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Chapitre IV Tassement et consolidation

Chapitre IV
Tassement et Consolidation

1. Généralités
Un tassement est la variation de la hauteur (déformation verticale) d’une couche
de sol sous l’effet d’un chargement de sol ou d’un surplus de contraintes. Tandis que la
consolidation représente l’évolution du tassement dans le temps. D’une manière
générale le calcul de tassement d’un sol soumis à un chargement vertical se fait en deux
étapes.
-La première étape consiste au calcul de l’état de contraintes dans le sol avant et après le
chargement. Dans ce cas, on fait recours à la théorie de l’élasticité.
-La deuxième étape consiste au calcul des déformations. Dans ce cas, on fait appel à la
méthode du chemin de contraintes (basée sur l’essai œdométrique) ou à la méthode
dérivée de la théorie de l’élasticité (basée sur l’essai pressiométrique).
On rencontre généralement deux types de tassements :
-Les tassements uniformes affectent peu la structure, mais posent des problèmes de
continuité entre le remblai avec l’ouvrage d'art et aux raccordements des canalisations
des bâtiments.
-Les tassements différentiels peuvent entraîner des désordres importants comme le
tassement entre deux appuis dans les structures hyperstatiques.
La consolidation est un phénomène de réduction progressive du volume en
fonction du temps d'une couche de sol saturé sous l'action d'une contrainte constante. Le
phénomène de compressibilité résulte de :
-La déformation des grains de sol et de la compression instantanée de l'air et de l'eau
contenus dans les vides (valeurs négligeables) ; c’est le tassement instantané ou
immédiat noté : Si ;
-L'expulsion de l'eau contenue dans les vides ; dépendant fortement du temps et de la
perméabilité des sols. C’est la consolidation primaire notée : Sp ;
-La compression du squelette solide par réarrangement des particules, elle est moins
importante et se produit à très long terme, c’est la consolidation secondaire notée : Ss.
Donc le tassement total (St) est composé du tassement immédiat + tassement de
consolidation primaire +tassement de consolidation secondaire. St = Si+ Sp+ Ss.

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Figure 40 : Tassements total en fonction du temps.

2. Contraintes dans le sol


2.1.Contraintes totales
Les contraintes se répartissent dans un sol multiphasique (grains solides, eau, air)
selon deux manières :
-Si on prend le sol dans sa globalité sans distinction entre les phases solide et liquide ;
c’est un milieu continu. Les contraintes exercées en un point sur une facette donnée sont
des contraintes totales.
-Si les deux phases sont prises séparément ; le sol est régit par des lois de comportement
différentes et les contraintes sont reparties entre le solide et l'eau.
Le squelette solide est responsable des déformations et de la résistance au cisaillement ;
L’eau : Il est incompressible avec aucune résistance au cisaillement.

2.2. Contrainte effective


Les contraintes se répartissent dans le sol suivant le postulat de Terzaghi :
- Les contraintes transmises dans le squelette des grains solides du sol sont des
contraintes effectives (contrainte normale et contrainte de cisaillement, responsable des
tassements et de la résistance au cisaillement), notées σ', τ'.
- Les seules contraintes pouvant exister dans l'eau sont des pressions interstitielles
(contrainte normale, sans cisaillement), notées u.
Contrainte normale totale =contrainte effective+ pression de l'eau.
σ' = σ- u τ' = τ
Dans un sol sec → σ'= σ
Les matrices de contraintes sont :
Contraintes sur les grains solides Pressions interstitielles
σ′𝑥 τ′𝑥𝑦 τ′𝑥𝑧 𝑢 0 0
(Σ′)s =[τ′𝑥𝑦 σ′𝑦 τ′𝑦𝑧 ] (Σ′)w =[0 𝑢 0]
τ′𝑥𝑧 τ′𝑦𝑧 σ′𝑧 0 0 𝑢

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2.3. Contrainte réelle et principe de superposition


Dans le domaine élastique linéaire, l'effet produit par l'action simultanée de
plusieurs forces est égal à la somme de ceux produits par chacune des forces agissant
séparément ; c’est le principe de superposition σz = σv0 + Δσz.
La contrainte à la profondeur z est égale à la contrainte due au poids des terres plus les
contraintes dues aux surcharges. Le sol est considéré comme un milieu semi-infini
élastique.

2.4. Contrainte naturelle


La contrainte géostatique σv0 dans le sol avant tout chargement supplémentaire est
égale au poids des terres.

2.4.1. Sol homogène à surface horizontale


La composante verticale de la contrainte due au poids propre du sol indéfini est :
σz = γ.z où z désigne la profondeur.
Pour un sol multicouche à surface horizontale :
σz=Σγi.hi (hi : épaisseur de la couche i).
Pour une nappe phréatique à la profondeur H (H < z) :
σz = Η.γh+(z-H).γsat et σ’z = Η.γh+(z-H).γ’

2.4.2. Sol homogène à surface inclinée


Après application des équations d'équilibre (y = z ⋅cosβ)
σy = γ.ycosβ = γz ⋅ cos2β
τxy = γ.ysin β = γ.zsinβcos β

2.4.3. Sol inondé à surface horizontale


La contrainte totale dans un sol inondé = Contrainte effective + Pression
interstitielle.
σ′y=σy-uγ′⋅y= [γw⋅hw+γsat.y]-γw(hw+y)
σ′z est indépendant de hw

Figure 41 : Sol homogène à surface inclinée. Fig. 42 : Sol inondé à surface horizontale.

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2.5. Contrainte due aux surcharges : Δσz


Le surplus de charge peut engendrer un déséquilibre du sol. L’effet d’une
surcharge uniformément répartie se traduit par l’augmentation de la contrainte :
Δσ = q quelle que soit la profondeur z.

2.5.1. Effet d’une surcharge ponctuelle Q


Pour le calcul du changement de la contrainte verticale (Δσz) due à une surcharge
ponctuelle indépendamment du milieu, on utilise la formule de Boussinesq (1885).
Cette formule interprète l’augmentation de contrainte en fonction de la profondeur :
3Q z3
∆σz = .
2π (𝑟 2 + 𝑧 2 )5⁄2

Figure 43 : rôle d’une charge ponctuelle.

2.5.2. Effet d’une surcharge circulaire uniforme q


La surcharge q est appliquée à un disque de rayon r. L’augmentation de contrainte
en un point M à la verticale sous le centre de la surcharge et à une profondeur z est :
𝑧3
∆𝜎𝑧 = 𝑞 (1 − 𝑅3 ), où R2= r2+ z2.

2.5.3. Effet d’une surcharge rectangulaire uniforme q


L’augmentation de contrainte en un point M à la verticale sous un coin et à une
profondeur z est : Δσz = I.q.
On utilise l’abaque de Steinbrenner (Fig. 44) pour tirer I = f(L/z,b/z). Pour un point non
placé à la verticale d’un coin, il suffit pour se ramener à ce cas de sommer
algébriquement les résultats obtenus pour les quatre rectangles ayant un sommet
commun.

2.5.4. Effet d’un demi-remblai semi-infini


L’augmentation de contrainte (du à une charge trapézoïdale -demi-remblai- de
longueur infinie) en un point M à la verticale sous un remblai de hauteur H et à une
profondeur z est : Δσz = I.γ.Η.

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Avec I : est un coefficient multiplicateur fourni par l’abaque d'Österberg (Fig. 45).
Pour une charge triangulaire (talus) on utilise l’abaque de Fadum.

Figure 44 : Abaque de Steinbrenner (calcul sous un angle de l'aire chargée).

Figure 45 : Abaque d'Österberg d’une charge trapézoïdale de longueur infinie.

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3. Notions de déformation
Sous l’application de charges, le sol comme tout solide se déforme. Pour
déterminer les déformations qui ont lieu dans toutes les directions autour d’un point M
du sol, il suffit de connaître les valeurs des déformations dans les directions Ox, Oy et
Oz autour de ce point. On définit ainsi le tenseur de déformations comme :
𝜀𝑥 𝜀𝑦𝑥 𝜀𝑧𝑥
𝜀 = [ 𝑥𝑦 𝜀𝑦 𝜀𝑧𝑦 ]
𝜀
𝜀𝑥𝑧 𝜀𝑦𝑧 𝜀𝑧
Les déformations 𝜀𝑥 , 𝜀𝑦 , 𝜀𝑧 sont reliées aux déplacements u, v, w par les relations :
𝜕𝑢 𝜕 𝜕
- Elongations : 𝜀𝑥 = ⁄𝜕 ; 𝜀𝑦 = 𝑣⁄𝜕 ; 𝜀𝑧 = 𝑤⁄𝜕 ;
𝑥 𝑦 𝑧

𝜕𝑢 𝜕
- Distorsions : 𝛾𝑥𝑦 = 2𝜀𝑥𝑦 = ⁄𝜕 + 𝑣⁄𝜕
𝑦 𝑥
𝜕𝑢 𝜕𝑤
𝛾𝑥𝑧 = 2𝜀𝑥𝑧 = ⁄𝜕 + ⁄𝜕
𝑧 𝑥
𝜕𝑢 𝜕𝑤
𝛾𝑦𝑧 = 2𝜀𝑦𝑧 = ⁄𝜕 + ⁄𝜕
𝑧 𝑦
𝜀𝑖𝑗 Sont les déformations de cisaillement.

La variation de volume du petit élément autour du point M est : ∆ 𝑉⁄𝑉= εx + εy + εz.


Il existe aussi trois directions principales pour lesquelles les déformations angulaires
sont nulles (𝜀𝑖𝑗 =0). Ces directions sont appelées directions principales de déformation,
et les déformations principales sont notées : 𝜀1 , 𝜀2 𝑒𝑡 𝜀3 .

4. Relations contraintes - déformations


Les relations entre les contraintes et les déformations sont appelées « lois de
comportement» puisqu’elles permettent de caractériser la réponse d’un matériau sous
l’effet d’un chargement.
Dans le domaine de déformations élastiques dans un solide isotrope, les relations entre
les contraintes et les déformations sont exprimées par la loi Hooke :
1
𝜀𝑥 = [𝜎 − 𝜈(𝜎𝑦 + 𝜎𝑧 )]
𝐸 𝑥
1
𝜀𝑦 = [𝜎𝑦 − 𝜈(𝜎𝑥 + 𝜎𝑧 )]
𝐸
1
𝜀𝑧 = [𝜎𝑧 − 𝜈(𝜎𝑥 + 𝜎𝑦 )]
𝐸
1
𝛾𝑥𝑧 = . 𝜏𝑥𝑧
𝐺
1
𝛾𝑦𝑧 = . 𝜏𝑦𝑧
𝐺
1
𝛾𝑥𝑦 = . 𝜏𝑥𝑦
𝐺

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E : module de Young (élasticité longitudinal) ;


ν : coefficient de Poisson ;
G : module de cisaillement transversal. G = E/[2(1+ν)] ;
E et ν peuvent être déterminés à partir des résultats d’essais en laboratoire ou in-situ.

5. Compressibilité des sols

5.1. Tassements et consolidation des sols


Sous l’effet d’un chargement donné (fondation, remblai, etc.) le sol se déforme.
Les déformations et par conséquent les déplacements, suivent la même direction
(verticale) des charges. Ils sont appelés tassements.
Pour un sol, les tassements résultent essentiellement de sa compressibilité qui est due à :
- La compression (diminution de volume) du squelette solide ;
- L’évacuation de l’eau contenue dans les vides ;
- Et à la compression de l’eau et de l’air contenus dans les vides.
Dans le cas des sols grenus ayant un coefficient de perméabilité élevé (sable et gravier,
saturés ou non) ; le tassement est immédiat Δhi.
Pour les sols fins saturés à faible coefficient de perméabilité, sous l’action d’une
charge ; l’eau libre ne peut s’évacuer immédiatement et supporte toutes les contraintes
appliquées (surpressions interstitielles Δu=Δs) pendant la phase de construction d’un
ouvrage ; on aura alors le tassement immédiat Δhi.
La transmission des contraintes au squelette solide se fait progressivement au cours du
drainage de l’eau et les surpressions interstitielles diminuent (à long terme). Cet
écoulement s’arrête lorsque Δu s’annule ; on obtient alors le tassement final de
consolidation primaire Δhc.

5.2. Relations entre le tassement, l’indice des vides et la contrainte effective


Pour une couche de sol de hauteur « h » et d’indice des vides initial « e0 »,
soumise à un chargement donné, à un instant « t », on a :
∆ℎ 𝑒0 − 𝑒 ∆𝑒
= =
ℎ 1 + 𝑒0 1 + 𝑒0
«Δh» et « e » sont le tassement et l’indice des vides à l’instant « t ».
Pour déterminer la relation entre l’indice des vides et la contrainte «σ» (due à l’action
des charges), on doit réaliser un essai œdométrique qui permet d’étudier la
consolidation des sols (amplitudes et durée des tassements pour une charge donnée).

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5.2. Principe de l’essai œdométrique


L’essai œdométrique consiste à placer un échantillon de sol saturé (intact ou
remanié) dans un moule cylindrique indéformable (module œdométrique) entre deux
pierres poreuses (permettent à l’eau d’être expulsée) et de le charger verticalement
(charge constante q) jusqu’à dissipation des surpressions interstitielles, tout en mesurant
les tassements. Le principe de l’essai consiste à mesurer la variation de hauteur de
l’éprouvette de sol pendant l’application de la charge. En appliquant un chargement
discontinu par paliers et en déterminant la contrainte effective σ’ et l’indice des vides
«e» pour chaque palier de chargement, on peut tracer la courbe : e= f (logσ’) appelée
courbe œdométrique.

Figure 46 : Description de l’appareil œdométrique.

5.3. Procédure de l'essai œdométrique


Une première contrainte (verticale uniforme) est appliquée sur l'échantillon
pendant 24 heures (un essai à une charge donnée), puis augmentée progressivement
toujours par paliers de 24 heures. Les points obtenus donnent la branche supérieure de
la courbe (e - σ ’) (courbe A, B, C). Au-delà d’une certaine contrainte, les contraintes
appliquées à l’échantillon sont diminuées par paliers de 24 heures, permettant de
représenter la branche inférieure de la courbe (e - σ ’), (courbe C, D). La mesure du
tassement continue au cours du temps.

Tableau 12 : Paramètres contrôlant l’essai œdométrique.


Temps Pression interstitielle Contrainte effective Contrainte totale Tassement
t=0 u=σ σ' = 0 σ 0
fin de l'essai 1 u=0 σ' = σ σ Δh1

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L'essai œdométrique fournit deux types de courbes :


-Une courbe de consolidation (Fig. 47, droite) interprétant le tassement de l'échantillon
en fonction du temps pour une contrainte constante.
-Si l’essai est répété pour plusieurs contraintes croissantes sur le même échantillon on
peut obtenir une courbe de compressibilité (Fig. 47, gauche) interprétant le tassement en
fonction de la contrainte appliquée.

Figure 47 : interprétation de l’essai œdométrique (courbe de consolidation Δh=f(logt) et


courbe de compressibilité e=f(logσ’)).

5.4. Paramètres obtenus à partir de l’essai œdométrique


5.4.1. Contrainte de consolidation
La contrainte de consolidation σ’c correspond au changement de pente sur la
branche supérieure de la courbe de compressibilité (Fig. 47, droite). Les sols dits sous-
consolidés sont ceux pour lesquels la contrainte effective verticale est supérieure à σ’c
(vases récentes). Les sols dits sur-consolidés sont ceux pour lesquels la contrainte
effective verticale est inférieure à σ’c (sols anciens érodés). Les sols normalement
consolidés subissent une contrainte effective verticale de l’ordre de σ’c.

La pression de pré-consolidation : σp’ est la plus grande contrainte qu’a supporté le sol
durant son histoire géologique.

5.4.2. Coefficient de compression


Δ𝑒
Le coefficient ou l’indice de compression Cc = est representé par la
Δ 𝑙𝑜𝑔σ’

branche BC de la pente de la courbe vierge de compressibilité, (Fig. 47, droite). Ce


coefficient permet de calculer le tassement total à long terme sous un état de charge
donné en considérant que pour des contraintes supérieures à la contrainte de
consolidation, la variation (e, log σ’) est linéaire.
Relation empirique : Cc = 0,009⋅(WL −10).

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Figure 48 : Etats et valeurs de Cc de quelques types de sols.

5.4.3. Indice de gonflement


L’indice de gonflement (pente de la droite CD) est la pente d'un cycle de
∆𝑒
déchargement-rechargement. 𝐶𝑠 = ∆𝑙𝑜𝑔𝜎́ ²

5.4.4. Coefficient de compressibilité


Δ𝑒
Le coefficient de compressibilité av= Δσ’ (sur la branche BC de la figure 47). Il est

peu utilisé car la relation (e, σ’) n’est pas linéaire.

5.4.5. Module œdométrique


Le module œdométrique relie les déformations aux contraintes. Il est non constant
et dépend de l'état de contrainte initiale considérée σ' et de l'intervalle de contrainte Δσ'.
Δσ’ Δσ’ 1+𝑒 ∆𝜎́
Eoed=Δh = (1 + 𝑒0 ) Δ𝑒 = . (en kPa).
⁄ℎ 𝑐𝑐 𝑙𝑜𝑔(1+∆𝜎́⁄𝜎́)
0

5.4.5 Coefficient de consolidation


Le coefficient de consolidation « cv » permet de calculer l’évolution du tassement
au cours du temps. Pour cela on définit le degré de consolidation « U », puis on calcule
𝑘.(1+𝑒)
le facteur temps « Tv ».cv= (en m2/s)
𝑎𝑣 𝛾𝑤

5.4.6. Degré de consolidation


Le degré de consolidation à l’instant t est le pourcentage de dissipation des
pressions interstitielles : U=1Δu/ui
Où ui est la pression interstitielle initiale, t = 0, U = 0 et en fin de consolidation, U = 1.

5.4.7. Le rapport de sur-consolidation


Le rapport de sur-consolidation (Roc) nous permet de connaître l’état de
𝜎́𝑝
consolidation du sol. Il est défini par : 𝑅𝑜𝑐 = 𝜎́0

σ0’ : Contrainte effective verticale du sol en place.


Si le rapport Roc = 1, le sol est normalement consolidé, c.à.d. qu’il n’a jamais été le site
d’une érosion ou à supporter des surcharges qui en suite ont disparue ;

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Si Roc > 1, le sol est sur-consolidé. Dans ce cas les tassements seront très faibles tant
que la contrainte effective finale est inférieure à la pression de pré-consolidation ;
Si Roc < 1, le sol est sous-consolidé. C’est le cas des sols en cours de formation (vases).

5.5. Evolution du tassement au cours du temps

5.5.1. Tassement final de consolidation primaire


Pour une couche de sol de hauteur « h », d’indice de compression « Cc », d’indice
de gonflement «Cs » et de pression de pré-consolidation « σp’ », si la contrainte
verticale initiale due aux poids propres du sol est « σ0’ », (calculée au centre de la
couche) et si le chargement provoque un supplément de contrainte Δσ, les tassements se
calculent comme suit :
𝐶 𝜎́0 +∆𝜎
Si Roc ≤ 1 :Δhc=1+𝑒𝑐 ℎ. 𝑙𝑜𝑔 ( )
0 𝜎́0

Si Roc > 1 : Deux cas peuvent se présenter :


- Si σ0’ +Δσ<σp’alors :
𝑪 𝝈́ 𝟎 +∆𝝈
Δhc=𝟏+𝒆𝒄 𝒉. 𝒍𝒐𝒈 ( )
𝟎 𝝈́ 𝒑

- Si σ0’ +Δσ>σp’alors :
𝑪 𝝈́ 𝟎 +∆𝝈 𝐶 𝜎́𝑝
Δhc=𝟏+𝒆𝒄 𝒉. 𝒍𝒐𝒈 ( ) + 1+𝑒𝑠 ℎ. 𝑙𝑜𝑔 ( 𝜎́ )
𝟎 𝝈́ 𝒑 0 0

- Si le sol est composé de plusieurs couches compressibles, le tassement total sera la


somme des tassements élémentaires de chaque couche.
- Si la hauteur de la couche est supérieure à 3m, la couche doit être subdivisée en sous-
couches.

5.5.2. Tassement à un instant « t »


Le tassement à un temps donné Δhc(t) est calculé en fonction du tassement final
Δhc, en utilisant la formule suivante : Δhc(t)= U.Δhc
U : étant le degré de consolidation moyen défini à un instant « t » par la relation :
∆𝑈(𝑡)
U=1-∆𝑈(0)

Δu(t) : surpression interstitielle au temps t ;


Δu(o) : surpression interstitielle à l’instant initiale (Δσ).
Pour déterminer le degré de consolidation «U», il suffit de déterminer l’équation de
u(z,t).

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La théorie de consolidation unidimensionnelle de Terzagi, donne l’équation de


consolidation en fonction du coefficient de consolidation «Cv» (déterminé à partir de la
courbe du tassement en fonction du temps pour des paliers de chargement de l’essai
œdométrique).
On peut alors déterminer le degré de consolidation «U», pour un facteur temps «Tv» en
𝐶 .𝑡
fonction du temps, du coefficient «Cv» et des conditions de drainage : Tv= 𝐻́𝑣2

H’ : représente le chemin de drainage.


Pour une couche de hauteur h :
H’ = h/2 si la couche est doublement drainée ;
H’ = h si couche est simplement drainée.

Figure 49 : les valeurs de degré de consolidation U en fonction de facteur temps Tv.

6. Tassement des sols pulvérulents et des sols fins

6.1 Tassement des sols pulvérulents


Le tassement d’un sol grenu est quasi instantané avec l’application de la charge et
ne dépend pas de sa teneur en eau.
𝒆𝒎𝒂𝒙 −𝒆
D’où se remarque l’importance de l'indice de densité ID=𝒆 .
𝒎𝒂𝒙 −𝒆𝒎𝒊𝒏

Si la valeur de cet indice est faible cela implique que le sol est lâche (compressible) ;
Si la valeur de cet indice est élevée implique alors le sol est serré (très peu
compressible).
L’exposition d’un matériau granulaire à une compression unidimensionnelle en fonction
du temps permet de remarquer que :
La compression est atteinte rapidement ;
L'eau est rapidement évacuée ;

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La compressibilité est seulement due à la compression du squelette solide ;


Le tassement instantané se produit au moment de l'application des charges ;
Et qu’elle est identique sur sol sec, humide ou saturé.

6.2. Tassement des sols fins saturés


Un matériau fin soumis à une compression unidimensionnelle, la déformation
dépend principalement de la granulométrie, de l’indice des vides (e), de l’intensité de la
contrainte et de la rotation du système d'axes. Plus la granulométrie est fine, et plus l'eau
s'évacue moins vite. Lors de l’application d'une surcharge les efforts seront en partie
transmis à l'eau. Si l’eau est évacuée les efforts seront transmis aux grains solides.
Pour une contrainte σ’ donnée, inchangée pendant le palier considéré, on représente la
courbe de consolidation donnant le tassement en fonction du temps (Fig. 50).

Lors de l’application de la charge q à (t = 0), le volume ne varie pas et l’eau


interstitielle reprend toute la surpression (Δu=q, Δσ’=0), car la compressibilité de l’eau
est très largement inférieure à celle de l’assemblage des grains. Il y a ensuite drainage
(expulsion d’eau) ; la contrainte effective augmente (Δσ’>0) avec la diminution de la
pression interstitielle u. L’eau en s’évacuant permet aux grains de se rapprocher ; c’est
le tassement. Le drainage s’arrête lorsque u=0 (donc Δσ’=q). Cette phase de dissipation
des pressions interstitielles s’appelle la consolidation. Elle est d’autant plus lente que le
sol est imperméable. Lorsque u = 0, le sol est dit consolidé.
À temps (t) infini : Δh = Δhi + Δhc,
À un instant (t) : Δh(t)= Δhi + Δhc(t).

Figure 50 : Evolution du tassement et des contraintes en fonction de temps.

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7. Caractéristiques de la compressibilité

7.1. Pression de pré-consolidation


La pression de pré-consolidation σ'p est obtenue schématiquement à partir de la
courbe de compressibilité (Fig. 51). Cette dernière est caractérisée par :

- entre A et B.
Un faible tassement ;
Les contraintes auxquelles le sol a déjà été soumis à un moment ou à un autre de son
histoire géologique, le sol a été soumis à une pression ≤ σ'p (exemple : poids des terres).

- entre B et C
Une forte compressibilité ;
Le sol ne peut pas supporter plus que σ'p sans se déformer de façon importante ;
Le sol est soumis à des contraintes supérieures à toutes celles qu'il a déjà connues ;
Courbe vierge de compressibilité.

7.2. Classification des sols selon leur compressibilité


Après le prélèvement d'un échantillon de sol à une profondeur h et le calcul de la
contrainte effective (σ'v0) à laquelle il a était soumis. Par rapport à la pression de pré-
consolidation σ'p obtenue à partir d’un essai œdométrique on peut discuter l’état du sol :

7.2.1. Sol normalement consolidé


Si σ′v0≈ σ′p le sol est normalement consolidé (NC).
Lors de l’application d'une surcharge au sol, le tassement se fait suivant courbe vierge.
Ce sol a tassé uniquement sous son propre poids dans son histoire géologique.

7.2.2. Sol sur-consolidé


Si σ′v0 < σ′p le sol est sur-consolidé (SC).
À un moment antérieur de son histoire ce sol a été soumis à une contrainte supérieure au
poids des terres actuel, (érosion, excavation, changement de niveau de la nappe
phréatique, etc.).

7.2.3. Sol sous-consolidé


La consolidation primaire n’est pas terminée et le sol n'a pas encore été soumis à
une contrainte aussi élevée que σ'v0 (poids des terres actuel), (remblai récent, mal
compacté, etc.).

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Figure 51 : différents états de consolidation d’un sol.

7.3. Intérêt de la classification


La Classification des sols selon leur compressibilité à un grand intérêt dans les
travaux d’ingénierie comme le génie civil :
-La construction d’une fondation sur un sol sur-consolidé (σ′v0+ Δσ′ < σ′p) n’entraine
que des faibles tassements, voire négligeables ;
-La construction d’une fondation sur un sol normalement consolidé implique que toute
surcharge entraîne un tassement, dépendant de cc ;
La construction d’une fondation sur un sol sous-consolidé :C’est un sol inconstructible
sans traitement particulier. Il se déforme même sans surcharge.

8. Calcul du tassement

8.1. Tassement calculé par la méthode du chemin de contrainte

Considérons une couche d’épaisseur H. La contrainte initiale au centre de la


couche à une profondeur z est : σ’o= γ’.z, d’où eo. Si cette couche est soumise à une
surcharge uniforme q, après consolidation la contrainte devient σ’1 =σ’o + q, d’où est
déduit e1 (Fig. 52).
∆𝐻 ∆𝑒 𝑒1 −𝑒0
Le tassement ΔH est tel que 𝐻 = 1+𝑒 =
0 1+𝑒0

Pour calculer le tassement à un instant donné « t », il suffit d’utiliser la relation :


∆𝐻𝑡
̅.
=𝑈
∆𝐻𝑓

D’où ΔHf est le tassement final calculé comme ci-dessus et ΔHt le tassement à l’instant
« t ».
̅est obtenu à l’aide du la figure 49, connaissant Tv= 𝐶𝑣2 𝑡
𝑈 𝐻

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Figure 52 : Calcul du tassement à partir d’un essai œdométrique.

8.2. Calcul du tassement par la théorie de l’élasticité

8.2.1 - Sous une fondation circulaire et rigide


Sous une fondation circulaire de diamètre « B » et appliquant au sol une surcharge
uniforme « q », le tassement total « s »peut être évalué par :
π 1−𝑣 2 π 1−𝑣
s =4 𝑞. 𝐵 = 𝑞. 𝐵
𝐸 8 𝐺

Le sol est supposé élastique. Le module de Young est relié au module œdométrique
(1 + 𝑣 )(1 − 2𝑣 )
par : E=Eoed 1−𝑣

Pour calculer le tassement initial, le sol est considéré non drainé et incompressible (ν=
0,5).
Pour calculer le tassement final, le sol est considéré avec ses caractéristiques effectives
(en général ν = 0,3 ; le module G gardant la même valeur qu’en situation non drainée).
D’où : tassement de consolidation = tassement final − tassement initial.
Ce type de calcul donne généralement des tassements supérieurs aux tassements réels.

8.2.2 - A partir de l’essai pressiométrique


A partir de l’essai pressiométrique, peut être déterminé le module pressiométrique
«EM»..Dans le cas d’un sol homogène, le tassement final « sf » se calcule en le
décomposant en un tassement sphérique « sc »et un tassement déviatorique « sd ».
α 2 𝐵 𝛼
sf = sc + sd, avec : sc = 9𝐸 (𝑞́ − 𝜎́ 𝑣0 )𝜆𝑐 𝐵0etsd = 9.𝐸 (𝑞́ − 𝜎́ 𝑉0 ) (𝜆𝑑 𝐵 ) 𝐵0
𝑀 𝑀 0

EM : module pressiométrique ;
q’ : contrainte effective moyenne appliquée au sol par la fondation ;
σ’Vo : contrainte verticale effective calculée avant travaux au niveau de la fondation ;
B0 : largeur de référence égale à 0,60 m ;
α : coefficient rhéologique dépendant de la nature du sol (tableau 13) ;
λcet λd : coefficients de forme, fonction du rapport L /B (tableau 14).

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Chapitre IV Tassement et consolidation

Tableau 13 : valeurs du coefficient α..


Type de matériau Surconsolidé Normalement consolidé Altéré et remanié
Argile E/Pl > 16 9 - 16 7–9
α 1 2/3 1/2
Limon E/Pl > 14 8 – 14
α 2/3 1/2 1/2
Sable E/Pl > 12 7 – 12
α 1/2 1/3 1/3
Sable et E/Pl > 10 6 – 10
gravier
α 1/3 1/4 1/4

Tableau 14 : valeurs des coefficients intervenant dans le calcul du tassement.


L/B largeur /longueur de la fondation cercle carré 2 3 5 20
λc 1,00 1,10 1,20 1,30 1,40 1,50
λd 1,00 1,12 1,53 1,78 2,14 2,65

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