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Le Vaudou Dans Lidentite Haitienne Histo
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UNIVERSITE OMAR BONGO
Rédaction-Administration
UOB-FLSHB.P. 17004-Libreville. Té173-16-42
Décembre 2011.
Annalesde la Facultéde Letoes et SciencesHumaines.Nouvelle Série: volume l. numéro2
Lettreset Langues
ISSN/ 1563-2938
Sommaire
<<L identité n'est pas donnée une fois pour toutes, elle se
construit et se transforme tout au long de l'existence >>.
Résumé
49
Summarv
Introduction
50
appeler la haitianité inavouable44oq la trace45, c'est-à-dire la partie de
I'inconscient collectif, I'héritage dont l'origine africaine véhicule les seules
référencessouverainement produiteset non imposéesde l'extérieur (2000'. 26).
<<C'est la penséequi permet d'aller au loin des étranglements de système.Elle
réfute[..] tout comblede possession> (GLISSANT. T997: 20). il n'en demeure
pas moins que, du fait des desseinsinavouésdes pouvoirs politiques formels et
informelsainsiqued'<<un absolude l'Être imposépar les pensées de système> (Id :
20), le vaudou va évoluer en vase clos ne recevantd'autres apportsque ceux du
catholicisme.Dès lors les questionsqui nousviennentà I'esprit sont les suivantes:
quelleplaceattribuerau vaudoudansI'identité hartiennealorsqu'on lui accordepeu
de crédit ? Est-il une simple exploitation de la religion par des pauvres ou des
charlatans? A traversla théorie de Will Kymlicka, à savoir l'intégrationet le rejet,
nousvérifieronsla trajectoiredu vaudoudansla constructionde I'identité en Haïti.
Le rôle politique
aaExpression
empruntée à Laënnec HURBON, Comprendre Haiti. Essai sur l'Éat, la nation,
la culture, Paris, L'Harmattan, 1987,p. 147.
a5
Édouard GLISSANT, Tiaité du Tout-Monde (Poétique IV), Paris Gallimard, 1997, pp. 19-
20.
a6
Reprenant la pensée du sociologue Jean Remy, François Houtart et Anselme Remy
reconnaissentégalement le caractere important que revêt cet événement dans la construction
de I'identiæ nationale en Haïti. Ils afiirment en ce sens : < la cérémonie du Bois-Caitnan est
l'un des ces actes forts qu'exige I'identité en période de crise, en ce qu'elle est l'expression
d'une consciencefière. [...] Quand l'ancien esclaveBoukman, proclama l'émancipation du
peuple, son indépendanceet l'établissement de la justice, en opposant le Dieu des Blancs à
celui des Noirs, un tel acte revêtit un caractère fondateur, non seulement d'une
reconnaissanceculturelle, mais aussi, en l'occurrence, d'une identité nationale > (In Flaïti et
la mondialisation de la culture. Etude des mentalités et des religions àce aux réalités
économiques,sociales et politiques, Paris, L'Harmattan, 2000, p. 27) .
51
L'importance du vaudou dans cet événepent nous est ici rapportée par les écrits
d'un fonctionnairede l'époque :
C'est dans ce dernier cas de figure que l'on peut ranger Toussaint
Louverture,Dessalines,Pétion et Christophequi ont pris la suite du mouvement
d'émancipationjusqu'à l'Indépendance du pays.Quoiques'étantservi du Vaudou
pour accéderau pouvoir, ils ne firent pasde ce culte la religion offrcielle. DansLes
47CitÉpar Sidney MINTZ et Michel-Rolph TROUILLOT, < Pour une histoire socialedu
Vaudou>, in Michel LE BRIS,Vaudou,Tours,MameImprimeur,2003,p.29.
48 Ibid.,p, 35.
52
mystèresdu Vaudou,LaënnecHurbon penseque cetteabsencede statutvient de ce
que ce n'est pas un culte fondé sur l'écriture ni disposantde dogmesprécisni de
bureaucratiecentralisée,encoremoins d'un rituel rigide. Toutefois,il préciseplus
loin que cesagissements doivent être mis sur le comptede manæuwespolitiquesen
ce que ces héros voulaient traiter sur une base égalitaire avec les nations
européennes49sans pour autant changer les formes de gestion de la société
(l'exploitationdesmassesanalphabètes par uneminorité).
53
haîtien: l'Eglise catholique,religion d'Etat, et
I'Etat lui-même. La dialectique de
complémentaritedu sabre et du goupillon
aboutit à une alliance pour la chasse aux
sorcières.Toute l'histoire du vodou fut celle
d'une batailletantôt voilée.tântôtouverteentre
l'Europe et I'Afrique. L'Europe à traversses
æuvres,l'Eglise,I'Etat ; I'Afrique à traversses
descendantset leur institution relisieuse et
culturelle,le vodou.53
t'
Ibid., pp. 80-81. François Houtart et Anselme Rettty rapportent aussi le long labyrinthe du
vaudou dans l'histoire d'Halï : < Réprimé par les Français, car religion des esclaves;
pourchassépar les nouveaux pouvoirs de l'indépendance, qui, après Jean-JacquesDessalines,
voulaient avant tout s'emparer des commandes de l'économie sans changer les formes
d'exploitation >>.In François HOUTART et Anselme REMY, Haïti et la mondialisation de la
culture...,op. cit.,p.26.
54
Officiellement,le vodou était mis hors la loi et
persécuæ.54
tn
Fridolin SAINTT-LOUIS,I-e Vodou haitien..., op. cir., pp. 80-81.
tt
ldem. Dans le même sens on peut lire avec intérêt le point de vue de Leslie gs5pengles
sur l'attitude des présidents haïtiens à l'endroit du vaudou: < During the forty years
following independence (1804-44), the first three black presidents set themselves against
Vodou and atæmpted vigorously to suppress it >, in Leslie Gérald DESMANGLES, The
âces of the Gods: Vodou and Roman Catholicism in Haiti, USA, The University of North
Carolina Press/ChapelHill & London, 1992,p.45.
56
FrançoisHOUTART et Anselme REMY, op. cit., p.27-25.
tt
Idem.
tt
Cette prise conscience part d'un choc, celui provoqué par l'occupation américaine de
1915. En effet, l'occupation du pays n'avait pas produit le résultat escompté parmi la classe
possédante en majorité formée par les mrrlâtres. Car depuis 1848 (date de I'arrivée au
pouvoir de Faustin Soulouque, un mulâtre), leur rêve a toujours été d'orienter la lutte dans le
sensd'un protectorat : ils avaient cru qu'en perdarrt I'Indépendance, ils auraient les étrangers
à leur têæ et les Noirs sous leurs pieds. Mais ils se trompèrent. Tout le monde, sans
exception, fut dans le même panier, c'est-àdire qu'il n'eut aucun traitement de faveur vis-à-
vis des groupes ethniques. Ce choc marqua alors un moment important dans l'histoire
politique, culturelle et sociale d'Flaiti. En littérature, il donna naissanceà l'Ecole indigénisæ,
mouvement qui eut pour objectif de rappeler, avec insistance, à l'Haïtien ses origines
africaines.
55
Mais à la chute du régime à vie, Macoutes et hougans furent-ils confondus et
pourchassés59.Fridolin Saint-Louis ne pensepas autrementquand il écrit que :
tn
Laennec HURBON op. cit., pp. 119-127. Cette opération de chasse aux sorcières est
connue en Haiti sous le nom de dechoukaj (anachage de souches).
uo
Fridolin SAINT-LOUIS op. cit., pp. 82-83.
ut
Michel LE BRIS, op. cit., p. 47.
u'
L'ac.onyme signifie enfants de la tradition haitienne (zenàn tradisyon ayisien). Mais le
mot créole antray (entrailles) veut aussi dire cæur (au sensfiguré).
56
constitution (votée le 29 mars 1987)63, -constitution qui avait pour objectif le
rétablissement de la démocratie. Plus que tout, son droit de cité était de moins en
moins contesté et l'ancienne perception, qui faisait de ce culte la religion exclusive
des 95 ou 98% des paysans et du prolétariat urbairl cède devant l'analyse plus ou
moins approfondie64. Ce mouvement de visibilité du vaudou ira crescendo avec
I'arrivée au pouvoir du père Aristide en 1990. Car, pour accéder à la magistrature
suprême, ce prêtre avait rallié sur sa candidature à la fois les catholiques, les
protestants et les vaudouisants. Il donna ainsi lieu à une libre coexistence des trois
systèmes religieux, mais une libre coexistence non reconnue par les instances
supérieures de chaque religion. C'est également sous sa présidence qu'on
commémora,le 22 août 1991,publiquement,pour la première fois depuis deux cents
ans, la cérémonie du < Bois-Carman >>.Mais à ce rôle politique du vaudou, il faut
ajouter celui de pansementdes misèresquotidiennesdespopulationshaïtiennes.
L'emploi social
57
trou. Il répond aux différents besoins de la
communautépour vivre. Vu de cette façon, il
est [...] un phénomènesocialtotal, un touL un
systèmesocialentier.65
Cependantle vaudou n'en a pas fini d'étonner plus d'un. D'ailleurs Métraux
lui reconnaît un rôle indéniable dans le domaine artistique. Il soutient qu'il a permis
à la paysanneriehartienne de préserver l'héritage africain dans deux domaines précis
que sont la danse et la musique. Pour 1ui, une cérémonie de vaudou bien conduite est
un spectaclede qualité : tambourinaires et danseurssont souvent des virtuoses.
ut'Ibid.,pp.98-1oo
66François
HOUTART et AnselmeREMY, op. cit., p.26-27
58
Aussi,le vaudouseprésente-t-ilà lqfois commeuneexpressionculturelleet
une forme d'autoprotectionqui donneà la tradition haïtiennetoute son originalité et
assurela dignité à ces populationsface à la dégradationéconomiqueet aux dérives
politiques.C'est peut-êtrece rôle d'amortisseursocial que lui reconnaissent les
intellectuelsde tout bord et que nousdévelopperonsdansles lignesà venir.
intellectuelleet artistique
La reconnaissance
59
lesquellesrepose le c4tholicisme hybride
de nos masses populaires >>.67
En convoquant cette religion Price-Mars lançait, pour paraphraser René
Depestre dans Ainsi parle le fleuve noir68, une invite à ses compatriotesà assumer
le volet africain de leur culture que l'oligarchie dominante avait toujours renié.
C'était un inventaire cohérent de I'héritage africain, c'est-à-dire une redécouverte
d'HaiIi avec des yeux neufs, sansles préjugésdu passécolonial. Price-Mars appelait
ainsi l'intelligentsia et l'Hatti occupéepar I'armée américaineà se rafraîchir dans le
terreaufécondantde sesorigines et à s'éblouir de sesracines.
L'analyse de Laënnec Hurbon, dans Dieu dans le raudou haïtien (1987) est
à mettre en parallèle avec celle qui précède. Il a en effet découvert dans cette
religion une fonction très intéressante, la fonction thérapeutique. Mais en quoi
consiste-t-elle PD'après cet auteur, le vaudou est une vision du monde originale et
l'effort d'un peuple pour s'affirmer contre les conditions dramatiques de son histoire,
qui I'ont fait passer de I'esclavage et de la domination étrangère au sous-
développement et à la dictature politique. Pour reprendre à notre propre compte les
propos de l'éditeur, <<le vaudou constitue pour les masseshaltiennes une solution de
survie parce qu'il les aide à prendre conscienced'elles-mêmeset à s'assurercontre
I'existencemalheureuse-en "recousantles déchiruresdu tissu du monde >.69
utlbid.,
p. 20.
u*Grigny,
Éditions Parolesd'Aube, 1998,pp. 42-43.
6e
Ce constat est plus expliciæ dans un autre de ses livres dans lequel on pôut y lire : < La
persécution par l'esprit pose une question à I'individu vaudouisant et celui-ci est comme
enchaînépar cette question. Elle est celle du destin : le lwa est une force étrangère,inconnue
et anonyme, qui s'abat sur l'individu qui ne pourra retrouver l'équilibre qu'en renouant le
dialogue avec lui. En nommant le lwa, en lui rendant un culte qui plaît. le vaudouisant
obtient une protection. I1 ne gît plus dans le non-sens et la confusion. Il reconnaît sa propre
place dans le groupe, celle des autres et celle des choses dans I'univers. Le dialogue renoué
avec le lwa, c'est le sens retrouvé. C'est qu'il n'y en a pas pour le vaudouisant en dehors de
celui offert par la coutume ou la tradition. Les lwa sont [ ] les fondements et la cohésion
du groupe social culturel. Perdre le dialogue avec eux, c'est perdre le dialogue avec la
à la mort >, in
communauté, c'est être livré à l'individualité, à I'insécurité, à l'anon1,.,rna1,
LaênnecHURBON, læs mystèresdu vaudou..., op.cit., p. 146.
60
par sa grandepuissanceonirique, il fait tolalementcorps avec la matièrelittéraire,
commela sèveappartientà I'arbre. Il conçoitainsi cettereligion :
Jacques Roumain est sur la même longueur d'ondes que Depestre. Dans
Gouverneursde la rosée (1944), le vaudou se donne à voir sous ses deux aspects:
I'un constitué par I'atmosphère du réel merveilleux et l'autre incarné par la magie
noire qui symbolise la dictature de Duvalier et le vaudou. En développant ses
aspects dans cette æuvre, il prend, selon les sociologues, le parti d'innocenter le
vaudou, en ce qui concerne le mal, et propose de le rationaliser. La présence de
cette religion est vénfiable à travers la cérémonie vaudoue qu'offre Délira (la mère)
en I'honneur de son fils Manuel, revenu de Cuba (personnage central du roman).
Tout le chapitre IV est dédie à cette cérémonie. Il serait fastidieux de vous le
rapporter en entier. Citons uniquement cet extrait montrant I'arrivée de Dorméus, le
hounsan:
to
Philippe BERNARD, < Haiti, littérature et vaudou >>,op. cit., p. 21 1.
61
deux mains jointes vers les quatre directions
cardinales. Ses lèvres murmuraient les paroles
secrètes.Il arrosa ensuite le sol, traça un cercle
magique, redressa sa haute taille et se mit à
chanter accompagnéde tous les assistants:
Mais le vaudou prend toute son ampleur dans [æs arbres musiciens (1957)
de Jacques Stephen Alexis, En effet, Bois-d'Orme Létiro, personnagecentral du
roman, est un hougan de haut rang. Celui-ci sera aidé dans sa lutte contre le mal par
un puissant loa. Par contre, Gonaïbo, le petit prince de la forêt enchantée, sera
contraint à la rencontre avec la brutalité des hommes et la confrontation sera rude.
La fin du roman mêle onirisme et merveilleuxT2 lors de l'ultime rencontre entre le
vieux hougan dépositaire des secretsde I'initiation vaudoue et le jeune sauvagequ'il
a choisi comme héritier spirituel, réunissanten un seul être, par son geste,la poésie,
tt
Ja"q,r"sROUMAIN, Goul€rneurs de la rosée,Paris,Messidor, 1989,pp. 58-60.
''
René Depestre a donné, dans Ainsi parle le fleuve noir, une définition assezjuste de ce que
signifie ce concept en Haiti : < [r réalisme merveilleu,x des Haïtiens, est la négation
poétique, romanesque,picturale, des donnéesimpitoyables de la domination coloniale. C'est
l'antithèse artistique, la réfutation idéale des événements qui, dans I'ordre économique,
politique et social, ont dominé la scène insulaire de Saint-Domingue. Les faits
extraordinaires de la traite négrière prennent dans les esprits les dimensions culturelles et
mystiques sans précedent. L'appréhension esthétique des expériences de la plantation ouvre
des horizons jamais vus à I'aventure créole des images, des formes, des sons et des couleurs ;
l'histoire, les mæurs, les mentalités épousent les contours d'un imaginaire extrêmement
composite dans son baroquisme et son surréalisme populaire. Né de la folle démesure de
l'ordre esclavagiste, le vaudou projette sur l'histoire des ÉIaitiens les effets d'une
< illumination > fantastique, une sorte d'agrandissement des échelles de perception du réel,
où l'atroce et le merveilleux, le mystique et l'érotique, le carnavalesqueet le politique, se
côtoient, s'interpénètrenL se recoupent entre eux, dans une tanse et une exubérance
effrénées>>,René DEPESTRE, Ainsi parle le fleuve noir..., op. cit., pp. 60-61.
62
la tradition et la magie73.Dans ce court extrait, il évoqueI'atmosphèrede mystère
qui entoureles préparatifsd'une cérémonievaudoue.
tt PhilippeBERNARD,op. cir.,p.212.
to Paris,Gallimard,1957,pp.7l-72.
Jacqrr"sStephenALEXIS, I.es arbresmusiciens,
63
son souffle se lissait sur_ la terre sans le
moindre mufinure. Les deux flamboyants qui
délimitent l'entrée du sanctuaire de Nan-
Remembrance haussaient leurs troncs et leurs
frts divisés. énormes cuisses à la musculature
athléûque. Les branches puissantes
s'entecroisaient æls des paquets de membres
humaines, avec de longs biceps, des jarrets
noueux, des mollets torses et des renflements
herculéens, arbres quasi humains, monstrueux
titans a trente bras et vingt jambes brandies.
Les chevaux et les mules s'ébrouaient le long
des clôtures tandis que de nouvelles montures
hennissantes ne cessaient d'avancer sur la
il route crevassée.Les papaloas affluaient, jeunes
et vieux, portant des têtes hermétiques. Une
grande serviette blanche étalée au beau milieu
de la barrière du sanctuaire éclatait,
immaculée. L'<<impératrice>, vêtue d'un
caraco blanc,les reins ceints d'un foulard bleu,
accueillait les arrivants75
tt
Ibid., pp. 175-177.
64
d'Atchassou Zangôdô - e!'en d'autres lieux
on dénomme Damballah Oueddo, la couleuvre
d'Alada- se tenait droit et calme. Les papaloas
allaient à lui, leur < batterie > à la main et
Aristil les faisait pénétrer dans la salle du badgi
Bois-d'Orme Létiro était assis à terre, juste
devant le soba. À sa gauche, il avait son
badgigan, ( geal > Miracin, serviteur de Sobo
Naki dahomey, le lieu à la hache indienne de
jadéite et à sa droite, maigre et décharnée.
servante de Ayizan de Guinée. Autour de la
vaste salle, la table de Mambo Nannan,
recouverte d'une nappe bleue, celle de Papa
Liss4 celle de Zanmandon, celle de Papa
? Kiéviésou Danlé, celle de Loko Azagou, celle
de Atchassou Zangôdô, celle du Damoiseau
Blanc, celle de Kadja Dossous, celle de la
Belle Vénus. Les papaloas faisaient le cercle,
assis à même le sol de terre battue ils étaient là
quaûe-vingts près et d'autres continuaient à
entrer76.
tuldem.
65
Dunham >78 et à la publication du livre Iæs danses d'Haïti, son organisation
sociale, classification, formes et fonctions (1947). Sous le même angle, il faut
considérer le travail de Martha Jean-Claudeet d'Emérante de Pradines : ces derniers
ont non seulement remis à l'honneur les divers rythmes de la musique vaudou, mais
il les ont également enrichis avec la pop américaine et popularisés à travers des
groupes comme Boulanan Ekpéryans, Rarrq Boukan Ginen, Azor et Rasin Mapou,
Chandel, Koudjay, Kanpech, Tokay.
Ce n'est pas autre chose que relate Jean-Marie Drot dans <<un peuple
artiste)80. Il constateà l'occasion que le peuple haltien est un peuple de peintres.
78
La technique Dunham n'est pas seulement une technique, c'est une façon de vivre. Les
danseurssont amenés à ressentir les mouvements comme une expérience et non pas comme
un simple acte d'imitation. Leur entraînementse fonde sur une parfaite maîtrise du rythme et
un travail physique intense. À travers sa pratique personnelle du mouvement, Catherine
Dunham a su faire cohabiter danses populaires, rituels afro-caribéens et danse classique
occidentale, parvenant à imposer une signature singulière.
tn
Michel LE BRIS, op. cit., pp. 102-105.
to
Ibid.,p. 169.
66
En visitant le Centred'art, lors de son séjo.prsur l'île, (nous l'avons aussiconstaté
lors de notre séjour, en 2008, sur l'île et nous sommesrestésadmiratif) il a été
frappépar l'originalité destoiles exposéessouventhautesen couleur.D'un tableauà
I'autre, il avait perçu un air de famille, un cousinage?une sorte de tutoiement.
Chaquepeintre semblait, selon lui, jouer quelquesnotes d'une vaste symphonie
populaire.Pour comprendrece qu'est véritablementcettepeintureet son contenu,il
est intéressantde s'en tenir aux propos de Philippe Auguste, un des rois de la
peinturehartienne,:
tt rbid.,p. r72
67
haitienne récuse la magie de l'<authenticite >
des æuvres. Elle est le signe de la
communauté. La parole de tout un peuple. La
mesurede son énersie.82
Conclusion
Bibliographie
ALEXIS Jacques Stephen, 1957, I-es arbres musiciens, Paris, Gallimard
<<L'imaginaire>>.
82Édouard
GLISSANT, k discoursantillais, Paris,Gallimard, 1997, pp. 462et 464.
68
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pour les anges,Belgique,EditionsAutrement.
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Jacobins
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Laffont.
59
MAAr OUF Amin, 1998,Iæs identitésmeurtrières,Paris,Grassetet Fasquelle.
70