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Quelques mots d'introduction pour ce cours, le livre des Actes est unique en son genre.

Chaque fois qu'un professeur présente un livre biblique, cela commence souvent de la même
façon. Mais dans le cas des Actes, c'est le seul livre du Nouveau Testament qui raconte
l'histoire de l'Église naissante. En dehors du Nouveau Testament, le livre des Actes reste
unique. En effet, nous ne possédons aucun autre écrit qui raconte les premières années de
l'église. Tout ce que nous savons sur la vie de l'Église vient des épîtres, des évangiles, et dans
une moindre mesure, du livre des Actes. À ce titre, le livre des Actes est irremplaçable. Mais
quel est le but de ce livre? Quels objectifs Luc, son auteur, avait-il à l'esprit en écrivant cet
ouvrage ? C'est ce que j'aimerais explorer avec vous dans le cours de ce matin. Donc, je
commence par un premier point sur le plan du but et de la structure des Actes, et tout de suite
un sous-point, le Grand Thème, le thème central des Actes.

La semaine dernière, dans notre cours introductif sur l'évangile de Luc, nous avons vu que le
3e évangile et le livre des Actes étaient au départ un seul et même ouvrage, séparés par la
suite. Dans l'esprit de leur auteur, la première partie était l'évangile de Luc, la deuxième partie
étant les Actes. Ce qui veut dire, et je l'ai un peu mentionné la semaine dernière, que les Actes
doivent être pris dans la continuité avec le 3e évangile. Il commence par un prologue et se
termine par l'Ascension du Christ, et c'est là-dessus précisément que s'ouvre le livre des
Actes. Si nous lisons Luc 24, les versets 45 à 53, nous avons ceci : "Alors il leur ouvrit
l'intelligence pour comprendre les Écritures. Il s'agit bien sûr du Christ ressuscité et il dit ainsi
: Il est écrit que le Christ souffrirait, qu'il ressusciterait d'entre les morts le 3e jour et que la
repentance en vue du pardon des péchés serait prêchée en son nom à toutes les nations, à
commencer par Jérusalem. Vous en êtes témoins. Et voici, j'enverrai sur vous ce que mon
Père a promis. Mais vous restez dans la ville jusqu'à ce que vous soyez revêtus de la puissance
en haut."

En passant de la fin de l'évangile de Luc au début des Actes, nous observons essentiellement
la même chose. Dans Actes 1:9-11, il est dit : "Mais vous recevrez une puissance, celle du
Saint-Esprit survenant sur vous, et vous serez mes témoins à Jérusalem, dans toute la Judée,
dans la Samarie et jusqu'aux extrémités de la terre. Après avoir dit cela, il fut enlevé, élevé
pendant qu'il regardait, et une nuée le déroba à leurs yeux. Et comme ils avaient les regards
fixés vers le ciel pendant qu'ils s'en allaient, voici que deux hommes en vêtements blancs se
présentèrent à eux et dirent : Vous, Galiléens, pourquoi vous arrêtez-vous à regarder au ciel ?
Ce Jésus qui a été enlevé au ciel du milieu de vous reviendra de la même manière dont vous
l'avez vu aller au ciel."

La jointure entre Luc et les Actes se fait par le commandement missionnaire, la promesse que
l'Esprit rendra cette mission possible et l'Ascension de Jésus. Chacun de ces points est
mentionné à la fois dans l'évangile de Luc et repris dans les Actes, illustrant la continuité
entre les deux parties de l'ouvrage. Le commandement missionnaire, le don de l'Esprit rendant
cette mission possible et l'Ascension sont des éléments qui se retrouvent à la fois dans
l'évangile et dans les Actes.

Je pense que c'est surtout en rapport avec cela et peut-être aussi avec cet ouvrage des Actes
pouvant être situé comme une œuvre historique. Il est adressé à Théophile, que l'on peut
considérer comme l'ami de Dieu, peut-être le patron littéraire ou le destinataire du livre. La
deuxième partie de l'ouvrage commence par un prologue similaire. En Actes 1:1-3, il est dit :
"Théophile, dont il a déjà été question, j'ai parlé dans mon premier livre de tout ce que Jésus a
commencé de faire et d'enseigner jusqu'au jour où il fut enlevé au ciel, après avoir donné ses
ordres par le Saint-Esprit aux apôtres qu'il avait choisis. C'est à eux aussi qu'avec plusieurs
preuves, il se présenta vivant après avoir souffert, et leur apparut pendant 40 jours en parlant
de ce qui concerne le royaume de Dieu."

Le verset 1 mentionne le "premier livre de Luc," faisant référence à l'évangile de Luc, qui
raconte ce que Jésus a commencé à faire et à enseigner. Cette idée implique que Jésus
continue d'agir et d'enseigner à travers les événements décrits dans les Actes. Le livre des
Actes montre comment Jésus, après sa résurrection et son ascension, continue à agir à travers
les apôtres et dans l'église. Il met en lumière la manière dont Jésus guide ses disciples,
désormais par son Esprit et sa parole, dans leur témoignage et leur proclamation de l'Évangile.

Ainsi, l'ouvrage des Actes poursuit le récit commencé dans l'évangile de Luc, montrant la
continuité de l'œuvre de Jésus à travers l'histoire de l'Église naissante. La joie des disciples à
la montée au ciel de Jésus est liée à la compréhension que sa résurrection signifie l'envoi du
Saint-Esprit, qui guidera l'église dans son témoignage et sa mission dans le monde. La
résurrection transforme la tristesse et le désespoir en une espérance infiniment plus grande,
marquant le début d'une nouvelle ère pour les disciples.
En ce qui concerne la structure du livre, comme vu dans notre cours sur l'évangile de Luc,
l'auteur reprend la même trame globale que les autres évangiles. Cela inclut un début en
Galilée, un long voyage vers Jérusalem, et finalement, la mort et la résurrection de Jésus à
Jérusalem. La ville, objet des prophéties de l'Ancien Testament, devient le lieu du salut. Jésus
y meurt et ressuscite, accomplissant les promesses et l'Alliance de Dieu. Cela est illustré en
soulignant la Cène, le voyage vers Jérusalem, et les événements centraux du salut à Jérusalem.

Le livre des Actes suit une progression géographique inverse, montrant que Jérusalem devient
le lieu d'où rayonne le salut pour atteindre les nations. Ainsi, le récit se déplace de Jérusalem
vers les nations, conformément à la prophétie. Cette progression est annoncée en Actes 1:8,
déclarant que les apôtres témoigneront à Jérusalem, dans toute la Judée, en Samarie, et
jusqu'aux extrémités de la terre. Ces trois étapes correspondent aux trois parties du livre :
Jérusalem (ch. 1-7), Judée et Samarie (ch. 8-9:31), et les extrémités de la terre (ch. 9:32-fin).

Cette progression détache la parole de Jérusalem pour atteindre la capitale du monde païen,
ouvrant ainsi l'accès à Dieu aux non-Juifs. La persécution mentionnée en Actes 8:1 semble
être un moyen utilisé par le Seigneur pour accomplir Sa parole. Elle montre que le Christ
ressuscité agit pour que l'Église ne demeure pas cloîtrée à Jérusalem.

Concernant Luc, l'auteur, il rejoint Paul à un moment donné et accompagne son ministère
jusqu'à Rome. Après cette période, il semble être retourné en Israël et a mené une enquête sur
Jésus, écrivant les livres de Luc et des Actes. La raison pour laquelle le livre des Actes se
termine à Actes 28, laissant les lecteurs sans savoir ce qui est arrivé à Paul, reste énigmatique.
Même si l'événement capital de la vie de Paul, comparaître devant l'empereur romain, est
mentionné, la fin du récit semble laisser place à l'imagination.

Enfin, dans la deuxième partie du cours, trois objectifs précis de Luc en écrivant les Actes
sont identifiés. Premièrement, il montre que, bien que les chrétiens soient accusés d'infidélité
envers César, aucune instance officielle de l'Empire ne les déclare coupables. Les personnages
centraux, Pierre et Paul, sont accusés mais jamais condamnés par les autorités romaines. Cela
vise à démontrer que les chrétiens ne s'opposent pas à l'Empire.
Deuxièmement, Luc montre que l'Église, au sein de l'Empire romain, fait face à des
oppositions des Juifs et des païens. Les chrétiens sont perçus comme une menace, mais Luc
souligne leur innocuité devant les autorités romaines. Troisièmement, Luc poursuit l'objectif
de montrer la croissance de l'Église, accomplissant la parole annoncée dès Actes 1:8. Malgré
les persécutions et les oppositions, l'Église se répand et atteint les extrémités de la terre,
démontrant ainsi la continuité de l'œuvre de Jésus à travers elle.

Pourquoi ces affirmations ? En admettant que les personnes concernées ne sont pas coupables,
les autorités suggèrent que l'Église a le droit d'exister. Ces affirmations proviennent des
autorités elles-mêmes. Ainsi, les lecteurs entendent des autorités de l'Empire que l'Église a le
droit d'exister. Cela assure à ceux qui découvrent la foi en Christ qu'ils ne transgressent pas la
loi romaine en adhérant à l'Église. Ils n'ont pas à avoir honte de leur foi en Christ, même si
beaucoup de leurs concitoyens pensent le contraire. Cela peut avoir des implications
contemporaines, notamment dans des sociétés laïcisées, où les lois protègent la liberté
d'expression religieuse.

Ces affirmations des autorités visent à donner courage aux chrétiens, montrant que l'Église est
reconnue par l'Empire. Malgré les lois sur la laïcité qui devraient protéger l'Église, la
persécution et l'opposition persistent en raison de certaines mentalités et craintes, comme
évoqué dans le contexte de Thessalonique. Ainsi, Luc, en soulignant l'innocuité des chrétiens
devant les autorités, cherche à inspirer confiance à l'Église et à la présenter comme légitime
aux yeux de l'Empire.

En outre, les autorités, lorsqu'elles déclarent qu'elles n'ont rien contre les chrétiens, peuvent
penser initialement aux Juifs plutôt qu'au judaïsme. Les Juifs bénéficiaient d'un statut
particulier. Cependant, à mesure que les chrétiens se distinguent, ils sont considérés comme
tels, et des tensions émergent, comme illustré par l'accusation ultérieure de Néron liant les
chrétiens à l'incendie de Rome.

En réfléchissant à la rhétorique du livre des Actes, la question se pose quant aux raisons pour
lesquelles Luc a choisi de mettre en évidence ces points spécifiques. À un niveau rhétorique,
cela contribue à façonner la perception de l'Église, mettant en avant son innocence devant les
autorités et soulignant son droit à l'existence. En évoquant explicitement la tension entre
Christ comme Seigneur et Sauveur et le titre que César devrait avoir, Luc pourrait avoir
renforcé davantage la position des chrétiens au sein de l'Empire. Bien que cela ne soit pas
explicité, le livre des Actes, par sa sélection d'événements, cherche à encourager les chrétiens
à vivre comme des citoyens exemplaires malgré les tensions.

Passons maintenant au deuxième point, le grand B : l'Église comme incarnation présente du


peuple de Dieu. Le rapport entre l'Église et Israël est abordé par Luc, qui voit la mort et la
résurrection de Christ comme l'accomplissement des Écritures. Cela signifie que les disciples,
juifs ou non, font partie du peuple de Dieu grâce à l'œuvre accomplie par Christ. Cette réalité
se reflète surtout dans les discours, comme illustré dans le discours de Pierre au temple. Vous
êtes invités à ouvrir vos Bibles à Actes 3:12-13, puis aux versets 19-26.

C'est l'Empire qui risque de s'effondrer, et justement, je pense que c'est cette façon de
présenter l'église qui vise à donner courage aux chrétiens. Il y a peut-être un élément dont on
peut s'inspirer aujourd'hui dans notre situation très laïcisée, mais où, a priori, les lois sont là
pour nous protéger et pour protéger notre liberté d'expression religieuse. Voilà. Pierre, oui.
Mais quand ils disent ça, là, on n'a rien contre lui et tout ça, les autorités là, elles pensent avoir
affaire aux Juifs, non au judaïsme. Et eux, les Juifs, ils avaient un statut bon particulier.
Après, par la suite, les chrétiens vont un peu se distinguer, être considérés comme chrétiens, et
Néron un peu plus tard va accuser les chrétiens de l'incendie de Rome. Tout à fait, oui. Tout à
fait.

Quand ils disent ça, ils ont affaire à des Juifs, pour eux, non, ils ne comprennent pas encore
que les chrétiens sont une église à part. Maintenant, je crois qu'il faut réfléchir à deux
niveaux, ce que, à un moment donné, Claude ou etcetera, a pu dire au sujet de Paul, et disons
l'effet rhétorique que le livre des Actes va avoir pour l'Église. Et c'est plutôt à ce niveau-là que
la question est : pourquoi, parmi les multiples faits que Luc avait à sa disposition, a-t-il choisi
de mettre en évidence ces points-là et avec une telle insistance ? Alors, euh, Quentin, faire un
peu la même remarque que Pierre, euh, que c'est vrai qu'on n'avait pas encore cette tension-là
que Christ est quand même prend le titre que César doit avoir de Seigneur et Sauveur. Et je
pense que ça aurait eu plus de tension si ça avait été explicitement affirmé. On le voit un tout
petit peu en Actes 18, le passage que nous avons lu il y a quelques semaines, lorsque euh les
Juifs se soulèvent contre Paul et ses hommes en faisant valoir qu'ils enseignent qu'il y a un
autre roi, Jésus. Voilà, donc on est sur quelque chose, évidemment, euh, qui est un peu un
point de tension, euh, mais précisément, je pense, hein, parce que ce point de tension et ce que
les chrétiens sont en train de vivre à ce moment-là, donc euh, d'où l'importance justement de
d'entendre de la bouche des autorités "ces hommes n'ont rien fait", euh, et peut-être aussi pour
les encourager à vivre comme des citoyens euh exemplaires. Je propose d'aller de l'avant. Il y
a plus de questions aujourd'hui que d'habitude, c'est bien, mais euh, s'il nous reste quelques
minutes, on peut revenir là-dessus sur l'une ou l'autre question, mais je propose d'aller de
l'avant.

Donc ça, c'est le premier point, l'église au sein de l'Empire romain. Le deuxième point, grand
B, l'Église comme incarnation présente du peuple de Dieu. Donc un deuxième point touche à
la relation entre l'église et Israël. Pour Luc, la mort et la résurrection du Christ représentent
l'accomplissement des Écritures, ce qui veut dire que les disciples sont au bénéfice du salut
annoncé dans l'Ancien Testament. Ils font partie du peuple de Dieu, et du fait que c'est Christ
qui a accompli ces Écritures qui leur ouvre l'accès à ces promesses, et bien ils font partie du
peuple de Dieu, qu'il soit juif ou non. Cela ressort surtout dans les discours. Prenons un
exemple, à savoir le discours de Pierre dans le temple. Là, je vous invite à prendre dans vos
Bibles au livre des Actes et au chapitre 3, les versets 12 et 13, puis les versets 19 à 26.

C'est lui que le ciel doit recevoir jusqu'au temps du rétablissement de tout ce dont Dieu a parlé
par la bouche de ces saints prophètes. D'ailleurs, Moïse a dit : "Le Seigneur votre Dieu vous
suscitera d'entre vos frères un prophète comme moi, vous l'écouterez en tout ce qu'il vous
dira. Mais quiconque n'écoutera pas ce prophète sera exterminé du milieu du peuple." Tous
les prophètes qui ont parlé depuis Samuel et ses successeurs ont aussi annoncé ces jours-là.
Vous êtes les fils des prophètes et de l'alliance que Dieu a traitée avec nos pères en disant à
Abraham : "Toutes les familles de la Terre seront bénies en ta descendance." C'est à vous
premièrement que Dieu, après avoir suscité son serviteur, l'a envoyé pour vous bénir en
détournant chacun de vous de ses iniquités.

Qu'est-ce que nous avons dans ces versets ? Tout d'abord, au verset 13, le Dieu qui a envoyé
Jésus, c'est le Dieu d'Israël, le Dieu d'Abraham, d'Isaac et de Jacob. Au verset 21-24, Jésus a
été annoncé d'avance par Moïse, par la Torah, comme aussi par les prophètes. Et au verset 25
et 26, de la sorte, Jésus représente l'accomplissement de l'Alliance. Ceux qui s'attachent à lui
se trouvent donc confirmés dans leur appartenance à cette alliance, c'est-à-dire dans leur
appartenance au peuple de Dieu. Au verset 25, cette alliance n'est pas seulement pour Israël,
elle est pour toutes les nations. Par contre, au verset 23, celui qui en Israël n'écoute pas le
Christ est menacé d'être retranché du peuple. Le verset 23 implique bien pour le Juif qui
rejette le Christ qu'il est menacé d'être écarté du peuple de Dieu. En même temps, ceux qui
s'attachent au Christ accèdent au Dieu de l'alliance, quelle que soit leur origine raciale ou
ethnique. Et ce point est évidemment important, surtout lorsque des non-Juifs ont commencé à
entrer dans l'église en grand nombre.

La question s'est posée de savoir si ces païens-chrétiens étaient membres du peuple de Dieu à
part entière ou s'il y avait une hiérarchie de statut, les judéo-chrétiens jouissant d'un certain
privilège à cause de leur origine et de leur pratique de la Torah. Le livre des Actes apporte une
réponse à cette question : en plaçant leur foi en Christ, les païens-chrétiens accèdent à
l'ensemble des promesses de Dieu. Puisque l'accès au salut se fait par l'attachement au Christ,
tous ceux qui invoquent son nom se trouvent au même niveau les uns que les autres (voir
Actes 2, les versets 21 et 39, Actes 11, les versets 15 à 17, Actes 10, les versets 43 à 46, le
chapitre 13, les versets 46 à 48, etc.).

Il est limpide que si tu ne crois pas en Jésus, tu ne fais pas partie du peuple. C'est un
enseignement important, parce que, pour moi, le statut des Juifs se résume à ce que Paul dit :
"Ils sont ennemis à cause de l'Évangile, mais bien-aimés à cause des pères." En fait, dans le
sens où il parle d'Israël incrédule quand il dit que c'est à eux qu'appartiennent les promesses,
les alliances et tout le reste, mais quelque part, c'est un héritage qu'il n'assume pas et qui ne
prend pas en fait. Donc, c'est un retranchement qui n'est pas de la part de Dieu, mais un
retranchement en raison de l'incrédulité. Maintenant, on ne va pas développer toute la
théologie au sujet d'Israël. On fera cela davantage l'année prochaine en rapport avec Paul.
Mais je pense qu'il y a une tension en ce sens où, d'une part, comme l'a dit Cécile, ce texte et
d'autres du même style sont limpides.

En même temps, sans qu'on puisse parler de maintien dans le statut de peuple de Dieu,
puisque le Nouveau Testament est clair là-dessus, le peuple de Dieu s'articule en rapport avec
le Christ, mais sans qu'on puisse parler de participation au statut de Dieu. Néanmoins, Dieu
maintient en existence Israël pour qu'il y ait tout au long de l'histoire une descendance
physique d'Abraham qui reconnaisse en Jésus le Messie. On a cette tendance, mais je propose
d'aller de l'avant parce que c'est un sujet important, controversé en ce moment, et il faudrait
vraiment se donner le temps d'en discuter comme cela convient, mais ce sera pour l'année
prochaine. Je propose de passer au point suivant, grand C : la vie, le message, et la mission de
l'Église.

D'une certaine façon, le livre des Actes se présente comme la première histoire de l'Église,
mais c'est tout autant une mise en avant de ce que l'Église doit être par la suite, c'est-à-dire
que le regard n'est pas seulement porté en arrière, mais aussi en avant. Luc montre les
premiers temps de l'Église et son expansion étonnante allant de Jérusalem jusqu'au cœur de
l'Empire en moins de 35 ans. C'est extraordinaire, mais s'il le fait, c'est aussi pour que l'église
de son temps, probablement vers les années 70-80, sache comment elle doit être et ce qu'elle
doit faire, c'est-à-dire comment l'Église post-apostolique doit vivre à partir du fondement
apostolique.

Nous voyons cela dans trois domaines, en tout cas, donc rapidement.

Le premier domaine, c'est en ce qui concerne la vie de l'église. On constate à plus d'une
reprise des descriptions de la vie quotidienne de la première communauté de Jérusalem (Actes
2:41 à 47, 4:32 à 37, 5:12 à 16), où il est question des croyants constamment ensemble,
partageant leurs biens, rompant le pain ensemble, etc. On reproche parfois ces descriptions de
manquer de réalisme. Daniel Marguerat parle même du mythe fondateur de l'Église. Il est vrai
que Luc ne dit pas tout. Luc est soucieux de montrer l'église qui vit à la lumière du Ressuscité,
et il est soucieux de montrer en quoi cette église se présente comme le peuple de Dieu
eschatologique conduit par l'Esprit et transformé dans sa son activité collective. Il est vrai
aussi que Luc décrit un certain nombre d'actes extraordinaires, des signes et prodiges, qui
appartiennent autant à l'établissement de l'église et sont liés au Cercle apostolique avec tout ce
que cela a de spécifique (voir Actes 2:43, 5:12 à 15, 11:15, etc.).

Mais en racontant cela, Luc le fait pour que l'Église qui devient progressivement post-
apostolique garde le souvenir des commencements. Ainsi, l'Église, qui est de plus en plus post
apostolique, doit conserver le souvenir des commencements comme un idéal auquel elle doit
tendre et qui permettra de juger de la qualité de sa vie actuelle.
Il est important que Luc souligne cette unité des chrétiens, même si ces descriptions peuvent
parfois sembler idéalisées. Ces descriptions visent à rappeler l'essentiel de la prédication
apostolique et à fournir un critère permettant d'évaluer la qualité de la vie actuelle de l'Église.

En ce qui concerne le message de l'Église, les discours représentent environ 30 % du livre des
Actes. Bien qu'ils reflètent ce qui a été dit par les apôtres, ces discours sont également adaptés
aux circonstances précises dans lesquelles ils ont été prononcés. Le message central demeure
le Christ lui-même, sa mort, sa résurrection, son ascension, son retour en gloire, et la vie de
foi qui en découle.

En ce qui concerne la mission de l'Église, Luc montre que l'Église est prise dans une
dynamique missionnaire dès le départ. Cela se manifeste dans son témoignage et son
engagement à répandre la parole de Dieu jusqu'aux extrémités de la terre. La mission de
l'Église doit se poursuivre dans cette dynamique, et l'histoire ouverte à la fin des Actes indique
que c'est à l'église postapostolique de continuer à écrire ce chapitre, d'apporter le témoignage
des apôtres et de vivre selon les idéaux énoncés.

Ainsi, l'Église du 21e siècle trouve dans les Actes un modèle pour sa vie, son message, et sa
mission, rappelant les fondements apostoliques et la mission continue de répandre l'Évangile.

Le livre des Actes, présenté comme la première histoire de l'Église, offre un modèle pour
l'Église post apostolique. Luc, en mettant en lumière les débuts de l'Église et son expansion
rapide de Jérusalem à l'Empire en moins de 35 ans, vise à guider l'Église de son époque
(probablement vers les années 70-80). Trois domaines clés sont explorés : la vie de l'Église,
illustrée par des descriptions idéalisées de la vie quotidienne des premiers croyants à
Jérusalem, rappelant l'essentiel de la prédication apostolique et servant de critère pour évaluer
la qualité de la vie actuelle de l'Église ; le message de l'Église, centré sur le Christ, sa mort,
résurrection, ascension, et la vie de foi ; la mission de l'Église, présentée comme une
dynamique missionnaire dès le départ, exigeant une continuité dans le témoignage et la
propagation de la parole de Dieu. Ainsi, l'Église contemporaine trouve dans les Actes un guide
inspirant, rappelant les fondements apostoliques et la mission continue de répandre l'Évangile.

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