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) / Vte
E.-M. de Vogüé
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ROMAN RUSSE
L'auteur et les éditeurs déclarent réserver leurs droits de repro-
duction et de traduction en France et à l'étranger.
DU MÊME AUTEUR :
A LA LIBRAIRIE PLON
LE
mOftIAN RUSSE
Troisième Kdition
PARIS
LIBRAIRIE PLON
EE). PLON, NOURRIT ET Cie, IMPRIMEURS-ÉDITEURS
RDE CARANC1ERE, 10
1892
Tous droits réservés
AVANT-PROPOS
III
IV
ROMAN RUSSE
CHAPITRE PREMIER
III
1 La Diane, 1820.
LE ROMAN RUSSE. 43
1 Oniéguine, chant I.
4î LE ROMAN RUSSE.
II
raudeurs.
Restons au Caucase pour y attendre Lermontof. C'est
le poète attitré de ce beau pays. Durant la première
moitié du siècle, le Caucase fut pour la Russie ce que
l'Afrique était pour nous, une terre d'aventures et de
rêves, où les plus fous et les plus forts allaient jeter
leur gourme de jeunesse. Mais tandis qu'Alger ne nous
renvoyait que de bons officiers, Tiflis rendait des poètes.
On comprend la fascination de cet Éden; il offrait aux
jeunes Russes ce qui leur manquait le plus : des monta-
gnes, du soleil, de la liberté. Là-bas, tout au bout de
l'accablante plaine de neige, l'Elbrouz, « la Cime des
Bienheureux», dressait dans l'azur ses glaciers étince-
lants. Par delà la montagne, c'était l'Asie et ses féeries,
nature superbe, peuples pittoresques, torrents chantant
sous les platanes, filles de Kabarda dansant dans les
aouls du Térek; la vie large des bivouacs dans la forêt,
la gloire ramassée sous le drapeau des héros légen-
daires : Paskévitch, Yermolof, Bariatinsky. Tous ceux
qui étaient blasés ou croyaient l'être dans les ennuis de
Pétersbourgcouraient là; on lesy exilait parfois, comme
il arriva à Pouchkine et plus tard à Lermontof. Officier
dans un des régiments qui faisaient la conquête du Cau-,
case, ce dernier a passé sa courte vie dans les monta-
gnes lesghiennes, il y a placé la scène de tous ses poè-
mes; il y est tombé, lui aussi, tué en duel à vingt-six
III
pis que cela, des gens qui ont un mirage pour patrie. »
Et Tourguénef prêtera à l'un de ses personnages cette
amère boutade : « Nous n'avons su donner au monde
que le samovar, et encore se peut-il qu'il ne soit pas de
notre invention. »
Jamais on ne s'était dit à soi-même d'aussi dures
vérités. Le philosophe s'abstenait de toutes critiques
contre la > Russie officielle »; mais le soufflet retom-
1
II
« Du
haut du ciel, la lune éclairait depuis longtemps
toute la cour, les groupes de serviteurs endormis, les
épaisses touffes des saules, les folles avoines où dispa-
raissait la palissade de l'enceinte. La mère était toujours
assise au chevet de ses fils, elle ne les quittait pas des
yeux une minute, elle ne pensait pas au sommeil. Déjà
les chevaux, flairant l'aurore, dressaient leurs têtes dans
l'herbe et cessaient de manger ; les feuilles commençaient
de trembler au sommet des saules, insensiblement le
frisson murmurant descendait, gagnant les branches
basses. De la steppe arriva le hennissement sonore d'un
poulain; des bandes rouges illuminèrent tout à coup le
ciel.
«
...Quand la mère vit ses fils déjà en selle, elle se
précipita vers le plus jeune, dont le visage laissait pa-
raître quelque expression de tendresse ; elle saisit l'étrier,
se cramponna à l'arçon; le désespoir dans les yeux, elle
ne voulait plus lâcher prise. Deux vigoureux Cosaques
l'enlevèrent avec précaution et l'emportèrent dans la
maison. Mais dès qu'ils eurent repassé le seuil, elle
s'élança derrière eux avec une agilité de chèvre sauvage
88 LE ROMAN RUSSE-
« pourra
plus crier, ni manger, ni boire, parce que,
' voyez-vous, petite âme, il n'aura plus de tête. » Yu-
zicée écoute toutes ces explications avec épouvante et
curiosité.
« Les toits des maisons sont noirs de peuple. Par les
lucarnes, d'étranges figures regardent, avec de longues
moustaches sous une coiffe semblable à un bonnet. Sur
les balcons tendus d'étoffes le monde aristocratique est
assis. La jolie petite main d'une panna ', souriante, écla-
tante comme du sucre candi, est appuyée sur la balus-
trade. Les illustrissimes panes, d'une belle prestance,
regardent majestueusement. Un serviteur chamarré de
galons, les manches flottantes par derrière, passe des
1 seigneur; panna, dame de qualité, en polonais et en
Pane,
petit-russien.
LE ROMAN RUSSE. 91
III