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music-halls, concerts,
cinématographes / Georges
Schmitt, directeur-rédacteur
en chef ; [...]
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LE THÉÂTRE NORMAL
A Jean Manégal.
•-
Oui, mon cher Mancgat, vous avez bien, raison de parcours. Bien mieux, quelques écrivains d'avant-guerre,
constater et de déplorer, dans votre dernière chronique, en dépit de leur âge, ont eu le courage de vouloir dompter
cette faillite du « théâtre normal », depuis quelques eux aussi, ces dangereuses montures. Le miracle est
années. Et nous savons n'est-ce pas, ce que nous enten- qu'elles ne les aient point désarçonnés !
dons par théâtre normal : les oeuvres logiquement Dois-je rappeler ici la réussite éclatante d'oeuvres'
conçues, véridiquement écrites et s'appuyant sur l'hu- comme La Galerie des Glaces, Télés de rechange, Mixture,
maine généralité. Siegfried, pour ne citer que celles-là. Certes on ne
Hélas ! ce n'est pas seulement comme vous l'avez saurait prétendre que les héros (ou héroïnes) de ces
remarqué, toute une catégorie de comédiens qui souffre comédies se rattachent à l'humaine généralité, et leurs
de la disparition quasi totale de ces ouvrages, mais aventures sentimentales, leurs- troubles, leurs angoisses
toute une catégorie d'écrivains désaffectés désormais, sont, n'est-ce pas, des cas plutôt exceptionnels ? Je ne
et qui cherchent vainement un directeur de théâtre sais plus où je lisais l'autre jour, cette phrase bien signi-
désireux de les accueillir ! ficative : « Au théâtre, les sentiments éternels passent
Avant la guerre, les dramaturges soucieux de toucher un mauvais quart d'heure »... Oui, mais ce n'est qu'un
le public se gardaient bien de traiter des cas exception- quart d'heure à passer, et déjà une réaction se dessine
nels, pathologiques, morbides, car les directeurs (porte- (dont nous devons nous réjouir) en faveur des pièces
paroles de la foule) ne les toléraient point. Ils refusaient saines, normales, directement et largement humaines.
impitoyablement les pièces dont les personnages fai- Le succès d'ouvrages comme Le Maître de son Coeur,
saient figure d'anormaux, de déséquilibrés... Aujour- Aimer et (dans le genre ironico-satirique) de Topaze,
d'hui, c'est tout le contraire, et nous pouvons affirmer contrebalance heureusement d'autres succès beaucoup
que ces disgraciés d'autrefois ont largement pris leur plus provisoires, il me semble, et auxquels la mode, le
revanche. snobisme ne sont pas étrangers.
Depuis dix ans (c'est peut-être là une des conséquences Fions-nous au surplus à cette vieille postérité, dédai-
monstrueuses). -,
de la guerre), les auteurs ne nous montrent plus guère
que des être désaxés, tourmentés, anxieux de leur
destin ou victimes de leurs passions honteuses (voire
L'évolution des conceptions décoratives se poursuit Au Théâtre de l'Atelier, l'heureuse réussite de l'adap-
lentement mais sûrement. Maintenant que le succès tation des Oiseaux, d'Aristophane, limita l'activité de
semble sourire définitivement aux directeurs du « Car- Charles Dullin. Les costumes de Lucien"Contaud, d'une
tel» (la J. I). IL P.) (Jouvet, Dullin, Baty, Pitoëff), ce richesse inventive certaine, spirituels dans les moindres
sont ces mêmes metteurs en scène qui, durant la saison détails, formaient des ensembles imprévus et chatoyants.
dernière, ont réalisé les présentations les plus origi- Ce même jeune artiste composa pour .1 quoi penses-tu ?
nales. de Steve Passeur, deux décors burlesques, conformes en
A la Comédie des Champs-Elysées, Louis Jouvet est tous points avec l'esprit de ce vaudeville psychologi-
en pleine possession d'une technique cpii, pour systé- que. Dullin vient encore de se surpasser avec sa prodi-
matique «pi'elle apparaisse, témoigne, à chaque occa- gieuse présentation de Velpone. On ne saurait rêver,
sion, d'une îvfclle valeur artistique. Après Léopold le pour la pièce d«' Ben Jonson, une ambiance à la fois
Bien-Aimé le Coup du i Décembre,de Zimmerbénéficiait évocatrice et plus stylisée. Le décorateur A. Barsacq, qui
«l'un cadre qui, dans son genre, était un petit chef- s'était inspiré de certaines architectures de Carpaccio,
d'oeuyrc de fantaisie et d'humour. Le Siegfried, de Jean a exécuté des décors et «les costumes qui sont un véri-
Giraudioux fut présenté dans des décors d'un modernis- table enchantement. 11 ni' faudrait pas croire, pour cela,
me allemand volontairement pesant qui aidait avec «pie l'élément plastique d'un semblable spectacle cons-
force au « dépaysement » du spectateur. Toutes ces mises titue une gêne pour le texte ; bien au contraire : le jeu
en scène, généralement fort simples, étaient «habillées» des acteurs, le jeu des couleurs, le jeu des lumières se
par une multitude de détails savoureux, méticuleuse- fondent si harmonieusement qu'ainsi l'art théâtral
ment choisis. Les éclairages furent toujours réglés avec prend, par moments, sa complète signification.
une précision et un soin extrêmes, avec un sens exact et La dernière «envie montée au studio des Champs-
subtil des valeurs. Elysées, par Gaston Baty, lut le Dibbottk d'An Sky.
Décor «lu lor acte de Toi que j ai tant aimée, à la Comédie Caumartin
LA RAMPE
Certes il était audacieux, après h-s splendidcs représen- scène de la géniale Sainte Jehanne de Sliaw. Mais on
tations de la troupe Yddisch.auThéâtre de la Madeleine, ne saurait pardonner à ce novateur indépendant la
de tenter une partie aussi périlleuse. Baty transposa : pauvreté sadique de ses derniers spectacles. De ce
sur sa scène minuscule, il réussit avec «les acteurs fran- fait une oeuvre basse et déplaisante comme Mixture,
çais à conserver à de Lenormand,
cette légende tout s en trouvait,
son caractère spé- si possible, aggra-
cifiquement juif, vée...
son odeur de Ghet-
toet son fanatisme
religieux. Depuis, Parmi les déco-
au Théâtre de rateurs Paul Colin
l'Avenue, aux des- a co nquis u ne
tinées duquel il place enviable et
préside, il monta pleinement justi-
successivement fiée. Actuelle-
Cris des Coeurs. ment, grâce à lui.
Le Premier Hamiet on est en droit
et tout dernière- d'espérer un re-
ment Départs. nouvellement du
Pour Hamlet, décor peint air
Baty qui décidé- Music-hall. Le
ment ne doute de Décor <'«i 1er acte «lu Cnq d'Ol succès de ses dé-
rien, osa présenter cors au Palais-
le drame Shakespearien «lans un unique décor, sorte Royal fut. peut-être, encore plus grand «pie le suc-
de cour seini-couvi'ite. sorte de fond «le puits, aux cès (!« ei'iix de la revue d*"s Bouffes. Balieff, pour
murailles robustes et élancées, dans lequel se trou- son dernier spectacle «!«• La Chauve-Souris, n'a pas
vaient juxtaposés tous les éléments essentiels «le la hésité â lui demander plusieurs esquisses. < La Revue
vie féodale. Il fallait une science rare pour réussir à nocturne», Le Pendu, de Mac Nab». Enfin le Casino
•
varier les aspects de ces murailles neutres en ayant de Paris (M. Volterra), le Palace (M. Varna) ont inter-
seulement recours calé dans leurs
à la lumière. La super-revues •>
nique d'ouvrages comme Dalila, La Marche Indienne P. S. Parmi les noms cités dans son article si «locu-
et Les Raies, est le digne témoignage du talent de ce menté, André Boll a omis volontairement -de parler
jeune artiste. d'André Boll. Ce ji'iuic décorateur occupe cependant
11 faut également signaler les décors de W. B. Fuerst, une place fort enviable dans le domaine si particulier
pour liront, et Le de la décoration
Dernier Empereur. théâtrale. Le réel
M. Fuerst sut tirer talent d'André
un excellent parti Boll réside avant
de ce tréteau mi- tout dans une par-
nuscule tpi'est la faite adaptation
scène du studio dustyle décoratif à
des Champs-Ely- l'esprit de l'oeuvre
sées. -
l'n directeur de
théâtre, nous di-
sait-il, est exacte-
On a fait grand ment comme un
bruit à propos du illustrateur. De
«
Constructivisme même qu'on n'il-
décoratif ». Les lustre pus Zola et
visiteurs, lors de l'aléry de la même
l'exposition de façon, de même on
1925, regardaient ne décorera pas de
avec un ahuris- la mente façon un
sement mal dis- D;cor du l'r acte «le Carmen, au Théâtre d Amsterdam divertissement de
simulé les maquet- Molière el une pièce
tes du théâtre de la section soviétique. Depuis, la de Bernard S/taxa, l'artisan du décor stylise, j'estime qu'une
scène de la Porte Saint-Martin a accueilli le théâtre oeuvre reproduisant servilement la nature n'a pas droit au
juif de Granowsky et on s'est fort diverti aux exhibi- titre d'oeuvre d'art. Le décor stylisédemande delà recherche
tions acrobatiques d'un semblable spectacle. Cela tient et de la personnalité. Malheureusement je n'ai pas souvent
à la fois de la farce du cirque et une « machinologie l'occasion de travailler suivant mes tendances. Force m'est
à ce point développée escamote le texte. Pour ma de suivre le style de la pièce : // y a là une question d'équi-
part, je crois que libre. Malgré tottl.
toute manifesta- je m'efforce de
tion d'art théâ- demeurer très mo-
tral dépend tout derne le plus sou-
de même un peu vent possible.
de l'art de l'écri- Ses projets sont
vain et «pie lors- nombreux. Ac-
que sous prétexte tuellement André
de rajeunir les Boll vient de ter-
grands classiques miner les décors
on veut contrain- <1«' Wisky, la pièce
AVANT LE NOUVEL AN
MARCELLE GENIAT
l'ai eu par avance mes étreintes
dans Wcek-End, nous dit la triompha-
trice «le la Potinière, et n'ai pas l exi-
gence «le désirer autre chose.
»
Ce «pie j'aimerai, c'est découvrir
et jouer bientôt un autre rôle de ce
genre. J'ai pris goût à la fantaisie.
Cela me change île la tragédie «pie j'ai
jouée rue Richelieu, et des rôles drama-
tiques que j'ai surtout joués ensuite. ,
Nnus avons pensé qu'il 'serait curieux pour toujours. Alors, n'est-ce pas : on
pour nos lecteurs de connaître les impres- se rend compte combien toutes les
sions «le tin d'année ou de nouvelle année joies, et toutes les tristesses repré-
de quelques-unes de nos meilleures comé- sentent au fond peu de chose. »
diennes, et le genre de cadeaux qu'elles
goûtent le plus. REGINA GAMIER
VERA SERGINE La charmante directrice-comédienne
est tout à la joie du grand succès qu'elle
L'admirable interprète de Charlotte vient de remporter dans Eusebc.
Watkins, dans Napoléon /'F, nous a fait Comment ne serais-jc pas ravie en
une réponse inattendue.
»
MADEIEINE RENAUD
MADELEINE RENAUD
Nous surprenons la gracieuse socié-
taire de la Comédie-Française eu
en pleins préparatifs" d'un voyage en
' (tient.
d
Comment aurais-je, cette année,
des impressions de nouvel an! Je serai
aux pays où l'été règne éternellement
et la poésie neigeuse de Noël et de la
Saint-Sylvestre, me manquera...
...Mais, j'aurai de trop belles com-
pensations pour la regretter. »
ELVIRE POPESCO
Je ne demande rien d'autre, nous
dit la triomphatrice de La Course à
l'Etoile, «pie ce bien incomparable, et
dont je sens maintenant tout le prix :
la santé. Songez qu'il s'en est fallu de
MARCELLE GÉNIAT bien peu «pie je vous ai tous quittés RÉCINA C'A M un
PhoUa G.I.. Manml Ftin
LA RAMPE
triomphalement une année «pie j'ai fin, le rôle créé par Elvire l'opesco
tout lieu d'espérer heureuse. Je pars dans La Course à l'Etoile, nous parle
pour l'Orient dans quelques mois : avec une franchise totale :
j'ai bien gagné cette fugue fugue "J'aime le. jour de l'an, quand les
artistique d'ailleurs par le travail cadeaux que je reçois sont nombreux :
incessant <pie j'ai fourni ici depuis
quelques années. » au cas contraire, je l'accueille avec
quelque mélancolie. Ne me croyez pas
MADELEINE SORIA pour cela intéressée et égoïste. J'aime
à sentir que l'on pense à moi. tout
o
Le Nouvel An ? Je ne l'aime simplement, et le moindre bouquet me
pas beaucoup.... parce qu'il me rap- fait plaisir autant que le bijou le plus
pelle qu'un an a passé.. Je souhaite de rare, s'il émane d'une même amitié.
jouer de belles pièces pour l'Athénée, 0
Je voudrais tenir souvent des
c'est-à-dire de qualité littéraire et «pu- rôles connue celui que je viens dé-
blic» à la fois». Nous parlons de Paris, jouer : riches de fantaisie et d'esprit.
de Romance, de Marcel Pagnol. l'aul Hélas! tous les auteurs ne sont pas
Bernard et Lucien Rozcnbcrg viennent des magiciens comme Louis Verneuil.»
chercher des chocolats.
«
Ft puis, je vais vous dire, j'ai BLANCHE MONTEL
un secret: J'aspire aux vacances, au Je ne reçois, cher Monsieur, de
moment où je partirai dans mon cadeaux que «le mon mari et des miens.
château «le Royan. J'ai la faiblesse de Je ne me risquerai pas à formuler des
me livrer à la peinture...» désirs; quelqu'un, vous lisant, essayant
MARIE BELL
GERMAINE RISSE
Germaine Risse qui, pendant plusieurs
SIMONE DULAC semaines, tint avec le talent le plus GERMAINE RISM:
PAolOS G.-L. Murtuc: F.it.s
LA RAMPE
VALENTINE TEISSIER
Vous souvient-il — mais oui, n'est-
ce pas ? —de Le Locandiera de Goldoni
au Vieux - Colombier de Jacques
Copeau ? Mme Vaientine Teissier y
campait une a Locandiera » d'une
vénusté, d'une santé, d'une malice,
d'un allant admirables ! Le talent de la
belle artiste se manifeste avec un égal
bonheur dans les pièces, d'une tenue
littéraire toujours élevée, qu'elle inter-
prète sans cesse. Comment s'étonner
qu'elle nous ait parlé d'abord de son
art :j
« Mon Dieu, monsieur, nous dit-
d'abord la belle comédienne, avec une
modestie charmante. - je souhaite
jouer le mieux possible la dernière
pièce de Steve Passeur, qui constituera
le prochain spectacle de la Comédie
des Champs-Elysées... »
«Cette pièce devait, on le sait, s'in-
tituler Passage à niveau ; mais on dit
que le titre en serait modifié.
VAIENTINE TEISSIER CHRISTIANE D'OR
15
LA RAMPE
bYLVIE
L. NlZAN
l'ai fait, avec une ferveur totale à ce laquelle je suis naturellement portée..
grand répertoire moliéresque et clas- Mais j'aime aussi la justice et... je
sique, hors duquel quand on l'a vrai- suis depuis dix-sept ans chez Molière. »
Mais, aussi, pourquoi gardez-vous
ment aimé, senti, goûté, il est impos- —
sible d'avoir de réels bonheurs artis- le physique de l'âge où l'on débute ?
tiques, on se sent déjà un peu chez soi
à la Comédie. Aussi, n'ai-je pas l'im- MARCELLE DENYA
pression qu'il y ait quelque chose de «
Si j'avais, comme dans le conte,
changé. trois souhaits à formuler, je deman-
»
je vais travailler plus (pie jamais. derais à ce que rien ne soit changé à
Ce qu'il y a d'admirable dans ces per- de santé,
ce «pie je peux avoir en faitNon
sonnages, c'est qu'au fur et à mesuré de talent et de succès. certes
que nous y pénétrons, de nouveaux que je me. croie comblée, mais n'est-il
l'ordre
horizons s'ouvrent devant nous : de pas imprudent de bouleverser
sorti- que jamais on n'obtient de satis- des choses : la sagesse est dans une
faction totale : mais ce qui est passion- acceptation souriante des dons et des
nant dans la vie, n'est-ce pas plus de coups du sort. »
désirer et de poursuivre, (pie d'attein-
dre le but ? » RENÉE FALCON ETTI
CHRISTIANE D'OR L'admirable Jetante d'Arc, l'extraor-
dinaire Lorenzuccio, la douloureuse et
« Le premier de l'an — nous dit la la pathétique Dame aux Camélias,
grande fantaisiste —- est toujours pour sa vie est trop remplie
RENÉE FALCONEITT
avoue que
pour qu'elle s'attarde à formuler des qu'un souhait : que Jcanson me donne
voeux précis : tant «pi'elle se sentira une pièce pour 1929. »
capable de se renouveler, d'aborder
des rôles de plus en plus différents de JEANNE PROVOST
ceux qu'elle jouait aux débuts de sa « Je joue Topaze, nous déclare
carrière... « De telles joies, même si le l'élégante et sympathique coquette, et
succès ne les accompagnait pas, com- veux profiter des leçons de mon temps.
pensent de ce (pie la vie peut apporter Je souhaite... la richesse sous toutes ses
de décevant. » formes : quand je l'aurai obtenue, soyez
SYLVIE sût «pie tout le reste viendra vite ».
Mais tout ne s'achète pas : le
« Ah ! connue je voudrais que
le talent, la notorité, la beauté, la séduc-
petit Noël m'apporte une mémoire tion...
sûre et fidèle pour la pièce (pie je vais
jouer à Antoine, et que j'ai répété dans — Croyez-vous ?
»
en voudrais-je ? Si, à cette occasion, voeu vous soit rendu au plus vite,
je jette un regard en arrière, quel beau et «pie ces fêtes redeviennent ainsi pour
souvenir tour proche ! vous des fêtes. » '••*
G. L.
« Et maintenant, je ne peux
formuler MAUD LOTY
<3r>ïtïcf}Lio Dramatique
par JACQUES DARNETAL
Certes, Paul Nivoix n'a pas encore trouvé son a Topaze», Michel. La comédie se donne. Elle est drôle et de bon
mais la comédie qu'il nous donne aujourd'hui est simple, ton.
gaie, sans prétention et de bon aloi. Et tout s'arrangera. Robert reviendra à sa femme. Betty
On sent, dans épousera le secré-
l'auteur, un homme taire et le dindon
île théâtre parexcel- de la farce, Michel
lencc, ce qui n'est rentrera seul à
pas désagréable Paris, Denise ayant
pour lui qui écrit avoué à son mari
des pièces et pour la supercherie du
nous qui les écou- début.
tons. Vive, bien menée,
L'idée de sa nou- semée de jolis mots
velle comédie est et d'idées char-
amusante et, mal- mantes, cette pièce
gré le sujet qu'elle ne peut pas ne pas
effleure, ne nous a plaire au public
pas paru un seul qui va au théâtre
instant équivoque. pour se distraire
Denise, jeune et et pour se délasser
jolie, est mariée à et qui en revient,
un grand brasseur chaque fois et de-
d'affaires Robert puis quelque temps,
Frémont. lia toutes déçu et irrité.
les qualités, mais il Mlle Jeanne Re-
travaille trop et nouardt est ado-
délaissequelquepeu P. STÉPUEN CONSTANT RÉMY rable à voir et à
sa femme. dans Echec « Ai Reine, an théâtre Daunou. entendre. Elle joui:
Elle, un instant, avec finesse et es-
a eu une faiblesse, elle s'est laissée prendre un baiser prit, et son naturel, de jour en jour plus naturel, lui vaut
par un jeune homme qu'elle ne connaît pas... tous nos hommages et tous nos applaudissements.
Il la retrouve, et par un hasard qui est loin d'être invrai- Mlle Germaine Auger est avec bonheur et avec tact,
semblable, il est pris par Robert pour un secrétaire qu'il Betty. Sa fraîcheur et son air candides aident la comédie à
attendait. demeurer sur son plan moral et satirique.
Les deux hommes se trouvent des affinités singulières: M. Constant Rémv est parfait. Il a de l'autorité et de
souvenirs de collège la véhémence. C'est
et «le jeunesse... un artiste en pleine
et deviennent les possession de ses
meilleurs amis du moyens puissants.
monde. M. PierreStephen
Miche! le jeune est charmant, il est
homme en question jeune, élégant, sin-
•— sacrifie Denise à cère et enthou-
son amitié et à sa siaste. Son émotion
probité ; mais, ce est de la plus .rare
faisant, se crée aussi qualité.
une ennemie. Une Quant à M. l-'er-
amie de pension de nand Gravey, il a
Denise, Betty, qui composé un per-
vit à la campagne, sonnage irrésis-
tombe dans Paris tible.
et chez les Frémont, Beau et élégant,
avec esprit. il s'est transformé
Et, devant le vê- en un pauvre type
tement extraordi- affreux et ridicule,
naire et masculin il a su en extraire
de cette petite oie tout le comique sa-
blanche, une idée voureux et fut la
germe dans le cer- joie de la soirée.
veau de Denise. I.a mise en scène
Elle rendra ja- BLANCHE MONTEL MARCEL ANDRÉ JEAN WORMS de Constant Rémy
louse son mari et dans Une tant belle fille, au théâtre Antoine. est bien comprise
LA RAMPE
Théâtre de l'Avenue
DEPARTS
Spectacle eu 15 tableaux, de Simon Gailtilloil
«
/.c plus difficile dans ht vie, ce n'est pus de put tir :
c'est d'arriver \ »
supporté son rôle écrasant avec vaillance, et il a eu des do, Germaine Kerjean, etc.. Les danseuses Madeleine et
départs frénétiques et des arrivées périlleuses. Le grand Lucie Vasty, Andréa Percin, Jane Holder, etc... ;
succès que lui vaudra cette Sont les «lignes témoins
création sera sa juste de ce raid mémorable.
récoinpesne. Et MM. Chantraine et
Tous les autres - et ils Tristan sont de bonnes
sont trop pour les nommer figures de cire (musée Gré-
sont à la dimension vin), des illustrations de
exacte de leurs rôles. Charles Lindbergh.
M. Gaston Baty sait à mer- Les artistes des inter-
veille choisir ses interprètes mèdes : Lola Menjeli, Mis-
et ces derniers sont tout marguett, Roméo Carlis et
à fait dignes de sa M. Métairie ont remporté
confiance. un succès justifié.
Sa mise en scène est Les décors représentant
remarquable. Lindbergh au-dessus des
Les décors et les cos- flots déchaînés, et celui
tumes de Boris Mestchersky de M. Jacopozzi imitant
secondent d'une façon très Broadway sont impression-
intelligente les efforts de nants de vérité.
l'auteur.
Théâtre des Capucines
Théâtre du Châtelet
CHARLES PARIS CHEZ LUI
LINDBERGH Revue Cil 2 ailes de MM. Jac-
Féerie en 3 actes et en iS ta- ques Bousquet el Albert
Willcmctz..
bleaux, de M. Sacha Guitry.
Charles Liudbcrgh entre dans <
l'ne revue nouvelle qui n'est
lu légt ndt... et commence pas une nouveauté, mais
par être le bon génie des qui est 1111e occasisn de. ne
petite au Châtelet. » pus s'ennuyer. >
Sacha Guitry touche à BLANCIIE MONIEL et MARCEL ANDRÉ I )'un coup «le sa baguette
tout et à tout, avec dans Vue tant hellc fille, au théâtre Antoine. magique, Mme Berthez a
bonheur. transformé les Capucines.
Comédies, opérettes, revues, féeries, tout lui est soumis Son petit théâtre est devenu un grand théâtre, avec plu-
et rien ne lui résiste. Il a voulu pour les enfants — sieurs rangées de fauteuils, un balcon, une scène qui n'est
glorifier Lindbergh. plus microscopique et une directrice qui peut donner libre
Il y a réussi. cours à ses idées magistrales.
Les petits prendront un plaisir extrême à voir les beaux Pour son inauguration, les Capucines ont eu recours à
décors imaginés pour leurs yeux, et à entendre les jolies lieux hommes d'esprit - qui ont pour ne pas avoir atteint
scènes filées pour leurs jeunes oreilles. toujours ce qu'ils nous ont donné souvent — n'en ont pas
Il ne faut pas prendre cette féerie pour une comédie. moins écrit une revue tout à fait charmante.
Chacun son genre ; et il faut admettre les simplicités et Des scènes bien venues, de jolies femmes, «le grands artis-
les coups de ba- tes, de jolies cos-
guette des fées. tumes aideront au
Les ballets sont s 'Ccès (le ce spec-
bien composés tacle de début.
et l'étoile des en lue artiste de
fants, Mlle Jane génie a jeté son
Falorizi «M remar- esprit sur le corps'
quable par sa des actrices; elle les
beauté, son en- a habillées magni-
train, sa grâce, sa fiquement et a
légèreté, par son contribué pour une
adorable talent. part impôt tante à
MM. Louis Gau- la vogue de la
thier, Hanneton, revue. En effet.
Roger Tréville, Mine Jeanne l.an-
Pierre Pradier et vin au finale du
Paul Ville ; ior acte qui évoque
Mlles Marthe diverses époques
Gravil, Anita Boi- Jnc scène de Départs, au théâtre de l'Avenue Phttn ManutlFrira. de la peinture IUO-
LA RAMPE
derne — a su comprendre et imiter d'une façon qui invente Navar. Celle-ci y dessine des silhouettes de théâtreux cro-
tous ces peintres. Elle a créé un « Boldini » plus réussi qués sut le vif et formant presque des types. Le dialogue
qu'un Boldini réel, un Mari" Laureiicin exquis et un est alerte et primesautier. La charmante pensionnaire «le la
douanier Rousseau d'une verve inégalable. Comédie-Française nous a révélé là des qualités d'auteur
dramatique qui nous donnent déjà mieux que des promesses.
Une charmante comédienne aime un jeune homme du
monde, Marcel de Courtenay, et en est aimée. Ii^
ne sont riches ni l'un ni l'autre et les règlements des
factures est le principal soin i de leur existence. L'actrice
résiste aux vives sollicitations de son habilleuse et «le son
amie, une petite poule de luxe qui lui veulent voir prendre
un amant millionnaire. Port heureusement la voilà appelée
à remplacer un soir au pied levé, une actrice célèbre; le
succès qu'elle y remporte la lance définitivement. C'est la
richesse, la gloire ; ce serait le bonheur si Marcel, à ce mo-
ment, ne l'abandonnait pour se fiancer. Elle tombe grave-
ment malade, Marcel revient à elle ; mais la leçon a été dure
et profitable : guérie, la jeune femme couronnera l'assiduité
d'un riche administrateur en l'accompagnant en Egypte
et laissera le jeune Marcel souffrir ce qu'elle a souffert.
Mme Tonia Navar a incarné avec un naturel total, ce
personnage de comédienne vivante, généreuse et sincère.
Mme Marguerite Dcval mit une vérité et une verve irrésis-
tible dans son rôle d'habilleuse, que de fataisie et de finesse.
Mme Jeanne Lion, joua avec beaucoup de brio et d'intel-
ligence le rôle de la doctoresse Lily Monnet, piaffante à
souhait, élégante et forte en gueule a été une vivante poule
de luxe. Et dans la petite ingénue, Mme Germaine Auger,
lit admirer, une fois de plus, son jeu spirituel et piquant à
sa grâce exquise. P.t l'apparition dans un rôle trop court,
de Liane de Pougy, qui n'a rien perdu de sa somptueuse
beauté, fit sensation.
SIMONA
dont le succès est grand dans Paris chez lui, aux Capucines
Renaissance
A la
L'AMOUR EN COULISSES
Une matinée de bienfaisance au bénéfice des pension-
naires de la Maison de Retraite de Pont-aux-Damcs, nous JACIIIELINE FOKU
a permis d'applaudir une pièce très captivante de Mme Tonia une des charmantes interprètes de Pans chez lui. aux Capucines
Par RENÉ WISNER
Une loge d'actrice UN OUVRIER. — Tiens, la dernière fois que j'y ai fichu les
pieds, j'ai vu une princesse qui ressemblait à. cette dame-là,
UN CLUBMAN. — En cette fin d'année, que puis-je vous
qui est à côté de nous.
souhaiter ?
L'ETOILE. — C'était moi, en effet, Monsieur.
L'ETOILE. — Un million de rentes, de beaux rôles, et une
UN OUVRIER. — Ah! y me semblait bien que j'vous
bonne presse.
remettais... Oui, j'vous ai vue dans un film où vous vous
LE CLUBMAN. — Voilà tout? promeniez en auto, en aéro, et où vous aviez un navire à
L'ETOILE. — Et à souper, car. j'ose l'avouer, j'ai faim.
vous, un transatlantique pour vous toute seule.
LE CLUBMAN. — Où voulez-vous que nous allions ? L'ETOILE. — C'est cela même, Monsieur, et cela s'appe- -
L'ETOILE. — Surtout pas dans un endroit chic ! lait : La Princesse Milliard. '
LE CLUBMAN. — Nous irons chez un marchand de vin, UN OUVRIER. — Vous êtes actrice. Madame ?
puisque tel est votre désir. L'ETOILE. — Oui, Monsieur.
L'ETOILE. — C'est cela. Allons dans un faubourg. Que
UNE OUVRIÈRE. — C'est un bien beau métier.
voulez-vous, mon cher ami, j'ai conservé une âme ouvrière.
L'ETOILE. — On le raconte.
La fortune m'a mise en exil. Les auteurs ne cessent de me
présenter comme une grande bourgeoise ou une courtisane ; UN OUVRIER. — Mais comment ça s'fait qu'vous êtes à
•
Montrouge, ce soir ?... C'est pas épatant, Montrouge !
en réalité, je ne serais moi-même que dans un rôle bien
peuple qui sentirait le ragoût et les frites de la foire du L'ETOILE. — Moi je trouve que si, j'y suis née.
Trône. UN OUVRIER. - - Alors, vous êtes revenue voir le
LE CLUBMAN. — Nous partons. pays ?
L'ETOILE. — On file. L'ETOILE. — Oui, j'avais la nostalgie de la rue d'Alésia
et de l'avenue d'Orléans.
Chez le chand' de vin UNE OUVRIÈRE. — Dites-moi, Madame, c'est beau, le
LE CLUBMAN. — Cela sent mauvais. théâtre ?
L'ETOILE. — J'adore ça. L'ETOILE. — Vous le savez aussi bien que moi.
LE CLUBMAN. — Ecoutez ces braves gens qui parlent du UNE OUVRIÈRE. — Non, moi, je suis dans la salle, tandis
théâtre. que vous, vous jouez.
L'ETOILE. — Il est donc dit que j'entendrai parler toute L'ETOILE. — Je fais mon métier.
ma vie de lui. UNE OUVRIÈRE. — Ce n'est pas un métier.
UN OUVRIER. — Moi, j'aime les trucs où l'on rigole... L'ETOILE. — Alors, qu'est-ce que c'est ?
UNE OUVRIÈRE. — Et moi, j'aime pleurer... J'adore les UNE OUVRIÈRE. — C'est bien plus beau.
pièces où il y a des princesses, des rois, enfin des gens que L'ETOILE. — Le théâtre est merveilleux, vu de loin.
l'on ne rencontre pas tous les jours... Pour moi, le théâtre... UN OUVRIER. — Moi, j'aurais voulu vivre dans un théâtre.
le théâtre, eh bien, c'est tout ce qui ne m'arrivera jamais... J'ai cherché à être concierge aux Foîies-dc-Bcllevillc, mais
Alors, je regarde sur la scène ceux qui ont de la il y avait trente-deux candidats ; alors j'y ai renoncé.
chance. L'ETOILE. — Bah ! il vaut mieux aller à l'usine tous les
UN OUVRIER. — Et ceux qu'on assassine, qu'est-ce que jours que de passer sa vie dans ces sales boîtes noires que
t'en dis ? sont les théâtres.
UNE OUVRIÈRE. — Je dis quelquefois : « c'est bien fait. » UNE OUVRIÈRE. — Mais elles sont toutes dorées, et il
UN OUVRIER. — Tout ça, c'est des blagues. y a beaucoup de lumières.
UNE OUVRIÈRE. — On ne sait pas ce qu'est des blagues et L'ETOILE. — Pour vous, oui, mais pas pour nous... Les
ce qu'est pas des blagues. On dit : «ça, c'est vrai, et ça c'est coulisses ressemblent à des trous pour les rats ; et l'après-
pas vrai» ; mais quelquefois, on dit : « c'est pas vrai, et c'est midi, quand on répète devant une salle qui est dans l'obscu-
tout de même vrai. » rité, cela fait froid au coeur.
UN OUVRIER.— Si je te disais « c'est la fin de l'année », UNE OUVRIÈRE. — Pour moi, une actrice, c'est une dame
est-ce que tu me croirais ? qu'est pas comme les autres.
UNE OUVRIÈRE. — Alors, demain, pour le premier janvier, L'ETOILE. — Pourquoi cela ?
on ira au cinéma. UNE OUVRIÈRE. — Oh ! une actrice dit toujours de si
LA RAMPE
belles choses... elle est aimée, elle aime... on meurt pour elle, L'ETOILE. — Ma parole, on croirait que vous allez me
ou elle meurt pour un jeune homme... Ah ! c'est joli de se mettre à la salle de police.
montrer comme ça devant tout le monde pour faire LE CLUBMAN. — Ah ! vraiment, je ne'sais pas ce qui m'a
pleurer. attiré vers vous.
L'ETOILE. — Je ne veux pas vous enlever vos illusions... L'ETOILE. — Ne cherchez pas plus longtemps, je vais vous
Et puis, il se fait tard (an clubman) : veuillez appeler le gar- le dire, moi ! Eh bien, c'est le théâtre.
çon, nous levons la séance... Mesdames, Messieurs, je suis LE CLUBMAN. — Le théâtre !
enchantée d'avoir fait votre connaissance. L'ETOILE. — Mais oui, la vedette, mon nom en gros carac-
UNE OUVRIÈRE. — Nous de même, Madame. tères sur les affiches, les qualificatifs élogieux des cracheurs
UN OUVRIER. — On ira vous applaudir au cinéma. d'encré.
L'ETOILE. — Je vous en remercie. LE CLUBMAN. — Ah ! ça, est-ce que vous me prenez pour
un idiot ?
(Départ de l'étoile et du clubman) L'ETOILE. — Pas du tout, vous n'êtes pas plus bête que
Dans une auto bien d'autres.
LE CLUBMAN. — C'est la communale qui revient.
LE CLUBMAN. — Pourquoi avez-vous causé avec ces L'ETOILE. — Je ne renie pas mes souvenirs d'enfance.
gens-là ? LE CLUBMAN. — Vous les évoquez même à tout propos et
L'ETOILE. — Parce que cela m'a plu. hors de propos.
LE CLUBMAN. — Vous L'ETOILE. — Je sais com-
avez désiré vous faire admi- ment vous vous appelez.
rer. LE CLUBMAN. — Veuillez
L'ETOILE. — Vous faites me le dire.
profession de m'admirer, et L'ETOILE. — Joseph Pru-
vous allez vous étonner que dhomme.
ces braves éprouvent à mon LE CLUBMAN.— Après m'a-
égard un sentiment identique voir appris mon nom, consen-
à celui qui vous pousse vers tirez-vous à continuer de me
moi. dire pourquoi je vous aime ?
LE CLUBMAN. — Vous L'ETOILE. — Parce que
leur avez offert leur petit
réveillon. vous êtes comme ces ouvriers
L'ETOILE. — Pourquoi que vous méprisez : le théâtre
vous épate ; oui, ses coulisses,
pas ? ses maquillages, ses parfums
LE CLUBMAN. — Ils vont trop violents, où de temps
rêver de vous. en temps passe le souvenir
L'ETOILE. — En quoi cela d'un grand nom, et où... oh I
peut-il vous gêner ? bien rarement, j'y consens...
LE CLUBMAN. — Ah ! vous il y a une grande minute où
avez bien paradé. l'on s'exalte ; tout cela, cher
L'ETOILE. — Traitez-moi Monsieur, cela vous attire et
de cabotine, pendant que vous vous retient, parce que si
v êtes. vous avez le sentiment très
LE CLUBMAN. — Et puis, vraiment, ce restaurant misé- net que c'est assez bas, vous sentez tout de même qu'il
rable qui sentait le vin bleu, la choucroute et les pieds sales, peut y avoir, par hasard, un type de génie qui se promène
était-il un cadre digne de vous ? par là.
L'ETOILE. — J'adore le peuple, j'en sors. LE CLUBMAN. — Le pompier.
LE CLUBMAN. — Et moi, je le déteste. L'ETOILE. — Vous parlez en fils de général.
L'ETOILE. — Mon père était concierge, rue du Moulin- LE CLUBMAN. — Nous sommes arrivés.
Vert. L'ETOILE. — Je suis très fatiguée, ce soir... ce réveillon
LE CLUBMAN. — Et le mien, général. m'a éreintée.
L'ETOILE. — Combien de victimes ? LE CLUBMAN. — J'ai compris... nous sommes très loin
LE CLUBMAN. — Je vous prie de ne pas parler sur l'un de l'autre...
L'ETOILE. — Oui, je le crois... j'en suis persuadée.
ce ton.
L'ETOILE. — Pas de commandement, s'il vous plaît, nous LE CLUBMAN. — Je vous dis donc au revoir.
ne sommes pas à la caserne. L'ETOILE. — Et sans rancune, n'est-ce pas ?
LE CLUBMAN. — Je le sens bien; tout ce que j'aime vous LE CLUBMAN. — Oh ! pas du tout... chère Madame, je
est antipathique. vous souhaite pour l'année prochaine...
L'ETOILE. — Vous m'embêtez. L'ETOILE. — Quoi donc, cher Monsieur ?
LE CLUBMAN. — Vous croyez-vous encore dans la loge de LE CLUBMAN. — Un débardeur.
Monsieur votre père ? RENÉ WISNER.
LA RAMPE
LA VIE HUMORISTIQUE
Les Concierges de Théâtre
Tout ce qui touche au théâtre est rigolo. Même le concierge, pas pu et du moment que je n'ai pas pu, moi !... Et pourtant.,
oui, le concierge de théâtre se distingue nettement de ses j'ai vu les gens les mieux placés pour ça, les plus influents...
confrères. De tous ceux que j'ai connus — et j'en ai connus ! enfin, j'ai vu le Lacroix de la Porte Saint-Martin.
— deux resteront toujours clans ma mémoire.
L'un régnait à la Renaissance et s'appelait Lacroix ; * **
Quelqu'un se présente au guichet^de sa loge :
— Pardon, Monsieur, voudriez-vous me donner le billet
que le chef-d'orchestre a dû vous laisser à mon nom.
— Personne n'a eu de service, aujourd'hui.
— Comment, le chef d'orch...
— Quand je vous dis personne... pas même moi !
*
* *
Avant d'abandonner Lacroix, ce dernier mot qui me
semble un véritable bijou, et je ne crois pas escompter son
effet, en le qualifiant ainsi.
Une jeune et jolie femme, très élégante, vint, un dimanche
soir, demander à cet étonnant concierge la permission de
monter dire un mot à un des artistes du théâtre.
Refus grossier et catégorique de Lacroix.
— Cependant, monsieur, c'est très sérieux. Je n'ai qu'un
mot à dire à M. Régnard et je redescends aussitôt.
— Non, madame, vous ne monterez pas.
Voyant qu'il était inutile d'insister^ la pauvre petite
femme va au café du théâtre, écrit une lettre qu'elle revient
Le doyen de nos concierges de théâtre remettre au concierge, ajoutant qu'elle attend la réponse
au café.
l'autre fumait ses cigar«;ttes au Palais-Royal et se nommait Le spectacle fini, l'artiste descend, accroche sa clef au
Pamard. clou, dans la loge du concierge et s'en va après avoir dit
Parlons d'abord du premier. bonsoir au chien de garde qui, lui, se garde bien de faire
C'était à la veille d'une grande première à la Porte Saint- la commission.
Martin. Cette nouvelle pièce d'un auteur illustre était Une demi-heure après, environ, la jeune personne qui,
impatiemment, que dis-je, fébrilement attendue du Tout- comme Anne, la soeur Anne, ne voyait rien venir, lasse
Paris artiste qui, sans être jxSdi ou manucure, faisait des
pieds et des mains pour assister à cette oeuvre promettant
d'être sensationnelle. Du reste, il n'y a aucune raison pour
ne pas nommer Chanlecler.
Un artiste de la Renaissance dit,' l'avant-veille de la
fameuse générale à ses camarades, devant Lacroix :
— Je suis ennuyé parce qu'un de mes amis m'a donné
un crédit de 50 francs afin de lui louer une place pour
la première d'à-côte et je ne peux arriver à obtenir un
coupon pour ce prix-là.
— Ah! la bonne farce! vous n'avez pas pu! ricana
Lacroix.
— Non ; c'est absolument impossible. Les marchands
de billets ont tout accapare, les loges font prime et le moindre
strapontin vaut 100 francs.
— Allons ! donnez-les vos 50 francs. Je vais vous apporter
ça illico. Pourquoi diable ! ne vous êtes-vous pas adressé
tout de suite à Bibi ?
Une heure après, notre homme revient, tenant dans sa
main' le billet de 50 francs, car pas plus malin qu'un autre,
il revenait bredouille.
— Eh bien, ce coupon, où est-il ?
Piteux, notre homme répond :
— Vous aviez raison, c'est impossible. Je n'ai absolument Le concierge d'un théâtre subventionné
LA RAMPE
d'attendre, paye sa consommation et revient au théâtre — Eh bien, pas du tout, fit la bonne Pamard, pas du tout,
pour avoir une explication mais devant la porte hermé- il est très gentil, ainsi, pour le premier janvier, Bébé (sa fille,
tiquement fermée, la lumière ét« inte, elle s'en fut, furieuse 24 ans... 1 m. <So) est ailée lui souhaiter la bonne année... eh
et pestant intérieurement bien dès qu'elle est entrée dans
contre le "malappris de son bureau, il s'est tout de
Réghard qui, non content de suite déboutonné.
faire poser les femmes, ni
*
leur répond même pas. Que * *
goujat ! l'n autre jour, il y avait
Le lendemain. Régnant qui réunion des actionnaires (en
avait reçu un petit billet assez cette assemblée se trouvaient
raide, attrapa le concierge et plusieurs dames) et les direc-
lui dit, eji lui montrant la teurs avaient bien recommandé
lettre qui traînait encore sur à leur garçon de bureau de ne
la table : les déranger sous aucun pré-
Pourquoi ne m'avez-vous texte.
pas remis ça, hier soir ? Vers le milieu de la journée,
Oh! bien, fait Lacroix alors que la séance battait
sans s'émouvoir, je nie suis dit : son plein, la mère Pamard
c'est une petite femme... il a arrive sautillante et toujours
eu matinée aujourd'hui... il pompette et se dispose à
est fatigué... il vaut mieux entrer dans le bureau directo-
qu'il rentre tranquillement rial où se tenait le Comité, le
chez lui. garçon de bureau n'eût (pie le
Les Painard.avant détrôner temps de se précipiter vers elle
«lans leur loge pipclcteuse du pour l'en empêcher.
Vaudeville, ornèrent celle du N'entrez pas! les patrons
Palais-Royal. m'ont bien recommandé de
J'ai raconté quelques drô- ne pas les déranger.
leries de cette invraisemblable Mais si, mais si... ça fera
famille qui fit !a joie «le tant bien plaisir à Monsieur...
de gens, tuais il m'en revient Je vous dis que vous me
deux «pie je n'ai point encore feriez attraper.
contées. Je suis trop heureux Mais non, mais non !
d'en faire part aux lecteurs de la Rampe, tout en les assurant Et, forçant la consigne, elle pénètre dans le cabinet sans
de leur authenticité. Ça se passait dans la conciergerie frapper, lu tendant à l'un des directeurs une longue facture,
«lu Théâtre du Palais-Royal, sous la direction Briet-Dcl- elle lui dit, souriante et empressée:
croix, dans les tout premiers jours de janvier. C'est votre petite note de copahli.
On parlait d'un de ces deux directeurs et quelqu'un
regrettait son... économie exagérée. C.ALI PAIX.
de leur élection, que contre la distinction que l'on lit entre Félicitons-nous en du moins en ce qui concerne la plupart
elles et Mme Catherine l'onteiicv, injustctemcnt tenue à d'entre eux.
l'écart. Celle-ci ne tient qu'un emploi restreint, c'est en- M. Silvain. après cinquante ans de carrière, passe à
tendu, celui des provinciales rigides, des vieilles filles riionorariat. Du moment qu'existe celui-ci et ce n'est
aigries, des vaincues de la vie, anières ou résignées : mais que pour des cas comme celui de M. Silvain qu'il devrait
elle y atteint la perfection. VA voici plus de dix ans qu'elle exister la mesure est des plus équitable. Le talent du
appartient à la Comédie-Française <>ii plusieurs sociétaires doyen demeure une magnifique leçon dont on aurait tort
sont loin de la valoir. de priver les futurs comédiens et tragédiens. Depuis plusieurs
années, i! ne s'était jamais montré dans une meilleure
forme - que maintenant. Sa dernière réalisation de Louis XI
atteignait, comme en ses plus beaux temps, au sommet
I.a Rampe a récemment consacré une chronique à de l'art dramatique. Souhaitons «pie périodiquement nous
Mme Béatrice Brctty. Elle est aussi précieuse pour l'emploi l'entendions dans les mies qu'il a marqués d'une ineffable
des soubrettes de Molière, dont empreinte et auxquels s'adap-
elle a la plantureuse [beauté : tent encore ses moyens actuels :
la gaieté et le frai H -parler, Félix, Prusias, le comte Amau-
que deux certains rôles de ry, etc...
demi-teinte du répertoire mo- Il y avait bien moins de
derne qu'elle joue avec grâi e raison, me semble-t-il, de
ctdélii atessc ( Rappelons-nous mettre à l'honorariat M. De-
son récent succès dans Mme AI- helly qui, pendant quatre ou
quier des Affranchis). Mais il cinq ans encore, est appelé,
convient «le ne pas l'employer dans cet emploi des marquis
à faux. où il demeure sans rival, à
rendre d'assez nombreux et
d'assez précieux services, pour
pouvoir demeurer en acti-
Quant à Mme Andrée de vité. Alors «pie certaine, comé-
Chauveron, il ni- semble pas dienne de grand talent, à
que son emploi soit nette- laquelle les circonstances ne
ment déterminé et peut-être permettent guère «pie de
tâtonnement seul, jouer plus île huit à dix fois
ce nous
cinpèchc-t-il de faire d'elle par an est maintenue en
«les éloges dépourvus de exercice, malgré que, de toute
toute réserve. Elle a joué évidence, elle soit de ceux
admirablement Dorine, de pour lesquels l'honorariat est
Tartuffe, et avec beaucoup de essentiellement fait, il est
succès Mme Jourdain, du tout à fait singulier «pie
Bourgeois gentilhomme. Mais M. Dchelly soit différem-
lui confie la plupart du ment traité. Cette institu-
on
temps «les personnages de tion n'aurait-t-elle donc été
composition, dans lesquels il créée «pie pour permettre et
ne lui manque peut-être «pu- masquer des nu-sures anor-
plus de mesure, plus de sens males dont les motifs de-
de la vérité dans le pitto- meurent étrangers à toute
resque, pour en faire de apparence de bon sens.
véritables types. Je ne crois M. Desjardins, après avoir
cependant pas que ce soit ANDRÉE DE CHAUVERON '''"''" '>'"•"•" fait ses malles, les défait et
dans ces rôles où il faut faire nous reste. Tant mieux,
abandon de sa grâce très captivante, alors qu'elle se certes ! Quand M. Silvain aura pris une définitive
montre charmante dans d'autres personnages où celle- retraite, qui dans l'emploi des souverains, des pères
ci peut s'épanouir cxquiscment, «pie son talent doive nobles et des raisonneurs graves, pourra y égaler M. Des-
trouver sa plus favorable orientation. Elle est faite pour jardins ? Son profil romain, sa prestance et son
la vie, pour la fraîcheur. autorité, voix de bronze, son art sobre et impression-
sa
défaut de l'humanité profonde et nuancée du
nant à
Doyen l'y mettent, dans l'état actuel de la troupe,
an premier rang.
Les départs s'annonçaient comme devant être nombreux JEAN MANEGAT.
à l'issue de l«(2.S. Il semble que tout se soit arrangé et que
tous les comédiens de la rue Richelieu resteront à Uni
poste.
LA RAMPE
50
LA RAMPE
fisant pour «pie dans cette oeuvre il ait, acte par acte, scène que l'épreuve soit plus concluante. Après bien des péripé-
par scène, et presque réplique par réplique, fourni les cadres ties, c'est Jacasse qui l'emportera et, bien entendu, nous
qu'un grand poète n'aurait eu qu'à remplir pour nous donner verrons au dénouement, devant Solange émerveillée, tomber
l'égal du plus délicieux des proverbes de Musset. Nous la bosse postiche, comme dans Biquet à la Houppe, nous
serions d ailleurs injuste en contestant voyons la vraie bosse du personnage
à M. Miguel Zamacoïs tout droit à pré- fondre, par enchantement, devant la
tendre au lyrisme. Mais il en possède princesse Rosi'.
juste ce «pu- réclame le spectateur 11 m'est difficile devant toute inter-
Des efforts persistants pt renouvelés tentent, depuis sinistres mélodrames. La seule excuse admissible eût
plusieurs saisons, de porter Tchaïkowsky au niveau pu venir d'une interprétation triée sur le volet. Mais
des plus marquants compositeurs russes. Un ballet la déception devait être complète. La présentation
à grand spectacle, monté par M. de Diaghilew ; au n'offre rien que de convenable à peine, et plusieurs
concert, la Symphonie pathétique ; enfin, La Dame de voix s'avèrent mauvaises. Le registre grave aura été
pique, sur le théâtre lyrique, constituent les principales le mieux partage : mezzo et baryton se détachent d'un
étapes de ce mouvement singulier. Fausse manoeuvre, ensemble, exclusivement russe, dont Mmes Slobodskaïa,
et qui ne saurait aboutir : il ne s'agit nullement d'un Lucezarska, MM. Karadia, Polaroff étaient les chefs
artiste méconnu, mais bien d'un talent fort ordinaire de file. Les meilleurs éloges vont à M. Savlansky d'Agre-
et auquel on a ainsi accordé une importance exagérée. neff, animateur que je préfère pourtant voir diriger
Continuer de la sorte serait faire injure aux vrais Russes, Le Prince Igor.
aux Rimsky, Borodine, Balakirew, Moussorgsky, véri-
tables créateurs d'un art russe, original et populaire.
Bien que russe de naissance, Tchaïkowsky ne parle Chanson d'amour dispense autant d'agrément à la vue
point, musicalement, la langue de son pays. Détour- qu'à l'ouïe : c'est un de ces ouvrages heureux qui satis-
nant les yeux — ou plutôt les oreilles — du terroir natal font tous les publics. Il n'y a rien à dire que de bon,
où fleurissent de si beaux chants populaires intensément quant à la musique composée de morceaux choisis —
évocateurs du steppe nostalgique, ce compositeur lieder, valses, etc. — de Franz Schubert. Et pour ce qui
n'eut de regards que pour l'Italie et la Germanie ; en est de l'affabulation, elle met joliment à la scène le
sorte .que le lyrisme dont il use et abuse ne présente musicien même, en exaltant son tendre génie élégiaque.
La Gaîté-Lyrique a magnifiquement présenté Chanson
aucun caractère ethnique, mais affirme au contraire d'Amour qui avait vu naguère, au Trianon-Lyrique, -
des prétentions de déraciné qui répudie toute attache
les feux d'une rampe moins brillamment illuminée.
avec sa nationalité propre. Les protagonistes ont droit aux plus vifs éloges. Mme
On pardonnerait volontiers à Tchaïkowsky d'avoir
Renée Camia et Mme Louise Dhamarys incarnent la
rompu tout lien moscovite, pour peu que son style eût
emprunté a l'étranger un accent, une couleur, un relief gentille Annette et la belle Carlina avec une grâce et
différents sans doute mais aussi caractéristiques. Au une autorité remarquables. M. Gilbert Moryn personni-
lieu de cela, la fadeur et la mollesse mènent son inspi- fie un Schubert au jeu tout d'émotion sobre et juste.
ration le long des sentiers battus. Et la mélodie qui MM. Noël, Robert Casa, Robert Allard et leurs parte-
s'épanche la avec une abondance et une facilite de naires, les secondent fort bien. Réglées par Mme Stichel,
mauvais aloi, ne parvient guère à remplir de substance les danses contribuent à un ensemble des plus satisfai-
les;tfprmes.-traditionnelles au creux desquelles l'a mou- sants.
lée"le" Trop impersonnel et peu inventif Tchaïkowsky. En reprenant Chanson d'amour, la Gaîté-Lyriquc a
C'est donc une fâcheuse méprise que d'avoir exhumé
-."
mieux mérité que nos associations symphoniques,
l'ouvrage, fameux à plus d'un titre, de Tchaïkowsky. lesquelles ont célébré avec une tout autre réserve le
Si la partition de La Dame de pique est languissante centenaire du glorieux Schubert.
autant que sirupeuse, le sujet s'apparente aux plus JEAN POUEIGH.
LA RAMPE
L'Opérette à la Rampe
FOLIES-WAGRAM. — L'Orloff qui se passe au music-hall, dans lequel ils ont dépensé sans
Opérette moderne, en trois actes et douze tableaux, livret compter une verve endiablée. Ils ont eu aussi le bonheur
de fournir dans cot acte, au fantaisiste comique Boucot, un
français de MM. Roger Eerrépl et Georges Merry, musique sketch, qui lui a permis de déployer toute sa formidable
de AI. Bruno Granichstaedtcn. cocasserie scénique et de laisser le public sur une impression
d'hilarante folie. Tout cet acte, d'ailleurs, par son mou-
Qu'il me soit permis, avant de parler du succès remporté vement, par son texte amusant, par ses éclatantes couleurs
par L'Orloff, aux Folies-Wagram, de dire nos regrets, qu'un et sa mise en scène des plus vivantes, a enlevé le succès haut
la main.
La partition de AI. Bruno Granichstaedten, si elle ne
possède pas la musicalité mousseuse et l'esprit de nos maîtres
du genre français, d'un André Messager, par exemple, elle
a du moins la grâce et parfois, uii entrain, comme dans la
chanson des « Nuits de la place Pigallle » qu'on a bissé avec
juste raison, irrésistible.
Ce qu'il faut louer surtout, c'est l'orchestration de
M. Granichstaedten. Ce musicien jongle véritablement avec
les timbres et obtient des effets imprévus avee une aisance
remarquable. Les motifs et les rythmes se partagent à égalité
entre la valse viennoise et le ja'zz. Il y en a donc pour tous
les goûts.
L'interprétation de L'Orloff est remarquable. AI. André
Baugé, 1 exquis chanteur, auquel on peut, quelquefois,
reprocher la froideur, est, cette fois, dans son rôle du grand
duc, aussi bon comédien que chanteur parfait. Il danse même
â rendre jaloux un professionnel. Aille Alarthe Ferrare est
bien jolie. Elle ne se contente pas de ce don. Elle joue et
chante à ravir. Aille Yv. Alaurcl est bien gentille. Elle se
trémousse avec une joie qu'elle nous fait partager. MAL Alarti-
nelli et Brittche, sont deux excellents comiques qui ne livrent
rien au hasard et font leur partie de jambes sans se lasser.
Les Jessie Ruddock's girls et autres attractions nombreuses
du dernier acte contribuent à l'éclat de la mise en scène
dont il faut féliciter la générosité et le goût de Victor de
Cottens. C'est un très beau spectacle. Et L'Orloff, le fameux
diamant, jettera ses feux de longs soirs sur la jolie scène
M. BRUNO GRANICIISIAEDIEN des Folies-Wagram.
C'est la conclusion de cet article.
homme de théâtre, de la valeur de Victor de Cottcns, acteur
applaudi de revues, dont on n'a pas oublié les nombreuses ANDRÉ LÉNÉKA.
représentations, Victor de Cottens, administrateur averti,
directeur artistique du Casino des Fleurs à Vichy, où, depuis
de longues années déjà, il est passé maître en présentation
de brillants spectacles, n'ait pas choisi pour la seconde
oeuvre créée aux Folies-Wagram, qu'il dirige avec tant de
brio, une opérette française ?
Après le juste et beau succès remporté par la 'Térésina,
opérette nettement viennoise, de Cottens nous devait de
porter son effort sur l'ouvrage d'un compositeur français
avant de monter L'Orloff, que le monde entier connaît,
nous ont appris les avant-premières de ce spectacle, dont
la mise en scène splendidc seule, fera courir tout Paris.
Vraiment, notre opérette française, au passé éclatant,
mérite mieux que cet oubli et cet effacement quasi général.
A Mogador, après No, no, Nanetle, opérette anglo-améri-
caine, voici deux ans bientôt qu'on y joue Rose-Marie,
autre opérette anglo-américaine.
A la Gaîté-Lyrique, Paganini et Chanson d'Amour,
opérettes étrangères alternent sur l'affiche..
Ces regrets personnels, bien inutiles, hélas, manifestés,
revenons aux Folies-Wagram, où L'Orloff, ouvrage mi-
viennois et mi-anglo-américain par la musique, va certai-
nement tenir l'affiche pendant des mois et des mois.
Je ne vais pas, après tous les grands quotidiens, vous
raconter le sujet de L'Orloff. Vous savez par eux, si vous
l'aviez oublié, que L'Orloff est un fameux diamant russe,
au prix incalculable, que le grand duc Alex, exilé, a emporte
avec lui. Le livret rentre dans le genre policier et MM. Roger
Ferréol et Georges Alerry, auteurs français, eux, en ont tiré
tout le parti possible, notamment dans le troisième acte
LA RAMPE
Après plus de quatre mois d'absence, mon amie Eva re- que l'astrakan, le castor, l'agneau. Une ceinture les ferme
vient à Paris. Un coup de téléphone, ce matin, m'annonce généralement, ou des boutons.
son retour et me demande de l'aller trouver sans retard. Ainsi, dans sa collection de manteaux de ville, IÎUUBEKYS
Il v a un tel accent impérieux et angoissé dans la voix d'Eva. nous présente un très pratique et charmant manteau de
que je m'épouvante... Je t'en supplie, dis-moi ce qu'il y a douillet lainage duveté beige clair. La ceinture d'étoffe
tout de suite... -Non. Il faut absolument que tu viennes... est îe naturel prolongement des découpes du dos. La
Tu entendras, et tu verras... » confortable parementure en est de castor, elle descend tout
Quand j'arrive «lie/, cette chère Eva, j'ai tout prévu : comme autrefois le long du manteau, sur le devant, où
désordre conjugal, bras cassé, fluxion, mort du pauvre elle s'y détache en festons
canari.et (eut autres catastrophes... Je trouve la charmante J'ai vu aussi un autre manteau de sport bien confor-
Eva... en robe du soir ! Enfin, me diras-tu ? table et chic également : en tissu anglais très épais, qua-
Ah ! c'est épouvantable... Au mois de juillet der- drillé finement de beige et de brun, entièrement doublé
nier, sachant «pie je ne reviendrai ici qu'à la lin «le «le castor ou de ragondin, avec des bandes de tissu bordant
décembre, j'ai couru les plus intéressâmes présentations de le revers et les parements de fourrure.
collections d'hiver et j'ai commandé mu- nouvelle Naturellement, sous «es manteaux vêtus généralement le
et complète garde-robe pour la saison. matin, pour le sport ou les ionises, ou pour les randonnées
l'étais sûre ainsi de redevenir Parisienne tout de suite, si chères de week-end en auto, la femme élégante por-
Mais alors, je t'en prie, regarde... tout cela n'a-t-il pas tera avec joie les délit ieux sweaters, si douillets et si
déjà l'air affreusement démodé ? J'étais hier à un thé ravissants, l.a nouvelle collection de NA.XA. par exemple,
chez mon amie Maud. il me semblait que tout le monde nous en offre actuellement un choix très varié, : le contraste
me regardait avec pitié... » ou tout aussi bien l'harmonie des i oloris, prisonniers des lignes
|'ai consolé Eva. Evidemment je dois dire, qu'elle exa- géométrique très modernes, nous font parfaitement oublier
gère, niais il v a cependant une part de raison dans son la coupe classique et uniforme du pull-over. J'ai bien envie
innocent chagrin. Les grandes lignes classiques de la mode de parler également aujourd'hui des écharpes peintes de-
d'hiver, qui nous fut présentée cet été sont bien les mêmes, cette artiste N.\x\. tant il y en a d'adorables, niais ceci
mais Paris a su v ajouter mille détails, mille riens ado- sera pour une prochaine chronique.
rables, riens nés jour après jour et qui finissent inévita- Cet hiver, les manteaux d'après-midi ont une silhouette
blement par 'transformer la silhouette. La coquette Eva beaucoup plus raffinée que l'an dernier, car la chère mode de
ne saurait,'en aucune façon, leur en vouloir: ce sont eux. «s'habiller» pour les visites d'après-midi, nous est enfin
qui, «le tout temps ont fait tout l'esprit et toute la revenue. Les collections les présentent généralement, en
grâce de ces belles robes de Paris qu'elle sait porter mieux velours de soie naturelle si souple et jolie, ou en velours an-
mieux «pie toute autre. glais. Le lira)) noir. Vondamoussa, et ses dérivés, et le ziblikasha
Voyons «loue d'abord le manteau que nous appelons de ont aussi un grand nombre d'adeptes.
ville, qui n'est plus le manteau de sport, et pas tout à fait Cette semaine, chez Patou le plus ravissant manteau était
encore celui, très élégant, d'après-midi, c'est-à-dire qui a à mon avis, certainement, en Ondamoussa noir garni de
pris au premier sa parfaite netteté de coupe, et à l'autre, nervures très serrées sur les hanches et entièrement bordé
une certaine recherche. Ainsi, il est extrêmement pratique. de breitschwanz. Le bas est légèrement en forme, et
pnisoue même, exécuté dans des teintes font ées ou unies. l'un «les côtés remonte, selon le mouvement habituel. Mais
on peut le porter encore, n'ai-je pas préféré ce manteau de velours bleu nuit,
jusqu'à l'heure du d'une ligne enroulée, accentuée encore par uni- bordure de
dîner. renard argenté remontant sur le côté gauche ?
Les tissus qui Les petites robes d'après-midi ne manquent pas, elles
conviennent parfai- aussi de coquetterie, qu'elles soient en satin, ou en velours
tement à ces man- décorés de petits motifs géométriques ou de fleurettes, gais
teaux sont tous les connue nos crêpes de Chine estivaux. Les voiles Rodclic,
velours de laine, le les crchcl'.a double, les ravissants crêpes ba'ia, les sumida, les
drap et les tissus crêpes Ra'ta, les vellor si pré-
anglais à dessins peu cieux, composent aussi les
apparents. Les kas- toilettes de liante couture.
habures, de Rodicr, Ces robes ont toujours
sont parmi les plus beaucoup d'ampleur, grâce à
appréciés, ainsi (pa- leurs volants en forme, leurs
ies ziblikasha. si
douillets. tous les panneaux, leurs pans flottants.
Radie, kashadaveline. Enfin, voici nos robes du
kashavellinc, les fillic, soir... Elles sont adorablement
vellilaine. kashan- féminines, que nous les choi-
sissions en mousseline de soie,
gora, les drap', lia.
etc.. Tous ces lai- en dentelle, en satin Duchesse.
Je ne veux pas oublier les
nages sont unis ou magnifiques velours Tramor,
tissés de petites ar-
comme leur nom l'indique,
mures de fantaisie. tramés d'or, ou les velours
Quant aux gar- Arachné, si souples, ainsi que
nitures, les fourrures les velours sombres pailletés
Chandail de Mme Xana, à poils courts sont de strass ou d'argent, d'un Chapeau de Le Monnu-r.
1. deux tons *!< vert blanc cl marine. tout indiquées, telles effet si luxueux aux lumières. ri..'- pour Mlle Spinelly,
•
<ii feutre noir clouté acier.
LA RAMPE
Enfin, dans cette riche collection des SOIERIES VELVÉLIOS, aura troqué son bonnet centre un turban de crêpe rouge
pour ies manteaux du soir, les velours ciselés sont tout indi- dont un pan retombe en écharpe autour du cou.
qués, naturellement. On se souvient que Louise Boulanger'â" la ville comme à la
La ligne dés robes du soir est toujours très plongeante scène habille Spinelly, et que Le Monnier la coiffe.
dans le dos ou sur un côté. Cet effet est obtenu par les pans
et volants de plus en plus nombreux. Au second acte Clara Tambour porte une robe de crêpe
satin vert amande employé du côte mât avec des panneaux
en forme, superposés, composant la jupe. L'empiècement, la
LA MODE AU THÉÂTRE ceinture et une bande aux poignets sont posés dans le côté
brillant.
Théâtre Michel : Leïla, de AI. Nozière. Les pièces de Al. No- Madeleine Linirys a revêtu une bien délicieuse robe de
zière sont toujours les enfants gâtés du bon public parisien. moire noire,de forme princesse,boutonnée à la taille, ouvrant
Chaque soir, de ce moment, le petit théâtre Michel est plein sur un fourreau de soie paille.
a craquer et je ne sais ce que l on y applaudit- Mlle Spinelly a, maintenant, une -robe
le plus sincèrement : des acteurs, ou de la pièce coupée dans un précieux tissu oriental, rouge
en elle-même. brique à fines broderies blanche et noires. La
Nous voici donc chez Pierre Lanney, peintre jupe, est coupée en étroits panneaux, retom-
à. la mode, blasé sur ses succès féminins et bant, à la taille sous une ceinture que termine
d'art. Le retour de son ami, Jean Lureau, qui un noeud volumineux.
fut son maître, lui fait sentir plus cruellement Au 3e acte, on le devine, Leïla a tout bou-
encore l'abaissement de son talent, la banalité leversé : la maison, le coeur de Lanney, le
de son existence. Près de' Lanney vivent cepen-
dant, en pure camaraderie et dévouement — coeur de Lureau, et jusqu'à la vie de
la petite secrétaire et du modèle. Elle ne s'est
comme si cela existait dans la vie — deux donnée ni à l'un ni à l'autre, mais elle a
petits êtres charmants : Alaud, la secrétaire, et excité leur jalousie et les a dressés l'un contre
Julienne le modèle. Maud, c'est la gentille l'autre... Elle a posé pour Lureau, lui redonnant
Madeleine Linyris, que Paquin habille, comme
il convient daîis le rôle : fort simplement, et la fièvre du travail. Elle a revêtu, pour
délicieusement. Au 1er acte, elle porte donc Lanney le costume d'un modèle de Goya, qu'il
aimait. Longue tunique transparente en fine
une robe de crêpe satin bleu. Le corsage est mousseline cirée blanche, petit boléro aux
travaillé de nervures en chevrons qui descen- rubans tissés d'or, large ceinturé rose.
dent sur les hanches, jusqu'aux larges plis ronds
de l'ample jupe. Aille Linirys (qui est une secrétaire vraiment
Le modèle, Julienne, c'est la jolie et si Coifluro créée par Le Monnier bien élégante) porte une chaste robe de Geor-
pour Mlle'SpInelly. gette rose émotion, au corsage travaillé de plis
vivante Clara Tambour, qu'habille Jean Latour.
Nous la voyons tout cl abord dans une robe religieux, à- la jupe travaillée de plis ronds.
de velours à petits damiers blancs et noirs. Un plastron de Avec beaucoup de chic Aille Alontclar présente, à son
crêpe blanc, éclaire le corsage à empiècement arrondi. L'am- tour, un ravissant costume de Paquin, vert bouteille, à
pleur de la jupe est donnée par de larges plis piqués à jaquette trois quarts très enveloppante bordée de fourrure,
hauteur des hanches. sur une blouse de satin vert pâle.
Puis paraît Irène, riche cliente et maîtresse de Pierre. C'est Et lorsque Leïla paraît pour la dernière fois, avant de
Mlle Alontclar. Une robe du soir de Chanel la vêt avec beau- s'enfuir, cruelle et attendrie, inquiétante et pure, elle s'est
coup de charme. Elle est en satin bordeaux très longue et parée de la plus enchanteresse toilette: un déshabillé de tulle
étroite, et brodée/l'un long dragon jaune et vert, dont la noir, piqué, de strass, moulant étroitement son corps char-
tête est sur le deva'nt du corsage et le corps s'enroule autour mant, doublé de mousseline de soie rose, et bordé de volants
de la jupe, avec, ia queue formant traîne. La cape de tulle noir. Les manches se terminent, au coude, en une
qui accompagne cette toilette vient de chez Paquin. longue grappe de volants de tulle et mousseline rose.
Elle est en velours de soie vert poison entièrement dou- Elle est bien, ainsi toute la séduction impérieuse et
blée et.bordée de renard ardente de la femme, belle comme un ange, légère comme
jaune. un oiseau, et si fugitive.
Enfin voici Leïla... Un monstre, dit Leïla ? — Alais non ! Je suis comme
qui pouvait-on mieux toutes les femmes...
choisir que Spinelly pour
interpréter ce rôle de PAULETTE :
femme étrange, per- - .
verse, si divinement
charmeuse pourtant, et
surtout tellement mul-
tiple, tour à tour cyni-
que, douce, lettrée" ou
passionnée. Elle entre
d'abord chez Lanney en
robe de gros jersey
noir. Sur la jupe à Cette très élégante robe
plis plats non repassés, de chambre «le /.riiana,
une blouse, boutonnée à dessins rouges <-i gris
devant jusqu'à la cein- sur fond noir, est portée
ture. Le col et le large par M. Alerme.
îKEiid sont de satin gris. CRIïATlON l'OIRIKR
Un petit bonnet très
plaqué, noir entièrement
pailleté, rend le petit
visage de Spinelly,
{Chandail de Xana,
étrange et grave. Alais
un laine beige, marron, rouge et vertu
à deuxième visite elle
sa
Nous disions, la quinzaine dernière, le rôle joué par le talent et humour des instruments les plus variés, tous
jazz dans la musique contemporaine. Nous disions que comédiensaussi, et si aptes à saisir et à exprimer le rythme
les deux grands musiciens de ce siècle : Stravinsky et voulu par leur chef endiablé — vous le connaissez. Vous
Honegger ont, l'un et l'autre, subi profondément avez entendu, l'an dernier Jack Hylton. Nous l'aimions;
l'influence bienfaisante du rythme syncopé. avant nous axions, au phono, goûté son talent. Sou-
Nous disions que notre excellent ami, M. Vnilré vent, au cours de chroniques phonographiques, nous
Lénéka, entreprenant ici même nous étions amusés à comparer
une campagne inattendue, se Hylton et Whiteman.
hâtait d'enterrer le jazz, lequel Nul doute (pie Whiteman est
se porte fort bien. un plus grand musicien. Il con-
Le plus bel exemple de la duit le jazz vers l'orchestre
santé florissante du ja/.z i-st syiiiphonique. Certains de ses
sa réussite phonographique, et derniers disques— notamment
la relativement récente anne- 01 man river, avec la basse Paul
xion par lui de la valse. Quand Robeson et les choeurs, nous
on a entendu des valses jouées font sentir que Whiteman sait
par les grands jazz, «pie ce soit mieux qu'aucun, «pu-Iles res-
des valses américaines : Ramo- sources il v a dans le jazz.
na, Charmainc, ou des valses Nous en avions d'ailleurs «-u
viennoises, telles la valse «lu l'inoubliable sensation lorsque
Stddal de Chocolat, par Paul Whiteman et son orchestre
Whiteman, il n'est pas possible jouèrent, voici déjà plusieurs
d'en subir l'exécution plate et saisons, au music-hall d«-s
si inférieure de nos orchestres, Champs-Elysées.
non plus même que l'exécution L'ambition de Jack Hylton
viennoise. est plus modeste. Il est un
Le fait est là «pu- nous ne chef de jazz subtil, harmonieux,
pouvons plus concevoir la tiui- maître de son orchestre dont il
sique gaie autrement qu'or- joue en virtuose, petit homme
chestrée par un jazz, i-t «pic- sautillant et capable de don-
les grands musiciens modernes ner di- l'entrain à un orchestre
ont senti passer sur leur inspi- parisien, capable de donner
ration et leur méthode ce de la vie à une valse française.
souffle de neuve musicalité. La conduite de son jazz par
S'il était besoin d'un exemple Jack Hylton est un des plus
«le l'importance «lu jazz et de «tiiieu.x spectacles qu'il soit
sa réussite-, toujours «'ti progrès donné «le voir. L'audition mul-
d'ailleurs, et toujours mieux tiple, originale, constamment
apprécié par le public, il suf- JACK HYLTON
serrée, ingénue et subtile tour
firait de se rendre à l'Empire. à tour de ce jazz prestigieux
Révolution, oui, comme peut être la mort du cor- «pu lire la qunitesceiice de jazz, est un vrai régal.
set, la disparition des cheveux longs, l'abandon «lu Aussi, hier, le public de l'Empire a-t-il fait au retour
tzigane. de Jack Hylton and his boys un accueil triomphal.
Evénements qui ne sont point des mouvements de Hylton lance son jazz, le pétrit, en sort des motivc-
mode, mais bien la marque d'une évolution, d'un progrès meiits el des sons inouïs. Halte. Il recommence. On ne
aussi nets que le remplacement par le chemin de 1er et se lasse pas.
le six-cylindres du coche et du carrosse, par l'électricité Bon spectacle au demeurant à l'Empire, pour enca-
de la lampe à pétrole et que l'avènement <\\\ drer cette vedette de première grandeur.
cinéma. Kathlein O'Hanlon et Théo Zarnbuni sont d'éton-
Il suffirait de se rendre à l'Empire pour y entendre nants danseurs, d'une singulière àpreté, d'une violence
Jack Hylton and his boys. empoignante.
Le mérite «le cet incomparable orchestre, composé Ils connaissent un vif et mérité succès.
d'artistes, tous plus intelligents el plus personnels, plus
doués les uns «pie les autres, tous capables de jouer avec JACQUES CHABANNES.
LA RAMPE