Vous êtes sur la page 1sur 504

Histoire du Maghreb : cours

professé à l'Institut des


hautes études marocaines /
Ismaël Hamet,...

Source gallica.bnf.fr / Bibliothèque nationale de France


Hamet, Ismaël (1857-1932). Auteur du texte. Histoire du Maghreb
: cours professé à l'Institut des hautes études marocaines / Ismaël
Hamet,.... 1923.

1/ Les contenus accessibles sur le site Gallica sont pour la plupart


des reproductions numériques d'oeuvres tombées dans le
domaine public provenant des collections de la BnF. Leur
réutilisation s'inscrit dans le cadre de la loi n°78-753 du 17 juillet
1978 :
- La réutilisation non commerciale de ces contenus ou dans le
cadre d’une publication académique ou scientifique est libre et
gratuite dans le respect de la législation en vigueur et notamment
du maintien de la mention de source des contenus telle que
précisée ci-après : « Source gallica.bnf.fr / Bibliothèque nationale
de France » ou « Source gallica.bnf.fr / BnF ».
- La réutilisation commerciale de ces contenus est payante et fait
l'objet d'une licence. Est entendue par réutilisation commerciale la
revente de contenus sous forme de produits élaborés ou de
fourniture de service ou toute autre réutilisation des contenus
générant directement des revenus : publication vendue (à
l’exception des ouvrages académiques ou scientifiques), une
exposition, une production audiovisuelle, un service ou un produit
payant, un support à vocation promotionnelle etc.

CLIQUER ICI POUR ACCÉDER AUX TARIFS ET À LA LICENCE

2/ Les contenus de Gallica sont la propriété de la BnF au sens de


l'article L.2112-1 du code général de la propriété des personnes
publiques.

3/ Quelques contenus sont soumis à un régime de réutilisation


particulier. Il s'agit :

- des reproductions de documents protégés par un droit d'auteur


appartenant à un tiers. Ces documents ne peuvent être réutilisés,
sauf dans le cadre de la copie privée, sans l'autorisation préalable
du titulaire des droits.
- des reproductions de documents conservés dans les
bibliothèques ou autres institutions partenaires. Ceux-ci sont
signalés par la mention Source gallica.BnF.fr / Bibliothèque
municipale de ... (ou autre partenaire). L'utilisateur est invité à
s'informer auprès de ces bibliothèques de leurs conditions de
réutilisation.

4/ Gallica constitue une base de données, dont la BnF est le


producteur, protégée au sens des articles L341-1 et suivants du
code de la propriété intellectuelle.

5/ Les présentes conditions d'utilisation des contenus de Gallica


sont régies par la loi française. En cas de réutilisation prévue dans
un autre pays, il appartient à chaque utilisateur de vérifier la
conformité de son projet avec le droit de ce pays.

6/ L'utilisateur s'engage à respecter les présentes conditions


d'utilisation ainsi que la législation en vigueur, notamment en
matière de propriété intellectuelle. En cas de non respect de ces
dispositions, il est notamment passible d'une amende prévue par
la loi du 17 juillet 1978.

7/ Pour obtenir un document de Gallica en haute définition,


contacter
utilisation.commerciale@bnf.fr.
Directeur de l'Inftitut des Haute-, frude* Marocain;*

Histoire du Maghreb

: COURS PROFESSÉ
A L'INSTITUT DES HAUTES ÉTUDES MAROCAINES

PARIS
ÉDITIONS ERNEST LEROUX
2$, RUF HOXAPARTR, 2*4

'92?
Publications de l'Institut des Hautes-Étude* Marocaiies
(Ancienne École Supérieure de Langue arabe it 'te dialecte* Rerberta de Rabat.)
_,

K. L\OI-ST. — Ktudo sur lo dialecte Berbère des Ntifa,


1 vol. in-8\ 30 IV.*
L. .MII.LIOT.
— Recueil de jurfeprudwo) cuérifiînmv
? forls vol. ii-S" avec nombreuses planches. . 100 fr*. .,-
L. Mif.i.ioT. — Démembrement drts Habous, 1 vol.
iti-8* 15 fr. *
\
I... ltnuxoT.
— La mer dans les traditions et les iu-
dustrie8 indigènes de Rabat et Salé, 1 vol, iu-84 \
accompagné de plans el de co.ics 30 fr.
L. BRUNOT. — Notes lexicologiques sur le vocabulaire
de Rabat et Salé, 1 vol. in-8" 30 fr.
,
E. WKSTKHMAUCK. — Les cérémonies du mariage
au Maroc (Iraduil de l'Anglais par J. Anix), 1 vol. *„

ÏII-S-* ' 30 fr.'" j


K. I.KVi-PitovKN'jvi.. — Les manuscrits arabes de Ra^, l
bat, vol. 111-8" accompagné de planches.
1 40 fr^f
. .
K. Li':vi-Pjiovi:.\t;.vi.. — Textes arabes de l'Ouargha,
(dialecte des .Ihnln), (vol. in-S\ 1 vol. avec pi. 35 fr.*

laU'flnftir G!-nftol* •)» fk'ttill. n i'tr-^fi. f — fcï»Mro-f'iai*T.


«tmian sa mi
Histoire du Maghreb
1SMABL Jtt A JM. tS> J,
Directeur de l'Iuttat de» Haute» Érede» Mar*e»tbe».

Histoire du Maghreb
/Ç COURS PROFESSÉ
,
: A L'l|«èTITUT DES HAUTES ÉTUDES MAROCAINES

PARIS
ÉDITIONS ERNEST LEROUX
28, RUB BONAPARTE, 28

192}
AVANT-PROPOS

Le présent ouvrage ayant pour objet principal l'his-


toire du Maghreb extrême, s'ouvre avec l'arrivée en
Berbérie d'Idris Ier considéré comme le fondateur de
l'empire du Maroc. Or, à différentes époques, cet em-
pire s'est étendu à l'Espagne musulmane ainsi qu'à
tout le Nord de l'Afrique, jusqu'aux confins de la
Tripolitaine et son histoire est restée intimement
liée à celle de tous ces pays, jusqu'à l'époque contem-
poraine. C'est pourquoi il a paru indispensable de
donner une relation suivie des faits se présentant si-
multanément en ces divers lieux, pour ne pas rom-
pre leur enchaînement et permettre ainsi au lecteur
d'embrasser l'ensemble des événements d'une même
époque.
Ce procédé, cependant, doit compter avec certaines
difficultés dont les principales résident dans la rela-
tion de ces luttes purement militaires qui se prolon-
gent oU se renouvellent sans résultats décisifs, mais
où évoluent des personnages de premier plan que
Ton doit suivre pour éviter des lacunes, la multipli-
cité des souverainetés en exercice, l'inconstance de
leur politique occasionnant un enchevêtrement d'in-
térêts contradictoires et changeants et dans l'identi-
fication des souverains, princes, ministres ou géné-
raux contemporains les uns des autres et portant
les mêmes noms ou surnoms.
VI AVANT-PROPOS
On a essayé de remédier à ces difficultés par la re-
cherche de la précision et de la clarté, par des résu-
més succints, des tableaux synoptiques ou synchro-
niques donnant une relation sommaire des époques
marquantes de l'histoire, des listes chronologiques
des dynasties ayant joué un rôle important, etc. Enfin,
une bibliographie des principaux ouvrages consultés
est donnée comme références et offerte comme guide
aux lecteurs désireux d'approfondir l'étude de cer-
taines époques ou de certaines dynasties et de recueil-
lir, à leur sujot, des détails qu'on ne pouvait faire fi-
gurer ici sans sortir du cadre d'un manuel.
Partout où la similitude des noms pouvait arrêter
le lecteur, le laisser dans le doute ou l'induire en
erreur, on a apporté, dans l'index des noms propres,
des précisions parfois un peu longues, mais indis-
pensables dans un ouvrage destiné à des étudiants ou
à des personnes insuffisamment initiées à l'histoire
des Musulmans orientaux et occidentaux. C'est pour
les mêmes raisons que beaucoup de noms géographi-
ques sont accompagnés d'indications permettant de
les identifier et de les retrouver sur la carte.
Toutefois il n'a pas été donné de système de trans-
cription, l'orthographe des noms qui appartiennent
à l'histoire et à la géographie étant le plus souvent
fixée par un long usage. Il a paru préférable, pour la
commodité du lecteur, de conserver ces noms dans
leur forme usuelle la plus répandue.
BIBLIOGRAPHIE

IBN EL ATHIR. — Annales du Maghreb et de l'Espagne,


Trad. Ë. Pagnan, A. Jourdan, Alger, 1901.
Non. DBS VBROBRS. — L'Arabie. Univers illustré de Fir-
min Dldot, Paris, 1845.
G. ZAIDANB. — Tarikh Et Tameddon el itlamy. Imprimerie
El ililal. Le Caire, 1907.
CUMBNT HOART. — Histoire des Arabes. P. Geuthner, Paris,
1912, 2 v.
AL FAKHRI. — Histoire des dynasties musulmanes d'Ibn At»
Tiqtaqa. Trad. E. Amar, Paris, Leroux, 1910.
ION KHALDOU*. — Histoire des Berbères, Trad. de Slane. Im-
primerie du gouvernement, Alger, 1852-56.
R. Dozr. — Histoire des musulmans d'Espagne. Leyde.
E. J. Brtll, 1861, 4 v.
E. MBBGIBR. — Histoire de l'Afrique septentrionale. Pavis,
Leroux, 1888,3 v.
DB MAS LATRIB. — Relations et commerce de l'Afrique sep-
tentrionale avec les nations chrétiennes au Moyen*Age.
Paris, Firmin Didot, 1886.
LtfoN L'AFRICAIN. — Description de CAfrique. Edition
Ch. Schefer. Paris, Leroux, 1896.
GBOROBS MARÇAIS.
— Les Arabes en Berbérie. E. Leroux,
Paris, 1913.
VIII BIBLIOGRAPHIE
AHMED BBN KHALBD ENNACIRI. —
Kitab El Istiqça. Trad.
K. Fumey. Archives marocaines. 2 v. Paris, Leroux,
1907.
Almohades et des Ilafcides,
EZZBRKBCHI. — Chronique des
Trad. E. Fagnan, A. Braham, Constantin*;, 1895.
ABOU ABDALLAII MOIIAMMBD BEN ABDBLIIALIM dit IBN ABI
ZERAA. — Etants el mothrib et Kirtas fi akhbar moulouk
el maghrib oua ladj mndinel Fas. Autographié à Fez.
II. 1033. Le môme traduit par A. Beaumier, Paris,
Imprimerie impériale, 1860.
ABOULQASBM BEN AHMED KZZIANI. — Le Maroc de 1631 à
1812. Texte arabe publié et traduit par 0. iloudas,
Paris, E. Leroux, 1886.
MOHAMMED ESSEGHIB KL OUPRANI. — IAX dynastie saadienne
au Maroc (1511 à 1670), texte arabe et traduction de
0. Iloudas, Pari*, K. Leroux, 1888,2 v.
COMTE HENRI de CASTRIES. -r Les sources inédites de l'His-
toire du Maroc de 1530 à 1845. Paris, E. Leroux, 1905-
1921.
COMTE ALBERT de CIRCOORT. — Histoire des Maures mudeja-
res et des Morisques ou des Arabes d'Espagne sous la do-
mination des Chrétiens. Paris, G. A. Dentu, 1846, 3 vol.
A. COUR. — Etablissement des Chérifs au Maroc (1509-1830).
Paris, E. Leroux, 1904.
AUGUSTIN BBRNARD. Les confins algéro-marocains. Paris,
E. Laroze, 1911.
AUGUSTIN BERNARD. — Le Maroc. Paris, Alcan, 1913.
JBRONIMO BBCBBR. — Hisloria de Marruecos. Madrid, 1915.
PAUL CHASTANO. — Les conditions d'établissement du Protee-
torat français au Maroc. Paris, Jouve et Ct#, 1913.
ANDRÉ LBBLANO. —- La politique européenne au Maroc à l'é-
poque contemporaine. — Paris, A. Pedone, 1906.
Archives marocaine* (collectiondes), années 1904 et s. Paris,
Leroux.
1 BIBLIOGRAPHIE IX
La Revue du Monde Musulman (collection de), années 1907
et s. Paris, Leroux.
EL BIKRI. — Description de l'Afrique septentrionale, traduite
par MAC GUCBIN DB SLANI. Edition revue et corrigée,
1913. Librairie P. Geuthner, Paris.
EL AIACHI et MOULA AHMED. —- Voyages dans Us Etats bar»
baraques, trad. A. BZBBRUGOBB. Explor. algérienne,
1846.
L. MASSIONON. — Le Maroc dans Us premières années du
XVI* siècle. Tableau géographique d'après Léon l'Afri-
cain. Alger, A. Jourdan, 1906.
DB FOUCAULD. — Reconnaissance au Maroc, (1883-1884).
Paris, A. Ghallamel, 2 v.
t
R. BASSET. — Documents géographiques sur Afrique sep*
lentrionale, traduits de l'arabe. Paris, E. Leroux, 1898.
DE SBOONZAG (marquis). — Voyages au Maroc (1899-1901).
Paris, A. Colin, 1903.
G. Niox. — Carte d'Algérie et Tunisie, Maroc et sud-oranais.
Edition 1907 refondue.
SBKYICI oioaRAfHIQQI DB L'ABMIB. — Carte du Maroc au
500.000*, 1906.
CHAPITRE PREMIER

Les Idrissites.

Fondation de Fez. — Dissensions et luttes «les Idrissites et des


Miknassa. — Petites dynasties au Maroc. — Les gouverneurs
aghlabites. — Fondation de la dynastie chiite des Falimites; elle
étend sa puissance au Maghreb extrême et entre en lutte avec
les Ommiades d'Espagne. — Révolte kharedjito de « l'homme à
l'âne » (934-947). — Le khalife fatimite Kl Moozz transporto le
siège de l'empire en Egypte (969). — Puissance de Ziri ben Alla
chef des Meghraoua; sa rupture avec les Ommiades. — Frac-
tionnement de l'empire musulman en Espagne. — invasion hila*
lienne du xt* siècle. — Mélange et juxtaposition des races.

Après la mort do Mahomet, se sont succédé à la


tête do la communauté musulmane les quatre pre-
miers khalifes dits orthodoxes par ce qu'ils se mode-
laient, en toute leur conduite, sur le prophète. C'étaient
Abou Bekr, Omar, Othmane et Ali. Mais après l'assas-
sinat d'Olhmane en 656, Ali dut prendre les armes
pour lutter contre un compétiteur ambitieux cl déter-
miné, Moaouia ben Abou Sofiano, parent du précédent
khalife et gouverneur do la Syrie où il avait de nom-
breux partisans.
Les Syriens de Moaouia, ayant essuyé une sanglante
défaite, recoururent à un stratagème: ils arborèrent
des Corans à leurs lances et se portèrent vers Ali, en
appelant à ce livre pour vider le différend. Les soldats
d'Ali se divisèrent alors en deux partis : l'un qui l'ac-
cusait de trahir sa propre cause s'il acceptait de dis-
cuter une question vidée sur le champ de bataille,
1
2 HISTOIHE DU MAGHREB
l'autre qui menaçait do lo tuer s'il n'acceptait la
trêve. Il céda à ce dernier et Moaouia obtint quo des
arbitres seraient chargés do détcrminor, d'après lo
Coran et la Sonna, celui des deux prétendants à qui
revenait la mission do gouverner les Musulmans.
Mais Ali fut trahi par l'arbitre qui dovait défendro
ses droits et l'élection do son rival Moaouia ben Abou
Sofiano inaugura la dynastie des khalifes ommiades.
Ceux des partisans d'Ali qui lui reprochaient d'avoir
accepté l'arbitrage, se séparèrent de lui radicalement;
appelés Kliaredjites ou dissidonts, ils formèrent une
secte intransigeante qui fut persécutée et se répandit
dans la plus grande partio de l'Afrique musulmane,
lis refusaient de reconnaître aussi bien Moaouia
qu'Ali et tuèrent les émissaires qui leur apportaient
des paroles de conciliation de leur ancien maître.
Ali marcha contre eux et les ayant exterminés à
Nahraouane, sur les bords du Tigre, en G59, conserva
son autorité en Mésopotamie et en Perso. Deux ans
après, un kharedjito nommé Abderrahmano ben Mol-
djem lo tua d'un coup do sabre, alors qu'il se rendait
à la prière du vendredi. Une mosquée a été édifiée à
Cou fa sur l'emplacement où il trouva la mort et qu'on
appela « Mcchhed Ali » ou lieu du martyre d'Ali.
Ces événements qui so déroulèrent après l'assassi-
nat du khalife Othmanc, revêtent une importanco
capitale en raison des conséquences qu'ils curent sur
les destinées politiques et religieuses de l'empire
arabe. Ils marquent une ère nouvelle où l'imamat
électif instauré par les successeurs immédiats du pro-
phète, est remplacé par une royauté héréditaire et
où la simplicité patriarcale primitive fait placo au
pouvoir absolu et au faste empruntés aux monarques
asiatiques. D'autre part, l'usurpation des Ommiades a
profondément troublé l'unité religieuse de la commu-
%
LES IDRISSITES 3
naulé musulmane qui so sépare en Sonnites ou ortho-
doxes, en Chiites ou partisans d'Ali et en Kharadjites
ou dissidents. Les dissenssions do ces groupes irré-
conciliables et leurs luttes politico-religieuses vont,
pendant des siècles, ensanglanter l'empire arabe f.
Au point do vue religieux, les Chiites s'étaient net-
tement séparés du reste de la communauté musul-
mane ; au point de vue politique, ils vénéraient Ali,
non comme khalife élu mais bien en sa qualité de
successeur du prophète et de membre de sa famille.
Les descendants d'Ali auraient pu, dès lors, succéder
à leur père à la le te des Chiites, mais c'eût été ruiner
leur presligo de successeurs de Mahomet, aux yeux
des Arabes des villes saintes, de l'Egypte et de l'Irak,
tous attachés à la famille du prophète, et renoncer,
du mémo coup, à la conquête de l'imamat. Aussi, les
verra-t-on profiter de toutes les circonstances pour
revendiquer les droits au gouvernement de la commu-
nauté musulmane, qu'ils prétendent tenir de leur nais-
sance.
Ali laissait deux fils : Hassanc l'ainé ot llosseïnc.
liassauo proclamé par les gens do l'Irak, n'avait au-
I. A ces causes de conflits qui ont retenti sur l'histoire des Mu*
sulmans en tous lieux et à travers les âges, il faut en ajouter d'au-
tres non moins importantes par leurs répercussions. De temp3
immémorial l'Arabie se divisait : en Arabes purs ou anciens, hu-
lulant les régions f^rMi^s et les villes riches du sud de la pénin-
sule et appelés Yéménite* ou Kelbiles; et en Arahe3 de race mélan-
gée, habitant lc3 pay3 désertiques de nomadisme, tels que la
Palestine, le Ilcdjaz el le Nedjod, ils étaient appelés Maâdiles ou
KaUiles.
La pauvreté des uns et la richesse des autres, en avaient fait
dc3 ennemis séculaires sur le terrain économique; celte inimitié
se transporta dans le domaine politique avec la querelle d'Ali;
tandis que les Yéménites ou Ketbiles étaient partisans de Moaouia
et des Ommiades, les Maàdttes ou KaUiles étaient partisans de la
descendance do Mahomet, c'est-à-dire des fils d'Ali. Aussi, Ketbiles
et Kalsiles poursuivirent-ils leurs luttes au-delà des frontières de
l'Arabie, dans les pays conquis, en Afrique el en Espagne, comme
en Orient.
4 HISTOIRE DU MAGHREB
cun goût pour l'exercice du pouvoir et, à la suite
d'une sédition dans son armée, il reconnut Moaouia
commo khalife.
A la mort de Moaouia, llosseïnc refusa de prêter ser-
ment au nouveau khalife ommiado et so réfugia à la
Mecque. Appelé par les gens de Coufa, il se confia à
eux, mais ils l'abandonnèrent lorsque sa petilo troupe
composée de soixante-douzo personnes fut entièrement
exterminée à Kcrbola sur l'Euphralc (680). Un autre
fils d'Ali, Mohammed dit Ibn El Ilanafia, qui vivait
à Médinc, oui des partisans dans l'Irak; ils furent
vaincus et Ibn El Ilanafia se réfugia à Taïef près de
la Mecque.
L'imam Zcïno El Ahtdinc, fils do llosseïnc fils d'Ali,
vivait vers l'an 739 aux lieux saints d'Arabie où il
avait un parti puissant. Le khalife ommiado Hicham
en acquit les preuves et s'en inquiéta, aussi l'accusa-
t-on de la mort do Mohammed fils de Zcïno El Abi-
dino qui venait de périr par le poison. Zaïd, frèro
de Mohammed fut alors proclamé khalife par les gens
de Coufa et réunit une armée de 14.000 hommes ; il
fut vaincu et tué cl sa telo clouée à la porte de
Damas.
Dans le Kliorassan, Abbu-Moslem émissaire des Ab-
bassides ou descendants d'Abbas oncle de Mahomet,
travaillait à établir leurs droits qu'ils tenaient do la
cession que leur aurait faite secrètement un descen-
dant d'Ali. Il avait gagné les sympathies des Alidcs on
leur laissant croire qu'il agissait pour eux et quand ils
connurent la vérité, il était trop lard pour réparer
leur erreur. C'est ainsi que la dynastie ommiade fut
renvorsée ot que la famille d'Abbas s'empara du pou-
voir, dans la personne d'Aboul-Abbas surnommé a Es-
seffah » (750).
Le khalife Kl Mahdi mourut en 785 avant d'avoir
LES IDRISSITES 5
assuré la succession au trône & son fils Haroun ; les
Alides profitèrent des troubles qui s'en suivirent pour
réclamer à nouveau les droits qu'ils tenaient de leur
origine. A Médine, vivait alors llosseïnc petit-fils de
Hassano le second ; à la suito do dissentiments qui
s'étaient élevés entro lui et Omar ben Abdelaziz, gou-
verneur de Médine, Hosseïne prit les armes, chassa
le gouverneur et, s'étant fait proclamer comme suc-
cesseur légitime du prophète, se rendit en pèlerinage
à la Mecque, suivi par tous les esclaves des pays voi-
sins que la promesse do la liberté rangeait sous sa
bannière. Une longuo lutte s'engagoa entre les Alides
et les Abbassidcs ; cllo se termina par la défaite de
llosseïnc et sa mort au combat do Fekh à trois milles
do la Mecque (787).
Cotte défaite n'arrêta pas la lutte des fils d'Ali
contre le pouvoir établi, mais clic suscita, vers le
Maghreb, ce refuge de tous les persécutés de l'Orient,
l'exode d'un prince alide, Idris bon Abdallah, qui de-
vait y fonder une dynastie. A son arrivée dans ce
pays, la situation poliliquo et religieuse de l'Occident
musulman était la suivante:
Lo Kharcdjisme s'était répandu chez les populations
berbères du Maghreb cl de l'Espagne et leurs rébel-
lions imposaient au pouvoir une vigilance extrême.
Yazid ben Hatcm qui gouvernait à Kairouan au nom
des khalifes abbassidcs, mourait en 787, après avoir,
par son énergie el son activité, assuré au pays une
période de calme de quinze années. Mais au lendemain
de sa mort, son fils Daoud eut à réprimer une grave
révolte des Nefzaoua. En 788, Ilouh ben Hatcm, oncle
do Daoud, le remplaçait et inaugurait une politique
de ménagomcnls qui le conduisit à signer une al-
liance avec Abdelouahab fils d'Abdorrahmane ben
Roslcm et chef des Kharcdjilcs Ibadites de Tiaret. Le
6 HISTOIRE DU MAGHREB
resto du Maghreb central était aux mains dos Kha-
redjitos Mcghraoua et Béni Ifrcno, maîtres de Mascara
et do Tlcmccn.
Quant au Maghreb extrême, il vivait à pou près in-
dépendant et ses populations, dont la plupart étaient
passées au Kharedjisme, comptaient quelques tribus
berbères des régions roculécs, demeurées chrétiennes
ou juives et même païennes. Les Kharcdjilcs Miknassa
commandaient la vallée de la Molouïa jusqu'à SidjiU
massa devenue lo centre des Kharcdjilcs Sofrites ISeni-
Midrar ; sur les rives do l'Atlantique, c'étaient les
Berghouata, autres hérétiques, qui dominaient, et à
Nokour dans le HifT, un chef arabe nommé Salait ben
Mansour avait réussi à grouper les borbères Ghomra
dans le culte sonnito ou orthodoxe. En Espagne, en-
fin, régnait Abdcrrahmano ben Moaouia le fondateur
de la dynastie ommiado de Cordouo.
A son arrivée en Afrique septentrionale, lo prince
altde fugitif du champ de bataille de Fokh où les siens
en grand nombre ont été oxterminés, recevra de cer-
taines tribus berbères dévouées à sa famille, un ac-
cueil qui lui permettra de soumettre et de grouper
d'autres tribus demeurées jusqu'alors indépendantes
ou étrangères à l'islam.
Ces Iribus et leurs subdivisions, vont apparaître sur
la scène de l'histoire autour d'Idris lo grand et des
autres princes du Maghreb. Le tableau qui suit, établi
d'après Ibn Khaidoun, permettra de les reconnaître ol
de les suivre dans le récit des événements auxquels
elles ont été mêlées.
LES IDRISSITES

LISTE DES PRINCIPALES TRIBUS BERBERES «

lo — Berbères Botr (Ancêtre : Madghis El Abter)


NKFOUSSA.— Boni Zcmmour
Boni Mcskour
Mettoussa
NEFZAOUA.
— Oulhassa. —-
Ourfeddjouma
Zatima
Gbcssassa (Ighessasscn)
Mcrnissa
Sournala ( Boni ouriaghel
Mcklata < Gueznaïa
/ Bcni Isliten
LOUATA.

Scdrata
BEM-FATEN. — Mclghara
Lcmaîa
Sarlina
Koumïa
Mcdiouna
Maghila
Mattint ta
ZOCAOIM.

Mellikcclm
Bcni Koufi
Mochnddala
ZOUAOHA.

MIKNASS.I. -* Boni Ouassoul
Mlalsa (Biaisa)
Honi-Foughal
Ou uni fa (Boni Ominif;

I. Cette liste ne comprend guère que les tribus ayant joué un


rôle ou dont le nom s'est conservé
8 HISTOIRE DU MAGHREB

%o _ Berbères Braies (Ancêtre ; Bernes)


HovAiu. — Bcni Kemtane
Melita
Ghariane
Ouergha
Ounifen
Heragha
Mes rata
Aourigba
AZDAWA. — Béni Mesguen
ADJISSA. —

AOCRABA.

Ledjaîa
Anfassa
Mcziata
Regbioua
KETAXA. — Fellassa (Ifelloussen) I
Denhadia „ , ., .
Sc<lou,keclie
) El Bouira(Teboairt)
<
Mettoussa
SBXIIADJA.

Teklata (Tiklat) I Ouennougba
l I Béni Mezgbenna
1 Béni Selit (Isliten) J Bcni Djaad
Andjafa ) Ficbtala J Béni Kheltl
J Melouana I Béni Iznassen
( l Botouïa
Lemtouna
Messoufa
Guedala
Targa (Touareg)
Lamta
Guezzoula
MASMOUDA.
— Berghouata
Ghomra. — Béni ou Zeroual
Hergha
Hintata
Guedmioua
Guenfissa. — 8eksioua
LES IDRISSITES
MASMOVDA. *— Ourika
Aîlana
Haha
Assaden. — Mesfioua
Regraga
Doukkala
Ileskoura. — Ntifa

3*>
— Zenata (Ancêtre : Djana issu do Madguis)
BEM IIREXE.
— Béni Ouargou
MerendjUsa
MEGHRAOUA.
— Béni lient (B. Lent)
Béni Ourac (Ouragh?)
Béni Bou Saïd
Laghouat
Béni Righa
Oulad Mcndil
BEM IRMAKE.
— Béni Outat (Outat oulad RI Hadj?)
DJERAOUA.

BEM OUARGLA. —

BÉNI DEMES.

Béni Ourghemma
(AIT DEMER) Béni Ournid
Bcni Berzal
BE.NI OUEMAKSOU.

BEM ILOUMI (ILOUMEX). — Béni Louma
BEM OUASSIMB. — Béni Merinc
Béni Badine. — Bcni Abdclouad
Toudjine
Béni Zerdal
Béni Mzab
Béni Rached
10 HISTOIRE DU MAGHREB
Malgré toutes les précautions prises pour le recher-
cher et l'empêcher do s'évader de l'Arabio, Idris bon
Abdallah parvint, grâce h l'aido de son affranchi Ra-
cho'j, a gagner l'Rgypto et, sous un déguisoment, à
atteindre Tanger et Oulili où il fut bien accueilli des
Berbères Aouraba qui lui jurèrent fidélité. Kn 788, il
so déclara indépendant et reçut dos conligenls Zoua-
gha, Louala, Scdrala, Ghiata, Nefza, Maghiln., Mik-
nassa et Ghomra, avec lesquels il étendit son autorité
cl amena à l'islamismo les vioilles tribus berbères
réfugiées dans les montagnos élevées où elles avaiont
consorvé lo culte israélito ou lo cullo chrétien. Il
conquit le Tamcsna, lo Tadla et Cltella, où régnait
encoro lo paganisme. Après avoir assis son autorité,
il se fil proclamer khalife et imam de la religion or-
thodoxe, puis il conclut avec llicham I" le khalife do
Cordouo, uno allianco oflcnsivo et défensive contre lo
khalife abbassido.
Il marcha cnsuito contro les Bcni Ifreno et Megh-
raoua hérétiques qui occupaient Tlomcen et Mas-
cara. Tlemcen lui ouvrit ses portes sans coup férir; il
y séjourna plusieurs mois cl y construisit uno mos-
quée qui porto son nom. Il échoua contre les Rosté-
mi tes de Tiarct et rentra à Oulili après avoir confié
lo gouvernement do Tlemcen h son frèro Solcïmanc.
Inquiété par les succès d'Idris, le khalife abbassido
confia la mission do le faire périr à un homme du nom
do Soloïmano ben Horeïz dit Chemmakh qui vint à
Oulili, se donnant comme médecin et déserteur du
parti abbassido. Chemmakh réussit, dit-on, à capter
la confianco d'Idris et l'empoisonna. Idris fut enterré
& Oulili, l'ancienne Volubilis située dans le djebel
Zcrhoun, non loin do Mcknès, en 793.
Il n'avait pas laissé do fils, mais une de ses concu-
bines, la berbère Kenza, était enceinte; l'affranchi,
LES IDRISSITES II
Rachcd réunit les principaux chofs do tribu lour pro-
posant, si cetto femme donnait lo jour à un garçon,
do le proclamer souverain. Kn septembro 793, Kenza
mit au monde un enfant quo les chefs berbères accla-
mèrent commu successeur d'Idris. Cet enfant grandit à
Oulili sous la protection des Aouraba et la tutelle do
Rached, tandis quo son oncle Soleïmano gouvernait en
son nom à Tlemcen.
En septembro 788, lo khalifo Abdorrahmano do Cor-
douo était mort après un règne do trento-lrois ans,
laissant trois fils : Soleïmane, Abdallah et Hicham.
Celui-ci obtint uno renonciation doses deux frères qui
so retirèrent au Maghreb et régna huit ans. Son fils El
llakom qui lui succéda en 796, oui à lutter contro ses
onclos qui vinrent du Maghreb, avec des Berbères, lui
disputor lo pouvoir et ce n'ost qu'en l'an 800 qu'il put
se débarrassor do ces compétiteurs.
Kn Ifrikïa, Ibrahim ben Kl Aghleb établit solidement
son pouvoir, afin d'éviter le retour dos causes de trou-
blo et d'anarchio dont lo pays avait souffert. Pour
contrebalancer l'importanco quo prenaient les djonds
syriens 1, il renonça a s'appuyer sur des corps berbères
et acheta un grand nombro d'esclaves noirs qu'il fit
élever dans la pratique des armes. II se fit ensuite
construire à trois milles de Kairouan un chaleau-fort
appelé Kl Abbassia qui prit plus tard le nom do Kl
Ksar Kl Kcdim, où il déposa ses trésors et des armes
en grande quantité (801). Mais il voyait en Idris le
Jeune et en Rachcd des obstacles à l'exécution do ses
projets; il fit assassiner l'affranchi, mais cola n'eut
d'autre résultat quo de resserrer les rangs des Bcr-
1. En 772, après la prise do Kairouan par des Berbères kharedj.
Itcs, le khalifo abbassido El Mansour, avait envoyé en Afrique
des contingenta do soldats pris dans les colonies militaires du
Khorassan et de l'Irak et formés en corps de troupes appelés
djonds.
19 HISTOIRE DU MAGHREB
bèrcs autour du jeune princo et c'est un de lours chefs
nommé Abou Khaled El Yazid qui remplaça Rachcd
auprès de lui commo tuteur.
En 803, les Aouraba réunis à Oulili à d'autres tri-
bus, prêtèrent serment do fidélité h Idris II. Ce jeune
princo ayant atteint ses onzo ans, commença alors do
gouverner sous la direction et la tutollo d'Abou Kha-
led El Yazid.
Kn 808, Idris fit mourir le chef des Aouraba Abou
Leîla Ishak ; Ibn Khaldoun rapporte quo co sont les
intrigues nouées par ce chef avec les Aghlabites qui
motivèrent sa mise h mort.
Idris II ayant résolu d'élover une capitalo digne de
son empire ot do sa puissance, se décida pour un em-
placement traversé par un affluent do* l'oued Sebou ot
appartenant aux Berbères Zouagha. C'est là qu'on 808
il commença la construction de la ville do Foz, par lo
quartier qui devait prendro le nom de quartier des
Andalous, quand les Cello-Romains islamisés, auteurs
de la révolto du Ribadh do Cordouc, vinrent s'y ré-
fugier; il jeta l'année suivante, les fondements du
quartier qui devait s'appeler les Kairouanites (ou
Karaouiino). A sa majorité, en 810, les Berbères lui
renouvelèrent le serment do fidélité et il reçut la sou-
mission des principales contrées du Maghreb.
Idris II confia aux Aouraba des commandements
importants et alla soumettre l'Atlas cl les Masmouda
à son autorité; il atteignit Tin Mcllal dans lo haut
oued Ncfis et rentra à Fez on 812. Il entama alors la
lutte contre lo Kharedjismo, mais ce schisme ne pordit
de sa puissance qu'après uno résistance longuo cl opi-
niâtre. La ville de Tlemcen ayant lonlé de so sous-
traire à son autorité, Idris II s'y rendit en force et y
reçut l'hommage des Boni Ifrcne et des Meghraoua.
Après avoir séjourné un certain temps dans cette,
LES IDRISSITES 13
ville, il poussa quelques expéditions contre les Zenata
ot autres tribus berbères, jusque dans la vallée du
Chélif. Il no tenta rien contro les Rostemitos do Tiaret
ot domeura à Tlemcen pendant trois années au cours
desquelles il s'occupa d'embellir la ville ainsi que la
mosquée édifiéo par son pèro. Il laissa, on parlant, lo
commandement de la provinco do Tlemcen, des tribus
Béni Ifreno et Mcghraoua à son cousin Mohammed fils
do Soleïmane.
C'est & son retour à Fez, après cetto absenco, qu'il
établit dans la ville 8.000 Musulmans oxpulsés de Cor-
douo à la suite do la révolto du Ribadh, événement
qui eut lieu entre les années 814 et 817. Presque tous
étaient des gens d'origino cclto-romaino qui avaient
embrassé l'islamisme Cetto population forma le quar-
tier des Andalous et leur état do civilisation avancé
contribua à faire briller la ville do Fez dans la culturo
des lettres, des scionces et des arts.
Los mesures prises par Ibrahim ben Kl Aghlab
avaient déplu aux miliciens provenant des colonies
militaires du Khorassan, de l'Irak et de la Syrio et
amenés en Afriquo par Kl Yazid ben Hatcm on 772.
Ou tnd Ibrahim s'installa a Kl Abbassia avec sa gardo
notre, ils so révoltèrent sous la conduite du général
Amrane qui entra dans Kairouan en 811 ot assiégea le
gouverneur dans El Abbassia pendant un an. Grâce
à des fonds envoyés d'Egypte, Ibrahim détacha les
miliciens do la rébellion en leur payant l'arriéré
de leur soldo et Amrano abandonné so réfugia dans
lo Zab.
Abdallah fils d'Ibrahim qui luttait à Tripoli contre
les Berbères Hou ara, so vit assiégé dans cetto place
par Abdclouahab ben Rostcm venu do Tiaret avec
de nombreux contingents qui s'étaient joints aux
Houara. Mais Ibrahim étant mort (812), Abdallah dé-
H HISTOIRE DU MAOHREB
signé pour lui succéder, conclut avec Ibn Boston» une
paix aux termes do laquelle la ville de Tripoli restait
aux Aghlabites et les plaines aux Kharcdjilcs. Ziadet
Allait frèro cadet d'Abdallah reçut lo serment des
notables do Kairouan et salua son frèro comme souve-
rain; le Khelifo Kl Mamoun ratifia cetto nomination
sur laquelle il n'avait pas été consulté. Abdallah so
montra dur et cruel dans son administration et s'a-
liéna l'opinion publique par les charges nouvolles dont
il accabla les populations ; mais il mourut en 817
après un court règno de cinq ans et son frèro Ziadet
Allait qui lui succéda, s'attacha a soulager le peuple et
à réduire les prérogatives do la milico.
Le khalife d'Kspagne Kl Hakcm avait dirigé quelques
expéditions au delà des Pyrénées ot avait dû lutter
avec toutes ses forces conlro ses oncles alliés do Char-
lemagne et d'Alphonse II roi des Asluries. Il conclut
un traité de paix avec les princes chrétiens et le seul
événement grave do son règne, à partir de cetto épo-
que, fut la révolte du faubourg ou Ribadh de Cordouo
qui éclata entre les années 814 et 817. Il réprima cetto
révolte avec la dernière rigueur et 23.000 survivants
du faubourg s'expatrièrent; 15.000 d'entre eux se ren-
dirent à Alexandrie et les 8.000 autres au Maghrob
où Idris II les établit à Fez. Kl Hakoin mourut en 822
et eut pour successeur son fils Abberrahmano II.
A Kairouan Ziadet Allah qui se livrait à la boisson,
non seulement opprimait la population ot la milice,
mais encore avait failli rompre avec le khalife El Ma-
moun par son insolcnco et la menace de so rallier aux
Idrissites. Ses procédés déchaînèrent une révolte qui
troubla l'Ifrikïa dès l'année 822 et ce n'est qu'en 826
qu'il réussit à rétablir son autorité.
idris II mourut subiloment à Fez en 828 à l'Age do
trente ans. Son crapiro s'étendait, vers l'est jusqu'à ^
LES 1DRI88ITKS 15
rembouchuro du Chélif et Fez était dovonu uno brillante
capitale ; comme populations kharedjites il n'y avait
plus quo los Miknassa do la haulo Molouïa el les Boni-
Ouassoul do Sidjilmassa.
Idris II laissait douze fils ;I'atné Mohammed lui suc-
céda à Foz et, sur lo conseil do son aïeule Kenza, î!
partagoa lo royaume entro sc3 sept frères en âge de
régner, do la manière suivante :
KlKassem eut: Tanger, Coûta, Tétouanoct les con-
trées maritimes qui en dépendent;
Omar : lo Ritf ou pays des Ghomra ;
Daoud : Taza, le pays des Tsoul, Ghiata, Houara,
otc, ainsi que les Miknassa do la basse Molouïa et tout
l'est du royauino;
Abdallah reçut les régions du sud, loSous, les mon-
tagnes do l'Atlas avec les villes d'Aghmat et d'An fi s
habitées par los Masrnouda et les Lamta;
Yahya oui les villes d'Arzila et Laracho avec la ré-
gion maritime environnante et habitée par les Oucr-
gha;
Aïssa reçut les villos do Salé, Azemmour et lo Ta-
mesna avec les tribus qui en dépendent :
Enfin Hamza reçut la ville d'Oulili et la contrée en-
vironnante.
C'est sous Ziadet Allah quo commencèrent les pre-
mières expéditions qui devaient, en 831, rendre les
Musulmans maîtres do la Sicilo. A partir de l'annéo
836, Ziadet Allah put so consacrer aux embellisse-
ments do Kairouan, mais il mourut en 838 n'ayant
pas oncoro achevé les travaux qu'il avait projetés. Son
règno qu'avait illustré la conquéto de la Sicilo, est re-
gardé commo un des plus glorieux de sa dynastio cl il
donna, dans les dernièroe années do sa vio, los mar-
ques d'un grand caractère et d'une noblo générosité.
Son frère Abou Kïkal, surnommé Khazor, lui succéda.
16 HISTOIRE DU MAGHREB
Le résultat du démembrementdu Maghreb extrômo
en huit commandements, éveilla la jalousie des fils
d'Idris et les poussa à so faire la guerre. Kn effet,
Mohammed qui oxcrçait lo pouvoir & Fez, chargea
Omar do châtier ses frères rebelles Aïssa ot Kassem ;
Omar s'empara do leurs Ktats et joignit ainsi au Riff
toutes les régions maritimes do l'Océan.
Omar mourut en 835 et Mohammed en 830. Ali lo
fils do co dernier, reçut lo serment do fidélité des
Aouraba, alors qu'il était à peino âgé do onzo ans ;
quant aux princes survivants, ils régnèrent obscuré-
ment dans leurs provinces. Ali ben Mohammed out
un règno paisible qui dura treize annéos.
Les Boni Ouassoul qui exerçaient lo pouvoir à Sidj-
ilmassa avaient soumis les Berbères à leur autorité
ot c'est auprès d'eux quo se réfugiaient les Kharedji-
tes poursuivis par les Idrissites. Lo roi Kl Montassar
surnommé Midrar, qui donna son nom à la dynastie,
rechercha l'alliance des princes rostémites dont-il
épousa une fille.
Abderrahmano II qui régnait en Espagne y réta-
blit la paix et s'attacha à embellir sa capilalo ; il fil
consiruiro des mosquées, des palais et dea ponts, créa
do vastes et beaux jardins, s'entoura d'un nombreux
personnel ot vécut au milieu d'une cour brillante où
les poètes recevaient lo moilleur accueil.
En Ifrikïa, Abou ElkaI frèro et succosseur do Ziadet
Allah, out un règno assez court, mais bien rempli ; il
maintint dans son gouvernement lo règne do la paix
et de la justice, supprima tous les impôts qui n'étaient
pas prescrits par la loi, obligea les gouverneurs à re-
noncer aux redevances qu'ils so faisaient payer, en
eur assignant dos traitements fixes, défendit l'usage
du vin et ramena la milice à la discipline en lui payant
uno solde régulière. Il conclut avec la République de
( LES IDRISSITES 17
Naplos une alliance qui dura cinquante ans et mourut
en 811 après avoir régné deux ans et demi. S >n fils
About Abbas Mohammed qui lui succéda,abandonna lo
pouvoir à ses ministres, pour so livrer entièrement à
tous les plaisirs. Il tenta d'empêcher les Rosternites
de Tiaret d'étendre leur territoire, mais ceux-ci pous-
sés par lo khalife d'Espagne lui résistèrent avec suc-
cès. Il mourut en 856 à Kairouan.
Son frèro Abou Ibrahim Ahmed lui succéda et
régna en paix pendant trois ans; en 859 il cul à
combattre uno révolte des Berbères do Tripoli dont
il triompha avec l'aide do Ziadet Allah. Il fit exécu-
ter do grands travaux d'intérêt public à Kairouan,
ainsi qu'à Seusse et autres villes, et principalement
des travaux hydrauliques. Il continua la guerre do
Sicile et c'est do son temps que la place forte do Cas-
trogiovanni, qui renfermait des richesses accumulées
par les Siciliens et depuis trente ans résistait aux en-
treprises des Musulmans, tomba en leur pouvoir. Il
mourut en 863, âgé do vingt-neuf ans, après un rè-
gno do huit ans au cours duquel il avait mérité, par sa
mansuéludo ot son esprit de justice, l'affection do ses
sujets.
L'Ommiado Abderrahmano II était mort subitement
en 852, laissant deux fils Mohammed el Abdallah,
sans avoir désigné son successeur. Mohammed s'em-
para du pouvoir, mais il indisposa ses sujets et les
habitants do Tolède se révoltèrent appelant à leur
aide le roi do Léon, Ordono I", qui leur envoya une
armée. Mohammed eut l'habileté d'attirer les confé-
dérés dans une embuscade et les tailla en pièces.
Tolède resta indépendante, malgré cela, sous la pro-
tection du roi do Léon. Moussa II, chef d'origine wisi-
golhe, qui avait fondé dans lo nord un étal indépen-
dant, était .mort on 862; Mohammed en profila pour
2
18 HISTOIRE DU MAGHREB
rontrcr on possession do Tudèlo et do Saragosso.
C'est vers cetto époque, soit en 860, que les Nor-
mands sous la conduite d'Ilasting, firent do nouvel-
les incursions dans la Méditerranée cl ravagèrent lo
littoral du Maghreb ainsi quo l'intérieur de l'Kspugiic,
en remontant les fleuves do la Péninsulo; la ville do
Nokour fut ravagée par ces pirates.
Eu 863, Ziadet Allah lo Jeune avait succédé à son
frèro Ahmed, mais était mort après un an do règno.
Son neveu Abou Abdallah Mohammed dit Aboul Gha-
ranik lui succéda, au moment où éclatait uno gravo
révolte do Berbèros comprenant les habitants do Bis-
kra et Téhouda, les llouara voisins des Roslemitos,
ainsi que los populations du Zab et du llodna. Après
avoir subi quelques défaites, les rebelles battirent
l'arméo aghlabilo dont les généraux furent tués et
dont los débris so réfugièrent à Tobna.
Kn Sicile, les Musulmans étaient divisés ; Borbères
et Arabes so jalousaient et, parmi ceux-ci, les partis
yémenilo et maadito étaient en rivalité. L'empereur
Basile ltr envoya conlro eux une armée qui leur enleva
Caslrogiovanni en 869 ; l'année suivante, les Musul-
mans s'emparèrent do l'Ile do Malle.
Aboul Gharanik mourut en 875, après un règno do
dix ans, à peine âgé de vingt-quatre ans. Il était bon
ot généreux, mais entièrement dominé par lo goût
des plaisirs et son frèro Abou Ishak qui était son pre-
mior minislro, no put l'empêcher do vider lo trésor.
Il avait désigné comme successeur son fils Abou Kïkal
oncoro enfant, mais lo peuple se déclara en faveur
do son frèro Ibrahim qui fut proclamé. Lo nouveau
souvorain abandonna El Ksar El Kcdim et édifia lo
château-fort do Raccada situé à quatio milles do
Kairouan, dont il voulait faire sa résidence. En 878,
les affranchis descendant des troupes noires formées

LES IDRISSITES 10

par Ibrahim ben Kl Aghleb, s'étant mis en étal do ré-


volte, Ibrahim les fit massacrer et les remplaça pur
des esclaves noirs amenés du Soudan.
Lo souverain du Maghreb, Ali ben Mohammed, mort
en 818 après un règno de treize ans, eut pour succes-
seur son frèro Yahya. C'est celui-ci qui embellit la ville
do Fez, cl y fit élever la mosquée d'KI Karaouiïno. Son
fils Yahya ben Yahya qui lui succéda, mécontenta lo
peuple par ses oxecs el perdit lu vie dans un soulè-
vement populaire. Ali fils d'Omar heu Idris souverain
du Riff, so rendit à Fez sur les instances do ses par-
tisans el y reçut le serment de fidélité des chefs ber-
bères. Peu après, un kharedjito sol Frite d'Kspagno
nommé Abdcrrezzak souleva les Mediouna au sud do
Fez, el, après plusieurs combats avec les troupes
d'Ali, réussit à s'installer dans lo quartier des An-
dalous. Ali KO réfugia chez les Berbères Aouraba el
Yahya fils do Kassem bon Idris ayant été proclamé
par les habitants du quartier des karaouiïno, réunit
une arméo avec laquelle il renversa lo kharedjito
Abderrezzak (878-880), conserva seul le pouvoir et
régna paisiblement jusqu'en 901- A cette époque, son
neveu Yahya ben Idris ben Omar qui régnait dans le
Riff, lo battit el s'empara du pouvoir à Fez.
La guerre en Sicile so poursuivait sous Ibrahim H
fils d'Ahmed ot, en 877, les Musulmans mirent le
si ego devant Syracuse dont les habitants résistèrent
énergiquement pendant plusieurs mois; secourus
trop tard par l'Kmpereur Basile, ils succombèrent
en 878 el la ville fut réduite en cendres. L'année sui-
vante, les Grecs obtinrent un succès près do Taonnina,
mais en 881 et 882 les Musulmans furent vainqueurs
à leur tour et ne laissèrent aux Grecs, dans l'Ile, que
les monts Péloriade, l'Etna et la vallée qui les sépare.
Kn Orient, la décadence de l'empiro abbassido so
80 HISTOIRE DU MAGHREB
poursuivait par la perte de certaines provinces ; c'est
ainsi qu'en Egypte, Ahmed ben Touloun s'était rendu
indépendant et qu'en 878 il avait laissé lo commando-
mont do l'Kgypto « son fils Kl Abbas pour entrepren-
dre la conquête do la Syrie. Kl Abbas en profita pour
s'approprier les réserves du trésor et équipor uno ar-
mée avec laquelle il marcha à la conquêto du Magh-
reb. Lo gouverneur do Kairouan envoya contre lui le
commandant do ses troupes Ibn Korhob (879). Kl Ab-
bas lo battit près do Lobida dont il s'empara ot alla
assiéger Tripoli. Ibrahim partit en personne pour
arrêter lo cours do ces succès qui devenaient in-
quiétants. Les gens de Lobida irrités des excès des
vainqueurs, appelèrent à leur secours lo chef des
Kharedjites du Djobel Nofoussa qui vint avec 12.000
Berbères et chassa l'armée d'El Abbas. Celui-ci se ré-
fugia à Barka où il fut arrêté et ramené en Egypte.
Après celte campagne, Ibn Korhob réduisit un sou-
lèvement des Ouzdadja de l'Aurès, ainsi qu'une ré-
volte des Houara qu'il maîtrisa en ravageant leur
pays. En 882 ce furent les Louata qui se révoltèrent,
s'emparèrent do Karna et vinrent attaquer Béja. Ibn
Korhob fut baltu, fait prisonnier ot mis à mort par
les rebelles. Irrité de cot échec Ibrahim envoya con-
tre eux son fils Aboul Abbas avec la garde noire,
la milice et les auxiliaires des tribus alliées. Les Louata
s'en fuirent dans le sud à l'approche do cette armée
qui les pourchassa et leur reprit le butin (882). Une
cortaino tranquillité régna après ces troubles, mais
lo caractère du gouverneur changea radicalement ; il
devint soupçonneux, avaro et cruel, faisant régner
la terreur autour do lui et même parmi ses proches.
Des historiens, comme Noucïri, rapportent de lui des
raffinements de cruauté qui révèlent un grave déran- »
goment des facultés mentales.
LES IDRISSITES 91
Après la bataille do Fekh où, en 787, les membres
de la famille d'Ali furent écrasés, les partisans chiites
do ce khalife, obligés de dissimuler leurs projets, se
constituèrent en société socrète et, malgré la surveil-
lance des Abbassides, envoyèrent des émissaires de
tous celés et en particulier choz les Berbères*. Les
Chiites so divisaient en plusieurs branches dont les
Imamïa ou partisans de l'imam, qui so divisaient eux
mêmes en Itnaachrla (duodécémains) et en Ismaifta
ou Ismaéliens. Les premiers comptaient douze imams
ayant régné après Ali, enseignaient quo lo douzièmo
avait disparu mystérieusement et prétendaient qu'il
reparaîtrait un jour pour ramener sur la terre lo rè-
gne de la justice et qu'il serait le Mette', Ismaïl, lo
septième imam des Ismaéliens, serait mort avant son
père qui n'aurait pas été remplacé; depuis lors, ils
disaient quo leur imam était caché ou mektoum el
qu'il correspondait avec lo monde par ses missionnai-
res appelés da't. Lo troisième do ces imams cachés
vivait à Salemïa en Syrie d'où il lançait des dai dans
toutes les directions. L'un d'eux s'établit à Mermad-
jenna près do Tebessa, un autre se fixa à Souf Bjimar
chez los Kelama et tous deux eurent tant de succès,
que Mohammed El Habib l'imam caché de Salemïa
chargea un doses plus fidèles serviteurs Abou Abdal-
lah El llosseïno de se rendre au Maghreb en com-
pagnie do chefs ketamiens. Il partit en évitant avec
soin les points surveillés par les Abbassides et vint
s'établir a Gucdjal près do Sétif où il annonça aux
Kelama l'apparition prochaine du Mehdi annoncé
(890 -893). Le dai ayant obtenu quelques succès contre
les troupes aghlabites, attira à lui de nombreux par-

1. Sur le Khalifat et les sectes chiites, V. Ibn Khaldoum Bût


des Berbères, vol. III, p. 493 et s.
22 HISTOIRE DU MAGHREB
tisans parmi les Ketama du Bellezma, les Lehissa et
Adjana, les fractions de Scnhadja hostiles aux Aghla-
bites et une partie des Zouaoua du Djurdjura. Enfin,
de nouveaux succès lui permirent de consolider sa
puissance à Gucdjal.
Cependant le gouverneur Ibrahim se rendait odieux
par ses cruautés qui s'exerçaient autant sur les mem-
bres de sa propre famille que sur ses administrés. 11
s'aliénait ainsi les Indigènes dont un grand nombre
allaient grossir les rangs du dai Abou Abdallah. II
envoya des troupes combattre le chof chiite, mais en
même temps éclataient de graves soulèvements à Tu-
nis et dans sa banlieue, ainsi qu'à Kairouan. Les sol-
dats d'Ibrahim triomphèrent des rebelles, entrèrent
dans Tunis qu'ils mirent à feu et à sang (89i) et à
quelque temps do là, Ibrahim y transporta le siège de
son gouvernement. Deux ans après ces événements, il
résolut d'envahir l'Egypte qui obéissait alors à Djaïch
le polit-fils d'Ahmed ben Touloun. Il culbuta une ar-
mée de Berbères Ncfoussa, entra à Tripoli et fil met-
tre en croix le gouverneur de la place Aboul Abbas
Mohammed fils de Ziadet-Allah II, qui était son propre
cousin. Il atteignit ensuite le fond do la grande Syrie;
ses violences et ses cruautés ayant détaché de lui la
plupart de ses soldats, il dut rentrer à Tunis, laissant
à son fils Aboul Abbas le soin d'achever la soumission
des Nefoussa.
La Sicile avait été troublée par les rivalités qui di-
visaient les Berbères et les Arabes et dont profitaient
les Chrétiens; vers 89a, ces trois éléments réconciliés
s'étaient unis pour se soulever contre l'autorité
aghlabite ot, de ce fait, l'île était demeurée indépen-
dante pendant trois ans. Ce n'est qu'en l'an 900
qu'Aboul Abbas fils d'Ibrahim, nommé gouverneur de
la Sicilo, y ramena l'ordre et obtint quelques succès
LES IDRISSITES 23
sur les Chrétiens. L'année suivante, les habitants de
Tunis s'étant plaints au khalife abbasside El Motadhad
de la tyrannie d'Ibrahim, le souverain lui donna l'or-
dre de transmettre le pouvoir à son fils Aboul Abbas et
de se rendre ensuite à Baghdad. Ibrahim rappela son
fils de Sicile pour lui remettre le pouvoir et passa lui-
même dans cette ile (90/-2).
Le khalife luttait en Espagne contre les chefs indé-
pendants qui essayaient de se créer de petites royau-
tés et y parvenaient souvent, avec l'aido qu'ils deman-
daient aux Chrétiens. Vers 881, Omar ben Ilafsoun,
chef d'origine wisigolhe qui était à la tête d'une
armée formée en grande partie d'étrangers convertis
à l'islamisme, se souleva contre le khalife. En 886,
Mondhir l'héritier du trône était sur le point de triom-
pher de ce soulèvement, lorsque la mort de son père
le rappela à Cordoue. Omar en profita pour se faire
reconnaître comme souverain par les populations du
midi de l'Espagne. Mondhir eut à le combattre du-
rant tout son règne et mourut en 888, alors qu'il
l'assiégeait dans une place.
Son frère Abdallah lui succéda et prit le pouvoir
à une époque des plus critiques, où les provinces, les
cantons et les villes mêmes cherchaient à devenir in-
dépendants, où les Arabes toujours divisés en Yéméni-
tes et Maadites s'entrcdéchiraicnl «lu lieu do s'unir
pour lutter contre la réaction qu'opposaient à leur
domination les Européens devenus musulmans et les
Berbères. C'est alors que l'empire ommiade fr-e divisait
entre princes arabes berbères et espagnols, en sorte
que si les Arabes étaient encore prépondérants k Se*
ville, partout ailleurs ils se maintenaient avec pefwe.
Omar ben Ilafsoun offrit aux Aghlabitcs de rétablir
l'autorité abbasside en £spagnor mais il fut vaincu
en 891 cl, bien qu'abandonné par les Agluabites, il
24 HISTOIRE DU MAGHREB
reprit la campagne contrôles Ommiades qui no triom-
phèrent do cet ennemi que dans les premières années
du siècle (917).
x*
Les Musulmans de Sicilo appelés à leur secours
par les Chrétiens de iVapIes et d'autres places, étaient
passés en Italie à plusieurs reprises, avaient fait
quelques conquêtes en Calabre, pris Tarenle, opéré
des incursions jusqu'aux bouches du Pô et fondé une
colonie à Bari. C'est do ce point qu'ils partirent en 846
et en 819 pour entreprendre deux attaques infruc-
tueuses contre la ville de Rome. Moferrcdj ben Salem
qui gouvernail Bari, sVtdrossa au khalife abbasside
pour se faire reconnaître comme sultan indépendant
et «a principauté devînt lo refuge de tous les aventu-
riers musulmans qui s'y organisaient en bandc3 pour
ravager /'Italie. L'empereur Lodewig sollicité par les
Chrétiens, vint en 867 attaquer les Musulmans de Bari
et c'est en vain qu'il assiégea cette place pendant
deux ans. Il s'allia alors avec l'empereur d'Orient et
avec Venise et, bien qu'ayant été abandonné par ses
alliés bysantiiM, il réussit enfin à s'emparer de Bari
et à faire le sultan prisonnier. Maïs Naplcs soutenait
les Musulmans ot Lodewig délaissé par ses alliés fut
fait prisonnier à son tour.
Kn 871, les Aghlabites tentèrent sans succès de
récupérer la perto de Bari. De 876 à 880, les Musul-
man* luttèrent contre les Bysantins, avec l'aido do
Naplc$, Auvalfi, et GaiHe; N"ïcéphoro Phocas les
chassa de la Calabre cl «l'une partie de la Pouille.
Pendant, le même temps, les habitant* de Capouc
aidés par les Musulmans, combattent lo Pape cl ra-
vagent la campagne do Rome. A celte époque, l'al-
liance des Arabes est recherchée et ils prennent part
à toutes les guerres que se font les princes chrétiens.
C'est ainsi que le gouverneur Ibrahim ben Ahmed
LES IDRISSITES 25
débarqué à Trapani en 902, organisa une forte armée
avec laqucllo il prit, aux Bysantins, Taormina qu'il
incendia cl dont il massacra les habitants. Appelé sur
lo continent italien, il aborda en Calabre où il in-
vestit la ville de Cosenza et mourut de maladie
pendant le siège (Octobre 902). Son petit-fils Ziadet
Allah, qu'il avait parait-il désigné pour lui succéder,
fut élu par l'armée après quoi il ramena les troupes
en Afrique et y rapporta le corps d'Ibrahim qui fut
enterré à Kairouan.
A la mort de son père, Aboul Abbas avait pris le
titre de gouverneur. Son fils Ziadet Allah, s'appuyant
sur les dispositions prises par son aïeul en Italie,
émit des prétentions au trône et le gouverneur le
fit emprisonner avec un certain nombre de ses par-
tisans. Malgré cela Ziadet Allah réussit à faire assas-
siner son père par des eunuques et lui succéda en 902.
Le nouveau gouverneur rappelait, par son caractère,
la férocité d'Ibrahim ben Ahmed dont il n'avait pas la
vaillance et il le montra en faisant déporter et mettre
à mort trente de ses frères et cousins qui lui portaient
ombrage.
Le troisième imam caché des Chiites, Mohammed El
Habib, était mort à Salemïa cl avait prescrit à son fils
et successeur Obeïd Allah de quitter la Syrie pour un
pays lointain où, après de dures épreuves, il devait
être reconnu comme le Mehdi annoncé. Obeïd Allah
se rendait en Arabie avec son fils, sa mère et quelques
serviteurs, lorsqu'il reçut une missive du dai Abou
Abdallah l'appelant en Maghreb. Il réussit à déjouer
les recherches dont il était l'objet et gagna l'Occi-
dent où, tandis qu'il errait en proscrit, son fidèle daï
Abou Abdallah remportait de nombreux succès et con-
traignait Ziadet Allah III, à s'enfuir en Orient (909).
Ce prince obtint du khalife l'autorisation de résider
26 HISTOIRE DU MAGHREB
en Egypte où il demeura jusqu'à sa mort ; avec lui
finissait la dynastie aghlabito.
Les succès du dai Abou Abdallah étaient en partie
l'oeuvre des tribus ketamiennes qui s'élevèrent alors
au-dessus des groupes arabes de l'Afrique et des au-
tres tribus berbères et c'est aux chefs do ces tribus
ketamiennes que le dai confia le gouvernement des
provinces. Ayant ainsi établi la puissance fatimite
chiite sur les ruines de la dynastie aghlabito, il son-
gea à appeler à l'exercice du pouvoir son maître el
imam le Mchdi Obeïd Allah que ses pérégrinations
avaient conduit à Sidjilmassa où il était retenu prison-
nier par les Kharcdjilcs Bcni Midrar qui reconnais-
saient l'autorité des Abbassidcs. Abou Abdallah lais-
sant son frère Aboul Abbas à Kairouan partit à la této
d'une nombreuse armée. II battit les Miknassa ol s'em-
para de Sidjilmassa, d'où il ramena son maître en
triomphe, après l'avoir présenté à ses troupes comme
le Mchdi. En janvier 910, Obeïd Allah fil avec son fils
Aboul Kassem une entrée solennelle à Raccada ; l'em-
pire des Fatimiles qu'il fondait, so composait alors
do la majeure partie du Maghreb central, de toute
l'Ifrikïa et de la Sicile.
A cette époque, Yahya ben Idris ben Omar régnait à
Fez; les Miknassa kharedjitcs avaient perdu Sidjil-
massa mais sous la conduite de leur chef Messala ben
llabbous ils avaient soumis à leur autorité Taza et les
tribus Tsoul qui occupent le pays environnant. Dans
le Maghreb central, les Bcni Ifrenc commandaient
à Tlemcen et au pays silué à l'est de cette ville;
leurs cousins les Mcghraoua sous le commandement
de Mohammed ben Khazer, étendaient leur puissance
sur les plaines du nord cl dans les régions sahariennes.
Enfin les Ommiades, à la suite d'une- expédition heu-
reuse dans le Maghreb central en 902, avaient traité
LES IDRISSITES 27
avec les Béni Mesguen, fraction des Berbères Azdadja
l'achat d'un territoire où ils avaient fondé la ville
d'Oran. Les Rostcmitcs très déchus de leur puissance,
occupaient toujours Tiaret et cherchaient pour s'y
maintenir à s'allier aux Ommiades. A son retour,
l'armée qui avait délivré le Mehdi à Sidjilmassa, mar-
cha sur Tiaret où elle porta un coup fatal aux Rostc-
mitcs. Ces Kharcdjilcs se réfugièrent dans la vallée de
l'Oued Righ et chez les Boni Mzab (910). Le chef keta-
mien Douas ben Soulat qui reçut le commandement
de Tiaret, détacha les Béni Mesguen de la région
d'Oran de l'alliance Ommiade et leur fit donner un
gouverneur falimile, puis il gagna à la cause du Mehdi
les Malmata, Louata, Lemaïa et Azdadja de l'Oranie
C'est à cette époque quo s'élevèrent entre le Mchdi
et son fidèle serviteur Abou Abdallah les dissenti-
ments qui devaient occasionner la mise à mort de ce
dernier et do son frèro Aboul Abbas. Poussé, disent
les historiens, par son frère, Abou Abdallah préten-
dait exercer uno certaine influence dans le gouver-
nement de l'empire fatimile dont il avait jeté les fon-
dements; ces prétentions ayant été mal accueillies
du Mehdi, Abou Abdallah conspira contre son maître,
entraînant avec lui les chefs des Kelama. Ceux-ci
ayant été découverts furent pourvus de commande-
ments éloignés et, après que celle dispersion eut brisé
leur force, le Mohdi fit mourir Abou Abdallah et son
frère Aboul Abbas (janvier 911). Ces exécutions sou-
levèrent chez les Ketama quelques troubles qui furent
rapidement et sévèrement réprimés.
Quelques notables arabes émigrés d'Afrique en
Sicile tenteront à la faveur de ces événements, de re-
lever les affaires des Musulmans qui étaient très di-
visés et de rétablir dans l'île l'autorité aghlabito.
Le ketamien Hassan ben Koleïb envoyé comme gou-
28 HISTOIRE DU MAGHREB
verneur par Obeïd Allah en 910, y fit proclamer le
Mehdi et prescrivit aux cadis de renoncer au rite son-
lUe pour adopter la doctrine fatimite.
En Espagne, le khalife Abdallah était parvenu à
soumettre les princes qui avaient fondé des royautés
indépendantes ; quand il mourut en 912, après un rè-
gno de vingt-quatre ans, il avait remporté un succès
complet dans le midi et avait notablement amélioré la
situation dans le nord. Son petit fils Abderrahmane III
qui lui succéda à peine âgé do vingt-doux ans, était
plein de coeur et de talent; il préluda à son règne qui
devait être un des plus brillants de sa dynastie, en
rétablissant complètement l'unité ommiade avec l'aido
des Berbères du Maghreb cl principalement de la pro-
vince de Tanger, qui s'enrôlèrent sous sa bannière,
comme mercenaires.
Le Mehdi, grâce à son énergie, réussit à triom-
pher de plusieurs révoltes indigènes ; il réduisit d'a-
bord des Houara et Louata de la Tripolitainc qui
avaient pris les armes, puis il envoya une forte armée
contre Mohammed ben Khazer qui, avec ses Meghraoua,
s'était emparé de Tiaret et en avait chassé le gouver-
neur fatimite Douas ben Soulat. Les Meghraoua furent
taillés en pièces et Messala ben Habbous chef des Mik-
nassa, devenu l'allié des Falimitcs, reçut le comman-
dement de Tiaret.
Les Kelama avaient élé très affectés par la mise à
mort du dai Abou Abdallah cl de ce fait ils étaienL
devenus suspects au Mehdi. Les habitants de Kairouan
qui avaient toujours détesté ces Berbères pour la sau-
vagerie de leurs moeurs, profitèrent des dispositions
du Mchdi pour les attaquer et les massacrer (avril-
912). A la nouvelle de ce massacre, les Ketama se sou-
levèrent en donnant le titre de Mchdi à un de leurs
chefs el il ne fallut pas moins d'un an aux meilleures
1 LES IDRISSITES 29
troupes d'Obeïd Allah, commandées par son fils Aboul
Kassem, pour réduire ce soulèvement. Imitant les ha-
bitants de Kairouan, ceux de Tripoli massacrèrent les
Ketamaet chassèrent leur gouverneur. Le Mehdi atta-
qua la place par terre et par mer, extermina ses dé-
fenseurs et frappa les habitants survivants d'une forte
contribution de guerre.
Après avoir occupé la ville de Raccada abandonnée
en 910 par les Aghlabites, le Mchdi s'était établi à Kai-
rouan; mais ce centre ne lui convenant pas, il songoa
à fonder sur la côte tunisienne, en un point appelé
Djozirel El Far ot qui est une petite presqu'ilt à
soixante milles de Kairouan, une capitale qu'il
nomma Mehdia. Cette presqu'île reliée au conti-
nent par une étroite langue de terre, renfermait
les restes de l'antique Africa sur l'emplacement de
laquelle fut élevée la nouvelle ville. L'isthme for-
tement défendu, n'avait qu'une entrée fermée d'une
énorme porte de fer dont chaque battant pesait une
tonne. Le Mehdi fit établir d'abord des palais pour lui
et des logements pour ses troupes; des silos et des ci-
ternes furent ensuite creusés et le port naturel fut
aménagé de telle façon qu'il pouvait abriter une
centaine de vaisseaux. En face du port, sur le conti-
nent, un faubourg appelé Zouila reçut la population
et les commerçants; ceux-ci n'y avaient que leurs
habitations, leurs intérêts constitués par leurs dépôts
de marchandises étaient dans la forteresse. C'est
en 926 que le Mehdi quitta Raccada pour habiter sa
pouvellc capitale.
Il tourna dès lors ses vues vers l'Orient, c'est-à-diro
vers l'Egypte où il projetait d'étendre sa puissance,
mais il lui fallut d'abord rétablir l'ordre en Sicile où le
chef aghlabi.e Ahmed ben Korhob avait fait renier le
nom d'Obeïd Allah pour proclamer l'autorité du kha-
80 HISTOIRE DU MAGHREB
life abbasside El Moktadir. Le Mehdi donna à son fils
Aboul Kassem une nombreuse armée de Kctama qui
ramena à l'obéissance la province do Barka et alla
assiéger Alexandrie pendant qu'une flotte commandée
par Hobacha allait la bloquer par mer (911). Après
avoir pris cette place, les deux chefs marchèrent sur
lo Vieux-Caire; le gouverneur ayant reçu d'Orient
des renforts amenés par l'eunuque Mouncs, les baltil
en plusieurs rencontres et obligea Aboul Kassem à se
retirer à Barka. De son côté la flotte vint mouiller à
Lamla où des navires siciliens, sous lo commande-
ment d'Ahmed ben Korhob vinrent la disperser. Les
troupes siciliennes, après cette opération, descendi-
rent à terre, battirent uno armée venue de Raccada,
pillèrent Sfax et rentrèrent en Sicile chargées de bu-
tin. Ahrnc;' ben Korhob ayant alors tcnlé uno expédi-
tion contre la Calabre, fut battu par les troupes du
Mchdi qui rétablirent son autorité en Sicile. C'est alors
que l'impératrice Zoë inquiétée par les entreprises des
Bulgares, traita avec l'émir do Sicile, s'engageant
pour obtenir la paix, à verser un tribut annuel de
22.000 pièces d'or (915). L'année suivante, Ahmed
ben Korhob fut prit et mis à mort par le Mchdi ; l'ordre
ayant été ainsi rétabli dans l'île, Saïd ben Assad pourvu
de troupes kelamionnes en fut nommé gouverneur.
Dans lo Maghreb extrême, Saïd le descendant des
Bcni Salah, roi de Nokour, s'étant allié aux Idrissites,
le chef des Miknassa, Messala bon Habbousqui gouver-
nait Tiaret pour les Fatimites, reçut l'ordre de mar-
cher contre lui (917). Après avoir tué Saïd dont la
famille se réfugia en Espagne auprès d'Abderrah-
mane III, il ravagea le pays et y laissa une garnison. Peu
après son départ, Salah, un fils de Saïd, reprit No-
kour et y proclama l'autorité du khalife omrniade.
Au printemps de l'année 919, le Mehdi confia une
LES IDRISSITES 31
(
armée nombreuse à son fils Aboul Kassem avec l'ordre
do marcher de nouveau contre l'Egyplo. Celte armée
eut à souffrir des ravages de la peslo et l'eunuque Mou-
nes fut chargé de la combattre. Une flotte do 80 navires
envoyée par le Mchdi au secours do son fils, fut dé-
truite par les vaisseaux abbassides de Mounes et,
on 920, ce chef arriva de sa personne à la tête do
troupes provenant de l'Irak. Il enleva à l'armée fati-
mite toutes ses conquêtes et en 921 Aboul Kassem dut
ramener à Kairouan los débris do son armée.
En 920 Messala ben Habbous avec les Kotama mar-
cha contre Yahya ben Idris ben Omar qui régnait à
Fez et lo contraignit à accepter d'être le lieutenant du
Mehdi dans cette ville. Moussa ben Abilâfia, cousin de
Messala, reçut le commandement de toutes les régions
du Maghreb jusqu'à Fez. L'année suivante, une rup-
ture ayant eu lieu entre Moussa et le prince idrissito
que soutenaient les Bcni Khazer et autres Meghraoua,
Messala accourut avec les Miknassa, destitua Yahya
ben Idris qu'il interna à Arzila et s'empara de ses
trésors. Il alla ensuite rétablir l'autorité fatimite à
Sidjilmassa dont les habitants avaient massacré le
gouverneur et sa garde ketamienno, puis il regagna
Tiaret. Mais les Meghraoua et autres Zénata, étaient
toujours en révolte contre les Fatimitcs et en 921 leur
chef Ibn Khazer tua de sa main Messala ben Habbous,
battit toutes les armées envoyées contre lui et gagna
à sa causo les tribus des hauts plateaux du Maghreb
central. Les Meghraoua étendirent ainsi leur autorité
jusqu'à la Molouia, séparant les Miknassa do Tiaret
des Miknassa de Fez où Moussa ben Abilâfia exerçait
le commandement au nom des Falimites.
Un Idrissile nommé Hassan El Haddjam, partit de
la montagne des Djcraoua et réussit à s'emparer de
Fez dont il chassa le gouverneur kétamien. Moussa
32 HISTOIRE DU MAGHREB
ben Abilâfia marcha contre lui, et fut battu à l'Oued
El Melahen, entre Fez et Taza. Hassan poursuivant
ses succès soumit Sefrou, les Mediouna, Miknassa de
Taza, clc, (926). A Sidjilmassa, les Béni Midrar ré-
pudiaient l'autorité fatimite, pendant que les Om-
miades venaient occuper Mclilla cl que leur khalife
concluait un traité d'alliance avec les Meghraoua
Béni Khazer ennemis des Fatimites. Au cours d'une
sédition à Fez, Hassan El lîaddjam fut jeté en prison;
Moussa ben Abilâfia vint assiéger lo quartier dos An-
dalous demeuré fidèle aux Idrissites et la victoire resta
aux Miknassa. On fit évader Hassan de sa prison;
dans sa fuite, il se tua en escaladant le rempart de
la ville (926).
Les succès d'Ibn Khazor dans le Maghreb central et
son alliance avec les Ommiades, décidèrent le Mchdi
à entreprendre une nouvelle expédition dont il donna
le commandement à son (ils. Celui-ci parcourut lo
Maghreb sans atteindre los Moghraoua qui faisaient
lo vide devant lui et, à son retour, il fonda la place
de Msila qui devait commander la région des Ziban
(928)'.
C'est vers la même époque que des pirates musul-
mans d'Espagne jetés par une tempête sur les côtes
de Provence, fondèrent à Fraxinet, dans le Var, une
base d'opération sur terre et sur mer. Leurs exploits
attirèrent à eux une foulo d'aventuriers de tous pays,
avec lesquels ils allèrent exorcer des déprédations
jusqu'en Suisse et en Lombardie.
Moussa ben Abilâfia resté maître de Fez décida de
poursuivre les Idrissites jusque dans la forteresse élc-
1. Le commandement de cette place fut donné à Ali ben Ham-
doun El Djodami Eî Andatossi, partisan des Fatimites. Ses Ois
Djafer et Yahya qui lui succédèrent, jaloux du sonhadjten Ziri ben
Mennad, passèrent avec les Zenata au service des Ommiades qui
les comblèrent d'honneurs.
LES IDRISSITES 33
véo appelée Hadjar Ennesser où ils s'étaient réfugiés.
C'était Ibrabim fils de Mohammed ben El Kassem qui
avait reçu le pouvoir après la mort de Hassan El Had-
djam ; Moussa ben Abilâfia ne pouvant réduire la for-
teresse qui lui servait de refuge, alla ravager la prin-
cipauté de Nokour, puis occupa Tlemcen, obligeant
l'idrissito descendant de Soleïmane, qui l'occupait, à
se réfugier à Melilla (931).
En Espagne lo khalife Abdcrrahmane III avait mé-
rité le surnom d'Ennasser (le victorieux), à la suite do
ses succès sur les princes de Léon et, en 931, ses
généraux avaient enlevé la ville de Ceuta dont les
habitants étaient partisans des Idrissites. Des offres
séduisantes furent alors faites en son nom à Moussa
ben Abilâfia et, pour des raisons restées inconnues, ce
chef miknassien si longtemps dévoué au Mehdi, aban-
donna la cause des Fatimites, pour embrasser celle
des Ommiades et proclamer l'autorité d'Abder-
rahmane III au Maghreb.
C'est sans doute sous le gouvernement de Moussa
ben Abilâfia que les Miknassa fondèrent une princi-
pauté indépendante dont ils établirent le centre sur
l'emplacement de l'ancienne Sidda el donnèrent leur
nom à celte nouvelle capilalo qui s'appelle encore
Miknasset Ezzeitoun.
Lorsque le Mehdi cul connaissance de ces événe-
ments, il prescrivit au gouverneur de Tiaret de mar-
cher contre l'ennemi, mais les descendants de Messala
affaiblis ne purent livrer que quelques combats sans
importance (932). L'année suivante, uno armée fati-
mite sous les ordres de Homcïd ben Islitcn neveu de
Messala el émir des Miknassa de Tiaret, se porta con-
tre l'armée de Moussa ben Abilâfia qu'elle rencontra
dans la vallée de la Molouïa à Messoune. Les Fatimites
battirent l'armée de Moussa et le rejotèrent dans le
3
34 HISTOIRE DU MAGHREB
pays des Tsoul ; l'idrissite Ibrahim ayant pris Moussa
à revers, l'armée fatimite put entrer dans Fez et y
établir l'autorité du Mehdi.
Le Mehdi Obeïd Allah mourut en Mars 934 âgé de
soixante-trois ans, après un règno de vingt-cinq ans.
Il eut pour successeur son fils Aboul Kassem Moham-
med qui prit le surnom de El Kaïm Biamrallah. C'est
lui qui institua à Mehdia lo cérémonial des cours el
prit comme emblème du pouvoir le parasol tel qu'il
est en usage à la cour du Maroc actuel. Dès qu'il
apprit la mort du Mehdi, Moussa ben Abilâfia s'empara
de Fez avec des forces ommiades, fit mourir le gou-
verneur falimito et attaqua les Idrissites du Riff. Une
armée fatimite sous les ordres de l'eunuquo Meïssour
se porta vers le Maghreb, attaqua et réduisit Tiaret
qui s'était mise sous l'autorité du commandant om-
miade d'Oran, lequel fut réduit à son tour. Meïssour
assiégea Fez pendant de long mois et reçut un renfort
commandé par le nègre Sandal qui le rejoignit après
avoir ravagé Nokour. Les Idrissites offrirent à Meïs-
sour de le soutenir s'il voulait attaquer Moussa ben
Abilâfia et les Fatimites ayant accopté ces offres qui
détachaient les Idrissites des Ommiades, battirent
Moussa et l'obligèrent à se réfugier dans le désert.
Meïssour donna lo commandement du territoire con-
quis sur Moussa à El Kassem bon Idris surnommé
Guennoun, qui était à ce moment le chef de la fa-
mille, mais dut continuer à résider à Hadjar En-
nesser (936).
Pendant que ces événements se déroulaient dans le
Maghreb, une (lotte fatimite avait attaqué Gênes qui
fut enlevée et pillée; l'armée en ramena de nombreux
captifs et rentra à Mehdia après avoir ravagé la Corse
et la Sardaigne où elle fit encore un millier de capti-
ves (935). Un soulèvement en Sicile fut énergiquoment
,jfm

LES IDRISSITES 35
réprime par Khalil ben Ouard qui y demeura comme
gouverneur et s'appliqua à embellir la ville de Pa-
ïenne.
En Orient, le khalife abbasside El Moktadir avait
eu pour successeur son neveu Radhi Billah qui donna
le commandement de l'Egypte au turc El Ikhchid.
Celui-ci l'érigea en vice-royauté indépendante et les
divisions que la guerre civile amona dans le pays,
décidèrent lo khalifo El Kaïm à intervenir. Il y dépê-
cha son affranchi Zeïdane qui s'empara d'Alexandrie,
mais dut battre en retraite devant les troupes que lui
opposait El Ikhchid et rentrer en Ifrikïa.
C'est maintenant que va entrer en scène la grande
famille des Senhadja qui, au rapport d'Ibn Khaldoun,
formait le tiers de toute la race berbère, et dont la
masse principale occupait le Maghreb central avec les
villes de : Djezaïr Béni Mezghenna (Alger), Hamza
(Boutra ou Tebouirt), Médéa (Lcmdia) et Miliana. Les
Meghraoua les avoisinaient au sud et à l'ouest et
.étaient en lutte constante avec eux. Ziri ben Mennad
fils d'un des marabouts senhadja qui, par son cou-
rage, son audace et son intelligence, s'était acquis
uno grande influence, fut reconnu commo chef par
l'ensemble des tribus. H so soumit à Aboul Kassem
El Kaïm Biamrallah qui l'investit du commandement
des tribus Senhadja et l'autorisa à construire dans le
Djebel El Akhdar, sur le territoire do Médéa, une ca-
pitale du nom d'Achir où il installa des familles prove-
nant de Tobna, de Msila et de Hamza.
L'Idrissite Kassem Guennoun, grâce à l'autorité
qu'il tenait des Fatimites, consolidait sa puissance en
Maghreb et s'était emparé d'Arzila, pendant que son
cousin El Hassan reprenait Tlemcen. Moussa ben Abi-
lâfia attendait l'occasion de reprendre les armes, mais
le khalife ommiade avait subi quelques échecs dans
36 HISTOIRE DU MAGHREB
ses luttes avec les rois do Galico et de Léon et était dans
l'impossibilité d'intervenir on Maghreb. Aussi Moussa
s'était-il allié avec Ibn Khasor pour soutenir la cause
des Ommiades. Lorsqu'il mourut en 938, son fils Med-
dino, nommé gouverneur par le Khalife Abdorrahmane
Ennasser, renouvela avec El Kheïr, fils do Mohammed
ben Khazer, l'alliance qui avait existé entre leurs
pères.
Depuis la mort du Mehdi Obetd Allah, un prédicateur
religieux nommé Abou Yazid ben Mokhallcd, faisait
dans la provinco de Kaslilya de l'agitation contre la
puissance fatimite. Abou Yazid, surnommé l'hommo à
l'âne, était un zénète des Béni Ouargou, fraction de la
tribu des Boni Ifreno. Il passa sa jeunesse à Takious ot
à Tozeur dans le sud Tunisien où il s'initia aux doctri-
nes kharedjites do la secte des Nekkaria qui préconi-
saient le meurtre, le viol, la spoliation et la réduction
en esclavage de tous ceux qui n'appartenaient pas à
leur secte. Abou Yazid, fils d'une esclave noire, était
boiteux, difforme et très laid, mais il avait une âme
ardento, uno grande énergie ot une éloquence entraî-
nante, avec quelques talents militaires.
Vers 929, il se posa en adversaire résolu des Fatimi-
tes Chiites et tenta, sans succès, de lever l'étendard de
la révolte en 934 et 938. Ce n'est qu'en 942 qu'il put
réunir dans l'Aurès des adhérents en assez grand
nombre pour se faire proclamer par eux comme chef
des vrais croyants, après leur avoir fait reconnaître la
supréfttatio politique des Ommiades d'Espagne. En
présence du succès que l'agitateur remporta à Te-
bessa, Medjana, Mermadjenna et El Orbos, le kha-
life El Kaïm constitua trois corps d'armée, l'un pour
couvrir Béja, l'autre pour occuper Raccada et Kairouan
et le troisième aux ordres du général en chef Meïssour,
pour défendre Mehdia.
LES IDRISSITES 37
t
Abou Yazid s'empara de Béja et do Kairouan et ces
premiers succès attirèrent d'autres tribus zénétes dans
les rangs des Béni Ifrene qui formaient l'élito de son
armée. Avec elles il fit uno entrée triomphale à Tunis
et à quelque temps de là, il so décida à marcher sur le
centro de la puissanco fatimite ot à investir Mehdia.
Mais en avant de Sousse, les Kharedjites furent battus
et un grand nombre d'entre eux emmenés à Mehdia
où ils furent massacrés. Abou Yazid reconstitua son
arméo avec de nouveaux contingents do volontaires et
marcha sur Raccada dont les troupes so réfugièrent à
Kairouan ; il entra dans Raccada et alla, à la tête
de 100.000 hommes, investir Kairouan. En octobre 914,
son armée pénétra dans la ville, s'y livra à toutes
sortes d'excès, puis so répandit par groupes dans les
provinces voisines qu'elle ravagea et dont ollo mas-
sacra les habitants. Sousse fut enlevée d'assaut et les
plus épouvantables cruautés y fureut commises; ce
n'est que soixante-dix jours plus tard qu'Abou Yazid
vint assiéger Mehdia.
Lo khalifo fatimite l'avait mise en état de défenso et
s'était ménagé l'alliance des Senhadja de Ziri ben Mcn-
nad qui pouvait prendre les Kharedjites à revors. En
Janvier 915, l'homme à l'âne s'était emparédu faubourg
de Zouila; il repoussa les Senhadja venus de Constan-
uno et entreprit le siège régulier de la place. Au
bout d'un certain temps, le siège traînant en longueur,
Abou Yazid éprouva les plus grandes difficultés à ap-
provisionnerson camp, car ses troupes avaient entière-
ment dévasté lo pays environnant; pendant ce temps,
les Fatimites avaient la faculté de se ravitailler par
mer. Aussi l'hommo à l'âne fut-il contraint bientôt, par
une vigoureuse sortie des habitants do Mehdia, de se
retirer sur Kairouan, entouré de quelques hommes
seulement. Dans cet état de faiblesse, il fut accueilli
38 HISTOIRE DU MAGHREB
avec mépris et les excès de ses soldats soulevèrent tout
le J>ays contre lui (915).
El Kaïm reprit Sousse et Tunis et mourut en 916,
ayant désigné commo successeur son fils Abou
Tahar Ismaïl. Lo nouveau khalife dut lutter pendant
deux ans pour réduire Abou Yazid, ce qui lui valut
le surnom d'El Mansour. L'homme à l'âne mourut
do ses blessures en 947, après être tombé entre les
mains du khalife. El Mansour fit uno entrée triom-
phale à Kairouan, suivi du cadavre do l'homme à l'âno
beurré de paille et porté sur un chamoau avec la tête
d'un de ses fils. Ces trophées furent suspendus à uno
porte de Mehdia, puis envoyés en Sicile ; mais lo vais-
seau qui les transportait fit naufrage et tout le monde
périt. Seul le mannequin d'Abou Yazid fut jeté sur le
rivago ; on l'y attacha à une potence où il demeura ex-
posé jusqu'à complète destruction. Un second fils de
l'homme à l'âno fut assassiné et les autres membres
do sa famille furent poursuivis el mis à mort. Quant
aux Béni Kemlano des Houara de l'Aures qui avaient
été les plus fidèles soutiens de l'agitateur kharedjito,
ils disparurent dans la suite.
La révolte de l'homme à l'âne avait particulièrement
nui au prestige des Fatimites dans lo Maghreb extrême
où les Ommiades, profitant dos événements, avaient
réussi à développer leur influonce. Les fils do Moussa
ben Abilâfia y gouvernaient en leur nom le pays tout
entier, tandis que les Idrissites réfugiés dans leur re-
traite de Iladjar Ennesser, obéissaient à leur chef El
Kassem Guennoun '. Ismaïl El Mansour eut aussi à
combattre la puissance grandissante des Zénètes Béni
Ifrenc. Il les réduisit et confia lo commandement du

1. L'empire Idrissite a dura à Fez de SOS 4 926


dans le Riff de 926 à 9SS
à Cordoue et à Malaga de 1016à «017
LES IDRISSITES 39
pays qu'ils occupaient, de Djezaïr Béni Mezghenna jus-
qu'à Tiaret, plus lo Hamza, Lemdïa et Miliana, à Yala
ben Mohammed leur chef, qu'il avait réussi à détacher
de la causo des Ommiades.
La crise occasionnée en Afrique par la révolte kha-
redjito avait, d'autre part, amené l'anarchto en Sicile
où quelques villes s'étaient affranchiesdu Tribut qu'elles
payaient aux Musulmans et lo pays resta abandonné
aux aventuriers berbères amenés par Khalil ben Ouard,
Le khalife Ismaïl El Mansour y envoya, pour rétablir
l'ordro, un de ses plus fidèles soutiens, l'arabe kelbito
Hassan ben Ali avec le titre de gouverneur qui, par la
suilo, devint héréditairo dans sa famille (948). Il péné-
tra dans Palermo où les Tabari d'origine persane
avaient usurpé l'autorité et ramena à la soumission les
Chrétiens qui s'étaient affranchis du tribut. 11 battit
les troupes envoyées contre lui par l'empereur Cons-
tantin Porphyrogénèto et signa avec co prince uno
trêve qui reconnaissait aux Musulmans le droit de per-
cevoir le tribut, puis il créa une mosquée à Roggio(952).
En 953, le khalife Ismaïl El Mansour mourait à Sa-
bra, après un règne de sept ans. Son fils Abou Temim
Maad qu'il avait désigné pour lui succéder et qui fut
proclamésousle nomd'EI MoëzzLidin Allah commença
par visiter ses provinces et rétablir l'influence fati-
mite là où elle avait été remplacée par la puissanco
ommiade. En effet, El Kassem Guennoun le chef des
Idrissites, mort en 919, avait été remplacé par son fils
Aboul Aïche Ahmed surnommé El Fadhel et ce prince
rompant avec les Fatimites, avait fait hommage do
vassalité au khalife Ommiade Ënnasscr; les autres prin-
ces idrissites imiteront son exemplo,cl Ennasser exigea
comme gages la cession des places de Tanger et Coûta.
De même, dans le Maghreb central, Yala ben Moham-
med, chef des Bcni Ifrene et Mohammed ben Khazer
40 HISTOIRE DU MAGHREB
émir des Meghraoua, détachés tous deux de la causo
fatimite avaient reçu l'investiture ommiade. Yala qui
avait la partie occidentale du pays et étendait son au-
torité sur les populations du nord jusqu'à Oran, s'était
bâti une capitale à Ifkane au sud de Mascara ; quant
à Mohammed ben Khazer qui avait la région orientale,
il s'était établi à Tiaret. Fez avait un gouverneur venu
d'Espagne et les Miknassa commandés par les fils do
Moussa ben Abilâfia. restaiont fidèles aux Ommiades.
Seuls les Boni Ouassoul de Sidjilmassa étaient indé-
pendants, bien que leur princo Mohammed ben El Feth
eût répudié les doctrines kharedjites.
Le khalifo Ennasser n'ayant pu oblenir des Idrissi-
tes les places de Tanger et de Coûta, envoya contre
eux Homaïdqueles Fatimites avaient chassé de Tiaret.
Co général s'empara de Tanger et enleva Hadjar En-
nesserà Aboul Aïe ho El Fadhel à qui il ne resta qu'Ar-
zila.Homaïd reçut le commandement de Tlomcon, tan-
dis que Yala gagné par les amitiés du khalife ommiade,
enlevait Tiaret aux Meghraoua cl s'emparait d'Oran.
Ces événements décidèrent Mohammed ben Khazer à
rompre avec les Ommiades et >\ faire hommage de vas-
salité au khalife El Moëzz qui le reçut avec les plus
grands honneurs (951). En même temps, le khalife fa-
limite renouvela ses traités d'alliance avec le chef des
Senhadja lui prescrivant de so préparer à partir pour
le Maghreb.
En 955, lo khalifo ommiade entama les hostilités
contre les Fatimites en faisant capturer un courrier de
Sicile se rendant en Afrique. Pour répondre à cetto
insulte, Hassan El Kelbi, gouverneur de la Sicile, fit
une descente près d'Almeria et en rapporta un gros
butin. Peu après, une flotte ommiade commandée par
l'affranchi Ghaleb, tenta en Afrique un débarquement
qu'une tempête fit échouer. Cette tentative fut renou-
i LES IDRISSITES 41
velée avec 70 navires ; les troupes ommiades débar-
quées à La Calle, ravagèrent le pays jusqu'à Tabarca.
Mais Ordono III mourut en 957 et son frère Sancho qui
lo remplaça, ayant rompu la trêve concluo précédem-
ment avec les Ommiades, le khalife Ennasser dut re-
mettre ses projets contre les Fatimites.
Le khalife El Moëzz, de son côté, profita de ces cir-
constances pour réunir une nombreuse armée dont il
donna le commandement à son secrétaire l'affranchi
chrétien Djouher, avec mission de ramener le Maghreb
sous la puissance fatimite. Il fut rejoint par Ziri ben
Mennad et ses contingents, par Djafar fils d'Ali ben
Hamdoun de Msila et par Mohammed ben Khazer suivi
de guerriers Meghraoua. De sanglants combats furent
livrés dans la région de Tiaret contre les Béni Ifrêne,
au cours desquels Yala leur chef fut tué. Djouher dé-
cima les Béni Ifreno, s'empara d'Hkane leur capitale
et marcha sur Fez. Trouvant cette place bien défendue,
il alla rétablir l'autorité fatimite à Sidjilmassa et re-
vint assiéger Fez après avoir soumis les populations
sahariennesjusqu'à l'Océan. Fez tomba entre ses mains,
Ziri y entra le premier et la ville fut pillée pendant
trois jours ; Djouher y laissa un gouverneur, puis il
marcha contre les Idrissites du Riff.
Aboul Aïche ElFadhel était mort et Hassan ben Guon-
noun qui lui avait succédé envoya sa soumission à
Djouher qui le confirma dans le commandement du Riff
et des Ghomra en lui assignant Basra comme capitale.
Djouher rentra ensuite en Ifrikïa laissant pour gouver-
ner le pays deux affranchis nommés Kaïcer et Modaffer.
En récompense de ses services, il donna Tiaret comme
limito de ses états à Ziri ben Mennad (959).
En 956, l'empereur Constantin ayant rompu la trêve,
la guerre avait repris en Sicile entre les Musulmans et
les Bysantins. Ceux-ci mirent le siège devant Naples
42 HISTOIRE DU MAGHREB
pour la punir do son alliance avec les Musulmans;
Reggio fut occupée par surprise, le capitaine bysanlin
Basile détruisit 3a mosquée et alla attaquer Mazara.
Kn 958 une flotte musulmane attaqua la flotte bysantino
à Otrante, mais uno tempête dispersa ses vaisseaux et les
hostilités so terminèrent par une trêve conclue en 960.
Le roi Sancho de Léon avait été détrôné en 958 et
remplacé par Ordono IV; l'aïeule de Sancho, la reine do
Navarre,se rendit en personne auprès d'Ennasser otob-
tintdece prince le rétablissementdo son fils sur lo trône.
Ennasser exigea dix forteresses en échange do ses ser-
vices, puis il marcha contre le roi de Léon et, en 960,
Sancho était maître de son royaume, tandis qu'Ordodo
vaincu se réfugiait à Burgos. Lo khalife Abderrahmano
Ennasse;* mourut en 961 à l'âge de soixante-dix ans,
après un règno do quarante-neuf ans au cours du-
quel il n'avait eu quo des succès, sauf en Afrique II lais-
sait un royaume des plus florissants dont Cordouo la
brillante capitale, comptait cinq cent mille habitants.
Il eut pour successeur son fils El Hakem II.
La seule place do Sicile qui restait aux Chrétiens en
963 était Rametta dont les Musulmans vinrent faire
le siège tandis que les habitants appelaient à leur
aide l'empereur de Bysance. Nicéphore Phocas leur en-
voya 40.000 hommes, pendant qu'El Moêzz fournissait
des renforts berbères aux Musulmans (964). La flotte
des Bysantins occupa Messine et Manuel Phocas, ne-
veu de l'empereur, se porta au secours de Rametta
mais il fut battu ot perdit la vie au cours de co com-
bat. La place se défendit pendant encore une année
et en 965 les Musulmans y pénélrèrent, la pillèrent et
réduisirent les femmes et les enfauts en esclavage
Ahmed le fils du gouverneur Hassan El Kclbi atteignit
la flotte bysantine à Reggio et l'amiral Nicotos fait
prisonnier avec d'autres personnages do marque, fut
LES IDRISSITES 43
envoyé à Mehdia. Ahmed soumit ensuilo au tribut les
villes grecques do Calabro ot uno trêve fut signée.
En 9ui kl Moezz avait fait mottro & mort ses repré-
sentants au Maghrob,les affranchis Kaïccret Modaffor,
parce que sans doute ils avaient trahi la cause do leur
maître et favorisé les entreprises des Ommiades.
Ceux-ci faisaient tous leurs efforts pour s'attacher les
Idrissites du Riff et complétaient les fortifications do
Coûta.
El Moëzz, comme les souverains fatimites qui
l'avaient précédé, rêvait d'étendro sa puissance en
Orient, sur l'Arabie; mais la révolte d'Abou Yazid et
1T efforts déployés en Maghreb par les Ommiades
avaient fait ajourner ces projets. Par ailleurs, la si-
tuation était la suivante : l'empereur Nicéphoro Pho-
cas, à la suite de l'insuccès de ses armes et en raison
des préoccupations que lui donnaient ses conquêtes en
Asie, cherchait à s'unir à El Moezz ; le khalife ab-
basside ne possédait plus que Baghdad et sa banlieue ;
la Perse était aux Bouidesel l'Asie mineure aux Bysan-
tins ; la Syrie et l'Egypte obéissaient aux Ikhchidites
ot l'Arabie était ravagée par les sectaires carmales.
La paix fut conclue on 967 entro Phocas et El Moezz
et le khalife prescrivit à l'emir de la Sicile do cesser
les hostilités. L'empereur en profita pour enlever aux
Ikhchidites leurs places du nord de la Syrie pendant
que les Carmales attaquaient ce pays par lo sud.
Ikhchid mourut sur ces entrefaites ot eut pour succes-
seur un enfant de onze ans placé sous la tutelle do
l'affranchi Kafour.
El Moëzz décida do profiter de ces circonstances
pour exécutor ses projets en Orient ; à cet effet, il fit
creuser des puits sur lo trajet que devait suivro son ar-
mée et envoya Djouher en Maghreb pour rétablir la
paix entre les Senhadja et les Meghraoua. Ce général
44 HISTOIRE DU MAGHREB
revint en Ifrikïa après avoir consacré deux ans à ré-
tablir l'ordre dans lo Maghreb et y avoir recruté uno
forte ot nombreuse armée (968). Kafour mourut à cetto
époque, laissant lo pays on proio à l'anarchie et aux
débuts do Pannéo 969, Djouher partit pour l'Egypte
à la tête d'une nombrouso armée.
A Alexandrie, il reçut une députation do notables
du Vieux-Caire apportant la soumission de la ville.
Mais un mouvement populairo dirigé contre les Fati-
mites so produisit après lo départ des envoyés et
lorsque Djouher parvint en avant de la capitale, il y
trouva unearméoqut lui barrait la route. II la défit et
entra au yieux-Cairo (Misr) en juillet 969. Après avoir
fait proclamer la déchéance des Ikhchidites et la sou-
veraineté des Fatimites, Djouher commença la con-
struction de la nouvelle ville du Caire (El Kahira). Le
ketamien Djafar ben Fellah qu'il envoya en Syrie,
s'empara de Ramla et do Damas après avoir battu les
partisans des Ikhchidites (décembro 969).
Djouhor usa de ménagements envers les Egyptiens;
il rétablit l'administration régulière, confia les emplois
à des Ketama et Senhadja, prescrivit le respect des pra-
tiques religieuses et des usages locaux et on dit qu'il
jeta les premiers fondementsde l'université d'El Azhar.
En Maghreb, les Ommiades avaient exploité à leur
profit l'inimité qui divisait les Meghraoua do Moham-
med ben El Kheïr petit (ils d'Ibn Khazer et les Sen-
hadja do Ziri ben Mennad d'Achir et ils avaient ex-
cité la jalousie du gouverneur de Msila, Djafer ben
Hamdoun, contre le chef des Senhadja à qui allaient les
faveurs du khalifo fatimite. Le chef des Meghraoua
ayant réussi à s'allier avec d'autres tribus zénètes
dévouées aux Ommiades, se mit en état do révolte
contre l'autorité fatimite dont les partisans avérés
furent massacrés, taudis que l'autorité du khalife
LES IDRISSITES 45
ommiade kl Ilakom était proclamée. Ziri ben Mennad
à ta tête de son armée dont l'avant-garde était com-
mandée par son fils Bologguine, attaqua les Megh-
raoua et autres Zénètes. Les Béni Ifrene ayant lâché
pied, les Meghraoua soutinrent lo choc et se firent
tous massacror avec lour chef Mohammed ben fil
Kheïr. L'autorité fatimite fut alors rétablie en Magh-
reb (970).
Djafar ben Hamdoun le gouvorneur do Msila s'élant
allié aux Zénètes révoltés, Ziri ben Mennad marcha
contre eux; les Senhadja furent battus ot Ziri ayant
été tué, sa tête fut portée à Cordouo par Yahya frèro
de Djafar ben Hamdoun (971). Bologguine fils de Ziri
atteignit les Zénètes et les ayant battus, reçut l'invos-
titure du khalife en remplacement de son père. Il
marcha ensuite contre les Zénètes de Tobna et de
Biskra les chassant devant lui jusqu'à Tiaret et los
poursuivant dans lo sud jusqu'à Sidjilmassa où il les
battit et mit à mort El Kheïr fils de Mohammed ben
El Khoïr qui avait été fait prisonnier; quant à Djafar
ben Hamdoun, il se réfugia on Espagne auprès d'Kl
Hakem. Bologguine traversa lo Maghreb extrême et
vint dans lo Riff contraindre El Hassan ben Guen-
noun à juror à nouveau fidélité au khalife fatimite.
En quittant le Maghreb il emmena tous les chovaux
dont il put se saisir et déporta à Achir uno partie des
habitants de Tlemcen.
A cetto époque les Carmales avaient envahi la
Syrie ; ils battirent et tuèrent lo ketamien Djafar
ben Fellah, s'emparèrent de Damas et marchèrent
sur l'Egypte. Devant ce péril, Djouhor pressa le kha-
life de transporter le siège de l'empire en Egypte et
de venir y prendre lo commandement. El Moëzz
confia le gouvernement de l'Ifrikïa à Bologguine
fils de Ziri qu'il fit assister par un conseil de grands
46 HISTOIRE DU MAGHREB
officiers, tandis que le khalife gardait sous ses ordres
et à sa nomination lo cadi et deux fonctionnaires
chargés de la perception des impôts. El Moëzz recom
manda & Bologguine de combattre l'influence des
Ommiades et de chasser tous leurs partisans du Magh-
reb, puis, en novembre 972 il se mit en route. Il at-
teignit Alexandrie en mai 973 et un mois après il eu-
trait au Vieux-Caire ou Misr et fixait sa résidence au
nouveau Caire ou El Kahira el Moëzzia.
Le khalife d'Espagne El Hakem, profita du départ
d'El Moëzz pour rétablir son influence en Maghreb ;
une forte armée venue d'Espagne alla faire lo blocus
de Hadjar Ennesser où l'tdrissite El Hassan ben Gueu-
noun fit une résistance désespérée Mais, assiégé à la
fois par deux généraux ommiades Ghaleb et Yahya
ben Mohammed Todjibi, il se rendit sous condition
d'avoir la vio sauve, en octobre 973; avec lui dispa-
raissait ce qui restait de la puissance idrissite. Gha-
leb fit rechercher dans le Riff les derniers descendants
et les partisans de cette dynastie, gagna Fez où il
laissa un gouverneur pour chacun des deux quartiers
de la ville et nomma Yahya Todjibi gouverneur géné-
ral du Maghreb pour les Ommiades. Cela fait, il rentra
en Espagne avec les débris de la famille d'Idris à qui
des pensions furent accordées par le khalife (974).
El Hakem ayant été atteint d'une maladie grave
dont il devait mourir peu après, son vizir en profita
pour expédier lès Idrissites, dont l'entretien était coû-
teux, à Alexandrie où ils furent bien accueillis des
Fatimites. Mais les Chrétiens ayant envahi les fron-
tières du nord, le vizir rappela d'Afrique Yahya Tod-
jibi qu'il envoya les combattre et Djafar ben Hamdoun
partit avec son frère Yahya pour lo remplacer. En fé-
vrier 976, El Hakem mourut après avoir fait agréer
•on jeune fils Hicham comme son successeur. *
LES IDRISSITES 47
Il y avait cinquante ans que la petite République
musulmane de Fraxinet, dans le Var, était fondée,
lorsqu'on 975, Guillaume de Provence réussit à la dé-
truire.
Les Meghraoua et Béni Ifrene chassés et dispersés
par Bologguine, s'étaient réfugiés dans lo Maghreb
oxtrêmo ; réunis autour des Boni Khazer ils s'étaient
avancés jusqu'à Fez, occupant les territoires conquis
par les Miknassa. Dans le Maghreb central ils lais-
saient la place libre à d'autres familles zénètes, les
Ouemannou et Iloumen, tandis que les Boni Ouassine
de la même famille remontaient du Sahara oranais,
pour s'étendre du mont Rached à la hauto Molouïa et
jusqu'à Sidjilmassa. Djafar ben Hamdoun, pour calmer
le conflit que la réconte émigration avait fait éclater
entre Meghraoua, Béni Ifrene et Miknassa, autorisa
les Meghraoua sous la conduite de Khazroun ben Fel-
foul à marcher contre Sidjilmassa où régnait Abou
Mohammed El Motaz le midrarite. Celui-ci fut battu et
tué et Khazroun nommé gouverneur au nom du kha-
life ommiade.
Dans la partie occidentale de l'Atlas, jusqu'à l'O-
céan, les Borghouata, importante tribu de la famille
des Masmouda, avaient acquis une grande puissance
et un homme de cette tribu nommé filyas avait fondé,
cinquante ans auparavant, un schisme religieux dont
son fils Younes avait pris la direction. Les Berghouata
ayant pu résister victorieusement aux Idrissites et aux
descendants do Moussa ben Abilâfia, Djafar ben Ham-
doun marcha contre eux avec les Meghraoua et autres
zénètes, mais il fut vaincu et rentra en Espagne. Le
vizir du khalife ommiade confirma alors son frère
Yahya dans le commandementdu Maghreb.
El Moëzz était mort en Egypte en 975 et son fils El
Aziz Nizar lui avait succédé ; en 977 le nouveau kha-
48 HISTOIRE DU MAGHREB
life donna à Bologguine la province de Tripoli qui,
sous lo précédent règno, avait été érigéo en gouverne-
ment indépendant. En 979, Bologguine partit pour lo
Maghreb extrême à la tête d'une nombreuse armée ;
il s'avança sans coup férir jusqu'à Fez, pénétra dans
la place, remonta la Molouïa on poussant dovant
lui les Meghraoua et entra à Sidjilmassa. El Kheïr
ben Khazer fut mis à mort tandis quo les familles de
Yala dos Boni Ifrene, d'Atïa bon Khazer et des Bcni
Khazroun, so réfugièrent à Coula. Bologguine vint
sous les murs de cette place attaquer les partisans des
Ommiades, mais le célèbre El Mansour ben Abou Amir,
vizir du khalifo Hicham encore mineur, envoya en
Afrique Djafar bon Hamdoun avec uno nombreuse
armée et de fortes sommes d'argent. Djafar rallia
tous les chefs zénètes et installa son immenso ar-
mée sous les murs de Ceuta, ce que voyant, Bolog-
guino préféra s'en aller combattre les Berghouata
sur lesquels il remporta un grand succès, après avoir
tué leur chef. 11 so disposait à marcher contre Oua-
noudino de la famille des Béni Khazroun qui s'était
emparé do l'autorité à Sidjilmassa en 983, lorsque
se sentant malade, il remonta vers Tlemcen et mourut
dans le sud de cetto ville en mai 984. Son fils Man-
sour lui succéda ot reçut l'investiluro du khalifo El
Aziz. Mansour donna le commandement de Tiaret à
son oncle Aboul Bahar et celui d'Achir à son frère
Itoueft.
Pendant le cours de ces événements, les émirs do
Sicile étaient restés les seuls maîtres do l'Ile; leur
chef Aboul Kassem marcha vers 982, conlro l'empe-
reur d'Allemagne Othon II qui, profitant de l'impuis-
sanco des Grecs à la défendre, avait envahi l'Italie
méridionale. Aboul Kassem infligea une sanglante dé-
faite aux Allemands mais il perdit la vie pendant le
, LES IDRISSITES 49
combat. Il eut pour successeur son fils Djaber dont
l'élévation fut ratifiée par lo khalife El Aziz.
En Espagno, le vizir El Mansour avait profilé de la
minorité du khalife pour accaparer le pouvoir et les
partisans du jeune Hicham avaient fomenté une ré-
volte; Ghaleb qui s'était misa la této do ce mouvement
trouva la mort dans une émeute. El Mausour demeura
alors seul mailro du pouvoir et fit mourir Djafar ben
Hamdoun dont la fidélité était dovenue douteuse(983).
Entre temps, El Hassan ben Guennoun revenu d'Egypte
muni d'une recommandation pour lo gouverneur,
avait obtenu uno armée de Senhadja avec laquolle il
avait pénétré en Maghreb et conclu avec l'ifrenile
Yeddou ben Yala, uno alliance conlro les Ommiades.
En apprenant ces événements, le vizir El Mansour
envoya en Afriquo uno armée commandée par son
cousin Askeladja qui marcha avec des contingents
Meghraoua contre El Hassan. Le princo idrissite aban-
donné par les Béni Ifreno, so rendit à Askeladja sous
promesso d'avoir la vio sauve et fut envoyé au vizir
El Mansour qui le fit mettre à mort ; mais Askeladja
ayant publiquement blâmé col acte subit le même
sort (985). Tous les descendants d'Idris furent en-
suito exilés par El Mansour qui nomma Hassan ben
Ahmed Selmi gouverneur du Maghreb, avec mission
de s'appuyer sur los princes Béni Khazer des Me-
ghraoua, contre les Boni Ifreno. Arrivé à Foz en 986,
le nouveau gouverneur rétablit l'ordre et combla
d'honneurs Ziri ben Atïa le chef dos Meghraoua.
Les Kelama qui avaient été les serviteurs dévoués
des Fatimites, no voyaient pas sans jalousie les hon-
neurs et les emplois aller aux Senhadja et un grand
nombro d'entro eux fixés en Egypte avec El Moëzz,
obtinrent du khalife l'envoi en Ifrikïa d'un agent se-
cret nommé Aboul Fahem ben Nasraouïa qui avait pour
4
50 HISTOIRE DU MAOHREB
mission de recueillir des renseignements ; or cet en-
voyé prêcha la révolte aux Ketama et battit monnaie
en son propre nom (987). A ce moment même El Man-
sour fils de Bologguine recevait du khalife l'ordre de
no faire aucune opposition aux actes d'Aboul Fah cm.
El Mansour indigné alla s'emparer de Mila, saccagea
les villages des Ketama, battit Aboul Fahem près de
Sélif et l'ayant fait prisonnier, le fit périr dans les
supplices sous les yeux des envoyés du khalife (988).
L'année suivante il poursuivit jusqu'à Tiaret son on-
cle Aboul Bahar qui s'était déclaré contre lui et qu'il
contraignit à se réfugier chez les Meghraoua. El Man-
sour laissa comme gouverneur à Tiaret son frère
Itoueft et nomma, au commandement de Tobna, Saïd
ben Khazroun.
En 991, Yeddou ben Yala chef des Béni Ifrene, à
qui les Ommiades opposaient Ziri ben Atïa chef des
Meghraoua, leva l'étendard de la révolte; le gouver-
neur Hassan Selmi marcha contre lui avec des contin-
gents meghraoua, mais il fut mis en déroute et tué au
cours d'un combat. Profitant de son succès, Yeddou
attaqua Fez qu'il emporta d'assaut. Le vizir El Man-
sour nomma alors Ziri gouverneur du Maghreb, lui
enjoignant de reprendre Fez. Aboul Bahar en révolte
contre son neveu se joignit à Ziri qui réunissait ses
contingents et tous deux, après des alternatives de
succès et do revers, finirent par réduire Yeddou à
l'impuissance et à s'emparer do Fez. Aboul Bahar
ayant ensuite réussi à faire passer tout le pays qui
s'étend des monts Ouencheris à Oran sous l'autorité
ommiade, le vizir El Mansour lui donna le comman-
dement du Maghreb central et à Ziri celui du Magh-
reb extrême.
Cependant l'aecorc* ayant cessé d'exister entre Ziri
et Aboul Bahar, celui-ci se réfugia à Kairouan chez
1
LES IDRISSITES 51
son neveu avec qui il s'était reconcilié et Ziri en pro-
fita pour s'emparer de Tlemcen et de Tiaret, ce qui
le rendit maître des deux Maghreb. Sur ces entrefai-
tes, Yeddou ben Yala était mort et Hammama son
petit-fils avait emmené les débris des Béni ifrene entre
le Tadla et Salé où ils se fixèrent.
En 994, Ziri jugea utile de fonder la ville d'Oudjda
où il s'installa avec sa famille et ses trésors et qu'il
prit comme capitale, de préférence à Fez. El Mansour
étant mort à Kairouan en mars 996, son fils Badis lui
succéda sous le nom d'Abou Mennad Nacer Eddoula et
donna les plus hauts commandements à ses deux oncles
Hammad et Itoueft. Le khalifo fatimite El Aziz mou-
rut six mois après et eut pour successeur son (ils El
Hakem Biamrallah encore enfant, que les Ketama
proclamèrent sous la tutelle d'un des leurs nommé
Hassan ben Amar.
En Sicile, l'émir kelbito Djaber avait été déposé
par le khalife fatimite à la suite de ses débauches et
remplacé par Djafer ben Abdallah. Celui-ci, mort en
986, fut remplacé par son frère Abdallah qui gouverna
avec tant de sagesse qu'il rendit la Sicile prospère et
florissante. Les Bysantins avaient repris aux Musul-
mans la Pou il le et la Calabre, mais leurs exactions
poussèrent les habitants à demander à plusieurs re-
prises l'aide des Musulmans.
En Espagne, la mère de Hicham II avait entraîné
Ziri ben Atïa dans une tentative destinée à rendre au
jeune prince le pouvoir accaparé par le vizir El Man-
sour ben Abou Amir. Le vizir triompha grâce à son
énergie et supprima les subsides servis à Ziri ; en
même temps il constitua une armée de berbères Béni
Khazer, Miknassa, Azdadja et Béni BerzaI, dont il
donna le commandement à l'affranchi Ouadah pour
aller opérer en Maghreb contre Ziri (996). Après quel-
52 HISTOIRE DU MAGHREB
ques mois de rencontres sans importance, le général
ommiade surprit lo camp ennemi près d'Arzila, puis
s'empara de ce port et de la ville de Pfokour. Ziri qui
s'était réfugié dans l'intériour, reparut et força Oua-
dah à battre en retraite. Lo visir El Mansour envoya
alors do nouvelles troupes en Maghreb sous le com-
mandement de son filsAbdelmalok El Modaffer et vint
lui même à Algésiras pour suivre les événements. La
rencontre des deux armées eut lieu au sud do Tanger,
en octobre 998; le combat fut longtemps indécis, puis
les Ommiados parurent plier sous l'attaque énergique
des nombreux contingents do Ziri, lorsque le chef ber-
bère fui blessé d'un coup de lance. Abdelmalek ayant
alors remarqué un certain désordre dans les rangs
des Meghraoua, entraîna sc3 troupes, mit les flerbè-
.
rcs en déroute et les dispersa dans toutes les direc-
tions. Ziri blessé avait été emmené à Fez, mais il dut
gagner le désert avec sa famille
Quand le vizir El Mansour apprit ce succès qui ren-
dait lo Maghreb aux Ommiades, il ordonna des réjouis-
sances publiques, donna à son fils Abdolmalek lo gou-
vernement du Maghreb, infligea aux rebelles une forto
contribution de guerro ot nomma au gouvernement
deSidjilmassa évacuée par les Boni Khazroun, un offi-
cier nommé Hamid bon Yazel.
Ziri ben Atïa étant guéri de ses blessures, réunit
autour do lui les Boni Khazroun et autres tribus dé-
possédées de leurs territoires, mais n'osant atlaquor
les Ommiades, il onvahit lo pays des Senhadja, battit
Hammad el Itoueft et vint assiéger ce dernier dans
Tiaret. A la même époque Maksen et Zaoui, les oncles
de Badis, se mirent en révolto contre sou autorité et
furent imités par le zenalien Felfoul ben Khazroun
gouverneur de Tobna; Hammad, Itoueft et Aboul fia-
har lui restèrent fidèles. Après avoir débloqué Tiaret
LES IDRISSITES 53
en 999, Badis dut accourir en Ifrikïa contro Felfoul ;
Ziri en profita pour s'emparer do Tiaret, do Msila, de
la vallée du Chélif, de Ténès et d'Oran et, dans toutes
ces villes ainsi qu'à Tlemcen, il fil proclamer Hicham II
et son vizir à qui il rendit hommage. Ce furent les
oncles do Badis recueillis par Ziri qui portèrent son
message en Espagne (1000). El Mansour lui donna
le commandement des provinces conquises dans le
Maghreb central, rappela Abdelmalek El Modaffer,
nomma Ouadah gouverneur en résidence à Fez et au-
torisa les Boni Ouanoudinede la famille des Béni Khaz-
roun à rentrer à Sidjilmassa.
Felfoul ben Khazroun étant allé assiéger Baghaïa,
demanda du secours au khalife fatimite Ce princo lui
envoya Yahya ben Hamdoun réfugié en Egypte de-
puis la mort de son frère Djafcr, mais ses troupes ne
purent traverser le territoire do Barka où la tribu
hilalienne des Boni Korra s'était établie. Felfoul rejeté
vers l'ouest fut rejoint par Makscn l'oncle rebelle de
Badis et tous deux, après avoir attaqué Tebessa sans
succès, restèrent seuls, les autres frères de Maksen
s'étant réfugiés auprès de Ziri.
En l'an 1001, Ziri ben Atïa qui faisait le siège d'A-
chir, mourut sous les murs de celle place et out pour
successeur son fils El Moëzz. Hammad l'oncle du gou-
verneur senhadjien, qui venait de remporter des succès
contre Makscn cl ses fils, dégagea Achir el reprit le
Hamza ainsi que Msila. Il détruisit plusieurs villes re-
belles dont il emmena les habitants pour peupler la ville
forte qu'il fonda dans les montagnes au nord de Msila
et qui reçut le nom de Kalaa des Bcni Hammad. Quant
au gouverneur Badis, il avait refoulé dans le désert l'an-
cien commandant de Tobna, Felfoul ben Khazroun qui
so réfugia à Tripoli. Les habitants l'accueillirent avec
enthousiasme el il fut rejoint par des Meghraoua.
54 HISTOIRE DU MAGHREB
En août de l'année 1002, mourut en Espagne lo
célèbre vizir El Mansour ben Abou Amir; par son éner-
gie et son activité il avait étendu les frontières des
Etats musulmans qui comptaient trois capitales: Léon,
Pampclunc ot Barcelone. Son fils Abdelmalek El Mo-
daffer qui lui succéda, rappela Ouadah de Foz envoya
à El Moëzz fils de Ziri l'invesliturodu commandement
du Maghreb, avec Fez pour capitale et maintint Sidjil-
massa sous l'autorité d'Ouanoudino ben Khazroun.
Comme son père, El Modaffer se réserva l'exercice
du pouvoir el il avait réussi à rétablir l'ordre et la
paix dans l'empire lorsqu'il mourut subitement en l'an
1008. Son frère Abderrahmane, né d'El Mansour ot
d'une princesse chrétienne de Navarre ou de Caslille
et surnommé Sanchol, prétendit se faire proclamer
héritier présomptif du trône et déchaîna la guerre
civile. Un arrière polit fils d'Abdorrahmane III nommé
Mohammed vint à la tête des mutins assiéger lo pa-
lais et, ayant contraint Hicham II & abdiquer, se fit
proclamer sous le nom d'El Mchdi Billah. Sanchol mar-
cha contre lui avec dm contingents berbères, mais il
fut pris et supplicié à Gordoue en l'an 1009. Un petit
fils d'Abdcrrahmane III nommé Hicitam, soutenu par
les Berbères, vint attaquer El Mchdi qui le battit avec
l'aide des Cordouans et le fil décapiter. C'est alors que
Zaoui, l'oncle du gouverneur senhadjien Badis, qui
s'était réfugié en Espagne, rallia los Berbères, battit
las Cordouans et fit proclamer Soloïmane neveu de
Hicham sous lo nom d'El Mostaïn Billah. Tous deux
obtinrent le secours de Sancho comte de Castillo; ils
marchèrent avec lui contre Cordoue en 1009 et bat-
tirent Ouadah. El Mchdi sortit à leur rencontre, mais
fut battu à son tour, cl Berbères et Castillans entrè-
rent dans Cordoue qu'ils mirent à feu et à sang. Kl
Mehdi s'était réfugié à Tolèdo et Ouadah négociait uno
LES IDRISSITES 55
alliance avec les comtes de Barcelone ot d'Urgel, tan-
dis qu'El Mostaïn se voyait abandonné des Castillans
à qui il no pouvait payer lours services. Ouadah avec
une armée de Catalans commandée par les comtes
Raymond de Barcelone et Ermcngaud d'Urgel, joignit
El Mehdi à Tolède et le khalifo, à la tête de ces forces,
alla batlro El Mostaïn el reprendro Cordoue (1010).
Il poursuivit les Berbères qui so retiraient vers le sud,
mais son armée fut anéantie dans un combat et les
survivants chrétiens allèrent saccager Cordoue Quant
à El Mehdi il était, peu après, massacré par des offi-
ciers slaves à son service qui, avec la complicité d'un
des leurs le général Ouadah, rétablirent Hicham IL
Cependant les Berbères victorieux se tenaient dans
lo sud avec El Mostaïn. Ouadah devenu vizir de Hi-
cham II, dans l'impossibilité de les réduire, fut con-
traint do signer avec los Chrétiens, un traité qui leur
rendait les places conquises par El Mansour. Les Cas-
tillans reprirent bien ces places, mais n'intervinrent
en aucune façon, do sorte que les Berbères purent
assiéger Cordouo. Ouadah fut mis à mort en 10H par
des soldats révoltés et en avril 1013, les Berbères
entrèrent à Cordoue où ils se livrèrent aux plus hor-
ribles cruautés. El Mostaïn arracha une nouvelle ab-
dication à Hicham II el resta maître du pouvoir. A la
suite de ces événements, les généraux slaves se trou-
vaient les maîtres des grandes villes de l'est, et les
chefs berbères jouissaient d'une indépendance com-
plète dans les fiefs et les provinces qu'ils tenaient dos
Amirites; quant aux quelques familles arabes qui
disposaient encore d'une certaine puissance, elles
n'obéissaient plus au khalife.
En Afrique, Oucrrou ben Khazroun avait succédé
à son frère Felfoul à la tête du royaume meghrarouien
de Tripoli. De son côté Hammad s'était érigé en roi
56 HISTOIRE DU MAGHREB
indépendant & la Kalaa et étendait son commande-
ment sur le Zab, Conslantine el Achir.
Des Berbères chrétiens furent installés à la Kalaa
où ils bénéficiaient do privilèges pour l'exercice do
leur culte et eurent un évoque nommé par Gré-
goire VII.
Invité à la soumission par son neveu Badis, Hammad
se déclara indépendant, répudia les Fatimites et leur
doctrine et proclama les Abbassides et le culte son-
nito (1014). Il partit ensuite avec des Senhadja cl des
Zénètes et s'empara de Béja ; Badis à la tèle doses trou-
pes le battit, entra dans Achir et, avec l'aide de Yedder
fils do Lokmane le chef des Bcni Toudjine, le battit une
seconde fois, dans la vallée du Chélif et alla faire le siège
de la Kalaa où il l'avait contraint dose réfugier. Badis
étant mort subitement, la place fut débloquée (1016).
El Moëzz fils de Badis proclamé à sa place, fut investi
par le khalife fatimite En 1017, Hammad obtint do
son neveu El Moëzz un traité de paix qui lui donnait le
gouvernement du Zab, du territoire des Senhadja avec
Tobna, Msila, Achir, Tiaret cl co qu'il pourrait con-
quérir à l'ouest de ces pays. El Kaïd fils de Hammad,
reçut lui même un commandement,
El Mostaïn avait conquis le pouvoir avec l'aide
des Chrétiens cl des Berbères mais n'avait pas la con-
fiance de ces dorniers qui étaient dévoués à leurs seuls
chefs, en particulier le senhadjien Zaoui, gouverneur
de Grenade, et l'idrissile Ali ben Hammoud, comman-
dant do Tanger. Quant aux Slaves, tous partisans
de Hicham II, ils conclurent une alliance avec Ali
bon Hammoud en vertu de laquelle il vint les rejoin-
dre accompagné do son frèro Kassem gouverneur
d'Algésiras; Zaoui s'étant déclaré pour Ali ben Ham-
moud, tous marchèrent contre Cordoue où ils entrè-
rent en juillet 1016. El Mostaïn et les membres de sa
LES IDRISSITES 57
famille furent tués et la mort de Hicham ayant été
confirmée, Ali ben Hammoud fut proclamé khalife
C'est ainsi que finit avec El Mostaïn la dynastie om-
miade qui régnait on Espagne depuis trois siècles.
Lo chef des Slaves, Kheïranc, qui avait appelé Ali
ben Hammoud en Espagne, n'ayant pu obtenir do lui
lo rôle do promicr ministre qu'il ambitionnait, en-
traîna tes Slaves el les Andalous dans une conspira-
tion qui se proposait de porter au pouvoir un petit-fils
d'Abderrahmanc III. Le gouverneur de Saragosse,
Mondhir et son allié Raymond comte de Barcelone
réunirent leurs forces et marchèrent en 1017 contre
lo khalife. Ali triompha avec l'appui des Berbères,
mais il se rendit impopulaire par la tyrannie que ces
Berbères faisaient peser sur le pays et il périt assa-
ssiné par trois Slaves en avril 1018.
Ali laissait un frère nommé Kassem ot deux fils
dont l'un Yahya était gouverneur do Coûta; c'est son
frère Kassem qui fut proclamé par les Berbères. Kheï-
ranc et Mondhir de leur côté, élurent le petit-fils don-
nasser sous le nom d'Abdcrrahmanc IV El Morladha.
Ce prince ayant été assassiné, Kassem se réconcilia
avec Kheïranc et les chefs slaves et andalous à qui il
donna des villes et des provinces à commander (1020).
Zaoui abandonna à celte époque le gouvernement de
la province fie Grenade à son neveu Habbous et re-
tourna à Kairouan où son autre neveu El Moëzz l'ac-
cueillit honorablement.
Yahya fils d'Ali bon Hammoud se révolta contre son
oncle el, soutenu par les Berbères el les Slaves, il mar-
cha contre Cordoue où il entra en 1021; il supplanta
Kassem qui réussit à remonter sur le trôno en 1023,
Cette guerre des Idrissites s'étendit au Maghreb où
l'un des leurs nommé Idris, aidé do Yahya, s'empara
de Tanger. Une deuxième fois Yahya détrôna Kassem,
58 HISTOIRE DU MAGHREB
mais il établit sa résidence à Malaga et les Cordouans
en profitèrent pour élire à sa place l'ommiado Abdcr-
rahmano V sous lo nom d'El Mosladhir. Un mou-
vement populaire lo renversa et mit à sa place El
Moktafa. Cependant, l'anarchie persistant, les Cor-
douans rappelèrent Yahya.Enfin quelques mois après,
un nouveau souverain ommiade fut proclamé sous le
nom de Hicham III.
A Sidjilmassa, les Boni Khazroun s'étaient dé * Tés
indépendants; El Moëzz, fils de Ziri ben Alia chef des
Meghraoua, qui marcha contre eux fut battu et dut
regagner Fez (1016). La guerre se poursuivit dès lors
entre les Meghraoua de Fez et ceux de Sidjilmassa ;
Ouanoudino, le chef de ces derniers, réussit à soumet-
tre la vallée de la Molouïa et à occuper Sefrou. El
Moëzz fils de Ziri mourut en 1026 et son cousin Ha-
mama qui le remplaça obtint quelques succès sur les
Meghraoua de Sidjilmassa.
A Tlemcen, les Boni Ifrene qui n'étaient pas passés
en Espagne, se réunirent autour des descendants de
Yeddou ben Yala, attaquèrent sans succès les Meghra-
oua de Fez et, avec leur chef Tcmim ben Yala allèrent
s'emparer de Salé et combattre les Bcrghouala. En
Ifrikîa la puissance acquise par Hammad avait di-
minué d'autant celle du gouverneur El Moëzz ben
Badis qui en était réduit à tourner son activité contre
les Boni Khazroun de Tripoli. Ouerrou frère de Felfoul
était mort en 1015; son fils Khalifa mena les Zé-
nètes sur les territoires de Gahès et de Tripoli, péné-
tra dans celle dernière ville et en massacra les habi-
tants Senhadja (1026).
El Moëzz ben Badis avait abandonné la doctrine
chiite pour celle doMalck el poursuivait avec une toile
rigueur les Chiites de Gabès et do Tripoli que la plu*
part avaient cherché un refuge en Sicile el en Orient.
LES IDRISSITES 59
C'ost en vain quo lo khalifo El Hakem tenta de rame-
ner El Moëzz au chiisme ; Khalifa ben Oucrrou do Tri-
poli en profila pour obtenir du khalifo lo titre do
commandant do la Tripolilaino. Hammad mourut en
1028 à la Kalaa; son fils El Kaïd qui lui succéda,
confia les grands commandements à ses frères.
Tandis que les Meghraoua régnaient à Fez dans une
situation prospère et florissante, les Bcni Ifrene me-
naient la guerre contre les Berghouata avec succès et
augmentaient ainsi leur puissanco, si bien qu'ils réus-
sirent, aidés d'autres Zénètes, à mettre le siège devant
Fez. Après un combat acharné où les Meghraoua éprou-
vèrent de grandes pertes, les Boni Ifrene entrèrent
dans la vilto qu'ils saccagèrent (1033). A la suite do
cet échec, Hamama se réfugia à Oudjda. En 1038, il
put reprendre sa capitale sur les Beiii Ifrene qui se re-
trancheront à Chella avec leur chef Tcmim. En 1039,
il pénétra avec une armée zénatienne sur le territoire
des Senhadja ; El Kaïd ayant réussi à semer la désu-
nion parmi ses troupes, Hamama dut signer la paix
et revenir à Fez où il mourut en 1010.
En Sicilo, les emirs kelbites reconnaissaient la su-
prématie du khalife fatimite, mais gouvernaient dans
uno indépendance complète qui leur avait permis do
développer la prospérité do leur territoire et de se li-
vrer à la culture des lottres et des arts. En 1009,
leurs troupes avaient pris Cousen/.a,puis avaient dû,
en 1015, abandonner le siègo do Salcrno devant des
forces chrétiennes rovenant do Tcrro sainte. Yousscf
El Kclhi malade, légua le pouvoir à son fils Djafcr qui
fut investi par lo khalifo fatimite El Hakem. Ali frère
do Djafcr, appuyé par les Berbères, so mit en état de
révolte, mais il fut vaincu et tué et ses partisans ber-
bères expulsés de Sicile Hassan de Baghaïa ministre
de Djafer provoqua par ses abus une révolte générale
60 HISTOIRE DU MAOHREB
qui éclata en 1019; l'émir fut déporté et remplacé
par son frère Ahmed El Akhal.
Le nouveau gouverneur entreprit deux expéditions
en Ilalioqui furent repoussées par les troupes de l'em-
pereur Basile II ; ce succès permit aux Chrétiens do
chasser les Musulmans de la Calabre et leurs troupes
se disposaient à passer en Sicile en 1025, lorsque l'em-
pereur mourut. El Moëzz envoya au secours d'Ahmed
El Akhal une flotte qui so joignit à la sienne pour aller
ravager les côtes do l'Illyrie, des Iles de la Grèce ot
do la Thrace Les Chrétiens prirent leur revanche en
opérant des descentes en Afrique et en pillant la ville
de fiônc Uno révolto ayant éclaté en Sicile, Ahmed El
Akhal signa avec l'empire une paix qui le plaçait sous
la suzeraineté de Bysance Mais les rebelles s'adressè-
rent à El Moëzz et il lour envoya son fils Abdallah
qui resta seul maître do l'Ile, après l'assassinat d'El
Akhal (1036).
C'est un peu avant celte époque, vers 1017, que lo
princo de Salerne ayant appelé les Normands à son
aide, un de leurs chefs aborda en Italie avec ses hom-
mes. Le pape Benoit VIII les encouragea à combattre
les Bysanlins qui se rendaient odieux par leurs exac-
tions, mais il fallut l'intervention de l'empereur al-
lemand Henri II pour que les Normands puissent
triompher des Grecs. Après le départ de l'armée alle-
mande, les Normands s'allièrent à des compatriotes
amenés de Coutances parTancrède de Hauteville cl se
divisèrent au service des princes de Salerne et de
Capoue qui se faisaient la guerre En 1036, uno nom-
breuse armée bysantine s'adjoignit les Normands de
Salerne et passa en Sicile où elle remporta de nom-
breux succès sur les Musulmans. La désunion s'ét&nl
mise alors entre les Chrétiens, les Normands retournè-
rent en Italie et, avec l'aide des habitants, obligèrent
t
LES IDRISSITES 61
les Bysanlins à rontrcr dans leur pays. Mais à leur
tour les Musulmans sont divisés par des dissensions
intestines; Abdallah abandonné, so voit contraint do
rentrer à Kairouan et de laisser la place à son rival
Simsam frèro d'Ahmed El Akhal. Colui-ci réussit à
expulser les Bysantins, mais l'Ile se divise en nom-
breuses petites principautés avec des chefs d'origines
diverses.
En Italie, les Normands so taillent un beau domaine
avec Amalfi comme capitale et Guillaume Bras de fer
(ils de Tancrèdecomme chef. Ce princo mourut en 1046
et son plus jeune frère Robert Guiscard se constitua
un corps de partisans avec lequel, grâce à ses talents,
il remporta de grands avantages.
Irrités de ces succès, les princes italiens se coalisè-
rent contre les Normands do Drogon qui occupaient la
Pouille, les surprirent en 1051 et les massacrèrent.
Les Normands ayant tiré vengeance do celte trahison,
le pape Léon marcha en personne contre eux en 1053.
Les Normands battiront son armée et lo pape, fait pri-
sonnier, consentit par traité à reconnaître aux vain-
queurs la propriété des territoiresqu'ils avaient conquis
dans la Pouille et do ceux qu'ils pourraient y conquérir.
Kn 1050, les Chrétiens unissant leurs efforts réus-
sirent à chasser les Musulmans de Sardaigne, qui
obéissaient à des émirs d'Espagne Dans ce dernier
pays, les Cordouans après avoir déposé Hicham III, se
constitueront en république avec un conseil de nota-
bles dirigé par un membre de la famille des Béni
Djahouar.Sévillc avait adopté lo même régime et obéis-
sait aux Boni Abbad qui, en 1023, avaient chassé les
Berbères du hammoudite Kassem. En 1035, Moham-
med ben Abbad qui personnifiait le parti arabo en face
du parti berbère, avait triomphé do l'idrissite Yahya.
Mais cela ne supprimait pas la puissancedu parti ber-
62 HISTOIRE DU MAGHREB
bèro qui dominait dans tout le midi do l'Espagne;
quant aux Idrissites, ils vivaient à Malaga cl à Tanger
ayant commo vassaux les Zirites Senhadja de Grenade,
les Bcni El Aftas de Badajoz, les chefs de Carmona, de
Moron et do Ronda, tous indépendants.
A la mort de Habbous en 1038, son fils Badis qui
lui succéda à Grenade, était en lutte avec tous ses
voisins et principalement avec ses rivaux les Bcni Ab-
bad do Sévi Ile
Les Slaves dominaient dans l'est de l'Espagne ; l'un
d'enlro eux Zoheïr qui commandait à Alméria cl com-
battait le parti berbère, fut vaincu et lue par Badis en
1038. L'Ommiade Abdelaziz de Valence en profila pour
s'emparer d'Almeria. Tolède était alors aux mains
des BeniDhinnoun et les Arabes Boni Koud avaient Sa-
ragosso. Nombre d'autres chefs de moindre importance,
se partageaient avec ceux-ci les débris de l'empire
fondé en Espagne par les Ommiades.
En Afrique, la rupture étail dovenue complète entre
El Moëzz et son parent Et Kaïd du la Kalaa, qui était
revenu à la doctrine des Fatimites répudiée par son
père El Moëzz vint bloquer la Kalaa, mais dut
se retirer, après avoir signé une trêve avec El
Kaïd (1013).
Depuis longtemps lo gouverneur senhadjien zirito
El Moëzz persécutait les Chiites; mais ce n'est qu'en
1015 qu'il se sépara politiquement et religieusement
des Fatimites, pour proclamer l'autorité du khalife
abbasside et le rétablissement du rite sonnito. Les his-
toriens rapportent que sur le conseil de son vizir, le
khalife fatimite El Moslancer se vengea de Pin fidélité
de son gouverneur en lançant sur le Maghreb les Ara-
bes hilaliens.
Issus do Moder et formés des Boni Ililal cl des
Bcni Soleïm, ces Arabes s'étaient établis, à la chute
i LES IDRISSITES 63
des Ommiades, dans l'Arabie septentrionale où ils
se livraient aux pires brigandages. Après s'être asso-
ciés aux Carmatos, ils les suivirent en Syrie d'où ils
furent transportés dans la hauto Egypte par le kha-
life fatimite El Aziz, vers la fin du xe siècle. Cantonnés
sur la rive droite du Nil, dans un espaco restreint,
les Hilaliens ne vécurent plus que de brigandages et
désolèrent le pays par leurs excès.
A l'époque de la défection politique et religieuse d'El
Moëzz, il y avait près d'un demi-siècle quo le gouver-
nement fatimite cherchait en vain les moyens de met-
tre un frein aux désordres et aux déprédations des
Hilaliens. En leur donnant licence d'envahir l'Ifrikïa,
le khalife, du môme coup en débarrassait l'Egypte
et tirait vengeance de l'infidélité d'El Moëzz. Déjà les
Béni Korra occupaient lo territoire voisin de Barka et
les autros tribus se prêtèrent d'autant mieux au désir
du khalife que Mouncs ben Yahya des Riah avait été
désigné par lui comme gouverneur de Kairouan, Has-
san ben Scrhane de la même tribu comme gouverneur
do Constanlino et quo les Zoghba avaient obtenu le
territoire de Tripoli et do Gabès. On trouve entre les
différentes évaluations de cette population proposées
par les auteurs, des écarts considérables allant de
200.000 à un million de personnes; les éléments de
précision manquent, mais il est probable que la vérité
doit so trouver entre ces deux extrêmes.
Les Houara et les Louata laissèrent passer l'inva-
sion hilalienno et quand elle fut aux limites de sa pro-
vince, El Moëzz conclut avec Mouncs chef des Riah,
un traité d'alliance scellé par le mariage do celui-ci
avec une fille du prince senhadjien et qui ouvrait l'ac-
cès de la Tunisie aux Arabes. Tous les Riah suivis des
Zoghba cl Djochem envahirent et saccagèrent le sud
do la Tunisie où ils se maintinrent, tandis quo les Ma-
64 HISTOIRE DU MAGHREB
kil et Athbedj se dirigeaient vers l'Ouest par le sud du
mont Aurès. A l'arriére se trouvaient les Soleîm qui
élurent domicile sur le tcrritoiro de Barka et de la
Tripolitaine
El Moëzz ne pouvant obtenir l'exécution du traité
signé avec l'émir des Riah, résolut de combattre les
Arabes et obtint l'aide du hammadite El Kaïd et d'El
Montassar de Tripoli. Ayant ainsi réuni 30.000 hom-
mes, il marcha contre les envahisseurs réunis sur le
plateau de Haïdarane près do Gabès. La lutte fut
acharnée de part et d'autre, mais les Arabes de Kai-
rouan ayant lâché pied pour se ranger du côté des
Hilaliens, les Zénètes de Tripoli abandonnèrent le
combat que les Senhadja supportèrent seuls. Ils se
firent décimer et El Moëzz dut se retirer entouré de
sa seule garde noire (1053).
Après ce succès, les Arabes dévastèrent tout le nord
de la Tunisie, chassant les Berbères qui se retiraient
dans les montagneset Mounes vint assiéger Kairouan.
El Moëzz ne pouvant soutenir la défense de sa capitale,
fut contraint de l'évacuer et se réfugia avec ses trou-
pes à Mehdia. Après son départ, Kairouan fut pillée et
saccagée par les Hilaliens. De son côté, El Montassar
ben Khazroun après avoir lutté sans succès, signa
avec les Arabes un accord qui ne lui laissait que
Tripoli et sa banlieue.
A cette époque le royaume des Hammadites compre-
nait le Zab avec Biskra comme chef lieu, les villes de
Tobna, Msila, Constantine, Alger et les contrées ma-
ritimes jusqu'au méridien de Tiaret. El Kaïd était
mort en 1054 et avait eu pour successeur son neveu
Bologguine qui, dans la lutte contre les Arabes, mon-
tra quelque valeur. Alliés aux Béni Yala de Tlemcen,
les Zénètes Ouassino luttèrent do leur côté contre les,
envahisseurs, mais ils furent refoulés vers l'Ouest et
LES IDRISSITES 65
ne purent empêcher les Athbedj d'occuper le Zab et les
Makil les hauts-plateaux.
L'élément arabe, antérieurement à l'invasion hila-
lienne, ne s'était présenté en Bcrbèrie qu'à l'état de
force militaire ayant en vue la conquête du sol et la
conversion de ses habitants à l'islam. Ces Arabes de la
conquête étaient des guerriers en nombre infime com-
parativement à celui des populations autochtones et,
au surplus, ils s'étaient répartis sur toute la surface
du Maghreb ot de l'Espagne pour y exercer le com-
mandement. Eux et leurs partisans indigènes ne pou-
vaient avoir, par suite, qu'une influence éloignée
sur les masses profondes du peuple berbère.
Les Hilaliens au contraire, constituent une branche
notable de la race arabe qui, avec tous ses éléments
de vie sociale, s'implante en Afrique septentrionale,
y déplace ses campements parmi les habitants des
campagnes ouvertes et ne s'arrête qu'au pied des mon-
tagnes inaccessibles où la race berbère a, depuis des
siècles, accroché son foyer et maintenu son autonomie.
Le flot hilalien se trouva fixé définitivement lorsque
le gros des tribus eut atteint le méridien d'Alger.
Quelques rameaux détachés s'avancèrent vers le
Sahara occidental à travers les déserts du sud qui ne
leur opposaient aucune barrière et, plus au nord, ils
occupèrent le djebel Rached. L'élan des Arabes semble
alors paralysé, soit par la résistance qu'ont opposée les
Berbères zénètes et les princes hammadites, soit par
le fractionnement des tribus depuis l'entrée en Ifrikïa
ou par le mouvement qui portait les Almoravides en
sens contraire, du Maghreb extrême vers le Maghreb
central, soit enfin par toutes ces causes réunies. Dès
lors, c'est par une lente infiltration que se poursuivra
l'expansion des Hilaliens en Bcrbèrie
Les Arabes de l'invasion n'apportaient avec eux ni
6
66 HISTOIRE DU MAGHREB
sens politiquo, ni osprit national ; leurs tribus, sans
cohésion, étaient toujours animées de cette passion
pour l'intrigue et le pillage par laquelle elles s'étaient
signalées au cours de leur exode de l'Arabie en Syrie
avec les sectaires Carmates et qui avait motivé leur
déportation par mesure politique, dans la vallée du
Nil d'abord et enfin on Libye. En effet, ils se divisent
au service des partis berbères en lutte les uns contre
les autres, épousent toutes les querelles et dispersent
leurs forces. Mais celte dispersion même les mêle aux
familles indigènes au milieu desquelles elles apportent
l'influence de leur languo, de leur religion et de leurs
moeurs. Sur quelques points où les Indigènes demeu-
rent prépondérants par lo nombre, quelques familles
arabes se berbérisent, mais, en général, principale-
ment danz les plaines do la Tripolitaino, de PIfrikïa
et du Maghreb central, la pénétration des Hilaliens
et leur contact font qu'un grand nombre do tribus
berbères s'arabisent entièrement.
Dans certains cas, il y eut juxtaposition des deux
races; c'est ainsi que les Berbères de l'Atlas et du
Sahara conservèrent, avec leur autonomie, leur lan-
gue et leurs vieilles coutumes, tandis que leurs voi-
sins Arabes les plus immédiats ne pouvant les entamer
par le nombre ni par la force, gardèrent également
leur unité.
Les premières tribus hilaliennes qui franchirent les
limites du Maghreb extrême, y furent transportées
vers 1188 par le sultan almohade Abou Yakoub Youssef
El Mansour afin d'en purger la parlio orientale de son
immense empire où elles entretenaient des troubles
graves et pour les utiliser dans les guerres d'Espagne;
puis, ce furent, dans les commencements du xiit* siè-
cle, les Zénètes Béni Abdelouad qui amenèrent leurs
alliés Zoghba de la vallée du Chélif dans l'est et le
LES IDUSSITES 67
sud do Tlemcen, sur des territoires concédés par les
Almohades à ces Zénètes, en récompense de leurs
services. Quand les Abdelouadites devinrent plus tard
maîtres de Tlemcen, leur alliés hilaliens atteignirent
les bords de la Molouïa. Enfin, vers 1677-78, le sultan
(Malien Moulay Ismaïl qui s'était allié par le mariage
à des Arabes Makil du Sahara, en amena du Sous
jusqu'à Marrakech et Fez, tandis qu'il en transportait
d'autres des frontières du Maghreb central dans l'in-
térieur du pays, pour en constituer uno force militaire
ou guich à opposer aux Berbères de l'Atlas.
Les causes politiques et militaires de ce déplace-
ment systématique des Arabes hilaliens et do leur ré-
partition dans certaines plaines du Maroc où on les
retrouve encore avec leurs anciens noms, expliquent
pourquoi la race berbère s'est conservée ici plus com-
pacte et plus homogèno que dans le reste de l'Afrique
septentrionale.

Principales tribus arabes lUtaliennes.

Béni Hllal

lo ATHIEDJ. — Doreîd. 2« Diocueu. — Kblot.


Garfa. Sofiane.
Amour. Béni Djaber.
Mehaïa. Hareth.
Melarfa. Oulad Mothft.
Ilanancha. 3« RIAH. — Douaouida.
Oclad Djerir. Menakcha.
Oulad Djelal. Amer.
Braz. Mekhadma.
68 HISTOIRE DU MAGHREB

Benl Hllal (suite)

4° MAKIL. — Taaltja. ZOOHBA.


— Djoutha.
Bout Obeïd Allab. Hassassna.
Djaouna. Habra.
Ghossct. Attaf.
Rokaïlal, Khacbna.
• Doui Hassane. Bcni Moussa.
Clifibanatte. Djouab.
Hosseïne. *
Hamïane.
Ahlaf. Djendcl.
5* ZOOHBA. — Souetd. Amer.
Flilta. Sahari.
Sobeîb. Doui Ziane.
Oulad Mimoun. Beni-Naîl.
Medjalier.

Soloïm

|e DEUHAD.
— Hemartia. 2» OULAD AOLT. — Kaoub.
Mhamid. Mohelhel.
Hariz. Oulad Bcllil.
Troud.
Adouane.

Liste chronologique des gouverneurs aghtabites '.

Ibrahim ben El Airhlcb 860


Aboul Abbas Abdallah I" 812
Zi.idct Allah l«r 817

I. D'il pi*'* E. Mercier. Histoire de l'Afrique septentrionatê. Paris,


K. Leroux, t. L p. 315, et Ibn Khaldoun, Hitt. des Berbères, vol. I,
appendice II, p. 313 et s.
.,
LES IDRISSITES 69
Abou Eïkal El Aghleb 838
Aboul Abbas Mohammed 811
Abou Ibrahim Ahmed 856
Ziadet Allah II A 863
. . . .
Aboul Gharanik (Mohammed) 861
Ibrahim II ben Ahmed 875
Aboul Abbas Abdallah II 902
Ziadet Allah III 903
Chute de Ziadet Allah III 909

Liste chronologiquedes Fatimites d'Afrique '.

DaU d« l'tTlotmen!,
Obeïd Allah lo 'Mehdi janvier 910
Aboul Kassem El Kaïm mars 931
Ismaïl El Mansour mai 916
El Moëzz Maad mars 953
Il so transporte en Egypte décembre 972
. . .

Liste chronologique des premiers souverains


du Maghreb extrême 1.

Idris ben Abdallah ben Hassan ben El Hassan. 788-798


Idris ben Idris 803-828
Mohammed ben Idris * 828-8:15
Ali ben Mohammed ben Idris, dit llaïdara 4, 835-818

1. D'après E. Mercier, loc. cit., 1.1, p. 370.


». Etablie d'après lo Raoud el Kirtas d'Abdel Ilalim. le Kllabel
istiqca d'Ennacirl et Ibn Khaldoun, toe. cit., vol. I. Introd. p. xxv
et IXVI.
3. Etait comme son père Issu d'une mère berbère des Nefta.
4. Issu d'une mère arabe et surnomme HaTdara comme AU bett
Abou Taleb; il est l'ancêtre des chérifa du Djebel El Atam ou
70 HISTOIRE DU MAGHREB
Yahya I" ben Mohammed ben Idris
Yahya II ben Yahya ben Mohammed
....
...
848- ?
? - ? '
Ali ben Omar bon Idris ? - ?
Yahya III ben*El Kassem ben Idris, dit
El Aouam et El Djovthy ' 880-904
Yahya IV ben Idris ben Omar ben Idris 904-921
El Hassan ben Mohammed ben El Kassem . .
ben Idris, dit El Haddjam 922-924

PRINCES MIKAASSIENS DB FEZ.

Moussa ben Abilâfia 925-939


Ibrahim ben Moussa 939-961
Abdallah ben Ibrahim 961-970
Mohammed ben Abdallah 970-973
El Kassem ben Mohammed 973- ?

PRINCES IDRISSITES DU RIFP *.

El Kassem ben Mohammed ben El Kassom,


dit Guennoun ? -949
Aboul Aïche Ahmed ben El Kassem, dit El
Fadhel 950-954
El Hassan ben Guonnoun 960, il abdique en -974
reprend le pouvoir, 983, meurt en. * -985

Alamlyne, c'est-à-dire des enfants de Sid Abdesselam ben Mecbi-


ehe el des ehérifs d'Ouazzane; ces derniers remontent k Yemlah
ben Meehlehe frère de Sid Abdesselam.
f. Ancêtre des ehérifs de Djoutha (village sur le 8ebou) on
ehérifs djouthtyne de Fez.
i, Qaand les cbérifs Idrissites perdirent le pouvoir temporel.
Ils s'établirent chez lus Berbères qui reconnaissaient leur pouvoir
spirituel. De leur descendance sont sortis : Moulay Abdesselam
ben Mechicho le grand saint du djebel El Alam, Sidl Yemlah an-
cêtre des ehérifs d'Ouazzane, El Hafidh El Imrany des Imranyine
de Fez et Aboul Hassan Ghadell fondateurdu Chadelitme. C'est pair
eux que se répandit le mysticisme ou soufisme apporté d'Orient par
LES IDRISSITES 71

EMIRS MEGHRAOUA ALLIÉS DES OMMIADES.


Ziri ben Atia à Fez
à Oudjda qu'il
.........
fonde
. 991- 994
994-998
El Moëzz fils do Ziri 1002-1026
Hamama à Fez (1" fois) 1026-1033
l'émir Terni m des Béni Ifreno à Fez. . 1033-1038
.
Hamama (2e fois) 1038-1010
Dounas ben Hamama 1040-1060
El Fetouh ben Dounas ' 1060-1064
Les Almoravides à Fez 1064

Liste chronologique des Khalifes d'Espagne.

Abderrahmane I" Ibn Moaouïa ben Hi-


cham. . 756- 788
Hicham Ier.. 788- 796
El Hakom I" 796- 822
Abderrahmane II El Mansour 822- 852
Mohammed ben Abderrahmane.
Mondhir ben Mohammed
.... 852- 886
886- 888
Abdallah ben Mohammed 888- 912
Abderrahmane III Ennasser 912- 961
El Hakem II 961- 976
Hicham II 976-1608
Mohammed El Mehdi 1008-1010
Hicham III 10101013
Solcïmane El Mostain Billah 1013-1016

Cheikh Choalb Abou Medicne de Hôville, enterré à Tlemcen, qui


avait étudié les doctrines d'Aboul Kassem Et DjoneTdi arec Sidi
Abdetkader El Djilany de Baghdad. V. G. Salmon. Archives maro-
caine*, vol. L p. 425 et s. et If, p. 3 et s.
I. Construisit la porte de Fez qui a conservé son nom.
ANNEXE AU CHAPITRE I
Tableau synehroniqnedes faits principaux depuis la fondation de 1* dynastie Idrissite»
jusqu'à l'avènement des Fatimites.

DATES MAGHREB EXTRÊME MAGHREB CENTRAL IFRIEIA ESPAGNE ILES DE LA. MEDITERRANEE ORIENT

«87-Soi Idris ben Abdallah Idris enlevé Tlera- Ibrahim El-Agh- Abderrahnin ne
fugitif d'Arabie cen aux Kharedjites leb fond© «a c>« meurttllsà Cordoue.
s*i;>*t»lle à Oulili. Béni Ifrene. pitale de K*ar El «on Hicham
Kediin («01). lui succède.
803-820 Idris Il ost iro* Idris 11 reçoit la *ou Révolte du Rlbadb
clamé par les Ber- mission des Béni de Cordoue (S14-
bercs; il foude Fez Ifrene de Tlemcen SI?),
on $08. et des Meghraou<
de Mascara.
S28-83t Mort d'Idris il. par- LosarraéesdeZia . Conquête de la Sicile (831).
tage de l'Empire*n- det Allah s'em-
tre ses tlls; il n'y a parent de la Si-
plus comme Khared- cile. Embellisse*
jite* que los Mlk- ment d>- Kai*
na»s.t de la Mou- rouan (838).
louya et de Sidjil-
massa.
J849 L'IdriMiteYihyaben Sou» Abderrah- Les Musulmans do Sicile
Ali embellit" Foi; roano II. la paix est appela par le» Chrétiens
conatructioi de la rétablie ; son règne do Naples entrent «a Italie
mosquée lies Kara- est des plus bril- et tentent le siège de
oullne. lanta. Rome (849).

I
860 Les Normands rava-
gent les eûtes d'Es*
v pag. >^et du Magh-
reb W^.riétruisenl
Nokour.
{869*870 Prise de Malte parles Mu- Ahmed ben Ton*
sulmana (869-870). loua te rend in*
dépendait en
Egypte.
_
878-880 AbdenvzzafcKhared* Prise de Svracuse par les
jite d'Espagne sou- Musulmans (878.)
teveles.Uediou&aet
entre à Fez. Yahya.
llU-:e Kassem U bat
et s'vmpare du pou*
voir.
890- 94 Yahya ben Idris ben Abou Abdallah en- Devant les pro- Omar ben Ilafsoun
Omar règne a Fez. vo.vé de l'Imam des grès des Chiite» combat le khalife
Chiites proche le» lo Gouverneur Mondhir; l'em-
Ketama. Ibrahim ae pire ommiade s»dl-
transporte à Tu. vise entre princes
i nis (894). berbères et espa-
gnols.
'•Ho Les Rostcmides chas* Le Mehdi Obeïd* Le Mehdi est proclamé
ses >i« Tiaret par le Allah fond* a en Sicile ainsi que la doc*
Mehdi ae réfugient Raccada le Kha* trine fatimite.
dans l'Oued Righ et llfat des Fati-
l* M'zab. mites.
91- ...*. Messala ben Habbous Abderrahmane III
1<»miknasaiea gou* rétablit l'unité om-
verne Tiaret pour miade avec le con-
I
les Fatimites. cours des Berbères
I de Tanger.
ANNEXE AU CHAPITRE I (suite)

IFRIttA ESPAGNE ILES DE LA MEDITERRANEE ORIENT


DATES MAGHREB EXTREME MAGHREB CENTRAL

»2ô- 26 Messala coutraint ibn Khazer chef des Obeïd Allahfonde Le khalife s'allie aux
Pidrisslte Yahya Meghraoua et s'y Béni Khazer enne-
en ré* Mehdia (926).
les Fa* établit
bea Idris à la sou* volte contreMessala mis des Fatimites
mission au Mehdi. tlmites bat et enlève MeUlla
Moussa bon Abilâfia et commando jus- (926).
gouverne an nom qu'à la Molouïa, se*
ues Fatimites. parant les Miknassa
de Tiaret de ceux
de Fez.
kharedjite Le khalife enlève El Ikhchid érlg<
»31- 47 Bea Abliafla aban-Los Miknassa de Tia-Le en Egypte un<
abandonne les Fati* ret fidèles aux Fat! Abou Yaxid com- Ceuta aux Idrissites. vice-royauté in
mites et s'allie aux mites (931). Le sen- bat les Fatimi*
dépendante,
Ommiades. Fonda* hadjien Ziri ben tes. Mort du
tton de Mekaès. Mennad allié des Mehdi (934).
Les Fatimites oecn* Fatimites fonde Abou Yazid as-
Mehdia et
pent Fez et déta- Achir. siège
chent les Idrissites meurt de ses
des Ommiades. blessures (947).

950> 52 L'idrlsslte Aboul Aï* Les Béni Ifrene d'If-


Les Fatimites rétablissent
che et les siens pas* kane et les Megb* leur autorité en Sicile et
sent aux Ommiades raoua de Tiaret pas* signent une trêve avec
qui font occuper sent aux Ommiades. l'empereur de Bysance
1 (952).
Fez.

954- 59 Le général fatimite L'émir Ibn Khazer


Djouher et Ziri ben dea Meghraoua re*
Mennad reprennent tourne aux Fatlmi-
Fez et Sidjilmassa tes.
et soumettent les
Idrissites du RIS
(959).
967- 71 Zlrt ben Mennad bat Djouher rétablit la Le khalife El Diouher rinéral
les révoltés Benl paix entre Senhadja Moëzz signe la d'El Moezz entre
IfreneetMeghraoua et Meghraoua (968). paix aveo l'em- auaireetfonds
*\.w«™ÎL1?™ p?r#ur «Ph0CM l'Universitéd'El
rite fattmite (970). et envoie une Azhar (969).
{ '
Il est tué par Djafer arméeen Egypte
ben Hamdoun; aon (967).
fils Bologguine
chasse les révoltés
Zenata et soumet
ridrusite du Riff
Hassan ben Guen*
noua (971).
>7S- 75 HaesenbenGuennoun Le khalife il- Les Carmatei
prennent
assiégé a Hadjar En* MoSzz donne.le Da*
nesserse rend aux commandement mas; u khslifs
Ommiades; il est de l'Ifrikïa.* Bo- El Moezz se
transporté en Es- logguine fils de transporte an
pa«n«. Ztrt bea Men- Caire et y
*
meurt
nad. «Q 972,

>79-984 Bologguines'empare Mansour fils de Bo- Le vizir El Mansour L'emir de Sicile Djaber est
4* *•« et poursuit logguine doaae Tia- envole une armée a investi par le khalife El
les Meghraoua 4 ret*son oncleAboul Cents contre Bolog- Azlz (982).
Ceuta; sa mort(984). Bahar. Achir son
frère Itoueft.
i guine qui s'éloigne,
ANNEXE AU CHAPITRE ï (suite)
.

DATES MAGHREB EXTRÊME MAGHREB CENTRAL IFRIKIA ESPAGNE ILES DE LA MEDITERRANEE ORIENT

985 H.is«an Selmi gou* Zii'il.ea'.vtia recoud


verne Fez ;.our les le Maghreb central
ommiades et s'allie a. Aboul Bahar et
A Ziri beu A tia gouverne les deux
des Meghraoua. .Maghreb au nom
des Ommiades.
991 Ziri bat Yeddou des Aboul B «har allié de
Béai Ifrene et In Ziri reçoit des Om-
reprend Fez. il in Jades le comman-
fonde Oudjda (994) dément du Maghreb
central qu'il vient
d'enlever (991).
996*98 Abdelmalek fils du Ziri guéri de ses Le sehnadjien El La mèrede Hicham II Le khalife fatl>
vizir El Mansour blessures bat les Mansour meurt entraîne Ziri dm» mite El Aziz
bat Ziri et devient senhadjiens et ob* a Kairouan ; son une révolte coutr<- meurt, son fil»
gouverneur du tient son pardon fils uadis lui suc* le vizir El Mansour ; El Hakem lui
Maghreb (998). >!«s Ommiades. cède et donne celui-ci triomphe. succède.
des commande-
ments à ses on-
cles Itoueft et
Hammad.
1001- 2 Le vizir Abdelmalek Ziri meurt au siège Mort d'El Mansour. Haute culture des émirs
donne le gouverna* d'Achir; son fils El son fils Abdelmal>k kelbltes do Sicile; ils re-
nient du Mighreb Moezz lui succedo; lui succède (1002). connaissent le khalife fa*
extrême a El Moezz Hammad fonde la tlmlte.
fils de Ziri. Kalaa.
1Û.3-J4 Hammad indépen- Ouerrou est chef Soleïmane El Mos*
I * daiit a la Kalaa pro- du royaume taïn détrône Ni*
clame les Abbassi- Moghraouieu de eham II a Cordoue.
des (1014). Tripoli.

.016-17 Mort d'El Moëzz fils Mort du senhad* L'idrissite AU be» Le prince de Salerne ap-
de Ziri, Hamama jioa Badis, son Hammoud est pro- pelle les Normands qui
son successeur bal fila El Moezz lui clamé a Cordoue. < triomphent des Bysantins.
las Meghraoua de succède. La Sicile se divise en pe*
Sidjumassa. tites principautés.
1026 Hammad meurt en El Moezz perté* Hicham III détrône
1028; son 111s El Kaïd oute les Chiites, l'idrissite; il est
lut succède, déposé & son tour,
Cordoue et Se ville
s'érigent en répu-
bliques.
1033-45 Luttes entre Ha- El Moëzz gouver Le khalife Fatl*
marna et Témim neur «enhadjien mite El Mostan*
l'ifrenite; celui-ci répudie politi*
, cer se venge de
battu se retranche quement ot reli- la défection d'E
& Chella. Hamama gieusement les Moëzzen lanoan
meurt & Fezen 1040. Fatimites.en fa- les Arabes Hila
veur des Abbas- liens sur l'Ifrl
aides (1045). kïa.
1050 Les Musulmans sont chas-
sés de Sardaigue.
1053 Le gouverneur El
Moëzz est battu
à Haïdarane par
les Hilaliens qui
enlèvent Kai*
rouan.
CHAPITRE II

les Almorarides.

Les Almoravldea (xt« siècle); Youssef ben Tachefine. — Conquête


de l'Espagne. — Désagrégation de l'empire des Almoravldes. —
Apparition d'Ibn Tourner!; il (onde l'empire almohade.

Aux extrémités du Sahara vivait» dans le pays qui


avoisine les grands fleuves Niger et Sénégal, une
branche de la famille berbère des Senhadja chez qui
le pouvoir était exercé par la tribu des Lemtouna.
Ces farouches habitants du désert avaient accepté
l'islam depuis deux siècles, mais ignoraient presque
tout do leurs obligations religieuses. Un chetkh des
Lemtouna, Yahya ben Ibrahim» revenant du pèleri-
nage de la Mecque vers 1049* demanda à un savant
docteur malekite de Kairouan nommé Abou Amrane
El Fassi, de lui désigner un de ses disciples pour ins-
truire les Berbères sahariens. Il l'adressa à Ouaggag
des Lamta habitant Sidjilmassa et celui-ci lui donna
un de ses élèves des Guezzoula nommé Abdallah Ibn
Yassine pour l'accompagner.
Ibn Yassine se mit à prêcher les Lemtouna, mais se
heurta à une telle résistance qu'il se retira dans un
ilôt du Sénégal où il fonda, avec quelques adhérents,
un ribat, c'est-à-dire une forteresse occupée par des
guerriers qui se donnent pour mission la défense et la
propagation de la foi. Malgré la rigueur extrême des
80 IIISTOIRK DU MAGHREB
obligations qu'il imposait, Ibn Yassine vit grossir lo
nombre do ses adeptes et la doctrine malékito se ré-
pandit chez les Lemtouna. IcsGuedala elles Messoufa.
Le nom d'Atmorabitine lour fut donné du ribat fondé
par leur chef et c'est de ce nom quo les Espagnols ont
fait Almoravides.
Yers 1053. les Lamta s'étant joints h ces tribus,
les Almoravides partiront sous la direction d'Ibu Yas
sine et du cheïkh des Lemtouna Yahya ben Omar, Y ers
le nord où ils conquirent la valléo de l'oued Dra.
Leurs premiers succès attireront à oux do nouveaux
adeptes et les habitants do Sidjilmassa les appelèrent
pour les délivrer des exactions des Meghraoua Béni
Ouanoudino. Messaoud bon Ouanoudiho fut battu et tué
et les chofs do l'expédition ayant massacré les Me-
ghraoua et laissé des gouvornours almoravides a Sid-
jilmassa et au Dra, revinront au Sahara chargés du
butin. Ils allèront ensuito faire la guerre sainto chez
les noirs où ils atteignirent la ville d'Aoudaghost.
Yahya ben Omar étant mort en 1056, Ibn Yassino
le remplaça par son frèro Abou Bekr bon Omar et les
Almoravides marchèrent do nouveau vers lo nord aveu
le Sous et les Masmouda do l'Atlas, commo objectif.
Ils s'emparèrent des villes de Massât et do Taroudant,
entrèrent dans Aghmat et en tuèrent le chof dont la
veuve Zcïncb fut épouséo par Abou Bekr (1059). Ils
s'avancèrent ensuito vors lo Haut Atlas, soumirent
les Masmouda, onlovèrent aux Boni Ifreno la provinco
de Tadla et occupèrent le Tamesna. Us se trouvèrent
alors en contact avec los Bcrghouata héréliquos à qui
leur prophète Salah avait donné un coran borbère et
quo commandait un do ses descendants nommé
Abou Ilafs Omar. Blossé & mort dans uno sanglante
rencontre avec ces Berghouala- Ibn Yassino eut le
temps do faire ses dernières recommandations aux.
LES ALMORAVIDES 81
cheikhs qui l'enterrèrent à l'endroit dit Korifla (1059).
Les Almoravides attaqueront do nouveau les Ber-
ghouala, los battirent, tuèrent lour chef, les poursui-
virent et ruinèrent entièrement leur puissance. Ces
nouvoaux succès ayant attiré dans leurs rangs un
grand nombre >io Masmouda, ils s'emparèrent du
Fazaz et massacrèrent les Béni Ifreno qui l'occupaient.
Abou Bekr rappolé au Sahara par un gravo conflit
ontro Messoufa et Lemtouna, laissa à son cousin
Youssef bon Tachefine le commandement des Almora-
vidos. 11 répudia Zoïneb et il fut convenu qu'ello se
romariorait avec Youssef (1061).
L'invasion arabe qui avait ruiné la puissance des
Zirites, avait permis au hammadite Bologguine de
consolider la sienno. A la nouvello des succès remportés
par los Almoravides, co princo partit en 1002 avec
uno arméo fmportanto et alla s'emparer de Foz quo
les descendants do Ziri bon Atïa n'avaiont plus la force
de défendre Au rotour il fut assassiné par son cousin
Ennasser ben Alonnas qui so fit proclamer à sa place
ot donna à ses fils et & ses frères lo commandoment
do Gonstantino, Nogaous, Hamza, Achir, Alger et Mi*
liana. Dans la mémo annéo, 1062, Kl Moëzz était mort
& Mehdia et avait eu pour successeur son fils Temim.
Aussitôt la province do Kastilia où les Béni Rend
étaient devonus indépendants fit acte do soumission à
Ennassor ot fut imitée par la ville de Tunis; do leur
côté, les Arabes Athbedj qui allaient onlrer en lutte
avec les Riah et Zoghba, lui demandèrent son appui*
En Espagno, El Moladhad, roi do Séville, avait
réussi à étendre les frontières de ses Etats et préten-
dait réunir dans ses mains le commandement de l'Es-
pagno musulmane, en vertu d'un prétendu testament
du dernier khalifo lui léguant ses droits ; dans ce but
il songoait à s'emparer do Gordoue. De son côté, Fer-
6
8» HISTOIRE DU MAGHRKIÏ
dinand 1", roi de Castillo et do Léon avait soumis les
Musulmans de Badajoz, doSaragosso et de Tolèdo dont
les princes s'étaiont déclarés sos vassaux. G'ost alors
que Robert Guiscard et son frèro Roger remportèrent en
Sicilo des succès éclatants sur les Musulmans affaiblis
par des luîtes intestines (1062).
Youssefbon Tachefino devonu lo chef des Almoravides
fonda la ville de Marrakech sur lo Tensift et organisa
uno nombreuse arméo dans laquollo entreront des
Berbères Guozzoula, Masmouda et Zenata. A lour tête,
il marcha sur Fez, battant sur sa route des Zouagha,
Lemaïa, Louata, Sadina, Sedrata, Maghila, Behloula
et Mediouna qui voulaient s'opposer à son passage.
Après s'être omparé do Fez ot y avoir laissé uno gar-
nison, il alla enlever aux partisans des Boni Ouanou-
dine de Sidjilmassa les places qu'ils possédaient dans
la vallée de la Molouïa. Marchant onsuite contre los
Ghomra du Riff où commandaient los Idrissites-Ham-
moudites, Youssef poursuivit sos succès et entreprit le
siège do la principalo forlcresso du Fazaz, puis alla
s'emparerdu territoire des Fcndelaouaot Hergha (1064).
Dans lo même tomps, la garnison almoravide de Fez
avait été maEsacréo ot les Meghraoua complètement
reconstitués sous le commandement do Kassom des-
cendant de Moussa bon Abilâfia, battirent les Almo-
ravides sur l'Oued Salir près do Foz. En 1068, Youssof
après avoir envahi uno seconde fois lo Riff, revint
devant Fez où il remporta un grand succès sur les
Meghraoua et Miknassa de Kassom. Il en profita pour
s'établir solidement dans la ville et soumettre diffé-
rentes régions du Maghreb qui reconnurent toutes
son autorité, sauf Tanger et Geuta.
A la faveur des rivalités qui divisaient les Zirites et
les Hammaditcs, les tribus hilaliennes continuaient
leur expansion vers l'ouest ; elles occupaient toute la
LES ALMORAVIDES 89
Ï
région dos Ziban et les Amer du groupe Athbedj
avaient atteint le mont Rached qui a gardé lour nom
de Djebel Amour. Ennasser accordant son appui aux
autres tribus Athbedj contro les Riah et les Zoghba,
marcha contro ceux-ci avec des Senhadja et des Ze-
nata et il se disposait & les attaquer près do Sebiba,
lorsque les agissements de Temim déterminèrent
les Meghraoua à lâcher pied ; l'armée d'Eonasser fut
mise en complèto dérouto et ce prince dut se réfugier
à Gonstantine (1065). Temim roprit Sfax et Sousse
puis, avec los Zoghba, attaqua Ibn Khorassane qui
commandait à Tunis pour Ennasser et s'empara de
la ville. Les Arabos hilaliens purent alors envahir
l'empiro hammadito, mais leurs luttes intestinos ag-
gravèrent l'anarchie qui dovint générale, lorsque les
Berbères se joignirent à eux pour piller et dévas-
ter le pays. G'est ainsi quo sos provinces méridiona-
les ayant été envahies, Ennasser résolut de quitter la
Kalaa ot en 1067 il s'empara de la montagno des Ber-
bères Bcdjaïa où il fonda sur l'emplacement do la
Salda) romaine uno capitalo appoléo aujourd'hui Bou-
gie.
A celte époque los Zoghba chassés do Tunisie par
les Riah ont refoulé les Athbedj et les Makil et pris
leur placodans les hautsplateauxjusqu'au montRached
d'où los Makil détachent uno de leurs branches, les
Taalba qui atteignent Lemdïa (Médéa). L'élément arabe
est alors mattre des hauts plateauxjusqu'au méridien'
do Tiaret.
En Sicile, Roger continuait de lutter avec succès
contre les Musulmans désunis, lorsque Temim envoya
à ceux-ci des secours commandés par ses deux fils
Ayoub et Ali. Malgré cela Roger les obligea à lever
le siège de Trajana et alla lui-mêmeassiéger Palerme
qu'Ayoub défendit avec habileté. Biais abandonné
84 HISTOIRE DU MAGHREB
des habitants eux-mêmes, Ayoub retourna on Afrique
avec ses partisans (1068). Roger en profita et, pendant
trois annéos, porta les plus rudes coups aux centros
do la résistance musulmane. En 1071, les doux frères
Robert et Rogor s'emparèrent do Bari la dornièro placo
des Bysantins, puis allèrent assiéger Palermo. Les Mu-
sulmans y résistèrent énergiquement et Temim leur
envoya uno flotte qui fut battue et disperséo par la
flotte chrétienne. Go n'ost qu'après <uatre mois do
siège quo les Normands pénétreront dans la place,
gr&ce à la trahison do mercenaires chrétiens qui
avaient la garde d'uno des forteresses. Les Musulmans
manquant de vivres, acceptèrent uno capitulation ho-
norable offerte par lo duc Robert (1072). Pendant
que celui-ci poursuit en Italio et en Grèce dos projets
do conquête, son frèro Roger chercho h étendre son
autorité en Sicile : il prend Trapani en 1076, Taor-
mina en 1078 et Syracuso on 1086. Enfin en 1087,
les Normands enlevèrent Girgonti où régnait uno
branche des Idrfosites-Hammouditos et en 1091, toute
l'Ile appartenait & Rogor.
C'est vers cetto époque, on 1087, quo dos Italiens
dePise, de Gênes et d'Amalfi allèrent attaquer Mehdia
qui était devenue un ropairo do pirates. Malgré les
efforts de ses défenseurs, les alliés chrétiens s'empa-
rèrent de la villo la miront au pillage et obligèrent
Tomim à acceptor un traité aux termos duquol il paie-
rait une forte rançon, remettrait les prisonniers
chrétions en liberté, accorderait aux alliés des avan-
tages commerciaux et s'ongagerait à faire respecter
leurs vaisseaux par les corsaires.
Ferdinand Ier roi do Léon et de Gastille, après avoir
soumis plusieurs rois musulmans, s'attaqua au plus
puissant do tous, au seigneur do Séville El Motadhad
ben Abbad. II lui infligea une défaite et le princo
LES ALMORAVIDES 85
t
musulman lui fit hommage de soumission (1063).
En 1068 Ferdinand mourut ot quolques mois après,
en 1069, El Moladhad mourait à son tour. Son succes-
seur El Motamid réussit à rangor Cordoue dans son
royaumo, mais continua à payor lo tribut au nouveau
roi Alphonse YI dont il redoutait le caractèro énor-
giquo et ontrepronant. Ce prince, en effet, ayant réuni
à ses provincos celles do sos frèros Sancho et Garcia,
prit lo titre d'emporeur et, non content d'exorcor sa
suzeraineté sur nombro do petits royaumes arabes,
prétendait conquérir touto l'Espagne musulmane. En
1085 il entra à Tolède en se proclamant lo souverain
« des hommes dos doux religions » ot mit lo siège de-
vant Saragosse pendant quo sos troupes se livraient à
des incursions sur le territoiro d'Almeria et de Gre-
nade
El Motamid, décidé à appeler les Almoravides en
Espagne, convoqua les envoyés do Grenade et de Ba-
dajoz et les fit partir pour l'Afriquo avec ceux do Sé-
ville et de Cordoue. Youssef ben Tachefine sollicité
d'intorvonir, sous conditions de laisser leurs royau-
mes aux princes musulmans d'Andalousie, oxigea, en-
tre autres avantages, la cession d'Algésiras. Devant
l'indécision des députés espagnols, il tergiversa, dé-
clarant qu'il avait tout d'abord à consolider sa puis-
sance en Maghreb. Il partit en effet vers Tanger qu'il
enleva et pondant quo ses troupes mettaient lo siège
dovant Coula, il alla de sa porsonne, soumotlro lo Riff.
Il s'empara de Mélilla et de Guercif, détruisit la villo
do Nokour, soumit los Boni Iznassen et Oudjda leur
capitalo, prit d'assaut Tlemcen où commandait El
Abbas descendant d'Ibn Khazer et massacra les dé-
bris des Boni Ifreno ot des Meghraoua qui s'étaient ré-
fugiés dans cotto place. Il rentra onsuite a Marrakech
après avoir relové los fortifications doTlomcen,y lais-
80 HISTOIRE DU MAGHREB
sant comme gouverneur son lieutenant Mohammed
ben Tinamer. Enfin Geuta la dernière place des Idris-
sites-Hammouditestomba aux mains des Almoravides
en 1084.
En 1086, Youssef ben Tachofine so décida & traver-
ser la mer et aborda à Algésiras suivi de nombreuses
troupes avec lesquelles il gagna Séville où Motamid
lui offrit do riches présents. Abdallah do Grenade,
Temim de Malaga, lui amenèrent leurs contingents; El
Motassem d'Almeria lui envoya dos escadrons do cava-
lerie et & Badajoz il fut rojoint par El Motaouekkol et
ses troupes. Alphonso sortit de Tolède avec 60.000
hommes et le 23 octobre 1086, il rencontra à Zallaka
l'armée musulmane forte seuloment de 20.000 nom»
mos. Il engagea le combat avec les Andalous com-
mandés par El Motamid, qui formaient l'avant garde.
Youssef voyant les Musulmans plier, fit fairo un dé-
tour aux Almoravides et les jeta sur lo camp des
Chrétiens qui accoururent pour lo défendre. Los An-
dalous, de leur côté, s'étant reformés, vinrent atta-
quer l'armée chrélienno sur l'une de ses faces, pen-
dant que Youssof la taillait en pièces dans le camp
même. Le roi Alphonso blessé par un nègre faillit
tomber aux mains de la garde noire almoravido ot
réussit à grand peine à regagner Tolède, suivi seule-
ment par quatre ou cinq coûts cavaliers. Quant à ses
troupes, elles se dispersèrent et los Almoravides pas-
sèrent la nuit à les poursuivre ot à les massacrer.
Cette grande victoire des armes musulmanes fut fêtée
par des réjouissances publiques, tant en Afrique qu'en
Espagne. Quant à Youssef, son fils étant mort &
Ceuta, il retourna en Maghreb ne gardant que la place
d'Algésiras et laissant ses troupes sous le comman-
dement do Mohammed ou Medjoun.
Après la victoire do Zallaka, Youssof ben Tachofine
LES ALMORAVIDES 87
i
apparaissait a tous les Musulmans comme un libéra-
teur ; le peuple et les légistes, en particulier, le con-
sidéraient comme lo réformateur des moeurs par les-
quelles les princes andalous et leurs clients sortaient
de l'orthodoxie ; quant à ceux-ci. ils redoutaient h la
fois la sauvagerie et l'austérité des Africains cl ma-
nifestaient a leur égard le plus profond mépris. Cepen-
dant la puissance des Chrétiens n'avait pas été brisée;
leurs bandes armées parcouraient les provinces méri-
dionales et à Yalence, lo Cid Campeador, Rodriguo de
Bivar portait la dévastation sur les terres musulma-
nes. Cetlo situation inquiétante décida El Motamid à
réclamer do nouveau l'appui de Youssof bon Tachofine
et dans ce but, il se rendit lui-même & Marrakech.
En 1088 ou 1090, Youssof passa en Espagne ot avec
les troupes d'El Motamid, vint assiéger la place forte
d'Aledo où los rois de Grenade, do Malaga, de Murcie
et autres, lui amenèrent leurs contingenta. Mais la
place bion défenduo, résista pendant quatre mois au
cours desquols les partis somèrent la division daus
les rangs des Musulmans. En appronant l'arrivée du
roi Alphonse, ils lovèrent le siège.
Après avoir entrepris la suppression des taxes
ot impositions contraires au coran, à l'instigation
du pouplo et des légistes, Youssof se porta sur
Grenade, dont Abdallah lui ouvrit les portes, ot
partagea les richesses qui s'y trouvaient enlro
les chefs do ses troupes. Les princes andalous qui
vinrent le saluer dans cetlo ville ayant été mal
accueillis s'accordèrent pour refuser aux Almoravides
les vivres et l'aidede leurs contingents ot solliciter en
même temps l'appui du roi Alphonso. Youssof les fit
déclarer ennomis de la religion et alliés des Infidèles,
par un fetoua des légistes; cetto décision publiéo
en Maghreb et on Orient reçut l'approbation do tous
88 HISTOIRE DU MAGHREB
les docteurs, y compris celle du célèbro El Ghazzali.
Le chef des Almoravides rentra onsuito en Afrique
laissant en Espagne un général nommé Sir, avec la
mission do soumottro los principautés musulmanos.
Tarifa fut prise en 1090, Cordouo ot Carmona en 1091.
El Motamid fut assiégé dans Sévillo et los troupes
d'Alphonso vonuos à son-secours furent défaites. El
Motamid dut so rendro sans conditions et son filsRadhi
qui défondait Ronda dut faire commo lui. A Almeria,
El Motassem mourait, alors quo les Almoravidos en-
traient dans la ville ; Murcio, Dénia et Xativa étaiont
enlevées do mémo ot on 1094, Badajoz ayant succombé
a son tour, El Motaouekkol ot son fils furont mis à
mort. Ceux dos princos andalous qui n'avaient pas
perdu la vie furont intornés à Marrakech et El Mota-
mid finit ses jours dans uno prison à Aghmat on 1095.
Le hammadito Ennassor était mort à Bougie en
1089. Depuis l'abandon aux Arabes do sos provinces
méridionnales, il avait joui d'une certaine tranquillité
dont il profita pour embollir sa nouvollo capilalo ot
nouer avec les républiques italiennes et lo Saint-
Siège lui mémo, dos relations cordiales qui avaient
contribué à la prospérité do son royaumo. Son fils et
successeur El Mansour s'appliqua à continuer son oeu-
vre, mais il eut & lutter contro la rébellion do son
onclo Bolbar gouverneur do Constantino dont il eut
raison, puis colle do sos cousins Abou Yokni ot Oui-
ghlano qui liront acte do soumission à Tomim, com-
ploteront avec les Arabes et engageront les Almora-
vides do Tlomcen à conquérir lo royaumo hammadito.
Pour triompher de ces rebellions, il lui avait fallu
négliger la garde do la frontièro occidontalo de sos
Etats. Depuis longtemps ollo était assurée par les
Zénètes Déni Ouomannou très dévoués aux Hamma-
dites dont les princes étaient alliés à leurs chefs par
LES ALMORAVIDES 89
dos mariagos, Or lo commandant almoravido do Tle-
mcon, Mohammed ben Tinamer ayant réussi & obtenir
des Boni Ouemannou lo libre passago, s'ompara
d'Oran ot do Ténèr .? vint assiéger Alger. El Mansour
ayant aussitôt marché contro lui, ravagea les cultu-
res dos Beni-Ouamannou dont lo chef Makkoukh,
son propre beau frèro, lui avait marqué do l'hostilité,
puis il poursuivit los Almoravides ot les rojeta vers
Tlemcon, no «'arrêtant quo sur l'intervention do
Youssef bon Tachofine lui-mèmo qui offrait la paix. Il
était à poino do rotour quo les Boni Ouomannou et les
Almoravides recommençaient leurs tentatives contre
lo torritoiro hammadito. Après avoir obtenu quelques
succès, El Mansour essuya uno grave défaite ot dut
rcgagnor Bougio suivi do quelques hommes soulomont.
Youssof bon Tachofine étant retourné pour la troi-
sième fois en Espagno vors l'année 1097, prit le titre
de princo des croyants (émir el moumonine). Il en-
voya à Baghdad uno députation chargéo d'offrir son
hommago do vassalité au khalifo El Mostadhor et co
princo lui conféra un diplôme par loquol il lui accor-
dait lo titro do souverain de l'Espagne ot du Maghrob.
Tachofino bon Tinamor avait succédé a son pèro a
Tlemcen ; d'accord avec los Boni Ouemannou, il alla
ravager la villo d'Achir. A la nouvollode cette agres-
sion, El Mansour convoqua tous ses alliés arabes et
zénètes et on 1102, ayant réuni 20.000 hommes, il
marcha contro Tlemcon ravageant tout sur son pas-
sage. Il rencontra Tachofino bon Tinamor au T*s-
sala ot, après l'avoir battu ot mis on fuito, il entra
dans Tlemcon qui fut pillée. Il passa au retour à la
Kalaa et alla punir cortainos populations berbères do
leur rébellion. 11 mourut en 1104 ayant rétabli la
paix dans sos États et porté au plus haut point la puis-
sance hammadito.
90 HISTOIRE DU MAGHREB
En Espagne los Almoravides avaient obtenu de nou-
veaux succès et après la mort du Cid, vers 1102, les
Musulmans avaient repris Yalenco. Youssef apprit &
cette époque le succès des Ham.naditos & Tlemcen ; il
désavoua Tachofino bon Tinamor et lo remplaça par
un général nommé Mezdeli. Il fit ensuito reconnaître
son fils Ali comme héritier présomptif ot lui laissant
10 commandement do l'Espagne, il rentra en Maghreb.
Au mois do septembro 1106 il mourut dans toute sa
gloiro âgé, dit-on, do cent ans.
A la mort du zirile Temim en 1108, son fils Yahya
lui succéda. Co princo fit hommage do vassalité aux
Fatimitos et reconstitua sa flotte en vuo do la course.
11 lança ensuite ses corsaires dans la Méditerranée

sur les côtos do la France de l'Italie et des tics.


Le hammadito Badis qui avait succédé a son pèro
El Mansour, était mort après un an de règno, en
1105, et son frèro El Aziz qui lui succéda se signala
aussitôt par la sagesse do son administration ; il re-
nouvela la paix avec les Béni Ouomannou et épousa
une femme do la famillo de Makkoukh. Enfin il ap-
porta do nouveaux embollissements à sa capitale et
sut y attirer les savants de l'Espagno ot de l'Afrique.
Yahya mourut en 1116 a Mohdia et eut pour suc-
cesseur son fils Ali. Celui-ci dut reprendre Tunis au
gouverneur Ibn Khorassano qui était passé aux Ham-
madites et marcha contro Rafa ben Kamal chef do
Gabôs qui avait noué des rotations avec los Normands
do Sicile. Roger II envoya au secours de son allié
uno flotte qui fut on partie détruite par Ali et pendant
ce tomps, los Hammadites roprirent Tunis (1120). Ali
mourut en 1124, laissant le pouvoir à son fils El
Hassan âgé de douze ans. Le hammadito El Aziz était
mort on 1121 et avait ou son fils Yahya pour succes-
seur.
LES ALMORAVIDES 91
En Espagne, l'autorité des Almoravides s'étendait
do plus en plus et en 1109, le roi Alphonso étant mort,
le khalifo Ali passa la mer et prit le commandement
des troupes dans la Péninsule. Il battit les Chrétiens
en avant de Tolède et son général Sir s'empara de
Santarem, Badajoz, Oporto et Lisbonne. A la mort d'El
Mostaïn Ibn Houd, les habitants do Saragosse firent
hommage de leur ville au khalife. Malgré la résis-
tance énergique dos Chrétiens, les Almoravides s'é-
taient rendus maîtres de presque toute l'Espagne. Les
lies Baléares avaient joui jusqu'alors d'une sorte d'in-
dépendanco et servaient de rofuge aux pirates; elles
furent occupées par les Almoravides avec lo concours
d'une famille de corsaires de Dénia, les Boni Mimoun.
Lo khalifo Ali qui était revenu en Espagno on 1109
et y était resté deux ans, rentra en Afrique laissant
lo commandement à son frère 1 mim. A cette
époque, la puissance dos Almoravidv : Atait à son apo-
géo ; l'empire fondé par Youssef bon Tachofino s'éten-
dait sur l'Espagne musulmano, sur tout lo Maghreb
oxtrémo jusqu'aux rives du Sénégal et du Niger et de
l'Océan jusqu'à Alger. Quant aux Arabes hilaliens, ils
sont arrivés au terme do leur mouvomont d'invasion
et ce n'est plus désormais que par une lento infiltra-
tion quo leurs familles et leurs branches s'étondront
jusqu'aux extrémités du Maghreb. Ils occupont main-
tenant los plainos du nord do la Tripolitaine et celles
do la Tunisie, les Ziban, le Hodna et los hauts platoaux
du Maghreb central jusqu'au mont Rached. Les élé-
ment berbères qu'ils ont déplacés on s'établissant sur
ces territoires sont : los Houara, Louata et Nefzaoua
do Tripolitaine et do Tunisie refoulés dans les monta-
gnes et vers lo sud ; les Zénètes Béni Ouassine chassés
des Ziban s'étaient divisés en Mzab ot Ouargla réfu-
giés dans le Sahara, on Toudjino qui so sont portés
92 HISTOIRE DU MAGHREB
vers les monts Ouoncheris, et en Rached, Abdelouad
et Béni Merine qui occupent les régions méridionales
ontro le Djebel Rached et le méridien de Tlemcen et
s'étendent de là, dans la vallée de la Molouïa.
C'est alors qu'apparut Mohammed ben Abdallah
connu sous le nom d'Ibn Toumert, né à Igli ou Arghane
et appartenant à la tribu des llergha, une des branches
de la famille berbère des Masmouda de l'Atlas. Vers
l'an 1105, son zèle pour l'étude l'avait conduit à Cor-
doue, puis à Alexandrie, aux lieux saints et à Baghdad
où il avait été un ardent partisan de la secte des Acha-
riles. Ce n'est que vers l'année IfII qu'il reprit la route
du Maghreb exposant/ partout où il en trouvait l'oc-
casion, les principes qui ont fait l'objet de ses deux
ouvrages principaux la morchida et le taouhid et at-
taquant violemment les moeurs et les usages du temps
pour ramener la pureté religieuse primitive. Il fut
maltraité et expulsé par la populace à Tripoli, et ga-
gna Mehdia où il put se maintenir quelques années et
faire un grand nombre de prosélytes. Vers 1117 il se
transporta à Bougie, mais apprenant qu'à la suite de
sa violentepropagande le sultan El Aziz avait ordonné
son arrestation, il se réfugia à Mellala, non loin de la
ville, chez les Béni Ouriaghel. C'est en ce lieu que vint
le chercher, de la part des étudiants de Tlemcen, Ab-
delmoumen ben Ali El Koumi des Béni Fat.en de Rach-
goun.
Une vive sympathie s'établit dès lors entre ces deux
hommes; l'envoyé ne quitta plus le réformateur dont
il devint le fidèle disciple. Ce n'est qu'après un certain
temps qu'ils se décidèrent à s'acheminer vers Tlemcen •

avec un groupe d'adhérents. A Médéa Ibn Toumert


reçut des Makil Taalba un âne dont il fit cadeau à
Abdelmoumen qu'il avait déjà reconnu comme son dis-,
cipte préféré et son successeur. Au mont Ouencheris
LES ALMORAVIDES 93
i
se joignit à lui un nommé El Bachir qui devint un
ferme soutien de sa cause et il alla à Tlemcen où les
docteurs condamnèrent son hérésie, puis à Fez et Mek-
nès où il ameuta la populace contre lui et enfin à
Marrakech où il osa à la mosquée, reprocher sa ma-
nière de vivre au khalife alors qu'il présidait lui-
même à la prière. Le souverain préféra, avant de sé-
vir contre le réformateur, le faire condamner par les
docteurs. Ibn Toumert eut devant eux une attitude si
agressive et si hautaine, que le khalife donna l'ordre
de le mettre à mort s'il ne quittait la ville. Ibn Tou-
mert réussit, sous la protection d'un chef des Mesfioua
à gagner le pays des Masmouda. H se lia d'amitié avec
Abou Hafs Omar le chef des Hintata et en 1121 il re-
gagna sa tribu qu'il avait quittée depuis seize ans.
Etabli dans une sorte de ribat, il enseigna la morchida
et le taouhid qui avaient été traduits en langue ber-
bère. Sa doctrine de l'unité de Dieu ou taouhid s'étant
répandue dans les tribus de l'Atlas, ses prosélytes
reçurent le nom de Moahhidoun où Almohades et
lui-même se donna le titre dHmam ou chef de la
religion.
Inquiété par les succès de sa propagande, le khalife
chercha à s'emparer d'ibn Toumert et même à le faire
assassiner. Ces tentatives sans résultats, attirèrent à
l'imam de nouveaux partisans et en 1122, il réunit
des tribus masmoudienncs telles que Hergha, Hintata,
Guedmioua et Guenfissa à qui il se donna comme le,
Mehdi annoncé et destiné à restaurer le vrai culte.
Le gouverneur du Sous ayant marché contre la tribu
des Hergha, son armée fut entièrement défaite par les
Almohades. Ce succès retentissant amena à la cause
du Mehdi de nombreux partisans dont un certain
nombre s'attachèrent à sa personne pour former sa
garde. En 1124 il les mena dans des montagnes escar-
04 HISTOIRE DU MAGHREB
pées de l'Atlas, aux sources de l'Oued Ncfis, où il avait
choisi le centre de Tin Mellal comme ville sainte et
comme lieu do retraite. L'année suivante une armée
almoravide vint l'y bloquer, mais elle dut se retirer
sans avoir obtenu de résultats.
Quand le Mehdi eut converti à sa doctrine la tota-
lité des Iribus masmoudiennes il partit, en 1128, en
campagne contre Marrakech. H y était depuis quarante
jours, lorsque le khalife en personne vint l'attaquer à
la tète d'une solide et nombreuse armée. Les Masmouda
taillés en pièces et ayant perdu leurs chefs parmi les-
quels El Bachir do l'Ouencheris, se débandèrent et le
Mehdi rentra à Tin Mellal où il mourut quatre mois
après cet échec. Il avait laissé des recommandations
détaillées à son successeur Abdelmoumen qui le fit
enterrer dans sa mosquée (1128).
En Espagne, les Mozarabes ou Chrétiens établis en
territoire musulman, étaient tellement persécutés par
les légistes almoravides. qu'ils appelèrent à leur aide
le roi d'Aragon Alphonse le Batailleur. Ce prince ra-
vagea l'Andalousie dans les années 1125 et 1126, mais
ne put s'emparer de Grenade. Les Mozarabes furent en
partie massacrés et les autres transportés au Maghreb
et installés entre Meknès et Salé. En 1131, le khalife
Ali se réservant le gouvernement du Maghreb, divisa
l'Espagne en trois commandements ; son fils Tachefine
eut le territoire occidental avec Séville et Cordoue, le
général Abou Bekr. El Messoufi la partie orientale avec
Valence et Mohammed Ibn Ghania, parent par alliance
du khalife, les Baléares et la ville de Dénia.
Pendant deux années, Abdelmoumen, d'accord avec
les principaux Almohades, garda secrète la mort du
Mehdi afin de faire oublier à la masse do leurs adhé-
rents l'échec de Marrakech. C'est en 1130 seulement
qu'avec son beau père le cheïkh Abou Ilafs qui l'aidait
LES ALMORAVIDES 95
i
de ses conseils, il fit annoncer cette mort. Abdelmou-
men reçut des tribus le serment de fidélité et aussitôt
il les mena au combat. En 1132 il soumit le Dra et
envahit le Tadla ce qui amena sous sa bannière de
nouveaux adhérents.
Durant ce temps, le khalife Ali menait la guerre
sainte en Espagne et quand à son retour, en 1137, il
connut les progrès des Almohades, il appela son fils en
Maghreb et lui confia uno puissante armée pour les
combattro. Tachefine rallia les Guezzoula et marcha
droit sur Tin Mellal; maia les Almohades descendus
en grand nombre de leurs montagnes attaquèrent les
Almoravides avec vigueur et les dispersèrent. Quant
aux Guezzoula, ils firent leur soumission à Abdelmou-
men qui alla occuper les régions au sud de l'Atlas. En
1139 il soumit les habitants des montagnes du nord et
atteignit le Riff où les Ghomra se déclarèrent pour
lui. Il y avait deux ans que l'armée de Tachefine le
poursuivait sans succès, lorsque la discorde se mit dans
les rangs des Almoravides dont beaucoup d'officiers
passèrent à l'armée almohade avec leurs contin-
gents. Le khalife étant mort sur ces entrefaites, son
fils Tachofine fut proclamé en Espagne comme en
Maghreb (1142). Abdelmoumen lui laissa le champ li-
bre pour rentrer dans sa capitale et alla mettre le siège
devant Ceuta; cette place lui offrit une telle ré-
sistance qu'il renonça à son projet et alla soumettre
les Botouïa, Mtalsa, Béni Iznassen et ses contribules
les Kopmïa.
Chassés du Zab par les Hilaliens, les Abdelouad,
Toudjine et Béni Merine de la famille zénète des Ouas-
sine s'étaient avancés vers l'ouest jusque dans la vallée
de la Molouïa. Les Toudjine et Abdelouad appelés par
los Iloumen avaient envahi le pays des Béni Oueman-
nou et ceux-ci avaient demandé l'appui d'Abdelmou-
96 HISTOIRE DU MAGHREB
men contre leurs cousins. II leur donna une troupo
commandée par Ibn Yaghmor et Ibn Ouanoudino avec
laquelle ils baltirent le gouverneur do Tlemcen et en-
levèrent un gros butin aux Abdelouad et Uoumcn.
Cependant Zoborteïr général de la milice chrétienne
almoravide vonu au secours des Iloumen, à Mindas dans
la vallée de la Mina, réunit à son armée de nombreux
contingents Béni Ingassen, Ourcifene et Toudjine, avec
lesquels il attaqua et battit complètement les Oueman-
nou et les Almohades. Coux-ci se réfugièrent à Sirat
sur l'Oued Habra où ils attendirent des secours. Ab-
delmoumen accourut à leur appel, défit les Almoravi-
des ot pilla leur camp ; ayant ensuite reçu la soumis-
sion des Abdelouad, il revint à Tlemcen. De son côté,
le khalife Tachefine se porta aux environs do cette
ville pour la défendro, avec l'aide de troupes envoyées
par lo roi hammadito Yahya, sous-le commandement
du senhadjien Tahar ben Kebbab. Celui-ci réclamant
avec arrogance l'honneur d'attaquer et do battre les
Almohades, fut autorisé à marcher contre eux, mais
c'est lui qui fut battu et sos troupes défaites regagnè-
rent Bougie en désordre. Zoborteïr qui, de son côté,
accourait au secours do Tlemcen fut battu, capturé et
mis en croix et enfin les Béni Ouemannou qui opéraient
dans l'intérieur du Maghreb central, après avoir défait
un corps de troupes almoravides, rencontrèrent l'ar-
mée de Bougie en débandade et achevèrent delà tailler
en pièces.
A la suite de tous ces échecs, Tachofino envoya à
MarrakccL son fils Ibrahim en le désignantcommoson
successeur et se réfugia à Oran où il manda l'amiral
de sa flotte Ibn Miraoun (1141). Abdelmoumen en pro-
fita pour activer les opérations du siège de Tlemcen
et envoya le cheikh Abou Hafs combattre les Zcnala.
Le cheikh obtint la soumission des Iloumen, Toudjine
LES ALMORAVIDES 97
.
et Rached et refoula les Béni Mcrine dans le Sahara.
Abdelmoumen partit alors avec uno armée considéra-
ble pour Oran où Abou Hafs lui amena les chefs iéna-
tiens nouvellement soumis. Oran fut attaquée avec
succès et Tachofino se retira dans un château-fort d'où
il dut s'enfuir la nuit, à cheval, portant sa femme en
croupe. Il roula au fond d'un précipice el sa tête fut
envoyée à Tin Mellal avec le riche butin trouvé dans
la ville (1145). Les Béni Merine prévenus attaquèrent
la troupe qui escortait ces richesses et s'emparèrent
du convoi. Abdelmoumen partit à la poursuite des Al-
moravides fugitifs d'Oran, les rejoignit à Tlemcen
dans le faubourg de Tagrart et les fit mettre à mort.
H reprit ensuite le siège de Tlemcen et, après sept mois
do blocus, les Almoravides qui la défendaient quittè-
rent la place sous la conduite de leur général Yahya
ben Sahraoui et se réfugièrent à Foz. Abdelmoumen
vint les y assiéger et fut peu après rejoint par son
lieutenant Ibn Djama qui avait réussi à enlever Tlem-
cen (1146). Entre temps, un autre de ses lieutenants
avait obtenu la soumission de Sidjilmassa.
Youssef bon Ouanoudine fut envoyé comme gouver-
neur à Tlemcen avec ordre do fournir un corps de
troupes à Abdelhak ben Meneghfad chef des Abdelouad,
pour punir les Boni Merine qui avaient pillé le convoi
d'Oran. Abdelhak infligea une sanglante défaite aux
Béni Merine et tua leur chef El Mokheddeb. Devant
Fez, l'amiral almoravide Ibn Mimoun vint faire sa
soumission à Abdelmoumen et se rendit à Cadix où il
fit célébrer la prière publique en son nom. Fez tomba
enfin aux mains des Almohades et Yahya ben Sahraoui
put se réfugier à Majorque auprès d'ibn Ghania.
98 HISTOIRE DU MAGHREB
fils d'Ali ben Youssef. Abdelmoumen qui venait de re-
cevoir la soumission de Geuta, partit de Fez à la tête
d'une forte armée, pour entreprendre le siège de Mar-
rakech. Il passa par Salé qu'il enleva facilement, puis
il divisa son armée en deux corps dont l'un, aux or-
dres du cheikh Abou Hafs, devait pacifier le pays des
Berghouata. Ces deux corps se retrouvèrent près
de Marrakech au début de l'année 1146 et s'installè-
rent à l'ouest de la ville, après avoir massacré tous
les Lamta qui s'étaient réfugiés sous ses murs avec
leurs familles et leurs troupeaux. Abdelmoumen pres-
sentant que la ville serait énergiquement défendue,
s'organisa pour un long siège, contruisit des retran-
chements, des logoments, une mosquée et une tour
comme observatoire. Un blocus rigoureux devait avoir
raison des assiégés, par la famine. Au bout d'un cer-
tain temps, en effet, les Almoravides tentèrent une
sortie désespérée, surprirent les Almohades dans leur
camp et se mirent à le piller. Abdelmoumen qui sui-
vait de son observatoire les péripéties de cette lutte,
envoya une troupe de réserve à la défense du camp.
Cette troupe rallia les fuyards, les ramena au camp
et chargea les Almoravides qui avaient jeté leurs ar-
mes pour mieux piller les vivres des Almohades. Taillés
en pièces, ils s'enfuirent vers la ville où ils furent pour-
suivis et massacrés. Le commandant de la place, Ab-
dallah ben Abou Bekr, désespérant du salut, vint faire
sa soumission à Abdelmoumen et obtint la vie sauve
pour lui et les siens. A ce moment, la ville avait déjà
perdu 100.000 personnes par la famine et les cadavres
sans sépulture empoisonnaient les malheureux défen-
seurs pour qui la position était devenue intenable. En
avril 1147, un corps chrétien de la cavalerie atmora-
vide ouvrit aux assiégeants la porte de la ville dite
Bab Aghmat. Le jeune khalifo Ishak et les principaux
LES ALMORAVIDES 99
t
chefs almoravides furent amenés à Abdelmoumen ;
tous furent mis à mort et le massacre des habitants
dura sept jours. Les marchands et artisans survivants
purent alors sortir de leurs refuges sans danger, Ab-
delmoumen ayant proclamé l'amnistie.
Pendant que se déroulaient en Maghreb ces événe-
ments qui marquèrent la fin de la dynastie des Almo-
ravides et le début de celle des Almohades,.en Sicile,
Roger, devenu maître de l'Ile, s'était fait sacrer roi à
Palermovers la fin de l'année 1130, soulevant ainsi les
princes italiens qui lui suscitèrent une guerre de neuf
années. En 1135, son allié le zirite El Hassan l'appela
à son aide contre lo roi de Bougie qui l'attaquait par
terre et par mer. La flotte hammadito échappa aux
vaisseaux siciliens, mais les Chrétiens s'emparèrent de
l'Ile de Djerba dont les habitants étaient indépendants
et adonnés à la piraterie. L'année suivante, la flotte
chrélienno vint surprendre Bougie d'où elle emporta
un riche butin et des esclaves. El Hassan n'ayant pu,
par suite do la disette générale, acquitter en 1141 les
créances des Siciliens dont il s'était porté garant, Ro-
ger envoya contre lui son premier minisire Georges
d'Antioche avec la flotte et le contraignit à lui aban-
donner le produit des douanes et à se reconnaître
son vassal. Après une tentative infructueuse contre
Tripoli en 1141, Roger envoya sa flotte contre Djidjelli
qui fut entièrement détruite ; Cherchel subit ensuite
le même sort et en 1145, les Siciliens s'emparèrent des
lies Kerkenna. L'année suivante, l'amiral Georges
parut devant Tripoli où la famille arabe des Boni Me-
trouh avait succédé aux Béni Khazroun. Tripoli fut
pillée malgré la résistance énergique des habitants,
après quoi Georges proclama l'amnistie générale et ins-
titua uno administrationrégulière à la tête de laquelle
il plaça comme gouverneur Abou Yahya ben Metrouh.
100 HISTOIRE DU MAGHREB
Des dissensions intestines qui avaient éclaté en Afri-
que, à la suite de ces événements, offraient à Rogor
l'occasion de s'emparer de Mehdia et il en profita,
malgré l'état de paix existant avec los Zirites. L'ami-
ral Georges vint en effet, en 1148, surprendre la
place ; El Hassan se sentant perdu, s'échappa avec sa
famille, suivi d'une partie des habitants, tandis que
les autres se réfugiaient chez les Chrétiens et dans lours
églises où ils avaient, depuis un certain temps, l'au-
torisation de célébrer leur culte. L'amiral entra dans
la ville sans résistance, séquestra les richesses qui s'y
trouvaient et accorda l'amnistie générale ; ceux des
habitants qui avaient émigré revinrent alors à Mehdia.
La flotte poursuivit sos succès en s'emparant de Sousse
puis de Sfax. La dynastie zirite ayant disparu, les
chefs arabes furent désormais investis par le roi de
Sicile; quant au dernier souverain zirite El Hassan,
il se retira à Constantine auprès du commandant
hammadito et de là à Bougie auprès de son cousin
Yahya qui l'interna à Alger.
ANNEXE AU CHAPITRE II
Tableau synohronique des faits principaux
depuis la fondation de la dynastie almoravide jusqu'à l'avènement des Almohades.

DATES MAGHREB EXTRÊME MAGHREB CENTRAL IFRIKIA ESPAGNE ILES DE LA MEDITERRANEE ORIENT

4053 Les Lemtouna s'em* Le royaume des Ham* Devant l'invasion Motadhad roi de
parent du Dra et madites s'étend de arabe le zirite sévllle cherche à
chassent les Megh- Blskraa Constantine El Moezz quitte dominer l'Espagne
raoua de Sidjll* et sur le littoral Kairouan pour musulmane et en-
.
massa. jusqu'à Oran. Mehdia. love Cordoue.
1054 •• • •••« meurt; son
•• El KaïdBologguine
neveu le
remplace et lutte
contre l'invasion
arabe qui atteint le
Zab et les hauts pla*
teaux.
1056-59 Les Lemtouna s'um*
parent de Massât,Ta-
roudant et Aghmat,
enlèvent le Tadla
aux Béni Ifrene et
occupent lo Ta*
mesna.
1062 Bologguine enlevé Mort d'El Moezz ...*.. Les Normande remportent
Fez aux fils de Ziri a Mehdia, son fils des succès sur les Musul*
ben Atia. Il est rem- Temim le rem* mansde Sicile divisés par
plaça par son cou- place.
sln Ennasser. \ leurs querelles,

1063 Youssef bea Tache- Les BUallenspro-Ferdinand I** roi de


fine fonde Marra* fltentdela riva* CastUle soumet Sa*
kech et soumet les lité desHamma* ragosse et Tolède
Berbères. Les Megh. dites et des Ziri- ainsi que Seville.
' raoua battent aes tea et atteignent
troupeeàrOuedSa* dana l'Ouest le
flr. U rentre dans Djebel Rached.
ANNEXE AU CHAPITRE H (suite)

*BEBtES9SSe-BS»-&B£"--XS9B9a*K-aS-.^^
DATES MAGHREB EXTRÊME MAGHREB CENTRAL XROXU ESPAGNE ILES DE LA MÉDITERRANÉE ORIEMT

1065-67

Battu par les Hila* Temim coueln Ayoub et Ail fils de Temim
liens. Ennasser se d'Ennasaer en- conduisent des renforts en
réfugie à Constan- levé Tunis où Sicile contre les Normands
Une. U quitte en* commandait Ibn ' de Roger,
suite la Kalaa et a'é- Khorassane au
tablit & Bougte. nom d*Ennasser.
1084-88 IbnTachefinesoumet Alphonse VI entre à
leRlffetOudjda.en* Tolède et ravage le
lève Ceutaaux Idris- territoire musul-
sites-Hammoudites man ; Motamid ap*
et Tlemcen aux pelé lea Almoravi*
Meghraoua. des.
1086-87 Ibn Tachefine rem Les Italiens de Roger enlevé Syracuse aux
porte la victoire de Plse Gènes et Musulmans; les idrissites
Zallaka sur les trou* Amalfi enlèvent hammoudites perdent Gir-
pes d'Alphonse VI. Mehdia. gentl.
10» Mort d'Ennasser. El
Mansourlui succède
et repousse les Al*
moravldea qui as-
siégeaient Alger.
1090-95 Appelé en Espagne .....Motamid assiégé
par Motamid. ibn dansSévlUeappelle
Tachefine y laisse Alphonse. Il se rend
des troupes et em- auxAlmoravidesqui
mené Motamid qui mettent à mort les
meurt prisonnier a autres princes mu-
Aghmat (1098). sulmans.

4097-1104 Ibn Tachefine se lait El Mansour bat au Mort du Cld, les Mu-
proclameremlr des Tessala les Almora- -ulmansreprennent -
croyants en Espa* vides de Tlemcen Valence (4102).
gne et fait hommage qui avalent ravagé
de vassalité au kha- Achir et saccagé
llfe abbasside. Tlemcen (1102).
4106-8 Mort d'ibn Tachefine* Badis, successeur de Yahya succède a
son fils Ali lui suc» Mansour mort en son père Temim;
cède. 4404. crée & Bougie 11 se soumet au
un centre lntellec- khalife fatimite
tuel très actif. et organise la
course sur mer.
4409 L'empire almoravide L'expansion htla MortduroiAlphonso. LesAlmoravidess'emparent
s'étend sur l'Eapa- llene est arrêtéepar Le khalife Ali étend des Iles Baléares avec
gne et le Maghreb celle des Almoravi* la conquête jusqu'à l'aide des Boni Mlmoun de
jusqu'à Alger. des. vers Alger. Lisbonne. Dénia.
1417*20 Apparition d'ibn
Toumert. Avec
Abdelmoumen il ga-
gne Tin Mellal et se
proclame Mehdt des
Almohades.
4428 Le Mehdi battu a Les Mozarabes appel-
l'oued Neûa. meurt lent Alphonse qui
ATin Mellal; Abdel* échoue: ils sont
moumenlut succède transportés entre
SaléetMekaès(1425*
26).
4430*37 Abdelmoumen sou* Roger est proclamé roi de
met le Dra et re* Sloile a Païenne( 1130). Ibn
pousse le fils du Ghanla parent du khalife
khalife venu l'asslé* reçoit les Iles Baléares
ger a Tin Mellal (4134).
v '
(1137).
ANNEXE AU CHAPITRE H (suite).

DATES MAGHREB EXTREME MAGHREB CENTRAL URUlA ESPAGNE ILES DB LA MEDITERRANEB ORIENT

413942 Mort du khalife Ali. Abdelmoumen bat les


son fils Tachefine Lemtouna et soumet
lut succède. Abdel* les Abdelouad, le
moumen soumet les khalife Tachefinese
Berbères du Riff et réfugie * Oran.
les Koumla de
Tlemcen.
114446 Tachefine assiégé Roger de Sicile Ibn Kacl enlevé des
dans Oran par Ab* s'empare de placée aux Almora*
delmoumen s'enfuit MehdlaSousseet vides ; Abdelmou*
et meurt. Priso de Sfax ; la dynas- mem lui donne le
Tlemcen (1146). tle zirite étant commandement des
éteinte, il inves- provinces occiden-
tit lesjchefS ara- taies. L'amiral al-
bea (1146). moravide Ibn Ml*
.
moun se soumet A
Abdelmoumenetflalt
célébrer la prière
en son nom â Ca-
dix.
1147 Abdelmoumen as*
siège Marrakech on
Ibrahim a été dé-
posé ; il s'en empare
etmassacrelesprln*
ces Almoravides
dont ïa dynastie s'é*
'teint.
s
CHAPITRE III

Les Almohades.

Les Almohades. — Révoltes en Maghreb; succès en Espagne. —


Abdelmoumen comparé â Gharlemagne. — Yakoub El Mansour
(1184*1199). — Victoire d'Alarcos en Espagne. — Monuments re-
marquables: la Oiralda de Séville, la Koutoubia de Marrakech;
fondation de Rabat; la tour Hassan. — Décadenee des Almo-
hades.

Après avoir détruit la puissance almoravide, les Al-


mohades, pour étendre la leur, durent fairo face à de
graves révoltes. C'est ainsi qu'un agitateur natif de
Salé nommé Ibn Houd, souleva le Sous en prenant le
titre d'El Hadi et, retranché dans un ribat de Massât,
attira dans son parti les tribus du Tamesna, les Hou-
ara, les Doukkala et Regraga. Le premier corps al-
mohade envoyé contro eux fut mis en déroute et il fal-
lut l'intervention d'Abou Hafs Omar à la této de trou-
pes nombreuses, pour battre l'armée d'ibn Houd qui
comptait 60.000 fantassins avec quelques cavaliers.
La rencontre eut lieu en mai 1147, au delà du Ta-
mesna et coûta la vie à Ibn Houd et à quelques-uns de
ses lieutenants. Abou Hafs alla châtier les partisans
de l'agitateur, atteignit Sidjilmassa et rentra à Mar-
rakech après avoir rétabli l'ordre. Mais une nouvelle
révolte éclata chez les Berghouala qui contraignit les
Almohades à battre en retraite. A cette nouvelle, les
habitants de Coula et de Salé massacrèrent leur gou-
100 HISTOIRE DU MAGHREB
verneur et ses partisans ; le cadi Ayadh, instigateur
de cette rébellion alla en Espagne offrir les deux vil-
les à Yahya Ibn Ghania. Celui-ci envoya en Afrique le
général almoravide Yahya bon Sahraoui avee le cadi
Ayadh, mais la tentative échoua et Abdelmoumen par-
donnant aux rebelles, accorda des lettres de grâce à
Yahya (1148). C'est alors que Meknès dont le siège du-
rait depuis sept ans fut enlevée d'assaut et ravagée.
Dans le courant de l'année 1144, un nommé IbnKaci
voulut défendre en Espagne la cause du Mehdi et re-
cruta, parmi les Musulmans andalous, des partisans
pour combattre les Almoravides. Il réussit à s'emparer
de quelques places comme Mertola, Merida, Huelva et
Niebla et il avait atteint la banlieue de Sôville quand
Yahya Ibn Ghania marcha contre lui. Mais les villes de
Cordoue, Murcie, Almeria, Yalence et Malaga s'étant
déclarées contre les Almoravides, Ibn Ghania dut aban-
donner le siège de Niebla. Les Cordouans, en effet
avaient proclamé Setf Eddoula descendant des Béni
Houd qui était vassal du roi Alphonse YII de Castille.
Avec les troupes fournies par le roi chrétien, Self Ed-
doula avait réussi à enlever toute l'Espagne orientale
à son rival Hamdane; mais il mécontenta, en les con-
gédiant, ses alliés castillans qui se révoltèrent contre
lui et le tuèrent. Ibn Kaci, apprit, sur ces entrefaites,
les succès d'Abdel moum en; il lui fit acte de soumis-
sion et en reçut un diplôme de gouverneur des pro-
vinces occidentales.
Après que l'amiral Ibn Mimoun eut proclamé l'au-
torité d'Abdelmoumen en Espagne, une armée consi-
dérable, sous le commandementdu général Abou Am-
rane, passa dans la Péninsule. EUe s'empara de Xérès,
puis de Tarifa, d'Algésiras et de Séville, pendant qu'Ibn
Ghania entrait dans Cordoue (1147). A l'approche des
Almohades, Ibn Ghania se réfugia à Grenade où il fut
LES ALMOHADES 107
(
tué dans un combat et les Almoravides demandèrent
du secours à l'empereur de Léon (1148). Ce souverain,
avec l'aide de Garcia roi de Navarre et de plusieurs
barons, ayant envahi le territoire musulman et enlevé
Jaen, une nombreuse députation de musulmans allè-
rent implorer l'assistance d'Abdelmouraen et eurent
une entrevue avec lui à Salé (1150). Abdelmoumen
les accueillit avec bienveillance et réunit auprès de
Coûta une nombreuse armée dont il vint prendre lo
commandement en 1152; mais au lieu de la conduire
en Espagne, comme on s'y attendait, il prit la route
de l'Est, se portant en toute hâte vers les provinces
des Hammadite8. Ason approcho, El KaTd s'enfuit d'Al-
ger et alla prévenir son frère Yahya à Bougie, tandis
que le zirite El Hassan faisait sa soumission aux Al-
mohades et que deux chefs des Djochera et Athbedj
imitaient son exemple. L'armée de Bougie s'enfuit à
la vue dos Almohades qui entrèrent dans la ville sans
combat. Yahya se rendit par mer à Béne/d'où son
frère El Hareth le chassa; il se réfugia à Constantine
auprès de son autre frère El Hassan.
Après son entrée à Bougie, Abdelmoumen envoya
son fils Abdallah dans l'intérieur; ce prince enleva et
détruisit la Kalâa, puis fît mettre à mort Djouchen
fils d'El Aziz et un chef des Djochera qui l'avaient dé-
fondue. Yahya apprenant ces événements fit sa sou-
mission et Abdelmoumen l'interna à Marrakech en lui
accordant une pension. Avec Yahya finit la dynastie
hammadito.
Abdelmoumen nomma un gouverneur à Bougie en'
lui adjoignant El Hassan l'ancien souverain zirite ré-
fugié à Alger, puis il retourna au Maghreb. Impres-
sionnés par ces derniers succès, les chefs des Arabes
Athbedj, Riah et Zoghba du Zab et de l'Ifrikta, se ré-
concilièrent et décidèrent de s'opposer h la marche
108 HISTOIRE DU MAOHREB
des troupes du princo Abdallah vers leur pays. Ayant
réuni leurs contingents, ils marchèrent sur Sétif où le
prince tenait la campagne. Pendant trois jours le com-
bat fut acharné de part et d'autre, sans résultat déci-
sif; mais le quatrième jour, les Arabes plièrent, se
débandèrent et furent pousuivis jusqu'à Tebessa. Les
Almohades revinrent vers l'ouest amenant, avec un
butin considérable, les femmes et les enfants des Ara-
bes vaincus.
Quand en 1152 Abdelmoumen regagna Marrakech,
il avait incorporé à ses états tout le pays compris en-
tre Oran, Sélif, Constantine et la mer. Les tribus ara-
bes lui envoyèrent, dans sa capitale, des députalions
pour lui offrir leur soumission. Ces envoyés furent
honorablement traités, reçurent des cadeaux et rame-
nèrent les prisonniers capturés à Sétif par le prince
Abdallah.
C'est à cette époque qu'Abdelmoumen partagea l'em-
pire en plusieurs commandements qu'il confia à ses
fils ; il nomma à Pez Sid Aboul Hassan, à Tlemcen Sid
Abou Hafs, à Coula Sid Abou Saïd ot à Bougie Sid Abou
Mohammed, chacun d'eux ayant un conseiller sûr
choisi parmi les Masmouda. Un autre de ses fils Abou
Abdallah Mohammed fut désigné comme héritier pré-
somptif.
Il se pourrait, selon certaines opinions, que la ten-
tative dirigée par les Arabes contro Sétif ait été entre-
prise à l'instigationdu roi de Sicilo Rogor II. Quoi qu'il
en soit, en 1153, co prince prescrivit à son général en
Afrique, Philippe, d'attaquer Bôno par mer pendant que
les alliés arabes l'attaqueraient par terre. La ville fut
enlevée, les richesses qu'elle contenait transportées
en Sicile avec de nombreux captifs et un hammadito
fut investi du commandement do la place au nom du
roi Roger. Ce prince normand mourut en 1154 ayant
LES ALMOHADES 109
i
doté son royaumo d'une forte organisation adminis-
trative et judiciaire. Par son courage et ses talents, il
s'était fait craindre et respecter dans tous les pays
méditerranéens; son fils ot successeur Guillaume I"
manqua des qualités nécessaires pour continuer son
couvre.
En Espagne, le prince Abou Saïd mit six années à
reprendre Almeria aux Chrétiens; celle ville tomba
en 1157 et l'année précédente, Grenade avait été en-
levée à Ali Ibn Ghania fils de Yahya, qui mourut par
la suite à Almunecar. Ses partisans quittèrent alors
l'Espagne et so réfugièrent auprès de sa famille aux
Baléares.
Los Chrétiens étaient toujours maîtres de la Tuni-
sie, mais depuis la mort de Roger, les gouverneurs,
abandonnés à eux-mêmes, exaspéraient les popula-
tions par leur tyrannie; quant aux Arabes d'Ifrikïa,
ils désolaient le pays par leurs dévastations. Les ha-
bitants des villes maritimes essayèrent de se soulever
contre les Chrétiens; ayant été battus, ils décidè-
rent d'envoyer une députation à Marrakech pour de-
mander au souverain almohade de venir à leur
aide.
Abdelmoumen organisa son expédition en IfrikTa avec
le plus grand soin ; son armée forte de 70.000 fantas-
sins et de 30.000 cavaliers, se composait d'Almohades,
de Zénètes Abdelouad, Merine et autres et d'archers
Ghozz !. Des citernes avaient été creusées sur le par-
cours que devait suivre cette armée et des approvi-
sionnementsconsidérables y avaient été réunis. Enfin
une flotte de soixante navires commandée par Moham-
med Ibn Mimoun devait faire route, en même temps,

i. Les Ghozz étalent des archers Kurdes amenés d'Egypte dans le


nord de l'Afrique arec leur chef Ksrskacbe et qui passèrent peu à
peu an service des Almohades.
110 HISTOIRE DU MAGHREB
sur Tunis. L'armée fut divisée en quatre corps mar-
chant à une journée d'intervalle, afin de ne pas se gê-
ner mutuellement aux lieux do campement et aux
points d'eau. L'ordre et la discipline régnaient si bien
dans cette nombreuse armée, que les troupes ne man-
quèrent jamais de rien et quo les populations, par
suite, ne subirent aucune violence. Elles en furent
très favorablement impressionnées et se soumirent
avec empressement. En passant à Bougie, le souverain
almohade donna le commandement de son avant garde
au prince zirite El Hassan et parvint à Tunis le
14 juillet 1159, en même temps que sa flotte. La ville
avait pour chef Ali ben Ahmed des Boni Khorassane
qui reconnaissait l'autorité du roi de Sicile et admi-
nistrait avec la collaboration de Mahrez ben Ziad chef
des Riah. Après une tentative de résistance, les habi-
tants firent leur soumission ; ils obtinrent la vie sauve
moyennant l'abandon do la moitié de leurs biens et
l'expulsion des Béni Khorassane. Le pillage de la ville
fut empêché et les Riah durent se retirer dans le
sud.
DeTunhi, Abdelmoumen alla s'emparer de Sousse et
mettre le siège devant Mehdia ; il établit son quartier
général à Zouila et la flotte bloqua la presqu'île du
côté de la mer. Les Siciliens faisaient journellement
des sorties suivies de combats, mais ces rencontres
favorables tantôt aux uns tantôt aux autres, étaient
sans résultats décisifs. Abdelmoumen resserra le blo-
cus par terre, pensant bâter ainsi la reddition des
Chrétiens, lorsque la flotte sicilienno commandée par
l'eunuque Pierre, parut devant Mehdia. Ibn Mimoun
l'attaqua avec audace et, après un combat assez long,
l'obligea à reprendre le large. Le blocus par terre
continua avec plus de rigueur et les troupes disponi-
bles furent envoyées dans l'intérieur où elles sourai-
LES ALMOHADES Ht
rent à l'autorité almohade Sfax, Gabès, Tripoli, El
Orbos, Gafsa et les montagnes desNofoussa.
A la fin de l'année 1159, la famine commença de se
faire sentir avec une telle rigueur, que les Chrétiens
entrèrent en pourparlers et obtinrent de sortir de la
ville avec les honneurs de la guerre. La 22 janvier
1160, quand ils eurent été emmenés en Sicile par des
vaisseaux almohades, Abdelmoumen fit son entrée
triomphale dans Mehdia. Après avoir réparé les rava-
ges du siège et fait relever les remparts de la place,
il y nomma un gouverneur avec le prince zirite El
Hassan comme adjoint et plaça des commandants al-
mohades dans les principales villes d'Ifrikïa.
Abdelmoumen ayant ainsi détruit la puissance des
Normands en Afrique et supprimé les petites royautés
qui s'appuyaient sur les Arabw pour tyranniser le
pays, reprit le chemin du Maghreb. Cest pendant
qu'il était en route qu'un parti de soldats ayant dé-
cidé de le tuer, un cheikh almohade au courant du
complot se glissa dans sa tente et fut tué à sa place.
Abdelmoumen le fit enterrer avec des honneurs excep-
tionnels à l'endroit dit El Batheha sur les bords de la
Mina et fonda une ville en ce lieu. En arrivant à Mar-
rakech, il apprit que son fils Abou Yakoub avait été
battu à Séville par le roi chrétien assisté d'ibn Merde-
niche ; que celui-ci avait enlevé Jaen ot Carmona et
mit lé siège devant Cordoue. Abdelmoumen organisa
lui-même à Gibraltar une armée qu'il confia à Abou
Mohammed ben Abou Hafs et rentra dans sa capitale
après une absence de deux mois. Son général remporta
uno victoire à Badajoz, battit le roi Alphonse de Portu-
gal et reprit aux Chrétiens Badajoz et d'autres places
importantes. C'est alors qu'Abdelmoumen prit le titre
d'émir el moumenine et qu'il constitua une flotte
ainsi que le matériel nécessaire pour combattre les
U3 HISTOIRE DU MAGHREB
Chrétiens (1162). Sa confiance dans les Masmouda
ayant été ébranlée par le complot ourdi contre sa vie
pendant le retour d'Ifrikta, il fit venir à Marrakech
des Koumia ses compatriotes, dont il se constitua une
garde particulière.
L'année suivante, Abdelmoumen se trouvait à Salé
où il avait convoqué des contingents en vue de la
guerre sainte en Espagne et avait confié cette armée
comprenant des Riah et des Zoghba, à ses fils Abou
Yakoub et Abou Saïd. Quelque temps après, se sentant
gravement malade, il fit revenir d'Espagne son fils
Abou Yakoub et le désigna pour son successeur au
lieu de Sid Abou Abdallah dont il n'était pas satisfait.
Il mourut en juin 1163, ayant recommandéà ses suc-
cesseurs de se tenir en garde contre les Masmouda do
fidélité incertaine, d'attendre des circonstances favo-
rables pour écraser Ibn Merdonicho, enfin de transpor-
ter les Arabes d'Ifrikïa en Maghreb et en Espagne,
mais de les employer à la guerre comme troupes de
réserve. Il fut enterré à Tin Mellal auprès du Mehdi.
Abdelmoumen a été un des plus grands souverainsde
l'Afrique et on a pu avec raison le comparer à Charle-
magne. Comme le roi des Francs, il fonda un vasto
empire où les races les plus diverses étaient habile-
ment maintenues sous la seule direction du souverain;
il introduisit une forte discipline dans l'armée ot l'ad-
ministration et fit régner la sécurité dans toutes les
provinces. Le premier il fit établir le cadastre général
du pays pour régler l'assiette de l'impôt foncier et fit
frapper des monnaies de forme carrée. Lettré en
même temps que profond politique, Abdelmoumen fa-
vorisa la culture intellectuelle dans ses états et déve-
loppa les relations commerciales avec 1er populations
chrétiennes.
C'est à Salé que son fils Abou Yakoub Youssef fut
M58 ALM0HADK8 119
Ï
proclamé. Ce prince prît comme viiir son frère Sid
Abou Hafo et se rendit à Marrakech où il fut bien ac-
cueilli des habitants. Cependant le cheikh Abou Hafs et
les Masraouda ayant refusé do le reconnaître comme
khalife, il évita de prendre le titre d'émir el moume-
nine.
En 1164, il envoya en Espagne ses frères Abou Hafs
et Abou Saïd avec des guerriers Riah, Atbbedj et Zo-
ghba pour combattre Ibn Merdeniçhe quo soutenaient
les rois d'Aragon et de Castille. Ibn Merdeniçhe ayant
été battu, les cheikhs andalous l'abandonnèrent et se
soumirent aux frères d'Abou Yakoub (1165). Une ré-
volte dos Ghomra du Riff, obéissant à la voix de leur
chef Seba ben Meneghfad, vint troubler la paix qui
régnait alors en Afrique. Le sultan marcha contre eux
en personne et remporta une victoire qui coûta la
vie a Ibn Meneghfad. Il créa aussitôt un commande-
ment à Ceula pour surveiller le Riff et le confia a
son frère Abou Ali El Hassan. Cost après ces événe-
ments quo le cheikh Abou Hafs Omar jura fidélité au
souverain et le reconnut publiquement comme succes-
seur d'Abdelmouraen; Abou Takoub prit alors le titre
d'émir el moumenine (1167).
En Espagne, Ferdinand, roi de Léon, avait repris
Badajoz et le roi de Portugal avait étendu ses fron-
tières sur les terres musulmanes '. Le khalife appela
les Arabes d'Ifrikïa à la guerre sainte et quand ils lui
eurent fourni 20.000 cavaliers, il les envoya en Es-
pagne sous le commandement du cheikh Abou Hafs
(1170). Badajoz fut reprise, puis les deux frères du
khalife ayant amené de nouveaux contingents, le sou-

1. Le comté de Porto ou Portai celle, d'où Portugal, «vait été


t
donné en 1095 par Alphonse VI de Caitllle son gendre Henri de
Bourgogne ; le file de ce dernier, Alphonse I" fut proclamé roi en
IU9 et son Indépendance confirmée en lltt.
8
lit U1ST0IBE DU MAGHREB
verain vint à Se ville en prendre le commandement et,
en 1171, dirigea lui-même l'offensive musulmane. Il
reprit Yalence h Ibn Merdenicho qui alla mourir aux
Baléares tandis que son fils et ses parents faisaient
leur soumission au khalife malgré les efforts du roi
d'Aragon pour les en empêcher (1172). Les Almohades
complétèrent ce brillant succès en s'emparant d'Aï-
cantara et en faisant un immonso butin.
En Egypte, le khalife fatimile Ad h ad craignant de
ne pouvoir résister aux entreprises du roi do Jérusa-
lem et dos croisés, avait appelé à son aide des Turcs
qui restèrent dans le pays. Quand Adhad mourut, en
U71,Saladin général de Noureddine,prit l'autorité on
main, a titre de vassal des Abbassides, co qui mit fin
au règne des Palimites. Il repoussa une puissante ex-
pédition dirigée par Guillaume II de Sicile contre
Alexandrie, l'obligea à lover le siège et lui infligea
de grandes pertes.
Le khalife Abou Yakoub rentra à Marrakech en
1175, après cinq années passées en Espagno. Le Ma-
ghreb était alors ravagé par la peste dont périrent
deux de ses frères, ainsi que le cheikh Abou Hafs Omar
qui rentrait d'Espagne et mourut a Salé où il fut en-
terré (1176). Ce sont ses fils qui devaient plus tard
fonder la dynastie des Hafsides. Le khalife rappela
d'Espagne ses doux frères pour remplacer ceux qui
avaient perdu la vie et envoya dans la Péninsule deux
de ses neveux. Peu de tomps après, mourait le prince
Sid Abou Hafs.
Vers 1177, une flotte sicilienne fit une descente à
Tunis et posséda la ville durant quelques jours ; de
leur coté, Pisans et Génois vinrent piller Mehdia. D'au-
tre part, Ali bon Motazz de la famille des Béni Djama
qui s'appuyait sur les Arabes, avait réussi à soulever
Gafsa. Abou Yakoub marcha contre lui à la tête do
LES ALM0HADE8 115
son armée et reçut la soumission des chefs Hiah sur
lesquels comptait le rebelle. Celui-ci d'ailleurs ne tarda
pas a être capturé et le khalife se contenta de l'interner
en Maghreb avec sa famille. Il reprit ensuite Gafsa et
trouva à Mohdia un envoyé de Guillaume II de Sicile
avec qui il signa une trêve dedix ans, puis il retourna
au Maghreb suivi de nombreux guerriers arabes.
Les princes chrétiens d'Espagne en lutte constante
avec les Musulmans, avaient réalisé des progrès asses
marqués pour que le khalife se décidât à prendre en
personne la direction de la guerre sainte. A cet effet
il expédia de Foi, en 1183, un premier corps de trou*
pes fournies par les Hintata et autres tribus raasraou-
diènes de Tin Mellal et partit à son tour avec les con-
tingents arabes venus d'Ifrikîa, pendant que la flotte
allait à Gibraltar pour assurer le ravitaillement.
L'armée ayant été réunie à Sévillo. marcha sur
Santarom qu'elle assiégea, tandis qu'une partie de
la flotte tenait l'embouchure du Tage et du Douro.
Les assiégés opposeront une énergique résistance et
ils étaiont sur le point de succomber lorsqu'un ordre
mal interprété compromit le succès. Le khalife avait
prescrit à son fils Abou Ishak de marcher sur Lis-
bonne; l'armée fatiguéo par la longueur du siège
pensa que le signal du départ était donné et au matin
le khalife se trouva seul avec sa garde noire. Les as-
siégés en profitèrent pour faire une vigoureuse sortie
et attaquer lo camp. Abou Yakoub entouré de sa garde
qui fut décimée, Se' défendit avec courage et reçut
plusieurs blessures. Quelques troupes ralliées par
leurs chefs revinront alors suf Jours pas et réussi-
rent à le dégager des mains des Cfrf&iens. Le prince
Abou Youssef Yakoub rallia l'armée débandée, mais
le khalife mourut de ses blessures un peu avant d'ar-
river à Algésiras, en juillet 1181. Il fut enterré à
116 HISTOIRE DU MAGHREB
Tin Mellal près de son père et eut pour successeur
Abou Youssef Yakoub qui fut proclamé à Séville. Ce
prince mérita plus tard le surnom d'El Mansour (le
victorieux) et c'est à lui que l'on fait remonter l'u-
sage conservé & ce jour en Maghreb de mettre la for-
mulo c Louanges & Dieu seul t en tête do tous les
écrits. Il reprit la campagne avec l'aide d'Abou Mo-
hammed Abdolouahad petit-fils du cheikh Abou Hafs
et ne rentra à Marrakech qu'après avoir essayé de
venger son père en reprenant quelques places fortes.
Une révolte d'Ali Ibn Ghània demeuré aux Baléa-
res le champion do la cause almoravide, éclata au
moment où il se disposait à entreprendre quelques
réformes qu'il projetait d'introduiro on Maghreb et
l'empêcha de reprendre la guerre en Espagne. Quand
ils apprirent la mort du khalife almohade, les fils
d'Ishak Ibn Ghania emprisonnèrent le général Ibn Zo-
bortelr chargé de los surveiller et donnèrent le pouvoir
à leur frère Ali, homme énergique, et ambitieux, qui
projetait de relever le prestige des Almoravides. Lais-
sant lo commandement des Baléares à son oncle Abou
ZobeTr, Ali partit pour l'Afrique avec trente-doux navi-
res, emmenant plusieurs mombres de sa famille et
une bande d'aventuriers. En mai 1185, cetto petite
flotte enleva par surprise la villo do Bougie dont le
gouverneur Abou Rabïa, petit-fils d'Abdelmoumen,
était dans l'intérieur du pays et la livra au pillage.
Le gouverneur d'IfrikYa Abou Moussa qui se rendait
en Maghrob pour le paiement do l'impôt et ignorait
lui-même la présence des Almoravides, vint se jeter
entre leurs mains. Le commandant de la Kalaa des
Boni Hammad et Abou Rabïa s'étant rejoints, se por-
tèrent en hâte sur Bougie avec les troupes dont ils
disposaient, mais Ali Ibn Ghania les battit, prit leur
camp et appela à lui les Arabes pour ravager le pays
LES ALMOHADKS 117
i
intérieur. Les Riah, Djochem et Atbbedj violèrent leur
pacte avec les Almohades pour le suivre, tandis quo
les Zoghba s'unirent aux zénètes Toudjino, Rached et
Abdelouad, pour défendre le Maghreb central contre
les aventuriers almoravides.
Ali laissa Bougie au commandement de son frèro
Yahya et alla prendre Alger où il nomma comme gou-
verneur son noveu Yahya ibn Akhi Talha. 11 s'empara
ensuite do Miliana, mais n'osant s'aventurer plus loin,
il revint vers l'Est et enleva la Kalaa. A co moment,
des Arabes en grand nombre le rejoignirent dans les
plaines de Sétifavec leurs familles et leurs troupeaux
et il les mena, tout en dévastant le pays, faire le siège
deConstantine. Pendant qu'il entreprenait le blocus do
cette place forto, le khalife nommait son cousin Abou
Zeïd gouverneur du Maghreb central et faisait partir
une flotte pour l'appuyer par mer. Abou Zeïd annonça h
l'avance l'octroi de l'amnistie générale ; il reprit Mi-
liana dont le gouverneur fut mis à mort et reçut la
soumission des habitants d'Alger qui lui livrèrent
les chefs almoravides. C'est alors que la flotte ayant
paru dovant Bougie, les habitants chassèrent Yahya
Ibn Ghania et délivrèrent Abou Moussa qui ouvrit les
portes do la ville à son cousin Abou Zeïd. Us se portè-
rent tous deux au secours do Constantine réduite à la
dernière extrémité, mais les assiégeants s'enfuirent a
leur approche et ils les poursuivirent jusqu'à Negaous.
Ali Ibn Ghania réduit a guorroyer dansleSahara,vint
assiéger Tozeur sans succès, mais réussit à prendre
Gafsa. Il appela alors co qui restait au Maghreb de
Lemtouna et do Mcssoufa, puis s'allia avec quelques
fractions des Soleïm et alla tenter la fortune vers Tri-
poli. Il y rencontra deux lieutenants de Saladin en-
voyés par ce général pour prendro des placesfortes de-
vant lui servir de point d'appui en cas de nécessité. L'un
118 HISTOIRE OU MAGHREB
d'eux était le célèbre aventurier kurde Karakache El
Ghozzi, l'autre se nommait Ibrahim ben Karatikine
El Moaddami. Ils étaient restés dans le pays malgré
le rappel de leur chef, avaient pris le Fezzan aux rois
berbères Houara des Béni El Rhattab et y avaient pro-
clamé l'autorité de Saladin. Ayant ensuite accueilli
les pires brigands et s'étant alliés aux Arabes Debbab
de la fraction des Solelm, ils attaquèrent les tribus
berbères ayant quelques richesses et vinrent s'éta-
blir à Tripoli, après avoir dévasté les montagnes de
Nefoussa et autres lieux. Une alliance fut conclue en-
tre ces chefs auxquels les Arabes Riab, Djochem et So-
lelm de l'Est vinrent offrir leurs services. Les alliés
s'emparèrent de Nefta, Gabès, Tozeur et autres villes,
si bien qu'Ali Ibn Ghania eut un territoire assez étendu
pour proclamer la restauration almoravide et faire
hommage de sa conquête au khalife abbasside qui lui
envoya un diplôme d'investiture et invita Saladin à
lui prêter son appui.
Dans le même temps se produisit une nouvelle révolte
aux Baléares; Ibn Zobertelr en profita pour sortir de sa
prison et put s'enfuir avec Mohammed l'atné des fils
d'Ishak Ibn Ghania déposé au profit de son frère Ali.
Us arrivèrent à Marrakech au moment où le khalife
s'apprêtait & partir pour l'Ifrikla. Ali Ibn Ghania, de
son côté, fit partir la flotte de Tripoli pour Majorque
avec son frère Abdallah qui réussit h reprendre les
Baléares.
Le khalife quitta Fez et Taza avec son armée en
1187 et partit pour Tunis ; en route il fut rejoint par
les Arabes Zoghba et les Athbedj demeurés fidèles.
De Tunis dont il fit son quartier général, il onvoya
une armée contre l'ennemi ; les Almoravides mar-
chèrent à sa rencontre et, au lieu dit Ghomeit, la^
mirent en pleine déroute,' tuant les chefs et rejetant"
I.K8 ALMOHADES 110
les soldats sur Tunis. Le khalife prit alors la tête de
ses troupes, se porta directement sur Kairouan, puis
alla occuper la position d'El Hamma dans le Djerid.
Les deux armées se rencontrèrent de nouveau et
l'avantage resta aux Almohades, malgré l'ardeur dé-
ployée par les Almoravides dont les chefs Ali Ibn Gha-
nia et Karakache ne conservèrent la vie qu'en pre-
nant la fuite. Dès le lendemain le khalife entra à
Gabès où se trouvaient la famille d'Ali Ibn Ghania et
ses richesses et enleva Gafsa où s'étaient réfugiés les
Kurdes d'Ibrahim ben Karatikine. Ce chef fut mis è
mort et la ville de Tripoli elle-même retomba aux
mains des Almohades (1187).
Saladin acheva, dans le courant de la même année,
de détruire à son profit le royaume des Croisés de
Jérusalem.
Abou Youssefpoursuivit avec la dernière rigueur les
Arabes Djochem, Acom et Riah qui avaient aidé les
Almoravides et, comme il ne leur accordait aucune
confiance, il décida do les transporter en Maghreb. Il
les conduisit lui-même en 1188 par les routes du sud
et plaça dans le canton du Hebet, au sud de Tetouane,
les Riah sauf la fraction des Douaouida restée en Tu-
nisie et dans le Tamesna les Djochem et les Acem.
Ali Ibn Ghania qui avait repris avec Karakache ses
dévastations dans lo sud de l'Ifrikïa, fut tué au cours
d'un combat contre les Nefzaoua, dans le Djerid ; son
frère Yahya lo remplaça à la tête du parti almoravide.
A son arrivée à Marrakech, le khalife fit mettre à
mort ses deux frères Abou Yahya el Omar, ainsi que
son cousin Abou Rabïa qui avaient profité do son ab-
sence pour comploter. Pendant le même temps, les
Chrétiens d'Espagne avaient repris l'offensive tandis
que les échecs éprouvés par ceux de Terre sainte
avaient occasionné une. nouvelle croisade. Le roi do
120 HISTOIRE OU MAGHREB
Portugalprofita du passage des croisés anglais et danois
pour reprendre Silves où un grand nombre de Mu-
sulmans furent massacrés, ainsi que Beja et Evora.
Abou Youssef envoya quelques renforts au gouverneur
de Cordoueen 1191, en attendant l'armée qu'il se pré-
parait à conduire en personne dans la capitale.
En Ifrikla, une scission s'était produite entre Yahya
Ibn Ghania et Karakache; celui-ci, après avoir ravagé
Gabès, avait attiré à lui quatre-vingts cheikhs des
Kaoub pour les dépouiller et les avait fait mettre à
mort, obligeant ces tribus à se réfugier dans le pays de
Barka. Il s'était ensuite emparé de Tripoli puis s'était
reconcilié avec Yahya. Tous deux allèrent alors repren-
dre le Djerid, mais une nouvelle scission ayant éclaté
entre les deux chefs, Yahya s'allia aux Kaoub impa-
tients de venger leurs cheikhs. Ils poursuivirent Kara-
kachejusque au sud de Morzouk dans le Fezzan, l'as-
siégèrent dans la ville de Ouaddane le prirent et le
mirent à mort. Yahya Ibn Ghania alla ensuite à Tripoli
poursuivre les partisans de Karakache, s'empara de
la ville et enleva Gabès.
En 119$, le khalife Abou Youssef résolut de se porter
en Ifrikïa contre les rebelles, mais arrivé à Meknès à
la tôte de troupes fournies par les tribus alliées, il reçut
d'Espagne des nouvelles qui l'obligèrent à passer dans
la Péninsule. Au mois de juin 1196, il arrivait à Sé-
ville avec une armée comprenant des contingents de
toutes les tribus berbères du Maghreb, y compris les
Abdelouad, Toudjine et Merine, ainsi que ceux des
Arabes Zoghba et autres, récemment amenés d'Ifrikïa.
A la tête de ces forces imposantes, il se disposait à
répondre à la récente provocation d'Alphonse IX roi
de Castille qui s'était avancé jusqu'à Algésiras pour
lo menacer. L'armée chrétienne avait pris position près
de la forteresse d'Alarcos entre Cordoue et Calâtrava.
LES ALMOHADES 121
(
Arrivant par la vallée du Guadalquivir, le khalife
disposa son armée en trois corps dont le premier qui
devait soutenir l'attaque ennemie était sous le comman-
dement d'Abou Yahya petit fils d'Abou Hafs et se com-
posait de milices andalouses, d'archers kurdes et des
troupes almohades; le second, placé en arrière, com-
prenait les auxiliaires berbères et arabes et le troi-
sième était constitué par le souverain entouré de sa
garde noire.
Les chevaliers chrétiens s'élancèrent sur le premier
échelon de l'armée musulmane avec impétuosité, mais
elle résista et ils durent revenir & l'attaque plusieurs
fois. Quand ils eurent réussi à la rompre et à tuer son
commandant Abou Yahya, ils étaient complètement
épuisés et la cavalerie du deuxième échelon n'eut pas
de peine à les envelopper et à les massacrer, eux
et ceux qui vinrent à leur secours. Le roi Alphonse
se disposait à intervenir avec sa réserve, lorsque le
khalife entouré de sa garde et de sa musique, s'avan-
çant calme et en bon ordre, mit la panique parmi les
Chrétiens qui s'enfuirent de tous côtés, poursuivis par
la cavalerie des Almohades. Les Musulmans s'empa-
reront d'Alarcos abandonnée par lo roi Alphonse et y
firent 20.000 captifs que le khalife rendit à la liberté
après avoir détruit la ville (1196). C'est cette victoire
qui valut à Abou Youssef l'épithète d'El Mansour (le
victorieux). Il ravagea ensuite le territoire de Tolède,
brûla Salamanquc, traita avec les rois de Navarre et
de Léon qui se reconnaissaient ses vassaux et conclut
une trêve avec Ferdinand de Castille (1197).
Mais de graves événements venaient de se pro-
duire en Ifrikïa qui rappelèrent le khalife au Magh-
reb. Tombé gravement malade dès son arrivée, il
désigna son fils Abou Abdallah Mohammed comme
héritier présomptif et mourut en janvier 11991
122 HISTOIRE DU MAGHREB
Abou Youssef Yakoub fut un grand prince qui, au
cours de son règne glorieux, fit construire les monu-
ments les plus remarquables de Séville comme le
minaret de la grande mosquée appelée la Giralda et
l'Alcazar. Il fonda la ville de Rabat et y fit construire
la tour Hassan sur le modèle de la Giralda et par le
même architecte ; enfin pour perpétuer le souvenir
de la victoire d'Alarcos, il bâtit la mosquée de Mar-
rakech appoléo El Kelbïa (Koutoubia).
Le nouveau khalife surnommé Ennasscr prit commo
premier ministre Abou Mohammed petit fils du cheikh
Abou Hafs et nomma comme gouverneur à Tunis Sid
Abou Zeïd et à Bougie Sid Aboul Hassan. Puis il dirigea
contre les Baléares, dans le but d'atteindre plus sû-
rement les Almoravides, uno flotte aux ordres de son
oncle Sid Aboul Ala et d'un petit fils du cheikh Abou
Hafs nommé Abou Saïd. Les lies furent facilement
enlevées, par ces deux généraux au chef almoravide
Abdallah Ibn Ghania qui put s'enfuir.
A Tunis, lo commandant d'un corps franc nommé
Mohammed Regragui, qui avait obtenu quelques suc-
cès sur les Alraoravidos et les Arabes, ayant été gra-
vement indisposé par le gouverneur Abou Saïd le haf-
cide, se mit en état de révolte. Il enleva Mehdia k
Younes le propre frère d'Abou Saïd, en 1199, au mo-
ment même où arrivait le nouveau gouverneur Sid
Abou Zeïd. Celui-ci crut devoir lui opposer Yahya Ibn
Ghania par terre et envoya une flottille tunisienne par
mer contre le rebelle qui dut capituler; mais malgré
la parole donnée, Yahya le fil assassiner (1200-1).
Maltro de Mehdia, de Tripoli et du Djerid, le chef
almoravide avait saccagé Béja et battu près do Cons*
tantine, le gouverneur almohade de Bougie. Marchant
ensuite contre fiiskra, il l'enleva d'assaut, et s'empara
de Tebcssaet rie Kairouan. Encouragé par ces succès,
LES ALMOHADES 123
ï
il réunit des contingents arabes et marcha hardiment
sur Tunis qu'il réduisit après quatre mois desiège, obli-
geant le gouvernour Abou Zeïd à capituler (1203). Il
frappa d'une forto contribution de guerre les villes de
Tunis, Sicca-Yenerea, Bizerte et Bône, exerçant sur
toute l'Ifrikïa, avec la collaboration des Arabes, la
plus intolérable tyrannie. Il proclama ensuite la sou-
veraineté des Abassides.
Le khalife Ennasser, devant cette situation, convo-
qua son conseil pour arrêter les mesures à prendre.
Tous les conseillers proposèrent d'abandonner ses
conquêtes à Yahya Ibn Ghania; seul Abou Mohammed
petit-fils du cheikh Abou Hafs, indigné, affirma la né-
cessité de lutter à outrance et le khalife partageant
cette opinion, une expédition fut décidée. Pendant
que le flotte se dirigeait vers l'EsC, Ennasser à la tête
do l'armée quittait le Maghreb en 1204.
Yahya Ibn Ghania transporta immédiatement ses tré-
sors à Mehdia, alla raser la ville de Tripoli qui s'était
révoltée et vint attendre l'armée almohade près de
Gabès. La flotte et l'armée arrivèrent ensemble à Tunis
où Ennasser fit mettre à mort tous les partisans de
l'almoravide. Il alla ensuite mettre le siège devant
Mehdia et envoya un corps de 4.800 Almohades com-
mandés par lo hafcide Abou Mohammed contre les Ara-
bes qui tenaient la campagne. Abou Mohammed rem-
porta sur eux une grande victoire et rentra à Mehdia
amenant avec lui un butin considérable et le prince
Abou Zeïd qu'il avait délivré. Le gouverneur de Mehdia
apprenant co succès rendit la place et le khalife rega-
gna Tunis après avoir chargé son frère Abou Ishak
avec Abou Mohammed de poursuivre Yahya. Ces deux
chefs furent assez heureux pour reprendre le pays
conquis par l'almoravide qu'ils pourchassèrent jusqu'à
fiarka et repoussèrent aux extrémités du Sahara.
124 HISTOIRE DU MAGHREB
En 1207 cette expédition étant terminée, le khalife
regagna lo Maghreb, laissant comme gouverneur à
Tunis le hafcide Abou Mohammed avec, pleins pouvoirs,
car il avait dans ses talents la plus entière confiance.
Yahya Ibn Ghania reparut aussitôt avec des contin-
gents arabes des Riah; Abou Mohammed lui opposa des
tribus 8oleïmidos à qui il avait concédé des terres en
Tunisie. A Chebrou près de Tebessa où se rencontrè-
rent les deux armées, Yahya reçut des blessures et
son camp fut pris. Le rebolle traversa alors le Magh-
reb par le désert, jusqu'à Sidjilmassaqu'il pilla de fond
en comble et d'où il rapporta un énorme butin. Ap-
pelé à Tiaret par des zénètes en lutte avec les Abdc-
louad, il mit cette place au pillage, mais en revenant
vers l'Est il se heurta à l'armée d'Abou Mohammed qui
lui infligea une sanglante défaite, lui enleva son bu-
tin et l'obligea à se réfugier dans lo désert. C'est alors
que Sir, frère d'Yahya Ibn Ghania, décida de faire sa
soumission au khalife dont il fut bien accueilli.
Après avoir réuni do nombreux contingents des
tribus soleïmides, jalouses des avantages dont jouis-
saient leurs frères en Tunisie, Ibn Ghania se porta
vers le nord. Auprès du Djebel Nefoussa, il rencon-
tra l'armée almohade qui lui infligea une sanglante
défaito et s'ampara du camp des partisans arabes ve-
nus au combat avec leurs familles; les Hilaliens et par-
ticulièrement les Riah furent exterminés. Ibn Ghania
dut encore se réfugier dans le désert et les Nefoussa
révoltés massacrèrent ses deux fils restés avec eux.
Abou Mohammed châtia sévèrement les Arabes parti-
sans de l'almoravide et récompensa généreusement
ceux qui avaient marché sous sa bannière (1210).
Alphonse IX de Caslille rompant la trêve, avait pé-
nétré en 1209 en territoire musulman et son fils Fer-
dinand avait fait dn mémo, ce qui obligeait Ennasser
LES ALMOHADES 125
(
à envoyer sans cesse des contingents pour les conto-
nir. En 1211, le khalife réunit à Sévillo la plus forte
armée que les Musulmans aient conduite en Espagne.
De son coté, Alphonse demandait au pape Innocent III
de publier la croisade contre les Musulmans d'Espa-
gne et de nombreux chevaliers chrétiens étaient venus
de Prance, d'Allemagne et d'Italie se mettre à ses or-
dres; les rois de Léon et d'Aragon avaient amené
eux-mêmes leurs troupes et l'infant de Portugal avait
fourni l'élite de ses chevaliers.
L'armée chrétienne partie de Tolède alla enlever la
forteresse de Calatrava sur le Guadiana, mais les
croisés se débandèrent et reprirent, sous la direction
de leurs évêques le chemin du nord, ravageant le
pays qu'ils devaient défendre et abandonnant les Es-
pagnols à leurs propres forces. Les trois rois conti-
nuèrent cependant leur marche à travers la Sierra
Morena et se portèrent en avant de la forteresse dite
Hisn El Okab (le fort do l'Aigle), sur le plateau de
Las Navas de Tolosa.
L'armée musulmane déployait en avant son in-
fanterie et avait ses deux ailes constituées par des
cavaliers en majeure partie arabes ; la cavalerieanda-
louse venait ensuite comme réserve et en arrière,
sur une hauteur, était le camp du sultan et sa garde
noire. Le combat engagé au centre, s'étendit rapide-
ment aux ailes. Les miliciens de Castille ayant plié,
le roi crut la bataille compromise; il se lança impé-
tueusement dans la mêlée et parvint jusqu'au front,
suivi do sa réserve. Sa présence réveilla l'ardeur
des soldats chrétiens qui, à leur tour, firent plier
los soldats musulmans; mais la cavalerie anda-
louse, au lieu de leur porter secours, tourna bride
et laissa les Almohades seuls en face 4es Chrétiens.
Démoralisés par cette défection, les soldats rausul-
126 HISTOIRE DU MAGHREB
mans ne tardèrent pas à tomber sous les coups de
leurs ennemis et au moment où ceux-ci arrivaient au
camp du khalife, un arabe sauva Ennasser en lui
amenant un cheval avec lequel il put gagner Jaen.
Les Chrétiens obéissant aux ordres de leurs chefs, ne
firent aucun quartier et quand les Musulmans eurent
entièrement disparu, ils recueillirent un butin consi-
dérable ; la tente et l'étendard d'Ennasser furent en-
voyés au pape (juillet 1212).
Rentré à Séville, le khalife fit rallier les débris de
l'armée el regagna Marrakech où il désigna pour lui
succéder son fils Abou Yakoub Youssef. Il aban-
donna dès lors la direction des affaires à son vizir
Ibn Djaraa et mourut en décembre 1213, d'une façon
mystérieuse qui a donné lieu à différentes versions.
Son fils Abou Yakoub fut proclamé sous le nom d'El
Mostancer, mais il fut tenu à l'écart par Ibn Djama
qui s'entoura de cheikhs almohados ot accapara la
direction des affaires.
À la suite de leur succès à Las Navas de Tolosa, les
Chrétiens avaient ravagé l'Andalousie et imposé une
trêve aux Almohades. A Tunis le hafeide Abou Mo-
hammed déjà indépendant, ne restait attaché à la dy-
nastie qu'en souvenir de son aïeul ; enfin l'attitude
des Zénèles du Maghreb central contribuait, d'autre
part, à compromettre la puissance almohade. Ces Zé-
nèles Béni Ûuassino chassés du sud constantinois par
l'invasion arabe, s'étaient cantonnés dans le Sahara
oranais d'abord et dispersés ensuite en plusieurs
groupes: les Toudjine avaient remplacé les Meghra-
oua entre Tiaret et l'Ouencheris ; les Abdelouad alliés
aux Arabes Zoghba de la vallée du Chélif, atteignaient
les hauts plateaux au sud de Tlemcen, tandis que les
Béni Merine remontant du Sahara dans la vallée de
la Molouïa jusqu'au territoire de Taza, s'y étaient
LES ALMOHADES 127
i
alliés aux débris des tribus Miknassa. Les Almohades
avaient recompensé les services des Abdelouad en leur
concédant le territoire des Iloumen et des Oueman-
nou dans le Maghreb central et ils avaient reconnu
ceux des Boni Merine en Espagne, en leur attribuant
le territoire usurpé dans la Molouïa.
Quant au chef auquel obéissaient alors les Béni Me-
rine, Abdelhak ben Mahiou, c'était un homme à la
fois énergique, intrépide et ambitieux. 'Sous sa con-
duite ils avaient réussi, en 1216, à occuper lo ter-
ritoire de Fez et de là s'étaient avancés jusque dans
le Riff. Leurs progrès devenant inquiétants, le géné-
ral Ibn Ouanoudine fut envoyé contre eux à la tête
d'un corps de troupes qui devait se joindre aux for-
ces du gouverneur de Pez, Abou Ibrahim, pour s'oppo-
ser à leur marche. Les deux armées se rencontrèrent
près de l'Oued Nokour et la victoire resta aux Béni
Merine. Les vainqueurs pillèrent les bagages des Al-
mohades et firent de nombreux prisonniers, parmi
lesquols Abou Ibrahim, qu'ils renvoyèrent chez eux
entièrement nus. Ils enlevèrent ensuite Taza, mais,
la discorde les ayant divisés, un parti d'entre eux se
sépara d'Abdelhak et s'allia contre lui aux Arabes
Riah du Hebet ; dans le combat qu'ils se livrèrent,
périrent Abdelhak et son fils Idris. Un autre fils de
l'emir mérinide nommé Othmane Aderghal (le bor-
gne) fut élu chef, il vengea la mort do son père sur
les Riah et obligea ces Arabes à lui payer un tribut
annuel (1217-1218). Ce succès attira dans les rangs
des Béni Merine de nombreux aventuriers avec les-
quels ils répandirent la désolation et l'anarchie dans
les provinces orientales de l'empire et réussirent à
développer rapidement leur puissance.
Le cheikh Abou Mohammed ben Abou Hafs étant
mort à Tunis, El Mostancer nomma à sa place le prince
128 HISTOIRE DU MAGHREB
Aboul Ala revenu d'Espagne. Yahya Ibn Ghania repa-
rut aussitôt dans le Djerid, mais Aboul Ala envoya
contre lui deux corps de troupes aux ordres de son fils
Abou Zeïd qui le pourchassèrent jusqu'à Ghadames et
Ouaddane, sans pouvoir l'atteindre. Ibn Ghania revint
à la charge avec des aventuriers et des Arabes et
reprit Biskra d'où il fut encore chassé dans le Sahara.
Il reparut et s'avança audacieusement jusqu'auprès
de Tunis, mais battu de nouveau il dut abandonner
ses bagages et son camp et Abou Zeïd se disposait à
le poursuivre sans rel&che, lorsque la mort de son
père le rappela à Tunis (1224).
El Mostancer qui, depuis son avènement n'avait
jamais quitté Marrakech, mourut en janvier 1224,
tué par un des taureaux qu'il faisait venir d'Andalou-
sie pour son agrément. Il ne laissait point d'héri-
tier direct et le vizir Ibn Djama, avec l'assentiment
des cheikhs, fit proclamer Abou Mohammed Abdel-
ouahad surnommé El Makhlou (le déposé), frère d'El
Mansour. En Espagne était proclamé en même temps,
sous le nom d'El Adel, un fils d'El Mansour nommé
Abou Mohammed Abdallah. Une sédition provoquée
par les partisans do ce dernier, obligea le khalife
Abdelouahvd à abdiquer après huit mois de règne ;
treize jour* après sa déposition il fut étranglé et
ton palais mis au pillago et incendié. Quant au vizir
Ibn Djama, il fut mis à mort chez les Hintata où il
s'était réfugié (1224).
En 1230, Alphonse de Léon mourut sans laisser
d'autre enfant que Ferdinand III, roi de Caslille depuis
1217 ; ce jeune prince hardi et ambitieux qui allait
réunir dans ses mains les deux royaumes de Castillc
et de Léon, devait être un adversaire redoutablo pour
la domination musulmane. Mohammed El Baïaci do
Jaen, un des plus puissants émirs d'Espagne, offrit
LES ALMOHADES 129
i
son alliance à' Ferdinand et battit l'armée almohade
envoyée contre lui.-C'est alors qu'El Adel partit pour
Marrakech, chargeant son frère Aboul Ala de rétablir
l'ordre en Andalousie. En passant à Ceula il nomma
Abbou, fils du hafcide Abou Mohammed, au gouverne-
ment de l'Ifrikïa en remplacement d'Abou Zeïd.
Le khalife trouva Marrakech en proie à l'anar-
chie occasionnée par les intrigues des cheikhs
Masmouda et des Arabes Sofiane et Khlot; ceux-ci
alliés aux Berbères Heskoura ravageaient la campa-
pagne autour de la capitale. Les troupes envoyées
contre eux furent battues et les rebelles marchant sur
Marrakech pénétrèrent dans le palais d'El Adel ; ne
pouvant obtenir son abdication, ils le mirent à mort
(1227).
A la même époque, le hafcide Abbou vint en Ifrikïa
prendre la direction de son commandement dont il
avait chargé son frère Abou Zakaria et son cousin Abou
Amrane. Yahya Ibn Ghania voyant les Hafcides repren-
dro le pouvoir en Ifrikïa, préféra s'éloigner et alla exer-
cer ses déprédations on Maghreb central. Après avoir
attaqué les Toudjine, il se porta dans la vallée du Ché-
lif contre les Meghraoua de l'emir Mendil ben Abdcr-
rahmano. Ayant battu les Meghraoua et tué leur chef,
il alla s'emparer d'Alger et de Dellys, traversa le
pays des Zouaoua et prit Bougie, commettant par-
tout les pires excès. Abbou lui reprit Bougie et Miliana
et le poursuivit jusque vers Sidjilmassa, mais ne pou-
vant l'atteindre il regagna Tunis (1227), Ibn Ghania
après avoir poussé une pointe sur Sidjilmassa, rentra
en Tripolitaine par le Sahara, mais son prestige était
considérablement diminué et son armée réduite à
quelques aventuriers n'était plus qu'une bande de
brigands.
Quand ils apprirent la mort d'El Adel, les Almoha-
130 HISTOIRE DU MAOHRËB
des prodamèrent le jeune Yahya fils d'Ennasser
sous le non d'El Motassem Billah, pendant qu'en Es-
pagne Aboud Ala îdris frère d'El Adel était reconnu
khalife sous le nom d'El Mamoun. Les Arabes Khlot
et Sofiane du Maghreb extrême so prononcèrent pour
ce dernier et bénirent les troupes envoyées contro
eux; quant à Yahya, les progrès do son rival le dé-
cidèrent à se réfugier à Tin Mellal où il apprit quo
les gouverneurs des provinces du nord s'étaient déta-
chés de son parti. L'ffrikïa lui restait fidèle, mais El
Mamoun. la lui enleva en nommant, comme gouver-
neur, le commandant de Gabès Abou Zakaria, en rem-
placement de son frère Abbou. Celui-ci fut expédié
chargé de fers au khalife, tandis qu'Abou Zakaria
faisait une entrée solennelle à Tunis et y proclamait
l'autorité d'El Mamoun.
Le khalife toujours en Espagne, était débarrassé
de son ennemi Mohammed ElBaïaci qui avait péri as-
sassiné, mais en même temps, Mohammed ben Youssef
Ibn Houd se faisait proclamer khalifo à Murcie et
s'emparait en peu de temps de l'Espagne orientale.
Devant ce nouveau danger, El Mamoun que d'autres
affaires importantes appelaient en Maghreb, traita de
la paix avec le roi de Castille à qui il abandonnait
dix places fortes et dont il recevait un corps de 12.000
cavaliers chrétiens. Arrivé en Maghreb, il battit l'ar-
mée de Yahya composée de Hintata et autres tribus
de Tin Mellal ainsi que d'Arabes Sofiane, grâce à la
valeur de sa cavalerie chrétienne et entra à Marra-
kech en février 1230.
Il maudit publiquement en chaire la mémoire du
Mehdi qui se prétendait impeccable et, pour diminuer
l'influence des cheikhs almohades dont il voulait s'af-
franchir, il défendit que le nom du Mehdi leur ancê-
tre soit prononcé dans la prière ; il abolit certaines
i LES ALMOHADES îdi
fondations qui devaient rappeler son souvenir et ren-
dit même la forme ronde aux pièces de monnaie.
Ayant ensuite réuni certains de ces cheikhs, il leur
reprocha l'assassinat de plusieurs khalifes el les fit
mettre à mort, en invoquant la loi du talion.
A Tlemcen, Sid Abou Saïd frère d'El Mamoun était
entièrement dominé par Ibn Habboun cheïkh des Kou-
mïa et ennemi des Abdelouad. Sur ses conseils, il mit
en prison plusieurs cheikhs abdelouad venus en dé-
putation et sou lova par cet acte un grave mouvement
populaire. Un chof almoravide au service des Almoha-
des, nommé Ibn Allano, prit la tête de ce mouvement,
tua Ibn Habboun, emprisonna Abou Saïd, délivra les
cheikhs abdelouad et appola à lui Yahya Ibn Ghania.
Un cheïkh des Abdelouad nommé Djaber ben Youssef
des Alt Kassem, fidèle à El Mamoun, rétablit son au-
torité après avoir tué Ibn Allane. Lo khalife lo récom-
pensa en lui envoyant un diplôme et en lui confiant
le gouvernement do la ville où il devait être la sou-
che de la dynastie des Abdelouadites.
En Ifrikïa, Abou Zakaria réprouvait les actes du
khalife et ses réformes ; il répudia son autorité et se
proclama vassal de Yahya. Il pritConstantine et Bou-
gie après avoir battu les troupes envoyées contre lui
et jouit, par la suite, d'une indépendance telle que l'on
fait remonter à cette époque la fondation de l'empire
hafcide.
En 1229, les Baléares furent arrachées aux Musul-
mans par le roi d'Aragon Jayme Ier, tandis que dans
la partie occidentale de la Péninsule, Sancho II de
Portugal leur avait enlevé un grand nombre de places
fortes. D'autre part, Ibn Houd étendait sa puissance
au détriment d'El Mamoun toujours retenu en Afrique
par ses luttes avec Yahya. Après avoir battu les par-
tisans de ce dernier à Sidjilmassa, il avait dégagé
132 HISTOIRE DU MAOUItEB
Meknès, bloquée par les Berbères du Fazaz et de Mek-
lata alliés aux Béni Merine ,puis était venu assiéger
Ceuta que son frère sid Abou Moussa, partisan d'ibn
Houd, défendit énergiquement. Il dut lever lo siège de
cette place et revenir à marches forcées, en apprenant
que Yahya était entré par surprise à Marrakech; mais
arrivé dans la vallée de l'Oued Oum Errebia il mou-
rut subitement en octobre 1232. Son fils Abdclouahad
âgé de quatorze ans fut élu à sa place sous le nom de
Rachid, par les soins de sa mère aidée des chefs de l'ar-
mée Kanoun ben Djermoun des Arabes Sofîane, Omar
ben Aoukarit des Berbères Heskoura et Francil com-
mandant la cavalerie chrétienne. Pendant ce temps,
Sid Abou Moussa avait offert la ville de Ceuta à son
allié Ibn Houd et était allé le rejoindre on Espagne.
Le. nouveau khalife proclama une amnistie géné-
rale; son premier soin, après cela, fut de rétablir les
usages institués par le Mehdi et de réhabiliter sa mé-
moire. Les cheîkhs almohades des Hintata et de Tin
Mellal vinrent alors lui faire leur soumission, mais ils
furent massacrés en cours de route dans une embus-
cade tenduo par lo cheïkh des Heskoura Omar ben
Aoukarit et ses complices les cheikhs des Arabes
Khlot. Rachid usant de ruse à son tour, attira chez lui
les cheikhs arabes et l'oncle d'ibn Aoukarit et les fit
assassiner dans la salle où ils étaient réunis. Les Ara-
bes, à la suite de ces événements, demeurèrent en état
de rébellion contre le khalife.
Dans le même temps mourut dans l'oubli Yahya Ibn
Ghania qui, pendant cinquante, ans avait énergique-
ment tenu la campagne ; il ne laissait aucune postérité
mâle et avec lui s'éteignait le nom almoravide.
Abou Zakaria ne cessait de consolider sa puissance
en Ifrikïa ; c'est ainsi qu'en une seule campagne en-
treprise en 1234-35, il réussit à entrer à Bougie, re-
LES ALMOHADES 133
çut l'hommage de la ville d'Alger et du pays habité
par les Senhadja, réduisit la principauté des Meghraoua
Oulad Mendil s'étendant de Ténès a Mazouna, s'empara
d'Abdelkaoui chef des Béni Toudjine qui dominaient
de Médéa jusqu'à Alger et leur fit reconnaître sa su-
zeraineté.
Les Khlot révoltés s'étaient alliés au prétendant
Yahya pour venir tenter le siège de Marrakech; dans
une sortie, la garnison essuya une défaito et la milice
chrétienne fut décimée. Rachid marcha sur Sidjilmassa
centre de la puissance de son rival, mais Yahya pénétra
une seconde fois dans Marrakech et y prit la place du
khalife, pendant que ses soldats livraient la ville au
pillage (1235-36). Rachid, après ses succès dans le sud,
marcha avec ses alliés les Sofiane contre l'armée de
Yahya qu'il rencontra sur les tords do l'Oum Errebia.
Il la mit en complète déroute, la tailla en pièces et ren-
tra dans Marrakech. Yahya se réfugia chez des Ara-
bes Makil de la région do Taza qui le mirent à mort
et envoyèrent sa tète à Rachid. Celui-ci châtia ensuite
les Khlot et les pourchassa jusqu'à Fez où il entra en
vainqueur.
Djaber l'Abrfelouadite qui gouvernait Tlemcen au
nom du khalife, ayant été tué d'un coup de flèche à
Ncdroma en 1231, son fils El Hassan lui succéda, mais
il abandonna le gouvernement à son oncle Olhmane
qui indisposa la population par ses violences et fut ex-
pulsé. Son cousin Zegdane fils de Ziane ben Tabet fut
chargé du commandement qu'il exerça jusqu'en 1235-
1236, époque où il péril dans une rencontre avec les
Arabes Bcni Mathar. Il fut remplacé par son frère
Yaghmoracene ben Ziane, avec l'approbation des tri-
bus abdelouadites, des villes du Maghreb central et du
gouvernement almohade. Cet hommo rude el sans ins-
truction, mais plein d'intelligence et d'énergie, est
134 HISTOIRK DU MAGHREB
considéré comme le fondateur de la dynastie abdeloua-
dite ou zianite.
Omar ben Aoukarit qui n'avait pas désarmé, vint
en 1236 devant Salé avec des navires envoyés d'Es-
pagne par Ibn Houd ; mais une (lotte venant de Gênes,
ville alliée du khalife, la mit en fuite. Cet insuccès
détacha Ceuta d'ibn Houd, ainsi que Sévi Ile qui envoya
une députatiou offrir sa soumission au khalife. L'an-
née suivante, Omar ben Aoukarit arrêté en Espagne,
fut envoyé à Rachid qui le fit exécuter publiquement
avec les chefs des Khlot.
Les Béni Merine remportaient à celte époque de nou-
veaux succès en Maghreb et augmentaient considéra-
blement leur autorité ; leur chef Othmane Aderghal
soumit successivement les Chaouia, Houara, Behloula
et Mediouna ; Fez, Taia et le Ksar Ketama durent lui
payer le tribut. H mourut assassiné en 1239*40 et fut
remplacé par son frère Mohammed.
Lorsque Ferdinand III avait hérité des royaumes de
Castille et de Léon, le territoire musulman se divisait .
entre deux, rivaux, Ibn Houd, vassal des Abbassides
qui tenait lo pays entre Murcie et Malaga et Moham-
med Ibn El Ahmer qui commandait à Grenado, Jaen,
Cadix et Baëza. Yers 1236, une troupe chrétienne réus-
sit à pénétrer par surprise dans un faubourg de Cor-
doue el des renforts envoyés par le roi de Castille ai-
dèrent à en achever la conquête. Les Musulmans
^migrèrent pour la plupart et Cordoue devint une des
grandes métropoles chrétiennes de l'Espagne. Ibn
Houd qui marchait au secours de l'émir de Yalence
attaqué par le roi d'Aragon, perdit la vie en passant
à AlmêVia et Ibn El Ahmer qui recueillit son héritage,
s'établit à Grenade (1238).
La chute de l'ancienne capitale des Ommiades fut
profondément ressentie par les Musulmans d'Espagne; '
LES ALMOHADES 135
.

ceux qui ne faisaient pas partie lu royaume de Gre-


nade, firent acte de vassalité au hafcide Abou Zaka-
ria en sollicitant son appui et Ibn El Abmer offrit sa
soumission au khalife Rachid. Abou Zakaria accueillit
favorablement la députalion envoyée d'Espagne pour
solliciter un secours en faveur de Valence pressée
par le roi d'Aragon et sur le point de succomber.
Mais la flotte qu'il envoya ne put aborder et alla se
réfugior à Dénia. En octobre 1238, Yalence capitula;
50.000 musulmans émigrèrent et leur chef Ziane ben
Merdeniçhe retiré à Dénia, décida les habitants do
Murcie à se soumettre au sultan hafcide (1239-1240).
Yaghmoracene, par ses talents, avait fait de Tlem-
cen une métropole florissanto qui recueillit les émigrés
d Espagne et devint un contre de commerce important
et de brillanteculture intellectuelle; enfin il y installa
un corps de mercenaires chrétiens et toute unecolonio
chrétienne qui bénéficiait de sa protection. Cette pros-
périté inquiétait Abou Zakaria qui saisit le premier
prétexte pour rompre avec les Abdelouadiles. Parti en
1241 pour Tlemcen il emmenait avec lui une nom-
breuse armée composée des troupes hafcides avec des
contingents Toudjine et Oulad Mendil, ainsi que des
Zoghba, Soueïd et Amer jusque là alliés des Almoha-
des. Il s'empara de Tlemcen que Yaghmoracene dut
abandonner, mais accueillit la soumission du prince
abdelouadite qui se reconnut son vassal (1242).
Le 4 décembre de cotte môme année, Rachid mou-
rait noyé, dit-on, dans une citerne du palais. Son frère
Aboul Hassan Ali Essaîd fut proclamé à sa place. La si-
tuation que recueillait le nouveau khalife était lourde:
les Béni Merine occupaient, avec Meknès, le centre du
pays ; Sidjilmassa avait reconnu la souveraineté haf-
cide, les possessions d'Espagne étaient attaquées de
tous les côtés à la fois, par Jayrao d'Aragon,Ferdidand
136 HISTOIRE DU MAGHREB
de Castille et Sancho II de Portugal ; les Musulmans
voyant l'impuissance des Almohades à leur porter se-
cours, s'adressaient au sultan hafcide, tandis quo Se-
villo où commandait un prince de la famille d'Abdel*
moumen, était assiégée par Ferdinand de Castille et
n'obtenait aucun secours du Maghreb. Enfin les Abde-
louaditos, depuis l'expédition d'Abou Zakaria, mar-
quaient aux Almohades une grande froidour.
Essatd réduisit d'abord Sidjilmassa, puis il s'atta-
cha les Arabes deKanoun ben Djermoun dont il fit son
premier ministro et alla écraser les Boni Merine entre
Fex elTata. Leur chef Mohammed ben Abdelhak ayant
été tué par un officier de la milice chrétienno, ils le
remplacèrent par son frère Abou Yahya et gagnèrent
le Sahara après avoir fait hommage de soumission au
sultan hafcide. Sur ces ontrefaites, Kanoun ben Djer-
moun faisait alliance avec les Boni Merine (1244).
Essald marcha contre ce rebello qui avait pris Axem-
mour, le châtia énergiquement, mais ne put poursui-
vre la campagne qu'il avait projetée contre les Béni
Merine. Ceux-ci en profitèrent pour faire proclamer
l'autorité d'Abou Zakaria à Meknès, à Tanger et à
Ceuta.
Devant le danger que présentait la situation pour la
puissance almohade, le khalife rallia à son opinion
ses conseillers et ses généraux ; il s'agissait de réduire
d'abord les Béni Merine et Yaghmoracene ensuite, puis
de reprendre l'Ifrikïa aux Hafcides et enfin d'aller on
Espagne combattre Ibn Houd et Ibn El Ahmer. A cet
effet, le khalife quitta Marrakech en avril 1248,.avec
une armée de troupes almohades et chrétiennes et de
contingents arabes parmi lesquels Kanoun ben Djer-
moun revenu à l'alliance almohade.
Meknès ayant été reprise sans coup férir par le kha-
life Eesaïd, les Béni Merine évitèrent de rencontrer sa
LKS ALMOHADES 137
nombreuse armée, offrirent de se soumettre et même
de fournir des forces pour combattre les Abdelouadi-
tes. Le khalifo peu confiant, engagea 500 de leurs
guerriers seulement et marcha do Tasa sur Tlem-
cen* Yaghmoracene avoc toutes ses forces so porta sur
la fortoresso de Tamezdekt dans les montagues voisi-
nes d'Oudjda ot onvoya son visir fairo des offres de
soumission au khalifo. Coluici les repoussa et marcha
sur Tamezdekt qu'il investit et dont il ordonna l'assaut.
Au moment où l'action s'engageait, une querelle
des Khlot et des Sofiane affaiblit l'attaque des assail-
lants, co que voyant, le khalife so jota en avant avec
impétuosité, mais il se trouva tout à coup entouré
d'ennemis et percé d'un coup de lance dont il mourut,
au camp d'Yaghmoracene où on l'avait transporté
(juin 1248). A cette nouvelle, les éléments de désordre
que renfermait l'armée almohade se prirent de que-
rello et, sourds à la voix de leurs chefs, se mirent à
piller. Les assiégés en profitèrent pour les tailler en
pièces el enlover les richesses quo renfermait le camp
du khalife. Yaghmoracene fit inhumer EssaTd en
grande pompe au cimetière d'El Abbad, près de
Tlemcen.
Abdallah fils d'Essaïd avait été élu par l'armée al-
mohade qui battait en retraite sur Marrakech; mais
les guerriers mérinidcs rejoignirent leur émir Abou
Yahya qui s'était tenu dans les montagnes des Benî
Iznassen et qui se transporta à Guercif, pour sur-
prendre l'armée almohado au passage. Il l'attaqua à
l'improvisto el lui enleva tout ce qui avait échappé
au désastre do Tamezdekt ; le prince Abdallah fut tué
dans lo combat et la milice chrétienne ainsi que les
archers kurdes passèrent au service des Mérinides.
Rompant le traité conclu après la chute de Yalence,
le roi d'Aragon avait assiégé Dénia et Xativa en 1238
138 HISTOIRE DU MAGHREB
et s'en était emparé malgré une longue et énergique
défense ; dans ces conditions, les habitants de Murcie
et d'Alicanto avaient préféré renoncer à la protection
d'ibn El Ahmer pour so déclarer les vassaux du roi
Ferdinand. Quant au royaume de Grenude, il était,
par traité, placé sous la suzeraineté du roi do Castille
qui en assurait la possession à Ibn El Ahmer et s'en-
gageait à lo défendro contre ses ennemis moyennant
un tribut important et la remise de Jaen (1216). Les
succès des Chrétiens so poursuivaient en Espagno, car
lo khalife almohade retenu en Afrique, ne pouvait in-
tervenir non plus qu'Abou Zakaria sollicité en vain
contre le roi Ferdinand qui avait entrepris lo siègo do
Sévillo. Celle placo, bien qu'abandonnée à elle même,
fut défendue par l'Almohade Aboul Hassan avec la plus
grande énergio; Ferdinand de Caslille dut faire appel
à tous les Chrétiens pour hâter la fiu de co long siège,
et Ibn El Ahmer commo vassal dut y contribuer. Lo
manque de vivres finit par avoir raison das assiégés ;
Aboul Hassan obtint uno capitulation honorable aux
termes de laquelle les Musulmans qui voudraient de-
meurer à Sévillo conserveraient leurs biens avec le
droit d'exercer librement leur culte (1248). La plupart
d'entre eux se réfugièrent dans lo royaume de Grenade,
les autres passèrent en Afrique. Ferdinand appelé lo
grand et le saint s'établit dans l'Alcazar et fut en-
terré à sa mort, en 1252, dans la grande mosquée con-
vertie en cathédrale.
L'empereur d'Allemagne Frédéric II avait épousé
Yolande l'héritière du royaume de Jérusalem et pro-
jetait une croisade qui lo rendrait maître do l'Orient.
Dans ce but il entretenait de bonnes relations avec les
princes africains et avail conclu avec eux des traités
d'alliance et de commerce. Il avait vaincu les Musul-
mans d'Italie et ceux do Sicile et avait interné ces der-
LE* ALMOHADES 139
nicrs à Lucera, en leur accordant des avantages, tan-
dis que leurs guerriers lui fournissaient un corps
important de mercenaire**(1226). Il dut renoncer à sa
croisade et en 1231 il conclut avec Abou Zakaria une
trêve de dix ans aux termes de laquelle le prince mu-
sulman lui paierait un tribut en argent pour être pro-
tégé contre les corsaires siciliens et avoir le droit de
commercer librement.
Après la mort d'Essaïd et celle de son fib et succes-
seur Abdallah, les cheikhs almohades élurent Abou
Hafs Omar qui se trouvait à Salé, sous le nom d'El
Morladha. Co khalifo renouvela l'alliance avec les
Arabes Sofia no et Béni Djaber alors les seuls soutiens
des Almohades et prit comme ministre un de ses pa-
rents nommé Abou Ishak qui le domina complète-
ment. Dans le même temps, la ville de Fez non secou-
rue, capitula el tomba aux mains d'Abou Yahya le
Mérinide à qui les habitants prêtèrent serment (1218).
Peu après Taza, Meknès, Salé, Rabat et le pays qui s'é-
tend de là à l'Oued Oum Errebia, reconnurent son au-
torité sous la suzeraineté hafcide. Ces événements
marquent les commencements de l'empire des Béni
Merine et du royaume fondé par leurs cousins les Ab-
delouad à Tlemcen.
En 1219, Abou Zakaria mourut laissant l'empire
hafcide qu'il avait fondé, dans la situation la plus
prospère et son fils Abdallah qui lui succéda sous le
nom d'El Mostancer, à peino âgé de vingt ans, avait
toutes les qualités nécessaires pour continuer son oeu-
vre. Mais la mort d'Abou Zakaria avait détaehé des
Hafcides leurs clients d'Espagne et au Maghreb,
Tanger el Ceuta s'étaient soumises à El Mortadha. '
L'émir des Béni Merine, dans le dessein de pour-
suivre l'anéantissement de la puissance almohade, s'é-
tait porté vers le Fasaz qu'il avait cerné. Le khalife
140 HISTOIRK DU MAOHRBB
marchait contro lui, maison routo, ses troupes l'ayant
abandonné, il dut rontrer à Marrakech, Pendant co
temps, les habitants do Foz se révoltèrent, massacrè-
rent leur gouverneur et proclamèrent l'autorité d'El
Mortadha. Lo khalife appela les Abdelouadites au se-
cours do la ville et Yaghmoracene suivi des tribus
zénètes, partit pour Foz. L'émir Abou Yahya y laissa
une partie de sos troupes et accourut, avec lo reste,
pour barrer la routo aux Abdelouadites. Il les rencon-
tra dans l'Oued Isly près d'Oudjda et, après un com-
bat sanglant où périrent nombre do chefs, il les mit
on dérouto elles rejeta sur Tlemcen. Quant aux habi-
tants do Fez, désespérant d'être secourus, ils capitu-
lèrent moyennant uno contribution de cent mille
pièces d'or. En septembre 1250, l'émir Abou Yahya
fit uneentréo solennelle dans la ville et les principaux
personnages compromis dans la révolte furent mis à
mort.
Après l'échec d'Isly, la discorde éclata entre Abde-
louadites et autres Zénata et Yaghmoracene dut mar-
cher par deux fois, en 1251 et en 1252, contre les Tou-
djinoavec lesquols il finit par traiter. Au retour do
celtede'uxièmoexpédition, il fut l'objet d'une tentative
d'assassinat par le chef do la milico chrétienne, pen-
dant une revuo. Les Chrétiens de Tlemcen furent mas-
sacrés et pendant quelques années, les Abdelouadites
renoncèrent aux auxiliaires chrétiens.
Cependant El Mortadha cherchait à arrêter les pro-
grès des Mérinidcs el se préparait & engager la lutte
avec eux. Il avait pu leur reprendre la ville de Salé,
mais ses projets étaient contrariés par des révoltes as-
sez graves, comme celle du -Sous où un agitateur
nommé Ali ben Yedder avait rallié des Arabes Makil
tels que les Béni Ilassane et Chebanatte et s'était dé-
claré indépendant. Malgré cela, l'émir mérinide crut!
i LKS ALMOHADES M
devoir envoyer une ambassade au sultan El Mostancer
pour lui demander son appui. Mais le souverain haf-
cido luttait alors contre son frèro Abou Ishak qui,
avec ses partisans arabes Béni Soloïm et Douaouida,
avait occupé Biskra. Le rebelle avait même obtenu la
soumission du soigneur du pays El Fadhel ben Mozni;
l'arméo d'El Moslancor put rétablir l'ordre et obli-
gea Abou Ishak et Ibn Mozni à se réfugier en Espa-
gne; quant aux partisans du rebelle ils furont sôvè-
romonl châtiés.
Le khalifo El Mortadha ayant réuni une importante
arméo composée d'Almohades et d'Arabes alliés, mar-
cha contre Fez, on 1255, et rencontra près de la ville,
à Bahloula, l'armée mérinido conduite par Abou
Yahya. Après uno bataillo acharnéo, les Mérinides l'em-
portèrent et le khalifo entouré de quelques serviteurs
seulement, s'enfuit laissant aux mains de l'ennemi
ses tentes et ses bagages. Abou Yahya alla dans le
sud poursuivre sos succès et obtint, malgré le kha-
lifo, la soumission do Sidjilmassa et du Dra. Dans cette
dernière province, il plaça son propre fils Abou Hadid
comme gouverneur. Enfin, Ali ben Yedder lui-même
qui tenait la campagne dans le Sous, battit l'armée
almohade envoyée contre lui. En 1257, Abou Yahya
battit oncore Yaghmoracene à l'Oued Selit et à Sidjil-
massa et rentra à Fez où il mourut l'année sui-
vante.
A cette même époque la dynastie abbasside était
anéantie par les Mongols d'Houlagou. Or, depuis la
mort do Saladin qui avait exercé la suprématie sur
les villes saintes, la discorde avait éclaté entre ses
descendants et ses affranchis et le chérif do la Mecque
cherchant à s'appuyer sur une puissanco temporelle
autre que celle qui avait renversé les Abbassides, se
décida à reconnaître l'autorité du sultan hafcide El
112 HISTOIRE DU MAGHREB
Mostancer. Il envoya, à Tunis, une ambassade chargée
de lui remettre un diplôme par lequel il lo reconnais-
sait comme l'héritier des khalifes. En même temps
que l'ambassade de la Mecque, qui fut l'objet d'une ré-
ception magnifique, se trouvaient à Tunis des envoyés
mérinides et une députation du roi nègre du Bornou,
apportant des présents au prince hafcide. El Mostan-
cor prit h cette occasion lo titre d'émir el moume-
nine.
Après la mort du prince mérinide Abou Yahya, son
fils Omar voulut exercer le commandement, mais il fut
contraint d'y renoncer en faveur de son oncle Abou
Youssef Yakoub ben Abdelhak (1259). A celte époque,
la puissanco des Béni Morino s'étendait de la Molouîa
à l'Oued Oum Errebia et de Sidjilmassa à Ksar Ke-
tama; la cour do leurs princes, à Fez, rivalisait
d'éclat avec celles de Tlemcen et do Marrakech et les
réfugiés d'Espagne contribuaient à y faire briller la
civilisation andalouso.
Yaghmoracene fit une nouvelle lentative contre les
Béni Merine et pénétra avec des contingents Toudjine,
Oulad Mendil et Arabes Zoghba, jusqu'à Taza où il fut
encore battu par les troupes mérinidos qui l'obligè-
rent à se rejeter sur Tlemcen. Abou Youssef, dans
l'impossibilité de le poursuivre, décida de conclure
une trôvo avec lui. Yoici, en effet, ce qui lo retenait :
son neveu Yakoub ben Abdallah gouverneur de Salé,
de connivence avec des Génois ou des Pisans ses alliés
commerciaux, avait fomenté une révolte dans la ville.
Mais ces Chrétiens réunis en grand nombre dans le
port, profitèrent des fêtes de la fin dujeune pour se je-
ter dans la cité, la piller, massacrer les hommes et
s'emparer des femmes et des richesses. Il fallut à l'é-
mir Abou Youssefquatorze jours de siège pour délivrer,
la place. Il fit relever les fortifications détruites par
LES ALMOHADES 148
t
les Chrétiens et chargea son fils Abou Malek de réduire
Yakoub ben Abdallah qui était allé dans les monta-
gnes desGhomra faire de l'agitation. Il rentra ensuite
à Fes et envoya à Yaghmoracene une ambassade qui
signa avec ce prince un traité d'alliance et d'amitié
à Sidi Zaher près des Béni Iznassen (1260).
El Mortadha employait co qui lui restait de troupes
à réduiro le rebelle Ali ben Yedder, mais les luttes
incessantes quo so livraient enlre eux ses alliés ara-
bes Khlot el Sofiane, ne faisaient qu'augmenter l'anar-
chie. Dans lo Sous, les troupes almohades perdirent
leur chef qu'EI Mortadha remplaça par Abou Zeïd ben
Iguite avec une nouvelle arméo et un corps chrétien
commandé par don Lopoz. La discorde éclata enlro
ces deux chefs et paralysa les efforts de leurs troupes;
sur la plainte d'Abou Zeïd. lo khalifo fit périr le chef
chrétien. Dans le même temps, des restes de deux
tribus kurdes chassées d'Orient par les Tartares se ré-
fugièrent à Marrakech où le khalife leur fil le meil-
leur accueil et les enrôla comme archers.
En 1261. l'émir des Boni Merine décida de marcher
avec do grandes forces contre les Almohades et vint
à Gueliz où il prit position pour faire le siège de Mar-
rakech Un descendant d'Abdel Moumen du nom d'Aboul
.
Ala Idris, surnommé Abou Debbous, prit la tête des
forces almohades et se jeta avec ardeur sur le camp
mérinide. Au cours d'un combat long et acharné, le
fils de l'émir Abou Youssef ayant été tué, son armée
se débanda et prit la fuite. El Mortadha, cependant,
fit des avances à l'émir do Fez et s'engagea à lui
payer un tribut annuel. L'armée mérinide regagnait
la capitale, lorsqu'elle fut attaquée dans la vallée de
l'Oum Errebia par une troupe almohade aux ordres
de Yahya ben Ouanoudine venu au secours de Marra-
kech. Les Mérinide* furent vainqueurs et obligé-
144 HISTOIRE DU NAOHREB
rent leurs ennemis à so retirer en désordre (1261).
Pendant ce temps, Yaghmoraceno soumettait les
Meghraoua Oulad Mendil du BasChélif et allait pren-
dre possession do Sidjilmassa enlovée par ses alliés
arabes les Monebbatto au gouverneur mérinide qu'il
remplaça par son fils Yahya.
A Marrakech, Abou Debbous victimo des basses in-
trigues auxquelles se livraient les Almohades, so ré-
fugia auprès du prince mérinide et lui domanda son
alliance contre El Mortadha. Le prince de Fez lui pro-
mit la moitié des territoires qu'il soumettrait ot lui
fournit des subsides pour entrer en campagne. Abou
Debbous réunit les Khlot et les Heskoura partisans des
Mérinides, ainsi quo des transfuges almohades et vit ses
rangs se grossir des Arabes Sofiane dont El Mortadha
avait fait massacrer les chefs qui lui paraissaient sus-
pects. A la tête do ces forces et appuyé d'un corps de
5.000 réguliers mérinides, Abou Debbous partit dans
l'été do 1266 contre Marrakech. A Aghroat, il culbuta
l'armée du vizir Abou Zeïd ben Iguito et arriva sous
les murs de la capitale almohade. Il surprit la place
sans défenseurs et y pénétra sans coup férir, pendant
quo le khalife s'acquittait de la prière du vendredi.
El Mortadha s'enfuit à Azemmour, mais le gouverneur
Ibn Attoucbe, son propre gendre, gagné par Abou
Debbous, l'envoya à Marrakech chargé do fers. Il fut
décapité en roulo et sa tête seule fut apportée à Mar-
rakech (1266).
Abou Debbous s'empara du pouvoir en se donnant
le titre d'El Ouatek Billah et marcha sans retard vers
le Sous, avec Yahya ben Ouanoudine, contre Ali Ibn
Yedder. Il rallia des contingents Guozzoula, Lemta,
Guenfissa, Zenaga et autres, atteignit Taroudant et
obligea Ibn Yedder à se rendre (1266-1267).
À la favour de la paix qu'il faisait régner dans ses
LES ALMOHADES U&
t
États, le khalife hafcide El Mostancer avait pu embeU
lir Tunis et en faire uno brillante capitale. Il eut
cependantà réduire une révolte des Arabes Douaouida
Oulad Riah fomentée par un de ses cousins Aboul
Kassem ben Abou Zeïd. Il défit ces rebelles et les
poursuivit jusqu'à Negaous. Ayant ensuite réussi à
attirer leur chefs et à les faire massacrer, il les pour-
chassa do nouveau jusquo dans le Sahara et rentra à
Tunis chargé de leurs dépouilles (1267-1268). Après
co châtimentsévère, les débris des Douaouida allèrent
so mottro sous la protection des Abdolouaditos. Quant
à Aboul Kassem, il passa on Espagne.
Après son retour du Sous, Abou Debbous refusa
avec hauteur d'exécuter lo traité par lequel il devait
remettre la moitié des territoires conquis à l'émir
de Fez Abou Youssef Yakoub. Le prince mérinide
s'étant alors mis en marche sur Marrakech, Abou
Debbous demandée Yahya gouverneur do Sidjilmassa,
d'engager son pèro Yaghmoracene à venir prendre
les Mérinides à revers. Quand Abou Youssef apprit
l'entrée d'Yaghmoraceno dans ses États, il leva le
siôgo de Marrakech, réunit de nouvolles troupes à Fex
avec lesquelles il poursuivit les Abdelouadites et les
rejoignit à Telagh à l'est de Tlemcen. Il prit les plus
habiles dispositions de combat et leur infligea une san-
glante défaite : Yaghmoracene perdit son fils et héri-
tier présomptif Abou Hafs Omar et son camp ainsi que
sa famille tombèrent aux mains des Mérinides.
Un mois après ce succès, Abou Youssef quitta Fez
do nouveau pour marcher contre les Almohades. Il
se contenta d'abord de châtier les Arabes Khlot pour
leur mauvaiso foi et de soumettre les Berbères Sen-
hadja et autres populations fidèles au khalife de Mar-
rakech. Il fit ensuite ravager le pays par ses troupes,
afin d'attirer les Almohades en rase campagne. Les
10
H6 HISTOIRE DU MAGHREB
Arabes Sofiane et des fractions Khlot dont lo territoire
était ravagé par les Mérinides, s'étaient réfugiés sous
les murs de Marrakech et pressaient Abou Debbous
d'intervenir, tandis que les Almohades insistaient de
leur coté pour marcher contre l'ennemi. Abou Deb-
bous contraint par la pression de l'opinion, dut sortir
de Marrakech, à la tête de troupes nombreuses et plei-
nes d'ardeur. Abou Youssef feignit de se retirer de-
vant l'ennemi et réussit à l'attirer sur un terrain de
son choix, au bord de l'Oued Aghfaou. Là, il fit faire
demi-tour à son armée et cette manoeuvre habile
jeta le trouble parmi les Almohades qui se débandè-
rent et s'enfuirent dans toutes les directions ; leurs
chefs impuissants à les rallier furent entraînés dans
la défaite et Abou Debbous lui même regagna Marra-
kech, poursuivi par les Mérinides. Il fut renversé de
son cheval par un coup de lance, ceux qui l'entou-
raient se firent tuer avec lui et sa tète fut apportée
au sultan mérinide.
Dès que le désastre de l'armée et l'approche de
l'ennemi furent connus à Marrakech, les Almohades se
retirèrent à Tin Mellal et y proclamèrent comme khalife
Ishak frère d'El Mortadha. Le reste des habitants de
Marrakech avec les hauts fonctionnaires, envoyèrent
une députation présenter l'hommage de leur dévoue-
ment aux vainqueurs et, parmi les Kurdes, la majo-
rité passèrent aux Mérinides, tandis que les autres se
divisèrent au service du roi de Tlemcen et du khalife
hafcide.
Quelque temps après cette victoire, le 8 septem-
bre 1269, Abou Youssef Yakoub ben Abdelhak, faisait
une entrée triomphale à Marrakech.
Tandis quo le Maghreb était le théâtre de ces luttes
et de ces compétitions, des événements de même na-
ture, qui devaient avoir de graves conséquences, Se
LES ALMOHADES 147
déroulaient chez les nations chrétiennes de la Médi-
terranée. En effet, vers 1253, les Musulmans de Ya*
lence s'étant révoltés, Jayme d'Aragon décida de les
chasser de ses états et de les remplacer par des Chré-
tiens, comme il l'avait déjà fait aux Baléares. Au
nombre de 200.000, ces Musulmans se réfugièrent tant
dans le royaume de Grenade qu'en Afrique; les autres
s'étant révoltés à nouveau furent dispersés et massa-
crés. D'autre part, Jayme avait des difficultés avec le
roi de France qui portait le titre de comte de Barcelone
tandis que lui-même avait des droits sur la Provence.
Un traité réglant ces questions fut conclu avec Saint-
Louis et scellé par le mariage de Philippe, fils du roi de
France, avec la fille du roi d'Aragon. En même temps
celui-ci mariait son fils Pedro avec la fille de Manfred
roi de Sicile et nommait son autre fils Jayme roi de
Majorque. En 1266 il enlevait Murcie au roi do Castille
Alphonse X qui, beaucoup moins heureux, voyait di-
minuer sa puissance et mit huit années à réduire une
révolte de ses sujets musulmans secrètement soutenus
par Ibn El Ahmer.
Malgré l'intervention de Saint-Louis, l'empereur
d'Allemagne Frédéric II, était en lutte avec le pape et
se disposait même à faire appel aux Musulmans d'A-
frique, lorsqu'il mourut en 1250. Le pape en profila
pour offrir les Deux-Siciles à Charles d'Anjou frère du
roi de France. Parmi les héritiers de Frédéric II,
Manfred resté seul maître du pouvoir, continuait à
lutter contre' le saint-siège et était allié au roi d'Ara-
gon par le mariage de sa fille avec le fils de Jayme.
Clément TV, successeur du pape Urbain, avait fait ap-
pel à Charles d'Anjou contre Manfred et celui-ci avait
perdu la vie au combatde Bénévent (1266). Le frère du
roi de France, par suite, recueillait à la fois l'héritage
de la maison de Souabe et celui des rois normands.
148 HISTOIRE DU MAGHREB

Liste chronologique des Souverains Almoravides.

Abou Bekr ben Omar 1055-1061


Youssef ben Tachefine 1061-1106
.
Ali ben Youssef 1106-1142
Tachefine ben Ali 1142-1146
Ibrahim ben Tachefine 1146-1147
Ishak ben Ali 1147-

Liste chronologique des Princes Zirites '.

Bologguine fils de Ziri ben Mennad. 972- 984


. .
fil Mansour 98£» 996
.
Badis 996-1016
ElMoëzz 1016-1062
Temim. . 1062-1107
Yahya. 1107-1116
Ali 1116-1121
El Hassan 1121-1148

Liste chronologique des Princes Hammadites *.

Hammad fils de Bologguine Ibn Ziri. 1014-1028


. .
El Kaid 10281054
Mahcené 1054-1055

1. D'après E, Mercier, loe. cit., V. S, p. 97.


2. D'après E. Mercier, lot. cit. V. S. p. SS.
LES ALMOHADES 149
Bologguine fils de Mohammed 1055-1062
Ennasser 1062-1088
El Mansour 1088-1104
.
Badis 1104-1105
El Azix 1105-1121
Yahya 1121-1153

Liste chronologique des Khalifes Almohadesf.

Abelmoumen ben AU 1130-1163


Abou Yakoub Youssef Iers 1163-1184
Abou Youssef Yakoub El Mansour J 1184-1199
. . .
Abou Abdallah Mohammed Ennasser 1199-1213
. .
Abou Yakoub Youssef H El Mostancer 1213-1224
. .
Abou Mohammed Abdelouahad El Makh-
lou 1224-1224
Abou Mohammed Abdallah fil Adel 1224-1227
. . .
Aboul Ala Idris El Mamoun 1227-1232
Abou Mohammed Abdelouahad Rachid 1232-1242
.
Aboul Hassan Ali Essaïd 1242-1248
Abou Hafs Omar ben Ibrahim El Mortadha. 1248-1266
AboulAla Idris El Ouatek (Abou Debbous). 1266-1269

i. D'après la chronique des Almohades et des Hafcides attribuée


à Zerkeehi. Trad. E. Fagnan, A. Abraham. Constantine 1895,
p. 268 et s.
S. Est enterré & Rabat, d'après Zerkeehi.
3. A construit la maison de commandement ou château-fort dit
Ribalh el Feth dont le nom est passé plus tard à la tille de Rabat.
Ce château qui domine l'embouchure du Bon Regreg et dont la
porte monumentale est toujours debout, a reçu, dans la suite. le
nom de casba des Oudaya.
ANNEXE AU CHAPITRE Iil
Tableau synohroniqne des fait» principaux
depuis la fondation do le dynastie almohade jusqu'à l'avènement des Mérinides.
SSSSESSSSSSSSSSSSSSSSSSSSSSSSSBSSSSSaSSSSSSSSSS^
D.VTES MAGHREB EXTRÊME MAGHREB CETTRAL IFRttUA ESPAGNE ILES DE LA MÉDtTEIUUKEE ORIENT

1150 Abdelmoumen au général almohade


................. LeAbou
lieu de passer en Amrane. «a*
Espagne,prendBo»:< lève Xeres. Tarifa.
gle et la Kalaa au Mgéslras et Séville,
dernierhammadlto. Les Almoravides
s'aillent aux Chré*
tiens et les antres
musulmans appel-
lent Abdelmoumen.
1156-57 .« >
Les Almohades enlo* Etablissement des Almora*
vent Grenade aux vides Oenl Ghania aux Ba*
Benl Ghania qui se léares.
réfugientaux Baléa*
res et Almérla aux
Chrétiens.
1158-59 A l'appel des Musul- Après la mort de
maua d'Ifrlkïa, Ab* Roger II, les ha-
delmoumen part bltant»de l'Ifr1-
avec des forées con- kla tyrannisés
sldérables. il prond appellentAbdel-
Tunis, Souue, Meh- moumen.
dia, Gabes, Tripoli,
etc.
1162 Abdelmoumen prend
le titre d'émir el
moumenine, consti-
tue une flotte et une
garde particulière.

V •

1163-65 Abdelmoumen meurt ibn Merdeniçheallié


après avoir recom- des rois d'Aragon
mandé à son AU est battu et se sou*
Abou Yakoub de met.
transporterles Ara
bea d'IfrlkU en-
Maghreb et en Es-
pagne.
1171-72 Abon Yakoub conduit Le khalife Adhad
la guerre sainte en appelle les Tares
Espagne; il bat les contre le roi de
armées chrétiennes Jérusalem ; Sa-
et Ibn Merdenicho. ladlnprendl'au-
torité comme
vassal des Ab*
bassldes. Fin du
règne des Fati*
mites.
1175*77 Betour d'Abou Ya Attaque de Tunis
koubà Marrakech; par des S loi-
mortdu cheikhAbou liens, de Mehdia
Hafs Omar. par Génois et Pi*
sans. Le khalife
signe une trêve
de 10 ans avec
Guillaume II de
Sicile.
1183*85 Abon Youssef âlsd'A* Ail Ibn Ghania sac Abou Yakoub attaque Les fils d'ibn Ghania seré-
bou Yakoub est pro- cage Bougie en* les princes chré* voltent aux Baléares; AU
clamé a Séville. traîne les Arabes tiens en lutte avec va aveo 30 navires débar*
dans son parti, en* les Musulman a. quer 4 Bougie.
lève Alger, Mlllaas, Battu a Santarem
et la Kalaa; 11 est il meurtde ses blés*
repoussé dans le Sa- sures (1184).
hara (1185).
ANNEXE AU CHAPITRE UI (suite).

DATES MAGHREB EXTREME MAGHREB CENTRAL IFR1XU ESPAGNE ILES DB LA MEDITERRANEE ORIENT

ltS7-88 Le khalife quitte Fez Ibn Ghania allié


pacifie rifrik.a, dis- au kurde Kara*
perse les Almoravl. kache, se taille
des et transporte une principauté
leurs cillés arabes & Tripoli. Il est
au Maghreb oxtréme tué et remplacé
par son frère
Yahya.
1195*99 Abou Youssef meurt Abou Youssef rem- Les Almohades reprennent
• les Baléares
a son retour d'Es* porte la victoire aux Almora-
pagne; son fils En* d'Alarcos qui lui vides,
nasser lui succède. vaut le surnom d'El
(1199). Mansour (1196).
1200-19 Ennasser avec une Ibn Ghania pro* Alphonse III rompt la
armée et une flotte clame les Abbas* trêve; le khalife est
rétablit l'ordre en aides en Ifrikïa battu à Las Navas
IfrtWa. (1202). Ennassor de Tolosa (1212).
le repousse et
laisse & Tunis le
Hafcide Abou
Mohammed 1207.
1213 Mort d'Ennasser.son
fils El Mostancerlui
succède.
1216-24 Abdelhak émir des Aboul Ala Idris
Béni Merine occupe successeur d'A*
Jie territoire, de Fez bon Mohammed
au Rtff. Son fils Oth* rejetto Ibn Gha*
mane Aderghal nia dans le dé*
étend sa puissance sert (1SS4).
dans les provinces
orientales.

D
1224*30 El Adel remplace El ibn Ghania ravage le Abou Zeïdsuccède Ferdinand III réunit Jayme I" d'Aragon enlève ^
é.: -
Mostancer; il est Maghreb central, a Aboul Ala; El les royaumes d« les Baléares aux Musul-
massacré par les Abboule rejette vers Adel le remplace Léon et de Castille. mans(1229).
Maaraouda et les Sidjilmassa (1227). par Abbou. Abou L'emlr El Baïacl de
Arabes (I22ô). El El Mamoun donne Zakaria le ren* Jaen s'aille û lui
Mamoun lai succède Tlemcen & Djaber verse, so déclare contre les Almoha*
et traite avec le roi souche de la dynas* indépendant et des.
de Castille (1230). tle abdelouadite. fonde la dyuaa*
tie hafcide.
1232-36 Rachid succède a son Yaghmoracene ben Prise de Cordoue par
père El Mamoun ; Ziane commande à les Chrétiens (1236).
il triomphe de son Tlemcen et fonde
rival Yahya et entre la dynastie abde-
a Fez. louadlte.
1239-42 Othmane Aderghal Abou Zakaria prend Ibn El Ahmer se aou-
meurt après avoir Tlemcen ; Yaghmo* met aux Almohades
soumis Fez et Taza. racene reconnaît (1238). Lee autres
son autorité ainsi musulmans recou*
que les Béni Merine. naissent le hafcide
(1242). Abou Zakaria.
1248-49 Essaïd successeur de Les AbdelouaditesAbou Zakaria Le roi Ferdinand
Rachid est battu et appelés par les Al. laisse & son fils aidé de son vassal
tué par les Abde* mohadessont battus El Mostancerun Ibn El Ahmer en*
louadites & Tamez- a Oudjda par le Mé* empire prospère lève Séville aux Al*
dekt. Le Mérinide rinlde Abou Yahya. (1249). mohades (1248).
Abou Yahya étend
son autorité de Fez
a l'ûum Errebla.
1250-58 L'emir Abou Yahya Jayme d'Aragon ex* La dynastie ab-
fait son entrée a Fez puise de Valence basslde est
(1230); Il bat le kha* 200.000 Musulmans anéantie par les
Ufe El Mortadha & révoltés qui se ré- Mongols d'Hou-
Behloula. Abou fuglent dans le lagou (1258).
Yahya meurt après royaume de Grenade
avoir battu Yagh- et en Afrique (1255).
moracene a l'Oued
Sellt.

i
ANNEXE AU CHAPITRE III (suite)

DATES MAGHREB EXTRÊME MAGHREB CENTRAL IFRIEIA ESPAGNE ILES DB LA. MEDITERRANEE ORIENT

1258*60 Abou Youssef Yakoub


ben Abdelhak rem-
place Abou Yahya;
il signe un traité
avec Yaghmoracene
(1260).
1261-67 Echec d'Abou Yous* Charles d'Anjou frère du
aef devant Marra* , roi de France, reçoit du
A
kech. Le gouvcr* pape le royaume des Deux*
nour almohade Slcllei («66).
Abou Debbous s'allie
aux Mérinideset en-
lève la place ; El
Morthadha est tné
et décapité (1266);
Abou Debbous se
fait proclamer sous
le nom d'El Ouatek
ut pacifie le Sous
(B67).
1269 Abou YoussefYakoub
bat et tue le rebelle
Abou Debbouset fait
son entrée a Marra*
kech. Fin de la dy-
nastie almohade.
CHAPITRE IV
Les Béni Merine.

Les Béni Merine (xtn* siècle). — Succès en Espagne et construc-


tion de Fez Djedid. — Traités de commerce avec les nations
européennes. — Luttes contre les Abdelouadites de Tlemcen et
les Hafcides de Tunis. — Conquête du Maghreb central et de
i'Ifrikîa (1347). — Décadence des Mérinides à la fin du xiv» siè-
cle. — Anarchie des tribus an Maroc pendant tout le xv* siècle.
— Les Maures chassés d'Espagne. — Espagnols et Portugais an
Maroe (xvi* siècle).

C'est par des moyens purement militaires et sans


aucun appui sur une idée religieuse, que les Béni
Merine ont renversé les Almohades et se sont substi-
tués à eux dans le gouvernement du Maghreb ; leurs
premiers princes ont régné comme sultans et non
comme émirs el moumenine.
Sous la dynastie mérinide. l'Afrique septentrionale
devient un champ clos où s'opposent les émirs abde-
louadites de Tlemcen, les souverains hafcides de Tunis
et les sultans de Pez, dans des conflits sans cesse
renaissants, auxquels se mêlentactivement les Arabes
hilaliens.
Dans la seconde moitié du xive siècle, la puissance
mérinide s'efface en Espagne où les succès des Chré-
tiens se poursuivent jusqu'à la prise de Grenade (1492).
Ces succès, suivis de l'expulsion des Juifs et de celle des
Morisques que les Espagnols et les Portugais poursui-
feèKife#i*fNf^«
§j£0.

156 HISTOIRE DU MAGHREB


vent jusque sur les côtes d'Afrique, ont, dans tout le
Maghreb de profondes répercussions. Les Mérinides
déclinent et leur effacement s'entoure d'obscurités non
encore dissipées.
Dans le môme temps où les Béni Merine, en Ma-
ghreb, achevaient de détruire la puissance élevée
par les Almohades, en Orient les successeurs de Sala-
din avaient porté les plus rudes coups aux Chrétiens
de la Palestine dont l'invasion des Tartares aggravait
encore la situation. Le roi de France Louis IX se ren-
dit en mars 1270 à Aiguës-Mortes, dans lo dessein de
faire la croisade en faveur des Chrétiens d'Orient. Une
flotte venue de Gênes devait transporter les croisés en
Terre-Sainte, mais Charles d'Anjou manoeuvra habi-
lement pour diriger l'expédition contre le khalife
hafcide El Mostancer qui, depuis la mort de Manfred,
avait cessé de payer le tribut et la flotte se dirigea
vers Carthage. Quant à Saint-Louis, il poursuivait un
autre but qui était, dit-on, celui de convertir El Mos-
tancer, avec qui il entretenait des relations cordiales.
D'autre part, des commerçants provençaux avaient
d'importantes créances sur un richo habitant de
Mehdia dont ils ne pouvaient obtenir le paiement et
ils s'en étaient plaints à Louis IX qui se flattait de
régler du même coup cette affaire.
El Mostancer prit toutes ses mesures et convoqua à
la guerre sainte les tribus de l'Ifrikïa et du Maghreb
central; il envoya cependant à Louis IX une députa-
lion pour lui rappeler leurs bonnes relations anté-
rieures et lui offrir une rançon de 80.000 pièces d'or.
Le roi refusa ces offres et alla se retrancher dans
les ruines de Carthage avec son armée composée
de 36.000 hommes, dont 6.000 cavaliers. Le khalifo
avait disposé son immense armée dans un camp près
de Tunis, d'où il dirigeait la défense avec l'assistance
4SP

LES BENI MERINE 157


i
du prince Frédéric de Castille alors à son service et
des notables de la villo. Saint-Louis, attendant le roi
de Sicile son frère qui ne venait pas, restait inactif,
tandis que le sultan du Caire envoyait à Tunis,
comme renfort, des troupes stationnées à Barka. Cette
inaction des Chrétiens, les rigueurs de l'été, le man-
que d'eau et de vivres, commençaient à jeter le dé-
couragement parmi eux, lorsque la peste se déclara
dans leurs rangs avec violence. Le roi, son fils de
Nevers, plusieurs princes de sa famille, des officiers
et des dignitaires religieux en furent atteints et
Louis IX mourut le 25 août. Charles d'Anjou arrivé
sur ces entrefaites, prit le commandement de l'armée
et, avec Philippe héritier du trône de France, il obtint
quelques succès sur les Musulmans qui, eux-mêmes,
avaient beaucoup souffert.
Sur les propositions d'El Mostancer, un traité fut
signé par lequel une trêve de quinze ans était conclue ;
les croisés devaient quitter le pays sans délai, moyen-
nant une indemnité de guerre de 210.000 onces d'or
payée par El Mostancer ; les prisonniers seraient ren-
dus, les prêtres chrétiens pourraient s'établir dans
les États du khalife et l'arriéré du tribut serait payé
au roi de Sicile. Ce traité fut signé le 22 novembre 1270
et les Chrétiens reprirent la mer en grand désordre,
abandonnant quantité de matériel. Après leur départ,
le khalife fit renverser tout ce qui restait debout des
murs et monuments de Carthage.
A Marrakech, Abou Youssef Yakoub avait substitué
son autorité à celle des Almohades, puis il avait paci-
fié la province du Sous et était allé en personne
soumettre celle du Dra où les Arabes vivaient indépen-
dants. En 1271, il laissa le commandement de Marra-
kech au général Mohammed ben Ali et se rendit à Rabat
où il fit reconnaître son Gis Abou Malek comme héri-
158 HISTOIRE DU MAGHREB
lier présomptif. A la fin de la même année, il partit
à la tête d'une nombreuse armée contre les Abdeloua-
dites qui avaient envahi ses États pendant qu'il assié-
geait Marrakech et reçut en route une députation de
Mohammed Ier Ibn El Ahmer qui l'appelait en Espagne
pour faire cesser les malheurs des Musulmans. Abou-
Youssef fit proposer la paix au roi de Tlemcen, mais
Yaghmoracene qui s'était préparé à la guerre, refusa
ces propositions et se porta sur l'Isly. Le sultan méri-
nide détruisit Oudjda, mais dut renoncer à s'emparer
de Tlemcen, et en août 1272, il repartit pour Fez.
Quelques temps après mourut de maladie son fils et
héritier présomptif Abou Malek.
Dans le commencement de l'année 1273, Abou Yous-
sef réussit à soumettreTanger et Ceuta, puis il marcha
contre Sidjilmassa qui obéissait toujours aux Abde-
louadites, avec une nombreuse armée et des machines
de guerre ou madjanik lançant des pierres et des
projectiles de fer et d'acier. Le siège ne dura pas
moins d'un an et quand la place fut prise, ses défen-
seurs Abdelouadites et Arabes Monebbatte, furent tous
mis à mort (1274). Pendant ce temps, Yaghmoracene
battait les Toudjine alliés des Mérinides et enlevait la
ville de Ténès aux Oulad Mendil. De son côté, El Mos-
tancer reprenait, en 1275, Alger qui s'était déclarée
indépendante.
En Espagne, Alphonse X de Castille avait mis huit
.
ans à réprimer la révolte de ses sujets musulmans se-
crètement aidés par son vassal Ibn El Ahmer et s'en
était vengé en soutenant les émirs qui se déclaraient
indépendants du roi de Grenade. Ibn El Ahmer recher-
cha alors l'aide des souverains du Maghreb contre
Alphonse et les Musulmans alliés des Chrétiens. 11
mourut dans le temps où il quittait sa capitale pour
se mettre en campagne et eut pour successeur son fils
LES BENI MERINE 159
Mohammed II surnommé Al Fakih (1273). Ce jeune
prince alla faire hommage de fidélité au roi Alphonse
et s'engagea à lui payer un tribut annuel. Or pendant
que le roi de Castille poursuivait la reconnaissance de
ses droits à la couronne impériale qu'il revendiquait
depuis la mort de Frédéric II empereur d'AUemage,
Mohammed Ibn El Ahmer manoeuvrait auprès du sul-
tan Abou Youssef pour l'amener en Espagne. Celui-ci
promit d'intervenir mais à condition que les princi-
pales forteresses du détroit de Gibraltar lui seraient
remises. Dès le mois d'avril 1275, il se transporta à
Tanger et fit partir une armée commandéepar son fils
Mendil. Cette armée ayant remporté un succès dès son
arrivée, Abou Youssef prit ses mesures pour passer en
personne lo détroit. Il conclut, à cet effet, une trêve
avec Yaghmoracene et obtint de lui qu'il se joindrait
à l'expédition; il fit ensuite appel aux Zenala, Mas-
mouda, Senhadja, Ghomra et Arabes avec lesquels il
aborda en juillet 1275 à Tarifa. Il prit possession de
cette place et de celle d'Algésiras que le roi de Gre-
nade lui abandonnait. Marchant ensuite sur le terri-
toire de Séville, il battit une armée de Castillans
commandés par le duc de Lara qui périt dans la ren-
contre. Abou Youssef rapporta un énorme butin à
Algésiras, tandis qu'Ibn El Ahmer attaquait l'émir de
Jaën son ennemi et battait l'armée chrétienne venue
à son secours ; l'archevêque do Tolède qui la comman-
dait fut pris et massacré. A la nouvelle de ces événe-
ments, Alphonse X envoya son fils Sancho organiser
la défense des provinces.
En janvier 1276, Abou Youssef rentra en Maghreb
après avoir accepté les propositions de paix de Sancho
et signé avec le roi chrétien une trêve de deux ans.
A son retour il apprit que ses troupes conduites à Tin
Mellal par le général Abou Ali El Miliani avaient pris
160 HISTOIRE DU MAGHREB
la place d'assaut et massacré les derniers cheïkhs
almohades ainsi que leur khalife. C'est alors qu'Abou
Youssef s'occupa d'embellir sa capitale et qu'il fit
construire, près de Fez, sur les bords de la rivière,
des palais qui ont été l'origine de la ville neuve ou
Fez Djedid.
Le 16 mai 1277, mourait à Tunis le souverain
hafcide El Mostancer. Par son habileté il avait su con-
tinuer l'oeuvre de son père Abou Zakaria en portant au
plus haut degré la puissance du royaume. En effet,
son autorité s'étendait sur toute l'Ifrikïa, sur une
partie du Maghreb central et sur les régions saharien-
nes; de plus, sa suzeraineté s'exerçait sur les villes
saintes. 11 avait embelli des plus beaux monuments
Tunis sa capitale, qui était le rendez-vous des savants
et où les fugitifs d'Aragon et de Castille, bien accueil-
lis, avaient importé les arts et la civilisation de leur
pays. Abou Zakaria Yahya fils d'El Mostancer fut
proclamé khalife sous le nom d'El Ouatek.
Les successeurs des Almohades ne changèrent rien
aux relations commerciales qui existaient avec les
Étals européens et renouvelèrent avec eux les anciens
traités. Ces traités fixaient un droit de douano de dix
pour cent, déterminaient, en cas de naufrage, de fail-
lite ou autre événement, les droits de chacun et indi-
quaient los juridictions auxquelles ressortissaient les
parties, le demandeur entraînant presque toujours le
défendeur devant les juges de sa nation; ils précisaient
les règles d'après lesquelles devaient s'exercer les
fonctionsde consul et les droits des Chrétiens dans les
fondouks. Car chaque nation ayant un traité, possédait
dans les villes de commerce un fondouk renfermant
les industries et comptoirs de ses nationaux et proté-
gés, une chapelle et un cimetière. Le consul exerçait
un droit de juridiction sur les personnes et un droit
LES BENI MERINE 161
d'administration sur le fondouk où il logeait, avait ses
bureaux, ses interprètes et une force publique. Le fon-
douk était un terrain neutre où s'accomplissaient tous
les actes de la vie publique et religieuse des nationaux.
Pendant tout le xm* siècle, Génois, Pisans, Marseillais,
Vénitiens, Florentins, Catalans, Majorquins, Arago-
nais, Roussi lion nais et habitants du comté de Mont-
pellier eurent avec l'Afrique des relations de com-
merce garanties par des traités établis sur ces bases '.
En 1277, Abou Youssef profita de la fin de la trêve
conclue avec le roi de Castille pour passer en Espagne
où il ravagea le territoire chrétien puis revint à Al-
gésiras chargé do butin. Do son côté, son fils Abou Ziane
prit possession de Malaga qui lui avait été cédée par
Ibn Chekilola. Rentré en Maghreb en 1278, Abou Yous-
sef alla châtier les Sofiane du Tamesna pour les excès
qu'ils avaient commis pendant son absence.
Ibn El Ahmer jaloux des succès du prince mérinide
et inquiété par ses progrès en Espagne, demanda une
trêvo au roi chrétien, lui offrant son aide pour réduire
les Mérinides, puis il écrivit à Yaghmoracene lui de-
mandant de manoeuvrer de façon à inquiéter Abou
Youssef et l'empêcher de passer en Espagne. Malaga
fut reprise par les troupes de Grenade et l'infant don
Pedro vint assiéger Algésiras, pendant qu'une flotte
chrétienne la bloquait par mer (1278). Une nouvelle
révolte des Sofiane empêcha le sultan mérinide de
passer le détroit; il les châtia avec une oxtréme ri-
gueur et extermina une de leurs fractions les Ha-
reth (1279). D'autre part, les Abdelouadites inquiétant
ses frontières, Abou Youssef se borna à envoyer son
fils au secours d'Algésiras, avec une flotte et des trou*

1. V. a ce sujet, de Mas-Latrie. Relations et commerce de l'Afrique


septentrionale eue les nations chrétiennes au Mot/engage. Parts. Pir*
min-Didot. 13*6.
11
162 HISTOIRE DU MAGHREB
pes. Ibn El Ahmer revenu à d'autres sentiments, pensa
alors devoir envoyer du secours à Algésiras où ses
vaisseaux arrivèrent en même temps que ceux des
.
Mérinides, en juillet 1279. Les marins de la flotte
chrétienne, décimés par la maladie, découragés par
la longueur du siège, n'opposèrent aucune résistance;
leurs vaisseaux furent en partie incendiés et avec les
autres ils reprirent le large, ce que voyant, don Pedro
leva le siège.
Le .hafcide Abou Ishak qui, après sa révolte contre
El Mostancer était passé en Espagne, auprès du roi
d'Aragon, revint en Afrique poursuivre ses projets
ambitieux. Bien reçu par Yaghmoracene, il put s'em-
parer de Bougie et marcha sur Tunis soulevant par-
tout l'enthousiasme (1279). Pendant ce temps, son
cousin le khalife El Ouatek, incapable d'organiser la
résistance, dut renoncer au pouvoir et, le 13 juil-
let 1279V il abdiqua en faveur d'Abou Ishak.
Le souverain du Maghreb, dans l'intention de son-
der Yaghmoracene, lui proposa d'accepter un nouveau
traité" d'alliance où de s'expliquer sur ses projets. Le
rot de Tlemcen Jui répondit qu'il était lié par des con-
ventions avec Ibn El Ahmer et fit connaître qu'il se
proposait d'envahir les provinces mérinides. Abou
Youssef partit de Fez avec son fils Abou Yakoub au
printemps de 1281 et marcha sur Tlemcen. Yaghmo-
racene vint à sa rencontre avec des contingents zénè-
ies et des Arabes Zoghba suivis de leurs familles et de
leurs troupeaux. La rencontre eut lieu aux bords de
la Tafna ; vers la fin de la journée, les Mérinides pliè-
rent et le sultan dut se jeter dans la mêlée avec sa
garde pour ranimer l'ardeur des troupes. Les Abdel-
ouadites épuisés, préférèrent décamper pendant la
nuit et éviter de poursuivre lo combat. Le sultan
mérinide partit sur leurs traces et, rejoint par* Mo-
LES BENI MERINE 168
hammed ben Abdelkaoui chef des Toudjine,il atteignit
Tlemcen qu'ils investirent sans pouvoir la réduire.
À Tunis, le khalife déposé El-Ouatek complotait
contre son rival Abou Ishak ; celui-ci pour s'en débar-
rasser, le fit assassiner ainsi que ses trois fils (1280).
Ce fut ensuite Ibn Ouazir, déjà gouverneur de Cons-
tàntine sous le précédent règne, qui se mit en révolte
et prit le titre de sultan. Ce rebelle ayant réuni une
armée de 3.000 hommes comptant de nombreux mer-
cenaires chrétiens et autres, demanda l'aide du roi
Pierre III d'Aragon à qui il offrait la suzeraineté de
sa province. Or à cette époque, Charles d'Anjou, par
ses abus d'autorité, s'était rendu odieux à ses sujets
des Deux-Siciles et avait complètement rompu avec le
pape. Le roi d'Aragon qui projetait la conquête des
Deux-Siciles et voulait profiter des circonstances, ac-
cepta les offres faites par le gouverneur deConstantine
et propres à contribuer au succès de ses projets. Il
réunit donc son armée et sa flotte et enrôla quantité
de Musulmans demeurés dans ses États. Mais pendant
ces préparatifs, Abou Fares fils d'Abou Ishak partit de
Bougie et prit d'assaut la place de Constantine, malgré
l'énergique défense d'ibn Ouazir qui fut tué (juin 1282).
Quelquesjours avant la chute de Constantine, la flotte
chrétienne quittait la Catalogne et arrivait le 28 Juin
devant Collo. Pendant que son armée se livrait à des
courses fructueuses dans lo pays environnant, le roi
d'Aragon avisait le saint-siège de sa présence. Le
pape l'invita à intervenir en Sicile où Charles d'Anjou
assiégeait Messine à la suite du massacre dit des vê-
pres siciliennes qui, le 30 mars 1282, avait coûté la vie
à 4.000 Français. Le roi d'Aragon mit aussitôt à la
voile et vint dégager Messine. Du même coup il enle-
vait la Sicile à la maison d'Anjou.
Yaghmoracene, durant ce temps avait repris Tenes
164 HISTOIRE DU MAGHREB
et Miliana à Tabet le chef de.; Oulad Mendil et avait
resserré plus étroitement son alliance avec les Hafci-
des, en obtenant la main d'une princesse de cette
famille pour son fils Othmane.
Mais des événements graves se préparaient en Ifri-
kïa où un agitateur nommé Ahmed ben Merzoug ben
Abou Amara réussit à se faire passer, aux yeux des
Arabes Debbab et Soleim de Tripoli, pour El Fadhel un
des fils d'El Ouatek massacré avec son père. Cet aven-
turier s'empara des principales villes de l'Ifrikïa et
Abou Ishak so sentant menacé dans sa capitale, prit
la fuite en octobre 1282. Pendant qu'Abou Amara se
faisait proclamer khalife à Tunis, Abou Pares le fils
d'Abou Ishak se faisait proclamer de son côté à Bougie.
Peu après, ils se rencontraient à Mermadjenna près
de Kalaat Sinane; l'armée d'Abou Fares fut battue et
lui-même fut tué, tandis que ses frères, tombés aux'
mains d'Abou Amara, étaient massacrés. Seul Abou
Hafs, oncle d'Abou Fares, réussit à s'échapper et se
réfugia chez des montagnards llouara. Quant à Abou
Ishak, parti de Bougie pour se mettre sous la protec-
tion de son gendre à Tlemcen, il fut arrêté en routo,
ramené à Bougie et oxécuté. Son fils Abou Zakaria
réussit à s'échapper (juin 1283).
Yaghmoracenemourut en mars 1283, au cours d'une
expédition dans la vallée du Chélif et son fils Othmane
fut proclamé à Tlemcen. En même temps y arrivait
le prince hafcide Abou Zakaria qui reçut le meilleur
accueil du nouveau roi son beau-frère.
En 1282, Alphonse X avait proposé une alliance au
sultan mérinide Abou Youssef, afin de réduire son fils
Sancho qui s'était mis en état do rébellion contre lui
et avait envahi la Castille avec ses nouveaux alliés les
rois de Grenade et de Portugal. Abou Youssef débar-
qua en Espagne en août 1282 et marcha avec Te roi
LES BENI MERINE 165
t
chrétien contre Cordoue où se trouvait la famille de
Sancho. Ce prince défendit la place dont lo siègo dut
êlre entrepris par Alphonse et Abou Youssef, mais ils
le lovèrent en apprenant qu'lbn El Ahmer arrivait
avec une armée de secours. Quelques mois après, en
avril 1283, Abou Youssef était devant Malaga ap-
partenant à Ibn El Ahmer. Celui-ci fit intervenir le
prince Abou Yakoub auprès do son père pour obtenir
une réconciliation qui fut acceptée du sultan mérinide
et à la suite de laquelle les deux souverains musul-
mans ravagèrent les terres chrétiennes. Enfin en oc-
tobre 1283, Abou Youssef laissant les affaires d'Espa-
gne à son petit-fils Aïssa, regagna Fez. Le roi Alphonse
mourut en avril 1284 et son fils Sancho IV qui lui suc-
céda, reçut du roi de Grenade et du souverain méri-
nide, des ambassadeurs apportant leurs compliments
et des offres de paix ; Sancho ne leur répondit que par
des menaces.
Le prince hafcide Abou Hafs qui s'était réfugié chez
les Houara, à Kalaat Sinane, après le combat de
Mermadjenna, y fut rejoint par des partisans de sa
famille. Des Arabes, exaspérés par la tyrannie que
faisait régner l'usurpateur, vinrent lui offrir leur
concours et ce mouvement, en sa faveur, prit de telles
proportions qu'Abou Amara en conçut do l'inquiétude.
Il réunit des troupes pour marcher à la rencontre
d'Abou Hafs, mais son impopularité était telle qu'il
dut revenir sur ses pas et établir un camp retranché.
En juillet 1281. Abou Hafs entra à Tunis où l'usur-
pateur fut retrouvé dissimulé parmi le peuple et sup-
plicié. Le nouveau khalifo proclamé sous le nom d'El
Mostancer Billah, récompensa généreusement les Ara-
bes qui l'avaient aidé, en leur donnant des terres dans
le sud tunisien et en les comblant d'honneurs.
L'émir Othmane envoya son adhésion à Abou Hafs,
166 HISTOIRE DU MAGHREB
mais le prince Abou Zakaria qui s'était réfugié à
Tlemcen où il avait été rejoint par quelques partisans,
quitta cotte ville avec eux pour aller tenter la fortune.
Aidé des Arabes Douaouida et des Berbères Sedouikech
qui le reconnurent comme khalifo il alla s'emparer
de Constantine (1284). Bougie, Dellyset Alger lui offri-
rent leur soumission et il prit sans tarder le titre d'El
Montakhab, avec la résolution d'achever la reprise
du royaume de son père.
Après l'accueil fait par Sancho IV à ses propositions
do paix, Abou Youssef s'était activement préparé à la
guerre el en avril 1285, il débarquait à Tarifa. Il ra-
vagea les territoires de Séville, Xères et Carmona,
soutenu par des renforts berbères et arabes el par
l'arrivée de l'héritier présomptif Abou Yakoub qui
lui amenait une armée de 20.000 Masmouda. Dans le
même temps, le prince abdelouadito Othmano désirant
porter ses efforts sur le Maghreb central, vint en per-
sonne demander la paix au sultan mérinide qui l'ac-
cueillit d'autant mieux qu'il souhaitait, de son côté,
avoir toute liberté d'agir en Espagne. Cependant après
des attaques sans résultats décisifs, do part et d'au-
tre, Sancho se décida à négocier avec le sultan. Aux
termes du traité qui fut signé, les Musulmans pou-
vaient habiter les territoires chrétiens ot y exercer
leurs industries; Sancho remettait au prince mé-
rinide do nombreux ouvrages arabes recueillis lors
de la chute des métropoles musulmanes ot, en rotour,
Abou Youssef lui avançait un subside de deux millions
de maravédis. De retour à Algésiras, Abou Youssof y
mourut de maladio en mars 1286, après un règno do
vingt-neuf ans. Abou Yakoub Youssef son fils, accou-
rut du Maghreb el se fit proclamer sous le nom d'En-
nasser Lidinallah.
A l'époque où le prince abdelouadito Othmane avait
LES BENI MERINE 167
fait la paix avec lo prince mérinide, les Toudjine
avaient étendu leur autorité dans lo Maghreb cen-
tral, aux dépens dos Arabes Taalba du Titeri. Ces Ara-
bes avaiont dû so réfugier dans la Mitidja où ils
s'étaient alliés aux Berbères senhadja Béni Mollikeche,
tandis que la ville de Médéa où persistaient d'autres
Senhadja, les Bcni Lomdïa, était tombéo au pouvoir
de l'émir des Toudjine Mohammed ben Abdelkaoui.
Enfin, d'autres Berbères toudjino avaient onlové la
forteresse de Taoughczzout dans la haute Mina. Oth-
mane reprit Ténès et, par l'Ouencheris, pénétra dans
le territoire des Toudjine qu'il ravagea.
En mémo temps Abou Zakaria qui poursuivait ses
projets ambitieux, quittait Bougie pour marcher sur
Tunis (1286). Repoussé en avant do cette villo, il alla
prendre Gabès où les Arabes Soleïm de la Tripolitaine
vinrent se joindre à lui ; Othmane sollicité par son
allié Abou Hafs, fit une démonstration devant Bougie
qui permit au prince Abou Hafs de reprendre cette
place (1287).
Après avoir renouvelé les traités avec le roi de Cas-
tillo el Ibn El Ahmer, Abou Yakoub revint en Magh-
reb où, grâco à son énergie il put ramoner la paix et,
en 1288, il était de retour & Fez. II y trouva une am-
bassade d'ibn El Ahmor qui lui conduisait une do ses
parentes à qui il était fiancé et lui demandait la re-
mise de Cadix. Abou Yakoub répondit favorablement
aux désirs du roi de Grenade.
Dan3 lo Maghreb central, Othmane avait enlevé Ma-
zouna aux Toudjine el obtenu la reddition do la forte-
resse de Taferguinto dans l'Ouoncheris. Mohammed
ben Abdelkaoui étant mort, Olhmano en profita pour
réduire les tribus toudjinites et anéantir leur puissance.
Il leur imposa un tribut après avoir enlevé Médéa et
donné le commandement du pays à la famille toudji-
168 HISTOIRE DU MAGHREB
nite des Hechem qui paraissait la plus digne de con-
fiance.
Lorsque Charles d'Anjou so vit enlever la Sicile par
Pierre III d'Aragon, il suscita contre lui son nevou
Philippe III le hardi, roi de France. Celui-ci éprouva
un désastre dans les Pyrénées cl mourut à Perpi-
gnan (1285). Peu après mouraient & leur tour Pierre III
et Charles d'Anjou. A Pierre III succéda son fils atné
Alphonso III, comme roi d'Aragon, de Catalogne et do
Valonce el comme suzerain de Majorque et du Rous-
silion ; son second fils Jayme, reçut la Sicilo et les
possessions d'Italie. Les rois d'Aragon cl de Sicile
avaient alors à leur service l'amiral Roger Doria, hardi
marin qui, entre les années 1284 el 1289, avait enlevé
l'Ile do Djerba au cheikh des Kharedjiles Nekkariens
en révolte contre l'autorité hafcide. Il s'en fit une
principauté sous la suzeraineté du pape el y édifia un
château-fort pourvu d'une garnison.
Abou Hafs qui, en 1285, s'était engagé a payer à
l'Aragon le tribut annuel plus uno indemnité pour
l'arriéré, profita do la mort de Pierre III pour s'abs-
tenir, ce qui ne manqua pas de rallumer la guerre.
Les flottes d'Aragon et de Sicile vinrent brûler La Caljo
et emmcnèronl les habitants en captivité.
Othmane fils do l'almohado Abou Debbous qui s'était
réfugié à la cour du roi d'Aragon, reçut de ce prince
en 1289, quelques navires pour attaquer Tripoli. La
ville résistant avec succès, Othmane fut débarqué et
la flotte alla faire un richo butin à Mehdia.
Abou Amer fils du sultan mérinide Abou Yakoub
s'était fait proclamor à Marrakech, mais il ne put op-
poser de résistance à son père et se réfugia avec ses
trésors à Tlemcen, en compagnie de son vizir. Rentré
à Fez, le souverain pardonna à son fils mais no puise
faire livrer le vizir par le roi abdelouadito Othmane. Il
LES BENI MERINE 169
t
s'en suivit uno rupture et Abou Yakoub abandonna la
campagne contre les Toudjine pour marcher sur Tlem-
cen à la tête d'une importante arméo comprenant des
troupos régulières, les milices chrétienne et kurde ot
des contingents berbères et arabes. Il dut cependant
renoncer à prendro la ville et se contenta de ravager
les territoires environnants avec les Meghraoua Oulad
Mendil du Chélif, accourus à son appel.
Il apprit alors que son allié Sancho de Castille avait
consenti à rcnouvelor son traité avec Ibn El Ahmer,
alors que celui-ci lui avait enlevé Malaga par surprise.
Pour se venger de la trahison de ces deux princes, il
envoya contre eux un premier corps do troupes, mais
Jayme II d'Aragon avait fourni à Sancho des galères
qui bloquèrent lo détroit et ce n'est qu'après plusieurs
mois qu'Aboii Yakoub put passer dans la péninsule
avec ses troupes (1290). Celte campagne fui sans ré-
sultats ot le sultan dut rentrer au Maghreb sans avoir
atteint son but. Aussitôt Sancho assiégea Tarifa avec
l'aide d'ibn El Ahmer à qui il devait l'abandonner. Il
s'en empara, mais la garda, ne donnant au roi de Gre-
nade que des forteresses sans importance. C'est alors
que don Juan, en révolte contre son frère Sancho, vint
à Fez offrir son aide au sultan mérinide ot qu'lbn El
Ahmer mécontent fit la même démarche. Il ne purent
roprendro Tarifa malgré les secours fournis par Abou
Yakoub et don Juan resta à la cour du roi do Grenade
qui, en récompense, reçut du sultan mérinide la place
d'Algésiras. Peu après Sancho mourait laissant lo
royaume de Castille à son fils Ferdinand IV âgé de
neuf ans (1295),
Dans le courant de celtoméraeannée, mourait à Tu*
nis le sultan Abou Hafs, tandis quo son neveu Abou
Zakaria roi de Bougie, avait réussi à ranger Biskra et
lo territoire environnant sous sa suzo?aineté. L'héri-
170 HISTOIRE DU MAGHREB
lier présomptif, petit-fils d'El Ouatck, nommé Abou
Acida, fut proclamé par les troupes et les cheikhs al-
mohades.
L'Abdelouadite Othmano avait châtié avec rigueur
les Meghraoua pour l'aide qu'ils avaient apportée à
leurs alliés mérinides, lors du dernier siège de Tlem-
cen et, à la suite de ce châtiment, le chef meghraouicn
Tabet ben Mendil avait dû chercher un refuge auprès
d'Abou Yakoub. Il lui demanda de le réconcilier avec
le sultan abdelouadito, mais celui-ci opposa, à toutes
les demandes, dos refus hautains et humiliants. Exas-
péré par celto attitude, le sultan jura d'exterminer
la puissance des Béni Ziane. En 1295 il atteignit Taou-
rirt sur lo Za qu'il fortifia solidemont, puis so relira.
En 1296, il rasa les fortifications d'Oudjda et investit
Nédroma pendant quarante jours, sans succès. Il ren-
tra à Fez après uno nouvelle incursion sur le territoire
ennemi et célébra son mariage avec uno petite fille de
Tabet ben Mendil.
L'année suivante Abou Yakoub roprit la campagne
contre Tlemcen; cette fois encore il dut battre en
retraite devant l'attitude énergique des habitants et
leurs solides défenses. Othmane en profita pour aller
do nouveau châtier les Toudjine et atteignit la Milidja
où il soumit les Senhadja Béni Millikeche et les Arabes
Taalba. Les troupes mérinides réussirent pendant ce
temps à prendre Nedroma et Taount et Abou Yakoub
résolut alors de réunir tous les moyens nécessaires en
hommes et en matériel, pour s'emparor de Tlemcen.
Au mois d'avril 1299, il se mit en route cl Othmane
n'eut quo le temps de regagner sa capitale avant l'ar-
rivée des Mérinides. Alors commença co siège mémo-
rable, qui devait durer huit ans et so terminer par un
échec pour les assiégeants.
La ville ontière fut entourée d'un mur en dedans
LES BENI MERINE 171
i
duquel était creusé un fossé très profond; des postes
do soldats mérinides occupaient les portes ainsi que
les autres ouvertures de ces défenses. A l'ouest do
Tlemcen, dans une vaste enceinte fortifiée, le sultan
Abou Yakoub fit élover un palais avec ses dépendan-
ces. Quant aux assiégés, pourvus d'armes ot d'appro-
visionnements, ils se disposèrent à une énergique dé-
fense. Le camp des Mérinides devint petit à petit une
véritable ville fortifiée qui reçut le nom do Mansoura;
au centre était lo palais du sultan et la mosquée; on
y voyait aussi des bains publics, des caravansérails,
un hôpital, un quartier des marchands et lo logement
dos officiers et des soldats. Dans les attaques dirigées
journellement contro la ville, les assiégeants em-
ployaient un important matériel dans lequel figuraient
de nombreuses machines de guerre.
En 1304, dans la cinquième année du siège, Othmane
mourut subitement ot ce fut son fils atné Abou Ziane
Mohammed qui fut élu, de préférence à son fils cadet
Abou Hammou Moussa. Cet événement ne suscita au-
cun trouble dans la cité investie qui continua do so dé-
fendre énergiquement.
Les rois de Bougie et do Tunis s'étaient réconciliés
et envoyèrent chacun une ambassade chargée de faire
hommage de fidélité au sultan mérinide. En 1305, ce
fut un fils du grand Chérif de la Mecque qui vint au
camp d'Abou Yakoub, solliciter son amitié; puis enfin
lo souverain d'Egypte qui lui envoya de magnifiques
présents. Toutes cos députations furent reçues et con-
gédiées avec les plus grands honneurs.
En Espagne, Mohammed II do Grenade était mort
en 1303 et avait eu pour successeur son fils Moham-
med III. Celui-ci renouvela l'alliance avec les Méri-
nides et fournit même un corps de fantassins andalous
et d'archers qui se joignirent à l'armée d'investisse-
172 HISTOIRE DU MAGHREB
ment de Tlemcen. Mais peu après, Ibn El Ahmer qui
n'avait plus les moyens do lutter contre Ferdinand de
Castille, se reconnut son vassal. A cotte nouvelle, Abou
Yakoub renvoya les archors andalous en Espagne en
promettant de se venger de cette défection. Ibn El
Ahmer n'attendit pas l'exécution de cette menace et
réussit à s'emparer de Ceuta. Un prince mérinide
nommé Othmane ben Aboul Ala voulut profiter de ces
circonstances pour s'emparer du pouvoir; de Ceuta il
se porta chez les Ghomra du Riff qu'il souleva à son
profit. Abou Salem Mansour fils du Sultan Abou Yakoub
envoyé contre lui, essuya une défaite el ramena les
débris de son armée à Mansoura, tandis qu'Othmano
ben Aboul Ala étendait son autorité de Ceuta jusqu'à
Taza.
Tlemcen toujours investie était enfin réduite à la
dernière extrémité ; la famine était telle, que les habi-
tants ayant épuisé les animaux immondes avaient
recours à la chair des morts pour ne pas mourir de
faim. Le sultan Abou Ziane et son frère Abou Hammou
étaient décidés a faire égorger leurs femmes et leurs
enfants pour éviter la honte de les laisser tombor aux
mains des ennemis et se disposaient à affronter la mort
dans uno sortie à la tête des troupes, lorsque lo 13 mai
1307, parvint la nouvelle de la mort du sultan méri-
nide. En effet, un eunuque, par vengeance, avait as-
sassiné Abou Yakoub et les principaux chefs mérinides
avaient proclamé son petit-fils Abou Tabet Amer. Or
Abou Salom Mansour fils cadet du sultan défunt s'était,
de son côté, fait reconnaître pour son successeur. Abou
Tabet n'hésita pas à envoyer un message à l'émir ab-
delouadito pour lui demander aide et assistance dans la
lutte qu'il allait soutenir contre son rival, offrant en
retour de lever le siège el de restituer le territoire
conquis par les Mérinides. Abou Ziane accepta celte
LES BENI MERINE 173
offre et dépêcha à Mansoura son frère Abou Hammou
pour ratifier le traité proposé.
Abou Salem qui était maître de Mansoura, vit, dans
une sortie contre Abou Tabet, ses partisans passer
dans le camp adverse et dut rentrer à l'abri de ses
murailles. Mais il ne put s'y tenir et s'enfuit vers Ne-
droma où il fut rejoint et massacré. Rentré à Mansoura,
Abou Tabet y reçut le serment de fidélité de toute la
population et fit mettre à mort son parent Abou Yahya
dont il redoutait l'influence. Plusieurs membres de sa
famille, effrayés par cette exécution, se réfugièrent au-
près d'Othmane ben Aboul Ala chez les Ghomra. En-
fin, dans les premiers jours de juin, Abou Tabet ayant
rappelé ses troupes qui occupaient les places abdelou-
adites, retourna dans ses États.
Aboul Baka avait succédé & son pèro Abou Zaka-
ria à Bougie et s'était réconcilié avec son parent Abou
Acida le souverain de Tunis; mais une rupture avait
éclaté entre eux en 1305, à propos d'une révolte du
gouverneur de Constantine qui avait proclamé la su-
prématie d'Abou Acida. L'annéesuivante, un réforma-
teur sonnite nommé Saada, des Riah. qui s'était fait des
partisans dans la région, essaya à deux reprises de
s'emparer do Biskra; il fut pris et mis à'mort par
les troupes du gouverneur Ibn Mozni. Enfin, dans la
même année 1306, lo prince Abou Yahia Zakaria
tenta, sans succès, d'arracher à Roger Doria sa prin-
cipauté de Djerba.
Eu 1307, Aboul Baka n'ayant pu rétablir son auto-
rité à Alger, fit des ouvertures de paix à Abou Acida.
Celui-ci les accueillit et envoya à Bougie une députa-
tion qui signa une convention stipulant que la paix
serait conclue et que l'empire hafcide en entier, pas-
serait aux mains du survivant. En Tripolitaine, les
Arabes Soleïm avaient reconnu, comme khalife,
174 HISTOIRE DU MAOHREB
Othmane fils d'Abou Debbous amené en Afrique par
une flotte espagnole. En 1308, ces rebelles qui avaient
osé assiéger Tunis, furent réduits, après une
campagne qui ne demanda pas moins d'un an et
au cours de laquello leurs chefs furent capturés.
Après la levée du siège de Tlemcen, Abouziane Ier
alla rétablir son autorité dans lo Maghreb central où
il laissa son affranchi Messamah comme gouverneur
et il rentra à Tlemcen après une campagne de neuf
mois au cours de laquelle il avait châtié avec rigueur
les Arabes Zoghba, Soueid et Dialem. Il mourut peu
après, en avril 1308 et eut pour successeur son frèro
Abou Hammou Ier.
Do son côté, Abou Tabet en arrivant à Fez envoya
uno armée réduire la révolte soulevée à Marrakech
par son cousin et représentant Youssef ben Bouaiad.
Malgré le grand nombre de ses adhérents, le rebelle fut
battu et le chef des Heskoura chez qui il s'était réfu-
gié, le renvoya avec ses principaux partisans à Marra-
kech où le sultan le fit mettre à mort. Abou Tabet alla
ensuite châtier sévèrement les Arabes robe 11 os à toute
autorité qui se livraient sans frein au brigandage et
principalement les Riah de l'Azghar ot du Hebet.
Othmane ben Aboul Ala avait recueilli les mem-
bres mécontents de la famille royale et étendu son
influence dans tout le Riff. Abou Tabet qui attendait
depuis longtemps l'occasion de le réduire, envoya con-
tre lui une armée qui subit plusieurs défaites graves.
Le sultan prit alors le commandement de toutes les
forces disponibles ot obligea les rebelles à évacuer les
places nouvellement conquises; Othmane lui-mémo,
dut se réfugier dorrière les murs do Ceuta qui appar-
tenait à Ibn El Ahmer. Abou Tabet occupa Tanger et
alla faire le siège de Ceuta, mais la résistance parais-
sant devoir être longue il fit bâtir un camp avec lo-
LES BENI MERINE 175
gements et magasins à quelque distance de la place,
en un point appelé Tittaouino qui est l'actuelle Te-
touane. Peu après, le 23 juillet 1307, Abou Tabet mou-
rut à la suite d'une courto maladie et fut enterré
à Chella près de son aïeul Abou Youssef Yakoub.
Aussitôt son oncle Ibn Roziga et son frère Abou Ra-
bia Solcïmane so poseront en prétendants et entrèrent
en lutte. Abou Rabia triompha d'ibn Reziga le jeta en
prison et lova le siège de Ceuta pour aller se faire
reconnaître à Fez. Othmane le poursuivit mais il fut
complètement battu ; son fils et ses principaux officiers
ayant été tués, il rentra en Espagne.
L'émir zianile Abou Hammou Ier renouvela, avec
Abou Rabia, les traités do paix conclus par les Méri-
nides avec ses prédécesseurs. Il rétablit ensuite l'au-
torité zianitodans le Maghreb central, réorganisal'ad-
ministration et les services et donna tous les soins à'
l'embellissement de sa capitale et à l'extension de ses
relations commerciales.
Abou Rabia apprenant quo les habitants do Ceuta
souhaitaient rentrer sous son autorité, obtint par traité,
de Jayme d'Aragon, 50 navires et 1.000 cavaliers. Il
enleva Ceuta avec leur aide et les garda à son service
(1309). Peu après Mohammed III de Grenade envoyait
à Fez uno ambassade demander aide et assistance
contre les Chrétiens. Car Ferdinand IV de Castille
et Jaymo II d'Aragon s'étaient réconciliés et avaient
scellé lo traité do paix par le mariage de leurs enfants.
Ce rapprochement devait, d'autre part, permettre aux
Templiers .d'Espagne d'échapper a la condamnation
génératode leur ordre, à la condition de combattre les
infidèles. Les secours qu'Abou Rabia envoya en Espa-
gne arrivèrent trop tard et Ibn El Ahmer, pour sau-
ver Algésiras, dut traiter avec le roi Ferdinand qui
obtint, en retour, doux autres places et exigea la re-
176 HISTOIRE DU MAGHREB
mise des prisonniers chrétiens. A la suite de cet échec,
les Musulmans d'Espagne déposèrent Mohammed III
et le remplacèrent par scn frèro Ennasser (1309).
A Fez éclata, contre le sultan, une révolte suscitée
par les principaux chefs, dont Gonzalve commandant
de la milice chrétienne, dans lo but déporter au pou-
voir Abdelhak ben Othmane polit-fils de Mohammed
ben Abdelhak. Le groupe des robollos et celui do leurs
partisans s'étant réunis à Taza, Abou Rabia marcha
contre eux en personne, les surprit et los mil en fuito.
Les plus compromis se réfugièrent à Tlemcen où le
princo abdelouadito refusa de les accueillir, mais leur
facilita les moyens de passer en Espagne. Le sultan
ayant châtié les partisans du princo rebelle, mourut
alors qu'il se disposait à rentrer à Fez. Il fut enterré
à Taza (nov, 1310). L'oncto du défunt, Othmane fils du
sultan Abou Yakoub chercha à s'emparer du pouvoir,
mais les troupes et les tribus prêteront serment au
prince Abou Saïd Othmano.
Lo khalifo hafcido Abou Acida étant mort en 1309,
Aboul Baka quitta Bougie pour aller prendro posses-
sion do Tunis, en vertu du traité signé avec lo défunt
et, malgré la résistance que lui opposaient les cheikhs
almohades, il se fit proclamer sous lo nom d'Ennasser
Lidinallah. Mais ses excès soulèveront contre lui la
population et lui aliénèrent ses partisans. Il eut
d'abord à lutter contro son frèro Abou Yahya Abou Bëkr
qui s'était fait proclamer à Constantine et avait entre-
pris le siège do Bougio. Ce jeuno princo éprouva une
défaite et dut fuir en abandonnant son camp. Puis ce
fut un petits-fils d'Abou Hafc nommé Abou Yahya Za-
karia Ibn El Lihiani qui, passant par Tripoli au retour
du pèlerinage, so constitua dans cette ville un parti
d'aventuriers arabes avec lesquels il tonta la conquête
du pouvoir. Aboul Baka envoya contro lui l'armée qui
LES BENI MERINE 177
pressait Abou Yahya Abou Bekr à Béja. Celui-ci d'ail-
leurs on profita pour marcher sur Bougie, après avoir
fait assassiner lo mezouar Ibn Khellouf chof de la mi*
licosenhadjienno de la villo. Do son côté, Abou Yahya
Zakaria battait les troupes do Tunis, entrait dans la
ville et faisait mourir Aboul Baka (1312].
A celto môme époque, Doria en butte à des révoltes
qu'il no pouvait réduiro, cédait l'ilo do Djerba au roi
do Sicilo qui lui donna comme gouverneur Ramon Mon-
tanor (1311)-
L'Emir Abou Hammou de Tlemcon av- 't, dans le
mémo tomps, fait une campagne hourouso dans lo Ma-
ghreb central et son affranchi Messamah avait réussi,
en 1312, à réduire Alger et à s'emparer do Dellys. Les
troupes abdelouadites (iront uno tentativo contre Bou-
gie, mais durent lover le siègo do cette place énergi-
quomont défendue. A son rotour à Tlemcon, Abou Ham-
mou apprit la prochaine attaquo du sultan mérinide
qui voulait se venger des facilités données au préten-
dant Abdelhak ben Othmane pour passer en Espagne;
l'arméo d'Abou Saïd se contenta do ravager lo pays
environnant Tlemcen ot dut s'en retourner sans pou-
voir réduiro la villo. Arrivé à Taza, lo sultan méri-
nido envoya on avant ses deux fils Abor* Hassan et
Abou Ali ; mais, arrivé à Foz, Abou Ali J héritier pré-
somptif, lova l'étendard de la révolte à l'instigation
do son entourage, so fit proclamer souverain et pro-
nonça la déchéance de son pèro. Lo sultan marcha
contro son fils rebelle et le rencontra & Mekarmeda;
mais sos troupos furent battues et il dut les ramener
sur Taza où il fut rejoint par son autre fils Aboul Has-
san. Abou Ali, cependant, vint bloquer étroitement
Taza et Abou Saïd n'eut bientôt plus d'autre ressourco
que d'abdiquer en faveur de son fils qui lui laissait lo
commandement do Taza et de son territoire. Abou Ali
12
178 HISTOIRE DU MAGHREB
rentra à Fez où il fut proclamé par les troupes ot la
population; or, peu do temps après, il tomba grave-
ment malade ot ceux qui l'avaient aidé et soutenu lo
voyant en dangor de mort, accoururent à Taza fairo
hommago do fidélité a son pèro. Abou Saïd marcha
sur Fez avec ses nouveaux adhérents, accompagné de
son fils Aboul Hassan désigné commo héritier pré-
somptif. Abou Ali rétabli mais n'ayant plus avec lui
quo la milice chrétienne, sollicita son pardon ot obtint
le gouvernement do Sidjilmassa où il alla s'installer,
tandis qu'Abou Saïd rouirait à Foz (1315*16).
Au cours d'une nouvollo campagno d'Abou Hammou
contre Bougio, Mohammed ben Youssef gouverneur
do Miliana ayant été dossorvi par ses ennemis auprès
d'Abou Hammou, fut disgracié ; mais le princo Abou
Tachefine resté à Tlemcen n'osa pas l'omprisonnor.
Mohammed en profita pour aller à Médéa soulever les
Toudjino el quand il out réuni uno troupo assoz nom-
breuse, il alla battro Abou Hammou ontro lo Chélif et
Mazouna. Le princo abdolouadito roparut avec uno
nouvollo armée, roprit ses places fortes ot réussit à re-
jeter l'agitalour dans losud. Mais, dès lo départ d'Abou
Hammou pour Tlemcen, Mohammed bon Youssof réta-
blit son autorité dans lo Maghreb contrai ot fit hom-
mago do soumission au roi de Bougio Abou Yahya Abou
Bekr.
Co princo qui avait l'ambition do dovonir lo seul
mattro do l'empiro hafcide, s'était avancé vers l'Est
au-delà do Constantino et avait romporté quolques
succès. Ibn El Lihiani ponsa lui opposor une barrière
sérieuso en accordant à Hamza ben Aboul Leïl lo
commandement des arabes Sotoïm, ù chargo do les te-
nir on respoct. Les Arabes en abusèrent pour redou-
bler leurs désordres et leurs brigandages et semer
l'anarchie. Ibn El Lihiani déjà avancé en âge, préféra,
LES BENI MERINE 179
devant uno pareille situation, se retirer do la lutte et
so transporta avec ses richesses à Gabès, laissant à
Tunis commo gouverneur Aboul Hassan ben (fuanou-
dino (1317).
Abou Yahya Abou Bekr était alors à Constantine
réunissant une nouvollo annéo, grâce aux renforts et
à l'argent qu'il recevait do son vizir Ibn Ghamer; ce-
lui-ci, do son côté, résistait victorieusement à Bougio
contro l'assaut des Abdelouadites. Abou Yahya vain-
queur à Bôja marchait sur Tunis et Ibn El Lihiani invité
à venir défendro la capitale, so contenta d'envoyer do
l'argent avec l'autorisation do tirer do prison son fils
Mohammed Abou Darba pour lo remplacer. Ce prince
opposa uno résistance tollo qu'Abou Yahya dut so re-
plier sur Constantine. Abou Darba so fit alors procla-
mer khalifo à Tunis sous lo nom d'El Mostancer IV.
Mais il eut de vives discussions avec ses alliés arabes
qui réclamaient des sommes énormes pour prix do
leurs services.
L'annéo suivanto, Abou Yahya roprit la campagne
contro Tunis; Abou Darba vint au dovant do lui à
Béjà, mais se3 contingents arabes mécontents do la fa-
çon dont leurs services antérieurs avaient été payés
s'enfuiront l'entraînant avec oux. Il dut so réfugier
chez los Houaraoù il fut poursuivi et défait et où il per-
dit ses meilleurs guerriers, les Almohades hafcides. Il
réussit à grand peine à rejoindre son pèro à Tripoli ;
quant à Abou Yahya, il entra à Tunis où il se fit pro*
clamor khalife. Abou Darba, avec uno nouvollo arméo
arabo, so porta sur Kairouan, mais il éprouva encore
uno défaite à la suito do laquelle il so réfugia à Meh-
dia. Ibn El Lihiani en apprenant ce nouveau désastro
so réfugia, sur des navires chrétiens de Djerba, à
Aloxandrio où il acheva son existence. Abou Yahya
fut proclamé sous lo nom d'El Motaouekkel (1318).
180 HISTOIRE DU MAGHREB
Après avoir repris Médéa ot rejeté dans le sud le ro-
bollo Mohammed ben Youssef, Abou Hammou rentra
à Tlemcon ot désigna son cousin Messaoud ben
Berhoum commo héritier présomptif, do préférence à
son fils Abou Tachofino. Co dernier on conçut uno vivo
jalousie et, do connivence avec la famille des Ben Mol-
lah qui détonait la charge de chambellan ot l'aido dos
sorviteurschrétionsau iniliou desquels il avait grandi,
il fit assassiner son pèro et Messaoud bon Berhoum
(juillet 1318). Lo chef do l'armée, lo kurdo Moussa, fit
aussitôt reconnattro Abou Tachefine par les troupes
et lo peuple. Co princo envoya on Espagno les mem-
bres dosa famillo dont il pouvait redouter l'ambition
et prit commo chambollan son affranchi Hilal.
En 1319, il alla combattro lo rebello Mohammed ben
Youssef qui lui fut livré par lo chef des Tighorino de
l'Ouencheris et qu'il fit mettro à mort. Abou Tachefine
donna à co chef nommé Omar bon Othmano lo com-
mandement do l'Ouencheris et celui do Médéa à un do
ses affranchis, puis il atteignit les Arabes Riah du
Djebel Dira qu'il châtia rigoureusement, traversa lo
pays de Hamza ot alla, par l'Oued Sahol, investir
Bougio. Il dut au bout do trois jours renoncer à ré-
duiro la placo et rentra à Tlemcon.
En Ifrikïa, la situation était, en 1320, la suivante :
les jeunes princes Abou Abdallah ot Abou Zakaria
avaient reçu l'un lo commandement do Constanlino et
l'autre celui do Bougio et lo chambellan Ibn Kaloum
était chargé do les guider tous les doux. Abou Darba
était indépendant à Mohdia et la Tripolilaino restait
livrée aux Arabes.
En 1309, Mohammed III avait été déposé ot rem-
placé par son frère Ennasser ; Ferdinand IV en avait
profilé, son allié no régnant plus, pour envahir lo ter-
ritoire musulman et Ennasser avait obtenu du sultan
LES BENI MERINE 18t
mérinide des renforts avec lesquels il avait pu résis-
ter. Cependant, son général Othmano ben Aboul Ala
ayant pordu la placo d'Alcaudcto, malgré sa valeur,
Ennasser dut faire la paix. Peu après Ferdinand IV
mourait laissant un héritier âgé d'un an seule-
ment (1312). C'était uno trôvo pour les Musulmans,
mais cela n'empêcha pas la guorro civile do déchirer
le royaumo de Grenade. Ennasser n'obtenant aucuuo
aido du régent don Pedro do Castillo, abdiqua
en 1314. Lo nouveau roi Ismaïl Ier Ibn El Ahmer es-
saya sans succès do roprondro Gibraltar aux Chrétieus
et cette rupture dos traités conduisit lo régent don Pe-
dro à envahir lo royaumo de Grenado. Ismaïl appola
lo sultan mérinide à la guorro sainto, mais Abou Saïd
domanda, avant tout l'éloignomont do son ancien com-
pétiteur Othmane bon Aboul Ala. Ismaïl ayant refusé
doso séparer de cet habilo général, lutta avoc ses pro-
pros forces et réussit à infliger à ses onnomis uno dé-
lai to dans laquelle don Pedro et son frèro furont
tués (1319). Co fut la reinb Maria, grand-mère du
jeune roi, qui prit la régence.
Eu 1320, lo princo mérinide Abou Ali gouverneur de
Sidjilmassa avait étendu son autorité sur les Berbères
et les Arabes du Sous, do l'Oued Dra et dos régions
sahariennes qui on dépendont cl s'était do uouvoau
mis en étal do révolte contre son père Abou Saïd.
En 1332, ayant réuni une forto armée, il s'empara do
Marrakech par surprise, la mit au pillage et massacra
le gouverneur et la garnison. Abou Saïd ut son fils
Aboul Hassan marchèrent contro lui, chacun à la
léto d'une armée. Us le battirent et le rejetèrent dans
les montagnes de l'Atlas d'où ils lo contraignirent à
rogagner Sidjilmassa presque soûl et à pied. Abou Saïd
alla l'y assiéger et Abou Ali, sans moyens pour ré-
sister, obtint encore sou pardon do la fuiblcsso du
183 HISTOIRE DU MAGHREB
sultan. L'émir do Tlemcon Abcu Tachefino secrète-
ment allié au fils rebelle, l'avait soutenu en attaquant
les provinces mérinides.
A Tunis un chof almohado nommé Mohammed bon
Abou Amrano, entraîné par Hamza bon Omar des
Kaoub, alla lo rojoindro on Tripolitaino et tous deux,
après avoir réuni dos partisans, marchèrent sur Tunis.
Us furent battus uno première fois et refoulés dans lo
sud avec Mohammed Ibn Mozni do Biskra qui s'était
joint à eux (1322). Les chefs arabes compromis ayant
été capturés et mis à mort, leurs tribus jurèrent do les
venger. Abou Yahya en effet, surpris par leur retour,
dut quitter Tunis où il no rentra quo plusieurs mois
après (1323).
Pendant lo mémo temps, l'émir do Tlemcen Abou
Tachefino avait continué ses opérations contro les
Etats hafcides. En 1321 el 1322, son général, lo kurde
Moussa avait fait deux tentatives sans résultat contro
Bougie et avait dû so contenter de construire à Tiklat
une forteresse qui marquait la limilooriontalodespro-
vincosabdolouaditos.En 1321, l'arabo Hamza ben Omar
do Tripoli et Abou Darba do Medhia so rendiront à
Tlemcen et obtinrent do l'émir zianitequ'il so joindrait
à eux contre Tunis. Moussa lo kurdo réunit à sos trou-
pos les Rached, les Toudjino et les, Arabes do l'Ifrikïa
et rencontra lo sultan hafcide à Ghcris près do Mor-
madjonna. Los deux ailes de l'arméo do Tunis fléchi-
rent pendant le combat, mais lo centre résista vigou-
reusement ot onleva la vicloiro; lo camp dos Zonala ot
leurs familles restèrent aux mains des Hafcides. Moussa
lo kurdo regagna Tlemcen avec Abou Darba qui y
mourut peu après (1321). Quant à Abou Yahya, il ren-
tra à Tunis malgré un retour offonsif des Arabes.
En 1325, les Abdolouaditcs sollicités do nouveau par
les Arabes vinrent attaquer Constantino, mais Abou
LES BENI MERINE 183
Yahya obligea le kurde Moussa à regagnor Tlemcen.
L'amée suivante co général entreprit uno nouvelle
campagne contre les Hafcides en prenant la forteresse
do Tiklat comme baso d'opération. Il pul conserver
cette forteresse mais dut so retiror nous sans avoir
tué les principaux officiers do l'arméo hafcido et parmi
eux Dafer El Kebir chef des affranchis chrétiens do
Tunis. A son retour à Tlemcon, Moussa étant en ri-
valité avec l'affranchi Hilal proinior ministro d'Abou
Tachefine, alla so réfugior chez les Douaouida. Il fut
remplacé dans lo commandement dos troupes par
Yahya bon Moussa dos Boni Senous,
Lo chef des Soloïm, Hamza ben Omar, vint avec
d'autres cheikhs à Tlemcen pour inviter lo princo ab-
delouadito à les soutonir dans uno tentative contro les
Hafcides. Abou Tachofino accepta ot leur fit reconnaî-
tre commo khalife hafcido Mohammed bon Abou Am-
rano qui vivait à sa cour depuis plusiours années.
En 1329, co prétendant avec tous ses adhérents aux-
quels so joignirent les Arabes Kaoub, infligeait uno
sanglante défaito aux troupes hafcides, près do Mor-
madjonna. Abou Yahya blossé, échappa à grand peine
à ses ennomis et se réfugia à Bônc, puis à Bougio, tan-
dis quo les Abdelouadites s'installaient à Tunis. Abou
Yahya envoya alors son fils Abou Zakaria sollicitor
l'assistanco du sultan mérinido, en souvenir des re-
lations amicales qu'avaient entretenues leurs familles.
Abou Saïd promit d'aller attaquer Tlemcen el s'avança
jusqu'à la Molouïa. Pendant ce temps, Abou Yahya
quittait Bougio, réunissait des troupes à Constantine
et marchait sur Tunis dont il put reprendre possession,
Mohammed beu Abou Amrano l'ayant évacuée sans
combat (1330).
En apprenant co succès, Abou Saïd congédia Abou
Zakaria avec des présents cl lo fil accompagner d'uno
184 HISTOIRE DU MAGHREB
ambassade chargée de demander en mariage uno prin-
cosso hafcido pour son fils Aboul Hassan. La fiancéo
venait d'arrivor à Fez, lorsqu'Abou Saïd mourut;
Aboul Hassan fut proclamé sultan et célébra son ma-
riago après les funérailles do son père. Il s'assura on-
sutte des dispositions do son frèro Abou Ali et onvoya
uno ambassade à Tlemcen pour sommer Abou Tache-
fine de lever lesiègo de Bougio et de rondro la provinco
do Dellys aux Hafcides. Cetto ambassado fut très mal
reçue et eut même à subir do mauvais traitements.
Lo sultan mérinide, à la nouvollo do col outrago,
partit en 1332 pour Tlemcen avec une nombrouse ar-
mée; n'ayant pu surprendre cetto placo, il s'avança
jusqu'à Tessala et envoya par mer uno troupo pour
dégager Bougio quo les Abdelouadites bloquaient par
leurs forteresses de Tiklat ot d'El Yakouta. Cetto troupo
jointo à l'arméo onvoyéo de Tunis par Abou Yayha
réussit à chassor los Abdelouadites et co princo put
en 1332, rentror dans sa capitale, après avoir châtié
les Douaouida do Msila qui avaiont soutenu les Abdel-
ouadites. Aboul Hassan qui était toujours à Tossala,
lova lo camp en apprenant que son frèro Abou Ali, sur
l'instigation de l'émir Abou Tachefine, s'était révolté
à Sidjilmassa. H laissa son fils à l'Oued Za avoc uno
armée et alla assiéger Sidjilmassa. De son côté, Abou
Tachefino pour soutenir son allié Abou Ali, envoyait
sur los terres mérinides des troupes qui furent bat-
tues par l'arméo do l'Ouod Za. Sidjilmassa finit par
succomber et ses défonsours furent massacrés ainsi
quo le princo robello Abou Ali (1332-1333).
En 1322, la régonto do Castille était morto ot son
fils AlphonsoXI, malgré son jouno àgo, prit l'autorité
en mains dès l'année 1325. A Grenade, Ismaïl était
mort assassiné ot son fils Mohammed IV qui lui avait
succédé avait attaqué les Chrétiens ot avait été battu
LES BENI MERINE 185

par l'infant don Manuol en 1329. Quant au jeune roi


Alphonso, il était occupé à réduiro los révoltes do ses
propres parents unis aux Musulmans et n'y était par-
vonu qu'on 1330. C'est alors qu'il tira vengeance dos
attaquos du roi de Gronado qui so reconnut son vassal
ot s'engagea à lui payer le tribut. Mohammed IV ob-
tint du sultan mérinido l'envoi on Espagne d'uno ar-
méo do 5.000 hommes commandéo par son fils Abou
Malok. Cetto arméo s'empara do Gibraltar ot Alphonse
no pouvant l'en chasser, signa uno trêvo do quatre
ans avec lo roi do Grenado qui s'engageait à lui payor
un tribut. Mohammed IV fut mis à mort peu do temps
après par des Mérinides ot son frèro Youssef lui suc-
céda (1333).
En 1335 Aboul Hassan, à la tête d'uno armée consi-
dérable, marcha do nouveau contro les Abdelouadites;
après s'ôtro emparé d'Oudjda et do Nedroma, il vint
issiôger Tlemcon qu'il bloqua étroitomont et dont il
iattit les murs avec ses machines do guorro. Pendant
m temps, des troupes disponiblos opéraient dans les
provinces abdolouadites et s'emparaiont d'Oran, Ténès,
Mliana, Alger ot Médéa. Au cours d'uno sortio des as-
siégés, lo sultan Aboul Hassan surpris tandis qu'il visi-
tai les avant-postes, faillit être enlevé. Tous les guer-
riers mérinides accoururent au secours de leur maltro
et l s'en suivit une grande bataille au cours de la-
queJo périront de nombroux chefs abdolouadites et où
se dslinguèront par leur valeur los deux fils du sultan
mérhido, Abou Abderrahmano ot Abou Malok. Enfin un
dornor assaut livré par los assiégeants lo 1er mai 1337,
leur Ivra la ville do Tlemcen qui résistait depuis deux
ans. kbou Tachefino Ier fut blessé et fait prisonnier,
après avoir vu tomber autour do lui ses fils, ses no-
il
voux ses principaux officiers; sur l'ordre du princo
Abou lbderrahmane, il eut la tête tranchée.
18C HISTOIRE DU MAOHREB
Aboul Hassan fit une entrée solennelle à Tlemcen,
puis il ordonna aux troupes do sortir do la ville dont
les monuments furent ainsi présorvés et lui-même ro-
tourna à son camp établi dans les ruines do Mansoura.
Il alla ensuite roconnaitro los provinces enlevées aux
Abdolouadites et atteignit Alger où il devait so rencon-
trer avec son beau-frèro lo hafcide Abou Yahya. Ce-
lui-ci, pensant pouvoir désormais so passer des
Mérinides, no vint pas au rendez-vous. Sur ces entre-
faites Aboul Hassan ayant été gravement malade, ses
doux fils mal conseillés lovèrent l'étendard do la ré-
volta. Lo sultan rétabli les fit chargor do fors ainsi que
leurs complices ot regagna Fez (1338).
Pendant co temps, lo khalifo Abou Yahya avait
réussi à rétablir son autorité on Ifrikïa. Il avait, en
effet, soumis Gafsa ainsi que les villes du Djerid et du
Zab et s'était emparé do Touggourt. Il soutint la ré-
volta dos habitants do l'Ile do Djerba qui avaient à se
plaindre dos oxactions do lours gouvornours chrétiens
cl ses soldats so rendirent maîtres do la placo gràco à
l'appui des flottes do Gênes et do Naplos qui empochè-
rent les Siciliens de secourir les assiégés (1338-1339)
Aboul Hassan jugeant alors los circonstances favori-
blés pour reprondro la guerro sainte en Espagno, so nil
on mesuro do réunir une armée importante. Aussitôt
les rois d'Aragon et do Castille onvoyèronl des navi'es
surveiller lo détroit (1339). Lo prince Abou Abderrih-
mano avait été mis à mort à la suite d'uno nouvelle
tontalive do révolta; son frère Abou Malek resté fidblo,
reçut lo commandement do l'arméo et alla rejoitdro
lo roi de Gronado avec qui il onvahit lo terri'oiro
chrétien. Abou Malek s'étant imprudemment av/ncé,
fut surpris la nuit et tué avec tous ses soldats (1340).
Aboul Hassan réunit alors sa flotta à laquello s) joi-
gnirent des navires hafcides; il infligea une grave*
LES BENI MERINE 187
défaite à la flotta chrétienne et alla avec le roi do
Grcnado fairo lo siège do Tarifa. Lo roi Alphonse obtint
do Gênes dos vaisseaux qui vinrent croiser dans lo dé-
troit mais qu'uno tempêta dispersa ; il s'avança alors
avec uno arméo do 20.000 hommos, accompagné du
roi do Portugal dont la flotta avec collo d'Aragon de-
vait gagner Tarifa. Los Musulmans abandonnèrent
cetto place où ils s'étaient déponsés sans succès et vin-
rent s'établir sur un plateau au pied duquel coule lo
Rio Salado. Les Chrétiens prirent leurs dispositions,
lo roi do Portugal devant combattre lo princo do Gro-
nado ot Alphonse lo sultan mérinide.
Lo 30 août 1310, l'infant don Juan Manuel qui
commandait l'avant gardo dos Castillans commença
l'attaquo do faco, tandis quo la garnison do Tarifa
renforcéo des équipages do la flotte, prenait les Mu-
sulmans à revers ot que lo roi do Portugal attaquait
les Grenadins. Cette attaquo combinéo des forces
chrétiennes, enleva aux Musulmans les avantages du
nombre; les Grenadins so retireront en assoz bonordro,
mais les Mérinides so débanderont abandonnant lo sul-
tan qui, ayant ou un do ses fils fait prisonnior et ses
meilleurs guorriers tués autour do lui, s'onfuit près-
quo seul. Les Chrétions pénétrèrent dans son camp et
massacrèrent plusieurs des fommes qui s'y trouvaient
parmi lesquelles son épouso, la fille du khalifo hafcido.
Aboul Hassan rontra en Maghreb après co désastre
et so vit contraint par les circonstances de renoncer
à poursuivre la guerro sainto. H se consacra alors à
l'organisation do l'empire, parcourut les provinces,
s'enquil do lours besoins et s'occupa activement d'y
assurer uno bonno administration. Il envoya une
ambassade au souverain d'Egypte, afin d'obtonir des
facilités do passage aux caravanes do pèlorins du
Maghreb et fil parvenir de riches offrandes aux villes
188 HISTOIRE DU MAGHREB
saintos du Hedjaz. Entre temps, le roi du Malli, Monsa-
Moussa, lui avait envoyé son hommage accompagé
do cadeaux; Aboul Hassan chargea uno ambassado
do porter ses compliments et ses présents au sultan
nègre, dans sa capitale mémo.
En Ifrikïa, la pruvinco de Tripoli vivait dans l'indé-
pendanco ainsi quo Gafsa ot Gabès. Lo cheïkh des
Kaoub, Hamza ben Omar, était demeuré fidèle au
souverain Abou Yahya; mais après sa mort, ses fils
so révoltèrent, battirent les troupes envoyées contro
eux ot vinrent menacer Tunis. La discorde s'étant
miso dans leurs rangs au bout do quelques jours,
Abou Yahya en profita pour les rejeter dans lo désort.
En 1314, tout lo sud tunisien était soumis et gouverné
par Aboul Abbas fils et héritier présomptif d'Abou
Yahya.
Depuis le mois de juillet 1312, Algésiras était inves-
tie par Alphonso do Castillo qui avait fait appel à tous
les Chrétiens pour réduiro cetto place ; il finit par s'en
rendre maître en mars 1341. Un traité fut signé entro
lo sultan mérinido el Ibn El Ahmer d'uno part ot lo
roi de Castillo d'autro part, stipulant une trêve do
quinzo ans. Les filles du sultan mérinido prisonnières
depuis la bataille du Rio Salado, furent rendues sans
rançon et l'émir do Grenade so reconnut vassal du
roi do Castillo, s'engageant à lui payer un tribut
do 12.000 pièces d'or.
Dans l'été de 1346, Aboul Hassan épousa uno
autro fille d'Abou Yahya qui fut conduite à Fez par
son frère El Fadhcl gouvornour de Bôno. Pou après,
Abou Yahya étant mort subitement, son fils Abou
Hafs Omar s'empara du pouvoir au détriment do son
frèro Aboul Abbas héritier présomptif. Celui-ci accou-
rut du Sud avec des troupes et fut rejoint par son
autre frère Abou Fares. Le vizir Ibn Tafraguine qui
LES BENI MERINE 189
redoutait lo nouveau maltro do Tunis, s'enfuit au
Maghreb. Abou Hafs battu uno première fois so réfu-
gia à Beja, mais ayant réussi à ontror secrètement
dans la capitale, il prit lo princo légitimo dans un
guet-apens et lo mit à mort, co qui entraîna la popu-
lation au massacro des chefs arabos vonus du Sud
avec Aboul Abbas. Les princes Abou Fares ot Aboul
Baka faits prisonniers, furent égalemont mis à mort
et Abou Hafs resta, après ces exécutions, lo soûl
maître du pouvoir.
Aboul Hassan lorsqu'il apprit ces événements,
promit à El Fadhol do l'aider à détrôner l'usurpateur.
Do leur côté Khalod bon Hamza lo chef dos Kaoub et
Abou Abdallah gouverneur do Bougio mécontents,
vinrent à Foz domandor au princo mérinide d'intor-
vonir. En mars 1347, Aboul Hassan était à Mansoura
do Tlemcen où il avait convoqué ses contingents et
où il refusa do recevoir uno ambassado qui lui appor-
tait los hommages d'Abou Hafs. Laissant à Tlemcon
son fils Abou Inano pour lo remplacer, (o souverain
mérinido so mit on marche ot trouva, à Oran, Ibn Yom-
loul chef do Gafsa, Ibn El Mokki chef do Gabès, plu-
sieurs cheikhs du Djerid et un envoyé do Mohammed
bon Tabet, émir de Tripoli, dont los hommages furent
bien accueillis, ot qui furent invités à convoquer leurs
contingents. Enfin, près do Bougie il reçut les homma-
ges do Mansour ben Mozni émir do Biskra et du chef
des Arabes Douaouida.
Abou Adballah fils d'Abou Zakaria et gouverneur
de Bougio, abandonné par los habitants qui étaiont
favorables aux Mérinides, so rendit au camp d'Aboul
Hassan. Co souverain l'interna au nord do Tlemcen
chez les Koumïa, plaça un gouvorneur à Bougie, puis
gagna Constantine où il reçut l'hommage des petit-fils
du khalife Abou Yahya qui on avaient lo commande-
190 HISTOIRE DU MAOHREB
ment et donna le gouvernement de la ville à El Abbas
ben Omar. Abou Hafs avait quitté Tunis pour s'enfon-
cer dans le Sud, n'ayant plus que les Arabes Mohelhel
comme partisans. Les troupes mérinides envoyées
contre lui avec les Arabes Oulad Bellil, l'atteignirent
et le mirent à mort. Aboul Hassan fit alors son entrée
solennelle à Tunis, avec un brillant cortège où figu-
raient les chefs des différents fiefs hafcides et le vizir
Ibn Tafraguine redevenu ministre. El Fadhel no reçut
que le gouvernement de Bône et Aboul Hassan s'at-
tribua le pouvoir souverain à Tunis.
Mais les Arabes Hilaliens conspiraient contre Aboul
Hassan et co prince averti, fit emprisonner leurs
chefs. Les Arabes se groupèrent alors sous le comman-
dement d'un fils de l'almohade Othmane ben Abou
Debbous nommé Ahmed et marchèrent vers Kairouan,
au devant de l'armée mérinide qui comprenait des con-
tingents abdelouadites, meghraoua ot toudjine. Mais
pendant l'action, ces éléments depuis longtemps hos-
tiles aux Mérinides, passèrent du côté des Arabes et
obligèrent Aboul Hassan à se réfugier à Kairouan
en abandonnant son camp el une partie do sa famille.
Les Arabes vinrent mettre le siège devant cette ville
et l'ex-vizir Ibn Tafraguine sortit de la place pour
offrir ses services à Ahmed ben Abou Debbous qui
l'envoya à la tête des Meghraoua faire le siège de
Tunis. Soutenu par la population, l'ancien vizir pé-
nétra dans la ville, mais ne put s'emparer de la forte-
resse où s'était réfugiée la famille royale. On apprit
alors qu'Aboul Hassan sorti do Kairouan, s'était
embarqué à Sousso et gagnait Tunis. A cette nouvelle
Ibn Tafraguine alla se réfugier à Alexandrie et le dé-
sordre se mit dans l'armée assiégeante. Les Abde-
louadites so donnèrent alors comme émir le princo
Aboud Saïd Othmane descendant d5Yaghmoracene; de
LES BENI MERINE 191
s
leur côté, les Moghraoua reconnurent pour chef Ali
fils de Rached ben Mendil ot ces deux groupes ayant
fait une alliance offensive ot défensive, regagnèrent
leur pays.
Lorsqu'Aboul Hassan eut pris possession de Tunis,
les chefs arabes compromis lui livreront Ahmed ben
Othmane ben Abous Debbous. Pendant le même temps,
El Fadhel s'était fait reconnaître comme khalife par les
habitants de Bône et de Constantine. Mais la retentis-
sante défaite des Mérinides à Kairouan avait eu égale-
ment de graves conséquences dans le Maghreb central.
Abou Inane qui gouvernait à Tlemcen au nom de son
père Aboul Hassan, se fit proclamer sultan dans le mois
de juin 1348 et envoya des troupes aux ordres de son
vizir El Hassan ben Slimane et comprenant des Arabes
Amer, contre celles de son père commandées par le
zoghbien Ouenzemmar ben Arif et composées d'Arabes
Soueïd ennemis déclarés des Amer et des zénètes. Le
chef zoghbien fut battu et obligé do fuir en abandon-
nant son camp. Abou Inane laissa le gouvernement
de Tlemcen à son conseiller intime l'abdelouadite
Othmane ben Djerrar et partit pour le Maghreb
extrême. Près de Taza il culbuta l'armée de son neveu
El Mansour, émir de Fez puis, ayant pénétré dans cette
capitale, il fit mourir El Mansour et toutes les pro-
vinces le reconnurent (juillet 1348).
A leur retour do Tunis, les Abdelouadites et les
Meghraoua reprirent Ténès, Mazouna, Miliana et Cher-
che! ; le prince Abou Saïd Othmane et son frère Abou
Tabet gagnèrent Tlemcen où ils réussirent à entrer. Le
prince Abou Saïd Othmane releva le trône des Abdeloua-
dites renversé depuis douze ans et confia la direction
des affaires à son frère Abou Tabet. Mais il pensa de-
voir s'allier aux Mérinides et conclut avec Abou Inane
une alliance défensive contre Aboul Hassan. Enconsé-
192 HISTOIRE DU MAGHREB
quence, le prince mérinido offrit aux princes hafcides
Abou Abdallah Mohammed ancien gouverneur de Bou-
gie et Abou Zeïd Abderrahmane ancien commandant
de Constantine, internés au Maghreb par Aboul Has-
san, de les aider à reprendre leurs commandements.
Ennasser fils d'Aboul Hassan tenta, avec des con-
tingents arabes Douaouida, Altaf, Dialem, Soueïd et
autres, une marche offensive contre les Etats de Foz
et de Tlemcen. Mais il fut défait dans la vallée du
Chélif et contraint à la fuite par les troupes d'Abou
Tabet qui, après celte victoire, alla reprendre Oran
(mars 1349).
A Bône le prince El Fadhel recevait l'hommage des
Arabes qui le pressaient de marcher sur Tunis. 11
suivit leurs conseils, battit Ennasser et réussit à en-
trer en vainqueur dans la capitale (février 1350).
Avant son arrivée, Aboul Hassan se voyant aban-
donné do tous, 3'éluit embarqué pour le Maghreb.
Le navire qui lo portail faillit naufrager cri route,
au cours d'une tempête, mais il fut bien accueilli
des Arabes Taalba et des Béni Mcllikcche, à Alger
où il fut rejoint par son fils Ennasser. Adi ben Yous-
sef des Toudjine de Médéa, vint lui offrir ses services,
ainsi que Ouenzemmar ben Arif suivi des Soueïd,
Houaret et Hosseïn et do l'émir des Meghraoua Ali
ben Rached. Avec ces partisans grossis d'aventuriers
senhadja, zénata et arabes, il enleva Médéa et Mi-
liana. Il rencontra à Chediouïa, dans la valléo du
Chélif, l'arméo d'Abou Tabet et engagea avec elle
un combat acharné qui coûta la vie à de nombreux
guerriers valeureux, entre autres le prince Ennasser.
La défaite d'Aboul Hassan fut complète; il abandonna
son camp et ses bagages cl alla so réfugier dans les
montagnes de l'Ouencheris.
En lfrikïa, les Arabes continuaient à jeter le trouble
LES BENI MERINE 193
et l'agitation dans lo pays par leur ingérence crois-
sante dans les affaires. C'est ainsi qu'un fils de
Hamza ben Omar ayant ramené du pèlorinage l'ancien
vizir Ibn Tafraguine, so concerta avec lui et deux
de ses frères, pour renverser El Fadhel. Us sommè-
rent ce princo de remplacer son vizir Ibn Ottou, chef
des Almohades, par Ibn Tafraguine et sur son refus,
investirent Tunis. Ayant réussi à attirer El Fadhel
dans leur camp, par la ruse, les rebelles le mirent à
mort et proclamèrent à sa place Abou Ishak Ibrahim
jeune fils d'Abou Yahya Abou Bekr. Ibn Tafraguine
fit périr le vizir Ibn Ottou, puis il prit lo titre de
régent et fit prêter le serment de fidélité au souve-
rain mineur (juillet 1350).
Aboul Hassan vaincu s'était porté do l'Ouencheris
au djebel Amour, puis à Sidjilmassa, accompagné du
chef arabo Oucnzemmar et des Soueïd. II ne put em-
pêcher son fils Abou Inane de pénétrer dans la place
et s'enfuit à Marrakech d'où il fut encore chassé.
Réfugié dans les montagnes des Hintata il y fut
poursuivi par son fils qui l'obligea à renoncer au pou-
voir. Peu après son abdication, Aboul Hassan mourait
mystérieusement (juin 1351).
Pendant le même temps, Abou Tabet s'était porté
dans le Maghreb central et avait rétabli l'autorité
abdelouadito à Médéa, Chcrchel et Alger. Enfin il avait
réussi à arracher Ténésaux Meghraoua et avait obligé
les Taalba et Bcni Mellikeche d'Alger, ainsi que les
Hosseïne de Titeri à reconnaître la suzeraineté du
souverain de Tlemcen.
Dans le sud de l'empire hafcide, quelques chefs du
Djerid n'avaient pas reconnu Abou Ishak II ; ces chefs
jo:nts aux Arabes Mohclhel el Ilakim, proposèrent au
prince Abou Zeïd gouverneur de Constantine de ren-
verser le souverain. Ce prince accepta et leur donna
13
194 HISTOIRE DU MAGHREB
un corps do troupes avec lequel lo choïkh de Gabès
Ibn El Mekki marcha contro l'armée du sultan com-
mandée par l'Arabo Aboul Lcil. Co dernier fut tué et
son armée mise on dérouta (1351). L'année suivante,
l'armée do Tunis commandée par Abou Ishak en per-
sonne, rencontra les troupes d'ibn El Mekki à Mer-
madjenna. Los soldats tunisiens furent taillés en
pièces et Abou Ishak rentra à Tunis, tandis qu'Abou-
Zeïd manquant de moyens pour poursuivre le siège do
la capitale, se retira dans le Sud. Peu après, il rega-
gna Constantine, laissant son frèro Aboul Abbas à la
tête de ses partisans du Djerid.
Abou Inane devenu le maître de l'empire mérinide,
nourrissait l'ambition do lui rendro ses anciennes
limites el se disposait, dans co but, à porter la guerre
sur le territoire do Tlemcen. Il réunit à Foz une
armée considérable comprenant des Béni Merine,
des Masmouda, des Arabes Makiï, la milice chré-
tienne ot nombre d'aventuriers. Les Abdelouadites
prévenus des projets du sultan mérinide, s'étaient
préparés et à l'approche de son armée, ils avaient
divisé leurs troupes en deux corps aux ordres d'Abou
Saïd Othmane et d'Abou Tabet et les avaient portés
près d'Oudjda. Dès que les ennemis apparurent, les
Abdelouadites les attaquèrent brusquement et les sur-
prirent au moment où ils campaient. Les Mérinides
pris de panique s'enfuirent de tous côtés, taudis que
les Arabes Makil pillaient le camp. C'en était fait de
l'armée mérinide, sans l'énergie d'Abou Inane qui
ramena les fuyards au combat et les entraîna avec
vigueur. Les Abdelouadites qui croyaient la victoire
certaine, furent surpris à leur tour et mis en complète
déroute; leur camp fut enlevé et l'émir Aboud Saïd
fait prisonnier par les Mérinides (juin 1332). Le
prince Abou Tabet ayant pu s'échapper, regagna.
LES BENI MERINE 195
Tlemcen à la hâto et alla avec la famille royale so
réfugier dans le Maghreb central.
Abou Inane entra à Tlemcen après avoir châtié les
Arabes makiliens Je leur défection et fit mettre à
mort son prisonnier l'émir Aboud Saïd. Une armée
qu'il plaça sous les ordres de son vizir Fares ben
Oudrar, battit les troupes d'Abou Tabet, dans la
vallée du Chélif, grâce à la valeur déployée par Ouen-
zemmar et ses Arabes. Le prince abdelouadito fut
capturé avec d'autres membres de sa famille et livré
à Abou Inane ; seul le prince Abou Hammou put
s'échapper avec quelques officiers et se réfugia à
Tunis. La dynastie zianite était renvorsée pour la
deuxième fois.
Tandis qu'_ 3on vizir Fares reprenait Alger, le sultan
avait gagné Médéa où il reçut des députalions de Dou-
aouida du Zab et du Hodna et des Béni Mozni de Biskra. Il
accueillit leur hommage de soumission et récompensa
Ouenzemmar en lui donnant la prééminence sur les
Arabes et en attribuant aux Zoghba ses contribules
le territoire du Scrsou et le pays des Toudjine qui lui
fait suite. Il obligea ensuite Abou Abdallah à lui li-
vrer Bougie et lui promit en retour le gouvernement-
dc Meknès, mais cette promesse ne fut pas tenue. De
retour à Tlemcen, Abou Inane fit mettre à mort les
princes abdelouadites prisonniers.
A la suite d'une révolte provoquée par les Senhadja
contre le gouverneur mérinide de Bougie, Abou Inane
donna le commandement d'une troupe à son cham-
bellan Mohammed bon Abou Amer qui mil en fuite les
Senhadja, entra à Bougie et nomma son lieutenant
Moussa El Irniani au commandement de l'importante
tribu berbère des Sedouikeche. Il regagna le Maghreb
en 1353, après avoir reçu les hommages des Arabes
du Sud, mais Abou Inane occupé par une révolte de
196 HISTOIRE DU MAGHREB
son frère Aboul Fadhel dans le Sous, renvoya Ibn
Abou Amer à Bougie. En arrivant dans cotte place,
le chambellan apprit qu'Abou Zeïd le gouverneur
hafcide de Constantine harcelé par les Sedouikecho,
avait fait proclamer comme souverain un fils d'Aboul
Hassan nommé Abou Omar Tachefine retenu pri-
sonnier après le départ de son père. Ibn Abou Amer
battit les troupes do Constantine et exerça de tels
ravages dans le pays, qu'Abou Zeïd lui livra Abou
Omar Tachefine. Co princo fut amené à Abou Inane
en môme temps quo son autre frère rebelle Aboul
Fadhel.
Aboul Àbbas laissé par son frère Abou Zeïd à la
tête de ses partisans dans le Sud, fit une tentative
contre Abou Ishak II à Tunis, avec l'aide des Arabes
Mohclhel. Celte tentative ayant échoué, il envoya
son frère Abou Yahya faire hommage de fidélité au
sultan mérinido et solliciter son appui (1354).
Abou Zeïd bloqué dans Constantine par les troupes
de Bougie, rappela du Sud son frère Aboul Abbas. La
place ayant été dégagée, Abou Zeïd marcha sur Tunis,
mais pendant ce temps, son frère Aboul Abbas se fai-
sait proclamor dans Constantine avec lo titre do roi.
Au commencement de l'année 1355, Mohammed ben
Abou Amer mourut et fut remplacé par Abdallah ben
Saïd qui alla poursuivre le siège de Constantine avec
les Douaouida et les Sedouikecho, mais il n'obtint aucun
succès. Do son côté, Abou Zeïd désespérant de réduire
Tunis et no pouvant rentrer dans Constantine tenue
par son frère, se soumit au vizir Ibn Tafraguine qui
lui confia une haute charge à Tunis. Abdallah revint
en 1356 sous les murs de Constantine ; il allait réduire
la place lorsque ses troupes se débandèrent en appre-
nant la fausse nouvelle de la mort d'Abou Inano et il
dut rentrer à Bougie. Ses partisans sedouikeche ayant
LES BENI MERINE 197
i
alors offert leurs sorviecs à Aboul Abbas, celui-ci en-
voya avec eux un corps do troupes commandé par son
frèro Abou Yahya Zakaria qui remporta une victoire
sur les troupes mérinides de Bougie.
Abou Inane, en apprenant ces nouvelles, résolut
d'envahir l'Ifrikïa ; il rassembla, dans co but, une
nombreuse armée sous les murs do Fez et remplaça le
gouverneur de Bougio par Yahya ben Mimoun. En
mars 1357, un corps de troupes important commandé
par le vizir Fares ben Oudrar, so mit en marche et
arriva à Bougio avant qu'Aboul Abbas, qui avait de-
mandé du secours à Abou Ishak II, ait eu le temps de
recevoir sa réponse. Après s'être grossie de nouveaux
auxiliaires, cette troupe vint mettre le siège devant
Constantine; lorsque les habitants virent arriver
Abou Inane à la tête de son armée, ils lui offriront
leur soumission et Aboul Abbas dut traiter avec le
sultan mérinide qui l'interna à Ceuta. Bône tomba à
son tour et le sultan y reçut la soumission des Ara-
bes Douaouida ; Ibn Mozni qui les accompagnait fut
nommé vizir. Co furent ensuite les chefs du Djerid,
Ibn El Mekki seigneur dcGabcs el les chefs des Arabes
Mohelhel qui vinrent lui faire hommage de soumission.
Aussitôt Abou Inane envoya ces chefs contre Tunis
avec l'appui d'uno armée commandée par Yahya ben
Rahho, pendant qu'une flotte allait attaquer la capi-
tale par mer. Abou Ishak el Ibn Tafraguine ne pou-
vant décider les habitants à la résistance, se réfu-
gièrent à Mehdia; l'année mérinide entra aussitôt à
Tunis.
Peu après s'élevait à Constantine un grave con-
flit entre les Arabes Douaouida et Abou Inane: il
repoussait leurs exigences, leur réclamait des otages
cl voulait leur supprimer le droit do khefara (protec-
tion) qu'ils s'arrogeaient sur 1rs sédentaires. Les
198 HISTOIRE DU MAGHREB
Arabes s'étant mis en état de révolte, Abou Inane les
poursuivit jusqu'à Tolga, mais ne put les atteindre.
D'autre part, Abou Ishak II avait do nombreux adhé-
rents arabes avec lesquels il so préparait à attaquer
Tunis. Abou Inano résolut de marcher contre lui tan-
dis que son général, partant do Tunis, le prondrait à
rovers. Mais lo troisième jour après son départ, Abou
Inane apprit que les soldats mérinides, mécontents,
avaient décampé dans la nuit et s'en retournaient au
Maghreb. C'était là lo résultat d'un complot auquel
avaient pris part le vizir Fares ben Oudrar et d'autres
chefs qui se proposaient de remplacer Abou Inane par
10 princo Idris Aboul Ala. Abou Inano se retira sur
Constantine cl aussitôt Ibn Tafraguine, laissant le
prince Abou Yahya commo gouverneur à Mehdia,
vint reprendre possession de Tunis et Abou Ishak
remonta sur lo trône.
Rentré à Fez en 1357, Abou Inane fit mourir son
vizir Fores qui l'avait trahi et prit ses mesures pour
tirer vengeance des Arabes Douaouida. 11 donna le
commandement d'une armée à Soleïmane ben Daoud
son représentant en Espagne, nommé vizir ot qui, aidé
de Youssef ben Mozni, remplit sa mission avec succès.
11 ramena à Fez Ahmed le fils do Youssef, avec des
députalions de toutes les tribus sahariennes.
Peu après, Abou Inane gravement malade, désignait
comme héritier présomptif son fils Abou Ziane qui ne
plaisait pas aux cheikhs de l'empire. Cependant la mala-
die d'Abou Inane se prolongeait et les cheikhs étaient
impatients dedonuer le pouvoir au prétendant de leur
choix, le prince Saïd, autre fils dusultan, âgé seulement
de cinq ans. Ils le proclamèrent lo 30 novembre 1358,
après avoir massacré deux vizirs qui s'opposaient à leur
projet, puis ils mirent à mort le prince Abou Ziane.
Mais la population attendait les obsèques d'Abou Inane
LES BENI MERINE 199
dont la mort avait été annoncée, ce quo voyant, lo
vizir El Hassan ben Omar l'étrangla lo 3 décembre
1358 et prit la direction des affaires, comme régent.
Pendant que ces événements se passaient à Fez, les
Douaouida avec les Amer et les Zoghba fidèles aux
Abdelouadites, décidaient d'en profiler pour relever le
trône des Béni Ziane et en 1358, leurs cheikhs allè-
rent à Tunis faire leurs offres à Abou Hammou. Ce
jeuno prince, neveu d'Abou Saïd, avait pu so réfugier
à Tunis après le désastre d'Abou Tabet dans la vallée
du Chélif et avait été bien accueilli par Ibn Tafra-
guine. C'était un jeune homme instruit et raffiné qui
avait reçu une brillanto éducation à Grenade. Il sui-
vit les chefs arabes à travers le désert ot, parvenu
dans lo sud deTlemcen, il reçut la soumission des Ara-
bes Makil. De leur côté, les Arabes Soueïd, partisans
des Mérinides, s'avançaient sous les ordres de Ouen-
zemmar l'émir des nomades de l'Ouest. Les Soueïd
furent battus et Abou Hammou put s'avancer jusqu'à
Tlemcen. En janvier 1359, Mohammed El Mehdi, un
fils du sultan qui commandait celte place y vit arri-
ver à son secours uno armée mérinide aux ordres de
Saïd ben Moussa. Mais Abou Hammou qui avait pour
lui les habitants de Tlemcen y pénétra facilement et
releva le trône des Bcni Ziane renversé depuis sept
ans. Mohammed El Mehdi el Saïd ben Moussa purent
échapper au massacre des Mérinides el regagner lo
Maghreb.
Le régent de l'empire Kl Hassan rétablit l'ordre à
Marrakech troublé par El Motamid un des fils d'Abou
Inane et envoya à Tlemcen une armée aux ordres du
général Messaoud ben Rahho à qui il adjoignit, pour
n'en débarrasser, un arrière petit-fils de Yacoub ben
Abdelhak nommé El Mansour qui prétendait au pou-
voir el avait des partisans. A leur approche, Abou
200 HISTOIRE DU MAGHREB
Hammou quitta Tlemcen et so réfugia dans le Sud
avec ses alliés Djaouna, Ghossel, Metarfa, Othmane et
Hedjadj à qui il avait donné des terres. Il remonta
un pou plus tard avec oux dans la plaine d'Oudjda
où il baltil l'armée d'ibn Rahho envoyée contre lui.
La population de Fez se mit alors on révolte contre
le régent El Hassan et se déclara en faveur du prince
mérinide Yaïcho ben Ali. Mais le vizir Ibn Rahho pro-
clama lo prétendant El Mansour qui partit vers l'Ouest,
battit les Arabes à Oudjda et vint dans la vallée
du Sebou menacer Fez. Abou Hammou en profita pour
reprendre Tlemcen. Le régont El Hassan se retira
avec le jeune roi dans Fez Djcdid, tandis que le pré-
tondant et Ibn Rahho s'installaient à Koudiat El Araïs
et commençaientle siège. Des partisans accoururent
auprès du prétendant et le général Slimane ben
Daoudqui opérait chez les Hintata contro lo princo El
Motamid vint lui même so mettro à sa disposition.
El Mansour se trouva ainsi en mesure de diriger les
affaires de l'Etat et il fit mettre en liberté le prince
hafcido Aboul Abbas intorné à Ceuta par Abou Inane.
Mais en Espagne vivait un frère d'Abou Inane
nommé Abou Salem, qui partit pour le Maghreb dans
le but de succéder à son frère. Il so fit dans la région
maritime de nombreux partisans avec lesquels il s'em-
para de Tanger cl do Ceuta et reçut même des ren-
forts envoyés par les Mérinides d'Espagne. Deux frè-
res d'El Mansour nommés Aïssa et Talha, marchèrent
contro lui, lo battirent àKsar Kelama cl le rejetèrent
dans les montagnes. Mais El Hassan lui offrit de l'ai-
der à s'emparer de Fez Djedid el Ibn Rahho lui-même,
mécontenté par El Mansour, alla grossir lo parti d'A-
bou Salem. Enfin le prétendant El Mansour s'enfuit à
Bades chez les Ghomra el ses troupes passèrent à son
rival. Abou Salem se présenta devant Fez en juillet
LES BENI MERINE 201
1359 et El Hassan l'introduisit dans la place. Le nou-
<

veau sultan s'attacha les officiers qui servaient sous


ses prédécesseurs et prit comme secrétairo le célè-
bre écrivain Ibn Khaldoun. El Hassan reçut le gou-
vernement de Marrakech, El Mansour et son fils
furent mis à mort et les autres princos mérinides en-
voyés en Espagne, à Ronda; l'un doux, Abou Ziano
Mohammed put s'évader, les autres furent noyés en
mer. Enfin dans le courant do l'année 1360, l'ex-ré-
gent El Hassan, s'étant mis en révolte à Marrakech,
fut capturé et envoyé au supplice.
En Ifrikïa, le calme était revenu; cependant, les
villes de Bougie, Oran, Miliana et Alger se détachaient
des Mérinides. Abou Hammou H qui avait rclové lo
trône abdelouadito attirait les Arabes dans ses Etats
cl avait placé les Doui Obeïd Allah sur sa frontière
occidentale pour se garder contre les Mérinides. D'au-
tre part, un gouverneur du Dra pour Abou Inane,
nommé Abou Moslem, lui amena des Arabes makiliens
Doui Hosseino qui entrèrent à son service.
En Espagne, le roi de Castille Pierre Ier dit le
Cruel, régnait en despote féroce. Blanche de Bourbon
qu'il avait épousée ayant été maltraitée, puis empri-
sonnée et empoisonnée, lo peuple prit parti pour elle et
se révolta (1354). Le pape mit en interdit le roi de
Castille et la guerre qui éclata ensuite entre Pierre I"
et l'Aragon, dura plusieurs années pendant lesquelles
les Musulmans ourent quelque répit.
A Grenade, l'émir Aboul Hadjadj Mohammed IV
avait été assassiné en 1354 et remplacé par son fils
Abou Abdallah Mohammed Y. Le vizir Redouane qui
dirigeait les affaires, ne pouvant compter sur les Mé-
rinides, s'appuyait sur le roi de Castille el avait dû,
on 1359 lui fournir des vaisseaux qui prirent part
avec des navires portugais et castillans, à la bataille
202 HISTOIRE DU MAGHREB
navale de Barcelone gagnée par les Aragonais. Au
mois d'août de la même année, Mohammed Y fut déposé
à la suite d'une révolte fomentée par son frère Ismaïl
qui lui succéda. Le prince détrôné ne pouvant obtenir
l'aido do Pierre Ier so réfugia au Maghreb à la cour de
son ami Abou Salem qui l'accueillit généreusement.
Le souverain mérinide ne pouvait pardonner à Abou
Hammou II l'accueil qu'il avait fait à Abou Moslcm
ancien gouverneur du Dra. Il décida d'entreprendre
une campagne contre Tlemcen et partit en 1360 avec
de nombreux contingents; Abou Hammou s'étant aus-
sitôt réfugié chez ses partisans Zoghba et Makil, le
sultan Abou Salem entra à Tlemcen sans difficultés.
Mais Abou Hammou réussit à l'on faire sortir en atta-
quant les provincesmérinides jusqu'à Guercif. En effet,
Abou Salem étant parti à sa rencontre, le prince zia-
nite regagna aussitôt Tlemcen d'où il chassa le gou-
verneur mérinide Abou Ziane El Gobbi. Il alla ensuite
avec ses partisans arabes reprendre Oran, Miliana,
Médéa et Alger. En même temps le khalife hafcide
Abou Ishak II, prenait Bougie aux Mérinides à qui il
no restait plus que Constantine. Abou Salem y envoya
le hafcide Aboul Abbas et chargea le prince Abou Ab-
dallah de reprendre Bougie. Aboul Abbas fut accueilli
avec enthousiasme, mais Abou Abdallah échoua el so
retira chez les Douaouida de Msila, d'où il entreprit
plusieurs tentatives sur Bougie.
Abou Salem s'était réconcilié avec Abou Hammou
et cela lui avait laissé les moyens de consolider sa
puissance à l'intérieur et de la faire rayonner à l'ex-
térieur d'où lui vinrent des ambassades chargées de
lui apporter des hommages de soumission. Mais un
personnage nommé Abou Abdallah ben Mcrzouk de-
vait bientôt, par ses agissements, amener la chute
d'Abou Salem. Cet homme avait été le favori du sultan
LES BENI MERINE 203
Aboul Hassan et avait reçu de co prince la gérance do
la mosquée qu'il avait fait construire à El Abbad non
loin do Tlemcen, sur lo tombeau do Sidi Bou Medine.
Exilé en Espagne après le désastre do son maître,
Abou Abdallah ben Morzouk s'y était lié d'amitié
avec Abou Salem exilé lui-mêmo par son frère Abou
Inano. Devenu souverain du Maghreb, Abou Salem lui
accorda à sa cour une haute situation dont il abusa
au point de soulever, contre le sultan et contre lui-
même, une conspiration organisée par le ministre
Omar ben Abdallah, avec la complicité do Garcia lo
chef de la milice chrétienne. Dans le courant du mois
de septembre 1361, les conjurés proclamèrent, dans
Fez Djedid, Abou Omar Tachefino frère du sultan ré-
gnant qui avait été déjà proclamé auparavant à Cons-
tantine. Le trésor fut enlevé et distribué aux soldats
qui pillèrent la ville et la banlieue. Abou Salem dut
so réfugier à Koudiat El A raïs, mais il fut abandonné
par ses soldats d'abord, puis par ses vizirs Messaoud
bon Rahho et Slimane ben Daoud. Demeuré seul, il fut
capturé et massacré.
Omar ben Abdallah exerça le pouvoir au nom do
l'incapable Abou Omar Tachefine, mais la discordo
no tarda pas à éclater entre lui et ses complices. Il
fit mettre à mort lo chef chrétien Garcia et la milice
retranchée dans le camp du mcllah, lui opposa une
vive résistance. C'est alors que les révoltés appelè-
rent à leur aide un neveu d'Aboul Hassan nommé
Abdelhalim, qu'Abou Hammou avait fait reconnaître
à Tlemcen comme sultan mérinide. Le siège de Fez
fut poussé par les troupes de ce princo unies à celles
de Yahya ben Rahho, mais une sortie du vizir avec
les archers et hallcbardiers chrétiens, dégagea la
place; Abdelhalim se retira à Taza et Yahya ben
Rahho à Marrakech.
204 HISTOIRE DV MAGHREB
Le vizir Omar so retourna alors vers lo prince
Abou Ziano Mohammed fils de l'émir Abou Abder-
rahmane, le seul membre de la famille d'Abou Salem
internée à Ronda qui avait pu échappor à la mort. Co
prince fut accueilli à Ceuta avec enthousiasme et lo
vizir Omar lui envoya les insignes do la royauté avoc
uno escorte d'honneur, après avoir déposé Abou
Omar Tachefino. Abou Ziano fut proclamé dans Fez et
Omar garda la direction des affaires.
Quant à Abdelhalim, il fit une nouvollo tentative
contro Foz, mais battu à Meknès, il appela à son aide
lo sultan Abou Hammou qui l'avait fait proclamer à
Tlemcen. Il dut se contenter do l'assistance quo ce
princo lui prêta pour s'emparer do Sidjilmassa, dont
lo gouvernement lui fut confirmé par traité do paix
conclu avec le souverain mérinide. Peu après, son
frère Abdelmoumen aidé par les Arabes Makil, l'ayant
contraint d'abdiquer à son profit, Abdelhalim partit
pour l'Orient (1362). Poursuivi à son tour par los
Mérinides, Abdelmoumen, en apprenant l'arrivée du
général Messaoud ben Rahho, abandonna Sidjilmassa
pour so réfugier auprès de Amer ben Mohammed lo
chef des Hintata, où il devint le centre de la réaction
qui s'exerçait contre la puissance du vizir Omar. Il
marcha sur Fez et roncontra les troupes mérinides
commandées par le sultan en personne, à l'Oued Nadja
près do Meknès. Abdelmoumen battu alla so réfugier
choz les Berbères Ingassen, tandis quo son autro frèro
Abderrahmano so retirait à Tlemcen.
Pour rétablir son crédit, le vizir Omar proclama
l'amnistie, puis, sur les instances d'Ouenzemmar chef
des Souoïd du parti mérinide, le prince abdelouadito
Abou Ziane El Gobbi fut élu émir et une campagne fut
décidéo contre Tlemcen. Abou Hammou II leur opposa
son vizir Ibn Moslem qui obtint quelques succès sur
LES BENI MERINE 205
les troupes mérinides, los repoussa jusqu'à Msila, mais
mourut de la peste pondant qu'il les bloquait dans cette
place. Abou Ziano El Gobbi tonta sans succès le siège
do Tlemcen et dut so retirer en Maghreb (1364).
En Ifrikïa, Abou Ishak II aidé de son vizir Ibn
Tafraguino, défendait Bougie contre le princo Abou
Abdallah qui finit par en reprendre possession et en-
leva Dollys aux Abdelouadites. Constantine était aux
mains d'Aboul Abbas qui avait pu s'emparer do Bône.
Sur ces entrefaites, Ibn Tafraguine était mort à
Tunis; son fils Abou Abdallah avait hérité de sa
charge, mais ayant des soupçons sur la façon dont
son pèro était mort, il s'enfuit à Constantine où Aboul
Abbas lui fit bon accueil.
Abou Abdallah souverain do Bougie, occupé à lutter
avec son cousin Aboul Abbas, avait dû rendro Dollys
aux Abdelouadites et la paix avait été scellée par le
mariage de sa fille avec Abou Hammou II. Il suc-
comba cependant dans la lutte engagée contre son
cousin qui le battit près d'Akbpu, le poursuivit et le
tua. Aboul Abbas entra à Bougie on mai (1366).
Irrité par la nouvelle do la mort do son beau-père,
Abou Hammou II, après avoir conclu un traité do paix
avec lo gouverneur de Foz, réunit une armée consi-
dérable d'Arabes et de Zénètes et vint s'établir près
do Bougie. Mais le prince Abou Ziane réfugié à Tunis,
reçut de Constantine un corps de troupes envoyé par
Aboul Abbas, avec lequel il devait attaquer do flanc
l'arméo abdelouadito. Pris entre cette armée et la gar-
nison de Bougie qui fit une sortio vigoureuse, Abou Ham-
mou subit uno déroute complète et fut contraint de re-
gagner Tlomcen en abandonnant à l'onnemi son camp,
ses bagages ot sa famille. Abou Ziane poursuivit ses
succès et alla, avec l'aide des Arabes zoghba et autres,
s'emparer do Médéa, Miliana, Alger et la Mitidja.
206 HISTOIRE DU MAGHREB
Dans le Maghreb extrême, Amer ben Mohammed
cheikh des Hintata, gouvernait à Marrakech, malgré
les efforts tentés par lo visir Omar pour lo réduiro.
Celui-ci dut rentrer à Foz où il accapara la direction
des affaires, contro le gré du sultan Abou Ziane qui dé-
cida do le faire mourir. Omar mis au courant du com-
plot, fit jetor le princo dans uno citerne et répandit
le bruit qu'il s'y était noyé accidentellement (1366).
Il tira do prison Abdolaziz fils d'Aboul Hassan, pour
le remplacer et continua à gérer seul los affaires de
l'empiro; mais le caractère énergique d'Abdolaziz
l'inquiétait et il résolut do lo remplacer par un fils
d'Abou Inane dont il avait épousé la soeur. Abdelaziz
ayant reçu l'ordre d'Omar de quittor lo palais pour
aller habiter la citadelle, fit massacrer lo vizir ainsi
que ses partisans et prit la direction des affaires avec
do nouveaux conseillers (1367).
A Marrakech, le princo Aboul Fadhel qui régnait
sous la tutelle d'Amer ben Mohammed, essaya do fairo
mourir ce choïkh; celui-ci averti prit la fuite et Aboul
Fadhel so contenta do mettre à mort Abdelmoumen
ancien seigneur de Sidjilmassa, son rival. Ainsi dé-
barrassé do ces deux personnages, il s'associa l'émir
Ibrahim ben Atia des Khlot avec quelques autres chefs
et se déclara indépendant. Abdelaziz l'attaqua avec
l'aide du choïkh Amor des Hintata et détacha de sa
cause les Arabes Sofiane. Aboul Fadhel se réfugia
chez les Zenaga de la montagne, mais leur chef le li-
vra à Abdelaziz el celui-ci le fit étrangler (1368).
Dans le courant do l'année 1367, Abou Hammou II
avait entrepris une campagne pour se venger de son
rival Abou Ziane aux mains de qui étaient restés son
camp ot sa famille el il n'avait réussi qu'à reprendre
Miliana. L'année suivante, soutenu par les Douaouida
du Hodna, il marcha sur Médéa; attaqué par des for-
LES BENI MERINE 207
ces supérieures, il vit ses auxiliaires lâcher pied et
regagna Tlemcen poursuivi par los vainqueursjusqu'à
Sirat. En 1369 il détruisit la forteresse de Kalaat Ibn
Salama quartier général d'Arif et des Arabes Soueïd
dont il avait à so plaindre et ces dorniors allèrent de-
mander contro lui l'appui du sultan de Foz.
En 1369, Abdelaziz réussit ù réduire dans ses
montagnes le cheikh Amer des Hintata qui lui fut li-
vré, ainsi que lo prince Abou Omar Tachefine ; après
les avoir fait mettre à mort, il donna lo commande-
ment du pays des Hintata au général Fares.
Dans le courant do la môme annéo mourut lo haf-
cide Abou Ishak II. Son fils Aboul Baka encore enfant,
fut proclamé par lo vizir Ahmed bon El-Balki et l'af-
franchi Mansour Sariha qui prirent tous deux la di-
rection des affaires. Mais ils s'aliénèrent, par leurs
abus, les populations et les chefs arabos. Aboul Abbas
sollicité par l'un d'entre eux, Mansour bon Hamza des
Kaoub, et soutenu par le général Abdallah ben Tafra-
guine, marcha sur Tunis où il entra en vainqueur en
Septembre 1370. U s'efforça d'y effacer, par une bonne
administration, les traces des excès commis par ses
prédécesseurs.
En Espagne, Ismaïl II vassal de Pierre de Castille,
avait détrôné Mohammed V de Grenado et celui-ci
avait obtenu à Foz, du sultan Abou Salem, une armée
avoc laquelle il était passé en Espagne. Le souverain
mérinide ayant été tué sur ces entrefaites, Moham-
med Y s'était réfugié auprès du roi Piorro qui lui
avait fait bon accueil. Le roi chrétien suscita alors
une révolte contre son allié Ismaïl qui perdit la vie
et fut remplacé au pouvoir par son frèro Abou Abdal-
lah. Celui-ci ayant envoyé son hommago au roi d'A-
ragon, Pierre donna une arraéo de Castillans à Mo-
hammed Y pour aller combattre Abou Abdallah. Ce
208 HISTOIRE DU MAGHREB
prince se rendit sous promesse do la vie sauve, mais
Pierre le Cruel le tua do sa main (1362).
A cette époque, l'Aragon était allié au roi de
France qui voulait venger la mort de la reine Blanche
et avait fait reconnaître don Enrique comme roi de
Castillo. Pierre, allié au prince Noir d'Angleterre, en-
tra en lutte avec ces deux Etats et le souverain do
Grenade y prit part eu fournissant des contingents à
son suzerain le roi de Castille (1365). Le roi de Gre-
nade, de son côté, avait pu reprendre Algésiras aux
Mérinides.
Après sa campagne dans les montagnes des Hintata,
Abdelaziz reçut à Fez uno députation des chefs ara-
bes Soueïd qui venaient lui proposer leur concours
ainsi que celui des Makil et des habitants d'Alger, s'il
voulait entreprendre uno campagne contre les Abde-
louadites de Tlemcen. Abdelaziz accepta ces offres qui
répondaient à ses propres sentiments et dans l'été do
1370, il quitta sa capitale. Ai JU Hammou convoqua ses
alliés Zénètes et Arabes Auer, mais devant la défec-
tion des Makil gagnés par les chefs Soueïd, il abandonna
la lutte et se réfugia choz les Amer ses alliés. Lo
général mérinide Abou Bokr Ibn Razi nommé gouver-
neur de Tlemcen, lo poursuivit jusque dans les Ziban
et le Mzab, d'où il l'obligea à se réfugier dans les
ksours des Arbaouat el de Bou Scmgboun appar-
tenant comme fiefs aux Amer. Le Maghreb central
jusqu'à Algor, était dès lors replacé sous l'autorité
mérinide, mais il no tarda pas à être troublé par les
révoltes des Meghraoua et des chefs arabes qui s'ap-
puyaient, los uns sur Abou Hammou, les autres sur
son rival lo prince Abou Ziane (1371). Ibn Razi le gou-
verneur de Tlemcen, réussit à pacifier le pays ; Abou
Hammou mis en déroute, abandonna son camp et sa
famille aux mains du vainqueur et dut se réfugier
LES BENI MERINE 209
i
presque seul à Tigourarino dans le Sahara. Le camp
des Meghraoua fut enlevé et leur chef oxécuté; do son
côté, Abou Ziane chasséde Titeri, gagna Ouargla(1372).
En octobre de la même année, Abdelaziz mourut
de maladie ot son fils Saïd, encore enfant, fut proclamé
par Ibn Razi qui crut nécessaire d'évacuer Tlemcen
et de gagner Fez, par crainte des entreprises d'autres
prétendants. Il fit reconnaître le jeuno prince sous le
nom de Saïd II et prit en mains la direction des affai-
res. Abou Hammou et Abou Ziane en profitèrent pour
réunir leurs partisans et se mettre en campagne.
Abou Ziane consentit & renoncer à ses droits, moyen-
nant uno somme d'argent et se retira chez ses alliés
les Riah, tandis qu'Abou Hammou rentrait à Tlemcen
où il relevait pour la troisième fois le trône abdoloua-
dite. Il plaça comme gouverneur à Alger son fils as-
sisté de Salem ben Ibrahim, cheïkh des Taalba el donna
le commandement de Médéa à un autre de ses fils
(1373).
Le roi de Grenade Mohammed Y, à la suite d'une
rupture avec la cour de Fez, projetait de faire dispa-
raître l'influenco mérinide en Espagne et il résolut de
profiter de la minorité de Saïd. C'est ainsi qu'il lui op-
posa deux prétendants : l'un lo prince Abderrabmane
ben Ifelloussen qui s'était fait de nombreux partisans
chez les Berbères du Riff et avait établi son quartier
général dans leur pays ; l'autre, le prince Aboul Abbas
Ahmed fils d'Abou Salem, interné à Tanger. Gagné
par le roi de Grenade, le cousin d'ibn Razi nommé
Mohammed ben Othmane qui gouvernait Ceuta, mit le
prisonnier en liberté et lo proclama sultan. En même
temps, Mohammed Y obtenait la remiso de Gibraltar,
seule place conservée en Espagne par les Mérinides.
Ibn Razi échoua devant Taza où était le prétendant
Abderrahmane. Quant à Mohammed ben Othmane, il
14
210 HISTOIRE DU MAGHREB
avait, avec Aboul Abbas et ses partisans, gagné
Zerhounoù il battit l'armée d'ibn RBZÎ qui abandonna
son camp el alla s'enfermer dans Fez Djedid. Abder-
rahmano obéissant aux ordres du roi de Grenado, so
joignit à Aboul Abba? et 'ous deux, après deux mois
de siège, obtinrent la reddition d'ibn Razi qui recon-
nut Aboul Abbas commo souverain. En Juin 1374,
Aboul Abbas entra à Fez et Abderrahmano obtint, en
retour do ses services, le gouvernement indépendant
de Marrakech, la villo d'Azemmour marquant la li-
mite des deux Etats. Aboul Abbas prit Mohammed ben
Othmano commo vizir et envoya au roi de Grenado le
jeune Saïd détrôné ot les princes de sa famille.
L'Ifrikïa était troubléo par les Arabes qui se préva-
laient do leurs sorvices pour so montrer d'une exi-
gence et d'une arrogance oxcessives ; le reste du pays,
do Gafsa à Tripoli, était divisé on petites principautés
qui s'efforçaient d'échapper au pouvoir central. Les
Arabes mécontents, se concertèrent avec les chefs do
ces principautés, offrant de les aider à obtenir leur
indépendance. Lo khalife Aboul Abbas assura la tran-
quillité dans l'ouest do ses Etals on plaçant l'un de sos
fils Abou Abdallah à Bougio ot l'autre Abou Ishak à
Constantine, puis ilso disposa à combattre la coalition
des Arabes et dos chefs du Djerid. Il parcourut lo pays
avec succès, rejotant les rebollos dans le Zab d'où ils
implorèrent l'assistance d'Abou Hammou et n'obtin-
rent quo des promesses. Dans uno deuxième campagne
aussi heureuse que la première, Aboul Abbas entra à
Gabes ot, par sa vigueur obtint l'hommage d'obéis-
sance de tous les chefs, y compris ceux des Arabes
(1380).
De son côté, Abou Hammou avait eu à lutter contre
les Arabes Zoghba, dans le Maghreb central. Ces rebel-
les qui s'étaient adressés aux Mérinides sans succès..
t LES BENI MERINE 21i
mirent à leur tête le prince Abou Ziane resté chez les
Douaouida. Les troupes d'Abou Hammou en eurent
raison et son fils Abou Tachefino los extermina à
Kalaat Houara. Une nouvelle révolte ayant éclaté à
Alger, à l'instigation des Zoghba alliés aux Taalba de
la Mitidja qui avaient proclamé sultan le princo Abou-
Ziane, Abou Hammou II marcha contre eux en por-
sonno et obtint la soumission do tous les rebelles
(1378). De retour à Tlemcen, il donna à ses fib le
commandement des principales villes do l'empiro'et
désigna l'atné Abou Tachefine comme son successeur.
Dans le Maghreb exlrèmo, lo sultan mérinido Aboul
Abbas, on conflit avec Abderrahmano sultan do Mar-
rakech, eut à maîtriser uno révolte do l'ancien vizir
Ibn Razi interné dans le Riff, qui avait gagné à sa
cause les Makil Ahlaf. Aboul Abbas s'avança contre
lui jusqu'à Taza le fit prisonnier et l'expédia à Fez. Il
pénétra ensuito dans la valléo de la Molouïa et obtint
d'Abou Hammou terrifié à son approche, un hommage
de soumission; do retour à Foz il fit exécuter Ibn
Razi et signa un traité avec Abderrahmano de Mar-
rakech (1378). Mais celui-ci, l'annéo suivante, prit
prétexta d'une incursion du gouverneur d'Azemmour
dans ses Etats pour rallumer la guerro; Aboul Abbas
lo poursuivit jusqu'à Marrakech sans pouvoir l'attein-
dre. Il revint l'année suivante, assiégea celte place
sans succès pendant deux mois et signa une nouvelle
trêve avec Abderrahmauo. Co prince réclama plus
tard la valléo de l'Oum Errebia commelimite des deux
Etats et sur lo refus du sultan de Fez, il s'empara
d'Azemmour et d'An fa. Aboul Abbas à la tête d'uno
nombreuse armée alla assiéger Marrakech; lo blocus
durait depuis cinq mois et la ville allait succomber,
lorsque sur l'intervention du roi do Grenade, Aboul
Abbas rentra à Fez. Dès lors Abderrahmano vit
212 HISTOIRE DU MAGHREB
ses partisans abandonner sa causo, malgré ses efforts
pour les retenir et le sultan de Fez en profita pour
investir de nouveau Marrakech où il entra sans peine
(1382). Mais il fallait fairo lo siège do la citadelle où
Abderrahmano s'était réfugié et il durait depuis plu-
sieurs mois, lorsque le roi de Marrakech fit appel aux
Abdelouadites. Abou Hammou et son fils Abou Tache-
fine, avec des Arabes makiliens, entrèrent en campa-
gne en dévastant la valléo do la Molouïa jusqu'à Taza
et * Meknès qu'ils assiégèrent. Uno armée onvoyée
contro eux par lo gouverneur do Foz, los obligea ce-
pendant à levor le siège de ces deux places. A Marra-
kech, le siègo durait toujours el Aboul Abbas recevait
des renforts de toutes parts, tandis qu'Abdorrahmane
était abandonné do ses derniers adhérents qui déses-
péraient de sa cause. Quand l'arméo d'Aboul Abbas
pénétra dans la citadolle dégarnie do ses défenseurs,
elle n'y trouva qu'Abderrahmano et ses deux fils qui
se firent tuer les armes à la main (1382).
Dès son retour à Fez, Aboul Abbas, sans tenir compte
de l'intervention du roi de Grenade, marcha contre
Abou Hammou. Le prince abdelouadito, malgré l'in-
sistance des habitants de Tlemcen, renonça à défondre
la ville et l'abandonna aux Mérinides. Il alla s'enfer-
mer dans la forteresse do Tadjahmoumt près du Ché-
lif et son fils Abou Ziane gouverneur de Miliana, lui
envoya des secours pour se défendre. Aboul Abbas fit
renverser les murs de Tlemcen el détruire les palais
édifiés par les Abdelouadites.
Lorsque le roi de Grenado apprit la chuta de Tlem-
cen, il résolut de se venger d'Aboul Abbas Ahmed en
lui suscitant un rival au trône. A cet effet il envoya à
Ceuta, gagnée à sa cause, Moussa fils du sultan Abou
Inane, avec le vizir Messaoud ben Rahho El Messaï.
Le prétendant marcha sur la capitale et le gouver-
LES BENI MERINE 213
neur Mohammed ben Hassane dans l'impossibilité de
lutter, livra Fez Djedid où Moussa entra en mai 1384
et reçut l'adhésion des populations du Maghreb. Aboul
Abbas Ahmed qui so disposait à relancer Abou Ham-
mou dans sa retraite, marcha sur Fez, mais arrivé à
Rnkn, il fut abandonné par ses partisans qui passè-
rent du côté do Moussa ; son camp fut pilB et brûlé
par les soldats rebelles et il ne vit d'autro alternative
quo de so rendre à son rival. Moussa l'envoya à Moham-
med Y qui lui assigna un palais à Grenade. Ses parti-
sans recherchés et persécutés se dispersèrent et le
vizir Mohammed ben Othmano livré par ies Arabes
Monebbatte, fut supplicié. Quant à Messaoud El Mes-
saï, il devint grand vizir.
Abou Hammou, profitant de ces événements, reprit
pour la quatrièmo fois possession de Tlomcen qu'il
trouva en ruines. Il fut dès lors en butte à l'ambition
de son fils Abou Tachefine qui lui arracha la promesse
de ne pas le dépouiller do ses droits, comme héritier
présomptif, en faveur do ses frères. Mais l'impatience
d'Abou Tachefine devenant inquiétante, Abou Ham-
mou chercha à lui échappor en s'éloignant do la capi-
tale; Abou Tachefino lo fit arrêter et interner dans
la citadelle d'Oran, puis il donna l'ordre d'égorger
tous les parents du vieux roi qui, à Tlemcen, parai"
saient suspects. Abou Hammou lui-même qui avait pu
regagner sa capitale, fut capturé en 1387. Il fut con-
traint d'abdiquer en faveur de son fils Abou Tachefine
et embarqué pour l'Orient, en vuo du pèlerinage aux
villes saintes.
En Ifrikïa, le sultan Aboul Abbas avait toujours à
lutter contre les chefs du sud, mais par sa vigueur el'
la sage administration do ses fils, il les maintenait
dans l'obéissance. Abou Abdallah étant mort, lo sul-
tan lo remplaça au commandement do Bougie par son
3U HISTOIRE DU MAGHREB
fils Aboul Abbas Ahmed et s'attacha dès lors à ruiner
l'influence des Arabes et à limiter lour puissance.
En juillet 1381, le sultan Moussa fils d'Abou Inano
mourut à Fez, après quelques jours de maladio. Lo
vizir Messaoud El Messal écrivit aussitôt au roi de
Grenade de lui envoyer ElOuatek fils d'Aboul Fadhel et
petit-fils d'Aboul Hassan, dont il devint lo ministre
tout puissant. Il en vint biontôt à réclamer avec in-
sistance au roi de Grenado la place do Ceuta et, no
l'ayant pas obtenue, il n'hésita pas à aller s'en empa-
rer avec uno arméo. Irrité contro lui, Mohammed Y
envoya en Maghreb lo prince Aboul Abbas Ahmed à
qui il rendait lo trône mérinide. Débarqué à Ceuta
on 1387, Aboul Abbas fut bien accueilli des habitants
el vit même un certain nombro do soldats du vizir se
ranger sous sa bannière. Il alla assiéger Tanger et
s'empara d'Arzila, mais El Mcssaï à la tête d'une
nombreuse armée le rejeta dans lo Riff, au sud do
Tétouane. Pendant co temps, Youssef ben Ghanem chef
des Arabes Makil qui avait appris son arrivée à Ceuta
se portait avec ses contingents près de Foz, tandis
qu'Abou Faros fils d'Aboul Abbas amenait Ouenzem-
mar ben Arif au secours do son père. Tous deux firent
reconnaître Aboul Abbas à Taza et allèrent so joindre
aux Arabes makiliens qui inquiétaient les troupes
d'El Ouatek entre Foz et Meknès. Enfin, dans l'Oued
Ouergha, un partisan d'Aboul Abbas faisait pour lui
une active propagande, tandis quo lo cheïkh des Hes-
koura, Ali ben Zakaria, lo faisait proclamer à Mar-
rakech.
En apprenant ces événements, les soldats de Mes-
saoud El Mcssaï l'abandonnèrent pour regagner Foz.
Aboul Abbas so porta immédiatement sur Meknès où.
il entra en vainqueur, pendant quo son fils Abou Fa-'
res qui venait à sa rencontre, bousculait les restes de
LES BENI MERINE 915
l'armée du vizir et contraignait celui-ci à rentrer
presque seul à Fez. Arrivé dans la capitale, Aboul
Abbas apprit la chute do Marrakech ; il y envoya son
fils El Montassar commo gouverneur et invita ses
partisans Heskoura et autres à se porter sous les
murs de Fez pour réduire cotto place. Lo siègo durait
depuis trois mois, lorsqu'El Messaï fit des offres de
soumission, demandant la vio sauve pour El Oualek
el pour lui, avec l'autorisation de passer en Espagne.
Aboul Abbas Ahmed entra à Fez en septembre 1387
ot, malgré la parolo donnée, il expédia El Ouatek à la
prison do Tanger où il fut mis à mort, tandis quo le
vizir, ses parents et ses partisans mouraient dans les
supplices. Lo nouveau sultan mérinido prit pour vizir
lo général Mohammed ben Allai.
Au lieu do continuer son voyage vers l'Arabio, le
sultan Abou Hammou II avait réussi à so faire dé-
barquor à Bougie où les Hafcides lui avaient fait lo
meilleur accueil. Lo cheikh ot les habitants d'Alger
s'étant déclarés pour lui, il envoya son fils Abou Ziano
dans les montagnes du Chélif cl so porta, do sa per-
sonne, par le sud de Tlemcen, jusqu'à Oudjda où il
rallia des partisans, parmi les Arabes nomades. Or les
troupes d'Abou Tachefine furent battues par son frèro
dans la vallée du Chélif et par son père près d'Oud-
jda; ce doublo échec lui ayant aliéné les officiers et
la population, Abou Tachefine gagna le Sahara avec
ses partisans Soueïd. Pour la cinquième fois Abou
Hammou rentra dans sa capitale et remonta sur son
trône (1388).
Abou Tachefine était allé à Fez cl avait obtenu du
sultan mérinide et do son fils Abou Fares la pro-
messe de le soutenir contro son père, à la condition
qu'il so déclarorait vassal des Mérinides en cas do
succès. Do son côté Abou Hammou demandait au roi
210 HISTOIRE DU MAGHREB
de Grenade d'intervenir auprès du sultan de Fez.
Celui-ci éluda les demandes de Mohammed Y et, dans
l'été de 1389, Abou Tachefine marchait contro Tlem-
cen avec uno armée mérinide commandée par Abou
Fares et le vizir Ibn Allai, Abou Hammou succomba
sous le nombre ; entraîné dans la défaite, il fut percé
de coups par les Mérinides et son fils Omaïr capturé
mourut dans les supplices. Abou Hammou était âgé
de soixante-huit ans et en avait régné trente. Quant
à son fils Abou Ziane, resté dans le Maghreb central,
il fut abandonné par ses adhérents alors qu'il se dis-
posait & venger son père et alla se réfugier à la cour
de Fez.
En Ifrikïa, Aboul Abbas luttait toujours avec suc-
cès contre les Arabes Douaouida qui no cessaient de
réclamer comme un droit les privilèges qu'ils s'étaient
arrogés sur les populations, tels que la fourniture
des vivres, des cadeaux annuels et autres redovances.
L'ordre et la paix régnaient à peu près dans les Etats
hafcides, grâce à la vigilance du sultan et de ses
fils, mais le commerce de la Méditerranée était pro-
fondément troublé par les expéditions des corsaires
musulmans et chrétiens. La République de Gênes qui
avait à s'en plaindre, obtint en 1383, par traité avec
Aboul Abbas, le renouvellement de ses prévilèges et
l'engagement de faire cesser la piraterie. Cepen-
dant les villes participant à la courso étaient celles
qui échappaient lo plus facilement, à l'autorité du
sultan; c'es». pourquoi, les Génois se concertèrent
en 1388 avec la reine de Sicilo pour entreprendre une
expédie n à laquelle Yénitiens et Pisans furent invités
à participer. Djerba fut réoccupée par les Siciliens et
la flotte rentra avec du butin. En 1390, les Génois dé-
cidèrent une nouvelle expédition à laquelle prirent
part les Aragonais et les Français. Le roi Charles YI
LES BENI MERINE 217
confia au duc de Bourbon une flotte qui vint assiéger
Mehdia. Après un blocus sévère do deux mois qui ré-
duisait la place à la dernière extrémité, Aboul Abbas
envoya une armée de secours. Les Génois traitant iso-
lément avec lo sultan, obligèrent les Français à se
retirer ot les hostilités se terminèrent par de nou-
veaux traités avec les diverses puissances intéressées.
Aboul Abbas mourut dans le courant de l'année
1394, après avoir désigné son frère Zakaria comme
héritier présomptif. Ses fils décidèrent do donner le
pouvoir à l'un d'entre eux Abou Fares Azzous et,
s'étant emparés par surprise de leur oncle, ils l'em-
prisonnèrent. Aussitôt les princes el les notables prê-
tèrent le serment de fidélité à Abou Fares qui arrivait
au pouvoir avec les qualités nécessaires pour mainte-
nir l'unité do l'empire hafcide réalisée par son père
et développer sa prospérité. Il renouvela les traités
signés avec les Génois en 1391 et avec les Vénitiens
en 1393. Quant aux Siciliens, ils firent une tentativo
sans succès contre Tripoli en 1393 et, en peu d'an-
nées, ils perdirent Djerba leur dernière possession
dans le golfe de Gabès.
Un conflit avait éclaté en 1393 entre Abou Tache-
fine el le sultan mérinido ; celui-ci envoya à Tlemcen
une arméo qui devait donner lo pouvoir au prince
abdelouadite Abou Ziane. En arrivant à Taza, ce pré-
tondant apprit la mort do son frère Abou Tachefine
et la proclamation do son jeune fils Abou Tabet Yous-
sef. Mais un autre fils d'Abou Hammou qui gouvernait
à Alger, nommé Aboul Hadjadj Youssef, vint s'empa-
rer du pouvoir à Tlemcen et envoya son neveu en
exil. Aussitôt qu'il apprit ces événements, le sultan
Aboul Abbas Ahmed vint à Taza, renvoya Abou Ziane
à Fez et donna le commandement des troupes à son
fils Abou Fares. Co prince ontra à Tlemcen qu'Aboul
218 HISTOIRE DU MAGHREB
Hadjadj avait abandonnée pour se réfugier dans la
forlcresso de Tadjahmoumt. Abou Fares alla ensuite
occuper Miliana, Alger, Dellys et mettre le siège de-
vant Tadjahmoumt. Cependant le sultan Aboul Abbas
Ahmed étant mort à Taza en novembre 1393, Abou
Fares revint à Tlemcen se faire proclamer sultan et
nomma Abou Ziane au gouvernement de la ville,
comme roi vassal. Quant à son neveu Abou Tabet
Youssof, il fut capturé et mis à mort par les Arabes
du Maghreb central.
En Espagne, Mohammed Y régnait en paix à Gre-
nade et pouvait, grâce à une administration sage et
vigilante et aux traités de paix qu'il avait su renou-
veler avec les princes chrétiens, donner tous ses soins
aux embellissements de sa capitale. Durant ce temps,
les rois chrétiens se déchiraient dans des luttes où se
dépensaient toutes leurs forces. En 1379, Enrique de
Castille était mort, après un règne de dix ans troublé
par des guerres avec l'Aragon, le Portugal et la Na-
varro. Son fils Juan Ier qui lui succéda, mourut acci-
dentellement en 1390 et fut remplacé par Enrique III
encore enfant et surnommé « l'infirme ». L'année
suivante, Mohammed Y mourait à son tour, et son fils
Youssef II, en lui succédant, renouvela les traités do
paix avec les Chrétiens.
A l'époque où nous sommes parvenus, les Arabes
hilaliens ont acquis en Afrique septentrionale, par le
rôle qu'ils ont joué, dans l'ordre politique, militaire
et social, une prépondérance telle que les destinées du
pays sont entre leurs mains. Us imposent leurs volon-
tés aux souverains berbères et ils se rendent odieux
aux populations par leur insolence et leurs excès.
Leurs abus enfin sont tels que les Docteurs de la loi
rendent des décisions déclarant la guerre sainte di-
rigée contre eux plus nécessaire que celle dirigée
' LES BENI MERINE 319
contre les idolâtres. Mais en même temps, ils se sont
1

mêlés, en différentes régions, aux populations berbè-


res qui les ont absorbés en leur empruntant leur lan-
gue et leurs usages. Ces faits se vérifient surtout
dans les plaines et dans les grandes cités.
Il résulte de cet état de choses un affaiblissement
de la puissance des dynasties berbères qui n'ont plus
la force de maintenir l'unité de leurs empires. En
effet, les villes du pays intérieur vivent dans l'indé-
pendance et s'administrent elles-mêmes; elles sont
en rivalité entre elles et les habitants des cités ma-
ritimes s'adonnent à la course sur mer. De leur côté,
les puissances maritimes chrétiennes se livrent à des
actes de piraterie et les captifs font l'objet d'échanges
ou de rachat, entre Musulmans et Chrétiens.
Quand le sultan de Fez Abou Fares eut réussi à
ranger les deux Maghreb sous sa loi, son ambition fut
de rétablir en Espagne l'influence mérinide détruito
par le roi de Grenade Mohammed Y. Le successeur de
ce prince Youssef II ayant attaqué le territoire chré-
tien, le grand maître de l'ordre militaire et religieux
d'Alcantara, fit envahir ses états par 1300 Castillans,
malgré l'avis contraire du roi de Castille. Youssef II
les extermina et le roi Enrique n'en renouvela pas
moins les traités de paix avec l'émir do Grenade
(1391-95). Youssef mourut peu après, empoisonné,
dit-on, par un envoyé du sultan Abou Fares ; son fils
aine devait lui succéder, mais son second fils lo jeta
en prison cl s'empara du pouvoir. Il fut proclamé en
1395 sous le nom de Mohammed YI.
Abou Ziane le sultan abdelouadite, vassal fidèle du
sultan mérinide, régna paisiblement à Tlomcen jus-
qu'en 1399, époque à laquelle éclata un conflit entre
les deux princes. Abou Fares suscita à Abou Ziane un
rival dans la personne de son frère Abou Mohammed
220 HISTOIRE DU MAGHREB
Abdallah qui le fit mettre à mort et monta sur le
trône à sa place. C'était un prince remarquable, admi-
nistrant sagement le royaume mais qui, au bout do
trois ans, se brouilla avec son suzerain. Celui-ci en-
voya contre lui Abou Abdallah, autre fils d'Abou
Hammou qui, à la tête d'uno arméo mérinide, lo
chassa de Tlemcen et s'empara du pouvoir. Aban-
donné de tous, le prince détrôné mourut obscurément
(1401-2). Le nouvel émir était, lui aussi, un prince
habile; il régna paisiblement jusqu'en 1410, ne laissant
qu'un fils en bas âge. Ce jeune prince, au bout de
deux mois de règne, dut abandonner le pouvoir à son
oncle paternel Moulay Saïd évadé dc3 prisons de Fez.
Le khalife hafcido Abou Fares Azzouz gouvernait
avec énergie et sagesse; non seulement il s'efforçait
do contenir les Arabes el de maintenir les villes de
l'intérieur dans l'obéissance, mais encore il dotait sa
capitale de nouveaux édifices et entretenait de cordia-
les relations avec les cours du Caire, de Fez et do
Grenade.
Les corsaires africains se livraient alors à do fré-
quentes incursions sur les côtes de l'Andalousie et les
déprédations qu'ils y commettaient décidèrent le roi
de Castille Enrique III à les attaquer dans leur pays.
En 1399, il envoya contre Tctouane une flotte qui
captura tous les habitants et les transporta en Espa-
gne. La ville resta dépeuplée depuis lors et ne fut
réoccupéc qu'un siècle plus tard par les fugitifs de
Grenade. Enrique III mourut en décembre 1406 alors
que la guerre avait recommencé entre lui el l'émir de
Grenade. Il eut pour successeur Juan II encore enfant;
co prince régna sous la tutelle de sa mère et do son
oncle Ferdinand. La guerre se poursuivit avec l'émi-
rat de Grenade et donna lieu, en 1407, à une sorte de
croisade à laquelle prirent pari des chevaliers chré*
,
LES BENI MERINE 221
tiens venus de divers pays. En 1408, Mohammed YI
mourut et fut remplacé par son frèro Youssef qui
continua la guerre avec la Castille. En 1410, mourut
à son tour le roi d'Aragon ne laissant aucun héritier
direct; ce n'est qu'en 1412, que le trône fut adjugé
par sentence arbitrale rendue en concile, au régent
do Castillo Ferdinand.
A cette époque, le f orlugal était dans une période
de progrès; or le développement de sa marine comme
l'extension do son commerce, avaient à souffrir des
actes de piraterie sur mer auxquels se livraient les
Africains. Le roi Jean I" résolut d'attaquer les pirates
dans leut* pays même; à cet effet, il arma une flotte
qu'il dirigea en 1415 contre Ceuta. Le sultan Abou
Saïd Othmane Ben Aboul Abbas régnait alors à Fez;
c'était un prince dissolu qui se désintéressait des
affaires do l'Etat. La place de Ceuta fui énergiquement
défendue et les Portugais ayant à leur téta les trois
fils du roi, durent combattre pied à pied dans les rues
pour s'emparer de la ville. Le capitaine Pedro de
Meneses fut chargé do l'occuper avec un fort contin-
gent de troupes (1415). Trois ans après, Abou Saïd
avec l'aide du roi de Grenade, essaya sans succès de
reprendro Ceuta, puis une rupture ayant éclaté entre
ces deux princes, Saïd frère du sultan de Fez dut se
rendro à Gibraltar pour défendre cette place contre
Youssef III Ibn El Ahmer. C'est alors quo la ville,,de
Fez soulevée contre son souverain Abou Saïd, le mit
à mort (1418). Saïd accourut d'Espagne pour disputer
le pouvoir à son frère Yakoub, mais Abdallah fils
d'Abou Saïd, ayant été acclamé par lo peuple, ses
deux oncles durent le reconnaître (1423).
Les Mérinides mécontents des prodigalités auxquel-
les se livrait leur vassal Moulay Saïd, émir de Tlem-
cen, lui opposèrent son frèro Abou Malek Abdelouahad
222 HISTOIRE DU MAGHREB
qui entra dans Tlemcen, obligeant Moulay Saïd à
s'enfuir (1411). Mais le nouvel émir était un prince
hardi et énergique; la tutelle des Mérinides lui était
insupportable et il profita de l'abaissement de la puis-
sance des sultans de Fez, pour leur déclarer la guerre.
Il pénétra dans le Maghreb extrême, s'empara de Fez
et imposa comme sultan un petit fils d'Abou Inano
nommé Mohammed. C'est alors qu'un fils d'Abou Tache-
fino II nommé Abou Abdallah Mohammed, sollicita du
khalife hafcide une aide pour faire valoir ses droits au
trône do son père. Abou Fares lui fournit des troupes
et de l'argent et le prétendant marcha avec une telle
hâte, qu'il surprit Tlemcen sans défense et y fut pro-
clamé en avril 1424. Abou Malek dépossédé n'hésita
pas à envoyer son fils El-Montassar demander l'ap-
pui du même sultan de Tunis. Cet envoyé rapporta
des lettres d'Abou Fares pleines de promesses, mais
capturé lors do son retour de Tunis, il fut livré à son
cousin Abou Abdallah Mohammed et mis à mort à
Tlemcen.
Le khalife hafcide irrité du traitement infligé à son
émissaire, fournit à Abou Malek une nombreuse ar-
mée avec laquelle ce prince reprit Tlemcen en 1428
et en chassa Abou Abdallah Mohammed qui se réfugia
dans la vallée du Chélif. Mais ce dernier, deux ans
après, put reprendre la campagne et attaquer Abou
Malek avec des forces supérieures. Ayant réussi à le
battre et à le faire prisonnier, il lui fit trancher la
tête. Le règne d'Abou Malek qui avait duré quatorze
années, avait été particulièrement brillant.
Abou Fares Azzouz se décida à marcher lui-même
contre le rebelle à la tête de 50.000 hommes; Moham-
med, à son approche, so réfugia dans les montagnes des
Béni Iznassen et le sultan hafcide entra à Tlemcen où
il fut salué p:;r le peuple (1430). L'année suivante il
LES BENI MERINE 233
;
réussit à capturer Abou Abdallah Mohammed ot l'ayant
fait mettre à mort il donna le gouvernement de Tlem-
cen à un des derniers fils d'Abou Hammou nommé
Aboul Abbas Ahmed, puis regagna Tunis.
Abou Fares mourut en 1434 après un règne brillant
de quarante et un ans, pendant lequel la puissance
hafcide fut portée au plus haut point. Il eut pour
successeur son petit-fils Moulay Abou Abdallah qui
mourut après avoir régné un an et fut remplacé par
son frère Abou Omar Othmane. Ce princo embellit sa
capitale do nouvelles constructions telles que mos-
quées, écoles et autres établissements publics; comme
son aïeul, il maintint la paix dans ses Etats en dé-
ployant à l'égard des Arabes une rigoureuse vigilance.
Aboul Abbas sultan de Tlemcen était en rivalité
avec plusieurs de ses frères dont l'un, Abou Yahya,
occupait Oran. D'autre part, un prince abdelouadito,
Abou Ziane Mohammed fils d'Abou Tabet, fixé à Tunis,
s'était emparé d'Alger avec le concours des Oulad Bel-
lil du Hamza, des Senhadja Mellikeche, des Béni
Amer ben Moussa, des Zoghba Hosseïne et des Taalba,
puis avait soumis Médéa, Miliana et Tencs. Mais par
ses excès de pouvoir, il indisposa la population qui se
révolta et le mit à mort; son fils Abou Abdallah resta
indépendant à Tenes (1438). Quant à Aboul Abbas, il
ne pouvait rien contre ces empiétements et dans sa
capitale même, il dut se défendre contre les séditions;
il entoura son palais de défenses, en faisant une vé-
ritable forteresse aujourd'hui encore debout el appelée
« le mechouar ».
Au Maghreb extrême, l'anarchie était telle que
l'empire mérinide s'était divisé en trois principautés
indépendantes: Fez, Marrakech et Sidjilmassa. Les
Portugais qui déjà tenaient Ceuta, résolurent de profi-
ter des circonstances pour s'emparer de Tanger. Le
224 HISTOIRE DU MAGHREB
roi Edouard I" successeur de Jean Ier, de concert avec
les infants don Henri et don Ferdinand grands maîtres
des ordres du Christ et d'Aviz, décida de diriger une
expédition contre Tanger et, grâce à ce moyen, obtinl
du pape l'autorisation de se procurer, par des quêtes,
les ressources nécessaires pour organiser l'expédition.
Une armée de 1400 hommes fut réunie, mais la flotte
mise en route pour Ceuta en août 1437, ne put en
embarquer quo la moitié. De Ceuta celte armée se
porta sur Tanger, une partie par mer, l'autre partie
par terre, sous le commandant do don Henri. La ville
était défendue par le caïd Salah avec 7.000 hommes;
mais quantité do cavaliers et do fantassins venus de
l'intérieur assaillirent les Portugais qui apprirent
bientôt que les sultans de Fez, Marrakech et Sidjil-
massa s'avançaient en préchant la guerre sainte.
Huit assauts furent menés contre les retranchements
des Portugais, les contraignant à une retraite désas-
treuse. Un traité fut conclu aux termes duquel les
Chrétiens pourraient reprendre la mer après avoir
livré leurs armes et restitué Ceuta; l'infant don
Ferdinand devait rester en otage. Le gouvernement
portugais n'ayant pas ratifié le traité, conserva Ceuta
et le prince don Ferdinand resté en otage, mourut au
Maroc en 1443.
En Espagne Juan II régnait sur la Castille, tandis
qu'Alphonse Y avait remplacé son père Ferdinand Ier
sur le trône d'Aragon. L'émir Youssef de Grenade mort
en 1423, fut remplacé par son fils Mohammed YII
Ibn el Ahmer dit El Aïsari. Renversé par son cou-
sin Mohammed VIII dit Es Saghir, Mohammed YII se
réfugia à Tunis et obtint l'appui du roi do Castillo
pour reprendre le pouvoir. Il rentra dans sa capitale,
grâce au concours du roi Juan II dont il devint le
vassal (1428). Quatre ans après, Juan 11 en personne
LES BENI MERINE 325
envahit le royaume de Grenade avec l'aide d'un pré-
tendant nommé Youssef. Cette expédition n'eut d'au-
tre résultat que de porter ce prétendant sur le trône
de Grenade. Mais il mourut au bout de six mois, ce
qui permit à Mohammed YII de remonter sur le trône,
comme vassal de la Castille.
En 1445, Juan épousa en secondes noces Isabelle
do Portugal, femme énergique et intelligente, dont il
eut une fillo qui devint célèbre sous le nom d'Isabolle
la Catholique. L'année suivante, Mohammed fut ren-
versé par un deses neveuxnomméOthmanc.Un autre
prince de la famille nommé Ismaïl, obtint de Juan II,
des troupes chrétiennes pour conquérir lo trône, mais
Othmane soutenu par les rois d'Aragon et de Navarre,
envahit la Castille et conserva le pouvoir jusqu'en
1454, époque à laquelle Ismaïl s'empara du trône de
Grenade et se déclara vassal de Juan II. Le roi de Cas-
tille mourut la même année, après un règne de qua-
rante-huit ans. Son successeur Enrique, prince faible
de corps et d'esprit, surnommé a l'impuissant », réus-
sit, après plusieurs tentatives infructueuses, à péné-
trer dans le royaume de Grenade et à obliger l'émir
à lui payer un tribut élevé.
Quant au roi d'Aragon Alphonse V, il se consacrait
à la conquête du royaume des Deux Siciles et avait
réussi en 1442, à s'emparer de Naples défendue par
René d'Anjou. Il mourut en 1458 laissant l'Aragon à
son frèro Jean, roi de Navarre et les Deux-Siciles à
son fils Ferdinand.
Dans le même temps, les Turcs ottomans un instant
arrêtés par l'invasion desTartares, reprennent le cours
de leur succès, s'emparent de Constantinople et ren-
versent le dernier empereur d'Orient (1453). Leur puis-
sance allait dès lors s'étendre en Europe et se faire sen-
tir plus tard dans tout le bassin de la Méditerranée.
15
236 HISTOIRE DU MAGHREB
En 1458, les Portugais avaient préparé une flotte
nombreuse et une armée de 17.000 hommes, en vue
d'une croisade contre les Turcs qui ne put avoir lieu.
Il fut décidé alors quo l'expédition serait dirigée
contre le port du Maroc appelé El Ksar Es Saghir. Mal-
gré l'énergique défense des habitants, uno brèche fut
ouverte dans les murs de la place qui capitula. Don
Juan deMeneses en fut nommé gouverneur et repoussa
plusieurs assauts des Berbères ainsi qu'une attaque
conduite par le sultan do Fez en personne. En 1464,
le roi Alphonse Y de Portugal était à El Ksar Es Saghir
d'où il fit contre Tanger une tentative infructueuse;
peu après il envoya le prince Ferdinand avec une flotte
de 50 voiles portant 10.000 hommes faire une descente
à Anfa dont les pirates désolaient les côtes des Etats
européens de l'Atlantique; la ville fut entièrement
ruinée et ses habitants dispersés.
En 1471, l'anarchie régnait au Maroc où la dynas-
tie des Mérinides proprement dite était renversée, tan-
dis qu'une branche de la même famille, celle des Béni
Oualtas, accaparait le pouvoir qu'cllo devait conser-
vor jusqu'en 1549. Les Portugais profitèrent de ces
circonstances pour débarquer 30.000 hommes qui s'em-
parèrent d'Arzila. Mohammed Cheïkh, premier sultan
de la branche des Bcni Oualtas, avait refusé de re-
connaître le chérif idrissile Mohammed ben Ali ben
Amranc et l'assiégeait dans Fez, lorsqu'il connut la
prise d'Arzila et de Tanger par les Portugais. II se
porta à El Ksar El Kebir, mais n'ayant pu secourir
Arzita cl pressé do retourner au siège de Fez, il signa
avec les Portugais un traité aux termes duquel il re-
connaissait la suzeraineté du Portugal sur les villes
de Ceuta, El Ksar Es Saghir, Arzila et Tanger et obte-
nait une trêve de vingt années. Il chassa ensuite de
Fez le chérif et y fut proclamé roi en 1472. Quant aux
LES BENI MERINE 227
Musulmans de Tanger, effrayés de se voir isolés au mi-
lieu des Chrétiens, ils l'abandonnèrenten partie et Jean
do Bragance fils du roi, en fut nommé gouverneur.
Dans le Maghreb central, Abou Abdallah avait érigé
Téncs en royauté indépendante, en prenant, le sur-
nom d'El-Motaouekkel, tandis qu'Aboul Abbas régnait
à Tlemcen où il se confinait dans une austère dévotion.
El Motaouekkel à la tête d'une forte armée, s'empara
sans peine doMostaganom, de Mazagran, de la région
de Tiaret et d'Oran. De là il alla assiéger Tlemcen et
l'enleva, après un siège de trois jours, à Aboul Abbas
qui fui exilé en Espagne. Ce prince tenta de reconqué-
rir son trône, mais il fut défait et tué. Motaouekkel
resté maître de l'empire abdelouadite, mourut en 1475
et fut remplacé par son fils Mohammed.
Le sultan hafcido Abou Omar était en butte aux en-
treprises audacieuses des Arabes qu'il maintenait dif-
ficilement dans l'obéissance; les plus remuants d'en-
tre eux, les Oulad Bellil, l'avaient même assiégé dans
sa capitale dont il avait eu quelque peine à les éloi-
gner. Il mourut en 1488 ayant toujours témoigné de la
sympathie aux Chrétiens qu'il attirait dans ses Etats
et dont il favorisait lo commerce. Son petit-fils Abou
Zakaria lui succéda ot eut à réprimer des révoltes
arabes qui s'étendirent à Bône, Gabès et Sfax. Ce
prince mourut de la peste après six ans de règne et
fut remplacé par son cousin Abou Abdallah Mohammed.
La prise de Constantinople par les Turcs et leurs
succès, avaient eu un retentissement considérable
dans les pays musulmans et particulièrement en Es-
pagnooù les princes de Grenade étaient en lutte cons-
tante avec le roi Enrique de Castille. C'est ainsi qu'Is-
mail Ibn El Ahmer avait rompu le traité qui le
soumettait aux Chrétiens et ne payait plus le tribut.
Après trois années de guerre, il fut contraint de si-
228 HISTOIRE DU MAGHREB
gner un nouveau traité avec son suzerain, mais il ne
l'observa pas et ce n'est qu'en 1462 qu'il dut s'y déci-
der, après avoir perdu Gibraltar ot Àrchidona. A sa
mort, en 1466, son fils Aboul Hassan monta sur le
trône de Grenade.
La Castille est alors on pleine révolte; Alphonse
frère d'Enriquc est proclamé par les rebelles, mais il
meurt et ses partisans s'adressent à sa soeur Isabelle
qui refuse de se liguer avec eux contre le roi Enrique.
Celui-ci fut cependant replacé sur lo trône, mais dut
reconnaître Isabelle commo héritière au détriment de
sa fille surnommée la Bertraneja, dont la paternité
était attribuée à un seigneur de la cour nommé Ber-
tran de la Cueva (1468). L'année suivante eut lieu le
mariage d'Isabelle de Castille avec Ferdinand fils de
Juan II d'Aragon. QuandEnrique mourut en 1474, Isa-
belle monta sur le trône et Alphonse Y de Portugal se
fiança avec la Bertraneja fille d'Enriquc dont il prit
le parti, dans l'intention de la placer sur le trône de
Castille. Complètement battu après une guerre de deux
années, Alphonse Y renonça à la lutte et sa fiancée
entra dans un couvent (1476).
Lorsque Jean II roi de Navarre et d'Aragon mourut
on 1478, son fils Ferdinand époux d'Isabelle de Cas-
tille lui succéda et le couple royal réunit en ses mains.
les trois couronnes de l'Espagne chrétienne. Ce fait
qui mettait fin aux luttes intestines des Chrétiens cl
plaçait les destinées du pays en des mains habiles et
énergiques, inaugurait un règne particulièrement re-
marquable. C'est en effet sous « les rois catholiques, »
ainsi que furent appelés Ferdinand Y et Isabelle, que
l'organisation intérieure du gouvernement espagnol
fut réalisée, quo le royaume de Grenade fut conquis el
qu'eut lieu la découverte du nouveau monde.
Cependant les débuts du règne ne furent pas exempts
LES BENI MERINE 22'J
d'embarras ; le roi de Grenade Aboul Hassan en pro-
fila pour refuser de payer le tribut et répondit avec,
arrogance à la reine Isabelle qui le sommait de s'exé-
cuter. Il envahit même la Castille, mais se voyant
dans l'impossibilité de résister à Ferdinand qui avait
franchi sa frontière avec 20.000 hommes, il fit appel
aux Mérinides. Isabelle empêcha tout envoi d'Afrique
d'arriver en Espagne, en faisant bloquer le détroit
par une flotte. Sur ces entrefaites, une révolte éclata
contre Aboul Hassan dans sa capitale même, sa femme
Zoraya lui opposant son fils Abou Abdallah qu'elle avait
fait évader de prison. Le roi réfugié dans l'Alhambra
et contraint d'abandonner Grenade, se retira auprès
de son frère Mohammed gouverneur de Malaga, sur-
nommé le Brave. Celui-ci ayant obtenu quelques suc-
cès contre les Chrétiens, Abou Abdallah, à l'instigation
de sa mère, voulut rivaliser avec lui pour soutenir
son crédit, mais il fut battu et fait prisonnier. Sa
mère offrit une forte rançon pour le racheter; les
rois catholiques préférèrent lui rendre la liberté, lui
imposant comme conditions d'ouvrir les portos do ses
villes à première réquisition, de fournir des contin-
gents de troupes et de se comporter en vassal soumis.
Abou Abballah rentra à Grenade où son père occu-
pait l'Alhambra et reprit la lutte contro lui. Lo roi
ayant abdiqué en faveur de son frère Mohammed lo
Brave, celui-ci accourut dans la ville haute deGrenade
dont il s'empara et fit mourir Aboul Hassan, puis la
guerre civile se poursuivit entre lui et son neveu Abou
Abdallah qui était maître de la ville basse. Cependant
les rois catholiques avaient repris la campagne cl ob-
tenu la capitulation do Ronda en 1485, co qui dé-
cida les princes musulmans à se réconcilier. Abou
Abdallah se consacra à la défense de Loja, mais il dut
rendre cette place au roi Ferdinand qui le fil prison-
230 HISTOIRE DU MAGHREB
nier de nouveau et le laissa libre, à condition de lui
livrer Grenade, dès que les autres places seraient
conquises. Mohammed le Brave luttait de son côté
contre les Chrétiens et obtenait plus de succès que
son neveu.
En 1487, Ferdinand, à la tête d'une importante ar-
mée, vint assiéger Yeloz que défendit énergiquement
Mohammed ; la place fut enlevée et les Chrétiens avec
une armée de 100.000 hommes soutenue par la flotte,
vinrent bloquer Malaga qui résista pendanttrois mois et
se rendit à merci, en août 1487. L'année suivante,
une tentative de Ferdinand contre Almeria n'eut au-
cun succès, mais en 1489, Baëza succomba après un
siège assez long. Lo gouverneur de celte place Sid
Yahya fut chargé par les rois catholiques d'entrer en
pourparlers, en leur nom, avec Mohammed. Ce prince
consentit à abandonner Almeria, Cadix et autres pla-
ces fortes qu'il no pouvait défendre plus longtemps.
Il reçut en retour le titre de roi vassal avec un do-
maine dans les Alpujarras, mais ne tarda pas à ven-
dre ses droits à ses suzerains et à émigrer en
Maghreb.
Abou Abdallah était toujours à Grenado qu'il refu-
sait de livrer comme il s'y était engagé, lorsqu'une
révolte de Musulmans éclata dans les places nouvel-
lement conquises par les Chrétiens. Ferdinand la ré-
prima par des mesures énergiques à la suite desquelles
de nombreux Musulmans de Cadix, d'Almeria et Baëza
émigrèrent vers les villes maritimes du Maghreb cl
contribuèrent à repeupler Telouano. Enfin, en 1491,
Ferdinand vint avec une armée de 50.000 hommes
faire le siège de Grenade. Ce n'est qu'après une éner-
gique défense de six mois qu'Abou Abdallah déposa les
armes et, le 25 novembre, un traité fut signé par le-
quel l'émir s'engageait à livrer la ville si, dans un dé-
LES BENI MERINE 231
i
lai de deux mois, il n'avait reçu aucun secours exté-
rieur. Les biens des habitants seraient respectés et
pendant trois ans ils seraient exemptés d'impôts, sauf
ensuite à payer ceux qu'ils acquittaient antérieure-
ment; les Musulmans conserveraient la liberté de leur
culte et de leurs usages el les prisonniers chrétiens se-
raient remis en liberté; enfin l'émir recevrait un
territoire dans les Alpujarras et cinq cents otages se-
raient remis en garantie de l'exécution du traité.
Les habitants de Grenade indignés par la rigueur
de ces conditions, insistèrent énergiquement mais en
vain, auprès d'Abou Abdallah, pour continuer la ré-
sistance. Leurs efforts n'eurent d'autre effet sur l'émir
que do lui faire devancer l'époque de la reddition ; afin
do sortir d'une situation qui lui était devenue inloléra-
blo, Abou Abdallah remit sa capitale aux rois catholi-
ques dans les premiers jours de janvier 1492. Isabelle
et Ferdinand firent une entrée solennelle à Grenade,
arborèrent les étendards de Castille et de Léon sur les
monuments et placèrent des croix sur le haut des mos-
quées. Abou Abdallah après avoir été au devant des
vainqueurs, se retira dans son domaine, suivi de quel-
ques personnes, puis il vendit ses droits à ses suze-
rains et se retira à Oran (1493). Il se rendit ensuite à
la cour du roi de Tlemcen et mourut dans cette ville
en mai 1494.
C'est à celte époque que les rois catholiques organisè-
rent, en Espagne, l'Inquisition dont le but était do
rechercher les non-catholiques el de déférer ceux d'en-
tre eux qui ne voulaient pas se convertir, à un tribu-
nal appelé le Saint-office. Celte juridiction qui suppri-
mait touto liberté de conscience et s'appliquait
également aux faits d'apostasie et de sorcellerie, était
caractérisée par une information judiciaire menée
dans le secret le plus absolu ; ses sentences sans appel,
233 HISTOIRE DU MAGHREB
condamnaient à la torture, aux supplices et à la con-
fiscation des biens. Les horreurs de l'Inquisition furent
dirigées tout d'abord contre les Juifs qui étaient très
nombreux dans les villesd'Espagne. Celte malheureuse
population avait résisté énergiqueftent durant des
années sans se convertir et sans disparaître, mais
dans l'année même de la chute de Grenade, l'Inquisi-
tion décida le bannissement des Juifs, par un édit du
3 mars 1492. Il était donné à ceux qui refusaient de
se convertir, un délai de trois mois pour quitter la
Péninsulo. On évalue à 2 ou 300.000, ceux d'entre eux
qui réalisèrent leurs biens à la hâte et quittèrent l'Es-
pagne h l'expiration de ce délai. Us durent payer un
droit de passage au roi de Portugal qui en retint un
certain nombre comme esclaves; les autres se ré-
pandirent dans les villes du littoral africain et princi-
palement au Maroc ; beaucoup gagnèrent Fez où ils
avaient de nombreux coreligionnaires.
Les mômes rigueurs étaient réservées aux Musul-
mans; en effet, le cardinal Xiraenes, devenu premier
ministre, violant le traité qui leur laissait la libre pra-
tique de leur religion et de leurs usages, se rendit à
Grenade et s'efforça sans succès de les amener à la
conversion. Il réunit alors les livres et les manuscrits
arabes de la viUe et y mit le feu de sa main, soulevant
une vive indignation suivie d'une révolte réprimée
dans le sang (1499). Beaucoup de Grenadins épou-
vantés se convertirent et en 1500, Ferdinand vint di-
riger lui-même la campagne, suivi de missionnaires
qui devaient recevoir la conversion des malheureux
échappés aux armes de ses soldats. Les Musulmans
ayant refusé le baptême se retranchèrent dans la
région montagneuse située entre Ronda, Cadix et
Gibraltar, d'où ils partaient pour ravager le pays en-
vironnant, massacrant tous les Chrétiens qu'ils ren-
LES BENI MERINE 233
contraient. En 1501, à la bataille du Rio Verde, ils
remportèrent un succès sur les troupes chrétiennes,
mais Ferdinand marcha contre eux alorsqu'ils avaient
épuisé leurs dernières ressources dans les précédentes
luttes. Un certain nombre d'entre eux se soumirent au
baptême, les autres émigrèrent en Afrique.
En 1502, un nouvel exode vers l'Afriquo fut provo-
qué par un décret ordonnant que tous les enfants au
dessous de quatorze ans, non encore baptisés, devraient
quitter lo royaume dans un délai de deux mois. Parmi
les Musulmans qui avaient accepté le baptême, la plu-
part pratiquaient secrètement la religion musulmane,
portaient leur ancien costume et conservaient l'usage
de la langue arabe ; ils furent persécutés et expulsés
sous ces différents prétextes.
Les atteintes portées à la liberté de conscience des
Musulmans et leur expulsion de la Péninsule ne pou-
vaient manquer de soulever chez eux un âpre désir de
vengeance. Contraints de passer le détroit et de se ré-
fugier dans les ports d'Afrique, ils se livrèrent avec
ardeur à la course sur mer contre les Chrétiens de la
Péninsule ibérique, étendant le cercle de leurs opéra-
tions à d'autres États de l'Europe, au fur et à mesure
de leurs succès et de leurs progrès. De leur côté, les
Chrétiens s'organisèrent pour se défendre contre les
corsaires musulmans, en employantles mêmes moyens.
Ces pratiques apportèrent dans les relations commer-
ciales qui existaient entre les Chrétiens de la Méditer-
ranée ot l'Afrique, un certain trouble aggravé par les
guerres de conquête des Portugais et des Espagnols. Il
n'en est pas moins vrai que les relations commerciales
subsisteront dans des conditions nouvelles el qu'elles
se poursuivirent avec des fortunesdiverses jusque sous
les Turcs d'Alger.
.
A Tanger et à Ceuta, les Portugais entourés par les
234 HISTOIRE DU MAGHREB
Berbères, en étaient réduits à profiter des luttes qui
divisaient ces indigènes, pour faire sur leur territoiro
des courses plus ou moins fructueuses. La résistance
des Musulmans contre les Chrétiens s'établit alors à
Tétouane qu'administrait un caïd indépendant ; cette
ville était la base d'opération des pirates musulmans
et lo magasin où ils s'approvisionnaient. Plus loin vors
l'Est, ils avaient uno autre base d'opération à Mélilla
el ils no cessaient de porter la dévastation sur les ri-
vages européens.
En 1496, sur l'ordre d'Isabelle et de Ferdinand, le
duc de Medina-Sidonia alla attaquer Melilk. Les habi-
tants ne recevant pas de secours du sultan de Fez,
abandonnèrent la place dont le duc releva les rem-
parts.
En 1302, à l'expiration delà trêve d'Arzila, le sultan
de Fez attaqua Tanger sans succès et, l'année suivante
Juan de Meneses échoua à son tour devant El Ksar El
Kébir. Le Portugal, à cetto époque, évacua Vêles (Ba-
des), dont il ramena la garnison à Coûta.
Après la prise de Mélilla, le Comte de Tendella avait
proposé aux rois catholiques qui ne l'acceptèrent pas,
un plan do conquête du pays compris entre ce port et
Alger ; la reine Isabelle étant morte en 1504, les pro-
jets militaires contre l'Afrique furent ajournés. Cepen-
dant, l'audace croissante des pirates s'exerçant parti-
culièrement sur l'Espagne, le cardinal Ximenes obtint
du roi d'Aragon des troupes pour reprendre la guerre
contre les Musulmans. Il fut décidé qu'une expédition
serait dirigée sur Merselkebir par le marquis de Coma-
res, la flotte éta n taux ordres deRamon de Cardona. Le
2 septembre 1506, l'armée débarqua secrètement au
capFalcon et malgréles Indigènes, elle se porta en vue
de la place qui capitula après un siège de trois jours,
son chef ayant été tué. La garnison obtint de se rc-
LES BENI MERINE 235
i
tirer avec armes et bagages et le général espagnol
s'établit dans la forteresse. Le gouverneur marquis de
Comares en restaura les défenses el y réunit des appro-
visionnements importants.
En apprenant ces événements, l'émir de Tlemcen
Abou Abdallah Mohammed ben Abou Tabet qui avait
succédé à son père en 1505, crut devoir renforcer la
garnison d'Oran et prendro toutes ses précautions con-
tre les Espagnols. En effet, en 1507, le marquis de Co-
mares laissa lo gouvernement deMerselkebir à Martin
do Argote et alla demander à la reino Jeanne de Cas-
tille les forces nécessaires pour s'emparer d'Oran par
surprise. Il obtint un important contingent de troupes
avec lequel il passa la mer, mais avant d'attaquer la
ville, il alla entreprendre contre les indigènes de la
plaine de Misserghino une course d'où il rapporta un
gros butin. Au retour, les Espagnols furent attaqués par
de nombreux indigènes qui les obligèrent à abandon-
ner leurs prises et à se jetor dans les montagnes. Une
troupe nombreuse partie d'Oran vint à leur rencon-
tre, les surprit dans les ravins escarpés où ils étaient
engagés et les extermina jusqu'à la nuit. Le général
presque seul regagna Merselkebir avec les plus gran-
des difficultés. Tous les Espagnols ayant échappé
à la mort furent faits prisonniers et parmi ceux-ci
était lo général Martin de Argote. Lo gouverneur
d'Oran, après ce succès, fit une tentative contre Mer-
selkebir où venait d'arriver des renforts d'Espagtto et
qui résista victorieusement.
En 1508, l'amiral Pierre Navarro fut chargé d'occu-
per le Penon de Yelez abandonné par les Portugais. Il
y construisit un fort avec lequel il put résister aux at-
taques des Riffains soutenus par des renforts du sultan
comprenant de l'artillerie. L'année suivante, il fut
chargé de conduire contre Oran une expédition dont
230 HISTOIRE DU MAGHREB
le cardinal Ximenes prit le commandement en chef.
La flotte so porta rapidement sur Merselkebir et, dès
leur débarquement, les troupes furent dirigées sur
Oran. On dit que des traîtres introduisirent dans la
place des soldats espagnols qui allèrent ouvrir les por-
tes à leurs compagnons. L'armée pénétra dans la villo
cl massacra ses défenseurs. Des dissentiments s'étant
ensuite élevés entre lo cardinal et Pierre Navarro et,
d'autre part, le roi ayant manifesté le désir de mener
à son grêles affaires du royaume, le cardinal Ximenes
décida de se confiner dans la retraite et de se consa-
crer à l'enseignement. 11 laissa le gouvernement des
possessions d'Afrique à Pierre Navarre et rentra en Es-
pagne (novembre 1509). La reine de Castille et lo roi
d'Aragon nommèrent ensuite le marquis de Cornarcs
capitaine général d'Oran et de Merselkebir et du
royaume de Tlemcen ; six cents familles furent en-
voyées d'Espagne à Oran, avec obligation pour les hom-
mes de fournir le service militaire. Le nouveau gou-
verneur so mit en relations avec les tribus do l'intérieur
et conclut avec elles des traités d'alliance.
A cette époque Bougie était devenue un centre im-
portant de corsaires et dépendait du prince hafcide
Abdelaziz de Constantino. Pierre Navarro réunit une
flotte portant une armée de plus de 5.000 hommes et
parut le 5 janvier 1510 devant Bougie. L'assaut fut
donné par les Espagnols et Abdolaziz obligé d'évacuer
la ville, l'abandonna aux Chrétiens qui s'y installèrent
et en relevèrent les fortifications (mai 1510). Ces succès
des armes espagnoles eurent un grand retentissement
dans les régions maritines du Maghreb ; les habitants
d'Alger firent immédiatement hommage de soumission
à Pierre Navarro et ceux deDellys les imitèrent. Alger
s'engageait par un traité signé le 31 janvier 1510 à
reconnaître la suzeraineté du roi catholique, à respec-
LES BENI MERINE 237
ter ses alliés et à libérer les esclaves chrétiens. Mais
i

en outre, Pierre Navarro vint prendro possession d'un


ilôt du port d'Alger el y construisit le fort appelé Penon
d'Argel, d'où les Espagnols pourraient en imposer aux
habitants et assurer lo paiement du tribut stipulé dans
le traité. Ténès qui s'administrait elle-même avait déjà
fait sa soumission aux Espagnols et en 1512, Tlemcen
envoya à Oran un ambassadeur chargé de porter en
Espagne son hommage de vassalité. D'autre part il fut
convenu que le Penon do Vêlez marquerait, sur la côte
d'Afrique, la limite séparant les possessions espagnoles
des possessions portugaises.
Enfin, dans le courant do l'année 1510, Pierre Na-
varre avait quitté Bougie pour aller s'emparer de Tri-
poli. Les habitants se défendirent vigoureusement et
6.000 d'entre eux périrent dans la lutte ; la ville fut
placée par les Espagnols sous le commandement do
Diego de Yera. En 1511 celte place fut rattachée à la
Sicile et reçut comme gouverneur Guillem de Moncade.
A cette époquo, un corsaire turc nommé Baba Aroudj
faisait la course contre les Chrétiens et avait remporté
quelques succès dans la Méditerranée. Son frère Khaïr
Eddine s'étant joint à lui, ils obtinrent du khalife haf-
cide Abou Abdallah Mohammed, l'autorisation de faire
de Tunis leur centre d'opération, s'engageanlà respec-
ter les alliés des Hafcides et à remettre au khalife le
cinquième du butin. Les deux frères créèrent une au-
tre base d'opération dans l'Ile de Djerba et se mirent à
écumer la Méditerranéeet à dévaster les rivages chré-
tiens. En 1514 Baba Aroudj attaqua Djidjelli et, aidé dos
Berbères du voisinage, il enleva cette ville aux Génois.
Grâce à ce port qui leur appartenait en propre, les
deux corsaires allaient pouvoir librement diriger leurs
entreprises contre les pays voisins sans avoir à parta-
ger leur butin. Cependant la première tentative qu'ils
938 HISTOIRE DU MAGHREB
dirigèrent contro Bougie, à la demande des indigènes
du pays, ne fut pas heureuse et ils durent regagner
Djidjelli par terre, après avoir incendié leurs navires
qu'ils n'avaient pu mener en haute mer.
Do leur côté, les Portugais poursuivaient leurs con-
quêtes dans le Maghreb extrême. Le roi Emmanuel
avait fondé la villo de Mazagan en 1506 et l'année sui-
vante il imposait son autorité à la ville de Safi. Un
chef indigène nommé Yahya ben Tafout devenu l'allié
des Portugais, combattit pour leur compte le sultan
do Foz ainsi que les chefs indépendants du Sous et con-
traignit la province de Doukkala, une partie de celle
de Marrakech et des Haha à leur payer le tribut. Dans
lo courant de l'annéo 1508, J. de Meneses vint faire le
siège d'Azemmour qu'un prince mérinide devait lui
livrer; la résistance des habitants l'obligea à se reti-
rer. Dans le même temps, le sultan de Fez Moham-
med le Portugais qui avait succédé à son père Moham-
med Cheïkh, vint à la tête d'uno armée considérable
assiéger Arzila. Il s'empara de la ville, mais les 400
défenseurs de la place se réfugièrent dans la citadelle
et soutinrent la résistanco, grâce au secours envoyé
par J. de Meneses. EnGn une flotte espagnole en-
voyée par le roi Ferdinand sous le commandement
de P. Navarro, obligea les Mérinides à lever le
siège.
Le roi Emmanuel organisa en 1513 une importante
expédition contre Azemmour, sous le commandement
du duc de Bragance ; elle comprenait 400 navires qui
débarquèrent à Mazagan 8 000 hommes de troupes et
400 chevaux. La flotte alla ensuite bloquer l'embou-
chure do l'Oum Errebia et débarquer l'artillerie. Cette
expédition eut un plein succès et Azemmour fut facile-
ment enlevée. Les Portugais se trouvaient dès lors les
maîtres d'un groupe de possessions sur le littoral atlan-
LES BENI MERINE 239
tique du Maghreb leur permettant d'étendre leur in-
fluence dans le pays intérieur, d'en tirer des revenus
importants et de nouer des relations avec les Indigènes
qui leur fournissaient des auxiliaires. Do leur côté, les
Espagnols maîtres d'Oran, avaient soumis les plaines
de l'intérieur ; ils tenaient Alger en respect, grâce
aux canons du Penon d'Argel ot ils commandaient Bou-
gie et Tripoli.

Liste chronologique des Souverains mérénides f.

Abou saïd Othmane Ier Adetfghal ben


Abdelhak. 1217-1240
Mohammed ben Abdelhak
.......
Abou Yahya Abou Bekr ben Abdelhak.
1240-1244
1244-1258
Abou Youssef Yakoub ben Abdelhak
.
.
'. 1259-1286
Abou Yakoub Youssef Nasser * 1286-1307
. . . .
Abou Tabet Amer ben Abdallah ben %us-
sef« 1307-1308
Abou Rabia Soleïmane 1308-1310
.
Abou saïd Othmane II ben Yakoub *. 1310-1331
.
Aboul Hassan Ali ben Othmane *. 1331-1348
. .
Abou Inane ben Aboul Hassan Ali. 1348-1358
. .
Saïd BiUah Ier ben Abou Inane 1358-1359
Abou Salem Ibrahim 13591361
Abou Omar Tachefine ben Aboul Hassan 1361-1361
.
Abou Ziane Mohammed. #61-1366
Abdelaziz ben Aboul Hassan t £6-1372
1. D'après leKirtas de Mohammed ben Abdelhalim aut graphie
à Fez et E. Mercier toc. cit. roi. III, p. 88 et s.
S. Enterré dans la mosquée de Ghella aux enrirons de t&lbat.
3. Enterré à Tlemt in et transporté à Ghella.
4. Enterrés à Ghella. Voir pour ces sépultures Henri Bas ?et et
E. Lévi-Prorençal, CheUa: une nécropole mérinide, dans Hesfitris,
tome II. 1923,1" et 2* trim.
2*0 HISTOIRE DU MAGHREB
Saïd Billaft II Mohammed ben Abdelaziz. 1372-1374
Aboul Abbas Ahmed ben Abou Salem
(l"fois) 1374-1384
Moussa ben Abou Inane 1384*1384
Elouatek Billah Abou Ziane Mohammed 1381-1387
.
Aboul Abbas Ahmed bon Abou Salem
(2« fois). 1387-1393
Abou Pures ben Abou} Abbas Ahmed 1393-1411
. .
Mohammed ?
,
Abou Saïd Olhmane III ben Aboul Abbas. 1414-1418
Saïd et Yakoub frères du précédent. 1421-1423
. .
Abdallah ben Abou Saïd 14231464
Le chérif îdrissite Mohammed fcen Ali ben
Ararane ... 1464-1465

Branche des Béni Ouattas '.

Mohammed Cheïkh 1472-1501


Mohammed El Bortougali (le Portugais) 1501-1526
.
Ali Abou Hassoun ben Mohammed Cheïkh
(l'*fois) 1526-1526
Aboul Abbas Ahmed ben Mohammed
(lw fois) 1526-1545
Mohammed El Caceri ben Ahmed.... 1545-1547
Aboul Abbas Ahmed ben Mohammed
(2* fois) 1547-1549
Mohammed Cheikh lo Saadien 1549-1554
Ali Abou Hassoun ben Mohammed (2* fois). 1554

1. D'après le lieatenant-colonel H. de Castries. Les sources inédi-


tes de l'Histoire du Maroc* Archives et bibliothèques d'Espagne. Tome I»
p. m.
r.KS BENI MKR1NK 241

liste chronologique des sultans Abdelouadiies


ou Zianites K

Me de ftThfwt.
Yaghraoracene ben Ziane 1235
Olhmane Iw, fils du précédent. Mars 1283
. .
Abou Ziane Ier Mohammed, fils du
précédent 1304
Abou Hammou I" Moussa, frère du
précédent Avril 1308
Abou TacheCne Ier, fils du précédent Juillet 1318
Sa mort/et première occupation mé-
rinide Mai 1337
Abou Saïd Othmane • .
Septembre 1348
Abou Tabot Juin 1352
Deuxième occupation raérinide. Juillet 1352
. .
Abou Hammou II Janvier 1359
Est renversé en 1360, remonte sur
le trône la même année.. . . .1360
— — 1370 1372
1383 1384
— —
— — 1387 Décembre 1387
Abou TacheGne II fils du précédent. Novembre 1389
Abou Tabet Youssef fils du précé-
dent, règne 40 jours ' 1393
Aboul Hadjadj, oncle du précédent,
règne 10 mois en. 1393
Abou Ziane, frère du précédent. Novembre 1393
.
Abou Mohammed Abdallah, frère
du précédent 1398

1. D'après E. Mercier, toc. cit. toi. III, p. 90-91.


16
242 HISTOIRE DU MAGHREB
Abou Abdallah dit El-Ouatek, frère
du précédent 14011402
Moulay Saïd, frère du précédent. 1411
.
Abou Malek Abdelouahad, frère du
précédent Novembre 1411
Abou Abdallah Mohammed, fils
d'Abou Tachefine II 1424
Abou Malek (2* fois) 1428
Abou Abdallah Mohammed(2« fois). 1430
Aboul Abbas Ahmed, fih d'Abou
Hammou II 1431
El-Motaouekkel ben Abou Ziane
Abou Tabet Mohammed
.. 1461
1475
Abou Abdallah Mohammed, fils du
précédent. 1505
11devient vassal de l'Espagne.. 1512
.
Abou Ziane, frère du précédent. 1516
.
Abou Hammou III, oncle du précé-
dent 1516
Aroudj s'empare de Tlemcen et ré-
tablit Abou Ziane...... Pin 1517
Abou Hammou III rétabli par les
Espagnols • .
1518
Moulay Mohammed Abou Adallah
dit Abou Serhane 1528
Moulay Abou Ziane Ahmed (1" fois). Fin 1512
Moulay Abou Abdallah Mars 1543
Moulay Abou Ziane Ahmed (2e fois). Juin 1543
Occupation turque 1550
.
Moulay El-Hassanese réfugie à Oran
vers 1554
ANNEXE AU CHAPITRE IV
Tableau aynohronique des faits principaux, depuis l'avènement des Mérinides
jusqu'à la fondation de la dynastie saadienne.

DATES KAOHAEB EXTRÊME MAGHREB CENTRAL. IFKIKIA E8PAGKE

1970-72 Abou Youssofsoumetle Sont LODU IX entreprendU croi-


et le Dra, bat lee Abde- aade de Tunle. U meart «t
louadltea »ur l'isly, a« l'armée 10 rôtir* apro«
peut enlever Tlemoen et avoir traité avec El Moi*
rentra t Fox (1272) tancer (1270).
1273*76 Abou Youssof soumet Tan- El Mostancorreprond Alg«r Révolta des sujets musul-
gor Coûta «t Sldjllmaasa qui allait déclarée iodé* mans d'Alphonse X pout*
(1274); passé en Espagne, pendant*. aie par Ibn El Abmcr.
il bat le duo de Lara et Celui-ci appelle le couve-
l'archevêque de Tolède, râla mérlalde.
pula ligue une trêve de
deux ana avec Alpbonee X
(1270). Construction de»
palaia qui furentl'origine .

de Fez DJedid.
127? La trêve unie, Abou Youa- Mort d'El Moitanoor; «on Ibn El Abmerdemande uni
aef vapaese en Espagne; file El Ouatok le remplace, trêve aux chrétiens et
aon nia prend Malaga. «'allie aux Abdolouadltet
contre les Mériuidea.
1278-80 Le sultan châtie les Soflaae Ibn Ouazlr gouverneur de Lo bafcldo Abou lahak ré- Siège d'Algéalraa par don
révoltée et envola aon fila Constantin*, ae aoumet à fuglé auprèsdu roi d'Ara- Pedro. Ibn El Ahmer «t
avec un© flotta et daa Pierre III d'Aragon. gon oblige El Ouatek a lea Mérinides alliés lui
troupes à Algéairaa. abdiquer (1279). font lever la alége (1279).]
ANNEXE AU CHAPITRE IV (suite)

ss-sssssasssssssssssassasasrsssasssssE*^^
DATES MAGHREB EXTRÊME MAGIIREB CENTRAL IFR1KIA ESPAGNE

1231-83 Abou Youssef marche con- Yaghmoracene marie aon Abou Ishak est battu et tué Alliance d'Abou Youssef et
. tre les Abdelouadltea al- fila Othmane h une prin- par un aventurier ainsi d'Alphonse X contre aon
liés d'Ibn El Abmer, 11 cesse bafcide (1282). que aon fils Abou Faree. fils Sancho et Ibn El Ah-
échoue devant Tlemoen. Son frère Abou Hafs et son mer.
fila Abou Zakarla «'échap-
pent (1263).
(284-89 Abou Youssef fait la paix Rupture d'Otbmane avec les Abou ifafs est proclamé ; Mort d'Alphonse ; Sancho
aveo l'abdelouadlte Otb- Mérinides qui échouont aon cousin Abou Zakarla lui auccêdo; Abou Yakoub
mane, passe an Espagne devant Tlomcen. ae constitua une prlnci- le Mérlnlde, renouvelle
et traite avec Sancho. Il pauté k Bougie. Roger les traitée avec lui et
meurt & Algésiraa (1280). Oorla prend l'Ile do Djer- Ibn El Ahmer.
bu (128449).
1290-98 Abou Yakoub donne la place Rupture avec lea Abdoloua-Mort d'Abou Bafs, Abou Ligue de Sancho de Castllle
d'Algéslraa k Ibn El Ah- dites, Abou Yakoub rase Aclda lui succède (1295). «t d'Ibn El Abmer contre
mer aprèa réconciliation Oudjda et échoue devant Abou Yakoub qui passe
(1295). Nedroma (1296). «n Eapagna eaue auocèi
(1290).
1299 Abou Yakoub entreprend le
alège de Tlomcen qui du-
rera 8 ans.
1804-8 Abou Yakoub reçoit l'bom- Mort d'Otbmane, aon fils Mohammed lie de Grenade
mage de fidélité des rois Abou Ziane lui succèdo abandonne les Mérinides,
de Tunis et de Bougie ; (1804). ae eoumet k Ferdinandde
ambassades des souve- Castllle «t prend Coûta.
raina d'Egypte et du Chê-
rlf de la Meoque auprès
du aultan Abou Yakoub
(1308).

1307-8 Abou Tabot succède a Abou Abou Ziane chltio lea Ara- Aboul Baka roi do Bougie
Yakoub; il traite avoc bosot meurt en 1308; son signe la paix avec son
l'abdelouadlte et lève lo frère Abou Hamou I" lui parent Abou Aclda roi de
siège do Tlomcen. Il succède. Tunis,
meurt on 1308.
1308-12 Abou Rabia renouvelle les..... Dorla cède Djorba A la Si-Ferdinand iv d'Aragon et
traitée avec les Abdoloua- elle ; Ramon Montaner Jayme de Caatille c'a!-
dites. U meurt & Taxa en est nommé gouverneur lient par le mariage de
réprimant la révolto des (1311). leurs enfants, Ibn El Ah-
chofs; Abou Saïd lui suc- Mort d'Abou Aclda ; Abou- mer échoue A Algésiraa ;
cède (1310). Zakarla lui succède après il est déposé et remplacé
avoir tué Aboul Baka par aon frère Ennasser
(1312). (1309).
Mortde FerdinandIV (1312).
1314-18 Révolte d'Abou AU lits d'A- Mohammedboa Youusefgou- Abou Yabya bat AbouOarba; Abdication d'Ennasser; i«-
bou Saïd ; il obtient son vorneur de Mlliana se 11 est proclamé k Tunis mail lo remplace. (1314).
pardon et reçoit In gou< soumet & Abou Yahya roi sous le nom de Motaouek-
vornemont de Sidjllmassa de Bouglo (1318). kel (1318).
(1315). Abou Tacbouno remplace ù
Tlomcen aon père Abou
Hammou (1318).
1319-23 Le priaco Abou Ali a étendu Abou Tacheflue étend sa L'almobade l'.vbammod bon isinaïl n'obtient pas pas d<
son influence de Sidjil- puissance jusqu'à Bougie Abou Amrano marche sur socours du hofclde Abou
maata au Sahara; il « mais no peut a'en ompa- Tunis avec le chef dos Yahya; cependant il bat
révolteavec l'aide d'Abou rer (1319). Kaoub et Ibn Moznt de et tue le régent don Pedro
Tachvfine de Tlomcen.Rc- .
Blskra. lia sont battus de Castllle.
jeté dans l'Atlas, il obtient par Abou Yabya (1323).
son pardon (1322).
ANNEXE AU màmBÈVr~<suite)

DATES MAGHREB EXTREME MAGHREB CENTRAL 1FBIKIA ESPACEE

1324-30 Abou Saïd appelé par Abou Echec de Moussa lo kurde Bataille. de Ghérls ; Abou Alphonse XI gouverne après
Zakarla au secours do son devant Constantlae. U Yahya bat les Arabes do la mort de la régento et
frère Abou Yahya marche conserve Tlklat et tno les Tripoli, Abou Darba de réduit los révoltes do se*
sur Tlemoen (1320). Abou principaux officiera haf- Mehdla et Abou Toohoflne pareuU unis aux Musul-
Saïd marie son fils Aboul cidee (1325). Sollicité par de Tlemoen,ligués oontro mans (1325-1330). Moham*
Hassan & une princesse 1" Arabes, Abou Tache- lui (1324). Abou Yahya se- xned IV attaque les Chré-
hafcldo. Une fait reconnaître Abou condé par le sultan mé- tiens; 11 est battu par don
Amrano comme khalife rlnlde reprend Tunis au Manuol et devient vassal
hafoldo. prétendant Abou Amrane d'Alphonse (1330).
(1320-30).
1331-33 Aboul Hassan somme Abou Une armée mérlniâodégage Mohammed IV aidé du sul-
Tacheflne de lever le aie- Bougie bloquéo par les tan mérlnido s'empare de
go de Bougie ; ses en- Abdclouaditea do Tlklat Gibraltar. Alphonse signe
voyés «ont maltraités. U et Yacouta. Aboul Hassan avec lui une trêve do 4 an*
réduit Sldjllmaasa; aon va réprimer la révolte (1333).
frère Abou AU est tué de son frère Abou Ali.
(1333).
1335-39 Aboul Hassan réunit une Prise de Nédrorna etd'Oudjda Abou Yahya rétablit son
armée pour reprendre la par Aboul Hassan ; siège autorité et prend Toug-
guerre sainte on Espagne de Tlomcen et mort d'A- gourt ; 11 aide les Musul-
(1339). bou Taohoflno (1337), mans de Djerba & chasser
les Chrétiens (1339).
1340-46 Aboul Hassan renonce a la Abou Yahya soumet les Abou Malek fila d'Aboul Has-
guerre aainte et organise Arabos du Sud Tunisien, «un envahit le territoire
l'empire. Il reçoit une et leur donne comme gou- chrétien ; 11 est surpris et
ambassade de Monia- vorneur son frère Aboul tué (1340). Echec d'Aboul
Moussa sultan de Mail! et Abbaa (1344). Mort d'Abou Hassan & la batalllo de
on envoie une au aouvo- Yahya. Son fils Abou Hafs Rio Salado (1340).
rain d'Egypte (1340). U Omar s'empare du pou- Prise d'Algéslras par Al-
épouse une autre fille du voir et fait mourir «es phoeso de Castllle ; 11 si-
bafolde AbouYahya (1346). frères (1346). gno une trêve de quinze
ans aveo le mérlnido et
Ibn El Ahmerdevlont son
vassal.

1347-48 Appelé par les Arabos d'ifri- Leprince El Fadhelao fait Désastre d'Aboul Hassan I
kïa, Aboul Hassan atteint proclamer khalife 4 Bône battu près do Kairouan
Tunis; mort d'Abou Hafs, et & Constantino. Abou par Ahmedflls d'Abou Dob-
entrée du sultan mérl- Inane flls d'Aboul Has- bous et les Abdolouadites.
nide a Tunis'; Abou Inane «an ae fait proclamer . Les vainqueurs envolent
marohe sur Fez ot y est sultan a Tlemoen (1348). Ibn Tafruguino prendre
reconnupar les provinces Le princeabdelouaditeAbou Tunis. Aboul Hassan l'en
(134$) saïd relève le trôna zla- chasse. Abou Debbous est
nite (1348); il s'allie a ml* a mort. Abou Saïd
Abou inaue contre Aboul regagneTlemoen aveo aon
Hassan qui ost battu & frère Abou Tabet.
Chediouïa par Abou Tabet.
1350-52 Aboul Hassan aveo Ouen- Abou Tabet est chassé de Ibn Tafraguine fait périr
zemmar des Souoïd gagne Tlomcon par Abou Inane El Fadhol ot Abou Ishak
Sidjllmossa et Marrakooh qui soumet le Maghreb «»t proclamé (1350).
où il meurt après avoir central jusqu'à Bougie et
abdiqué en faveur d'Abou Blskra (1352).
Inane (1351).
1353-57 Abou Inane met a mort Abou Zcïd de Constantino Aboul Abbas frère d'Abou Mohammed IV roi de Gre-
son frère Aboul Fadhel fait proclamer Abou Omar Zoïd éohoue a Tunis oon- naae eat assassiné et
révolté dans le sud et son Tacheflne fils d'Aboul Has- tre Abou Ishak et so rend remplacé par son fila Abou
autre frèro Abou Tache- aan. Aboul Abbas se fait au sultan mérlnido (1354), Abdallah Mohammed V.
fine proclamé 0 Coatitan- proclamer& Constantino ; Abou Zoïd échoue devant
ttae. Il part pour rifrikïa son frère Abou Yahya bat Tunis et se soumet a Ibn
avec une armée comman- les Mérinides de Bougie Tafraguine. Entrée de
due par lo vizir Fares (1350). l'arméemérlnide a Tunis,
ben Oudrar. Conflit entre Abou Inane
ot les chefs arabes; 11
abandonne Tunis et ren-
tre en Maghreb.
ANNEXE AU CHAPITRE IV (suite)

BS—BSB liU-mU III II IMM—BSS=aa^a«^SBB=Ba^SCBSBBSBBSBS: li il ill saaK^sBsaBsss^ssasssss^ I I


i
——L
DATES
CENTRAL^
MAGHREB FXTREME MAGHREB TOQUA ESPAGNE
1 i

1388-59 Abou Inane désigne comme Abou Hammou U a relevé Abou Salem frère d'Abou
successeur son flls Abou le trône zianlte et attire Inane quitte l'Espagne
Ziane; les cheikhs procla- des Arabes dans ses Etats, pour lui succéder. Mo-
ment le jeune Easaïd. Le y compris des Makll ame- bammed V renversé par
vizir El Hassan ben Omar nés par Abou Moslem gou- ton frèro Ismaïl se réfu-
étrangle Abou Inane et verneur du D/a. gie auprès d'Abou Salem
prend la régence. Siège (1359).
de Fez Djedid par El Man-
sour autre prétendant ;
Abou Salem bat ses ad-
versaires et entre a Fez
(1359)

1360-68 Abou Salemenlève Tlemoen Abou Hammou reprend Le prinoe [hafcide Abou Ab- Le prince mérinlde Abou
& Abou Hammou puis se Tlomcen, Oran, Mlllana, dallah roi de Bougie en- Ziane Mohammed seul
réconcilie avoo lui. Cons- Médéaet Alger. Le hafcide lève Dellys aux Abdoloua- aurvivant de sa famille
piration du vizir Omar ; Ishak II enlève Bougie dites. Aboul Abbas eat Internée par Abou Salem
Abou Salem est massacré aux Mérinides.Abou Ham- maître de Constantino et A Ronde, passe au Magh-
(1301). Omar repousse Ab- mou fait proclamerAbdel- de Bône. Abou Ishak II reb appelé par le vizir
delhallm, dépose Abou halim comme sultan mé- reatï* k Tunis. Mort Omar ben Abdallah (1361-
Omar Tacheflne et fait rinlde.AbouZianoElGob- d'Ibn Tafraguine (1364). 62).
proclamerAbou Ziane Mo- bi est élu émir dos Abdo- La guerre éclata entre
bammed. Abdelhallm, et louadltes parle mérinlde, Pierre I» de Castllle et
aon frère Abdelmoumen mala Abou Hammou le re- Pierre IV d'Aragon,
sont repousses (1362). pousse (1364). Abou Abdal- Mohammed V détrôné par
Le vizir Omar fait périr le lah do Bougie rend Dellys Ismaïl ost tué (1362).
aultan Abou Ziane et leaux Abdelouadlteset ma- Le roi de Grenade reprond
remplace par Abdelazlz rie sa fille à-Abou Ham- Algésiraa aux Mérinides
(1366). mou; Il est tué par Aboul (1365).
Abbaa qui entre & Bougie]
(1366).

1367-69 Le sultan Abdelazlz fait Abou Hammou marche sans Mort d'Abou Ishak II ; son
massacrer le vizir Omar, auccèa contre l'abdeloua- fila
fant
Aboul Baka encore en-
est proclamé (1369).
Le prince Aboul Fadhel dite Abou Ziane Moham-
asaocléa l'émir dee Khlot med (1867).
se déclare Indépendant è U ost battu k Médéa (1363)
détruit Kalaat Ibn
Marrakech, Il est livré A mais
Abdelazizqullefaltétran- Selama aux Soueïd (1369).
gler (1368). -
"4W '* Sollicité par les Soueïd et L'armée d'Abdelazlz replace Aboul Abbaa roi de Constau- Mohammed V rompt avec
d'Alger, Ab- le Maghreb central sous une. sollicité par les Ara- £•«»£"•! {Lf"?*
1870-74
u, habitants et fait pro-
deiazlz envole une armée l'autoritémérinlde. Abou bea et le fila d'Ibn Tafra- Gibraltar^*m«/ï?*lflJbJ?ffl ^û:
contrôle aultan abdo- Hammou défait, se réfugie gaine,entra marche sur Tunis
o^'AMaMiTll» k Tigourarine et Abou- ot y en vainqueur med fila d'Abou Salem t
louadite de Tlemoen.
Bat! xianedoMédéaAOuargla (iSfO). ÏLJÙTJtoi^tiïc
«avoyô en Espagne avec
gouverneur do Tlemcen (1372). Abou Hammou re- lea princes de sa faxntll.
rient à Fez proclamerson lève pour la troisième
Aboïl Abba.(1372).
fils Essaïd 1 Alîmed fois le trône zianlte et
fil. reprend Médéa et Alger
d'Abou Salem aoutenu par (1373).
Vffi?UdiSi
,J »;rVw-.—— /.<» .*.».»
JxlJtSlmu&riSâluSL
Ibn El Ahmer est pro- placedeaMérinidoa(1374).
clamé aultan( 1374) ; le pré-
tondant Abderrahmane
obtient la gouverne-
ment Indépendantde Mar-
rakech.

1375.83
«75-85 ^^JJÏ.JgySiS,*;.
Aboul Abbaa obtient la sou-Révolte des Arabea Zoghba Le hafcide Aboul Abbaa Leiroi dejîr«*J«£fft* pa*
AbderrahmaMPrévoit"est ,t du prince abdelouadite triompha d'une coalition
«*«••««•««d**ifftî?
assiéîn Marïîkech Abou Ziane. Il est battu a
par Kalaat Houara par le.
Aboul Abbaa en 1378 et troupe. d'Abou Hammou
dea Arabea et lea contraint
k la soumleelon(1380). t^\^SjfliSi
fusette comme prétea-
Sflii;,i,fB
1379. (1475). Celui-ci réprime &?J^i,K« U U E
Une trêve est .ignée; Aboul une révolte dea Arabea A Mesux (iswa).
Abbaa entre à Marrakech Alger (1378).
et Abderrahmane eat tué Prise et destruction de
(1382). Tlemcen par lea Mérini-
v ' doa. Fuite d'Abou Ham-
mou (1383).
ANNEXE AU CHAPITRE IV (suite)

DATES MAGHREB EXTRÊME MAGHREB CENTRAL IFRUUA ESPAGNE

13J4-S9 Entrée do Moussa bon Abou Abou Hammou roprond Le hafcide Aboul Abbaa con- Ibn El Ahmer k qui El
Inane & Fez ; Aboul Ab- Tlemcen pour la qua- tlnue k ruiner l'tnfiuenco Measaï a enlevé Coûta,
bas ost envoyé & Ibn El trlèmo fol»; «on flls Abou de. Arabe, ot & limiter renvoiele mérinlde(1386).
Aboul
Ahmer. Mort de Moussa ; Tacheflne l'oblige 4 abdl- leur puissance. Abba. au Maghreb
le vizir El Mcaaï fait quer et l'envoie en Orient
venir de Grenado El Ou t- (1387).Retour d'Abou Ham-
tek petit-fils d'Aboul Has* mou II avec «on flls Abou*
san (1384). Arrivée d'A- Ziane ; 11 remonte aur le
boni Abbas et aon flls trône pour la cinquième
Abou Faros en Maghreb; fois (1383). Il est tué par
ils occupent la capitale lea Mérinides (1389).
(1387).
1390-94 Mort du sultan mérinlde Rupture entre Abou Tache- La course surdes mer des Mu- Mort de Juan I" flls de En-
Aboul Abbas; son fils Abou Une de Tlemcen et les Mo- sulmans et Chrétien, rlque de Castllle; Enri-
Fare* est proclamé (1393). rlnlde». Aboul Abbaa et compromet le commorce; que III dit l'infirme lui
son fils Abou Fares mar- Génois, Siciliens, Plsan. succède (1390).
chent sur Tlomcen (1393) et Français attaquent Mort de Mohammed V. Son
II lui succède
Abou Fares occupe Mi- DJerba et Mehdia ; des fils Youssef
llana, Alger et Delly.puis traités sont .ignés (1390). et renouvelle le. traité»
«omrne l'abdelouadlte Mort d'Aboul Abbaa; «on aveo les roi. chrétiens
Abou Ziane comme roi flls Abou Fares Azzouz qui (I39t).
! vaasal à Tlemcen (1394). lui succède, renouvelle
l
lea traités aveo Gêne, et
<
Venise. Les Siciliens per-
dent Djerba.

c""îW
a.ur""d
^^^^SS&m- m^iu. %& 'tSS *
=SSHS
rru. 4. C.».. p»r ... For- sSSSSSï ç&sggssz -HHSS
L
«MOI

^^TJMUQ «««g*,**!-.-, «-a-ff.ssîttiss JëssrJSSkvXtf'

&ssaw* S»3gss-Sftjari S5K:


clamé(1432). rtiidaVÏntîa^àPrtïtlm. gouvernement * Aboul héritiers (1410) ; une>.on-

s»^
tence arbitrale adjuge
oe^5tltS.d"«i
nose comme sultan Mo- Abba. Ahmed fil. d'Abou JSS~^SSïï(««»? son

i ^sjsn^jst KSS^SS1^ «SfS


11434-46 Division de l'empire en Rivalité d'Aboul Abbas et de Mort
JbAsns^ &*&$£ «SSS»
Hammou (1430-1431).

d'Abou Fares; son pe- ^^"^ Ï^VADIOÏ


sSêEKfai
^ra^iô:
clament la guerre sainte
«rSS «~:"
kol reste, iadépendant è
Sfe&«!RftS
troupes chrétiennes de
et leur infligent un dé«a*- Tenô« (1438). Aboul Abba» juaall
trônV; pour conquérir le
tre. L'infant dont Ferdi- fortifia le mechouar pour mais Othmauesou-
unuparlesroiïï'Aragon
nand est lal.se en otage se défendredans Tlemcen.
(1437). 0t do Navarro garda le
pouvoir.
ANNEXE AU CHAPITRE IY (suite)

DATES MAGHREB EXTREME MAGHREB CENTRAL IFRIKIA ESPAGNE

1452-64 Les Portugaia s'emparent


d'El Kcar E. Saghir (1458) ;
le roi Alphonse V do Por-
tugal s'y rend en 1464 et
se porte contre Tanger
«ans succès.
Descente & Anfa du prince
Ferdinand qui détruit la
ville.
1471-73 Prise d'Arzlla par les Por- Aboul Abbaa règne k Tlem- Abou-Omar est assiégé à Tu- Ismaïl Ibn El Ahmer rompt
tugals; MohammedCheïkh ceo ; Abou Abdallah, lndé- nls par lei Arabea Oulad le traité et lutte avoo En-
premier sultan Ouattas- pendant a Tonès, s'empare Bailli ; il meurt en 1488. rlque de Castlllejusqu'en
aide reconnaît leur auze- de Mostaganem,Mazagran Son flls Abou Zakarla rô- 1462. U est contraint au
raineté «ur Coûta, El Ksar, et de. région, de Tlaret gne «ix an. et meurt de tribut et perd Archldona
Arzila et Tanger et obtlont et d'Oran, il enlève Tlem- la peste; son cou.ln Abou et Gibraltar;.on fil. Aboul
une trêve de vingt an., cen k Aboul Abba. qui est Abdallah lui auccède. Hassan lui succède (1466)
Jean de Bragance fila du expédié en Espagne. Abou Earlquo reconnaîtsa soeur
roi eat nommé gouver- Abdallah meurt en 1475 ; Isabelle comme héritière
neur de Tanger. con fila Mohammed lui de Castllle (1468). Mariage
auccède. de Ferdinand d'Aragon
avec I.abolie qui monte
aur le trône de Caatllle en
1474.

...Uort d'Aragonjl
de Juan II
..-ooo *'" . et de Navarre; son
5lQând
ûlsFer-jl
d'isabellel
1479-89 —... i?mx

1...
réunitles trois couronne.I
de l'E.pagne chrétienne
(1478). Abou Abdallah dé-
trône son père Aboul Has-
san mais doit se recon-
naître vassal dos rois
I chrétiens.
Ferdinand enlève Ronda
o .
(1485). Loia. Volez et Ma-

Almeria, Cadix «te. L


Musulmane de cea places 1
émlgrent en Maghreb eti
vont repeupler Tétouane. I
Iprise
de Grenade par lo»
rola catholiquea; Abou
Abdallah .e rend et signe
tux traité de paix.
Enjeu-
vler 1492, U remet la ville
aux roi. chrétien..
Le. roi. catholique» éta-
La course sur mer o.t éta- "u?nH'iSaSj*V£n!°ït
en re-
bile au Maghreb,persécu- tre lea «oMto*t}Jg *
uréaalllea des
tionîdennqttUltTlon;elle rendent le 8 mars «w»"
contre
édlt d'expuU on la
\X&!ffiâXMZ
.«Ani-hiMi d'onératlon les Juifs rebelloe & éml-
melon ; 300.000 juif,
con-

de Melilla par le duo de grent.

lw*
uftft
Médlua-Sldonla(1496).
^
Grenade
^Mu,ulmâni d,
contre las vio-
••• lence. du cardinal Xlme-
t ne..
ANNEXE AU CHAPITRE IV (suite)

gBgBssBspgg=BBS5assggBgegsaBmBBMSB3HBagaaauBS«ga^ .. ,,

DATES MAGHREB EXTRÊME MAGHREB CENTRAL IFRIKLV ESPAGNE

1501-4 A l'expiration delà trêve. Poursuite dirigée contre


d'Arzila,le aultanMoham- les Musulmans réfugiés
med le Portugaisattaque dan. lo paya entre Ronda,
Tanger «ans succès. Eu Cadix et Gibraltar ; les
1503, de Mene.es échoue Chrétiens sont battus au
devant El Ksar El Kéblr. combat do Rio Verde
Le Portugal évacue Vêlez (1501). Nouvel exode des
(Bades). Musulman, vers le Ma-
ghreb.
Mort d'Isabelle (1504).
1506* 9 Le roi Emmanuel fonde la Prise do Merselkéblr par le
ville de Mazagan (1506). Marquia de Comares; 11
En 1507 U s'empare do marcho contre Oran
Safl. Le chef Yahya ben qu'Abou Abdallah Moham-
Tafout allié dea Portugais med a fortifiée ; 11 éprouve
combat le sultan de Fez un désastre et regagne
et contraintles provinces Merselkéblr.
de Marrakech et de Douk-
kala è payer le tribut au
Portugal. Echec de Me-
noies devant Azemmour Le CardinalXlmene. en per-
il508). Mohammed le Por- sonne s'empare d'Oran
ugais échoue devant Ar- qu'il laisse au commande-
zila. ment de P. Navarro(1509).
L'amiral Pierre Navarro
occupe le Peflon de Volez
abandonné par le. Portu-
gais (1508).

Portugal. <iow;. devient un centre de cor- au roi de Sicile et reçoit


gouverneur Guti-
P* ; elle est enlevée commo Moncade Le cor-
saire.
qulobtint lera de
par Navarro d'Alger
la aonmiMion
DÏnvs. et salre turc Baba Aroudj
de U en profite obtient du khalife hafcide
pour édifier le Penon Abou Abdallah Moham-
d?Arael. d'éta-
med l'autorisation
Tlemcen. aprôa Tenès, se bllr an centre d'opéra-
soumet aVEspagne. tlon a Tunis et en crée
un autre k Djerba.
IM1 Aroudj onlèvo Bjldjelli aux
,ox* Génois; 11 échoue k Bon-
gle.
CHAPITRE V
Renaissance de l'Islam.

Renaissance de llalam. — Apparition des ehérifs. — ehérifs saa-


diens (1510). — Fin dea Mérinides. — Rivalité dea ehérifs et des
Turcs (1551). — Aboul Abbas El Mansour, victoire d'El Ksar El
Kebir. — Conquête du Sénégal et prise de Tombouetou. —
Création du Makbzen sur le modèle des Turcs.

La décadence des royautés musulmanes, après la


chute de Grenade, se poursuit en Afrique ; les Méri-
nides n'ont conservé d'autorité que dans certaines vil-
les de l'intérieur ; le roi de Tlemcen est allé à Burgos
faire hommage de soumission au roi chrétien et celui
de Tunis a fait de même. Les Arabes de la conquête,
diminués par leurs rivalités séculaires, noyés dans
l'élément berbère, ont perdu toute puissance politi-
que ; les Arabes hilaliens qui n'ont jamais eu qu'une
influence dissolvante, se sont dispersés au service des
dynasties indigènes et les Berbères eux-mêmes ont dé-
pensé leurs forces dans l'exercice du pouvoir et achè-
vent de les épuiser dans les compétitions et l'anarchie
qui en est la conséquence.
Le développement de la puissance chrétienne sur le
littoral africain et l'affaiblissement des dynasties mu-
sulmanes amènent insensiblement un nouvel état de
choses qui se traduit par le morcellement des popu-
lations indigènes en petites principautés, en groupes
17
258 HISTOIRE DU MAGHREB
autonomes et rivaux formés souvent d'éléments divers
n'ayant d'autre lien entre eux que le souci de la dé-
fense contre des voisins plus puissants. Lo peuple des
campagnes que l'anarchie générale contraint de re-
chercher des protecteurs, s'attacho aux marabouts,
seuls personnages aptes encore à les défendro et à les
guider. Ces personnages fondent des centres politico-
religieux dont quelques-uns prendront une réelle im-
portance et contribueront parfois à maintenir un or-
dre relatif et à entretenir la culture intellectuelle à
un certain niveau.
Ce mouvement politico-religieux eut en effet pour
conséquence de conserver, à travers maintes vicissi-
tudes, la culture des sciences islamiques qui avait eu
des foyers très actifs, tant en Espagne qu'en Afrique.
Les réfugiés d'Andalousie avaient apporté avec eux le
patrimoine littéraire et scientifique amassé par leurs
ancêtres et propagé dans lo pays leurs connaissances
et leur goût pour l'étude. C'est ainsi que les grandes
écoles disparues avec les dynasties qui les avaient
créées et entretenues, furent remplacées par de nom-
breuses écoles de moindre importance dans les villes
secondaires, chez les montagnards et dans les bour-
gades de l'intérieur, ju3quo dans le Sahara et le
Soudan. Tout le pays, sauf de rares exceptions, fut
unifié dans la doctrine orthodoxe de Malek, en même
temps que les pratiques des spiritualisles soujls et les
livres de leur doctrine se propageaient chez la ma-
jeure partie des populations arabo-berbères, multi-
pliant les confréries religieuses sous le patronage des
grands saints de l'islam.
Au début du xvie siècle, en un mot, l'Afrique du
nord est en proie à l'anarchie; l'autorité des gouver-
nants s'affaiblit et s'émielte, occasionnant un mouve-
ment do dissociationdes populations qui perdent toute
RENAISSANCE DE L'ISLAM 359
unité et toute force en se fractionnant à l'excès. C'est
dans ces conditions qu'apparaissent les Turcs dans la
partie orientale de la Berbèrie et les ehérifs dans le
sud du Maghreb extrême.
Le sultan hafcide Abou Abdallah régnait encore à
Tunis, mais n'avait plus aucune influence en dehors
de sa capitale; un prince de sa famillo avait érigé en
principauté indépendante lo territoire comprenant
Constantino Bôno et Collo; l'intérieur du pays était
aux Arabes dans les plaines et aux Berbères dans
les montagnes, les uns et les autres obéissant à leurs
chefs naturels.
La ville d'Alger est devenue indépendante sous
l'autorité des Arabes Taalba qui avaient à leur tête le
cheïkh Salem Toumi; Ténès, administrée par Mou-
lay Abdallah des Oulad Mendil, est tributaire de l'Es-
pagne. L'émir de Tlemcen Abou Abdallah Mohammed,
un des derniers rois abdelouadites qui mourra en 1516,
est vassal du roi catholique.. A Fez, le sultan mérinide
des Béni Ouattas ne pouvait empêcher les progrès des
Chrétiens dans son royaume et avait dû céder la pro-
vince de Marrakech à un tributaire des Hintata nommé
Moulay Ennasser Bou Chcntouf. Il ne lui restait plus
que sa capitale, car le sud du royaume obéissait aux
ehérifs hassaniens et saadiens.
Les ancêtres de ces ehérifs avaient été amenés de
Yambo vers la fin du xiu' siècle, par des pèlerins du
Maghreb. El Hassan ben Kassem, qui se fixa à Sidjil-
massa ou Tafilalt, est l'ancêtre des ehérifs hassa-
niens ou filalions; un autre fixé dans la vallée de
l'Oued Dra, fut la souche des saadiens.
Au commencement du xvi* siècle, les ehérifs saa-
diens avaient pour chef Abou Abdallah Mohammed
surnommé El Kaïm Biamrallah. Au cours d'un pèleri-
nage à la Mecque, il s'était lié avec des savants et à
260 HISTOIRE DU MAGHREB
son retour, avait acquis une certaine notoriété dans
le Maghreb.Les gens du Sous qui avaient à se plaindre
du voisinage des Portugais, se rendirent auprès de lui
dans l'Oued Dra, vers l'année 1509 et l'amenèrent chez
eux avec ses deux fils Aboul Abbas Ahmed El Aredj et
Mohammed Cheïkh El Mabdi. U y reçut la soumis-
sion des Masmouda du Haut Atlas et, en 1511, toutes
les populations du Sous lui prêtèrent le serment de
fidélité à Taroudant. Suivi de ces partisans, il mar-
cha contre les Portugais et obtint dans plusieurs com-
bats des succès retentissants qui lui gagnèrent d'au-
tres populations. En 1512, il retourna dans le Dra,
mais laissa à Taroudant son fils Aboul Abbas El Aredj
qui multiplia les attaques contre les Chrétiens de Safi
et d'Azemmour. Les gouverneurs de ces.deux villes
Fernand d'Altaïde et Pedro de Souza, aidés des chefs
indigènes Yahya et Mimoune, résistèrent avec avan-
tage à ces attaques.
A l'appel des Haha et Cbiadma, Abou Abdallah
Mohammed quitta une seconde fois son pays et se
rendit à Afoughal chez ses nouveaux partisans, avec
son fils atné, laissant son second fils Mohammed El
Mahdi pour le représenter dans le Sous où il prit
Taroudant pour capitale, en 1515.
Quand Ferdinand le Catholique mourut en 1516, les
Musulmans d'Afrique en furent vivement impression-
nés et la plupart songèrent à s'affranchir de leurs en-
gagements vis-à-vis des Chrétiens. Les habitants d'Al-
ger que la présence des Espagnols humiliaient, tandis
que les canons du Penon leur interdisaient la course
et ses profits, décidèrent le cheïkh Salem Toumi qui
les commandait à envoyer une députation demander
l'appui des corsaires turcs de Djidjelli, Aroudj et Khaïr
Eddine. Aroudj réunit aussitôt ses navires et ses com-
pagnons et prescrivit à son allié Ahmed ben El Kadi
RENAISSANCE DE L'ISLAM 261
,
cheïkh de Koukou, dans le Djurdjura, de partir avec
ses contingents. Aroudj se porta d'abord sur Cherchel,
port peuplé de fugitifs de Grenade et de Valence, où
l'un de ses anciens lieutenants nommé Kara Hassan,
s'était installé pour faire la course. Aroudj le fit met-
tre à mort, laissa une garnison dans la place et par-
tit pour Alger. U fit pointer sans retard ses canons
contre le Penon, mais n'eut aucun succès. Cela n'em-
pêcha pas le corsaire de traiter le cheïkh de la ville
avec le plus profond mépris et ses compagnons d'exas-
pérer les habitants par leur insolence et leurs ex-
cès. Reconnaissant leur faute, les Algériens se retour-
nèrent du côté des Chrétiens pour se débarrasser des
Turcs; mais Aroudj, instruit de ces dispositions, étran-
gla le cheïkh de ses propres mains et se fit proclamer
roi d'Alger par ses corsaires eu armes. Les Algériens
se concertèrent avec les Espagnols du Penon et les Ara-
bes Taalba de la plaine, pour chasser les Turcs; Aroudj
arrêta les principaux personnages dans la mosquée et
les fit décapiter. Enfin une répression énergique courba
les Algériens sous l'autorité d'Aroudj qui se trouva
maître d'Alger, Cherchel, Djidjelli et Djerba.
Le fils du cheikh Salem Toumi alla en Espagne
demander l'aide des Chrétiens pour venger son père ;
de leur côté les cheikhs de Ténès et de Mostaganem se
firent appuyer par le gouverneur d'Oran auprès du
cardinal Ximenes pour obtenir une aide contre les
Turcs qui, d'ailleurs, mettaient la garnison du Penon
dans une situation des plus critiques. En septembre
1516, une flotte de 35 navires sous lo commandement
de Diego de Yera, vint débarquer 3.000 hommes à Bab-
Kl-Oued. Une violente tempête fut fatale aux Espa-
gnols ; tandis qu'ils regagnaient leurs navires, Aroudj
les attaqua d'un côté et les Arabes de la plaine les
prirent à revers. Plus de la moitié des navires furent
262 HISTOIRE DU MAGHREB
coulés par la tempête et 1.500 prisonniers restèrent
aux mains des Musulmans. Après ce succès, Aroudj
alla s'emparer de Ténès et du pays compris entre cette
ville et Alger.
A Tlemcen la situation était restée très troublée
après la mort de l'émir Abou Abdallah Mohammed
survenue en 1516 et les habitants firent appel à Aroudj.
Ils reprochaient au nouvel émir Abou Hammou III son
traité avec le gouvernement de Castille, par lequel il
s'engageait, pour obtenir la protection du gouverneur
d'Oran, à payer à Charles-Quint un tribut de 1.200 du-
cats. Aroudj répondit à cet appel et partit avec une
armée comprenant 1.600 arquebusiers et janissaires
levantins ou andalous et des volontaires indigènes. Il
occupa, en passant, la Kalaa des Béni Rached au
nord-est do Mascara et la laissa à la garde de son
frère atné Ishak. Abou Hammou s'enfuit de Tlemcen
et les habitants mirent en liberté son neveu Abou
Ziane qu'il avait emprisonné. Les Turcs firent sans
tarder sentir aux habitants de la cité leur brutalité
et leurs exigences; Abou Ziane ayant voulu faire
des observations, il fut arrêté et pendu ainsi que ses
fils. Aroudj fit saisir ensuite tous les membres de la
famille royale au nombre do 70 personnes et les fit
noyer dans le grand bassin.
Abou Hammou III réfugié à Oran, obtint du mar-
quis de Comares l'envoi do 10.000 hommes qui, sous
lo commandement de Martin de Argote, attaquèrent
la Kalaa défendue par Ishak et son lieutenant Iskan-
der. Les Arabes du pays se joignirent aux Espagnols
et les Turcs furent tués jusqu'au dernier. En même
temps, le marquis de Comares partait d'Oran avec ses
troupes et les auxiliaires arabes commandés par Abou
Hammou et venait assiéger Tlemcen. Les Turcs,du-
rent se retirer dans le mechouar, mais les habitants
RENAISSANCE DE L'ISLAM 263
pour se venger en ouvrirent les portes aux Espagnols.
Lo chef turc put s'enfuir avec quelques-uns de ses
hommes et tous les autres furent massacrés. Pour-
suivi jusque dans les montagnes des Boni Iznasson,
Aroudj et les siens périrent les armes à la main ;
Abou Hammou reprit ensuite sa capitale commo vas-
sal des Espagnols (1518).
Après la mort de ses deux frères, Khaïr Eddino vit
l'Afrique se retourner contre lui; le roi de Tunis le
somma de le reconnaître comme suzerain, Ahmed ben
El Kadi souleva la Kabylie contre lui, les chefs de Té-
nès et de Cherchel se mirent en état de rébellion et les
habitants d'Alger eux-mêmes lui manifestèrent do
l'hostilité; en même temps il apprit qu'uno expédition
espagnole était en préparation. Or à ce moment, lo sul-
tan des Turcs, Solim I", avait conquis la Syrie et l'Ara-
bie, il était entré à Jérusalem en maître et avait mis
fin à l'empire des Mamluks d'Egypte, en s'emparant
du Caire (avril 1517). Dans ces circonstances, Khaïr
fiddine offrit la suzeraineté de sa conquête au sultan
Sclim qui s'empressa de l'accepter, Je nomma bey ou
pacha, avec le droit do battre monnaie et lui envoya
4.000 volontaires levantins.
Lo roi d'Espagno comprenant l'importance de ces
événements, prescrivit à Hugo de Moncade, vice-roi
de Sicile, de réunir une flotte importante et d'aller
attaquer les corsaires turcs. Moncado débarqua son
arméo à Oran vers la fin do 1518 et se livra à "?e nom-
breuses courses dans l'intérieur pour approvisionner
les troupes. Mais les Espagnols, par leurs procédés,
s'aliénèrent les Indigènes alliés ou non alliés et le roi
de Tlemcen éprouva les plus grandes difficultés à réu-
nir ses contingents. A la suite de cet échec, la flotte
portant 5.000 hommes leva l'ancre et dans dans lo cou-
rant de l'été 1519, vint abordor au fond de la baio
264 HISTOIRE DU MAGHREB
d'Alger ; le 18 août, l'armée occupait la position ap-
pelée aujourd'hui le fort l'Empereur. Khaïr Eddine
envoya une petite troupo menacer d'incendie le camp
et les barques qui roliaient l'arméo chrétienne à sa
flotte. Les Espagnols trompés par co simulacre, aban-
donnèrent les hauteurs qu'ils occupaient pour défen-
dre leur camp ; Khaïr Eddine en profita pour les atta-
quer avec toutes ses forces. Les Chrétiens qui purent
échopper à la surprise allaient se rembarquer, lors-
qu'une forte tempête s'éleva et jeta vingt-six navires à
la côte ; ces navires furent pillés et les soldats restés
à terre massacrés.
Ahmed ben El Kadi, avait fait appel au roi de Tunis
contre les Turcs, mais avant l'arrivée de tout se-
cours, un lieutenant do Khaïr Eddino pénétra en
Kabylie et en chassa Ahmed ben El Kadi qui alla
se réfugier à Donc. Ayant enfin reçu les troupes tu-
nisiennes, Ahmed ben El Kadi regagna son pays,
appela tous los Kabyles aux armes et marcha sur
Alger. Khaïr Eddine en se portant à sa rencontre,
s'avança imprudemment dans les montagnes où se dis-
simulait l'armée tunisienne; il subit un désastre com-
plet et se dirigea sur Djidjelli qu'il atteignit après avoir
couru les plus grands dangers (1520). Pendant co
temps, Ahmed ben El Kadi avec tous ses Kabyles, avait
ravagé la Milidja et occupé Alger, tandis que Cher-
chel et Ténes avaiont également secoué le joug des
Turcs. Charles-Quint ne pouvait profiter de ces cir-
constances pour intervenir en Afrique, parce que dans
le même temps, il était absorbé par les révoltes qui
agitaient son propre pays.
A Djidjelli, Khaïr Eddino avait repris la mer et
s'était allié à Abdelaziz chef de la Kalaa des Béni Ab-
bas et rival de Ben El Kadi. D'autro part il s'était mis
en relations avec les habitants d'Alger qui avaientàse
RENAISSANCE DE L'ISLAM 265
plaindre de la rudesse des Kabyles et de leur rapacité.
En 1525, Khaïr Eddine se dirigea sur Alger avec les
contingents d'Abdelaziz et battit le chef des Kabyles
dans uno première rencontre. Malgré cet échec, Ben
El Kadi tenta de lui barrer la route au col des Bcni
Aîcha. U fut battu et capturé et sa tête fut apportée
& Khaïr Eddine qui put rentrer en maître à Alger (1527).
Un frère du chefkabyle lutta encore pendant deux ans,
puis finit par se soumettre aux Turcs.
En 1526, le sultan hafcide Moulay Mohammed était
mort et son plus jeune fils Moulay El Hassane avait
été porté au pouvoir par sa mère, au détriment de
ses frères. A l'instigation de cette princesse, il fit pé-
rir deux de ses frères, mais le troisième put s'échapper
ot so réfugia sous la protection turque.
Khaïr Eddine sentant lo besoin impérieux de créer
à Alger un abri sûr pour sa flotte, décida de so débar-
rasser d'abord dos Espagnols du Penon commandés par
Martin de Vargas. Malgré leur héroïque résistance,
les Espagnols furent battus et presque tous périrent.
Leur chef ayant été capturé mourut sous le bâton
(mai 1529). Lo port fut immédiatement construit; il
consistait en uno sorte do môle établi sur les Ilots qui
furent reliés entre eux. Cet événement ne fit qu'ajou-
ter au prestige des Turcs, aussi Moulay Mohammed
Abou Abdallah qui .avait succédé à son frère Abou
Hammou III mort à Tlemcen en 1528, s'empressa-t-il
de faire hommage de vassalité à Khaïr Eddino.
Pour obtenir sa liberté, François Ier prisonnier de
Charles-Quint lui avait abandonné ses possessions
d'ilalie, mais s'était allié au sultan Soliman qui avait
déjà ravagé la Hongrie. Avec 100.000 hommes le sultan
a tenté sans succès le siège de Vienne et préparc une
nouvelle attaque contro cette capitale. C'est alors que
Charles-Quint maître de l'Italie, se fait sacrer empe-
266 HISTOIRE DU MAGHREB
reur à Bologne et retourne en Allemagne pour re-
prendre la lutte contre les Turcs et les Luthériens
(février 1530). Tandis qu'il est occupé à conclure avec
ces derniers la convention d'Augsbourg, il apprend
les succès de Khaïr Eddine et prescrit à l'amiral An-
dré Doria de marcher contre les Algériens. L'amiral
va avec 1.500 hommes, occuper Cherchel où il délivre
un millier de captifs chrétiens ; mais les Turcs réfu-
giés dans la citadelle so jettent sur les soldats chré-
tiens occupés à piller la ville et les oxterminent (1531).
L'année suivante a lieu la deuxième tentative de So-
liman contre Vienne ; l'empereur marche contre lui
en personne, à la tête des Catholiques et des Luthé-
riens réconciliés et obligo l'armée du sultan à battre
en retraite.
Après cette défaite, Soliman songea à Khaïr Eddine
dont il avait apprécié les talents, et l'appela à Cons-
tantinople comme grand amiral avec le litre de capi-
tan-pacha. En mai 1533, Khaïr Eddine partit pour
l'Orient avec une flotte, laissant Alger à la garde de son
lieutenant le renégat sarde Hassan-Agha. Il reçut du
sultan 80 galères et 8.000 soldats avec lesquels il de-
vait, avant d'enlever à l'amiral génois André Doria
les points de refuge ou de ravitaillement qu'il avait en
Afrique, chasser de Tunis le dernier prince hafcide.
En Juin 1534, cette flotte alla occuper Bizerte et de là,
se dirigea sur Tunis où elle débarqua 6.000 hommes.
L'émir Moulay El Hassane s'enfuit chez les Arabes
de l'intérieur, et malgré l'héroïque défense des habi-
tants, la ville fut enlevée et saccagée par les Turcs.
Khaïr Eddino proclama la déchéance de la dynastie
hafcide et accorda une amnistie générale. Tunis fut
fortifiée du côté de la mer cl une garnison turquo fut
envoyée à Kairouan, en même temps que 900 hommes
partaient pour Constantino où l'on supposait que Mou-
RENAISSANCE DE L'ISLAM 267
,

lay El Hassano s'était réfugié. Peu après, les villes de


la Tunisie envoyaient leur soumission aux Turcs.
Moulay El Hassano s'était réfugié auprès de Char-
les-Quint sollicitant sa protection, et l'empereur, ren-
seigné sur les forces des Turcs, organisa une vérita-
ble croisade contre Tunis. Il constitua à Barcelone
une flotte de 400 voiles dont 90 galères, portant une
armée de débarquement de 30.000 hommes. Le sul-
tan ne pouvant lui envoyer aucun secours, Khaïr Ed->
dine prit ses mesures pour la défense, avec les seules
forces dont il disposait. Il fortifia le passage de la Gou-
lette en y établissant une muraille garnie de canons,
en avant de laquelle était creusé un largo fossé et
douze des meilleures galères furent laissées au mouil-
lage de la Goulette, les autres restant abritées dans le
canal du lac. Les troupes de Khaïr Eddine se compo-
saient de 5.000 Turcs tant levantins que renégats et
de 2.000 Tunisiens; il avait comme lieutenants lo juif
Sinane Raïs, Ali dit Caccia Diavolo et Hassan Agha
d'Alger. Enfin les habitants avaient été préparés à la
résistance contre les infidèles par leurs prédicateurs.
Une colonie de Mozarabes ou chrétiens islamisés habi-
taient un des faubourgs do la ville et dans les prisons
étaient 10.000 captifs chrétiens.
Réunie lo 15 juin 1535 dans la baie de Cagliari, la
flotte chrétienne aborda lo lendemain à Carthagect l'at-
taque des défenses do la Goulctto fut entreprise aussi-
tôt. Moulay El Hassano ne put amener que 150 do ses
partisans et les Turcs, après quelques sorties heureu-
ses de jour et de nuit, duront rester à l'abri do leurs ou-
vrages. Mais l'artillorie espagnole obligea Khaïr Ed-
dine à évacuer la Goulette et à se replier sur la ville,
mouvement qui lui coûta des pertes élevées. Ce succès
donnait aux Espagnols 87 vaisseaux turcs portant
300 canons, sans compter 140 canons trouvés dans la
268 HISTOIRE DU MAGHREB
redoute, et leur permettait de marcher sur Tunis. Les
Turcs les attendaient à six kilomètres de la ville à
Kherbet El Kelekh, en un point où les Espagnols purent
se déployer facilement et attaquer dans les meilleures
conditions possibles. Pendant ce temps, les esclaves
chrétiens et les Mozarabes s'emparaient de la casba
et tournaient contre les Turcs leurs propres canons,
tandis que les Arabes venus de l'intérieur, se dispo-
saient à les attaquer. Dans ces conditions, Khaïr Ed-
dine dut décamper la nuit avec ses soldats, laissant
dans la casba sa famille et ses richesses. Après avoir
été accueilli par un chef du djebel Ressas, il s'éloigna
vers l'Ouest.
Le lendemain, les habitants de Tunis envoyèrent
une députation accompagnée do captifs chrétiens
remettre les clefs de la ville à l'empereur. Charles-
Quint fit son entrée dans la ville le 21 juillet et pen-
dant trois jours ses soldats se livrèrent à tous les ex-
cès ; des gens furent massacrés dans les mosquées où
ils s'étaient réfugiés et de nombreux habitants, pour-
suivis par les vainqueurs jusqu'à Zaghouan, furent cap-
turés par les Arabes qui, faute de rançons assez fortes,
les livrèrent aux Chrétiens. Moulay El Hassane replacé
sur le trône comme vassal de l'empereur, s'engagea
à rembourser les frais de la guerre, à payer une rede-
vance de 12.000 ducats d'or, à abandonner le com-
merce du corail, à mettre les captifs chrétiens en li-
berté, à ne prêter aucune aido aux corsaires, à ne pas
recevoir les Musulmans de Valence et Grenade nou-
vellement convertis et demeurés en Espagne, à recon-
naître les conquêtes des Espagnols en Afrique et à leur
céder Bône, Mehdia, la Goulette et la plage de Car-
tilage avec le droit pour leurs flottes d'y séjourner et
de s'y ravitailler. Charles-Quint s'embarqua ensuite
pour la Sicile après avoir laissé h Moulay El Hassane
RENAISSANCE DE L'ISLAM 269
t
un corps de 200 hommes et don Bernardino Mendoza
pour commander le fort de la Goulette.
Quant à Khaïr Eddine, il envoya Hassan Agha à Cons-
tantino avec 1.200 Turcs et alla retrouver ses navires
à Bône d'où il gagna Alger. Peu après, lo marquis de
Mondejar réussissait à reprendre Bône qu'il laissait au
commandement de don Alvar Gomez de Bazan. Cet of-
ficier, dans la suite, fut constamment harcelé par les
Arabes de l'intérieur et les Turcs de Constantino. Dès
qu'il eut reconstitué sa flotte, Khaïr Eddine se pré-
senta devant Port-Mahon avec les couleurs chrétien-
nes ; les habitants trompés par ce stratagème l'accueil-
lirent avec enthousiasme, mais les Turcs mirent la
ville au pillage et rentrèrent à Alger avec 6.000 cap-
tifs et un riche butin. C'est alors que le sultan rappela
définitivement à Constantinople le capitan-pacha qu'il
voulait opposer à André Doria et aux Vénitiens. Has-
san Agha lui succédait à Alger (1535).
Moulay MohammedAbou Abdallah surnommé Abou
Serhane El Messaoudi, avait succédé en 1528 à Abou
Hammou III sur le trône de Tlemcen. Mohammed le
fils du nouvel émir, opposé à son père, était secrète-
ment protégé par les Espagnols, tandis qu'un autre
prince zianile, Abderrahmane ben Redouane, était à
Oran l'allié des Chrétiens. En Tunisie les populations
étaient très divisées ; les Turcs avaient des partisans
dans la capitale même et plusieurs villes faisaient de
l'opposition à l'émir hafcide. Moulay El Hassane im-
puissant à rétablir l'ordre, s'adressa à l'empereur, de-
mandant, faute d'un envoi de troupes, à être trans-
porté en Espagne; Mendoza appuyait cette requête
en réclamant des navires et 1.500 hommes. L'année
suivante, en 1537, l'empereur envoya des vaisseaux
contre Sousse,' mais cette expédition que Moulay El
Hassane soutenait par terre, se termina par un échec.
270 HISTOIRE DU MAGHREB
En 1539, A Doria réussit à soumettre les villes d'Ik-
.
libïa, de Soussc, Monastir cl Sfax ; Moulay El Hassane
marcha ensuite contre Kairouan avec les Chrélions do
Monastir. Les habitants vinrent surprendre son camp
la nuit et ses contingents arabes ayant fait cause com-
mune avec eux, il abandonna ses bagages et ne dut la
vie qu'à son énergie et à celle des soldats chrétiens.
Cet échec rejeta dans la révolte les villes de Soussc,
Monastir, Sfax et Iklibïa qui acceptèrent la protection
du corsaire turc Dragut Pacha renégat grec.
En 1511, la plupart des ports du littoral algérien et
tunisien sont tributaires do l'empire de Charles-Quint;
le roi de Tunis et celui de Tlemcen sont ses vassaux.
Mais avec do tels avantages, il manque une solido or-
ganisation des possessions d'Afrique qui sont sans liens
entre elles ; leurs occupants abandonnés à lours pro-
pres forces, sont tenus do se procurer des ressources
sur place et de lutter contre les habitants du pays in-
lér'sur rebelles à toute autorité. C'est ainsi qu'en
1522 les Espagnols perdaient le Penon de Yclez dont
la garnison surprise par les. Indigènes avait été mas-
sacrée, tandis qu'en 1534 les soldats chrétiens du port
de Ghessassa le livraient aux Riffains et so faisaient
musulmans. A cotte époque en effet, l'empereur est tou-
jours en lutte avec lo roi do France allié du sultan So-
liman et fait face aux révoltes qui éclatent dans son
immense empiro; il est occupé d'autre part à réduire
les protestants d'Allemagno et enfin l'organisation
do ses états du Nouveau-Monde réclame tous ses
soins. U en résultera, dans les années qui vont sui-
vre, un déclin marqué de la puissance espagnole en
Afrique.
Ce n'est qu'au mois de septembre 15H, quo Charles-
Quint se rendit aux appels de ses généraux d'Afrique
et décida l'expédition d'Alger projetée depuis cinq ans
RENAISSANCE DE L'ISLAM 271
et qu'il voulait conduire en personne Or les Turcs
d'Alger avaient mis lo temps à profit ot pris leurs me-
sures pour organiser la résistance. Le corps expédi-
tionnaire réuni à Mahon, se composait de 24.000
hommes plus 12.000 marins et 2.000 chevaux avec un
important matériel. Parmi les grands chefs qui com-
mandaient, figuraient Pernand Cortcz le conquérant
du Mexique et les meilleurs officiors do l'ordro des che-
valiers do Malte qui avaient amoné 500 hommes. Le
23 octobre, l'armée débarqua au fond du golfe et
campa sur le rivage, d'où l'empereur envoya une som-
mation à Hassan Agha, le menaçant do passer l'hiver
en Afrique, si besoin était. Hassan y répondit avec
hauteur cl cependant il n'avait que 1.500 janissaires,
5 ou 6.000 musulmans andalous récemment amenés
d'Espagne et les habitants de la ville. L'empereur se
mit en marche avec l'armée lo 24 et, malgré les vi-
ves attaques des Arabes sur son flanc gauche, alla oc-
cuper le mamelon appelé KoudialEssaboun où se trouve
actuellement le fort l'Emporcur. Il y installa son quar-
tier général, le resto de ses troupes étant échelonné sur
les pentes, jusqu'au rivage, où l'arrièro-garde formait
l'extrême droite.
Le soir même, une violente tempête jeta les navi-
res à la côte et inonda les soldats surpris sans abri
et à jeun, les vivres étant restés à bord. Au point du
jour, Hassan Agha fit une sorlio avec ses janissaires
et rejeta les Italiens en désordre sur le centre ; les
chevaliers do Malte, par leur attitude, rétablirent
l'ordre; les Italiens se reformèrent et firent plier les
janissaires, les obligeant à regagner la ville. Mais la
tempête redoublant de violence, A. Doria alla se met-
tre à l'abri derrière le cap Matifou et le 25, l'empe-
reur se décida à le rejoindre, après avoir fait abattre
(es chovaux pour nourrir les soldats dénués de vivres.
272 HISTOIRE DU MAGHREB
Cette marche fut une véritable retraite; l'armée as-
saillie par des nuées d'indigènes venus do tous côtés,
arriva le 29 à Matifou épuisée et démoralisée. Les
chefs se réuniront en conseil de guerre et décidèrent,
sauf Fcrnand Cortez et le comte d'Alcaudele, de re-
noncer à l'expédition. L'embarquement des troupes
fut ordonné et commença le premier novembre, les
navires étant mis en route aussitôt chargés. Deux d'en-
tre eux ayant été jetés à la côte, les hommes échappés
au naufrage furent massacrés par les indigènes. Los
opérations furent enfin terminées le 3 et l'empereur
partit à son tour; mais obligé de fuir la tempête, il se
réfugia à Bougie avant de regagner Carlhagène où
l'on croyait qu'il avait péri.
Les pertes de Charles-Quint devant Alger étaient
considérables; elles se chiffraient par environ 12.000
hommes noyés, massacrés ou faits prisonniers, par
200 pièces de canon et un important matériel, plus
un grand nombre de navires jetés à la côte. Co désas-
tre eut un grand retentissement en Europo et donna
lieu à des réjouissances publiques en Afrique où des
poëmes d'actions do grâces furent composés par la po-
pulation juive elle-même, heureuse d'échapper au joug
des Espagnols. Hassan Agha adressa un compte rendu
détaillé do l'expédition au sultan qui le combla de pré-
sents et lui conféra le titre de pacha. Hassan alla en-
suite attaquer, dans son pays même, le seigneur de
Koukou, Ahmed ben El Kadi qui s'était montré favo-
rable à Charles-Quint; il le contraignit au tribut et
passa ensuite dans le Hodnaoù il rétablit l'ordre, ainsi
qu'à Biskra.
Dans le même temps, Moulay El Hassano alla en
Italie demander des secours à l'empereur cl recruta
200 aventuriers qu'il amena à Tunis pour combat-
tre son fils Ahmed Soltano qui avait profilé de son
RENAISSANCE DE L'ISLAM 278
absence pour usurper le pouvoir. Ahmed Soltano sou-
tenu par Dragut Pacha lo mattre de Mehdia, battit son
père, le captura et lui fit crever les yeux. Il réussit à
s'attacher les mercenaires espagnols ramenés d'Italie
et leur chef Juan devint le véritable maître de Tunis
où il fit régner une sanguinaire tyrannie. Ahmed
Soltano constitua un corps de 3.000 cavaliers destiné
à combattre les Arabes qu'il traita avec la plus grande
rigueur, afin de les tenir en respect.
Le roi de Tlemcon Moulay Mohammed, s'appuyait
tantôt sur les Espagnols, tantôt sur les Turcs. Après
l'échec do Charles-Quint dovant Alger, il tenta do se
rapprocher de Hassan Pacha qui, à son retour de Ka-
bylie, organisait contre Tlemcen une forte expédition
composée do mousquetaires turcs, de cavaliers et
de fantassins arabes et kabyles, avec dix canons. Quand
cette armée arriva à Tlemcen, les deux fils du roi
étaient en révolte contre leur pèro; l'un d'eux, Abou
Abdallah, s'était rendu mattre de la ville et en ou-
vrit les portes à Hassan Pacha; mais ce fut l'autre,
Abou Ziano, l'allié des Turcs, que Hassan mit sur lo
trône. U lui laissa 700 Turcs et au retour, s'arrêta à
Mostaganem où il plaça un de ses lieutenants (1542).
Les Espagnols d'Oran, pour venger cet affront, en-
voyèrent à Tlemcen un corps de 100 soldats réguliers
avec 400 cavaliers arabes sous le commandement de
Martinci de Agulo. Cette troupe fut enveloppée par
la cavalerie que commandait Abou Ziane en personne
et exterminée avec son chef, au lieu dit Chabet El
Loham (Janvier 1513). Le comte d'Atcaudete demanda
aussitôt des renforts et partit à son tour pour Tlem-
cen avec 1100 fantassins, 500 cavaliers cl des contin-
gents arabes. Au passage de Tisser, celte armée ren-
contra celle d'Abou Ziane et rcmpcrla une victoire
complète. Poursuivant sa marche, l'armée espagnole
18
274 HISTOIRE DU MAGHREB
battit une seconde fois Abou Ziane sous les murs de
Tlemcen, le refoula avec ses 400 Turcs dans la plaine
d'Angade et replaça Abou Abdallah sur le trône. A
son retour, Alcaudete marcha sur Mostaganem, mais
cette ville était dans un tel état de défense, qu'il dut
renoncer à l'attaquer. Abou Ziane, cependant, était
revenu avec des partisans et Abou Abdallah l'avait
battu et pourchassé assez loin. Au retour il trouva
que les habitants avaient rappolé Abou Ziane et fermé
les portes de la villo. Capturé par les partisans de son
-
frère, Abou Abdallah eut la tête tranchée.
A Alger, Hassan Pacha avait été remplacé on 1513
par un officier turc nommé El Hadj Bachir. Khaïr Ed-
dine qui avait remporté de grands succès sur les cô-
tes de France et d'Italie avoc les flottes combinées
des Français et do Soliman, obtint du sultan la no-
mination de son fils Hassan Pacha au gouvernement
d'Alger (juin 1514).
Dans les premiers jours do l'année 1547, Alcaudete
rontré d'Espagne avec des renforts, marcha sur
Tlemcen; à Aïn Temouchent, il dut faire face à
Hassan Pacha qui arrivait avec de nombreuses trou-
pes ot des auxiliaires. Les deux armées allaient en
venir aux mains lorsque Hassan apprit la mort de
son pèro et décida de rentrer à Alger. Les Espa-
gnols ta poursuivirent, puis allèrent canonaer Mos-
taganem sans succès. Us durent battre en retraite,
harcelés par dos nuées d'Arabes et ne regagnèrent
Oran qu'au prix dos plus grandes difficultés (septem-
bre 1517). En arrivant à Alger, Hassan reçut la con-
firmation de la mort de son père.
Dans le Maghreb extrêmo, les Portugais tenaient
toujours Ceuta et Tanger et divers ports de l'Atlanti-
que, mais comme la puissance métropolitaine décli-
nait, les possessions africaines se trouvaient délais-
RENAISSANCE DE L'ISLAM 275
séos et sans moyens pour assurer la protection de
leurs tributaires. En même temps, les ehérifs saadiens
s'étaient acquis une certaine notoriété en combattant
avec succès les Chrétiens établis sur le littoral du
Sous. Us avaient, de la sorto, réussi à se constituer,
dans le Dra et lo Sous, un royaume indépendant dos
Bcni Merino. Lo fondateur do la dynastie, Abou Abdallah
dit El Kaïm Biamrallah était mort à Afoughal on 1517
laissant deux fils Aboul Abbas Ahmed El Aredj qui lui
succéda ot son frèro cadet Abou Abdallah Mohammed
Choïkh El Mahdi qui conserva le commandement du
Sous méridional. Tous deux se consacrèrent à la
guerre contro les Portugais; Fernandoz d'Altaïdo fut
tué ot le capitaine Lope Barriga fait prisonnier, tan-
dis que leur allié Yahya bon Tafout était assassiné.
Ces succès valurent aux ehérifs la soumission des Ilin-
tata qui livrèrent la ville do Marrakech à Ahmed El
Aredj (1520). Les deux frères, do lour côté, auraient
fait leur soumission à Mohammed lo Portugais sultan
de Fez, mais, dans la suite se seraient dispensés de lui
payer lo tribut.
Résolu dès lors à châtier l'usurpateur, lo sultan mé-
rinido marcha contre lui à la tête d'une nombreuse
arméo. Ahmed El Aredj se renferma dans Marrakech
quo le sultan investit pendant plusieurs mois. L'ar-
rivée de renforts amenés par Mohammed Cheïkh El
Mahdi et la nouvelle d'une révolto fomontéo à Fez
par ses parents, obligèrent Mohammed le Portugais à
regagner sa capitale. Il fut poursuivi par les deux
ehérifs qui firent au retour uno expédition heureuse
contre les Portugais doSafi. En 1528, le sultan marcha
de nouveau contre Ahmed El Aredj qui avait soumis
le pays jusqu'au Tadla ; une rencontre sans résultat
eut lieu à Enmaï et fut suivie d'uno trêve.
Le sultan Mohammed lo Portugais mourut en 1526
376 HISTOIRE DU MAGHREB
et fut remplacé par son fils Aboul Abbas Ahmed; ce
prince marcha à son tour contre les ehérifs mais fut
battu à Bou Agba sur un affluent do l'Oued El Abid.
C'est alors quo les savants et les légistes intervinrent
pour fairo cesser ces luttes inutiles et sans résultats
et uno paix fut conclue par laquelle le chérif Ahmed
El Aredj était reconnu souverain de toute la région
sud, jusqu'au Tadla, lo sultan conservant son royaume
depuis cette dernière provinco jusqu'aux frontières du
Maghreb central.
Dans lo Sous, lo chérif Mohammed Cheïkh El Mahdi
avait embelli sa capitalo, Taroudant, d'importantes
constructions ot favorisé la plantation de la canne
à sucre dont la culture s'était répandue dans toute la
province. Un port lui étant nécessaire pour lo com-
merce du sucro, il alla faire lo siègo de Santa-Cruz du
cap d'Aguer qu'il onleva aux Portugais et où, avec
l'aide d'esclaves chrétiens, il installa des raffineries
de sucre (1511). U y trouva quantité d'armes et de
munitions et épousa la fillo du gouvornour Guttieroz
de Monroy, fait prisonnior avec sa famille. En 1539 il
avait assiégé S a fi sans succès pondant six mois; mais
don Juan do Portugal ayant fait évacuor cetto place
trop difficilo à défondro, il y était revenu ot en avait
pris possession.
C'est alors qu'Ahmed El Aredj qui avait rompu avoc
son frère depuis doux ans vint l'attaquor. Mohammed
Cheïkh El Mahdi lo battit ot l'ayant fait prisonnier,
l'envoya à Taroudant. Peu après ils signaient un traité
aux termes duquel Mohammed Cheïkh El Mahdi con-
serverait les provinces de Taroudant, du Dra ot lo pays
dos Zenaga à l'ouest, tandis qu'Ahmed El Aredj au-
rait Marrakoch, le Tafilalt, lt Tadla et les Hoskoura.
U était stipulé en outre quo l'héritier présomptif se-
rait Mohammed El Harrane fils atné de Mohammed
RENAISSANCE DU MAGHREB 877
Cheïkh El Mahdi et après lui Moulay Zeidano (ils aine
d'Ahmed El Aredj, Celui-ci entra do nouveau on lutte
avec son frèro on 1512 et tint longtemps la campa-
gne, mais il fut encore vaincu et dut proudro la
fuite. Moulay Abdolkador fils do Mohammed Cheïkh
El Mahdi, alla avec4.0O0 hommes s'emparer do Mar-
rakech et du palais de son oncle et Mohammed Cheïkh
El Mahdi y fit aussitôt uno entréo solennelle Après
cet échec, Ahmed El Aredj envoya sans succès sos deux
fils solliciter l'appui du sultan mérinido et, en 1514,
il consentit à so retirer au Tafilalt.
Dès qu'il fut seul mattre du pouvoir, Mohammed
Cheikh El Mahdi prit ses dispositions pour combattre
les Mérinides. Les deux armées so rencontrèrent à Pi-
chtala non loin do l'Oued El Abid où le sultan Aboul
Abbas Ahmed fut blessé ot fait prisonnier (1515). Mo-
hammed Cheïkh El Mahdi exigea la cession de Meknes
contre la liberté du sultan mérinido, mais l'oncle do
celui-ci, Ali Abou Hassoun s'était emparé du pouvoir et
défendit la ville. Mohammed Cheïkh El Mahdi rentra
alors à Marrakocli avec son prisonnier (1517) Deux
ans après il envoya son fils Mohammed El Hnrrane,
avoc uno arméo importante soutenue par les Arabes
d'Azghar, inquiéter les abords do Foz; Moknès fut li-
vréo à Mohammed Cheïkh El Mahdi qui mit son pri-
sonnier en liberté et signa avec lui une trêvo do cinq
ans. Ayant appris un mois après que lo prince méri-
nido se préparait à l'attaquer avec l'appui des Chré-
tiens, Mohammed Cheïkh El Mahdi vint à la têto do
30.000 hommes mettre le siège devant Fez quo défen-
dait Ali Abou Hassoun. La cité résista vigoureuse-
ment, mais après plusieurs combats, lo chérif resserra
lo blocus et la famine se fit sentir assez durement
pour que les habitants fissent des offres d'accommo-
dement. Les assiégeants repoussèrent ces offres, et
278 HISTOIRE PU MAGHREB
l'hivor qui survint fut tellement rigoureux quo Mo-
hammed Cheïkh El Mahdi songea à la nécessité do
lover lo siège. U so ravisa cepondant et fit construire
do véritables maisons pour abriter son armée, ce que
voyant les habitants désespérèrent du salut. Ali Abou
Hassoun, no pouvant contraindro son neveu Aboul
Abbas Ahmed à tenter uno sortie, gagna furtivement
Bados où il s'embarqua pour l'Espagne. Après son dé-
part, une députation alla apporter au chérif la sou-
mission de la ville, tandis quo Aboul Abbas Ahmed ve-
nait à son camp imploror sa grâco. Lo 15 Février
1550, le chérif Mohammed Choïkh El Mahdi fit son en-
trée à Fez.
Quant aux Espagnols, ils avaient perdu Volez de la
Gomera et on 1531 les soldats chrétiens du port do
Ghossassa l'avaient livré aux Riflains et s'étaient faits
musulmans.
Les habitants de Tlemcon ayant à so plaindre au-
tant des Turcs que dos Espagnols, (iront appel au ché-
rif de Fez dont ils venaient d'apprendre les succès et
qui leur répondit favorablement. Mais le pacha d'Al-
ger tenta de l'en détourner en l'invitant à roarchor
avec lui contre les Espagnols d'Oran. Dans ce but, il
donna au renégat Hassan Corso le commandement
d'une armée do 5.000 mousquetaires et 1.000 spahis
plus 8.000 Kabyles amonés par Abdelaziz réconcilié
avec les Turcs ot l'envoya sur Mostaganem. Pendant
co temps, Mohammed Choïkh El Mahdi mandait ses fils
Mohammed El Harrano gouverneur de Taroudant et
Abdolkador gouverneur do Marrakech qui lui ame-
naient 21.000 cavaliers auxquols il adjoignit 10.000
fantassins parmi lesquels 5.000 renégats armés do
mousquets. Mohammed El Harrano pénétra en juin
1551 dans Tlemcen quo l'émir Abou Ziane quitta fur-
tivement pour se réfugier à Oran. Lo fils du chérif
RENAISSANCE DE L'ISLAM 379
envoya ensuite ses troupes soumettre les tribus des
plaines de l'Oranio, non tributaires des Espagnols, et
rentra à Fez où il mourut do maladie. Or un groupe de
Béni Amor poursuivis par les Marocains, étaient venus
au camp dos Turcs demander leur assistance; Hassan
Corso s'avança dans la vallée du Chélif où opérait le
général chérifien, lo poursuivit, lo battit et lo tua.
Lo commandant do Tlemcen demanda du secours à
Foz et lo chérif lui envoya ses trois fils Moulay Ab-
dolkador de Marrakech, Moulay Abdallah et Moulay
Abderrahmane avoc 20.000 lanciers. Moulay Abdol-
kador lança ses troupes contro les Turcs, mais ceux-ci,
armés do mousquets les décimèrent et les mirent on
dérouto ; tandis qu'il essayait do les rallier, Moulay
Abdolkador fut tué et les Algériens lui tranchèrent la
této. Lo lendemain Moulay Abdallah ayant commandé
la retraite, fut poursuivi jusqu'à la Molouïa. Hassan
Corso rovonu à Tlemcen y laissa lo caïd Seffah avec 500
janissaires et rentra à Alger omportant la têto du
chérif.
En 1551, don Juando Yoga vice-roideSicilefutchargé
do s'emparer de Mohdia d'où lo corsaire Dragut Pacha
dirigeait des courses sur les navires espagnols et al-
lait infester les côtes d'Italie et des Iles. Dragut se
trouvant à Tripoli, no put rentrer assez vite pour dé-
fendro la placo que de Ycga enleva do vive forco ot
dont il réduisit les habitants en esclavage. Il y laissa
son fils don Alvar avec 1.500 hommes. Cet échec
motiva le rappel en Orient do Hassan fils de Khaïr Ed-
dino. Peu de temps auparavant, Sinanc Pacha avec
lo concours de Dragut et d'un autro corsairo nommé
Mourad Agha, avait enlevé Tripoli aux Chrétiens; uno
tentative do repriso de celte place par Doria n'eut au-
cun succès.
En avril 1552, l'Egyptien Salah Raïs fut onvoyé
380 HISTOIRE DU MAGHREB
comme beylerbeg à Alger. U alla immédiatement sou-
mottro les Ben Djeltab sultans de Touggourt et les ha-
bitants d'Ouargla qu'il contraignit au tribut et rap-
porta do cette campagne un énorme butin dont lo
partage occasionna uno rupturo avec Abdelaziz lo roi
dos Boni Abbas. Deux expéditions dirigées contre
lui, dans les montagnes kabylos, furent désastreuses
pour les Turcs.
Salah Raïs fit voilo sur Majorque en juin 1553, tan-
dis que Dragut, devenu pacha do Tripoli, devait avec
des vaisseaux fournis par lo roi do France, bloquer la
flotte du duc d'Albe pour l'empêcher d'intervenir.
Cette expédition n'ayant donné aucun résultat, Salah
Raïs alla sur les côtes d'Espagne poursuivre uno flotte
portugaise qui ramonait en Maghreb lo mérinido Ali
Abou Hassouu. Co princo était allé en Allemagne où il
avait, sans succès, sollicité l'appui do Charles-Quint,
mais il avait obtenu 300 soldats do don Juan et put
décider le Beylerbeg à faire une expédition contro Mo-
hammed Cheikh El Mahdi do Fez. L'année précédonto,
le chérif avait fait mettre à mort tous les membres
de la famille mérinido qu'il accusait d'avoir fomenté
uno révolto des Berbères do l'Atlas et il était occupé
à réduiro cotto révolto, lorsqu'il apprit la prochaine
attaque des Turcs. Salah Raïs avait réuni une armée
composée do 600 mousquotaires, 1.000 spahis plus un
contingent do 4.000 cavaliors fournis par Ahmed ben
El Kadi do Koukou qui s'était réconcilié avec les Turcs
ot 80 captifs chrétiens chargés du service de l'artil-
lerio. U so mit on marche à la tête do cette arméo en
septembre 1553, emmenant avec lui lo mérinide Ali
Abou Hassoun, pondant qu'uno flotte do 22 navires
parlait pour le port marocain de Ghessassa. Do son
côté, lo chérif apprenant quo les Turcs s'étaient arrê-
tés à Tlemcen, vint établir son quartier général à
RENAISSANCE DE L'ISLAM 281
Taza avec 30.000 cavaliors, 10.000 fantassins et 20
<

canons.
Salah Raïs passa la frontièro, arriva lo 5 décembro
en vuo du camp marocain près do Taxa et décida do
l'attaquer de nuit. Los 1.500 hommes chargés do cette
opération s'on acquittèrent parfaitement ; la colonne
d'attaque achova la dérouto dos Arabes qu'eflrayaiont
los détonations do l'artillerie et lo chérif alla se re-
tiror sur une hauteur en arrièro do Taza, Dès lo Ion-
domain il se mit en retraito en so faisant couvrir par
sa cavalerio et rentra le 16 décombro à Fez. Alt
Abou Hassoun avait amené aux Turcs un renfort de
600 hommes do Yolez ; Salah Raïs so porta avec toutes
ses forces sur l'Oued Sobou à 6 kilomètres de Fez où
il arriva le 3 janvier 1551. Après plusiours opéra-
tions houreuses des Turcs, Mohammed Choïkh El
Mahdi quitta do nuit sa capitale, se retirant sur Mar-
rakech et au point du jour Salah Raïs faisait sou en-
trée à Fez avec Ali Abou Hassoun. Mait Turcs ot
renégats pillèrent la ville ot s'y livreront à tant d'ex-
cès, quo Ali Abou Hassoun prit ses mesures pour
payer aux Turcs l'indemnité promiso et so débarras-
ser do ces hôtes qui so rendaiont odieux par lour in-
solonco et leurs abus. Salah Raïs onvoya uno troupo
occuper Yolez et, en mai 1554, quand il reçut l'indem-
nité, il partit emportant un gros butin et les richessos
trouvées dans lo palais du chérif. U rontra à Alger après
avoir stationné à Tlemcon, à Mostaganom ot à Ténès.
Ali Abou Hassoun s'ompressa, dès lors, do réunir
ses partisans ot les membres do sa famillo et do s'ar-
mer pour la lutte avec lo chérif. Mohammed Cheïkh El
Mahdi qui assiégeait Taillait où était toujours interné
Ahmed El Aredj, envoya son fils Moulay Abdallah
contro Ali Abou Hassoun. Celui-ci réussit à surprendre
le jouno chérif dans son camp et à motlro ses trou-
283 HISTOIRE DU MAGHREB
pes en pleine déroute.. Pendant ce temps, Mohammod
Cheïkh El Mahdi s'était emparé de Tafilalt et avait
envoyé sous escorte son frèro Ahmed El Aredj à Mar-
rakech. U rejoignit ensuite son fils Moulay Abdallah
et le 1" août, son arméo so rencontra avec colle
d'Ali Abou Hassoun. Le prince mérinido fut tué au
cours du combat et ses fils se réfugièrent à Meknes,
puis allèront à Larache s'embarquer pour l'Espagno ;
ils furent assaillis en mer par un naviro chrétien et
perdirent la vie en se défendant. Us étaiont les der-
niets représentants de la dynastie mérinido. Lo 25
août 1554, Mohammed Cheïkh El Mahdi fit son en-
trée dans la ville de Fez, mais il lui donna son fils
Moulay Abdallah comme gouverneur et éleva au rang
de capitale Marrakech où il se rendit pour soumettre
les Berbères do l'Atlas toujours en état do révolte.
Les possessions espagnoles d'Afriquo étaient alors
de plus en plus abandonnées de la métropole, car lo
grand empereur maludo et aigri préparait son abdica-
tion et son gouvernement se désintéressait des petits
ports de la côte africaine. Cet état de choses favorisait
les desseins de Salah Raïs qui, on rentrant à Algor,
décida une expédition contre Bougie ot réunit uno
forto armée avec laquelle, en juin 1555, il s'avança
vers l'Est par la vallée de l'Ouod Sahel. Grossie des
contingents kabylos d'Ahmed ben El Kadi, l'armée de
Salah Raïs s'approcha do Bougie, taudis quo la flotte
pénétrait dans la rivière et débarquait le matériel
d'artillerie sur les berges. L'attaque, commoncée lo
15 septembre, rencontra uno résistance énergique qui
ne fut brisée qu'après quatorze jours d'efforts. La gar-
nison capitula le 28 septembre 1555 et Salah rentra à
Alger après avoir laissé le commandement de la place
à Ali Sardou avec 400 hommes.
Lo fils do Salah Raïs chargé do porter les trophées
RENAISSANCE DE L'ISLAM 283
de Bougie à Constantinople, avait mission d'obtenir
dos renforts pour oxpulsor d'Oran les Espagnols, Il
ramona 40 galènes et 6.000 hommes, apportant l'or-
dro du sultan do prendre Oran, puis d'aller au Maroc
punir le chérif qui s'était accordé avec le gouverneur
espagnol pour coopérer avoc lui à une attaque contre
Alger et en chasser les Turcs. Salah Raïs avait réuni
4.000 Turcs et 30 galèros, lorsqu'il mourut de la poste,
âgé de 70 ans (1556). Lo khalifa Hassan Corso partit
sans attendre les ordres du sultan, alla rotrouver la
flotte à Mostaganom, puis marcha sur Oran, tandis quo
les navires allaiont débarquor l'artillerie à Aïn El
Turk à l'ouest d'Oran. Cette artillerie descendit les
pentes du Santon, en avant do Ras el Aïn et deux bat-
teries furont installées au sud et à l'ouest de la place.
En liaison avec ces deux batteries, l'armée, arrivée
par terre, commença par s'emparer du fort des Saints
qui domine la ville. A ce moment, le renégat Euldj
Ali apporta l'ordro do renvoyer les galères en Orient
pour être employées contro Doria. Uassan Corso dut
battre en retraite, harcolé par les Espagnols qui lui
enlevèrent uno partie do son artillerie.
Le turc Mohammed Tekelerli nommé beylarbeg, ar-
riva en septembre 1556 avec huit galères, mais les
jannissairos de Hassan Corso jurèrent do ne pas lo re-
cevoir. Quand il so présenta dovant Bône, Tekelerli
fut reçu à coups do canon par les Turcs et trouva le
même accueil à Bougie ot à Malifou. Les raïs do
la marine, jaloux des janissaires, l'introduisirent do
nuit dans la ville où il fit périr dans les supplices
Hassan Corso et Ali Sardou commandant do Bougie.
Peu de temps après, en avril 1557, lo boylarbog étant
dans la banlieue d'Alger, fut surpris dans son camp
par des janissaires sous la conduite du caïd Youssef
renégat calabrais commandant de Tlemcon, qui vou-
281 HISTOIRE DU MAGHREB
lait venger son chef Hassan Corso. Poursuivi jusqu'à
Alger, Tekelerli fut massacré ainsi que ses serviteurs,
presque tous chrétiens convertis. Youssef étant mort
sur ces entrefaites, les révoltés donnèrent l'autorité
au caïd Yahya. En apprenant ces graves nouvelles»
le sultan jugea quo seul Hassan lo fils de Khaïr Ed-
dine était capable do ramener l'ordro à Alger et il l'y
envoya avec vingt navires.
Dans lo courant do juin 1557, Mohammed Cheikh
El Mahdi décida d'oxécutor son projot d'atlaquo con-
tre Tlemcen avec lo concours des Espagnols d'Oran.
Mais les contingents espagnols sur lesquols on comp-
tait ne vinrent pas et l'armée du chérif commandée
par lo caïd Mausour, no put s'omparer du mechouar
où lecaïd Seffah s'était retranché avec sos 400 Turcs.
L'armée chérifieune so retira, laissant à Tlemcen
Mansour et quelquos troupes.
C'est alors qifo Hassan Pacha reçut do la Porto l'or-
dre* do so débarrasser du chérif à qui l'on reprochait
son aliianco avec los Chrétiens. U confia cotte mission
à un de ses officiers nommé Salah Kahia; à la tôle d'un
groupe de cavaliers turcs, cet officier so rendit auprès
do Mohammed Choikh El Mahdi, en se donnant comme
déserteur d'Alger et capta sa confiance. Au cours d'uuo
campagne contre les Berbères do l'Atlas, Salah Kahia
réussit à tuor lo chérif d'un coup do lance et put
s'enfuir avec ses Turcs vers le cap d'Aguer où il comp-
tait trouver des navires pour regagner Alger. N'eu
ayant pas trouvé, il marcha sur Taroudant quo les
soldats chérifiens lui livrèrent. Lo prince Moulay Ab-
delmoumen, en apprenant la mort do son pôro, quitta
Marrakech et atteignit les Turcs do Salah qui avaient
quitté Taroudant ot se dirigeaient sur lo Tafilalt. Il
les attaqua, les battit malgré leur résistance et les
exterminajusqu'au dernier. A son retour à Marrakoch,
RENAISSANCE DE L'ISLAM 285
il trouva son frère Abou Mohammed Abdallah venu de
Fez pour prendro la succession do son père. Le nou-
veau sultan qui avait pris lo surnom do El Ghaleb
Billah, nomma Moulay Abdolmoumen gouvornour de
Foz et partagea les autres commandements ontre ses
frères et ses neveux.
Mohammod Cheikh El Mahdi, qui fut le véritable fon-
dateur de la dynastie des ehérifs saadiens, joignait le
courage ot la ténacité à uno grando souplosso d'esprit.
U avait lo sons do l'organisation et pour se procuror
les ressources nécessaires à la réalisation do ses pro-
jets, il reconstitua lo systèmo des impôts qui avait
périclité sous les derniers Mérinides, supprima les
exemptions et frappa d'un impôt foncior toutos les ter-
res productives. U révisa le tarif dos impositions, lo
fit appliquor également à tous et supprima les faveurs
accordéos aux marabouts. Enfin, il fit exécuter de
grands travaux d'utilité publiquo tels quo le port
d'Agadir et l'endiguement do l'Oum Errebia ot créa
uno sourco de gros rovonus par l'extension qu'il donna
à l'industrio du sucre dans lo Sous.
Dans lo courant du mois de février 1558, Hassan
Pacha fit uno tontativo contre lo nouveau chérif Abou
Mohammed Abdallah allié des Espagnols d'Oran, mais
n'eut aucun succès. Après s'étro avancé vers Fez jus-
qu'à l'Oued El Leben, il dut so rotirer et gagner Ghes-
sassa où l'attendaiont ses vaisseaux. Lo comte d'Aï-
caudeto était allé en Espagne pour obtenir des troupes
afin de soutenir son allié lo chérif de Foz et avait
attendu jusqu'après l'assassinat de Mohammed Choïkh
El Mahdi, avant do recevoir 6.500 hommes. Il les
amena à Oran dans l'été de 1558 et so concerta avec
lo caïd Mansour de Tlemcen pour enlever d'abord Mos-
taganem et marcher ensuite sur Alger. En août, l'ar-
mée espagnole forte do 10.000 hommes avec de Par-
286 HISTOIRE DU MAGHREB
tillerie, plus les cavaliers du caïd Mansour, alla enlever
Mazagran; mais pendant co temps, les raïs d'Alger
enlevèrent quatre navires apportant d'Oran des vivres
et dos munitions. Privée do ces ressources, l'armée
d'Alcaudete hésita à prendro Mostaganem de vive force
et en commença le siège. Le général espagnol appre-
nant alors la prochaino arrivéo du boylarbog Hassan
avec 5 ou 6.000 hommes de troupos régulières et de
nombreux auxiliaires, tenta un assaut qui fut repoussé
avec l'aide des Algériens; les Espagnols durent se mot-
tro en retraito la nuit même en grand désordre. Alcau-
dete fut tué tandis qu'il cherchait à rallier les fuyards;
les malades ot les blessés furont massacrés; les autres,
poursuivis d'un côté par les Turcs de Mostaganom et
de l'autre par les cavaliors arabes, vouaient se jetor
contre les Turcs do Tlemcen commandés par Euldj
Ali. Quolques hommes d'entre eux, seulemont, purent
regagner Oran, les autres furent tués ou faits prison-
niers ; don Martin le fils d'Alcaudeto était parmi ces
derniers (9 soptembro 1558). La placo d'Oran resta dès
lors constamment bloquée par les indigènes et l'in-
fluence espagnole dans l'intérieur du pays disparut
entièrement.
Hassan Pacha qui avait épousé la fille du roi deKou-
kou se concerta avec lui pour détruire la puissance
d'Abdelaziz roi de la Kalaa dont los dispositions hosti-
les contre Bougie étaient connuos. Us so mirent en
campagne on septembre 1559 et Hassan, afin de tenir
les Kabyles en respect et d'établir les communications
avec Constantino, relova la forteresse de Modjana, créa
celle de Zemmora et les pourvut de troupes turques.
Mais dès que Hassan fut do retour à Alger, Abdelaziz
tailla en pièces lo corps d'observation qu'il avait laissé
et démantela lo fort de Medjana. Les Turcs vinrent
assaillir dans la Kalaa môme le chef des Béni Abbas
RENAISSANCE DE L'ISLAM 287
qui y avait concentré toutes ses forcos. Abdelaziz fut
tué les armes à la nr.ain et remplacé par son frère
Amokrane; quant aux Turcs, malgré le concours
d'Ahmed bon El Kadi, ils ne purent établir les com-
munications avec Con stantine.
Lo chérif Abou Mohammed Abdallah était peu
aimé en raison do son manquo do courage et do sa
cruauté; par contro, ses frères et neveux pourvus de
commandomonls, jouissaiont d'uno grando popularité
dont il prit ombrage ot il los fit mottroà mort. Mou-
lay Abdelmoumon son frèro, qu'il avait placé à Foz,
so sentant monacé du mémo sort, so réfugia à Algor,
renseigna le boylarteg sur l'état du Maroc et lui de-
manda aido et protection. Hassan lui fit bon accueil,
lo maria à l'uno do jes filles et lui donna le gouver-
nomont do Tlomcen. Abou Mohammed Abdallah ap-
prenant ces événements, entra en pourparlers avec
le roi d'Espagne en vue d'uno action combinée contre
les Turcs, offrant comme gage le port de Bades.
Philippo II no donna pas suite à ces projets, parce que
pressé par les représentations des Corlès et les plain-
tes qu'il recevait, il préparait une expédition con-
tre Tripoli.
Cette placo était dovonuo lo quartier général do
Dragut et ce corsaire inquiétait les chovaliorj do Malte
grâco à l'Ile do Gozzo dont il s'était emparé. Avec l'ap-
pui du pape, Philippe II organisa uno véritable croi-
sade contre Tripoli. Juan do la Corda duc do Médina-
Celi et vice-roi do Sicile, fut désigné pour commander
l'arméo expéditionnaire forte do 50 galères ot do 60
vaisseaux transportant 14.000 hommes do bonnes
troupes. Le flotte so mit en route en octobre 1559;
une tempéto la dispersa et l'obligea à rolâchor à
Malte et à Syracuse. Ce ne fut qu'en février 1560
qu'elle put aborder à Djerba, mais l'armée était démo*
288 HISTOIRE DU MAGHREB
ralisée autant par les maladies que par ce mauvais
début. Dragut avait mis à profit les lenteurs de Me-
dina-Celi et avait reçu des renforts du sultan ; aussi,
quand la flotte chrétienno sortit de Djerba, il l'attaqua
vigoureusement, coula 19 galères et 14 transports qui
n'avaient pu appareiller et fit 5.000 prisonniers
(mars 1560). Medina-Celi rallia à Malte les débris du
corps expéditionnaire pendant que l'officier Alvar de
Sande, laissé à Djerba avec quelques troupes, périssait
les armes à la main, ainsi que ses hommes, après avoir
fait une résistance désespérée.
Le beylarbeg toujours inquiété par l'alliance du
chérif avec les Espagnols, préparait activement une
expédition contre le Maroc. Il fit la paix avec Amok-
rane le chef des Béni Abbas qu'il reconnut comme roi
tributaire, mais décida de laisser à Alger les renégats
espagnols, par crainte d'agissements des janissaires
pendant son absence et forma un corps de Kabyles
Zouaoua. Les janissaires, que ces mesures avaient ir-
rités, s'emparèrent par surprise de la personne du bey-
lerbaget l'envoyèrent sous escorte au sultan en l'accu-
sant de viser à l'indépendance. Hassan commandant
des janissaires, qui avait organisé le complot, resta
mattre du pouvoir. Le sultan envoya à Alger Ahmed
Pacha pour rétablir l'ordre, mais il fut empoisonné
trois mois après et le sultan Soliman renvoya à Alger
le beylarbeg Hassan Pacha fils de Khaïr Eddine qui
n'avait pas eu de peine à se disculper. Hassan Pacha
revint à Alger pour la troisième fois en août 1561, avec
18 galères. Il s'occupa immédiatement d'organiser une
grande expédition contre Oran où commandaient deux
fils de l'ancien gouverneur, don Martin de Cordoba &
Merselkébir et don Alonzo d'Alcaudete à Oran. Quel-
que temps auparavant, le chérif Moulay Abdelmoumen
qui gouvernait Tlemcen avait été assassiné en pleine
' RENAISSANCE DE L'ISLAM 289
mosquée par un émissaire de son neveu gouverneur
de Fez.
Hassan réunit 15.000 mousquetaires turcs ou rené-
gats, 1.000 spahis et environ 10.000 Kabyles Zouaoua
et Béni Abbas avec lesquels il gagna Mostaganem. U
y retrouva sa flotte, envoya quelques navires bloquer
Merselkéblr et alla par terre occuper les hauteurs qui
dominent cette place (avril 1563). Les Espagnols oppo-
sèrent aux forces turques une résistance héroïque ; la
place était sur le point de succomber, lorsque des ren-
forts venus d'Espagne ranimèrent le courage des as-
siégés. Malgré tous ses efforts, le beylarbeg dut se
résigner à la retraite. Ce succès eut un grand reten-
tissement en Espagne; les ouvrages d'Oran et de Mer-
selkéblr furent restaurés et la flotte, avant de rentrer
en Espagne, s'empara du Penon de Yelez et alla atta-
quer les pirates de Tétouaneà qui elle coula des navires
chargés de pierres qui interceptaient l'entrée de la ri-
vière.
Les Musulmans de leur côté, avaient été sensibles
à l'échec de leurs armes devant Oran et le sultan dé-
cida qu'il fallait d'abord attaquer les chevaliers de
Malte, tandis que Dragut et Euldj Ali étaient favora-
bles à un plan d'attaque de l'ouest à l'est. Les pachas
d'Alge- et de Tripoli firent partie de l'expédition com-
mandée par Mustapha Piali Pacha et comprenant
180 galères, 45.000 hommes et 62 pièces de siège. Le
18 mai 1565, cette armée se présentait devant Malte
dont le commandant P. de la Yalette dirigeait la dé-
fense avec 700 chevaliers, et 8.50O hommes de troupes.
Le fort Saint-Elme fui enlevé par les Turcs et Dragut
fut tué dans cette première opération. Le siège se pour-
suivit avec des péripéties diverses, les Musulmans
ayant à vaincre une résistance acharnée, tandis que
la peste faisait des ravages dans leurs rangs. C'est
10
290 HISTOIRE DU MAGHREB
dans ces conditions qu'un renfort do 12.000 hommes
amenés par le vice-roi de Sicile, vint enlever aux
Turcs toute chance do réussite. Lo chef de l'armée
musulmane ordonna de lever le siègo et refusa au
beylarbeg Hassan et à Euldj Ali l'autorisation qu'ils
demandaient de rester dans l'Ile et d'y continuer les
opérations pour leur compte.
Le sultan Soliman II se proposait de reprendre
lui-même l'expédition, mais il mourut le 6 septem-
bre 1566, au cours d'une nouvelle campagne contre la
Hongrie, âgé do 68 ans. Son fils Sélim II lui succéda
et, peu après son avènement, il appela le beylarbeg
Hassan comme capitan-pacha, à Conslantinople, en
remplacement de Piali Pacha qui venait de mourir.
Hassan quitta Alger au début de l'année 1567 et fut
remplacé par Mohammed Pacha fils de Salah Raïs.
Le nouveau beylarbeg s'attacha à réprimer l'anarchie
qui régnait à Alger, à réconcilier les marins et les
soldats et à ramener l'ordre à Constantino troublée
par des dissensions intestines. Il y laissa comme gou-
verneur RamdhaneBcy dit Tchoulak (1568).
Mais à son retour, il apprit qu'il était remplacé par
Euldj Ali qui, en mars 1568, arrivait pour prendre
possession de son commandement. Renégat italien
pris très jeune par les Musulmans, Euldj Ali s'était
élevé par ses talents et son courage. En arrivant à
Alger, il résolut do combattre les Espagnols à outrance
et d'attaquer Oran pendant que les Maures de Grenade
se soulèveraient en masse. U avait déjà envoyé des
troupes vers Mostaganem et des navires vers Alméria,
lorsque la découverte do la conjuration de Grenade
l'obligea à ajourner ses projets.
Il tourna alors ses regards vers la Tunisie où ré-
gnait le hafcide Homeïda dit Ahmed Soltano. U le bat-
tit à deux reprises, entra sans coup férir à Tunis et
RENAISSANCE DE L'ISLAM 291
y laissa le caïd Ramdhano Pacha avec 1.000 Turcs et
1.000 Zouaoua (1569). Quant à Ahmed Soltane, après
avoir réuni sa famille et sa fortune, il passa en Espa-
gne où il sollicita l'aide de Philippe II pour remonter
sur le trône.
Les Musulmans restés en Espagne après la chute du
royaume de Grenade, avaient obtenu le libre oxercicc
de leur culte; mais dans la suite, l'intoléranco espa-
gnole les avait mis en demeure d'accepter le christia-
nisme, ce qui occasionna un nouvel exode vers l'Afri-
que. Ceux qui ne voulurent pas abandonner leurs biens
et leur patrie, se convertirent pour la forme, mais
conservèrent leurs moeurs et pratiquèrent secrètement
lo culte islamique. En 1526, sous Charles-Quint, des
mesures restrictives prises contre les Musulmans du
royaume de Yalence, avaient soulevé une insurrection
et provoqué une émigration, tant en Afrique quo dans
la province do Grenade où la liberté des usages et de»
coutumes avait été conservée à prix d'or. Sous Phi-
lippe II, en 1560, les Cortès obtinrent un édit royal
défendant aux Musulmans de porter des armes et
en 1566, après une enquête du grand-inquisiteur, on
leur défendit do parler l'arabe, de porter leur costume
et de fréquenter lesbains-étuves; puis on les obligea
à remettre leurs livres pour être brûlés et enfin on les
contraignit à tenir les portes de leurs maisons ou ver*
tes, afin de les mieux surveiller.
Ces dernières rigueurs soulevèrent la révolte gé-
nérale que les Turcs d'Alger devaient soutenir en 1568
et qui fut ajournée jusqu'au commencement de l'an-
née 1569. Les insurgés qui s'étaient donné comme chef
un descendant des Ommiades, furent poursuivis dans
les régions les plus abruptes des Alpujarras et mas-
sacrés; puis, quand il ne resta plus que 4 ou 500 com-
battants, un décret ordonna l'expulsion totale des
292 HISTOIRE DU MAGHREB
Morisques et la confiscation de tous leurs biens. Les
restes de culte population furent chassés do leurs terres
et répartis dans les hauls-plateaux do la Caslille, do
l'Eslramaduro et do la Galice, où elle dovait résister
encore et être l'objet de nouvelles mesures de rigueur.
A Alger, Euldj Ali secondé par un renégat nommé
Mami Corso, chef des rais (capitaines marins), avait
organisé uno flotte avec laquelle il fit contre les Chré-
tiens de la Méditerranée des courses fructueuses. Ces
succès permirent aux rais de former une puissante
corporation nommée la Tatffe, qui prit la prépondé-
rance sur les Janissaires. C'est alors que lo beylar-
beg reçut du sultan l'ordre d'amener toutes ses forces
pour combattre la croisade proclamée à Rome en
mai 1570, par l'alliance des Chrétiens d'Espagne,
d'Italie et d'Allemagne conlro les Turcs. Les forces
considérables mises en présence, se rencontrèrent
le 9 octobre en face de Lépante. La flotte chrétienne
commandée par don Juan d'Autriche, se composait do
200 galères de combat et de 100 vaisseaux portant
80.000 hommes ; la flotte turque commandée par Ali
Pacha, comptait 250 galères montées par 100.000 hom-
mes. Dans ce grand duel où l'héroïsme fut égal de
part et d'autre, Euldj Ali avec l'escadre algérienne,
déploya la plus grande valeur et put sauver 40 galè-
res. Le reste de la flotte turquo fut coulé, pris ou
brûlé. L'amiral turc Ali Pacha perdit la vie et eut
pour successeur Euldj Ali qui restait beylarbeg d'Afri-
que et était chargé de reconstituer la flotte. U envoya
à Alger son lieutenant nommé Arab Ahmed.
En 1573, don Juan d'Aulricho prit le commande-
ment d'une nouvelle expédition que l'Espagno prépa-
rait contre les possessions turques do l'Afrique et par-
lit pour Tunis avec 138 navires portant 27.000 hommes.
Ramdhane Pacha ayant évacué la ville, les Chrétiensy
RENAISSANCE DE L'ISLAM 293
t
pénétrèrent sans difficultés. Ils mirent sur le trône le
hafcide Moulay Mohammed commo roi tributaire et
laissèrent lo commandement de la ville au comte de
Serbclloni avec 8.000 Espagnols ou Italiens pour re-
construire lo fort do la Goulette et la forteresso de Bab
El Bahar. Quant aux Turcs qui étaient encore sous lo
coup du désastre de Lépante, ils décidèrent de réunir
toutes leurs forces pour reprendre Tunis aux Chré-
tiens. Dans l'été do 1574, lo pacha de Tripoli amena
4.000 hommes qu'il réunit aux 5.000 cavaliers turcs
ou arabes de Kairouan et aux 2.000 hommes de Bône
et de Constantino. Pendant que ces contingents blo-
quaient Tunis par lo sud, la flotte d'Orient comman-
dée par Euldj Ali, débarquait l'armée aux ordres de
Sinane Pacha près de Carthage et Arab Ahmed arri-
vait d'Alger par mer, avec un corps de troupes impor-
tant.
Les Espagnols, do leur côté, avaient organisé la dé-
fense et résistèrent énergiquement du 17 juillet au
13 septembre. Moulay Mohammed cl Serbelloni faits
prisonniers, furent dirigés sur Constantinoplccnmême
temps que les canons pris aux Chrétiens. Haïdar Pa-
cha fut laissé à Tunis avec des forces importantes et
chargé d'y organiser l'administration turque; quant
à Arab Ahmed, il rentra en Orient et le caïd Ramdhane
le remplaça à Alger.
Depuis 1561, les Espagnols possédaient do nouveau
Yelcz qu'ils avaient enlevé aux Turcs et qu'ils conser-
vèrent depuis lors.
Abou Mohammed Abdallah le roi de Fez et l'allié
des Espagnols contre les Turcs, maintint lo royaume
dans l'obéissance par son énergie el sa vigilance. Il
dota sa capitale d'un hôpital, d'écoles el de mosquées,
étendit ses jardins, ajouta de nouvelles constructions
à ses palais et assigna à la population juive un quar-
294 HISTOIRE DU MAGHREB
lier spécial ou mellah. Il passait pour se livrer à la
boisson et aux pratiques de l'alchimie et mourut
d'une maladie chronique en 1574. Son fils Abou Ab-
dallah Mohammed qui lui succéda reçut plus tard le
surnom d'El Masloukh (l'écorché); dès son avène-
ment, il fit mettre à mort l'un de ses frères et un
autre, encore très jeune, fut jeté en prison. Ses deux
oncles Moulay Abdelmalek et Aboul Abbas Ahmed
qui étaient à Sidjilmassa, prirent la fuite et se réfu-
gièrent auprès des Turcs à Alger. Moulay Abdelma-
lek alla jusqu'à Constantiuople et obtint du sultan
un ordre prescrivant au beylarbeg d'organiser une
expédition en Maghreb pour le rétablir sur le
trône.
En vertu de cet ordre, le pacha Ramdhane constitua
une armée de 4.000 arquebusiers turcs avec des auxi-
liaires et se mit en roule au commencement de l'an-
née 1575. Arrivé à la frontière, Moulay Abdelmalek
qui avait prévenu ses nombreux partisans, prit les
devants avec une petite troupe de réguliers ot
d'auxiliaires et rencontra l'armée de son frère Abou
Abdallah Mohammed chez les Béni Ouarthine, à l'en-
droit appelé Rokn. Mais lo corps andalou qui avait
reçu l'ordre de commencer l'attaque, étant passé avec
son chef du côté d'Abdelmalek, Abou Abdallah Moham-
med renonça à la lutte et se retira du côté de Marra-
kech.
Moulay Abdelmalok fut proclamé à Fez en mars 1576,
sous le nom d'El Motassem Billah. Il s'occupa ensuite
de payer les services des Turcs et, les ayant comblés
de présents, il les accompagna jusqu'à l'Oued Sebou.
Cela fait, il marcha contre Abou Abdallah Mohammed
et le rencontra à Khandek Rihane, dans l'oued Cher-
rate près de Rabat. Battu, Abou Abdallah se retira à
Marrakech, mais Moulay Abdelmalek envoya contre
RENAISSANCE DE L'ISLAM 295
lui son frère Aboul Abbas Ahmed qui l'obligea à se
réfugier dans les montagnes do l'Atlas. Poursuivi par
Moulay Abdelmalek, Abou Abdallah Mohammed s'en-
fuit dans le Sous, puis, vint par surpriso attaquer
Marrakech qu'Aboul Abbas Ahmed avait quittée pour
prendre lo commandement de Fez. Abdolmalck eut
raison do son neveu et lança contre lui son frère Aboul
Abbas qui le rejeta dans l'Atlas puis l'obligea à la
fuite. Abou Abdallah Mohammed gagna en effet la
côte, puis l'Espagne où il espérait obtonir l'aide des
Chrétiens. Ayant échoué auprès de Philippe H, il
s'adressa à don Sébastien roi de Portugal; co prince
lui promit son appui, à la condition do céder le litto-
ral du Maroc au Portugal et de gouverner le pays in-
térieur comme roi tributaire. Abou Abdallah Moham-
med accepta ces conditions et le jeune et bouillant don
Sébastien, alors âgé soulement de vingt-trois ans,
réunit ses forces avec une ardeur extrême, appela aux
armes tous les chevaliers et reçut de Philippe II un
corps de troupes espagnoles. Pondant ce temps, Abou
Abdallah Mohammed réunissait sos adhérents et ou-
vrait le port d'Arzila aux Portugais. Dans l'été de 1578,
l'armée chrétienne vint y aborder et y retrouva Abou
Abdallah Mohammed. Le chérif proposait de prendre
d'abord El Ksar El Kébir et Laracho pour y constituer
de solides points d'appui ; mais cet avis fut rejeté par
don Sébastien qui brûlait d'ardeur et porta sans tar-
der son armée sur Taheddart.
Moulay Abdelmalek el Aboul Abbas Ahmed ayant
réuni leurs contingents, se portèrent chacun de leur
côté vers le Nord, à la rencontre des Chrétiens. Don Se-
bastien, à leur approche, fit franchir l'Oued el Mckha-
zen à son armée el vint se poster à El Ksar El Kébir.
Tandis que le combat s'engageait, Moulay Abdelma-
lek envoya des troupes détruire le seul pont qui oXis-
296 HISTOIRE DU MAGHREB
tait sur le fleuve. C'est alors quo le sultan, malade
et porté en litière mourut; le renégat Redouano qui
ne le quittait pas, cacha sa mort, faisant avancer la
lilièro et transmettant les ordres, comme si son maî-
tre vivait encore. Aboul Abbas Ahmed so distingua
par sa valeur, enfonça les lignes de l'armée chré-
tienne et la rejeta on désordre sur l'Oued El Mekha-
zen. La panique se mit dans les rangs des soldats
chrétiens qui no retrouvaient plus le pont sur lequel
ils avaient passé le fleuve; presque tous périrent mas-
sacrés ou noyés et don Sébastien était parmi les morts.
Quant à Abou Abdallah Mohammed, il se noya dans
l'Oued Loukkos. Son corps ayant été retrouvé, il fut
écorché, bourré de paille et promené à travers lo pays.
Le cardinal don Henri de Portugal qui prit la direc-
tion des affaires après la mort de son neveu don Sébas-
tien, fit la paix avec le sultan et lui envoya de fortes
sommes pour racheter les prisonniers.
Après la victoire d'El Ksar El Kébir appelée aussi la
bataille des trois rois, Aboul Abbas Ahmed fut pro-
clamé sultan el surnommé El Mansour (le victorieux).
C'était un prince instruit, alors âgé de trente ans et
dont les connaissances s'étaient étendues au cours de
ses voyages d'où il avait rapporté le costume ainsi quo
certains usages des Turcs. Par ses talents il porta au
plus haut point la gloire de la dynastie saadienne, aidé
en cela par sa mère la princesse Messaouda qui mou-
rut en odeur de sainteté on 1590, après avoir doté le
royaume de constructions d'utilité publique.
A cette époque, Philippe II so désintéressa des pos-
sessions d'Afrique qui occasionnaient de fortes dépen-
ses, pour so consacrer à la guerre dans le nord de
l'Europe. En 1577, don Diego de Cordova, troisième
marquis de Comares, était capitaine général dos
royaumes de Tlemcen et doTcnes, gouverneur d'Oran
RENAISSANCE DE L'ISLAM 297
et de Mersolkébir. Dans lo courant de la même année,
un renégat nommé Hassan Yeneziano vint à Algor
remplacer Ramdhane Pacha envoyé à Tunis. Le nou-
veau beylarbeg était un homme très énergique qui
parvint à maîtriser les janissaires et les rais et à les
maintenir dans l'obéissance. Désormais les Turcs res-
tent les maîtres do l'Ifrikïa et du Maghreb central et
les ehérifs saadiens ceux du Maghreb extrême.
Aboul Abbas Ahmed El Mansour, s'appliqua, dès son
retour à Marrakech, à organiser l'administration du
royaume el, après une dangereuse maladie dont il
faillit mourir, il proclama comme héritier présomptif
son fils El Mamoun Mohammed Cheïkh gouvorneur de
Fez (1583).
A Alger, Hassan Yénéziano ancien esclave de Dra-
gut et élève d'Euldj Ali, gouvernait avec une extrême
rigueur, soulevant par sa cruauté les Arabes et les
Berbères auxquels se joignirent les citadins d'Alger
eux-mêmes. Il fut rappelé en Orient et remplacé par
le pacha Djafer qui ramena le calme et fit mourir les
janissaires les plus compromis. Peu après Euldj Ali
arrivait à Alger avec 50 galères ot l'autorisation du
sultan Mourad d'organiser uno expédition contre le
Maghreb où les ehérifs fondaient un empire indépen-
dant du gouvernement ottoman. Tout en faisant ses
préparatifs, Aboul Abbas Ahmed envoya en Orient une
ambassade chargée do présents pour le sultan. Celle
ambassade réussit dans sa mission et Mourad rappela
Euldj Ali qui partit d'Alger avec Djafer nommé à un
autre poste (1582).
Aboul Abbas Ahmed ayant assuré la défense de ses
frontièrs orientales contre les Turcs d'Alger, tourna les
yeux vers les oasis sahariennes du Touat el de Tigou*
rine qui, depuis l'abaissement des derniers Mérinides,
ne payaient plus le tribut. Son armée atteignit les
298 HISTOIRE DU MAGHREB
oasis en soixante-dix étapes et dut les enlever d'as-
saut l'une après l'autre, les habitants opposant uno
vigoureuse résistance. La supériorité des armes à feu
out raison de leur énergie et à la fin de l'année 1581,
la victoire était complèto.
A la suite do ce succès, El Mansour réorganisa son
armée; un choix judicieux parmi les renégats, les
affranchis et les levantins lui permit de se constituer
une garde particulière et lui fournil des commandants
d'armée et mêmes des ministres. Les Maures andalous
formés à la discipline espagnole, lui donnèrent d'ex-
cellents archers et arquebusiers el la cavalerie arabe
fut utilisée pour éclairer et flanquer les colonnes ex-
péditionnaires ou escorter les convois. Le sultan en
campagne marchait au milieu de son état-major, pré-
cédé par le parasol quo des cavaliers portaient au-
dessus de sa tête.
A Alger, Ramdhane Pacha avait succédé à Djafer
et s'appliquait à ramener l'ordre troublé par les ra'is
depuis le départ d'Euldj Ali. Mais leur chef, Mami Ar-
naute ayant pris la tête de la résistance, Ramdhane
quitta Alger et Hassan Yénéziano s'empressa d'accourir
et do s'emparer de l'autorité (1582). Ramdhane gagna
Tripoli où il était chargé de rétablir l'ordre; quant
aux corsaires Mami Arnaute, Mourad et autres, ils se
mirent à écumer la Méditerranée et à faire des prises
sur terre et sur mer. Le pacha Hassan lui-même, pre-
nait part à ces courses au cours desquelles il fit une
descente à Barcelone et en ramena 10.000 Morisques.
En 1587, Euldj Ali étant mort, le sultan supprima sa
fonction et institua à Alger les pachas triennaux
nommés pour trois ans; le premier d'entre eux fut
Dali Ahmed.
Après la défaite de don Sébastien à El Ksar El Ké-
bir, le Portugal passa sous la dépendance de Philippe II
RENAISSANCE DE L'ISLAM 299
{

et les Espagnols occupèrent les postes chrétiens du


Maghreb. Mais ils ne surent pas les défendre ; c'est
ainsi qu'en 1588, Ceuta faillit leur être enlevée par
surpriso et que l'année suivante ils durent évacuer
Arzila. Le sultan qui rentrait ainsi en possession do
points restés longtemps aux mains de3 Portugais, fit
bâtir deux forteresses près de Laracho afin de conser-
ver ses avantages. Mais lo succès de ses armes dans
lo Sahara lui avait fait concevoir le projet de ranger
sous sa loi lo royaume musulman du Soudan où ré-
gnait la dynastie nègre des Askia. El Mansour somma
par lettre Ishak Askia de le reconnaître comme imam
ot de lui servir une redevance d'un mitkal d'or par
charge de sel extraite des mines de Taghaza. Ishak
Askia ayant refusé d'obtempérer à cette sommation,
le sultan El Mansour, malgré les observations de ses
ministres, organisa contre le roi nègre une forte ar-
mée qu'il confia au pacha Djouder et qui partit pour
le Soudan eu octobre 1590. Après une marche de qua-
tre mois et demi, cette armée se trouva, en mars 1591,
en présence de l'armée d'Ishak forte de 140.000 hom-
mes, non loin de Tombouctou.
L'armée noire fut facilement mise en déroute et
dispersée ; Ishak se réfugia dans son autre capitale de
Gaghou située à 400 kilomètres vers l'Est et l'armée
chérifienno entra à Tombouctou qu'elle saccagea ainsi
que les cités voisines.. Lo savant célèbre Ahmed Baba
fut fait prisonnier et assista au pillage de sa biblio-
thèque de 1.600 volumes. Uno caravane portant
100.000 mitskal d'or et une grande quantité d'objets
précieux fut expédiée avec 200 esclaves au sultan
El Mansour. Le pacha Djouder alla assiéger Ishak As-
kia à Gaghou et le roi nègre ayant fait des offres de
soumission, elles furent transmises au sultan. Cepen-
dant la réponse tardait à venir elles troupes chérifien-
300 HISTOIRE DU MAGHREB
.

nés étaient fatiguées et décimées par la maladie, ce


qui décida Djouder à lever le siège el à regagner Tom-
bouctou. En apprenant ces nouvelles, El Mansour
lo destitua et le remplaça par lo pacha Mahmoud.
Celui-ci alla reprendre le siège do Gaghou el Ishak dé-
sespérant du salut, s'enfuit vers Koukia son autro ca-
pitale; il fut poursuivi par l'année chérifienne, atteint
et tué. Dès lors le Soudan occidental, y compris lo Bor-
nou, appartint au sultan du Maroc.
Le pacha Mahmoud organisa lo pays où il resta
comme gouverneur et expédia lo savant Ahmed Baba
à Marrakech (1593). Il envoya régulièrement au sul-
tan des caravanes chargées des produits du Soudan,
ceux de ses mines d'or eu particulier el de nombreux
esclaves. L'or devint par la suite si abondant en
Maghreb, qu'El Mansour fut surnommé Eddehbi (doré).
Grâce à ces richesses qui affluaient de sa nouvello
conquête, le sultan put orner sa capitale et y fit éle-
ver, entre autres monuments, la Bahia encore debout.
Ramdhane Pacha avait trouvé Tripoli en pleine
anarchie el ayait perdu la vie on cherchant à rétablir
l'ordro. Dali Ahmed fut chargé d'y restaurer l'autorité
turque et y trouva 50 galères amenées par le capilan-
pacha Hassan. Ils reprirent la ville, mais les révoltés
tenaient la campagne et Hassan retourna on Orient
laissant à Dali Ahmed le soin do les réduire. Le chef
des rebelles fut tué et Dali Ahmed perdit lui-même
la vie dans une rencontre (1589). Ce fut Kheder Pacha
qui alla le remplacer à Alger.
En Tunisie il fallut l'énergie du dey Olhmane pour
réduire une révolto des janissaires qui dura de 1591
à 1593. U remil l'ordre dans l'intérieur du pays et
réorganisa le gouvernement, soumit à son influence le
dican composé des capitaines des janissaires et insti-
tua un bey commandant de l'armée et un kaplane
RENAISSANCE DE L'ISLAM 301
commandant de la marine qui étaient ses principaux
auxiliaires. La Turquie continua à envoyer un pacha
à Tunis, mais le dey no lui laissait quo certains hon-
nours et gardait l'autorité.
Lo pacha Khcder avait été remplacé à Alger par le
pacha Chabano qui, commo ses prédécesseurs, s'appli-
qua à développer la course sur mer. En 1595 Chabano
ayant accompli sa période triennale, Khcder revint
de nouveau à Alger; mais son administration tyranni-
quo occasionna de vives protestations et il fut rappelé.
Son successeur le pacha Mustapha arrivé en septem-
bre 1596, fut impuissant à rétablir l'ordre; l'anarchio
s'était étendue au point quo les Kabyles en armes,
pillaient les campagnes et bloquèrent Alger pondant
onze jours. Dali Hassan remplaça Mustapha en 1599,
mais il ne pul obtenir de la Taijfe lo respect du pavil-
lon français ordonné parla Porto, sur les réclamations
énergiques des représentants de la Franco. Il fut d'ail-
leurs rappelé à la demando de l'ambassadeur français
à Constantinoplc et remplacé par le renégat vénitien
Slimane. Celui-ci trouva le pays toujours livré aux dé-
prédations des Kabyles et marcha contre eux en 1600.
Ils le refouleront dans sa capitalo et l'année suivante,
ayant pénétré dans le Djurdjurajusqu'à Djama Saliridj,
il fut repoussé de nouveau,
En 1601, l'Espagne envoya contre Alger l'amiral
Doria avec 70 navires et 100.000 hommes; des vents
contraires et des dissensions entre les chefs des dif-
férents corps, empêchèrent cette expédition de réussir.
En 1604, Khcder vint pour la troisième fois prendre
le commandement d'Alger.
Au Maroc, l'héritier présomptifEl Mamoun se livrait
à la débaucho et contrevenait aux ordres du sultan
Aboul Abbas Ahmed El Mansour, en s'entourant
d'Arabes qu'il comblait de faveurs pour s'en faire
802 HISTOIRE DU MAGHREB
des alliés. Menacé par son père, El Mamoun prépara
son départ pour Tlemcen avec ses partisans, dans
l'intention d'en ramener les Turcs. Le sultan inquiété
par ce projet, offrit à son fils le gouvernement des
provinces de Sidjilmassa et du Dra avec la libre dis-
position des impôts. El Mamoun partit pour le sud, mais
se ravisant, il rentra à Fez (1602). Le sultan crut de-
voir prondre alors les dispositions suivantes : il char-
gea son fils Zeïdano qui commandait lo Tadla de faire
gardor la route de Tekbalet par 100 cavaliers, confia
la surveillance de la route de Salé à l'affranchi Mes-
saoud et, laissant son autro fils Abou Fares à Marra-
kech, il marcha sur Fez avec 12.000 cavaliers (1602).
Surpris par la nouvelle de l'arrivée du sultan à Mek-
nès. El Mamoun se réfugia avec ses partisans à Fich-
tala, dans la vallée de l'Oued Ouergha. Aboul Abbas
Ahmed El Mansour envoya contre lui le pacha Djouder
qui le battit et lo lui amena. Il fut emprisonné à Mck-
nès et les légistes dépêchés auprès de lui pour con-
naître son état d'esprit, le trouvèrent dans des dispo-
sitions déplorables et déclarèrent qu'il méritait la
mort. Mais le sultan le laissa en prison et confiant le
commandement de Fez à son fils Zeïdane, il regagna
Marrakoch où la peste faisait alors des ravages. At-
teint lui-même par l'épidémie, Aboul Abbas Ahmed
El Mansour mourut le 30 octobre 1603.
Au cours de son rlgno de vingt-cinq années, il dé-
ploya dans la direction des affaires et l'organisation
do l'empire une intelligence et une habileté qui le font
regarder comme un des plus grands princes de la
dynastie saadienne. Il sut se défendre contre les entre-
prises des Turcs d'Alger et se soustraire à la dépen-
dance politique el religieuse du sultan des Ottomans;
il adapta judicieusement à l'armée marocaine et à sa
cour, des usages empruntés à la Turquie au cours de
RENAISSANCE DE L'ISLAM 308
ses voyages et la conquête du Soudan qu'il tenta har-
diment lui procura des ressources considérables. Il
s'en servit utilement pour édifier des ouvrages de dé •
fenso sur le littoral comme sur ses frontières et pour
embellir sa capitale et développer les industries du
pays.
L'héritier présomptif El Mamoun ayant été, empri-
sonné à la suite de sa rébellion, les notables de Fez
élurent son frère Zeïdane, tandis qu'à Marrakech on
proclamait son autre frère Abdallah Abou Fares gou-
verneur do la ville. Avant do marcher sur Marrakech,
Zeïdane redoutant son frère El Mamoun, l'envoya
chercher à Meknès par le pacha Djouder, mais celui-ci
le livra à Abou Fares qui le remit en prison. Abou Fa-
res envoya ensuite contre Zeïdane son fils Abdema-
lek accompagné du pacha Djouder. Sos partisans lui
ayant conseillé de délivrer El Mamoun qui était
aimé des soldats de Zeïdane el de lui donner un com-
mandement, il lui confia 900 cavaliers choisis, après
lui avoir fait jurer qu'il ne chercherait pas à accapa-
rer le pouvoir. El Mamoun rencontra l'armée de Zeï-
dane à Mouata près de l'Oum Errebia et la mit en dé-
route. Abou Fares avait prescrit à ses partisans de
s'assurer de la personne d'El Mamoun en cas de suc-
cès; ils ne l'osèrent pas et so contentèrent de so
séparer de lui lorsqu'il gagna Fez à la poursuite de Zeï-
dane. Celui-ci essaya d'organiser la défense, mais la
ville ayant acclamé El Mamoun, il s'enfuit avec sa
famille et ses richesses à Oudjda, d'où il gagna Sidjil-
massa.
El Mamoun resté maltro du pouvoir exerça, malgré
son serment, des représailles contre les légistes qui
avaient autrefois condamné sa conduite et dont l'avis
avait motivé son emprisonnement. Pour se procurer
des ressources, il frappa de confiscation les biens de
804 HISTOIRE DU MAGHREB
ses adversaires otse fit faire des avances considérables
par les riches commerçants. Grâce à ces moyens, il
put constituer une armée de 3.000 hommeschoisis qu'il
fit partir sous le commandement de son fils Abdallah
contre Marrakech. Abdallah battit son oncle Abou Fa-
res à Aguelmim, le rejeta sur lo pays des Mesfioua et
entra à Marrakech où il donna à ses soldats l'exemplo
des pires excès. Il était débauché comme son père, so
livrait ouvertement à la boisson et ne pratiquait pas
le jeûne de ramadhan (1607).
De graves événements s'étaient déroulés à Alger et
à Tunis, durant ce temps. En effet, Kheder Pacha avait
indisposé la France en s'emparant do 9.000 sequins
destinés par la Porto à indemniser des négociants fran-
çais victimes des corsaires. U alla même jusqu'à diri-
ger une flotte contre l'établissement du Bastion àp
France qui fut pillé et dont les habitants furent mas-
sacrés ou réduits en osclavage. Le roi Henri IY de-
manda des réparations et le sultan envoya à Alger
Mohammed Koussa avec ordre de mettre Kheder à
mort et do prendre le commandement do la ville. Mais
les janissaires s'opposèrent à ce que satisfaction fût
donnée à l'ambassadeur français, au sujet des événe-
ments du Bastion.
A Tunis, l'ambassadeur de Franco avec l'aide do
Koussa Mustapha envoyé de la F- rte, obtint au prix des
plus grandes difficultés, du divan et du dey Othmane,
l'exécution du traité conclu ; tre Henri IY et le sultan
*

Ahmed 1" âgé de quatorze ai-. qui venait de succéder


à son père Mahomet III mort en 1603. Ce traité stipu-
lait l'échange des prisonniers ainsi que le règlement
d'indemnités dues pour actes do piraterie. L'ambassa-
deur se rendit ensuite à Alger avec Koussa Mustapha,
mais il n'eurent pas le même succès et durent se re-
tirer devant les menaces des janissaires ; lo pacha qui
RENAISSANCE DE L'ISLAM 805
voulait leur résister fut jeté on prison où il mourut.
Les Algériens finirent par accepter une transaction ré-
glant l'échange des prisonniers, mais réservant l'af-
faire du Bastion de France, L'ambassadeur rentra en
Franco et Koussa Mustapha resta au commandement
d'Alger.
Le dey Othmano, par une suite de campagnes dans
l'intérieur et jusque dans le Sahara, avait su ramener
quelque tranquillité en Tunisie. U avait en outre
donné uno certaine extension à la course dirigée prin-
cipalement contra les chevaliers do Malte et les Sici-
liens qui, de leur côté, faisaient sur son territoire des
descentes plus ou moins heureuses. Vers 1607, les
Toscans réussirent à débarquer 2.000 hommes à Bône
avec lesquels ils occupèrent la ville, sauf la casba, et
purent emporter un butin considérable.
Dans l'ouest du Maghreb central, les Espagnols
s'adonnaient à la course déprédatoire contre les Indi-
gènes de l'intérieur qui ne leur étaient pas soumis.
En 1607, ils avaient réalisé, en dix-sept courses, un
butin important et ramené 4.900 prisonniers. Les In-
digènes, pour se venger, décidèrent d'appeler les
Turcs à leur aide. Mustapha partit pour l'Ouest avec
ses forces disponibles, mais le gouverneur d'Oran l'at-
taqua à quelques lieues delà ville avec de l'infanterie,
de la cavalerie, du canon et les auxiliaires Béni Amer.
Il battit complètement l'armée turque et regagna Oran
sans avoir éprouvé do grosses pertes (1606). De retour
à Alger, Mustapha tourna son activité contre la Ka-
bylie et obtint la faculté de placer une garnison à
Djama Sahridj pour commander la route de l'Est. Il
disparut ensuite et l'autorité fut exercée à Alger par
Redouane Pacha, de 1607 à 1610.
Bien qu'ils aiont été répartis dans les hauts-plateaux
du. centre de la Péninsule et noyés au milieu d'une
20
300 HISTOIRE DU MAGHREB
population hostile, les Musulmans d'Espagno s'accom-
modèrent do la rigueur du climat el redovinrent nom-
breux, riches ot puissants, grâce à leur industrie, à
leur travail et à leur économie. A la haine religieuse
qui divisait désormais les deux peuples, s'ajoutait
maintenant une rivalité d'ordro économique : les Mau-
res produisaient à meilleur compto que les Chrétiens
et fournissaient uno main d'oeuvre moins chère. Cette
nouvelle cause d'antagonisme rendait la situation des
Musulmans tellement intolérable,qu'ils recherchèrent
à plusieurs reprises l'appui des Turcs d'Alger. Do leur
côté les Espagnols, au commencement du xvu* siècle,
réclamaient dopuis dix ans leur expulsion, par la voix
d'un parti quo dirigeait Ribora l'archevêque de Yalenco.
Après s'être adressés sans succès au chérif du Ma-
roc, les Maures entrèrent en relations avec l'ennemi de
l'Espagne, le roi do Franco Henri IY. En 1602, ils lui
avaient offert un contingent de 100.000 hommes, et
dans les années 1603 et 1604, quelques-uns d'entre eux
ou de leurs délégués se rendirent en France pour ré-
gler les conditions do l'accord. U fut entendu quo la
flotte d'Alger barrerait la route aux secours venant
d'Italie ou des Iles ; que l'armée française trouverait
à Dénia 80.000 Maures à qui elle fournirait des armes
et qu'en retour de fortes sommes soraient versées au
château de Pau, avant toute opération contre le
royaume do Gronado. Henri IY fut assassiné sur cos
entrefaites et Philippe III ayant appris son projet do
soutenir la révolto d'Espagne, rendit, en septembre
1609, un édit accordant trois jours pour le bannisse-
ment des Maures du royaume de Yalenco. Ils furent
jetés sur des navires dans le court délai fixé et débar-
qués sur plusieurs points de la côto d'Afrique. Beau-
coup d'entre eux qui abordèrent on Tunisie et à Bône,
furont bien accueillis secourus et installés; d'autres
RENAISSANCE DE L'ISLAM S07
réfugiés en France, y trouvèrent les moyens de gagner
l'Afrique.
En décembre de la mémo année, les Maures d'An*
dalousio et de Murcie furent à leur tour l'objet d'un
arrêt d'expulsion et enfin, l'édit du mois d'avril 1610
s'apliquant à l'Aragon et à la Catalogne, expulsait les
derniers Maures d'Espagne *.
A Marrakech, la population excédée par les abus
d'Abdallah fils du sultan El Mamoun, so décida à ap-
peler à son aide le prince Zcïdanoqui accourut du Sous
et fut introduit secrètement dans la ville. Abdallah
assiégé et énergiquement combattu vit tomber le com-
mandant de ses troupes et ses principaux partisans;
obligé de s'enfuir presque seul, il alla se réfugior à
Fez auprès de son père. U y trouva nombre d'habitants
qui brûlaient du désir de venger leurs frères massa*
crés à Marrakech et partit avec eux à la tête d'un ef-
fectif important. De son côte, Mostafa général de
Zeïdano avait quitté Marrakech à la tête do nombreuses
troupes et les deux armées se rencontrèrent à l'Oued
Tafelfet sur la route de Salé. Dans le combat qu'elles
se livrèrent, Mostafa fut battu et perdit 6.000 hom-
mes. Abdallah continua sa marche, battit uno autre
armée forte do 39.000 hommes, venue également de
Marrakech, et entra dans la ville tandis que Zeïdane
la quittait pour se réfugier sur les sommets de
l'Atlas.
Pondant qu'Abdallah infligeait un rigoureux trai-
tement aux habitants de Marrakech, un groupe im-
portant d'entre eux réfugiés à Gueliz, élurent un
I. A partir de l'an 1528, environ, les Musulman» d'Espagne con-
vertis par les Chrétiens cessèrent d'être appelés du nom de Maure
synonyme de musulman;dans les actes législatifs.on les nommait
toujours Chrétiens nouveaux on Morisques. V. de Circourl, Histoire
des Maures mudegares et des Morisques. Paris. G. A. Dentn, 1848,
vol. II, p. StO.
808 HISTOIRE DU MAGHREB
petit-fils de Mohammod Cheikh El Mahdi nommé Mou-
lay Mohammed avec qui ils entrèrent dans la ville
après en avoir chassé Abdallah (février 1608). Mais
Zeïdane revint et, avec l'aide de ses partisans, obligea
Moulay Mohammed à évacuer la capitale. Il apprit à
ce moment qu'El Mamoun avait pu rallier les troupes
de 8on fils Abdallah et que celui-ci arrivait à leur tête.
Il marcha contre lui do nouveau et le battit sur l'Oued
Bou Regreg, puis il prit à son service {es troupes de
Fez et les envoya contre cctto ville sous les ordres du
général Mostafa. Co chef reçut la soumission des ha-
bitants el fit rechercher El Mamoun, son fils Abdallah,
ainsi qu'Abou Fares et son fils Abdelmalek, tous ré-
fugiés à El Ksar El Kébir. El Mamoun eut lo temps do
s'embarquer à Larache avec sa mère et ses officiers,
tandis qu'Abdallah et Abou Fares, dont les partisans
avaient rejoint Zeïdane, s'enfuyaient dans l'intérieur.
Zeïdano s'étanl alors porté sur Marrakech où avait
éclaté uno révolte, son frère Abdallah et Abou Fa-
res son oncle en profitèrent pour marcher sur Fez
battirent l'armée de Mostafa, tuèrent ce général et
entrèrent dans la ville (1609).
Après être passé en Espagne, El Mamoun avait
obtenu l'appui do Philippe III en acceptant d'étro son
vassal ot de lui remettre Larache. U débarqua à Bades
avec ses auxiliaires chrétiens, mais lorsque les condi-
tions qu'il avait souscrites à l'Espagne furent connues,
les légistes do Fez et l'armée s'opposèrent à la remise
de Larache qui no put s'effectuer qu'après un combat
sanglant (1610). Indignés par sa conduite el par les
excès des aventuriers qui l'entouraient et l'avaient
aidé à dévaster le Fa lis et à prendre Tétouano, les
habitants du pays obéissant à la voix d'un mokaddem
do cette ville, décidèrent do le tuer. Capturé à Fedj El
Fers dans une embuscado tendue par un autre môkad-
RENAISSANCE DE L'ISLAM 809
t
dem nommé Mohammed Aboul Lif, El Maràoun fut mis
à mort avec un de ses fils et les gens de son
escorte (1613).
Ces événements de Tétouano et les circonstances de
la mort d'El Mamoun, appellent l'attention sur l'acti-
vité que les confréries religieuses vont déployer dé-
sormaisdans toute l'Afrique du nord. L'impuissancedes
princes temporels à lutter contre l'étranger ou leurs
compromissions avec les princes chrétiens, comme
ce fut le cas d'El Mamoun, détermineront les confré-
ries roligieuses à intervenir directement dans la poli-
tique du pays et dans la direction des affaires. Leur
intervention qui deviendra de plus en plus effective,
avec les circonstances, contribuera au maintien rela-
tif de l'ordro intérieur, tendra à réprimer les abus et
à rétablir les pratiques de l'islam dans leur pureté,
en propageant les doctrines spiritualistes du soujlsme.
Du même coup, elles feront pénétrer les principes
islamiques dans les régions les plus reculées du pays
berbère et y développeront la culture intellectuelle.
Quand ce régime sera établi à peu près partout, les.
confréries seront des sortes do sociétés d'aide mu-
tuelle et do protection jouant un rôle politique et de-
viendront les véritables dirigeants do nombreuses po-
pulations abandonnées à elles-mêmes, après la chute
des dynasties locales.
Un des adoptes du soufisme les plus fameux, au
temps d'El Mamoun, se nommait Aboul Abbas Ahmed
ben Abdallah dit Aboul Mahalli, né vers 1661 à Sidjil-
inassa. 11 avait étudié à Fez et suivi los leçons que le
célèbre Ahmed Baba donnait dans celte ville pendant
sa captivité. Auteur de plusieurs ouvrages et contro-
versislo habile, il attira à lui, par sa sainteté et sa
science, un grand nombre do gens vonus de tous les
points du Maghreb. Retourné dans son pays, il pénétra
810 HISTOIRE DU MAGHREB
jusque dans la vallée de la Saoura où il se proclama
le mehdi appelé à régénérer les pratiques de la vraie
roligion. Au moment même où la remise de Larache
aux Chrétiens et l'expulsion des Musulmans de cette
ville avaient lieu, il proclama la déchéance des fils
d'El Mamoun et lança un appol à la guerre sainte. U
réussit, ayec 4 ou 500 partisans à enlever Sidjilmassa
au gouverneur El Hadj El Mir et s'installa en mattre
dans ces oasis où de nombreuses députations vinrent
le féliciter (1611-1612).
Cependant Abdallah prenait des dispositions pour
enlever Larache aux Chrétiens; Zeïdane en profita
pour marcher sur Fez. U battit son neveu et livra la
capitale à ses soldats qui la pillèrent ; mais les nota-
bles étant venus se soumettre à lui, Zeïdane arrêta le
sac de la ville et vint s'établir sur l'Oued Fez, tandis
qu'Abdallah campait à Ras El Ma. Zeïdane alla atta-
quer son neveu fut battu par lui et rentra à Marra-
kech décidé à ne conserver que les provinces méri-
dionales. Il lui fallait, à cet effet, détruire la puissance
naissante du marabout Aboul Mahalli. Il envoya contre
lui son frère Abdallah dit Ezzobdi qui fut battu et
perdit 3.000 hommes. Co succès accrut le prestige
d'Aboul Mahalli et le laissa maître de Sidjilmassa et
du Dra.
C'est alors que le caïd Younes ayant à se plaindre de
Zeïdane, passa sous la bannière d'Aboul Mahalli et
l'engagea à marcher sur Marrakech. Le marabout
suivit son conseil et entra en triomphateur dans la
ville, tandis que Zeïdane se réfugiait à Safi. Pour re-
prendro le pouvoir à son rival, Zeïdane rechercha ot
obtint le concours d'un autre marabout, Yahya ben
Abdelmonaïm Daoudi, dont la zaouïa fondée dans le
Haut Atlas par son aïeul, étendait son influence; jus-
qu'au Sous. Les armées des deux marabouts so rencon-
RENAISSANCE DE L'ISLAM 811
trèrent à Guéliz près de Marrakech, mais dans l'ac-
tion, Aboul Mahalli fut tué d'une balle à la gorge et
son armée se débanda. Yahya entra dans la ville,
s'installa dans lo palais des sultans et quand Zeïdane
eut repris l'autorité, il s'en retourna dans le Sous où
il demeura son allié.
A Fez une révolte avait éclaté en 1611, occasionnée
par les excès des Arabes Cheraga, tandis qu'Abdallah
était à Salé. Au cours de cette révolte conduito par un
nommé Slimane Zerhouni, un grand nombre de Che-
raga et des gens originaires de Tlemcen furent mas-
sacrés. Abdallah accourut, mais les habitants le firent
prisonnier et l'intornèrent dans Foz Djedid. C'est alors
qu'arriva la nouvelle du massacre d'El Mamoun et
aussitôt, Abdallah, dans lo but do so faire éliro à sa
place, demanda leur appui à Slimane Zerhouni et au
légiste El Merbou chef du quartier des Lamtiino. Les
habitants réunis à la mosquée do Karaouiino, décidè-
rent qu'ils ne voulaient pas comme sultan le fils de
celui qui avait vendu Larache aux Chrétiens, désa-
voueront Slimano et El Merbou et les remplacèrent par
d'autres chefs. Fez vécut dans l'anarchio et fut désolée
par une affreuse, famine qui so prolongea du prin-
temps 1613 à Pété 1614.
Au commencement do 1617, Slimano réussit à repren-
dre le pouvoir, mais il fut assassiné par El Morbouqui
conserva Fez El Bali. Les parents do Slimano tentèrent
do le prendro pour lo tuer; il prit la fuite et revint
l'année suivante avec un prétendant de son choix
nommé Abderrahmane ben El Khennoud de ZorhoUn.
Abdallah toujours mattre de Foz Djedid fit massacrer
ce prétendant; ce qui décida les habitants do Fez El
Bali à lui envoyer leur soumission. El Merbou livré à
Abdallah par lo cheïkh des Béni Hassen, fut remis en
liberté par ce prince (1617).
312 HISTOIRE DU MAGHREB
En 1614, à la faveur de l'anarchie qui régnait à Fez,
les Espagnols avaient équipé uno flotte aux ordres de
don Luis Fajardo, qui s'empara de Mamoura, aujour-
d'hui El Mehdia, où des Anglais avaient établi un
dépôt et entretenaient des relations avec les commer-
çants indigènes.
Une rupture avait eu lieu, vers 1610, entre la
France et les Turcs d'Alger et de Tunis. Or cette rup-
ture occasionna une reprise de la course par les Mu-
sulmans qui avaient porté un tort considérableau com-
merce de Marseille. Celte ville s'efforçait, vers 1617,
de faire la paix avec Youssef, dey de Tunis, qui accepta
de conclure un traité stipulant la mise en liberté des
captifs des deux pays et envoya à Marseille des plé-
nipotentiaires pour sceller ce traité. De son côté Hos-
tfein Choïkh, pacha d'Alger, aidait au rapprochement
avec la France, mais il manquait d'autorité pour
réussir et son remplaçant Koussa Mustapha arrivé à
Alger en 1617, pour la troisième fois, n'y resta quo
quelques mois. Slimane Katania qui lui succéda, ren-
contra une énergique opposition de la part des raïs et
de la milice et la Porte dut renvoyer Hussein Cheïkh
avec des instructions spéciales. Aidé du consul de
France, il décida les Algériens à demander la paix.
Deux ambassadeurs vinrent à Tours se présenter au
roi et le 21 mars 1619, le traité fut signé, les am-
bassadeurs s'en revinrent à Marseille comblés de pré-
sents, pour y attendre l'arrivée do tous les Turcs dé-
tenus dans les différents ports du Midi, qui devaient
leur être livrés. Ils s'y trouvaient encore dans le cou-
rant do février 1620, lorsque le corsaire Redjeb Raïs
d'Alger attaqua un bateau de Marseille qui naviguait de
confiance, se croyant protégé par le traité, et massa-
cra son équipage. L'indignation à Marseille fut telle
que la population se précipita vers l'immeuble ou se
RENAISSANCE DE L'ISLAM 313
trouvaient les ambassadeurs et les Algériens libérés.
Malgré les efforts de l'autorité pour les protéger,
48 musulmans furent massacrés et 12 de leurs com-
pagnons seulement furent sauvés. Le parlement d'Aix
condamna à la peine de mort, le 21 mai 1620, quatorzo
habitants de Marseille coupables d'avoir massacré les
Musulmans. Cet acte de justice, pas plus que l'ar-
gument tiré do la trahison du corsaire Redjeb Rats,
origine de tous les troubles, ne purent calmer la co-
lère des Algériens qui maltraitèrent les Français d'Al-
ger taudis que les rais capturaient en mer un grand
nombre de vaisseaux français naviguant sur la foi des
traités. Mais dans leurs courses, ils n'épargnaient
aucune nation, c'est pourquoi une escadre anglaise
commandéo par l'amiral Mansel fut envoyée, en 1620,
par Jacques 1" dans la Méditerranée. Elle n'obtint
rien du pacha Kheder et, plus tard, en 1624, une
flotte hollandaise no réussit à obtenir que la liberté
do quolques nationaux prisonniers et la restitution des
cargaisons enlevées à la marine hollandaise.
* A Fez, les Lamtiine, sous la direction de leur chef

El Merbou, ne cessaient do faire de l'opposition à


Abdallah. En 1619, ce chef ayant été tué, Abdallah
imposa aux Lamtiine une amende de 80.000 pièces
d'or. Dans le mémo temps, les habitants du Hebet
réunis par un nommé El Hassan Raïssouni au tombeau
do Sidi Abdesselam ben Mechiche, proclamaient sul-
tan un frère d'Abdallah nommé Mohammed Zeghouda.
Co prétendant défit les troupes d'Abdallah et entra
victorieusement à Fez en juillet 1619. Une nouvelle
rencontre eut lieu à Meknes le mois suivant, mais
cette fois Abdallah l'emporta et rentra à Fez. En
mars 1620, la paix ayant été conclue entro les diffé-
rents quartiers do la ville, Abdallah marcha de nou- '
veau contre son frère Mohammed, le battit sur l'Oued
314 HISTOIRE DU MAGHREB
Beht et le mit en fuite. Resté seul mattre de Fez, Abdal-
lah continua sa vie de débauche et mourut par suito
de ses excès en mai 1624. U fut romplacé par son
frère Abdelmalek qui avait les même défauts.
Cependant l'influence des marabouts continuait de
s'étendre, à la faveur des luttes où se dépensaient les
fils d'Aboul Abbas Ahmed El Mansour Eddehbi et.de
l'anarchie profonde qui en résultait. A Marrakech,
Zeïdane avait particulièrement à lutter contre ces
marabouts qui, d'ailleurs, so signalaient aux popula-
tions par leurs succès dans la guerre sainte contre les
Chrétiens. L'un d'entro eux, Sid Mohammed El Ava-
chi de Salé, disciple du saint Sidi Abdallah ben Has-
soun Selassi, avait été nomro', caïd d'Azemmour par
Zeïdane et ne cessait de harceler les Espagnols de
Mamoura et les Chrétiens établis depuis 1614 à Mers
El Halk près de Larache. U s'était acquis de la sorte
une certaino notoriété et avait obtenu des chefs et ca-
dis de Taza ot du Tamesna, un diplôme l'invitant à
diriger la guerre sainte. D'autre part,* la zaouïa de
Dila était devenue un centre d'études très fréquenté
où enseignait le marabout Sidi Mohammed bon Abou
Bekr ben Amor de la tribu senhadjicnne des Mejjat.
Ses anciens disciples, confiants dans sa sagesse ot sa
science, venaient de loin le consulter et il jouissait
d'une certaine notoriété que ses fils cherchèrent plus
tard à exploiter. Enfin, le marabout Yahya ben Abd-
elmonaïra dont la zaouïa était dans l'Atlas, avait
réussi à occuper Taroudant et à étendre son influence
dans le Sous, au détriment de son rival Sidi Aboul
Hassan Ali Semlali à qui il avait enlevé cette ville.
Le chérif El Hassan ben Kasscm qui s'était autre-
fois fixé à Sidjilmassa, avait eu une postérité nom-
breuse et prospère. L'un de ses descendants nommé
Moulay Ali, s'était signalé dan» les guerres contre les
RENAISSANCE DE L'ISLAM 315
_
Chrétiens et l'un de ses arrières petits-fils, Moulay
Chérif était, au commencement du xvu* siècle, chef
de la zaouïa et le marabout le plus puissant du pays.
Son fils Moulay Mohammed le secondait parfaitement
et il avait, dans le Sous, l'appui du marabout Aboul
Hassan Ali Semlali dit Abou Hassoun.
Abdelmalek mourut à Fez en 1627; Zeïdane mourait
quelques jours après, en soptembre 1627 à Marrakech,
laissant plusieurs enfantsdont El Oualid, Aboul Abbas
Ahmed, Mohammed Cheïkh et lo jeune Abdelmalek,
héritier présomptif qui se fit reconnaître, Ses frères
Mohammed Cheïkh et El Oualid, révoltés contre lui
furent battus; quant à Aboul Abbas Ahmed, il se ren-
dit maître de Fez et y fut proclamé sultan. U fit ar-
rêter son cousin Mohammed Zeghouda et le mit à
mort ; mais il fut arrêté à son tour et emprisonné dans
la casba de Fez Djedid (1628).
Au temps où Zeïdane vivait encore à Marrakech,
M. de Razilly fut envoyé par le roi de France pour ob-
tenir le règlement de certaines revendications; mais
à son arrivée à Marrakech, il fut emprisonné et ne
put obtenir aucune satisfaction. U revint à l'époque
troublée qui suivit la mort de Zeïdane, en 1629, et ce
n'est quo l'annéo suivante qu'il obtint le règlement des
affaires en suspens et un traité favorable à la France.
Des renégats ayant eu à so plaindre d'Abdel-
malek, l'assassinèrent le 10 mars 1631. Son frère El
Oualid so fit aussitôt reconnaître par la population de
Marrakech et mit à mort ses frères, neveux et cousins
dont il prenait ombrage, n'épargnant que son frère
Mohammed Choïkh qui fut emprisonné. El Oualid en-
tièrement adonné aux plaisirs, fut lui aussi assassiné
par des renégats qui réclamaient en vain leur solde
(16 février 1631). Les habitants de Marrakech tireront
de prison Mohammed Cheïkh et le proclamèrent suc-
316 HISTOIRE DU MAGHREB
cesseur de son frère. Il héritait d'un empiro limité à
la capitale et sa banlieue, trouvait un trésor entière-
ment vide et n'avait pas d'armée. Tout le reste du pays
était aux marabouts qui se disputaient les provinces
et la prépondérance. Le plus puissant d'entre eux était
Mohammed ben Abou Bekr ben Amor, chef de la zaouïa
de Dila qui mourut âgé de 80 ans en 1636. Son fils atné
Mohammed El Hadj lui succéda; il était instruit et
énergique, mais disposé par son ambition à oublier les
conseils de son pèro lui recommandant de rester en
dehors des luttes politiques. Malgré les efforts du sul-
tan pour amener le nouveau chef de la zaouïa de Dila
à imiter la conduite de son père, Mohammed El Hadj
s'empara de Fez, de Meknes et du Tadla et reçut la
soumission des Berbères de la Molouïa. Mohammed
Cheïkh marcha contre lui et les deux armées se ren-
contrèrent à Bou Agba dans l'Oued El Abid. Battu, le
chérif rentra à Marrakech abandonnant Fez et lés
provinces du nord à son rival (1640).
Quant au marabout El Ayachi, il n'avait cessé de
harceler les Espagnols de Larache, de Tanger et d'El
Halk El Kobra. Ayant attiré la garnison de cette der-
nière place au dehors et l'ayant massacrée, il demanda
l'aide des réfugiés andalous de Salé pour escalader
les murs d'El Halk. Les Andalous ayant fait manquer
l'opération par leur retard, El Ayachi les dénonça
aux légistes comme traîtres et obtint d'eux une déci-
sion l'autorisant à les punir de mort. U se rendit à
Salé et, pendant trois jours, ses partisans massacrè-
rent la colonie de S à 6.000 Andalous réfugiés dans
cette ville. Parmi ceux qui échappèrent au massacre,
les uns se réfugièrent chez les Chrétiens et jusqu'à
Marrakech et même à Alger, d'autres enfin à Fez où
ils en appelèrent au marabout de Dila. Mohammed El
Hadj partit avec ses contingents contre El Ayachi
RENAISSANCE DE L'ISLAM 317
i
qui le battit, gagna à sa cause les Arabes soumis aux
Espagnols et marcha avec eux contre Tanger. Il re-
venait .de cette campagne, lorsque sur les confins
du pays d'Azghar, les marabouts de Dila avec leurs
contingents berbères lui infligèrent une sanglante
défaite. El Ayachi se réfugia chez les Arabes Khlot,
mais ils l'assassinèrent et envoyèrent sa tête à Salé
(1641).
Le marabout Moulay Chérif de Sidjilmassa avait
réussi à étendre son influence jusque dans les régions
sahariennes, sans avoir pu gagner à sa cause l'oasis
fortifiée de Tabouassaml dont les habitants étaient in-
féodés aux marabouts de Dila. Moulay Chérifappela con-
tre eux son allié du Sous, Aboul Hassan Ali Semlali dit
Abou Hassoun, mais une réconciliation eut lieu entre
les contingents des deux partis, grâce à une lettre de
Mohammed El Hadj de Dila les conjurant d'éviter des
luttes fratricides (1633). Les habitants de Tabouassaml
se mirent alors sous la protection d'Abou Hassoun qui
était le véritable mattre du pays, en se déclarant ses
serviteurs religieux. Peu de temps après, Moulay Mo-
hammed fils de Moulay Chérif, réussit une nuit à sur-
prendre, avec 200 hommes, le village de Tabouassaml
dont nombre d'habitants furent massacrésou dépouillés
de leurs biens. Abou Hassoun prévenu, conseilla aux
gens de l'oasis de se saisir de la personno de Moulay
Chérif. U fut capturé par ruse et envoyé à Abou Has-
soun qui l'interna dans une forteresse (1637-1638).
Ayant obtenu sa liberté peu après, moyennant une
forte rançon, Moulay Chérif revint à Sidjilmassa d'où
son fils réussit à chasser les gens d'Abou Hassoun.
Moulay Mohammed fut alors reconnu comme chef par
les habitants et forma une armée avec laquelle il
s'empara des oasis à l'est de Sidjilmassa (1610).
Vers le même temps, le trône de Portugal était re-
818 HISTOIRE DU MAGHREB
levé par le duc de Bragance proclamé roi à Lisbonne
sous le nom de Jean IY et cette révolution avait pour
effet, au Maghreb, de substituer des garnisons portu-
gaises aux garnisons espagnoles.
Le chérif Moulay Mohammed obtint quelques succès
dans ses luttes contro lo marabout Abou Hassoun et
put lui enlever la province du Dra; mais il fut moins
heureux avec les marabouts de Dila. En effet, Moham-
med El Hadj le battit complètement dans lo Garet en
1646, le pourchassa jusqu'à la lisière du Sahara et
entra à Sidjilmassa que saccagèrent ses partisans ber-
bères. Le chérif conclut avec le vainqueur un traité
aux termes duquel les régions méridionales, jus-
qu'au Djebel Béni Ayache, seraient reconnues comme
appartenant à Moulay Mohammed, étant entendu que
cinq groupes marabouliques de ce territoire conti-
nueraient à reconnaître l'autorité de la zaouïa de
Dila; de leur côté, les marabouts avaient le reste
du pays avec Fez comme capitale.
Moulay Mohammed tourna ensuite ses regards vers
l'Est et pénétra on 1647 dans la Haute Molouïa où il
reçut la soumission des Arabes Makil, Ahlaf et autres,
puis entra à Oudjda dont il fit sa base d'opération pour
soumettre les tribus de celte province à son autorité.
Il amena à Oudjda, à la suite de ces expéditions, des
prisonniers et un important butin et poussa ses opé-
rations jusque dans la banlieue de Tlemcen où il battit
les habitants de cette ville appuyés par les Turcs de
la garnison. Après avoir passé l'hiver à Oudjda, Mou-
lay Mohammed s'avança avec ses partisans jusque
dans le pays des Harar, au sud de Tiaret, où il reçut
la soumission des Hamïane, des Mehaïa cl autres, qui
lui fournirent de nombreux cavaliers avec lesquels il
envahit le Tell oranais. U refoula vers le Djebel Ra-
ched, les Soueïd, Houaret, Hechem et Hosseïne, puis
RENAISSANCE DE L'ISLAM 319
atteignit Aïn Madhi et Laghouat, soumettant le pays
à son autorité.
Les Turcs de Mascara et de Mazouna organisèrent
la défense avec les moyens dont ils disposaient et de-
mandèrent des secours à Alger. Le pacha dépêcha
des troupes avec des canons vers l'Ouest, mais le ché-
rif se dirigea sur Oudjda par le Sud et regagna Sidjil-
massa, donnant rendez-vous à ses alliés dans la plaine
des Angade, près d'Oudjda, pour lo printemps suivant.
L'armée turque après avoir atteint Tlemcen, s'en re-
tourna sans avoir rencontré les Indigènes du pays
qui s'étaient réfugiés dans les montagnes et rentra à
Alger, sans avoir pu profiter de son passage pour re-
couvrer les impôts. Le pacha d'Alger décida alors
d'envoyer deux ambassadeurs pour conclure la paix
avec le chérif. Après de grandes difficultés, les pour-
parlers aboutirent à un traité aux termes duquel
Moulay Mohammed s'engageait à no plus franchir la
Tafna considérée comme la frontière du territoire
turc.
Au commencement de l'année 1649, les habitants
do Fez El Bali que les succès du chérif avaient exaltés,
se révoltèrent contre le gouverneur Abou Bekr Tamali
représentant les marabouts de Dila. Celui-ci se réfu-
gia à Fez Djedid et résista assez énergiquement pour
que ses adversaires fassent appel au chérif. Moulay
Mohammed accourut et s'empara du gouverneur qu'il
emprisonna, mais Mohammed El Hadj convoqua aus-
sitôt ses partisans qui, sous les murs de Fez, battirent
les troupes du chérif (juillet 1649). Moulay Moham-
med se sentant diminué par cet échec aux yeux des
habitants de Fez El Bali, reprit le chemin de Sidjil-
massa. Les Andalous, sous la conduite de leur chef Ab-
delkerim, essayèrent de lutter encore contre l'ancien
gouverneur et finirent par se soumettre à Mohammed
320 HISTOIRE DU MAGHREB
El Hadj qui donna le commandement de Fez el Bali
à son fils Ahmed.
Mohammed Cheïkh fils de Zeïdane mourut à Marra-
kech en 1654, après avoir vécu effacé et fut remplacé
par son fils Moulay Ahmed El Abbas. Les chefs des
Arabes Chebanatte, ses oncles maternels, ayant essayé
de lui disputer ce qui constituait son petit royaume,
il se transporta chez eux pour tenter de les ramener
à l'obéissance, mais ils le tuèrent par surprise et ayant
élu comme chef un des leurs nommé Kerroum ben Abou
Bekr, allèrent occuper Marrakech (1659). Avec Moulay
Ahmed El Abbas s'éteignit la dynastie des ehérifs
saadiens qui avait duré cent quarante ans.
En 1661, les Anglais prirent possession de Tanger
dans les circonstances suivantes : la veuve de Jean IY
de Portugal, régente du royaume pour son fils Al-
phonse YI, désirant mettre fin aux luttes que soutenait
le Portugal contre l'Espagne, contracta avec le roi
d'Angleterre Charles II, un traité aux termes duquel
elle lui donnait sa fille en mariage ot lui cédait Bom-
bay en Inde et Tanger en Afrique, avec liberté com-
merciale et droit de résidence pour les sujets anglais.
L'amiral comte de Sandwich se heurta à la résistance
des Portugais de Tanger, mais les Indigènes de la
banlieue, sous la conduite d'un andalou nommé Ghaï-
lane, ayant attiré et tué dans une embuscade le gou-
verneur el la majeure partie de ses hommes, l'ami-
ral anglais put s'y installer en août 1661 et y laissa
un gouverneur avec des troupes d'infanterie et de ca-
valerie. L'Angleterre ayant accordé à la ville les
avantages d'un port franc, le commerce s'y développa
rapidement. Enfin, en 1668, le Portugal cédait par
traité Ceuta à l'Espagne.
En même temps que Moulay Ahmed El Abbas le saa-
dien perdait la vie chez les Chebanatte, Moulay Ché-
RENAISSANCE DE L'ISLAM 321
rif le filalien s'éteignait à Sidjilmassa. Un des fils de
ce dernier, Rachid, pour échapper aux intentions hos-
tiles de son frère Moulay Mhammed, alla recruter
des partisans à Demnat, mais il échoua et se réfugia
à la zaouïa de Dila. Ahmed le fils du chef de cette
zaouïa étant mort à Fez, l'andalou Ghaïlane de Salé
qui précédemment avait surpris et tué le gouverneur
portugais de Tanger, en profita pour attaquer et dé-
pouiller les Arabes Cheraga installés à l'est de la ca-
pitale (1559-1560). MohammedEl Hadj vint l'année sui-
vante tirer vengeance de cette attaque en refoulant,
vers la province du Gharb, Ghaïlane et ses partisans
qui se réfugièrent dans lo Fahs, au tombeau de Cheïkh
Abou Selham. Après le retour de Mohammed El Hadj à
Dila, en 1662, un nommé Doreïdi chef des Arabes Do-
reïd, s'empara, avec ses gens, de Fez El Bali. Abdallah,
fils de Mohammed El Hadj, essaya sans succès de les
en chasser.
En 1663, Moulay Mhammed frère de Moulay Rachid
quitta Sidjilmassa et alla s'établir au nord de Fez chez
les Hiaïna dont il dévasta les récoltes. Un des mara-
bouts de Dila, Mohammed ben Ali, vint prendre le
commandement des contingents Hiaïna, mais ne put
atteindre le chérif qui gagna le faubourg de Fez ap-
pelé Azrou. Les notables et les légistes le reconnurent
comme souverain et au printemps de 1664, il s'en re-
tourna à Sidjilmassa. Doreïdi reparut à Fez et entre-
prit, contre Meknes, une série d'opérations auxquelles
il associa les gens de Fez. Dans le même temps, l'an-
dalou Ghaïlane s'emparait d'El Ksar El Kcbir d'où il
dirigeait une guerre de surprises contre les Portugais
et les Anglais.
Le chérif Rachid, après être demeuré un certain
temps à Dila, s'était d'abord transporté à Azrou et à
Fez, puis à Taza, dans l'espoir de s'y créer des parti-
21
822 HISTOIRE DU MAGHREB
sans. N'ayant pas réussi, il se rendit auprès des Makil
de la plaine des Angade et de leurs alliés Béni Iznas-
sen et entra à Oudjda, après s'être fait reconnaître par
eux comme sultan. U s'empara ensuite de la maison
fortifiée du juif Ibn Mechal, près de Taza et distribua
à ses alliés les richesses qu'il y trouva.
Moulay Mhammed en apprenant ces succès, quitta
Sidjilmassa avec ses partisans arabes et berbères et
marcha contre son frère Rachid. Les deux armées se
rencontrèrent le 3 août 1664 dans la plaine des An-
gade; Moulay Mhammed ayant été tué au premier
engagement, ses adhérents passèrent au service de Ra-
chid. Celui-ci fit enterrer son frère en grande pompe
à Dar Ibn Mechal et c'est au milieu de nombreux
partisans qu'il fut investi du pouvoir à Oudjda et y re-
çut le serment de fidélité. A celle époque, Fez était en
pleine anarchie et divisée en trois quartiers rivaux
ayant chacun leur chef : Ibn Salah était maître du
quartier des Andalous, Ibn Saghïer maître du quar-
tier des Lamtiine et Doreïdi commandait Fez Djedid.
Ces chefs décidèrent cependant de s'allier contre Ra-
chid, et les Hiaïna, ainsi que les gens du Houz, se joi-
gnirent à eux pour le repousser. Le chérif quitta alors
le pays et regagna Sidjilmassa afin de combattre son
neveu Mohammed fils de Moulay Mhammed qui s'était
emparé du pouvoir. Il réussit à le réduire après un
siège de neuf mois (1665).
t RENAISSANCE DE L'ISLAM 328

Liste chronologique des souverains hafcides.

Abou Mohammed Abdelouahad ben Abou


Hafs Omar 1206-1221
Abou Zakaria Yahya 1229-1249
Abou Abdallah Mohammed El-Mostancer. 1249-1276
Abou Zakaria Yahya El-Oualek ben Mo-
hammed - 1276-1279
Abou Ishak Jer Ibrahim ben Yahya . 1279-1282
. .
Abou Hafs Omar ben Abou Zakaria Yahya
El Mostancer Billah 1284-1294
Abou Abdallah Mohammed dit AbouAcida. 1294-1309
Abou Yahya AbouBekr 1309-130C
Aboul Baka I" Khaled ben Abou Zakaria
dit Ennasser .
1309-1311
. .
Abou Yahya Zakaria ben Aboul Abbas El
Lihiani 1311-1317
Mohammed Abou Barba ben El Lihiani dit
El Mostancer IV 1317-1318
Abou Yahya Abou Bekr ben Abou Zakaria. 1318-1346
Abou Hafs Omar ben Abou Yahya 13S6-1347
. . .
Le Mérinidc Aboul Hassan ben Abou Saïd. 1347-1350
Aboul Abbas El-Fadhel ben Abou Yahya. 1350-1350
Abou Ishak II Ibrahim ben Abou Yahya . 1350-1369
Aboul Baka II Khaled ben Ibrahim . . 1369-1370
.
Aboul Abbas Ahmed ben Abou Abdallah . 1370-1394
Abou Fares Abdelaziz ben Aboul Abbas . 1394-1434
Abou Abdallah Mohammed El-Montassir 1431-1435
.
Abou Omar Othmane ben Abou Abdallah 1435-1488
.
Abou Zakaria Yahya ben Abou Omar . . 1488-1494
Moulay Mohammed 1494-1526
Moulay El Hassane (1" fois)
Première occupation turque. ..... 1526-1534
1534-1535
824 HISTOIRE DU MAGHREB
Moulay El Hassane (2e fois) 1535-1512
Ahmed Soltano
Deuxième occupation turque.
.....
MoulayMohammed tributairede l'Espagne.
Etablissement de la domination turque
1512-1569
1569-1573
1573-1574
1574
.

Liste chronologique des Sultans Saadiens.

Aboul Abbas Afimed El Aredj à Marra-


kech 1520-1514
Abou Abdallah Mohammed Cheïkh El
Mahdi à Marrakech 1514-1557
Abou Mohammed Abdallah El Ghaleb Bil-
lah 1557-1573
Abou Abdallah Mohammed dit El Mes-
loukh 1573-1576
Abou Merouane Abdelmalek 1576-1578
Aboul Abbas Ahmed El Mansour Eddehbi. 1578-1603
Zeïdane fils d'El Mansour à Fez . . 1603-1604
. .
Abou Abdallah Abou Fares à Marrakech. 1601-1607
Mohammed Cheïkh El Mamoun à Fez. 1603-1612
.
Abdallah fils d'El Mamoun à Marrakech. 1607-1608
Le même à Fez 1612-1624
Zeïdane fils d'El Mansour à Marrakech 1608-1627
.
Abdelmalek fils d'El Mamoun à Fez. 1621-1627
. .
Abdelmalek fils de Zeïdane à Marrakech. 1627-1631
Aboul Abbas Ahmed fils de Zeïdane à Fez. 1627-1628
El Oualid fils de Zeïdane à Marrakech. . 1631-1636
Mohammed Cheïkh fils de Zeïdane à Mar-
rakech 1636-1654
Moulay Ahmed El Abbas à Marrakech. 1654-1659
.
ANNEXE AU CHAPITRE V
Tableau synohroniquo des événements importants du temps des ohérlfs saadiens,
jusqu'à l'expulsion des derniers Musulmans d'Espagne.

DATES MAROC RÉGENCE D'ALGER TUNISIE ESPAGNE ORIENT

1509-16 Appela par les gens du Sous Salem Tonmi cheikh d'Ai-
le chéritsaadlen Abou Ab* ger appelle Aroudj contro
dallah obtient des succès les Espagnols. Le corsaire
contro les Portugais et enlevé Cherche! et échoue
soumet la province (1511). devant le Penon d'Argel.
A Tarou<1ant son uls El Brutalisés par les Turcs,
Aredj lutte avec succès les Algériens se joignent
contre F. Alta.de de San aux Espagnols. Aroudj
et P. de Souza d'Azom- étrangle le cheikh Salem
mour quo soutiennent los dont le ûls va demander
chefs Indigènes Yahya et du secours à l'Espagne.
Mimoun. Le cardinal Ximonos on.
En 1515 le chérif donne vole une Sotte qui eat cou*
comme capitale & son Als lée devant Alger par la
El Mahdi la place do Ta* tempête (1516).
roudant.
1516*18 Mort d'Abou Abdallah ton* Aroudj prend Ténes et ap* Mort du roi Ferdi- Solim I«* a conquis
dateur de la dynastie aaa- pelé par les gens de Tlem* nand le Catholique; la Syrie et l'Arable
dienne (1516); son flls El cen contro Abou Ham- Char les-Quint lui et enlevé le Caire
Aredj lui succède, l'autre mou III qui paie le tribut succède (1516). aux Mamelouks.
Mohammed Cheikh El a Charles-Quint, il pénètre Khaïr Eddine frère
Mahdi gouverne le Sous dans la place ( 1517). Fuite d'Aroudj lui offre la
méridional. d'Abou Hammou; son ne* souveraineté de sa
veu Abou Ziane est pendu conquête et obtient
avec ses flls par les Turcs. le titre de pacha
Massacre des Turcs de (1518).
Kalaat Béni Rached com-
mandés par Ishak frère
d'Aroudj (1518). Le marquis
de Comares chaste loi
Turcs de Tlemcen; massa*
cre d'Aroudj par lea Espa*
gnols près d'Oudjda (1518).
ANNEXE AU CHAPITRE V (suite)

MAROC REGENCE D'ALGER TUNISIE ESPAGNE ORIENT


DATES

1519*24 Guerre dea deux ehérifs Echec de Hugo de Moncade


contre les Portugais. F. devant Alger (1519).
Altaïde est tué. Lopo Bar* Echec de Khaïr Eddinedans
riga fait prisonnier et les montagnes de Kabylie
Yahya bon Tafout aisas- contre Bel Kadi qui occupe
slné. El Aredj occupe Mar- Alger (1520). Alliance du
rakech (1520) Ech«cde Mo- pacha avec Abdelazlz de la
hammedle PortugaisSultan Kalaa.
de F«z devant Marrakech.
Le Pefion de Vêlez* est en-
levé aux Espagnols (1522).
1525-86 Le Sultan mérinido marche Khaïr Eddine bat Ben El Mort du Hafcide Mo* Persécution reli-François 1*» aban-
hammed;
contre les ehérifs; combat Kadi et lo fait mourir ; les Moulay El son flls gieuse contro les donne a Charles-
d^uma. sans résultat ; Turcs rentrent a bat Alger Hassane Musulmans de Va* Quint ses posses<
et lui succède ot l'un lenco qui s'insur* Ho slons d'Italie et t'ai
un» trêve est conclue (152?) Khaïr Eddine
réfu gent. Battus lisse aux Turcs. Lt
(1528). tue Martin de Vargas corn- de ses frèresdoseKhaïr réfugient dans le Sultan Solimanavec
Lea soldats chrétiens do mandant le Peûon d'Argel. gle auprès 100.000 hommes «
Ghesaassa livrent U place L'émir de Tlemcen Abou Kddine (1526). royaume de Grenade
lui Prise de Tunis par et on Afrique (1526). tenté sans succès 1<
aux Riffalna et se font mu- Mohammed Abdallah Eddine ot Un Charles*Quint près* slègo de Vienne et
sulmans (1534). Nouvelle fait hommage de vassalité Khaïr dynastie haf- criti l'Amiral Doria prépare une non-
défaite des Mérinides a (1528). de la
Bou Agba ; traité attrl* Khaïr Eddine construit le cide(1534). Charles- de marcher contre voile attaque. Il
buant aux ehérifs la sou- port d'Alger (1529). Croisade de les Turcs; l'amiral éprouve tin deu-
veraineté sur le sud jus- Quint qui enlèveTu- est battua Cherchel xièmo échec en 15SS
qu'au Tadla (1:36). nis et replace Mou* (1531). et nomme Khaïr Ed-
Mohammed El Mahdi orga* lay El Hassane sur Moulay El Hassane de dîne capitan*pachi
niso la culturo de la canne le trône ; celui-ci Tunis se réfugieau* avec mission de dé'
a sucre dans le Sous; il nepeut rétablirl'or- près de Charles- truire les ports Doria
de
enlève aux Portugais dre et demande des Quint (1534). refuge de el
Santa-Cruz d'Aguer secours a l'empe- de chasser les Hafci«
reur(1536). des de Tunis (1535).

1537*42 ttu;.ture entre El Aredj et Mohammedflls d'Abou Ham* Echec d'une expédl*
so t frère El Mahdi (153?) ; mou III ost l'allié des Es* tlon contre Sousse
coiui-ci reprend Sali (1530), i>agaoU. Expédition de soutenue par Mou*
El Aredj attaque El Mubdi ; Charlcs-Quintcontre Alger lay El Hassane (1537).
il est battu. Traité par le- terminée par un désastre Succès d'André Do«
quoi El Mahdi conserve l (1541). Hassan Agha soumet riaa Sousso. Monas*
Sud avec Taroudant et El Ahmed ben El Kadt parti* tir et Sfax.Deuxième
Aredj obtient Marrakech sun de Charles-Quiut. Ap* échec de Moulay El
loTaûlaUetleTadia(1539}. pelé a Tlemcen, il place Hassane; les villes
Abou Ziane sur le trOne de Sousse,Sfax, Ikli*
(t3.-). bïaacceptentla pro-
tection de Dragut
Pacha (1540). Ahmed
Soltane s'alliea Dra*
gut, fait périr son
père Moulay El Has*
sane et accapare le
pouvoir (1542).
1543-4? Nouvelleattaque d'El Aredj ; Abou Zlaao extermine la co-
11 est battu et El Mahdi lonnede MartinezdeAgulo
occupe Marrakech (1543). à Chabot El Leham près
En 1544, El Aredj ne peut d'Oran ; il est battu par le
obtenir l'aide du sultan Comte d'Alcaudete sous les
mérinido et se retire au murs de Tlemcen. mais il '
Taillait. tu<~< aon frère Abou Abdal-
Combat de Fichtala ; le sul- lah allié d'Alcaudete(1543).
tan Aboul Abbas Ahmed de Hassan llls de Khaïr Eddine
Fez est battu, fait prison- obtient le gouvernement
KMI*. SSS&i&S. "•**"<«">• WffîUWM
ANNEXE AU CHAPITRE V (suite)

MAROC REGENCE D'ALGER TUNISIE ESPAGNE ORIENT


DATES

1549-50 Occupation de Meknès par


El Mahdi ; mise en liberté
du sultan mérinidoet con-
clusion d'une trêve de cinq
ans (1549). El Mahdi assiège
Fez défendue par Ali Abou
Hassoun oncle du sultan
mérinido et s'empare de
la ville (1550).
1581*54 de Tlemcen Les corsaires Slnane Salah Raïs attaque
Hassan Corso d'Alger, cou- Les habitantschérif
contre Pacha, Dragut et Majorque (1558). Il
vie le chérif de Fez à mar- appellent le Espagnols.
cher avec lui contre les les Turcs ot les Mourad Agha enlè- échoue, mais pour-
Espagnolsd'Oran. Moham* Mohammed El Harrane en* vent Tripoli aux suit une flotte por*
tugaise qui rame*
med El Harrane gouver- tre & Tlemcen et en chasse Chrétiens. Don Juan
Abou Ziane qui se de Vega vice*roi de naît le mérinlde
neur de Taroudantet Mou* Moulay Abou Hassoun
lay Abdelkader gouverneur réfugie a Oran (1551). Le SicileenlèveMendia AU
soldats
do Marrakech marchent chérif soumet les plaines au corsaire Dragut lui avec 300
fournis
a
vers lo Maghreb central, Echec
de l'Oranio et rentre a Fez. Pacha. par Don
de Moulay Abdelkader Juan.
dans la vallée du Chéltf;
Hassan Corso lui tranche
la tète et laisse k Tlemcen
le Caïd Seffah avec 500 ja*
nissairea.

1554-57 Salah Raïs bat l'armée du Salah Raïs nommé k Alger


, MSIS<iîrS.!ï?
'" Le flls d« Salah Raïs
chérif près de Taza et soumetTouggourtetOuar SSSS£SSSSi
poursuit sa marche avec gla. U marche ensuite sur ïï»W»5ï!n.ÏÏ?ï!
Abou Hassoun jusque sur Tlemcen avec le mérinlde }• W?.dro, 0r« •*
l'Oued Sebou près de Fez. Abou Hassoun.
Boïgie
"1WMUU'
îtS^Hï ïtîSS
Il pénètredans la capitale Prise de
eu Janvier 1554; Abou Has* Raïs (1555).
P Salah
par Kïï lî^SÏÏÏÏS
VùtÀ coSrTlll
'do
soun pâte l'Indemnité pro- Mort Salah Raïs ; aon d'îî?«
mise aux Turcs qui ren- lieutenant Hassan Corso Trircs
Turc* a Alger*
trent à Alger. Abou Has- marche sur Oran. mais il
soun battu par le chérif est rappelé a Alger; les
gagne l'Espagne et meurt Espagnols le poursuivent
en mer (1554); El Mahdi ot lui enlèvent son artlile*
rentre a Fez où il laisse rie (1556).
aon flls Moulay Abdallah ot Tentative sans succès du
prend Marrakech comme chérif contre Tlemcen
capitale. Salah Kahia avec (1557).
des soldats turcs assassine
le chérif allié des Espa-
gnols et va occuper Tarou-
dant. U est exterminé avec
ses hommes auTafllalt par
Abdelmoumen flls d'El
Mahdi.
Abou Mohammed Abdallah
lui succède ot Abdelmou* , SS^iSS^H^
L(l*„,»„_,««-«MU..
î*l^îlV.îîff,#iS
mon est nommé gouver* IXïïXffgSiSl
neur de Fez (1557). I
I («57).
ANNEXE AU CHAPITRE V (suite)

DATES MAROC REGENCE D'ALGER TUNISIE ESPAGNE ORIENT

1558*66 Hassan Agha marche contre Echec d'Alcaudeted'Oran ot Edlt de Philippe H Dragut maître d«
le nouveau chérifallié des du caïd Mansour de Tlem- interdisais aux Mu* Tripoli combat
Espagnols ; il atteint sans con devant Mostaganom ; sulmans de porter les chevaliers de
succès l'Oued El Leben.Ab* retraite désastreuse sur des armes(1S60).Dé- Malte; Philippe II
delmoumen frère du chérif Oran. Hassan Pacha a fense leur ost faite organise une croi-
Abou Abdallah se réfugio épousé la fllle du roi de de parler l'arabe «t sodé contre Tripoli
a Alger ot épouse la flll« Koukou et marche avec lui do porter leur «os- (1859). Dragut bat la
de Hassan Agha; Il obtient contre Abdelazlz roi de la tume ; leurs livras flotte chrétienne
le gouvernement de Tlem- Kalaa qui est tué (1559). sont brûles (1566). (1560). Soliman «n«
cen. Expédition de Hassan Pu. voie Piali Pacha
Abou Abdallah appelle le cha, U échoue k Mostaga* contre Malte. Mort
roi d'Espagno; U est assas- nem et à Merselkéblr(1503). de Dragut «t échec
slné a Tlemoon (1561). de l'armé* mutul*
mane (1868).
"
1568*75 Moulay Abdallah fait exécu* Euldj AU ae concerte avoc Les projets d'Euldj Le hafcide Ahmed Une croisade est pro-
ter des travaux d'utilité les Maures de Grenade qui AU oontr* Oran Soltano chassé de clamée k Borne «ntra
publique et crée le mellab se soulèveront pendant étant découverts,il Tunis par Euldj AU Espagnols, Italiens
de Fez. U meurt en 1574 ; qu'il attaquera Oran, ** tourne contre le va demander l'aide «t Allemands; don
son flls Abou Abdallah Mo* hafcide Ahmed Sol* de Philippe II (1969). Juan d'Autrichebat
bnmmed le remplace; ses tane, le bat «t entre Les persécutions k Lépante ta flotte
frères Aboul Abbas Ahmed & Tunis où 11 laisse poussent les Maures musulmane d'Ali
et Abdelmalek «• réfugient le caïd Ramdhane a la révolto; ilssont Pacha (4570).
auprès des Turcs ; ce der* (4569). PrlsedeTunis refoulés sur les pla-
nter va k Constantlnoplo par Don Juan d'Au* teaux de «allée «t
et ramène une armée triche qui mot Mo* d'Estramadure «t
aveo laquelle U bat son hammed lo hnfclde loursbienssontcon*
frère iRokn et se fait pro- sur le trône (1573). flsqués (1569).
„ clamor k Fez (1575). Les Turcs ronron-
nont Tunis (1574).

--»-»-»-»-»-»-»-»-»-»-t-t-»«MH«™
1578*81 ILe prince Abou Abdallah Mo*|Conquét«aes oasisau TOUS, oïl I
hammed obtient l'aide du Por- du Gourara par les arméesdu
tugal et passe au Maroo avec sultan aaadlen Aboul Abbas
don Sébastien. Le aultan «t Ahmed (1582;.
son frèro Aboul Abbat mar- Hassan Vonoilano succède k
ohent contre eux. Bataille Alger au pacha Ramdhane qui
d'El Ksar El Kébir ou des trois passe a Tripoli (1582). Le pa-
rois; défaite et mort de don cha Hassan organise la course
Sébastion. Mohammed se noie ot ramène 10.000 musulmans
dans l'Oued Lekkous (1578) ; de Barcelone.
Abdelmalek mort pendant le
combat est remplacé par Aboul
Abbas Ahmed surnommé El
Mansour.
1588-96 Le Portugal passe aux mains Dali Ahmed tué 4 Tripoli ost RamdhanePacha essaie de ro-
de Philippe U et les Espagnols remplacé a Alger par Kheder tabUr l'autorité turque à Tri-
occupent les ports chrétiens Pacha (1589). poli; 11 perd la vie, ainsi que
du Maghreb; Us pordont Ar- Alger e«t en plein» anarchie ; son successeur Dali Ahmed
zlla (1589). Le pacha Djouder les Kabyles ravagent les cam* (1589).
bat le sultan noir Askia prés pagnes et bloquentAlger peu- Révolte des Janissaires à Tunis
de Tombouctou (1591). Siège dant onze jours (1596). (1589*93) ; la dey Otbmane ré-
de Gaghou par le pacha Mah- tabllt l'ordre «t organise le
moud, conquête du Soudan y paya intérieur,
compris leBornou. El Mansour
roçoit le surnom de Eddehbi.
1600-10 L'héritier présomptif El Mu-Le pacha Slimane est battu par Le dey Othmane organise la Los Musulmans d'Espagne s«
moun. avoo ses alliée arabes, les Kabyles dans le Djurdjura course contro les chevaliers sont reconstitués; l'archevé.
tente d'amener les Turcs do (1600). de Malt* et Us Siciliens qui que Riben do Valence 4e-
Tlomcon au Maroo. U est cap* L'amiral Doria opérant pour font de fréquentes descentes mande leur expulsion* Les
turé par lo pacha Djouder l'Espagne échouo devant Al- sur les côtes tunisiennes. Maures n'obtenant rien du
(1602). Mort du sultan El gor (1601). chérifdu Maroc» s'adressent
Mansour (1603). El Mamoun Kheder Pacha revenu pour la k Henri IV ennemide l'Espa-
bat ses frères Zeïdane et Abou ^troisième fols k Alger (1604) gne. Il est assassiné et le
Faros et se fait proclamer a refuse les réparations accor- complot découvert; on odit
Fez (1603); son AU Abdallah dées par la Porte au roi royal accorde trois jours pour
enlève Marrakech que lui dis* Henri IV pour le pillage du le bannissement des Maure*
Sutent Zeïdane et Moulay Mo* Bastion de France ; U ost sou* de Valence (septembre 1609).
ammed(i607);sucoèsdeZeï- tenu par les Janissaires. PU- Deuxième edlt d'expulsion
dane et fuite d'El Mamoun en lages des Espagnols dans U contre les Meures d'Andalon-
Espagne. Abdallahfait mourir Maghreb central dont Us «le et de Mnrcic (Déoenv
son onole Abou Fares et oc- habitants appellentles Turcs. bre 1609).
cupe Fes (1609). El Mamoun Echecde Mustaphaprès d'Oran Troisième édit contre les Mu-
revient aveo des troupes four- (1606). Redouane Paoba U sulmans d'Aragon et de estâ-
mes par Philippe III dont 11 remplace (1607). logne,qui expulse lesdernier*
est vassal et à qui il livre Maures d'fispsgae (1610).
après un combat
Larache,(leïty j..
ncfoaniô
ANNEXE AU CHAPITRE V (suite)
Ttbleau •ynçhronlqnodes événement* importantsdu temps
\ i i j
PATIS | MAROC &ÊGE»oe$D,ALGERETDBTl/3I$;BV*0PI
des ohériltsudion*, depuis 1* conquêtedo Tunis ot do Tripoli PAT lot Turc*.
1613-60 Battu par Mohammed El Hadj au Ca- Une armée turque expédiée d'Alger
ret, le chérif traite aveo lui ; il ne peut atteindre le chérif qui re-
DATES MAROC ftCOBSOBD'ALGERETDETVSIS;EOBOPf garde le sud jusqu'au Djebel Béni gagne Sidjilmassa par le Sud. Le*
Ayache et le marabout le reste du Turcs traitent avec lui et II s'en-
i. I .- pays avec Fes. Le chérifs'aille aux gage k ne plus traverser U Tafna
.—•MaH***---*. i il i. in 11 . i in. i u i i n i m , Arabes de la haute Molouïa. prend (1647).
16111* Les haMUnU de Tétouano et du Fahs Oudjda, bat les gens de Tlemcen,
soulevésparu» mokaddem,mettent pénètreJusqu'à Tiaret et Ain Madhl
El Mamoun mort (1IIS). t
Anarchie i Fti ; les habitants se ré* I
en refoulant les Arabes (1647). Ré*
volte de Fes contre Abou Bekr Ta*
voilent contre Abdallah dont le mail gouverneur pour lea mara-
père a vendu Larache aux Espa- bouts de Dila ; la ville appelle le
gnols. Les maraboutsse substituent chérif Moulay Mohammed qui est
aux princes Impuissants contre les battu et se retire au Tafllalt.
étrangers; Aboul Mahalli se pro- Mohammed Cheikh flls de Zeïdane
clame mehdl au Tafllalt (1612). meurt i Marrakech; son fils Moulay
Abdallah bat son oncle Zeïdane k Fez, Ahmed El Abbas le remplace (16541;
Aboul Mahalli enlève Marrakech; Il est tué par ses oncles materne»
Yahya ben Abdslmonalm allié de les Arabes Chebanatte dont U chef
Zeïdane, bat Aboul Mahalli qui est Kerroum occupe Marrakech (1659).
tué. Avec Moulay Ahmed II Abbas finit la
L'amiral espagnol Fajardo s'empare dynastie saadlenne. Mort de Moulay
de Mamoura (Mendia) en 1614. i
Chérif Sidjilmassa; son flls Rachid
pour échapper k son frère Moham-
1617-84 Abdallah obtient la soumission de Hosseln Pacha au nom de la Porte, med, se réfugie! la Zaouïade Dila.
Fez (1617); il lutte contre son frère
signe un traité avec la France Ghaïlane de Salé dépouille les Ara*
Mohammed Zegfaouda et meurt en (1619). Le corsaire Redjeb Raïs alla- bes cheraga voisins de le capitale
1624 ; son frère Abdelmalek le rem-
que uo vaisseau marseillaismalgré (1660).
place. le traité. Représailles contre les,
Le marabout El Ayachi de Salé orga- Turcs réunis k Marseille qui sont 1661*64 Cession de Tanger il'Angleterre par
nise la guerre sainte; Sidi Moham- massicrés (1620). Les Algériens ré- la Régente de Portugal (1661). Do-
med ben Abou Bekr des Mejjat est pondent en s'attaquent k tous le* reïdi dea Arabes Doretd enlève Fes
chefde la zaouïa de Dila. Chrétiens. Une escadre anglaise In- El Bail au DilaT (1662). Le chérif
Moulay Chérifchef de zaouïa au Tafi- terrien! k Alger sans succès (1620); Moulay Mohammed vient de Sldjll-
lait, s'allie au marabout du Sous une escadre hollandaise obtient massa se faire reconnaître k Fes
Aboul Hassan AU Semlall. quelques satisfactions (1624). (1663).
Le prince Rachid quitte la saoula de
1627-31 Mort d'Abdelmalek k Fez et de Z*ï* Dila et va occuper Oudjda avec ses
dane Marrakech; de Rasilly ob-
A partisans Angade et Benl Isoassen.
tient un règlement des affaires de Il s'emparede la forteressedu juif
France et un traité favorable(1630); Ibn Mechal de Taxa; son frère
Abdelmalek flls de Zeïdaneest assas- Mohammed marche contre lui, mais
siné ; son frère Oualid est assassiné Il est tué en août 1664 dans la plaine
k son tour et c'est teur frère Mo- d'Angade et Rachid est Investi du
hammed Cheïkh qui est proclamé k
Marrakech (1636).
t
pouvoir Oudjda.

163641 Mohammed El Hadj marabout de Dila


prend Fei, Mekoes et Tadla ; Moham-
Cheikh bat à Bon Agba le marabout
qui se retire k Marrakech (1640).
Mohammed flls de Moulay Chérif Le duc de Bragance relève le trône
i
triomphe Sidjilmassa du roara* du Portugal (164041).
bout Semlall et reste maître de
toutes les oasis (1610).
Des garnisons portugaises sont sub-
stituées au Maghreb aux garnisons ^
espagnoles (1640).
Le marabout El Ayachi massacre les
Andalous de Salé ; 11 est battu et tué
par les marabouts de Dila (1641).
CHAPITRE VI
Lot Chérit! Filalioni.

Les ehérifs Maliens ou hassanlens. — Moulay Rachid au Tafllalt,


-
puis à Fes. Moulay Ismaïl (1672-1727). — Les Abid Bokhari.
— Sidi Mohammed ben Abdallah (1757-1790). — Moulay Slimane
-
(1792*1822). Moulay Aderrahmane (1822-1839).

Le chérif Rachid après avoir soumis Sidjilmassa à


qui sa dynastie a donné le nom de TaGlalt, se porta
en 1665 vers Taza que les gens de Fez étaient venus
défendre. U s'en empara et poursuivit ses défenseurs
jusqu'à l'Oued Sebou. U refusa d'entrer en pourparlers
avec eux et investit Fez ; mais au bout de trois jours*
ayant été légèrement blessé, il alla dans le Riff com-
battre un agitateur qui lui faisait de l'opposition et
s'empara de sa personne. U reprit ensuite le siège de
la capitale et ce n'est qu'après une lutte énergique
d'un mois entier qu'il pénétra dans Fez Djedid évacué
en même temps par Doreïdi (24 mai 1667). Le lende-
main il attaqua Fez El Bali où Ibn Saghïer chef des
Lamta, alla avec son fils se réfugier dans le bastion de
Bab Guissa, pour prendre ensuite le large, tandis que
le chef des Andalous, Ibn Salah, s'enfuyait de son côté.
Rachid lès fît rechercher et mettre à mort, ainsi que
leurs principaux partisans et reçut le serment de fidé-
lité des habitants. U restait à réduire, dans le nord,
le chef Ghaïlane qui était mattre de la province du
336 HISTOIRE DU MAGHREB
Gharb et l'allié du gouverneur anglais de Tanger.
Ghaïlane chassé d'El Ksar El Kébir par le chérif, ga-
gna Arzila et alla ensuite so réfugior auprès des
Turcs à Alger.
Rachid porta alors ses efforts contre les Berbères
de Dila; il enleva du butin aux Aït Ouallal et s'en re-
vint à Fez. Mohammed El Hadj le poursuivit jusqu'à
Bou Mezoura près de Fez, mais après une lutto de
trois jours, il dut fuir devant les forces du chérif.
Rachid se porta ensuite sur Taza contro les Béni Zo-
roual et marcha sur Tétouane. U fit arrêter le chef
de cetto ville Aboul Abbas Neksis et quolques notables
qu'il ramena avec lui et emprisonna à Fez. Après cela
le sultan alla attaquer la zaouia môme de Dila. Les
marabouts, sous la conduite du fils do Mohammed El
Hadj, se portèrent résolument à sa rencontre jusqu'à
Botn Errommane dans le Fazaz où ils furent entière-
ment défaits. Le vainqueur poursuivit sa marche, pé-
nétra dans la zaouia lo 24 juin 1668 et la détruisit de
fond en comble, ainsi que les nombreuses constructions
qui l'entouraient; quant aux habitants, ils eurent la
vie sauve et ne subirent aucun dommage. Mohammed
El Hadj et ses parents s-.uls furent arrêtés et envoyés
à Fez pour être ensuite exilés à Tlemcen.
La ville de Marrakech était alors commandée par le
chef des Chebanatte, Abou Bekr, qui avait succédé à
son père Kerroum. Quand il apprit que Moulay Rachid
marchait contre lui, il gagna les hautes montagnes de
l'Atlas. Lo sultan entra à Marrakech sans coup férir,
fit mettre à mort tous les Chebanatte qui s'y trouvaient
et infligea le même sort à Abou Bekr et ses principaux
partisans dont il avait pu se saisir. U rétablit l'ordre
dans la ville, en réorganisa l'administration et rentra
à Fez. Vers la fin do la même année 1669, Rachid alla
soumettre les Chaouïa cantonnés sur la rive droite de
LES GHÊRIPS FILÂLIKMS 337
l'Oum Errebia et les Sendhaja Ait Ayache qui se li-
vraient à toutes sortes de déprédations, puis il rentra
en suivant la vallée do la Molouïa et fut atteint en
route d'une maladie dont il faillit mourir.
Dès son retour à Fez, il lit construire quatre arches
au pont de l'Oued Sebou, près do la ville et fit restau-
rer lo pont du Ressif sur l'oued Foz ; enfin il fit frapper
des monnaies qu'on appela rachidiennes et, dans le
courant de l'année 1670, il donna des fêtes somptueu-
ses à l'occasion du mariage de son frère Moulay Ismaïl
avec uno princesse d'origine saadienne.
Abou HassounSemlali était resté lo mattre incontesté
du Sous jusqu'à sa mort ot avait eu pour successeur
son fils Abou Abdallah Mohammed. A la fin de l'an-
née 1670, Rachid marcha contro lui et commença par
exterminer les Berbères Hechtouka et ceux du Sahel.
Il alla ensuite s'emparer de la forteresso d'Uigh, rési-
dence d'Abou Hassoun et rentra à Fez où il fit cons-
truire la médersa Cherrathine.
On apprit alors que lo neveu du sultan, Ahmed ben
Mohammed, s'était révolté à Marrakech. Rachid par-
tit avec des troupes, mais lo rebelle lui fut livré en
route et il l'envoya au Taillait. Après son entrée à
Marrakech, les habitants du Sous lui envoyèrent une
dépulation offrant leur soumission. U resta dans cette
ville jusqu'au printemps de 1672 et prit part à la
fête des sacrifices. Au cours des réjouissances, il ga-
lopait à cheval dans une allée plantée d'orangers,
lorsqu'il fut violemment atteint à la tête par une
branche et mourut de sa blessure U avait quarante-
deux ans.
Grâce à son activité intelligente, Moulay Rachid
avait su, en peu d'années, assurer l'établissement de
la dynastio des ehérifs hassanis filalis. U s'était avan-
tageusement fait connaître au dehors et alors qu'il
22
3iS UISTOIRK DU MAGUREB
n'était encore mattre que du Tafilalt, il avait reçu,
en 1666, la visite de Roland Fréjus, délégué des com-
merçants de Marseille, à qui il avait remis une lettre
pour le roi Louis XIV, accordant des privilèges com-
merciaux et l'autorisation de fonder un comptoir à
Alhucema8.
Lorsque Moulay Rachid était devenu le mattre du
Maghreb, il avait accepté la soumission de tribus di-
tes Churaga parce qu'elles provenaient de la fron-
tière orientale du pays, c'est-à-dire du territoire des
Angade, où elles étaient les alliées des Turcs. Parmi
ces tribus, les unes Sedjaa et Béni Amer étaient ara-
bos, les autres: Houara, Mediouna et Béni Senous
étaient berbères. Rachid leur donna en fief les ter*
rains do Sadina et de Fichtala entre le Sebou et
l'Ouergha et les réunit en une seule tribu où l'on ne
distingue plus aujourd'hui les Berbères des Arabes.
Dès que la mort de Moulay Rachid fut connue à Mek-
nes, son frère Moulay Ismaïl qui était son lieutenant
pour le gouvernement de la province du Gharb, fut
élu par la population ainsi que par les notables, les
savants et les ehérifs ; il n'y eut que Marrakech et ses
dépendances qui s'abstinrent d'envoyer des députa-
tions. Le nouveau sultan, alors âgé de vingt-six ans,
prit aussitôt en mains les rênes du pouvoir et adopta
Meknes comme capitale. Au Tafilalt, son neveu Moulay
Aboul Abbas Ahmed ben Mahrez avait gagné à sa
cause les Arabes du Sous et s'était transporté à Marra-
kech dont les habitants, par attachement à son parti,
s'étaient abstenus d'envoyer une députation reconnaî-
tre Moulay Ismaïl. Le sultan marcha contre Ben Mah-
rez, le mit en fuite après avoir culbuté son armée et
entra de vive force à Marrakech. A peine de retour à
Meknes, Moulay Ismaïl apprit que les habitants de Fez
s'étaient révoltés, avaient tué leur gouverneur et ap-
LES CHÉRIFS FILALIEHS 339
pelé Ben Mahrez pour lui offrir le pouvoir. Tandis que
ce prétendant annonçait son arrivée à Debdou, un
courrier venant de Fei apportait la nouvelle que l'an-
dalou El Khadir Ghaïlane parti d'Alger, avait débar-
qué à Tétouane où la famille de Neksis avait embrassé
son parti. Moulay Ismaïl marcha d'abord contre Ben
Mahrez jusqu'à Taza, l'assiégea pendant des mois et le
contraignit à fuir dans lo Sahara. U se transporta en-
suite dans le Hebet où il atteignit Ghaïlane et le tua,
puis Vint attaquer Fez qui fit sa soumission après un
siège de plusieurs mois (octobre 1673).
De retour dans la ville de Meknes pour laquelle il
'avait une prédilection marquée, Moulay Ismaïl y en-
treprit des constructions importantes de palais et au-
tres édifices. Il élargit l'enceinte de la ville du côté
ouest el en fit abattre la partie orientale pour agran- '
dir l'ancienne casba et en dégager les abords. Il fit édi-
fier ensuite un vaste palais et la grande mosquée qui
avoisine le Ksar Ennasser bâti par lui alors qu'il était
gouverneur. Tandis qu'il s'occupait de ces travaux, il
apprit que Ben Mahrez s'était emparé de Marrakech.
Il partit aussitôt, traversa le Tadla et rencontra l'ar-
mée rebelle à Bou Agba, dans l'Oued El Abid. Ben Mah-
rez fut vaincu et perdit le commandant de ses troupes.
Moulay Ismaïl le poursuivit à Marrakech, investit
la ville et l'enleva de vive force (1674). Tandis que
Ben Mahrez s'était réfugié dans la province du Dra, le
sultan dirigeait une série d'opérations militaires pour
ramener dans l'ordre les tribus Chaouïa, Haha et
Chebanatte, après quoi il allait de nouveau assiéger
son neveu qui avait reparu à Marrakech. II investit la
ville en 1675, mais y rencontra une énergique résis-
lanco qui dura jusqu'au mois de juin de l'année 1677.
Moulay Ismaïl entré à Marrakech pour la troisième
fois livra la ville au pillage et fit mettre à mort
340 HISTOIRE DU MAGHREB
ou emprisonner les habitants les plus compromis.
Pendant qu'il investissait Marrakech, le sultan ap-
prit qu'un descendant des marabouts de Dila, Ahmed
ben Abdallah, revenant du pèlerinage, se proposait,
avec l'appui de la Porte et des Turcs d'Alger, de re-
constituer la zaouia do ses ancêtres. U avait même
battu deux armées chérifiennes envoyées contre lui et
ravageait le Tadla avec ses adhérents et les contin-
gents berbères Son hadja gagnés à sa cause. Moulay
Ismaïl quitta Marrakech soumise à son autorité et
trouva au Tadla son frère Moulay El Harrane venant
du Tafilalt lui demander aide contre son autre frère
Moulay Hammada. Le sultan repoussa les avances
d'El Harrane et remporta sur les marabouts de Dila
une victoire qui fut suivie de terribles représailles. El
Harrane effrayé s'enfuit dans le Tafilalt, mais il fut
poursuivi et ramené au sultan. Moulay Ismaïl lui par-
donna et le renvoya dans le Sahara avec l'obligation
de n'en pas sortir.
.
Rentré à Meknes, Moulay Ismaïl reprit les embel-
lissements de sa capitale, y fit édifier la mosquée
Djama El Akhedar et armer sa casba de canons do
bronze et de mortiers, dont une batterie circulaire
pouvant tirer dans toutes les directions. U fit cons-
truire aussi d'immenses écuries pour 12.000 chevaux,
de vastes greniers à provisions, un bâtiment en
forme de dôme avec arcs et portiques, réservé aux
armes et harnachements de la cavalerie et au-dessus
duquel était un palais de vingt pavillons appelé el
mansour. Une pièce d'eau sur laquelle pouvaient évo-
luer des embarcations et un grand jardin planté
d'oliviers et d'arbres fruitiers, complétaient les dé-
pendances de la casba impériale de Meknes.
C'est alors que Moulay Ismaïl s'avisa de créer des
milices dévouées à sa personne et qui, judicieusement
LES CHÉRIFS FILALIBNS 341
k

réparties dans le pays pour surveiller les populations


indigènes, devaient les empêcher de grouper leurs
forces et de se jeter dans la rébellion. U organisa
d'abord le guich dit des Oudaya comprenant trois
corps: celui du Sous, celui des Meghafra et celui des
Oudaya proprement dit. Les gens du Sous étaient les
Oulad Djerrar, les Oulad Motha, les Zirara et les Che-
banatte, tous des Arabes Makil, autrefois au service
des Saadiens. Us furent installés dans la plaino d'Az-
ghar ou du Gharb, pour surveiller les Arabes Khlot et
Sofiaoe qui avaient soutenu les Béni Merine auxquels
ils étaient alliés et n'avaient pas voulu reconnaître
les Saadiens. Les Meghafra et les Oudaya chassés du
Sahara par la disette, avaient traversé le Sous et at-
teint la banlieue de Marrakech où ils furent recrutés
par Moulay Ismaïl, lorsqu'il enleva pour la deuxième
fois la ville à Ben Mahrez, puis envoyés avec leurs
familles à Meknes et installés près de la casba. D'autres
groupes vinrent les rejoindre et le sultan leur adjoignit
les Chebanatte et les Zirara fixés à Fez avec Doreïdi.
Ce fut ensuite le guich des abid bokhari que Mou-
lay Ismaïl constitua avec des nègres libres ou escla-
ves et des harathine recrutés dans toutes les provinces;
des négresses furent achetées pour être données en
mariage aux célibataires et expédiées à Meknes. Le
sultan arma ces nègres au nombre de 3.000, leur
nomma des caïds et les envoya à Mechra Erremla dans
la banlieue de Salé. Le rccrutemont des nègres et
négresses fut poursuivi, moyennant lo paiement do
leur valeur aux maîtres do ceux qui n'étaient pas de
condition libre et un second groupe de 3.000 nègres
fut installé à El Mahalla; 4.000 abid provenant du
Taraesna et des Doukkala furent placés d'abord à -
Meknes et plus tard répartis entre la casba d'Adekh-
sane et la zaouïa de Dila.
342 HISTOIRE i>U MAGHREB
Enl•
Moulay Ismaïl ayant fait vers l'année 1677
une expédition dans le Sous, s'avançajusqu'à Akka et
.

Tassint et atteignit même Chinguiti sur les confins du


Soudan. Il y reçut la soumission des Arabes Makil du
pays: Oulad Delim, Berabiche, Meghafra, Oudaya,
Motha et Djerrar. Us étaient commandés par Bekkar
cheïkh des Meghafra qui donna en mariago sa fille
Khenatsa au sultan. Moulay Ismaïl ramena de cette
expédition 2.000 harathine avec leurs enfants et les
envoya à El Mahalla. L'armée noire ainsi constituée
comptait alors 14.000 hommes, dont les chefs furent
réunis et prêtèrent le serment de fidélité sur le re-
cueil de la la loi traditionnelle appelé Sahih El Bch
khari; c'est pourquoi le nom à'abid bokhari et de
bouakher leur est resté. Ces miliciens bénéficiaient de
grands avantages, mais leurs enfants appartenaient à
l'Etat qui, par une éducation spéciale, préparait les
garçons pour l'armée ou les différents corps de métiers
et les filles pour les services intérieurs du palais.
A Alger, une révolution a encore modifié les liens
qui unissaient le pays à la Porte; le pacha, en effet,
n'exerce plus le pouvoir exécutif passé aux mains d'un
dey choisi dans leurs rangs, par les raïs de la Taïffe.
Car la marine a pris la prépondérance, grâce au déve-
loppement considérable donné par les Algériens à la
course sur mer ; mais cet état de choses a occasionné
do multiples réclamations européennes qui, en 1672,
amenèrent une rupture avec la France. En 1678, une
escadre anglaise commandée par lord Narborough
vint canonner la ville et l'annéesuivante, ce futl'ami-
ral français Tourville qui se présenta au nom du roi
de France et obtint des satisfactions restées par la
suite sans résultats. Quant à la Hollande, après des in-
succès répétés dans la Méditerranée, elle s'engagea
par traité à fournir aux raïs, malgré les protestations
LES GHÉIUFS FILALIENS 313
,
des autres puissances européennes, non seulement des
agrès et des cordages, mais encore de la poudre et des
canons. En 1680 eut lieu f'eipédition de Duquesne
chargé d'obtenir la restitution réciproque des escla-
ves et en 1681, les Anglais ayant subi d'énormes per-
tes, signèrent 1a paix avec Alger, aux mêmes condi-
tions que les Hollandais.
En 1679, Moulay Ismaïl se porta dans les hauts pla-
teaux à l'est de la Molouïa où il reçut des députations
des Doui Menia, Dekhissa, Hamiane, Mehaïa, Amour,
Oulad Djerir, Segouna, Béni Amer et Hochem avec
lesquels il s'avança jusqu'aux sources du Chélif dans
le Djebel Amour. Ils y rencontrèrent une armée turque
avec des canons qui les attaqua pendant la uuit. Les
Arabes effrayés par les détonations, s'enfuirent aban-
donnant le sultan qui, le lendemain matin, se trouva
seul avec ses troupes régulières. U accepta d'entrer
en pourparlers avec les Turcs et de renouveler le traité
par lequel Moulay Rachid avait accepté la Tafna
comme limite entre le territoire turc et le territoire
marocain.
Moulay Ismaïl rentra donc dans ses Etats très irrité
par l'inconstance des Arabes et décidé à les punir de
leur défection. Arrivé à Fez, il apprit que trois de ses
frères El Harrane, Hachem et Ahmed, aidés de leurs
parents, s'étaient révoltés dans le sud avec l'appui des
Berbères AU Atta et autres. U partit aussitôt pour le
Tafilalt et atteignit les robelles au Djebel Saghrou où il
leur infligea uno sanglante défaite et les obligea à
s'enfuir dans le désert. Au retour, l'armée du sultan
fut décimée par une violente tempête de neige au pas-
sage de l'Atlas, dans le col d'El Glaoui.
Dans les premiers mois de l'année 1679, Moulay Is-
maïl prit ses dispositions pour châtier les Béni Iznas-
sen qui étaient partisans des Turcs et pour réprimer en
344 HISTOIRE DU MAGHREB
même temps les acte* d'indiscipline des Arabes Cheba-
natte et Zirara cantonnés dans le Houz. Il transporta
ces-Arabesà Oudjda et leur donna un caïd avec mission
de harceler les Béni Iznassen et de les empêcher de
cultiver la plaine des Trifa. A cet effet, il fit construire
trois forteresses autour du massif montagneux des
Béni Iznassen, Tune sur le littoral à Rakkada, l'autre
à Aioun Sidi Mellouk et une troisième sur les bords de
la Molouïa. L'année suivante, le sultan pénétra en
personne dans ces montagnes, ravagea les jardins et
les cultures des Béni Iznassen et les ayant amenés à
composition, leur imposa de dures conditions, entre
autres, la remise de leurs chevaux et de leurs armes.
Revenu dans la plaine, il infligea le même traitement
aux Arabes Ahlaf, Segouna, Mehaïa et Hamiane. Pen-
dant son retour, il fit restaurer la casba de Taourirt
sur l'Oued Za où il laissa 500 abid avec leurs familles;
à Messoun il en laissa une centaine dans une casba
qu'il fit édifier par eux et en plaça 2.500 à Taza avec
un caïd investi du commandement de toute la par-
tie orientale du pays. Les Arabes et Berbères Cheraga
qu'il ramenait de cette expédition/ furent installés
dans une casba de Fez. Enfin il fit édifier une casba à
El Mehdouma et une autre à El Djedida près de Mek-
nes. Lea abid de toutes ces casbas étaient chargés de
la garde des routes et leurs chefs recevaient, pour leur
entretien, les impôts zekat et achour payés par les
tribus du pays environnant; ces tribus étaient res-
ponsables dejous les événements qui se produisaient
sur leur territoire.
En 1679, Moulay Ismaïl avait prescrit à Amor ben
Haddou caïd d'El Ksar El Kebir, d'entreprendre le
siège de Mamoura toujours occupée par les Espagnols.
U se disposait, au printemps de l'année 1681, à
partir pour le Sous où son neveu Ben Mahrez s'était
LES GHÉRIFS FILALIENS 346
.
de nouveau révolté, lorsque le caïd Amor ben Haddou
l'invita à venir assister à la chute imminente de
Mamoura. L'assaut fut donné le 3 mai en pré-
sence du sultan qui rendit la liberté aux 208 défen-
seurs chrétiens faits prisonniers avec leur chef.
L'année suivante, Moulay Ismaïl envoya à Versailles
un ambassadeur chargé de conclure avec la Franco
un traité dont les bases avaient été arrêtées précé-
demment, à la suite du blocus de Salé par une esca-
dre française. L'ambassadeur El Hadj Temim eut
plein succès et le traité fut signé le 29 janvier 1682
à Saint-Germain.
Quelques mois après, le sultan alla enlever leurs
troupeaux aux Béni Amer d'Oran et il était à peino
de retour, qu'il apprit l'arrivée d'une colonne turque
opérant chez les Béni Iznassen, de connivence avec
Ben Mahrez. Il prescrivit au gouverneur de Marrakech
de prendre toutes mesures nécessaires contre le re-
belle et s'avança jusqu'à Oudjda où il apprit que les
Turcs avaient été rappelés à Alger par l'attaque de
l'escadre française de Duquesne (16^2). Tranquille de
ce côté, Moulay Ismaïl partit pour Marrakech et le Sous
où ses troupes rencontrèrent celles de Ben Mahrez.
Après un combat très meurtrier qui dura vingt-cinq
jours, Ben Mahrez se retira dans la place de Tarou-
dant. Le sultan l'y assiégea et un nouveau combat
eut lieu qui coûta la vie à un grand nombre de sol-
dats et au cours duquel le sultan et son neveu furent
blessés. Les hostilités se continuèrent encore pendant
deux mois et se terminèrent par un traité de paix.
Dans le courant de l'année 1683, Moulay Ismaïl se
transporta en force dans les montagnes de Fazaz pour
soumettre les Senhadja Ait Idrassen qui se livraient
à toutes sortes de déprédations dans la plaine de Sais.
A son approche, ils s'enfuirent vers la Molouïa et il
346 HISTOIRE DU MAGHREB
profita de leur éloignement pour faire bâtir deux
forts au pied de leur montagne, l'un à Aïn Ellouh
avec 500 cavaliors, l'autre à Azrou avec 2.500 cava-
liers. Bloqués dans lo haut pays et privés de leurs
terrains de culture, les Aït Idrassen demandèrent la
paix qu'ils obtinrent, à la condition de livrer armes et
chevaux et de ne plus s'occuper que de leurs terres
et de leurs troupeaux.
Depuis la rupture de la France avec les Turcs
d'Alger, il avait été décidé qu'un bombardement de
celte ville serait entrepris. A cet effet, l'amiral Du-
quesne partit de Toulon le 12 juillet 1682 avec une
flotte comprenant cinq galiotes à bombes. Le bom-
bardement commença le 26 août et occasionna dans
la ville des dégâts importants; les Algériens se
défendirent avec énergie et le 12 septembre, aux
approches de l'équinoxe, Duquesne remit à la voile,
n'ayant obtenu aucun résultat appréciable, au re-
gard des efforts dépensés pendant cette campagne.
U revint l'année suivante avec des moyens d'atta-
que perfectionnés, grâce à l'expérience acquise, mais
sa politique n'eut d'autre résultat que le massacre
de tous les Français résidant à Alger, y compris le
père Le Vacher qui, depuis longtemps, y remplis-
sait avec honneur les fonctions de consul. Duquesne
quitta Alger à l'automne, sans plus do succès que
l'année précédente. Enfin, en avril 1684, l'amiral
Tourville fut chargé de venir traiter avec les Algé-
riens et la paix fut conclue aux conditions suivantes :
il serait procédé à un règlement des revendications
de chaque Etat et les captifs seraient rendus de part
et d'autre ; il était stipulé, en outre, que les consuls
ne seraient plus rendus responsables des dettes de
leurs nationaux. Hadj Djafer Agha alla en France
porter au roi les excuses des Algériens et affirmer
,
LES GHÉRIFS FILALIBNS 347
leur désir d'entretenir de bonnes relations avec la
France.
A cette époque l'anarchie régnait à Tripoli et les
consuls français y étaient fort maltraités. Louis XIV
chargea le maréchal d'Estrées d'aller tirer vengeance
des Tripolilains. Dès que la flotte française parut
devant la ville, en juin 1685, les habitants se mirent
en révolte contre le dey et ses officiers, auteurs res-
ponsables des événements. L'amiral n'en fit pas moins
ouvrir le feu contre Tripoli qu'il détruisit entièrement,
après quoi il reçut à son bord le nouveau dey ve-
nant se soumettre à ses conditions. D'Estrées imposa
une amende de 500.000 livres, la remise en liberté des
captifs chrétiens de toutes nationalités et une remise
d'otages. Au retour, il passa par Tunis et y signa un
traité par lequel la régence s'engageait à payer une
indemnité de 600.000 écus au commerce français.
La paix entre Alger et la France fut de nouveau
rompue par des événements graves au cours desquels
le consul de France Piolle et 312 de ses nationaux
furent battus et enchaînés. Le 26 juin 1688, le maré-
chal d'Estrées se présentait devant Alger qu'il bom-
barda pendant seize jours, ne laissant aucun édifice
intact. Les Algériens y répondirent en attachant les
Français à la bouche des canons ; les Français trai-
tèrent de même les Algériens qu'ils avaient à bord et
le maréchal se retira sans rien avoir obtenu du dey
Hosseïn Mezzo-Morto, opposé à tout accommodement.
Mais devant la colère des janissaires qui, en rentrant
d'expédition, trouvèrent Alger en ruines, le dey par-
tit pour Constantinople où il fut nommé capitan-pa-
cha. Son successeur envoya un ambassadeur auprès
du roi de France pour conclure la paix. Le traité
signé en septembre 1689, confirmait les privilèges de
toutes les capitulations antérieures.
348 HISTOIRE DU MAGHREB
Au Maroc, lo caïd Ben Haddou n'avait cessé de har-
celer la garnison anglaise de Tanger, au point que le
Parlement, fatigué de la situation précaire do celte
place, résolut de ne plus lui envoyer de subsides et
décida même son évacuation, malgré les protestations
et les offres des Espagnols et des Portugais. En 1684,
une escadre détruisit le môle et les fortifications, coin*
bla.le port et embarqua la garnison. Moulay Ismaïl
repeupla aussitôt la ville avec des gens du Riff et fil
relover les mosquées et autres édifices. Peu do temps
après, i) se transporta dans la hauto Molouïa afin do
ramener dans l'ordre les tribus berbères Aït Youssi,
Aït Seghrouchen, Mediouna et autres qui, à son
approche, se réfugièrent sur les hauts sommets du
djebel El Ayachi. U fit construire des casbas à Alil sur
l'oued Guigou, sur l'oued Sekoura, sur l'oued Ta-
chouakt, puis à Dar Eltema, à Ksar Béni Mtir, El
Kçabi et autres lieux et y plaça des cavaliers abid
avec leurs familles. Les Berbères vinrent faire leur
soumission et durent remettre leurs armes et leurs
chevaux pour obtenir le pardon du sultan.
A peine de retour de cette campagne, Moulay Ismaïl
partit en expédition contre son nevou Ben Mahrez et
son frère El Harrane qui s'étaient mis en état de ré-
volte à Taroudant. Un parti d'Arabes Zirara rencon-
trant Ben Mahrez qui allait a un pèlerinage, suivi de
quelques esclaves, ne le reconnurent pas et lo tuèrent.
El Harrane poursuivit seul la résistance, mais un
dernier assaut livré en avril 1687, ouvrit la place au
général du sultan. Les habitants furent massacrés
et Moulay Ismaïl repeupla la cité avec des Riffains éta-
blis à Fez.
En 1688-1689, une nouvelle expédition fut menée
contre les Berbères de Fazaz. Les Zommour et les
Boni Hakim furent les premiers à se soumettre. Leur
LES GHÉRIFS FILALIENS 349
cheïkh Baba IchouEl Kobli fut confirmé dans son com-
mandement par le sultan dont il devint un auxiliaire
précieux. Moulay Ismaïl resta un an à Adekhsane, y
reçut les chevaux et les armes livrés par Baba Ichou
et fit reconstruire la casba édifiée autrefois par Yous-
sef ben Tachefinc. Il y établit 2.500 cavaliers des
abid de Doukkala, tandis qu'il en plaçait un nombre
égal à Zaouïet Dila avec mission do bloquer les Berbè-
res et de leur défendre l'accès de la plaine.
Ben Haddou harcelait sans trêve les Espagnols de
Larache; il finit par pénétrer dans la place qui se
rendit sur l'initiative de religieux el de quelques offi-
ciers. Ils obtinrent, en retour, leur mise en liberté,
tandis quo les autres habitants chrétiens au nombre
de 1.800 à 2.000, furent réduits en esclavage et se
firent musulmans pour la plupart. Larache fut repeu-
plée avec des Riffains et ses édifices furent reconstruits
par Ben Haddou (octobre 1689). U ne restait plus sur
le littoral atlantique comme établissement chrétien
que celui d'Arzila qui disparut à son tour en 1691 ;
dans la Méditerranée les Espagnols n'occupaient plus
que Ceuta, Melilla et Oran.
Les habitants des hauts sommets de l'Atlas ne ces-
saient d'inquiéter le sultan; c'étaient principalement
ceux do Fazaz : Aït Yafelman, Aït Oumalou et Aït Isri
qui restaient à soumettre. Moulay Ismaïl décidé à mar-
cher contre ces tribus, laissa à Fez Djedid son fils aîné
Moulay Aboul Ala Mahrez, à Meknes son autre fils
Moulay Mohammed surnommé Zeïdane et un troisième
Moulay El Mamoun à Marrakech. Mais avant de par-
tir, en mai 1692, il envoya, sur le territoire turc, une
importante armée commandée par son fils Zeïdane.
Cette armée ayant été battue à un gué de la Molouïa
par les Turcs, le sultan envoya à Alger une ambas-
sade pour conclure la paix.
350 HISTOIRE DU MAGHREB
A celte époque Baba Ichou était mort et son fils Ali
qui lui avait succédé dans le commandement des Zera-
mour et Béni Hakim, apporta au sultan une aide effi-
cace pour obtenir la soumission des autres tribus de
l'Atlas. Moulay Ismaïl disposait, d'autre part, d'une
nombreuse armée munie de canons et do mortiers,
qu'il divisa entre les principaux chefs, assignant sa
place à chaque corps. Il décida quo chacun d'eux tien-
drait son artillerie en action de l'entrée de la nuit
jusqu'au jour, afin de terrifier l'adversaire. Les Ber-
bères épouvantés par les roulements de l'artillerie et
par les lueurs dont elle perçait les ténèbres, décampè-
rent en toute hâte, mais se heurtèrent partout au
cercle que les troupes du sultan avaient formé autour
d'eux. Après uno terrible lutte, les Berbères se disper-
sèrent dans les ravins ou se réfugièrent dans les
cavernes et pendant trois jours l'armée impériale les
massacra et les dépouilla de ce qu'ils possédaient. Les
chefs apportèrent à Adekhsane, où se tenait le sul-
tan, 12.000 têtes, 10.000 chevaux et 30.000 fusils. AU
ben Ichou reçut 1.000 cavaliers zemmour, inscrits sur
les registres, pour occuper les forteresses de Tigallin
commandant le pays des Aït Oumalou. Il n'y avait
plus dans le Maroc à posséder des chevaux et des ar-
mes, que les abid, les Oudaya, les Zemmour et les
Riffains chargés de reprendre Coûta.
En 1693, Moulay Ismaïl alla en personne enlever
du butin aux Béni Amer d'Oran et donner l'assaut à
cette ville. Après deux tentatives infructueuses, il
dut battre en retraite. A la suite de ces événements,
le sultan de Constantinople envoya une ambassade
inviter Moulay Ismaïl à faire la paix avec les Algé-
riens et à respecter leur territoire; le sultan du
Maroc se soumit à cette invitation. U essaya, dans le
courant de la même année, d'enlever Ceuta aux Espa-
LES ÇHÉRIFS FILALIENS 351
gnob, mais la résistance fut telle qu'il dut se con-
tenter de laisser des troupes dans un camp retran-
ché pour continuer le blocus de la .ville. Il reprit
en 1694 le siège de Melilla qu'il avait dû abandonner
en 1687 et les opérations se poursuivirent contre cetto
place jusqu'en 1700, sans amoner aucun résultat.
A cette époquo Mourad, bey de Tunis, qui avait eu
des difficultés avec le dey d'Alger, obtint du sultan
du Maroc la promesse do le soutenir en envahissant
l'Oranie. En effet, dès le printemps de 1701, Moulay
Ismaïl à la tète d'une armée considérable, s'avança
jusque dans la vallée du Chélif. De son côté, le dey
El Hadj Mustapha quitta Alger avec une armée ré-
gulière et une nombreuse cavalerie arabe. Les deux
armées se rencontrèrent sur la Chediouïà, affluent du
Chélif, et le combat commencé à midi, se termina
avant la nuit. Le sultan blessé, faillit tomber aux
mains des Turcs et s'en retourna au Maroc avec les
débris de son armée taillée en pièces, tandis que le
dey ramenait à Alger 3.000 têtes de soldats et 50 tê-
tes de chefs marocains.
Le bey de l'ouest quitta à cette époque sa résidence
de Mazouna pour s'établir à Mascara d'où il pouvait
mieux surveiller l'intérieur du pays. La cour d'Espa-
gne approuva un accord conclu entre le dey d'Alger,
le bey de l'Ouest et les Espagnols d'Oran contre les
attaques du sultan marocain.
Moulay Ismaïl après avoir déjà essayé un rapproche-
ment avec le roi de France, lui envoya comme ambas-
sadeur, en 1699, le caïd de Salé Abdallah ben Aïssa.
U obtint un grand succès, conclut un traité d'alliance
et d'amitié avec la France et revint enthousiasmé de
l'accueil qu'il avait reçu à Versailles. Encouragé par
ce succès, le sultan renvoya Ben Aïssa en France pour
demander la main de la princesse de Conti, fille nalu-
353 HISTOIRE DU MAGHREB
relie de Louis XIV, avec promesse de l'entourer du
luxe et des égards auxquels elle était habituée et de
la laisser libre de pratiquer sa religion. Ce projet
d'union n'eut pas de suite, mais les relations de la
France avec le Maroc restèrent très cordiales et très
avantageuses pour le commerce français. Cependant
cette situation privilégiée fut fortement contreba-
lancée par la prise de Gibraltar que les Anglais en-
levèrent aux Espagnols en 1704.
C'est quelques années auparavant, en 1700, que
Moulay Ismaïl avait partagé les principaux comman-
dements de l'empire entre quelques-uns de ses fils.
Moulay Aboul AbbasAhmed l'héritier présomptif, reçut
le Tadla avec un corps de 3.000 abid, Mohammed dit
El Alem le Sous avec 3.000 abid et Taroudant comme
résidence; l'atné, El Mamoun, eut le gouvernement
du Tafilalt avec résidence à Tizimi et une garnison
de 500 nègres. Enfin, Zeïdane, eut la province orientale
conligué* au territoire turc.
Mais les fils du sultan ne tardèrent pas à se jalouser
et à entrer en lutte; c'est ainsi que Moulay Abdelma-
lek et Bennasser se disputèrent la province du Dra et
qu'Abdelmalek vaincu vint se réfugier à Zerhoun
au tombeau de Moulay Idris (1702-1703). Le sultan
envoya son autre fils Moulay Chérif rétablir l'ordre
dans le Dra. A son tour, Mohammed El Alem se mit
en révolte, quitta le Sous, entra dans Marrakech et y
fit mourir un grand nombre de personnages et d'ha-
bitants, avant de regagner Taroudant (mars 1704).
Zeïdane envoyé contre lui entra dans Marrakech et
alla faire le siège de Taroudant qui dura trois ans.
Le 4 juin 1706, Zeïdane entra dans la ville, fit massa-
crer tous ses défenseurs et envoya son frère Moham-
med El Alem au sultan qui ordonna de lui couper
une main d'un côté et un pied de l'autre. U mourut
LES GHÊRIFS FILALIENS 353
de ses blessures et l'année suivante Zeïdane fut assas-
siné à Taroudant.
Depuis plusieurs années, le bey de Mascara Moham-
med Bouchelaghem faisait de fréquentes incursions
contre les Espagnols d'Oran; en 1705, il réussit à
resserrer le blocus de cette place qui devint complet
en 1706. Dans l'été de 1707, Mohammed Bektache le
nouveau dey d'Alger confia un corps de troupes à son
lieutenant Ozen Hassan; celui-ci se dirigea sur Oran et
fut rejoint en route par de nombreux contingents indi-
gènes. Le siège fut long et difficile; les forts extérieurs
furent enlevés l'un après l'autre, leurs défenseurs
massacrés ou réduits en esclavage et, en janvier 1708,
le Bordj El Ahmar ou château-neuf, tombait à son
tour. Maîtres d'Oran, les Musulmans allèrent ensuite
attaquer Merselkébir où de nombreux Espagnols
s'étaient réfugiés. La résistance, là encore, fut très
énergique, mais la place succomba le 6 avril et ses
défenseurs furent réduits en esclavage. A la suite
de ces événements, le bey Bouchelaghem transporta
le siège de son beylik de Mascara à Oran. Le lieute-
nant du dey ramena à Alger 2.000 captifs chrétiens
parmi lesquels 200 officiers ou personnages de marque.
Vers l'année 1711, la Porte renonça, sur les instan-
ces du dey Ali Chaouch, à'envoyer à Alger un pacha
qui, depuis longtemps, n'avait plus aucune autorité ;
l'Algérie et la Tunisie, tout en restant tributaires de
la Turquie, jouissaient désormais de leur autonomie.
Mais l'hérédité du pouvoir donnait à Tunis aux beys
de la famille de Hosseïn, une puissance à laquelle les
deys d'Alger nommés à l'élection ne pouvaient at-
teindre.
En 1721, le roi d'Espagno Philippe V, décidé à dé-
bloquer Ceuta que les Musulmans ne cessaient d'in-
quiéter, y envoya une armée et quelques vaisseaux
23
354 HISTOIRE DU MAGHREB
sous le commandement du marquis de Levés. Ce gé-
néral ne craignit pas de diriger de vigoureuses atta-
ques contre le camp retranché des Musulmans et
réussit à y pénétrer, à enlever ses approvisionnements
et même à en ramener 27 canons et quatre drapeaux.
Le siège étant levé, l'armée rentra en Espagne, mais
los Arabes revinrent inquiéter la place.
Lo 22 mars 1727, Moulay Ismaïl mourut à Meknes
âgé do 80 ans. U avait au cours d'un long règne de
57 ans, fait preuve d'une réelle intelligence des
nécessités de son empire et déployé une énergie
soutenue dans la réalisation de ses vues pour l'or-
ganiser. Le succès couronna ses efforts puisqu'il ob-
tint la soumission des populations berbères les mieux
défendues par la nature et les plus indépendantes,
ainsi que celle des tribus arabes les plus turbulentes.
Par l'ine'itution des abid bokhari et du guich des
Oudaya, \\ créa une force qu'il employa habilement à
maintenir l'ordre dans toutes les provinces. On a pu
dire avec raison que sous son règne, « un Juif ou
une femme seule aurait pu traverser le Maroc d'Oud-
jda à l'oued Noun sans être inquiété ». La police était
en effet assurée par les tribus rendues responsables
des étrangers qui traversaient leur territoire et tenues
d'arrêter ceux qui y commettaient un crime ou un
délit. Elles étaient, elles-mêmes, surveillées de près
par les postes fortifiés qu'occupaient les abid bokhari.
Les principes de cette solide organisation n'ont pas
entièrement disparu du Maroc, mais pour maintenir
intacte l'oeuvre créée par la ténacité de Moulay Ismaïl,
il fallait des qualités qui manquèrent à ses succes-
seurs immédiats.
Son fils Moulay Aboul Abbas Ahmed, surnommé
Dehbi à cause de sa grande libéralité, fut proclamé
sultan sur une décision prise par les chefs de la, mi-
I.KS GHHRIFS FILALIENS 355
lice des abid bokhari et à laquelle se soumirent les
caïds des Oudaya, les hauts fonctionnaires, les secré-
taires et cadis du gouvernement. Les habitants de
Fez mirent à mort leur gouverneur le caïd Bou Ali
Erroussi et envoyèrent des notables porter leur ser-
ment de fidélité à Meknes. Ils furent bien reçus
par le nouveau sultan qui ne leur marqua aucun res-
sentiment pour leur acte et. leur donna un nouveau
gouverneur nommé Mahdjoub El Euldj. Ahmed Dehbi
inaugura son administration en faisant mettre à mort
les gouverneurs de son père tels que : Ali ben Ichou El
Kebli, le chef de la province du Hcbet, Ahmed ben Ali,
le pacha Ben El Àchker et Mordjane El Kebir le caïd
des nègres du palais. Il paraît que lo nouveau sultan
obéissait en cela aux abid bokhari dont il subissait
l'ascendant dans la plupart des affaires. U leur fit des
largesses, ainsi qu'aux caïds du guich des Oudaya,
aux savants, aux ehérifs et aux étudiants et se rendit
ainsi populaire, dès son avènement.
Cependant les chefs qu'il avait fait mettre à mort
n'étaient plus là pour contenir les Berbères et les Ara-
bes ; tous en profitèrent pour se procurer des armes
et des chevaux el reprirent le cours de leurs dépréda-
tions, tandis que les abid et les Oudaya, de leur côté,
se livraient à toutes sortes d'excès. A Fez, les Oudaya
ayant pillé le marché et les magasins, leur chef
Mohammed ben Ichou souleva une révolte en mettant
en prison les notables envoyés au sultan pour deman-
der justice. Abou Fares fils d'Ahmed Dehbi parvint
à rétablir l'ordre, mais, dès son départ, les Oudaya
lancèrent des bombes sur la ville et l'anarchie re-
commença. C'est alors que les abid de Mechra Er-
remla proposèrent aux habitants de Foz de renverser
Ahmed Dehbi et de le remplacer par Moulay Abdel-
malek son frère. L'accord entre eux étant complet,
356 HISTOIRE DU MAGHREB
des cavaliers furent envoyés à Abdelmalek qui se mit
aussitôt en roule. Les abid s'emparèrent de la per-
sonne d'Ahmed Dehbi, dès son arrivée à l'Oued Beht et
l'internèrent dans la maison qu'il habitait avant son
avènement. Abdelmalek fut acclamé à son entrée
dans Meknes et envoya au Tafilalt Ahmed Dehbi qui
avait régné un an (avril 1728).
Le nouveau sultan, cependant, mécontenta par son
avarice les abid habitués aux largesses de ses prédé-
cesseurs. Ils entrèrent en armes à Meknes et mirent
la ville au pillage, pendant que Moulay Abdelmalek
se réfugiait à Fez avec sa famille el ses serviteurs.
Ahmed Dehbi rappelé du Tafilalt par les abid,
reprit l'autorité à Meknes et y reçut l'adhésion
des grandes villes, sauf Fez et les régions du nord
qui restaient fidèles à Abdelmalek. Les envoyés que
Ahmed Dehbi leur envoya pour demander que son
frère lui soit livré, furent impitoyablement massacrés
et les Oudaya subirent de cruelles représailles. Aussi,
en août 1728, Ahmed Dehbi vint assiéger Fez qu'il
bombarda et détruisit en partie. Après une résistance
de cinq mois, les habitants pressés par la disette, se
rendirent; Abdelmalek livré sous condition delà vie
sauve, fut emprisonné à Meknes en attendant son
internement au Tafilalt. Mais sur ces entrefaites,
Ahmed Dehbi tomba gravement malade et ordonna
d'étrangler Abdelmalek qui fut exécuté dans sa pri-
son. Ahmed Dehbi mourut des suites de sa maladie
trois jours après son frère, le 5 mars 1729.
Moulay Abdallah, fils de Moulay Ismaïl ot de Khe-
natsa la fille du Cheïkh Bekkar des Meghafra, avait
toujours vécu auprès de son frère Moulay Abdelma-
lek au Sous et l'avait suivi à Meknes, lors de son
avènement. Après la fuite d'Abdelmalek à Fez, Mou-
lay Abdallah s'était retiré au Tafilalt et il y résidait
LES GUÉRIFS FILALIENS 357
encore lorsque les personnages de l'empire, les abid,
les Oudaya et les caïds, s'accordèrent pour l'élire à
la place d'Ahmed Dehbi, avec l'adhésion des gens
de Fez. Moulay Abdallah se porta rapidement dans
le nord et vint s'établir à Dar Mahrez près de cette
ville où il fit lo meilleur accueil à la députation ve-
nue le saluer. U entra à Fez Djedid et, après avoir
reçu le serment de fidélité de la population, il lui
demanda 500 archers avec lesquels il partit pour Mek-
nes où l'investiture lui fut renouvelée le 30 avril 1729.
Le règne du sultan Moulay Abdallah appelé six fois
au pouvoir, fut une ère de troubles profonds qui déso-
lèrent le pays jusqu'à sa mort en 1757. Le récit des
événements de ce règne n'est qu'une suite monotone
de luttes pour le pouvoir, de discordes, de massacres,
de pillages et de représailles. Les abid et les Oudaya,
à l'instar des milices prétoriennes, ont accaparé le
pouvoir, élisent et déposent les sultans au gré de leurs
passions et de leurs intérêts. Cette période de sombre
anarchie ne sera close que par l'arrivée au trône
d'un homme capable de rétablir sur ses bases la puis-
sance fondée par Moulay Ismaïl, c'est-à-dire son petit-
fils Moulay Mohammed ben Abdallah.
Peu après son investiture, lo sultan invita les habi-
tants de Fez à lui livrer les forts pour y placer des
garnisons; sur leur refus, les Oudaya se reprirent à
les molester, si bien qu'une nouvelle révolte éclata.
En mai 1729, Moulay Abdallah vint assiéger la cité
qui fut bombardée et dont les jardins furent ravagés.
Les opérations du siège étaient dirigées par lo baron
de Riperda aventurier né en Hollande, de parents
espagnols. Il avait été premier ministre en Espagne
de 1725 à 1726 et s'était réfugié au Maroc, après sa
chute et son évasion de prison. Les assiégés résistè-
rent énergiquement, mais la famine les contraignit
358 HISTOIRE DU MAGHREB
enfin à demander la paix qu'ils obtinrent sous la
seule condition que des soldats occuperaient les points
importants de la ville.
Le sultan alla ensuite ramener dans l'ordre les Aït
Yemmour, Aït Oumalou et Aït Isri qu'il battit sur
l'Oued El Abid et à qui il infligea des pertes sensibles.
Après cette victoire, il rentra par le Tadla et fit mas-
sacrer des otages fournis par la ville de Fez, tandis
que Hamdoun Erroussi le gouverneur de cette ville
démantelait ses fortifications, faisait démolir les prin-
cipales portes et abattre une partie du mur d'en-
ceinte (1732). L'année suivante, Moulay Abdallah
revenant d'une expédition dans le Sous, ordonna la
destruction de Medinet Erriadh près de Meknes. Cette
cité magnifique renfermait les palais et les habitations
des gouverneurs, des caïds et hauts-fonctionnaires
de la cour de Moulay Ismaïl; il s'y trouvait des cons-
tructions immenses et des édifices somptueux, la mos-
quée du sultan Moulay Ismaïl, son collège, ses bains,
ses hôtelleries et ses marchés, dont il avait fait des
biens inaliénables. En dix jours, Medinet Erriadh ne
fut plus qu'un monceau de ruines ; les propres oncles
du sultan qui l'habitaient se réfugièrent dans Meknes
et les Oudaya qui y étaient établis rejoignirent leurs
contribules à Fez.
Moulay Abdallah nourrissait un vif ressentiment
contre les habitants de Fez qu'il accusait de mépriser
l'autorité royale et attribuait cet orgueil à leurs trop
grandes richesses. C'est pourquoi il avait prescrit au
gouverneur Mohammed ben Ali ben Ichou de les dé-
pouiller, de bétonner les récalcitrants et de les empri-
ner ou, en cas de fuite, d'emprisonner leurs femmes
ou leurs frères. Ces actes de tyrannie rapportè-
rent des sommes énormes au sultan, mais occasion-
nèrent l'exode d'une partie des habitants vers les
t LES GHÉRIFS FILALIENS 359
campagnes lointaines; certains d'entre eux allèrent
jusqu'au Soudan, en Tunisie, en Egypto et même en
Syrie (1734).
En Espagne, la perte d'Oran était toujours regret-
tée et le roi Philippe V attendait des circonstances
favorables pour organiser une expédition militaire
contre l'Afrique et y rétablir les positions perdues.
C'est en 1731 seulemont qu'ayant signé la paix avec
ses adversaires en Europe, il put constituer une armée
formidable. 11 obtint, à cet effet, une bulle du pape
l'autorisant à recourir aux richesses du clergé. U
réunit 30.000 hommes comprenant de l'infanterie,
de la cavalerie et de l'artillerie bien pourvue en
bouches à feu, projectiles et matériel de siège qu'il
confia au comte de Montemar. Le 6 juin 1732, le roi
adressa un manifeste au peuple rappelant la porte
d'Oran en 1708, les sacrifices faits par le pays en
Afrique, le danger pour l'Espagne du voisinage des
populations maritimes africaines et la nécessité de
venger la nation et de soutenir les intérêts de la reli-
gion. Lo boy d'Oran Bouchelaghem faisait, de son côté,
des préparatifs; mais la ville étant démantelée, il
appela sous ses murs de nombreux contingents de
tribus et obtint l'aide d'un corps marocain commandé
pa. le baron de Riperda.
Le 28 juin 1732, toute la flotte espagi oïo mouillait
dans la baie du cap Falcon et le débarquement des
troupes commençait dès le lendemain matin. De nom-
breux cavaliers indigènes apparurent sur les mame-
lons et vinrent escarmoucher avec les soldats occupés
à la construction d'un retranchement ; le 30 seule-
ment les Espagnols commencèrent une action géné-
rale pour enlever les hauteurs. Le bey Bouchelaghem
était au premier rang entraînant les Musulmans,
tandis que le corps marocain de Riperda infligeait des
360 HISTOIRE DU MAGHREB
pertes sensibles aux Espagnols. Cependant, dès la fin
de la journée, les crêtes de la montagne du Santon
qui domine le fort de Merselkébir étaient occupées
parles Espagnols et les Musulmans étaient rejetés
en arrière.
Le 1er juillet au matin, le comte de Montemar fai-
sait commencer une route pour transporter l'artillerie
du rivage au sommet du Santon, tandis que les trou-
pes se couvraient par des retranchements provisoires
afin de résister à l'attaque des Indigènes. Vers le mi-
lieu de la journée, un émissaire du consul de France
vint annoncer que cette attaque ne se produirait pas,
les Musulmans ayant quitté Oran. En effet, les auxi-
liaires indigènes, à la suite du combat de la veille,
avaient jugé la résistance impossible et s'étaient en-
fuis, se croyant poursuivis par les Chrétiens. L'armée
régulière entraînée par eux les avait suivis et les
habitants persuadés du succès des Espagnols étaient
partis à leur tour. Le Bey Bouchelaghem se voyant
ainsi abandonné, avait été contraint de se réfugier à
Mostaganem. Montemar s'empressa de mettre son
armée en marche sur Oran où il entra le soir même
avec l'avant-garde, après avoir pris possession des
ouvrages de défense. La garnison du fort de Mersel-
kébir, forte d'une centaine de soldats turcs, so rendit
le lendemain aux Espagnols.
Ce succès eut un grand retentissement en Espagno,
mais après le départ de l'armée expéditionnaire, la
position d'Oran ne pouvait être que très précaire. A
Alger, d'ailleurs, l'émotion avait été vive et des ren-
forts furent envoyés à Bouchelaghem. U prit l'offen-
sive dès le mois de septembre et vint s'établir en face
des forts Saint-Philippe et Saint-André. Les Espagnols
avaient faitplusieurs sorties avec des fortunes diverses,
lorsque la discorde s'étant mise parmi les chefs des
LES GHÉRIFS FILALIENS 361
t
assiégeants, le bey Bouchelaghem regagna Mostaga-
nem et les Algériens furent rappelés, ce qui mit fin
au blocus d'Oran (juin 1733).
Au début de l'année 1735, Moulay Abdallah envoya
contre les Aït Oumalou 15.000 abid commandés par
le pacha Kassem bon Raïssoun avec 3.000 Oudaya aux
ordres du caïd Abdelmalek ben Bou Chefra. Ces
hommes s'étant laissé attirer dans les montagnes, les
Berbères les y enfermèrent et les dépouillèrent de tout
ce qu'ils possédaient. Les fuyards revinrent à Meknes
à pied, complètement nus et regagnèrent Mechra
Erremla très irrités contre le sultan. Moulay Abdal-
lah acheva de s'aliéner les abid en so vengeant sur
eux de l'assassinat de son frère Moulay Abdelmalek
étranglé par ordre d'Ahmed Dehbi. Il en fit ainsi
mourir 10.000, si bien que les abid décidèrent de
le déposer et do le tuer. Informé de ce projet, Mou-
lay Abdallah s'enfuit chez les Aït Idrassen et de là
gagna le Sous où il se fixa chez ses oncles maternels
les Meghafra, avec ses deux fils Moulay Ahmed et
Moulay Mohammed encore enfant, qui devait régner
plus tard. De son côté, le gouverneur de Fez Moham-
med ben Ali ben Ichou, alla se réfugier dans le Zer-
houn.
Les abid s'accordèrent aussitôt pour donner le pou-
voir à Moulay Ali ben Ismaïl surnommé El Aredj,
amené du Tafilalt à Meknes (1735). Pour donner
de l'argent aux abid qui l'avaient fait proclamer, il
chercha à en obtenir, par la torture, de Khenatsa la
mère de son frèro et, à la suite du meurtre d'El Hadj
Ahmed Boudi chef des Lamtiine, une révolte éclata à
Fez. Le sultan y envoya son frère Moulay El Mohladi,
mais la ville resta en état do rébellion. En mai 1736,
El Aredj apprenant que son frère Moulay Abdallah
arrivait au Tadla avec uno armée, quitta Meknes.
362 HISTOIRE DU MAGHREB
Moulay Abdallah y entrait aussitôt et était proclamé
par'les abid; mais il soulevait une révolte en faisant
mettre à mort les notables délégués auprès de lui par
la ville de Fez et en refusant d'entrer en relations
avec les habitants de Meknes. Les Oudaya de Fez Dje-
did infestèrent les routes et les campagnes, se livrant
aux pires actes de brigandage. La population de Fez
dont ils avaient enlevé les troupoaux et bêtes de
somme, décida, avec l'adhésion des abid do Mcchra
Erremla, de déposer Moulay Abdallah et de le rem-
placer par son frère Moulay Mohammod ben Arbïa.
Co nouveau sultan fut proclamé en octobre 1736 et
largement pourvu en chevaux, armes et objets néces-
saires à la guerre. En apprenant son succès, Moulay
Abdallah alla aussitôt s'établir chez les Berbères do
l'Atlas. Moulay Mohammed ben Arbïa avait distribué
aux abid tout ce qu'il possédait, mais leur avidité
n'étant pas satisfaite, il leur permit do piller les biens
des populations ; lui-même fit enlever tout ce que les
maisons do Meknes contenaient do grains et confis-
quer ceux quo les caravanes amonaienl à la ville.
L'insécurité devint générale, les routes furent inter-
ceptées et le brigandage se répandit partout.
Moulay Abdallah lui-même, quitta uno nuit les
montagnes et vint avec ses gens massacrer les abid
des écuries do Meknes et incendier leurs habitations.
Le sultan envoya uno armée A1abid contre lui à El
lladjeb, mais à leur approche, il s'enfuit vers la
Molouia, abandonnant son camp et ses bagages.
Au rotour, les abid se virent barrer la route par
les Berbères ot furent entièrement dépouillés par
eux. Le sultan, pour la circonstance, fit massa-
crer des habitants de la région de Sefroû et envoya
leurs têtes à Fez, les donnant comme celles des Ber-
bères partisans de son frère. En même temps il y
LES CHÉRIFS FILALIENS 363
;
envoyait son autre frère Moulay El Oualid dont la
mission était d'extorquer de l'argent aux habitants.
Les moyens les plus violents furent employés pour en
obtenir et certains personnages récalcitrants furent
mis à mort; personne ne fut épargné, ni les ehérifs
ni les gens de zaouïa et pareil traitement fut infligé
aux habitants de Meknes. A tous ces maux s'ajou-
taient la famine, l'insécurité générale et l'audace
des voleurs.
Cet état de choses était dû en grande partie aux
intrigues des abid qui avaient accaparé la direction
des affaires et à l'attitude du sultan qui ne faisait rien
pour y apporter remède. Le pays supporta ainsi les
plus dures épreuves jusqu'on 1738, époque où les abid
arrêtèrent le sultan et ses principaux adhérents et
envoyèrent chercher au Tafilalt Moulay El Mostadhi.
Ce prince reçut à Sefrou la députation des ehérifs
et des savants de Fez et après s'être roposé à Fez
Djedid, il se rendit à Meknes où il reçut le sermont
de fidélité des abid ainsi que les députations des
villes et des tribus. U fit emprisonner son frère Moulay
Mohammed ben Arbïa au Tafilalt ot donner la baston-
nade à son autre frère Zeine el Abidine qui fut ensuite
conduit par les abid dans une tribu de l'intérieur. A
la suilo d'autres cruautés ordonnées par le sultan,
les abid indignés le déposèrent et rappelèrent Moulay
Abdallah établi dans lo Riff. Les habitants de Fez
envoyèrent une députation le chercher, pendant que
Moulay El Mostadhi quittait Meknes en toute hâte,
abandonnant même sa famille (1740).
Dès son arrivée à Meknes, Moulay Abdallah exerça
de terribles vengeances, ce qui acheva de livrer le
pays aux désordres les plus graves, jusqu'en 1745.
Les abid décidés à se débarrasser de lui. projetèrent
do le tuer et de le remplacer par Zeïne cl Abidine. Le
364 HISTOIRE DU MAGHREB
sultan, à cette nouvelle, alla se mettre sous la protec-
tion des gens de Fez et des Oudaya ; mais quand il
apprit l'arrivée de Zeïne el Abidine, il se retira chez
les Berbères do l'Atlas, abandonnant ses partisans de
Fez à ses ennemis. Zcïne el Abidine vint faire le siège
do cette ville; la discorde a'étant élevée entre les
abid, l'armée regagna Meknos et Moulay Abdallah
rentra à Fez. U fut bien accueilli et apprit, peu après,
quo les abid l'avaient proclamé de nouveau à Mechra
Erremla. Il prit, pour la quatrième fois, le pouvoir
qu'il garda doux mois et dut abandonner, sous la
pression des abid, à Moulay El Mostadhi ramené de
Marrakech.
En janvier 1746, El Mostadhi vint assiéger Fez tan-
dis que Moulay Abdallah quittait Dar Debibagh pour
aller recruter des partisans chez les Aït Idrassen,
Zemmour, Aït Oumalou et Guerouane. Suivi de ces
contingents, il obligea son frère à lever le siège de
Fez et à regagner Meknes. Mais en janvier 1747, Mou-
lay El Mostadhi revenait, soutenu par des contingents
que le pacha Ahmed Riffi amenait du nord. Moulay
Abdallah marcha contre lui avec de nouveaux adhé-
rents berbères, écrasa la cavalerie du pacha Ahmed,
s'empara du camp d'El Mostadhi, de ses canons, de
ses vivres et de ses munitions.
Le pacha Ahmed réfugié à Tanger, jura de so venger
de cet échec ot réunit ses forces à El Ksar El Kcbir,
tandis qu'à Mechra Erremla, Moulay El Mostadhi ob-
tenait 10.000 cavaliers Bcni Hassen qui so joignirent
aux abid. Pendant que Moulay Abdallah attendait ses
alliés borbères sur les bords du Sebou, El Mostadhi
entrait par surprise à Meknes dont ses troupes com-
mençaient lo pillage. Les habitants résistèrent et
réussirent à le repousser, pendant que l'armée du
pacha Ahmed composée de Khlot, Teligue. Bedaoua et
LES CHÉRIFS PILALIENS 3<*5
t
gens du Fahs, était battue sur le Loukkos par colle de
Moulay Abdallah, dans un combat où le pacha Ahmed
fut tué. Le vainqueur gagna ensuite Tanger qu'il
quitta après un séjour do plus d'un mois pour revenir
à Fez. Il rencontra en routo l'armée d'El Mostadhi
qu'il battit complètement, obligeant son frère à so
réfugier chez ses partisans Boni Hassen.
Après co succès, Moulay Abdallah alla so faire pro-
clamer à Meknes et partit ensuite avoc ses contingents
et les abid contre les Béni Hassen qui furent écrasés.
Moulay El Mostadhi s'enfuit chez les Doukkala puis
gagna le pays des Mesfioua; les habitants de ces ré-
gions, après avoir subi, à cause de lui, les horreurs
de la guerre, firent leur soumission et El Mostadhi
obligé de fuir, so réfugia dans la banlieue do Tanger.
Moulay Abdallah mit deux ans pour réunir l'auto-
rité dans ses mains, et cependant, dès sa rentrée à
Meknes, il ne tarda pas à se livrer à ses cruautés
habituelles sur ses amis comme sur ses ennemis.
Ayant sévi de la sorto contre les Aït Idrassen qui
l'avaient longtemps soutenu, ces Berbères l'attaquè-
rent et lui tuèrent 300 abid l'obligeant à se réfugier
avec sa famille et ses trésors à Dar Debibagh (1747).
Les abid restèrent maîtres de Moknes, pendant que
les Aït Idrassen ravageaient la banlieue do Fez et
faisaient refuser par les habitants l'accès de la ville à
Moulay Abdallah.
Le sultan, après avoir guerroyé contre les gens du
Gharb réfugiés à El Ksar et saccagé cette ville, put ren-
trer à Meknes (juin 1748). Quanta Moulay El Mostadhi,
expulsé du Riff, il gagna le Tafilalt. Mais à Meknes,
Moulay Abdallah restait étroitement bloqué par les
Berbères; les abid fatigués par la durée do cet étal de
guerre, résolurent de le déposer. Il s'enfuit de nouveau
à Dar Debibagh, pendant, que son fils Moulay Mo-
366 HISTOIRE DU MAGHREB
hammed, gouverneur de Marrakech, était proclamé
sultan à Meknes. Ce prince refusa de prendre le pou-
voir au détriment de son père et Moulay Abdallah se
réconcilia avec les gens de Fez au cours d'une cérémo-
nie qui eut lieu au tombeau de Moulay Idris (1748).
Mais les abid refusèrent de s'associer à cette réconci-
liation, no voulant reconnaître d'autre sultan que
Moulay Mohammed leur dernier élu. Cette résistance
même des abid amena un rapprochement entre le
cheikh des Aït Idrassen Mohammed ou Aziz et Mou-
lay Abdallah (1749). L'année suivante, malgré les
horreurs de la peste et do la famine qui désolaient le
pays, eut lieu une certaine détente, grâce à l'inter-
vention de Moulay Mohammed. Ce prince vint à Mek-
nes rétablir l'autorité de son père, puis amena à Fez
une députation des abid et des tribus du sud et, dans
une entrevue solennelle, obtint de Moulay Abdallah
le pardon absolu pour tous les rebelles.
Vers l'année 1745, le sultan avait placé son fils
atné Moulay Ahmed à Rabat pour l'y représenter et
administrer les tribus Chaouïa et Béni Hassen, ainsi
que les populations intermédiaires. D'autre part, il
avait placé son jeune fils Moulay Mohammed comme
gouverneur à Marrakech. C'est depuis lors que
Rabat et Marrakech ont été reconnues comme villes
impériales.
Au cours de l'année 1752-1753, les Etats généraux
de Hollande conclurent avec le sultan Moulay Abdal-
lah un traité en vingt-deux articles stipulant, entre
autres objets, l'état de paix et de sécurité entre les
deux pays, la faculté pour les Pays-Bas d'établir au
Maroc, là où ils le jugeraient convenable, des consuls
ayant pouvoir de délivrer des passe-ports aux na-
vires marocains se rendant dans leurs ports, avec ré-
ciprocité des mêmes avantages.
LES GUÉRIFS FILALIENS 367
Moulay Abdallah avait repris lo pouvoir pour la
sixième fois en 1750; il gouverna dès lors avec plus de
sagesse, grâce à l'influenco bienfaisante de son fils
Moulay Mohammed et au caractère ferme et pondéré
de ce prince qui, en 1756, retourna à Marrakech
comme lieutenant de son père. Il réussit à ramener
le calme dans les provinces du sud-ouest de l'empire
et constitua une solide armée comptant 4.000 cava-
liers bien disciplinés.
Le sultan Moulay Abdallah mourut dans |ie mois
d'octobre 1757 et son fils Moulay Mohammed fut pro-
clamé avec enthousiasme à Marrakech comme dans
les provinces du nord. Pendant qu'il était khalifa de
son père, il s'était révélé comme un habile politique,
un prince énergique et intelligent et les populations
comptaient unanimement sur lui pour voir la fin de
leurs épreuves.
Le nouveau sultan alla à Meknes s'assurer de la
soumission complète des abid à qui il fit de riches
présents, puis à Fez où la population lui fit un cha-
leureux accueil et enfin à Dar Debibagh pour recueil-
lir les richesses qu'y avait laissées son père. Il s'appli-
qua dès lors à choisir les gouverneurs des provinces,
à réparer les places de guerre et à les approvision-
ner. Il entreprit une expédition dans le Riff où un
marabout créait de l'agitation et l'ayant fait mettre à
mort, il alla reconnaître les défenses espagnoles de
Coûta, visita Tétouane, Tanger, Rabat et Salé, établis-
sant partout l'administration et organisant les forces
militaires.
En septembre 1758, il était à Marrakech réglant un
différend entre Aït Idrassen et Guerouane, auquel étaient
mêlés des Oudaya coupables de rébellion et il rentrait
à Meknes en 1760. Peu après il expulsait ces Oudaya de
Fez Djedid et faisait rechercher parmi eux les fau-
368 HISTOIRE D\J MAGHREB
leurs de désordres qui furent conduits à Meknes et
placés dans une caserne où on les forma au métier
des armes et à la discipline. Pendant les années 1762,
1763 et 1764, le sultan parcourut avec une forte ar-
mée les régions éloignées ou d'accès difficile, en par-
ticulier le pays des Ghiata, où il contraignit les Hiaïna
à la soumission. En 1764-1765, il se rendit à Mogador
ou Souira, comprenant alors une simple bourgade et
un abri protégé par deux Ilots. U traça le plan do la
ville actuelle, fortifia et arma les deux Ilots et, afin
de la peupler et d'y créer un courant commercial, il
déclara qu'elle serait port franc.
Moulay Mohammed s'efforça de renouer, avec les
puissances européennes, les relations amicales que les
troubles du précédent règne avaient fait cesser. Il
conclut des traités, avec lo Danemark à qui il confé-
rait le monopole du commerce de Safi et de Salé en
1757, avec l'Angleterre en 1760 et 1765, la Suède en
1763 et Venise en 1765. U obtint de ces puissances de
véritables redevances, moyennant l'engagement do
faire respecter leurs navires. Il fit, d'autre part, des
avances à l'Espagne et à la France et envoya un né-
gociateur auprès du duc de Choiseul. Celui-ci char-
gea, en avril 1766, un délégué nommé Salva de po-
ser les bases d'un traité. Une escadre commandée
par du Chaffaut, qui devait l'appuyer et hâter les né-
gociations, alla d'abord bombarder Rabat et Salé en
représailles d'actes de piraterie, puis Larache. Dans
ce dernier port, l'escadre française éprouva un échec
et pordit 230 hommes dont 30 officiers. Cet échec, na-
turellement, arrêta les négociations qui ne furent re-
prises que l'année suivante. En 1767, en effet, le comte
Breugnon signa à Marrakech où il fut reçu en grande
pompe, un traité d'amitié et d'alliance très favorable
à la France et il laissa Chénier comme consul, en ré-
LES GHÉRIFS FILALIENS 369
sidence à Salé. En 1766, le sultan avait envoyé au
roi d'Espagne Charles III un ambassadeur qui rap-
porta les bases d'un traité ratifié en 1767. Enfin, dans
le cours de cette dernière année, Mustapha III le sul-
tan ottoman et le sultan du Maroc, échangèrent de
riches présents.
En. 1768, Moulay Mohammed qui était en relations
avec le Chérif de la Mecque appelé le sultan Serour,
envoya son fils Moulay Ali effectuer le pèlerinage des
villes saintes. Ce prince, en même temps, conduisait en
Arabie une de ses soeurs accordée en mariage au Ché-
rif de la Mecque et emportait do riches présents pour
le sultan Serour et les principaux personnages du
Hedjaz el de l'Yemen. Cet événement produisit une
vive impression en Orient et valut un grand prestige
au sultan du Maroc.
Les Portugais avaient conservé sur le littoral at-
lantique le petit port d'El Bridja qui devint plus tard
Mazagan. Le sultan n'ayant pu traiter avec le Portu-
gal au sujet de co port, décida de le lui enlever par les
armes et vint l'assiéger en 1769, avec une armée con-
sidérable et de l'artillerie. La place opposa une vive
résistance, mais le gouverneur ayant reçu de Lis-
bonne l'ordre d'évacuer, obtint une capitulation ho-
norable lui permettant d'emporter ses armes et ses
canons et d'embarquer la population. Moulay Moham-
med prit possession de la ville dont il détruisit les for-
tifications.
En dépit de la paix signée avec l'Espagne en 1767, le
sultan avait résolu de chasser les Espagnols de Melilla.
Dans ce but, il réunit vers 1773, une armée de 30.000
hommes avec tout un matériel de siège. Le roi d'Es-
pagne envoya des renforts et la place put résister
victorieusement au coup de force préparé par le sul-
tan. Charles III, d'autre part, lui rappelant le traité
24
370 HISTOIRE DU MAGHREB
do 1767, Moulay Mohammed décida de se retirer, mal
gré les sacrifices consentis pour cette expédition. En
mars 1775, un nouveau traité fut signé entre le Ma-
roc et l'Espagne.
Dans les premiers mois do cette même année 1775,
l'Espagne, sans qu'il y ait eu rupture ni déclaration
de guerre, faisait les préparatifs d'une importante
expédition contro Alger et le dey, mis au courant de
ces dispositions, complétaitles défenses de sa capitale.
L'armée espagnole comptant près de 25.000 hommes
et une flotte de 400 voiles, était placée sous le com-
mandement suprême d'O'Reilly, brave soldat d'origine
irlandaise et vétéran des guerres d'Italie et d'Alle-
magne. A Alger, le dey avait fait appel aux contin-
gents des trois beyliks de l'intérieur dont la cavalerie
garnissait les hauteurs et avait réparti l'armée régu-
lière de façon à s'opposer au débarquement des Espa-
gnols sur la plage, par les feux croisés des batteries et
. des forts;
il disposait ainsi d'environ 35.000 hommes.
La flotte espagnole se trouva réunie dans la baie
d'Alger le 1" juillet 1775 ; mais à la suite de contre-
temps dûs à des divergences de vues entre les chefs
et à l'étal de la mer, lo débarquement ne commença
que le 8 au matin. L'action engagée par les Espa-
gnols dans des conditions défavorables, tourna à
leur désavantage, el un conseil de guorro réuni le
jour même, décida lo rembarquement de l'armée
qui fut terminé le 9 au matin. L'Espagne perdait,
dans celle expédition dont elle attendait les plus
grands résultats, en tués 27 officiers el 501 soldats
et en blessés 191 officiers et 2.088 soldats, plus des
sommes considérables en matériel et en argent. Cet
échec retentissant attira sur O'Reilly la réprobation
do toute l'Espagne et le roi dut lui retirer le com-
mandement de Madrid.
LES GHÉRIFS FILALIENS 371
Dans lo temps où avaient lieu ces événements, une
grave révolto des abid éclatait au Maroc. Le sultan
avait envoyé de Marrakech un de ses officiers pour
réunir mille familles des abid de Meknes et les trans-
férer à Tanger. Or il leur déplaisait particulièrement
d'aller habiter Tanger à demeure; l'arrogance insul-
tante du caïd chargé de les réunir et les commander
acheva de les exaspérer el les poussa à la révolte. Le
sultan envoya son fils Moulay El Yazid pour rétablir
l'ordre, mais l'opposition des abid ne fit quo s'aggra-
ver, car ils déposèrent le sultan et proclamèrent Mou-
lay El Yazid. Ce prince so prêta à leurs agissements,
leur distribua l'argent du trésor public, leur remit
les armes et les munitions des magasins el vit aussi-
tôt les tribus arabes et berbères entrer dans son
parti, sauf les Oudaya, les Aït Idrassen et Guerouane
qui restaient fidèles à Moulay Mohammed. Le préten-
dant marcha contre les Oudaya, mais les abid éprou-
vèrent de grosses pertes et quand le sultan arriva
avec les abid restés fidèles, Moulay El Yazid se réfu-
gia à la zaouïa do Zerhoun. Le sultan l'y suivit el là,
les ehérifs et les marabouts lui amenèrent son fils et
obtinrent son pardon. Les abid de Meknes ayant à
leur tour fait amende honorable, le sultan les éta-
blit à Larache, à Tanger et à Rabat. Les gens les plus
compromis, seuls, furent exilés. Mais en 1776, uno
nouvelle révolte eut lieu à Tanger où les abid voulu-
rent mettre à mort leur gouverneur et lo caïd des Rif-
fains. Le sultan écrivit de Meknes des lettres mena-
çant leurs notables et les décida à lui envoyer les
principaux meneurs de la révolte. U leur fit couper
une main et un pied alternés et le calme revint à
Tanger.
Moulay Mohammed se rendit ensuite à Marrakech,
emmenant avoc lui les abid rebelles de Meknes ; il
372 HISTOIRE DU MAGHREB
laissa les plus compromis à Mansouria dans l'oued
Nefifikh et conduisit les autres à Marrakech. Quant
à leurs caïds qui avaient pris part à la révolte, il les
destitua ot les remplaça par des chefs pris en dehors
des abid. Cela fait, le sultan alla à Rabat et réunit à
Souk El Arba tous les abid des ports coupables d'actes
de brigandage contre les habitants et les distribua,
par familles, comme esclaves, aux tribus de la ré-
gion toiles que Sofiane, Béni Hassen, Béni Malek,
Khlot, Teligue, etc.
Après l'année 1776, le Maroc eut à souffrir de la
sécheresse, de la famine, d'invasions de sauterelles
et d'épidémies ; le sultan s'offorça de porter romèdo à
tous ces maux en dégrevant les populations des im-
positions et en leur faisant distribuer des provisions
venant d'Europe. Dans le courant de l'annéo 1777, il
renouvela avec la Hollande le traité de paix de 1752,
mettant fin à l'état de guerre qui durait avec cette
puissance, depuis cinq ans.
En 1783 et 1784, les Espagnols vinrent bombarder
Alger, mais la deuxième expédition, en particulier,
n'eut aucun succès ot le gouvernement espagnol ré-
solut d'entamer des pourparlers de paix. Un traité dé-
finitif fut ratifié en juin 1786, dans lequel était stipula
l'abandon d'Oran où l'Espagne s'était imposé tant de
sacrifices.
Les ehérifs du Tafilalt étaient fort maltraités par
Moulay El Hassane, le propro oncle du sultan, aidé
de ses partisans berbères Aït Alla et Aït Yafelmane
et ils avaient adressé au sultan force plaintes à ce
sujet. Moulay Mohammed résolut d'aller en personne
ramener l'ordre au Tafilalt; mais, pou confiant dans
son fils Moulay El Yazid dont il connaissait les visées
ambitieuses, il l'envoya faire le pèlerinage de la Mec-
que. Cependant, afin d'éviter ses intrigues, il décida
LES GHÊRIFS FILALIENS 378
qu'il précéderait la caravane des pèlerins et voyage*
rail seul avec un intendant chargé de ses dépenses et
quelques serviteurs. Ainsi rassuré, le sultan partit
pour le Tafilalt où il expulsa les Aït Atta et Aït Yafel-
mane de leurs villages et les envoya dans le Sahara.
Ayant de la sorte isolé son oncle, il lui offrit d'aller
habiter Meknes avec une pension, ce que Moulay El
Hassane accepta. Le sultan plaça alors ses trais fils
Moulay Slimane, Moulay Hassane et Moulay Hosseïne
au Tafilalt, avec des canons et des mortiers servis par
des renégats allemands et dos canonniors pris dans les
ports. Pendant qu'il achevait do rétablir l'ordre dans
le Tafilalt, le sultan apprit la mort de son fils aîné
Moulay Ali gouverneur de Fez, qui s'était révélé comme
un des princes les plus marquants de la dynastie (1783).
Quant à Moulay El Yazid, il attendait à la Mecque
l'arrivée do la caravane du Maghreb. Dès qu'elle
fut installée, il s'introduisit clandestinement dans
l'habitation de l'envoyé de son père et s'empara des
cadeaux destinés aux ehérifs du Yemen, les autres
ayant été déjà remis à leurs destinataires. Il fallut
recourir à l'intervention du gouverneur du Hedjas,
pour lui faire rostituer uno partie des objets qu'il
avait ainsi détournés. Co fut en Orient un grand scan-
dale dont le sultan Moulay Mohammed fut profondé-
ment affecté. U renia ce fils sans honneur, dans un
manifesto que l'on publia dans tout lo Maroc et dans
les villes saintes de l'Orient. Puis il écrivit au sultan
ottoman d'expulser Moulay El Yazid., En 1788, ce
prince n'osant revenir au Maroc", s'arrêta chez Debbah
le chef des Douaouida du sud constantinois dont il
épousa la fille. Il s'arrêta ensuite chez lo bey do Mas-
cara, puis, craignant la colère du sultan, il alla so
réfugier au tombeau de Sidi Abdessolam ben Mechiche.
Moulay Mohammed lui envoya son pardon à plusieurs
374 HISTOIRE DU MAGHREB
reprises, mais il porsista dans son attiludo hostilo et
des troupes furent envoyées pour lo bloquor, sans
l'amener à composition. Devant son obstination, le
sultan résolut do so rendre lui-même auprès de lui
dans l'espoir do le rassurer et do le ramoner. Moulay
Mohammed quitta Marrakech légèrement malade,
mais en roule, sa maladie empira rapidement ot il
mourut aux environs do Rabat lo 9 avril 1790, âgé
do 80 ans.
Lo sultan Moulay Mohammed passe, à juste titre,
pour un dos plus grands princes do sa dynastîo,
Arrivé au pouvoir, il s'entoura de savants et cultiva
avec eux des branches do la science et de la littéra-
ture qu'il n'avait pas étudiées dans sa jounesso et ap-
porta des réformes judicieuses dans les méthodes do
l'ensoignemont. U savait apprécier la valeur des
hommes ot il les omployait selon leurs talents; sa
générosité avait franchi los limites de son ompire et
quant à son courage personnel, il so manifesta fré-
quemment au cours do sos expéditions militaires qu'il
aimait dirigeron personne, s'efforçant,dansla guerro,
à toujours suivre une politique de douceur.
En différents lioux du Maroc, il a attaché son nom
à de nombreux monuments dont les uns furent édifiés
par lui, d'autres simplement réparés ou reconstruits.
Son arméo était forte et bion organisée ot il disposait
d'uno flotte bion pourvue d'artillerio. Enfin il sut, par
une politique amicale, vivro on paix avec les nations
européennes, sauf avec la Russie qui combattait lo sul-
tan ottoman, son allié.
Lo roi d'Espagno cherchait à renouer des relations
commerciales avec l'Afriquo et c'est dans le but d'y par-
venir plus facilement quo, dans lo traité signé par lui
avec les Musulmans en 1786, il prévoyait l'évacuation
d'Oran. Mais ectto évacuation très impopulaire en Es-
LES CUÈKIFS F1LALIKNS 375
pagne avait été éludée par lo roi Charlos III jusqu'à
sa mort» en 1788, et quand son fils Charlos IV lo rem-
plaça» l'attention de l'Europe était accaparéo par
les événements de la révolution française. Lo boy
Mohammed, pendant cetomps, se préparait à attaquer
Oran» lorsque le tremblement do terro qui détruisitcotlo
villo vint servir ses projets ot hâter leur exécution.
Dans lo courant du mois d'août 1790. uno vingtaine
do violentes secousses de tremblement do terre» so sue*
cédant à intervalles très rapprochés» ronversèrent les
édificos de la villo, ensevelissant souslos décombres la
plus grande partie dos habitants. Dès quo la catas-
trophe fut connue dans lo pays, do nombreux indigè-
nes accoururent do tous côtés et en quelques jours
50.000 Musulmans furont réunis autour de la ville en
ruinos. Mais lo boy Mohammed so heurta à uno résis-
tance acharnéo et, des renforts étant venus d'Kspa-
gno, il dut entreprendre un siègo en règlo. Après do
longs efforts do part et d'autro, une susponsion d'ar-
mes fut décidée et Charlos IV engagea des pourparlers
avec lo doy d'Alger pour régler l'évacuation d'Oran
pnr un accord. Il fut stipulé quo les fortifications do
la villo seraient laissées intactes, mais quo l'Ëspagno
n'aurait pas à payer l'indemnité do guerre quo récla-
mait lo bey de Mascara ; un délai do six mois pour
évacuer la villo était laissé aux Espagnols. Co traité
fut ratifié par lo roi d'Espagno lo 9 décembre 1791 ot
lo bey Mohammedqui avait reçu lo surnom d'El Kebir,
fut félicité et nommé boy d'Oran.
Aussitôt quo la mort du sultan Moulay Mohammed
fut connue, son fils Moulay El Yazid fut proclamé
dans lo djebel El Alom, près du tombeau do Sidi Ab-
desselam ben Mcchicho, pat les chérifs habitant lo
pays, ainsi quo par ks a t ici Q\ les robellesqui l'y avaient
suivi. Il so rendit aussitôt à Tanger où il reçut la dé-
876 HIST01UK PU MAGI4HEB
putation do Fez, puis à Laracho où il trouva l'armée
de son père avec son matériel, ses bagages et son tré-
sor, ainsi que les hauts fonctionnaires à qui il fit des
cadeaux et qui l'accompagnèrent jusqu'au djebol
Zerhoun. Il y fut salué par son frère Moulay Slimano
venu du Taillait avec des tribus arabes et berbè-
res du Sahara. Arrivé h Meknes, Moulay El Yazid
reçut les tribus arabos et berbères du Gharb ot les AU
Oumalou rebelles, conduits par leur chef appelé le cfed-
Jal Amhaoucho, qui obtinrent le pardon et reçurent
des cadeaux; puis co furent les tribus du Houz et cel-
les do Marrakech qui vinrent prêter le serment do
fidélité.
Cepondant, dès qu'il fut mattro du pouvoir, Moulay
El Yaiid rappela, par ses capricos sanguinaires ot le
déchatnement de ses passions, ce qu'il avait été pré-
cédemment ; le Maroc se vit alors désolé par l'anar-
chio et la violence, comme il l'avait été sous le règne
do son grand père. En septembre 1790, il se rendit à
Tanger où il fit arrêter les consuls do Mogador et de
Larache, ainsi quo des religieux espagnols et mit lo
siège dovant Coûta, en représailles do l'enlèvement
de doux navires corsaires opéré par des frégates espa-
gnoles. Des pourparlers s'engagèrent sur ces ontro-
faites pour la conclusion de la paix (janviei 1791). Lo
roi Charles IV rendit les doux navires corsaires, mais
lo sultan continua les hostilités, ce qui amena l'Espa-
gne & bombarder Tanger le 24 août 1791.
La tyrannie d'El Yazid no tarda pas à soulover dos
révoltes dans tout lo Maroc; les tribus de Marrakech
du HOUE et de Doukkala, proclamèrentMoulay Hicham,
pendant quo Moulay Abderrahmano proclamé à Tarou-
dant, soulevait le sud et s'emparait du Tafilalt. En ap-
prenant ces événements, Moulay El Yazid abandonna
le siège do Ceuta après avoir fait massacrer ses pri-
hm CUÊHIFS F1LAL1KNS 377
sonniers espagnols et envoya à Charles IV un ambas-
sadeur pour conclure la paix. 11 se porta ensuite sur
Marrakech où il pénétra de vive force, pilla la ville,
martyrisa plusieurs do ses habitants et marcha contre
son frère qu'il battit et poursuivit l'épéo dans les reins.
Blessé d'une balle à la joue, il arrêta la poursuite et
rentra a Marrakoch; mais sa blessure s'étant aggra-
vée, il mourut lo 15 février 1793.
Moulay Hicham restait maître des provinces méri-
dionales, mais à Fez» les chefs desaold et des Oudaya
et coux des Arabes ot des Berbères réunis aveo les no-
tables de la ville, proclamèrent Moulay Slimano, tan-
dis que les marabouts de Sidi Abdesselam ben Mechi-
che proclamaient Moulay Moslama frère utérin du
dernier sultan et son khalifa pour la région du ITebet
et du Djebel. Mais quand ils apprirent l'élévation do
Moulay Slimane, ils chassèrent Moulay Moslama qui
gagna le littoral et s'embarqua pour l'Orient. Moulay
Slimane resta ainsi le seul maître des provinces du
nord où son frère Moulay Taïeb l'aida loyalement à
établir son autorité. Il l'envoya avec 10.000 cavaliers
et quelques caïds du guich pour soumettro les Chaouïa
qui, avec les tribus du Ilouz, étaient partisans do
Moulay Hicham. Les caïds du guich se disputant le
droit au commandement, firent échouer cotto campa-
gne; les troupes do Moulay Taîob furent battues et
abandonnèrent leurs tontes et leurs bagages aux Cha-
ouïa. Dans la région du nord, la mauvaise adminis-
tration d'un caïd du sultan avait occasionné une ré-
volta des Akhmas, Béni Iddor et autres tribus du Fahs;
Moulay Slimanedésigna, pour les commander, son frère
Moulay Taïeb avec résidence à Tanger et mission do
surveiller les ports do Totouane ot de Larache. Ce
prince réussit à ramener l'ordre dans cette région.
Dans les provinces du sud, Moulay Hicham avait
378 IIISTOIHK DU MAOIinKB
fortement établi son autorité en s'appuyant sur deux
puissants caïds, legouvernour do Safi et celui do Douk-
kala. Mais les Rehamna l'accusèrent do la mort de
lour chef et proclamèrent sonfrèro Moulay Hossoïno.
Ils marcheront avec lui sur Marrakech d'où ils chas-
sèrent Moulay Hicham et obligèrent les gens do la ville
à reconnaître le rebelle qui vida le palais impérial de
toutes ses richesses. Los habitants du Houz se divisè-
rent alors en partisans dos deux princes et so firent
uno guerre acharnéo au cours do laquello périront
plus do 20.000 personnes. Quant à Moulay Slimano il
attendait h Fez la fin do ces événomonls pour inter-
venir. Or, dans le courant do l'annéo 1795, un groupe
do notables Rehamna vinrent lui prêter lo sorment do
fidélité et l'invitèrent à vonir so faire proclamer dans
leur pays. Il leur promit do s'y rendre après avoir
ramoné l'ordro chez les Chaouïa ot l'annéo suivante,
en effet, il alla s'emparer des villes d'Azommour et do
Tit, puis entra a Marrakech où il installa un corps
do 1.000 abid. Les gouverneurs do Safi cl do Douk-
kala'lui firent acto de soumission et il pardonna a son
frèro Moulay Hicham. Au cours do la mémo annéo, lu
sultan invita lo boy d'Oran Mohammed Pacha à aban-
donner Oudjda ot l'administration des tribus do la ré-
gion, dont les Turcs s'élaiont emparés pendant l'inter-
règne. Lo boy ne fit aucune difficulté pour rononcer
à toute prétention sur cotlo province.
La pesto éclata au Maroc pondant l'annéo 1796-1797
et causa des ravages considérables dans les villes cl
les campagnes. Lo sultan qui so trouvait à Marrakech,
y laissa comme gouverneur son frèro Moulay Taïeb et
rentra a Meknos. Peu après son rolour, il apprit coup
sur coup la mort do ses quatre frères Moulay Taïeb,
Moulay Hicham, Moulay El Hossoïno et Moulay Abdor-
ralunane, victimes de l'épidémie.
LES OUÊUIFS FlL.\LiKNS 379
Le consulat de Franco établi & Salé fut, pour des
raisons d'ordre économique, transféré à Tanger en 1800
et les relations du Maroc avec la Franco restèrent
amicales, malgré les efforts de la Turquie pour amener
Moulay Slimano à uno rupture. Pondant la même an-
née, le sultan avait conclu un traité do paix avec un
ambassadour vonu d'Espagne à cet effet.
En 1801, le sultan oxpédia, contro les Aït Oumalou,
une armée commandéo par lo caïd El Hakmaoui. Les
caïds qui accompagnaient co chef Payant trahi par
jalousie, il fut cerné par les Berbères qui lo batliront,
lo firont prisonnier et, peu après, lo renvoyèrent sain
et sauf au sultan.
L'année suivante, Moulay Slimane envoya dans la
province du Dra, uno arméo pour reprendre les villa-
ges fortifiés enlovés par les Arabes et los Berbères. Cette
armée achova sa mission on faisant rentrer les som-
mes duos au Trésor ot pacifia complètement les régions
du Sous, d'El Faïdja ot du Dra. Uno autre armée sous
les ordres do son frèro Moulay Abdolkador alla dans le
Riff fairo rentrer les impôts dûs par les habitants,
principalement les Guelaïa et los Kebdana; de sa
porsonno, Moulay Slimano infligea uno sévèro leçon
aux Aït Idrassen qui so livraient au pillage dos cara-
vanes dans la Haute Molouïa. Il gagna ensuito Taza
pour fairo rontrer los impôts arriérés do la région
d'Oudjda et onvoya uno armée opéror les mômes re-
couvrements d'impôts dans les oasis de Tigourarine
(1808). Grâce à cclto activité ot a la formoté qu'il dé-
ployait, Moulay Slimano put rétablir l'unité do l'em-
pire et y fairo régner l'ordre.
Copcndant, vers Vannée 1811, éclata une ré-
volte des Berbères qui s'étendit à toutes les provin-
ces oricntalos du Maroc et eut los conséquences los
plu* graves. Kilo débuta par la guerre quo les Aït
380 HISTOIBE PU MAGHREB
Idrassen et Guerouane entreprirent contre leurs enne-
mis les Aït Oumalou du djebel Fazaz. Mais les Gue-
rouane ayant abandonné leurs alliés pour se joindre
au parti adverse, les Aït Idrassen furent vaincus, dé-
pouillés et passés au fil do l'épée; seuls les cavaliers
purent s'échapper avec leurs chefs et allèrent se plain-
dre au sultan. Irrité du traitement infligé à ses alliés,
Moulay Slimane envoya contre les Guerouane et Aït
Oumalou une première armée qui fut battue. Co succès
resserra les rangs des Berbères; tous s'unirent pour
combattre les Aït Idrassen, en haine du gouverneur
Mohammed Auoziz que le sultan leur imposait. Us pré-
vinrent leur dedjal Amhaouche, personnage jouissant
parmi eux d'un grand prestige comme thaumaturge,
qui se mit à leur tête pour se livrer au brigandago
et molester les populations. Us vinrent à Sefrou cerner
une armée chérifienno envoyée contre eux et pillèrent
son camp ; les pays circonvoisins furent ravagés et les
routes interceptées. Lo sultan envoyait do Meknes des
corps do troupes contre les rebelles, mais ils étaient
battus par los Berbèros dont l'audaco no faisait quo
croître. Moulay Slimane décida do leur opposor lo
caïd Ayad bon Bou Chofra, et so rendit à Marrakech,
comptant sur co chof pour réduire les Berbères. Mais
le caïd Ayad pensa les amener & composition on les
traitant avec douceur et en les comblant de bienfaits.
Or cette politique, mal appliquée, n'eut d'autre résul-
tat que d'exalter l'insolenco des rebelles.
Le sultan décida alors.do réunir à Marrakech uno
armée considérablo formée dos contingents do toutes
les provinces, Arabes et Berbères restés fidèles, puis, a
la tête de ces forces, il marcha contre les Guerouano
qui, à Azrou. lui infligèrent une sanglante défaite. Lo
lendemain, il attaqua les Aït Youssi et leurs alliés Aït
Oumalou, mais làencnro, ses troupes furent battues ot
LES GHÊRIFà PILAMBN'S S8i
dépouillées et ne durent leur salut qu'à la protection
des Aït Idrassen fidèles à Moulay Slimano, Les Arabes,
jaloux du service rendu par ces Berbères, arrêtaient
et tuaient impitoyablement tous ceux d'entre oux qui
approchaient do leur camp, sous prétexto qu'à leurs
yeux tous les Borbères étaient des rebelles. Les Aït
Idrassen s'en étant plaints amèremont au sultan, ce
prince jugea prudent de battro en retraite avant de
prendre des sanctions.
C'est à peu près vers la même époque que le bey de
Tunis, Haminouda Pacha, onvoya auprès du sultan
Moulay Slimano un ambassadeur porteur de présents et
chargé do lui domandor des vivres pour remédier à la
famine dont souffrait alors la Tunisie. Cet ambassadeur
fut l'objet d'un accueil favorable et reçut les approvi-
sionnements qu'il demandait. Dans le même tomps, soit
vers 1811-1812, arriva à Fez une missive adressée au
sultan par lo fondateur de la secte ouahabite, Abdal-
lah ben Saoud du Nedjed qui s'était emparé dos deux
villes saintes et y prêchait sa doctrine. Moulay Slimane
lui fit porter sa réponse par son fils Moulay Abou Ishak
Ibrahim qu'accompagnait la caravane des pèlerins.
Les Ouahabites sont partisans d'une vie simple sans
éc'at ot sans ornements et condamnent lo culte exa-
géré des saints. Lo sultan Moulay Slimano partageait
d'aillours la mémo opinion sur l'importance accordée
par le peuplo aux saints locaux, comme dispensateurs
de bienfaits que Dieu seul peut accorder et il avait aboli
ce qu'il appelait l'hérésie dos moussems. Il a exposé
ses vues, à ce sujet, dans uno lettre de conseils aux
Musulmans où il est question, on particulier, des ascètes
de l'époque.
Dans lo cours des années 1812 et 1813, le sultan
éprouva quolques difficultés à empêcher les habitants
du Riff de fournir los pays chrétiens de grains et de
383 HISTOIRE DU MAGHREB
bestiaux ; il dut prendre part en personne à une des
expéditions dirigées contre le Riff, pour triompher de
ses habitants. Mais ces événements no l'empêchèrent
pas d'entretenir de bonnes rotations avec les nations
européennes et en particulier avec la France; c'est ainsi
qu'en 1807, il avait envoyé un ambassadeur à Napo-
léon, pour lo féliciter à l'occasion de son avènement.
Depuis un certain temps, los nations européennes
avaient eu h souffrir de fréquentes violations du droit
dos gens, do la part des Algériens. En juin 1815, les
Etats-Unis avaient envoyé contre eux une Botte avec
mission d'exiger certaines satisfactions, d'une part,
et d'obtenir la miso en liborté des prisonniers, la sup-
pression du tribut et celle du droit do visite, d'autre
part. Le célèbre raïs Hamidou, commandant de la ma-
rine algérienne, ayant été tué au cours de la rencontre
des deux flottes, les conditions des Américains furent
ratifiées par un traité signé lo 7 juillet. Mais une nou-
velle violation du droit des gons amena les puissances
& se réunir à Vienne dans un congrès '* fut décidé
quo les corsaires barbaresques devaient être mis dans
l'impossibilité de continuer ù pratiquer l'esclavage
chrétien. L'Angleterre se chargea d'exécuter cette dé-
cision et confia à Lord Exmouth la mission d'aller avec
une flotte réclamer la libération de ses ressortissants
retenus commo esclaves par les Etats barbaresques.
Lord Exmouth reçut satisfaction à Alger, à Tunis ot
ù Tripoli, sauf pour la cessation de la courso et do la
réduction des Chrétiens en esclavage.
Les puissances européennes mécontentes des résul-
tats insuffisants dont s'était contenté l'amiral, invi-
tèrent l'Angloterre à s'acquitter de touto la mission
qu'elle avait assumée. Lord Exmouth, de nouveau,
partit pour Alger le 28 juillet 1816 ; arrivé le 9 août
à Gibraltar, il y rencontra une escadre hollandaise qu'il
LES CHÈR1PS FII.AMENS 383
uulorisi à sejoindroà. la siouuo et lo 26, il arrivait
en vue d'Alger. L'attaque commença lo lendemain
même et dura jusqu'à la nuit ; les Algériens se défen-
dirent énorgiquement et habilement, mais lo bombar-
dement intense qu'ils subirent leur coûtait 7.000 hom-
mes tués ou hors de combat; leur flolto était incondiée
ou coulée et leurs batteriesétaient détruites. Aussi, les
conditions proposées le lendemain par Lord Exmouth
furent-elles acceptées et le traité signé le 30 août.
11 comportait l'abolition de l'esclavage chrétien,
la remise immédiate des esclaves do toute nationalité,
détenus à Alger, le remboursement des rançons payées
depuis lo commencement de l'année, la réparation
des pertes éprouvées par le consul anglais et enfin
les oxcuses publiques du dey. La flotte alliée avait
remporté un succès marqué et la libération des os-
claves chrétiens obtenue par Lord Exmouth, au cours
de ses deux expéditions, portait uno grave atteinte à
la puissance turque. Encouragées par l'exemple de
l'Angleterre, les puissances européennes envoyèrent
leurs flottes dans la Méditerranée pour traiter avec
los Etats barbaresques. En novembre 1816, lo cheva-
lier do Pinto signa un traité de paixot d'allianco pour
le Portugal; en avril 1817, une escadre hollandaise
et uno escadro espagnole vinrent renouveler à Tunis
les accords antérieurs, enfin, une frégate anglaise vint
intimer l'ordre aux corsaires tunisiens de cesser leurs
croisières dans l'Atlantique.
Cependant le congrès de Vienne n'avait pas réglé
la suppression do la course ; en conséquence, de nou-
velles conférences furent tenues & Aix la Chapollo et
lo 18 novembre 1818, les nations européennes signeront
un protocole où il était dit que toute atteinte portée
au commerce de l'une des contractantes entraînerait
uno répression immédiate de la part des puissances
*84 HISTOIRE DU MAGHREB
coalisées. L'Angleterre et la France ayant été chargées
do notifier cette décision, uno flotte anglo*française
vint à Alger le & septembro 1819 et invita le dey Hos-
seïne à souscrire à l'abolition de l'esclavage et à la
suppression de la course. Les délégués durent s'en re-
tourner sans avoir obtenu aucun résultat, mais à Tu-
nis et à Tripoli, ils reçurent satisfaction.
Quant au sultan du Maroc Moulay Slimane, il s'était
engagé vis-à-vis du roi Louis XVIII à faire cesser la
piraterie dans son empire ot même à remettre en li-
berté les naufragés chrétiens recueillis sur le littoral
marocain. Non seulement il observa fidèlement ces en-
gagements, mais il supprima en 1817 sa marine de
guerre. Enfin, en 1818, il favorisa l'exportation des
blés pour conjurer la disette qui régnait en France.
C'est pourquoi les puissances européennes représentées
aux deux congrès de Vienne et d'Aix-la-Chapelle
n'avaient pas eu à intervenir au Maroc au sujet de la
course ot de l'esclavage.
En 1818, la peste apparut au Maroc, apportée croit-
on par les pèlerins de la Mecque débarqués à Tanger.
Lo fléau se répandit dans les régions de l'intérieur,
faisant de nombreuses victimes, au moment mémo où
lo sultan organisait à Marrakech uno expédition contre
les Aït Oumalou. Il prescrivit à son fils Moulay Ibrahim,
khalifa à Fez, de la rejoindre au Tadla avoc les Ara-
bes du Houz, los abid de Meknes, le guich des Oudaya
et des Cherarda, les Arabes du Gharb, les Berbères et
les soldats des ports. Lo sultan ignorait que ces popu-
lations, décimées par l'épidémie, ne partaient qu'à con-
tre coeur et son fils ne l'on prévint pas. Tous les con-
tingents convoqués au Tadla, formèrent autour de
Moulay Slimano une armée do 60.000 hommes. Au
cours de cette campagne, des jalousies entre Borbèrcs
et Arabes amenèrent la défection des Zemmour ; les
LES GHÉRIFS Fil.ALlENS 385
Arabes enveloppés par des forces berbères supérieures,
furent tués et dépouillés. Le camp du sultan n'étant
plus défendu que par les aWd, fut attaqué violemment
et Moulay Slimane dut la vie à un jeune berbère qui
l'emmena dans son douar, puis à la casba d'Agouraï
d'où il gagna Meknes. Moulay Ibrahim grièvement
blessé, mourut peu après à Fez.
Cet échec augmenta l'audace des Berbères dont les
brigandages redoublèrent. Connaissant leur avidité,
le sultan les attira par des cadeaux, et un jour quo
700 do leurs notables étaient venus le saluer, il les
fit arrêter et emprisonner. Au lieu de calmer les
Berbères, celte répression no fit qu'aggraver leur ré-
volte; ils so coalisèrent contre tous ceux qui parlaient
la langue arabo et, sous la conduite de leur dedjal
Amhaoucho, vinrent cerner le sultan dans Meknes,
afin de venger leurs frères emprisonnés. Us obtinrent
leur mise en liborté sous la promosso do so soumettre,
mais ils violèrent leur parole et continuèrent à se li-
vrer au brigandage Bientôt les Arabes les imitèrent
et la situation généralo devint assez gravo pour affai-
blir le prestige du sultan et étoudre l'insubordination
au guich des abtd. Amhaoucho et tos partisans s'em-
parèrent de Fez où des luttes intestines avaient éclaté;
le sultan, après y avoir envoyé son fils Moulay Ali,
s'y transporta do sa personne et fut harcelé par
les Berbères durant tout le trajet. Arrivé à Fez,
lo sultan très irrité, ordonna le pillage do toutes
les maisons appartenant à des Borbèros ou à des
gens ayant des attaches avec eux. Cette mesure no
fit qu'aviver la rancune des révoltés et aggravor los
troubles dont Fez et sa banlieue étaient le théâtro.
Moulay Slimane, cependant, quitta cette villo au mi-
lieu de l'annéo 1820 pour pacifier la région du Hobet,
d'Elkçar El Kobir et de Rabat ; il fit emprisonner 500
26
386 HISTOIRE DU MAGHREB
personnes des Zaër et gagna Marrakech. Pendant ce
temps, les aJbid de Meknes se partageaient les bagages
du sultan, tandis qu'à Fez, les Oudaya se livraient
aux pires excès.
C'est alors que les habitants de cette malheureuse
cité, ne pouvant plus compter être secourus par Mou-
lay Slimane, éliront son neveu et gendre Moulay
Ibrahim bon El Yazid. Ce prétendant qui avait ob-
tenu lo concours du chérif d'Ouazzano fut reconnu
par les habitants du Gharb, jusqu'à Tanger, et par
Tetouane; mais il mourut dans cette dernière ville
et oes partisans le remplaceront par son frère Moulay
Saïd (1822).
Pendant les dernières années de son règne, le Sul-
tan Moulay Slimane désespéré de ne pouvoir délivrer
l'empire de l'anarchie qui le désolait et fatigué par
les longues luttes qu'il avait eu à soutenir, aspirait au
repos et i uhaitait abandonner le pouvoir. Il avait
choisi pour lui succéder, à l'exclusion de ses fils, son
neveu Moulay Abderrahmane ben Hicham et lui avait
légué le pouvoir par testament, lorsqu'il mourut le
28 novembre 1822.
Bien que les débuts et la fin du règne de Moulay Sli-
mane aient été marqués par des troubles profonds, il
s'est montré à ses contemporains comme un prince
d'une haute intelligence, dont l'administration et
la politique s'appuyaient à la fois sur les sentiments
de l'équité et de la clémence. A la guerre, il dirigeait
ses généraux, veillant à l'ensemble des opérations mi-
litaires, montrant en toutes circonstances un courage
et une ténacité inébranlables. Il avait l'esprit très cul-
tivé et aimait à s'entretenir avec les savants sur les
sciences théologiques, sur la littérature et l'histoire.
11 a attaché son nom à de nombreux monuments, les

uns élevés par lui, les autres simplement relevés ou


LES CHÉRIES FILAUENS 387
reconstruits ; on cite des mosquées, des écoles, palais,
ouvrages de défense et portes monumentales dans
presque toutes les villes du Maroc et des ponts sur les
principaux fleuves.
ANNEXE AU CHAPITRE VI
Tableau des principaux événements du règne des chértts nlallens
jusqu'à la conquête de l'Algérie par les Français.

DATES MAROC RÊGE1CES D'ALGER ET DE TUNIS ET EUROPE

16GS-72 Lechérif Rachid s'empare de Taxa défendue par lea habl«


tant» d« Fex (1666). Prise de Fez et mise a mort des
chefs de quartier rebelle* (1667). Expulsion d'El Ksar
El Kebir du corsaire Ghaïlane qui se réfugie a Alger.
Prise de Tétouano et capture de son chef Aboul Abbas
Nekais. Le sultan bat l'armée des marabouts de Dila a
Botn Erromnaane, prend et détruit leur zaouïa ; Moham-
med £1 Hadj ot ses parents «ont exilés a Tlemcen. Prise
de Marrakech et massacre des Arabes Chebanatte (1669)
Défaite des Berbères Hcchtouka, prise d'Illigh résidence
de Mohammed fils du marabout Semlali.
Révolte d'Ahmed ben Mohammed neveu du sultan a Mar-
rakech ; 11 est ©xtlé au Taûlalt ; soumission des habi-
tants du Sous. Mort du sultan Rachid a Marrakech
(1672).
1672-77 Moula? Ismaïl gouverneur du Gharb et frère du sultan A Alger le pacha nommé par la Porte n'exerce plut le
est élu ; 11 prend Meknes pour capitale. Marrakech s'est pouvoir exécutifpassé aux main* du dey nommé par les
déclarée pour le neveu du sultan, Aboul Abbas Ahmed marina dunt l'Influence a grandi avec le développement
ben Mahrez. Moula; Ismaïl le bat et entre & Marrakech; de 1A course. Il en résulte une rupture avec la France
11 le chasso ensuite de Taxa et inflige une défaite a (1672).
Ghaïlaoe revenu d'Alger et allié des Neksls de Tétouane.
Mort de GhaUane.
Prise de Fex qui a appelé Ben Mahrez ; elle est enlevée
après un alège de plusieurs mois (1673).
Nouvelle expédition contre Ben Mahrez ; il est battu a
Bou Agba et Marrakech est enlevée (1674).
Marrakech est reprise une troisième fois ; mise a mort
dea habitants lea plus compromis (1615-77).

«
1677-79 Ahmed ben Abdallah de Dila appuyé par la Porte et les Expédition contre Alger de Lord Narborough (1678).
Turca d'Alger se propose de reconsUtuer la zaouïa. Il L'amiral français Tourville l'attaque sans résultat
bat deux armées chériflennes et ravage le Tadla ; 11 est (1679).
défait.
Création du guich des Arabes Oudaya anciensserviteurs
dessaadlena; ils. sont opposés aux Arabes Soflane et
Khlot de l'Azguar partisane des Benl Merine. GréaUon
du guich dea abid Bokharl installés a Mechra Erreml »,
A El Mehella. a Kasbet Adekhsane ot a Dila. Expédition
du Sultan a Akka et Tasslnt et vers les conûns du Sou
don; soumission dea Arabes Makll de ces régions
0677-78).
1679-83 Défaite au djebel Saghrou dea frères du sultan : Et-Har- Par la haute Molouïa, le sultan pénètre avec les Arabes
rane. Ahmed et Bachem révoltés. Au retour, l'armée du pays jusqu'aux sources du Chéllf ; 11 est battu par
impériale est décimée au col du Glaouï par une tem- une armée turque et renouvelle le traité de Rachid
pète de neige. acceptant la Tafna comme limite dea Turcs (1679).
Transport & Oudjda des Arabes Zlrara et Chebanatte du Traité par lequel la Hollande s'engage à fournir agrès.
Bous pour les opposer aux Benl Isnassen partisans des cordages, poudre et canons aux Algériens (1680).
Turcs, et construction de plusieurs casbas autour du Expédition de Duquesne pour obtenir 1» restitution réci-
massif montagneux dea Benl Iznassen. Confiscationdes proque des esclaves (1681).
armes et dea chevaux dans cos mômes réglons. Le sut- Les Anglais signent la paix avec Alger aux mêmescondi-
tan y laisse des abid et en ramène des Arabes et Berbè- tlons que les Hollandais (1681).
res "heraga (1680). Construction de oasbas près de Moulay Ismaïl dirige une attaque contre lea Benl Amer
Moknis. d'Oran et leur enlève leurs troupeaux (1682).
Le Caïd Haddou d'El Ksar El Kebir enlève Mamoura aux Bombardement, sans résultats. d'Aller par Duquesne
Espagnols(1681). Ambassade d'El HadjTemlm auprès du on 1682 et 1683; lea Français d'Alger sont massacrés,
roi de France, a la suite du blocus de Salé ; il signe un
traité (1682).
A son retour d'Oran le sultan marche sur Oudjda contre
une colonne turque qui attaque lea Benl Isnassen de
concert avec Ben Mahrez ; lea Turcs sont rappelés a
Alger ù la suite de l'attaque de Duquesne (t682). Lo
sultan poursuit son neveu Ben Mahrez. l'acNiège dans
Taroudant et signe la paix avec lui (1682).
1683-84 Expédition contre lea Senhadja de Fazaz AU Idrassen qui Traité de paix conclu avec les Algériens par l'amiral
ravagent la plaino do Saïs ; le sultan bâtit deux forte- Tourville (1684).
resses a Aïa Kllouh et a Azrou st accorde la paix aux Anarchie à Tripoli, les Français y sont maltraités;l'ami-
rebeUes qui doivent livrer armes et chevaux (1683). rai d'Eatréee détruit la ville et le dey signe la paix.
Le Régence de Tunis accorde satisfaction à d*Bstrées
(1684). ^
ANNEXE AU CHAPITRE VI (suite)

DAT» MAROC WÊGE1CSS D'ALGER ET DE TOUS ET EUROPE

1684-91 Evacuation de Tanger par les Anglais ; eUe est repeuplée


aveo dea Rlflalna (1684). Expédition contre Att-Youssl,
AU Seghrouchen, Mcâiouna ; conatructlon de caabaa a
Amlil. Oued Sekoura. Oued Tachouakt, Dar Ettemâ, Ksar
Benl Mtlr et El Kçabi. qu! reçoivent des abid ; sou-
mission des rebelles, ils remettent armée et chevaux.
Campagne contre Ben Mahrez et El Barrane a Tarou-
dant ; Ben Mahrez est tué et la place enlevée (1687).
Le siège de Melllla est entrepris puis abondonné (1687).
Soumission des Zemmour et Benl Bakim ; leur cheikh Mise à mort à Alger du consul de France Piolle et de
Baba Ichou El Kebli remet les armes et les chevaux. 712 Français ; bombardement de la ville par d'Kstrées
Dee abid sont ensuite placés à la casbat Youssefben ^688). La paix est signée en 1689.
i
Tacheflne et Dila. pour défendre l'accèa de la plaine
aux Berbères (1688-89).
Le caïd Ahmed ben Haddou enlevé Larache aux Espagnole
(1689). Prise d'Arzila (1691); il ne reste a l'Espagne que
Ceuta, Melllla et Orau.
1692-1701 Une armée chériflenne commandée par Zeïdane fila du Mourad. bey de Tunis, a des difficultés avec le dey d'Alger
sultan est battue par les Turcs sur la Molouïa (1692). et 8*alUe contre lui au aultan du Maroc. Moulay Ismaïl
Défaite des Berbères de Fazaz : Aït Yafelmano, Aït Ou- s'avance avec une forte armée dans la vallée du Chôlif ;
malou, Aït Isrl ; le sultan reçoit A Adekhsano 12.000 te- il est battu et blessé an combat de Chedlouïa et bat en
tes de rebelles. 10.000 chevaux et 30.000 fusils. AU ben retraite (1701).
Ichou reçoit 1.000 cavalière a Tigallin poste comman- Le bey de l'Ouest quitte Mazouna et occupe Mascara.
dant le paya Aït Oumalou (1692). Traité d'alliance du dey d'Alger et du bey de l'Ouest avec
Assauts infructueux du sultan contre Oran ; sur inter- les Espagnole d'Oran contre lea attaques de Moulay
ventionde la Porte, il a'engage a respecter le territoire Ismaïl (1701).
dea Algériens (1693). Ambassade du caïd de Salé Abdallah
ben Aïssa qui aigne a Versailles un traité de paix avec
la France (1699). Reprise, sans succès, du siège de M'
lilla (1700). Moulay Ismaïl partage le commandement
dea provinces entre quatre de ses fils (1700).
s

1702-27 Luttes entre les fils du sultan ; Mohammed El Alem entre Prise d'Oran par Bouchelagbem bey de Mascara, avec
a Marrakech et massacre les habitants; Zoïdune l'as- l'aide de troupes envoyéesd'Alger, ainsi que de Mersel*
siège pendant trois ans a Taroudant et l'envoie au kéblr; le bey transporte sa résidence à Oran (1705.3).
sultan qui le fait mourir. Zeïdane est assassiné a Ta* La Porte renonce & envoyer un pacha à Alger; le dey
roudant ( 1706). nommé a l'élection reate tributaire de la Porte ; les
Expédition du Marquis de Levés qui réussit a faire lever beya de Tunis conservent l'hérédité du pouvoir (1711).
le siège de Ceuta (1721).
Mort du sultan Moulay Ismaïl (mars 1727); son fils Ah-
med Dehbl est proclamé a sa place.
172.7-29 Le nouveau sultan fait périr les gouverneurs de son père; Philippe V
obtient l'autorisation papale pour r«. ourlr
Berbères et Arabes achètent armes et chevaux et déso- aux richesses du clergé et tenter la reprise d'Or
lent le pays. Les abid renversent Ahmed Dehbl et juin 1732, une Importante armée commandée <.»r le
En '.
proclament son frère AbdelmaUk (1728). comte de Montemar débarque au cap Falcon. Los indl-
Retour d'Ahmed Dehbl. bombardement de Fez, mise A gènes battent en retraite et le bey se retire & Mosta-
mort d'Abdelmalek (août 1723); Mort d'Ahmed Dehbi ganem.
(mars 1729); leur frère Moulay Abdallah est proclamé. OccupaUon d'Oran et de Merselkéblr.

1729-35 Siège et bombardement de Fez ; défaite des Aït Temmour. Le bey Bouchelagbem avec des renforts d'Alger tente
Aït Oumalou et Aït isrl sur l'oued El Abid ; massacre sans succès de bloquer Oran (1733).
des otages de Fez (1732). Destruction de Medlnet Erriadh
près de Mekuès (1733); les riches habitants de Fez vie*
tlmes des exactions du sultan s'expatrient (1734). Dé-
sastre d'une armée d'abid et d'ûudaya cernée dans les
moutafcnes berbères (1735). Moulay Abdallah fait massa*
crer io.aOO abid ; mon. ce de mort il s'enfuit et les abid
proclament Moulay Ali El-Aredj.
ANNEXE AU CHAPITRE VI (suite)

DATES MAROC REGENCES D'ALGER ET DE TUNIS ET EUROPE

173646 Moulay Abdallah se fait proclamer A son tour par les


abid (1736); il est déposé et remplacé par son frère
Mohammed bon Arbïa. Soua ce prince le vol et le bri-
gandage se répandent, l'anarchie est générale Lea abid
le remplacent par son frère Moulay El Moatadhi ; ses
cruautés indignent les abid qui rappellent Moulay Ab-
dallah (1740).
Les terribles vengeancea qu'il exerce livrent le paya aux
plus graves désordresjusqu'en 1745. Zelne El Abldine
est élu sultan, mais Moulay Abdallah eat rappelé pour
la quatrième fols ; deux mois après les abid le rempla-
cent par Moulay El Moatadhi qui assiège Fez (1746).
1747-56 Moulay Abdallah triomphe de son frère El Moatadhi ; 11 Traité entre lea Etats-généraux de Hollande et Moulay
eat proclamé 4 Meknes (1747). Les Aït Idrassenqui l'ont Abdallah, réglant les droits des consuls des Pays-Bas au
soutenu, se vengent de ses cruautéa en le bloquant dans Maroc (1152-53).
Meknes et en ravagent la banlieue. Fatigués, les abid
le déposent et proclament son fila Moulay Mohammed;
il s'enfuit et se réconcilie A Moulay Idrls avec les
habitante de Fez (1748). En 1750 Moulay Mohammed ré-
tablit l'autorité de son père et obtient le pardon de
tous lea rebellée ; en 1756. ce prince se rend A Marra-
kech et ramène l'ordre dana le sud-ouest de l'empire.

1757-69 Mort de Moulay Abdallah, son fila Moulay Mohammed est Traité avec le Danemark lui conférant le monopole"du
proclamé (octobre 1757). Il réorganise l'administration commerce de Safi et Salé (1757).
et lea forces militaires dans le Nord qu'il parcourt ; 11 Par traités avec l'Angleterre en 1760 et 1765. avec la
se porte ensuite A Marrakech (1758). pula rentre A Mek- Suède (1763) ot Venise (1765), le sultan obtient de ces
nés (1760). Expulsion des Oudaya de Fez Ojedid rempia- puissances le paiement de redevances, contre l'engage-
ces par des abid. ment de faire respecter leurs na vires. Le duc de Choi-
Expéditionsexécutées en 1762.63 et 64 chez les Ghiata et seul envole un négociateurau Maroc; il est appuyé par
lea Hiaïna. Le sultan trace le plan de Mogador qu'il la flotte de du Chafiaut qui bombarde Rabat et Salé'4
fortifie et déclare port franc (1764-65). Moulay Moham- la auite d'actes de piraterie ; cette flotte éprouve un
med entre en relations avec le sultan Serour, Chérif de échec A Larache (1766).
la Mecque et lut donne une de ses soeurs en mariage Le comte de Breugnon signe A Marrakech un traité d'aï-
(1768). liance et d'amitié au nom de la France; 11 laisse Cho-
Le peut port d'El Brtdja (Mazagan) sur l'Atlantiqueest nier comme consul A Salé (1767).
enlevé aux Portugais (1769). Traité avec Charles III d'Espagne (1767).
Echange de présents entre le sultan ottoman MustaphaIII
et le sultan du Mar^c (1767).
1773-91 Echec contre Melllla (1773). nouveau traité avec l'Espa- L'Espagne envoie O'Reilly contre Alger ; cette expédition
gne (1775). se termine par un désastre (1775).
Révolte des abid de Meknes ; le sultan leur pardonne et Bombardements d'Alger, par lea Espagnols (1783-84). ils
lea disperse A Larache Tanger et Rabat (1775). Epi- n'ont aucun succès; un traité de paix ratifié en 1786.
demie et famine de 1776 ; dea vivres venus d'Europesont stipule l'abandon d'Oran. La vUIe n'avait pas oncore
distribués. Renouvellement du traité de 1752 aveo la été évacuée en 1790 lorsqu'ellefut détruite par un trem-
Hollande (1777). blement de terre; le bey de Mascara l'investit et, en
Révolte des Berbères AU. Atta *t Aït Yafelman dirigés par 1791, le roi Charles III signa un traité et fit évacuer
Moulay El Hassane oncle du sultan ; elle est réprimée Oran. Le bey Mohammed y installa le siège do son
et le sultan place au Taillait trois de ses fils aveo de commandement,
l'artillerie (1783).
ANNEXE AU CHAPITRE VI (suite)

DATES MAROC RÉGENCES D'ALGER ET DE TUNIS ET EUROPE

«AU.. ———-———_^^i.^__——__^
1790-iSOû Mort du Moulay Mohammed (avril 1790) ; Moulay El Yazid Lo bey d'Oran consent A abandonner au Maroc Oudjda et
est proclamé. Les troublée et l'anarchie reparaissent, les tribus de la région dont lea Turcs s'étalent empa-
Deux navires corsaires sont enlevés; par représailles rés (1796).
les consuls espagnols de Mogador et de Larache sont Traité de paix signé avec un ambassadeur venu d'Espa-
arrêtés et Ceuta assiégée. Les Espagnols bombardent gne (1800).
Tanger (août 1791). Lo sultan quitte Ceuta et va répri-
mer une révolte de ses frères & Marrakech ; blessé d'une
ballo il meurt en février 1792.
Moulay Slimane proclamé, organise les provinces du nord
avec l'aide de son frère Moulay Taïeb.
Entrée du nouveau sultan A Marrakech (1796).
Quatre frères du sultan meurent victimes O *a pesto
(1796-97).
Transfert du consulat français de Salé a Tan»*r (1800).
1301-12 Echec du caïd El Hakmaoui et des abid cornés dans les Envol d'un ambassadeur marocain chargé de féliciter
montagnes par lea Aït Oumalou (1801). Napoléon A l'occasion de son avènement (1807).
Pacification du Sous et du Dra et recouvrementdes lm- Le bey de Tunis obtient du sultan des approvisionnements
pots arriérés (1802). pour remédier A une famine qui désolait la Tunisie
Pacification du Rlff et recouvrementdes impôts arriérés (1811-12).
(1802). Echange de présents entre le sultan et Abdallah ben
Los Aït Idrassen pilleurs de caravano*, sont châtiés par le saoud du Nedjed, fondateur de la secte ouahablte et
sultan ; 11 pacifie Taza et Oudjda et envoie une armé- maître des deux villes saintes.
recouvrer les impôts arriérés A Figuig et au Gourara
(1808). Luttes intestines des Berbères; le sultan est
appelé par ses alliés Aït Idrassen ; les Guerouane et Aït
Oumallou battent une armée impériale. Le dedjal
Amhaouche prend la tète des Berbères rebelles ; le
sultan est battu A Azrou par les Guerouane. Aït Youssi
et Aït Oumalou et se retire ((311-1812).

1815*22 Lo sultan supprime sa marino de guerre et a'engage Une flotte des Etats-Unis réclame aux Algériens la libéra-
envers la France A faire cesser la piraterie (1817). Le tion des prisonniers et la suppressiondu tribut ; un
sultan favorise l'envol de blés en France où régnait traité est signé (juillet 1815).
laJ,?.l5.otte <1818)' Congrèsde Vienne : les puissances décident de supprimer
Expédition
» contre .les Aït Ocmalou ; dissensslons entre l'esclavage chrétien par les corsaires barbaresques.
Arabes et Berbères de l'armée impériale. Attaque du Lord Exmouth chargé d'obtenir satisfactionéchoue (1816).
camp ; Moulay Slimane est sauvé par un jeune berbère Dcuxièmo mission de Lord Exmouth, bombardement d'Al*
qui l'emmène A Agouraï. ger et Incendie de la flotte algérienne ; un traité est
Les riguours du sultan exaspèrent les Berbères ; ils se signé le 30 août 1816. D'autres flottes européennes vien-
coalisent contre ceux qui parient arabe, cernent le nent devant Alger : du Portugal on novembre 1816. de
sultan A Meknes ot conduits par leur dedjal vont pren* la Hollande en 1817.
ÛTiftf; En 1819. une flotte anglo-française invite le dey Hosseine
Insubordination
, „ des àV ot...des abid;
., Arabes VfJ,le sultan,
. par sa A abolir la course ; il refuse,
répression avive la rancuno des Berbères, l'anarchie Les nations européennes signent A Aix-la-Chapelle un pro-
DAff8*»**^ tocole d!,*nt «M t0ttte atteinte portée au commerce
« v * et* de
Pacification du Hebet ^ Rabat
» v w,oaAl
(1820). de l'uue d'elles sera suivie d'une répression des puis-
Pillage de Meknes par les abid. et de Fez par les Oudaya sances coalisées.
(1820)
Mort du sultan qui avait désigné son neveu Moulay Ab-
derrahmane pour lui succéder (1822).
CHAPITRE VII
ta France an Algérie.

Le Maroc pendant la période d'installation do la Franea en Al*


gérie. — Son rôle islamique. — La guerre arec la France (ba-
-
taille d'Isly le 14 août 1844). Sldi Mohammed (1859-1873).
— Moulay El Hassane (1873-1894), s& politique extérieure. —
Convention de Madrid (MO).

Moulay Abderrahmaneben Hicham fut unanimement


proclamé à Fez et y reçut le serment de fidélité do
toutes les autres villes. Les Berbères eux-mêmes qui
s'étaient coalisés contre Moulay Slimano et contre tous
ceux qui parlaient la langue afabe au Maroc, renon-
cèrent & persister dans leur révolte; tous, Alt Idras-
sen, Guerouane et Zemmour apportèrent leurs présents
à Moulay Abderrahmaneet lui prêtèrent le serment do
fidélité. Co prince s'occupa, dès lors, de consolider son
autorité dans les parties éloignées de l'empire; mais
il fallait avant tout porter remède aux conséquences
de l'anarchie qui avait troublé le pays et y avait tari
les sources de richesse, pendant le précédent règne.
C'est ainsi qu'à Meknes, le sultan trouva un trésor
vide et des abid extrêmement réduits comme nombre,
qui avaient dû vendre leurs armes et leurs chevaux
pour ne pas mourir de faim.
Moulay Abderrahmane alla rétablir Tordre dans le
pays des Chaouia puis à Marrakech où il nomma
comme gouverneur son frère Moulay El Maraoun. A
898 HISTOIRE OU MAGHREB
Fez ' avait placé son neveu Sidi Mohammed ben Taïeb,
mais il l'en retira pour lui confier lo commandement
des tribus de Tamesna cl de Doukkala avec pleins
pouvoirs. Sidi Mohammed était, pour les révoltés, d'uno
rigueur impitoyable et terrorisait les populations par
de sanglantes réprossions qu'il exerçait souvent do sa
propre main. C'est do la sorte qu'il pacifia les deux
provinces de Tamesna et Doukkala, après quoi il alla
relever les murs et les édifices de Mazagan, ancienne
El Bridja, à qui il donna le nom de El Djedida. 11 se
porta ensuite dans le Sahara où il recouvra les impôts
arriérés. Quand Tordre fut à peu près rétabli partout,
le sultan s'installa à Marrakech où il créa l'immense
parc de TAguedal. Il y fit planter toutes sortes d'arbres
fruitiers dont quelques-uns furent importés de l'étran-
ger, creuser des canaux et des pièces d'eau, puis y
édifia des moulins et des kiosques de plaisance.
Vers Tannée 1825, Moulay Abderrahmane conclut
avec la Sardaigne un traité établissant la paix entre
les deux Etats et réglant leurs relations commerciales
et autres.
Dans les premiers jours de l'année 1828, il confia le
commandement d'Oudjda et de sa région qu'il consi-
dérait comme un poste des plus importants, à cause
du voisinage du territoire turc, à un homme de grand
talent Aboul Ala Idris ben Hommane El Djerrari. 11
l'autorisa à correspondre directement avec lui et lui
donna la prééminence sur le gouverneur de Taza
cheikh Bouziane ben Chaoui, des Ahlaf.
Lors de son premier voyage à Marrakech, Moulay
Abderrahmane avait pardonné aux Cherarda leurs dé-
sordres sous le précédent règne et leur avait témoigné
la plus grande bienveillance. Mais plus tard, lorsqu'il
nomma au commandement de la province son frère
Moulay El Mamoun, ils montrèrent peu de sympathie
LA FRANCE EN ALGÉRIE 399
à ce prince et leur chef El Mahdi ben Mohammed se
plaignit au sultan, reprochant au gouverneur de leur
avoir imposé plusieurs chefs au lieu d'un seul et de
leur avoir fait payer les impôts canoniques contraire-
ment aux règles de la loi. Les Cherarda n'attendirent
même pas la réponse du sultan et, sous la conduito
d'El Mahdi, emprisonnèrent lours caïds et se livrèrent
à toutes sortes d'attentats dans le pays. Devant les
nombreuses plaintes qui affluaient jusqu'à lui, le sul-
tan convoqua les contingents des provinces, marcha
en personne contre les révoltés et alla surprendre la
zaouïet Cherradi sur laquelle il arbora ses étendards.
Le combat s'engagea immédiatement et dura sept jours.
El Mahdi désespérant alors du succès, abandonna ses
partisans et se retira dans le Sous, suivi do quelques
porsonnes. Les Cherarda implorèrent aussitôt leur par-
don du sultan qui le leur accorda et les transporta
dans TAzghar.
De graves difficultés s'étaient élevées entre Alger et
le gouvernement français au sujet d'une créance pour
fournitures de blé à la France, effectuées entre les an-
nées 1794 et 1796. Ces fournitures avaient été faites
par deux israëlites algériens Bacri et Busnach; le
chiffre de leur créance avait été formellement reconnu
et arrêté, mais différentes circonstances en avaient
empêché le paiement. Les familles des intéressés
avaient alors obtenu du dey Hadj Ali qu'il s'entremet-
trait pour elles, le gouvernement de la Régence pré-
tendant d'ailleurs avoir droit à une part de la somme.
En 1819, lo solde de cette créance fut, par conven-
tion, arrêté à la somme de sept millions et le paie-
ment en fut autorisé par la Chambre des députés le
24 juillet 1820. Mais, en raison de certaines oppositions,
Bacri et Busnach ne reçurent que 4.500.000 francs, le
reste soit 2.500.000 francs ayant été déposé à la caisse
400 HISTOIRE DU MAGHREB
des dépôts et consignations» en attendant les main*
levées nécessaires. Cependant, Bacri et Busnach après
avoir reçu la somme de 4.500.000 francs, s'abstinrent
do retourner à Alger et lo dey Hosseine, déjà irrité par
la retenue opérée sur la créance, accusa le consul de
France Deval de s'être concerté avec les créanciers
pour le frustrer et réclama au roi de France, entérines
comminatoires, l'extradition doses sujets Bacri et Bus-
nach. Il ne fut pas répondu à cette lettre, en raison
de sa forme et, le 27 avril 1827, au cours de la visite
habituelle du corps consulaire au dey, à l'occasion de
la fête de la rupture du jeûne, le consul Deval fut vio-
lemment pris à partie par Hosseïne Dey qui lui porta
un coup de son chasse-mouches, après lui avoir re-
proché de s'entendre avec Busnach et Bacri et de lui
cacher la réponse du roi à sa lettre. Cette injure faite
à la France dans la personne de son consul, devait être
la cause déterminantede l'envoi d'un corps expédition-
naire à Alger et de la conquête de l'Algérie.
A partir de cette époque, en effet, des flotilles vinrent
bloquer les côtes algériennes et faire la chasse aux
corsaires. Au printemps de 1829, deux envoyés de la
Porte vinrent à Alger avec mission de décider Hosseïne
Dey à une transaction avec la France, mais leurs efforts
échouèrent devant la résistance aveugle du dey et ils
durent quitter Alger sans avoir pu le fléchir. De son
côté, le gouvernement de Charles X, déçu par les ré-
sultats du blocus, chargea l'amiral do la Bretonnière
de faire une dernière tentative d'arrangement. Or le
3 août 1829, son vaisseau c La Provence », couvert par
le pavillon parlementaire, fut canonné au mépris des
règles du droit des gens ; l'amiral put empêcher les
hommes de son équipage de répondre à cette agression
et fut assez heureux pour n'en perdre aucun. .
La guerre contre Alger fut résolue en France par le
LA FRANCE EN ALGERIE 401
Conseil des Ministres le 31 janvier 1830 et le 14 juin
suivant, l'armée expéditionnaire commandée par le
général de Bourmont, débarquait à Sidi Forrucb.
Le 19, elle remportait une grande victoire au pla«
teau de Staoueli et le 1er JuilHt, le fort l'Empereur
tombait aux mains des Franç&u. Devant ces succès
répétés, les auxiliaires indigènes s'enfuirent de tous
les côtés, les soldats turcs démoralisés ne se défendi-
rent plus et les habitants d'Alger, pour éviter le sac
de leur ville, décidèrent de se rendre. Ils obligèrent,
par leur attitude, le dey à envoyer son secrétaire of-
frir au général de Bourmont les satisfactions qu'il
exigerait ; le général répondit qu'il ne traiterait que
dans la ville et le 5 juillet 1830, lo dey signait la ca-
pitulation.
Dans les premiers mois de Tannée 1830 et à la suite
d'un conflit sur mer, Moulay Abderrahmane conclut
la paix avec l'Autriche et renonça à la course suppri-
mée par son prédécesseur et qu'il avait voulu rétablir.
Il s'apercevait, en effet, que les forces navales des puis-
sances européennes avaient acquis un développement
remarquable et quo les rencontres sur mer en deve-
nant plus fréquentes et plus graves, risquaient de
rompre les traités et de compromettre les relations
de l'empire marocain avec les nations étrangères.
Enfin la priso d'Alger par les Français, qui avait pro-
duit une vive impression, ne pouvait que donner plus
de poids à ces considérations.
En effet, Moulay Abderrahmane ayant appris à Mar-
rakech la chute d'Alger, s'empressa de gagner Mek-
nes où, peu après son retour, il reçut une députation
des habitants de Tlemcen qui demandaient à se mettre
sous sa protection. Le sultan les accueillit favorable-
ment et les renvoya avec son cousin et beau-frère
Moulay Ali ben Slimane nommé gouverneur de Tlem-
25
403 HISTOIRE OU MAGUilEB
cen, à qui il fournit 500 hommes des Oudaya et des
abtdt plus 5QQ cavaliers, 500 fantassins et des ar-
tilleurs,
Dès son arrivée à Tlemcen, Moulay Ali fut accueilli
avec enthousiasme par les Arabes de la ville, mai» il
avait à vaincre la résistance des Koulouglis et des
tribus arabes Douair ot Zemala inféodées aux Turcs,
Lesuilan, pour remédier à ces difficultés, ne négligea
aucun effort ; il envoya à Tlomcen des troupes do ren-
fort, des armes, dea munitions et de Tarlillorie et,
utilisantle prestige dont jouissaitla maison d'Ouazzane
auprès de certaines populations du pays, il chargea
lo chérif El Hadj El Arbi ben Ali do se rendre auprès
d'elles pour les amener à Tobéasanco. Do son côté, le
caïd Idris Ben llommano. suivi du guich mis à sa dis-
position, parcourait la région pour contraindre à la
soumission les tribus réfracta ires au sultan.
Mais sur ces entrefaites, de violentes rivalités écla-
tèrent parmi les caïds du guich et occasionnèrent de
graves désordres ; les biens des Koulouglis et ceux
des Douaïr et Zenaula furont pillés par les gens du
guich. Les Arabes du pays abandonnèrent alors le
parti du sultan pouf se rapprocher des Français qui
venaient d'occupor Oran (4 janvier 1832). Moulay Ab-
derrahmane, tenu au courant do ces événements, ju-
gea opportun de rappeler ses troupes sur lesquelles il
ne pouvait compter et fit arrêter le caïd Idris ben
Hommane El Djerrari qui avait participé au pillage
des biens des Koulouglis et des Douaïr et Zemala et
s'était refusé à les restituer.
De son côté, le duc de Rovigo successeur du maréchal
Clause! à Alger, confiait à M. de Marnay la mission
de faire des représentations au sultan au sujet de ses
troupes qui avaient occupé Tlemcen et s'étaient même
avancées jusqu'à Miliana et Médéa. A la date du
' LA FRANCE EN ALGÉRIE 403
4 avril 1832, M. de Marnay informait, de Meknes, le
duc de Rovigo, que le sultan Moulay Abderrahmane
s'engageait à no plus intervenir dans les démêlés do
la France et des pays voisins dépendant de l'ancienne
régence d'Alger,
Les chefs et notables des Oudaya, envoyés à Tlem-
cen avec Moulay Ali» y avaient pris uno largo part au
pillage, dont ils avaient été les instigateurs. Ces per-
sonnages, d'ailleurs, manifestaient depuis un certain
temps de l'hostilité au sultan parce qu'il no leur tolé-
rait pas la familiarité avec laquelle ils traitaient
Moulay Slimane. Lors de leur retour, ils s'étaient
juré, avec les abid, de s'unir contre quiconque ten-
terait de leur porter atteinte. Or, à leur arrivée à
Onk ol djemel, près de Fez, ils trouvèrent un envoyé
du sultan qui so disposait à les arrêter et à confisquer
les richesses provenant du pillage qu'ils transportaient
avec leurs bagages. Co fut le signal d'une violente ré-
bellion dirigée contre le palais mémo du sultan. Mais
la division ayant éclaté parmi los rebelles, les abid
s'enfuirent à Dar Debibagh, pendant quo les Oudaya
attaquaient le palais. Moulay Abderrahmane so réfu-
gia à Foz El Bali avec les abid fidèles et abandonna
Fez Djedid aux révoltés. Peu après, les abid do Meknes
étant venus le rejoindre, le sultan partit avec eux
pour cette dernière ville; mais en cours do route, les
Oudaya les attaquèrent et pillèrent les bagages de
Moulay Abderrahmane. Parvenu sain et sauf à Moknes,
lo souverain convoqua les tribus des provinces avec
lesquelles il alla assiéger les Oudaya de Foz Djedid
qui avaient proclamé le prince Sidi Mohammed ben
Taïeb. Après un siège de quarante jours, les Oudaya
incapables de résister plus longtemps, firent leur sou-
mission qui fut acceptée à la condition qu'ils quitte-
raient Fez Djedid. Les chefs des Oudaya furent mis
404 HISTOIRE DU MAGHUEB
immédiatement dans l'impossibilité de nuire et en
février de Tannée 1833, le corps des Meghafra fut
transporté à Marrakech, colui des Oudaya à Lara-
cho et celui des gens du Sous à la casba de Temara
près do Rabat. Tous ces corps furent rayés des contrô-
les du guich et n'y furent réintégrés que plus tard,
en 1845.
Après l'occupation d'Oran par les Français et le re-
trait des troupes marocaines de Tlemcen, les popula-
tions restèrent abandonnéesà elles-mêmes et les luttes
intestines recommencèrent entre Koulouglis et Arabes.
Quant aux tribus de l'intérieur, elles se coalisèrent
contre les Français et prirent comme chef El Hadj Ab-
delkader ben Mahieddino. A la tête de ses partisans,
le jeune chef vint à plusieurs reprises harceler la
place d'Oran et réussit par son audace à accroître son
prestige. En apprenant ses premiers succès, une par-
tie des habitants do Tlemcen lui envoyèrent une dépu-
tation pour lui demander de les admettre dans son
parti, bien qu'ils eussent déjà prêté serment d'obéis-
sance au sultan Moulay Abderrahmane Abdelkader
accueillit favorablement les députés de la ville de
Tlemcen à qui il donna comme gouverneur son lioute-
tenant Mohammed El Bou Hamidi. Il écrivit ensuite
ausullan du Maroc pour se mettre sous sa dépendance
et ordonnait en même tomps de préconiser co souve-
rain dans les mosquées do Tlemcon et autres lieux.
Moulay Abdorrahmane accepta l'acte de vassalité du
joune chef et, à plusieurs reprises, lui fournit des se-
cours en chevaux, en armes et en argent.
En 1836-1837, Abdelkader demanda aux légistes do
Fez, une décision juridique sur le traitement qu'il
était licite d'appliquer aux Musulmans qui aidaient
les Français dans leur oeuvro de conquête et leur en
fournissaient les moyens. Le sultan lui fit répondre
LA FRANCK EN ALGÉRIE 405
,

par un des savants les plus réputés de Fex et continua


à le soutenir par des envois d'armes, de chevaux et de
subsides, en vue de la guerre sainte.
Mais cette guerre sainte ne donn&it pas les résul-
tats sur lesquels comptait le sultan; Abdelkader ne
parvenait qu'à tuer des Chrétiens ot à piller leurs ri-
chesses, tandis que les Français étendaient progressi-
vement leurs conquêtes. C'est ainsi quo vers Tan-
née 1843, ils étaient maîtres de tout le territoire du
Maghreb central, pendant que Témir Abdelkader, re-
foulé sur les confins du pays, passait alternativement
du Sahara chez les Béni Iznassen et d'Oudjda dans
les montagnes du Riff, suivi d'un certain in mbre de
sujets ou de soldats du sultan. Cela constituait une
rupture de la trêve conclue par la France avec le
Maroc sous le règne de Moulay Mohammed ben
Abdallah, d'autant plus que Moulay Abderrahmane
avait cru dovoir envoyer à Oudjda des troupes régu-
lières commandées par son cousin Moulay El Mamoun
ben Chérif qu'accompagnait Sid Aboul Hassane ben
Ali Bolguenaoui de Rabat. En même temps, il prescri-
vait aux habitants des ports do se tenir prêts à toute
éventualité et convoquait les contingents des tribus
pour la guerre sainte.
Arrivé à Oudjda, Moulay El Mamoun voulut, malgré
los observations do Belgu:naoui, se porter vers lo
camp français do Lalla Marnia, mais ne put, dès
qu'ils furent on vue de co camp, maîtriser ses troupes
et les empêcher de l'attaquer (30 mai 1844). Dès qu'il
apprit ces événements, lo maréchal Bugeaud, gouver-
neur de l'Algérie, accourut sur les lieux et jugeant
la situation assez grave, ordonna la concentration des
troupes à Tlemcen, tandis quo le prince de Joinville
recevait Tordre de quitter Toulon pour entreprendre
une croisière sur les côtes du Maroc. Lo 15 juin, uno
405 HISTOIRE DU MAGHREB
autre agression des troupes marocaines se produisit
au raomont même où le général Bedeau et lo délégué
du sultan, Belguenaoui» étaient on conférence pa-
cifique. Le général demandait au nom do la Franco
qu'Abdelkader fut expulsé du territoire marocain ou
contraint d'y vivre en simple particulier et que les
troupes régulières marocaines soient employées à ré-
tablir Tordro et à éloigner l'émir. Mais la condition
réclamée par l'ambassadeur marocain de limiter le
territoire algérien à la Tafna, devait empêcher la
conférence d'aboutir, la Molouïa ayant toujours été la
limite des deux pays.
La nouvelle attaque des Marocains décida le maré-
chal Bugeaud, par mesure de représailles, à entrer
dans Oudjda d'où il ramena à Marnia, après un sé-
jour do vingt-quatre heures, deux cents familles de
Tlemcen qu'Abdelkader y avait transportées de forco.
Enfin, le 3 juillet, dans la haute Molouïa, so produi-
sait, contre une colonne française, une nouvelle atta-
que des troupes marocaines à laquello assistait Abdel*
kador. Le 15, le maréchal apprit que le fils atné du
sultan arrivait avec des forces considérables et prit
toutes les mesures pour fairo face à cetto armée. Pro-
voqué le lendemain par une nouvelle.attaque, le ma-
réchal culbuta les Marocains et les poursuivit à trois
journées au delà d'Oudjda. Dans lo même temps, lo
prince de Joinville venait à Tanger et prenait à son
bord le consul de France et les Français de la ville
qu'il transportait à Cadix, pendant quo le c Yeloco »
allait recueillir les Français établis à Laracho, Rabat,
Casablanca, Safi, Mazagan et Tétouane.
Des pourparlers engagés depuis longtemps avec le
sultan n'ayant donné aucun résultat et les troubles
de la frontière algérienne s'aggravant de plus en pjus,
en raison de la pression exercée sur les populations
LA FRANCE EN ALGÉRIE 407
i
par l'émir Abdelkader et Sidi Mohammed fils du sul-
tan» le prince do Joinvillo se présenta le 0 août avec
son escadre devant Tanger et bombarda la ville dont
les batteries furent démantelées en une heure. Lo
15 août, la flotte bombardait Mogador et des troupes
débarquées occupèrent Tlle en attendant les répa-
rations exigées du sultan. Cependant, de nouveaux
pourparlers se poursuivaient sans résultats ot l'ar-
mée de Sidi Mohammed installée près d'Oudjda, sur
l'Oued Isly, ne cessait do se grossir do nouveaux
contingents appelés à la guerre sainte. Dans ces con-
ditions, la reprise des hostilités ne pouvait larder et
lo maréchal Bugeaud prenait ses dispositions en
conséquence.
En offot, le 10 août, un millier de cavaliers maro-
cains vinrent reconnaître le camp français et incen-
dièrent les habitations qu'ils rencontrèrent entre le
camp et Oudjda. Le 13, le maréchal simula un mou-
vement en avant, mais ce n'est que la nuit suivanto
qu'il mit toute sa colonne en marche, traversa TIsly
sans opposition et occupa, à huit heures du matin, les
collines de Djorf el Akhdar où des cavaliers maro-
cains vinrent disputer un second passage de TIsly. Le
combat s'engagea à co moment et se poursuivit avec
diverses péripéties, pour se terminer à midi par la dé*
route complète de l'armée marocaine. Le fils du sul-
tan laissait aux mains do l'armée de Bugeaud, son
camp avec ce qu'il contenait do trophées, do matériel
et d'approvisionnements.
Pendant que ces événements so déroulaient dans la
province d'Oudjda, lo sultan se rendait de Marrakech
à Fez. En arrivant à Rabat, il apprit en même temps
le désastre d'Isly, lo bombardement do Tanger cl celui
de Mogador où les Chiadma avaient profité de l'occu-
pation de Tlle par les Français pour piller la ville.
408 HISTOIRE HV MAGHREB
Moulay Abderrahmane se décida à conclure avec les
Français un traité en huit articles dont Tun stipulait
que l'émir Abdelkader serait expulsé du Maroc où sa
présence ne pouvait amener que des conflits entre les
deux gouvernements. En même temps, le sultan re-
nonça aux subventions que lui servaient le Danemark
et la Suèdo et celles que lui payaiont d'autres gouver-
nements.
Encouragé par la défaite des Marocains à Isly, Ab-
delkader essaya do tonter la fortune au Maroc et réus-
sit à pénétrer avec ses partisans Hechem ot Boni-
Amer, jusqu'à El Kaada El Hamra entre les Tsoul et
les Branea. Lo sultan envoya contre eux une armée
bien commandée, mais qui no parvint à les réduire
qu'après un combat acharné et un corps à corps à
l'arme blanche. Désirant en finir avec les Algériens,
le sultan envoya contre Abdelkader qui s'était retiré
vers Oudjda, une importante armée commandéo par le
caïd Mohammed ben Abdelkerim Chergui, sous les or-
dres du khalifa. Au cours d'une nuit très obscure,
Abdelkader, avec ses meilleurs soldats, attaqua Tar-
méo du khalifa Sidi Mohammed divisée en deux grou-
pes, Tun commandé par lui, l'autre par son frère
Moulay Ahmed. Arrêté entre les deux camps, Abdel-
kader dirigeaJe tir de ses hommes sur les troupes du
khalifa qui répondirent de leur mieux. Mais l'émir s'é-
tant retiré, les coups atteignirent le groupe de Mou-
lay Ahmed qui riposta, croyant tirer sur Tennomi et
au jour, les deux camps marocains constatèrent qu'ils
s'étaient tué beaucoup de monde. Quant à Abdelkader
qui, de son côté, avait éprouvé de fortes pertes, il
prit la fuite, emportant la plupart de ses morts. Le
khalifa ordonna de le poursuivre et une nouvelle ren-
contre eut lieu près de l'embouchure de la Molouïa,
au cours de laquelle Abdelkader essuya une défaite
LA FRANCE EN ALGÉRIE 409
et abandonna son camp. Pressé par les deux armées
marocaines, l'émir se vit encerclé vers l'embouchure
de la Molouïa, entre la rive gauche de cette rivière et
la mer. Il fit passer avec les plus grandes difficultés
sa famille et colles de ses partisans en territoire fran-
çais, au delà de la rivière et se retira chez une frac-
tion des Béni Iznassen restés fidèles à sa cause. Il se
disposait à gagner le Sahara, mais les troupes du
général do Lamoricière qui gardaient les passages»
lui on enlevèrent la possibilité. C'est alors que l'émir
envoya sa soumission au général, demandant au gou-
vernement français l'autorisation d'aller vivre en
Orient avec sa famille et quelques-uns de ses plus
fidèles lieutenants (23 décembre 1847).
Moulay Abderrahmane eut souvent à réprimer les
désordres des tribus arabes Amer des environs de
Salé et Zaêr de la banlieue de Rabat. C'est ainsi que
ces tribus dont l'audace était sans bornes, assiégèrent
Salé et Rabat en 1818-1849 et y commirent toutes sor-
tes d'oxcôs. Le gouverneur de Fez envoyé contre eux
leur infligea une terrible défaite et les mit pour long-
temps hors d'état de nuire.
Dans les derniors jours de Tannée 1851, deux navi-
res français chargés de blé, vinrent mouiller dans le
port de Rabat-Salé, alors que le pays souffrait de la
disette. Ces deux navires s'étant échoués sur le rivage
do Salé, la populace les pilla de fond en comble, enle-
vant même les bois et les agrès qui furent partagés.
Les propriétaires des navires se plaignirent au gouver-
nementfrançais et des explications furent demandéesau
sultarr. Trompé par les dénégations du gouverneur de
Salé qui espérait ainsi sauver ses concitoyens, Moulay
Abderrahmane ne donna aucune satisfaction au gou-
vernement français ot cinq navires furent envoyés au
Maroc pour bombarder Salé. La population essaya de
410 HISTOIRE DU MAGHREB
résister, mais après huit heures de bombardement, la
ville marocaine avait subi d'énormes dégâts et son ar-
tillerie était contrainte au silence. Les Français ayant
alors épuisé leurs munitions, mirent à la voile ot se
retirèrent.
L'année suivante, le sultan prescrivit à son fils et
khalifa Sidi Mohammed, do quitter Marrakech et d'al-
ler au Tadla punir les Béni Moussa qui avaient tué
leur gouverneur. Le prince infligea à ces rebelles un
châtiment exemplaire, pondant que le sultan, do son
côté, quittait Meknes et allait châtier vigoureusement
les Zemmour qui s'étaient mis en état de rébellion ou-
verte. Moulay Abderrahmane gagna ensuite Marra-
kech, pendant que son fils se rendait à Fez. Dès lors le
sultan et son khalifa allèrent chaque année ravager
de concert, les Zemmour. Épuisées, ces tribus finirent
par se soumettre et rentrer dans le devoir.
Au printemps do Tannée 1854, se produisirent dans
le sud du Taillait de graves événements provoqués par
les Aït Atta. Le sahara du Tafilalt était alors divisé en
deux partis dont le plus fort, celui des Aït Atta, mal-
menait les chérifs du pays, tandis que l'autre, de beau-
coup plus faible, celui des Aït Yafolmane, prenait leur
défense. Sous la conduite d'Ibrahim Izemmour El Iz-
degui, les Aït Yafclmano réussirent à infliger une dé-
faite aux Aït Atta et co succès valut, è leur chef Ibra-
him, l'amitié des chérifs et une popularité quo ses
mérites portèrent au plus haut point. L'écho lui en
étant parvenu, Moulay Abderrahmane lui confia le
gouvernement de la contréo; mais Ibrahim gagné
par l'ambition» tenta de se rendre indépendant et en
arriva, par degrés, à méconnattre lesordresdu sultan.
Il fallut bientôt envoyor conlro lui des troupes pour lo
mettre à la raison, mais la tranquillité ne revint
dans le Sahara qu'à la suite de l'assassinat du chef re-
LA FRANCE EN ALGÉRIE 411
*
belle dont la tête fut apportée et exposée à Marrakech.
Dans le courant de Tannée 1857» le sultan conclut
avec les Anglais un traité en deux parties, Tune de
quinze articles, réglant les relations de commerce
et fixant les droits d'importation ot d'exportation,
l'autre en trente-huit articles» stipulant uno trêve
et lo respect réciproquo des sujets des deux nations,
on tous lieux.
Moulay Abderrahmane fut atteint par la maladio
dont il devait mourir, alors qu'il était en campagne
contre les Zemmour, dans lo courant du mois
d'août 1859. Il rentra aussitôt à Meknes où il mourut
le 30 août et où il fut enterré dans le mausolée. de
Moulay Ismaïl.
Sidi Mohammed fils et khalifa de Moulay Abderrah-
mane apprit à Marrakech la mort de son père. Il ac-
courut à Meknes où il fut proclamé sultan ot s'en re-
tourna ensuite à Marrakech en passant par Salé.
C'est alors qu'eut lieu la rupture do la paix avec
les Espagnols, à la suito d'un différend qui avait
éclaté entre les Chrétiens de Ceuta et les habitants de
TAndjera. Les Espagnols, contrairement aux habitu-
des, avaient remplacé les cabanes en bois établies
pour la surveillance de leur frontière, par une maison
en maçonnerie portant le drapeau espagnol. Les pro-
testations des gens de TAndjera n'ayant reçu aucune
satisfaction, ils démolirent la maison après avoir tué
quelques-uns do ses occupants et souillèrent le dra-
peau d'immondices. Ils no s'en tinrent pas là et har-
celèrent les gens de Ceuta qui se plaignirent au
représentant do leur pays à Tanger. Celui-ci en référa
au représentant du sultan qui accepta de livrer aux
Espagnols douze individusdésignés parmi les Andjera.
Mais ceux-ci s'adressèrent au chérif Sid El Iladj Ab-
desselam ben El Arbi El Ouazzani, pour que lo sultan
413 HISTOIRE DU MAGHREB
Sidi Mohammed, qui venait de monter sur le trône,
fut informé de la vérité et prit leur défense.
Sidi Mohammed décida, avec son conseil, de no pas
livrer ses sujets et de déclarer plutôt la guerre aux
Espagnols. Ceux-ci, à celte nouvelle, quittèrent Tan-
ger, pendant quo le sultan donnait des ordres dans
tous les ports, invitant les habitants à so préparer à
la guerre sainte. Un premier corps de 500 fantassins
et 100 cavaliers, aux ordres du caïd El Mamoun Zi-
ràri, partit pour Tétouane où il établit son camp en
dehors de la ville, dans la direction do Ceuta, tandis
qu'une armée espagnole de 20.000 hommes venait
camper sur la frontière (septembre 1859). Aussitôt
5.000 hommes de TAndjera se portèrent contre les
Chrétiens et les combattirent pendant une quinzaino
de jours, sans résultats décisifs. Le sultan envoya alors
un renfort do 500 cavaliers commandés par son frère
Moulay El Abb?s qui alla s'établir d'abord dans TAnd-
jera au village d'El Boyout, puis, après plusieurs jours
de lutte avec l'ennemi, à Bou Keddane. L'armée espa-
gnole commandée par O'Donnol ayant sous ses ordres
le général Prim, se décida alors à faire une sortie
avec toutes ses forces, contro les Musulmans; mais
cette opération n'ayant pas réussi, le général espagnol
transporta par mer ses troupes pendant la nuit et
établit son camp à El Fenidek, près do la côte et sous
la protection des bateaux de guerre. Moulay El Abbas
éloigna le sien pour évitor toute surprise et pendant
plusieurs jours ses troupes allèrent attaquer les Espa-
gnols à El Fenidek.
C'est alors quo le général O'Donnol ayant décidé de
marcher sur Tétouane, les habitants de cette ville
envoyèrent une députation auprès du sultan à Mek-
nes, pour réclamer son appui. Pendant leur marcho
sur Tétouane, les Espagnols furent poursuivis par
LA FRANCE EN ALGÉRIE 413
les Musulmans qui les harcelèrent sans résultats dé*
cisifs, jusqu'à leur arrivée en un point appelé Asmir.
Un violent ouragan souleva alors la mer et grossit
subitement les rivières autour du camp des Espa-
gnols. Ils restèrent, par suite, bloqués pendant trois
jours, dans une situation des plus critiques, ne pou-
vant recevoir de vivres ni par terre ni par mer. Les
Musulmans ne profitèrent pas de ces circonstances et,
quand lo calme fut revenu, Moulay El Abbas se replia
sur un point rapproché de Tétouane. L'armée espa-
gnole, de son côté, marchait sur la ville où son. ap-
proche causa la plus vive émotion. Les habitants et
l'armée lui opposèrent une énergique résistance, mais
après une journée d'un combat acharné, l'avantage
resta aux Espagnols. Ils en profitèrent pour enlever
la douane et le bordj Martil qui Tavoisiue, pour s'y
fortifier et y installer de l'artillerie, tandis que leurs
navires circulaient librement et leur apportaient
ronforts et approvisionnements (février 1860).
Lorsque les Espagnols se furent décidés à attaquer
la place, ils se mirent en mouvement, avançant len-
tement, pendant que leur artillerie canonnait l'ar-
mée marocaine et que leur cavalerie déployée enve-
loppait les troupes amenées par Moulay Ahmed fils
du sultan. Ces troupes se sentant cernées, prirent la
fuite abandonnant leurs tentes et leurs bagages. Mou-
lay El Abbas se retira, laissant la ville entre lui et
l'armée espagnole et autorisa les habitants à trans-
porter leurs meubles et leurs objets précieux dans les
villages de la montagne. Mais cette opération occa-
sionna des troubles graves dans la ville où les mal-
faiteurs se livrèrent au pillage des maisons et des ma-
gasins ; ces désordres devinrent tels, que les habitants
envoyèrent une députalion au général O'Donnel pour
l'inviter à venir y mettre un terme. Le 5 février 1860
414 HISTOIRE DU MAGHREB
le général espagnol entrait dans la ville sans coup
férir et l'apparition de son drapeau hissé sur la casba,
suffit pour mettre en fuite les pillards de la cité.
Dès que le calme fut rétabli, O'Donnel restaura les
fortifications, organisa l'administration de la ville et
entama des pourparlers de paix aveo Moulay El Ab-
bas. Les propositions soumises au sultan à ce sujet,
n'ayant pas été ratifiées, les Musulmans en profi-
tèrent pour aller la nuit surprendre le camp des
Espagnols établi hors la ville. Dix jours plus tard,
O'Donnel partit avec ses troupes et rencontra les Mu-
sulmans à fiou Se fi ha. Attaqués vigoureusement, les
Espagnols eurent de nombreux tués et blessés, mais
malgré ce succès, Moulay El Abbas qui ne se trou-
vait pas sur le lieu du combat, fut d'avis que la paix
serait plus profitable que la continuation de la guerre.
Les pourparlers furent repris par lui avec O'Donnel
et la paix fut signée au cours d'une conférence, en'
mars 1860. Aux termes de ce traité, le sultan devait
payer vingt millions de douros aux Espagnols qui
évacueraient Tétouane et le territoire occupé de-
puis Ceuta, sauf une bande de terrain élargissant
leur frontière.
Les Espagnols continuèrent à occuper Tétouane et
reçurent dix millions au bout d'un an ; pour le reste,
il fut convenu que des commissaires espagnols s'ins-
talleraient dans les ports et percevraient la moitié
des revenus des douanes, jusqu'à paiement intégral.
C'est alors que les Espagnols évacuèrent Tétouane
après y avoir séjourné deux ans et trois mois (mai 1862).
A la suite de celto guerre qui avait révélé les
défauts de l'armée opposée aux Espagnols et porté
une grave atteinte au prestige marocain, le sultan
s'occupa activementde créer une infanterie régulière.
Pour se procurer les ressources nécessaires à cette
i LA FRANCE EN ALGÉRIE 415
oeuvre, il institua les droits de portes ou impôt frap-
pant les marchandises à l'entrée des villes, auquel
les Chrétiens n'étaient pas soumis.
A cette époque, un berger des Arabes Sofiane de
Kourt, dans le Gharb, nommé Djilali Rougui (des
Rouaga), réussit à en imposer au peuple par des pra-
tiques de sorcellerie et, ayant attiré autour de lui une
foule de gens sans aveu armés de frondes et de bâ-
tons, il les conduisit au pillage, leur promettant Tim-
punilé et un riche butin. La séduction extraordinaire
que ce personnage exerçait sur la populace, occasionna
dans le pays des excès épouvantables et les plus graves
désordres. Le sultan envoya contre lui son frère Moulay
Rachid qui, parvenu à Souk elArba des Sofiane, s'em-
para des principaux partisans du rebelle et les en-
voya au sultan à Rabat. Djilali Rougui so sentant
compromis par l'insuccès de ses prédictions, alla se
réfugier dans le sanctuaire do Moulay Idris à Zer-
houn. Un chérif idrissite l'en expulsa et le mit à mort;
sa tête et ses mains furent envoyées au sultan et
exposées à Marrakech (février 1862).
Tranquille de ce côté, le sultan se mit en route
pour Marrakech où les Arabes Rehamna s'étaient
révoltés. Alors que la guerre de Tétouane avec les Es-
pagnols n'était pas encore terminée, ils avaient blo-
qué la cité, coupé les arbres avoisinant ses murs, dé-
vasté les récoltes et les jardins des environs et réduit
les habitants à la famine. Us se portèrent tous en-
semble à la rencontre du sultan pour lui barrer la
roule de Marrakech, mais ne purent résister à la
poussée énergique de ses troupes. Presque tous furent
capturés et emprisonnés. Peu après, le sultan leur
rendit la liberté, mais leur enleva leurs terres les
plus fertiles.
Après la guerre avec l'Espagne de 1859-1860, la
416 HISTOIRE DU MAGHREB
-
protection étrangère avait été très recherchée, prin-
cipalement par les Israélites qui, en 1863, firent in-
tervenir auprès du sultan un des Rothschild d'An-
gleterre, afin d'obtenir les avantages dont jouissaient
leurs coreligionnaires d'Egypte. Le sultan envoya uno
circulaire rappelant les Musulmans do son empire à
la stricte observation des lois qui garantissent contre
l'injustice et l'oppression.
L'annéo suivante, fut terminé le vaste palais cons-
truit par Sidi Mohammed dans TAguedal de Rabat,
auprès du tombeau de son aïeul Moulay Mohammed
ben Abdallah.
A la fin de juillet 1865, le sultan envoya en ambas-
sade auprès do Napoléon III, son oncle le caïd Mo*
hammed Chergui, chef du guich, accompagné du gou-
verneur de Salé. Ces envoyés reçurent l'accueil le
plus flatteur et revinrent après avoir accompli leur
mission qui consistait à renouer des rapports d'ami-
tié entre les deux gouvernements, à régler des ques-
tions politiques touchant aux intérêts des deux pays
et à obtenir quo les agents français se conforment aux
traités, dans leurs rapports avec les Marocains.
Sidi Mohammed mourut à Marrakech où il s'était
rendu pour ramener le calme dans le pays, en sep-
tembre 1873. H est cité comme un prince énergique
et animé d'aspirations élevées, comme un habile
politique et un zélé musulman. Dans la deuxième
partie de son règne, le Maroc jouit d'une sécurité pres-
que complète, grâce à l'abaissement do la puissance
des tribus arabes, dont les brigandages ccssèrpnt com-
plètement. La fortune publique gagna à ce nouvel
état do choses et la prospérité devint générale dans
l'empire. Sidi Mohammed a attaché son nom à des oeu-
vres d'art, d'utilité publique ou d'agrément, les unes
remontant au temps où il était khalifa de son père à
LA FRANCE EN ALGÉRIE 417
t
Marrakech, les autres postérieures à son avènement
au trône.
L'accord fut unanime pour proclamer son fils et kha-
lifa Moulay El Hassane qui se trouvait alors chez les
llaha. Il vint à Marrakech recevoir lo serment de
fidélité en septembre 1873. Le mois suivant, il partit
pour Fez en passant par Rabat et Meknes où il s'ar-
rêta afin de châtier les Berbères Béni Mtir, Béni Me-
guild, Mejjat et Aït Youssi révoltés. Il fit ensuite une
entrée triomphale à Fez et reçut les députations en-
voyées par les villes et les tribus.
Moulay El Hassane poursuivit sans retard l'oeuvre
commencée par son père, pour doter l'empire d'une
armée solide et principalement d'une infanterie nom-
breuse et forte; il imposa, dans co but, un contingent
à chaque ville, sauf Marrakech, et ne tarda pu3 à uti-
liser ces nouvelles troupes. Un personnage de la pro-
vince d'Oudjda, nommé Bou Azza El Habri, originaire
des Habra ou Arabes Soueïd, se livrait à des pratiques
de sorcellerie par lesquelles il attira autour de lui nom-
bre d'individus sans aveu qui jetèrent le trouble dans
le pays. Moulay El Hassane marcha contre lui avec
son armée et quitta Fez à la fin d'août 1874. Bou Azza
El Habri et Saïd ben Ahmed Seghroucheni vinrent l'at-
taquer à son entrée dans le pays des Aït Seghrouchen.
11 leur infligea une sanglante défaite et marcha en-
suite contre les Béni Sadden et Aït Seghrouchen, leur
infligeant un châtiment exemplaire, ravageant leurs
cultures et les refoulant chez les Béni Ouaraïne leurs
alliés. Ces trois tribus, incapables de résister plus long-
temps firent amende honorable et obtinrent le par-
don du sultan, moyennant le versement d'une forte
contribution. Moulay El Hassane so rendit à Taza où
il reçut les cadeaux et le serment de fidélité des tri-
bus de cette région. Bou Azza El Habri lui fut livré
27
418 HISTOIRE DU MAGHREB
dans cette ville et il le fit emprisonner à Fez, après
l'avoir donné en spectacle, monté sur un chameau, à
tout son camp. Le sultan poursuivit sa route passant
par Selouane et chez les Béni Iznassen dont le chef,
El Hadj Mohammed El Bachir ben Messaoud reçut le
commandementde toutes les tribus du pays.
De retour h Fez, le sultan commença la construc-
tion de son pavillon et de son palais sur l'emplace-
ment du parc d'Amina à Fez El Djedid. Il fit venir de
l'étranger certains des matériaux avec lesquels furent
élevées ces élégantes constructions et consacra des
sommes importantes à Tachât en Europe des matières
nécessaires pour les meubler luxueusement.
Sur ces entrefaites, lo caïd El Hadj Mohammed El
Bachir ayant montré des velléités d'indépendance, le
sultan envoya contre lui, à la tête d'une armée, son
frère Moulay Ali accompagné du caïd Abou Zeïd
Zerari gouverneur de Taza et ennemi personnel d'El
Bachir. Celui-ci qui ne voulait pas attaquer le frère
du sultan, infligea une défaite aux troupes du gouver-
neur mais ne put empêcher ses partisans de piller
le camp chérifien. Le sultan cependant ajourna le
règlement des affaires d'Oudjda, car il était sollicité
d'intervenir dans le sud de Marrakech où des trou-
bles venaient de se produire.
A cette époque vivait, au sommet du djebel Tin-
mellal où il s'était construit une forteresse, Abou Ab-
dallah Mohammed El Gountafi qui payait régulière-
ment ses redevances au Makhzon, mais refusait
d'entrer en relations directes avec le caïd du sultan.
Un nouveau gouverneur nommé Ahmed ben Malek,
esclave de Moulay El Hassane, s'élant montré plus
exigeant que son prédécesseur, El Gountafi lui tint
tête, tout en affirmant publiquement sa soumission
au sultan. Mais le gouverneur l'accusa d'être sorti de
LA FRANCE EN ALGÉRIE 419
l'obéissance et des agitateurs répandirent le bruit
qu'il voulait se rendre indépendant, comme l'avaient
été ses ancêtres pendant sept siècles. Avec l'autorisa-
tion du souverain, le caïd Ahmed ben Malek envoya
contre lui deux corps de troupes. El Gountafi les bat-
tit tous les deux, rendit la liberté aux réguliers du
sultan, pour marquer sa soumission et fit mettre à
mort ceux de ses prisonniers qui appartenaient aux
tribus du pays environnant. Il envoya ensuite son fils
auprès du sultan pour pr& <*.<*er ses explications avec
ses excuses et exposer que l'oppression d'AJimed ben
Malek l'avait mis en état de légitime d<rense. Moulay
El Hassane fit bon accueil au fils d'El Gountafi et
ajourna sa décision.
Le sultan quitta Fez en octobre 1875, s'arrêta à Ra-
bat, continua ensuite sur Marrakech et châtia, à
Zaouïel ben Sassi, les Rehamna coupables de rébel-
lion. Dès son arrivée à Marrakcck il punit les Oulad
Bcsseba qui s'étaient révoltés contre lo gouverneur
et avaient attaqué lo caïd Omar El Mtougui. L'ordre
étant rétabli, le sultan poursuivit la constitution de
son infanterie et reçut la visite de Mohammed El
Gountafi à qui il accorda le pardon.
\ Au cours de son voyage do retour, Moulay El Has-
sane visita Mazagan, examina le port et ses défenses
cl fit faire des exercices de lir au canon. Il passa en-
suite par Azcmmour où il fit réparer un fort et alla
faire un séjour à Casablanca, visita la ville et prescri-
vit de restaurer le môle afin de faciliter le transit des
marchandises. C'est dans le même temps qu'il envoya
des ambassadeurs porteurs de riches présents, auprès
des gouvernements de la France, de l'Angleterre, do
l'Italie et delà Belgique, dans le but de nouer des rela-
tions amicales avec ces pays. Les ambassadeurs revin-
rent après avoir accompli leur mission à souhait et
420 HISTOIRE DU MAGHREB
l'un d'entre eux rédigea une notice relatant les choses
curieuses et remarquables, telles que les installations
industrielles et les constructions mécaniques, qu'il
avait vues en Europe.
De Casablanca, le sultan suivi de son armée et de
nombreux contingents des tribus, se rendit à Rabat et
Salé, gagna Meknes en traversant le territoire des
Zemmour qui lui apportèrent leurs présents et rentra
à Fez où il ne demeura que quelques jours. Enfin, après
y avoir concentré ses troupes, il partit pour la région
d'Oudjda que commandaittoujours El Hadj Mohammed
El Bachir. En passant par Taza, il dirigea ses coups
contre les Ghiata qui, défendus par leurs montagnes
inaccessibles, en profitaient pour manifestor des vel-
léités d'indépendance et opprimer les habitants do
Taza. H pénétra sur leur territoire avec ses troupes et
son artillerie, incendia les habitations, s'empara des
récoltes et infligea une déroute aux guerriers de la
tribu. Mais son armée s'étant avancée dans le coeur di»
pays, so trouva aux prises avec les difficultés d'un ter-
rain accidonté, dont les habitants avaient habilement
organisé la défense. Les troupes impériales disporsées
et décimées, furent particulièrement maltraitées par
les Ghiata; ces Berbères atteignirent les personnes do
l'entourage même du sultan, parmi lesquelles son
frère Moulay Arafa qui reçut des blessures. L'armée
en fuite se jeta dans un précipice que lui cachait la
poussière et la fumée; hommes, chevaux et bagages s'y
entassèrent et le sultan dut mettre pied à terro, pour
sortir des précipices où il était engagé. Les Ghiata
se retirèrent ensuite sur les hauts sommets, abandon-
nant lours villages et leurs récoltes que saccagèrent
les troupes impériales.
L'armée se rendit ensuite à Oudjda; les Béni Iznassen
vinrent implorer le pardon du sultan qui se montra
' LA FRANCE EN ALGÉRIE 421
clément à leur égard mais fit emprisonner leur caïd
El Hadj MohammedEl Bachir, à Fez. Il leur imposa une
forte amende et, après leur avoir donné de nouveaux
chefs, regagna sa capitale (octobre 1876).
En 1877, Moulay El Hassano obtint du gouverne-
ment français une mission militaire chargée d'orga-
niser son artillerie. Fixée d'abord à Oudjda, celte
mission se transporta plus tard à Fez et accompagna
le sultan dans la plupart de ses expéditions militaires.
Dans le courant de la mémo année, Moulay El Has-
sane réunit une nombreuse armée et partit pour Mar-
rakech en passant par Meknes, Rabat et le Tadla. Il
ramena Tordro sur son passage et reçut les témoigna-
ges de soumission des populations. Son séjour à Mar-
rakech so prolongea jusqu'en mai 1879; à son retour,
il traversa lo territoire des Aït Attab, des Béni Moussa
et des Boni Mlir qu'il châtia énergiquement à causo
des désordres auxquels ils s'étaient livrés. Les Béni
Mtir, en particulier, avaient attaqué les Arabes De-
khissa et Oulad Nosseïr à qui le sultan avait donné,
dans le Saïs, les terres des Mejjat. De retour à Moknès,
lo sultan y séjourna jusqu'au début de Tannée 1880,
époque à laquelle il rentra à Fez.
La situation créée par des événements antérieurs à
son règne, avait conduit Moulay El Hassane à adopter,
vis-à-vis des Etats étrangers, une politique destinée à
mettre obstacle à la pénétration du Maroc par les Euro-
péens. Cette politique consistait à se montrer conciliant
ou intraitable, selon lo cas, pour s'efforcer do mainte-
nir la slatu-quo dans l'empire chérifien. Les deux élé-
ments sur lesquels se fondait la nécessité de cette poli-
tique, étaient les relations commerciales du pays avec
les étrangers et lo régime de la protection.
La convention de 1767 conclue par lo roi Louis XV
avec le sultan Moulay Mohammed ben Abdallah, avait
422 HISTOIRE DU MAGHREB
avantageusement fixé les bases de la juridiction consu-
laire, précédemment énoncées par la Franco, dans plu-
sieurs traités par chapitres ou capitulations, afin de
soustraire ses nationaux aux risques de la course sur
mor. Il s'agissait, en effot, de garantir les navires et
les côtes contre le pillage, ce qui fut réalisé moyen-
nant lo paiement de redevances annuelles. Ces re-
devances acquittées par l'Etat chrétien intéressé,
remplaçaient le tribut individuel dû par les non-
musulmans et que ne payaient pas ses nationaux.
Lo gouvernement marocain traita avec l'Angleterre
en 1856, avec l'Espagne en 1860 et avec la France
en 1863, pour réglementer les pouvoirs des consuls.
Les capitulations autorisèrent la formation de groupe-
ments étrangers par nationalités, ayant à leur tête le
consul et jouissant, au point de vue civil, commercial
et criminel, du privilège d'exterritorialité. Elles exoné-
raient les résidents étrangers de toute contribution et
plaçaient sous la juridiction consulaire les Marocains
employés des consuls ou associés des commerçants.
La politique extérieure du gouvernement marocain
se proposait d'opposer les uns aux autres les gouver-
nements étrangers poursuivant des intérêts au Maroc
et c'est en s'inspirant de cclto politique que le sultan
Moulay El Hassano appela douze puissances à la con-
férence do Madrid. La convention signée à cette confé-
rence le 3 juillet 1880, a repris les points visés dans
les traités de 1767 et de 1863 signés par la France. Elle
a réglé, en particulier, les conditions de la protection
étrangère exercée sur un sujet marocain. Celui-ci est
soustrait à la juridiction chérifienne et relève du
consul de la nation protectrice qui le couvre avec sa
famille, Les associés agricoles des résidents européens
constituent une seconde catégorie de protégés sous-
traits, eux aussi, à la juridiction chérifienne, mais
!
LA FRANGE EN ALGÉRIE 423
seulement pour les intérêts qu'ils ont en commun avec
Un Européen.
Ce droit de protection peut être exercé, par chaque
puissance, sur un maximum de douze sujets maro-
cains, parmi ceux qui lui ont rendu des services ; les
divers représentants de ces puissances ont droit cha-
cun à quatre protégés à titre d'employés et chaque
négociant peut avoir deux censaux. Enfin la conven-
tion accorde aux résidents étrangers, le droit d'ac-
quérir des immeubles au Maroc.
Les avantages notoires accordés par la convention
aux nations étrangères, devaient créer de nouveaux
embarras au gouvernement marocain. Le sultan, en
effet, était désormais en face d'un groupe de nations
reconnaissant unanimement sa souveraineté, mais
étroitement unies pour soutenir leurs demandes et en-
tourées du prestige d'une puissance militaire et indus-
trielle grandissante et sans contre-poids du côté maro-
cain.
Dans le milieu de Tannée 1880, Moulay El Hassane
partit de Meknes à la tête d'une nombreuse armée
et gagna Marrakech. Arrivé dans cette ville, il
prit ses dispositions pour diriger uno campagne dans
l'extrêmo Sous et, à cet effet, il fit expédier des appro-
visionnements à ses troupes, do Mazagan et de Casa-
blanca. Cette expédition était motivée par les Espa-
gnols à qui le traité de 1860 avait concédé un port
de la côte méridionale du Maroc. En prévision de la
prise de possession de co port, ils envoyaient sur la
côte des navires de guerre et de commerce pour nouer
des relations avec les habitants; or ceux-ci s'arro-
geaient le droit de procéder à l'exécution de la clause
du traité de 1860 et témoignaient, par surcroît, d'une
cortaine indépendance vis-à-vis du sultan.
Moulay El Hassane commença par pacifier la région
424 HISTOIRE DU MAGHREB
de l'oued Noun où il établit, à Assaka, dans le pays
des Tekna et Aït Baamrane, un port pour le commerce
d'importation et d'exportation. Il nomma ensuite un
caïd avec résidence à la casba de Tiznit, à qui il donna
autorité sur les caïds institués par lui dans le Sous,
depuis le fieuve jusqu'à Goulimim.
En décembre 1884, les commissaires espagnols éta-
blis dans les ports du Maroc, depuis vingt ans, pour
recueillir, sur la moitié du produit des douanes, les
dix millions de douros restant à payer à la suite du
traité de 1860, regagnèrent l'Espagne, leur mission
étant terminée.
Dans le courant de Tannée 1885, Moulay El Has-
sane partit de Marrakech pour so rendre dans l'ex-
trême Sous, chez les Arabes Makil et autres tribus
du Sahara qui s'étaient révoltés contre leurs gouver-
neurs. Il avait appris, d'autre part, que des négociants
anglais débarqués dans un port de la côte nommé
Tarfaïa, avaient noué des relations commerciales
avec les habitants et se disposaient à élever des cons-
tructions. Enfin il se proposait de constater si le port
d'Assaka répondait au but qu'il poursuivait et s'il
pouvait l'ouvrir au commerce.
Il s'avança jusqu'à Goulimim choz les Arabes Makil
qui n'avaient jamais vu de sultan dans leur pays et
qui lui firent un accueil enthousiaste. Il reçut leurs
nommages et envoya une partie du guich détruire
les constructions élevées à Tarfaïa par les Anglais.
Ceux-ci regagnèrent leurs vaisseaux et le port d'As-
saka fut ouvert au commerce d'exportation et d'im-
portation, on même temps qu'un service était établi
pour la garde et la défense de la côte depuis Aga-
dir jusqu'à Goulimim. Le gouvernement anglais
obtint, pour ses sujets do Tarfaïa, des indemnités
en argent fixées à l'amiable. Lo sultan remonta
,
LA FRANCE EN ALGÉRIE 425
ensuite vers le Nord et châtia en passant la tribu Id
ou Tanane.
Dans lo mois de décembre de celte même an-
née 1885, lo sultan abolit le droit prélevé sur tous les
animaux chargés de marchandises, à l'entrée comme
à la sortie des villes et des bourgades et appelé droit
de ha/er ou droit des portes.
Au mois do mai 1888, Moulay El Hassane quitta
Meknes pour aller sévir contre les Berbères de Fazaz
Aït ou Malou qui se subdivisent en Zaïano, Béni Me-
guild, Ichkern, Aït Chokhmane, Aït Isri et autres.
Ces tribus firent toutes leur soumission, mais les Aït
Chokhmane attirèrent traîtreusement les hommes du
guich commandé par le chérif Moulay Serour cousin
du sultan, dans une embuscade et les massacrè-
reat jusqu'au dernier. Cette trahison dont l'auteur
était Ali ben El Mekki, un des derniers survivants de
la famille Amhaoucho, fut suivie do représailles tor-
ribles qui s'exercèrent sur les Aït Chokhmane, leurs
villages et leurs cultures.
L'année suivante, en juin 1889, le sultan se porta
dans le Riff, visita Tétouane et Tanger, puis vint à
Larache et rentra à Fez. Il repartit en campagne
contre les Aït Chokhmane, mais ne put les châ-
tier pour leur trahison, autant qu'il aurait voulu. 11
se rendit ensuito à Marrakech où de grandes fêtes fu-
rent données à l'occasion du mariage de plusieurs de
ses fils et de ses filles.
En 1892, Moulay El Hassane quittait Fez de nouveau
et allait rétablir la paix troublée par les tribus saha-
riennes du Tafîlalt. Il visita les Aït Moussa, les Béni
Meguild, les Aït Izdeg, les Aït Morghad et atteignit
Tadghoust la capitale de cette derrière tribu. Il s'en
retourna à Marrakech, pendant le mois de novem-
bre 1893, en passant par la route d'El Faïdja, mais la
426 HISTOIRE DU MAGHREB
traversée du col du djebel El Glaoui fut des plus péni-
bles pour les troupes et pour le sultan lui-même, en
raison de l'abondance des neiges et des rigueurs excep-
tionnelles de la température.
Pendant cette expédition, la guerre avait éclaté en-
tre les gens du Riff et les Espagnols de Melilla, à la
suite des événements suivants : les Espagnols avaient
obtenu une extension de leur frontière qui la reportait
en une zone proche du tombeau de Sidi Ouriache, pa-
tron du pays. Us avaient construit leurs nouveaux
postes de garde sur un point dominant d'assez près le
mausolée objet des pèlerinages de la population et les
habitants avaient en vain demandé aux Espagnols
d'élever leurs constructions sur un autre point. Irrités,
les Riffains prirent les armes et ouvrirent les hostilités
contre les Espagnols. Ceux-ci, dès qu'ils apprirent le
retour du sultan à Marrakech, lui envoyèrent une
ambassade pour se plaindre des Riffains. Moulay El
Hassane accorda une indemnité de quatre millions de
douros pour prix du sang des Espagnols tués par les
Indigènes et la paix fut conclue.
Moulay El Hassane quitta Marrakech le 6 mai 1894,
se proposant d'aller à nouveau châtier les Aït Cho-
khmane qui avaient assassiné son cousin. Arrivé
à l'Oued El Abid, dans le Tadla, il succomba le 7 juin
aux suites d'une maladie dont il avait été atteint pen-
dant sa campagno au Tafilalt. Il fut transporté et en-
terré à Rabat, par les soins du vizir Baahmed ben
Moussa.
ANNEXE AU CHAPITRE VU
Principaux événements durégnedes chérifs hassanie&spendantla période d'installationde U France en Algérie.

DATES MAROC ALGÉRIE, TUNISIE ET EUROPE

i$22«30 Moulay Abderrahmane rétablit l'ordre dans 1* pays ; son Traita do paix réglant les relations commercial**avec la
frère Moulay Mohammed ben Taïeb padûe lo Tamesna Sardaigne (1825). Mécontentementdu dey Hosseïne rela-
. et le Doukkala. relevé la ville de Mazagan qui prend le tivemeut au regl<*mont de U créance Busnach et Bacri
nom d'El Djoilda et recouvre les Impôts arriérés dans sur l'Etat français. Lettre comminatoire du dey au roi
le Sahara. de Franco ; U ne lut est pas répondu.
Le sultan s'installe a Marrakech et y place comme gou» Lo dey Irrité lnwulte te consul de France Deval au couri
d'une cérémonie
verneur son frère Moulay El Mamoun ; lo commande- Recrudescence de la publique (27 avril 1827).
ment d'Oudjda est confié a Idris ben Hommane. course ; la Porte Invite U dey *
Le* Cherarda sa révoltent contre le gouverneur do Mar- transiger avec la France ; Il s'y refuse énerglquement
raktch; 11* sont battus et transportés dans le Gharb. (1829). la
Le sultan, apprenant la chute d'Alger, quitte Marra- Mission de Bretonnioro a Alger ; son vaisseau est ca«
kcch et gagne Meknes. 11 accueille une députation de noûné par les Algériens (S août 1820) ; la France décide
Tlemcen a qui 11 douue comme gouverneur son cousin la guerre.
Moulay AU ben Slimane. Débarquementdes troupes françaises 14 juin (1830).
Capitulationd'Alger (5 juillet 1830).
183244 Le sultan envole a son cousin, à Tlemcen, renforts, armes Le duc de Rovigo charge M. de Marnay de faire des obser*
et munition*. Mission du chérlf d'Ouaxzane El Hadj El vaUon» au sultan marocain dont ks troupes ont péné*
Arbl chargé de gagner lea Koulouglis et les Arabes tré jusqu'à Médéa (avril 1832). M. de Marnaydans obtient
Douaïr et Zemala iuféodés aux Turcs. Pillage par le* l'engagementdu sultan do u* plus Intervenir lea
Maroeaiusdesbiens des Arabeset Koulouglis; ceux-ci so »• ffalre» d'Algérie,
rapprochent de* Français d'Oran(janvier 1832). L'emlr Abdelkader prend la tête des tribus algérienne*
Rappel des troupes marocaines et arrestation du caïd ethnrcelle la place d'Oran. U répond aux ouvertures d*
idrla qui refuae de restituer lea biens des Arabes, certains habitante do Tlemcen ?n y plaçant son lleute<
. Rébellion des Oudayarevenant de Tlemcen; Us obllgont nant El Bou Haraidi comme gouverneur.
U sultan a quitter Fes et v proclament Moulay Moham* L'emlr se met tous la proteotton de Moulay Abderrah-
med ben Taïeb. Le sultan les assiège pendant quarante mane et le fait préconiser en chaire.
jours et le* soumet ; il* sont dispersés a Marrakech. Le aultan lui fournitpénètredes secours en armes et en argent.
'' Larache et Témara (1832). L'emlr Abdelkader en territoire marocain et y
i
Le aultan envole des troupes régulières Oudjda avec recrute des partisane sujets du sultan, ce qui rompt la
trêve aveo la France
son cousin Moulay El Mamoun et appelle lea tribus a Attaque du camp français de Lalla Marnia par les Mare»
la guerre sainte.
Croislero du prlaoe de Jolnville sur les côte* marocaines, calas (30 mal 1844).
Deuxième attaque dea troupes marocaines (10 juin 1844). ConoentraUon dea troupes françaises par Bugeaud I
Entréedu général Bugeaud à Oudjda. Tlemcen.
AVVKVR ATT r.irAPITHK VÎT ta,M*\

DATES MAROC
ALG&RIS, TUNISIE ET EUROPE
•awa_^_aMa- m
I.IIi i

1832-54
i
Nouvelle* attaques des Marocains et d'Abdelkader
i
i —————
let 1844). (3 Juil- |L

Le prince de Jolnvllle embarque le* Français


marocains; U bombarde Tanger et Mogador (6-15 des ports
1844). août
Qatallle d'ialy et déroute du fils sultan (14 août).
Moulay Abderrahmane *lgne la du paix la
Le soltan renonce aux subvention* de la
Suéde. 4a Ban»
aveo
•'engage a expulser l'emlr Abdelkader du France et mark et autre* gouvernement*,
Maroc
18U-30 Combat prés d'Oudjda entre Abdelkader
marocaines; l'emlr s'enfuit; poursuivi et les troupe* Traité aveo l'Angleterre réglementant
les pouvoirs dei
retire chez les Benl Izossaen. Encerclé et battu. U ** consuls *t plaçant sous leur juridiction
le troupe* associés des commerçants les Maroealm
françai***. il se rend (23 décembre 1847).parLes et employés Aê* consulat*
Zafir assiègentRabat et Salé ; 11* sont battus Amer et (1838).
ment châtié* (1848-49). et sévère-
Pillage de deux navires français chargés de blé
(1831). A Salé
Bombardementde Salé par les Français.
Rébellion d'Ibrahim chef dos Aït Atta au Taillait ; 11 est Traité
tué. avec los Anglais réglant 1*-* relation*de
Mort de Moulay Abderrahmano A tteknè* (30 «•ntro le* deux pays et le respect réciproque commerce
août 1859) ; mtlonaux (1887). de leur*
son fils Sidi Mohammed est proclamé.

I la'moitiésera
I Evaïûa'fiiï". sur les revenus des douanes maro- consulats (1800).
Myéo
I •
Tétouane par les E.ppgnot. (mai 1802).
Réorganisation do l'armée marocaine et création du droit Mcme
traité avec la France (1863).
dea portos pour en faire les frais.
Révolte dans le Charb de Djilali Rougui; »*"«*»• *•»•»•
se réfugie A Zorhoun où U est mis A nertMtt).
tus et leurs terres «onfiMulea.M
Révolte des Rehamna et siège de Marrakech; II* sont bat-

t cU 1# ctU Mohammed Cbergui


Hassane est proclamé unanimement (septembre 1873). rapporte d'amitié;
.
4RM.77
1873-77 Mouiay j
Moulay El Uassane reprend
* l'oeuvro de son pèro et con*.
«ombreuse et forte en imposant
un contingent A chaque ville, sauf ttrnkeeh. Bon
Axxa Et Habri thaumaturgequi agite laprovinced'oudjda
f»t battu ainsi que le* Aït Seghrouchen, le* Benl Sad-
den et Benl Oaaraïae ; le sultan donne l*'commind».
ment de* Benl Ixnasscn A leur chef Mohammed El
CeBchïftente
de se rendre Indépendant. Moulay Ail frère
du sultan marche contre lui sans obtenir de réaultate.
Révolte
verïeurdu caïd El CounUfl de Tlainellat contre le gou-
de Marrakech ; le rebelle bat deux armées

SîftSSaSîSSSîS ,H&p«uwfMasOE tn
Lo\uitan
marche sur Marrakech ; Il rjta>rlme ion^•oulève-
amtaliidwrgmsrocetosremettent de riches présent!

mise en faite. Le sultan rav.^o le Oudjda


et capture» Hadj El Bachir chefpays, gagne
des Benl Isnassen
_*JI ....i.. MIUMIIUII A PAZ / 48761.
ANNEXE AU CHAPITRE VU (suite)

^M-aaaMBBBmSMsnBnSMSUlBBBBUBHBVS^^
I
BATES MAROC ALGERIE,TUNISIE ET EUROPE

1877*88 Moulay El Hassane gagne Marrakech et y reste jusqu'en Le sultan Moulay %\ Hassaneprovoque la réunion de doux*
mal 1870; au retour U châtie los AU Attab, Alt Moussa puissances A Madrid où une convention a réglementé
et Benl Mtir pour leur* désordres et s'arrêteA Meknèi, la protection étrangère des anjets marocains (3 Joli.
Après son retour A Fex en 1880, le sultan te rend dan* letEepagnols
jgtO).
envoient la sud du Maroe dai
lo sud de l'empire pour rétablir l'ordre troublé par Le» sur cote
les relation* do navires espagnols avec les habitants ; navire» de guerre et de commerce pour la recherche do
a'arre-
U pacifie l'oued Mono, place un caïd A Tixnlt et établit port concédé par le traité de 1860 ; les habitants aul-
A Assaka un port «d'exportationet d'importation. gent de droit le régler la question en dehors du
tan (1880).
Expédition dans le Sons contre les Arabes Makil rebelle* Départ des commissaires espognols établis dans les sorti
A leurs gouverneurs *t contre les Anglais de Tarfaïa. depuis 1860 pour recueillirsur te produit des douanei
Le aultan ramène l'ordre, les Anglais quittent la cote la moitié de l'Indemnitéde guerre (décembre 1884).
marocaine et reçoivent des Indemnité* (1885). De* négociant* angle!» s'installent A Tarfaïa, petit port
Abolition du droit des portes (déeembre Wt). du Su<t, «t y nouent des relations commerciales avec
* le* habituât* (1884).
1883-08 Expédition contre le* Berbères de Fazaz. Ils font nom- Guerre avec les Espagnols de Melllla; une ambassade
conduit* envoyée an sultan A Marrakech, obtient nue indemnité
magf d>obéi*aànce, mais les Aït Chokhmanetrahissent
par AllbeoEI M#k)^dela famille Ambnouche de quatre millto-s de douros et signe la paix (1898).
le guich do Moulay Serour cousin du aultan et le mas-
sacrent avec tous «ê* homme*. De terrible* représailles
sont exercées (1888).
Campagne dans le Riff. A Tanger, Tétouane et Larache.
Lé lultan v.i rétablir l'ordre dans le Taillait et atteint
Tadghottst chez les Aït Morghad. Au retour, le aultan
et son armée sont durement éprouvés par le froid en
psssant l'Atlas (1802).
Moulay El Hassane quitte Marrakech pour aller châtier I
I
Aït Chokhmane assassins de son cousin ; Il meurt dan*
le Tadla (7 Juin 1804). g
CHAPITRE VIII
AMeUtla.

£n 1891, Abdelaxis
Agé de 14 eut eat proclamé sullan. — Régence
do Baahmed jusqu'en 1900. — Politique d'équilibre entre le*
tribus à l'intérieur, entre lea Chrétiens é l'extérieur. — Insur-
rection du Uogui Bou Hamara, faux chérif et faux Moulay
Mohammed. — Assassinat de Charbonnieren 1906, de Mauchamp
en 1901. — Occupation de Casablanca en 1907-1908 tt campagne
des Benl Isnassen en 1908. — Campagne du Sud-Oranais (Bon
-
Deaib). En 1908, Moulay Abdelbafld est proclamé à Marrakech
puis dans tout la Maroc. — Abdelaxis abdique.

Au cours de sa campagne dans le Tafilalt, Moulay


Bl Hassane mécontent de son 61s atnô Moulay Moham-
med qui était son khalifa, avait désigné pour lui suc-
céder son Bis cadet Moulay Abdelaiiz. Ce jeuno prince
à peine âgé de quatorxe ans» fut élu a sa place et
commença son règne sous la régence du grand vixir
Baahmed ben Moussa. Celui-ci s'occupa immédiate-
ment de réduire une conspiration ourdie à Marra-
kech par Moulay Mohammed le borgne, frère atné du
jeune sultan et Moulay Omar son oncle, avec des
partisans Rehamna et la complicité des vizirs. Les
deux princes furent arrêtés et emprisonnés et le ré-
gent s'ingénia à rendre Abdelazis populaire» en abais-
sant les visirs et en opposant les unes aux autres les
puissances européennes. L'état de faiblesse du gou-
vernement marocain ne lui permettait d'ailleurs
qu'une politique de bascule entre les tribus à Tinté-
4.33 HISTOIRE DU MAGURKB
rieur et entre les puissances étrangères à l'extérieur.
Cette politique avait pour objet de faire obstacle aux
empiétements européens sur le territoire marocain»
d'entraver l'amélioration des voies de communica-
tion» d'interdire l'exportation de certains produits, en
un mot d'opposer l'inertie aux tentatives européennes.
Tels furent les procédés du gouvernement d'Abdel*
atii, que lo vizir Baahmed maintint énergiquement et
par lesquels il sut maîtriser les compétitions étrangères.
Personnalitéfortement trempée, le ministre agissait
seul, no s'en rapportant qu'à lui-même et n'avait
prévu personne pour le remplacer un jour, auprès du
jeune prince. En effet, lorsque Baahmed mourut en
1900, le jeune sultan laissé à lui-même, se vit en-
touré do conseillers européens qui le poussèrent à do
malencontreuses réformes. Telles sont l'introduction
du tertib comme nouvelle assiette des impôts et au-
tres atteintes aux lois et aux traditions islamiques,
qui lui aliénèrent l'opinion publiquo, tandis que son
goût oxagéré pour les choses d'Europo blessaient les
Musulmans intransigeants.
La réprobation contre le sultan so répandit dans le
pays ot y occasionna une réaction soulevée par Djilali
benAbdesselamZerhouni dit Bou Hamaract surnommé
le Rogui, qui se donnait comme Moulay Mohammed le
frère atné du sultan. Cet agitateur souleva le Maroc
oriental de Taza à Oudjda et d'AToun Sidi Mellouk, où
sa tenait son allié Bou Amamu, jusqu'à Selouane. U
entretint des troubles dans cette région pondant plu-
sieurs années» infligeant quelques défaites aux troupes
du sultan et en 1903, il occupa Oudjda abandonnée par
les agents du makhzen. Ces agents furent ramenés un
peu plus tard par une colonne venue du Maroc occi-
dental et débarquée à Nemours.
L'état anarchique des conGns algéro-marocains,
ABDKLAZIZ 493
devait amener la France à intervenir» rosis elle ne
pouvait le faire sans un accord avec les grandes
puissances européennes intéressées au rétablissement
de l'ordre, comme l'Espagne, l'Angleterre et l'Italie.
Des réclamations adressées au préalable au gouver-
nement marocain, furent suivies du protocole signé
le 20 juillet 1901. Cet acte place sous l'autorité de la
Franco certaines tribus du sud des confins, décide
l'établissement dans toute la zone frontière de postes
do garde et de douane marocains et français, et pré-
voit toutes mesures propres à consolider les liens d'a-
mitié existant entre les deux pays et à développer
leurs bons rapports, tout en respectant l'intégrité de
l'empire chérifion et en maintenant les dispositions du
traité de 1845 non visées. L'application de co proto-
cole donna lieu aux accords des 20 avril et 7 mai 1902
qui inauguraient entre les deux pays une politique de
collaboration portant sur la police, lo commerce et
les douanes des régions frontières.
La France obtint ensuite que la prééminence de
son influence au Maroc soit reconnue des puissances.
L'Italie, à qui les mains libres étaient laissées pour
ses projets en Tripolitaine, y consentit par l'accord do
1902. L'Angleterre signa, le 8 avril 1904, une décla-
ration réglant ses rapports avec la France, en ce qui
concerne le Maroc et l'Egypte. Elle accordait qu'il ap-
partient à la France d'assurer la tranquillité au Ma-
roc, de l'aider à réorganiser son administration, ses
finances et son armée, mais cela sans rien changer à
son état politique et en y observant le principe de la
liberté économique. Les deux gouvernements recon-
naissaient, d'autre part, les droits de l'Espagne au
Maroc et la France, au cas d'entente avec le gouver-
nement espagnol, s'engageait à communiquer le texte
de son accord à l'Angleterre.
28
434 HISTOIRE DU MAGHREB
Le traité franco-espagnol fut signé le 3 octobre
1904 ; il reconnaît une zone d'influence espagnole au
Maroc, réserve lo centre et le littoral atlantique à la
France et garantit l'intégrité politique du Maroc sous
la souveraineté du sultan, ainsi que la liberté écono-
mique.
Dans le courant de juin 1904, Moulay Abdelatis
avait obtenu de la France un emprunt de 62 millions
garanti par les douanes chériflennes et l'on pensa que
le programme français de réformes marocaines serait,
dans ces conditions, bien accueilli du sultan ; or il
n'en fut rien. L'Allemagne irritée des accords conclus
sans elle, prescrivait alors à ses agents de veiller à
ce que ses intérêts économiques au Maroc ne soient
pas lésés et c'est le 30 mars 1905 que Guillaume II, en
débarquant à Tanger, au cours d'une croisière, ten-
tait de faire échec aux réformes présentées par la
France à Moulay Abdelaziz. Dès Ion», le gouvernement
allemand fait observer aux puissances que la Franco
s'est abstenue de lui communiquer les accords concer-
nant le Maroc et propose la réunion d'une conférence
internationale pour régler la question marocaine.
Telle est l'origine de la conférence d'Algésiras à
laquelle furent conviées les puissances signataires de
la convention de Madrid et qui dura du 15 janvier au
25 février 1906. L'acte général signé le 7 avril 1906,
organisait, par voie internationale, la police hors de
la région frontière, la répression de la contrebande,
la réforme financière de l'empire chérifien, la créa-
tion d'une banque d'Etat et imposait le principe de
l'adjudication en matière de travaux publics.
Mais l'Allemagne s'efforçait d'exciter le gouverne-
ment marocain, contre la France qu'elle représentait
comme décidée à conquérir le pays. L'écho de ces
bruits tendancieux créait dans les tribus un état d'es-
ABDKLAZ1Z 435
prit hostile à tous les Européens; il se manifesta en
différents points par des troubles et des attentats plus
ou moins graves» que le makhzen était impuissant à
prévonirou à réprimer. C'est ainsi que Ratssouni per-
sonnage de la banlieue do Tanger jouissant d'une cer-
taine influence, avait réuni des partisans avec les-
quels il terrorisait la ville. En mai 1906, le Français
Charbonnier y fut assassiné en pleine rue par des Ka-
byles Andjera. La vie et les biens des Européens sont
aussi gravement exposés dans la banlieue de Casa-
blanca et à Marrakech; i 19 mars 1907, en effet, le
docteur Mauchamp est assassiné» dans cette dernière
ville, par la populace.
Le makhzen étant incapable d'accorder réparation
pour ces attentats, le général Lyautey commandant
la division d'Oran reçut l'ordre d'occuper Oudjda. Le
gouvernement français dut, en outre, intervenir à l'au-
tre extrémité de l'empire chérifien, à Casablanca où,
le 30 juillet 1907, neuf ouvriers européens de l'entre-
prise française du port étaient massacrés. Les Indigè-
nes de la Chaouia, auteurs de ces massacres, étaient
surexcités par l'arrivée des fonctionnaires français
chargés du contrôle des douanes stipulé pair l'accord
do 1904 et par la création d'un chemin de fer à voie
étroite destiné au transport des matériaux du port ;
les populations, d'autre part, avaient été fanatisées
par Maélalnine Chinguiti venu de Mauritanie avec
ses hommes bleus. Ce personnage religieux était de-
puis longtemps en relations suivies de commerce et
d'échanges avec Marrakech où il avait rencontré le
sultan Moulay El Hassane et s'était lié avec lui. Moulay
Abdelaziz qui, à son tour, le comblait de présents et
de prévenances, avait prescrit aux notables et aux po-
pulations de lui fournir des armes et des approvision-
nements pour combattre les Chrétiens du Sénégal. Or
436 HISTOIRE DU MAGHREB
les hommes bleus et leur chef se livrèrent à toutes
sortes de vexations, contre les Européens en particu-
lier, jusqu'à leur embarquement pour regagner leur
pays, qui eut lieu le 17 novembre 1906 au cap
Juby.
A la suito des massacres de Casablanca, le croiseur
Galilée bombarda la ville le 5 août 1907 et sa compa-
gnie de débarquement occupa le consulat de France
pour y assurer la protection des Européens. Le
7 août arriva un corps d'occupation, aux ordres du gé-
néral Drude» qui chassa les fauteurs de troubles de
Casablanca et les poursuivit dans la Chaouïa. En jan-
vier 1908, le général d'Amade succéda au général
Drude et s'avança dans l'arrière pays pour en assurer
la pacification.
L'état du Maroc oriental, troublé par le Rogui et par
la propagande antifrançaiso menée à la suite de l'oc-
cupation d'Oudjda, avait occasionné de nombreuses
agressions des Béni Iznassen, qu'il devenait nécessaire»
de réprimer énergique mon t. Le général Lyautoy or-
ganisa ses forces en deux colonnes avec lesquelles il
se proposait d'isoler lo massif montagneux des Béni
Ixnasson. Les premières opérations militaires com-
mencées en décembre 1907, se poursuivirent par un
mouvement enveloppantet se terminèrent par la con-
centration des colonmes, au col de Tafoughalt, le 23
du même mois. Biles furent reprises, par des mouve-
ments de troupes dirigés en tous sens à travers le
massif des Boni Iznassen ot achevées le 30 décembro.
Le 1" janvier 1908, le sommet du djebel Afoughal qui
domino le massif entier était couronné par les colon-
nes du général Lyauley. Les Béni Iznassen obtinrent
la paix moyennant livraison des fusils, le paiement
d'une amende de 100 francs par feu et le libre, accès
de leur pays laissé aux Français.
ÀBDBLA'ZIZ 437
Dans le courant de l'année 1908, do gros rassemble-
ments formés au TaG lait, 'attaquèrent les troupes
françaises à El Mengoub et à Menabha. Il devenait
urgent de couvrir la ligne d'étapes do la Zousfana
contre les entreprises des Marocains. A cet effet, une
colonne commandée par le général Yigy se porta sur
lo Haut-Guir et se trouva, à Ouzion, en présence d'une
troupe ennemie de 6000 hommes. Après un combat
acharné, lo général alla attaquer le ksar de Bou Denib
où les Marocains s'étaient retranchés. Us so défendi-
rent énergiquement, mais durent évacuer la place en
abandonnant matériel et approvisionnements. A la
suite do ces événements, il fut décidé quo Bou Anano
serait occupé et que Bou Donib recevrait une garni-
son do 1.500 hommes répartis dans une redoute bâtie
sur la rive gaucho du Guir à 1.500 mètres au nord-
ouest du ksar et dans un blokhauss construit à égaie
distance et au sud-ouest du ksar, sur l'autre rive
du Guir.
Le 1er soptembre 1908,25.000 marocains vinrent at-
taquer le blokhaus qui n'était défendu que par 75
hommes, mais qui fut soutenu par l'artillerie delà re-
doute à laquelle il était rolié par lo télégraphe optique.
Après de violentes attaques, les 1er et 2 septorobre, les
Marocains se retirèrent, n'ayant obtenu aucun succès.
La colonne du général Alix arrivéo le 5 septembre,
alla le 7 attaquer l'ennemi groupé dans la plaino de
Djorf et lui infligea une sanglante défaite. Cet échec
mit fin aux grands rassemblements des Berbères qui
so bornèrent, dès lors, à de simples coups do main.
C'est dans le sud de l'empiru chérifien, c'est-à-dire
à Marrakech, quo la réprobation contre les goûts eu-
ropéens d'Abdelaziz revêtit lo caractère lo plus grave
et le sultan n'avait pas les moyens do lutter contre
l'esprit de séparatisme dont cette partie importante du
433 HISTOIRE DU MAGHREB
pays donnait les signes les plus marquants. Cest
ainsi que le 24 août 1907, à la suite d'une réunion
des notables de Marrakech, Moulay Abdelhafid frère
de Moulay Abdolaxiz et gouverneur de la région sud,
fut proclamé sultan. La propagande faite en son nom
se répandit rapidement et» le 3 septembre, il était re-
connu à Safi.
Le prétendant» avec les partisans, quitta aussitôt
Marrakech et vint en Chaouïa prêcher la guerro
sainte et entraîner dans son parti quelques tribus qui
avaient donné des gages d'attachement à la cause
française.
A la nouvelle de ces événements, Moulay Abdelaziz
quitta Fez pour gagner Marrakech; il arriva à Rabat
le 23 septembre 1907 et y resta près de dix mois
avant de prendre un parti. Pendant ce temps une ré-
volution était suscitée à Fez par le chérif Sid Moham-
med ben El Kébir El Kettani qui tentait une restaura-
tion idrissite. U proclamait la nécessité d'empêcher
l'exécution des mesures contenues dans l'acte d'Algé-
siras et dirigea la réaction à Fez» jusqu'à l'arrivée de
Moulay Abdelhafid. Enfin, le U juillet 1908, Moulay
Abdelaziz quitta Rabat et se dirigea sur Marrakech
avec 2.500 hommes et dix canons ; il était suivi de
quelques Européens dont plusieurs membres de la
mission militaire française et du chérif du Tadla. Il
apprit en route la défaite infligée aux troupes de
Moulay Abdelhafid par les forces du catd El Mtougui
et pensa, par suite, entrer facilement à Marrakech.
Hais avant d'y arriver, sa colonne fut attaquée par
les rebelles et mise en complète déroute par un ren-
fort de cavaliers Rehamna. Moulay Abdelaziz se réfu-
gia avec 300 hommes à Settat, sous la protection fran-
çaise et déclara qu'il renonçait à la lutte. *
La conséquence de ces événements fut la proclama-
1 ABDELAZIZ 439
tion de Moulay Abdelhafid dans toutes les villes du
Maroc. En effet, le 2 janvier 1908, les notables de Fez
avaient proclamé solennellement la déchéance de
Moulay Abdelaziz en s'appuyant sur la dilapidation
du trésor public, l'institution du tertib et de la ban-
que d'Etat, sur le goût prononcé du sultan pour les
inventions européennes, sur l'institution du corps
de la police des ports et enfin sur l'occupation, par
les Français, du Touat, de Figuig, d'Oudjda, de Casa-
blanca et de la Chaouïa.
Les puissances, après s'être concertées, décidèrent
le 5 janvier 1909 de reconnaître le nouveau sultan
Moulay Abdelhafid et lui envoyèrent des ambassades
à Fez, pour lui exposer les conditions qu'elles met-
taient à cette reconnaissance. Les négociations se
heurtèrent' aux résistances et au mauvais vouloir du
sultan dont la situation à Fez devenait difficile.
En effet le chérif Mohammed ben El-Kébir El-Ket-
tani qui avait fait quelque agitation dans la ville, la
quittait subrepticement dans le courant de mars 1909
avec sa famille et se rendait à l'Oued El Atchane où
l'attendaient 500 partisans armés. Prévenu aussitôt,
Abdelhafid envoya des troupe à sa poursuite le fit
ramener à Fez où il l'emprisonna ainsi que tous les
siens et le traita avec la plus grande rigueur, avant
de le faire mettre à mort.
Mais ce qui occasionnait le plus d'inquiétude au
sultan, c'était les grands caïds du Sud, Sid El Madani
El Glaoui grand vizir, Sid Aïssa ben Omar ministre
des Affaires Etrangères ot Sid Abdel Malek El Mtou-
gui, qui s'obstinaient à demeurer à Marrakech auprès
du prince Moulay El Kébir. Ils finirent par se rendre
à Fez, sur les instances réitérées du sultan, mais
Moulay El Kébir ne jugea pas à propos de les accom-
pagner.
440 HISTOIRE DU MAGHREB
Dans le même temps, le Rogui Bou Hamara aban-
donné par les Riffains, avait dû se réfugier chez les
Hiaïna où trois colonnes impériales vinrent le cerner
et lui infliger une défaite. U passa chez les Béni Ou*
riaghel avec 200 cavaliers, dans l'intention de gagner
la montagne; mais capturé par les soldats du
makhzen le 22 août 1909 et mené à Fez, il fut enfermé
dans une cage et donné au public en spectacle. Les
supplices affreux qui lui furent infligés, ainsi qu'à ses
compagnons, occasionnèrent, une protestation du
corps diplomatique do Tanger. On apprit, sur ces en-
trefaites, que le Rogui avait été fusille et son cadavre
livré aux flammes.
Durant l'année 1910, le gouvernement do Moulay
Abdelhafid fut très occupé à aplanir de nombreuses
difficultés survenues à Melilla, Ceuta et Larache, à
l'occasion do l'application dans la zone espagnole des
dispositions de l'acte d'Algésiras; l'occupation de la
région orano-marocaine et de la Chaouïa par les Fran-
çais, était une autre sourco d'embarras pour le makh-
zen. Par un accord du 4 mars 1910, le gouvernement
marocain légitimait l'occupation par la France de la
Chaouïa et son intervention dans l'administration do
la région contigue à l'Algério. Par un autro accord
du 16 novembre suivant, il reconnaissait à l'Espagno
les territoires occupés par ses troupes et enfin, en 1911,
il donnait à la France la direction des douanes et
admettait le contrôle de ses agents sur les travaux
publics.
Or Moulay Abdelhafid qui avait été proclamé par
le peuple marocain surtout en vue de réagir contre
les tentatives de main mise de l'Europe sur le pays,
n'arrivait à se maintenir au pouvoir qu'en traitant
avec les gouvernements chrétiens et en leur faisant
des concessions. Les Musulmans intransigeants ne
t ABDELAZIZ 441
pouvaient, dès lors, que le renier et, de fait, ils se dé-
tachèrent de lui et furent imités par le peuple tout
entier.
Cette situation devint inquiétante dans les premiers
mois de l'année 1911 ; à Meknes, les gens des tribus
saccagèrent la ville et proclamèrent le prince Moulay
Zino, pendant quo Fez était investie par les rebelles.
Lo 26 avril, la France envoyait au secours des Euro-
péens de Fez, une colonne aux ordres du comman-
dant Brémond do la mission militaire française, afin
de dégager les abords de la ville. Mais le danger de-
venant pour sa capitale de plus en plus pressant,
Moulay Abdelhafid se décida à faire appel aux forces
françaises et le 21 avril 1911, la colonne du général
Moinier partie de Casablanca, arrivait à Fez. Peu après,
le grand vizir Sid El Madani El Glaoui était remplacé
par Sid El Hadj Mohammed El Mokri.
Lo iu juillet, l'Allemagne protesta contre l'inter-
vention française et envoya à Agadir le bateau de
guerre « Panthor » avec une compagnie de débarque-
ment de 200 hommes, prétextant une demande de
protection adressée par ses nationaux, en raison de
l'état alarmant du pays. Cet incident occasionna de
longues et difficiles négociations entro l'Allemagne et
la France. Elles se terminèrent par l'accord du 4 no-
vembre 1911 aux termes duquel la France cédait une
partie du Congo française l'Allemagne qui, en retour,
lui laissait sa liberté d'action au Maroc, à condition
d'y respecter le principe de l'égalité des nations au
point do vue économique. L'Allemagne s'engageait
d'autre part, à ne fairo aucune opposition à la France
si elle jugeait à propos de se charger du protectorat
du Maroc.
Quant à l'Espagne qui avait été laissée de côté
dans les pourparlers entre l'Allemagne et la France,
443 HISTOIRE DU MAGHREB
elle ne se désintéressait pas des événements dont le
Maroc était le théâtre. Le 8 juin, elle avait débarqué
des troupes à El Ksar et Arzila et en plusieurs points
du littoral de la Méditerranée, faisant connaître aux
Puissances que son intervention, purement temporaire,
n'avait d'autre but que la protection de ses natio-
naux. Biais quelques incidents éclatèrent à Larache,
sur les points de contact des deux zones occupées. Ces
incidents nécessitèrent, entre les deux gouvernements,
des négociations qui aboutirent à un accord signé
le 27 novembre 1911, déterminant nettement les par-
ties du Maroc soumises à l'influence espagnole, à
l'exclusion de Tanger à qui un régime international
devait être incessamment appliqué. Un khalifa du
sultan était préposé à la zone espagnole pour assurer
avec le gouvernement les réformes administratives,
économiques, financières, judiciaires et militaires
précisées par la déclaration franco-anglaise du
8 avril 1904 et par la déclaration franco-allemande
du 4 novembre 1911. Un haut commissaire espagnol,
chargé de cette mission, devait être l'unique intermé-
diaire entre le khalifa du sultan et les agents offi-
ciels étrangers.
La France, de son côté, cherchait à obtenir l'adhé-
sion du sultan à l'accord franco-allemand du 4 no-
vembre 1911, ce qui était lui demander d'accepter le
protectorat français. A cet effet, M. Regnault minis-
tre de France se rendait à Fez le 24 mars 1912, mais
le sultan répondit à ses propositions qu'il abdique-
rait plutôt que d'accepter le protectorat» Cependant,
le 30 mars 1912, le traité établissant le protectorat
de la France et de l'Espagne au Maroc était signé.
Maiscela ne se réalisa pas sans effusion de sang;
le 17 avril 1912, les soldats marocains se révoltèrent
à Fez contre les Européens et les habitants firent
ABDELAZIZ 443
(

cause commune avec eux. Ce jour là et pendant les


deux jours qui suivirent, il y eu quatre vingts victi-
mes. Les troupes françaises campées à Bar Debibagh,
accoururent au nombre de 400 hommes et pénétrè-
rent dans la ville, après avoir soutenu un co nbat
meurtrier. Le 19, d'autres forces militaires venues
de Meknes bombardèrent la ville et obligèrent les
rebelles à se rendre.
Le 7 Juin 1912, Moulay Abdelhafid quittait Fez
pour se rendre à Rabat, après avoir remis le pouvoir
à son frère Moulay Toussef.
444 HISTOIRE DU MAGHREB

Liste des sultans /italiens ou hassaniens.

MOULÂT RACHID 1667-1672


,
MOULÂT ISMAÏL 1672-1727
MOULÂT ABOUL ABBAS AHMED DEHBI (ire fois). 1727-1728
MOULÂT ABDELMALEK 1728-1728
MOULÂT ABOUL ABBAS AHMED DEHBI (2e fois). 1728-1729
MOULÂT ABDALLAH (1" fois) 1729-1735
MOULÂT ALI EL ABEDJ 1735-1736
MOULÂT ABDALLAH (2~ fois) 1736-1736
MOULÂT MOHAMMED ben ARBIA
-. 1736-1738
MOULÂT EL MOSTADHI (1K fois) 1738-1740
MOULÂT ABDALLAH (3** fois) 1740-1745
ZEIMÏ EL ABFOLXE 1745-1745
Mr>\ LAT ABDALLAH (4"* fois) 1745-1746
MOULÂT EL MOSTADHI (2"" fois) 1746-1747
MOULÂT ABDALLAH (5"* fois).
MOULÂT MOHAMMED (1W fois)
....... 1747-1748
1748-1750
MOULÂT ABDALLAH (6"" fois) 1750-1757
MOULÂT MOHAMMED (2"» fois) 1757-1790
MOULÂT EL YAZID 1790-1792
MOULÂT SLtMAtiR 1792-1822
MOULÂT ABDERRAHMANE ben HICHAM 1822-1859
SIDI MOHAMMED 1859-1873
MOULÂT EL HASSANE 1873-1894
MOULÂT ABDELAZIZ 1891-1908
MOULAY ABDELHAFID 1908-1912
MOULÂT YOUSSET 1912
>
ANNEXE AU CHAPITRE VIII

Résumé des prinoipacuc événements depuis la mort du


laltan MouUy El Hassane jusqu'à rétablissement du
protectorat français au Maroc.

MOULÂT ABDBLAZIZ âgé de 14 ans, désigné par son père,


est proclamé et gouverne.sous la tutelle du grand vizir BA-
AHMID BBCC MOUSSA (1894).
Arrestation des princes MOULÂT MOHAMMID frère du Sot-
tan et 1- on oncle MOULÂT OMAR qui conspirent à Marra-
kech.
Mort du Ministre BAAHM;D (1900).
Les réformes do jeune sultan et la nouvelle assiette d'im-
pôts dite ce tertio » lui aliènent le peuple; ses goûts pour
les choses d'Europe lui aliènent les Musulmans intransi-
geants.
Révolte d'ABDSssiLAM ZEBHOONI dit Bou HAMABA et RO-
GUI, qui se donne comme MOULÂT MOHAMMED et soulève la
province d'Oudjda. Il occupe cette ville et bat les troupes
chérifiennes (1903).
L'état anarchique des confins algéro-marocains amène
l'intervention de la France; protocole du 20 juillet 1901.
Accords des 20 avril et 7 mai 1902 réglementant la po-
lice, le commerce et les douanes des régions frontières.
L'Italie reeonnatt la prééminence de rinflaeoee française
au Maroc en 1902 et l'Angleterre le 8 avril 1904 ; cette
446 HISTOIRE DO MAGHREB
dernière puissance reconnaît en outre les droits de l'Espa-
gne au Maroc.
Emprunt de 62 millions à la France, garanti par les
douanes chériflennes (juin 1904).
Traité franco-espagnol reconnaissant une zone d'influence
à l'Espagne (octobre 1904).
Débarquement de GUILLAUME II à Tanger (30 mars 1905).
La France n'ayant pas communiqué les accords concer-
nant le Maroc à l'Allemagne, eette puissance provoque
la conférence d'Algésiras (15 janvier-25 février 1906).
L'acte d'Algésiras organise au Maroc, par voie internatio-
nale, la police, la répression de la contrebande, la réforme
financière, la création d'une banque d'Etat et le régime
d'adjudication des travaux publics.
Agissements de l'Allemagne qui représente la France
comme décidée à conquérir le Maroc et crée dans le pays
un état d'esprit hostile à tous les Européens, contre lequel
le makhzen est impuissant.
Assassinat de CHARBONNIER à Tanger (mal 1906).
Assassinatdu docteur MAUCHAMP à Marrakech (mars 1907).
Occupation d'Oudjda par le général LTÀUTBT.
Massacre des ouvriers de l'entreprise française du port
de Casablanca (30 juillet 1907).
Le croiseur « Galilée » bombarde la ville ; sa compagnie
de débarquement occupe le consulat français (5 août 1907).
Arrivée du corps de débarquement du général DRUDB
(7 août).
Campagne du général LTAUTBT contre les Benl Iznassen
(décembre 1907-janvier 1908).
Le général d'AMADt remplace le général DBODE à Casa-
blanca et pacifie l'arrière pays (janvier 1908).
ANNEXE AU CHAPITRE VIII 447
,
Attaque des postes français d'El Mengoub et de Menabha
par des contingents marocains rassemblés au Taillait (1908).
Combat d'Ouzien entre la colonne Vigy et 6.000 Maro-
cains; le général attaque le ksar de Bou Denib d'où il
déloge l'ennemi.
Occupation de Bou Anane; Bou Denib reçoit une garni-
son de 1.500 hommes.
Attaque du blokhaus de Bou Denib par 25.000 Marocains;
la colonne ALIX les bat dans la plaine de Djorf (7 septem-
bre).
La réprobation contre le sultan MOULÂT ABDBLAIIZ s'est
traduite par la proclamation à Marrakech de son frère
MOULÂT ABDELHAFID (24 août 1907); le 23 septembre sui-
vant, ABDELAZIZ ayant quitté Fez arrivait à Rabat, où il
restait dix mois, pendant que son frère prêchait la guerre
sainte en Chaouïa.
Déchéance d'ABDBLAZiz et proclamation d'ABDSLHArib à
Fez (2 janvier 1908).
Tentative de restauration idrissite à Fez, par le chérif
Sid MOHAMMBD EL KEBIR EL KBTTANI.
ABDELAZIZ quitte Rabat et se dirige sur Marrakech
(11 juillet 1908).
Le caïd EL MTOOOOI inflige une défaite aux troupes de
MOULÂT ABDBLHArio.

ABDELAZIZ battu par se réfugie en Chaouïa


ABDBLHArio
sous la protection française et renonce à la latte.
ABDBLHArio fait arrêter et emprisonner le chérif EL KBT-
TANI.
Le rogui Bou HAMABA est capturé et promené dans une
cage, à Fez; il est torturé et fusillé ensuite (août 1909).
Accord par lequel le Maroc légitime l'occupation de la
448 HISTOIRE DU MAGHREB
Chaouïa par la France ainsi que son intervention dans les
confins algéro-marocains (4 mars 1910).
Le makhzen reconnaît à l'Espagne les territoires occupés
par ses troupes (16 novembre 1910).
Le makhzen donne l'administration des douanes à la
France et admet le contrôle de ses agents sur les travaux
publics.
Le peuple marocain se détache de MOULÂT ABDELHAFID
qui a traité avec les Chrétiens ; Meknes est saccagée et
MOULÂT ZINE proclamé; les rebelles investissent Fez (1911).

La colonne BRBMOND reçoit l'ordre de dégager les abords


de la ville.
Appel de MOULÂT ABDELHAFID aux forces françaises ;
arrivée à Fez de la colonne MOINIEB (21 avril 1911).
Débarquement des troupes espagnoles à El Ksar et sur
plusieurs points, en Méditerranée (8 juin 1911;.
L'Allemagne proteste contre l'intervention française, en
envoyant le bâtiment de guerre Panther à Agadir (1" juil-
let 1911).
Accord du 4 novembre 1911 par lequel la France cède
une partie du Congo français à l'Allemagne pour obtenir sa
liberté d'action au Maroc.
Accord du 27 novembre 1911 déterminant les parties du
Maroc soumises à l'influence espagnole, Tanger formant
une zone internationale.
Le ministre de France demande au sultan d'adhérer à
l'accord franco-allemand du 4 novembre 1911 et d'accepter
le protectorat français ; le sultan s'y refuse.
Signature du traité établissant le protectorat de la France
et de l'Espagne au Maroc (30 mars 1912).
Révolte des soldats marocains et d'une partie des habi-
tants de Fez, contre les Européens qui sont massacrés au
nombre de quatre vingts (17,18,19 avril 1912).
ANNEXE AU CHAPITRE VIII 449
,
Les troupes françaises de Dar Debibagh pénètrent dans
la ville.
Bombardement de Fez par les troupes de Meknes ; les re-
belles se rendent (4912).
MOULÂT ABDELHAFID remet le pouvoir à son frère MOULÂT
YOUSSBF et quitte Fez (7 juin 1912).

29
INDEX DES NOMS

Abdallah ben Ibrahim ben


A Moussa, 70.
Abdallah ben Mohammed, Khalife
Abbad (Béni). SI, 62. d'Espagne, 23,28, 71.
Abbad (El), banlieuede Tlemcen, Abdallah ben Saïd, 196.
137, 203. Abdallah ben Saoud, 381.
Abbas, oncle de Mahomet, 4. Abdallah ben Tafraguine. V. Ibn
Abbas (Béni), tribu berbère au Tafraguine.
S. de Bougie, 288,289. Abdallah Exzobdi, prince saa-
Abbas ben Ahmed ben Touloun dien, 310.
(El), 20. Abdallah, fila d'Abdetmoumen,
Abbas ben Omar (El), gén. méri- 107, 108.
nide, 199. Abdallah,fils d'Abderrahmane 1*'
Abbas Ibn Khazer (El), 85. d'Espagne, 11.
Abbassia (El). V. El Ksar El Ke- Abdallah, fils d'Abderrahmane II
dim. d'Espagne, 17.
Abtftssides, 4, S, 21, 26, 56, 114, Abdallah, fils d'El Moëzz, 60, 61.
123, 134, 141. Abdallah, fils de l'almohade Es*
Abbou, fils du hafeide Abou saïd, 137,139.
Mohammed, 129, 130. Abdallah, fils d'Idris II, 15.
Abdallah de Grenade, 86, 87. Abdallah, fils de Cheikh El Ma-
Abdallah ben Abdallah, SI. moun le saadien, 304, 307, 308,
Abdallah ben Abou Bekr, gén. 310, 311, 313, 314, 324.
almoravide, 98. Abdallah, fils de Mohammed El
Abdallah ben Abon Saïd Olhmane, Hadj de Dila, 321.
sultan mérlnlde, 221, 240. Abdallah Ibn Ghanla, fils dlshak,
Abdallah ben Afssa, 351. 118,122.
Abdallah ben Hassoun Selassi Abdallah Ibn Yassîne, 79,80.
(sidi), 314. Abdelaziz ben Aboul Hassane,
Abdallah ben Ibrahim ben Et sultan mérlnlde, 206 à 20», 239.
Aghleb, V. Aboul Abbas Abdal- Abdelaziz, hafeide de Constan*
lah, Une, 236.
452 INDEX DES NOMS
Abdelaziz, ommiade de Valence, Abdelouahab ben Abderrahmane
62. ben Rostem, 5,13, 14.
Abdelaziz, seigneur des Béni Ab- Abderrahmane, mérinide de Sid-
bas, 264, 265, 278, 280, 286, 287. jilmassa, 201, 211, 212.
Abdelaziz, sultan filalien, V. Mou- Abderrahmane dit Sanchol, 54.
lay Abdelaziz. Abderrahmane I" ben Moaouîa
Abdelhafid, sultan filalien. V. d'Espagne, 6, 11, 71.
Moulay Abdelhafid. Abderrahmane II, 14, 16, 17, 71.
Abdelhakben Mahiou le mérinide, Abderrahmane III, Ennasser, 28,
127. 30, 33, 36, 39, 40, 41, 42, 84, 57,
Abdelhak ben MeneghfaJ, 97. 71.
Abdelhak ben Othmane, 176, 177. Abderrahmane IV El Mortadha,
Abdelhalim, prince mérinide, 203, 57.
206. Abderrahmane V. El Mostadhlr,
Abdelkader, prince saadien. V. 58.
Moulay Abdelkader. Abderrahmane ben Ifelloussen,
Abdelkader (l'émir). Y. Hadj Ab- prinee mérinide, 209, 210.
delkader (El). Abderrahmane ben El Khennoud,
Abdelkaoui, chef des Toudjine, 311.
133. Abderrahmane ben Moldjem, 2.
Abdelkerim de Fj», 319. Abderrahmane ben Redouane.
Abdelmalek ben Bou Ghefra, 361. 269.
Abdelmalek El Modaffer.52,53,54. Abderrezzak le Kharedjite, 19.
Abdelmalek El Mtougui. V. Mtou- Abdesselam ben Mechiehe (sidi),
gui. 313, 373, 375, 377.
Abdelmalek, fils d'Abou Pares le Abid Bokhari ou Bouakher, 335.
saadien, 303. Abid (oued El), affluent degauehe
Abdelmalek, fils d'El Mamoun le de rOum Errebia, 276, 316, 339,
saadien, 314, 315, 324. 358, 426.
Abdelmalek. fils de Zeïdane le Abou Abdallah l'abdelouadite,
saadien, 315, 324. 273, 274.
Abdetmatek, sultan filalien. V. Abou Abdallah,hafeide de Bougie,
Moulay Abdelmalek. 189, 192. 195, 202, 205.
Abdelmonmen, prince mérinide Abou Abdallah, hafeide de Cons-
de Sidjilmassa, 294, 206. tantine, 180.
Abdelmoumen ben AH, Khalife Abou Abdallah, prinee abdelotia-
almohade,92, 94 â 99, 105 à 113, dite, V. Et Motaouekkel.
116, 136.113, 1(9. AIM>U Abdallah de Grenade. V.
Ab leloua J (Boni), tribu berbère, Mohammed V.
9.66, 92,95, 96, 97, 109,117, 120, Abou Abdallah Abou Fares, sul-
121, 1£6, 127, 131, 139. tan saadien, V. Abou Fares.
Abdetouadites (dynastie des), 67, Abou Abdallah ben Aboul Abbas,
131, 135, 136, 137, 140, 145, 155, gourerneur de Bougie, 210,
153, 161. 16i, 179, 132, 183, 184, 213.
133, 186, 190, 191, 194,199, 205, Abou Abdallah ben Merzouk, 202,
208, 212,241. 203.
INDEX DES NOMS 453
Abou Abdallah ben Tafraguine, Abou Abdallah Mohammed Sera-
205. Iali, 337.
Abou Abdallah El Hosseïne (le Abou Abderrahmane, fils du méri-
dai), 21, 22, 25 à 28. nide Aboul Hassane I* 185,186.
Abou Abdallah El Montasslr, Abou Aeida (Abou Abdallah
khaUfe hafeide. V. Moulay Ab- Mohammed dit), prince hafeide,
dallah. 170,173, 176, 323.
Abou Abdallah El ouatek, fils Abou Ali, prince mérinide, 177,
d'Abou Uammou II, 220, 242. 178,181,184.
Abou Abdallah Ibn El Ahmer Abou Ail El Hassane, prince al-
(Boabdil). 229, 230, 231. mohade, 113.
Abou Abdallah Mohammed. V. Abou AU El Miliani, général mé-
Aboul Gharanik. rinide, 159.
Abou Abdallah Mohammed ben Abou Amara. Y. Ahmed ben Mer-
Abou Tabet sultan abdelouadi te, zoug.
235. 242, 239, 262. Abou Amer, fils du sultan méri-
Abou Abdallah Mohammed ben nide Abou Yakoub, 168.
Abou Zakaria, khalife hafeide, Abou Amrane, général almohade,
V. El Mostaneer I*'. 106.
Abou AbdallahMohammedCheikh Abou Amrane El Fassi, 79.
El Mahdi le saadien, 240, 260, Abou AmraneMoussa le hafeide,
i
275 278,280, 281, 282, 284, 285, 129.
308, 324. Abou Bekr, premier khalife, 1.
Abou Abdallah Mohammed El Abou Bekr, chef des Chebanatte,
Gountafi, 418, 419. 336.
Abou Abdallah Mohammed El Abou Bekr ben Omar des Lem-
Kaîm, ehérif saadien, 259, 260, touna, 80, 81, 148.
275. Abou Bekr El Messoufi, général
Abou Abdallah Mohammed El almoravide, S 4.
Mesloukh, sultan saadien, 294, Abou Bekr Ibn Razi, général
295, 296, 324. mérinide, 208 à 211.
Abou Abdallah Mohammed En. Abou Bekr Tamali, 319.
nasser, khalife almohade, 121 A Abou Darba. Y. Mohammed Abou
124, 126, 130,149. Darba.
Abou Abdallah Mohammed Fe- Abou Debbous.Y. AboulAla Idris.
redj de Grenade, 207. Abou Eîkal El Aghleb dit Khazer.
Abou Abdallah Mohammed, fils 15.16,69.
d'Abdelmoumen, 108,112. Abou Eîkal, fils d'Aboul Ghara-
Abou Abdallah Mohammed, fils nik. 18.
d'Abou Taehefine H, £22, 223, Abou Fares, prince filalien, 355.
242, Abou Fares (Abou Abdallah)
Abou Abdallah Mohammed, fils prince saadien, 302, 303, 304,
d'Abou Zakaria le hafeide, 227, 303, 324.
237.323. Abou Fares Azzouz ben Aboul
Abou Abdallah Mohammed Kha- Abbas, khalife hafeide, 217,
life hafeide, 259. 220,222,223,323.
454 INDEX DES NOMS
Abou Fares, fils d'Abou Ishak I*' Abou Ishak I" le hafeide, 141,
le harcide, 163, 164. 162, 163,164. 323.
Abou Fares, fils d'Aboul Abbas Abou Ishak ben Aboul Abbas de
Ahmed le mérinide, 214 à 219, Constantine, 210.
240. Abou Ishak El Aghleb, frère
Abou Fares, fils du hafeide Abou d'Aboul Gharanik, 18.
Yahya, 188, 189. Abou Ishak, fils de l'almohade
Abou HadtJ, fils d'Abou yahya Abou Yakonb, 115.
le mérinide, 141. Abou Ishak, frère de l'aimohade
Abou Hafs (sid), fils d'Abdelmou- Ennasser, 123.
men, 108,113,114. Abou Ishak II Ibrahim, khalife
Abou Hafs Omar, chef des Ber- hafeide, 193, 194. 196, 197, 198,
ghouata, 80. 202, 205, 207, 323.
Abou Hafs Omar, cheikhdes Mas- Abou Khaled El Yazid, 12.
mouda, 93, 91, 96, 97, 98, 103, Aboul Abbas Abdallah I**. fils
113, 114,116, 121. d'Ibrahim l'aghlabite, 13, 14,
Abou Hafs Omar ben Ibrahim El 68.
Mortadha, Khalife almohade, Aboul Abbas Abdallah II, fils
139, 110. 141, 143, 144, 146, 149. dlbrahim II, 20, 23, 25, 69.
Abou Hafs Omar El Mostaneer Aboul Abbas Ahmed ben Abou
fiillah I**, khalife hafeide, 164, Salem, sultan mérinide, 209 â
165, 167,168, 169, 176, 323. 215,217,218,240.
Abou Hafs Omar, fils d'Abou Aboul Abbas Ahmed hen Moham-
Yahya, khalife hafeide, 188 à med, sultan onaltasside, 240.
190,323. Aboul Abbas Ahmed El Aredj,
Abou Hafs Omar, fils d'Yaghmo- prince saadien, 260, 275, 276,
raeene, 145. 277, 281, 282, 324.
Abou Hammou I*' Moussa, émir Aboul Abbas Ahmed El Mansour
abdelouadite. 171 & 175,177,173, Eddehbi, sultan saadien, 257,
180, 241. 291 à 302, 314, 324.
Abou Hammou II, 193,199 206, i Aboul Abbas Ahmed, fils d'Abou
SOS à 213, 213,216,217, 241. Abdallah de Bougie, 214.
Abou Hammou III, 242, 262, Aboul Abbas Ahmed, fils d'Abou
S63, 263,269. Hammou II, sultan abdeloua-
Abou Hassoun, V. Aboul Hassan dite, 223, 227, 242.
Ali Semlali. Aboul Abbas Ahmed, fils de
Abou Hassoun, sultan mérinide, Mohammed le Portugais, sultan
V. Ali Abou Hassoun. Onaltasside, 276, 277, 273.
Abou Ibrahim Ahmed El Agbleb. Aboul Abbas Ahmed, fils de Zeï-
17, 69. dane, sultan saadien, 315,324.
Abou Ibrahim, gouverneur al. Aboul Abbas Ahmed, frère d'Abou
mohade de Fez, 127. Zeïd, khalife hafeide, 194, 196.
Abou Inane ben Aboul Hassane, 197. 200. 202, 203, 207, 210, 213,
sultan mérinide, 189,191, 193 4 216, 217, 323.
198,200,201,203,206,239. Aboul Abbas ben Abou, Yahya,
Abou Ishak, prince almohade, 13t. prince hafeide, 188,189.
INDEX DES NOMS 455
Aboul Abbas El Fadhel, khalife Aboul Hassan (sid), prinee al-
hafeide, Y. El Fadhel. mohade, 122.
Aboul Abbas EsseOah, khalife Aboul Hassan, général almohade,
abbasside, 4. 138.
Aboul Abbas, frère du dal Abou Aboul Hassan Alt ben Abou Saïd
Abdallah, 26, 27. Othmane, sultan mérlnlde, 177,
Aboul Abbas Mohammed, fils 178, 181,184 à 193, 203. 214, 239,
d'Abou Eîkal, 17, 69. 323.
Aboul Abbas Mohammed, fils de Aboul Hassan Ali Essald, khalife
Ziadet Allah II, 22. almohade, 135,136,137.139,149.
Aboul Abbas Neksis,336. Aboul Hassan Ail Semlali (sidi)
Aboul Alehe Ahmed ben El Kas- dit Abou Hassoun, 314,315,317,
sem dit El Fadhel, prince idris- 318, 337.
site, 39. 40, 41, 70. Aboul Hassan benAli Belguenaoui
Aboul Ala Idris ben Hommane (sid), 405, 406.
El Djerrari, 393, 402. Aboul Hassan ben Ismaïl, émir
Abou Ala Idris, onde du khalife de Grenade, 228, 229.
almohade Ennasser, 122, 128. Aboul Hassan ben Ouanoudine,
Aboul Ala Idris El Mamoun, générale hafeide, 17t.
frère d'El Adel, khalife al- Aboul Hassan (sid), fils du khalife
mohade, 129, 130, 131, 149. Abdelmoumen, 108.
Aboul Ala Idris, dit El ouatek Aboul Kassem, émir de Sieile, 48.
Billah, dit AbouDebbous, prince Aboul Kassem ben Abou Zeïd,
almohade, 143 A 146. 149, prinee hafeide, 145.
168. Abou] Kassem Mohammed El Kaîm
Aboul Bahar le senhadjien, 48,50, BiamraUah,khalife fatimite, 26,
52. 29, 30, 31, 34, 35, 36,38, 69.
Aboul Baka, fils d'Abou Zakaria, Aboul Leil, chef arabe, 194.
prinee hafeide, 189. Aboul Mahalli (Aboul Abbas Ah-
Aboul Baka I« khaled dit Ennas- med ben Abdallah dit), 309 4
ser, khalife hafeide, 173, 176, 311.
177» 323. Abou Malek Abdelouahad, émir
Aboul Baka II, 207, 323. abdelouadite, 221,222, 242.
Abou Lefla Ishak, chef des Aou- Abou Malek, fils d'Abou Youssef
raba, 12. le mérinide, 143, 157,158.
Aboul Fadhel, fils du sultan mé- Abou Malek, fils du mérinide
rinide Aboul Hassan, 196, 214. Aboul Hassan I", 185,186,
Aboul Fadhel, fils du sultan mé- Abou Mennad Nasser Eddoula.
rinide Abou salem, 206, Y. Badis ben Mansour.
Aboul Fahem ben Nasraouîa, 49, Abou Merouane Abdelmalek, sul-
50. tan saadien. Y. Moulay Abdel-
Aboul Gharanik (Abou Abdallah malek.
Mohammed dit). 13,69. Abou Mohammed Abdallah, fils
Aboul Hadjadj. Y. Mohammed IV. d'Abou Hammou II. 219,241.
Aboul Hadjadj, fils d'Abou Ham- Abou Mohammed Abdallah, kha-
mou II, 117, 218,241. life almohade. Y. El Adel.
456 INDEX DES NOMS
Abou Mohammed Abdallah El koub, sultan mérinide 176 4 178,
Ghaleb Billah, prinee saadien, 181,183, 184, 239.
279, 281, 282, 285, 287, 293, 324. Abou Saïd Othmane I* Aderghal
Abou Mohammed Abdelouahad, ben Abdelhak, sultan mérinide,
petit-fils du Cheikh Abou Hafs 127, 134, 239.
Omar, 116, 122, 123, 124, 126, Abou Saïd Othmane, émir abde-
127,323, louadite, 190,191, 194,195, 199,
Abou Mohammed Abdelouahad 241.
dit El Makhloa, khalife al- Abou Saïd Othmane III ben Aboul
mohade, 128,149. Abbas, bultan mérinide, 221,
Abou Mohammed Abdelouahad 240.
Rachid, khalife almohade, 132 Abou Salem Ibrahim, sultan mé-
à 135,149. rinide, 200, 202, 203, 204, 207,
Abou Mohammed ben Abou Hafs, 239.
111. Abou Salem Mansour, prinee mé-
Abou Mohammed El Motaz le ml* rinide, 172, 173.
drarite, 47. Abou Tabet Amer ben Abdallah
Abou Mohammed (sid), fils d'Ab- ben xoussef, sultan mérinide
delmoumen, 108. 172 à 173, 239.
Abou Moslem, 4. Abou Tabet Mohammed, émir
Abou Moslem, officier mérinide, abdelouadite, 191 & 195,199,241.
.201, 202. Abou Tabet Youssef, fils d'Abou
Abou Moussa, frère du khalife Taehefine II l'abdelouadite, 217,
almohade El Mamoun, 13t. 218» 241.
Abou Moussa, gouverneur al- AbouTaehefine I**, émir abdeloua-
mohade dlirikia, 116,117. dite, 178, 180, 182 A 185, 241.
Abou Omar Othmane ben Abou Abou Taehefine II, 211, 212, 213,
Abdallah, khalife hafeide, 223, 215, 216, 217, 241.
227,323. Abou Tahar Ismaïl El Mansour,
Abou Omar Taehefine ben Aboul khalife fatimife, 38,39,6».
Hassan, sultan mérinide, 196, Abou Temim Maad, Y. El Moëzz.
. 203, 204, 207, 239. Abou Yahya Abou Bekr ben Abou
Abou Rabla, petit-fils d'Abdel- Zakaria, khalife hafeide 176 à
moumen. 116/ 179, 182,183, 184, 186, 188, 189,
Abou Rabla, eouslnde l'almohade 193,323.
Abou Youssef, 119, Abou Yahya Abou Bekr ben Ab-
Abou Rabla Soleîmaoe, sultan delhak, émir mérinide 136,137,
mérinide,' 175,176,239. 139 à 142, 239.
Abou Satd (sid), fils d'Abdelmou* Abou Yahya ben Metrouh, 99.
men, 108,109,112,113. Abou Yahya, pelit-nls du cheikh
Abou Satd le hafeide, 112. Abou Hafs, 121.
Abou Saïd, petit-fils du Cheikh Abou Yahya, prince abdelouadite,
Abou Hafs Omar, 122. 223.
Abou Satd, frère de l'almohade Abou Yahya, prinee almohade.
El Mamoun, 131. Ut.
Abou Satd Othmane II ben Ya- Abou Yahya, prinee mérlaide/173.
INDEX DES NOMS 457
Abou Yahya Zakaria ben Abou Abou Zeîd Zerari (caïd) 418.
zeîd le hafeide, 199 & 198. Abou Ziane El Gobbi, prinee ab-
Abou Yahya Zakaria Ibn El Lihi- delouadite, 202, 204, 205.
ani, prineehafeide, 176 à 179,323. Abou Ziane, fils d'Abou Ham-
Abou Yahya Zakaria, prince haf- mou II, 212, 215 A 219, 241.
eide, 173. Abou Ziane, fils d'Abou Inane le
Abou Yakoub Youssef I" El Man- mérinide, 198.
sour, khalife almohade, 66,111 Abou Ziane, fils d'Abou Saïd,
à 114,119,120, 128,149. prinee abdelouadite, 205, 206,
Abou Yakoub Youssef II El Mos- 208, 209, 211.
taneer, khalife almohade, 126, Abou Ziane, fils d'Abou Tabet/
127,128, 149. sultan abdelouadite, 242.
Abou YakoubYoussef Nasser, sul- Abou Ziane, fils d'Abou Youssef
tan mérinide, 162,163à 172,239. le mérinide, 161.
Abou Yazid ben Mokhalled, dit Abou Ziane, fils de Moulay
l'homme à l'Ane, 36» 37, 38, 43. Mohammed, prinee abdeloua-
Abou Yekni, 83. dite, 273. 274, 278.
Abou Youssef Yakoub ben Abdel- Abou Ziane Mohammed ben Ab-
\hak, sultan mérinide, 142,143, derrahmane, sultan mérinide,
145,146,157 à 162,164, 165, 166, 201, 204, 206, 239.
175, 239. Abou Ziane Mohammed El Mo*-»
Abou Youssef Yakoub El Man- tara Billah, émir, abdelouadite,
sour, khalife almohade, 105,115, 223.
116,122,149. Abou Ziane Mohammed I", émir
Abou Zakaria de Bougie, 180,183. abdelouadite, 171,172,174,241.
Abou Zakaria Yahya El Monta- Abou Ziane, neveu d'Abou Ham-
khab, fils d'Abou Ishak, khalife mou III l'abdelouadlfe, 262.
hafeide, 164,166, 167,169,173. Abou Zobeîr Ibn Ghania, chef al*
Abou Zakaria Yahya El Ouatek, moravtde des Baléares, 116.
fils d'El Mostaneer, khalife haf- Aeem, tribu arabe, 119,
eide, 160, 162, 163, 164, 170, 323. Aeharifes (secte des), 92,
Abou Zakaria Yahya, petit-fils Aehir, 33,44, 43,43,53,56, 81,89.
d'Abou Omar, khalife hafeide, Adl ben Youssef, chef des Toud-
227,323. jine, 192.
Abou Zakaria YahyaI«filsd'Abou Adel (Abou Mohammed Abdallah
Mohammed, khalife hafeide, 129 dit El), khalife almohade, 128,
A132,135,136,138,139,160, 323. 129, 149.
' Abou Zeîd, prince almohade, 117. Adekhsane (easba, d'), aux sour-
Abou Zefd (sid), prince almohade, ces de l'oum Errebia, 341, 349,
122,123. 350.
Abou Zeîd fils du prinee almohade Adhad, khalife fatimile, 114,
Aboul Ala Idris, 128, 129. Adjana (tribu de») 22,
AbouZeîd Abderrahmane deCons- Adjissa, tribu berbère, 8.
tantine, 192, 193, 194,196. Adouane, tribu arabe, 68.
Abou Zeîd ben Iguite chef al- Afoughal (djebel), chez les Benl
mohade, 143,141. Iznassen, 436.
453 INDEX DES NOMS
Afoughal,ehezlesHaha-Chiadma, Ahmed ben Malek, 418, 419.
près Tazegdalt, 260,275. Ahmed ben Merzoug ben Abou
Africa, nom antique de Mehdia Amara, 164,165.
(Tunisie), 29. Ahmed ben Mohammed, prinee
Africains (les), 37, 221. filalien, 337.
Afrique, 2, 3, 6, U, 13, 25, 26, 27, Ahmed ben Touloun, 20,22.
39, 40, 42, 46, 48, 49, 55. 60, 62, Ahmed ben Youssef Ibn Mozni,
65, 67, 84, 85, 86, 88, 90, 91,100, 198.
111, 112, 113, 116, 131, 138, 147, Ahmed Dehbi, sultan filalien. Y.
155, 156, 161. 162, 174, 213, 229, Aboul Abbas Ahmed Dehbi.
233, 234, 236, 237, 237, 258, 263. Ahmed El Akhal, fils de Youssef
261, 266, 268, 270. 271, 272, 282, El Kelbi, 60,61.
291, 292, 296, 306, 307, 309, 320, Ahmed El Aredj, Y. Aboul Abbas
359 374. Ahmed El Aredj, le saadien.
A fias (Béni El) 62. Ahmed, fils de Hassan El Kelbi,
Agadir, auN.de l'embouchuredu 42,43.
Sous, 285, 424,441. Ahmed, fils de Mohammed El
Aghfaou (oued), prorince de Mar- Hadj de Dila, 320, 321.
rakech, 146. Ahmed, fils d'Othmane ben Abou
Aghlabites (les), 12,14,22,23, 24, Debbous l'almohade, 190,191.
29. Ahmed Pacha, 283.
Aghmat, ville au S. E. de Marra- Ahmed l", sultan ottoman, 301.
kech, 15,80, 88,144. Ahmed Rlffi (pacha), 364. 365.
Agouraf (easbad'), au S. E. de Ahmed Soliane (Homeïda dit),
Meknes, 385. sotlan hafeide, 272,273,290,291,
Aguedal (pare d*), A Marrakech, 324.
398. Ahmed, prinee filalien, 313.
Aguer (eap d') sur l'Atlantique, Aîeha (eol des Benl) A l'E. d'Al-
276,284. ger, 265.
Aguelmim ou Mers Rem ad, 304. Aiguës-Mortes, 156.
Ahlaf, tribu arabe, 68, 211, 313, Àîlana, tribu berbère, 9.
344, 398. Ain Elloub, au S. de Meknes, 346.
Ahmed (Abou Ibrahim) l'agftla- Aîn El Turk, A l'O. d'Oran, 283.
bite, 1*. Aï» Madhf, tille saharienne, S.
Ahmed Baba, 299,300,309. O. de Laghouat, 319.
Ahmed ben Abdallah, marabout de Aïn Temouchent, 274.
Dila, 3(0. Aloun sidi Mellouk, S. O.
Ahmed ben Ali, 355. d'Oudjda, 344, 432.
Ahmed ben El Balki, 207. Aïssa ben Omar (sid), 439.
Ahmed ben El Kadî, roi de Kou- Afssa, fils d'Idris H, 15,16.
kou, 260, 263, 264, 265. AÏ3Sa. petit-fils du sultan mérinide
Ahmed ben El Kadi, parent et Abou Youssef, 165.
successeur du précédent 272, Aïssa, prinee mérinide, 200.
230. 282,287, Aix-la-Chapelle, congrès d', 383,
Ahmed ben Korbob, chefaghlabile 384.
de Sicile, 29, 30. Alx en Provence, 313/
INDEX DES NOMS 459
Akbou (Constantine), 205. Ali Abou Hassoun ben Moham-
Akka, ville dans le S. E. du Sous, medCheïkb, sultan onaltasside,
342. 240, 277. 278. 280, 281, 282.
Akhdar (djebel El), 35: Ali ben Ahmed ben Khorassane,
Akhmas, tribu du N. O. du Ma- 110.
roc. 377. Ali ben El Mekki ben Amhaouehe,
Alam (djebel El), chez les Benl 4*5.
Arous dans le Uobet, 375. Ali ben Hammoud l'idrissite, 56,
Alarcos(bataille d) 105,120,121, 57.
122. AU ben Iehou El Kebli, 350, 355.
Ait a (due d'), 280. Ali ben Omar l'idrissite, 19, 70.
Aleantara (Espagne), 114, ordre Ali ben Mohammed ben Idris, 16,
militaire d', 219. 19,69.
Aleaudete (Espagne), 181. Ali ben Motaz des Benl Djama,
Aleaudete (comte d'j, 272,273,274, 114.
285,286. Ali ben Raehed b» Mendil, 191,
Aleaudete (don Alonzo d*), 288. 192.
Aleaudete (don Martin d*), 286. AU ben Yedder, 140,141,143,144.
Aleazar de Sérille, 122,138. Ali ben Youssef ben Taehefine,
Aledo (Espagne), 87. kbaUfe almoravide, 90, 91, 94,
Alexandrie (Egypte), 14, 30, 33, 95, 148.
44,46,92.114,179,190. Ali ben Zakaria, ehef des Hes-
Alger, 35, 61, 65, 81, 89, 91,100, koura, 214.
107, 117, 129, 133, 158, 166, 173, Ali dit Caeeia-Dlavolo, 267.
177, 185, 186, 192, 193, 195, 201, Alieante, 138.
202, 205. 208, 209, 211, 2(5, 217, Ali Chaoueb, dey d'Alger, 353.
213, 223, 233, 234, 236, 237, 239, Alides (les), 4, 5.
259 A 266, 269 A 274, 278 A 294, Ali, fils d'Yfthya ben Temim le
297, 293, 300, 301, 3)2, 304, 305, zirite, 90, '.48.
306, 312, 316, 319, 336, 339. 310, AU, fils d'Voussef El Kelbi, 59.
342, 343, 345, 346, 347, 349, 331, Ali, fils du zirite Temim, 83.
353, 360, 370, 372, 375, 382, 383, AU Ibn Ghanla, fils d'Ishak, ehef
384 399, A 403. almoravide des Baléares, 116 A
Algérie, 353,397, 400,405, 440, 119.
Algériens, tél. 266, 279, 286, 305, AU Ibn Ghania, filsd'Yahya, ehef
312, 313, 342, 346, 347, 350, 361, almoravide de Cordoue, 109.
382, 383, 408. Alil (easba d1), sur l'Oued Gui-
Algésiras, 52, 56, 85, 86,106, 115, gou, 348.
120, 159, 161, 162, 166, 169, 175, AU Pacha, grand amiral turc,
188, 203, 434, 438, 440. 292.
Alhambra (1'), 229. AU Sardou, 282, 283.
Aihueemas, El Mezemma et Had- Alix (général), 437,
jeret Nokour des Indigènes, Allane (Ibn), général almoravide,
dans le RIO, 338. 431.
Ali, cousin de Mahomet et qua- Allemagne, 125,266, 270, 280, 292,
trième khalife. I A S, 21. 370,434, 441.
460 INDEX DES NOMS
Allemands, 48. Amhaouehe (le dedjal), ehef des
Almeria, 40, 62, 85, 88, 106, 109, AU Oumalou, 876, 380, 385.
134, 230, 290. Amina (pare d') A Fez, 418.
Almohades ou Moahhidoun, 67, Amirîtes (les), vizirs espagnols et
79, 93, 95 A 99, 105 A 109, 114, leurs partisans, 55.
117. 119, 121, 123, 125, 126, 127, Amokrane, seigneur de la KalaA
129, 131, 135, 136, 139, 141, 143 A des Benl Abbas, 287, 288.
146,148, 149, 155, 154, 157. 160, Amar ben Haddou, caïd d'El Ksar
179. 192. El Kebir, 344, 345, 348, 349.
Almoravides, 65,71, 79,80, 81,82, Amour, ehalne de montagne et
85 A 91, 95 A 99, 106, 107, 116, populationarabe, 67,83,193 343.
117,118, 119, 122. Amrane, général, 13.
Almufieear (Espagne), 109. Andalous, 57,86, 316, de Fez, 335.
Alphonse VI, roi de Castille, 83 A Andalous (quartier des) A Fez, 12,
88,91. 13, 19, 32, 319, 322.
Alphonse VII.106. Andalousie, 85, 94, 126, 128, 129,
Alphonse VIII, 107. 220, 258, 307.
Alphonse IX de Castille, 120, 121, Andjafa, tribu berbère, 8.
124, 125. Andjera, province entre Tétouane
Alphonse IX, roi de Léon, 128. et Tanger, 411,412, 435.
Alphonse X de Castille, 147,158, Anfa (Casablanca ou Eddar El
159, 164, 165. Beîdha),2ll,226.
Alphonse XI, 184,185,187,188. Anfassa, tribu berbère, 8.
Alphonse, prinee de Castille, 228. Anfis, sur l'oued Nefis, au S. de
Alphonse III d'Aragon, 168, Marrakeeb, 15.
Alphonse I** le batailleur d'Ara- Angade, tribu arabe et plaine prés
gon, 94. d'Ondjda, 274, 319, 322, 333.
Alphonse Y d'Aragon, 224,225. Anglais, 312, 320,321,343,352,411,
Alphonse I«de Portugal, lit. 424.
Alphonse V de Portugal, 226,228. Angleterre, 320, 368, 382, 383/384,
Alphonse VI de Portugal, 320. 416,419, 422, 433,
Alphonse II, roi des Astu ries, 14. Anjou (René d'), 225.
Alptijarras (monts), province de Aoudaghost, ville A l'O. de Tom-
Grenade, 230, 231,291. bouelou, 30.
AltaTde (Fernand d'), 260. Aouf (oulad), tribu arabe, 63.
Altaîde (Fernande! d'), 275. Aoitraba, tribu berbère,8,10, II,
Amade (général d'), 436. M, 16, 19.
Amalfi (Italie). 24, 61, 84. Aottrigb?, tribu berbère, 8,
Amer ben Mohammed, cheikh des Arab Ahmed, 292, 293.
Ilintala, 204, 206, 207. Arabes (les), 3. 18, 22,23, 24.62 A
Amer ben Moussa (Béni), tribu 67.83,91,108,109,111 A 114,116.
arabe, 223. 117. 122. 123. 124, 132, 14», 155,
Américains, 382. 157, 159, 165, 178, 180, 131, 182,
Amer (Béni), tribu arabe, 67,68, 190, 192, 195, 193, 200, 201, 203,
83, 135, 191, 199, 208, 279, 303, 210, 212, 214, 213, 218, 220, 223,
338, 313, 343, 380, 403, 469. 227, 237, 239, 282, 266, »3, 269,
INDEX DES NOMS 461
271,
2&, 274, 281, 297, 301, 317, Augsbourg (convention d'), 266.
338. 343, 344, 354, 355, 377, 379. Au res (djebel), 20, 36, 38, 64.
380, 381.384, 385, 402. 404. Autriche, 401.
Arabie, 3, 4,10,25,43, 63,66,215, Aviz (ordre d'), 224.
263, 269. Ayache (Alt), tribu berbère, 337,
Aragon, 94, 113, lli.125, 131, 134, Ayaehe (djebel Béni) ou Ayachi,
135, 137, 147, 160, 162, 168, 186, 318, 348.
187, 201, 207, 208, 218, 221, 224, Ayaehl (El), marabout de Salé, Y.
225, 234, 236, 307. sid Mohammed.
Aragonais, 161, 202, 216. Ayad ben Bou Chefra (eald), 380.
Aralehe (El). Y. Laraehe. Ayadh (le eadi), 106.
Arbaouat (sud-oranais). 208. Ayoub, fils du zirite Temim, 83,84.
Arehidona (Espagne), 228. Azdadja, tribu berbère, 8, 27, 51.
Aredj (El). V. Aboul Abbas Ah- Azemmour, port marocain sur
med le saadien. l'Oum Errebia, 15,136,144,210,
Aredj (El). V. Moulay Ali ben 211, 238. 260. 314, 378, 419.
Ismaïl, sultan filalien. Azghar, canton au N. du Sebou,
Arif ben Yahya, émir des Souefd, aetueUement le Gharb, 174,277,
207. 317, 341, 399.
Aroudj (Baba) ou Barberoussel", Azhar (Université d'El), 44.
237, 260 A 263. Aziz (El) fils d'El Mansour le
Arzila, Assila des Indigènes, 15, hammadite, 90, 92,149.
31, 33, 40,52, 214, 226, 234, 238, Aziz (El) Nlzar, khaUfe fatimlle,
295, 299, 336, 349, 442. 47,48,49,51,63.
Asie, 43. Azrou, faubourg de Fez, 321.
Askeladja, 49. Azrôu, easba au pied de l'Atlas,
Askla (dynasUe nègre des), 299. S. E, de Meknes, 346,380.
Asmir, 413.
Assaden, tribu berbère, 9. B
Assaka, ville marocaine sur
l'océan, 424. Baahmed ben Moussa, 426, 431,
Asfuries (Espagne), 14. 432.
Atehane (oued El). 439. Baamrane(att), tribu berbère,424.
Athbedj, tribus arabes, 64,65,67, Baba Aroudj ou Barberousse I*»,
81, 83, 107. 113,117,118. Y. Aroudj.
Atia ben Khazer, 48. Bab Aghmat, porte de Marrakeeh,
Atlantique (océan), 6,226,274,383, 98.
Atlas, 12, 15, 47, 66, 67, 80, 92 A Baba lehouEl Kebli, cheikh ber-
95, 181, 260, 282, 295, 307, 310, bère, 349, 350.
314, 336,313, 3(9, 350, 362, 364. Bab El Bahar (fort de), A Tunis,
Alla (Aft), tribu berbère, 343,372, 293.
373, 410. Bab El Oued (Alger), 261.
AtUb(Att), tribu berbère, 421, BabGuissa(Fez),335.
AtUf, tribu arabe, 68, 192. Baehlr (Abou Mohammed El) de
Attouehe (Ibn), général almohade, l'Oueneheris, 93,94.
144. Baehlr (El). Y. El Hadj Moham-
462 INDEX DES NOMS
med El Baehlr ben Messaoud. Beja (Tunisie), 20, 36, 37, 56,122,
Baeri, 399,400. 177,179,189.
Badajoz, 62,82, 85, 86, 88, 91, 111, Bekkar. Y. Cheikh Bekkar.
113. Belbar le hammadtte, 88.
Bades. Yelez de laGomera des Belgique, 419.
Espagnols, port du Riff, 200, Belguenaoui. Y. sid Aboul Hassan
278, 287. 308. ben Ali).
Badine (Béni), tribu berbère, 9. Bellezma, canton du déparlement
Badls ben Habbous, senhadjien de Constantine, 22.
de Grenade, 62. Beltil (oulad), tribu arabe, 68,190,
Badis ben Mansour (Abou Men- 223,227.
nad Naeer Eddoula), le zirite, Ben Aïssa. Y. Abdallah ben Aïssa.
51 454,56,148. Ben Djellab (famille des), 280.
Badis, fils d'El Mansour le ham- Ben El Aehker, 355.
madite, 90,149. Ben El Kadi. Y. Ahmed ben El
Baëza (Espagne), 134, 230. Kadl.
Baghaia. au S. d'Ain Beîda (Cons- Bénévent (combat de), 147.
tanline), 53. Ben Haddou. Y. Amar ben Had-
Baghdad, 23, 43. 89, 92. dou.
Bahia (la), palais A Marrakech, Ben Mahrez. Y. Moulay Aboul
300. Abbas Ahmed, prince filalien
Bahloula, près de Fez, 1(1. Bennasser. prinee filalien, 352.
Baléares (Iles), 91, 94, 109, 114, Benoit VIII (le pape), 60.
116, 118, 122, 131,147. Ben Sassi (zaoulet), au N, de Mar-
Barcelone, 54, comte de, 55,147, rakech, 419,
202,267,298. Berabiehe, tribu arabe, 342,
Bar! (Italie), 24, 84. Berbères (les). 11, 12,16,17,18,21,
Barka (CyrénaTque), 20,30,53,63, 22, 23, 28, 52, 54, 55, chrétiens,
64, 120, 123, 157. 56, 57, 59, 61, 64, 65, 66, 79, 83,
Basile I*, empereur d'Orient, 18, 132, du Sous, 181, 226, 234, 237,
19. 257, 259, de l'Atlas, 280,282,284,
Basile II, 60. 297, 316, 333, 3(8, 349, 350, 355,
Basile, capitaine bysantin, 42. 361, 362, 364, 365, 377, 379, 380,
Basra du Maroc, A l'O. d'Ouaz- 381,384, 385, 397,420, 437.
zane, 41. Berbèrie, 65, 259.
Bastion de France (Constantine), Berghouata, tribus berbères, 6,
304, 305. 8, 47, 48, 58, 59, 80, 31, 93,105.
Batheha (El), vallée de la Mina Bernes, ancêtre berbère, 8.
(Oran), 111. Bertrafieja (la), fille d'Enrique IV
Bedaoua (tribu des), 364. de Castille, 228.
Bedeau (général), 406, Bertran de la Cueva 228.
BedjaTa (les Berbères), 83. Berzal (Béni), tribu berbère 9,51.
Behloula, tribu berbère, 82, 134. Besseba (oulad), tribu arabe, 419.
Beht (oued), affluent de gauche du Biskra, 18, 43, 64, 122, 128, 141,
Sebou, 314,356, 169, 173,182,272.
Beja (Portugal), 120. Bîzerle ou Benzert, 123,266.
INDEX DES NOMS 463
Blanche (la reine). V. Bourbon. Bourbon (la reine Blanche de),
Bologgulne, fils de Zirl ben Men- 201, 208.
nad des senhadja, 45 A 43, 50, Bou Regreg (oued), 308.
148. Bourmont(général de), 401.
Bologgulne, neveu d'El Kald le Bou Sefiha, région de Tétouane,
hammadite, 64,81, 149. 414.
Bologne, 266. Bou Semghoune, sud-ôranals, 208.
Bombay, 320. Bouziane ben Chaoul (cheikh) des
Bdae, 60, 107, 103, 123, 183, 188, Ahlaf, 398.
190, 191, 192, 197, 205, 227. 259, Boyout (El), village de l'Andjera,
264, 268,269, 283, 305, 306. 412.
Bordj El Ahmer (El) ou château- Braganee (Jean de), 227.
neuf (Oran) 353. Braganee (due de), 233,318.
Bornou, royaume du Soudan, 142, Branes, tribu berbère, 8, 408.
300. Braz, tribu arabe, 67.
Botn Errommane, dans le Fazaz, Brémond (commandant), 441.
336. Bretonniére (amiral de la), 400,
Botouïa, tribu berbère, 8, 95. Breugnon (comte), 368.
Botr (les Berbères), 7. Bridja (El). Y. Mazagan. '
Bou Agba (meehra), au S. du con- Bugeaud (le maréchal), 405, 406,
fluent de 10. El Abid et de 407.
l'Oum Errebia, 276,316, 339. Bulgares, 30.
Bou AU Erroussi (caïd), 355. Burgos, 42,257.
Bou Amama, 432. Busnach, 399, 400.
Bou Anane(Ksar de), entre Zous- Bysanee, 42, 60.
fana et Oued Guir, 437. Bysantins. 24, 25, 41, 42, 43, 51,
Bou Azza £1 Habri, 417, 60, 61, 84.
Bouehelaghem(le bey). Y. Moham-
med. C
Bou Denib (Ksar de), vallée de
l'Oued Guir, 431, 437. Cadix, 97,134. 167, 230, 232, 406.
Bougie, BedjaTa des Berbères, 83, Cagliari (bâte de), 267,
88, 89, 92, 96, 99, 100. 107, 108, Caire (le nouveau) ou El Kahira
110, 116, 117, 122, 129, 131, 132, El Moèzzta, 44,46,157,220,263.
162, 163, 164, 166, 169, 171, 173, Calabre, 24, 25, 30.
176 A180,182 A 184, 189,192,195, Calatrava (Espagne), 120,123.
196, 197, 201, 202, 20$, 2(0, 215, Capoue, 24, 60.
236 A 239, 27*. 282,283, 286. Cardona (Ramon de), 234.
Bou Hamldi. Y. Mohammed (El). Carmales (les), 43, 45,63, 66.
Bouides (les), 43, Carmona (Espagne), 62, 88, III,
Bouira (El) ou Tebouirf, tribu 166.
berbère, 8,35. Carlhage, 156, 157, 267, 268, 293.
Bou Keddane (combats de), dans Carlhagéne, 272,
l'Andjera, 412. Casablanca (ancienne Anfa), 406,
Bou Mezoura, près de Fez, 336. 419, 420, 423, 431, 435, 436, 439,
Bourbon (due de), 217. 441.
46i INDEX DES NOMS
CastiUe, 54,113,120, 125,128,130, Cheikh Bekkar, ehef des Megha-
134, 138, 160, 161, 164, 169, 184, fra, 342, 356.
186, 188, 201, 219, 221, 224, 225, Chekilola (Ibn), seigneur de Ma-
223, 229,231. 236, 262, 292. laga,161.
Castillans, 54, 55, 159, 187, 207. Chelif, 13, 15, 53, 56, 66, 126, 129,
219. 1((, 164, 169,178, 192, 195, 199,
Castrogiovanni (SieUe), 17, '18. 215, 222, 279, 343, 351.
Catalans, 55,161. Chella (Châtia des Indigènes),
Catalogne, 163,168,307. viUe en mines prés de Rabat,
Catholiques 266. 10, 59,175.
Celto-Romains de Cordoue, 12. Chénier, 368.
Ceuta, 15,33,39,40, 43, 48, 57,82, Cheraga, tribus berbères et ara-
85,86, 95, 98, 105, 107, 108. 113, bes de la région d'Oudjda, 311,
136, 139, 158, 172,
129, 132, 134, 321, 338, 344.
200, 204, 209, 212,
174, 175, 197, Cherarda, tribu arabe, 384, 398,
224, 226, 233, 234,
214, 221, 223, 399.
3(9, 350, 353, 367,
274, 299, 320, Cherche), 99, 191, 193, 261. 263,
414, 440.
376, 411, 412, 264, 266.
Chabane*(le pacha) d'Alger, 301. Chérif de la Mecque, 171, 369.
Chabet El Leham (combat de) A Chérifs hassaniens ou filaliens,
l'O. d'Oran, 273. 335.
Chaflaut (du), 363. Chérifs saadiens, 257,341.
Chaouia, tribu berbère et nom Cherradi (zaouîet), au N. O. de
actuel d'une partie du Tamesna, Marrakech, sur le Tensift, 399.
134, 336, 339, 366, 377, 378, 397, Cherrat (oued), région de Rabat,
435,436,438,439,440. 294.
Charbonnier, 431, 435, Cherratine (medersa des) A Fez,
Charles d'Anjou, frère de Saint- 337.
Louis, 147, 156,157, 163, 168. ChevaUers de Malte (ordre de
Charles II d'Angleterre, 320. Saint-Jean de Jérusalem), 305.
Charles VI de Franee, 216. Chiadma, tribu berbère, 260, 407.
Charles X de Franee, 400. Chiites, 3,21, 25,36, 58,62.
Charles IH d'Espagne, 369, 375. Chinguiti, ville de l'Adrar mauri-
Charles IV d'Espagne, 375, 376, tanien, 342.
377. Choiseul (due de), 368.
Charles-Quint ou Charles V, 262, Chokhmane (AU), tribu berbère,
264, 265, 267, 268. 270, 272, 273, 425, 426,
280,291. Chrétiens (les). 22, 23, 24, 39, 42,
Charlemagne, 14,103,112. 46, 55. 56, 60, 61, 86, 87, 91, 99,
Chebanatte, tribu arabe, 68,140, 100, 109 A 112, 115, d'Espagne,
320, 336, 339, 341, 3(4. 119,121,125,126,138deTlemcen.
Chebrou, rivière et cité A l'O. de 140, 1(2, 143, 147, d'Espagne,
Tebessa, 124. 155, 137, 158, 160. 175, 181, 184.
ChediouTa (oued), en Algérie, 192, 187,188, 218,219, 224, 227 A 230,
331. 232, 233, 234, 236, 237, 239, 260,
Cheikh Abou Selham, 321. 261, 264, 268,269, 270, 275, 277,
INDEX DES NOMS 465
279. 234, 292, 293, 295, 306, 310, Dali Hassan, 301.
311, 314, 315, 316. 360, 382. 403, Damas, 4, 44, 45.
411,412,415,431. Danemark, 363,348.
Christ (ordre du), 224. Daôud ben llatem, 5.
Cid Campeador. V. Rodrigue de Daoud, fils d'Idris II, 15.
Bivar. Dar Debibugh, banlieue de Fez,
Clause! (le maréchal), 402. 36(. 365,367, 403, 413.
Clémeut IV, (le pape), 147. Dar Ettema (easba de), rive gau-
Gollo (Constantine), 163, 259. che de la Molouïa, dans le Fa-
Comares (marquis de), 234, 235, zaz, 3(8.
239, 262. Dar Ibn Meehal. V. Mechai.
Congo français, 441, Dar Mahrez, prés de Fez, 357.
Constantine, 37, 56, 63, 64.81,83, Debbab, tribu arabe, 63, 118,
33, 100, 107, 108, 117, 122, 131, 164.
163, 166, 173, 176, 178, 179, 182, Debbab, ehef des Douaouida, 373,
183, 189, 191, 192, 194, 196, 197, Debdou, ville au S. O. d'Oujda,
198, 202, 203, 205, 210, 259, 266, 339.
269, 286, 287, 290, 293. Dekhissa, tribu arabe, 3(3, 421.
Constantinople, 225, 227, 266,
269, Delim (oulad), tribu arabe, 342.
283, 290, 293, 294, 301, 3(7,
350. Dellys, 129,166,177, 184, 205, 218,
Constantin Porphyrogénéte, 39, 236.
41. Demer (Béni), tribu berbère, 9,
Conti (prineesse de), 351. Demnat, aneienne Askoura, A l'E.
Coran (le), 1,2. de Marrakech, 321.
Cordoba (don Diego de), marquis Denhadja, tribu berbère, 8.
de Comares, 296, Dénia (Espagne), 88, 91, 94, 135,
Cordoba (don Martin de), 288. 137. 306.
Cordouan3 (les), 54, 58,61,106. Deux-Sieiles (royaume des), 147,
Cordoue, 6, 10, 13, 23, 42. 45, 54 163,225.
A &7, 81, 85, 88, 92, 94, 106, 111, Deval, Consulde France, 400.
120, 134, 165. Dhinnoun (Benl), 62.
Corse, 34. Dialem, tribu arabe, 174,192.
Cortes (les) ou gouvernement es- Dila (zaoola de) dans le Fazaz,
pagnol, 287,291. prés des sources de l'Oued El
Cortez (Fernand), 271.272. Abid, 314,316 A 319,321, Berbé;
Cosenza (Deux-Sieiles), 25, 59. res de, 336, 340,341,349.
Coufa (Irak arabi), 2,4. Dira (djebel), prés d'Aumale (Al-
Coutances (Normandie), 60. gérie). 180.
Croisés (les), de Jérusalem, 119. Djaad (Béni), tribu berbère, 8.
Djaber (Béni) tribu arabe, 67,139.
D Djaber ben Youssef, chef des Ab-
delouad, 131.133.
Dafer El Kebir, affranchi hafeide, Djaber, fils d'Aboul Kassem, émir
133. de Sicile, 49,51.
Dali Ahmed, pacha d'Alger, 298, Djafer ben AbdaUab, émir de Si-
300. cile, 31.
39
466 INDEX DES NOMS
Djafer ben Hamdoun El Djodaml Djorf (plaine du), région de Bon
fil Andalossl,41,44 A 49,53. Denib, 437.
Djafer ben Fellah le ketamien, Djouab, tribu arabe, 68.
44, 45. Djouchen, fils d'El Aziz le ham-
Djafer fils d'youssefEl Kelbi, 59. madite, 107.
Djafer (le pacha), 297, 298. Djouder (le pacha), général saa-
Djahonar (famille des Béni), 61. dien, 299, 300, 302, 303.
Djaïch le toulounide, 22. Djouber. générât fatimite, 41, 43,
Djama El Akhdar, mosquée A 44,43.
Meknes, 340. Djoutha, tribu arabe, 68.
Djama (famille des Benl), 114. Djurdjura (monts du) ou grande
Djama (Ibn), général almoravide, Kabylie, 22, 261,301.
97. Doreïd, tribu arabe, 67, 321.
Djama (Ibn) vizir almohade, 126, Doreïdf, chef des Doreïd de Fez,
128. 321, 322. 335, 341.
Djama Sahridj (grande kabylie), Doria, amiral espagnol, 301.
301, 305. Doria (André), amiral génois, 266,
Djana, aneètre berbère, 9. 269, 270, 271.279, 283.
Djaouna, tribu arabe, 68,200. Doria (Roger), amiral génois, 168,
Djebel (le», canton au S. de Tétou- 173, 177.
ane, 37 i. Douaïr, tribu arabe, 402.
Djedida (El Casba El), prés de Douaouida, tribu arabe, 67, 119,
Meknes, 344. 1(1,1(5, 166, 133, 134, 189, 192,
Djedida (El). V. Mazagan. 195 A 199, 20i, 206, 211,216, 373,
Djelal (oulad), tribu arabe, 67. Douas ben soulat, chef ketamien,
Djendel, tribu arabe, 68. 27,28.
Djeraoua, tribu berbère et monta- Doui Hassane, tribu arabe, 68.
gne, région de Melilla, 9, 31. Doui Hosseïne, tribu arabe, 201.
Djerba (II* de), 99, 168, 173, 177, Doui Menia, tribu berbère, 343.
179,186, 216, 217, 237, 261, 287, Doui Obeïd Allah, tribu arabe,
283. 68, 201.
Djerid(sud tunisien), 119.120,122, Doui ziane, tribu arabe, 63.
128,186, 139, 193, 194. 197, 210. Doukkala, tribu berbère, 9, 105,
Djerir (oulad). tribu arabe, 67, 23$, 341,349,365, 376, 378, 398.
343. Donnas ben Hamama, 71.
Djerrar (oulad), tribu arabe, 341, Douro (le;, 115.
3(2. Dra (oued), sud marocain, 80,95,
Djezalr Benl Mezghenna, ancien 141, 157, 181, 201, 202, 239, 260,
nom d'Alger, 35,39. 275, 276, 302, 310, 318 339, 352,
Djeziret El Far (Tunisie), 29. 379.
Djidjelli, 99, 237, 238, 260,261, 261. Dragut Pacha, eorsaire turc, 270,
Djilali Rougui, 415. 273, 279, 280, 287, 288, 289, 297.
Djochem, tribu arabe, 63, 67,107, Drogon, chef normand, 61.
117,113,119, Drude (général), 436.
Djorf El Akhdar, prés d'Oudjda, Duquesne (amiral), 343, 345, 346.
407.
INDEX DES NOMS 467
186, 198, 200, 201, 203, 207, 209,
E 215, 218 A 221. 221, 227, 228, 229,
231, 232, 234 A 237.243, 258, 259,
Eddehbi, V. Aboul Abbas Ahmed 261, 263, 268, 269. 271, 274. 278,
El Mansour le saadien. 280, 282, 285, 287, 289, 291. 292,
Edouard I" de Portugal, 224. 295, 301, 306, 30S, 320, 324, 351,
Egypte, I, 3,10, 13,20, 22, 26, 29, 353, 35t. 357. 359, 360, 363, 369,
31. 35, 43, 44. 45, 49, 53, 63, 69, 370, 372, 374, 375, 376, 3?J, 415.
114, 171, 187. 263, 359, 416, 433. 422, 424, 433, 4(0, 441, 4(2.
Egyptiens, 44. Espagnols (les), 125,155,233, 235.
El Mansour. Y. Aboul Abbas Ah- 236. 237, 239, 2(2, 260 A 265, 267
med El Mansour le saadien. A270, 272, 273, 274, 278, 279, 283,
Elyas des Berghouata, 47. d'Oran. 234. 285. 286, 288, 289,
Emir (1*). V. El Hadj Abdelkader 290, 293, 299, 305, 3C6, 312, 314,
ben Mahieddine. 316, 317, 344,3(8 A 353, 359, 360,
Emmanuel, roi de Portugal, 238. 369,370, Â72, 375, 411 A 415, 423,
Enmal ou AnlmmaT, A l'fi. de la 426.
rivière d'Aghmat, 275. Essald, Khalife almohade. Y.
Ennasser. V. Abderrahmane III. Aboul Hassan Ali.
Ennasser ben Alennas, roi ham- Estramadure (l'), 292.
madlte, 81,83, 88,149. Estrées (maréchal d';, 3(7.
Ennasser, fils du sultan mérinide Etals barbaresques, 382,383.
Aboul Hassan, 192. .
Etats-Unis d'Amérique, 382,
Ennasser Ibn El Ahmer, émir de Etna, 19.
Grenade, 176,180, 181. Euldj AU, 283, 286. 189, 290, 292,
Ennasser, khalife almohade. Y. 293, 297, 298.
Abou Abdallah Mohammed. Eupbrate (1*), 4.
Ennasser Lidinallah, sultan haf- Europe, 225,233, 272,296, 359,372,
eide, V. Aboul Baka I". 375,418,420,432,440.
EnnasserLidinallah, sultan méri- Européens, 23, 421, 435, 436, 438,
nide. V. Abou Yakoub Youssef. 441, 442.
Enrique II de Castille, 208, 218. Evora (Portugal), 120.
Enrique III, dit l'infirme, 218, Exmouth (lord), 382, 383.
219, 220.
Enrique IV, dit l'impuissant, 225, P
227,228.
Ermengaud, comte d'Urgel, 55, Fadhel (Aboul Abbas El) ben
Espagne, 1,3, 5, 6, 16, 17, 13,19, Abou Yahya, khalife hafeide,
23,28, 30, 32, 33, 40, 45, 46, 47, 188 A 193, 323.
49, 51, 53, 54, 57, 58, 61, 62, 65, Fadhel ben Moznl (El), 141.
66, 71, 79, 81, 85 A 91, 94, 95, Fadhel (El), fils du khalife hafeide
105,106, 107, 109, 112 A 116,120, El Ouatek, 164.
125, 127, 128, 130, 132, 134, 133, Fadhel (El) l'idrissite. Y. Aboul
136, 138, 139, 141, 142, 145, 155, Aïehe.
158, 159, 161, 162, 164, 165, 166, Fahs (le) ou banlieue de Tanger,
171, 172, 175, 176, 177, 180, 185, 308,321, 363, 377.
408 INDEX DES NOMS
Faïdja (canton d'El), dans le sud Fez, I, 12 A 16,19, 26, 31. 32, 34,
marocain. 379. 40, 41, 46 A 54,58, 59, 67. 70, 71,
Faïdja (route d'El), dans l'Atlas, 81.82, 93, 97, 93, 108, 115, 118,
425. 127, 133,134, 136,139 à 1(5,155,
Fajardo (Louis), 312. 153,160,165,167 A 170.174 A 178,
Faleon (cap.), A l'O. d'Oran» 234, 18(, 186,188, 189, 192, 194, 197 A
359. 200, 203 A 217, 219 A 22(. 226. 232,
Fares ben Oudrar, vizir et géné- 231, 238, 259, 275.277 A 232, 285,
ral mérinide, 195, 197. 198, 207. 287, 289. 293, 294, 295, 297, 302.
Faten (Béni), tribu berbère 7, 92. 303, 307 A 316, 318 A 322, 324, 335
Falimites (dynastie des), I, 26, A 339, 341, 343, 3(4, 318. 3(9. 355,
28, 3) à 41, 44, (6, 49, 56, 62, 69, 336, 357, 353, 361 A 367. 376, 377.
90, 114. 378, 381, 334, 385, 396, 397, 398,
Fazaz, canton du Moyen-Atlas, 403, 404, (05, 407, 409. 410, 417
entre Tadla et Sefrou, 81, 82, A 421, 425, 438 A 443.
132, 139, 336, 315, 3(8, 349, 330, Fez (oued), 310, 337.
425. Fezzan, région saharienne ad S.
Fedj El Fers (col de), ehez les de la Tripolilaine, 113,120.
Béni Aroos, S. de Tétouane, Fichtala, tribu berbère, 8.
308, Fiehtala du Tadla, au S. de l'Oued
Fekh (bat lille de), en Arabie, 5, Derna, 277.
6,21. Fichtala, entre Oueds Sebou et
Feffoul ben khazroun des Megh> Ouergha, 302. 333.
raoua, 52, 53,55, 53. Figuig, villages berbères (confins
Fellassa (Ifelloussen), tribu ber- orano-marocains),439.
bère, 8. Flitfa, tribu arabe, 68.
Fendelaoua, tribu berbère, 82. Florentins (les), 161.
Fenidek, 412, Fort l'Empereur (Bordj Moulay
Ferdinand d'Aragon (le roi catho- Hassan) prés d'Alger, 264, 271,
lique), 223, 228 A 234, 238, 260. 401.
Ferdinand de Castille, 121. Foughat (Béni), tribu berbère, 7.
Ferdinand de Léon fils d'Al- Franee, 90, 125, 147,157, 208,270,
phonse VIII. 113. 274, 280, 301, 304 A 307, 312, 315,
Ferdinand de Portugal (infant 3(2, 345, 346, 347, 351, 352, 360,
don), 224, 226. 368. 379, 333, 384, 397, 399, 400,
Ferdinand fil» d'Alphonse IX de 403, 405, 406, 419. 422, 433, 434,
Castille, 124. 436, 4(0, 441. 4(2,
Ferdinand I" de Castille et Léon, Français (les), 216, 217, 274, 313,
82, 84, 83. 3(6, 3(7. 401, 402, 404 A 408, 410,
Ferdinand III de Castille et Léon, 436, 439,440.
128, 129. 134, 136, 138. Franeil, général chrétien. 132.
Ferdinand IV de Castille, 169, François I», roi de France, 265.
172, 175,180,131. Francs, roi des, 112.
Ferdinand I", régent de Castille, Fraxinet (Var), 32, 47.
puis roi d'Aragon, 220,221,224. Frédéric de Castille (prinee),
Fetouh ben Donnas (El), 71, 157.
INDEX DES NOMS 469
Frédérle II, empereur d'Allema- Ghamert (combat de) en Tunisie,
gne, 138, 147, 159. 118.
Fréjus (Roland), 338. Ghomra, tribu berbère, 6, 8, 10,
15, 41, 82, 95, 113, 143, 159, 172,
O 173, 200.
Ghossel, tribu arabe, 68, 200.
Gabes, 58, 63,64,90, 111,118, 119, Ghozz, archers kurdes, 109.
120, 123, 130, 167, 179, 188, 210, Gibraltar, 111, 115, 159, 181, 185,
217,227. 209, 221, 228,232, 352, 382.
Gacle (Italie), 24. Giralda (la), mosquée de Sèville,
Gafsa, 111, 114, 115, 117, 119, 186, 105, 122.
188,210. Girgeoti (Sicile), 84.
Gaghou ou Gao, capitale des rois Glaoui (col du djebel), 343,426.
nègres Askia, 299,300. Gomez de Bazan (don Alvar), 269.
Galice, 36, 292, Gonzal ve, chefde milieechrétienne
Galilée (croiseur français), 436. A Fez, 176.
Garcia,chefde la milicechrélienne Gouletle (la). A Tunis, 267, 268,
mérinide, 203. 269,293.
Garcia, frère d'Alphonse VI de Goulimim, Extréme-Sous, 424.
Castille, 85. Gountafi. V. Abou Abdallah
Garcia, roi de Navarre, 107. Mohammed El/
Garet, province dans la Basse- Gozzo (Ile de), prés de Malte, 287.
Molouïa, 318. Grèce. 60, 84.
Gènes, 34,84,13i, 156,186,187,216. Grecs (les), 19, 43, 60.
Génois (les), 114,142,161, 216, 217, Grégoire VIII (le pape). 56,
237. Grenade, 56, 57, 62,85,87, 94,106.
Georges d'Antioehe, amiral sici- 109, 134, 135, 133, 147, 155, 158,
lien, 99, 100. 159, 161, 164, 167, 169, 175, 181,
Ghadames, 123. 184 A 188,199, 201. 208,210 A 214,
Ghaïiane (l'andalou El Khadir).de 216, 218, 220, 221, 225, 227 A 232,
Salé, 320, 321, 335, 336, 339. 237,261,290,291,306.
Chaleh (l'affranchi), 40, 46,49. Grenadins (les), 187, 232.
Chaîner (Ibn), vizir hafeide, Guadalquivir, 121.
179. Guadiana, 125.
Gharb, anciennement Azghar, pro- Guedala, tribu berbère, 8, 80.
vince du Bas-Scbou, 321, 336, Guedjal, prés de Sétif, 21,22.
333, 365, 376,334, 386, (15. Guedmioua, tribu berbère. S, 93.
Ghariane, tribu berbère, 8, Gitelaïa, tribu berbère, 379.
Ghazzali(EI),83. Gueliz, mamelon rocheux, près de
Gheris, canton au N. de Tebessa, Marrakech, 143,307, 311,
182. Guenfissa, tribu berbère, 8,93,144.
Ghessassa ou Ighessassen, tribu Guercif, A l'E. de Taza, 85, 137,
berbère et ancien port A l'O. de 202.
Melilla, 7,270. 273.280, 283. Guerouane, tribu berbère, 364,
Ghiata, tribu berbère, 10,15, 368, 367,371, 330, 397.
420. Gueznafa, tribu berbère, 7.
470 INDEX DES NOMS
Gaeizoula, tribu berbère, 8, 79, Hadj Mohammed El Bachir ben
83.95.144. Mossaoud (Et), 418, 420, 421.
Guigou (oued), affluent de gauche Hadj Mohammed El Mokri, V,
du Uaut-Sebou, 3(8. Mokri.
Guillaume Bras-de«Fer, prince Hadj Mustapha (le dey El), 331.
normand, 61, Hadj Temim (El). 3(5.
Guillaume de Provence, 47. Hafcides (dynastie des), 114,129,
GuillaumeII, empereur d'Allema- 136, 139. 155, 164, 182, 183, 181,
gne, 434. 215, 237.
Guillaume I«' de Sicile 109. Haha, tribu berbère, 9, 233. 260,
Guillaume II de Sicile, 114, 1(5. 339, 417.
Guir (oued), rivièe saharienne, Haïdarane (combat de), près de
437. Gabes, 64.
Guttierez de Monroy, 276. Haïdar Pacha, 29?.
Iiakem Blamrallah (El), Khalife
H fatimite. 51, 59.
Hakem I«(E1), Khalife Ommiade
Habboune (Ibn) des Koumïa, 131. d'Espagne. 11. 14, 71.
Habbous, neveu de Zaouisenhad* Hakem II (Et), 42, 45, (6.71.
jien de Grenade 57, 62. Hakim (Béni), tribu berbère, 3(8,
Habra, rivière algérienne et tribu 350.
arabe, 68, 96, 417. Hakim, tribu arabe, 193.
Hachem. prinee filalien 3(3, Hakmaoui (caïd El). 379.
Hadj Abdelkader ben Mabieddine Halk El Kobra (El), au N. de La*
(émir El), 404 A 408. rache,316.
Hadj Abdesselam ben fil Arbl El Hatnama le megbraouien, 58, 59,
Ouazzani (chérif sid El), 411. 71.
Hadj Ahmed Boudi (El). 361. Uamdane, chef espagnol, 106.
Hadj Ali. dey d'Alger. 399. Hamdouoe Erroussi, 358.
Hadjar Ennesser. A 20 K. N. O. Hamed ben Yazel, 53.
d'Ouaziane ', 33, 34, 33, 40, 46. Hamïane, tribu arabe, 68,318,3(3,
Hadj Djafer Agha, 346. 344.
Hadjeb (El), poste au S. E. de Hamidou (le raïs), 382.
Meknes, 362. Hamma (El), oasis du Sud-Tuni-
Hadj El Arbl ben AU (El), chérif sien, 119.
d'Ouazzano, 402. Hammad fils de Bologguino Ibn
Hadj El Baehlr (El), pacha d'Al- Ziri,5l. 53.53,35,56.53.59,1(8.
ger, 274. Hammadites, (les), 64, 82, 88, 90,
Hadj El Mir (El). 810. 107, 143.

1. Cette autre capitale des Idrissites est aussi appelée Hadjerat En-
nesser El Gorfetia et Hadjar ehorfa. On a recherché, jusque dans lo
Riff, son emplacement que l'on fixe aujourd'hui dans le djebel El Alam,
chez les Soumata. Ibn Khaldoun l'Indique auprès de Basra, ancienne
ville idrissite aujourd'hui ruinée, A l'O. d'Ouazzane. V. Hist. de* Ber-
Mrw, vol. I, p. 299.
INDEX DES NOMS Wi
Hammams, petit-fils de Yeddou le Zirite, 90, 99, 100, 107, 110.
ben Yala l'ifrenite, 51. 111, 148.
Hammouda Pacha, bey de Tunis, Hassan (El), fils de Djaber l'abde*
331. louadite, 133,
Hamza ben Aboul Leïl, 178. Hassan, fils du Khalife AU, 3.
Hamza ben Omar, 132, 183, 183, Hassan le second, pet it-filsd'Ali. 5.
193. Hassan (la tour) à Rabat, 105.122,
Hamza fils d'Idris II, 15. Hassan (El), prince hammadite,
Hamza (le) ou région de Bouira 107.
(Algérie), 35. 39, 53. 81, 180, Hassan Pacha, fils do Khair Ed-
223. dine, 274, 279, 284 A 290.
Hananeha, 67. Hassan Raissounl (El), 313,
Harar, tribu arabe, 318. Hassane (les), tribu arabe, 140.
Haroth (El), fil* d'El Aziz le ham- Hassan Vénéziano (le pacha), 297,
madlte, 107. 298.
Hareth, tribu arabe, 67, 161, 192, Hassen (Béni), tribu arabe, 311,
318. 364, 365, 366, 372.
Hariz, tribu arabe, 68. Hassassna, tribu arabe, 68.
Haroun, khalifa abbasslde, 5. Ila-Jting, chef des Normands, 18.
Ilarrane. V. Moulay El Harrano. Hebet (le), canton entre Tétouane
Hassan, agba puis pacha succès- et Larache, 119. 174, 313, 339,
seur de Kbaïr Eddine A Alger, 355,377,385.
260. 267, 269, 271 A 21(. Hechem, tribu berbère toudjinite,
Hassan, agha des janissairesd'Al- 163, 318, 3(3, 408.
ger 288. Hechtouka, tribu berbère 337.
Hassan ben Ahmed Selmi, 49, 50. Hedadj. tribu arabe, 200.
Hassan ben Ali El Kelbi, 39,40. Hedjaz (Arabie), 3, 183, 369, 373.
Hassan ben Aroar le Ketamien,51. Hemarna, tribu arabe, 68.
Hassan ben Guennoun(El) l'idris- Henri II, empereur d'AUemagne,
site, 41,45,46.49.70. 60.
HassanbenKassemdeSidjilmassa Henri de Portugal (infant don),
(lo chérif Et) 259, 314. 224.
Hassan ben Koleïb, 27. Henri do Portugal (cardinal don),
Hassan ben Omar (El), régent de 296.
l'empire mérinide. 199, 200,201. Henri IV, roi de France, 304,306
Hassan ben Serhane, 63. Heragha, tribu berbère, 8.
Hassan ben slimane (El), Vizir Hergha, tribu berbère, 8, 82, 92,
mérinide, 191. 93.
Hassan, cap!tan-Pacha, 300. Heskuura, tribu berbère, 9, 129,
Hassan Corso, 278, 279, 233, 284. 132,144.174, 214,215,276.
Hassan (El), cousin de l'idrissite Hiaïna, tribu berbère. 321, 322'
El Kassem Guennoun, 35. 363, 440.
Hassan de Baghaïa, 59. Hicham, Khalife Ommiado
Hassan El Haddjam l'idrissite, d'Orient. 4.
31, 32, 33,70. Hicham I", Khalife Ommiado
Hassan (El), fils d'Ali ben Yahya d'Espagne, 10, 11,71.
473 INDEX DES NOMS
Hicham II d'Espagne, 46, 48, (9, Houz (le), banlieue de Marrakech,
31,53 457,71. 322, 314, 376. 377.378. 384.
Hicham III, 58,61,71. Huelva (Espagne, 106.
Hicham, petit-fils d'Abderruh. Hugo de Moncade, 263.
manelll, 54.
Hilal, affranchi abdelouadite, 180, I
183.
Hilal (Béni), tribus arabes. 62 A Ibn Abou Amer. V. Mohammed
68, 95. 124. ben Abou Amer.
Hilalieos. V. Boni Hilal. Ibn Allai. V. Mohammed ben Al.
Hintala, tribu berbère. 8,93,115, lai.
128, 130, 132, 193, 200. 207, £08, Ibn Aoukarit. V. Omar bon Aou-
259, 273. karit.
Hlsn El Okab (fort d« l'aigle), en Ibn El Ahmer, dynastie de Gre-
Espagne, 125. nade, V. Mohammed, Ismaïl et
Hobacba, chef ketamien, 30. Youssef,
Hodnu, canton du Sud-eonslanti* Ibn El Lihiani. V. Abou Yahya
nois, 18, 91. 199, 206, 272. Zakaria, prince hafeide et Abou
Hollandais, 3(3. Darba.
Hollande, 343. 357, 336, 372. Ibn Korbob, général aghlabite.
Homeïda. V. Ahmed Soltaoe. V. Mohammed.
Homeïd ben Isliten, 33, (0. Ibn Mimouo, amiral almoravide.
Hongrie, 265, 290. V. Mohammed.
Homme A l'Ane (V). V. Abou Ya- Ibn Ottou, vizir hafeide, 493.
zid. Ibn Rahho. V. Messaoud ben
HosseTn Cheikh, pacha d'Alger, Rahho.
312. Ibn Razi. V. Abou Bekr.
Hosseïo, dey d'Alger, V. Mezzo- Ibn Rostem. V. Abdelouahab.
morto. Ibn Saghïer, chef des Lamta de
Hosseïn (famille de), bey de Tu- Fez, 322,335.
nis, 353. Ibn Salab, chef des Andalous do
Hosseïne, dey d'Alger, 384, 400. Fez, 323, 335.
Hosseïno, fils du Khalife Ali. 3, 4. Ibn Taehefine. V. Youssef ben
HosKeïne, petit-fils de Hassane le Taehefine.
second, 5. Ibn Tafraguine, vizir hafeide,
Hosseïne, tribu arabe, 68,193,193, 190, 196. 197, 198.
223,318. Ibn Toumert. Y. Mohammed ben
Houara, tribu berbère, 8, 13, 15, Abdallah.
18, 20, 28,38,63,91,105,117. 134, Ibn Yasstno. V. Abdallah.
164. 165,179, 338. Ibrahim ben Atïa,émir des Khlot.
Houd (Boni), 62. 106. 206.
Houd (Ibn), de Salé, dit El Hadl, Ibrahim I" ben El Aghleb, 11.
105. 13, 19, 68.
Houd (Ibn). V. Mohammed ben Ibrahim II, frère d'Aboul Gha*a-
Youssef. nik, 13, 19, 20, 22, 23, 24, 15,
Honlagou, chef des Mongols, 141. 69.
INDEX DES NOMS 478
Ibrahim ben Kariatlne El Moad- lient ou Béni Lent, tribu ber-
dami 118. 119. bère, 9.
Ibrahim ben Moussa, 70. Iligh (forteressed'), chez les Hech»
Ibrahim, fils de Mohammed ben touka, dans lo Sous, 337.
El Kassem l'idrissite, 33, 34. IUyrio (!'), 60.
Ibrahim, fils de Taehefine. khalife Iloumen et Iloumi, arabisé en
almoravide, 96, 97,1(3. Benl Louma, tribu berbère, 9,
Ibrahim Izemmour El Izdegui, 47, 95, 96, 187.
410. Imamïa (les chiites), 21.
Ichkern. tribu berbère, 377. Inde (f), 320.
Idder (Béni), tribu berbère, 377. Ingassen (Béni), tribu berbère,
Id ou Tanano, tribu berb§ro, 425. 96.201.
Idrassen (Ait), tribu berbère, 3(5, Innocent III (le pape), 125.
346, 361, 364 A 367, 371, 379,330, Inquisition (1'). 231. 33*.
331, 397. Irak (l'), 3. 4, 11,13,31.
Idris Aboul Ala, prince mérinide, Irniane (Béni), tribu berbère, 9.
198. Isabelle de. Portugal, 225.
Idris ben Uommane. V. Aboul Isabelle la catholique, reino do
Ala. Castille, 223, 228, 2:9, 231, 234.
Idris I*' ben Abdallah, 5,6,10, U, Ishak Askia, roi nègre, 299, 300.
46, 49, 69. Ishak, fils d'Ali ben Youssef, kha-
Idris II, 11, 12,14, 15, 16, 69. life almoravide 97, 98, 1(8.
Idris, fils d'Abdolhak ben Mahiou Ishak, frère des Barberousse, 262.
le mérinido 127. Ishak, frère du khalife almohade
Idris l'idrissite, 37. El Mortadba, 146.
Idrissites (les), 1,14, 16 30,32, 33, Ishak Ibn Ghanla, fils de Moham-
du Rlff, 34, 33, 39, 40, 41. 43, 46, med ben Ali ben Youssef le mes-
47, 57, 62, Hammouditcs, 82, 81, so fien, 116.
86. Iskander, officier turc, 262.
Ifkane, aujourd'hui Aïu Fokan, Isliten (Benl), tribu berbère, 7.
au S. O. de Maseara, (0, 4t. Isly (oued), A l'O. d'Oudjda, KO,
Ifrene (Béni), Iribu berbère, 6,9, 158, bataillo d', 397 et (07, 408.
10, 12, 13. 26, 36, 37. 38, 39. 41, Ismaïl El Mansour, khalife fatl-
(5, (7 A 51, 58. 59, 80, 81, 85. mite. V. Abou Tahar.
Ifrikïa, 11,14,16, 26,33,41, 44, 45, Ismaïl I" Ibn El Ahmer do Gre-
49.53,53,63, 65, 66,107,109. 111, nade, 181, 184.
112, 113,115, 116, 118 A 121,123, Ismaïl II. 202,207.
129 A 132, 136, 155, 156.160, 164, Ismaïl Ibn El Ahmer, 235,227.
180, 186, 188, 192, 197, 201, 205, Ismaïl, septième et dernier imam
210, 213, 216, 297. des chiites Ismaéliens, 21.
Igli ou Arghane, chez les Ilergha Ismaïlia ou chiites Ismaéliens, 21.
(atlas marocain), 92. Israélites du Maroc, 416.
Ikhchld (Mohammed ben Toghdj Isrl (Alt), tribu berbère, 349, 358,
El), 35,43. 425.
Ikhehidites(Ies), 43, 44. User (oued) A l'E. de Tlemcen,
Iklibîa, port tuoisien, 270. 273.
474 INDEX DES NOMS
Italie, 24, 25. 48,60,61. 8i. 90,125. Juifs (les), 155, 239.
Musulmans d', 138, 163, £65,272,
373, 274, S79, 292, 306, 370. 419, K
433.
Italiens. 84, 271, 293. Kaada El Hamra (El), région de
Itnaachrïa ou chiites duodôcé* Taza. 408.
mains, 21, Kabyles (les), population berbère,
Itoucft le senbadjlen, (8,50,51,52. 264, 265. 278. 286, 288. 301.
Izdeg (Aït), tribu berbère, (25. Kabylie (Algérie), 263, 264, 273.
Iznassen ou Souassen (Béni), 303.
tribu berbère, 8,85. 93,131,143. Kaci (Ibn). 106.
232, montagnes des, 263, 322, Kadi (Ben El). V. Ahmed ben El
3(3, 344. 345. 405, 409, 418, 420, Kadi.
431. (36. Kafour (l'affranchi), 43, 44.
Kaïcer, affranchi fatimite, 41, 43.
J Kaïd (El), fils de Hammad, 56, 59,
62. 61. 107.1(8.
Jacques IM d'Angleterre. 313. Kaïm (El). V. Aboul Kassem
Jacn (Espagne), 107.111. 126,128, Mohammed.
134, 138. 159. Kairouan, 5, U. 13, 14,15, 17. 18,
Janissaires (les), milice turque 20. 22. 25, 26, 28, 29. 31, 36, 37,
d'Alger 292. 38. 50, 51. 57, 61, 63, 61, 79, 119.
Jayino I" d'Aragon, 131,135,1(7. !:?. 119. 190. 191, 266. 270. 293.
Jayme II d'Aragon, 169,175. KairouanitesouKaraouiino.quar-
Jayme, fils de Jayme I»» d'Aragon, lier de Fez, 12.
roi do Majorque, 147. Kaïsites ou parti des MaadI-
Jayme fils de Pierre III d'Aragon, tes. 3.
168. Kalaa des Ben \bbas, au douar
Jean II de Navarre et d'Aragon, Bounl (Constantine), 264, 286.
235, 223. Kulaa des Béni Hammad, com-
Jeanno de Castille (la reine) 235. mune de Takitount (Conetan-
Jean I*' de Portugal, 221, 224. line), 53, 56, 59, 63, 83, 89. 107.
Jean IV de Portugal, 318. 320. 116, 117.
Jorusalem, roi de, 114, 119, Kalaatliouaraou Kalaa des Béni
royaume de, 138, 263. Itached, au N. E. de Mascara,
Joinville (prince de) (05, 406, 407. 211, 262.
Juan, chef des auxiliaires espa- Kalaat Ibn Salama, moderno
gnols & Tunis, 273. Tioughozzout à 3 kil. S. K. do
Juan d'Autriche (don), 293. Frenda (Oran), 207.
Juan do Castille (don), 169. Kalaat Sinane, A l'E. de Teinta,
Juan de la Cerda. V. Mcdina-Celi. en Tunisie, 164, 165.
Juan I» de Castille, 218. Kaloum (Ibn), vizir hafeide, 180.
Juan II de Castille, 220, 221, 223. Kanoun ben Djermoun, 132, 136.
Juan de Portugal (don). 276. 280. Kaoub, tribu arabe, 68, 120, 183.
Juby (cap), dans le sud du Maroc, Kara Hassan, lieutenant d'Aroudj,
436. 261.
INDEX DES NOMS 475
Karakaehe El Gbozzl. 118.119,120. Khazer (Ibn) ehef des Megbraoua,
Karaouiint (mosquéed'El), A Fez, .31,33,36,44,83.
19, 311. Kbazroun bea Felfoul, prince des
Karna, prés de Béja (Tunisie), SO. Meghraoua, 47.
Kassem (Aït), tribu berbère, 131. Kbazroun (Béni), tribu berbère,
Kassem ben Hammoud l'idrissite, 48, 52. 53. 58. 99.
56, 51, 6t. Kueder Pacha, 300, 301, 304.
Kassem ben Idris, dit Guennoun, Khcder (le pacha), 313.
31. 35. 38, 39, 70. Kheïrane le Slave, 57,
Kassem ben Mohammed ben Abi- Kheïr (El) ben Mohammed ben El
lafia. 70, 82. Kheïr, 45.
Kassem ben Raïssouni (pacha), Kbeir (El) ben Mohammed ben
361. Khazer, 36, 48.
Kassem (El), fils d'IdrisII. 15,16. Khelil (Béni), tribu berbère, 8.
Kastilya, province tunisienne, 36, Kuellouf (Ibn), le mezouar, 117.
81. Kheuatsa, fille de Cheïkh Bekkar,
Kçabl (Ei). forteresse dans le 3(3, 356,361.
Moyen-Atlas, 3(3. Kherbet El Kelekh, banlieue de
Kebdanaou Ikebdanen, tribu ber- Tunis, 268.
bère 379. Khettab(Beni El), dynastie houa-
Kelbites (les)ou parti Yéménite, 3. rite, 118.
Kemlano (Béni), tribu berbère, Khlot, tribu arabe, 67, 129, 130,
3,33. 132,133, 134, 137. 113 A 146, 317,
Kenza, mère d'Idris II, 10, 11, 15. 3(1, 364, 372.
Kerbela, 4. Khorassan, province de la Perse,
Kerkenna (Iles) en Tunisie, 99. (, 11. 13.
Kerroum ben Abou Bekr, 320, 336. Khorassane (Béni), 110.
Ketama, tribu berbère, 8, 21, 2i, Khorassane (Ibn), 83, 90.
27 A 31,44, 49. 50. 51. Korifia, chez les 2aSr (région de
Khacbna, tribu arabe, 68. Rabat), 81.
KhadirGhaïlano(Ël).V.GhaïIane. Korra (Béni), tribu arabe, 33, 63.
Kh'aïr Kddino ou Barberousse II, Koudiat El Araïs, près de Fez,
237. 260, 263 à 269. 274. 200,203.
Khaldoun (Ibn). 6, 13, 35, 201. Koudiat Essaboun, emplacement
Khaled ben Hamza, chef des du fort l'Empereur (Alger), 27».
Kaoub, 189. Koufl (Béni), tribu berbère, 7.
Khalifa, fils d'Ouerrou ben Khaz- Koukia capitale des rois Askia
roun, 58, 59. du Niger. 300.
Khalil ben Ouard, 35. 39. Koukou, ancienne capitale de la
Khandok Rihane, dans l'Oued Grande Kabylie (Alger), 261.
Cherrat (Rabat), 294. 272, roi do, 286.
Kharedjisme (le), 5, 6,12. Koulouglis (les), 402, 404.
Kharedjites (les), 2, 3, 5,6, K, 16, Koumïa, tribu berbère, 7, 95,112,
20,27,37. 131, 189. *
Khazer (Béni), tribu berbère, 31, Kourt, dans le Gharb, 415.
32, 47, 49, 51. Kou'ia Mustapha, 304, 305. 312.
470 INDEX DES NOMS
Koutoubïa ou Ketbïa, mosquée A Ledjaïa, tribu berbère, 8,
Marrakech, 105. 132. Lehissa, tribu berbère, 23.
Ksar Béni Mtir, château-fort Leinata, tribu berbère, 7, $7, 83.
dans lo Moyen>Atlas, 34$. Lcindïa (Béni), tribu berbère, 35,
Ksar El Kebir (Kl), ancien Ksar ville de, 39,83, 167.
Keluma, sur le Loukkos, 131, Lemtouna, tribu berbère, 8, 79,
112. *>Q, 220, 231, 257. 295, 296, fcO, 81. U7.
233, 308, 321. 336, 3(4, 361. 365, Léon (Espagne). 17,33.36, 54,107,
335. 442. 121,123,123,134,331. /
Ksar El Kedim (El) ou El Abbas- Léon IX (le pape), 61.
sia, au S- O. de Kuirouuu, 11. Lépante (bataille de), 292. 293.
13. 13. Le Vacher (le père), 3(6.
Ksar Ennasser, A Meknes, 339. Loves (marquu de), 334.
Ksar Essaghir(Kl), port marocain, Libye. 66.
ancien Ksar Masmouda, 226. Lisbonne, 91, 115, 369.
Ksar Ketama. V. El Ksar El Ke* Lodwig, empereur, 24.
bir. Loja (Andalousie), 229.
Kurdes, peuplade du Kurdistan, Lombardie, 32.
119, 146. Lope Barriga, 215.
Lopez, général chrétien, 143.
L Louata, tribu berbère, 7, 10, 20,
27, 23, 63, 83. 91.
La Galle, port A l'E. do Bone (Al- Louis IX de France ou Saint-
gérie). 41,168. Louis, 147. 156. 157.
Lagbouat, ville saharienne et Louis XIV, 333, 347, 352.
tribu berbère, 9, 319. Louis XV, 421.
Lalla Marnia, villo A l'O. de Tlom* Louis XV11I, 38(.
cen, 405, 406. Loukkos. Lekkous des Indigènes,
Lamoricièro (général de), 409. fleuve du Maroc atlantique. 296.
Lamta, tribu berbère, 8, 13, 80, 365.
9S, 144. Lucera (Italie). 139.
Lamta ou Leptis par va (Tunisio). Luthériens (les), 266.
30. Lyautey (lo général), (35, 436.
Lrniiliinoou Lamta f'iuarlierde»),
A Fez, 311, 313, 322, 335, 361. H
Lara (duc de), 1C9.
Laracho, El Araïcho des Inligù- Maudites ou Kaïsitcs (les), 3, 23.
tics 15. 282. 295. 299, 308, 310. M.idani fil Glaoui (sid Kl), (39,
311. 314, 316, Espagnolsde, 319, (41.
36S, 371, 376, 377. 401, 406. 425, MadKhis El Abter, ancélro ber-
4(0, 4(2. bère, 7, 9.
La Valette (Jean Parisot de). 289. Madrid, 370, Convention de, 397 et
Loben (oued El), affluent du So- (22, 434.
bou, au N. de V;.T. 285. Maëlaïnine Chinguiti, 435.
Lobida, ancien.<; Leptis Magna, Maghila, tribu berbère. 7, 10, 82.
A l'E. de Tripoli, 20. Maghreb (le), 1,5,6. Il, 12, 11, 16,
INDEX DES NOMS 477
18 A 21. 25. 26,28, 30 A 36, 33 A Mami Corso, 293.
41, 43 A 5(. 57. 63. 63, 66. 67, 69, Mamluks d'Egypte. 263.
83, 85. 86. S7, 89 à 92. 91. 95, 96. Mamoun (El). V. Aboul Ala Idris.
99. 105. 107. 111, 113, 1t4 A 117, khalife almohade.
119, 120, 121, 113, 121. 126. 127, Mamoun (El). Khalife abbasside,
129, 1», 133. 131, 136. 139, 1(6, K.
155, 156. 153 A 163, 166. 167, 169, Mamoun (Et), V. Mohammed
174. 473, 177, 173, 187, 1*9. 191, Cheikh, sultan saadien.
192. 193, 195, 198, 199, 200, 202, Mamoun (Kl), prince filalien, 353.
203, 205, 206, 203, 310, 211. 213. Mamoun Zirarl (caïd K.,v (12.
214, 21 ï, 2(8. 219, 222, 323, 227, Mamoura ou El Mehdia, dans l'es-
230, 230. 238. 239. 259, 260, 27(, tuaire du Sebou, 312, 314, 3(4,
276. 2&0, 29(, 297, 299, 300, 305, 343.
309. 348, 339, 373, (05. Manfred, roi de Sicile 1(7. 156.
Mahalla (El), prés de Fez, 3(1, Mansel (amiral), 313.
342. Mansoura prés de Tlemcen, 171,
Mahcene, prince hammadite, 1(3. 172. 173. 186. 189.
Mahdi ben Mohammed (El), 399. Mansour (El). V. Aboul Abbas
Mahdi (El). Khalife abbasside, 4. Ahmed, prince saadien.
Mahdjoub Kl Kuldj, 335. Mansour (El), arriére petit-fils
Mahmoud (lo pacha), 300. d'Yakoub ben Abdelhak le mé-
Mahomet (le prophoto), 1, 3, (. rlnlde. 199. 200, 201.
Mahomet III, sultan ottoman, Mansour ben Abou Amir (El) ou
304. Almanzor, vizir espagnol, 48 A
Mahon, V. Port-Mahon ot Baléa- 65.
res. Mansour ben Hamza, 207.
MahrezbenZia1.H0. Mansour ben Mozni, émir de Bis-
Majorque t llo de). 97,118.168, 280. kra,189.
Majarquins, 161. Mansour (c*ïd), général saadien,
Makhoukh. chef des Béni Oue- 281, 285, 286.
mannou, 89, 90. Mansour (El), émir mérinide de
Makhzen (le) ou gouvernement Foz, 191.
marocain 237, 418. Mansour (RI), fils de Bologgulne
Makil, tribus arabes, 61, 65, 67, lo zirite, 48, 50.51.1(8.
68, 83.92. 133. KO. 194, 199. 202, Mansour (Kl), fils d'Ennasser le
204. 208. 313. 322. 311, 313, (24. hammadito, 88, 89, 90, 1(9.
Maksen le senhadjion, 52, 53. Mansouria (casba de), région do
Malaga. 53. 62, 87, 106, 131, 161. Rabat. 372.
.
165. 169, 229, 230. Mansour (El), khalife abbasside,
Malek (Boni), tribu arabe, 372. 11.
Malek, docteur do la loi, 58, 258. Mansour Sariha, 207.
Malli, royaume du Soudan, 183. Manuel (infant don Juan), 183,187.
Malte, 18, chovaliers de, 271 ot Manuel Phocas, 42.
287, 288, 289. Maria (dona), régente de Castille,
Mami Arnaute, ehef des raïs d'Al- 181.
ger, 298. Marnay (de), 402, 403.
478 INDEX DES NOMS
Mirnla, V. Lalla Marnia. Mauritanie sénégalaise, entre le
Maroc (le), 1.34, 67,153, 224. 226, eahara marocain et lo Sénégal,
232. 283. 237. 288. 295, 300, 301. 435.
306. 3(3, 350, 351, 353. 354. 351, Mazagan, ancienne El Bridja, au-
366, 369 A 374. 376. 373. 319, 334. jourd'hui El Djedida des Indi-
387. 397, (04, 405. 403, 409, 416, gènes, 233, 369, 398, (06. 419,
421 A (21,431 A 434,436,439, 441, 423.
4(2. Mazagran, Tamezoghrant des
Marocains (los), 279. 406, (08, (16, Berbères, banlieue do Mostaga-
422, 437. nem. 377,286.
Marrakech, 67, 82. 85. 87. 83, 93, Mazara (Sicile), 43.
94, 96, 97. 98, 105. 107. 108. 109. Mazouna, ville A l'E. de Mosta»
111 A 114. 116. 118, 119. 122. 126. ganem, 133. 167. 478, 191, 319,
138, 129, 130, 133, 133. 136. 137. 331.
140,143 A 1(6, 157,158, 169,174, Mochal (dar Ibn), forteresse près
181. 193, 199. 201. 203. 206. 210. de Taza, 322.
211, 212. 214, 215. 223, 224, 233. Mechal (Ibn), 322.
259. 275 A 279. 281. 282, 281, 291. Mechcddala, tribu berbère, 7.
295, 297, 300, 302, 303. 30(. 307, Mechhed AH, A Cou fa, 2.
303,310, 311, 3(4, 315, 316, 320, Mechra Erremla, banlieuo de
324, 336 A 341, 3(5. 3(9, 352. 30», Salé, 341. 355, 361, 362, 364.
366,367, 363,371, 372, 37(, 376, Mocquo (la), 4. 5, 79,141, 1(2, 259,
377. 378, 380, 38(. 386. 397. 398, 372, 373, 38(.
401,404, 407,410. (Il, (15 A 419, Meddinc, (ils do Moussa bon Abl*
421, 423 A 426, 431, 435, 437, 438, lafla, 36.
439. Médèa, Lemdîa dos Berbères, 33,
Marsellai* (tes) 161. 83, 92,133, 167, 173,180,185,192,
Marseille. 312. 313, 338. 193, 193. 202, 205, 206, 209, 223,
Martll (bordj). à Tétouane, 413. (02.
Martin de Argote, 233, 262. Medina-Coli (Juan de la Cerda
Martin do Vargas, 265. duc de), 287, 288.
Martinoz do Agulo, 273. Médina Sldonia (duc de), 234.
Mascara, 6. 10, 40, 263, 319, 351, Médino (Arabie), 4, 5.
353, 313, 375. Medlnet Erriadh, faubourg de
Masmouda, tribus berbères, 8, 9, Meknes, 358.
12, 15, 47, 80, 81, 82, 92,93,94, Mediouna, tribu berbère, 7,19,32,
103, 112, 113, 129, M. 106, 191. 82, 134,333.3(8.
260. Méditerranée. 18,19,1(7, 216.225.
Massât, rivière et forteresse, au 233, 237, 298, 313, 342, 3(9, 383,
S. de l'oued Sous, 80,105. 4(2.
Mathar (Benl), tribu arabe. 133. Medjaher, tribu arabe, 68.
Malifou (cap), Tamentafoust des Mcdjana (plaine de la) région do
Berbères, 271,272, 283. Bordj Bou Aréridj, 36, 286.
Matmata tribu berbère, 7, 27. Meghafra, tribu arabe, 3(1, 3(2,
Mauchamp (le docteur), 431, 435. 356, 361, 404.
Maures, 155, 298, 306, 307. Meghraoua, tribus berbères, 6, 9,
INDEX DES NOMS 479
10,12, 13. 26, 28. 31. 32, 35, 40, marocain du Riff, 32, 33,85,234,
41,43.(1,43.47 A 50, 52. 33. 58. 3(9, 351. 369, 426, 410.
59. 80. 82, 83, 85, 126. 129, 133, Mollah (famitlo dos Ben), chambel-
1((, 469,170, 190 A 193, 203, 209. lans abdelouadites, 180.
Meguild (Béni), tribu berbère, Mellala, village près do Bougie,
417. (23. 92.
Mehaïa, tribu arabe, 67, 313, 343, Mellikeche (Béni), tribu berbère,
311. 7. 161, 170, 192, 193. 223.
Mehdia (El), port du Maroc atlan- Melouana. tribu berbère, 8.
tique, 313. Monabha, dans lo sud des confins
Mohdia, port tunlslon.29,31.36,37, algero-marocains, 437,
33, 43, 64, 81. 81. 90, 93, 100, 110, Monakcha, tribu arabe, 67.
111, 114, 115, 122, 113, 159, 163, Mendil ben Abderrahmane (émir),
179, «0, 132, 197, 198, 217. 208, 129.
273, 279. Mondil, fils d'Abou Youssef le
Mohdi Billah (Mohammed El) mérinide, 159.
prince Ommiado d'Kspagne, 54, Mondil (oulad), tribu berbère, 9,
53, 71. 133, 135, 142, 144. 158, 164,
Mohdi des Almohades (lo). V. 169.
Mohammed bon Abdallah, dit Mcndoza (don Bemardino de),
Ibn Tourner!. 269.
Mehdi des Chiites fatimites (le). Meneses (don Juan de), 226, 23(,
V. Oboid Allah. 233.
Mohdouma (casba d'El). dans la Moneses (Pedro do), 221.
plaine de Sais, chez los Benl Mengoub (Kl), sud des confins al-
Mtir, 3(4. gero-marocains, 437.
Meïssour, général fatlmite, 34,36. McnsaMoussa, roi nègre du
Mejjat, tribu berbère. 314.417,421. Malli, 188.
Mekarmeda, 23 kil. A l'E. do Fez, Merbou (El), chef des Lamtiine de
177. Fez, 311, 313.
Mekhadma, tribu arabe... 67. Merdenicho (Ibn), seigneur do Va-
Mekhazon (oued El), affluent du lence, 111 A 1(4.
Loukkos, 295, 296. Merendjissa, tribu berbère, 9.
Mekki (Ibn El), seigneur de Ga- Merida (Espagne), 100.
bes et do Tripoli 189, 194, 197. Mérlne (Benl), tribus berbères, 9,
Meklata, tribu berbéro, 7, '132. 93, 95, 97, 109,120, 126, t27, 133,
Meknes ou Miknasset Ezzcttouno, 134, 135, 136, 139, 143, 1(3, 155,
10, 33, 93, 9(, 106. 120. 132, 135, 156, 194, 215, 341.
136, 139, 195, 204, 212, 214. 277, Mérinldes (dynastio des), 131, KO,
242, 302, 303, 313, 316, 321, 338 A 141, 143 A 1(6, 13?, 156, 158, 161,
311, 344, 349,354 A 358, 361 A 368, 162, 170, 171, 172, 175, 185, 186,
371, 373, 316, 378, 330, 38(, 383, 187, 189, '190. 191, 19(, 199 A 202.
386, 397, (01, 403, 4(0, 411, 412, 204. 208, 209, 210, 212, 215, 216,
417, 420, 421. 423, 423, 441, 443. 221, 222, 226, 229, 238, 257, 277,
Mellla, tribu borbére, 8. 285, 297.
Melllla (prononcez Metllîa), port Mermadjenna, ancienne ville au
480 INDEX DES NOMS
N. de Tebessa, 21, 36, 164.166, Mezghenna, tribu berbère, 8.
183, 183, 194. Meziata, tribu berbère, 8.
Mernissa, tribu berbère, 7. Mezzo-Morto (llosseïn), dey d'Al-
Mers El llalk, prés de Larache, ger 347.
314. Mhamld. tribu arabe, 68,
Mersclkébir, prés d'Oran, 234, Midrar (Boni), tribu berbère, 6,
235, 236, 238, 289, 297, 353, 360. 26. 32.
Mertola (Espagne) 106. Miknassa. tribu berbère, 1, 6, 7,
Mesfiouu, tribu borbére, 9.93.304. 10, 13, 26, 28, 30, 31. 32, 33, 40,
365. 47.51,82, 127.
Mesguon (Béni), tiibu berbère, 8, Miknasset Ezzeïtoun, V. Meknes.
27. Mita (Constantine), 50,
Meskour, tribu berbère, 7. Millana, 35, 39, 81, 117. 129. 164,
Mésopotamie, El Djazirades Ara- 178, 185. 191. 192. 201, 202, 205,
bes, 2. 206,212,218,223,402.
Mesrata, tribu borbére, 8. Mimoun (Boni) de Dénia (Espa-
Messaï (El), V. Messaoud ben gne)^!.
Rahho. Mimoun, cheikh marocain aiiié
Messala ben Habbous, émir des des Espagnols 260.
Miknassa do Tiaret, 20, 23, 30. Mimoun (oulad), tribu arabe, 63.
31. 33. Mina, rivière de l'Oranie, 96, lit,
Messamah, affranchi abdeloua- 167.
dite, 174, 177. Mlndas, dans la valiéo do la Mina,
Messaouda, princesso saadioniie, 96.
302. Mlsserghinc, au s. O. d'Oran,
Messaoud, affranchi saadien, 302. 235.
Messaoud ben Borhoum, 180. Mitidja, plaine au S. E. d'Alger.
Messaoud ben Ouanoudino, 80. 167.170, 205, 211, 264.
Messaoud bon Rahho El Messaï, Moaouïa ben Abou Sofiane, 1, 2,
vizir mérinido, 199, 200. 203, 3,4.
204, 212 A 215. Modaffer, affranchi fatlmlte, 41,
Messine, 42, 163. 43.
Messoufa, tribu borbére, 8,80, 81, Modor, tribu arabe. 62.
117. Moczz, fils do Badis lo senhadjien
Messoune (casba de), au N. E. de zirite, 56 A 60, 62, 63, 64,81,148.
Taza, 33, 344. Moëzz fils do ziri ben Alla, 53, 54,
Metahen (oued El), entre Fez et 58. 71.
Taza, 32. Moëzz Lidinallah (Abou Temim
Metalsa ou Botalsa, tribu bor- Maad El), Khalife fatimite, I.
bére, 7. 39 43, 45. 46. 47. 49, 69.
A
Metarfa, tribu arabe, 67, 200. Mofcrredj ben Salem, 24.
Metghara, tribu berbère, 7. Mogador, Souira des Indigènes,
Metrouh (Boni) de Tripoli, 99. 368, 370, 407.
Mettoussa, tribu berbère, 7, 8. Mohammed, sultan mérinide, 240
Mexique, 271. Mohammed Abou Darba Ibn El
Mezdeli, général almoravide, 90. Lihiani dit El Mostancer IV,
INDEX DES NOMS 481
Khalife hafcl lo, 179, ISO,* 182, Mohammed ben Othmane, 209,819.
323, Mohammed ben Tabet, 189,
Mohammed Aboul Lif 309, Mohammed ben Tait* (sidi),
Mohammed Abou Tabet, fils d'El prince filalien, 393, 403.
Molaouekkcl, émir abdeloua- Mohammed ben Tinamer. 86,69.
dite, 337, 2(2. Mohammed bon Youssef, général
Mohammed Bektache.deyd'Alger. abdelouadit». 118,180.
353. Mohammed ben Youtstf Ibn
Mohammed ben Abbad de Se ville, Houd, 130, 131. 133, 134, 136.
61. Mohammed Bouchelaghem, 353,
Mohammed bon Abdallah dit Ibn 359, 360, 361.
Toumort le mehdi 79, 92, 93.91, Mohammed Cheikh El Mahdi, V.
130, 132. Abou Abdallah, chérif saadien.
Mohammed ben Abdallah lo mik- Mohammed Choïkh El Mamoun,
nassien, 70. sultan saadien, 297, 301, tôt,
Mohammed bon Abdallah, sultan 303,307 A 311, 324.
filalien, V. Sidi Mohammed. MohammedCheikh, filsdezeïdane,
Mohammed ben Abdelhak, émir sultan saadien, 315, 316, 320,
mérinide, 134, 136,176. 239. 324.
Mohammed ben Abdetkaoui, émir Mohammed Cheikh, premier sul-
des Toudjine, 163, 167. tan des Benl Oualla*. 226, 238,
Mohammedben Abdelkerim Cher- 240.
gui (caïd), 408. Mohammed Cbergui (caïd), prince
Mohammed ben Abou Amer, gé- filalien, 416.
néral mérinlnide, 195,196. Mohammed dit El Aient, prinee
Mohammed ben Abou Amrano, filalien, 352.
général almohade, 182,183. Mohammed dit Ibn El Hanafla, 4.
Mohammed ben Abou Bekr ben Mohammed El Ayacbi, marabout
Amor (sidi) marabout de Dila, de salé, 314. 316, 317.
314, 316. Mohammed El Balacl, émir de
Mohammed ben Ali ben Amrano, Jaèn, 128, 130.
chérif idrissito, 226, 2(0. Mohammed El Bou Hamldi, 404.
Mohammed ben Ali, général mé- Mohammed El Caeerl ben Ahmed,
rinide, 157. sultan des Benl Ouattas, 240.
Mohammed ben AU ben Ichou, Mohammed El Habib, imàra caché
358. 361. des Chiites, 21, 25.
Mohammed bon Ali de Dila, 311. Mohammed El Hadj, ehef de la
Mohammed ben Allai, 215,216. Zaouïa de Dila, 316 A 321, 336.
Mohammed ben El Feth, 40. Mohammed El Ilarraue, prlnco
Mohammed bon El Kebir El Ket- saadien. 276, 277, 278.
tani (chérif sid), 438, 439. Mohammed El Kebir (le bey), 375,
-Mohammed ben El Kr> rfr, 44, 45. 378.
Mohammed ben Hassane, 213. Mohammed El Mehdl, prinee mé-
Mohammed ben Ichou, 355. rinide, 199.
Mohammed ben Khazer, chef des Mohammed El Mehdl, prinee om-
Meghraoua, 26, 28, 39, 40, 41. miado, V. El Mehdi Blllab.
31
483 INDEX DES NOMS
Mohammed, fils d'Abderrahame II Mohammed ou Medjoun. 86.
d'Espagne, 17, 71. Mohammed Pacha, beylarbeg
Mohammed, fils du chérif filalien d'Alger, 290.
Moulay Mhammed, 322. Mohammed, petit-fils d'Abderrah-
Mohammed, fils d'Idris II, 15, 10. mano III. V. El Mehdi Billah.
69. Mohammed, petit-flts du sultan
Mohammed, filsd'Ishak Ibn Gba- mérinido Abou Inano, 233.
nia, fis. Mohammed Regragui, 122.
Mohammed, fils de Soleïmano Mohammed ToUelerli, 283, 28(.
l'idrissite,
13. Mohammed Zeghouda, prince saa-
Mohammed, fil3 de zeïno El Abi- dien, 313, 315.
dine, 4. Mohelhel (Boni), tribu arabo, 68,
Mohammed 1" Ibn El Ahmer. roi 190. 193, 496, 197.
de Grenade, 134, 135. 136. 138. Moinier (général), 4(1.
147. 153. Mokhoddeb (El), chef des Béni
Mohammed II. dit El Fakih. 159. Merino, 97.
161. 162. 165, 167, 169, 171* Mokri (sid El Hadj Mohammed
Mohammed III, 171, 172, 174, 175, El), 441.
176. 180. Moktadir, Khalife abbasside, 30,
Mohammed IV (Aboul Hadjadj). 35.
184. 18?, 201. Moktafa (Ei), prince ommiade,
Mohammed V (Abou Abdallah), 58.
201. 202, 207, 209, 213, 214. 216, Molouïa (oued), 6, 15, 31, 33, 47,
218, 219. 4*. 58, 67, 82, 92. 93, 126, 127,
Mohammed VI, 219, 221. 1(2, 183, 211, 312, 279. 316, 318,
Mohammed VII, dit El Aïsari, 337, 3(3, 344, 3(5, 348, 3(9, 362,
224, 225. 379, 406, 403, 409.
Mohammed VIII, dit Es saghir, Monastir (Tunisie), 270.
224. Moucade (Guillem de), 237.
Mohammed Ibn Ghania, fils d'Ali Mondejar (marquis de), 269.
bon Youssef le messoufien, 94, Mondhir, gouverneur de Sara-
97. gosse, 57.
Mohammed Ibn Korhob, général Mondhir, Khalife d'Espagno, 23,
aghlabite, 20. 71.
Mohammed Ibn Mimoun (l'ami- Monebbatte, tribu arabe, 144,158,
ral), 96, 97, 106,109, 110. 213.
Mohammed Ibn Mozni, seigneur Mongols (les), 141.
de Biskra, 182. Montakhab, V. Abou Zakaria
Mohammed Koussa, 30(. Yahya fils d'Abou Ishak.
Mohammed le Brave, prince de Montanor (Ramon), gouverneur
Grenade, 229, 230, sicilien de Djerba, 177.
Mohammed le Portugais (El Bor- Montassar ben Kbazroun (El), de
tougali), sultan des Benl Ouat- Tripoli, 64.
tas, 233,2(0, 275. Montassar (El), fils d'Abou Malek
Mohammed ou Aziz (le cheikh), l'abdelouadite, 222.
366, 380. Montassar (El), fils da sultan mé-
INDEX DES NOMS 489
1
rinide Aboul Abbas Ahmed, Motaouekkel de Badajoz, 36, 88.
213. Motaouekkel (Abou Abdallah
Montassar (El), surnommé Mi- MohammedEl)flls d'Abou Ziane
drar. 16. l'abdelouadile, 223, 227, 2(2.
Montomar (comte de) 359,360. Motassem BUlah. khalife al-
Montpellier (comté de), 161. mohade, V. Yahya fils d'Ennas-
Mordjane El Kebir, 335. ser.
Morghad (Aït), tribu berbère, 423. Motassem ù'Almeriu, 86, 83.
Morisques (tes), 155, 292, 29$. Motha (oulid). tribu arabe, 67,
Moron (Espagne), 62. 341, 3(2.
Mortadha (El), Khalife almohade, Mouata, entre l'Oued El Abid et
V.AbcuHafsOmarbenlbrahim. Marrakech, 303,
Morzouk, capitale du Fezzan, 120. Moulay Abdallah des Oulad Men-
Moslem (Ibn), vizir abdelouadito. dil. 259.
204. Moulay Abdallah, prinee saadien.
Mostadhnr Biamrallah, Khalife V. Abou Mohammed Abdallah
abbasside, 89. El Gbaleb Billah.
Mostadhi (Et), Y. Moulay El Mos- Moulay Abdallah, sultan filalien,
tadhi, sultan filalien. 356, 357. 358, 361 A 367, 4(4.
Mostafà, général saadien, 307, Moulay Abdelaziz. sulan filalien,
308. 431. 432, 434, 435, 437, 438. 439,
Mostaganem. 227, 261, 273, 271, 444.
276, 231, 283, 285, 286, 289, 290, MoulayAbdelhafid, sultan filalien,
360, 361. 431, 438 A 441, 4(3, 444.
Mostaïn Billah (soleîmane El), Moulay Abdelkader, fils de
Khalife d'Espagne, 54 A 57, 71. Mohammed Cheïkh El Mahdi le
Mostaïn Ibn Houd, 9t. saadien, 277 A 279.
Mostancer (El), Khalife almohade, Moulay Abdelkader, prince fila*
V. Abou Yakoub Youssef II. lien,"379.
Mostancer (fil). Khalife fatimite, Moulay Abdelmalek (Abou Merou-
63. ane) dit El Motassem Billab,
Mostancer I"
(Abou Abdallah sultan saadien, 291, 295,324.
Mohammed El), Khalife hafeide, Moulay Abdelmalek, sultan fila-
139, 141, 143, 143, 136, 157, 158, lien, 352,355, 356, 361, 444.
160, 162, 323. Moulay Abdelmoumen, prinee
Mostaucerll, Y. Abou Hafs Omar, saadien, 284,285, 287,288.
Mostancer IV, V. Mohammed Moulay Abderrahmane ben Hi-
Abou Darba. cham, sultan filalien, 335, 386,
Motadbad ben Abbad (El), roi de 397, 398, 401 A 405, 408 A 411,
Sévltte, 81, 84, 85. 444.
Motadbad, Khalife abbasside, 23. Moulay Abderrahmane, prinee
Motamid ben Abbad (El), 85 A 88. filalien, 376,378.
Motamid, fils du mérinide Abou Moulay Abderrahmane, prince
Inane, 199, 200. saadien, 279.
Motaouekkel, Y. Abou Yahya Moulay Abou Abdallah El Mon-
Abou Bekr le hafeide. tasslr, khalife hafeide, 223, 323.
484 INDEX DES NOMS
Moulay Abou Abdallah, sultan tan filalien Sidi Mohammed, 372,
abdelouadite, 242. 373.
Moulay Abou Ishak Ibrahim, Moulay El Hassane, sultan abde-
prince filalien, 381. louadite, 242.
Moulay Aboul Abbas Ahmed ben Moulay El Hassane, sultan fila-
Mahrez, prince filalien, 338,339, lien, 397, 417, 418,419, 421 A 426,
341, 344, 3(5, 3(8. 431, 435, 441.
Moulay Aboul Abbas Ahmed Moulay El Hassane, sultan haf-
Dehbi, sultan filalien, 332, 354 A eide, 265 A 270, 272, 323, 324.
357, 361, 444. Moulay El Kebir, prince filalien,
Moulay Aboul Ala Mahrez, prince 439.
filalien, 349. Moulay El Mamoun ben Chérif,
Moulay Abou Ziane Ahmed, sul- cousin du sultan filalien Moulay
tan abdelouadite, 242. Abderrahmane, 397,398, 405.
Moulay Ahmed El Abbas, fils de Moulay El Mamoun, prince fila-
Zeïdane le saadien, 330, 324. lien, 349.
Moulay Ahmed, fils du sultan fi- Moulay El Mohtadhi ben Ismaïl,
lalien Moulay Abdallah, 361, prince filalien 361.
366. Moulay El Mosthadi ben Ismaïl
Moulay Ahmed, fils du sultan fi- sultan filalien, 363,364, 365, 4(4.
lalien Moulay Abderrahmane, Moulay El Oualid, prince filalien,
408. 362.
Moulay Ahmed, fils du sultan fi- Moulay El Yazid, sultan filalien,
lalien Sidi Mohammed, 413. 371, 372, 373, 373, 376, 444.
Moulay AH ben Ismaïl, dit El Moulay Ennasser Bou Chentouf,
Aredj sultan filalien, 361, 344. émir de Marrakech, 259.
Moulay AU ben Moulay Slimane, Moulay Hammada,princefilalien,
prince filalien, 385,401, 402,403. 310.
Moulay Ali, chérif de sidjilmassa, Moulay Hicham, prince filalien,
314. 376 â 378.
Moulay Ali, fils du sultan filalien Moulay Hosseïne, prince filalien,
Moulay Mohammed, 369, 373. 373, 378.
Moulay Ali, fils du sultan filalien Moulay Ibrahim ben El Yazid,
Sidi Mohammed, 413, prinee filalien, 386.
Mottlay Arafa, prince filalien, 420. Moulay Ibrahim fils du sultan fi-
Moulay Chérif, marabout de Sid- lalien Moulay Slimane, 384,
jilmassa, 315, 317, 320. 385.
MoulayChérif, prince filalien, 352. Moulay Idris (tombeau de), au
Moulay El Abbas, prince filalien, djebel Zerhoun, 352, 366, 415.
412, 413, 414. Moulay Ismaïl, sultan filalien,
Moulay El Harrane, prince fila- 67, 335, 337 A 345, 3(3 A 352, 354,
lien, 3(0, 313,348. 356 A 358, 411, 444.
Moulay El Hassane, fils du sul- Moulay Mhammed, fils du prince
tan filalien Moulay Mohammed, filalien Moulay Chérif, 321, 322.
373. Moulay Mohammed ben Abou Ab-
Moulay El Hassane, oncle du sul- dallah, dit Abou Serhane, sol-
INDEX DES NOMS 485
tan abdelouadite, 242, 265, 269, Mourad, sultan ottoman, 297.
273. Moussa (Aït), tribu berbère, 425.
Moulay Mohammed ben Abdallah, Moussa b n Abou Inane, sultan
sultan filalien, 357, 361, 365 A mérinide, 212 A 214,240.
375,405,416, 421,444. Moussa ben Abilafia, prince mik-
Moulay Mohammed ben Arbïa, nassien, 31 A 36, 33, 40, 47, 70.
sultan filalien, 362, 363, 444. Moussa (Béni), tribu arabe, 68,
Moulay Mohammed ben Moulay 410, 421.
El Hassane, prince filalien, 431, Moussa IL roi de Sara gosse, 17.
432. Moussa El Irniani, officier méri-
Moulay Mohammed, dit Zeïdane, nide, 195.
prince filalien, 3(9, 352, 353. Moussa le Kurde, général abde-
Moulay Mohammed, fils de Mou- louadite, 180,182,183.
lay Chérif de Sidjilmassa, 315, Mozarabes, tributaires chrétiens
317, 318, 319. d'Espagne islamisés ou arabi-
Moulay Mohammed, prince saa- sés, 94, 267, 268.
dien, 303. Mozni (Béni), princes de Biskra,
Moulay Mohammed, roi de Tunis, 195.
265, 293, 323, 324. Mozni (Ibn), seigneur de Biskra,
Moulay Moslama, prince filalien, 173, 197.
377. Msila (Constantine), 32,35, 41,44,
MoulayOmar, prince filalien, 431. 45, 53, 56,64. 18i, 202, 205.
Moulay Rachid, fils de Moulay Mialsa ou Btalsa, tribu berbère,
Chérif, sultan filalien, 321, 322. 7,95.
335 A 338. 343, 444. Mtir (Béni), tribu berbère, 417,
Moulay Rachid, frère du sultan 421.
filalien sidi Mohammed, 415. Mtougui (caïd Abdelmalek El),
Moulay Saïd, prince filalien, 386. 438 439.
MoulaySaïd, sultan abdelouadite, Murcie, 87, 88, 106, 130, 134, 133,
220 A 222, 2(2. 138,147, 307.
MoulaySerour, prince filalien, 425. Mustapha Pacha, 305.
Moulay Slimane, sultan filalien, Mustapha, pacha d'Alger, 301.
335, 373, 376 A 331,334 A 386, 397, Mustapha, Piali Pacha, 289, 290.
(03, 444. Mustapha III, sultan ottoman,
Moulay Taïeb, prince filalien, 377, 3G9.
373. Musulmans (les), 2, 3, 13, 15,17,
Moulay Youssef, sultan filalien, 18, 19, 24, 27, 39, 41, 42, 51, 60,
4(3, 4(4. 61, 81. 83,84, 86, 87, 90, 106,115,
Moulay Zeïdane, prince saadien, 121, 125,126, 131, 134, 136, 138,
277. 147, 157, 158, 163, 166, 176, 181,
Moulay Zinc, prince filalien, 441. 135, 137, 201, 219, 227, 230 A 234,
Mounes ben Yahya, chefdes Riah, 260, 262, 263, 289 A 291, 306, 310,
63, 64. 312, 313, 353, 354, 359, 360, 374,
Mounes (l'eunuque), 30, 31. 315, 381, 404, 412, 413, 414, 416,
Mourad Agha, 279. (32, 4(0.
Mourad, bey de Tunis, 331. Mzab (Benl), tribu berbère et oa-
486 INDEX DES NOMS
sis du Sahara algérien, 9, 27, Riff), 6,18, 30, 33, 34,52,85,127.
91. 208. Normands (les), 18, 60, 61, 84, 90,
411.
N Nosseïr (oulad), tribu arabe, 421.
Noueïri (l'historien), 20.
Nadja (oued), prés de Meknes, Noun (oued), au N. du Cap Noun
201. (Maroc), 354, 424.
Nahraouane (bataille de), sur le Noureddine Mahmoud, sultan
Tigre, 2. d'Egypte et de Syrie, 114.
Naïl (Béni), tribu arabe, 68. Nouveau-Monde (le), 270.
Naplcs,.17, 24, 41, 186, 225. Ntifa, tribu berbère, 9. ,
Napoléon I", 382.
Napoléon III, 416. O
Narborough (amiral), 3(2.
Navarre, 43, 54,107,121.218, 225. Obeïd Allah le mehdi des Fatimi-
Navarro (Pierre), 235 A 238. tes, 21, 25, 26, 28 A 34, 36, 69.
Navas de Tolosa (Las), 125, 126. Occident (i'), 5, 25.
Nedjed (Arabie), 3, 381. Océan atlantique, 16,41, 47,91.
Nedroma, 133,170, 173,183. O'Donnel (général), 412, 413,414.
Neflfikh (oued), entre Casablanca Omaïr, fils d'Abou Hammou II,
et Rabat, 372, 216.
Nefis(oued), affluent du Tensifl, Omar ben Abdallah, vizir méri-
12, 94. nide, 203, 204, 206.
Nefoussa, tribu berbère et mon- Omar ben Abdelaziz, 5.
tagne de Tripolitaine, 7, 20, 22, Omar ben Aoukarit des Heskoura,
111,118, 124. 132, 134.
Nefta (sud tunisien), 118. Omar ben El Khattab, deuxième
Nefza, tribu berbère, 10. Khalife, 1.
Nefzaoua, tribu berbère, 5, 7, 91, Omar ben Hafeoun, 23,
119. Omar ben Othmane, ehef des Benl
Negaous(Constanline),8l,ll7,145. Tighrine, 180.
Nekkarla ou Nekkarient (Khared- Omar El Mtougui (caïd), 419.
jites), 36, 163. Omar fils d'Abou Yahya ben Ab-
Neksls (les), famille de Tétouane, delhak le mérinide, 142,
339. Omar, fils d'Idris II, 15, 16.
Nemours (Algérie), 432. Omar, prinee almohade, 119.
Nevers (prinee de), 157. Ommiadea d'Espagne, 1, 24, 26,
Nieéphore II, empereur d'Orient, 27, 32, 33, 34, 36, 33 A 41, 43, 44,
42, 43. 46, 4350, 52, 62, 71, 134, 291.
A
Nieéphore Phocas,général bysan- Ommiades d'Orient, 2, 3, 63.
tin 24. Onk El Djemel prés de Fez, (03.
Kleetos (amiral), 42. Oporto, 91.
Niebla (Espagne), 106. Oran, 27, 34, 40, 50, 53, 89, 96, 97,
Niger, 79, 91. 108, 185, 189, 192, 201, 202, 213,
Nil, 63, 66. 223, 227, 231, 235, 236, 237, 239,
Nokour, viUe sur l'Oued Nokour 242, 261, 262, 263, 269, 213, 274,
INDEX DES NOMS 487
278, 283, 285, 286, 288, 289, 290, Ouallal (Alt), tribu berbère, 336.
296, 305, 349, 350, 331, 333, 359, Ouanoudine (famille des Béni), 83,
360, 361, 372, 374, 375, 378, 402, 80, 82.
404, 435. Ouanoudine (Ibn). général al-
Oranfe (1'), 27,279, 351. mohade, 96.
Orbos (El), ancienne Laribus, 36, Ouanoudine (Ibn), général al-
111. mohade, 127,
Ordofio I", roi de Léon 17. Ouanoudine ben Khazroun, ehef
OrdofioIII, 41. zenalien, 48, 54, 58.
Ordofio IV, 42. Ouaraïne (Béni), tribu berbère,
O'Reilly. amiral espagnol, 370. 417.
Orient, 3, 5, 19, 24, 25, 29, 30, 35, Ouargla, tribu berbère et oasis
43,58,87, 133. 143, 156, 204, 213, saharienne, 9, 91, 209,280.
223, 266, 279, 283, 293, 297, 300, Ouargou(Beni), tribu berére, 9,36,
369, 373, 317, 409. Ouarlhine (Béni), tribu berbère,
Othmane (le dey), 300, 30(, 305. 294.
Othmane, tribu arabe, 200. Ouassine (Béni), tribu berbère, 9,
Othmane Aderghal, V. Abou Saïd 47, 64, 91,95, 126.
Othmane I". Ouassoul (Béni), tribu berbère, 7,
Othmane ben Aboul Ala, prince 15, 16, 40.
mérinide, 172 A 175,181. Ouatek Billah (Abou Ziane
Othmane ben Djerrar, chef abde- Mohammed ben Aboul, Fadhel
louadite, 191. El) sultan mérinide, 214, 215,
Othmane, cheïkh abdelouadite, 2(0.
133, Ouatek (El), fils du Khalife haf-
Othmane, fils d'Abou Debbous eide Mostancer, V. Abou Zaka-
l'almohade, 168,174. ria Yahya.
Othmane, fils du sultan mérinide Ouattas (Béni), branche des Mé-
Abou Yakoub, 176. rf nides, 226, 2(0,259.
Othmane Ibn El Ahmer, prince Oua;ir (Abou Bekr ben Moussa
de Grenade, 225. dit Ibn), 163.
Olhmane I*' fils d'Yaghmoracéne, Ouazzane, ville et zaouîa du Ma-
émir abdelouadite, 164 A 169, roc occidental, 386, (02.
171, 2(1. Oudaya, tribu arabe, 3(1,3(2,350,
Othmane, troisième khalife, 1, 2. 354 358, 361, 362, 364, 367, 371,
A
Othon II, empereur d'Allemagne, 377, 384, 386, 402 A 404.
48. Oudjda.51, 39, 71, 85,137, 140,158,
Otrante, 42. 170, 185, 19(, 200, 215, 303, 318.
Ottomans (les), 302. 319, 322, 3(4, 345, 354, 378, 379,
Ouadah (général), 51 A 55. 393, 405 A 403, 417, 418, 420, 421,
Ouaddane, ville du désert libyen, 432, 435, 436,439.
120,128. Ouemannou (Benl), tribu berbère,
Ouaggag des Lamta, 79. 9, 47, 83 A 90, 93, 96,127.
Ouahabites (secte des), 331. Ouencheris (monts), dan3 le Ma-
Oualid (El), fils du sultan saadien ghreb central, 50, 92, 94, 126
Zeïdane, 315, 324. 167, 180,192,193,
488 INDEX DES NOMS
Ouennongha, iribu berbère, 8. Pedro (don), régent de Castille,
Ouenzemmarbon Arif, ehef arabe, 181.
191 A 193, 195, 199, 204. 214. Pedro, fils de Jayme I" d'Aragon,
Ouergha, tribu berbère et rivière 147.
du Maroc 8, 15, 214, 302, 338. Peloriade (monts), en Sicile, 19.
Ouerrou ben Khazrouo, 55, 58. Péninsule ibérique, 18, 91, 114,
Onighlane le harnmadite, 88. 131, 232, 233, 305.
Oulhassa, tribu berbère 7. Pefion d'Argel, 237, 239. 260,261,
Ouliliou Ksar Faraoune, capitale 265.
de Faraoune chef des Aouraba Pefion de Vêlez, 235, 237, 210.289.
et nom berbère do Volubilis, 10, Perpignan, 168.
11,12, 15. Perse (la), 2, 43.
Oumalou (Alt), Iribu berbère, 349, Philippe, général sicilien, 108.
330, 358, 361, 36(, 376, 379, 380, Philippe II d'Espagne, 287, 291,
38(, 425. 295, 296, 298.
Oum Errebia (oued), 132,133, 139, Philippe III d'Espagne, 306, 3C8.
142, 143, 211, 238, 285, 303, 337. Philippe V d'Espagne, 353, 359.
Ounifen, tribu berbère 8. Philippe III le Hardi, fils de
Ounnifa, tribu berbère, 7. Saint-Louis, 147,157, 168.
Ourae (Béni Ouragb), tribu ber- Piali Pacha, V. Mustapha.
bère, 9. Pierre (l'eunuque), amiral sici-
Ourelfen, tribu berbère, 96. lien, 110.
Ourfeddjouma tribu berbère, 7, Pierre I" le cruel, roi de CastiKo,
Ourghemma, tribu berbère, 9. 201,202,207,208.
Ouriache (sidi). 426. Pierre III d'Aragon, 163,168.
Ouriaghel (Benl), tribu berbère, Pinto (le chevalier de) 383.
7, de Bougie, 92, 440. Piolle, consul de France, 3(7.
Ourika, tribu berbère, 9. Pisans (les), 114,142,161, 216.
Ournid (Béni), tribu berbère, 9. Pise,84.
Outat (Béni), tribu berbère, 9. Pô (le), 24.
Ouzdadja, tribu berbère, 20. Porte (la) ou gouvernement otto-
Ouzien, vallée du Haut-Guir, 437. man, 284, 301, 304, 312, 340,342,
Ozen Hassan, 333. 353, 400.
Port-Mahon (Baléares), 269, 271.
P Portugais (les), 155, 221, 223,224,
226, 233,235,238, 260, 274 A 276,
Paterme, 35,39, 63, 84, 99, 275, 299, 320, 321, 348, 369.
Palestine, 3,156. Portugal, 113, 120, 123. 164, 187,
Pamptlune, 34. 218, 221, 226, 232, 234, 295, 298,
Panther (le), bateau de guerre al- 317, 320, 369, 383.
lemand, 441. Poullle (la), 24, 51. 61.
Pape (le), 24. Prim, général espagnol, 412.
Pau (château de), 306. Prince noir (le), 208.
Pays-Bas (les), 366. Provence (la), 32, 147,
Pedro (don). Infant de Castille, Provence (La), vaisseau français,
i6i, iêf. 100.
INDEX DES NOMS 489
Pyrénées (les), 14,168. Redouane, vizir du roi de Gre-
nade, 201.
R Régence d'Alger, 399.
Rabat, en arabe Ribat El Feth, Regglo (Italie), 39, 42.
105. 122, 139, 157, 291, 366, 367, Reghioua, tribu berbère, 8.
368, 371. 372, 374, 385, 404 A 407. Regnault, 4(2.
409, (16, 417, 419. 420, (21, 426, Regraga, tribu berbère, 9, 105.
438, 4(3. Rehamna, tribu arabe, 378, 415,
Raceada, château-fort A 4 milles 419, 431, 438.
de Kairouao, 18, 26, 29, 30, 36, Rend (Benl), 81.
37. Ressas (djebel), banlieue de Tu-
Rached (Béni), tribu berbère, 9, nis, 263.
92,97, 117,182. Ressif (pont du) A Fez, 337.
Rached (l'affranchi), 10, 11,12. Reziga (Ibn), prince mérinide,
Rached (le mont), ancien nom du 175.
djebel Amour (Oran), 47, 65,83, Riah, tribu arabe, 63, 64, 67, 81,
91, 92, 318. 83, 107, 110, 112, 113, 115, 117 A
Raehegoun, Arehegouldes Berbè- 119, 124, 127, 1(5, 173, 174, 180.
res, Ilôt au N. de Tlemcen, 92. 209.
Rachid, Y. Abou Mohammed Ab- Ribadh. faubourg de Cordoue, 12,
delouahad, khalife almohade. 13, K.
Rachid, V. Moulay Rachid, sul- Ribera, archevêque de Valence,
tan filalien. 306.
Radbi ben Abbad, 88. Riff, contrée montagneuse du
Radhi Billah, khalife Abbasside, Maroc méditerranéen, 15,16,19,
35. 41, 43, 45, 46. 70, 82, 85, 95,113,
Rafa bon Kamal, 90. 127, 172, 174, 209, 211, 214, 335,
Raïssouni, 435. 348, 363, 365, 367, 371. 379, 381,
Rakkada, ancienne forteresse ma- 382, 405, 425, 426.
ritime au N. d'Oudjda, 344. Riffains (les), 235, 270, 278, 318,
Ramdhane Bey dif Tchoulak, 349, 350, 426, 440.
290. Righ (oued), sud Constantinois,
Ramdhane Pacha (le caïd), 291 A 27.
204, 297, 298,300. Rigba, tribu berbère, 9.
Ramelta (Sicile), (2. Rio Salado (bataille du) A l'O. de
Ramla (Palestine). 44. Tarifa, 187, 188.
Ras El Ain (Oran), 283. Rio verdo (bataille du), entre Gi-
Ras El Ma, A 14 kil. O. de Fez, braltar et Cadiz, 233.
310. Riperda (baron de), 357, 359.
Raymond, comte de Barcelone, Robert Guiscard,61, 82,84.
55, 57. Rodrigue de Bivar (le Cid Cam-
Razilly (de), 315. peador), 87,90.
Redjeb Raïs, corsaire d'Alger, Roger I*', roi de Sicile, 82, 83,
3*2.313. 84.
Redouane, pacha d'Alger, 305. Roger II, 90,99, 100,108, 109.
Redouane (le renégat), 296. Rogui Bou Hamara (Djilali ben
490 INDEX DES NOMS
Abdesselam Zerhouni, dit), 432, Saïd ben Aboul Abbas, prinee
436, 440. mérinide, 221,240.
Rokaïtat, tribu arabe, 68. Saïd ben Ahmed Seghrouehni,417.
Rokn, prés de Bez, chez les Béni Saïd ben Assad, 30.
Ouarthine,213,294. Saïd ben Khazroun, 50.
Rome, 24,292. Saïd ben Moussa, 119.
Ronda (Espagne), 62, 88,201, 201, Saïd Billah I" ben Abou Inane,
229, 232. sultan mérinide, 198,239.
Rostcm, V. Abderrahmane (bon). Saïd Billah II Mohammed ben
Rostemites (les), dynastie kha- Abdelaziz. 209. 210,239.
redjito de Tiaret, 10, 13, 17, 18, Saïd des Benl Salah de Nokour,
27. 30.
Rothschild, 416. Saïd (Béni Bou), tribu berbère, 9.
Rouh ben Hatem, 5, Saint-André (fort) A Oran, 360.
Roussillon (le). 168. Saint-Elme (fort) A Malte, 289.
Roussillonnais (les), 161. Saint-Germain (Seine*et-Oise,3(5.
Rovigo(due de), général français, Saint-Louis, V. Louis IX.
402,403. Saint-office (tribunal du), 231.
Russie (la), 374. Saint-Philippe (fort), A Oran, 360.
Saint-Siège (le), 88.
8 Saints (fort des), A Oran, 283.
Sais, en berbère Asaïs, plaine
Saada des Riah, 173. entre Meknes et l'Atlas, 345,
Saadiens (les), V. chérifs saa- 421.
diens. Saladin, sultan d'Egypte et de
Sabra, faubourg de Kairouan, 39. Syrie, 114,117,118.119,141,156.
Sadden (Béni), tribu berbère, 417. Salah (Béni) de Nokour, 30,
Sadina, tribu berbère, 7, 82, 338. Salah ben Mansour, fondateur de
Safi, Assafi des Indigènes, port Nokour, 6.
marocain, 238,260, 275,276,310, Salah, caïd mérinide, 224.
363, 378, 406, 433. Salah, fils de Saïd de Nokour, 30.
Salir (oued), prés do Fez, 82. Salah Ibn Tarif, prophète des
Saghrou (djebel), au S. du Haut- Berghouata, 80.
Allas, entre oued Ziz et Dades, Salah Kabia, officier turc d'A.'jcr,
343. 284.
Sahara, (7. 65, 66, 67, 79, 80, 31, Salah Raïs. 279 A 283, 290.
91, 97, 117, 123, 126. 128, 129, Salamanque, 121.
136, 145, 209, 215, 253, 299, 305. Saldae, nom romain de la mo-
313, 339, 310, 3(1, 373, 376, 393, derne Bougie, 83.
40',, 409, 410, (21. Salé. 15, 51. 58, 04, 98, 105. Ib7,
Sahari, tribu arabe, 68, 112, 114, 134, 139, 140, 1(2, '«02,
Sahel (oued), en Algérie, 180,282. 307, 311, 314, 316, 317, 341, 3(3,
Sahel, région cotiére, entre le Dra 351, 367, 368, 369, 379, 409,411,
et le Sous, 337. 416, 420.
Sahih Kl Bokhari, recueil de Salem ben Ibrahim, eheïkh des
traditions mahoméfancs, 3(2. Taalba, 209.
INDEX DES NOMS 491
' Salemïa, viUe de Syrie, 21,25. Séllm II, 290.
Salem Touml, cheikh des Taalba, Sellt (Benl) oulsliten, tribu ber-
259,260,261. bère, 8.
Salerne, 59, 60. Selit (oued) dans la Maroc orien-
Salva, 368. tal, 141.
Sancho de Castille, 54, Selouane(easba de), au S. de Me-
Saneho de Léon, 41, 42. lllla, 418. 433.
Sancho II de Portugal, 131, 136. Sénégal (le), 79, 91, 257,435.
Sancho, frère d'Alphonse VI de Senhadja, tribus berbères, 8, 22,
Castille, 85. 35, 37, 40, 43, 44, 45, 49, 52, 56,
Sancho IV, fils d'Alphonse X de 58, 59, 64, 79, 83, 133, 145. 159,
Castille, 159,164 A 167, 169. 167,195, 337, 340, 345.
Sandal (le nègre), 31. Senous (Béni), tribu berbère, 338.
Sande (don Alvar de). 288. Serbelloni (comte de), 293.
Sandwich (comte de), amiral an- Serour (sultan) ou eherif de la
glais, 320. Mecque, 369.
Santa Crus du cap d'Aguer, 276. Sersou (plateau du) en Algérie,
Santarem, 91, 115. 195.
Santon (plateau et montagne du) Sétif, 21,50,108,117.
A Oran, 283, 360. Settat, village de la Chaouia
Saoura (oued), rivièresaharienne, (Maroc), 438.
310. Séville, 23, 61, 81, 84, 85, 86, 88,
Saragosse, 18,57, 62, 82, 85, 91. 94, 106, 111, 114, 115, 116, 120,
Sardaigne, 34, 61, 393. 122, 125, 126, 134, 136, 138, 159,
Seba ben Meneghfad, chef des 166.
Ghomra, 113. Sfax, 30,83, 100, 111, 227, 270.
Sébastien (don), roi de Portugal, Si<.'ea-Venereji ou le Kef (Tuni-
295, 296, 293. sie), 123.
Scbiba, au S. O. de Kairouan, 83, Sicile (la), 15, 17, 18, 19, 22,23,
Sebou (oued), 12, 200, 231, 291, 24,26, 27, 29,30, 34, 38, 39 A 43,
335, 337, 333, 364. (8, 51, 58, 59, 60, 82, 83, 84, 90.
Sedjaa, tribu arabe, 333. 99, 100, 108, 110, 111, 138, 157,
Scdouikeche, tribu berbère, 8, 163, 168, 177, 216, 237, 263, 268,
166, 195, 196. 219,287,290.
Sedrata, tribu berbère, 7,10,82. Siciliens (les), 17,99,110,186,216,
Seffah (caïd), 279,284. 217, 305.
Sefrou, au S. E. de Fez, 32, 58, Sidda, ville antique et emplace-
362, 363,380. ment de la moderne Meknes,
Seghrouchen (Aït), tribu berbère, 33.
348, 417. Sidi Bou Medine (mausolée de) A
Segouna, tribu arabe, 3(3, 3(4. El Abbad prés Tlemcen, 203.
Seïf Eddoula des Benl Houd, 166. Sidi Ferruch, en arabe Sidi Fa-
Sekoura (oued), dans le Fazaz, rad), A l'O. d'Alger, 401.
348. Sidi Mohammed, sultan filalien,
Seksioua, tribu berbère, 8. 335, 397, 407, 408, 410, 411, 412,
Sélim !•*, snllan ottoman, 263. 416, 414.
490 INDEX DES NOMS
Sidi Yahya, gouverneur de Baëza, Soliman II le Magnifique, sultan
230. ottoman, 265, 266, 270, 274, 288,
Sidi Zaher, entre Tlemcen et 290.
Oudjda, 143. Sonna (la), 2.
Sidjilmassa, ancienne ville du Sonnites (les), 3.
Tafilalt, 6, 15, 16. 26, 27, 31,32, Souabe (maison de), 147.
40, 41, 45, 47, 43, 52, 53, 54, 58, Soueïd, tribu arabe, 68, 135, 174.
79, 80, 82, 97, 105, 184, 129, 131, 191, 192,193, 199, 204, 207, 208,
133, 135, 136, 1(1, 142, 144, 1(5, 215, 318, 417.
158, 178, 181, 134, 193, 204, 206, Soudan (le), 19, 258, 299, 300, 303,
223, 22(, 259. 294, 302, 3u3, 309, 3(2, 359.
310, 314, 317, 318, 319, 321, 322, Souf Djimar, nom berbère de
335. l'oued Remel (Constantine), 21.
Sierra Morena, 125. Souk El Arba des Sofiane ou du
Silves (Portugal), 120. Gharb, 372, 415.
Simsam le Kelbite, 61. Soumata, tribu berbère, 7.
Sinane Raïs ou Sinane Pacha, Sous (le), province méridionale
267,279, 293. du Maroc, 15, 67, 80, 93, 105,
Sir, fils d'Ishak l'almoravide, 124. KO, 1(1, 143, 144, 1(5, 157, 181,
Sir, général almoravide, 88, 91. 196, 238, 260, 275, 216, 285, 295,
Sirat (plaine de), en Oran le, 96, 307, 310, 311, 314, 315, 317, 337,
207. 338, 3(1, 3(2, 3(4. 345, 352, 356,
Slaves (les), 56,57. 62. 358, 361, 379, 399, 404, (23, 424,
Slimane ben Daoud, général mé- Sousse (Tunisie), 17, 37, 38, 83,
rinide, 200, 203. 100, 110,190, 269, 270.
Slimane Katania, pacha d'Alger, Souza (Pedro de), gouverneur
312. d'Azemmour, 260.
Slimane, pacha d'Alger, 301. Staouëli (plateau de), prés d'Al-
Slimane Zerhouni, 311. ger, 401.
Sobeïh, tribu arabe, 68. Suéde, 368, (08.
Sofiane, tribu arabe, 67, 129, 130, Suisse, 32.
132, 133, 137, 139, 143, i(i, 1(6. Syracuse, 19,84, 287.
161,206,3(1,372,415. Syrie (la), 1,13, 20, 21, 25, 43, 44,
Sofrites (Kharedjite*), 6. 45, 63, 66, 263, 359.
Sôloïrn (Benl), tribus arabe*, 62, Syriens (les), 1.
64,63,117, 113, 141, !6(, 167, 173, Syrie (golfe de la grande), 22.
173, 183.
Solcïmane ben Daoud, 198. T
Solcïmane ben Horeiz, dit Chem*
makh, 10. Taalba, tribu arabe, 63, 83, 92,
Solcïmane El Moslaïn, khalife 167, 170, 192, 193, 211, 223, 259,
ommiade, V. El Mostaïn. 261.
Soleïmane filsd'Abderrahmane I" Tabarea ou Tabarka (Tunisie),
d'Espagne, 11. 41.
Soleïmane, frère d'Idris I», 10, il, Tabari de Sicile (famille), 39.
33. Tabet ben Mendil, 161, 170.
INDEX DES NOMS 493
Tabouassamt, village fortifié sur Tamezdekt (province' d'Oudjda),
le Ziz (Tafilalt), 317. 137.
Taehefine ben Ali, khalife almo- Tancréde de Hiuleville, 60,61.
ravide, 94 A 97,148. Tanger, 10, 15, 28, 39, 40, 52, 56,
Taehefine ben Tinamer, 89, 90. 57, 62. 82, 85, 136, 139,158,159,
Tachouakt (casba de l'oued) dans 174, 200, 209, 214, 215, 223, 224,
le Fazaz, 348. 226, 233, 234, 274, 316, 317, 320,
Tadjahmoumt. forteresse dans 321, 336, 348, 364, 365, 367. 371,
la vallée du Chélif, 212, 218. 373, 376, 377, 379, 384, 386, 406,
Tadghoust, village des Aït Mor- 407, 411, 412, 425, 434, 435, 440,
ghad, 425. 442.
Tadla (province et casba du), rive Taormina, au S.-O. de Messine
droite de l'Oum Errebia, 10, 51, (Sicile), 19, 23, 84.
80, 95, 275, 276,302,316, 339, 340, Taoughezzout ou Kalaat Ibn Sa-
352, 358, 361, 384, 410, 421, 426, lama, prés de Frenda (Oran),
438. 163.
Tafelfet (oued), S. E. de Rabat, Taount au S.-E.de Nemours, 170.
aujourd'hui Tiflet, 307. Taourirt (casba de) au S.-O.
Taferguinte, forteresse dans d'Oudjda, 170,344.
l'Ouencheris, 167. Ta rente, 24.
Tafilalt, 276, 277, 281, 282, 234, Tarfaïa, port du Sou3, 424.
335, 337, 333, 3(0, 343, 352, 356, Targa, tribu berbère, 8.
361, 363, 365, 372, 373, 376, 410, Tarifa, au S.-E. de Cadix, 83,106,
425, 426, 431, 437. 159, 1G6, 169, 187.
Tafna, rivière au N. de Tlemcen, Taroudant, capitale du Sous, 80,
162,319,343,406. 144, 260, 276, 278, 284, 314, 345,
Tafoughalt (col de), chez les Benl 348, 352, 353, 376.
Iznassen, 436. Tartares ou Tatars (tes), 143,156,
Tafraguine (Ibn), vizir hafeide, 225.
188, 193, 199,205,207. Tassint, village sur un affluent
Tage, 115. du Dra, 342.
Taghaza, mines de sel en Mauri- Taza, 15, 26, 32,118, 126, 127,133,
tanie sénégalaise, 299. 134, 136, 137, 139, 142, 172, 176,
Tagrart, faubourg de Tlemcen, 177, 173, 191, 203, 209, 211, 212,
97. 214, 217, 218, 281, 314, 321, 322.
Tahar ben Kebbab, 96. 333, 336, 339, 344, 379, 393, 417,
Taheddart (oued), au S. de Tan- 413, 420, 432.
ger, 295. Tebessa, 21, 36, 53, 108, 122, 124.
Taïef (Arabie), 4. Tehouda, au N.-E. de Biskra,
Taïffe des raïs (la) ou marine 13.
turque d'Alger, 292, 301, 3(2. Tekbalet, dans le Tadla, 302.
Takious (sud-tunisien), 36. Tekclcrli, V. Mohammed.
Talha, prince mérinide, 200. Teklata, tribu berbère, 8.
Tamesna, province entre Salé et Tekna, tribu berbère, 424.
Casablanca, 10, 13, 80, 103,119, Telagb, S.-E. de Tlemcen, 143.
314, 3(1, 393. Teligue, tribu arabe, 364, 372.
494 INDEX DES NOMS
Tell, région agricole, entre la mer TU, au S. de Mazagan, prés du
et les steppes d'Algérie, 318. Cap. Blanc, 378.
Temara (casba de), A 8 kil. S.-E. Tittaouine, V. Tétouane.
de Rabat, 404. Titeri (le), ou djebel El Akhdar,
Temim ben Yala l'ifrénite, 58, prés de Médéa, 167, 193, 209.
59, 71. Tizimi, région au N. du Tafilalt,
Temim de Malaga, 86. 352.
Temim, fils d'El Moèzz le Zirite, Tiznit (casba de), S. E. d'Aglou,
81,83,84, 88, 90,148. dans le sud-marocain, 424.
Temim, fils d'Youssef ben Tache- Tlemcen, 6, 10 A ,13, 26, 33, 35,
fine, 91. 40, 45, 48, 51, 53, 53, 64, 67, 85,
Templiers (ordre des), d'Espagne, 88, 89, 90.92,93, 96, 97, 108, 126,
175. 131, 133, 135, 137. 139, KO, 1(2,
Tendella (comte de), officier es- 1(5, 116, 155. 153. 162, 163, 164,
pagnol, 234. 166, 168 A 172, 174, 176 A 178,
Tenes, port A l'O. d'Alger, 53, 89, 180, 182 A.186, 189, 191 A 195,
133, 158, 163, 167, 185, 191, 193, 199. 200, 202 A 205, 207, 208, 209,
223. 227, 237, 259, 261 A 264. 281, 211, 212, 213, 215 A 220, 222, 223,
296. 227, 231, 235, 237, 257, 262, 263,
Tensift (oued), 82. 265,269, 270, 273, 274, 278 A 231,
Terre sainte ou Palestine, 59, 283 A 288, 296, 302, 311, 318, 319,
119,156. 336, 401 A 406.
Tessala, A 50 kil. S. d'Oran, 89,184. Tobna, prés de Barika (Constan-
Tétouane, Tittaouinc des Berbè- tine), 18,35, 45, 50,52, 53, 56, 64.
res, S. de Ceuta, A 4 kil. de la Tolède, 17, 54, 55, 62, 82, 85, 86,
côte, 15, 119, 175, 211, 220, 230, 91, 121, 125, 159.
234, 289, 303, 309, 336, 339, 367, Tolga, oasis A l'O. de Biskra,
377,386,406, 412 A 415, 425. 193.
Thrace (la), 60. Tombouclou, 257, 299, 300.
Tiarct, 5,10, 13,17, 27, 28, 30, 31, Toscans (les), 305.
33, 34, 39, 40, 41, (5, (3, 50 A 53, Touat, groupe d'oasis saharien-
56, 64, 83, 124, 126, 227,318. nes, 297, 439.
Tigallin (forts de), chez les Aït Toudjine, tribus berbères, 9, 56,
Oumalou, 350. 91, 95, 96, 117, 120, 126, 129, 133,
Tigherine (Benl), tribu berbère : 135, KO, 1(2,158, 167, 169, 170,
180. 178,182. 192, 195.
Tigourarine(arabisée enGouara), Touggourt, chef-lieu des Oasis
Oasis sahariennes, 209, 297, de l'Oued Righ (Constantine),
379. 186, 280.
Tigre (le), 2. Toulon, 3(6,405.
Tiklat, fortin dans l'O. Sahel, au Tours, 312.
S. de Bougie, 182 A 184. Tourville (amiral de), 342, 3(6.
Tin Mellal, ville berbère dans le Tozeur, oasis tunisienne, 36, 117.
Haut Oued Ne fis, 12, 94, 95,97, 118.
112, 115, 116, 130, 132, 146, 159, Trajana (Sicile), 83.
418. Trapani (Sicile), 23,84:
INDEX DES NOMS 495
!
Trifa (plaine des), N. d'Oudjda, 106, 114, 131, 135, 137, 147, 168,
344, 261,291,306.
Tripoli de Barbarie, 13, 14, 17, Var (le), 47.
20, 22, 29, 48, 53, 55, 58, 59, 63, Vega (don Alvar de), 279.
64, 92, 99, 111. 117 A 120. 122, Vega (don Juan de), 279.
123, 164, 168, 176, 179, 182, 188, Vêlez, A l'E. de Malaga, 230.
210, 217, 237, 239, 279, 280, 287, Vêlez de la Gomera ou Bades des
289, 293, 298, 300, 3(7, 382, 334. Ghomra, port marocain, 234,
Tripolitaine, 23, 59, 64, 66, 91, 278, 281, 293.
129,167, 173, 180, 182, 433, Véloce (vaisseau français le), 406.
Tripolitains, 347. Yenise, 24, 368.
Troud, tribu arabe, 63. Vénitiens (les), 161, 216, 217, 269.
Tsouls, tribu berbère, 15, 26, 34, Yera (Diego de), amiral espagnol,
408. 237, 261.
Tudéle (Espagne), 18. Versailles, 345, 351.
Tunis, 22, 23, 37, 38, 81, 83, 90, Vienno (Autriche), 265, 266, con-
110, 114, 118, 119, 122, 123, 124, grès de, 382, 383,334.
126 A 130, 142, 145, 155, 156, 157, Vieux-Caire ou Misr,30, 44, 46.
160, 162 A 165. 167.169. 171, 173, Vigy (lo général), 437.
174. 175, 177, 179, 182, 183, 184, Volubilis (Oulili des Berbères),
133 A 199, 205. 207, 222, 223, 224, au N. de Meknes, 10.
237, 257, 239, 263, 264, 266, 267,
268, 270, 272, 273, 290, 292, 293, X
297, 301, 304, 312, 347, 351, 353,
381 A 384. Xaliva .(Espagne), 88,137.
Tunisie, 63, 64, 83, 91, 109, 119, Xeres, 106, 166.
124, 267, 269, 290, 300, 305, 306, Ximenes (cardinal), 232, 234, 236,
353, 359, 331. 261.
Tunisiens, 267.
Turcs, 144, 225, 226, 227, 233,257, Y
259, 261 A 269, 271, 273, 274, 278
A 281, 283, 286, 287, 289 A 291, Yafelman (Aït), Iribu berbère,
296, 297, 302, 305, 306, 312, 318, 349, 372, 373, 410.
319, 336, 338, 310, 343, 345, 346, Yagbmor(Ibnj général almohade,
349, 351, 378, 402. 96.
Turquie (empire ottoman), 301, Yaghmoracene ben Ziane, émir
302, 353, 379. abdelouadite, 133,135, 136, 137,
140 A 145, 158,159,161 A 164,190,
U 241.
Yahya ben Abdelmonaïm Daoudi,
Urbain IV (te pape), 147. •
310, 311, 314.
Urgel (comte d'), 55. Yahya ben AU bon Hamdoun El
Djodami El Andalossi, 45, 46,
V ' 47,53.
Yahya ben Ibrahim, eheikh des
Valence (Espagne), 62, 87, 90,94, Lemtouna, 79.
490 INDEX DES NOMS
Yahya IV ben Idris ben Omar Yakouta (El), forteresse prés de
l'idrissite, 19, 26,31, 70. Bougie, 184.
Yahya ben Mimoum, 197. Yala (Béni) de Tlemcen, 64.
Yahya 1" ben Mohammed l'idris- Yala bon Mohammed, 39, 40, 41,
site, 19, 70. 48.
Yahya bon Mohammed Todjibi, 46. Yambo (Arable), 259.
Yahya ben Moussa, 183. Yazid ben Hatem (El), 5,13.
Yahya ben Omar, eheïkh des Lem- Yazid (El), V. Moulay.
touna, 80. Yeddcr beu Lokman, chef des
Yahya ben Ouanoudine, général Toudjine, 56.
almohade, 143, 144. Yeddou ben Yala l'ifrénite, 49.50,
Yahya ben Rahho, général Mé- 51,58.
rinide, 197, 203. Yemen ou Arabie heureuse, 369,
Yahya ben Sahraoui, 97, 106. 373.
Yahya ben Tafout, chef de Safi, Yéménites ou Kelbitcs (parti des),
238,260,275. 3,23.
Yayha II ben Yahya l'idrissite, Yemboul (Ibn), prince de Gafsa,
19, 70. 139.
Yahya (caïd), 284. Ycmmour (Aït), tribu berbère,
Yahya dit El Motassem Billah, 358.
fils du khalife almohade Ennas- Yolande, femme de l'empereur
ser, 130 A 133. allemand Frédéric II, 138.
Yahya, fils d'Ali ben Hammoud Younes(caïd), 310.
l'idrissite, 57, 53, 61. Younes, fils d'Elyas des Ber-
Yahya, fils d'El Aziz le hamma- ghouata, 47.
dile, 90,96,100, 107, 1(9. Younes, frère d'Abou Saïd, prince
Yahya, fils dïdris II, 15. hafeide, 122.
Yahya III, fils de Kassem ben Youssef ben Bouaîad, prince mé-
Idris, 19,70. rinide, 174.
Yahya, fils de Temim lo Zirite, Youssef ben Ghanem, 214.
90, 143. Youssef ben Mozni, 193.
Yahya, fils d'Yaghmoraceno, 144, Youssef ben Ouanoudine, général
145. almoravide, 97.
Yahya Ibn Akhi Talba, chef al- Youssef ben Taehefine, Khalife
moravide, 117. almoravlde,79,81,82, 85, 86, 87,
Yahya Ibn Ghania, fils d'Ali le 89, 90, 91, 148, 349.
messoufien, 106. Youssef (caïd), 283,284.
Yahya Ibn Ghania fils d'Ishak, Youssef, dey de Tunis, 312.
chef almoravide, 117, 119, 120, Youssef El Kelbi, 59.
122, 123, 124, 123, 1.9, 131. 132. Youssef I" Ibn El Ahmer de Gre-
Yaïche ben Ali, prince mérinide, nade, 185, 188.
200, Youssef II, 218,219.
Yakoub ben Abdallah, prince Youssef III, 221, 224.
mérinide, 142, 143. Youssef IV, 225.
Yakoub bon Aboul Abbas, prince Youssi (Ail), tribu berbère, 348,
mérinide, 221, 240. 380, 417.
INDEX DES NOMS 497
Z res, 38,45, 56, 58, 59, 64, 66, 67,
88,91,109,126,205,208.
Za (Oued), affluent de la Molouïa. Zerdal (Béni), tribu berbère, 9.
170, 184, 344. Zerhoun (djebel), entre Fez et
Zab (au pluriel Ziban), oasis du Meknes, 10, 210, 311, 352, 361,
sud-constantinols, 13,18,32,56, 371, 376.
64, 65, 83, 91, 95, 107, 186, 195, Zeroual (Béni et Béni Ou), tribu
208, 210. berbère, 8, 336.
Zaër, tribu arabe, 386, 409. Ziadet Allah I*' l'aghlabite. 14,
Zaghouan (Tunisie), 268. 15, 16, 68.
Zaïane ou Izaïane, tribu berbère, Ziadet Allah II, 17, 18,69.
425. Ziadet Allah III, 25, 69.
Zaïd, fils de Zeine El Abidine Ziane(dynastie des Béni), Zianites
l'alide, 4. ou Abdelouadites, 17C, 199,241.
Zakaria, frère du Khalife hafcido Ziane ben Merdenicbe, seigneur
Aboul Abbas Ahmed, 217. de Valence, 135.
Zallaka (bataille de) ou sacra- Ziane ben Tabet, cheikh abde-
lias, prés de Badajoz, 86. louadite, 133.
Zaouïet Ben Sassi. V. Ben Sassi. Ziban, V. Zab.
Zaouïet Dila. V. Dila. Zirara, tribu arabe, 341, 314, 3(8.
Zaoui, le senhadjien, 52,54,56, 57. Ziri ben Atia.chef des Meghraoua,
Zatima, tribu berbère, 7. 49 A 53, 58,71, 81.
Zegdane, fils de Ziane ben Tabet, Ziri ben Mennad, chef des Sen-
cheikh Abdelouadite, 133. hadja, 3, 37, 41,44, 45, 143.
Zeïdane, fils d'El Mansour, prince Zirites (les), dynastie senhad-
saadien, 302, 303, 307, 308, 310, jien ne. 62, 81, 82, 100, 1(3.
311, 314, 315, 324. Zoborteïr, premier général chré-
Zeïdane (l'affranchi), 33. tien des Almoravides, 96.
Zeïdane, V. Moulay Mohammed Zoborteïr (Ibn), second général ,

dit, prince filalien. chrétien des Almoravides, 116,


Zeïneb, femme du chef d'Aghmat, 118.
80,81. Zoë, impératrice d'Orient, 30.
Zeïne El Abidine, prince alide, 4. Zoghba, tribus arabes, 63, 66,68,
Zeïne El Abidine, sultan filalien, 81, 83,107,112,113,117, 118, 120,
363, 364, 444. 126, 135, 1(2, 162, 195, 199, 202,
Zeraala (les), tribus arabes, 402. 205, 2(0, 211.
Zemmora, forteresse turque au Zoheïr le slave, 62.
N. de Sétif, 286. Zoraya, princesse de Grenade, 229,
Zemmour (les), tribu berbère, 7, Zouagha, tribu berbère, 7, 10,12,
348, 350, 36(, 384, 397, 410, 411, 82.
420. Zouaoua, tribu berbère, 7,22,129,
Zenaga, tribu berbère, 144,206,276. 288, 289, 291.
Zenata ou Zénétes, tribus ber- Zouila, faubourg de Mehdia (Tu-
bères, 9, 13, 31, 82, 83, 96, 140, nisie), 29, 37, 110.
159,182. Zousfana (oued), rivière saha-
Zénétes ou Zénata, tribus berbè- rienne, 437.
32
TABLE DES MATIÈRES

ArAttr-raoro* v
BlBUOCRArHU. VU
,
CHAPITRE PREMIER. - Lea Idriuitea 1
Fondation de Fer. — Dissensions et lattes des Idrissites
et des Miknassa. — Petites dynasties au Maroc. — las
gouverneurs aghlabites. — Fondation de la dynastie chiite
des Fatimites; elle étend sa puissance au Maghreb extrême
et entre en lutte avec les Omroiades d'Espagne. — Révolte
kbaredjite de « l'homme à l'Ane » (934-917). — Le khalife
fatimile El Moêzx transporte le siège de l'empire en Egypte
(972). — Puissance de Ziri beo Atia chef des Megbraoua;
sa rupture avec les Ommiades. — Fractionnement de l'em-
pire musulman en Espagne. — Invasion hilalieane da
xi* siècle. — Mélange et juxtaposition des races.
Liste des principales Iribus arabes hilaliennes 07
Liste chronologique des gouverneurs aghlabites 68
Liste chronologique des Fatimites d'Afrique 69
Liste chronologique des premiers souverains du Maghreb
extrême 69
Liste chronologique des khalifes ommiades d'Espagne.. 71
Annexe au chapitre premier 72

CHAPITRE II. - Lea Almoravides 79


Les Almoravides (»• siècle); Youssef ben Taehefine. —
Conquête de l'Espagne. — Désagrégation de l'empire des
500 TABLE DES MATIÈRES
Almoravides. — Apparition 4'Ibn Tournert; il fonde l'em-
pire atmenadt.
Annexe au chapitre II ; 101

CHAPITRE IH. ~ Les Almohades...... 105


Les Almohades. — Révoltes en Maghreb; succès en Espa-
gne. — Abdelmoamen comparé a Cbarlemagne. — Yakoub
— Victoire d'Alarcos en Etpagao.
81 Mansour (1184-1199).
— Monuments remarquables : la Giralda de Séville, la Kou-
toubla de Marrakech; fondation de Rabat; la tour Hassan.
— Décadence des Almohades.
Liste chronologique des souverains almoravides 148
Liste chronologique des princes zirides 148
Liste chronologique des princes ha m nudités 148
Liste chronologique des khalifes almohades 149
Annexe au chapitre III 150

CHAPITRE IV. -Lea Boni Merlst 155


Les Béni Merine (xiit» siècle). — Succès en Espagne et
construction de Fex Djedid. — Traités de commerce avec
les nations européennes. —• Luttes contre les Abdelouadites
de Tlemcen et les Hafcides de Tunis. — Conquête du Ma-
ghreb central et de l'Ifrikla (1347). — Décadence des Méri-
nides à la fin du xiv» siècle. -— Anarchie des tribus au
Maroc pendant tout le xv« siècle. — Les Maures chassés
d'Espagne. — Espagnols et Portugais au Maroc (xvt*siècle).
Liste chronologique des souverains roérinides 239
Liste chronologique des sultans abdelouadites ou zianites. 2-11
Annexe au chapitre IV 243

CHAPITRE V. - Renaissance de l'Islam 257


Renaissance de l'Islam. — Apparition des chérifs. —
Chérifs saadiens (1540). — Fin des Mérinides. — Rivalité
des chérifs et des Turcs (1551). — Aboul Abbas El Mansour,
victoire d'Bl Ksar El Kebir. — Conquête du Sénégal et du
Bornou. — Prise de Tombouelou. — Création du Makhzen
sur le modèle des Turcs. >,

Liste chronologique des souverains hafcides 323


I \ TABLE DES MATIERES 501
Liste chronologique des sultans saadiens. 324
Annexe eu enapitre V., 925

CHAPITRE VI. ~
Lea Chérifs FUalIeiis
Les chérifs (Italiens ou bassaaiens. — Moulay Rachid au
335

Tafilalt, puis a Fex. — Moulay Ismaïl (1672-1727). — Les


Abid Bokbari. — Moulay Mohammed ben Abdallah (1757-
1790). - Moulay Slimane (1792-1822). — Moulay Abder-
rahmane (1822-1859).
Annexe au chapitre VI 388

CRAPITRE VII. - I* France en Algérie 397


Le Msroc pendant la période d'installation de la France
en Algérie. — Son rôle islamique. — La guerre avec la
France (bataille d'Isly le 14 août 1814). — Sidi Moham-
med (1859-1873). — Moulay El Hassane (1873-1894), sa po-
litique extérieure. — Convention de Madrid (1880).
Annexe au chapitre VII 427

CHAPITRE VIII. - Abdelaxis 431


En 1894 Abdelaziz âgé de 14 ans est proclamé sultan. —
Régence de Baahmed jusqu'en 1900. — Politique d'équilibre
entre les tribus a l'intérieur, entre les Chrétiens à l'exté-
rieur. — Insurrection du Rogui Bou Hamara, faux chérif et
faux Moulay Mohammed. — Assassinat de Charbonnier en
1900, de Maucharop en 1907. — Occupation de Casablanca
en 1907-1908 et campagne des Béni Iznassen en 1908. —
Campagne du Sud-Oranais (Bou Denib). — En 1908, Moulay
Abdelhafid est proclamé à Marrakech puis dans tout le
Maroc. — Abdelaziz abdique. ^-.—-^
Liste des sultans (Maliens ou hassaniens^'.yi\y. ''.. t.,.. 444
Annexe au chapitre VIII /.» s '. /i> 445
lieDBX DES NOMS
lu.,.i.K.3 f,\ 451

Impriment Giairtle de CbiUlloa-snr-Sebie. — Etnriuito-PicaAv.

Vous aimerez peut-être aussi