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Série (4/5)/L’école idéale en Europe

En Angleterre, des « grands frères » contre la violence


scolaire
Londres (Royaume-Uni)
Julien Laurens | 11.09.2008, 07h00

ILs SONT entre 9 et 17 ans et s’occupent des problèmes des élèves plus jeunes qu’eux. C’est une
solution totalement inédite que la Grande- Bretagne met en place pour lutter contre la violence
scolaire, un fléau auquel le pays est de plus en plus confronté.Outre cettemesure—dont les premiers
effets sont spectaculaires —, d’autres sont systématisées à cette rentrée.

Notamment des interventions très nombreuses de policiers dans les écoles et des campagnes de
fouille des élèves, dans les établissements les plus difficiles. Des initiatives, encore inconcevables, en
France.

POUR LUTTER contre les violences à l’école, le « bullying » (le harcèlement) ou encore
l’absentéisme, les Britanniques expérimentent une solution efficace et pédagogique à la fois : les « big
brother ». Au début des années 2000 l’expérimentation démarre et aujourd’hui des centaines d’écoles
et de collèges à travers le pays ont mis en place ce système de médiation, effectué par des élèves
eux-mêmes, surnommés grands frères. Ce projet a été initié par le ministère de l’Education, pour
éradiquer les problèmes que connaissait le système éducatif anglais, mais finalisé directement par les
établissements en coopération avec des associations qui luttent contre les difficultés scolaires. Ces
grands frères ont entre 9 et 17 ans et s’occupent des problèmes d’enfants plus jeunes qu’eux dans
leur propre école ou collège. Leur mission, bénévole bien sûr, est d’intervenir lors d’une bagarre, de
régler des contentieux, de discuter avec des élèves trop absents ou de faire cesser des actes
d’humiliation. La médiation se passe à la pause du déjeuner ou après les cours, dans une salle au
calme et sans contrainte de durée. Ces jeunes jouent donc à la fois un rôle de psychologue,
d’assistante sociale et d’agent de sécurité ! Et le succès est fulgurant. Les établissements qui ont mis
en place ce projet ont vu en moyenne les violences baisser de 25 % et l’absentéisme de plus de 35 %.
« Pour nous c’est une grande réussite. La différence depuis l’arrivée de ce système est très
signifiante. L’établissement est beaucoup plus sain et tout le monde, enfants et enseignants, travaille
mieux », confirme Sarah Harding, responsable d’un collège de Saint Albans, dans le nord de la
capitale.

Forts de ces résultats, de plus en plus d’établissements développent à leur tour cette idée.

« Nous avons remarqué que tout se passe beaucoup mieux quand ce sont des élèves qui règlent les
problèmes de leurs camarades. L’adulte est trop souvent vu comme un ennemi qui ne peut pas
comprendre les enfants. Au contraire, ils écoutent plus et se confient plus à des grands frères. » Nous
formons donc des élèves à devenir médiateurs. Certains ont vraiment le potentiel pour le faire, même
à un très jeune âge : ils aiment écouter, discuter, inspirent le respect », explique Jack, éducateur au
centre pour jeunes de Southwark.

« Quand on voit les résultats, c’est très encourageant »

Masamba Tamank, 16 ans, est médiateur depuis sept ans. Il vient d’être récompensé par la ville de
Londres pour son action dans son collège de Southwark justement, une banlieue difficile du sud de
Londres.

« J’ai toujours aimé aider les plus jeunes, rendre service pour faire avancer les choses, essayer de
faire changer le comportement de certains. Quand on voit les résultats que nous obtenons avec la
médiation, c’est vraiment très encourageant et cela donne envie de faire encore plus », confie-t-il.
Comme Masamba, des centaines de jeunes médiateurs sont en train de changer, à leur façon, l’école
en Grande-Bretagne.

Le Parisien

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