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Paul West, jeune anglophone arrivé en France récemment pour son travail, demande au

directeur de sa société comment il doit s’adresser à ses collègues.


— […] Oh, ça c’est facile. Vous, dans votre position, vous dites « tu » à tous vos
collaborateurs. Sauf peut-être à ceux qui ont l’air d’être plus âgés. Et à condition
d’avoir déjà été présenté. La plupart des gens vous diront « tu » aussi. Il y en a,
les plus jeunes, qui vous diront « vous », et aussi ceux qui ne savent plus s’ils
vous connaissent. OK ?
— Euh, oui.
Clair comme une soupe à l’oignon.

God save la France, Stephen Clarke (2005).


Traduction française d’un original anglais intitulé A Year in the Merde (2004).

Consigne : « Adoptez un langage soutenu dans la lettre de motivation ».


Lettre : « Salut, tu vas bien ? Si tu me recrute pas, je t’explose. »
L’écrivain Albert Camus vient de recevoir le prix Nobel de Littérature. Il écrit à Louis
Germain, son premier professeur pour le remercier.
19 novembre 1957

Cher Monsieur Germain,

J’ai laissé s’éteindre un peu le bruit qui m’a entouré tous ces jours-ci avant de venir
vous parler un peu de tout mon cœur. On vient de me faire un bien trop grand honneur,
que je n’ai ni recherché ni sollicité. Mais quand j’ai appris la nouvelle, ma première
pensée, après ma mère, a été pour vous. Sans vous, sans cette main affectueuse que
vous avez tendue au petit enfant pauvre que j’étais, sans votre enseignement, et votre
exemple, rien de tout cela ne serait arrivé. Je ne me fais pas un monde de cette sorte
d’honneur mais celui-là est du moins une occasion pour vous dire ce que vous avez été,
et êtes toujours pour moi, et pour vous assurer que vos efforts, votre travail et le cœur
généreux que vous y mettiez sont toujours vivants chez un de vos petits écoliers qui,
malgré l’âge, n’a pas cessé d’être votre reconnaissant élève.

Je vous embrasse, de toutes mes forces.


Albert Camus
[version audio de la lettre : https://www.youtube.com/watch?v=-7dDO1QrZDc , Jours
de Gloire, lecture par Matthieu Chedid]
.....................
30 Avril 1959

Mon cher petit,

[…] Je ne sais t’exprimer la joie que tu m’as faite par ton geste gracieux ni la manière
de te remercier. Si c’était possible, je serrerais bien fort le grand garçon que tu es
devenu et qui restera toujours pour moi « mon petit Camus».
[…]
Sache que, même lorsque je n’écris pas, je pense souvent à vous tous.

Madame Germain et moi vous embrassons tous quatre bien fort. Affectueusement à
vous.

Germain Louis
Dans ce passage, Trouscaillon est un agent de police en uniforme, un automobiliste
l’interpelle.
– Pardon, meussieu l’agent, vous ne pourriez pas m’indiquer le chemin le plus court
pour me rendre à la Sainte-Chapelle, ce joyau de l’art gothique ?
– Eh bien, répondit automatiquement Trouscaillon, voilà. Faut d’abord prendre à
gauche, et puis ensuite à droite, et puis lorsque vous serez arrivé sur une place aux
dimensions réduites, vous vous engagez dans la troisième rue à droite, ensuite dans la
deuxième à gauche, encore un peu à droite, trois fois sur la gauche, et enfin droit
devant vous pendant cinquante-cinq mètres. Naturellement, dans tout ça, y aura des
sens interdits, ce qui vous simplifiera pas le boulot.
Zazie dans le métro, Raymond Queneau (1959)

Charles Sambrat s’adresse à Alice Fayatt, dont il est secrètement amoureux.


— À quoi pensez-vous ? demanda-t-il.
— Je pensais à toi, répondit-elle sans le regarder et ce tu inattendu, inespéré,
donna un choc à Charles.
De guerre lasse, Françoise Sagan (1985)

Dans cette lettre, le chevalier Danceny s’adresse à la marquise de Merteuil.


Ô vous, que j’aime ! ô toi, que j’adore ! ô vous, qui avez commencé mon bonheur ! Ô toi,
qui l’as comblé ! Amie sensible, tendre Amante, pourquoi le souvenir de ta douleur
vient-il troubler le charme que j’éprouve ? Ah ! Madame, calmez-vous, c’est l’amitié qui
vous le demande. Ô mon amie, sois heureuse, c’est la prière de l’amour.
Lettre 148, Les liaisons dangereuses, Pierre Choderlos de Laclos (1782)

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