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1
7 u n−
2
+
q 5u2n
−3
ax =
ey 1
−5 1 u n+
−4
−3 0
−2 −
−1 1
0
1 ax
2 ex
3
4
5

§ § § § § :::::::::::::::::
§ § § § §

Introduction
à la Topologie
§ § § § § § § ::::::::::::::::::::::
§ § § § § § §
d x
x )
ln
1

5 − e5
2x 3x+
6−
P R3( x
l
n=im h
2
∞ i n xi f
(x
P
h i)
i n f(
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xi )
rdjeam@yahoo.fr

rrdjeam

Djidémè Franck Houénou


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Table des matières

1 Quelques rappels sur la topologie de R 3


1.1 Relation d’ordre . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 4
1.2 Les intervalles de R . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 6
1.3 Ouverts – Fermés . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 6
1.4 Point intérieur d’une partie – Intérieur d’une partie . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 7
1.5 Point adhérent à une partie – Adhérence d’une partie . . . . . . . . . . . . . . . . . . 8
1.5.1 Distance sur R . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 8
1.6 Boule ouverte – Boule fermée – Sphère . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 9
1.7 Axiome d’Archimède . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 9
1.8 Racine nième d’un nombre réel positif . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 11
1.9 Densité de l’ensemble des nombres rationnels / irrationnels . . . . . . . . . . . . . . . 12

2 Espaces métriques – Espaces topologiques 14


2.1 Espaces métriques . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 14
2.1.1 Boules ouvertes – Boules fermées – Sphères . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 14
2.1.2 Partie ouverte – Partie fermée – Parties bornée – Diamètre – Application bornée 16
2.1.3 Sous-espaces métriques . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 17
2.2 Espaces Topologiques . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 18
2.2.1 Topologie produit . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 19
2.2.2 Topologie des espaces métriques . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 20
2.2.3 Voisinages . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 21
2.2.4 Notion de fermés . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 22
2.2.5 Sous-espaces topologiques . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 23

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2.2.6 Adhérence d’une partie . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 24
2.2.7 Intérieur d’une partie . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 25
2.2.8 Distance entre parties d’un espace métrique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 26
2.3 Suites dans un espace métrique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 27
2.3.1 Limites – Valeur d’adhérence . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 27
2.3.2 Suite de Cauchy . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 28
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2.4 Espaces métriques complets . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 29


2.5 Applications continues . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 30
2.5.1 Applications continues entre espaces métriques . . . . . . . . . . . . . . . . . . 31

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TABLE DES MATIÈRES 2

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2.5.2 Quelques propriétés des applications continues . . . . . . . . . . . . . . . . . . 32
2.5.3 Applications ouvertes – Applications fermées – Homéomorphismes . . . . . . . 34
2.5.4 Applications lipschitziennes . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 35
2.6 Distances équivalentes . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 36
2.7 Compacité – Connexité . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 37
2.7.1 Compacité . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 37
2.7.2 Connexité . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 39

3 Topologie des espaces vectoriels normés 44


3.1 Espace vectoriel . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 44
3.1.1 Définitions et exemples . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 44
3.1.2 Sous-espaces vectoriels . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 46
3.1.3 Espaces vectoriels de dimension finie . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 48
3.2 Norme sur un espace vectoriel . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 49
3.2.1 Boules ouverte – Boules fermées – Spheres . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 50
3.2.2 Applications linéaires continues . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 51
3.2.3 Convexité . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 56
3.2.4 Projecteurs . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 56

4 Théorèmes du point fixe 58


4.1 Quelques exercices . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 61

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Chapitre

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Quelques rappels sur la topologie de R

La capacité de construire des collections d’objets qui ont été, ou auraient pu être, déjà construits
est une caractéristique essentielle de la mathématique moderne, tout comme la capacité de placer
des objets d’une telle collection en correspondance partielle/totale avec des objets d’une autre. La
construction d’un ensemble E se compose de deux parties :
¦ une explication de la façon dont nous construisons les éléments (membres) de E à l’aide les
objets qui ont été ou auraient pu être construits avant l’ensemble E ;
¦ une explication de ce que signifie l’égalité (=) de deux éléments de E.
L’égalité sur un ensemble est une partie essentielle de sa description et doit satisfaire les propriétés
de définition d’une relation d’équivalence qui sont les suivantes  :
ë reflexive i.e x = x
ë symétrique i.e x = y =⇒ y = x
ë transitive i.e (x = y et y = z) =⇒ x = z
On introduit l’ensemble des nombres réels en donnant un certain nombre de résultats (axiomes).
Ces résultats mettent en évidence les propriétés élémentaires des réels.

Addition et multiplication dans R

L’ensemble des nombres réels est un ensemble sur lequel l’on définit deux lois de compositions
internes : l’une dite somme et notée “+” puis l’autre dite produit et notée “ · ”. Ces lois satisfont
certaines propriétés definissant certaines structures (algébriques) sur R.

Proposition 1.1. L’addition dans l’ensemble R des nombres réels vérifie les relations suivantes :
1. Associativité : ∀x, y, z éléments de R, on a (x + y) + z = x + (y + z).

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2. Élément neutre : ∀x ∈ R, on a x + 0 = 0 + x = x.
3. Opposé ou symétrique : ∀x ∈ R, on a x + (−x) = (−x) + x = 0.
4. Commutativité : ∀x, y éléments de R, on a x + y = y + x.
On dit donc que l’ensemble R des nombres réels muni de l’addition est un groupe commutatif.

Proposition 1.2. La multiplication dans l’ensemble R des nombres réels vérifie les relations sui-
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vantes :
1. Associativité : ∀x, y, z éléments de R, on a (xy)z = x(yz).
2. Élément neutre : ∀x ∈ R, on a x · 1 = 1 · x = x.

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Relation d’ordre 4

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3. inverse ou symétrique : Pour tout nombre réel x tel que x 6= 0, il existe un nombre noté x−1 ∈ R
1 1 1
tel que x−1 · x = x · x−1 = 1. On note aussi x−1 = . Ainsi ∀x ∈ R∗ , on a x · = · x = 1.
x x x
4. Commutativité : ∀x, y éléments de R, on a x · y = y · x.
On dit donc que l’ensemble R∗ des nombres réels non nuls muni de la multiplication est un groupe
commutatif.

On dit alors que l’ensemble R muni des deux lois (l’addition et la multiplication), (R, +, ·), est un
corps commutatif. Dans la suite on note pour tous nombres réels x et y, x · y le nombre réel x + (−y)
x 1
et par = x · y −1 = x · lorsque y 6= 0.
y y

1.1 Relation d’ordre


Soit R une relation binaire sur un ensemble non vide E. On dit que R est une relation d’ordre sur
E si R est
ë reflexive i.e xRx

ë antisymétrique i.e xRy et yRx =⇒ y = x
ë transitive i.e (xRy et yRz) =⇒ xRz

Proposition 1.3. Soit une relation binaire R. On a


   
∀ x 6= y, xRy =⇒ y R

xRy et yRx =⇒ y = x ⇐⇒ 6 x

Preuve.
1. Supposons xRy et yRx =⇒ y = x et montrons ∀ x 6= y, xRy =⇒ y R

6 x.

Soit x 6= y, supposons xRy et supposons par l’absurde que yRx. Ainsi on a xRy et yRx et
d’après la première hyppothèse on a y = x ce qui est absurde car x 6= y. Ainsi y 6 Rx.
2. Supposons ∀ x 6= y, xRy =⇒ y 6Rx et montrons xRy et yRx =⇒ y = x. Suspposons que


xRy et yRx . Ceci est contraditoire à l’hypothèse y 6 Rx car x 6= y donc x doit etre égal à y.


Soit R une relation d’ordre sur un ensemble non vide


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E. On dit que R définit un ordre total sur E lorsque deux éléments quelconques de E sont toujours
comparables pour la relation R, c’est-à-dire :

∀x ∈ E, ∀y ∈ E, on a : xRy ou yRx.

Dans le cas contraire, on parle d’ordre partiel.


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Exemple 1.1. • La relation “6” définit un ordre total sur R ( et sur N, Z, Q).
• La relation xRy ⇔ ∃k ∈ Z tel que y = kx. définit un ordre partiel sur Z.
• La relation d’inclusion définit un ordre partiel sur P(Ω).

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Relation d’ordre 5

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L’ordre dans R

L’ensemble R est un corps commutatif ordonné, c’est-à-dire il existe une relation notée ”≤”
vérifiant les propriétés suivantes.

Proposition 1.4. La relation d’ordre est compatible avec l’addition par un réel quelconque, et avec
la multiplication entre réels positifs.
1. ∀x, y, z ∈ R, x 6 y =⇒ x + z 6 y + z.
2. ∀x, y, z ∈ R, x < y =⇒ x + z < y + z
3. ∀x, y ∈ R, ∀z ∈ R+ , x 6 y =⇒ xz 6 yz.
4. ∀x, y, z ∈ R∗+ , x < y =⇒ xz < yz.
5. ∀x, y, z ∈ R∗− , x < y =⇒ xz > yz.
1 1
6. ∀x, y ∈ R∗ , 0 < x 6 y ⇐⇒ 0 < 6 .
y x
1 1
7. ∀x, y ∈ R∗ , x 6 y < 0 ⇐⇒ 6 < 0.
y x
1 1
8. ∀x, y ∈ R∗ , x < 0 < y ⇐⇒ < 0 < .
x y
9. ∀x, y, z, t ∈ R, x 6 y et z 6 t =⇒ x + z 6 y + t.
10. ∀x, y, z, t ∈ R, x 6 y et z < t =⇒ x + z < y + t.
11. ∀x, y ∈ R+ , ∀z, t ∈ R+ , x 6 y et z 6 t =⇒ xz 6 yt.
12. ∀x, y ∈ R+ et ∀n ∈ N, on a : x 6 y ⇐⇒ xn 6 y n .
13. ∀x ∈ R+ et ∀n, m ∈ N, on a : x 6 1 et n 6 m =⇒ xn > xm .
14. ∀x ∈ R+ et ∀n, m ∈ N, on a : x > 1 et n 6 m =⇒ xn 6 xm .
15. ∀x, y ∈ R+ et ∀n ∈ N∗ , on a :
n
X
(a) Formule du binôme de Newton (x + y) = n
{kn xk y n−k .
k=0
n−1
!
X
(b) xn − y n = (x − y) xn−1−k y k .
k=0

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16. Inégalité de Cauchy-Schwarz
∀ n ∈ N∗ , ∀ x1 , x2 · · · , xn et ∀ y1 , y2 · · · , yn des nombres réels, on a :
n
!2 n
! n !
X X X
xi yi 6 x2i yi2 .
i=1 i=1 i

Remarque 1.1. 1. On note y > x pour signifier aussi que x 6 y.


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2. x < y ⇐⇒ x 6 y et x 6= y.
3. x = y ⇐⇒ x 6 y et x > y.

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Ouverts – Fermés 6

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1.2 Les intervalles de R
Définition 1.1. On appelle intervalle de R, toute partie I de R qui contient tout élément compris
entre deux quelconques de ses éléments. Autrement dit, un ensemble non vide I est un intervalle de
R si :
(x ∈ I, y ∈ I et x 6 z 6 y) =⇒ z ∈ I.

Exemple 1.2. .
♣ Intervalles bornés de R
Soient a et b deux nombres réels tels que a < b.
• ∅ est un intervalle.
• ]a, b[= {x ∈ R ; a < x < b} intervalle ouvert d’origine a et d’extrémité b.
• [a, b] = {x ∈ R ; a 6 x 6 b} intervalle fermé d’origine a et d’extrémité b.
• ]a, b] = {x ∈ R ; a < x 6 b} intervalle semi-ouvert à gauche ou semi-fermé à droite.
• [a, b[= {x ∈ R ; a 6 x < b} intervalle semi-ouvert à droite ou semi-fermé à gauche.
• {a} = [a] est un intervalle fermé.
Si I est un intervalle d’origine a et d’extrémité b, le réel b − a est appelé longeur de l’in-
tervalle.
♣ Intervalles non bornés de R
- ]a, +∞[= {x ∈ R ; x > a} section finissante ouverte sur a
- [a, +∞[= {x ∈ R ; x > a} section finissante fermée sur a
- ] − ∞, a[= {x ∈ R ; x < a} section commençante ouverte sur a
- ] − ∞, a] = {x ∈ R ; x 6 a} section commençante fermée sur a
- ] − ∞, +∞[= R.

Soit I soit un ensemble non vide quelque et supposons que pour chaque élément i ∈ I, on a
un ensemble Ei . La collection E constituée des ensembles Ei chacun pour i ∈ I est appellée une
collection d’ensembles indexée ou une famille d’ensembles indexée par I. On se référera à I comme
l’ensemble des indices (ou d’indexation) pour la collection et on notera la famille par {Ei }i∈I ou

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simplement {Ei } lorsque l’ensemble d’indexation est clair ou n’a pas besoin d’être spécifié.

1.3 Ouverts – Fermés


Définition 1.2. On dit qu’un sous-ensemble V de R est un voisinage d’un réel x0 lorsque V contient
un intervalle ouvert de centre x0 . C’est-à-dire que :
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∃ α > 0 tel que ]x0 − α; x0 + α[⊂ V.

Exemple 1.3. 1. [−1; 4] est un voisinage de 0.


2. [−1; 4] n’est pas un voisinage de −1.

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Point intérieur d’une partie – Intérieur d’une partie 7

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NB. Soit xo ∈ R. On note V(x0 ) l’ensemble des voisinages de x0 et on écrit V ∈ V(x0 ) pour
::::

signifier aque V est un voisinage de x0

Proposition 1.5. On appelle ouvert de R toute partie de R qui est voisinage de chacun de ses points.

Exemple 1.4. 1. Tout intervalle ouvert ]a, b[ avec a < b est un ouvert de R.
2. R est un ouvert R.
3. ∅ est un ouvert de R.
4. [−8, 47 [ n’est pas un ouvert.

Proposition 1.6. 1. Une réunion quelconque


[ d’ouverts est un ouvert i.e si {Ui }i∈I est une famille
quelconque d’ouverts de R alors Ui est un ouvert de R .
i∈I

\ d’ouverts est un ouvert i.e si {Ui }16i6n est une famille quelconque d’ou-
2. Une intersection finie
verts de R alors Ui est un ouvert de R .
16i6n

Preuve.
[
1. La première propriété est immédiate par définition. En effet, soit x ∈ Ui . Alors il existe un
i∈I
k ∈ I tel que x ∈ Uk . Or Uk est ouvert, donc il existe un réel strictement positif r tel que
[
x ∈ ]x − r, x + r[ ⊆ Uk ⊂ Ui
i∈I

2. Prendre r = min ri
16i6n

L’ensemble de toutes les reunions quelconque d’intersections finies


d’intervalles ouverts de R est appelée la topologie de R.

Définition 1.3. Une partie F de R est dite fermée si son complémentaire est un ouvert.

Exemple 1.5. 1. L’ensemble [− 37 , 58


5
] es un fermé de R car étant. le complémentaire dans R de
3 58
] − ∞, [− 7 [ ∪ ] 5 , +∞[ qui est un ouvert.
2. L’ensemble [−8, 74 [ n’est pas un fermé.

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Proposition 1.7. 1. Une intersection quelconque de fermés est un fermé.
2. Une réunion finie de fermés est un fermé.

Remarque 1.2. Les ensembles ∅ et R sont les seuls ensembles à la fois ouverts et fermés de R.

1.4 Point intérieur d’une partie – Intérieur d’une partie


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Définition 1.4. Soit A une partie non vide de R et x0 uun nombre réel.
1. On dit que x0 est intérieur à A si A est un voisinage de x0 .

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Point adhérent à une partie – Adhérence d’une partie 8

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2. L’ensemble de tous les points intérieurs à A se note Å.

Proposition 1.8. 1. Å est le plus grand ouvert contenu dans A. On a donc Å ⊂ A.


2. A est ouvert si Å = A

Preuve. Exercice

Exemple 1.6. Pour A = [−3; 6] on a Å =] − 3; 6[ ; pour A =]7; 100


3
] on a Å =]7; 100
3
[ et pour
10 10
A =] − 3 , 23[ on a Å =] − 3 , 23[

1.5 Point adhérent à une partie – Adhérence d’une partie


Définition 1.5. Soit A une partie non vide de R et x0 un nombre réel.
1. On dit que x0 est un point adhérent à A si tout intervalle ouvert centré en x0 contient au moins
un élément de A.
2. L’ensemble de tous les points adhérents à A est noté A et est appelé adhérence de A.

Proposition 1.9. 1. A est le plus petit fermé contenant A. On a donc A ⊂ A.


2. A est fermé si A = A

Preuve. Exercice

Exemple 1.7. Pour A = [−3; 6] on a A = [−3; 6] ; pour A =]7; 100


3
] on a A = [7; 100
3
] et pour
10 10
A = [− 3 , 23] on a A = [− 3 , 23]

1.5.1 Distance sur R

Définition 1.6. On appelle distance sur R toute application d définie de R2 dans R vérifiant pour
tous x et y :
1. d(x, y) > 0 ;
2. d(x, y) = 0 ⇐⇒ x = y ;
3. d(x, y) = d(y, x) ;
4. d(x, y) 6 d(x, z) + d(z, y).
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d(x, y) est appelé distance entre les réels x et y.

Exemple 1.8. Considérons l’application d définie par :

d : R × R −→ R
(x, y) 7−→ |x − y|
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Montrer que d est une distance sur R. C’est la distance usuelle sur R.

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Axiome d’Archimède 9

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1.6 Boule ouverte – Boule fermée – Sphère
Soit a ∈ R et r un réel strictement positif.
1. On apelle boule ouverte de centre a et de rayon r et on écrit B(a, r) l’ensmeble des réels qui
sont au plus à une distance r de a

B(a, r) = {x ∈ R ; |x − a| < r} =]a − r, a + r[

2. On apelle boule fermée de centre a et de rayon r et on écrit B 0 (a, r) l’ensmeble des réels qui
sont à une distance au plus ou égale à r de a

B(a, r) = {x ∈ R ; |x − a| 6 r} = [a − r, a + r]

3. On apelle sphère de centre a et de rayon r et on écrit S(a, r) l’ensmeble des réels qui sont à
une distance égale r de a

B(a, r) = {x ∈ R ; |x − a| < r} = {a − r, a + r}

−∞ −4.5 −3 −1 0 1 2 3 4 5 6 7 +∞

1.7 Axiome d’Archimède


La propriété suivante repond à la question de situer les nombres rationnels par rapport aux
nombres réels.

Théorème 1.1 (Axiome d’Archimède). .


Pour tout nombre réel x, il existe un entier naturel n non nul tel que x < n.

On dira alors que R est un corps commutatif ordonné archimédien.


Preuve. On discutera suivant le signe de x.
• Si x 6 0 on peut prendre n = 1 .

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• Supposons que x > 0. L’ensemble A = {k ∈ N : k 6 x} est majoré par x et contient 0. Donc
A admet une borne supérieure α ∈ R. En utilisant la propriété de caractérisation de la borne
1 1
supérieure (avec ε = ), on déduit l’existence d’un certain k0 ∈ A tel que α − < k0 ≤ α.
2 2
1
Donc α < α + < k0 + 1 et par conséquent (k0 + 1) 6∈ A. Ainsi k0 + 1 > x et on prend
2
n = k0 + 1.
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Corollaire 1.1. Pour tous x, y ∈ R satisfaisant 0 < y, il existe n ∈ N tel que x < ny.
x
Preuve. On applique le principe d’Archimède à
y

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Axiome d’Archimède 10

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Théorème 1.2 (Principe d’Archimède pour la loi + dans R). Soit x, y ∈ R tels que y > 0. Alors il
existe un et un seul n ∈ Z tel que
ny 6 x < (n + 1)y

Preuve. On considère l’ensemble A = {py ∈ R; p ∈ Z}.


• Pour p = 1, on a 1 · y = y ∈ A donc A 6= ∅.
• Supposons que A est majoré. Alors d’après l’axiome de la borne supérieure α = sup(A) ∈ R
et on a : α − y < α (car y > 0). Par conséquent il existe p0 ∈ Z tel que α − y 6 p0 y < α,
c’est-à-dire α = sup(A) < (p0 + 1)y et (p0 + 1)y ∈ A. Ce qui est absurde. Donc A n’est pas
majoré et alors pour tout x ∈ R il existe s ∈ Z tels que sy > x.
• Montrons de même que A n’est pas minoré. Supposons par l’absurde que A est minoré. Alors
β = inf(A) ∈ R et on a : β < β + y (car y > 0). D’après la caractérisation de la borne inféreure
il existe p1 ∈ Z tel que β 6 p1 y < β +x. Par conséquent α = inf(A) > (p1 −1)y et (p1 −1)y ∈ A,
ce qui est absurde.
Ainsi A n’est pas minoré et il existe r ∈ Z tel que ry < x. Par suite ry < x < sy et on a :
s−1
[
   
x ∈ ry, sy = iy, (i + 1)y
i=r

D’où il existe de façon unique n ∈ Z tel que ny 6 x < (n + 1)y.

Proposition 1.10. Quelque soit le réel x, il existe un unique entier relatif p qui satisfait

p 6 x < p + 1.
(1.1)

L’entier p est appelé partie entière de x et est noté E(x) ou bxc.

Preuve. On applique le principe d’Archimède pour la loi + dans R, en prenant y = 1.

Remarque 1.3. .
1. E(x) = max ({n ∈ Z; n 6 x}).
2. Pour tout nombre réel x, on a : E(x) ∈ Z et E(x) 6 x < E(x) + 1. Ce module de cours est sous licence GFDL

3. Pour tout x ∈ Z on a : E(x) = x


4. Pour tous nombres réels x et y, on a : x 6 y =⇒ E(x) 6 E(y).
5. Pour tous nombres réels x et y, on a : x < y =⇒ E(x) 6 E(y).
6. Le réel m(x) = x − E(x) est appelé mantisse de x et on a :
rrdjeam

∀x ∈ R, m(x) = x − E(x) ∈ [0, 1].

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Racine nième d’un nombre réel positif 11

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Théorème 1.3. (Principe d’Archimède pour la loi × dans R∗+ )
Soit x, y ∈ R∗+ tel que x > 1. Alors il existe un et un seul n ∈ Z tel que

xn 6 y < xn+1

1.8 Racine nième d’un nombre réel positif


Théorème 1.4 (Racine nième d’un réel positif). Pour tout nombre réel strictement positif x et pour
tout entier naturel non nul n, il existe un unique réel positif y tel que y n = x. Le réel y est appelé
racine nième de x. On note
√ 1
y = n x ou bien y = x n .

Preuve. Soit A = {a ∈ R∗+ tel que an 6 x}. On va montrer que A est non vide et admet une
borne supérieure.
— Si x < 1 alors x ∈ A, car xn 6 x < 1, par conséquent A est non vide.
— Si x > 1 alors on a : 1n 6 x 6 xn , donc 1 ∈ A et par conséquent A est non vide.
— Si z ∈ A alors z n 6 x, ce qui implique que z 6 x. Donc A est majoré par x.
On déduit alors que A est une partie non vide et majorée de R, donc il existe y ∈ R tel que y = sup(A).
Nous allons montrer que y n = x.
• Supposons par l’absurde que y n < x et posons ε = x − y n > 0. On va chercher h ∈]0, 1[ tel que
(y + h) ∈ A. On a :
n(n − 1) n−2 2
(y + h)n = y n + ny n−1 h + y h + · · · + hn
2
n(n − 1) n−2
= y n + h[ny n−1 + y h + · · · + hn−1 ]
2
n(n − 1) n−2
6 y n + h[ny n−1 + y + · · · + 1] = y n + h[(y + 1)n − y n ]
2
ε
On choisit h ∈]0, 1[ tel que h < et ainsi on a :
(y + 1)n − y n
(y + h)n = y n + h[(y + 1)n − y n ] < y n + ε

Ce module de cours est sous licence GFDL


<x .

Par conséquent (y + h) ∈ A et y + h > y = sup(A), ce qui est absurde.


yn − x
• Supposons maintenant que y n > x et posons h = , alors on a : 0 < h < y. Soit t > 0 tel
ny n−1
que t > y − h. En utilisant l’identité
rrdjeam

an − bn = (a − b)(an−1 + an−2 b + an−3 b2 + · · · + bn−1 )

valable pour tout réels a et b, et le fait que y − h 6 y on a :

y n − (y − h)n = h[y n−1 + y n−2 (y − h) + · · · + (y − h)n−1 ] 6 hny n−1 = y n − x.

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Densité de l’ensemble des nombres rationnels / irrationnels 12

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Ainsi
y n − tn 6 y n − (y − h)n 6 y n − x
et par conséquent x < tn , d’où on conclut que t 6∈ A. En d’autres termes (y −h) est un majorant
de A et y − h < y, en contradiction avec le fait que y soit le plus petit des majorants de A.
On conclut alors que y n = x et y est unique.

Proposition 1.11. Pour tous a, b ∈ R+ et pour tout n ∈ N∗ on a :


n √ √
n
q
n √
q
m √ √ √
n
ab = n
a× b m
a= n
a= mn
a an = a.

Preuve. Exercice

Remarque 1.4. .
1. Soit n ∈ N∗ tel que n est pair. Alors pour tout y ∈ R∗+ on a : y n = (−y)n > 0.
(a) Ainsi pour x ∈ R∗+ et pour n ∈ N∗ pair, l’équation y n = x admet deux solutions dans R :
√ √
y1 = n x et y2 = − n x.
(b) Par contre pour x ∈ R∗− et pour n ∈ N∗ pair, l’équation y n = x n’admet pas de solution dans
R.
2. Pour n ∈ N impair on a : pour tout y ∈ R∗ on a : (−y)n = −y n > 0. Ainsi pour x ∈ R et
p
n ∈ N impair, l’équation y n = x admet une solution unique dans R : y = signe(x) n |x|.

1.9 Densité de l’ensemble des nombres rationnels / irrationnels


Définition 1.7. Un nombre réel est dit irrationnel lorsqu’il n’appartient pas à l’ensemble Q des
nombres rationnels. L’ensemble des nombres irrationnels est donc R r Q.

Définition 1.8. Soit A une partie non vide de R. On dit que A est dense dans R si A rencontre tout
intervalle ouvert ]a, b[, avec a < b.

Ce module de cours est sous licence GFDL


h i
A est dense dans R ⇐⇒ ∀a, b ∈ R, a < b =⇒ ∃x ∈ A, a < x < b.

Par contraposée A est une partie non dense dans R s’il existe au moins deux réels x et y tels que
h i
A n’est pas dense dans R ⇐⇒ ∃x, y ∈ R ; x < y et ∀a ∈ A, x > a ou y 6 a.
rrdjeam

Exemple 1.9. Z n’est pas dense dans R.

Proposition 1.12. .

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Densité de l’ensemble des nombres rationnels / irrationnels 13

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• Pour tous a, b ∈ R avec a < b, il existe un rationnel c ∈ Q tel que a < c < b. On dit alors que
Q est dense dans R.
• Pour tous a, b ∈ R avec a < b, il existe un irrationnel c ∈ R r Q tel que a < c < b. On dit alors
que R r Q est dense dans R.

Preuve. .
1
• Soient a et b deux nombres réels tels que a < b, on pose x = > 0. Soit q un entier
b−a
strictement supérieur à x (un tel entier existe d’après le théorème d’Archimède) et soit p le
plus petit entier strictement supérieur à aq (p existe d’après le théorème d’Archimède). On a
donc :
p 1 p
p − 1 6 aq < p et − 6 a < ( puisque q > 0).
q q q
D’où
p 1 p
a < 6 a + < b, et ∈ Q.
q q q
a b
• De même en considérant les réels A = √ et B = √ , il existe un rationel r tel que
√ 2 2
A < r < B, c’est-à-dire a < r 2 < b.
√ √
(a) Si r 6= 0 alors r 2 est un irrationnel et on a : a < r 2 < b.
     
a a b a
(b) Si r = 0 on prend l’intervall √ , 0 qui est inclus dans l’intervalle √ , √ ; √ , 0
2 √ √ 2 2 2
contient un rationel r1 6= 0. Dans ce cas on a r1 2 ∈ R r Q et a < r1 2 < b.

Une conséquence de cette proposition est le résultat suivant

Corollaire 1.2. Dans tout intervalle de R, différent d’un singleton, il y a une infinité de nombres
rationnels (et de nombres irrationnels).

Proposition 1.13. Tout intervalle de R, différent d’un singleton, et R lui même sont non dénombrables.
Dès lors ils contiennent une infinité non dénombrable de nombres irrationnels.

Théorème 1.5. [Axiome de Cantor]


suite décroissante d’intervalles fermés (c’est-à-dire In+1 ⊂ In pour tout n ∈ N).
Soit In = [an , bn ] une\

Ce module de cours est sous licence GFDL


Alors l’intersection [an , bn ] est un intervalle non vide.
n∈N

On dira alors que R est un corps commutatif ordonné archimédien et complet. On connaît
également l’axiome de Cantor sous le nom de la propriété des intervalles emboîtés.
rrdjeam

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Chapitre

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Espaces métriques – Espaces topologiques

2.1 Espaces métriques


Définition 2.1.
Soit X un ensemble non vide. Une distance sur X est une application d : X × X −→ R vérifiant,
pour tous x, y, z ∈ X, les propriétés suivantes :
(d1 ) : d(x, y) = 0 ⇐⇒ x = y (séparation)
(d2 ) : d(x, y) = d(y, x) (symétrie)
(d3 ) : d(x, z) 6 d(x, y) + d(y, z) (inégalité triangulaire).
Si d est une distance sur X, le couple (X, d) est alors appelé un espace métrique.

Remarque 2.1.
Soit (X, d) un espace métrique.
1. Pour tous x, y ∈ X, d(x, y) > 0. En effet d’après l’inégalité triangulaire (d3 ), on a pour z = x,
0 6 d(x, y) + d(y, x). En utilisant la symétrie de la distance (d2 ), on obtient que d est une
fonction positive.
2. Pour tous x, y, z ∈ X, on a : d(x, z)−d(x, y) 6 d(y, z). En effet d’aprés l’inégalité triangulaire,
on a : d(x, z) − d(x, y) 6 d(y, z). En permutant y et z dans cette inégalité, on obtient d(x, y) −
d(x, z) 6 d(z, y). En utilisant la symétrie de la distance, il en résulte l’inégalité.

2.1.1 Boules ouvertes – Boules fermées – Sphères

Soient (X, d) un espace métrique, a un point de X et r un réel strictement positif. On appelle


— boule ouverte de (X, d) de centre a et de rayon r l’ensemble souvent noté B(a, r) et défini par

B(a, r) := {x ∈ X ; d(a, x) < r}

— boule fermée de (X, d) de centre a et de rayon r l’ensemble souvent noté B 0 (a, r) et défini par Ce module de cours est sous licence GFDL

B 0 (a, r) := {x ∈ X ; d(a, x) 6 r}

— sphère de (X, d), de centre a et de rayon r l’ensemble S(a, r) des points de X situés à la distance
r du point a ; soit :
rrdjeam

S(a, r) := {x ∈ X ; d(a, x) = r} .
Pour deux réels strictement positifs r1 et r2 on a :

0 < r1 < r2 , =⇒ B(a, r1 ) ⊂ B 0 (a, r1 ) ⊂ B(a, r2 ).

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Espaces métriques 15

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Exemple 2.1.
1. Soit X = R. L’application d définie sur R × R par d(x, y) = |x − y|, est une distance sur R.
Les boules ouvertes (respectivement fermées) de R muni de cette distance, sont les intervalles
ouverts (respectivement fermés) de R. Les sphères sont des paires de points.

B(a, r) =]a − r, a + r[ , B 0 (a, r) = [a − r, a + r] et S(a, r) = {a − r, a + r}.

2. Soit X un ensemble. L’application d définie sur X × X par d(x, x) = 0 , ∀ x ∈ X et d(x, y) =


1 , ∀ x 6= y, est une distance sur X, appelée distance discrète sur X. Soit a ∈ X et r > 0. Par
rapport à la distance discrète, on a :
( ( (
X si r > 1 X si r > 1 X − {a} si r = 1
B(a, r) = , B 0 (a, r) = et S(a, r) = .
{a} si r 6 1 {a} si r < 1 ∅ si r 6= 1

3. Soit X = Rn ou Cn , où n est un entier naturel non nul. Pour x = (x1 , · · · , xn ) ∈ X et


n
X
y = (y1 , · · · , yn ) ∈ X, posons d1 (x, y) := |yi − xi |, pour tout p > 2 dp (x, y) :=
i=1
n
! p1
p
X
y i − xi et d∞ (x, y) := max |yi − xi |
16i6n
i=1
Les applications d1 , dp et d∞ ci-dessus définies sont des distances sur X.
4. Soit (X, d) un espace métrique. On pose pour tout x, y ∈ X,
  d(x, y)
ρ(x, y) = inf d(x, y), 1 et µ(x, y) = .
1 + d(x, y)
On vérifie que ρ et µ sont toutes les deux des distances sur X à valeurs dans [0, 1] (donc
bornées).
Nous illustrons ci-dessous les boules de R2 , de centre l’origine et de rayon 2, par rapport à
chacune des distances d1 , d2 et d∞ sur R2 .
2. 2. 2.

1. 1. 1.

Ce module de cours est sous licence GFDL


O O O
−2. −1. 0 1. 2. −2. −1. 0 1. 2. −2. −1. 0 1. 2.

−1. −1. −1.

−2. −2. −2.

Bd1 (0, 2) Bd0 1 (0, 2) Sd1 (0, 2)


rrdjeam

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Espaces métriques 16

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2. 2. 2.

1. 1. 1.

O O O
−2. −1. 0 1. 2. −2. −1. 0 1. 2. −2. −1. 0 1. 2.

−1. −1. −1.

−2. −2. −2.

Bd2 (0, 2) Bd0 2 (0, 2) Sd2 (0, 2)

2.
2. 2.

1.
1. 1.
O
O O
−2. −1. 0 1. 2.
−2. −1. 0 1. 2. −2. −1. 0 1. 2.
−1.
−1. −1.

−2.
−2. −2.

Bd∞ (0, 2) Bd0 ∞ (0, 2) Sd∞ (0, 2)

5. Produit fini d’espaces métriques


n
Y
Soient (Xi , di ), i = 1, · · · , n, des espaces métriques et X = Xi le produit cartésien des
i=1
ensembles Xi . Pour x = (x1 , · · · , xn ) ∈ X et y = (y1 , · · · , yn ) ∈ X, posons d1 (x, y) :=
n n
! 12
X X
di (xi , yi ) d2 (x, y) := di (xi , yi )2 ,
i=1 i=1
n
! p1
p
X
pour tout p > 2 dp (x, y) := y i − xi et d∞ (x, y) := max di (xi , yi ).
16i6n
i=1
Les applications d1 , dp et d∞ ci-dessus définies sont des distances sur X, appelées distances
produit des di . Ce module de cours est sous licence GFDL

Muni de l’une de ces distances, l’ensemble X est appelé espace métrique produit des espaces
métriques (Xi , di ).

2.1.2 Partie ouverte – Partie fermée – Parties bornée – Diamètre – Application bornée
rrdjeam

Soient (X, d) un espace métrique et A une partie de X.


ì On dit que A est ouverte ou que A est un ouvert si pour tout a ∈ A il existe une boule ouverte
centrée en a qui est contenue dans A : ∃r > 0, tel que Bd (a, r) ⊂ A.

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Espaces métriques 17

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ì On dit A est fermée si {A
X = X r A est ouvert

ì On dit que A est bornée dans (X, d), si elle est contenue dans une boule (ouverte ou fermée) de
(X, d). Ce qui signifie qu’il existe un point x0 ∈ X et un réel r > 0 tels que ∀ x ∈ A , d(x0 , x) 6 r
ì On appelle diamètre de A (relativement à la distance d), le nombre (fini ou non) noté diam(A)
et défini par :
diam(A) := sup d(x, y) .
x,y∈A

Proposition 2.1.
Soit (X, d) un espace métrique. Une partie A de X est bornée dans (X, d) si et seulement si
diam(A) est fini.

Démonstration. Supposons que A est une partie bornée de (X, d). Alors il existe a ∈ X et r > 0 tels
que A ⊂ B(a, r). Par suite, pour tous x, y ∈ A, on a :

d(x, y) 6 d(x, a) + d(a, y) 6 r + r = 2r.

Il en résulte que diam(A) 6 2r < +∞. Réciproquement si diam(A) est fini, alors A ⊂ B(x0 , diam(A)),
où x0 est un point quelconque fixé dans A.

Définition 2.2.
Une application f : X −→ (Y, δ) définie d’un ensemble X vers un espace métrique (Y, δ) est dite
bornée, si f (X) est une partie bornée dans (Y, δ).

Notons Fb (X, Y ) l’ensemble des applications bornées définies de X vers (Y, δ). Pour tous f ∈
Fb (X, Y ) et g ∈ Fb (X, Y ), posons

d∞ (f, g) := sup δ(f (x), g(x)) .


x∈X
 
Les parties f (X) et g(X) étant bornées dans (Y, δ) alors le sous-ensemble d f (x), g(x) , x ∈ X
est une partie bornée de R. Par conséquent l’application d∞ ci-dessus définie sur Fb (X, Y ) × Fb (X, Y )
est bien à valeurs dans R+ . Elle définit sur Fb (X, Y ) une distance, appelée distance de la convergence
uniforme.

2.1.3 Sous-espaces métriques


Ce module de cours est sous licence GFDL
Soient (X, d) un espace métrique et A une partie de X. La restriction dA de l’application d sur
A × A définit une distance sur A, appelée distance induite sur A par d. Le couple (A, dA ) est alors
appelé sous-espace métrique de (X, d).
Il est clair que les boules ouvertes, fermées et les sphères dans (A, dA ) sont les intersections avec
A des boules ouvertes, fermées et des sphères de (X, d).
rrdjeam

Exemple 2.2.
T
Soit A = [−1, 3[ munit de la distance de la valeur absolue de R. Alors [−1, 0[= A ] − 2, 0[ est un
T
ouvert de A , [2, 3[= A [2, 4] est un fermé de A.

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Espaces Topologiques 18

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2.2 Espaces Topologiques
Lorsqu’on aborde certains problèmes de convergence, on s’aperçoit assez vite que la notion de
distance est trop restrictive. Par exemple, si on prend la suite de fonctions fn définies sur R par
fn (x) = ( nx )n , on a bien envie de dire qu’elle converge sur R vers la fonction nulle, puisqu’en tout
point de R ou sur tout domaine borné de R cette convergence est vérifiée. Cependant il n’y a pas
de distance évidente que l’on peut considérer pour exprimer cette convergence : l’écart, mesuré
globalement sur la droite réelle, entre deux termes de la suite est toujours infini. D’où l’idée de
trouver une structure contenant toutes les hypothèses nécessaires à l’étude de la convergence et de
la continuité : c’est cette structure qui fait l’objet d’étude de la section.

Définition 2.3.
Soit X un ensemble non vide. Une topologie sur X est une famille T de parties de X vérifiant
les propriétés suivantes :
(O1 ) : T contient l’ensemble X et le sous-ensemble vide ∅ de X.
(O2 ) : toute réunion d’éléments de T appartient à T .
(O3 ) : toute intersection finie d’éléments de T appartient à T .

Si T est une topologie sur X, les éléments de T sont appelés des ouverts de X et le couple (X, T )
un espace topologique. S’il n’y a aucune nécessité de spécifier la topologie, on sous-entend la topologie
T et on parle simplement de l’espace topologique X.

Exemple 2.3.
1. Soit X un ensemble. Alors T = {∅, X} est une topologie sur X, appelée topologie grossière
sur X. L’ensemble de toutes les parties de X définit également une topologie sur X, appelée
topologie discrète sur X.
2. Soit X = R. L’ensemble des réunions d’intervalles ouverts de R définit une topologie sur R,
appelée topologie usuelle de R i.e X, P(X) .


Définition 2.4.
Une topologie T sur un ensemble X est dite séparée (on dit encore que l’ensemble topologique X
est séparé) si, pour tous x, y ∈ X avec x 6= y, il existe un ouvert U contenant x et un ouvert V
contenant y tels que U ∩ V = ∅.

Par exemple, la topologie discrète est toujours séparée. Ce module de cours est sous licence GFDL

Soient T1 et T2 deux topologies définies sur un même ensemble X. On dira que la topologie T1
et moins fine que la topologie T2 si, T1 ⊂ T2 . De façon analogue, la topologie T2 est alors dite plus
fine que T1 .
La topologie grossière est la moins fine possible sur X et la topologie discrète est la plus fine
possible ; mais elle est trop fine pour être intéressante, car pour être “ très voisin ” d’un point x, il
rrdjeam

faut être nécessairement égal à x.

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Espaces Topologiques 19

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2.2.1 Topologie produit
n
Y
Soient (Xi , Ti ), i = 1, · · · , n, des espaces topologiques et X = Xi leur produit cartésien.
i=1
n
Y
On appelle ouvert élémentaire ou pavé de X, toute partie de X de la forme U = Ui , avec
i=1
Ui ∈ Ti .
On appelle topologie produit des topologies Ti , i = 1, · · · , n, la topologie T engendrée sur X par
l’ensemble des ouverts élémentaires de X.
L’espace topologique (X, T ) est alors appelé espace topologique produit des (Xi , Ti ), i = 1, · · · , n.

Proposition 2.2.
Supposons (Xi , Ti ) séparé, pour tout i = 1, · · · , n. Alors l’espace topologique produit (X, T ) est
séparé.

Démonstration. Soient x = (x1 , · · · , xn ) ∈ X et y = (y1 , · · · , yn ) ∈ X, avec x 6= y. Alors il existe


un indice 1 6 i0 6 n tel que xi0 6= yi0 . Puisque l’espace topologique correspondant Xi0 est séparé, il
existe des ouverts Ui0 et Vi0 contenant xi0 et yi0 respectivement tels que Ui0 ∩ Vi0 = ø. Posons
Yn
Ox = Oi , avec Oi0 = Ui0 et Oi = Xi pour i 6= i0 ,
i=1
n
Y
Oy = Oi0 , avec Oi00 = Vi0 et Oi0 = Xi pour i 6= i0 .
i=1
Alors Ox ∈ T , Oy ∈ T , x ∈ Ox , y ∈ Oy et par construction Ox ∩ Oy = ø.
n
Y
Notons pi : X = Xi −→ Xi l’application projection de X sur Xi , qui à tout x = (x1 , · · · , xn ) ∈
i=1
X associe sa ième composante xi ∈ Xi .

Proposition 2.3.
La topologie produit sur X est la moins fine rendant continues toutes les projections pi , i =
1, · · · , n.

Démonstration. Si Ui est un ouvert de Xi , alors p−1


i (Ui ) = X1 × · · · × Xi−1 × Ui × Xi+1 × · · · × Xn , qui
est un ouvert de la topologie produit T . Il en résulte donc que pi : (X, T ) −→ (Xi , Ti ) est continue.
Soit T 0 une topologie sur X pour laquelle toutes les projections pi sont continues.
Ce module de cours est sous licence GFDL
\n
Alors, pour tout ouvert Ui de Xi , pi (Ui ) ∈ T , et ceci pour i = 1, · · · , n. Par suite
−1 0
p−1
i (Ui ) =
i=1
n
Y
Ui ∈ T 0 . Par conséquent T 0 contient tous les ouverts élémentaires de X. D’où T ⊂ T 0 .
i=1

Soient X un espace topologique, (X 0 , T 0 ) un espace topologique produit de n espaces topologiques


rrdjeam

(Xi0 , Ti 0 ) et f : (X, T ) −→ (X 0 , T 0 ) une application de X dans X 0 .


Notons p0i la projection de X 0 sur Xi0 .

Proposition 2.4.

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Espaces Topologiques 20

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L’application f est continue si et seulement si toutes les composées p0i ◦ f : (X, T ) −→ (Xi0 , Ti 0 ),
i = 1, · · · , n, sont continues.
Démonstration. Si f est continue, alors , pour tout i, p0i ◦ f est continue comme composée de deux
applications continues.
n
Y
0
Réciproquement supposons que, pour tout i = 1, · · · , n, pi ◦ f est continue. Soit Ui0 ∈ T 0 un
i=1
n n
0
Y \
ouvert élémentaire de X 0 . On a Ui0 = pi−1 (Ui0 ). Par suite
i=1 i=1
n n n n
0 −1 −1 0 −1
Y \ \ \
−1 0 −1 0
f ( Ui ) = f ( pi (Ui )) = f (pi (Ui )) = (p0i ◦ f )−1 (Ui0 ) .
0

i=1 i=1 i=1 i=1


n
\
Puisque par hypothèse (p0i ◦ f) −1
(Ui0 ) ∈ T , il en résulte que (p0i ◦ f )−1 (Ui0 ) ∈ T .
! i=1
n
Y n
Y
Par conséquent f −1
Ui0 ∈ T , pour tout ouvert élémentaire Ui0 de X 0 .
i=1 i=1
On en déduit que f −1 (U 0 ) ∈ T , pour tout ouvert de X 0 .

2.2.2 Topologie des espaces métriques

Soit (X, d) un espace métrique.


Définition 2.5.
On appelle ouvert de (X, d) toute partie O de X qui est vide ou qui est telle que, pour tout point
x ∈ O, il existe une boule ouverte centrée en x qui soit contenue dans O. En d’autres termes,

O est un ouvert ⇐⇒ ∀ x ∈ O ∃ r > 0 ; B(x, r) ⊂ O.

L’ensemble des ouverts de (X, d) satisfait les propriétés (O1 ), (O2 ) et (O3 ) de la Définition 2.3
donc définit sur X une topologie, appelée topologie induite sur X par la distance d, on la note souvent
Td donc l’espace métrique (X, d) est un topologique (X, Td ).
Le résutat suivant montre le lien entre les boules ouvertes de l’espace métrique et les ouverts de la
topologie induite :

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Proposition 2.5.
Toute boule ouverte de (X, d) est un ouvert de la topologie induite par la distance d.
Démonstration. Soient B(x0 , r0 ) une boule ouverte de (X, d) et x ∈ B(x0 , r0 ). Alors d(x, x0 ) < r0 et
r0 − d(x, x0 )
par suite ρ = > 0. On a B(x, ρ) ⊂ B(x0 , r0 ). En effet, pour tout y ∈ B(x, ρ), on a
2
r0 − d(x, x0 )
d(x0 , y) 6 d(x0 , x) + d(x, y) 6 d(x0 , x) +
rrdjeam

2
r0 + d(x, x0 )
= < r0 , car d(x0 , x) < r0 .
2

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Corollaire 2.1.
Tout ouvert de (X, d) est une réunion quelconque de boules ouvertes.
Démonstration. Soit O un ouvert de (X, d). Pour tout x ∈ O, il existe rx > 0 tel que B(x, rx ) ⊂ O
On a O =
S
B(x, rx ).
x∈O

Proposition 2.6.
Soit (X, d) un espace métrique. La topologie induite sur X par la distance d est séparée.
d(x, y)
Démonstration. Soient x ∈ X, y ∈ X avec x 6= y. Alors r = > 0. Posons U = B(x, r) et
2
V = B(y, r). On a bien x ∈ U , y ∈ V et U ∩ V = ∅.

2.2.3 Voisinages

Définition 2.6.
Soient (X, T ) un espace topologique et x ∈ X. On appelle voisinage de x, toute partie de X qui
contient un ouvert auquel appartient le point x, en d’autres termes

A ⊂ X est voisinage de x ⇐⇒ ∃ O ∈ T ; x ∈ O ⊂ A.

L’ensemble V(x) des voisinages du point x ∈ X vérifie les propriétés ci-après :


Propriété 2.1.
(V1 ) : Si V ∈ V(x), alors x ∈ V .
(V2 ) : Si V ⊂ V 0 et V ∈ V(x) alors V 0 ∈ V(x).
n
(V3 ) : Si V1 , · · · , Vn ∈ V(x), alors Vi ∈ V(x).
T
i=1
(V4 ) : ∀ V ∈ V(x), il existe W ∈ V(x) tel que V ∈ V(y), ∀ y ∈ W .
Démonstration. Les propriétés (V1 ), (V2 ) et (V3 ) proviennent directement de la définition.
Pour la propriété (V4 ), il suffit de se référer à l’ouvert de la définition de voisinage.

Définition 2.7.
— Un point x ∈ X est dit isolé si {x} ∈ V(x) ; ce qui revient aussi à dire que {x} est un ouvert.
— Un point x ∈ X est appelé point d’accumulation de X si, tout voisinage de x contient des points
autre que x ; c’est-à-dire qu’un point d’accumulation est un point qui n’est pas isolé.

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Plus généralement, x ∈ X est dit point d’accumulation d’une partie A de X si, tout voisinage
de x contient des points de A autre que x.
Proposition 2.7.
Soit X un espace topologique. Un sous-ensemble O de X est un ouvert si et seulement si, O est
voisinage de chacun de ses points.
Démonstration. Si O est un ouvert de X, alors il est par définition voisinage de chacun de ses points.
rrdjeam

Réciproquement supposons que O soit voisinage de chacun de ses points. Alors, pour tout x ∈ O, il
existe un ouvert Wx tel que x ∈ Wx et WX ⊂ O. Il s’en suit que O = Wx . Par conséquent O est
S
x∈O
un ouvert comme étant une réunion d’ouverts.

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Définition 2.8.
Soit x un point de l’espace topologique X. On dit qu’une famille Wx de voisinages de x est une
base de voisinages de x si, pour tout V ∈ V(x), il existe W ∈ Wx tel que W ⊂ V .
Si de plus la famille Wx est dénombrable, on parle alors de base dénombrable de voisinages de x.

Exemple 2.4.
1

Soit (X, d) un espace métrique. Alors, pour tout point x ∈ X, l’ensemble B(x, n+1 ) ; n ∈ N est
une base dénombrable de voisinage de x.

2.2.4 Notion de fermés

Définition 2.9.
Soit X un espace topologique. On apelle fermé de X, toute partie de X dont le complémentaire
est un ouvert. En d’autres termes,

A⊂X est un fermé ⇐⇒ Ac = X r A est un ouvert.

Par passage au complémentaire, on déduit les propriétés des fermés de celles des ouverts :

Propriété 2.2.
Soit (X, T ) un espace topologique.
(F1 ) L’ensemble vide ∅ et X sont des fermés.
(F2 ) Toute intersection de fermés est un fermé.
(F3 ) Toute réunion finie de fermés est un fermé.

Dans le cas d’un espace métrique, nous avons :

Proposition 2.8.
Soit (X, d) un espace métrique. Toute boule fermée de (X, d) est un fermé de l’espace topologique
X (muni de la topologie induite par d).

Démonstration. Soit B 0 (x0 , r0 ) une boule fermée de (X, d). Il s’agit de montrer que le complémentaire
de B 0 (x0 , r0 ) est ouvert dans X. Soit donc x ∈ / B 0 (x0 , r0 ). On a d(x0 , x) > r0 .
d(x0 , x) − r0
Posons ρ = . Alors, pour tout y ∈ B(x, ρ), on a
2

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d(x0 , x) − r0
d(x0 , x) − d(x0 , y) 6 d(x, y) < ρ = .
2
d(x0 , x) + r0
Par suite r0 < / B 0 (x0 , r0 ). Il en résulte
= d(x0 , x) − ρ < d(x0 , y) . Par conséquent y ∈
2
donc que la boule ouverte B(x, ρ) est contenue dans le complémentaire de B 0 (x0 , r0 ).

Exemple 2.5.
rrdjeam

Dans R les intervalles de type [a , b], ] − ∞ , a] et [b , +∞[, a, b ∈ R, sont fermés comme


complémentaires des ouverts ] − ∞ , a[∪]b , +∞[, ]a , +∞[ et ] − ∞ , b[ respectivement.
Par contre l’intervalle [0 , 1[ n’est ni ouvert, ni fermé dans R.

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2.2.5 Sous-espaces topologiques

Définition 2.10.
Soit (X, T ) un espace topologique et A une partie de X. Notons TA l’ensemble des traces sur A
des ouverts de l’espace topologique X ; c’est-à-dire TA = {O ∩ A ; O ∈ T }.
On vérifie aisément que TA définit une topologie sur A.
L’espace topologique (A, TA ) est alors appelé sous-espace topologique de (X, T ).

Proposition 2.9.
1. Les fermés de TA sont les traces sur A des fermés de T ; c’est-à-dire qu’une partie K ⊂ A est
fermée dans (A, TA ) si et seulement s’il existe une partie F ⊂ X, fermée dans (X, T ), telle
que K = F ∩ A.
2. Les voisinages dans (A, TA ) d’un point x ∈ A sont les traces sur A des voisinages de x dans
(X, T ). Si VA (x) désigne l’ensemble des voisinages dans (A, TA ) du point x ∈ A, on a VA (x) =
{V ∩ A ; V ∈ V(x)}.
3. Si B ⊂ A ⊂ X, alors la topologie induite par TA sur B coincide avec la topologie TB induite
sur B par T . c’est-à-dire que (TA )B = TB .
4. Si (X, T ) est séparé alors (A, TA ) est séparé.

Dans le cas d’un espace métrique, on a :

Proposition 2.10.
Soit (X, d) un espace métrique et A ⊂ X. L’espace topologique (A, TdA ) induit par la métrique
dA (restriction sur A de la distance d) est un sous-espace topologique de l’espace topologique (X, Td )
induit par la métrique d.

Démonstration. Soient x ∈ A et r > 0. Notons BA (x, r) la boule ouverte de centre x et de rayon r


relativement à la distance dA . On a : BA (x, r) = B(x, r) ∩ A. Il s’en suit que tout ouvert de l’espace
topologique (A, dA ) est la trace avec A d’un ouvert de l’espace topologique (X, d).

Exemple 2.6.
1. La topologie induite sur l’ensemble Z par la topologie usuelle de R est la topologie discrète. En
effet, pour tout entier n ∈ Z, on a : {n} = ]n − 1 , n + 1[ ∩Z. Il s’en suit que tout singleton

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dans Z est un ouvert du sous-espace topologique Z.
2. Soient X = R et A = [0, 2[. Le sous-ensemble [0 , 1[ est ouvert dans le sous-espace topologique
A (par exemple [0 , 1[ = ] − 1 , 1[∩A), mais n’est ni ouvert, ni fermé dans R. Le sous-ensemble
[1 , 2[ est fermé dans le sous-espace topologique A. Par exemple [1 , 2[ = [1 , 3] ∩ A.

Dans le cas où A est une partie ouverte ou fermée de X, on a les caractérisations suivantes :
rrdjeam

Proposition 2.11.
Soient X un espace topologique et A une partie de X.
— Supposons que A soit un ouvert dans X. Alors une partie U de X est un ouvert dans A si et
seulement si U est contenue dans A et est un ouvert dans X.

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— Supposons que A soit fermée dans X. Alors une partie F de X est fermée dans A si et seulement
si F est contenue dans A et est une partie fermée de X.

Démonstration. Le reśultat découle immédiatement des propriétés des ouverts et fermés.

2.2.6 Adhérence d’une partie

Définition 2.11.
Soient X un espace topologique, A une partie de X et x un point de X. On dit que le point x est
adhérent à A si, tout voisinage de x (ou tout ouvert contenant x) rencontre A.
L’ensemble des points adhérents à A est applelé l’ adhérence de A et notée A (lire A barre).

Proposition 2.12.
L’adhérence de A est la plus petite (au sens de l’inclusion) partie fermée de X, contenant A.

Démonstration. A est une partie fermée de X.


En effet, pour tout x ∈ / A, il existe par définition de l’adhérence, un ouvert U contenant x tel que
U ∩ A = ∅. Il s’en suit que le complémentaire de A est voisinage de chacun de ses points et est donc
un ouvert de X.
Soit F une partie fermée de X contenant A. Notons F c le complémentaire de F . Pour tout x ∈ F c ,
il existe un ouvert U contenant x tel que U ⊂ F c , car F c est un ouvert. On a alors U ∩A ⊂ U ∩F = ∅.
c
Par conséquent x ∈ / A ; c’est-à-dire que x ∈ A = {A X = X r A, le complémentaire de A. On en déduit
c c
que F ⊂ A , soit : A ⊂ F . Par suite A est bien la plus petite fermée contenant A.

Remarque 2.2.
Notons T la topologie sur X et T c l’ensemble des fermés de X. On peut montrer le résultat
ci-dessus en observant que  c
 [ \
A= O = F

O∈T F∈T c
O∩A=∅ A⊂F

Il résulte de la Proposition 2.12 (et aussi de l’observation ci-dessus) que l’adhérence de A est
l’intersection de tous les fermés contenant A. Comme autre conséquence immédiate de la Proposition
2.12 on a :

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Corollaire 2.2.
A ⊂ A et A est une partie fermée de X si, et seulement si A = A.

Proposition 2.13.
a) A = A et si A ⊂ B alors A ⊂ B.
b) A ∪ B = A ∪ B et A ∩ B ⊂ A ∩ B.
rrdjeam

Remarque 2.3.
L’inclusion au niveau de la propriété (b) peut être stricte comme le montre l’exemple ci-dessous :
soient X = R, A = [0 , 1[ et B =]1 , 2]. On a A ∩ B = ∅ , A ∩ B = ∅ et A ∩ B = {1}.

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Définition 2.12.
Une partie A de l’espace topologique X est dite dense dans X si, tout ouvert de X rencontre A ;
c’est-à-dire si A = X. L’espace topologique X sera dit séparable s’il contient une partie dénombrable
et dense dans X.

Exemple 2.7.
L’ensemble R muni de sa topologie usuelle est séparable car le sous-ensemble des rationnels Q est
dénombrable et dense dans R.

2.2.7 Intérieur d’une partie

Soient X un espace topologique, A une partie de X et x un point de X. On dit que x est un point
intérieur à A s’il existe un ouvert contenant x qui soit inclus dans A ; c’est-à-dire si A ∈ V(x).
L’ensemble des points intérieurs à A est appelé l’intérieur de A et noté Å (lire A rond). L’intérieur
de A est donc l’ensemble des points dont A est voisinage.

Proposition 2.14.
L’intérieur de A est le plus grand (au sens de l’inclusion) ouvert contenu dans A.

Démonstration. Notons T la topologie sur X. On a

Å = x ∈ X / A ∈ V(x)


= x∈X/∃O∈T , x∈O, O⊂A



[
= O.
O∈T
O⊂A

Ce qui prouve le résultat.

Comme le montre bien la preuve ci-dessus, l’intérieur de A est la réunion de tous les ouverts
contenus dans A.
De la Proposition 2.14 il résulte que :

Corollaire 2.3.
Å ⊂ A et A est une partie ouverte de X si, et seulement si Å = A.

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Propriété 2.3.
˚
a) Å = Å et si A ⊂ B alors Å ⊂ B̊.
˚ {
z }| ˚ {
z }|
(b) A ∩ B = Å ∩ B̊ et Å ∪ B̊ ⊂ A ∪ B.

Démonstration. : Exercice.

Définition 2.13.
rrdjeam

— On appelle extérieur de A, noté Ext(A), l’intérieur du complémentaire de A c’est-à-dire Ext(A) =


˚
z}|{ ˚
z}|{
Ac = {A X

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— La frontière de A, notée F r(A), est l’ensemble des points de X dont tout voisinage rencontre à
la fois A et le complémentaire de A ; c’est-à-dire que F r(A) := A ∩ Ac , où Ac = {A
X désigne le
complémentaire de A.

Proposition 2.15.
˚
z}|{
Å A
1. {A
X = {X et {A
X = { X
 
2. F r(A) = A r Å et le triplet Å, F r(A), Ext(A) constitue une partition de X.

a) On a : {A Oc = {X
T T S
Démonstration. X = F = O = {X Å et
F ∈T c O∈T O∈T
Ac ⊂F O⊂A O⊂A
  ˚
z}|{
{A Oc =
T T S
X = {X F = {X O = {X A.
F ∈T c O∈T O∈T
A⊂F O⊂Ac O⊂Ac

b) On déduit de a) que : F r(A) = A ∩ Ac = A ∩ {X Å = A r Å. Il est clair que les parties


(Å, F r(A) et Åc ) sont deux à deux disjointes et, d’àprès ce qui précède, A = F r(A) ∪ Å.
˚
z}|{ ˚
z}|{
Puisque {X A = {X A, on obtient que F r(A) ∪ Å ∪ {X A = X.

Dans le cas d’un espace métrique on pourrait exprimer de façon équivalente toutes les notions
prédèdentes en terme de boule ouverte en lieu et place de voisinage ou d’ouvert.
Il n’est peut-être pas inutile d’attirer l’attention du lecteur sur le fait que, comme le montre
l’exemple ci-dessous, la boule fermée n’est pas nécessairement l’adhérence de la boule ouverte dans
un espace métrique. Soient d la distance discrète sur un ensemble X et x ∈ X. Dans cet espace
˚ {
z }|
métrique (X, d), on a : B(x, 1) = {x} = {x}, B 0 (x, 1) = X, B(x, 1) = {x} et F r(B(x, 1)) = ∅. On
voit donc bien que si le cardinal de X est supérieur ou égal à deux, alors B(x, 1) 6= B 0 (x, 1).

2.2.8 Distance entre parties d’un espace métrique

Soient (X, d) un espace métrique, A et B deux parties de X et x0 un point de X. On appelle


distance du point x0 à A la quantité, notée δ(x0 , A) et définie par :

δ(x0 , A) := inf d(x0 , x).

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x∈A

On a la relation suivante :

Proposition 2.16. x0 ∈ A ⇐⇒ δ(x0 , A) = 0.

On appellera distance entre les parties A et B, la quantité notée η(A, B) et définie par :

η(A, B) := inf d(x, y).


rrdjeam

(x,y)∈A×B

Remarque 2.4.
Comme le montre l’exemple ci-dessous, l’égalité η(A, B) = 0 n’entraine nullement que A = B.
 1
Soient X = R, A = {0} et B = n+1 / n ∈ N . On a η(A, B) = 0 bien que A 6= B.

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Suites dans un espace métrique 27

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2.3 Suites dans un espace métrique
2.3.1 Limites – Valeur d’adhérence

Soient (X, d) un espace métrique et J est une partie non vide infinie de N et l un point de X. On
appelle suite d’éléments de X est une application de J à valeur dans X. On la notera (xn )n∈J .
On dit que l est une valeur d’adhérence de la suite (xn )n∈J si, pour tout voisinage V du point l et
tout rang m ∈ J, il existe un rang n ∈ J, n > m tel que xn ∈ V .
De façon équivalente, le point l est une valeur d’adhérence de la suite (xn )n∈J si :

∀ ε > 0 , ∀n ∈ J , ∃ m ∈ J , m > n / d(xm , l) 6 ε.

En particulier, l est alors un point adhérent à l’ensemble {xn ; n ∈ J} des valeurs de la suite.
On dit que la suite (xn )n∈J converge vers le point l si, pour tout voisinage du point l, il existe un
rang au-delà duquel tous les termes de la suite (xn )n∈J appartiennent à V . Soit :

∀ ε > 0 , ∃ n0 ∈ J / ∀ n ∈ J, n > n0 ⇒ d(xn , l) 6 ε.

On note alors lim xn = l ou plus simplement lim xn = l.


n→∞ , n∈J n→+∞
Il est évident que toute limite d’une suite est aussi une valeur d’adhérence de la suite.
Proposition 2.17.
Lorsque la limite d’une suite existe, alors elle est unique.
Démonstration. Supposons que la suite (xn )n∈J ait deux limites l et l0 . Alors, pour tout réel ε > 0,
∃ n1 ∈ J / d(xn , l) 6 2ε , ∀ n > n1 . De même, ∃ n2 ∈ J / d(xn , l0 ) 6 2ε , ∀ n > n2 . Il en
résulte que, pour tout n > n0 = max(n1 , n2 ), d(l, l0 ) 6 d(l, xn ) + d(xn , l0 ) 6 2ε + 2ε = ε. On a alors :
d(l, l0 ) 6 ε , ∀ ε > 0. Par conséquent d(l, l0 ) = 0. Soit : l = l0 .

Remarque 2.5.
Les notions de valeur d’adhérence et de limite d’une suite peuvent être définie dans un espace
topologique quelconque ; mais la propriété de l’unicité de la limite éventuelle d’une suite n’est vraie
que dans un espace topologique séparé.
Le résultat suivant donne une caractérisation séquentielle (en termes de suite) de l’adhérence d’une
partie :

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Proposition 2.18.
Soient (X, d) un espace métrique, A une partie de X et x ∈ X. Le point x est adhérent à A si, et
seulement s’il existe une suite d’éléments de A qui converge vers x.
Démonstration. Supposons x ∈ A. Alors, par définition de A, ∀ n > 0, ∃ xn ∈ A / xn ∈ B(x, n1 ).
C’est-à-dire que : ∀ n > 0, ∃ xn ∈ A / d(x, xn ) 6 n1 . Puisque la suite ( n1 )n>0 converge dans R vers 0,
rrdjeam

on en déduit que : lim d(xn , x) = 0. Par suite lim xn = x.


n→∞ n→∞
Réciproquement supposons qu’il existe une suite (xn )n∈J d’éléments de A qui converge vers x.
Alors : ∀ ε > 0 , ∃ n0 ∈ J / n > n0 ⇒ xn ∈ B(x, ε). On en déduit que ∀ ε > 0 , B(x, ε) ∩ A 6= ∅. Par
conséquent x ∈ A.

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Suites dans un espace métrique 28

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Pour la réciproque, il suffit aussi de remarquer que, si la suite converge vers x, alors x est adhérent
à l’ensemble des éléments de la suite et est donc adhérent à A.

Comme conséquence de la Proposition 2.18 nous avons la caractérisation suivante des parties fermées :
Corollaire 2.4.
Soient (X, d) un espace métrique et A une partie de X. La partie A est fermée dans (X, d) si, et
seulement si toute suite d’éléments de A qui converge, admet sa limite dans A.
Démonstration. Supposons A fermée. Soit (xn )n∈J une suite d’éléments de A qui converge vers x ∈ X.
Alors x ∈ A. Et puisque A = A (car A est fermée), x ∈ A. Réciproquement si toute suite d’éléments
de A qui converge, admet sa limite dans A, alors tout point adhérent à A, étant limite d’une suite
d’éléments de A, appartient à A. On a donc A ⊂ A ; et par suite A = A.

2.3.2 Suite de Cauchy

Soient (X, d) un espace métrique et (xn )n∈J une suite dans X. On dit que la suite (xn )n∈J est de
Cauchy dans X (ou vérifie le critère de Cauchy dans X) si

∀ ε > 0 , ∃ n0 ∈ J / ∀ p , q ∈ J , p > n0 et q > n0 =⇒ d(xp , xq ) 6 ε.

Proposition 2.19.
Soit (xn )n∈J une suite de Cauchy dans un espace métrique (X, d). Alors toute valeur d’adhérence
de (xn )n∈J est limite de (xn )n∈J .
Démonstration. Soit l une valeur d’adhérence de la suite de Cauchy (xn )n∈J . Soit ε > 0. D’après la
propriété de Cauchy, il existe n0 ∈ J tel que, d(xn , xm ) 6 2ε , ∀ n, m > n0 .
D’autre part, d’après la définition de valeur d’adhérence, il existe m0 > n0 tel que d(l, xm0 ) 6 2ε . Il
s’en suit que : d(xn , l) 6 d(xn , xm0 ) + d(xm0 , l) 6 2ε + 2ε = ε , ∀ n > n0 .

Corollaire 2.5.
Toute suite de Cauchy dans un espace métrique possède au plus une valeur d’adhérence.
Démonstration. Le résultat provient de la Proposition 2.19 et de l’unicité de la limite d’une suite
convergente dans un espace métrique.

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Le résultat suivant exprime le lien direct qui existe entre les propriétes de Cauchy et celles de
convergence :
Proposition 2.20.
Toute suite convergente est de Cauchy.
Démonstration. Soient (xn )n∈J une suite convergente dans un espace métrique (X, d) et l ∈ X sa
limite. Alors : ∀ ε > 0 , ∃ n0 ∈ J / ∀ n ∈ J , n > n0 =⇒ d(xn , l) 6 2ε . Par suite, pour p, q ∈ J,
rrdjeam

p > n0 et q > n0 , on a : d(xp , xq ) 6 d(xp , l) + d(xq , l) 6 2ε + 2ε = ε.

Remarque 2.6.
La réciproque de la Proposition 2.20 est en général fausse.

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Espaces métriques complets 29

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2.4 Espaces métriques complets
Un espace métrique (X, d) est dit complet si, toute suite de Cauchy dans (X, d) est convergente dans
(X, d).

Exemple 2.8.
1. L’ensemble R muni de la distance euclidienne est un espace métrique complet.
2. L’ensemble Q muni de la distance euclidienne n’est pas complet.

Proposition 2.21.
Soient X un espace métrique et F un sous-espace métrique de X. Si F est complet, alors F est
fermé dans X.

Démonstration. Supposons donc que F soit un sous-espace métrique complet de X. Montrons que
F = F.
Soit x0 ∈ F . Il existe alors une suite (xn )n d’éléments de F qui converge vers x0 . La suite (xn )n
étant de Cauchy dans F converge alors vers un élément a de F , puisque F est complet. L’unicité de
la limite entraine que x0 = a.
Il s’en suit que x0 ∈ F et par conséquent F = F .

Proposition 2.22.
Soit X un espace métrique complet. Tout sous-espace métrique fermé de X est complet.

Démonstration. Soit (xn )n une suite de Cauchy dans F . Alors (xn )n est aussi de Cauchy dans X, et
puisque X est complet, la suite (xn )n converge vers un élément l ∈ X. On a alors l ∈ F , car (xn )n
est une suite dans F . Il s’en suit que l ∈ F , car F étant fermé, on a F = F . Donc toute suite de
Cauchy dans F converge vers un élément de F ; ce qui prouve que F est complet.

Proposition 2.23.
Soit (X, d) un espace métrique produit de n espaces métriques (Xi , di ), i = 1, · · · , n.
Si, pour tout i = 1, · · · , n, (Xi , di ) est complet, alors (X, d) est complet.

Démonstration. On prend par exemple d = d∞ . Soit (xk )k une suite de Cauchy dans X, avec xk =
(xki )ni=1 . Pour chaque i fixé, (xki )k est une suite de Cauchy dans Xi ; donc converge vers un élément
li ∈ Xi , car Xi est complet. Posons l = (l1 , · · · , ln ) ∈ X. On vérifie aisément que la suite (xk )k
converge vers l. Ce module de cours est sous licence GFDL

Le résultat suivant caractérise les espaces métriques complets :

Théorème 2.1 (des fermés emboı̂tés).


Soit (X, d) un espace métrique. Les propriétés suivantes sont équivalentes :
i) X est complet.
rrdjeam

ii) Pour toute suite décroissante (Fn )n de fermés non vides de X telle que
T
lim diam(Fn ) = 0, on a Fn 6= ∅.
n→+∞ n

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Démonstration. Montrons que (i) implque (ii).
Supposons donc X complet. Et soit (Fn )n une suite décroissante de fermés non vides de X telle
que lim diam(Fn ) = 0. Soit xn ∈ Fn . Puisque lim diam(Fn ) = 0, alors
n→+∞ n→+∞
∀ ε > 0, ∃ n0 tel que diam(Fn0 ) 6 ε.

Pour tous p, q > n0 , on a Fp ⊂ Fn0 et Fq ⊂ Fn0 car (Fn )n est une suite décroissante . Ainsi xp ∈ Fn0
et xq ∈ Fn0 . Ce qui entraine que d(xp , xq ) 6 diam(Fn0 ) 6 ε. Il s’en suit donc que la suite (xn )n est
de Cauchy dans X qui est complet, donc elle converge vers un élément l ∈ X. Soit k ∈ N fixé. Pour
tout n > k, on a xn ∈ Fk , et puisque Fk est fermé, la limite
\ l de la \ suite (xn )n appartient à Fk . Il en
résulte donc que l ∈ Fk , ∀ k ∈ N. Par conséquent l ∈ Fk . D’où Fn 6= ∅.
k n
Réciproquement supposons (ii) et montrons (i).
Soit (xn )n une suite de Cauchy dans X. On pose Xk = {xn ; n > k} et Fk = X k . Alors la suite (Fn )n
ainsi constituée est une suite décroissante de fermés non vides. La suite (xn )n étant de Cauchy, pour
tout ε > 0, il existe n0 tel que d(xp , xq ) 6 ε, ∀ p, q > n0 . Ce qui entraine que diam(Xk ) 6 ε, ∀ k > n0 .
Il s’en suit que lim diam(Fn ) = lim diam(Xn ) = 0, car toute partie et son adhérence ont le même
n→+∞ n→+∞ T T
diamètre (cf. exercice). D’après (ii), on a alors Fn 6= ∅. Soit l ∈ Fn 6= ∅. Pour tout n > n0 , on a
n n
d(xn , l) 6 diam(Fn ) 6 ε. Ce qui prouve que la suite (xn )n converge vers l.

Remarque 2.7.
T
Il résulte de la preuve du Théorème 2.1 ci-dessus que Fn = {l}.
n

2.5 Applications continues


Définition 2.14.
Soient X et Y deux espaces topologiques et f : (X, T ) −→ (Y, T 0 ) une application. On dit que
l’application f est continue en un point x0 ∈ X si, pour tout voisinage V du point f (x0 ) dans Y , il
existe un voisinage U de x0 dans X tel que f (U ) ⊂ V .
On dira que f est continue sur X si, elle est continue en tout point de X.

Théorème 2.2.
Les propriétés suivantes sont équivalentes :
1. L’application f est continue sur X.
2. L’image réciproque de tout ouvert de Y est un ouvert de X. Ce module de cours est sous licence GFDL

3. L’image réciproque de tout fermé de Y est un fermé de X.

Démonstration. Montrons que 1 implique 2.


Supposons f continue sur X et soit V un ouvert de Y . Notons U = f −1 (V ). Il s’agit de montrer que
U est ouvert dans X.
rrdjeam

Soit x ∈ U . Alors f (x) ∈ V ; ce qui implique que V ∈ V(f (x)), car V étant ouvert est voisinage de
chacun de ses points. Puisque f est continue sur X, donc au point x, il existe W ∈ V(x) tel que
f (W ) ∈ V ; soit W ∈ f −1 (V ) = U . Par conséquent U ∈ V(x). D’où U est ouvert dans X.

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Montrons que 2 implique 1 Supposons 2 et montrons que f est continue en tout point de X. Soient
x ∈ X et V ∈ V(f (x)). Alors il existe un ouvert O de Y contenant f (x) tel que O ⊂ V . D’après 2,
f −1 (O) est un ouvert de X. De plus x ∈ f −1 (O) et f −1 (O) ⊂ f −1 (V ). Par conséquent f −1 (V ) est un
voisinage de x, pour tout voisinage V de f (x).
Montrons que 2 est équivalent à 3. Supposons 2 et soit F un fermé de Y . Montrons que G = f −1 (F )
est fermé dans X. F étant fermé dans Y , son complémentaire F c est ouvert dans Y et d’après 2,
f −1 (F c ) est ouvert dans X. Puisque f −1 (F c ) est le complémentaire de f −1 (F ) dans X, il en résulte
que f −1 (F ) est fermé dans X. D’où 2 implique 3. On démontre de manière analogue que 3 implique
2.

2.5.1 Applications continues entre espaces métriques

Soient f : (X, d) −→ (Y, δ) une application entre (X, d) et (Y, δ) deux espaces métriques, x0 ∈ X
et l ∈ Y .

Définition 2.15.
On dit que f (x) tend vers l lorsque x tend vers x0 si,

∀ε > 0 , ∃α > 0 / ∀x ∈ X , d(x0 , x) 6 α ⇒ δ(f (x), l) 6 ε .

On note alors lim f (x) = l.


x→x0
On dit que f est continue au point x0 ∈ X si, lim f (x) = f (x0 ). De façon équivalente, on dira
x→x0
que f est continue au point x0 si,

∀ε > 0 , ∃α > 0 / ∀x ∈ X , d(x0 , x) 6 α ⇒ δ(f (x), f (x0 )) 6 ε .

On dit que f est continue sur X si elle est continue en tout point de X.

Remarque 2.8.
1. La continuité d’une application définie entre espaces métriques n’est qu’une expression en
termes de distance et de boules de la définition de continuité donnée dans la section précédente.
2. La propriété (ii) du Théorème 2.2 pourrait s’énoncer comme suit : l’image réciproque de toute
boule ouverte de (Y, δ) est une boule ouverte de (X, d) ; et la propriété (iii) de manière analogue :
l’image réciproque de toute boule fermée de (Y, δ) est une boule fermée de (X, d).

Nous avons la caractérisation séquentielle suivante de la continuité : Ce module de cours est sous licence GFDL

Théorème 2.3.
Soient f : (X, d) −→ (Y, δ) une application et x0 ∈ X. Les propositions suivantes sont équivalentes :
1. l’application f est continue au point x0 ;

2. pour toute suite (xn )n dans X convergeant vers x0 , la suite f (xn ) n converge vers f (x0 ).
rrdjeam

Démonstration. Montrons que 1 implique 2.


Supposons f continue en x0 , et soit (xn )n une suite dans X convergeant vers x0 . Montrons que la
suite f (xn ))n converge vers f (x0 ). Soit W un voisinage de f (x0 ) dans Y . Puisque f est continue en

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x0 , il existe un voisinage V du point x0 dans X tel que f (V ) ⊂ W . Par suite, il existe un rang n0 ∈ N
tel que, pour tout n > n0 , xn ∈ V ; V ∈ V(x0 ) et lim xn = x0 ). Ce qui implique que, pour tout
n→∞
n > n0 , f (xn ) ∈ f (V ) ⊂ W . D’où lim f (xn ) = f (x0 ).
n→∞
Montrons que 2 implique 1.
Supposons 2 et f non continue au point x0 . Alors il existe un voisinage W de f (x0 ) dans Y tel que,
pour tout n ∈ N∗ , f (B(x0 , n1 )) " W . On peut donc trouver une suite (xn )n avec d(x0 , xn ) < n1 et
telle que ∀ n , f (xn ) ∈/ W . Mais alors on aurait lim xn = x0 et la suite (f (xn ))n ne tendant pas vers
n→∞
f (x0 ) ; ce qui contredit 2.

Corollaire 2.6.
Soient f : (X, d) −→ (X, d) une application continue en un point l ∈ X et (xn )n une suite
récurrente définie par x0 ∈ X et xn+1 = f (xn ). Si la suite récurrente (xn )n converge vers le point l,
alors on a : f (l) = l.
Démonstration. Puisque f est continue au point l et que la suite (xn )n converge vers l, il résulte du
Théorème 2.3 ci-dessus que la suite (f (xn ))n converge vers f (l). Les deux suites (xn )n et (f (xn ))n
étant identiques, on en déduit que l = f (l).

En ce qui concerne la continuité globale, nous avons le résultat suivant :


Théorème 2.4. Soit f : (X, d) −→ (Y, δ) une application. Alors
1. f est continue sur X si, pour toute suite (xn )n convergente dans X, la suite (f (xn ))n converge
dans Y et lim f (xn ) = f ( lim xn ).
n→∞ n→∞

2. f est continue sur X si et seulement si, pour toute partie A de X, on a f (A) ⊂ f (A).
Démonstration. 1. Cette équivalence provient du Théorème 2.3 ci-dessus.
2. Supposons f continue sur X. Soient A ⊂ X et x ∈ A. Il existe une suite (xn )n d’éléments de
A telle que lim xn = x. Et puisque f est continue au point x, la suite f (xn ))n converge vers
n→∞
f (x). Il en résulte que f (x) est une valeur d’adhérence de la suite f (xn ))n , et est donc adhérent
à f (A). On a donc bien f (x) ∈ f (A) , ∀ x ∈ A.
Réciproquement supposons que f (A) ⊂ f (A) , ∀ A ⊂ X. Pour tout fermé F de Y , on a
f (f −1 (F )) ⊂ f (f −1 (F )) ⊂ F = F . Par conséquent f −1 (F ) ⊂ f −1 (F ), et par suite f −1 (F ) =
f −1 (F ). L’image réciproque par f de tout fermé de Y étant fermée dans X, f est donc continue.

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2.5.2 Quelques propriétés des applications continues

Proposition 2.24. Soient X, Y et Z trois espaces métriques, f : X −→ Y et g : Y −→ Z deux


applications. Si f est continue au point x ∈ X (resp. continue sur X) et g est continue au point f (x)
(resp. continue sur Y ), alors l’application g ◦ f : X −→ Z est continue au point x (resp. continue
rrdjeam

sur X).
Démonstration. Le résultat vient du fait que, pour toute partie O ⊂ Z, on a (g ◦ f )−1 (O) =
f −1 (g −1 (O)).

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Théorème 2.5. Soient (X, d) et (Y, δ) deux espaces métriques et
f, g : (X, d) −→ (Y, δ) des applications continues sur X. Alors le sous-ensemble A = {x ∈ X / f (x) =
g(x)} est fermé dans X.

Démonstration. Soit x0 ∈ Ac . Alors f (x0 ) 6= g(x0 ).


Posons α = δ(f (x0 ), g(x0 )) > 0. Puisque f et g sont continues sur X, il existe un voisinage V du
point x0 tel que, pour tout x ∈ V , on ait : δ(f (x0 ), g(x0 )) < α2 et δ(g(x0 ), g(x)) < α2 . On a alors, pour
tout x ∈ V ,
   α  α
δ(f (x0 ), g(x0 )) = α 6 δ f (x0 ), f (x) + δ f (x), g(x) + δ g(x), g(x0 ) < + δ f (x), g(x) + ;
2 2
soit : α < α + δ(f (x), g(x)). Il en résulte que δ(f (x), g(x)) > 0 ; et par suite
f (x) 6= g(x) , ∀ x ∈ V . Par conséquent V ∈ Ac ; ce qui prouve que Ac est voisinage de chacun de ses
points et donc ouvert.

Remarque 2.9.
Comme le montre la preuve ci-dessus, sous les hypothèse du Théorème 2.5 , le sous-ensemble

B = x ∈ X ; f (x) 6= g(x) est ouvert dans X.

Le résultat suivant, connu sous le nom de prolongement des identités, est une conséquence du
Théorème 2.5.

Corollaire 2.7.
Soient (X, d) et (Y, δ) deux espaces métriques et f, g : (X, d) −→ (Y, δ) des applications continues
sur X. Si f et g coincident sur une partie dense de X, alors elles sont égales sur X tout entier.

Démonstration. Soit D une partie dense de X telle que f|D = g|D . Posons A = x ∈ X ; f (x) =
g(x) . Alors D ⊂ A ; et par suite D ⊂ A. Or D = X (car D est dense dans X) et A = A (car A est
fermé). Par conséquent A = X.

Théorème 2.6.
Soient X un espace métrique et f, g : X −→ R deux fonctions continues sur X. Alors le sous-

ensemble B = x ∈ X / f (x) 6 g(x) est fermé dans X.

Démonstration. Soit x0 ∈ B c . Alors f (x0 ) > g(x0 ). Soit β ∈ R / g(x0 ) < β < f (x0 ). Puisque f et g
sont continues sur X, les sous-ensembles U = f −1 ]β, +∞[ et V = g −1 ]−∞, β[ sont des voisinages
 

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de x0 . Alors W = U ∩ V est un voisinage de x0 et, pour tout x ∈ W , on a g(x) < β < f (x) ; soit
W ⊂ B c . Par conséquent B c est voisinage de chacun de ses points et est donc ouvert dans X.

Remarque 2.10 (Prolongement par continuité. ).


i) Soit maintenant A une partie de X, a un point de A mais n’appartenant pas à A, f une
application de A dans Y . Si un élément l de Y est limite de f (x) lorsque x tend vers a en
rrdjeam

restant dans A, on peut poser f (a) = l ; ainsi prolongée à A ∪ {a}, l’application fe obtenue est
continue au point a. En effet, Soit W un voisinage de l dans Y . Comme l = x→a lim f (x), il existe
 x∈A

un voisinage V de a dans X tel que f (A ∩ V ) ⊂ W (?). Posons U = A ∪ {a} ∩ V . La partie

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U est un voisinage de a dans A ∪ {a}. Comme en plus de (?) ci-dessus, l = fe(a) ∈ W , on a
donc fe(U ) ⊂ W . Ceci traduit la continuité du prolongement fe en a.
Si Y est séparé, c’est la seule manière de prolonger f à A ∪ {a} de telle sorte que la fonction
prolongée soit continue en a.
ii) Supposons Y séparé et A dense dans X. Si f : X −→ Y est continue, la connaissance de la
restriction de f à A suffit à déterminer complètement f .
À l’inverse, si on suppose que g est une application donnée sur une partie dense A de X à
valeurs dans un espace topologique séparé Y . Une condition nécessaire pour que g puisse être
prolongée en une fonction continue f de X dans Y est que, pour tout x ∈ X, g(a) ait une
limite lorsque a tend vers x en restant dans A. Cette limite lorsqu’elle existe sera évidemment
la valeur de f en x. Ceci prouve qu’un tel prolongement lorsqu’il existe est unique.

Le résultat suivant, connu sous le nom de prolongement des inégalités, est une conséquence du
Théorème 2.6.

Corollaire 2.8.
Soient f , g : X −→ R deux fonctions continues sur un espace métrique X et D une partie dense
dans X. Si f|D 6 g|D , alors f 6 g.

Démonstration. Le sous-ensemble B = {x ∈ X / f (x) 6 g(x)} est fermé dans X et D ⊂ B. Ce qui


implique que D ⊂ B. Puisque D est dense dans X et B est fermé, on en déduit que B = X.

Définition 2.16. (Continuité uniforme)


Soit f : (X, d) −→ (Y, δ) une application définie entre deux espaces métriques (X, d) et (Y, δ). On
dit que f est uniformément continue sur X si,

∀ ε > 0 , ∃ α > 0 tel que ∀ x, y ∈ X , d(x, y) 6 α ⇒ δ f (x), f (y) 6 ε.

Remarque 2.11.
Il est clair que la continuité uniforme entraine la continuité simple. Mais la réciproque est fausse
comme le montre l’exemple ci-dessous : On prend X = Y = R et la fonction f définie sur R par
f (x) = x2 . La fonction f est continue sur R, mais n’y est pas uniformément continue, car pour tout
ε > 0 et tout α > 0, en posant x = n et y = n + α2 , n ∈ N, on a |x − y| < α et |f (x) − f (y)| > nα > ε
si n > αε .

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2.5.3 Applications ouvertes – Applications fermées – Homéomorphismes

Définition 2.17.
Soit f : X −→ Y une application définie entre deux espaces topologiques X et Y . Alors
— f est une application ouverte si l’image par f de tout ouvert de X est un ouvert de Y ;
— f est une application fermée si l’image par f de tout fermé de X est un fermé de Y ;
rrdjeam

— f est un homéomorphisme si elle est bijective, continue sur X et telle que sa réciproque f −1 :
Y −→ X soit continue sur Y . On dit dans ces conditions que les espaces topologiques X et Y
sont homéomorphes.

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Remarque 2.12.
Il est clair que f est un homéomorphisme si et seulement si elle est bijective, continue et ouverte
(ou fermée), car dire que f est ouverte (resp. fermée) signifie que l’image réciproque par f −1 de tout
ouvert (resp. fermé) de X est un ouvert (resp. fermé) de Y ; soit que f −1 est continue.

Exemple 2.9. 1. Application ouverte mais pas fermée : Considérons f : R −→ R définie par
f (x) = e est ouverte car f ((a, b)) = (ea , eb ). Si U est ouvert alors f (U ) est ouvert dans (0, ∞)
x

et puisque (0, ∞) est ouvert dans R, alors f (U ) est ouvert dans R. Cependant f (R) = (0, ∞)
n’est pas fermé donc f n’est pas fermée. Donc f (x) = ex est une application continue, ouverte
mais elle n’est pas fermée.
2. Application fermée mais pas ouverte : Considérons la fonction constante g : R −→ R définie
par g(x) = c ∈ R .Si F est fermé dans R alors g(F ) = {c} est fermé dans R aussi. Cependant
si U est ouvert alors g(U ) = {c} n’est pas ouvert dans R. Donc g(x) = c est une application
continue et fermée mais n’est pas ouverte.
3. Application ni ouverte ni fermée : Considérons la fonction constante h : R −→ R définie par
1
h(x) = . On a h(R) =]0, 1], donc h est une application continue mais n’est ni fermée
1 + x2
ni ouverte.
4. Application ouverte et fermée : Considérons la fonction constante k : R −→ R définie par
k(x) = IdR (x) = x. On a h(U ) = U pour tout U ⊂6= R. Donc h est une application continue
ouverte et fermée.
5. Application ouverte mais non continue : Considérons la fonction f : (R, d) −→ (Z, δ) définie
par f (x) = E(x). Toute partie de (Z, δ) est ouverte, alors f est ouverte. Cependant f −1 ({0}) =
[0, 1) qui n’est ni ouvert ni fermé dans (R, d).

2.5.4 Applications lipschitziennes

Soit f : (X, d) −→ (Y, δ) une application définie entre deux espaces métriques (X, d) et (Y, δ). On
dit que f est lipschitzienne s’il existe un réel k > 0 tel que, pour tous x, y ∈ X, δ(f (x), f (y)) 6 kd(x, y).
On dit alors que f est lipschitzienne de rapport k ou k-lipschitzienne.

Il est évident que si f est k-lipschitzienne, alors elle aussi k 0 -lipschitzienne, pour tout k 0 > k.

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Dans le cas où f est k-lipschitzienne avec 0 6 k < 1, on dira que f est une application contrac-
tante, en ce sens que la distance entre deux points images sera toujours plus petite (au sens strict)
que la distance entre les points antécédents.

On dit que f est une isométrie si elle conserve la distance ; c’est-à-dire si, pour tous x, y ∈ X,
rrdjeam

δ(f (x), f (y)) = d(x, y).

Exemple 2.10.

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Distances équivalentes 36

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1. La fonction f : x ∈ R 7−→ arctan(x) est lipschitzienne de rapport 1, car ∀ x, y ∈ R,
1
| arctan(y) − arctan(x)| 6 |x − y| < |x − y| ,
1 + η 2 (x, y)
où η(x, y) est donné par le théorème des accroissements finis.
2. Soient (X, d) un espace métrique et x0 ∈ X.
La fonction f : x ∈ X 7−→ d(x0 , x) est lipschitzienne de rapport 1, car

∀ x, y ∈ X , |d(x0 , y) − d(x0 , x)| 6 d(x, y) .

3. Soit (X, d) un espace métrique. Considérons sur l’espace métrique produit X × X la distance
d∞ . La fonction d : (x, y) ∈ X × X 7−→ d(x, y) est lipschitzienne de rapport 2.
En effet, pour tous (x1 , x2 ), (y1 , y2 ) ∈ X × X, on a :

|d(x1 , x2 ) − d(y1 , y2 )| 6 |d(x1 , x2 ) − d(x1 , y2 )| + |d(x1 , y2 ) − d(y1 , y2 )|


6 d(x2 , y2 ) + d(x1 , y1 )
6 2d∞ ((x1 , x2 ), (y1 , y2 )) .

Proposition 2.25.
Toute application lipschitzienne est uniformément continue.
Démonstration. Supposons que f : (X, d) −→ (Y, δ) soit k-lipschitzienne.
Si k = 0, alors f est une application constante et est donc uniformément continue sur X.
Si k > 0, alors pour tout ε > 0, on a δ(f (x), f (y)) 6 ε dès que d(x, y) 6 kε .

2.6 Distances équivalentes


Soient d1 et d2 deux distances définies sur même ensemble X.
On dit que d1 et d2 sont topologiquement équivalentes si les topologies qu’elles induisent sur X coin-
cident. Ceci revient à dire que l’application identité id : (X, d1 ) −→ (X, d2 ) est un homéomorphisme.

On dit que les deux distances d1 et d2 sont dites uniformément équivalentes si, l’application identité
id : (X, d1 ) −→ (X, d2 ) est uniformément continue ainsi que sa réciproque id : (X, d2 ) −→ (X, d1 ).

Ce module de cours est sous licence GFDL


On dit que d1 et d2 sont lipschitz-équivalentes s’il existe deux réels strictement positifs α et β tels
que, pour tous x, y ∈ X, αd1 (x, y) 6 d2 (x, y) 6 βd1 (x, y).
Exemple 2.11.
1. On pose X = R, d1 (x, y) = |x − y| et d2 (x, y) = | arctan x − arctan y|. Les deux distances d1
et d2 ainsi définies sur R sont équivalentes. Cela vient du fait que la fonction arctan est un
homéomorphisme de R sur ] − π2 , π2 [
rrdjeam

2. On pose X = R, d1 (x, y) = |x − y| et d2 (x, y) = |x − y|α , avec 0 < α < 1. Pour tout nombre réel
1
ε > 0, on a les implications : d1 (x, y) 6 ε α ⇒ d2 (x, y) 6 ε et d2 (x, y) 6 εα ⇒ d1 (x, y) 6 ε.
On en déduit que d1 et d2 sont uniformément équivalentes sur R.

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Compacité – Connexité 37

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3. On pose X = R, d1 (x, y) = |x − y| et
d2 (x, y) = |x − y| + | sin x − sin y|. On a : d1 (x, y) 6 d2 (x, y) 6 2d1 (x, y) , x, y ∈ R.
Il en résulte que les distances d1 et d2 ainsi définies sont lipschitz-équivalentes sur R.

Remarque 2.13.
La lipschitz-équivalence entraine l’équivalence uniforme, et l’équivalente uniforme implique l’équivalence
topologique. Mais les réciproques sont fausses comme on peut le voir avec les exemples ci-dessus
donnés.

2.7 Compacité – Connexité


2.7.1 Compacité

Soit X un espace topologique, I une partie[ non vide de N. Une famille {Oi }i∈I d’ouverts de X
est appelée recouvrement ouvert de X si X = Oi . Un sous-recouvrement de {Oi }i∈I est une famille
[ i∈I
{Oj }j∈J avec J ⊆ I et X = Oj
j∈J

Définition 2.18.
Un espace topologique X est compact si :
1. X est séparé
2. tout recouvrement ouvert de (X, T ) contient un sous-recouvrement fini i.e
[ [
∀ {Oi }i∈I , Oi ∈ T avec X = Oi alors ∃ J fini ⊂ I telle que X = Oj
i∈I j∈J

Une partie A de X est compacte si l’espace topologique (A, TA ) est compacte.

Remarque 2.14.
\ La condition (2) de la définiton
\ est équivalente à ∀ {Fi }i∈I famille de fermés de X satisfaisant
Fj 6= ∅ ∀ J fini ⊂ I, on a Fi 6= ∅.
j∈J i∈I

Exemple 2.12.
— Toute partie A ⊂ Rn fermée et bornée est compacte.
— Tout espace infini discret est non compact. Ce module de cours est sous licence GFDL

Proposition 2.26.
Soit X un espace topologique et A une partie de X
1. Si A est compact et X est séparé alors A est fermée.
2. Si A est fermée et X est compacte alors A est compacte.
rrdjeam

Démonstration. 1. Soient A une partie compacte de X séparé et y ∈ Ac . Pour tout x ∈ A, il existe


des ouverts disjoints Wx et Wx0 tels que x ∈ Wx et y ∈ Wx0 , car X est séparé. A ⊂
S
Wx et
x∈A

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Wx0 est un ouvert
S T
puisque A est compacte, il existe J ⊂ A, J fini, tel que A ⊂ Wx . Alors
x∈J x∈J
contenant y et contenu dans Ac . Par conséquent Ac est voisinage de chacun de ses points et
donc ouvert ; c’est-à-dire que A est fermée.
2. On suppose X compact et A fermée dans X. Soit (Oi )i∈I un recouvrement de A par des ouverts
de X. La famille (Oi ∪ Ac )i∈I est alors un recouvrement ouvert de X. Puisque X est compact,
(Oi ∪ Ac ) = ( Oi ) ∪ Ac . Il en résulte que A ⊂
S S S
il existe J ⊂ I, J fini, tel que X = Oi .
i∈J i∈J i∈J
D’où A est compacte.

Proposition 2.27.
Soit f : X −→ Y une application entre les espaces topologiques X compact et Y séparé. Alors
— Si f est continue alors f (X) est compact.
— Si f est bijective et continue alors f est un homéomorphisme.

Définition 2.19. Un espace topologique X est localement compact si


1. X est séparé
2. tout point x ∈ X admet un voisinage compact

Proposition 2.28.
Un espace métrique est localement compact si et seulement si il est homéomorphe à un sous
ensemble ouvert d’un espace compact.

Définition 2.20.
On dit qu’un sous-ensemble A d’un espace topologique X est relativement compact si son adhérence
A est compacte.

Corollaire 2.9.
Toute application continue sur un compacte est bornée et atteint ses bornes.

Définition 2.21.
Un espace topologique X est séquentiellement compacte si X est séparé et si toute suite de X
admet une sous-suite convergente, i.e pour toute suite (xn )n∈N de X, il existe une sous suite (nk )k∈N
croissante de N et x ∈ X tels que lim xnk = x

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k→+∞

Proposition 2.29.
Soit X un espace métrique. Alors X séquentiellement compact =⇒ X compact.

Théorème 2.7 ( Dini).


Soient X un espace topologique compact, f : X −→ R une fonction continue et (fn )n>1 une suite
croissante de fonctions continues de X dans R. On suppose que la suite (fn )n>1 converge simplement
rrdjeam

vers f ; soit : pour tout x ∈ X, la suite de réels (fn (x))n>1 converge vers f (x) dans R. Alors la suite
(fn )n>1 converge uniformément vers f .

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Démonstration. Puisque la suite (fn )n≥1 est croissante, on a pour tout n > 1 et tout x ∈ X, fn (x) ≤
f (x). Soit ε > 0. Posons Fn = {x ∈ X; / |fn (x) − f (x)| = f (x) − fn (x) > ε}. Alors (Fn )n>1 est une
suite décroissante de fermées d’intersection vide (à cause de la convergence simple). Il existe donc
un rang n0 tel que, pour tout n > n0 , Fn = ∅. Ce qui implique que, pour tout n > n0 et tout x ∈ X,
|f (x) − fn (x)| < ε. Il s’en suit que, pour tout n > n0 , sup|f (x) − fn (x)| < ε. Soit : d∞ (fn , f ) < ε,
x∈X
∀ n > n0 . D’où la suite (fn )n>1 converge uniformément vers f .

Théorème 2.8 (Heine).


Soient (X, d) un espace métrique compact et (Y, d0 ) un espace métrique. Toute application continue
de X dans Y est uniformément continue.
Démonstration. Soit ε > 0. Puisque f est continue sur X, pour tout x ∈ X, il existe un réel ηx > 0 tel
ε
que ∀ y ∈ X, d(x, y) < 2ηx ⇒ d0 (f (x), f (y)) <
S
(∗). On a X = B(x, ηx ) et X étant compact, il
2 x∈X
n
S
existe x1 , · · · , xn ∈ X tels que X = B(xi , ηxi ). Posons η = inf ηxi . On a η > 0. Soient x, y ∈ X
i=1 16i6n
tels que d(x, y) < η. Il existe i0 tel que x ∈ B(xi0 , ηi0 ). d(y, xi0 ) ≤ d(x, y) + d(x, xi0 ) < η + d(x, xi0 ) <
2ηi0 . On a donc d’après (∗), d0 (f (x), f (xi0 )) < 2ε . Par suite
ε ε
d0 (f (x), f (y)) 6 d0 (f (x), f (xi0 )) + d0 (f (xi0 ), f (y)) < + =ε. (2.1)
2 2
Par conséquent f est uniformément continue sur X.

2.7.2 Connexité

Propriétés 2.1. Soit X un espace topologique. Les énoncés suivants sont équivalents :
i) Si X = O1 ∪ O2 tels que O1 et O2 sont des ouverts disjoints, alors O1 = ∅ ou O2 = ∅.
ii) Si X = F1 ∪ F2 tels que F1 et F2 sont des fermés disjoints, alors F1 = ∅ ou F2 = ∅.
iii) Si A est une partie de X à la fois ouverte et fermée, alors A = ∅ ou A = X.
iv) Toute application continue sur X et à valeurs discrètes (c’est-à-dire à valeurs dans Z) est
constante.
Démonstration. Montrons que (i) implique (ii).
Soient F1 et F2 deux fermés disjoints tels que X = F1 ∪ F2 . Posons O1 = F1c et O2 = F2c . Alors
O1 et O2 sont des ouverts disjoints et X = O1 ∪ O2 . D’après (i) on a donc O1 = ∅ ou O2 = ∅. Soit :

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F1 = ∅ ou F2 = ∅.
Montrons que (ii) implique (iii).
Soit A une partie de X à la fois ouverte et fermée. Posons F1 = A et F2 = Ac . Alors F1 et F2 sont
des fermés disjoints tels que X = F1 ∪ F2 . D’après (ii) on a donc F1 = ∅ ou F2 = ∅. Soit A = ∅ ou
A = X.
Montrons que (iii) implique (iv).
rrdjeam

Soient φ : X −→ Z une application continue, x0 ∈ X et n0 = φ(x0 ). Alors A = φ−1 ({n0 }) est


ouvert et fermé dans X, car φ est continue et {x0 } est ouvert et fermé dans Z. D’après (iii), on a
donc A = X (car A 6= ∅). Par conséquent φ(x) = φ(x0 ) = n0 , ∀ x ∈ X.
Montrons que (iv) implique (i).

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Soient O1 et O2 deux ouverts disjoints de X tels que X = O1 ∪ O2 . La fonction caractéristique de
O1 , φ = χO1 , est continue sur X et prend les valeurs 0 ou 1. On a donc d’après (v), φ ≡ 1 et alors
O2 = ∅ ou bien φ ≡ 0 et alors O1 = ∅.

Définition 2.22.
1. Un espace topologique X est dit connexe si l’une des propriétés équivalentes de la proposition
ci-dessus est satisfaite.
2. Une partie A d’un espace topologique est dite connexe si le sous-espace topologique A est un
espace connexe.

Proposition 2.30.
Une partie A d’un espace topologique X est connexe si et seulement si, pour tous ouverts O2 et
O2 de X tels que A ⊂ O1 ∪ O2 et O1 ∩ O2 ∩ A = ∅, on a O1 ∩ A = ∅ ou O2 ∩ A = ∅.

Théorème 2.9. (lemme de passage des douanes) Soit A un sous-ensemble d’un espace topologique
X. Toute partie connexe C de X qui rencontre à la fois l’intérieur et l’extérieur de A, rencontre
aussi la frontière de A.

Démonstration. Supposons par l’absurde que C ∩ F r(A) = ∅. Alors on a C = (C ∩ Å) ∪ (C ∩ ext(A)),


car (Å , F r(A) , ext(A)) est une partition de X. Puisque C est connexe et, (C ∩ Å) et (C ∩ ext(A))
sont des ouverts disjoints, il s’en suit que C ∩ Å = ∅ ou C ∩ ext(A) = ∅ ; ce qui contredit le fait que
C rencontre à la fois Å et ext(A).

Proposition 2.31. (Propriétés de stabilité)


Soit X un espace topologique.
T S
i) Si (Ai )i∈I est une famille quelconque de parties connexes de X telle que Ai 6= ∅, alors Ai
i∈I i∈I
est connexe. n
S
ii) Si A1 , · · · , An est une suite finie de parties connexes de X telle que Ai ∩ Ai+1 6= ∅, alors Ai
i=1
est connexe.
iii) Si A est une partie connexe de X, alors tout sous-ensemble B ⊂ X tel que A ⊂ B ⊂ Ā, est
aussi connexe. En particulier Ā est connexe.
S
Démonstration. i) Soit φ : Ai −→ Z une application continue. Alors, pour tout i ∈ I, la
i∈I

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restriction de φ à Ai , φ|Ai : Ai −→ Z, est aussi continue. Il s’en suit que, pour tout i ∈ I, φ|Ai
T
est une application constante car Ai est connexe. Posons φ|Ai ≡ ci ∈ Z et soit x0 ∈ Ai . On
S i∈I
a, pour tout i ∈ I, φ|Ai (x0 ) = ci = φ(x0 ). Il s’en suit que, pour tout x ∈ Ai , φ(x) = φ(x0 ).
S i∈I
Par conséquent φ est constante et par suite Ai est connexe.
i∈I
ii) En faisant une récurrence sur n, le résultat se déduit de la propriété (i).
rrdjeam

iii) Soit φ : B −→ Z une application continue. Alors la restriction de φ à A, φ|A : A −→ Z, est


constante car A est connexe et φ|A est continue. Il s’en suit que φ admet un unique prolongement
continue constant sur Ā = B̄. Par conséquent φ est constante et par suite B est connexe.

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Proposition 2.32.
L’image d’une partie connexe par une application continue est aussi connexe.

Démonstration. Soient f : X −→ Y une application continue entre les espaces topologiques X et Y ,


et A une partie connexe de X. Soit φ : f (A) −→ Z une application continue.
La restriction de f à A, f|A , étant aussi continue, on a φ ◦ f|A : A −→ Z qui est constante car A est
connexe et φ ◦ f|A est continue.
Par conséquent φ est constante et par suite f (A) est connexe.

Définition 2.23.
Soient X un espace topologique et x ∈ X. On appelle composante connexe du point x, la plus
grande (au sens de l’inclusion) partie connexe C(x) de X contenant le point x.
Il est à noter que la composante connexe d’un point peut ne pas exister.

Proposition 2.33.
Soit X un espace topologique et x ∈ X. On suppose que la composante connexe C(x) du point x
existe. Alors :
i) C(x) est la réunion de toutes les parties connexes contenant x.
ii) C(x) est fermée dans X.

Proposition 2.34. (théorème des valeurs intermédiaires)


Soit X un espace topologique connexe et f : X −→ R une fonction continue. Si f prend deux
valeurs α et β, alors elle prend toutes les valeurs entre α et β ; c’est-à-dire que si α, β ∈ f (X),
α < β, alors pour tout γ ∈ [α , β], il existe x0 ∈ X tel que γ = f (x0 ).

Démonstration. Puisque X est connexe et f continue sur X alors f (X) est connexe dans R. Par
conséquent f (X) est un intervalle de R.

Définition 2.24.
Soient X un espace topologique, x et y deux éléments de X. On appelle chemin joignant x et y,
toute application continue f : [α , β] −→ X, définie d’un segment [α , β] de R telle que f (α) = x
(l’origine) et f (β) = y (l’extrémité).
On dit que X est connexe par arcs si deux points quelconques de X peuvent être toujours reliés par
un chemin.

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Proposition 2.35.
Tout espace topologique connexe par arcs est connexe.

Démonstration. Soit X un espace topologique connexe par arcs. fixons un point a ∈ X. Pour tout

x ∈ X, notons Lax = fax [α , β] s’il existe un chemin fax : [α , β] −→ X joignant a et x, et Lax = ∅
T
sinon. Pour tout x ∈ X, Le sous-ensemble Lax est connexe dans X et a ∈ Lax . Il résulte donc de
S x∈X
rrdjeam

S
la Proposition 3.1.3 que Lax est connexe. D’autre part on a : X = Lax . D’où le résultat.
x∈X x∈X

La réciproque de la Proposition 2.35 est fausse.

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Quelques exercices
Exercice 2.1.
On considère l’ensemble E = {a, b, c, d}.
1.(a) Trouver la topologie discrète de E.
(b) Trouver une base pour la topologie discrète de E.

(c) L’ensemble {a}, {b, c}, ∅, {d} est-elle une topologie sur E ? Justifiez votre réponse.

(d) La topologie {a}, ∅, E est-elle séparée ? Justifiez votre réponse.
2. Soient maintenant X = E ∪ {e}, A = {a, b, c} une partie de X et T la topologie sur X donnée
par T = X, ∅, {a}, {c, d}, {a, c, d}, {b, c, d, e} .


(a) Quels sont les points adhérents à A ?


(b) Quels sont les points d’accumulation de A ?
(c) Quels sont les points isolés de A ?

Exercice 2.2.
1. Vérifier les propriétés suivantes dans un espace métrique (X, d) quelconque.
(a) Les boules ouvertes sont des ouverts.
(b) Les boules fermées sont des fermés.
(c) Les sphères sont fermées.
(d) Démontrer que dans un espace vectoriel normé, les sphères sont d’intérieur vide. Est-ce
encore le cas dans un espace métrique quelconque ?

Exercice 2.3.
x
On considère l’application f : [0, +∞[−→ R définie par f (x) =
1+x
1. Étudier le sens de variations de f .
2. Monter que pour tous x et y dans la domaine de définition de f , on a f (x + y) 6 f (x) + f (y).
3. On considère l’application d0 : R × R −→ [0, +∞[ définie pour tout (a, b) ∈ R × R par d0 (a, b) =
(f ◦ d)(a, b), où d est une distance sur R. Montrer que (R, d0 ) est un espace métrique.

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Exercice 2.4.
Soit (X, d) un espace métrique.
1. Soit δ une autre distance sur l’ensemble X. Montrer que d et δ sont topologiquement équivalentes
si et seulement si elles définissent les mêmes suites convergentes.
d
2. On définit maintenant δ par δ =
1+d
rrdjeam

(a) Montrer que δ est une distance uniformément équivalente à d. Sont-elles en général, Lip-
schitz équivalentes ?
(b) Montrer que (X, d) est complet, si et seulement si, (X, δ) l’est.

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Compacité – Connexité 43

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Exercice 2.5. Pour tous réels x, y, on pose d(x, y) = | arctan(x) − arctan(y)|.
1. Montrer que d est une distance sur R topologiquement équivalente à la distance usuelle.
2. Montrer que d n’est pas uniformément équivalente à la distance usuelle.
3. Montrer que (R, d) n’est pas complet.

Exercice 2.6.
Montrer que les distances d1 , d2 et d∞ définissant les espaces métriques produits sont deux à deux
uniformément équivalentes.

Exercice 2.7.
Si chacune des topologies Ti est induite par une distance di sur Xi , montrer que la topologie
Yn
produit sur X = Xi coincide avec celle induite par la distance produit des di sur X.
i=1

Exercice 2.8.
Soient (E, d) un espace métrique et A ⊂ E, non vide, distinct de E. Démontrer que (pour x ∈ E),
x ∈ Å ⇐⇒ d(x, Ac ) > 0. A-t-on toujours d(x, A) = d(x, Å) ?

Exercice 2.9.
Considérer les topologies suivantes sur R :
— T1 = la topologie standard (usuel) ;
— T2 = la topologie de R, dont une base est donnée par les intervalles ouverts (ordinaires) et les
]a, b[rK où a, b ∈ R et K := n1 , n ∈ N∗ ;


— T3 = la topologie du complément fini où U ⊆ R est ouvert ssi U = ∅ ou R r U est fini ;


— T4 = la topologie de la limite supérieure, avec les intervalles ]a, b] comme base ;
— T5 =la topologie avec tous les intervalles ] − ∞, a[ comme base ; a ∈ R.
Pour chacune d’elles, déterminer lesquelles des autres topologies elle contient.

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rrdjeam

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Chapitre

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Topologie des espaces vectoriels normés

3.1 Espace vectoriel


En mathématiques on rencontre bien fréquemment des objets sur lesquels on peut définir une
opération naturelle qui a exactement les propriétés de l’addition usuelle dans R ainsi qu’une multi-
plication par un nombre (réel ou complexe). C’est par exemple le cas des vecteurs dans le plan ou
l’espace. L’ensemble de ces structures désigné sous le vocable de structure d’espace vectoriel est l’ob-
jet d’étude de ce chapitre, ainsi que certaines applications définies entre ces espaces qui “préservent”
leurs structures au sens des opérations. Il s’agit des applications dites linéaires.

3.1.1 Définitions et exemples


3.1.1.1 Définitions

Définition 3.1.
Un espace vectoriel sur K (K = R ou C) ou un K−espace vectoriel est un ensemble non vide E
muni de deux opérations :
1. une opération (ou loi de composition) interne appelée addition (+)
+ : E × E −→ E
vérifiant les propriétés suivantes :
(→

u ,→
−v ) 7−→ → −
u +→ −
v
• elle est commutative → −
u +→ −
v =→ −
v +→ −
u;
• elle est associative u + ( v + w ) = (→

− →
− →
− −u +→ −v)+→ −
w;

− →
− →
− →
− −
• elle admet un élément neutre noté 0 E ou simplement 0 tel que → −
u + 0 = 0 +→
u =→

u;
→− →
− →
− →
− →
− →
− →

• pour tout vecteur u il existe un opposé noté − u tel que u + (− u ) = (− u ) + u = 0 .
2. une opération (ou loi de composition) externe appelée multiplication par un nombre
· : K × E −→ E
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vérifiant les propriétés suivantes :
(λ, →
−u ) 7−→ λ · → −u
• elle est distributive par rapport à l’addition dans K (λ + µ) · → −
u =λ·→−u +µ·→ −u;
• elle est distributive par rapport à l’addition dans E λ · ( u + v ) = λ · u + λ · →

− →
− →
− −
v ;

− →

• elle est associative λ · (µ · u ) = (λµ) · u ;
• 1 est élément unité 1 · →
−u =→ −u.
Les éléments de E s’appellent les vecteurs et les éléments de K = R ou C sont appelés les scalaires.
rrdjeam

Note 3.1.

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Espace vectoriel 45

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 Dans la définition, nous avons désigné les vecteurs par des lettres surmontées d’une flêche pour
coller un peu à ce que nous savions du plan ou de l’espace. En fait dans la suite nous laisserons
tomber volontier ces flêches et désignerons les vecteurs juste par des lettres u, v, w, etc.
 Bien remarquer qu’une structure d’espace vectoriel est constituée non seulement de l’ensemble
(ici noté E ) mais aussi des deux opérations : l’addition (+) et la multiplication (externe) par
un scalaire (·). C’est pourquoi une telle structure d’espace vectoriel est souvent notée par le
triplet (E, +, ·). Sur un même ensemble E on peut avoir plusieurs structures d’espace vectoriel.

3.1.1.2 Exemples

Espace vectoriel (R2 , +, ·)

L’ensemble R2 est constitué des couples (x, y) où x et y sont des nombres réels. On définit sur
E = R2 ,
• l’addition (+) par : (x, y) + (x0 , y 0 ) = (x + x0 , y + y 0 ).
• la multiplication externe par : our tout λ ∈ R, λ · (x, y) = (λx, λy).
On vérifie qu’avec ces deux opérations, R2 est un espace vectoriel sur R. C’est la structure d’espace
vectoriel canonique sur R2 . Le vecteur nul de cette structure est ~0 = (0, 0).

Espace vectoriel (R3 , +, .)

L’ensemble R3 est constitué des triplets (x, y, z) où x, y et z sont des nombres réels. On définit
sur E = R3 ,
• l’addition (+) par : (x, y, z) + (x0 , y 0 , z 0 ) = (x + x0 , y + y 0 , z + z 0 ).
• la multiplication externe par : pour tout λ ∈ R, λ · (x, y, z) = (λx, λy, λz).
On vérifie qu’avec ces deux opérations, R3 est un espace vectoriel sur R. C’est la structure d’espace
vectoriel canonique sur R3 . Le vecteur nul de cette structure est ~0 = (0, 0, 0).

Note 3.2.

On généralise facilement ces deux exemples à Rn , (n > 1). En fait de façon générale, on définit
sur Rn une addition comme suit. Soient x = (x1 , · · · , xn ) et y = (y1 , · · · , yn ) deux éléments de Rn .
Alors, x + y est défini par
x + y = (x1 + y1 , · · · , xn + yn ).

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Soit λ ∈ R, alors λx est défini par :

λx = (λx1 , · · · , λxn ).

Proposition 3.1.
Rn muni de ces deux opérations est un espace vectoriel sur R.
rrdjeam

Une structure d’espace vectoriel sur R?+

Pour u, v ∈ R?+ et y ∈ R, on pose : u ⊕ v = uv et y u = uy . On peut vérifier que


(R?+ , ⊕, ) est un espace vectoriel sur R.

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Espace vectoriel 46

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Un contre-exemple sur R2

On définit sur R2 ,
• l’addition ⊕ par : (x, y) ⊕ (x0 , y 0 ) = (x + x0 , y + y 0 ).
• la multiplication externe par : pour tout λ ∈ R, λ (x, y) = (λx, 0).
2
R muni de ces deux lois n’est pas un espace vectoriel sur R. En effet, toutes les propriétés requises
ne sont pas vérifiées ; par exemple, 1 (x, y) = (x, 0) 6= (x, y) si y 6= 0.

Les espaces de fonctions

Soit E un ensemble non vide et F (E, R) l’ensemble des fonctions de E dans R. Alors on peut
définir sur F (E, R) une addition de la façon suivante. Soient f, g ∈ F (E, R). Alors f + g est définie
par :
(f + g)(x) = f (x) + g(x).
de même pour tout λ ∈ R, on défint la multiplication de λ par f :

(λf )(x) = λf (x).

Muni de ces deux opérations, F (E, R) est un espace vectoriel sur R.


On définit en particulier les espaces de suites réelles et des espaces vectoriels de polynômes sur R.

Remarque 3.1 (Règles de calcul).


Soit E un espace vectoriel sur K.
1. Pour tout vecteur u de E, 0 · u = 0E
2. Pour tout scalaire α, α · 0E = 0E
Réciproquement ,
3. Pour α ∈ K et u ∈ E, la relation α · u = 0E implique α = 0 ou u = 0E .

3.1.2 Sous-espaces vectoriels


3.1.2.1 Combinaisons linéaires

Définition 3.2.
Soit u1 , · · · , un des vecteurs d’un espace vectoriel E sur K. On appelle combinaison linéaire des
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vecteurs u1 , · · · , un tout élément de u E de la forme

u = α1 u1 + α2 u2 + · · · + αn un ; α1 , · · · , αn ∈ K.

Par exemple, u = (2, 4) et v = (−5, 1) étant deux vecteurs de R2 , on a 3u − 2v = (16, 4).

Exemple 3.1. Trouvons le(s) valeur(s) du réel k pour que le vecteur w = (1, −2, k) ∈ R3 soit cune
rrdjeam

combinaison linéaire des vecteurs u = (3, 0, 2) et w = (2, −1, −5) ?

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Espace vectoriel 47

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3.1.2.2 Sous-espace vectoriel

On s’interesse à présent aux sous-ensembles d’un espace vectoriel qui, avec la restriction des
opérations, ont à leur tour une structure d’espace vectoriel.

Définition 3.3.
Une partie non vide F d’un espace vectoriel E sur K est un sous-espace vectoriel de E si :
• Pour u ∈ F et v ∈ F , u + v ∈ F
• Pour tout λ ∈ K, et u ∈ F , λ · u ∈ F .

Il résulte immédiatement de cette définition que tout sous-espace vectoriel de E est, avec les
mêmes opérations, aussi un K−espace vectoriel.

Remarque 3.2.
Pour montrer qu’une partie F de E est un sous-espace vectoriel, il faut d’abord montrer qu’elle
est non vide. Ceci se fait en général en montrant que 0E ∈ F . On remarque en particulier que {0E }
et E sont des sous-espaces vectoriels de E. Les autres sous-espaces de E seront dits non-triviaux.

On utilise aussi la caractérisation suivante qui consiste à dire que les sous-espaces vectoriel de E
sont les parties non vides de E qui sont stables par toutes les combinaisons linéaires.

Proposition 3.2.
Une partie non vide F d’un K−espace vectoriel E est un sous-espace vectoriel de E si et seulement
si
∀ α, β ∈ K ∀u, v ∈ F, αu + βv ∈ F.

Exemple 3.2.
Dans E = R3 avec sa structure d’espace vectoriel canonique, considérons les sous-ensembles

W1 = {(a, b, 0); a, b ∈ R} et W2 = {(a, b, c); a + b + c = 0}.

1. W1 est non vide car (0, 0, 0) ∈ W1 (sa troisième composante est 0, ce qui est la caractérisation
des éléments de W1 ).
Soit u = (a, b, 0) ∈ W1 et v = (a0 , b0 , 0) ∈ W1 . On a u + v = (a + a0 , b + b0 , 0) ∈ W1 . De même
pour α ∈ R et u = (a, b, 0) ∈ W1 , on a α.u = (αa, αb, 0) ∈ W1 . On conclut que W1 est un
sous-espace vectoriel de R3 .
2. W2 6= ∅ car (0, 0, 0) vérifie 0 + 0 + 0 = 0 et donc (0, 0, 0) ∈ W2 . Ce module de cours est sous licence GFDL

Soit u = (a, b, c) ∈ W2 et v = (a0 , b0 , c0 ) ∈ W2 . On a u + v = (a + a0 , b + b0 , c + c0 ). Mais


(a + a0 ) + (b + b0 ) + (c + c0 ) = (a + b + c) + (a0 + b0 + c0 ) = 0 + 0 = 0, car a + b + c = 0 du fait
que u ∈ W2 de même que a0 + b0 + c0 = 0.
De même pour α ∈ R et u = (a, b, c) ∈ W2 , on a α.u = (αa, αb, αc). Mais αa + αb + αc =
rrdjeam

α(a + b + c) = α × 0 = 0. On conclut que W2 est un sous-espace vectoriel de R3 .


Par contre, le sous-ensemble
W = {(a, b, c) ∈ R3 |a > 0}

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Espace vectoriel 48

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n’est pas un sous-espace vectoriel de R3 . En effet, bien qu’étant non vide, W n’est pas stable par com-
binaison linéaire. Pour preuve, prenons α = −2 et u = (2, −3, 1) ∈ W . On a α.u = −2(2, −3, 1) =
(−4, 6, −2) ∈
/ W.

Proposition 3.3.
L’intersection d’un nombre quelconque de sous-espaces vectoriels d’un espace vectoriel E est un
sous-espace vectoriel de E.

Proposition 3.4.
Soit G un sous-ensemble non vide d’un K−espace vectoriel E. L’ensemble des combinaisons
linéaires de tous les éléments de G noté V ect(G) est un sous-espace vectoriel de E contenant G.
C’est le plus petit sous-espace vectoriel de E contenant G au sens où si W est un sous-espace vecto-
riel de E contenant G, alors V ect(G) ⊂ W .

Définition 3.4.
• Le sous-espace vectoriel V ect(G) est appelé sous-espace vectoriel de E engendré par G et G est
appelé une partie génératrice (ou un système générateur de V ect(G)).
• La famille F = (ui )i∈I de vecteurs de E est une famille génératrice de l’espace vectoriel E
lorsque pour tout u élément de E, il existe une partie finie J de I et une famille (λi )i∈J
d’éléments de K, telles que : X
u= λi ui .
i∈J

• On dit que la famille F = (ui )i∈I de vecteurs de E est une famille libre (ou que les vecteurs
ui , i ∈ I, sont linéairement indépendants) lorsque pour toute famille finie J et pour toute
famille (λi )i∈J d’éléments de K, on a :
X
λi ui = 0E =⇒ ∀i ∈ J, λi = 0.
i∈J

Lorsque la famille n’est pas libre on dit qu’elle est liée ou que les vecteurs de la famille sont
linéairement dépendants.
• On dit que la famille F = (ui )i∈I de vecteurs de E est une base de E lorsque c’est une famille
génératrice et libre de E.

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3.1.3 Espaces vectoriels de dimension finie

Définition 3.5. On dit q’un K−espace vectoriel E est de dimension finie lorsqu’il admet une base
constituée d’un nombre fini de vecteurs.

Proposition 3.5. Soit E un K−espace vectoriel de dimension finie.


1. Toutes les bases de E sont constituées d’un même nombre de vecteurs.
rrdjeam

Si n est ce nombre il est appelé la dimension de E et on écrit dim(E) = n.


2. Une famille B = (u1 , · · · , un ) de vecteurs de E est une base de E si et seulement si elle est
libre maximale (ou, ce qui revient au même, elle est génératrice minimale).

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Norme sur un espace vectoriel 49

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3. Une famille B = (u1 , · · · , un ) de vecteurs de E est une base de E si et seulement si tout vecteur
de E s’écrit de manière unique comme combinaison linéaire des vecteurs ui , i = 1, · · · , n.

Note 3.3.

Soit E un K−espace vectoriel de dimension finie n ∈ N? dont une base est B = (e1 , e2 , · · · , en ).
Un vecteur u est dit avoir pour cordonnées (α1 , α2 , · · · , αn ) dans la base B (ou relativement à la base
B) si et seulement si u s’écrit u = α1 e1 + α2 e2 + · · · + αn en . Par exemple dans un espace vectoriel
E de dimension 3 muni de la base canonique B = (~e1 , ~e2 , ~e3 ), le vecteur ~u = 2~e1 − 4~e2 + e3 a pour
coordonnées (2, −4, 1). Le vecteur ~v = ~e1 − 2~e3 a pour coordonnées (1, 0, −2).

3.2 Norme sur un espace vectoriel


Définition 3.6.
Soit (E, +, ·) un espace vectoriel. On appelle norme sur E, toute application N : E −→ R vérifiant
les conditions suivantes :
1. ∀ u ∈ E , N (u) > 0 et N (u) = 0 ⇔ u = 0E
2. ∀ (λ, u) ∈ K × E , N (λu) = |λ|N (u)
3. ∀ (u, v) ∈ E × E , N (u + v) 6 N (u) + N (v)

Etant donnée une norme N sur un espace vectoriel E, on note généralement pour tout

u ∈ E, N(u) = kukE ou simplement kuk s’il n’y a aucune confusion.

Les relations 1.–3. s’écrivent alors :


(a) ∀ u ∈ E , kuk > 0 et kuk = 0 ⇔ u = 0E
(b) ∀ (λ, u) ∈ K × E , kλuk = |λ| kuk (relation d’homogénéité)
(c) ∀ (u, v) ∈ E × E , ku + vk ≤ kuk + kvk (inégalité triangulaire)
Soit E un espace vectoriel normé. Il résulte de la définiton que pour tout u ∈ E, k − uk = kuk ;
et en remplaçant dans la propriété d’inégalité triangulaire v par v − u, puis en échangeant u et v, on
obtient pour tous u et v éléments de E :

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kuk − kvk 6 ku − vk.

Proposition 3.6.
Soit E un espace vectoriel normé. La norme k · kE induit sur E une distance d définie par :

d(x, y) = kx − yk , ∀ x, y ∈ E.

Il en résulte donc que tout espace vectoriel normé est un espace métrique. Mais la réciproque n’est
rrdjeam

pas vraie.

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Norme sur un espace vectoriel 50

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3.2.1 Boules ouverte – Boules fermées – Spheres

Soient E un espace vectoriel normé, a ∈ E et r un nombre réel strictement positif. On peut donc
réécrire les définitions des boules et des sphères comme suit :

B(a, r) = x ∈ E ; kx − ak < r

B 0 (a, r) = {x ∈ E ; kx − ak 6 r}

S(a, r) = x ∈ E ; kx − ak = r .
Au sens de la topologie définie sur E par la métrique induite par la norme de E, B(a, r) est bien
un ouvert de E, et B 0 (a, r) est bien un fermé de E. De plus S(a, r) est la frontière de B(a, r) dans
E c’est-à-dire F r B(a, r) = S(a, r) et B 0 (a, r) est l’adhérence (ou la fermeture) de B(a, r) dans E


(i.e : B(a, r) = B(a, r)).


Tout espace vectoriel normé est un espace topologique séparé. En effet soient x, y ∈ E avec x 6= y.
Les boules ouvertes de E, B(x, r) et B(y, r) avec r = 14 kx − yk, sont des ouverts disjoints de E,
contenant respectivement x et y.
Une partie A de E est dite bornée dans E si elle est contenue dans une boule (ouverte ou fermée)
de E, centrée en l’origine (le vecteur nul de E). Ce qui signifie qu’il existe un réel M > 0 tel que
pour tout a ∈ A, kak 6 M .

Définition 3.7.
Un espace vectoriel normé complet est appelé espace de Banach.

Exemple 3.3.
1. L’espace vectoriel Kn muni de l’une quelconque des normes équivalentes :
n n
! 21
X X
|xi |2

kXk1 = |xi | , kXk2 = , kXk∞ = max |x1 |, · · · , |xn |
i=1 i=1

avec X = (x1 , x2 , · · · , xn ) ∈ Kn , est un espace de Banach.


2. Soit E un espace topologique et Cb (E) l’espace vectoriel de toutes les fonctions définies, conti-
nues et bornées sur E. Pour toute fonction f ∈ Cb (E), posons kf k∞ = sup|f (x)|.
x∈E
L’application ainsi définie est une norme sur Cb (E), et muni de cette norme Cb (E) est un

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espace de Banach. La norme k · k∞ sur Cb (E) est appelée norme de la convergence uniforme.
Si (fn )n est une suite d’éléments de Cb (E), on dira qu’elle converge uniformément vers une
fonction f ∈ Cb (E), si kfn − f k∞ tend vers 0 lorsque n → ∞. Dans le cas où E est un segment
[a , b] de R, Cb (E) est l’espace vectoriel des fonctions continues sur le segment [a , b] et
Z b
noté C([a , b]). Sur C([a , b]) on peut également considérer la norme kf k = |f (t)|dt, pour
a
rrdjeam

laquelle C([a , b]) est aussi un espace de Banach.


3. Soient X un espace topologique, (X, Ξ, µ) un espace mesuré et L1 (X, µ) l’espace vectoriel des
fonctions µ-intégrables définies sur X. Pour tout f ∈ L1 (X, µ) posons N1 (f ) = X |f (x)|µ(x).
R

La fonction N1 ainsi définie sur X vérifie toutes les propriétés d’une norme sauf l’implication :

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N1 (f ) = 0 ⇒ f = 0.
Soient H = {f ∈ L1 (X, µ); N1 (f ) = 0} et L1 = L1 (X, µ)/H.
Pour tout f ∈ L1 (X, µ), notons [f ] la classe de f dans L1 (X, µ) et posons N ([f ]) = N1 (f ).
L’application N ainsi définie sur L1 (X, µ) (on vérifie aisément que N est bien définie) est une
norme pour laquelle L1 (X, µ) est un Banach.
Une application φ définie sur un espace vectoriel E, qui verifie toutes les propriétés d’une
norme, sauf l’implication φ(x) = 0 =⇒ x = 0, est appelée une semi-norme sur E.

3.2.2 Applications linéaires continues

Soient (E, k·kE ) et (F, k·kF ) deux K-espaces vectoriels normés. Dans ce paragraphe on se propose
de caractériser de façon simple les applications linéaires définies de E dans F , qui sont continues pour
les topologies induites par les normes de E et F .
Rappellons qu’une application linéaire f : E −→ F est une application telle que pour tous x,
y ∈ E et pour tout α ∈ K on a :

f (αx + y) = αf (x) + f (y).

Définition 3.8.
Soient (E, k · kE ) et (F, k · kF ) deux K-espaces vectoriels normés, un ouvert U de E et f : U −→
(F, k · kF ) une application lináire. On dira que f est continue en un point a ∈ U si pour toute boule
ouverte BF (f (a), ε) de F , de centre f (a) et de rayon ε > 0, il existe une boule ouverte BE (a, α), de
centre a et de rayon α > 0, contenue dans U , telle que f (BE (a, α)) ⊂ BF (f (a), ε).

De façon équivalente, f est dite continue au point a ∈ U , si

∀ ε > 0 , ∃ α > 0 tel que ∀ x ∈ U, kx − akE 6 α ⇒ kf (x) − f (a)kF 6 ε.

Définition 3.9. Soit f : (E, NE ) −→ (F, NF ) une application linéaire et k un réel positif non nul.
On dit que f est lipschitzienne de rapport k si pour tous éléments x y dans E on

Théorème 3.1.
Soient f : E −→ F une application linéaire définie de l’espace vectoriel normé E dans l’espace
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vectoriel normé F . Les assertions suivantes sont équivalentes :
1. f est uniformément continue sur E.
2. f est continue en 0.
3. L’image par f de toute partie bornée de E est une partie bornée de F .
4. Il existe une constante k > 0 telle que ∀ x ∈ E , kf (x)kF 6 kkxkE .
rrdjeam

Note 3.4.
L’ensemble des applications linéaires continues de E dans F est noté L(E, F ). Si F = R alors
l’ensembles des formes linéaires continues sur E, noté E 0 = L(E, R) est appelé le dual topologique
de E.
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Norme sur un espace vectoriel 52

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NB Il ne faut pas le confondre avec le dual algébrique car les éléments ici ne sont pas que les
:::

formes linéiares car ils sont en plus continues (propriété topologique).


Si F = E alors L(E, E) est noté L(E) : ensemble des endomorphismes continues de E.
Définition 3.10. Soit (Ei )i=1,··· ,n et F des espaces vectoriels réel. On appelle application multi-
linéaire de E1 × E2 × · · · × En −→ F toute application linéaire dans chacune des variable

f (u1 , u2 , · · · , αui + vi , · · · , un ) = αf (u1 , u2 , · · · , ui , · · · , un ) + f (0, 0, · · · , vi , · · · , 0).

Pour toute application linéaire continue de E dans F , posons :

kf kL(E,F ) =: kf k∞ = sup kf (x)kF .


kxkE 61

De façon équivalente, on a :
 
kf (x)kF
kf kL(E,F ) = sup = sup kf (x)kF = inf M > 0, ∀x ∈ E, kf (x)kF 6 M kxkE
x∈E, x6=0 kxkE x∈E, kxkE =1

En particulier, pour tout x ∈ E,


kf (x)k 6 kf k · kxk.
Proposition 3.7. Toute application linéaire d’un espace vectoriel normé de dimension finie dans un
espace vectoriel normé quelconque est continue.
Preuve. Soit f une application linéaire d’un espace vectoriel normé E de dimension finie n dans
un espace vectoriel normé F . Soit (e1 , · · · , en ) une base de E. Puisque sur un espace vectoriel de
dimension finie, toutes les normes sont équivalentes, on peut choisir de munir E de la norme
n
X
i
kxk∞ = sup |x | où x= xi ei .
16i6n
i=1

On a donc
n
X n
X  n
X 
i i
f (x) = x f (ei ) et donc kf (x)k 6 kf (ei )k sup kx k = kf (ei )k kxk∞ ,
16i6n
i=1 i=1 i=1

ce qui prouve que f est continue.


Proposition 3.8.

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La fonction : f ∈ L(E, F ) 7−→ kf k∞ , ci-déssus définie, est une norme sur L(E, F ). De plus pour
tout f ∈ L(E, F ), kf k∞ est la plus petite constante k > 0 telle que

kf (x)kF 6 kkxkE , ∀ x ∈ E .

Convergence dans L(E, F )


rrdjeam

Soit (fn )n∈I une suite d’éléments de L(E, F ).


1. On dira que la suite (fn )n∈I converge vers un élément f ∈ L(E, F ) si

∀ ε > 0, ∃ N0 ∈ N / ∀ n ∈ I, n > N0 ⇒ kfn − f k∞ 6 ε .

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Norme sur un espace vectoriel 53

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2. La suite (fn )n est dite de Cauchy dans L(E, F ) si

∀ ε > 0, ∃ N0 ∈ N / ∀ p, q ∈ I, on a p, q > N0 ⇒ kfp − fq k∞ 6 ε .

Théorème 3.2.
Si F est un espace de Banach, alors L(E, F ) est aussi un espace de Banach.

Preuve
Supposons que F soit un espace de Banach et soit (fn )n∈I une suite de Cauchy dans L(E, F ). Alors
∀ ε > 0, ∃ N0 ∈ N/ ∀ p, q ∈ I , p, q > N0 ⇒ kfp − fq k∞ 6 ε .
Donc pour p, q > N0 , kfp (x) − fq (x)kF 6 kfp − fq k∞ .kxkE 6 εkxkE (∗). Il en résulte que pour
tout x ∈ E, la suite (fn (x))n∈I est de Cauchy dans F . Puisque F est complet, alors pour tout x ∈ E,
la suite (fn (x))n∈I converge vers un élément f (x) dans F . Considérons l’application f : E −→ F
telle que ∀ x ∈ E, f (x) = lim fn (x).
n→+∞
Puisque fn est linéaire pour tout n ∈ I, f est linéaire. Dans l’inégalité (*), fixons p et faisons
tendre q vers +∞.
On a kfp (x) − f (x)kF 6 εkxkE . Il en résulte que f est bornée sur toute partie bornée de E (car
fp est linéaire continue) et que kfp − f k∞ 6 ε.
D’où f ∈ L(E, F ) et la suite (fn )n∈I converge vers f . 

Proposition 3.9.
Soit E un espace vectoriel de dimension finie n.
1. Toutes les normes sur E sont équivalentes.
2. E est un espace de Banach.
3. Toute application linéaire de E dans un espace vectoriel normé F est continue.

Proposition 3.10 (Caractérisation des espace de Banach). Un espace vectoriel normé est un espace
de Banach si et seulement si l’une quelconque des deux propriétés équivalentes suivantes est satisfaite :
i) Toute série normalement convergente est convergente.
+∞
X X+∞
Dans ce cas on a xn 6 kxn k.
n=0 n=0
xn dont le terme général vérifie kxn k 6 k n pour un certain réel k ∈]0, 1[, est
P
ii) Toute série
convergente.
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Preuve. Posons (ii) : (E, k · k) est
X un espace de Banach.
(ii)⇒ (i). Supposons (iii) Soit xn une série normalement convergente. Soient ε > 0, m > n
deux entiers. On a
P
La série kxn k étant convergente, la suite de terme général σn = kx0 k+· · ·+kxn k est convergente
et donc de Cauchy dans R qui est complet. Il existe donc N ∈ N tel que |σm − σn | < ε pour tous
rrdjeam

entiers m > n > N . Donc


m
X m
X
ksm − sn k = xk 6 kxk k = |σm − σn | < ε
k=n+1 k=n+1

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Norme sur un espace vectoriel 54

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pour m > n > N . Ceci signifie que la suite (Sn )n∈N est une suite de Cauchy dans E qui est de
P
Banach : elle est donc convergente, i.e la série xn est convergente et on a (i).
La dernière affirmation portant sur l’inégalité vient du fait que pour chaque n,
n
X n
X
xk 6 kxk k,
k=0 k=0

où il faut passer à la limite n −→ +∞.


xn telle que qu’il existe k ∈]0, 1[ avec kxn k 6 k n pour
P
(i)⇒ (ii). Supposons (i). Soit une série
tout n ∈ N. La suite réelle de terme général σn = kx0 k + · · · + kxn k est croissante et majorée par
1 P
. Ceci signifie que la série xn converge normalement, donc converge sous l’hypothèse (i).
1−k
(ii)⇒ (iii). Supposons (ii). Soit (xn )n∈N une suite de Cauchy dans E. On va montrer qu’elle
admet une sous-suite convergente. Construisons cette sous-suite par récurrence de la façon suivante.
On prend xn0 = x0 . La suite (xn )n>1 est aussi de Cauchy. Il existe donc N1 > 0 tel que l’on ait
kxm − xn k < 2−1 pour tout m, n > N1 . On choisit alors n1 et n2 vérifiant n2 > n2 > N1 de sorte
que kxn2 − xn1 k < 2−1 . Supposons qu’on a déjà construit n0 < n1 < · · · < nk−1 . On sait que la suite
(xn )n>k−1 est aussi de Cauchy et par le même raisonnement que ci-dessus, il existe N > nk−1 tel que
l’on ait kxm − xn k < 2−k pour tout n, m vérifiant m > n > N . On choisit donc nk et nk+1 vérifiant
nk+1 > nk > N , de sorte que kxk+1 − xnk k < 2−k . De cette manière on extrait une sous-suite avec
P
la propriété suivante : posons ap = xnp+1 − xnp , p > 0. Sous l’hypothèse (ii), la série ap converge
−p
parce que par construction kap k < 2 . Sa somme partielle (qui est donc une suite convergente dans
E) est donnée par
Sp = a0 + · · · + ap = xnp+1 − xn0 .
Ceci prouve que la suite extraite (xnp )p∈N est convergente. La suite de Cauchy (xn )n∈N dont elle est
extraite est donc convergente. L’espace E est donc complet, i.e E est un espace de Banach. Ceci
achève la preuve.

Exemple 3.4. Soit E un espace de Banach. L’espace E = L(E) des applications linéaires continues
de E dans lui même est un espace de Banach. Muni de l’application bilinéaire ψ : (f, g) ∈ E × E 7−→
f ◦ g est une loi de composition faisant de E une algèbre associative avec élément unité : l’application
identique de E. L’espace E est une algèbre de Banach. L’application ψ est de norme 1. Pour un
élément f de E, on définit ses puissances par itération :

f 0 = idE , f 1 = f,
et f n+1 = f ◦ f n = f n ◦ f (n > 0). Ce module de cours est sous licence GFDL

X
i) Pour f ∈ E avec kf k < 1, la série f n est normalement convergente, donc converge par la
n
Proposition 3.10. Par ailleurs, pour n > 0, on a
n
X n
 X 
fn = f n (idE − f ) = idE − f n+1 .
rrdjeam

(idE − f )
k=0 k=0

En passant à la limite n −→ +∞, on voit que la somme de cette série vérifie

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Norme sur un espace vectoriel 55

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+∞
X +∞
 X 
(idE − f ) fn = f n (idE − f ) = idE .
n=0 n=0
+∞
X
Ceci prouve que pour kf k < 1, idE −f est inversible dans E et son inverse est la somme f n.
n=0
1
ii) Pour f ∈ E, la série de terme général f n , n ∈ N est normalement convergente et une fois
n!
encore puique E est un espace de Banach, elle converge et sa somme
+∞ n
X f
n=0
n!
+∞ n
f
X f
est l’exponentielle de f : exp(f ) = e = .
n=0
n!
D’une manière analogue, on définit l’exponentielle d’une matrice (représentation d’une appli-
+∞
A
X An
cation linéaire) : exp(A) = e = .
n=0
n!
Théorème 3.3. Soit E un espace de Banach.
i) L’ensemble Gl(E) des applications linéaires continues, bijectives de E sur lui même, ainsi que
leurs inverses, est un ouvert de E = L(E).
ii) L’application f 7−→ f −1 de Gl(E) dans lui même est bijective, involutive et continue.
Preuve.
i) L’application identique (et même la boule ouverte de centre idE et de rayon 1) est (contenu,
d’après l’item (i) de l’Exemple 3.4) dans Gl(E) qui est donc non vide. Soit f un élément de
Gl(E) et h ∈ E tel que khk < kf −1 k−1 . On a :
f − h = f ◦ (idE − f −1 ◦ h).
Or, kf −1 ◦hk 6 kf −1 kkhk < 1. Donc idE −f −1 ◦h est inversible (Exemple 3.4). Par conséquent,
f − h l’est aussi. Son inverse est donnée par
(f − h)−1 = (idE − f −1 ◦ h)−1 ◦ f −1 .
Pour chaque f ∈ Gl(E), la boule de centre f et de rayon kf −1 k−1 est aussi contenu dans Gl(E)
qui est alors voisinage de chacun de ses points, donc c’est un ouvert de E.
ii) De ce qui précède, on a : Ce module de cours est sous licence GFDL

(f + h)−1 − f −1 = (id −1 −1
 E + f ◦ h) ◦ f −f
−1 −1

= (idE + f −1 ◦ h)−1 − idE ◦ f −1


+∞
!
X
= (−1) (f ◦ h) ◦ f −1 .
n −1 n

n=1
rrdjeam

Par conséquent,
+∞
!
X kf −1 ◦ hkkf −1 k kf −1 k2 khk
k(f + h)−1 − f −1 k 6 kf −1 ◦ hkn kf −1 k 6 6 .
n=1
1 − kf −1 ◦ hk 1 − kf −1 kkhk

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Norme sur un espace vectoriel 56

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Ceci prouve que l’expression k(f + h)−1 − f −1 k tend vers 0 quand khk −→ 0. L’application
d’inversion de l’ouvert Gl(E) dans lui même est donc continue.
En outre, cette application est évidemment une bijection involutive.

3.2.3 Convexité

Soient E un espace vectoriel, x et y deux éléments de E. On appelle segment d’extrémité x et y


le sous ensemble de E noté [x, y] et défini par

[x, y] = (1 − t)x + ty, t ∈ [0, 1] .

Un sous-ensemble C de E est dit convexe si pour tous x et y éléments de C, le segment [x, y] est
(entièrement) contenu dans C ; en d’autres termes, pour tous x , y ∈ C et pour tout t ∈ [0, 1] le
vecteur tx + (1 − t)y ∈ C.

Proposition 3.11.
Toute partie convexe C d’un espace vectoriel normé (E, N ) est une partie connexe pour la topologie
TN induite par la norme N

3.2.4 Projecteurs

Définition 3.11.
Soient E1 et E2 deux sous espaces supplémentaires d’un espace vectoriel E. On appelle projection
(linéaire) sur E1 parallèlement à E2 l’application qui à tout vecteur x ∈ E tel que x = x1 + x2 avec
(x1 , x2 ) ∈ E1 × E2 associe le vecteur x1 :

p : E = E1 × E2 −→ E1
x = (x1 , x2 ) 7−→ x1

Observons que p ◦ p(x) = p(x1 ) = x1 = p(x) pour tout x ∈ E. On dit aussi que p est un projecteur.

Proposition 3.12. Soit E un espace vectoriel et p ∈ L(E). On dit que p est un projecteur si
p2 = p ◦ p = p.

Proposition 3.13. Soient E1 et E2 deux sous espaces supplémentaires d’un espace vectoriel E. On
note p1 et p2 les projecteurs sur E1 et E2 respectivement . On a les propriétés suivantes
1. pi ∈ L(E) ; pour tout i = 1, 2 ; Ce module de cours est sous licence GFDL

2. p2i = pi ◦ pi = pi ; pour tout i = 1, 2 ;


3. Im p1 = E1 et ker p1 = E2 ;
4. p1 + p2 = idE et p1 ◦ p2 = p2 ◦ p1 = 0.
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Remarque 3.3.
 
Im p1 = p1 (x) ; x ∈ E = x ∈ E ; p1 (x) = x = ker(p1 − idE ) = E1

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Norme sur un espace vectoriel 57

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Définition 3.12.
Soit C un sous ensemble fermé convexe d’un espace Hilbertien réel E.
Le projecteur de E sur C est l’opérateur PC : E −→ E qui à tout vecteur de E fait correspondre
le vecteur le plus proche dans C appelé sa projection ou encore son projeté.
Si C est un cône convexe fermé de sommet l’origine, alors on dit que PC est un projecteur conique

Quelques exercices
Exercice 3.1.
Soit E l’espaceZ vectoriel des fonctions de classe C1 définies sur le segment [0, 1]. On pose pour
1
f ∈ E, N1 (f ) = |f (x)|dx, N2 (f ) = sup |f (x)| et N3 (f ) = sup |f 0 (x)| + |f (0)|.
0 x∈[0,1] x∈[0,1]

1. Montrer que N1 , N2 et N3 sont des normes sur E.


2. Montrer que pour tout f ∈ E, N1 (f ) 6 N2 (f ) 6 N3 (f ).
3.(a) On pose pour f ∈ E, v(f ) = f (1). Montrer que l’application v est continue de (E, N3 )
dans R. Z x
(b) Soit T : E −→ E définie pour tout f ∈ E par : T (f )(x) = f (t)dt , ∀ x ∈ [0, 1].
0
Montrer que T est continue de (E, N3 ) dans (E, N3 ).

Exercice 3.2.
Soient E un espace vectoriel sur K.
1. Montrer que l’application φ : K × E −→ E, qui à tout élément (λ, x) ∈ K × E associe φ(λ, x) =
λx, est continue.
2. Montrer que l’application ψ : E × E −→ E, qui à tout élément (x, y) ∈ E × E associe
ψ(x, y) = x + y est lipschitzienne de rapport 2.

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Chapitre

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Théorèmes du point fixe

Le théorème du point fixe est d’une importance capitale du point de vue théorique que pratique.
De très nombreux problèmes courants peuvent se ramener à la recherche de point fixe d’une certaine
fonctionnelle. Le théorème du point fixe est à la base de la démonstration des principaux théorèmes
d’analyse.
Du point de vue théorique il importe de retenir l’existence et l’unicité du point fixe d’une appli-
cation contractante. Tandis que dans la pratique, la convergence vers le point fixe de la suite (xn )n>0
(définie par récurrence xn+1 = f (xn ) où f est contractante) permet de déterminer le point fixe avec
une précision arbitraire ; de plus on a un contrôle sur l’erreur commise.
Dans ce chapitre nous présentons quelques énoncés du théorème du point fixe.

Définition 4.1. Soient E un espace vectoriel normé et f : E −→ E une application de E dans E.


1. On dit que f est une application contractante si f est lipschitzienne de rapport k avec 0 6 k < 1.
2. Un point x0 ∈ E est appelé un point fixe de f si x0 est une solution de l’équation f (x) = x.
3. Soit A ⊂ E. On dit que A est stable par f si f (A) ⊂ A.

Théorème 4.1. (Picard)


Soient (X, d) un espace métrique complet et f : X −→ X une application définie de X dans X.
Si l’application f est contractante, alors elle admet un point fixe unique ; c’est-à-dire qu’il existe un
unique point a ∈ X tel que f (a) = a. Ce point fixe est la limite de la suite récurrente définie par un
point quelconque x0 ∈ X et la relation xn+1 = f (xn ).

Démonstration. Soit 0 6 k < 1 tel que, pour tous x, y ∈ X, d(f (x), f (y)) 6 kd(x, y) , ∀ x, y ∈ X.
p −k q
On établit facilement que, pour q > p, d(xp , xq ) 6 k1−k d(x0 , x1 ). On en déduit alors que la suite
récurrente (xn )n est de Cauchy, et puisque X est complet elle converge vers un élément a ∈ X.
f étant continue car contractante, on a f (a) = a. Si b ∈ X est tel que f (b) = b, alors on a :
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d(a, b) = d(f (a), f (b)) 6 kd(a, b). Ce qui implique que d(a, b) = 0 (puisque 0 6 k < 1) ; soit :
a = b.

Théorème 4.2. Soit (X, d) un espace métrique complet, f : X −→ X une application contractante,
et x0 un point de X. Soit (xn )n∈N la suite vérifiant xn+1 = f (xn ) pour n > 0.
Alors, la suite (xn )n∈N est convergente, et sa limite est l’unique point fixe de f .
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Preuve. Supposons f contractante de rapport k ∈]0, 1[ (on dit aussi k−contractante). Pour n ≥ 1,
on a :

d(xn , xn+1 ) = d(f (xn−1 ), f (xn )) 6 kd(xn−1 , xn ),

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CHAPITRE 4. THÉORÈMES DU POINT FIXE 59

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donc par itération, d(xn , xn+1 ) ≤ k n d(x0 , x1 ). On en déduit pour m > n > 1,
m−1
X d(x0 , x1 )
d(xn , xm ) 6 d(x0 , x1 ) kl 6 kn .
l=n
1−k

Ceci prouve que (xn )n∈N est une suite de Cauchy. Mais comme X est complet, notons a sa limite.
Par ailleurs, f étant continue (puisque uniformément continue), on a :

f (a) = lim f (xn ) = lim xn+1 = a;


n→+∞ n→+∞

ainsi a est un point fixe de f . Soit b un point fixe de f . On a :

d(a, b) = d(f (a), f (b)) 6 kd(a, b) avec k ∈]0, 1[.

On en déduit que d(a, b) = 0 puis a = b.

Remarque 4.1. On voit dans la preuve de ce théorème du point fixe que le point fixe de l’application
contractante est approché, à partir d’un point quelconque x0 ∈ X. On peut déterminer le point fixe
avec une précision arbitraire.

Théorème 4.3 (Théorème du point fixe avec paramètre). Soit Λ un espace topologique, (X, d) un
espace métrique complet et f : Λ × X −→ X une application satisfaisant :
i) Pour tout x ∈ X, l’application f x : Λ −→ X donnée par f x (λ) = f (λ, x) est continue.
ii) Pour tout λ ∈ Λ, l’application fλ : X −→ X donnée par fλ (x) = f (λ, x) est contractante de
rapport k < 1, indépendant de λ.
Alors, pour chaque λ ∈ Λ, il existe un unique point fixe aλ ∈ X tel que f (λ, aλ ) = aλ . De plus,
l’application a : Λ −→ X, λ 7−→ a(λ) = aλ est continue.

Preuve. La question d’existence de point fixe aλ ∈ X pour chaque λ ∈ Λ résulte du Théorème 4.2.
Montrons la continuité de l’application λ 7−→ aλ . Soit µ ∈ Λ, on a :

d(aλ , aµ ) = d(fλ (aλ ), fµ (aµ ) 6 d(fλ (aλ ), fλ (aµ ) + d(fλ (aµ ), fµ (aµ ).

Mais fλ (aµ ) = f aµ (λ) et d(fλ (aλ ), fλ (aµ ) 6 kd(aλ , aµ ) donc (1 − k)d(aλ , aµ ) 6 d(f aµ (λ), f aµ (µ)).
Soit ε > 0. L’application f aµ étant continue, il existe un voisinage de µ dans Λ tel que, ∀ λ ∈ V ,
d(f aµ (λ), f aµ (µ)) 6 (1 − k) ε ; et donc d(aλ , aµ ) 6 ε. Ceci prouve que l’application λ 7−→ aλ est

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continue en tout point µ, donc continue.

Théorème 4.4. (Brouwer)


Soit f : E −→ E une fonction continue d’un ensemble compact, convexe dans lui même, alors il
existe x ∈ E tel que x = f (x).

Proposition 4.1. (théorème de Brouwer en dim. 1)


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Soient a, b ∈ R, a 6 b, et f : [a , b] −→ [a , b] une fonction continue sur le segment [a , b] et à


valeurs dans [a , b]. Alors f admet un point fixe dans [a , b] ; c’est-à-dire qu’il existe c ∈ [a , b] tel
que f (c) = c.

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CHAPITRE 4. THÉORÈMES DU POINT FIXE 60

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Démonstration. Posons g = f −id[a , b] . Alors g est continue sur [a , b]. Aussi on a g(a) = f (a)−a > 0
et g(b) = f (b) − b 6 0, car f est à valeurs dans [a , b]. Par conséquent 0 ∈ [g(b) , g(a)]. Il existe
donc, d’après le théorème des valeurs intermédiaires, c ∈ [a , b] tel que g(c) = 0. Soit : f (c) = c.

Proposition 4.2. (théorème de Brouwer en dim. n)


Soient f : Bn (0, 1) −→ B n (0, 1) une fonction continue sur la boule unité de Rn . Alors f admet un
point fixe dans Bn ; c’est-à-dire qu’il existe x ∈ Bn tel que f (x) = x.
Théorème 4.5 (Principe de continuation de Leray-chauder).
Soient n un entier non nul et f : Rn −→ Rn une fonction continue. On suppose qu’il existe M > 0
tel que pour tout couple (x, λ) ∈ Rn × [0, 1] vérifiant λf (x) = x on a kxk 6 M . Alors l’équation
f (x) = x admet au moins une solution dans Rn
Théorème 4.6 (Kakutani).
Soit E un R espace vectoriel normé de dimension finie, C un convexe compact non vide de E et
1
u ∈ L(E) tel que u(C) ⊂ C. Si on pose, pour tout n ∈ N∗ , un = (idE + u + u2 + · · · + un−1 ) alors
\ n
H= un (C) 6= ∅ et un vecteur x de C est un point fixe de u si et seulement si x ∈ H.
n>1

Définition 4.2.
Soient n un entier non nul, E ⊂ Rn un sous ensemble de Rn et p0 ∈ E. On dit que E est étoilé
sur p0 (ou encore par rapport à p0 ) si pour tout p ∈ E le segment [p0 , p] = {(1 − λ)p0 − λp, λ ∈ [0, 1]}
est contenu dans E. Par conséquent E est convexe si E est étoilé sur chacun de ces points.
Définition 4.3.
Soit (E, k · kE ) un espace vectoriel normé et f : E −→ E une application de E. On dit que f
est non expansive si pour tous x et y éléments de E on a kf (x) − f (y)kE 6 kx − ykE . (En d’autres
termes f est 1-lipschitzienne).
Théorème 4.7 (Krasnosel’skii ).
Soient n un entier non nul, C ⊂ E un fermé, borné étoilé sur x0 . Toute application non expansive
f : C −→ C admet un point fixe.
Proposition 4.3.
Soit f : E −→ E une application et λ ∈]0, 1[. On définit fλ : λf + (1 − λ)f de E dans E. Ainsi si
f est non expansive alors fλ est aussi non expansive. En outre f et fλ ont les mêmes points fixes car
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x0 = f (x0 ) ⇐⇒ (1 − λ)x0 = (1 − λ)f (x0 ) ⇐⇒ x0 = λx0 + (1 − λ)f (x0 ) = λf (x0 ) + (1 − λ)f (x0 )

Théorème 4.8.
Soit E ⊂ Rn non vide, borné, fermé, convexe et f : E −→ E non expansive. Alors, pour chaque
λ ∈]0, 1[ et chaque x ∈ E, (fλk (x))k∈N converge vers un point fixe
Le résultat suivant est le théorème classique du point fixe
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Théorème 4.9.
Soient E un espace de Banach non vide et f : E −→ E une application de E dans E. Si f est
une application contractante, alors elle admet un point fixe unique.

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Quelques exercices 61

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Démonstration. Soit a ∈ E. Posons x0 = a, xn+1 = f (xn ). On a :
p−1 p−1
X X
kxn+p − xn k 6 kxn+i − xn+i+1 k 6 k n+i kx1 − x0 k
i=0 i=0
+∞
X kn
6 k n kx1 − x0 k ki = kx1 − x0 k . (4.1)
i=0
1−k

Puisque lim k n = 0, la suite (xn )n est de Cauchy dans E. Elle converge alors dans E, car E est
n→∞
complet. Notons ω = lim xn . La suite (xn )n est définie par la relation de récurrence xn+1 = f (xn )
n→∞
et l’application f est continue sur E (car elle est lipschitzienne).
On en déduit que ω = f (ω). Ainsi ω est un point fixe de f .
Si ω 0 est un autre point fixe de f , on a :

kω 0 − ωk = kf (ω 0 ) − f (ω)k 6 kkω 0 − ωk .

Puisque k < 1, il en résulte que kω 0 − ωk = 0 ; et par suite ω 0 = ω. D’où l’unicité du point fixe.

Théorème 4.10.
Soient E un espace de Banach et f : E −→ E une application différentiable sur E.
1. S’il existe un réel k < 1 tel que pour tout x ∈ E, kf 0 (x)k 6 k, alors f admet un point fixe
unique.
2. Supposons que E soit le produit de n espaces vectoriels complets E1 , · · · , En , et que f soit de
classe C1 sur E. S’il existe des réels ki avec 0 6 ki < 1, i = 1, · · · , n, tels que pour tout x ∈ E,
k∂i f (x)k 6 ki , alors f admet un point fixe unique.

Théorème 4.11.
Soit I un segment de R et f : I −→ I une application continue. Si il existe un point 3-périodique
pour f alors il existe des ponts n-périodiques pour f pour tout n ∈ N∗

Théorème 4.12. Soit f : X −→ E une application continue d’un sous ensemble non vide compact
et convex X d’un espace vectoriel normé E dans E. Alors
1. soit f a un point fixe dans X
2. soit il existe x ∈ X et une semi-norm p sur E qui satisfont :
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0 < p x − f (x) = min p y − f (x) , y ∈ A

4.1 Quelques exercices


Exercice 4.1.
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Considérons la fonction f (x) = cos(x) + 41 − x.


1. En utilisant le théorème du point fixe, montrer que cette fonction possède une unique racine
x0 .

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Quelques exercices 62

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2. Donner une méthode itérative permettant d’approcher x0 .
3. Implémenter cette méthode

Exercice 4.2.
Soit f une application de [0, 1] dans R, continue sur [0, 1] et vérifiant f (0) = f (1).
1. Soit n un entier naturel non nul et soit a = n1 . Montrer que l’équation f (x + a) = f (x) admet
au moins une solution.
2. Montrer (en fournissant une fonction précise) que, si a est un réel de ]0, 1[ qui n’est pas de la
forme précédente, il est possible que l’équation f (x + a) = f (x) n’ait pas de solution.
3. Application. Un cycliste parcourt 20 km en une heure.
(a) Montrer qu’il existe au moins un intervalle de temps de durée une demi-heure pendant lequel
il a parcouru 10 km.
(b) Montrer qu’il existe au moins un intervalle de temps de durée 3 min pendant lequel il a
parcouru 1 km.
(c) Montrer qu’il n’existe pas nécessairement un intervalle de temps de durée 45 min pendant
lequel il a parcouru 15 km.

Exercice 4.3.
Soient a un réel strictement positif (a > 0) et E = C [0, a], R l’ensemble des fonctions réelles


continues sur [0, a]. On considère la correspondance

N∞ : E −→ R
f 7−→ N∞ (f ) = sup |f (x)|
x∈[0,a]
 
1. On veut montrer que E, N∞ est un espace de Banach.
(a) Justifer que E muni de l’addition des fonctions et de la multiplication par un réel est un
R-espace vectoriel.
(b) Démontrer que N∞ est une norme sur E.
 
(c) Justifier que E, N∞ est complet.
2. On considère l’application
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T : E −→ E
f 7−→ T (f ) : [0, a] −→ R Z x
x 7−→ T (f )(x) = 1 + f (u)du
0

(a) Démontrer que l’application T est Lipschitzienne pour un certain rapport k. Quelle est la
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valeur minimale possible pour k.


(b) On suppose dans la suite que la valeur minimale de k est a et que a ∈ [0, 1[. Montrer qu’il
existe un unique élément f de E vérifiant l’équation T (f ) = f .

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Quelques exercices 63

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(c) Application : On note u0 l’application nulle de E et on considère la suite (un )n>0 de terme
général un = T n (u0 ).
i. Déterminer la fonction u1 = T (u0 ).
n−1 k
∗ n
X x
ii. Démontrer par récurrence que pour tout n ∈ N , T (u0 )(x) = .
k=0
k!
xk
iii. Sachant que la série de fonctions de terme général converge vers ex déterminer la
k!
fonction f ∈ E solution de T (f ) = f .

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Bibliographie

[1] Berge C. (1966), Espaces topologiques : fonctions multivoques, Dunod.


[2] Dixmier J. (1973), Topologie Générale, PUF.
[3] Faisant A. (1973), TP et Td de topologie générale, Hermann.
[4] Schwartz L. (1991), Analyse I : théories des ensembles et topologie, Hermann.
[5] Wagschal C. (1995), Topologie et analyse fonctionnelle, Hermann, Collection Méthodes.
[6] S. Banach, Théorie des opérateurs linéaires, Chelsea Publishing Company, New-York, 1955.
[7] N. Bourbaki, Topologie générale, Hermann, 1971.
[8] G. Choquet, Topologie, Masson, Paris, 1964.
[9] G. Christol, A. Cot et C.-M. Marle, Topologie, Ellipses, Paris, 1997.
[10] J.-P. Demailly, Analyse numérique et équations différentielles, Presses Universitaires de Gre-
noble, 1991.
[11] J. Dieudonné, Fondements de l’analyse moderne, Tome 1, Gauthiers-Villars, 1965.
[12] A. Doneddu, Analyse, Tome 8, Vuibert, Paris, 1985.
[13] J. Dugundji, Topology, Ally and Banon Pub., Boston, 1966.
[14] S. Gonnord et N. Tosel, Topologie et Analyse Fonctionnelle, Ellipses, Paris, 1996.
[15] G. J. U. Jameson , Topology and normed spaces, Chapman and Hall, 1974.
[16] J.-P. Marco, Analyse pour la licence, 2. édition, Dunod, Paris, 2002.
[17] J. E. Marsden et M. J. Hoffman , Elementary classical
analysis, 2nd. ed., Freeman, 1993.

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[18] J. Munkres, Topology, 2nd ed., Prentice-Hall, 2000.
[19] H. Queffélec, Topologie, 2. édition, Dunod, Paris, 2002.
[20] V. Rohlin et D. Fuchs , Premier cours de topologie, Mir, Moscou, 1981.
[21] J.-E. Rombaldi, Thèmes pour l’Agrégation de mathématiques, EDP Sciences, 1999.
[22] L. Schwartz , Analyse, Topologie Générale, et Analyse Fonctionnelle, Paris, Hermann, 1970.
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[23] P. Tauvel, Mathématiques générales pour l’Agrégation, Masson, 1997.


[24] C. Wagschal, Topologie et analyse fonctionnelle, Hermann, Paris, 1995.

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Evaluation d’étape

Questions de Cours
1. Définir les termes suivants :
−(i) espace topologique −(ii) partie ouverte −(iii) partie fermée −(iv) voisinage d’un point
−(v) espace topologique separé −(vi) application continue −(vii) application ouverte −(viii)
une suite de Cauchy −(ix) valeur d’adhérence d’une suite −(x) limite d’une suite −(xi) ap-
plication lipschitzienne −(xii) espace complet −(xiii) espace compact −(xiv) espace connexe
−(xv) partie relativement compacte
2. Répondre par vrai ou faux ( Justifier votre réponse)
(a) Dans un espace métrique complet, la réunion de deux parties denses n’est jamais vide
(b) Une suite dans un espace métrique est de Cauchy si et seulement si elle est bornée
(c) Toute partie d’un espace topologique separé est separé
(d) Soit (X, T) une espace topologique et A une partie de X. L’application f : X → X est un
homéomorphisme si et seulement si f (Ā) = f (A)
(e) Soient X, Y deux espaces topologiques et p : X → Y une application ouverte. Si A est une
partie ouverte de X alors l’application q : A → p(A) est une application ouverte.
3. Soit (X, T) une espace topologigues et R une relation d’equivalence sur X. On note X/R,
l’ensemble des classes d’equivalence.
(a) Soit l’application quotient ϕ : X → X/R. Démontrer que
T = S ∈ X/R ; ϕ−1 (S) est un ouvert de X est une topologie sur X/R.


(b) On considère R muni de sa topologie usuelle. On définit une relation d’equivalence R sur
R par : xRy ⇐⇒ x − y ∈ Q. Démontrer que la topologie quotient sur R/Q n’est pas
Hausdorff.

Exercice 1
Soient (X, T) , (Y, T 0 ) deux espaces topologiques et ∆ = {(y, y) : y ∈ Y } ⊂ Y × Y , la diagonale

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de Y .
1. Démontrer que Y est Hausdorff si et seulement si ∆ est un fermé de Y × Y .
h : X −→ Y × Y
2. Soient f, g : X → Y deux applications. Démontrer que
x 7−→ h(x) := (f (x), g(x)),
est continue si et seulement si f et g sont continues
3. Supposons que Y est Hausdorff. Déduire des questions 1. et 2. que A = {x ∈ X : f (x) = g(x)}
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est une partie fermé de X


4. On suppose h continue et soit B une partie dense de X. Démontrer l’equivalence suivante :
   
f (x) = g(x), ∀x ∈ B ⇐⇒ f (x) = g(x), ∀x ∈ X
BIBLIOGRAPHIE 66

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Exercice 2
Soit (X, d) un espace métrique, A et B deux parties non-vides fermées et disjointes de X. .On
considère

f : X −→ R
d(x, A)
x 7−→ f (x) :=
d(x, B) + d(x, A)
1. Démontrer que pour toute application continue g : X → R, l’ensemble Z(g) := {x ∈ X; g(x) =
0} appelé zèro de g est une partie fermée.
2. Démontrer que f est continue
3. Trouver f −1 ({0}) et f −1 ({1})
4. Déduire que tout fermé de X peut être vu comme le zéro d’une application continue de X vers
R
5. Soit U := {x ∈ X; d(x, A) < d(x, B)} et V := {x ∈ X; d(x, B) < d(x, A)}. Montrer que U et
V sont deux parties disjoint et ouvertes de X qui contiennent A et B respectivement.

Exercice 3
1. Dans un espace métrique compact, montrer que toute suite ayant une unique valeur d’adhérence
est convergente.
2. Démontrer que l’image d’un espace métrique connexe par arcs par une application continue est
un espace métrique connexe par arcs (indication : on commencera par introduire des notations
et préciser les hypoth‘eses).
3. En déduire que la connexité par arcs est une propriété invariante par homéomorphisme.

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