra être appliqué
aux intérêts minoritaires apparaissant au bilan. Nous ne conseillons pas de retenir
pour valeur des intérêts minoritaires le montant comptable qui figure au bilan, sauf
si les montants en question sont faibles ou que la rentabilité économique est égale
au coût du capital.
33.17
Notre lecteur pourra s’interroger sur la façon de traiter les instruments donnant
accès à terme au capital (obligations convertibles* Obligation convertible, BSA* Bon de souscription d’action
(BSA)* BSA, stock-options* Stock-option…). Nous lui conseillons de les soustraire en valeur de
33.18
Ceci est erroné ! Appliquer une décote de minoritaire à la méthode des flux
actualisés implique que l’on considère que le majoritaire ne sera pas à même de
gérer l’entreprise correctement. On estime donc qu’il y aura des « pertes en
ligne » entre les flux de trésorerie disponible et les dividendes du fait d’une
mauvaise politique de dividendes, d’autofinancement, d’investissement et
d’endettement…
■elle est très sensible aux hypothèses retenues et à l’objectivité de celui qui les
a établies. Dès lors, ses résultats sont très volatils. C’est une méthode rationnelle,
mais ce problème peut la rendre biaisée ;
■elle dépend parfois trop de la valeur finale, sur laquelle le problème se trouve
en définitive reporté. La valeur finale explique souvent plus de 50 % de la valeur
de l’entreprise. Ceci peut remettre en cause la validité de la méthode, cependant
c’est parfois la seule applicable (lorsque les résultats sont négatifs et que les
multiples sont donc inapplicables) ;
■ enfin, il n’est pas toujours aisé de réaliser des projections sur une période
suffisante : l’information peut assez souvent faire défaut pour l’analyste externe.
33.19
Cette méthode est tombée en désuétude car elle est très difficile à mettre en
œuvre si la structure financière et donc le coût des capitaux propres, varient au
cours du temps, ce qui est le cas le plus fréquent. C’est en revanche la méthode
reine pour évaluer les banques dont la structure financière évolue peu compte tenu
des ratios de solvabilité qu’elles doivent respecter11.
Elle est aussi appliquée dans des cas très particuliers où l’entreprise à évaluer
est dans un secteur mature et dispose d’une très bonne visibilité (secteur des
services publics, concessions, sociétés foncières…) avec un taux de distribution
des dividendes très élevé.
Section 3 ■ La méthode des multiples* Méthode des multiples
1 ■ Présentation
33.20
L’approche par les multiples est fondée sur trois grands principes :
Tout comme la méthode DCF, cette approche est globale parce qu’elle
s’attache, non à la valeur individuelle des actifs et des passifs d’exploitation, mais
à la rentabilité qui découle de leur utilisation. Elle se fonde sur la capitalisation de
différents paramètres de rentabilité de l’entreprise. Comme nous l’avons vu au
paragraphe 24.17, les multiples dépendent de la croissance attendue, du risque et
du niveau des taux d’intérêt.
Le multiple est d’autant plus élevé que les perspectives de croissance sont fortes,
que le secteur d’activité de l’entreprise est peu risqué et que le taux d’intérêt exigé
est faible.
Les multiples calculés peuvent être issus d’un échantillon d’entreprises cotées
comparables ou d’un échantillon d’entreprises ayant été cédées récemment, et
pour lesquelles une valeur de capitaux propres a donc été extériorisée. On parlera
alors de multiples boursiers* Multiple boursier et de multiples de transactions* Multiple de
transaction. Les premiers sont à retenir pour évaluer les actions de l’entreprise sans
33.21
33.22
Les multiples permettant d’établir la valeur des capitaux propres sont calculés
sur des agrégats après frais financiers. Il s’agit principalement du multiple de
résultat net (le PER), mais également le multiple de la capacité d’autofinancement
et le multiple des capitaux propres (le PBR).
33.23
Quel que soit le multiple retenu, il convient de déterminer une valeur d’actif
économique pour chaque société cotée comparable. Cette valeur se calcule comme
la somme de la capitalisation boursière et de la valeur de l’endettement net à la
date de l’évaluation et des autres ajustements présentés aux paragraphes 33.13 à
33.17.
Il s’agit alors de calculer les multiples des sociétés comparables cotées sur 3
exercices (dernier exercice clos, exercice en cours, prochain exercice). On garde la
même valeur de l’actif économique pour les 3 exercices car la valeur de marché
des entreprises comparables à la date de l’évaluation résulte de l’anticipation de
l’évolution des soldes d’exploitation dans le futur14.
Une fois les multiples des sociétés comparables calculés et appliqués aux
agrégats correspondants de l’entreprise à évaluer, il convient de retirer à la valeur
de l’actif économique ainsi obtenue, la valeur de l’endettement net et assimilé que
nous avons présenté aux paragraphes 33.12 à 33.17. Le seul cas où l’endettement
net pris dans ces deux méthodes de valorisation pourrait être différent fait l’objet
de la question 19 à la fin de ce chapitre.
33.24
33.25
Le multiple de l’excédent brut d’exploitation* Multiple de l’excédent brut d’exploitation suit la
même logique que le multiple du résultat d’exploitation. Il permet de gommer les
différences parfois très significatives qui peuvent exister en termes de méthode et
de durée d’amortissement des actifs ou de cycle d’investissement. Il est très
fréquemment utilisé par les analystes boursiers, en particulier dans les industries à
forte intensité capitalistique où les dotations aux amortissements sont importantes.
33.26
Ces multiples généralement utilisés pour valoriser des sociétés qui ne sont
pas encore profitables conduisent, si les comparables sont profitables, à sur-
valoriser très largement la société à évaluer. Nous recommandons donc de les
éviter.
b) Les multiples permettant d’établir directement la valeur des
capitaux propres
33.27
Les multiples fondés sur des soldes après frais financiers peuvent également
être calculés : multiple des capitaux propres* Multiple des capitaux propres comptables
(PBR* PBR* Price to book ratio (PBR)), multiple de la capacité d’autofinancement* Multiple de la capacité
d’autofinancement et PER* PER* Price Earnings Ratio (PER), comme nous l’avons vu au chapitre 24. Ces
Le second terme (25 × les charges financières après impôt) devrait donc
représenter la valeur de la dette qui vient en déduction de la valeur de l’actif
économique pour donner la valeur des capitaux propres que nous cherchons. Or,
25 × les charges financières après impôt valent 2 100, ce qui n’est pas la valeur de
la dette qui n’est que de 1 200.
33.28
La logique est différente, mais le calcul des multiples est le même. En effet,
l’échantillon retenu est établi à partir des informations disponibles sur les
transactions récentes constatées dans le même secteur et portant sur la cession du
contrôle d’entreprises.
de contrôle* Prime de contrôle qu’il a payée pour obtenir le contrôle de la cible et valorise
une quote-part des synergies anticipées. Les multiples de transactions* Multiple de transaction
sont donc issus de valeurs dites « de majoritaire » (c’est-à-dire intégrant une prime
de contrôle). Pour une société cotée, on constate empiriquement que la moyenne
des primes payées sur les cours de la cible précédant l’annonce de l’opération est
de l’ordre de 25 % à 30 %.
À titre d’exemple, les multiples d’EBE pratiqués en Europe pour les cessions
d’entreprises de taille moyenne sont donnés au paragraphe 33.45.
33.29
On peut ainsi calculer les régressions* Régressions linéaires mettant en regard par
exemple : le multiple du résultat d’exploitation et le taux de croissance annuelle du
résultat d’exploitation, le multiple du chiffre d’affaires et la marge d’exploitation,
le PBR et la rentabilité des capitaux propres (pour évaluer les banques), etc.
33.30
33.31
Pour les groupes aux activités multiples, les actifs évalués correspondent à
des filiales entières pour leur quote-part de détention, ou à des branches
d’activités, qui seront individuellement évaluées selon la méthode DCF ou la
méthode des multiples. On retranchera de leur somme l’endettement net de la
maison mère18 et la valeur actuelle des frais de siège. Grâce à ces groupes, la
méthode patrimoniale connaît une nouvelle jeunesse !
33.32
C’est donc au niveau de chaque actif et de chaque passif exigible que se pose
le problème de l’évaluation. Il s’agit d’être cohérent dans les estimations, même si
les méthodes appliquées peuvent être différentes.
Sans vouloir philosopher, on peut dire qu’il existe plusieurs types de valeurs
patrimoniales :
■ la valeur de marché :* Valeur de marché c’est la valeur qu’on pourrait retirer d’un
bien en le vendant. Si cette valeur peut paraître incontestable d’un point de vue
théorique, elle suppose pratiquement que l’évaluateur se place dans une optique de
cession de l’activité ;
■la valeur d’usage :* Valeur d’usage elle représente la valeur d’un actif au sein du
processus d’exploitation : une sorte de valeur de marché au coût de remplacement.
33.33
Les actifs corporels* Actif corporel peuvent, bien sûr, être évalués à partir de la valeur
de remplacement, à partir de la valeur de liquidation, ou encore de toute autre
valeur.
Notre propos n’est pas de nous étendre sur ce point, mais plutôt de souligner
que ce qui importe dans l’approche patrimoniale est la valeur globale de l’outil
industriel et commercial. Il ne s’agit donc pas de chercher à décomposer les actifs
en somme d’actifs unitaires, mais de raisonner globalement en considérant des
ensembles d’actifs suffisamment importants et qui ont une valeur intrinsèque.
S’interroger sur la valeur d’un terrain sur lequel est bâti un entrepôt n’a pas
de sens. En revanche, il est beaucoup plus judicieux de s’intéresser à la valeur de
l’ensemble du terrain et des constructions. Cet ensemble sera évalué par un expert
compte tenu de son potentiel de production ou de réaffectation à un autre usage, et
non à partir des valeurs individuelles des éléments qui le composent, sauf à
déduire de la valeur du terrain le coût de la destruction des constructions.
2 ■ Les stocks
33.34
33.35
Une valeur patrimoniale n’a de sens que si elle intègre l’évaluation des actifs
incorporels de l’entreprise.
On retiendra notamment :
les brevets* Brevet et les savoir-faire technologiques : ils s’évaluent avec les
■
■le fonds de commerce :* Fonds de commerce pour les petites entreprises, il est souvent
évalué à partir des barèmes qu’utilisent les experts et les tribunaux en pourcentage
du chiffre d’affaires : 16 à 40 % du chiffre d’affaires annuel pour une épicerie, 80
à 130 % pour une laverie automatique, etc. Ces pourcentages s’entendent matériel
compris, mais stocks exclus. Pour les plus grandes entreprises, la clientèle est
évaluée en actualisant le surprofit qu’elle dégage par rapport au taux de rentabilité
exigé sur l’actif économique en place et ce sur sa durée de vie probable compte
tenu d’un taux naturel d’attrition ;
■ le droit au bail :* Droit au bail il est égal à la somme actualisée des différences
entre le loyer au prix du marché et le loyer effectivement payé.
4 ■ L’influence de la fiscalité
33.36
■dans une optique liquidative, les actifs théoriquement vendus font apparaître
des plus-values ou des moins-values. Les impôts théoriques viennent donc
abaisser la valeur et les crédits d’impôts viennent l’accroître ;
33.37
Nous voudrions mettre en garde le lecteur sur la fausse protection des valeurs
patrimoniales* Valeur patrimoniale qui, dans l’esprit de bon nombre, signifient valeurs
plancher. Lorsqu’une entreprise a une forte valeur patrimoniale, cela signifie que,
suivant la méthode des flux de trésorerie disponible, la valeur terminale est très
importante par rapport aux flux intermédiaires. Par conséquent, plus une entreprise
est « patrimoniale », plus sa valeur est spéculative et volatile. Sans doute, son
risque industriel est limité, mais c’est une pure spéculation sur des valeurs de
revente.
Pour cette raison, la valeur patrimoniale est utile pour évaluer des petites
entreprises sans valeur stratégique ou des entreprises industrielles qui disposent
d’actifs pour lesquels il existe un marché secondaire (avions, salles de cinéma…).
Section 5 ■ Comparaison des valorisations
33.38
33.39
33.40
33.41
Si la valeur obtenue par la méthode des multiples est supérieure à la valeur
issue de la méthode DCF, le moment peut être bon pour introduire l’entreprise en
Bourse car les investisseurs financiers ont une appréciation du risque et de la
rentabilité plus favorable à l’entreprise que son actionnaire actuel ou son
management. A contrario si la valeur issue des multiples est en retrait par rapport
à la valeur DCF et si l’on croit à son plan d’affaires, il vaut mieux attendre que
l’entreprise concrétise dans ses états financiers son potentiel de croissance reflété
dans la méthode DCF.
33.42
33.43
Si l’entreprise entre dans une phase de déclin, ses bénéfices diminuent et les
valeurs de rentabilité deviennent alors inférieures à sa valeur patrimoniale. Celle-
ci continue à croître, mais à un taux très faible, jusqu’à l’apparition des premières
pertes. La valeur patrimoniale diminue alors. Quant aux valeurs de rentabilité,
elles deviennent très faibles. La valeur patrimoniale apparaît donc comme une
valeur particulièrement spéculative.
33.44
■ valeur patrimoniale ;
■ valeur intrinsèque…
■ c’est effectuer implicitement des prévisions à très long terme fondées sur une
extrapolation des résultats passés ou d’un futur proche. De là, les excès ;
■ c’est parfois oublier que les valeurs patrimoniales sont de fausses protections.
33.45
Multiple valeur de l’actif économique / EBE pour des cessions de contrôle d’entreprises valant entre 15 M€ et 500 M€* et niveau des
cours de Bourse
Les intervenants sur ce marché ont la même logique que les investisseurs
financiers en Bourse. Certes, plus la taille de la société est faible, plus ces règles
s’estompent, la valeur d’un fonds de commerce (boucherie, boulangerie, tabac…)
ayant peu à voir a priori avec les règles des marchés financiers. Mais seule
l’apparence peut faire croire un instant qu’il s’agit d’un marché spécifique.
33.46
Il n’existe pas de véritable valeur de contrôle* Valeur de contrôle autre que la valeur
stratégique* Valeur stratégique que nous développerons ultérieurement. Les temps où la
prime de contrôle* Prime de contrôle était réservée à l’actionnaire majoritaire et où les
actionnaires minoritaires en étaient privés sont révolus. Les marchés cotés ont
érigé l’égalité de traitement des actionnaires au rang de principe absolu : les
actionnaires minoritaires ont droit au même prix de cession que celui obtenu par le
majoritaire sur son bloc de contrôle. Les pactes d’actionnaires et les clauses
statutaires (en particulier dans les sociétés par actions simplifiées) permettent de
mettre en œuvre ce principe dans les sociétés non cotées.
33.47
La valeur d’un industriel diffère donc de celle d’un investisseur financier qui
analyse l’acquisition d’une action comme une simple opportunité d’investissement
parmi d’autres, et indépendamment de telles synergies. Les professionnels
parlent alors d’une valeur stand-alone* Valeur stand-alone* Stand alone.
Les flux espérés par l’investisseur industriel ne sont donc pas les mêmes que
pour l’investisseur financier et peuvent conduire à une valorisation différente de
l’entreprise, que nous appellerons valeur stratégique* Valeur stratégique.
Alors que nous avons démontré que la valeur d’un titre financier était
indépendante du portefeuille auquel il appartenait, nous constatons ici l’inverse de
cette règle puisqu’une entreprise n’a pas la même valeur selon qu’elle est incluse
dans tel ou tel ensemble. Entendons-nous bien : cette différence de valeur provient
de flux prévisionnels différents et non d’un taux d’actualisation qui, lui, est propre
à l’entreprise, et donc le même pour tout acheteur. Contrairement à la valeur qui
est universelle, la valeur stratégique est propre à chaque investisseur
industriel. Elle est fonction du niveau des synergies dont il espère tirer profit
et de sa capacité à mieux gérer les actifs que les dirigeants en place.
Notre lecteur ne doit pas s’emballer pour autant et faire comme certains
groupes industriels qui achètent chaque entreprise au double de sa valeur stand-
alone sous prétexte que sa valeur stratégique est importante ou qu’une
implantation dans telle zone géographique est stratégique ! Le réveil sera dur ! En
effet, si une entreprise est déjà bien valorisée par le marché, il peut arriver que sa
valeur stand-alone soit supérieure à sa valeur stratégique, même si toutes les
synergies se réalisent, notamment lorsqu’elles sont anticipées par le marché
(spéculation sur une opération). C’est le cas d’une entreprise déjà bien gérée où les
synergies apportées par tout industriel sont faibles, voire négatives, ou que
l’inclusion de l’entreprise dans un grand groupe démotive les dirigeants.
2 ■ Une valeur de contrôle négative ?
33.48
Il peut arriver que des groupes cèdent des filiales lourdement déficitaires qu’ils
n’arrivent pas à redresser à un prix négatif. C’est-à-dire qu’ils paient un repreneur
pour que celui-ci accepte de leur acheter les actions de cette filiale pour un euro
symbolique. On a donc une prime de contrôle négative dans ces cas atypiques !
Matériellement, le groupe souscrit à une augmentation de capital de sa filiale
jusqu’à ce que l’endettement net de celle-ci soit négatif à hauteur du prix négatif
convenu avec le repreneur. Puis la cession pour un euro du contrôle intervient.
Le repreneur trouve dans la société acquise pour un euro, une trésorerie nette
qui va lui permettre de financer une partie du redressement de l’entreprise.
33.49
Nous avons vu des valorisations de participations minoritaires agrémentées
d’une décote de minoritaire* Décote de minoritaire. Comme notre lecteur l’aura compris, nous
n’adhérons pas à cette pratique. L’application d’une décote sous-entendrait que,
pour un pourcentage donné, le minoritaire a un droit sur les flux de trésorerie de
l’entreprise plus faible que le majoritaire. Ceci est inexact !
Si la prime de contrôle observée a posteriori peut (et doit) être justifiée par des
synergies, la décote de minoritaire n’a pas de fondement.
Pour pousser plus loin, on peut observer qu’un actionnaire détenant déjà la
majorité d’une société cotée est obligé de payer une prime aux minoritaires pour
racheter leurs actions. On observe ainsi des primes faibles (moins de 10 %), et
d’autres supérieures à 60 % (Groupe Flo), voire à 200 % (Ucar) pour les valeurs
peu liquides et/ou à asymétrie d’information* Asymétrie d’information élevée. Notre lecteur
pourra se demander ce qui justifie une telle prime, outre la simple compensation
de l’asymétrie d’information. Elle s’explique par le fait que pour mettre des
synergies en place, ou pour restructurer une entreprise, le majoritaire aura besoin
d’avoir le contrôle plein et entier de l’entreprise. Dans certains cas, la capacité à
mettre en place une intégration fiscale* Intégration fiscale (pour laquelle la détention de
95 % du capital est nécessaire) peut justifier tout ou partie de la prime payée.
■la valeur des capitaux propres, qui est la différence entre la valeur de l’actif
économique ainsi obtenue et la valeur de la dette bancaire et financière nette et
éventuellement d’autres éléments.
1/ Quel est le flux pertinent dans l’évaluation par les flux de trésorerie
actualisés ?
[Réponse]
2/ Dans quelle mesure un actionnaire minoritaire peut-il subir une décote par
rapport à une valeur financière ? Distinguez le cas de la société cotée du cas de la
société non cotée.
[Réponse]
[Réponse]
[Réponse]
[Réponse]
6/ Quelle est la méthode qui vous paraît la plus pertinente pour évaluer : un
syndic immobilier ? Une société de portefeuille ? Un fonds commun de
placement ? Une entreprise du secteur aéronautique ? Une usine de vélos ? Un
portefeuille de films ? Une concession autoroutière ?
[Réponse]
[Réponse]
[Réponse]
10/ Quelle méthode retenir pour estimer la valeur d’une entreprise en déclin ?
[Réponse]
[Réponse]
12/ Citez des firmes dont la valeur de rentabilité est sans commune mesure
avec la valeur patrimoniale.
[Réponse]
13/ Un achat d’entreprises par des financiers peut-il créer de la valeur ? Par
des industriels ?
[Réponse]
[Réponse]
[Réponse]
17/ Faut-il distinguer les coûts de l’acquéreur des coûts de l’entreprise acquise
dans la réduction des coûts due au rapprochement de deux entreprises ?
[Réponse]
[Réponse]
[Réponse]
Exercices
[Réponse]
[Réponse]
3/ Sachant que la moyenne des multiples du résultat d’exploitation 2023 des
sociétés comparables est de 10 et que la moyenne des PER 2023 des sociétés
comparables est de 15, calculez la valeur des capitaux propres de la société Picchi,
dont voici les principales données financières :
e : estimation.
[Réponse]
4/ Vous devez évaluer Nestlé par la méthode des comparables. En 2022, Nestlé
a dégagé un résultat d’exploitation de 13,2 MdFS et avait au 31 décembre 2022 un
endettement bancaire et financier net de 48,2 MdFS. Nestlé détenait 20,1 % de
L’Oréal, consolidé par mise en équivalence. Au 31 décembre 2022, la
capitalisation boursière de L’Oréal était de 227 Md€ (soit 223 MdFS).
[Réponse]
e : estimation
a) Quand vous regardez les PER et les multiples du résultat d’exploitation des
groupes de microprocesseurs, quelle observation pouvez-vous faire ?
b) Pensez-vous que cela fasse du sens de calculer une moyenne des multiples
des sociétés comparables pour les appliquer à ARM ?
[Réponse]
Uniquement une décote de liquidité, ce qui est peu probable pour une
entreprise cotée, sauf si elle est de petite taille avec un faible flottant.
Une société ayant une importante part de marché, très bien gérée, qui est dans
un créneau en forte croissance et non stratégique (souvent une affaire sous LBO).
Oui, parce qu’il peut avoir une valeur pour l’investisseur différente de la
valeur qu’il a au sein de l’entreprise actuelle.
En apparence, méthode patrimoniale. En réalité, méthode de rentabilité
normative, le résultat étant une fonction assez stable du chiffre d’affaires dans
chacune de ces professions.
Oui dans le cadre d’un LBO (voir le chapitre 49) grâce à une gouvernance
d’entreprise plus efficace. Oui : amélioration de la gestion, meilleure efficience
dans l’allocation des ressources et synergies.
Parce que dans la méthode des multiples, l’évaluateur devra choisir un niveau
de multiples à appliquer en fonction des caractéristiques de l’entreprise à évaluer
(risque, croissance) qui peuvent être différentes de celles de la moyenne ou de la
médiane de l’échantillon.
Ouvrages généraux
Damodaran A., The dark side of valuation: Valuing young, distressed and
complex businesses, 3e édition, FT press, 2018.
Koller T., Goedhart M., Wessels D., Valuation: measuring and managing the
value of companies, 7e édition, McKinsey & Company, 2020.
Pour approfondir
Bancel F., Tierny J., « Valuing companies with cash flow @ risk », Journal of
Applied Corporate Finance printemps 2011, vol. 23, no 2, pages 85 à 93.
Bruneau C., Fleuret F., Pradier P.-Ch., « Que valent les (cyber)jetons ? »,
Revue Banque juin 2018, no 821, pages 54 à 60.
Fernandez P., Valuation and common sense, 7e édition, 2019, à télécharger sur
ssrn.com.
Fernandez P., Survey: Market risk Premium and risk-free rate used for 88
countries in 2021, à télécharger sur ssrn.com.
Le Fur Y., Quiry P., « Comment valoriser une entreprise qui a un immobilier
d’exploitation important », La Lettre Vernimmen.net janvier 2010, no 83, pages 1
à 5.
Lie E., Lie H., « Multiples used to estimate corporate value », Financial
Analysts Journal mars 2002, vol. 58, no 2, pages 44 à 54.
Madura J., Ngo T., Viale A., « Why do merger premiums vary across
industries and over time? », The Quarterly Review of Economics and Finance
février 2012, vol. 52, no 1, pages 49 à 62.
Application à Medica
Voir l’étude de cas Medica.
Notre lecteur pourra constater que nous sommes bien éloignés du monde de
la comptabilité car, s’il est un paramètre qui ne doit avoir aucune influence en
matière de choix de structure financière, c’est bien celui du coût.
à l’équilibre
34.1
34.2
Rappelons que nous appelons coût moyen pondéré du capital (ou coût du
capital), noté k, le taux de rentabilité exigé par l’ensemble des pourvoyeurs de
fonds de l’entreprise pour accepter de la financer (acheter ses titres ou les
conserver). C’est le coût de financement de l’entreprise et c’est le taux de
rentabilité minimum que doivent dégager ses actifs sur moyenne période,
sinon elle court à sa perte ! (voir le chapitre 31).
kD est le taux de rentabilité exigé par les prêteurs pour une société donnée,
kCP est le taux de rentabilité exigé par les actionnaires de cette même société. k est
la moyenne pondérée des taux des deux sources possibles de capitaux : les
capitaux propres et l’endettement net (aussi appelé dette par souci de raccourci).
La pondération est fonction du poids respectif de la valeur des capitaux propres et
de la valeur de l’endettement net dans la valeur de l’actif économique. k est appelé
« coût moyen pondéré du capital » ou « coût du capital* Coût du capital ».
Supposons que, par exemple, le taux de rentabilité exigé par les créanciers
d’une entreprise soit de 4 %, que le taux d’impôt sur les sociétés soit de 25 %, que
le taux de rentabilité exigé par ses actionnaires soit de 10 %, et que la valeur de la
dette soit égale à la valeur des capitaux propres, le taux de rentabilité exigé par
l’ensemble des pourvoyeurs de fonds de l’entreprise est alors de 6,5 %1.
Autrement dit, le coût moyen pondéré du capital de l’entreprise est de 6,5 %.
34.3
Avant de s’interroger sur la valeur que peut (ou non) créer la structure de
financement au niveau de l’actif économique, il convient de définir plus
clairement la notion de valeur de l’actif économique.
les capitaux propres (CP) seront remplacés par la valeur des capitaux
■
propres (VCP) ;
34.4
valeur de l’entreprise ou valeur d’entreprise* Valeur de l’entreprise (VE) sont utilisés comme
synonymes de valeur de l’actif économique. Nous préférons éviter ces termes car,
pour un entrepreneur, valeur de l’entreprise signifie souvent valeur de ses capitaux
propres, d’où une source de confusions.
Que notre lecteur retienne bien les différences fondamentales entre dettes* Dette
et capitaux propres* Capitaux propres :
34.5
■ Les dettes :
34.6
□ ont une rémunération qui est fonction des profits de l’entreprise. Il n’y
aura pas de dividendes ou de plus-values si les résultats sont mauvais dans la
durée !
□ ne bénéficient d’aucune garantie d’un quelconque remboursement à une
échéance quelconque, proche ou lointaine. La seule « sortie » des capitaux
propres s’effectue par la cession à un nouvel actionnaire qui accepte de
prendre le relais ;
34.7
Dans ces conditions, il est naturel que les droits de vote* Droit de vote, et donc le
pouvoir de choisir les dirigeants* Dirigeants, reviennent aux actionnaires* Actionnaire.
L’attribution des droits de vote aux actions est la conséquence logique des trois
différences précédentes. Les actionnaires, venant après les prêteurs dans
l’appropriation des flux de trésorerie générés par l’entreprise, courent plus
de risques qu’eux. Les prêteurs sont prêts à confier aux actionnaires le pouvoir au
sein de l’entreprise, en particulier celui de choisir les dirigeants grâce aux droits de
vote, car ils savent qu’il est de l’intérêt des actionnaires de gérer l’entreprise au
mieux afin de maximiser ses flux dans la durée puisqu’il n’en reviendra une part
aux actionnaires que si les flux sont suffisants pour que les prêteurs reçoivent
d’abord ce qui leur est dû.
Ainsi, plus la valeur de l’actif économique est forte, plus la valeur des
capitaux propres est elle aussi forte. En effet, puisque la dette ne court pas le
risque de l’entreprise (sauf en cas de faillite), sa valeur est beaucoup moins
sensible aux variations de la valeur de l’actif économique. On retrouve ici la
notion d’effet de levier* Effet de levier où une faible variation dans la valeur de l’actif
économique peut avoir un impact important sur la valeur des capitaux propres :
Notons que ces deux graphiques ne sont pas à la même échelle, le premier
portant sur des flux annuels, le second sur des valeurs.
Pour un investisseur, les capitaux propres sont naturellement plus risqués que
l’endettement.
Section 3 ■ L’approche ancienne (pré -1958)
34.8
Pour commencer, nous supposerons qu’il n’existe aucun impôt, tant au niveau
de l’entreprise (absence d’impôt sur les sociétés) qu’à celui de l’investisseur (pas
d’impôt sur le revenu, ni d’impôt sur les plus-values) ; un paradis illusoire en
quelque sorte ! Concrètement, la structure financière optimale est celle qui
minimise k, le coût du capital, c’est-à-dire qui maximise la valeur de l’actif
économique (V). En effet, la valeur de l’actif économique résulte de l’actualisation
des flux de trésorerie disponible au taux k ; et les flux de trésorerie disponible sont
indépendants du mode de financement. Les développements qui suivent vont donc
mesurer et expliquer les variations de k en fonction de la structure financière du
groupe.
En effet, la dette coûte moins cher que les capitaux propres (kD < kCP) car
elle est moins risquée pour celui qui l’accorde que la détention d’actions. Dès lors,
toute augmentation modérée de la dette permettrait de réduire k puisqu’il y a
substitution d’une ressource moins chère, la dette, à une ressource plus chère, les
capitaux propres. C’est l’application concrète de la formule du coût du capital et
l’utilisation de l’effet de levier.
34.9
2. Rappelons que pour simplifier les calculs, nous raisonnons avec des flux constants à l’infini.
Soit ainsi un actionnaire de Y qui possède par exemple 1 % des actions, soit
1 333. Pour obtenir une meilleure rentabilité de son investissement, il doit :
Son niveau de risque avant et après l’opération est le même. Il court toujours
le risque de l’actif économique (le même pour X ou Y) et a toujours un risque
d’endettement : auparavant sur Y en tant qu’actionnaire, maintenant à titre
personnel, mais le montant est le même (1 % de 80 000 ou 800). Les situations
sont donc financièrement équivalentes. Auparavant l’actionnaire de Y n’était pas
endetté à titre personnel et était actionnaire d’une société Y avec un levier
financier de 60 %. Maintenant, il a un levier financier personnel de 60 %
(800/1 333), mais est actionnaire d’une société X non endettée.
Auparavant, l’investisseur percevait chaque année 160 de dividendes de la
société Y (12 % × 1 333 ou 1 % de 16 000). Maintenant, il a un revenu net, pour la
même mise de fonds, de :
Les actionnaires de Y vont donc vendre leurs actions Y pour acheter des
actions X ; la valeur des capitaux propres de Y diminuera, alors que celle des
capitaux propres de X augmentera. Cet arbitrage cessera dès que les valeurs de
l’actif économique de X et Y seront devenues identiques.
34.10
Ceci est une évidence trop souvent oubliée. Elle est simple à se rappeler : la
valeur d’un actif (une usine, un tableau, une filiale, une maison…) est la même
qu’il soit financé par endettement, par capitaux propres ou par un mélange des
deux. Comme l’avait expliqué Merton Miller lorsqu’il reçut le prix Nobel
d’économie : « la taille d’une pizza ne dépend pas de la façon dont on la coupe ! ».
Ou, autre façon de présenter les choses : le coût moyen pondéré du capital de
l’entreprise est indépendant des sources de financement. Il est, certes, la moyenne
pondérée des taux de rentabilité exigés par les différents pourvoyeurs de fonds.
Mais cette moyenne, au-delà de l’apparence, est en fait indépendante de ses
différentes composantes : ce sont ces dernières qui s’ajustent à l’occasion de tout
changement de structure financière. Accroître l’endettement (c’est-à-dire une
ressource dont le coût est faible) semble a priori faire baisser le coût du capital.
Mais c’est oublier que l’accroissement de la dette va augmenter son coût, induire
automatiquement un levier supplémentaire et par conséquent un accroissement du
risque pour les actionnaires. Cette hausse du risque qu’ils supportent se traduira
mécaniquement par une augmentation du taux de rentabilité qu’ils exigent sur les
capitaux propres et finalement par une constance du taux de rentabilité global
exigé.
Le coût moyen pondéré du capital est constant quelle que soit la structure
financière.
■ l’effet de levier comptable est un leurre. Le coût du capital est propre aux
actifs de l’entreprise et indépendant du mode de financement.
Mais un monde sans impôt est un monde utopique. C’est pour cela que le
chapitre 35 introduit l’impôt et d’autres facteurs dans le raisonnement.
Questions
[Réponse]
2/ Pourquoi le coût des capitaux propres à endettement nul est-il égal au coût
moyen pondéré du capital ?
[Réponse]
3/ Quels sont les deux risques que court un actionnaire d’une entreprise
endettée ?
[Réponse]
[Réponse]
[Réponse]
[Réponse]
[Réponse]
8/ Le coût du capital est-il une notion comptable ou financière ?
[Réponse]
[Réponse]
[Réponse]
11/ À quoi le coût de l’endettement net d’une société qui n’a plus de capitaux
propres est-il égal ? Et son coût du capital ?
[Réponse]
[Réponse]
[Réponse]
14/ Vrai ou faux ? « Plus nous nous endettons, plus le taux d’intérêt qui nous
est facturé est élevé. Par ailleurs, nos actionnaires demandent un taux de
rentabilité plus élevé. Aussi, pour avoir un faible coût du capital, nous devons
avoir un faible niveau d’endettement ». Pourquoi ?
[Réponse]
15/ Quel type d’investisseurs procèdent aux arbitrages décrits par
F. Modigliani et M. Miller ?
[Réponse]
Exercices
1/ Soit Nestor Sarl financée à 60 % par des capitaux propres d’un coût de 9 %
et à 40 % par de la dette à 5 %. En l’absence de fiscalité, quel est le coût moyen
pondéré du capital de cette société ?
[Réponse]
À quel moment cessera l’arbitrage ? Quels seront alors les PER de Tryphon
et Tournesol ? Est-il alors logique que le PER de Tryphon soit supérieur à celui de
Tournesol ? Pourquoi ?
[Réponse]
[Réponse]
[Réponse]
Parce que les capitaux propres supportent seuls le risque de l’actif économique
puisque l’entreprise n’est pas endettée.
Financière, car seules les valeurs de marché (taux et valeurs) entrent dans son
calcul puisque cela correspond à ce que les investisseurs demandent comme taux
de rentabilité, et non pas ce que la société dégage comme taux de rentabilité, qui
est une notion comptable.
Non, cela se saurait et toutes les entreprises seraient très endettées, ce qui est
loin d’être le cas.
Au coût des capitaux propres d’une entreprise non endettée du même secteur
car les prêteurs sont devenus de facto ses actionnaires. Idem, c’est-à-dire à son
coût de l’endettement.
k = 60 % × 9 % + 40 % × 5 % = 7,4 %.
Modigliani F., Miller M., « The cost of capital, corporation finance and the
theory of investment », The American Economic Review juin 1958, vol. 48, no 3,
pages 261 à 297.
35.1
Dans le chapitre 34, nous avons vu que la valeur de l’actif économique d’une
entreprise est la même que l’entreprise soit endettée ou non. Certes, l’acheteur des
actions d’une entreprise endettée dépensera moins que si l’entreprise n’était pas
endettée. Mais pour obtenir la libre disponibilité de l’actif économique, il devra
d’abord rembourser les dettes* Dette ou les acheter, ce qui revient au même. Au total,
il aura payé directement ou indirectement (valeur des capitaux propres, puis
remboursement de l’endettement net* Endettement net)1 le même montant : la valeur de
l’actif économique* Valeur de l’actif économique.
Maintenant, mettons-nous du côté du financier d’entreprise qui doit émettre
des titres pour financer la constitution de l’actif économique. Qu’il émette
uniquement des actions ou un ensemble d’actions et de dettes, peu importe, le
montant des fonds qu’il recueille sera le même, c’est la valeur de l’actif
économique.
Nous verrons dans ce chapitre deux types d’explications à cette réalité. Tout
d’abord, en conservant la même logique des marchés, des biais apparaissent.
Ceux-ci peuvent expliquer pourquoi une entreprise s’endette et pourquoi elle ne
s’endette pas au-delà d’un certain seuil. Les paramètres fondamentaux sources de
biais sont la fiscalité et les coûts de faillite* Coût de la faillite liés à un endettement excessif.
1 ■ Présentation traditionnelle
35.2
35.3
Ainsi, une entreprise non endettée financée par 100 de capitaux propres, sur
lesquels les actionnaires exigent un taux de 7,5 %, devra réaliser un bénéfice
minimum avant impôt de 10 pour qu’après impôt de 25 %, elle dégage le résultat
de 7,5 attendu.
La déductibilité des frais financiers de l’assiette de l’impôt sur les sociétés est
en quelque sorte une subvention de l’État à l’entreprise endettée. Pour que celle-ci
puisse en profiter, il suffit qu’elle soit imposable, c’est-à-dire qu’elle soit
bénéficiaire.
35.4
Lorsqu’il existe un impôt sur les sociétés, la valeur de l’actif économique d’une
entreprise endettée est égale à la valeur de l’actif économique d’une entreprise non
endettée plus la valeur actuelle de l’économie d’impôt liée à l’endettement.
Prenons par exemple une société dont l’actif économique vaut 100, financé
par 50 de capitaux propres et 50 de dette perpétuelle à 4 %. Si le taux d’imposition
est de 25 % et si la société réalise un résultat d’exploitation supérieur à 2 quel que
soit l’exercice considéré, l’économie d’impôt est de 25 % × 2 soit 0,5 pour chaque
exercice. La valeur actuelle de cette rente à l’infini augmente la richesse des
actionnaires de 0,5/12,8 % = 3,9 si 12,8 % est le taux de rentabilité exigé par les
actionnaires. La valeur des capitaux propres incluant cette économie d’impôt
augmente alors de 8 % à 53,9 (50 + 3,9).
La valeur actuelle de cette économie d’impôt est d’autant plus importante que
la maturité de la dette est éloignée et que l’endettement est important.
Valeur de l’économie d’impôt en % de la valeur des capitaux propres
Fixé sur la base d’un β de 1, d’une prime de risque de 5 % et d’un taux sans risque de 3 %. Les autres
kCP se déduisent de la formule du paragraphe 31.8.
35.5
C’est le fondement de la méthode APV* APV (Adjusted Present Value* Adjusted Present
Value (APV)) qui préconise de valoriser séparément l’actif économique par actualisation
des flux de trésorerie et la valeur de l’économie d’impôt générée par les frais
financiers.
Retenir le coût de la dette est justifié si l’on croît au caractère certain de ces
économies d’impôts. Par ailleurs, cela permet d’aboutir à une formule
particulièrement sympathique de par sa simplicité :
Le lecteur doit garder à l’esprit que cette économie d’impôt ne sera effective
que si la capacité bénéficiaire de l’entreprise est suffisante et qu’elle ne bénéficie
pas d’autres exonérations (reports fiscaux déficitaires, crédit d’impôt recherche,
amortissement accéléré…).
35.6
Comme nous l’avons vu, plus une société est endettée, plus le risque qu’elle ne
puisse pas faire face à ses engagements est élevé. Dans cette hypothèse,
l’entreprise dépose son bilan, ce qui, sur un plan théorique, s’analyse comme une
simple réallocation d’actifs à des fins de productivité.
des coûts indirects : commandes annulées (par peur qu’elles ne soient pas
■
honorées), décote sur les prix de vente (par peur du client de ne pas avoir de
service après-vente), diminution des crédits fournisseurs (par peur de ne jamais
être payés), effets sur la productivité (grèves, outil sous-utilisé…), impossibilité
d’obtenir des financements (même pour des projets rentables), et des coûts
humains inquantifiables.
Dans cette optique, le dépôt de bilan d’une entreprise peut s’analyser comme
le refus des actionnaires de mettre des fonds supplémentaires. Ils considèrent
comme perdues leurs mises antérieures. Les actionnaires remettent en fait
l’entreprise entre les mains de ses créanciers qui deviennent ainsi, formellement
ou non, ses nouveaux actionnaires. Les créanciers supportent l’ensemble des coûts
de dysfonctionnement, ce qui réduit d’autant les possibilités de remboursement de
leurs créances.
35.7
M. Miller, dans un nouvel article en 1977, reprend les conclusions qu’il avait
obtenues en 1958 avec F. Modigliani concernant l’absence de structure financière
optimale. Toutefois, à la différence de l’article de 1963, la fiscalité est prise en
compte tant au niveau de l’entreprise qu’au niveau de l’investisseur. En effet si
l’on prend en compte la fiscalité, autant le faire jusqu’au bout, en incluant celle
des investisseurs.
M. Miller soutient, non sans esprit polémique, que l’effet de l’impôt sur le
revenu des investisseurs annule celui des impôts sur les sociétés. De sorte que la
valeur d’un actif économique est la même quelle que soit la structure financière
qui le finance. Il n’existe donc pas de structure financière optimale.
35.9
En France, les principaux taux d’impôt applicables en 2023 sont les suivants :
sur les sociétés : pour les PME faisant moins de 10 M€ de chiffre d’affaires,
■
35.10
La création de valeur induite par l’endettement doit alors être mesurée par
l’accroissement du revenu net pour les investisseurs (actionnaires et créanciers).
Le cas français fait apparaître un accroissement des revenus nets avec la hausse du
niveau d’endettement, mais qui est faible, même avec un niveau d’endettement
rarement atteint tant il est élevé : seulement 5 % de revenus nets en plus pour
l’investisseur quand l’entreprise non endettée se couvre de 3 fois plus de dettes
qu’elle n'a de capitaux propres en valeur !
35.11
À l’aide du tableau ci-après, on peut même constater que dans certains pays,
comme les Pays-Bas ou le Royaume-Uni, l’économie d’impôt générée par
l’endettement au niveau de l’entreprise est plus que compensée par le surcroît
d’impôt au niveau de l’individu.
Quelques taux d’imposition dans le monde (pour les particuliers résidents pour les trois premières
colonnes et les entreprises pour la quatrième)
35.12
35.13
35.14
L’endettement est donc l’un des modes de contrôle interne que choisiraient
les actionnaires à l’égard des dirigeants. Au paragraphe 47.22 sera étudié un
autre mode de contrôle des dirigeants, externe cette fois-ci : la menace de l’OPA.
Des limites ne doivent cependant pas être dépassées : dans certains groupes
où la structure financière est totalement déséquilibrée, l’endettement ne représente
plus une incitation pour les dirigeants. À l’impossible nul n’est tenu… Au
contraire, dans ce cas, le dirigeant aura intérêt à continuer de croître par
endettement, rendant ainsi son groupe trop gros pour faire faillite (« Too big to
fail* Too big to fail ») à l’instar des banques RBS ou Fortis, jusqu’au jour où le concept est
remis en cause (Lehman Brothers). C’est ce que les Anglo-Saxons désignent par le
terme de moral hazard* Moral hazard.
Un LBO* LBO, ou Leveraged Buy-Out (voir le chapitre 49), est l’achat d’une
entreprise financé largement par endettement, par un fonds d’investissement
spécialisé qui implique financièrement les dirigeants de l’entreprise. Le
développement des LBO est une tendance de fond de ces quarante dernières
années.
Lorsque l’on parle des LBO, on a généralement l’impression que le but des
fonds de LBO est d’obtenir une meilleure rentabilité en jouant sur l’effet de levier
comptable. Ceci est un leurre : en aucune manière le succès du système des LBO
ne peut s’expliquer par le seul effet de levier comptable qui ne crée pas de valeur
comme nous l’avons vu.
Leur succès s’explique surtout par la plus grande motivation des dirigeants
qui sont, par ce système, plus impliqués dans la réussite de l’entreprise. Ils
réaliseront une meilleure allocation des ressources en faveur des actionnaires, dont
ils font nécessairement partie. L’intérêt des dirigeants est alors double, un intérêt
financier tout d’abord avec leur participation au capital immédiate ou potentielle
et, ensuite, une volonté de garder leur emploi et leur réputation en s’assurant que
la société ne fasse pas faillite. Et pour cela il faut qu’elle génère suffisamment de
flux de trésorerie disponible pour faire face au remboursement de la dette du LBO.
Il y a alors la carotte et le bâton !
La vraie création de valeur* Création de valeur permise par l’endettement réside dans la
contrainte forte qu’elle impose aux dirigeants de mieux gérer l’actif économique.
Section 3 ■ Le choix d’une structure financière : un
signal fait au marché
35.16
La théorie du signal* Théorie du signal se fonde sur l’hypothèse que les dirigeants d’une
entreprise disposent d’une information supérieure aux pourvoyeurs de fonds de
cette entreprise. C’est-à-dire que les dirigeants sont mieux à même de prévoir les
flux futurs de l’entreprise : ils savent, pour reprendre notre exemple du
paragraphe 28.9, dans quel état de la nature l’entreprise se trouve. Dans cette
perspective, tout signal émis par les dirigeants tendant à faire comprendre que les
flux seront meilleurs que prévus ou que le risque sera moindre permettra une
création de valeur pour l’investisseur. L’investisseur sera donc toujours à la
recherche d’un signal* Signal lui permettant d’espérer une rentabilité supérieure ou un
risque moindre. Cependant, pour que la signalisation soit crédible, il faut que le
signal comporte sa propre sanction s’il est erroné afin de décourager l’émission de
faux signaux.
Ce signal comporte sa propre sanction s’il est erroné. Si le signal est faux,
c’est-à-dire si les perspectives réelles de l’entreprise ne sont pas bonnes, ce
surcroît d’endettement la conduira à de grandes difficultés qui ne manqueront pas
de se traduire par le remplacement de ses dirigeants. Ces derniers sont donc, dans
ce schéma, fortement incités à envoyer le bon signal en ajustant le niveau
d’endettement de l’entreprise compte tenu de leur connaissance de sa capacité de
remboursement.
Si l’on suppose que les dirigeants possèdent des informations privilégiées sur
leur propre entreprise, S. Ross démontre que ces dirigeants communiqueront un
signal exact à condition que le gain marginal susceptible d’être retiré d’un faux
signal soit inférieur à la sanction infligée en cas de liquidation de la société.
« They put their money where their mouth is ». On comprend mieux alors la
disparité des politiques d’endettement des entreprises qui correspond en fait à une
disparité de leurs perspectives.
35.17
C’est ensuite la dette, mais la dette peu risquée, limitée dans son montant ou
nécessitant peu d’efforts pour convaincre les créanciers qui limitent leur risque par
la prise de garanties (nantissements, clauses de sauvegardes).
L’entrepreneur choisit, non pas au hasard, mais sans grand enthousiasme, son
financement. Cet ordre de priorité est dicté par la ligne du moindre effort des
dirigeants et de la moindre contrainte supplémentaire : il ne faut pas aller
« chercher » l’autofinancement, tout comme il est plus facile et moins contraignant
d’obtenir un crédit bancaire que de monter une augmentation de capital.
Cette théorie explique assez bien la situation des entreprises cotées très
rentables, peu endettées car s’autofinançant quasi exclusivement ou celle des PME
qui ne procèdent à des augmentations de capital que lorsque leur capacité
d’endettement est saturée.
■■■
35.18
[Réponse]
[Réponse]
[Réponse]
[Réponse]
[Réponse]
6/ Que pensez-vous de la phrase suivante « X a fait faillite parce que ses frais
financiers s’élevaient à 13 % de son chiffre d’affaires » ?
[Réponse]
[Réponse]
8/ Pourquoi est-il bon qu’une société à maturité et fortement rentable soit
fortement endettée ?
[Réponse]
9/ De 1990 à 2021, les taux d’intérêt en Europe ont été globalement orientés à
la baisse. Si le raisonnement de F. Modigliani et de M. Miller de 1963 était juste,
l’endettement des groupes aurait-il dû croître ou décroître ? Si l’on considère qu’il
a décru, qu’en pensez-vous ?
[Réponse]
[Réponse]
[Réponse]
12/ À votre avis, après une tentative de prise de contrôle ratée, le rapport
endettement net/capitaux propres de la cible a-t-il tendance à baisser ou à monter ?
Pourquoi ?
[Réponse]
13/ À votre avis, les théories de structure financière exposées dans ce chapitre
peuvent-elles se démontrer avec autant de certitudes que, par exemple, la parité
put/call du paragraphe 25.8 des options ? Pourquoi ?
[Réponse]
[Réponse]
[Réponse]
17/ Un fonds de LBO est prêt à payer un actif économique 3 000 s’il est
financé à 50/50 par de l’endettement et des capitaux propres et à 3 500 s’il est
financé par 75 % d’endettement et 25 % de capitaux propres. Qu’en pensez-vous ?
[Réponse]
Exercices
1/ Soit la firme Ottokar financée à 70 % par des capitaux propres d’un coût de
10 % et à 30 % par de la dette à 6 %. Quel est le coût moyen pondéré du capital de
cette société si le taux d’imposition est de 20 %, de 50 %, ou de 80 % ?
[Réponse]
2/ La société Bianca est entièrement financée par des capitaux propres d’une
valeur de marché de 200. Le seul impôt qui existe est l’impôt sur les sociétés au
taux de 30 %. Calculez la valeur de la société si elle emprunte 50 à 6 % à
perpétuité, destinés à rembourser une partie des capitaux propres, sachant que ses
actionnaires auront alors une exigence de rentabilité de 11 %.
[Réponse]
3/ La société Castafiore est financée par des capitaux propres d’une valeur de
marché de 40 et par de la dette d’une valeur de marché de 30. Cet endettement est
constitué par une rente perpétuelle au taux de 6 %. Le taux de l’impôt sur les
sociétés est de 30 %.
[Réponse]
4/ Refaites le tableau du paragraphe 35.10 dans le cas des États-Unis et de la
Côte d’Ivoire en retenant deux cas : pas de dette et 500 de dette à 7 %.
L’investisseur et l’entreprise sont imposés dans la tranche la plus élevée du
barème. Concluez.
[Réponse]
Ce raisonnement est faux. Une entreprise fait faillite parce que sa rentabilité
actuelle et espérée est insuffisante par rapport à son risque et non parce qu’elle est
trop endettée. Si elle est trop endettée, c’est parce que sa rentabilité est
insuffisante, qu’elle ne génère donc pas assez de flux de trésorerie, ce qui la
conduit à s’endetter.
Pour éviter qu’elle n’utilise ses flux de trésorerie disponible pour détruire de la
valeur en se diversifiant ou en réalisant des investissements non rentables.
Il aurait dû croître pour compenser la baisse des taux afin que les frais
financiers déductibles de l’IS restent au moins constants. Or c’est l’inverse qui
s’observe. Conclusion : soit cette théorie ne tient pas, soit il y a, avec elle, d’autres
facteurs explicatifs.
Plus de dettes car elles ne veulent pas émettre de nouveaux capitaux propres
tant que la valeur de leurs capitaux propres est sous-évaluée.
En valeur car si la société est très rentable, ses capitaux propres vaudront
beaucoup plus que leur montant comptable. La capacité de faire face aux
échéances sera ainsi mieux mesurée.
Non car les taux d’intérêt, les taux d’impôt, l’aversion au risque, la volatilité
de l’actif économique, la maturité d’un secteur… évoluent au cours du temps.
Les principaux travaux de F. Modigliani et M. Miller en matière de structure financière outre ceux cités
au chapitre 34 :
Miller M., « Debt and taxes », Journal of Finance mai 1977, vol. 2, no 2, pages
261 à 276.
Modigliani F., Miller M., « Corporate income taxes and the cost of capital: a
correction », The American Economic Review juin 1963, vol. 53, no 3, pages 433 à
443.
Dans la foulée des travaux précédents sur les problèmes de structure financière et d’impôt :
van Binsbergen J., Graham J., Yang J., « The cost of debt », Journal of
Finance décembre 2010, vol. 65, no 6, pages 2089 à 2136.
DeAngelo H., Masulis R., « Optimal capital structure under corporate and
personal taxation », Journal of Financial Economics mars 1980, vol. 8, no 1, pages
3 à 29.
Doidge C., Dyck A., « Taxes and corporate policies: evidence from a quasi
natural experiment », Journal of Finance février 2015, vol. 70, no 1, pages 45 à
89.
Fama E., French K., « Taxes, financing decisions and firm value », Journal of
Finance juin 1998, vol. 53, no 3, pages 819 à 843.
Fernandez P., « The value of tax shields is NOT equal to the present value of
tax shields », Journal of Financial Economics juillet 2004, vol. 73, no 1, pages 145
à 165.
Flannery M., Lin L., « Do personal taxes affect capital structure? Evidence
from the 2003 cut », Journal of Financial Economics août 2013, vol. 109, no 2,
pages 549 à 565.
Graham J., « How big are the tax benefits of debt? », Journal of Finance
octobre 2000, vol. 55, no 5, pages 1901 à 1941.
Hennessy Ch., Whited T., « Debt dynamics », Journal of Finance juin 2005,
vol. 60, no 3, pages 1129 à 1165.
Huizinga H., Laeven L., Nicodème G., « Capital structure and international
debt shifting », Journal of Financial Economics avril 2008, vol. 88, no 1, pages 80
à 118.
Berk J., Stanton R., Zechner J., « Human capital, bankruptcy and capital
structure », Journal of Finance juin 2010, vol. 65, no 3, pages 891 à 926.
Cronqvist H., Makhija A., Yonker S., « Behavioral consistency in corporate
finance: CEO personal and corporate leverage », Journal of Financial Economics
janvier 2012, vol. 103, no 1, pages 20 à 40.
Malmendier U., Tate G., Yan J., « Overconfidence and early-life experiences:
The test of managerial traits on corporate financial policies », Journal of Finance
octobre 2011, vol. 66, no 5, pages 1687 à 1733.
Bae K.-H., Kang J.-K., Wang J., « Employee treatment and firm leverage : A
test of the stakeholder theory of capital structure », Journal of Financial
Economics avril 2011, vol. 100, no 1, pages 130 à 153.
Baghai R., Silva R., Thell V., Vig V., « Talent in distressed firms: Investigating
the labor costs of financial distress », Journal of Finance décembre 2021, vol. 76,
no 6, pages 2907 à 2961.
Elkamhi R., Ericsson J., Parsons Ch., « The cost and timing of financial
distress », Journal of Financial Economics juillet 2012, vol. 105, no 1, pages 62 à
81.
Gilje E., Loutskina E., Murphy D., « Drilling and debt », Journal of Finance
juin 2020, vol. 75, no 3, pages 1287 à 1325.
Hortaçsu A., Matvos G., Syverson C., Venkataraman S., « Indirect costs of
financial distress in durable goods industries: the case of auto manufacturers »,
Review of Financial Studies mai 2013, vol. 26, no 5, pages 1248 à 1290.
Donaldson G., Corporate debt capacity : a study of corporate debt policy and
the determination of corporate debt capacity, Harvard University Division of
Research, 1961.
Myers S., Majluf N., « Corporate financing and investment decisions when
firms have information investors do not have », Journal of Financial Economics
juin 1984, vol. 13, no 2, pages 187 à 222.
Myers S., « The capital structure puzzle », Journal of Finance juillet 1984,
vol. 39, no 3, pages 575 à 592.
Jensen M., « The agency costs of free cash flow, corporate finance, and
takeovers », The American Economic Review mai 1986, vol. 76, no 2, pages 323 à
329.
Jensen M., Meckling W., « Theory of the firm: managerial behavior, agency
costs and ownership structure », Journal of Financial Economics octobre 1976,
vol. 3, no 4, pages 305 à 360.
Leland H., « Agency costs, risk management and capital structure », Journal of
Finance août 1998, vol. 53, no 4, pages 1213 à 1243.
Mao C., « Interaction of debt agency problems and optimal capital structure:
theory and evidence », Journal of Financial and Quantitative Analysis juin 2003,
vol. 38, no 2, pages 399 à 423.
taxsummaries.pwc.com
Chapitre 36
Endettement* , capitaux propres et théorie
Dette
des options
36.1
Pour l’actionnaire, ce taux est une espérance, une sorte de moyenne entre des
taux qui peuvent être positifs et négatifs. Il peut espérer obtenir 50 %, – 20 %,
comme 0 %, 5 %, 33 % ou – 100 % !
Pour le créancier, le taux exigé a une très forte probabilité d’être atteint et, en
aucun cas, il ne peut être dépassé. Il ne peut espérer gagner que 10 % mais, sauf
exception, cet espoir devrait être réalisé.
Cependant, même s’il est très faible, le risque du créancier n’est pas nul. En
effet, le capitalisme est organisé sur la base de la société anonyme* Société anonyme dont le
principe juridique essentiel est la limitation de la responsabilité des
actionnaires* Actionnaire à l’égard des créanciers* Créancier. Certains considèrent ainsi que
les capitaux propres sont comme une caution laissée par les actionnaires aux
créanciers.
C’est dans cet esprit qu’il faut voir l’apport des options* Option pour analyser la
structure financière d’une entreprise et surtout la relation créanciers-actionnaires.
C’est Robert Merton qui initia les recherches dans ce domaine.
Section 1 ■ Comment lire l’entreprise à la lumière des
options
36.2
Pour simplifier notre présentation, nous considérons toujours une société par
actions qui n’a émis qu’un seul type de dette (coupon zéro) remboursable à
l’échéance en une seule fois (capital et intérêts) pour un montant de 100.
(100) ;
volatilité = la volatilité de la valeur de l’actif sous-jacent, soit celle de l’actif
■
économique ;
36.3
Quant aux créanciers, tout se passe comme s’ils avaient investi dans l’actif
sans risque et vendu une option de vente de l’actif économique aux actionnaires.
En effet, comme nous venons de le voir, les créanciers peuvent se retrouver, à leur
corps défendant, propriétaires de l’actif économique si l’entreprise ne rembourse
pas sa dette. À défaut de récupérer le montant des fonds prêtés, ils récupèrent
l’actif économique qu’ils ont donc « acheté » pour le montant de la dette qui ne
leur est pas remboursée.
La vente de cette option de vente (de type européen) se traduit par une
rémunération supplémentaire pour le créancier qui se rajoute au taux sans risque
pour former sa rémunération totale. Ceci est légitime puisque le créancier court le
risque que l’option de vente soit exercée par les actionnaires, autrement dit que la
société ne tienne pas ses engagements et que la dette ne soit pas remboursée.
compris (100) ;
économique ;
Prêter à une entreprise revient, pour le créancier, à investir dans l’actif sans risque
et à vendre à l’actionnaire une option de vente d’un prix d’exercice égal au
montant de la dette à rembourser.
En conclusion, selon la situation prévalant à l’échéance de la dette, le lecteur
peut vérifier les points suivants :
36.4
Nous avons montré que la valeur des capitaux propres d’une entreprise peut
s’apparenter à la valeur d’une option d’achat sur l’actif économique de cette
entreprise. Le prix d’exercice de cette option est le montant de la dette à
rembourser à l’échéance, la durée est celle de la dette, et le sous-jacent est l’actif
économique de l’entreprise.
Mais aujourd’hui, la valeur intrinsèque est nulle (elle ne peut être négative,
voir le paragraphe 25.10) et la valeur actuelle des capitaux propres (8) ne
s’explique que par la valeur temps. Cette dernière correspond à l’espoir que, d’ici
l’échéance de la dette (dans 2 ans), la valeur de l’actif économique ait
suffisamment progressé pour dépasser le montant de la dette à rembourser et
donner alors une valeur intrinsèque aux capitaux propres.
La vue de l’actionnaire…
… ou la vue du créancier.
Notre lecteur brûle peut-être d’envie d’utiliser ce qu’il sait des options pour
l’appliquer à la finance d’entreprise :
36.5
La méthode optionnelle sera adoptée pour valoriser les actions des grands
projets risqués financés par endettement : forages pétroliers en Sibérie du Nord…
ou ceux intrinsèquement volatils : start-up en biotechnologies, etc.
36.6
36.7
■ La valeur temps d’une option s’accroît avec son échéance
Considérons une société dont le financement est assuré à la fois par des
capitaux propres et de la dette. Supposons que la dette soit de 100 et que son
remboursement intervienne dans 1 an. Si le taux d’intérêt de cette dette compte
tenu de son risque est de 6 %, le montant à verser aux créanciers dans 1 an est
donc de 106.
Valeur de la dette = Valeur de la dette au taux sans risque – Valeur d’un put.
Nous savons que la valeur des capitaux propres se partage entre la valeur
intrinsèque et la valeur temps, soit :
La valeur de la dette actualisée au taux sans risque est donc de 115/1,05, soit
109,52. La valeur du put s’en déduit : valeur du put = 109,52 – 100 = 9,52.
On remarque que la prime de risque pour cette société est beaucoup plus
élevée que dans l’exemple précédent, ce qui traduit l’accroissement de la
probabilité de non-remboursement de cette dette. Celle-ci peut s’assimiler à une
dette risquée à forte rentabilité (high yield, voir le paragraphe 22.28).
La valeur des capitaux propres, toujours égale à 50, est partagée entre une
valeur intrinsèque de 35 (150 – 115) et une valeur temps de 15 (50 – 35). Le risque
étant plus important que dans l’exemple précédent, une plus grande part de la
valeur des capitaux propres est expliquée par la valeur temps.
Section 3 ■ L’apport de la théorie des options à
l’analyse des décisions financières de l’entreprise
36.8
Considérons une société holding* Société holding2 Holding SA détenant 100 actions
de la société Fille SA qui cotent 2 230 € par action. On suppose également que le
passif de Holding SA est constitué de 100 actions et de 300 obligations. Chacune
de ces obligations est à coupon zéro dont la valeur de remboursement dans 3 ans
est de 1 000 €. Nous supposerons que les créanciers n’anticipent pas de versement
de dividendes ni de modification de la structure financière avant la date de
maturité de la dette.
En supposant que des options d’achat sur les actions de Fille SA se traitent
sur le marché, en voici les cours pour différents prix d’exercice :
Considérons les 100 actions émises par Holding SA comme une option sur
son actif économique (c’est-à-dire sur les actions Fille SA), soit 223 000 €, avec
un prix d’exercice égal au montant de la dette à rembourser de Holding SA, soit
300 obligations × 1 000 € = 300 000 €.
Chaque action Holding SA est donc assimilable à une option d’achat de prix
d’exercice : 300 000 €/100 actions = 3 000 €, et de maturité 3 ans.
D’après le tableau précédent, la valeur des capitaux propres de Holding SA
s’établit alors à 45 € × 100 actions = 4 500 €.
Une obligation vaut donc 728,33 € (218 500 €/300), ce qui correspond à un
taux actuariel implicite de 11,1 %3.
1 ■ Accroître l’endettement
36.9
Leur perte (218 500 – 206 156 = 12 344 €) est, bien sûr, exactement égale au
gain des actionnaires.
Ce paradoxe apparent est résolu par la théorie des options qui permet de
montrer que, dans le cas de nouvelles émissions de dette pour diminuer les
capitaux propres, la valeur temps des actions baisse moins que le montant perçu
par les actionnaires et reste positive. La probabilité que la valeur des actions Fille
SA à l’échéance de la dette soit supérieure au montant de la dette à rembourser a
certes faibli (puisque la dette s’est accrue), mais elle reste néanmoins non nulle,
d’où une valeur temps plus faible mais toujours positive.
Cet exemple est bien sûr caricatural : toute décision de ce type aurait
juridiquement des conséquences désastreuses pour les actionnaires poursuivis par
les créanciers devant les tribunaux, et dont l’image de marque sur le marché
financier deviendrait déplorable. Il présente cependant bien l’apport de la théorie
des options dans le cadre de la valorisation des capitaux propres.
36.10
Chaque action de Holding SA est équivalente à une option d’achat sur une
action de Risque SA avec un prix d’exercice de 3 000 € (300 × 1 000/100).
Supposons que la valeur d’une option d’achat sur l’action Risque SA, pour
un prix d’exercice de 3 000 € et une date d’échéance dans 3 ans, soit de 140 €. Les
100 actions Holding SA valent en conséquent 14 000 €.
L’échange d’un actif peu risqué (société Fille SA) contre un actif très volatil
(société Risque SA) a provoqué une redistribution de la valeur au profit des
actionnaires qui réalisent un gain de 9 500 € (14 000 – 4 500).
Ce gain trouve son exacte contrepartie dans la perte des créanciers. En effet,
la valeur de la dette passe de 218 500 à : 223 000 – 14 000 = 209 000 €, soit une
baisse de 9 500 €.
36.11
Supposons donc que la dette ne soit plus due dans 3 ans, mais dans 4 ans. Il
convient alors, pour appliquer notre méthode, de se reporter aux options sur Fille
SA à horizon 4 ans. Le tableau des options à 4 ans est le suivant :
Les valeurs des options sont plus élevées, ce qui n’étonnera pas notre lecteur
qui a appris au paragraphe 25.16 que la valeur d’une option était une fonction
croissante de sa durée de vie.
36.12
Parallèlement, les hedge funds* Hedge funds ont développé des techniques
d’arbitrage entre les marchés des dettes et des capitaux propres (capital structure
arbitrage* Capital structure arbitrage), en particulier via les CDS5, qui s’appuient sur cette
approche. Enfin, certains prêteurs couvrent leurs risques de crédit en vendant à
découvert les actions de l’emprunteur coté en Bourse, gagnant ainsi sur cette
branche ce qu’ils perdent en cas de dévalorisation de leurs créances.
Section 4 ■ Les méthodes de résolution des conflits
entre actionnaires et créanciers
36.13
Afin d’éviter des conflits* Conflits entre actionnaires et créanciers avec des actionnaires et de sortir
de la situation d’asymétrie dans laquelle ils se trouvent, les créanciers disposent
d’un ensemble de moyens qui peuvent se résumer en deux grandes catégories :
36.14
2 ■ Les covenants
Les covenants* Covenant (clauses de sauvegarde* Clause de sauvegarde) sont des engagements de
faire ou de ne pas faire dont le non-respect entraîne l’exigibilité immédiate des
dettes.
C’est une arme atomique qui a pour vocation de dissuader les actionnaires
d’essayer de léser les créanciers à leur profit. Comme l’arme atomique, elle n’a
pas vocation à être utilisée et pousse à la négociation. En pratique, lorsqu’une
société ne respecte plus ses covenants, les banques acceptent généralement soit un
délai pour rétablir la situation (covenant holiday), soit de changer les covenants
pour être moins contraignants (covenant « reset »), le tout moyennant une
commission supplémentaire (waiver fee) et/ou un intérêt revu à la hausse.
36.15
Le plus souvent, l’entreprise rembourse une partie de sa dette avec ses flux de
trésorerie disponible et refinance le solde de sa dette en contractant un nouvel
emprunt. En effet, la plupart du temps la somme des flux de trésorerie disponible
futurs est supérieure au montant de la dette à rembourser, mais les flux sont en
moyenne plus éloignés dans le temps que ne le sont les échéances de la dette et
peuvent donc être insuffisants à court terme. La duration (voir le paragraphe
22.26) des premiers est en général supérieure à la duration des flux de la dette qui
dépasse très rarement 6 à 7 ans.
■celui du taux d’intérêt auquel elle va, dans le futur, refinancer une partie de sa
dette actuelle ;
Ces deux risques peuvent se couvrir comme nous le verrons au chapitre 53.
Mais il est fréquent que le risque de liquidité* Risque de liquidité ne soit pas couvert, soit
parce qu’il n’est pas toujours possible de le faire, soit parce que le coût de la
couverture est perçu comme prohibitif, ou, encore parce que les situations de
crises sévères de liquidité sont suffisamment rares qu’il n’est pas jugé utile de
couvrir ce risque.
ce qui correspond à :
36.16
36.17
L’idée de valeur temps* Valeur temps des capitaux propres constitue l’apport essentiel
de l’application des options à la finance d’entreprise.
Nous sommes bien loin, dans ce chapitre, du simple effet de levier comptable
qui semblait montrer que l’actionnaire crée de la richesse en investissant des fonds
à un taux supérieur au coût de la dette. La relation créanciers-actionnaires se pose
en des termes tout à fait différents dans le domaine de la valeur, où l’on voit que
leurs intérêts peuvent être fondamentalement divergents du fait de la modification
du risque et sans qu’il y ait eu échange de flux entre eux, ni modification globale
de la valeur de l’actif économique.
Cette asymétrie dans les positions fait penser aux options. Ce chapitre a
démontré qu’il y avait plus qu’une simple analogie.
De la même façon, on peut démontrer que prêter à une entreprise revient, pour
un créancier, à investir dans l’actif sans risque et à vendre à l'actionnaire une
option de vente de l'actif économique à un prix d’exercice égal au montant de la
dette à rembourser.
Cette approche par les options permet de décomposer la valeur des capitaux
propres en valeur intrinsèque et valeur temps. La valeur intrinsèque correspond à
la différence entre la valeur actuelle de l’actif économique et le montant de la dette
à rembourser à l’échéance. La valeur temps, quand elle existe, représente l’espoir
que la valeur de l’actif économique devienne supérieure, avant l’échéance de la
dette, au montant de l’endettement net à rembourser.
■ investir dans des projets très risqués (mais dont la valeur actuelle nette au
taux exigé est nulle) ne modifie pas instantanément la valeur de l’actif
économique, mais accroît le risque des créanciers, diminue la valeur de la dette et
accroît du même montant la valeur des capitaux propres ;
[Réponse]
[Réponse]
[Réponse]
4/ Selon cette théorie, la valeur des capitaux propres d’une entreprise peut-elle
être nulle ?
[Réponse]
[Réponse]
[Réponse]
[Réponse]
8/ L’effet d’expropriation est-il dû à l’inefficience du marché ?
[Réponse]
a) Pensez-vous que les intérêts des créanciers et ceux des actionnaires soient
les mêmes ? En particulier dans les conditions suivantes :
– un accroissement de l’endettement ;
c) À quel produit financier vous font penser tous ces exemples dans la relation
créanciers-actionnaires ?
[Réponse]
[Réponse]
11/ Si des prêteurs cherchent à couvrir leurs créances, l’impact est-il plutôt
positif ou négatif sur le cours de Bourse ? Pourquoi ?
[Réponse]
Exercices
D’autre part, vous pouvez lire dans les journaux financiers, à la section
cotation d’options d’achat européennes sur l’action Uninet, le tableau suivant :
[Réponse]
2/ Soit deux sociétés A et B qui doivent chacune payer 100 à leurs créanciers
dans 1 an. Le taux de l’argent sans risque est de 5 % l’an. Voici les principaux
paramètres financiers de A et de B avant et après une augmentation de capital de
50 qu’elles envisagent de réaliser afin de financer de nouveaux investissements :
[Réponse]
[Réponse]
À une option d’achat sur l’actif économique dont le prix d’exercice est le
montant de la dette à rembourser.
À l’actif sans risque moins une option de vente dont le prix d’exercice est le
montant de la dette à rembourser.
Non, car il y a toujours un espoir, aussi faible soit-il, que la valeur de l’actif
économique progresse d’ici l’échéance de la dette et devienne supérieur au
montant à rembourser.
c) Aux options !
a) Le tableau est cohérent. Plus le prix d’exercice est élevé, moins l’option
vaut cher ; plus la maturité est longue, plus l’option vaut cher.
b) Les actions peuvent être assimilées à des options sur l’actif (c’est-à-dire sur
les titres Uninet). Prix d’exercice = 6 M/5 000 = 1 200, échéance = celle de la
dette = 5 ans. Valeur de ces options = 1 010. Valeur des capitaux propres de
Verfinance = 1 010 × 5 000 = 5,05 M. Valeur de la dette = 4,95 M.
a) Les actionnaires détiennent une option d’achat sur 94 actions Fille SA (100
– 6) avec un prix d’exercice de 300 000 (300 obligations × 1 000). Cette option est
équivalente à 94 % d’une option sur un actif composé de 100 actions de Fille SA
(94/94 %) et de prix d’exercice égal à 319 149 (300 000/94 %). La nouvelle valeur
des capitaux propres est de : 94 % × 31,6 × 100 actions = 2 970 ; la valeur de
l’option de 31,6 est trouvée par interpolation linéaire à partir de la table fournie.
b) La valeur de la dette est alors de 94 × 2 230 – 2 970 = 206 650, soit une
baisse de 11 850. Le taux actuariel de la dette passe à 13,3 %, ce qui traduit la
hausse du risque des dettes de Holding SA.
F. Black, M. Scholes et R. Merton ont été les premiers à analyser la valeur des actions et des dettes en
termes d’options :
Black F., Scholes M., « The pricing of options and corporate liabilities »,
Journal of Political Economy mai-juin 1973, vol. 81, no 3, pages 637 à 654.
Merton R., « Theory of rational option pricing », Bell Journal été 1973, vol. 4,
no 1, pages 141 à 183.
Merton R., « On the pricing of corporate debt: the risk structure of interest
rates », Journal of Finance mai 1974, vol. 29, no 2, pages 449 à 470.
Pour avoir une vue d’ensemble de la théorie des options appliquée aux problèmes de structure
financière :
Aït-Mokhtar Y., « Cap Arb 2008, Hidden Value & investment opportunities »,
Exane BNP Paribas quantitative research mars 2008.
Campbell J., Taksler G., « Equity volatility and corporate bond yields »,
Journal of Finance décembre 2003, vol. 58, no 6, pages 2321 à 2349.
Chava S., Robert M., « How does financing impact investment? The role of
debt covenants », Journal of Finance octobre 2008, vol. 63, no 5, pages 2085 à
2121.
Chesney M., Gibson-Asner R., « The investment policy and the pricing of
equity in a levered firm: a re-examination of the contingent claim’s valuation
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37.1
Autrement dit, une entreprise qui a fait des investissements au moins aussi
rentables que l’exigent ses pourvoyeurs de fonds n’aura jamais de problèmes
insurmontables de financement. Si besoin est, elle pourra toujours restructurer son
passif et trouver de nouveaux bailleurs de fonds. À l’inverse, une entreprise dont
l’actif économique n’est pas assez rentable aura tôt ou tard des problèmes de
financement, même si elle a pu initialement bénéficier de conditions de
financement très favorables. L’importance de son endettement ne jouera que sur la
rapidité de dégradation de sa situation financière.
37.2
rémunéré.
C’est donc être atteint de myopie que de choisir une source de financement
en fonction de son coût : on oublie alors que toutes les sources de financement ont
le même coût compte tenu de leur risque.
37.3
Nous avons trop souvent entendu dire que le coût d’une augmentation de
capital était faible parce que le rendement de l’action était faible ; que
l’autofinancement ne coûtait rien ; que l’obligation convertible permettait
d’abaisser le coût de financement d’une entreprise, etc. Tout ceci revient à
confondre coût comptable et coût financier.
Une source de financement n’est bon marché que si elle a été levée pour
un montant supérieur à sa valeur de marché. Sa valeur actuelle nette est alors
négative pour l’investisseur, positive pour l’entreprise. Ainsi une obligation
convertible n’est pas bon marché si elle a un taux facial faible, mais si l’option
implicite qu’elle contient est vendue plus chère que sa valeur de marché.
elle est déjà plus forte pour les capitaux propres dans la mesure où il faut
□
elle est considérable pour l’autofinancement dans la mesure où, comme nous
□
souvent leur succès. Mais nous mettons en garde le lecteur : ce n’est pas parce que
de telles sources de financement ont un taux facial plus faible que leur coût
financier est, lui, plus faible. Une analyse par la valeur telle que nous l’avons
exposée jusqu’ici, qui utilise à la fois les techniques de la valeur actuelle et de
l’option, permet de saisir le véritable coût de cette source de financement.
Les coûts de financement de l’entreprise* Obligation convertible* Obligation à bons de souscription d’actions (OBSA)* Obligation remboursable en
action* ORA* Obligation hybride
37.4
37.5
■ dans les années 1980, une bonne structure financière se traduit par une
diminution rapide de l’endettement dont le coût apparaît prohibitif compte tenu
des taux d’intérêt réels élevés, une amélioration de la rentabilité et un
autofinancement accru ;
■ la fin des années 1990 marque un retour en grâce de l’endettement utilisé soit
pour financer des acquisitions, soit pour réduire le capital dans un climat assez
euphorique de croissance en volume et d’inflation très faible. La raison tient à des
taux d’intérêt nominaux à leur plus bas historique depuis 30 ans ;
■ les années 2000 s’ouvrent par une crise financière (l’éclatement de la bulle
Internet) et par une crise économique couplées à une quasi-fermeture des marchés
actions rendant difficile un rééquilibrage rapide de la structure financière de celles
des entreprises qui venaient de fortement s’endetter. La leçon a porté puisqu’en
2007-2008, au moment de la crise des subprimes, peu de groupes étaient endettés,
hormis les LBO (voir le chapitre 49) dont les plus récents et les plus endettés
souffrent beaucoup. Dans les secteurs les plus touchés par la crise, certains
groupes ont réagi rapidement en réalisant des augmentations de capital afin
d’avoir une structure financière plus solide. Dans tous les secteurs les entreprises
cherchent à se désendetter (limitation des investissements, réduction du BFR),
pour rester agiles et garder de la flexibilité face à un environnement incertain ;
depuis le milieu des années 2010, les sociétés ayant accumulé des liquidités
■
pertes liées aux confinements ont été financées dans un premier temps par la
trésorerie disponible ou de l’endettement nouveau qui a alourdi la structure
financière dans de nombreux secteurs. Les entreprises les plus touchées réalisent
des augmentations de capital (Air France), les autres bénéficient de la très bonne
conjoncture de 2021 pour se désendetter ;
paradoxalement les taux réels à un niveau bas n'incitant pas encore les entreprises
à se désendetter.
Les grands groupes, des deux côtés de l’Atlantique, sont rarement fortement
endettés car étant fortement rentables (ce qui explique leur grande taille), ils ont
peu besoin d’endettement.
Endettement net/Valeur de marché des capitaux propres (ratio médian)
37.6
Une période de taux d’intérêt réels négatifs ou nuls comme nous en avons
connu en Europe entre 2015 et 2021, due à des taux d’intérêt nominaux et à une
inflation faibles, ne conduit pas nécessairement à une remontée significative de
l’endettement des entreprises. En effet, les marges élevées réalisées (voir le
paragraphe 10.21) gonflent l’autofinancement, ce qui réduit le besoin
d’endettement. Par ailleurs, la faiblesse de la croissance en volume, qui explique la
politique de taux d’intérêt négatif ou nul de la BCE afin de la relancer, n’implique
pas de lourds investissements qu’il faudrait financer.
37.7
Le rôle des capitaux propres* Capitaux propres est double. Leur première fonction est
bien sûr de financer une partie de l’investissement. Mais un objet tout aussi
important est de servir de garantie ou de caution aux créanciers de l’entreprise qui
financent l’autre partie de l’investissement ; le coût des capitaux propres intègre
donc une prime de risque.
Ainsi les capitaux propres sont comme une assurance (voir la lecture des
capitaux propres en tant qu’option du paragraphe 36.2) et leur coût semble élevé
car tout comme une prime d’assurance, ils coûtent toujours trop cher… jusqu’à
l’accident (la crise) où l’on est bien content d’en avoir beaucoup. Comme nous le
verrons plus loin, en cas de difficultés, avoir des capitaux propres importants
donne du temps pour résister à la baisse des résultats, pour se restructurer, lancer
de nouveaux produits, saisir des opportunités de croissance externe…
Mais, il est vrai également qu’un financement par capitaux propres n’incite
pas les dirigeants à réagir rapidement en cas de crise… et peut dans des cas
extrêmes laisser perdurer des entreprises non performantes.
Section 2 ■ Les facteurs de choix d’une structure
financière
37.8
minimum ;
contrôle ;
1 ■ La flexibilité financière
37.9
37.10
Les agences de notation* Agence de notation ont pris une importance croissante en
Europe depuis 20 ans (voir le paragraphe 22.27), en raison de la transition d’une
économie largement intermédiée par les banques à une économie où les marchés
financiers deviennent prédominants dans le financement des grands groupes (voir
les paragraphes 16.2 à 16.6).
La notation financière* Notation financière est ainsi devenue une des préoccupations
premières de leurs directeurs financiers qui prendront ou pas une décision de
financement, de distribution, d’investissement ou de désinvestissement en fonction
de l’impact qu’elles auront sur le rating* Rating. Certaines sociétés se fixent même
des objectifs de rating (Danone ou Engie par exemple). Cela peut apparaître
paradoxal à double titre :
■en se fixant des objectifs de rating les groupes se fixent un nouvel objectif :
celui de la préservation du patrimoine des obligataires ! C’est louable et se
comprend dans un contexte d’une économie de marchés financiers, mais cela n’a
jamais fait partie du pacte social.
■une bonne notation financière est garante d’une certaine flexibilité financière
et d’un accès plus facile aux marchés en cas de besoin.
37.11
Une start-up* Start-up aura beaucoup de mal à se financer par endettement. Elle n’a
pas de passé et donc pas d’historique de crédits remboursés, ni généralement
d’actifs corporels qui pourraient servir de garantie. L’environnement concurrentiel,
voire technologique dans lequel elle évolue est probablement très mouvant et ses
flux de trésorerie disponible sont négatifs pour quelque temps. Son niveau de
risque spécifique pour un prêteur est donc très élevé. Elle n’a pas d’autre choix
que de se financer par capitaux propres. Nous renvoyons notre lecteur au chapitre
42 qui traite du financement des start-up.
À l’opposé, l’entreprise établie sur son marché depuis plusieurs années et qui
arrive à maturité n’aura pas de difficulté à « séduire » des prêteurs. Son historique
de crédit est établi, ses actifs sont bien réels, elle génère des flux de trésorerie
disponible (sur lesquels le risque de prévision est faible) d’autant plus élevés que
les gros investissements ont déjà été réalisés. Bref, tout ce qu’aime un créancier !
À l’inverse, l’investisseur en capitaux propres sera peu enthousiaste : peu de
croissance, peu de risque, donc moins de rentabilité.
5 ■ Les opportunités
37.13
Que notre lecteur ne se laisse pas griser par les opportunités. Il est en effet difficile
de fonder une politique financière sur une succession d’opportunités, à
l’occurrence imprévisible par définition. Elles ne peuvent que venir à la marge.
37.14
Avoir plus d’endettement net que ses concurrents, c’est prendre une position,
en particulier, sur les espérances de rentabilité de l’entreprise, c’est-à-dire sur la
conjoncture, sur la stratégie, etc. C’est donc être plus vulnérable en cas de
dégradation de conjoncture, ce qui risque de se traduire par un assainissement du
secteur et par la disparition des plus faibles, etc.
Le choix d’une structure financière n’est pas absolu mais relatif : la question est
comment se financer par rapport à la moyenne de son industrie, c’est-à-dire
comment se financer par rapport à ses concurrents ?
Les études faites, le décideur sera alors éclairé et pourra prendre sa décision
en toute connaissance. Il se rappellera cependant que, statistiquement (et donc
pour un portefeuille bien diversifié), ses rêves de multiplier sa richesse par un
endettement judicieux constitueront le cauchemar de l’entreprise en difficulté.
37.15
Tout ceci peut paraître évident, mais nous rappelle que les choix en finance
d’entreprise peuvent être éminemment subjectifs et que la finance
comportementale* Finance comportementale n’est pas accessoire.
Section 3 ■ Le choix de financement et les critères
comptables et financiers
37.16
Après les grandes idées que notre lecteur doit avoir à l’esprit, voici venu le
temps de la mise en œuvre d’un choix de structure financière dans un plan de
financement. À cet effet, nous lui suggérons de disposer des documents suivants :
Enfin, pour être complet, l’analyste pourra disposer des ratios moyens par
secteur qu’il pourra se procurer dans différentes études sectorielles ou les
recalculer à partir d’un échantillon de comparables cotés.
37.17
La liquidité est liée à la durée des ressources ; elle s’analyse tant au niveau de
la structure à court terme (financement à court terme), qu’au niveau de la capacité
de remboursement des dettes à moyen et long termes. De là l’utilisation des
concepts et ratios classiques que nous avons vus à partir du paragraphe 13.15 :
fonds de roulement, capitaux propres, endettement, actif circulant/dettes à court
terme, etc.
37.18
37.19
Toutes choses égales par ailleurs, l’endettement élève le point mort* Point mort de
l’entreprise.
En effet, les frais financiers constituent une charge fixe qu’il est impossible
de réduire, sauf à déposer le bilan ou à renégocier les conditions du prêt.
Considérons par exemple une entreprise dont les coûts fixes s’élèvent à 40 et qui
supporte des coûts variables de 0,5 par produit. Si le prix de vente est de 1, le
point mort est alors de 80 unités. Si l’entreprise finance un investissement de 50
avec de la dette à 4 %, le point mort s’élève à 84 unités, car les coûts fixes ont
augmenté de 2 (montant des frais financiers liés à l’emprunt). En revanche, si
l’investissement est financé par capitaux propres, le point mort reste à 80 unités.
Le problème est d’autant plus délicat que les taux d’intérêt constituent une
charge fixe par rapport à l’activité de l’entreprise et qu’ils sont indexés sur les taux
du marché. Or, les taux peuvent s’élever lorsque l’activité générale se réduit
(début de crise) et/ou du fait d'une inflation générée par un choc sur les marchés
(comme la guerre en Ukraine). Aussi est-il important de tester la sensibilité du
résultat de l’entreprise à l’évolution des taux d’intérêt.
37.20
Le coût d’une source de financement qui permet d’acheter un actif est égal au
taux de rentabilité à exiger de cet actif, que celui-ci soit financé par endettement
ou par capitaux propres et ce, quelle que soit la nationalité de l’investisseur.
Dès lors, le choix d’une source de financement ne s’effectue pas sur la base de
son coût (puisqu’elles ont toutes le même coût compte tenu de leur risque !). Au
demeurant, il s’agit de ne pas confondre coût apparent et coût financier (le coût
véritable d’une source de financement). La différence entre coût apparent et coût
financier est faible pour l’endettement (évolution du taux d’endettement et du
risque de défaut), plus forte pour l’augmentation de capital (perspectives de
croissance), considérable pour l’autofinancement (coût apparent nul) et difficile à
évaluer dans tous les produits hybrides. Enfin, une source de financement n’est
bon marché que si elle a été émise à une valeur supérieure à sa valeur de marché
(marchés inefficients).
■ le souhait de garder une flexibilité financière afin de pouvoir saisir très vite
d’éventuelles opportunités d’investissement ou de faire face à un choc imprévu : à
cette aune, les capitaux propres sont favorisés car ils créent une capacité
d’endettement supplémentaire et n’obèrent pas les choix futurs. À l’inverse, une
saturation de la capacité d’endettement actuelle ne laissera à l’avenir comme
source de financement que les capitaux propres dont la disponibilité est liée à la
bonne tenue des marchés financiers. D’où un risque ;
[Réponse]
[Réponse]
[Réponse]
4/ Quelle est la source de financement pour laquelle l’écart entre coût financier
et coût apparent est le plus grand ?
[Réponse]
[Réponse]
[Réponse]
7/ Dans un plan de financement, les capitaux propres ont deux rôles. Quels
sont-ils ?
[Réponse]
8/ En définitive, la ressource la moins chère n’est-elle pas le court terme ?
[Réponse]
[Réponse]
[Réponse]
[Réponse]
[Réponse]
13/ Une entreprise a-t-elle durablement vocation à être financée par capitaux
propres ?
[Réponse]
14/ Un entrepreneur opportuniste dans ses choix de financement peut-il avoir
une stratégie industrielle sur la durée ?
[Réponse]
15/ Pourquoi dans les années 1980-1998 les entreprises européennes se sont-
elles beaucoup désendettées ? Pourquoi ont-elles arrêté de le faire sur la période
1999-2002 ?
[Réponse]
[Réponse]
17/ Une entreprise d’eau minérale se finance plus facilement par endettement
qu’un groupe pharmaceutique. Pourquoi ?
[Réponse]
18/ Une compagnie aérienne peut-elle se financer par endettement malgré ses
coûts fixes importants ? Pourquoi ?
[Réponse]
19/ Pourquoi malgré la faiblesse des taux d’intérêt réels quasiment nuls ou
négatifs entre 2015 et 2021, les entreprises européennes ne s’endettent-elles pas
plus ?
[Réponse]
Exercices
- ou par endettement :
[Réponse]
Non ! Nous conseillons au lecteur qui aurait répondu oui de relire les
chapitres 34 à 37.
Profit sur stocks et profit d’opportunité sur un investissement réalisé plus tôt
que prévu. À condition que le taux d’inflation soit supérieur au taux d’intérêt de la
dette permettant à l’emprunteur de s’enrichir du seul fait du passage du temps.
Non, car le directeur financier voudra toujours garder une marge de manœuvre
au cas où…
Non, moins elle devient risquée, plus elle peut être financée par dettes.
Non, car une stratégie industrielle ne peut pas attendre l’arrivée éventuelle
d’opportunités de financement.
Forts taux d’intérêt réels, faibles investissements. Car il n’est plus possible de
se désendetter quand la quasi-totalité de la dette a déjà été remboursée ! Par
ailleurs, de nouvelles opportunités d’investissement sont apparues.
Car il détient des actifs (murs des hôtels, fonds de commerce) qui ont une
valeur en dehors de l’exploitation et peuvent être donnés en garantie des emprunts.
Dans la haute technologie, les mutations incessantes rendent les prévisions de flux
hasardeuses.
Car ses flux sont plus prévisibles que ceux d’un groupe pharmaceutique dont
les brevets expirent régulièrement.
Oui, car elle contrôle deux actifs qui ont une valeur sur le marché secondaire :
les avions et les droits d’atterrissage dans les aéroports.
Car les marges, et donc l’autofinancement, des entreprises sont élevées (voir le
paragraphe 10.21), réduisant les besoins de financement. Par ailleurs, une
entreprise s’endette en Europe principalement pour financer des investissements,
ce qui suppose de la croissance en volume. Or celle-ci reste faible, d’où des taux
d’intérêt alors maintenus très bas par la BCE pour essayer de la relancer.
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Titre 2
La politique des capitaux propres et celle
de l’endettement
Section 1 ■ L’autofinancement
Section 2 ■ L’autofinancement et les critères financiers
Section 3 ■ Pourquoi rendre des fonds aux actionnaires ?
Résumé
Questions
Exercices
Bibliographie
Podcast ■ Autofinancement et distribution 1/2
Podcast ■ Autofinancement et distribution 2/2
38.1
38.2
Par ailleurs, le financement du risque de l’entreprise doit être assuré par des
capitaux propres, sinon l’entreprise prend le risque d’une crise de trésorerie grave
au premier retournement de conjoncture. Cependant, lorsque l’entreprise a acquis
une position stratégique suffisante sur son marché pour conserver une rentabilité et
une valeur, il devient normal de réduire le financement par capitaux propres et
d’accroître l’endettement. Les flux de trésorerie disponible sont devenus assez sûrs
pour pouvoir supporter les échéances fixes et régulières de l’endettement.
Les capitaux propres servent à prendre le risque de l’entreprise : il est normal que,
lorsque celui-ci paraît maîtrisé, le relais soit pris partiellement par l’endettement.
La politique de distribution est alors un outil pour réaliser cet objectif.
Section 1 ■ L’autofinancement
1 ■ Principes de base
38.3
Il est un principe financier assez répandu selon lequel une entreprise devrait
assurer son développement par autofinancement* Autofinancement (c’est-à-dire en
finançant uniquement ses investissements par ses résultats passés mis en réserve).
Cette position semble correspondre simultanément à l’intérêt des dirigeants* Dirigeants
et des créanciers* Créancier, et indirectement à celui des actionnaires.
En effet :
augmentation de la valeur de leurs actions, et donc par des plus-values. Or, celles-
ci sont le plus souvent imposées moins lourdement que les dividendes. Les
actionnaires préféreraient donc, a priori, percevoir leurs revenus sous forme de
plus-values ; ils seraient donc favorables à l’autofinancement ;
enfin, comme nous l’avons vu, l’autofinancement est privilégié par les
■
38.4
Ces constats ne sont pas faux, mais nous voudrions ici insister sur les dangers
d’une politique d’autofinancement à outrance qui conduit à repousser dans le
temps la sanction financière indispensable à toute politique. Il n’est pas bon
qu’une entreprise soit ainsi coupée des marchés financiers, que la mobilité du
capital soit réduite, freinée artificiellement, et permette des investissements dans
des secteurs peu rentables. L’entreprise se crée ainsi un marché interne de capitaux
indépendant des marchés financiers. Sur ce marché artificiel, les taux de rentabilité
peuvent être plus faibles et les ressources mal allouées.
38.5
court terme, mais quel piège à long terme ! Notre lecteur connaît-il un bien gratuit
à l’exception des biens disponibles en quantité illimitée, ce qui n’est
manifestement pas le cas des capitaux propres ? Le coût de l’autofinancement
existe donc et nous avons vu qu’il a un impact direct sur la valeur de l’entreprise
comme nous l’enseigne la théorie des marchés en équilibre. Il s’agit d’un coût
d’opportunité qui n’est pas, par essence, directement observable,
contrairement au coût de la dette qui se traduit immédiatement par des flux de
trésorerie. Mais, comme nous l’avons précisé précédemment, s’autofinancer, c’est-
à-dire mettre en réserve les résultats plutôt que les distribuer, est financièrement
équivalent à distribuer l’intégralité des résultats et à réaliser une augmentation de
capital concomitamment. Le coût de l’autofinancement* Coût de l’autofinancement est donc le
même que celui d’une augmentation de capital, à savoir le coût des capitaux
propres.
■ Cela veut-il dire que l’entreprise doit exiger sur les investissements
qu’elle autofinance un taux de rentabilité égal au coût des capitaux propres ?
Non, comme nous l’avons vu au paragraphe 31.16, c’est une grande erreur que
d’associer le coût d’une source de financement et le taux de rentabilité à exiger
des investissements qu’elle finance. Quel que soit le mode de financement, les
investissements doivent rapporter leur coût du capital. En s’autofinançant,
l’entreprise réduit la part des dettes dans sa structure financière et donc le risque
pour ses créanciers, d’où un coût de la dette plus faible. Cette économie se rajoute,
dans un monde en équilibre, à la rentabilité normalement dégagée par
l’investissement financé par autofinancement, soit le coût du capital, pour
correspondre à la rentabilité exigée par l’actionnaire. Ce raisonnement est le même
que celui de l’investissement financé par un nouvel endettement qui doit rapporter,
non le coût de l’endettement, mais le coût du capital, soit plus que le coût de la
dette. Le surplus accroît la rémunération de l’actionnaire afin de le compenser du
risque supplémentaire qu’il supporte du fait du nouvel endettement.
Mais il suffit de comparer sur les quatre années la croissance des capitaux
propres (+ 32,7) à celle de la valeur boursière (+ 16,2) pour mesurer les méfaits
d’une mauvaise politique d’autofinancement. À chaque fois que l’actionnaire a
réinvesti 1 € dans la société, il ne peut espérer récupérer que 0,50 €2. Pour chaque
euro réinvesti, l’actionnaire perd donc 0,50 €. Quel manque à gagner !
38.6
Ainsi dans notre exemple, la valeur boursière de l’entreprise (151) n’est égale
qu’à 45 % environ du montant comptable des capitaux propres (333) ! Mais il est
vrai que la rentabilité de ces capitaux propres (16,8/332,7) est très inférieure à
celle qui est exigée (5 % contre 7,5 %).
Autrement dit, dividendes et rachats d’actions qui sont des outils pour rendre
des fonds excédentaires aux actionnaires (et non une rémunération des
actionnaires comme nous le verrons) permettent d’éviter des gaspillages d’une
ressource rare, les capitaux propres. En permettant à l’argent de circuler, ils
rendent possible la création et le développement de nouvelles entreprises venant
concurrencer celles en place. Ce sont donc dans la durée des outils anti-rentes et
positions acquises.
3 ■ Autofinancement et fiscalité
38.7
38.8
Ce raisonnement est l’opposé de celui que l’on peut tenir pour les dividendes.
Plus l’entreprise verse de dividendes, plus il y a un transfert de valeur des
créanciers vers les actionnaires.
38.9
Comme nous le verrons aux paragraphes 38.18 et suivants,
l’autofinancement représente un problème majeur dans la relation
actionnaires/dirigeants. En effet les dirigeants disposent, grâce à
l’autofinancement, d’un « chèque en blanc » qu’ils peuvent investir à loisir sans
contrôle possible de la part des actionnaires. L’autofinancement est donc la source
de la plupart des conflits d’agence entre actionnaires et dirigeants.
Section 2 ■ L’autofinancement et les critères financiers
38.10
La croissance des capitaux propres d’une société ne faisant pas appel à ses
actionnaires dépend du taux de rentabilité comptable de ses capitaux propres et de
son taux de distribution.
On a ainsi :
g = RCP × (1 – d)
38.11
Ceci nous donne un taux de croissance annuel moyen des capitaux propres
de :
g = [15 % + (15 % – 5 %) × 1] × 80 % = 20 %.
38.12
du coût de la dette : plus celui-ci est faible, plus fort est l’effet de levier, et
■
■ de la structure financière ;
38.13
38.14
Si, au contraire, l’entreprise réinvestit une part de ses bénéfices dans des
projets d’une rentabilité deux fois supérieure à celle qu’elle dégage, tous les
paramètres seront orientés à la hausse.
1. 15 + 10 × 30 % = 18.
Mais, alors que le taux de croissance des capitaux propres ne s’accroît que
légèrement, celui du bénéfice prend immédiatement le rythme de 20 %.
38.15
38.16
Sur les marchés à l’équilibre* Marché à l’équilibre, la distribution n’a aucun impact sur le
patrimoine de l’actionnaire et celui-ci est indifférent entre recevoir un euro en
dividende* Dividende ou un euro en plus-value.
Dans le cadre des marchés à l’équilibre, il ne peut donc pas y avoir de bonnes ou
de mauvaises politiques de distribution.
En définitive, si l’entreprise distribue beaucoup, la valeur de l’action sera
plus faible mais l’actionnaire aura plus de liquidités. Si l’entreprise distribue
moins, sa valeur sera plus forte (sous réserve qu’elle autofinance des projets
suffisamment rentables) et l’actionnaire aura moins de liquidités, ce qu’il pourra
compenser en vendant une partie de ses actions.
38.17
Source : Euronext.
En tout cas, s’il est bien une idée fausse fondée sur un abus de langage,
c’est celle qui consiste à présenter le dividende comme une rémunération de
l’actionnaire, comme le pendant du salaire qui rémunère le travailleur.
Si le patrimoine du salarié s’accroît bien du salaire versé, en revanche le
patrimoine de l’actionnaire n’est pas modifié par la perception du dividende :
certes, il a bien touché le montant des dividendes versés, mais au même moment la
valeur de ses actions a baissé d’autant.
Si l’on cherche une analogie, c’est au distributeur de billets qu’il faut penser.
Vous ne vous enrichissez pas en y retirant des liquidités (malheureusement !), car
le solde de votre compte en banque baisse d’autant comme vous l’avez déjà noté.
Que dire en effet des firmes qui n’ont jamais versé de dividendes comme
Google/Alphabet ou la société de Warren Buffett Berkshire Hathaway. N’ont-elles
jamais rémunéré leurs actionnaires ? Bien sûr que non ! Ces firmes ont été
d’excellents investissements pour leurs actionnaires. La rémunération de
l’actionnaire, c’est la variation de la valeur de son patrimoine investi dans
l’entreprise, dividendes compris.
38.18
Ceci est d’autant plus vrai que l’autofinancement est une source de
financement dont l’obtention nécessite peu de communication et dont le coût de
l’asymétrie d’information est très réduit. Le risque existe alors que les entreprises
disposant de trésorerie réalisent des investissements faiblement rentables, comme
si l’argent brûlait les doigts de leurs dirigeants !
38.19
La menace de l’OPA n’est pas théorique : elle a frappé à maintes reprises des
groupes mal gérés (Reuters, ABN Amro, Club Med, Syngenta, Lagardère, etc.).
Mais l’OPA arrive souvent tard et après des années de gâchis. La politique de
distribution est un moyen plus préventif.
38.20
38.21
Le dividende est surtout un instrument de contrôle des dirigeants par le marché qui
prive ainsi l’entreprise d’une part de ses liquidités que le management aurait pu
investir à son gré. Si les dirigeants souhaitent néanmoins investir pour le montant
de ces liquidités, ils devront recourir à l’endettement qui, en exerçant une
contrainte sur eux, les pousse à être plus efficaces.
38.22
Toute une littérature autour de la théorie des signaux* Théorie du signal appliquée au
problème de la distribution développée principalement pendant les années 1980
propose une justification à l’existence des dividendes ou des rachats d’actions :
38.23
Si une entreprise maintient son dividende alors que son bénéfice décroît, elle
signifie au marché que cette baisse n’est que passagère, et que la progression des
bénéfices va reprendre. À l’inverse, si elle le réduit fortement, voire le supprime,
elle envoie un signal sur ses perspectives d’activité qui risque fort d’être analysé
négativement.
38.25
M. Baker et J. Wurgler ont montré qu’il existe des périodes pendant lesquelles
les actionnaires sont demandeurs de dividendes. Ils sont prêts à payer plus cher les
actions d’entreprises à la politique de distribution généreuse. Même si encaisser un
dividende n’a jamais enrichi un investisseur puisque parallèlement la valeur de
l’action s’affaisse du montant du dividende, l’actionnaire ne peut pas s’empêcher
d’être heureux à la réception de son chèque, même s’il lui suffirait de vendre
quelques actions pour toucher le même montant de liquidités. Ainsi, J. Rockfeller
qui déclarait dans les années 1920 : « Vous connaissez la seule chose qui me fait
encore plaisir ? Toucher mes dividendes », faisait de la finance
comportementale* Finance comportementale avant l’heure !
M. Baker et J. Wurgler ont aussi montré qu’il existe des périodes pendant
lesquelles les actionnaires ne sont pas vraiment demandeurs de dividendes car il
leur semble plus intéressant que l’entreprise réinvestisse dans des opportunités de
croissance. Ils valorisent moins cher les actions à forts dividendes. Ce fut
clairement le cas dans la seconde partie des années 1990 : fin 1998, le jour où
Telefónica annonça la suppression de son dividende afin de contribuer au
financement de son expansion en Amérique latine, son cours de Bourse grimpa de
9 %.
38.26
Cette raison est particulièrement vraie pour les sociétés non cotées, illiquides
par définition, pour lesquelles il est peu aisé de vendre des actions. Elle s’applique
aussi aux sociétés cotées de petite taille qui souffrent d’une désaffection des
investisseurs et donc d’un marché faiblement animé, souvent sur des bases de
valorisations faibles, peu propices à des cessions. L’actionnaire, qui n’est pas un
être désincarné mais une personne humaine, a aussi des besoins de la vie courante
à assouvir !
38.27
Dans la plupart des cas, rendre de l’argent aux actionnaires veut dire rendre à
chaque action la même somme. S’il en est différemment (par la technique de la
réduction de capital ou du rachat d’actions), l’actionnariat* Actionnariat de l’entreprise
est modifié. Comme nous le verrons au chapitre 39 suivant, le contrôle sur
l’entreprise des actionnaires qui ne touchent pas de liquidités à cette occasion est
renforcé ; celui des actionnaires qui touchent des liquidités est lui réduit.
Résumé
Le piège de l’autofinancement est son coût apparent qui est nul alors que son
véritable coût, qui est un coût d’opportunité, est bien réel. Il est égal au coût des
capitaux propres.
■ réduire la marge de manœuvre des dirigeants en les privant d’une partie des
flux de trésorerie générés par l’entreprise (théorie de l’agence) ;
■ répondre aux souhaits des actionnaires qui, dans certaines phases, sont prêts à
surpayer des entreprises versant des dividendes importants et qui, dans d’autres
phases, sont prêts à surpayer des entreprises versant peu de dividendes ;
[Réponse]
[Réponse]
[Réponse]
4/ Que doit faire une entreprise dont la rentabilité des bénéfices investis est
inférieure au coût du capital ?
[Réponse]
[Réponse]
[Réponse]
[Réponse]
8/ En fonction de quels critères une politique d’autofinancement doit- elle être
jugée ?
[Réponse]
[Réponse]
[Réponse]
[Réponse]
[Réponse]
13/ Dans quelle condition le taux de croissance des dividendes peut-il être
supérieur à celui des flux de trésorerie disponible ?
[Réponse]
[Réponse]
[Réponse]
[Réponse]
18/ Qu’illustre cette histoire ? Grâce aux profits faits sur la distribution de fils
et de laines à tricoter sous l’enseigne Phildar, alors très importants, la famille
Mulliez a pu lancer les premiers supermarchés Auchan dans les années 1960. Puis
avec les profits d’Auchan, alors très importants, elle a pu financer à partir de 2005
des investissements dans les énergies renouvelables (Voltalia).
[Réponse]
Exercices
[Réponse]
[Réponse]
Car il réduit le risque du créancier, se traduit par des plus-values et non des
dividendes souvent plus lourdement imposés et accroît la valeur des stock-options
des dirigeants.
Elle isole l’entreprise des marchés financiers et donc d’une sanction rapide et
salvatrice en cas de rentabilité durablement insuffisante.
Du taux de rentabilité économique, de la structure financière, du taux d’intérêt
de la dette et du taux de distribution.
Distribuer tous ses bénéfices pour éviter de les investir dans des projets
insuffisamment rentables.
Non il n’a aucun impact sur le coût du capital tant qu’il ne modifie pas le
risque de l’actif économique.
Indifférence. Réduction des coûts d’agence car les dirigeants auront moins de
marge de manœuvre pour investir sans contrôle. La croissance se ralentit.
Oui, car les perspectives de croissance sont faibles (et aussi pour « droguer »
leurs actionnaires comme elles « droguent » leurs clients !).
a) D/CP = [(g/(1 – d)) – Re] / [Re – i (1 – 25 %)] = 2,4. Ce qui est beaucoup
pour une entreprise à la rentabilité médiocre ! b) D/CP = 4,3. c) S’il ne distribue
pas, g = 12,7 % ; s’il distribue un tiers de ses profits en dividendes, g = 8,5 %. d)
Améliorer sa rentabilité économique.
Bibliographie
Sur l’autofinancement :
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qu’est-ce qui rémunère les capitaux propres ? », La Lettre Vernimmen.net mai
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Desai M., Jin L., « Institutional tax clienteles and payout policy », Journal of
Financial Economics avril 2011, vol. 100, no 1, pages 68 à 84.
À chacun sa drogue.
39.1
39.2
Tout autre critère est non pertinent, souvent inexact, voire aberrant. Ainsi, il
est absurde de ramener le dividende au nominal d’une action, puisque ce dernier
est largement déconnecté de la valeur des capitaux propres.
Ainsi que l’a établi J. Lintner, les dirigeants ont donc plutôt un objectif
exprimé en terme de taux de distribution appliqué au niveau des bénéfices futurs.
Ils s’assignent pour objectif de distribuer un pourcentage fixe des bénéfices de
l’entreprise. C’est le cas de Schneider qui verse en dividende environ 50 % de son
résultat hors éléments exceptionnels, comme il l’avait annoncé en 2015.
Une politique de distribution est jugée faible (en Europe) lorsque le taux de
distribution n’excède pas 20 %. Au-delà de 70 % la politique de distribution est
jugée forte, la moyenne en 2022 étant de l’ordre de 40 %. 75 % des groupes du
CAC 40 ont réduit ou supprimé leurs dividendes en 2020 mais repris leur
distribution en 2021.
En 2022, sur les 600 plus grosses sociétés européennes cotées, 51 n’ont pas
versé de dividendes contre 89 l’année précédente.
39.3
Une politique de dividendes doit être crédible, c’est-à-dire cohérente avec les
bénéfices dégagés par l’entreprise. Aucun profil de dividendes, quelle qu’en soit la
régularité, ne peut avoir d’effets favorables à long terme s’il ne peut être
apparemment conservé, c’est-à-dire s’il y a incohérence ou incompatibilité avec le
profil des bénéfices et les besoins de financement de l’entreprise.
39.4
Bien sûr, le taux de distribution n’est pas le seul élément qui détermine la
volatilité d’une action : pour une entreprise, distribuer une part faible ou nulle des
bénéfices va se traduire par une croissance des capitaux propres, par une
augmentation de la valeur et donc, in fine, par des plus-values. Pour les
concrétiser, il faudra vendre. Une politique de faible distribution est donc un
« pousse-au-crime », si toutefois la vente d’actions est un crime, ce que ne sont
pas loin de penser certains dirigeants ! Une entreprise familiale* Entreprise familiale qui
verse peu de dividendes fragilise ainsi le contrôle de son capital.
39.5
39.6
Les sociétés peuvent offrir à leurs actionnaires le choix entre recevoir leurs
dividendes en numéraire (cash) ou sous forme d’actions nouvelles de la société, si
cette disposition est prévue par les statuts. Cette décision est prise par l’assemblée
générale ordinaire statuant sur les comptes de l’exercice.
Même avec une décote de 10 %, l’entreprise n’est pas assurée du choix des
actionnaires. En effet, entre le moment où l’assemblée générale vote cette
possibilité et fixe le prix d’émission des actions nouvelles, et le moment où les
actionnaires prennent leur décision, plusieurs semaines s’écoulent. Les
fluctuations des cours dans cette période peuvent effacer la décote et rendre plus
intéressant pour les actionnaires le paiement en numéraire des dividendes.
c) Le dividende majoré
39.7
Afin d’avantager les actionnaires fidèles qui détiennent leurs actions depuis
plus de 2 ans, un nombre croissant de grands groupes (SEB, Air Liquide, L’Oréal,
Engie, Sodexo…) versent un dividende majoré* Dividende majoré, pratique strictement
encadrée par le législateur, ce qui retire beaucoup de sa portée à cette disposition.
En effet, le dividende majoré ne peut pas être créé si les statuts ne le
prévoient pas et tant qu’il existe des valeurs mobilières pouvant donner lieu à
création de nouvelles actions (obligations convertibles, bons…). Par ailleurs, le
taux de majoration ne peut excéder 10 % du montant du dividende ordinaire, et ne
peut être versé qu’à un actionnaire détenant depuis au moins 2 ans ses actions sous
la forme nominative. Pour les sociétés cotées, le nombre d’actions donnant droit
au dividende majoré ne peut excéder pour un même actionnaire 0,5 % du capital
social.
39.8
39.9
Les dividendes perçus sont imposés au taux normal de l’impôt sur les sociétés,
sauf si les conditions d’application du régime mère-fille ou du régime
d’intégration fiscale* Intégration fiscale sont réunies.
Le régime des sociétés mères (mère-fille)* Régime des sociétés mères (mère-fille) prévoit que si
une société mère détient une participation de plus de 5 % dans une filiale
(française ou étrangère), la remontée des dividendes de cette filiale est quasiment
exonérée3 d’impôt sur les sociétés. Dans la pratique, les titres de la filiale doivent
être détenus au nominatif, avoir été souscrits à l’émission, ou à défaut, être
détenus depuis plus de 2 ans ou faire l’objet d’un engagement de conservation de
2 ans au moins.
Section 2 ■ Le dividende exceptionnel, les rachats
d’actions au fil de l’eau et la réduction de capital
39.10
Si l’on raisonne hors fiscalité et si l’on suppose que l’entreprise rachète les
actions aux actionnaires proportionnellement à leur participation au capital puis
les annule, la réduction de capital est strictement identique à un versement de
dividende. Des liquidités sont transférées de l’entreprise vers l’actionnaire sans
changer la répartition de l’actionnariat. Mais comme nous le verrons ci-après, la
réduction de capital est le plus souvent non égalitaire.
1 ■ Le dividende exceptionnel
39.11
Les sociétés cotées peuvent racheter sur le marché (au fil de l’eau) jusqu’à
10 % de leur capital dans le cadre d’un programme de rachat d’actions4 d’une
durée maximum de 18 mois. Les rachats ne doivent pas représenter plus de 25 %
du volume moyen des transactions, sauf achat de blocs. Le plus fréquemment, les
actions acquises sont annulées (dans la limite de 10 % du capital tous les 24 mois)
et le prix de rachat s’impute d’abord sur le nominal des actions rachetées,
l’excédent réduisant alors les réserves distribuables. Elles peuvent également être
conservées par l’entreprise pour servir de monnaie dans le cas d’une acquisition
ou être remises aux salariés en cas d’exercice de stock-options* Stock-option ou aux
porteurs d’obligations convertibles* Obligation convertible qui en demandent la conversion.
Les actions autodétenues tant qu’elles sont détenues par la société perdent leur
droit de vote et leur droit au dividende. Enfin, elles peuvent alimenter un contrat
de liquidité* Contrat de liquidité exécuté par un intermédiaire indépendant.
L’exécution des rachats d’actions des sociétés cotées est souvent sous-traitée
à des banques pendant une durée et avec des valeurs de titres à racheter
prédéfinies, ce qui évite à l’entreprise d’être contrainte par les périodes de fenêtre
négative (blackout* Blackout) précédant les annonces de résultats et de courir un risque
de délit d’initié !
Les sociétés non cotées peuvent procéder à de tels rachats dans le cadre d’un
programme d’une durée maximum de 12 mois et pour un prix qui fait l’objet d’un
rapport d’un expert indépendant et des commissaires aux comptes. Les conditions
sont toutefois plus restrictives que pour les sociétés cotées.
Le rachat d’actions* Rachat d’actions peut être utilisé pour faciliter la sortie partielle
ou totale d’un actionnaire minoritaire important. Ainsi L’Oréal fin 2021 a-t-il
racheté 4 % de son capital à Nestlé, qui est alors passé de 23,3 % à 20,1 %, pour
un montant de 8,9 Md€.
3 ■ La réduction de capital
39.13
■ soit par le biais d’une offre de rachat, et l’on parle alors d’offre publique de
rachat d’actions* Offre publique de rachat d’actions (OPRA) (OPRA* OPRA) si l’entreprise est cotée. Dans la
pratique, le conseil d’administration, utilisant une autorisation qui doit lui avoir
été donnée par l’AGE, propose à tous les actionnaires de leur racheter tout ou
partie de leurs actions à un certain prix et ce pendant une certaine période (20
jours minimum).
Si trop de titres sont présentés à l’offre, la société procède à une réduction des
demandes de rachat6 et annule les titres rachetés. Si, au contraire, un nombre
insuffisant de titres est présenté, elle acquiert puis annule alors toutes les actions
proposées. Ainsi, Lisi a lancé en 2023 une OPRA portant sur 14 % de son capital
pour 205 M€.
39.14
Considérons une société dont les capitaux propres comptables sont de 400 M€,
ayant 1 million d’actions et réalisant un bénéfice de 20 M€. Supposons qu’elle
réduise son capital de 20 % en rachetant ses actions à leur valeur (dans un premier
cas avec un prix de 200 € par action, dans un second cas à 800 € par action), et en
se finançant par endettement à 3 % après impôt ou réduction des placements
financiers rapportant du 3 % après impôt, ce qui revient au même.
39.15
Ainsi dans le premier cas, le PER est de 10, dont l’inverse est supérieur au
coût de la dette après impôt de 3 %, d’où une relution. Dans le second cas, le PER
est de 40, d’où la dilution du BPA. L’opération est donc l’inverse de
l’augmentation de capital, ce qui ne doit pas être une surprise pour notre lecteur.
39.16
■si le prix auquel elle est réalisée est inférieur ou non à la valeur estimée
de l’action ;
En 2022, les vingt champions européens du rachat d’actions ont ainsi rendu
113 Md€ à leurs actionnaires, soit plus du double de l’année précédente,
témoignage d'une conjoncture économique exceptionnelle.
Les 20 premiers rachats d'actions en 2022 en Europe
Une réduction de capital n’abaisse pas en soi le coût moyen pondéré du capital
d’une entreprise et ne peut pas créer de valeur de ce fait. Tout au mieux, elle
permettra d’éviter d’en détruire en empêchant l’entreprise de réinvestir des
liquidités à un taux de rentabilité insuffisant.
Ce n’est que si l’entreprise réussissait à racheter ses actions à un prix inférieur à
leur valeur estimée qu’elle pourrait alors créer de la valeur. Mais la théorie des
marchés à l’équilibre ne nous laisse pas beaucoup d’espoir…
39.17
Notons enfin que la société peut proposer à ses actionnaires des titres qu’elle
détient en portefeuille. Dans ce dernier cas, la société devra payer un impôt sur la
plus-value, calculé sur la différence entre la valeur des titres distribués et leur prix
de revient fiscal.
Section 3 ■ Le choix entre dividendes, rachats
d’actions et réductions de capital
39.18
1 ■ La flexibilité
39.19
Une fois un dividende augmenté, il est délicat, en particulier pour les sociétés
cotées, de le réduire, sauf dégradation significative des résultats. Cela appelle des
questions sur l’évolution du modèle de l’entreprise et toute hausse crée des
attentes de la part des investisseurs quant au maintien à l’avenir de ce nouveau
niveau de dividende. Dès lors, les modifications du dividende sont le plus souvent
lentes à se mettre en place et ne produisent des effets sur la structure financière de
l’entreprise qu’au bout de plusieurs années.
2 ■ Le signal
39.20
Toute décision financière pouvant être perçue comme un signal* Signal par
l’investisseur, l’entreprise devra réfléchir à la perception par le marché du choix
de l’outil de redistribution des liquidités.
39.21
4 ■ La fiscalité
39.22
La forte baisse depuis le début des années 1970 aux États-Unis du taux de
distribution des dividendes de 50 % à 30 % environ actuellement s’explique en
partie par le remplacement des dividendes par des rachats d’actions, probablement
sous l’influence des dirigeants détenteurs de stock-options7. En effet le versement
d’un dividende fait mécaniquement baisser le cours de l’action du montant du
dividende et donc abaisse d’autant l’espérance de gain sur les stock-options dont
le prix d’exercice reste fixe. Le rachat d’actions n’a pas cet effet négatif sur la
valeur des stock-options et laisse même croire aux naïfs qu’il fera monter le cours
de l’action (puisque l’on en rachète !). On oublie alors que l’actionnaire peut avoir
besoin de liquidités et que, privé de dividende, il devra vendre des actions pour en
obtenir.
Résumé
1/ Quels sont les deux critères qui permettent de juger une politique de
dividendes ?
[Réponse]
[Réponse]
[Réponse]
[Réponse]
[Réponse]
[Réponse]
[Réponse]
8/ Quelle est la tentation naturelle en matière d’extériorisation de résultats
d’une entreprise qui se voit imposer par ses actionnaires un taux de distribution de
100 % ?
[Réponse]
[Réponse]
[Réponse]
[Réponse]
12/ Quel est l’impact d’une structure financière très endettée sur le taux de
distribution ?
[Réponse]
13/ Dans quel cas une entreprise a-t-elle intérêt à procéder à une réduction de
capital ?
[Réponse]
[Réponse]
15/ Quelle différence faites-vous entre le paiement de dividendes et la
réduction de capital ?
[Réponse]
[Réponse]
17/ Quelle est la conséquence d’un programme de rachat d’actions pour les
créanciers ?
[Réponse]
18/ Dans quelles conditions une entreprise en forte croissance, avec des
opportunités d’investissements dont la rentabilité est supérieure au coût du capital
peut-elle procéder à une réduction de capital ?
[Réponse]
[Réponse]
[Réponse]
Exercices
[Réponse]
Calculez alors le BPA et les capitaux propres par action. Même question si le
rachat se fait au prix de 1 500 € par action. Que conclure ?
[Réponse]
Bénéfices par action et dividendes par action pour SEB (en euros)
[Réponse]
Non selon la théorie des marchés à l’équilibre, mais cela peut être un signal
positif.
Cacher du résultat (en passant des provisions généreuses) pour ne pas avoir à
le verser en dividendes et maximiser ainsi l’autofinancement.
Non, car elle freine la hausse du cours de l’action sur laquelle il a des stock-
options.
Que l’entreprise n’a pas assez de liquidités pour faire face au paiement du
dividende ! Ce n’est pas bon signe.
Réduire le taux de distribution car il faut faire face aux intérêts à payer et au
capital à rembourser.
Accroît leur risque puisque la dette nette augmente. Voir le paragraphe 36.9.
Si le prix de ses actions est particulièrement bas par rapport à leur valeur.
À des rachats d’actions qui lui donne l’impression que le cours va monter de
ce fait, alors que le versement d’un dividende réduit la valeur des actions, donc
celle de ses stock-options.
Au coût de 1 500 € par action : BPA = 108,30 € ; capitaux propres par action =
1 100 €.
La priorité absolue est la progression régulière mais modérée du DPA, quitte à
avoir un faible taux de distribution les bonnes années (2004, 2010, 2018).
Caractéristique d’une entreprise familiale aux nombreux membres pour qui le
dividende est une part importante de leurs revenus. Il faut un évènement
exceptionnel comme la crise du Covid-19 pour faire pour la première fois baisser
ponctuellement le dividende.
Bibliographie
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Autorité des marchés financiers, Guide relatif aux interventions des émetteurs
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2019, no 165, pages 1 à 13.
40.1
Les raisons d’un financement par capitaux propres ont déjà été traitées au
cours des chapitres précédents. Le présent chapitre étudie les conséquences, pour
l’actionnaire, d’une augmentation de capital en numéraire* Augmentation de capital en numéraire.
Celles réalisées par apport d’actifs ou fusion seront traitées au chapitre 48.
Le bond des augmentations de capital en 2008 et 2009 s’explique
principalement par des renforcements de bilans mis à mal par la crise financière,
par des financements de croissance externe ou des refinancements d’opérations de
croissance externe qui l’avaient initialement été par endettement ou par des levées
de capitaux propres en vue d’opérations à venir. En 2020, en France, les PGE ont
permis à beaucoup d’entreprises de différer les augmentations de capital requises
en 2021 et 2022 quand les cours de Bourse avaient repris de la hauteur.
Augmentations de capital des sociétés cotées (en Md€) et niveau des cours
40.2
L’augmentation de capital est d’abord une vente d’actions. Mais qui vend ?
C’est l’actionnaire actuel. Là est le paradoxe puisqu’il ne touche pas d’argent !
Nous verrons dans ce chapitre que, pour éviter de vendre l’entreprise lors d’une
augmentation de capital, l’actionnaire doit souscrire à l’augmentation de
capital dans le même pourcentage que les parts qu’il détient. Au-delà, il achète
de l’entreprise et en deçà, il en vend.
40.3
40.4
Une fois cette augmentation de capital de 250 € réalisée sur la base d’une
valeur de 1 000 M€, le patrimoine de F est toujours le même (800 M€), mais son
pourcentage de contrôle de l’entreprise est passé de 80 % à 64 % (800/1 250),
tandis que celui de G est passé de 20 % à 16 %.
40.5
1 ■ La dilution du contrôle
40.6
La dilution du contrôle est maximale pour tout actionnaire qui ne suit pas du
tout l’augmentation de capital. Elle est nulle pour celui qui la suit dans la
proportion de sa participation. Par convention, on dira que :
On parle parfois de dilution réelle* Dilution réelle pour qualifier cette dilution et de
dilution apparente* Dilution apparente pour qualifier celle résultant de la formule
précédente lorsqu’elle est (indûment) utilisée en présence de DPS2.
2 ■ Le mécanisme d’anticipation
40.7
40.8
Dans cette section, nous ne raisonnons qu’à partir de données ajustées. Nous
vous renvoyons au paragraphe 24.32 pour le calcul du cours ajusté en cas
d’augmentation de capital avec droits de souscription.
40.9
Considérons B, dont le PER est faible (5), justifié par un risque fort et de
faibles perspectives de croissance, et la société A pour laquelle de fortes
perspectives de croissance du BPA* BPA justifient un PER élevé (20). Nous
supposerons que A et B investissent les fonds levés lors de l’augmentation de
capital à leur coût du capital de 10 % : il n’y a donc ni création, ni destruction de
valeur à l’occasion de cette opération. La valeur des capitaux propres augmente
donc du montant de l’augmentation de capital ni plus, ni moins.
A et B augmentent le nombre d’actions de 50 % et lèvent des fonds qui,
investis à 10 %, vont accroître leur bénéfice net. L’impact de l’augmentation de
capital va être le suivant :
40.10
Ceci démontre une fois de plus (voir le paragraphe 29.16) que le BPA n’est
pas un indicateur fiable de la création ou de la destruction de valeur ! En fait, ces
évolutions sont mécaniques et dépendent fondamentalement :
■ du PER de l’entreprise ; et
La sagesse venant avec l’expérience et nonobstant toute théorie, lorsque les PER
sont élevés, c’est un devoir pour les dirigeants de réfléchir à réaliser une
augmentation de capital !
40.11
À court terme, il est rare que les fonds levés rapportent immédiatement le
taux de rentabilité exigé, soit qu’ils aient été placés dans des actifs sans risque
rapportant peu ou rien en attendant la réalisation des investissements, soit qu’il
faille un certain temps avant d’obtenir le taux de rentabilité requis. Il n’est donc
pas rare qu’il y ait dilution du BPA après une augmentation de capital, mais ce
n’est pas nécessairement synonyme de destruction de valeur !
À long terme, la dilution du BPA doit normalement être compensée par les
résultats de l’investissement financé par l’augmentation de capital (ou par la
réduction du risque lié à une structure financière plus équilibrée). Il est donc
nécessaire d’étudier la rentabilité prévisionnelle de cet investissement,
déterminante pour l’évolution future de la valeur de l’entreprise.
2 ■ Capitaux propres et augmentation de capital
40.12
Dire que les capitaux propres comptables d’une entreprise croissent à la suite
d’une augmentation de capital est une évidence, puisque le produit de l’émission y
est incorporé.
Dans le cas 1, et parce que les capitaux propres valent moins (150) que leur
montant comptable (300), l’augmentation de capital demande un effort important
aux actionnaires (dilution de 25 %) et n’induit une croissance des capitaux propres
comptables que plus faible : + 17 %.
En revanche, lorsque la valeur des capitaux propres est bien supérieure à leur
montant comptable (cas 3), le même effort des actionnaires en termes de dilution
du contrôle (25 %) permet un accroissement beaucoup plus important des capitaux
propres (+ 66 % contre + 17 %).
À moyen terme, tout dépendra pour eux de l’usage qui sera fait du
produit de l’augmentation de capital, autrement dit de la rentabilité des
investissements ainsi financés par rapport à leur coût du capital.
Section 4 ■ L’augmentation de capital et les théories
financières
40.13
2 ■ Actionnaires et créanciers
40.14
3 ■ Dirigeants et actionnaires
40.15
L’augmentation de capital est une démarche très saine car elle contribue à
réduire l’asymétrie d’information entre les actionnaires* Actionnaire et les
dirigeants* Dirigeants. En effet, un appel au marché s’accompagne de la publication
d’une série d’informations sur la santé économique et financière de l’entreprise et
sur la rentabilité des investissements financés par l’augmentation de capital. Cette
pratique dédouane les dirigeants et réduit les coûts d’agence liés à leurs
divergences d’intérêts avec les actionnaires externes. L’augmentation de capital
nécessite implicitement que les dirigeants s’engagent à conduire une gestion
maximisant l’intérêt des actionnaires.
Si l’on suppose que les dirigeants défendent les intérêts des actionnaires
actuels, on voit mal comment ils pourraient proposer une augmentation de capital
si le cours de l’action était sous-évalué car les actionnaires seraient alors dilués
dans de mauvaises conditions financières.
40.17
[Réponse]
[Réponse]
[Réponse]
[Réponse]
[Réponse]
[Réponse]
[Réponse]
8/ Faut-il procéder à une augmentation de capital lorsque le cours est
surévalué ?
[Réponse]
[Réponse]
10/ Quelle sanction apporte une augmentation de capital à une entreprise dont
la rentabilité est inférieure dans la durée à son coût du capital ?
[Réponse]
[Réponse]
[Réponse]
13/ Finalement, qu’est-ce qui est le plus important dans une augmentation de
capital ?
[Réponse]
[Réponse]
Exercices
[Réponse]
2/ Cas : augmentation de capital de Neoen en mars 2023 :
[Réponse]
Non, car quel que soit le prix d’émission, l’actionnariat n’est pas modifié.
Généralement une dilution car à court terme les fonds levés n’ont pas le temps
d’être investis autrement que dans des actifs sans risque rapportant rien ou très
peu. Cela dépend du taux de rentabilité des projets financés.
Elles n’ont rien à voir et c’est un pur hasard si elles sont égales.
Une dilution forte de ses actionnaires actuels car la valeur de ses capitaux
propres est bien inférieure à leur montant comptable, ce qui maximise la dilution
de leur contrôle.
Des arbitrages : achat des droits et vente à découvert d’actions qui seront
remboursées par remise des actions souscrites grâce aux DPS. L’illiquidité du
marché de l’action qui explique probablement la décote du DPS.
c) (90 + 6) / (1 000 000 + 333 333) = 0,0072 = (90/1 000 000) × (1 – 20 %).
f) Les capitaux propres croissent de 31,25 % ; les capitaux propres par action
passent de 80 € avant à 78,75 € après.
Cas Neoen
d)
e) C’est parce que Neoen est perçue comme une société créant de la valeur
(valeur des capitaux propres supérieure au montant comptable des capitaux
propres), que le nouvel actionnaire, bien qu’apportant 28 % des capitaux propres,
a droit à seulement 24 % des actions.
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firms have information that investors do not have », Journal of Financial
Economics juin 1984, vol. 13, no 2, pages 187 à 221.
Podcasts
Un savant dosage.
41.1
Une fois choisi un certain niveau d’endettement net* Endettement net, le directeur
financier doit réfléchir au montant et à la structuration de sa dette* Dette brute, au
montant des liquidités qu’il souhaite maintenir en moyenne à l’actif de son bilan et
au niveau de lignes bancaires disponibles et non tirées qu’il souhaite conserver.
Mais, comme nous le verrons avec l’exemple de SEB, la mise en œuvre d’une
politique d’endettement va au-delà du simple choix des paramètres des produits de
dette émis ou contractés et inclut la stratégie de relations dans la durée de
l’entreprise avec les différents pourvoyeurs de dettes.
Section 1 ■ La structure de la dette
41.2
Structurer une dette* Structure de la dette veut dire définir ses principaux paramètres et
les négocier avec les prêteurs. Les points les plus importants sont :
41.3
les crédits adossés à un actif* Crédit adossé à un actif qui s’appuient sur un bien précis,
■
41.4
Ce choix est très théorique pour la petite entreprise qui n’a, en général, accès
qu’au financement bancaire* Financement bancaire ou assimilé. Cependant compte tenu de
l’évolution de la réglementation bancaire, Bâle III (et bientôt Bâle IV), la part du
financement de marché* Financement de marché dans l’endettement des entreprises moyennes
et grandes a tendance à s’accroître. Par ailleurs, les placements privés de dettes se
développent auprès d’entreprises moyennes : US Private Placement, Schuldschein
et Euro Private Placement (voir le paragraphe 23.3). Les grands groupes sont
pour la plupart financés quasi exclusivement par des obligations et des NEU
CP* Negociable European commercial papers.
Si, depuis 2010, les obligations occupent une part croissante dans le
financement des entreprises de la zone euro, le financement bancaire reste très
prédominant avec une part de 79 % contrairement aux États-Unis où les
proportions sont très différentes (60 % pour les obligations et 40 % pour les prêts
bancaires).
Part des financements bancairesdans les financements par dettes des entreprises
Les emprunts bancaires* Emprunts bancaires (ou plus généralement de gré à gré)
obéissent à une logique de négociation et d’intermédiation qui s’oppose à la
logique de marché d’un financement obligataire ou par NEU CP* NEU CP1. Les
emprunts obligataires* Emprunts bancaires et les NEU CP permettent à l’entreprise de
solliciter directement les investisseurs financiers sans transiter par « l’écran » que
représente le bilan d’un établissement financier.
41.5
Dans les deux cas, il faut ajouter au coût du taux d’intérêt des commissions
d’intermédiation ou de montage du dossier (« flat fee ») qui sont payées à la
signature du contrat de crédit.
Le montant des crédits offerts par les banques s’adapte exactement aux
■
besoins des entreprises, d’autant qu’ils peuvent être tirés au fur et à mesure
des besoins. Inversement, les marchés financiers imposent de fortes
contraintes aux emprunteurs en termes de volumes. Un titre de dette peut
difficilement être coté sans présenter une liquidité suffisante pour les investisseurs
qui veulent pouvoir l’acheter et le revendre aisément si besoin. 200 à 300 M€ sont
souvent le minimum nécessaire. Des PME peuvent émettre en direct des
obligations cotées pour des montants de 5 à 20 M€ (Manitou, Touax, Gaumont),
mais la liquidité de ces titres sur le marché secondaire est inexistante.
Alternativement, elles peuvent procéder à des placements privés* Placement privé auprès
d’un nombre très limité d’investisseurs ou via un fonds d’investissement. On
s’éloigne d’une logique de marché, mais on reste dans une logique de
désintermédiation.
■Alors que les crédits bancaires peuvent être obtenus normalement avec
une certaine rapidité, l’appel au marché doit être préparé durant quelques
semaines si l’emprunteur est primo-émetteur, sans garantie de succès. La
nécessaire information des investisseurs explique la longueur et la difficulté d’une
première émission. Par ailleurs, le caractère imprévisible d’un marché fait parfois
peser une lourde incertitude sur le succès de l’emprunt. Ainsi, il est déconseillé
d’émettre en période de tensions sur les marchés financiers. Toutefois, les groupes
qui disposent d’une bonne notation (investment grade* Investment grade) peuvent la plupart
du temps émettre des montants de plusieurs centaines de millions, voire plusieurs
milliards d’euros, en quelques heures sur les marchés.
Le trésorier d’un groupe pourra choisir de faire appel au marché obligataire, même
si le coût est plus élevé, afin de ne pas se « mettre aux mains » des banques et de
garder de la flexibilité.
41.6
41.7
41.8
Le choix entre taux fixe* Taux fixe et taux variable* Taux variable est lui beaucoup plus
complexe qu’il n’y paraît.
Notons tout d’abord qu’il est assez distinct du choix d’une échéance. Un
endettement à court terme à taux fixe (par des NEU CP par exemple) est un
endettement à taux variable, car le taux d’intérêt change quand une nouvelle dette
est contractée pour remplacer la précédente. Des emprunts à moyen et long termes
peuvent être souscrits à taux variable : c’est généralement le cas des prêts
bancaires indexés sur un taux court type Euribor 1, 3 ou 6 mois, quelle que soit
leur échéance. Par ailleurs, au travers des swaps (voir le paragraphe 53.18), les
marchés financiers offrent un passage simple de taux fixes à taux variables et
l’inverse.
Pour faire son choix le directeur financier doit donc se fixer d’autres critères :
minimiser son coût, réduire son risque, optimiser la valeur, suivre le chant des
sirènes de ses anticipations…
Les études montrent que depuis 35 ans l’entreprise s’endettant sur la base de
taux court (à taux variables donc) a été gagnante en termes de coûts. Néanmoins,
généralement, s’endetter à taux fixe est perçu comme une sécurité car l’entreprise
sait aujourd’hui quelle sera sa charge au compte de résultat pour les années à
venir. C’est oublier que lorsque les taux baissent (généralement en période de
crise) la valeur de l’endettement à taux fixe monte, réduisant ainsi la valeur des
capitaux propres, même si effectivement le compte de résultat n’est pas impacté…
Dans ce domaine, la comptabilité qui n’enregistre pas les coûts d’opportunité dans
le compte de résultat n’éclaire pas la prise de décision.
41.9
41.10
Les covenants* Covenant (ou clauses de sauvegarde* Clause de sauvegarde) sont des
engagements de faire ou de ne pas faire dont le non-respect entraîne l’exigibilité
immédiate d’une dette, voire directement le défaut de l’entreprise sur cette dette,
ce qui entraîne souvent le défaut sur les autres dettes (par le mécanisme de défaut
croisé ou cross default* Cross default).
41.11
Le but de ces clauses consiste, pour la plupart, à offrir aux créanciers une
garantie contre la substitution d’actifs de la firme contre des actifs plus risqués ou
contre une simple réduction de l’actif. Les possibilités de prise de participation
dans d’autres firmes, de fusion, d’absorption ou de cession d’actifs sont, au-delà
de certains seuils, soumises à l’agrément des créanciers.
41.12
Si les limites, appréciées au moins une fois par an à la clôture des comptes,
sont dépassées, alors l’emprunt devient immédiatement exigible (on parle de
financial covenant* Financial covenant). Le dépassement peut provenir d’un
endettement* Endettement supplémentaire ou d’une dégradation des résultats de
l’entreprise.
des difficultés de l’entreprise. Sans aller jusque-là, les prêteurs peuvent absoudre
l’emprunteur du non-respect d’un covenant (waiver holiday* Waiver holiday) moyennant
le paiement d’une commission (waiver fee)* Waiver fee et parfois un rehaussement de la
marge, permettant d’augmenter pour les prêteurs la rentabilité de leurs crédits
devenus plus risqués.
41.13
41.14
41.15
41.16
L’entreprise peut enfin être contrainte à la négociation pour éviter que les
prêteurs ne demandent l’exigibilité anticipée du prêt en cas de non-respect des
covenants, ce qui implique le plus souvent le paiement de commissions ad hoc, le
relèvement des taux d’intérêt et/ou la constitution de nouvelles garanties.
■ convier les obligataires en assemblée afin qu’ils votent sur les projets de
modification du contrat obligataire initial. Une commission (consent fee* Consent fee)
peut leur être versée pour les inciter à voter. Dès qu’une majorité est atteinte
(celle-ci dépend du régime légal sous lequel l’emprunt a été placé), les nouvelles
dispositions s’appliquent à tous les obligataires, même à ceux qui n’ont pas voté
ou voté contre. C'est par cette méthode que Gecina a transformé l'ensemble de ses
émissions obligataires en obligations vertes en 2022 ;
41.17
Depuis le début des années 2000, la part des liquidités et des placements de
trésorerie à l’actif des bilans des entreprises a crû.
Une partie des liquidités* Liquidité à l’actif ne résulte pas d’un choix mais d’une
contrainte et n’est pas réellement disponible : des fonds sont bloqués dans des
pays à contrôle de change rigoureux ou où les devises sont difficiles à trouver
(Égypte), d’autres pour être remontés à la tête du groupe impliquent le paiement
d’impôts complémentaires (retenues à la source). D’autres encore sont la
contrepartie de dépôts de garantie, de cautions, de paiements en avance qui, dans
certains pays, doivent être bloqués dans des comptes ad hoc. Et même si elles ne
doivent pas être bloquées, les avances de paiement des clients vont servir à réaliser
les produits ou les services commandés et à payer les fournisseurs. Elles ne
peuvent donc pas être utilisées pour rembourser des dettes, en particulier dans les
secteurs où l’activité est fluctuante.
41.18
■ tout d’abord pour des raisons opérationnelles : pour couvrir les besoins en
liquidité des différents sites (magasins…) ou pour couvrir une saisonnalité du
besoin en fonds de roulement ;
■ avoir du cash à l’actif, c’est la garantie de pouvoir saisir à tous moments des
opportunités d’investissements qui pourraient se présenter inopinément, en
particulier en cas de crise. L. Frésard a ainsi montré que les entreprises détenant
du cash à l’actif avaient tendance les années suivantes à gagner des parts de
marché sur leurs concurrents moins bien dotés ;
■ les clients, les fournisseurs, les salariés ne peuvent être que rassurés par un
niveau de liquidités important (BTP, défense, etc.). Ainsi Tereos maintient-il plus
de 400 M€ de numéraire à son actif (pour un endettement brut de 3,3 Md€) pour
rassurer les tiers sur sa situation de liquidité alors que sa notation (BB-) est non
investment grade (voir le paragraphe 22.28) ;
41.19
C’est ainsi que SEB a réduit le nombre de banques participantes à son crédit
syndiqué de 40 à 9 en 2004 puis à 7 en 2006, avant de remonter à 8 en 2016 et
que dans le même temps le montant du crédit a été porté de 300 à 990 M€. Celui-
ci ne sert que de back-up au programme de 1 000 M€ de billets de trésorerie.
41.21
SEB a complété ses sources existantes auprès des banques, du marché des
NEU CP (tiré à 729 M€ fin 2022) et des NEU MTN (265 M€ à échéance entre
2024 et 2026), par l’appel au marché obligataire coté (1 000 M€ en 2 tranches, à
échéance 2024 et 2025) et au marché obligataire privé (698 M€ d’obligations
Schuldschein* Schuldschein à échéance entre 2023 et 2031 souscrites par des
investisseurs allemands, français et asiatiques).
41.22
Ce qui veut aussi dire que l’entreprise supporte un coût pour cette flexibilité
puisque les ressources à moyen terme tirées non utilisées dans le financement de
l’actif économique et donc placées en trésorerie ne rapportent pas le même taux
d’intérêt qu’elles ne coûtent. De même, des commissions d’engagement devront
être payées sur les lignes confirmées mais non tirées. Mais comme toute police
d’assurance, la flexibilité financière a un coût.
41.23
Il est avisé d’adapter la maturité des dettes au profil probable des flux
■
41.24
Depuis 2006, SEB n’a, par principe, plus de covenants. Le faible risque
relatif de son activité et son faible niveau d’endettement net expliquent cette
situation.
41.25
Il est sage de recourir avec modération aux financements sur actifs dont
■
le coût de financement plus bas est souvent apparent et se paie au prix d’une
difficulté à monter des financements classiques. De la même façon, les produits
sophistiqués (obligations convertibles, hybrides) sont rarement sans inconvénient :
complexité, arbitrage pesant sur le cours, etc.
41.26
Une fois une dette bancaire contractée, il est rare qu’elle ne soit pas
renégociée. Soit parce que la société, ayant amélioré sa situation financière, veut
abaisser le coût de sa dette ou en modifier la durée, soit qu’elle y soit contrainte à
cause de non-respect des covenants.
Une bonne politique d’endettement est une politique qui laisse à l’actif des
liquidités pour faire face à tout imprévu et réduire le risque, rassurer les
partenaires de l’entreprise et permettre de saisir des opportunités d’investissement.
Enfin, le directeur financier sera avisé d’avoir des relations étroites avec un
nombre limité de banques, de diversifier ses sources de financement entre les
différents pourvoyeurs de dettes, d’adapter la maturité des dettes au profil
probable des flux de trésorerie, de n’accepter les covenants et les financements sur
actif qu’avec parcimonie afin de préserver au mieux ses marges de manœuvre.
Questions
[Réponse]
[Réponse]
[Réponse]
[Réponse]
[Réponse]
[Réponse]
[Réponse]
[Réponse]
[Réponse]
11/ Un trésorier doit placer dans des actifs liquides mais d’une durée de 2 ans :
préfère-t-il le faire à taux fixe ou à taux variable ? Pourquoi ?
[Réponse]
12/ Sur quoi parie implicitement le trésorier qui s’endette à 5 ans à taux fixe ?
Pourquoi ?
[Réponse]
[Réponse]
14/ Quelle est la limite au montant des liquidités gardées à l’actif du bilan ?
[Réponse]
[Réponse]
16/ Les renégociations des dettes obligataires sont-elles plus complexes que
celles des dettes bancaires ? Pourquoi ?
[Réponse]
17/ La diversification des sources de financement par dette est-elle sans coût
pour l’entreprise ? Faut-il pour autant y renoncer ? Pourquoi ?
[Réponse]
Exercice
f) Quel est le coût pour Eramet des obligations mai 2023 7 %, de février 2024
à mai 2028, c’est-à-dire au-delà de la durée de vie des obligations 2017 –
4,196 % qu’elles remplacent ?
g) Quels sont les deux intérêts qui expliquent que des groupes procèdent,
dans des conditions similaires à celles d’Eramet, à des offres de rachat ou
d’échange de leurs obligations émises antérieurement ?
[Réponse]
Diversifier ses créanciers, obtenir des financements longs que les contraintes
prudentielles rendent plus difficiles du côté des banques.
Pour profiter d’une fenêtre d’opportunité sur les marchés où les prix sont
temporairement aberrants.
C’est une contrainte que les créanciers imposent aux actionnaires pour que
ceux-ci n’accroissent pas le risque des créanciers.
Une hausse du coût des autres financements de l’entreprise car les autres
créanciers n’ont pas accès à la garantie que représente cet actif, ce qui accroît leur
risque.
Plus dans les emprunts bancaires qui sont détenus par un nombre limité de
banques ayant les moyens matériels d’en assurer le suivi et l’éventuelle
renégociation, que dans les obligations détenues souvent par des dizaines ou des
centaines d’obligataires.
À taux variable de sorte que l’actif, en cas de fluctuation des taux d’intérêt sur
le marché, ne perde pas de valeur au moment où le trésorier doit le céder si ce
moment intervient avant l’échéance du dit placement.
Sur une hausse des taux d’intérêt, car s’il pariait sur une baisse, il s’endetterait
à taux variable.
La valeur d’une dette à taux variable est stable au prix d’une variabilité de
l’intérêt annuel qui est dans le compte de résultat. L’intérêt annuel d’une dette à
taux fixe est stable au prix d’une variabilité de la valeur de la dette à taux fixe. Il
faut donc choisir sa source d’instabilité sachant que la comptabilité ne reconnaît,
au mieux qu’en annexe, les fluctuations de la valeur de la dette.
La pression des actionnaires qui estiment que trop c’est trop et que l’argent
excédentaire doit leur être rendu (voir le chapitre 38).
a ) L’obligation 4,196 % cote au-dessous de son nominal car les taux en mai
2023 pour un emprunteur comme Eramet sont de 4,68 %.
c) À condition qu’on leur offre une (petite) prime sur le prix de l’obligation
cotée sur le marché secondaire. Sinon, ils n’ont aucun intérêt à procéder à une
vente.
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Tout groupe fut un jour une jeune pousse* Jeune pousse (start-up* Start-up), créée le plus
souvent dans une chambre de bonne (NRJ), un garage (HP), une cuisine (Michel et
Augustin) ou une résidence universitaire (Facebook). Les plus talentueux des
entrepreneurs, les plus chanceux, à force de vision, de travail, de capacité à
apprendre des échecs, réussiront à créer un groupe pérenne, mais l’immense
majorité échouera. Heureusement, ce fait n’empêche pas de nouveaux
entrepreneurs, chaque année, de se lancer dans cette aventure. C’est pour eux que
ce chapitre a été écrit afin qu’ils évitent de faire de mauvais choix financiers
pouvant mettre en péril leur aventure entrepreneuriale. Quant aux autres qui le
liront, nous espérons avoir semé une petite graine qui, peut-être, un jour éclora.
Section 1 ■ Les particularités financières de
l’entreprise qui se crée
42.1
Beaucoup d’entrepreneurs* Entrepreneur1 qui se lancent ont une idée d’un produit,
d’un service mais n’ont pas encore en tête de modèle économique permettant de
couvrir les coûts et de rapporter une rentabilité correcte sur les capitaux investis.
Quand L. Page et S. Brin développèrent leurs algorithmes qui allaient donner
naissance à Google, leur objectif était de proposer un outil de recherche plus
efficace que ceux existants. Ils n’étaient pas sûrs d’y arriver et n’avaient pas la
moindre idée de la manière de monétiser cet outil. Ce n’est que des années après
que l’idée d’associer de la publicité aux recherches est arrivée, permettant ainsi de
créer un modèle économique particulièrement efficace.
C’est la raison pour laquelle sur les 267 000 entreprises créées en France en
2014, seules 61% étaient encore en vie en 20192. Et aux États-Unis, on estime leur
taux de survie à 5 ans à 54 %3 et à 30 % à 10 ans.
Source : INSEE.
42.2
Une entreprise est souvent créée par une personne (Marcel Dassault, Elon
Musk, Xavier Niel, etc.) ou un petit groupe d’individus qui prennent à titre
personnel un niveau de risque très élevé, abandonnant une situation bien établie ou
la possibilité d’une telle situation, pour ce qui ne sera in fine pour beaucoup
d’entre eux qu’une chimère. Mais ils portent un projet, une vision, un charisme
indispensables pour affronter l’inconnu, l’adversité et les remises en cause, et
indispensables pour convaincre d’autres personnes (employés, investisseurs) de les
suivre. Sans eux, l’entreprise n’existerait pas.
D’un point de vue financier, le créateur de l’entreprise est l’antithèse de
l’investisseur que postule le MEDAF* MEDAF* Modèle d’évaluation des actifs financiers (MEDAF) du chapitre
21. Il concentre son investissement sur un seul actif et en prend tous les risques ;
le concept de diversification lui est radicalement étranger. Pour lui, c’est du tout
ou rien. Il a une chance infime de gagner le gros lot et les plus grands risques de
tout perdre. Mais l’entrepreneur ne raisonne pas en probabilité comme le financier.
Son objectif premier n’est pas financier (s’enrichir), il est avant tout humain
(créer). C’est un autre monde.
42.3
Rares sont les entreprises qui se créent et qui tout de suite génèrent un
autofinancement* Autofinancement positif. Le plus souvent, elles sont en pertes les premiers
temps ; certaines doivent même attendre plusieurs années avant d’enregistrer le
premier euro de chiffre d’affaires.
Investir dans une entreprise qui se crée ou de création récente relève pour
beaucoup de l’acte de foi. En effet, le TRI moyen des fonds de capital risque
français de 2007 à 2021 a été de + 12,0 % selon France Invest. Investissant sur le
segment le plus risqué, on se serait logiquement attendu à une rentabilité en
rapport. Certes, des frais de gestion sont venus réduire la rentabilité brute des
investissements, mais tout de même.
Les investisseurs ont l’espoir d’avoir investi dans la prochaine licorne* Licorne
(d’une valeur supérieure à 1 Md$), ou au moins poney* Poney (valeur supérieure à
10 M$)5, tout en étant conscients que sur dix investissements qu’ils feront, sept à
huit ne donneront rien, un ou deux auront une rentabilité correcte et que le dixième
pourrait faire dix ou cent fois la mise, sauvant tout le reste. Sachant qu’ils
prennent des risques élevés, ils vont suivre de près leurs investissements en
apportant une aide au chef d’entreprise par des conseils, des mises en relation afin
de l’aider à naviguer au mieux. De son côté, celui-ci est plutôt demandeur d’une
implication plus forte des investisseurs à ses côtés car ils lui apportent ce qui lui
manque : expérience, contacts, recul, conseils pour prendre des décisions
délicates… et des capitaux. La solitude de l’entrepreneur n’est pas un mythe.
42.5
Source : Euronext.
Section 2 ■ Quelques principes de base du
financement de la création d’entreprise
42.6
Dès lors que le modèle économique de l’entreprise n’est pas nettement établi
et que son exploitation ne requiert pas la détention d’actifs ayant une valeur
indépendante de son activité (immobilier, fonds de commerce ou droit au bail), la
seule façon raisonnable pour elle de se financer est par capitaux propres* Capitaux propres.
Une fois que le modèle économique aura été trouvé et que sa viabilité sera à
peu près assurée, l’entreprise pourra alors contracter de la dette.
Ce n’est que si la start-up utilise des actifs dont la valeur est indépendante de
son activité comme des véhicules, du matériel avec un marché secondaire, un
fonds de commerce lié à un emplacement, etc., qu’elle pourra les financer pour
partie par endettement. On est dans le secteur de la restauration, du commerce, du
transport, etc. où les modèles économiques sont éprouvés. L’investissement initial
y est souvent plus élevé que dans l’Internet ou les services à la personne.
L’endettement permet alors de boucler un financement qu’il serait difficile de
réunir uniquement avec des capitaux propres. Qu’il soit alors le plus long possible,
en crédit-bail si possible, afin de ne pas mettre l’entrepreneur sous pression.
Cela peut être le cas également pour une entreprise qui doit financer un BFR
important pour sa croissance. Ainsi, le recours au factoring (du paragraphe
23.12) ou à l'escompte de créances (du paragraphe 23.13) pourra permettre à une
start-up de financer sa croisance.
42.7
Innate Pharma, start-up des biotechnologies mentionnée plus haut, a levé, entre
1999 et 2023, 305 M€ de capitaux propres auprès de fonds de capital risque ou du
public (elle est cotée sur Euronext Growth depuis 2006) en 10 augmentations de
capital. Une tous les deux ans. N’aurait-il pas été plus simple de procéder à une
seule augmentation de capital de 305 M€ en 1999, donnant ainsi à la société la
sécurité de son financement ?
3 ■ Du goodwill à l’entrée
42.8
Le goodwill* Goodwill est l’écart entre la valeur des capitaux propres et le montant
des capitaux propres investis. Son fondement conceptuel est la capacité de
l’entreprise à dégager pendant une certaine période une rentabilité supérieure à
celle demandée par les investisseurs compte tenu du risque (voir le paragraphe
33.39).
42.9
Cette pratique n’est pas sans danger. Dès lors que l’entreprise naissante, après
quelques trimestres d’activité, décroche par rapport à son plan de route et n’atteint
pas ses premiers objectifs, la question d’un second tour de financement se pose
très vite alors que les fonds issus du premier sont en voie d’être complètement
épuisés.
42.10
Le goodwill à l’entrée est le prix à payer par les investisseurs pour que
l’entrepreneur se sente maître chez lui et se « défonce » dans son projet. Mais ceci
n’est pas sans ajouter un risque financier, comme nous l’avons vu, au risque
intrinsèque de la création d’entreprise. Les meilleurs entrepreneurs ne s’en
porteront que mieux, la vaste majorité moins bien.
Toute la question se résume alors ainsi : « Du goodwill, oui mais point trop »,
afin de garder un potentiel de valorisation de l’action, augmentation de capital
après augmentation de capital, et d’éviter des blocages ou la mise en œuvre de
clauses de ratchet aux effets désastreux pour l’entrepreneur. In fine un plan
d’affaires excessivement optimiste n’est pas dans l’intérêt de l’entrepreneur qui
s’assied alors sur une grenade qu’il a lui-même dégoupillée…
Notons que la mise en place d’actions à droits de vote multiples pour les
fondateurs permet de lever des sommes importantes en contournant ce problème
de dilution du pouvoir et en le distinguant de celui de goodwill.
Section 3 ■ Les investisseurs dans les start-up
42.11
Des membres de sa famille ou des amis (friends & family* Friends & family)
constituent souvent une partie des investisseurs initiaux, probablement la moins
motivée par des raisons financières, mais pas la moins fidèle ! On parle à son
propos de love money* Love money qui permet de réunir le plus souvent quelques
dizaines de milliers d’euros.
Les business angels* Business Angels sont souvent des anciens dirigeants et
actionnaires d’entreprises. Ils investissent quelques dizaines ou centaines de
milliers d’euros par projet, qualifiés de seed money* Seed money. Ils apportent également
leurs conseils à l’entrepreneur et mettent leurs carnets d’adresses à sa disposition.
En France, leur ticket médian est de l’ordre de 30 K€.
Auprès des fonds de capital risque* Fonds de capital risque (venture capital* Venture capital),
l’entrepreneur peut trouver des financements plus conséquents, de 0,5 M€ à
plusieurs dizaines (voire centaines) de millions d’euros, pour autant que son projet
ait un très fort potentiel de développement. Certains fonds se sont créés en surfant
sur les avantages fiscaux prévus pour l’investissement dans des jeunes pousses ou
PME (réduction d’impôt sur le revenu), moteurs puissants de collecte de fonds.
Malheureusement, certains d’entre eux dévoient ce métier en demandant à
l’entrepreneur de racheter leur investissement à un prix fixe à une échéance
donnée, ce qui est antinomique avec la prise de risque propre à la création
d’entreprise.
Certains groupes industriels ont créé des fonds d’investissement internes (ou
communs à plusieurs groupes d’une industrie) avec un double objectif financier et
de veille stratégique sur leur secteur, comme Novartis, Orange, Danone, GE,
Pfizer ou Total. On parle alors de corporate venture* Corporate venture, qui est encouragé
en France depuis 2016 par un avantage fiscal ad hoc.
42.12
Ils sont très peu à financer en direct les start-up et encore moins depuis la
faillite de Silicon Valley Bank. Comme nous l’avons développé au
paragraphe 42.6, il n’est pas dans l’intérêt de l’entrepreneur d’y recourir tant
qu’il n’a pas démontré la validité de son modèle économique.
Ce n’est que si la jeune entreprise utilise ou génère des actifs qui ont une
valeur indépendamment de son exploitation (véhicules, immobilier, fonds de
commerce) qu’elle peut recourir au crédit-bail (voir le paragraphe 23.15). Si elle
génère un chiffre d’affaires, elle pourra financer son BFR en recourant à
l’escompte de créances commerciales (voir le paragraphe 23.13) ou à
l’affacturage (voir le paragraphe 23.12). Les entreprises avec un important effort
de recherche-développement pourront escompter le Crédit d’Impôt Recherche
(CIR) à recevoir de l’État.
42.13
Elles sont plus marginales et constituent le plus souvent des appoints. Ainsi
Bpifrance* Bpifrance distribue des aides à la création d’entreprises innovantes pour
valider la faisabilité de leurs projets (30 000 € au maximum), des avances
remboursables* Avance remboursable en cas de succès représentant 25 à 65 % des dépenses
d’innovation. Il faut aussi mentionner les prêts d’honneur accordés par des
associations ou fondations (Réseau Entreprendre, France Initiative…), les
concours pour la création d’entreprise organisés par les collectivités locales ou des
fondations, les primes ou subventions de collectivités locales ou de l’Europe, le
crédit d’impôt recherche (CIR), etc.
Section 4 ■ L’organisation des relations entre
l’entrepreneur et les investisseurs financiers
42.14
Le pacte d’actionnaires de la jeune entreprise sera d’autant plus fourni qu’il y aura
un écart important entre le prix payé par les investisseurs et celui payé par les
fondateurs pour leurs actions (goodwill important).
42.15
Tout investisseur dans une start-up vous dira que son premier motif
d’investissement est la qualité de l’équipe fondatrice. Il n’est donc pas surprenant
que les investisseurs posent comme condition en contrepartie de leurs
investissements que les dirigeants s’engagent dans la durée à fond dans cette
aventure. D’où des clauses qui interdisent aux fondateurs d’occuper des fonctions
dans d’autres entreprises ou de vendre leurs actions pendant une certaine durée
(lock-up* Lock-up) ; des clauses qui prévoient la perte de leurs actions et des autres
instruments incitatifs s’ils devaient quitter l’entreprise avant une certaine échéance
(vesting* Vesting), assorties de clauses de non-concurrence ; des clauses qui attribuent
à l’entreprise les propriétés intellectuelles créées par les fondateurs, etc.
42.16
ou de liquidation, pour protéger les derniers investisseurs qui ont en général payé
le prix le plus élevé. En effet, une vente de l’entreprise à un prix en baisse par
rapport à celui de la dernière levée de fonds pourrait convenir aux actionnaires
antérieurs, y compris les fondateurs, qui ont des prix de revient inférieurs, mais
mettrait les derniers investisseurs en perte. Pour éviter cette situation, et parce
qu’ils acceptent de payer un prix plus élevé qui réduit d’autant la dilution des
actuels actionnaires, les derniers investisseurs, quand il s’agit de fonds
d’investissement, demandent à bénéficier d’une clause de liquidité préférentielle.
■20 % en général du prix est réparti au prorata des participations entre tous les
actionnaires, y compris les fondateurs (« carve-out* Carve-out »).
■Puis le résidu (s’il y en a un) est réparti entre tous les autres actionnaires
(fondateurs compris), à due proportion de leurs participations.
Cette clause ne joue que si le prix de vente (ou de liquidation) est insuffisant
pour permettre aux investisseurs du dernier tour de table de récupérer leur
investissement, éventuellement capitalisé, avec une répartition du produit de la
vente au prorata des participations.
42.17
42.19
Lancer un nouveau tour de financement plus tôt, c’est souvent trop tôt :
l’entreprise n’a pas encore démontré qu’elle a atteint une nouvelle étape de son
développement depuis la dernière levée de fonds. Le lancer plus tard, c’est prendre
le risque d’être à court de trésorerie dans la phase finale des négociations avec les
investisseurs, au risque de devoir passer sous leurs fourches caudines…
42.20
Il est évidemment très difficile d’évaluer une société qui n’a pas encore
démontré la pertinence de son modèle économique, qui a une probabilité élevée de
disparaître à court terme et pour laquelle les projections ont un tel degré d’aléa
qu’on pourrait se demander si elles ne valent pas surtout par le prix du papier sur
lequel elles sont imprimées.
On pourrait donc croire que la méthode des options réelles* Option réelle vue au
paragraphe 32.7 est particulièrement bien adaptée à la valorisation de la jeune
entreprise car son fonctionnement par étapes est très similaire aux étapes
successives de développement que doit franchir la jeune entreprise. Il n’en est rien
dans la pratique où elle n’est quasiment jamais utilisée dans ce domaine. Écrire un
plan d’affaires qui tienne la route bien qu’étant optimiste est compliqué, mais
demander à un entrepreneur d’écrire des versions dégradées, y compris une qui
conduit à la faillite, est contre-productif : veut-on le démoraliser et le
déresponsabiliser alors qu’il a besoin d’être gonflé à bloc pour affronter son défi ?
Bien sûr que non !
42.21
En fait, notre lecteur sera peut-être surpris du caractère très fruste de la
valorisation des jeunes pousses qui relève plus de la convention7 que du calcul. En
effet, et au moins pour ses premiers tours de financement, la valeur d’une start-up
résulte le plus souvent d’un multiple du montant des fonds cherchés pour atteindre
le prochain palier dans 12 à 24 mois, et/ou ce qui revient au même, du pourcentage
de dilution* Dilution que les fondateurs acceptent de subir.
42.22
Pour les start-up, qui ont survécu et ont atteint un stade de développement
plus avancé, les professionnels du capital risque ont développé une méthode assez
pragmatique, un peu simpliste, mais efficace, connue comme la méthode du
venture capital* Méthode du venture capital. Comme vous le remarquerez, c’est un hybride de la
méthode des multiples et de l’actualisation des flux de trésorerie disponible.
Ainsi pour une création pure, avec un horizon de 7 ans, la valeur aujourd’hui
des capitaux propres est de 120 M€/(1 + 60 %)7 = 4,5 M€. Cette valeur est une
valeur post-money* Post-money car elle suppose que l’entreprise a trouvé le financement
nécessaire pour développer ses activités. Si elle a aujourd’hui besoin de 1,5 M€, la
valeur de ses capitaux propres pre-money* Pre-money est de 4,5 – 1,5 = 3 M€.
L’investisseur qui apporte ces fonds obtient 33 % (1,5/4,5) du capital de
l’entreprise. Si le capital de l’entreprise est composé d’un million d’actions, il lui
faut émettre 500 000 actions nouvelles au prix unitaire de 3 €.
42.23
Notre lecteur ne manquera pas d’être surpris par l’importance de ces taux,
qu’il aura du mal à réconcilier avec ceux fournis par le MEDAF du paragraphe
21.5 ou avec les taux de rentabilité moyens qu’obtiennent les fonds de capital
risque (entre 15 et 30 %). À juste titre car ces taux sont d’un autre ordre.
S’ils paraissent si élevés, c’est qu’ils intègrent le risque de faillite de la jeune
entreprise. Ils sont appliqués à un niveau de résultat qui ne correspond pas à une
moyenne de différents scénarios, mais au plan d’affaires traduisant, par
construction, la réussite de l’entreprise. Or, à l’horizon de 5 ans, au moins 40 %
des entreprises auront disparu et sur le solde, nombre de start-up n’auront pas tenu
leurs promesses. Le taux d’actualisation élevé prend donc en considération le
risque que les projections s’avèrent trop optimistes, ce qui est le cas le plus
fréquent.
42.24
Notre exemple un peu simpliste supposait qu’une seule levée de fonds était
nécessaire avant d’atteindre un stade où l’entreprise peut être vendue ou introduite
en Bourse. Prenons l’hypothèse d’une seconde levée de fonds de 5 M€ en année 3.
Lors de cette levée de fonds, la valorisation post-money de l’entreprise effectuée
par le second investisseur, qui demanderait un taux de rentabilité de 40 %, serait :
120 M€/(1 + 40 %)4 = 31,2 M€. D’où un pourcentage pour ce second investisseur
de 5/31,2 = 16 %.
Tous ces calculs arithmétiquement exacts supposent pour que ces taux de
rentabilité soient atteints que la réalité soit conforme aux projections. Ceci est une
autre paire de manches ! Notre lecteur doit en être bien conscient.
42.25
42.26
Début 2019, Manawa sonde des fonds de venture capital et les industriels
pour une nouvelle levée de fonds, mais l’appétit est mitigé en attente d’une
démonstration plus aboutie de la capacité de la société à atteindre son point mort.
Afin de maximiser ses chances de réaliser cette nouvelle levée de fonds, le
management fait le constat mi-2019 qu’il faut modifier le modèle économique
pour aller chercher de la rentabilité au-delà de la croissance. Un ajustement de la
taille de l’équipe est effectué avec le départ de 11 personnes, soit un quart des
effectifs. En parallèle, un nouveau bridge de 0,8 M€ est mis en place par les
actionnaires. La fondatrice ne s’inscrit pas dans la suite de l’aventure et quitte
l’entreprise.
Fin 2019, une levée de fonds de 0,4 M€ est réalisée en urgence pour sauver
Manawa alors que ses ressources financières sont épuisées. Seuls quelques-uns des
actionnaires sont prêts à réinvestir sur la base d’une valorisation symbolique. Ceux
n’ayant pas souhaité suivre, comme le fonds de corporate venture allemand, ou
seulement partiellement, comme Bpifrance, sont alors très fortement dilués. Le
management profite de ce répit pour accélérer le pivot amorcé vers le point mort :
nouveaux licenciements, fermeture de divisions déficitaires, ouverture de
nouveaux canaux marketing rentables. En 2020-21, alors que les actions mises en
place commencent à porter leurs fruits, nouveau coup du sort, l’activité de la
société est touchée de plein fouet par la crise de la Covid-19 (toutes les activités
commercialisées ayant fermé provisoirement). Le management réagit rapidement
en réduisant drastiquement les coûts. L’effectif n’est plus alors que d’une poignée
de personnes assistées par quelques stagiaires. L’équipe fait preuve d’une grande
flexibilité pour orienter les réservations vers les pays et les zones ouvertes au
tourisme. Ces actions permettent à Manawa de survivre (contrairement à certains
de ses concurrents). Grâce aux aides de l’État, notamment à un PGE, la société
passe la crise et démontre très rapidement sa capacité de rebond.
[Réponse]
[Réponse]
[Réponse]
[Réponse]
[Réponse]
6/ Pourquoi les taux d’actualisation requis par les investisseurs dans les start-
up sont-ils aussi élevés ?
[Réponse]
7/ Pourquoi les taux d’actualisation requis par les investisseurs dans les start-
up ne sont-ils que rarement atteints ?
[Réponse]
8/ Pourquoi les entrepreneurs acceptent-ils les taux de rentabilité très élevés
exigés par les investisseurs ?
[Réponse]
[Réponse]
10/ De combien de mois de survie dispose une entreprise qui n’a plus qu’une
trésorerie de 450 000 € et dont la consommation mensuelle de liquidités est de
90 000 € ? Est-il temps pour elle de lancer son tour de financement suivant ?
[Réponse]
[Réponse]
12/ Quel est le sens de l’expression « c’est la queue qui fait remuer le chien »
appliquée à la valorisation des start-ups ?
[Réponse]
[Réponse]
14/ Une obligation convertible émise par une start-up représente-t-elle des
dettes ou des capitaux propres ? Pourquoi ?
[Réponse]
Exercices
[Réponse]
2/ Une start-up est financée par 1 M€ apporté pour 0,2 M€ par un entrepreneur
qui obtient 75 % des actions, et des business angels qui apportent le solde des
capitaux propres et détiennent 25 % de capital. 8 mois plus tard, l’entrepreneur est
en mesure de céder l’entreprise pour 2 M€. De combien multiplie-t-il ainsi son
investissement ? Et les business angels ? Refaites vos calculs en supposant que le
protocole d’actionnaires prévoit dans ce cas que le produit de la vente est
prioritairement affecté aux business angels jusqu’à remboursement de leur
investissement avant d’être ensuite partagé entre l’ensemble des actionnaires au
prorata du nombre de leurs actions. Qu’en pensez-vous ?
[Réponse]
[Réponse]
[Réponse]
5/ Une entreprise émet 1 000 000 d’actions à 1 € dont 200 000 pour les
fondateurs et 800 000 souscrites par les investisseurs. Ceux-ci accordent aux
fondateurs des options d’achat avec un prix d’exercice de 1 € sur un tiers de leur
participation si le TRI obtenu à la cession de leurs actions est compris entre 25 %
et 30 % ; sur la moitié si le TRI est compris entre 30 % et 35 %, et sur les deux
tiers s’il est supérieur à 35 %. Au bout de 5 ans, les investisseurs ont l’opportunité
de céder leurs actions à 3,7 €. Quel est leur TRI avant et après exercice des options
des fondateurs ? Et si le prix de vente était de 3,73 € ? Qu’en pensez-vous ?
Comment remédier à ceci ?
[Réponse]
Par capitaux propres compte tenu de son risque. Un peu de dette à moyen
terme est possible car l’entreprise dispose d’actifs ayant une valeur indépendante
de son exploitation : matériel, pas-de-porte.
Un niveau de risque financier plus élevé pour l’entrepreneur qui n’a pas
beaucoup le droit à l’erreur ayant beaucoup promis. Des clauses de liquidité
préférentielle dans le protocole d’actionnaires.
Elle est simpliste et prend acte de l’optimisme du plan d’affaires sans version
critique.
Parce qu’ils ne sont pas utilisés pour valoriser une entreprise à partir d’un plan
d’affaires moyen ou probabilisé mais uniquement à partir d’une version haute qui
ne tient pas compte de la probabilité forte d’échec. Ce qui revient à dire qu’ils
représentent une probabilité d’échec importante.
Parce qu’il est très rare que les plans d’affaires utilisés pour calculer la valeur
de l’entreprise soient réalisés en temps et en heure.
Parce qu’ils savent que leur plan d’affaires a très peu de chance de se réaliser.
Un miracle !
5 mois. Il n’y a plus un instant à perdre, c’est peut-être déjà trop tard !
Car le plus grand risque à ce stade est la faillite et non la surévaluation ; car
tout investisseur rêve de multiplier son investissement par 100 et que s’il ne le
multiplie que par 10 c’est quand même très bien ; et car il peut être protégé
partiellement par une clause de liquidité préférentielle.
Ce n’est pas la valeur qui dicte le montant qui peut être levé compte tenu d’une
dilution donnée comme pour une société « normale », mais le montant à lever qui
dicte la valeur.
Non, elle donne surtout un prix par action plus élevé aux investisseurs qui en
bénéficient.
C’est le plus souvent un abus de langage pour désigner en fait une obligation
remboursable en action (ORA). C’est donc des capitaux propres et non de la dette.
L’entrepreneur multiplie sa mise par 7,5 (75 % × 2/0,2) et les business angels
par 0,6 (25 % × 2/0,8), ces derniers sont donc en perte. Après application du pacte,
l’entrepreneur multiplie sa mise par 4,5 : (75 % × (2 – 0,8)/0,2) et les business
angels par 1,4 : (0,8 + 25 % × (2 – 0,8))/0,8. Le gain pour l’entrepreneur passe de
1,3 M€ à 0,7 M€, ce qui doit le dissuader de procéder à une cession rapide. Mais
s’il y procède, les investisseurs sont protégés.
2,2 M€ = 0,8 M/25 % – 0,8 M – 0,2 M.
Da Rin M., Hellmann Th., Puri M., « A survey of venture capital research »,
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43.1
Cette section a pour but de montrer l’importance que revêt pour l’entreprise la
structure de son actionnariat. Si l’enseignement financier présente clairement
l’intérêt de l’évaluation de l’entreprise et de ses actions, force est de constater que
l’analyse de l’actionnariat* Actionnariat (sa répartition, etc.) est souvent négligée. Cette
analyse constitue cependant, dans la pratique, le premier réflexe de nombre de
financiers.
43.2
droits de vote* Droit de vote (voir le paragraphe 7.15), deux notions différentes dès lors
qu’il existe des actions à droit de vote double* Droit de vote double (ou à droit de vote
multiple* Droit de vote multiple), ou des actions de préférence (voir le paragraphe 26.29) ou
une cascade de holdings. Il est évident qu’un actionnaire (ou un groupe
d’actionnaires) qui détient 33 % des actions d’une entreprise et des droits de vote
doubles, le reste étant éparpillé, la contrôlera beaucoup plus facilement qu’un
actionnaire possédant 45 % du capital avec des droits de vote simples, mais face à
deux autres actionnaires détenant respectivement 25 % et 30 % du capital ! Un
actionnaire qui détient directement 20 % des actions d’une entreprise, et 40 % des
actions d’une holding qui contrôle 80 % de cette même entreprise, aura certes un
droit au bénéfice de 52 %, mais, en termes de pouvoir, pourra être minoritaire.
Il faut également étudier les droits actuels et les droits potentiels (fully
diluted* Fully diluted en anglais) pour des sociétés ayant émis des obligations
convertibles, des bons de souscription, ayant accordé des stock-options, etc.
43.3
Les actionnaires* Actionnaire exercent leur pouvoir de décision lors des assemblées
générales des actionnaires. Les décisions sont classées en deux types suivant leur
importance. Les règles de prise d’adoption de la résolution dépendent de cette
classification :
majorité simple* Majorité simple des actions représentées, des décisions concernant la
gestion ordinaire de la société : approbation des comptes, distribution de
dividendes, nomination et révocation d’administrateurs, nomination des
commissaires aux comptes ;
43.4
Les principaux stades de contrôle d’une société anonyme sont donc les
suivants :
Tout actionnaire, quel que soit le nombre d’actions qu’il détient, a le droit de
poser par écrit des questions à l’occasion de l’assemblée générale. L’entreprise
doit y répondre publiquement au plus tard le jour de l’assemblée.
43.5
La détention d’une minorité de blocage* Minorité de blocage (un tiers des voix plus une
pour les sociétés anonymes en France) donne à l’actionnaire minoritaire la
possibilité de bloquer toute décision prise en assemblée générale extraordinaire,
portant sur la modification des statuts et de l’objet social, sur les variations du
capital social, etc. L’intérêt d’une minorité de blocage est d’autant plus important
que l’entreprise est, soit en difficulté, puisque c’est dans une telle situation que les
restructurations industrielles et financières sont les plus indispensables, soit en
période de très forte croissance nécessitant des émissions d’actions.
La minorité de blocage ne permet pas d’influer sur les décisions d’une assemblée
générale ordinaire (distribution de dividendes, etc.) ; il s’agit donc d’un contrôle
par la négative, et non pas d’un contrôle actif. L’actionnaire dispose alors d’un
droit de veto* Droit de veto.
3 ■ Types d’actionnaires
a) L’actionnariat familial
43.6
Actionnariat des cinquante premières capitalisations boursières dans six pays (2023)
Source : Données entreprises, FactSet.
43.8
Les fonds d’investissement* Fonds d’investissement (private equity* Private Equity6), financés par
des compagnies d’assurances, des fonds de pension, ou des particuliers fortunés,
jouent un rôle majeur. Ils sont le plus souvent spécialisés suivant l’objectif de leur
intervention : fonds de capital risque* Capital risque, fonds de capital développement,
fonds de LBO (voir le chapitre 49) ou fonds de capital transmission, et fonds de
retournement qui correspondent à des stades différents de maturité de l’entreprise.
Il existe aussi des fonds correspondant à des actifs bien particuliers comme les
fonds d’infrastructure* Fonds d’infrastructure.
Les fonds de capital risque* Fonds de capital risque (venture capital* Venture capital) financent
des entreprises jeunes qui n’ont pas encore accès aux marchés financiers et pour
lesquelles le financement par endettement n’est pas approprié. Certains se
spécialisent sur le capital amorçage* Capital amorçage (voir le paragraphe 42.11).
Les fonds LBO ont une préférence très nette pour disposer du contrôle
exclusif sur la société compte tenu du risque important pris à travers l’effet de
levier (mais ce contrôle peut être exercé par 2 ou 3 fonds). Ils s’accordent alors
mal d’une cotation boursière d’autant qu’ils recherchent l’intégration fiscale entre
le holding de reprise et la cible, ce qui nécessite une détention d’au moins 95 %.
Cela ne les empêche pas de venir parfois s’introduire eux-mêmes en Bourse.
Les fonds de capital retournement* Fonds de capital retournement interviennent dans des
entreprises en crise pour les aider à redresser la situation.
Les fonds activistes* Fonds activistes qui n'hésitent pas à mettre publiquement la
pression sur des groupes peu performants, ou mal structurés, proposant des
mesures correctives visant à améliorer leur valeur. Ainsi, Bluebell et Inclusive
Capital proposent en 2023 à Bayer de scinder ses activités santé et
agroalimentaire.
Ces fonds sont gérés par une équipe de professionnels (dont la rémunération
est largement liée à la performance), pendant une durée de vie limitée (au
maximum 10 ans) à l’issue de laquelle ils seront liquidés. À cette date, les
participations acquises auront été revendues, introduites en Bourse, ou cédées à un
autre fonds.
Ils apportent aussi une culture financière axée sur la génération de flux de
trésorerie qui permet d’optimiser la gestion du BFR, de limiter les investissements
à ceux dont la rentabilité est raisonnablement démontrée. Dans ce cadre et
contrairement à des clichés, ils acceptent de participer à des augmentations de
capital pour financer des opérations de croissance externe bien calibrées et qui ont
un sens industriel. Pour les dirigeants d’entreprise, ils apportent souvent une
capacité d’écoute, de réaction et de conseil sans commune mesure avec celle des
investisseurs institutionnels. Ce sont des actionnaires professionnels, actifs, qui
ont pour seul objectif la création de valeur et qui alignent l’intérêt des dirigeants
sur ce but.
43.9
43.10
f) L’actionnariat salarié
43.11
La définition d’un actionnariat salarié* Actionnariat des salariés peut être envisagée de
trois manières distinctes selon que l’on se situe :
■ dans le cadre d’une politique de relations internes pour les autres types
d’entreprises afin de promouvoir leur image sociale auprès du personnel. Elle
prend, en France, la forme d’augmentations de capital réservées aux salariés,
souvent avec une décote maximum de 30 % (ou de 40 % si les actions souscrites
sont bloquées 10 ans au moins), parfois avec une garantie du capital investi, et
quelques fois avec un effet de levier, en contrepartie d’un engagement de
conservation des actions de 5 ans, ou d’abondements de l’entreprise. On est alors
dans le cadre fiscalement intéressant de l’épargne salariale* Épargne salariale. Hors ce
cadre, il est possible d’attribuer des actions gratuites* Actions gratuites qui ne seront
disponibles au plus tôt qu’après une période de 2 ans. Il va de soi que l’état
d’esprit général régnant dans la société y détermine en grande partie une telle
politique.
43.13
Parallèlement, les fonds souverains* Fonds souverain, créés le plus souvent par des
pays émergents à partir de revenus de l’exploitation de matières premières,
prennent des participations souvent à long terme dans le capital d’entreprises
cotées, normalement avec une pure logique financière, mais leur contrôle étatique,
leur taille (souvent de 50 à 500 Md€) et leur opacité inquiètent parfois. À fin 2022,
ils disposaient de l’ordre de 9 070 Md$. Les principaux sont The Government
Pension Fund of Norway (1 371 Md$), China Investment Corporation (CIC,
1 351 Md$), GIC et Temasek de Singapour (1187 Md$), Abu Dhabi Investment
Authority (ADIA, 853 Md$), Kuwait Investment Authority (KIA, 750 Md$),
Public Investment Fund (650 Md$), Hong Kong Monetary Authority (514 Md$),
etc. Mentionnons pour la France les fonds d’investissement de Bpifrance
(36 Md$) et la Caisse des dépôts.
Les participations croisées* Participation croisée ont connu leur apogée dans les années
1950-1995 quand le capitalisme était souvent sans capital. Aujourd’hui, les rares
exemples (Renault détient 43 % de Nissan qui détient 15 % de Renault, Spotify
détient 9 % de Tencent Music qui détient 7,5 % de Spotify) le sont pour favoriser
des synergies industrielles, voire préparer un rapprochement futur plus étroit, et
non dans une logique financière ou de pouvoir.
43.15
Mentionnons pour terminer les pactes conclus pour des raisons fiscales
(pactes dits « Dutreil* Pacte Dutreil ») : pactes portant sur au moins 20 % des droits de
vote (et 10 % du capital) d’une société cotée ou au moins 34 % (et 17 % du
capital) pour une société non cotée ; les signataires prennent l’engagement
collectif de ne pas céder ces titres pendant au moins deux ans, puis procèdent à
une transmission. Les bénéficiaires s’engagent alors individuellement à conserver
les actions pendant quatre ans. Dans ce cas, les droits de mutation sur donation ou
succession de ces actions sont réduits de 75 %.
Section 2 ■ Comment conforter le contrôle d’un
actionnariat ?
43.16
Les moyens défensifs de contrôle d’un actionnariat ont tous un coût, ce qui en
pure logique financière est tout à fait normal : comme l’exprime la sagesse
populaire, on ne peut pas avoir le beurre et l’argent du beurre !
Pour les sociétés cotées, la panoplie des moyens de défense anti-OPA* Défense anti-
OPA en Europe est très disparate et dépend dans chaque pays de l’existence ou non
43.17
43.18
Les actionnaires des sociétés cotées sont de plus en plus rétifs, voire opposés, à
voter des dispositifs qui vont à l’encontre du principe « une action, un vote » ou
qui rendent plus difficile le changement de contrôle.
43.19
Pour les sociétés non cotées sur un marché réglementé, les actions à droit
de vote double* Actions à droit de vote double doivent être créées dans un cadre réglementaire
précis. La décision ne peut résulter que des statuts et du délibéré d’une assemblée
générale extraordinaire ; les actions doivent être nominatives et inscrites au nom
d’un même titulaire depuis une durée minimum de 2 ans.
Pour les sociétés cotées sur un marché réglementé, le droit de vote double
est la règle sauf s’il est écarté par les statuts, ce qui nécessite un vote de
l’assemblée générale extraordinaire à la majorité des deux tiers. En bénéficient les
actionnaires détenant leurs actions au nominatif depuis un délai fixé par les statuts
d’au moins 2 ans.
Si son objet est clair – affermir le contrôle des actionnaires actuels –, les
implications de l’action à droit de vote double sont multiples :
■ elle assure une connaissance précise de l’actionnariat puisque les titres à droit
de vote double sont nominatifs ;
■ elle protège à court terme l’entreprise contre une OPA hostile, les éventuels
acquéreurs devant alors se découvrir pour bénéficier du droit de vote double, ce
qui permet d’engager des négociations ;
■elle permet la détention de la majorité des voix avec une minorité de titres, de
manière à conserver une autonomie de gestion durant 2 à 4 ans au moins.
43.20
b) La société holding
43.21
■ un holding de contrôle ;
43.22
La société en commandite par actions* Société en commandite par actions (SCA) (SCA) permet une
dissociation complète de la gestion et de la détention du capital dans l’entreprise.
En effet, la SCA* SCA est une société dont le capital est divisé en actions, mais
qui comprend deux catégories d’associés :
Ce sont les statuts qui définissent les modalités de désignation des gérants
actuels et futurs. Le ou les gérants sont investis des pouvoirs les plus étendus pour
agir en toutes circonstances au nom de la société. Ils ne peuvent être révoqués que
dans les conditions prévues dans les statuts. Il est possible de limiter la
responsabilité financière des commandités grâce à l’interposition d’une société
familiale (SA ou SARL) qui exerce la fonction de gérante et à l’intérieur de
laquelle un fils ou une fille pourra sans problème succéder à son père ou à sa mère.
Ainsi, le pouvoir peut être détenu par le gérant d’une SCA de façon absolue
et irrévocable dans la pratique sans, à la limite, qu’il détienne une seule action de
la société. Le pouvoir dans une SCA n’a pas une source financière comme dans
une SA, mais provient des dispositions légales et des stipulations des statuts.
Plusieurs grandes sociétés cotées françaises sont des SCA, citons Michelin,
Hermès, mais également Merck ou Henkel en Allemagne.
43.23
Nous renvoyons le lecteur au paragraphe 26.29 où les actions de
préférence* Actions de préférence ont été analysées. Les classes d’actions différant selon leur
niveau de rémunération sont fréquentes dans le monde anglo-saxon. En France,
ces produits sont passés de mode pour les sociétés cotées8. Il est difficile d’en
émettre de nouveaux et les supprimer à un moment donné peut tourner au
cauchemar.
43.24
Le fonds de dotation est une personne morale à but non lucratif qui collecte
des dons et dont les revenus tirés de leur capitalisation ont vocation à financer une
activité d’intérêt général. Il est un outil plus simple et plus souple que les
fondations, et peut ainsi être actionnaire (minoritaire ou même potentiellement
majoritaire) d’une entreprise pour en tirer des dividendes finançant ses missions
d’intérêt général. Son caractère philanthropique lui interdit de jouer un rôle dans la
gestion de l’entreprise. Mediapart et Libération ont ainsi choisi d'être détenus
majoritairement par un fonds de dotation pour assurer leur indépendance
éditoriale.
a) Le droit d’agrément
43.25
La clause d’agrément* Clause d’agrément inscrite dans les statuts d’une société permet
d’éviter la présence d’un associé jugé indésirable, ou de modifier des équilibres
entre actionnaires. Cette clause est fréquente dans les sociétés familiales ou dans
celles dont l’équilibre entre actionnaires est fragile. Une telle clause ne doit pas
être confondue avec l’obtention d’un agrément pour acheter certaines entreprises
(voir le paragraphe 43.32). On parle ici d’agrément régissant les rapports entre
associés et/ou entre personnes privées au sein de l’actionnariat.
Techniquement, l’existence d’un droit d’agrément* Droit d’agrément implique que tout
associé doit solliciter l’agrément de la société avant toute cession d’actions à un
tiers, ou à un autre actionnaire si la clause d’agrément le prévoit explicitement. La
société doit faire connaître sa décision dans un délai déterminé, sinon l’agrément
est réputé acquis.
Le prix de rachat est fixé par accord entre les parties ou, en cas de désaccord,
par un expert.
Les clauses d’agrément ne peuvent pas être appliquées en cas de cession
entre un actionnaire, son conjoint, ses ascendants ou ses descendants.
Il est impossible de trouver des clauses d’agrément dans les sociétés cotées
en France car ces clauses sont incompatibles avec la fluidité des transactions que
requiert le marché boursier. Les autorités boursières refusent l’introduction en
Bourse de sociétés disposant de telles clauses.
b) Le droit de préemption
43.26
43.27
Cette décision relève de l’AGE et nécessite donc une majorité des 2/3. La
procédure d’augmentation de capital réservée* Augmentation de capital réservée obéit à des
contraintes particulières. Les actionnaires doivent renoncer à leur droit préférentiel
de souscription, les commissaires aux comptes donnent leur avis sur cette
suppression ainsi que sur le prix d’émission des actions à émettre. Si la société est
cotée, le prix de souscription devra être plus élevé que le cours de Bourse pour
rétablir l’équilibre entre les anciens actionnaires et le nouvel entrant qui peut
souscrire des actions sans faire varier le cours de Bourse. Dans certains pays
comme les Pays-Bas, l’augmentation de capital réservée peut se faire dans des
conditions extrêmement dilutives pour les actionnaires existants. Ainsi, pour se
défendre d’une prise de contrôle par le groupe LVMH, Gucci réalisa une
augmentation de capital réservée à Kering qui eut pour conséquence de diluer très
significativement la participation de LVMH.
b) La fusion
43.28
43.29
Ces techniques que nous avons étudiées au chapitre 39 en tant que stratégie
financière peuvent aussi être utilisées pour renforcer le contrôle de certains
actionnaires. La société peut offrir à ses actionnaires de racheter une partie des
actions qu’ils détiennent en vue de les annuler. Les actionnaires qui ne répondent
pas à cette offre verront leur part relative renforcée, ils se reluent ; ils peuvent
d’ailleurs réaliser cette opération régulièrement. La réduction du capital est
décidée par l’AGE à la majorité des 2/3. L’offre de rachat (OPRA) doit être
présentée à tous les actionnaires et ne pas porter atteinte à leur égalité. X. Niel a
ainsi renforcé son contrôle sur Iliad fin 2019, début 2020 grâce à une OPRA à
laquelle il n’a pas participé, suivie d’une augmentation de capital qu’il a
intégralement garantie et d’un montant égal à celui de l’OPRA.
Les sociétés ont la possibilité de procéder à des rachats d’actions* Rachat d’actions au
fil de l’eau dans le cadre d’un programme qui ne peut pas porter sur plus de 10 %
du capital (voir le paragraphe 39.12). Il est approuvé par l’AGO à la majorité des
50 %. Les actions ainsi rachetées sont privées de droit de vote avant d’être
éventuellement annulées. Cette technique a été régulièrement utilisée par les
groupes Bolloré, Pernod Ricard, Norilsk Nickel… pour renforcer le contrôle des
actionnaires principaux.
43.30
43.31
43.32
■les « actions spécifiques * Actions spécifiques » (golden shares* Golden shares) qui permettent
au gouvernement de s’opposer au franchissement d’un seuil de participation dans
certaines sociétés d’intérêt public (approvisionnement en énergie ou défense par
exemple).
b) La limitation des droits de vote
43.33
A priori, l’idée même de limiter l’usage du droit de vote attaché à une action
apparaît totalement contraire au principe « une action, une voix ». Cependant, en
droit français, les statuts d’une société par actions peuvent prévoir la limitation, à
un pourcentage donné du capital, des droits de vote exprimés par chaque
actionnaire en assemblée générale. Cette limitation des droits de vote* Limitation des droits de
vote tombe au-delà d’un certain seuil de détention : au maximum des deux tiers du
43.34
43.35
43.36
Source : Euronext.
La nature ayant horreur du vide, en même temps que l’attractivité pour les
entreprises des marchés boursiers diminue, l’investissement dans le non-coté, ou
private equity* Private Equity, continue à se développer. Il recoupe tous les
investissements faits au travers de fonds d’investissement* Fonds d’investissement dans des
entreprises non cotées ou qui le redeviennent à cette occasion, ou dans des actifs
non cotés (comme l’immobilier ou les ressources naturelles). Les fonds levés par
le private equity sont estimés en 2021 à 1028 Md$, soit un record historique :
Source : Preqin, cité par Global private equity report 2023, Bain & Company.
43.37
On trace les origines de l’investissement non coté dans sa forme moderne aux
États-Unis quand, après la seconde guerre mondiale, un professeur de Harvard,
français d’origine, Georges Doriot, crée, dans la région de Boston, AR&D, la
première société de capital-risque au monde. Avec des fonds apportés en
particulier par une compagnie d’assurance et le MIT, AR&D finance ainsi DEC
qui, depuis ses débuts en 1957, est un immense succès et devient le second
fabricant d’ordinateurs au monde avant son rachat en 1999 par Compaq, lui-même
fusionné avec HP en 2002.
43.38
Puis dans les années 1980, une mutation génétique se produit au sein de
l’investissement non coté avec l’apparition, puis le développement, de fonds de
LBO* Fonds de LBO majoritaires (chapitre 49), une première puisque jusqu’alors le non-
coté relevait de l’actionnariat minoritaire. Le recentrage des groupes cotés,
aiguillonnés par le développement du concept de création de valeur (paragraphe
28.2), la fin des grands conglomérats* Conglomérat (Générale des Eaux, Saint-Gobain,
ITT, etc.), les successions d’entreprises familiales créées dans l’immédiat d’après-
guerre forment un terreau propice au développement de cette nouvelle forme de
private equity.
La longue phase de baisse des taux d’intérêt et d’élévation corrélative des
multiples de valorisation (favorisant la performance financière), la remotivation
par des plans d’intéressement des managers des divisions acquises (souvent gérées
bien lâchement) et l’accent mis sur le cash et la rentabilité expliquent, combinés
avec l’effet de levier de la dette, des retours sur investissements importants qui
attirent et fidélisent les investisseurs. Les années passant, le succès des LBO est
considérable, au point que pour beaucoup, private equity devient synonyme de
fonds de LBO. D’un sas ponctuel entre un actionnariat familial ou une division
d’un groupe, et le marché boursier ou un autre groupe, le LBO est devenu un
mode de détention à long terme d’entreprises avec le développement des LBO
secondaires, tertiaires, etc., comme Picard, Cerba ou Coriolis par exemple.
43.39
Bien que croissant, depuis 2002, deux fois plus vite que la capitalisation
boursière mondiale, et ayant multiplié ses encours par plus de 7 depuis, le marché
du non coté ne représente encore que 12 % environ de la capitalisation boursière
mondiale (98 949 Md$ fin 2022).
43.40
43.41
S’il nous paraît tout à fait injustifié de prétendre que les marchés boursiers
sont atteints de court-termisme, ou que les sociétés cotées sont atteintes par
contagion de ce défaut, il n’en demeure pas moins que :
■la Bourse permet de voter avec ses pieds (en vendant ses titres) quand on est
en désaccord avec la stratégie ou son exécution. Mais parfois il faut changer un
dirigeant ou une équipe, et souvent cela vient bien tard quand il n’y a pas de voix
fortes au sein du conseil d’administration ou de l’actionnariat de l’entreprise
cotée ;
■ l’entreprise cotée peut avoir du mal à s’endetter au-delà des normes admises
en Bourse (disons au-delà de 3 fois l’EBE), et parfois pour l’augmentation de
capital souhaitable, ce n’est pas le moment (voir plus haut le fenestron)… Bref, la
facilité de financement qu’apporte la cotation en Bourse peut être un peu
théorique ;
être coté, c’est être sur un marché et en subir les fluctuations (le risque de
■
43.42
Depuis quelques années, les fonds de private equity* Fonds de Private Equity ont travaillé
sur leur point faible : l’illiquidité* Illiquidité de leurs titres qui correspond au plus à
l’échéance de leur fonds. C’est un peu la quadrature du cercle, car comment
permettre aux investisseurs de sortir avant l’échéance d’un fonds, tout en
permettant à celui-ci de disposer du temps nécessaire pour créer de la valeur dans
ses participations par amélioration des marges, transformation digitale, acquisition
et intégration de concurrents ?
Face à ce besoin, des fonds du non coté se sont spécialisés ou ont créé des
fonds spécialisés en transactions secondaires pour acheter à des investisseurs du
private equity* Private Equity tout ou partie de leurs parts avant l’échéance normale des
fonds. Ainsi, de la liquidité est apportée à ceux qui en ont besoin pour des
montants croissants atteignant 110 Md$ en 2022.
Un investisseur d’un fonds non coté peut céder ses parts dans un fonds de
LBO* Fonds de LBO avec une décote de moins de 5 % de la valeur estimative, de 10 %
environ pour un fonds investi dans l’immobilier et de 15 à 20 % pour un fonds de
capital-risque* Fonds de capital risque aux actifs beaucoup plus volatils. Soit des niveaux bien
inférieurs aux décotes observées sur les conglomérats ou les sociétés
d’investissements cotées en Bourse (40 % environ sur Wendel et Eurazéo).
43.43
En parallèle, les fonds du private equity n’ont pas baissé la garde sur leurs
points forts :
■ils continuent d’avoir un mode de gouvernance* Gouvernance qui leur est propre11 et
qui constitue un vrai avantage compétitif. À la différence de l’investisseur en
sociétés cotées qui détient des participations très minoritaires dans des dizaines
(voire des centaines) de sociétés cotées, dont il ne voit qu’épisodiquement les
dirigeants, les gestionnaires de fonds de private equity ne suivent que quelques
participations, ce qui leur donne un degré de connaissance de ces entreprises leur
permettant d’avoir avec leurs dirigeants un dialogue intense et régulier, entre
personnes informées. La stratégie n’en est que mieux définie, puis contrôlée. De
surcroît, les management packages* Management packages, offerts aux dirigeants des
entreprises dans lesquelles ils investissent, combinent la carotte et le bâton pour
aligner les intérêts de ceux-ci sur la progression de la valeur de l’entreprise qu’ils
créeront avec leurs équipes ;
43.44
Il se passera un certain temps avant que des fonds de private equity aient les
moyens financiers nécessaires pour s’intéresser aux géants de la cote, valant plus
de 50 ou 100 Md€ et qui représentent l’essentiel de la capitalisation boursière en
valeur. Et même s’ils avaient ces moyens, les conditions actuelles ne laissent pas
entrevoir de création de valeur significative, sauf exception. En effet, la plupart de
ces groupes sont actuellement bien gérés et difficiles à consolider entre eux,
compte tenu des problèmes anti-trust induits.
43.45
■être dans un métier simple, aisément compréhensible, avec des pairs cotés
pour faciliter les comparaisons et éviter les décotes ;
■avoir une histoire à raconter aux investisseurs (equity story), qu’elle soit
de croissance comme Cogélec, de consolidation d’un secteur comme Euronext, de
rendement comme M6 ;
À défaut, le risque d’une valorisation décotée est fort, ce qui n’est pas un
problème de court ou de moyen termes si le contrôle est assuré et si les besoins de
financement sont inexistants. Du fait de la taille croissante des gestionnaires
d’actifs dans le coté, le plus grand d’entre eux (Blackrock) gère 8 600 Md$ et le
plus grand européen (Amundi) 1 900 Md€, la liquidité se concentre sur les grandes
valeurs et déserte les petites et moyennes valeurs. Pour ces dernières, les multiples
de valorisation sont souvent nettement plus bas que pour les grandes valeurs12, et
les taux de rentabilité exigés plus élevés compte tenu d’une prime de liquidité
croissante (voir le paragraphe 21.14).
43.46
■ les États, en retrait en Europe et aux États-Unis après avoir sauvé des
banques et des constructeurs automobiles en 2008-2009, mais en plein essor dans
les pays émergents par le biais de fonds souverains.
Les moyens défensifs de contrôle d’un actionnariat ont tous un coût car ils
empêchent les investisseurs de profiter d’opportunités liées au rachat éventuel de
l’entreprise. On peut ainsi :
■séparer le pouvoir du capital : vote double, holding de contrôle, société en
commandite par actions, actions de préférence ;
[Réponse]
[Réponse]
[Réponse]
[Réponse]
[Réponse]
[Réponse]
[Réponse]
8/ Une entreprise est contrôlée à 25 % et à 75 % par deux dirigeants qui
désirent accueillir un actionnaire financier sans subir une trop forte dilution.
Comment résoudre ce difficile problème ?
[Réponse]
[Réponse]
10/ Qui a remplacé les holdings financiers du temps jadis dans l’actionnariat
des grands groupes cotés ?
[Réponse]
[Réponse]
[Réponse]
13/ Que pensez-vous d’une société cotée en bourse valant 350 M€ et suivie
régulièrement par trois analystes financiers ?
[Réponse]
Exercices
[Réponse]
[Réponse]
[Réponse]
Très faible, car cela ne donne pas pour autant le pouvoir de choisir/révoquer
les dirigeants. Permet alors de faire pression sur le management, une bataille de
communication s’engage alors !
Non car, d’une part, le plus souvent ils n’ont pas les moyens financiers et,
d’autre part, quand l’entreprise atteint ce stade, ils préfèrent désinvestir pour
réinvestir dans les start-ups qui sont leur cible première.
Avoir une excellente gestion et une excellente valorisation qui découragent les
tentations car il serait difficile de faire mieux.
Ils sont en concurrence sur les entreprises valant moins de 10 Md€ qui peuvent
être cotées pendant un temps, puis passer dans le giron de plusieurs fonds
d’investissement avant de revenir, éventuellement, en Bourse.
C’est un miracle de nos jours tant la recherche se focalise sur les entreprises
valant au moins 1 Md€ !
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Schmidt D., Moulin F., Les fonds de capital investissement, Gualino, 2018.
44.1
44.2
44.3
44.4
Lorsque la décote persiste et pour éviter l’offre publique hostile qui menace
si l’actionnariat est éclaté, quatre solutions se présentent :
diversifié ;
séparer les activités (scission par filialisation suivie d’une distribution des
■
Cela dit, un conglomérat peut être valorisé sans décote si les investisseurs
sont convaincus que sa gestion est stricte et performante (LVMH, Amazon,
Berkshire Hathaway…).
44.5
44.6
L’introduction en Bourse* Introduction en Bourse (Initial Public Offering* Initial Public Offering (IPO),
IPO* IPO en anglais) est d’abord un problème d’actionnaires avant d’être un
problème d’entreprise. Techniquement cependant, c’est la société qui demande son
admission en Bourse.
L’actionnaire majoritaire qui a lancé l’entreprise sur des « rails publics » sera
jugé par les investisseurs sur sa capacité à créer de la valeur et communiquer avec
un niveau satisfaisant d’information financière. Enfin, comme nous le verrons au
paragraphe 47.33, seule une lourde et coûteuse procédure permet de retirer
l’entreprise de la cote, et de lui faire ainsi retrouver un statut « privé ». Pour le
management, être coté signifiera donc également sensiblement plus de contraintes
en termes de transparence et de communication.
44.7
la possibilité de lever des fonds sur les marchés financiers en émettant des
■
44.8
Il est plus simple pour un groupe de détenir 100 % des filiales* Filiale qu’il
contrôle. Les décisions peuvent être prises sans la consultation (voire l’agrément)
d’un tiers, le formalisme juridique est allégé, les bénéfices de la mise en œuvre
d’une stratégie efficace reviennent entièrement à l’unique groupe actionnaire. La
gestion des liquidités dans le groupe est simplifiée, car la remontée de dividendes
se fait sans les « pertes en ligne » que représentent les dividendes payés aux
actionnaires minoritaires* Actionnaire minoritaire ; la mise en place de prêts intragroupe ne
pose non plus pas de problème.
1 ■ Les raisons
Mais tout n’est pas rose puisqu’accepter qu’une filiale ouvre son capital vers
un associé ou dans le marché financier peut générer des risques de conflits
d’intérêts (prix de transfert intra-groupe ou vers l’associé, niveau de prise de
risque, rémunération de la propriété intellectuelle…).
Des groupes peuvent aussi y recourir pour financer une acquisition sans
réaliser une augmentation de capital (Schneider et une division de Larsen &
Toubro). L’acquéreur peut aussi avoir recours à un crédit vendeur pour acquérir la
totalité du capital, ou demander à l’actionnaire cédant de conserver une part du
capital (Arysta et Picard Surgelés).
Les groupes détiennent parfois en leur sein des actifs particulièrement prisés et
dont le multiple de valorisation peut être sans commune mesure avec celui du
groupe dans son ensemble. Cette valorisation élevée est due à une croissance
anticipée importante d’une activité donnée.
Dans une telle situation, le groupe peut être sous-valorisé si la taille et les
contours de cette filiale attractive ne sont pas appréhendés correctement par les
investisseurs. Le moyen le plus simple de revaloriser l’ensemble du groupe est de
céder une part du capital du joyau, externalisant ainsi la valeur de cette pépite.
Par ailleurs, dans un tel cas, il est destructeur de valeur pour le groupe de
lever des capitaux propres au niveau de la société mère pour financer le
développement de la filiale. En effet, cela revient à émettre des actions sous-
évaluées (celles de la société mère) pour acheter des actifs à un prix normal.
Mieux vaut pouvoir payer en actions de la filiale, aussi bien valorisée que ses
cibles. Volskwagen a ainsi mis en Bourse en 2019 sa filiale de camion Traton
(Man, Scania) dont il garde 88 % du capital pour lui permettre de financer plus
aisément des acquisitions (Navistar en 2020), et introduit Porsche en Bourse à un
multiple de plus du double du sien.
44.11
C’est ainsi que fin 2022 Renault a annoncé ouvrir 50 % du capital de sa filiale
The Future is Neutral à des investisseurs pour financer les 500 Md€
d'investissements de cette filiale prévus d’ici 2030.
44.13
44.14
Dans certains secteurs, l’investissement étranger (ou hors UE) est limité.
Ainsi aux États-Unis, un groupe étranger ne peut pas détenir plus de 25 % d’une
société de transport maritime de passagers.
Lorsqu’une bourse locale existe, les autorités peuvent être très sensibles à ce
que la filiale locale soit cotée (Nexans au Maroc, Nestlé en Côte d’Ivoire, etc.).
44.15
2 ■ La décote de holding
44.16
■ la moindre liquidité des titres du holding dont le flottant est en général plus
étroit que celui des participations détenues ;
44.17
44.18
■ des clauses de put et call. Celles-ci sont utilisées en particulier si l’un des
actionnaires est susceptible d’être actionnaire de long terme (industriel) et l’autre
moins (financier). Le prix d’exercice de l’option* Option peut soit être prédéterminé,
soit obéir à une formule, soit encore être déterminé par un expert indépendant des
actionnaires. La joint-venture* Joint-venture que Valeo et Siemens ont créée en 2016
prévoit un call et un put. L'option d'achat a été exercée en 2022 permettant à Valeo
de détenir 100 % de cette activité.
■ des clauses de sortie buy or sell* Buy or Sell encore appelées clause hollandaise* Clause
hollandaise ou shot gun* Shot gun qui fixent un mécanisme proche de l’enchère. Ce peut être
44.19
■ le groupe veut prendre pied dans une nouvelle activité, commence par
prendre une minorité au capital d’un acteur, quitte à en prendre le contrôle plus
tard quand le modèle économique s’affine. C’est ce que font aujourd’hui les
groupes avec les start-up (Peugeot dans Koolicart, Arkéa dans Younited Credit,
Danone dans Kona Deep, etc.) ;
■le groupe veut « verrouiller » un actif en prenant une participation dans une
entreprise dont il souhaite prendre tôt ou tard le contrôle (Vinci dans ADP, Tencent
dans Ubisoft). Il a ainsi un pied dans la porte ;
■une disposition légale interdit dans des secteurs d’activité d’avoir plus qu’un
certain pourcentage (49 % pour une chaîne de télévision hertzienne par exemple).
Certains pays (l’Algérie ou l’Indonésie par exemple) ne permettent pas à un
groupe étranger d’être majoritaire dans une entreprise locale ;
■ parce que c’est le résidu d’une activité en voie de cession. Ainsi L’Oréal
détient 9,2 % de Sanofi, témoin des 100 % de Synthélabo qu’il détenait et qui se
sont réduits au cours du temps par fusions et cessions ;
La consolidation par mise en équivalence* Mise en équivalence n’est pas le graal absolu.
En effet, la quote-part de résultat mis en équivalence n’entre pas dans l’excédent
brut d’exploitation, ni dans le résultat d’exploitation, ni dans les flux de trésorerie
disponible, qui sont des agrégats fréquemment utilisés en valorisation (voir le
paragraphe 33.22) et dans l’analyse du niveau d’endettement (voir le
paragraphe 13.9). Et ce, alors que la prise de participation a réduit les liquidités
de l’entreprise. D’où la dégradation de la valeur si les analystes ne font pas
correctement leur travail. Pour éviter ce problème, l’entreprise a tout intérêt à
intégrer les résultats mis en équivalence dans le résultat d’exploitation comme les
IFRS l’autorisent.
44.20
■ La géographie des actifs : si les actifs doivent être utilisés comme gage aux
financements (voir le paragraphe 41.3), la capacité d’endettement dépendra
mécaniquement de la détention juridique des actifs. Le groupe endettera alors ses
filiales opérationnelles (ou éventuellement les holdings détenant des titres cotés
s’il y en a).
44.21
La simplicité de la structure financière* Structure financière d’un groupe va
généralement de pair avec sa maturité. Les grands groupes sont pour la plupart
financés quasi-exclusivement par de la dette obligataire émise par la société mère
(voir le paragraphe 41.4) qui finance ses filiales par des prêts intra-groupe. Les
investisseurs obligataires préfèrent en effet prêter au niveau le plus élevé du
groupe, qui a accès à l’ensemble des cash-flows puisqu’ils ne bénéficient pas, du
moins pour les émissions investment grade, de sûretés sur ses actifs.
44.22
Les groupes plus tendus financièrement font eux feu de tout bois pour obtenir
des financements et utilisent donc le plus possible leurs actifs liquides,
généralement localisés dans les filiales. Si le suivi des financements s’en trouvera
complexifié, les directeurs financiers des filiales ont des missions plus larges et
souvent plus motivantes. À ce niveau, une décision importante et structurante est
de prendre dans les filiales des financements qui soient non recourse (sur le
groupe, c’est-à-dire autoporteurs) ou non.
1 ■ L’influence fiscale
44.23
d’une ponction réduite sur les remontées de dividendes* Dividende jusqu’à la maison-
mère française via les Pays-Bas. En effet, le montant des retenues à la source non
récupérables aux Pays-Bas était plus faible qu’en France puisque ce pays avait
signé plus de traités de non-double imposition avec des pays tiers que la France
(par exemple en Amérique latine et en Afrique anglophone). Ensuite, ces sociétés
holdings ne sont pas imposées sur les plus-values en cas de cession de filiales, et
la remontée de ce profit sous forme de dividendes à une société-mère française est
exonérée de retenue à la source, les Pays-Bas faisant partie de l’Union
européenne.
44.24
Le sujet fiscal d’aujourd’hui est celui des prix de transfert* Prix de transfert. Du fait
de la mondialisation, il est devenu rarissime qu’un produit ou un service soit
conçu, fabriqué et distribué dans un même pays, avec des composants provenant
seulement de ce pays. Le plus souvent, on conçoit un produit ou un service dans
un pays, qui est fabriqué dans un autre pays, souvent à partir de composants
venant de plusieurs pays, et il est ensuite distribué dans une multitude de pays.
D’où la faculté, grâce aux prix de transfert utilisés, de localiser dans un pays
donné (celui qui impose le moins lourdement) l’essentiel de la valeur créée.
Les États, qui ont vu leurs bases taxables se réduire du fait de ces pratiques,
ont traqué les abus les plus manifestes (les GAFAM en Europe continentale), et ils
exigent maintenant de toute entreprise une documentation précise, détaillée et
convaincante pour justifier ces schémas.
Cette évolution nous paraît d’autant plus saine que les taux d’impôt sur les
sociétés ont baissé dans le monde de façon significative sur les trente dernières
années, privant désormais l’évasion fiscale de justificatifs. La mise en place d'un
taux d'imposition minimum de 15 % au niveau mondial serait un frein
supplémentaire aux montages d'optimisation.
44.25
Au-delà des aspects fiscaux, ces flux de trésorerie ont l’avantage pour le
majoritaire de ne pas être perçus par les actionnaires minoritaires. Ainsi, il était
financièrement beaucoup plus efficace pour Disney de percevoir des redevances
de management d’Eurodisney que de se voir verser sa quote-part de dividendes.
Pour clore ce sujet, notre lecteur doit savoir que le plus souvent
l’optimisation fiscale va à l’encontre de la simplicité et qu’il est parfois très
complexe et coûteux de détricoter un montage mis en place pour des raisons
fiscales. Nous connaissons plus d’un groupe qui a échoué à céder une activité pour
cette raison ou qui n’y est arrivé qu’à grand-peine.
44.26
Le groupe ayant plusieurs types de métiers pourra s’interroger s’il vaut mieux
s’organiser juridiquement en ayant une société holding par pays, ou zone
géographique regroupant les sociétés exerçant chacun des métiers du groupe dans
le pays ou la zone ; ou s’il vaut mieux faire des holdings internes verticales par
métier, regroupant toutes les sociétés exerçant ce métier dans le monde.
La diversification des activités est plus fréquente pour un groupe contrôlé par
un actionnaire qui réduit ainsi son risque, que pour une entreprise cotée sans
actionnaire dominant pour laquelle la pression des investisseurs, qui apprécient
peu la diversification qu’ils peuvent réaliser eux-mêmes, est forte. À défaut, la
décote de conglomérat en est la sanction.
Être minoritaire dans une autre entreprise est le plus souvent pour un groupe
non financier une option sur de futurs développements, même si d’un point de vue
financier, ces participations sont souvent mal valorisées car mal connues et
identifiées par les investisseurs.
Pendant longtemps, les groupes internationaux ont été structurés pour réduire
les frottements fiscaux liés à la remontée des dividendes des filiales. Les prix de
cession interne, moyen de déplacer la marge dans le groupe souvent en fonction de
considérations fiscales, ont pris le relais dans la structuration des groupes. Ils sont
aujourd’hui sur la sellette car leur manipulation est de moins en moins socialement
acceptable et est désormais strictement encadrée par les États.
Questions
[Réponse]
[Réponse]
[Réponse]
[Réponse]
[Réponse]
[Réponse]
[Réponse]
8/ Quel est l’avantage des structures en cascades pour l’actionnaire
majoritaire ? Pour les autres ?
[Réponse]
[Réponse]
[Réponse]
[Réponse]
12/ En quoi la manipulation des prix de cession interne est-elle une réponse à
un contrôle des dividendes dans certains pays émergents ?
[Réponse]
[Réponse]
14/ Une société-mère peu endettée en net est-elle antinomique d’une société
mère qui emprunte pour le compte de ses filiales ?
[Réponse]
15/ Que fait souvent un groupe coté aux flux de trésorerie disponible devenus
copieux après des années de vaches maigres pendant lesquelles il a ouvert le
capital de ses filiales à des actionnaires minoritaires ?
[Réponse]
16/ Quel est le pourcentage d’intérêt d’un actionnaire dans un actif qu’il
détient à 51 % à travers quatre sociétés holdings successives ayant toutes des
actionnaires minoritaires à 49 %. Comprenez-vous mieux alors l’expression
« Travailler pour le roi de Prusse » ?
[Réponse]
Exercice
[Réponse]
Les prêteurs car leur risque est ainsi réduit. Les actionnaires le plus souvent
car un groupe diversifié est plus difficile à gérer et est rarement plus efficace
qu’un groupe monométier.
Une mauvaise allocation des fonds au profit des divisions les moins
performantes et au détriment des meilleures.
Non, l’investisseur industriel peut apporter des synergies mais vouloir acquérir
à terme le contrôle ; l’investisseur financier voudra tôt ou tard sortir pour acter
d’une plus-value.
Intérêt des dirigeants : pouvoir, prestige. Non, car tôt ou tard la pression des
actionnaires se fera sentir si la performance n’est pas au rendez-vous, cf.
Lagardère.
Sécuriser un contrôle avec des moyens limités. Choisir les actifs dont on est
actionnaire.
Rarement. Soit elle réussit et dans ce cas l’un des partenaires voudra acheter la
part de l’autre pour en avoir seul les fruits. Soit, elle échoue ou vivote et l’un des
partenaires voudra sortir pour solder l’aventure.
En transférant hors du pays la marge réalisée grâce aux prix de transfert, il n’y
a plus de résultat significatif à rapatrier en dividende.
Oui car presque seule la holding de W. Buffett cote la plupart du temps avec
une prime sur son actif net réévalué.
Non, car si elle emprunte pour reprêter à ses filiales, en net, son endettement
peut être faible.
Il est faux de dire que c’est équivalent d’avoir une entreprise qui croît de 0 %
ou deux divisions de tailles identiques qui croissent de 5 % et de – 5 %, même s’il
est vrai que 5 % – 5 % = 0 %. En effet, très vite les deux divisions ne vont plus
générer le même flux de trésorerie disponible du fait que leurs taux de croissance
divergent. Par exemple au bout de 5 ans, le flux de la première est de 128 et celui
de la seconde de 77. Donc il ne sera plus possible de dire que le taux de croissance
du groupe est la moyenne entre 5 % et – 5 %, soit 0 %. Ce sera la moyenne
pondérée de 5 % et de – 5 %, mais avec des pondérations différentes du 50 % –
50 % initial. D’ailleurs, à terme, le taux de croissance du groupe va converger vers
5 %, puisqu’à force de décroître de 5 % par an, la seconde division va disparaître :
ainsi en année 50, son flux sera de 8 contre 1 147 pour la première division.
Quelques années après, il ne restera alors plus que la première division qui
deviendra à elle seule le groupe dans son entier, et qui croîtra donc à 5 %.
Donc le groupe vaut par actualisation des flux de trésorerie 2 667 et non 2 000.
Mais pour cela le directeur financier aura besoin de faire œuvre de pédagogie en
communiquant sur les performances des deux divisions, voire en procédant à la
cotation boursière de la première, ou carrément la scission du groupe en deux
parties pour éviter une sous-évaluation significative (25 % dans notre exemple).
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Chapitre 45
La gouvernance d’entreprise
45.1
1 ■ Définition
45.2
administrateurs ;
45.3
direction générale ;
Dans le cadre de la loi, les associés adoptent les statuts de la société qui
viennent préciser les pouvoirs respectifs du conseil d’administration et de la
direction générale. Le conseil d’administration fixe ses règles de fonctionnement
dans un règlement intérieur* Règlement intérieur et des chartes* Charte pour chacun des comités
d’études du conseil mis en place3.
À ces règles de droit, se sont ajoutées des recommandations émises par des
associations professionnelles d’émetteurs (Afep-Medef, Middlenext),
d’administrateurs (IFA), d’investisseurs (AFG) ou des agences gouvernementales.
Elles font l’objet de codes auxquels la quasi-totalité des sociétés cotées sur
Euronext se réfèrent et adhèrent. Dans certains pays, comme le Royaume-Uni ou
la France, les sociétés cotées doivent appliquer les codes de corporate governance,
ou expliquer pourquoi elles ne le font pas, ce qui représente une incitation forte à
les appliquer ! Principe dit de comply or explain* Comply or explain.
Suède) ;
■ etc.
45.4
45.5
45.6
45.7
Tant que les administrateurs indépendants sont élus par tous les actionnaires
et donc de facto par les actionnaires majoritaires, ou cooptés par les dirigeants en
l’absence de majoritaires, leur indépendance peut être sujette à caution, en
particulier dans les entreprises petites ou moyennes, où un certain nombre d’entre
eux n’ont d’indépendants que le nom.
45.8
Le fonctionnement du conseil fait l’objet d’un règlement intérieur qui prévoit
la répartition des compétences entre le conseil et le directeur général, et rappelle
les droits et les obligations des administrateurs, en particulier ceux qui s’attachent
à leur information.
un comité d’audit (examen des comptes, suivi de l’audit interne, sélection des
■
financement) ;
45.9
Il est clair que tout ce qui freine l’exercice du pouvoir des actionnaires en
assemblée est de nature à contrarier une bonne gouvernance d’entreprise. Les
freins peuvent venir de plusieurs côtés :
■ existence d’actions avec des droits de vote multiples* Actions à droit de vote multiple qui
peuvent permettre à un actionnaire très minoritaire en capital d’imposer ses vues
grâce à son poids en droits de vote (voir le paragraphe 43.19) ;
■ existence d’actions sans droits de vote* Actions sans droit de vote (voir le paragraphe
26.29). Le contrôle de la famille Hoffmann sur Roche est grandement facilité par
l’existence d’actions à dividende prioritaire sans droits de vote représentant
81,5 % du capital ;
Le développement du prêt emprunt de titres* Prêt emprunt de titres peut poser la question
de la représentativité des assemblées générales. En effet, les actionnaires ayant
prêté les titres ne peuvent voter en AG alors qu’ils conservent l’exposition
économique ; c’est l’inverse pour ceux ayant emprunté les titres. C’est pour cela
que les prêts emprunts de titres dépassant 0,5 % des droits de vote doivent être
déclarés. Il en est de même avec les accords de total return swap qui doivent
également être déclarés.
Proportion des conseils où les fonctions de président et de directeur général sont cumulées en Europe et aux États-Unis
45.11
Mieux vaut donc avoir un excellent dirigeant, quitte à faire une entorse à la
pureté de la gouvernance d’entreprise en réunissant sur sa tête deux casquettes
plutôt que d’avoir un médiocre directeur général. Même excellemment bien
contrôlé par un président du conseil, il n’en demeure pas moins un médiocre
directeur général !
Réunir ou non sur la même tête les fonctions de contrôle et de direction n’est pas
une affaire de dogme mais d’appréciation au cas par cas, compte tenu de la
géographie du capital, du contexte et de la personnalité des dirigeants. Cette
décision n’est donc jamais définitive, d’autant que le conseil doit confirmer
annuellement son choix.
45.12
4 ■ Gouvernance et ESG
45.13
45.14
Certaines entreprises estiment que la meilleure façon pour elles d’ancrer leurs
responsabilités sociales et environnementales est de définir leur raison d’être,
voire de l’inscrire dans leurs statuts, pour se fixer des objectifs sociaux et
environnementaux précis, et/ou un cadre général permettant d’encadrer leurs
démarches dans ces domaines.
D’autres vont plus loin et deviennent une entreprise à mission qui, sans
changer de forme juridique10, formalise des objectifs environnementaux et/ou
sociaux mesurables. L’entreprise définit alors la gouvernance pour le suivi des
objectifs fixés. Pour les entreprises de plus de 50 salariés, un comité de mission,
indépendant de la gouvernance classique de l’entreprise, doit être mis en place. La
définition de la raison d’être, la fixation des objectifs et la gouvernance de la
mission sont inscrites dans les statuts, ce qui nécessite donc la tenue d’une
assemblée générale extraordinaire des actionnaires pour l’adopter. Pour une
décision si importante, il est tout à fait logique que les actionnaires soient
interrogés directement. La réalisation des objectifs est également vérifiée par un
organisme tiers indépendant accrédité, au minimum tous les deux ans. Si
l’entreprise ne joue pas le jeu, ce qui implique de se donner les moyens financiers
et humains de remplir la mission, sa qualité d’entreprise à mission est retirée… Il
existe aujourd’hui en France plus de 1 000 entreprises à mission, dont certaines de
taille importante : Danone, Yves Rocher, La Banque Postale, Mirova, KPMG,
Meridiam…
45.17
2 ■ Théorie de l’agence
45.18
3 ■ Théorie de l’enracinement
45.19
45.20
Les résultats sont d’autant plus probants que le droit national ne garantit pas
a priori une gouvernance d’entreprise satisfaisante. Par exemple, l’adoption (et la
communication) par un groupe russe d’un système de gouvernance d’entreprise
efficace et transparent semble être fortement créatrice de valeur (B. Black)…
45.21
Les travaux de recherche montrent que le meilleur gage d’une création de valeur
est la forte motivation de l’équipe dirigeante, plutôt qu’une gouvernance
d’entreprise irréprochable. Si on a les deux à la fois tant mieux, mais ne nous
trompons pas de priorité !
La gouvernance d’entreprise est dictée tout d’abord par le droit des sociétés,
mais il existe aussi des rapports ou codes de bonne conduite ajoutant des
recommandations au cadre légal proprement dit.
Ces recommandations, communes dans leurs grandes lignes traitent les thèmes
de la transparence et du fonctionnement du conseil d’administration, du choix des
administrateurs, du rôle et de l’indépendance du conseil, de la création de comités
spécialisés pour éclairer le travail du conseil, de l’éventuelle dissociation des
fonctions de président et de directeur général et de leur rémunération.
[Réponse]
[Réponse]
[Réponse]
[Réponse]
[Réponse]
6/ Que doit faire un administrateur surchargé qui ne peut pas assister à plus
d’un conseil d’administration sur deux ?
[Réponse]
7/ Qu’est-ce qui est le plus important : un administrateur indépendant, un
administrateur travailleur, un administrateur compétent, un administrateur
courageux ? Quel est l’idéal ?
[Réponse]
[Réponse]
[Réponse]
[Réponse]
[Réponse]
[Réponse]
[Réponse]
14/ Quels sont les avantages et les inconvénients de la dissociation du poste de
président et du poste de directeur général ?
[Réponse]
Les sociétés non cotées ont moins de coûts d’agence (actionnariat moins
éclaté, plus proche des dirigeants). La mise en place d’une gouvernance
d’entreprise lourde peut avoir un coût trop élevé pour les petites entreprises.
Elles donnent une incitation aux dirigeants à créer de la valeur pour les
actionnaires dont ils récupèrent une partie par l’exercice de leurs stock-options.
Elles peuvent pervertir les raisonnements en focalisant l’attention des dirigeants
sur la valeur des stock-options et non sur la valeur de l’action : absence de
dividende, risques élevés pris d’autant plus facilement que les stock-options ont
été données aux dirigeants et non acquises. C’est pourquoi les actions de
performance sont aujourd’hui préférées aux stock-options.
Dans des pays où les droits de propriété sont incertains : pays émergents.
Une bonne gouvernance d’entreprise doit baisser le coût du capital car elle
élimine les risques de mauvaise gestion ou de fraude au détriment des actionnaires
minoritaires.
Sur le papier, oui, car elle apporte un regard neuf sur des problématiques
récurrentes. Mais les recherches académiques ne l’ont pas mis en évidence.
Oui, il n’y a pas de raison, les conflits d’intérêts peuvent aussi exister entre
l’État actionnaire et les dirigeants des entreprises étatiques.
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Chapitre 46
L’introduction en Bourse
46.1
Nous nous permettons de renvoyer notre lecteur intéressé par les raisons
d’une introduction en Bourse au paragraphe 44.6 où nous traitons ce thème.
Section 1 ■ La préparation de la cotation en Bourse
46.2
En temps normal, il faut au moins six mois entre le moment où les actionnaires
prennent la décision d’introduire une société en Bourse et sa première cotation.
établir des comptes en normes IFRS obligatoires pour les sociétés cotées en
■
revoir la structure juridique du groupe pour que les actifs essentiels (marques,
■
accompagner la société tout au long de sa vie boursière. Par ailleurs, la société doit
retenir les services d’un cabinet d’avocats, des conseils comptables ainsi qu’un
conseil en communication financière.
46.3
La place naturelle de cotation est le pays d’origine de l’entreprise sauf cas très
particulier. C’est là que l’entreprise est la mieux connue des investisseurs locaux
qui sont ainsi susceptibles de la valoriser au mieux. Il existe bien évidemment des
exceptions ; ainsi L’Occitane et Prada ont choisi de se faire coter à Hong Kong (il
est vrai que leurs activités sont très développées en Asie) et Cellectis et Criteo ont
choisi New York afin de faciliter leur implantation aux États-Unis où se trouvent
cotées la plupart des sociétés comparables. Mais seul un nombre marginal
d’entreprises des grands pays européens n’est pas coté sur leur marché national.
Quant à une éventuelle seconde cotation sur une place étrangère, l’expérience
a montré que, le plus souvent, elle entraîne des coûts et des contraintes
supplémentaires sans se traduire par un accroissement de la liquidité ou une
valorisation significativement meilleure.
Seuls des groupes de pays émergents trouvent, quand leur marché financier
local est peu développé (Russie, Amérique latine…), intérêt à être cotés à New
York, Londres, Paris ou Hong Kong. Ainsi, le groupe africain de relais télécoms
IHS a fait son introduction en Bourse à New York en 2021. Le groupe de trading
et de mines Glencore, basé en Suisse, a fait le choix de Londres (et de Hong
Kong) car la plupart des groupes miniers sont cotés à Londres.
La plupart des sociétés cotées sur Euronext Paris le sont sur le marché
Eurolist* Eurolist qui est divisé en trois compartiments selon la capitalisation
boursière : A > 1 Md€ ; 150 M€ < B < 1 Md€ ; C < 150 M€1.
Enfin, des entreprises de plus petite taille sont cotées sur Euronext
Access* Euronext Access (anciennement le Marché Libre) qui, tout comme Euronext
Growth, n’est pas un marché réglementé* Marché réglementé2. Les valeurs qui y sont
négociées n’ont pas fait l’objet d’une procédure d’admission, leurs émetteurs ne
sont pas soumis à des obligations de diffusion et de transparence d’information et
sont soumis à des contraintes limitées.
46.4
2 ■ Le calibrage de l’introduction
46.5
46.6
46.7
Les SPAC* SPACs ou sociétés « chèques en blanc » sont des sociétés vides
d’actifs (coquilles* Coquille) qui s’introduisent en Bourse en levant des fonds dans la
perspective d’acquérir et de fusionner dans un délai de 18 à 24 mois avec une
société opérationnelle non cotée (qui ainsi deviendra cotée). Les actionnaires du
SPACs ont le droit de voter pour ou contre l’acquisition (que l’on appelle « de-
SPACing »). Cette opération est évidemment capitale car elle permet au SPAC de
remplir sa mission. Si les dirigeants d’un SPAC ne réussissent pas à trouver une
cible adéquate dans le délai prévu, le véhicule est dissous et les fonds rendus aux
actionnaires. Au moment du de-SPACing, les actionnaires peuvent également
choisir de se faire rembourser leur investissement initial. Paradoxalement, cette
dernière possibilité les incite en réalité à voter pour l’opération quel que soit leur
point de vue sur l’opération. S’ils pensent que l’opération se fait dans de bonnes
conditions, ils votent pour et restent actionnaires ; sinon ils votent également pour,
mais sortent en demandant le remboursement de leurs parts. Mais en demandant la
sortie, ils peuvent mettre en péril l’opération car si le SPAC n’a pas suffisamment
de fonds pour mener à bien l’acquisition, celle-ci est annulée…
Il est assez rare que l’acquisition réalisée le soit pour un montant inférieur ou
égal au montant levé par le SPAC au moment de son introduction en Bourse
(quelques centaines de millions d’euros). Si la cible est plus importante, soit les
actionnaires de la cible restent actionnaires (majoritaires ou non) dans la société
cotée, soit le SPAC lève à nouveau des fonds auprès d’institutionnels au moment
de l’acquisition (on parle de PIPE* PIPE, Private Investment in Public Equity* Private
Investment in Public Equity (PIPE)). C’est alors une deuxième validation par le marché du rationnel
■ Pour les actionnaires restants, si l’entreprise doit lever des fonds lors de
l’opération, la décote d’introduction en Bourse doit être mise en regard de la
dilution liée aux actions gratuites du management du SPAC et des bons de
souscriptions (émis lors de l’introduction en Bourse et permettant de souscrire à
des actions nouvelles à un prix supérieur, généralement à 11,50 $ pour des actions
du SPAC émises à 10 $).
Les vraies perdantes sont les banques d’affaires qui reçoivent une
■
commission beaucoup plus faible que dans une introduction en Bourse classique.
De leur création en 1993 jusqu’au milieu des années 2010, les SPACs étaient
souvent regardés comme des opérations de forbans de la finance, et ils étaient
restés relativement marginaux. L’explosion de leur volume outre-Atlantique, 248
SPACs levant 83,4 Md$ en 2020 (contre 67 Md$ pour les introductions en Bourse
traditionnelles), et 613 SPACs levant 163 Md$ en 2021, les a un peu
institutionnalisés, quoique leur arrêt brutal début 2022-2023 (seulement 84 SPACs
en 2022) témoigne d’une bouffée spéculative qui se dégonfle. Nous verrons s’ils
restent une option viable lorsque le marché des introductions en Bourse reprendra
des couleurs.
46.8
De façon atypique, certaines petites sociétés non cotées se font absorber par
une structure cotée, dénuée d’activités opérationnelles ou les ayant préalablement
cédées (une « coquille »), afin d’accéder plus rapidement et à moindre coût à la
cotation (AAA en 2021). Mais il faut alors la plupart du temps recréer un flottant.
Section 3 ■ La décote d’introduction en Bourse
46.9
Il ne serait pas illogique lors d’une introduction en Bourse que les actions
soient vendues aux investisseurs avec une décote par rapport à leur valeur
d’équilibre ; et qu’en conséquence le cours s’élève dans les jours suivant
l’introduction. Les investisseurs prenant le risque d’acheter des actions de sociétés
aux performances financières jusque-là peu connues trouvent ainsi une
compensation à leur prise de risques et à leur apport de liquidités aux actionnaires
vendeurs. Et un parcours boursier commençant par une progression des cours est
de bon augure pour la suite de la vie boursière de l’entreprise.
Si, en moyenne, cette décote d’introduction en Bourse* Décote d’introduction en Bourse atteint
15 % aux États-Unis, elle est très volatile au cours du temps, en particulier en
période d’euphorie boursière où elle atteint des niveaux plus élevés (38 % en
2020). Force est de constater qu’en France, et en particulier sur les petites et
moyennes entreprises, on a peine à la constater, et le plus souvent c’est un cours
en recul par rapport au prix d’introduction qui s’observe.
investisseurs ou intermédiaires : les uns ont des informations sur les perspectives
de l’entreprise tandis que les autres ont une bonne idée de la demande du marché.
L’échange est donc possible, mais tout est dans le prix !
vendeur est obligé de consentir un sacrifice sur le prix (par rapport à la valeur)
pour s’assurer de la bonne fin du placement et de la satisfaction des investisseurs ;
■ certains enfin arguent (de façon peu convaincante) que la décote servirait à
limiter les risques de litige avec les investisseurs qui se sentiraient floués d’avoir
réalisé un mauvais investissement.
Section 4 ■ Réussir son introduction en Bourse
46.10
D’un point de vue tactique et dans une conjoncture boursière difficile comme
celle des années 2022-2023, le marketing est crucial. Notre lecteur, qui sait depuis
le chapitre 1 qu’un bon directeur financier est d’abord un homme ou une femme
de marketing, ne sera donc pas surpris ! Cela passe par :
Quand le marché est un marché d’acheteurs qui n’hésitent pas à tordre le bras
des investisseurs cherchant une liquidité, autant le savoir et ne pas chercher à jouer
un autre jeu si l’on veut introduire en Bourse une société.
Enfin, dans la durée, la société et ses dirigeants vont devoir apprendre à vivre
au quotidien avec de nouvelles contraintes de comportement (traiter également
tous les actionnaires), de diffusion périodique d’une information financière et
économique codifiée, de gestion du résultat afin de ne pas décevoir les attentes des
investisseurs, ce qui peut conduire à moins investir qu’une société non cotée3 et à
prendre moins de risques. Ils devront s’habituer à une valeur de la société affichée
tous les jours qui, parfois, baissera alors que les résultats sont bons, ce qui n’est
pas sans influence sur le moral des salariés, leur patrimoine pour ceux qui en sont
actionnaires ; voire, la possibilité d’un changement de contrôle en cas de
mouvements forts sur le capital.
46.11
Les raisons qui ont amené une société à demander sa cotation peuvent
s’estomper dans le temps. Il peut arriver un moment où les bénéfices liés à la
cotation deviennent inférieurs aux coûts4 et contraintes qu’elle engendre et à
l’intérêt qu’elle représente pour la société et les principaux actionnaires. En
particulier si :
■la Bourse n’offre plus une liquidité suffisante aux actionnaires minoritaires
(ce qui est souvent rapidement le cas pour les sociétés de taille réduite pour
lesquelles la liquidité n’est réellement présente que lors de l’introduction en
Bourse). La cotation devient alors théorique, les investisseurs institutionnels se
désintéressant du titre ;
■la société n’a plus besoin de la Bourse pour accroître la notoriété de ses
produits ou de ses services.
46.12
46.13
Lors de la cotation, les actions sont généralement cédées sur le marché avec
une décote par rapport au premier cours coté. Différentes explications théoriques
faisant appel notamment à l’asymétrie d’information ont été mises en avant pour
l’expliquer.
Tous ces éléments doivent permettre de réussir une opération complexe et pour
laquelle le succès n’est jamais garanti.
La fusion avec un SPAC est une modalité de cotation en Bourse. Le SPAC est
une structure ad hoc sans activité qui s’est introduite en Bourse quelques
trimestres auparavant avec cet unique objectif.
La sortie de Bourse est parfois utile lorsque la société n’a plus de besoins de
fonds ou que la liquidité du titre est devenue trop faible. Le retrait de la cote peut
s’avérer complexe et nécessitera le recours à un expert indépendant pour valider le
prix du retrait obligatoire.
Questions
[Réponse]
[Réponse]
[Réponse]
[Réponse]
[Réponse]
[Réponse]
8/ Que devra faire tôt ou tard une entreprise aux nombreux actionnaires qui ne
veulent pas l’introduire en Bourse ?
[Réponse]
[Réponse]
10/ Quel est l’impact de l’introduction en Bourse de Verallia sur son compte
de résultat ? Sur son bilan ?
[Réponse]
11/ Est-il surprenant que le cours de bourse de Verallia soit resté stable dans
les jours suivants l’introduction en Bourse compte tenu du fait que Apollo a gardé
62 % de ses actions ?
[Réponse]
Il peut ne pas y avoir d’acheteurs prêts à payer une prime de contrôle. Cela
permet à l’actionnaire de ne vendre qu’une minorité et donc de conserver un
certain degré de contrôle tout en monétisant une partie de ses titres. L’entreprise
reste ainsi indépendante et n’est pas absorbée dans un groupe plus grand.
À cause du signal très négatif qu’il donnerait ainsi sur le niveau de valorisation
et les perspectives de l’entreprise.
À des déconvenues car elle n’aurait aucun avantage à mettre en face des
contraintes de la cotation.
Les fonds de LBO qui ne cèdent pas, comme Apollo, la totalité de leur
participation dans une introduction en Bourse font attention à ne pas surévaluer
l’entreprise à cette occasion, car ils devront quelque temps après céder le solde de
leurs actions, ce qui sera plus compliqué si les investisseurs ayant participé à
l’introduction en Bourse sont en moins-value.
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Chapitre 47
Les négociations du contrôle
Et si notre lecteur entrait pour quelques pages dans le monde feutré des banques d’affaires…* Banque d’affaires
47.1
Tout l’art de la négociation consiste dès lors à faire partager la valeur des
synergies entre l’acheteur et le vendeur, à trouver un point d’équilibre entre leurs
positions respectives, de sorte que tous deux réalisent une bonne affaire. Le
vendeur vendra plus cher et s’appropriera ainsi une fraction de la valeur des
synergies anticipées par l’acquéreur. Quant à ce dernier, il aura cédé une fraction
de la valeur des synergies, mais n’aura pas acheté l’entreprise au-delà de la valeur
qu’il lui attribue.
47.2
Comme l’illustre le graphique ci-dessus, les fusions ont lieu par vagues :
dans les années 1980, les acquisitions sont plutôt financées par endettement
■
et c’est le dépeçage des grands conglomérats des années 1960 (ITT, Gulf
Western…) qui, devenus mal gérés, se trouvent valorisés pour moins que la
somme des valeurs de leurs filiales ;
Au-delà de ces éléments purement financiers, quels sont les déterminants des
rapprochements d’entreprises ? Ils peuvent être d’ordre macroéconomique,
microéconomique et enfin humain.
47.3
suivies par une période de rapprochement entre entreprises. Lors d’une période
d’innovation technologique (Internet dans les années 1990 ou les énergies
renouvelables aujourd’hui), les créations d’entreprises sont nombreuses, mais
l’inévitable réduction des perspectives de croissance et de viabilité de ces « jeunes
pousses » va entraîner un phénomène de concentration du secteur (Snap achète
NextMind dans la mesure de l'activité neuronale). En outre, leurs forts besoins en
financement peuvent les amener à s’adosser à un grand groupe qui profitera de la
croissance de cette activité (Stellantis rachète aiMotive).
47.4
■ Grossir donne une assise suffisante aux entreprises pour pouvoir prendre de
nouveaux risques dans un environnement mondial. Le passage d’un marché
national à une compétition à l’échelle mondiale entraîne des investissements
beaucoup plus conséquents. Concrètement, les risques financiers et humains
induits deviennent trop importants pour être supportés par une entreprise de taille
moyenne (exploration pétrolière, pharmacie). Une opération de croissance externe
permet d’augmenter largement l’assise financière et de diminuer les risques pour
pouvoir prendre dès aujourd’hui les décisions nécessaires à la croissance de
demain (Take-Two Interactive-Zynga).
4 ■ Un peu de recul
47.5
Les fusions-acquisitions, quoique délicates à manier, font partie du cycle de
vie des entreprises et sont un outil utile au service de la croissance.
Le cycle de vie de l’entreprise
Notre lecteur doit cependant garder la tête froide et se souvenir qu’environ une
acquisition sur deux est un échec car les résultats sont en deçà des attentes.
47.6
Le choix d’une tactique de négociation* Tactique de négociation est un préalable si l’on veut
atteindre un objectif de prix par rapport à la valeur financière établie selon les
travaux d’évaluation que nous avons vus au chapitre 33. Mais le prix n’est pas
tout : le vendeur peut également souhaiter limiter les garanties qu’il devra donner,
rester dirigeant, pérenniser la situation de ses collaborateurs et de ses salariés…
1 ■ La négociation privée
47.7
47.8
Cette étape peut être évitée lorsque la volonté de négocier est ferme de part et
d’autre. Dans ce cas, le protocole d’intention ralentit le processus de négociation,
sans rien lui apporter.
47.9
L’étape ultérieure peut être un protocole d’accord* Protocole d’accord qui concrétise la
négociation des modalités pratiques de la cession. Il engage irrévocablement les
parties, sauf s’il existe des conditions suspensives (réalisation de l’opération sous
réserve que certaines conditions soient réunies, notamment l’accord des autorités
de la concurrence, la consultation des instances représentatives du personnel, et
l’obtention de financements).
c) Le montage financier
47.10
Très souvent, il faut mettre en place un montage financier* Montage financier destiné à
surmonter des barrières psychologiques, fiscales, juridiques ou financières, mais
qui ne change en rien la valeur de l’entreprise.
Il arrive que le vendeur se bloque sur une valeur purement symbolique de son
entreprise en dessous de laquelle il ne voudra pas descendre pour des raisons
psychologiques. S’il fixe cette barre à 200, alors que l’acheteur ne veut pas aller
au-delà de 190, certains proposeront alors un échelonnement du paiement du prix
dans le temps pour emporter l’accord du vendeur. Celui-ci recevra ainsi 100
aujourd’hui et 100 dans deux ans, soit 200 à ses yeux, mais 190,7 lorsqu’on
actualise à 5 %. Il ne s’agit plus là de finance mais de psychologie, et cet artifice
ne trompe que ceux qui veulent bien être trompés.
Le montage financier est en quelque sorte une gangue qui cache le véritable
prix de la cession. Les montages élaborés en début de négociation sont souvent
compliqués. Ils se simplifient tout au long de la négociation quand chacun des
partenaires s’accoutume à l’idée de vendre ou d’acheter. Loin d’être un deus ex
machina, le montage financier permet de faire évoluer chaque partie vers la
position de l’autre ; il n’est ainsi qu’une étape, bien souvent nécessaire.
47.11
■le paiement d’une partie de la transaction par échange de titres avec la société
acheteuse qui pourront être cédés dans le marché si l’acheteur est coté ;
■ l’earn-out* Earn-out qui permet d’indexer une partie du prix de la transaction sur
les résultats futurs de la société achetée. Deux modalités sont alors envisageables :
soit l’acheteur prend le contrôle de la totalité du capital de la cible sur la base d’un
prix plancher, qui ne pourra être revu qu’à la hausse ; soit il n’achète qu’une
quote-part du capital à un certain prix et achètera le solde ultérieurement sur la
base des résultats futurs de l’entreprise. Ce type de montage est très pratiqué par
les sociétés de services afin de retenir les dirigeants de la société acquise et de
faciliter la transition dans ces métiers où le principal actif sont les collaborateurs.
Mais il n’est pas sans créer des problèmes de gestion durant la période d’earn-out.
2 ■ Les enchères
47.12
Le principe des enchères* Mise aux enchères est de proposer l’entreprise à vendre à
plusieurs parties susceptibles d’être intéressées, de mettre celles-ci en concurrence
et de faire affaire avec le mieux-disant dans un calendrier serré et selon un
processus prédéterminé. La mise aux enchères est souvent privée mais elle peut
être publique (annoncée par voie de presse ou décision de justice).
Dans un premier temps, les acheteurs qui manifestent un intérêt reçoivent des
informations complémentaires (en général synthétisées dans un mémorandum
d’information ou « info memo* Info memo ») après la signature d’un engagement de
confidentialité* Engagement de confidentialité (non disclosure agreement* Non disclosure agreement (NDA),
NDA* NDA). Après étude de cette information, ils déposent une offre d’achat sous
forme d’une offre indicative* Offre indicative (en anglais offre non binding* Offre non binding)
mentionnant un prix, son mode de financement, des conditions suspensives et
éventuellement le plan de développement/d’intégration.
Une demi-douzaine d’offres au plus (short-list* Short-list) sont sélectionnées par le
vendeur et son conseil sur la base du prix, des autres conditions de la vente et de
leur confiance dans la capacité et la volonté qu’auront les candidats acquéreurs à
mener à bien l’opération. Les candidats retenus ont alors accès à des informations
complémentaires, peuvent obtenir un programme de visites des sites industriels et
de réunions avec le management (management presentations* Management presentations). Un
projet de contrat de cession est transmis aux acquéreurs potentiels. Il y a
généralement constitution d’une data-room* Data room le plus souvent digitale où sont
regroupées toutes les informations d’ordre économique, financier, réglementaire,
environnemental, juridique ou fiscal concernant l’entreprise à vendre. Après
consultation de ces informations exhaustives et rencontre avec le management, les
acquéreurs potentiels doivent transmettre au vendeur une offre finale (en anglais
offre binding* Offre binding en franglais).
À tout moment un droit d’exclusivité* Droit d’exclusivité peut être accordé à l’un des
acheteurs potentiels : pendant une certaine période (le plus souvent de quelques
jours à quelques semaines), il est seul dans la course avec l’obligation de faire soit
une offre ferme (et supérieure à un certain niveau), soit de se retirer
définitivement. L’exclusivité est généralement accordée sur la base d’une offre
« préemptive », c’est-à-dire d’une offre indicative particulièrement attractive d’un
point de vue financier.
47.13
Les enchères peuvent laisser espérer obtenir un prix élevé par la mise en
concurrence des acheteurs. Le dirigeant d’entreprise qui veut céder une filiale,
l’actionnaire principal qui pourrait être attaqué par un actionnaire minoritaire, la
banque d’affaires qui a réalisé l’opération peuvent ainsi prouver qu’ils ont tout fait
pour obtenir le meilleur prix. La compétition instaurée peut engendrer un prix bien
supérieur aux attentes. Par ailleurs, cette méthode permet d’aller vite, puisque
c’est le vendeur qui impose son rythme, non l’acheteur.
Cependant, cette technique pose des problèmes de confidentialité car le
dossier est entre beaucoup de mains et il est difficile de démentir une rumeur de
vente… d’où la nécessité d’aller vite. Par ailleurs, cette technique fondée
principalement sur le prix, n’échappe pas au risque d’une coalition des acheteurs
(qui se répartissent ensuite les actifs). Enfin, au cas où le processus de vente
n’aboutirait pas, l’image de l’entreprise peut être entamée. Il faut donc que la
société ait une valeur stratégique incontestable et des résultats conformes aux
prévisions. Le cauchemar est celui d’une enchère qui tourne mal car les résultats
de l’entreprise ne sont pas à la hauteur de ce qui avait été annoncé, avec in fine un
seul acheteur qui se sait seul…
3 ■ Le dénouement de la négociation
47.14
Ces clauses du contrat sont d’autant plus importantes que l’entreprise a été
achetée sur la base d’une valeur de rentabilité et que la documentation ne
répertorie pas le détail des actifs et passifs de l’entreprise.
47.15
Le cédant déclare que les stocks sont correctement comptabilisés, et que les
amortissements et provisions sont calculés selon les règles comptables en vigueur.
Le cédant déclare être notamment en règle avec les administrations fiscales et
sociales et ne pas avoir de contrats exorbitants avec ses fournisseurs, ses clients,
son personnel. Plus généralement, il annexe à la garantie tous les éléments portés à
la connaissance de l’acheteur et spécifiquement les contrats particuliers, les
cautionnements… pour lesquels la garantie ne jouera pas puisque l’acquéreur en a
eu connaissance.
Enfin, le cédant déclare que, durant la période transitoire entre la clôture des
derniers comptes connus et la date de cession, il a géré et gérera la société en
« bon père de famille ». Il affirme notamment qu’il n’y a pas eu de distribution de
dividendes ou de cession d’actifs, sauf celles définies d’un commun accord
pendant cette période, et qu’il n’y a pas eu d’investissements ou d’embauches
supérieurs à un maximum déterminé, ni de modifications de contrats…
C’est le système de la locked box* Locked box pour lequel le prix de cession est fixé
définitivement sur la base des derniers comptes transmis par le vendeur et revus
par l’acquéreur. À défaut, il faudra arrêter les comptes de l’entreprise au moment
de la cession et procéder ensuite à des ajustements de prix* Ajustement de prix si les capitaux
propres (ou, si l’on veut simplifier le processus, l’endettement net et le besoin de
fonds de roulement) constatés sont différents de ceux garantis par le vendeur.
Dans la vaste majorité des cas, quelques semaines ou mois après la signature
du contrat de vente (SPA* SPA), appelée signing* Signing, a lieu le closing* Closing, qui est
la réalisation effective de l’opération : les titres de l’entreprise cédée sont alors
échangés contre leur paiement. Mais pour cela, il faut que les conditions
suspensives du contrat soient levées : consultation des instances représentatives du
personnel, audit comptable, juridique et/ou fiscal, restructuration du groupe,
autorisation des pouvoirs publics dans certains secteurs (défense, banque…),
accord des autorités de la concurrence* Autorités de la concurrence qui peuvent nécessiter entre
cinq semaines au minimum et six mois, voire plus.
Enfin au niveau américain, la loi Hart Scott Rodino* Hart Scott Rodino (loi) prévoit une
absence de notification si la valeur de la cible est inférieure à 111,4 M$. De
nombreux types d’opérations sont cependant exonérés : transaction de moins de
445,5 M$ entre des sociétés réalisant moins de 222,7 M$ de chiffre d’affaires,
cible réalisant un chiffre d’affaires de moins de 22,3 M$ aux États-Unis, etc.
4 ■ Le processus dual track
47.17
47.18
L’Autorité des marchés financiers* Autorité des marchés financiers (AMF) (AMF* AMF) assure le
contrôle des offres publiques en France (voir paragraphe 47.38 pour les autres
pays). Elle contrôle et interdit la diffusion d’informations fausses ou trompeuses,
répandues sciemment dans le public afin d’agir sur le cours d’une valeur mobilière
(ce délit de manipulation de cours est sanctionné par la loi) ; elle fixe et contrôle
les « règles du jeu » en matière d’offre publique (calendrier, prix, dérogations…).
1 ■ L’achat en Bourse
■ l’equity swap* Equity swap ou total return swap* Total return swap (TRS) qui est un contrat
d’échange de performances (dividendes, plus et moins-values) entre une banque
(qui verse la performance à l’investisseur) et l’investisseur qui souhaite être
exposé à la performance d’un titre sans toutefois le détenir (et qui verse un intérêt
à la banque) ou l’inverse. Pour se couvrir, la banque est conduite à acheter sur le
marché les titres. À l’échéance du swap, l’investisseur acquerra les titres de la
banque au prix où celle-ci les a achetés7. C’est ainsi que Xavier Niel a acquis
6,31 % (en complément des 14,7 % qu’il détenait en actions et autres instruments
dérivés) d’Unibail-Rodamco-Westfield en 2022.
■le capital de la société visée doit être dispersé, aucun actionnaire dominant ne
contrôlant véritablement la société ;
■l’opération doit être menée en secret pour éviter que des mesures de défense
ne soient prises par des actionnaires opposés à l’acquéreur des titres et que le
cours de Bourse de la cible ne flambe ;
■le volume des transactions quotidiennes sur le titre doit être suffisamment
important pour pouvoir réaliser des achats en grande quantité sans provoquer un
déséquilibre du marché.
Il arrive que l’achat des titres soit opéré par plusieurs investisseurs agissant
de concert (voir ci-après) et parfois sur une longue durée.
Si la procédure est simple au plan technique (il suffit de passer des ordres de
Bourse), elle est soumise aux obligations de déclaration de franchissement de seuil
et d’intention dans le capital des sociétés cotées mentionnées au paragraphe
47.21.
b) L’action de concert
47.20
47.21
En outre, les sociétés peuvent prévoir dans leurs statuts une obligation
complémentaire d’information portant sur les détentions de fractions du capital
inférieures à celles prévues, mais elles ne sauraient être inférieures à 0,5 %.
L’information doit alors être donnée à la société qui ne la rend pas nécessairement
publique.
Enfin, les entreprises sont tenues d’informer l’AMF de toute clause d’une
convention prévoyant des conditions préférentielles d’acquisition ou de cession de
titres portant sur plus de 0,5 % du capital ou des droits de vote d’une société cotée.
Faute de quoi, les effets de cette convention seraient suspendus en période d’offre.
L’AMF assure la publication de cette information.
47.22
Le paiement peut être réalisé soit en espèces, et c’est une offre publique
d’achat * Offre publique d’achat (OPA)(OPA* OPA), soit par échange de titres, et c’est une offre
publique d’échange * Offre publique d’échange (OPE)(OPE), soit enfin en combinant ces deux
possibilités dans une offre mixte* Offre mixte. Si les deux branches de l’offre sont
indépendantes (laissant le choix entre espèces et titres par exemple), on parle
d’offre alternative* Offre alternative.
Lorsque l’offre est composée d’une offre principale et d’une offre subsidiaire,
l’initiateur définit le nombre maximal de titres acceptable dans la branche
subsidiaire (que celle-ci soit une OPA ou une OPE* OPE). Si l’apport de titres à la
branche subsidiaire est trop important, le surplus sera automatiquement transféré
sur l’offre principale.
47.23
L’offre publique peut être lancée sans négociations préalables avec la société
cible, ou après qu’elles ont échoué, ou en concertation avec celle-ci.
On parle souvent d’offre amicale* Offre amicale lorsque le conseil d’administration
de la cible recommande aux actionnaires d’apporter leurs titres à l’offre. Dans le
cas inverse, la cible parle d’offre hostile* Offre hostile ou inamicale et l’initiateur
« d’offre non sollicitée* Offre non sollicitée mais amicale »…
47.24
47.25
Notre expérience des critères permettant de choisir entre OPA et OPE est
ainsi résumée :
47.26
L’initiateur de l’offre qui souhaite prendre le contrôle d’une société cotée doit
déposer un dossier à l’AMF par l’intermédiaire de sa banque présentatrice qui
garantit le paiement de l’offre. Une fois déposée, l’offre est irrévocable sauf
quelques cas particuliers15. Ce projet contient :
47.27
■ dans une offre obligatoire, le prix proposé est déterminé en fonction des
critères usuellement pratiqués en matière d’évaluation et appréciée par l’AMF, et
doit être au moins égal au prix le plus élevé payé par l’initiateur sur une période de
12 mois précédant le franchissement de seuil ;
Dans tous les cas, le conseil d’administration de la société cible aidé de ses
conseils doit donner un avis motivé sur l’offre et sur son prix. Dans les cas où un
expert indépendant* Expert indépendant a été nommé, l’avis motivé de la cible doit
s’appuyer sur les conclusions de l’expert. Sauf dans les cas où l’initiateur détient
déjà 50 % du capital ou des droits de vote avant l’offre, le comité d’entreprise de
la cible doit avoir été consulté dans le mois qui suit le dépôt de l’offre (ou
l’annonce si la cible en est d’accord) et son avis est rendu public.
Si l’offre n’est pas déclarée conforme par l’AMF, l’initiateur devra soit
renoncer à l’opération (sauf en cas d’offre obligatoire), soit augmenter le prix
d’offre, soit faire appel de la décision rendue. Ceci permet d’écarter les offres de
mauvaise foi ou de diversion.
47.28
expert indépendant intervient, la société cible doit communiquer à l’AMF une note
en réponse. Celle-ci contient principalement l’avis motivé du conseil
d’administration sur l’offre, la structure de l’actionnariat, les pactes d’actionnaires
qui peuvent restreindre les cessions d’actions et l’exercice des droits de vote19, les
accords conclus par la société qui prendraient fin ou seraient modifiés en cas de
changement de contrôle, et le cas échéant l’avis d’un expert indépendant.
Si l’offre (en procédure normale) connaît une suite positive, elle est
automatiquement réouverte après la publication du résultat définitif pour dix jours
de négociation afin de permettre aux actionnaires qui n’ont pas apporté leurs titres
de le faire et de bénéficier de la prime de contrôle.
47.29
Les moyens de défense à la disposition d’une société dont les actions sont
ramassées en Bourse sont théoriquement plus nombreux et variés que ceux d’une
société qui est la cible d’une offre publique. Cette disparité s’explique par le
caractère secret du premier, et par les règles d’égalité et de transparence qui
s’appliquent à la seconde.
Par ailleurs, dès l’instant où une offre est lancée, les parties en présence
doivent respecter l’intérêt social de l’entreprise, assurer l’égalité de traitement des
actionnaires, ne pas perturber le marché boursier, agir de bonne foi et respecter
l’esprit de la réglementation de l’AMF. Si les dirigeants de la société visée veulent
accomplir des actes autres que de gestion courante, à l’exception de ceux
expressément autorisés par l’assemblée générale des actionnaires réunie pendant
l’offre, comme des cessions d’actifs par exemple, ils doivent en aviser l’AMF afin
de lui permettre de veiller à l’information du public et de faire connaître, s’il y a
lieu, son appréciation. Si ces changements de périmètre sont de nature à modifier
la consistance de la cible, l’initiateur peut, avec l’accord de l’AMF, renoncer à son
offre.
En fait, la société cible peut soit se défendre par la pédagogie (en expliquant à
ses actionnaires, au marché et aux médias pourquoi elle sera en mesure de créer
plus de valeur dans l’avenir que la prime offerte par l’initiateur), soit utiliser des
moyens de défense plus actifs, dont les principaux sont :
■ l’action en justice.
Reste à voir jusqu’où un conseil d’administration est prêt à aller pour faire
échouer une offre, privant ses actionnaires d’une plus-value potentielle, alors que
ceux-ci peuvent mettre en jeu la responsabilité des administrateurs.
47.30
L’offre publique concurrente* Offre publique concurrente doit être déposée au moins cinq
jours de négociation avant la clôture de l’offre précédente. Elle doit représenter,
par rapport à celle-ci, un prix par action au moins supérieur de 2 %. Dans ce cas,
les ordres d’apport des actionnaires à la première offre sont automatiquement
révoqués. Par ailleurs, l’initiateur de la première offre pourra toujours surenchérir
sur l’offre concurrente ; son succès n’est donc pas assuré à l’avance. C’est le
« chevalier blanc* Chevalier blanc » qui devient parfois, lorsqu’il a réussi, gris ou noir.
C’est ainsi que Thales est venu « au secours » de Gemalto « attaqué » par Atos.
Les bons défensifs* Bon défensif (ou bons Breton* Bon Breton), présentés au
paragraphe 43.31, constituent une dissuasion forte. Les conséquences négatives
de leur mise en œuvre pour l’initiateur de l’offre sont telles qu’il préférera
négocier avec la cible leur neutralisation contre un relèvement du prix de l’offre.
L’expérience américaine a montré qu’ils renforçaient la position de négociation
des dirigeants de la cible, sans pour autant assurer son indépendance. En effet, leur
mise en œuvre effective poserait le problème de la responsabilité des
administrateurs ayant fait perdre aux actionnaires une opportunité de gain.
Le transfert d'un actif important dans une structure spécifique (comme une
fondation) pour en empêcher la cession. C'est la méthode utilisée par Suez pour
essayer de repousser l'offre de Veolia.
d) Un peu de recul
47.31
La meilleure défense, à notre avis, est la fidélisation des actionnaires qui ne peut
être garantie que par de bonnes performances financières, un cours bien valorisé,
une communication financière transparente et un management compétent soucieux
de créer de la valeur pour ses actionnaires dans le respect des principes de la
gouvernance d’entreprise.
47.32
L’offre simplifiée* Offre simplifiée, proprement dite, qui s’applique dans deux cas de
figure :
L’offre publique de retrait (OPR)* Offre publique de retrait (OPR)* OPR, en général en
incorporant un retrait obligatoire* Retrait obligatoire décrit au paragraphe suivant, permet à
un actionnaire seul ou agissant de concert, détenant plus de 90 % du capital ou des
droits de vote, de retirer la société de la cote à un prix qui fait l’objet d’un avis
d’équité* Avis d’équité rédigé par un expert indépendant* Expert indépendant.
L’offre publique de rachat d’actions * Offre publique de rachat d’actions (OPRA)(OPRA* OPRA) est
une opération de rachat par une société de ses propres titres en vue de les annuler.
Nous renvoyons notre lecteur au paragraphe 39.13 où cette technique de
réduction de capital a été analysée.
L’offre de participation* Offre de participation ou offre publique partielle* Offre publique partielle
peut être appliquée par les sociétés qui s’engagent à ne pas détenir plus de 10 %
du capital de la société visée. Cette procédure n’a jamais été utilisée à ce jour.
47.33
Dans les trois mois de toute offre publique, l’initiateur a la faculté, pour autant
qu’il détienne alors au moins 90 % du capital et des droits de vote, d’exproprier
les minoritaires restant à travers une procédure de retrait obligatoire * Retrait
(RO* RO ou squeeze-out* Squeeze out, en anglais). Le prix de l’expropriation est alors
obligatoire
au moins égal à celui de l’offre, sachant qu’il doit avoir fait l’objet, dans la quasi-
totalité des cas, d’un avis d’équité* Avis d’équité rédigé par un expert indépendant* Expert
indépendant désigné par la cible. Le retrait obligatoire peut théoriquement être payé en
47.34
Ce sont des offres avec une branche principale mixte (cash et titres) et deux
branches alternatives, l’une en cash uniquement et l’autre en titres uniquement.
Cette offre permet de mieux satisfaire les actionnaires de la cible qui peuvent
ne pas tous avoir les mêmes objectifs (monétiser leur participation ou rester dans
la nouvelle entité). Par ailleurs, elle garantit à l’avance à l’acquéreur une
proportion donnée entre les titres émis et le cash payé compte tenu d’un
mécanisme de report de l’une ou l’autre des branches alternatives sur la branche
mixte.
Dans des cas rares, des initiateurs prévoient de majorer le prix ou la parité de
l’offre de l’ordre de quelques pour-cent s’ils atteignent le seuil de 90 % permettant
la sortie de Bourse (Europcar, Generix, Manutan) ou de 95 % permettant
l’intégration fiscale.
47.36
47.37
L’AMF peut accorder une dérogation au lancement d’une offre publique
obligatoire dans les principaux cas suivants :
■le seuil de 30 % est dépassé sans objectif de prise de contrôle et pour une
durée inférieure à 6 mois ;
47.38
que les conseils d’administration de sociétés visées par une offre publique ne
■
puissent pas, en période d’offre, prendre des mesures anti-OPA (poison pills,
émission massive de titres…) sans les faire voter en assemblée générale
extraordinaire (article 9* Article 9 (directive européenne sur les offres publiques) de la directive) ;
■ que les pactes d’actionnaires prévoyant des limitations à l’exercice des droits
de vote ou à la cession des actions, et que les clauses statutaires de plafonnement
de droits de vote, d’agrément, de préemption ainsi que les actions à droit de vote
multiples20, soient neutralisés en période d’offre (article 11* Article 11 (directive européenne sur les offres
publiques)) ;
4. Pas de seuil (opt-out) ou un seuil jusqu’à 49 % (opt-up) sont possibles si cela a été voté par
l’assemblée générale de la cible.
5. Le scheme of arrangement* Scheme of arrangement permet néanmoins de faire accepter par 75 % du capital un
retrait obligatoire.
Résumé
Les opérations de croissance externe ont lieu par vagues. Leurs déterminants
sont macroéconomiques (évolutions technologiques, globalisation,
déréglementation, développement des marchés financiers), microéconomiques
(effets d’échelle, accès à de nouveaux marchés, gains de temps pour prendre des
parts de marché…), humains (successions) ou structurels (fonds d’investissement
qui se liquide).
entre acheteurs, mais sont plus contraignantes et peuvent poser des problèmes de
confidentialité.
■ le ramassage des actions qui n’est alors que la première étape d’une
éventuelle prise de contrôle. Il peut être lent et progressif, mais des déclarations de
franchissement des différents seuils de capital et de droits de vote doivent être
faites ;
Une directive harmonise les grands principes des offres publiques dans
l’Union européenne.
Questions
[Réponse]
[Réponse]
[Réponse]
[Réponse]
[Réponse]
[Réponse]
7/ Pour l’initiateur, quel est l’avantage d’une offre publique sans ramassage
préalable ? Quel est l’inconvénient ?
[Réponse]
[Réponse]
[Réponse]
[Réponse]
11/ Toutes choses égales par ailleurs, quelle est la contrepartie d’une
confidentialité accrue dans une transaction ?
[Réponse]
[Réponse]
[Réponse]
14/ Quelle est la fonction d’une clause de garantie d’actif et de passif ? Quelle
en est néanmoins la limite ?
[Réponse]
[Réponse]
16/ À quelle limite pratique majeure l’achat de blocs permet-il de répondre ?
[Réponse]
[Réponse]
18/ Pourquoi les moyens de défense des sociétés contre des offres hostiles
sont-ils très strictement réglementés ?
[Réponse]
[Réponse]
Avantage : discrétion. Inconvénient : tous les candidats n’ont pas été contactés
et le prix obtenu peut donner l’impression de ne pas être optimisé.
Pour défendre les intérêts des minoritaires et éviter que le contrôle d’une
société ne soit pris à plusieurs sans qu’une prime de contrôle ne soit payée.
Afin d’inciter les vendeurs qui sont souvent les salariés clés de l’entreprise à
rester un certain temps afin de faciliter l’intégration.
Lorsque l’entreprise est très rentable avec une position stratégique qui peut
intéresser toute une catégorie d’investisseurs industriels et financiers.
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Pour approfondir le thème des OPA et OPE d’un point de vue réglementaire :
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Erel I., Jang Y., Weisbach M., « Do acquisitions relieve target firms’ financial
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Moellers S., Schlingemann F., Stulz R., « Firm size and the gains from
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Savor P., Lu Q., « Do stock mergers create value for acquirers? », Journal of
Finance juin 2009, vol. 64, no 3, pages 1061 à 1098.
www.reuters.com/markets/deals.
Chapitre 48
Les fusions et les scissions
Lorsque le financier devient témoin d’un mariage (ou d’une séparation !)…
48.1
Enfin, puisque la fusion n’est pas plus irrévocable en finance qu’un mariage
en droit civil, les scissions font l’objet de la section 3.
Section 1 ■ Le principe de la fusion
48.2
Cette section est consacrée au cas de deux groupes d’actionnaires qui décident
de mettre en commun les deux entreprises qu’ils contrôlent. Cela soulève le
problème de la valorisation relative des deux sociétés qui déterminera la
répartition du pouvoir entre les actionnaires du nouvel ensemble. Nous ne
traiterons pas ici du cas de l’entreprise qui fusionne avec sa filiale déjà détenue à
100 %1. Ceci ne soulève que des problèmes comptables et juridiques (et non
financiers).
a) La fusion-absorption
48.3
Une fusion est une opération par laquelle deux ou plusieurs sociétés se
réunissent pour n’en former qu’une seule. En général, une société absorbe l’autre ;
c’est alors une « fusion-absorption* Fusion absorption ». À la différence d’une cession* Cession,
dans laquelle les cédants sont rémunérés par des liquidités, les actionnaires d’une
société absorbée sont rémunérés par des actions de la société absorbante. Ils
deviennent donc actionnaires de cette dernière, alors même qu’ils cessent de l’être
de la société absorbée (qui a disparu). C’est là, dans une optique financière, la
distinction fondamentale entre une cession et une fusion.
Toute fusion s’analyse comme une réunion au sein d’une même société des actifs
et des dettes de deux ou plusieurs sociétés.
b) L’apport de titres
48.4
Pour des sociétés cotées, l’apport de titres* Apport de titres prend le plus souvent la
forme de l’offre publique d’échange (OPE) telle que nous l’avons décrite au
paragraphe 47.22.
48.5
L’apport partiel d’actif* Apport partiel d’actif est une opération par laquelle une société B
fait apport à une société A d’une partie de ses éléments d’actif (et de passif) et
reçoit, en échange, des titres émis par A.
Pour des raisons pédagogiques, nous supposerons tout d’abord que les deux
entreprises sont à leur prix d’équilibre et que la fusion ne dégagera pas de synergie
(voir le paragraphe 33.47) et que, par conséquent, il n’y a pas d’accroissement de
valeur résultant de la fusion.
48.6
1. L’acquisition de B n’est pas financée par une augmentation de capital, mais par endettement.
2. En fait les actionnaires de B ne détiennent pas directement 45,5 % de A mais c’est via B, devenue pure
holding, qu’ils contrôlent 45,5 % de A.
La valeur de l’actif économique et le résultat d’exploitation consolidé sont
identiques dans tous les cas de figure.
Toutes ces opérations reviennent à une fusion dite « économique » des deux
sociétés A et B. De même pour une société cotée, une OPE réussie à 100 %
aboutit au même résultat qu’une fusion.
Insistons sur le fait que nous raisonnons de manière mécanique et que nous
ne tenons pas compte des conséquences de l’opération sur les valeurs des deux
sociétés. Celles-ci suivront les principes que nous venons de décrire si les valeurs
sont à l’équilibre et en l’absence de synergie industrielle. Dans le cas contraire, il
y aura modification de la valeur. Les modalités financières choisies (cession,
fusion…) ne modifient pas en soi les données économiques d’un
rapprochement d’entreprises. Ceci est une évidence, mais il est bon de le
rappeler.
48.7
Le partage des synergies* Synergies issues d’un rapprochement n’est pas le même
dans les différents cas de figure. En cas de cession, il est négocié, et, le plus
souvent, le vendeur ne prend pas le risque de l’opération. Il tente, comme nous
l’avons vu, de partager la plus-value sans en prendre le risque. En revanche, en cas
de fusion, cette plus ou moins-value sera partagée suivant des parités définies
entre les deux collèges d’actionnaires.
Alors que, dans l’acquisition, le risque du rapprochement est pris uniquement par
les actionnaires de l’acheteur, il est partagé, en cas de fusion ou d’apport, par les
deux collèges d’actionnaires.
48.8
À la différence de la cession, il n’y a pas d’échange de liquidités dans les
rapprochements payés en titres (fusion, apport partiel d’actions ou d’actifs).
L’actionnaire de la cible ne reçoit donc aucune trésorerie susceptible de financer le
paiement des impôts sur les plus-values. D’où en général un report ou un sursis
d’impôt permettant aux actionnaires de ne payer celui-ci qu’au moment où ils
céderont dans le futur les titres reçus en échange.
Quel est l’intérêt de payer en titres ? Les dirigeants peuvent désirer accroître
leur puissance (taille, prestige…), modifier l’actionnariat (pour diluer un
actionnaire gênant), constituer des noyaux durs… Payer en titres permet surtout
d’éluder le problème du financement et donc de rapprocher des entreprises dont
les valeurs sont très élevées. Certains ont ainsi pu dire que c’était payer en
monnaie de singe. Cela dépend de la liquidité des titres résultant du
rapprochement, de la répartition de l’actionnariat après l’opération et de la
capacité des deux entreprises fusionnées à délivrer les synergies anticipées et donc
à créer de la valeur.
48.9
Lorsque les sociétés ne sont pas comparables dans leurs activités (une société
holding et un groupe industriel, un groupe industriel diversifié et un autre
monosecteur), chaque entreprise est évaluée individuellement selon les méthodes
décrites au chapitre 33, sans les synergies espérées du rapprochement (valeur
stand-alone* Valeur stand-alone), pour obtenir des valeurs par action. La valeur des actions
ainsi déterminée est alors comparée. Il est important d’utiliser dans la mesure du
possible des méthodes homogènes pour évaluer chacune des sociétés et de calculer
une parité par méthode de valorisation.
C’est ce que l’on appelle l’analyse multi-critères* Analyse multi-critères qui est un peu
un passage obligé auquel tiennent beaucoup ceux qui auront à examiner ou à se
prononcer sur la parité : commissaires à la fusion, AMF pour les sociétés cotées.
Mais ne nous leurrons pas, la détermination de la parité finale, souvent encadrée
ex post par des critères la mettant en valeur, ne résulte pas d’un calcul mécanique
mais d’une négociation ex-ante plus ou moins longue et acharnée !
48.10
Poids relatif et parité d’échange* Parité d’échange ou de fusion sont ainsi liés :
48.11
Les 1 875 000 actions de B seront donc échangées contre 1 875 000 × 2 =
3 750 000 nouvelles actions de A que celle-ci va émettre au profit des actionnaires
de B. Le capital de A sera ainsi formé après la fusion de 4 500 000 + 3 750 000 =
8 250 000 actions.
2 ■ Dilution ou relution des paramètres financiers
48.12
48.13
Lorsque A absorbe B par voie de fusion, chaque fois que le poids relatif A/B
retenu dans la fusion est supérieur au poids relatif calculé pour un paramètre
(valeur des capitaux propres, capitaux propres comptables, bénéfice…), les
actionnaires de A bénéficient d’une relution sur ce paramètre et vice versa.
Sur la base du poids relatif de 0,833 issu des valeurs retenues dans la fusion
(375/450), le bénéfice par action du nouveau groupe A s’établit à (15 + 17,5)/(4,5
+ 3,753) soit 3,94 €. On constate qu’il y a croissance du bénéfice par action de A
qui passe de 3,33 € à 3,94 €, soit une hausse de près de 20 %. L’explication
provient du fait que A rémunère la quote-part de bénéfice de B qu’elle absorbe sur
la base d’un PER de 30 (450/15) alors que B est valorisée dans la fusion sur la
base d’un PER de 21 (375/17,5). Mécaniquement, A émet donc un nombre
d’actions relativement moindre que la quote-part de bénéfice qu’elle reçoit et qui
vient majorer son bénéfice.
Il y a croissance mécanique du bénéfice par action dans une fusion lorsque le PER
de la société absorbante est supérieur au PER de la société absorbée et vice versa.
Mais ne nous leurrons pas, cette croissance du BPA n’est pas synonyme de
création de valeur. En effet, si la fusion avait été réalisée dans l’autre sens (B
absorbe A), nous aurions constaté une dilution, et ce, bien qu’économiquement
l’opération aurait été identique.
Le raisonnement est analogue pour les autres critères par action comme la
capacité d’autofinancement par action.
48.14
Une fusion s’analysant conceptuellement comme un achat plus une
augmentation de capital réservée, on y retrouve le mécanisme de partage des
synergies.
(780/32,5 = 24) ;
Deux raisons font que les investisseurs attribuent généralement une valeur
plus basse aux synergies que ces estimations :
■ tôt ou tard, une partie des synergies doit être restituée aux clients, au
personnel, aux fournisseurs… En effet, l’entreprise ne sera pas seule à être partie à
un rapprochement, les fusions-acquisitions évoluant par vagues (voir le
paragraphe 47.2), ses concurrents seront poussés dans ce type d’opérations afin
de bénéficier eux aussi de synergies leur permettant de rester compétitifs. Dès lors,
tous pourront baisser leur prix de vente, ou ne pas l’augmenter, pour le plus grand
bien du consommateur final ou encore accroître les frais de marketing.
48.15
Considérons donc, dans notre exemple, que les investisseurs valorisent ces
synergies de 10 M€/an sur la base d’un PER de 12, soit 120 M€. La valeur des
capitaux propres du nouvel ensemble est donc de : 450 + 330 + 120 = 900 M€.
Il y a donc création d’une valeur de 900 – 780 = 120 M€. Cette création de
valeur n’est pas financière, elle est due à la fusion en elle-même, qui permet un
effet de synergies industrielles. Cette création de valeur de 120 M€ se partagera
entre les actionnaires de A et ceux de B.
Les poids relatifs de 0,579 (330/(450 + 120)) et 1 constituent les deux limites
extrêmes qui bornent en toute rationalité d’un point de vue financier le champ de
la négociation. Dans le premier cas, les actionnaires de A s’attribuent l’intégralité
de la valeur de synergie ; à 1, cette valeur revient en totalité aux actionnaires de B.
Les conséquences du choix de tel ou tel poids relatif sont claires : il s’agit de
déterminer la part de chacun des groupes d’actionnaires, ceux de B et ceux de A,
sur l’ensemble après fusion : soit 36,7 % / 63,3 %, soit 50 % / 50 %, et donc la
valeur du patrimoine des deux groupes d’actionnaires après la fusion.
48.16
Si l’on fait l’hypothèse que notre nouveau groupe A bénéficie d’un PER de
30 (comme A avant la fusion et en mettant de côté les synergies), sa capitalisation
boursière ressort à 975 M€. Les anciens actionnaires de A, qui semblaient s’être
sacrifiés au niveau du poids relatif, notamment au regard du rapport des valeurs
des capitaux propres, voient leur quote-part du nouvel ensemble valorisée à 531
M€ alors qu’ils détenaient 100 % d’une société valant 450 M€… Quant aux
anciens actionnaires de B, ils détiennent 45,5 % du nouvel ensemble, soit 444 M€
contre 100 % d’un ensemble qui capitalisait 330 M€. Cette création de valeur est
de nature à compenser la perte de contrôle qu’ils ont consentie en fusionnant avec
A.
Alors qu’ils apparaissaient tous perdants, ils sont en fait tous gagnants,
l’opération réalisée étant une véritable machine à faire de l’argent ! La limite est
toutefois claire : le PER* Price Earnings Ratio (PER) de 30 auquel est valorisée A avant la fusion
est celui d’une société en forte croissance. Il ne sera maintenu après la fusion que
si B est dynamisé et que le nouveau groupe mérite un PER de 30 aux yeux des
investisseurs.
Le lecteur aura bien sûr compris que cela est indéniablement une fuite en
avant, mais qui met en évidence l’intérêt d’avoir un bon cours boursier (PER
élevé). Il permet en effet une stratégie de croissance externe moins coûteuse par
émission d’un papier correctement évalué pour acheter des entreprises moins bien
valorisées, et ce en affichant une croissance mécanique du bénéfice par action.
Il est d’autant plus intéressant pour une entreprise de procéder à des opérations de
rapprochement payées en actions que son PER est élevé.
Ceci ne garantit pas pour autant une création de valeur pour l’actionnaire.
Seule la qualité de la performance économique de l’ensemble fusionné sera
garante d’un PER élevé.
48.17
■ dans une fusion avec une société non cotée, c’est généralement la société
cotée qui sera l’absorbante afin de simplifier le processus administratif et éviter un
échange d’actions pour les actionnaires de la société cotée qui sont, a priori, les
plus nombreux ;
■il y a aussi des raisons psychologiques car parfois certains souhaitent garder
le nom ou la structure d’une entité qui existe depuis longtemps et à laquelle ils
sont sentimentalement attachés. C’est donc cette structure qui est la société
absorbante (mais ceci peut également simplement passer par le changement de
nom de l’absorbante). Par ailleurs, certains dirigeants ont le sentiment qu’ils seront
mieux placés dans le nouvel organigramme si leur société est l’absorbante plutôt
que l’absorbée. D’autres voudront symboliquement marquer où se trouve le
pouvoir, ce qui peut être politiquement sensible si les deux groupes ne sont pas de
même nationalité ;
48.18
Une directive européenne sur les fusions transfrontalières* Fusion transfrontalière rend
possibles les fusions entre des sociétés de capitaux (SA, SARL, société
européenne, SAS, SCA) d’États membres de l’Union européenne, mais ne
concerne pas les sociétés de personnes (société en nom collectif et société en
commandite simple). En 2014, BioAlliance Pharma et Topotarget (société
danoise) ont initié la première fusion transfrontalière de sociétés cotées. En 2016,
AdP a fusionné avec la société autrichienne Tank Holding.
48.19
Dans une opération de fusion (ou d’apport), il existe deux types de valeurs qui
peuvent ou non coïncider : la valeur financière qui sert à la détermination du poids
relatif, et le montant auquel les actifs sont apportés comptablement à la société
absorbante (ou bénéficiaire des apports).
Lorsque les deux sociétés qui fusionnent n’ont pas les mêmes actionnaires,
les actifs et les passifs de la société absorbée sont repris pour leur valeur de
marché dans les comptes de la société absorbante, en comptabilité sociale et en
comptabilité consolidée6.
En revanche, lorsque les deux entités qui fusionnent ont le même actionnaire
(opération intra-groupe), les actifs et les passifs de la société absorbée sont repris
pour leurs montants comptables dans les comptes de la société absorbante, en
comptabilité sociale et en comptabilité consolidée, en normes françaises comme
en normes IFRS.
48.20
Les fusions entraînent dans le régime de droit commun* Régime de droit commun pour les
entreprises la constatation et l’imposition de plus-values latentes de la société
absorbée qui est considérée comme liquidée dans la fusion. Des droits
d’enregistrement sont également dus.
■les apports partiels d’actifs portant sur une branche complète d’activité ou des
participations renforçant la détention de la société bénéficiaire des apports lorsque
celle-ci contrôle déjà la société dont les titres sont apportés ;
■ des apports ou des fusions ne comprenant pas une soulte en cash pour une
part supérieure à 10 % du montant nominal des actions émises par l’absorbante ;
Pour les particuliers, la plus-value dégagée lors d’un échange de titres est
dans la plupart des cas placée en sursis ou en report d’imposition qui viendra à
échéance lors de la cession des titres reçus en échange.
Section 3 ■ Les scissions
48.21
Deux familles d’opérations existent, suivant que l’opération une fois décidée
s’impose à tous les actionnaires ou reste un choix :* Scission (demerger)* Spin-off* Split-up* Split-off
48.22
Les études montrent généralement que les cours des sociétés séparées
surperforment le marché boursier, sur le court terme comme sur le long terme (de
6 % en moyenne après 2 ans selon une étude Goldman Sachs-EY de 2023).
48.23
Les créanciers aiment peu les scissions. Elles se traduisent par une réduction
de la diversité des activités de l’entreprise et donc par une plus forte volatilité des
flux de trésorerie qui augmente le risque du prêteur. À l’extrême, elles peuvent
appauvrir les créanciers* Créancier si la dette* Dette est concentrée sur une seule société
qui ne regroupe qu’une partie des actifs. Aussi, les prêteurs se protègent-ils en
prévoyant dans les contrats de prêts que ceux-ci deviennent immédiatement
exigibles en cas de scission, ce qui pousse la société candidate à la scission à en
négocier les modalités avec ses prêteurs afin d’obtenir leur accord préalable.
Du fait de leur complexité et du long travail préparatoire (au moins six mois)
pour les mettre en œuvre, les opérations de scission sont relativement peu
fréquentes (entre 10 et 30 par an). Citons les scissions Dell/VMware,
Gorgé/Prodways, IBM/Kyndryl, Stellantis/Faurecia, Vivendi/UMG, Johnson &
Johnson/Kenvue et celle en cours de General Electric en trois entités.
La scission n’est pas le remède à tous les maux : si l’une des activités
scindées est de taille trop faible, elle souffrira alors en Bourse d’une forte décote
de liquidité. Il en est de même si l’opération fait quitter un indice aux sociétés
issues de la scission. Dans les pays émergents, la diversification des groupes
semble être un facteur de succès (voir le paragraphe 44.2).
Mais c’est aussi le triomphe de la théorie financière qui dénie une existence
durable aux entités qui lient ensemble des actifs différents sans en augmenter, de
ce fait, la valeur.
Alors qu'au sein de Vivendi, Universal Music Group (UMG) était valorisé
avec une décote de conglomérat, sa sortie du groupe Vivendi (pour 60 % des
actions) lui a permis d'être valorisé en tant que tel, sans décote, d'où une scission
créatrice de valeur pour les actionnaires de Vivendi.
Impact de la scission entre Vivendi et UMG (capitalisations boursières en M€)
Source : Eikon.
48.24
Il existe un régime fiscal de faveur en matière d’impôt sur les sociétés pour les
scissions qui nécessite de remplir les conditions suivantes :
■ elle doit pouvoir répartir ses actifs et ses passifs clairement entre les
différentes branches à scinder ;
■les actionnaires doivent recevoir les actions des sociétés nouvellement créées
dans les mêmes proportions que leur participation dans la société scindée.
■ apport partiel d’actifs : apport par une société B à une société A d’une partie
de ses éléments d’actifs en échange de titres émis par A.
[Réponse]
[Réponse]
3/ Quelles sont, à votre avis, les motivations possibles pour une fusion ? Pour
une scission ?
[Réponse]
[Réponse]
5/ La dilution des BPA après une fusion est-elle a priori plus forte ou plus
faible que celle qui suit une augmentation de capital classique ?
[Réponse]
6/ Pourquoi la détermination de la parité est-elle importante ?
[Réponse]
[Réponse]
8/ Dans une négociation, se met-on d’abord d’accord sur les poids relatifs ou
sur leur mode de calcul ?
[Réponse]
[Réponse]
[Réponse]
[Réponse]
12/ Dans quels cas une scission peut-elle permettre une création de valeur pour
les actionnaires ? Pour les créanciers ?
[Réponse]
14/ Peut-on juger du succès d’une fusion en considérant l’évolution des cours
de Bourse des sociétés lors de l’annonce de la fusion ?
[Réponse]
15/ Pourquoi est-il important que les fusions et les scissions soient fiscalement
neutres ?
[Réponse]
Exercices
[Réponse]
b) Refaites les calculs lorsque le PER de Séraphin n’est que de 15, puis de 6.
[Réponse]
L’actionnaire de la société absorbée reçoit des titres au lieu de liquidités ; la
société absorbante émet des titres au lieu de réduire ses liquidités ou de s’endetter,
son actionnariat est donc modifié ; le contrôle de l’actionnaire de la société
absorbante est dilué, mais il partage le risque du rapprochement avec les
actionnaires de la société absorbée ; la société absorbée disparaît juridiquement.
Puisque l’on émet des actions nouvelles pour rémunérer l’apport des capitaux
propres de la société absorbée, les capitaux propres de la société absorbante
augmentent d’autant.
Il préférera faire acheter pour ne pas perdre son contrôle qui est juste au-dessus
de la majorité de 50 %.
Le poids relatif est la valeur de l’une des sociétés par rapport à l’autre. La
parité est le nombre d’actions de l’absorbante pour une action de l’absorbée.
Sur le poids relatif et ensuite sur le mode de calcul qui permet de trouver le
poids relatif convenu ; en apparence, c’est l’inverse qui prévaut.
Parce qu’ils font partie d’un ensemble plus grand susceptible de générer des
synergies et que la fusion peut entraîner la revalorisation du PER du nouvel
ensemble.
Lorsqu’il y a une décote de conglomérat ou qu’un actif est mal valorisé. Pour
l’ensemble des créanciers, très rarement car il n’y a plus de mise en commun des
actifs et de leurs flux pour faire face aux dettes.
Seulement après avoir pris en compte le bêta du groupe qui peut être différent
de 1.
Cathiard C., Lecourt A., La pratique du droit européen des sociétés. Analyse
comparative des structures et des fusions transfrontalières, 2e édition, Joly
Éditions, 2017.
Hege U., Lovo S., Slovin M., « Equity and cash in intercorporate asset sales:
theory and evidence », Review of Financial Studies février 2009, vol. 22, no 2,
pages 681 à 714.
Hege U., Sushka E., « Equity or cash? The signal sent by the way you pay »,
Harvard Business Review mai 2009, vol. 87, no 5, page 22.
Moulin J.-M., Cathiard C., Navarro J.-L., Fusion, scission et apport partiel
d’actif, Dalloz, 2019.
Desai H., Jain P., « Firm performance and focus : long-run stock market
performance following spin-offs », Journal of Financial Economics octobre 1999,
vol. 54, no 1, pages 75 à 101.
Ezekoye O., Thomsen J., « Going, going, gone : A quicker way to divest
assets », McKinsey & Company, août 2018.
Mehrotra V., Mikkelson W., Partch M., « The design of financial policies in
corporate spin-offs », The Review of Financial Studies hiver 2003, vol. 16, no 4,
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Agrawal A., Varma R., West A., « Making M&A deal synergies count »,
McKinsey & Company, octobre 2017.
Barraclough K., Robinson D., Smith T., Whaley R., « Using option prices to
infer over payments and synergies in M&A transactions », Review of Financial
Studies mars 2013, vol. 26, no 3, pages 695 à 722.
Boston Consulting Group, « Divide and conquer : how successful M&A deals
split the synergies », 2013.
Bradley M., Desai A., Kim E., « Synergetic gains from corporate acquisitions
and their division between the stockholders of target and acquiring firms »,
Journal of Financial Economics mai 1988, vol. 21, no 1, pages 3 à 40.
Leland H., « Financial synergies and the optimal scope of the firm :
Implication for mergers, spin-offs and structured finance », Journal of Finance
avril 2007, vol. 62, no 2, pages 765 à 807.
Chapitre 49
Les LBO
Section 1 ■ Le montage
Section 2 ■ Les différents acteurs
Section 3 ■ LBO et ESG
Section 4 ■ LBO et théories financières
Section 5 ■ Un marché des LBO en croissance, mais cyclique
Résumé
Questions
Bibliographie
Podcast ■ Les LBO 1/2
Podcast ■ Les LBO 2/2
49.1
1 ■ Principe
49.2
D’un point de vue technique, une société holding* Société holding est constituée ; sa
vocation exclusive est d'acquérir et de détenir une autre société (« la cible ») en
s'endettant pour ce faire. La société holding payera les intérêts de sa dette et
remboursera le principal à partir des excédents de trésorerie dégagés par la société
rachetée et par le produit de la revente de celle-ci. Dans le jargon, le holding de
reprise* Holding de reprise est appelé de façon générique NewCo* NewCo ou HoldCo.
Les actifs exploités sont les mêmes avant et après l’opération de LBO. Seule
la structure financière du groupe est modifiée. Les capitaux propres consolidés ont
largement diminué, les anciens actionnaires se sont partiellement ou totalement
désengagés.
Comptablement, on a :
Les capitaux propres réévalués consolidés ont été réduits de 37 % par rapport
à la situation précédente.
3. La société holding bénéficie d'un régime mère-fille (voir le paragraphe 39.9), les dividendes reçus ne
sont donc pas imposables et le holding n’est donc pas imposé dans la pratique.
49.3
Le terme général est « rachat avec effet de levier » ou, en anglais, Leveraged
Buy-Out : LBO lorsqu’un investisseur financier rachète ainsi une société. Mais il
existe des variantes :
(Leveraged) Management Buy-Out* Management Buy-Out (MBO) : (L) MBO* MBO, et avec tout ou
partie des salariés, rachat de l’entreprise par les salariés* Rachat d’une entreprise par ses salariés (RES)
(RES* RES) ;
et enfin d’Owner Buy-Out* Owner Buy Out (OBO) (OBO* OBO) lorsque l’actionnaire
■
49.4
Le schéma décrit ci-dessus perd alors une part de son intérêt. Pour remédier à
cet inconvénient, il faut qu’il y ait « fusion fiscale » des résultats de la cible et de
ceux de la société holding. Trois solutions sont possibles pour arriver à ce
résultat : l’intégration fiscale* Intégration fiscale, la fusion* Fusion proprement dite ou le debt
push down* Debt push down.
L’intégration fiscale des résultats entre une société mère et sa fille est
possible en France pourvu que la société mère détienne 95 % du capital de la fille.
En utilisant cette possibilité, la société holding peut imputer ses frais financiers sur
le résultat avant impôt de la cible. L’économie fiscale est alors réalisée.
Mais attention, fiscalement, les intérêts des emprunts contractés par la société
holding pour racheter la cible ne sont déductibles2 que si les actionnaires directs
ou indirects du holding ne sont pas majoritairement les anciens actionnaires de la
société rachetée (règle dite de « l’amendement Charasse* Amendement Charasse »).
société rachetée, va entraîner une dilution très forte du contrôle des actionnaires du
holding de rachat puisque, comme nous l’avons vu plus haut, la valeur des
capitaux propres de ce holding est plus faible que la valeur de la société rachetée
compte tenu de la dette de ce holding ;
la loi interdit à une société de donner des garanties pour racheter ses propres
actions. Or l’endettement du holding, en cas de fusion rapide va bien se retrouver
au bilan de la société rachetée ;
déductibilité des frais financiers des prêts initialement contractés par le holding en
arguant que la société rachetée n’a aucun intérêt à fusionner et que la fusion lui a
été imposée par son actionnaire majoritaire, la société holding.
Toutes ces raisons font qu’il est rare qu’une fusion post-LBO puisse se faire
en France avant un délai de « décence » de l’ordre de 2/3 ans.
Alternativement, il pourra être procédé à un debt push down* Debt push down,
littéralement faire descendre la dette de la holding au niveau de la société
opérationnelle, le plus souvent par le biais d’un dividende exceptionnel ou d’une
réduction du capital au profit de la société holding et que la société cible finance
par endettement. Lorsque cette dernière est cotée, un expert indépendant rédige
habituellement une opinion de viabilité* Opinion de viabilité (solvency opinion en anglais)
qui atteste que son endettement n’est pas devenu excessif.
49.5
■la cession à un autre fonds qui, lui-même, met en place un nouveau montage
de LBO. On parle alors de LBO secondaire* LBO secondaire, voire tertiaire ou quaternaire.
C’est ainsi le cas de Scalian, racheté en 2023 par Wendel à Cobepa ;
■les leverage recap* Leverage recap (ou dividend recap) qui consistent pour le fonds de
LBO, après avoir détenu l’actif quelques années, à le réendetter3. Cette opération
ne représente pas réellement une sortie, car le fonds reste l’actionnaire de la
société, mais elle permet une sortie partielle des capitaux propres initialement
investis et contribue ainsi à la performance du fonds par l’amélioration du TRI.
Elles avaient complètement disparu depuis 2008 en raison de la fermeture du
marché de la dette de LBO et reviennent depuis 2013 avec par exemple celle de
Saverglass en 2022 ;
■ la prise de contrôle par les créanciers, qui pensent que la société
opérationnelle est viable, mais les dettes du LBO sont devenues trop importantes.
Ils transforment alors une partie de leurs dettes en capitaux propres diluant les
actionnaires qui n’ont pas voulu injecter de l’argent frais mais sont d’accord pour
éviter la faillite. C’est ainsi que les créanciers de Terreal, Frans Bonhomme,
Solocal, Vivarté, la Saur et IKKS ont pris le contrôle de ces sociétés ;
La sortie du montage sera d’autant plus aisée que le fonds de LBO aura pu
améliorer la rentabilité et/ou faire croître l’entreprise. Ceci pourra prendre la
forme d’un plan de croissance interne par extension géographique ou de la gamme
de produits, d’un plan de restructuration ou de réduction des coûts, d’amélioration
de la gestion du BFR ou d’une série d’acquisitions d’entreprises du secteur.
L’accroissement de la taille sera important, en particulier dans le cas d’une
introduction en Bourse, car la taille contribue à une meilleure liquidité et donc à
une meilleure valorisation en Bourse.
Ceci étant dit, une société dont le LBO échoue par incapacité à rembourser la
dette est souvent alors dans une piètre situation. Les investissements auront été
coupés, les meilleurs salariés qui ont compris la réalité de la situation sont partis,
les autres sont démotivés. C’est un vrai défi de la redresser !
Section 2 ■ Les différents acteurs
49.6
Le marché des LBO s’est fortement structuré depuis le début des années 1990.
L’ensemble des acteurs directs (fonds, banques, investisseurs) ou indirects
(conseils financiers, juridiques, stratégiques, du management) traitent l’activité
LBO comme un métier spécifique avec des équipes dédiées. Les industriels et les
dirigeants sont devenus familiers de ce type de structure.
49.7
Le risque industriel doit être limité ; en effet, le financement par LBO va déjà
faire peser sur la société un risque financier important. Les cibles retenues
évoluent donc dans des secteurs où les barrières à l’entrée sont importantes et où
les risques de substitution sont faibles. Il s’agit souvent de secteurs de niche dans
lesquels la cible dispose d’une part de marché confortable ou de plus grosses
entreprises bénéficiant de positions de marché confortables.
2 ■ Les vendeurs
49.8
49.9
Notre lecteur aura également compris que les opérations de LBO étant
particulièrement risquées à cause de l’effet de levier, les fonds exigeront donc sur
leur investissement une rentabilité élevée (souvent de l’ordre de 15 %). Par
ailleurs, afin de se défaire d’une partie du risque diversifiable, ces investisseurs
spécialisés réalisent plusieurs investissements au sein d’un même fonds.
Il existe en Europe plus de 100 fonds d’investissement actifs dans les LBO.
Certains sont d’origine européenne comme Ardian, BC Partners, Bridgepoint,
Cinven, CVC, Eurazéo, PAI, Partners Group, IK Partners… D’autres sont
d’origine américaine comme Apollo, Blackstone, Carlyle, KKR, TPG… Ces fonds
de LBO ont parfois des spécialisations géographiques et/ou des caractéristiques
d’investissement spécifiques (taille minimum, fonctionnement seul ou en
consortium…).
Les fonds de LBO* Fonds de LBO peuvent investir aux côtés d’autres fonds de LBO
afin de mieux répartir leurs risques (on parle alors de « consortium ») ou de
pouvoir s’attaquer à des cibles plus grosses, ou d’un industriel qui ne détient
qu’une participation minoritaire. Dans ce cas, l’industriel apporte sa connaissance
du secteur et le fonds de LBO le savoir-faire en termes d’ingénierie financière,
juridique et fiscale.
Matériellement, les fonds de LBO sont organisés sous la forme d’une société
de gestion, le general partner* General partner, détenue par des associés, qui décide des
investissements grâce aux liquidités levées auprès d’investisseurs institutionnels5,
ou de particuliers fortunés (les limited partners* Limited partners (LPs), LPs* LPs). Les fonds de
LBO appellent auprès des limited partners les fonds que ces derniers se sont
engagés à apporter au fur et à mesure de la réalisation des investissements.
Lorsque l’apport de fonds doit être réalisé rapidement, une banque pourra avancer
les fonds en attendant la levée de capitaux propres (equity bridge* Equity bridge). La
plupart des fonds négocient à l’avance des lignes de financement (capital call
facility* Capital call facility) qui se substituent aux equity bridge ponctuels. Les LPs
investissent également parfois en direct au côté du fonds, ce qui renforce sa
capacité d’intervention. On parlera alors de co-investissement. Lorsqu’un fonds a
investi plus de 75 % des capitaux propres qui lui ont été confiés, un autre fonds est
en général lancé par la société de gestion. Chaque fonds est tenu de rendre à ses
investisseurs tout le produit des désinvestissements au fur et à mesure qu’ils se
produisent, si bien qu’il a vocation à être liquidé au plus tard au bout d’une dizaine
d’années le plus souvent.
Certains fonds sont cotés en Bourse depuis longtemps pour des raisons
historiques (3i, Wendel, Eurazéo) ; d’autres beaucoup plus récemment (Apollo,
Blackstone, Carlyle, KKR, EQT, TPG).
49.10
Pour les plus petites opérations (inférieures à 10 M€), la dette est contractée
auprès d’une seule banque, souvent la banque de la cible ou par un petit groupe de
banques proches de la cible (« club deals »* Club deal).
a) La dette senior
49.11
Une alternative (ou complément) est d’émettre des obligations High Yield
senior (Senior Secured Notes) si la taille de l’opération est suffisante sans qu’elles
soient pour autant subordonnées comme celles que nous verrons au paragraphe
49.12.
b) La dette subordonnée
49.12
Une émission d’obligations cotées à haut rendement* Obligation à haut rendement est
possible pour financer les LBO les plus importants. En effet, pour offrir une
liquidité suffisante aux investisseurs, la taille de ces émissions ne doit pas être
inférieure à 150 M€. Ce financement présente l’avantage de n’être remboursable
qu’in fine après une durée de 7 à 10 ans. Compte tenu du risque qui y est attaché,
le financement de LBO par dettes high yield offre à l’investisseur des taux
d’intérêt élevés (jusqu’à 600 points de base au-dessus du taux des obligations
d’État). Les obligations high yield destinées à financer des LBO depuis la fin 2009
connaissent un essor certain, mais c’est un marché de fenêtres qui s’est d’ailleurs
refermé en mars 2020 avec la crise du Covid-19, et s’est rouvert très rapidement à
l’été 2020.
La dette mezzanine* Dette mezzanine est aussi une dette subordonnée* Dette subordonnée,
souvent obligataire, mais non cotée et souscrite par des fonds spécialisés (fonds
mezzanine). Comme nous l’avons vu au chapitre 26 certains titres répondent
parfaitement à ce besoin de financement intermédiaire : ce sont les titres hybrides
(OBSA, obligations convertibles* Obligation convertible, ORA* ORA, bons de souscription
d’actions* Bon de souscription d’action (BSA)…). Ils seront donc utilisés comme supports pour le
financement mezzanine* Mezzanine.
La rentabilité obtenue sur les dettes mezzanines peut prendre trois formes :
■d’avoir un endettement sur une durée plus longue que les crédits classiques, à
un taux supérieur dont une partie peut prendre la forme d’une dilution potentielle ;
■ de mettre en place une opération qu’il n’aurait pas été possible de monter
avec seulement des capitaux propres et des dettes senior, voire même de remplacer
la dette senior (mezzanine dite unirate* Unirate).
c) La titrisation
49.13
Les LBO peuvent faire appel au financement par titrisation* Titrisation (voir le
paragraphe 23.19). Celle-ci porte sur les créances de la cible et/ou sur ses stocks
si ceux-ci disposent d’un marché propre.
49.14
Pour les LBO de taille petite ou moyenne, la dette unitranche* Dette unitranche peut se
substituer à la dette senior et subordonnée. C’est une dette in fine, souscrite par un
fonds d’investissement en dette et dont le coût de 8 à 10 % est à mi-chemin entre
celui d’une dette senior et d’une dette subordonnée. Contrairement au Term loan
B, l’unitranche n’est pas un produit liquide. C’est une dette unitranche qui finance
le LBO Batisanté.
une facilité de crédit revolving* Crédit revolving (Revolving Credit Facility, RCF* RCF)
■
■ une ligne bancaire pour les acquisitions futures (acquisition facility* Acquisition
);
facility
■ une ligne bancaire pour les investissements (capex facility* Capex facility).
En haut de cycle, ou voit fleurir des montages plus complexes comme une
tranche de dette bancaire venant s’interposer entre la dette senior et la dette
mezzanine : le second lien* Second lien, dette senior mais de facto de second rang car à
long terme, des interim facility agreement* Interim facility agreement pour réaliser le LBO alors
que la documentation juridique (souvent des centaines de pages) n’est pas encore
finalisée et totalement négociée. Il s’agit d’un prêt à très court terme qui est
refinancé par les crédits du LBO. Les prêts bancaires « first loss-second loss* First loss-
second loss » peuvent venir compléter les opérations financées par une unitranche.
e) Un peu de recul
49.15
Le prix des cibles acquises en LBO évolue avec les multiples boursiers, les
taux d’intérêt et l’appétit des banques à prêter.
Prix d’acquisition des LBO et financement par rapport à l’EBE en Europe
Scalian a ainsi été acquis pour 13 fois l’EBE, acquisition financée par des
dettes représentant 4,7 fois l’EBE.
Depuis la crise de 2009, l’appréciation du risque des LBO par les prêteurs a
été sérieusement revue à la hausse, entraînant une hausse de leur rémunération
relative. Mi-2020 le marché des LBO s’est fermé sur une période très courte, il est
reparti de plus belle sur la seconde partie de l’année.
49.16
Les fonds ont pour habitude de demander aux dirigeants d’investir une partie
importante de leur épargne liquide à leurs côtés (souvent 1 à 2 ans de
rémunération), voire de s’endetter pour cela, afin d’avoir un alignement strict des
intérêts des uns et des autres. Les supports d’investissement peuvent prendre la
forme de BSA, d’obligations convertibles, d’actions, afin d’offrir aux dirigeants
un second effet de levier qui peut leur permettre, en cas de réussite du plan
d’affaires, de multiplier leur investissement par 5, 10, voire plus ; ou de tout
perdre dans le cas inverse. Il y a donc un partage partiel de la plus-value avec le
fonds de LBO qui accepte d’avoir un TRI sur son investissement plus faible que
celui des dirigeants, en cas de succès uniquement… Ce sont les management
incentive packages* Management incentive packages (MIP) (MIP).
Dans certains cas, à l’issue de plusieurs LBO réussis sur une entreprise de
petite taille, l’équipe de direction peut, du fait de ce mode de rémunération très
incitatif, prendre le contrôle de l’entreprise, sa mise initiale ayant été multipliée à
plusieurs reprises (Fives).
Les employés sont également clé pour la réussite d’un LBO, c’est pourquoi
certains fonds de LBO ont pris l’habituel de rétrocéder une petite partie de leur
plus-value (2 à 5 % en général) aux salariés. La loi Pacte de 2019 rend fiscalement
avantageuse cette rétrocession (jusqu’à 10 %).
Section 3 ■ LBO et ESG
49.17
La quasi-totalité des fonds de LBO incluent depuis plusieurs années dans leurs
études d’une entreprise à acquérir une analyse de sa politique ESG* ESG, et pas
uniquement parce que les gestionnaires du fonds de LBO peuvent avoir une
conviction personnelle forte sur ce sujet.
Ils savent en effet que leurs investisseurs leur demandent des comptes dans ce
domaine, et qu’un certain nombre ne leur confieront pas de fonds s’ils ne sont pas
satisfaits de leurs engagements ESG. Par ailleurs, il ne leur a pas échappé qu’une
entreprise à la politique ESG claire et authentique fidélise mieux ses clients et ses
équipes, ce qui réduit les coûts (de recrutement, de formation) et augmente
l’engagement des salariés, facteurs de réussite de tout LBO. Enfin, céder dans
quelques années une entreprise sous LBO sans politique ESG crédible va devenir
très compliqué et induira certainement une décote de valorisation. Ce qui fait que,
dès aujourd’hui, les entreprises n’ayant aucune intention de faire évoluer leur
modèle font moins l’objet d’une décote de valorisation que d’une exclusion pure
et simple par les fonds de LBO de leur champ d’investissement.
Section 4 ■ LBO et théories financières
49.18
Notre expérience nous montre qu’il n’est pas rare que l’acquisition d’une
entreprise en LBO se fasse à un prix aussi élevé, voire plus élevé que l’achat par
un industriel. Celui-ci devrait cependant pouvoir payer plus cher compte tenu des
synergies industrielles ou commerciales qu’il peut mettre en place. Comment alors
expliquer cette situation ? Où se trouve la création de valeur ? Comment expliquer
l’écart entre la valeur avant le LBO et la valeur d’achat par un fonds de LBO ?
Les montages LBO permettent de réduire largement les coûts d’agence, d’où
la création de valeur. C’est un autre mode de gouvernance* Gouvernance que celui de
l’entreprise cotée, familiale ou filiale de groupe. Les études académiques ont
démontré que les entreprises sous LBO avaient de meilleures performances
économiques que les autres (résultat d’exploitation, flux de trésorerie, rentabilité)
et que, contrairement aux a priori, elles affichaient une croissance supérieure à la
moyenne des entreprises et étaient créatrices d’emplois.
49.19
En 2020, comme en 2008-2013, les entreprises sous LBO ont pâti des
conséquences d’une baisse de leur activité couplée à un endettement élevé. La
reprise rapide de l’activité en 2021 a montré que, dans la plupart des secteurs, les
capitaux propres ont été suffisants pour absorber les pertes d’activité de 2020. La
hausse des taux en 2022-2023 a freiné très largement le marché du LBO alors que
les valorisations ne se sont pas (encore ?) ajustées à la baisse.
Si, initialement, le LBO était souvent une solution à une succession familiale
ou à une cession par un groupe d’une division, il est de plus en plus un mode de
détention en soi ; une entreprise étant achetée et était revendue par des fonds de
LBO différents. Il peut également permettre de sortir une société de la Bourse
quand celle-ci est mal valorisée.
[Réponse]
[Réponse]
[Réponse]
[Réponse]
[Réponse]
[Réponse]
[Réponse]
8/ Quelles sont les différentes issues à un LBO ?
[Réponse]
[Réponse]
[Réponse]
11/ Quel est l’avantage d’être actionnaire d’un fond de LBO coté par rapport à
celui de l’être d’un fonds de LBO non coté ? Quel est l’inconvénient ?
[Réponse]
12/ Quels sont les trois risques que court un actionnaire d’un fonds de LBO et
pour lesquels il doit être rémunéré ?
[Réponse]
[Réponse]
14/ Peut-on être dirigeant d’une entreprise sous LBO pendant dix ans ?
Pourquoi ?
[Réponse]
Non, car l’incertitude sur les flux de trésorerie générés est beaucoup trop
grande pour supporter un endettement.
Car les dirigeants travaillent beaucoup, sous pression et avec une obsession : la
génération de cash.
Non, car cela fait trop de pressions à supporter trop longtemps et car
normalement ayant fait fortune au bout de deux LBO, l’envie de travailler sous
pression pour accroître sa fortune s’est émoussée.
Bibliographie
Le Fur Y., Quiry P., « Qu’est-ce que le debt push down ? », La Lettre
Vernimmen.net décembre 2007, no 61, page 8.
Le Fur Y., Quiry P., « Qu’est-ce que les prêts first loss-second loss ? », La
Lettre Vernimmen.net janvier 2019, no 164, pages 7 à 8.
Povel P., Singh R., « Stapled finance », Journal of Finance juin 2010, vol. 65,
no 3, pages 927 à 953.
Acharya V., Gottschalg O., Hahn M., Kehoe K., « Corporate governance and
value creation: evidence from private equity », Review of Financial Studies février
2013, vol. 26, no 2, pages 368 à 402.
Axelson U., Jenkinson T., Strömberg P., Weisbach M., « Borrow cheap, buy
high? The determinants of leverage and pricing in buyouts », Journal of Finance
décembre 2013, vol. 68, no 6, pages 2223 à 2267.
Bloom N., Sadun R., Van Reenen J., « Do private equity owned firms have
better management practices? », American Economic Review mai 2015, vol. 105,
no 5, pages 442 à 446.
Boucly Q., Sraer D., Thesmar D., « Growth LBOs », Journal of Financial
Economics novembre 2011, vol. 102, no 2, pages 432 à 453.
Cohn J., Hotchkiss E., Towery E., « Sources of value creation in private equity
buyouts of private firms », Review of Finance mars 2022, vol. 26, no 2, pages 257
à 285.
Gompers P., Kaplan S., Mukharlyamov V., « What do private equity firms say
they do? », Journal of Financial Economics 2016, vol. 121, no 3, pages 449 à 476.
Le Fur Y., Quiry P., « Création et partage de valeurs dans les LBO », La Lettre
Vernimmen.net février 2010, no 84, pages 1 à 4.
Sorensen M., Wang N., Yang J., « Valuing private equity », Review of
Financial Studies mars 2014, vol. 27, no 7, pages 1977 à 2021.
Tykvová T., Borell M., « Do private equity owners increase risk of financial
distress and bankruptcy? », Journal of Corporate Finance février 2012, vol. 18,
no 1, pages 138 à 150.
Podcasts
Section 1 ■ La faillite
Section 2 ■ Le droit de la faillite en France
Section 3 ■ Le droit de la faillite dans le monde
Section 4 ■ Faillite et théories financières
Section 5 ■ Les restructurations
Résumé
Questions
Exercices
Bibliographie
50.1
Le nombre important de faillites en France (45 514 en 2022, soit 1,1 % des
entreprises) est dû à des entités économiques non significatives : 87 % des
défaillances sont le fait d'entreprises employant moins de 5 personnes. Par ailleurs,
il est à mettre en rapport avec le nombre de créations d’entreprises (293 400) qui
sont les entités les plus fragiles et donc les plus susceptibles de disparaître
quelques années après leur création : 25 % des entreprises meurent avant leur
troisième anniversaire.
1 ■ Un peu de vocabulaire
50.2
Sans doute parce qu’il s’agit d’un sujet souvent tabou, la terminologie autour
des difficultés financières de l’entreprise est floue. Différents termes, plus ou
moins définis, sont ainsi utilisés :
ratio financier à respecter). S’il n’y est pas remédié ou si les prêteurs n’acceptent
pas de relâcher (généralement provisoirement) cette contrainte (accorder un
« waiver* Waiver »), cela peut entraîner un défaut et donc une exigibilité immédiate de
la dette et généralement une cessation de paiement ;
peut plus faire face à son passif exigible avec son actif disponible ; on parlera
également de défaillance* Défaillance. Il s’agit donc d’un événement plus « grave » que
le simple défaut de paiement. En droit français, la cessation de paiements est la
condition d’ouverture des procédures de redressement judiciaire et de liquidation
judiciaire, mais non de la procédure de sauvegarde ;
la banqueroute* Banqueroute : il s’agit d’un délit pénal dont peuvent être accusés
■
les dirigeants de sociétés engagées dans des procédures collectives s’ils sont
coupables « d’agissements graves ». La banqueroute ne recouvre donc pas la
même notion que l’anglais bankruptcy, qui signifie faillite.
50.3
50.4
En France, le droit des faillites n’a pas pour but principal d’assurer le
remboursement des créanciers. Il vise en premier lieu à sauvegarder l’entreprise et
donc à éviter un risque de contagion des faillites dans un secteur économique
donné. En second lieu, l’objectif affirmé par la loi consiste à maintenir l’emploi et
l’activité, le dédommagement des créanciers n’apparaissant qu’ensuite. Les
créanciers ne deviennent donc propriétaires des actifs que s’ils avaient pris ceux-ci
en garantie de leur dette. Dans le cas contraire, ils ne peuvent pas eux-mêmes
obtenir et céder les actifs et doivent se placer entre les mains de la justice.
50.5
50.6
50.7
Un plan proposé par le débiteur peut être adopté s’il recueille un vote
favorable au sein de chacune des classes, ou d’une majorité des classes
constituées2, ou d’au moins une classe de créanciers qui sont « dans la
monnaie* Dans la monnaie » (c’est-à-dire qui se feraient partiellement rembourser en cas de
liquidation).
Ainsi l’application d’un plan de restructuration financière peut être forcée sans
l’accord des actionnaires, en particulier par la seule classe des créanciers seniors,
ce qui est un renversement des rapports de force.
Chaque classe vote à la majorité des deux tiers, tout en vérifiant que ceux qui
votent contre au sein de leur classe ne sont pas moins bien traités qu’en cas de
liquidation (best interest test* Best interest test). Le tribunal devra s’assurer du respect de la
règle de priorité absolue, c’est-à-dire que les créances des prêteurs d’une classe
qui a voté contre le plan sont intégralement remboursées si les créanciers d’une
classe inférieure ont été partiellement remboursés.
Faute d’obtenir la majorité des deux tiers, l’entreprise entre alors dans une
procédure de sauvegarde ou de redressement judiciaire.
50.9
50.10
50.11
Les plans de cession* Plan de cession portent sur l’ensemble de l’entreprise ou sur
des branches d’activité à l’exclusion de tout passif. Les biens non compris dans le
plan de cession sont cédés comme en matière de liquidation. Les créanciers ne
sont remboursés qu’à concurrence du prix de cession : ils sont payés selon leur
rang. En principe, les dirigeants ne peuvent pas reprendre tout ou partie des actifs
de l’entreprise de cette façon car elle leur permettrait de s’exonérer du passif qu’ils
ont contracté, ce qui serait choquant. Ils ne peuvent intervenir que dans un plan de
continuation sauf exception autorisée par le tribunal sur requête du parquet.
50.12
La liquidation* Liquidation représente la mort de l’entreprise qui est dissoute.
Certains actifs peuvent être vendus, ce qui se fait généralement par mise aux
enchères. Cependant, le liquidateur pourra négocier avec une seule partie s’il
pense pouvoir obtenir un meilleur prix dans ces conditions. Les différents
créanciers, à condition d’avoir déclaré leurs créances, sont payés sur le produit de
la vente en fonction de leurs privilèges (on parlera d’apurement du passif).
50.13
50.14
Pour schématiser, on peut classifier les droits des faillites selon deux grandes
catégories.
Les deux approches se reflètent dans la durée des procédures plus courtes
dans les systèmes favorables aux créanciers (1 an au Royaume-Uni, 1,2 an en
Allemagne) que dans les pays favorisant la continuité de l’entreprise (1,9 an en
France). S. Davydenko et J. Francks ont ainsi montré que les prêteurs anglais
récupéraient un montant de leurs créances de 20 % supérieurs à ceux des prêteurs
français.
G. Recasens met en évidence que les procédures plus strictes pour les
débiteurs sont les plus efficientes d’un point de vue économique. Cette conclusion
repose principalement sur la comparaison du système américain (prodébiteur) et
du système canadien (procréancier) sur la base des critères suivants :
■le risque de laisser se redresser une entreprise non viable ou de liquider une
entreprise viable.
50.16
Dans la théorie des marchés à l’équilibre* Théorie des marchés à l’équilibre, la faillite n’est
qu’un événement permettant une réallocation des actifs et des passifs à des
entreprises plus rentables. Elle ne devrait pas avoir d’influence sur la richesse
totale des investisseurs puisque ceux-ci ont un portefeuille parfaitement diversifié.
La faillite ne réalise donc qu’une simple recomposition du portefeuille.
50.17
L’éventualité d’une faillite est un élément clé dans la théorie du signal* Théorie du
signal. Ainsi une politique d’endettement agressive véhicule un signal positif vers le
marché, les dirigeants montrant qu’ils croient, compte tenu des informations dont
ils disposent, que les flux de trésorerie futurs seront suffisants pour faire face aux
engagements de l’entreprise. Mais ce signal n’est crédible que parce qu’il existe
une sanction : s’il s’avère erroné, cette sanction est bien évidemment la faillite de
l’entreprise, avec les coûts qui y sont attachés.
Lorsque l’entreprise est en bonne santé financière, les créanciers sont
indifférents aux décisions prises par les actionnaires. Les conflits entre
actionnaires et créanciers mis en avant par la théorie de l’agence n’apparaissent
que lorsque l’entreprise est proche de la faillite. Toute décision rendant plus
probable la faillite sera alors négative pour les créanciers. Prenons l’exemple
suivant : une entreprise ne va générer qu’un seul flux, ce flux sera touché demain4.
Ce flux peut prendre deux valeurs suivant ce que l’on appellera « l’état du
monde » : vous pouvez imaginer que l’entreprise fabrique des parapluies et que les
états du monde sont : « il fait beau » ou « il pleut ». L’entreprise est endettée et
doit théoriquement rembourser sa dette demain pour 50 (capital et intérêts restant
dus).
Bien que l’investissement ait une VAN positive, les créanciers feront tout
pour s’y opposer car il met en péril le remboursement d’une partie de leur dette
existante.
50.18
50.19
1 ■ Les principes
50.20
50.21
50.22
Les parties en présence ont naturellement des intérêts divergents, chacune
cherchant à minimiser les réductions de valeur qu’elle devra consentir pour
permettre à l’entreprise d’avoir une structure financière en rapport avec des
conditions économiques qui se sont dégradées.
Les prêteurs sont en théorie en position de force à cause des garanties qu’ils
peuvent avoir prises ou de leur faculté à prendre le contrôle de l’entreprise en
convertissant une partie de leurs créances en actions dans le cas d’une procédure
de sauvegarde ou de redressement judiciaire. En pratique, ils n’ont pas toujours le
souhait ou la possibilité de devenir actionnaires d’autant que cela implique
souvent d’apporter des fonds nouveaux pour financer la restructuration
opérationnelle, ce qui est un investissement particulièrement risqué. Par ailleurs, le
dirigeant peut empêcher à tout moment les créanciers de saisir leurs gages en
demandant l’ouverture d’une procédure de sauvegarde ou de redressement
judiciaire qui les bloquent sauf à disposer de sûretés très primaires (fiducie, crédit-
bail...).
Le rapport de force n’est donc pas aussi net, d’autant qu’en droit français
l’objectif fixé par le législateur est d’abord la sauvegarde de l’entreprise et ses
emplois, pas la sauvegarde des créanciers (cet objectif a cependant été nuancé par
la réforme de 2021).
Si l’entreprise emploie plus de 400 salariés, elle peut faire appel aux pouvoirs
publics via son bras armé le Comité interministériel de restructuration
industrielle* Comité interministériel de restructuration industrielle (CIRI) (CIRI* CIRI). Les pouvoirs publics n’ont le
plus souvent qu’un seul objectif : maximiser le nombre d’emplois sauvegardés, car
il est rare que la restructuration financière ne s’accompagne pas d’une
restructuration opérationnelle ayant des effets sur l’emploi. À cet effet, ils tordront
le bras notamment des prêteurs nationaux, et pourront intervenir via
Bpifrance* Bpifrance Investissement pour apporter des nouveaux capitaux propres pour
relancer l’entreprise.
50.23
50.24
■ un accord avec les banques du groupe pour la mise en place d’une nouvelle
ligne de financement de 600 M€ ;
La conciliation (qui avait été prolongée d’un mois) laisse place en mars 2023
à une sauvegarde accélérée (de deux mois, prolongée de deux nouveaux mois
jusqu’en juillet) ce qui permet de proposer aux actionnaires et aux créanciers
d’Orpéa regroupés en classes de parties affectées (9 au total y compris les
actionnaires) de voter sur le plan de sauvegarde accélérée.
Le plan est voté le 28 juin. Seules 6 des 10 classes de parties affectées ont
voté à la majorité requise des deux tiers l’approbation du plan de sauvegarde, les
créanciers non sécurisés ont voté pour mais à une majorité insuffisante, et les
actionnaires ont voté à 51 % contre. Orpéa devrait solliciter début juillet du
tribunal de commerce de Nanterre l’arrêté de ce plan par application forcée
interclasses. Dans cette hypothèse, l’endettement financier serait réduit de 60 %,
les anciens actionnaires seraient réduits à 0,04 % du capital. Le groupement mené
par la CDC obtiendrait un peu plus de 50 % du capital, presque tout le solde du
capital serait détenu par les créanciers non sécurisés ayant converti leurs dettes en
actions pour sauver l’entreprise de la faillite.
Résumé
Les difficultés financières d’une entreprise peuvent se traduire par une crise de
liquidité. Lorsqu’une entreprise ne peut plus faire face à son passif exigible avec
son actif disponible, elle est en situation de cessation des paiements. Cet
événement grave contraint les dirigeants à initier auprès du tribunal de commerce
compétent une procédure de conciliation ou de redressement judiciaire. La
procédure de redressement judiciaire peut également être ouverte sur assignation
des créanciers. Il s’agit alors de tenter de sauver l’entreprise, d’assurer le maintien
de l’emploi et de l’activité et, enfin, de rembourser les créanciers. Cet ordre des
priorités en France (en conformité avec la directive européenne) influence le
déroulement de la procédure et justifie les mesures prises.
[Réponse]
[Réponse]
3/ Quel risque prenez-vous si vous rachetez la filiale d’un groupe que vous
savez être en difficulté ?
[Réponse]
[Réponse]
[Réponse]
[Réponse]
[Réponse]
8/ Pourquoi, en France, les entreprises qui sortent d’une procédure de faillite
sont-elles rarement de redoutables concurrents ?
[Réponse]
9/ Une entreprise qui n’a pas de dettes peut-elle faire faillite ? Peut-elle
détruire de la valeur ?
[Réponse]
[Réponse]
[Réponse]
[Réponse]
Exercices
[Réponse]
[Réponse]
Risque que la cession soit déclarée nulle parce qu’elle a été conclue pendant la
période suspecte précédant le dépôt de bilan.
Non car dans une SNC la responsabilité des associés n’est pas limitée à leurs
apports.
Parce qu’une partie de leurs charges peut avoir été renégociée à la baisse
(loyers, frais de personnel, contraintes diverses).
Non puisqu’elle ne doit rien (ou presque). Oui si elle investit à un taux de
rentabilité inférieur à celui demandé par les actionnaires.
Parce que le remboursement des anciennes dettes est gelé et que les clients
continuent normalement de payer.
Parce que leurs nouvelles dettes seront remboursées avant les anciennes dettes
en cas de liquidation de l’entreprise.
Le risque que les assureurs-crédit suspendent alors leurs garanties et que les
fournisseurs exigent d’être payés comptant, ce qui accroît les difficultés de
l’entreprise.
c) S’ils sont sûrs d’être remboursés en premier (si le rang de leur créance est
supérieur aux anciens créanciers).
a) Très mauvaise santé financière, le groupe n’est pas assez rentable. Les
cessions des actifs les plus attractifs imposées par les problèmes de trésorerie ont
accéléré la faillite. L’entreprise se réduit comme une peau de chagrin.
c) Patrimoine des créanciers senior = (310 – 36, 94) + (570 – 160 – 310 +
36,94) × 80 % + 1,25 × 4 = 387,61 M€ contre 570 M€ × 50 % = 285 M€.
Berkovitch E., Israel R., « Optimal bankruptcy laws across different economic
systems », The Review of Financial Studies été 1999, vol. 12, no 2, pages 347 à
377.
Bris A., Welch I., Zhu N., « The cost of bankruptcy : Chapter 7 liquidation
versus Chapter 11 reorganization », Journal of Finance juin 2006, vol. 61, no 3,
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Lopez C., Garcia M., Torre B., « Economic valuation of the efficiency of
bankruptcy systems », Spanish Journal of finance and Accounting 2011, vol. 40,
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Markwardt D., Lopez C., DeVol R., « The economic impact of Chapter 11
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Finance, Automne 2016, vol. 28, no 4, pages 124 à 128.
Plantin G., Thesmar D., Tirole J., « Les enjeux économiques du droit des
faillites », Les notes du Conseil d’analyse économique juin 2013, no 7.
Recasens G., « Aléa moral, financement par dette bancaire et clémence de la
loi sur les défaillances d’entreprises », Revue Finance juin 2001, vol. 22, no 1,
pages 65 à 86.
Schäfer L., « “Forgive but not forget”: The behavior of relationship banks
when firms are in distress », Review of Finance octobre 2019, vol. 23, no 6, pages
1079 à 1114.
Dans ce titre, notre lecteur comprendra que ce qui peut lui apparaître de prime
abord comme de l’intendance très terre à terre est en fait crucial pour la bonne
gestion d’une entreprise. La gestion des flux est l’un des éléments de
l’optimisation du besoin en fonds de roulement et de la réduction des capitaux
employés par l’entreprise. Elle permet de « pister le cash » qui est un indicateur
avancé des résultats et d’éventuelles difficultés opérationnelles. La gestion des
risques est indispensable dans un monde complexe et volatil pour éviter qu’ils
n’affectent trop fortement l’entreprise ou mettent en cause son développement,
voire sa survie. Enfin, la gestion de l’immobilier, et en particulier de l’immobilier
d’exploitation, pourra pour certaines entreprises revêtir un vrai aspect stratégique.
Chapitre 51
La gestion du besoin en fonds de roulement
51.1
Cela dit, la gestion du BFR ne consiste pas à le réduire à tout prix de façon
simpliste car il participe aussi de l’équilibre global de l’entreprise. Ceci est trop
souvent oublié.
Enfin, les problématiques et les montants du BFR ne sont pas les mêmes
selon les secteurs : entre l’industrie (gestion des encours de production, limite de
crédits sur les grands clients…) et les services aux particuliers par exemple, il y a
tout un monde.
Section 1 ■ Quelques réflexions de bon sens
51.2
51.3
d’avoir vu le film La vérité si je mens 2 pour savoir que les délais de paiement
sont un élément des termes d’une transaction commerciale. Allez essayer de
percer commercialement en Pologne où les délais de paiements contractuels sont
de 44 jours et dans la réalité de 61 jours avec les retards moyens, en demandant
d’être payé à 37 jours comme en Allemagne ! De la même façon, avoir plus de
stocks, c’est réduire le risque de perdre une commande faute
d’approvisionnements disponibles. Pensez à votre frustration de client en
apprenant que le délai d’attente pour votre voiture neuve sera de 6 mois en 20221 ;
besoin de financement quand on l’accroît. On pourrait penser que l’enjeu n’est pas
le même quand les taux d’intérêt à très court terme sont à 0 % par an (voire
négatifs) comme en 2016-2021 ou à 10 % par an comme entre 1990 et 1993 (voir
le paragraphe 22.23). Faux. Le problème n’est pas tant le coût de l’argent que
d’avoir de l’argent en réduisant le BFR afin d’investir, de rembourser des dettes ou
de se constituer un trésor de guerre ; ou de ne pas avoir d’argent et d’en avoir
besoin. Autrement dit, la gestion du BFR est un problème intemporel même si
certaines conjonctures se prêtent mieux que d’autres à sa prise de conscience ;
c’est enfin une source de risques. Risque que le client paie avec retard, paie
■
partiellement ou pas du tout car il a fait faillite, ce qui peut mettre à son tour
l’entreprise en difficulté et créer des faillites en chaîne qui se propagent dans
l’économie comme des dominos qui tombent. C’est bien pour éviter ce risque que
les pouvoirs publics ont pris des dispositions légales pour réduire au plus à 60
jours (ou de manière dérogatoire à 45 jours fin de mois) après l’émission de la
facture le règlement de l’acheteur (loi LME en France)2. C’est aussi un risque de
perte de valeur par obsolescence de certains stocks (livres d’actualité, fleurs
coupées, yaourts…).
51.4
un outil pour aider des clients ou des fournisseurs qui auraient des difficultés
■
du fait d’une crise de liquidité. Ainsi en mars-avril 2020 les grands distributeurs
agroalimentaires ont payé comptant les producteurs confrontés à une liquidité qui
disparaissait. Il ne s’agissait pas que de solidarité mais de l’intérêt bien compris de
ces distributeurs pour éviter à leurs fournisseurs de faire faillite, ce qui aurait
menacé la pérennité de leurs approvisionnements ;
d’inflation importante, pour les secteurs où les stocks sont importants, par le biais
des profits d’inflation (voir le paragraphe 37.6). Autrement dit, dans ce contexte
très particulier, la bonne gestion consiste alors à ne pas les gérer ! C’est ce que
nous avons observé en 2022.
des matières premières dont elle anticipe que le prix va flamber dans les mois qui
viennent (composants électroniques fin 2021-2022).
51.5
Le BFR est une résultante de la stratégie de l’entreprise. Quand celle-ci, par
exemple, décide de s’intégrer vers l’amont pour sécuriser ses approvisionnements
(ArcelorMittal détient des mines de minerai de fer qui lui assurent 59 % de sa
consommation), ou vers l’aval pour faire face à une distribution défaillante ou pas
encore implantée (SEB possède près de 1 300 magasins dans 45 pays : Chine,
Turquie, Japon…), le BFR est nécessairement impacté à la hausse. De la même
façon, lorsque l’entreprise décide, à l’instar de Bic, de sous-traiter une partie de sa
production en Asie du Sud-Est et en Chine, les marges progressent (ou évitent de
baisser), mais le BFR augmente car les sous-traitants asiatiques n’ont pas la
structure financière nécessaire pour accorder des délais de paiements… à la
polonaise3 !
51.6
Autre exemple, le secteur du BTP qui s’est structuré autour d’avances clients
qui couvrent grosso modo les travaux en cours, et plus pour les meilleurs d’entre
eux. Le BFR est faible, mais les marges aussi. On ne peut pas tout demander à son
client !
L’entreprise fait des rabais pour que ses clients la paient rapidement : le BFR
est alors très bon, la trésorerie plutôt ample mais les marges vont se dégrader.
Ainsi aux États-Unis, il est standard de proposer à son client, soit de payer à 30
jours, soit de payer à 10 jours auquel cas il bénéficie d’un escompte de 2 %.
Comme le taux actuariel de cette proposition commerciale est de 44,6 %, peu
d’acheteurs résistent à la tentation ! (Celui qui résiste signale une bien piètre
situation financière qui met la puce à l’oreille de son fournisseur…). Les soldes,
quand elles sont exceptionnelles, sont aussi une certaine façon d’acheter du cash.
Le curseur sera souvent fonction de la situation économique. En période de crise,
on privilégiera le cash et donc une gestion stricte du besoin en fonds de roulement.
En période faste, on privilégiera la croissance des ventes et les marges au
détriment du BFR.
51.7
avant l’heure les fournisseurs, vendre les stocks qui tournent très peu, voire
réduire sa gamme… Ce sont des tâches relativement aisées à mener à bien et qui
ne nécessitent pas de grandes remises en cause au sein de l’entreprise ;
Seules les deux premières façons permettent de dégager des liquidités sans
peser sur la structure des coûts.
51.8
Par ailleurs, certaines entreprises ont une culture cash plus développée que
d’autres, soit parce que les difficultés financières auxquelles elles ont été
confrontées dans le passé (les constructeurs automobiles dans les années 1980),
l’influence de leurs actionnaires (les fonds de LBO en font un levier essentiel de
leur culture, voir le chapitre 49) ou l’état d’esprit d’un dirigeant (ancien directeur
financier) les y ont sensibilisées très tôt. D’autres firmes ont moins cette culture
parce que leur aisance financière rend le problème moins prégnant, parce que leur
culture est très éloignée de ces préoccupations (firmes d’ingénieurs, firmes
valorisant d’abord la recherche et le développement ou le développement
commercial…).
51.9
51.10
51.11
■ d’obtenir les paiements effectifs des clients au plus proche des conditions
contractuelles ;
Les deux derniers points ne sont pas indépendants car le risque de défaut
augmente en proportion directe de la durée de crédit. Il est naturellement plus
élevé en Roumanie où seulement 14 % des factures sont payées en temps et en
heure, qu’au Danemark où la proportion atteint 90 % !
51.12
Altares estime que seulement 42 % des factures sont payées à leur échéance en
France et que 4,3 % d’entre elles le sont avec plus de 90 jours de retard.
Les conditions générales de vente prévoient des délais de règlement qui sont
fixés par l’entreprise et dépendent de sa stratégie, des usages de la profession et
des us et coutumes du pays. Elles doivent respecter les dispositions légales qui
prévoient, en France, un paiement à 60 jours maximum après l’émission de la
facture ou, si convenu par les parties par exception, à 45 jours fin de mois à
compter de l’émission de la facture.
Les conditions de paiement dérogatoires, quand elles sont fixées par les
commerciaux, impliquent que le financier d’entreprise vérifie qu’elles
s’accompagnent d’un gain commercial (prix de vente, volume…). À défaut, il faut
faire comprendre aux commerciaux qu’ils doivent revenir en arrière, ce qui n’est
jamais simple avec un client à qui on a donné de mauvaises habitudes ! C’est pour
cela qu’il est préférable que les commerciaux ne soient pas décideurs en matière
de conditions dérogatoires.
Les anomalies de paiement du fait du client sont des entorses aux conditions
de vente qu’il avait acceptées. La loi prévoit des sanctions qui peuvent aller
jusqu’à 2 M€. Par ailleurs, les sanctions de la DGCCRF sont depuis 2015 plus
nombreuses et systématiquement publiées, ce qui n’est pas du meilleur effet en
termes de communication pour les habitués aux retards.
51.13
Procédure de recouvrement
51.15
Ceci est du domaine du credit manager* Credit manager, généralement rattaché à la
direction financière, qui est responsable du suivi du poste client, des risques
clients et du bon recouvrement ; il doit optimiser la performance en coordination
avec les services commerciaux.
51.16
51.17
51.18
Ce poste reste encore souvent négligé car les acheteurs dans les entreprises
sont plus sensibilisés à la négociation des prix qu’à la négociation des délais de
règlement. Par ailleurs, la mise en œuvre des lois LME et Hamon, compte tenu des
sanctions qu’elles prévoient, rend nécessaire le suivi des délais de paiement pour
éviter des retards qui peuvent devenir très coûteux.
51.19
■une revue des délais négociés avec chaque fournisseur. L’entreprise se rendra
souvent compte qu’il existe un large éventail de délais de paiement dus à la
décentralisation de son mode de fonctionnement. Même dans les entreprises qui
centralisent la négociation des achats, souvent seuls les prix sont établis au niveau
groupe, les délais de règlement n’étant pas traités. L’entreprise essaiera alors de
négocier avec ses fournisseurs les plus importants l’alignement sur les délais les
plus longs déjà obtenus. Pour les fournisseurs plus mineurs, elle pourra essayer de
l’imposer ;
d’éviter des validations tardives des livraisons qui génèrent, dans le meilleur des
cas, des retards de comptabilisation des factures et donc des retards de paiements
qui peuvent entraîner des lourdes pénalités. Dans le pire des cas, de nouveaux
achats seront lancés car les stocks en système pourront alors apparaître
anormalement bas !
■ enfin, les litiges doivent être traités avec rapidité car ils n’ont pas pour effet
de repousser la date légale maximum de paiement.
51.20
■sa capacité à bien prévoir à l’avance son niveau d’activité et de ventes, qui
dépend beaucoup de son secteur d’activité ;
■ sa capacité à obtenir un taux de service* Taux de service7 qui évite les ruptures.
51.21
■céder les stocks dormants qui n’ont pas donné lieu à commande depuis plus
d’un an ;
51.23
■ travailler sur les prévisions de ventes pour réduire les stocks de sécurité et les
stocks d’anticipation, ce qui peut impliquer de collaborer plus étroitement avec les
principaux clients ou de constituer des séries statistiques fines pour mieux cerner
la saisonnalité ou la cyclicité des ventes ;
51.24
[Réponse]
[Réponse]
[Réponse]
[Réponse]
[Réponse]
6/ Vous êtes en retard de paiement d’une facture. Vous n’êtes pas relancé.
Qu’en déduisez-vous ?
[Réponse]
7/ Quels sont les trois documents qui prouvent l’existence d’une créance et qui
sont indispensables pour faire une relance efficace ?
[Réponse]
8/ La titrisation des créances commerciales ou de stocks est-elle une façon de
gérer le BFR ?
[Réponse]
[Réponse]
10/ Pourquoi une entreprise, sachant que ses fournisseurs ont mis sous
assurance-crédit une partie de leur encours sur elle, a-t-elle intérêt à payer dans les
délais ?
[Réponse]
[Réponse]
12/ Pourquoi y a-t-il une corrélation entre délais de paiement et taux de défaut
du client ?
[Réponse]
[Réponse]
14/ Que peut être tenté de faire un groupe qui craint à la clôture de son
exercice de ne pas respecter les covenants de sa dette, entraînant une
restructuration de celle-ci, voire son exigibilité ?
[Réponse]
15/ Montrez comment l’accroissement des délais de paiement des fournisseurs
de 100 peut accroître la valeur des capitaux propres de 100. Quelles sont les
limites de ce raisonnement ?
[Réponse]
[Réponse]
Exercices
[Réponse]
[Réponse]
[Réponse]
[Réponse]
[Réponse]
6/ La société Pinsar souhaite accroître ses ventes en accordant à ses clients des
délais de règlement plus importants. Son chiffre d’affaires annuel est actuellement
de 1 M€ ; elle accorde à ses clients un délai moyen de paiement de 30 jours.
Elle a élaboré les hypothèses suivantes au niveau de sa politique de crédit
clients :
[Réponse]
[Réponse]
Si cela est voulu, décidé et non subi. Si l’entreprise obtient en contrepartie plus
de commandes et de meilleures marges.
Car le marché saura très vite que l’entreprise est un mauvais payeur via
l’assureur-crédit qui répercutera l’information à ses clients.
Soit il est illiquide, soit son coût marginal d’endettement est supérieur à
15,9 %, ce qui n’est pas un bon signe de sa pérennité ! 15,9 % = (1 + 2 %) 365/50 –
1.
Car un client qui paie en retard ne le fait pas nécessairement exprès, il le fait
souvent parce qu’il a des problèmes de liquidités, donc il présente un risque de
faillite élevé.
Le producteur paie, par exemple, à tous ses fournisseurs 900 le jour 1 et reçoit
de son client distributeur 980 le jour 60. Le distributeur paie le jour 60 son
fournisseur (le producteur) 980 et 100 à d’autres fournisseurs et touche 1 100 de
ses clients le jour 90. Pendant 60 jours, le producteur a un déficit de trésorerie de
900, c’est son BFR, et il réalise une marge de 80. Pendant 30 jours, le distributeur
a un déficit de trésorerie de 1 080, c’est son BFR, et il réalise une marge de 1 100
– 980 – 100 = 20.
a) Porter le délai à 30 jours car la VAN est alors la plus élevée à 9 300 € pour
une année.
Quel est l’impact sur le résultat d’exploitation ? Les liquidités obtenues par
réduction du BFR n’ont-elles pas un coût supérieur au coût du capital ? Leur coût
est de 4 % × 13 % × actif économique / 10 % × 50 % × actif économique = 10,4 %
soit plus que le coût du capital. Dans ces conditions, cette réduction du BFR serait
destructrice de valeur.
Bibliographie
Birshan M., Park M., Stone M., « Transforming the culture of managing
working capital », McKinsey Quarterly, janvier 2018.
Bouquet V., « La méthode Socotec pour générer du cash », Les Échos 30 mai
2016, Les Échos Business, page 3.
Gruyelle A., « Poste client. Comment gérer ses délais de paiements », Option
Finance 11 janvier 2016, no 1348, pages 12 à 15.
Hackett Group, 2022 working capital survey, 2022.
Smid R., « Unlocking value from your sheet thought working capital
management », Journal of Payment Strategy & Systems janvier 2008, vol. 2, no 2,
pages 127 à 137.
Et enfin pour découvrir les travaux des chercheurs sur la gestion du BFR :
Barrot J.-N., « Trade credit and industry dynamics: evidence from trucking
firms », Journal of Finance, octobre 2016, vol. 71, no 5, pages 1975 à 2016.
Dietsch M., Gonzalez O., « Les retards de paiement des clients impactent-ils la
probabilité de défaillance des entreprises ?, Bulletin de la Banque de France,
no 227/8, janvier-février 2020, pages 1 à 10.
Enqvist J., Graham M., Nikkinen J., « The impact of working capital
management on firm profitability, in different business cycles: Evidence from
Finland », Research in International Business and Finance août 2014, vol. 32,
pages 36 à 49.
Hill M., Kelly G., Highfield M., « Net operating working capital behavior: A
first look », Financial Management été 2010, vol. 39, no 2, pages 783 à 805.
Molina C., Preve L., « Trade receivables policy of distressed firms and its
effect on the costs of financial distress », Financial Management automne 2009,
vol. 68, no 3, pages 663 à 686.
Murfin J., Njoroge K., « The implicit costs of trade credit borrowing by large
firms », The Review of Financial Studies janvier 2015, vol. 28, no 1, pages 112 à
145.
Chapitre 52
La gestion de trésorerie
52.1
Une gestion de trésorerie* Gestion de trésorerie efficace permet de s’assurer qu’à tout
moment, l’entreprise pourra faire face à ses décaissements. En cela la vision du
trésorier est fondamentalement différente de la vision comptable.
Section 1 ■ Les éléments de base
52.2
- la date d’opération qui est celle à laquelle le flux est enregistré par la
banque et
- la date de valeur, date à laquelle le flux est crédité ou débité sur le compte
bancaire de l’entreprise.
Prenons l’exemple de l’entreprise OL dont le siège est à Lyon qui facture son
client marseillais OM le 30 janvier. OM règle la facture le 30 mars par virement.
Le virement est reçu le 31 mars par la banque d’OL qui le crédite sur le compte en
valeur le 1er avril. Sur le relevé de compte, le virement reçu est en date d’opération
du 31 mars mais en date de valeur du 1er avril.
Le comptable enregistrera le règlement en date du 31 mars mais le trésorier
ne s’intéressera qu’à la date du 1er avril, date à laquelle l’argent est effectivement
disponible. Le chiffre d’affaires, lui, a été comptabilisé dès l’émission de la facture
en janvier.
52.3
Les jours de valeur appliqués par la banque sont négociés entre la banque et
l’entreprise dans le respect des réglementations en vigueur. En effet, les jours de
valeur sont une forme de rémunération de la banque qui bénéficie de l’argent du
client pendant la période entre la date d’opération et la date de valeur (cela
s’appelle le float* Float).
Pour éviter ce type d’aléa et gérer au mieux son solde bancaire, le trésorier
peut :
- soit négocier avec la banque un débit des chèques en J+1, ce qui lui permettra
de connaître avec exactitude le montant des chèques débités sur son compte
chaque jour à partir du relevé de compte de la veille. La contrepartie de ce jour de
valeur sera un coût de la transaction.
52.4
52.5
le coût d’un découvert, dont les conditions n’ont pas été négociées à l’avance,
■
52.6
en transférant les fonds des comptes excédentaires vers les comptes déficitaires ;
52.7
La rentabilité des capitaux propres engagée par une banque sur un client doit
être analysée sur l’ensemble des services, crédits et produits proposés. Parmi ceux-
ci :
certains ne sont pas facturés et représentent donc pour la banque des activités
■
certains sont décomptés bien au-dessus de leur coût réel, notamment par le
■
Les banques ont dorénavant tendance à facturer aux entreprises le juste prix
des services de gestion des flux proposés par le biais de commissions ad hoc.
Cette activité n’est plus vue comme une des compensations à un prix du crédit
sous-évalué dans le cadre d’une relation globale (le side business du paragraphe
41.20). En effet, les banques considèrent désormais la gestion des flux des
entreprises comme une activité stratégique pour elles, leur permettant à la fois de
mieux connaître le risque de leurs clients grâce aux flux qui transitent par elles et
d’améliorer leur propre liquidité (ratios prudentiels dits de Bâle III).
Notons que les tarifications bancaires ne sont pas toujours très transparentes
et les entreprises militent pour une standardisation au travers d’un reporting
électronique à l’image du Bank Service Billing appliqué aux États-Unis.
Section 2 ■ La gestion de la trésorerie d’une entreprise
1 ■ Le budget de trésorerie
52.8
vérifier que les lignes de crédit initialement négociées suffiront à combler les
■
besoins éventuels ;
52.9
Les entreprises prévoient les flux en grandes masses pour des périodes
lointaines et affinent leurs anticipations lorsque les échéances se rapprochent.
Grâce aux nombreux services mis en place par les banques, les budgets ne doivent
pas être contraints par une exactitude trop stricte mais peuvent se concentrer sur
des ordres de grandeur pertinents en fonction de leurs échéances.
Ces prévisions sont ensuite affinées sur des périodes allant de 1 à 6 mois,
donnant lieu à des budgets de trésorerie glissants, le plus souvent mensuels. Ces
documents permettent d’actualiser les budgets annuels en s’appuyant sur les
encaissements et les décaissements prévus, et non plus sur le compte de résultat
prévisionnel.
Le tableau ci-après résume ces différents aspects. Il synthétise des flux réels
extraits des relevés bancaires et des flux prévisionnels provenant des systèmes de
gestion.
52.10
■quand les dépenses se traduiront-elles par des flux ? On ne peut pas dire
avec certitude à quel moment le créancier encaissera le support de règlement qui
lui a été remis (chèque, voire lettre de change ou billet à ordre quand ils sont
encore utilisés car ils sont devenus très rares).
52.12
1. Ordre donné par le client à sa banque de débiter son compte d’une somme et d’en créditer un autre
compte.
2. Moyen de paiement d’un débiteur qui demande à son créancier d’émettre des prélèvements et à sa
banque de payer ces prélèvements.
3. Lettre de change dématérialisée sur une bande magnétique. Un fournisseur invite son client à payer
le montant dû à la date d’échéance à un tiers ou à lui-même.
4. Billet à ordre dématérialisé sur une bande magnétique. Un client reconnaît sa dette et s’engage à
payer son fournisseur à la date d’échéance.
5. Virement automatisé à une date future. Lors de la réception de l’ordre, la banque informe le créancier
qui peut ainsi mieux prévoir sa trésorerie.* Virement* Prélèvement* Chèque* Lettre de change relevé (LCR)* Billet à ordre relevé (BOR)* VCOM
(virement commercial)
52.13
Bien que leur échéance soit en général connue, les effets domiciliés peuvent
eux aussi provoquer des difficultés si le créditeur tarde à les encaisser. En effet, le
débiteur, qui avait constitué une provision à son compte pour l’échéance
concernée, se voit contraint de conserver cette provision, c’est-à-dire de bloquer
des fonds non rémunérés. Le trésorier de l’entreprise débitrice a intérêt à élaborer
une loi statistique sur l’encaissement des effets domiciliés, et à connaître les
habitudes d’encaissement de ses principaux fournisseurs.
52.14
Importance relative en 2021 des moyens de paiement en Europe (en volume, hors espèces et billets)
52.15
Cet objectif est néanmoins illusoire ! Un trésorier gère une certaine part de
mouvements aléatoires, que ce soient des décaissements ou des encaissements. La
prévision de trésorerie sera d’autant plus imprécise et l’optimisation constituera un
but d’autant plus difficile à atteindre que ces derniers seront nombreux et
volumineux. Plusieurs techniques permettent néanmoins d’améliorer la gestion de
manière significative.
52.16
En tout état de cause, les règlements seront toujours provisionnés par les
accords de découvert passés avec les banques, le seul risque pour la société étant
de se trouver à découvert pendant une période limitée et de payer ainsi des
intérêts.
52.18
Dans les systèmes de la boîte aux lettres* Boîte aux lettres (lock box system* Lock box system en
anglais), le créancier demande à ses débiteurs d’adresser les règlements dans une
boîte postale qu’un employé de la banque du créancier contrôle régulièrement. Les
fonds sont alors immédiatement introduits dans le circuit bancaire, sans transiter
par les services comptables de l’entreprise créancière. Des « lieux de
mobilisation » sont mis en place par les différentes banques en fonction de critères
géographiques et nationaux. Elles offrent ainsi un service intégré de gestion de
liquidités. Il s’agit là non pas d’améliorer les prévisions mais d’optimiser la
position créditrice.
52.20
Notre lecteur aura compris que même les sociétés endettées doivent se soucier
du placement des liquidités, en effet :
■ rembourser une dette avant son échéance est parfois coûteux (pénalités de
remboursement anticipé) ou peu judicieux (si la dette a été contractée à un taux
d’intérêt maintenant bas) ;
Le rôle d’une trésorière dans le placement des liquidités doit tenir compte du
fait que le métier de l’entreprise n’est pas de réaliser des placements financiers ; ce
n’en est que l’accessoire et la conséquence éventuelle de son activité. L’entreprise
n’a donc pas vocation à recourir à des placements risqués ni à réaliser, sauf
exception, des produits financiers significatifs et récurrents.
52.21
Bien sûr, lorsque la sortie est possible à tout moment, le taux de rentabilité
alors obtenu peut être incertain puisque le prix de sortie peut l’être aussi. En
revanche, un taux de rentabilité connu par avance est synonyme d’une sortie
quasiment impossible avant la fin du placement, faute d’un marché secondaire ou
d’une clause de rachat, ou alors à des conditions de rémunération très
défavorables.
■ que les normes comptables définissent strictement les placements qui peuvent
être classés en équivalent de trésorerie : à court terme (en général moins de 3
mois), très liquides, facilement convertibles en un montant connu de trésorerie et
soumis à un risque négligeable de changement de valeur. Or cette classification a
des conséquences sur le calcul de l’endettement net (ce qui peut avoir un impact
sur les covenants bancaires et sur le rating de l’entreprise) ;
■ que le risque d’une faillite bancaire n’est pas théorique, comme l’ont rappelé
les sauvetages en catastrophe de Crédit Suisse et de la Silicon Valley Bank. Ainsi
une banque qui propose de significativement mieux rémunérer que ses consœurs
des dépôts le fait peut être parce qu’elle a du mal à trouver des liquidités, ce qui
n’est pas bon signe. Le risque de contrepartie imposera également à l’entreprise de
sélectionner et de diversifier les banques à qui la trésorerie est confiée.
■ La sélection des banques se fait le plus souvent sur la base d'une notation
minimum, par exemple A+. En effet, les trésorières, ayant rarement des
compétences en analyse financière des banques, se reposent donc sur l'analyse des
agences de notation. À une époque où les déposants ont la faculté de retirer leurs
fonds d'une banque d'un glissement de doigt sur leur téléphone en cas de doute sur
sa solvabilité, précipitant une issue fatale, ce réflexe est devenu vital ;
■ que les produits disponibles peuvent avoir un régime d’imposition différent.
52.22
Les comptes courants* Compte courant (rémunérés ou pas) sont proposés par des
banques qui captent ainsi de la liquidité pour conforter leurs ratios réglementaires.
La rémunération peut être fixe ou s’accroître dans le temps (conférant ainsi une
certaine pérennité à ces dépôts).
52.23
Le dépôt à terme* Dépôt à terme (DAT) (DAT* DAT) est une somme bloquée sur un
compte bancaire, productive d’intérêts, régie par une lettre approuvée par le
titulaire du compte. La rémunération des dépôts à terme est librement fixée entre
la banque et son client dès lors que leur échéance effective est au moins égale à un
mois. Elle peut être fixe ou indexée sur le marché monétaire. La sortie anticipée
aura un coût pour l’entreprise sous forme d’un taux de rendement moindre que
celui prévu initialement.
52.24
Le bon de caisse* Bon de caisse relève de la même logique que le dépôt à terme,
mais la créance de l’emprunteur est matérialisée physiquement par un bon
nominatif ou au porteur.
52.25
Le réméré* Réméré sur obligation ou pension livrée* Pension livrée ou repo* Repo est un contrat
par lequel un investisseur institutionnel ou une entreprise peut échanger, pour une
durée déterminée, ses liquidités contre des titres financiers (réméré acheteur). Au
terme de cet échange, qui peut prendre plusieurs formes juridiques, le propriétaire
initial retrouve ses titres. Durant la période contractuelle, le dépositaire des titres
acquiert les droits et les devoirs attachés à leur pleine propriété. Les risques sont
liés à la défaillance de l’emprunteur de liquidité (vendeur de réméré).
Les vendeurs de réméré sont des détenteurs de portefeuilles d’actions ou
d’obligations, les acheteurs cherchant une rémunération monétaire pour leurs
liquidités. Le réméré est essentiellement, du point de vue de l’acheteur, un
substitut aux dépôts à terme lorsque ceux-ci ne sont pas réalisables (durée
inférieure à un mois). Il autorise le vendeur à bénéficier de liquidités immédiates,
garanties par des titres dont il ne souhaite pas se séparer.
52.26
Le NEU CP* NEU CP (Negociable European Commercial Papers* Negociable European commercial
papers) est un titre dont la durée est comprise entre un jour et un an, émis pour un
montant minimum de 0,150 M€, principalement par des entreprises (sous le nom
de billet de trésorerie* Billet de trésorerie jusqu’en 2016, voir au paragraphe 22.1) et des
établissements financiers autorisés (sous le nom de certificat de dépôt* Certificat de dépôt
jusqu’en 2016).
Les NEU CP sont émis par les banques (et les grandes entreprises) en continu
en fonction de la demande et constituent un moyen privilégié du refinancement
bancaire. Leur rendement est proche du marché monétaire et dépend de la qualité
de la signature de l’émetteur. Ils sont cependant rarement achetés en direct par les
trésoriers, mais par les OPC (organismes de placements collectifs) que nous
verrons aux paragraphes 52.29 et 52.30.
52.27
Le NEU MTN* NEU MTN (Negociable European Medium Term Notes* Negociable European
Medium Term Notes) a les mêmes caractéristiques que les NEU CP à la seule différence de la
Pour remplir ses objectifs, chaque SICAV « de trésorerie » investit ses actifs
selon une répartition variable entre bons du Trésor, NEU CP, opérations de réméré,
obligations à taux variable ou à taux fixe ayant une faible durée de vie résiduelle.
La politique d’investissement s’accompagne d’une gestion du risque de taux assez
sophistiquée. À ceux qui avaient oublié qu’un supplément de rentabilité ne pouvait
pas s’obtenir sans prendre un supplément de risque, la crise des subprimes* Subprimes
de l’été 2007 a été un utile mais douloureux rappel. Les SICAV de trésorerie* SICAV de
trésorerie dites « dynamiques » ou « turbo », qui avaient investi dans des titres risqués
52.30
Les fonds communs de placement* Fonds communs de placement (FCP) (FCP* FCP) sont des
copropriétés de valeurs mobilières. Le nombre de parts s’accroît par souscription
de nouvelles parts et diminue par les rachats effectués par le FCP à la demande des
porteurs de parts. Ces opérations s’effectuent à la valeur liquidative calculée au
moins deux fois par mois, et hebdomadairement le plus souvent. La gestion du
FCP est similaire à celle des SICAV : la valeur liquidative de la part est en général
plus élevée que pour une SICAV, et le nombre d’investisseurs plus réduit5. La
politique de gestion suivie peut donc mieux correspondre aux souhaits des
porteurs de parts6.
52.31
Le fonds commun de titrisation* Fonds commun de titrisation est le réceptacle des créances
cédées par un établissement de crédit ou une entreprise qui procède à une
opération de titrisation (voir le paragraphe 23.19). En contrepartie, sont émises
des parts que cet établissement placera auprès d’investisseurs.
52.32
52.34
52.35
Ce n’est pas son seul intérêt. Elle réduit le risque de liquidité et accroît la
force de frappe financière du groupe en favorisant la remontée des liquidités vers
la maison mère ou des sociétés pivots. C’est un travail permanent des groupes
présents à l’international que d’élargir le périmètre des pays dont la trésorerie est
centralisée pour ne pas laisser, ici et là, des poches de liquidités. La Chine, la
Russie, le Moyen-Orient, le Brésil sont ainsi de nouveaux terrains de jeu du
trésorier d’entreprise.
En théorie, une fois atteinte la taille critique permettant l’accès aux marchés
financiers, les économies d’échelles générées par une gestion de trésorerie
centralisée ne sont pas de nature financière, mais industrielle.
52.37
52.38
La centralisation de la trésorerie d’un groupe offre de nombreuses variantes
pratiques. Elle va de la suppression pure et simple des trésoreries de filiales à une
gestion fortement décentralisée. On distingue deux grandes catégories
d’organisations liées à deux choix fondamentaux :
52.39
La fusion des échelles d’intérêt* Fusion des échelles d’intérêt (ou pooling notionnel* Pooling
notionnel) offre un moyen relativement souple d’exploiter les avantages de la
centralisation des soldes. Dans cette structure, le solde des comptes des filiales
n’est jamais équilibré, mais la banque du groupe recalcule les intérêts, positifs ou
négatifs, sur le solde fictif de l’ensemble des sociétés du groupe. Le résultat est
identique à celui d’une trésorerie parfaitement équilibrée mais les transferts de
fonds ne sont jamais réellement réalisés. Cette méthode protège donc
intégralement la marge de manœuvre et l’indépendance des filiales.
52.40
Ainsi, la centralisation des soldes de trésorerie* Centralisation des soldes de trésorerie est plus
souvent obtenue par l’équilibrage quotidien des positions des filiales. Le Zero
Balance Account* Zero Balance Account (ZBA) (ZBA) en anglais impose aux filiales d’équilibrer
leur position (c’est-à-dire le solde de leurs comptes bancaires) chaque jour, par
l’intermédiaire de comptes pivots gérés au niveau du groupe ou de sous-entités.
Les banques proposent des systèmes d’équilibrage automatisés et peuvent sous-
traiter intégralement ces tâches pour le compte des entreprises. Cependant,
l’application de cette technique nécessite l’établissement d’une documentation
juridique rigoureuse : des conventions de trésorerie doivent être signées entre la
société pivot (généralement la société mère) et chaque filiale. Les conventions de
trésorerie doivent être conclues à des conditions de marché afin de ne pas soulever
de questions fiscales ou de validité juridique. Les fonds transférés par les filiales
restent leur propriété, même si elles n’en assurent plus la gestion.
■ le coût des services bancaires. Alors que l’équilibrage des positions est
réalisé par le groupe, la fusion des échelles d’intérêt est exclusivement du ressort
de la banque. Au global, les coûts de la centralisation (commissions pour
virement, commissions de gestion…) doivent être mis en regard des bénéfices
indéniables que nous avons mis en avant.
52.41
Au sein d’une zone assez large incluant les pays de l’Union européenne, mais
aussi le Royaume-Uni, la Suisse, la Norvège, l’Islande, l’interconnexion des
systèmes de règlement et le développement de SEPA (voir le paragraphe 52.14)
permettent de réaliser des mouvements de fonds en temps réel, au moindre coût et
sans jour de valeur. La centralisation de la trésorerie peut donc être réalisée à
l’aide d’une seule banque pivot par pays à l’aide de comptes en euros, le passage
de frontières ne présentant aucune difficulté.
52.42
De plus en plus de groupes ont mis en place une centralisation des paiements.
À ne pas confondre avec une centralisation de la trésorerie, la centralisation des
paiements peut être mise en place lorsque plusieurs filiales ont les mêmes
fournisseurs. Une société (payment factory* Payment factory ou centrale de paiement* Centrale de
paiement) réalise alors régulièrement les paiements pour le compte de l’ensemble des
52.43
Dans des situations tendues, le groupe en difficulté peut tirer sur l’ensemble
de ses lignes lorsqu’il respecte encore les covenants financiers (voir le
paragraphe 41.10) et placer les fonds à court terme. Ainsi, si la situation se
dégrade, le groupe ne sera pas exposé à une résiliation des lignes confirmées par
les banques. Les banques seront contraintes de travailler avec la société pour son
redressement financier.
52.44
[Réponse]
[Réponse]
[Réponse]
[Réponse]
[Réponse]
[Réponse]
[Réponse]
8/ Quel argument majeur peut être opposé à la centralisation intégrale de la
trésorerie d’un groupe ?
[Réponse]
[Réponse]
10/ Sur quelle démarche pratique le principe des dates de valeur s’appuie-t-il ?
[Réponse]
11/ Un produit de placement qui peut être immédiatement cédé sur un vaste
marché secondaire est-il sans risque ?
[Réponse]
12/ Un placement peut-il être plus rentable qu’un emprunt ? Quelle est la
contrepartie ?
[Réponse]
[Réponse]
[Réponse]
15/ Trésorier de la ville de Monheim en Rhénanie du Nord-Westphalie (42 000
habitants), vous disposez de 38 M€ de liquidités. Toutes les banques allemandes
facturent les dépôts à 0,5 % l'an ; toutes, sauf Greensill Bank. Que faites-vous ?
[Réponse]
16/ Avec des taux d’intérêt à très court terme après impôt très bas, quelle peut
être la tentation du trésorier ? Qu’en pensez-vous ?
[Réponse]
C’est la date à partir de laquelle une somme créditée porte intérêts et une
somme débitée cesse de porter intérêts.
Un niveau de centralisation.
Dans les deux cas : aucun frais financier puisque les comptes sont équilibrés.
Non, car des garanties croisées peuvent être mises en place entre filiales.
Risque très important à court terme remettant en cause la valeur des fonds
(risque de moins-value).
Un tel écart est suspect et est probablement dû à une moindre solvabilité et une
notoriété de Greensill Bank. Comme un trésorier a du mal à faire l’analyse
financière d’une banque, mieux vaut être prudent et ne pas prendre ce risque
malgré une rémunération supérieure ! Greensill Bank a fait faillite en mars 2021 et
le trésorier de Monheim a perdu tous les fonds qu’il y avait placés.
De prendre plus de risque en plaçant dans des produits à maturité plus longue
et avec l’inconvénient de ne plus pouvoir les comptabiliser en instruments de
trésorerie mais en immobilisations financières, ou en plaçant auprès de
contreparties de moindre qualité. À éviter dans les deux cas.
Bibliographie
Cavaliero J., Poizat F., Cash Management, Revue Banque Édition, 2017.
Duchin R., Gilbert Th., Harford J., Hrdlicka C., « Precautionary savings with
risky assets: when cash is not cash », The Journal of Finance avril 2017, vol. 72,
no 2, pages 793 à 852.
Járosi M., Palermo L., « La pratique des placements de trésorerie des grands
groupes », La Lettre Vernimmen.net avril 2021, no 188, pages 1 à 5.
La Bruslerie (de) H., Eliez C., Trésorerie d’entreprise : gestion des liquidités
et des risques, 4e édition, Dunod, 2017.
www.blockchainfrance.net.
http://sdw.ecb.europa.eu
Chapitre 53
La gestion des risques dans l’entreprise
53.1
Source : FactSet. Cours du cuivre spot en $/MT : London Metal Exchange. Prix du fret : Baltic Dry
Index.
Les investisseurs, les autorités de contrôle et les dirigeants portent une
attention forte à la gestion des risques dans l’entreprise qui se traduit par :
■ une pression forte des marchés pour une grande transparence. Les
recommandations pour une bonne gouvernance d’entreprise préconisent un rôle
important des administrateurs dans la supervision de la gestion du risque par le
biais de comités des risques ou d’audit ;
1 ■ Définition du risque
53.2
le risque de volatilité* Risque de volatilité désigne un risque qui se produit une année
■
crue centennale qui détruit une usine) mais son intensité peut être très forte. Il est
difficile à couvrir1 et sa non-couverture ou sa couverture partielle n’est pas
aberrante compte tenu de son infime probabilité d’occurrence.
53.3
Pour les directions financières ce sont les formations régulières des équipes
sur les types de fraudes possibles (notamment la « fraude au Président 2»).
interne gère et élimine a priori une grande part du risque facilement maîtrisable.
La société est alors en mesure de déterminer le risque résiduel. Reste à en évaluer
l’impact potentiel qui sera déterminant pour la phase ultime.
La couverture des risques permet de limiter la volatilité des résultats et/ou des
flux de trésorerie. Cependant notre lecteur, maintenant fin théoricien, pourrait
nous rétorquer que les risques couverts étant par nature des risques diversifiables,
leur élimination par la couverture n’est pas rémunérée par l’investisseur sous
forme d’un taux de rentabilité exigé plus faible (voir le paragraphe 28.11).
Autrement dit, la couverture ne crée pas de valeur. Ceci est vrai dans une pure
logique de marchés efficients quand l’investisseur a une information parfaite sur
les risques supportés par la société.
53.4
l’entreprise à une évolution défavorable des taux ou des prix. Il concerne les taux
d’intérêt, les taux de change, les cours des matières premières ou des actions. Le
risque de marché est présent à différents niveaux : une position (un endettement, la
perception dans le futur d’un flux de devises), une activité (achats facturés dans
une devise autre que celle de la facturation des ventes…), un portefeuille (de titres
de placement ou de participations…) ;
le risque de crédit* Risque de crédit (ou de contrepartie) : c’est le risque de perte sur
■
une créance ou plus généralement celui d’un tiers qui ne paie pas sa dette à temps.
Il est naturellement fonction de trois paramètres : le montant de la créance, la
probabilité de défaut et la proportion de la créance qui sera recouvrée en cas de
défaut ;
□ soit parce que, du fait d’une crise financière, il est très difficile de céder
des actifs sauf au prix de très importantes pertes de valeur (cas du krach) ;
□ soit enfin parce qu’il est impossible de trouver des prêteurs, des
banquiers ou des investisseurs qui acceptent de confier des nouveaux fonds à
l’entreprise, eux-mêmes en manquant ou ayant peur. Les marchés sont alors
fermés comme à l’automne 2008 (risque que l’on a assez largement évité mi-
2020 grâce à la réactivité des États et des banques centrales) ;
■le risque opérationnel* Risque opérationnel : c’est le risque de pertes qui provient des
erreurs du personnel au sens large, des systèmes ou processus, ou des événements
externes :
□ etc. ;
■ le risque pays (et en particulier le risque politique* Risque politique),
réglementaire et légal : c’est le risque qui impacte l’environnement immédiat de
l’entreprise et qui peut modifier substantiellement sa situation concurrentielle et le
modèle économique lui-même..
Section 2 ■ La mesure des risques financiers
53.5
Nous sortons ici du cadre général du risque pour nous concentrer sur les
risques financiers.
La mesure des risques financiers est très variable selon la nature des risques.
Très fortement développée pour les risques de marché avec la notion de position et
de Value at Risk (VaR) et pour les risques de liquidité, elle l’est moins pour le
risque de contrepartie et paraît encore très lacunaire pour les autres risques.
Initialement, la plupart de ces outils de mesure ont été développés par les
banques qui, du fait de leurs activités propres, sont plus fortement exposées aux
risques financiers, avant d’être utilisés progressivement par les entreprises
exposées au risque de marché.
53.6
La notion de position est très importante pour les entreprises intervenant sur
le marché des taux, des changes et des matières premières.
53.7
Une entreprise est dotée, à chaque instant, d’une position au regard des
différentes catégories de risque de marché existant (taux de change, taux
d’intérêt…). Elle est une conséquence naturelle de son activité commerciale, de
son financement et de la situation géographique de ses filiales. La position totale
de l’entreprise résulte donc des trois éléments suivants :
53.8
Outre les risques de change et de taux d’intérêt, de nombreux risques liés aux
marchés de matières premières induisent des prises de position par les entreprises.
Ainsi, une entreprise peut-elle avoir une position structurelle d’importance sur les
marchés du pétrole, du gaz, du café, des semi-conducteurs, de l’électricité…
53.9
La VaR* VAR (Value at Risk* Value at risk en anglais) est une mesure plus fine du risque
de marché. Elle représente la perte potentielle maximale d’un investisseur sur la
valeur d’un actif ou d’un portefeuille d’actifs et de passifs financiers compte tenu
d’un horizon de détention et d’un intervalle de confiance. Elle se calcule à partir
d’un échantillon de données historiques ou se déduit de lois statistiques.
elle repose sur l’hypothèse que les marchés suivent des lois de distribution
■
De la même façon, les entreprises peuvent calculer des Earnings at Risk* Earnings
at risk, des Cash flows at Risk* Cash-flow at risk, et des Corporate Values at Risk, pour mesurer
l’impact d’éléments adverses sur les résultats, sur les cash-flows, sur la valeur de
l’entreprise. Simplement, l’horizon sera plus long que pour les banques : de
quelques trimestres à l’année.
53.10
Le risque pays se mesure généralement par une notation (qui peut être fournie
par un tiers) prenant en compte notamment la stabilité des gouvernements, la
récurrence des guerres et autres crises.
53.11
1 ■ L’évitement
53.12
2 ■ L’autocouverture
53.13
Pour les grands risques, cette position n’est sensée que pour les groupes
importants qui peuvent considérer que la loi des grands nombres joue à leur niveau
et qu’ils sont de ce fait certains d’enregistrer régulièrement des événements
négatifs (dévaluations, faillite d’un client…). Le risque devient alors une certitude
et donc un coût. Plutôt que de payer des primes d’assurance, tel groupe
provisionnera chaque année une somme estimée pour faire face aux inévitables
sinistres. Il devient alors son propre assureur.
Une captive d’assurance* Captive d’assurance (ou captive de réassurance* Captive de réassurance)
est une compagnie d’assurance ou de réassurance appartenant à une société
industrielle ou commerciale dont l’activité principale n’est pas l’assurance. Son
objet est de couvrir une partie des risques du groupe auquel elle appartient.
53.14
a) Le change à terme
53.15
Prenons l’exemple d’une entreprise belge qui doit recevoir 10 M$ dans 3 mois.
Le dollar vaut aujourd’hui 0,9198 euro5. À moins de vouloir spéculer sur la hausse
du dollar, le trésorier de cette entreprise est désireux de fixer dès aujourd’hui le
cours auquel il pourra céder ces dollars. Dès lors, il se propose de vendre
maintenant les dollars qu’il ne recevra que dans 3 mois. C’est l’objet du change à
terme* Change à terme, pratique courante mais dont il faut bien comprendre le mode de
calcul.
VF = CS × VA × (1 + (TE × N/360))
On obtient :
Le cours à terme CT est celui qui égalise la valeur future en euros ainsi
obtenue et le montant M qui est en dollars :
M × CT = VF
On obtient donc :
Dans notre exemple, le taux d’intérêt en dollar étant plus fort que le taux en
euro, le cours à terme est inférieur à celui au comptant. On parle alors de points
de déport* Point de report ou points de swaps. Dans notre exemple, les points de déport
s’établissent à 456. Plus généralement, on dit qu’une devise A est en déport* Report
par rapport à une devise B si le taux d’intérêt de A est, pour la période de
référence, supérieur au taux d’intérêt de B7.
53.16
Si notre trésorier ne veut pas prendre le risque d’une hausse des taux court
terme dans les 3 mois à venir, comment peut-il fixer dès aujourd’hui le taux de
l’emprunt à 6 mois dans 3 mois ? Conscient de la formation de la courbe des taux,
il peut utiliser les procédés développés ci-dessous pour « cristalliser » le taux du 6
mois dans 3 mois.
Le taux implicite obtenu s’appelle le taux terme contre terme* Taux terme contre terme
et s’établit à :
Avec un tel produit qui n’est autre que le forward rate agreement* Forward rate agreement
(FRA) ou FRA* FRA, le trésorier peut se couvrir contre les variations de taux sans que
53.17
Le forward rate agreement ou accord futur sur les taux d’intérêt permet de fixer
aujourd’hui un niveau de taux d’intérêt pour une opération future.
Enfin, un FRA a un coût nul à la mise en place. Mais, bien sûr, « l’achat » du
FRA et la « vente » du FRA ne se font pas au même taux d’intérêt : comme dans
tout produit financier, une marge sépare le taux auquel on peut emprunter à 6 mois
dans 3 mois et le taux auquel on pourra placer pour les mêmes échéances.
On peut remarquer que si le FRA n’est pas la contrepartie effective d’un flux
réel futur (opération de couverture), il s’agit alors d’un produit spéculatif. Si un
opérateur anticipe une hausse des taux d’intérêt, il achètera un FRA emprunteur
afin d’empocher le différentiel d’intérêt à l’échéance du FRA, et vice versa. Cela
suppose que le marché a évolué dans le bon sens pour lui !
Les banques sont des intervenants incontournables sur le marché des FRA et
proposent aux entreprises de leur acheter ou de leur vendre des FRA qui
concernent en général les taux à court terme et sur des durées inférieures à un an.
c) Le swap
53.18
Le mot swap* Swap désigne soit un échange d’actifs financiers, soit un échange
de flux financiers (calculés à partir d’un montant théorique de référence appelé
notionnel* Notionnel) entre deux entités pendant une certaine période de temps. Ces
flux financiers peuvent être :
des devises et l’on parlera de swaps* Swap de change de change ou swaps* Swap cambiste
■
■ des conditions de taux d’intérêt et l’on parlera de swaps* Swap de taux d’intérêt de taux
(ou interest rate swaps* Interest rate swaps (IRS), IRS* IRS, en anglais) ;
■les deux paramètres à la fois (devises et taux d’intérêt) et l’on parlera de
swaps* Swap de devises de devises (ou cross currency swap* Cross currency swap en anglais).
Pour une entreprise endettée à long terme à taux fixe (x %) et qui souhaite
bénéficier d’une éventuelle baisse des taux qu’elle anticipe, le plus simple est alors
de recevoir le taux fixe (x %) sur un montant notionnel et de payer le taux variable
sur le même montant.
Swap de taux d’intérêt
Soit : – taux fixe + taux fixe – taux variable = – taux variable et tout se passe
comme si notre entreprise avait emprunté le notionnel à taux variable pendant la
durée du swap sans que son prêteur constate une quelconque modification sur sa
créance. Si, à l’issue de la première année, le taux variable de référence (SOFR11,
Euribor, …) est à (X – 1) %, l’entreprise aura servi à ses créanciers un intérêt de
X %, mais recevra 1 % sur le notionnel du swap. Son taux effectif sera bien de (X
– 1 %).
L’opération décrite est un swap de taux d’intérêt taux fixe contre taux
variable et l’on peut imaginer toutes les combinaisons possibles :
Ces trois derniers swaps* Total return swap s’accompagnent d’un échange du notionnel
car les devises utilisées par les deux contreparties sont différentes. Cet échange se
fait en général au début et à l’échéance du swap sur le même cours de change.
Enfin, des swaps plus complexes permettent de dissocier les taux de référence et
les devises concernées.
Le marché des swaps est d’une taille considérable et les banques occupent un
rôle déterminant dans l’animation de ce marché. Les trésoriers d’entreprise
apprécient la souplesse du swap qui leur permet de choisir la durée, le taux
variable de référence et le notionnel. De surcroît, le swap conclu entre une banque
et une entreprise peut être liquidé à tout moment en calculant la valeur actuelle des
flux fixes prévus au taux du marché et en la comparant au notionnel initial.
L’utilisation du swap est également fréquente pour gérer le risque de taux sur des
actifs à taux variable ou à taux fixe.
53.19
Le concept du swap a été étendu à des transactions plus complexes, les total
return swaps* Total return swap. Un total return swap est une opération par laquelle deux
acteurs économiques échangent les revenus et le risque d’évolution de la valeur de
deux actifs différents pendant une période de temps donnée. Une des branches du
swap est généralement constituée d’un prêt à court terme, pour l’autre, tout type de
titre financier est imaginable (un indice boursier, une action en particulier, une
obligation…). Les equity swaps* Equity swap permettent ainsi de prendre une exposition
économique sur une action sans avoir à l'acquérir.
53.20
Les options pourraient sembler être un outil de gestion idéal pour les
trésoriers d’entreprise puisqu’elles leur garantissent un cours tout en leur laissant
une marge de manœuvre. Mais, comme notre lecteur l’a appris, il n’y pas de
miracle en finance et la prime de l’option est la contrepartie de cette liberté
retrouvée. Son coût peut être rédhibitoire, notamment dans le cas d’entreprises
ayant des activités à faibles marges commerciales. Par ailleurs, la prime apparaît
nécessairement au compte de résultat alors qu’un contrat à terme peut être, sous
certaines conditions, comptabilisé en miroir du sous-jacent (comptabilité de
couverture).
Les grandes banques internationales sont teneuses de marché sur toutes sortes
d’options. Nous exposons ci-après les caractéristiques des options les plus
utilisées.
53.21
L’option de change* Option de change permet de s’assurer d’un cours de change dans
une devise particulière, tout en conservant la possibilité de réaliser la transaction
au cours comptant si ce dernier est plus favorable. C’est avec le cours à terme et
non avec le cours comptant qu’il faut comparer le prix d’exercice (le cours
d’exercice). Si les banques peuvent en théorie coter tous types d’options, ce sont
en très grande majorité des options européennes (exerçables à l’échéance) qui sont
négociées.
Même s’il existe des contrats standardisés cotés en Bourse, les trésoriers
préfèrent généralement le marché de gré à gré. Celui-ci est plus souple pour le
choix du montant (qui peut correspondre exactement au montant du flux pour
l’entreprise), des dates et des prix d’exercice. Ainsi, l’utilisation des options peut
être faite de différentes manières. Certaines entreprises n’achètent des options que
fortement hors de la monnaie, pour éviter les accidents (dévaluations…), limitant
ainsi la prime à payer ; d’autres fixent le cours d’exercice en fonction de leurs
besoins commerciaux ou éventuellement de leurs anticipations (ce qui ne va pas
sans poser problème).
■ L’option sur moyenne* Option sur moyenne permet d’acheter ou de vendre des devises
sur la base d’une moyenne des cours pendant la durée de vie de l’option. La prime
est donc réduite puisque le risque pris par le vendeur est moindre et la volatilité du
sous-jacent par rapport à sa moyenne plus faible. Ces options, également appelées
options asiatiques* Option asiatique, sont très utilisées sur le marché des matières premières
particulièrement volatile.
■ L’option look back* Option lookback permet de fixer le prix d’exercice de l’option
d’achat (de vente) au plus bas (plus haut) du cours de la devise pendant la durée de
vie de l’option. C’est donc une option sans regret qui élimine tout risque
d’opportunité en garantissant le cours le plus avantageux. Sans surprise, sa prime
est élevée.
■ L’option sur option* Option sur option est très utile lorsqu’une entreprise décide de
répondre à un appel d’offres libellé en devises. Si elle décroche le contrat à l’issue
de l’appel d’offres, le taux de change sur lequel elle a fondé ses calculs de
rentabilité peut avoir changé radicalement. L’option sur option lui donne le droit
d’acheter une option de change dont le prix d’exercice est voisin du taux de
change de référence retenu et donc de se couvrir dès la phase de soumission. Si
l’entreprise n’est pas sélectionnée, elle abandonne ou cède l’option sur option. La
valeur d’une option étant inférieure à la valeur du sous-jacent, la valeur d’une
option sur option est faible.
■ Les options à barrière sont sûrement les produits exotiques les plus
négociés sur le marché. Une barrière est un cours limite qui, lorsqu’il est dépassé,
active ou désactive l’option (c’est-à-dire crée ou annule l’option). Ceci permet de
réduire le montant de la prime.
Tous les montages réalisés sur des options de change peuvent bien entendu
être transposés aux options sur taux d’intérêt* Option sur taux d’intérêt. Pour le financier de
marché, la nature réelle d’un sous-jacent n’intervient ni dans la conception des
produits ni dans leur évaluation. Ainsi, ces divers produits sont construits autour
de concepts identiques. Les effets de mode ne sont généralement pas étrangers à
l’engouement suscité par tel produit et à la désaffection subie par tel autre.
On appelle collar* Collar ou tunnel de taux* Tunnel de taux la combinaison des deux
produits précédents (achat d’un cap et vente d’un floor) qui permet à un opérateur
de fixer une zone de fluctuation des taux d’intérêt en deçà de laquelle il doit payer
le différentiel de taux entre le taux plancher et le taux du marché ; et au-delà de
laquelle sa contrepartie lui réglera la différence entre le taux du marché et le taux
plafond. Cette combinaison se traduit par une réduction du coût de la couverture
puisque la prime du cap est payée partiellement ou totalement par la vente du
floor.
Ces produits ne doivent pas impressionner le lecteur puisque le cap n’est rien
d’autre qu’une option d’achat sur un FRA emprunteur. De même, le floor n’est
qu’une option d’achat sur un FRA prêteur. Comme nous l’avons vu, cela
détermine un taux d’emprunt ou de prêt vis-à-vis de la contrepartie. Ces options
sont très utilisées par les opérateurs pour prendre des positions sur la partie longue
de la courbe des taux.
Certaines banques ont combiné des swaps avec des swaptions pour donner ce
qu’elles ont appelé des swaps annulables sans coût. Que le lecteur ne soit pas
impressionné par l’absence de coût : ce produit n’est autre qu’un swap combiné
avec une option de vente de swap. La prime de l’option n’est pas payée
directement mais intégrée dans le calcul des taux du swap.
Les options de taux à barrière* Option de taux à barrière sont de même nature que les
options de change à barrière mais pour les taux d’intérêt :
■ soit l’option n’existe pas tant que le taux de référence n’atteint pas le taux
barrière ;
■ soit l’option n’est activée que si le taux de référence dépasse la limite fixée.
53.23
d) L’assurance-crédit* Assurance-crédit
53.24
53.25
La forme la plus classique des dérivés de crédit est le credit default swap* Credit
default swap (CDS) (CDS* CDS) : l’acheteur de la protection contre une défaillance d’une
53.26
Elle est offerte par des compagnies spécialisées (Unistrat-Coface, Sace…) qui
peuvent couvrir 90 à 95 % de la valeur de l’investissement sur une durée pouvant
aller jusqu’à 15 ans dans la plupart des pays du monde. Les risques habituellement
couverts sont ceux de l’expropriation, de la nationalisation, de la confiscation, de
la modification de la législation d’un pays sur les investissements étrangers.
Offerte initialement par des compagnies liées à un État, l’assurance risque
politique* Assurance risque politique est de plus en plus proposée par le marché privé.
■■■
53.27
Sur le marché des changes qui est essentiellement un marché de gré à gré où
les entreprises ne font que 5,7 % des volumes, les produits d’assurance (options)
sont marginaux au profit d’opérations qui fixent un prix :
Volume quotidien de transactions de gré à gré sur le marché des changes (en Md$)
53.28
■l’actif sous-jacent est une référence pour les opérateurs de marchés : sur ICE
Futures Europe, on peut citer le contrat portant sur une obligation d’État
britannique long terme de 100 000 £, le contrat Euribor 3 mois ; sur Euronext, le
contrat CAC 40 ou le contrat Rapeseed (colza) ; sur le Baltic Exchange on traite
des contrats de fret ; à New York des contrats sur le sucre roux ;
■ le montant de chaque contrat est standardisé ;
■ les échéances des contrats sont en nombre réduit, généralement fin mars, fin
juin, fin septembre et fin décembre.
À titre d’exemple, le contrat Euribor 3 mois négocié sur ICE Futures Europe
porte sur le niveau anticipé du taux Euribor 3 mois, sur la base d’un notionnel d’1
M€. Les échéances du contrat sont à la fin des mois de mars, juin, septembre et
décembre. Il est coté sous la forme de 100 – Euribor 3 mois. Le dépôt initial est de
500 € par contrat et la fluctuation minimale des cours est de 0,005.
53.29
En fait, à l’échéance, les acheteurs des contrats les revendent, s’ils ne l’ont
pas déjà fait, et les vendeurs initiaux les rachètent à un cours qui est celui de l’actif
sous-jacent du moment. Le dénouement normal de l’achat d’un future est sa vente.
Le dénouement normal de la vente d’un future est son rachat. On parle alors de
cash settlement* Cash settlement.
Si, à l’échéance des contrats, valeur des contrats et valeur de l’actif sous-
jacent coïncident, en revanche, tout au long de la vie du contrat, le décalage entre
le cours du sous-jacent et le cours du contrat, appelé la base, évolue et ne s’annule
qu’exceptionnellement.
53.30
Pour qu’un marché de produits dérivés fonctionne correctement, il faut que les
engagements pris par les intervenants soient tenus. Sinon le risque de
contrepartie* Risque de contrepartie se matérialise. Après tout, pourrait suggérer le lecteur, si
les conséquences d’un contrat sont fortement défavorables à un opérateur, ne
pourrait-il pas décider de ne pas apporter les titres ou les fonds promis, préférant
affronter une longue procédure juridique plutôt que des pertes immédiates ? Même
si la bonne foi des intervenants d’un marché est assurée, la faillite d’un agent ne
peut-elle pas remettre en cause tous les engagements pris et tous ceux qui leur sont
liés, mettant en jeu des sommes considérables ?
Une fois qu’un acheteur et un vendeur se sont mis d’accord sur un prix et une
quantité de contrats, une chambre de compensation s’intercale automatiquement
entre eux. L’acheteur n’achète plus à un vendeur mais à la chambre de
compensation ; le vendeur ne vend plus à un acheteur mais à la chambre de
compensation. Les opérateurs ont tous en face d’eux un organisme dont le poids
financier, la réputation et les règles de fonctionnement sont gages de bonne fin de
tous les contrats.
L’évolution quotidienne des cours des contrats crée des pertes et des gains
potentiels pour les acheteurs et les vendeurs par rapport au prix fixé lors de la
transaction. Chaque jour, la chambre de compensation crédite ou débite le compte
de chaque intervenant de ce gain ou de cette perte potentiels.
53.31
Le principe des appels de marge a une conséquence très importante sur les
produits dérivés. En limitant le dépôt de garantie initial, il fait bénéficier les
investisseurs d’effets de levier considérables. Prenons l’exemple des contrats à
terme sur le cacao et retenons l’hypothèse d’un dépôt de garantie de 75 $. Le 22
mars, on achète un contrat à 3 015 $ la tonne alors que le cours spot est de 3 005 $.
Fin juin, le cacao cote 3 300 $ la tonne.
Ainsi, en dépit des précautions prises dont l’efficacité n’est pas remise en
cause, le lecteur comprendra que le risque de contrepartie ne disparaît jamais
totalement dans un contexte où des leviers aussi importants sont mis en œuvre. Le
principe des appels de marge limite le montant des défauts potentiels aux pertes
d’une journée, mais le dépôt de garantie initial doit subvenir aux circonstances
inattendues.
Cet effet de levier considérable n’est pas propre aux marchés dérivés
organisés, il est propre aux produits dérivés. Le mécanisme de la chambre de
compensation permet, non pas de l’éviter, mais de s’assurer qu’à tout moment
chaque intervenant peut faire face financièrement aux conséquences de ses
positions, ce qui évite les réactions en chaîne en cas de défaillance d’un
intervenant.
Les marchés de gré à gré ont des volumes bien supérieurs à ceux des marchés
organisés en raison des swaps de taux d’intérêt qui font 60 % des volumes des
marchés de gré à gré.
Marché global des dérivés (tous types de contrats en cours, en milliers de Md$)
53.32
Les futures, comme les options, reposent sur un jeu à somme nulle, car ce qui
est gagné par un intervenant est perdu par un autre. Globalement, aux coûts
d’intermédiaires près, il n’y a ni enrichissement ni appauvrissement.
Reprenons l’exemple précédent avec une tonne de cacao cotant 3 300 $ fin
juin. Nous avons vu que celui qui a acheté des contrats le 22 mars a gagné 285 $
par tonne. À l’inverse, l’intervenant qui, lui, a vendu des contrats le 22 mars devra
livrer du cacao fin juin au prix de 3 015 $ alors qu’il cote 3 300 $. Il subira donc
une perte de 285 $, contrepartie exacte du gain de l’acheteur des futures.
Cette situation de jeu à somme nulle est tout à fait normale et logique.
Les marchés de produits dérivés ne permettent pas de créer de richesse, mais
simplement de répartir des risques et d’améliorer la liquidité des marchés
financiers. Il ne peut donc y avoir enrichissement global.
Résumé
On observe une grande attention à la gestion des risques dans l’entreprise. Ceci
se traduit à la fois par un cadre réglementaire ad hoc et par une pression forte des
marchés pour une grande transparence et une prise de conscience par les équipes
dirigeantes.
■ les risques opérationnels. Ce sont les risques de pertes qui proviennent des
erreurs du personnel au sens large, des systèmes ou processus, ou d’événements
externes ;
■ décider de ne rien faire et s’autocouvrir. Ceci ne peut concerner que des petits
risques ou quelques grands groupes et pour certains de leurs risques ;
■ prendre une assurance auprès d’un tiers qui, moyennant le paiement d’une
prime, acceptera de prendre à sa charge le risque s’il se matérialise. Cela peut
prendre la forme d’une option.
1/ Quels sont les cinq types de risque auxquels est exposée l’entreprise ?
[Réponse]
[Réponse]
[Réponse]
[Réponse]
[Réponse]
[Réponse]
7/ Quelles sont les différences entre les opérations à terme de gré à gré et les
futures ?
[Réponse]
[Réponse]
10/ Un produit dérivé doit-il être suffisamment liquide pour avoir un intérêt ?
[Réponse]
[Réponse]
12/ À quelle catégorie de produits dérivés peut être assimilée une assurance
dommage ?
[Réponse]
[Réponse]
14/ Les traders doivent-ils profiter des éventuels arbitrages qu’ils auraient
détectés sur les marchés ?
[Réponse]
[Réponse]
16/ Une entreprise couvre plus que nécessaire une position de change. Ce
faisant, que fait-elle ?
[Réponse]
[Réponse]
[Réponse]
19/ Vous voulez vous couvrir contre une hausse des taux d’intérêt. Achetez-
vous à terme des obligations à taux fixe ou les vendez-vous ?
[Réponse]
20/ Préférez-vous placer dans des actifs de trésorerie à taux variable ou à taux
fixe ?
[Réponse]
21/ Compléter les mots manquants. Une entreprise est endettée à taux variable.
Elle craint une …… des taux d’intérêt. Pour ce faire, elle décide de passer un
contrat de ….. dans lequel elle reçoit le taux ….. et paie le taux ….. Son risque
alors est celui de la …… de sa contre-partie. C’est pour cela qu’elle ne s’engage
qu’avec des contreparties présentant la meilleure ……..
[Réponse]
Exercices
[Réponse]
[Réponse]
[Réponse]
[Réponse]
Achat d’une option d’achat sur le peso contre dollar car son risque est celui
d’une hausse du peso.
Les futures sont négociés sur un marché organisé qui élimine le risque de
contrepartie et qui propose des contrats standardisés plus ou moins adaptés aux
besoins de l’entreprise. Les contrats de gré à gré présentent les avantages et
inconvénients opposés.
Éliminer les risques de contrepartie sur les marchés organisés grâce aux dépôts
de garantie et aux appels de marge.
Non, il peut être un produit de gré à gré comme la plupart d’entre eux.
Un floor qui vous garantit un prix minimum tout comme une assurance
reconstitue la valeur d’un bien qui en aurait perdu du fait d’un accident.
Non car elle ne peut pas mettre fin à ses activités. Oui car il peut mettre fin à
ses engagements.
Sans coût : élimine les achats d’options. Couverture : élimine les ventes
d’options. Risque à la baisse de la £ implique vente à terme de £.
Si les taux montent, il faut être gagnant sur la couverture afin de compenser la
perte sur la position à couvrir. Donc il faut avoir vendu les obligations à taux fixe
qui baissent de valeur en cas de hausse des taux d’intérêt, de sorte à pouvoir les
racheter moins cher et donc de faire une plus-value qui compense la perte sur
l’actif à couvrir.
Une entreprise est endettée à taux variable. Elle craint une hausse des taux
d’intérêt. Pour ce faire, elle décide de passer un contrat de swap dans lequel elle
reçoit le taux variable et paie le taux fixe. Son risque alors est celui de la
défaillance de sa contre-partie. C’est pour cela qu’elle ne s’engage qu’avec des
contreparties présentant la meilleure signature/solvabilité.
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54.1
Enfin, les développements qui vont suivre ne concernent pas les actifs
immobiliers ayant une utilisation très spécifique, comme une centrale nucléaire ou
une usine pétrochimique, dont les coûts de redéploiement sont tels qu’ils
rendraient celui-ci prohibitifs.
Section 1 ■ Les modes de financement de l’immobilier
54.2
Financer l’immobilier sur ses capitaux propres, c’est conserver une marge de
manœuvre pour l’avenir (avec la possibilité à l’avenir de le céder, de le louer ou de
le donner en garantie) et conforter les actionnaires et les prêteurs, mais aussi les
fournisseurs, les clients et les employés sur la solvabilité et donc la pérennité de
l’entreprise.
54.3
3 ■ Le crédit-bail immobilier
54.4
4 ■ La location simple
54.5
54.6
Le sale and leaseback* Sale and leaseback (cession-bail) représente une modalité de mise en
œuvre, et non un type de financement en tant que tel. Cette opération permet à une
entreprise de passer d’un financement sur capitaux propres à une location.
Certains utilisent le terme leaseback* Leaseback pour désigner la cession d’un bien
immobilier puis sa reprise en location avec option d’achat (souvent en crédit-bail),
réservant alors le terme de cession-bail* Cession-bail pour une opération de cession puis
reprise en location simple ; d’autres ne font pas cette distinction et parlent de sale
and leaseback qu’il y ait option d’achat ou non.
1 ■ La maturité de l’entreprise
54.7
À mi-chemin entre les deux, se situe l’entreprise arrivée à maturité sur son
marché et qui externalise son immobilier d’exploitation afin de financer la
croissance dans de nouveaux marchés. Une fois que le concept commercial s’est
imposé sur ces nouveaux marchés, l’entreprise a alors, à nouveau, la possibilité
d’internaliser le financement de son immobilier d’exploitation.
2 ■ Les actionnaires
54.8
Par ailleurs, il est fréquent d’observer qu’une holding familiale ou une SCI
familiale détient tout ou partie de l’immobilier d’exploitation qu’elle loue à
l’entreprise et qu’elle a financé par un endettement remboursé par les loyers reçus.
Ce montage permet à un entrepreneur arrivant près de l’âge de la retraite et
souhaitant sécuriser ses revenus, d’obtenir une exposition à l’immobilier plus forte
qu’à l’activité opérationnelle. Il lui suffit alors de renforcer sa participation dans la
société détenant l’immobilier et de se diluer progressivement dans la société
opérationnelle. Il pourra aussi céder à terme l’immobilier détenu à titre personnel à
l’entreprise pour se constituer un capital-retraite plus important, d’autant que
l’imposition sur la plus-value immobilière est dégressive et devient nulle après
22 ans de détention (et 30 ans pour les prélèvements sociaux). C’est ainsi que le
fondateur de Bricorama a gardé 70 % des actifs immobiliers lorsqu’il a cédé en
2018 sa chaîne de bricolage à Intermarché.
54.9
Les actifs immobiliers d’une entreprise ne sont pas homogènes, ils peuvent
être classés en plusieurs catégories :
convaincu de la pérennité.
C’est ainsi que BNP Paribas a cédé entre 2021 et 2023 son ancien siège
opérationnel rue d’Antin hébergé dans des locaux du xviie siècle pour opter pour
des immeubles du xxie siècle dans le nord-est parisien dégageant des centaines de
millions de plus-values.
Pour les actifs non stratégiques ou non pérennes dans le groupe, la flexibilité
est maximisée par la location. Cela permet au groupe d’arbitrer plus facilement
entre les localisations et accroît l’univers des acquéreurs potentiels en cas de
cession de l’activité (car le montant à débourser est réduit). S’instaure alors entre
le vendeur qui reste dans l’immeuble en tant que locataire et l’acheteur un jeu qui
porte sur la durée du bail et sur la probabilité que le locataire ne renouvelle pas
son bail. Le nouveau propriétaire des murs sera perdant si le locataire reste
finalement moins longtemps qu’espéré. Mais poussé à l’extrême on trouve le
modèle économique des centres d’affaires.
Ainsi, Peugeot avait cédé son siège parisien en 2012 pour l’aider à faire face
à une grave crise et avait opté pour une location à Rueil-Malmaison. Celle-ci lui a
donné la flexibilité en juin 2020 de la quitter pour répartir ses collaborateurs sur
des sites existant à Poissy et Vélizy… et en télétravail à 80 % afin de réduire de
30 % ses surfaces de bureaux. Ce mouvement aurait été indubitablement beaucoup
plus difficile avec un siège encore en pleine propriété, assez ancien, et invendable
en plein confinement !
4 ■ La fiscalité
54.10
L’impôt sur la plus-value est un élément pesant dans une opération de cession
à un tiers, et peut constituer un frein à une restructuration interne sans dégagement
de liquidités pour payer cet impôt. Toutefois, pour une société française disposant
de pertes fiscales sur lesquelles peut s’imputer 50 % du résultat annuel, l’impôt est
ainsi limité à 50 % de la plus-value et viendra peu ou prou s’équilibrer avec la
valeur actuelle de l’économie d’impôt future due au supplément de base fiscale
créé par la réévaluation.
54.11
54.12
54.13
54.14
Dans les années 2000, les taux de capitalisation (voir le paragraphe 54.5)
étaient inférieurs aux taux d’intérêt des crédits de certains groupes, les poussant à
céder leur immobilier. La situation est maintenant généralement inversée : on
observe en effet des taux de capitalisation (ou taux de rendement) de 3 à 6 %
contre des taux d’intérêt de 3 à 4 %.
54.15
54.16
L’impact des opérations de sale and leaseback sur la valeur des entreprises a
été assez largement mesuré dans la littérature académique. Ainsi T. Grönlund,
A. Louko et M. Vaihekoski ont trouvé que les sale and leaseback opérées entre
1998 et 2003 étaient créateurs de valeur. Cette étude converge avec d’autres du
même type, réalisées en Grande-Bretagne ou aux États-Unis.
54.17
Par la méthode des multiples* Méthode des multiples, trois approches sont possibles :
Multiples de l’excédent brut d’exploitation dans le secteur des sociétés foncières cotées
e : estimation.
Source : BNP Paribas Exane, puis FactSet à partir de 2020.
54.18
D’un point de vue pratique, l’évaluateur prendra soin d’actualiser les flux de
l’actif économique, loyers de l’immobilier déduits, à un taux d’actualisation plus
élevé que celui observé pour une société qui possède son immobilier
d’exploitation. En effet, les loyers constituent un coût fixe en trésorerie (il faut
bien les payer dans la réalité ou comme hypothèse de calcul !) et élèvent donc le
point mort* Point mort.
La généralisation des valorisations en Opco* Opco/Propco* Propco pour les
entreprises avec une forte dimension immobilière montre que les investisseurs
sont rarement les idiots du village et tiennent effectivement compte de la part
d’immobilier détenu dans le multiple global qu’ils attribuent à un groupe !
Section 4 ■ Un mode d’organisation immobilière
idéal ?
54.19
54.20
Les groupes d’un même secteur ayant des modes de détention différents de
leur immobilier présenteront des profils de croissance et de risque différents
justifiant des multiples de valorisation également différents. Les investisseurs
prendront cet élément en compte soit en raisonnant en multiple d’EBE (c’est-à-
dire avant loyers en normes IFRS), soit en valorisant séparément l’activité
opérationnelle et l’immobilier (Opco/Propco).
[Réponse]
[Réponse]
3/ Vous observez que les multiples d’EBE du groupe France Clinique sont de
8x alors qu’ils sont de 10x pour le groupe Hôpitaux Privés du Languedoc. Après
la lecture de ce chapitre, avancez une explication possible.
[Réponse]
[Réponse]
[Réponse]
Exercice
Compte tenu des incertitudes qui pèsent sur ce projet, le groupe a par ailleurs
retenu une valeur terminale nulle au bout de 20 ans (hormis la valeur comptable
du terrain dans le cas où le groupe en est propriétaire). En contrepartie, le groupe
ne prévoit pas de faire d’investissement de maintenance sur le bâtiment. Le groupe
prévoit la montée en puissance suivante de son activité :
Il est possible que le groupe France Clinique soit locataire de ses actifs
immobiliers alors qu’Hôpitaux Privés du Languedoc en est propriétaire. Ainsi
même si le risque opérationnel peut être identique, le risque après prise en compte
de l’immobilier sera plus faible pour le second groupe. Bien évidemment d’autres
explications sont également possibles (moindres opportunités de croissance pour
le premier groupe…) !
Parce que dès lors que l’on veut faire bouger de l’immobilier, il y a
potentiellement des impôts à payer (sur les plus-values), des droits
d’enregistrement, des taxes (foncières) et existe des régimes fiscaux propres à
l’immobilier (SIIC, SCPI).
b) Oui, mais la situation financière du projet serait tendue. En effet, les cash-
flows générés par le projet permettent juste de rembourser la dette quand celle-ci
arrive à échéance.
d) Non, le risque pris n’est pas le même. Hors prise en compte du financement,
le projet en location est sensiblement plus risqué que le projet en propriété. C’est
probablement l’inverse si l’on prend en compte le financement par dette. En effet,
si le projet est un échec, la dette restera due alors que si c’est une location,
l’exploitant cherchera à arrêter le bail dès que possible (tout dépend alors des
conditions d’abandon du bail). 3,7 %.
Bibliographie
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pages 709 à 730.
Grönlund T., Louko A., Vaihekoski M., « Corporate real estate sale and
leaseback effect: empirical evidence from Europe », European Financial
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Lynn F., « The wealth effects of sale and leasebacks: new evidence », Real
Estate Economics décembre 2004, vol. 32, no 4, pages 619 à 643.
55.1
L’expérience montre que des groupes gérés dans une logique financière
exclusive et hypertrophiée ne peuvent pas survivre. Ainsi Havas, premier groupe
européen des médias au début des années 1990 (télévisions, radios, affichage,
édition, presse professionnelle, etc.) a disparu en moins de huit ans, condamné à
l’immobilisme par la dictature du BPA, par des dilutions régulières dans le capital
des filiales pour dégager des profits exceptionnels prétendument récurrents, et par
des actionnaires financiers trop préoccupés à se neutraliser mutuellement pour voir
que, dans un monde changeant, seul Havas restait immobile. Hanson au Royaume-
Uni, ITT aux États-Unis ont connu la même fin pour les mêmes raisons.
À l’inverse, une stratégie industrielle sans finances saines est aussi vouée à
l’échec. C’est ce qui est arrivé à Vivendi Universal, résultat de l’absorption
d’Havas par le conglomérat Générale des eaux. Pour financer une expansion tous
azimuts dans les médias et l’Internet, il eut recours à un endettement à court terme,
sans cesse croissant, jusqu’à exploser spectaculairement en plein vol en 2002 à
cause d’une sévère mais banale crise de liquidité.
Cela ne veut pas dire qu’un directeur financier ne peut pas devenir président
d’un groupe, bon nombre de compétences qu’il doit démontrer dans son poste l’y
préparent, mais il doit alors prendre une autre ampleur et muer. L’ancien directeur
financier d’ArcelorMittal est ainsi devenu son directeur général unanimement
apprécié.
Il est donc sain que la politique financière* Politique financière de l’entreprise soit
subordonnée à sa stratégie. Celle-ci est certes guidée par des critères financiers
(dégager une rentabilité sur les investissements supérieure au coût du capital),
mais elle demeure primordiale par rapport à la politique financière.
55.2
55.3
Pour un financier, ces stratégies, quelles qu’elles soient, n’ont qu’un seul but :
permettre à l’entreprise de s’extraire d’un marché concurrentiel pour se constituer
une « rente », c’est-à-dire dégager une rentabilité supérieure à celle de ces
concurrents, qui ne la concurrencent d’ailleurs plus tout à fait. Les marques, les
brevets, les barrières à l’entrée industrielles (taille minimale des usines, budgets de
publicité importants…) ou légales (concessions, autorisations…) ne sont que des
instruments au service de ce but. Pour un financier, le rôle premier d’un industriel
est d’analyser l’environnement économique, industriel, commercial,
technologique… concurrentiel de son entreprise pour développer une politique
devant se traduire par une rentabilité supérieure.
Quand le risque est trop rémunéré (les taxis en France avant l’arrivée des
VTC, par exemple), de nouveaux concurrents entrent dans le secteur, ce qui fait
baisser sa rentabilité. Quand le risque est insuffisamment rémunéré (la grande
distribution en France par exemple), des entreprises abandonnent le secteur,
certaines sociétés font faillite, le secteur se consolide ou s’intègre (Intermarché
reprend une partie des hypermarchés et supermarchés de Casino), ce qui en réduit
à terme la concurrence et en augmente la rentabilité. On retrouve ici le
raisonnement que nous avions vu pour les titres financiers trop rentables ou trop
peu rentables compte tenu de leurs risques. Sur les marchés industriels, comme sur
les marchés financiers, une relation nécessaire s’instaure donc entre le risque et la
rentabilité.
Sur les marchés financiers, beaucoup plus liquides par définition que les
marchés industriels, l’équilibre entre la rentabilité et le risque s’établit beaucoup
plus vite que sur les marchés industriels où l’entrée est plus difficile que le simple
achat d’un titre, et la sortie beaucoup plus compliquée que la simple vente d’un
titre.
55.4
Obtenir les coûts de revient les plus bas possible permet à l’entreprise de
lutter contre la concurrence, voire de l’éliminer ou de l’empêcher d’entrer dans
son secteur d’activité. La politique industrielle a alors pour objectif principal de
minimiser un prix de revient unitaire des produits fabriqués.
55.5
■ d’obtenir une forte rentabilité des capitaux propres, malgré une rentabilité
économique qui peut être faible (importance des investissements), en « jouant »
sur l’effet de levier ;
55.7
Comme nous l’avons vu au chapitre 11, la notion de point mort* Point mort est très
importante parce qu’elle commande la sensibilité du bénéfice à une variation
d’activité. Plus une entreprise est proche de son point mort, plus elle est sensible à
une diminution de son chiffre d’affaires. Au contraire, plus l’entreprise en est
éloignée, moins elle est sensible à une variation de son activité. Elle est donc
financièrement plus stable.
Dès lors, toute stratégie, quelle qu’elle soit, doit être appréciée en fonction de
ses implications sur le point mort de l’entreprise.
55.8
La théorie nous a montré (voir le chapitre 21) que, pour un niveau de risque
donné, la rentabilité maximale est atteinte lorsque l’investisseur est totalement
diversifié et possède alors une fraction de chaque actif financier existant. Dans ce
cadre, l’actionnaire est indifférent à la stratégie et à la politique financière de
l’entreprise.
1 ■ L’entreprise familiale
55.9
Certes, il existe des entreprises dont l’importance des marges est telle
qu’elles peuvent croître par autofinancement sans trop s’endetter ni procéder à des
augmentations de capital trop dilutives du contrôle des fondateurs : Google,
Richemont, Bic, Dassault Systèmes, etc., mais elles sont l’exception plus que la
règle.
La cinquième partie de cet ouvrage aurait pu convaincre notre lecteur que
les ressources de l’ingénierie financière permettraient de toujours reculer le
moment fatidique en déconnectant le capital des droits de vote, en faisant entrer
des minoritaires dans les filiales ou dans la holding de contrôle.
55.10
55.11
Le problème est tout à fait différent lorsque le dirigeant n’est pas actionnaire
ou ne détient qu’une part infime du capital. Le risque est en effet qu’il poursuive
des objectifs différents de ceux des actionnaires dont il a reçu mandat pour gérer
l’entreprise : puissance, avantages matériels, popularité médiatique… (Carlos
Ghosn chez Renault, Pierre Richard chez Dexia, etc.). Dans certains cas extrêmes,
les objectifs du manager peuvent être contradictoires avec ceux des actionnaires.
Au niveau de la politique financière :
55.12
■le taux de croissance* Taux de croissance en volume de l’économie qui pose le décor
dans lequel va s’insérer l’activité de l’entreprise ;
■le taux d’intérêt sans risque* Taux d’intérêt sans risque qui sert de base à la détermination
du coût des capitaux propres et du taux de l’endettement ;
Plus que chacun de ces trois paramètres pris individuellement, c’est leur
interaction qui importe.
Des groupes peuvent ainsi être créés, en apparence puissants par leur taille et
leurs profits, mais en réalité fragiles par leur structure financière surtout s’ils se
sont habitués à la drogue inflationniste qui n’a qu’un temps. Elle disparaît
brutalement à la fin des années 1970 en Europe et aux États-Unis quand les États
portent les taux d’intérêt réels à des niveaux au-delà de 5 % au prix d’une grave
crise économique.
Section 4 ■ Une illustration, SEB ou la finance au
service de l’industrie
55.13
SEB a été fondé en 1857 par une famille, les Lescure, qui ont introduit en
Bourse le groupe en 1975 et qui détiennent actuellement 42 % des actions, 51 %
des droits de vote, et 8 postes d’administrateurs sur 16.
Compte tenu de cet état d’esprit, nos lecteurs ne seront pas surpris que la
politique financière de SEB soit marquée du sceau de la prudence. Sur les 10
dernières années, le rapport dette / EBE n’a jamais dépassé 3 fois. C’est se garder
une flexibilité financière et donc du temps pour traverser une crise ou adapter un
modèle économique à une nouvelle donne. Dans le même secteur, une autre
entreprise familiale, Moulinex, avec une stratégie agressive d’investissements
financés par endettement, n’a pas su ou pu s’adapter à la mondialisation de la
production et a fait faillite. SEB n’est pas près d’oublier cette leçon, ayant ensuite
racheté Moulinex à la barre du tribunal de commerce !
De la même façon de 19822 à 2019, le dividende par action n’a jamais été
réduit, ce qui veut dire que le taux de distribution moyen est faible pour permettre
à l’entreprise de s’autofinancer plus largement mais aussi pour ne pas avoir à
réduire le dividende par action en cas de crise comme en 1998 et 1999 (crise
russe). Le graphique relatif à la politique de distribution de SEB (de l’exercice 3
du chapitre 39) l’illustre. Il aura fallu la crise sanitaire extraordinaire de 2020
pour que SEB réduise d’un tiers son dividende.
Il faut dire que lorsque le bloc familial est fait d’environ 260 individus dont
un seul travaille dans l’entreprise, il vaut mieux faire attention à la politique de
distribution puisque pour certains actionnaires familiaux cela représente une partie
importante de leurs revenus. La fidélité actionnariale a pour corollaire la constance
dans la politique de distribution : dividende réduit une seule fois et ayant
progressé en moyenne de 7 % par an depuis 1982.
Dans ce secteur, SEB croît par croissance organique fondée sur l’expansion
géographique (présent dans 150 pays) et l’innovation produit (de la super-cocotte
à la friteuse Actifry), mais aussi très largement par croissance externe. Des 33
marques que possède le groupe, une seule a été développée en interne (SEB),
toutes les autres (Moulinex, Tefal, Krups, Calor, Lagostina, Supor, Rowenta,
WMF…) ont été acquises, dont les deux tiers depuis 2001.
Avec un endettement bancaire et financier brut de 3,2 Md€ fin 2022, et des
crédits confirmés à long terme, non tirés, de 990 M€, auxquels se rajoutaient
1,3 Md€ de trésorerie active, SEB a de quoi assurer largement sa liquidité.
A
L’évolution historique de l’analyse financière1
A.1
À la fin des années 1960, alors que l’analyse financière* Analyse financière avait pris
une ampleur considérable, une seconde évolution, pour ne pas dire révolution, est
intervenue avec le développement des professions d’ingénieur-conseil et
d’analyste financier. Préoccupés davantage par l’évaluation de titres et la
perception du risque de portefeuille que par le risque bancaire, les analystes
financiers ont procédé à une analyse plus stratégique des comptes de l’entreprise,
en mettant l’accent sur la rentabilité. Les ingénieurs-conseils, quant à eux,
mettaient au point une méthodologie d’analyse fonctionnelle du bilan, visant à
identifier les besoins de capitaux et à structurer leur financement.
À la fin des années 1970, l’analyse financière connaît une nouvelle évolution
que deux phénomènes peuvent expliquer. D’une part, la pratique de techniques
nouvelles qui permettent à la fois d’affiner l’analyse et de la simplifier :
l’utilisation du concept de liquidité d’exploitation que nous étudierons plus loin en
est un exemple typique. D’autre part, la détérioration de l’environnement
économique : la croissance faisant place à une période d’inflation et de récession
simultanées, contraignant à l’intégration de données plus complexes dans les
analyses et suscitant l’usage des techniques nouvelles précédemment évoquées.
À partir de 1980, les taux d’intérêt sont devenus des taux réels, interdisant
toute fuite en avant fondée sur des profits d’inflation. Les bilans se rétractent, des
endettements doivent être remboursés par liquidation d’actifs. Les capitaux
propres s’en trouvent réhabilités : l’analyse financière doit alors permettre
d’apprécier la valeur de l’entreprise.
A.2
Avant la crise de 1929 qui devait introduire une profonde mutation des
habitudes, le métier de banquier consistait essentiellement à assurer les
mouvements de comptes et à octroyer des facilités de caisse occasionnelles. La
France était encore à cette époque un pays de « boutiquiers » ; l’industrialisation
initiée au milieu du xixe siècle n’avait pas atteint l’ampleur des années 1970. Le
tissu industriel naissant était composé d’industries de main-d’œuvre (charbon,
textile, construction mécanique…) dont le problème était d’assurer le financement
de l’exploitation courante. C’est dans un tel paysage économique que sont apparus
les crédits bancaires dont l’objet était le financement de l’exploitation, c’est-à-dire
avant tout des stocks de matières premières et de produits finis ou en cours de
finition. Le développement des crédits d’exploitation devait se réaliser au
détriment de celui des crédits d’équipement et donc des équipements eux-mêmes,
dont le financement n’était assuré que par autofinancement ou par un effort
supplémentaire des actionnaires.
A.3
A.4
A.5
Longtemps satisfaits du seul critère de solvabilité, les banquiers ont pris peu à
peu conscience de l’importance non moins grande de la liquidité. Ils en ont
d’ailleurs fait l’expérience à leurs propres dépens : la cause la plus fréquente des
faillites bancaires était l’illiquidité provoquée soit par une opération hasardeuse,
soit par des retraits massifs des déposants. D’où la nécessité de prévoir la
« situation de caisse » pour faire face à ces retraits.
A.6
Il en a résulté une seconde règle dont le besoin s’était fait sentir, par exemple
avec la pratique de l’escompte et du crédit de campagne2. Le premier est
remboursé par le client du débiteur de la banque, le second est remboursé par la
vente des biens achetés et/ou produits, puis stockés. Il existe néanmoins un risque
dans chaque cas : l’impayé avec l’escompte, et la mévente avec le crédit de
campagne. Il importait donc au banquier de s’assurer une marge supplémentaire
destinée à couvrir ce risque.
A.7
A.8
À noter que ce « matelas de sécurité » était d’autant plus réel que des
capitaux propres le finançaient.
A.9
■ tout emploi de fonds doit être financé par une ressource de durée
équivalente ;
pour une même échéance, il doit exister une marge de sécurité entre le
■
montant des remboursements des ressources et celui des flux de recettes liés aux
emplois de fonds.
3 ■ L’avènement du concept de capacité d’autofinancement* Capacité
A.10
Les experts financiers faisant partie de ces organismes ont été chargés de
susciter chez les banques, à la faveur des procédures nécessaires pour obtenir le
refinancement de ces crédits, une doctrine appropriée à la nature de ces
financements nouveaux pour l’époque.
C’est ainsi que des règles d’orthodoxie financière pour le haut de bilan se
sont imposées : la présentation du bilan a été affinée pour permettre de classer les
crédits à plus d’un an selon la nature des emplois : investissements à long terme en
bâtiments (7 à 25 ans) ou à moyen terme en machines (3 à 7 ans).
A.11
A.12
Les utilisateurs de ces plans avaient fini par trop mettre l’accent sur le
montage des crédits et la prise de garanties, en omettant de s’intéresser à
l’évaluation du risque global présenté par l’entreprise.
Les exigences du banquier constituaient donc dans la France des années 1950 un
frein à la croissance des entreprises et à la constitution de groupes de taille
nationale ou internationale.
A.13
C’est alors que les ingénieurs-conseils des banques ont persuadé la
communauté industrielle et financière de mettre moins l’accent sur la structure du
bilan et sur la valeur patrimoniale de l’entreprise que sur la compréhension de ses
besoins. Ils ont présenté l’entreprise moins comme un bien dont la valeur diminue
en cas de crise, que comme une dynamique d’emplois de fonds et de ressources
dépendant de la gestion des dirigeants. L’analyse financière a alors eu pour but
d’apprécier l’entreprise dans un processus d’exploitation continue, et non plus
dans le cas d’une éventuelle liquidation.
Compte tenu des remarques précédentes, ce solde constitue enfin la base pour
obtenir de nouveaux emprunts auprès du système bancaire.
A.14
Si l’on juge le bilan à un moment donné, et si l’on passe en revue les produits
en stock, les traites en compte clients ou en portefeuille et les dettes à l’égard des
fournisseurs, il est clair que ces actifs et ces dettes vont disparaître rapidement.
Les emplois de l’actif circulant et les ressources du passif à court terme, qui
constituent le bas de bilan, proviennent en réalité des décalages de trésorerie entre
le paiement des charges d’exploitation et l’encaissement des produits
d’exploitation. Le solde entre ces emplois et ces ressources, tous liés à
l’exploitation, appelé besoin en fonds de roulement, correspond en partie à un
besoin de fonds récurrent, c’est-à-dire en renouvellement permanent du fait du
déroulement continu de l’exploitation. Ce besoin devrait être financé par des fonds
permanents, c’est-à-dire par le fonds de roulement, qui n’est autre, rappelons-le,
que l’excédent des capitaux permanents sur les emplois permanents5. Si le fonds
de roulement est insuffisant, ce besoin sera financé en outre par des crédits à court
terme qui ne pourront être remboursés que par leur renouvellement.
A.15
À partir de 1953, les sociétés cotées en Bourse ont été obligées de publier leur
compte de résultat. Cette réglementation a permis l’analyse des capacités
bénéficiaires des entreprises par les analystes financiers, et non plus seulement par
les banquiers pourvoyeurs de crédits. On a assisté de la sorte à l’avènement de
sociétés d’analyse financière (dont la Société française des analystes financiers,
SFAF en France) qui ont progressivement mis au point une méthodologie
d’analyse complète et formalisée concernant les redressements des comptes
publiés et la construction des tableaux de financement.
son approche est à mi-chemin entre une vue globale de l’entreprise par
■
A.16
cette dernière est calculée après prise en compte des frais financiers, alors que
■
la liquidité d’exploitation les exclut : les analystes ont en effet démontré que les
frais financiers ne constituent qu’un simple élément de la répartition de la richesse
dégagée par l’exploitation ; la capacité d’autofinancement tient également compte
de l’impôt, dont il est difficile de s’affranchir ;
représente un flux disponible qu’en théorie, dans la mesure où elle peut être
entièrement absorbée par le financement de l’accroissement du besoin en fonds de
roulement.
A.17
La période libérale des années 1980, liée à l’avènement des taux d’intérêt
réels, a montré le risque excessif de l’endettement en particulier à court terme.
L’étape suivante devait donc être le retour à la notion essentielle de capitaux
propres, de rentabilité, mais dans une démarche toute nouvelle.
Section 3 ■ L’analyse financière dans une économie de
marché* Économie de marché
A.18
surproduction permettant ainsi de faire des profits sur stocks compte tenu de
■
financement par endettement dont le coût réel était nul, voire négatif compte
■
A.19
La réapparition des taux d’intérêt réels positifs à la fin des années 1970
marque le début de la fin en France de l’économie d’endettement, la fin des profits
d’inflation et l’apparition d’une croissance plus faible, avec un risque conjoncturel
élevé.
La notion de point mort réapparaît. L’endettement n’est plus considéré alors
comme une ressource qu’il ne faut jamais rembourser, mais comme une avance
devant être remboursée par les capitaux propres sécrétés par la rentabilité. Les
capitaux propres tendent à ne plus être considérés comme une variable
d’ajustement ne servant qu’en période de crise mais comme la source de
financement de base.
A.20
L’étude de la rentabilité de l’entreprise passe :
de l’activité ;
l’efficacité du capital qui peut passer par des marges faibles mais un fort taux de
rotation, ou l’inverse. Fleurissent alors les indicateurs de profit économique type
EVA (Economic Value Added), qui comparent sur une base annuelle la rentabilité
économique et le coût moyen pondéré du capital de l’entreprise, ce qui permet
d’apprécier la création de valeur (voir chapitre 33).
A.21
L’accent mis sur la rentabilité ne doit pas faire croire que l’étude des flux de
trésorerie est délaissée. Elle est au contraire fondamentale pour apprécier un
investissement ou la valeur d’une entreprise. Mais elle est, malgré elle, conduite
dans un esprit différent. L’objectif n’est plus seulement de calculer une capacité de
remboursement des crédits mais de mesurer le cash disponible pour faire de la
croissance externe, « rembourser » une partie de ses capitaux propres ou se
désendetter massivement suite à de grosses opérations de cession. L’entreprise
constitue un « trésor de guerre » pour préparer les opérations suivantes.
En tout état de cause, cette analyse des flux de trésorerie est d’autant plus
nécessaire que l’égarement des principes comptables est grand, notamment pour
évaluer les actifs intangibles : survaleur, marques, fonds de commerce, juste
valeur… La comptabilité, en devenant plus proche de la réalité économique,
devient moins fiable.
A.22
5 ■ … puis de la liquidité
A.23
Cette vision globale ne doit pas faire oublier le court terme, c’est-à-dire la
liquidité de l’entreprise. Jusqu’à l’automne 2008, elle semblait être devenue un
non-sujet du fait de l’ouverture permanente des marchés financiers qui permettait
toujours de trouver les ressources financières nécessaires dès lors que l’entreprise
avait un bon profil de solvabilité et de rentabilité. Les nuits blanches passées par
bon nombre d’emprunteurs entre l’automne 2008 et le printemps 2009, même de
très grands groupes, ont servi de leçon à beaucoup qui jurent désormais qu’on ne
les y reprendra plus.
■■■
A.24
L’analyse financière n’en reste pas moins fondamentale et lorsqu’elle est conduite
rigoureusement elle demeure le meilleur antidote aux bulles spéculatives et aux
excès de pessimisme.
Résumé
Dans les années 1970 caractérisées par des taux d’intérêt réels extrêmement
faibles et par une croissance des entreprises élevée, le risque de sous-
investissement lié à l’effritement des positions concurrentielles prime sur le risque
lié à l’endettement. La vision d’une entreprise faite de besoins et de ressources
prime sur les concepts statiques d’actif et de passif ; on étudie l’entreprise en
termes de flux et non plus selon une optique liquidative. Les outils d’analyse
tendent donc à mettre en valeur la croissance de l’entreprise : besoin en fonds de
roulement, bilan fonctionnel centré sur le fonds de roulement et tableau emplois-
ressources. Un nouveau concept se développe : l’excédent de trésorerie
d’exploitation.
Dès le début des années 1980, alors que les taux d’intérêt réels deviennent
positifs et que le ralentissement de la croissance fait découvrir le risque
conjoncturel, on assiste à la montée du financement par les marchés de capitaux.
L’accent est alors mis sur l’analyse du compte de résultat, conduisant au bénéfice
par action et au cours boursier. Ces éléments sont perçus au travers d’une
approche globale des questions industrielles et commerciales de l’entreprise,
distincte des problèmes de financement. L’excédent brut d’exploitation, le résultat
d’exploitation, l’actif économique et la rentabilité économique font leur
apparition. Les concepts d’effet de ciseau, de point mort et de levier priment.
Les années 1990 ont mis l’accent sur l’illusion produite par les conventions
comptables, plaçant la valeur actuelle des flux futurs au centre des questions
d’analyse financière. Toutes les décisions financières sont désormais analysées en
termes de valeur. Le développement des outils informatiques de simulation et la
montée du rôle des actionnaires convergent d’ailleurs dans cette direction. Les
outils d’analyse correspondant à ces préoccupations sont le flux de trésorerie
disponible, le tableau de flux et le taux de rentabilité exigé par les pourvoyeurs de
fonds de l’entreprise, autrement dit le coût moyen pondéré du capital.
Les excès de la fin des années 1990 ont été facilités par un relâchement de la
pratique de l’analyse financière et, à ce titre, l’éclatement de la bulle Internet a été
très pédagogique pour les actionnaires. Les créanciers ont pour beaucoup attendu
la crise de 2008-2010 pour redécouvrir le risque de crédit trop vite oublié dans une
conjoncture économique favorable et les emprunteurs le risque de liquidité que la
croyance naïve en des marchés financiers toujours ouverts avait fait négliger.
Questions
1/ On a pu dire que la « fuite en avant » était une stratégie à succès dans les
années 1960 et 1970, et que la rigueur de gestion était la stratégie type des années
1980 et 1990. Pourquoi ?
[Réponse]
[Réponse]
[Réponse]
[Réponse]
[Réponse]
[Réponse]
[Réponse]
8/ Qui de nos jours utilise la notion de flux de trésorerie disponible ?
[Réponse]
[Réponse]
[Réponse]
Vernimmen P., Analyse et gestion, Dalloz, éditions de 1974, 1977, 1981, 1988
et 1991 et Finance d’entreprise, Dalloz, éditions de 1994, 1996, 1998, 2000, 2002,
2005, puis annuelle à partir de 2009.
B.1
Au risque de choquer, il faut avoir conscience que le monde financier est d’abord
un monde désincarné, caractérisé par la primauté du comportement rationnel fondé
sur la défense et la promotion des intérêts personnels.
Personne ne contestera que l’achat d’un titre financier est un acte intéressé
qui s’analyse comme la renonciation à une jouissance immédiate au profit d’une
jouissance ultérieure que l’on espère supérieure.
B.2
B.3
B.4
Enfin, le taux d’intérêt fait son apparition. On constate que, suivant les
individus, le niveau de consommation se déplace le long de la droite représentée,
puisqu’il y a un marché financier où s’échangent, au taux de l’argent sans risque,
rF, les excédents et les déficits de financement sans limitation de montant. Cette
droite a en effet pour pente 1 + rF.
Notre individu est économe : il ne consomme pas la totalité de son revenu de
la période 1 afin d’en épargner une partie et d’obtenir ainsi en période 2 un revenu
égal à R2 majoré de son épargne, intérêts compris, soit [R2, C2*].
Il faut donc, pour cela, qu’il existe un taux qui rémunère de façon
satisfaisante tout placement ou investissement, c’est-à-dire toute renonciation à
une consommation immédiate.
C est peu rentable puisque Rc < Ic, mais A l’est fortement : Ra >> Ia.
B.8
B.9
soit l’entrepreneur n’a pas les ressources financières propres pour réaliser
■
Dans ce cas, l’entrepreneur collecte les fonds sur le marché pour réaliser ces
investissements. Et tant qu’il disposera d’investissements suffisamment rentables,
c’est-à-dire dont le taux de rentabilité est supérieur au taux exigé par les
pourvoyeurs de fonds, il n’aura, en théorie, aucune difficulté à trouver des fonds
pour financer ses projets.
B.10
B.11
B.12
Un euro aujourd’hui n’est donc pas égal à un euro demain, il lui est supérieur.
Le temps, c’est de l’argent !
[Réponse]
[Réponse]
[Réponse]
[Réponse]
[Réponse]
[Réponse]
[Réponse]
8/ Les taux d’intérêt sont-ils positifs à cause de l’inflation ?
[Réponse]
9/ Un taux d’intérêt peut-il être négatif ? Dans quel cas ? Est-ce alors durable ?
[Réponse]
10/ Si le taux d’intérêt est le même pour tout le monde, pourquoi existe-t-il au
même instant des individus qui placent et des individus qui empruntent ?
[Réponse]
[Réponse]
[Réponse]
13/ Accroître les liquidités augmente-t-il ou réduit-il les taux d’intérêt ? Les
investissements ?
[Réponse]
[Réponse]
[Réponse]
La séparation des décisions d’investissement et de consommation.
En temps normal, oui, car celui qui épargne accepte de différer une
consommation qui aurait pu être immédiate.
En temps normal, oui. Grâce au marché financier, tous les deux peuvent
consommer selon leurs souhaits et investir parallèlement dans les projets plus
rentables que le taux du marché, le marché leur fournissant les ressources
nécessaires.
Oui, grâce à l’existence du marché qui lui permet de placer ses revenus au taux
du marché.
Non, cela n’a rien à voir, même si a priori en période d’inflation, les taux
d’intérêt sont plus élevés. Ils sont positifs pour rémunérer la renonciation à la
consommation immédiate.
Réduit les taux d’intérêt car ces liquidités devront être investies, rendant
acceptables des projets qui ne l’étaient pas auparavant. Accroît les
investissements.
Monter les taux d’intérêt car le volume de liquidités étant constant, des
investissements auparavant assez rentables ne seront plus réalisés au profit des
nouveaux qui sont plus rentables.
La règle de séparation entre choix d’investissement et choix de niveau de consommation est due à
Irving Fisher :
Arrondel L., Masson A., « Des goûts et des richesses : préférences des
épargnants face au risque et au temps », Échanges février 2008, no 251, pages 18 à
29.
Fama E., Miller M., The theory of finance, Holt, Rinehart and Winston, 1972.
□ Allemagne
□ Bénélux
□ Brésil
□ Chine
□ États-Unis
□ France
□ Inde
□ Italie
□ Japon
□ Maroc et Tunisie
□ Royaume-Uni
□ Russie
□ Suisse
Bénélux, en Md€
Brésil, en Md€
Chine, en Md€
France, en Md€
Inde, en Md€
Italie, en Md€
Japon, en Md€
Maroc-Tunisie, en M€
Royaume-Uni, en Md€
Russie, en Md€
Source : FactSet, mai 2023.
Suisse, en Md€
UEMOA, en M€
■
Pierre Vernimmen
Diplômé d’HEC Paris en juin 1968, Pierre Vernimmen fit partie, dès octobre
de la même année, de l’équipe fondatrice du département Finance d’HEC dont il
devait devenir, à 23 ans, le premier coordinateur. Travailleur infatigable, il
développa les enseignements de finance d’entreprise et mit en place un séminaire
d’analyse financière dont bénéficièrent de très nombreuses promotions
d’étudiants. Il s’imposa très vite dans le domaine de la finance d’entreprise par ses
percées conceptuelles. Il élabora de nombreux cas, recruta et forma des
enseignants, développa de nouveaux enseignements en finance d’entreprise, sa
matière de prédilection, mais également en gestion bancaire, et collabora à
plusieurs cours dans le domaine des marchés de capitaux. Fort de ses premiers
succès, il réussit à convaincre la direction des ressources humaines de Paribas de
former ses cadres à HEC, dans son pôle de formation permanente. Il demeura
l’initiateur et l’un des animateurs des séminaires dispensés par le Groupe HEC aux
dirigeants d’entreprises, animé qu’il était du souci constant de faire partager son
savoir et ses connaissances non seulement aux étudiants, mais également aux
décideurs dans l’entreprise.
www.vernimmen.net
Son accès est gratuit et la totalité des documents y figurant est téléchargeable.
Il offre :
■ des quiz corrigés (467 questions) et 24 cas, le corrigé détaillé sur Excel de
tous les exercices ;
■une boîte aux lettres pour communiquer avec les auteurs de l’ouvrage, leur
poser des questions ;
Ce site est doté d’un site miroir, entièrement en anglais, qui propose
gratuitement les mêmes services : www.vernimmen.com.
■
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ISBN : 978-2-247-23103-4
Conception et réalisation :
www.igs-cp.fr
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ABB 27.39
ABSA 26.2
ABSO 26.2
Absolute return 20.19
Abus de droit des majoritaires 43.4
Accelerated bookbuilding 27.39
Accord de confidentialité 47.7
Accumulateurs 53.21
Achat de blocs 47.19
Acid test ratio 13.19
Acompte sur dividende 39.5
ACPR 43.32
Acquisition d’une société 47.1
Acquisition facility 49.14
Acquisition ordonnée 41.16
Actif circulant 4.3
Actif corporel 33.33
Actif courant 4.3
Actif de trésorerie 8.5
Actif économique 4.13
Actif économique négatif 14.19
Actif immobilisé 4.3
Actif incorporel 33.35
Actif net 4.22 8.14 15.5
Actif net par action 24.7
Actif net réévalué 33.30
Actif non consolidé 33.14
Actif non courant 4.3 4.7
Actif sans risque 20.11
Actif sous-jacent 25.3
Actif stratégique 43.34
Action 24.1 33.2 52.33
Action de concert 47.20
Actionnaire 6.10 9.20 34.7 35.13 36.1 40.4 40.14 40.15 43.3 55.8
Actionnaire activiste 38.20
Actionnaire individuel 43.45
Actionnaire minoritaire 43.4 44.8 44.19 55.10
Actionnariat 38.27 39.21 43.1
Actionnariat des salariés 43.12 43.30
Actionnariat familial 43.6
Actions à bons de souscription d’actions (ABSA) 26.2
Actions à bons de souscription d’obligations (ABSO) 26.2
Actions à droit de vote double 43.19
Actions à droit de vote multiple 43.20 45.9
Actions attribuées gratuitement aux salariés 8.96
Actions autocontrôlées 8.2
Actions autodétenues 8.2 24.14
Actions de performance 8.96 9.21 28.18 43.12 45.4
Actions de préférence 26.29 43.23
Actions gratuites 5.26 8.96 43.12 45.4
Actions mèmes 16.24
Actions sans droit de vote 45.9
Actions spécifiques 43.32
Actions traçantes 26.30
Activité conjointe 7.12
Actualisation 17.7
Actualisation des dividendes 33.19
Actualisation des flux de trésorerie disponible 33.2
Ad hoc 50.5
Adjusted Present Value (APV) 35.5
Administrateur indépendant 43.41 45.6 47.27
Administrateur judiciaire 50.6 50.9
Administrateur référent 45.7
ADP 26.30
ADR 27.25
Affacturage 8.39 23.12
Affacturage inversé 23.12
After-market 27.6
AGE 43.3
Agence de notation 1.11 22.27 37.10
Agent de la documentation 23.9 27.50
AGO 43.3
Ajustement de prix 47.15
À la monnaie 25.10
Allocation 27.16
Allocation comptable du prix d’acquisition 7.20
ALRG 36.16
Alternext 46.3
À l’achèvement 8.104
À l’avancement 8.104
Amendement Charasse 49.4
American Depositary Receipt (ADR) 27.23
AMF 6.2 16.20 47.18
Amortissement 8.8 18.10
Amortissement constant 18.12
Amortissement dégressif 8.10
Amortissement dérogatoire 8.11
Amortissement d’un emprunt 22.5
Amortissement linéaire 8.10 18.12
Amortissement variable 8.10
Analyse chartiste 16.20 20.18
Analyse comparative 9.28
Analyse en tendance 9.27
Analyse extra-financière 1.4
Analyse financière 9.2 A.1 A.15
Analyse fondamentale 20.17
Analyse multi-critères 47.26 47.27 48.9
Analyse normative 9.30
Analyse stratégique 9.1 11.16
Analyse technique 20.18 21.11
Analyste financier A.15
ANC 6.2
Anchor investor 46.10
Annexe 6.5
Annuité 18.11
Anticipation (mécanisme d’) 10.42
Appel de marge 53.30
Apport de titres 48.4
Apport partiel d’actif 48.5
APT 21.12
APV 35.5
Arbitrage 16.27 28.9
Arbitrage Pricing Theory (APT) 21.12
Arbitragiste 16.27
ARPU 24.25
Arrangement fee 23.9
Article 11 (directive européenne sur les offres publiques) 47.38
Article 12 (directive européenne sur les offres publiques) 47.38
Article 9 (directive européenne sur les offres publiques) 47.38
Assemblée générale extraordinaire (AGE) 43.3 45.9
Assemblée générale ordinaire (AGO) 43.3 45.9
Asset Liability Refinancing Gap (ALRG) 36.16
Asset management 16.17
Assimilation 22.15
Association d’actionnaires minoritaires 45.12
Assurance 53.20
Assurance-crédit 51.16 53.24
Assurance risque politique 53.26
Asymétrie d’information 28.14 33.49 35.1 35.17 40.16 46.9
Attestation d’équité 46.12 47.27
Augmentation de capital 27.27 35.16 36.9 47.30
Augmentation de capital avec DPS 27.29
Augmentation de capital en numéraire 40.1
Augmentation de capital réservée 43.27
Augmentation de capital sans DPS 27.34
Autocouverture 53.13
Autoentrepreneurs 42.1
Autofinancement 38.3 42.3
Autonomie des exercices (principe de) 6.12
Autorité des marchés financiers (AMF) 6.2 16.20 47.18
Autorité des normes comptables (ANC) 6.2
Autorité du contrôle prudentiel et de résolution (ACPR) 43.32
Autorités de la concurrence 47.16
Autres charges externes 10.16
Avance remboursable 42.13
Avantage au personnel 8.31
Aversion au risque 32.22
Avis d’équité 47.32 47.33
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Gamma 25.29
Garantie 23.20 27.3 27.5 27.14 A.3
Garantie bancaire 51.17
Garantie de bonne exécution 23.21
Garantie de bonne fin 23.21 23.28 27.5
Garantie de la garantie 47.15
Garantie de passif 47.14
Garantie de soumission 23.21
Garantie financière 23.21
Garantie pour défaut 23.21
GBP 22.21
Gearing 13.13 14.11 41.12
Generally Accepted Accounting Principles 6.4
General partner 49.9
Géographie du capital 43.2
Gestion active 20.17
Gestion alternative 20.19
Gestion centralisée de la trésorerie 52.35
Gestion de trésorerie 52.1
Gestion d’actifs 20.15
Gestion indicielle 20.16
Gestionnaires d’actifs 43.45
Gestion passive 20.16
Global coordinator (coordinateur global) 27.4
Going concern 6.11
Golden parachute 43.35
Golden shares 43.32 47.38
Goodwill 7.20 8.12 14.17 33.27 33.40 42.8
Gordon-Shapiro (formule de) 17.17
Gouvernance 43.41 43.43 49.18
Gouvernance d’entreprise 28.19 45.1
Gouvernement d’entreprise 45.1
Grecques 25.28
Green bonds 1.9 22.21
Green Bonds Principles (GBP) 22.21
Greenium 22.21
Green loans 23.10
Greenshoe 27.6
Greenwashing 1.11
Grille de marge 23.4 41.12
Growth stocks 20.17
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IA 9.35
IAS 6.3
IASB 6.2 6.23
IBR 50.21
ICR 13.11 41.12
IFRS 6.2 6.3
IFRS Foundation 6.3 6.23
IFRS Interpretation Committee 6.3
IFRS S 6.23
ILAT 54.5
ILC 54.5
Illiquidité 13.15 43.42
Image fidèle et sincère 6.9
Immobilier 54.1
Immobilisations 4.7
Immobilisations corporelles 8.43
Immobilisations financières 4.3
Immobilisations incorporelles 8.46
Impairment test 7.20
Impasse de refinancement 36.16
Importance relative (principe d’) 6.18
Impôts différés 8.57
Impôts et taxes 10.19
Impôt sur les sociétés 5.10 10.30 35.3
Incubateur 42.11
Indépendance des exercices 6.12
Indépendant 47.27
Independent Business Review 50.21
Index tracker 20.16
Indice de profitabilité 30.20
Indice des loyers commerciaux (ILC) 54.5
Indice des loyers des activités tertiaires (ILAT) 54.5
Inertie (mécanisme d’) 10.43
Inflation 10.44 37.6
Info memo 47.12
Information comptable 6.1
Information extra-financière 6.5
Information privilégiée 35.16
Initial Public Offering (IPO) 44.6
Instant payment 52.4
Instruments financiers de couverture 8.65
Intangibilité du bilan d’ouverture 6.20
Intégration fiscale 33.49 39.9 49.4
Intégration globale 7.4
Intégration proportionnelle 7.12
Intelligence artificielle (IA) 9.35
Intensité (risque) 53.2
Intensité capitalistique 14.4
Intéressement 9.21 10.18
Interest cost 8.34
Interest coverage ratio (ICR) 13.11 41.12
Interest rate swaps (IRS) 53.18
Intérêts capitalisés 17.3
Intérêts composés 17.3
Intérêts des tiers 7.7
Intérêts hors groupe 7.6 7.7
Intérêts intercalaires 8.44
Intérêts minoritaires 7.6 33.16
Intérêts non contrôlants 7.7
Intérêts notionnels 35.12
Interim facility agreement 49.14
Intermédiaire 16.3
Intermédiation financière 16.4
International Accounting Standards (IAS) 6.3
International Accounting Standards Board (IASB) 6.2 6.3
International Financial Reporting Standards (IFRS) 6.2
International Sustainability Standards Board (ISSB) 6.23
Introduction en Bourse 27.10 43.36 44.6 49.5
Inversion-courbe des taux 21.19
Invested capital 4.17
Investir B.7
Investissement 5.9 5.17 9.18 10.45 12.1 12.25 28.2 30.15
Investissement responsable 1.4 20.22
Investissement socialement responsable (ISR) 1.5 20.22
Investisseur 16.24 16.26 28.4
Investisseur financier 28.4
Investisseur institutionnel 1.4 23.3 43.9
Investisseur qualifié 27.8 27.46
Investment banking 16.16
Investment grade 22.28 27.42 41.5
IPO 44.6
IRS 53.18
ISDA 53.30
ISR 1.5 20.22
ISSB 6.23
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MAC 27.14
Maison-mère 44.23
Majorité qualifiée 43.3
Majorité simple 43.3
Make-whole call 41.16
Mali de fusion 48.19
Management Buy-In (MBI) 49.3
Management Buy-Out (MBO) 49.3
Management fees 44.24
Management incentive packages (MIP) 49.16
Management packages 26.11 43.43 49.16
Management presentations 47.12
Mandat 50.2
Mandataire 50.5
Mandataire ad hoc 50.5 50.20
Mandated Lead Arranger (MLA) 23.9 27.4 27.50
Marché 9.9
Marché à l’équilibre 16.18 21.1 28.8 38.16
Marché à terme 53.14
Marche au hasard 16.18 19.6
Marché bancaire 41.4
Marché de capitaux 1.14
Marché dérivé 16.12
Marché efficient 16.18
Marché financier 16.1
Marché gris 27.44
Marchéisation 16.6
Marché organisé 46.3
Marché primaire 16.7
Marché réglementé 27.34 46.3
Marché secondaire 16.7 22.13
Marge 10.1 14.2
Marge actuarielle 22.12
Marge brute 10.13
Marge commerciale 10.14
Marge de crédit 36.3
Marge d’exploitation 10.23 14.4
Marge normative 11.19
Marge opérationnelle 10.23
Marge sur consommation de matières 10.13
Marge sur coûts variables 11.5
Margin grid 41.12
Marketing 27.13
Market makers 24.11
Market sounding 27.5
Market Value Added (MVA) 29.5 29.12
Marques 8.53 33.35
Martingale 16.20
Material Adverse Change (MAC) 23.11 27.14
Matériels et outillages industriels 8.43
MBI 49.3
MBO 49.3
MEDAF 21.3 21.6 31.2 42.2
Médiane (de multiples) 33.29
Meilleurs efforts 27.5
Meme stocks 16.24
Memorandum d’information 27.50 47.12
Memorandum of Understanding (MOU) 47.7
Mesure de la création de valeur 29.1
Méthode additive 5.15
Méthode binomiale 32.17
Méthode DCF 33.2
Méthode de consolidation 7.3
Méthode de Monte Carlo 32.5
Méthode des comparables 33.2
Méthode des multiples 33.20 54.17
Méthode des options réelles 33.3
Méthode des scores 9.32
Méthode des treasury shares 33.17
Méthode des unités de crédit projetées 8.32
Méthode directe 31.5
Méthode dite «€soustractive€» 5.15
Méthode du venture capital 42.22
Méthode d’acquisition 7.20
Méthode d’évaluation des options 25.19
Méthode indirecte 31.5
Méthode intrinsèque 33.4
Méthode patrimoniale 33.3 33.30
Mezzanine 49.12
Micro-entreprises 42.1
Mid cap 44.7
Mifid II 43.40
Mimétisme 16.24
Minibon 23.30
Minorité de blocage 43.5
MIP 49.16
Mise aux enchères 47.12
Mise en commun d’intérêts 7.23
Mise en équivalence 7.9 33.14 44.19
Mise sous surveillance 22.28
MLA 23.9 27.4 27.50
Modèle APT 21.12
Modèle binomial 25.19
Modèle de Black-Scholes 25.21
Modèle de croissance interne 38.11
Modèle de Fama-French 21.13
Modèle d’évaluation des actifs financiers (MEDAF) 21.3 21.7 31.2 42.2
Modified duration 22.24
Montage financier 47.10
Montant comptable 38.6
Montant notionnel 53.17
Moral hazard 35.14
MOU 47.7
Moyennes (de multiples) 33.29
Moyennes entreprises 6.6
Moyens financiers de l’entreprise 38.5
MTN 27.46
Multinationale 31.20
Multiple 24.15
Multiple boursier 33.20
Multiple de la capacité d’autofinancement 33.27
Multiple de l’excédent brut d’exploitation 33.25
Multiple des capitaux propres 33.27
Multiple de transaction 33.20 33.28
Multiple du chiffre d’affaires 24.24 33.26
Multiple du flux de trésorerie disponible 24.26
Multiple du résultat d’exploitation 24.16 33.24
Mur de dette 41.6
MVA 29.5 29.12
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OATi 22.19
Obligation 22.1 23.30 27.42 41.5 52.32
Obligation à bons de souscription d’actions (OBSA) 26.2 37.3
Obligation à bons de souscription d’obligations (OBSO) 26.2
Obligation à coupon zéro 22.10
Obligation à haut rendement 22.28 27.42 49.12
Obligation à impact 22.21
Obligation à option de remboursement en numéraire et/ou en actions
existantes 26.18
Obligation à taux variable 22.17
Obligation collatéralisée 22.7
Obligation convertible 8.74 26.12 27.49 33.17 37.3 39.12 42.11 49.12
Obligation convertible en actions à bons de souscription d’actions (OCABSA)
26.2 27.35
Obligation convertible en actions nouvelles ou existantes (OCEANE) 26.17
Obligation convertible synthétique 26.28
Obligation de transition 22.21
Obligation durable 22.21
Obligation échangeable 26.39 27.49
Obligation hybride 26.34 37.3
Obligation indexée sur l’inflation (OATi) 22.19
Obligation Relance 26.36
Obligation remboursable en action 26.37 37.3 42.11
Obligation responsable 22.21
Obligation sociale 22.21
Obligation synthétique 26.28
Obligation verte 1.9 22.21
OBO 49.3
OBSA 26.2 37.3 49.12
OBSAR 26.11
OBSO 26.2
OCABSA 26.2
OCEANE 26.17
OCI 6.5
Offre alternative 47.22
Offre amicale 47.23
Offre à prix ferme (OPF) 27.20
Offre à prix ouvert 27.11 27.19
Offre binding 47.12
Offre de participation 47.32
Offre hostile 47.23 47.31
Offre indicative 47.12
Offre mix & match 47.35
Offre mixte 47.22
Offre non binding 47.12
Offre non sollicitée 47.23
Offre obligatoire 47.38
Offre publique concurrente 47.30
Offre publique de rachat d’actions (OPRA) 39.13 47.32
Offre publique de retrait (OPR) 47.32
Offre publique de vente 27.40
Offre publique d’achat (OPA) 38.19 47.22
Offre publique d’échange (OPE) 47.22
Offre publique en Europe 47.38
Offre publique partielle 47.32
Offre simplifiée 47.32
One on one 27.13
One-stop shopping 16.14
One to one 27.3
OPA 47.22
OPC 52.30
OPCI 54.10
Opco 54.18 54.19
OPCVM 8.6 20.15 52.30
OPE 47.22
Operating assets 4.13
Operating lease 8.69 23.16
Operating profit 3.8
Opération de fusion-acquisition 47.1
Opération intragroupe 7.27
Opération primaire 46.5
Opération secondaire 46.5
OPF 27.20
Opinion de viabilité 49.4
OPR 47.32
OPRA 39.13 47.32
Option 25.1 36.1 36.2 37.9 44.18 53.28
Option à barrière 53.21
Option américaine 25.3
Option asiatique 53.21
Option de change 53.21
Option de surallocation 27.6
Option de taux à barrière 53.22
Option de vente 25.3 44.17
Option d’achat 25.3
Option d’extension 27.6
Option européenne 25.3
Option lookback 53.21
Option réelle 32.8 32.16 42.7 42.20
Option sur moyenne 53.21
Option sur option 53.21
Option sur taux d’intérêt 53.22
ORA 26.37 37.3 42.11 49.12
ORANE 26.38
ORAPA 26.38
Organisation 44.1
Organisme de placement collectif (OPC) 52.30
Organisme de placement collectif en valeurs mobilières (OPCVM) 20.15
ORNAE 26.18
ORNANE 26.18
Orthodoxie 9.30 13.24 31.17 A.2
Other comprehensive income (OCI) 6.5
Outil industriel 12.26
Over hang 27.7
Overlay 52.41
Owner Buy Out (OBO) 49.3
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PACEO 27.35
PACman 47.30
Pacte Dutreil 43.15
Pacte d’actionnaires 42.14 43.15 44.6 44.17
Paiement en temps réel 52.4
Pair 22.3
Parachute doré 45.5
Par destination 3.15
Parent Company Guarantee (PCG) 52.39
Par fonction 3.15
Pari passu 23.11 41.9
Parité d’échange ou de fusion 48.9 48.10
Par nature 3.15
Part de marché 8.54 9.13 55.4
Participation 7.9
Participation croisée 43.14
Participation des salariés 10.18
Participation fee 23.9
Participation financière 33.14
Participation minoritaire 44.19
Parties prenantes 28.13
Parts sociales 24.1
Passager clandestin 28.20
Pay-back 30.18
Payment factory 52.42
Payment in kind (PIK) 49.12
Payoff 25.6
Pay-out ratio 24.7
Pays émergents 31.21
PBR 24.27 33.27 40.12
PCG 6.2
PEA 35.11 39.8
Pension livrée 52.25
PER 24.21 29.16 33.27 48.16
Performance bonds 23.21
Périmètre de consolidation 7.3 7.14
Période de conversion 26.13
Période d’exercice 25.3
Période suspecte 50.9
Périodicité 22.10
Permanence des méthodes (principe de) 6.15
Personnel 10.18
Perte de dilution 8.79
Perte de valeur 7.20 8.8
PGE 23.8
Physical delivery 53.29
PIK 49.12
Pilot fishing 46.10
Pilule empoisonnée 43.34
PIPE 43.8 46.7
Place de cotation 27.13 46.5
Placement 27.1
Placement auprès des particuliers 27.18
Placement garanti 27.11
Placement global 27.11
Placement pour compte 27.5
Placement privé 23.3 27.24 41.5
Plancher actuariel 26.20
Plan comptable général (PCG) 6.2 6.6
Plan de cession 50.11
Plan de continuation 50.10
Plan de financement 2.2
Plan de restructuration 41.12
Plan d’affaires 32.2 33.6
Plan d’épargne en actions (PEA) 39.8
Plan d’épargne entreprise 43.11
Plan type d’analyse financière 9.25
Plus-values internes 7.29
Poids relatif 48.9
Point de base 22.23 49.11
Point de déport 53.15
Point de report 53.15
Point de swaps 53.15
Point mort 11.3 11.5 37.19 54.18 55.7
Point mort d’exploitation 11.7
Point mort financier 11.7
Point mort total 11.7
Poison pill 43.34 44.5 45.14
Politique de distribution 13.6 38.1
Politique d’investissement 12.25
Politique financière 55.1 55.5
Pondération 31.14
Poney 42.4
Pooling international 52.41
Pooling notionnel 52.39
Pooling of interests 7.23
Portage 43.2
Portefeuille 20.3
Portefeuille de marché 20.13
Portefeuilles efficients 20.9
Position 53.6
Position commerciale 53.7
Position de change commerciale 53.7
Position de change financière 53.7
Position financière 53.7
Position patrimoniale 53.7
Postcomptés 22.10
Post-money 40.4 42.22 50.6 50.9
Potentiel de croissance de l’entreprise 38.12
Pourcentage de contrôle 7.15
Pourcentage d’intérêt 7.16
Précomptés 22.10
Prééminence de la réalité sur l’apparence (principe de) 6.16
Préférence pour la liquidité 21.23
Preferred shares 26.30
Prélèvement 52.12
Prélèvement forfaitaire unique 39.8 39.17 39.22
Pré-marketing 27.13
Premium 25.6
Pre-money 42.21 42.22
Pré-offre 47.26
Pré-pack 50.8
Président-directeur général 45.10
Prestataire de services d’investissement (PSI) 46.2
Prêt 41.5
Prêt à impact 23.1 23.10
Prêt à terme 23.8
Prêt à terme verts ou responsables 1.9
Prêt emprunt de titres 45.9
Prêt Garanti par l’État (PGE) 23.8
Prêt inter-entreprise 23.30
Prêt participatif 26.36 42.12
Prêt relais 41.6
Prêt vert 23.1
Preuve d’impôt 10.30
Price Earnings Ratio (PER) 24.21 33.27 48.16
Price to Book Ratio (PBR) 24.27 33.27 40.12
Pricing grid 23.4
Prime 8.15
Prime de contrôle 33.28 33.46
Prime de conversion 26.15
Prime de fusion 48.19
Prime de liquidité 21.14
Prime de nouvelle émission 22.13
Prime de remboursement 4.12 22.9
Prime de risque 21.5
Prime de risque pays 31.21
Prime d’apport 48.19
Prime d’émission 4.12 22.9
Prime d’une option 25.6
Prime greenfield 31.15
Prime verte 22.21
Primo-émetteur 41.5
Principes comptables 6.9
Prise ferme 27.5 27.41
Private equity 43.8 43.36 43.42 43.46
Private equity sponsor 49.9
Private Investment in Public Equity (PIPE) 43.8 46.7
Private workouts 50.20
Privilège de l’argent frais 50.5
Prix 10.6 17.10 33.44
Prix de l’argent 1.17
Prix de transfert 44.24
Prix d’émission 22.4
Prix d’exercice 25.3 25.14
Procédure collective 50.2 50.7
Procédure de redressement judiciaire 50.2
Procédure de sauvegarde 50.2 50.6
Procédure préventive 50.2
Production 3.18 9.16 10.10
Production immobilisée 10.11
Production stockée 3.18 10.11
Productivité du personnel 10.18
Produit constaté d’avance 8.23
Produit de placement 52.20
Produit d’exploitation 5.4
Produit financier 2.15 3.9 10.25
Produit hybride 26.1 36.14
Produit non récurrent 3.13
Profit de dilution 8.79
Profit d’inflation 10.44
Profit économique 29.8
Profit interne 7.28 7.32
Pro forma 7.17 10.6
Programme d’augmentation de capital par exercice d’options 27.35
Programme EMTN 27.46
Program trading 16.24
Project finance 23.25
Projections 33.5
Promesse de vente 25.4
Promesse d’achat 25.5
Propco 54.18 54.19
Prophétie autoréalisatrice 16.24
Prospectus 27.1
Protocole d’accord 47.9
Protocole d’intention 47.8
Provision 8.82
Provision pour hausse des prix 8.90 8.91
Provision pour investissement 8.90 8.91
Provision pour remise en état de sites 8.86
Provision pour restructuration 8.83
Provision pour risques et charges 8.82 33.13
Provision réglementée 8.15 8.82 8.89
Prudence (principe de) 6.14
PSI 46.2
PtoP 46.11
P to P 43.8 49.8
Public to private (PtoP) 43.8 46.11 49.8
Purchase method 7.20
Purchase Price Allocation (PPA) 7.20
Put 22.5 25.3
Put-call parity 25.8
Put up or shut up 47.29
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Q de Tobin 24.27
QIB (Qualified Institutional Buyers) 27.24
Quick ratio 13.19
Quota d’émission 30.12
Quote-part de résultat dans les sociétés mises en équivalence 14.17
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T4M 22.20
Tableau de flux de trésorerie 2.2 2.16 5.13 5.22 6.5
Tableau de variation des capitaux propres 6.5
Tactique de négociation 47.6
Tag along 42.17 43.15
Take and pay 23.29
Take or pay 23.29
Tap 22.15
Tarification bancaire 52.7
Taux actuariel 18.7
Taux apparent 18.9
Taux de capitalisation 54.5
Taux de convenance 32.18
Taux de croissance 55.4 55.12
Taux de croissance à l’infini 33.8
Taux de croissance du dividende 39.2
Taux de distribution 24.7 39.2
Taux de l’argent sans risque B.3
Taux de marque 10.14
Taux de rentabilité 14.5 19.7
Taux de rentabilité actuariel 18.1 22.11 30.1
Taux de rentabilité actuariel modifié 18.5
Taux de rentabilité comptable 14.21
Taux de rentabilité des capitaux propres 29.21
Taux de rentabilité économique 29.21 30.4 30.19
Taux de rentabilité exigé 21.1 24.9
Taux de rentabilité interne (TRI) 30.1 30.4
Taux de rentabilité interne global (TRIG) 18.5
Taux de rentabilité obtenu par l’actionnaire 24.10
Taux de service 51.20
Taux d’effort 54.5
Taux d’impôt 14.3 35.5
Taux d’inflation 55.12
Taux d’intérêt 18.7 22.9 24.20
Taux d’intérêt sans risque 21.8 55.12
Taux équivalent 18.8
Taux équivalent actuariel 18.8
Taux facial 18.7 18.9
Taux fixe 41.8
Taux indexé 22.19
Taux proportionnel 18.10
Taux sans risque 21.8
Taux terme contre terme 53.16
Taux variable 22.18 41.8
Taxe carbone 29.20
Taxe carbone interne 30.12
Taxe foncière 10.19
Taxonomie 1.2 1.11 6.22
Teaser 47.12
TEC10 22.20
Technique de cotation 22.14
Teneur de livre 27.4
Terme 53.14
Terme contre terme 21.22
Term loan 23.8
Term loan B 49.11
Term sheet 27.50 47.7
TERP 27.31
Terrains 8.43
Test de dépréciation 7.20
THB 22.20
Théorème de la séparation 20.14
Theoretical ex-rights price (TERP) 27.31
Théorie de la parité des pouvoirs d’achat 31.21
Théorie de l’agence 26.25 28.17 35.13 38.18 43.1 45.18 53.3
Théorie de l’enracinement 45.19
Théorie des anticipations 21.21
Théorie des mandats 28.17
Théorie des marchés à l’équilibre 26.24 28.12 28.13 34.9 50.16
Théorie des options 36.4
Théorie des organisations 28.19
Théorie du pecking order 35.17
Théorie du portefeuille 20.16 21.4
Théorie du signal 26.27 28.14 35.16 38.22 46.10 50.17
Thêta 25.30
THO 22.20
Titre au porteur identifiable (TPI) 43.17
Titre de dette 22.1
Titre financier 16.7
Titre hybride 26.1 26.34
Titre irréductible 27.30
Titre réductible 27.30
Titre super subordonné (TSS) 26.34
Titrisation 8.39 23.19 49.13 54.3
TMB 22.20
TMM 22.20
Too big to fail 35.14
Top Down 20.17
Total return swap 47.19 53.18 53.19
Total Shareholder Return (TSR) 24.10 29.5 29.14
TPI 43.17
Tracker 20.16
Tracking stocks 26.30
Trade finance 51.17
Trader 16.26
Trading 16.26
Trading de haute fréquence (HFT) 43.40
Tranche A 49.11
Tranche B 49.11
Tranche C 49.11
Tranche primaire 27.10
Tranche secondaire 27.10
Transfert 5.25
Transfert de charges 8.101
Transfert de valeur 36.9
Transformation 13.16 16.26
Transition bonds 22.21
Transition énergétique 30.12
Transmission universelle de patrimoine (TUP) 48.2
Transmutation 16.4
Travaux en cours 8.104
Treasury method 24.33
Trésorerie zéro 52.15
Trésorier 52.44
TRI 30.1
TRIG 18.5
TRI modifié 18.5
True and fair view 6.17
TSR 24.10 29.5 29.14
TSS 26.34
Tunnel de taux 53.22
TUP 48.2
TVA 12.12
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UGT 8.12
Underwriting 27.14
Unirate 49.12
Unités génératrices de trésorerie (UGT) 8.12
Unlevered beta 31.6
Upside 19.3
US GAAP 6.4
US Private Placement (USPP) 23.3
Utilité B.1
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Zero Balance Account (ZBA) 52.40
Zero-coupon 18.14
Zone de négociation 48.14
ZOPA 47.1
Index des noms
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Aït-Mokhtar Y. 36.15
Almeida H. 35.7 50.16
Altman E. 9.33
Anderson R. 45.21
Ariely D. 32.22
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Baker J. 38.25
Bancel F. 26.23 31.21
Bauer R. 45.20
Baumgartner W. 9.28
Black F. 25.21 36.12
Blume M. 21.10
Bodie Z. 16.13
Boone A. 47.6
Buffett W. 38.17
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Damodaran A. 31.21
Danielson M. 30.4
Davydenko S. 50.14
Delannay A. 12.22
Dietsch M. 12.22
Donaldson G. 35.17
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Garman M. 25.23
Ginglinger E. 39.6
Gompers P. 45.20
Graham J. 30.4 35.7
Grönlund T. 54.16
Grossman S. 28.19
Guenster N. 45.20
Gurley J. 16.2
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Hamon J. 21.14
Harbula P. 45.21
Hart O. 28.19
Harvey C. 30.4
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Jacquillat B. 21.14
Jagannathan M. 39.20
Jensen M. 28.19 35.15 36.14 38.19
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Malmendier U. 37.15
Mandelbrot B. 16.22 21.16
Markowitz H. 21.3
Maury B. 43.6
Ma Y. 53.3
Meckling W. 28.19 36.14
Merton R. 16.13 25.23 36.1 36.12
Meunier F. 42.21
Mikkelson W. 36.14
Miller M. 34.9 35.3 35.8 38.17
Modigliani F. 21.23 34.9 35.3 38.17
Moody’s 22.27
Mulherin H. 47.6
Myers S. 35.17
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Notat N. 1.3
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Ofek E. 35.14
Orléan A. 16.24
Otten R. 45.20
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Quintard A. 28.17
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Recasens G. 50.15
Reeb R. 45.21
Rérolle J.-Fl. 45.2
Roberts M. 41.16
Rockfeller J. 38.25
Roll R. 21.9 25.23
Ross S. 25.19 28.16 35.16
Rubinstein M. 25.19
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Sauvage F. 12.21
Scholes M. 25.21 36.12
Scott J. 30.4
Senard J.-D. 1.3
Sharpe W. 21.3
Shaw E. 16.2
Sibony O. 32.23
Standard & Poor’s 22.27
Stephens A. 39.20
Stern Stewart & Co 29.3
Sufi A. 41.16
Sutch R. 21.23
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Tate G. 37.15
Thaler R. 16.22 32.21
Thomas D. 39.6
Treynor J. 21.3
Tversky A. 32.21
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Vaihekoski M. 54.16
Vermeulen M. 24.29
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Walbert C. 51.20
Weisbach M. 39.20
Wurgler J. 38.25
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Yan J. 37.15
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Zou H. 53.3
Glossaire
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€STR
er janvier 2022. C’est un taux fondé sur des opérations de prêt
European Short-Term Rate. Taux du marché monétaire au jour le jour qui remplace EONIA depuis le 1
effectivement réalisées et non seulement déclarées comme l’était EONIA.
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ABB
Technique de placement d’actions nouvelles dans le cadre d’une augmentation de capital ou d’un placement d’un bloc d’actions existantes par un actionnaire sortant qui passe
par la constitution d’un livre d’ordres en quelques heures. Voir également Book building.
ABSA
L’action à bons de souscription d’actions est un titre hybride composé d’une action classique et d’une ou plusieurs options de souscription d’actions nouvelles (le bon de
souscription) ou d’achat d’actions (le bon d’acquisition). Dès l’émission, les deux titres sont scindés et cotés séparément. La durée de validité et les conditions d’achat de
l’option sont fixées à l’avance.
ABSO
L’action à bons de souscription d’obligations est un titre hybride composé d’une action classique et d’une ou plusieurs options de souscription d’obligations nouvelles (le bon de
souscription) ou d’achat d’obligations (le bon d’acquisition). Dès l’émission, les deux titres sont scindés et cotés séparément. La durée de validité et les conditions d’achat de
l’option sont fixées à l’avance.
Absolute return
Style d’investissement dont l’objectif n’est pas de dupliquer la performance d’un indice quel qu’il soit, mais d’obtenir des rentabilités positives quel que soit l’état du marché.
On parle alors de décorrélation et d’absolute return.
Accelerated bookbuilding
Constitution d’un livre d’ordres en quelques heures. Voir également Book building.
Accord de confidentialité
Document juridique dont la signature permet au signataire d’obtenir des informations confidentielles de la part d’une entreprise dans le cadre d’une levée de fonds, d’une
cession d’une division, filiale ou de l’entreprise elle-même. Le signataire s’engage pour une certaine période à garder confidentielles les informations qu’il reçoit, à ne pas
divulguer qu’il les a reçues et souvent à ne pas approcher les membres de l’entreprise en question en vue de les débaucher. On parle en anglais de Non Disclosure Agreement ou
NDA.
Accumulateurs
Produit financier de gré à gré permettant la constitution sur une période donnée d’une couverture d’un risque de change à des taux attractifs… si les conditions de marché sont
favorables. Il résulte en général de la combinaison d’une (ou de plusieurs) option(s) à barrière avec d’autres produits standards de marché.
Achat de blocs
L’achat de blocs consiste à négocier l’acquisition de blocs d’actions de taille significative auprès de vendeurs identifiés afin de détenir une participation minoritaire d’une
certaine taille dans une entreprise. S’il entraîne le franchissement d’un seuil de déclenchement d’une offre publique obligatoire, l’achat de blocs débouche alors une offre
publique qui doit être lancée par acheteur des blocs.
Acid test ratio
Encore appelé ratio de liquidité réduite ou quick ratio chez les Anglo-saxons, il exprime la liquidité de l’entreprise en excluant les stocks de l’analyse effectuée. Il est égal au
ratio de l’actif circulant (à moins d’un an) hors stocks sur le passif exigible à court terme. Ce faisant, il considère qu’une partie des stocks, correspondant à la valeur minimum
du stock indispensable à l’activité normale de l’entreprise, représente une véritable immobilisation. Il traduit par ailleurs le fait que le volant de stocks conservé par
l’entreprise peut se révéler insuffisamment liquide en cas de besoin urgent de réalisation.
Acquisition facility
Prêt pour l’acquisition d’une entreprise.
Acquisition ordonnée
Sorte d’offre publique très simplifiée visant des titres cotés sur le marché obligataire qui nécessite, dans la pratique, de payer un petit plus (de l’ordre de 1 %) que le prix de
marché mais ne donne pas l’assurance de pouvoir racheter la totalité des obligations en circulation. C’est une technique utilisée principalement par un émetteur qui veut
restructurer partiellement son endettement obligataire.
Actif circulant
L’actif circulant est composé des stocks, des créances clients et autres, des placements financiers court terme et du disponible de l’entreprise. Ce terme traduit le fait que ces
actifs ont vocation à tourner au cours du cycle d’exploitation, par opposition à l’actif immobilisé que le cycle d’exploitation ne détruit pas.
Actif corporel
Ce sont des actifs que l’on peut toucher du doigt : terrain, bâtiment, machine…
Actif courant
Dans les normes comptables internationales (IFRS), les actifs et passifs sont présentés sous la forme courant / non courant. Les actifs courants ont vocation à être consommés,
vendus ou réalisés au cours de l’exercice, étant détenus à des fins de transaction sous douze mois ou étant assimilables à de la trésorerie.
Actif de trésorerie
Ils correspondent aux valeurs mobilières de placement et aux liquidités détenues par l’entreprise.
Actif économique
L’actif économique de l’entreprise est la somme de ses actifs immobilisés et de son besoin en fonds de roulement (d’exploitation et hors exploitation), c’est ce dont elle a besoin
pour tourner. Il est donc égal à la somme des encours nets engagés par l’entreprise dans les cycles d’exploitation et d’investissement. Il est également désigné sous les noms de
capitaux investis ou fonds opérationnels engagés. Il est financé par les capitaux propres et l’endettement net.
Actif immobilisé
L’actif immobilisé désigne, par opposition à l’actif circulant, tout ce qui est nécessaire à l’exploitation, mais n’est pas détruit par celle-ci. On distingue les immobilisations
corporelles, incorporelles et financières. La diminution de la valeur des immobilisations est constatée par la technique de l’amortissement et de la provision. Les choix
comptables au niveau de l’actif immobilisé peuvent avoir un impact non négligeable sur certains critères comptables et financiers de l’entreprise (résultat, solvabilité…).
Actif incorporel
Ce sont des actifs que l’on ne peut pas toucher du doigt : brevet, marques, frais d’établissement, fonds de commerce, goodwill.
Actif net
L’actif net est une notion comptable, obtenue en soustrayant de l’ensemble des actifs de l’entreprise l’ensemble de ses dettes actuelles ou potentielles. L’actif net est synonyme
de capitaux propres comptables.
Actif net par action
Voir Capitaux propres par action.
Actif sous-jacent
On appelle actif sous-jacent tout actif sur lequel porte une option ou plus largement un produit dérivé. Il peut être financier (actions, obligations, bons du Trésor, contrats à
terme, devises, indices boursiers…) ou physique (matières premières agricoles ou minérales…).
Actif stratégique
Les actifs stratégiques (brevets, marques, filiales) sont les actifs sur lesquels repose l’essentiel de la rentabilité ou de l’activité d’une société. Par des dispositions juridiques
idoines, ces derniers peuvent servir de protection dans le cas d’un changement de contrôle non désiré. Ce sont les fameux poison pills très difficiles à mettre en place en France
(risque d’abus de bien sociaux) et qui s’avèrent dans la réalité peu opérants.
Action
L’action est une part des capitaux propres de l’entreprise lorsque celle-ci est constituée en société anonyme. Elle constitue donc une source de financement pour l’entreprise, de
même que les titres de créance (dettes), dont elle se différencie toutefois nettement. En effet, elle a une durée de vie illimitée (la sortie ne peut se faire que par cession du titre, il
n’y a pas de remboursement prévu contractuellement), et son porteur court le risque total de l’entreprise (il ne perçoit aucun revenu si l’entreprise va mal et en cas de
liquidation l’actionnaire passe après le créancier dans la répartition du produit de la vente des actifs, autrement dit la plupart du temps, il ne peut rien récupérer). En
contrepartie, l’action donne droit au bénéfice et à la participation à la gestion de l’entreprise via le droit de vote.
Action de concert
Sont considérées comme agissant de concert les personnes qui ont conclu entre elles un accord exprès, soit en vue d’acquérir ou de céder des titres conférant des droits de vote,
soit en vue de mettre en œuvre une politique commune vis-à-vis d’une société. Dans ce dernier cas, les actionnaires ne sont considérés comme agissant de concert que si l’accord
porte sur l’ensemble des grandes orientations financières, industrielles et sociales.
Actionnaire
Personne physique ou personne morale qui détient des actions dans une société. À ce titre, l’actionnaire a droit à recevoir un dividende, a le droit de voter à l’assemblée
générale des actionnaires (sauf le cas des particuliers des actions sans droit de vote) et a droit, en cas de liquidation de l’entreprise, à un boni de liquidation. On distingue les
actionnaires internes qui cumulent un travail dans l’entreprise et la fonction d’actionnaire que l’on trouve surtout dans les entreprises familiales et les actionnaires externes qui
ne sont qu’actionnaires et ne travaillent pas dans l’entreprise, ce qui est le cas le plus fréquent.
Actionnaire activiste
Investisseur (le plus souvent un fonds) qui prend une participation minoritaire dans le capital d’une société cotée avec pour objectif de modifier ou d’influencer sa stratégie
et/ou sa direction sans en prendre le contrôle direct. La plupart du temps l’investisseur a pour but d’accroître la rentabilité de son investissement et cherche donc à infléchir la
politique de la société dans un sens qu’il estime propice à une plus grande création de valeur (réorientation de la stratégie du groupe, ventes de certains actifs non-stratégiques,
etc.). Cependant les motivations peuvent aussi être d’ordre non-financières, ainsi certains fonds activistes ont pour objectif de faire évoluer la politique de la société en matière
sociale ou environnementale ; c’est l’une des formes prise par l’investissement socialement responsable.
Actionnaire minoritaire
Malgré l’égalité juridique entre tous les actionnaires, l’actionnaire minoritaire dispose de possibilités d’action limitées. Avec un tiers des voix plus une, il possède une minorité
de blocage et peut s’opposer à toute décision prise en assemblée générale extraordinaire. Si des actionnaires détiennent moins du tiers du capital et des droits de vote face à un
autre actionnaire, ils occupent une position inconfortable : il ne peut influer ni sur l’objet social, ni sur la gestion de l’entreprise. Avec au moins 10 % du capital social, les
possibilités actuelles d’un ou de plusieurs minoritaires sont les suivantes : demander en justice la désignation d’un ou plusieurs experts chargés de présenter un rapport sur une
ou plusieurs opérations de gestion et enfin dénoncer les abus de droit des majoritaires. L’actionnaire minoritaire d’une société non cotée a la possibilité de protéger ses intérêts
par la conclusion de conventions d’actionnaires. Il s’agit de contrats entre actionnaires s’engageant par exemple à vendre ensemble au même prix ou à se consentir un droit de
préemption mutuel.
Actionnariat
Composition de l’ensemble des actionnaires considérés comme un groupe. On parlera d’actionnariat salarié désignant l’ensemble des salariés actionnaires de l’entreprise,
d’actionnariat familial lorsque les principaux actionnaires sont membres d’une famille, d’actionnariat financier lorsque les actionnaires sont principalement des investisseurs
financiers (fonds d’investissement, fonds de retraite, caisses de pension, SICAV…), d’actionnariat industriel lorsque les actionnaires sont eux-mêmes des groupes industriels,
d’actionnariat étatique lorsque le principal actionnaire est l’État…
Actions autodétenues
Les actions auto-détenues sont des actions de la société acquises par cette dernière, par exemple en support des stock-options. Ces actions sont privées de droits de vote.
Actions de performance
Actions attribuées gratuitement à certains salariés de l’entreprise, la plupart du temps ses dirigeants, bloquées et qui leur sont définitivement acquises une fois que certains
objectifs fixés à l’avance ont été atteints. C’est un outil de fidélisation (elles sont perdues en cas de départ de l’entreprise) et de motivation de certains salariés.
Actions de préférence
Les actions de préférence regroupent dans un régime plus général et plus souple les actions de priorité, les actions à dividende prioritaire sans droit de vote (ADP) et les
certificats d’investissement (CI). Leurs caractéristiques sont très largement laissées à la liberté de l’émetteur. Ce sont des actions qui peuvent donner droit à des avantages
pécuniaires (dividende majoré…) ou politiques (droit de contrôle spécifique…), dont les règles de rachat peuvent être spécifiques et qui peuvent encore donner des droits dans
une filiale (actions traçantes ou tracking shares).
Actions gratuites
La distribution d’actions gratuites a lieu lors d’une augmentation du capital social par incorporation des réserves. La distribution aux actionnaires se fait en proportion des
actions qu’ils détiennent. Une telle opération se traduit par un ajustement mécanique du cours boursier à la baisse, le produit du nombre d’actions avant l’opération par la
valeur unitaire de l’action étant égal au nouveau nombre d’actions (accru donc) par la nouvelle valeur de l’action. Cette opération est souvent destinée à accroître la liquidité de
l’action en rendant sa valeur unitaire plus faible.
Actions mèmes
Action dont la popularité est gonflée par un engouement des petits porteurs relayés par les médias sociaux. Sa valeur peur alors devenir totalement déconnectée de ses
performances économiques et financières futures attendues. La position des petits porteurs peut être déclenchée en réaction à un volume important de ventes à découvert par
des hedge funds sur le titre, afin de leur infliger de lourdes pertes en cas de forte hausse de l’action en question. On est dans une logique de combat social « des petits » contre «
les gros » qui échappe à la rationalité et qui a été observé en 2021 aux États-Unis en fin d’épidémie du Covid.
Actions traçantes
Les actions traçantes ou actions reflets (ou tracking stocks en anglais) sont des actions dont la performance est indexée sur les résultats d’une filiale ou d’une division. L’action
traçante est techniquement une action de la société mère ; elle ne donne donc pas de droit de vote sur les décisions de la filiale qu’elle est censée représenter. Cependant, en cas
de cession de l’activité concernée, le porteur d’action traçante a droit à une part de plus-value. Elles permettent à leur émetteur de conserver un contrôle total sur la filiale tout
en extériorisant une valeur pour le marché et en offrant un outil de paiement pour des acquisitions. Les actions traçantes font maintenant partie de la catégorie des actions de
préférence.
Activité conjointe
Ce n’est que si la société mère dispose d’un droit direct sur certains actifs et des obligations sur une quote-part des passifs (activité conjointe) qu’il est possible, en normes
IFRS, de les comptabiliser comme en intégration proportionnelle.
Actualisation
L’actualisation consiste à déterminer la valeur d’aujourd’hui de flux qui se produiront dans le futur : elle est donc l’inverse de la capitalisation. Elle permet de comparer des
sommes reçues ou versées à des dates différentes.
Actualisation des dividendes
L’actualisation des dividendes est une méthode de valorisation de l’action d’une entreprise qui consiste à actualiser les dividendes futurs (jusqu’à l’infini) au coût des capitaux
propres.
Administrateur judiciaire
Au cours de la période d’observation qui suit le déclenchement d’une procédure de mise en redressement judiciaire d’une société, un administrateur judiciaire est chargé par le
Tribunal de commerce de réaliser une synthèse du bilan économique et social de l’entreprise. Il étudie les plans de cession ou de continuation qui lui sont proposés et il peut être
amené à prendre certaines responsabilités de gestion comme celle d’exiger la continuation de certains contrats.
Administrateur référent
Certaines sociétés cotées, en particulier lorsque les fonctions de Directeur Général et de Président sont réunies sous la même personne, ont nommé au sein du Conseil
d’Administration, un administrateur indépendant référent parfois Président du Comité des Nominations des Rémunérations, parfois Vice-Président du Conseil
d’administration qui a un rôle de leader des administrateurs indépendants et qui a un petit peu plus de pouvoir que les autres en particulier celui d’inscrire à l’ordre du jour
du Conseil les sujets à débattre, de réunir les membres du Conseil en dehors de la présence de la Direction Générale, voire même s’il pense que le Président Directeur Général
n’est pas à la hauteur de sa tâche, d’entreprendre des démarches pour le faire remplacer. Ceci est considéré comme un progrès de la bonne gouvernance et cela inspire la
pratique britannique du lead director.
ADP
Voir Action à dividende prioritaire.
ADR
Voir American deposit receipt.
Affacturage
Les sociétés d’affacturage encore appelées factors se sont spécialisées dans la mobilisation d’une quote-part du poste client d’une entreprise, qu’elles escomptent (ou achètent)
et dont elles assurent le recouvrement moyennant rémunération.
Affacturage inversé
L’affacturage inversé (ou reverse factoring) permet à un client (généralement une grande entreprise) de proposer une solution de financement de sa créance à son fournisseur.
La logique est la même que le factoring mais l’initiative vient du client. C’est souvent un moyen pour le client d’imposer des délais de règlement commerciaux longs (lorsque
cela est possible, ce qui n’est plus le cas en France depuis la loi LME).
After-market
L’after-market correspond à la période d’environ un mois qui suit la clôture d’une opération de placement de titres financiers. Cette période se caractérise généralement par des
interventions possibles des banquiers en charge de l’opération afin de stabiliser dans la mesure de leurs moyens le cours du titre.
AGE
Voir Assemblée générale extraordinaire.
Agence de notation
Société commerciale qui attribue à la demande ou non des émetteurs des notes sur des titres de dettes émis par des entreprises, par des banques, par des investisseurs. La note
plus ou moins élevée reflète la perception par l’agence de notation de la solvabilité de l’émetteur, c’est-à-dire sa capacité à payer en heure et en jour ce qu’il s’est engagé dans le
contrat de dette, compte tenu des caractéristiques de ce contrat et compte tenu de la situation financière de l’émetteur et de son évolution prévisible dans son secteur d’activité.
Les principales agences de notation sont Standard & Poor’s, Moody’s, Fitch, Dominion. Voir Notation financière.
Agent de la documentation
Banque ayant le rang de Mandated Lead Arranger (MLA) qui négocie la documentation d’un crédit syndiqué pour le compte de l’ensemble des membres du syndicat bancaire.
AGO
Voir Assemblée générale ordinaire.
Ajustement de prix
Correctif du prix d’une entreprise cédée une fois que les comptes définitifs sont publiés, le correctif correspondant le plus souvent au montant du surplus ou du déficit des
capitaux propres par rapport à ceux qui avaient été communiqués par le vendeur à l’acheteur. L’ajustement peut aussi se faire par référence au fonds de roulement propre, au
montant de l’endettement net, à un niveau de résultat (avec un coefficient multiplicateur). La technique de la locked-box permet d’éviter le recours à des ajustements de prix
post cession.
À la monnaie
On dit qu’une option est à la monnaie lorsque le cours de l’actif sous-jacent est égal au prix d’exercice (valeur intrinsèque nulle).
Allocation
À la fin d’un placement d’action par constitution d’un livre d’ordre, l’entreprise (en concertation avec la banque conseil) doit « choisir » les investisseurs qui recevront
effectivement des titres, c’est l’allocation.
Allocation comptable du prix d’acquisition
L’allocation comptable du prix d’acquisition consiste, lors de la première consolidation d’une nouvelle filiale, à valoriser les actifs et les passifs identifiables de la nouvelle
filiale, coentreprise ou participation en juste valeur. Ils entrent dans le bilan du groupe pour ces montants. En particulier sont évalués les actifs incorporels acquis même s’ils
n’étaient pas comptabilisés au bilan de la société acquise : marques concernées, brevets, logiciels, autorisations d’émettre ou d’atterrissage, listes de clientèles… De ce fait, les
capitaux propres de la nouvelle société consolidée sont donc réévalués. La différence entre le prix payé par la société mère pour ses titres de la société acquise et la quote-part de
la société mère dans les capitaux propres réévalués de la société acquise est appelée écart d’acquisition. Plus familièrement, on parle de goodwill ou de survaleur. Il apparaît à
l’actif du bilan du nouveau groupe en immobilisations incorporelles. Cette méthode est appelée Purchase Price Allocation en anglais ou PPA pour les intimes.
ALRG
Voir Asset Liability Refinancing Gap.
Alternext
Voir Euronext Growth.
À l’achèvement
Voir Comptabilisation à l’achèvement.
À l’avancement
Voir Comptabilisation à l’achèvement.
Amendement Charasse
Disposition fiscale qui tire son nom de l’ancien ministre des Finances, Michel Charasse, et qui prévoit que les intérêts d’un endettement servant à acheter une première société
ne sont pas fiscalement déductibles lorsque l’endettement est contracté par une seconde société contrôlée directement ou indirectement par les vendeurs de la première société.
C’est le 7ᵉ alinéa de l’article 223 B du Code général des impôts.
Amortissement
L’amortissement est la constatation comptable de la perte de valeur subie par un bien du fait de son utilisation ou de sa détention par l’entreprise. Il recouvre donc, de fait,
deux phénomènes distincts : l’usure due à l’utilisation d’un bien (machines, agencements, carrières, véhicules, immeubles, etc.) et l’obsolescence, due au fait que les actifs de
production utilisés par l’entreprise peuvent devenir désuets compte tenu de l’évolution technologique du secteur d’activité.
Amortissement constant
Voir Amortissement d’un emprunt.
Amortissement dégressif
L’amortissement dégressif repose sur l’utilisation d’une progression géométrique décroissante qui revient à amortir plus les premières années et moins les années suivantes.
Amortissement dérogatoire
On appelle amortissement dérogatoire la fraction de l’amortissement qui ne correspond pas à la constatation d’une perte de valeur normale d’un actif due à son utilisation,
mais qui est constatée comptablement pour bénéficier d’un avantage fiscal. Cela peut ainsi être l’écart entre l’amortissement dégressif et l’amortissement linéaire.
Amortissement linéaire
L’amortissement linéaire suppose que les charges d’amortissement sont réparties par fractions annuelles égales sur toute la durée de vie théorique du bien.
Amortissement variable
L’amortissement variable d’un actif n’est pas lié à une suite mathématique mais à l’utilisation de l’actif ; il sert donc à traduire avec exactitude l’usure réelle de l’actif.
Analyse chartiste
Voir Analyse technique.
Analyse comparative
L’analyse comparative consiste à évaluer les principaux soldes et ratios des états financiers d’une entreprise afin de les comparer à ceux des sociétés au profil d’activité
similaire. On peut ainsi juger des performances financières d’une entreprise ou apprécier sa structure financière par rapport à ses principaux concurrents. On peut
systématiser cette approche (benchmarking) via des bases de données comme la Centrale des bilans de la Banque de France ou la base de données consolidée européenne
BACH. Il faut toutefois être conscient de subjectivité de la notion de secteur d’activité et de l’existence de sur(sous) valorisations ponctuelles de certains secteurs…
Analyse en tendance
L’analyse financière doit se faire en tendance sur plusieurs exercices puisqu’elle a pour objet d’étudier le passé pour diagnostiquer le présent et prévoir l’avenir. L’analyste doit
ainsi étudier plusieurs exercices (en général trois) pour dégager les évolutions que suit l’entreprise. Toutefois, l’analyste devra faire attention à la comparabilité des exercices et
garder à l’esprit que l’information comptable est structurellement en retard sur la réalité…
Analyse extra-financière
Elle complète l’analyse financière des comptes et s’intéresse principalement : 1/ au critère environnemental qui couvre la réduction des émissions de gaz à effet de serre, le
recyclage des déchets, la gestion des ressources rares (matières premières, eau, etc.) et la prévention des risques environnementaux ; 2/ au critère social qui prend en compte la
prévention des accidents, la formation du personnel, le respect du droit des employés, l’emploi des personnes handicapées, la gestion de la chaîne de sous-traitance, et plus
généralement la qualité du dialogue social; 3/ au critère de gouvernance qui recoupe principalement l’indépendance du conseil d’administration, la structure de gestion de
l’entreprise, la transparence de la rémunération des dirigeants, la lutte contre la corruption, la féminisation des conseils d’administration.
Analyse financière
À partir de l’exploitation d’informations économiques et comptables, l’analyse financière vise à redécouvrir la réalité d’une société à partir de données codées. Elle permet
ainsi de porter un jugement global sur la situation actuelle et future de l’entreprise analysée. Sur le plan pratique, l’analyse financière replacera dans un premier temps
l’entreprise dans son environnement économique : marché, filière, systèmes de production, réseaux de distribution, motivations des hommes qui la compose… Ensuite,
l’analyse devra étudier successivement la création de richesse, la politique d’investissement et la politique de financement pour conclure sur la rentabilité de l’entreprise.
Analyse fondamentale
Un investisseur partisan de l’analyse fondamentale cherche à déterminer la valeur fondamentale ou intrinsèque d’un titre car il croit que, tôt ou tard, le prix finira par
converger vers la valeur. C’est elle que les analystes financiers cherchent à mesurer. Warren Buffett est un investisseur partisan de l’analyse fondamentale.
Analyse multi-critères
L’analyse multi-critères consiste à analyser un prix ou une parité dans une fusion selon plusieurs méthodes de valorisation : par les multiples des sociétés comptables, par
l’actualisation des flux de trésorerie, par la comparaison des taux de rendement, des capitaux propres par action, des cash flows par actions etc. C’est un peu un passage obligé
auquel tiennent beaucoup ceux qui auront à examiner ou à se prononcer sur la parité : commissaires à la fusion, AMF pour les sociétés cotées.
Analyse normative
L’analyse normative est le prolongement de l’analyse comparative. Elle repose en effet sur la comparaison de certains ratios ou soldes de l’entreprise étudiée à des normes
déterminées à partir d’un vaste échantillon d’entreprises. Il existe par exemple des normes dans certaines professions (chiffre d’affaires au m² pour les supermarchés) ou des
ratios d’orthodoxie financière (endettement net inférieur à 4 fois l’EBE). Toutefois, il prend du recul par rapport à ces normes statistiques : une entreprise rentable peut faire
ce qu’elle veut, et parfois un peu tout et n’importe quoi, seule compte sa rentabilité !
Analyse stratégique
L’analyse stratégique et économique d’une entreprise doit permettre de comprendre le secteur dans lequel elle évolue, de déterminer la qualité de la position qu’elle y occupe,
l’adéquation de son système de production, de son réseau de distribution et de son actionnariat avec sa stratégie. Avec la compréhension des règles comptables suivies par
l’entreprise, c’est un préalable indispensable à tout diagnostic financier !
Analyse technique
L’analyse chartiste ou analyse technique considère que l’évolution des titres financiers obéit à des lois qu’une étude détaillée des cours et des volumes peut mettre en évidence.
Elle s’appuie plus sur la psychologie des investisseurs que sur les mathématiques. Elle recherche dans les historiques de cours les comportements types face à une situation pour
prévoir les évolutions des titres financiers. Cette attitude est souvent celle des traders qui prennent des positions sur des périodes très courtes, des quelques heures à quelques
jours.
Analyste financier
L’analyste financier est un spécialiste de l’évaluation des titres émis par les entreprises, dans une optique de sélection de titre d’un portefeuille, c’est-à-dire dans le cadre du
conseil en investissements financiers.
ANC
Voir Autorité des normes comptables.
Anchor investor
Investisseur de renom qui, en devenant actionnaire d’une entreprise en général quelques semaines avant son introduction en Bourse, est susceptible de faciliter cette opération
par l’effet de mimétisme et d’entraînement qu’il peut enclencher du fait de sa bonne réputation auprès des autres investisseurs.
Annexe
Élément incontournable des états financiers, l’annexe complète et commente l’information donnée par le bilan et le compte de résultat. Elle met en évidence les principes
comptables et les faits pouvant avoir une incidence significative sur le jugement du lecteur.
Annuité
L’annuité d’un emprunt correspond à la trésorerie déboursée annuellement pour le remboursement de la dette et la charge d’intérêt.
Anticipation (mécanisme d’)
Les mécanismes d’anticipation conduisent à répercuter immédiatement sur un prix de vente une augmentation future du coût d’un facteur de production. Les mécanismes
d’anticipation sont d’autant plus rapides qu’il n’y a pas de produits de substitution à court ou moyen terme et que le degré de concurrence dans le secteur est faible. Ce
mécanisme est une limite au principe de stabilité du résultat.
Appel de marge
La chambre de compensation des ordres sur les marchés dérivés procède à un appel de marge lorsqu’un intervenant est en perte potentielle. Elle exige de ce dernier une
augmentation du dépôt de garantie censé représenter deux jours de pertes maximales. Si l’appel sur marge n’est pas suivi, la chambre de compensation dénoue d’office la
position et apure les pertes avec le dépôt de garantie.
Apport de titres
Un investisseur (personne physique ou morale) apporte des actions d’une société B à une société A et reçoit en rémunération des titres de la société A. Dans cette éventualité, les
sociétés A et B subsistent, B devenant filiale de A, les actionnaires de B devenant actionnaires de A. Pour des sociétés cotées, l’apport de titres prend le plus souvent la forme de
l’Offre Publique d’Échange (OPE).
APV
L’APV (Adjusted Present Value) est une méthode d’évaluation des actifs financiers qui conduit à actualiser à des taux différents les flux présentant des risques différents.
Difficile dans sa mise en œuvre, elle peut apporter des résultats intéressants dans quelques cas bien précis : structure financière très évolutive sur un horizon court (ce qui est le
cas des opérations de LBO ou de financement de projets), investissement effectué à l’étranger. Voir Adjusted Present Value.
Arbitrage
L’arbitrage est une combinaison de plusieurs opérations permettant de réaliser un bénéfice sans risque (en théorie au moins !) en tirant parti des seules imperfections
susceptibles d’apparaître entre différents marchés. L’arbitrage permet d’assurer l’égalité des prix à un même moment. Il assure la fluidité entre les différents marchés et
contribue à leur liquidité. C’est l’opération de base qui permet de garantir l’efficience des marchés.
Arrangement fee
Voir Crédit syndiqué.
Article 11 (directive européenne sur les offres publiques)
La directive européenne sur les offres publiques adoptée en 2004 laisse à l’appréciation des États l’application de son article 11 qui impose la neutralisation des pactes
d’actionnaires prévoyant des limitations à l’exercice des droits de vote ou à la cession des actions, des clauses statutaires de plafonnement de droits de vote, d’agrément, de
préemption ainsi que des actions à droit de vote multiples lorsqu’une société cotée est visée par une offre publique.
Asset management
Voir Gestion d’actifs.
Assimilation
Une fois qu’un emprunt est émis, le même émetteur pourra émettre ultérieurement d’autres emprunts qui présenteront les mêmes caractéristiques que le premier (même durée
résiduelle, même coupon, même échéancier, même prix de remboursement, mêmes garanties…) de sorte qu’ils pourront lui être assimilés. Au lieu d’avoir plusieurs emprunts, il
n’y en aura plus qu’un seul, pour un montant global plus élevé ce qui permet de réduire les frais de gestion et surtout d’augmenter la liquidité et donc la négociabilité de
l’emprunt sur le marché secondaire.
Assurance-crédit
L’assurance crédit est proposée par des compagnies d’assurance spécialisées dans l’appréciation du risque de défaillance (Euler-Sfac, Atradius, COFACE…) qui garantissent à
l’entreprise le paiement par un client de sa créance moyennant une prime qui représente de l’ordre de 0,3 % de son nominal.
Assurance risque politique
Le risque politique est le risque lié à une situation politique ou une décision du pouvoir politique : nationalisation / expropriation sans indemnité suffisante, révolution, guerre,
exclusion de certains marchés, fiscalité discriminatoire… Certaines sociétés privées ou organismes internationaux sont spécialisées dans l’assurance contre ces types de risque.
Citons la Coface, la Lloyds, l’Agence multilatérale de garantie des investissements, l’Agence pour l’assurance du commerce en Afrique…
Asymétrie d’information
L’asymétrie de l’information, qui est entre autres à la base de la théorie des signaux, correspond à l’idée que la même information n’est pas partagée par tous (ainsi, les
dirigeants d’une société peuvent disposer de renseignements que n’ont pas les investisseurs) et que même si c’était le cas, la même information ne serait pas perçue de la même
manière. Il n’est donc pas raisonnable de croire que l’information est à tout instant équitablement partagée.
Attestation d’équité
Opinion donnée par un expert indépendant des parties et spécialiste de l’évaluation des entreprises lors de transactions susceptibles de conflits d’intérêt entre les parties,
comme par exemple, le rachat des minoritaires d’une filiale cotée par sa maison mère, la fusion de deux filiales (avec des actionnaires minoritaires) d’un même groupe, etc. Elle
est étayée par une étude détaillée des conditions financières de l’opération financière en question dont un résumé est rendu public le plus souvent.
Augmentation de capital
L’augmentation de capital est, d’un point de vue financier, une vente d’actions dont le produit revient à l’entreprise, et qui va entraîner un partage des différents paramètres de
l’entreprise : droit au dividende, au bénéfice, au boni de liquidation, aux capitaux propres, aux droits de vote entre les différents apporteurs de capitaux. Elle peut suivre
différentes modalités : être en numéraire ou par apport d’actifs, consécutive à l’exercice de bons ou à la conversion de dette, être réservée ou non, avec ou sans droit
préférentiel de souscription.
Augmentation de capital en numéraire
Augmentation de capital réalisée par l’apport de liquidités nouvelles à la société (par opposition à l’augmentation de capital par apport d’actif, par incorporation de dettes ou
par incorporation de réserves).
Autocouverture
L’autocouverture consiste à faire face à un risque, à ne pas se couvrir. La plupart des entreprises y recourent quand le risque résiduel a été ramené à un niveau acceptable, ou
quand elles considèrent être en mesure de mettre en place des procédures permettant de réduire la fréquence ou le coût d’occurrence du risque à un niveau inférieur au coût de
sa police d’assurance.
Autoentrepreneurs
Voir Micro-entrepreneur.
Autofinancement
Une entreprise est autofinancée lorsqu’elle assure elle-même son développement sans avoir recours à des sources de financement externes. S’il est perçu favorablement par les
partenaires de l’entreprise, et protège celle-ci des risques liés à un endettement excessif, l’autofinancement peut devenir néfaste lorsqu’il est utilisé à outrance. Son coût
explicite étant nul, il peut effectivement favoriser l’investissement dans des projets peu rentables et provoquer l’appauvrissement des actionnaires.
Autonomie des exercices (principe de)
Le principe comptable de l’autonomie des exercices veut que les charges et les produits qui concernent un exercice lui soient effectivement rattachés en faisant abstraction des
dates d’encaissement et de décaissement.
Avance remboursable
Somme d’argent attribuée la plupart du temps par les Pouvoirs Publics à une entreprise pour financer partiellement un programme de recherche qui, s’il aboutit à un produit
commercialisé, sera alors remboursée par l’entreprise. À défaut, elle n’aura pas à le faire.
Avantage au personnel
Les avantages au personnel concernent les indemnités de fin de carrière, et des avantages en matière de soins médicaux, assurances-vie et prévoyance accordés, le cas échéant,
par les contrats de travail et les conventions collectives ; et qui donnent lieu à des traitements comptables particuliers.
Aversion au risque
Caractéristique de celui qui ne souhaite pas courir un risque et qui sera prêt à le transférer à un tiers moyennant une rémunération, ou qui refusera tout actif ou toute action
lui faisant courir un risque qu’il perçoit comme excessif compte tenu de sa capacité à le supporter.
Avis d’équité
Une fairness opinion ou avis d’équité est un avis donné par un tiers indépendant (banque d’affaires, cabinet d’évaluation, auditeurs) sur les termes financiers d une transaction
(vente, apport, fusion…) pour laquelle il peut exister une situation de conflit d’intérêt entre les parties à cette transaction (vente par une société mère d un de ses actifs à sa
filiale cotée qui a aussi pour actionnaires des tiers…). Cet avis est remis dans une lettre qui s’appuie le plus souvent sur un travail d’évaluation détaillé afin d’éclairer les
actionnaires ou les administrateurs qui devront prendre la decision. Dans des transactions complexes, et sans situation de conflit d’intérêt, les administrateurs pourront vouloir
s’appuyer sur un avis d’équité afin d’éclairer leur jugement et ou dégager leur responsabilité vis-à-vis des actionnaires.
A
B
C
D
E
F
G
H
I
J
L
M
N
O
P
Q
R
S
T
U
V
W
Z
Back-stop
Dans une opération de cession de bloc de titres existants, une banque peut prendre envers le vendeur un engagement de back-stop ou de floor underwriting : un livre d’ordres est
constitué mais la banque garantit au vendeur un prix minimum. Cet engagement est à mi chemin entre la prise ferme initiale et la prise ferme après constitution d’un livre
d’ordres.
Back-up
Les lignes dites de back-up, sont des engagements négociés par les émetteurs de billets de trésorerie auprès de leurs banques, qui leur garantissent un concours au cas où la
situation du marché ne leur permettrait pas de procéder au renouvellement des billets de trésorerie. Ces lignes sont imposées par les agences de rating pour obtenir une
notation de qualité au programme d’émission de billets de trésorerie.
Badwill
Le badwill correspond à un écart d’acquisition négatif (Voir Écart d’acquisition). Les normes IAS / IFRS prévoient que l’écart d’acquisition négatif soit comptabilisé comme un
profit dans le compte de résultat.
Bail 3-6-9
Le bail commercial type en France est d’une durée de 9 ans (résiliable tous les 3 ans par le locataire, d’où le nom de bail 3-6-9).
Bâle III
Les accords de Bâle ont pour objectif d’imposer aux banques des règles de solvabilité et de contrôle prudentiel harmonisés au niveau mondial. Ils sont établis par le comité de
Bâle qui réunit les principales banques centrales et qui est hébergé par la Banque des Règlements Internationaux (BRI) dont le siège est à Bâle en Suisse. Les premiers accords
de Bâle (Bâle I) datent de 1988 et prévoyaient principalement un ratio de 8 % des capitaux propres par rapport aux crédits accordés, aussi appelé ratio Cooke. Les accords de
Bâle II qui sont entrés en vigueur en 2008 prévoyaient principalement une pondération selon leurs risques des crédits accordés par les banques pour le calcul de leur ratio de
solvabilité, l’ancien ratio Cooke, devenu à cette occasion le ratio McDonough. Les accords de Bâle III, élaborés en tirant les leçons de la crise financière de 2008, prévoient
principalement une définition plus restrictive des capitaux propres, la création d’un ratio de liquidité, et d’un ratio d’effet de levier maximum puisque les capitaux propres
doivent représenter au moins 3 % du total de l’actif d’une banque. Leur mise en œuvre est progressive et s’étend jusqu’en 2019.
Banque
Établissement de crédit dont les activités recouvrent principalement la banque de détail, la banque de financement et d’investissement, et la gestion d’actifs. Voir à chacune de
ces définitions.
Banque commerciale
Une banque commerciale collecte les ressources du public, principalement par le biais de la tenue des comptes, et prête aux entreprises. Les banques commerciales se
distinguent ainsi des banques d’affaires (Voir Banques d’affaires) ou des banques d’investissement. Cette distinction est en partie révolue aujourd’hui car les banques
commerciales ont développé des activités de banques d’investissement.
Banque de détail
La banque de détail s’adresse aux particuliers et aux PME. Elle a une fonction d’intermédiation entre les agents à excédent de financement dont elle collecte les ressources et les
agents à besoin de financement à qui elle prête ces ressources.
Banque d’affaires
Une banque d’affaires est une banque qui a un rôle d’intermédiaire dans les opérations financières : introduction en Bourse, augmentation de capital, placement d’emprunt,
opération de fusion-acquisition… Elle ne prête quasiment pas. Elle a donc des besoins en capitaux propres plus réduits que les banques commerciales. Par contre, il peut lui
arriver de prendre des participations minoritaires ou majoritaires dans des affaires industrielles ou commerciales afin de les aider à se développer et de réaliser à terme une
plus-value en recédant cette participation.
Banqueroute
il s’agit d’un délit pénal dont peuvent être accusés les dirigeants de sociétés engagées dans des procédures collectives s’ils sont coupables « d’agissements graves ». Il convient de
noter que le terme banqueroute ne recouvre pas la même notion que le terme anglo-saxon bankruptcy, qui signifie faillite.
Banque transfrontière
Pour permettre la centralisation directe des comptes de ses filiales étrangères, une entreprise multinationale a généralement recours à un groupe bancaire international, nommé
banque transfrontière (overlay en anglais) qui réalise la centralisation internationale des flux de trésorerie que des banques locales ont collecté à l’échelle de chaque pays. Le
passage de la frontière, pour les devises qui sont localement transférables, est assuré au sein de la banque transfrontière ce qui permet d’éviter un grand nombre de difficultés
d’ordre réglementaire.
Banque universelle
Les banques universelles ou globales (Barclays, BNP Paribas, Citigroup…) sont des grands conglomérats financiers regroupant les différents métiers des banques de détail, des
banques de financement et d’investissement et des banques de gestion d’actifs.
Base de conversion
Une obligation convertible peut être échangée contre une ou plusieurs actions. Ce rapport est appelé base de conversion. Cette dernière est fixée au moment de l’émission, mais
est ajustée lors d’opérations sur le capital (augmentation ou réduction de capital, fusions…) afin de maintenir les droits des porteurs comme s’ils étaient, dès l’émission,
actionnaires de la société.
Basket B, C ou D
Lors de l’analyse des titres super subordonnés les agences de notations comme Moody’s classent les émissions dans un basket (B, C ou D) auquel est attaché une part de
capitaux propres ou equity content (25 %, 50 % ou 75 %) déterminé en fonction des conditions de l’émission.
Best efforts
Voir Meilleurs efforts.
Best in Class
En matière de composition d’un portefeuille de valeurs mobilières de placement, la stratégie Best in Class préconise d’investir, au sein d’un secteur, dans les titres (actions,
obligations, etc.) des entreprises les plus performantes d’un point de vue des critères ESG : environnementaux, sociaux et de gouvernance. Elle se différencie en cela de la
stratégie Best effort qui est moins radicale dans sa sélection car elle inclut plus largement les entreprises avec les meilleures progressions en ESG, et de la stratégie norm-based
screening qui fixe des standards ESG minimaux pour qu’une entreprise puisse être incluse dans un portefeuille.
BFI
Voir Banque de financement et d’investissement.
BFR
Voir Besoin en fonds de roulement.
BFR normatif
Voir Besoin en fonds de roulement normatif.
Bilan
Le bilan recense à un instant donné l’ensemble des emplois d’une entreprise (l’actif) et de ses ressources (le passif). Par définition, ceux-ci ne peuvent qu’être comptablement
équilibrés. La lecture du bilan peut être économique ou patrimoniale.
Bilan en lecture économique
Dans une lecture économique, le bilan recense, à un instant donné, l’ensemble des emplois engagés dans le cycle d’exploitation de l’entreprise (actif économique) et analyse
l’origine des ressources de l’entreprise.
BIMBO
Voir Buy In Management Buy-Out.
Binomial (modèle)
Le modèle binomial (ou Cox-Ross-Rubinstein) suppose que le prix d’une option est comparable au profit réalisé en prenant position sur le sous-jacent. Ainsi, après une période
donnée, et en supposant deux états finaux possibles, on obtient : Valeur de l’option d’achat = Delta x (cours de l’actif sous-jacent - capital emprunté) Delta représente le rapport
entre la variation de la valeur de l’option, d’une part, et la variation du cours de l’actif sous-jacent, d’autre part. La répétition de ce raisonnement permet d’augmenter les
valeurs finales possibles du sous-jacent à l’échéance de l’option.
Blackout
La période de black-out est la période qui précède le lancement d’une offre de placement de titres pendant laquelle les analystes ne peuvent pas publier de recommandations.
Bloc
Désigne un paquet d’actions qui peut représenter entre 0,2 - 0,3 % du capital pour les très grands groupes, jusqu’à plus de 50 % des actions d’une société. Dans ce dernier cas,
on parle de bloc de contrôle car il donne à son acquéreur le contrôle de la société.
Blockchain
La blockchain est une technologie de stockage et de transmission d’informations, transparente, sécurisée en théorie, et fonctionnant sans organe central de contrôle. Elle
constitue l’architecture du bitcoin, mais peut avoir d’autres applications. Une blockchain constitue une base de données qui contient l’historique de tous les échanges effectués
entre ses utilisateurs depuis sa création. Cette base de données est partagée par ses différents utilisateurs, sans intermédiaire, ce qui permet à chacun de vérifier la validité de la
chaîne. Parmi ses applications en finance d’entreprise, on peut penser à l’identification de la possession de titres, voire à des opérations de transfert de fonds une fois que sa
sécurité aura été démontrée à grande échelle.
Block trade
Voir Cession de bloc.
Bloc minoritaire
Désigne un paquet d’actions qui représente moins de 50 % du capital. S’il représente une participation significative, il permet dans certaines conditions de prendre le contrôle
d’une société cotée au capital dispersé. La constitution de ce type de bloc est soumise aux obligations de déclaration de franchissement de seuil et d’intention dans le capital des
sociétés cotées.
Boîte aux lettres
Dans les systèmes de la boîte aux lettres (lock box system en anglais), le créancier demande à ses débiteurs d’adresser les règlements dans une boîte postale qu’un employé de sa
banque contrôle régulièrement. Les fonds sont alors immédiatement introduits dans le circuit bancaire, sans transiter par les services comptables de l’entreprise créancière ce
qui représente un gain de temps parfois substantiel.
Bon Breton
Voir Bon défensif.
Bon de caisse
Le bon de caisse est un produit de placement comparable au dépôt à terme. La créance de l’emprunteur est matérialisée physiquement par un bon nominatif ou anonyme.
Bon de cession
Voir Certificat de valeur garantie.
Bon défensif
Depuis 2006, en cas d’offres publiques les visant, les sociétés cotées françaises peuvent se doter d’autorisations d’émettre au profit de tous leurs actionnaires des bons de
souscription d’actions permettant de souscrire à de nouvelles actions à un prix d’émission largement inférieur au cours de Bourse et qui pourrait être le nominal. Si certaines
sociétés (Pernod Ricard, Saint Gobain…) ont fait adopter en AGE l’autorisation d’émettre ces bons, aussi appelés bons d’offre ou bons « Breton » (du nom du ministre qui les a
introduits), aucun bon n’a cependant jamais été émis du fait de la nature particulièrement dissuasive de ce dispositif.
Bon de souscription
Un bon de souscription est un titre financier permettant de souscrire pendant une période donnée, dans une proportion et à un prix fixé à l’avance, à un autre titre financier
(action, obligation…).
Bon de souscription de parts de créateur d’entreprise (BSPCE)
Les bons de souscription de parts de créateur d’entreprise sont émis au profit de salariés qui participent à des augmentations de capital des PME créées depuis moins de 15 ans
et détenues à plus de 25 % par des personnes physiques. Ces bons sont incessibles et les gains réalisés lors de la cession des titres acquis au moyen de ces bons bénéficient quant
à eux d’un régime fiscal et social de faveur : imposition à l’impôt sur le revenu à 19 % ou à 30 % si le salarié à moins de 3 ans d’ancienneté dans l’entreprise au moment de la
cession des titres.
Boni de fusion
Lors d’une fusion, si la société absorbante détenait des titres de la société absorbée, alors ceux-ci sont annulés et la comparaison de la valeur nette comptable des titres annulés
et de la quote-part correspondante de valeur de la société absorbée retenue dans la fusion peut donner lieu à la constatation d’une plus-value. Cette plus-value est appelée boni
de fusion.
Bonne information (principe de)
Le principe comptable de bonne information a pour objet d’apporter aux utilisateurs des documents comptables une information suffisante et significative pour interpréter
ceux-ci. En France, le Plan Comptable Général précise que les informations comptables doivent donner une description adéquate, loyale, précise et complète des opérations,
événements et situations. Selon les normes IFRS, l’information doit être également comparable : toute mention chiffrée au titre d’une période doit être accompagnée du
montant correspondant pour la période précédente. On retrouve la notion de « true and fair view » des comptes anglo-saxons.
Bookbuilding
il s’agit de la constitution d’un livre d’ordres d’achat ou de souscription lors d’opérations de placement concomitamment à la diffusion de l’information et au marketing auprès
des investisseurs potentiels. Ce livre enregistre les intentions d’achat (volume de titres demandés et prix) des investisseurs potentiels et permet ainsi d’établir la faisabilité et le
prix de l’opération. Cette technique permet aux banques en charge de l’opération de limiter leur risque
Bookrunner
Banque en charge de la tenue du livre d’ordre lors d’un book building.
Bottom up
Également appelé stock picking, ce mode de sélection de titres privilégie tout d’abord les caractéristiques propres de chaque titre et non celles du secteur ou du pays dans
lesquels l’entreprise intervient. Voir également Top down.
Bought deal
Pour certaines opérations (placement de blocs d’actions déjà cotées, placement d’obligations), les banques en charge de l’opération peuvent acheter les titres à l’émetteur puis
les placer auprès des investisseurs. L’engagement ferme de la banque est alors dénommé prise ferme ou bought deal. Si la banque n’arrive pas à replacer l’ensemble des titres,
elle sera contrainte d’en conserver une partie à son bilan, on parlera de « colle ».
BPA
Voir Bénéfice par action.
Brevet
Les brevets font partie des immobilisations incorporelles.
Bridge loan
Voir Crédit-relais.
BSA
Voir Bon de souscription d’actions.
BSAAR
Voir Bon de souscription d’actions remboursable.
BSAR
Voir Bon de souscription d’actions remboursable.
BSPCE
Voir Bon de souscription de parts de créateur d’entreprise.
BTN
Voir Bon du Trésor négociable.
Budget de trésorerie
Le budget de trésorerie enregistre, non seulement les flux de trésorerie existants, mais aussi toutes les recettes et toutes les dépenses dont l’entreprise prévoit la perception ou
l’engagement, qu’il s’agisse de dépenses et recettes liées au processus d’investissement, au processus d’exploitation, ou à la politique de financement de l’entreprise. Le budget
de trésorerie est un tableau de bord prévisionnel de l’offre et de la demande de liquidités de l’entreprise. Il permet au trésorier d’optimiser le résultat financier de la société, en
mettant en concurrence les différentes banques ainsi que les marchés financiers.
Build-up
Suite d’acquisitions financées essentiellement par endettement, menées par une entreprise reprise en LBO destinée à constituer un groupe plus important, plus rentable grâce
aux synergies mises en œuvre et donc avec une meilleure valorisation pour ses actionnaires lors de sa cession ultérieure.
Bulle spéculative
Voir Bulle financière.
Bullet
Un emprunt bullet est un emprunt dont le principal est remboursé dans son intégralité au terme de l’emprunt. Durant la vie de l’emprunt seuls les intérêts sont versés chaque
année
Bund
Le Bund est l’obligation d’État allemande (équivalent de l’OAT française) qui sert parfois de référence pour le calcul de la marge actuarielle (spread) des obligations de la zone
euro.
Burn rate
Désigne le temps que l’entreprise mettra à épuiser sa trésorerie avec les pertes mensuelles qu’elle enregistre et en supposant que ces pertes se maintiennent au rythme actuel.
Est utilisé pour des entreprises en phase de démarrage et mesure le laps de temps maximum avant une nouvelle levée de fonds en supposant que les pertes restent stables.
Business angels
Souvent anciens dirigeants et actionnaires d’entreprises, les Business Angels investissent quelques dizaines ou centaines de milliers d’euros, apportent leurs conseils et aident
par leurs relations des entreprises en phase de démarrage.
Business plan
Lors d’un projet d’investissement, le business plan (ou plan d’affaires en français) doit modéliser l’avenir le plus probable pour l’entreprise. Il doit notamment permettre de
pointer les paramètres susceptibles de faire varier significativement la valeur de l’investissement et donc d’en appréhender les risques.
A
B
C
D
E
F
G
H
I
J
L
M
N
O
P
Q
R
S
T
U
V
W
Z
CAF
La CAF ou Capacité d’Autofinancement mesure l’ensemble des ressources internes sécrétées par l’entreprise. Elle se calcule en ajoutant au résultat net l’ensemble des charges
nettes calculées (dotation aux amortissements, variation de provisions pour risques et charges) sans impact pour la trésorerie. Bien qu’elle soit calculée avant rémunération de
certaines ressources (les capitaux propres) mais après rémunération de certaines autres (les dettes), il s’agit d’une variable-clé de tout tableau de flux. La capacité
d’autofinancement est très proche de la marge brute d’autofinancement, qui n’exclut toutefois pas l’impact des cessions sur le résultat.
Call
Voir Option d’achat.
Cap
Le cap (qui signifie plafond) est une option sur taux d’intérêt qui permet à un emprunteur de se fixer un taux d’intérêt plafond au-delà duquel il juge le coût d’un emprunt
prohibitif et recevra le différentiel entre le taux du marché et le taux plafond.
Capex
Abréviation de l’anglais capital expenditure qui signifie investissement en immobilisations corporelles ou incorporelles.
Capex facility
Ligne de crédit sur laquelle une entreprise peut tirer pour réaliser des investissements. Elles sont généralement mises en place lors d’opération de LBO afin de laisser à
l’entreprise cible une capacité d’investissement malgré son fort endettement.
Capital amorçage
Branche du capital risque qui apporte des capitaux propres aux entreprises venant d’être créées (start-up ou jeune pousse) et qui sont à la recherche d’un modèle économique.
Seed capital en anglais.
Capital développement
Les fonds de capital développement sont des fonds d’investissement dont l’objectif est de devenir actionnaires d’entreprises en forte croissance et qui ont des besoins de
financement élevés sous forme de capitaux propres.
Capital employed
Voir Actif économique.
Capital immatériel
Ensemble des compétences, des techniques ou des pratiques possédées par une entreprise qui lui permettent d’obtenir une rentabilité supérieure à la rentabilité minimale
exigée par ses pourvoyeurs de fonds. Ce capital immatériel n’a souvent aucune valeur comptable et le goodwill a souvent été utilisé pour l’évaluer et corriger ainsi la valeur
patrimoniale d’une entreprise très rentable.
Capitalisation
La capitalisation permet de déterminer la valeur future d’une somme placée à un taux d’intérêt. Elle est l’opération inverse de l’actualisation. Dans le cas d’un dépôt V0 placé
n années à un taux t, la valeur finale Vn est égale à Vo x (1+t)^n
Capitalisation boursière
La capitalisation boursière d’une société est la valeur de marché de ses capitaux propres. Elle résulte de la multiplication du nombre d’actions composant le capital de la société
par le cours de bourse. Notons toutefois qu’un investisseur désirant acheter d’un seul coup la majorité des actions de la société dans le but d’en détenir le contrôle devra
s’acquitter d’un montant supérieur à cette capitalisation, la différence correspondant à la prime de contrôle.
Capital lease
Voir Crédit-bail.
Capital social
Notion assez formelle, juridique et comptable, qui correspond à une partie des capitaux propres apportés par les actionnaires lors de la création de la société ou lors
d’augmentation de capital subséquente. Le solde étant affecté à des primes d’émission, d’apports ou de fusion.
Capitaux employés
Les capitaux employés de l’entreprise, ou actif économique, correspondent à la somme de ses actifs immobilisés et de son besoin en fonds de roulement (d’exploitation et hors
exploitation). Ils sont donc égaux à la somme des « encours » nets engagés par l’entreprise, qu’ils soient liés au cycle d’exploitation ou au cycle d’investissement.
Capitaux engagés
Voir Capitaux investis et Actif économique.
Capitaux investis
Les capitaux investis (dans l’exploitation) correspondent à la somme des capitaux propres et de l’endettement financier net. Par construction, ils sont égaux à l’actif
économique. Voir également Actif économique.
Capitaux permanents
Les capitaux permanents sont constitués des ressources stables de l’entreprise. On y distingue les capitaux propres, les provisions pour risques et charges à caractère de
réserves, la part à plus d’un an des dettes financières et les quasi-capitaux propres.
Capitaux propres
Les capitaux propres représentent l’argent apporté par les actionnaires à la constitution de la société ou ultérieurement, ou laissés à la disposition de la société en tant que
bénéfices non distribués sous forme de dividendes. Ils courent le risque total de l’entreprise : si celle-ci va mal, ils ne seront pas rémunérés (aucun dividende ne sera versé) ; si
elle dépose son bilan, les porteurs de capitaux propres ne seront remboursés qu’après que les créanciers l’aient été intégralement, ce qui est très rarement le cas. Si elle va très
bien au contraire, tous les profits leur reviennent. Le rôle des capitaux propres est double. Leur première fonction est de financer une partie de l’investissement. Mais leur objet
le plus important est de servir de garantie aux créanciers de l’entreprise qui financent l’autre partie de l’investissement. Le coût des capitaux propres intègre donc une prime
de risque. Au total, l’importance du montant des capitaux propres témoigne du niveau de risque qu’acceptent de courir les actionnaires. En période de crise, les entreprises les
plus endettées sont les premières à disparaître. Actif net est un synonyme de capitaux propres.
Captive de réassurance
Voir Captive d’assurance.
Captive d’assurance
Une captive est une compagnie d’assurance ou de réassurance appartenant à une société industrielle ou commerciale dont l’activité principale n’est pas l’assurance. Son objet
est de couvrir les risques du groupe auquel elle appartient. Schématiquement, la captive facture des primes à la société industrielle ou commerciale et à ses filiales, et couvre en
contrepartie leurs sinistres. Par ailleurs, comme toute société d’assurance, elle se réassure auprès de réassureurs. La captive d’assurance présente les avantages suivants : 1)
une efficacité accrue (participation à sa propre sinistralité, exclusion du risque de crédit, réduction de la surassurance, des polices sur mesure) ; 2) une couverture de certains
risques qui ne sont plus assurables aujourd’hui : par exemple la pollution graduelle ou les conséquences liées à l’amiante ; 3) un accès au marché de la réassurance ; 4) une
indépendance accrue à l’égard des assureurs (permettant de les mettre en concurrence) ; 5) une diminution de la vulnérabilité aux cycles du marché de l’assurance ; 6) une
possibilité d’optimisation fiscale ; 7) un lissage de l’effet des sinistres sur plusieurs exercices. Ainsi, Lafarge, LVMH ou Pernod Ricard par exemple disposent de ce type de
véhicule pour gérer des risques limités à quelques millions d’euros.
Carried interest
Part de la plus-value réalisée par un fonds d’investissements qui revient à ses dirigeants, souvent 20 % de la plus-value pour autant, quand cela est prévu, que le TRI des
investisseurs du fonds atteigne au moins un certain pourcentage annuel (8 % souvent). C’est un mode d’intéressement à performance.
Carry-back
Le carry back fait apparaître au profit de l’entreprise une créance d’impôt égale à la différence entre l’impôt effectivement versé et un impôt théorique après imputation de la
perte de l’exercice présent sur les bénéfices non distribués des trois derniers exercices. Cette créance d’impôt n’est pas imposable, elle peut être utilisée pour le paiement de
l’impôt sur les sociétés dû au titre des cinq prochains exercices. Au terme de cette période, elle est remboursée par l’État pour la fraction non utilisée. En France, les actifs
d’impôts différés ne peuvent être comptabilisés que si leur récupération ne dépend pas des résultats futurs ou si leur récupération est probable par suite de l’existence d’un
bénéfice imposable attendu au cours de leur période de dénouement.
Carve-out
Le carve out correspond à la cotation en Bourse de la filiale d’un groupe qui peut ou non faire descendre le groupe en dessous du seuil de 50 % dans le capital de sa filiale. Ce
phénomène s’explique par la volonté d’offrir aux investisseurs un accès direct aux actifs du groupe qui les intéressent le plus (effet démultiplicateurs sur les capitaux propres
du groupe). Notons que, dans certains secteurs, le partenaire financier (ou la cotation) est une nécessité juridique (ex : télévision hertzienne - un actionnaire ne peut détenir en
France plus de 49 % du capital).
Cash
Terme anglais désignant les liquidités, le numéraire de l’entreprise, c’est-à-dire des sommes d’argent qui sont immédiatement liquides et qui peuvent permettre de faire face à
des dépenses ou des opportunités imprévues.
Cash at risk
Le cash at risk est une mesure du risque de liquidité. Celle-ci se mesure soit à partir de la comparaison des échéances contractuelles des dettes et des estimations des recettes de
trésorerie, soit à travers un budget de trésorerie. Cet indicateur reprend globalement les modélisations issues des calculs de VAR (Value at risk).
Cash burn
Impasse de trésorerie mensuelle actuelle d’une jeune pousse qui n’a pas encore atteint l’équilibre.
Cash-flow at risk
À l’instar de la Value at risk (VAR), le Cash flow at risk est une mesure du risque de marché qui pèse sur les flux de trésorerie de l’entreprise si, sur une certaine période et avec
un intervalle de confiance donné, le prix de certains facteurs (taux de change, d’intérêt, prix des matières premières, etc.) évolue dans un sens défavorable aux positions de
l’entreprise.
Cash-flow fade
Appelé modèle de la rente décroissante, c’est un traitement de la valeur terminale d’une évaluation par actualisation des flux de trésorerie disponible (DCF). On définit ainsi un
horizon durant lequel la rentabilité économique de l’entreprise se dégrade (soit par le fait de baisse de marges, soit par le fait de la baisse de la rotation de l’actif économique)
jusqu’à devenir égale au coût moyen pondéré du capital. Au terme de cet horizon, la valeur de l’actif économique est égale au montant comptable de l’actif économique.
Cash-flow hedge
L’un des deux de couvertures possibles distingués par les IFRS qui recoupe, comme son nom l’indique la couverture des flux et non celle des « stocks » (au sens du bilan comme
une dette ou une créance) et qui se traduit par le traitement comptable suivant : Prenons l’exemple d’un producteur de chocolat qui couvre l’achat futur de cacao par un achat
à terme. Il clôture son exercice annuel après la mise en place de la couverture mais avant l’achat effectif du cacao. Si le cours du cacao a baissé depuis la mise en place de la
couverture, le principe de la juste valeur appliqué aux instruments financiers voudrait que l’entreprise constate une perte au titre de la variation de valeur du contrat à terme.
Ceci n’est pas logique car cette perte n’existe que parce que l’entreprise a voulu fixer de manière certaine à l’avance le prix d’achat de son cacao afin d’éliminer son risque. La
variation de valeur de l’instrument financier de couverture est enregistrée à l’actif et en capitaux propres (parmi les « autres éléments du résultat global ») sans constater de
gain ou de perte au compte de résultat. Les gains et pertes sur l’instrument de couverture n’apparaîtront que quand le flux sous-jacent aura effectivement lieu, soit au moment
de l’achat effectif du cacao dans notre exemple. Notre producteur affichera alors une charge totale (prix d’achat du cacao plus faible que prévu et perte sur le contrat à terme)
qui reflétera le prix fixé à l’avance dans son contrat de couverture.
Cash-flow Return On Investment (CFROI)
Le CFROI correspond dans sa version originale à la moyenne des taux de rentabilité interne des investissements actuels de l’entreprise. Le CFROI est le taux de rentabilité
interne qui égalise l’actif économique de l’entreprise, pris en montant brut, c’est-à-dire avant dotations aux amortissements et réévalué du taux d’inflation, et la série des
excédents bruts d’exploitation après impôt, calculée sur la durée de vie des actifs immobilisés en place. Cette dernière s’estime en divisant la valeur brute des immobilisations
par la dotation aux amortissements de l’année. Le CFROI est alors comparé au coût moyen pondéré du capital
Cash management
Voir Gestion de trésorerie.
Cash pooling
La gestion centralisée de la trésorerie ou cash pooling permet d’équilibrer les comptes des filiales du groupe, économisant ainsi des frais financiers dus aux imperfections des
marchés. De plus, elle donne à un groupe relativement important, mais constitué de sociétés de faible taille, la possibilité d’accéder aux marchés financiers. Le cash pooling
notionnel est la reconstitution d’une gestion de trésorerie centralisée par fusion des échelles d’intérêts.
Cash ratio
Voir Ratio de liquidité immédiate.
Cash settlement
Terme anglais employé pour désigner à l’échéance d’un contrat à terme le règlement de celui-ci en liquidités pour la contre-valeur de l’actif sous-jacent plutôt que par la
livraison de la quantité prévue de l’actif sous-jacent du contrat dont le coût logistique de livraison peut être élevé pour des matières premières agricoles (blé, carcasses de bœuf,
etc.) ou minérales (pétrole, cuivre, etc.). Le terme est aussi employé pour des obligations convertibles ou remboursables en actions quand l’émetteur garde la possibilité à
l’échéance des obligations de remettre aux investisseurs, non les titres sous-jacents mais leur contre-valeur en numéraire.
Cat bonds
Ou obligation catastrophe. Il s’agit d’une obligation à haut rendement généralement émise par une compagnie d’assurance ou de réassurance. Dans le cas où survient un
sinistre prédéfini (tremblement de terre, raz de marée, ouragan, etc..), le détenteur de l’obligation perd tout ou partie des intérêts, voire du nominal de l’obligation. Ce produit
permet aux compagnies d’assurance et surtout de réassurance de faire supporter par des tiers une partie des risques liés à ces événements exceptionnels et donc réduire leurs
risques.
Caution
Une caution est un engagement par signature émise en général par un établissement financier au profit d’un tiers qui permet de garantir la solvabilité de sa contrepartie cliente
de l’établissement financier.
CBOE
Le CBOE ou Chicago Board of Options Exchange est la bourse de Chicago spécialisée dans les options sur un grand nombre d’actifs financiers ou non.
CDO
Voir Collateralised debt obligation.
CDS
Voir Credit default swap.
Centaure
Start-up dont la valorisation atteint au mois cent millions de dollars.
Centrale de paiement
Voir Centralisation des paiements.
Cessation de paiement
La cessation de paiement survient lorsque le débiteur ne peut plus faire face à son passif exigible avec ses actifs disponibles ; on parlera également de défaillance. Il s’agit donc
d’un événement plus « grave » que le simple défaut de paiement. En droit français, la cessation de paiement est la condition d’ouverture des procédures de redressement
judiciaire et de liquidation, mais non de la procédure de sauvegarde.
Cession
Opération consistant à céder un actif ou une entreprise contre des liquidités ou des titres remis par l’acquéreur.
Cession-bail
Les opérations de cession-bail consistent à céder un actif et à le reprendre immédiatement en location (sale and lease back en anglais). Ils donnent lieu au traitement suivant : la
plus-value de cession doit être différée et constatée en résultat sur la durée du contrat de location si ce dernier est un crédit-bail, et constatée immédiatement en résultat s’il
s’agit d’un contrat de location simple. De telles opérations ont essentiellement pour but de procurer à l’entreprise des capitaux à long terme pour financer des immobilisations
nouvelles, ou de consolider des crédits relais à court terme pour rééquilibrer leur bilan.
Cession conjointe
Clause d’un pacte d’actionnaires permettant à un actionnaire minoritaire de céder aux mêmes conditions ses parts lors de la cession par le majoritaire de sa participation.
CFROI
Voir Cash flow Return on Investment.
Chaîne de valeur
Une chaîne de valeur (ou filière) est constituée de l’ensemble des entreprises qui interviennent dans le processus de fabrication, de la matière première au produit final. Selon
les cas, elle réunit la transformation des matières premières, la recherche, une seconde transformation, des activités de négoce, une troisième ou quatrième transformation, de
nouveau du négoce et pour finir le distributeur final.
Chambre de compensation
La chambre de compensation est un organisme financier ayant pour but d’éliminer les risques de contrepartie sur les marchés dérivés. Concrètement, la chambre de
compensation est la contrepartie unique de tous les opérateurs. La chambre de compensation assure la surveillance des positions. Elle exige la formation dans ses livres d’un
dépôt de garantie le jour de la conclusion d’un contrat. En cas de perte potentielle d’un intervenant, elle procède à un appel de marge.
Change à terme
Le change à terme permet de vendre ou d’acheter aujourd’hui des devises disponibles ultérieurement. Le cours à terme, utilisé pour ces transactions est issu du cours comptant
et d’un différentiel entre le taux d’intérêt de la devise étrangère et le taux d’intérêt de la devise de référence sur la durée de l’opération.
Changement de contrôle
Le changement de contrôle d’une entreprise est le résultat d’une négociation entre un ou des actionnaires décidés à sortir du capital, et un ou des acheteurs désireux d’acquérir
la société. Cette négociation porte notamment sur le prix de l’opération mais aussi sur les modalités de l’offre, les garanties apportées par l’acquéreur… Il existe de nombreux
moyens pour prendre le contrôle d’une entreprise, ceux-ci sont particulièrement encadrés dans le cas de sociétés cotées.
Chapter 11
Dans la législation américaine, le Chapter 11 régule les situations de faillite des entreprises. Il favorise de fait la continuité de l’entreprise afin de sauvegarder l’emploi et ne pas
déstabiliser le système économique en laissant une grande marge de manœuvre au débiteur pour se restructurer. Un certain nombre d’entreprises en difficulté se mettent
d’ailleurs sous sa protection afin de pouvoir rompre certains contrats (notamment avec le personnel), on parlera alors de faillite stratégique.
Charges à répartir
Les charges à répartir sur plusieurs exercices pouvaient jusqu’à l’exercice 2005, être portées à l’actif du bilan. Depuis, les normes françaises se sont alignées sur les normes
IFRS et considèrent qu’elles doivent, selon le cas, être incorporées au coût d’entrée de l’immobilisation ou comptabilisées en charges de l’exercice. En normes françaises, seuls
les frais d’émission d’emprunts peuvent encore apparaître en charges à répartir.
Charges calculées
Les charges calculées proviennent d’une évaluation comptable d’une diminution de valeur. Elles ne correspondent donc pas toujours avec la réalité économique. Les principales
charges calculées sont les dotations aux amortissements et aux provisions sur actifs immobilisés, les dotations aux provisions pour dépréciation des actifs circulants, les
provisions pour risques et charges et les provisions réglementées.
Charges constatées d’avance
Il s’agit de charges qui correspondent à des biens ou des services déjà payés lors de l’établissement des états financiers mais dont la fourniture ou la prestation n’interviendra
qu’ultérieurement.
Charges de personnel
L’analyse de ce poste est très importante, tant en raison de son montant relatif souvent élevé, que d’une très grande inertie. Théoriquement frais variables par excellence, les
charges de personnel apparaissent comme de véritables frais fixes à court terme. Les charges de personnels doivent être analysées en termes de productivité (CA ou VA /
Effectif moyen), de coût (Charges de personnel / Effectif moyen) et de croissance.
Charges d’exploitation
Les charges d’exploitation traduisent une destruction de richesse nécessaire à la création des produits d’exploitation. Les principales charges d’exploitation sont : la
consommation de matières premières, les autres consommations externes (transport, énergie, publicité…), les charges les frais de personnels, les impôts et les taxes ainsi que les
provisions pour dépréciation des actifs circulant. En comptes consolidés, elles sont souvent présentées par destination : coût des ventes, frais administratifs et financiers et frais
de recherche-développement.
Charges financières
Les charges financières correspondent à la rémunération des ressources d’emprunt. Elles dépendent donc du niveau de l’endettement et des taux d’intérêt. En normes
françaises, les charges financières incluent également les dépréciations d’actifs financiers et les pertes de change.
Charges non récurrentes
Les charges non récurrentes sont des charges de caractère exceptionnel qui n’ont pas vocation à se reproduire les exercices suivants. Elles n’apparaissent pas en tant que telles
sous cet intitulé dans le compte de résultat et résultent donc d’un classement de l’analyste qui exerce donc un jugement sur leur non-récurrence. On peut ainsi penser à des
frais de restructurations, au coût d’une sous-activité exceptionnelle…
Charte
Document qui définit les droits et devoirs, les responsabilités et le mode de fonctionnement d’un conseil d’administration ou d’un conseil de surveillance, ou de ses comités
d’étude ou de leurs membres, les administrateurs. Il est synonyme le plus souvent de règlement intérieur.
Chef de file
On appelle chef de file la banque d’affaires chargée de l’organisation d’une opération nécessitant plusieurs établissements financiers, comme dans le cadre de placement de
titres sur les marchés ou de prêts syndiqués, dans une opération de placement de titres, la banque chef de file est responsable de la préparation et de l’exécution de l’opération.
Elle participe au choix du syndicat. L’un (ou deux) des chefs de file tient le rôle de teneur de livre. Il participe également au choix des investisseurs lors de l’allocation des titres.
Chevalier blanc
Lors d’une offre publique d’achat ou d’échange, l’un des moyens de défense de la société cible est de recourir, entre autres, à une offre publique concurrente par un autre
groupe qui constitue alors le « chevalier blanc ». L’offre publique concurrente est réglementée et doit répondre à certaines contraintes (date de dépôt de l’offre…)
Chiffre d’affaires
Le chiffre d’affaires est constitué par l’ensemble de la production vendue. Son évolution est à la base de toute analyse. Elle doit être décomposée en trois termes : le volume
(quantités vendues) le prix (inflation, change) et les changements de périmètre.
Choix de financement
Le choix d’une source de financement est a priori neutre sur la valeur d’un groupe puisque dans un marché en équilibre toutes les sources de financement ont le même coût
financier. Dès lors, le choix de financement entre dette et capitaux propres va dépendre d’autres paramètres (conjoncture macroéconomique, position des actionnaires,
opportunités de financement…) et des impacts sur les principaux critères financiers (BPA, liquidité, solvabilité…).
Choix d’investissement
Pour décider de lancer ou non un projet d’investissement, les entreprises se fondent sur les mérites stratégiques mais également sur des critères financiers objectifs. Les
principaux critères de choix d’investissement la valeur actuelle nette (VAN) qui mesure la création de valeur engendrée par l’investissement et le taux de rentabilité interne
(TRI) qui donne le taux de rentabilité actuariel de l’investissement. La décision d’investissement doit se baser uniquement sur les flux de trésorerie induits par l’investissement,
sans oublier de tenir compte des coûts d’opportunités et de la fiscalité. Le délai de récupération et le taux de rentabilité comptable sont d’autres critères d’investissement.
CIRI
Le Comité Interministériel de Restructuration Industrielle, CIRI, est un organisme de l’État français dépendant du ministère de l’Économie que toute entreprise en difficulté
employant plus de 400 personnes peut saisir. S’il n’apporte pas de fonds aux entreprises, le CIRI peut faire pression sur les créanciers et les parties prenantes afin qu’ils
aménagent les échéances ou montants des créances facilitant la survie de l’entreprise en difficulté.
Classes de parties affectées
Depuis 2021, dans les procédures de sauvegarde et de redressement judiciaire, et pour les entreprises réalisant au moins 40 M€ de chiffre d’affaires, ou seulement 20 M€ mais
avec plus de 250 personnes employées, les comités de créanciers sont remplacés par, au minimum, deux classes de parties affectées, dont au moins celle des actionnaires si leurs
droits ou participation au capital de l’entreprise sont affectés par le plan de sauvegarde ou de redressement. La répartition des créanciers dans les classes est laissée à
l’appréciation de l’administrateur judiciaire, mais ne peuvent se retrouver dans la même classe ni des créanciers avec et sans garantie, ni des créanciers avec des niveaux de
subordination différents. Il s’agit donc de réunir dans chaque classe des parties aux intérêts convergents compte tenu des garanties dont elles bénéficient, de la maturité et des
natures de leurs créances, et qui seront traitées de la même façon.
Clause de sortie
Clause insérée dans un pacte d’actionnaires, en particulier pour les co-entreprises, encore appelée clause hollandaise ou shot gun qui fixent un mécanisme proche de l’enchère
pour permettre à l’un des partenaires de céder ses parts à l’autre associé. Ce peut être par exemple: l’actionnaire A propose à l’actionnaire B d’acquérir les actions que ce
dernier détient pour un prix X ; soit l’actionnaire B accepte, soit il refuse et il est alors obligé d’acheter les actions détenues par A à ce prix X.
Clause d’agrément
Par la clause d’agrément, la qualité des investisseurs désirant entrer dans le capital de la société est soumise au contrôle et à l’acceptation des actionnaires existants. En cas de
refus d’agrément, ceux-ci doivent racheter les actions que l’actionnaire veut céder ou les faire racheter par l’entreprise.
Clause hollandaise
Voir Clauses de sortie.
Claw back
Lors d’une opération de placement de titres, une offre visant plusieurs catégories d’investisseurs (institutionnels, particuliers, salariés…) sera divisée en plusieurs tranches qui
leur seront réservées. La clause de clawback permet à l’entreprise de ne pas figer la taille de chacune des tranches. Ainsi si la demande des institutionnels est très élevée et celle
des particuliers faibles, la clause de clawback permet de réallouer des titres initialement prévus pour les particuliers vers la tranche des investisseurs institutionnels.
CLO
Voir Collateralised loan obligation.
Closing
Le closing est la dernière étape d’un processus de vente d’une entreprise. Il correspond à l’exécution du contrat et à la réalisation effective de la cession / acquisition : échange
des ordres de mouvements et du paiement. Il fait généralement suite à une période de diligences finales et à la levée des conditions suspensives (autorisation antitrust…) dont la
durée peut être de 5 semaines à 6 mois, voire plus.
Club deal
Dans les opérations de financement bancaire, les club deals sont des petits groupes de banques historiquement proches de l’entreprise et qui se partagent entre elles la dette
senior. Cette répartition de la dette a quasiment totalement remplacé l’utilisation des CDO / CLO depuis l’été 2007 et le début de la crise des subprimes.
Co-chef de file
Lors d’une opération de placement de titres, le co-chef de file (co-lead manager) est la banque d’affaires qui a la charge de garantir le placement d’une part non négligeable de
titres sans toutefois avoir le rôle de structuration de l’opération. Voir également Chef de file.
Coefficient bêta
Voir Bêta.
Coefficient de capitalisation
Le coefficient de capitalisation permet de projeter une valeur d’aujourd’hui en une valeur future. Soit t le taux de placement et n le nombre de périodes, le coefficient de
capitalisation vaut (1 + t) n. Il est l’inverse du coefficient d’actualisation.
Coefficient de corrélation
Le coefficient de corrélation définit le degré de dépendance entre deux variables. C’est un nombre compris entre - 1 (évolution strictement inverse des variables) et + 1
(évolution strictement parallèle). Il est égal à la covariance mathématique des variables divisée par le produit des écarts-types.
Coefficient d’actualisation
Le coefficient d’actualisation permet de transformer la valeur d’un flux futur en sa valeur d’aujourd’hui. Soit t le taux d’actualisation et n le nombre de périodes, le coefficient
d’actualisation vaut 1 / (1 + t)^n. Il est toujours inférieur à 1 car les taux d’actualisation sont toujours positifs.
Coefficient d’ajustement
Le coefficient d’ajustement permet de comparer les cours d’une action avant et après une opération modifiant techniquement la valeur de l’action. Par exemple, pour une
distribution d’actions gratuites, les cours avant opération devront être multipliés par N / (N + N’), avec N le nombre d’actions anciennes et N’ le nombre d’actions créées pour
pouvoir être comparés avec les cours après opération.
Coentreprise
La plupart des alliances technologiques ou industrielles se traduisent par la création d’une société commune ou joint-venture souvent détenue à 50/50. Ces sociétés ont
généralement une durée de vie temporaire, une telle situation pouvant rapidement mener à un blocage total des organes de décision de l’entreprise, soit parce que la joint-
venture se porte bien et que l’un des actionnaires veut récupérer le contrôle, soit parce qu’elle se porte mal et que l’un des actionnaires veut sortir. Il est dès lors nécessaire de
prévoir dès sa création des clauses de sortie permettant, en cas de conflit, un déblocage de la situation.
Coface
La Compagnie française d’assurances pour le commerce extérieur, ou COFACE, est une société qui offre trois types de services : l’assurance-crédit de marché à l’exportation,
de crédit domestique et de caution ; l’information commerciale et financière d’entreprise ; et la gestion des créances garanties publiques françaises d’appui aux exportations
(en France, la Coface gère, pour le compte de l’État français, des risques à l’exportation non assurables par le marché privé).
Co-lead manager
Voir Co-chef de file.
Collar
On appelle collar ou tunnel de taux la combinaison de l’achat d’un cap et de la vente d’un floor. Cela permet à un opérateur de fixer une zone de fluctuation des taux d’intérêt
en deçà de laquelle il doit payer le différentiel de taux entre le taux du marché et le taux plancher et au-delà de laquelle sa contrepartie lui réglera ce différentiel. Cette
combinaison se traduit par une réduction du coût de la couverture puisque la prime du cap est payée partiellement ou totalement par la vente du floor. Il existe des collar de
taux d’intérêt, de taux de change, portant sur des actions…
Collateralised debt obligation (CDO)
Titres de dettes émis par une structure ad hoc, souvent véhicule de titrisation, qui achète et détient des obligations émises par des entreprises ou des banques (on parle alors de
Collateralised bond obligation) ou des prêts bancaires (on parle alors de Collateralised loan obligation). Les CDO permettent de rendre liquides des titres que ne le sont pas
spontanément, aux banques de se refinancer auprès d’investisseurs qui souhaitent prendre un risque sur un portefeuille de dettes, risque qui peut être plus ou moins élevé selon
la nature des dettes détenues par le véhicule et le rang de priorité plus ou moins élevé des dettes émises par le véhicule.
Co-manager
Lors d’une opération de placement de titres, on appelle co-manager, une banque qui a essentiellement pour rôle de garantir le placement d’une part limitée de titres.
Comité d’administrateurs
Voir Comités du conseil d’administration.
Commandité(s)
Les commandités sont les associés d’une société en commandite par actions qui répondent solidairement et indéfiniment du passif. C’est parmi eux que sont généralement
choisis les gérants.
Commercial paper
Les commercial papers américains sont des titres de créances négociables émis par les entreprises sur le marché monétaire. Les entreprises étrangères qui émettent des
commercial papers sont placées sous la réglementation 144 A. Voir Billet de trésorerie.
Commissaires aux comptes
Les commissaires aux comptes sont en charge du contrôle légal des documents comptables d’une société. Ils sont nommés pour six exercices avec pour objectif principal de
vérifier la régularité, la sincérité et l’image fidèle des comptes qu’ils attestent dans un rapport soumis aux actionnaires ou associés qui approuvent les comptes en assemblée
générale. Les CC sont responsables civilement et pénalement, tant à l’égard de la société que des tiers, des conséquences dommageables des fautes et négligences qu’ils
commettent. Leurs obligations ne sont que de moyens et pas de résultat.
Commission de non-utilisation
Commission versée par une entreprise à une banque qui lui a accordé une ligne de crédit confirmée à court ou moyen terme pour la partie non tirée (utilisée) de cette ligne. Elle
est en général d’un montant compris entre 30 % et 35 % de la marge du crédit. Familièrement, on parle de « commission de non-ut ».
Commission d’engagement
Dans le cadre d’un crédit, la commission d’engagement est la rémunération perçue par les banques tant que la ligne de crédit n’est pas utilisée par l’entreprise, c’est-à-dire au
titre de leurs seuls engagements à fournir les fonds à l’entreprise à sa demande dans des conditions, en particulier de taux d’intérêt et d’échéance, définies dans le contrat de
crédit.
Commitment fee
Voir Commission d’engagement.
Compartiment privé
Compartiment du marché boursier Euronext Growth (ex-Alternext) où les introductions en Bourse se font par augmentation de capital à laquelle seuls les investisseurs
professionnels peuvent souscrire. Une fois la société cotée, tous les investisseurs peuvent acheter ses titres.
Competitive bidding
Le competitive bidding est l’une des techniques de placement d’obligations Investment grade. Elle consiste pour une entreprise à lancer un appel d’offres auprès de la
communauté bancaire pour une émission obligataire. L’émetteur choisit l’établissement qui dirige l’opération en fonction des conditions qui lui sont présentées (et donc
principalement le prix). Ainsi, il prend le risque de confier le mandat de chef de file à une banque trop agressive en termes de prix. Cette situation se traduit alors par une
dégradation du cours des obligations sur le marché secondaire après le lancement de l’opération car les titres ont été émis à un prix trop élevé. Cette technique s’apparente à un
bought deal.
Comply or explain
Dans certains pays, comme le Royaume-Uni ou la France, les sociétés cotées doivent appliquer les codes de corporate governance, ou expliquer pourquoi elles ne le font pas, ce
qui représente une incitation forte à les appliquer?! C’est le principe dit de comply or explain.
Comprehensive income
Dans la présentation de l’information comptable selon les normes IFRS, il est possible de substituer un unique tableau de comprehensive income (résultat étendu) au couple
compte de résultat classique et tableau présentant les autres écritures comptables ayant eu un impact sur les capitaux propres. Dans ce cas, le résultat net n’est qu’un solde
intermédiaire dans la détermination du résultat étendu.
Comptabilisation à l’achèvement
La comptabilisation à l’achèvement est une des deux méthodes de comptabilisation des travaux de longue durée. Elle consiste à comptabiliser le chiffre d’affaires et les
bénéfices sur un projet uniquement quand le projet est achevé ou le dernier lot livré. Cependant, la règle de prudence comptable veut que si des pertes sont prévues, celles-ci
soient entièrement provisionnées en cours de réalisation des travaux.
Comptabilisation à l’avancement
La comptabilisation à l’avancement est une des deux méthodes de comptabilisation des travaux de longue durée. Elle consiste à comptabiliser, à la clôture de chaque exercice, le
chiffre d’affaires et les bénéfices ou les pertes sur le projet en cours proportionnellement à l’avancement des travaux constatés.
Comptabilisation des fusions
Lors d’une opération de fusion (ou d’apport), il existe deux types de valeurs qui peuvent ou non coïncider : la valeur financière qui sert de référence pour la détermination du
poids relatif (et donc la nouvelle répartition du capital si les actionnaires des deux sociétés sont différents) et la valeur à laquelle les actifs sont apportés à la société absorbante.
Cette valeur d’apport peut correspondre aux montants comptables des actifs si les actionnaires des sociétés sont identiques, à la valeur de marché sinon. Quoi qu’il en soit cette
valeur fait l’objet d’un rapport du commissaire à la fusion soumis à l’AGE de la société bénéficiaire des apports afin de ne pas créer des capitaux propres fictifs.
Comptabilité de couverture
En normes IFRS, une entreprise, qui a acquis des produits financiers (options, futures, contrats à terme, etc.) afin de couvrir un risque spécifique, pourra recourir à une
comptabilité de couverture (hedge accounting) lui permettant de ne pas enregistrer en résultat les gains ou les pertes résultant de cette couverture avant l’échéance de cette
dernière.
Compte courant
Compte tenu par une banque sur ses livres pour le compte de son client entreprise ou particulier. Certains comptes courants sont rémunérés par des banques qui captent ainsi
de la liquidité pour conforter leurs ratios réglementaires. La rémunération peut être fixe ou s’accroître dans le temps (conférant ainsi une certaine pérennité à ces dépôts).
Compte de régularisation
Les comptes de régularisation permettent techniquement de réaliser le principe comptable d’autonomie des exercices, c’est-à-dire de rattacher à chaque exercice les produits et
charges non quand ils sont facturés mais quand ils sont consommés. Les principaux comptes sont les charges et produits constatés d’avances, les charges à payer, les produits
non à recevoir et les charges à repartir.
Compte de résultat
Le compte de résultat recense l’ensemble des flux qui modifient positivement ou négativement le patrimoine de l’entreprise pendant une période donnée : produits qui génèrent
de la richesse, et charges qui en détruisent. Le solde de ces flux, ou résultat, est positif lorsque la valeur du patrimoine de l’entreprise a augmenté sur la période considérée ; il
est négatif lorsque l’entreprise s’est appauvrie.
Comptes consolidés
Voir Consolidation.
Comptes courants d’associés
Les comptes courants d’associés correspondent généralement à des avances de fonds réalisées par les associés. Ils ne peuvent être assimilés à des capitaux propres que s’ils ont
vocation à rester dans l’entreprise. Cependant, s’ils traduisent uniquement des mouvements de caisse entre l’entreprise et ses associés, ils devront être considérés comme de
simples ressources de trésorerie.
Concert
Ensemble de personnes considérées comme agissant de concert à l’égard d’une entreprise dont ils sont actionnaires. Voir Action de concert.
Conciliation
La conciliation (auparavant appelé règlement amiable) est l’une des 5 procédures offertes par le cadre législatif français aux entreprises en difficulté. Elle s’adresse aux
entreprises qui « éprouvent une difficulté juridique, économique ou financière avérée ou prévisible » ou à celles qui sont en cessation des paiements depuis moins de 45 jours.
Aux termes de cette conciliation, l’accord trouvé entre la société et les créanciers peut être constaté par le tribunal, voire homologué s’il est publié.
Conflits d’intérêts
Désignent des divergences de nature éthique ou sanctionnés par la réglementation entre des acteurs de l’entreprise (actionnaires et dirigeants, actionnaires et prêteurs,
actionnaires majoritaires et actionnaires minoritaires, salariés de l’entreprise dans leurs relations avec les clients…).
Conflits entre actionnaires et créanciers
Les actionnaires et les créanciers ont des intérêts divergents dans l’entreprise (maximiser la valeur de l’action pour les premiers et obtenir le remboursement de leurs prêts
pour les seconds). Afin d’éviter des conflits avec des actionnaires et de sortir de la situation d’asymétrie dans laquelle ils se trouvent, les créanciers d’une entreprise disposent
d’un ensemble de moyens afin d’aligner les intérêts des actionnaires sur les leurs : les produits financiers hybrides entre capitaux propres et dette peuvent permettre aux
préteurs de devenir actionnaires dans le cas où ils s’estimeraient lésés par des décisions de gestion. Les clauses de sauvegarde portant sur la politique d’investissement, la
politique de dividendes, le niveau d’endettement, le remboursement anticipé etc. dont le non-respect entraîne l’exigibilité immédiate des dettes garantit également les prêteurs
des bonnes intentions de leurs débiteurs.
Conseil de surveillance
Voir Conseil d’administration ou de surveillance et direction.
Conseil d’administration
Voir Conseil d’administration ou de surveillance et direction.
Consent fee
Commission versée à des investisseurs obligataires pour les convaincre d’accepter une modification du contrat d’émission des obligations qu’ils détiennent.
Consommation de matières
La consommation de matières représente ce que l’entreprise a effectivement employé comme matières pour réaliser l’ensemble de sa production. La consommation de matières
diffère donc des achats effectués pendant un exercice par le jeu de variation des stocks de matières.
Consommer
La consommation est une forme d’allocation du revenu disponible. Elle correspond pour les ménages à l’achat de biens ou de services.
Constructions
Les constructions font partie des immobilisations corporelles.
Continuité de l’exploitation (principe de)
Ce principe veut que, pour l’établissement des comptes, l’entreprise soit considérée comme devant poursuivre normalement son activité dans un avenir prévisible. On se place
donc dans la perspective d’une continuité de l’exploitation et non d’une liquidation, sauf bien entendu pour les éléments du patrimoine qu’il a été décidé de liquider, ou si
l’arrêt ou la réduction de l’activité est prévisible, qu’elle résulte d’un choix ou d’une obligation.
Contrat de liquidité
Un contrat de liquidité est signé entre une entreprise cotée en Bourse et un prestataire de services d’investissement (une banque ou un agent de change). L’entreprise met à la
disposition du PSI des liquidités et des actions de l’entreprise, à charge pour le PSI de se porter acheteur ou vendeur des actions de l’entreprise lorsque le marché des actions de
celle-ci est déséquilibre. Le PSI apporte ainsi une liquidité supplémentaire sur le marché des actions de l’entreprise et permet de le fluidifier.
Contrat de vente
Voir Sell and Purchase agreement.
Convexité
La convexité est la dérivée seconde du cours d’une obligation par rapport au taux d’intérêt. Elle mesure la variation relative de la sensibilité d’une obligation pour une petite
fluctuation des taux d’intérêt. La convexité exprime la rapidité de l’appréciation et la lenteur de la dépréciation du cours de l’obligation si les taux baissent ou montent.
Coordinateur global
Lors d’une opération de placement de titres, le coordinateur global est la banque qui coordonne l’ensemble de l’opération, il est également chef de file et généralement teneur
du livre. On parle d’arrangeur pour les titres de dette.
Coquille
De façon atypique, certaines sociétés non cotées se font absorber par une structure cotée le plus souvent dénuée d’activités opérationnelles, (une « coquille »), afin d’accéder
plus rapidement et à moindre coût à la cotation. Mais il faut alors la plupart du temps recréer un flottant.
Cornerstone investor
Investisseur qui se met d’accord avec une entreprise quelques semaines avant son introduction en Bourse pour acheter un paquet significatif d’actions (au moins quelques
pourcents) lors de son introduction en Bourse à un prix correspondant à celui de l’offre. Il peut être soumis à une clause de lock-up.
Corporate governance
Voir Gouvernement d’entreprise.
Corporate venture
Fonds d’investissement interne à un groupe industriel. Les corporate ventures ont un double objectif financier et de veille stratégique sur leur secteur comme Novartis, Orange,
Schneider, Mérieux, ou Total.
Cotation
Il y a cotation d’un titre lors de son admission sur un marché financier. Sa valeur est définie par le marché. L’intérêt de la cotation d’une société est double : elle permet d’avoir
accès au marché de capitaux (tant pour l’entreprise qui peut y lever des fonds que pour les actionnaires qui y trouvent une liquidité pour leurs actions) et d’extérioriser la
valeur de l’entreprise. Synonyme de notation financière ou de rating, voir Notation financière.
Cotation directe
C’est une technique d’introduction en Bourse utilisée pour les transferts de marchés et les placements privés sur Euronext Growth (ex-Alternext) et le Marché professionnel.
L’introduction des actions est réalisée selon les conditions de négociation et de cotation habituellement pratiquées sur le marché mais les ordres d’achat ne sont pas centralisés
par Euronext. Un prix minimum de vente est fixé et la cotation est possible avec un cours en principe au maximum égal à 110 % de ce prix. Les ordres d’achat sont servis
généralement au minimum à hauteur de 6 % et si l’opération est impossible à réaliser, elle est reportée avec un prix minimum plus élevé et en bloquant éventuellement les
fonds.
Cotisation sur la valeur ajoutée des entreprises (CVAE)
Taxe prélevée sur les entreprises françaises. C’est une des deux composantes de la Contribution économique territoriale qui a remplacé l’ancienne taxe professionnelle. La
CVAE est calculée au taux de 1,5 % de la valeur ajoutée dès lors que le chiffre d’affaires est supérieur à 50 M€. En deçà de 0,5 M€, le taux est nul. Entre 0,5 M€ et 50 M€ de
chiffre d’affaires, le taux est progressif entre 0 % et 1,5 %.
Coup d’accordéon
La réduction de capital dite en coup d’accordéon intervient à la suite de la constatation comptable d’une insuffisance de capitaux propres. Elle est obligatoire en France lorsque
les capitaux propres deviennent inférieurs à la moitié du capital social, mais peut être utilisée notamment pour préparer une recapitalisation de la société.
Coupon
Le coupon correspond au montant de rémunération (intérêts) versé à intervalles réguliers aux porteurs d’obligations. Le versement des coupons peut être plus ou moins espacé
dans le temps et les intérêts ne sont parfois versés qu’au moment du remboursement de l’emprunt après avoir été capitalisés (emprunts à coupon zéro).
Coupon couru
Le coupon couru d’une obligation correspond à la fraction d’intérêt annuel écoulé. Il est coté séparément de l’obligation.
Coupon unique
Le coupon unique correspond au coupon zéro, c’est-à-dire que le prêteur ne reçoit qu’un seul flux de trésorerie à échéance qui représente à la fois l’intérêt capitalisé et le
remboursement du capital.
Coupon zéro
Une obligation dite à coupon zéro est une obligation dont les intérêts sont versés au terme de l’emprunt après avoir été capitalisés.
Courbe d’expérience
Le cabinet de conseil en stratégie d’entreprise BCG a démontré au début des années 1960, à partir d’études sectorielles, qu’une relation statistique existe entre le volume
cumulé de la production et le prix de revient unitaire. Plus le volume cumulé de la production est important, plus le prix de revient unitaire est faible. C’est la courbe
d’expérience.
Cours de clôture
Cours à la clôture du marché boursier.
Cours historique
Le cours historique est le cours d’achat initial, c’est-à-dire le cours auquel l’actif est entré dans les comptes. Voir Méthode du cours historique.
Court
Désigne la position d’un investisseur qui a plus de passifs dans un titre qu’il n’a de ce même titre en actif. Ainsi celui qui a vendu à découvert des dollars est court en dollars.
Être court sur un marché financier, c’est prendre le risque d’une hausse de la valeur du titre dont on est court.
Courtiers en financement
Les courtiers en financement développent leurs activités entre les TPE-PME et les banques commerciales en servant d’intermédiaires mandatés par les entreprises pour leur
trouver à un moment donné un financement bancaire ou financier aux meilleures conditions.
Coût de la faillite
La faillite est un mécanisme de réallocation de ressources et présente un coût réel. On note des coûts directs (indemnités de licenciement, honoraire des avocats, frais de
procédures…) et des coûts indirects (commandes annulées, diminution des crédits fournisseurs, impossibilité de trouver de nouveaux financements…).
Coût de l’autofinancement
Le coût apparent de l’autofinancement est nul puisqu’il ne se traduit pas par des flux financiers. Mais ceci n’est qu’une apparence. Il a, en effet, un coût bien réel qui
correspond à la rentabilité exigée par les actionnaires.
Coût de l’endettement
Le coût de l’endettement est utilisé dans la formule de calcul du coût du capital (méthode indirecte) n’est pas le coût de l’endettement contracté il y a 10 ans, 1 an ou 3 mois ou
encore le taux moyen d’endettement de l’entreprise, ni encore le rapport des frais financiers à l’endettement moyen de l’année. Le coût de l’endettement net est le taux auquel
l’entreprise pourrait refinancer aujourd’hui sa dette existante compte tenu de sa situation économique. Il ne saurait être inférieur au taux sans risque.
Coût de portage
Coût que supporte une entreprise ou un investisseur pour détenir un actif donné pendant une certaine période de temps compte tenu du mode de financement mis en place (le
plus souvent de l’endettement).
Coût d’agence
La divergence d’intérêt entre les différents acteurs de la vie de l’entreprise fait naître un certain nombre de coûts appelés coûts d’agence. Ces derniers recouvrent notamment
les coûts de surveillance consentis par le mandant pour vérifier l’adéquation entre la gestion du mandataire et ses propres objectifs (mise en place de procédures de contrôle, de
systèmes d’audit, rémunération du mandataire…) et les coûts de dédouanement engagés par le mandataire dans le but de rassurer le mandant sur la qualité de sa gestion
(édition de rapports annuels…).
Coût fixe
Les coûts fixes correspondent à l’ensemble des coûts, indépendants du niveau d’activité, dont l’entreprise doit s’acquitter pour son bon fonctionnement (loyer, coûts
administratifs…). Plus la part des coûts fixes est importante dans le total des coûts, plus le point mort est élevé et plus les flux de trésorerie seront volatils. Les entreprises à
forts coûts fixes (cimenterie par exemple) ont des forts Bêta et celles à faibles coûts fixes (grande distribution) ont de faibles Bêta.
Coût historique
En comptabilité, le principe du nominalisme veut que les biens acquis par l’entreprise soient inscrits à son bilan pour leur coût d’acquisition appelé coût historique et qu’ils
soient maintenus à ce prix au cours du temps, sauf à être amortis ou dépréciés. Le nominalisme est également appliqué pour la comptabilisation des dettes. Ce principe est
appliqué assez strictement dans les comptes sociaux où les réévaluations sont rares. En comptes consolidés en revanche, les actifs peuvent être réestimés, notamment lors de la
première consolidation d’une filiale (où cela est obligatoire), pour aboutir à une valeur économique qui reflète la valeur de marché des actifs. Le coût historique s’oppose à la
juste valeur (fair value).
Coût irrécupérable
En matière de choix d’investissement, il s’agit d’un coût qui a été supporté dans le passé et qui ne sera pas récupéré que cet investissement soit réalisé ou non. Il ne doit donc
pas figurer parmi les flux de trésorerie disponibles pris en compte pour le calcul de la VAN ou du TRI. Les Anglais parlent de sunk cost.
Coût moyen pondéré du capital
Le coût moyen pondéré du capital est le taux de rentabilité minimal exigé par les pourvoyeurs de fonds de l’entreprise (actionnaires et créanciers) pour financer ses projets
d’investissement. Il représente le coût de financement global de l’entreprise. Selon la théorie des marchés en équilibre, et en l’absence de toute distorsion fiscale, ce coût est
indépendant de la structure financière de l’entreprise ; il n’existe donc pas de structure financière optimale.
Coût variable
Les coûts variables correspondent à l’ensemble des coûts qui varient selon le niveau d’activité de l’entreprise (matières premières, taxes assises sur le chiffre d’affaires, primes
des vendeurs, etc.)
Couverture
La couverture est une pratique qui consiste à se protéger contre un risque non désiré. C’est un comportement général employé aussi bien par les industriels, qui cherchent à se
prémunir contre les fluctuations des marchés de capitaux, que par les investisseurs sur les marchés financiers.
Covariance
On parle de covariance de la rentabilité d’un titre avec celle du marché. Elle mesure le degré de synchronisation plus ou moins fort des fluctuations du titre avec le marché. La
covariance entre dans le calcul du Bêta. Voir Bêta.
Covenant
Voir Clauses de sauvegarde.
Covenant light
Caractéristique d’une dette bancaire ou obligataire assortie de peu ou pas de covenant. On parle aussi de cov-lite. Elles sont plus fréquentes dans des marchés bancaires où la
liquidité est importante et sont naturellement favorables aux emprunteurs qui ont ainsi moins de contraintes à respecter.
Covered bond
Voir Obligation collatérisée.
Covered warrants
Les covered warrants, ou warrants couverts, sont des bons d’acquisition émis par des établissements financiers sur des titres financiers existants ou un panier de titres existants.
Destinés aux investisseurs, ils ne permettent donc pas le financement de l’entreprise. Les warrants sont couverts car dès l’émission l’établissement achète les titres
correspondants sur le marché.
Cov-lite
Voir Covenant light.
Créancier
Le créancier d’une entreprise est une personne détenant un titre de dette sur l’entreprise. Il existe différents types de créanciers notamment en fonction de l’ordre de priorité
de remboursement de leur créance en cas de défaillance de l’entreprise.
Créancier chirographaire
Voir Chirographaire.
Créancier privilégié
Un créancier est dit privilégié s’il possède une garantie sur sa créance ; en clair il est le premier dans la hiérarchie des remboursements de la dette en cas de défaillance de
l’entreprise.
Créancier subordonné
Voir Dettes subordonnées.
Création de richesse
Elle se mesure au compte de résultat et témoigne de la capacité de l’entreprise à être capable de vendre à des clients ses produits ou ses services à un prix supérieur au prix de
revient global. Elle diffère de la création de valeur car elle ne tient pas compte de la rémunération des capitaux engagés (capitaux propres et endettement bancaire et financier
net) pour créer cette richesse.
Création de valeur
Résultat de la capacité de l’entreprise de réaliser un ou des investissements dont le taux de rentabilité s’avère être supérieur aux taux de rentabilité exigés (le coût moyen
pondéré du capital) compte tenu du risque de l’investissement. La création de valeur est l’objectif rationnel de tout dirigeant de société. Cependant dans un monde
concurrentiel, il est très difficile de trouver durablement des investissements qui rapportent plus que leur coût du capital compte tenu de leurs risques, car de telles
opportunités attirent naturellement de nombreux candidats qui ont pour effet de faire baisser la rentabilité. Le travail de création de valeur est donc un travail sans fin, à
recommencer en permanence.
Crédit acheteur
Le crédit acheteur ou crédit export est destiné à financer un contrat d’exportation de biens d’équipement et / ou services signé entre un exportateur et un acheteur, lui-même
importateur de biens et / ou services. En pratique, les banques s’engagent à mettre à la disposition de l’emprunteur les fonds nécessaires pour régler le fournisseur dans les
termes du contrat commercial.
Crédit adossé à un actif
À la différence du crédit à l’entreprise, le crédit adossé à un actif s’appuie non sur l’entreprise dans son ensemble mais sur un bien précis, dont la matérialité constitue à la fois
la base et la garantie. Le prêt sur gage en est sans doute l’exemple le plus significatif et le plus ancien. De manière générale, le montant du crédit est au maximum égal à la
valeur de la garantie apportée par l’emprunteur.
Crédit à l’entreprise
Un crédit à l’entreprise est garanti uniquement par la capacité de l’entreprise emprunteuse à générer dans le futur des flux de trésorerie disponible et par sa solidité financière
actuelle. Il s’oppose ainsi au crédit assis sur un actif
Crédit-bail
Le crédit-bail est un contrat de location d’une durée déterminée, passé entre une entreprise (industrielle ou commerciale) et une banque ou un établissement spécialisé, et
assorti d’une promesse de vente à l’échéance du contrat. L’utilisateur n’est donc pas juridiquement propriétaire du bien mis à sa disposition pendant la durée du contrat. Dans
une vision économique de l’entreprise (qui est celle des comptes consolidés), les biens loués en crédit-bail sont assimilés à des immobilisations. La contrepartie bilantielle est une
dette financière qui équivaut à la valeur actuelle des engagements de loyers et du prix de levée de l’option d’achat dont dispose l’entreprise.
Crédit-bail immobilier
Le crédit-bail immobilier est la forme de crédit-bail qui concerne les opérations par lesquelles un établissement financier donne en location des biens immobiliers à usage
professionnel lorsque ces opérations permettent aux locataires de devenir propriétaires de tout ou partie des biens loués, au plus tard à l’expiration du bail. Liée à la durée
d’amortissement de l’actif loué, la durée du contrat de crédit-bail immobilier s’étale généralement entre 10 et 20 ans.
Crédit-bail mobilier
Le crédit-bail mobilier est la forme de crédit-bail qui concerne les biens d’équipement, de matériel et d’outillage. L’entreprise choisit généralement son matériel auprès du
fournisseur. Elle s’adresse ensuite à une société de crédit-bail qui achète au fournisseur ce bien en lieu et place de l’entreprise et le loue à cette dernière dans le cadre d’un
engagement irrévocable sur une période déterminée. Au terme de cette période, l’entreprise a la faculté de renoncer à la location, de renouveler le contrat, ou d’acquérir le
matériel pour un prix qui tient normalement compte des versements effectués durant la période de location.
Crédit carbone
Un crédit carbone est un certificat qui atteste que son détenteur initial a réalisé un investissement ou une opération permettant de séquestrer ou d’éviter d’émettre dans
l’atmosphère une certaine quantité (une tonne) de gaz à effet de serre (dioxyde de carbone). Conséquence du protocole de Kyoto, les crédits carbone peuvent être échangés sur
un marché entre des acquéreurs devant compenser leurs émissions qu’ils ne peuvent pas réduire autant que requis et des détenteurs qui les ont générés du fait de leurs activités.
Crédit clients
Le crédit clients est l’une des deux composantes du crédit inter-entreprises. Il correspond au délai de paiement accordé par l’entreprise à ses clients.
Crédit confirmé
Une ligne de crédit confirmée à court terme et à moyen terme permet à une société de s’assurer durant une période déterminée de la disponibilité de fonds sans nécessairement
avoir à s’endetter et garder les liquidités sur son bilan. On parlera en anglais de revolving credit facility (RCF). Sur le montant « non tiré » de la ligne, la société paie simplement
une commission dite « commission d’engagement » ou « de confirmation » comprise entre 0,05 % et 0,50 % (selon la qualité de l’emprunteur et la durée du crédit).
Crédit de campagne
Le crédit de campagne sert à financer les stocks nés du caractère saisonnier de l’activité de certaines entreprises. Ainsi, les producteurs de sucre peuvent déposer une partie de
leur production dans des entrepôts agréés par l’État, les magasins généraux. En contrepartie, ils reçoivent un récépissé-warrant qui confère à son titulaire la propriété de la
marchandise. L’industriel peut alors le céder, ce qui lui permet d’améliorer sa trésorerie. À l’échéance, le warrant est soit remboursé (l’industriel retrouvant alors la libre
disposition de son stock de sucre), soit non remboursé et le porteur du warrant peut alors faire procéder à la vente des stocks de sucre.
Crédit documentaire
Le crédit documentaire permet d’assurer la bonne fin et le règlement d’un contrat commercial entre un exportateur et un importateur de nationalités différentes. Les banques
des deux partenaires commerciaux cautionnent leur client respectif, ce qui limite le risque de livraison non payée, ou de marchandise payée mais non livrée. Après la signature
du contrat commercial entre un acheteur importateur et un vendeur exportateur, c’est à l’acheteur qu’il revient d’initier la signature du crédit documentaire en prenant
contact avec sa banque qui répercute à une banque correspondante l’ouverture d’un crédit documentaire payable sur ses caisses. Le vendeur pourra retirer les fonds lorsque la
banque aura réceptionné et reconnu en ordre les documents exigés.
Crédit d’exploitation
Ces crédits d’exploitation sont des crédits à court terme qui permettent d’anticiper une recette à laquelle ils sont adossés. Ils sont la contrepartie du crédit inter-entreprises très
utilisé en France. Les principales formes du crédit d’exploitation sont l’escompte et l’affacturage.
Crédit export
Le crédit export, ou crédit acheteur, est destiné à financer un contrat d’exportation de biens d’équipement et / ou services signé entre un exportateur et un acheteur, lui-même
importateur de biens et / ou services. Les banques s’engagent à mettre à la disposition de l’emprunteur les fonds nécessaires pour régler le fournisseur et l’emprunteur donne
un mandat irrévocable aux banques de verser les fonds au fournisseur et à lui seul. Le crédit export présente de nombreux avantages pour le fournisseur (sécurité de paiement,
aucune charge financière…).
Crédit fournisseurs
Avec le crédit client, le crédit fournisseurs constitue le crédit inter-entreprises. Il correspond au délai de paiement accordé à l’entreprise par ses fournisseurs.
Crédit hypothécaire
L’hypothèque, c’est-à-dire le nantissement d’un bien immobilier au profit d’un prêteur, est le moyen le plus direct d’asseoir une dette sur un actif immobilier. En effet, dans
cette hypothèse, la revente du bien permet de rembourser directement le créancier. Néanmoins, en France, du fait de sa lourdeur et des frais d’enregistrement importants, ce
type de financement n’est généralement utilisé que par les TPE et les PME qui n’ont pas nécessairement accès à d’autres formes de financement. Un crédit hypothécaire
permet de lever assez aisément jusqu’à 50 % de la valeur du bien (le ratio emprunt / valeur du bien est appelé loan to value, LTV). Dans les pays anglo-saxons, les prêts
hypothécaires sur des actifs commerciaux sont plus usuels et le loan to value peut monter à 70 %.
Crédit interentreprises
Crédit que les entreprises s’accordent entre elles implicitement à travers les délais de paiement consenti par une entreprise à ses clients. C’est une source de financement qui
peut être importante mais qui n’est pas sans risque, car contrairement aux banques, les entreprises ont des capacités assez faibles de mesurer la solvabilité de leurs clients à qui
elles accordent des délais de paiement. C’est un des éléments du besoin en fonds de roulement.
Credit manager
Personne généralement rattaché à la direction financière d’une entreprise qui est responsable du suivi du poste client, des risques clients et du bon recouvrement des factures ;
il doit optimiser la performance en coordination avec les services commerciaux.
Crédit relais
Le crédit-relais est un crédit mis en place dans l’attente d’une recette future qui assurera son remboursement : augmentation de capital, emprunt obligataire, cession d’une
filiale… Nécessairement à court terme, onéreux, souvent utilisé pour des montants importants, il connaît un développement parallèle à celui des opérations financières et
notamment les opérations de fusion-acquisitions. Il peut prendre la forme d’un découvert ou d’un crédit spot dont le remboursement sera assuré par la cession d’un actif ou
l’émission de titres financiers.
Crédit revolving
Les crédits revolving sont des lignes de crédit à court terme renouvelées en permanence. Ils sont utilisés dans le financement du besoin en fonds de roulement.
Credit scoring
Voir Méthode des scores.
Crédit spot
Le crédit spot est un crédit à court terme facilement utilisable par tirages successifs. L’entreprise émet un billet financier ou procède à un tirage auprès de sa banque qui lui
avance les fonds correspondants sur la durée prévue entre les 2 parties. Le taux du crédit est égal au taux de refinancement de la banque auquel s’ajoute une marge négociée au
coup par coup, généralement comprise, en fonction de la qualité de la signature de l’emprunteur, entre 0,10 % et 1,50 % l’an.
Crédit syndiqué
Un crédit syndiqué est un crédit accordé à une entreprise par plusieurs banques. Le placement d’un crédit syndiqué se rapproche de celui d’une obligation. L’entreprise choisit
tout d’abord une banque qui va jouer le rôle d’arrangeur de l’opération. Cette banque pourra éventuellement réaliser une prise ferme de l’intégralité du crédit qu’elle
syndiquera par la suite. L’arrangeur sera rémunéré spécifiquement pour son rôle de conseil et de placement. Les principaux termes du crédit seront négociés entre la banque
arrangeuse et l’entreprise pour aboutir à un term sheet. Concomitamment, la banque et l’entreprise choisiront une stratégie de syndication, c’est-à-dire le choix des banques
(ou des institutions financières) qui composeront le syndicat bancaire. Sur la base de réunions avec l’entreprise et d’un memorandum d’information, les banques contactées se
déterminent sur leur participation ou non au crédit syndiqué. Une fois le syndicat formé, la documentation juridique est finalisée. L’opération de placement peut durer environ
deux mois depuis le choix de l’établissement arrangeur jusqu’à la mise à disposition des fonds.
Crédit vendeur
Avec un crédit vendeur, le vendeur de la cible n’est pas payé de la totalité du prix immédiatement, une partie lui sera payée plus tard. Ainsi, par exemple, lors des opérations de
LBO, il est possible de compléter les moyens de financements classiques (dette senior, dette subordonnée) par un crédit vendeur.
Crédoc
Voir Crédit documentaire.
Croissance externe
Elle correspond pour un groupe à l’acquisition de sociétés concurrentes ou complémentaires qui augmentent ainsi son volume d’activité.
Croissance interne
Voir Croissance organique.
Croissance organique
La croissance organique (ou croissance interne) est la croissance de l’activité d’un groupe (mesurée en général par l’évolution de son chiffre d’affaires) qui est due à la conquête
de nouveaux clients et non à des acquisitions ayant entraîné une variation du périmètre de l’entreprise. C’est un synonyme de croissance interne et c’est une traduction mot à
mot de l’anglais organic growth.
Crossover
Définit une catégorie d’obligations notées entre BBB pour les meilleures et BB pour les moins bonnes (en termes de solvabilité attendue). Elle recoupe en partie les obligations
de meilleure catégorie, dites investment grade pour les notes BBB et BBB-, et en partie les obligations de moins bonne catégorie, dites under-investment grade pour les notes
BB+, et BB. Dès lors ces obligations doivent présenter une rentabilité moyenne inférieure à celle des obligations under-investment grade et supérieure à celle des obligation
investment grade. Leur risque naturellement est statistiquement inférieur à celui des obligations under-investment grade et supérieur à celui des obligations notées investment
grade. Il s’agit plus d’une segmentation de nature marketing pour des investisseurs en obligations que d’une catégorie réellement à part de dettes pour les entreprises
émettrices. Aussi appelée 5 B (BBB et BB font 5 B)
Crowdfunding
Voir Financement participatif.
Crowdlending
Technique de financement utilisée principalement par les petites entreprises pour se financer par endettement (crowdlending), qui sollicitent via Internet et des plateformes
spécialisées des milliers de personnes afin de leur apporter des fonds sous forme de dette destinés à financer des investissements ou du BFR. Les fonds unitairement versés sont
faibles, quelques dizaines ou centaines d’euros, mais multipliés par des milliers ou des dizaines de milliers de personnes, une entreprise peut ainsi trouver quelques dizaines ou
centaines de milliers d’euros. Le crowdlending (littéralement prêt par les foules) est un complément ou un substitut au financement par les banques (plus rapide à mettre en
place).
Current ratio
Le current ratio, ou ratio de liquidité générale, permet de vérifier que les actifs à moins d’un an sont plus importants que les dettes à moins d’un an et permettent donc de les
rembourser. Il est en effet égal au ratio de l’actif circulant (à moins d’un an) sur le passif exigible à court terme.
Cut-off
Date ou heure à partir de laquelle une opération (virement par exemple) est rattachée à la période suivante et ne peut plus être rattachée à la période précédente.
CVAE
Voir Cotisation sur la valeur ajoutée des entreprises.
Cycle d’exploitation
Le cycle d’exploitation est le fondement de la richesse de l’entreprise il est constitué par les activités ordinaires (à court terme) de l’entreprise, il s’oppose donc au cycle
d’investissement et au cycle de financement.
A
B
C
D
E
F
G
H
I
J
L
M
N
O
P
Q
R
S
T
U
V
W
Z
Dailly (procédure)
L’escompte de procédure Dailly est une procédure destinée à faciliter l’octroi de crédits à court terme aux entreprises. Le créancier remet à la banque un bordereau qui
récapitule des créances commerciales qui ne sont pas matérialisées par des effets de commerce (facture, reconnaissance de dette…). Sa remise permet la cession ou le
nantissement des créances au profit de l’établissement qui consent le crédit, sous forme d’avance ou de découvert autorisé à hauteur du montant des créances cédées.
Dans la monnaie
On dit qu’une option d’achat (respectivement de vente) est dans la monnaie lorsque le cours de l’actif sous-jacent est supérieur (respectivement inférieur) au prix d’exercice.
(valeur intrinsèque positive).
DAT
Voir Dépôt à terme.
Data room
Dans le cadre du processus de cession d’une entreprise, l’ensemble des informations confidentielles d’ordre économique ou juridique est mis à disposition des acquéreurs
potentiels via une dataroom. L’accès à cet endroit, le plus souvent dématérialisé sur internet, est très réglementé, aucune photocopie ne peut être faite sauf exception…
Date de règlement
Lors d’un emprunt, la date de règlement est le jour où les prêteurs versent les fonds prêtés ; cette date peut ne pas correspondre avec la date de jouissance du titre de dette.
Date de valeur
Appliquée à un compte rémunéré, la date de valeur est la date à partir de laquelle une somme créditée au compte porte intérêt lors d’un encaissement. (et inversement pour
une somme débitée) Pour un compte à vue, c’est la date à partir de laquelle une somme créditée en compte est disponible. De nos jours, seuls les chèques font encore l’objet
d’une date de valeur maximum de un jour pour tenir du délai et de leurs coûts de traitement.
Date d’exercice
Les options dites européennes ne peuvent être exercées qu’à une date bien précise appelée date d’exercice.
Days inventory outstanding (DIO)
Voir Délai de rotation des stocks.
DCM
Voir Debt capital market.
Déclaration de conformité
Voir Conformité.
Déclaration d’intention
Toute personne physique ou morale qui vient à posséder directement ou indirectement, seule ou de concert, plus de 10 % ou de 20 % du capital ou des droits de vote d’une
société cotée en France doit faire une déclaration d’intention (investissement long terme, prise de contrôle…).
Décorrélation
Ensemble de techniques de gestion qui permettent d’obtenir sur un portefeuille d’actifs une rentabilité qui est décorrélée de celle du marché financier (représentée par un
indice boursier). Les hedge funds promettent à leurs investisseurs des performances décorrélées, cherchant plus la performance absolue que de battre un indice de marché
donné. La décorrélation permet aux investisseurs de réduire leurs risques sur un portefeuille tout en maintenant la rentabilité. Elle est donc particulièrement recherchée par les
investisseurs qui investissent sur le long terme et qui ont des obligations de résultats, comme par exemple les caisses de retraites et les fonds de pensions.
Décote de conglomérat
La décote de conglomérat tient à plusieurs facteurs. Les investisseurs craignent une mauvaise allocation des ressources, dans la mesure où le groupe pénalise les secteurs les
plus porteurs pour investir dans les divisions en difficulté dont la rentabilité est médiocre voire inférieure au coût moyen pondéré du capital de la division. En outre, les
investisseurs ont une préférence pour la pureté des titres cotés et préfèrent réaliser eux-mêmes leur diversification sectorielle. Enfin, on retrouve le problème des frais de siège
qui absorbent une partie de la valeur du conglomérat.
Décote de holding
La capitalisation boursière d’une société holding est en général inférieure à la somme des participations revalorisées qu’elle détient. Plusieurs raisons peuvent expliquer la
décote : les décotes de liquidité sur les participations et sur les titres de la holding, les frottements fiscaux et les frais de gestion.
Décote de liquidité
Dans une société non cotée, il existe une décote de liquidité pour celui qui veut vendre sa participation de façon isolée. En effet, un minoritaire, conscient de la valeur de la
participation qu’il détient, ne pourra l’extérioriser que si le majoritaire décide également de vendre. On retrouve le même phénomène dans une société cotée au flottant réduit
et dont le capital est verrouillé par un ou plusieurs investisseurs : la sortie ne pourra se faire qu’au cours de bourse, qui dépend de la politique de communication du principal
actionnaire.
Décote de minoritaire
Voir Décote de liquidité.
Décote de placement
Lors du placement de titres financiers sur le marché d’actions déjà cotées, il est fréquent d’observer une décote pouvant aller de 0 à 5 %. De la même façon, on observe souvent
une décote de 10 à 15 % à l’occasion d’une introduction en Bourse. La théorie explique cette décote par l’asymétrie d’information existant entre le vendeur et les investisseurs.
La décote est d’autant plus importante que l’asymétrie d’information entre un émetteur et des investisseurs est forte et que la liquidité du titre est faible.
Décote d’illiquidité
Synonyme de décote de liquidité, voir à ce terme.
Décote d’introduction en Bourse
L’introduction en Bourse d’une société se traduit généralement par une hausse du cours de l’action par rapport à son prix d’introduction dans les jours qui suivent celle-ci si
l’on en croit les études statistiques. Cette décote s’explique par l’asymétrie d’information existant entre le vendeur et les investisseurs ou intermédiaires : les uns ont des
informations sur les perspectives de l’entreprise tandis que les autres ont une bonne idée de la demande du marché. La vente étant un signal négatif, le vendeur est obligé de
consentir un sacrifice sur le prix (par rapport à la valeur) pour s’assurer de la bonne fin du placement et de la satisfaction des investisseurs.
Découvert bancaire
Destiné à pallier des décalages de trésorerie à court terme, le découvert en compte courant est l’outil d’ajustement essentiel des trésoriers d’entreprise. Cependant, son coût
pénalise une utilisation excessive. Pour les petites entreprises, il n’est accordé que contre des garanties (caution du dirigeant) et relève alors plus du crédit objectif.
Décret tertiaire
Le décret tertiaire est une disposition légale qui impose des réductions de 40 % d’ici 2030, 50 % d’ici 2040, et 60 % d’ici 2050 de la consommation énergétique finale des
bâtiments de plus de 1 000 m2, par rapport à une année de référence qui ne peut être antérieure à 2010. Il peut conduire des propriétaires d’immeubles à ne pas relouer
temporairement un bâtiment pour faire des travaux d’économie d’énergie.
Défaillance
Voir Cessation de paiement.
Défaut de paiement
C’est la première manifestation concrète des difficultés financières d’une entreprise. Il s’agit du non-respect d’un contrat liant un débiteur à un créancier. Le débiteur ne règle
pas une échéance de dette (financière ou d’exploitation) ou d’intérêts. Ce défaut peut être volontaire ou non.
Défense anti-OPA
Les moyens de défense d’un actionnariat contre une offre considérée comme hostile sont nombreux et varient selon les législations nationales. Cependant on peut les répartir en
quatre catégories : séparer le pouvoir du capital (l’action à droit de vote multiple, le holding de contrôle, la société en commandite par actions, les actions de préférence sans
droit de vote) ; contrôler les changements d’actionnariat (le droit d’agrément, le droit de préemption) ; renforcer les actionnaires fidèles (l’augmentation de capital réservée,
certaines formes de réduction de capital, la fusion, le rapprochement, l’actionnariat des salariés, les bons d’offre) ; utiliser des dispositions juridiques (les réglementations, la
limitation des droits de vote, les actifs stratégiques, les clauses de changement de contrôle). Dans tous les cas, ces mesures qui limitent le principe « une action, un vote », ont
toutes un coût que les actionnaires des sociétés cotées sont de plus en plus rétifs à supporter.
Délai de récupération
Le délai de récupération, ou pay-back ratio, mesure le temps nécessaire à la récupération du montant initial d’un investissement en le comparant aux flux cumulés de trésorerie.
C’est un indicateur approximatif du risque car il ne tient pas compte de l’actualisation, adapté aux investissements de productivité qui ne modifient ni l’activité ni la stratégie
de l’entreprise.
Délit d’initiés
Délit qui consiste à utiliser ou à transmettre des informations non connues du public qui si elles l’étaient, auraient un impact positif ou négatif sur la valeur de titres cotés en
Bourse. Par exemple, acheter un titre peu avant le lancement d’une OPA pour le revendre quelque temps après avec une plus-value importante. Il est puni pénalement par des
amendes et des peines de prison.
Delta
Le delta d’une option mesure la sensibilité de la valeur d’une option aux fluctuations de la valeur du sous-jacent. Mathématiquement, c’est la dérivée de la valeur théorique
d’une option par rapport au cours du sous-jacent. Sa valeur est toujours comprise entre 0 et 1 pour une option d’achat (entre -1 et 0 pour une option de vente).
Dépenses d’exploitation
Voir Charges d’exploitation.
Déport
On parle de déport lorsque le change à terme est inférieur au change comptant. Le déport provient d’un différentiel négatif de taux entre la monnaie de référence et la monnaie
étrangère.
Dépôt de bilan
Déclaration de la cessation de paiements faite par les dirigeants de l’entreprise au tribunal de commerce.
Dépôt de garantie
Dans le cadre de fonctionnement des marchés dérivés, plusieurs mécanismes ont été mis en place afin que les engagements pris par les différents intervenants soient tenus
(risque de contrepartie). Le dépôt de garantie s’inscrit dans cette logique. Le dépôt de garantie couvre en principe le paiement de deux journées de perte maximale. Il est
rémunéré sur la base d’un taux du marché monétaire. Il est inscrit dans les livres de la chambre de compensation le jour de la conclusion du contrat.
Dépréciation
Voir Provisions pour dépréciation.
Dépréciation des actifs circulants
Les dépréciations des actifs circulants entrent dans le calcul de l’EBE, elles comprennent les dépréciations de comptes clients (clients douteux), des stocks, des en-cours de
production et des créances diverses de l’exercice ou des exercices antérieurs.
Dérivés de crédit
Les dérivés de crédit sont des produits financiers qui permettent aux banques de gérer de façon dynamique le risque de contrepartie de leurs portefeuilles de prêts. Les dérivés
de crédits offrent ainsi aux banques la possibilité de répondre à l’ensemble des opportunités commerciales, c’est-à-dire de pouvoir accorder des crédits, sans être contraintes
par leur propre solidité financière, puisqu’elles peuvent grâce aux dérivés de crédits céder le risque de contrepartie.
Désendettement net
Le désendettement net est en quelque sorte la conclusion du tableau des flux de trésorerie : il est le solde des flux de trésorerie dégagé par l’activité, l’investissement et le
financement par capitaux propres (augmentation de capital et dividendes). Il peut aussi se décomposer en : remboursements des dettes financières, emprunts souscrits,
variation des placements financiers et variation du disponible.
Désintermédiation
La désintermédiation traduit le passage d’une économie d’endettement à une économie de marchés financiers. Dans ce cas, une part importante des financements obtenus et
des placements réalisés par les entreprises se fait directement sur les marchés financiers, sans passer par l’écran d’un intermédiaire financier dont le rôle se réduit d’un
emprunteur / prêteur à celui d’un placeur des titres sur le marché financier.
Destruction de valeur
L’entreprise détruit de la valeur à partir du moment où elle dégage une rentabilité inférieure à son coût du capital, ce qui est fort logiquement le strict opposé de la création de
valeur.
Détresse financière
État qui caractérise une entreprise qui ne peut plus faire face, avec les flux de trésorerie générés par son exploitation, à ses engagements, aux paiements des intérêts et aux
remboursements du capital de sa dette. La détresse financière débouche, soit sur une restructuration dans laquelle les prêteurs abandonnent une partie de leurs dettes et les
actionnaires souscrivent à une augmentation de capital, à la vente de l’entreprise ou à sa liquidation si l’on estime qu’elle n’est plus viable.
Dette
La dette d’une entreprise représente l’argent mis à sa disposition par ses créanciers. On distingue les dettes d’exploitation, qui sont généralement à court terme et ne portent
pas intérêt, et les dettes financières. Celles-ci ont toujours une échéance de remboursement, même lointaine, à la différence des capitaux propres. Leur rémunération étant de
plus déterminée contractuellement et indépendante des résultats de l’entreprise, les créanciers ne courent pas le risque de l’aventure industrielle. Lorsque l’entreprise est
liquidée, ils seront d’ailleurs remboursés prioritairement aux actionnaires ; en contrepartie, ils ne participent pas à la gestion de l’entreprise, et ne profitent pas de la croissance
de l’entreprise lorsque celle-ci va très bien. Enfin l’endettement net, ou dette financière nette, d’une entreprise est le solde de ses dettes financières d’une part, du disponible et
des placements financiers d’autre part. Elle représente la situation nette de l’entreprise vis-à-vis des tiers et hors cycle d’exploitation. C’est ce solde qui est utilisé dans le calcul
de l’effet de levier.
Dette d’exploitation
Les dettes d’exploitation, comme leur nom l’indique, sont les dettes qui ne sont liées qu’au cycle d’exploitation. Elles entrent dans le calcul du BFR. Parmi celles-ci, les dettes
fournisseurs, les dettes fiscales et sociales, les avances sur commandes reçues de clients, les produits constatés d’avance et les autres dettes d’exploitation sont considérés comme
des dettes d’exploitation.
Dette junior
Lors des opérations de LBO, l’important levier financier recherché nécessite de mettre différents niveaux de financement avec des risques croissants. Après la dette classique
(dette senior), la dette junior (ou subordonnée) est le second niveau de dette. Elle peut prendre la forme d’un financement mezzanine ou d’un emprunt obligataire à haut
rendement dont le remboursement intervient après celui de la dette senior.
Dette mezzanine
Dans un montage de LBO (rachat d’une entreprise par endettement), on appelle la dette mezzanine la dette très subordonnée qui s’interpose entre la dette senior (qui peut elle-
même avoir plusieurs niveaux de subordination) et les capitaux propres. L’investisseur en dette mezzanine ne sera donc remboursé qu’après le remboursement complet de
toutes les tranches de la dette senior. Compte tenu du niveau de risque encouru, il exigera une rémunération élevée généralement assortie de bons de souscription d’actions qui
pourront améliorer la rentabilité de son crédit.
Dette senior
La dette senior est une dette bénéficiant de garanties spécifiques et dont le remboursement se fait prioritairement par rapport aux autres dettes, dites dettes subordonnées. Il
s’agit donc d’une dette privilégiée.
Dette subordonnée
Une dette est dite subordonnée lorsque son remboursement dépend du remboursement initial des autres créanciers (créanciers privilégiés, créanciers chirographaires). Bien
sûr, en contrepartie du risque supplémentaire accepté, les créanciers subordonnés exigent un taux d’intérêt plus élevé que les autres créanciers.
Dette unitranche
Pour les LBO de taille petite ou moyenne, la dette unitranche peut se substituer à la dette senior et subordonnée. C’est une dette in fine, souscrite par un fonds d’investissement
en dette et dont le coût de 11 à 13 % est à mi-chemin entre celui d’une dette senior et d’une dette subordonnée.
Diagnostic économique
Voir Analyse financière.
Diagnostic financier
Voir Analyse financière.
Différé de remboursement
Le différé de remboursement correspond à la période, généralement au début de l’emprunt, pendant laquelle l’emprunteur n’a pas à rembourser de capital.
Différences de change
Les différences de change existent lorsqu’une partie de l’activité d’une société a une dimension internationale. Il s’agit des pertes ou gains de valeurs enregistrés sur des actifs
ou des passifs libellés en devises. Comptablement, les différences de change sont comptabilisées dans le résultat financier.
Dilution
Le terme de dilution a deux acceptions bien distinctes. On parle tout d’abord de dilution lorsqu’une modification de la structure financière de l’entreprise (recours à
l’endettement, réduction de capital…) ou qu’une opération de fusion ou d’acquisition provoque une baisse du bénéfice par action. On dit alors qu’elle a sur le BPA un effet
dilutif (et relutif lorsque celui-ci augmente). La dilution peut également caractériser la réduction du pourcentage d’un actionnaire dans le capital d’une société suite à une
augmentation de capital, une fusion… L’existence éventuelle du droit de souscription pour les augmentations de capital oblige alors à distinguer trois types de dilution dont la
dilution réelle (la plus importante), la dilution technique et la dilution apparente.
Dilution apparente
Toute augmentation de capital avec droit de souscription se traduit par une dilution apparente (parfois aussi appelée dilution globale) qui s’exprime par le ratio : Nombre
d’actions nouvelles / (Nombre total d’actions après l’opération). Cette dilution n’est qu’apparente, car les droits de souscription permettent à un actionnaire ancien de suivre en
partie, et sans débours de fonds, l’augmentation de capital.
Dilution du contrôle
Voir Dilution.
Dilution réelle
On appelle dilution réelle liée la dilution d’un actionnaire dont la trésorerie n’est pas modifiée par une augmentation de capital avec droit préférentiel de souscription : il vend
alors une partie de ses droits de souscription pour acquérir de nouvelles actions. La dilution réelle est donc égale au produit de l’augmentation de capital divisée par la valeur
des capitaux propres après l’opération.
Dilution technique
La dilution technique est égale à la dilution apparente diminuée de la dilution réelle. Elle est due à la distribution d’actions gratuites qui accompagne automatiquement toute
augmentation de capital avec droits de souscription. La dilution technique représente la dilution supplémentaire engendrée par la vente des droits de souscription par
l’actionnaire qui aura ainsi saisi l’occasion de l’augmentation de capital pour réduire son investissement dans l’entreprise.
DIO
Days Inventory Outstanding. Voir Délai de rotation des stocks
Directeur général
La réalité de son pouvoir dépend du type d’organisation de l’entreprise et l’on peut distinguer trois cas : Le directeur général cumule aussi la fonction de président du conseil
d’administration ; il dirige alors clairement l’entreprise et on parle alors de président-directeur général (PDG) pour le désigner plus que de directeur général ; – Il existe un
président du conseil d’administration qui n’est pas directeur général et qui n’a normalement pas de rôle exécutif. Le directeur général est alors chargé de mettre en œuvre la
stratégie définie par le conseil d’administration ; ses responsabilités sont alors essentiellement opérationnelles ; – Il existe un président du conseil d’administration qui est aussi
directeur général et qui a un rôle exécutif. Le directeur général est alors son second ou l’un de ses seconds en charge de telles ou telles activité de l’entreprise que lui confie le
PDG.
Dirigeants
Membres de l’entreprise en charge de la diriger. Selon les cas, ils portent les titres de président, président-directeur général, directeur général, directeur général adjoint,
directeur général délegué, directeur de division, de pays ou de fonction (finance, juridique, ressources humaines, marketing, achats, etc.).
DIS
Voir Document d’information synthétique.
Disponibilités (trésorerie)
Les disponibilités d’une entreprise correspondent à ses actifs les plus liquides. Font partie du disponible le compte de caisse et les soldes disponibles sur comptes bancaires.
Dividende
Les dividendes servent à rémunérer les apporteurs de capitaux propres (les actionnaires) ; ils sont en général distribués à partir du bénéfice net de l’exercice clos, mais peuvent
également être prélevés sur les bénéfices mis en report à nouveau ou en réserves.
Dividende en actions
Les sociétés ont la possibilité d’offrir à leurs actionnaires le choix entre recevoir leurs dividendes en numéraire ou sous forme d’actions de la société. Cette décision est prise par
l’assemblée générale ordinaire statuant sur les comptes de l’exercice. Cependant son principe doit être prévu par les statuts. Le dividende en actions permet à l’entreprise de
procéder à une distribution tout en conservant les fonds correspondants. Toutefois, l’actionnaire ayant besoin de liquidités, vendra les actions reçues afin de s’en procurer ce
qui a un impact négatif sur le cours de bourse.
Dividende exceptionnel
Comme son nom l’indique, c’est un dividende dont le montant est exceptionnellement élevé par rapport au dividende habituellement versé et qui n’est donc pas récurrent. Il
peut s’ajouter ou se substituer au dividende annuel.
Dividende majoré
Le dividende majoré est réservé en France aux actionnaires détenant leurs titres depuis au moins deux ans. Il ne peut pas être créé par une décision d’assemblée générale
extraordinaire tant qu’il existe des valeurs mobilières pouvant donner lieu à de nouvelles actions (obligations convertibles, bons…). Par ailleurs, le taux de majoration ne peut
excéder 10 % du montant du dividende ordinaire, et doit être versé de manière nominative. Pour les sociétés cotées, le nombre d’actions donnant droit au dividende majoré ne
peut excéder pour un même actionnaire 0,5 % du capital social.
Document de base
Document descriptif complet publié dans le cadre de l’introduction en Bourse d’une société.
Document de référence
Un document de référence pour un exercice donné contient une information détaillée sur l’activité, la situation financière et les perspectives d’une société. C’est un document
soumis au contrôle de l’AMF qui peut prendre la forme du rapport annuel de la société ou d’un document spécifique établi pour les besoins d’une opération de marché.
Downgrade
Anglicisme pour désigner l’abaissement de la notation financière d’une entreprise.
Downside
En anglais, le downside représente le risque de baisse de la valeur d’un actif.
DPA
Voir Dividende par action.
DPEF
Voir Déclaration de Performance Extra-Financière.
DPO
Days payable outstanding. Voir Délai de rotation du crédit fournisseur.
DPS
Voir Droit préférentiel de souscription.
Drag along
Clause d’un pacte d’actionnaires permettant à un actionnaire (généralement majoritaire) de forcer la vente de 100 % du capital. en effet, la cession de 100 % du capital d’une
entreprise est généralement plus aisée que la cession d’une simple majorité. Elle est souvent concédée par le minoritaire en échange d’une clause de tag along
Dribble out
Reclassement ou émission de titres dans le marché par petits blocs au-fil-de-l’eau.
Droit au bail
Le droit au bail est l’équivalent d’un ticket d’entrée dont une société doit s’affranchir afin d’avoir le droit de jouir et de louer un lieu où la société pourra développer toute ou
partie de son activité. Le droit au bail est donc un actif dit incorporel qu’il convient d’intégrer dans la méthode patrimoniale d’évaluation de la société. Il est en effet égal à la
somme actualisée des différences entre le loyer au prix du marché et le loyer effectivement payé.
Droit de préemption
Proche de la clause d’agrément, la clause de préemption permet soit à une catégorie d’actionnaires, soit à tous les actionnaires, de se porter acquéreurs en priorité d’actions en
vente. Cette clause répond au désir des associés existants d’augmenter leur participation dans la société ou de maîtriser l’évolution du capital. La répartition des actions
préemptées peut être décidée par le conseil d’administration, le président, ou toute autre personne désignée par les intéressés.
Droit de veto
Pouvoir de bloquer une décision. Il est en France de plein droit de 33,34 % des droits de vote pour les assemblées générales extraordinaires qui prennent des décisions pouvant
conduire à modifier les statuts de la société anonyme (fusion, augmentation de capital, etc.) et de 50,01 % des droits de vote pour les assemblées générales ordinaires qui
prennent des décisions ne modifiant pas les statuts de la société anonyme (dividende, approbation des comptes, etc.).
Droit de vote
Exercé lors des assemblées générales d’une société, le droit de vote attaché à une action permet à son détenteur de participer aux principales décisions de l’entreprise. Si une
action peut se voir attacher un droit de vote simple, double ou aucun droit de vote, seuls les actionnaires peuvent détenir des droits de vote. Contrairement aux créanciers, ils ne
bénéficient en effet d’aucune garantie de remboursement, et partagent le risque de l’entreprise.
Droit d’agrément
La clause d’agrément inscrite dans les statuts d’une société permet d’éviter la présence d’un associé jugé indésirable. Cette clause est fréquente dans les sociétés familiales ou
dans celles dont l’équilibre entre actionnaires est fragile. Techniquement, la clause d’agrément implique que tout associé doit solliciter l’agrément de la société avant toute
cession d’actions. La société doit faire connaître sa décision dans un délai déterminé, faute de quoi l’agrément est réputé acquis. En cas de refus d’agrément, le conseil
d’administration, le directoire, ou les gérants sont tenus de racheter ou faire racheter par un actionnaire, la société ou un tiers, les actions ou parts sociales dans le délai requis,
faute de quoi l’actionnaire cédant peut réaliser la cession initialement prévue.
Droit d’attribution
Droit de participer à une augmentation de capital réalisée à titre gratuit, par exemple par incorporation de réserves. Ce droit est coté pendant la durée de l’opération
lorsqu’elle concerne les sociétés cotées.
Droit d’exclusivité
Il peut être accordé un droit d’exclusivité à un acheteur potentiel d’une entreprise. Pendant une certaine période, il sera le seul interlocuteur du vendeur avec l’obligation de
faire soit une offre ferme (et supérieure à un certain niveau) soit de se retirer définitivement.
Droite de marché
La droite de marché, ou capital market line, est obtenue à partir des couples rentabilité attendue en ordonnée et risque en abscisse de l’ensemble des titres d’un marché. Dans ce
modèle, un titre situé au dessus (en dessous) de la droite de marché est sous-évalué (surévalué). En France, la droite de marché de référence est publiée par Associés en Finance.
DSO
Days sales outstanding. Voir Ratio de rotation du crédit client. Voir Délai de rotation du crédit fournisseur.
Dual track
Processus de cession d’une entreprise, souvent mis en œuvre par les fonds d’investissement, qui prévoit de préparer et de mener en parallèle le plus longtemps possible deux
options : l’introduction en Bourse et la cession à un autre fonds ou à un industriel. Le choix final est fait au dernier moment le plus souvent en fonction du prix le plus élevé qui
peut être obtenu par l’une ou l’autre des voies.
Due diligence
Lors du placement de titres financiers, la diffusion de l’information (activité récente de l’entreprise, stratégie, perspectives) est un paramètre essentiel et nécessaire à la bonne
réussite de l’opération. Ainsi, afin d’atteindre cet objectif, une série d’entretiens des principaux cadres est organisée, afin de vérifier la cohérence de ces informations. Cette
série d’entretiens constitue ce que l’on appelle en anglais la due diligence. Lors de l’acquisition d’une entreprise, les due diligences sont l’ensemble des vérifications que
l’acquéreur potentiel va réaliser afin de se faire une idée précise de la situation de l’entreprise.
Duration
La duration d’une obligation correspond à la période à l’issue de laquelle sa rentabilité n’est pas affectée par les variations de taux d’intérêt. Elle s’obtient par la formule
suivante : La duration apparaît comme une durée de vie moyenne actualisée de tous les flux (intérêt et capital).
Durée de l’emprunt
Voir Durée de vie d’un emprunt.
Durée de vie
Période de temps pendant laquelle une option est en vie et donne le droit à son détenteur maintenant ou à l’échéance de cette durée de vie d’acheter ou de vendre l’actif sous-
jacent à l’option.
Dutch auctions
Le mécanisme des Dutch auctions ou enchères « à l’envers » est une technique de placement obligataire généralement utilisée par les émetteurs souverains i.e. pour les
obligations d’État.
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Z
Earnings at risk
Mesure statistique du risque de variation des résultats de l’entreprise en cas d’évolution négative de certains paramètres sur un horizon de temps donné et avec une probabilité
donnée. C’est une mesure du risque dérivée de la Value at Risk mais moins utilisée qu’elle.
Earn-out
L’earn-out est une clause qui permet d’indexer une partie du prix de la transaction sur les résultats futurs de la société achetée. Deux modalités sont alors envisageables : soit
l’acheteur prend le contrôle de la totalité du capital de la cible sur la base d’un prix plancher, qui ne pourra être revu qu’à la hausse, soit-il n’achète qu’une quote-part du
capital à un certain prix et achètera le solde ultérieurement sur la base des résultats futurs de l’entreprise. Les critères d’indexation du prix peuvent être les suivants : multiple
du résultat d’exploitation, de l’excédent brut d’exploitation, voire du résultat courant.
EBE
Voir Excédent brut d’exploitation.
EBIT
Voir Résultat d’exploitation.
EBITDA
Voir Excédent brut d’exploitation.
EBITDAR
Dans certains secteurs (transport, salles de cinéma…), le développement de montages déconsolidants a conduit les analystes à raisonner sur un excédent brut d’exploitation
avant loyers, baptisé par les Anglo-Saxons d’EBITDAR. Certains groupes cèdent en effet des actifs pour se désendetter, actifs qu’ils reprennent immédiatement en location, ce
qui fait que leur EBITDA n’est plus comparable à ceux des groupes qui gardent leur actif en pleine propriété.
Écart actuariel
Les écarts actuariels relatifs aux engagements de retraite ou indemnités de départ en retraite correspondent à l’écart entre la provision enregistrée au bilan et le déficit /
surfinancement du régime de retraite. Ces écarts peuvent être amortis s’ils excèdent 10 % du montant le plus élevé entre les actifs de retraite et la valeur actuelle de ces
engagements (méthode du corridor) ; en normes IFRS ils peuvent être comptabilisés directement dans les capitaux propres.
Écart de conversion
Les écarts de conversion résultent de la conversion des comptes de filiales étrangères tenus dans une autre monnaie que celle de la maison mère. En effet, dans certains cas, les
postes du bilan et ceux du compte de résultat peuvent être convertis à des taux différents induisant un déséquilibre qui est rétabli par l’intermédiaire du poste écart de
conversion. Dans la méthode du cours de clôture, les écarts de conversion constatés sont portés dans les capitaux propres en distinguant la part du groupe de celle des
minoritaires. Dans la méthode du cours historique, les écarts de conversion sont inscrits dans le compte de résultat dans le résultat financier.
Écart d’acquisition
La fraction de la différence de première consolidation subsistant après la réévaluation des actifs de la filiale est appelée écart d’acquisition plus connu sous le nom de goodwill
ou survaleur. Cet écart d’acquisition, s’il est positif, apparaîtra comme une immobilisation incorporelle d’un type particulier. Dans le cadre des normes IAS-IFRS ou
américaines, sa valeur sera testée chaque année et donnera lieu le cas échéant à une dépréciation qui devra être amortie. Dans le cadre des normes françaises, il sera amorti
linéairement, sur une durée qui s’étale dans la pratique entre 5 et 40 ans, avec une concentration autour de 10 à 20 ans. Il est toutefois possible, dans certains cas de figure,
d’imputer cet écart d’acquisition sur les capitaux propres consolidés de l’acheteur, qui disparaît donc de ce fait.
Écart d’acquisition négatif
Il peut arriver qu’un écart d’acquisition soit négatif, on parlera de badwill en anglais. Les normes IFRS prévoient que l’écart d’acquisition négatif soit comptabilisé comme un
profit dans le compte de résultat. Il est naturellement non récurrent.
Écart-type
L’écart-type est la mesure statistique de la dispersion d’une variable autour de sa moyenne. Appliqué à la rentabilité d’un actif financier, l’écart-type mesure le risque.
Échangeable
Voir Obligation échangeable.
Échéance
Date à laquelle une dette devient due, une option expire.
ECM
Voir Equity Capital markets.
Écoblanchissement
Procédé de marketing ou de relations publiques visant à donner à une entité une image de responsabilité écologique qui ne correspond pas à la réalité, par exemple en mettant
en avant la construction d’une usine d’épuration des eaux qui de toute façon aurait due être construite compte tenu de la réglementation en vigueur.
Économie d’impôt
Lorsqu’il existe un impôt sur les sociétés et qu’une entreprise utilise l’endettement de façon permanente, elle bénéficie d’une économie d’impôt qui doit être intégrée à la valeur
de son actif économique. La valeur de l’actif économique de l’entreprise endettée est égale à la valeur de l’actif économique de l’entreprise non endettée plus la valeur actuelle
de l’économie d’impôt liée à l’endettement : c’est le fondement de la méthode APV.
ECP
Voir Euro Commercial Paper.
Effet ciseau
L’effet de ciseau permet d’expliquer les variations du résultat par l’évolution divergente des produits et des charges. Ainsi, une société dont les charges augmentent plus vite
que ses produits verra mécaniquement son résultat baisser. L’effet de ciseau peut avoir des raisons multiples : mécanismes d’inertie, concurrence… Découvrir les causes de
l’effet de ciseau permet de comprendre la mécanique économique grâce à laquelle une entreprise réalise du profit et donc d’estimer ses perspectives d’évolutions futures.
Effet de commerce
Les effets de commerce revêtent la forme de lettres de changes ou de billets à ordre, créés sous forme papier traditionnelle ou magnétique de plus en plus souvent, représentatifs
de créances commerciales sur des débiteurs.
Effet de levier
L’effet de levier explique le taux de rentabilité comptable des capitaux propres en fonction du taux de rentabilité après impôt de l’actif économique (rentabilité économique) et
du coût de la dette. Par définition, il est égal à la différence entre la rentabilité des capitaux propres et la rentabilité économique. Lorsqu’il est positif, le recours à l’endettement
a permis d’augmenter la rentabilité des capitaux propres de l’entreprise. En revanche, lorsque la rentabilité économique est inférieure au coût de l’endettement, l’effet de levier
joue négativement ! De plus, celui-ci reste une tautologie comptable qui ne doit pas faire oublier que le recours à l’endettement augmente le risque lié aux capitaux propres, et
ne crée pas au total de valeur.
Effet point mort
Pour une entreprise, l’effet de point mort correspond à l’impact sur ses résultats d’une variation conjoncturelle amplifiée par sa structure des coûts.
Electronic roadshows
Les electronic roadshows sont des présentations diffusées par Internet ou par Bloomberg permettant aux dirigeants d’une entreprise d’exposer leur stratégie aux investisseurs
notamment dans le cas de placement de titres financiers.
Emprunts bancaires
Les emprunts bancaires sont accordés par les banques. Ils obéissent à une logique de négociation et d’intermédiation qui s’oppose à la logique de marché d’un financement
obligataire ou par billets de trésorerie.
Emprunts convertibles
Voir Obligation convertible.
EMTN
Voir Euro Medium Term Notes.
ENCB
Voir Equity Neutral Convertible Bond.
Encours clients
En comptes sociaux, l’encours clients se calcule comme la somme des créances clients et comptes rattachés, des effets escomptés non échus déduction faite des avances et
acomptes reçus sur commandes en cours. Rapporté au chiffre d’affaires TTC journalier moyen, l’encours client mesure la rotation du crédit clients, exprimée en jours de CA.
Encours fournisseurs
L’encours fournisseurs se calcule comme la différence entre les dettes fournisseurs et comptes rattachés d’une part, et les avances et acomptes versés sur commandes d’autre
part. Rapporté aux achats journaliers moyens, il permet de déterminer le ratio de rotation du crédit fournisseurs, c’est dire la durée moyenne du crédit accordé à l’entreprise
par ses fournisseurs (ou le délai moyen de paiement de celle-ci) exprimée en jours d’achats.
En dehors de la monnaie
On dit qu’une option d’achat (respectivement de vente) est en dehors de la monnaie lorsque le cours de l’actif sous-jacent est inférieur (respectivement supérieur) au prix
d’exercice. Sa valeur intrinsèque est alors nulle.
Endettement
Voir Dette.
Endettement net
L’endettement net, ou dette financière nette, d’une entreprise est le solde de ses dettes financières d’une part, du disponible et des placements financiers d’autre part. Elle
représente la position créditrice ou débitrice de l’entreprise vis-à-vis des tiers et hors cycle d’exploitation. C’est ce solde qui est utilisé dans le calcul de l’effet de levier.
Engagement de conservation
Engagement pris par un investisseur ou une entreprise de conserver un certain temps des titres afin de bénéficier d’un avantage particulier : dividende majoré, droits de vote
double, taux d’imposition réduit, etc.
Engagement de mise en Bourse
Engagement pris dans un pacte d’actionnaires, généralement par une partie contrôlant une filiale avec des actionnaires minoritaires, de faire coter la filiale en question à un
certain horizon de temps pour permettre aux actionnaires minoritaires de pouvoir céder leurs titres.
Engagement de retraite
Voir Retraites - provision pour.
Engagement hors bilan
Les principaux engagements hors bilan peuvent concerner les opérations de crédit-bail, les instruments de gestion des risques de taux et de change et les garanties d’actif et de
passif lors d’une cession d’entreprise.
Enhancement
Lors d’un processus de titrisation, la technique de l’enhancement consiste à proposer aux investisseurs un volume de créances plus important que nécessaire, une fraction de
ceux-ci servant alors de garantie afin d’obtenir une meilleure notation financière des titres émis.
Entité ad hoc
Société créée dans un but bien précis et qui n’existe que tant que ce but doit être réalisé. Par exemple, dans le cas d’une titrisation, une société qui achète des créances à une
entreprise, permettant à cette entreprise de trouver ainsi un financement, l’entité ad hoc se refinançant en émettant à son tour des titres de dettes et de capital auprès
d’investisseurs. Le synonyme anglais est « special purpose vehicule » ou SPV.
Entité sous contrôle conjoint
Synonyme de joint-venture ou de co-entreprise qu’il est possible en normes françaises de consolider par intégration proportionnelle. En normes IFRS ou américaines, l’entité
sous contrôle conjoint doit être consolidée par mise en équivalence.
Entrenchment
Voir Théorie de l’enracinement.
Entrepreneur
Celui qui prend des risques pour réaliser un projet et qui en jouit des fruits s’il est réussi. Son comportement est radicalement différent de celui d’un financier qui diversifie ses
risques en répartissant ses investissements sur plusieurs supports. L’entrepreneur ne diversifie pas ses risques mais les concentre sur son projet.
Entreprise familiale
Voir Actionnariat familial.
Entreprise value (EV)
Voir Valeur de l’entreprise.
Épargne salariale
Mécanisme présent dans la plupart des entreprises d’une certaine taille qui permet aux salariés d’épargner des sommes d’argent dans un cadre fiscal avantageux pour autant
que les fonds soient bloqués au moins 5 ans et qui s’accompagne la plupart du temps d’un abondement versé par l’entreprise. L’épargne salariale est investie dans l’entreprise
(comptes courants, actions) ou dans des fonds gérés par des tiers en produits variés (actions, obligations, immobiliers, produits monétaires).
EPS
Voir Bénéfice par action (BPA).
Équilibrage des comptes
Dans le processus d’équilibrage des comptes, les excédents de trésorerie sont centralisés au jour le jour sur un compte pivot grâce à des transferts interbancaires et sont utilisés
pour financer les comptes débiteurs. Les deux principes sous-jacents sont : 1) éviter la coexistence de comptes débiteurs et créditeurs ; 2) orienter les décaissements et
encaissements de manière à atteindre une position globale de trésorerie équilibrée.
Equity bridge
L’equity bridge est un moyen de financement inventé spécialement pour les opérations de LBO : les banques prêteuses du LBO garantissent une partie des capitaux propres du
montage dans l’attente d’une syndication de ces actions auprès d’autres fonds de LBO. Mécanisme très risqué pour les prêteurs, il a complètement disparu depuis l’été 2007.
Equity capital markets (ECM)
Désigne au sein des banques d’investissement et de financement, la division en charge des opérations d’émissions et de placement des actions (introduction en Bourse,
augmentation de capital, reclassement de blocs d’actions) et obligations convertibles pour le compte de clients.
Equity content
Voir Equity credit.
Equity kicker
Dans une opération de LBO, les bons de souscription pourront être utilisés pour offrir une rémunération complémentaire aux porteurs de dette mezzanine, voire au
management : on parlera d’equity kicker.
Equity lines
Cette technique d’augmentation de capital (lignes d’actions en français) a été utilisée en France pour la première fois début 2002. Une entreprise émet des bons de souscription
au profit d’une banque qui va les exercer à la demande de l’entreprise au fur et à mesure de ses besoins en capitaux propres afin de lisser l’augmentation de capital dans le
temps. Les actions émises par exercice des bons de souscription sont revendues immédiatement par la banque dans le marché.
Equity swap
L’equity swap ou total return swap qui est un contrat d’échange de performances (dividendes, plus et moins values) entre une banque (qui verse la performance à l’investisseur)
et l’investisseur qui souhaite être exposé à la performance d’un titre sans toutefois le détenir (et qui verse un intérêt à la banque). Pour se couvrir, la banque est conduite à
acheter sur le marché les titres. À l’échéance du swap, l’investisseur acquerra les titres de la banque au prix où celle-ci les a achetés. L’equity swap faut permettre de monter
discrètement au capital d’une société cotée en Bourse.
Équivalent certain
L’équivalent certain d’un flux financier futur est le montant que l’on serait prêt à recevoir sans risque en comparaison du flux futur attendu. La valeur actuelle nette d’un
investissement peut alors être définie comme la somme des flux équivalents certains actualisés au taux sans risque.
Escompte
L’escompte est une opération de crédit par laquelle le banquier met à la disposition de l’entreprise porteuse d’un effet de commerce non échu, contre remise de cet effet, le
montant de l’effet diminué des intérêts et des commissions. Si l’effet est impayé à l’échéance, la banque se retourne contre son propre client, qui supporte donc le risque de
défaillance de son acheteur.
Escompte sans recours
L’escompte sans recours est une opération de crédit par laquelle le banquier met à la disposition de l’entreprise porteuse d’un effet de commerce non échu, contre remise de cet
effet, le montant de l’effet diminué des intérêts et des commissions. Si l’effet est impayé à l’échéance, la banque ne peut pas se retourner contre son propre client, elle supporte
donc le risque de défaillance de l’acheteur de son client.
ESG
Critères environnementaux, sociaux et de gouvernance que se fixent certains investisseurs qui n’acceptent pas de devenir actionnaires d’entreprises ne les respectant pas.
ESMA
L’ESMA ou European Securities and Markets Authority est l’autorité de l’Union européenne chargée de la protection des investisseurs et de l’intégrité et de la stabilité des
marchés financiers. Elle agit en liaison avec les différents régulateurs boursiers nationaux.
ESOP
Employee Stock Ownership Plan, synonyme de plan d’épargne entreprise (PEE). Voir à ce terme.
Espérance mathématique
L’espérance mathématique représente la moyenne d’une variable pondérée par sa probabilité d’occurrence. Appliquée à la rentabilité d’un titre financier, elle mesure la
rentabilité espérée.
ESRS
Voir European Sustainability Reporting Standards.
État actionnaire
Le rôle de l’État actionnaire est en Europe moins important que par le passé même s’il reste actionnaire minoritaire ou majoritaire de quelques grandes entreprises (ENI, EDF,
Deutsche Telekom, EADS, SNCF…). Si les récentes prises de participations des États occidentaux dans des sociétés financières (Dexia en France, RBS au Royaume-Uni, Fortis
aux Pays Bas…) sont directement liées à la crise financière, les créations de fonds souverains en Europe pour investir dans les entreprises nationales en difficulté représentent
une rupture idéologique assez forte au sein des politiques économiques récentes des économies développées. Parallèlement, les fonds souverains, créés le plus souvent par des
pays émergents ont été très actifs depuis l’éclatement de la crise des subprimes.
État de la situation financière
Synonyme (un peu pédant) de bilan. Voir à ce terme.
Euribor
Taux du marché monétaire européen, il est égal à la moyenne arithmétique des taux offerts sur le marché bancaire européen pour une échéance déterminée (entre 1 semaine et
12 mois). Il est publié par la Banque centrale européenne à partir de cotations fournies quotidiennement par 64 banques européennes. EURIBOR sert de référence pour de
nombreux emprunts à taux variable dont le taux d’intérêt est calculé comme EURIBOR 6 mois + une marge actuarielle (par exemple 0,45 %).
Euronext Access
Euronext Access, qui s’est appelé auparavant Marché Hors Cote puis Marché Libre, n’est pas un marché réglementé, ce qui veut dire que les valeurs qui y sont négociées n’ont
pas fait l’objet d’une procédure d’admission et leurs émetteurs ne sont pas soumis à des obligations de diffusion et de transparence d’information.
Euronext Access+
Au sein d’Euronext Access, un compartiment Euronext Access+ est destiné aux entreprises en forte croissance qui souhaitent s’acclimater au marché boursier. Elles doivent
être accompagnées par un listing sponsor et présenter en flottant minimum de 1 M€.
Euronext Growth
Créé par Euronext, Euronext Growth, anciennement appelé Alternext, vise à offrir la possibilité aux PME d’accéder à la cotation de manière simplifiée. Les contraintes pour
l’introduction en Bourse sur ce marché sont simplifiées : historique de compte de 2 ans seulement, référentiel comptable au choix. La cotation peut se faire après un placement
au public de 2,50 M€ ou après un simple placement privé auprès d’investisseurs qualifiés de 2,50 M€.
European Financial Reporting Advisory Group (EFRAG)
Voir EFRAG.
EV / EBITDA
Entreprise Value / EBITDA. Voir Multiple de l’excédent brut d’exploitation.
EV / FCF
Entreprise value / free cash flow, ou valeur de l’actif économique / flux de trésorerie disponible, est un ratio de valorisation utilisé pour valoriser un actif économique. Ce ratio
devrait être un bien meilleur indicateur que le multiple du résultat d’exploitation dont la nature comptable du dénominateur le rend susceptible de manipulations. En effet le
flux de trésorerie disponible est le flux de trésorerie que l’entreprise peut redistribuer à ses pourvoyeurs de fonds, actionnaires et prêteurs, après avoir financé ses
investissements. Ce serait oublier qu’il est bien peu significatif pour les entreprises aux flux de trésorerie faibles ou négatifs car en phase de forte croissance ou en bas de cycle.
Autrement dit, ce ratio n’a de sens que pour des groupes arrivés à maturité, dont les investissements sont stables, ce qui rend très significatifs les flux de trésorerie disponibles.
L’inverse de ce ratio est appelé Free Cash flow Yield.
EV / Sales
Voir EV / CA.
EVA
Voir Economic Value Added.
Évaluation
Il existe différentes méthodes pour évaluer l’actif économique d’une entreprise. Par la méthode de l’actualisation des flux de trésorerie ou DCF (discounted cash flows), la
valeur de l’entreprise est déterminée par les montants des flux de trésorerie disponibles actualisés au coût moyen pondéré du capital. La méthode des multiples revient à
comparer les rapports entre la valeur et les paramètres fondamentaux de l’entreprise à ceux d’un échantillon d’entreprises similaires. Enfin, l’évaluation selon la méthode
patrimoniale revient à estimer séparément les différents actifs et engagements de l’entreprise et à en faire la somme sous déduction des dettes bancaires et financières nettes de
la holding de tête.
Expected shortfall
L’expected shortfall mesure la perte moyenne sur une position de l’entreprise, et sur un horizon donné, dans x % des moins bons cas d’évolution des marchés financiers. Une
expected shortfall de 10 M€ à 1 mois et 5 % signifie que sur 1 mois un portefeuille a une probabilité de 5 % de supporter une perte moyenne 10 M€.
Expert indépendant
Voir Avis d’équité.
A
B
C
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E
F
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M
N
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Z
Facilité de caisse
La facilité de caisse résulte d’une autorisation ponctuelle donnée par une banque à son client d’avoir un compte bancaire courant débiteur sur une courte période pour lui
permettre de surmonter des besoins ou difficultés de trésorerie. Par différence, un découvert bancaire s’applique en général sur une durée plus longue, et est le plus souvent
renouvelé sans que cela constitue un droit.
Factor
Entité qui se livre à l’activité d’affacturage (factoring).
Factoring
Voir Affacturage.
Faculté d’extension
Voir Option d’extension.
Faillite
Le terme de faillite est essentiellement utilisé en langage commun pour désigner une procédure collective de redressement judiciaire ou de liquidation. En langage juridique
français, faillite personnelle désigne une sanction prononcée par le tribunal de commerce contre un dirigeant d’entreprise coupable de certains faits et qui peut aussi se traduire
par une interdiction de gérer.
Fair value
Voir Juste valeur.
Family office
Ensemble de services proposés par des banques privées ou des entités ad hoc pour leurs clients les plus fortunés (au moins 10 M€ de patrimoine) afin de leur permettre de
conserver, de gérer et de transmettre le patrimoine financier, professionnel, social et familial d’une famille sur plusieurs générations. Au-delà des aspects financiers et
patrimoniaux, les Family Offices prennent aussi en charge les affaires personnelles de leurs clients : organisation de voyages, études des enfants…
FASB
Voir Financial Accounting Standards Board.
FCP
Voir Fonds communs de placement.
FCP dédié
Fonds commun de placement réservé à un nombre très réduit de souscripteurs qui ont défini avec le gestionnaire un type de gestion précis que doit suivre le FCP.
Fee wallet
Montant de rémunération qu’une entreprise peut proposer à ses banques pour les différents services qu’elles lui rendent sour forme de marges actuarielles d’intérêt, de
commissions, de dépôts non rémunérés.
Fenêtre de marché
Périodes pendant lesquelles la tenue du marché boursier permet aux entreprises de procéder à l’émission de titres financiers ou de s’introduire en Bourse. Il s’agit le plus
souvent de périodes de hausse des cours de Bourse ou de faible volatilité des cours, qu’il est bien sûr difficile de prévoir à l’avance, et dans lesquelles les investisseurs sont
disposés à acquérir de nouveaux titres d’entreprises existantes (augmentation de capital) ou de nouvelles entreprises (introduction en Bourse).
FIFO
La méthode de comptabilisation des stocks FIFO (first in, first out) valorise les sorties de stock au coût de l’article le plus ancien dans le stock. En période d’inflation, elle
permet de dégager un bénéfice plus élevé que les autres méthodes de valorisation des stocks.
Filiale
Société qui est détenue partiellement ou totalement par une autre entreprise qui constitue alors sa maison mère.
Filière
Une filière est constituée de l’ensemble des entreprises qui interviennent dans le processus de fabrication, de la matière première au produit final. Selon les cas, une filière va
réunir la transformation des matières premières, la recherche, une seconde transformation, des activités de négoce, une troisième ou quatrième transformation, de nouveau du
négoce et pour finir le distributeur final.
Finance comportementale
Le principe de la finance comportementale est l’utilisation de la psychologie pour tenter de comprendre certains phénomènes observés en finance. La finance comportementale
remet en question le postulat de base de la finance moderne qu’est la rationalité des investisseurs dont découle la théorie des marchés efficients. La finance comportementale va
donc chercher à mettre en lumière des situations où les marchés ne sont pas efficients (comme par exemple les situations de volatilités excessives ou les anomalies calendaires) et
essayera de les expliquer par la psychologie des investisseurs. Elle cherchera ensuite à mettre en place des stratégies visant à tirer profit de ces situations.
Finance de l’ombre
ou système bancaire parallèle ou shadow banking. C’est l’ensemble des activités et des acteurs participant au financement de l’économie, en dehors du système bancaire qui est
régulé par les accords de Bâle : fonds d’investissements, OPCVM, fonds souverains, etc.
Finance directe
La finance directe selon la typologie établie en 1960 par J. Gurley et E. Shaw correspond à une situation dans laquelle les agents économiques ayant des excédents de capitaux
financent directement les agents ayant des besoins de financements, les intermédiaires financiers jouent alors un rôle de conseil et de placement.
Finance indirecte
Dans une situation de finance indirecte, les intermédiaires financiers achètent les titres émis par les entreprises et, pour se financer, émettent eux-mêmes des titres auprès des
épargnants. Le monde financier sert alors d’écran entre demandeur et pourvoyeurs de capitaux.
Financement
Pour financer ces investissements, l’entreprise fait appel à des capitaux propres ou à des emprunts. Les investissements, flux négatifs dans un premier temps, doivent
progressivement générer des flux positifs qui, diminués des charges de répartition (charges financières, dividende et impôt), doivent permettre de rembourser les capitaux
d’endettement. L’analyse des financements de l’entreprise doit être menée en dynamique sur plusieurs exercices, et en statique sur le dernier exercice disponible.
Financement bancaire
Financement de l’entreprise par les banques par opposition au financement par les marchés financiers.
Financement de l’entreprise
Il peut se faire par les ressources dégagées par l’entreprise (flux de trésorerie d’exploitation), par endettement bancaire ou de marché (obligation), ou par capitaux propres
(obligations).
Financement de marché
Financement assuré par les investisseurs qui souscrivent des titres émis par l’entreprise sur les marchés financiers : actions, obligations, billets de trésorerie.
Financement de projet
Le financement des grands projets, ou project finance en anglais, s’applique à des projets d’une envergure considérable dont le coût est largement supérieur à la centaine de
millions d’euros : extraction pétrolière ou minière, raffinerie de pétrole, achat de méthaniers, construction de centrales électriques, d’ouvrages d’art, etc. Il s’agit d’un
financement centré, non sur l’emprunteur, mais sur un projet dont les flux de trésorerie provenant de l’exploitation assureront le remboursement, et dont les actifs pourront
constituer les garanties. Le financement de projet ne peut pas concerner l’application d’une nouvelle technologie. Les flux de trésorerie d’exploitation seraient alors aléatoires,
ce qui est bien sûr rédhibitoire puisqu’ils doivent assurer le remboursement des prêts. De même, l’opérateur doit disposer de compétences reconnues pour assurer l’exploitation
du projet, qui doit se situer dans un environnement politique calme et stable pour sauvegarder la marche normale de l’exploitation, garante du remboursement normal des
prêts.
Financement participatif
Technique de financement utilisée principalement par les petites entreprises ou les start-ups, appelée en anglais crowdfunding, pour se financer par capitaux propres (equity
crowdfunding ou crowdequity) ou par endettement (crowdlending). Sont ainsi sollicitées, via des plateformes spécialisées sur Internet, des milliers de personnes pour apporter
des capitaux propres nécessaires à la phase d’amorçage ou développement de leur projet ; ou des dettes nécessaires pour financer des investissements ou du BFR. Les fonds
unitairement versés par les investisseurs sont faibles, quelques dizaines ou centaines d’euros, mais multipliés par des milliers ou des dizaines de milliers de personnes, une
entreprise peut ainsi trouver quelques dizaines ou centaines de milliers d’euros lui permettant de se lancer, de tester, de développer son concept / produit / service.
Financement sur stocks
Le financement sur stocks est un financement sur gage dans lequel l’entreprise garde la propriété du stock sur lequel le prêteur n’a de droits qu’en cas de défaillance de
l’entreprise. Tous les stocks sont potentiellement concernés, à l’exception de ceux entachés d’une clause de réserve de propriété, des encours et des stocks périssables. Le
prêteur peut demander que les stocks garantissant son prêt soient transférés physiquement dans des entrepôts d’un tiers gagiste ou isolés dans une zone dédiée (financement
avec rétention). À défaut, ils restent dans l’entreprise. Très ancien dans certains secteurs (agroalimentaire, où il prend la forme d’un warrant qui est un billet à ordre validé par
l’entreprise), le financement sur stock présente un coût inférieur au découvert car il est bien garanti.
Financement syndiqué
Voir Crédit syndiqué.
Financial Accounting Standards Board (FASB)
Aux États-Unis, les normes comptables sont fixées par le Financial Accounting Standards Board (FASB) réunissant 4 membres de la profession comptable et 3 personnes issues
du monde des affaires, de la fonction publique, ou du milieu universitaire. Ce comité a défini un standard des états financiers contenant les éléments suivants : un bilan, un
compte de résultat, un tableau de variation des capitaux propres, un tableau de flux de trésorerie, une annexe.
Financial covenant
Les financial covenants sont les covenants imposant à l’entreprise le maintien de certains ratios financiers.
Financial lease
Voir Crédit-bail.
Fintech
Start-up du secteur financier : banque, assurance, moyens de paiement, etc.
Fire sale
Vente très rapide d’actifs par une entreprise en grande difficulté qui cherche ainsi à obtenir des liquidités afin de faire face à des échéances de dettes. Comme ces ventes sont
faites très rapidement, le prix obtenu des actifs est en général avec une décote plus ou moins importante par rapport à un prix obtenu dans un processus normal de vente.
Firm value
Voir Valeur de l’entreprise.
Float
Volume d’argent appartenant aux clients d’une banque dont celle-ci jouit gratuitement du fait du mécanisme des jours de valeur, qui introduisent un écart entre la date
d’opération et la date de valeur (date à partir de laquelle la banque verse un intérêt sur les fonds qui lui sont confiés par ses clients).
Floating rate notes (FRN)
ou FRN ou obligation à taux variable. Voir à ce terme.
Floor
Le floor (plancher) sur taux d’intérêt est une option sur taux d’intérêt qui permet à un prêteur de fixer un taux plancher en deçà duquel il juge le taux de rémunération
insuffisant et recevra le différentiel entre le taux plancher et le taux du marché.
Floor underwriting
Voir Back-stop.
Flottant
Partie du capital d’une société cotée en Bourse qui n’est pas détenue par des actionnaires stables dont on présume qu’ils ne céderont pas à court terme leurs actions. C’est donc
la part du capital de la société qui est susceptible, à court terme, d’être cédée en Bourse. Toute chose égale par ailleurs, plus le flottant d’une société est important, meilleure
sera la liquidité de ses actions et plus faible seront les amplitudes de cours de son action.
Flow back
Vente massive de titres immédiatement après une opération de placement de titres.
Flux de trésorerie
Un flux de trésorerie est un mouvement, entrée ou sortie, de liquidités. C’est le fondement de la finance puisque tout titre financier est évalué grâce aux flux de trésorerie qu’il
sécrète. En finance tout problème complexe se résout simplement quand on raisonne en termes de flux. L’ensemble des flux de trésorerie d’une entreprise peut par ailleurs être
rattaché à l’un des trois cycles suivants : l’exploitation, l’investissement et le financement. Ils sont recensés dans le tableau de flux de trésorerie
Flux d’exploitation
Voir Flux de trésorerie provenant de l’exploitation.
Flux d’investissements
Toute stratégie d’investissement doit, tôt ou tard, se traduire par une augmentation des flux de trésorerie provenant de l’exploitation. Une étude de l’évolution comparée de
l’investissement, de la capacité d’autofinancement et des flux de trésorerie provenant de l’exploitation peut donc permettre de vérifier que les investissements contribuent à la
croissance des flux générés par l’exploitation.
Flux normatif
Dans une valorisation par actualisation des flux de trésorerie disponibles, calculer une valeur terminale en utilisant la formule de Gordon-Shapiro, nécessite de fixer un flux
normatif de trésorerie disponible. Ce flux doit être cohérent avec les hypothèses retenues lors de l’étude du plan d’affaires. Il dépend notamment de la croissance à long terme,
de la politique d’investissements et de l’évolution du BFR de l’entreprise. Enfin, il peut ne pas être identique au dernier flux du plan d’affaires en particulier dans des secteurs
cycliques ou si la croissance prévue pour la dernière année de l’horizon explicite diffère sensiblement de la croissance à l’infini.
Fonctions chaotiques
Dans l’expression « fonction chaotique », chaotique ne signifie pas illogique, ni même aléatoire. Ce terme décrit des mécanismes qui sont utilisés dans de nombreuses sciences,
notamment en économie, et sont aujourd’hui un domaine de recherche en finance. L’effet papillon avancé pour la première fois en météorologie est une des illustrations les plus
connues des fonctions chaotiques.
Fonds activistes
Au sein de la famille des investisseurs institutionnels, certains fonds, dits activistes, se sont fait une spécialité de mettre publiquement la pression sur des groupes peu
performants, proposant des mesures correctives visant à améliorer leur valeur.
Fonds de dette
Fonds d’investissement en dettes le plus souvent non cotées.
Fonds de fonds
Les fonds de fonds ont pour objectif de détecter les meilleurs gérants et d’investir dans leurs fonds. Ils offrent ainsi un accès indirect à leurs performances à une plus grande
masse d’investisseurs qui ne peuvent pas y accéder directement. Par ailleurs, ils offrent une bonne diversification.
Fonds de LBO
Les fonds de LBO sont des fonds d’investissement qui investissent principalement dans des entreprises cédées par un groupe qui se recentre, par une famille où se pose le
problème de succession, pour aider la croissance externe d’un acteur dynamique dans un secteur en concentration, voire pour retirer de la Bourse une entreprise. Les fonds de
LBO financent leurs acquisitions par une bonne part de dettes et ont une préférence très nette pour disposer du contrôle exclusif sur la société compte tenu du risque important
pris à travers l’effet de levier.
Fonds de pension
Investisseurs institutionnels qui gèrent des fonds qui leur ont été confiés par des entreprises et ses salariés en vue d’assurer à ses derniers un revenu sous forme de pension
lorsqu’ils auront cessé leurs activités professionnelles. Les fonds de pension, compte tenu de l’importance des fonds qu’ils gèrent aujourd’hui, sont des actionnaires le plus
souvent importants d’entreprises cotées en Bourse, de fonds de LBO, d’actifs immobiliers…
Fonds de pérennité
Créé en 2019, il reçoit des actions d’entreprises lui en conférant le contrôle et qu’il ne peut pas céder ensuite. Son rôle premier est capitalistique : préserver la pérennité d’une
entreprise ou d’un groupe, il peut aussi avoir, mais à titre secondaire, un rôle philanthropique. Aussi, n’est-il pas un organisme à but non lucratif, contrairement aux fondations
et aux fonds de dotation.
Fonds de private equity
Voir Fonds d’investissement.
Fonds de roulement
Le fonds de roulement correspond au solde entre les ressources à plus d’un an, dites stables, et les immobilisations (emplois stables à plus d’un an). Positif, il traduit un
excédent des premières sur les secondes. Négatif, il permet de constater que les immobilisations sont financées par les ressources de trésorerie ou par l’excédent des ressources
d’exploitation sur les emplois (besoin en fonds de roulement négatif). En bonne orthodoxie financière, comme les ressources sont exigibles à tout moment alors que les
immobilisations se liquéfient progressivement, le fonds de roulement doit être positif en croissance ! La difficulté d’isoler le financement stable de l’entreprise a rendu la notion
de fonds de roulement désuète.
Fonds de roulement financier
Le fonds de roulement financier est la différence entre les actifs à à court terme et les passifs à court terme. C’est un concept qui n’est plus guère utilisé en analyse financière.
Fonds d’impact
Dans le domaine des investissements non cotés, les fonds d’impact ont pour objectif de générer, en plus d’une rentabilité financière, un impact social et environnemental positif.
La rémunération de leurs gestionnaires est liée à l’atteinte d’objectifs extra-financiers prédéterminés.
Fonds d’infrastructure
Fonds d’investissement spécialité dans le secteur des infrastructures : ports, aéroports, autoroutes, pylônes hertziens, satellites, etc., c’est-à-dire des actifs perçus comme peu
risqués car indispensables à la vie économique.
Fonds d’investissement
Les fonds d’investissements (private equity) ont pour objectif d’investir dans des sociétés qu’ils ont sélectionnées selon certains critères. Ils sont le plus souvent spécialisés
suivant l’objectif de leur intervention : fond de capital-risque, fond de capital développement, fonds de LBO qui correspondent à des stades différents de maturité de
l’entreprise.
Fonds indiciels
Les fonds indiciels, ou index trackers en anglais, sont des fonds qui cherchent à répliquer au plus juste un indice. Ils représentent le véhicule d’investissement privilégié de celui
qui croit en l’efficience des marchés. On peut remarquer que leur développement a suivi la diffusion auprès d’un public large de la théorie du portefeuille.
Fonds propres
Voir Capitaux propres.
Fonds souverain
Fonds d’investissement contrôlés par un État, le plus souvent alimentés par des recettes provenant de revenus de matières premières (pétrole…), investis dans une logique
normalement financière à fin de procurer des ressources à cet État une fois que la matière première en question aura été épuisée. Le caractère opaque de certains de ces fonds
fait parfois craindre qu’ils n’aient pas des objectifs purement financiers mais qu’ils soient le bras armé d’États souvent peu démocratiques pour contrôler directement ou
indirectement des entreprises du monde occidental. On peut ainsi citer Temasek de Singapour ou Adia (Abu-Dhabi Investment Autority).
Fonds vautour
Fonds d’investissement qui rachète la dette d’entreprises en difficulté ou souscrit à des augmentations de capital pour en prendre le contrôle profitant de prix très bas des
titres. Les fonds vautours sont des fonds d’investissements spécialisés qui rachètent les dettes d’entreprises en difficulté afin d’en prendre le contrôle et de les restructurer.
Formule de Gordon-Shapiro
La formule de Gordon-Shapiro établit la valeur d’une action comme étant la somme actualisée de ses dividendes futurs. Ces derniers sont supposés croître tous les ans d’un
même facteur. Dès lors, la valeur de l’action est égale au rapport du prochain dividende sur la différence entre le taux de rentabilité exigé et le taux de croissance à l’infini du
dividende par action.
Formule de Wilson
La formule de Wilson est utilisée pour déterminer la quantité optimale d’approvisionnement à commander. Elle fait un arbitrage entre le coût de passation de la commande
(coût administratif, rabais en fonction de la taille de la commande) et le coût de stockage (coût financier du capital immobilisé, de l’entreposage et des risques)
Forward
Signifie en anglais à terme. Un contrat forward est donc un contrat à terme. À la différence du Future, le Forward n’est pas standardisé et n’est pas négocié sur un marché
organisé.
Forward rate agreement (FRA)
Le Forward Rate Agreement ou accord futur sur les taux d’intérêt permet de fixer aujourd’hui un niveau de taux d’intérêt pour une opération future. Ce produit présente en
outre l’avantage apparent d’être comptabilisé en hors bilan pour l’entreprise. On peut remarquer que, s’il n’est pas la contrepartie effective d’un flux réel futur (opération de
couverture), il s’agit d’un produit spéculatif. Dans ce cas, la comptabilité obligera l’entreprise à afficher la valeur de marché du FRA, c’est-à-dire les pertes ou les gains latents
sur ce produit à la date de l’évaluation.
FRA
Voir Forward rate agreement.
Fractales
La géométrie fractale est une des pistes alternatives de recherche en finance : certains chercheurs soutiennent que les cours suivent des algorithmes similaires à ceux de
fractales. Cette théorie se rapproche de l’analyse technique.
FRA emprunteur
Voir Forward rate agreement.
Frais de recherche et développement
Les frais de recherche et développement sont les dépenses qui correspondent à l’effort réalisé par l’entreprise dans ce domaine et pour son propre compte. En général, ils sont
enregistrés comme charges de l’exercice au cours duquel ils sont engagés, respectant ainsi la règle de prudence qu’impose le caractère aléatoire de ces activités. Néanmoins, les
frais de développement peuvent être activés en normes françaises et doivent l’être en norme IFRS s’ils remplissent certains critères (projet identifiable, faisabilité du projet,
existence d’un marché pour le projet…). Aux États-Unis, l’activation des frais de recherche et développement n’est pas autorisée.
Frais de siège
Coûts de la société mère d’un groupe refacturés à ses filiales en fonction d’une clé de répartition (chiffre d’affaires, total de bilan, effectifs, etc.) et qui sont destinés à rémunérer
les services apportés par la société mère à ses filiales : assistance juridique, fiscale, ressources humaines, stratégique, etc. Les frais de siège sont parfois utilisés pour rapatrier
vers la maison mère des profits avant impôt des filiales plus lourdement imposées ou dans des pays qui mettent des restrictions au paiement de dividendes à des actionnaires
non locaux. On parle de management fee dans le monde anglo-saxon.
Frais d’établissement
Les frais d’établissement constituent a priori une charge de l’exercice au cours duquel ils ont été effectués. Il est toutefois possible d’activer ces frais en les faisant figurer au
bilan dans un compte frais d’établissement dans la mesure où ils conditionnent l’existence ou le développement de l’entreprise avec obligation de les amortir sur une période
maximale de 5 ans. Le concept de frais d’établissement n’existe pas en tant que tel dans les normes IAS et aucune norme n’a traité des frais similaires. Aux États-Unis, les
« pre-operating costs » peuvent être regroupés avec d’autres éléments sous la rubrique « other non current assets » et en général amortis sur trois à cinq ans. Le raisonnement
des financiers est, lui aussi, simple : ces frais sont des « non-valeurs » qui ne représentent rien, et doivent donc être déduits de la valeur des capitaux propres de l’entreprise.
FRA prêteur
Voir Forward rate agreement.
Free cash-flow
Voir Flux de trésorerie disponible.
Free Cash Flow Yield
Rapport du flux de trésorerie disponible (free cash-flow) sur la valeur de l’actif économique (entreprise value). Mesure la capacité d’une entreprise à restituer des liquidités à
ses investisseurs (actionnaires et prêteurs) en pourcentage de la valeur.
Fréquence
En matière des gestions des risques la fréquence correspond à la probabilité d’occurrence d’une perte (les assureurs parlent de probabilité d’occurrence d’une perte).
Frontière efficiente
La frontière efficiente est composée de l’ensemble des portefeuilles (combinaisons de titres) qui présentent la meilleure rentabilité pour un niveau de risque donné.
Fully diluted
L’ajustement fully diluted prend en compte l’ensemble des valeurs mobilières donnant accès au capital (bons de souscriptions en actions, obligations convertibles…) et
susceptibles de générer une dilution des données par action (bénéfice net par action, capitaux propres par action, cash flow par action). Ce calcul doit par ailleurs faire
intervenir l’utilisation des fonds levés par l’entreprise à la suite de l’exercice des bons : placement ou désendettement au taux du marché, investissement… Les émissions de
valeurs mobilières donnant potentiellement accès dans le futur au capital (obligations convertibles, ORA, OBSA, stock-options…) conduisent à ajuster les données concernant le
nombre moyen d’actions en circulation. Puisqu’il y a dilution, au moins potentielle, il est nécessaire de calculer les paramètres de l’entreprise (BPA, capitaux propres par
action), c’est-à-dire fully diluted en franglais, comme si tous ces titres avaient d’ores et déjà donné lieu à une émission d’actions supplémentaires.
Fusion
Financièrement, les opérations de fusion s’analysent comme la cession suivie d’une augmentation de capital de la société acquéreuse réservée aux actionnaires de la société
cédée. Elles peuvent se présenter sous différentes modalités : fusion stricto sensu (deux sociétés se réunissent pour n’en former qu’une seule, l’une absorbant en général l’autre),
apport de titres ou apport partiel d’actifs. Si la signification économique de la fusion et celle de la cession sont semblables, les opérations de fusion ne donnent lieu à aucun
échange de liquidité, sauf existence d’une soulte en numéraire marginale.
Fusion absorption
La fusion absorption est la forme classique des opérations de fusions. Au terme d’une fusion absorption, la société absorbante demeure alors que la société absorbée disparaît,
la totalité de ses actifs et de ses passifs ayant été repris par la société absorbante.
Fusion des échelles d’intérêt
Au sein d’un groupe, la fusion des échelles d’intérêt (ou pooling notionnel) offre un moyen relativement souple d’exploiter les avantages de la centralisation des soldes de
trésorerie. Dans cette structure, le solde des comptes des filiales n’est jamais équilibré, mais la banque du groupe recalcule les intérêts, positifs ou négatifs, sur le solde fictif de
l’ensemble. Le résultat est identique à celui d’une trésorerie parfaitement équilibrée, mais les transferts de fonds ne sont jamais réellement réalisés. Cette méthode protège donc
intégralement la marge de manœuvre et l’indépendance des filiales. Ce mécanisme devient dangereux pour la banque lorsqu’une filiale d’un groupe globalement sain est
menacée de faillite. La banque impose donc des contraintes et des garanties croisées entre chacune des sociétés participant au pooling. La gestion de ce réseau de contrats peut
se révéler extrêmement lourde et onéreuse.
Fusion transfrontalière
Une directive européenne sur les fusions transfrontalières rend possible les fusions entre des sociétés de capitaux (SA, SARL, société européenne, SAS, SCA) d’États membres
de l’Union européenne, mais ne concerne pas les sociétés de personnes (société en nom collectif et société en commandite simple). Les règles harmonisées au niveau européen
s’appliquent pour la procédure de fusion transfrontalière en elle-même qui prévoit un contrôle préalable de la conformité de la fusion par le greffier du tribunal dont dépend
chaque entreprise et un contrôle de sa légalité par un notaire ou le greffier du tribunal. Ensuite les droits locaux s’appliquent pour chacune des parties prenantes en ce qui la
concerne spécifiquement. Ainsi pour l’absorption d’une société française, le droit français s’applique pour la consultation et le recours des actionnaires minoritaires, le droit
d’opposition des créanciers non obligataires et le droit des créanciers obligataires.
Future
Voir Contrat à terme.
FX swap
Voir Swap cambiste ou Swap de change.
A
B
C
D
E
F
G
H
I
J
L
M
N
O
P
Q
R
S
T
U
V
W
Z
Gamma
Le gamma représente la sensibilité du delta aux variations de la valeur du sous-jacent, c’est-à-dire la dérivée du delta par rapport au sous-jacent. La position optionnelle qui
évite de réajuster en permanence le niveau de couverture par rapport à l’actif sous-jacent est caractérisée par un gamma nul.
Garantie
La clause de garantie d’actif net est signée dans le cadre d’un changement de contrôle d’une entreprise, lors du dénouement de la négociation, au moment ou le vendeur ne
négocie plus qu’avec un seul acquéreur. Elle permet à l’acquéreur de s’assurer que l’ensemble des moyens nécessaires à l’exploitation est bel et bien détenu par l’entreprise et
qu’il n’existe pas de passif caché. Il ne lui permet en aucun cas de le protéger d’une sur ou sous-évaluation de la société. Elle comprend en général deux parties : une sur la
substance de la société et une seconde sur la garantie d’un certain montant de capitaux propres.
Garantie bancaire
Garantie donné par une banque à un tiers à la demande de son client qui s’est engagé à l’égard du tiers à délivrer un service ou un bien, à effectuer un paiement, etc.
Garantie de bonne exécution
Les garanties de bonne exécution (performance bonds) sont émises par une banque pour garantir la bonne exécution de travaux que son client s’est engagé à exécuter dans un
délai limité.
Garantie de passif
La clause de garantie de passif est signée dans le cadre d’un changement de contrôle d’une entreprise, lors du dénouement de la négociation, au moment ou le vendeur ne
négocie plus qu’avec un seul acquéreur. Elle permet à l’acquéreur de s’assurer qu’il n’existe pas de passif caché ou en tout cas qu’il n’en supportera pas les conséquences
financières. Il ne lui permet en aucun cas de le protéger d’une sur ou sous-évaluation de la société. Elle est souvent signée avec une garantie d’actif.
Garantie de soumission
Les garanties de soumission (bid bonds) sont émises par la banque d’une entreprise qui répond à un appel d’offres d’un client afin que celui-ci soit d’assuré que l’entreprise
honorera bien ses engagements commerciaux si elle est sélectionnée.
Garantie pour défaut
Voir Garantie de bonne fin.
GBP
Voir Green Bonds Principles.
Gearing
Le gearing est le ratio de la dette financière et bancaire nette sur les capitaux propres de l’entreprise. Il mesure le risque de la structure financière de l’entreprise.
General partner
Dans un fonds d’investissement anglo-saxon, associé en charge de la gestion et des investissements, comme un associé commandité dans une société en commandite. Par
opposition aux limited partners qui apportent des fonds mais n’ont pas part à la gestion et aux choix des investissements.
Géographie du capital
L’étude de la géographie du capital, c’est-à-dire l’analyse de la répartition des intérêts financiers et des droits de vote dans une entreprise est particulièrement importante. En
effet, l’actionnariat définissant la stratégie de l’entreprise, il est utile de déterminer où se situe le pouvoir dans l’entreprise et d’appréhender les objectifs des différents
actionnaires.
Gestion active
Mode de gestion qui a pour objectif de faire mieux (« surperformer ») que les indices boursiers. Le gestionnaire cherche donc au travers d’analyses diverses à distinguer les
tendances, les secteurs, les valeurs, qui lui paraissent sous-évaluées et dont il espère qu’elles progresseront plus vite que le marché. Il investit et fait évoluer son portefeuille en
conséquence dans l’espoir de voir ses analyses se confirmer et ainsi son portefeuille réaliser une performance supérieure à celle de l’indice.
Gestion alternative
La gestion alternative se fonde sur d’autres situations que la hausse des cours pour enregistrer des gains
Gestion indicielle
Technique de gestion de fonds qui consiste à obtenir une performance la plus proche possible de celle d’un indice correspondant à l’objectif de gestion. Par exemple, une gestion
indicielle en actions américaines sera d’obtenir une performance la plus proche possible de celle enregistrée par l’indice S&P 500 ou le Dow Jones. La gestion indicielle a
souvent pour stratégie de détenir les actifs qui figurent dans la composition de l’indice dans l’exacte proportion avec laquelle ils figurent dans l’indice.
Gestion passive
Mode de gestion qui consiste à essayer de dupliquer le plus fidèlement possible les performances d’un indice boursier (CAC 40, Dow Jones, S&P 500…) en composant un
portefeuille qui soit la reproduction en miniature de l’indice de marché ciblé. La gestion peut avoir un caractère automatique et automatisé sans gérant s’interrogeant sur le
caractère éventuellement sous-évalué ou surévalué des titres composant le portefeuille.
Global coordinator (coordinateur global)
Il coordonne l’ensemble d’une opération de placement de titres. Il est également chef de file et en général teneur du livre qui enregistre les ordres des investisseurs. On parle
d’arrangeur pour les titres de dette.
Going concern
Principe de continuité de l’exploitation. En comptabilité (et en matière de valorisation), il est généralement fait l’hypothèse à long terme que l’entreprise ne sera pas liquidée
mais continuera son activité actuelle.
Golden parachute
Le golden parachute est une clause du contrat de travail d’un dirigeant prévoyant une compensation élevée en cas de licenciement.
Golden shares
Les golden shares ou actions spécifiques permettent à un État conserver un droit de veto sur l’évolution du capital et des activités dans certaines sociétés cotées.
Goodwill
Voir Écart d’acquisition.
Gouvernance
Terme dérivé de l’anglais « governance », apparu en France au cours des années 1990. Il désigne la façon dont le pouvoir est organisé et exercé au sein d’une organisation. Il
s’est généralisé en particulier dans son usage appliqué aux entreprises aux dépens du terme français gouvernement. Dans une acception large, la gouvernance d’entreprise ou
corporate gouvernance représente l’organisation du contrôle et de la gestion de l’entreprise. De façon plus étroite, le terme de gouvernance d’entreprise est utilisé pour
désigner l’articulation entre l’actionnaire et la direction de la société, et donc principalement le fonctionnement du conseil d’administration ou du directoire et du conseil de
surveillance. La gouvernance financière de l’entreprise est l’ensemble des pratiques et processus utilisés par l’entreprise dans le but de garantir transparence et intégrité dans
le domaine financier. La qualité, la crédibilité et la transparence de l’information financière transmise par la société à ses actionnaires, aux marchés et aux régulateurs,
notamment au travers du rapport annuel est un des éléments centraux de la bonne gouvernance financière de l’entreprise. L’amélioration de la gouvernance financière des
entreprises est un sujet de préoccupation de premier plan depuis les scandales du début des années 2000 ; voir notamment la loi Sarbanes Oxley aux États-Unis et la loi NRE en
France.
Gouvernement d’entreprise
Voir Gouvernance.
Grecques
Terme désignant certaines lettres grecques qui indiquent en matière d’options la sensibilité de la valeur de l’option à certains paramètres : la valeur de l’actif sous-jacent pour
le delta, le temps pour le thêta, la volatilité pour le vega. Le gamma mesure, lui, la sensibilité de la valeur du delta aux fluctuations de la valeur de l’actif sous-jacent.
Green bonds
Voir Obligations vertes.
Greenshoe
La technique dite greenshoe, du nom de la première entreprise l’ayant utilisée, permet de réguler le cours de Bourse d’une action au moment de son introduction en bourse.
L’entreprise donne à la banque introductrice l’option d’acheter une quantité de titres supérieure à ce qui était initialement prévu. Si la demande de titre est forte, la banque
pourra ainsi allouer plus de titres aux investisseurs en exerçant son option. Dans le cas opposé, la banque n’exerce pas son option et achète les titres dont elle a besoin sur le
marché ce qui a pour effet de maintenir les cours.
Grille de marge
Si un crédit est assorti d’une grille de marge (pricing ou rafting grid), la marge de taux d’intérêt facturée évolue au cours du crédit en fonction de l’évolution de la situation
économique et financière de l’entreprise mesurée par des ratios (comme dettes nettes / EBE) ou par son rating. Si elle / il s’améliore, la marge du crédit baissera ; si elle se
détériore, elle montera.
Growth stocks
Les growth stocks ou valeurs de croissance se caractérisent par une croissance forte de leur activité et de l’ensemble des agrégats financiers. Elles présentent généralement des
multiples boursiers élevés et un dividende faible. Ce type d’actions s’oppose aux valeurs de rendement.
A
B
C
D
E
F
G
H
I
J
L
M
N
O
P
Q
R
S
T
U
V
W
Z
Habitat préféré
La théorie de l’habitat préféré a été développée par F. Modigliani et R. Sutch pour expliquer la prime existante sur les taux d’intérêt long terme. Selon cette théorie, les
investisseurs ont des préférences pour certains horizons de placement. Les entreprises qui souhaitent émettre des titres à un horizon non désiré par ces mêmes investisseurs
devront donc ajouter une prime à la rentabilité normale pour les attirer.
Hard non-call
Dans un contrat d’émission de titres financiers (souvent d’obligations convertibles), la clause de hard non call interdit l’émetteur de rembourser les titres avant une date
donnée.
Hedge funds
Les hedge funds, contrairement à leur nom qui signifie couverture, sont des fonds d’investissement non cotés à vocation spéculative. Ce sont des fonds spéculatifs recherchant
des rentabilités élevées et qui utilisent abondamment les produits dérivés, en particuliers les options. Ils utilisent l’effet de levier, c’est-à-dire la capacité à engager un volume de
capitaux qui soit un multiple plus ou moins grand de la valeur de leurs capitaux propres. Les hedge funds présentent l’intérêt d’offrir une diversification supplémentaire aux
portefeuilles « classiques » car leurs résultats sont en théorie déconnectés des performances des marchés d’actions et d’obligations.
Hedger
Voir Couverture.
Hiérarchisation
Voir Théorie du pecking order.
High grade
Dans le cadre du rating des titres de dette, on appelle high grade (ou investment grade) les notes situées entre AAA et BBB-, tandis que les notes situées entre BB+ et D sont
appelées speculative grade (ou non investment grade ou encore high yield). Ces deux classes de risque sont très importantes aux yeux des investisseurs, notamment
institutionnels, dont certains d’entre eux n’ont le droit d’acheter que des obligations de la catégorie high grade, les autres étant considérés comme trop risquées.
Holding
Un holding est une société sans objet industriel dont l’actif est composé de titres de participations. Par une organisation en cascade, un holding permet de conserver le contrôle
d’une entreprise en multipliant le nombre d’actionnaires minoritaires à chaque étage. En outre, il permet la remontée de dividendes à faible coût fiscal (grâce au régime mère /
fille) et le rachat de titres de la société industrielle au moyen du revenu ainsi perçu.
Holding de reprise
Société créée pour acheter une société cible dont elle va devenir la maison mère. En général, elle fait jouer l’effet de levier en s’endettant pour financer partiellement
l’acquisition. Si la holding de reprise détient plus de 95 % de la société acquise, elle peut bénéficier de l’intégration fiscale.
Horizon explicite
L’horizon explicite dans le cadre d’un business plan est l’horizon des prévisions détaillées de l’évolution de l’activité. Il dépendra de la visibilité de l’entreprise. Sa durée doit
donc représenter le temps durant lequel l’entreprise se développera dans la continuité de ses décisions actuelles.
Hurdle rate
Un hurdle rate est un taux d’intérêt minimum à obtenir avant que ne s’enclenche un processus donné. Par exemple, pour un montage LBO l’intéressement des gestionnaires du
fonds de LBO à la performance financière du fonds ne commence à s’appliquer qu’au-delà d’un taux d’intérêt minimum (le hurdle) le plus souvent de 8 %. Si la rentabilité est
inférieure à 8 %, ils n’ont droit à aucun intéressement, si elle est supérieure à 8 % ils ont droit à 20 % de la plus-value. Idem pour certaines stock-options dont l’exercice est
conditionné à l’obtention, par exemple, d’une rentabilité des capitaux propres d’au moins 15 %, ou à une progression minimum du cours sur une moyenne période.
Hybrides (titres)
Les titres hybrides sont, au pied de la lettre, des titres qui empruntent des caractéristiques à la fois des actions et des dettes. Par exemple, les obligations convertibles, les
obligations remboursables en actions sont des titres hybrides. Par Hybrides, sans préciser titres, on entend désormais des obligations de caractère perpétuel entraînant une
rémunération perpétuelle. Ce sont les anciens titres super-subordonnés qui ont été rebaptisés. Leur durée indéterminée provient de l’absence d’un engagement contractuel de
remboursement qui s’effectue au gré de l’émetteur qui y a parfois intérêt, en particulier lorsqu’au bout d’un certain moment leur rémunération est revue contractuellement à
la hausse. En cas de liquidation, ils sont remboursés après les autres créanciers (prêts subordonnés). Ces titres ont une rémunération annuelle qui est conditionnelle au
paiement d’un dividende, ou à la réalisation d’un résultat.
Hyperinflation
Situation dans laquelle l’inflation est à la fois chronique et galopante. Une comptabilité spécifique est nécessaire pour consolider des filiales se situant dans des pays en situation
d’hyperinflation.
Hypothèque
L’hypothèque est une garantie utilisée lors des emprunts notamment immobiliers. En cas de non-paiement de la dette, le créancier devient le propriétaire du bien hypothéqué.
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IAS
Voir International Accounting Standard.
IASB
Voir International Accounting Standards Board.
IBR
Voir Independent Business Review.
ICR
Voir Interest coverage ratio.
IFRS
Voir International Financial Reporting Standard.
IFRS Foundation
L’IFRS Foundation est l’institution qui contrôle le fonctionnement de l’IASB. Elle est formée de 22 trustees indépendants qui veillent au respect des statuts et sont chargés de
trouver le financement nécessaire au fonctionnement de l’IASB et du comité d’interprétation dont ils nomment les membres, mais ils n’interfèrent pas dans les questions
techniques comptables.
IFRS Interpretation Committee
L’IFRS Interpretation Committee (anciennement dénommé IFRIC) élabore des interprétations des IFRS pour assurer une application homogène de ces normes, y apporter des
précisions et trouver des solutions pratiques. Ses membres sont nommés par l’IFRS Foundation.
IFRS S
Normes d’informations extra-financières produites par l’IFRS.
ILAT
Indice des loyers des activités tertiaires. Il sert depuis 2014 de base à la revalorisation des loyers de bureaux.
ILC
Indice des loyers commerciaux. Il sert depuis 2014 à la revalorisation des loyers commerciaux.
Illiquidité
Une entreprise est en situation d’illiquidité lorsqu’elle ne peut plus faire face à ses échéances, conséquence d’une durée des emplois supérieure à celle des ressources.
Image fidèle et sincère
Objectif essentiel de la comptabilité, la notion française d’image fidèle et sincère est issue de la true and fair view anglo-saxonne. Il s’agit de donner une information comptable
dans le respect des règles qui représentent d’une manière non déformée la situation économique de la société.
Immobilisations
Voir Actif immobilisé.
Immobilisations corporelles
Les immobilisations corporelles constituent avec les immobilisations incorporelles la substance d’une entreprise, son outil industriel et commercial. Les principales
immobilisations corporelles sont les terrains, les constructions, les immobilisations techniques et les matériels et outillages industriels.
Immobilisations financières
Les immobilisations financières sont principalement constituées des titres de participation au capital d’autres entreprises.
Immobilisations incorporelles
Les immobilisations incorporelles regroupent principalement : les frais d’établissement, les frais de recherche et de développement immobilisés, les concessions, brevets et
droits similaires, les fonds commerciaux et les droits au bail, les marques et parts de marché, les logiciels, et les écarts d’acquisition.
Impairment test
Le test de validité ou impairment test permet de valider la cohérence entre la valeur nette comptable des actifs incorporels, notamment le goodwill, et leur valeur de
récupération (soit valeur d’usage, soit valeur de marché). Si la valeur d’usage apparaît inférieure à la valeur comptable, l’entreprise doit alors passer une provision.
Impasse de refinancement
Voir Asset Liability Refinancing Gap.
Importance relative (principe d’)
Ce principe comptable prévoit la possibilité de regrouper des comptes dans un compte global si les comptes prévus par les normes sont trop détaillés par rapport aux besoins de
l’entreprise.
Incubateur
Fonds d’investissement spécialisé dans l’accompagnement des start-ups. L’incubateur pourra mettre à disposition un local, des services rémunérés par quelques pourcents du
capital.
Indépendance des exercices
Voir Autonomie des exercices.
Indice de profitabilité
L’indice de profitabilité ou de rentabilité est égal au ratio de la valeur actuelle nette des flux de trésorerie d’exploitation sur la valeur actuelle nette des flux d’investissement. Il
est souvent ramené (pour le projet qui ne demande qu’un investissement initial) au ratio de la valeur actuelle nette des flux de trésorerie d’exploitation sur l’investissement
initial.
Info memo
Voir Memorandum d’information.
Information comptable
Voir Information financière.
Intégration fiscale
L’intégration fiscale entre une société mère et sa fille est possible en France pourvu que la société mère détienne 95 % du capital de la fille. Dans ce cas, seule la mère est
soumise à l’impôt et peut ainsi imputer les pertes de sa fille à son résultat, générant ainsi une économie d’impôt.
Intégration globale
Les comptes d’une filiale sont consolidés par intégration globale lorsque la société mère en détient le contrôle exclusif, c’est-à-dire en général la majorité du capital ou de droits
de vote (40 % si la société est cotée et l’actionnariat éclaté). L’intégration globale consiste, comme son nom l’indique, à reprendre pour leur intégralité, au bilan de la société
mère, tous les éléments qui constituent l’actif et le passif de la filiale, et au compte de résultat, toutes les charges et tous les produits qui en déterminent le résultat net. Les
éléments patrimoniaux viennent ainsi se substituer aux titres de participation détenus par la société mère, lesquels disparaissent de son bilan. Cependant, lorsque la filiale n’est
pas contrôlée à 100 % par la société mère, il convient de faire apparaître au bilan et au compte de résultat consolidés les droits des autres actionnaires, dits minoritaires, sur les
capitaux propres et les résultats de la filiale.
Intégration proportionnelle
La méthode d’intégration proportionnelle est utilisée pour consolider les comptes des filiales contrôlées conjointement avec un nombre limité d’associés. L’intégration
proportionnelle conduit à substituer dans le bilan de la société mère la quote-part des éléments d’actifs et de passifs composant le patrimoine de la filiale à la valeur des titres de
participation détenus. Au compte de résultat, la quote-part des produits et charges est ajoutée à ceux de la société mère.
Intensité capitalistique
L’intensité capitalistique est égale au ratio d’actif économique sur le chiffre d’affaires. Il mesure le montant des capitaux engagés pour un chiffre d’affaires donné. Il
correspond également à l’inverse du taux de rotation de l’actif économique.
Intéressement
Mécanisme facultatif en France par lequel une entreprise verse certaines sommes à ses salariés si sa performance économique et financière atteint un certain niveau. Ces
sommes sont exonérées d’impôt sur le revenu pour autant qu’elles soient investies dans un PEE ou un PERCO sur une certaine durée. Mais elles demeurent soumises aux
prélèvements sociaux. C’est une façon d’intéresser les salariés de l’entreprise à ses résultats et de résoudre pour partie les conflits entre actionnaires et salariés. Voir Théorie de
l’agence.
Interest cost
Part des charges de retraite correspondant à la désactualisation (le montant d’engagement comptabilisé étant un montant actualisé, il s’accroît avec le passage du temps). Cette
charge est généralement comptabilisée en charge financière.
Intérêts composés
La technique des intérêts composés permet de déterminer la valeur capitalisée d’un placement. Concrètement, les intérêts perçus au cours d’une période produisent à leur tour
des intérêts lors des périodes suivantes.
Intérêts minoritaires
Les intérêts minoritaires représentent la quote-part des capitaux propres ou du résultat net des filiales consolidées par intégration globale qui revient aux actionnaires
minoritaires de ces filiales et non à la société mère. Ils sont aussi appelés Intérêts non contrôlants ou intérêts hors groupe.
Intérêts non contrôlants
Voir Intérêts minoritaires.
Intérêts notionnels
Intérêts fictifs calculés uniquement à but fiscal sur le montant des capitaux propres afin d’en aligner la fiscalité sur celle des dettes qui génèrent des frais financiers fiscalement
déductibles à la différence des dividendes qui ne sont pas fiscalement déductibles. Sur son résultat avant impôt, et dans les pays qui ont prévu un tel mécanisme (Belgique,
Italie, Brésil), l’entreprise déduit un pourcentage de ses capitaux propres comptables, et la différence est alors imposée à l’impôt sur les sociétés.
Interim facility agreement
Contrat de prêt à très court terme qui garantit à l’acheteur d’une entreprise de disposer des fonds nécessaires pour l’acheter le jour prévu, même si le montage de la dette
d’acquisition n’est pas finalisé. Ce prêt est garanti sur l’intégralité des titres de la société achetée.
Intermédiaire
Dans le cadre des marchés de capitaux, on parle d’intermédiaire, ou de courtier, celui qui met directement (finance directe) en rapport demandeurs et pourvoyeurs de capitaux.
Intermédiation financière
On parle d’intermédiation financière lorsque le monde financier sert d’écran entre demandeurs et pourvoyeurs de capitaux, c’est-à-dire lorsque les intermédiaires financiers
achètent les titres émis par les entreprises et, pour se financer, émettent eux-mêmes des titres placés auprès des épargnants ou collectent des fonds sous forme de dépôts ou de
livrets (finance indirecte). L’intermédiation financière est donc très différente du simple rôle d’intermédiaire financier évoqué pour la finance directe.
Introduction en Bourse
L’introduction en Bourse consiste à mettre en vente des titres d’une société afin d’avoir accès au marché de capitaux et d’extérioriser la valeur de l’entreprise. La vente de ces
titres, pour lesquels l’information est extrêmement limitée, à un grand nombre d’investisseurs différents (institutionnels, particuliers, salariés) rend l’opération complexe et
longue à préparer. La cotation en Bourse présente de nombreux avantages (notoriété accrue, possibilité de faire appel aux marchés financiers si nécessaire, liquidité potentielle
pour les actionnaires…) mais aussi des contraintes (obligations de transparence et de communication qui prend du temps aux dirigeants, fluctuations de cours parfois
déstabilisante…)
Invested capital
Voir Actif économique.
Investir
D’un point de vue financier investir consiste pour celui qui s’y décide à renoncer à une consommation immédiate pour accroître ses recettes futures. Dans une économie de
marché, investir ne doit pas être synonyme de diminuer sa consommation : la décision d’investir doit dépendre uniquement de la rentabilité des projets d’investissements par
rapport au taux de rentabilité du marché. Le rôle des marchés est alors d’apporter les ressources à l’investisseur ayant des projets attractifs sans qu’il arrête pour autant de
consommer pour les financer (comme ce serait le cas dans une économie de troc…).
Investissement
Un investissement est une dépense ayant pour but de modifier durablement le cycle d’exploitation de l’entreprise ; à la différence d’une charge, il n’est pas détruit par celui-ci.
Investir revient en effet pour celui qui s’y décide à renoncer à une consommation immédiate pour accroître ses recettes futures. Bien entendu, le surcroît de recettes occasionné
par cet investissement devra être suffisant pour assurer sa rentabilité prévisionnelle. L’investissement est donc un processus fondamental dans la vie de l’entreprise, qui engage
durablement celle-ci. Si dans un premier temps, il grève fréquemment les états financiers de l’entreprise, lui seul lui permet d’assurer sa croissance à long terme. De plus, c’est
en choisissant judicieusement ses investissements, et non ses financements, que l’entreprise créée de la valeur. Le critère de la valeur actuelle nette d’un investissement
(différence entre sa valeur actuelle et son coût) est à ce titre le seul outil pour mesurer la création de valeur potentielle.
Investissement responsable
Voir Investissement socialement responsable.
Investissement socialement responsable (ISR)
La pratique de l’investissement socialement responsable (ISR) consiste à prendre en compte dans les décisions d’investissements et de gestion d’actifs des critères sociaux,
éthiques ou environnementaux en plus des critères financiers traditionnels. Cette pratique peut prendre plusieurs formes dont l’investissement dans des fonds qui refusent
d’investir dans certains domaines (tabac ou armement par exemple) ou qui utilisent les notations sociales / environnementales dans leurs choix ou encore dans des fonds qui
cherchent à influencer les décisions des entreprises dont ils sont actionnaires dans le sens de l’éthique ou du développement durable. Elle peut également prendre la forme de
produits financiers reversant une part de ses performances à des projets sociaux ou de développement durable. Si l’ISR représente encore une part marginale des montants
investis sur les marchés financiers, cette pratique connaît depuis plusieurs années une croissance rapide.
Investisseur
Il existe trois comportements possibles pour un investisseur sur les marchés financiers : la spéculation ou prise de risque, la couverture ou limitation des risques et enfin
l’arbitrage qui exploite les déséquilibres de marché et assure ainsi leur liquidité et leur efficience. La prise de position d’un investisseur dépend largement de ses propres
prévisions d’évolution du marché. Il pourra alors adopter tour à tour, voire conjointement, ces comportements.
Investisseur financier
Par opposition à l’industriel, l’investisseur financier n’investit que dans des titres financiers et non directement dans l’économie réelle (biens, machines…).
Investisseur institutionnel
Le terme d’investisseurs institutionnels désigne les banques, compagnies d’assurance, caisses de retraite, fonds communs de placement ou SICAV. Généralement ces
actionnaires ne détiennent que des participations très minoritaires (moins de 10 %) dans des entreprises cotées. Leur rôle est cependant majeur car ce sont des acteurs qui dans
une large mesure définissent la valeur boursière des entreprises.
Investisseur qualifié
Un investisseur qualifié est un investisseur financier professionnel (généralement institutionnel) qui bénéficie de ce fait d’une protection moindre de la part des autorités
boursières. Les investisseurs qualifiés doivent remplir certains critères, en France portant sur leur connaissance des instruments financiers, leur pratique régulière de
l’investissement et la taille de leur portefeuille d’actifs financiers. Certaines opérations complexes ou pour lesquelles l’information disponible est réduite sont réservées aux
investisseurs qualifiés.
Investment banking
Domaine d’activités bancaires qui apporte des services sophistiqués à des grandes entreprises dans une logique d’un sur-mesure partiel ou total. Il a quelques milliers de clients
tout au plus. Il offre les services suivants : accès au marché actions (ECM) : la banque assiste l’entreprise pour son introduction en Bourse, puis dans les opérations
d’augmentation de capital qui suivent. Elle peut également conseiller l’entreprise dans l’émission de pro-duits qui deviendront à terme des actions (bons de souscription
d’actions, obligations convertibles, accès au marché obligataire [debt capital markets, DCM]: de même, la banque pourra assister les moyennes et grandes entreprises à lever de
la dette directement auprès d’investisseurs grâce à l’émission d’obligations ; conseil en fusions et acquisitions (M&A).
Investment grade
Les investment grade correspondent aux notations des agences de rating situées entre AAA et BBB- selon l’échelle de Standard & Poor’s. Ils correspondent à un niveau de
risque faible. Elles sont également appelées également High Grade. On peut noter que certains investisseurs institutionnels sont contraints par leurs statuts de n’investir que
dans des entreprises investment grade.
IPO
Initial Public Offering. Voir Introduction en Bourse.
IRS
Interest Rate Swap. Voir Swap de taux d’intérêt.
ISR
Voir Investissement socialement responsable.
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Jeune pousse
Une jeune pousse est une entreprise de création récente dont on espère beaucoup en termes d’innovation, de croissance, puis de rentabilité mais qui présente de ce fait un risque
élevé. Selon les pays, seules 20 à 30 % des entreprises créées une année donnée sont encore en vie 10 ans après ; la mortalité des jeunes pousses est donc très élevée. Les Anglo-
Saxons parlent les concernant de start-up.
Joint-lead manager
Voir Chef de file associé.
Joint-venture
Mot anglais désignant une coentreprise, voir à ce terme.
Juste valeur
La notion de juste valeur, ou Fair value en anglais, implique la valorisation d’actifs et de passifs sur la base d’une estimation de leur valeur de marché ou de leur valeur d’utilité
par actualisation des flux de trésorerie estimés attendus de leur utilisation. Ainsi, l’IASB impose d’utiliser la juste valeur pour comptabiliser les instruments financiers qui
n’ont pas vocation à être détenus jusqu’à leur échéance (et notamment les produits dérivés), mais il n’a pas réussi à l’étendre à tous les actifs et passifs.
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Late Delivery indemnity
Dans un financement de projet, indemnité que doit payer le constructeur d’un projet qui le livre avec des retards de livraison.
LBO
Voir Leveraged buy-out.
LBO secondaire
Dans le cadre de sortie de montage LBO, les fonds de LBO possèdent plusieurs options dont l’une d’entre elles est le LBO secondaire. Il consiste à céder l’entreprise sous LBO
à un autre fonds de LBO qui lui-même met en place un nouveau montage LBO. Ces LBO dits secondaires sont ainsi de plus en plus fréquents. On parle aussi de LBO tertiaire,
voire de LBO quaternaire.
Lead manager
Voir Chef de file.
League table
Classement des banques dans différents métiers : fusion-acquisition, placements d’obligations ou d’actions, prêts bancaires, etc. Comme les leagues tables sont utilisées en tant
qu’arguments commerciaux, leur confection n’est pas toujours exempte de contestations. Par ailleurs, les banques peuvent réaliser des opérations en demandant à leurs clients
des commissions très basses à la seule fin d’améliorer leur position dans les classements.
Lease
Voir Location.
Leaseback
Le lease-back est une procédure par laquelle une firme propriétaire d’un bien d’équipement ou à usage professionnel le cède à une société de crédit-bail, qui le remet
immédiatement à sa disposition par une opération de crédit-bail mobilier ou immobilier selon la nature du bien cédé. De telles opérations ont essentiellement pour but de
procurer à l’entreprise des capitaux à long terme pour financer des immobilisations nouvelles, ou de consolider des crédits relais à court terme pour rééquilibrer le bilan. Cet
artifice disparaît lors de l’établissement de comptes consolidés.
Letter of intent (LOI)
Voir Lettre d’intention.
Lettre d’intention
Lorsque le cadre d’une négociation de contrôle a été défini, la lettre d’intention (letter of intent) est un engagement moral et non juridique qui définit les principales bases d’un
accord possible et permet très souvent d’entamer un processus dont l’aboutissement sera la transaction. Souvent, l’acquéreur, muni du protocole d’intention, se retourne vers
son conseil d’administration pour obtenir l’autorisation de poursuivre la négociation.
Leverage
Voir Levier financier.
Leverage recap
Dans le cadre de sortie de montage LBO, les fonds de LBO possèdent plusieurs options dont l’une d’entre elles est le leverage recap. Elle consiste pour le fonds de LBO après
avoir détenu l’actif quelques années à le réendetter (par versement d’un dividende exceptionnel financé par endettement par exemple). Cette opération ne représente pas
réellement une sortie, car le fonds reste l’actionnaire de la société, mais elle permet une sortie partielle des capitaux propres initialement investis.
Levier d’exploitation
Le levier d’exploitation permet d’expliquer le rapport entre l’évolution du chiffre d’affaires d’une société et de ses résultats en fonction de l’importance de ses coûts fixes.
Prenons l’exemple d’un cimentier. En cas de chute d’activité, ses résultats régresseront beaucoup plus vite que pour un groupe de distribution compte tenu de l’importance de
ses coûts fixes. On dira alors que le cimentier a un fort levier d’exploitation.
Levier financier
Le levier financier est égal au rapport endettement net / capitaux propres.
Levier opérationnel
Le levier opérationnel correspond à la sensibilité du résultat de l’entreprise à une fluctuation de son activité. Il se calcule comme la variation du résultat opérationnel en
pourcentage du résultat opérationnel divisé par la variation du chiffre d’affaires en pourcentage de ce chiffre d’affaires. Un levier opérationnel de 3 veut dire que si le chiffre
d’affaires baisse de 1 %, le résultat opérationnel baissera de 3 %. Le levier opérationnel est d’autant plus élevé que la part des coûts fixes dans le total des coûts de l’entreprise
est élevée ; il est d’autant plus faible que la part des coûts variables dans le total des coûts d’entreprise est élevée.
LIBOR
Le LIBOR, ou London Interbank Offered Rate, est le taux du marché monétaire observé à Londres. Il est égal à la moyenne arithmétique des taux offerts sur le marché bancaire
à Londres pour une échéance déterminée (entre 1 et 12 mois) et une devise donnée (euro, livre, dollar). Le LIBOR sert de référence pour de nombreux emprunts à taux variable
dont le taux d’intérêt est calculé comme LIBOR 6 mois + une marge actuarielle (par exemple 0,45 %).
Licorne
Start-up dont la valorisation atteint au moins un milliard de dollars, comme Blablacar en France par exemple.
LIFO
La méthode d’évaluation des stocks LIFO (last in first out) valorise les sorties de stock au coût de l’article le plus récent. Elle aboutit généralement à minorer le résultat.
Ligne bilatérale
Dans le cadre de la gestion de son endettement, une entreprise peut directement négocier avec une banque un emprunt. On parle alors de ligne bilatérale. Elle s’oppose au
financement syndiqué qui est lui accordé par un groupe de banques.
Ligne de back-up
Une ligne de back up est une ligne de crédit non tirée que la société met en place avec une banque ou un syndicat de banque. La ligne n’est tirée que si les conditions de marché
ne permettent plus à la société de se financer par des billets de trésorerie.
Ligne d’actions
La ligne d’actions est une des modalités pour réaliser une augmentation de capital. Une société qui souhaite émettre du capital au fil de l’eau pour de petits montants unitaires
mettra ce type d’opération en place avec sa banque. La banque. Schématiquement, la société émettra des titres qui seront souscrits par la banque et placés sur le marché. Les
montants émis doivent être suffisamment faibles pour ne pas perturber le marché. Voir Programme d’augmentation de capital par exercice d’options.
Limitation des droits de vote
Un des moyens d’éviter la prise de contrôle rampante est de limiter les droits de vote qu’un actionnaire peut représenter en assemblée. Cette limitation saute lorsque
l’actionnaire vient à détenir plus de deux tiers des droits de vote.
Liquidité
La liquidité de l’entreprise est son aptitude à faire face à ses échéances financières dans le cadre de son activité courante, à trouver de nouvelles sources de financement, et à
assurer ainsi à tout moment l’équilibre entre ses recettes et ses dépenses. Le risque de liquidité le plus fréquent intervient lorsque l’entreprise est en difficulté et qu’elle ne peut
plus émettre de titres acceptés par le marché financier ou les institutions bancaires ; les investisseurs ne lui font plus confiance quels que soient les projets proposés. La liquidité
est donc liée à la durée des ressources ; elle s’analyse tant au niveau de la structure à court terme (financement à court terme), qu’au niveau de la capacité de remboursement
des dettes à moyen et long termes. De là l’utilisation des concepts et ratios classiques : fonds de roulement, capitaux propres, endettement, actif circulant / dettes à court
terme…
Liquidité préférentielle
Voir Clause de liquidité préférentielle.
Listing sponsor
Intermédiaire financier chargé d’accompagner une entreprise avant son entrée sur le marché boursier Euronext Growth (ex-Alternext) et dans sa vie boursière sur ce marché
en lui rappelant, si besoin est, ses obligations d’information. Synonyme de Listing partner.
Livre d’ordres
Lors des opérations de placement de titres, concomitamment à la diffusion de l’information et au marketing auprès des investisseurs potentiels, un livre d’ordres est constitué.
Il enregistre les intentions d’achat (volume de titres demandés et éventuellement prix) des investisseurs potentiels et permet ainsi d’établir la faisabilité et le prix de l’opération.
Ce n’est qu’à l’issue de cette phase que les banques prennent un engagement de bonne fin.
LMA
Loan market association. Association basée à Londres dont l’objectif est d’améliorer la liquidité, la transparence et l’efficience du marché des crédits syndiqués en Europe et qui
produit à cet effet de la documentation standardisée pour ce type d’opération. Elle regroupe des banquiers commerciaux et d’investissement, des régulateurs, des emprunteurs,
des agences de notation, des investisseurs, des cabinets d’avocats.
Location financement
Voir Crédit-bail.
Location financière
La location financière ou operating lease est une location longue durée d’un bien sans que l’entreprise ne dispose de la faculté de l’acquérir après une période d’utilisation
donnée. Contrairement au crédit-bail, cette activité n’est pas soumise à la réglementation bancaire. Forme dérivée du crédit-bail (qui est soumis à la réglementation bancaire),
la location financière longue durée sans option d’achat (operating lease en franglais) n’est pas soumise à la réglementation bancaire et elle est très utilisée dans certains secteurs
(informatique, transports…)
Location simple
Voir Location financière.
Lock box system
Voir Boîte aux lettres.
Locked box
Système par lequel, dans la vente d’une entreprise, le prix de cession est fixé définitivement sur la base des derniers comptes transmis par le vendeur et revus par l’acquéreur. Il
est prévu pendant la période transitoire, c’est-à-dire entre la clôture des derniers comptes connus et la date de cession, que le cédant a géré et gérera la société en « bon père de
famille ». Il affirme notamment qu’il n’y a pas eu de distribution de dividendes ou de cession d’actifs, sauf celles définies d’un commun accord pendant cette période, et qu’il
n’y a pas eu d’investissements ou d’embauches supérieurs à un maximum déterminé, ni de modifications de contrats, etc.
Lock-up
Période durant laquelle un investisseur (ou l’émetteur), qui vient de céder des titres (ou d’en émettre), s’est engagé à ne pas en céder ou à en émettre de nouveaux sur le
marché. Elle fait souvent suite à une introduction en Bourse ou à une augmentation de capital réservée. Elle dure en général de 3 à 9 mois. Dans la constitution d’un partenariat
une clause de lock-up existe parfois dans le pacte d’actionnaire afin d’empêcher les partenaires de sortir rapidement et de pérenniser ainsi le partenariat.
Logiciels
Comme les marques, il s’agit d’actifs incorporels dont l’importance croît et qui peuvent être activés en immobilisations incorporelles suite à un regroupement d’entreprises.
LOI
Letter of intent, voir Lettre d’intention.
Long
Sur les marchés financiers, être long sur un actif c’est prendre un risque de baisse de la valeur de cet actif.
Love money
Capitaux propres apportés à la création d’une entreprise par les amis et la famille (« family and friends ») qui permet de lancer l’entreprise et de lui donner les moyens de
concevoir, tester et lancer son concept / produit / service avant d’attirer en cas de succès des financements de fonds de capital risque. Les sommes concernées sont en général de
quelques dizaines ou centaines de milliers d’euros.
Loyers
Les loyers sont des charges faisant partie des charges externes en comptabilité française
Loyers de crédit-bail
Les loyers de crédit-bail ne doivent être assimilés aux charges externes mais éclatés entre le coût du financement et l’amortissement des biens ainsi financés. Le premier est
agrégé aux charges financières, le second aux dotations aux amortissements.
LPs
Limited Partners. Dans un fonds d’investissement anglo-saxon, investisseur qui apporte des capitaux propres mais qui n’est pas en charge de la gestion et des investissements,
domaine du general partner. Le limited partner est comme un associé commanditaire dans une société en commandite.
LTV
Voir Loan to value.
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MAC
Dans des conventions de crédit, les banques ont imposé le respect de certaines conditions dont les principales concernent les ratios comptables, les décisions financières et la
structure du contrôle. L’accord peut également prévoir une clause permettant aux banques de résilier le contrat dans le cas où un événement négatif majeur surviendrait
(Material Adverse Change, MAC) comme une crise boursière, une crise de liquidité… Elle peut aussi être prévue dans d’autres types de contrats : acquisition d’une société…
Majorité qualifiée
La majorité qualifiée est la majorité nécessaire qu’il faut réunir pour modifier les statuts d’une société en AGE. Suivant les pays et types de sociétés, la majorité qualifiée peut
être des 2/3 des voix (pour les sociétés anonymes en France) ou des 3/4 (en Belgique ou en Allemagne, en France pour les SARL).
Majorité simple
C’est à la majorité simple des actions représentées qu’une assemblée générale ordinaire des actionnaires (AGO) prend les décisions concernant la gestion ordinaire de la société
comme l’approbation des comptes, la distribution des dividendes ou encore la nomination et la révocation des administrateurs.
Make-whole call
Disposition contractuelle des contrats d’émissions obligataires permettant le remboursement anticipé de la totalité de l’émission, moyennant souvent le paiement d’une prime
significative.
Mali de fusion
Lors d’une fusion, si la société absorbante détenait des titres de la société absorbée, alors ceux-ci sont annulés et la comparaison de la valeur nette comptable des titres annulés
et de la quote-part correspondante de valeur de la société absorbée retenue dans la fusion peut donner lieu à la constatation d’une moins-value. Cette moins-value est appelée
mali de fusion.
Management Buy-In (MBI)
Achat d’une société, le plus souvent financée par endettement, accompagné de l’arrivée d’une nouvelle équipe de direction.
Management packages
L’expression management package désigne les systèmes de rémunération des dirigeants en particulier dans les opérations de LBO. Le management investit directement une
partie de son patrimoine dans l’entreprise par le biais de BSA, d’obligations convertibles ou d’actions. Il y a donc un partage partiel de la plus-value avec le fonds de LBO qui
accepte d’avoir un TRI sur son investissement plus faible que celui des dirigeants, en cas de succès uniquement. Certains groupes traditionnels profitent parfois de l’émission
de titres hybrides (OBSA par exemple) pour répliquer partiellement ce mécanisme de rémunération.
Management presentations
Les management presentations sont des présentations de la société et de sa stratégie à des acheteurs potentiels dans le cadre d’un processus de cession d’une société.
Mandataire ad hoc
En France, un mandataire ad hoc, ou conciliateur, est désigné par le tribunal de commerce afin d’encadrer ou de faciliter les négociations privées de petites et moyennes
entreprises (en général) en restructuration. Les banques créancières demandent de plus en plus fréquemment la nomination d’un mandataire en cas de difficultés.
Mandated Lead Arranger (MLA)
Lors du placement d’un crédit syndiqué, l’entreprise reçoit des sollicitations de différents établissements pour mettre en place (ou refinancer) un crédit syndiqué. Sur la base de
ces propositions, l’entreprise choisit une (ou plusieurs) banque(s) qui va structurer l’opération. On parle alors de Mandated Lead Arranger (MLA). Voir également crédit
syndiqué.
Marché
Un marché est un endroit où les gens achètent et vendent des biens. Un marché organisé fait que les achats et les ventes ne sont pas bilatéraux comme sur la place du marché
d’un village mais organisés, c’est-à-dire centralisés afin d’aboutir à un prix d’équilibre entre l’offre et la demande d’une même unité de lieu. Un marché réglementé ajoute une
stratification supplémentaire avec une autorité de contrôle qui édicte des règles de comportement (d’admission à la cote, de diffusion d’informations, de sanctions aux
manquements, etc.) et vérifie qu’elles sont bien appliquées. On peut donc trouver des marchés organisés mais non réglementés comme Euronext Access à Paris et des marchés
organisés et réglementés comme Euronext à Paris (note : Euronext Growth se situe entre les deux, régulé mais non réglementé au sens des directives européennes).
Marché à l’équilibre
Voir Marché efficient.
Marché à terme
Aussi appelés marché de futures. Ils proposent des contrats à terme standardisés afin d’obtenir une liquidité suffisante permettant d’acheter ou de vendre toutes sortes
d’actifs : devises, taux d’intérêt, matières premières minérales, agricoles ou d’énergie… Les intervenants sur les marchés à terme peuvent ainsi fixer aujourd’hui un prix pour
une transaction qui interviendra dans quelques mois. Ils sont alors couverts. D’autres utilisateurs peuvent à l’inverse chercher à prendre des risques grâce à l’effet de levier que
procure le paiement à terme du prix de la transaction. Cependant, l’existence de chambres de compensation permet d’éliminer les risques de contrepartie que supporteraient
en leur absence les utilisateurs des marchés à terme.
Marche au hasard
Dans le cade théorique des marchés efficients, les changements de prix des titres suivent une marche au hasard. C’est-à-dire que les évolutions des prix sont indépendantes des
prix passés. Il est alors impossible de prévoir les évolutions futures, puisqu’elles sont totalement aléatoires.
Marché bancaire
Une entreprise fait appel au marché bancaire lorsqu’elle souhaite se financer directement auprès des banques. Toutefois, bien que le terme de « marché » soit utilisé dans le cas
du financement bancaire, les emprunts bancaires obéissent à une logique de négociation et d’intermédiation qui s’oppose à la logique de marché des marchés financiers en
général, du financement obligataire en particulier.
Marché de capitaux
Les marchés de capitaux permettent la rencontre entre les agents économiques ayant un excédent de capitaux et les agents ayant des besoins de financement. Concrètement, les
entreprises s’adressent aux investisseurs des marchés de capitaux par l’émission d’actions, d’obligations ou de billets de trésorerie.
Marché dérivé
Les marchés dérivés sont des marchés sur les marchés. Ils permettent de gérer les risques associés aux fluctuations de cours, de taux ou de change. En outre, ils permettent de
prendre des positions importantes à l’achat ou à la vente avec une mise de fonds limitée. Les marchés à terme et les marchés optionnels sont des marchés dérivés.
Marché efficient
Un marché est efficient lorsque le prix des titres financiers y reflète à tout moment toute l’information pertinente disponible. Dans un tel marché, il est impossible de prévoir les
rentabilités futures, et un titre financier est à tout moment à son prix. Un tel marché est également appelé marché à l’équilibre ou marché parfait.
Marché financier
Voir Marché de capitaux.
Marché gris
Lors d’une émission de titres, la période entre l’ouverture du livre d’ordre et la fixation du prix se nomme le marché gris ; les titres s’y échangent même s’ils n’existent
techniquement pas encore. Les opérations alors nouées sont débouclées à la date du règlement-livraison.
Marchéisation
La « marchéisation » des placements et des investissements correspond au fait que les intermédiaires financiers proposent des crédits ou des placements dont les taux sont
calculés en fonction des taux du marché. Cette tendance est la conséquence directe de la désintermédiation de l’économie.
Marché organisé
Un marché est un endroit où les gens achètent et vendent des biens. Un marché organisé fait que les achats et les ventes ne sont pas bilatéraux comme sur la place du marché
d’un village mais organisés, c’est-à-dire centralisés afin d’aboutir à un prix d’équilibre entre l’offre et la demande d’une même unité de lieu. Un marché réglementé ajoute une
stratification supplémentaire avec une autorité de contrôle qui édicte des règles de comportement (d’admission à la cote, de diffusion d’informations, de sanctions aux
manquements etc.) et vérifie qu’elles sont bien appliquées On peut donc trouver des marchés organisés mais non réglementés comme Euronext Access, l’ancien Marche Libre à
Paris, et des marchés organisés et réglementés comme Euronext à Paris (note : Euronext Growth, ex-Alternext, se situe entre les deux, régulé mais non réglementé au sens des
directives européennes).
Marché primaire
Le marché primaire est celui sur lequel les nouveaux titres financiers sont émis et souscrits par des investisseurs ; on y procède donc aux augmentations de capital, au
placement d’emprunts obligataires… Il s’agit d’un marché du neuf des titres financiers, par opposition au marché secondaire qui en est le marché « d’occasion ».
Marché réglementé
Un marché réglementé, à l’image de Euronext, est un marché qui se caractérise entre autres par des règles d’admission, un contrôle des autorités de tutelle (en France
principalement l’AMF) sur le fonctionnement du marché et sur les intervenants, et un suivi de l’information communiquée au marché.
Marché secondaire
Le marché secondaire est celui sur lequel sont échangés entre investisseurs des titres financiers déjà créés (sur le marché primaire). En assurant la liquidité des investissements
financiers, le marché secondaire assure la qualité du marché primaire et l’évaluation des titres financiers. Marchés primaire et secondaire sont donc très complémentaires.
Marge
Écart entre des produits et des charges. On parle ainsi de marge commerciale (écart entre le prix de vente des marchandises et leur prix d’achat pour un distributeur), de
marge brute (écart entre le prix de vente et le coût fabrication), de marge d’exploitation (écart entre le chiffre d’affaires et les charges d’exploitation), de marge nette (écart
entre tous les produits et toutes les charges). La marge peut être exprimée en unité monétaire ou en pourcentage du chiffre d’affaires ou de la production.
Marge actuarielle
La marge actuarielle ou le spread d’une obligation (ou d’un emprunt) est l’écart entre le taux de rentabilité actuariel de l’obligation et celui d’un emprunt sans risque de durée
identique (ou du taux swap). Le spread est naturellement d’autant plus faible que la solvabilité de l’émetteur est perçue comme bonne.
Marge brute
La marge brute est une notion qui n’est absolument pas normalisée et chacun y met derrière ce qu’il veut bien y mettre. En toute logique, le plus correct est de retirer du chiffre
d’affaires le coût de fabrication des produits. Ainsi, dans la grande distribution, on retirera les consommations (achats en gros des produits vendus au détail qui fait à peu près
80 % du chiffre d’affaires) et la marge brute sera égale à une marge commerciale ou marge sur consommation de matières premières. Dans le secteur des salles de cinéma, ce
sera le chiffre d’affaires moins les recettes reversées aux distributeurs qui fournissent le produit : le film. Dans la banque, ce sera la différence entre les intérêts reçus et les
intérêts payés…
Marge commerciale
La marge commerciale est la différence entre le montant des ventes de marchandises et leur coût d’achat. Elle est calculée ainsi : Ventes de marchandises - Achats de
marchandises + Variation des stocks de marchandises = Marge commerciale. Elle n’a de sens que pour les entreprises de négoce, de distribution… Pour ces sociétés, la marge
commerciale ou le taux de marge (rapport de la marge commerciale au chiffre d’affaires HT), est l’indicateur fondamental.
Marge de crédit
Voir Marge d’intérêt.
Marge d’exploitation
La marge d’exploitation correspond au résultat d’exploitation divisé par le chiffre d’affaires.
Marge normative
La marge normative est une notion qui consiste à établir que telle entreprise dans tel secteur devrait réaliser une marge opérationnelle ou d’exploitation de x % (résultat
d’exploitation / chiffre d’affaires). Ceci est conforme à la théorie financière qui indique que, dans chaque secteur d’activité, il doit y avoir un taux de rentabilité proportionnel
au risque du secteur. L’importance de cette marge est directement à la notion de barrières à l’entrée (maturité de l’activité, concurrence et qualité des acteurs…).
Marge opérationnelle
La marge opérationnelle ou marge d’exploitation correspond au rapport entre le résultat d’exploitation et le chiffre d’affaires.
Margin grid
Voir Grille de marge.
Marketing
En finance, le marketing joue un rôle important, notamment lors du placement de titres financiers : les banques cherchent en effet à vendre au meilleur prix un produit qui
doit correspondre aux attentes des investisseurs sous peine d’échec du placement… En pratique, le travail de marketing des banques est facilité par la décote de placement des
titres…
Market makers
Les market-makers sont des opérateurs des marchés qui s’engagent à fournir une cotation dès qu’on les contacte et ce, quel que soit l’état du marché.
Market sounding
Pour les reclassements de blocs d’actions ou l’émission d’obligations convertibles, la banque pratique quasiment systématiquement avant de lancer l’opération un sondage
(appelé market sounding en anglais) auprès d’un nombre limité d’investisseurs afin de tester leur intérêt pour l’opération et son niveau de prix. Ces sondages sont encadrés par
la réglementation (en France, par l’AMF).
Market Value Added (MVA)
Pour une entreprise cotée, la création de valeur est souvent appelée Market Value Added ou MVA. Elle est égale à la somme de la capitalisation boursière et de la valeur de
l’endettement net diminuée du montant comptable de l’actif économique. La MVA, ou plutôt la variation de MVA, est un critère plus pertinent que la seule évolution du cours
de bourse puisqu’il met en regard l’augmentation de valeur et les capitaux investis pour y parvenir.
Marques
Les marques sont des actifs incorporels particulièrement importants. Cependant, elles ne sont pas comptablement valorisées si elles n’ont pas été acquises. Il y a donc là
déficience de la comptabilité, qui est particulièrement significative dans le cas des industries de grande consommation (agroalimentaire, textile, automobile…), des industries de
luxe, notamment dans une optique de valorisation de la société. En effet, ces marques peuvent avoir une valeur considérable, et ne pas en tenir compte dans l’évaluation d’une
société de ces secteurs est erroné. En normes IFRS, les marques ne sont pas amorties mais éventuellement dépréciées.
Martingale
En mathématique, un processus stochastique est une martingale si l’espérance de sa valeur future, au regard de l’information disponible actuellement, est égale à sa valeur
actuelle. Ce processus est largement utilisé en mathématique financière notamment pour la valorisation des produits dérivés. Le terme martingale est également emprunté à
l’univers du casino où il désigne une méthode de jeu permettant d’accroître son espérance de gain voire de gagner à coup sûr. Ainsi certains utilisent le terme martingale pour
désigner une politique d’investissement en Bourse censée garantir de très forts gains avec quasi certitude. Comme la pierre philosophale, on la cherche encore !
MBI
Voir Management buy-in.
MBO
Voir Management buy-out.
MEDAF
Le Modèle d’Évaluation des Actifs Financiers ou Capital Assets Pricing Model (CAPM) est utilisé pour évaluer des actions dans un marché en équilibre. Il est basé sur le fait
que seul le risque de marché, ou risque non diversifiable, est rémunéré par les investisseurs dans un tel marché. La rentabilité exigée par un investisseur est alors égale au taux
de l’argent sans risque majoré d’une prime de risque uniquement liée au risque de marché de l’actif : R = rf + bêta x (rm - rf)
Meilleurs efforts
Dans le cadre de placement de titres, la banque en charge de l’opération peut ne prendre à aucun moment d’engagement sur la réussite de l’opération ; elle ne s’engage qu’à
fournir ses meilleurs efforts (placement pour compte ou best efforts en anglais). La confiance des investisseurs étant très sensible à l’engagement de la banque sur la réalisation
effective, ce type d’engagement ne subsiste que dans des opérations réalisées par de petites entreprises ou dans des cas très particuliers (entreprises en difficulté par exemple).
Meme stocks
Voir Action mème.
Memorandum d’information
Dans le cadre de la mise aux enchères d’une société, après l’envoi du teaser à un certain nombre d’entreprises ou d’investisseurs financiers, les acheteurs qui manifestent un
intérêt reçoivent des informations complémentaires qui sont en général synthétisées dans un memorandum d’information. Celui-ci comprend en général une description de
l’entreprise et de son marché, des éléments financiers historiques et prévisionnels, un organigramme humain et juridique…
Memorandum of Understanding (MOU)
Voir Protocole d’intention.
Méthode de consolidation
Il existe, suivant le contrôle exercé dans la filiale, 3 méthodes de consolidation : la consolidation globale, la consolidation proportionnelle et la mise en équivalence.
Méthode intrinsèque
Les méthodes de valorisation peuvent schématiquement être scindées en deux types : les méthodes intrinsèques (par actualisation de flux) et les méthodes comparatives (par
application de multiples de sociétés ou transactions comparables).
Méthode patrimoniale
La méthode patrimoniale est une méthode d’évaluation qui consiste à estimer séparément les différents actifs et engagements de l’entreprise et à en faire la somme algébrique.
On parle également d’actif net réévalué ou de somme des parties. Elle est particulièrement adaptée pour les conglomérats pour lesquels les comptes ou les projections
financières agrégées ne peuvent pas être analysés en tant que tels. Notons qu’il existe plusieurs types de valeurs patrimoniales (depuis la valeur de liquidation jusqu’à la valeur
d’usage) et que la fiscalité n’est alors pas neutre. Enfin, la valeur patrimoniale n’a de sens que si elle intègre les actifs incorporels de l’entreprise, qui sont particulièrement
difficiles à estimer.
Mezzanine
Dans les montages de LBO, le financement mezzanine fait partie du schéma à étages de financement entre la dette et les capitaux propres. La dette mezzanine est une dette
subordonnée non cotée et souscrite par des fonds spécialisés. Les titres hybrides (OBSA, obligations convertibles, ORA, bons de souscription d’actions) sont généralement
utilisés comme supports. Le remboursement de cette dette intervient après celui de la dette senior.
Mid cap
On dit d’une entreprise qu’elle est mid cap lorsque sa capitalisation boursière est comprise entre 250 M€ et 1 000 M€.
Mimétisme
Dans le cadre du marché, il se peut que les investisseurs agissent par mimétisme, qu’il soit rationnel ou non. L’auteur A. Orléan distingue trois types de mimétisme. Le
mimétisme normatif, dont le rôle financier est limité, qui s’apparente au conformisme. Le mimétisme informationnel qui consiste à imiter les autres parce qu’on les suppose
mieux informés. Le mimétisme autoréférentiel qui tente de prévoir le comportement majoritaire pour l’imiter.
Minibon
Le minibon est une catégorie de bons de caisse qui a été créée par la loi Macron et qui permet aux plates-formes de financement participatif réglementées de proposer aux
investisseurs des titres de dette, les minibons, servant de support à un financement participatif par endettement (crowdlending). Les minibons ne peuvent être émis que par des
sociétés par actions ou à responsabilité limitée. Un même émetteur ne peut émettre sur une période de 12 mois plus de 2,5 millions d’euros de minibons qui sont nécessairement
émis à taux fixe.
Minorité de blocage
La détention d’une minorité de blocage (un tiers des voix plus une en France dans les sociétés anonymes) donne à l’actionnaire minoritaire la possibilité de bloquer toute
décision prise en assemblée générale extraordinaire, portant sur la modification des statuts et de l’objet social, sur les variations du capital social, etc. La minorité de blocage ne
permet pas d’influer sur les décisions d’une assemblée générale ordinaire (distribution de dividendes, etc.) il s’agit donc d’un contrôle par la négative, et non pas d’un contrôle
actif.
Mise aux enchères
Plusieurs processus peuvent être mis en œuvre pour céder une entreprise. La mise aux enchères est l’un de ces processus. Le principe des enchères est de proposer l’entreprise à
vendre à plusieurs parties susceptibles d’être intéressées, de mettre celles-ci en concurrence et de faire affaire avec le mieux-disant dans un calendrier serré et selon un
processus prédéterminé.
Modèle APT
Voir APT (Arbitrage Pricing Theory).
Modèle binomial
Voir Binomial.
Modèle de Black-Scholes
Voir Black & Scholes.
Modified duration
Voir Sensibilité.
Montage financier
Dans le cadre de la cession d’une entreprise, très souvent, il faut mettre en place un montage financier destiné à surmonter des barrières psychologiques, fiscales, juridiques ou
financières. Citons le rachat par un holding de reprise, le paiement d’une partie de la transaction par échange de titres, l’indexation d’une partie du prix sur le prix de cession
effectif d’un actif non stratégique, l’earn-out.
Montant notionnel
Voir Notionnel.
Moral hazard
Les Anglo-Saxons parlent de Moral hazard lorsque les dirigeants ont intérêt à continuer de faire croître leur groupe par endettement, le rendant ainsi trop gros pour faire
faillite (à l’image des groupes coréens de la fin des années 1990). L’endettement ne constitue plus, dans cette situation, une incitation pour les dirigeants.
MOU
Voir Memorandum of Understanding.
MTN
Voir Medium Term Notes.
Multiple
Pour apprécier le cours d’une action, les investisseurs font des comparaisons avec des investissements qu’ils jugent comparables. Ils peuvent ainsi arbitrer entre les différents
titres en fonction de leur appréciation des qualités des sociétés et de leur niveau de valorisation. Ainsi, ils calculent des multiples en rapportant la valeur à un solde financier. Il
existe fondamentalement 2 types de multiples : 1/ les multiples permettant d’apprécier la valeur des capitaux propres (la capitalisation boursière). Il s’agira principalement du
multiple de résultat net appelé PER ; 2/ les multiples de soldes indépendants de la structure financière de la société, qui permettent alors de mesurer le niveau de valorisation de
l’actif économique dans son ensemble. Les principaux sont les multiples du résultat d’exploitation ou de l’EBE.
Multiple boursier
L’application de la méthode des multiples peut être réalisée soit par référence aux multiples observables sur des sociétés cotées comparables (on parle de multiples boursiers),
soit par référence aux multiples implicites de transactions passées portant sur un changement de contrôle.
MVA
Voir Market value added.
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NDA
Voir Non Disclosure Agreement.
Negative pledge
Dans le cadre des conventions de crédit, les banques ont imposé le respect de certaines conditions. Parmi celles-ci, on compte l’engagement de ne pas faire. Il peut en particulier
limiter la constitution de garantie de certains actifs au profit de tiers, ce qui s’appelle negative pledge en franglais.
Négociation privée
La cession d’une entreprise peut se faire dans le cadre d’une négociation privée. Le vendeur ou son mandataire contacte alors un nombre réduit d’acquéreurs potentiels pour
tester leur intérêt. Après signature d’une lettre de confidentialité, les acquéreurs potentiels peuvent recevoir un memorandum d’information qui décrit les caractéristiques
industrielles, financières et sociales de l’entreprise. La discussion s’engage alors, l’important étant qu’aucun acheteur potentiel n’ait l’impression d’être seul… même s’il l’est
en réalité. L’avantage la négociation privée est de permettre une grande confidentialité ; il peut même ne pas y avoir de traces écrites. Les principaux éléments de la discussion
sont le pourcentage de contrôle cédé (et le statut des actionnaires minoritaires s’il en reste), le prix de cession, les modalités de paiement, les clauses suspensives éventuelles, la
convention de garantie d’actif et de passif.
NEU CP
Voir Negociable European Commercial Paper.
NEU MTN
Voir Negociable European Medium Term Notes.
NewCo
ou HoldCo, société ad hoc créée ou activée pour les besoins d’une opération de fusion-acquisition, de LBO, ou plus généralement de restructuration.
New money
Voir Privilège de l’argent frais.
NIP
Voir New Issue Premium.
Non récurrent
La notion de produits et de charges non récurrents désigne l’ensemble des éléments qui ne rentrent pas dans le cycle normal d’exploitation, d’investissement ou de financement
de l’entreprise. Il peut être difficile de distinguer ces éléments car ils sont par définition « inclassables » : pour les normes françaises, certains éléments exceptionnels peuvent
être récurrents (frais de restructuration, cession d’actifs, etc.). Quant aux normes IFRS, elles restent muettes sur le sujet.
Non-valeur
Certaines immobilisations incorporelles sont considérées dans une optique de valorisation comme des non-valeurs. Elles sont alors déduites du montant des capitaux propres.
Ce traitement s’applique notamment aux frais d’établissement.
Norm-based screening
La stratégie norm-based screening fixe des standards ESG minimaux pour que l’action d’une entreprise puisse être incluse dans un portefeuille.
Normes comptables
Ensemble de règles édictées par le régulateur comptable : Centre National de la Comptabilité en France, International Accounting Standard Board au niveau international
(publie les normes IFRS), Federal Accounting Standard Board aux États Unis.
Notation financière
La notation financière ou rating permet de mesurer la qualité de la signature de l’emprunteur par des techniques d’analyse financière et de scoring. Les agences distinguent
deux types de notes : la notation traditionnelle qui s’applique aux emprunts à court terme (moins d’un an) ou à long terme émis sur le marché et la notation de référence (en
l’absence d’émission) à court terme et à long terme qui mesure le risque de contrepartie que représente l’emprunteur pour un investisseur (note attribuée à une dette de
premier rang). La notation financière offre à l’investisseur une information fiable sur le risque de la créance.
Notch
Les agences de notation financière assortissent les notes qu’elles attribuent (A, AAA, BB, etc.) d’une subdivision qui peut être + ou - ou rien. Pour la note A, on a ainsi 3 notes
différentes, A+, A et A-. Un notch est l’écart entre deux notes consécutives.
Note d’analyse financière
Les analystes financiers publient régulièrement des notes d’analyse sur les actions qu’ils suivent afin de donner un conseil d’achat, de conservation ou de vente à leurs clients
investisseurs. Lors d’un placement de titres, des notes d’analyses financières sont publiées par les banques en charge de l’opération afin de sensibiliser les investisseurs à
l’intérêt potentiel des titres proposés. Cette période d’environ deux semaines précédant la période de lock-up, est qualifiée de prémarketing.
Note d’information
Dans le cadre d’un lancement d’offre publique, l’AMF demande qu’on lui remette un projet de « note d’information » détaillée, dans lequel l’initiateur de l’offre décrit ses
activités, sa situation financière, sa stratégie, le nombre de titres de la société visée qu’il détient déjà et indique l’identité de ses principaux actionnaires. En outre, il doit
expliquer pourquoi il souhaite acquérir la société visée et justifier le prix (ou la parité) proposé. Cette note est transmise à la cible qui doit donner des informations sur elle-
même et se prononcer sur l’offre lancée.
Note d’opération
Dans le cadre d’une émission de titres, l’émetteur publie une note d’opération décrivant l’émetteur et les conditions de l’émission. On parlera également de prospectus.
Notionnel
On appelle montant notionnel le montant théorique auquel s’applique le différentiel entre taux garanti et taux variable dans les contrats de gestion de risque de taux (FRA,
swap…). Le montant notionnel ne s’échange jamais entre acheteur et vendeur des contrats.
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OATi
L’OATi est une obligation émise par l’État français et indexée sur l’inflation. Ainsi, chaque année le coupon et le prix de remboursement sont réévalués pour tenir compte de la
hausse de l’indice des prix depuis le lancement de l’emprunt. L’investisseur est ainsi complètement protégé contre l’inflation.
Obligation
Une obligation est un titre de dette à long terme. L’obligation peut être émise par un État, une collectivité locale ou une entreprise.
Obligation collatéralisée
Une obligation collatéralisée ou covered bond est une obligation dont le remboursement et le paiement des intérêts est assuré par les flux de revenus d’un actif qui sert de
garantie, souvent un portefeuille de prêts hypothécaires. Ce produit reste toutefois largement réservé aux établissements financiers.
Obligation convertible
L’obligation convertible est une obligation qui donne à son détenteur, pendant la période de conversion, la possibilité de l’échanger contre une ou plusieurs actions de la société
émettrice. L’obligation convertible s’assimile à une obligation classique avec une option d’achat sur des actions nouvelles de l’émetteur.
Obligation de transition
Obligation venant spécifiquement financer la transition énergétique.
Obligation durable
Les obligations durables (ou Sustainability-Linked Bonds, SLB, ou Obligation à impact) connaissent depuis l’automne 2020 un très fort développement porté par les entreprises
qui n’ont pas nécessairement, du fait de leur secteur d’activité, des investissements à réaliser dans la transition énergétique ou des objectifs sociaux quantifiables requérant des
investissements lourds. Contrairement aux obligations vertes ou sociales, qui obtiennent ce qualificatif du fait de l’usage des fonds prêtés, les obligations durables peuvent
servir pour tout objet. Leur caractère durable vient du taux d’intérêt qu’elles versent aux prêteurs qui peut être rehaussé si elles n’atteignent pas des objectifs quantifiés de
type ESG, et normalement ambitieux, qu’elles se sont fixés : réduction des émissions de gaz à effet de serre, accroissement du recyclage, passage à une électricité à 100 %
d’origine renouvelable, accroître la part des femmes dans les équipes de management, former des personnes défavorisées à la gestion de l’énergie, etc.
Obligation échangeable
Une obligation échangeable est une obligation émise par une société et remboursable en actions d’une autre entreprise qu’elle détient en portefeuille. À l’échéance de
l’emprunt, soit le cours de l’action sous-jacente a suffisamment monté pour que les investisseurs demandent le remboursement de l’obligation échangeable en actions sous-
jacentes. La dette disparaît alors du bilan de la société ainsi que les actions sous-jacentes. Soit le cours n’a pas suffisamment monté, l’emprunt est alors remboursé en liquidités,
et la société garde les actions sous-jacentes. L’obligation échangeable s’assimile à un prêt sur gages avec une option d’achat consentie à l’investisseur sur les titres détenus en
portefeuille
Obligation hybride
Voir Hybrides.
Obligation responsable
Catégorie d’obligations qui recoupe les obligations vertes finançant des projets environnementaux et les social bonds devant venir financer des projets à connotation sociétale.
Obligation verte
Obligation émise par une entreprise ou une entité publique qui sert à financer des projets environnementaux de développement des énergies renouvelables ou d’amélioration de
l’efficacité énergétique. Un expert peut être désigné pour vérifier l’utilisation conforme des fonds. Les principaux acheteurs de ce type d’obligations sont les fonds ISR.
OBO
Voir Owner Buy Out.
OBSAR
Voir Obligation à bons de souscription en actions remboursables (OBSAR).
OBSO
Voir Obligation à bons de souscription d’obligations (OBSO).
OCABSA
Obligations convertibles en actions avec bons de souscription d’actions. Il s’agit de deux titres financiers (obligation convertible et bon de souscription d’actions) émis
conjointement et ensuite négociés séparément permettant à l’entreprise de trouver des fonds immédiatement et à terme à l’exercice des bons de souscription. Du fait de la
présence des BSA, le taux d’intérêt sur l’obligation convertible est faible, voire nul (ce qui aide la trésorerie de l’entreprise). La maturité des obligations convertibles est en
général très courte (moins de 3 ans) et le prix d’exercice des BSA est peu supérieur à la valeur de l’action au moment de l’émission, ce qui favorise l’exercice des bons. C’est un
produit financier qui permet de lever quelques millions d’euros et s’adresse principalement à des entreprises de petite taille. Voir Obligation convertible en actions à bons de
souscription en actions.
OCEANE
Voir Obligation convertible en actions nouvelles ou existantes.
OCI
Voir Other comprehensive income.
Offre alternative
On parlera d’offre alternative lorsque, dans le cadre d’une offre publique, le choix est laissé à l’actionnaire entre plusieurs formes de règlement. L’offre mix & match en est un
cas particulier.
Offre amicale
Offre Publique d’Échange (OPE) ou Offre Publique d’Achat (OPA) qui est recommandée par le conseil d’administration de la société visée par l’OPE ou l’OPA.
Offre binding
Dans le cadre d’une mise aux enchères d’une entreprise, après sélection d’une demi-douzaine d’offres au plus (short-list), après déroulement des management presentations et
après la remise d’un projet de contrat de cession aux acquéreurs potentiels, il y a souvent constitution d’une dataroom où sont regroupées toutes les informations d’ordre
économique, financier ou juridique concernant l’entreprise à vendre. Après consultation de ces informations exhaustives et rencontre avec le management, les acquéreurs
potentiels doivent transmettre au vendeur une offre définitive qui prend souvent la forme d’un contrat. Il s’agit d’une offre ferme ou offre binding.
Offre de participation
Voir Offre publique partielle.
Offre hostile
Voir OPA inamicale.
Offre indicative
Dans le cadre d’une mise aux enchères d’une entreprise, après envoi d’un teaser présentant la société, les acheteurs potentiels qui manifestent un intérêt reçoivent des
informations complémentaires (en général synthétisées dans un memorandum d’information), en contrepartie d’un engagement de confidentialité. Après étude de cette
information, ils déposent une offre d’achat sous forme d’une lettre d’intention, ou offre indicative, mentionnant un prix, des conditions suspensives et éventuellement le plan de
développement. Sur la base de cette offre, le vendeur donne ou non accès au second tour du processus de vente.
Offre mixte
Offre publique en cash et en titres, c’est donc un mélange d’OPA et d’OPE.
Offre non binding
Dans le cadre d’une mise aux enchères d’une entreprise, après envoi d’un teaser présentant la société, les acheteurs potentiels qui manifestent un intérêt reçoivent des
informations complémentaires (en général synthétisées dans un memorandum d’information), en contrepartie d’un engagement de confidentialité. Après étude de cette
information, ils déposent une offre d’achat sous forme d’une lettre d’intention, ou offre non binding, mentionnant un prix, des conditions suspensives et éventuellement le plan
de développement. Sur la base de cette offre, le vendeur donne ou non accès au second tour du processus de vente.
One on one
Voir One to one
One-stop shopping
Une stratégie de certaines banques consiste à se diversifier pour pouvoir offrir à leurs clients corporate l’ensemble des produits bancaires (crédit, flux, change, dérivés,
opérations de marché, conseil…). Elle propose alors du « one-stop shopping ».
One to one
On appelle one to one ou one on one, les entretiens en tête-à-tête réalisés par les dirigeants d’entreprise avec leurs principaux investisseurs préalablement à une décision
financière importante (augmentation de capital, OPA-OPE…).
OPA
Voir Offre publique d’achat.
OPCI
Organisme de Placement Collectif Immobilier, c’est-à-dire un véhicule d’investissement dans l’immobilier fiscalement transparent et qui reverse au moins 85 % de ses plus-
values et profits à ses détenteurs de parts.
Opco
Certains groupes ont souhaité opérer une séparation entre leurs activités opérationnelles regroupées dans une société dite Opco et leurs actifs immobiliers regroupés dans une
société détentrice de l’immobilier d’exploitation dite Propco. Opco loue son immobilier d’exploitation à Propco pour un loyer de marché.
OPCVM
Voir Organisme de placement collectif en valeurs mobilières.
OPE
Voir Offre publique d’échange.
Operating assets
Voir Actif économique.
Operating lease
Voir Location financière.
Operating profit
Voir Résultat d’exploitation.
Opération de fusion-acquisition
Les opérations de fusion-acquisition sont les opérations de rachat d’entreprise ou de fusion d’entreprises.
Opération intragroupe
Il s’agit d’opérations réalisées entre des sociétés d’un même groupe, comme la vente d’un produit ou d’un service d’une filiale de production à une filiale de distribution, d’une
prestation de services rendue par la maison-mère à une filiale, d’un prêt de la société-mère à une filiale, d’un dividende versé par une filiale à sa société mère, d’une
augmentation de capital d’une filiale souscrite par la maison-mère, d’une fusion de deux filiales, etc. En comptes consolidés, le résultat éventuellement dégagé par ces
opérations est normalement extourné car l’on considère qu’il ne correspond pas, au niveau du groupe, à un vrai résultat, puisque non réalisé avec un tiers. D’un point de vue
fiscal, certaines de ces opérations peuvent permettre de déplacer un profit d’une filiale imposée vers une autre imposée plus légèrement ; elles sont donc observées de près par
les administrations fiscales.
Opération primaire
Une opération primaire est une opération avec émission de titres nouvellement créés par l’entreprise qui trouve ainsi un financement par opposition à une opération
secondaire.
Opération secondaire
Une opération secondaire est une opération par cession d’actions déjà existantes et sans émission de titres nouvellement créés par l’entreprise qui ne trouve pas ainsi un
financement par opposition à une opération primaire.
OPF
Voir Offre à prix ferme.
Opinion de viabilité
Avis à destination du conseil d’administration ou de prêteurs d’une société qui envisagent d’accroître substantiellement sa dette, par exemple par le versement d’un dividende
extraordinaire. Elle est rédigée par un expert financier indépendant, souvent une banque d’affaires, qui va tester si la valeur de l’actif économique de l’entreprise est
supérieure au montant de sa dette, si l’entreprise peut honorer ses dettes aux échéances prévues contractuellement et si l’entreprise a suffisamment de capitaux propres compte
tenu de son activité avant de formuler son avis. En anglais, celui-ci s’appelle solvency opinion.
OPR
Voir Offre publique de retrait.
OPRA
Voir Offre publique de rachat d’actions.
Option
L’option est un contrat entre deux parties par lequel l’une accorde à l’autre le droit (mais non l’obligation) de lui acheter (option d’achat) ou de lui vendre (option de vente) un
actif, moyennant le versement d’une prime. L’achat (ou la vente) de cet actif se fera à un prix déterminé (prix d’exercice), durant une période (période d’exercice pour les
options dites « américaines ») ou à une date précise (date d’exercice pour les options dites « européennes »). Le fondement de l’option est la rémunération du risque.
Option américaine
Les options américaines peuvent être exercées à tout moment, pendant une période donnée.
Option asiatique
Ou option sur moyenne. Elle permet d’acheter ou de vendre des devises sur la base d’une moyenne des cours pendant la durée de vie de l’option. La prime est donc réduite
puisque le risque pris par le vendeur est moindre et la volatilité du sous-jacent par rapport à sa moyenne plus faible. Cette option est très utilisée sur le marché des matières
premières particulièrement volatile.
Option de change
L’option de change permet de s’assurer d’un cours de change dans une devise particulière, tout en conservant la possibilité de réaliser la transaction au cours comptant si ce
dernier est plus favorable. Pour évaluer l’opportunité d’acheter une telle option, il faut bien sûr comparer le prix d’exercice (le cours d’exercice) avec le cours à terme et non
avec le cours comptant.
Option de surallocation
Voir Greenshoe.
Option de taux à barrière
Les options à barrières sont des options qui peuvent être activées ou désactivées (c’est-à-dire créées ou annulées) par le passage du sous-jacent au dessus ou en dessous d’une
valeur limite (la barrière). Ceci permet de réduire le risque du vendeur et donc le prix pour l’acheteur puisqu’elle ne produit ses effets que dans un nombre plus limité de
situation. Il existe 8 types d’option à barrière selon qu’elle soit d’achat ou de vente, avec activation ou désactivation, par franchissement à la hausse ou à la baisse de la barrière.
Option de vente
Voir Option.
Option d’achat
Voir Option.
Option d’extension
Lors d’un placement de titres, l’option d’extension est une flexibilité que peuvent se donner les actionnaires décidant de céder plus de titres qu’initialement prévu si la demande
enregistrée lors du placement est forte. Cette option, annoncée dans le prospectus, est exerçable au moment de l’allocation des titres et peut accroître la taille du placement
jusqu’à 25 % en cas de cession de titres, et 15 % en cas d’augmentation de capital.
Option européenne
Les options européennes ne peuvent être exercées qu’à une date précise : leur échéance. La grande majorité des options sont des options américaines.
Option lookback
L’option lookback permet d’acheter des devises sur la base d’un prix d’exercice correspondant au plus bas des cours pendant la durée de vie de l’option (pour un call) et de
vendre sur la base d’un prix d’exercice correspondant au plus haut des cours pendant la durée de vie de l’option (pour un put). La prime est donc majorée par rapport à une
option classique puisque l’acheteur de l’option est sûr d’avoir le meilleur prix pour lui durant la durée de vie de l’option.
Option réelle
Par analogie avec l’option, titre financier, on parle d’option réelle pour caractériser la position d’un industriel qui bénéficie d’une certaine flexibilité dans la gestion d’un projet
d’investissement. Il est en effet possible de limiter ou d’accroître le montant de l’investissement compte tenu de l’évolution des perspectives de rentabilité, tout comme un
financier peut exercer ou non son option sur un sous-jacent. Cette flexibilité détient une valeur qui est tout simplement la valeur de l’option réelle.
ORANE
Voir Obligations à option de remboursement en actions ou numéraire.
ORAPA
Voir Obligation remboursable en action à parité ajustable.
ORNAE
Voir Obligation à option de remboursement en numéraire et / ou en actions existantes
ORNANE
Voir Obligation remboursable en numéraire et en actions nouvelles et existantes.
Orthodoxie
Les règles d’orthodoxie financière sont censées garantir la solvabilité de l’entreprise qui les respecte. Elles sont basées sur la supposition que certains seuils ou ratio ne doivent
pas être dépassés dans le cadre d’une activité saine. On trouve par exemple le ratio d’autonomie financière (dettes à long et moyen termes / capitaux propres) qui devrait être
inférieur à 1 ou le ratio dettes à long et moyen termes / capacité d’autofinancement forcément inférieur à 3. Si comme l’analyse financière fonctionnelle, ces règles ont pour but
l’évaluation de la nature et du risque des besoins de financement, elles se placent en dehors de l’analyse stratégique qui est la clé menant à la compréhension de la rentabilité
dans une économie de marchés.
Other comprehensive income (OCI)
En normes IFRS les other comprehensive income (OCI) correspondent aux éléments de l’état du résultat global qui ne se trouvent pas dans le compte de résultat, c’est-à-dire les
variations de valeur de postes du bilan qui impactent les capitaux propres sans passer par le compte de résultat.
Outil industriel
L’état actuel de l’outil industriel et commercial se mesure par le ratio : immobilisations corporelles nettes / immobilisations brutes. Un faible ratio (inférieur à 30 %) signifie
que l’outil industriel a probablement vieilli. À l’inverse, un ratio proche de 1 signifie que l’effort d’investissement vient d’être fait et que l’entreprise peut probablement,
pendant quelques années, réduire le volume de ses investissements.
Over hang
L’Over hang représente l’arrivée (ou la possible arrivée) d’un nombre important d’actions sur le marché (voir également equity lines) qui, en raison d’une liquidité insuffisante,
pèse sur le cours.
Overlay
Voir Banque transfrontalière.
Owner Buy Out (OBO)
L’OBO est un montage financier LBO (Leverage Buy Out) qui a la particularité suivante : l’actionnaire majoritaire rachète par endettement les actionnaires minoritaires et
reste donc actionnaire contrôlant de l’entreprise qui se trouve donc plus endettée.
A
B
C
D
E
F
G
H
I
J
L
M
N
O
P
Q
R
S
T
U
V
W
Z
PACEO
Voir Programme d’augmentation de capital par exercice d’options.
PACman
Dans le contexte d’une offre publique d’achat ou d’échange, le « PACman » désigne une stratégie qui consiste pour la cible de l’offre de faire à son tour une offre sur l’initiateur
agressif. Dans ce cas de figure, une guerre de communication s’engage entre les protagonistes, chacun tentant de démontrer en quoi il sera le plus à même de gérer le
rapprochement des deux sociétés. Ce fut notamment la stratégie adoptée par Elf lors de l’offre de Total-Fina.
Pacte Dutreil
Les pactes Dutreil (du nom du ministre qui les a institués) sont des pactes d’actionnaires conclus pour des raisons fiscales. Portant sur au moins 20 % du capital d’une société
cotée ou 34 % pour une société non cotée, les signataires prennent l’engagement collectif de ne pas céder ces titres pendant au moins deux ans, puis procèdent à une
transmission. Les bénéficiaires s’engagent alors individuellement à conserver les actions pendant quatre ans. Dans ce cas, les droits de mutation sur donation ou succession de
ces actions sont réduits de 75 %. Même en l’absence de transmission et si les mêmes conditions sont respectées, l’ISF dû est réduit de 75 %.
Pacte d’actionnaires
Document juridique qui organise les rapports entre différents groupes d’actionnaires d’une société par la mise en place de mécanismes dont les buts principaux sont de prévoir
la mise en œuvre d’une stratégie et réglementer les modifications de la répartition du capital à l’occasion de cessions d’actions.
Paiement en temps réel
Techniques de paiement qui permettent à deux parties de constater quasi instantanément la réalisation d’un paiement entre elles, le compte de l’une étant crédité et celui de
l’autre débité du même montant très peu de temps après que le paiement ait été initié.
Pair
Voir Valeur faciale.
Parachute doré
Un parachute doré ou golden parachute est une somme d’argent perçue par un dirigeant d’entreprise au moment de son limogeage. Cette clause du contrat de travail du
dirigeant peut lui permettre de se prémunir contre un changement de contrôle de la société. Toutefois, certains de ces parachutes ont pu apparaître comme des éléments de
rémunération abusifs, notamment dans le cas de dirigeants remerciés pour mauvais résultats, si bien que face à la menace du régulateur, le patronat français a édicté un code
de gouvernance pour limiter leur attribution.
Par fonction
Voir Présentation par fonction.
Pari passu
Dans le cadre des conventions de crédit, les banques ont imposé le respect de certaines conditions. Le pari passu est une clause qui oblige l’entreprise à faire bénéficier le
prêteur de toutes les garanties supplémentaires qu’elle sera amenée à donner lors de crédits futurs de même rang.
Part de marché
La part de marché d’une entreprise est le chiffre qui traduit la position que l’entreprise occupe sur son marché : elle correspond à la part d’activité du marché (en volume ou
en valeur) réalisée par l’entreprise, et n’a donc a priori rien à voir avec la taille de l’entreprise. La part de marché permet en général de refléter pour l’entreprise à la fois la
fidélité de sa clientèle, sa position de force vis-à-vis de ses clients et fournisseurs ainsi que son attractivité. Toutefois, cette mesure n’est pas pertinente sur tous les marchés
comme sur celui du bâtiment…
Participation
Une participation désigne un pourcentage du capital détenu par une première société dans une seconde société, ou cette seconde société par rapport à la première société. La
participation désigne aussi en France un mécanisme financier permettant d’attribuer aux salariés d’une entreprise une fraction de ses profits sous réserve d’un accord signé
entre la direction de l’entreprise et les instances représentatives du personnel. Les sommes ainsi versées se trouvent exonérées d’impôt sur le revenu et elles sont bloquées 5 ans
dans des supports d’investissement qui peuvent être variés : actions d’entreprise, comptes courants dans l’entreprise, obligations, portefeuilles diversifiés.
Participation croisée
Situation dans laquelle une entreprise A est actionnaire d’une entreprise B qui est elle-même actionnaire de l’entreprise A. Le plus souvent les participations croisées sont
minimes, quelques pourcents, et sont prises pour symboliser une alliance industrielle entre deux groupes. En France, si la participation de A dans B est supérieure à 10 %, B ne
peut pas détenir d’actions A.
Participation des salariés
Mécanisme légal permettant aux entreprises de reverser une fraction de leurs résultats à leurs salariés. Ces sommes sont exonérées d’impôt sur le revenu pour autant qu’elles
soient investies dans un PEE sur une durée de cinq ans. Mais elles demeurent soumises aux prélèvements sociaux. C’est une façon d’intéresser les salariés de l’entreprise à ses
résultats et de résoudre pour partie les conflits entre actionnaires et salariés. Voir Théorie de l’agence.
Participation fee
Commission payée à une banque participant à un crédit syndiqué.
Participation financière
Voir Participation non consolidée.
Parties prenantes
Personnes ou entités qui interagissent avec l’entreprise et ont intérêt à ce qu’elle se porte bien : actionnaires, prêteurs, salariés, fournisseurs, clients, État, voire la société civile.
Parts sociales
Une part sociale est un titre financier représentant une partie du capital d’une société qui n ’a pas le statut de société par actions (par exemple, une banque mutualiste ou une
société à responsabilité limitée [SARL].
Passager clandestin
On appelle passager clandestin un investisseur dont l’intérêt est que les autres investisseurs de sa catégorie fassent collectivement une opération à laquelle il ne participe pas à
titre individuel mais dont il profite pleinement. C’est par exemple un banquier qui ne participe pas à un plan de restructuration financière d’une entreprise où tous les autres
banquiers abandonnent une partie de leurs créances afin de sauver l’entreprise.
Pay-back
Voir Délai de récupération.
Payment factory
Entité d’un groupe qui prend en charge les paiements pour le compte de toutes les filiales.
PBR
Voir Price to book ratio.
PCG
Voir Parent Company Guarantee.
PEA
Voir Plan d’épargne en actions.
Pension livrée
Appelée aussi réméré sur obligation, la pension livrée est un contrat par lequel un investisseur institutionnel ou une entreprise peut échanger, pour une durée déterminée, ses
liquidités contre des titres financiers (réméré acheteur).
PER
Voir Price earning ratio.
Performance bonds
Voir Garantie de bonne exécution.
Périmètre de consolidation
On appelle périmètre de consolidation l’ensemble des sociétés retenues pour établir les comptes consolidés du groupe qu’elles forment. En général, le périmètre de consolidation
comprend la société mère et les sociétés dans lesquelles elle détient directement ou indirectement au moins 20 % des droits de vote.
Période de conversion
La période de conversion d’une obligation convertible donne la possibilité au détenteur de celle-ci de l’échanger contre une ou plusieurs actions de la société émettrice. Elle peut
débuter dès l’émission de l’obligation ou à une date ultérieure pour s’achever au remboursement.
Période suspecte
Lors du jugement d’ouverture de procédure collective, la date réelle de la cessation de paiements est déterminée et permet ainsi d’établir, rétroactivement, la période suspecte,
qui va de cette date à celle du jugement d’ouverture de la procédure. La période suspecte ne peut excéder 18 mois. Les contrats signés durant cette période sont susceptibles
d’être annulés car tout paiement de dettes non échues ou mode anormal de paiement sont interdits, ainsi que tout paiement suspect.
Permanence des méthodes (principe de)
Ce principe veut que les mêmes règles et procédures comptables soient appliquées chaque année afin que les informations comptables soient comparables. Toute exception au
principe de permanence des méthodes doit être justifiée par la recherche d’une meilleure information, les modifications devant alors être décrites et justifiées dans l’annexe.
Pour le financier, ce principe est extrêmement important, car on ne peut comparer que ce qui est comparable, et car il faut éviter de faire apparaître deux fois le même bénéfice.
Les comptes pro forma, lorsqu’ils sont publiés, permettent de parer à ce problème.
Perte de dilution
Lorsqu’une maison mère ne suit pas ou suit partiellement une augmentation de capital de sa filiale réalisée à un prix qui valorise celle-ci à un montant inférieur à ses capitaux
propres comptables, elle enregistre une perte dite de dilution. Elle est non récurrente et ne se traduit par aucun flux de trésorerie.
Perte de valeur
Une perte de valeur peut être constatée lors d’un impairment test.
PGE
Voir Prêt garanti par l’État.
PIK
Un PIK ou un emprunt PIK (Payment In Kind) est un emprunt caractérisé par le fait que le paiement des intérêts ne se fait pas systématiquement en cash. Les intérêts peuvent
être payés selon les cas par un autre titre de dette, par des titres de la société emprunteuse ou par l’émission d’options d’achat d’actions. Les emprunts PIK sont employés dans
le financement des opérations de LBO. Ce sont des produits très risqués car ils ne dégagent aucun cash flow avant terme, ils sont subordonnés à la dette classique et à la dette
mezzanine, et ils ne sont généralement pas gagés sur des actifs. Pour ces raisons, ils sont mieux rémunérés. Dans ce contexte, ils permettent de lever plus de fonds et de réduire
les besoins de trésorerie au cours du LBO tout en intéressant, par l’utilisation d’un instrument hybride, les prêteurs au succès de l’opération.
Pilot fishing
Rencontres ad hoc entre une société souhaitant s’introduire en Bourse dans quelque temps et des investisseurs afin de les familiariser avec l’entreprise quelques mois ou
trimestres avant les road-shows du placement proprement dit.
PIPE
Voir Private Investment in Public Equity.
Place de cotation
La place de cotation d’un titre financier est la bourse sur laquelle le titre peut être acheté où vendu.
Placement
Voir Placement des titres ou Placements financiers.
Placement auprès des particuliers
Les techniques de placement diffèrent selon que les titres sont placés auprès des particuliers ou des investisseurs institutionnels.
Placement garanti
Mode d’introduction en Bourse également appelé placement global, où une (ou plusieurs) banque organise le marketing et la vente des titres auprès des investisseurs
institutionnels grâce à la technique du book building. Le prix fixé à l’issue de la constitution du livre d’ordres sert de référence pour la fixation du prix de l’offre à prix ouvert.
Les autres tranches (employés et particuliers principalement) utilisent d’autres méthodes de placement.
Placement global
Voir Placement garanti.
Placement pour compte
Dans un placement pour compte, le vendeur de titre charge une banque ou un établissement financier de placer les titres pour son compte. La banque fera alors ses meilleurs
efforts pour mener à bien l’opération en optimisant les conditions d’exécution.
Placement privé
C’est une technique de levée de fonds pour les entreprises non cotées qui ne souhaitent pas s’introduire en Bourse à l’occasion d’une augmentation de capital. Elles font appel à
de nouveaux investisseurs (fonds spécialisés, compagnies d’assurance, banques…) dans un cadre qui échappe au périmètre de l’appel public à l’épargne. L’émission peut être
assortie ou non de droits préférentiels de souscription. Pour simplifier une opération de placement de titres, l’entreprise peut décider de ne s’adresser qu’à un nombre limité
d’investisseurs. Elle échappe ainsi aux règles contraignantes de l’appel public à l’épargne (contrôle des autorités de marché, obligations de diffusion d’information…). Elle
réalise alors un placement privé auprès d’investisseurs institutionnels ciblés. Les placements privés peuvent être pratiqués pour tous types de produits.
Plancher actuariel
Appelé aussi valeur nue de l’obligation convertible, le plancher actuariel d’une obligation convertible désigne la valeur de cette obligation classique. Il se calcule en actualisant
les flux futurs liés à l’obligation au taux du marché.
Plan de continuation
Lors d’une procédure collective, le plan de continuation peut porter sur la totalité de l’entreprise ou sur une partie des activités. Dans un plan de continuation, les actionnaires
et les créanciers restent en principe les mêmes. Les créanciers sont généralement contraints à une renégociation (moratoire, rééchelonnement, réduction) des dettes. De leur
côté, les actionnaires peuvent se voir interdire par le juge la cession de leurs actions, ou inversement imposer la cession forcée à un tiers repreneur. Si le plan de continuation
n’est pas respecté, c’est-à-dire si les dettes ne sont pas remboursées selon leur nouveau plan d’amortissement, l’entreprise est liquidée.
Plan de financement
Un plan de financement consiste à mettre en place, pour un investissement donné, une structure de financement (capitaux propres et dettes) et à établir un échéancier de
remboursement en fonction des flux de trésorerie dégagés par ce même investissement.
Plan de restructuration
Ensemble de dispositions prises par une entreprise pour redresser sa situation opérationnelle et/ou financière afin de lui permettre de surmonter des difficultés conjoncturelles
ou structurelles.
Plan d’affaires
Voir Business Plan.
Poids relatif
Le poids relatif correspond au rapport entre la valeur des capitaux propres de deux sociétés qui fusionnent.
Point de base
Un centième de pour-cent, c’est-à-dire 0,01 %.
Point de déport
Les points de déport sont une mesure en Points du déport. Voir Points et voir Déport.
Point de report
Les points de report sont une mesure en Points du report. Voir Points et voir Report.
Point mort
Le point mort est le niveau d’activité, i.e. de chiffre d’affaires, pour lequel l’ensemble des produits couvre l’ensemble des charges. À ce niveau d’activité, le résultat est donc nul.
Poison pill
Voir Actifs stratégiques.
Politique de distribution
Voir Politique de dividendes.
Politique d’investissement
La politique d’investissement est guidée par la stratégie et les opportunités d’investissement rentables (c’est-à-dire dont la rentabilité est supérieure au coût du capital).
Politique financière
Domaine de la finance d’entreprise qui s’intéresse à la façon dont l’entreprise finance dans la durée son actif économique entre dettes et capitaux propres, entre dettes
bancaires et dettes obligataires, entre taux d’intérêt à taux fixes ou variables, en € ou en devises, et comment elle rémunère ses actionnaires entre dividendes et rachat d’actions.
Poney
Start-up dont la valorisation atteint au moins dix millions de dollars.
Pooling notionnel
La centralisation de trésorerie dans un groupe peut être faite soit effectivement par virements quotidiens pour annuler les soldes de chaque compte des filiales (on parlera alors
de zero balance account ou ZBA), soit virtuellement c’est-à-dire sans mouvement effectif de fonds mais par fusion des échelles d’intérêts au sein de la banque.
Pooling of interests
Voir Mise en commun d’intérêt.
Portage
Le portage est une opération permettant de substituer à l’actionnaire effectif un actionnaire apparent sur la base d’un engagement précis. L’actionnaire effectif souhaite dans
un souci d’anonymat ne pas apparaître en tant que tel. L actionnaire apparent s’est engagé à revendre les actions à l actionnaire effectif et celui-ci s’est engagé à les racheter à
un prix défini par avance. Conceptuellement, celui qui porte les actions (l’actionnaire apparent) fait en quelque sorte crédit, avec un risque propre au dénouement du portage.
Si l’entreprise connaît entre-temps des difficultés, il sera malaisé de procéder au rachat des actions à un prix qui ne correspond plus à la réalité. D’où une certaine lourdeur
pour faire exécuter une convention de portage.
Portefeuille
Ensemble de titres financiers détenus par un particulier ou une entreprise.
Portefeuille de marché
On appelle portefeuille de marché le portefeuille regroupant tous les titres disponibles à leur prix d’équilibre. C’est par exemple la capitalisation boursière d’un marché.
Portefeuilles efficients
On appelle portefeuilles efficients les portefeuilles qui présentent le couple risque / rentabilité le plus efficace pour un investisseur. Pour un même risque donné, les portefeuilles
efficients ont les plus fortes rentabilités ou pour une rentabilité donnée, ils présentent le risque le plus faible.
Position
La position d’un opérateur est l’exposition résiduelle que présente son bilan au risque de fluctuation des cours à un moment donné.
Position commerciale
La position commerciale de change est la position de change que génère l’activité industrielle et commerciale de la société. Ainsi si une société française vend aux États-Unis,
elle va se créer une position commerciale de change.
Position financière
Voir Position de change financière.
Position patrimoniale
La position patrimoniale de change est générée par la détention d’actifs et de filiales à l’étranger.
Postcomptés
Un emprunt à intérêts postcomptés donne droit au versement des intérêts à la fin de la période sur laquelle ils sont calculés.
Post-money
Littéralement après levée des fonds. Se dit d’une valorisation des capitaux propres qui intègre l’augmentation de capital à venir.
Pourcentage de contrôle
Le pourcentage de contrôle mesure le lien de dépendance direct ou indirect entre la maison mère et ses filiales. Il correspond au pourcentage des droits de vote détenus par la
maison mère dans la filiale.
Pourcentage d’intérêt
Le pourcentage d’intérêt sert au calcul des droits financiers de la maison mère dans ses filiales. Celui-ci exprime la part du capital détenue, directement ou indirectement, par
la maison mère dans sa filiale. C’est une notion financière, contrairement au pourcentage de contrôle qui est une notion de pouvoir. Alors que le pourcentage de contrôle
s’obtient en additionnant les participations de toutes les sociétés du groupe dans la filiale pourvu que ces sociétés soient directement ou indirectement contrôlées par la société
mère, le pourcentage d’intérêt est la somme des produits des pourcentages de capital détenus, directement ou indirectement, par la société mère dans sa filiale.
Précomptés
Un emprunt à intérêts précomptés donne droit au versement des intérêts en début de la période sur laquelle ils sont calculés.
Preferred shares
Voir Action de préférence.
Prélèvement
Le prélèvement est un moyen de paiement d’un débiteur qui demande à son créancier d’émettre des prélèvements et à sa banque de payer ces prélèvements.
Premium
Voir Prime d’une option.
Pre-money
Littéralement avant levée des fonds. Se dit d’une valorisation des capitaux propres qui n’intègre pas l’augmentation de capital à venir.
Pré-offre
Parfois, l’initiateur d’une offre publique (OPA ou OPE) est amené à annoncer ses caractéristiques quelques semaines avant de la déposer formellement auprès de l’AMF. On
parle alors de période de préoffre pendant laquelle l’initiateur ne peut pas acquérir de titres de la société visée.
Pré-pack
Voir Sauvegarde accélérée.
Président-directeur général
Le président du conseil d’administration est élu par le conseil d’administration. Il peut avoir un rôle opérationnel dans la société, il sera alors Président-directeur général,
alternativement, la fonction de Directeur Général peut être confiée à quelqu’un d’autre.
Prêt à terme
Si une entreprise souhaite lever un montant important pour financer un investissement clairement identifié à moyen terme, elle mettra en place un prêt à terme ou term loan.
Contrairement à une RCF, le prêt à terme offre une flexibilité réduite, il peut généralement être remboursé partiellement, mais les montants remboursés ne peuvent alors plus
être réempruntés.
Prêt à terme verts ou responsables
Leur aspect vert ou responsable vient du fait que leur coût (et donc la rémunération des banques) dépend de l’atteinte d’objectifs verts ou responsables par l’entreprise. La
pertinence de ces objectifs est initialement validée par une agence tierce et sujet d’un contrôle durant la vie du crédit. Ces produits sont un effort vert ou responsable tant pour
l’entreprise que pour la banque qui la finance ! À ce stade, la variabilité de la marge de crédit due au respect ou non des objectifs verts ou responsables est quand même très
faible, quelques points de base seulement.
Prêt inter-entreprise
Depuis avril 2016, les sociétés par actions et les SARL dont les comptes sont certifiés par un commissaire aux comptes peuvent consentir des prêts d’une durée de moins de
deux ans, portant intérêts, à des TPE, PME ou ETI avec lesquelles elles ont des liens commerciaux comme clients ou fournisseurs. Le prêt inter-entreprises est donc une
dérogation au monopole bancaire d’octroi de prêts.
Prêt participatif
Le prêt participatif était émis uniquement par les sociétés du secteur public, les sociétés coopératives et les compagnies d’assurance. Il avait été créé en 1983 par l’État Français
qui souhaitait renforcer les capitaux propres des entreprises récemment nationalisées sans céder de droit de vote. C’est en fait des titres subordonnés de dernier rang, les
détenteurs n’étant désintéressés qu’après remboursement de toutes les créances. Sa rémunération était composée d’une partie fixe et éventuellement d’une partie variable.
Après être passé de mode dans les années 1990, il retrouve une seconde jeunesse avec la crise de 2008 où il sert de support aux prêts de l’État, aux entreprises en difficulté
(constructeurs automobiles) et aux interventions d’Oseo.
Preuve d’impôt
Aussi appelée réconciliation de la charge d’impôt, il s’agit d’un tableau en annexe des comptes qui explique le passage entre le taux d’impôt théorique sur les sociétés et le taux
d’impôt effectivement payé par l’entreprise ou le groupe. Le passage peut être donné en unités monétaires et ou en taux. Les principales différences s’expliquent par des taux
d’impôt différents d’un pays à un autre, par des charges comptables qui ne sont pas fiscalement déductibles, par des produits qui ne sont pas imposés, et par des taux d’impôt
différents au sein d’un même pays.
Price Earnings Ratio (PER)
Le PER d’une action, ou Price Earning Ratio, est égal au rapport du cours de cette action sur le bénéfice par action. On l’appelle aussi multiple de capitalisation des bénéfices.
Il dépend essentiellement de trois facteurs : la croissance future des bénéfices de la société concernée, le risque associé à ces prévisions et le niveau des taux d’intérêt. S’il est un
critère financier fréquemment utilisé, le PER est toutefois inadapté à l’évaluation de certains types de sociétés. Il est surtout affecté par la structure financière de la société
étudiée, et doit donc être utilisé avec précautions. Sa force réside dans sa simplicité d’emploi, c’est aussi sa limite
Prime de contrôle
La prime de contrôle représente le prix supplémentaire par rapport à la valeur du marché d’une société qu’un investisseur paie pour détenir le contrôle du capital de cette
société.
Prime de conversion
La prime de conversion représente le surcoût d’une action obtenue par achat d’une obligation convertible immédiatement convertie en action.
Prime de fusion
Il s’agit d’une notion comptable et juridique relativement formelle qui correspond à l’écart entre le prix d’émission des actions dans le cadre d’une fusion et leur valeur
nominale, multiplié par le nombre d’actions qui sont émises à l’occasion d’une fusion. Ceci est relativement formel puisque cela dépend du montant nominal de l’action qui lui-
même est une notion juridique et comptable formelle et qui n’a peu d’intérêt en finance. Les primes de fusion font partie des capitaux propres.
Prime de liquidité
La prime de liquidité est le surplus de rentabilité exigé par les investisseurs pour les titres avec une liquidité plus faible. Dans le plan de marché, l’écart entre le taux sans risque
et la rentabilité exigée par les investisseurs pour le portefeuille de marché se décompose en prime de risque et prime de liquidité.
Prime de remboursement
On parle de prime de remboursement d’un emprunt lorsque le montant remboursé ne correspond pas au montant nominal. Il correspond alors à la différence des deux
montants.
Prime de risque
La prime de risque d’un marché financier mesure l’écart de rentabilité attendue entre le marché dans sa totalité et l’actif sans risque (l’obligation d’État). Dans la zone Euro,
elle oscille entre 3 et 6 %. Pour déterminer la prime de risque propre à chaque titre, il suffit ensuite de multiplier la prime de risque du marché par le coefficient bêta du titre
en question.
Prime de risque pays
Prime qu’un État doit payer pour s’endetter par rapport à ce que le gouvernement allemand ou le gouvernement américain (considérés comme présentant des niveaux de
risque très bas) doivent payer pour s’endetter sur la même durée dans la même devise.
Prime d’apport
Équivalent d’une prime de fusion dans le cadre d’un apport. Voir Prime de fusion.
Prime d’émission
Différence constatée lors d’une augmentation de capital entre le prix d’émission des actions nouvelles et leur montant nominal. Ainsi, si les actions sont émises à 110 euros et
que le nominal de l’action est de 2 euros, la prime d’émission est alors de 108 euros. C’est une notion assez conventionnelle qui a peu d’importance en finance, en particulier
par rapport à la valeur de l’action.
Prime greenfield
Prime qui est ajoutée au coût du capital d’une entreprise lorsqu’elle entreprend des projets totalement nouveaux dans son secteur d’activité comme de l’exploration de
nouveaux puits pour un groupe pétrolier.
Principes comptables
Les principes comptables sont internationaux et ont été repris dans le cadre conceptuel défini dans les normes IAS, ils précisent dans quel esprit les comptes doivent être
établis. Ce sont les principes de continuité de l’exploitation, de spécialisation des exercices, de nominalisme, de prudence, de permanence des méthodes, d’importance relative,
de non-compensation, de bonne information et d’intangibilité du bilan d’ouverture.
Prise ferme
Voir Bought deal.
Private equity
Voir Fonds de Private Equity.
Private workouts
Négociations privées entre une entreprise en difficulté et ses créanciers pour essayer de négocier une restructuration de sa dette. En droit français, l’entreprise demande
souvent la désignation d’un mandataire ad hoc ou se place en procédure de conciliation. Le mandat ad hoc n’est possible que si l’entreprise n’est pas en état de cessation de
paiements, ce qui nécessite dans la pratique que les banques aient accepté de ne pas prononcer l’exigibilité anticipée de leurs créances après le non-paiement d’une première
échéance (accord de standstill). À défaut, et à condition que la cessation de paiements date de moins de 45 jours, la procédure de conciliation sera choisie.
Prix de l’argent
Le prix de l’argent est l’élément déterminant la valeur des titres financiers. En effet, lorsque le prix de l’argent (taux d’intérêt) s’élève, cela signifie que la demande de capitaux
est supérieure à l’offre de capitaux. En d’autres termes, l’offre de titres est supérieure à la demande de titres : la valeur des titres baisse. Inversement, lorsque le prix de
l’argent baisse la valeur des titres s’élève.
Prix de transfert
Prix auquel des biens ou des services sont transférés entre des entreprises membres d’un même groupe, par exemple entre une maison mère qui fabrique ces biens ou ces
services et des filiales de distribution (à l’étranger ou pas). Du fait de l’existence de prix de transfert, les entreprises ont la faculté de localiser dans un pays à faible imposition
l’essentiel de la valeur créée. Les États, qui ont vu leurs bases taxables se réduire du fait de ces pratiques, ont traqué les abus les plus manifestes (les GAFA en Europe
continentale), et ils exigent maintenant de toute entreprise une documentation précise, détaillée et convaincante pour justifier ces schémas.
Prix d’émission
Prix auquel de nouveaux titres sont émis avec ou sans décote par rapport à leur valeur.
Prix d’exercice
Le prix d’exercice d’une option correspond au prix auquel peut être acheté ou vendu l’actif sous-jacent. On l’appelle également strike.
Procédure collective
En France, la procédure collective est déclenchée soit sur assignation d’un créancier, soit à la suite de la déclaration de cessation de paiements par les dirigeants (les dirigeants
déposent leur bilan au tribunal de commerce, d’où l’expression « dépôt de bilan »), soit d’office par le tribunal lui-même.
Procédure de redressement judiciaire
Cette procédure a pour but de sauvegarder l’entreprise, son activité, l’emploi et d’apurer le passif au moyen d’un plan arrêté par décision de justice à l’issue d’une période
d’observation. Elle implique donc le plus souvent que les créanciers consentent des délais de paiement, voire des réductions du nominal de leurs créances, pour espérer en
récupérer le solde.
Procédure de sauvegarde
La procédure de sauvegarde est une procédure française permettant à la société de se restructurer pour éviter la cessation de paiements. Cette procédure permet à l’entreprise
de suspendre le paiement de ses dettes durant la période de négociation avec les créanciers.
Production
La production représente la somme de la production vendue (chiffre d’affaires), de la production stockée et de la production immobilisée.
Production immobilisée
La production immobilisée représente les travaux faits par l’entreprise pour elle-même, évaluée au prix de revient.
Production stockée
La production stockée, évaluée au prix de revient, représente l’accroissement de stocks de produits finis, semi-ouvrés et en cours.
Productivité du personnel
La productivité du personnel s’apprécie au regard du ratio Chiffre d’affaires / nombre d’employés ou Frais de personnel / Chiffre d’affaires. Il dépend très largement de
l’industrie dans laquelle l’entreprise opère.
Produit de placement
Les produits de placement représentent les intérêts perçus sur les placements à court terme de l’entreprise.
Produit d’exploitation
Les produits d’exploitations correspondent principalement aux ventes enregistrées au cours de l’exercice considéré ; ils ne diffèrent des recettes d’exploitation que du fait des
délais de paiement accordés à la clientèle.
Produit financier
Les produits financiers correspondent aux produits issus du placement de la trésorerie dans l’entreprise (en particulier du disponible, des valeurs mobilières de placement…)
Produit hybride
Voir Hybrides.
Profit de dilution
Le profit de dilution intervient lorsqu’une maison mère ne suit pas ou suit partiellement une augmentation de capital de sa filiale réalisée à un prix qui valorise celle-ci à un
montant supérieur à ses capitaux propres comptables
Profit d’inflation
Profit dû au passage du temps dans une économie caractérisée par une inflation significative et des taux d’intérêt inférieurs au taux d’inflation.
Profit économique
il mesure l’enrichissement de l’entreprise sur un exercice et tient compte, non seulement du coût de la dette comme le fait le résultat net mais aussi du coût des capitaux
propres. Le profit économique mesure d’abord quel a été le taux de rentabilité économique gagné en surplus du coût moyen pondéré du capital. Cet écart est ensuite multiplié
par le montant comptable de l’actif économique de début de période pour donner la création de valeur de la période (voir également EVA). Profit économique = Actif
économique * (Re - k) où Re est le taux de rentabilité économique comptable après impôt, k est le coût moyen pondéré du capital
Profit interne
Un profit interne résulte d’une transaction entre deux entités d’un même groupe qui doit être éliminé en comptes consolidés. Ainsi une entité peut produire un produit qui est
vendu à une filiale de commercialisation avec un profit. Tant que cette filiale n’a pas vendu ce produit à l’extérieur du groupe, le profit ne doit pas apparaître au compte de
résultat du groupe.
Pro forma
Afin d’apprécier les performances de l’entreprise sur des bases homogènes en termes de périmètre, les comptes pro forma (ou les états pro forma) peuvent soit retraiter le passé
pour le rendre comparable avec le périmètre actuel, soit sortir du périmètre actuel les éléments qui n’existaient pas dans les exercices précédents afin de maintenir l’ancien
périmètre.
Programme d’augmentation de capital par exercice d’options
Lors d’un programme d’augmentation de capital par exercice d’options, appelé plus familièrement ligne d’actions ou equity line en franglais ou PACEO, une entreprise émet
des bons de souscription au profit d’une banque qui va les exercer à la demande de l’entreprise au fur et à mesure de ses besoins en capitaux propres afin de lisser
l’augmentation de capital dans le temps. Ce qui revient à dire que l’entreprise dispose d’une option de vente d’actions nouvelles à la banque. Les actions émises par exercice des
bons de souscription ont vocation à être recédées au plus vite par la banque aux investisseurs.
Programme EMTN
Voir Euro Medium Term Notes.
Program trading
Les Program trading sont des logiciels d’achat / cession automatique de titres de certains opérateurs boursiers. Ces program trading peuvent prévoir de solder une position
(c’est-à-dire de céder un investissement) lorsque la perte potentielle excède un certain seuil. Ces programmes sont désormais largement contrôlés pour éviter des krachs
boursiers, comme celui de 1987 qu’ils sont accusés d’avoir précipités.
Project finance
Voir Financement de projet.
Promesse de vente
L’option d’achat s’analyse comme une promesse de vente (un engagement de vendre), accordée par le vendeur de l’option d’achat à l’acheteur de cette option.
Promesse d’achat
L’option de vente s’analyse comme une promesse d’achat (un engagement d’acheter), accordée par le vendeur de l’option de vente à l’acheteur de cette option.
Propco
Certains groupes ont souhaité opérer une séparation entre leurs activités opérationnelles regroupées dans une société dite Opco et leurs actifs immobiliers regroupés dans une
société détentrice de l’immobilier d’exploitation dite Propco. Opco loue son immobilier d’exploitation à Propco pour un loyer de marché.
Prophétie autoréalisatrice
Situation d’un équilibre qui existe uniquement parce que chacun croit qu’il va émerger.
Prospectus
Lors d’un placement de titres, l’entreprise émettrice et la, ou les, banques en charge du placement doivent le plus souvent largement diffuser une documentation écrite officielle
qui prend la forme d’un prospectus (regroupant un document descriptif de l’entreprise : document de référence ou document de base et une note d’opération).
Protocole d’accord
Lors de la négociation d’une transaction, le protocole d’accord engage irrévocablement les parties, sauf s’il existe des conditions suspensives. Il concrétise la négociation des
modalités pratiques de la cession.
Protocole d’intention
Il s’agit d’un engagement qui intervient lorsque le cadre de la négociation d’une transaction a été défini. Il permet très souvent d’entamer un processus dont l’aboutissement
sera la transaction elle-même.
Provision
À l’exception des provisions réglementées, les provisions servent à anticiper une charge. Les dotations aux provisions obèrent le résultat de l’exercice au cours duquel elles sont
passées, afin d’éviter que les charges correspondantes n’influent sur les résultats des exercices au cours desquels elles seront effectivement comptabilisées, alors qu’elles ne s’y
rapportent pas économiquement. Au cours de ces exercices, la provision est (partiellement ou en totalité) reprise en produits, ce qui neutralise au niveau du résultat la
constatation de la charge. Financièrement, les provisions déductibles conduisent à un report dans le temps du paiement d’une partie de l’impôt sur les sociétés. On distingue
trois types de provisions : les provisions pour dépréciation d’actifs, les provisions pour risques et charges et les provisions réglementées. Ils reçoivent des traitements comptable,
financier et fiscal bien distincts.
PtoP
Voir Public to Private.
P to P
Voir Public to Private.
Public to private (PtoP)
Opération par laquelle une société cotée en Bourse décide de sortir de bourse, soit en procédant à une réduction de capital au profit des actionnaires minoritaires, soit en faisant
l’objet d’une offre la part des actionnaires majoritaires ou d’un nouvel actionnaire qui est souvent un fonds de private equity dans une logique de type LBO.
Purchase method
Voir Méthode d’acquisition.
Purchase Price Allocation (PPA)
Voir Allocation comptable du prix d’acquisition.
Put
Voir Option de vente.
Put-call parity
Le put-call parity indique que la valeur de l’option d’achat(call) plus la valeur actuelle du prix d’exercice est égale à la valeur de l’option de vente (put) portant sur le même
actif, avec la même échéance et le même prix d’exercice majorée de la valeur de l’actif sous-jacent.
Put up or shut up
En cas de détection d’un ramassage de ses actions cotées sur un marché boursier et si les rumeurs prennent de l’ampleur, la société ainsi ciblée pourra demander à l’AMF
d’intervenir. L’AMF peut, en effet, exiger une déclaration d’intention d’un assaillant putatif en cas de mouvements significatifs de cours (prix et volumes) ou « d’actes
préparatoires » au dépôt d’une offre (discussion, nomination de conseils). Si l’intention est de lancer une offre, l’AMF fixe à l’assaillant un délai pour communiquer les
caractéristiques de l’offre. Au terme de ce délai, l’offre est déposée ou annoncée. S’il reste des conditions à lever, un nouveau délai peut être accordé. Si l’intention est négative,
il y a interdiction pour le déclarant de déposer une offre pendant six mois, sauf changement important de circonstances.
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Q de Tobin
Le coefficient Q de Tobin se calcule comme valeur de marché des actifs / valeur de remplacement des actifs (souvent assimilée à la valeur nette comptable). Il est donc très
proche du PBR qui lui rapporte la valeur de marché des capitaux propres à leur montant comptable. Un Q supérieur à 1 indique une situation où l’entreprise a intérêt à
investir puisque le capital investi sera valorisé pour plus que son montant, créant ainsi de la valeur. À l’inverse un Q inférieur à 1 indique une situation où l’entreprise a plus
intérêt à s’abstenir d’investir car elle détruirait de la valeur. Pour une entreprise, la limite du ratio de Q est l’hypothèse implicite de stabilité de ce ratio, comme si un surcroît
d’investissements dans un secteur avec un Q supérieur à 1 n’allait pas induire, tôt ou tard, une baisse de ce ratio.
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Rachat d’actions
Une entreprise peut dans certaines circonstances racheter ses propres actions et les garder à son actif, ou les annuler et l’on parle alors de réduction de capital. Le rachat
d’action, comme le dividende ou la réduction de capital, permet de rendre des fonds aux actionnaires mais il n’est pas parfaitement substituable à ces deux derniers (cf.
flexibilité, signal…). Ainsi le rachat d’actions a un caractère ponctuel, au contraire du dividende qui est récurrent.
Rachat d’une entreprise par ses salariés (RES)
Forme française particulière d’un LBO (voir Leveraged Buy-Out), le RES qu’on appelle également Management Buy-Out (MBO) est mis en place par l’équipe dirigeante avec
tout ou partie des salariés, et ce dans un cadre fiscal précis.
Radiation
La radiation de la Bourse d’une entreprise, sans expropriation des actionnaires (par une OPR, Offre Publique de Retrait), est aussi possible à la demande d’un actionnaire à
plus de 90 % si les transactions sur les 12 derniers mois représentent moins de 0,5 % du capital.
Ramassage
Lorsqu’un investisseur souhaite acquérir une participation significative, voire le contrôle d’une société cotée, il peut utiliser, entre autres, le ramassage en bourse. Cette
technique consiste à acheter les titres au cours de Bourse à des vendeurs inconnus, et ceci par interventions successives sur le marché. Elle trouve sa limite dans les seuils
réglementaires et statutaires qui, une fois franchis, obligent l’investisseur à révéler son identité et (pour certains seuils) à déclarer ses intentions, voire (pour le seuil de 30 %) à
lancer une offre obligatoire.
Rapport de gestion
Le rapport de gestion est un des documents obligatoires en France de présentation de l’information comptable. Il présente les commentaires de l’équipe de direction sur les
comptes de l’année.
Ratchet
Une clause de ratchet est destinée à protéger les investisseurs au cas où, lors de tours de financement ultérieurs, les nouvelles actions seraient émises à un prix inférieur à celui
qu’ils ont payé. Elle prévoit que l’entreprise émettra de nouvelles actions supplémentaires au profit des investisseurs, à un prix symbolique, afin qu’ils détiennent autant
d’actions que s’ils avaient souscrit à l’augmentation de capital précédente au prix de l’augmentation de capital en cours. Il conduit souvent à diluer très fortement les
fondateurs, ce qui pose alors le problème de leur motivation.
Rating
Voir Notation financière.
Rating grid
Lorsqu’un crédit bancaire accordé à une entreprise est assorti d’une grille de notation (rating grid), la marge de taux d’intérêt facturée évolue au cours du crédit en fonction de
l’évolution de la situation économique et financière de l’entreprise mesurée par des ratios ou son rating. Si elle s’améliore, la marge du crédit baissera ; si elle se détériore, elle
montera.
Ratio de Sharpe
Le ratio de Sharpe mesure la rentabilité excédentaire par rapport au taux de l’argent sans risque d’un portefeuille d’actifs divisé par l’écart type de cette rentabilité. C’est donc
une mesure de la rentabilité marginale par unité de risque. Il permet de mesurer les performances de gérants pratiquant des politiques de risque différentes.
Ratio de trésorerie
Voir Ratio de liquidité générale, Ratio de liquidité réduite et Ratio de liquidité immédiate.
Ratios de liquidité
Les ratios de liquidité (ratio de liquidité générale, réduite ou immédiate) mesurent la liquidité de l’entreprise c’est-à-dire sa capacité à faire face à ses échéances.
RBE
Voir Résultat brut d’exploitation.
RCF
Revolving Credit Facility. Voir Crédit revolving.
RCF green
RCF (crédit revolving) dont la marge dépend (marginalement) d’une note, du respect d’objectifs ou de critères environnementaux. Si pour l’instant l’impact financier pour
l’entreprise est marginal, il pourrait en être autrement dans un contexte de liquidités plus rares conduisant les prêteurs à favoriser les comportements vertueux. À court terme,
l’impact est essentiellement psychologique au sein de l’entreprise, ce qui ne veut pas dire qu’il soit négligeable.
Récession
Baisse de l’activité d’un pays, généralement mesurée par une baisse du PIB.
Recettes d’exploitation
Ensemble des flux de trésorerie positifs, c’est-à-dire pour l’essentiel le paiement par les clients de leurs achats auprès de l’entreprise.
Redressement judiciaire
Voir Procédure de redressement judiciaire.
Réduction de capital
La réduction de capital consiste à réduire, directement ou indirectement, le montant des capitaux propres au-delà de la distribution normale de dividendes. Concrètement, elle
peut s’effectuer par réduction du nominal de toutes les actions ou par offre de rachat d’une certaine quantité d’actions. Les titres acquis sont alors annulés et le prix de rachat
est soustrait des capitaux propres.
Réévaluation
Lorsqu’une filiale est consolidée pour la première fois, on effectue une réévaluation des actifs qui rentrent pour cette valeur dans les comptes consolidés.
Régime à cotisations définies
Le régime de cotisations définies est l’un des deux types d’engagements de retraite proposés par l’employeur. L’employeur s’engage à verser des cotisations régulières à un
organisme gestionnaire, cotisations qui, augmentées du revenu de leur placement, seront versées sous forme de rentes aux salariés retraités. Le montant de cette rente résulte de
la gestion du régime toujours assurée par un organisme extérieur ; l’employeur n’apporte pas de garantie sur le niveau des rentes versées (engagement dit de moyens)
Régime de faveur
Dans la fiscalité française des fusions ou des apports, il existe, à côté du régime de droit commun, un régime de faveur qui permet de ne pas constater fiscalement la
réévaluation des actifs et passifs et donc de reporter le paiement de l’impôt sur les plus-values latentes de ces actifs au moment où ils ont été cédés. Ce régime peut notamment
être appliqué pour les fusions impliquant la transmission de l’ensemble des actifs et passifs de l’entreprise ou les apports d’une branche complète d’activité, ou encore pour des
opérations où la partie cash du règlement est limitée à 10 %.
Régime des sociétés mères (mère-fille)
Le régime mère-fille permet d’éviter une double imposition sur le bénéfice réalisé par une filiale, taxé à son niveau et distribué sous forme de dividende à sa maison mère puis
imposé une deuxième fois au niveau de celle-ci. Lorsqu’une maison mère détient depuis plus de 2 ans une participation supérieure à 5 % dans une autre société, les dividendes
versés par la filiale, et provenant de bénéfices normalement imposés à son niveau, remontent en quasi-franchise fiscale au niveau de la maison mère qui ne paye donc pas
d’impôt à ce titre. En effet, seuls 5 % des dividendes sont imposables au taux normal (au titre de la quote-part pour frais et charges). Régime fiscal français permettant à une
société (mère) détenant une participation d’au moins 5 % dans une autre entreprise (filiale) depuis au moins deux ans de n’être imposée sur les dividendes perçus qu’à hauteur
de 5 % de leurs montants (quote-part dite de frais et charges) et sur les plus-values qu’à hauteur de 12 % de leurs montants.
Règlement amiable
Le règlement amiable est maintenant appelé conciliation. Voir Conciliation.
Règlement intérieur
Voir Charte.
Régressions
L’application de la méthode des multiples peut être sophistiquée en réalisant une régression linéaire de certains ratios sur les comparables. Par exemple la régression Multiple
d’EBE - Croissance de l’EBE permettra de corriger la prise en compte de comparables avec des dynamiques de croissance différentes.
Régularisation (compte de)
Les postes « Comptes de régularisation » qui figurent à l’actif et au passif du bilan concernent les charges et produits comptabilisés pendant l’exercice et qui concernent un
exercice ultérieur. Ce sont généralement des charges ou produits constatés d’avance puisque dorénavant les charges à répartir sur plusieurs exercices qui figuraient avant en
comptes de régularisation font partie du coût des immobilisations ou des charges de l’exercice.
Régularité
La régularité des états comptables d’une entreprise est obligatoire tant dans les normes françaises qu’internationales ; elle est obtenue en suivant les principes comptables en
vigueur pour la société.
REIT
Real Estate Investment Trust, fonds d’investissement immobilier américain, fiscalement transparent (ce sont ses associés qui sont imposés), équivalent aux SIIC (Sociétés
d’Investissements immobiliers cotées) françaises
Relution
Accroissement d’un paramètre, le plus souvent le bénéfice par action, ou le niveau de contrôle d’actionnaires actuels, après la réalisation d’une opération de croissance externe,
d’augmentation de capital, de réduction de capital, d’acquisition… Son opposé est la dilution. La relation du BPA n’est pas synonyme de création de valeur.
Remboursement anticipé
Il s’agit d’un remboursement par anticipation d’un emprunt avant son échéance contractuelle. Il peut être assorti d’une pénalité financière au profit du prêteur.
Remboursement in fine
Voir Remboursement d’un emprunt in fine.
Rémunérations variables
La rémunération indexée sur des critères de performance est aujourd’hui répandue tant pour les dirigeants que pour un nombre croissant de salariés. Elle est un moyen
d’aligner les intérêts des salariés sur ceux de l’entreprise, ainsi qu’un moyen pour atténuer les conflits entre dirigeants et actionnaires.
Rendement
Le rendement d’une action est le rapport du dernier dividende versé au cours de l’action ; il se calcule donc par rapport à une valeur financière. Le rendement d’une obligation
correspond au rapport de son coupon sur la valeur de l’obligation.
Rentabilité
Voir Taux de rentabilité.
Rentabilité des capitaux propres
La rentabilité des capitaux propres, ou rentabilité financière, se mesure par le rapport résultat net / capitaux propres. Elle est égale à la somme de la rentabilité économique et
de l’effet de levier. L’analyse de la rentabilité des capitaux propres doit donc séparer nettement ces deux composantes. En effet, si le recours à l’endettement peut permettre
d’obtenir une rentabilité des capitaux propres nettement supérieure à la rentabilité économique, il fait aussi peser un risque financier plus lourd sur les actionnaires, dont
l’exigence de rentabilité croît d’autant. Sur le long terme, seule une rentabilité économique élevée peut donc permettre de créer de la valeur pour les actionnaires.
Rentabilité économique
La rentabilité de l’actif économique est égale au rapport du résultat d’exploitation après impôt sur l’actif économique. Ce taux est aussi le produit de deux ratios, la marge
d’exploitation et le taux de rotation de l’actif économique. Ce taux, qui peut être analysé comme le taux de rentabilité des capitaux propres si l’endettement était nul, est
fondamental car il n’est pas affecté par la structure financière de l’entreprise. Toutefois, il s’agit d’un taux comptable qui n’intègre donc pas la notion de risque. Son intérêt
dans la prise de décisions financières est donc limité, alors qu’il est très important pour le contrôle de gestion ou l’analyse financière puisqu’il mesure l’efficacité de l’activité de
l’entreprise d’un point de vue financier.
Rentabilité espérée
Voir Rentabilité exigée.
Rentabilité exigée
La rentabilité exigée par un investisseur k est égale au taux de l’argent sans risque rF majoré d’une prime de risque uniquement liée au risque non diversifiable, c’est-à-dire au
risque de marché. On a donc : k = rF+bêta x (rM - rF) où rM est la rentabilité exigée pour le marché et bêta le coefficient de sensibilité du titre au marché et (rM - rF) la prime
de risque du marché.
Rentabilité financière
Voir Rentabilité des capitaux propres.
Rentabilité opérationnelle
Voir Rentabilité économique.
Rente décroissante
Lors du calcul de la valeur terminale d’un investissement, le modèle dit « de la rente décroissante » (cash flow fade en anglais), suppose entre la fin du plan d’affaires et le
moment du calcul de la valeur terminale une période définie par l’évaluateur durant lequel la rentabilité économique de l’entreprise est dégradée (soit par le fait de la baisse
des marges, soit par le fait de la baisse de la rotation de l’actif économique) jusqu’à devenir égale au coût moyen pondéré du capital. Au terme de cet horizon, la valeur
terminale est égale au montant comptable de l’actif économique.
Rente du goodwill
Voir Méthode du goodwill.
Rente économique
La rentabilité véritable d’un projet ne s’explique que par une rente économique, c’est-à-dire une position qui permet d’obtenir un taux de rentabilité des investissements
supérieur au taux de rentabilité exigé compte tenu du risque. La rente économique est l’essence de la stratégie de l’entreprise : créer des imperfections dans les marchés de
produits et / ou des facteurs de production et constituer ainsi des barrières à l’entrée que tout dirigeant d’entreprise doit s’efforcer d’exploiter et de défendre.
Repo
Voir Pension livrée.
Report
On appelle points de report ou points de swap la différence, lorsqu’elle est positive, entre le taux de change à terme et le taux de change comptant.
Report à nouveau
Poste comptable qui fait partie des capitaux propres et sur laquelle est inscrite la fraction des bénéfices d’une société qui n’est ni distribuée en dividende aux actionnaires, ni
dotée à la réserve légale ou à des réserves facultatives. Cette fraction des bénéfices n’est pas affectée et peut donc être utilisée les années suivantes pour verser un dividende ou
être intégrée aux réserves.
Representations
Les Representations, ou Déclarations en français, constituent la première des deux parties des clauses de garanties d’actifs. Ces déclarations, relatives à la société, engagent le
cédant essentiellement sur la substance de la société cédée. Les déclarations du cédant portent essentiellement sur la régularité de la création de la société, sur l’existence de
tous les actifs immobilisés comptabilisés au bilan ou bien utilisés par la société dans son exploitation courante : marque, brevets… Elles contiennent également les méthodes de
comptabilisation des stocks. Elles assurent que le cédant est bien en règle avec les administrations fiscales et sociales. Elles affirment enfin qu’il n’y a pas eu de versements de
dividendes ou de cession d’actifs (sauf celles définies d’un commun accord) pendant la période transitoire
Rerating
Le re-rating correspond à l’ajustement du PER d’un nouveau groupe créé à partir d’une fusion. On peut constater alors des hausses progressives du PER, du multiple du
résultat d’exploitation…, du nouveau groupe souvent dues à une meilleure liquidité et / ou à des achats par les investisseurs spécialisés dans le suivi d’indices globaux auxquels
la fusion a pu faire accéder le nouveau groupe. Ce re-rating peut venir compenser tel ou tel sacrifice sur le pourcentage détenu après la fusion ou sur la dilution d’un paramètre
financier.
RES
Voir Rachat d’une entreprise par ses salariés.
Réseaux de neurones
La théorie dite des réseaux de neurones est une des pistes alternatives de recherche en finance. Elle est issue d’études menées dans les années 1990 qui ont montré que des
réseaux de neurones (mimétisme du comportement de neurones et de synapses) permettaient de mieux appréhender des séries de données économiques ou financières que les
modèles statistiques classiques
Réserves contractuelles
Fraction des résultats d’une entreprise qui n’ont pas été distribués mais mis en réserve en vertu d’une disposition contractuelle. Elles font donc partie des capitaux propres.
Réserves légales
En normes comptables françaises, la réserve légale fait partie des capitaux propres. La réserve légale est dotée par un prélèvement de 5 % du résultat net et jusqu’à ce qu’elle
s’élève à 10% du capital social.
Réserves réglementées
Fraction des résultats d’une entreprise qui n’ont pas été distribués mais mis en réserve en vertu d’une réglementation. Elles font donc partie des capitaux propres.
Réserves statutaires
Fraction des résultats d’une entreprise qui n’ont pas été distribués mais mis en réserve en vertu d’une disposition contenu dans les statuts. Elles font donc partie des capitaux
propres.
Ressources d’emprunt
Les ressources d’emprunts correspondent aux capitaux empruntés par l’entreprise en vue de financer son actif économique. Avec les capitaux propres elles constituent les
ressources financières de l’entreprise.
Ressources financières
Elles correspondent aux deux grands types de capitaux qui financent l’actif économique : les capitaux propres et l’endettement net.
Restructuration
La restructuration d’une entreprise se compose de deux parties : la restructuration financière et la restructuration économique. Un plan de restructuration nécessite un effort
ou un sacrifice des parties prenantes. Il sera généralement constitué d’une recapitalisation (souvent souscrite par les anciens actionnaires) et d’une renégociation des créances.
Les créanciers pourront ainsi accepter un abandon partiel de la dette, un moratoire sur les intérêts ou encore un rééchelonnement des remboursements. La restructuration
opérationnelle peut porter sur le BFR, les réductions d’effectifs, l’arrêt ou la cession d’activités. En France, en particulier pour les PME, les négociations privées peuvent être
encadrées et facilitées par un mandataire ad hoc ou un conciliateur désigné par le tribunal de commerce.
Résultat brut d’exploitation (RBE)
Voir Excédent Brut d’Exploitation.
Résultat courant
Le résultat courant est le solde entre le résultat d’exploitation et les charges financières nettes des produits financiers. Il peut être calculé avant ou après impôt.
Résultat des activités ordinaires
Voir Résultat courant.
Résultat d’exploitation
Le résultat d’exploitation, ou résultat opérationnel, est le résultat du processus d’exploitation et d’investissement de l’exercice. Il traduit l’accroissement de richesse dégagé par
l’activité industrielle et commerciale de l’entreprise. À la différence de l’EBE (Excédent Brut d’Exploitation), qui se concentre sur le cycle d’exploitation, le résultat
d’exploitation prend également en compte le processus d’investissement par le biais des charges calculées (dotations aux amortissements et provisions). Ce résultat est ensuite
réparti entre les charges financières, l’impôt sur les sociétés, les dividendes et le résultat mis en réserves. Ce concept de résultat d’exploitation, est extrêmement utilisé
(notamment dans le calcul de la rentabilité économique car il n’est pas affecté par la structure financière de l’entreprise). Il est très proche de l’EBIT anglo-saxon.
Résultat économique
Voir Résultat d’exploitation.
Résultat exceptionnel
Il recense les éléments de nature exceptionnelle (procès, incendie, flux résultant d’événements passés), et en particulier les plus ou moins-values sur cessions d’actifs.
Résultat financier
Le résultat financier traduit l’impact du mode de financement au niveau du compte de résultat. Dans une optique financière, on ne retient que les produits et charges qui se
rapportent directement à l’activité d’endettement et de placement de l’entreprise en reclassant les autres éléments en exploitation ou en exceptionnel. La plupart des sociétés
n’ayant pas une vocation financière, on parle dans la plupart des cas de charges financières nettes des produits.
Résultat net
Le résultat net traduit l’enrichissement ou l’appauvrissement de l’entreprise au cours de l’exercice considéré ; il relève donc d’un concept patrimonial et non de trésorerie. Il
s’agit en fait de la part résiduelle du résultat d’exploitation revenant aux actionnaires après que les créanciers et l’État ont perçu leur part. Ce résultat net peut donc être
distribué sous forme de dividendes, ou mis en réserves (et augmenter ainsi le montant des capitaux propres de l’entreprise).
Retail banking
Voir Banque de détail.
Retrait obligatoire
Appelé également squeeze out, il traduit le souci de simplification de la structure d’actionnariat d’un groupe qui souhaite que sa filiale cotée quitte la bourse. À cet effet une
offre d’achat de leurs actions leur est faite par l’actionnaire majoritaire et les actionnaires minoritaires peuvent être contraints en France de céder leurs titres au prix proposé
par le majoritaire détenant plus de 95 % des droits de vote.
Risque
La notion de risque en finance est très proche de celle d’incertitude. Le risque d’un titre financier peut ainsi avoir plusieurs origines. On distingue notamment les risques
économiques (politiques, naturels, d’inflation…) qui menacent les flux liés aux titres et relèvent du monde économique, et les risques financiers (liquidité, change, taux…) qui
ne portent pas directement sur ces flux et sont propres à la sphère financière. Quelle que soit sa nature, tout risque se traduit par une fluctuation de la valeur du titre financier.
C’est d’ailleurs ce qui distingue la comptabilité pure, qui ne se préoccupe que de taux de rentabilité, et la finance, qui intègre la notion de risque pour déterminer la valeur. Le
risque d’un titre financier se mesure à la volatilité de sa valeur (ou de son taux de rentabilité) : plus la volatilité est élevée, plus le risque est fort, et inversement.
Risque conjoncturel
Il traduit le risque d’enthousiasme ou de déprime en Bourse, une anticipation de hausse ou de baisse de l’activité économique.
Risque de catastrophe
Voir Risque naturel.
Risque de change
Il traduit le fait qu’une baisse des cours de change peut entraîner une perte de valeur d’avoirs libellés en devises étrangères. De même, la hausse des taux de change peut
entraîner une hausse de valeur en monnaie nationale d’engagements libellés en devises étrangères.
Risque de contrepartie
Voir Risque de solvabilité.
Risque de crédit
Le risque de crédit, ou de contrepartie, est le risque de perte sur une créance ou plus généralement celui d’un tiers qui ne paie pas sa dette à temps. Il est naturellement fonction
de trois paramètres : le montant de la créance, la probabilité de défaut et la proportion de la créance qui ne sera pas recouvrée en cas de défaut.
Risque de fréquence
Le risque de fréquence est un risque qui a de bonnes chances de se produire chaque année (comme la perte sur créances irrécouvrables, le vol dans la grande distribution, la
tôle froissée chez un loueur de véhicule, etc.). C’est alors plus un coût statistique qu’un risque.
Risque de liquidité
C’est le risque de ne pouvoir vendre à son prix un titre financier. Il peut se traduire, soit par une impossibilité effective de le vendre, soit par une décote dite d’illiquidité.
Risque de marché
Pour un titre, c’est le risque corrélé au marché. Il est dû à l’évolution de l’ensemble de l’économie, de la fiscalité, des taux d’intérêt, de l’inflation… Il affecte plus ou moins tous
les titres financiers. On l’appelle également risque systématique.
Risque de réinvestissement des coupons
Il traduit le fait que le détenteur d’une obligation ne sait pas à quel taux ses coupons seront réinvestis et ce, sur toute la durée de détention de son titre. Seule l’obligation zéro-
coupon lui permet d’être protégé contre ce risque puisqu’il n’y a pas de coupon.
Risque de solvabilité
C’est le risque pour un créancier de perdre définitivement sa créance dans la mesure où le débiteur ne peut pas, même en liquidant l’ensemble de ses avoirs, rembourser la
totalité de ses engagements. Les traders parlent de risque de contrepartie.
Risque d’abandon
Le risque d’abandon d’un projet naît de la divergence entre les intérêts de l’industriel et ceux du banquier. Le premier voudra par exemple arrêter l’exploitation dès que la
rentabilité des capitaux investis lui semblera insuffisante ; le second ne partagera cet avis que lorsque les cash flows deviendront négatifs.
Risque d’escroquerie
Parmi les risques auxquels doit faire face l’entreprise, on compte le risque d’escroquerie qui peut être à la fois externe et interne à la société.
Risque d’exploitation
Risque directement lié à l’activité de l’entreprise. Dans un projet, il peut s’agir de conception inadéquate des installations, augmentation des coûts de fonctionnement, du coût
des approvisionnements.
Risque d’illiquidité
Voir Risque de liquidité.
Risque d’inflation
C’est le risque d’être remboursé dans une monnaie dépréciée, d’obtenir un taux de rentabilité inférieur au taux d’inflation.
Risque économique
Il englobe les risques qui menacent les flux liés au titre financier et relèvent du monde économique ou réel (risques politiques, naturels, d’inflation et d’escroquerie…).
Risque financier
Les risques financiers (risque de liquidité, de change, de taux…) ne portent pas directement sur les flux et sont propres à la sphère financière. Ces risques ne sont pas
imputables à l’entreprise mais à des événements financiers externes.
Risque idiosyncratique
Voir Risque spécifique.
Risque industriel
Voir Risque d’exploitation.
Risque intrinsèque
Voir Risque spécifique.
Risque naturel
Ce sont par exemple ceux d’une tempête, d’un tremblement de terre, d’une éruption volcanique, d’un cyclone, d’un raz de marée qui détruit des actifs (bâtiments, machines…).
Risque non diversifiable
Voir Risque systématique.
Risque opérationnel
Les risques opérationnels sont les risques de pertes qui proviennent des erreurs du personnel au sens large, des systèmes ou processus, ou des événements externes, tels que les
risques de détérioration de l’outil industriel, les risques technologiques, les risques climatiques, les risques environnementaux…
Risque politique
C’est le risque lié à une situation politique ou une décision du pouvoir politique : nationalisation sans indemnité suffisante, révolution, exclusion de certains marchés, fiscalité
discriminatoire…
Risque réglementaire
Parmi les risques auxquels doit faire face l’entreprise, on compte le risque réglementaire puisque le changement de loi ou de réglementation peut influer directement sur la
rentabilité d’un secteur économique (produits pharmaceutiques, banque, assurance…).
Risque résiduel
Risque restant après élimination d’une large partie du risque maîtrisable par le contrôle interne.
Risque spécifique
Appelé également risque intrinsèque ou risque idiosyncrasique, il est indépendant des phénomènes qui affectent l’ensemble des titres. Il résulte uniquement d’éléments
particuliers qui affectent tel ou tel titre : c’est la mauvaise gestion de l’entreprise, l’incendie qui détruit son usine ou l’invention technologique qui rend obsolète sa principale
gamme de produits…
Risque systématique
Voir Risque de marché.
Risque systémique
Un risque systémique est un risque qui peut mettre en danger la survie du système financier. On peut ainsi dire que la faillite de Lehman Brothers en 2008 était un risque
systémique car, dans la foulée, elle a entraîné une grave crise de liquidité qui a failli précipiter le système financier mondial à sa perte. Il est toujours difficile de mesurer ex ante
un risque systémique. En général on ne sait que c’est un risque systémique qu’après, lorsqu’il est trop tard. Ainsi les autorités financières britanniques ont-elles décidé de se
porter au secours de Northern Rock qui n’est pas une grande banque mais elles ont estimé en voyant se former la queue du public aux guichets de cette banque que
potentiellement un risque systémique pouvait se matérialiser. Les autorités monétaires américaines n’ont pas eu le même raisonnement pour Lehman Brothers et elles s’en
mordent les doigts aujourd’hui…
RO
Voir Retrait obligatoire.
Roadshow
Lors d’une opération de placement, le roadshow est la période de la campagne marketing durant laquelle les dirigeants d’une société sont mobilisés pour de nombreuses
réunions intensives avec des investisseurs sur la plupart des places financières du monde. Ils communiquent principalement sur leurs résultats, leurs marchés, leur stratégie et
répondent aux questions des investisseurs. Série de rencontres entre des dirigeants d’une entreprise et des investisseurs pour leur présenter les caractéristiques d’une opération
financière en cours (introduction en Bourse, augmentation de capital, offre publique d’achat…) ou les résultats de l’exercice.
ROCE
Return on capital employed. Voir Rentabilité économique.
ROE
Return on equity. Voir Rentabilité des capitaux propres.
Rotation des stocks
Voir Ratio de rotation des stocks.
RSE
Voir Responsabilité sociale de l’entreprise.
Rumeurs
Si des rumeurs de ramassages de titres d’une société prennent de l’ampleur et que la société cible a identifié l’assaillant, elle peut demander à l’AMF d’intervenir. L’AMF peut,
en effet, exiger une déclaration d’intention d’un assaillant putatif en cas de mouvements significatifs de cours (prix et volumes) ou « d’actes préparatoires » au dépôt d’une
offre (discussion, nomination de conseils).
Rump
Lors de d’une augmentation de capital qui donne lieu à une attribution gratuite de droits de souscription ou BSA aux actionnaires, le rump correspond au reclassement des
bons non exercés en fin d’opération.
A
B
C
D
E
F
G
H
I
J
L
M
N
O
P
Q
R
S
T
U
V
W
Z
Sauvegarde accélérée
Depuis 2014, une nouvelle procédure a été créée, appelée sauvegarde accélérée. Inspirée de la sauvegarde financière accélérée (SFA), elle concerne tous les créanciers et non pas
seulement, comme dans la SFA, les seuls créanciers financiers. Elle est ouverte à la demande d’une entreprise engagée dans une procédure de conciliation qui justifie avoir
élaboré un projet de plan assurant la pérennité de l’entreprise et susceptible de recueillir un large soutien des créanciers permettant son adoption probable dans le délai de 3
mois que dure cette procédure. Les praticiens la qualifient de pré-pack.
SBG
Sustainability Bond Guidelines. Ce sont des principes définis par l’International Capital Market Association (ICMA) que doivent suivre les émetteurs d’obligations qui souhaitent
que ces dernières soient qualifiées d’obligations durables.
SBLC
Stand-by letter of credit, voir Lettre de crédit stand-by.
SBP
Voir Social Bonds Principles.
SCA
Voir Société en commandite par actions.
Scheme of arrangement
Technique britannique de fusion, le scheme of arrangement nécessite l’accord de 75 % des actionnaires et permet un retrait obligatoire de la Bourse si l’entreprise est cotée.
Schuldschein
Équivalent allemand d’un Private placement.
Scission (demerger)
Une opération de scission consiste à séparer en sociétés distinctes les branches d’activité d’un groupe. Les actions des sociétés nouvellement créées sont distribuées aux
actionnaires en échange des actions du groupe d’origine. En pratique, les scissions peuvent avoir lieu soit par attribution automatique des titres de la filiale sous forme de
distribution de dividendes en titres (spin-off), soit par échange facultatif des titres de la filiale contre les titres de la société dans le cadre d’une offre publique de rachat réalisée
par la société sur son propre capital (split-off), soit par scission juridique avec disparition de la société préexistante (split-up).
Scores (méthode des)
L’idée de base de la méthode des scores, ou credit scoring, est de déterminer, à partir des comptes des sociétés, des ratios qui soient des indicateurs avancés (deux à trois ans à
l’avance) des difficultés des entreprises. Une fois ces ratios établis, il suffit de calculer leurs valeurs pour une entreprise donnée et de les comparer à la valeur des ratios des
entreprises ayant connu des difficultés ou des défaillances. La comparaison ne s’effectue pas ratio par ratio, mais globalement par le biais d’une fonction linéaire des ratios
appelée fonction score.
SEC
La SEC (Security Exchange Commission) est l’institution en charge de veiller à la bonne application des règles qui régissent le marché boursier des États-Unis (règles
d’admission, fonctionnement du marché et des intervenants, suivi de l’information communiquée au marché…). La SEC est l’équivalent aux États-Unis de l’AMF en France.
Second lien
Le second lien est un type de dette qui s’est développé au milieu des années 2000 dans les financements de LBO. Le second lien est une dette à long terme (9 à 10 ans), qui vient
s’interposer entre la dette senior classique et la dette mezzanine. Elle est garantie par les mêmes actifs que la dette Senior classique mais est remboursée après celle-ci. Elle est
souscrite par les investisseurs institutionnels, des hedge funds ou des fonds spécialisés.
Sélection adverse
Phénomène causé par l’asymétrie d’information entre un acheteur moins bien informé qu’un vendeur sur les qualités de l’actif négocié et qui conduit de ce fait l’acheteur à
surpayer l’actif. Prenons ainsi l’exemple du marché du risque crédit où les assureurs crédit assurent les entreprises qui le souhaitent contre le risque de défaillance de leurs
clients sur les créances commerciales qu’ils détiennent. En général, une entreprise a une meilleure perception de la situation financière de ses clients réguliers que l’assureur
crédit. Elle pourrait être tentée de ne solliciter sa couverture crédit que sur les autres créances, a priori les moins bonnes. De ce fait, l’assureur crédit garantirait une fraction
plus élevée qu’il ne le pensait initialement de mauvaises créances, d’où des pertes pour lui. Afin d’éviter ce comportement, l’assureur crédit exige le plus souvent de couvrir la
totalité du portefeuille client.
Sensibilité
La sensibilité d’une obligation mesure la variation de sa valeur en pourcentage induite par une variation donnée du taux d’intérêt. Mathématiquement, elle est égale à la valeur
absolue de la dérivée de la valeur de l’obligation par rapport au taux d’intérêt, divisée par la valeur de l’obligation.
SEPA
Single Euro Payments Area, ou Espace unique de paiement en euros est une directive européenne qui vise à établir progressivement en Europe une zone de payements unifiée
avec des outils harmonisés permettant d’effectuer des transferts de fonds d’un pays européen à un autre aussi facilement qu’au sein d’un pays européen.
SEPAmail
SEPAmail est un virement par mail permettant de régler des factures tout en réduisant très significativement le coût de leur traitement, en accélérant la perception des fonds et
en réduisant les risques de fraude.
Série A
Dans le financement des jeunes pousses, la série A est soit la première levée de fonds après les tours de love money, soit la première levée de fonds impliquant un fonds
d’investissement. Les fonds cherchés sont en général de 0,75 M€ à 3 M€ et visent à permettre à l’entreprise d’être en vue de la profitabilité dans une zone géographique donnée.
Une série A est souvent suivie par une levée de fonds de série B, voire C si la jeune pousse n’a pas fait faillite dans l’intervalle ou n’est pas rachetée par un tiers.
Série B
Dans le financement des jeunes pousses, la série B suit la série A et a pour objectif, le modèle économique ayant démontré sa pertinence, de renforcer la scalabilité de
l’entreprise en internationalisation ses activités et / ou en acquérant des concurrents. Les fonds cherchés sont en général de 5 M€ à 10 M€. Une série B est souvent suivie par
une levée de fonds de série C sauf si la jeune pousse n’a pas fait faillite dans l’intervalle ou n’est pas rachetée par un tiers.
Série C
Dans le financement des jeunes pousses, la série C suit la série B et a pour objectif principal d’accélérer l’internationalisation de l’entreprise. Les fonds cherchés sont en général
de quelques dizaines à quelques centaines de M€. Une série C est souvent suivie par une introduction en Bourse ou par une cession à un groupe industriel, sauf si la jeune
pousse a fait faillite dans l’intervalle.
Service cost
Voir Charges de retraite.
Service de la dette
Terme équivalent d’une annuité, c’est-à-dire somme à débourser chaque année pour honorer sa dette. Le service de la dette est composé du principal à rembourser et des
intérêts.
Seuil de participation
Toute personne physique ou morale qui vient à posséder directement ou indirectement, seule ou de concert, plus de 5 %, 10 %, 15 %, 20 %, 25 %, 30 %, du tiers, 50 %, des
deux tiers, 90 % et 95 % du capital ou des droits de vote d’une société cotée en France doit informer, sous un délai de 5 jours de bourse, le marché du franchissement du seuil
de participation et du nombre total d’actions qu’elle possède ainsi que la société concernée dans un délai de 15 jours. En outre, les sociétés peuvent prévoir dans leurs statuts
une obligation complémentaire d’information portant sur les détentions de fractions du capital inférieures à celles prévues, mais elles ne sauraient être inférieures à 0,5 %.
Seuil de rentabilité
Moment de l’année où une entreprise commence à faire des profits. Ainsi telle société avec un résultat net représentant 1,1 % de son chiffre d’affaires sera réputée commencer
à travailler pour ses actionnaires à partir du 28 décembre seulement, soit 4 jours (1,1 % de 365) avant la fin de l’année. C’est tout au plus une façon imagée de parler, en
particulier à des personnes n’ayant aucune compétence en gestion. En effet, le chiffre d’affaires réalisé ces 4 derniers jours de l’année dans notre exemple ne constitue pas du
profit intégral car l’entreprise continue de supporter des charges. Il est parfois fait une confusion entre le seuil de rentabilité et le point mort.
Shadow banking
Voir Finance de l’ombre.
Shadow rating
Rating non rendu public.
Shot gun
Voir Clauses de sortie.
SICAV
Les SICAV sont des sociétés anonymes dont le capital est variable. Elles émettent ou rachètent leurs actions à la demande des investisseurs à un prix de vente et de rachat
qu’elles sont tenues de publier quotidiennement et qui correspond à la valeur de leurs actifs. Les SICAV monétaires de capitalisation offrent à leur actionnaire une rentabilité
par appréciation quotidienne de la valeur liquidative proche de celle du marché monétaire. Selon l’objectif affiché par la SICAV, la progression de la valeur liquidative est plus
ou moins régulière, une progression très régulière ne pouvant être obtenue qu’au détriment de la rentabilité. Il existe également des SICAV obligataires et des SICAV actions
qui offrent au trésorier d’entreprise la possibilité d’acheter indirectement des obligations ou des actions sans avoir à suivre quotidiennement la gestion de ses lignes.
SICAV de trésorerie
Voir SICAV monétaires.
SICAV monétaires
Les SICAV monétaires offrent à leur actionnaire une rentabilité par appréciation quotidienne de la valeur liquidative proche de celle du marché monétaire.
Side business
Sous la pression de la concurrence, les banques peuvent mettre en œuvre des stratégies commerciales pour se rapprocher de certains clients, offrant des prêts à des conditions
très attractives et sans rapport avec le risque de la contrepartie. Elles espèrent alors se rémunérer sur d’autres produits qu’elles vendront à l’entreprise (gestion des flux,
opérations de change, gestion de l’épargne salariale, mandat de cession, etc.), ce qui est appelé le « side business ».
Signal
Un signal est une information transmise par le management d’une société au marché au travers d’une décision financière. Par exemple, la décision de payer un dividende élevé
est le signal d’une bonne santé de l’entreprise. Voir Théorie des signaux.
Signing
Le signing correspond à la signature d’un contrat de cession d’une entreprise. Il est généralement suivi d’une période de diligences finales et à la levée des conditions
suspensives (autorisation antitrust, ...) dont la durée peut être de 5 semaines à 6 mois, voire plus.
SIIC
Voir Société d’investissements immobiliers cotées.
Sincérité
La sincérité est, selon le Plan comptable, « l’application de bonne foi [des] règles et procédures [comptables] en fonction de la connaissance que les responsables des comptes
doivent normalement avoir de la réalité et de l’importance des opérations, événements et situations ». Des comptes sincères résultent donc d’une parfaite connaissance des
règles et de leur application, de la situation de l’entreprise et de la perception extérieure des comptes ainsi présentés, afin que leur contenu ne soit pas perçu de manière
déformée.
Single Euro Payment Area
Voir SEPA.
Small cap
On dit d’une entreprise qu’elle est small cap lorsque sa capitalisation boursière est inférieure à 1 000 M€.
Smile
On constate que la volatilité implicite aux options fortement hors de la monnaie ou largement dans la monnaie est plus élevée que la volatilité implicite recalculée à partir des
options à la monnaie. On appelle ce phénomène smile de volatilité (graphe de la volatilité en fonction du prix d’exercice en forme de sourire).
Société anonyme
La société anonyme est une société commerciale dont le principe juridique essentiel est la limitation de la responsabilité des actionnaires à l’égard des créanciers. En effet, en
cas de faillite, les actionnaires peuvent abandonner les actifs restants de leur société ses créanciers et s’en tenir pour quitte ! En outre, elle est habilitée à procéder à un appel
public à l’épargne. Pour ces deux raisons, la SA constitue en fait l’innovation financière majeure du xix e siècle.
Société de moyens
Société dont la vocation est de travailler pour ses actionnaires (en général un nombre limité de groupes) sans réaliser de profits significatifs.
Société holding
Voir Holding.
Société mère
Société tête de groupe.
Solvabilité
La solvabilité traduit l’aptitude de l’entreprise à faire face à ses engagements en cas de liquidation, c’est-à-dire d’arrêt de l’exploitation et de mise en vente des actifs. Une
entreprise peut donc être considérée comme insolvable dès lors que ses capitaux propres sont négatifs : elle doit en effet plus qu’elle ne possède.
Somme des parties
La méthode de la somme des parties (ou sum of the parts en anglais) est une méthode d’évaluation. Elle consiste à évaluer les groupes diversifiés en sommant dans une logique
patrimoniale la valeur de leurs différentes activités calculées en utilisant la méthode DCF ou la méthode des multiples, puis à enlever la valeur actuelle des frais de siège et
l’endettement net consolidé. C’est une forme d’actif net réévalué.
Sondage
Pour les opérations plus simples comme le reclassement de bloc d’actions ou l’émission d’obligations convertibles, la banque pratique quasiment systématiquement avant de
lancer l’opération un sondage auprès d’un nombre limité d’investisseurs afin de tester leur intérêt pour l’opération et son niveau de prix. Ces sondages sont encadrés par la
réglementation (en France par l’AMF).
SONIA
Sterling OverNight Interest Rate. Taux du marché monétaire britannique à un jour qui remplace le LIBOR.
SOP
Voir Somme des parties.
Sous-traitance
La sous-traitance est l’opération par laquelle une société délègue à une autre (le plus souvent une PME) une partie de sa production, la production de certains de ses
composants ou encore une partie d’un contrat obtenu par le donneur d’ordre. Le sous-traitant s’engage à exécuter un produit ou une tâche sur la base des instructions de
l’entreprise donneuse d’ordre qui conserve la haute main sur le produit et ses caractéristiques. En cela le sous-traitant est distinct du fournisseur dans la mesure où ce dernier
est totalement responsable du produit ou service qu’il propose à son client. La sous-traitance permet notamment à la société donneuse d’ordre d’accroître sa flexibilité et de
concentrer ses ressources sur les métiers qu’elle juge les plus stratégiques.
SPA
Voir Sell and Purchase Agreement.
SPAC
C’est un Special Purpose Acquisition Company. C’est-à-dire une coquille qui se fait coter en Bourse en levant des capitaux propres auprès du public avec l’objectif de prendre le
contrôle d’une société, non encore identifiée, cotée ou non, dans un délai maximum de 24 mois. À défaut, le SPAC est automatiquement liquidé et les investisseurs récupèrent au
moins 98 % des fonds levés à son introduction en bourse. S’agit-il pour autant d’un chèque en blanc donné par les actionnaires au management du SPAC ? Non : une fois la
cible identifiée et son acquisition négociée, le SPAC doit faire approuver l’opération par ses actionnaires à une majorité de 60 à 80 % et s’ils ne l’approuvent pas, le SPAC est
alors automatiquement liquidé et ses actionnaires récupèrent le numéraire dont il avait été doté.
Spécialisation des exercices
Le principe de spécialisation des exercices veut que les charges et les produits qui concernent un exercice lui soient effectivement rattachés. Techniquement, on utilise des
comptes de régularisation, actif ou passif selon le cas.
Spéculation
La spéculation se caractérise par l’acceptation d’un risque. Le spéculateur est celui qui prend position. Il fait un pari sur l’évolution future d’une valeur. C’est un
comportement qui est donc radicalement différent de celui de la couverture. C’est le comportement de l’investisseur en général, dans la mesure où, cherchant à prévoir des flux
futurs, il spécule sur l’avenir. La spéculation joue un rôle fondamental : assumer des risques que les autres intervenants ne veulent pas supporter. Tout spéculateur minimise
ainsi le risque des autres intervenants.
Speculative grade
Les notes financières situées entre BB+ et D (notation Standard & Poor’s) sont appelées speculative grade (ou non investment grade). Elles correspondent à un niveau de risque
élevé qui se traduit par un coût de la dette plus important.
Spin-off
Voir Scission.
Split-off
Le split-off est une offre publique de rachat d’actions payée en actions d’une filiale et non en cash. Il permet aux actionnaires qui le souhaitent d’échanger leurs actions de la
maison mère contre des actions d’une filiale. Si tous les actionnaires participent à l’offre, le split-off aboutit exactement à la même situation que le demerger. Si l’offre a peu de
succès, la société mère peut se trouver rester actionnaire important de la filiale qui devient cotée.
Split rating
On parle de split rating lorsque plusieurs agences notent la même entreprise et qu’elles n’ont pas des notes équivalentes (Ba+ et BBB– par exemple).
Split-up
Dans le cadre d’une scission (ou demerger), le split-up consiste à dissoudre la maison mère et à remettre aux actionnaires des actions des filiales regroupant les activités du
groupe.
Spot
On parle de cours spot lorsqu’on considère le cours actuellement en vigueur pour une transaction immédiate. Le cours spot s’oppose aux cours forward.
Spread
La marge actuarielle ou spread d’une obligation (ou d’un emprunt) est l’écart entre le taux de rentabilité actuariel de l’obligation et celui d’un emprunt sans risque de durée
identique. Le spread est naturellement d’autant plus faible que la solvabilité de l’émetteur est perçue comme bonne.
Squeeze out
Voir Retrait obligatoire.
Stakeholders
Au-delà des actionnaires, ensemble des partenaires de l’entreprise qui regroupe notamment les salariés, les créanciers, les dirigeants et les clients. Voir Parties prenantes.
Stand alone
Désigne une entreprise dont la structure est telle qu’elle est totalement indépendante dans son exploitation quotidienne et dans son développement, sans avoir besoin des
structures de sa maison mère ou d’un tiers.
Stand-by letter of credit (SBLC)
Voir Lettre de crédit stand-by.
Standstill
Accord par lequel les banques d’une entreprise en difficulté acceptent de ne pas prononcer l’exigibilité anticipée de leurs créances après le non-paiement d’une première
échéance, ce qui permet la désignation d’un mandataire ad hoc avec l’objectif de négocier avec les principaux créanciers de nouvelles modalités de remboursement ou
d’annulation des dettes.
Staple financing
Dans les opérations de LBO, le staple financing consiste à ce que la banque conseil du vendeur propose aux différents acquéreurs un financement bancaire pour l’opération.
Start-up
Une start-up est une entreprise qui vient d’être lancée par ses dirigeants et actionnaires. Elle n’a pas de passé, ni probablement d’actifs corporels importants et elle évolue
souvent dans un environnement technologique très mouvant. Enfin, ses flux de trésorerie disponibles sont négatifs pour quelque temps : son niveau de risque spécifique est
donc très élevé ce qui explique qu’elle n’a pas d’autre choix que de se financer par capitaux propres.
Step-up
Dans le cadre d’une émission de dettes (obligations ou crédit bancaire), il se peut que l’intérêt payé augmente en fonction de l’évolution du rating, des ratios financiers ou
simplement en fonction du passage du temps. Cela incite l’entreprise à rembourser par anticipation lorsque le coût de cette dette devient pour elle prohibitif.
Stock-option
Les stock-options sont des options d’achat ou de souscription d’action à un prix fixe distribué généralement aux gestionnaires d’une entreprise afin de leur donner un intérêt
direct à l’accroissement de la valeur de l’entreprise. L’octroi de ces titres peut donc être analysé comme un moyen de résoudre les conflits d’agence entre actionnaires et
gestionnaires.
Stock picking
Stratégie boursière qui consiste à essayer au sein d’un marché à trouver les actions qui vont le mieux performer. Le stock picking repose sur une analyse stratégique et
financière des sociétés.
Stocks
Les stocks correspondent à des charges d’exploitation contractées non encore consommées ou non encore vendues. On distingue les stocks de matières premières, de
marchandises, d’en cours de fabrication et de produits finis.
Stratégie industrielle
La stratégie industrielle d’une entreprise vise à dégager une rente économique durable et rentable. Cela ne peut se faire sans une analyse stratégique approfondie.
Strike
Voir Prix d’exercice.
Structure de financement
Voir Structure financière
Structure de la dette
Structurer une dette veut dire définir ses principaux paramètres et les négocier avec les prêteurs. Les points les plus importants sont : 1 / les choix stratégiques des prêteurs et
garanties : - adosser ou non des crédits à des actifs ; - se financer sur le marché obligataire ou sur le marché bancaire ; - diversifier le risque sur les prêteurs (nature et nombre
de prêteurs) ; 2 / le choix d’une structure : - choisir une échéance ; - choisir une devise ; - choisir un type de taux d’intérêt ; 3 / les conditions associées : - définir une hiérarchie
des remboursements ; - définir les conventions juridiques adéquates et plus particulièrement les covenants acceptés.
Structure de l’actionnariat
L’étude de la structure de l’actionnariat, c’est-à-dire l’analyse de la répartition des intérêts financiers et des droits de vote dans une entreprise est particulièrement importante.
En effet, l’actionnariat définissant la stratégie de l’entreprise, il est utile de déterminer où se situe le pouvoir dans l’entreprise et d’appréhender les objectifs des différents
actionnaires.
Subordination
Voir Subordonné.
Subordination structurelle
Si l’endettement auprès de tiers au niveau des filiales est important, les prêteurs au niveau de la maison mère constateront un risque particulier que les agences de notation
prennent en compte. Les prêteurs des filiales auront accès directement aux actifs en cas de liquidation et les prêteurs de la maison mère seront mécaniquement subordonnés. En
effet, ils ne pourront récupérer une partie de la valeur de ces actifs qu’après que les prêteurs des filiales aient récupéré leurs dus. Cela s’appelle la subordination structurelle
qui s’aggrave très rapidement lorsque le risque de faillite augmente.
Subprimes
L’expression subprimes est associée à des prêts immobiliers accordés au début des années 2000 à des ménages américains peu solvables, dont le montant était gagé sur la valeur
du bien immobilier. Tant que les prix de l’immobilier ont continué à progresser ces prêts ont permis de dégager des rendements élevés : ils ont donc été titrisés et incorporés
dans de nombreux instruments financiers pour en dynamiser la rentabilité. Le retournement du marché de l’immobilier américain au début de l’année 2007, et les premières
pertes liées à ces prêts hypothécaires titrisés ont déclenché une crise financière de grande ampleur justement connue sous de nom de « crise des subprimes »…
Subvention d’investissement
Sommes versées par des Pouvoirs Publics ou des organismes assimilés à des entreprises à la condition de réaliser un certain nombre d’investissements afin d’aider des secteurs
ou des zones géographiques perçus comme défavorisés. Comptablement, la subvention d’investissement est enregistrée au passif entre les capitaux propres et l’endettement, car
elle n’a pas normalement vocation à être remboursée. Puis elle est virée progressivement au compte de résultat en produits au fur et à mesure de l’amortissement du bien qui
l’a justifiée. À l’issue de l’amortissement de ce bien, elle a totalement disparu au bilan puisqu’elle a été rapportée par petites tranches dans le compte de résultat.
Sum of the parts (SOP)
Voir Somme des parties.
Sunk cost
Voir Coût irrécupérable.
Super bénéfice
Voir Méthode du goodwill.
Super holding
Lors de l’organisation du contrôle d’une société, afin de différencier les objectifs des différents actionnaires tout en maintenant le contrôle, un super holding de contrôle
regroupant le noyau dur de l’actionnariat peut être créé en plus d’un holding de contrôle. Le super holding a alors pour vocation de racheter les titres du holding de contrôle à
certains actionnaires désirant se désengager partiellement.
Survaleur
Voir Écart d’acquisition.
Suspension des cours
La suspension des cours permet d’éviter les mouvements spéculatifs sur le titre en raison d’informations incomplètes ou inégalement réparties. Par exemple, le dépôt d’un
dossier d’offre publique auprès de l’AMF entraîne la suspension des cours de la cible. La reprise des cotations intervient soit quelques heures après pour les grandes
opérations, soit après la publication de l’avis de conformité de l’offre.
Swap
Dans sa définition la plus large, le swap est un échange entre deux entités pendant une certaine période de temps. Les deux intervenants doivent, bien entendu, trouver chacun
un avantage à cet échange qui peut porter soit sur des actifs financiers, soit sur des flux financiers. Le mot swap désigne dans le langage courant un échange de flux financiers
(calculés à partir d’un montant théorique de référence appelé notionnel) entre deux entités pendant une certaine période de temps. Contrairement aux échanges d’actifs
financiers, les échanges de flux financiers sont des instruments de gré à gré sans incidence sur le bilan, qui permettent de modifier des conditions de taux ou de devises (ou des
deux simultanément), d’actifs et de passifs actuels ou futurs.
Swap cambiste
On appelle swap cambiste une transaction de change au comptant assortie d’une transaction à terme sur les mêmes devises mais dans le sens inverse. Il est essentiellement
utilisé par les établissements financiers pour gérer leur position de change et les grands groupes pour gérer leur position de liquidité multidevises. Le swap cambiste peut
s’analyser comme un emprunt dans une devise et un prêt dans une autre devise.
Swap de change
Voir Swap cambiste.
Swap de devises
Voir Swap cambiste.
SWIFT
Système d’informations et de transactions sécurisé du monde bancaire, auquel certaines entreprises adhèrent pour faciliter et sécuriser la gestion de leur trésorerie.
Syndicat bancaire
Ensemble de banques réunies de manière ad hoc pour aider une entreprise à placer des titres (obligations, actions, crédit bancaire).
Syndication
Voir Crédit syndiqué.
Synergies
On appelle synergie la création de valeur qui peut résulter du rapprochement de deux entreprises. Les synergies peuvent se traduire par des revenus supplémentaires
engendrés par le développement de nouvelles activités ou l’existence de complémentarités commerciales. Elles peuvent aussi permettre une diminution des coûts, via la mise en
commun d’activités ou la réalisation d’économies d’échelle.
Synergies financières
Selon la théorie des marchés en équilibre, il ne peut exister de synergies financières. Ainsi, la diversification financière ne crée pas de valeur puisqu’elle ne génère pas
directement de flux supplémentaires et qu’elle n’a pas d’influence sur l’exigence de rentabilité des investisseurs. En effet, un investisseur n’acceptera pas de payer plus cher ce
qu’il peut faire lui-même sans coût en diversifiant son portefeuille. Il n’existe donc que des synergies industrielles.
Système financier
Le système financier permet de mettre en relation les agents économiques excédentaires en ressources avec ceux qui sont déficitaires. Cette mise en relation peut se faire
directement ou indirectement ; on parlera alors de finance directe ou de finance indirecte.
Systèmes experts
Les systèmes experts sont des logiciels développés pour conduire des analyses financières en utilisant une base de connaissances composée de règles d’analyse financière,
enrichie au fur et à mesure des analyses réalisées. L’objectif des systèmes experts est de développer des méthodes de raisonnement se rapprochant de celles du cerveau humain.
C’est le domaine de l’intelligence artificielle. L’objectif est souvent de constituer un outil de détection précoce des défaillances d’entreprise, utilisé notamment par les
établissements financiers.
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T4M
Le T4M ou taux moyen mensuel était un indice de référence du marché monétaire français. Il est égal à la moyenne arithmétique des taux journaliers EONIA. Il est calculé par
la Fédération bancaire française.
Tactique de négociation
Lors de la cession d’une entreprise, le vendeur se doit d’adopter une tactique de négociation. Schématiquement, il peut opter soit pour la négociation privée soit pour la mise
aux enchères.
Tag along
Clause d’un pacte d’actionnaires permettant à un actionnaire minoritaire de céder aux mêmes conditions ses parts lors de la cession par le majoritaire de sa participation.
Tap
L’action d’émettre par un émetteur obligataire d’autres emprunts obligataires avec les mêmes caractéristiques que celles d’un premier emprunt obligataire (même durée
résiduelle, même coupon, même échéancier, même prix de remboursement, mêmes garanties?) de sorte qu’ils pourront être assimilés au premier emprunt, sans avoir à
demander l’autorisation des investisseurs de cet emprunt. Au lieu d’avoir plusieurs emprunts, il n’y en aura plus qu’un seul, pour un montant global plus élevé. L’assimilation
permet de simplifier la gestion et d’améliorer la liquidité sur le marché secondaire.
Tarification bancaire
Principale source de rentabilité pour les établissements financiers, la tarification des services bancaires est en continuelle réorganisation. Le secteur tend actuellement à
facturer les coûts de traitement administratif au moyen de commissions et à établir les coûts monétaires (c’est-à-dire le coût des capitaux prêtés) au moyen de taux liés aux
marchés financiers. Compte tenu de l’intégration des activités bancaires (crédits, services de règlement et produits proposés en matière de placements), les systèmes de
facturation mis en place par les banques revêtent de plus en plus fréquemment un caractère forfaitaire. Les transferts entre établissements financiers de la zone euro sont
largement facilités et informatisés sous l’égide de la Banque Centrale Européenne. Aussi la pratique des dates de valeur traditionnelle est-elle remise en cause. Elle demeure
néanmoins le fondement du système de tarification bancaire dans de nombreux pays en Europe Continentale, en particulier la France, l’Italie, l’Espagne et le Portugal. Enfin,
la rémunération des dépôts à vue en euros (soldes créditeurs de comptes courants) n’est autorisée en France que depuis 2005.
Taux actuariel
Par convention, un taux actuariel est un taux d’un placement ou d’un investissement d’une durée d’un an et pour lequel les intérêts sont reçus ou payes au bout d’un an. Ainsi
un taux actuariel de 10 % transforme une somme de 100 en une somme de 110 au bout de 365 jours. Comme il existe une multitude de taux et de modalités de payer les intérêts,
il est difficile de les comparer directement entre eux : un taux de 6,1 % par an avec intérêts payables a terme échu est-il meilleur ou moins bon qu’un taux de 6 % par an avec
intérêts payables tous les trimestres ? (en fait le moins cher est le premier). aussi les transforme-t-on sur une base commune, le taux actuariel, pour pouvoir les rendre
directement comparables. Le taux actuariel dans le premier cas est de 6 % et de 6,14 % dans le second cas.
Taux apparent
Voir Taux facial.
Taux de capitalisation
En matière immobilière, rapport du loyer à la valeur du bien immobilier rapportant ce loyer.
Taux de convenance
Le taux de convenance représente l’intérêt de détenir un actif à un instant donné (un peu comme une devise) compte tenu de sa rentabilité anticipée. Le taux de convenance est
utilisé lorsque l’on quantifie la valeur d’options réelles dans le cadre d’un projet d’investissement.
Taux de croissance
Taux de l’évolution d’une année sur l’autre d’un agrégat, souvent le chiffre d’affaires ou le résultat. Le taux de croissance peut s’expliquer par trois éléments : une variation du
prix des produits ou services vendus, une variation en volume du nombre de produits ou services vendus et une variation due à des effets de périmètre par acquisition de
nouvelles filiales ou cessions d’activité existantes au sein de l’entreprise.
Taux de rentabilité
Rapport du résultat au montant investi. Voir Rentabilité des capitaux propres et Rentabilité économique
Taux de rentabilité actuariel
Le taux de rentabilité actuariel d’un actif financier est le taux d’actualisation qui annule la valeur actuelle nette de l’actif. On parle de taux de rentabilité interne dans le cas
d’un investissement industriel. Un investissement est rentable si le taux de rentabilité interne est supérieur au taux de rentabilité exigé par l’investisseur.
Taux de service
Rapport entre les commandes servies dans les délais sur le nombre de commandes totales. Si l’objectif d’obtenir un taux de 100 % pourrait sembler souhaitable, il implique un
niveau très élevé de stocks de produits finis, en particuliers dans les secteurs où la demande est difficile à prévoir, qui peut le rendre illusoire et trop coûteux à obtenir.
Taux d’effort
En matière immobilière, le taux d’effort est le rapport entre le loyer que paye un établissement pour un bâtiment et le chiffre d’affaires de l’établissement en question dans ce
bâtiment (notons que certains calculent un taux d’effort en proportion de l’EBITDAR, c’est-à-dire l’excédent brut d’exploitation avant loyers).
Taux d’impôt
Fraction d’un résultat, et plus généralement d’une base de calcul, qui doit être payé aux Pouvoir Publics en contrepartie d’une mise à disposition de services et biens gratuits
pour l’entreprise : police, éducation, infrastructures, etc.
Taux d’inflation
Voir Mesure de l’inflation.
Taux d’intérêt
D’une manière générale, le taux d’intérêt, ou loyer de l’argent, rémunère la renonciation à une consommation immédiate, donc le temps. Il permet donc de dissocier la décision
de consommer de celle d’investir en permettant à l’individu de s’ajuster soit en levant des ressources supplémentaires soit en plaçant des ressources excédentaires. Dans le cas
des titres de créance, le taux d’intérêt caractérise le taux de rémunération du prêteur, déterminé contractuellement. Cette rémunération peut provenir du coupon par le biais
du taux nominal ou facial, mais aussi de la prime d’émission ou de remboursement.
Taux d’intérêt sans risque
Voir Taux de l’argent sans risque.
Taux équivalent
Des taux d’intérêt se rapportant à des périodes différentes sont dits équivalents si la valeur future d’une même somme à une même date est la même avec chaque taux.
Taux facial
Le taux facial ou nominal d’un emprunt permet de calculer les intérêts dus. Il suffit de le multiplier par la valeur nominale de l’emprunt. Il ne prend pas en compte la date
effective des flux de trésorerie.
Taux fixe
Comme son nom l’indique, un titre de dette à taux fixe signifie que le titre de dette a un taux de rémunération fixé au moment de l’émission du titre de dette (par opposition aux
titres de dettes à taux variable). Notons que le détenteur d’un titre de dette à taux fixe s’expose au risque de taux (car la valeur du titre de dette varie en fonction du taux du
marché) et au risque de réinvestissement des coupons.
Taux indexé
Le coupon d’une obligation peut être indexé sur n’importe quel indice ou prix, à condition qu’il soit nettement défini à l’avance. On parle alors de titres à taux indexé. Sur le
marché monétaire européen, les principaux indices employés sont l’EONIA et l’EURIBOR.
Taux proportionnel
Deux taux sont dits proportionnels s’ils sont dans le même rapport que les périodes auxquelles ils s’appliquent.
Taux variable
Un taux variable est un taux d’intérêt dont le niveau n’est pas fixé à l’avance mais dont seul le processus de fixation est connu. En pratique ce taux varie généralement selon les
taux du marché (le plus souvent un taux court terme, l’Euribor 6 mois par exemple) à moins d’avoir à faire à un produit exotique.
Taxe foncière
Taxe payée par les entreprises et les particuliers du fait de la détention de biens immobiliers.
Teaser
Le teaser est un document qui décrit sommairement (une ou deux pages) une société qui est mise aux enchères. Il est transmis par la banque conseil de la société à un certain
nombre d’entreprises ou d’investisseurs financiers susceptibles d’être intéressés par la société mise aux enchères.
TEC10
Le TEC10 est l’indice quotidien des rendements des emprunts d’État à long terme correspondant au taux de rendement actuariel d’une obligation du Trésor fictive dont la
durée serait de 10 ans. Il est calculé par interpolation linéaire entre les taux de rendement actuariel des deux OAT encadrant le plus près la maturité théorique de 10 ans. Il est
publié par l’Agence France Trésor.
Teneur de livre
Lors d’une opération de placement de titres financiers, le teneur de livre enregistre les ordres des investisseurs.
Terme
Le terme est la fixation immédiate d’un prix futur (taux de change, taux d’intérêt, cours de matière première…).
Terme contre terme
Voir Terme à terme.
Term loan
Voir Prêt à terme.
Term loan B
Le Term Loan B, TLB, est un prêt senior à long terme (généralement entre 5 et 7 ans) souscrit par des investisseurs institutionnels dans le cadre d’opération à fort effet de levier
(notamment les LBO, mais pas uniquement). Ces prêts sont très peu ou pas amortissables (avec remboursement in fine donc). Le terme "Term Loan B" vient du monde du
LBO où historiquement la dette senior était structurée sous forme d’une tranche A (Term Loan A) à 5 ans amortissable, d’une tranche B (Term Loan B) à 6 ou 7 ans in fine,
voire d’une tranche C à plus long terme . Le Term Loan B a pris son indépendance : il est maintenant mis en place seul, sans tranche A ou C. Par ailleurs, il est aujourd’hui
souscrit essentiellement par des hedge funds ou des fonds spécialisés (émetteurs d’une titrisation collaterized loan obligations, CLOs). Les TLB sont utilisés dans les mêmes
circonstances que des émissions obligataires high yield. Ils viennent donc en concurrence (suivant le prix notamment et la flexibilité) ou en complément du high yield (pour
maximiser la liquidité, le type d’investisseurs étant différent). Les TLBs s’échangent entre investisseurs, même s’ils ne sont pas cotés sur un marché formalisé.
Term sheet
De manière générale, un term sheet est un document court synthétisant les principaux termes d’un contrat. Un term sheet est souvent le premier support de la négociation d’un
contrat avant la rédaction effective. Dans le cadre d’une syndication de crédit, le term sheet regroupe les principaux termes d’un crédit syndiqué négociés entre la banque
arrangeuse et l’entreprise. Concomitamment, la banque et l’entreprise choisissent une stratégie de syndication, c’est-à-dire le choix des banques (ou des institutions financières)
qui seront invitées à composer le syndicat bancaire.
TERP
Voir Theoretical ex-rights price.
Terrains
Les terrains font parties des immobilisations corporelles. Sauf exception, les terrains ne sont pas amortis.
Test de dépréciation
Voir Impairment test.
THB
Le THB (taux hebdomadaire des bons du Trésor) est égal au taux de rendement actuariel annuel correspondant au taux d’escompte pondéré constaté lors des adjudications
hebdomadaires de bons du Trésor à taux fixe et à intérêts précomptés à 13 semaines. Il est publié par la Caisse des Dépôts et Consignations.
Théorème de la séparation
Le théorème de la séparation indique que l’investisseur, dans le cadre de la théorie des marchés en équilibre, ne choisira pas son portefeuille en fonction de son inversion au
risque, tous les investisseurs investiront dans le portefeuille de marché ; les investisseurs s’endetteront ou placeront au taux de l’argent sans risque pour satisfaire son niveau de
risque.
Théorie de l’agence
La théorie de l’agence ou théorie des mandats remet en cause le postulat représentant l’entreprise comme un acteur unique pour mettre l’accent sur les divergences d’intérêts
potentielles entre les différents partenaires (dirigeants, actionnaires et créanciers…). Le comportement de l’entreprise résulte dès lors d’un processus complexe d’équilibrage
qui occasionne un certain nombre de coûts appelés coûts d’agence et qui sont nécessaires pour que les dirigeants, par exemple, adoptent un comportement conforme à l’intérêt
des actionnaires qui les ont mandatés. La théorie de l’agence ou des mandats correspond donc à une tentative de mise en parallèle de la théorie financière et de la théorie des
organisations.
Théorie de l’enracinement
La théorie de l’enracinement part du constat (un peu désabusé, mais parfois bien réel) que les mécanismes de contrôle et d’incitation pour accroître l’efficacité de la gestion des
dirigeants ne sont pas toujours suffisants pour contraindre les dirigeants à gérer l’entreprise en conformité avec les intérêts des actionnaires. Les objectifs (premiers) des
dirigeants, selon cette théorie, sont de rendre coûteux pour l’entreprise leur remplacement, ce qui leur permet d’augmenter leurs pouvoirs et leurs espaces discrétionnaires.
D’où le terme d’enracinement.
Théorie du signal
Voir Théorie des signaux.
Thêta
Le thêta d’une option est égal à l’opposé de la dérivée de la valeur théorique par rapport au temps. Il mesure l’impact du temps sur la valeur d’une option.
THO
Le THO (taux hebdomadaire obligataire), c’est le taux hebdomadaire du marché primaire des émissions à plus de 7 ans. Par convention, il est calculé comme TEC + 0,25%.
Titre au porteur identifiable (TPI)
Permet à tout émetteur de titres de connaître l’identité des actionnaires au porteur via une interrogation auprès d’EUROCLEAR.
Titre financier
Un titre financier se caractérise par une série de flux futurs de trésorerie qui sont plus ou moins risqués. On distingue les titres représentatifs de capitaux propres (les actions),
les titres représentatifs de l’endettement (obligations, billets de trésorerie, certificats de dépôt, bons du Trésor…) et les titres optionnels ou conditionnels (options).
Titre hybride
Voir Hybrides.
Titre irréductible
L’actionnaire peut, grâce à ses droits, souscrire à titre irréductible à une augmentation de capital à hauteur de sa participation actuelle. S’il veut souscrire plus que sa part, il
peut le faire à titre réductible mais il ne sera satisfait pour cette part supplémentaire que si certains actionnaires n’exercent pas leurs droits de souscription. C’est donc une
protection juridique pour les actionnaires dès lors que le prix d’émission des actions lors d’une augmentation de capital est différent de la valeur de l’action.
Titre réductible
L’actionnaire peut, grâce à ses droits, souscrire à titre irréductible à une augmentation de capital à hauteur de sa participation actuelle. S’il veut souscrire plus que sa part, il
peut le faire à titre réductible mais il ne sera satisfait pour cette part supplémentaire que si certains actionnaires n’exercent pas leurs droits de souscription. C’est donc une
protection juridique pour les actionnaires dès lors que le prix d’émission des actions lors d’une augmentation de capital est différent de la valeur de l’action.
Titre super subordonné (TSS)
Les titres super subordonnés sont des obligations de caractère perpétuel entraînant une rémunération perpétuelle. Leur durée indéterminée provient de l’absence d’un
engagement contractuel de remboursement qui s’effectue au gré de l’émetteur. En cas de liquidation, ils sont remboursés après les autres créanciers (prêts subordonnés). Ces
titres ont une rémunération annuelle qui est conditionnelle au paiement d’un dividende, ou à la réalisation d’un résultat. On les appelle aussi hybrides
Titrisation
La titrisation est un montage financier qui permet à une société d’améliorer la liquidité de son bilan. Techniquement, des actifs sélectionnés en fonction de la qualité de leurs
garanties sont regroupés dans une société ad hoc qui en fait l’acquisition en se finançant par l’émission de titres souscrits par des investisseurs. L’entité ainsi créée perçoit les
flux d’intérêts et de remboursement sur les créances qu’elle a achetées aux banques et les reverse aux investisseurs via le paiement d’intérêts et le remboursement de leurs
titres. Initialement cette technique a été utilisée par les établissements de crédit dans le but de refinancer une partie de leurs encours c’est-à-dire transformer en titres
négociables des prêts à la clientèle. Actuellement, les spécialistes proposent à certains grands groupes industriels de titriser des créances commerciales de façon récurrente, de
titriser des immeubles d’exploitation, stocks… en bref de rendre liquide presque tout le bilan.
TMB
Le TMB (taux moyen mensuel des bons du Trésor) est égal à la moyenne arithmétique des THB du mois considéré. Il est publié par la Caisse des Dépôts et Consignations.
TMM
Voir T4M.
Too big to fail
« Trop gros pour faire faillite ». Expression signifiant qu’une entité, en général une banque ou un groupe, est de taille trop importante pour que son éventuelle faillite ne soit
pas sans conséquences négatives fortes sur la société dans son ensemble. Dès lors, les Pouvoirs Publics feront le nécessaire pour éviter sa faillite même si celle-ci se justifiait
financièrement : nationalisation, injections de capitaux propres, modifications de réglementations, etc. La faillite de Lehman Brothers en 2008 a montré, a contrario, que même
des banques de taille moyenne, ne récoltant pas de dépôts du public, pouvaient être big enough not to fail. Pour éviter des sauvetages coûteux en argent des contribuables, la
technique du bail-in a été développée et les exigences prudentielles en termes de liquidités et de solvabilité ont été fortement accrues pour les banques.
Top Down
Mode de sélection de titres par les investisseurs avant tout selon les types de marché (actions, obligations, marché monétaire) et selon les marchés internationaux sur lesquels ils
veulent investir, puis sur les secteurs, le choix des actions individuelles est réalisé en dernier. Voir également Bottom up.
TPI
Voir Titre au Porteur Identifiable.
Tracker
Un tracker est un fonds qui réplique la performance d’un indice et qui est coté en Bourse. Il permet à l’investisseur de détenir l’équivalent de l’indice en question sans avoir
besoin d’acheter toutes les actions qui composent cet indice.
Tracking stocks
Les tracking stocks sont généralement des actions sans droit de vote émis par la maison mère d’un grand groupe. Ils suivent la performance financière d’une de ses divisions ou
d’une de ses filiales. L’investisseur dispose donc d’un niveau d’information analogue à ce qu’il aurait eu si la filiale était cotée. Le recours à cette forme de titre évite donc à la
maison mère de céder des actions ordinaires de la filiale qu’elle détient et elle lui permet de garder un contrôle à 100 % en droits de vote.
Trade finance
Ensemble de techniques et de produits financiers destinés à financer et à accompagner les opérations de commerce international : crédit documentaire, gestion des flux
internationaux, couverture de change, etc.
Trader
L’opérateur de marché spécialisé dans la spéculation est appelé trader. Son activité consiste à acheter à bas prix une devise, une obligation, une action voire une option dont il
anticipe la hausse et à les vendre lorsqu’il anticipe leur baisse.
Trading
Le trading ou négoce recouvre l’activité de spéculation réalisée par les traders.
Tranche A
Se dit dans les financements des LBO d’une dette qui est senior par rapport à des tranches B et C du fait de son remboursement avant celui des dettes de tranches B et C. Elle
offre de ce fait un taux d’intérêt plus faible. Sa durée est le plus souvent de 6/7 ans avec un remboursement linéaire.
Tranche B
Se dit dans les financements des LBO d’une dette qui est junior par rapport à une tranche A et senior par rapport à une tranche C du fait de son remboursement intervenant
après celui de la tranche A, mais après celui de la tranche C. Elle offre de ce fait un taux d’intérêt compris entre celui de la tranche A et celui de la tranche C, puisque son
risque est compris entre celui de la tranche A et celui de la tranche C. Elle est souvent d’une durée de 7/8 ans et se rembourse en théorie in fine. En pratique, le LBO est le plus
souvent dénoué avant son échéance par cession de la société sous LBO, ce qui implique le remboursement anticipé de la tranche B.
Tranche C
Se dit dans les financements des LBO d’une dette qui est junior par rapport à des tranches A et B du fait de son remboursement intervenant après celui des dettes de tranches
A et B. Elle offre de ce fait un taux d’intérêt plus fort que celui de ces tranches. Elle est souvent d’une durée de 8/9 ans et se rembourse en théorie in fine. En pratique, le LBO
est le plus souvent dénoué avant son échéance par cession de la société sous LBO, ce qui implique son remboursement anticipé.
Tranche primaire
Une introduction en Bourse peut comprendre une tranche primaire (c’est-à-dire la cession de titres nouvellement créés par l’entreprise) et/ou une tranche secondaire (c’est-à
dire la cession de titres existants par un actionnaire). Pour autant, les techniques de placement sont identiques qu’il s’agisse de la tranche primaire ou de la tranche secondaire.
En fait, les titres existants et les titres nouveaux sont intégrés dans le même lot des titres à placer. Ils sont fongibles.
Tranche secondaire
Une introduction en Bourse peut comprendre une tranche primaire (c’est-à-dire la cession de titres nouvellement créés par l’entreprise) et/ou une tranche secondaire (c’est-à
dire la cession de titres existants par un actionnaire). Pour autant, les techniques de placement sont identiques qu’il s’agisse de la tranche primaire ou de la tranche secondaire.
En fait, les titres existants et les titres nouveaux sont intégrés dans le même lot des titres à placer. Ils sont fongibles.
Transfert de charges
Le poste de transfert de charge permet de modifier l’allocation des certaines charges d’un exercice qui ne correspondent pas forcément aux coûts des ventes de cet exercice. Les
charges peuvent être transférées à un autre poste du compte de résultat ou à un poste du bilan (immobilisations, créances sur des tiers, compte de régularisation pour les
charges à répartir sur plusieurs exercices).
Transfert de valeur
Suite à la prise de certaines décisions (s’endetter pour verser un dividende, faire une augmentation de capital pour rembourser des dettes, réaliser une scission, une fusion, etc.)
et dans certaines conditions, on peut observer une baisse de la valeur des capitaux propres au profit de la valeur de l’endettement, ou l’inverse. On parle alors de transfert de
valeur au détriment d’un catégorie d’investisseurs et au profit d’une autre.
Transformation
La transformation consiste en finance à emprunter à une échéance courte et à placer les fonds ainsi obtenus dans des actifs de plus longs termes. C’est le métier de base de toute
banque commerciale qui collecte des dépôts à vue et octroi des prêts.
Transition bonds
Obligation émise pour financer des investissements facilitant la transition énergétique : économie d’énergie, énergies renouvelables, etc .
Transmission universelle de patrimoine (TUP)
Une transmission universelle de patrimoine (TUP) est une fusion simplifiée dès lors qu’une société détient le contrôle à 100 % d’une autre société et qu’il n’y a aucun
actionnaire minoritaire. L’intégralité des actifs de la société absorbée est transférée à la société absorbante ainsi que l’intégralité de ses dettes. C’est une procédure simplifiée et
allégée qui est la bienvenue pour simplifier la vie des entreprises.
Transmutation
La transmutation représente l’intermédiation réalisée par les institutions financières entre les entreprises (et États, collectivités locales) et les particuliers. Ainsi les banques se
financent en partie grâce aux dépôts des particuliers pour prêter aux entreprises.
Travaux en cours
Il peut arriver que l’activité d’une entreprise s’étende sur plus d’un exercice. Ces travaux de longue durée seront comptabilisés au fur et à mesure de leur avancement,
néanmoins, selon la méthode comptable retenue, la marge sera constatée soit à l’avancement, soit à l’achèvement des travaux.
Treasury method
Cette méthode de traitement des titres financiers donnant potentiellement accès au capital (bons de souscriptions, obligations convertibles…) dans le calcul du nombre
d’actions consiste considérer que les investisseurs exercent leurs bons ou convertissent leurs obligations convertibles immédiatement mais que l’entreprise ne place pas les fonds
ainsi recueillis. Elle les utilise pour racheter sur le marché une partie de ses propres actions. L’entreprise annule ainsi en partie la création d’actions due à l’exercice des bons.
C’est la méthode recommandée par le CNC et l’IASB.
Trésorerie zéro
Dans le cadre de la gestion de l’endettement net de l’entreprise, le concept de trésorerie zéro vise à une optimisation du niveau de cash disponible qui ne doit être ni positif
(donc non placé) ni négatif (générant des frais financiers).
Trésorier
Le trésorier est celui qui est responsable dans une entreprise de la trésorerie, des financements longs et de la gestion des risques. Il est responsable d’une unité de trésorerie
centralisée chargée de la gestion des flux monétaires, d’une unité de financement chargée d’obtenir des fonds et de négocier les conditions bancaires, et d’une unité dite de front
office qui traite les opérations de marché ainsi que les risques de taux et de change.
TRI
Le taux de rentabilité interne ou TRI d’un investissement est synonyme du taux de rentabilité de cet investissement. En clair c’est le taux d’actualisation pour lequel la valeur
actuelle nette de l’investissement est nulle. D’un point de vue financier, il permet donc de juger de l’intérêt de l’investissement : il suffit pour cela de le comparer au taux de
rentabilité à exiger du projet compte tenu de son risque. S’il lui est supérieur, il y a création de valeur, sinon l’investissement ne mérite pas, d’un point de vue financier, d’être
réalisé. La VAN et le TRI conduisent aux mêmes décisions lorsqu’il s’agit simplement de savoir si un investissement peut être entrepris ou non. Ce n’est que lorsqu’il faut
choisir entre deux investissements mutuellement exclusifs que le critère du TRI est moins bon que celui de la VAN.
TRIG
Taux de rentabilité interne global. Voir Taux de rentabilité actuariel modifié.
TRI modifié
Voir Taux de rentabilité actuariel modifié.
True and fair view
Voir Image fidèle et sincère.
TSR
Voir Total Shareholder Return.
TSS
Voir Titre super subordonné.
Tunnel de taux
Voir Collar.
TUP
Voir Transmission universelle de patrimoine.
TVA
Taxe sur la valeur ajoutée. Taxe perçue sur le prix de vente des biens et services qui est payées par le consommateur final, puisque le principe de la TVA veut que les entreprises
collectent la TVA lorsqu’elles vendent des produits et des services et qu’elles déduisent de celles-ci la TVA qu’elles ont elles-mêmes payée lorsqu’elles ont acheté des produits et
des services à d’autres entreprises et qu’elles reversent le solde à l’État.
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Voir Unité génératrice de trésorerie.
Underwriting
Dans une émission de titres financiers, l’underwritting est la garantie donnée par les établissements placeurs que si l’ensemble des titres ne sont pas vendus sur le marché, ils se
porteront acquéreur du solde.
Unirate
Il s’agit d’un crédit global fait dans le cadre d’un LBO par des fonds spécialisés et qui se subsitue à l’ensemble des dettes bancaires ou de marché habituellement mises en place
dans un LBO. Il se présente sous la forme d’une seule tranche avec donc une seule maturité, un seul taux d’intérêt et un remboursement en totalité à l’échéance.
Unlevered beta
Voir Bêta désendetté.
Upside
En anglais, l’upside représente le potentiel de hausse de la valeur d’un actif.
US GAAP
United States Generally Accepted Accounting Principles. Ce sont les règles comptables en vigueur aux États-Unis qui sont définies par le FASB.
US Private Placement (USPP)
Voir USPP.
Utilité
Selon la théorie économique néoclassique, un agent économique totalement rationnel a pour objectif financier de maximiser son utilité, c’est-à-dire sa « jouissance » immédiate
ou potentielle. D’un point de vue financier, cela signifie maximiser sa rentabilité et minimiser son risque.
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Valeur
La valeur actuelle, ou valeur, d’un titre financier est la valeur actuelle des flux futurs espérés, actualisés au taux de rentabilité exigé par les investisseurs. La création de valeur
est l’objectif de tout dirigeant d’entreprise. Cet objectif est atteint dès lors que les investissements de l’entreprise dégagent une rentabilité supérieure au taux de rentabilité
exigé par ses apporteurs de capitaux.
Valeur actuelle
Voir Valeur.
Valeur actuelle nette (VAN)
La valeur actuelle nette, ou VAN, d’un titre financier est la différence entre la valeur actuelle de ce titre et sa valeur de marché ; elle varie en sens inverse du taux
d’actualisation. Dans un marché efficient, les valeurs actuelles nettes sont nulles. La valeur actuelle nette peut également être définie pour un investissement. Elle représente
alors la valeur des flux de trésorerie liés à l’investissement, actualisés au taux de rentabilité exigé par le marché compte tenu du risque de cet investissement. Elle représente
donc le montant de la création de valeur anticipé sur l’investissement. D’un point de vue purement financier, un investissement peut être entrepris dès lors que sa VAN est
positive, puisqu’il créera normalement de la valeur. La VAN sera enfin retenue (de préférence au TRI) lorsqu’il faudra choisir entre deux investissements mutuellement
exclusifs.
Valeur de contrôle
Prix qui doit être payé pour prendre le contrôle d’une société cotée ou non. La protection accrue des intérêts des actionnaires minoritaires fait qu’en Europe il est devenu
quasiment impossible de ne payer la valeur de contrôle qu’au profit exclusif des actionnaires majoritaires.
Valeur de croissance
Les valeurs de croissance sont un type d’actions qui se caractérisent par un taux de distribution de dividendes très faible, voire le plus souvent nul. Ces entreprises ont en effet
besoin de réinvestir leurs bénéfices pour pouvoir soutenir leur développement.
Valeur de l’entreprise
La valeur de l’entreprise, valeur d’entreprise ou valeur de l’actif économique, correspond à la valeur de marché de l’outil industriel et commercial. Elle est égale à la somme de
la valeur de marché des capitaux propres (capitalisation boursière si l’entreprise est cotée) et de la valeur de marché de l’endettement net.
Valeur de marché
La valeur de marché de tout titre financier est le prix auquel il peut être acheté ou vendu, en particulier sur le marché secondaire.
Valeur de récupération
Lors d’un impairment test, la valeur de récupération est définie comme la plus élevée des deux valeurs suivantes : la valeur d’usage (issue de l’actualisation des flux futurs de
trésorerie générés) et le prix de marché net (qui pourrait être obtenu dans une transaction équilibrée entre parties consentantes et compétentes, sous déduction des frais de
cession). Si la valeur comptable excède la valeur de récupération, il convient de déprécier les actifs.
Valeur de rendement
On appelle valeurs de rendement les sociétés arrivées à maturité, dont les besoins en investissement sont limités. Ces entreprises auront tendance à verser sous forme de
dividendes une part de plus en plus grande de leurs bénéfices.
Valeur de rentabilité
On regroupe sous le vocable de valeur de rentabilité, les évaluations d’entreprise issues des méthodes DCF et des comparables fondées sur l’anticipation de résultats futurs.
Valeur des capitaux propres
Capitalisation boursière pour l’entreprise cotée ou produit de la valeur de l’action par le nombre d’actions pour l’entreprise non cotée. La valeur des capitaux propres et sa
maximisation sont l’objectif financier par excellence, même s’il est parfois remplacé à tort par la maximisation du résultat net, du bénéfice par action ou de la rentabilité des
capitaux propres.
Valeur d’apport
La valeur d’apport correspond à la valeur à laquelle les actifs sont apportés à la société absorbante (ou bénéficiaire des apports) dans le cadre d’une fusion ou d’un apport
d’actifs. La valeur d’apport est l’un des deux types de valeurs, avec la valeur financière, qui existent dans les opérations de fusion (ou d’apport). Il y a confusion entre ces deux
valeurs puisque l’opération se fait en valeur financière lorsque les deux sociétés qui fusionnent n’ont pas les mêmes actionnaires (les actifs et les passifs de la société absorbée
étant intégrés pour leur valeur financière dans les comptes de la société absorbante). En revanche, ces deux valeurs sont bien distinctes lorsque les deux sociétés qui fusionnent
ont les mêmes actionnaires (les actifs et les passifs de la société absorbée étant intégrés à leur valeur comptable dans les comptes de la société absorbante, en comptabilités
sociale et en consolidée - opération intragroupe).
Valeur d’entreprise
Voir Valeur de l’entreprise
Valeur d’usage
Correspond à la valeur d’utilisation des actifs dans le cadre du processus actuel d’exploitation.
Valeur finale
La valeur finale (ou valeur terminale) est l’une des deux composantes de la valeur d’une entreprise calculée par la méthode DCF. En effet, dans la méthode DCF, la valeur de
l’entreprise est égale la somme de la valeur actuelle des flux de trésorerie disponible après impôts sur un horizon explicite et de la valeur terminale (ou finale) de l’entreprise
retenue à la fin de cet horizon. La valeur terminale est toujours difficile à estimer car elle est définie à la date où les prévisions actuelles ne sont plus pertinentes. Néanmoins,
elle peut être calculée à partir de l’actif économique de l’entreprise ou des flux de la dernière année de l’horizon explicite.
Valeur intrinsèque
On appelle valeur intrinsèque d’une option, la différence entre le cours de l’actif sous-jacent et le prix d’exercice de l’option d’achat. Pour une option de vente, c’est l’opposé.
Par définition, la valeur intrinsèque n’est jamais négative.
Valeur jour
Se dit d’une opération qui est créditée sur le compte ou débitée du compte le jour où elle intervient, et non le lendemain ou deux jours après.
Valeur liquidative
Une valeur liquidative est une valeur que l’on obtient en liquidant rapidement les actifs de l’entreprise. En général c’est une valeur basse car la vitesse de réalisation de la vente
des actifs prévaut sur la maximisation du prix de vente. Elle sert souvent pour estimer la valeur de l’actif économique d’une entreprise au bord du dépôt de bilan. La valeur des
capitaux propres d’une telle entreprise dans une optique valeur liquidative est le plus souvent négative compte tenu des dettes. On parle aussi de valeur liquidative pour un
OPCVM (sicav, FCP) C’est alors la valeur de ses actifs estimés sur la base du dernier cours ou valeur de ceux-ci divisée par le nombre de parts en circulation. Cela revient à un
actif net réévalué. C’est sur la base de cette valeur que sont effectués les ventes et les achats d’actions ou de part de la sicav. Elle est publiée tous les jours ouvrés.
Valeur nominale
Voir Valeur faciale.
Valeur patrimoniale
Il existe 3 types de valeurs patrimoniales. La valeur de marché est la valeur qu’on pourrait retirer d’un bien en le vendant. La valeur liquidative correspond à la valeur de
marché minorée d’une décote pour tenir compte de l’impératif d’une réalisation rapide. La valeur d’usage représente la valeur d’un actif au sein du processus d’exploitation :
une sorte de valeur de marché au coût de remplacement. Notons que plus une entreprise est considérée comme « patrimoniale », plus sa valeur est spéculative et volatile (car
une entreprise à forte valeur patrimoniale signifie, selon la méthode des flux de trésorerie disponible, que l’entreprise a alors une valeur finale très importante par rapport aux
flux intermédiaires).
Valeur résiduelle
Valeur d’un actif au-delà d’une certaine période, comme sa durée d’amortissement, sa durée d’utilisation, l’horizon d’un plan d’affaires, d’une concession dans laquelle il est
utilisé, etc.
Valeur stand-alone
Les professionnels parlent en anglais d’une valeur stand-alone pour qualifier la valeur d’une action analysée comme une simple opportunité d’investissement parmi d’autres, et
indépendamment de synergies qu’un investisseur industriel pourrait dégager en l’achetant.
Valeur stratégique
La valeur stratégique est la valeur qu’un investisseur industriel est prêt à payer pour une entreprise. Elle résulte de la projection des flux de trésorerie disponibles, augmentés
des gains dus aux synergies résultant du rapprochement de cette entreprise avec celle(s) de l’investisseur industriel ou des espoirs d’amélioration de rentabilité future.
Valeur temps
On appelle valeur temps d’une option l’anticipation d’une augmentation de la valeur intrinsèque. La valeur temps décroît avec le passage du temps, puisque la probabilité que
le cours de l’actif sous-jacent dépasse le prix d’exercice devient de plus en plus faible au fur et à mesure que l’on se rapproche de cette date.
Valeur terminale
La valeur terminale est l’une des deux composantes de la valeur d’une entreprise calculée par la méthode DCF. En effet, dans la méthode DCF, la valeur de l’entreprise est
égale la somme de la valeur actuelle des flux de trésorerie disponibles après impôts sur un horizon explicite et de la valeur terminale (ou finale) de l’entreprise retenue à la fin
de cet horizon. La valeur terminale est toujours difficile à estimer car elle est définie à la date où les prévisions actuelles ne sont plus pertinentes. Néanmoins, elle peut être
calculée à partir de l’actif économique de l’entreprise ou des flux de la dernière année de l’horizon explicite.
Valorisation des stocks
La valorisation des stocks d’une entreprise consiste à déterminer le montant établi au titre des stocks lors de leurs entrées au bilan ainsi que lors de leurs sorties. Les stocks de
matières premières et de marchandises doivent être inscrits au bilan au coût d’acquisition tandis que les produits finis et les éléments en cours de production le sont au coût de
production. La valorisation des sorties de stocks peut se faire selon plusieurs méthodes : coût moyen pondéré, FIFO ou LIFO pour les actifs fongibles, méthode du coût d’achat
identifié pour les éléments identifiables. Il existe également une méthode de valorisation sur la base du coût de remplacement. Le choix de méthode a une incidence directe sur
la formation du résultat de l’entreprise. Ainsi, à même volume de stocks, une valorisation plus élevée des stocks aura pour conséquence un résultat plus faible dans le futur. La
compréhension des méthodes de valorisation retenue par l’entreprise est donc un élément important de la compréhension de la formation du résultat, d’autant plus dans les
secteurs où les stocks sont traditionnellement élevés. Selon le principe de permanence les sociétés doivent conserver d’une année sur l’autre la même méthode de valorisation
des stocks ou justifier le changement de méthode dans les annexes.
Value at risk
La value at risk (VAR) représente la perte potentielle maximale d’un investisseur sur la valeur d’un actif ou d’un portefeuille d’actifs financiers compte tenu d’un horizon de
détention et d’un intervalle de confiance. Elle se calcule à partir d’un échantillon de données historiques ou se déduit des lois statistiques habituelles.
Value drivers
Les value drivers sont des variables clés d’un investissement, tels que le chiffre d’affaires, la marge… Ces variables clés sont souvent de plusieurs types : des variables simples
(ex : coûts fixes) ou des variables composées (ex : chiffre d’affaires) ou des variables résultant de relations économétriques. Ces value drivers sont généralement utilisés afin de
mesurer le risque lié à un projet d’investissement, par exemple dans la méthode de mesure de risque de Monte-Carlo où l’on associe à ces variables clés une distribution de
probabilités et pour chacun des facteurs, on effectue un grand nombre de tirages aléatoires dans les distributions de probabilité déterminées précédemment, afin de déterminer
ce que l’on appelle un profil d’incertitude.
Value stocks
L’expression value stocks, désigne des valeurs présentes dans des secteurs relativement matures mais assurant une performance sur le long terme. Les value stocks constituent
un intermédiaire entre des valeurs de croissance et les valeurs de rendement.
VAN
Voir Valeur actuelle nette.
VANA
Voir Valeur actuelle nette augmentée.
VaR
Voir Value at risk.
Variance
La variance est un outil statistique qui permet de mesurer la dispersion d’une variable par rapport à sa moyenne. Elle est égale à la somme des carrés des écarts à la moyenne
pondérée par leur probabilité d’occurrence. Appliquée à la rentabilité financière, elle mesure le risque d’un titre financier.
VDD
Voir Vendor Due Diligence.
Véga
On peut définir le véga d’une option comme la dérivée de sa valeur théorique par rapport à la volatilité explicite. Toutes choses étant égales par ailleurs, le véga est d’autant
plus important que l’option est proche de la monnaie (valeur temps maximale).
Venture capital
Le Venture Capital ou capital risque en français. Activité consistant à financer en capitaux propres ou quasi capitaux propres des entreprises nouvellement créées. Cette activité
se distingue généralement du capital-investissement qui consiste à racheter des entreprises industrielles plus mûres (ou leverage buy-out). Cette segmentation entre capital
risque et capital investissement distingue largement l’Europe des États-Unis du fait de la prédominance en Europe du capital-investissement et de la faiblesse relative du capital
risque.
Versement de marge
Voir Appel de marge.
Vesting
Clause juridique des pactes d’actionnaires ou des contrats d’émission de titres destinés à favoriser l’intéressement et la fidélité des dirigeants et ou fondateurs de l’entreprise.
Ces clauses prévoient la perte de tout ou partie de leurs actions et des autres instruments incitatifs s’ils devaient quitter l’entreprise avant une certaine échéance, en fonction de
la nature du départ (volontaire, provoqué, suite à une faute ou non).
Vesting period
Dans le cadre de l’attribution de stock-options, la vesting period correspond à la durée d’acquisition des droits s’il existe des conditions particulières (par exemple, une durée de
présence minimale dans l’entreprise).
Vie moyenne
Moyenne des durées de vie de chacune des tranches de l’emprunt. La durée de vie d’une tranche d’un emprunt correspond à la période de temps qui s’écoule entre l’émission
de l’emprunt et le remboursement de la tranche en question.
Virement
Un virement est l’ordre donné par un client à sa banque de débiter son compte d’une somme et d’en créditer un autre compte.
VIX
Le VIX est un indice de volatilité implicite de l’indice S&P 500 que le CBOE (Bourse de Chicago) calcule depuis le début des années 1990 à partir des options cotées à la
monnaie, avec une durée de vie de 30 jours (calculé sur le S&P 100 jusqu’en décembre 2006).
Volatilité
La volatilité mesure l’importance des fluctuations de valeur d’un actif et donc son risque. Elle se calcule mathématiquement par l’écart type des rentabilités de l’actif.
Volumes
Les volumes de titres échangés quotidiennement définissent également la liquidité d’un titre. Les volumes doivent s’analyser en valeur absolue. En effet un investisseur
institutionnel important étudiera avant de devenir actionnaire d’une société, le temps qu’il lui faudra pour investir et désinvestir la somme qu’il souhaite placer. Mais les
volumes doivent également être exprimés en pourcentage du nombre total de titres ; voire en pourcentage des titres composant le flottant.
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WACC
Weighted Average Cost of Capital. Voir Coût moyen pondéré du capital.
Waiver
Lorsqu’une entreprise est simplement en bris de covenant, elle négociera une absolution avec ses banques (un waiver) généralement en contrepartie d’une commission (waiver
fee) de 0,5 à 1 % du total de la dette et d’une hausse des marges sur les crédits dont le risque s’est accru (de 0,5 à 2 % en plus de la marge initiale selon les cas).
Waiver fee
Lorsqu’une entreprise est simplement en bris de covenant, elle négociera une absolution avec ses banques (un waiver) généralement en contrepartie d’une commission (waiver
fee) de 0,5 à 1 % du total de la dette et d’une hausse des marges sur les crédits dont le risque s’est accru (de 0,5 à 2 % en plus de la marge initiale selon les cas).
Waiver holiday
En 2020, les résultats financiers de nombreux groupes ont été très dégradés à cause de la pandémie et de la crise économique subséquente. Les groupes, qui sont soumis au
respect de certains ratios financiers (covenants financiers) au titre de leurs contrats de crédit, n’ont, pour beaucoup, pas pu respecter leurs engagements et ont donc été en bris
de covenant . Pour éviter cette situation, et compte tenu des évènements exceptionnels et non récurrents, ces groupes ont demandé à leurs banques une exemption provisoire au
respect de leur covenants. On parle de « covenant holiday ». Cette exemption (waiver holiday) est généralement donnée pour 12 ou 18 mois (c’est-à-dire pour une observation si
les ratios sont observés de manière annuelle, et pour 2 ou 3 mois/ans si les ratios sont observés de manière semestrielle).
Warm-up
Lors d’un placement important sur le marché, on appelle warm-up les réunions préliminaires avec les investisseurs réalisées par les banques d’affaires. Ces réunions
permettent de prendre la température du marché.
Warrant
Voir Covered warrant.
Warranties
Les warranties sont la garantie de passif, donnée par le cédant d’une entreprise à l’acquéreur, des capitaux propres à une date donnée. Le cédant s’engage à payer à l’acquéreur
tout ce qui viendrait en diminution des capitaux propres et dont le phénomène générateur aurait eu lieu avant la date de cession, et ce pendant une période donnée et avec un
plafond déterminé. Cette garantie s’accompagne fréquemment de la rétention d’une fraction du prix de vente ou d’une garantie bancaire. Les warranties apparaissent dans la
seconde partie des clauses de garanties après celles les garanties d’actif ou représentations en anglais.
Warranty bond
Voir Garantie de bonne fin.
Window dressing
On appelle opérations de window dressing, des opérations faites en fin d’année pour embellir les états financiers. La date de clôture d’un exercice comptable étant purement
arbitraire, l’entreprise pourra avancer ou retarder la comptabilisation de certaines charges ou produits pour modifier le niveau de résultat. Il est évident que le résultat n’est
que déplacé dans le temps, et en aucun cas globalement modifié. Les charges et produits constatés d’avance constituent également une source d’ajustement : une appréciation
plus ou moins restrictive a des conséquences directes sur le résultat de l’exercice. De même, l’entreprise pourra se désendetter entre le 30 décembre et le 2 janvier pour
présenter un niveau de dettes brutes plus léger.
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Zone de négociation
Lors de la cession d’une entreprise, la zone de négociation se situe théoriquement entre la valeur stand-alone et la valeur incluant la valeur de l’ensemble des synergies que
l’acquéreur pourra dégager.
ZOPA
Zone of possible agreement, voir Zone de négociation.
Société HIC
Compte de résultat :
Tableau de flux :
2. Le personnel travaillant tout au long du mois, soit en moyenne le 15 du mois et étant payé le 30 du
mois, il accorde donc à son employeur un délai de 15 jours.
Tableau de flux de trésorerie
1. L’économie d’impôt ne joue que partiellement les trois dernières années. Ainsi l’année 3, le résultat
net étant de -20, il n’y a pas d’impôt sur le résultat, donc le résultat d’exploitation est de -20 + 29 de frais
financiers = 9. L’économie d’IS due aux frais financiers ne joue donc que sur 9 x 35 % = 3,1. Le coût de la
dette après impôt est donc de (29 – 3,1)/540 = 4,8 %, et non 29 x ( 1 – 35 %)/540 = 3,5 %.
Avec un investissement initial de 100, le TRI des deux
projets est de 10 % identique pour les deux projets, la
VAN n’est identique que si le coupon intermédiaire peut
être réinvesti à 10 %, soit le taux du TRI.
Rentabilité LVMH :
30,0 %. β LVMH : 1,24.
Rentabilité du CAC Risque du CAC 40 σ : 6,38 %.
40 : 9,9 %. Part du risque de LVMH expliquée par le risque de
Risque LVMH σ = marché : 85,2 %.
9,31 %.
Le portefeuille P1 n'est pas un portefeuille efficient, en
effet le portefeuille P2 présente une rentabilité supérieure
pour un même risque.
Une action peut donc avoir un β faible avec un risque
spécifique (σH) élevé.
VAN = – 6,8 ; TRI = 1,4 %.
VAN = 1,35 ; TRI = 60 %.
TRI de 29,4 % avec un amortissement linéaire et
30,1 % avec un amortissement dégressif.
b)
Coût du capital 7,9 % = 10 % × 2/3 + 6 % × (1 –
37 %) × 1/3. Valeur de l’actif économique 7 387 M€.
Valeur des capitaux propres 5 137 M€ = 7 387 – 2 250.
a) Plus la croissance anticipée est forte, plus les
multiples (PER, multiple de l’EBE, du résultat
d’exploitation) sont élevés.
c)
b)