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Espaces vectoriels

II. Notion de dimension


.

Rappelons que E désigne un espace vectoriel sur un corps commutatif K.

1. Dépendance et indépendance linéaire.

1.1 Dé…nition: Soient u1 ; :::; un des vecteurs de E. On appelle combinai-


son linéaire des vecteurs u1 ; :::; un de E tout élément de la forme

1 u1 + ::: + n un , 1 ; :::; n 2K

En d’autres termes, les combinaisons linéaires de u1 ; :::; un sont exacte-


ment les éléments de vect(u1 ; :::; un ).

Par exemple, dans l’espace usuel R3 , le vecteur u = (11; 2; 16) est


combinaison linéaire des vecteurs u1 = ( 1; 1; 2) et u2 = (3; 0; 4) car
u = 2u1 + 3u2 .

1.2. Partie (famille) liée.

i) Une famille (ui )1 i n d’éléments de E est dite liée s’il existe 1 ; :::; n 2
K, non tous nuls, tel que:

1 u1 + ::: + n un =0

On dit aussi que les vecteurs u1 ; :::; un sont linéairement dépendants.

Par exemple: Considérons les vecteurs de l’exemple précédent. On a:


2u1 + 3u2 u = 0, donc la famille (u1 ; u2 ; u) est liée.

ii) Une famille quelconque (ui )i2I d’éléments de E est dite liée si elle con-
tient une sous-famille …nie qui est liée, c’est à dire il existe J I, …ni, tel

1
que la famille (uj )j2J soit liée.

1.3. Partie libre.

i) Une famille (ui )1 i n d’éléments de E est qui n’est pas liée est dite
libre, cela veut que si
1 u1 + ::: + n un = 0,
avec 1 ; :::; n 2 K alors i = 0, pour tout i 2 f1; :::; ng.

Par exemple dans l’espace usuel R2 , la famille ((1; 1); (1; 2)) est libre.

Notons que si u 2 E, non nul, alors (u) est libre.

ii) Une famille quelconque (ui )i2I d’éléments de E est dite libre si toutes
ses sous-familles …nies sont libres, c’est à dire pour toute partie J …nie con-
tenue dans I, la famille (uj )j2J est libre.

Par exemple, dans l’espace R[X], la famille (1; X; X 2 ; :::) est libre.

1.4. Exercice: a) Montrer que toute sous-famille d’une famille libre est
libre.
b) Montrer que toute sur-famille d’une famille liée est liée.

1.5. Proposition: Soit B une partie (famille) libre de E et u 2 E, alors:

B [ fug libre () u 2
= vect(B)

Plus généralement, si B 0 est une partie (famille) libre de E, alors:

B [ B 0 libre () B 0 \ vect(B) = f0g

1.6. Dé…nition: a) Une partie (famille) B de E est dite génératrice si:

vect(B) = E,

cela veut dire que:


P
8u 2 E, 9u1 ; :::; un 2 B, 9 1 ; :::; n 2K:u= i ui
1 i n

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Par exemple, la famille ((1; 0); (0; 1)) est génératrice de l’espace R2 .

1.7. Base: Une partie (famille) (ei )i2I de vecteurs de E est dite une base
de E si elle est libre et génératrice.

1.8. Exemples: i) La famille ((1; 0); (0; 1)) est une base de l’espace vecto-
riel R2 .

ii) La famille (X k )0 k n est une base de l’espace vectoriel Rn [X].

1.9. Proposition. Les assertions suivantes sont équivalentes:

i) La famille (ei )i2I est une base de E,


P
ii) 8u 2 E, 9!( i )i2I 2 K (I) : u = i ei .
i2I

1.10. Proposition: Soit (e1 ; :::; en ) une famille de vecteurs de E. Les


assertions suivantes sont équivalentes:

i) La famille (e1 ; :::; en ) est une base de E,


P
ii) 8u 2 E, 9!( 1 ; :::; n) 2 Kn : u = i ei .
1 i n

Dans ce cas, les scalaires 1 ; :::; n sont appelés les composantes (ou
les coordonnées) du vecteur u dans la base (e1 ; :::; en ).

1.11. Exemple: Montrons que la famille ((1; 1); (1; 1)) est une base de
R2 . Soit u 2 R2 , on doit montrer qu’il existe ; 2 R uniques tel que:

u = (1; 1) + (1; 1) ( )

Posons u = (x; y). L’égalité ( ) est équivalente au système:

+ =x
f
+ =y

On obtient:
x y x+y
= et =
2 2

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2. Dimension.

2.1. Dé…nition: Le K-espace vectoriel E est dit de dimension …nie s’il


admet une famille génératrice …nie.

2.2. Lemme: Soit (e1 ; :::; er ) une famille libre de E et u 2 Enf0g. On


note s la surjection canonique de:

E ! E=Ku

Alors:
(s(e1 ); :::; s(er )) libre () u 2
= vect(e1 ; :::; er )
2.3. Théorème: Pour tout n, pour tout espace vectoriel de dimension
n, toute famille libre de E contient au plus n éléments.

Preuve: Il su¢ t de faire la preuve pour les familles libres …nies. Dans ce
cas, toutes les familles libres seront …nies.

Récurrence sur n.

Cas n = 1. Soit B = (u) une famille générartrice de E. Soit L une famille


1
libre de E. Soit x; y 2 L, x = u et y = u, ; 2 K, donc x = b 1 y.
Comme L libre, nécessairement x = y et L est alors un singleton.

Supposons la propriété véri…ée pour n. Considérons un espace E de


dimension n + 1 et B = (b1 ; :::; bn+1 ) une famille génératrice de E. Soit
(e1 ; :::; er ) une famille libre de E (r 2). Nécessairement,

vect(e1 ; :::; er 1 ) 6= E,

il existe alors i tel que


bi 2
= vect(e1 ; :::; er 1 )
Par le lemme 2.2, la famille (s(e1 ); :::; s(er 1 )) est libre dans l’espace E=Kbi ,
qui est de dimension n. Par l’hypothèse de récurrence,

cardfs(e1 ); :::; s(er 1 )g card(s(B))

Donc r 1 n+1 1 et par suite r n + 1.

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2.4. Corollaire et dé…nition: Soit E un espace de dimension …nie.
Alors:
Toutes les bases de E ont le même cardinal
Ce cardinal commun est appelé la dimension de E, notée dimK E ou tout
simplement dim E.

) Si u1 ; :::; ur sont des vecteurs de E, le rang de la famille (u1 ; :::; un ) est


dé…ni et noté comme suit:

rg(u1 ; :::; un ) = dim(vect(u1 ; :::; un ))

2.5. Exemples:

i) dimK K = 1. En e¤et, le singleton f1g en est une base. En fait,


tout singleton non nul de K en est une base. En particulier, dimR R = 1 et
dimC C = 1.

ii) dimK K 2 = 2. En e¤et, la famille ((1; 0); (0; 1)) en est une base. En
particulier, dimR R2 = 2 et dimC C2 = 2.

iii) dimK K 3 = 3. En e¤et, la famille ((1; 0; 0); (0; 1; 0); (0; 0; 1)) en est
une base. En particulier, dimR R3 = 3 et dimC C3 = 3.

iv) dimK K n = n. En e¤et, (e1 ; :::; en ) en est une base, dite la base canonique,

ek = (0; :::; 0; 1; 0; :::; 0) (1 étant dans la k eme place)
En particulier, dimR Rn = n et dimC Cn = n.

v) dimK K[X] = n + 1. En e¤et, la famille (1; X; :::; X n ) en est une base.


En particulier, dimR Rn [X] = n + 1 et dimC Cn [X] = n + 1.

vi) dimR C =2. En e¤et, la famille (1; i) en est une base.

vii) dimR Cn =2n.

2.6. Proposition: On suppose que dim E = n. Alors:

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i) Toute famille libre de E contient au plus n éléments.

ii) Toute famille génératrice de E contient au moins n éléments.

2.7. Proposition: On suppose que dim E = n. Alors:

i) Toute famille libre de E de cardinal n est une base de E.

ii) Toute famille génératrice de E de cardinal n est une base de E.

Par exemple, pour montrer que la famille ((1; 2); (3; 1)) est une base de
2
R , il su¢ t de montrer qu’elle est libre ou génératrice.

2.8. Proposition: Soit F un sous-espace vectoriel de E. Alors:

i) dim F dim E,

ii) dim F = dim E () F = E.

) Si dim E = n et dim F = n 1, on dit que F est un hyperplan de E.

2.9. Proposition (Théorème de la base incomplète): On suppose que


dim E = n et que (e1 ; :::; er ) est une famille libre de E. Alors il existe
er+1 ; :::; en dans E tel que (e1 ; :::; er ; er+1 ; :::en ) soit une base de E.

2.10. Corollaire: Si E est de dimension …nie alors tout sous-espace de


E admet un supplémentaire dans E.

2.11. Proposition: Soit F; G deux sous-espaces de E tel que . Alors:


i) F \ G = f0g =) dim(F + G) = dim F + dim G
ii) dim(F + G) = dim F + dim G dim(F \ G)
2.12. Corollaire: Soit F; G deux sous-espaces de E. Alors:
E=F G () (dim E = dim F + dim G) et (F \ G = f0g
2.13. Proposition: Soient E1 ; E2 deux K-espaces vectoriels de dimen-
sion …nie. Alors:
dim(E1 E2 ) = dim E1 + dim E2

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Plus généralement, si E1 ; :::; Er sont des K-espaces vectoriels de dimen-
sion …nie, alors:

dim(E1 ::: Er ) = dim E1 + ::: + dim Er

2.14. Proposition: Soit F un sous-espace de E. Alors:

dim(E=F ) = dim E dim F

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Exercices
Exercice 1: Montrer que:
i) (( 1; 2); (1; 3)) est une famille libre de R2 ,
ii) ((1; 1; 1); (1; 1; 1); (0; 1; 2)) est une famille libre de R3 ,
iii) (( 1; 1; 2); (1; 0; 2); ( 3; 2; 6)) est une famille liée de R3 .

Exercice 2: a) Montrer que la famille (u; v) est libre dans RR , où:

u(x) = x, v(x) = x, x 2 R

b) Montrer que la famille (ea )a2R est libre dans RR , où

ea (x) = eax , x 2 R

Exercice 3: Soit P1 ; :::; Pr des polynômes de degré deux à deux distincts.


Montrer que la famille (P1 ; :::; Pr ) est libre dans R[X].

Exercice 4: Montrer que la famille ((2; 0; 1); (1; 1; 1); (0; 1; 1)) est une
base de R3 (On déterminera les composantes de tout vecteur dans cette base).

Exercice 5: Montrer que la famille ((X 1)k )0 k n est une base de Rn [X]
(On déterminera les composantes de tout vecteur dans cette base).

Exercice 6: Montrer que F = f(x; y; z) 2 R3 : 2x + 3y z = 0g est un


sous-espace de R3 dont on déterminera une base.

Exercice 7: Montrer que G = f(x; y; z; t) 2 R4 : x+z = 0 et y z +t = 0g


est un sous-espace de R4 dont on déterminera une base.

Exercice 8: Montrer que F = fP 2 R3 [X] : Pe(2) = Pe(3) = 0g est un


sous-espace de R3 [X] dont on déterminera une base.

Exercice 9: Montrer que F = fP 2 R4 [X] : Pe(3) = P


f0 (3) = 0g est un
sous-espace de R4 [X] dont on déterminera une base.

Exercice 10: Montrer que G = fP 2 R3 [X] : Pe(1) = Pe(i) = 0g est un


sous-espace de R3 [X] dont on déterminera une base.

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