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I-1 Définitions.
Un quadripôle est par définition un réseau électrique qui comporte quatre bornes de
liaisons avec les circuits extérieurs. Il s’agit souvent d’un ensemble d’éléments permettant de
traiter des signaux ou de transférer de l’énergie fournie par un générateur pour les restituer
sous une forme quelconque à une charge extérieure. Les échanges avec l’extérieur se font au
travers de deux bornes utilisées comme bornes d’entrée (côté générateur) et vers deux autres
bornes utilisées comme sortie (côté charge).
Sur la figure V.1 qui représente un quadripôle, I 1 et V1 désignent les grandeurs
d’entrée, I 2 et V2 celles de sortie. Cette représentation avec des courants qui entrent dans le
quadripôle (convention récepteur généralement utilisée en électronique) présente l’avantage
de rendre symétriques l’entrée et la sortie et donc d’étudier le quadripôle sans préjuger du
sens dans lequel il transmet l’énergie lors de son utilisation. La « convention générateur »
pour la sortie est préférable quand on monte les quadripôles en cascade (construction de
filtres). Pour passer d’une convention à l’autre il faut changer I 2 en I 2 .
I1 I2
Quadripôle
V1 V2
Q
62
Pour généraliser l’étude des quadripôles, nous supposons les conditions suivantes :
Les circuits du quadripôle sont linéaires : les grandeurs d’entrée et de sortie sont
reliées par des équations différentielles à coefficients constants.
Les conditions initiales aux bornes des capacités et inductances doivent être nulles.
Nous nous limitons au régime sinusoïdal établi, appelé régime harmonique.
Les circuits internes au quadripôle ne doivent comporter que des sources liées de
tensions ou des sources contrôlées de courants.
Le quadripôle apparaît comme une « boite noire » ayant quatre bornes sur lesquels ne
sont accessibles que les quatre variables I 1 , I 2 , V1 et V2 , dont seulement deux sont
indépendantes. On ne peut en effet pas imposer simultanément la tension et le courant à l’un
quelconque des accès. Les quadripôles que nous étudions étant linéaires, on peut exprimer
deux variables indépendantes quelconques en fonction des deux autres. Ainsi, le quadripôle
pourra être défini par un système de deux équations linéaires et homogènes. Pour choisir ces
deux variables, il existe six combinaisons possibles qui conduisent à définir six groupes de
paramètres. Mais un groupe quelconque suffit à préciser le rôle d’un quadripôle.
Dans tout ce qui suit on suppose que ces paramètres existent et qu’à l’entrée du quadripôle
(respectivement à la sortie du quadripôle) le courant entrant soit bien égal au courant sortant.
V1 Z 11 I 1 Z 12 I 2
V Z I Z I
2 21 1 22 2
V1 Z 11 Z 12 I1 I1
V Z Z 22 I Z I
2 21 2 2
I1 I2
Z 11 Z 11 I 1 Z 22 I 2 Z 22 V2
V1
Z12 I 2 Z 21 I 1
Le générateur de tension lié Z 12 I 2 , est contrôlé par le courant de sortie I 2 , et le
générateur de tension lié Z 21 I 1 est contrôlé par le courant d’entrée I . Il s’agit bien de
1
générateurs liés qui ne doivent pas être remplacés par un court-circuit lorsque nous cherchons
les résistances internes des générateurs de Thévenin équivalents et des générateurs de Norton
équivalents.
I 1 Y11 V1 Y12 V2
I Y V Y V
2 21 1 22 2
Le modèle d’un quadripôle utilisant les paramètres Y est celui donné à la figure V.3. En
comparant les équations de la matrice impédance et de la matrice admittance, on obtient :
Z Y 1 et Y Z 1
Il s’agit de deux concepts duaux.
64
I1 I2
Y11V1 Y22 V2
V1 V2
Y11 Y12 V2 Y21V1 Y22
I1 I2
h21 I 1 h22 V2
V1 h11
V2
h12 V2 h21 I 1 1 h22
65
b) Matrice hybride [ g ].
I 1 g 11 g 12 V1 V1
V g g 22
I g I
2 21 2 2
g12 I 2 g 11V1
g 22
V1 g12 I 2 V2
1 g 11 g 21V1
c) Matrice de transfert. T .
Ces paramètres correspondent au cas où les deux grandeurs indépendantes choisis sont
relatives aux mêmes accès. La matrice obtenue est appelée matrice de transfert (également
appelée matrice de chaîne). On distingue donc deux matrices de transfert : ou bien
V1 et I 1 sont des fonctions de V2 et I 2 , ou vice versa. On adoptera dans chacun de ces cas la
« convention générateur » à la sortie ce qui revient à remplacer I 2 par I 2 dans le 1er cas
et I 1 par I 1 dans le 2ème cas.
Lorsque V1 et I 1 sont exprimés en fonction de V2 et I 2 on a :
1
1 0 1 0
t T
0 - 1 0 - 1
I1 I2
Za Zb
Zc V2
V1
67
Figure V.6 : Schéma à deux sources et deux impédances
Le schéma à deux sources et deux admittances correspondant aux paramètres admittances
peut être transformé en un schéma équivalent à une source et trois admittances.
YC I2
I1
V1 Ya Yb YM V1 V2
En fait, pour caractériser un quadripôle actif (qui contient des sources d’énergie) il faut
un groupe de quatre paramètres. Par contre pour caractériser un quadripôle passif, c’est-à-dire
ne contenant aucune source de tension ou de courant, il suffit de trois paramètres. Ce type de
quadripôles peut être représenté par un schéma équivalent dans lequel figurent trois
impédances ou admittances. Deux représentations équivalentes (On peut passer d’une
représentation à l’autre) sont utilisées à cet effet (figures V.8 et V.9) :
V1 ZC V2
c
Figure V.8 : Représentation en T d’un quadripôle passif.
V1 Z ac Z bc V2
c
Figure V.9 : Représentation en d’un quadripôle passif.
68
I-4 Définition des différents paramètres.
Conditions de
Définition Nature du paramètre
Paramètre mesure en
V1 I1 V2 I2 Z1 Z2 Impédance Admittance Amplification Entrée Sortie
Z11 V1 / I1 0 ∞ d’entrée ouverte
Z12 V1 / I 2 de transfert
0 ∞ ouverte
Z inverse
de transfert
Z 21 V2 / I1 0 ∞ ouverte
direct
Z 22 V2 / I 2 0 ∞ de sortie ouverte
Y11 I1 /V1 0 0 d’entrée C.C
On peut établir des relations entre tous les éléments des matrices représentatives des
quadripôles. On n'entrera pas dans les détails ; tous les résultats sont rassemblés dans le
tableau 2 ci-dessous
69
70
I-6 Associations des quadripôles.
I1 I2
Quadripôle
Q1
V1 V2
Quadripôle
Q2
Q
Ce qui veut dire que chaque quadripôle conserve ses propriétés. On peut écrire :
pour Q1
V '1 I '1
V ' Z ' I '
2 2
pour Q2
soit
V1 I1
V Z ' Z ' ' I
2 2
71
soit
V1 I1
V Z I
2 2
avec
Quadripôle
Q1 I2
I1
V2
V1
Quadripôle
Q2
soit
I 1 I '1 I ' '1
I I ' I ' '
2 2 2
et
soit
V1 V '1 V ' '1
V V ' V ' '
2 2 2
72
Comme chaque quadripôle conserve après couplage ses propriétés, c’est-à-dire les mêmes
courants entrant et sortant par les bornes homologues, on a :
pour Q1
I '1 V '1
I ' Y ' V '
2 2
pour Q2
I1 V1
I Y ' Y ' ' V
2 2
soit
I1 V1
I Y V
2 2
avec
I1 I '1 I '2 I2
V '1 Q1 V '2 V2
73
soit
soit
pour Q1
V '1 I '1
I ' h' V '
2 2
pour Q2
V1 I1
I h' h' ' V
2 2
soit
V1 I 1
I h V
2 2
avec
74
I-6-4 Association parallèle-série de deux quadripôles.
I1 I '1 I '2 I2
V1 V '1 Q1 V '2
soit
soit
pour Q1
I '1 V '1
V '
g ' I '
2 2
75
pour Q2
I1
I
V1
V g ' g ' '
2 2
soit
I1 V1
V g I
2 2
avec
I1 I2 I '1 I '2
Quadripôle Quadripôle
V1 Q1 V2 V '1 Q2 V '2
I1 I '2
Quadripôle
V1 Q V '2
76
On a :
V1
V2 V '1 V '2
I T1 I et I ' T2 I '
1 2 1 2
V1
VI' ' T T VI' '
I T1 T2
2
1 2
2
1 2 2
V2
V1 V ' 2 V '1
I t1 I et I ' t 2 I '
2 1 2 1
V ' 2
VI t t VI
I ' t 2 t1
1
2 1
1
2 1 1
Les quadripôles électriques sont utilisés pour réaliser une fonction particulière :
amplification, filtrage... De ce fait, les quadripôles sont chargés soit par une vraie impédance
de charge, soit par un circuit électrique qui se comporte vis-à-vis du quadripôle comme une
impédance de charge. Le quadripôle est excité en amont par une source de tension créant à
l’entrée un courant I 1 ou une source de courant créant à l’entrée une tension V1 , et une charge
d’utilisation est montée en sortie (figure V.15).
Zg I1 I2
Eg Quadripôle
V1 Q V2 ZU
Source Charge
Figure V.15 : Quadripôle en charge attaqué par une source réelle de tension.
77
I-7-1 Caractéristiques d’un quadripôle en charge.
V1 E g Z g I 1 et V2 Z U I 2
Or, pour étudier le transfert d’énergie d’une part de la source vers le quadripôle et d’autre part
du quadripôle vers la charge, il est plus intéressant de calculer les impédances d’entrée et de
sortie du quadripôle non plus en court-circuit ou en circuit ouvert (comme les fournissent les
paramètres Z ij ou Yij ) mais dans le cas réel qui consiste à connecter le quadripôle aux
dipôles de source et de charge.
a) Impédance d’entrée.
78
T11
- Si Z U , on a Z e Z 11 où Z 11 est l’impédance d’entrée en circuit ouvert.
T21
b) Impédance de sortie.
ZS
ES
V2
ZS
I2
soit en utilisant la matrice de transfert direct
79
En résumé on peut donner le schéma équivalent du quadripôle (figure V.18) :
Ie IS
Zg
Ze ZS
VS ZU
Eg Ve
ES
Quadripôle Q
Figure V.18
Vue par le générateur E g , Z g , le quadripôle chargé par Z U se comporte comme une
impédance Z e . Vue par la charge Z U , le quadripôle attaqué à l’entrée par un générateur
E , Z se comporte comme un générateur E , Z
g g S S
c) Impédance image.
Les impédances images d’entrée et de sortie sont définies de la façon décrite par la
figure V.16 : On appelle impédance d’entrée image Z ie et impédance de sortie image Z iS , les
deux impédances telles que Z ie est l’impédance d’entrée du quadripôle lorsque la sortie est
chargée par Z iS (figure V.19 (a)) et inversement (figure V.19 (b)).
* I1 I2
Z ie V1
Quadripôle
V2 Z iS
Q
(a)
I1 I2
Quadripôle
Z ie V1 Q V2 Z iS
(b)
Figure V.19 : Modèle avec les impédance image (a) d’entrée Z ie et (b) de sortie Z iS .
Elles sont donc telles que si Z iS est branchée à la sortie, l’impédance d’entrée vaut Z ie et que
si Z ie est branchée à l’entrée, l’impédance de sortie vaut Z iS , est alors l’impédance interne du
générateur d’attaque du quadripôle : Z ie Z g
80
On a les équations suivantes :
V1
Z e Z ie avec V2 Z iS I 2
I1
de même
V2
Z S Z iS avec V1 Z ie I 1
I2
T11 Z iS T12 Z 21 Z 12
Z ie Z 11
T21 Z iS T22 Z iS Z 22
L’impédance itérative d’entrée Z k1 est une impédance de charge particulière qui est telle
qu’elle soit égale à l’impédance d’entrée du quadripôle : Z e ZU Z k1 . Une définition
semblable peut être donnée pour l’impédance de sortie.
L’impédance itérative d’entrée est définie comme indiquée par le figure V.20 : Si la sortie
du quadripôle est fermée sur l’impédance Z k1 , l’impédance d’entrée Z e Z k1 . On a donc :
V1 V2
Z e Z U Z k1 donc V2 Z k1 I 2 .
I1 I2
81
soit en utilisant la matrice de transfert direct :
T11 Z k1 T12 Z 21 Z 12
Z k1 Z 11
T21 Z k1 T22 Z k1 Z 22
ou
T21 Z k21 T22 T11 Z k1 T12 0
Cette équation a deux solutions dont une a sa partie réelle positive. Elle correspond à
l’impédance physiquement réalisable et vaut :
Z k1
T 11
T22 T22 T11 2
4T21 T12
1/ 2
2T21
I1 I2
Z k1 V1
Quadripôle
V2 Z k1
Q
(a)
I1 I2
Quadripôle
Zk2 V1 Q V2 Zk2
(b)
ou
T21 Z k22 T11 T22 Z k 2 T12 0
82
Cette équation a deux solutions dont une a sa partie réelle positive. Elle correspond à
l’impédance physiquement réalisable et vaut :
Zk2
T 22
T11 T11 T22 2
4T21 T12 1/ 2
2T21
En général Z k1 et Z k 2 sont différents. L’intérêt de la notion d’impédance itérative provient du
fait que, si plusieurs quadripôles identiques sont montés en cascade, le dernier étant chargé
par son impédance itérative Z k1 , son impédance d’entrée qui est l’impédance de charge de
l’avant-dernier quadripôle est égale à Z k1 et ainsi de suite jusqu’au premier. Tout se passe
comme si tous les autres quadripôles étaient fermés sur leurs impédances itératives d’entrée. Il
suffit donc d’étudier le comportement de l’un d’entre eux pour pouvoir en déduire le
comportement de l’ensemble. La condition de transfert maximal d’énergie reste toujours :
Z g Z k*1 .
A partir des paramètres du quadripôle, on peut obtenir les expressions ses fonctions de
transfert directes dans les deux cas suivants en utilisant les paramètres de transfert direct. On
obtient :
V2 ZU Z U Z 21
AV
V1 T11 Z U T12 Z 11 Z U Z
I2 1 Z 21
YT
V1 T11 Z U T12 Z 11 Z U Z
I2 1 Z 21
Ai
I1 T21 Z U T22 Z U Z 22
V2 ZU Z 21 Z U
ZT
I1 T21 Z U T22 Z U Z 22
83
Remarque.
On définit d’autres fonctions de transfert du réseau. Elles sont relatives à la source réelle. Ce
sont des fonctions composites (le réseau est ici le quadripôle + source + charge).
V2 ZU
A'V
Eg (T11 Z U T12 ) Z g (T21 Z U T22 )
I2 1
Y 'T
Eg (T11 Z U T12 ) Z g (T21 Z U T22 )
I2 1
A'i
J1 (T21 Z U T22 ) Yg (T11 Z U T12 )
Si les fonctions de transfert direct du quadripôle sont connues, celles du réseau s’obtiennent
immédiatement. En effet, en utilisant les équations qui régissent le système, on a :
V2 V2 / V1 Ze
A'V AV
Eg E g / V1 Z g Ze
84
I2 I 2 / I1 Ye
A' i Ai
J1 J 1 / I1 Yg Ye
V2 V2 / I 1 Ye
Z 'T ZT
J1 J 1 / I1 Yg Ye
I2 I 2 / V1 Ze
Y 'T YT
Eg E g / V1 Z g Ze
Les deux dernières équations conduisent à une correspondance simple entre les paramètres de
chaîne directe et les paramètres de chaîne inverse :
Ce qui montre qu’on passe de la matrice T à la matrice t en permutant T11 et T22 , puis de la
matrice t à la matrice T en permutant t11 et t 22
Dans le cas d’un quadripôle actif :
h12 h21 ; g12 g 21 .
les matrices Z et Y ne sont plus symétriques ; donc Z12 Z 21 et Y12 Y21 .
T T11 T22 T12 T21 1
t t11 t 22 t12 t 21 1
85
I-8-2 Quadripôle symétrique.
Un quadripôle passif est dit symétrique lorsqu’en permutant ses bornes d’entrée et de
sortie on aboutit aux mêmes groupes de paramètres caractéristiques. Un quadripôle est donc
symétrique si l’une des conditions suivantes est satisfaite :
Ces deux dernières relations réduisent à deux le nombre de paramètres nécessaires pour
définir un quadripôle passif symétrique.
h11 g 22 et h22 g11
Remarques :
Dans le cas d’un quadripôle passif symétrique ( T11 T22 ) les deux impédances Z k1 et
Z k 2 se confondent et elles prennent le nom d’impédance caractéristique :
T12 Z 21 Z12
Z k1 Z k 2 Z C Z11 Z C Z11 Z 22 Z 21 Z12 Z11 Z12
2 2
T21 Z k2 Z 22
Elles sont égales aussi à la racine carrée du produit de l’impédance d’entrée à sortie
1
court-circuitée ( ) et de l’impédance d’entrée à sortie ouverte ( Z 11 ) sachant que T11 T22 :
Y11
II FONCTION DE TRANSFERT
On sait que la tension et le courant d’un dipôle linéaire sont reliés par une équation
intégro-différentielle à coefficients constants. Dans le cas des tension et courant sinusoïdaux,
on a montré qu’on peut remplacer cette équation par une équation algébrique en utilisant la
notation complexe. Soit un réseau linéaire excité par une entrée sinusoïdale. L’entrée notée
e(t) qui peut être une tension ou un courant de pulsation , provoque une réponse forcée
(régime permanent établi) du réseau. Soit s(t) cette réponse. La relation intégro-différentielle
entre e(t) et s(t) conduit, en notation complexe, à une relation de proportionnalité entre les
amplitudes complexes respectives E et S de e(t) et s(t) :
SHE
86
La fonction H qui dépend de la structure du réseau et de la pulsation de l’excitation est
appelée fonction de réseau, et on la note H ( j ) . On distingue deux types de fonctions de
réseau selon que :
La source et la réponse se trouvent dans la même branche, on parle alors de fonction
d’entrée (ou de sortie).
La source et la réponse se trouvent dans des branches différentes, on parle alors de
fonction de transfert. On distingue alors quatre types de réponse :
I2
a) Réponse en courant à une tension :
V1
V2
b) La réponse en tension à une tension :
V1
I2
c) La réponse en courant à un courant :
I1
V2
d) La réponse en tension à un courant :
I1
qui représentent respectivement : la trans-admittance, le gain en tension, le gain en courant et
la trans-impédance. Donc lorsque les feux grandeurs d’entrée et de sortie sont de même type
H ( j ) est appelé gain (ou amplification). On étudiera ici les fonctions de transfert qui
s’écrivent sous forme complexe :
H ( j ) H ( ) e j ( )
H() est appelé le module de la fonction de transfert et () est l’argument ou le déphasage
du signal de sortie par rapport au signal d’entrée (ou angle d’avance de la sortie sur l’entrée).
Même si la représentation de Nyquist est intéressante, surtout pour les problèmes de stabilité,
on se limitera à l’étude de la représentation de Bode universellement connue.
87
II-2-1 Echelle logarithmique.
Soit un axe orienté et son vecteur unitaire u (figure V.21a). On réalise une échelle
logarithmique en associant à tout nombre m un point M tel que OM log m u . On obtient
ainsi la graduation représentée à la figure V.21b.
0 u m
(a )
O
u
m
1 10 100 103 10 4 10 5
(b)
Décade
Soient deux nombres m1 , et m2 , auxquels sont associés les deux points M1, et M2. On
dira qu’entre M1, et M2, il y a une décade si m2 10m1 , soit log m2 log m1 1.
Octave
De la même façon, nous dirons que deux points M1, et M2 sont séparés par une octave si
m2 2m1 , soit log m2 log m1 log 2 log m1 0,3 .
Remarque
Soient trois nombres m0 , m1 , et m2 auxquels sont associés les trois points Mo, M1, M2 et
cherchons la condition pour que le point Mo soit situé au milieu du segment [M1 , M2].
Dans le cas où les variations relatives de l’une des grandeurs sont très importantes, les
échelles linéaires présentent un inconvénient d’ordre pratique. L’échelle logarithmique permet
de réaliser une décompression de l’origine et une compression de l’infini. En échelle
logarithmique, tous les intervalles correspondant à une variation dans un rapport de dix ont
une même valeur. Ces intervalles sont des décades. Ce cas est souvent rencontré par exemple
en étudiant la réponse d’un filtre ou d’un amplificateur en fonction de la fréquence. Cette
fréquence peut varier dans de grandes proportions. Si nous prenons par exemple le cas des
fréquences audibles, le nombre de décades sera de trois, puisque la fréquence varie de 20 Hz à
20 000 Hz (le nombre de décades peut être beaucoup plus important dans d’autres cas). On
remarque que sur l’échelle logarithmique, on ne peut pas atteindre l’origine qui est repoussée
à −∞.
Axe des y.
P V I
10 log 2 20 log 2 20 log 2 en dB
P1 V1 I1
On utilisera cette définition pour calculer le module de la fonction de transfert.
89
Principe du diagramme de Bode.
H ( j ) A0 j 1 jT 1 2m
( j ) k2 ( j ) 2
ni nk
i i k k k
où , ni et nk sont des entiers réels positifs ou négatifs et Ti, mk, et k sont réels. Les termes qui
annule H ( j ) sont appelés les zéros de la transmittance et les termes qui rendent H ( j ) infini
sont appelés pôles de la transmittance.
H ( j ) 20 log(H ( ))
dB
20 log A0 20 log ( j ) 20 log 1 jTi i 20 log 1 2mk k ( j ) k2 ( j ) 2
n
nk
i k
a) Terme A0.
C’est une constante, le plus souvent réelle. Le gain GdB = 20 log(K) est une horizontale et
il en est de même pour A0 0 pour des valeurs de A0 > 0 ou bien A0 pour A0 < 0. Par
convention on prend dans ce dernier cas A0 .
90
a) Terme Ai = (j), peut être positif ou négatif.
En coordonnées logarithmique, c’est l’équation d’une droite passant par le point (=1, 0dB).
- Lorsqu’on double la pulsation (2 = 21) la variation du gain est de
20..log2= 6 (dB) soit une pente de 6/octave (une octave étant un intervalle de
fréquence compris entre une fréquence quelconque f1 et 2. f2)
- Lorsque est multiplié par 10, le gain augmente de 20 (dB) soit une pente de
20. dB/décade (une décade étant un intervalle de fréquence entre une fréquence
quelconque f1 et 10. f2)
Les courbes du gain et de la phase se confondent avec leurs asymptotes puisque ce sont des
droites.
La phase est une constante quel que soit et la courbe correspondante est
horizontale.
Exemple : = 1.
Le gain s’écrit :
GdB ( ) 20.ni . log1 jTi
Le module du gain ne dépend pas du signe de Ti, c’est-à-dire du fait que les pôles et zéros
soient positifs ou négatifs.
La phase s’écrit :
i ( ) ni . Arctg (Ti )
Le signe de Ti intervient dans le calcul de i.
91
Les pôles et zéros sont négatifs, c’est-à-dire Ti > 0.
- Aux basses fréquences ( → 0) ou, plus généralement, quand est tel que
Ti << 1 soit << 1/Ti, alors 1+jTi ≈ 1 et G(dB) = 0. Dans ce cas
l’asymptote à la courbe du module se confond à l’axe des abscisses.
L’asymptote à la courbe de phase se confond aussi à l’axe des abscisses (elle
est d’équation i = 0).
- En hautes fréquences ( → +∞), ou plus généralement, quand est tel que
Ti >> 1 soit >> 1/Ti, alors
1 jTi ni jTi ni et GdB () 20.ni . log(Ti )
L’asymptote à la courbe du gain est une demi-droite qui coupe l’axe des
abscisses au point ( = 1/Ti, 0 dB) et dont la pente est 20.ni.dB/décade.
L’asymptote à la courbe de la phase s’écrit : i = ni./2.
A partir des diagrammes asymptotiques, il est possible d’obtenir un tracé proche de la
courbe théorique en appliquant les corrections simples.
Courbes de modules :
Courbes de phases :
92
Exemple : ni = 1.
Les résultats précédents relatifs au gain restent valables. Par contre pour ce qui est de la
phase, on a :
- Aux basses fréquences, aucun changement : i = 0.
- En hautes fréquences, i = -ni./2. La phase change de signe.
m 1
On se limitera au cas où nk n 1 , mk k m 0 avec la pulsation de
0 0
coupure ou pulsation propre du système :
1
j j
C k 1 2mk k ( j ) ( j )
2
k
2 1
1 2m( ) ( ) 2
0 0
on met C k sous la forme :
1 1 j
C avec D 1 2m X X 2 où X
1 2m X X 2
D 0
On peut remarquer qu’en passant à la notation complexe C k est donné par l’équation
différentielle liant la réponse s(t) à l’excitation e(t) d’un système du second ordre. On a vu
lors de l’étude de la réponse temporelle que la réponse du second ordre dépend des racines du
l’équation caractéristique donc du facteur d’amortissement m et de 0 la pulsation propre. Ceci
revient ici à déterminer les racines du dénominateur D . On va donc distinguer différents cas
suivant les valeurs du discriminant du dénominateur.
4m 2 4 4 m 2 1 et 2 m2 1
93
Cas d’un fort amortissement (m > 1) : Régime apériodique
Dans ce cas H ( j ) possède deux racines réelles qui sont des pôles réels négatifs :
X 1 m m 2 1
X 2 m m 1
2
soit
D X X 1 X X 2 j m m 2 1 j m m 2 1
0 0
m m 2 1 m m 2 1 1 j
1 j
0 m m 2 1
0 m m 2 1
j j
1 1
1 2
avec
m m 2 1
1 0
2 0 m m 1
2
On peut alors écrire la fonction de transfert harmonique sous la forme :
1
H ( j )
j j
1 1
1 2
ce qui correspond à deux systèmes du premier ordre en cascade avec les deux pulsations de
coupure : 1 et 2 . Puisque 02 1 . 2 , la pulsation 0 se trouve au milieu des deux autres
sur une échelle logarithmique car :
log1 log 2
log02 log12 donc : 2 log0 log1 log 2 log0 .
2
Pour le déphasage on a :
Arctg Arctg
1 2
Les tracés asymptotiques se construisent en ajoutant les tracés des deux fonctions
construits séparément. Nous remarquons que : 02 1 . 2 et que, pour 0 , le déphasage
est de −/2. La pulsation de coupure notée C est toujours inférieure à 2 . 1 et 2 , étant
deux pulsations de cassures. On obtient donc pour la courbe de module (figure V.25).
94
L’asymptote horizontale n’est autre que l’axe des abscisses pour 0 ( 1 ) .
L’asymptote 20 log( ) de pente -20.dB/décade pour et 1 2 .
1
L’asymptote 20 log( ) 20 log( ) de pente -40.dB/décade pour 2
1 2
Les asymptotes se coupent en 1 puis en 2 .
A0
Figure V.25 ; Diagrammes de Bode pour m > 1. Ici H ( j ) .A0 ≠ 1.
j j
1 1
1 2
Cas du régime critique (m = 1) :
Dans ce cas H ( j ) possède un pôle réel double ce qui veut dire qu’il n’existe qu’une
pulsation qui est également la pulsation de coupure. En effet dans ce cas :
1 1
H ( j ) et H ( j
j
2
2
1 1
02
0
Donc
1 1
H ( j 0 ) et G dB 20 log 6 dB
dB 2 2
95
A0
Figure V.26 ; Diagrammes de Bode pour m = 1. Ici H ( j ) 2
.A0 ≠ 1.
j
1
0
Dans ce cas possède H ( j ) deux pôles complexes conjuguées dont les parties réelles sont
négatives (m 0) :
2 j 1 m 2 et P1 0 m j 1 m 2 et P2 0 m j 1 m 2 .
Il n’est plus possible de factoriser le dénominateur et une étude directe est nécessaire.
Courbes de modules :
0 0
Posons y D 2 et cherchons les variations de y en fonction de x :
0
dy
dx
2 1 x 2 2.x 8m 2 x 4 x 1 2m 2 x 2
96
La dérivée s’annule pour x 0 (soit 0 ) et pour x 1 2m 2 . La racine x 0 ne
2
présente pas d’intérêt et la racine x 1 2m 2 n’est réelle que si m . Ce qui conduit
2
donc à distinguer les cas suivants :
2
m : la dérivée s’annule et la courbe présente un extrémum conformément au
2
tableau de variations suivant :
2
Figure V.27 : Diagramme de Bode pour m
2
97
1 2
4
On peut remarquer que pour m , 10 log H ( j ) 1 et
2 0 0
20 log H ( j ) 0 pour = 0. La courbe coupe l’axe des pulsations pour = 0. La réponse
présente un maximum (une surtension) : la dérivée par rapport à la pulsation du module de
2
H ( j ) s’annule pour R 0 1 2m 2 . La résonance n’existe donc que si m . R est
2
la pulsation de résonance. A cette pulsation, le module de H ( j ) est maximum et vaut :
1
H ( j R ) H ( j ) (dB)
db
2m 1 m 2
Max
Le facteur (coefficient) de surtension est défini par le rapport entre le maximum atteint par la
courbe réelle et la valeur de l’asymptote, c’est-à-dire le gain statique A0 ici A0 = 1) :
H ( j R ) 1
dB
1
H ( j.0)
dB
2m 1 m 2
2
m 1 : La courbe ne présente pas de maximum et reste au-dessous de l’axe des
2
abscisses. L’ensemble des courbes GdB ( ) 20 log H ( j ) , tracées pour différentes
valeurs de m sont données sur la figure V.28. On peut noter les valeurs remarquables
suivantes :
Pour 0 , GdB ( ) 20 log 2m soit
2
- 3dB pour m . La courbe est dite maximalement plate et la pulsation de coupure à
2
- 3dB est égale à la pulsation propre 0 du système,
- 6dB pour m 1.
98
2
Figure V.28 : Diagramme de modules pour m 1.
2
De façon générale on a :
GdB ( ) 40 log dB . On a donc une asymptote de pente - 40dB/décade qui coupe l’axe
0
des abscisses au point ( 0 ,0dB) .
Courbes de déphasages :
2m
0
Le déphasage Arctg 2
1
0
99
L’ensemble des courbes de déphasage, tracées pour différentes valeurs de m, est donné à la
figure V.29.
1
Pour = 0, H ( j ) et Artg H ( j )
2
2 jm
0
2
Figure V.29 : Diagramme de déphasages pour m 1.
2
De manière générale, un filtre linéaire est un quadripôle dont le signal de sortie dépend
de la fréquence du signal d’entrée. C’est un dispositif destiné à arrêter certaines
composantes du signal appliqué à son entrée.
Par définition on appelle ordre du filtre l’ordre de l’équation différentielle à laquelle
obéit la tension de sortie s(t). Dans tout ce qui suit, on se limitera aux filtres linéaires
d’ordre inférieur ou égale à deux.
la stabilité d’un filtre……
Les bandes de fréquences à l’intérieur desquelles se répartissent les spectres utiles des
signaux à transmettre constituent la bande passante du filtre. Les fréquences situées
hors de la bande passante forment la bande coupée. Il existe quatre principaux types de
filtre suivant la place de la bande passante. On a le filtre :
- passe-bas: la bande passante est du type 0, ;
100
- passe-haut: la bande passante est du type , ;
- passe-bande: la bande passante est du type 1 , 2 ;
- coupe-bande ou réjecteur de bande: la bande passante est du type
0, 1 2 , .
Les courbes idéales de la figure V.30 présente les bandes passantes des quatre de filtres
principaux. Les deux premiers, le filtre passe-bas et le filtre passe-haut, ont tous deux une
bande passante et une bande atténuée. La fréquence qui sépare les deux bandes est appelée la
fréquence de coupure. Le nom de ces filtres vient de la région dans laquelle les fréquences
passent de l’entrée à la sortie : pour un passe-bas, ce sont les fréquences plus faibles que la
fréquence de coupure qui passent, tandis que pour le passe-haut, ce sont les fréquences plus
élevées qui passent. Les termes bas et haut sont relatifs ici ; ils ne font référence qu’à la
fréquence de coupure.
Les deux autres types de filtres ont deux fréquences de coupure. Le filtre passe-bande permet
de passer seulement les fréquences entre les deux fréquences de coupure ; le filtre à rejet (ou
filtre coupe-bande) laisse passer tout sauf ce qui est entre les deux fréquences de coupure.
Pour les filtres passe haut et passe bas on définit la fréquence (ou pulsation) de
coupure fC comme étant la fréquence pour laquelle GdB ( ) GMax ( ) 3 dB . Elle
s’obtient directement grâce au diagramme de Bode de H ( j .
dB
101
II-3 Détermination de l’ordre d’un filtre par l’analyse de son diagramme de Bode
de H ( j ) .
dB
L’ordre du filtre dépend de la pente du diagramme de Bode du gain.
Pour les filtres passe haut et passe bas :
- une pente de ±20dB/décade est équivalent à un filtre d’ordre 1,
- une pente de ±40dB/décade est équivalent à une filtre d’ordre2,
- une pente de ±60dB/décade est équivalent à un filtre d’ordre 3. …
Pour les filtres passe bande et réjecteur de bande :
- si la somme des pentes en valeur absolue est égale à 20dB/décade, c’est
équivalent à un filtre d’ordre 1,
- si la somme des pentes en valeur absolue est égale à 40dB/décade, c’est
équivalent à un filtre d’ordre 2,
- si la somme des pentes en valeur absolue est égale à 60dB/décade, c’est
équivalent à un filtre d’ordre 3. …
102
Tableau 3. Forme canonique de H ( j ) des filtres du 1er et 2nd ordre
103
BIBLIOGRAPHIE
104