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Métalepse rhétorique Métalepse ontologique

Définition Intrusion dans un autre niveau diégétique sans Passage logiquement interdit, une transgression qui permet
le contaminer, elle ouvre une fenêtre sur un l’interpénétration de deux domaines, censés rester distincts.
autre monde et la referme aussitôt. (paradoxe) (contamination)
Relation entre les Acte de communication entre deux membres du Met en scène une action dont les participants appartiennent à deux
participants de la même monde au sujet d’un membre d’un autre domaines (mondes) distincts.
métalepse monde.
Exemples • « Jacques le fataliste » de Diderot : le • « L’épisode Kugelmass » de Woody Allen, le héros fait littéralement
locuteur parle de Jacques (« Qu’est-ce qui l’amour avec Mme Bovary. Les membres de l’univers du roman de
peut m’empêcher de marier le Maître et de Flaubert se mêlent à ceux de la nouvelle de Woody Allen, il y a
le faire cocu »), mais il ne parle pas à fusion de leurs domaines d’origine.
Jacques. Il fait irruption dans l’histoire des
personnages telle qu’est est racontée par le • « La continuité des parcs » de Julio Cortazar : un héros plongé dans
narrateur, pour faire un commentaire en la lecture de son roman se retrouve tué par un assassin du monde
tant qu’auteur et créateur de l’histoire. fictionnel du roman qu’il lit.

• Genette : « Pendant que le vénérable • « Sarah et le lieutenant français » de John Fowles : l’auteur apparait
ecclésiastique montre les rampes physiquement dans la même voiture de train que son héros.
d’Angoulême, il n’est pas inutile
d’expliquer… ». -> commentaire de l’auteur
sur son histoire.
Schéma représentatif La pile narrative Pile effondrée et serpent qui se mord la queue (boucle étrange de
Hofstadter)
Particularités Caractère référentiel Caractère auto-référentiel
Genres associés Réalisme littéraire Fiction et fantastique car fusion de mondes possibles (infraction à la
logique)
Manifestations extra- Philosophie : « Cette phrase est fausse : « La Philosophie : Dans le théorème de Gödel, l’énoncé se réfère à lui-même
littéraires : logique, terre est plate » » -> paradoxe. La 1ère « Cette phrase est fausse » -> contamination
mathématiques, proposition fait référence à la 2ème.
philosophie, sciences, Mathématiques :
linguistique, Principia mathematica -> des mathématiciens voulaient supprimer du
informatique… langage les paradoxes dus aux auto-références et ainsi construire un
métalangage pour définir les mots. La preuve de Gödel, consistait à

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démontrer qu’un tel système pouvait être manipulé en créant des
propositions crétoises qui sont fausses si elles sont vraies et vraies si
elles sont fausses. « Je ne suis pas un théorème ».

Sciences : la métalepse prouve que l’objectivité scientifique et sa rigide


distinction entre l’observateur et le phénomène observé est une
chimère. Avec la métalepse, il y a contamination du monde par l’effort
d’en étudier les lois. L’idéal objectiviste se transforme en cercle vicieux.

Cartographie : Pour Jorge Luis Borge, une carte est nécessairement


incomplète. Elle serait parfaite si à l’échelle 1 : 1. Mais représenter tout
le territoire en 1 :1 serait impossible car ce serait illisible et on perdrait
son utilité pratique. La carte fait partie du territoire dont elle constitue
l’image, il lui est donc impossible d’atteindre la perfection. (d’où sa
dimension métaleptique).
Pour Lewis Caroll, la carte est contradictoire. Faire une carte en 1 :1
reviendrait à recouvrir le monde et la nature de papier et à le faire
dépérir. La carte deviendrait donc infidèle au réel. Il serait donc bien
plus simple de laisser le monde être sa propre carte.
Ces 2 visions offrent une image de la métalepse similaire à Gödel,
puisqu’elles montrent les limites du savoir.

Informatique et numérique : en 1950, Alan Turing invente une machine


à son nom et propose un théorème proche de la preuve de Gödel. Ce
théorème arrive à une conclusion contradictoire : Il existe des fonctions
parfaitement définissables qui ne peuvent pas être calculées par une
machine de Turing qui est l’ordinateur le plus puissant.

En informatique, la feedback-loop ou boucle rétroactive permet de


créer des systèmes émergents, produisant des objets capables de
s’adapter dynamiquement à leur environnement ou de se transformer
de manière imprévisible. La boucle algorithmique est l’incarnation du
serpent qui se mord la queue.

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L’informatique de par la structure hiérarchique de son architecture, est
métaleptique. Un ordinateur est une série de machines superposées
aux autres. Au niveau de la base, on a la machine réelle faite de circuits
électroniques, qui est le support de machines virtuelles dépourvues
d’existence matérielle. Autour de cette architecture, existent des
pratiques textuelles.

1er exemple de métalepse : les textes sont projetés sur l’écran par un
code qui transforme les données binaires en signes visuels ou
acoustiques. Le HTML enchevêtre le niveau des données textuelles et
celui des instructions qui les rendent visibles au lecteur. John Cailey,
poète informatique, crée un automate qui produit du texte poétique
avec du code. Son but est de créer un texte qui s’adresse à la fois au
lecteur et à l’ordinateur.

2e exemple : Metal Gear Solid est un cas de pseudo-métalepse car à un


certain moment du jeu, les actions du personnage contrôlé par le joueur
créent un virus qui infecte un ordinateur du monde fictionnel. Ensuite,
un personnage s’adresse au joueur réel et lui demande d’arrêter son
ordinateur. L’écran devient noir comme si le virus s’était transmis au
monde réel. Ensuite le joueur peut reprendre sa partie.

3e exemple : La réalité virtuelle. Dans le futur, elle nous permettra de


nous immerger dans des univers, manipuler leur objets par des actions
physiques, converser avec leurs habitants. -> exemple de l’Holodek de la
série Star Trek.

Aujourd’hui, on entend des discours de peur face au cauchemar


métaleptique du virtuel -> l’avènement de l’hyperréel, le remplacement
du réel par l’image.

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