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Master «Sol et Eau»

Année scolaire 2012-2013

Rapport de stage

Étude en laboratoire du comportement mécanique


de sédiments dragués en vue de leur valorisation
en butte paysagère

Réalisation d’un essai triaxial à l’appareil de révolution CU+u

Par
Simon VIART

Directeur de stage : Laurent LANCELOT

Tuteur universitaire : Jamal EL-KHATTABI

Lieu : Laboratoire de mécanique des sols de Polytech’Lille

Date de soutenance : 12/09/2013

Mots clefs : Valorisation de sédiments dragués, Mécanique des sols, Environnement


Essais géotechniques en laboratoire, Stabilité de talus, Identification des sols
Remerciements

Mes remerciements s’adressent, d’abord, à Monsieur Laurent LANCELOT, responsable du


laboratoire de mécanique des sols de Polyech’Lille et tuteur de ce stage, pour les nombreuses
connaissances qu’il m’a transmises et pour la confiance qu’il m’a témoignée durant ces quatre
mois.

Je remercie également Monsieur Isam SHARHOUR, directeur du Laboratoire Génie-Civil et géo


Environnement, pour m’avoir accueilli au sein de son organisme de recherche afin de mener à
bien cette étude.

Mes remerciements s’adressent également à Monsieur Jamal EL-KHATTABI, responsable du


Master «Sol et Eau» de Polytech’Lille et tuteur universitaire de ce stage, pour m’avoir, tout au long
de l’année, permis de parachever ma formation.

Je tiens enfin à remercier Priscilla, Abdel Hakim et Emmanuel pour m’avoir épaulé, conseillé et
aidé lors de la préparation et la réalisation de tous ces essais.
Sommaire

Résumé/Abstract 2

Introduction 3

1. Essais d’identification 5

1.1! Mesure de la teneur en eau pondérale 5


1.2! Analyse granulométrique 5
1.3! Mesure de la quantité et de l’activité de la fraction argileuse 7
1.4! Détermination de la masse volumique des grains solides 8

2. Essais oedométriques couplés aux mesures de perméabilité 10

2.1! Description de l’essai et dispositif expérimental 10


2.2! Essais de compressibilité : réalisation des essais et dépouillement des résultats 11
2.3! Essais de compressibilité : présentation des résultats 14
2.4! Mesures de perméabilité : réalisation des essais et dépouillement des résultats 16
2.5! Mesures de perméabilité : présentation des résultats 17

3. Essais de cisaillement rectiligne à la boîte consolidé lents 19

3.1! Description de l’essai et dispositif expérimental 19


3.2! Réalisation des essais et dépouillement des résultats 20
3.3! Présentation des résultats 23

4. Essais à l’appareil triaxial de révolution CU+u 25

4.1! Description de l’essai et dispositif expérimental 25


4.2! Réalisation des essais et dépouillement des résultats 28
4.3! Présentation des résultats des essais triaxiaux 32

5. Intégration des propriétés mécaniques pour le calcul de stabilité de talus 34

5.1! Contexte et choix des dimensions de l’ouvrage 34


5.2! Méthode de calcul et résolution 35
5.3! Présentation et discussion des résultats 37

Conclusion 38

Bibliographie 39

Annexes 40
Résumé

L’étude qui est détaillée dans ce rapport a comme objectif de quantifier les performances
mécaniques de sédiments marins dragués au port de Dunkerque, pour leur valorisation en butte
paysagère. Afin de palier aux problèmes que représentent le relarguage en haute mer de ces
volumes accumulés, solution souvent adoptée, des alternatives de réemploi en matériau de
construction sont de plus en plus considérées. Encore faut il s’affranchir de la bonne qualité
mécanique de ces sédiments. Ce travail n’a pas consisté à étudier un cas de figure de stabilité
d’ouvrage mais à dresser la fiche d’identité de ce matériau sableux à partir de ces principales
propriétés mécaniques. Le but est de fournir à la maîtrise d’oeuvre le plus large éventail de
paramètres possible, pouvant répondre à divers contextes et géométries d’édifice.
Une faible compressibilité du matériau, tout d’abord, a pu être mesurée par trois essais
oedométriques réalisés en parallèle. Ceux ci ont permis d’une part de déterminer l’amplitude du
tassement sous une charge donnée et après stabilisation, mais aussi de quantifier la vitesse de
déformation du matériau face à cette sollicitation. Ces propriétés ont été complétées par des
mesures de perméabilité, et ce pour chaque état de compacité obtenus à l’oedomètre, ce qui
permettra d’apprécier les écoulements possibles dans ces édifices en un maximum de points.
Des essais de cisaillement direct consolidés lents et des essais triaxiaux CU+u ont aussi été
effectués pour cette étude. Leur but était en partie de déterminer l’ellipse des contraintes pouvant
être responsable d’une rupture du matériau à long terme, une fois les surpressions interstitielles
dissipées. Il est possible grâce à ces paramètres de localiser dans un massif de sol les zones les
plus susceptibles d’activer des failles, zones qu’il faudra donc consolider.
Ces mêmes essais triaxiaux, ayant été effectués sans drainage, ont aussi permis de décrire le
comportement à court terme du matériau. Ils ont permis de quantifier l’augmentation de la
cohésion non drainée du sol sous le seul effet de sa consolidation.
Enfin, dans ce rapport est présenté un calcul de stabilité de talus par la méthode des tranches de
Fellenius et à partir des caractéristiques effectives c’ et ϕ’. Le résultat optimiste de cette simulation
devra cependant tenir compte des nombreuses hypothèses émises.

Abstract

The goal of this following study is to quantify mecanical performances of sediments dredged in
Dunkerque port. The finality is to define valorisation possibilities of these materials into landscapes
ridges. The solution most commonly used for the evacuation of this sediments is to release the
volumes off the coast. However, the alternative solution consisting in their reutilisation is more and
more considerated. This work was not based on a specific stability problematic. It consisted in
drawing the complete profile of the sandy sediments, based on their main mecanical properties.
The goal is to give the most of elements to the future project managers in charge of
dimmensionning ridges.
Firstly, a low compressibility was measured by three oedometric tests realized in parallel. Some
properties was static. Indeed, it was possible to quantify the collapse amplitude in response to a
sollicitation and after stabilisation. In the same time, some parameters can quantify the
deformation speed of the materials, giving dynamic informations. The permeability was measured
for each compacity state of the sediments.
Consolidated drained direct simple shear tests, and consolidated undrained triaxial tests with pore
pressure measurement have been also realised on the material. They gave us the stress ellipse on
the rupture after pore pressure dissipation. With these parameters, it’s possible to localised the
zones in which ruptures can be developped.
These triaxial tests can also caracterize the soil comprtement in undrained conditions. Indeed, we
can measure the increase of undrained cohesion which is generated by a consolidation.
In the final part of this rapport is presented a stability calcul on a embankment slope. This calcul
was based on the Fellenius method and has allowed to be optimistic about these sediments
valorisation. However, these results are not sufficient to make any affirmations because of the
several hypotheses that we had to make.

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Introduction

! Le dragage des sédiments marins à proximité des installations portuaires soulève


généralement des problématiques aussi bien environnementales qu’économiques. En effet, la
solution la plus souvent adoptée pour le devenir de ces volumes évacués, souvent pollués,
consiste à leur relarguage en haute mer, ce qui peut fortement impacter des écosystèmes marins
préservés. Outre la volonté de réduire l’effet néfaste de ces substances sur l’environnement local,
celle de réduire les coûts d’acheminement des sédiments dragués est bien sûr l’une des
nombreuses priorités des collectivités territoriales. Une solution alternative au relarguage de ces
sédiments consiste à leur valorisation en matériau de construction. En cela, des études déjà
effectuées ont permis de définir les possibilités de réemploi de certains de ces matériaux en
remblais routiers, à l’aide de formulations adaptées aux performances mécaniques escomptées.
Durant mon stage, l’étude que j’ai réalisée sur des sédiments dragués au port de Dunkerque a
visé quant à elle à leur utilisation en butte paysagère, ce qui nécessitera une étude chimique et
minéralogique qui ne sera pas le sujet de ce rapport.

! L’étude du comportement mécanique que j’ai eu l’occasion d’effectuer sur ces sédiments
s’est déroulée au laboratoire de mécanique des sols de Polytech’Lille. Durant ces quatre mois,
mon affectation au sein du Laboratoire Génie Civil et géo-Environnement m’a permis de
véritablement parachever ma formation universitaire. Par cette expérience, j’ai pu en effet
compléter mes connaissances théoriques sur ces essais tout en me confrontant à la réalité de leur
exécution. Grâce à ma formation de géologue, j’ai pu me rendre compte à quel point la nature d’un
sol peut influer sur le degrés de précision escomptable de ces essais. Les notions de délais
d'exécution et d’équipement sont des données supplémentaires dont le géotechnicien se doit de
tenir compte pour interpréter au mieux ces résultats expérimentaux.

! Pour ce travail, la mission confiée au LGCgE consistait, dans le cadre du projet national
SEDIMATERIAUX, à définir les principales propriétés mécaniques de ces sédiments dragués dans
une zone du Grand Port Maritime de Dunkerque. Le devenir exact de ces matériaux n’est pas
encore connu à ce stade de l’étude. Les buttes paysagères sont des édifices pouvant adopter des
géométries diverses, et dont la stabilité peut fortement varier en fonction notamment du matériau
sous-jacent et des conditions climatiques.
Avant de pouvoir affirmer la faisabilité économique de leur valorisation, il était donc nécessaire de
dresser une fiche d’identité mécanique de ces sédiments. Une étude complète, donc, qui m’a
permis de réaliser la plupart des essais couramment exécutés en bureau d’étude, et ce pour
diverses problématiques.
Les propriétés que nous avons recherchées sur ces matériaux sont relatives à leur nature, à leur
compressibilité, à leur caractéristiques plastiques c et ϕ et à leur perméabilité. Certaines d’entre
elles, nous le verrons, permettent de quantifier un comportement à court ou long terme du
matériau. D’autres permettront de localiser les zones les plus susceptibles d’être lieu d’une
rupture, ainsi que de quantifier les sollicitations à laquelle elle interviendrait.

! Pour plus de clarté, ce rapport s’articulera autour des différents essais effectués, abordant
la description succincte de chacun d’eux, leur préparation, leur réalisation et enfin le dépouillement
et la présentation de leurs résultats. Les essais que j’ai eu l’occasion d’effectuer durant ce stage
seront présentés en quatre points :

- Les essais d’identification

- Les essais oedométriques couplés aux mesures de perméabilité à charge variable

- Les essais de cisaillement rectiligne à la boîte, consolidés lents

- Les essais à l’appareil triaxial de révolution CU+u

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Nous verrons que la réalisation de ces essais est soumise pour chacun d’eux à des normes
spécifiques. Cette présentation sera l’occasion d’aborder l’influence de celles-ci sur la précision
des différents paramètres mesurés.

- Une cinquième et dernière partie de ce rapport sera consacrée à l’intégration des résultats
obtenus dans un calcul de talus. Bien qu’aucunes données ne nous permettent de formuler des
hypothèses sur le contexte et la géométrie de l’ouvrage, il fut pour moi intéressant d’illustrer ces
propriétés mesurées par une application pratique, à l’aide d’un cas de figure réaliste.

Très vite, la première question que nous nous sommes posée a porté sur l’influence de la forte
pollution des sédiments sur la pertinence de nos mesures. Elle est caractérisée par de
nombreuses boulettes d’hydrocarbures homogènes et d’échelle centimétrique qui auraient pu
entrainer une hétérogénéité des échantillons soumis à nos essai. Nous avons donc choisi de ne
prélever que la partie saine, sableuse du matériau afin de minimiser cette erreur. Cela devra être
pris en compte dans l’interprétation des résultats de cette étude.

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1. Essais d’identification

Ne pouvant être regroupées parmi les essais mécaniques sensu stricto, les différentes mesures
que nous avons effectuées en début de stage nous ont renseigné sur la nature du sol étudié, sur
ses caractéristiques physiques mais aussi sur son état hydrique à l’état naturel. La conception
d’une butte paysagère, comme pour tout travaux de terrassement, nécessite d’identifier le
matériau selon la classification GTR. Celle ci nous a en plus permis pour cette étude d’acquérir
une vison globale de notre sol, pour pouvoir par la suite mieux l’appréhender lors de l’étude de son
comportement mécanique.

1.1 Mesure de la teneur en eau pondérale

La mesure de la teneur en eau naturelle a été effectuée pour nos sédiments selon la norme NF P
95-050. Cette méthode, la plus couramment utilisée, consiste à introduire dans une étuve réglée à
105°C un échantillon représentatif du sol à son état naturel et dont la masse a été mesurée. Au
bout de 12h, l’échantillon sec est alors pesé, afin de calculer la masse d’eau libérée, rapportée à
sa masse sèche :

(Equ. 1.1)

Dans notre cas, cette valeur correspond à la teneur en eau après draguage, mesurée à 25,7%.
Lors de l’étude du comportement mécanique que nous avons effectuée, chacun des essais a
nécessité une saturation du matériau, sans le besoin de préserver cette teneur en eau naturelle.
Cette valeur w% nous a permis cependant d’effectuer l’analyse granulométrique du matériau en
intervenant dans le calcul du pourcentage de fines (Equ. 1.2b.), ainsi que dans l’expression de la
valeur au bleu du sol VBS (chapitre 1.3.).

1.2 Analyse granulométrique

Cet essai fondamental consiste à déterminer la part massique de chacune des fractions
granulométriques du matériau. Nous avons pour cela adopté la méthode normalisée la plus
courante, par tamisage à sec, après lavage, d’après NF P 94-056. Comme son intitulé l’indique, la
préparation de l’échantillon est divisée en deux phases. Après pesage, le lavage du matériau au
tamis de 80 microns permet d’éliminer les fractions les plus fines, qui pourront potentiellement
s’envoler durant le tamisage. L’échantillon est ensuite placé à l’étuve à 105°C pendant 12h, avant
d’être à nouveau pesé et écrasé au mortier afin d’éliminer tout agglomérats résiduels. Pour notre
sol, des précautions ont été prises pour ne pas écraser les coquilles, facilement repérables et donc
mises de côté durant cette phase.

La colonne de tamis utilisée afin d’effectuer l’essai a été choisie d’après la reconnaissance visuelle
de notre sédiment. Un sable fin, à granulométrie à priori relativement constante mais contenant
une petite proportion de coquilles et de débris. Le tamis au sommet de la colonne comportait des
mailles de 4 mm, suffisantes pour retenir la quasi totalité des bouts de verre, de métal, coquilles de
moules et autres bivalves. Les tamis sous-jacents comportaient des mailles de 1 à 0,080 mm.

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Fig. 1.1. Courbe granulométrique des sédiments
100
Pourcentage pondéral cumulé des passants %

75

50

25

0
0,01 0,10 1,00 10,00
Diamètre des mailles en mm
Pourcentage pondéral cumulé des passants
Intervalle analysé par tamisage
Perte de fine d < 80 µm pendant le lavage

Pour compléter la courbe granulométrique obtenue par tamisage, nous avons pris en compte la
fraction inférieure à 80µm éliminée pendant le lavage. Ce calcul a été réalisé à partir de la masse
totale de matériau pesé avant lavage, de la masse sèche après lavage et de la teneur en eau
naturelle w%. On pose :

d’où
(Equ. 1.2a et 1.2b)

avec :
w% = 25,74 %

La courbe granulométrique obtenue permet de confirmer la première analyse visuelle de ces


sédiments. La classe granulométrique de notre matériau est à la jonction entre un sable fin et un
sable grossier, la valeur diamétrale de 0,2 mm permettant cette distinction. La distribution
granulométrique présente une proportion pondérale des particules à 0,16 < d < 0,315 mm très
importante, de 49,5 %. La granulométrie reflète l'énergie du milieu, qui doit être assez faible pour
permettre le dépôt des particules. Les coquilles et débris, principalement supérieurs à 1 mm ne
représentent qu’une part infime du poids totale du sédiment. Il conviendra cependant de
déterminer l’influence de ces grains macroscopiques sur le comportement mécanique du matériau.
Si l’on compare ces résultats à ceux de Dubois (2006), on remarque que la fraction limoneuse est
nettement moins importante pour notre sédiment. Cette proportion plus faible de fines pourrait se

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traduire par une plus faible capacité de se tasser. L’essai par la valeur au bleu de méthylène nous
a permis d’identifier la fraction argileuse de notre sédiment, éliminée lors du lavage.

1.3 Mesure de la quantité et de l’activité de la fraction argileuse

Fig. 1.2. Dispositif expérimental de


l’essai au bleu de méthylène
L’essai au bleu de méthylène permet d’apprécier l’argilosité d’un sol de façon indirecte. En effet, il
consiste à déterminer la quantité de colorant que les feuillets d’argiles présents dans le matériau
permettent d’absorber. Le sol, noyé dans un volume de 500 cm3 d’eau déminéralisée est dispersé
en solution sous l’action d’un agitateur à 700 tours/minute pendant 5 minutes. Le déroulement de
l’essai consiste ensuite à ajouter le bleu de méthylène par palier de volume constant
(conventionnellement de 5 ml) tout en maintenant une agitation de 400 tours/minute et en
effectuant, une minute après le dernier ajout, un essai à la tâche sur papier filtre. L’essai est positif
lorsque qu’une auréole bleutée entoure la tâche et subsiste 5 minutes après l’ajout de bleu.
La méthode normalisée est appliquée sur un tamisat à 5 mm du matériau naturel, afin que les gros
grains ne viennent pas gêner la rotation de l’hélice. La valeur au bleu de méthylène (VBS) alors
obtenue est ensuite multipliée par un coefficient prenant en compte la proportion de fraction de 0/5
mm dans la fraction totale de sol sec :

(Equ. 1.3)

avec
B la masse de bleu de méthylène introduite en grammes. La solution de colorant est titrée à 10g/L,
cette valeur B est obtenue par intégration d’un facteur 0,01 à partir du volume ajouté en mL.
msèche, en grammes qui est calculée par la même méthode que pour l’analyse granulométrique, à
partir de la masse mhumide et de la teneur en eau naturelle.
C la proportion de fraction 0/5 mm dans la fraction totale 0/50 mm.

La norme précise, selon la nature du sol, la masse minimale de tamisat mhumide nécessaire afin
d’obtenir une précision satisfaisante de la VBS :
- 30g à 60g dans le cas des sols très argileux à argileux
- 60g à 120g dans le cas des sols moyennement à peu argileux

Pour notre sédiment, nous avons choisi une valeur intermédiaire de 60 g de tamisat humide. Les
résultats de l’essai sont présentés en figure 1.3.

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mhumide w msèche C B VBS

60,03 g 0,257 47,74 g 0,98 0,49 g 1,00


Fig. 1.3. Tableau récapitulatif des résultats de l’essai au bleu de méthylène

Cette faible valeur de la VBS met en évidence une faible teneur en argile du sédiment, bien
inférieure à celle obtenue par Vincent Dubois (2006) qui a trouvé une valeur moyenne de 3,52.
Ceci reste cohérent avec les résultats obtenus par l’analyse granulométrique. Selon le guide des
terrassement routiers, ces sédiments sont classés parmi les sols sableux et graveleux avec fines.
Selon cette même classification et en intégrant les résultats granulométriques, la classe de notre
sédiment est B2 car le passant à 2 mm représente plus de 70% du matériau.
Une argilosité modérée suggère un risque de retrait gonflement relativement faible.

1.4 Détermination de la masse volumique des grains solides

Le dernier essai d’identification a porté sur la détermination de la masse volumique absolue du


matériau, aussi appelée masse volumique des grains solides. Elle est exprimée par le rapport de
la masse de sa phase solide sur le volume uniquement occupé par cette phase.
Pour cette mesure, nous avons adopté la méthode au pycnomètre. Ce récipient, dont la
contenance est connue et normalisée, permet de comparer la masse que représente un volume
d’eau connu à la masse du même volume contenant un échantillon de sol noyé. Cette mesure est
effectuée sur la fraction 0/2mm du matériau.

Fig. 1.4. Schéma de principe de la mesure de la masse volumique absolue au pycnomètre

Le calcul de la masse volumique sèche du matériau s’appuie sur la détermination du volume V’


occupé par les grains solides dans le premier cas, par l’eau dans le second (Fig 1.4.). On pose :

(Equ. 1.4)

Après détermination de V’, la masse volumique des grains solides est obtenue à partir de la masse
sèche msol pesée avant immersion.

La réalisation de cet essai nécessite de s’affranchir de l’absence de toute phase gazeuse dans le
matériau. Une phase de préparation est donc nécessaire et consiste à immerger l’échantillon dans

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le pycnomètre non totalement rempli, avant d’en expulser les bulles d’air. Pour notre étude, nous
avons pu réaliser ce dégazage par deux méthodes différentes. La première consistant à porter
l’eau à ébullition, la deuxième à placer le pycnomètre sous dépression à l’aide d’une cloche sous
vide (Fig.1.6.). Les valeurs de ρs obtenues par ces deux méthodes sont compilées en figure 1.5.

masse de sol analysé (g) ρs (g/dm3)

méthode par ébullition 21 2282

méthode à la cloche sous vide 20 2503

Fig. 1.5. Tableau compilant les masses volumiques absolues obtenues par les différentes
méthodes de dégazage

A la vue de ces résultats, on peut considérer que la méthode à la cloche sous vide est la plus
efficace pour le dégazage. Elle permet en effet d’obtenir une plus grande valeur de masse
volumique des grains solides. C’est donc la valeur la plus grande que nous avons retenue pour les
différents calculs d’indice des vides, de ρs = 2503 g/dm3.

Cette valeur est relativement faible en comparaison avec les valeurs typiquement rencontrées
pour les sols, de 2600 à 3000 g/dm3, comme définies dans Fondations et Ouvrages en Terre
(2011). Elle reste cependant très proche de celles obtenues par Vincent Dubois (en moyenne 2500
kg.m-3) sur un sol pourtant plus fin mais dont les caractéristiques minéralogiques pourraient être
semblables.

Fig. 1.6. Dégazage de l’échantillon à l’aide d’une cloche sous vide

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2. Essais oedométriques couplés aux mesures de perméabilité

Comme dans tous projets de réemploi de matériaux naturels en remblai, l’étude des propriétés de
consolidation est une étape incontournable pour estimer la faisabilité d’un ouvrage. L’amplitude
des tassements potentiels sous charge ainsi que la vitesse de réaction du sol à la sollicitation sont
autant de paramètres à prendre en compte à ce stade du projet. Les différentes mesures
effectuées relatives à la granulométrie et à l’argilosité du matériau nous ont déjà permis d’identifier
le matériau comme un sable fin classé B2 selon le guide des terrassements routiers GTR. Ces
éléments nous pousseraient à prévoir une compressibilité faible du sol. En contrepartie, la teneur
en éléments organiques nous est encore inconnue et pourrait, si elle est élevée, fortement
accroître l’aptitude du matériau à se tasser en présence d’eau.

En parallèle de la campagne d’essais oedométriques, des mesures de perméabilité nous ont


permis d’évaluer la capacité du matériau à laisser l’eau s’écouler à travers lui pour différents états
de consolidation. Ces essais ont été réalisés à charge variable, pour chaque paliers de
chargement/déchargement et après stabilisation de la hauteur de l’éprouvette.

2.1 Description de l’essai et dispositif expérimental

L’essai oedométrique consiste à appliquer une contrainte normale, constante et verticale sur un
échantillon cylindrique de dimensions connues. L’éprouvette de sol est entourée d’une bague
métallique empêchant toutes déformations latérales et ne permettant qu’un écoulement vertical
des fluides.
La variation de la hauteur de l’éprouvette est enregistrée dès l’application de la charge et à des
intervalles de temps de plus en plus longs, afin de limiter le nombre de mesures, et ce jusqu’à
stabilisation. Afin de traduire le tassement mesuré en propriété absolue, on exprime la variation
d’indice des vides du matériau. Cette grandeur fondamentale permet de décrire l’état de
compactage du sol par la proportion de vide intergranulaire qu’il contient, telle que :

(Equ. 2.1)

! avec Vv le volume des vides et Vs le volume occupé par les grains solides
Cette grandeur ne peut être mesurée lors de l’essai oedométrique. il convient donc de connaître
einitial ou efinal afin de pouvoir la calculer sur l’ensemble de l’essai. Conformément à la norme XP X
94-090-1, chaque essai oedométrique est composé d’une première phase prograde (augmentation
du chargement par palier), puis d’un cycle rétrograde/prograde une fois la contrainte de
préconsolidation atteinte, puis d’un dernier cycle de déchargement.
Pour notre campagne d’essai, les mesures de perméabilité entre chaque palier ont nécessité une
saturation constante du sol, et donc de la cellule oedométrique qui communique avec l’échantillon.
L’essai se déroulant à charge variable, la conductivité hydraulique est calculée à partir de la
variation de charge, lue sur burette, en fonction du temps (Fig 2.1). Nous détaillerons le calcul des
propriétés de compressibilité ainsi que ceux de perméabilité dans les chapitres 2.2 et 2.4.

Fig. 2.1. Schéma de principe de l’essai oedométrique couplé à la mesure de perméabilité 10


2.2. Essais de compressibilité : réalisation des essais et dépouillement des résultats

Afin de comparer les résultats, nous avons décidé d’effectuer en parallèle trois essais
oedométriques. Chaque appareil était équipé d’un dispositif de mesure de perméabilité. Les 3
échantillons ont été soumis à une même contrainte de préconsolidation théorique de 100 kPa, ce
qui équivalait à la mise en charge d’éprouvettes cylindriques de 5mm de diamètre sous un poids
de 20kg. Le diamètre des bagues pour l’essai oedométrique correspondait à celle des échantillons
préparés au consolidomètre, ce qui permit d’éviter le remaniement du sédiment lors du taillage des
échantillons à la hauteur de la bague, de 20 mm.
Les échantillons 1 et 2 ont été taillés sur la même éprouvette consolidée, de hauteur
approximative de 50 mm. Oedo 1 a été prélevé dans le haut de l’éprouvette et Oedo 2 dans le bas.
Oedo 3, lui a été a été prélevé sur le haut d’une deuxième éprouvette. Nous verrons que les
indices des vides initiaux de Oedo 1 et 2 révélent une préconsolidation plus efficace pour Oedo 1,
la contrainte ayant été légèrement dissipée vers le bas du consolidomètre.

Les paliers de chargement qui ont été appliqués aux échantillons sont les suivants, en kPa.
Rappellons que l’amplification de la force du bras de levier faisait correspondre 1kg à 50kPa.

Oedo 1 : 25, 50, 100, 150, 200, 250, 100, 50, 25, 50, 100, 250, 400, 800, 200, 50, 25.
Oedo 2 : 25, 50, 100, 50, 25, 50, 100, 200, 400, 800, 200, 50, 25.
Oedo 3 : 25, 50, 100, 150, 200, 400, 200, 50, 25, 50, 200, 400, 800, 200, 50, 25.
phase prograde (chargement pas encore atteint par l’échantillon)
phase rétrograde
phase prograde (chargement déjà atteint par l’échantillon)

Le premier paramètre que nous avons pu calculer est le coefficient de consolidation verticale Cv. Il
permet de caractériser la vitesse de réponse du sol à la sollicitation, rapportée à son épaisseur. Cv
est déterminé par construction graphique pour chaque palier, en phase prograde et pour des
contraintes que le matériau n’a pas encore connues pendant l’essai (valeurs en bleu ci-dessus).
La méthode de Taylor permet de le déterminer graphiquement. En traçant la variation de la
hauteur de l’éprouvette en fonction de la racine du temps en minutes on distingue une première
partie linéaire correspondant à la consolidation primaire (droite verte cf Fig 2.2). Le tassement s60
en fin de cette consolidation correspond conventionnellement à 60% de la consolidation primaire.
La droite présentant la même ordonnée à l’origine sc, que l’on considère tassement nul corrigé, et
à une pente 1,15 fois plus faible que la précédente (droite rouge cf Fig 2.2) intersecte la courbe de
tassement par un point s90, qui théoriquement équivaut à 90% de la consolidation primaire. Le
coefficient Cv s’exprime en m2/s tel que :

(Equ. 2.2)

avec H la distance de drainage en mètre, dans notre cas la hauteur de l’éprouvette divisée par 2
car le drainage s’effectue en son sommet et à sa base
t90 le temps en seconde (carré de l’abscisse du point s90 multipliée par 60)

Il n’a pas toujours été évident d’identifier la partie linéaire correspondant à la consolidation primaire
sur chacune des courbes. En Annexe sont compilées les courbes de tassement obtenues pour
chacuns des paliers, ainsi que le rapport entre les tassements correspondant à 60% et 90% de la
déformation finale, selon la méthode graphique. Nous avons pu constaté que ce rapport de 6/9 n’a
pas toujours été obtenu.

Pour exemple, voici l’interprétation qui a été réalisée sur la courbe associée au palier de 800 kPa
sur l’échantillon Oedo 2. Le Cv calculé pour ce palier a été de 4,41.10-4 m2/s (Fig. 2.2).

11
161,00

Epaisseur en dixième de millimètre


159,25

y = -4,7354x + 159,91
157,50
s60
s90
155,75

154,00
0 √t90 1 2 3 4 5
√ ( temps en minute )
Fig. 2.2. Détermination du coefficient de consolidation par interprétation graphique de la courbe
ΔH = f(√t). Exemple du palier à 800 kPa de Oedo 2.
La méthode de Casagrande s’appuie, elle sur la courbe du tassement en fonction de cette fois le
logarithme du temps. La consolidation primaire se différencie de la consolidation secondaire par
une rupture de pente, et Cv est calculé à partir du temps écoulé à 50% de la première
consolidation. Il nous fut encore plus difficile d’identifier la consolidation primaire par cette
méthode. Nous ne présenterons donc que les résultats obtenus par la technique de Taylor.

Le module oedométrique est calculé lui aussi pour chacun des paliers par le rapport variation de
contrainte appliquée/tassement relatif. Dans une colonne de sol homogène, sa valeur est de plus
en plus forte en profondeur. Ceci se traduit pas un tassement de plus en plus faible en profondeur,
proportionnellement à l’accroissement de la contrainte lithostatique. Ed s’écrit :

(Equ. 2.3)

avec ΔσN en kPa


Nous avons représenté l’évolution de Ed en fonction de la contrainte normale verticale appliquée,
pour chacun des 3 essais réalisés. Le tassement relatif pour des σN de plus en plus élevées
diminue logiquement, entrainant généralement une stabilisation de Ed. Pour notre étude, nous
pouvons constater que la pente moyenne de ces courbes diminue, sans pour autant présenter une
stabilisation de Ed pour des valeurs σN élevées.
15000
Module Oedométrique Ed (kPa)

11250

7500

3750

0
0 200 400 600 800
σN (kPa)
Fig. 2.3. Evolution du module Oedométrique en fonction du chargement appliqué
pour les trois échantillons 12
0,8500

0,7375
Indice des vides e

0,6250

0,5125

0,4000
10 100 1000
Log(σN)
Fig. 2.4. Courbes oedométriques obtenues pour les trois échantillons.

La deuxième étape fondamentale dans l’interprétation des résultats de compressibilité s’appuie sur
la courbe représentant la variation de l’indice des vides en fonction de la contrainte appliquée. Les
valeurs de e à tassement stabilisé pour chacun des paliers sont alors représentées en fonction de
la contrainte normale en échelle Log. Les trois courbes obtenues pour cette étude sont présentées
en Fig. 2.4. Avant de présenter les résultats, définissons les différents paramètres que ces courbes
permettent de déterminer.

Cette représentation permet de mettre en évidence deux états de consolidation du matériau :


- Le domaine surconsolidé, pour lequel le matériau a déjà connu dans son histoire une contrainte
supérieure à celle qui lui est appliquée. Il est caractérisé par une faible variation d’indice des
vides par unité logarithmique de σN et correspond à la pente de la courbe oedométrique pour
des faibles contraintes.
- Le domaine normalement consolidé, pour lequel la contrainte de préconsolidation a été franchie,
et qui est caractérisé par une plus forte pente d’indice des vides par log de contrainte normale.

Les indices de recompression cs et les indices de compression cc correspondent respectivement à


la valeur absolue des pentes des domaines précédemment cités.

pour le domaine surconsolidé


(Equ. 2.4a et 2.4b)
pour le domaine normalement consolidé

Enfin, la contrainte de préconsolidation σ’p correspond à la transition entre ces deux phases. Elle
est l’abscisse du point d’intersection des droites associées aux deux domaines.
Une fois σ’p dépassée, les cycles de décharge/recharge permettent eux aussi, par définition, de
déterminer l’indice cs par leur pente. Pour notre étude, nous ne pouvons distinguer clairement une
pente associée au domaine surconsolidé. La contrainte de préconsolidation du matériau a donc
été estimée à partir du point de faible chargement, bien que nous n’ayons la certitude qu’il
appartienne au domaine normalement consolidé.

L’allure de la courbe oedométrique 2 nous a bien sûr interpellé. Le tassement enregistré sous 100
kPa de contrainte normale, s’élevant à 2,21mm uniquement pour ce palier, ne pouvait provenir que
d’une hétérogénéité nette du matériau. C’est à partir de la masse sèche de l’échantillon, mesurée
13
après l’essai à 53,74 g contre respectivement 56,97 g et 58,28 g pour Oedo 1 et 3, que nous
avons pu détecter la présence d’un vide lors des premiers paliers. L’hypothèse la plus
vraisemblable serait la présence d’une bulle d’air emprisonnée. Ceci expliquerait la libération
soudaine de cet espace, et le fait qu’il n’y ait pas eu d’incidence sur le comportement lors des
premiers paliers. Il ne semble pas impossible que ce vide ait subsisté lors de la préparation de
l’échantillon, la contrainte de préconsolidation appliquée étant dans cette gamme.

2.3. Essais de compressibilité : présentation des résultats

Les résultats des essais de compression uniaxiale sont compilés dans le tableau Fig. 2.6.
Les courbes Oedométriques interprétées, sur lesquelles se sont basés les calculs de cs, cc et σ’P
sont représentées sur le graphique Fig. 2.5.

0,8500

0,7375
Indice des vides e

0,6250

0,5125

0,4000
10 100 1000
σN (kPa)
Fig. 2.5. Courbes oedométriques interprétées. Détermination des coefficients cs, cc et de la
contrainte de préconsolidation σ’P

Comme ce que nous avait laissé présager l’analyse granulométrique, la compressibilité du


matériau est très faible. On note une diminution de la valeur de l’indice des vides entre et e0 e800
pour Oedo 1 et Oedo 3 de seulement 0,27 et 0,25. Si l’hypothèse d’un vide localisé est vérifiée,
nous n’accorderons pas d’attention à l’indice des vides initial de Oedo 2, mesuré à 0,85 (Fig 2.6).
Les valeurs des indices de compression et de recompression révèlent ce caractère très peu
compressible du matériau. Les valeurs de cs ont été mesurées à un ordre de grandeur de 10-2 , la
valeur moyenne obtenue étant 1,04.10-2. Les valeur moyenne de cc est de 0,17. Ce sont des
valeurs typiquement rencontrées pour les sables.

Les valeurs des contraintes de préconsolidation, déterminées graphiquement selon la norme


doivent être prises avec précaution. En effet, le domaine surconsolidé ne présente pas une pente
de e en fonction de σN en échelle Log comparable à celles des cycles de décharge/recharge.
C’est pour cette raison que les calculs de cs ne se sont basés que sur les cycles de décharge/
recharge et de décharge finale. Comment expliquer ces forts tassements lors des premiers
paliers ?
- Une explication consisterait à suspecter une libération de matière, donc une fausse valeur
d’indice des vides au début de l’essai. Celle ci ne semble pas recevable étant donné la faible

14
différence de masse sèche avant et après l’essai. (avant/après : Oedo 1 57,71/56,97 g, Oedo 2
54,62/53,74 g, Oedo 3 58,68/58,28 g).
- Nous avons très vite écarté la possibilité d’un oubli de la contrainte de préconsolidation de la part
de l’échantillon, par remaniement du squelette solide après préconsolidation. En effet, il n’a pas
été nécessaire de tailler l’échantillon car le diamètre du consolidomètre correspondait à celui de la
bague.
- La dernière explication qui nous a semblé la plus recevable consisterai à suspecter un vide entre
la bague et l’éprouvette dès le début de l'essai, ce qui aurait faussé le volume occupé par le sol
en début d’essai, et donc engrangé des déformations latérales lors des premiers paliers. Cette
hypothèse impliquerait que l’indice des vides initial calculé à partir de la masse sèche avant essai
rapportée au volume théorique de la bague soit notablement supérieur à e0 calculé à partir de la
masse sèche après essai en excluant l’hypothèse de déformations latérales. Cela n’a pas été le
cas. Les trois valeurs de e0 calculées à partir de msèche avant essai ont été même légèrement
inférieures à celles déterminées à partir de msèche après essai. Cette hypothèse ne semble donc
pas non plus vérifiée.

Quoiqu’il en soit, les contraintes de préconsolidation calculées sur Oedo 1 et Oedo 3 par la
méthode graphique, de 58 kPa et 46 kPa, présentent une forte différence avec celle que nous
avions fixée au consolidomètre (100kPa). Cette campagne d’essai prouve que la méthode de
préconsolidation choisie n’est pas fiable pour fixer une valeur précise de σ’P. Les frottements du
piston ont sans doute fortement atténué la contrainte réelle transmise à l’éprouvette.

L’autre fait surprenant est l’augmentation des coefficients de consolidation pour des contraintes
élevées. A partir de 400 kPa, nous avons en effet constaté une vitesse de consolidation
anormalement élevée pour ce qui est couramment rencontré. En effet, le t90 aurait tendance à
augmenter en domaine normalement consolidé, ce qui n’a pas été le cas, alors que la hauteur
drainée, logiquement, diminue. Le rapport tendrait donc à diminuer lorsque σN augmente, comme
ce qui a été observé jusqu’à des contraintes normales de 250 kPa.

Nous connaissons l’ampleur de l’incertitude sur les résultats de ce type d’essais. Nous retiendrons
en priorité l’ordre de grandeur des valeurs de cc, cs et Cv.

Calcul Oedo 1 Oedo 2 Oedo 3


e0 0,75 0,85 0,71
σ’p (en kPa) Abscisse à l’intersection 58 / 46
Indice de Pente du cycle décharge/recharge 1,01.10-2 1,04.10-2 0,97.10-2
(droites en pointillés) cf Fig 2.5
recompression cs
Pente de la dernière phase de 1,04.10-2 1,38.10-2 0,78.10-2
déchargement (droites en points) fi

Indice de Pente du domaine normalement 0,17 0,18 0,17


consolidé (trait plein)
compression cc
Coefficient de
consolidation Cv
(en 10-6 m2/s)
25 kPa 12,01 13,97 19,94
50 kPa 10,36 11,03 3,88
100 kPa 4,90 5,57 3,45
150 kPa
(Equ. 2.2) 2,46 non mesuré 1,23
200 kPa 0,38 4,90 0,21
250 kPa 0,11 non mesuré non mesuré
400 kPa 3,14 5,39 3,46
800 kPa 7,22 5,24 11,08
Fig. 2.6. Tableau récapitulatif des résultats de compressibilité à l’oedomètre 15
2.4. Mesures de perméabilité : réalisation des essais et dépouillement des résultats

Présentons maintenant le dépouillement des mesures de perméabilité effectuées. Comme


mentionné précédemment, il s’agissait d’essais à charge variable réalisés entre chaque palier de
chargement/déchargement. A partir de la perte de charge hydraulique en fonction du temps, le
dépouillement à consisté premièrement à représenter log(ΔH) en fonction du temps (Fig. 2.7).
L’expression suivante, découlant de la Loi de Darcy permet de mettre en relation la pente de la
droite obtenue avec la perméabilité, à partir des dimensions de l’échantillon.

(Equ. 2.5)

avec k la perméabilité du matériau en cm.min-1


α la pente de la droite log(ΔH) = f(temps en minutes)
S la section de la burette en cm2
h la hauteur de l’échantillon en cm
A la section de l’échantillon en cm2

Afin d’obtenir une précision satisfaisante, la majorité de ces essais ont été effectués sur une
période de 6 heures. Voici comme exemple l’essai de perméabilité réalisé sur Oedo 3 pour le
premier chargement à 50 kPa.
1,700
y = -0,0006x + 1,6649

1,625
Log(ΔH)

1,550

1,475

1,400
0 92,5 185,0 277,5 370,0
Temps (min)
Fig. 2.7. Evolution du logarithme de la perte de charge en fonction du temps,
détermination de la perméabilité par sa pente. Exemple du palier à 50 kPa de Oedo 3.

La perméabilité mesurée pour ce palier a été de 1,73.10-5 m.s-1.

En parallèle de ces mesures directes de perméabilité, il nous a été possible de déterminer k à


partir des résultats de compressibilité. Une expression permet de relier le coefficient de
consolidation Cv, paramètre tributaire du drainage du matériau, au module oedométrique et à la
conductivité hydraulique k. L’expression qui lie les trois paramètres s’écrit

(Equ. 2.6)

avec γw le poids volumique de l’eau, soit 10 kN/m3.


Cv exprimé en m2/s

Les valeurs de k calculées par cette méthode ont été comparées aux mesures directes de k.

16
2.5. Mesures de perméabilité : présentation des résultats

Présentons maintenant les résultats de perméabilité sur les sédiments. Comme nous l’avons
mentionné dans le chapitre 2.4., nous avons pu calculer k dans un premier temps par l'exécution
d’essais à charge variable. Nous avons ensuite pu comparer ces résultats à partir de calculs
faisant intervenir les propriétés de compressibilité.

- Premièrement, présentons les mesures directes de perméabilité. Ces résultats ne nous ont pas
posé de problème, car se sont révélés très cohérents avec les valeurs attendues sur ce type de
matériau. Les valeurs de k rapportées à l’indice des vides e sont représentées sur la figure 2.8a.
en échelle logarithmique. Chacun des points sont reliés suivant le chemin de chargement de
l’essai.

La perméabilité mesurée sur les trois échantillons est de l’ordre de 10-5 m.seconde-1 et s'échelonne
de 2,08.10-5 m.s-1 à 7,33.10-6 m.s-1. Ces valeurs sont caractéristiques de la perméabilité des
sables fins et sont nettement supérieures à celles obtenues par Vincent Dubois (2006) dans le
cadre de son étude, de l’ordre de 10-10 m.s-1. La granulométrie plus grossière de notre sédiment en
est la raison.

Bien que les trois échantillons n’aient pas présenté pour les mêmes chargements des indices des
vides identiques durant l’essai oedométrique, la variation de k en fonction de e présente des
similitudes certaines. Sur les courbes obtenues pour Oedo 1 et 3, on distingue clairement une
rupture de pente entre les points à 25, 50 et 100 kPa. La diminution de log(k) a été plus importante
entre les paliers 25 et 50 kPa, proportionnellement à la diminution de l’indice des vides, que ce qui
a été observé sur les paliers suivants. Serait il possible de corréler cette observation à la
contrainte de préconsolidation du matériau ?
Quoiqu’il en soit, il est possible de relier cette diminution de la valeur de k en fonction de e, pour le
domaine normalement consolidé du matériau. Une régression logarithmique a été effectuée (droite
rouge cf Fig. 2.8a.).

Une rupture nette est visible entre le palier à 50 kPa et 100 kPa de Oedo 2. Ceci vérifie
l’hypothèse que nous avions formulé de surestimation de l’indice des vides en début d’essai sur
cet échantillon. En effet, on peut supposer que si l’indice des vides de la partie homogène de
l’échantillon avait été réellement de 0,8, la perméabilité s’en serait ressentie et aurait été beaucoup
plus élevée pour ces faibles σN. Il y aurait donc bien eu comblement d’un vide lors de ce
chargement à 100 kPa qui n’a, visiblement, pas affecté les résultats des autres paliers.

- Les valeurs de k calculées indirectement à partir des essais de compressibilité (Equ. 2.6) sont
représentées elles aussi en fonction de l’indice des vides sur la figure 2.8b. Précisons que ces
calculs ont été effectués, comme pour Cv et Ed uniquement sur les paliers pour lesquels
l’échantillon n’a pas encore connu un tel chargement.

Par exemple, pour Oedo 1, les paliers sur lesquels ont été effectués les calculs sont, en kPa :
25, 50, 100, 150, 200, 250, 400, 800.

Cette méthode indirecte a l’inconvénient de fortement tenir compte des variations de Cv et Ed.
Par exemple, la perméabilité calculée par le calcul sur Oedo 2 (courbe jaune Fig. 2.8b) pour le
palier à 100kPa traduit la très faible valeur de Ed pour ce palier, d’où une valeur de k élevée.
De même, les courbes de Oedo 1 et Oedo 3 traduisent la valeur élevée des coefficients de
consolidation pour les paliers de 400kPa et 800kPa. Ainsi, la perméabilité augmente pour des
valeurs d’indice des vides pourtant plus faibles.

En conclusion, les valeurs de k que nous retiendrons seront en priorité celles déterminées par les
mesures directes, celles ci offrant une meilleure précision et une meilleure cohérence avec
l’évolution de e.

17
0,85

0,76
Indice des vides e

0,67

0,58

0,49

y = 0,2245ln(x) + 3,094
0,40
1,00E-06 1,00E-05 1,00E-04
Perméabilité (en m/sec)

0,8500

0,7375
Indice des vides e

0,6250

0,5125

0,4000
1,00E-08 1,00E-07 1,00E-06 1,00E-05 1,00E-04
Perméabilité (en m/sec)
Fig. 2.8a. et 8b. Représentation des valeurs de perméabilité en fonction de l’indice des vides
par mesure directes (en haut), et par calcul (en bas)

Rappelons les principales propriétés de compressibilité et de perméabilité que ces essais


oedométriques ont permis de déterminer:
Les coefficients moyens de compression cc = 0,17 et de recompression cs = 1,04.10-4 , revèlent
une faible compressibilité du sédiment. Les coefficients de consolidation sont de l’ordre de 10-6
m2.s-1, et ont présenté une valeur anormalement élevée pour les plus forts chargements. Ces
essais n’ont pas permis de retrouver graphiquement une valeur précise de contrainte de
préconsolidation (σ’Pmoy = 52 kPa). Nous en avons conclu l’inefficacité de la méthode de
préconsolidation employée (σ’Pthéorique = 100 kPa). La perméabilité mesurée est cohérente avec la
granulométrie du matériau. La valeur moyenne obtenue est de 1,15.10-5 m.s-1. Il s’agit de l’ordre
de grandeur de la perméabilité des sables fins.
18
3. Essais de cisaillement rectiligne à la boîte consolidés lents

L’étude du comportement mécanique des sols ne peut être réduite à la simple détermination de sa
réponse à une contrainte verticale et uniforme. Dans un massif de sol, la répartition des
contraintes est complexe. Les déformations résultantes peuvent être élastiques, plastiques mais
aussi fragiles. Afin de définir une géométrie d’ouvrage qui soit compatible avec le matériau, il
convient de mesurer expérimentalement la réponse du sol à une sollicitation en trois dimensions.

Le réemploi de ces sédiments en butte paysagère nécessitera de connaître les propriétés


intrinsèques d’angle de frottement interne ɸ et de cohésion c du matériau. Concrètement, deux
des nombreuses informations fondamentales que ces paramètres nous donnent sont l’angle de
talus et la hauteur possible des édifices sous charge. Les différents essais en laboratoire qui
permettent de mesurer ces paramètres consistent à déterminer l’ellipsoïde des contraintes à la
rupture du matériau. Ils permettent aussi d’identifier les intervalles de contraintes associés aux
comportements élastiques et plastiques du sol, ainsi que de quantifier les déformations associées
à chaque phase.
Des essais très complets, donc, pouvant même à la fois renseigner sur le comportement à court et
long terme des matériaux dans le cas des essais triaxiaux CU+u. Cette distinction est faite, nous le
verrons dans le chapitre 4, à partir du drainage ou non des échantillons lors de ces essais.

3.1 Description de l’essai et dispositif expérimental

Les essais de cisaillement rectilignes à la boîte consistent à déterminer le couple contrainte


normale/contrainte cisaillante responsable de la rupture du matériau. L’appareillage de l’essai peut
être divisé en deux dispositifs, chacun d’eux permettant l’application de l’une de ces contraintes :

- Un système de bras de levier similaire à celui qui caractérise l’essai oedométrique permet
d’appliquer une contrainte normale verticale à l’éprouvette de sol, décuplée d’un facteur 10 par
rapport aux poids installés. Les poids utilisés sont eux aussi calibrés à partir de la surface des
échantillons afin d’être traduits par des valeurs simples de σN. Pour notre étude, les cisaillements
ont été effectués sur des échantillons à sections carrées de 60 mm de côté. La conversion masse/
σN a été donc de 3,6 kg pour 100 kPa.
- En parallèle, la contrainte cisaillante est appliquée par un système de déplacement horizontal. La
boîte contenant l’échantillon est divisée en deux parties non solidaires. L’embase de la boîte est
mobile, entrainant la partie inférieure de l’éprouvette à une vitesse de déplacement constante. La
partie supérieure, au dessus du plan de cisaillement, est fixe et solidaire d’un capteur de force qui
enregistre la résistance du matériau au cisaillement. La contrainte de cisaillement est calculée à
partir de cet effort, rapporté à la surface cisaillée telle que :

(Equ. 3.1)

Pour chaque essai, nous avons du prendre en compte la diminution de surface au fur et à mesure
du cisaillement.

Comme pour les essais triaxiaux, le déroulement des essais se compose de deux phases. La
consolidation, tout d’abord, pendant laquelle seule la contrainte normale est appliquée, est
prolongée jusqu’à stabilisation du tassement. Une fois l’état d’équilibre atteint, la phase de
cisaillement peut commencer, pendant laquelle l’échantillon est maintenu sous charge normale.

Rappelons rapidement l’allure de la courbe contrainte/déformation type pour tout matériau. Dès
l’application de la contrainte, le premier comportement mécanique est élastique, et correspond à
une proportionnalité entre contrainte et déformation. Cette déformation est réversible. La seconde
phase, à des contrainte plus élevées, correspond au domaine plastique du matériau. Il est
caractérisé par une relation non linéaire entre contrainte et déformation, cette dernière n’étant plus

19
réversible. La troisième phase correspond à la rupture du matériau qui, pour une contrainte seuil,
atteint le comportement fragile.

Pour cette étude, les essais de cisaillement rectiligne à la boîte ont été effectués en conditions
drainées. D’après «Fondations et Ouvrages en Terre» (2011), il s’agit du seul essai de cisaillement
normalisé, permettant de déterminer des caractéristiques fiables car effectives. Cette nuance
permet de mesurer les différents paramètres à long terme, en appliquant une vitesse de
cisaillement suffisamment faible pour dissiper toutes surpressions interstitielles qui pourraient se
développer dans l’échantillon. Une formule permet d’exprimer la vitesse maximale à partir de la
vitesse de consolidation. Cette expression ressemble à celle du coefficient de consolidation :

(Equ. 3.2)

avec t100, le temps nécessaire à 100 % de la consolidation primaire, et déterminé graphiquement


sur la courbe s=f(√t)
Vmax exprimé en µm/min. On prendra Vmax ≦ 25µm/min, comme le fixe la norme.

La cellule contenant la boîte est remplie d’eau durant l’essai, afin d’assurer la saturation de
l’éprouvette lors des deux phases.

3.2. Réalisation des essais et dépouillement des résultats

Pour cette étude, nous avons effectué deux séries d’essais, chacune composée d’un essai par σN,
exprimée en kPa : 100, 200, 300 et 400. 8 essais ont donc été réalisés. La première série a
consisté à effectuer les essais à une vitesse cisaillement faible, et ainsi à atteindre une amplitude
de cisaillement de 5mm. D’après la norme, cette valeur ΔL serait suffisante pour obtenir une valeur
de contrainte tangentielle à la rupture satisfaisante. Comme nous allons le présenter, le
cisaillement lors de cette première série n’a pas suffit à obtenir véritablement une valeur σT
maximale. Il nous a donc semblé intéressant de renouveler ces essais pour chaque valeurs de
chargement en laissant cette fois le cisaillement se poursuivre et en fixant une vitesse de
cisaillement plus élevée afin de limiter la durée des mesures. Cette deuxième série nous a donc
permis d’une part de vérifier si le matériau atteint finalement une rupture nette, mais aussi de
vérifier que les conditions drainées du matériau sont respectées pour cette plus grande vitesse, en
comparant les résultats à ceux de la première série.

Comme pour les essais oedométriques, chacun des échantillons a subit une préconsolidation. La
taille et la forme des échantillons (60 mm de côté, 20 mm de haut) nous ont contraints à
préconsolider une plus grande quantité de matériau par essai. Le diamètre du consolidomètre de
100mm nous a limité à une contrainte de préconsolidation de 64 kPa (équivalent à la charge de 50
kg). Cette valeur est théorique étant donné les frottements qui ont pu avoir lieu au niveau des
parois du consolidomètre. Cette préconsolidation nous a cependant permis de tailler les
échantillons convenablement à l’aide d’une trousse coupante aux dimensions de la boîte.

Les résultats de consolidation à la boîte se sont révélés cohérents avec chacune des valeurs de
σN appliquée (graphique). Seul l’échantillon soumis à un σ3 de 400 kPa pour la deuxième série a
nettement moins tassé que les autres. La courbe exprimant la contrainte tangentielle en fonction
du déplacement horizontal reflète elle aussi un comportement anormal de cet échantillon. Nous
accorderons cependant une même importance au critère de rupture retenu pour cet essai.
L’interprétation des courbes tassement/racine carrée du temps a permis de déterminer la vitesse
de cisaillement maximale théorique. Les √t100 obtenus à partir de chacune des courbes de
consolidation (abscisses des points noirs) sont compris entre 0,97 et 1,72. Le temps nécessaire à
atteindre 100% de la consolidation primaire était donc entre 0,97 et 2,96 minutes, ce qui
correspond à une vitesse de cisaillement maximale et théorique entre 48,2 et 128,6 µm/minute. La
norme, nous l’avons vu, fixe cette valeur maximale à 25 µm/minute pour les essais consolidés
drainés.

20
Par mesure de précaution et puisque nous disposions de temps, nous avons effectué les essais
de cisaillement à une vitesse moins importante que cette valeur maximale préconisée. Il est en
effet possible que des coquilles aient sous estimé ce t100 en ayant cédé dés la première mesure, et
donc surestimé la vitesse de cisaillement nécessaire au bon drainage de la partie homogène, et
sableuse du sol.

σN
σN
-1 σN
σN

σN
Tassement (mm)

σN
-2 σN
σN

-3

-4

-5
0 √t100 3 6 9 12 15
racine (temps en minute)
Fig. 3.1. Représentation du tassement en fonction de la racine du temps
lors de la phase de consolidation.

Comme le révèle la figure 3.2a, la vitesse de cisaillement n’a pas eu d’influence sur les valeurs de
σT. On observe en effet que l’évolution de la contrainte tangentielle a été sensiblement la même
jusqu’à un déplacement de 5mm. Cette annulation des surpressions interstitielles permet de
traduire ɸ et c obtenues en caractéristiques effectives ɸ’ et c’, tributaires uniquement de la matrice
granulaire du sédiment, en traçant l’enveloppe de rupture du matériau (Fig. 3.3).

Les valeurs de σT retenues pour tracer cette enveloppe de rupture figurent sur les courbes de
contraintes/déplacement (Fig 3.2a). Comme l’énonce la norme, les σT retenus pour la première
série (jusque 5mm) sont les valeurs obtenues au terme de ce déplacement. La deuxième série n’a
pas véritablement permis pour chaque σN d’atteindre une valeur σTmax. Bien que des paliers
semblent se dessiner sur certaines courbes, nous avons décidé de prendre comme critère de
rupture les valeurs de σT obtenues pour un déplacement deux fois supérieur, de 10 mm. Ces
points considérés à la rupture sont représentés par des croix noires et grises sur le graphique.

En parallèle de cette représentation de la contrainte tangentielle, la variation de ΔH lors du


cisaillement est représentée en fonction de ΔL (Fig 3.2b). Bien que nous n’avons pas accordé
véritablement un sens quantitatif à ces courbes, nous avons pu constaté un tassement tout au
long des essais de cisaillement. A noter qu’aucun gonflement n’a eu lieu lors des essais.

Les résultats dépouillés sont présentés dans le chapitre 3.3.

21
400,00

300,00
σT (kPa)

200,00

100,00

0
0 2,00 4,00 6,00 8,00 10,00 12,00 14,00 16,00
Déplacement (mm)

-0,20
ΔH (mm)

-0,40

-0,60

-0,80
0 2,00 4,00 6,00 8,00 10,00 12,00 14,00 16,00
Déplacement (mm)

Fig. 3.2a. et 2b. Evolution de la contrainte tangentielle en fonction du déplacement horizontal


(en haut) comparée au tassement lors du cisaillement (en bas)

22
Afin de déterminer l’enveloppe de rupture du matériau, les valeurs de σT des deux séries sont
représentées en fonction de la contrainte normale appliquée (Fig. 3.3). Cette représentation de
Mohr met en évidence l’alignement des différents points à la rupture et permet de déterminer
graphiquement c’ et ɸ’. La cohésion effective est définie comme l’ordonnée à l’origine des droites
d’alignement. L’angle de frottement effectif est l’angle formé par ces droites et l’horizontale en
repère orthonormé. Il est calculé à partir de la pente α tel que ɸ’ = tan-1(α).

400,00

300,00
y = 0,842x + 4,019E-14

200,00

y = 0,6667x + 6,905
100,00

0
0 100,00 200,00 300,00 400,00

Fig. 3.3. Représentation de Mohr, détermination de l’enveloppe de rupture et des


caractéristiques plastiques effectives c’ et ϕ‘

3.3. Présentation des résultats

Les caractéristiques effectives ainsi que l’ensemble des valeurs de w% et e déterminés avant et
après les essais sont compilés dans le tableau de la figure 3.4.

Remarquons tout d’abord que les valeurs de teneur en eau après essai, et donc en saturation,
sont logiquement plus faibles que celles avant essai. La consolidation a pour effet de diminuer la
porosité, et donc d’expulser une partie de l’eau contenue dans l’échantillon.
Il est à noter que toutes les valeurs de w%f mesurées sur échantillon et de ef calculé à partir de la
masse finale sont à prendre avec précaution. En effet, la libération d’eau gravitaire lors du
démoulage des échantillon a eu une influence certaine sur le calcul de ces paramètres. De plus, la
masse mesurée des échantillons après essai a toujours été plus importante que la masse
mesurée avant essai, ce qui n’apparait pas logique. Des pertes de particules solides ont donc eu
lieu, plus importantes pour les essais de la deuxième série étant donnée que la partie supérieure
des échantillons n’était plus maintenue pour des déplacements forts (Fig 3.5.). Si l’on considère
ces caractéristiques e et w% tels quels, la saturation après essai n’est pas vérifiée par calcul.

Afin de déterminer avec plus de réalité ces paramètres, nous les avons recalculés en prenant
comme référence l’indice des vides initial et en considérant, d’une part que l’échantillon n’avait pas
perdu de sa phase solide, ce que nous savons être faux, d’autre part que la saturation des

23
Série 1 Série 2

100 kPa 200 kPa 300 kPa 400 kPa 100 kPa 200 kPa 300 kPa 400 kPa

w%0 35,7 33,8 33,6 34,7 30,9 35,7 30,5 31,3

w%f 29,9 27,9 27,6 22,3 26,1 20,9 22,2 24,2

e0 0,91 0,88 0,88 0,84 0,81 0,84 0,82 0,82

ef 0,61 0,49 0,47 0,36 0,48 0,42 0,42 0,41

ef’ 0,57 0,46 0,43 0,33 0,46 0,40 0,36 0,34

w%f’ 22,7 18,4 17,2 13,0 18,3 16,2 14,4 15,6

vitesse cis 25 10 4 5 11 11 11 11

σT (kPa) 73,38 140,63 206,65 273,58 86,55 163,19 251,74 336,78

c’ (kPa) 6,9 0

ɸ’ (°) 33,7 40,1

Fig. 3.4. Tableau récapitulatif des résultats des essais de cisaillement

échantillons après l’essai était effective (Vv=Veau). Les valeurs obtenues w%f’ et ef’ sont compilées
dans le tableau et présentent une différence certaine avec les premiers résultats. Nous y
accorderons cependant plus de valeur.
σN

Fig. 3.5. Schéma de principe de l’essai de cisaillement, illustration de la libération possible de matériau à fort ΔL
Bien que les résultats de consolidation ne puissent être considérés avec la même précision que
ceux déterminés par l’oedomètre, les ordres de grandeur de l’indice des vides avant et après essai
restent cohérents avec les résultats de compressibilité obtenus pour ces valeurs de σN. Seul
l’essai à 100 kPa de la deuxième série présente un indice des vides après essai relativement
faible en comparaison avec la charge appliquée.

Discutons maintenant des propriétés mécaniques des sédiments. Les régressions linéaires qui ont
été effectuées sur les deux séries (Fig 3.3) ne présentent pas la même fidélité vis à vis des valeurs
de σT retenues (R2= 1 R2= 0,91). Rappelons que les valeurs de σT retenues pour la deuxième
série ont été choisie pour une valeur arbitraire de ΔL = 10 mm. A ce stade du cisaillement, les
échantillons n’ont pas présenté une même évolution de σT. En contrepartie, les σT pour la série 1
ont été retenus comme la norme le préconise, à ΔL = 5 mm, alors que l’augmentation de σT
adoptait une allure pseudo linéaire. Les caractéristiques effectives c’ et ɸ’ mesurées pour la série 1
et la série 2 sont respectivement de c’= 6,9 kPa, ɸ’ = 33,7° et c’ = 2,0, ɸ’ = 40,1°. Ces valeurs sont
typiques de sols fins et sont dans la même gammes que celles obtenues par Vincent Dubois
(2011) grâce à ce même essai. Lors de cette étude, nous avons pu comparer ces valeurs
obtenues avec celles déterminées à l’essai à l’appareil triaxial de révolution.
24
4. Essais à l’appareil triaxial de révolution CU+u

Parmi les essais de mécanique des sols, l’essai triaxial est certainement le plus complet mais
aussi le plus coûteux à réaliser. Afin de déterminer les propriétés de résistance au cisaillement, de
nombreux modes opératoires sont normalisés. L’essai consolidé non drainé avec mesure de la
pression interstitielle CU+u est, nous le verrons, le seul essai offrant la possibilité d’obtenir les
propriétés de comportement des matériaux à court et à long terme. Pour cette étude, il m’a été
possible de renouveler cet essai ainsi que d’en interpréter les résultats.

L’obtention de résultats exploitables nécessite de respecter plusieurs étapes dans la préparation


de l’essai de cisaillement. Nous les aborderons dans la deuxième sous partie de ce chapitre, après
avoir présenté à quoi consiste l’essai proprement dit, ainsi que l’appareillage mis en oeuvre.

4.1. Description de l’essai et dispositif expérimental

Comme son nom l’indique, cet essai consiste à déterminer la résistance d’un échantillon soumis à
une sollicitation en trois dimensions. Le matériau, taillé en éprouvette cylindrique de rapport
hauteur/diamètre de 2, est sollicité dans un premier temps par une contrainte isotrope notée σ3.
Cette composante permet de simuler la pression lithostatique qui serait soumise à l’échantillon à
une profondeur de sol donnée. Une fois l’échantillon en équilibre à cette pression et donc
consolidé, l’éprouvette est soumise à une contrainte vertical noté σ1, permettant de simuler une
surcharge axiale sur l’échantillon. Cette analogie facile entre le principe de l’essai et la réalité du
terrain est certainement l’un des atouts de cet essai. Un avantage certain sur l’essai
pressiométrique, essai in-situ le plus couramment utilisé pour le dimensionnement de fondations,
dont les résultats bruts doivent tenir compte du sens latéral de la sollicitation appliquée, et ce par
des règles de calculs empiriques.

La presse triaxiale est composée de deux dispositifs distincts permettant chacun d’exercer et de
contrôler ces deux composantes de contrainte.

- La cellule triaxiale permet d’exercer σ3 par pression de fluide. Directement reliée à un contrôleur
pression/volume, cette cellule hermétique contenant l’échantillon est remplie d’un fluide sous
pression, conventionnellement de l’eau. La contrainte isotrope est donc appliquée à la totalité de la
surface de l’échantillon au travers d’une interface étanche et souple, conventionnellement une
manchette en caoutchouc.

- La contrainte σ1 est exercée par le déplacement vertical de la cellule triaxiale, à une vitesse
constante. Un piston fixe et non solidaire de la cellule traverse le toit de celle ci, venant au contact
de la section supérieure de l’échantillon. La valeur de la contrainte axiale, résistance de
l’échantillon à ce déplacement vertical est mesurée par un capteur de force dans la continuité du
piston, et ce tout au long de l’essai. Pour traduire cet effort en contrainte, il convient d’abord de le
rapporter à la surface sollicitée. De plus, il est nécessaire de tenir compte de la composante de
contrainte appliquée par σ3 sur cette même section avant contact et lors de l’essai. Si l’on veut
traduire l’effort F mesuré en contrainte réelle sigma 1 exercée sur l’éprouvette, la correction est la
suivante :

(Equ. 4.1)

avec F l’effort mesuré en kg


S la section de l’échantillon en cm2
La spécificité de l’essai consolidé non drainé est la transmission des contraintes σ1 et σ3 à la fois
à la phase solide et liquide du matériau lors du cisaillement. Celui ci, porté à saturation par un
procédé que nous détaillerons ci après, est connecté à un capteur de pression mesurant
l’augmentation de la pression interstitielle lors de l’essai.

25
La mesure de Δu permet d’interpréter les résultats en comportement à court terme et à long terme.

- A court terme, les contraintes retenues pour les calculs de cu0 et du facteur d’augmentation de la
cohésion λcu seront les contraintes totales exercées sur l’échantillon, comprenant sa phase solide
et sa phase liquide. En l’absence de drainage, les surpressions interstitielles n’ont pas le temps
de se dissiper, le comportement du sol sera donc assimilé à celui de la totalité du volume que
contient la manchette étanche.

- L’étude à long terme nécessite de traduire les contraintes totales, ou réelles σ1 et σ3 en


contraintes effectives σ’1 et σ’3, exercées uniquement au squelette solide de l’échantillon, telles
que :

(Equ. 4.2)
avec σ’ la contrainte effective, exercée sur la phase solide de l’échantillon en kPa
! σ la contrainte totale, exercée sur l’ensemble de l’éprouvette en kPa
! Δu la surpression interstitielle en kPa, mesurée à partir de u0, pression interstitielle à la
! consolidation

Les propriétés effectives c’, cohésion drainée et ɸ’ sont donc déterminées à partir de la variation
de σ’1 au fur et à mesure de la déformation de l’échantillon. La mesure de Δu permet donc
d’estimer le comportement du sol si la dissipation des surpressions interstitielles avait eu lieu, bien
que l’essai soit réalisé en condition non drainée. Nous verrons que les résultats à long terme
obtenus peuvent être comparés à ceux déterminés à partir des essais de cisaillement consolidés
lents, présentés précédemment dans le chapitre 3.

L’interprétation à court terme et à long terme s’appuie, comme pour l’essai de cisaillement, sur
l’ellipsoïde des contraintes à la rupture du matériau. Les méthodes graphiques qui ont été
adoptées seront présentées en deuxième sous-partie de ce chapitre.

Afin de présenter avec plus de clareté le principe de l’essai, son déroulement ainsi que
l’appareillage, illustrons les différentes étapes à l’aide de schémas de principe.
Le déroulement d’un essai CU+U peut être divisé en trois phases :
- La saturation de l’éprouvette
- La consolidation
- L’essai de cisaillement

Une fois l’échantillon préconsolidé et taillé aux dimensions souhaitées, celui ci est placé sur la
pierre ponce avant que l’ensemble ne soit introduit dans la manchette en caoutchouc.
La phase de saturation consiste à exercer une contrepression dans l’éprouvette au moyen d’un
contrôleur pression/volume, relié à l’intérieur de la manchette. Lors de cette phase est maintenue
une différence de pression minimale entre la pression de l’échantillon (contrepression) et la
pression de confinement. Cette augmentation de Pcont. permet de compresser les bulles d’air
contenues dans l’échantillon, et donc à terme, d’en assurer la saturation.
Bien qu’il soit possible d’estimer la valeur de contrepression nécessaire à la saturation en fonction
du type de sol, une vérification est possible par le coefficient de Skempton. Cette méthode
consiste à, une fois l’éprouvette isolée du contrôleur de pression, augmenter la pression de
confinement dans la cellule triaxiale. Une saturation parfaite engendrerait une transmission totale
de cette variation de pression, de la cellule à l’éprouvette. L’augmentation de la pression
interstitielle est alors mesurée par un capteur de pression, vérifiant ou non la saturation.

Comme pour l’essai de cisaillement rectiligne, l’essai triaxial proprement dit ne peut être réalisé
qu’une fois l’équilibre entre l’échantillon et la contrainte σ3 atteint. Une phase de consolidation est
donc aussi nécessaire, pendant laquelle seule la contrainte isotrope est appliquée. Pour cela, la
pression de confinement régnant dans la cellule triaxiale est augmentée, afin d’atteindre un
26
différentiel entre Pconf et Pcont égal à la valeur de σ3 que l’on aura choisi (50, 100, 200 300 ou
400 kPa).
Pendant cette phase, la perte de volume de l’échantillon peut être, en théorie, mesurée par deux
lectures : le volume d’eau libérée par l’éprouvette d’une part, le volume d’eau entrant dans la
cellule d’autre part. On privilégiera la première lecture étant donné la présence possible de bulles
d’air subsistant dans la cellule triaxiale, qui se compresseront potentiellement et fausseront ΔV.
Le ΔV en fonction du temps permet, comme pour l’essai de cisaillement, de déterminer la vitesse
de cisaillement maximale à laquelle l’échantillon sera soumis.

Fig. 4.1. Schéma de principe de la phase de consolidation de l’essai triaxial

La troisième phase fondamentale de cet essai consiste au cisaillement de l’échantillon.


Lors de l’écrasement, nous avons vu que l’effort axial enregistré était lié au déviateur des
contraintes (σ1-σ3) et non à la contrainte totale axiale σ1 (Equ. 4.1.). De plus, rappelons que les
contraintes retenues doivent faire l’objet de correction en amont selon le comportement que l’on
cherche à étudier. Pour trouver les propriétés à long terme, on retranchera les surpressions
interstitielles aux valeurs de contrainte directement mesurées (Equ. 4.2.).
Conventionnellement, on laissera le cisaillement se poursuivre jusqu’à atteindre une déformation
relative de 15%. Les courbes contraintes/déformation permettent d’identifier, comme pour l’essai
de cisaillement, la rupture du matériau ainsi que la valeur de contrainte axiale associée.

Fig. 4.2. Schéma de principe de la phase de cisaillement de l’essai triaxial

Après avoir abordé la théorie sur laquelle se basent ces essais, présentons leur réalisation et le
dépouillement de leurs résultats bruts.

27
4.2. Réalisation des essais et dépouillement des résultats

Pour notre étude nous avons choisi de réaliser 5 essais en faisant varier les valeurs de contrainte
isotrope σ3, à 50, 100, 200, 300 et 400 kPa. Les éprouvettes qui ont été soumises à ces essais
présentaient chacune une section de diamètre 35 mm ainsi qu’une hauteur de 65 mm.
Afin de pouvoir tailler les échantillons à ces dimensions, une préconsolidation a été effectuée sur
l’ensemble des échantillons grâce au même matériel que pour les essais oedométriques. Les
éprouvettes préparées au consolidomètre présentaient donc pour chacune une section de
diamètre 50 mm, mises sous charge sous un poids de 20kg. Nous avons vu que cette technique
de préconsolidation n’avait pas permis de fixer précisément une valeur de contrainte de
préconsolidation (de théoriquement 100kPa). Elle fut cependant suffisante pour obtenir la
compacité escomptée.

La première problématique que nous avons rencontrée était donc de tailler les éprouvettes
préconsolidées aux dimensions de la presse triaxiale (35mm de diamètre, 65mm de hauteur). Pour
effectuer cette opération, nous avons utilisé un tour vertical. L’échantillon, maintenu à sa base et à
son sommet par deux socles dentés et rotatifs, a donc pu être taillé à l’aide d’un fil de fer. La
présence de coquilles et de débris rendirent ce travail délicat. Le remaniement des échantillons ne
pu être toujours évité dans les cas ou des coquilles se trouvaient dans le plan de découpe. Il faut
par ailleurs s’assurer que la surface des échantillons soit la plus lisse possible, afin de minimiser
les risques de détérioration de la manchette lors de l’essai.

Une fois ce travail accompli, les échantillons sont installés dans la cellule triaxiale et la phase de
saturation peut commencer. La valeur de contrepression préconisée pour assurer la saturation des
éprouvettes est présentée dans la norme suivant différents types de sols. Pour les sols mous à
fermes, les valeurs associées s’échelonnent entre 200 et 400 kPa. Pour notre sol, la valeur que
nous avons respectée en priorité est la plus élevée, car elle nous a permis d’obtenir un coefficient
de Skempton supérieur à 97% (Fig 4.6). Lors de cette phase, rappelons que la pression de
confinement est maintenue légèrement supérieure à la contrepression, d’un écart de 20 kPa. Le
but est de préserver la stabilité de l’échantillon tout en évitant un début de consolidation.
Les valeurs de contrepression appliquées ainsi que les degrés de saturation obtenus sont
compilés en figure 4.6.

La phase de consolidation est ensuite effectuée pour chacun des échantillons, tout en mesurant la
perte de volume de l’éprouvette grâce au volume d’eau libérée.

Pour les essais réalisés, nous avons fixé la valeur de cisaillement à 60 µm/min. Cette vitesse est
largement supérieure à celle des essais de cisaillement, car nous ne recherchons pas la
dissipation des surpressions interstitielles. La durée des phases de préconsolidation, saturation et
consolidation nous a limité à une moyenne de 1 essai par jour.

Le dépouillement des courbes contrainte/déformation peut être, nous l’avons vu, effectué à court
et à long terme. Le déviateur (σ1-σ3), directement mesuré à partir de l’effort axial lors du
cisaillement, est représenté sur la figure 4.3a en fonction de la déformation de l’éprouvette. La
différence entre les deux composantes reste la même en contraintes totales ou effectives, étant
donné que Δu est retranchée à σ1 et σ3.

Nous pouvons remarquer que, hormis pour σ3 = 50 kPa, aucune des courbes obtenues ne permet
d’identifier un palier net, assimilable à une rupture franche du matériau (Fig. 4.3a). Les valeurs
retenues pour leur interprétation ont été simplement les valeurs maximales (σ1-σ3) atteintes pour
chaque essai.
Afin d’interpréter ces valeurs en contraintes effectives pour le comportement à long terme, les
surpressions interstitielles ont été mesurées et sont représentées en fonction de la déformation
verticale sur la figure 4.3b.

28
Les valeurs de Δu retenues pour chacun des essais ont été prises à la même valeur de
déformation que les points de rupture identifiés à partir du déviateur.

400,00

300,00
Déviateur (σ1-σ3) en kPa

200,00

100,00

0
0 5,00 10,00 15,00 20,00
Déformation verticale (mm)

400,00
surpression interstitielle Δu en kPa

300,00

200,00

100,00

0
0 5,00 10,00 15,00 20,00
Déformation verticale (mm)

Fig. 4.3a. et 3b. Evolution du déviateur (σ1-σ3) lors de la phase de cisaillement de l’essai triaxial (en haut)
comparée à celle des surpressions interstitielles (en bas)

29
Les déterminations des propriétés c’ et ɸ’ à long terme et cu0 et λcu à court terme peuvent être
réalisées à partir de la représentation de Mohr. En repère orthonormé, les cercles de Mohr ont
comme diamètre le déviateur retenu à la rupture de chaque échantillon. L’extrémité gauche de ces
cercles correspond sur l’axe des abscisses aux valeurs de σ3 et σ’3 à la rupture. L’extrémité droite
correspond, elle, logiquement aux valeurs de σ1 et σ’1 sur ce même axe. L’axe des ordonnées
permet enfin de quantifier la contrainte tangentielle exercée à chaque rupture.

Comme pour l’interprétation des essais de cisaillement, l’enveloppe de rupture est, pour
l’interprétation à long terme, la droite d’alignement des points à la rupture. Graphiquement, il
convient donc d’estimer la droite tangentielle commune de tous les cercles de Mohr. La cohésion
effective c’ et l’angle de frottement interne effectif ɸ’ correspondent respectivement à l’ordonnée à
l’origine de cette droite et à l’angle qu’elle forme avec l’horizontale.

Pour les propriétés à court terme, la cohésion consolidée non drainée cu0 correspond à la cohésion
apparente minimale d’un sol. Le facteur d’augmentation de la cohésion λcu exprime l’amélioration
de cu sous l’effet d’une consolidation. Il ne doit donc pas être considéré comme un angle de
frottement interne mais comme caractérisant le changement de comportement à court terme d’un
sol, alors que ɸu = 0. Dans la représentation de Mohr, la droite qui lie ces deux paramètres passe
donc au mieux par le sommet de chacun des cercles. cu0 en est l’ordonnée à l’origine et λcu le
coefficient directeur.

300

200 y = 0,2672x + 12,381


σT en kPa

100

0
0 100 200 300 400 500 600 700 800
σN en kPa
300
! ! ! ! ! ! ! ! ! ! 4.4a 4.4b
y = 0,83x + 5
200
σ’T en kPa

100

0
0 100 200 300 400 500
σ’N en kPa
Fig. 4.4a. et 4b. Détermination graphique des couples cu0 , λcu (en haut) et c’, ϕ’ (en bas)
par la représentation de Mohr
30
Sur le premier graphique (Fig. 4.4a), l’axe des abscisses exprime la contrainte totale ou apparente
pour le comportement à court terme. Sur le second (Fig. 4.4b.), il exprime la contrainte effective,
exercée uniquement sur le squelette solide.

Une deuxième représentation permet de déterminer graphiquement la cohésion effective et l’angle


de frottement effectif du sédiment, cette fois ci à partir du chemin des contraintes lors du
cisaillement. La représentation de Lambe consiste à tracer l’évolution de la valeur du déviateur
divisée par 2 (rayon du cercle de Mohr) en fonction de la moyenne des couples σ’1;σ’3 (abscisse
du centre du cercle de Mohr), soit :

(Equ. 4.3)

On peut représenter sur le même diagramme la variation de la valeur moyenne des couples de
contraintes totales σ1;σ3. Chacun des points de mêmes ordonnée correspondront à un
avancement identique du cisaillement car l’égalité suivante est vérifiée pour toute valeur de ε :

(Equ. 4.5)

Les courbes de contraintes totales sont logiquement linéaires et de pente 1, car la contrainte totale
σ3 ne varie pas lors du cisaillement. L’intervalle entre les courbes en contraintes effectives et
totales correspond au déplacement virtuel du centre des cercles de Mohr lors de l’essai de
cisaillement, et donc de la valeur Δu.

Chacune des courbes illustrant le chemin des contraintes effectives viennent mourir en sur une
même asymptote. L’angle de frottement effectif est déterminé à partir de la pente de cette droite,
tel que :

(Equ. 4.4)

La cohésion effective correspond à l’ordonnée à l’origine de cette droite. La figure 4.5 illustre la
représentation de Lambe pour les essais réalisés.

200
y = 0,625x - 2,01E-14 Δu
t’ en kPa

100

0
0 100 200 300 400 500 600
s’ en kPa

Fig. 4.5. Détermination graphique des caractéristiques plastiques effectives c’ et ϕ’


par la représentation de Lambe
31
4.3. Présentation des résultats

L’ensemble des valeurs mesurées, calculées ou fixées pour ces essais triaxiaux sont compilées
dans le tableau en figure 4.6. Tout d’abord, les teneurs en eau initiales, après préconsolidation ont
été calculées. Pour la phase de saturation, les différentes valeurs de contrepression choisies y
sont présentées, ainsi que les degrés de saturation obtenus. Concernant la phase de
consolidation, la variation de volume en mm3 a été mesurée sur chacune des éprouvettes. Les
phases de cisaillement sont caractérisées par la vitesse d’écrasement choisie et les critères de
ruptures retenus (valeur du déviateur considéré, Δu à la rupture). Les valeurs finales de c’, ɸ’, cu0
et λcu déterminées sont enfin présentées pour chaque méthode.

Rappelons que la hauteur de chacune des éprouvettes soumises à l’essai est de 65 mm. Leur
section était de diamètre 35 mm. La contrainte de préconsolidation théorique σ’P était de 100 kPa.

σ3 (kPa) 50 100 200 300 400

w0 (%) 19,7 20,6 22,0 21,8 21,0

ΔV (mm3) 3098 3161 4588 7316 11655

Pcont (kPa) 400 500 300 300 300

Pconf (kPa) 450 600 500 600 700

B (%) 99 95 95 98 99

vitesse (µm/min) 60 60 60 60 60

(σ1-σ3)max (kPa) 68 93 218 229 325

Δurupture (kPa) 35 72 146 243 313

cu0 (kPa) 12,38

λcu 0,27

c’ (Mohr) (kPa) 5

ɸ’ (Mohr) (°) 39,7

c’ (Lambe) (kPa) 0

ɸ’ (Lambe) (°) 38,7

Fig. 4.6. Tableau récapitulatif des résultats obtenus par l’essai triaxial CU+u

Les valeurs de teneur en eau initiale présentent un même ordre de grandeur. On peut en cela
supposer que la technique de préconsolidation fut relativement fiable pour préparer les
échantillons dans les mêmes conditions.

Les pertes de volume lors de la consolidation sont elles aussi cohérentes avec les valeurs de σ3
appliquées, révélant des déformations relatives entre 5 et 19 % par rapport au volume initial des
éprouvettes avant consolidation. Seule la perte de volume pour σ3 = 50 kPa parait relativement
élevée (3098 mm3) si l’on considère en plus l’échantillon en domaine surconsolidé.

32
Remarquons que les valeurs de contrepression élevées n’ont pas toujours suffit à atteindre un
degrès de saturation plus important. Cette logique n’a donc pas toujours été respectée.
Il est possible d’observer sur les courbes déviateur/déformation que l’essai à σ3 = 200 kPa a
permis d’atteindre une valeur de déviateur élevé (218 kPa), en comparaison à la courbe à σ3 =
100 kPa (229 kPa). Cependant, les surpressions interstitielles ont été plutôt faibles pour cet essai,
ce qui a fortement rapproché le cercle de Mohr de celui à 300 kPa, et donc peu affecté la
détermination des propriétés effectives.

D’après l’interprétation graphique qui a été réalisée par la représentation de Mohr, la cohésion
effective c’ est égale à 5 kPa. L’angle de frottement effectif est égal à 39,7°.
Ces valeurs de c’ et ϕ’ diffèrent légèrement avec celles déterminées par la représentation de
Lambe, à c’ = 0 kPa et ϕ’ = 38,7°. Grâce à cette dernière, il est possible d’entrevoir le domaine
surconsolidé du matériau uniquement à partir de l’allure de la courbe de l’essai à 50 kPa. La
technique de préconsolidation n’aurait, apparemment, pas permis d’appliquer la contrainte
théorique de 100 kPa.

Comme nous l’avons mentionné, ces caractéristiques intrinsèques peuvent être directement
comparées à celles obtenus par l’essai de cisaillement direct consolidé lent. On remarque que ces
valeurs sont très proches des c’ et ϕ’ déterminés à partir de la deuxième série d’essai de
cisaillement (c’ = 2 kPa, ϕ’ = 39,8°). Elles restent malgré tout dans la même gamme que celles
obtenus par la première série de cisaillement rectiligne, à c’ = 6,9 kPa et ϕ’ = 33,7°.

Pour les caractéristiques à court terme, la cohésion consolidée non drainée cu0 a été mesurée à
12,38 kPa. La rupture de pente entre le domaine surconsolidé et normalement consolidé n’est pas
discernable par la représentation de Mohr. Le λcu retenu est relatif au domaine normalement
consolidé. Il caractérise l’augmentation de la résistance à court terme du sol sous l’effet de la
consolidation et a été calculé à 0,27.

Fig. 4.7. Quelques échantillons soumis aux essais triaxiaux CU+u

33
5. Intégration des propriétés mécaniques pour le calcul de stabilité de talus

5.1. Contexte et choix des dimensions de l’ouvrage

Bien que les caractéristiques précises des ouvrages nous soient encore inconnues à ce stade de
l’étude, certaines méthodes de calculs permettent d’estimer pour ce type d’édifice les précautions
à respecter pour assurer leur stabilté. Les buttes paysagère peuvent être assimilées dans la
plupart des cas à des talus, de hauteur et de pente choisie. L’extrapolation des performances
mécaniques obtenues par notre campagne d’essai, pour leur intégration dans ces calculs
nécessite de formuler plusieurs hypothèses.

Certaines d’entre elles sont relatives à la géométrie et à la composition des ouvrages considérés,
tels que :
- La hauteur
- La pente
- L’homogénéité
- La nature et le comportement du matériau sous-jacent
- La présence de soutènement

D’autres hypothèses seront relatives au risque de rupture considéré. Les plans de glissement
peuvent en effet présenter des géométries diverses. Chacune d’entre elles mettront à l’épreuve
différemment les propriétés mécaniques de ouvrage. On compte principalement :
- Les ruptures circulaires (cercle de talus, cercle de pied, cercle profond)
- Les ruptures planes (leur alignement par rapport à la surface)

La troisième principale donnée qu’il faudra prendre en compte est l’influence de l’eau dans la
stabilité de l’ouvrage. Cette influence peut être à la fois statique et dynamique :
- La position de la nappe statique
- Les écoulement potentiels

Ce chapitre ne tiendra pas lieu de liste exhaustive des différents cas pouvant être rencontrés. De
plus, les résultats ne seront aucunement suffisants pour affirmer la faisabilité des ouvrages. En
effet, la fraction analysée a été uniquement prélevée sur la partie saine des sédiments dragués,
qui présentaient une très forte pollution en hydrocarbures. Une étude complémentaire visant à
déterminer l’influence de cette pollution sur les propriétés mécaniques serait donc nécessaire, si
l’extraction de la pollution n’est pas réalisable.

Pour ce calcul, nous avons décidé de considérer un talus de 5 m de hauteur et de pente 35°. Ces
valeurs, bien qu’arbitraires, nous ont paru relativement réalistes par rapport à l’usage de ces
édifices. Il est impossible de prédire quel sera le comportement du matériau sous jacent et si
l’ajout de couches de remblai supplémentaire serait envisageable. Nous considérerons donc un
édifice homogène, positionné sur un matériau sous-jacent incompressible. La possibilité de
soutènement n’a pas été retenue pour cette simulation.

Dans de très nombreux cas, la stabilité d’un talus est liée à sa résistance vis à vis d’une rupture
dont le plan de glissement est similaire à un arc de cercle sous sa pente. Cette rupture peut être
totalement incluse dans l’édifice, on parle alors de cercle de talus, mais aussi délimitée en aval par
la base du talus, d’où un cercle de pied, ou alors incluant le talus et le matériau portant, dessinant
alors un cercle profond (Fig 5.1). Les cercles de talus concernent généralement les édifices
hétérogènes, pour lequel la base du cercle correspond à une couche plus résistante. Les cercles
profonds concernent, eux, d’avantage les édifices mis en place sur un matériau instable. Le calcul
qui suit s’est donc appuyé sur la possibilité d’une rupture circulaire de type cercle de pied.

34
Fig. 5.1. Les différentes géométries de rupture circulaire
dans un talus.

L’influence de l’eau sur la stabilité de l’édifice nécessite d’émettre de nombreuses hypothèses


supplémentaires et complique considérablement les calculs. Pour ces raisons, nous avons décidé
de considérer une absence d’écoulement dans un édifice au dessus de la nappe statique.

5.2. Méthode de calcul et résolution

L’ensemble des calculs qui suivent ont été réalisés à partir du guide «Fondations et Ouvrages en
Terre» tirage 2011.

Afin de quantifier les risques de glissement, il convient de traduire les contraintes générées par le
poids de matériau en moments, composantes de l’effort vertical dans ce plan de glissement ou
perpendiculaires à celui ci, et donc susceptibles d’activer ou de contrecarrer la rupture. Cet état de
contrainte doit être défini pour le maximum de points dans le plan de glissement présumé.
La méthode des tranches de Fellenius propose une résolution analytique en découpant l’édifice en
un nombre m de tranches verticales. Pour chacune d’entre elles, le poids de la colonne de sol est
donc décomposé en une composante tangentielle au plan de rupture Tn, et en une composante
normale à ce plan Nn, dans la direction du centre virtuel du cercle (Fig. 5.2).

Fig. 5.2. Illustration de la méthode


des tranches de Fellenius

Un coefficient de sécurité global est alors exprimé, rapportant la somme des moments résistants
maximaux à la somme des moments moteurs. Le numérateur est complété par les caractéristiques
mécaniques intrinsèques du matériau c et ɸ. Il est exprimé tel que :

(Equ. 5.1)

35
avec c la cohésion en kPa
L la longueur du plan de rupture en m
ϕ l’angle de frottement interne en degrés
Nn et Tn respectivement les composantes normales et tangentielles de W (Fig. 5.2)
m le nombre total de tranches

Il est à noter que, lorsque la rupture en aval s’étend au delà de l’aplomb du cercle, cette partie
avale de l’édifice, dite «zone passive» a un effet stabilisateur. Les composantes tangentielles ont
en effet un sens opposé au glissement, et seront dans la formule de signe opposé aux Tn obtenus
sur la partie en amont, dite «zone active».

Chacun des cercles considérés est donc associé à un coefficient de sécurité Fs. Le cercle critique,
le plus susceptible d’être lieu de la rupture est celui qui présente le coefficient de sécurité minimal.
Il convient donc de renouveler ce calcul en faisant varier la position du centre du cercle. D’après
les hypothèses que nous avons formulées, seule la rupture en cercle de pied est considérée. A
chaque position du cercle sera donc associé un rayon spécifique du cercle de rupture.

Le poids de matériau, pour chaque tranche est calculé à partir de la hauteur de colonne de sol
sus-jacente, de la masse volumique sèche, et de la longueur de l’arc de cercle inclue dans la
tranche (AB sur la figure 5.2), d’où :

(Equ. 5.2)

avec g la constante gravitationnelle en N.kg-1


h la hauteur de la colonne de sol
ρ la masse volumique, soit ρ = 2503 kg.m-3
ln la largeur constante de la tranche en m,
α l’angle que la direction de la tranche forme avec la verticale (Fig. 5.2)

Dans cette formule, on assimile l’arc de cercle contenu dans chaque tranche à un segment. Cette
approximation est acceptable si les tranches présentent une largeur suffisamment faible et sont
assez nombreuses pour approcher la forme circulaire.

Le découpage du talus et les calculs associés ont été effectués à l’aide du logiciel Excel (Fig 5.3).
La largueur de tranche choisie a été de ln = 0,2 m. Les propriétés mécaniques c et ɸ qui ont été
retenues sont les moyennes des caractéristiques effectives c’ et ɸ’ obtenues grâce à l’essai triaxial
et aux deux séries des essais de cisaillement, soient c’ = 2,97 kPa et ɸ’ = 38,07°. Le
comportement étudié est donc un comportement à long terme, en supposant donc la dissipation
des surpressions interstitielles.

0
-1
-2
mètres

-3
-4
-5
-6
-7
12 14 16 18 20 22 24 26 28 30 32
mètres
Fig. 5.3.Représentation sous excel du talus pour l’une des
géométries de rupture en cercle de pied

36
5.3. Présentation et discussion des résultats

Sur la figure 5.4 sont compilés les coefficients de sécurité calculés pour chaque position du centre
de cercle. Nous y avons récapitulé les hypothèses émises quant aux caractéristiques de l’ouvrage
ainsi qu’au type de rupture retenu.

Fig. 5.4. Représentation des valeurs de Fs obtenues par


la méthode des tranches de Fellenius.
Rappel des hypothèses émises.

Nous pouvons remarquer que le coefficient de sécurité diminue au fur et à mesure que le centre
du cercle s’éloigne latéralement du sommet du talus. Il est au contraire de plus en plus important
lorsque le centre du cercle est élevé. Cela respecte une certaine logique.
En effet, déplacer le centre du cercle vers le sommet (vers la droite, cf Fig. 5.4) déplace dans le
même sens l’aplomb du cercle et accroit l’effet stabilisateur des terres en aval. De plus, cette
translation a pour effet d’augmenter la surface de glissement, et donc d’accroître l’effet de la
cohésion. Dans l’expression de Fs, le numérateur augmente et le dénominateur diminue.
Parallèlement, l’élévation du centre du cercle diminue la courbure de l’arc de cercle et donc les
valeurs des composantes tangentielles.

La valeur minimale de Fs obtenue pour ces cercles de pied a été calculée pour un centre de cercle
positionné à la même altitude et à une distance de 5 mètres du sommet du talus. Au delà, la
surface de glissement ne concernerait plus en amont le plateau mais la pente du talus.

La valeur de Fs, même pour cette géométrie de rupture, est supérieure à 1. Il est possible
d’affirmer que les risques de rupture en cercle de pied seraient nuls ou quasi-nuls sur cet ouvrage,
en prenant en compte les hypothèses sus mentionnées.
Ce calcul, bien que ne permettant pas d’affirmer avec certitude la possibilité de réemploi des
sédiments, peut néanmoins nous rendre optimistes sur la stabilité à long terme de ces ouvrages,
à condition que leur pente ne dépasse pas trop le ɸ’ mesuré et que leur homogénéité soit vérifiée.

37
Conclusion

! L’étude du comportement mécanique de ces sédiments aura permis de définir des


propriétés pouvant répondre à un large éventail de problématiques.

- Tout d’abord, les essais d’identification effectués en ce début de stage ont révélé un sol de classe
B2 d’après le guide des terrassements routiers. Il s’agirait donc selon cette même classification
d’un sol sableux peu argileux, étant donné la faible VBS, calculée à 1,00.

- Grâce à l’essai oedométrique, nous avons pu quantifier la compressibilité du matériau. D’un point
de vue statique, les paramètres tels que le coefficient de recompression cs et le coefficient de
compression cc nous ont permis d’estimer l’amplitude des tassements sous charge après
stabilisation, et ce pour chacun des deux domaines de consolidation. Les valeurs moyennes
obtenues font l’état d’une compressibilité faible : cs moy = 1,04.10-2, cc moy = 0,17. Ce sont des
valeurs typiques pour les sables fins. D’un point de vue dynamique, les coefficients de
consolidation permettent de quantifier la vitesse de réponse du matériau à la sollicitation. De
l’ordre de Cv = 10-6 m2.s-1 , ces valeurs ont révélé une augmentation anormale de la vitesse de
consolidation pour des contraintes supérieures à 400 kPa (chapitre 2.3; Annexes).
- Les mesures directes de perméabilité effectuées à charge variable en parallèle des essais
oedométriques ont révélé une conductivité hydraulique de l’ordre de k = 10-5 m.s-1. Il s’agit de
l’ordre de grandeur des sables fins.

- Grâce aux essais de cisaillement consolidés lents et aux essais triaxiaux CU+u, nous avons pu
déterminer les caractéristiques plastiques effectives du matériau. La cohésion effective c’ et
l’angle de frottement effectif ϕ’ permettent de révéler l’ellipse des contraintes responsables de la
rupture du matériau à long terme. Bien que tous ces essais n’aient pas parvenu à atteindre l’état
de rupture, nous avons décidé de retenir les valeurs mesurées de c’moy = 2,97 kPa et ϕ’moy =
38,07°.

- Ces essais triaxiaux CU+u ont permis de déterminer le changement de comportement à court
terme du matériau sous l’effet d’une consolidation. Les paramètres mesurés cu0 et λcu sont
respectivement la cohésion non drainée théorique si aucune consolidation n’avait eu lieu et
l’augmentation de cette valeur sous l’action d’une consolidation. Les valeurs obtenues pour ces
sédiments sont de cu0 = 12,38 kPa et λcu = 0,27.

Afin d’illustrer l’une des utilisations possibles des propriétés mesurées, un calcul nous a enfin
permis de quantifier un risque de rupture à long terme sur un talus de 5 mètres de hauteur et de
pente 35°. Ce résultat, optimiste, doit cependant tenir compte de nombreuses hypothèses et ne
pourra être suffisant pour affirmer la possibilité de réemploi des sédiments pour cette géométrie.

! Ces quatre mois durant lesquels j’ai eu l’opportunité de découvrir et de pratiquer ces essais
seront, je le sais, d’une grande utilité pour mon avenir professionnel. En plus de m’avoir initié à la
détermination d’un large éventail de propriétés géomécaniques desquels j’ai pu m’imprégner par la
pratique, cette expérience m’aura à coup sûr permis de me forger un regard critique sur les
résultats de ce type d’essais.

! Chaque sol est par nature d’une grande complexité. L’acquisition de résultats exploitables
nécessite de respecter de nombreuses précautions dans la préparation et la réalisation des
essais. Parmi les outils dont dispose le géotechnicien, les normes permettent, en plus de proposer
un protocole expérimental type, de quantifier entre autre les marges d’erreur admises pour chacun
des essais et en fonction du type de matériau. A ces résultats peuvent s’ajouter des imprécisions
dues à l’appareillage ou à l’utilisation de règles empiriques.
! L’ingénieur géotechnicien que j’espère aujourd’hui devenir devra tenir compte des limites
de ces essais afin d’en optimiser les résultats.

38
Références Bibliographiques

GTR, 1992, «Guide technique pour la réalisation des remblais et des couches de forme», fascicule
I, principes généraux, 100p.

DUBOIS, V, 2006, «Etude du comportement physico-mécanique et caractérisation


environnementale des sédiments marins - Valorisation en technique routière», mémoire de thèse,
291p, pp75-116.

HUBERT, B et PHILIPPONNAT G, 2011, «Fondations et ouvrages en terre», Editions Eyrolles ,


Paris, 548p, pp119-130 ; 220-235.

Références Normatives

NF P 94-050. Octobre 1991. Sols : reconnaissance et essais – Détermination de la teneur en eau


pondérale des sols – Méthode par étuvage.

NF P94-056. Mars 1996. Sols : reconnaissance et essais – Analyse granulométrique – Méthode


par tamisage à sec après lavage.

NF P 94-068. Novembre 1993. Sols : reconnaissance et essais – Mesure de la quantité et de


l’activité de la fraction argileuse – Détermination de la valeur au bleu de méthylène d’un sol par
l’essai à la tâche.

NF P 94-071-1. Août 1994. Essais de cisaillement rectiligne à la boîte : Cisaillement direct.

NF P 94-074. Octobre 1994. Essai à l’appareil triaxial de révolution : Appareillage, préparation des
éprouvettes, essai UU, essai CD, essai CU+u.

XP X 94-090-1. Décembre 1997. Essai oedométrique. Partie 1 : Essai de compressibilité sur


matériaux fins quasi saturés avec chargement par paliers.

Communications personnelles : Laurent Lancelot

39
Annexes
Interprétation graphique des essais oedométriques : Détermination des Cv

Oedo 1 25 kPa

200,0 rapport s60/s90 = 0,97


Epaisseur (dixieme milli.)

t90 = 0,43 min


197,5 Cv = 12,01 10-6 m2/s

195,0

192,5

190,0
0 2,5 5,0 7,5 10,0
racine (temps en min)
Oedo 1 50 kPa

193 rapport s60/s90 = 0,94


Epaisseur (dixieme milli.)

t90 = 0,49 min


192 Cv = 10,36 10-6 m2/s

191

190

189
0 3 5 8 10
racine (temps en min)
Oedo 1 100 kPa

190 rapport s60/s90 = 0,90


Epaisseur (dixieme milli.)

t90 = 1 min
189 Cv = 4,9 10-6 m2/s

188

187

186
0 2,5 5,0 7,5 10,0
racine (temps en min)

40
Oedo 1 150 kPa

187 rapport s60/s90 = 0,91


y = -0,6694x + 186,03 t90 = 1,93 min
Epaisseur (dixieme milli.)

Cv = 2,46 10-6 m2/s


186

185

184

183
0 2,5 5,0 7,5 10,0
Oedo 1 200 kPa racine (temps en min)

rapport s60/s90 = 0,83


184,00
t90 = 12,25 min
y = -0,2252x + 183,42
Epaisseur (dixieme milli.)

Cv = 0,38 10-6 m2/s


183,25

182,50

181,75

181,00
0 2,5 5,0 7,5 10,0
Oedo 1 250 kPa racine (temps en min)

rapport s60/s90 = 0,65


t90 = 43,56 min
182,0 Cv = 0,11 10-6 m2/s
Epaisseur (dixieme milli.)

181,5

181,0

180,5

180,0
0 3 5 8 10
racine (temps en min)

41
Oedo 1 400 kPa

180,00 rapport s60/s90 = 0,70


t90 = 1,39 min
Cv = 3,14 10-6 m2/s
178,75

177,50

176,25

175,00
0 2,50 5,00 7,50 10,00
racine (temps en min)
Oedo 1 800 kPa

176,00
rapport s60/s90 = 0,86
Epaisseur (dixieme milli.)

t90 = 0,56 min


173,75 Cv = 7,22

171,50

169,25

167,00
0 2,50 5,00 7,50 10,00
Oedo 2 25 kPa racine (temps en min)
Epaisseur en dixième de millimètre)

200,000
rapport s60/s90 = 0,92
t90 = 0,38 min
Cv = 13,97 10-6 m2/s
198,125

196,250

194,375

192,500
0 2,50 5,00 7,50 10,00
racine (temps)

42
Oedo 2 50 kPa

y = -1,0067x + 194,84
195,00 rapport s60/s90 = 0,90
t90 = 0,47 min
Epaisseur (dixieme milli.)

Cv = 11,03 10-6 m2/s


194,25

193,50

192,75

192,00
0 2,50 5,00 7,50 10,00
racine (temps en min)
Oedo 2 100 kPa

200
rapport s60/s90 = 0,90
y = -28,701x + 193,86 t90 = 0,73 min
Epaisseur (dixieme milli.)

Cv = 5,57 10-6 m2/s


190

180

170

160
0 2,50 5,00 7,50 10,00
racine (temps en min)

Oedo 2 200 kPa

y =170,00
-2,2781x + 169,88
rapport s60/s90 = 0,69
t90 = 0,79 min
Epaisseur (dixieme milli.)

168,75 Cv = 4,90 10-6 m2/s

167,50

166,25

165,00
0 2,50 5,00 7,50 10,00
racine (temps en min)

43
Oedo 2 400 kPa
166,00
Epaisseur en dixième de millimètre

rapport s60/s90 = 0,78


t90 = 0,67 min
Cv = 5,39 10-6 m2/s
164,25
y = -3,8566x + 165,52

162,50

160,75

159,00
0 2,50 5,00 7,50 10,00
racine ( temps en minute )
Oedo 2 800 kPa

161,00
Epaisseur en dixième de millimètre

rapport s60/s90 = 0,86


t90 = 0,64 min
Cv = 5,24 10-6 m2/s
159,25
y = -4,7354x + 159,91

157,50

155,75

154,00
0 2 4 6 8 10
racine ( temps en minute )

Oedo 3 25 kPa

200,0
rapport s60/s90 = 0,96
y = -5,4916x + 199,87
t90 = 0,27 min
Epaisseur (dixieme milli.)

Cv = 19,94 10-6 m2/s


198,5

197,0

195,5

194,0
0 2,5 5,0 7,5 10,0
racine (temps en min)

44
Oedo 3 50 kPa

y = -1,0735x + 195,19
196 rapport s60/s90 = 0,80
t90 = 1,35 min
Epaisseur (dixieme milli.)

Cv = 3,88 10-6 m2/s


195

194

193

192
0 2,5 5,0 7,5 10,0
racine (temps en min)
Oedo 3 100 kPa

193,0
rapport s60/s90 = 0,75
y = -1,9673x + 192,14 t90 = 1,44 min
Epaisseur (dixieme milli.)

Cv = 3,45 10-6 m2/s


191,5

190,0

188,5

187,0
0 2,5 5,0 7,5 10,0
racine (temps en min)
Oedo 3 150 kPa

188 rapport s60/s90 = 0,57


t90 = 3,92 min
y = -0,5364x + 187,42
Epaisseur (dixieme milli.)

Cv = 1,23 10-6 m2/s


187

186

185

184
0 2,5 5,0 7,5 10,0
racine (temps en min)

45
Oedo 3 200 kPa

185,00 rapport s60/s90 = 0,67


y = -0,1206x + 184,63 t90 = 22,27 min
Epaisseur (dixieme milli.)

Cv = 0,21 10-6 m2/s


184,25

183,50

182,75

182,00
0 2,5 5,0 7,5 10,0
racine (temps en min)
Oedo 3 400 kPa

183,00 rapport s60/s90 = 0,81


y = -3,2483x + 182,68 t90 = 1,28 min
Cv = 3,46 10-6 m2/s
181,25

179,50

177,75

176,00
0 2,5 5,0 7,5 10,0

Oedo 3 800 kPa

176,00 rapport s60/s90 = 0,81


t90 = 0,37 min
y = -4,1093x + 175,95
Cv = 11,08 10-6 m2/s
174,50

173,00

171,50

170,00
0 2,5 5,0 7,5 10,0

46

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