Année universitaire 2021/2022

Cours Mécanique des sols 2 3éme Année Licence Génie Civil Mme L. Bouabdallah

CHAPITRE 2
CONTRAINTES DANS LE SOL
Principe de la contrainte effective -Postulat de Terzaghi

2--1 Notions de contraintes

2.1.1 Rappel
La contrainte est la résultante de toutes les forces (surfaciques ou
volumiques) sur une section unitaire.

Figure 2.1 : Types de forces

Soit un sol sur lequel s’exercent des forces, en le coupant par un
L’élément de surface « δs », autour du point «M » sur la
plan fictif (P).
surface « S », est soumis à une force δ F.
La contrainte au point « M »est le vecteur

Cette contrainte se décompose en :

-Une contrainte normale σ perpendiculaire au plan de coupe et
-Une contrainte tangentielle τ parallèle au plan de coupe.
f =  .n +  .t
Figure 2.2 : Les composantes de contrainte en un point
L’intensité d’une contrainte ou de ses composantes est en Pascal.
L’unité la plus commode en géotechnique est le kPa(KN/m2) ou le MPa.

2.1.2 Notion de contrainte dans les sols

Le sol est composé en général de trois phases (solide, liquide, gazeuse). Dans l’étude de problèmes
géotechniques on considère souvent certaines parties du sol comme étant saturée, la composition du
sol se réduit alors à deux phases (solide et liquide, voire uniquement la phase solide si le sol est sec).

Figure2.3 : Force intergranulaires et force de pression d’eau s’exerçant sur une facette
horizontale (à gauche), et à droite la représentation de l’état de contrainte

Dans le sol saturé (mélange de 2 phases), est assimilé à un milieu continu. La facette élémentaire est une
coupure fictive à travers les grains et les vides pleins d’eau. La notion de contrainte correspond à la valeur
moyenne des forces intergranulaires(Fi), et des forces de pression d’eau (Fu) appliquées par unité de surface.

Convention de signe :
Etant donné que la cause principale de sollicitation dans les sols est la gravité terrestre, créant des
efforts verticaux dirigés vers le bas, et que les contraintes de traction sont en générales rares voire
absentes.
En géotechnique, on considère positive les contraintes de compression et négative celles de traction.
σ>0 ;(+) ↔ compression ; σ< 0 ;(-)↔ traction

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2-2 Calcule des contraintes au sein d'un massif de sol :

Le sol est un milieu poreux constitué d’un squelette solide dont les vides sont remplis par l’air et l’eau,
à l'état naturel est généralement au repos et en équilibre avec les effets de la pesanteur, l'équilibre
mécanique est alors assuré par le champ de contraintes initiales, encore appelé contraintes en place. Ce
milieu se déforme sous l’action des contraintes dues aux efforts extérieurs provenant de l’ouvrage.
2-2-1 Contraintes des sols pesants ou Contraintes dues au poids propre du sol
Et Principe de la contrainte effective :
- La contrainte totale
On suppose que le sol est plutôt un milieu continu soumis à son poids propre (Le poids du sol
augmente avec la profondeur).

La pression ou contrainte verticale totale pour un poids volumique

du sol γ (kN/m3) et à une profondeur z (m) est : σz = σv = γ .z
𝑭 𝛄.𝐕 𝛄.𝐒.𝐳
σv = 𝑺 = = donc σx = σh
𝑺 𝑺
σv = γ .z
σy = σh

la contrainte augmente avec la profondeur du sol. Figure 2-4 : Contrainte du sol pesant

Les contraintes totales dans un massif considèrent le sol de manière globale (sans distinguer la phase
solide et la phase liquide).

- Principe de la contrainte effective et Postulat de Terzaghi

Les différentes phases qui forment un sol saturé ou non, n’ont pas
les mêmes lois de comportement. L’étude de la phase liquide
relève de la mécanique des fluides ou de l’hydraulique, l’eau est
incompressible et ne présente aucune résistance au cisaillement.
C’est la phase solide (ou squelette granulaire), qui est responsable
des déformations du sol, et de sa résistance mécanique au cisaillement.
Figure 2.5 : Phases d’un sol
Terzaghi en 1923 a introduit la notion de la contrainte effective
qui est la pression réellement appliquée sur le squelette solide,
c’est la pression inter-granulaire.
Postulat de Terzaghi ou principe des contraintes effectives
qui considère le comportement mécanique du sol ne dépend
que des contraintes effectives et qui est très important en géotechnique. P= σ : Pression totale,
la contrainte effective est la seule variable de contrainte qui P’= σ’: Pression effective et
gouverne la réponse mécanique de la phase solide (ou autrement dit, U : Pression interstitielle
du squelette granulaire). Elle est définie à partir de la contrainte
Figure 2-6 : Contraintes dans le sol
totale, et de la pression d’eau interstitielle.

Loi de Terzaghi ou Postulat de Terzaghi où σ est la contrainte totale normale

τ la contrainte tangentielle.
σ = σ' + u ; τ = τ' σ' la contrainte effective normale
τ' la contrainte effective tangentielle.
d’où σ' = σ – u u est la pression interstitielle de l'eau.

τ = τ' puisque l’eau ne présente pas de résistance au cisaillement.

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Dans un sol non saturé ou sec, la phase liquide n'est négligé et les contraintes de capillarité est partout
nul
u =0 et σ = σ ', τ = τ '

- Distribution des contraintes dans le sol

Pour le calcul des contraintes dans les massifs de sol dues au poids propre des terres,
on distingue le cas de couches secs ou humides et couches saturées.
Pour un sol saturé. Le niveau de la nappe coïncide avec le sol.
σ = γsat.h ; γsat le poids volumique saturé
u = γw.h ; γwest le poids volumique de l’eau
σ' = σ – u = (γsat - γw).h = γ' h ; γ' est le poids volumique déjaugé
Figure2-7: massifs de sol
Pour un sol sec la contrainte effective est égale à la contrainte totale.
σ' = σ = γd h ; γd est le poids volumique sec
Pour un sol humide σ = γh h ; γh est le poids volumique humide

Pour les sols stratifiés (lités) ou plusieurs couches :

σ = Σ γi hi ;
Figure 2-8 : sol lités
U = γw Σ hi et σ' = σ – u

- Pour les terrains en pente :

Soit un sol indéfini dont la surface plane fait un angle  avec l’horizontale

Figure2-9 : Sol indéfini à surface inclinée

La contrainte qui s’exerce sur une facette parallèle à la surface.  z =  .z.cos


xz = − .z.sin 
Pour la facette verticale v=  h cos2,  = h.cossin ;

- Calcul de la contrainte effective horizontale

’h = k0 ’v ou k0 est le coefficient des terres au repos v M

Et h = k v = k0 ’v + u h
h

z
Figure 2.10 : contrainte verticale et horizontale
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Exemple de calcul des contraintes

1- Soit un sol indéfini à surface horizontale, submergé, l’eau «étant à la hauteur H au-
dessus du sol (fig.) A la profondeur Z, la contrainte verticale totale a pour valeur :
z = H.w + .Z

 = poids volumique total du sol

la pression interstitielle (de l’eau) : u=( H + z).w
w = poids volumique de l’eau
Donc la contrainte effective est : σ' = σ – u = H.w + .Z -( H + z).w =(  - w ).z = ’ .z
’ = poids volumique déjaugé
On peut tracer les Diagrammes des contraintes totales, effectives et pressions interstitielles de la sorte

Fig. 2-11. Diagrammes des contraintes totales, effectives et pressions interstitielles

2- Le niveau de la nappe d’eau est abaissée jusqu’à une

profondeur (h) au dessous du terrain naturel(Fig.)

A la base de la coupe de sol donnée sur la figure on a :

— la contrainte totale verticale a pour valeur : z =  h + .sat hw,
— la pression interstitielle a pour valeur : u = w hw,
— la contrainte effective verticale a pour valeur :

’Z = z – u =  h + .sat hw - w hw =  h + (.sat - w) hw=  h + ’ hw

Les diagrammes des contraintes sont :

Lorsque le niveau de la nappe baisse, h augmente et hw diminue, sachant que  > ’ , on constate que la
contrainte effective augmente. Ce phénomène peut générer des tassements du sol et créer des
perturbations sur les ouvrages.

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Exercice :
1/ On considère un terrain composé de deux couches de sol comme suit :
- 5m de sable caractérisé par un poids volumique 18,5kN/m³;
- 4m d’argile caractérisée par un poids volumique de 20kN/m³;
On envisage les différents cas suivants :
a) tout le terrain est saturé (la nappe aquifère est à la surface du sol). Tracer les diagrammes de
variation des contraintes verticales totales et effectives ainsi que la pression interstitielle en fonction de
la profondeur.
- Calculer la distribution de la contrainte horizontale effective et la contrainte horizontale totale.

b) La nappe aquifère est abaissée de 2m. Calculer la contrainte effective et que peut-on conclure.

NNP
Sable Sable
2m γsat =18,5KN/m3
5m γsat =18,5KN/m3 K0=0.5
K0=0.5
3m NNP

Argile Argile
4m γsat= 20Kn/m3 K0=1 4m γsat= 20Kn/m3
K0=1

Figure a Figure b

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2-2-2 Les contraintes dues aux charges extérieures

Les dépôts de sol sont normalement stables, à moins que des circonstances naturelles ou un
chargement artificiel ne contribuent à augmenter les contraintes effectives et qu’un tassement s’en
résulte. Quand on a un abaissement de la nappe la contrainte effective augmente, mais aussi divers
types de surcharges tel les charges d’une structure (maison, immeuble, pile de pont, route, zone de
stockage, ...) qui s’effectue sur le sol par l’intermédiaire des fondations (semelles filantes,
rectangulaires, plots, radiers, matelas, ...) induisent également des contraintes supplémentaires ().
La détermination de la répartition des contraintes est indispensable à la vérification de deux problèmes
majeurs rencontrés dans l’acte de construire sur des sols : la résistance mécanique (stabilité de la
fondation) et la déformation (tassement) des sols.

Principe de superposition
Hypothèse : le sol est assimilé à un milieu semi-infini élastique à surface horizontale.

Massif pesant et chargé Massif pesant Massif chargé

Figure 2.12 – Principe de superposition des contraintes

La contrainte z s’exerçant à la profondeur z sur une facette horizontale est égale à la somme de la
contrainte naturelle v , due au poids du sol sus-jacent, et de la contrainte due aux surcharges z :
z = V +z :

On va s’intéresser dans ce paragraphe à décrire la répartition des contraintes engendrées par une
surcharge () située à la surface libre du sol.

A) Cas d’une surcharge uniformément répartie sur toute la surface q

Dans ce cas et quelle que soit la profondeur z, on a :  =q
Si le sol est soumis à sa surface à un chargement uniforme d’intensité q h
sur une grande étendue, la contrainte z due à q, à la profondeur z, est
constante et égale à q, on a alors : z
z = V +  =  .h + q
Ce cas de chargement peut-être considéré, par exemple, pour des radiers, des remblais ou des zones de
stockage de très grandes dimensions.

B) Cas d’une surcharge ponctuelle Q (Charge concentrée verticale) Problème de Boussinesq

Pour déterminer les contraintes au sein d'un massif, on utilise les résultats obtenus par Boussinesq sur
la déformation élastique, d'un milieu semi-infini élastique non pesant sans aucune force de volume,
isotrope et homogène, limité à sa partie supérieur par un plan horizontal et soumis à une charge
extérieure concentrée et verticale.
Q

ρ
cosθ = z / ρ  z = (3 Q/ 2 π) z3 / ρ5 z
 z
r
M
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Cette formule peut s'écrire aussi pour ρ2 = r2 + z2 

posant {3 / 2 π (1 + (r/z)2 )5/2} = Iz

Cette équation peut s’écrire sous une forme plus simple : z = Iz (Q/z2).
où Iz est un facteur d’influence de contrainte verticale déterminé en fonction de r/z par des abaques.

Figure 2.13 : Abaque de la contrainte transmise au sol par une charge extérieure concentrée
(d'après introduction à la géotechnique).
NB pour la théorie de Boussinesq, Nw pour la théorie de Westergaard

La contrainte supplémentaire z dans le sol est indépendante des propriétés mécaniques du massif de
sol, module de Young E et cœfficient de Poisson . Elle vari avec la position dans le sol du point de
calcul, elle est maximale pour θ =0.
Les courbes d’égale pression verticale Ou bulbe de contrainte ont pour équation:
z3 / ρ5 = constante, Leur allure est donnée sur figure.

Figure2.14 : (a) Accroissement de contrainte due à une surcharge

ponctuelle,
(b) courbes d’iso-contrainte en forme de bulbe.
 z est max sous le point d’application de
la charge et diminue avec la profondeur

 z en fonction de la profondeur Z ;  z en fonction de la distance (r)

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b) Charge uniformément répartie

Soit q l’intensité de la charge répartie.
La solution est basée sur la solution de Boussinesq :
Δσ = 3 q / 2 π z2 ∫ cosθ5 dA
La contrainte dépend de l’aire A de répartition de la charge q.
* Cas de surface circulaire
La contrainte verticale en un point situé à la verticale du centre
de la surface circulaire uniformément chargée est:
3
σz = q (1 - cos θ0)
 σz = q { 1 – 1 / ( 1 + r2 / z2)3/2
Pour le calcul de la contrainte en un point loin de la verticale, il existe des abaques basés sur la
méthode des facteurs d’influence.

Calcul de la contrainte due à une charge uniforme répartie sur une surface circulaire. (d'après
Introduction à la géotechnique)

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* Cas de bande rectangulaire

La contrainte verticale au sein d’un massif à la verticale
d’un des sommets est donnée par
σz = q I(m,n) (5.6)
ou m = a/z et n = b/z

Le facteur I est donné des abaques Figure 2-aCharge rectangulaire uniforme

Pour un point M situé à l’intérieur de la zone chargée ou à son extérieur, on ne peut calculer la contrainte
verticale que par des combinaisons élémentaires.
Si le point A est à l’intérieur du rectangle chargé (fig. b) :

 z = (k1 + k2 + k3 + k4 )q

Si le point A est à l’extérieur du rectangle chargé, (fig. c) b)Point à l’intérieur du rectangle chargé

 z = (k1,2,3,4) − k(3,1) − k(1,4) + k1).q

ki (i =1,2,3,4)
: facteu
c)Point à l’extérieur du rectangle chargé

Tableau de Calcul de la contrainte sous le coin d'une surface rectangulaire chargée uniformément.
(d'après introduction à la géotechnique)

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Tableau n° 2- Valeurs du coefficient k pour une semelle de section rectangulaire a.b

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T D Contrainte
Exercice 1 :
On considère un terrain composé de deux couches de sols saturés comme suit :
- 3m de sable limoneux caractérisé par un poids volumique γsat =19kN/m³;
- 6m d’argile caractérisée par un poids volumique γsat =20,5kN/m³;
Le niveau de la nappe aquifère coïncide avec la surface du sol comme l’indique la figure.
a)Tracer les diagrammes de variation des contraintes totales, effectives et la pression interstitielle en
fonction de la profondeur.
b) Calculer la contrainte effective si la nappe aquifère est abaissée de 3m.et que peut-on conclure.
c) On applique une charge P= 200KN à la surface du sol, tracer le diagramme de contrainte due à la
charge P sous son point d’application.

P NNP
Sable limoneux
3m γsat = 19KN/m
NNP 3

Argile

6m γsat= 20,5Kn/m3

d) calculer la contrainte horizontale totale pour les coefficients des terres au repos k0 pour le sable =
0,5 et k0 pour l’argile = 1.

Exercice 2 :
On construit à la surface du sol un bâtiment ayant la forme ci dessous.
Déterminer les valeurs des contraintes dues à ce bâtiment, aux
profondeurs 3m et 9m au dessous de la base de la fondation pour les
verticales passants par A et B.

Exercice 3 :
Tracer le diagramme de variation de la contrainte en fonction de la profondeur d’un sol pesant ayant
un poids volumique γ =17kN/m³ et une profondeur de 7m.
On pose une fondation circulaire sur la surface du sol, de 8m de diamètre et de 90KN/m2 d’intensité.
Tracer le diagramme dû au centre de cette charge.

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