Université Mouloud Mammeri 2023/2024

Faculté de Génie de la construction Maths 4 (Section A & B)

Dpt de Génie Civil
TD # 2
Eléments de cours et Exercices avec solutions

• Une fonction f de la variable complexe z = x + iy ∈ C associe à

un élément du domaine de définition D une image ω = f (z).
Si ω est unique on dit que la fonction est uniforme. Sinon, on
dit que la fonction est multiforme.

• Si f (z) est uniforme dans un domaine “particulier” D, on dit

qu’elle est dérivable en z0 si le quotient

f (z0 + ∆z) − f (z0 )

∆z
admet une limite indépendamment de la façon dont ∆z tend vers
0.
Une fonction dérivable en tout point du domaine D est dite holo-
morphe (ou analytique).

• La fonction f (z) peut s’écrire sous la forme

f (z) = u(x, y) + iv(x, y)
où u et v sont deux fonctions réelles.

• Conditions de Cauchy-Riemann

f (z) = u(x, y) + iv(x, y) holomorphe dans D

∂u ∂v ∂u ∂v
⇒ = et =− .
∂x ∂y ∂y ∂x

 ∂u ∂u ∂v ∂v
, , et continues dans D
∂x ∂y ∂x ∂y
 et les équations de Cauchy-Riemann satisfaites

⇒ f (z) holomorphe dans D

• Les fonctions u(x, y) et v(x, y) sont souvent appelées fonctions

conjuguées. Si l’on se donne l’une d’entre elles, on peut déterminer
l’autre (à une constante additive près) de telle manière que u+iv =
f (z) soit analytique.

1
 •Expression de la dérivée
∂u ∂v ∂v ∂u
f 0 (z) = +i = −i
∂x ∂x ∂y ∂y

• Si la fonction f (z) = u(x, y)+iv(x, y) est holomorphe dans le

domaine D, on peut l’exprimer au moyen de la seule variable
z = x + iy.
• Si f (z) = u + iv est une fonction holomorphe dans le domaine D
et si u et v ont des dérivées secondes continues dans D alors :
∂ 2u ∂ 2u ∂ 2v ∂ 2v
∆u = + = 0 et ∆v = + = 0.
∂x2 ∂y 2 ∂x2 ∂y 2

(∆u est le Laplacien de u.)

Les fonctions qui ont des dérivées partielles secondes continues et
un Laplacien nul sont dites harmoniques.

• Toute fonction harmonique u(x, y) est la partie réelle d’une fonc-

tion holomorphe définie à une constante imaginaire pure près.

Exercice 1
1) Montrer que la fonction f (z) = z̄ n’est pas analytique en aucun point.
2) Montrer que la fonction f (z) = z 2 est analytique pour tout z.
3) Montrer que les fonctions f (z) = Re(z) et g(z) = Im(z) ne sont pas analytiques en
aucun point.
4) Vérifier si les fonctions suivantes sont analytiques :
1
f (z) , g(z) = ex cos y et h(z) = |z − 1|2 .
z+1
5) Sous forme polaire, z = r(cos θ + i sin θ), écire les les conditions de Cauchy-Riemann et
l’équation de Laplace.

Exercice 2
1) Vérifier que les équations de Cauchy-Riemann sont satisfaites par les parties réelles et
imaginaires des fonctions suivantes ; en déduire l’analycité de chacune de ces fonctions .

f (z) = z 2 + 3iz + 3 + i, g(z) = ze−z , h(z) = sin(2z).

2) Donner l’expression de la dérivée de chacune de ces fonctions.

2
 Exercice 3
1) Montrer que la fonction u(x, y) = 2x(1 − y) est harmonique.
2) Trouver une fonction v(x, y) telle que f (z) = u(x, y) + iv(x, y) soit holomorphe (i.e.
déterminer la fonction conjuguée de u(x, y)).
3) Exprimer f (z) à l’aide de la variable z.

Exercice 4
1) Montrer que la fonction v(x, y) = ex (sin y) est harmonique.
2) Trouver une fonction u(x, y) telle que f (z) = u(x, y) + iv(x, y) soit holomorphe (i.e.
déterminer la fonction conjuguée de v(x, y)).
3) Exprimer f (z) à l’aide de la variable z.

3
 Solutions des exercices
Exercice 1
1) Par définiton
f (z + ∆z) − f (z)
f 0 (z) = lim
∆z→0 ∆z
Si cette limite existe indépendamment de la manière dont ∆z = ∆x + i∆y tend vers 0,
alors
z + ∆z − z x + iy + ∆x + i∆y − x + iy
f 0 (z) = lim =
∆z→0 ∆z ∆x + i∆y
x − iy + ∆x − i∆y − (x − iy) ∆x − i∆y
= lim = lim
∆x→0 ∆x + i∆y ∆x→0 ∆x + i∆y
∆y→0 ∆y→0

∆x
Si ∆y = 0, la limite cherchée est lim = 1.
∆x→0 ∆x
−i∆y
Si ∆x = 0, la limite cherchée est lim = 1.
∆y→0 i∆y
La limite obtenue dépend de la façon dont ∆z → 0 donc la dérivée n’existe pas c-à-d f (z)
n’est pas analytique en aucun point.

2) On a f (z) = z 2 = x2 − y 2 + i(2xy) = u(x, y) + iv(x, y). Doù u(x, y) = x2 − y 2 et

v(x, y) = 2xy.
∂u ∂v ∂u ∂v
De = 2x = et = −2y = − , on en déduit que les équations de Cauchy-
∂x ∂y ∂y ∂x
Riemann sont vérifiées. De plus, ces dérivées sont continues donc f (z) est analytique.
La dérivée cherchée est alors
∂u ∂v
f 0 (z) = (x, y) + i (x, y) = 2x + 2iy = 2z.
∂x ∂x
3) Les fonctions f (z) = Re(z) et g(z) = Im(z) ne sont analytiques en aucun point car elles
ne vérifient pas les équations de Cauchy-Riemann. En effet, comme Re(z) =u(x, y)+iv(x, y)
où u(x, y) = x et v(x, y) = 0 il vient
∂u ∂v
= 1 6= = 0.
∂x ∂y
De même pour Re(z) =u(x, y) + iv(x, y) où u(x, y) = 0 et v(x, y) = y on a
∂u ∂v
= 0 6= = 1.
∂x ∂y
1
4) Si z 6= −1, la fonction f (z) = est le quotient de deux fonctions analytiques
z+1
donc elle aussi analytique.

4
 On a g(z) = ex cos y = u(x, y) + iv(x, y) où u(x, y) = ex cos y et v(x, y) = 0. Comme

∂u ∂v
= ex cos y 6= = 0,
∂x ∂y

les conditions de Cauchy-Riemann ne sont pas vérifiées donc g(z) n’est pas analytique.

On a

h(z) = |z − 1|2
= (z − 1)(z − 1)
= zz − 2Re(z) + 1
= u(x, y) + iv(x, y)

où u(x, y) = x2 + y 2 − 2x + 1 et v(x, y) = 0.

∂u ∂v
De = 2x − 2 et = 0, on en déduit que les conditions de Cauchy-Riemann ne
∂x ∂y
sont pas vérifiées donc h(z) n’est pas analytique.
p
5) Nous avons x = r cos θ, y = r sin θ où r = x2 + y 2 et θ= Arctg(y/x). D’où
!  
∂u ∂u ∂r ∂u ∂θ ∂u x ∂u −y ∂u 1 ∂u
= + = p + 2 2
= cos θ − sin θ
∂x ∂r ∂x ∂θ ∂x ∂r x2 + y 2 ∂θ x + y ∂r r ∂θ
!  
∂u ∂u ∂r ∂u ∂θ ∂u y ∂u x ∂u 1 ∂u
= + = p + = sin θ + cos θ
∂y ∂r ∂y ∂θ ∂y ∂r x2 + y2 ∂θ x + y2
2 ∂r r ∂θ
De même
∂v ∂v ∂r ∂v ∂θ ∂v 1 ∂v
= + = cos θ − sin θ
∂x ∂r ∂x ∂θ ∂x ∂r r ∂θ
∂v ∂v ∂r ∂v ∂θ ∂v 1 ∂v
= + = sin θ + cos θ
∂y ∂r ∂y ∂θ ∂y ∂r r ∂θ
∂u ∂v
D’après l’équation de Cauchy-Rieman = il vient
∂x ∂y
   
∂u 1 ∂v ∂v 1 ∂u
− cos θ − + sin θ = 0 (1)
∂r r ∂θ ∂r r ∂θ

∂u ∂v
D’après l’autre équation de Cauchy-Riemann = − , il vient
∂y ∂x
   
∂u 1 ∂v ∂v 1 ∂u
− sin θ + + cos θ = 0 (2)
∂r r ∂θ ∂r r ∂θ

5
En multipliant l’équation (1) par cos θ, la (2) par sin θ et en additionnant, il vient
∂u 1 ∂v ∂u 1 ∂v
− = 0 ou = .
∂r r ∂θ ∂r r ∂θ
En multipliant l’équation (1) par − sin θ, la (2) par cos θ et en additionnant, il vient
∂v 1 ∂u ∂v 1 ∂u
+ = 0 ou =− .
∂r r ∂θ ∂r r ∂θ

Exercice 2
1) On a

f (z) = z 2 + 3iz + 3 + i
= (x + iy)2 + 3i(x + iy) + 3 + i
= (x2 − y 2 − 3y + 3) + i(2xy + 3x + 1)
= u(x, y) + iv(x, y)

où u(x, y) = x2 − y 2 − 3y + 3 et v(x, y) = 2xy + 3x + 1. D’où

∂u ∂v
= 2x = ,
∂x ∂y
∂u ∂v
= −2y − 3 = − .
∂y ∂x

Les equations de Cauchy-Riemann sont vérifiées. Ces derivées partielles étant continues
f (z) est analytique.
Sa dérivée est donnée par

∂u ∂v
f 0 (z) = (x, y) + i (x, y),
∂x ∂x
= 2x + i(2y + 3) = 2(x + iy) + 3i
= 2z + 3i.

Comme

e−z = e−x−iy = e−x e−iy = e−x (cos(−y) + i sin(−y))

= e−x (cos y − i sin y),

il vient

g(z) = ze−z
= (x + iy)e−x (cos y − i sin y)
= e−x (x cos y + y sin y) + ie−x (y cos y − x sin y)
= u(x, y) + iv(x, y)

6
où u(x, y) = e−x (x cos y + y sin y) et v(x, y) = e−x (y cos y − x sin y). D’où

∂u
= −e−x (x cos y + y sin y) + e−x cos y = e−x (cos y − x cos y − y sin y)
∂x
∂v
= e−x (cos y − y sin y − x cos y).
∂y

∂u ∂v
La première équation de Cauchy-Riemann = est satisfaite.
∂x ∂y
La deuxièmme aussi. En effet, comme

∂u
= e−x (−x sin y + sin y + y cos y)
∂y
∂v
= −e−x (y cos y − x sin y) − e−x sin y = −e−x (y cos y − x sin y + sin y).
∂x

∂u ∂v
= − (x, y). De plus ces dérivées sont continues donc g(z) = ze−z est analytique.
∂y ∂x
La dérivée vaut
∂u ∂v
g 0 (z) = (x, y) + i (x, y),
∂x ∂x
= e−x (cos y − x cos y − y sin y) − ie−x (y cos y − x sin y + sin y)
= e−x (cos y − i sin y) + e−x [(−x cos y + ix sin y − y sin y − iy cos y)]
= e−x (cos y − i sin y) − e−x (x + iy)(cos y − i sin y)
= e−x−iy − (x + iy)e−x−iy
= e−z − ze−z .

1) On a

ei(2z) − e−i(2z) e−2y+2ix − e2y−2ix e−2y e2ix − e2y e−2ix

h(z) = sin(2z) = = =
2i 2i 2i
−2y 2y
e (cos(2x) + i sin(2x)) − e (cos(−2x) + i sin(−2x))
=
2i
e−2y − e2y e−2y + e2y
= cos(2x) + i sin(2x)
2i 2i
e2y + e−2y e2y − e−2y
= sin(2x) + i cos(2x)
2 2
= u(x, y) + iv(x, y)

où
e2y + e−2y e2y − e−2y
u(x, y) = sin(2x) et v(x, y) = cos(2x).
2 2
7
D’où
∂u
= (e2y + e−2y ) cos(2x)
∂x
∂v
=
∂y

et
∂u
= (e2y − e−2y ) sin(2x)
∂y
∂v
= − .
∂x

Équations de Cauchy-Riemann satisfaites + dérivées partielles sont continues donc h(z) =

sin(2z) est holomorphe.
2) Sa dérivée est donnée par

∂u ∂v
h0 (z) = (x, y) + i (x, y),
∂x ∂x
= (e + e ) cos(2x) − i(e2y − e−2y ) sin(2x)
2y −2y

= e2y (cos(2x) − i sin(2x)) + e−2y (cos(2x) + i sin(2x))

= e2y (cos(−2x) + i sin(−2x)) + e−2y (cos(2x) + i sin(2x))
= e2y−2ix + e−2y+2ix
= e−2iz + e2iz
= 2 cos(2z).

Exercice 3
1) On a

∂u
= 2(1 − y)
∂x
∂ 2u ∂u
= (2(1 − y)) = 0 (1)
∂x2 ∂x
∂u
= −2x
∂y
∂ 2u ∂u
= (−2x) = 0 (2)
∂y 2 ∂y

∂ 2u ∂ 2u
Par addition de (1) et (2) on obtient + = 0, ce qui montre que u est harmonique.
∂x2 ∂y 2
2) Pour que f soit holomorphe il est nécessaire que les équations de Cauchy-Riemann soient

8
vérifiées, donc

∂v ∂u
= = 2(1 − y) (3)
∂y ∂x
∂v ∂u
= − = 2x (4)
∂x ∂y

En intégrant (3) par rapport à y, x étant constant, il vient

Z
v(x, y) = 2(1 − y)dy = −(1 − y)2 + F (x) (5)

où F (x) est une fonction réelle arbitraire de x.

En remplaçant (5) dans (4) on obtient

F 0 (x) = 2x
Z
donc F (x) = 2xdx = x2 + c, c désignant une contante. D’où le conjugué de u(x, y) de
(5)

v(x, y) = −(1 − y)2 + x2 + c,

soit alors

f (z) = 2x(1 − y) + i[−(1 − y)2 + x2 + c],

= 2x(1 − y) + i(x2 − y 2 + 2y) + ic.

3) On a

f (z) = i(x2 − y 2 + 2ixy) + 2(x + iy) + ic

= iz 2 + iz + ic, c ∈ R.

Exercice 4
1) On a

∂v
= ex (sin y)
∂x
∂ 2v ∂ x
= (e (sin y)) = ex (sin y) (1)
∂x2 ∂x
∂v
= ex (cos y)
∂y
∂ 2v ∂ x
= (e (cos y)) = −ex (sin y) (2)
∂y 2 ∂y

9
 ∂ 2v ∂ 2v
Par addition de (1) et (2) on obtient + = 0, ce qui montre que v est harmonique.
∂x2 ∂y 2
2) Pour que f soit holomorphe il est nécessaire que les équations de Cauchy-Riemann soient
vérifiées, donc
∂u ∂v
= = ex (cos y) (3)
∂x ∂y
∂u ∂v
= − = −ex (sin y) (4)
∂y ∂x

En intégrant (3) par rapport à x, y étant constant, il vient

Z
u(x, y) = ex (cos y)dx = ex (cos y) + F (y) (5)

où F (y) est une fonction réelle arbitraire de y.

Par substitution de (5) dans (4) on obtient

−ex (sin x) + F 0 (y) = −ex (sin y)

Z
soit alors F (y) = 0dy = c, c désignant une contante. D’où de (5) le conjugué de v(x, y)
donné par

u(x, y) = ex (cos y) + c, c ∈ R

3) On a

f (z) = u(x, y) + iv(x, y)

= ex (cos y + i sin y)) + c,
= ex eiy + c
= ex+iy + c
= ez + c.

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