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Pyrénées et du Sud-Ouest
Ladurantie A. En Côte d'Ivoire. Au pays Bété de Gagnoa. In: Revue géographique des Pyrénées et du Sud-Ouest, tome 14,
fascicule 2-3, 1943. pp. 93-149;
doi : https://doi.org/10.3406/rgpso.1943.4509
https://www.persee.fr/doc/rgpso_0035-3221_1943_num_14_2_4509
Par A. LADURANTIE,
ADMINISTRATEUR DES COLONIES
I. — Le milieu.
1. Voir bibliographie.
BÉTÉS DE GAGNOA 95
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Tableau I.
Température, pluie mesurable et humidité relative
pour la Station de Gagnoa en 1931.
Degrés C. p/ioo
Janvier 23.8 30.1 16 1 66.9 88 5
Février 23.4 28.3 46..4 3 57.8 81.8
Mars 25.8 32 119.6 5 71.2 91.53
Avril 23.5 32.5 89.7 6 66 6 87.6
Mai........... 23 32 6 80 4 73.8 78.
Juin . . 22.2 29.6 312 9 60.6 94.
Juillet 19.5 28 60 3 79.3 84.
Août 21.9 25 20 1 78 98
Septembre. . . . 21.5 28.5 179.5 8 85 92
Octobre 20 ? 28.4 173 5 6 83.2
Novembre 20 30 67.5 3 70.9 94
Décembre 14 21.8 41.5 1 52.4 94.8
Année entière 21,5 28.9 1205.7 50
Tableau IL
Pluviosité annuelle pour la Station de Gagnoa.
3. Noms vernaculaircs.
4. Le Samba, essence à bois blanc tendre exploité dans d'autres régions de
la Côte d'Ivoire (Agboville, par exemple), ne l'est pas à Cagnoa.
5. Noms vernaculaires.
6. La fructification a lieu en mars-avril. Utilisé localement.
7. Le domaine forestier classé de la Subdivision de Gagnoa comprend une
BÉTÉS DE GAGNOA 99
99 villages.
70 villages. 66 villages.
Pacolo.... 4.196
Zabia 4 070
Badié ... 14.129 Niabré.... 9.411 Guebié.. . 3.301
Guia 1.427
Nékédié.. 6.999 N'Dry 6.775 Dakuia.... 1.239
Guibouo . . 1 . 102
Gribihiri . . 945
Zédié 5.581 Gottibouo. 3.116 Krihoa... 1.528
Bamo 474
fig. I fig. 2
Fig, 2. — Case Shien, type Gouro, tribu Zbdié (village Bahompa).
1. Plan général : a. porte n° 1; b. siège en terre; c. lit de repos;
<f. chambre du chef de famille; e. chambre de la première femme;
f. chambres des femmes; g. deuxième porte; h. foyer des vieilles femmes;
i. étagères; j. chambres des vieilles femmes; k. rigole d'écoulement des
eaux de la cour; l. chambres de passage; m. provision de bois pour
chaque femme; n. foyer et étagère, canaris et provisions; o. grenier à
riz; p. cour; q. véranda. Longueur : 40 m. env; largeur : 15 m. env.;
hauteur mur externe : 1 m. 20.
2. Chambre du chef de famille : a. porte; b. râtelier d'armes; r. lit
en terre recouvert d'une natte; d. fenêtre; e débarras (coffres).
3. Coupe transversale. La paroi côté cour est constituée d'un mur
soubassement de 80 centimètres environ qui maintient des troncs de
palmiers espacés de 4 à 6 mètres soutenant la charpente de la toiture.
106 LADURANTIE
géant chaises et tables achetées en signe de richesse. Par
contre, il ne dédaigne pas la lampe tempête, éclairant au
pétrole, qui s'est rapidement substituée à la traditionnelle lampe
à huile de palme.
Enfin, une collection de « canaris », poteries de toutes
grandeurs, contiennent les provisions, les pagnes, ou sont destinés
à la cuisson des aliments; ils complètent le mobilier.
En pays Shien, la case arrondie, dont la technique a été
empruntée aux Gouros voisins, remplace souvent la case
rectangulaire. Une seule d'entre elles peut abriter une famille de
15 à 20 personnes. La figure n° 2 donne le détail
d'aménagement d'une case arrondie dans laquelle gens et animaux
évoluent à l'aise. La forme exceptée, les règles et les matériaux
de construction sont les mêmes que pour la case rectangulaire.
Toiture mise à part, la case n'exige pas un très gros
entretien. Une telle construction peut durer plusieurs années sauf
incendie ou abandon. Les cases dont les propriétaires
meurent ou partent en voyage sans esprit de retour ne sont pas
détruites. Elles tombent d'elles-mêmes avec le temps.
L'on rencontre souvent en brousse des villages en ruine. Ce
sont des emplacements abandonnés parce qu'ils étaient devenus
mauvais pour les habitants que visitaient trop fréquemment
la maladie et la mort. Le village est reconstruit à quelques
kilomètres de là. Dans les agglomérations en bordure des routes
plus facilement contrôlables, ce spectacle est plus rare,
l'indigène obéissant aux prescriptions administratives au sujet de
la propreté du village et de ses environs.
Il arrive parfois que devant l'état de délabrement trop poussé
du village, le chef du territoire lui-même décide sa
reconstruction.
On voit alors de part et d'autre d'une rue centrale, nivelée,
plantée de manguiers, citronniers, orangers, mettant en valeur
le vieil arbre à palabre, s'élever en bon ordre, bien alignées,
les cases des concessions. Leurs toitures claires, leur crépissage
neuf mettent au cœur de la forêt sombre et touffue, une touche
reposante d'ordre et de fraîcheur.
BÉTÉS DE GAGNOA 107
« VATÍ: » NECESSAIRES
OBJETS FABRIQUAS PRIX i>Ë L\ FABRICATION.
par uniti'.
Couteau de guerre
(digribe) 60 20 manilles.
!
Rasoir (ourouparé-
baka) 0 Même tarif que pour
le couteau ibakaV
Cloche ^koubregue-
pei) du meutrier
(imitation
te du lépreux au
Moyen-âge) ...... 40 10 manilles.
« Kondjo »
ment de musique). 40 15 manilles plus un cabri
si le forgeron fournit le fer.
Lance (li) 20 2 manilles ou un poulet.
Matchette de guerre
(guère) 25 5 manilles ou 2 poulets.
a f
Fig. 3. — Armes : a. poulou = arc; b. biôh — flèche en bambou;
c. digribe = couteau de guerre; d. sibregbe = hache; e. baka = couteau;
les fers de lance ont la même forme mais enserrent l'extrémité de la
hampe (longueur de l'arc à la corde : 90 cm. env. ; les autres armes à la
même échelle); f. moltif d'ornementation sculpté sur une hampe de
lance (li).
V. — La vie matérielle.
La cueillette.
La chasse.
La pêche-
L'agriculture-
des pluies, en mars-avril, les femmes font les semis ten po-
quets de cinq à six grains. Tenant de la main gauche un petit
canari contenant le riz de semence, la femme fait un petit
trou dans la terre et enfouit les graines. La sélection des grains
132 LADURANT1É
de semence n'est pas pratiquée, mais le riz le plus estimé par
l'indigène est le riz blanc (seka fé).
La récolte a lieu généralement à la fin du mois de juillet.
On moissonne à la matchette. La femme est souvent munie
d'un bâton fourchu (bâti), pour réunir la chaume sur pied en
une petite javelle coupée d'un coup à vingt-cinq centimètres
environ du sol. Les gerbes sont liées, portées au village ou au
campement et conservées dans des greniers qui ne les mettent
malheureusement à l'abri ni des rats ni des charançons. Il n'y
a pas d'égrenage. Le décorticage du riz se fait au mortier-
pilon. Ce procédé a l'inconvénient de donner beaucoup de
brisures. Le rendement varie de cinq cents à six cents kîlogs à
l'hectare.
Les tribus du Sud et du Nord de la Subdivision pratiquaient
la culture du riz avant notre arrivée. Elle a été étendue depuis
aux tribus du canton Nord-Est et fortement poussée, surtout
depuis 1934. Excellent aliment, de bonne venue, sa facile
conservation en paddy permet aux indigènes de faire la soudure
et d'attendre la récolte de produits vivriers périssables, tels
que bananes et tarots. De plus, cette céréale est très demandée
par les colons européens de la Subdivision pour l'alimentation
de leurs manœuvres. La campagne de 1937 a donné 1.200
tonnes à la vente, contre 400 en 1936. Ce tonnage est, à mon avis,
un maximum.
Le rôle de cette culture dans le déboisement excessif a été
signalé plus haut. La surveillance administrative est très
difficile en ce qui concerne la préparation des rizières,
l'indigène ayant l'habitude d'établir son champ en forêt. Tout
se résume à une question de contrôle, auquel le chef de
circonscription n'a le plus souvent pas le temps de se livrer et
qui est laissée à la diligence plus ou moins clairvoyante et
impartiale des chef de canton. Les Bétés de Gagnoa ont, par
ailleurs, suffisamment à faire avec leurs plantations de cacao
et de café, pour que la riziculture intensive ne leur paraisse
une charge supplémentaire. La politique à adopter en la
matière me paraît devoir consister en une sélection des semences
et dans la création de rizières aménagées dont le rendement
serait le double de celui des rizières coutumières.
Le tarot (bohè) est cultivé pour le renflement en gros
tubercule de la partie inférieure de sa tige qui se charge de fécule
BÉTÉS DE GAGNOA 133
comestible. Il est consommé cuit à l'eau bouillie ou non et,
assaisonné, il entre dans l'alimentation de tous les habitants
du Gagnoa, surtout de ceux des cantons Nord-Est et Nord.
Sa valeur nutritive est médiocre. La multiplication se fait
avec des fragments de tubercules munis de bourgeons que la
femme enterre de 10 à 30 centimètres et à une distance de
un mètre les uns des autres. Le rendement est de 2 tonnes
environ à l'hectare.
Le maïs (bagou), avec ses variétés à grains blancs ou jaunes,
est très cultivé dans les cantons Nord-Est et Nord. Les épis sont
consommés grillés sous la cendre ou en farine. Les indigènes
font d'importantes réserves de maïs en spathes qu'ils
suspendent aux grands arbres à l'entour des villages. Le rendement
est de une tonne environ à l'hectare. Le maïs pourrait
éventuellement être cultivé en vue de l'exportation.
Sans avoir l'importance des plantes alimentaires
précédemment étudiées, le manioc doux est cultivé un peu partout dans
la Circonscription, pour la farine blanche dont sont gorgées les
racines. Le rendement est de 15 tonnes environ à l'hectare. La
multiplication est faite par bouturage et en poquets, chaque
poquet recevant généralement deux boutures couchées
obliquement dans le sol.
A citer pour mémoire parmi les autres cultures vivieres :
l'igname, la patate (yalè), peu cultivés, l'arachide (basseri), les
gombos (zapoyè), les piments >(yebè), la tomate indigène (yebe-
cocobi).
Le tableau ci-dessous donne pour 1937 l'estimation des
superficies ensemencées et du rendement.
13. Voir G. Habuy et Ch. Richet fils. L'alimentation indigène dans les
colonies françaises. Vigot, 1932, p. 100.
BÉTÉS DE GAGNOA 135
Matières
Eau. Lipides.
Glucides. Protides. Cellulose. animales.
I. GÉRÍALBS.
Riz 12 90 75.80 8.67 1 .5o o.85 O.05
Maïs i3.o4 65. o4 9.04 4.01 2.03 1 .04
a. FácuLiKTS.
Manioc: tubercules secs. i3.a6 78.46 2 .3i 0.88 2.84 i.65
Farine 9.55 85.54 i.i3 0.27 2.1 5 1 .3o
Igname en rondelles .... i3.73 78.98 4.7» o.3a O.53 1.70
Patate, tranches séchées. 12.43 80.93 2.78 0.70 1 . 5o 1.46
3. Fruits.
Bananes (chair) 72.40 21 .yo 1.44 0.09 3 . 2Ô 0.92
4- Légumes.
Arachide d'Afrique ."> 82 IÓ.38 25.34 46.83 3.39 2.24
Soja (d'après Steuf) 7.55 3i.37 33. 5o 17.37 4.95 4.86
BIBLIOGRAPHIE