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L3 MFA et MI Université Paris Cité - Campus des Grands Moulins

Calcul Différentiel (CD5) Année 2022-2023

CORRIGÉ DU CONTRÔLE DU 02 DÉCEMBRE 2022

Exercice 1. On considère les applications f : R3 → R2 et g : R2 → R définies respectivement par :


f (x, y, z) = (xy, yz) et g(u, v) = (u + v)2 .
(1) Justifier que f et g sont des applications de classe C ∞ .
(2) Déterminer la matrice jacobienne de f et celle de g en tout point.
(3) En utilisant la question précédente, déterminer la matrice jacobienne de g ◦ f en tout point.
(4) Calculer h = g ◦ f et retrouver directement le résultat de la question précédente.
Solution :
(1) L’application f est de classe C ∞ sur R3 car ses coordonnées le sont comme fonctions polyno-
miales sur R3 . De même, l’application g est de classe C ∞ sur R2 car elle est polynomiale sur
R2 .
(2) La matrice jacobienne de f en un point (x, y, z) ∈ R3 est donnée par
! 
∂f1 ∂f1 ∂f1 
∂x
(x, y, z) ∂y
(x, y, z) ∂z
(x, y, z) y x 0
Jac(f )(x, y, z) = ∂f2 ∂f2 ∂f2 = .
∂x
(x, y, z) ∂y
(x, y, z) ∂z
(x, y, z) 0 z y
De même, pour tout (u, v) ∈ R2 , on a
∂g ∂g
 
Jac(g)(u, v) = ∂u
(u, v) ∂v
(u, v) = 2(u + v) 2(u + v) .
(3) D’abord g ◦ f est de classe C ∞ sur R3 comme composée de fonctions qui le sont d’après la
question précédente. De plus,
∀(x, y, z) ∈ R3 , (Dg ◦ f )(x, y, z) = (Dg)(f (x, y, z)) ◦ (Df )(x, y, z).
Ainsi la matrice jacobienne de g ◦ f en un point (x, y, z) ∈ R3 est donnée par
Jac(g ◦ f )(x, y, z) = Jac(g)(f (x, y, z)) · Jac(f )(x, y, z)
 
 y x 0
= 2(xy + yz) 2(xy + yz) .
0 z y

= 2y 2 (x + z) 2y(x + z)2 2y 2 (x + z)
(4) Pour tout (x, y, z) ∈ R3 on a h(x, y, z) = g(f (x, y, z)) = y 2 (x + z)2 . Il s’agit d’une fonction de
classe C ∞ car polynomiale sur R3 . De plus,
∂h
(x, y, z) ∂h (x, y, z) ∂h

Jac(f )(x, y, z) = ∂x ∂y ∂z
(x, y, z)

= 2y 2 (x + z) 2y(x + z)2 2y 2 (x + z) .

Exercice 2. On considère l’espace vectoriel E = Rn [X] des polynômes de degré inférieur ou égal à
n et l’application F : E → R définie par F (P ) = (P (0))2
(1) Soit P ∈ E. Montrer que F est différentiable au point P et calculer sa différentielle (DF )(P )(H)
en ce point, évaluée en un polynôme H ∈ E.
(2) Montrer que l’application DF : E → L(E, R) est linéaire.
(3) Montrer que F est deux fois différentiable et calculer sa différentielle seconde.
(4) Montrer que F est de classe C ∞ et écrire sa formule de Taylor à l’ordre 2 en P.
Solution :
1
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(1) Soit P ∈ E. Pour tout H ∈ E, on a


F (P + H) = (P (0) + H(0))2
= (P (0))2 + 2P (0)H(0) + (H(0))2
= F (P ) + LP (H) + (H(0))2
où LP : E → R définie par
∀H ∈ E, LP (H) = 2P (0)H(0)).
On vérifie facilement que LP est linéaire en H. En effet, Pour tout (H1 , H2 ) ∈ E × E et tout
λ ∈ R, on a
(DF )(P )(H1 + λH2 ) = 2P (0)(H1 (0) + λH2 (0)) = 2P (0)H1 (0) + λP (0)H2 (0)
= (DF )(P )(H1 ) + λ(DF )(P )(H2 )
De plus, en choisissant 1 la norme kQ)k = supt∈[0,1] |Q(t)| on voit que
(H(0))2 ≤ kHk2 .
Ainsi (H(0))2 = O (kHk). Finalement, F est différentiable au point P et sa différentielle en ce
point est LP , ou plus explicitement,
∀H ∈ E, (DF )(P )(H) = 2P (0)H(0).
(2) Soient (P1 , P2 ) ∈ E × E et λ ∈ R. Pour tout H ∈ E, on a
(DF )(P1 + λP2 )(H) = 2(P1 (0) + λP2 (0))H(0) = 2P1 (0)H(0) + λP2 (0)H(0)
= (DF )(P1 )(H) + λ(DF )(P2 )(H)
Ainsi (DF )(P1 + λP2 ) = (DF )(P1 ) + λ(DF )(P2 ).
(3) D’après la question précédente, DF est différentiable car DF est linéaire et on est en dimension
finie. Ainsi F est deux fois différentiable et sa différentielle seconde et donnée par
∀P ∈ E, (D2 F )(P ) = (D(DF ))(P ) = DF
ou encore
∀P ∈ E, ∀H ∈ E (D2 F )(P )(H) = (DF )(H)
et finalement,
∀P ∈ E , ∀H, K) ∈ E × E (D2 F )(P )(H)(K) = (DF )(H)(K) = 2H(0)K(0).
(4) L’application D2 F est constante et donc différentiable de différentielle nulle. Ainsi, F est de
classe C ∞ et Dn F est nulle pour tout n ≥ 3. Par ailleurs, voici la formule de Taylor à l’ordre 2
de F en P :
F (P + H) = (P (0))2 + 2P (0)H(0) + (H(0))2
1
= F (P ) + (DF )(P )(H) + (D2 F )(P )(H)(H).
2
Il s’agit d’une formule de Taylor exacte.
Deuxième méthode :
(1) Notons (1, X, · · · , X n ) la base canonique de E. Pour tout P ∈ E, il existe une unique famille
de nombre réels a0 , · · · , an telle que P = a0 + a1 X + · · · + an X n et ainsi
F (P ) = (P (0))2 = a20 .

1. On rappelle que E est de dimension finie et donc toutes les normes sur E sont équivalentes
2
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Donc F est de classe C ∞ sur E comme fonction polynomiale. De plus, pour tout P ∈ E
(
∂F
∂a0
(P ) = 2a0
∂F
∂ai
(P ) = 0 ∀i = 1, · · · , n
et donc, pour tout H = h0 + h1 X + · · · + hn X n ,
(DF )(P )(H) = 2a0 h0 .
(2) La linéarité de DF est évidente et on laisse la rédaction des détailles au lecteur.
(3) D’après la première question F est de classe C ∞ , et on en déduit que, pour tout P = a0 + a1 X +
· · · + an X n ∈ E, on a ( 2
∂ F
∂a2
(P ) = 2
0
∂2F
∂ai ∂aj
(P ) = 0 si i+j ≥1
Ainsi, pour tout H = h0 + h1 X + · · · + hn X n et tout K = k0 + k1 X + · · · + kn X n
(DF )2 (P )(H)(K) = 2h0 k0 .
(4) D’après la question précédente,
∂ 3F
(P ) = 0.
∂ai ∂aj ∂ak
En particulier, Dn F est nulle pour tout n ≥ 3. Ainsi la formule de Taylor ici à l’ordre 2 est
exacte
1
F (P + H) = (a0 + h0 )2 = a20 + 2a0 h0 + h20 = F (P ) + (DF )(P )(H) + (D2 F )(P )(H)(H).
2

Exercice 3. On considère l’espace vectoriel E = Mn (R) pour n ≥ 2.


Dans la suite, Tr désigne la trace d’une matrice carrée, det son déterminant et In la matrice identité
dans Mn (R).
Pour A ∈ Mn (R) , on pose ϕ(A) = A2 + Tr(A)In .

(1) Montrer que l’application ϕ : E → E est différentiable en tout A et calculer sa différentielle.


(2) Justifier que l’application ψ : E → R définie par ψ(A) = det (A2 + Tr(A)In ) est différentiable.
(3) En utilisant les dérivées partielles d’ordre 1, montrer que la différentielle de ψ en la matrice
nulle est l’application nulle.
(4) En utilisant la formule D(det)(A)(H) = det(A)Tr(A−1 H) vraie lorsque A est inversible, déter-
miner la différentielle de ψ en la matrice identité.

Solution :

(1) Soit A ∈ Mn (R). Pour tout H ∈ Mn (R) on a


ϕ(A + H) = (A + H)2 + Tr(A + H)In
= A2 + Tr(A)In + AH + HA + Tr(H)In + H 2
L’application
LA : Mn (R) −→ Mn (R)
H 7−→ AH + HA + Tr(H)In
est linéaire. En effet, Pour tout (H1 , H2 ) ∈ E × E et tout λ ∈ R, on a
LA (H1 + λH2 ) = A(H1 + λH2 ) + (H1 + λH2 )A + Tr(H1 + λH2 )In
= AH1 + H1 A + Tr(H1 )In + λ(AH2 + H2 A + Tr(H2 )In )
= LA (H1 ) + λLA (H2 )
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Comme Mn (R) est de dimension finie, on en déduit que LA est continue. De plus, en choisissant
une norme k · k sous multiplicative sur Mn (R) on a :
∀H ∈ Mn (R), kH 2 k ≤ kHk2
et donc H 2 = O (kHk). Ainsi, pour tout H ∈ Mn (R),
ϕ(A + H) = ϕ(A) + LA (H) + O (kHk)
et l’application ϕ est différentiable en A et sa différentielle en A est (Dϕ)(A) = LA .
(2) D’abord on rappelle que si X = (xi,j )1≤i,j≤n ∈ M (n, R) alors
X
det X = ε(σ)xσ(1),1 xσ(2),2 · · · xσ(n),n .
σ∈Sn

où Sn est le groupe des permutations de {1, 2, · · · , n} et, pour tout σ ∈ Sn , ε(σ) est la signature
de σ. Donc l’application X 7→ det X est une fonction polynomiale en les coefficients xij de X et
donc différentiable sur Mn (R). De plus, d’après la question précédente, ϕ est différentiable sur
Mn (R). Ainsi ψ = det ◦ϕ est différentiable comme la composée de deux fonctions qui le sont.
(3) D’après la question précédente, pour tout A ∈ Mn (R), on a
Dψ(A) = D det(ϕ(A) ◦ Dϕ(A)
En particulier, si A = 0 alors ϕ(0) = 0 et donc
Dψ(0) = D det(ϕ(0) ◦ Dϕ(0) = D det(0) ◦ Dϕ(0).
Pour tout (i, j) ∈ {1, 2, · · · , n} × {1, 2, · · · , n} notons Eij la matrice dont tous les coefficients
sont nuls sauf celui à l’intersection de la ième ligne et jème colonne qui vaut 1. Puisque n ≥ 2,
on a
∂ det det(0 + tEij ) − det(0)
(0) = lim =0
∂xi,j t→0 t
Ainsi D det(0) est l’application nulle de Mn (R) vers L(Mn (R), R) et donc Dψ(0) est nulle aussi.
(4) D’après la question 2),
∀H ∈ Mn (R), Dψ(In )(H) = D det(ϕ(In ) (Dϕ(In )(H))
Or ϕ(In ) = (n + 1)In et Dϕ(In )(H) = 2H + Tr(H)In . Ainsi
∀H ∈ Mn (R), Dψ(In )(H) = D det((n + 1)In ) (2H + Tr(H)In ) .
Or d’après la formule rappelée avec A = (n + 1)In on a
1
∀H ∈ Mn (R) D(det)((n + 1)In )(H) = (n + 1)n Tr( (2H + Tr(H)In ))
n+1
= (n + 1)n−1 (n + 2)Tr(H).

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