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Cours de géotechnique dispensé par:

M. Diouf
Ingénieur de Conception en
géotechnique
IST/UCAD
77 214 45 06
abdoudiouf64@hotmail.fr

LES ESSAIS IN SITU


Les essais en place
Les essais sur place permettent la détermination des caractéristiques du sol dans les conditions
naturelles, c.à.d. dans les conditions réelles de résistance. Ils se distinguent en trois grands
groupes :
• les méthodes géophysiques,
• les essais hydrauliques et
• les essais mécaniques.

Les méthodes géophysiques (la prospection électrique, la prospection sismique et la prospection


par micro-gravimétrie) fournissent des informations globales sur l'assiette de construction. Les
essais hydrauliques (essai Lefranc, essai Lugeon, essai de pompage … ) permettent d’apprécier
le degré de perméabilité du sol en place.

Les essais mécaniques déterminent directement une résistance limite du sol. On distingue les
essais qui donnent une caractéristique de sol à la rupture et les essais qui, en plus, donnent une
relation contraintes - déformations.
Essai au scissomètre de chantier

Le scissomètre de chantier ou Vane test est un appareil de prospection en place permettant de


mesurer la cohésion des sols purement cohérents. Il est décrit par la norme française NF P
94-112 (novembre 1991).

Le scissomètre est utilisé dans l’étude à court terme de la stabilité des pentes et du
comportement des remblais sur sols mous.

Les essais scissométriques courants sont réalisables dans tous les types de sols fins cohérents
dont la cohésion est ≤ 0,2 MPa (argiles molles, vases, limons).
Description du scissomètre

Le scissomètre est constitué généralement :

un moulinet qui est constitué essentiellement de quatre pales rigides en acier,


planes et rectangulaires, ovoïdes ou trapézoïdes, fixées à 90° sur un axe appelé noyau
parfois protégé par une jupe conique assurant l’étanchéité ;

un train de tubes creux pour foncer le moulinet dans le sol ;

un train de tiges qui, placées à l’intérieur du train de tube, entraîne librement le


moulinet en rotation sans frottement. Afin de limiter les frottements parasites
lors de l’essai, ce train de tiges est maintenu par des bagues, qui s’appuient sur
l’intérieur des tubes ;

un dispositif de mesure qui comporte deux parties distinctes.

- un bâti ancré ou parfois lesté, qui permet de mobiliser la réaction de fonçage, et un


système de vérin pour exercer cet effort de fonçage ;

- un couplemètre, système nécessaire pour exercer et mesurer le couple de


torsion et entraîner en rotation le moulinet par l’intermédiaire du train de tiges.
Schéma du scissomètre de chantier
L’essai consiste à foncer dans le terrain (sans avant-trou) au moyen
d’un vérin, un moulinet d’acier à quatre pales orthogonales par
l’intermédiaire du train de tubes.

Une fois la profondeur d’investigation atteinte, le moulinet est soumis


à un mouvement de rotation depuis la surface par le biais d’un train de
tiges.

Cette rotation de la palette, à laquelle on applique un moment de


torsion, provoque le cisaillement du sol au voisinage des pales et une
surface de cisaillement se développe à l’interface entre le cylindre de
sol entraîné par le moulinet et le massif de sol en place.

L’essai permet, en ce sens, d’établir la relation entre la rotation du


moulinet et la résistance au cisaillement opposée par le sol.
Courbe scissométrique
Su = Cu = cohésion non drainée
Le couple de torsion est équilibré par le moment des réactions de cisaillement du sol sur la
surface circonscrit au moulinet. On fait croitre ce moment de torsion jusqu’à ce qu’il équilibre le
moment des contraintes de cisaillement limites du sol, c’est-à-dire jusqu’à la rupture qui se
manifeste par une diminution brutale, puis par une stabilisation de ce moment à une valeur non
nulle mais nettement inférieur au maximum.
Interprétation de l’essai scissométrique
Au moment de la rupture, il y a équilibre entre le moment résistant M dû aux forces de
cisaillement du terrain sur les parois du cylindre emprisonné entre les pales et le couple T . l
produit par le manipulateur ;
on a donc :

T : effort mesuré au dynamomètre


l: longueur du bras actionné par le manipulateur

Considérons le cas classique d’un essai en milieu argileux saturé. Lors du cisaillement du
terrain sur lui même, aucun drainage de l’eau interstitielle n’est possible ; cet essai doit être
assimilé à un essai non drainé   0 . La résistance au cisaillement mesurée est donc égale à la
cohésion non drainée cu du milieu. La surface cisaillée est pour l’essentiel constituée par la
surface latérale du cylindre, mais comprend également les deux surfaces horizontales d’extrémité.
Le moment résistant M du sol peut se décomposer en deux termes :

-M1 : issu de la résistance au cisaillement sur la surface latérale verticale du cylindre ;


-M2 : issu de la résistance au cisaillement sur les deux faces horizontales du cylindre.
On a en principe :
Considérons le cas du scissomètre à pales rectangulaires, de rayon r et de h hauteur , le
moment résistant sur la résistance latérale du cylindre M1 est donné par :

Pour déterminer le moment résistant sur les deux faces horizontales du cylindre M2, considérons
une couronne de rayon x et d’épaisseur dx laquelle est cisaillée par mobilisation du couple dM2
tel que :

On a, pour une face du cylindre :


On peut écrire

La cohésion non drainée est donnée par :

T : effort mesuré au dynamomètre


l: longueur du bras actionné par le
manipulateur
h : hauteur du scissomètre
x : rayon du couronne
r : rayon des pâles
Exploitation des résultats

L’examen des facteurs susceptibles d’influencer


les résultats de l’essai scissométrique révèle que
les valeurs de la cohésion au scissomètre doivent
être corrigées.

Bjerrum (1972) fait remarquer que certaines


études de glissements de remblais construits sur
des argiles plastiques tendent à montrer que la
cohésion mobilisée sur le terrain serait plus
faible que la cohésion mesurée au scissomètre, la
différence étant fonction de la plasticité des
argiles.

Il préconise de multiplier la cohésion mesurée


au scissomètre (Cu) par un coefficient correcteur
μ fonction de l’indice de plasticité de l’argile Coefficient correcteur de la cohésion d’après
(correction dite de Bjerrum), dont les valeurs Bjerrum (1972)
sont données sur la figure
Profil d’un essai scissomètre de chantier
Relation entre la cohésion scissométrique et la capacité portante admissible

Bien qu’il soit possible de déterminer la capacité portante admissible des argiles au moyen
d’autres essais, on utilise pratiquement toujours le scissomètre de chantier. Comme le
scissomètre mesure la résistance au cisaillement non drainé de l’argile Cu, il permet d’évaluer la
capacité portante à court terme, donnée essentielle pour vérifier la stabilité des argiles à l’égard
de la rupture. Ainsi, la capacité portante ultime nette est donnée par :

qu : Capacité portante admissible (kPa)


Fs : Facteur de sécurité
μ : Coefficient de correction de la résistance mesurée sur le terrain
Cu : Résistance au cisaillement non drainé
σvo : Contrainte verticale totale due au poids actuel du sol au niveau de la fondation (kPa)
B : largeur, L : longueur, D : profondeur de la fondation.
Relation entre la cohésion scissométrique et la capacité portante admissible
Les essais pénétrométriques

Ces essais déterminent directement une résistance limite du sol. Les pénétromètres se
subdivisent en deux grands groupes : les pénétromètres dynamiques qui sont enfoncés dans
le terrain par battage et les pénétromètres statiques (appelés quasi-statiques par certains
auteurs), qui sont vérinés dans les terrains à vitesse lente et régulière.

L’essai de pénétration au carottier (ou ‘‘Essai de Pénétration Standard’’) occupe une place
particulière, bien que s’apparentant sur certains points aux essais de pénétration
dynamique.
Pénétromètres dynamiques
Le sondage au pénétromètre dynamique est un moyen de reconnaissance géotechnique qui teste
le terrain en place et fournit en tant que tel une caractéristique du sol.

Il consiste à déterminer le nombre de coups nécessaires pour enfoncer, selon une procédure
définie, une pointe soumise par l’intermédiaire d’un train de tiges à une énergie de battage.

L’essai au pénétromètre dynamique permet d’apprécier d’une façon qualitative la résistance des
terrains traversés. Ils sont donc recommandés pour résoudre les problèmes suivants :

- le contrôle de l'homogénéité d'une couche,


- la détermination de la succession des différentes couches de terrain,
- la détermination des épaisseurs des différentes couches de sols
- la localisation des cavités ou autres discontinuités,
- la reconnaissance du niveau du toit du rocher ou de la position d'une couche résistante ou
d'un bed-rock connu.

Les essais de pénétration dynamique peuvent être réalisés dans tous les sols fins et grenus
dont la dimension moyenne des éléments ne dépasse pas 60 mm.
Principe de l’essai
Un sondage au pénétromètre dynamique consiste à enfoncer l’appareil dans le terrain par
battage, de manière continue, jusqu’à une profondeur donnée en général limitée par la
capacité de pénétration de l’appareil.
L’opérateur relève le nombre de coups nécessaires pour enfoncer l’appareil sur un pas de
profondeur fixé.

Un pénétromètre dynamique est constitué essentiellement


d’un matériel de battage et de guidage,

 d’un train de tiges,


 d’une pointe,
 d’un dispositif de mesure et éventuellement d’un
système de détection des efforts parasites.

Schéma de principe d’un pénétromètre


dynamique
Le système de battage est composé d’un mouton, d’une enclume, d’un ensemble
de guidage, de relevage et de déclenchement de la chute du mouton.

Les tiges de battages sont en acier, elles sont assemblées fermement pour
constituer un train de tiges rigidement lié selon un axe rectiligne et continu.

La pointe est placée à l’extrémité inférieure du train de tiges. Elle est soit perdue ou
récupérable et son diamètre est généralement supérieur à celui du train de tiges.

Le dispositif de mesure comporte un compteur de nombre de coups de mouton ;


un repérage de la profondeur à l’aide d’un marquage indélébile par rainurage des
tiges de battage selon un intervalle de 20 cm.

Le système de détection des efforts est constitué d’une clef dynamométrique


graduée au minimum de 100 à 200 N.m avec un espacement maximal des
graduations de 20 N.m.
Les types de pénétromètre dynamique

Pénétromètres dynamiques de type A (PDA)

Ces appareils ont la particularité de comporter un


dispositif qui permet d’injecter une boue
bentonitique (bentonite en suspension dans de l’eau)
dans l’espace annulaire entre le train de tiges et le
sol au fur et à mesure de la pénétration dans le
terrain, évitant ainsi le resserrement ou
l’éboulement du sol sur les tiges.

L’espace annulaire ainsi ménagé permet de limiter le


contact entre le train de tiges et le sol de sorte que
l’énergie de battage est transmise quasi
intégralement à la pointe. L'essai au PDA est limité à
une profondeur de 30 m.

Le mouton a une masse adaptable de 32, 64, 96 et


128 kg et une hauteur de chute de 0,75 m. Il
tombe à une cadence de 15 à 30 fois par minute. Pénétromètre dynamique PDA
Pénétromètres dynamiques de type B (PDB)
Les pénétromètres de type B sont en tous points
identiques aux appareils de type A, à l’exception
du fait qu’ils ne comportent pas de dispositif
d’injection de bentonite.

Une partie de l’énergie de battage peut être


mobilisée par le frottement latéral parasite qui se
manifeste entre le sol et le train de tiges,
notamment en cas d’éboulement.
On détecte les efforts parasites de frottement
du sol sur les tiges à l'aide d'une clef
dynamométrique.

Aussi, dans certains cas (sols cohérents qui


frottent fortement sur le train de tiges, sables
boulants, etc.), l’appareil ne permet pas de
différencier correctement les différentes couches
de sols traversées.

Sa capacité de pénétration est limitée à une


profondeur de 15 m Le mouton a une masse de
Pénétromètre dynamique PDB
64 kg et une hauteur de chute de 0,75 m ; il
tombe à une cadence de 15 à 30 fois par minute.
Réalisation de l’essai

Le train de tiges est battu d'une manière continue sous l’action d’une masse tombant en chute
libre d’une hauteur constante du mouton à la cadence de 15 à 30 coups par minute. On note en
fonction de la longueur totale des tiges introduites dans le sol, le nombre de coups de mouton
nécessaire pour enfoncer la pointe de 10 cm pour un PDA ou de 20 cm pour un PDB.

Pour le PDA, la masse du mouton doit être adaptée en cours de battage et choisie parmi l'une des
quatre masses 32, 64, 96, 128 kg, afin que le nombre de coups, pour un enfoncement de 10 cm,
soit compris entre 2 et 30 inclus.

Pour le PDB, à chaque ajout de tiges et au moins tous les mètres, l'opérateur fait tourner le train
de tiges à l'aide de la clef dynamométrique ; si le couple est inférieur à 100 N.m, les efforts
parasites sont négligeables.

La fin de l'essai correspond à la satisfaction de l'une des conditions suivantes :

- la profondeur déterminée préalablement est atteinte,


- le rebond du mouton est supérieur à 5 cm,
- l'enfoncement sous 30 coups de mouton est inférieur ou égal à 10 cm avec la masse de 128 kg
(PDA),
- l'enfoncement sous 100 coups est inférieur ou égal à 20 cm (PDB),
- la mesure du couple effectuée à la clef dynamométrique dépasse 200 N.m (PDB).
Expression des résultats
Il existe deux modes de représentation d’un profil de pénétration dynamique :
- soit on trace en fonction de la profondeur le nombre de coups Nd nécessaire pour
obtenir un enfoncement donné, en général 10 ou 20 cm ;
- soit on trace en fonction de la profondeur la résistance de pointe dynamique qd calculée à
l’aide d’une formule de battage de pieux, en général la formule des Hollandais, qui s’écrit :

𝐌×𝐠×𝐇 𝐌
𝐪𝐝 = ×
𝐀×𝐞 𝐌 + 𝐌′

où M est le poids du mouton, M’ le poids des parties frappées (enclume placée en tête du train
de tiges et sur laquelle s’exercent les chocs, train de tiges et pointe) ; H la hauteur de chute du
mouton ; e l’enfoncement moyen par coup (e  Dh/N), A la section droite de la pointe ; g
l’accélération due à la pesanteur.
Profil de pénétration dynamique
Exploitation des résultats

Les résultats de l’essai au pénétromètre dynamique, des règles empiriques de calcul de la


capacité portante admissible.

Pour une semelle soumise à une charge verticale centrée de largeur B, de longueur L et
d'encastrement D, le DTU préconise de calculer la capacité portante ultime par la relation
suivante :

Il n’existe pas de règle reconnue pour le dimensionnement des fondations à partir de la


résistance dynamique qd ; on peut seulement en déduire un ordre de grandeur de la
portance par le biais de corrélations avec d’autres essais en place (pénétromètre statique
et pressiomètre) afin d’orienter la campagne d’essais ultérieure.
Le tableau suivant donne des corrélations entre la résistance de pointe au pénétromètre
dynamique qd, la résistance de pointe au pénétromètre statique qc et la pression limite
pressiométrique pl.
Calcul de la capacité portante à partir
de l’essais au pénétromètre statique
Résistance de pointe équivalente.
Facteurs de portance pénétrométrique kc
RECONNAISSANCE ET EXPLORATION DES SOLS
============================
ECHANTILLONAGE ET ESSAIS DANS LES SOLS GRANULAIRES
RECONNAISSANCE ET EXPLORATION DES SOLS
============================
ECHANTILLONAGE ET ESSAIS DANS LES SOLS GRANULAIRES

Essai de pénétration standard (SPT)

b) Correction de la valeur de N
Les valeurs de N déterminées lors des essais SPT sont rapportées telles quelles dans le rapport de
forage. Cependant lorsqu’on utilise ces valeurs il faut vérifier s’il est nécessaire d’apporter une
correction pour tenir compte de l’effet de confinement. En réalité il ne s'agit pas d’une correction mais
d’une normalisation de N pour une même pression de confinement de 100 kPa. On parle dans ce cas de
N1= CN N. Il existe plusieurs relations pour la normalisation de N. Pour ce cours nous allons utiliser
celle de Peck :

CN= 0,77Log10(1920/s’v)

s’v est la contrainte effective verticale à la profondeur en question. Il est à noter que pour des
contraintes inférieures à 25 kPa la valeur de CN ne doit pas dépasser 1,5.

c) Valeur de N de conception
La décision de faire ou non la normalisation de N est un sujet controversé dans la littérature. Toutefois,
certains recommandent de faire cette normalisation pour les semelles. Dans le cas des pieux il ne
semble pas que l’on ait à faire de normalisation. Si on utilise des valeurs de N pour déterminer des
propriétés du sol (r, f) il faut normaliser N.
La deuxième méthode due à Meyerhof (1956), suggère les
relations suivantes pour calculer la capacité portante
admissible des fondations ancrées dans un sable.
Cette relation permet d’évaluer la capacité portante admissible lorsque
les indices de pénétration (N) sont mesurés en fonction de la
profondeur. Peck (1974) a proposé un indice de pénétration corrigé (N1),
que l’on exprime ainsi

s’v = Contrainte effective à la profondeur où l’indice N a été mesuré (kPa)


Application

Soit une étude de fondation réalisée à partir de l’essai SPT selon les dispositions constructives
suivantes. En se basant sur une première approximation de la capacité portante de 500 kPa,
calculer :

1-La capacité portante réelle selon Meyerhof


2-Déterminer la largeur B, sachant que la semelle est carrée.

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