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Chapitre III – Etude géotechni que

Introduction

Les études géologiques, hydrologiques et géotechniques constituent d'une manière


générale trois aspects complémentaires de l'étude des terrains dans lesquels doivent être
exécutés les ouvrages.
Pour que ces études soient fiables, il faut utiliser des procédures reconnues, c'est-à-dire
normalisées.
En Algérie, ce domaine est relativement délaissé par rapport à l’étude des structures ou
des travaux de route. Les normes promulguées ne couvrent pas tous les besoins de l’ingénieur
pour optimiser son étude.
Néanmoins le recours aux normes européennes et aux recommandations (AFTES ;
LCPC…) qui ont déjà fait leurs preuves à travers les ouvrages réalisés ; guide
considérablement les ingénieurs algériens dans le domaine de la géotechnique.

3.1. Etude géologique

 Géologie globale

La nature et la disposition des terrains traversés par les ouvrages souterrains sont décelés
par l’étude géologique qui permet une première décomposition en tronçons homogènes du
point de vue lithologique et(ou) structural.
De ce fait, cette étude nous a permis de voir que la région de l’ouvrage est constituée
essentiellement par trois grandes unités, d’un point de vue global ces trois couches se
superposent plus au moins horizontalement.

L’unité supérieure se compose de sédiments quaternaires et de dépôts récents, le


quaternaire est pour la plus grande partie de caractère argileux cohérent.
Cette unité est aussi riche en éboulis et peut être issue de changement anthropogènes, de
même qu’elle contient par endroit des débris de matériaux de construction.

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L’unité suivante consiste en des sédiments tertiaires clastiques de type sableux à


argileux d’une extrême inhomogénéité, rassemblés sous le terme de molasse.

L’unité la plus profonde se constitue de marnes argileuses de faible à moyenne


consistance, ces marnes sont généralement imperméables et forment ainsi le long de leur
surface la limite inferieure de l’aquifère.
La coupe géologique du tracé de l’extension B est donnée en annexe A.

 Géologie locale

L’étude des carottes prélevées nous a permis d’identifier d’une façon très précise les
couches du sol. La figure 3.2 représente la formation géologique du site de l’ouvrage.
Dans ce qui suit, chaque couche sera représentée par ses initiales comme le montre le
tableau suivant (tableau.3.1) :

Tableau 3.1 : référence des couches de sol

Couche de sol référence


Remblais RX
Quaternaire argileux QA
Tertiaire argileux TA
Tertiaire sableux TS

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Figure 3.1 : Implantation des sondages

Figure 3.2 : Coupes géologiques locales

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Pour des raisons économiques, le carottage se fait avec des pas assez importants, donc
on ne peut pas suivre point par point les limites des couches de sol sur toute l’étendue de la
zone abritant l’ouvrage. Néanmoins, dans un but simplificateur, les couches de sol seront
supposées plus ou moins parallèles, donc d’épaisseurs constantes.

La stratification du sol est donnée comme suit :


Couche Nº1 : remblais d’une épaisseur de 0.7 mètre.
Couche Nº2 : quaternaire argileux d’une épaisseur de 8.3 mètres.
Couche Nº3 : tertiaire argileux d’une épaisseur de 2.3 mètres.
Couche Nº4 : tertiaire sableux d’une épaisseur de 1.5 mètres.
Couche Nº5 : tertiaire argileux allant jusqu’en dessous de l’ouvrage.

3.2. Etude hydrologique

Cette étude permet de déterminer les conditions hydrologiques ; à savoir l’éventuel


existence d’une nappe phréatique ainsi que sa profondeur.
Pour se faire, certains des forages qui ont servi au carottage ont été équipés de
piézomètres (fig.3.1).
Un aperçu des niveaux d’eau observés est donné dans le tableau suivant (tableau.3.2) :

Tableau 3.2 : niveaux d’eau

S 1+600 S 1+648 S 1+675


Niveau min 31.52 37.48 28.20
(mNGA)
Niveau max 31.72 37.48 32.00
(mNGA)
Niveau moyen 31.62 37.48 30.10
(mNGA)

Donc on constate que le niveau d’aquifère se situe en dessous de notre ouvrage.


Note : les cotes sont prises par rapport au Nivellement général d’Algérie (NGA).

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3.3. Reconnaissance géotechniques du site

"La géotechnique est la science qui se préoccupe des interactions d’un sol et d’un
construit, route, bâtiment ou ouvrage d’art. Toute démarche géotechnique ne peut se
concevoir qu’en fonction d’une situation réelle ou supposée, d’une contextualisation d’un
problème, et ce généralement, par analogie avec une situation similaire déjà connue.
L’activité géotechnique se perçoit donc d’abord comme un ensemble de savoir- faire et
de techniques, comparables au tour de main d’un artisan" (Magnan 2002).

Dans le cadre de la compagne de reconnaissance géotechnique du site de l’extension B


de la première ligne du métro d’Alger, des essais in situ et en laboratoire ont été réalisés.

Tableau 3.3 : essais réalisés

Type d’essai nombre


Forages carottés 41
In situ Essai de pénétration 306
dynamique SPT
Essai pressiométrique 41
Menard
Essai Lefranc 40
Essai de compressibilité à 59
En laboratoire l’œdomètre
Essai de cisaillement 59
Analyse granulométrique 62

Les essais in situ ont été effectués par l’entreprise italienne TREVI, l’évaluation de
leurs résultats a été faite en collaboration entre les ingénieurs de TREVI et le bureau d’études
allemand Müller + Hereth.

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Les essais en laboratoire ont été faits par les laboratoires BEGEC, LNHC et LCTP à
Alger.

3.3.1. Essais in situ

1. Forages carottés

Les forages carottés permettent de visualiser les terrains traversés, de préciser avec
certitude leur disposition géométrique et d'effectuer un certain nombre d'essais d'identification
et d'essais mécaniques.
Les forages exécutés ont un diamètre de 101 à 106 mm et une profondeur qui varie
entre 20 et 52.5 m (fig.3.3)
Après extraction, les carottes doivent être soigneusement protégées et mises en caisse.
Les forages carottés doivent être accompagnés d’essais d’eau (type LUGEON, en
pression, en terrains rocheux ; type LEFRANC, gravitaire, en terrains meubles).

Figure 3.3 : Exe mple de carottes

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2. Essai de pénétration au carottier (Standard penetration test) SPT

L'essai de pénétration au carottier correspond à l'essai développé aux USA et connu


sous l'appellation "Standard Penetration Test", dont le sigle est SPT.
Il consiste à déterminer la résistance à la pénétration dynamique d'un carottier
normalisé battu en fond d'un forage préalable. Il permet également d’identifier les sols
traversés.
L'appareillage est composé d'un équipement de forage et de tenue de la paroi, d'un
dispositif de battage, d'un train de tiges, d'un carottier et d'un système de mesures (fig.3.4).

Figure 3.4 : Coupe du carottie r SPT

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Le mouton a une masse de 63,5 kg et une hauteur de chute de 0,76 m ; il tombe à une
cadence de battage de 15 à 30 coups par minute.
Le tube central du carottier est fendu pour faciliter l'extraction de l'échantillon de sol.

3. Essai pressiométrique Ménard (Ménard pressumeter test)

L'essai pressiométrique Ménard est un essai de chargement du sol en place. Il consiste


à dilater radialement au sein du sol une sonde cylindrique et à déterminer la relation entre la
pression appliquée sur le sol selon un programme de chargement imposé et le déplacement de
la paroi de la sonde (fig.3.5).

Figure 3.5 : Schéma d’un sondage pressiométrique

L’appareillage comprend un contrôleur pression- volume appelé CPV, des tubulures,


une sonde et un enregistreur (fig.3.6).

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Figure 3.6 : Contrôleur Pression Volume (CPV) et Sonde

4. Essai Lefranc

L’essai Lefranc permet d’évaluer la perméabilité des couches du sol, en déterminant le


coefficient de perméabilité Lefranc .

Pour se faire, il faut créer à l’intérieur du sol une cavité, à la base d’un forage, reliée à
la surface du sol par un tube, puis produire une diminution de charge dans la cavité, soit, de
préférence, par prélèvement d’eau sous débit constant pendant tout l’essai, soit par
prélèvement d’eau unique avant toute mesure, enfin le calcul du coefficient de perméabilité se
fait à partir de la mesure du débit percolant à travers la paroi de la cavité à un instant donné.

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3.3.2. Essais en laboratoire

1. Essai de compressibilité à l’œdomètre

Pour simuler les contraintes que le sol a subies dans son histoire et qu’il subira sous le
chargement de l’ouvrage à construire, on réalise au laboratoire des essais œdomériques.

L’essai œdomérique a pour objectifs principaux de déterminer la contrainte de


préconsolidation, les paramètres de tassement et de consolidation du sol et le coefficient de
consolidation verticale pour l’estimation de la durée du tassement.

La cellule œdomérique se compose d’une embase recevant le cylindre qui contient


l’échantillon. L’échantillon est compris entre deux pierres poreuses (fig.3.7).

La charge est appliquée à l’éprouvette a travers le piston, et les déformations sont


mesurées à l’aide de comparateurs.

Figure 3.7 : Coupe schématisée d’un moule œdomérique

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2. Essai de cisaillement à l’appareil triaxial

L'essai triaxial permet de mesurer les caractéristiques mécaniques de cisaillement, à


savoir l’angle de frottement φ et la cohésion C.

Dans l'appareil triaxial (fig.3.8), l'échantillon entouré d'une membrane en caoutchouc


est placé sur l'embase inférieure d'une cellule en plexiglas fretté. Par l'intermédiaire d'eau sous
pression, on applique sur l'échantillon une contrainte hydrostatique .Un piston qui traverse
le couvercle de la cellule transmet en tête de l'échantillon une force F qui permet d'appliquer
le déviateur . Aux extrémités de l'éprouvette, des pierres poreuses sont placées pour
permettre de drainer éventuellement l'échantillon.

Figure 3.8 : Schéma de la cellule triaxiale

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3. Analyse granulométrique

L'analyse granulométrique du sol jusqu'au diamètre de 80 µm se fait en utilisant une


série de tamis de diamètres d’ouverture décroissants.

La granularité est exprimée par une courbe granulométrique qui donne la répartition de
la dimension moyenne des grains, exprimée sous forme de pourcentage du poids total du
matériau.

L’appareillage est composé tout simplement d’une série de tamis de diamètres


décroissants, comme énoncé juste avant (fig.3.9).

Figure 3.9 : Série de tamis

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3.4. Résultats de la compagne de reconnaissance géotechnique

Dans un but simplificateur, nous avons plus ou moins essayé d’arrondir les valeurs
obtenues des paramètres géotechniques, de ce fait, les résultats retenus sont résumés dans le
tableau suivant (tableau.3.4) :
Tableau 3.4 : caractéristiques géotechniques du terrain
RX QA TA TS
Poids 19 20 22 21
spécifique γ
(KN/ )
Module de 11 49 65 94
rigidité
(MN/ )
Module de 7 31 43 77
déformation E
(MN/ )
Cohésion 0 48 53 55
Cohésion 5 72 89 76
Angle de 19 22 25 27
frotte ment
(º)
Angle de 19 16 17 21
frotte ment
(º)
Pression de - 16 22 43
pointe
(MN/ )
coefficient de -
perméabilité
(m/s)

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3.5. Conditions tectoniques

La formation des chaines alpines méditerranéennes y compris le tronçon algérien est


liée à la dérive et la rotation de la plate forme continentale de l’Afrique par rapport à l’Eurasie
depuis le Jurassique.
Les bassins de Mitidja ainsi que ceux de Chélif et de Seybouse sont structurés pendant
les dernières étapes de la tectonique alpine.
Les résultats des mouvements tectoniques se voient à travers les formations de grandes
nappes dans les montagnes européennes et dans l’atlas Tellien, et aussi à travers les failles
tectoniques normales et inverses dans la région d’Alger.
Dans le socle métamorphique dans la région d’Alger des failles de type normal et
inverse avec une orientation NE-SW à ENE-WSW sont observables.
Une continuation des failles normales dans des sédiments du quaternaire et du tertiaire
est supposée.

3.6. Conditions sismiques

En accord avec la norme RPA 99-2003 (règles parasismiques algériennes) l’extension


B de la ligne 1 du métro d’Alger est située dans la zone sismique III (sismicité élevée).
Tout l’ouvrage peut être considéré inclus dans le groupe d’utilisation 1B (ouvrage de
très grande importance).
Les valeurs de l’accélération sismique qui doivent être adoptées sont :
 la valeur d’accélération sismique est de 0.3g,
 le facteur de la réduction par profondeur ne sera pas inferieur à 0.8,
 la composante verticale du séisme peut être estimée à 2/3 de l’horizontale.

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Conclusion

Nous constatons que le terrain comporte essentiellement de l’argile, qui est un sol
cohérent de bonne tenue, ce qui facilite le creusement et permet d’avancer avec des pas
importants sans avoir d’effondrement systématique.

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