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Brenot Claude. La famille de Septime-Sévère à travers les images monétaires. In: Cahiers du Centre Gustave Glotz, 11, 2000.
pp. 331-345;
doi : https://doi.org/10.3406/ccgg.2000.1539
https://www.persee.fr/doc/ccgg_1016-9008_2000_num_11_1_1539
LA FAMILLE DE SEPTIME-SÉVÈRE
À TRAVERS LES IMAGES MONÉTAIRES*
* Le monnayage des ateliers orientaux n'est pas abordé ici. Par la richesse de son
iconographie concernant la famille sévérienne, il méritait une enquête dépassant les limites de la
communication dont les remarques font l'objet du présent texte.
1 En Tarraconaise (Caesaraugusta ?) et en Bétique (Colonia Patricia ?). Sur l'attribution à ces
deux ateliers des frappes d'or et d'argent voir RIC, I, 2e éd., p. 25-26.
2 RIC, I, 2e éd., n° 37-38 et 102.
que fort lentement et par étapes. Une première allusion y est faite à Rome
par les triumvirs monétaires de 13 avant J.-C. dont les émissions ont pour
thème central le renouvellement pour cinq ans des pouvoirs d'Auguste et
d'Agrippa3 . Il est significatif que, dans ce contexte, le revers d'un denier de
Marius Tro. représentant la tête de Julie entre celles de ses deux fils Caius et
Julius, rappelle discrètement à la fois l'union entre Agrippa et la fille
d'Auguste et leur descendance assurée par deux fils (fig. 2, n° 16). L'évocation
de la famille de l'empereur est, un peu plus tard, beaucoup plus franche à
Lyon. En 8-7 av. J.-C. d'abord, des aurei et des deniers y sont émis avec, au
revers, Caius César à cheval, avec derrière lui une aigle entre deux enseignes4
et la légende c caes - avgvs f, puis, six ans plus tard, de nouveau des aurei et
des deniers, ceux-ci très nombreux, avec la légende c l caesares avgvsti f
cos DESIG PRINC IWENT, autour des deux jeunes princes en toge, tenant les
boucliers et les lances d'argent qui venaient de leur être remis par les
chevaliers romains, au moment où le Sénat les avait désignés pour assumer, cinq ans
plus tard, le consulat5. Après leur disparition, il aura fallu un lustre pour que
la monnaie contribue à faire connaître le nouveau César mais, lorsque la
décision en fut prise, le nom de Tibère n'a plus été inscrit seulement au revers des
pièces mises en circulation : de 9 à 14, sa titulature et son effìgie, à l'égal de
celles d'Auguste, ont occupé le droit de bronzes frappés à Lyon et à Rome.
Dès son avènement, Tibère a laissé à l'image radiée et parfois surmontée
d'une étoile du Diuus Augustus Pater, le même espace que celui dont il avait
lui-même joui lorsqu'il n'était que César, au droit d'un abondant
monnayage de bronze6. S'il accorda aussi une place à Livie, désormais Julia Augusta,
elle fut assurément fort étroite7. Il en va de même pour les deux Césars,
Germanicus et Drusus, dont seul le second eut un bref monnayage à Rome,
à la veille de sa mort8, et, dix ans plus tard, à Cesaree de Cappadoce9. Les deux
fils jumeaux10 qu'eut ce dernier, sont enfin représentés, émergeant
symboliquement de deux cornes d'abondance croisées sur un caducée, au droit d'un
sesterce11 qui vient honorer la Fecunditas de la Domus diuina. Malgré ces émis-
3 Ces pièces sont rares voir RIC, I, 2e éd., p. 72-73. L'atelier colonial de Nîmes a largement
diffusé l'image des têtes adossées d'Auguste et Agrippa.
4 RIC, I, 2e éd., p. 54, aureus n° 198, denier n° 199.
5 RIC, 1,2e éd., n° 205-212.
6 RIC, I, 2e éd., p. 98-99.
7 Les sesterces, RIC, I, 2e éd., n° 50 et 51, qui portent au droit la légende SPQR ivliae
avgvstae, entourant un carpentutn traîné par deux mules, et, au revers, la titulature de Tibère
autour de s c, sont l'expression de l'hommage rendu par le Sénat à l'épouse d'Auguste et non
par Tibère qui s'était efforcé de mettre un frein à l'appétit de pouvoir de sa mère.
8 II est désigné comme fils de Tibère et petit-fils du Divin Auguste, RIC, I, 2e éd., n° 45.
9 RIC, I, 2e éd., n° 84-88 (drachmes).
10 L'un des deux, Tibérius Gémellus, fut adopté par Tibère en 35 et fait Prince de la
jeunes e par Caligula dont il est cousin germain par Livilla sa mère, elle-même sœur de Germanicus.
Le même Caligula le fit égorger presque immédiatement après. L'autre mourut sans doute en
bas âge cf. Svet., C. Caligula, XV et XXIX.
11 RIC, I, 2e éd., n° 42. Type repris en 148-149, sans le caducée, par Antonin le Pieux, avec
la légende temporvm félicitas cos mi, RIC, HI, n° 185 (aureus), 857 (sesterce) et 859
(dupondius).
La famille de Septime Sévère à travers les monnaies 333
sions pour Livie, pour Drusus et pour ses fils, le monnayage de Tibère reste
dominé par l'image d'Auguste divinisé. En ignorant Germanicus et les siens,
l'évocation de la famille impériale qu'il véhicule se situe surtout hors du
domaine des vivants.
Le monnayage de Caligula ne quitte pas le domaine des morts, mais
Caligula le peuple de toute une ascendance dont les liens de parenté avec le
nouvel empereur sont précisés par les titulatures qui accompagnent leurs
images. Des revers d'aurei et de deniers célèbrent la mémoire du Oiuus Avgustus
Pater Patriae son arrière-grand-père, d'Agrippine sa mère (fig. 2, 17), de
Germanicus son père12. L'effigie de ce dernier, désigné comme fils de Tibère
et petit-fils d'Auguste, occupe le droit de pièces de bronze13. Sur les mêmes
espèces, le buste d'Agrippine apparaît comme fille de Marcus (Agrippa) et
mère de Caius14 de même qu'est gravée la tête d'Agrippa coiffée de la
couronne rostrale15, ses deux frères, Nero et Drusus, les Césars disparus, sont
représentés caracolant16. Si, dans le monde des vivants, la famille de l'empereur ne
pouvait alors être représentés par un César — le jeune Tiberius Gemellus avait
été exécuté dès 37 - du moins le fut-elle par les sœurs du prince lui-même,
initiative qui représente un singulier élargissement de la place publiquement
accordée aux siens. Le revers de sesterces réunit en effet, Agrippine II, Drusille
et Julie17, assimilées de plus à Securitas, Concordia et Fortuna™.
Comme l'avait fait Caius, Claude honora dans son monnayage la mémoire
d'Auguste et de Livie, sa grand-mère, tous deux se partageant le droit et le
revers de la même pièce19 ; de ses parents, Antonia minor20 et Nero Claudius
Drusus21 ; de son frère Germanicus22 et de son épouse, Agrippine23. Il admit
pourtant, beaucoup plus largement que son prédécesseur, les princes vivants.
Il fit en effet frapper à Rome, entre 50 et 54, de l'or, de l'argent et du
bronze au nom d'Agrippine II qu'il élevait, en l'épousant, au rang d'Augusta24,
ainsi qu'au nom du jeune Néron César, Princeps Iuuentutis coopté en
surnuméraire par les collèges sacerdotaux25. La particularité des aurei et deniers du
12 RIC, I, 2e éd., p. 108-110, n° 1-31. À Cesaree, des drachmes sont aussi émises pour
Auguste et pour Germanicus, RIC, I, 2e éd., p. 112-113.
13 RIC, I, 2e éd., n° 43, 50 et 57.
14 RIC, I, 2e éd., n° 55.
15 RIC, I, 2e éd., n° 58.
16 RIC, I, 2e éd., n° 34, 42, 49.
17 Nées, selon Suet., G Caligula,Vll, à un an d'intervalle. Julia Livilla fut exécutée par
Claude, Suet., Diuus Clava., XXIX.
1S RIC, I, 2e éd., n° 55, 33, 41.
19 RIC, I, 2e éd., n° 101, la tête radiée d'Auguste avec la légende Diws avgvstvs, au droit,
accompagne la représentation de Livie-Cérès, tenant des épis de blé et une torche longue avec
la légende diva avgvsta, au revers.
20 RIC, I, 2e éd., n° 65-68, 92, 104.
21 RIC, 1, 2e éd., (Rome, aurei, deniers et bronzes) n° 69-74, 93, 109 (Cesaree de Cappadoce,
didrachmes) n° 125, 126.
22 RIC, I, 2e éd., n° 105, 106.
23 RIC, I, 2e éd., n° 102.
24 RIC, I, 2e éd., n° 75, 80 et 81 (revers), 103.
25 RIC, I, 2e éd., n° 76-79, 82 et 83 (revers), 107, 108.
334 Claude Brjenot
nouveau trio impérial est de réunir sur une même pièce entre le droit et le
revers les bustes d'Agrippine et de Néron, de Claude et d'Agrippine, de
Claude et de Néron26 : jamais précédemment ce type de jumelage n'était
intervenu dans le monnayage impérial. Une autre innovation iconographique
était en même temps introduite en Orient. Déjà sous Tibère et sous Caius,
l'atelier impérial de Cesaree de Cappadoce avait, par ses émissions de
drachmes et de didrachmes, honoré la famille impériale. Non seulement
celles-ci se poursuivent sous Claude en célébrant la mémoire de Claudius
Drusus, mais elles complètent aussi l'image que l'atelier de Rome donnait de
la Domus diuina : l'un de ses didrachmes porte, au droit, le nom et l'effigie de
Messaline tandis que le revers célèbre les deux enfants qu'elle eut de Claude :
Octavie, future épouse de Néron, et Britannicus se serrant la main et, à leur
droite, Antonia, la fille que Claude eut d'un précédent mariage avec Paetina27.
Un peu plus tard des cistophores furent émis, pour Néron et pour Agrippine,
par Pergame28 et par Ephèse29. Ce dernier atelier, en faisant figurer sur l'un
de ses droits le profil de Claude se détachant en surimpression sur celui
d'Agrippine, introduisait pour la première fois dans le monnayage impérial
romain, un type de représentation couramment utilisé par les graveurs
hellénistiques, tant pour les intailles et camées que pour les coins monétaires30.
D'Ephèse ce type de portraits superposés est très vite passé à Rome, où tout
au début du règne de Néron, il fut adopté pour des aurei et des deniers
réunissant l'empereur et Agrippine au droit et représentant au revers le quadrige
d'éléphants du divin Claude31 (fig. 2, n° 18). La même émission d'avènement
inaugure un autre type de droit qui jumelle Néron et sa mère dont les bustes
ne sont plus superposés mais face à face (fig. 2, n° 19). Sur ce point
particulier, touchant au jeu de l'utilisation du portrait, il faut encore citer les
différentes dénominations d'argent de Cesaree qui réunissent entre droit et revers,
Agrippine et Néron32, Néron et Claude divinisé33, comme ils l'avaient été à
Rome sous Claude. Ensuite les références à la famille impériale disparaissent
du monnayage jusqu'à la fin du règne — et pour cause. À l'exception
toutefois d'une dernière série de deniers et aurei qui s'y rapportent encore : il s'agit
des pièces qui affichent la légende de revers AVGVSTVS AVGVSTA accompagnant
la représentation de l'empereur en toge, tenant une patere et un sceptre,
accompagné de l'impératrice tenant aussi une patere et une corne
d'abondance34. Cette scène fait manifestement allusion à un mariage,
vraisemblablement celui qui unit Néron et Poppée en 62.
Les Antonins
d'Augusta. À leur mort elles ont été divinisées44 et, en tant que telles, ont eu
un monnayage. Plus tard, quand Antonin prit en 138 le pouvoir, des monnaies
continuèrent à être émises au nom de Faustine, comme elles l'avaient été au
temps où son époux n'était encore que César. Il en alla de même pour leur
fille, Faustine II, à partir du moment où elle fut, en 145, donnée en mariage
à Marc Aurèle et cela se répéta pour Lucille, leur fille, quand elle épousa
Lucius Vérus, et pour Crispine quand à son tour elle épousa Commode. Ces
frappes illustrent le culte rendu par ces princesses à Vesta, à luno Regina ou
Lucina, à Venus Genetrix ou Victrix, à Diana Lucifera, à Ceres, ou encore à Mater
magna. Ces frappes exaltent aussi les vertus qu'elles sont censées incarner et
qui en quelque sorte les constituent réellement impératrices : Pietas ainsi que
Pvdicitia. Elles insistent sur les bienfaits dont, grâce à la Concordia — le
mariage contracté avec l'empereur — elles sont tout ensemble Spes, l'heureuse
espérance et l'accomplissement : Fecunditas, Prouidentia, Félicitas, Laetitia.
Presque toutes ces Augustae, Piotine, Marciane, Matidie, Sabine, et les deux
Faustine, ont été divinisées après leur trépas et des monnaies ont continué a
être émises pour elles. Les revers gravés pour Faustine mère divinisée, est loin
de se limiter à la légende Consecratio. Il existe des revers qui font allusion à la
dédicace du temple élevé pour elle45, au bige d'éléphants (ou de mules) que
le Sénat lui accorda pour ses funérailles46, à la fondation des puellae
Faustinianae dont il à déjà été question, et d'autres revers encore qui
continuent à honorer Vénus, Junon, Vesta, Cérès dont elle partage désormais
YAeternitas. Il en est de même pour sa fille divinisée qui est saluée comme
Sideribus recepta47 et comme Mater castrorum48 (fig. 2, n° 27) titre que Marc
Aurèle lui décerna après sa mort au pied du Taurus, alors qu'elle
l'accompagnait dans sa campagne de 176. Les émissions pour les Diui ne sont pas plus
rares ni d'iconographie moins riche. Citons parmi elles la pièce de Trajan pour
son père par le sang, Trajan senior49 et celle qui associe au revers, ce dernier
et le divin Nerva, son père adoptif, tous deux face à face50 (fig. 2 n° 20). Un
revers d'Hadrien honore, selon la même disposition, Trajan et Piotine dont les
bustes sont accompagnés l'un et l'autre d'un astre à six branches, dominant
leurs fronts qui les désigne eux aussi comme sideribus recepii (fig. 2, n° 21) 51.
Les monnaies de consécration ne sont pas les seules à réunir entre droit et
revers deux ou trois membres de la Domus diuina. Ces associations jouent aussi
entre empereurs, Césars et impératrices vivants. Ainsi, répandues dans la
circulation, ces monnaies ne donnent pas seulement à voir les portraits de diffé-
De tous ceux qui prirent le pouvoir en 193, avec un succès moins durable
que celui que devait avoir Septime Sévère, seul Dide Julien introduisit son
entourage familial dans le monnayage. Il existe en effet des aurei, deniers,
sesterces et dupondii pour son épouse, Manlia Scantilla, aux types de Pietas et de
Inno Regina, et pour sa fille, Didia Clara, aux types de Fortunae felici et de
Hilar(itas) tempor(um)54, l'une et l'autre immédiatement nommées Augusta55.
Après qu'au mois de juin de la même année Julien eut été éliminé, Sévère
tint à associer à la diffusion de sa propre image celle de la princesse syrienne
qu'il avait épousée moins de six ans auparavant. En cela il agissait certes
comme son prédécesseur mais sous l'empire d'un mobile assurément
différent. Pour l'un, il s'agissait peut-être d'insister sur son droit légitime au
pouvoir à travers Manlia Scantilla, peut-être alliée aux Antonins, comme il l'était
lui-même, en tout cas issue d'une famille influente, ainsi que l'a récemment
montré F. Chausson56. Didia Clara dont le mari, fils d'un préfet du Prétoire
d' Antonin le Pieux puis de Marc Aurèle, qui accompagnait Julien se rendant
à la convocation du Sénat après l'assassinat de Commode avant d'être lui-
même nommé Préfet de la Ville, représentait une garantie de descendance57.
52 H. Α., Vie de Marc Aurèle, XVIII, 3 ;A. Chastagnol, Les empereurs romains des IIe et IIIe siècles,
1974, p. 145.
53 RIC, III, n° 264-275 et 654-664. Hérodien, IV, 2, 7-11, donne une description précise de
ce bûcher, notamment de la dernière structure, sans doute fort légère, d'où s'échappait l'aigle
censé emporter vers le ciel l'âme de l'empereur défunt.
54 Julien prend le pouvoir le 28 mars, trois jours après les Hilaria célébrées le 25.
55 H. Α., Vie de Dide Julien, III, 4, A. Chastagnol, op. cit., p. 289.
56 François Chausson, « De Dide Julien aux Nummi Albini », MEFRA, CXII, 2000 (sous près-
se).
57 H. Α., Vie de Dide Julien, II, 4, et III, 6, A. Chastagnol, op. cit., p. 289.
La famille de Septime Sévère à travers les monnaies 339
69 RIC IV1, n° 686 (sesterce au type de Rome assise à g. tenant une Victoire).
70 RIC IV1, n° 65-66 (aurei aux types de Mars, tenant une lance et un trophée, ou bien de
la Victoire, tenant une couronne et un trophée) et 700 (sesterces aux types de Rome assise ou
debout et de Félicitas).
71 RIC IV1, n° 72
72 RIClV\n° 15, p. 213.
73 RIC IV1, ρ 212, n° 6. Cette légende de revers à l'ablatif semble compléter avec un sens
causal la titulature du droit, M avr Anton caes pontif, et préciser qu'Antonin est pontife
« parce que » ou « puisque » il est destinatus imperator. Celui-ci n'avait en effet pas même dix ans
lorsque Sévère, à l'été 197, invita le Sénat à reconnaître son fils aîné comme César et à lui
décerner les insignes impériaux (H. Α., Vie de Sévère, XIV, 3). Son admission au sein du
collège des pontifes dut se situer dans cette perspective.
La famille de Septime Sévère à travers les monnaies 341
28 ^BtëWSgg^ 30
27 29
Fig. 2. L'empereur et les siens d'Auguste à Commode.
344 Claude Brenot
une origine non moins traditionnelle. Il a déjà été question des bustes
affrontés de Nerva et de Trajan senior ou de Trajan et Piotine divinisés. Mais plus
tôt encore Caligula avait frappé un denier portant au droit sa propre effigie
et, au revers, celle de sa mère Agrippine l'Ancienne85. Comme on l'a vu aussi,
les portraits de Néron et d'Agrippine II sa mère sont représentés conjoints,
soit gravés en surimpression, comme le montre Yaureus86 (fig. 2, n° 18) soit
gravés se faisant face, comme le montre Yaureus87 (fig. 2, n° 19). Les trois
bustes de Julia Domna et de ses fils fait appel au plus ancien des modèles cités
jusqu'à présent, le denier du monétaire d'Auguste, MariusTro., qui
représente Livie entre ses deux fils, Caius et Lucius, à ceci près qu'Octavie est de
profil et non de face comme Julie. Il ressort de tout cela que, ne se contentant
pas d'être fils de Marc Aurèle, petit-fils d'Antonin, arrière petit-fils
d'Hadrien... comme le publient certaines de ses inscriptions, Sévère est allé,
en l'occurrence, puiser ses modèles d'iconographie familiale aux origines
même de l'empire, dans la famille julio-claudienne88.
85 RIC, I, 2e éd., n° 8 : c caesar avg germ ρ m tr pot et, au revers, agrippina mat c caes
AVG GERM.
86 RIC, I, 2e éd., n° 6. nero clavd divi caes avg germ imp trp cos et, au revers, agripp
AVG DIVI CLAVD NERONIS CAES MATER.
87 RIC, I, 2e éd., n° 3. agripp avg divi clavd neronis caes mater et, au revers, neri clavd
DIVI CAES AVG GERM IMP TRP COS.
88 Ceci tendrait à prouver que la monnaie conservait des archives accessibles, qu'il s'agisse
de dessins préalables à la gravure des coins ou des coins eux mêmes. La monnaie de Paris
conserve des coins d'Ancien Régime qui après avoir fourni le nombre de monnaies qu'ils
devaient fournir étaient biffés.
89 Her., Ill, 10, 3.
90 Her., Ill, 13, 3.