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Table des matières

1 Intégrales curvilignes et de surface 1

1.1 Arcs paramétrés de Rn . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 1


1.1.1 Généralités . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 1
1.2 Propriétés métriques, abscisse curviligne . . . . . . . . . . . . . . . . . 3
1.3 Courbes de R2 : Théorème des fonctions implicites pour les courbes de R2 6
1.4 Droite tangente, plan normal à une courbe paramétrée de R3 . . . . . . 9
1.5 Longueur d’une courbe. Abscisse curviligne . . . . . . . . . . . . . . . . 11
1.6 Intégrale curviligne d’une fonction . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 12
1.7 Intégrale curviligne d’un champ de vecteurs = intégrale curviligne d’une
1-forme di¤érentielle . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 12
1.8 Théorème de Poincaré et intégrale curviligne . . . . . . . . . . . . . . . 14
1.9 Théorèmes de Stokes : Green-Riemann, Ostrogradski... . . . . . . . . . 16
1.9.1 Théorème de Green-Riemann . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 16
1.9.2 Applications (calcul d’aire, théorème de Poincaré) . . . . . . . . 18
1.9.3 Surfaces. Intégrale de surface de fonctions réelles . . . . . . . . . 19
1.9.4 Intégrale de surface d’un champ de vecteurs . . . . . . . . . . . 22
R R
1.9.5 Formule de Stokes générale : @(D) ! = D d! . . . . . . . . . . . 24

2 Séries de Fourier 27
2.1 Introduction . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 27

2.2 Dé…nition des séries de Fourier . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 27


2.2.1 Série de Fourier . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 27
2.2.2 Coe¢ cients de Fourier . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 28
2.2.3 Coe¢ cients de Fourier des fonctions paires et impaires . . . . . 29
2.2.4 Types de convergence . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 30

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TABLE DES MATIÈRES 2

2.3 La convergence uniforme . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 30


2.3.1 L’espace . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 30
2.3.2 Théorème de Dirichlet . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 31
2.3.3 Démonstration du théorème de Dirichlet . . . . . . . . . . . . . 31
2.4 Application : Phénomène de Gibbs . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 35

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Université Marien Ngouabi(UMNG),Congo

Faculté des Sciences et Techniques (FST)

Côme Chancel LIKOUKA

Cours de compléments de Mathématiques - L1 Physique


Année Académique 2020 - 2021
Chapitre 1

Intégrales curvilignes et de surface

1.1 Arcs paramétrés de Rn


Dans toute cette partie, on …xe un entier n 1, et on suppose le R-espace vectoriel
Rn muni du produit scalaire usuel, c’est-à-dire de la forme bilinéaire symétrique dé…nie
positive h; i véri…ant : 0 1 0 1
x1 y1
B C B C
Bx C By C Xn
B 2C B 2C
hB C ; B Ci := xi yi
B ::: C B ::: C
@ A @ A i=1

xn yn
On notera par kk sa norme naturelle associée. Le but est de dé…nir un certain nombre
de notions générales, attrayant à des arcs paramétrés de Rn . En particulier la notion
de régularité, birégularité, changement de paramétrage, dont l’un deux jouera un rôle
particulier : l’abscisse curviligne.

1.1.1 Généralités
Dé…nition 1.1.1 On appelle arc paramétré de Rn une application f : I ! Rn où
I désigne un intervalle non vide de R. On dit que l’arc est de classe C k si f l’est.
L’ensemble des arcs paramétrés de classe C k sera noté C k (I; R2 ).

Remarque 1.1.1 Pour une telle application, être de classe C k signi…e que chacune de
ses composantes l’est, il su¢ t de calculer une variation in…nitésimale pour le voir.

Dé…nition 1.1.2 Soit f un arc paramétré de Rn . On appelle trajectoire de f l’ensemble

Im(f ) := ff (t) : t 2 Ig

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Arcs paramétrés de Rn 2

Remarque 1.1.2 A présent il est légitime de se poser la question si selon certains


changements de variables, la trajectoire demeure inchangée ou non. Prenons l’exemple
classique du cercle unité de R2 . Une façon simple de le paramétrer est par f : t 7 !
(cos t; sin t) pour t 2 R, la description du cercle se fait dans le sens trigonométrique.
Mais en écrivant t 7 ! (cos t; sin t), on décrit toujours le cercle unité, dans le sens
opposé. On peut aussi agir sur la "vitesse", t 7 ! (cos(t3 + t); sin(t3 + t)) est une
description à "vitesse" croissante. En somme, dans les exemples on a écrit f ' où
' désigne l’application t 7 ! t, t 7 ! t3 + t respectivement. Mais on déclare qu’un
changement de paramétrage est admissible si l’application est un di¤éomorphisme d’un
intervalle J dans I ; intuitivement cette notion implique notamment que les trajectoires
vont coïncider (notion de bijectivité) et que la courbe sera parcourue un même nombre
de fois (une application réelle di¤éomorphe est strictement monotone).

Dé…nition 1.1.3 Soient I et J deux intervalles réels, et ' : J ! I. On dit que ' est
un C k (J; I) di¤éomorphisme (k 0) si :
– ' est bijective
– ' est de classe C k
1
–' est de classe C k
Un C 0 di¤éomorphisme est appelé homéomorphisme.

Proposition 1.1.1 Un C k (k 1) di¤éomorphisme de J sur I est strictement mono-


tone sur J.

Démonstration 1.1.1 C’est une conséquence du théorème des valeurs intermédiaires.


En e¤et, comme '0 est continue, pour montrer la stricte monotonie, on prouve qu’elle
ne peut s’annuler. Et c’est le cas car 8x 2 J (' 1 )0 ('(x)) '0 (x) = 1.

Dé…nition 1.1.4 (Changement de paramétrage admissible) Soit f 2 C k (I; R)


et g 2 C k (J; R) deux arcs paramétrés. On dit que g est un changement deparamétrage
admissible de f s’il existe une application ' : J ! I C k -di¤éomorphe telle que g =
f '. L’application ' est appelée changement de paramétrage.

Les propriétés essentielles des courbes sont celles qui ne dépendent pas du chan-
gement de paramétrage. Et nous verrons que ce sera quasiment toujours le cas. Dans
toute la suite de cette partie, on considère f 2 C k (I; Rn ) un arc paramétré …xé.

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Propriétés métriques, abscisse curviligne 3

Dé…nition 1.1.5 (Régularité, birégularité) Soit t0 2 I, on dit que t0 est un point


régulier pour f si f 0 (t0 ) 6= 0Rn (singulier dans le cas contraire), t0 est dit birégulier
pour f si f 0 (t0 ) et f 00 (t0 ) ne sont pas liés. On dit qu’un arc est régulier (ou birégulier)
s’il l’est en chacun de ses points.

Dans la suite, on s’attache à étudier l’allure d’une courbe plane (on se place donc pro-
visoirement dans le cas n = 2) au voisinage d’un point singulier. Il y aura quatre cas
possibles, qui se déduisent directement du développement limité de l’arc. Plus précisé-
ment :

Proposition 1.1.2 Soit f : I ! R2 de classe su¢ samment grande pour donner sens
à la suite, et soit t 2 I. On note :
– p le plus petit entier 1 tel que : f (p) (t) 6= 0
– q le plus petit entier > p tel que : (f (p) (t); f (q) (t)) libre.
Alors :
– pour p; q pairs ; on a un point de rebroussement de seconde espèce.
– pour p impair, q pair ; le point singulier est dit d’allure normale.
– pour p; q impairs ; on a un point d’in‡exion.
– pour p pair et q impair ; le point est un rebroussement de première espèce.

Remarque 1.1.3 La régularité d’un arc est préservée par changement de paramétrage
admissible. En e¤et considérons deux paramétrages f; g d’un même arc, et ' un chan-
gement de paramétrage (f = g '). Alors f 0 = g 0 (')'0 , si g est régulier alors f l’est
aussi (puisque '0 ne peut s’annuler via le théorème des valeurs intermédiaires). De la
même manière, comme c’est aussi le cas pour ' 1 , si g est régulier, f aussi.

1.2 Propriétés métriques, abscisse curviligne


Passons maintenant aux propriétés métriques. L’idée est de transformer la variable
t qui n’a aucun sens géométrique particulier en une nouvelle variable s appelée abs-
cisse curviligne qui elle possède une interprétation géométrique simple. En plus, elle
simpli…era considérablement certains calculs (notamment celui de la base de Frenet).
Rappelons comment est dé…nie la notion de longueur d’arc dans R2 .

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Propriétés métriques, abscisse curviligne 4

Proposition 1.2.1 Dé…nition 1.2.1 (Longueur d’arc) On appelle longueur de f


entre deux points A(t0 ) et B(t1 ), la quantité :
Z t1
lAB = kf 0 (u)kdu
t0

Remarque 1.2.1 Une dé…nition plus générale de la longueur d’arc existe pour des
arcs seulement continus (le principe est de considérer les lignes brisées à une subdivison
…xée, puis de prendre la borne supérieure sur l’ensemble de subdivisions de l’ensemble
des longueurs brisées). Mais dans le cas d’arcs au moins C 1 , les deux coïncident. On
peut aussi démontrer un résultat intuitif, c’est que le segment est l’arc de longueur
minimal joignant deux points de R2 . En e¤et, :
En e¤et, notons par f = (x; y) un arc quelconque C 1 joignant A et B. On note
f (t0 ) = A et f (t1 ) = B. Alors, on montre que :
Z t1 Z t1 p p
0
kf (u)kdu = x02 (u) + y 02 (u)du kf (t1 ) f (t0 )k = (x(t1 ) x(t0 ))2 + (y(t1 ) y(t0 ))2
t0 t0

Dans un premier temps par une étude de fonction, on peut prouver que :
p p p
8a; b 0; a+b a+ b

Sachant cela, on peut écrire :


Z t1 p Z t Z t Z t p
0 0
02 02
x (u) + y (u)du j x (u)du j + j y (u)du j j (x0 +y 0 )(u)du j= (x(t) x(t0 ) + y(t) y
t0 t0 t0 t0
p
Cette dernière quantité étant minorée par : (x(t) x(t0 ))2 + (y(t) y(t0 ))2 puisque
x(t1 ) x(t0 ) 0 et y(t1 ) y(t0 ) 0.

Dé…nition 1.2.2 (Abscisse Curviligne) Soit f : I ! Rn un arc au moins C 1 , on


appelle abscisse curviligne toute application s : I ! R au moins C 1 véri…ant :

s02 = x02 + y 02 = kf 0 k2

Remarque 1.2.2 Supposons que s soit de classe C 1 . Alors on a l’équivalence avec


l’équation intégrale :
Z t
02 02 02
s =x +y () 8t0 2 I s(t) = kf 0 (u)kdu
t0

Ceci permet d’interpréter l’abscisse curviligne comme étant la longueur algébrique de


l’arc entre t0 et t, où t0 est un point arbitraire choisi comme référence. Ainsi, lorsque
l’arc est de classe C 1 , un paramétrage par abscisse curviligne existe toujours !

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Propriétés métriques, abscisse curviligne 5

Remarque 1.2.3 (Unicité du paramétrage curviligne ? ) Considérons deux pa-


ramétrages s, S par abscisse curviligne, alors par dé…nition :

s0 = kf 0 k = S 0

Donc on en déduit que (s S)0 = 0 c’est-à-dire que S s est constante. Deux abscisses
curvilignes d’un même arc paramétré di¤érent d’une constante.

Dé…nition 1.2.3 (Paramétrage normal) On appelle paramétrage normal d’un arc


paramétré f un changement de paramétrage g véri…ant :

kg 0 (u)k = 1 8u

Autrement dit, cinématiquement, le parcours de la courbe a lieu à vitesse constante


unitaire. C’est le cas de l’abscisse curviligne :

Proposition 1.2.2 Le paramétrage par l’abscisse curviligne est un paramétrage ad-


missible, normal.

1
Démonstration 1.2.1 L’abscisse curviligne est de dérivée strictement positive, f s
est donc un paramétrage admissible de f . On notera dans toute la suite f (s 1 (t)) plus
1
simplement par f (s). Il est de plus normal, puisque k(f s 1 )0 k = kf 0 (s 1 ) 0 1 k =
s (s )
1
kf 0 (s 1 ) k=1
kf 0 (s 1 )k
Remarque 1.2.4 Le paramétrage par abscisse curviligne (ou longueur d’arc) est donc
un paramétrage à vitesse unitaire. Inversement tout paramétrage à vitesse unitaire est
une abscisse curviligne, en e¤et : si kg 0 (u)k = 1 8u alors en intégrant cette équation
entre t0 et t réels, on a : Z t
kg 0 (u)kdu = t t0
t0
Cette équation signi…e que la longueur de l’arc entre t0 et t correspond bien au para-
mètre.

Dans toute la …n du paragraphe, on …xe un arc paramétré f : I ! Rn , de trajectoire


.

Dé…nition 1.2.4 (Vecteur tangent) Soit A 2 . On dit que f admet un vecteur


!
AM
tangent en A si la limite limM !A ! existe et est …ni. Dans ce cas, le vecteur
kAM k
limite s’appelle le vecteur tangent à en A.

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Courbes de R2 : Théorème des fonctions implicites pour les courbes de R2 6

Proposition 1.2.3 (Cas d’un arc C 1 ) Si f est de plus C 1 , un vecteur tangent est
f 0 (t0 )
alors si A(t0 ) est régulier. On le note T (t0 ).
kf 0 (t0 )k

Remarque 1.2.5 Il est aussi possible de dé…nir un vecteur tangent en un point non
forcément régulier d’un arc de classe C k , si au moins un des vecteurs f 0 (t0 ); :::f (k) (t0 )
est non nul (par un développement limité à l’ordre k, la limite précédente existera et
sera précisément le premier de ces vecteurs, non nul).

Proposition 1.2.4 Supposons que f soit paramétré normalement (par s) alors :

T (s) = f 0 (s)

1.3 Courbes de R2: Théorème des fonctions impli-


cites pour les courbes de R2
Une courbe de R2 peut être dé…nie de plusieurs façons di¤érentes.
A) Forme explicite y = f (x) où f : I ! R; I R;

= f(x; y)j x 2 I R; y = f (x)g:

Si f est dérivable en x0 2 I alors possède une tangente au point m0 = (x0 ; y0 ); où


y0 = f (x0 ): L’équation de cette tangente est

y y0 = f 0 (x0 )(x x0 ):

B) Forme paramétrique
Une partie de Rp ; est une courbe s’il existe une application continue d’un in-
tervalle [a; b] R dans Rp : Si cette application est bijective, est appelé un
arc de courbe. Le couple ( ; ) est appelé une courbe paramétrée. Si (a) = (b)
mais (t1 ) 6= (t2 ) pour tous les points t1 6= t2 de [a; b] la courbe est appelée
une courbe fermée ou un circuit fermé.
Les courbes planes sont des courbes dans R2 . Les courbes gauches sont des courbes
dans R3 :
Soit 8
< x = g(t)
(t) =
: y = h(t)

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Courbes de R2 : Théorème des fonctions implicites pour les courbes de R2 7

où g; h : [a; b] ! R; [a; b] R: Alors, la fonction (t) à valeurs dans R2 sur un intervalle


[a; b] dé…nit ; une courbe paramétrée dans R2 :

= f(x; y)jx = g(t); y = h(t); t 2 [a; b]g:

On dit que (t) = (g(t); h(t)) est une représentation paramétrique de la courbe.
La même courbe peut avoir des représentations di¤érentes, par exemple, les para-
métrisations
8 8
< x =t < x = s=2
(t) = ; t 2 [0; 1]; (s) = ; s 2 [0; 2]
: y = 2t : y =s

dé…nissent le même segment sur la droite y = 2x:


Pour une courbe
0 1 8
g(t) < g 0 (t)
(t) = @ A sa dérivée 0
(t) =
h(t) : h0 (t)

dé…nit un vecteur tangent à la courbe au point (x; y) = (g(t); h(t)): Pour écrire
l’équation de la tangente à au point donné de la courbe (t0 ) = (x0 ; y0 ), on trouve
l’équation de la droite passant par (x0 ; y0 ) et parrallèle à (g 0 (t0 ); h0 (t0 )): On l’écrit sous
la forme de déterminant d’une matrice

x x0 g 0 (t0 )
y y0 h0 (t0 ) =0

Ce qui donne
g 0 (t0 )(x x0 ) f 0 (t0 )(y y0 ) = 0:
0 0 h0 (t0 )
Si (g (t0 ); h (t0 )) = (0; 0) la tangente peut exister également, sa pente est lim 0
t!t0 g (t0 )
lorsque cette limite existe.
+
On note un arc d’une courbe avec un sens de parcours indiqué. On dit qu’on
choisit l’orientation de quand on choisit le sens de parcours. On dénote par un
+
arc d’une courbe qui est le même que mais avec un sens de parcours opposé. Soit
: [a; b] ! une paramétrisation de : On dit que est compatible avec l’orientation
+
de si le point (t) se déplace dans le sens de parcours de lorsque le paramètre
croît de a à b:

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Courbes de R2 : Théorème des fonctions implicites pour les courbes de R2 8

Exemple 1.3.1 Soit une partie de la droite y = x sur l’intervalle [0; 2] parcourue
du point (2; 2) vers le point (0; 0): Deux paramétrisations
0 1 0 1
t 2 t
t 2 [0; 2]; (t) = @ A et (t) = @ A
t 2 t
+
se distinguent par l’orientation : est compatible avec tandis que a une orientation
opposée.

C) Forme implicite : par une équation cartésienne

= f(x; y) 2 Djf (x; y) = 0g où f : D ! R; D R2 :

Dans ce cas, sous certaines conditions, c’est possible de se ramener à la forme explicite.
On cherche à exprimer y en fonction de x par y = (x) localement, i.e. au voisinage
d’un point de la courbe (x0 ; y0 ):

Théorème 1.3.1 (Des fonctions implicites pour les courbes.) Soit D R2 et f : D !


R une fonction de classe C 1 sur D: Soit (x0 ; y0 ) 2 D avec
@f
f (x0 ; y0 ) = 0 et (x0 ; y0 ) 6= 0:
@y
Alors il existe I R un intervalle ouvert de centre x0 et J R; un intervalle ouvert
de centre y0 ; tels que

1. 8x 2 I; f (x; y) = 0 possède une unique solution y 2 J notée y = (x) (en


particulier y0 = (x0 )):
2. En particulier, : I ! J est dérivable sur I avec
@f
0 @x
(x; y)
(x) = @f
@y
(x; y)

Exemple : f (x; y) = x2 + y 2 1; @f
@y
= 2y: Pour le point (x0 ; y0 ) = (0; 1) de la courbe
@f
f (x; y) = 0 on a @y
(0; 1) = 2 - le théorème s’applique, d’où l’existence d’une fonction
: I ! J: On peut prendre les intervalles I =] 1; 1[ et J =]0; 2[: Dans ce cas simple
p
on peut expliciter (x) = 1 x2 : Pour la dérivée on véri…e que
@f
0 x x @x
(x; y)
(x) = p = = @f
:
1 x2 y @y
(x; y)

L’intérêt du théorème réside dans les cas où on ne peut pas expliciter , mais où
néanmoins on peut construire le graphe en utilisant les valeurs des tangentes.

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Droite tangente, plan normal à une courbe paramétrée de R3 9

En utilisant la formule de Taylor, on a

f (x; y) = f (x0 ; y0 )
p
+ @f
@x
(x0 ; y0 )(x x0 ) + @f
@y
(x0 ; y0 )(y y0 ) + o( jx x0 j2 + jy y0 j2 )

La ligne de niveau 0 de f dé…nit une courbe implicitement. (x0 ; y0 ) appartient a cette


courbe si f (x0 ; y0 ) = 0: La di¤érentielle en ce point décrit bien le comportement de la
courbe :
@f @f
(x0 ; y0 )(x x0 ) + (x0 ; y0 )(y y0 ) = 0: (1.1)
@x @y
C’est une équation de la droite tangente. Si on peut résoudre cette équation linéaire par
@f
rapport à y (i.e. @y
(x0 ; y0 ) 6= 0) alors la courbe f (x; y) = 0 est proche de la droite (1.1)
dans un voisinage su¢ samment petit. On peut espérer pouvoir résoudre f (x; y) = 0
comme une relation explicite entre y et x:

@f
Remarque 1.3.1 Si @x
(x0 ; y0 ) 6= 0 le théorème des fonctions implicites appliqué en
permutant le rôle de x et y donne une application : J ! I et au voisinage de (x0 ; y0 )
l’équation de la courbe est x = (y):

1.4 Droite tangente, plan normal à une courbe pa-


ramétrée de R3
Une courbe paramétré dans l’espace, appelée aussi "courbe gauche", est donnée par
une application vectorielle :
0 1
x(t)
B C
(t) = B
@ y(t) C; t 2 I
A R:
z(t)

Le vecteur directeur de la droite tangente au point de la courbe (x0 ; y0 ; z0 ) = (x(t0 ); y(t0 ); z(t0 ))
est donné par la dérivée de :
0 1
x0 (t0 )
!0 B C
(t0 ) = B 0 C
@ y (t0 ) A :
z 0 (t0 )

La droite tangente T passe par (x0 ; y0 ; z0 ) et parallèle au vecteur 0 (t0 ): Cela signi…e
!
que chaque vecteur P0 P passant du point P0 = (x0 ; y0 ; z0 ) au point P = (x; y; z) 2 T

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Droite tangente, plan normal à une courbe paramétrée de R3 10

!0
est colinéaire au vecteur En coordonnées cela donne l’équation de la droite :
(t0 ):
1 0
x0 = kx0 (t0 ) x
C B
y0 = ky 0 (t0 ) C B y
A ; k 2 R:
@
z0 = kz 0 (t0 ) z
! !
k est ici un coe¢ cient de proportionnalité entre les vecteurs P0 P et 0 (t0 ): Cette
variable k dépend de la position du point P sur la droite et quand k parcourt R; le
!
point P parcourt la droite tangente. Si toutes les coordonnées de 0 (t0 ) sont non-nulles
on peut réécrire l’équation de la droite sans k :
x x0 y y0 z z0
0
= 0 = 0 : (1.2)
x (t0 ) y (t0 ) z (t0 )
Le plan normal, orthogonal à la courbe au point de la courbe (x0 ; y0 ; z0 ), ce qui
en pratique signi…e orthogonal à la tangente en ce point, est donné par la relation
suivante :
x0 (t0 ) (x x0 ) + y 0 (t0 ) (y
z0 ) = 0: y0 ) + z 0 (t0 ) (z
!
Ici on utilise le produit scalaire de la tangente et du vecteur P0 Q; passant du point
P0 = (x0 ; y0 ; z0 ) au point Q = (x; y; z) du plan. Le plan est normal quand le produit
! !
scalaire 0 (t0 ) P0 Q vaut 0:

Exemple 1.4.1 Cherchons les équations de la tangente et du plan normal à la courbe


donnée par les relations paramétrique :

x = t; y = t2 ; z = t3

au point (x0 ; y0 ; z0 ) = (1; 1; 1); t = 1: On a x0 = 1; y 0 = 2t; z 0 = 3t2 ; donc au point


(1; 1; 1); le vecteur directeur de la tangente est égal à (1; 2; 3): L’équation de la tangente
est
x x0 y y0 z z0
= =
1 2 3
et celle du plan normal

1 (x x0 ) + 2 (y y0 ) + 3 (z z0 ) = 0:

Dernière remarque ici à propos de la dimension. La droite est un objet de dimension


1; donc pour écrire une équation d’une droite dans R3 il faut deux relations linéaires
indépendantes, car 1 = 3 2. Quand on utilise une variable supplémentaire k pour
écrire une équation d’une droite, on a 4 variables et 3 relation linéaires : 4 3 = 1:
Un plan dans l’espace R3 est donné par une seule équation linéaire, du point de vue
de la dimension car la dimension du plan est 2 = 3 1:

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Longueur d’une courbe. Abscisse curviligne 11

1.5 Longueur d’une courbe. Abscisse curviligne


Un arc de courbe est orienté par le choix de l’un des deux sens de parcours pos-
!0
sible, ce qui revient à distinguer les vecteurs tangents opposés (t): Pour calculer la
longueur d’un arc de la courbe on partage la courbe en n morceaux et on cherche la
somme des longueurs. Quand n ! 1 les morceaux de la courbe deviennent petits et
presque des segments donc
Xn
! X
n X
n
kMi Mi+1 k = k!(ti+1 ) !(t )k
i k !0 (ti ) k (ti+1 ti ):
i=1 i=1 i=1

on peut substituer à la longueur d’un morceau Mi Mi+1 la longueur du vecteur tangent


k!0 (t )k au point M = (t ): En considérant des subdivision de plus en plus …nes et
i i i

en passant à la limite en n1 on obtient la sommation continue qui dé…nit la longueur :


l’arc de courbe donné par la parametrisation : [a; b] ! R3 ; (t) = (x(t); y(t); z(t))
a pour longueur Z b !0
L( ) = k (t)kdt:
a
Théorème 1.5.1 La longueur d’un arc d’une courbe est bien dé…nie - elle ne dépend
pas de la paramétrisation.

Soit p : [ud ; uf ] ! [a; b]; p(u) = t une fonction dérivable p0 (u) 6= 0; pour u 2 [ud ; uf ];
et a = p(ud ); b = p(uf ): On a le même arc de courbe
avec une nouvelle représentation
R uf 0
paramétrique (u) = (p(u)): Montrons que L( ) = ud j (u)jdu: En e¤èt,
d d dt
=
du dt du
Z uf Z uf Z uf Z b
0 d dt d dt d
L( ) = k (u)kdu = du = du = dt:
ud ud dt du ud dt du a dt
p
On pose ds = j!0 tj dt = x02 + y 02 + z 02 dt: On l’appelle l’abscisse curviligne car
cette forme di¤érentielle joue le même rôle dans les intégrales sur les courbes que dx
sur les intégrales simples sur un intervalle.

Remarque 1.5.1 Dans R2 une courbe paramétrée est donnée par


8 8
< x = x(t) < x0 = x0 (t) p
(t) = ; 0
(t) = ; k!0 (t)k = x02 + y 02
: y = y(t) : y 0 = y 0 (t)

Si la courbe est donnée par l’équation y = f (x); alors


0 1
t p
(t) = @ A ; k!0 (t)k = 1 + f 0 (t)2 :
f (t)

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Intégrale curviligne d’un champ de vecteurs = intégrale curviligne d’une 1-forme
di¤érentielle 12

1.6 Intégrale curviligne d’une fonction


Soit f une fonction continue sur un domaine D R3 contenant une courbe ; t 2
[a; b]. L’intégrale curviligne de f sur est dé…nie par
Z Z b
f (x; y; z) ds = f (x(t); y(t); z(t)) k!0 (t)k dt
a

Exemple 1.6.1 Soit le cercle dans le plan z = 1 de centre (0; 0; 1) et de rayon


R > 0: On choisit une représentation paramétrique, pour t 2 [0; 2 [
8 8
> x(t) = R cos t > 0
>
< < x (t) =
> R sin t
!0 (t) =
(t) = y(t) = R sin t y 0 (t) = R cos t
>
> >
>
: : 0
z(t) = 1 z (t) = 0
p
On a j!0 (t)j = R2 sin2 t + R2 cos2 t = R: La longueur du cercle
Z Z 2 Z 2
L( ) = ds = ! 0
j (t)j dt = R dt = 2 R
0 0

Soit f (x; y; z) = x2 = y 2 + z 2 : Sa restriction sur le cercle est

f (x; y; z)k = f (R sin t; R cos t; 1) = R2 cos2 t + R2 sin2 t + 1 = R2 + 1

et …nalement l’intégrale curviligne vaut


Z 2
I= (1 + R2 )R dt = 2 (1 + R2 )R
0

1.7 Intégrale curviligne d’un champ de vecteurs =


intégrale curviligne d’une 1-forme di¤érentielle

!
Soit V : D ! R2 un champ de vecteurs continu sur une partie D R2 contenant
une courbe de paramétrisation (t) : [a; b] ! :
L’intégrale Z b
!
I= V ( (t)) !0 (t) dt (1.3)
a
!
du produit scalaire de V ( (t)) et du vecteur tangent à la courbe au point (t) :
!0 (t) est appelé l’intégrale curviligne d’un champ de vecteurs !
V:

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Intégrale curviligne d’un champ de vecteurs = intégrale curviligne d’une 1-forme
di¤érentielle 13

L’intégrale (1.3) est indépendante de toute paramétrisation compatible avec l’orien-


+
tation de . Cette intégrale est souvent notée
Z
! !
I= V ds
+

!
où ds = ! ds est le "vecteur de l’abscisse curviligne" - le vecteur unitaire ! étant le
vecteur-directeur de la tangente au point donné de la courbe. Le vecteur ! est orienté
! ! !
dans le sens de parcours de la courbe. En particulier, si V = P (x; y) i + Q(x; y) j
Z
I= P dx + Q dy (1.4)
+

- c’est une intégrale curviligne d’une 1-forme di¤érentielle formellement correspon-


dante au champ de vecteur coordonnée par coordonnée :

! ! !
V = P (x; y) i + Q(x; y) j ! = P dx + Q dy

!
Exemple 1.7.1 Soit - l’arc de la parabole y = x2 sur un segment [ 2; 2] et V =
! ! R ! !
y i + x j : On peut calculer de deux façon di¤érentes l’intégrale I = + V ds.
Première façon - via dx et dy
! !
A la place de champ de vecteur y i + x j on écrit une 1-forme di¤érentielle
y dx + x dy: Donc l’intégrale curviligne devient
Z
I= y dx + x dy
+

On choisi une représentation : [ 2; 2] ! par


0 1 0 1 8
t 1 < dx = 1 dt
(t) = @ A; 0
(t) = @ A;
t2
2t : dy = 2t dt

Donc Z Z Z
2 2
2
I= y dx + x dy = ( t ) dt + t 2t dt = (t2 ) dt = 16=3
+ 2 2
Deuxième façon - directe via dt
On peut directement calculer l’intégrale par la formule (1.3) en réécrivant V (t) =
! ! ! !
t2 i + t j et !0 (t) = 1 i + 2t j :
Z 2 Z 2
! ! 0
I= V (t) (t) dt = ( t2 1 + t 2t) dt = 16=3:
2 2

Propriétés de l’intégrale curviligne

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Théorème de Poincaré et intégrale curviligne 14

– Si est un chemin avec une orientation opposée à +


Z Z
! ! ! !
V ds = V ds
+
S
– Soit 1 2 la réunion de deux arcs de classe C 1 : Le choix d’orientations pour
1 et 2 fournit l’orientation pour leur réunion. On dé…nit alors
Z Z Z
! ! ! ! ! !
S
V ds = V ds + V ds
+ + + +
1 2 1 2

!
Remarque 1.7.1 Sens physique d’une intégrale curviligne : si V (M ) représente une
+
force variable appliquée au point M du chemin , l’intégrale I est le travail de la force
+
V nécessaire pour déplacer une particule unitaire le long du chemin : L’intégrale
+ +
curviligne du champ V sur est aussi appelé la circulation du champ V sur :

1.8 Théorème de Poincaré et intégrale curviligne


Le théorème de Poincaré parle des conditions nécessaires et su¢ santes pour qu’un
champ de vecteurs soit un champ de gradient (Théorème ??) ou pour qu’une forme
fermée soit exacte (Théorème ??). L’intégrale curviligne d’un champ de gradient a des
propriétés particulières, à savoir :
! !
Proposition 1.8.1 L’intégrale curviligne de champ de gradient V = gradf le long
d’un arc de courbe d’extremités A et B est égale à f (B) f (A):

Démonstration 1.8.1 Montrons la proposition dans R2 : Le champ


! ! @f ! @f !
V (x; y) = gradf = i + j
@x @y
dé…nit l’intégrale curviligne
Z Z
! ! @f @f
gradf ds = dx + dy
+ + @x @y
+
Soit : t 7! (x(t); y(t)); t 2 [a; b] une paramétrisation compatible de . En particulier
@f @f +
(a) = A et (b) = B: La restriction de la forme @x
dx + @y
dy sur nous donne :
@f @f @f dx @f dy @f dx @f dy
dx + dy = dt + dt = + dt
@x @y @x dt @y dt @x dt @y dt
df (x(t); y(t))
= dt = df
dt
Donc, Z Z b
! !
gradf ds = df = [f (x(t); y(t))]ba = f (B) f (A):
+ a

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Théorème de Poincaré et intégrale curviligne 15

+
L’intégrale ne dépend donc que des extremités du chemin d’intégration pas du
chemin lui-même.
!
Proposition 1.8.2 Les propriétés suivantes d’un champ V de vecteurs sont équiva-
lentes :
! !
– Il existe une fonction f telle que V = gradf
!
– Il existe une fonction f telle que V ds = df
!
– La circulation de V d’un point A au point B est indépandente du chemin. Elle
ne dépend que de A et de B:
!
– La circulation du champ V le long de tout chemin fermé est nulle.
!
Exemple 1.8.1 Soit V le champ de vecteurs dé…ni sur l’ouvert = R2 n f(0; 0)g par
! ! ! y x
V (x; y) = P (x; y) i + Q(x; y) j ; où P (x; y) = et Q(x; y) =
x2 + y 2 x2 + y 2
!
On véri…e que V satisfait la condition nécessaire pour être un champ de gradient :
@P @Q y 2 x2
= = 2
@y @x (x + y 2 )2
!
On calcule la circulation de V sur le cercle unité C + paramétré comme suit :

(t) = (cos t; sin t); t 2 [0; 2 ]; x(t) = cos t; y(t) = sin t:

Dans cette paramétrisation les di¤érentielles sont dx = sin t dt; dy = cos t dt et les
!
coordonnées du champ V
y sin t x cos t
P (x(t); y(t)) =
= ; Q(x(t); y(t)) = =
x2 + y 2 1 x2 + y 2 1
R
Finalement, l’intégrale curviligne C + P dx + Q dy se calcule
Z 2 Z 2
sin t( sin t) dt + cos t cos t dt = dt = 2
0 0
!
et s’avère ne pas être nulle. Par la Proposition 1.8.2, cela implique que ce champ V
n’est pas un champ de gradient car la circulation le long du chemin fermé (le cercle
C + ) n’est pas nulle !
Par le théorème de Poincaré on aurait pu anticiper cela car ; le domaine de dé…-
!
nition de champ V n’est pas simplement connexe. En e¤et, le cercle C + est un chemin
autour du point (0; 0): Ce point étant exclu du domaine ; on ne peut pas ramener C +
à un point tout en restant dans :

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Théorèmes de Stokes : Green-Riemann, Ostrogradski... 16

1.9 Théorèmes de Stokes : Green-Riemann, Ostro-


gradski...

1.9.1 Théorème de Green-Riemann


H
Parfois on utilise la notation pour une intégrale sur une courbe fermée pour
soulignier que le circuit est fermé.

Théorème 1.9.1 (Green-Riemann) Soit D un compact de R2 limité par un bord


C = @(D) de classe C 1 par morceaux et P; Q : D ! R des fonctions de classe C 1 . On
a I ZZ
@Q @P
P dx + Q dy = dx dy (1.5)
C+ D @x @y
où C + designe le bord C; orienté de sorte qu’un mobile parcourant C a toujours D à
sa gauche.

Démonstration 1.9.1 D’abord on donne ici une démonstration dans le cas le plus
simple. Soit D un carré R de sommets (0; 0); (1; 0); (1; 1) et (0; 1) et supposons Q = 0:
On cherche à démontrer I ZZ
@P
P dx = dx dy
@R R @y
R
Côté gauche de l’égalité Pour calculer l’intégrale curviligne @R
P dx on oriente
le bord du carré @R contre l’aiguille du montre. On note le coté de R allant du sommet
S S S
(0; 0) vers (1; 0) 1 , de (1; 0) vers (1; 1) 2 ; etc. Le bord du carré @R = 1 2 3 4:

On peut paramétré les cotés i o de la façon suivante :

1 : [0; 1] ! 1; t 7! (t; 0) dx = 1 dt; dy = 0 dt


1 : [0; 1] ! 2; t 7! (1; t) dx = 0 dt; dy = 1 dt
1 : [0; 1] ! 3; t 7! (1 t; 1) dx = 1 dt; dy = 0 dt
1 : [0; 1] ! 4; t 7! (0; 1 t) dx = 0 dt; dy = 1 dt
I Z Z Z Z
P dx = P dx + P dx + P dx + P dx
@R 1 2 3 4

On a R R1
1
P (x; y) dx = 0
P (t; 0) dt;
R R1
2
P (x; y) dx = 0
P (1; t)0 dt = 0;
R R1 R1
3
P (x; y) dx = 0
P (1 t; 1) dt = 0
P (t; 1) dt;
R R1
4
P (x; y) dx = 0
P (0; 1 t)0 dt = 0

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Théorèmes de Stokes : Green-Riemann, Ostrogradski... 17

Finalement le côté gauche est égal à


Z 1 Z 1
P (t; 0) dt P (t; 1) dt
0 0

Côté droit de l’égalité


On calcule l’intégrale double par Fubini :
ZZ Z 1 Z 1 Z 1
@P @P
dx dy = dy dx = (P (x; 1) P (x; 0)) dx
R @y 0 0 @y 0

ce qui est exactement le côté gauche obtenu précédemment !


Il est clair qu’on démontre de la même façon que
I ZZ
@Q
Q(x; y) dy = dx dy:
@R R @x

La démonstration se généralise facilement sur n’importe quelle partie quarrable de R2 :

! ! !
Remarque 1.9.1 L’intégrale curviligne du champ V (x; y) = P (x; y) i + Q(x; y) j
est l’intégrale de la 1-forme di¤érentielle correspondante

= P (x; y) dx + Q(x; y) dy:

On remarque que la 2-forme


@Q @P
dx dy
@x @y
est égale à d : La formule de Green-Riemman dans cette écriture devient
I ZZ
= d : (1.6)
@(D) D

Exemple 1.9.1 Calculer l’intégrale curviligne I le long de la boucle fermée C consti-


tuée par les deux arcs de parabole y = x2 et x = y 2 décrite dans le sens direct avec
Z
I = (2xy x2 )dx + (x + y 2 )dy:
C

Véri…er le résultat en utilisant la formule de Riemann.

Important ! La formule de Green-Riemann marche seulement dans des domaines


fermés et bornés par une courbe fermée - on n’a pas de formule reliant les intégrales
doubles aux intégrales curvilignes sur un chemin quelconque. La formule de Green-
Riemann est vraie seulement pour des chemins fermés.

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Théorèmes de Stokes : Green-Riemann, Ostrogradski... 18

1.9.2 Applications (calcul d’aire, théorème de Poincaré)


L’aire d’un domaine de R2 grâce au théorème de Green-Riemann s’exprime par une
intégrale curviligne
Z I I I
1
AireD = dx dy = y dx + x dy = y dx = x dy
D 2 @(D) @(D) @(D)

Exemple 1.9.2 Soit D le domaine dé…ni entre la parabole y = x2 et la droite y = 4:


On cherche l’aire de D: On peut la trouver en calculant l’intégrale curviligne de champ
! ! !
de vecteurs V = y i + x j : Le bord est une réunion de et 1 où est la parabole
de paramétrisation (t; t2 ); t 2 [ 2; 2] et 1 la droite de paramétrisation (2 t; 4): De
l’exemple 1.7.1 on a
I Z 2 Z 2
2
I= y dx + x dy = ( t ) dt + t 2t dt = (t2 ) dt = 16=3
+ 2 2

et sur la droite 1 on a x = 2 t; y = 4; donc dx = dt; dy = 0 dt et


Z Z 2 Z 2
I= y dx + x dy = ( 4)( dt) + (2 t)(0 dt) = 4 dt = 16
+
1 2 2

Le résultat pour l’intégrale curviligne sur le chemin fermé est


Z
16 64
T
y dx + x dy = + 16 = :
1
3 3

On véri…e que I ZZ
S
y dx + x dy = 2 dx dy:
1 D

On a ZZ Z Z Z 2
2 4 2
2 x3 32
dx dy = dy dx = (4 x ) dx = 4x =
D 2 x2 2 3 2 3
ce qui est exactement la moité de l’intégrale curviligne.

Soit la forme di¤érentielle = P dx + Q dy sur D R2 fermée. C’est-à-dire que


@Q @P
d = dx dy = 0:
@x @y

Par la formule de Green-Riemann (1.5) on voit que cela implique que


I ZZ
@Q @P
P dx + Q dy = dx dy = 0
C+ D @x @y

et cela sur n’importe quel chemin fermé C + : La seule condition sur C + est que le
chemin C + doit être le bord d’un domaine quelconque D !

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Théorèmes de Stokes : Green-Riemann, Ostrogradski... 19

La formule de Green-Riemann éclaire un autre côté du théorème de Poincaré - une


1-forme fermée sur un domaine D a son intégrale sur toute courbe fermée contenue
dans D égale à zero. Par conséquent elle est exacte (cf. 1.7). Par exemple, pour la
forme
x dy y dx
!=
x2 + y 2
on arrive en changeant des variables en coordonnées polaires (x; y) ! (r; t) :

x = r cos t; y = r sin t

à obtenir

dx = dr cos t r sin t dt; dy = dr sin t + r cos t dt et par conséquent ! = dt:

Il apparaît que ! est exacte par cette formule ! Or si on calcule son intégrale sur
un circuit fermé autour de l’origine comme on a fait dans l’exemple 1.8.1 on voit
que l’intégrale n’est pas nulle et par conséquent la forme n’est pas exacte. Ce qui
est correct c’est que ! est exacte localement, mais pas globalement, partout dans
R2 n (0; 0): Le plus grand ouvert sur lequel on peut obtenir le changement de variables
continu (x; y) ! (r; t) est le complémentaire dans le plan R2 d’une demi-droite issue
de l’origine, mais pas le plan entier ni le plan privé de l’origine.

1.9.3 Surfaces. Intégrale de surface de fonctions réelles


L’idée de base est la même que pour les intégrales curvilignes, mais au lieu d’intégrer
sur un arc de courbe on intègre sur une surface. C’est par une intégrale de surface qu’on
calcule
– l’aire d’une surface (l’aire d’une sphère, par exemple)
– le ‡ux d’un champ de vecteurs à travers une surface
Une surface S de R3 peut être dé…nie de di¤érentes façons :
– a) Forme explicite par une équation de la forme z = f (x; y) où f : D ! R; D
R2 ;
S = f(x; y; z)j (x; y) 2 D R2 ; z = f (x; y)g:

Une paraboloïde de révolution z = x2 + y 2 en est un exemple.


– b) Forme implicite par une équation de la forme F (x; y; z) = 0 où F : E !
R; E R3 ;
S = f(x; y; z) 2 E R3 j F (x; y; z) = 0g:

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La sphère de R3 de centre l’origine et de rayon R en est un exemple :

x2 + y 2 + z 2 = R 2

– c) Forme paramétrique par une représentation paramétrique

g :D R2 ! S R3 ;
(u; v) 7! g(u; v) = (x; y; z)

Exemple 1.9.3 S - une sphère de centre l’origine et de rayon R

g : [0; ] [0; 2 ] ! S R3
(1.7)
( ; ) 7! g( ; ) = (R sin cos ; R sin sin ; R cos )

Soit m le point de S de paramètres et :


– (a) Lorsque est …xé et que varie dans [0; ] m décrit un demi-cercle. Un
vecteur-tangent à ce demi-cercle au point m est
!
@g
= (R cos cos ; R cos sin ; R sin )
@

– (b) Lorsque est …xé et que varie dans [0; 2 ]; m décrit un cercle. Un vecteur-
tangent à ce cercle au point m est
!
@g
= ( R sin sin ; R sin cos ; 0)
@

On note ! !
! @g @g
N( ; ) = ^ ;
@ @
ce vecteur s’il est non nul est normal à la sphère au point m: Le point m 2 S est appelé
un point régulier de la surface si ce vecteur est non nul en m.

On a une situation analogue pour une surface quelconque paramétrée par

g :D R2 ! S; de classe C 1
(u; v) 7! g(u; v) = (x; y; z)

On considère D une partie quarrable de R2 et g de classe C 1 sur un ouvert de R2


contenant D: On note ! !
! @g @g
N (u; v) = ^ ;
@u @v
ce vecteur s’il est non nul est normal à la surface S au point (u; v):

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La notion d’aire de la surface paramétrée par !


g (u; v) avec (u; v) 2 D vient de la
considération suivante. La surface peut être fractionnée en un nombre …ni de parties
associées à des rectangles Rij = [ui ; ui + i u] [vj ; vj + j v] du plan de paramètres
(u; v): L’aire de la portion de surface correspondant à Rij sera approchée par l’aire
d’un rectangle de cotés

! ! @!
g ! ! @!
g
g (ui ; vj + j v) g (ui ; vj ) j v et g (ui + i u; vj ) g (ui ; vj ) i u:
@v @u
Il en résulte :
X @! g @!
g
A= k ^ k iu j v:
i;j
@u @v
Ce qui, après des fractionnements de plus en plus …ns, aboutit à la dé…nition précise
de l’aire avec une intégrale double. On note
@!g @!
g
dA = k ^ k du dv
@u @v
et on l’appelle l’élément d’aire.
Voici un cas particulier : quand la surface est le graphe d’une fonction d’équation
z = h(x; y); on a : v
u
u ! !2 ! !2
@h @h
dA = t1 + + dx dy
@x @y

Soit f : U ! R; U R3 et S U: On a

f g :D R2 ! S U R3 ! R;
(u; v) 7 ! f (g(u; v)):

On peut considérer l’intégrale double


ZZ
!
I= f (g(u; v))k N (u; v)k du dv
D

et démontrer que I est indépendante du choix de la représentation paramétrique g:


Pour calculer l’intégrale d’une fonction sur une surface on note
ZZ
I= f dA
S

et on l’appelle intégrale de f sur la surface S:


En particulier, lorsqu’on prend pour f la fonction constante égale à 1 on obtient
par dé…nition l’aire de S notée
ZZ
A(S) = dA
S

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Après le choix d’une représentation paramétrique de S on calcule A(S) par


ZZ
!
A(S) = k N (u; v)k du dv
D

Exemple 1.9.4 Sur la sphère de rayon R; la calotte sphérique S est l’ensemble des
points de coordonnées sphériques (R; ; ) tels que 0 : S a la représentation
paramétrique donnée par l’équation (1.7) de l’exemple 1.9.3. Le vecteur normal est
! !
! @g @g
N( ; ) = ^ = (R2 sin2 cos ; R2 sin2 sin ; R sin cos ); (1.8)
@ @
et
!
k N ( ; )k = R2 sin :

L’aire de la calotte vaut donc


ZZ Z Z 2
A(S) = R2 sin d d =R 2
sin d d = 2 R2 (1 cos )
0 ; 0 2 0 0

En particulier, pour = ; S est la sphère et son aire est 4 R2 :

Remarque 1.9.2 On remarque que si on change des variables par exemple, fx; yg en
fu; vg c’est exactement comme dans la section ??, la 2-forme :

D(x; y) @x @y @x @y
dx ^ dy = du ^ dv = du ^ dv
D(u; v) @u @v @v @u
et on a le même type de formule pour dy ^ dz et dz ^ dx: Le produit vectoriel :
@!
g @!
g @x @y @y @x @y @z @z @y @z @x @x @z
^ = ; ;
@u @v @u @v @u @v @u @v @u @v @u @v @u @v
Finalement,
@!
g @!
g
dA = ^ du dv = dx ^ dy + dy ^ dz + dz ^ dx (1.9)
@u @v

1.9.4 Intégrale de surface d’un champ de vecteurs


Soit S une surface comportant deux faces distinctes. Elle est dite orientable.
En chaque point régulier, il existe deux vecteurs unitaires normaux opposés. Le
choix d’un de ces vecteurs !
n + oriente la surface S.
! !
Soit V un champ de vecteurs continu sur S: Le ‡ux d’un champ V à travers S est
l’intégrale de surface ZZ
! !+
V n dA
S

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!
On peut noter !
n + dA = dA: De (1.9) on a
! ! ! !
dA = k dx ^ dy + i dy ^ dz + j dz ^ dx
! ! ! !
Pour un champ de vecteurs V = P i + Q j + R k et une surface S dé…nie par
g(u; v) = (x; y; z); (u; v) 2 D R3 :
ZZ ZZ
! !
V dA = P dy dz + Q dz dx + R dx dy (1.10)
S S

Formule de la divergence - relie le ‡ux de champ à travers une surface fermée à


l’intégrale triple de divergence de ce champ sur le domaine de R3 limité par cette surface.
Soit E un domaine de R3 et S = @(E) la surface qui est le bord de E: Alors, la formule
de la divergence (aussi appelée Ostrogradski et dans le contexte éléctromagnétique -
Gauss) est la suivante
ZZ ZZZ
! ! !
V dA = div V dx dy dz (1.11)
@E E

Exemple 1.9.5 Véri…ons la formule d’Ostrogradski avec E - boule de R3 de centre


! ! ! !
O = (0; 0; 0) et de rayon R et V = P i +Q j +R k champ de vecteurs de composantes
P = x; Q = y; R = 2z. La frontière de E est la sphère S de centre O et de rayon
R: On peut prendre la paramétrisation paramétrique de sphère (1.7) avec le vecteur
!
normal N ( ; ) (1.8). Ce vecteur est dirigé vers l’extérieur, donc on note S + la sphère
orientée ainsi. ZZ
! !
I= V N( ; ) d d
S+
On a
!
V (g( ; )) = (R sin cos ; R sin sin ; 2R cos );

son produit scalaire avec


!
N ( ; ) = (R2 sin2 cos ; R2 sin2 sin ; R sin cos )

est égal à R3 (sin + cos2 sin ): Finalement, l’intégrale recherchée est :


Z 2 Z
3 2 16 R3
I=R d (sin + cos sin )d =
0 0 3
! @P @Q @R
D’autre part div V = + + = 4: L’intégrale triple
@x @y @z
ZZZ ZZZ
! 4 3 16 R3
div V dx dy dz = 4 dx dy dz = 4 Volume(E) = 4 R = :
E E 3 3

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Formule du rotationnel relie l’intégrale curviligne du champ de vecteur sur un cir-


cuit fermé avec le ‡ux de rotationel du même champ à travers une surface dont le
circuit est le bord. La formule du rotationnel (aussi appelée formule de Stokes) est la
suivante I ZZ
! ! !! !
V ds = rot V dA (1.12)
@S=C + S+
!
Autrement dit, la circulation du champ V le long de la courbe fermé C + est égale
!
au ‡ux de rotationnel de V à travers une surface limitée par C + (avec l’orientation
compatible). Cette formule est une reformulation de la formule de Green-Riemann pour
une courbe fermée dans R3 :

Exemple 1.9.6 Ca serait bien de faire encore un exemple de calcul par la formule du
rotationnel.

R R
1.9.5 Formule de Stokes générale : @(D) ! = D d!

L’intégration est une opération qui à un domaine de dimension k et à une k-forme


di¤érentielle associe un nombre. Des exemples sont
– l’intégrale simple Z
f (x) dx
I
- associe un nombre à une 1-forme di¤érentielle f (x) dx sur un segment I = [a; b]
de dimension 1:
– l’intégrale double ZZ
g(x; y) dx dy
D
- associe un nombre à une 2-forme di¤érentielle g(x; y) dx dy sur un domaine
D R2
– l’intégrale triple ZZZ
h(x; y; z) dx dy dz
E
associe un nombre à une 3-forme di¤érentielle h(x; y; z) dx dy dz sur un domaine
E R3
– l’intégrale curviligne Z
p(x; y) dx + q(x; y) dy

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associe un nombre à une 1-forme di¤érentielle p(x; y) dx+q(x; y) dy sur une courbe
R2 ou bien
Z
P (x; y; z) dx + Q(x; y; z) dy + R(x; y; z) dz
C

associe un nombre à une 1-forme di¤érentielle P (x; y; z) dx + Q(x; y; z) dy +


R(x; y; z) dz sur une courbe C R3 : Une courbe étant un objet de dimension 1
cela est possible.
– l’intégrale de surface
ZZ
P (x; y; z) dy dz + Q(x; y; z) dz dx + R(z; y; z) dx dy
S

associe un nombre à une 2-forme P (x; y; z) dy dz+Q(x; y; z) dz dx+R(z; y; z) dx dy


dans R3 sur une surface S 2 R3 ; objet de dimension 2:
Soit D un domaine fermé et borné de dimension q dans Rp ; on note @(D) son bord
(qui est de dimension q 1:) Soit ! une (q 1)-forme dans Rp (Dé…nition ??). Alors,
la formule de Stokes générale est satisfaite :
Z Z
!= d! (1.13)
@(D) D

Les cas spéciaux de cette formule sont :


– q = 1; p = 1 - c’est le théorème fondamental de l’analyse :
Z b
df = f (b) f (a)
a

– q = 2; p = 2 - théorème de Green-Riemann
– q = 2; q = 3 - théorème de Stokes (du rotationnel)
– q = 3; q = 3 - théorème d’Ostrogradski (de la divergence)
La formule (1.13) donne une formulation élégante de plusieurs théorèmes.
Elle présente une connection entre l’opération géométrique @ qui à un domaine D
associe son bord @(D) et l’opération algébrique - d qui à une forme di¤érentielle !
associe une forme di¤érentielle d!. Selon la formule (1.13) ces deux opérations sont en
dualité !
Il faut remarquer que @; l’opération de prendre le bord, est di¤érente de la notion
topologique de prendre la frontière. La notion de l’intérieur change avec la dimension,
à savoir, si on regarde un segment [a; b] dans R son intérieur est un segment ouvert
]a; b[ et sa frontière est deux points fa; bg: Le même segment dans R2 n’a pas de points
d’intérieur ! Tous les points de [a; b] sont des points frontière.

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Ici, soit D un domaine de dimension k de Rp : Si D est donné par sa forme paramé-


trique avec m équations paramétriques avec n variables, sa dimension est k = p+n m:
Par exemple, pour une courbe de R3 ; (t) = (x(t); y(t); z(t)) il y a m = 3 équations

x = x(t); y = y(t); z = z(t)

sur p = 3 variables de R3 ; (x; y; z) qui dépendent d’une variable t; en tout p + n = 4


variables, dont une, t; qu’on appelle libre. Donc dans R3 la dimension d’une courbe est
p+n m = 1:
Un autre exemple, une surface paramétrée dans R3 est donnée par 3 équations sur 5
variables (u; v; x; y; z); dont u; v sont des variables libres et x; y; z s’expriment à partir
de u; v: Cela donne que la dimension d’une surface dans R3 est égale à 2 = 5 3.
Souvent un domaine de dimension p 1 dans Rp est appelé une hypersurface. Pour
dé…nir une hypersurface dans Rp il faut une équation reliant p variables. Ou bien on
peut introduire p 1 variables libres et avec p équations dé…nir une hypersurface. Une
surface de R3 en est un exemple.
On peut resumer comme suit : la dimension d’un domaine est le nombre minimal
de variables indépendantes qui le dé…nissent.
Ce qui suit ces considèrations de dimension, c’est qu’un voisinage d’un point X
de D de dimension k dans Rp peut être de deux types :

(1) 'U Rk ou (2) 'V Rk 1


R:

Les points de D avec le voisinge de type (1) sont des points intérieurs. Les points de D
avec le voisinge de type (2) sont des points du bord. (L’opération de prendre le bord
peut aussi être dé…nie à l’aide des simplexes et des chaînes (cf. Chapitre 9 de [?]), ce
qui dépasse le programme de ce cours.)
On remarque que @(@(D)) = ; pour tout domaine D: Cette propriété est en cor-
respondance avec la relation d(d!) = 0 pour toute forme di¤érentielle ! (Lemme ??).
Le théorème de Stokes général dit qu’on peut "échanger" une opération avec l’autre.
C’est un résultat très profond qui relie l’analyse des objets géométriques par des
méthodes algébriques. C’est une pierre angulaire de l’analyse moderne.

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Chapitre 2

Séries de Fourier

2.1 Introduction

Une des questions centrales est celle du comportement de la série de Fourier d’une
fonction et en cas de convergence de l’égalité de sa somme avec la fonction initialement
considérée, ceci dans le but de pouvoir remplacer l’étude de la fonction elle-même par
celle de sa série de Fourier, qui autorise des opérations analytiques aisément manipu-
lables. Mais, sous quelles hypothèses peut-on étudier la série de Fourier d’une fonction
plutôt qu’elle-même ?

2.2 Dé…nition des séries de Fourier

2.2.1 Série de Fourier


Etant donnée une fonction f de R vers C, 2 -périodique, intégrable (au sens de
Riemann) sur tout intervalle borné, on souhaiterait trouver des coe¢ cients (cn ; n 2 Z)
tels que f se développe en :
X
f (x) = cn einx (2.1)
n2Z
ou, ce qui revient au même, trouver des coe¢ cients (an ; n 2 N) et (bn ; n 2 N ) tels que
f se développe en la séie trigonométrique :
X
+1
f (x) = a0 + (an cos(nx) + bn sin(nx)): (2.2)
n=1

En 1807, le mathématicien Joseph Fourier propose de prendre cn égal à


Z 2
1
cn = f (t)e int dt:
2 0
La série de fonctions dé…nie par (2.1) et (2.2) est appelée série de Fourier associée à f .

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Dé…nition des séries de Fourier 28

2.2.2 Coe¢ cients de Fourier


Soit f : R ! R une fonction 2 -périodique et intégrable sur tout segment de R.
Alors :

avec an ; bn dé…nis comme précédemment.


Il n’est pas évident que S(f ) converge et même si c’est le cas, il n’est pas évident
que la somme soit f !
Soit f une fonction 2 -périodique sur R, donnée par : f (x) = x, sur [0; 2 [.
On a :

Z 2 2
1 1 x2
a0 = x dx = = ;
2 0 2 2 0
pour n 1,
Z Z !
2 2 2
1 1 sin(nx) cos(nx)
an = x cos(nx) dx = x + dx = 0;
0 n 0 0 n

Z Z !
2 2 2
1 1 cos(nx) cos(nx) 1 2 2
bn = x sin(nx) dx = x + dx = = :
2 0 2 n 0 0 n n n

Ainsi,
X
+1
sin(nx)
S(f ) = 2 :
n=1
n
Dans cet exemple, on voit que S(f )(x) 6= f (x) pour x = 0 et x = 2 .
Si f est une fonction 2 -périodique sur R et intégrable sur tout segment de R, alors
les coe¢ cients de Fourier de f sont :

Z +2
1
a0 = f (x) dx;
2
Z +2
1
an = f (x) cos(nx) dx;
Z +2
1
bn = f (x) sin(nx) dx:

Autrement dit, on peut intégrer sur tout intervalle de longueur 2 !


On fait le cas an :

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Dé…nition des séries de Fourier 29

2.2.3 Coe¢ cients de Fourier des fonctions paires et impaires

Pour les fonctions paires et impaires, les coe¢ cients de Fourier sont remarquables.

! Soit f , fonction 2 -périodique, paire (f (x) = f ( x); 8x 2 R).

Dans ce cas, on choisit l’intervalle [ ; ] pour calculer les coe¢ cients de Fourier :

Z Z
1 1
a0 = f (x) dx = f (x) dx;
2 0
Z Z
1 2
an = f (x) cos(nx) dx = f (x) cos(nx) dx;
0
Z
1
bn = f (x) sin(nx) dx = 0:

Ainsi, pour f paire,


X
+1
S(f ) = an cos(nx):
n=0

! Soit f , fonction 2 -périodique, impaire (f (x) = f ( x); 8x 2 R).

Dans ce cas,

an = 0; 8n 0;
Z
2
bn = f (x) sin(nx) dx;
0
d’où
X
+1
S(f ) = bn sin(nx):
n=1

Trouvons la série de Fourier de f donnée par f (x) = x sur [ ; [. f est impaire,


donc an = 0, 8n 0:

Z
2
bn = x sin(nx) dx
0
Z
2 cos(nx) cos(nx)
= x + dx
n 0 0 n
2 cos(n
=
n
2
= ( 1)n+1 :
n

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La convergence uniforme 30

Donc
X
+1
( 1)n+1
S(f ) = 2 sin(nx):
n=1
n

2.2.4 Types de convergence


Plusieurs types de convergence peuvent être considérés , par exemple :

- la convergence ponctuelle (ou simple), (Lejeune Dirichlet, 1824) :

lim SN f (x) f (x) = 0; 8x 2 [ ; ]


N !+1

- la convergence uniforme :

lim sup jSN f (x) f (x)j = 0


N !+1 x2[ ; ]

- la convergence en norme dans Lp :


Z
lim jSN f (x) f (x)jp dx = 0
N !+1

- la convergence presque partout (Lennart Carleson, 1964).

Chacune de ces notions de convergence requiert des hypothèses di¤érentes sur la


fonction f , ainsi que di¤érents types de preuves, dont certaines nécessitent des notions
d’analyse fonctionnelle avancée.
Dans ce cours, nous allons nous concentrer sur l’une des ces convergences : la conver-
gence uniforme.

2.3 La convergence uniforme

2.3.1 L’espace
On considère l’espace des fonctions f : R ! R qui sont :
- 2 -périodiques,
- continues par morceaux sur [ ; ] (ie : continues sauf en un nombre …ni de points
de [ ; ], points en lesquels ces fonctions admettent une limite à droite, f (x+ ), et une
limite à gauche, f (x ) …nies),

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La convergence uniforme 31

- f 0 est continue par morceaux sur [ ; ].


8
>
<0 si x<0
f (x) =
>
: x si 0 x

[->] (-2,0)–(2,0) node[below]x ; [->] (0,-2)–(0,2) node[right]y ; [red,very thick]


(0,1)–(1,0) ; [red,very thick] (-1,0)–(0,0) ;
f est continue par morceaux.

2.3.2 Théorème de Dirichlet


Soit f 2 . Alors, la série de Fourier S(f ) de f :

1.
ii) converge vers f en tout point de continuité de f (S(f )(x) = f (x) si f est continue
en x),
f (x+ )+f (x )
iii) converge vers 2
en tout point de discontinuité,
iv) la convergence est uniforme sur tout segment [a; b] ne contenant pas de point de
discontinuité.

2.3.3 Démonstration du théorème de Dirichlet


Prérequis

[Riemann-Lebesgue]
Si f est intégrable sur [a; b], alors :
Z b
lim f (x)cos(tx)dx = 0;
t!1 a
Z b
lim f (x)sin(tx)dx = 0:
t!1 a

Démonstration de i) et ii) du théorème (2.3.2)

Soit f 2 . Sa série de Fourier est :


X
1
S(f ) = an cos(nx) + bn sin(nx)
0

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La convergence uniforme 32

avec
Z
1
a0 = f (t) dt;
2
Z
1
an = f (t)cos(nt) dt;
Z
1
bn = f (t)sin(nt) dt:

f (x+ )+f (x )
On veut montrer que S(f )(x) ! 2
, ce qui équivaut à :

f (x+ ) + f (x )
lim Sn (x) =0
n!1 2

où Sn (x) sont les sommes partielles de S(f ).

f (x+ )+f (x )
- Si f continue en x, alors f (x+ ) = f (x ) = f (x) d’où 2
= f (x) Ainsi, on
peut démontrer i) et ii) dans le même temps.
- Sn (x) est la n-ième somme partielle de S(f ). Alors,
Z
1
Sn (x) = f (t) [1 + 2cos(x t) + : : : + 2cos n(x t)] dt:
2

(Rappel : cos k(x t) = cos(kx)cos(kt) + sin(kx)sin(kt)).


1
On appelle Dn (u) = 2
(1 + 2cos(u) + : : : + 2cos(nu)) le Noyau de Dirichlet.
Donc, Z
Sn (x) = f (t)D(x t) dt: (2.4)

de Dn (u):
R
- Dn (u) du = 1
1
1 sin[(n+ 2 )u]
- Dn (u) = 2 u
sin( 2 )

- Dn (u) est une fonction paire et C 1 .

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La convergence uniforme 33

Maintenant, on peut écrire (2.4) comme :


Z
Sn (x) = f (t)Dn (x t) dt
Z x
= f (x u)Dn (u) ( du) (2.5)
x+
Z +x
= f (x u)Dn (u) du
+x
Z
= f (x u)Dn (u) du (2.6)
Z Z 0
= f (x t)Dn (t) dt + f (x t)Dn (t) dt
0
Z Z
= f (x t)Dn (t) dt + f (x + t)Dn (t) dt:
0 0

En (2.5), on e¤ectue le changement de variable : u = x t)t=x u; du = dt.


L’égalité (2.6) est vraie car f Dn est 2 -périodique donc on peut intégrer sur n’importe
quel intervalle.
Puisque Z Z
1 1
Dn (t) dt = Dn (t) dt = ;
0 2 2
on a :
Z Z
f (x+ ) + f (x )
Sn (x) = [f (x t) f (x )]Dn (t) dt+ [f (x+t) f (x+ )]Dn (t) dt:
2 0 0

Comme
1 sin[(n + 12 )u]
Dn (u) =
2 sin( u2 )
on a :
Z Z
[f (x t) f (x )]Dn (t) dt + [f (x + t) f (x+ )]Dn (t) dt
0 0
1 sin[(n + 12 )u] 1 + sin[(n + 12 )u]
= [f (x t) f (x )] u dt + [f (x + t) f (x )] dt
2 sin( 2 ) 2 sin( u2 )
Z
1 f (x t) f (x ) 2t 1
= t sin[(n + )t] dt
0 t sin( 2 ) 2
Z
1 f (x + t) f (x+ ) 2t 1
+ t sin[(n + )t] dt:
0 t sin( 2 ) 2
Donc, par le lemme (2.3.3) de Riemann-Lebesgue, ces intégrales convergent vers 0
lorsque n tend vers l’in…ni, d’où :
f (x+ ) + f (x )
lim Sn (x) = 0:
n!1 2
Ceci conclut la démonstration du point i) et ii) du théorème (2.3.2).

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La convergence uniforme 34

Démonstration de iii)

(dans le cas où f est de classe C 2 )

Idée :

X
+1
S(f ) = an cos(nx) + bn sin(nx)
n=0

X
+1
Sn (x) = ak cos(kx) + bk sin(kx)
k=0

On sait que Sn (x) converge simplement vers f (x) donc il su¢ t de montrer que (Sn )
converge uniformément.

On montre que :
lim n2 jan j = 0
n!+1

et
lim n2 jbn j = 0;
n!+1
1 1
d’où 9N tel que 8n N , on a jan j n2
et jbn j n2
, ce qui implique que :

X X X 2
jan cos(nx) + bn sin(nx)j jan j + jbn j 2
:
n N n N n N
n

Cela implique que (Sn) converge normalement, donc uniformément.

1
Montrons que 9N tel que 8n N , jan j n2
:

Z
1
an = f (x) cos(nx) dx (2.7)
Z
1 sin(nx) 1
= f (x) f 0 (x) sin(nx) dx
n n
Z
1 1 0 1
= [f (x)cos(nx)] f 00 (x) cos(nx) dx
n2 n2
Z
2 1
=) n an = f 00 (x) cos(nx) dx:

(NB : Dans (2.7), f est C 2 )

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Application : Phénomène de Gibbs 35

Mais f 00 est continue (car f est C 2 ) donc intégrable d’où :


Z
1
lim f 00 (x) cos(nx) dx = 0
n!1

par le lemme (2.3.3) de Riemann-Lebesgue.


Donc, 9N tel que 8n N,
Z
2 1
jn an j = f 00 (x) cos(nx) dx 1
1
=) 8n N; jan j :
n2
1
De même pour bn : 9N 0 tel que 8n N 0 , jbn j n2
.

Ainsi, il existe N 00 = maxfN; N 0 g tel que :


X X
jan cos(nx) + bn sin(nx)j (jan j + jbn j)
n N 00 n N 00
X 2
2
:
n N 00
n

Alors, (Sn ) converge normalement donc uniformément vers f .

Ceci conclut la démonstration du iii) du théorème (2.3.2).

2.4 Application : Phénomène de Gibbs


Voici un exemple de ce qui peut se passer lorsque l’on se place en dehors des
conditions d’application du théorème (2.3.2).
Lors de l’étude des séries de Fourier et de la transformée de Fourier, il apparaît
parfois une déformation de signal connu sous le nom de Gibbs. Ce phénomène est un
e¤et de bord qui se produit à proximité d’une discontinuité, lors de l’analyse d’une
fonction dérivable par morceaux.

Soit f (x) une fonction continue périodique de période T 0. Supposons que la


limite de f en x0+ soit di¤érente de la limite en x0 et notons a la di¤érence de ces
deux limites qui est non nulle :

f (x0+ ) f (x0+ ) = a 6= 0:

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Application : Phénomène de Gibbs 36

Pour tout entier n 1 et Sn la n-ième somme partielle de la série de Fourier,


X 2 inx 1 X 2 nx 2 nx
Sn f (x) := f^(n)e T = a0 + (an cos( ) + bn sin( ))
2 T T

où les coe¢ cients de Fourier f^(n); an et bn sont donnés par les formules suivantes :
Z
^ 1 T
f (x) := f (x)e2 inx=T dx;
T 0
Z
2 T 2 nx
an := f (x) cos dx;
T 0 T
Z
2 T 2 nx
bn := f (x) sin dx:
T 0 T
Donc on a :

T
lim Sn f (x0 + ) = f (x+
0 ) + a(0:089)
N !1 2N
et
T
lim Sn f (x0 + ) = f (x0 ) a(0:089)
N !1 2N
mais
f (x0 ) f (x+
0)
lim Sn f (x0 ) = :
N !1 2
Plus généralement, si xn est une séquence de nombres réels qui converge en x0 quand
N tend vers +1 et si l’écart est positif alors :

lim sup Sn f (xN ) f (x0 +) + a(0:089)


N !1

et
lim inf Sn f (xN ) f (x0 ) a(0:089):
N !1

Si l’écart est négatif :

lim inf Sn f (xN ) f (x0 +) + a(0:089)


N !1

et
lim sup Sn f (xN ) f (x0 ) a(0:089):
N !1

L’onde carrée

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Application : Phénomène de Gibbs 37

Soit :
1 1
Sn f (x) = sin(x) + sin(3x) + ::: + sin((N 1)x)
3 N 1
En prenant x= 0 on obtient :

4 4 f (0 ) + f (0+)
Sn f (x) = 0 = =
2 2
Ensuite nous calculons :

2 1 3 1
Sn f ( ) = sin( ) + sin( ) + ::: + sin((N 1) )
N N 3 N N 1
sin(x)
Si nous introduisons la fonction "sinus cardinal", sinc(x) = x
, alors on a :

2 2 1 2 3 2 N 1
Sn f ( )= sinc( ) + sinc( ) + ::: + sinc( )
N 2 N N N N N N
Z 1
2
lim Sn f ( ) = sinc(x) dx
N !1 N 2 0

Z 1
2 sin( x)
lim Sn f ( ) = dx
N !1 N 2 0 x
Z
1 1 sin( x)
= dx
2 0 x
= + :(0:0899490):
4 2

De même, on a par l’imparité de la fonction sinus :

2 2
lim Sn f ( ) = lim Sn f ( ) = :(0:0899490):
N !1 N N !1 N 4 2

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