Académique Documents
Professionnel Documents
Culture Documents
2023
Cours
DROIT RÉGIONAL ET INTERNATIONAL RELATIF AUX DROITS DE
L’ENFANT ET LA MISE EN ŒUVRE
Professeur
Marc Yao AGBETSE
Sujet 1
Quel est le noyau conventionnel international des droits de l’enfant?
09 août 2023
0
Grille d’évaluation
Devoir
Attention :
Tableau réservé à l’appréciation du correcteur ou de la correctrice. A remplir par une X.
Ce tableau est suivi d’un espace de commentaires à l’attention de l’étudiant/e.
Maîtrise de la matière
- Problématisation.
- Bonne compréhension du
cours.
Approche Critique
- Recherche documentaire.
- Élaboration de la réflexion,
positionnement.
- Pertinence des arguments.
1
Commentaires à l’attention de l’étudiant.e
Note finale
Introduction générale
2
Grandir relève d’un combat pour beaucoup d’enfants. A cause de leur condition de vie,
chaque jour dans le monde, des enfants meurent. En Afrique surtout, des milliers d’enfants
vivent en milieu de guerre et doivent parfois quitter seuls leur pays pour espérer survivre.
L’UNICEF, le Fonds des Nations Unies pour l’Enfance, ne peut que s’inquiéter. En effet, la
situation des enfants reste préoccupante et, l’humanité doit agir urgemment en faisant primer
l’intérêt des ceux-ci, parce que vulnérables et dépendants.
Selon le site HUMANIUM1, On estime qu’il y a 2,2 milliards d’enfants dans le monde,
et près de 2 milliards vivent dans les pays en développement.
Mais un enfant, qu’est-ce à dire ? Être un enfant c’est avoir des besoins spécifiques.
Cela demande que l’on reconnaisse à l’enfant des droits particuliers. Pour garantir et préserver
ces droits pour chaque enfant, beaucoup de textes internationaux sur les droits de l’enfant sont
nés depuis le XIXe siècle. Cependant, y-a-t-il un noyau conventionnel international des droits
de l’enfant, qui soit juridiquement contraignant pour tous les pays, en faveur de chaque enfant
dans le monde ? Est-ce la Convention Internationale des Droits de l’Enfant (CIDE) ou la
Convention relative aux Droits de l’Enfant (CDE), adoptée en 1989 par l’Assemblée générale
des Nations Unies ? Que contient-elle cette Convention Internationale ? Qu’a-t-elle apporté
comme développement aux droits de l’enfant ? Comment est-elle apparue ? Comment est-elle
mise en application dans le monde ?
Tout en donnant d’abord un aperçu historique (fondements historiques des droits de
l’enfant), du sujet abordé qui est de dire quel est le noyau conventionnel international des
droits de l’enfant, nous examinerons ensuite plus en détail certains aspects clés de la
Convention internationale des droits de l’enfant. Nous analyserons son contenu et ses
implications. A la suite de quoi, nous étayerons notre thèse selon laquelle la Convention
relative aux droits de l’enfant (CDE) est le noyau conventionnel international pour assurer la
protection intégrale des enfants ainsi que leur développement intégral partout dans le monde.
3
« Au début du XXe siècle, dans les pays industrialisés, il n’existait aucune norme de
protection des enfants. Il était courant que les enfants travaillent aux côtés des adultes
dans des conditions insalubres et dangereuses. La reconnaissance croissante des
injustices de la situation des enfants, mue par meilleure compréhension de leurs
besoins en matière de développement, a donné naissance à un mouvement visant à
améliorer leur protection2. »
L’idée de protection de l’enfant naît à partir du fait que c’est un être vulnérable. Le
processus d’adoption a donc suivi un chemin assez long : sous la Société des Nations (SDN),
sous l’impulsion de la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme (DUDH) et d’autres
textes juridiques internationaux importants.
2. Contenu de la déclaration
2
[2] UNICEF, https://www.unicef.org/fr/convention-droits-enfant/histoire-droits-enfants, consulté le 28 juillet
2023.
3
[3] HUMANIUM, https://www.humanium.org/fr/declaration-de-geneve-1924/, consulté le 31 juillet 2023.
4
[4] HUMANIUM, https://www.humanium.org/fr/declaration-de-geneve-1924/, consulté le 31 juillet 2023.
4
La Déclaration de Genève de 1924 affirme que « l’humanité doit donner à l’enfant ce
qu’elle a de meilleur » (Préambule de la Déclaration). Elle attire l’attention des adultes sur le
bien-être de l’enfant. Le texte reconnaît son droit au développement, son droit à la protection,
à l’assistance et au secours. C’est le socle de base des droits de l’enfant sans discrimination.
Ses besoins fondamentaux y sont inscrits en cinq (05) articles. A la différence des traités de
droit international que l’on connaît aujourd’hui, « la Déclaration de Genève de 1924 est un
hommage à la pensée de Boileau, qui disait si bien : Ce qui se conçoit bien s’énonce
clairement, et les mots pour le dire arrivent aisément5. »
Dans la Déclaration, l’enfant ne semble pas être placé comme un sujet de droit. Le
texte insiste plutôt sur le devoir des adultes en société envers l’enfant. En somme, le mot
d’ordre du texte de 1924, repris dans le préambule de la Déclaration des droits de l’enfant de
1959, retenti encore aujourd’hui : « L’humanité doit donner à l’enfant ce qu’elle a de
meilleur6.» La Déclaration de Genève reste le tout premier texte international des Droits de
l’Homme, spécifiquement axé sur l’enfant.
1. Présentation de la déclaration
L’évolution du droit a révélé l’insuffisance de la Déclaration de Genève de 1924 qui
doit être approfondie. Ainsi la Déclaration des droits de l’enfant a été adoptée sous
5
[5] WHALEN, Christian, « Trente ans de droits de l’enfant : perspectives universelles, nationales et provinciales – une valse
à trois temps » in ESFAHANI, Hesam Seyyed et TRANCHANT, Carole C (dir.), La Convention internationale des droits de
l’enfant 30 ans après son adoption par l’Assemblée générale des Nations Unies : Réalités d’hier et défis d’aujourd’hui,
2022, Québec, Presses de l’Université Laval, p.4.
6
[6] MINISTERE DE LA SANTE ET DE LA PREVENTION, https://sante.gouv.fr/IMG/pdf/droits_enfants_declaration.pdf,
consulté le 30 juillet 2023.
7
[7] NATIONS UNIES, https://www.un.org/fr/universal-declaration-human-rights/, consulté le 30 juillet 2023.
5
l’impulsion de la Déclaration Universelle des droits de l’homme (DUDH) le 20 novembre
1959 par la résolution 1386 (XIV) de l’Assemblée générale des Nations Unies. « C’est le
premier grand consensus international sur les principes fondamentaux des Droits des
Enfants8. » Cette Déclaration ouvre la voie à une reconnaissance universelle des droits de
l’enfant, « même si juridiquement elle n’a pas une force contraignante9. »
2. Contenu de la déclaration
« L’enfant est reconnu, universellement, comme un être humain qui doit pouvoir se
développer physiquement, intellectuellement, socialement, moralement, spirituellement, dans
la liberté et la dignité10. » Le Préambule de la Déclaration des droits de l’enfant met en
lumière dans ses dix (10) principes, ce qu’il faut pour « une enfance heureuse ». La
Déclaration constate avec force le caractère vulnérable et dépendant de l’enfant. Celui-ci a
besoin d’une protection spéciale, des soins spéciaux et « l’humanité se doit de donner à
l’enfant le meilleur d’elle-même11. »
8
[8] HUMANIUM, https://www.humanium.org/fr/normes/declaration-1959/, consulté le 30 juillet 2023.
9
[9] AGBETSE, Marc Yao, Droit régional et international relatif aux droits de l’enfant et la mise en œuvre : Notes de cours.
Dominus Universitas, (https://domoodle.domuni.eu/mod/page/view.php?id=25839).
10
[10] LE GAL, Jean (2008), Les droits de l’enfant à l’école, p.33.
11
[11] HUMANIUM, https://www.humanium.org/fr/declaration-de-geneve-1924/, consulté le 31 juillet 2023.
6
« La situation des enfants à travers le monde était préoccupante, notamment la
maltraitance et l’exploitation des enfants, y compris à des fins sexuelles et
économiques. »12
D’où l’idée d’une Convention. « Le premier projet de Convention a été soumis par la
Pologne en février 197813.» Il était vraiment difficile d’assurer une protection efficace aux
droits de l’enfant en l’absence de texte juridique engageant les Etats. L’initiative de la
Pologne est à saluer. Elle a proposé l’élaboration d’un document qui puisse être juridiquement
contraignant pour tous, en matière de Droits de l’Enfant. Le projet se met en place avec cette
décision des Nations Unies de faire de l’année 1979, Année internationale de l’enfant. Une
manière pour l’Organisation des Nations Unies (ONU) de faire prendre conscience et d’agir
de façon collective pour protéger et garantir les droits fondamentaux des Enfants.
Un groupe de travail (open-ended working group) est ainsi créé pour l’élaboration de la
Convention.
« La particularité de ce groupe de travail est d’être composé d’un nombre non limité
de membres, associant à la fois le Fonds des Nations Unies pour l’Enfance
(UNICEF), différentes organisations non-gouvernementales (ONG) et les 48 Etats
membres de la Commission des Droits de l’Homme. Toutefois, aucun enfant n’a
participé à l’élaboration de la Convention15. »
Après avoir soumis le travail à l’organe juridique des Nations Unies pour relecture et
corrections, la Convention relative aux Droits de l’Enfant fut approuvée à l’unanimité. Elle est
juridiquement contraignante pour les Etats signataires qui s’engagent à défendre et garantir les
droits de tous les enfants.
12
[12] AGBETSE, Marc Yao, Droit régional et international relatif aux droits de l’enfant et la mise en œuvre : Notes de
cours. Dominus Universitas, (https://domoodle.domuni.eu/mod/page/view.php?id=25839).
13
[13] AGBETSE, Marc Yao, https://domoodle.domuni.eu/mod/page/view.php?id=25839.
14
[14] AGBETSE, Marc Yao, https://domoodle.domuni.eu/mod/page/view.php?id=25839.
15
[15] HUMANIUM, https://www.humanium.org/fr/genese/, consulté le vendredi 28 juillet 2023.
7
La Convention relative aux Droits de l’Enfant (CDE) a été « adoptée à l’unanimité
par l’Assemblée Générale des Nations Unies lors de sa quarante-quatrième session dans sa
résolution 44/25 du 20 novembre 1989. Elle est entrée en vigueur le 2 septembre 1990
conformément au paragraphe 1 de l’article 49. »16 L’application de ce texte représente un
objectif commun à toute l’humanité. C’est un texte qui réunit les droits civils, politiques,
sociaux, économiques et culturels de l’enfant. Il fixe les grands principes et les droits
fondamentaux de l’enfant à travers cinquante-quatre (54) articles.
Et comme le dit Norman J. Bossé17, Témoignage de son succès et de sa nécessité, la
Convention internationale des droits de l’enfant est aujourd’hui le traité le plus ratifié
au monde ; il est aujourd’hui en vigueur dans la quasi-totalité des pays du monde.
En effet, 61 Etats ont signé la Convention le 1 er jour. Le 20 novembre est alors désigné par les
Nations Unies, Journée Internationale de l’enfant. A la date du 31 août 2018 196 pays se sont
engagés pour mettre en œuvre la CDE. Voyons à présent quelle est sa portée.
16
[16] AGBETSE, Marc Yao, Notes de cours, https://domoodle.domuni.eu/mod/page/view.php?id=25839.
17
[17] BOSSE, Norman J, « Préface » in ESFAHANI, Hesam Seyyed et TRANCHANT Carole C (dir.), (2022), La
Convention internationale des droits de l’enfant 30 ans après son adoption par l’Assemblée générale des Nations Unies :
Réalités d’hier et défis d’aujourd’hui, p.VII.
18
[18] JOURNEE MONDIALE, https://www.journee-mondiale.com/98/journee-internationale-des-droits-de-l-enfant.htm,
consulté le 31 juillet 2023.
19
[19] AGBETSE, Marc Yao, Notes de cours, https://domoodle.domuni.eu/mod/page/view.php?id=25839.
20
[20] ZERMATTEN, Jean, « 30e anniversaire de la Convention : défis et menaces pour les droits de l’enfant », in
ESFAHANI, Hesam Seyyed et TRANCHANT, Carole C (dir.), (2022), La Convention internationale des droits de l’enfant
30 ans après son adoption par l’Assemblée générale des Nations Unies : Réalités d’hier et défis d’aujourd’hui, p.22.
8
procédure de présentation de communications. « La CIDE définit l’enfant de la manière
suivante : tout être humain âgé de moins de dix-huit ans, sauf si la majorité est atteinte plus
tôt, en vertu de la législation qui lui est applicable 21. » Voyons concrètement ce qu’il en est
des quatre principes de base de la Convention relative aux droits de l’enfant.
« Nous avons tous besoins d’être traités de manière égale, indépendamment de notre
race, couleur, sexe, nationalité, langue, religion ou origine ethnique ou sociale 22. » Le
principe de non-discrimination est un concept fondamental qui vise à garantir l’égalité des
droits et des opportunités pour tous les enfants, indépendamment de leur appartenance sociale,
religieuse, ethnique ou culturelle. La discrimination sous toutes ses formes va à l’encontre de
ce noble idéal. Ce principe de non-discrimination est au cœur même de l’entreprise des droits
de l’homme. Que la discrimination soit directe ou indirecte, elle prive l’Homme et de surcroît
l’enfant de leurs droits fondamentaux. L’enfant a droit a le droit de bénéficier de manière
égale d’une authentique protection quelque soit
« sa race, sa couleur, son sexe, sa langue, sa religion, son opinion politique ou tout
autre opinion, son origine nationale, ethnique ou sociale, sa situation de fortune, son
incapacité, sa naissance ou tout autre situation de l’enfant ou de ses parents ou de ses
tuteurs23. »
21
[21] SERVICE PUBLIC FEDERAL AFFAIRES ETRANGERES, https://diplomatie.belgium.be/sites/default/files/2022-
9
Le principe de non-discrimination est essentiel dans tous les domaines de la vie (même
politique) et cela doit être une préoccupation primordiale des Etats en faveur de l’enfant. Cela
rejoint le principe d’inclusion et de participation.
Ce principe est prévu dans l’article 12 de la CDE. Chaque enfant peut exprimer ses
points de vue mais aussi a droit à ce que ses points de vue et opinions soit respectés. L’article
stipule ceci :
« Les Etats parties garantissent à l’enfant qui est capable de discernement le droit
d’exprimer librement son opinion sur toute question l’intéressant, les opinions de
l’enfant étant dûment prises en considération eu égard à son âge et à son degré de
maturité24. »
Il est clair que cette présente Convention met l’accent sur l’évolution de l’autonomie de
l’enfant, contrairement à la Déclaration de 1924 et celle de 1959 qui étaient centrées sur son
bien-être. La Parole de l’enfant a de la valeur. « Que l’enfant s’exprime verbalement ou
corporellement ou qu’il préfère se taire, sa production du moment revêt toujours une
valeur25. » Pour l’enfant, les Etats sont tenus d’appliquer le droit d’exprimer librement ses
opinions et d’en accorder le poids voulu. L’enfant a juste besoin de savoir qu’il est un penseur
par son apprentissage progressif et que ses opinions peuvent être constructives. L’enfant n’est
pas une personne incapable de parole, et cette Convention vient bouleverser les mentalités et
les pratiques. Désormais l’enfant est un sujet de droit.
Plus qu’un principe, l’intérêt supérieur de l’enfant est considéré par l’Observation
générale no 14 (2013) du Comité des droits de l’enfant des Nations Unies, comme un droit de
fond, un principe juridique impératif fondamental et une règle de procédure 26. C’est ce qui
peut expliquer l’existence d’instruments antérieurs relatifs aux droits de l’Homme et des
enfants : la Déclaration des droits de l’enfant (1959), la Convention sur l’élimination de toutes
les formes de discrimination à l’égard des femmes (1979) et les autres instruments tels que la
Convention relative aux droits des personnes handicapées (2006). « De même, les instruments
24
[24] DEFENSEUR DES DROITS, https://www.defenseurdesdroits.fr/fr/la-convention-internationale-des-droits-de-
lenfant#:~:text=Adopt%C3%A9e%20le%2020%20novembre%201989,droits%20de%20tous%20les%20enfants, consulté le
31 juillet 2023.
25
[25] HAYEZ, J.Y et DE BECKER, E. (2010), La parole de l’enfant en souffrance, accueillir, évaluer et accompagner,
p.83.
26
[26] HAUT-COMMISSARIAT DES NATIONS UNIES AUX DROITS DE L’HOMME,
https://www2.ohchr.org/english/bodies/crc/docs/CRC.C.GC.14_fr.doc, consulté le 1 juillet 2023.
10
régionaux relatifs aux droits des enfants tels que la Charte africaine des droits et du bien-être
des enfants renforcent ce principe, vu comme la considération primordiale »27.
L’article 3 qui traite de ce principe a des mots-clés tels que «Dans toutes les actions »,
« Concernant », « Doit être » et « Une considération primordiale ». L’enfant, sa personne et
tout ce qui le concerne (son identité, son opinion, sa situation de vulnérabilité, le droit à la
santé, à l’éducation, le maintien de ses relations, la préservation de l’environnement
familial…) doivent être une considération primordiale des Etats.
Les Etats se trouvent dans l’obligation de prendre toutes les mesures nécessaires pour
garder inviolable ce droit mais aussi garantir la survie. Garantir une vie digne à chaque enfant,
voilà semble-t-il l’interprétation juste de ce principe. La Déclaration mondiale de 1990 en
faveur de la survie, de la protection et du développement des enfants a fourni une liste non
exhaustive des causes qui menacent la survie de l’enfant :
27
[27] HUMANIUM, https://www.humanium.org/fr/le-principe-de-linteret-superieur-de-lenfant/, consulté le mardi 25 juillet
2023.
[28] NATIONS UNIES, https://www.un.org/french/events/childfr.htm#:~:text=Le%20Sommet%20mondial%20pour%20les
%20enfants&text=Ces%20objectifs%20comprennent%20la%20r%C3%A9duction,'eau%20et%20l'assainissement, consulté
le 31 juillet 2023.
28
29
[29] LE GAL, Jean (2008), Droit de l’enfant à l’école, p.37.
11
Ainsi, ce texte international, juridiquement contraignant, consacre des garanties qui
sont fondamentales. Droit à la vie (article 6), à une identité, un nom, une nationalité (article
7). Un principe de non-discrimination (article 2), droit à la dignité à travers la protection de
l’intégrité physique et mentale (articles 19 et 34).
Le droit d’avoir une famille, d’être entouré et aimé (articles 5, 16 et 22) constitue des
droits individuels et sociaux. Notons également les droits des enfants réfugiés, handicapés,
des enfants issus de minorités ou de groupes autochtones. Les droits culturels et économiques
sont le droit à l’éducation, à un niveau de vie décent, droit de jouir d’une santé, droit au
respect de ses opinions, droit aux loisirs.
Cette Convention représente une étape significative dans la reconnaissance des droits
spécifiques dont jouissent les enfants en tant qu’individus distincts ayant des besoins
particuliers. Une Convention qui fait prendre conscience aux adultes que l’enfant est un sujet
de droit mais surtout dépendant et vulnérable.
a. Bénéficiaire de prestation
La CIDE a rappelé fortement que l’intérêt supérieur de l’enfant doit rester le critère
primordial dans toutes les décisions le concernant. Pour cela, ses droits ont besoins d’être
reconnus. L'enfant a besoin de soutien et d'une certaine aide, parce que fragile et vulnérable.
Cela est dû à son âge, à son état de santé ou à d'autres facteurs qui le rendent dépendant d'une
aide extérieure. L’enfant reste donc bénéficiaire des services des adultes: éducation, soins de
30
[30] ZERMATTEN, Jean, « 30e anniversaire de la Convention : défis et menaces pour les droits de l’enfant », in
ESFAHANI, Hesam Seyyed et TRANCHANT, Carole C (dir.) (2022), La Convention internationale des droits de l’enfant
30 ans après son adoption par l’Assemblée générale des Nations Unies : Réalités d’hier et défis d’aujourd’hui, p. 22.
12
santé et activités socio-culturelles, toute autre forme d'assistance visant à assurer le bien-être
et le développement de l’enfant.
Etant donné que l’enfant est un être vulnérable, il doit être protégé. L’enfant a le doit
d’être en sécurité. C’est ce que la CIDE appelle « l’enfant a droit d’être protégé ». C’est une
réalité et un idéal à atteindre. Chaque enfant a droit à l’amour et aux soins, à un foyer
chaleureux, à une bonne alimentation, à l’éducation, a tout ce qui l’aide à grandir heureux et
en bonne santé. Cela fait partie des droits fondamentaux de l’enfant. Il a une dignité en tant
que sujet de droit. Chaque enfant mérite d'avoir une chance de vivre sa meilleure vie, à l'abri
du danger et avec des possibilités infinies. La protection de l’enfant doit être l’objet de toute
notre vigilance.
En 1989, les adultes que l’enfant est désormais un sujet de droit, c’est une personne,
une personne « digne à respecter et surtout une personne qui, du fait de sa naissance,
détenait des droits que cette jeune personne pouvait exercer, progressivement, eu égard à son
âge et à son degré de maturité, de manière autonome et indépendante31. »
L’enfant en tant que personne a les mêmes droits et libertés fondamentales que
l’adulte. C’est un être humain à part entière.
La CIDE est juridiquement contraignante pour les Etats signataires. Ils s’engagent à
défendre et à garantir les droits fondamentaux de tous les enfants. La Convention demande
aux Etats de permettre aux enfants de participer à la vie sociale, culturelle, économique et
même politique. Une grande révolution mais aussi un grand défi. Parmi ces défis, il y a le
changement des mentalités.
31
[31] ZERMATTEN, Jean, « 30e anniversaire de la Convention : défis et menaces pour les droits de l’enfant », in
ESFAHANI, Hesam Seyyed et TRANCHANT, Carole C (dir.) (2022), La Convention internationale des droits de l’enfant
30 ans après son adoption par l’Assemblée générale des Nations Unies : Réalités d’hier et défis d’aujourd’hui, p.22.
32
[32] LE GAL, Jean (2002), Droits de l’enfant à l’école. Pour une éducation à la citoyenneté, p. 38.
13
Comment accepter que l’enfant soit devenu un sujet de droit, une personne que l’on
doit écouter, donner une valeur à sa parole, le mettre au centre de notre attention ? De plus les
questions de protection ne sont pas réglées de manière unanime. Chaque pays a ses propres
réalités économiques, politiques et sociales. Ce qui rend difficile une application uniforme de
la CDE à travers le monde. Il y a aussi des résistances culturelles ou religieuses lorsqu’il
s’agit de mettre en pratique les normes internationales relatives aux droits de l’enfant. Il peut
y avoir une tension entre les valeurs traditionnelles et coutumières locales et celles promues
par la CDE. L’exemple concret est ceci : certains groupes de personnes peuvent remettre en
question le droit à l’éducation sexuelle intégrale préconisé par la CDE au nom du respect des
traditions familiales.
« Le Comité examine et commente les rapports puis rend ses conclusions et adresse
des recommandations aux Etats. Des organisations non gouvernementales ou des
institutions peuvent aussi lui remettre des rapports. En cas de violation des droits, le
Comité n’a aucun pouvoir de sanction. Si des pays n’honore pas leurs engagements, il
peut publier des rapports dénonçant les violations commises mais pas les obliger à
s’appliquer ses décisions33. »
14
Le premier Protocole facultatif à la CDE concerne la vente d’enfants, la prostitution
des enfants et la pornographie mettant en scène des enfants. Les USA ont ratifié ce premier
protocole le 23 décembre 2002.
1. Adoption et entrée en vigueur
Ce Protocole a été adopté le 25 mai 2000 par la résolution 54/263 de l’Assemblée
générale des Nations Unies. Il est entré en vigueur le 18 janvier 2002, conformément au
paragraphe 1 de l’article 4. Cent vingt et un (121) pays l’ont signé et cent soixante-quinze
(175) l’ont ratifié. Que contient-il exactement ce Protocole ?
2. Stipulation du protocole
Le Protocole a procédé à la définition de la vente, la prostitution et la pornographie.
« Selon l’UNICEF, chaque année plus d’un million d’enfants et plus particulièrement des
filles, sont impliqués dans l’industrie du sexe.34 » C’est le premier instrument juridique et
contraignant. Il interdit l’implication des enfants dans la prostitution et la pornographie. Ce
sont des activités qui violent la dignité de l’enfant. Des sanctions radicales et immédiates sont
prises pour lutter contre ce fléau. Les Etats sont priés de prendre les dispositions nécessaires.
15
2. Stipulation du protocole
C’est le Comité des droits de l’enfant qui assure la supervision de ce Protocole
facultatif dans l’exercice de son mandat. Ce Protocole affirme qu’il interdit de recruter des
enfants dans des forces armées. Les Etats ont l’obligation et la responsabilité d’interdire cela.
Les enfants n’ont ni la maturité, ni le développement physique et mental nécessaire pour
comprendre la gravité et les conséquences de leur enrôlement dans les forces armées, rappelle
le Protocole.
2. Stipulation du protocole
Le nouveau Protocole permet à tout enfant de déposer une plainte individuelle devant
le Comité des Droits de l’Enfant. Ce nouveau mécanisme est révolutionnaire car inexistant.
Des rapports étaient juste envoyés au Comité sur la situation des enfants.
« Ce Protocole facultatif se fonde notamment sur le principe de non-discrimination,
de l’universalité et l’interdépendance, le statut de sujet de droit de l’enfant en tant
qu’être humain dont la dignité doit être reconnu et dont les capacités évoluent 36. »
35
[35] HUMANIUM, https://www.humanium.org/fr/convention/protocole-3/, consulté le 30 juillet 2023.
36
[36] AGBETSE, Marc Yao, Notes de cours, https://domoodle.domuni.eu/mod/page/view.php?id=25839.
16
Conclusion générale
La Convention relative aux droits de l’enfant, adoptée est issue d’un long processus de
développement de la pensée à l’égard de l’enfant dans notre société. Le XXe siècle a opéré
une avancée considérable sur ce point, à travers la reconnaissance des droits fondamentaux de
l’enfant. Ces droits fondamentaux sont inscrits dans un texte fondamental adopté le 20
novembre 1989 par l’Assemblée générale des Nations Unies.
Au cours de notre travail, nous avons pu voir comment cette Convention revêt un
caractère extraordinaire. C’est un instrument juridique universel qui a été ratifié par la quasi-
totalité des pays du monde. Unanimement, la conscience collective reconnaît que l’enfant est
vulnérable et dépendant. En réunissant les droits civils, politiques, sociaux, économiques et
culturels de l’enfant, la CIDE fixe les grands principes des droits de l’enfant à travers ses 54
articles. Ses trois (03) Protocoles facultatifs viennent compléter et réassurer les droits
fondamentaux de l’enfant.
Cependant, les droits de l’enfant n’avancent pas à pas de géant. Il est encore difficile
pour certains de concevoir l’enfant comme sujet de droit. C’est un objet de protection et pour
les adultes, « donner des droits aux enfants porte atteinte à leur autorité d’adulte et constitue
un péril pour la société37. »
Nos efforts locaux, nationaux et mondiaux doivent se conjuguer pour mieux donner à
l’enfant ce qu’il y a de meilleur dans l’humanité. Favorisons ce nouveau statut de l’enfant qui
est un individu à part entière.
Bibliographie
Sites internet
- https://www.un.org/fr.
- https://www.unicef.org.fr.
- https://www2.ohchr.org/.
- https://www.defenseurdesdroits.fr/fr.
- https://www.vie-publique.fr.
- https://sante.gouv.fr/IMG/pdf/droits_enfants_declaration.pdf.
- https://www.journee-mondiale.com.
37
[37] ZERMATTEN, Jean, « 30e anniversaire de la Convention : défis et menaces pour les droits de l’enfant », in
ESFAHANI, Hesam Seyyed et TRANCHANT, Carole C (dir.) (2022), La Convention internationale des droits de l’enfant
30 ans après son adoption par l’Assemblée générale des Nations Unies : Réalités d’hier et défis d’aujourd’hui, p. 29.
17
- https://diplomatie.belgium.be/sites/default/files/2022-09/
note_strategie_droits_enfant.pdf.
Ouvrages
- AGBETSE, Marc Yao, Droit régional et international relatif aux droits de l’enfant et
la mise en œuvre : Notes de cours. Dominus Universitas, septembre 2018.
(https://domoodle.domuni.eu/mod/page/view.php?id=25839).
18