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GUIDE PRATIQUE DE

LA TONTINE
STRUCTURELLE
EN AFRIQUE

Dr Claudel NOUBISSIE

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REMERCIEMENTS
Je souhaite remercier tous les membres du Claudel
Noubissie Business Group (CNBG), pour leur foi en
la création d’une Afrique meilleure, ENSEMBLE.

Je remercie également toute l’équipe des vendeurs


du Claudel Noubissie International Consulting
(CNIC) pour leur travail acharné.

Guide de la Tontine Structurelle en Afrique,


Dr Claudel NOUBISSIE

Éditions SENG’A, ©2022

TOUS DROITS RÉSERVÉS


Toute reproduction totale ou partielle du présent
ouvrage par tous les moyens présentement connus
ou à être découverts, est interdite sans autorisation
préalable et écrite de l’auteur.

Toute utilisation non expressément autorisée constitue


une contrefaçon exposant l’individu ou l’établissement
coupable à des poursuites judiciaires

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SOMMAIRE

REMERCIEMENTS .............................................................................. 4

INTRODUCTION ................................................................................. 7

LE COMMUNAUTARISME ÉCONOMIQUE ............................ 11

LE COMMUNAUTARISME ÉCONOMIQUE .......................... 25

LE COMMUNAUTARISME ÉCONOMIQUE .......................... 33

LA TONTINE ...................................................................................... 38

L’HÉMORRAGIE FINANCIÈRE ................................................... 48

LE FINANCEMENT PAR LA TONTINE ..................................... 57

LES 05 MOTS CLÉS DE LA TONTINE .................................... 65

LA TONTINE IMMOBILIÈRE ......................................................... 88

LES TONTINES DANS LE MONDE ........................................... 95

TAXATION DES TONTINES AU CAMEROUN ................... 107

CONCLUSION ................................................................................. 113

TABLE DES ILLUSTRATIONS ...................................................... 117

BIBLIOGRAPHIE .............................................................................. 118

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INTRODUCTION

L
’entraide et la fraternité représentent
les principales valeurs spirituelles de
l’Afrique.

Soutenir, aider, contribuer et partager sont


des verbes qui font de nous des africains.
Dans notre culture, il est naturel d’apporter
son soutien à un proche dans le bonheur,
ou encore qui traverse une situation
malheureuse.

Contribuer ici c’est parfois lui rendre visite,


prendre de ses nouvelles, lui apporter
des conseils, lui faire bénéficier de son
relationnel et surtout, cotiser de l’argent
pour lui permettre de soulager sa peine.
Lorsque c’est fait, nous avons le sentiment
de lui avoir apporté notre chaleur humaine,
pour lui montrer à quel point, il occupe une
place essentielle dans notre vie.

À notre tour, lorsque nous sommes victimes


d’un malheur, ou si nous vivons une situation
heureuse, le même principe s’applique. Cette

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empathie réciproque est le socle de notre
culture africaine car en Afrique, nous rions
ENSEMBLE, nous pleurons ENSEMBLE, nous
réussissons ENSEMBLE et nous échouons
aussi ENSEMBLE !

Dans notre cycle d’évolution, nous faisons


forcément face à des challenges (éducation,
alimentation, sanitaire…) et pour aisément
y faire face, nous avons besoin de nous
appuyer sur notre communauté.

Communauté, le mot est lâché !

Il est aisé de porter un fardeau de 10 kg


seul. Nous pouvons encore essayer 30, 40,
50, 60…100 kg ! Mais, plus la charge devient
lourde, et plus il devient pénible de la porter…
SEUL. Nous avons besoin d’un levier, qui va
nous permettre de supporter la charge plus
aisément. En physique, le levier peut être
une brouette, un pousse… Dans la société, le
levier par excellence c’est la communauté,
notre communauté.

En communauté, nous sommes tous


ignorants, mais pas de la même chose.

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La communauté est à la fois notre porte-
monnaie, notre éducation, notre expérience,
notre sommier, notre consolation… la
communauté représente tout !

En Afrique, être exclu d’une communauté


représente l’une des plus grandes
humiliations qu’une personne peut subir,
qui peut même entraîner la folie. Tout le
monde se bat pour contribuer à bâtir sa
communauté s’il souhaite réussir dans ses
projets et mener sereinement toutes ses
initiatives. Cette communauté commence
par le socle familial, elle s’élargit de
manière concentrique chez les amis, les
collaborateurs et surtout les partenaires
d’affaires. Car, pour faire des affaires, vous
ne pouvez évoluer qu’en communauté.

C’est ce que fait avec brio la communauté


asiatique, d’où sa puissante économique.
Cette puissance réside surtout dans l’usage
au sein de la communauté, d’une pratique
veille comme l’histoire des civilisations : la
tontine.

Dans ce livre, nous allons plonger en

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immersion dans l’univers des tontines, afin
que vous puissiez comprendre comment
utiliser ce puissant levier pour réussir dans
vos affaires. Nous parlerons de la tontine en
général, et plus spécifiquement de la tontine
structurelle, sa forme la plus évoluée.

Tout au long de votre lecture, nous aurons


pour cas pratique un modèle de tontine que
j’ai implémenté avec des milliers d’africains
qui se retrouvent partout à travers le monde.

Pour y parvenir, je décide de créer en


octobre 2021, un puissant groupe d’hommes
et femmes d’affaires africains : le Claudel
Noubissie Business Group (CNBG). Au sein
de ce groupe, nous lançons : la tontine
structurelle africaine.

Vous comprendrez tout au long de la lecture


de ce livre, comment nous avons procédé
pour créer un réseau aussi puissant, afin que
vous puissiez utiliser ces stratégies pour créer
votre propre réseau, ou tout simplement
rejoindre notre tontine structurelle africaine,
afin qu’ensemble, nous devenions PLUS
PUISSANTS.

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-I-

LE COMMUNAUTARISME
ÉCONOMIQUE
(Partie 1)

L
e communautarisme économique est une
notion extrêmement importante à comprendre.
Il est utilisé dans tous les pays du monde qui
se sont développés économiquement. L’Afrique
francophone, et le Cameroun en particulier, restent
les seuls à ne pas vouloir utiliser ces principes de
base en économie, afin de pouvoir se développer
de façon efficace. Je vais vous présenter ce que
c’est que le communautarisme économique en
vous prenant en exemple une société de notre
environnement, dans notre quartier le Cameroun,
ou plus globalement dans notre pays l’Afrique.
Cela vous permettra de comprendre comment
l’utilisation de cette stratégie permet beaucoup
plus efficacement de se développer sur le plan
économique.

En 2015, une étude a été réalisée au Cameroun afin


de déterminer quelles sont les régions les plus et les
moins développées du pays. Cette étude a permis

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de mettre en évidence deux faits extrêmement
importants : la région la plus développée du
Cameroun est la région de l’Ouest et celle la moins
développée est la région du Sud. Pour aller plus loin,
il était question de comprendre ce qui expliquait
cette différence économique.

Je tiens à préciser que cela n’a rien à voir avec


l’intelligence, la beauté, ou le travail. Le seul élément
qui a été retrouvé sur le plan statistiquement
significatif et qui explique pourquoi la région de
l’Ouest est plus développée que la région du Sud,
est la préservation de la culture.

Figure 1 : Chefferie traditionnelle Bamiléké dans la région de l’Ouest


Cameroun

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Vous vous demandez sûrement comment la
préservation de la culture peut transformer une
région sur le plan économique et pousser cette
région à être plus développée économiquement
qu’une autre.

Voici un fait : la préservation de la culture permet


de maintenir, ou plutôt, d’installer un principe de
société sous forme d’une pyramide (représentée
par un triangle).

Au sommet nous avons un chef. Dans la culture


camerounaise, notamment des peuples de l’Ouest,
le chef est plus respecté que le président de la
République. Il y’a des zones de l’Ouest Cameroun
dans lesquelles on ne connaît même pas le
Président, car la seule personne qui a autorité c’est
le chef du village. Dans le système pyramidal de
l’organisation sociétale de ces zones, sur le plan
culturel, le chef traditionnel est au sommet de la
pyramide. Dans les principes culturels, on s’est
rendu compte qu’il était important que le chef soit
respecté, car si le chef n’est pas respecté, personne
ne va vouloir appliquer ce que le chef demande
de faire. Il y’a donc deux principes qui ont été
utilisés pour pousser la population, ou plutôt les
ressortissants de cette région, à respecter les chefs.

 La première chose c’est l’argent, puisque


l’argent est le seul langage que l’on comprend
dans notre société. Nous sommes dans une
société qui est devenue purement capitaliste
et dans laquelle il n’y’a que l’argent que les

13
gens comprennent. Quand vous n’avez pas
d’argent, vous ne pouvez pas être respecté ;
on ne respecte que ceux qui ont l’argent.

J’aime toujours prendre l’exemple avec les


Asiatiques, notamment les Chinois qu’avant on
appelait « les jaunes ». Aujourd’hui l’expression « les
jaunes » a totalement disparu, parce que désormais
les chinois ont de l’argent, et de l’influence.

Observez votre famille, on ne respecte que ceux qui


ont de l’argent, même lorsqu’il s’agit du plus petit, le
cadet. Lorsqu’il y’a un deuil par exemple, on attend
que ce dernier arrive, peu importe le temps qu’il
mettra, parce qu’il a de l’argent.

Étant donné qu›ils ont compris ce principe sur le


plan culturel, ils ont décidé de mettre sur pied
un principe qui va permettre à ce que le chef
traditionnel puisse avoir de l’argent.

Récemment dans un village de la région Ouest-


Cameroun, on a intronisé un chef. Après son
intronisation, les élites du village ont mis à sa
disposition deux véhicules de marque Toyota,
modèle Prado totalement neufs d’une valeur de
80 millions chacun, car il fallait que les populations
comprennent que sur le plan économique, le chef
n’a pas de problème.

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 Le deuxième élément qui a été mis en exergue
pour qu’on respecte le chef est ce que je vais
appeler les principes magiques. Lorsqu’on
intronise un chef à l’Ouest du Cameroun, il doit
pendant un certain temps, aller dans certaines
régions ou dans certains villages pratiquer
des rites mystiques ; cette pratique s’appelle
le La’akam. Cela veut dire qu’il sera intronisé
par certains notables et certains anciens,
et on fait comprendre à la population que
pendant cette phase d’intronisation on est en
train de lui donner les pouvoirs sacrés, qu’on
est en train de le transformer, afin qu’il puisse
avoir un impact sur tous les ressortissants du
village, même à distance. Quand le chef sort
donc de là, toute la population comprend que
désormais le chef a des pouvoirs magiques.
Si le chef te demande de faire quelque chose
et tu ne le fais pas, il a la possibilité d’avoir
un impact sur ta vie et celle des tiens, même
à distance. Il peut te « lancer la foudre », des
sorts de toutes sortes pour te punir. Il y’a aussi
selon ces mêmes traditions des notables
qui viennent juste après le chef, qui ont la
possibilité de faire pousser des plantains en
une seule journée.

Voilà donc les deux principes culturels qui ont été


mis en place et qui permettent de faire en sorte
que toute la population puisse respecter le chef.
Il existe beaucoup d’autres principes, mais je n’ai
voulu retenir que les deux principaux.

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Figure 2 : Danseurs bamiléké exécutant une danse rituelle.

Ces deux principes ont donc poussé le chef dans


les zones de la région Ouest Cameroun à pouvoir
mettre sur pied un principe communautaire
extrêmement puissant.

Je connais un village dans lequel ils ont très vite


compris que pour que le village se développe
économiquement à travers un principe
communautaire, il faudrait que la population soit
beaucoup plus grande ; parce que plus on est grand,
plus les échanges sont importants et volumineux,
et plus on peut gagner de l’argent.

Il faudrait également que le chef puisse servir


d’exemple pour inciter la population à s’agrandir

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rapidement. C’est pour cela que le chef doit avoir
plusieurs femmes (plus de dix), et beaucoup
d’enfants. Cela devient donc un reflet de l’attitude
qu’il faudrait adopter. C’est la raison pour laquelle
c’est l’une des régions du Cameroun où les femmes
font le plus d’enfants. Je viens d’une famille où nous
sommes huit. Il existe des familles dans laquelle ils
sont vingt, quarante ; cela favorise bien évidemment
les échanges économiques dans la famille.

La région de l’Ouest-Cameroun est très petite en


superficie ; c’est pour cela que certains ressortissants
des villages sont amenés à se déplacer pour aller
dans d’autres régions du Cameroun, et même
d’autres pays. Pour permettre que le principe
communautaire continue de s’effectuer même
lorsqu’ils se déplacent, ils ont décidé de créer ce
qu’on appelle dans le jargon courant les tontines,
ou njangui, ou plus banalement des réunions.

Dans le village il y’a des tontines qui sont


représentées à travers des réunions segmentées
en fonction des catégories de la population. Il y’a
des réunions des élites, des femmes, des étudiants,
des élèves, ainsi de suite.

Étant donné que la région est petite et qu’ils seront


amenés à se déplacer, ils ont donc décidé de mettre
sur pied des représentants du chef dans toutes les
autres régions du Cameroun et même à l’étranger.
Chaque représentant du chef se rassure que les
principes culturels soient respectés à travers les
différentes tontines.

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La troisième chose est que dans les tontines, on
cotise de l’argent, et chacun bouffe à son tour.
Ils sont allés plus loin parce qu’ils se sont rendus
compte que ce n’est pas pertinent que chacun
vienne à la réunion avec l’argent dans sa poche
pour cotiser ; ils ont donc décidé de créer une
banque avec un statut juridique de microfinance
de deuxième catégorie : la banque est représentée
dans plusieurs villes du Cameroun et même à
l’étranger.

Lorsqu’un ressortissant du village se retrouve à


Yaoundé et qu’il est affilié à une tontine de Yaoundé,
il doit venir à la banque payer sa cotisation dans le
compte bancaire de la tontine (cette tontine a un
compte dans ladite banque qui elle est chapeautée
par le chef du village). On lui délivrera alors un reçu,
et c’est avec ce reçu qu’il viendra à la tontine. C’est la
même chose partout. Cela conduit au fait que tout
l’argent des ressortissants du village, qu’importe
l’endroit du monde où ils sont, cotisent tous dans
la même banque. Le chiffre d’affaires mensuel de
cette banque dont je tairais le nom est évalué à 5
milliards de francs CFA.

C’est la raison pour laquelle vous allez parfois


voir certaines microfinances dans lesquelles
personne n’entre jamais, mais elles ont des
chiffres d’affaires de 15 milliards. Tout cela est dû
au communautarisme économique ; on a mis
sur pied un système qui fait en sorte que toute la
communauté fasse tourner son argent dans cette
microfinance et la maintienne sur pied.

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Lorsque vous arrivez dans la tontine, chacun
présente son reçu de versement à la banque et avec
ce reçu de versement, le responsable de la tontine
(qui est associé avec le représentant du chef et un
représentant de la banque) vérifie les reçus. Dès
qu’on décide qui doit bouffer, on fait un chèque à
ce dernier pour qu’il aille toucher son argent. Mais
cela ne s’arrête pas là. Ils ont compris que lorsqu’on
donne de l’argent à quelqu’un, il ne faut pas que cet
argent entre dans les mains d’une autre personne
sinon la communauté va perdre cet argent. On
décide alors de faire dans toutes les tontines des
bases de données, qui présentent les noms et
activités de chaque membre. Ce qui fait donc que
l’argent des ressortissants de tout le village tourne
non seulement dans la même banque, mais aussi
entre les mains des ressortissants du village.

À la fin de l›année on fait le bilan consolidé de la


banque dans laquelle tout l’argent de pratiquement
tous les ressortissants du village tourne, et il y’a une
partie des bénéfices de cette banque qui permet
de développer des projets sociaux dans leur
village. Ce n’est plus l’État qui construit les routes,
les écoles, les hôpitaux, c’est avec l’argent de ces
banques qu’ils ont amélioré le plateau technique
de l’hôpital public qui est dans leur village ; C’est
l’argent de cette banque qui leur permet de donner
des bourses à leurs élèves et à leurs étudiants
chaque année.

C’est ainsi par ce principe du communautarisme


économique que les peuples de l’Ouest-Cameroun

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ont pu faire en sorte que leur région se développe
plus facilement sur le plan économique, par rapport
aux autres régions.

Ce n’est pas parce qu’ils sont plus intelligents, plus


forts, ni plus travailleurs, c’est juste parce qu’ils ont
décidé d’utiliser le seul moyen reconnu à ce jour
qui permet de se développer économiquement,
que ce soit de façon individuelle ou dans une
communauté, ou encore de façon étatique, à savoir
le communautarisme économique.

Cependant dans la région du Sud dans laquelle j’ai


fréquenté à l’internat du lycée classique moderne
d’Ebolowa durant quatre années, le chef n’est
respecté par personne. Cette région est l’une des
régions les moins développées du Cameroun, et
d’après cette étude de principe elle ne se met pas
sur pied pour des raisons simples :

- On ne respecte pas le chef parce qu’il n’a pas


d’argent

- Personne ne reconnaît en le chef des pouvoirs


magiques.

- Les principes culturels ne sont pas respectés


pour permettre qu’on puisse respecter le chef

- C’est la religion chrétienne qui a été très


implantée dans cette région à la place, et
cela est un outil de division.

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Si vous rencontrez quelqu’un qui est catholique,
protestant ou quelqu’un qui est dans une église
réveillée et que vous lui posez la question « qu’est-
ce qu’il faut faire pour aller au ciel ? », il vous dira
qu’il faut faire ce qu’on nous apprend à l’église. Les
protestants vous diront que ce que les catholiques
et ceux des églises réveillées font ce n’est pas ce
que Dieu a demandé de faire ; ceux des églises
réveillées diront exactement la même chose. Et ce
n›est pas tout, puisque les musulmans vous diront
aussi que tout ce que les autres font-là ne sert à
rien, c’est ce que Allah a dit qu’il faut faire.

Quand les gens sont déjà embrigadés dans les


religions, on ne peut plus facilement développer le
communautarisme, surtout que nos religions sont
divergentes. Le Sud Cameroun est l’une des régions
où les religions, plus précisément le christianisme,
sont les plus implantées, et ce n’est pas pour rien
que jusqu’à ce jour il y’a une guérilla qui se mène
contre les peuples de l’Ouest avec la religion.

Vous remarquerez que dans les principales villes de


l’Ouest-Cameroun les églises, ou plutôt les confréries
religieuses, s’implantent de façon massive avec des
investissements volumineux, parce que leur objectif
c’est de pouvoir réussir à l’Ouest ce qu’ils ont réussi
dans les autres régions, pour faire en sorte que ces
régions ne se développent pas économiquement.

L’Ouest-Cameroun est l’une des régions où la


culture reste toujours ancrée de façon efficace. C’est
cette culture-là qui permet de faire en sorte que le

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communautarisme économique se développe et
que la région puisse s’étendre économiquement
de façon beaucoup plus évidente, et de façon plus
éclatante.

Cette culture permet de développer d’autres forme


d’échanges comme l’économie des obsèques. Les
ressortissants de la région de l’Ouest, pratiquant
le culte des ancêtres, accordent une importante
particulière aux rites qui tournent autour de la mort.
C’est ainsi que, chaque week-end, des obsèques
s’organisent dans des villages ainsi que des
funérailles.

Cela représente une économie énorme, ceci


partant des tontines qui contribuent pour chaque
défunt qui en était membre. Cela continue avec le
transport (qui se fait en général dans l’agence de
voyage d’un membre de la tontine).

Ensuite, la maison au village qu’il faut aménager


pour recevoir ceux qui viendront aux obsèques en
passant par l’eau, la lumière, la route… Chacun veut
très bien préparer son domicile au village pour bien
recevoir ceux qui viendront.

Sans oublier l’économie agro-alimentaire


(nourriture, boisson, service traiteur, etc.) qui tourne
autour et même parfois des stations-service pour
fournir le carburant aux véhicules qui vont se rendre
au village.

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Par ce principe culturel (l’économie des obsèques),
chaque village se développe sans avoir besoin de
l’intervention du gouvernement, grâce aux tontines
et à la communauté.

Dans la deuxième partie, je vais vous prendre


d’autres exemples avec d’autres pays et d’autres
régions, pour que vous puissiez comprendre à quel
point le communautarisme économique est le SEUL
moyen de pouvoir s’enrichir dans une communauté
et dans un pays.

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Chef de village

Notables

Populations

Figure 3: Structure hiérarchique de la société dans l’Ouest


Cameroun

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-II-

LE COMMUNAUTARISME
ÉCONOMIQUE
(Partie 2)

A
vant d’entrer dans le vif du sujet, je vais d’abord
vous expliquer un principe fondamental sur
le plan biologique.

Dans notre poitrine il y’a un organe excellent qui


s’appelle le cœur ; c’est l’un des organes les plus
indispensables de l’organisme. L’une des fonctions
du cœur est celle de pomper du sang. Lorsque le
cœur pompe du sang, ce sang passe à travers tout
un réseau de vaisseaux sanguins afin d’alimenter
tout l’organisme (je caricature juste pour que vous
puissiez voir ce qui se passe au niveau du cœur).
Quelque chose d’extrêmement important est que
lorsque le sang quitte du cœur, il y revient toujours.

Les poumons aussi ont une fonction extrêmement


importante. Lorsque vous respirez, vous aspirez de
l’oxygène et vous rejetez du dioxyde de carbone
(gaz carbonique). C’est l’oxygène que vous aspirez
qui permet d’oxygéner le sang, c’est-à-dire que
cet oxygène passe dans les vaisseaux sanguins et
alimente les cellules, les tissus et les organes.

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À quoi sert le sang ? Le sang transporte tout
simplement de l›oxygène et les nutriments qui
vont permettre d›alimenter toutes les cellules qui
sont dans le réseau par lequel transitent tous les
vaisseaux sanguins. Cela veut dire que le sang
va passer par le foie, les reins, la rate, le cerveau.
Étant donné que ces organes ont des tissus et des
cellules, ces tissus et cellules ont besoin d›oxygène
et de nutriments pour pouvoir fonctionner et faire
en sorte que l›organe puisse jouer son rôle de façon
harmonieuse. Voilà à quoi sert de façon globale le
sang.

Cependant, il peut arriver que vous ayez une plaie


située au niveau de votre jambe ; cela veut dire
qu’il y’a une rupture de vos vaisseaux sanguins,
et quand il y’a une rupture, le sang qui passait à
travers ces derniers commence à s’extérioriser, et
cela donne ce qu’on appelle une hémorragie.

Une hémorragie c’est lorsque le sang quitte du lit


des vaisseaux sanguins et s’en écoule hors. Cela
peut se produire à l’extérieur ou à l’intérieur de
l’organisme. Lorsque le sang se déverse à l’intérieur
de l’organisme, on parle d’une hémorragie interne
; lorsque le sang se déverse à l’extérieur de
l’organisme, on parle d’une hémorragie externe.
Plus le sang se déverse, plus la quantité de sang en
circulation diminue ; plus cette quantité diminue,
plus certains organes, tissus et cellules ne seront
plus alimentés en oxygène et en nutriments, et
commenceront donc à se dégrader et à mourir.

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Le principal organe à en souffrir sera le cerveau,
puis progressivement les autres organes en
souffriront et se dégraderont, et vous allez mourir
d’hémorragie, car même le cœur n’aura plus de
sang pour s’alimenter.

Sur le plan économique et sur le plan du


communautarisme économique, votre cœur
représente le travail que vous effectuez au
quotidien.

Tout le monde travaille durement au quotidien. J’ai


rencontré des personnes qui font 50, 60 et même
parfois 80 heures de travail par semaine. À la fin du
mois, ces personnes bénéficient d’une rémunération
qui en général est inférieure à la valeur du travail
qu’elles fournissent, que ce soit dans leur entreprise
ou à leur propre compte.

Le sang représente l’argent que vous gagnez


durement. Cela signifie que comme le cœur pompe
du sang, c’est comme ça que vous travaillez
durement pour gagner votre argent, tout comme
il y’a un réseau qui se crée par lequel transite votre
argent.

- Le vêtement que vous avez sur vous, où


l’avez-vous acheté ?

- La chaussure que vous portez, où l’avez-vous


achetée ?

27
- Le sac que vous avez, où l’avez-vous acheté
?

- Le téléphone ou l’ordinateur que vous utilisez


pour regarder une vidéo, où l’avez-vous
acheté ?

- Le savon, le lait de toilette, le dentifrice que vous


avez utilisé le matin, où les avez-vous achetés ?

Très peu de personnes, surtout en Afrique et au


Cameroun, se posent ces questions. Ce qui se
passe est que lorsque vous travaillez durement
votre argent et qu’avec cet argent vous effectuez
des dépenses qui ne reviennent pas directement
pour vous bénéficier à vous, en fait vous
vous infligez l’équivalent d›une hémorragie à
l’organisme. Cela veut dire que l’argent que vous
avez travaillé durement est en train de sortir pour
bénéficier à quelqu’un d’autre ; vous êtes en train
de le dépenser sans que ça ne revienne chez vous
directement ou indirectement, donc il s’agit d’une
hémorragie, exactement comme dans l’organisme
avec le sang. Et si tout le temps, l’argent que
vous gagnez durement vous le dépensez dans
des structures pour acheter des produits et des
services qui ne vous bénéficient pas directement ou
indirectement, la conséquence est que vous allez
mourir économiquement. Vous ne pourrez pas vous
enrichir si l›argent que vous travaillez durement
s›extériorise comme une hémorragie externe, vers
des structures dont le chiffre d’affaires ne vous ne
bénéficie pas directement ou indirectement.

28
C’est la raison pour laquelle tous les pays qui se
sont développés économiquement ont compris
ce principe et décidé de faire en sorte qu’il y ait
l’hémorragie la plus minime possible.

Prenons l’exemple d’Israël qui est l’un des pays


au monde où le communautarisme économique
fonctionne de façon excellente. Il y’a une étude
qui a démontré qu’en Israël, lorsqu’un Israélien
a de l’argent, cela passe d’abord entre les mains
de 22 autres israéliens avant de passer entre la
main d’un étranger. C’est parce qu’ils ont compris
que leur argent ne doit pas sortir comme une
hémorragie mais doit plutôt tourner dans le réseau,
afin d’enrichir individuellement ceux qui s’y trouvent
avant d’en sortir.

Au Cameroun, en Afrique, lorsque quelqu’un a


de l’argent, cela sort directement du réseau ; il
va acheter un vêtement chinois, une chaussure
thaïlandaise, un sac italien. Parfois on voit des
personnes qui s’habillent, enfilent leur chemise
pour montrer qu’ils ont une ceinture de marque
étrangère, en étant fiers de l’exposer en public. Cela
montre à quel point nous sommes stupides car
avec ce genre de comportements nous ne pouvons
pas nous développer sur le plan économique, c’est
impossible !

Pour se développer sur le plan économique, il faut


toujours se poser la question : la dépense que je
suis en train d’effectuer, est-ce qu’elle va me
revenir directement ou indirectement ?

29
C’est la raison pour laquelle dans le chapitre 1 lorsque
je parlais du communautarisme économique avec
les peuples de la région de l’Ouest du Cameroun, je
vous ai fait comprendre qu’ils ont créé un système
à travers les tontines, à travers leurs banques, à
travers leurs entreprises et à travers les produits et
services qu’ils proposent, pour que l’argent de tous
les ressortissants de la région tourne entre leurs
mains, afin qu’il n’y ait pas d’hémorragie.

Dans certains pays comme la chine, les Chinois ont


compris que pour qu’il n’y ait pas d’hémorragie, il
y’a beaucoup de techniques à utiliser.

Par exemple, si un Chinois a envie d’utiliser une


voiture Peugeot et que celle-ci n’est pas produite
par une entreprise chinoise, les chinois vont aller
investir dans l’entreprise Peugeot en bourse. C’est
la raison pour laquelle ils ont créé une banque avec
un capital de plus de 1000 milliards de dollars1, pour
investir dans des entreprises occidentales, afin que
même s’ils achètent un produit ou un service d’une
entreprise occidentale ils gagnent de l’argent.

C’est la raison pour laquelle les Chinois sont entrés


dans le capital de Total, d’Orange, de Daimler qui
fabrique les Mercedes. Aujourd’hui si un Chinois
conduit une Mercedes c’est parce qu’il sait qu’ils
sont actionnaires dans le capital de cette entreprise,
et qu’à la fin de l’année lorsqu’on fera le bilan
consolidé de l’entreprise ils vont gagner de l’argent.
1 Exim Bank

30
Les Africains et les Camerounais sont les seuls à
ne pas se demander lorsqu’ils veulent effectuer
une dépense : la dépense que je suis en train
d’effectuer, est-ce que ça me rapporte de l’argent
directement ou indirectement ?

Tant que vous ne vous posez pas cette question,


vous ne pourrez pas devenir riche ; vous ne pourrez
pas vous enrichir sur le plan économique, c’est
impossible ! Nous devons cesser d’être ignorants
de ces principes de base du communautarisme
économique pour pouvoir nous enrichir. Nous
devons créer un réseau afin que notre argent y
tourne, pour nous enrichir individuellement et de
façon collective.

Il est maintenant question de comprendre que ça


ne doit plus seulement être ceux de la région de
l’Ouest qui doivent se mettre ensemble ; tant que
nous ne réussirons pas à le faire, nous ne pourrons
jamais nous développer sur le plan économique,
même si nous avons toutes les matières premières
du monde. Comprendre ce principe c’est pouvoir
identifier toutes les hémorragies qui empêchent
que l’argent, qui est l’objet des dépenses que
nous effectuons au quotidien, puisse nous revenir
directement ou indirectement.

Je vous ai ainsi expliqué la relation qu’il y’a entre


le principe de fonctionnement du cœur et le
principe de fonctionnement de votre argent. Nous
venons donc de terminer la deuxième partie sur le
communautarisme économique.

31
Figure 4: La circulation sanguine. En communautarisme
économique, Sang = Argent et Cœur = Travail.

32
-III-

LE COMMUNAUTARISME
ÉCONOMIQUE
(Partie 3)

J
’ai un ami qui s’appelle Thierry, un ami pour qui
j’ai beaucoup de considération et d’admiration.
Il est le président directeur général d’une
entreprise nommée NT Food, et dont leur marque
la plus connue est Tanty. Il m’expliqua qu’une fois,
dans le cadre de l’un de ses nombreux voyages
en occident, il se rendit à Aubagne une banlieue
de Marseille. Nous étions en Août 1995. Il s’était fait
héberger par un kinésithérapeute juif du nom de
BELAYICH. Il y vécut une scène qui s’était produite
un matin qui l’époustoufla, et qui le marqua à vie.

Ce matin-là, le juif lui remit de l’argent pour aller


acheter du pain qu’ils devaient manger pour le
petit déjeuner, avant de débuter la journée. Il lui
indiqua une boulangerie spécifique dans laquelle il
devait se rendre pour acheter ce pain. Après avoir
acquiescé, Thierry prit l’argent et sortit. Lorsqu’il se
renseigna pour se rendre dans cette boulangerie,
il se rendit compte que celle-ci était très éloignée
du domicile où il restait ; pour ne pas aller très loin,

33
Thierry s’en alla dans une boulangerie très proche
de la maison et y acheta du pain chaud, puis rentra
à la maison.

Lorsqu’il arriva à la maison, le juif vit le pain et lui


demanda où est-ce qu’il avait acheté ce pain. Thierry
lui avoua qu’il l’avait acheté dans une boulangerie
à côté, s’étant rendu compte que la boulangerie
dans laquelle il devait se rendre comme indiquée
était très éloignée. Le juif lui demanda aussitôt
d’aller jeter ce pain.

Troublé car ne comprenant pas pourquoi le juif lui


demandait de faire ça, il prit néanmoins ledit pain
et sortit ensuite. Une fois hors de la maison, il vit
un chien qui était dans la cour et s’engagea vers
celui-ci pour lui donner le pain. Le juif le surprit et
lui rappela qu’il lui avait demandé de jeter ce pain,
que même son chien ne devait pas en manger.
Abasourdi, il ne comprenait pas ce qu’il se passait.
Il avait même interdit de déposer ce pain à la
poubelle pour les sans domiciles fixes. Le juif lui
demanda de se débarrasser définitivement de ce
pain dehors, et c’est ainsi que Thierry le jeta et revint
dans la concession.

Le juif lui donna encore de l’argent et lui indiqua


soigneusement la boulangerie dans laquelle il
souhaitait qu’il se rende pour acheter du pain.
Thierry sortit, parcourra toute la distance qu’il fallut,
acheta le pain dans la boulangerie dite puis dès
qu’il eut rejoint la maison, le juif pris le pain et lui
montra un symbole qui était dessiné dessus. Il lui

34
fit comprendre que s’il achetait un pain et qu’il
n’avait pas ce symbole dessus, il ne devait pas le
manger, car ce serait dangereux pour sa santé.
Thierry était toujours intrigué. Lorsqu’ils finirent de
manger, Thierry se rendit compte qu’en réalité le
symbole qui était sur le pain était un symbole juif. La
boulangerie également appartenait à un juif. Ces
juifs avaient décidé de mettre un code sur leur pain,
pour que les autres juifs puissent acheter ce pain
et pas un autre. C’est là qu’il comprit à quel point
le communautarisme économique était implanté
chez les juifs.

Comme je vous l’ai expliqué dans la deuxième


partie sur le communautarisme économique, les
juifs sont l’un des peuples au monde qui pratiquent
par excellence le communautarisme économique.
Une étude a démontré que lorsqu’un juif a de
l’argent, cela tourne d’abord entre les mains de 22
autres juifs, avant de passer entre les mains d’un
étranger. L’État juif a plus d’entreprises cotées en
bourse que toute l’Europe réunie, je vous le rappelle
pour que vous puissiez comprendre la puissance
que représentent les juifs à ce jour grâce au
communautarisme économique.

Revenons au Cameroun pour essayer de


comprendre cela avec d’autres exemples. Il y’a
une boulangerie dans la ville de Yaoundé qui a
une particularité. On y vend des croissants à des
prix incroyables. Il y’a des croissants qui coûtent
1000 francs, 1500 francs, et même 2000 francs,
un seul croissant. Cela m’avait intrigué car de ce

35
que je savais, les autres boulangeries vendaient
leurs croissants généralement à 350, 500 francs
maximum. Un jour je me rendis donc dans cette
boulangerie pour essayer d’acheter un croissant, et
comprendre quelle était sa spécificité pour qu’on le
vende à 2000 francs.

J’arrive dans cette boulangerie, je m’aligne (car


on s’aligne pour acheter ledit croissant) ; lorsque
j’arrive devant la caisse après être resté en rang
pendant plus de 30 minutes, on me fait comprendre
qu’il n’y a plus de croissants. Malgré tout je patiente
encore quelques minutes, puisqu’on est en train
d’en mettre au four. Quelques minutes plus tard
ils reviennent avec d’autres croissants. Après avoir
réussi à en avoir j’essaie de ne pas trop m’éloigner
avant de le manger, donc je m’en vais juste devant
la boulangerie et je mange mon croissant là. Il
faut être malhonnête pour ne pas avouer que ce
croissant est excellent. J’ai dégusté ce croissant
car il était très bon, du moins comparé aux autres
croissants que j’avais l’habitude de manger dans
les autres boulangeries.

C’est ainsi que commence à mener des enquêtes,


et pendant que je le faisais, je me suis rendu compte
que ce croissant n’était même pas fabriqué au
Cameroun. Je me suis aussi rendu compte que ce
croissant arrivait au Cameroun déjà fabriqué, et
tout ce qu’on fait à la boulangerie c’est le prendre et
le mettre au four. Même les chefs pâtissiers qui sont
dans cette boulangerie ne savent pas fabriquer
ce croissant. Il ne faut pas être un chercheur ou

36
sortir d’Harvard, pour comprendre que c’est un
mécanisme par lequel ils souhaitent garder la
formule de ce croissant confidentielle afin que les
Camerounais ne puissent pas le dupliquer.

Ceci est une technique d’intelligence économique


qui implique qu’ils nous cachent la formule de
ce croissant, afin que nous puissions toujours
consommer des croissants provenant de leur pays
avec leurs ingrédients, et qu’ils puissent continuer
de gagner de l’argent grâce au communautarisme
économique à travers ce système.

C’est une preuve qu’ils refusent de vivre avec nous


ici sur la Terre. Lorsque vous voulez prendre un visa
pour aller en occident on vous dit non, on ne veut
plus les noirs là-bas. Il y’a une étude qui a démontré
que les garde-côtes en Italie coulent les bateaux.
Et même lorsque vous arrivez en occident c›est
vous qui faites les boulots qu’eux ne veulent plus
faire. Vous êtes capable d›accepter les conditions
qu’ils ne veulent plus accepter, donc vous êtes en
train de faire tourner leur système et vous êtes en
train de travailler pour payer les retraites des vieux
du système qui ne peuvent plus travailler. Ils nous
démontrent au quotidien qu’ils ne veulent pas vivre
avec nous ici sur la Terre, mais ils nous prêchent
l’évangile gratuitement pour que nous allions au
paradis, alors qu’ils nous cachent la formule de
leurs croissants.

Ceci est la réflexion que je vous entraîne à avoir.

37
-IV-

LA TONTINE

L
a tontine est une thématique très importante,
et il était urgent que j’en parle.

La tontine est un sujet très intéressant pour


ceux qui veulent se lancer en entrepreneuriat, saisir
des opportunités, améliorer leur niveau de vie.
Cependant, c’est un concept qui a été dégradé,
utilisé à tort et à travers sans respecter les principes
culturels qui vont avec.

Avant de commencer, je vous pose une question à


laquelle vous devez répondre : faites-vous partie
d’une tontine ?

Si oui, quel est son nom ? Quel est son objectif ? Le


lieu où vous la faites, la fréquence à laquelle vous
la faites, le montant des cotisations, le nombre de
tontines que vous avez intégré ?

Parmi les objectifs courants de tontines, nous


pouvons dénombrer :

- Immobilier

38
- Payer la scolarité

- Business

- Projet

- Rester en contact, se rencontrer

- Appartement meublé

- Rendre les membres milliardaires

- Projet d’élevage

- Soutenir la famille

- La dot

- Augmenter le capital

- Diversifier les investissements -


Épargner

- Payer les loyers et l’école

- Renouveler l’électroménager

Pour ce qui est des montants, ils sont hyper variés


selon les objectifs :

39
- 400.000 FCFA / mois

- 200 euros / mois

- 1000 euros / mois

- 1500 dollars / mois

- 32 000 FCFA / mois

- 170.000 FCFA / mois

Quels sont les vôtres ?

La première chose à savoir sur la tontine est que


c’est un moyen de resserrer les liens sur le plan
social.

Le but d’une tontine n’est pas forcément de gagner


de l’argent et devenir riche, mais avant tout de
rester connecté, de garder les racines, de garder
le contact, de se rencontrer, de faire la mise à
jour sur les actualités de chacun, de connaitre les
problèmes rencontrés par chacun. C’est pour cela
qu’il existe des tontines familiales, surtout dans
nos familles africaines dans lesquelles on retrouve
parfois 8, 10 enfants. Une tontine peut être rotative,
ce qui veut dire que chaque membre recevra les
autres chez lui à son tour. C’est ainsi un moyen de
montrer son évolution aux autres, ce qui amène
les uns et les autres à travailler plus pour évoluer,

40
encore du fait du regard des autres.

Dans la société, nous sommes influencés par


le regard des autres, par l’environnement et les
connaissances que nous avons reçues, et cela
a une incidence sur nos actions, nos habitudes
et attitudes, que ce soit de façon consciente ou
inconsciente. Ces interactions, ces liens, peuvent
vous débloquer des situations, vous permettre de
saisir des opportunités, vous sauver la vie : l’objectif
principal de la tontine est donc de garder le contact.

Dans mon parcours scolaire secondaire, j’ai


rencontré au moins 800 personnes avec qui j’ai
été dans la même salle de classe. Imaginez si
j’avais gardé le contact avec cinq personnes par
classe, cela aurait donné quarante personnes en
tout. Peut-être que parmi ces personnes il y aurait
eu un général de l’armée, un ministre, un multi
milliardaire ou un neurochirurgien dans un grand
hôpital aux États-Unis, bref, des gens qui auraient
pu me débloquer des situations aujourd’hui ; mais
on ne le saura jamais, car nous n’avons pas gardé
le contact.

Nous devons donc garder le contact dans notre


famille nucléaire, dans notre famille élargie, dans
notre village, dans l’environnement dans lequel
nous avons grandi, avec toutes les personnes que
nous avons rencontrées au cours notre vie, et l’un
des moyens de le faire c’est à travers la tontine.

41
C’est un élément à ne pas négliger : ne faites pas
de tontine UNIQUEMENT pour l’argent.

La tontine est différente de la cotisation. Si vous


mettez votre argent dans une sorte de cagnotte pour
un projet précis (payer l’école par exemple) sans
prendre en compte un certain nombre d’éléments,
ce n’est pas une tontine, mais une cotisation.

Je vous recommande donc de ne pas faire


uniquement des cotisations, mais d’aller au-delà
de cela, de faire des tontines. Si vous mettez la
monnaie fiduciaire avant les relations humaines,
c’est une grosse perte. Vous gagnerez plus à savoir
avec qui vous cotisez, cela vous permettra de
gagner beaucoup plus que seulement de l’argent,
mais également de l’expérience, ce qui vous évitera
de tomber dans certains pièges qui vous auraient
coûté plus cher.

Le deuxième objectif de la tontine est le networking,


qui est le fait de créer un réseau de personnes
et d’obtenir les informations sur chacune d’elle.
Il permet également le partage d’expérience. À
chaque fois que quelqu’un me demande si les
milliardaires de ce pays font des formations cela
me fait peur, car je me rends compte que l’obésité
de l’inconsistance intellectuelle pour laquelle
je suis devenu assassin prend des proportions
démesurées. En réalité, il n’existe pas un endroit
de formation pointu dans notre société africaine
comme la tontine. C’est dans la tontine que nos
milliardaires se forment. Je parle de ceux que je

42
connais.

Lorsqu’on crée une tontine, il faut définir les


différents critères d’inclusion qui peuvent être
ethniques, génétiques ou encore l’environnement
géographique. C’est en fonction de ces critères que
les objectifs seront définis.

Si vous décidez de mettre en place une tontine dont


le critère d’inclusion est ethnique, il sera question de
mettre en valeur ce critère d’inclusion en valorisant
le village, de contribuer à son développement,
de parler la langue maternelle, de transmettre la
culture aux plus jeunes. De plus, il faut toujours se
rappeler de l’objectif pour lequel vous vous mettez
ensemble.

Dans le cas d’une tontine ethnique, on va valoriser


la culture, on va parler en langue maternelle, le
chef du village pourra parrainer la tontine. Dans
cette tontine vous pouvez avoir des médecins, des
juristes, des importateurs, des enseignants, des
quincaillers, et pendant les réunions, les membres
bénéficieront d’un partage d’expérience qui se fait
uniquement en langue.

Les membres auront la possibilité de faire des


stages, d’apprendre des métiers auprès des
autres membres de la tontine sans rien dépenser.
Vous pourrez bénéficier de faveurs que ceux qui
ne sont pas dans la tontine n’auront pas et ne
soupçonneront même jamais, à l’instar d’une

43
réduction des prix d’achat de marchandises, ce qui
vous favorisera et vous permettra de contrôler un
secteur d’activité ou votre secteur d’activité ; d’où
l’importance du réseau.

La cotisation est la chose la moins intéressante


dans la tontine.

L’avantage des formations de la tontine est que


celles-ci proviennent des personnes qui ont une
expérience sur le terrain.

Le troisième pilier de la tontine est l’entraide, et


cela obligatoire. Si un membre de la tontine a un
évènement heureux ou malheureux, la première
des choses est de lui apporter un soutien physique,
en plus d’apporter une contribution financière. Si un
des membres enregistre plusieurs absences à ce
type d’évènements, il sera sanctionné.

Je connais des tontines qui n’ont pas attendu


l’État pour construire des routes ou électrifier leurs
villages. Des personnes se mettent ensemble,
créent une banque et génèrent des revenus qui sont
ensuite utilisés pour développer leur village, donner
des bourses aux élèves, aux étudiants, valoriser leur
environnement.

Le quatrième pilier de la tontine est le capital


confiance. Êtes-vous crédible ? Les éléments qui
permettent d’augmenter le capital confiance sont :

44
- La façon d’interagir avec les autres

- L’évolution dans la société

- La gestion des finances

Tant que vous ne développez pas ce capital


confiance, vous serez exclu. Lorsqu’on ne sait
pas encore quel est votre capital confiance, il
vous faudra un avaliste qui validera votre capital
confiance et se portera garant de vous. Pour que
quelqu’un devienne votre avaliste, il faut qu’il évalue
certains critères parmi lesquels, avoir une activité
génératrice de revenus avec une certaine marge
que vous définirez.

J’ai d’ailleurs sorti une formation intitulée les secrets


de la tontine ; pour ceux qui souhaitent bénéficier
de cette formation, contactez-moi en m’écrivant
directement via WhatsApp au : +237 677 61 90 11.

Il est très important de comprendre comment


fonctionne une tontine, cela vous permettra de
trouver des solutions pour mieux exploiter ses
ressources.

Il existe plusieurs types de tontines parmi lesquels


la tontine structurelle, qui est une tontine dans
laquelle tous les membres se fixent un objectif
commun à atteindre. Ce n’est pas une tontine où
tout le monde fait ce qu’il veut. C’est une tontine

45
dans laquelle on ne bouffe pas.

Par exemple, nous voulons acheter deux hectares


de terrains pour que chaque membre ait un lopin
de terre et qu’il puisse y construire sa maison. Nous
allons commencer par faire un devis de tout le
projet, faire des achats en gros (pour réduire les
coûts), puis nous allons segmenter le projet en
différentes étapes, et chaque étape aura ses coûts.
Il sera ensuite question d’analyser les activités de
chaque membre pour savoir ce qu’ils sont prêts à
cotiser. Après avoir défini le montant de la cotisation,
il sera question à chaque cotisation de réaliser une
étape du projet. On pourra également profiter des
compétences des membres de la tontine pour la
réalisation du projet. Si la tontine a besoin d’une
compétence qui ne se trouve pas dans le groupe,
un des membres sera l’avaliste de cette personne
auprès de la tontine.

Je me suis rendu compte qu’il y a beaucoup de


personnes qui ne comprennent plus l’essence de
la tontine alors je me suis décidé à en créer une, et
vous avez l’opportunité de l’intégrer.

Cette tontine est un groupe qui s’appelle le CLAUDEL


NOUBISSIE BUSINESS GROUP, qui est un groupe
dans lequel nous parlons business, opportunités,
et échangeons nos compétences intellectuelles et
relationnelles. C’est un groupe dans lequel chaque
jour, vous avez une chronique business faite par
moi-même, dans laquelle je vous partage une

46
opportunité, une stratégie, et chaque week-end le
groupe est ouvert pour permettre le networking, les
discussions et le partage d’expériences.

Dans ce groupe nous aurons une base de données


avec les informations sur les activités de tous les
membres, ce qui rendra le networking plus facile. Et
ceci, peu importe la partie du monde dans laquelle
vous vous trouvez.

C’est un groupe qui compte plus de 800 personnes.


Les frais d’adhésion s’élèvent à 10.000 FCFA/ mois
pour ceux qui résident au Cameroun, et à 25 euros/
mois pour ceux résidant à l’étranger. Pour accéder
au groupe vous devez payer trois mois minimums,
ensuite vous y serez directement intégrés.

Pour accéder notre tontine structurelle vous devez


payer 12 mois minimum, renouvelables, et justifier
d’une activité génératrice de revenus.

Pour rejoindre le groupe, contactez-nous en inbox


sur WhatsApp au +237 677 61 90 11, les réseaux sociaux
pour obtenir les liens à remplir, ou vous pouvez
vous rendre aux sièges de la StartUp Academy à
Yaoundé, Douala, Dschang, Abidjan, ou au siège du
NOUBISSIE RESSOURCE CENTER à Yaoundé, et nous
vous donnerons toutes les informations nécessaires
pour votre adhésion.

47
-V-

L’HÉMORRAGIE FINANCIÈRE

J
e vous ai présenté l’opportunité d’intégrer un
groupe dans lequel nous faisons de la tontine
structurelle : le CLAUDEL NOUBISSIE BUSINESS
GROUP.

Le CLAUDEL NOUBISSIE BUSINESS GROUP est un groupe


dans lequel nous parlons business, opportunités,
échangeons nos compétences intellectuelles
et relationnelles, et surtout, faisons une tontine
structurelle dans le but de mettre sur pied des
projets d’investissement de grande envergure, et
mettons en commun nos moyens afin de réaliser
des projets ensemble.

Pour vous expliquer de manière exhaustive le


concept d’hémorragie financière, je vais déjà vous
poser quelques questions (répondez en remplissant
directement dans le livre) :

1. Qu’avez-vous mangé depuis le matin (petit


déjeuner, déjeuner, diner) ?

………………………………………………………………………………………
………………………………………………………………………………

48
2. D’où provient ce que vous avez mangé ?

…………………………………………………………………………………………………………………
……………………………………………………

3. D’où proviennent les vêtements, les chaussures,


les sandales, les babouches, les chapeaux que
vous portez actuellement ?

…………………………………………………………………………………………………………………
……………………………………………………

4. Quelle marque de dentifrice avez-vous utilisé


ce matin ?

…………………………………………………………………………………………………………………
……………………………………………………

5. Quelle marque de savon avez-vous utilisé ?

…………………………………………………………………………………………………………………
……………………………………………………

6. Quelle marque de lait de toilette avez-vous


utilisé ce matin ?

…………………………………………………………………………………………………………………
……………………………………………………

49
Pour mieux comprendre l’importance de ces
questions, je vous propose un exercice.

Exercice

Cette semaine, interrogez-vous sur la provenance


(pays) des différents produits que vous achetez,
peu importe le domaine (agroalimentaire, textile,
beauté, services) ; et plus globalement, demandez-
vous à qui profite la dépense, qui bénéficie de votre
argent. Peu importe la somme que vous dépensez.

La plupart des personnes qui achètent des produits


ou payent pour des services ne se posent pas
souvent ce genre de question, ils s’arrêtent juste
à la satisfaction de leur besoin personnel. Ils ne
cherchent pas réellement à savoir à qui profite
l’achat alors qu’il faut aller au-delà du processus
d’achat pour comprendre le concept d’hémorragie
financière.

Supposons que vous empruntiez une moto sur


laquelle vous êtes assis derrière et le chauffeur
assis devant, et qu’il y’a une autre moto qui roule à
côté de vous.

Supposons également que les deux motos se


rapprochent d’une manière dangereuse et qu’une
partie de l’autre moto vous blesse ; vous vous
baissez pour regarder et vous constatez que du
sang coule de votre blessure. Le moto-taximan se

50
gare pour voir ce qui se passe.

Du sang coule, car une partie de la moto a percé


votre peau et les vaisseaux sanguins qui s’y trouvent.
Plus on ira en profondeur, plus les vaisseaux de
plus gros calibre seront touchés et plus la quantité
de sang qui en sortira sera plus importante. Le
sang va quitter du lit vasculaire et commencera à
couler vers l’extérieur, car il a été perforé. Si on ne
stoppe pas ce saignement, le sang continuera de
couler vers l’extérieur : c’est cela qu’on appelle une
hémorragie externe.

L’hémorragie interne a le même processus que


l’hémorragie externe sauf que celle-ci se produit à
l’intérieur de l’organisme.

Prenons un cas de figure : les brûlures d’estomac.


Elles surviennent lorsque vous êtes stressé, lorsque
vous mangez trop épicé. Ces brûlures peuvent
remonter vers l’œsophage et y causer d’autres
brulures (reflux gastro-œsophagiens), qui elles
sont causées par l’acide présente dans l’estomac
qui contribue à la digestion en brulant la nourriture
ingurgitée ; sauf que chez certaines personnes la
production d’acide est trop importante, ce qui cause
des brûlures des parois de l’estomac. Lorsque l’acide
brûle les parois de l’estomac qui sont vascularisées,
elle détruit également certains vaisseaux sanguins
qui alimentent ces parois. Le sang qui circulait dans
ces vaisseaux va ainsi se déverser dans l’estomac.
On parle alors d’hémorragie interne.

51
Elle peut également se produire lors d’un accident.
C’est pour cela qu’il est important de se faire
examiner après un accident, même si on se porte
bien, car cette hémorragie ne se manifeste pas
toujours directement, ce qui peut conduire à une
tachycardie1, à un coma ou à la mort si rien n’est
fait.

Vous vous demandez sûrement pourquoi on


parle médecine alors que nous étions censés
parler finances. Sachez qu’il est important de se
documenter sur tous les sujets car tous les secteurs
d’activités sont liés, et cela vous permettra de
résoudre certains problèmes à l’avenir.

Conséquences d’une hémorragie

L’objectif de la circulation sanguine est de nourrir,


apporter des nutriments aux cellules, aux tissus,
aux organes, à travers les artères. Les déchets vont
ensuite être éliminés par plusieurs méthodes.

Lorsqu’il y a hémorragie :

- Plusieurs organes, tissus, seront privés des


nutriments dont ils ont besoin ; les déchets ne
seront plus éliminés.

- Les tissus qui ne sont pas alimentés vont


mourir.

52
- Le cœur bat plus vite pour pallier au problème,
ce qui augmente la quantité de sang qui est
perdu.

- Les organes comme le cerveau seront


priorisés au détriment des autres organes.

- Il y’aura anémie (manque de sang)

- Il y’aura évanouissement, coma

- Il y aura mort si rien n’est fait urgemment pour


stopper l’hémorragie

L’hémorragie financière

Ici le cœur représente le travail, l’emploi, l’entreprise


que vous avez bâtis, ce pour quoi vous vous réveillez
chaque matin.

Le sang représente l’argent.

Vous travaillez tous les jours pour pomper de l’argent


qui vous permettra de vivre comme le sang permet
à l’organisme de vivre. Ce travail peut être dans
tous les domaines de la vie, mais l’objectif reste le
même : gagner de l’argent qui vous permettra de
vivre ou de faire vivre votre famille, vos proches.

Lorsque vous êtes des millions à faire vivre vos

53
différentes familles, vous faites vivre votre pays,
votre continent l’Afrique, à travers votre travail et
l’argent que vous produisez. Cependant l’argent
qui permettra à votre travail d’être efficace doit
tourner dans un réseau qui revient à celui qui a
produit ce travail, comme le sang qui revient au
cœur. Lorsque le sang ne revient pas au cœur, c’est
une hémorragie, et si l’hémorragie persiste, vous
mourrez. C’est la même chose avec votre travail
et l’argent que vous pompez en travaillant ; si cet
argent ne vous revient pas, alors votre système
financier souffre d’une hémorragie financière.

L’hémorragie financière c’est lorsque vous produisez


de la valeur ajoutée à travers votre travail, cette
valeur ajoutée pompe de l’argent qui au lieu de
tourner dans un circuit fermé et vous revenir, sort du
circuit de l’intérieur ou de l’extérieur, ce qui produit
une hémorragie financière interne ou externe. D’où
l’importance des questions initiales.

Diagnostic d’une hémorragie (comment savoir


que vous souffrez d’une hémorragie financière)

Chaque matin vous vous levez, vous allez au travail,


vous allez vendre au marché, vous communiquez
sur les produits/services que vous proposez, vous
vérifiez les ventes sur vos sites internet, vous vous
formez, vous faites du networking, vous investissez,
vous vous battez au maximum pour au final
gagner de l’argent qui représente le sang de votre
système financier. Lorsque vous gagnez cet argent,
vous l’utilisez pour acheter du dentifrice pour vous

54
brosser les dents, du riz pour manger, du savon pour
votre toilette, un costume luxueux Sur Mesure pour
vous vêtir. Vous dépensez cet argent pour acquérir
des biens et services qui satisferont vos besoins.

Cependant, vous devez vous poser cette question


: est-ce que les biens et services que j’achète me
profitent à moi au-delà de la satisfaction que cela
m’apporte, directement ou indirectement ? Suis-je
actionnaire dans ces entreprise, cette marque de
vêtements luxueux que je porte tous les jours ?

Vous vous rendrez compte que la plupart des


dépenses que vous effectuez au quotidien ne vous
profitent donc pas directement ou indirectement.

Par exemple, si vous achetez du riz en provenance de


la Thaïlande. Vous le mangerez pendant 30 minutes
ensuite ce sera terminé. Sauf que l’argent que vous
aurez utilisé pour acheter ce riz ne vous reviendra
pas, car le circuit dans lequel il tourne ne vous
est pas bénéfique directement ou indirectement.
Puisque vous ne produisez pas ce riz, vous n’êtes
pas actionnaire de l’entreprise qui le produit, donc
vous financez un circuit financier qui n’est pas le
vôtre, qui peut être interne (environnement local) ou
externe (importation permanente des produits que
nous sommes capables de produire localement).

Il faudrait donc que votre argent tourne dans


un circuit qui vous reviendra directement ou
indirectement. C’est pour cette raison qu’ont été

55
créées les tontines structurelles dans lesquelles
nous allons solidifier le réseau, faire du networking,
permettre à chaque membre de se développer
dans ses activités individuelles, permettre au
groupe de se développer et permettre aux
membres d’investir dans les activités de la tontine.
Ce qui permettra aux membres de gagner des
dividendes, même de leurs dépenses, car ils feront
leurs dépenses dans les entreprises des autres
membres, à l’exemple de la vitrine, de StartUp
Food, de Sur Mesure, du laboratoire The Factory ou
encore des produits cosmétiques ou The Queen.
Au-delà de la satisfaction d’un besoin personnel,
nous pouvons gagner de l’argent et contribuer au
développement du pays sur le plan du PIB, de la
réduction du chômage, et rendre nos entreprises
compétitives.

Un système fermé de personnes qui se mettent


ensemble et qui mettent leur argent afin d’investir
dans des secteurs d’activités qui feront en sorte, qu’à
chaque fois que l’argent sera dépensé il tournera
dans un circuit financier qui nous appartient, c’est
cela qu’on appelle circuit financier. Chaque fois
que vous ne respecterez pas cette règle vous serez
victime d’une hémorragie financière qui finira par
vous TUER.

Si vous ne contrôlez pas vos dépenses, vous ne


pourrez jamais vous enrichir !

56
-VI-

LE FINANCEMENT PAR LA
TONTINE

A
vant d’entrer dans le financement par la
tontine, je vais revenir sur un élément que j’ai
déjà eu à développer dans mes précédentes
conférences : la mafia.2

Quand vous créez votre structure hospitalière


ou même tout autre projet entrepreneurial, vous
devez toujours comprendre qu’il y a des mafias qui
existent ; ces mafias n’attendent pas de vous que
vous puissiez venir diminuer les opportunités qu’ils
avaient. Si vous créez une structure hospitalière,
un centre d’imagerie, une plateforme qui aide les
femmes enceintes, il y a des mafias qui existent
déjà qui offrent ce même type de services. Le fait
que vous veniez juste après est un problème pour
elles et elles vont essayer de vous éliminer (parfois
même physiquement). Vous avez donc deux
possibilités :

- Soit vous intégrez leur mafia en remplissant


leurs conditions
- Soit vous créez votre propre mafia.
2 Association secrète d’origine servant des intérêts privés par des moyens illicites et recourant
à la violence.

57
Voilà les deux moyens pour pouvoir vous en sortir
dans cet environnement, il n’y en n’a pas d’autres.
Si vous ne fonctionnez pas selon leurs règles vous
ne pourrez pas bénéficier des opportunités dont
ils disposent à travers leur réseau : c’est ça qu’on
appelle la mafia.

Cas 1

Supposons que je décide de créer une mafia avec


des médecins généralistes. Nous pouvons avoir
des opportunités pour travailler dans certains
hôpitaux, pour travailler avec les ONG ou alors dans
beaucoup d’autres secteurs d’activité. Cependant
nous n’allons pas communiquer dessus ou en parler
en public, nous allons partager cela seulement
entre nous. Si vous voulez saisir ces opportunités
là il faudra que vous passiez par nous parce qu’on
a construit une architecture, ou parce que c’est
par nous qu’il faut passer pour arriver au résultat.
Si vous ne passez pas par nous, nous allons vous
bloquer la voie pour vous empêcher de passer.

C’est ça qu’on appelle une mafia, c’est-à-dire


une loi dans la loi qui a été mise sur pied par une
oligarchie, soit un petit groupe de personnes qui
contrôlent un secteur d’activité.

Toutefois nous ne sommes pas loi. Dans le pays il


n’y a pas une loi qui dit que pour ouvrir un cabinet
de radiologie il faudra passer par nous. Pour ouvrir
un cabinet de radiologie il y a des règles à respecter

58
sur le plan juridique avec l’ordre des médecins,
ainsi de suite. Sauf que là c’est une nouvelle loi que
nous venons de créer parce que nous sommes les
leaders, les professionnels, l’élite de ce domaine
d’activité là, et nous décidons de dire que pour que
quelqu’un ouvre un cabinet de radiologie il faut
qu’il passe par nous ; et pour passer par nous et
atteindre ses objectifs sur le plan financier, nous
avons fixé des règles qu’il doit respecter. Ce n’est
pas une règle que l’État a fixée, c’est nous qui la
fixons.

S’il décide de ne pas passer par nous et d’aller ouvrir


son cabinet comme l’État a dit, étant donné que
nous contrôlons le secteur, nous allons l’éliminer.
Nous allons mettre sur pied 2des principes sur
le terrain qui vont faire en sorte qu’il fasse faillite.
On peut même l’éliminer physiquement. Si tu
t’attaques à la mafia ou aux intérêts de la mafia,
la mafia s’attaque aussi à toi. C’est un peu comme
les fourmis. Si tu t’attaques aux fourmis, plus de
fourmis viennent ; si tu t’attaques aux abeilles, plus
d’abeilles viennent.

La mafia de la tontine est pratiquée dans tous les


pays. Elle existait bien avant que la monnaie n’existe.
Avant il y avait des mafias communautaires,
c’est ce qu’on appelait les mafias du travail ou
les tontines de travail. C’est quand la monnaie
est arrivée qu’il y a eu la tontine avec la monnaie
comme élément d’échanges.

59
Cas 2

Dans nos sociétés ancestrales, dans nos villages,


il n’y avait pas de prisons. Elles étaient inutiles à
cause du principe de fonctionnement de la société
sur le plan culturel. On n’avait pas besoin de la
prison pour une raison qui était simple : chacun
des membres de la communauté était le policier
de l’autre.

Il y a des gens qui m’ont dit qu’ils sont dans une


tontine. Avez-vous déjà entendu parler du terme
« avaliste » ? J’en ai parlé précédemment. Un
avaliste c’est quelqu’un qui se porte garant de
toi lorsque tu veux prendre un crédit ; si tu ne
rembourse pas, il va rembourser. Quelles sont les
conditions pour que quelqu’un accepte d’être ton
avaliste ? En fait il y a un seul élément : la confiance.
Il faut que la personne ait confiance en toi. Et pour
que la personne ait confiance en toi, c’est-à-dire
confiance au fait que tu peux rembourser le crédit
qu’on vient de t’octroyer, il faudrait qu’il se soit
rassuré que tu as les capacités de rembourser ce
crédit. Et pour ce faire, il faut qu’il connaisse ton
activité, il faut qu’il sache ce que tu fais au quotidien,
il faut qu’il connaisse ton degré de moralité : cela
veut dire que la personne devient ta police.

La personne va commencer à te contrôler, à analyser


tes faits et gestes. Le jour où il va voir que dans tes
actes il y a des choses qui ne sont plus claires, il te
dira « Moi je ne veux plus être ton avaliste, parce
qu’avec ce que tu es en train de faire là je pense qu’il

60
y aura un problème quand il va falloir rembourser
l’argent que tu as emprunté sous couverture de ma
personne ».

La société était conçue comme cela, chacun


neutralisaient l’autre. Et par ce principe il n’était pas
nécessaire qu’il y ait une prison. Dans notre société
traditionnelle il n’y avait pas la justice, puisque le
principe de la société était basé sur le fait que tout
le monde était la justice. On n’avait pas segmenté la
société de telle sorte que les gens qui s’occupaient
de la justice étaient à côté, et que quand tu ne
respectais pas les règles on t’emmenait en justice,
puis en prison. Ce n’était pas nécessaire car si tu
t’écartais des règles on t’excluait définitivement, et
de façon naturelle de la gestion communautaire, de
toutes les opportunités qu’offrait la communauté.

Dans nos sociétés traditionnelles il n’y avait pas


d’école conventionnelle comme maintenant
où les gens partent en classe. La communauté
était l’école. Par-là, je veux dire que lorsqu’on se
rencontrait il y avait l’école, il y avait le conseil des
sages qui enseignait aux autres leur expérience,
leur expertise, afin que les autres puissent monter
aussi en compétences et en potentiel.

Un autre élément important est que dans notre


culture et nos sociétés traditionnelles il n’y avait pas
de salariés, et ça c’est quelque chose que les gens
ne savent pas. Tout le monde avait une activité en
général, il y avait des compensations par rapport
aux activités complémentaires.

61
Cas 3

Je cultive le cacao, une autre personne cultive


le manioc, une autre cultive les arachides ; puis
après on va échanger nos produits et nos services
complémentaires. Il n’y a pas quelqu’un qui était le
patron de tous les autres, parce que chacun avait
d’abord son activité. C’est dans le système de la
démocratie qu’il y a justice, la prison, l’école, les
salariés, les patrons…

Dans notre culture ancestrale ce n’était pas comme


ça, c’est la communauté qui était mise en avant.

Un documentaire présentant l’entreprise Huawei


a récemment été produit en ligne, et en le suivant
nous nous sommes rendu compte que Huawei est
une entreprise communautaire, une entreprise qui
appartient à 100% à ses salariés.

C’est ce principe culturel que nous avons toujours


appliqué, et lorsqu’on parle de tontine, le côté
« association » c›est donc tout ça.

C’est la raison pour laquelle c’est l’élément le plus


important, c’est la raison pour laquelle il faut qu’on
se rencontre, on ne fait pas la tontine avec orange
money ! Il y a des gens qui font les tontines étant
couchés à la maison, et envoient leur argent par
orange money ; ça ce n›est pas la tontine, c›est une
activité qui vous donne un peu d›argent, c’est tout.

62
Dans la tontine on doit se rencontrer physiquement,
parce que c’est dans les rencontres physiques là
que le côté social et les interactions proprement
dites se font. C’est pendant ces rencontres-là que
des informations confidentielles circulent ; ces
informations-là vous ne les aurez jamais ailleurs.

Cas 4

J’ai rencontré tellement de milliardaires dans ce


pays. C’est vrai que la plupart que j’ai rencontrée
sont de l’Ouest-Cameroun et ils sont tous dans des
tontines, sans exception. Si vous passez par la voie
normale pour les rencontrer vous n’y parviendrez
jamais, si vous n’avez pas quelque chose de
pertinent à leur offrir. Pourtant nous sommes à la
tontine chaque vendredi, ils sont là, on est assis à la
même table. Il y a des informations qu’ils te donnent
à la tontine qu’ils ne vont jamais donner dehors,
parce que pour intégrer la tontine il y a les critères
d’inclusion. Si tu te retrouves déjà dans la tontine
cela veut dire que tu as remplis ces critères, donc
tu as passé un certain niveau pour avoir accès à un
certain type d’informations, et bien évidemment à
certain type d’opportunités.

Parfois c’est pendant la tontine que l’un d’eux va


venir devant vous pour expliquer par exemple le
fonctionnement de certains secteurs d’activités ; ce
qu’il ne fera jamais à la télé, ce qu’il n’écrira jamais
d’un livre, parce que c’est une information élitiste.

63
Comme énoncé le premier mot clé dans la
tontine c’est l’association, ce sont les interactions
sociétales, les interactions humaines. Si vous êtes
dans une tontine où vous ne vous rencontrez pas
physiquement, sachez que ce n’est pas une tontine,
car dans la tontine l’argent vient bien après.

Cas 5

Connaissez-vous la banque la plus performante


d’Afrique centrale ? C’est la Afriland First Bank. Elle
appartient à un camerounais et a été fondée par
des tontines. Elle a été fondée par une mafia pour
concurrencer une autre mafia qui contrôlait le
système bancaire. S’il n’y avait pas eu cette mafia
qui est partie des villages vers la ville, cela n’aurait
jamais fonctionné.

64
-V-

LES 05 MOTS CLÉS DE LA


TONTINE

L
orsqu’on parle de tontine, il y a 05 mots clés qu’il
faut retenir :

1. L’association

Une tontine c’est d’abord une association de


personnes qui partagent le même intérêt, qui ont
le même objectif et qui se mettent ensemble avec
un même objet pour atteindre celui-ci. La première
particularité dans une tontine c’est avant tout le côté
associatif, les interactions sociales qu’il y a entre
les personnes qui en font partie. C’est l’élément le
plus important : l’association. C’est une association
qui a une particularité, c’est une association qui est
basée sur les principes culturels de notre société
ancestrale.

2. La rotation

La deuxième clé dans la tontine est la rotation, le


côté rotatif, qui signifie que dans la communauté

65
chacun a un degré de compétence et surtout de
production financière. Ce qu’il faut savoir c’est
qu’on n’intègre pas une tontine lorsqu’on n’a pas
d’activités génératrices de revenus ; donc aux gens
qui intègrent les tontines par des listes de diffusion
ou alors en demandant de l’argent aux autres,
sachez que cela est extrêmement dangereux, si
vous n’avez pas une activité génératrice de revenus.
Puisque vous n’allez pas comprendre la différence
entre la valeur réelle et la valeur perçue de l’argent
que vous êtes en train d’utiliser, et cela est très
dangereux. Cela va vous transformer en une bombe
humaine. C’est un peu comme un enfant à qui tous
les jours vous donnez 200 francs pour aller à l’école.
Il prend 100 francs et les met dans une caisse. Ceci
est très dangereux parce qu’il s’agit d’un enfant
qui est en train d’épargner un argent qu’il n’a pas
produit. Cela va progressivement le transformer en
bombe humaine, car il va penser qu’il faut toujours
qu’on lui donne.

L’être humain a une particularité, ses besoins


sont sans cesse croissants. Cela veut dire que si
aujourd’hui on vit dans une maison qu’on loue à
25.000 francs le mois, dans un an on va vouloir vivre
dans une maison de 35.000 ou 40.000 francs le mois.
Comme nos besoins sont croissants, si l’élément
qui te permet d’atteindre des objectifs provient de
l’argent que tu demandes, cela veut donc dire qu’il
va falloir que tu demandes un peu plus, de façon
indéfinie. Supposons qu’en une année tu as besoin
de 5.000 francs pour couvrir tous tes besoins, et que
ces 5.000 francs proviennent de quelqu’un. L’année
suivante tu as besoin de 10.000 francs. Il y a deux

66
cas de figure :

- Soit tu vas demander à la personne de te


donner 10.000, ce qui est plus compliqué
- Soit tu vas chercher deux personnes qui vont
te donner 5000

Ce sera ainsi indéfiniment. Ce qui veut dire que


le jour où ces personnes arrêteront de te donner
de l’argent, tu vas essayer de trouver tous les
stratagèmes qu’il faudra pour que d’autres
personnes t’en donnent, et cela est extrêmement
dangereux. C’est pour cette raison qu’on se retrouve
souvent dans les « listes de diffusion »3.

Voilà donc la différence entre celui à qui on donne


et qui épargne, et celui qui travaille pour gagner
avant d’épargner, et investir après. Ils ne vont pas
investir de la même façon. Et même lorsqu’on parle
d’investir, il faut investir dans des actifs. L’épargne
pour juste épargner est inutile.

J’ai déjà eu à parler de l’inflation. Lorsque vous


prenez votre argent et vous le gardez dans la
caisse, sous la couverture, à la banque ; chaque
année on applique le taux d’inflation et la valeur de
l’argent diminue, et c’est une sorte d’impôt que vous
payez, juste parce que vous ne faites pas tourner
votre argent. C’est pour ça que même quand
vous mettez votre argent à la banque, l’argent n’y

3 Certaines femmes créent des listes de diffusion de leurs prétendants dans les messageries
instantanées pour leur envoyer plus rapidement le même message de demande d’argent.

67
reste pas. L’argent tourne, parce que si ça reste, sa
valeur diminue. Lorsque vous déposez votre argent
quelque part pour épargner, en fait vous êtes en
train d’enrichir quelqu’un. C’est pour cela que ceux
qui ont beaucoup d’argent épargnent très peu.

Les milliardaires épargnent très peu, ils n’ont pas


beaucoup d’argent en banque, leur argent est en
train de tourner. On évalue leur richesse par rapport
à leurs actifs et non par rapport à l’argent qu’ils ont
dans un compte bancaire.

Quand on dit que Paul FOKAM a une richesse de plus


d’un milliard de dollars, cet argent n’est pas dans
un compte bancaire. Ce sont juste ses actifs qu’on
a évalué dans les entreprises, les investissements,
les biens immobiliers, son patrimoine. C’est ça qui
permet d’évaluer et de dire qu’il peut avoir une
fortune de telle somme. Les milliardaires épargnent
très peu, du moins pas comme nous.

Parlant du côté rotatif, nos sociétés culturelles et


traditionnelles avaient compris que chacun devait
avoir une activité qui lui permettrait de produire une
certaine quantité de revenus par jour, par semaine
ou par mois.

Cas 6

Supposons qu’une femme travaille et qu’elle réussit


à épargner 2.500 francs par semaine. Chaque mois

68
elle épargne ainsi 10.000 francs. On va donc créer
une tontine qui est basée sur le côté associatif.
Chacun de nous connaît l’activité de chacun ; et
comme je connais ce que toi tu fais, je connais ce
que l’autre fait, je connais ce qu’elle fait, ainsi que
sa capacité d’épargne mensuelle. Elle va alors
venir à la réunion et choisir de cotiser un montant
qui correspond à ce qu’elle peut épargner par
mois, choisir par exemple un lot de 10.000 francs, et
maintenant la tontine va devenir un levier qui va lui
permettre d’amplifier son activité primaire

Cas 7

Elle entre à la tontine et il y a 100 personnes, et ces


100 personnes donnent aussi 10.000 francs par
mois, ce qui fait 1 million de francs au total. Comme
l’activité est rotative, à partir d’un certain moment
elle va aussi bénéficier de ce million qu’elle n’aurait
pas pu produire seule. Ce million va lui permettre
de rendre son activité exponentielle, parce qu’elle
va investir. Comme sa capacité d’épargne par
mois était de 10.000 francs avant même qu’elle
ne fasse la cotisation, elle pourra continuer de
cotiser ses 10.000 francs, et quand elle aura une
capacité d’épargne plus élevée, elle pourra passer
de la caisse de 10.000 à la caisse de 30.000, 50.000,
200.000. Cependant, étant donné que les gens
entrent dans les tontines et choisissent des lots qui
ne correspondent pas à leur valeur réelle, c’est à
dire à leur capacité de production, vous allez voir
quelqu’un dans une tontine qui va choisir un lot de
50.000, juste parce qu’il veut paraître socialement

69
correct et montrer qu’il a beaucoup d’argent, alors
que cet argent ne correspond pas à sa capacité
de production. Ce qui va augmenter les listes de
diffusion car le jour où il ne cotisera pas, cela va
créer des problèmes ; il sera étiqueté par la société
dans la société. Pour que cela n’arrive pas, il vous
faudra trouver de multiples stratagèmes pour
toujours pouvoir cotiser.

Le côté rotatif c’est donc l’aspect levier qui se produit


et qui va aider individuellement chacun à son tour.

3. L’épargne

Le troisième mot clé de la tontine c’est l’épargne


ou l’épargne forcée, qui signifie que vous êtes
obligé de cotiser, par exemple cent mille francs
tous les mois. Si vous passez un mois, deux mois,
trois mois sans cotiser, votre valeur en termes
de confiance diminue, et quand votre valeur de
confiance diminue, vous êtes exclu. On ne vous
exclut pas seulement de la réunion, mais aussi de
la communauté, parce que vous serrez mis dans la
liste noire partout, et cela est plus redoutable que
de perdre de l’argent. Ceci veut dire que dans une
tontine le seul élément qui vous permet de bénéficier
des avantages financiers est la confiance.

Cette confiance naît du côté associatif et des


interactions humaines qu’on a entre nous. On vous
a donné 1 million et il y a des gens qui se sont portés
garants de l’argent qu’on vient de vous donner. Ce

70
qui veut dire que si vous ne remboursez pas, ce sera
à eux de le faire. En fait, lorsque quelqu’un décide de
signer ou dire que si toi tu ne rembourses pas lui il le
fera, c’est un engagement très important, car pour
que quelqu’un signe un document pareil il doit avoir
hautement confiance en vous. Si vous trahissez
cette confiance une fois, deux fois, trois fois, ce n’est
pas seulement sa confiance que vous aurez trahie,
mais aussi la confiance de toute la communauté.
On ne va plus vous admettre dans aucune tontine,
parce qu’on saura que le côté confiance que vous
deviez garantir en entrant, vous ne l’avez plus.

À la banque on demande comme garantie des


titres fonciers, des terrains, des maisons ; dans les
tontines c’est la confiance qui est la garantie. Étant
donné que vous êtes obligé d’avoir cette confiance
pour être toujours crédible, vous serez obligé de vous
comporter de façon adéquate pour ne pas aller en
marge de la communauté. C’est donc comme ça
que la communauté neutralise tous les membres ;
c’est de ça qu’on a besoin, pas de prison. On n’a pas
besoin de justice, on n’a pas besoin de procureur,
parce que chacun devient celui qui contrôle l’autre.

Cela me pousse à dire que nos sociétés traditionnelles


étaient plus évoluées que la démocratie que nous
pratiquons maintenant, qui est une stupidité !
Car dans la démocratie on a séparé la justice de
l’éducation, l’hôpital. C’est un non-sens.

Je vais aller plus loin. Dans les tontines il n’y a pas


de frais de gestion, pas de frais de fonctionnement

71
comme dans la démocratie où le président, le
ministre de l’éducation, le ministre de l’enseignement
supérieur, le ministre de l’économie, le ministre des
finances, sont payés ; c’est cette paye qu’on appelle
« les frais de fonctionnement ».

Dans les tontines cela n’existe pas. Le président, le


commissaire aux comptes, le trésorier, ne sont pas
payés, parce que pour arriver à ces postes là il faut
avoir qualité. Tu deviens donc le reflet de ta moralité
et un modèle pour les autres, et tu as la charge et le
devoir de les éduquer. Tu n’as pas à être payé pour
cela, puisque toi aussi tu en as bénéficié.

Dans la démocratie on doit payer des gens pour


le faire, et quand on les paye ils volent encore ce
qui ne leur appartient pas. De ce fait nos sociétés
traditionnelles étaient plus d’évoluées que la
démocratie.

Ces sociétés traditionnelles ont été fondées sur


les tontines pour pouvoir garantir cette gestion
optimale de la société, car tout le monde était
obligé d’épargner. Si vous ne le faisiez pas, vous étiez
exclus de la société et de toutes les opportunités.
Ce qui nous amène au 4e mot clé.

4. Le crédit

Il y a plusieurs types de tontines :

72
Il y a des tontines où nous sommes par exemple 10
et chacun met cent mille francs par mois, ce qui
fait en tout un million. Cependant, quelqu’un peut
avoir un problème urgent et va demander un crédit
à la tontine. Là-bas il n’y a pas de principe rotatif
donc chacun peut venir « acheter » de l’argent. Il y a
donc une mise de départ qu’on va mettre qui peut
commencer à 10 %, car ce membre ne sera pas le
seul à vouloir acheter de l’argent. Les enchères vont
donc augmenter à 15, 17, 20%.

Dès qu’on va arriver à un montant où les autres


ne peuvent plus suivre les enchères et que plus
personne ne peut aller au-delà de la mise finale, on
va donner l’argent à celui qui a donné la dernière
mise, 20% par exemple. Au lieu d’avoir un million il
aura donc 800 milles, puisqu’il a acheté cet argent
à 20%. Cela fait en sorte qu’au lieu que la réunion
mette dix mois, elle va plutôt mettre huit mois. À
la fin, l’argent que les gens achètent sera partagé
entre les membres de la réunion, puisque ce sont
des bénéfices qu’on aura gagné.

Il y a d’autres où vous mettez une mise de départ


en début d’année. Je mets 10 millions dans la
réunion et on demande aux membres, « qui a
besoin d’argent ? ». Chacun donne le montant dont
il a besoin. On évalue si le montant qu’on a dans
les caisses suffit pour pouvoir vous satisfaire. Si
cela ne suffit pas, chacun diminue sa part pour que
le montant soit compatible. Lorsqu’on vous remet
donc cet argent-là, vous avez un taux d’intérêt
pour le rembourser en un mois ou deux mois. À la

73
fin de l’année ceux qui ont eu à mettre leur argent
avec des mises de départ seront remboursés avec
des intérêts, ce qui évitera que vous preniez votre
argent pour le garder, pour qu’il puisse tourner dans
la communauté, soit enrichir chacun des membres
de la communauté de façon globale. C’est donc de
cela qu’il s’agit quand on parle du côté épargne et
du côté crédit.

Comme je le disais tantôt, on n’intègre pas une


tontine lorsqu’on n’a pas une activité génératrice
de revenus ; j’ai pris des exemples de tontine tout
à l’heure.

Sur le plan historique, les tontines de travail ont


existé avant que la monnaie ne soit. L’idée était que
je pouvais avoir mon champ et partager le travail
dessus entre plusieurs personnes, pour qu’à la fin
on se partage les récoltes, considérant le travail que
chacun a eu à fournir par proportions. C’était aussi
une forme de tontine. C’est après que la monnaie
a été créée et qu’il y a eu des tontines en monnaie.

Il y a d’autres éléments très importants, et je tiens à


les expliquer.

Le premier principe fondamental dans une tontine


c’est la confiance comme je le disais ; c’est votre
garantie. Si à un moment donné on n’a plus
confiance en vous, on vous exclut et on vous
blackliste de tout ce qui se passe. La deuxième
chose c’est la personnalisation des relations qui

74
unissent les membres, je l’ai déjà très bien expliqué.
Les éléments les plus importants dans une tontine
sont les interactions humaines qui existent entre les
membres, qui se connaissent et qui se neutralisent.
La troisième chose ce sont les avalistes.

On n’a pas besoin d’une autorisation sur le plan


juridique pour pouvoir mettre sur pied une tontine.
On peut décider de créer une tontine entre nous
sans avoir besoin d’une autorisation particulière
pour le faire. Par contre on aura juste besoin de
rédiger nos propres documents dans lesquels on
expliquera nous-mêmes comment on décide de
fonctionner désormais.

Les aberrations de la tontine

Il y a trop d’aberration dans notre pays ; les gens ont


décidé de transformer les tontines en des théâtres.

Cas 8

Il y a des gens qui font les tontines de savon ; les gens


viennent à la tontine et on dit que chacun bouffe
le savon et l’huile. En fait, cela veut dire que nous
allons nous mettre ensemble pour pouvoir enrichir
les autres. C’est incroyable ! On ne se pose pas la
question de savoir : « les savons là sont produits par
quelle entreprise ? »

75
Il y a les tontines où à la fin on donne une bouteille
de jus à chacun. En général c’est du jus de
pamplemousse avec du poulet et des frites de
plantains. C’est incroyable !

J’ai même vu une tontine de femmes dernièrement


où les gens tontinent pour aménager la maison.
Quand tu bouffe, on t’accompagne dans un
supermarché pour acheter des rideaux, un tapis,
pour les mettre dans ta maison. Ce sont des
aberrations, c’est une stupidité !

Il y a des tontines où les gens cotisent par monnaie


électronique, chacun reste à la maison. Ils ont un
groupe dans lequel ils envoient les captures de
leurs transferts d’argent. Cela n’est en aucun cas
une tontine, cela elle ne respecte pas les critères
idéologiques de celle-ci qui a le côté associatif,
la rotation, l’épargne, le crédit, et surtout le fait
que chacun doit avoir une activité génératrice
de revenus. On ne fait pas de tontine sans avoir
d’activité génératrice de revenus, cela vous
transforme en une bombe humaine.

Vous allez voir des couples où il y a un homme qui


tontine pour sa femme : c’est une aberration, un
crime contre l’humanité, contre notre culture ! Il est
entrain de la transformer en bombe humaine sans
le savoir. Elle ne travaille pas, elle reste couchée à
la maison et chaque fin de mois son mari lui donne
de l’argent pour aller à la réunion, dans une voiture
qu’elle n’a pas équipée. On lui donne tout, même le
carburant, et elle part seulement à la réunion avec

76
sa belle robe, et cotise. Dès qu’elle bouffe, c’est
pour pouvoir peut-être changer ses vêtements,
améliorer sa garde-robe, acheter de nouveaux
sacs. C’est une bombe humaine qu’on est en train
de construire progressivement et qui va exploser à
tout moment.

Dans notre société actuelle, si un homme dit qu’il


ne veut pas que sa femme travaille, c’est un idiot
tout simplement, il n’y a pas d’autres mots. Dans
nos sociétés culturelles traditionnelles les femmes
étaient plus puissantes que les hommes, les femmes
travaillaient plus que les hommes. L’expression qui
dit que la nuit porte conseil vient du fait que c’est
la femme qui décide dans son foyer. On sait que
pendant la nuit l’homme va dormir avec sa femme,
elle lui dira ce qu’il faut faire, et c’est cela que
l’homme ira répéter en public.

Ce qu’il faut savoir est que les besoins étant


compulsifs et croissants, vous ne pourrez pas gérer
tous les besoins de votre femme infiniment. Il va
arriver un moment où vous ne pourrez plus gérer
tous ses besoins, sauf qu’elle aura déjà atteint un
niveau social où elle ne pourra plus redescendre à
cause du complexe sociétal. Elle sera donc obligée
d’utiliser d’autres canaux pour garder sa position,
et c’est vous qui aurez favorisé cela. Donc au lieu
de donner 10.000 francs à une femme pour qu’elle
aille cotiser à la réunion, c’est mieux de créer une
activité génératrice de revenus qu’elle va gérer et
qui va lui permettre de cotiser à sa réunion, avec le
montant qu’elle pourra produire de cette activité.

77
On peut soutenir son activité, c’est possible, mais
pas lui donner de l’argent pour aller cotiser dans
une tontine : c’est très dangereux !

Voilà quelques aberrations qu’on observe dans


notre société. Ces aberrations existent parce qu’il
y a un dernier principe que les gens ne respectent
pas : une tontine doit toujours avoir un objectif
structurel ou un projet structurel.

5. L’objectif structurel

Une tontine doit toujours avoir un objectif structurel


ou un projet structurel qu’on veut atteindre, et cet
objectif est de développer chacun des membres et
la communauté, de façon structurelle et organisée.

Cas 9

Il y a ce qu’on appelle les tontines immobilières. Il y


a des Camerounais de la diaspora qui le font très
bien dans des pays comme le Canada. L’objectif
ce type de tontine est d’acquérir un patrimoine
immobilier, individuellement et de façon collective.
On va analyser les activités génératrices de
revenus de chacun et on va voir ce que chacun
peut produire. Disons au moins dix mille francs
par mois. On se met ensemble pour cotiser cette
somme chaque mois, on évalue le montant moyen
pour avoir un terrain pour construire. On évalue le
montant qu’il faut pour avoir un terrain avec titre

78
foncier, ça peut être un million cinq cent milles. On
se donne cinq ans pour que chacun des membres
de la réunion ait son terrain titré. Pour ce faire on
définit le montant qu’il faut cotiser par mois, puis on
voit le nombre d’années qu’il faut pour réaliser ce
projet et on le lance. On ne te donne pas d’argent
lorsque tu bouffes. Il y a un membre de la tontine
qui fait dans l’immobilier. On va prendre ton argent
et commencer les procédures pour ton terrain. On
va le faire progressivement pour tout le monde de
telle sorte que dès que le délai de trois, quatre ou
cinq ans qu’on aura défini sera arrivé, chacun de
nous sera propriétaire d›un terrain titré.

La deuxième étape sera de construire des maisons.


On va procéder de la même manière, redéfinir
l’objectif à atteindre. On va mettre les moyens
minimum qu’il faut puis on va converger tout notre
argent vers un membre de la réunion qui peut
se charger des constructions. Trois, quatre, cinq
années plus tard, chacun de nous aura donc sa
maison. Ceci est une tontine structurelle. C’est-à-
dire qu’il y a des projets structurels qu’on suit et qui
doivent permettre de développer individuellement
les membres de la tontine, ou alors développer tout
le monde de façon collective.

Cas 10

J’ai un grand frère milliardaire dans ma famille, il


vit à Douala. Un jour il voit un terrain au quartier
Bonanjo qui coûte 750 millions. Il décide de l’acheter.

79
Il discute avec le monsieur et ils s’entendent sur
le prix de 700 millions. Ils se donnent rendez-vous
pour samedi, on était un mercredi. Cependant, le
monsieur ne savait pas que mon frère n’avait pas
ce montant. Mon frère était dans une tontine dans
laquelle on cotisait 20 millions par mois. Dans cette
tontine-là ils sont 50, ce qui fait 1 milliard chaque
mois. Il va à la tontine le vendredi, il achète l’argent
à 20%, ce qui lui permet de bénéficier de 800
millions. Il prend les 800 millions, samedi rencontre
le monsieur et achète le terrain. Le terrain acheté
il revient le présenter aux membres de sa réunion,
qui devient le patrimoine de la tontine. Ils gardent
le titre foncier et ils attendent. Deux ans plus tard
le terrain valait deux milliards. Ils ont vendu le titre
foncier à cette somme et ont partagé l’argent à tous
les membres de la réunion, avec des intérêts. Voilà
le levier qu’ils ont utilisé pour acquérir un terrain.

Cas 11

Il y a une réunion dans la ville de Yaoundé qui a


lieu une fois par an. Les membres de cette réunion
cotisent 100 millions chacun. L’objectif structurel de
la réunion est de rendre un membre milliardaire
chaque année. Ils sont vingt et ils intègrent une
nouvelle personne chaque année, pendant laquelle
ils cotisent deux milliards. On donne alors cet argent
à un membre qui a un projet structurel qu’il doit
suivre et implémenter. Le délai de remboursement
est de cinq ans, sans intérêts. Vous voyez les
immeubles qui poussent partout en six mois-là ?
C’est parce que ces gens ont ces liquidités-là.

80
Si un membre construit un supermarché, ce sont
les autres membres de la tontine qui vont le faire
tourner avec leur lobbying. C’est comme ça que ça
fonctionne. Si par exemple quelqu’un de la tontine
a une entreprise dans laquelle il a besoin d’une
matière première que tu as dans ton supermarché,
il va converger toutes ses commandes vers ton
activité pour que le chiffre d’affaires soit généré
dans ton supermarché, pour qu’ils en bénéficient
tous.

Lorsque vous regardez les supermarchés de la


place, chaque année on en construit un nouveau,
vous pensez que c’est ce qu’on y vend qui permet de
faire ces constructions ? Si vous le croyez alors vous
êtes naïf. Cela vient des tontines à plus de 90%. En
fait leur réel business model c’est l’immobilier, et non
ce qu’on fait dans le supermarché ; parce qu’à tout
moment ce qu’on fait dans les supermarchés peux
arrêter de fonctionner, mais le bien immobilier leur
appartient. Et la croissance et surtout la valeur du
bien immobilier, croit avec le temps. Ils ont compris
que le levier sur lequel ils peuvent s’appuyer pour
pouvoir beaucoup plus facilement concurrencer
les autres c’est un levier culturel qui est la tontine.

Vous pouvez vous aussi financer vos projets.

Vous pouvez décider de créer une tontine


structurelle pour un projet dans le domaine de la
santé. Les avantages seront que chaque membre
est un professionnel de santé, chacun a une activité
génératrice de revenus, chacun peut produire un

81
certains montant par mois. Ce qu’on fait en général
est que si votre capacité d’épargne mensuelle est
de 10.000, il vous faut faire une tontine où on cotise
20.000. Cela va doper vos capacités et cela vous
permettra de vous surpasser. Si vous restez sur le
même montant vous resterez dans une zone de
confort. De plus cela va épargnera la banque, et
en général ces gars qui ont leur mafia de tontines
créent leurs propres banques.

J’ai fait une enquête dans plusieurs villages dans


les Grassfields ; il en ressort que tous les villages
ont une banque, des micros finances de deuxième
catégorie en montant, où tourne leur argent. C’est
ça la mafia. C’est comme ça qu’ils réussissent
à s’imposer, même vis-à-vis de certaines
multinationales

Cas 12

Au Cameroun le secteur de la poissonnerie est


contrôlé par un camerounais. Le Cameroun
importe 220 000 tonnes de poissons par an, et dans
cette quantité une seule personne en détient 200
000. Lorsqu’on fait des réunions ministérielles en
présence même du ministre, si cette personne n’est
pas là, la réunion ne commence pas.

On nous a appris les finances occidentales. On


nous a dit qu’il faut faire le marketing ; qu’après
avoir lancé ton hôpital tu auras de l’argent, tu auras
des patients, et qu’il faudra épargner une partie de

82
l’argent que tu gagnes pour le réinvestir. Sachez
donc que si vous le faites cela ne marchera pas, ou
alors ce sera trop lent.

Vous allez voir une maman qui fait les beignets


depuis vingt ans et sa situation n’a pas changé,
parce qu’elle fonctionne comme on nous apprend
à l’école. C’est pour cette raison que je dis que
ce qu’on a appris à l’école là il faut qu’on efface
ça, pour essayer de comprendre comment nos
ancêtres fonctionnaient. Ils n’ont pas été à Harvard,
ni en faculté de médecine, mais ils étaient plus
scientifiques que nous, parce qu’ils maîtrisaient
la nature et les plantes. Ils soignaient des gens, ils
faisaient des opérations chirurgicales. La première
opération du cerveau a eu lieu en Afrique, sans bloc
opératoire, et le patient a survécu après. Ils étaient
plus physiques que nous.

Aujourd’hui il y a des médecins qui se spécialisent en


chirurgie, ensuite en orthopédie, puis en orthopédie
de la main. Cela veut dire que vous avez des
spécialistes de la main. Comment un médecin peut
se spécialiser sur un seul organe ? Cela prouve que
nous sommes en train de régresser. Puisque tous
les organes sont liés, il y a des interactions entre
ceux-ci, donc un médecin doit être capable d’avoir
des notions dans plusieurs domaines.

La médecine que nous pratiquons ici n’est pas


adaptée à notre environnement, à notre culture.
Nos ancêtres avaient compris cela très tôt. Ils
avaient compris que si tu es déstabilisé sur le plan

83
associatif dans la tontine, cela peut entraîner une
maladie biologique réelle. Dans la tontine, si tu as
perdu l’aspect confiance tu vas perdre toutes les
opportunités qu’offrent les tontines. Cela veut dire
que tu ne pourras plus avoir l’élément levier qui
t’aurait permis de pouvoir développer tes projets,
ce qui va entraîner un problème social qui aura
des répercussions sur les aspects psychologique et
biologique. C’est pour cela que pour guérir l’aspect
biologique par exemple, ils n’avaient pas besoin de
te prescrire des médicaments ; ils devaient juste
te montrer comment faire pour retrouver cette
confiance que tu avais perdu, et spontanément
tous les autres problèmes étaient résolus.

Aujourd’hui les médecins traitent ce problème avec


des comprimés. Quelqu’un a un problème dans
sa réunion parce qu’il n’a pas remboursé l’argent,
on l’a exclue des réunions ou on l’a blacklisté, il est
déprimé parce qu’il ne peut plus payer ses factures,
son loyer, sa femme le trompe partout parce qu’il
n’a plus d’argent. Il arrive à l’hôpital parce qu’il est
déprimé, il a de la fièvre. Le médecin lui prescrit le
doliprane, « un comprimé toutes les six heures dans
un verre d’eau et ça va aller »… Tout cela ne va pas
marcher. Cette personne est en train de mourir
psychologiquement et sur le plan social, parce qu’il
est sur liste noire partout.

Il est important de comprendre que le levier tontine


est un levier que vous pouvez utiliser pour vos
projets, et même dans l’entrepreneuriat médical.

84
Je connais beaucoup de responsables de structures
hospitalières qui ont ouvert leurs structures grâce
à la tontine. Les principaux hôpitaux de Yaoundé,
c’est la tontine. À Douala c’est pire. Je connais des
personnes qui ont ouvert leur hôpital en une nuit.
Ils sont allés à la réunion, ils ont pris de l’argent, le
lendemain ils ont commencé le chantier et six mois
après le chantier était fini. Maintenant tous ceux qui
sont dans la tontine viennent se faire soigner dans
leur hôpital. Tous ceux de la tontine qui ont des
entreprises imposent à leurs employés de se rendre
également dans cet hôpital là pour se soigner. Tous
les membres de la tontine disent à leurs employés
que pour pouvoir avoir une assurance santé, ils
doivent aller dans la compagnie d’assurance
d’un membre de la tontine sinon elle ne sera pas
valide. Parfois on coupe même directement dans
ton salaire pour inscrire ton assurance santé dans
cette entreprise qui appartient à la tontine, parce
que c’est une mafia. Si vous vous lancez dans
l’entrepreneuriat médical sans comprendre le
sérieux de cette mafia-là, et que vous venez en
croyant que c’est le marketing que vous avez appris
à l’école qui va vous permettre de vous en sortir,
vous allez fermer.

J’ai trouvé qu’il était important de parler de tout


cela pour que vous puissiez comprendre que
lorsque vous allez vous lancer dans votre projet, ce
sont des leviers que vous pourrez aussi utiliser. Nous
devons juste être capables de faire en sorte que ces
leviers ne soient plus restreints à une communauté
spécifique, car cela nous limite. Ça doit être un levier
que tout camerounais, tout africain, peut utiliser

85
pour être plus puissant et aller encore plus vite.

Aujourd’hui on a un secteur de la santé qui est vierge


dans notre pays. C’est un secteur qui n’intéresse
pas les multinationales parce qu’elles se foutent
de notre santé tout simplement. Elles veulent des
domaines où elles peuvent gagner de l’argent
beaucoup plus facilement. S’intéresser à la santé
c’est s’intéresser à l’avenir d’un pays, à l’avenir de
la progéniture qui fera ce pays plus tard. Il n’y a
que nous qui puissions le faire, nous les patriotes.
Si nous décidons d’utiliser ce type de levier là on
aura la capacité de pouvoir y arriver aisément et
très rapidement. Mais si vous pensez que vous allez
finir ce livre et que chacun va lancer sa structure
hospitalière seul, en appliquant le marketing qu’on
a appris à l’école, je sais ce qui va arriver. Vous irez
même vous pendre à un moment donné.

Avez-vous entendu parler du médecin qui s›est


pendu à Bertoua ? Je ne peux pas me prononcer
sur ce qui s’est passé car je n’ai pas encore
d’informations claires, mais vous pouvez imaginer
ce qui a pu se passer pour que quelqu’un qui a
étudié autant puisse décider de s’ôter lui-même la
vie.

La mafia connait et reçoit des informations occultes.


Les informations de la mafia ne sont pas dans les
livres, on n’en parle pas à la télévision, ce sont des
trucs qui se passent en communauté. C’est entre
eux que l’information passe, ce qui veut dire que si
tu n’es pas parmi eux tu ne peux pas l’avoir. Il fallait

86
vraiment que je revienne dessus pour qu’on puisse
mieux comprendre de quoi il s’agit.

Une règle d’or dans l’investissement est qu’on


investit ce qu’on a épargné, et cette épargne doit
provenir d’une activité génératrice de revenus
qu’on fait nous-mêmes : c’est très important. Même
si votre investissement n’est pas 100% de ce que
vous faites vous-même, cela doit être au moins à
70 ou 80% de vos revenus. Je ne suis pas en train
de dire que vous devez refuser qu’on vous donne
de l’argent, ou que vous ne devez pas épargner ; je
dis juste que dans cet argent que vous épargnez il
faudrait que plus de 70% provienne de ce que vous
avez travaillé vous-même, parce que vous allez
mieux comprendre ce que cela représente.

Si quelqu’un vous donne de l’argent, investissez-le


et transformez-le à travers votre investissement,
pour qu’il devienne une activité génératrice de
revenus. C’est très important parce que là vous
allez comprendre la valeur réelle et la valeur perçue
de l’argent, et cela va améliorer votre manière
d’effectuer des dépenses, et même d’investir.

87
-VII-

LA TONTINE IMMOBILIÈRE

N
ous allons maintenant parler de la tontine de
façon spécifique ; je vais mieux vous expliquer
le mécanisme de la tontine immobilière
susmentionnée dans la partie précédente.

Rappelons que la tontine immobilière est une


forme de tontine qui consiste à permettre à tous
les participants d’acquérir des biens immobiliers.

Exemple

Nous sommes dix personnes et nous souhaitons


commencer une tontine immobilière avec pour
objectif d’acquérir un bien immobilier, puisqu’il n’est
ni pertinent ni propice de se mettre ensemble pour
atteindre des objectifs qui n’ont pas une pertinence
élevée.

Si l’objectif de la tontine est d’acquérir chacun une


maison avec son titre foncier sur un terrain, on va
fragmenter cet objectif en étapes :

88
- Obtenir un lopin de terre

- Obtenir le plan de sa maison

- Faire le terrassement

- Faire les fondations

- Faire le gros œuvre

- Les finitions

Avec les ingénieurs il sera donc question de définir


le plan étape par étape qui permettra d’aller de
l’acquisition du terrain jusqu’à la maison. Il sera
ensuite question de définir le budget pour pouvoir
réaliser ce projet et comment réduire les coûts
pour ce faire.

Supposons que chacun souhaiterait avoir une


maison sur 1.000 m². Pour dix personnes cela fera
10.000 m2 (un hectare), que nous allons devoir
acheter comme espace de terre. Acheter un
hectare reviendra à un coût beaucoup plus faible
que le fait d’aller acheter 100 m2 ou 200 m² dans
plusieurs endroits différents. Nous allons choisir un
endroit où nous souhaitons habiter tous et définir
le budget nécessaire pour acquérir un hectare,
avec toutes les procédures pour la légalisation et
le morcellement (1000 m2 par personne), pour que
chacun puisse avoir un titre foncier à son nom. Ce
budget peut être fixé à 50 millions par exemple.

89
Pour la deuxième étape qui est le terrassement,
on va également définir le budget. Plusieurs
catégories de personnes interviendront ici. Il y’a par
exemple des géomètres pour le morcellement, des
architectes qui vont intervenir et qui vont concevoir
les plans de maisons et les maquettes 3D. Nous
pourrons choisir un modèle standard d’habitation
afin d’avoir une certaine harmonie, chacun donnera
juste les spécificités de sa maison en termes de
couleurs et de matériaux à utiliser au niveau des
finitions, de la peinture, etc.

Nous allons ensuite faire appel à une entreprise de


construction qui va se charger de réaliser le travail
qui a été proposé par le maître d’œuvre. Cette
étape sera également budgétisée, à 200 millions
par exemple, y compris le travail de l’architecte,
des ingénieurs. Le tout avec un délai fixé qui peut
être de trois ou quatre ans.

Nous définirons ensuite le montant à cotiser par


membre en fonction du délai fixé, du nombre de
membres, et du budget initial.

Pour une tontine de dix personnes pour un projet


qui va s’étendre sur une durée de trois ans avec
un budget de 300 millions, cela fera une cotisation
de 100 millions par an. Si la tontine dure dix mois
par an, cela fera 10 millions à cotiser chaque mois.
Puisque nous sommes dix dans la tontine, chacun
devra donc cotiser 1 million par mois.

90
Il faudrait donc avoir des critères d’inclusion pour
initier une telle tontine :

- La première condition est que tout le monde


qui participera à la tontine doit avoir une activité
génératrice de revenus, qui lui permettra de pouvoir
cotiser 1 million de francs CFA chaque mois.

On ne prendra pas quelqu’un qui cotise parce que


c’est son père qui lui donne un million. On ne veut
pas de quelqu’un qui cotise avec des revenus qui
ne sont pas générés pas une activité qu’il a, sinon
cela va biaiser la tontine et cela va nous pousser
vers des habitudes qui sont très dangereuses et qui
ne sont pas pertinentes.

- Il faudrait que chacun puisse avoir un avaliste ; cela


veut dire qu’il faudra pour chacun des personnes
crédibles et fiables, qui pourraient cotiser pour
vous au cas où vous n’arriverez pas à cotiser pour
diverses raisons.

Le capital confiance qu’on t’accorde dépendra


aussi de la personne qui t’avalise.

Dans les tontines immobilières personne ne


bouffe. L’argent est directement utilisé pour
les différentes étapes des procédures qui vont
permettre d’atteindre l’objectif général qu’on s’est
fixé au début. On donne l’argent directement aux
géomètres, aux architectes, aux entreprises qui se

91
chargent d’implémenter tout ce que nous avons
défini au préalable.

Pour éviter que l’argent ne soit dépensé de manière


inappropriée, l’entreprise qui va se charger de
construire nos maisons doit être notre propre
entreprise, ou alors une entreprise dans laquelle
nous sommes actionnaires, pour que l’argent
tourne entre nous.

Les architectes avec lesquels nous travaillerons


doivent être nos architectes ou un cabinet
d’architecture dans lequel nous sommes
actionnaires, ou alors on peut créer un cabinet
d’architecture et recruter des architectes excellents
qui vont y travailler ; pour qu’en réalité même la
construction de nos maisons soit en fait dans nos
propres entreprises.

Si nous devons acheter du ciment, il faudrait


qu’on effectue les achats de tout le matériel dans
une quincaillerie dans laquelle nous sommes
actionnaires, ou une quincaillerie qui appartient à
un de nos membres, ou alors dans une quincaillerie
que nous allons créer et dans laquelle nous allons
recruter des personnes qui vont y travailler.

Nous n’allons pas prendre 300 millions et dépenser


ça chez des inconnus. Que ce soit pour la
construction de nos maisons, l’achat du terrain, les
procédures, il faudrait que les dépenses tournent
toujours entre nous. C’est ça l’objectif de la tontine.

92
On se met ensemble pour pouvoir créer un levier. Le
levier en physique est un outil qui vous permet de
porter une charge beaucoup plus facilement que
si vous le faisiez vous-même. C’est un peu comme
la brouette, qui est un levier. Si vous ne pouvez pas
porter une charge de 100 kg, en la mettant dans
une brouette vous pourrez facilement la tirer. C’est
ce principe qu’on appelle un levier, et vous ne
pouvez pas le faire seul. Quand vous vous mettez
ensemble, c’est pour mettre ensemble vos moyens
relationnels, vos moyens logistiques, vos moyens
économiques et vos moyens de lobbying, afin de
permettre à chacun d’atteindre un objectif qu’il
n’aurait pas pu atteindre seul dans de courts délais.

Si nous respectons cette discipline pendant un an,


deux ans, trois ans, la conclusion sera qu’à la fin de
ces trois années chacun se retrouvera avec un bien
immobilier, un titre foncier et une maison de très
belle qualité. Lorsque nous allons évaluer le coût
final de reviens de chacune des maisons de façon
individuelle, nous allons nous rendre compte qu’il
est beaucoup plus faible que si chacun était allé le
faire lui-même.

En rachetant le terrain, notamment un hectare, en


faisant les travaux, en achetant le matériel en gros,
cela nous revient à un prix unitaire beaucoup plus
faible que si nous l’avions fait individuellement.

C’est un peu comme si vous allez au marché et


vous décidez d’acheter un cageot de tomates. En
achetant un cageot de tomates et en le divisant en

93
tas de 1 kg de tomates, cela reviendra à un coût
beaucoup plus faible que celui qui vient au marché
acheter juste un kilogramme de tomates seul, ce
qui lui reviendra plus cher.

Figure 5 : l’idéologie de la tontine, ENSEMBLE, on va plus loin !

94
-VIII-

LES TONTINES DANS LE


MONDE

N
ous avons parlé de l’essentiel qu’il y a à
savoir sur le principe de fonctionnement de
la tontine. Sachez donc que dans tous les
pays les tontines se font, même si elles ne se font
pas toujours appeler sous ce nom. Nous allons
rapidement voir certains cas de figures :

A. JAPON

Les tontines japonaises, appelées les kous, ont


constitué jusqu’au milieu du XXe siècle une forme
d’intermédiation financière populaire, surtout dans
les zones rurales. Elles ont aujourd’hui disparu, mais
ont, dans le passé, joué un rôle important dans ce
pays qui possède désormais un système financier
moderne et efficace. Les pays à faibles revenus
pourraient donc se servir de l’expérience japonaise
pour améliorer le leur. On estime que ces kous ont
fait leur apparition vers le XIIe ou XIIIe siècle, et ont
gardé tout au long des siècles qui ont suivi la même
structure de base et les mêmes règles. On trouvait
les kous dans les régions urbaines et rurales, et
ils étaient également populaires dans la société

95
samouraï (guerrière).

Figure 6 : Des Geishas, symboles de la culture nippone.

B. CHINE

Appelées Hui, signalons tout d’abord que les tontines


n’étaient pas autorisées en Chine et étaient même
condamnées. Elles agissaient donc bien entendu en
dehors de toute règlementation et de tout contrôle,
ce qui a parfois amené le gouvernement chinois à
réprimer les organisateurs de tontines, assimilant
ces derniers à des usuriers, ce qui était totalement
faux.

L’apparition de ces associations en Chine aurait été

96
liée au développement des activités économiques
des monastères bouddhiques. Ainsi, les tontines
auraient suivi la route de pénétration du bouddhisme
en Asie, celui-ci venant de l’Inde, traversant alors la
Chine et continuant jusqu’en Corée, puis au Japon
avec le kous comme susmentionné…

C. TAIWAN

Plusieurs enquêtes réalisées dans les années


quatre-vingts ont également montré l’ampleur du
phénomène tontinier à Taiwan.

- 90% des paysans Taiwanais participaient à


des tontines avec levées par enchères

- 20% de celles-ci étaient en nature, réunissant


en moyenne dix personnes sur une période
de cinq ans.

- 80% étaient en espèces, réunissant en


moyenne 24 personnes sur une période de
deux ans.

Le but des tontines en nature était avant tout de


constituer une épargne spéculative à moyen terme,
alors que celui des tontines en espèces était d’aider
un pair à faire face à un besoin de financement.
Pour les paysans les moins riches, les tontines
représentaient 50% de leur source de financement
externe, contre seulement 20% pour les plus riches.

97
D. BURKINA FASO

Dans ce pays également la tontine est une pratique


courante, et plus particulièrement en milieu urbain
où le taux de monétarisation est relativement
important. Dans cette zone, on parle des Adossa.

Les informations dont nous nous servirons ici


viennent d’une étude réalisée en 1990 et portant sur
70 tontines environ :

- Au Burkina Faso, 51% des tontines sont


exclusivement réservées aux hommes contre
36% pour les femmes. Et 13% sont mixtes.

- Il n’y a pas de droit d’entrée à payer pour


participer à une tontine, mais il faut être
présenté par un ancien membre ou le
président à titre de caution morale.

- 65% de ces tontines ont moins de 20 membres,


26% en ont entre 20 et 50, et seulement 9%
détenaient des effectifs compris entre 51 et
150 membres.

- Concernant la période de rotation, 43% des


tontines ont une rotation d’une durée égale à
un mois, suivent celles d’une durée comprise
entre 2 et 7 jours (35%). 6% ont une rotation
supérieure à un mois, et 3% dure entre 8 et 15

98
jours. La période d’une journée est également
bien représentée avec 13% des tontines
concernées.

- Dans les tontines observées, les cotisations de


1.000 à 5.000 francs sont dominantes (42%).
Les petites cotisations de niveau inférieur
à 500 francs occupent 32% des cas. Les
cotisations de l’ordre de 5.000 francs et plus
représentent 17%. La tranche de 500 à 1.000
francs est sous-représentée avec seulement
9% des cas.

- La tranche modale des fonds récoltés à


chaque tour est comprise entre 10.000 et
20.000 francs (26%). Les tranches de 20.000
à 30.000 francs et 30.000 à 50.000 francs
représentent respectivement 20 et 19%. Les
niveaux de 50.000 à 100.000 francs, et de plus
de 100.000 francs, occupent chacun 10%.

- Dans 49% des cas, l’attribution des tours pour


recevoir les fonds récoltés se fait selon la
respectabilité du membre, son honnêteté, le
degré de confiance manifesté par le groupe à
son égard, sa solvabilité. Le président joue un
rôle fondamental dans cette attribution des
tours. Dans 35% des autres cas, le bénéficiaire
est tiré à chaque tour, et dans 10% des cas, le
système des enchères le détermine.

99
Figure 7 : Une tontine Burkinabè. Au-delà de l’argent, l’esprit
communautaire.

E. NIGER

Le Niger est un pays sahélien à faible densité de


population et sujet à la sècheresse. Les tontines
sont appelées dans cette zone Asussu.

L’agriculture de subsistance y domine, suivie de


l’élevage. Des troupeaux de gros bétail migrateur
se déplacent et traversent les frontières des pays
voisins. Risques et incertitudes sont courants dans
les campagnes de ce pays, et, hors des grandes
villes, la finance informelle est presque toujours
l’unique source financière.

100
Dans ce pays, les tontines villageoises sont très
variées. Elles vont de groupes de ménagères
et d’agriculteurs, à des groupes de vendeurs
de marche, de chefs de petites entreprises,
d’instituteurs et d’agents de vulgarisation, entre
autres.

À la base de ces associations se trouve l’occupation


professionnelle, bien que de temps en temps,
certains groupes soient des mélanges de différents
genres. Ces liens professionnels sont évidemment
en corrélation étroite avec des niveaux de revenus
similaires. La proximité géographique est aussi une
caractéristique importante de ces tontines.

Une étude réalisée par l’Ohio State University sur 56


tontines somaliennes rapportait que le nombre de
membres variait de quatre à quarante individus, et
que la fréquence des réunions, des versements et
des prêts allait de cinq jours à un mois.

Le cycle complet de ces tontines oscillait entre un


mois et un an.

101
Figure 8 : Une tontine en pays sahélien, les femmes sont toujours
très impliquées dans l’économie.

F. CAMEROUN

Les associations rotatives d’épargne et de crédit au


Cameroun ont été documentées pour la première
fois par Meyer. On les appelle njangui dans les
provinces anglophones, et bien sûr tontines dans
les provinces francophones. Elles ont fait l’objet de
nombreuses études par la suite. Nous nous referons
ici à la typologie de Bruno BEKOLO-EBE (1991) afin
de donner un aperçu des différentes formes que
peuvent prendre les tontines camerounaises, et du
comportement d’épargne des agents économiques
à l’intérieur de celles-ci.

Dans la zone anglophone du pays, les associations

102
proposent jusqu’à trois services financiers : njangui,
caisse d’épargne et caisse de prévoyance.

Si le comportement à l’intérieur des tontines est


d’abord déterminé par la tradition sociale, la
recherche de gain et de rendement financier guide
de plus en plus ce comportement.

La tontine simple

Il y a un nombre fixe de participants, ceux-ci


versant une somme, elle aussi fixée par avance,
régulièrement, et suivant un ordre prédéterminé,
chacun recevra le produit des versements de
l’ensemble des participants.

La tontine simple avec caisse de prêts

Chaque participant, en plus de sa cotisation fixe


verse une seconde somme d’argent qui dépend
de ses possibilités, et cette somme vient s’ajouter
à celles des autres membres pour constituer la
caisse des prêts. Les participants comme les non
participants peuvent se voir accorder un prêt, dont
le remboursement produira des intérêts qui seront
redistribués en fin de cycle à chacun des membres
uniquement, et cela au prorata de ce qu’ils auront
versé au cours du cycle.

103
La tontine avec enchères non
capitalisées

Ce système tend à être de plus en plus répandu, et


ses règles intègrent la notion de coût de capital et
de risque.

Contrairement aux systèmes précédents, les


sommes collectées en une période, celles-ci
constituant le gros lot, sont vendues aux enchères
et remises au plus offrant.

La tontine avec enchères capitalisées

La différence avec le type précédent est que la rime


d’enchère payée par celui auquel on attribue le gros
lot est divisée en petits lots, qui seront revendus
également aux enchères sur du court terme.

104
Figure 9 : Le Cameroun, un pays aux multiples dimensions
culturelles. Ici, un groupe de danseurs fangs.

G. NIGERIA

L’Esusu est le type de tontine le plus répandu dans


le golfe du Bénin ; on le rencontre spécialement au
Nigeria et dans les pays voisins où il est pratiqué
par les musulmans yoruba.

Mais il est également connu au Libéria, en Sierra


Leone et en Gambie. Il se caractérise par une très
grande souplesse car il peut se présenter sous des
modalités très diverses. Il semble que les autres
variétés observées au Nigeria telles que le dashi ou
le barn en soient très proches, de même que Yikub

105
en Éthiopie, le wari moni en Côte-d’Ivoire, le nath
ou le teck au Sénégal, le khatta au Soudan... Il en
est certainement de même du Vesso au Bénin et
au Togo, du susu au Ghana, du Yasussu au Niger
et du Yosassa au Zaïre, car il s’agit toujours de la
même racine.

Figure 10 : Carnaval Yoruba, une illustration du vivre ensemble


Nigérian.

Voici ainsi présentés selon certains pays, la


structure et le fonctionnement de la tontine. La
remarque qu’on peut faire c’est que jusqu’à ce jour,
aucun de ces pays ne payait vraiment des impôts
sur les associations qui y étaient créées, jusqu’au
1 er janvier 2022 où le Cameroun en a décidé d’en
faire autrement.

106
-IX-

TAXATION DES TONTINES AU


CAMEROUN

L
a question sur l’imposition dès 2022 d’une
taxe sur les tontines anime les discussions
au Cameroun. Le débat a été lancé suite à
une interprétation des projets de modification de
l’article 93 du Code général des impôts, présentent
dans le projet de loi de finances 2022.

Elles introduisent un troisième régime d’imposition


au Cameroun, à savoir le « régime des organismes
à but non lucratif ».

Selon le site d’investir au Cameroun, le projet adopté


par le Parlement regroupe dans cette catégorie :

« Toute entité dotée de la personnalité juridique


ou non, publique, privée ou confessionnelle, y
compris les fondations, qui n’a pas pour but la
recherche de bénéfices aux fins de distribution
entre ses membres et dont l’activité n’est pas en
concurrence avec celles réalisées par les entités à
but lucratif ».

107
Le texte précise que cela concerne entre autres,

« Les associations de toute nature, de droit ou de


fait, les mutuelles, les clubs et les cercles privées ».

Malgré le fait qu’on ne sache pas encore exactement


comment le gouvernement Cameroun va procéder
pour taxer toutes les tontines du pays, on sait par
contre que dans la pratique, les tontines vont au-
delà de la simple réallocation gratuite de ressources
entre les membres et réalisent toutes sortent de
transactions financières, qui vont du prêt d’argent
à des placements collectifs. La loi a aussi défini le
régime d’imposition de ces tontines. Ainsi, elles ne
paient pas de patente, l’impôt sur les sociétés et la
taxe sur la propriété foncière. Mais comme les autres
entités à but non lucratif, elles seront notamment
assujetties aux droits d’enregistrement, à l’impôt sur
le revenu issu du placement des capitaux mobiliers
et des retenues d’impôts diverses applicables aux
contribuables.

En réalité, ce n’est pas aujourd’hui qu’on en parle.


Les textes existaient déjà, juste que rien n’était
encore vraiment officiel. Beaucoup sont surpris
de cette taxe qu’ils qualifient de « soudaine », sur
les associations en 2022, mais ils ne devraient pas
l’être en réalité car cela a été pensé et avisé depuis
longtemps. Ça peut se lire d’ailleurs dans la loi des
finances de 2019 et de 2020.

Étant donné que l’Etat tire principalement ses

108
ressources financières des impôts, des douanes et
de certains dons de l’étranger, son souci premier est
donc de trouver le maximum de secteurs qu’il peut
toucher afin d’y mettre des taxes et des impôts. La
preuve c’est que peu à peu, il s’intéresse également
au secteur du numérique comme les taxes sur
la sponsorisation sur Facebook, aux transferts
d’argent dont on prélève actuellement 0,2% via les
transactions orange mobile, mobile money et tout
ce qui tourne autour des transferts d’argent par
voie électronique, téléphonie mobile etc…

ATTENTION !! Seule la plus-value est ciblée !

Selon « Investir Au Cameroun », de nombreuses


tontines par exemple exercent des activités de prêts,
qui prennent davantage la forme de placement
d’argent, et peuvent en tirer des revenus. Cela
constitue une plus-value qui est taxable pour toute
catégorie de personne.

Le texte de la loi des finances du Cameroun en


2022 prévoit aussi que si une entité à but non
lucratif (ici une tontine) exerce une activité
commerciale rentable, elle paiera 15% d’impôts sur
le revenu majoré de 10% de centimes communaux
additionnels. Un régime d’imposition qui déroge
à celui qui s’appliquerait normalement aux
établissements commerciaux.

Les arbitrages du gouvernement ont été de plusieurs


ordres. Sous le label d’être non lucratives, les

109
tontines sont devenues une source de financement
alternative et parfois onéreuse. Mais cet argent
est parfois prêté pour un taux d’intérêt de 20% et
même plus. Ce qui est au-dessus de la moyenne
de 17% appliquée par les banques. Les tontines
n’ont pourtant pas de grosses charges et réalisent
des marges dont l’affectation n’est connue que des
membres.

Les personnes opposées aux textes arguent que la


tontine représente une épargne sur laquelle des
impôts ont déjà été prélevés. Les changements
introduits par les modifications du Code général
des impôts constitueraient donc de la double
imposition. Mais dans l’esprit de la loi, tant que
l’épargne reste stockée et ne génère pas de revenus
ou de plus-value, elle n’est pas taxable. Mais dès
le moment où elle est placée dans une activité ou
un actif, les revenus qui en découlent doivent être
taxés.

Au final, la taxe présentée comme celle sur les


tontines n’est pas une mesure ciblée. Elle touche
toutes les entités à but non lucratif, dont les avoirs
soit par placement, soit par réévaluation de la
valeur, génèrent du revenu supplémentaire. C’est
ce revenu supplémentaire qui sera taxable, car la
loi le permet désormais.

Fort est donc de constater qu’étant donné que


la loi selon laquelle les transferts seront taxés est
déjà effective, il est donc certain que ce n’est pas

110
une blague et que la prochaine étape sera de
l’appliquer également à toute forme d’association,
y compris naturellement les tontines. La vraie
question est donc celle de savoir si l’État réussira
vraiment à identifier toutes ces associations afin de
leur imposer cette taxe.

Des petites associations du quartier à des


associations qui n’ont pas de réel siège physique,
on se demande bien comment on taxera une cible
qu’on ne voit pas.

En attendant que la circulaire ne sorte pour nous


clarifier tout cela, on reste serein en espérant
que tout se passe pour le mieux, surtout pour les
entrepreneurs Camerounais qui sont en train de
voir leurs activités se faire toucher. On verra bien ce
que les autres pays proches du Cameroun feront
de leur côté pour imposer des taxes sur certaines
activités, et même ceux de l’étranger.

111
112
CONCLUSION

N
ous sommes rendus à plus de 60 ans après
les « indépendances », mais sommes-nous
vraiment indépendants ?

Sommes-nous capables d’implémenter des projets


de très grandes envergures avec nos propres
capitaux ?

Pouvons-nous financer des compétitions


internationales, attirer les yeux du monde sur nous ?

Avons-nous les moyens de devenir autonomes sur


les plans alimentaire, technologique, militaire… ?

Allons-nous rester des éternels consommateurs ?

Chaque Africain doit se regarder dans un miroir


et se demander : qu’est-ce que je vaux sur le plan
économique ? Comment pourrai-je contribuer à
rendre l’Afrique plus forte afin d’imposer sa voix
dans le concert des nations, et ne plus subir ?

Pour y arriver, nous avons le devoir de travailler


ensemble. Mettre ensemble nos moyens
intellectuels, logistiques, relationnel et surtout
financier.

113
Pour y arriver, nous devons OSER, être AUDACIEUX,
afin d’impulser une nouvelle dynamique, réaliser
des projets titanesques, capables de rivaliser tous
les meilleurs du monde, sans aucun complexe !

Ce n’est qu’ainsi que nous pourrons faire le poids


face à ceux qui veulent faire de nous des éternels
esclaves.

C’est l’objectif que nous recherchons avec la tontine


structurelle africaine, que nous avons initiée dans
le CLAUDEL NOUBISSIE BUSINESS GROUP.

Il est question à travers cette initiative, de regrouper


des Africains à travers le monde qui ont de l’ARGENT
à investir sur du long terme, afin que nous puissions
nous mettre ensemble, pour réaliser des projets
hors du commun, qui restent en adéquation avec
les réalités de l’Afrique, pour permettre à notre
continent de s’affirmer sur le plan économique,
culturel et surtout intellectuel.

Cette tontine structurelle africaine permet surtout


à chaque membre de renouer avec la valeur
spirituelle africaine la plus puissante : la solidarité !

C’est ainsi que dans notre groupe privé, vous


bénéficiez de plusieurs autres avantages
notamment :

◊ Le réseautage avec des éminences africaines,

114
présentes à travers les 4 coins du monde ;

◊ Le partage d’expériences pour éviter de commettre


les mêmes erreurs individuellement ou en groupe,
et ainsi aller plus vite ;

◊ Mes Chroniques Business, chaque jour de la


semaine ;

◊ Des opportunités d’affaires, dans lesquelles vous


pouvez également investir.

Cette aventure vous intéresse ?

Vous souhaitez qu’ensemble nous puissions


contribuer à l’écriture de l’histoire de l’Afrique, mais
cette fois comme acteur et non spectateur ?

Rejoignez cette communauté de guerriers et


guerrières avec laquelle, vous allez vous améliorer
sur le plan intellectuel, diversifier vos compétences
et devenir plus PUISSANT.

115
Nos adresses :

WhatsApp : (+237) 677 61 90 11


Mail : businessgroup@cnic237.com

116
TABLE DES ILLUSTRATIONS

Figure 1 : Chefferie traditionnelle Bamiléké dans la région


de l’Ouest Cameroun ........................................................................... 12

Figure 2 : Danseurs bamiléké exécutant une danse


rituelle. ............................................................................................................ 16

Figure 3 : Structure hiérarchique de la société dans


l’Ouest Cameroun ................................................................................. 24

Figure 4 : La circulation sanguine. En communautarisme


économique, Sang = Argent et Cœur = Travail.. .............. 32

Figure 5 : l’idéologie de la tontine, ENSEMBLE, on va plus


loin ! ................................................................................................................. 94

Figure 6 : Des Geishas, symboles de la culture


nippone......................................................................................................... 96

Figure 7 : Une tontine Burkinabè. Au-delà de l’argent,


l’esprit communautaire. .................................................................. 100

Figure 8 : Une tontine en pays sahélien, les femmes sont


toujours très impliquées dans l’économie. ......................... 102

Figure 9 : Le Cameroun, un pays aux multiples dimensions


culturelles. Ici, un groupe de danseurs fangs ................... 104

Figure 10 : Carnaval Yoruba, une illustration du vivre


ensemble Nigérian. ............................................................................. 106

117
BIBLIOGRAPHIE

1. Monnaie Complémentaire versus Microcrédit


Solidaire et Tontines (United Nations Research
Institute for Social Development)

2. Ma tontine, mon outil d’intégration sociale


(Mémoire, MANE AHMED)

3. Sociétés de tontines et banques des petite et


moyennes entreprises à Taiwan (Thierry PAIRAULT,
CNRS, Centre de recherche et de documentation
sur la Chine contemporaine)

WEBOGRAPHIE

4. Formation vidéo « Les secrets de la tontine »


(Claudel NOUBISSIE)

5.https://www.investiraucameroun.com/
finance/1312-17269-impots-pourquoi-et-
comment-lecameroun-va-taxer-les-tontines-
des-2022

6.https://www.cairn.info/revue-management-
etavenir-2009-7-page-119.htm

118
7.https://www.leolagrange.org/la-
societe-civilesorganise-les-tontines-
aucameroun/#:~:text=Au%20Cameroun%2C%20
on%20les%20appelle,aura%20un%20jour%20sa%20
part

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